Modélisation micromécanique de l’effet des chargements cycliques et de la vitesse de déformation sur l’endommagement de l’interface fibre-matrice dans les composites SMC Houssem Ayari To cite this version: Houssem Ayari. Modélisation micromécanique de l’effet des chargements cycliques et de la vitesse de déformation sur l’endommagement de l’interface fibre-matrice dans les composites SMC. Matériaux. HESAM Université; Université de Sousse (Tunisie), 2020. Français. �NNT : 2020HESAE033�. �tel02967962� HAL Id: tel-02967962 https://theses.hal.science/tel-02967962 Submitted on 15 Oct 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. ÉCOLE DOCTORALE SCIENCES DES MÉTIERS DE L’INGÉNIEUR [PIMM- Procédés et Ingénierie en Mécanique et Matériaux – Campus de Paris] THÈSE présentée par : Houssem AYARI soutenance le : 03 septembre 2020 pour obtenir le grade de : Docteur d’HESAM Université préparée à : École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers Spécialité : Mécanique des matériaux Modélisation micromécanique de l’effet des chargements cycliques et de la vitesse de déformation sur l’endommagement de l’interface fibre-matrice dans les composites SMC THÈSE dirigée par : [Abbas TCHARKHTCHI & Hachmi BEN DALY] et Co-encadrée par : [Joseph FITOUSSI & Sahbi TAMBOURA] Jury M. Ahmed KOUBAA, Professeur, Université du Québec, Abitibi-Témiscamingue Président M. Nizar BEN SALAH, Professeur, École Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Tunis Rapporteur Mme. Nadia BAHLOULI, Professeure, Icube, Université de Strasbourg Rapporteur T H M. Zouhaier JENDLI, Maître de Conférences, Ecole Supérieure des Techniques Aéronautiques et de Construction Automobile Examinateur M. Abbas TCHARKHTCHI, Professeur classe exceptionnelle, PIMM, Arts et Métiers ParisTech Examinateur M. Hachmi BEN DALY, Professeur, ENISo, Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse Examinateur M. Sahbi TAMBOURA, Maître de Conférences, IPEIM, Institut Préparatoire de Monastir Examinateur M. Joseph FITOUSSI, Maître de Conférences, PIMM, Arts et Métiers ParisTech Examinateur M. Mohammadali SHIRINBAYAN, Docteur, PIMM, Arts et Métiers ParisTech Examinateur È S E Je dédie cette thèse à mes parents, Sans qui rien n’aurait été possible… REMERCIEMENTS Remis de mes émotions quelques jours après l’obtention du grade de docteur de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers, voici venu le temps de remercier les différentes personnes que j’ai pu rencontrer au cours de cette thèse, mais aussi celles qui m’ont accompagné tout au long de cette dernière et bien évidemment celles sans qui je n’aurais jamais pu mener à bien ce projet, qui fut un travail de longue haleine. J’exprime ma grande reconnaissance et mes sincères remerciements à mes directeurs de thèse, Monsieur Abbas TCHARKHTCHI, Professeur aux Arts et Métiers ParisTech-Paris et Monsieur Hachmi BEN DALY, professeur à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse-Tunisie, ainsi qu‘à mes co-directeurs Monsieur Joseph FITOUSSI, Maître de conférences aux Arts et Métiers ParisTech-Paris, Monsieur Sahbi TAMBOURA, Maître de conférences à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Monastir en Tunisie et Monsieur Mohammadali SHIRINBAYAN, Ingénieur de recherche au laboratoire PIMM, pour leur disponibilité, leur excellent encadrement, leur dévouement ainsi que leurs conseils avisés qu’ils m’ont prodigués tout au long de ce travail. Je remercie les membres de Jury d’avoir accepté d’examiner mon travail. Je tiens bien évidemment à remercier mes amis Abderazek, Amine, Abir, Rouadha, Samia, Kheireddin, Sarah, Khaoula, Khaled qui ont toujours été là pour moi et qui m’ont aidé à me changer les idées lors des périodes difficiles. Je tiens également à remercier ma copine Manel pour sa patience inaltérable et son soutien indéfectible. Et pour terminer, je voudrais remercier du fond du cœur mes parents pour toutes les choses qu’ils m’ont enseignées toutes ces années et sans qui je n’aurais jamais été capable d’atteindre mes objectifs. Je les remercie particulièrement de m’avoir toujours encouragé lors de mes choix d’orientation et de n’avoir jamais douté de moi. Leur soutien, leur accompagnement et leur aide ont été des éléments moteurs lors de ces dernières années. Je suis également très reconnaissant envers mes deux sœurs Ahlem et Dorra avec qui j’ai passé d’excellents moments en famille pour le courage qu’elles m’ont donné et pour leur soutien inconditionnel toutes ces années ! Table des matières I. Introduction générale ..........................................................................................................- 6 I. Etude bibliographique .......................................................................................................- 10 I.1. Les matériaux composites ............................................................................................. - 10 I.1.1 Le renfort ...............................................................................................................- 10 I.1.2 La matrice ..............................................................................................................- 11 I.1.3 Les charges, adjuvants et additifs ..........................................................................- 11 I.1.4 Interface fibre/matrice ........................................................................................... - 11 I.2. Procédé d’élaboration des SMC.................................................................................... - 12 I.3. Les différentes familles de composites SMC ................................................................ - 12 I.3.1 SMC standard.....................................................................................................- 13 I.3.2 SMC basse densité (LD-SMC) ..........................................................................- 13 I.3.3 SMC haute performance (A-SMC) ....................................................................- 13 I.4. Comportement mécanique et endommagement des SMC ............................................- 13 I.5. Endommagement des SMC standards...........................................................................- 15 I.5.1 Endommagement des SMC en traction monotone .............................................- 15 I.5.2 Endommagement des SMC en fatigue ............................................................... - 16 I.5.3 Endommagement des SMC en dynamique ........................................................ - 20 I.6. Modélisation micromécanique ...................................................................................... - 21 I.6.1 Principe de la modélisation multi-échelle .......................................................... - 22 I.6.2 Bornes de Voigt et Reuss ................................................................................- 25 I.6.3 Approche d’Echelby .......................................................................................... - 26 I.6.4 Problème de l’inclusion homogène ....................................................................- 26I.6.5 Problème hétérogène .......................................................................................... - 27 I.6.6 la méthode des solutions diluées .......................................................................- 28 I.6.7 Modèle auto-cohérent ..................................................................................... - 29 I.6.8 Modèle de Mori Tanaka ..................................................................................... - 29 1 I.6.9 Bornes de Hashin et Shtrikman..........................................................................- 30 I.6.10 Synthèse des principaux modèles micromécaniques .........................................- 31 I.6.11 Analyse critique des modèles : Choix du modèle Mori et Tanaka ...................- 32 I.7. Modélisation de l’endommagement du composites à l’interface fibre-matrice ............- 34 I.8. Différentes approches de modélisation de l’endommagement en fatigue des composites.......- 36 I.9. Conclusion ...................................................................................................................- 38 II. Matériaux et méthodes ..................................................................................................- 39 II.1. Présentation des matériaux d’étude ..............................................................................- 39 II.2. Méthodes de cararctérisation mécanique (les essais effectués) ....................................- 40 II.2.1 Résultats expérimentaux sur le compositte A-SMC .........................................- 40 II.2.1.1 Essais de fatigue et de quasistatique ................................................................ - 41 II.2.1.2 Essais à grande vitesse ..................................................................................... - 42 II.2.2 Résultats expérimentaux sur le composite SMC-Standard ............................... - 43 II.2.2.1 Comportement mécannique et méthodologie d’analyse des dommages ..........- 45 II.3 Cadre général et présentation du modèle micromécanique d’endommagement d’interface…....-49II.3.1 Cadre général ....................................................................................................- 49 II.3.2 Equations de base .............................................................................................. - 52 II.3.3 Calcul des contraintes locales à l’interface fibre-matrice .................................- 53 II.3.4 Critère local d’endommagement à l’inteface fibre-matrice .............................. - 53 II.3.5 Représentation d’un état local endommagé ...................................................... - 54 III. Modélisation et prédiction de la durée de vie des SMC en fatigue............................... - 55 III.1 Prédiction de la durée de vie et de la baisse de raideur en fatigue .............................. - 55 – III.2 Prédiction de la durée de vie des SMC : Première méthode hybride .......................... - 56 – III.3 Prédiction de la durée de vie des l’A-SMC : Seconde méthode hybride .................... - 59 – III.4 Critères de rupture pour matériaux composites ............................................................ - 62 III.4.1 Définition ..........................................................................................................- 62 III.4.2 Critères phénoménologiques .............................................................................- 63 2 III.4.3 Critères énergétiques ......................................................................................... - 63 III.5 Prédiction des baisses de raideur sous sollicitation cyclique ...................................... - 65 – III.5.1 Prévision de la baisse de rigidité .......................................................................- 68 III.6 Conclusion ................................................................................................................... - 69 – IV. Modélisation et prédiction de la durée de vie de l’A-SMC en dynamique .................... - 70 IV.1 Contexte général ..........................................................................................................- 70 IV.2 Comportement dynamique et endommagement à l’interface fibre-matrice ............…- 71 IV.3 Procédure de prévision de l’endommagement à l’interface Fibre/Matrice à grande vitesse ...... -72IV.4 Identification,disscution et résultats ........................................................................….- 75 IV.5 Conclusion générale: ....................................................................................................- 76 - 3 Table des figures Figure 1 : Place des matériaux composites dans le monde des matériaux en considérant leur ratio module d'Young / masse volumique. ................................................................................. 6 Figure 2 : Différentes pièces automobiles fabriquées en matériaux composites. ...................... 7 Figure 3 : Principe d’élaboration d’un semi-produit de préimprégné ...................................... 12 Figure 4 : Etape de mûrissement de produit semi-fini ............................................................. 13 Figure 5 : Principe de moulage par compression ..................................................................... 13 Figure 6 : Les différents modes de rupture d’un composite : (1) décohésion interfaciale (2) fissuration de la fibre (3) fissuration longitudinale-et (4) fissuration transversale- de la matrice (24) ........................................................................................................................................... 16 Figure 7 : Courbe typique de traction du composite SMC (3) ................................................. 17 Figure 8 : Les paramètres qui influent sur le comportement en fatigue (45) ........................... 18 Figure 9 : Etude expérimentale de l’endommagement d’un matériau SMC en fatigue (1) ..... 19 Figure 10 : Effet de la vitesse de déformation sur les propriétés mécaniques d’un matériau SMC (33). .......................................................................................................................................... 20 Figure 11 : Une représentation schématique du passage micromécanique des composites (94). .................................................................................................................................................. 35 Figure 12 : Forme et dimensions de l’éprouvette ..................................................................... 40 Figure 13 : a) dimension de l’éprouvette, b) forme de la fibre observée à la surface .............. 40 Figure 14 : Effet de la vitesse de déformation sur le comportement du A-SMC ..................... 43 Figure 15 : Microstructure du composite SMC-Standard. ....................................................... 44 Figure 16 : Distribution d’orientation des fibres dans la matrice du composite SMC-Standard .................................................................................................................................................. 44 Figure 17 : Décohésion aux interfaces fibre / matrice ; (a) fibres orientées à 90 ° (b) fibres orientées à 45 °. ........................................................................................................................ 46 Figure 18 : Les microfissures se propagent sous un chargement cyclique ; (a) d'une fibre à ses voisins ; b) multi-fissuration des mèches ; (b) et (c) d'un paquet à ses voisins ; (d) rupture définitive par pseudo-délaminage entre mèches. ..................................................................... 47 Figure 19 : Evolution de la microfissuration interfaciale lors d'essais de fatigue pour différentes orientations de fibres à différents niveaux de chargements ; ε = 0,50%, ε = 0,64%, ε = 0,8%. .................................................................................................................................................. 48 Figure 20 : Définition des contraintes d'interface normales et de cisaillement, σn et τ. ........... 52 4 Figure 21 : Contraintes exercées sur la fibre en fonction de son orientation, θ (°), par rapport à la direction du chargement. ...................................................................................................... 53 Figure 22 : Comparaison entre modèle et expérience .............................................................. 56 Figure 23 : Equation d’état sous chargement monotone .......................................................... 57 Figure 24 : Comparaison de courbes de wöhler exp-num (ST-NF-SL) ................................... 59 Figure 25 : Courbe maîtresse reliant la baisse de raideur macroscopique au premier cycle et le nombre de cycle a rupture Nr ................................................................................................... 60 Figure 26 : Schématisation de la seconde méthode prédictive ................................................. 61 Figure 27 : Comparaison de courbe de wöhler entre exp-num (ST-NF-SL)............................ 62 Figure 28 : Présentation de l’orientation des fibres suivant l’axe locale et macroscopique .... 63 Figure 29 : Evolution de σx en fonction de l’orientions (𝜽𝑷) pour diffèrent Nr....................... 64 Figure 30 : Exemple d’identification des paramètres Tsai-Wu (X,Y,S et F12). ...................... 65 Figure 31 : Critère de Tsai-Wu pour différents nombres de cycles ciblés et deux microstructures visées. ....................................................................................................................................... 65 Figure 32 : Evolution de la contrainte interfaciale locale (σ et τ) sous sollicitation uniaxiale 66 Figure 33 :Comparaison entre les baisses de raideurs expérimentales et numériques avec des amplitude imposée : 0,64%, 0,8% et 0,87%. ............................................................................ 68 Figure 34 : Algorithme de la construction du modèle micromécanique à grande vitesse avec la prise en compte de l’endommagement a l’interface fibre/matrice ........................................... 74 Figure 35 : Evolution de la contraintes normales et tangentielles pour 𝜃 ∈ [0°, 90°], 𝜑 = 0° .................................................................................................................................................. 75 Figure 36 : Modélisation de la corrélation: exemples de courbes macroscopiques contraintedéformation pour deux vitesses de déformation : 1 et 60 s -1. .................................................. 76 5 Introduction Générale L'utilisation moderne des composites a commencé au milieu des années 1960 et principalement dans l'industrie aéronautique, dont le but est l'allègement de structures et la diminution du coût. Au fil des décennies et jusqu'à aujourd'hui, ces nouveaux composants révolutionnent le domaine et remplacent petit à petit les pièces métalliques. Une montée en puissance remarquable des composites dans le domaine aéronautique est aussi observée dans l'industrie automobile. Les matériaux composites à matrice organique, sont connus par leur ratio propriétés mécaniques – densité très intéressant. Un exemple caractéristique est le rapport rigidité – densité, où la place avantageuse des matériaux composites par comparaison avec d'autres matériaux est illustrée sur la Figure 1. Figure 1 : Place des matériaux composites dans le monde des matériaux en considérant leur ratio module d'Young / masse volumique. Ils sont aujourd’hui de plus en plus présent dans l’industrie. Un grand équipementier automobile, Plastic Omnium, à l'origine de ce projet, a été chargé d’assurer la tenue en fatigue et en dynamique de pièces d’automobile fabriquées en composite A-SMC (figure 2). Cette étude entre dans le cadre d’une collaboration Franco-Tunisienne entre l’ENSAM (Paris) et l’ENISo (Sousse). 6 Figure 2 : Différentes pièces automobiles fabriquées en matériaux composites. Lors de la conception de véhicules routiers, la réduction de masse est une problématique de plus en plus centrale. Le but est de réduire la consommation de carburant par conséquent les émissions polluantes (des émissions de CO2) notamment de dioxyde de carbone. Les composites à matrices organiques renforcés par des fibres courtes, représentent alors une alternative efficace et économique par rapport aux métaux. En effet, ces matériaux ont pour avantages leur haute capacité d’absorption d’énergie, une haute résistance mécanique, une excellente rigidité en même temps qu’une grande légèreté aussi leur capacité à pouvoir être moulés par injection ce qui facilite la mise en œuvre de pièces complexes. Les matériaux composites ont largement investi dans le domaine automobile pour des pièces qui ne subissent pas de chargements mécaniques importants (carrosseries, habillage intérieur, hayon, face avant). Cependant, les exigences environnementales imposent un allègement des véhicules toujours plus important. Par conséquent, les pièces structurelles historiquement métalliques, sont de plus en plus remplacées par des matériaux composites organiques. Le challenge est alors de réussir à produire ces pièces à un coût équivalent tout en assurant la fiabilité mécanique pour un poids réduit. Afin d'utiliser de tels matériaux pour la fabrication de ces pièces structurelles, il convient de s’intéresser aux types de chargement que subissent ces composants mécaniques. Ces derniers sont notamment soumis à des sollicitations répétées et à des chocs de faible énergie (de type choc parking) et de forte énergie (crash). Du point de vue des matériaux, il faut donc considérer deux types de chargement : les chargements de type cyclique (fatigue) et les chargements dynamiques (à grande vitesse). 7 A l’heure actuelle, les équipes de conception de pièces automobiles structurelles peuvent être confrontées à une carence d’informations expérimentales et de méthodologie numériques prédictives. Dans certains cas, cela peut entrainer un surdimensionnement des structures, une perte de temps et des avantages liés à l’utilisation de matériaux composites. Par exemple, on peut citer la modélisation du comportement mécanique des SMC qui est encore mal appréhendée en fatigue comme en dynamique, puisque jusqu’à maintenant il n’existe pas de modèle unique tridimensionnelle basée sur la connaissance de la microstructure et prenant en compte l’effet des différents types de chargement macroscopique su les mécanismes de déformation et d’endommagement. Plusieurs verrous scientifiques restent donc posés : Quel est l’impact de la variabilité de la microstructure sur les réponses mécaniques en fatigue et en dynamique ? L'identification des mécanismes d'endommagement et de déformation, leurs seuils et leurs cinétiques en fonction de la microstructure locale sont des problématiques encore ouvertes à l'heure actuelle. Ce travail de thèse s’inscrit dans cette problématique : proposer un modèle micromécanique unique capable de traduire le comportement mécanique des matériaux composites de type SMC largement utilisés dans l’industrie automobile soumis à des sollicitations de type fatigue et dynamiques. Pour atteindre cet objectif, différentes étapes sont nécessaires : caractériser le comportement mécanique du matériau, développer un modèle qui prédit le comportement mécanique des SMC, mettre en place une procédure d’identification et valider le modèle par corrélation avec l’expérience afin de démontrer sa pertinence. La modélisation proposée dans le cadre de cette thèse est basée sur un modèle de type Mori et Tanaka. Le modèle s’appuie sur une description fine de la microstructure avec notamment la distribution d’orientation, la distribution d’élancement et la fraction volumique de fibres induites par le procédé de fabrication. Celles-ci sont préalablement caractérisées par des moyens expérimentaux à différentes échelles du matériau. L’aspect de l’endommagement est intégré de manière locale notamment à travers un critère de décohésions à l’interface fibrematrice mis en évidence lors d’essais mécaniques réalisés sous MEB. Ce travail est une extension des travaux établis dans le cadre des thèses de Tamboura (1), Shirinbayan (2) et Jendli (3) réalisées au laboratoire PIMM (Procédés et Ingénierie en Mécanique et Matériaux) de l’école Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Paris. Le manuscrit est divisé en deux parties : le résumé étendu en français (Partie I) ; puis les articles publiés ou en cours de publication dans des revues internationales (Partie II). 8 L’organisation des différentes parties du résumé étendu respecte les étapes suivantes : ➢ Etude Bibliographique ; ➢ Matériaux et méthodes ; ➢ Modélisation et prédictions de la durée de vie des SMC en fatigue ; ➢ Modélisation et prédiction de la durée de vie des SMC en dynamique rapide. Ci-après, la liste des articles publiés lors de cette étude ou en cours de publication. Ils sont cités dans le texte sous la forme de « Article N°-- ». Article N°1: Ayari H, Fitoussi J, Imaddahen A, Tamboura S, Shirinbayan M, Dali HB, et al. Two Hybrid Approaches to Fatigue Modeling of Advanced-Sheet Molding Compounds (ASMC) Composite. Appl Compos Mater [Internet]. 3 janv 2020; Disponible sur: https://doi.org/10.1007/s10443-019-09793-3. Article N°2: Tamboura S, Ayari H, Shirinbayan M, Laribi M-A, Bendaly H, Sidhom H, Tcharkhtchi A, Fitoussi J. Experimental and numerical multi-scale approach for SheetMoldingCompound composites fatigue prediction based on fiber-matrix interface cyclic damage. International Journal of Fatigue. Volume 135, 105526. juin 2020; Article N°3: Ayari H, Shirinbayan M, Imaddahen A, Tamboura S, Dali HB, Tcharkhtchi A, Fitoussi J. Micromechanical Modelling of Dynamic Behaviour of A-SMC Composite. Appl Compos Mater. 27 , pages321 - 335 ( 2020 ). Article N°4: Mohamed amine imaddahen, Mohammadali Shirinbayan, Houssem Ayari, Mathieu Foucard, Abbas Tcharkhtchi, Joseph Fitoussi. Overall investigation of mechanical behavior of short fiber reinforced polypropylene under monotonic and fatigue loading. Polymer Composites. Juillet 2020. 9 I. Etude bibliographique I.1. Les matériaux composites Par définition, un matériau composite est constitué par l’association au moins de deux matériaux non miscibles et de natures différentes, permettant d’aboutir à un matériau dont l’ensemble des performances est supérieur à celui des composants pris séparément (4). Il est aussi constitué d’une ou plusieurs phases discontinues réparties dans une phase continue. La phase continue est appelée la matrice. La phase discontinue présente usuellement des propriétés mécaniques (rigidités et résistances) supérieures à celle de la matrice notée renfort. Les propriétés des matériaux composites résultent des propriétés des matériaux constituants, de la distribution géométrique des renforts, du taux volumique de renfort, de la nature des interfaces renforts/matrice, et du procédé de fabrication. Les composites SMC font l’objet de la présente étude. Ils sont utilisés dans des domaines variés. Tels que l’industrie automobile, notamment pour des pièces de structure comme les absorbeurs avant et arrière, les pare-chocs, les boucliers, hayons, custodes, planchers et calandres (5–10). Ils viennent remplacer progressivement les métaux. Ils permettent notamment une économie de poids, et une diminution des coûts de production, tout en possédant des propriétés mécaniques remarquables Dans les prochains paragraphes, nous présenterons quelques généralités concernant les constituants des composites organiques renforcés de fibres en insistant sur les composites SMC objet de la présente étude. I.1.1 Le renfort Les fibres de verre sont les renforts les plus utilisés pour les matériaux composites. Il s’agit d’un renfort peu coûteux assemblée sous forme de mèche contenant de l’ordre de 200 fibres ayant un diamètre de 15 μm de et une longueur de 25 mm en moyenne(11). Il existe par ailleurs, des composites SMC à renforts de carbone récemment développés par notre partenaire (PO) pour des applications fatigue. Les fibres de verre sont choisies comme renforts, essentiellement en raison de leurs bonnes propriétés mécaniques. Elles sont caractérisées par une résistance supérieure à celles des meilleurs aciers connus. Dans notre étude, nous nous intéresserons aux fibres de verres E, dont la raison principale est qu’il est moins cher que les autres verres. Il est connu pour ses propriétés diélectriques (12,13). 10 I.1.2 La matrice Une autre composante très importante d’un matériau composite est la matrice qui est un matériau organique léger et déformable. Les rôles principaux d’une matrice sont la protection des charges, la distribution de la charge mécanique sur les renforts et la cohésion des charges qui a un rôle très important pour l’homogénéisation du composite. En général, les matrices organiques sont classées en deux groupes ; les matrices thermodurcissables et les matrices thermoplastiques. Les résines thermodurcissables ont des propriétés mécaniques élevées. La matrice utilisée pour le composite SMC est composée essentiellement d’une résine polyester ou vinylester. A ce composant essentiel, la résine, on rajoute des charges et des additifs dans le but d’améliorer les caractéristiques mécaniques et physiques de la matrice. I.1.3 Les charges, adjuvants et additifs Différents produits peuvent être incorporés aux composites pour leur assurer des caractéristiques particulières ou pour en réduire le coût. Ces produits ajoutés sont appelés des charges ou des additifs. L’intérêt de l’ajout du premier type est d’augmenter la viscosité et d’améliorer les caractéristiques mécaniques. Les particules les plus utilisées sont constituées de carbonate de calcium (craie) et de silicate de magnésium (talc). Des billes de verre creuses sont parfois ajoutées à la pâte de SMC pour diminuer le poids volumique (14). Cependant, l’ajout du second type est de faciliter le façonnage du composite, de son moulage et d’améliorer son aspect extérieur ainsi que sa protection du phénomène de photo oxydation. On y distingue divers types : lubrifiants, agents de démoulage, stabilisants, agent anti-retrait, pigments et colorant(15). I.1.4 Interface fibre/matrice L'importance de la liaison entre fibre et matrice est tellement cruciale pour les propriétés du matériau composite au point où elle est considérée comme un troisième constituant d'un matériau composite bien que sa fraction volumique soit théoriquement nulle ou pratiquement faible. En effet, elle permet le transfert des contraintes tout en évitant le déplacement relatif de l'une par apport à l'autre. Elle peut éventuellement être considérée comme un constituant du composite car elle possède ces propres propriétés chimiques, physiques, et mécaniques. Cependant, nous admettons toujours l'hypothèse que l’épaisseur de l’interphase est relativement 11 faible de façon que nous puissions la négliger, ceci pour faciliter par la suite l'analyse micromécanique des matériaux composites(16). I.2. Procédé d’élaboration des SMC La mise en forme d’une plaque ou d’une pièce en SMC passe par trois étapes : ➢ La fabrication du préimprégné (ou masse à mouler). ➢ Le mûrissement du préimprégné dans une chambre de mûrissement. ➢ La réticulation et le moulage sous pression. ➢ La fabrication du préimprégné Sur un tapis roulant horizontal est déroulé un film support en polyéthylène. Au début de la chaîne, la résine chargée est déversée au-dessus de ce film plastique protecteur, tandis que les mèches de fibres de verre continu ensimées passent à travers un sectionneur qui les découpe à la longueur désirée qu’il vont être tomber par la suite sur la pâte mère. Ainsi, les fibres commencent à s’imprégner de résine et se disposent aléatoirement sur cette dernière. A l’extrémité de la chaîne, le composite rencontre un second film support en polyéthylène. L’ensemble prend les mèches en sandwich. Pour assurer une bonne imprégnation, le préimprégné passe à travers d’un dispositif de compactage. Enfin, Le semi-produit est stocké sous forme de rouleaux. La figure (3) montre le procédé déjà décrit. Figure 3 : Principe d’élaboration d’un semi-produit de préimprégné (1) ➢ Le mûrissement du préimprégné L’étape de ‘’mûrissement’’ consiste à stocker, les rouleaux de préimprégné qui viennent d’être élaborés, à la température ambiante pendant une période suffisamment longue durant laquelle le polymère chargé va commencer à prépolymériser pour conférer au produit semi-fini une rigidité tout en restant manipulable. 12 Figure 4 : Etape de mûrissement de produit semi-fini ➢ La réticulation et le moulage sous pression Le mat préimprégné est moulé à chaud (140 à 160°C) par compression entre une moule et un contre moule en acier usiné. La cuisson de la plaque est faite pendant cette étape. Le préimprégné finira de se polymériser et épousera la forme désirée. Cette opération dure entre 2 et 3 minutes (17,18) ce qui permet d’atteindre des cadences de production de 700 à 800 pièces par jour. Figure 5 : Principe de moulage par compression I.3. Les différentes familles de composites SMC Dans ce paragraphe, nous présentons les familles de formulation de composites SMC. I.3.1 SMC standard Ce type de SMC est généralement composée d’une matrice polyester fortement chargée (50 % en masse de la pâte mère) de particules de carbonate de calcium (CaCO3). Ce dernier est renforcé par des mèches de fibres de verre d’une longueur de l’ordre de 25 mm ou chacune de ces mèches contient 200 fibres. Le taux moyen de renforts est de l’ordre de 30% en masse. Ce type de SMC a une masse volumique de l’ordre de 1,88 g/cm3 (3). 13 I.3.2 SMC basse densité (LD-SMC) Cette classe de SMC, (LD SMC) ou encore le Low Density SMC a été développée pour répondre à un besoin industriel en termes de réduction de poids sur les véhicules. Ce type de SMC est caractérisé par l’introduction de billes de verre creuses afin de réduire le poids sur les pièces de structures [19]. Ce qui nous permet d’atteindre des masses volumiques de l’ordre de 1,22 g/cm3 soit 30% inférieures à celle d’un SMC standard. I.3.3 SMC hautes performances (A-SMC) L’Advanced SMC, (A-SMC), est caractérisé par un taux de fibres relativement élevé (50% de la masse totale) atteint grâce à l’utilisation d’une résine vinylester qui permet l’imprégnation d’un tel taux de fibres. Ce matériau permet d’avoir de hautes performances mécaniques (19,20). Ce dernier fait l’objet de notre étude qui été fourni par PLASTIC OMNIUM Auto Extérieur Services. Deux configurations de renfort ont été investiguées : Orientation Aléatoire (Randomly Oriented - RO) et à forte Orientation (Highly Oriented - HO). Les plaques de SMC HO ont été obtenues en disposant une charge de pré-imprégné composite dans la partie gauche d'un moule rectangulaire (30 x 40 cm2) ce qui permet un fort fluage lors de la phase de thermo-compression qui nous permet d’obtenir une forte orientation des renforts. Les plaques RO ont été obtenues sans orientation particulière des fibres en remplissant complètement le moule avant thermocompression de façon globalement uniforme. I.4. Comportement mécanique et endommagement des SMC La compréhension des mécanismes conduisant à la rupture d'une pièce sollicitée, en vue de la prédiction de sa durée de vie, s'avère primordiale dans le cas de composites à renforts discontinus tels que les SMC. Ces mécanismes à caractère irréversible, se développent sous l'action de sollicitations diverses et évoluent de façon progressive entre l'état vierge et l'état endommagé pour enfin atteindre l'apparition d’une ou de plusieurs fissures macroscopiques. Afin d’appréhender la modélisation du comportement de ces matériaux, il est nécessaire de préciser les différentes échelles de travail. On définit généralement trois échelles : ➢ L’échelle microscopique qui voit les hétérogénéités les plus fines existantes dans le matériau. C’est l’échelle du renfort à laquelle les phénomènes d’endommagement s’amorcent. 14 ➢ L’échelle macroscopique qui voit la structure comme étant homogène. C’est l’échelle du V.E.R. ou Volume Elémentaire Représentatif qui doit être suffisamment grand pour contenir statistiquement toutes les hétérogénéités de la microstructure. ➢ L’échelle mésoscopique, qui se situe entre les deux échelles précédentes, qui ne voit pas les hétérogénéités les plus fines mais distingue des éléments de taille intermédiaire considérés eux aussi comme des entités homogènes. Dans le cas des SMC, cette échelle correspond à la mèche de renforts issues de rowing coupé. Pour les composites stratifiés, il s’agit de l’échelle de la couche unidirectionnelle. On connait plusieurs types d’endommagement au sein des composites qui se révèlent à différentes échelles d’observation (Figure 6). Les plus significatifs sont les suivants (2,21–23) : ➢ Décohésion fibre/matrice : la rupture de l’interface fibre matrice est généralement le mécanisme d’endommagement prédominant. Il dépend de la qualité d’adhésion entre la fibre et la matrice conditionnée par l’ensimage utilisé pour assurer une bonne cohésion entre les deux éléments. ➢ Fissuration de la matrice : ce type endommagement apparaît lorsque la contrainte moyenne dans la matrice atteint une limite. Il est plus marqué lorsqu’il existe des défauts tels que les microporosités issues du procédé d’élaboration. Les fissures engendrées se propagent selon la direction perpendiculaire à la plus grande contrainte principale. ➢ Fissuration des fibres : Ce phénomène se manifeste généralement avant la ruine totale du matériau lorsque tous les autres endommagements sont saturés. Ce phénomène est classé parmi les plus critiques car il conduit à une grande perte de la rigidité et donc la ruine de la structure. ➢ Délaminage : Ce phénomène est souvent rencontré dans les matériaux stratifiés. Il s’agit de la séparation locale entre deux plis suite à une sollicitation. Ce mode de fissuration est favorisé lorsque la direction d’orientation des fibres entre deux plis successifs est différente. On peut aussi parler de pseudo-délaminage lorsqu’il y a localement formation d’une fissure entre deux mèches de fibres discontinues. 15 Figure 6 : Les différents modes de rupture d’un composite : (1) décohésion interfaciale (2) fissuration de la fibre (3) fissuration longitudinale-et (4) fissuration transversale- de la matrice (24) L’analyse de ces mécanismes d’endommagement locaux et de déformation peut être réalisée par des essais in situ sous MEB (microscope électronique à balayage) (25,26). L’intérêt de ce type d’essais est d’observer en temps réel les mécanismes d’endommagent intervenant lors de sollicitation et de déterminer leur seuil et leur cinétique d’évolution. Récemment, des essais in situ peuvent également être effectués dans un micro-tomographe à rayons X (25–27) et permettre de suivre l’évolution de l’endommagement non pas uniquement à la surface de l’éprouvette mais aussi dans le cœur du matériau. Au niveau de l’échelle macroscopique, l’endommagement se traduit souvent par une réduction progressive de raideur suivie de la rupture du matériau. Il est important de noter que dans le cas d’un composite à matrice thermodurcissable, on parle généralement d’un comportement élastique endommageable (28–31). Cependant, dans le cas des matrices thermoplastiques, on parle d’un couplage entre la viscoplasticité provenant de la matrice et l’endommagement (23). I.5. Endommagement des SMC standards I.5.1 Endommagement des SMC en traction monotone Une relation entre l’évolution macroscopique/microscopique des mécanismes d’endommagent pour des pourcentages en fibres relativement importants (à partir de 30% en masse) est illustrée par la figure 7 où on peut visualiser trois régions distinctes (32–34): 16 Figure 7 : Courbe typique de traction du composite SMC (3) Une première phase linéaire correspondant au comportement élastique du composite pouvant atteindre jusqu’à 30% de la contrainte à la rupture. Ce comportement linéaire et réversible est associé à l’élasticité du matériau (33). Une phase non linéaire associée à l’initiation de l’endommagement à l’échelle microscopique où le phénomène prédominant est la décohésion au niveau de l’interfaces fibre/matrice (33,35). A partir de cette première région « coude », la courbe devient non linéaire et le module d’Young diminue progressivement. Les premières microfissures s’initient sur les fibres orientées entre 60° et 90° par rapport à la direction de chargement (34) sous l’effet de la contrainte locale normale à l’interface et se propage progressivement vers les fibres les moins orientées sous l’effet couplé de la contrainte de cisaillement. Une phase anélastique et plus ou moins linéaire associée à la propagation progressive de l’endommagement d’une manière diffuse dans tout le volume du matériau jusqu'à la ruine. En effet lorsque la charge appliquée atteint 90% de la charge admissible, l’accumulation des ruptures individuelles de fibres entraîne la rupture des bandes de fibres à la surface de l’éprouvette. Sans oublier les autres mécanismes d’endommagements comme la fissuration dans la matrice et la rupture des fibres qui peuvent aussi intervenir mais qui sont généralement secondaire (22). I.5.2 Endommagement des SMC en fatigue Les SMC, sous chargement cyclique, subissent un endommagement progressif qui affecte la résistance du composite et conduit ensuite à la rupture finale. Généralement, ce sujet est abordé en à travers la détermination des durées de vie et l'évolution de la rigidité au cours du 17 chargement cyclique. Les mécanismes d’endommagement en fatigue dans les SMC sont très différents de ceux rencontrés dans les métaux par suite de leur hétérogénéité et de la diversité de leur structure. Pour comprendre le comportement d’un matériau composite en fatigue il est nécessaire de citer les paramètres qui influent sur la tenue en fatigue (36–46) qui peuvent être répartis en trois catégories : Figure 8 : Les paramètres qui influent sur le comportement en fatigue (45) ✓ Les paramètres liés au composite sont classés en deux groupes : 1) Les constituants d’un matériau composite (matrice et renfort) 2) Les conditions de mise en forme ✓ Les paramètres liés au chargement sont le type et l’amplitude de la contrainte ou déformation appliquée et la fréquence. ✓ Les paramètres liés à l’environnement sont les paramètres agressifs (l’humidité, l’oxygène, les UV à) et la température. Dans le cas d’un SMC, peu d’études se sont intéressées au suivi de l’évolution de la fissuration. Dans ce cadre, Tamboura et al. (1,47) a étudié et quantifié l’évolution de la densité de fissure à l’interface fibre/matrice lors d’un chargement en fatigue des SMC (Figure 9). La quantification de la densité de fissure, en se basant sur des essais interrompus couplés à des observations à l’échelle microscopiques sous MEB, a là encore montré que l’endommagement interfaciale fibre/matrice est le mécanisme prédominant. En outre, la taille et la densité des fissures interfaciales augmentent progressivement avec le nombre de cycles appliqués. Celle-ci débute 18 par les interfaces associées aux renforts qui présentent une grande contrainte normale locale. En fatigue-traction, il s’agit des renforts les plus désorientés par rapport à la direction de la charge. Ensuite, elle se propage sur les interfaces des renforts les plus orientés à travers l’effet couplé de la contrainte locale de cisaillement. Il est à noter que cette dégradation est globalement conforme à celle observée sous sollicitation monotone. Cette constatation sera de première importance dans le choix de la méthodologie de la prédiction de la durée de vie (48,49). Figure 9 : Etude expérimentale de l’endommagement d’un matériau SMC en fatigue (1) I.5.3 Endommagement des SMC en dynamique Il existe peu d’études sur le comportement mécanique des SMC sollicités à grande vitesse (50–52). Ceci est du tout d’abord à la difficulté expérimentale liée aux phénomènes inertiels et à la propagation d’ondes qui viennent souvent perturber fortement les mesures. De nombreux efforts ont été effectuées et différents systèmes ont été mis en place afin de résoudre ces phénomènes perturbateurs (3,20,33,35,53–56). Cependant, dans le domaine des vitesses élevées (jusqu’à 200 s-1), les machines de traction à grande vitesse restent l’outil le plus utilisé. 19 On considère généralement qu’une sollicitation est quasi-statique lorsque la vitesse de déformation est inférieure à 10-1 s-1, intermédiaire lorsque la vitesse est inférieure à 100 s-1 et dynamique lorsque la vitesse dépasse 100 s-1. Lorsque la vitesse de sollicitation augmente on observe généralement les tendances suivantes : ✓ La pente à l’origine de la courbe contrainte/déformation augmente ; ✓ La contrainte à rupture augmente ; ✓ La déformation à rupture peut diminuer ou augmenter. A titre d’exemple, la figure 10 montre une illustration de l’effet de vitesse sur un SMC standards. Figure 10 : Effet de la vitesse de déformation sur les propriétés mécaniques d’un matériau SMC (33). Cette figure montre que le module de Young reste quasiment insensible à la vitesse de déformation. Cependant, il a été montré qu’une augmentation de cette dernière entraîne d’une part une augmentation du seuil de non linéarité (correspondant au début de l’endommagement) et une baisse de la cinétique d’endommagement d’autre part (33) (se traduisant par une perte de raideur plus lente). En outre, l’aspect visqueux de l’endommagement interfaciale est bien mis en évidence grâce à des essais interrompus (3). On observe donc un retard lors de la phase d’amorçage et une diminution de la cinétique d’endommagement lors de la phase de propagation sans aucun effet sur la phase élastique. On parle alors de « viscoendommagement » (57) 20 Shirinbayan (2) a montré que l’A-SMC avec une plus forte fraction volumique de renfort (50% contre 30% pour les SMC standard) présentent exactement les mêmes tendances. L’origine du visco-endommagement peut être due à une sensibilité du matériau de l’interface fibre-matrice à la vitesse d’une part et à des effets dynamiques locaux d’autre part (2). I.6. Modélisation micromécanique Ces approches conduisent à la formulation de lois de comportement des matériaux ont fait l’objet des recherches dans ces dernières décennies. Au début des années 20 Voigt (58) et Reuss (59) commencèrent leurs recherches dans le domaine de modélisation et en particulier la modélisation du comportement des matériaux métalliques en utilisant des approches basées sur la mécanique des milieux continus. Leurs travaux et avec ceux de Hill (60,61) étaient bien les bases de la modélisation micromécanique. Celle-ci repose sur le fait de présenter le comportement d’un matériau hétérogène à partir du comportement de ces divers composants. Ceci revient à définir la méthode « d’homogénéisation » qui permet de relier, en utilisant les résolutions analytiques ou numériques, les propriétés mécaniques à l’échelle macroscopique à leurs mécanismes de déformation microscopiques, à travers la résolution du problème de changement d’échelles. Les techniques d’homogénéisation nous conduisent à déterminer les propriétés élastiques macroscopiques d’un matériau homogène équivalent au matériau hétérogène à partir des propriétés des différentes phases qui le constituent et de quelques paramètres caractérisant leur répartition spatiale. Cependant, l’homogénéisation nécessite un domaine d’application bien défini, d’où le recours au concept de Volume Elémentaire Représentatif (V.E.R) du matériau. Dans ce volume, on détermine le comportement du matériau homogène équivalent. Ce dernier doit être suffisamment grand pour contenir toutes les hétérogénéités (les phases) de la microstructure. Par ailleurs, il doit être suffisamment petit pour être considéré comme sollicité « macroscopiquement » de façon homogène (16). Par la suite, il faut déterminer les liens entre les grandeurs mécaniques à l’échelle des hétérogénéités et à l’échelle du VER. D’une manière générale, l’homogénéisation est la technique qui permet de définir la loi de comportement mécanique à l’échelle du VER (62–66). Cette définition doit être cohérente avec les propriétés des constituants dans le sens où elle doit prendre en compte leurs effets à l’échelle microscopique et macroscopique. Cependant, la technique d’homogénéisation n’a pas pour vocation première de rendre compte du 21 comportement à l’échelle microscopique : c’est un passage « micro /macro ». Toutefois, elle peut y donner accès. La plupart des méthodes micromécaniques présentent l’avantage de trouver des résultats rapidement quand elles sont résolues d’une façon analytique. Cependant, parmi ces méthodes, on trouve des méthodes dites simplifiées et jugées simplistes vis-à-vis de problèmes posés suite à la difficulté liée au choix du VER (67,68) ou de la prise en compte de l’endommagement (69) ou encore du comportement non linéaire de constituants (70). C’est pour cela que de nouvelles formulations d’approches d’homogénéisation se basant essentiellement sur des résolutions numériques sont développées afin de surmonter ces difficultés. On peut ainsi citer plusieurs travaux (71–74) traitant de la modélisation micromécanique en utilisant des approches d’homogénéisation. Pour une bonne compréhension de ces méthodes, on pourra consulter les travaux de Bornert et al. (65,75). Plusieurs techniques d’homogénéisation ont été élaborées dans un cadre général. Ces approches se distinguent entre elles par la façon de considérer la représentation de la microstructure. En outre, la morphologie du matériau peut rendre le choix restreint à certains modèles spécifiques dans le but d’une meilleure estimation des propriétés effectives. On se propose dans cette partie d’énoncer les principales approches d’homogénéisation. Par la suite, nous présenterons les différentes façons d’intégrer les mécanismes d’endommagement dans la formulation de ces modèles. I.6.1 Principe de la modélisation multi-échelles La mise en place d’un modèle à partir d’une technique d’homogénéisation exige de suivre une démarche générale menée en trois étapes : La représentation où la constitution du VER durant laquelle on définit mécaniquement les lois de comportement des constituants et géométriquement leurs distributions et leurs formes. La localisation qui permet de formaliser la relation entre la réponse mécanique à l’échelle microscopique et l’échelle macroscopique par l’intermédiaire de lois. L’homogénéisation est la détermination du comportement global effectif à travers le calcul des moyennes des contraintes et des déformations. C’est donc lors de cette phase que la relation micro-macro est établie. 22 ➢ La représentation Dans cette étape, on recueille l'ensemble des informations qui concernent le comportement mécanique des phases et la géométrie de la microstructure (tailles, orientations, géométrie, fractions volumiques des différents constituants). Le comportement microscopique de chacun des matériaux constituant le composite est donc généralement supposé identique au comportement macroscopique de ce même matériau pris isolément. En notant respectivement C et S les tenseurs de rigidité et de souplesse. 〈𝝈〉𝒗 = 𝑪: 〈𝜺〉𝒗 Equation 1 〈𝜺〉𝒗 = 𝑺: 〈𝝈〉𝒗 Equation 2 où 𝜎 et 𝜀 sont les contraintes et déformations locales. ➢ La localisation Cette étape permet de relier les champs mécaniques locaux aux sollicitations mécaniques appliquées sur le contour du VER. On établit, ainsi, les relations de passage de l'échelle macroscopique à l'échelle microscopique. La moyenne volumique 〈a〉v d’un champ a(x) en tout x d’un volume V est définie par : 〈𝒂〉𝒗 = 𝟏 ∫ 𝒂(𝒙)𝒅𝑽 |𝑽| 𝒗 Equation 3 Par la suite on notera V le volume du VER, 𝛛𝐕 son contour, et n le vecteur normal à 𝛛𝐕. On définit 𝜀(𝑥) et 𝜎(𝑥) respectivement les champs de déformations et de contraintes microscopiques. Par la suite on notera E , les déformations et Σ les contraintes macroscopiques sur V comme étant les moyennes volumiques respectivement de 𝜀(𝑥) et 𝜎(𝑥) : 𝑬 = 〈𝜺〉𝒗 Equation 4 𝜮 = 〈 𝝈〉 𝒗 Equation 5 On définit également le tenseur de localisation des déformations concentration des contraintes ′𝑩′ par les relations suivantes : ′𝑨′ et le tenseur de 𝝈(𝒙) = 𝑩(𝒙) ∶ 𝜮 Equation 6 𝜺(𝒙) = 𝑨(𝒙) ∶ 𝑬 Equation 7 Les tenseurs de localisation et de concentration doivent vérifier les égalités suivantes : 〈𝑨〉𝒗 = 𝑰 Equation 8 〈𝑩〉𝒗 = 𝑰 Equation 9 23 où I désigne la matrice identité. ➢ L’homogénéisation La dernière étape, en toute logique, devra synthétiser les résultats précédents afin de remonter au comportement global. En effet, on procède au calcul de la moyenne spatiale des contraintes et à celle des déformations au sein du VER. On considère que ces moyennes doivent être égales à la grandeur macroscopique correspondante. Pour définir le tenseur de rigidité, deux approches peuvent être employées : une approche énergétique et une approche mécanique. Approche mécanique : 𝜮 = 𝑪𝒎𝒆𝒄𝒂 𝒆𝒇𝒇 : 𝑬 Equation 10 Approche énergétique : 𝟏 𝟏 〈 𝜺: 𝑪(𝒙): 𝜺〉 = 𝑬: 𝑪𝒆𝒏𝒆𝒓 𝒆𝒇𝒇 : 𝑬 𝟐 𝟐 Equation 11 L’équivalence entre les deux approches est établie par la condition de Hill qui stipule que le travail macroscopique doit être égal à la moyenne du travail microscopique (60) : 𝟏 𝟐 𝟏 〈𝜺: 𝝈〉𝒗 = 𝑬: 𝜮 𝟐 Equation 12 Par la suite, on ne s’intéressera qu’à l’approche mécanique. Par conséquent, on appellera le tenseur 𝑪𝑚𝑒𝑐𝑎 𝑒𝑓𝑓 de manière réduite : 𝑪𝑒𝑓𝑓 . Plusieurs conditions aux limites vérifient la condition de HILL (65,76). On peut aussi imposer des conditions mixtes portant sur les contraintes et les déformations à la fois. Les expressions des tenseurs de rigidité et de souplesse apparents s’écrivent sous la forme : 𝜮 = 〈𝝈〉𝒗 = 〈𝑪 ∶ 𝜺〉𝒗 = 〈𝑪 ∶ 𝑨〉𝒗 : 𝑬 = 𝑪𝒆𝒇𝒇 : 𝑬 Equation 13 𝑬 = 〈𝜺〉𝒗 = 〈𝑺 ∶ 𝝈〉𝒗 = 〈𝑺 ∶ 𝑩〉𝒗 : 𝜮 = 𝑺𝒆𝒇𝒇 : 𝜮 Equation 14 En raisonnant sur les phases n du matériau considéré, où m est l’indice dédié à la matrice et i est celui dédié aux familles de fibres.« 𝑓𝑖 »désigne la fraction volumique de la phase i. On peut écrire : 𝜮 = ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝝈〉𝒊 = 𝒇𝒎 〈𝝈〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝝈〉𝒊 Equation 15 𝑬 = ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 = 𝒇𝒎 〈𝜺〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 Equation 16 On obtient donc : 𝜮 = 𝒇𝒎 〈𝝈〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝝈〉𝒊 = 𝑪𝒎 𝒇𝒎 〈𝜺〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝑪𝒊 𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 24 Equation 17 = 𝑪𝒎 𝑬 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 = 𝑪𝒎 𝑬 + 𝑬 ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 𝑨𝒊 Equation 18 Et 𝑬 = 𝒇𝒎 〈𝜺〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 = 𝑺𝒎 𝒇𝒎 〈𝝈〉𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏 𝑺𝒊 𝒇𝒊 〈𝝈〉𝒊 = 𝑺𝒎 𝜮 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑺𝒊 − 𝑺𝒎 )𝒇𝒊 〈𝝈〉𝒊 = 𝑺𝒎 𝜮 + 𝜮 ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑺𝒊 − 𝑺𝒎 )𝒇𝒊 𝑩𝒊 Equation 19 Equation 20 Donc les tenseurs de rigidité et de souplesse auront les expressions suivantes : 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 𝑨𝒊 Equation 21 𝑺𝒆𝒇𝒇 = 𝑺𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑺𝒊 − 𝑺𝒎 )𝒇𝒊 𝑩𝒊 Equation 22 Ces relations restent valables pour tous les modèles micromécaniques. La détermination des tenseurs de localisation des déformations 𝐴𝑖 et de concentration des contraintes 𝐵𝑖 différent selon les modèles. I.6.2 Bornes de Voigt et Reuss Les bornes de Voigt (58) et Reuss (59) représentent un encadrement par approximation des propriétés élastiques du composite (77,78). L’intérêt majeur que peut avoir l’utilisateur de ces deux modèles est de procéder à un calcul simple et rapide. Par contre, ils ne permettent la prise en compte qu’un peu d’information sur la microstructure du composite. Que les fractions volumiques et les tenseurs de rigidités des différentes phases entrent en jeu. Leur répartition dans le matériau et leurs formes ne sont pas considérées dans ce type de modélisation. Ces deux bornes appelées aussi approche en déformation pour celle de Voigt et approche en contrainte pour celle de Reuss, considèrent que la déformation est constante (la méme chose pour la contrainte) dans tout le VER. Par conséquent, les déformations et contraintes dans le VER sont égales. Ceci revient à dire que les tenseurs de localisation A (borne de Voigt) et celui de concentration B (borne de Reuss) sont réduits au tenseur identité. La Borne de Voigt est basée sur une approche en déformation. Supposons que la déformation est constante dans toutes les phases i du composite. On considère que la déformation est égale à la déformation macroscopique imposée. Donc la déformation s’écrit sous la forme : 𝜺𝒊 = 𝑬 Equation 23 Le tenseur de déformation est alors simplifié et est égal au tenseur d’identité : 𝐀=𝐈 Equation 24 25 La borne de Reuss est basée sur une approche en contrainte. Elle suppose ici que c’est la contrainte qui est constante pendant toutes les phases du matériau. En raisonnant de manière similaire à la borne de Voigt, la Borne de Reuss impose que cette contrainte est égale à la contrainte macroscopique imposée : 𝝈𝒑 = 𝜮 Equation 25 Cette fois ci c’est le tenseur de concentration des contraintes qui est égal au tenseur d’unité : 𝐁=𝐈 Equation 26 Les approches de Voigt et Reuss nous calculent les bornes inférieures et supérieures du comportement équivalent. On notera quand même que pour des rigidités de la matrice et du renfort très différentes, ces bornes nous donnent un intervalle trop large pour la rigidité du matériau. I.6.3 Approche d’Echelby On utilise l’approche d’Eshelby (79), pour résoudre un problème concernant une situation élémentaire d’hétérogénéité entre une zone donnée (l’inclusion) et son environnement (la matrice), ce qui constitue le point de départ de nombreux de modèles micromécaniques. Toutefois, on décrira le cas d’une inclusion élastique de forme ellipsoïdale noyée dans une matrice infinie à élasticité isotrope. L’inclusion est définie par le fait qu’elle possède des caractéristiques mécaniques identiques à la matrice. L’hétérogénéité, contrairement à l’inclusion, possède des caractéristiques mécaniques différentes de celles de la matrice. I.6.4 Problème de l’inclusion On considère une inclusion ellipsoïdale I plongée dans une matrice homogène infinie de rigidité Cm. Supposons que les propriétés mécaniques de l’inclusion sont identiques à celles de la matrice. De plus, on impose à l’inclusion une déformation libre εL, identique à celle qu’elle subirait si elle était hors de la matrice (ex : déformation thermique, plastique…). La résolution de ce problème consiste à déterminer la déformation εi à l’équilibre qui existe dans la matrice et dans l’inclusion. Eshelby a montré que cette déformation εi était liée à la déformation libre par un tenseur nommé tenseur d’Eshelby : 𝜺𝒊 = 𝑺𝒆𝒔𝒉 : 𝜺𝑳 = −𝑷: 𝝉 Equation 27 Les équations de comportement s’écrivent : 26 𝝈𝒎 = 𝑪𝒎 ∶ 𝜺 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒂 𝒎𝒂𝒕𝒓𝒊𝒄𝒆 { 𝝈𝒊 = 𝑪𝒎 ∶ (𝜺𝒊 − 𝜺𝑳 ) = 𝑪𝒎 : (𝑺𝒆𝒔𝒉 − 𝑰): 𝜺𝑳 = 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝒊 + 𝝉 Equation 28 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍′𝒊𝒏𝒄𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏 Avec 𝜏 = −𝑪𝑚 : 𝜀 𝐿 est la contrainte de polarisation associée à la déformation libre, Et 𝑷 = 𝑺𝑒𝑠ℎ : 𝑪𝑚 −1 est le tenseur d’interaction de Hill. Si en plus, on impose une contrainte Σ 0 appliqué sur la matrice ou une déformation 𝐸 0 à l’infini, les dernières expressions deviennent: - Pour une contrainte imposée : 𝝈𝒊 = 𝚺 𝟎 + 𝑪𝒎 : (𝐒 𝒆𝒔𝒉 − 𝐈): 𝜺𝑳 - Equation 29 Pour une déformation imposée : 𝜺𝒊 = 𝑬𝟎 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : 𝜺𝑳 = 𝑬𝟎 − 𝑷: 𝝉 Equation 30 On peut déduire aussi la « loi d’interaction » qui introduit le tenseur d’influence de HILL noté 𝑪∗ qui est symétrique, défini positif et caractérise la réponse de la matrice à la déformation libre qui lui est imposée par l’inclusion. Ce dernier dépend de la géométrie de l’inclusion et du tenseur de rigidité 𝑪: −𝟏 𝒆𝒔𝒉 𝒊 𝟎 𝝈𝒊 − 𝚺 𝟎 = 𝑪 ⏟𝒎 : (𝑰 − (𝐒 ) ) : (𝜺 − 𝑬 ) Equation 31 −𝑪∗ I.6.5 Problème de l’hétérogénéité Eshelby montre que le problème hétérogène est similaire au problème homogène. Cependant, Eshelby impose que le tenseur de contrainte τ qui existe dans le problème homogène induit une hétérogénéité de contrainte équivalente au problème hétérogène. On considère une hétérogénéité ellipsoïdale H de matrice de rigidité 𝑪𝐻 et de déformation à l’équilibre εH, plongée dans une matrice infinie de rigidité 𝑪. Les équations de comportement dans le problème hétérogène et homogène s’écrivent : 𝝈𝒎 = 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝒎 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒂 𝒎𝒂𝒕𝒓𝒊𝒄𝒆 𝝈𝑯 = 𝑪𝑯 ∶ 𝜺𝑯 = 𝑪𝒎 : 𝜺𝑯 + ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ): 𝜺𝑯 𝝈𝒊 = 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝒊 − 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝑳 { 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍′ 𝒉𝒆𝒕𝒆𝒓𝒐𝒈𝒆𝒏𝒆𝒊𝒕é Equation 32 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍′ 𝒊𝒏𝒄𝒍𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒉𝒐𝒎𝒐𝒈è𝒏𝒆 En remplaçant dans la dernière équation 𝜀 𝑖 par 𝜀 𝐻 et 𝜎 𝑖 par 𝜎 𝐻 on peut déterminer l’expression de la déformation libre dans le cas de l’hétérogénéité : 27 𝑪𝒎 : 𝜺𝑯 + ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ): 𝜺𝑯 = 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝑯 − 𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝑳 Equation 33 ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ): 𝜺𝑯 = −𝑪𝒎 ∶ 𝜺𝑳 Equation 34 −(𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ): 𝜺𝑯 = 𝜺𝑳 Equation 35 Lorsqu’on impose une déformation sur le contour. L’expression de la déformation dans l’hétérogénéité, en remplaçant 𝜀 𝐿 par son expression, devient : 𝜺𝒉 = 𝑬𝟎 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : 𝜺𝑳 = 𝑬𝟎 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : −(𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ): 𝜺𝑯 Equation 36 𝑬𝟎 = 𝜺𝑯 : (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 )) Equation 37 𝜺𝑯 = 𝑬𝟎 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ))−𝟏 Equation 38 Qui peut être écrite en fonction du tenseur d’interaction de Hill : 𝜺 𝑯 = 𝑬𝟎 ∶ ⏟ (𝑰 + 𝑷 ∶ ( 𝑪𝑯 − 𝑪𝒎 ))−𝟏 Equation 39 𝑨𝑯 Ce qui nous permet de dégager le tenseur de localisation 𝑨𝐻 . Dans quelques cas particuliers, la résolution des problèmes permet d’avoir des solutions analytiques pour 𝑨𝐻 , 𝑷, 𝑺𝑒𝑠ℎ , 𝑪∗ . En outre, le tenseur d’Eshelby n’est facile à calculer que dans le cas d’une inclusion de type isotrope ou isotrope transverse avec une forme géométrie connue. Le problème de l’hétérogénéité est la source de plusieurs modèles d’homogénéisation en élasticité linéaire, dont « la méthode des solutions diluées », « le modèle auto-cohérent » et « le modèle de Mori Tanaka » … qui seront présentés par la suite. I.6.6 La méthode des solutions diluées Quand la fraction volumique des hétérogénéités est relativement faible, on peut appliquer directement l’approche d’Eshelby en considérant que les interactions entre les différentes phases sont négligeables c’est-à-dire que chaque phase est traitée comme si elle était seule noyée dans la matrice. Cette méthode consiste à appliquer le résultat hétérogène d’Eshelby à chacune des inclusions i pour trouver le tenseur de localisation de chaque phase et en déduire le tenseur de rigidité effectif qui s’écrit : 𝑯 𝑨𝒊 = 𝑨 = (𝑰 + 𝑺 𝒆𝒔𝒉 −𝟏 : (𝑪𝒎 ) 𝒊 ∶ ( 𝑪 − 𝑪𝒎 )) −𝟏 Equation 40 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑺𝑫 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ))−𝟏 28 Equation 41 Nous présentons par la suite deux autres approches permettant d’avoir le comportement élastique équivalent d’un matériau se constituant de plusieurs familles de renforts. C’est la méthode d’homogénéisation auto-cohérente et le modèle de Mori et Tanaka. I.6.7 Modèle auto-cohérent Contrairement à la méthode de solutions diluées, ce modèle est applicable lorsqu’aucune des phases i n’a de rôle prépondérant c'est-à-dire pas de matrice. Chacune des phases i est assimilée à une inclusion noyée dans le MHE (milieu homogène équivalent). On applique donc les mêmes équations des solutions diluées avec un tenseur d’Eshelby évalué pour une « matrice homogène isotrope » de propriété CAC. Le problème devient implicite puisque les tenseurs 𝑨𝑖 vont dépendre du tenseur de rigidité effectif CAC qui va lui-même dépendre des tenseurs 𝑨𝑖 . L’identification se fait donc numériquement : 𝑨𝒊 = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝑨𝑪 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝑨𝑪 ))−𝟏 Equation 42 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑨𝑪 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝑪𝒊 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝑨𝑪 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝑨𝑪 ))−𝟏 Equation 43 Dans le cas d’un composite avec fibre et matrice : 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑨𝑪 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ) 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝑨𝑪 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝑨𝑪 ))−𝟏 Equation 44 Notons que le modèle auto-cohérent est utilisé généralement pour des matériaux hétérogènes ne présentant pas de phase continue comme par exemple les métaux multicristallins. I.6.8 Modèle de Mori Tanaka Le modèle développé à l’origine par Mori et Tanaka (80), pour un matériau contenant de nombreuses inclusions de mêmes propriétés différentes de celles de la matrice. Il a été, par la suite, étendu aux matrices contenant des hétérogénéités par Wakashima (81) avant d’être reformulée par Benveniste (82), basé sur un schéma différent des approches précédentes. Certes plus réaliste pour les matériaux composites que la méthode auto-cohérente, dans son principe, ce modèle considère une phase matricielle à part entière entre le renfort et le composite. Ce dernier qui découle de l’approche d’Eshelby se distingue par la prise en compte des interactions entre les inclusions existantes. On suppose que les hétérogénéités sont réparties d’une manière homogène dans une matrice infinie soumise à une déformation moyenne. Le tenseur de localisation 𝑨𝐻 obtenu dans la résolution du problème hétérogène d’Eshelby permet de relier chacune des inclusions à la déformation moyenne de la matrice in situ : 〈𝜺𝒊 〉 = 𝑻𝒊 : 〈𝜺𝒎 〉 Equation 45 29 Avec : 𝑻𝒊 = 𝑨𝑯 = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ))−𝟏 Equation 46 Pour chaque phase i la relation de la moyenne volumique des déformations est : 𝑬 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝒇𝒊 〈𝜺〉𝒊 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝒇𝒊 𝑻𝒊 : 〈𝜺〉𝒎 Equation 47 〈𝜀〉𝑚 Étant constante : 〈𝜺〉𝒎 = (∑𝒏𝒊=𝟎 𝒇𝒊 𝑻𝒊 )−𝟏 : 𝑬 = 𝑨𝒎 : 𝑬 Equation 48 Donc on a pour les fibres : 〈𝜺𝒊 〉 = 𝑻𝒊 : 〈𝜺𝒎 〉 = 𝑻𝒊 ∶ 𝑨𝒎 : 𝑬 = 𝑻𝒊 ∶ (∑𝒏𝒊=𝟏 𝒇𝒊 𝑻𝒊 )−𝟏 : 𝑬 = 𝑨𝒊 : 𝑬 Equation 49 Le tenseur de rigidité homogénéisé devient : −𝟏 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑴𝑻 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 : 𝑻𝒊 ∶ (∑𝒏𝒋=𝟏 𝒇𝒋 𝑻𝒋 ) Equation 50 La limitation de ce modèle est qu’il n’est pas applicable lorsque la fraction volumique des fibres dépasse 50%. Au-delà, les interactions entre les inclusions (renforts) ne sont pas prises en compte par ce modèle. De nombreux auteurs ont utilisé le Modèle de Mori Tanaka pour la modélisation micromécanique de plusieurs types de composites. Concernant les composites SMC, Fitoussi (16) a étudié l’influence des paramètres intrinsèques, comme la dispersion de l’orientation de renfort et l’effet de l’élancement. I.6.9 Bornes de Hashin et Shtrikman L’approche HSW (83,84) utilise les résultats issus du modèle auto-cohérent sans passer nécessairement par une résolution numérique. En fait, ils proposent de remplacer le milieu homogène équivalent par un autre milieu dont les propriétés mécaniques sont déjà connues. Ce dernier pourra être plus souple ou plus rigide que le MHE. La matrice de substitution va affecter successivement les propriétés de la phase la plus rigide pour la borne supérieure puis la plus souple pour la borne inferieure. Ce qui conduit donc à un encadrement des propriétés réelles du composite entre deux bornes, une supérieure et l’autre inférieure. La borne supérieure s’obtient en affectant à la matrice le tenseur de rigidité Cmax . Le tenseur de localisation s’écrive donc sous la forme : 𝑨𝒊 + = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒂𝒙 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒂𝒙 ))−𝟏 Equation 51 30 Le tenseur de rigidité effectif supérieur s’écrit : 𝑯𝑺+ 𝑪𝒎𝒊𝒏 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝑪𝒊 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒂𝒙 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒂𝒙 ))−𝟏 𝒆𝒇𝒇 = 𝑪 Equation 52 La même chose pour la borne inferieure, on affecte à la matrice le tenseur de rigidité Cmin : −𝟏 𝑨𝒊 − = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒊𝒏 ) ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒊𝒏 ))−𝟏 Equation 53 Le tenseur de rigidité effectif s’écrit : −𝟏 𝑯𝑺− 𝑪𝒎𝒂𝒙 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝑪𝒊 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒊𝒏 ) 𝒆𝒇𝒇 = 𝑪 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒊𝒏 ))−𝟏 Equation 54 Soit dans le cas de notre composite : 𝑯𝑺− 𝑪𝒎𝒊𝒏 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ) 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒊𝒏 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒊𝒏 ))−𝟏 Equation 55 𝒆𝒇𝒇 = 𝑪 𝑯𝑺+ 𝑪𝒎𝒂𝒙 = 𝑪𝒎 + ∑𝒏𝒊=𝟏(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ) 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎𝒂𝒙 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎𝒂𝒙 ))−𝟏 Equation 56 𝒆𝒇𝒇 = 𝑪 Il faut noter que les bornes de Hashin et Shtrikman nous donnent un encadrement plus fin au niveau des propriétés du matériau que celles de Voigt et Reuss. I.6.10 Synthèse des principaux modèles micromécaniques : Le tableau 1 résume les modèles présentés dans la bibliographie en précisant les équations des tenseurs de rigidité obtenues par chaque modèle ainsi que les tenseurs de localisation des déformations ou de concentration des contraintes. 31 Tableau 1 : Principaux modèles micromécaniques Modèles Tenseurs de rigidité et Tenseurs de localisation de déformation ou de concentration de contrainte 𝑨𝑖 = 𝑨𝐻 = (𝑰 + 𝑺𝑒𝑠ℎ : (𝑪𝑚 )−1 ∶ ( 𝑪𝑖 − 𝑪𝑚 ))−1 La méthodes des solutions diluées Modèle autocohérent 𝑪𝑒𝑓𝑓 = 𝑪𝑺𝑫 = 𝑪𝑚 + ∑𝑛𝑖=1(𝑪𝑖 − 𝑪𝑚 )𝑓𝑖 ∶ (𝑰 + 𝑺𝑒𝑠ℎ : (𝑪𝑚 )−1 ∶ ( 𝐶𝑖 − 𝑪𝑚 ))−1 𝑨𝒊 = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝑨𝑪 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝑨𝑪 )) −𝟏 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑨𝑪 = ∑𝒏𝒊=𝟎 𝑪𝒊 𝒇𝒊 ∶ (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝑨𝑪 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝑨𝑪 ))−𝟏 𝑻𝒊 = 𝑨𝑯 = (𝑰 + 𝑺𝒆𝒔𝒉 : (𝑪𝒎 )−𝟏 ∶ ( 𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 ))−𝟏 Modèle de Mori Tanaka 𝒏 𝒏 −𝟏 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑴𝑻 = 𝑪𝒎 + ∑(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 : 𝑻𝒊 ∶ (∑ 𝒇𝒋 𝑻𝒋 ) 𝒊=𝟏 𝒋=𝟏 A=B=I Contrainte uniforme, déformation uniforme Bornes de voigt et Reuss 𝒏 𝒏 𝑪𝒆𝒇𝒇 = 𝑪𝑴 = 𝑪𝒎 + ∑(𝑪𝒊 − 𝑪𝒎 )𝒇𝒊 = ∑ 𝒇𝒊 𝑪𝒊 𝒊=𝟏 𝒋=𝟏 𝐴𝑖 + = (𝐼 + 𝑆 𝑒𝑠ℎ : (𝐶 𝑚𝑎𝑥 )−1 ∶ ( 𝐶 𝑖 − 𝐶 𝑚𝑎𝑥 ))−1 Bornes de Hashinshtrikman 𝐴𝑖 − = (𝐼 + 𝑆 𝑒𝑠ℎ : (𝐶 𝑚𝑖𝑛 )−1 ∶ ( 𝐶 𝑖 − 𝐶 𝑚𝑖𝑛 ))−1 𝑛 𝑚𝑖𝑛 𝐶𝑒𝑓𝑓 = 𝐶 𝐻𝑆− = 𝐶𝑚 + ∑(𝐶𝑖 − 𝐶𝑚 ) 𝑓𝑖 ∶ (𝐼 + 𝑆 𝑒𝑠ℎ : (𝐶 𝑚𝑖𝑛 )−1 𝑖=1 ∶ ( 𝐶 𝑖 − 𝐶 𝑚𝑖𝑛 ))−1 𝑛 𝑚𝑎𝑥 𝐶𝑒𝑓𝑓 = 𝐶 𝐻𝑆+ = 𝐶𝑚 + ∑(𝐶𝑖 − 𝐶𝑚 ) 𝑓𝑖 ∶ (𝐼 + 𝑆 𝑒𝑠ℎ : (𝐶 𝑚𝑎𝑥 )−1 𝑖=1 ∶ ( 𝐶 𝑖 − 𝐶 𝑚𝑎𝑥 ))−1 32 Hypothèses et commentaires Données utiles Modèle basé sur la méthode de l’inclusion équivalente et ne s’applique qu’aux composites à faibles fractions volumiques Le milieu hétérogène est remplacé par un milieu homogène équivalent non isotrope Absence d’une phase continue Ce modèle s'appuie sur la théorie d'Eshelby et tient compte des interactions entre les hétérogénéités Présence d’une phase continue Ces bornes donnent les estimations les plus simples des caractéristiques mécaniques du composite Même schéma que celui du modèle autocohérent en remplaçant le MHE par un matériau de comparaison. -Fraction volumique des phases -Distribution d’élancement des phases -Distribution d’orientation des phases -Caractéristiques mécaniques des phases I.6.11 Analyse critique des modèles : Choix du modèle Mori et Tanaka Tous les modèles que nous avons présentés passent par le calcul du tenseur d'Eshelby des hétérogénéités, il faut donc que leur géométrie se prête à cette estimation. Dans les matériaux composites les renforts peuvent être classées de quatre types : fibres longues, fibres courtes, plaquettes ou particules. Chacun de ces renforts a une géométrie de révolution ou sera supposée comme telle. Si l est la longueur du renfort mesurée parallèlement à l'axe de révolution et d la longueur dans la direction perpendiculaire. Les fibres longues correspondent à un élancement l/d tendant vers l'infini alors que celui des plaquettes tend vers zéro. Les particules ont un élancement peu différent l’un de l’autre, celui des fibres courtes varie entre un et dix ou cent généralement. Dans tous les cas, la géométrie réelle est loin d'être celle d'un ellipsoïde, seule forme pour laquelle le tenseur d'Eshelby est connu de manière analytique. En résumé de cette synthèse des modèles, nous retenons que : ce sont les relations de localisation des déformations, ou de concentration des contraintes, qui les différencient essentiellement. Les modèles que nous avons présentés s'appliquent pour des matériaux à "microstructure aléatoire", par opposition aux composites stratifiés. Le choix du modèle à employer doit se faire essentiellement sur la microstructure du matériau composite dont on veut estimer les propriétés. Les facteurs importants sont la fraction volumique de renforts, leur géométrie ainsi que les symétries matérielles du composite. La méthode des solutions diluées ne sera employée que lorsque la fraction volumique est inférieure à 5%. Par contre, les modèles auto-cohérent et de Mori et Tanaka peuvent être utilisés dans beaucoup plus de cas. Pour les fortes fractions volumiques, le modèle auto-cohérent donnera sans doute de meilleures estimations. Le comportement du milieu qui entoure les renforts est plus près du comportement du composite que de celui de la matrice. Cependant, ce qui limite l’utilisation de ce modèle, c’est essentiellement le calcul du tenseur d’Eshelby. Si le matériau dont on cherche à estimer les propriétés n’est pas isotrope, le calcul du tenseur de souplesse devient plus complexe. Ce calcul n’est pas insurmontable si on choisit de programmer le calcul avec un langage informatique structuré. L’étude microstructurale du composite (A-SMC (2) et de l’SMC-R42(1) ), met en évidence la répartition aléatoire des renforts dans une matrice que l’on peut considérer comme la phase continue. Ce qui nous oriente alors vers le modèle de Mori et Tanaka qui convient de plus aux taux de renforts de ces matières. En outre, ce dernier nous permet une prise en compte de toutes 33 les interactions entre les renforts d’une manière analytique ce qui n’est pas le cas pour le modèle auto-cohérent. On considère donc que le modèle de Mori et Tanaka est le plus adéquat pour traduire directement l’influence de la microstructure dans la modélisation de l’initiation et la propagation de l’endommagement et qui sera retenu pour la suite de nos travaux. I.7. Modélisation de l'endommagement du composites à l'interface fibre-matrice De nombreux auteurs se sont intéressés aux mécanismes d’endommagement des composites à renforts discontinus en particulier pour les polymères renforcés par des fibres (85). Cependant, Meraghni et Benzeggagh (86) ont étudié la propagation des dommages dans des composites renforcés par des fibres de verre discontinus à orientation aléatoire. Leurs études expérimentales en impliquant l'analyse de l'amplitude des signaux d' émission acoustique et des observations microscopiques ont révélé deux mécanismes de dommages dominants: les dommages de la matrice et les dommages à l' interface . Plusieurs autres auteurs (23,33,87) ont confirmé que la dégradation de l'interface fibre-matrice est considérée comme étant le mécanisme prépondérant des matériaux SMC indépendamment du type de sollicitation. La caractérisation expérimentale de l’endommagement à l'interface fibre/matrice est un domaine difficile. De nombreux auteurs (par exemple, (88–91)) ont étudié l’endommagement de l'interface en réalisant des essais sous MEB. Hour et Sehitoglu (22) et Dano (92), ont réalisé des études expérimentales axées sur le l’initiation de l’endommagement dans les composites renforcés par des fibres de verre. Fitoussi et al. (57) ont mené des analyses expérimentales multi-échelles spécifiquement sur le comportement mécanique des composites SMC. Jendli et al. (33) ont analysé quantitativement l'influence de la vitesse de déformation sur le seuil d'endommagement, l’endommagement et la rupture des SMC standards. En réalisant des essais de traction monotones et interrompus à différentes vitesses de déformation, Jendli et al. (53) ont montré que l’amorçage et la propagation de l’endommagement sont sensibles à la vitesse de déformation, de sorte que la résistance à la rupture de l'interface semble augmenter avec l'augmentation de la vitesse de déformation. Des résultats similaires ont été obtenus par Fitoussi et al. (23) et Shirinbayan et al. (19). Parallèlement à leurs résultats expérimentaux, Fitoussi et al. (93) ont également proposé un critère de rupture de type interfacial pour un composite à fibres discontinues implémenté dans un modèle multi-échelles d’homogénéisation voir figure 11 . 34 Figure 11 : Une représentation schématique du passage Micromécanique des composites (94). Derrien et al. (95) ont développé un modèle probabiliste d’endommagement qu’il s’appuie sur la rupture de renforts. Fitoussi et al (96) utilisent le même type de critère probabiliste appliqué à la rupture de l’interface fibre-matrice. Ils proposent de remplacer les fibres déchaussées par un renfort équivalent anisotrope traduisant ainsi l’anisotropie locale crée par la rupture interfaciale. Plus tard, Desrumaux et al. (97) a introduit un modèle d'endommagement par homogénéisation en deux étapes pour un composite de fibres à orientation aléatoire basé sur un tenseur d'Eshelby déterminé numériquement. Dans la première étape, une matrice anisotrope, endommagée de manière équivalente est calculée. Dans la deuxième étape, les fibres sont noyées dans la matrice endommagée à l'aide d'un tenseur numérique d'Eshelby. Un cadre d'homogénéisation en deux étapes comparable a été poursuivi par Jendli et al. (35) et Kammoun et al. (98), qui ont proposé des approches de décohésion interfaciale. Meraghni et al. (99) ont développé un modèle qui combine un paramètre de microfissuration avec la décohésion à l’échelle fibre-matrice afin de diminuer le tenseur de localisation de fibre. Guo et al. (100) proposent tout simplement de remplacer la fibre déchaussée par un volume équivalent de matrice. Ces approches ont été validées expérimentalement. Nguyen et Khaleel (101) ont proposé un modèle d’endommagement au niveau de la matrice basé sur des résultats expérimentaux réalisés par Meraghni et Benzeggagh (86). Baptiste (102) et Achour (103) ont proposé un modèle qui prend en compte le comportement inélastique d'un composite en raison de la plasticité, de la viscosité ou de l’endommagement. Lee et Simunovic (104) ont développé un modèle pour prédire le comportement élastoplastique-endommageable d’un composite à matrice ductile contenant des fibres orientées. 35 Dans leur modélisation, les fibres partiellement décollées sont remplacées par des fibres équivalentes parfaitement liées. De plus, ils ont étendu leur modèle pour traiter les fibres à des orientations aléatoires (105). Un modèle similaire a été développé par Ju et Lee (106) pour un composite triphasé où les fibres totalement décollées sont traitées comme des vides dans le schéma d'homogénéisation en trois phases. Ben Cheikh Larbi (87) et Tamboura (47) ont étudié le comportement élastique des composites SMC sous chargement cyclique. Ils ont proposé un modèle d’endommagement local à deux échelles. Leurs paramètres évoluent en fonction du nombre de cycles. Ce critère est identifié par méthode inverse en s’appuyant sur la base des baisses de raideur sous chargement de fatigue. I.8. Différentes approches de modélisation de l’endommagement en fatigue des composites Le développement d’un modèle d’endommagement en fatigue pour la prédiction de durée de vie suit deux étapes importantes. La première phase consiste à identifier les mécanismes d’endommagement et à dégager les variables associées à travers des observations expérimentales. La deuxième phase comprend la formulation de la cinétique d’endommagement. On peut distinguer cinq types d’approches : ➢ Approches empiriques : qui se reposent sur les résultats expérimentaux obtenus lors des sollicitations et des modèles empiriques. Cependant, le comportement en fatigue doit être évalué afin de vérifier la fiabilité du matériau et de justifier son utilisation comme composant de structure en service. C’est ainsi que l’utilisation de l’approche empirique conduit à une obtention rapide des courbes contrainte en fonction du nombre de cycles (S-N) que l’on appelle aussi des courbes de Wöhler. En effet, l’utilisation de cette approche doit être faite avec précaution dans des configurations d’essais précises. ➢ Approches basées sur la résistance résiduelle : Cette approche a été considérée depuis les premières études de fatigue sur composites comme une propriété pratique pour exprimer phénoménologiquement l’effet de l'accumulation d’endommagements durant la fatigue. Contrairement aux formulations phénoménologiques empiriques, les théories basées sur la résistance résiduelle incluent intrinsèquement un critère de rupture affirmant que la rupture du matériau se produit lorsque la résistance résiduelle atteint la contrainte maximale appliquée. Les modèles de résistance résiduelle ont été développés dans plusieurs études. Citons ceux de Broutman et Sahu (107) qui ont présenté l'une des premières tentatives de la modélisation de la dégradation de la résistance statique des composites renforcés par des fibres de verre, dans une 36 formulation modifiée de la loi de Palmgren-Miner, qui prend en compte les effets de séquence de chargement. Shokrieh and Lessard (108) ont développé une modélisation uni-axiale basée sur celle proposée initialement par Halpin et al. (109). Ils stipulent dans leur approche que la résistance résiduelle Re(N) peut être décrite sous forme d’une fonction monotone décroissante en fonction du nombre de cycles N. Hahn et Kim (110) ont établi le concept du taux de changement de la résistance à la rupture. Ils ont supposé qu’il existe une relation unique entre la résistance en chargement statique et la durée de vie en fatigue. Cette approche a été reproduite plus tard par Chou et Croman (111,112), qui ont fourni un outil pratique pour déduire la distribution de probabilité de la vie en fatigue en se basant sur la résistance résiduelle en statique. Yang et al (113,114)ont publié de nombreux travaux sur la résistance résiduelle et la prédiction de la durée de vie en fatigue pour plusieurs types de stratifiés et sous différentes conditions de chargement. Leurs modèles sont basés sur des équations de type rapport de chargement, utilisées précédemment par Hahn et Kim et Chou et Croman. Les modèles proposés prétendent prédire la résistance résiduelle après un chargement en fatigue à n’importe qu’elle niveau de chargement. Ceci a constitué une réelle avancée par rapport aux précédents modèles d’ingénierie, limités aux théories d’un niveau de chargement unique. ➢ Approches fondées sur des critères de rupture en fatigue : qui dérivent un critère quadratique habituellement utilisé dans le cas d’un chargement statique. Les paramètres d’ajustement de ces approches sont fortement dépendants de la valeur de contraintes appliquées. Les études réalisées par Sims (115), montrent l’importance et l’efficacité de ces critères. Parmi les auteurs qui ont proposé un critère de fatigue tridimensionnel pour les composites unidirectionnels, on cite Hahn et Sims (115,116). ➢ Approches micromécaniques : Elles sont basées sur les observations de mécanismes d'endommagement sous MEB et les mesures locales à l'échelle de la microstructure (densité et géométrie des fissures, microcavités, etc.…). Le comportement global du matériau endommagé est obtenu par les techniques d'homogénéisation sur le volume élémentaire représentatif (V.E.R.) comportant des microdéfauts de géométrie et d'orientations définies. Selon la distribution des microdéfauts et la microstructure observées l'homogénéisation peut se faire selon un des modèles détaillés plus haut. L'intérêt de ces approches est de pouvoir introduire les paramètres structuraux dans la définition de la variable d'endommagement. Cependant, elle permet de montrer l'influence de ces paramètres sur l'évolution des mécanismes d'endommagement en les considérant séparément. En outre, ce type d'approches permet d'évaluer le champ de déformations et de 37 contraintes locales dans chaque phase du composite. Elles permettent donc de considérer les fluctuations locales dues à l'apparition de l'endommagement. L'inconvénient majeur de ces approches est d'être trop locales. Il est difficile d'obtenir une variable macroscopique et une loi d'évolution facilement utilisable dans les codes de calcul à l'échelle d’une structure. ➢ Approches macroscopiques : sont basées sur la thermodynamique des processus irréversibles. Elles utilisent des variables d'état internes définies sur un VER, qui constitue l'échelle de la modélisation (117). Le comportement du matériau endommagé est obtenu par équivalence en énergie ou en déformation avec un matériau homogène équivalent. En effet, ces approches restent globales et ne font pas de distinction entre les différents processus d’endommagement ainsi que leur interaction. Plusieurs travaux ont été effectués sur les composites et ont traité le problème de l'anisotropie de l'endommagement. Les approches macroscopiques de modélisation de l’endommagement ont montré leur intérêt notamment en termes de calcul de structures. I.9. Conclusion : La recherche bibliographique présentée dans ce chapitre a permis de mettre en évidence les différentes natures et propriétés des principaux constituants des matériaux composites. Les structures et les principales propriétés des composites types SMC. Les SMC présentent un comportement en traction similaire aux autres composites avec des courbes de traction et des caractéristiques dépendant de la fraction volumique de renforts dans la matrice. Plusieurs études ont été appliquées sur ces types de composites pour étudier l’influence de l’environnement sur les propriétés mécaniques sur tout le comportement mécanique dynamique (crash, fatigue) ; les autres études ont été consacrées aux développements de méthodologies de caractérisations de ces matériaux. La synthèse des résultats relatifs à la tenue en fatigue et/ou crash des composites SMC révèle que les mécanismes d’endommagement mis en jeu dans ces matériaux composites ont été étudiés lors de nombreuses études et sont fortement dépendant du mode de sollicitation et de la microstructure. L’endommagement observé à l’échelle macroscopique est le résultat de l'évolution plus ou moins rapide des mécanismes locaux comme la rupture des fibres, les fissurations dans la matrice ou les décohésions aux interfaces, jusqu’à la rupture. Du point de vue qualitatif, les mécanismes identifiés ne diffèrent pas beaucoup lorsqu'on passe des sollicitations statiques aux sollicitations dynamiques ou en fatigue (1,2,118). Plusieurs auteurs 38 ont montré que le mécanisme d’endommagement prédominant est souvent la décohésion au niveau de l’interface fibre/matrice, mécanisme diffus qui induit et qui pilote une réduction progressive de la rigidité du matériau. De nombreux modèles micromécaniques ont été élaborés pour rendre compte du comportement des matériaux composites et de leur endommagement. Ils sont presque tous basés sur des méthodes d'homogénéisations et exigent la connaissance de la fraction volumique de renforts, de leur géométrie (élancement), de la distribution d’orientation, ainsi que des symétries matérielles du composite. Ces modèles se différencient principalement par les relations de localisation des déformations ou de concentration des contraintes. Il apparait que pour les composites à matrice polymère renforcé de fibres discontinues, le modèle de Mori et Tanaka semble être le plus adapté. Dans la suite du document, au chapitre II et III, le comportement non linéaire sera introduit dans ce modèle d’homogénéisation à travers des critères locaux d’endommagement formulés de façon statistique et prenant en compte l’effet des sollicitations cycliques et l’effet de la vitesse de sollicitation à l’échelle locale. La caractérisation mécanique multi-échelles des matériaux de l’étude sera présentée au chapitre suivant. II. Matériaux et méthodes II.1 Présentation des Matériaux d’étude Deux types de composites SMC ont été étudiés : A-SMC et SMC standard. L’A-SMC (Advanced Sheet Molding Compound) est un composite utilisé dans l’industrie automobile pour des pièces structurelles telles que le plancher. Il consiste en une matrice vinylester insaturée renforcée par 50% en masse de fibre de verre discontinues correspondant à 38,5% en volume. Les renforts se présentent sous forme de faisceaux (ou mèches) de fibres de longueur constante (L = 25mm). Approximativement, chaque paquet contient 250 fibres de verre d'environ 15 µm de diamètre. Avant le moulage par compression, les mèches sont déposées aléatoirement dans le plan de la feuille A-SMC non réticulée. Pour les besoins de l’étude, Plastic Omnium nous a fourni deux types de microstructures sous forme de plaques desquelles ont été découpées les éprouvettes suivant des dimensions indiquées dans la figure 13. Pour plus des détails, le processus de fabrication a été discuté dans l’article de Shirinbayan et al. (19). Dans une étude précédente (20), une procédure d’optimisation a permis de déterminer les paramètres géométriques optimaux de l’échantillon adaptés pour les essais de traction à grande vitesse. Dans cette étude, la simulation EF utilisée suppose que l’éprouvette se comporte comme un solide anisotrope et conduit à la géométrie optimisée indiquée à la 39 Figure 12. Cette géométrie permet de réduire les perturbations dues à l’effet des ondes de contrainte, afin de générer des champs de contrainte et de déformation homogènes et un taux de déformation élevé constant. La même géométrie a été utilisée pour les essais de fatigue. Figure 12 : Forme et dimensions de l’éprouvette Le SMC-standard est un composite constitué d'une résine polyester insaturée renforcée de fibres de verre fortement chargée de particules de carbonate de calcium (CaCO3 ). La fraction massique de fibre est de l’ordre de 22%. Ces fibres sont aussi présentées sous forme de mèches contenant environ 200 fibres. Ces fibres ont une longueur de 25 mm avec un diamètre d'environ 15 µm. Les éprouvettes sont découpées selon les dimensions indiquées sur la figure 13 . a) b) Tensile direction a b SEM observation surface Figure 13 : a) dimension de l’éprouvette, b) forme de la fibre observée à la surface II.2 Méthodes de caractérisation mécanique II.2.1 Résultats expérimentaux sur le composite A-SMC Les résultats de caractérisation mécanique présentés ci-après ont été obtenus dans le cadre de la thèse de M. Shirinbayan (2). Ils constituent la base expérimentale sur laquelle s’appuient les modélisations micromécaniques du comportement dynamique des SMC développées dans le cadre de la présente étude. 40 II.2.1.1 Essais de fatigue et de quasi statique Des essais mécaniques sous sollicitation quasi statique et cyclique ont été réalisés sur une machine hydraulique MTS 830. ➢ Géométrie de l’éprouvette Deux types de matériaux A-SMC issus d’un même préimprégné ont été étudiés : un matériau dit « Flué » (F) et un second à orientation aléatoire, dit « Non Flué » (NF). Dans le cas du matériau flué, les essais sont réalisés suivant les deux directions principales : le sens long (ou 0°), correspondant à la direction du fluage lors de la compression à chaud et le sens travers (90°), correspondant à la direction perpendiculaire. ➢ Les différents types de résultats La base de données expérimentales nécessaire à l’établissement du modèle hybride proposé au chapitre suivant est constituée des essais mécaniques suivants : Premièrement, des essais de traction monotone jusqu’à la rupture ; Deuxièmement, des essais de charge-décharge à vitesse quasi-statique (2mm/min) avec augmentation progressive de la charge maximale à chaque cycle jusqu’à la rupture. La contrainte minimale à la décharge est toujours égale à 10% de la dernière contrainte maximale atteinte. Troisièmement, des essais de fatigue Traction-Traction (R=0.1, f=10Hz) jusqu’à la rupture pour différents niveaux de la charge maximale. Tous les essais de fatigue sont précédés d’un cycle de charge-décharge-recharge élastique permettant une détermination plus précise de la diminution du module de Young au premier cycle. E0 et E1 correspondent respectivement à la raideur du matériau non endommagé et la raideur résiduelle après le premier cycle. L’analyse de ces trois types d’essais permet d’accéder respectivement aux données suivantes : - Des courbes de traction jusqu'à la rupture qui permettent notamment l’identification des contraintes à la rupture pour chaque configuration ; - Des courbes de baisses de raideur en fonction de la charge appliquée, dont l’objectif principal 𝐸 est de déterminer l’évolution de la baisse relative de la raideur, 𝐸 , en fonction de la charge 0 appliquée ; - Des courbes de baisses de raideur relative en fonction du nombre de cycles appliqués, - Des courbes de Whöler. 41 II.2.1.2 Essais à grande vitesse Des essais de traction dynamique ont été appliqués sur des éprouvettes A-SMC pour des vitesses de déformation allant du quasi-statique à jusqu’à 200 s-1. Une machine hydraulique de traction uniaxiale (Shenck) permettant un contrôle du déplacement à grande vitesse jusqu’à 20 m/s avec une capacité maximale de cinq tonnes. Une mesure de déformation sans contact à l’aide d’une caméra à grande vitesse (Photron) est effectuée en surveillant le déplacement relatif de deux marques placées à la surface de la zone active de l’éprouvette de traction, pour plus de détails voir (19). La campagne expérimentale confirme une réduction des perturbations dues à la propagation des ondes. De plus, des champs de déformation homogènes et une vitesse de déformation élevée constante sont obtenus. La Figure 14 montre que, indépendamment de la vitesse de déformation, la réponse macroscopique contrainte-déformation évolue toujours selon trois phases consécutives. En effet, après un stade élastique linéaire, la réponse de traction des composites A-SMC est caractérisée par un seuil d’endommagement correspondant à la première phase de non-linéarité caractérisée par un « coude » sur la courbe de traction. La phase non linéaire est associée au déclenchement des mécanismes d’endommagement à l’échelle locale. Enfin, une phase anélastique et relativement linéaire correspond à la propagation de ces phénomènes jusqu’à la rupture finale. Il faut souligner que pour le matériau composite étudié (A-SMC), le stade élastique de la courbe contrainte-déformation semble insensible au taux de déformation. De plus, on peut remarquer un retard du seuil d’endommagement lors de l’augmentation de la vitesse de déformation. En outre, la cinétique d’endommagements (caractérisée par la pente de la deuxième phase linéaire) diminue avec la vitesse de déformation, ce qui conduit à une augmentation de la pente anélastique. D’autre part, la contrainte de rupture augmente pour les vitesses de déformation élevées. Ces effets ont été largement décrits dans (2,3). Les auteurs ont introduit le concept de visco-endommagement. Une corrélation directe a été mise en évidence entre l’échelle microscopique et celle macroscopique. A l’échelle macroscopique, l’évolution de l’endommagement macroscopique noté D de E l’A-SMC est caractérisée par le rapport 𝐸𝐷 ou ED représente le module d'Young du matériau 0 endommagé. 𝑬 𝑫 = 𝟏 − 𝑬𝑫 Equation 57 𝟎 42 Figure 14 : Effet de la vitesse de déformation sur le comportement du A-SMC II.2.2 Résultats expérimentaux sur le composite SMC-standard Nous présentons ici les résultats de caractérisation mécanique obtenus dans le cadre de la thèse de M. Tamboura (1). Ils constituent la base expérimentale sur laquelle s’appuient les modélisations micromécaniques des SMC soumis à des sollicitations cycliques. En effet, au chapitre III, nous proposons une approche de modélisation de l’endommagement sous sollicitation cyclique fondée sur la description quantitative de l’évolution de la décohésion à l’interface fibre-matrice au cours du chargement. L’analyse de la microstructure ainsi que celles qualitative et quantitative de l’endommagement sont les données d’entrée qui nous permettrons d’identifier le modèle micromécanique en fatigue. Une analyse quantitative est proposée sur la base de la connaissance précise de la microstructure du matériau non endommagée. C’est pourquoi des observations sous microscope électronique à balayage ont été réalisées afin de visualiser la microstructure de notre composite. Cette micrographie montre qu’il existe une distribution quasi-aléatoire des fibres, de la porosité avec la présence des particules de craie (CaCO3) (figure 15). De plus, des essais interrompus à différents nombres de cycles ont été mises à profit pour caractériser la nature de l’endommagement, les sites préférentiels de son amorçage, les directions privilégiées de sa propagation ainsi que la nature de la rupture résultant du développement de ces dommages. 43 Figure 15 : Microstructure du composite SMC-Standard. Une étude quantitative de la distribution d’orientation des fibres est réalisée par analyse d'images MEB à travers la détermination du degrés d'ellipticité des traces de fibres apparaissant sur la surface polie. Si on considère le fait que la quasi-totalité des fibres sont contenues dans le plan, la relation géométrique suivante permet en effet de déterminer l'orientation dans le plan d'une fibre : θ = arc sin (a / b), où "a" et "b" sont respectivement les axes court et long de l'ellipse. Une fois l'orientation d'une famille de fibres (θ) déterminée, la quantification de la fraction volumique de fibres de cette famille f (θ) est : 𝒇(𝜽) = 𝒏𝜽 .𝒏𝑩 .𝒔 𝑺 = 𝒏𝜽 .𝒇𝒎 (𝜽).𝒔(𝜽) Equation 58 𝑺 où 𝑛𝜃 est le nombre de mèches orientés en θ, 𝑛𝐵 est le nombre de fibres dans une mèche, 𝑠 est la surface d'une ellipse d’orientation θ, S est la surface totale d’observation, 𝑓𝑚 (𝜃) est la fraction volumique des fibres dans la mèche orientée à θ° , et 𝑠(𝜃) est la surface d'une mèche (largement décrit et calculé dans (1)). Les résultats de l’étude de la distribution d’orientation des fibres sont donnés par l’histogramme (figure 16) représentant l’évolution de la fraction volumique en fonction de l’orientation des fibres dans le plan qui constitue une donnée d’entrée du modèle micromécanique. Figure 16 : Distribution d’orientation des fibres dans la matrice du composite SMC-Standard 44 II.2.2.1 Comportement mécanique et méthodologie d'analyse des dommages Des essais de traction monotone et cyclique sont effectués sur des échantillons décrits sur la figure 13. Des jauges de contrainte longitudinales et transversales sont placées sur la surface de l'échantillon. Un soin maximum a été apporté lors du collage des jauges et les « faux tests » n'ont pas été retenus. Les essais de traction sont effectués à une vitesse de déplacement constante de 5 mm / min. Des essais de fatigue en traction sont effectués pour trois déformations maximales imposées : ε = 0,50% ; ε = 0,64% et ε = 0,8% avec un rapport de charge de R = 0,1 et une fréquence de 5 Hz. Trois échantillons sont testés pour chaque condition. Le module d'Young est mesuré lors du chargement cyclique afin de déterminer la perte progressive de 𝐸 𝐸 0 1 rigidité à travers l'évolution du module d'Young relatif 𝐸 (ou 𝐸 si on prend comme référence E1, le module de Young mesuré à l’issu du premier cycle). De plus, des tests de fatigue interrompus sont effectués afin de caractériser l'évolution des mécanismes d'endommagement se produisant à l'échelle locale lors des sollicitations cycliques. Une zone d'observation représentative a été préalablement marquée sur la surface d'observation MEB et analysée qualitativement et quantitativement après chaque interruption. La zone d'observation est choisie suffisamment grande (5 × 2,4 mm 2 ) pour être statistiquement représentative de la microstructure moyenne en termes de teneur en fibres et de distribution d'orientation. De plus, la perte de rigidité macroscopique est reliée à l'évolution de l'état d'endommagement local. A. Analyse qualitative des mécanismes d'endommagement locaux lors de charges de fatigue L'endommagement par fatigue des matériaux composites passe généralement par deux étapes : l'initiation et la propagation. Les investigations micrographiques MEB effectuées sur la zone marquée, comme décrit ci-dessus, nous ont montré que l'initiation de la fissuration se produit aux niveaux des interfaces fibre / matrice (Figure 17). L’interface fibre-matrice présente une résistance mécanique relativement faible ce qui en fait un site privilégié pour l’initiation de l’endommagement. Dans le cas d’essais unidirectionnels, les microfissures sont généralement perpendiculaires à la direction de chargement. Par ailleurs, ce mécanisme est connu comme prédominant dans les composites SMC. Le décollement de l'interface fibre-matrice commence toujours au niveau des fibres les plus désorientées par rapport à la direction de chargement ( Figure 17 a ), et il se développe progressivement dans toutes les autres directions de renforcement ( Figure 17 b). 45 Figure 17 : Décohésion aux interfaces fibre / matrice ; (a) fibres orientées à 90 ° (b) fibres orientées à 45 °. Après l'étape d'initiation décrite ci-dessus, les microfissures interfaciales provenant des fibres adjacentes s’agrandies ( figure 18 a ). À ce stade, chaque mèche peut contenir plusieurs microfissures à croisement perpendiculaire ( figure 18 b). Ensuite, la décohésion se propage à travers la matrice, toujours dans une direction quasi-perpendiculaire à la direction de chargement, afin de rejoindre d'autres microfissures provenant d'autres décohésion d'interface fibre-matrice (figure 18 c). La coalescence conduit à des fissures relativement longues par rapport au diamètre des fibres. Enfin, comme l’a observé M. Tamboura (1) pour le chargement monotone, la coalescence de ces grandes microfissures conduit à la rupture définitive par la pseudo-délamination entre mèches ( figure 18 d). b) a) a) b) 46 d) c) c) d) Figure 18 : Les microfissures se propagent sous un chargement cyclique ; (a) d'une fibre à ses voisins ; b) multi-fissuration des mèches ; (b) et (c) d'un paquet à ses voisins ; (d) rupture définitive par pseudo-délaminage entre mèches. B. Analyse quantitative des mécanismes d'endommagement locaux lors d’un chargement cyclique Relier quantitativement l'évolution des densités de fissures à l'échelle locale aux propriétés macroscopiques résiduelles du composite pendant le chargement cyclique est très intéressant pour construire un modèle micromécanique précis. Ceci est le but de cette section. Comme l'interface fibre-matrice est un point faible du composite, une attention particulière a été portée à la décohésion de l'interface fibre-matrice. Pour simplifier, le nombre de familles d'orientation représentées sur la figure 15 est réduit à six : 10°, 30°, 45°, 60°, 80° et 90°. Chaque fibre dans la zone d'observation est cartographiée et affectée à l'une de ces six familles d'orientation. Étant donné que chaque fibre a été initialement coupé à partir de la même mèche, chaque mèche contient le même nombre de fibres, nB=200. Après chaque interruption du test de fatigue, des observations MEB sont effectuées afin de déterminer le nombre de fibres déchaussées à l'intérieur de chaque mèche. Par conséquent, il est possible de définir un indicateur d'endommagement de l'interface locale pour chaque famille d'orientation de fibres 𝑛𝜃 ⅆ pendant la fatigue comme : 𝑑𝜃 (𝑁) = 𝑛 ∗𝑛 où 𝑛ⅆ𝜃 est présentant le nombre des fibres 𝐵 𝜃 déchaussées dans une orientation bien déterminée θ (soit nθ), et N est le nombre de cycles appliqués. Les évolutions de cet indicateur d’endommagement interfacial en fonction du nombre de cycles, pour trois valeurs des déformations imposées maximales (ε = 0,50%; ε = 0,64%; ε = 0,8%), sont présentées sur la figure 19 . 47 Figure 19 : Evolution de la microfissuration interfaciale lors d'essais de fatigue pour différentes orientations de fibres à différents niveaux de chargements ; ε = 0,50%, ε = 0,64%, ε = 0,8%. Indépendamment de la déformation macroscopique imposée en fatigue, les résultats obtenus confirment quantitativement que les dommages locaux les plus importants et les plus rapides sont associés aux fibres les plus désorientées par rapport à l'axe de charge (θ = 90 °). En effet, indépendamment de la déformation maximale imposée, près de 80% des fibres orientées perpendiculairement à l'axe de chargement sont soumises à un déchaussement. Les fibres légèrement désorientées (θ = 10–15 °) ne contribuent à l'endommagement qu'après une période variant entre 10 4 et 10 5 cycles en fonction de la déformation maximale imposée (figure 18). On note qu’il existe une grande influence de la condition de charge sur le seuil et la cinétique de l'endommagement. En effet, l'augmentation des dommages à l'interface fibre-matrice est plus critique lorsque la déformation maximale imposée est plus importante. Comme déjà indiqué, pour simplifier le travail expérimental, seules six familles d'orientation des fibres sont analysées. Cependant, pour obtenir des résultats précis dans la modélisation micromécanique, il est important d'obtenir une description précise des évolutions de la densité des fissures pour d'autres orientations intermédiaires. Pour cela, nous proposons d’extrapoler 48 les résultats expérimentaux obtenu pour nos 6 orientations en décrivant l'évolution des densités de fissures interfaciales en fonction du nombre de cycles par l’expression suivante : 𝒅𝑵 𝜽 = 𝑨𝜽 𝒍𝒏(𝑵) − 𝑩𝜽 Equation 59 où Aθ et Bθ sont des paramètres du matériaux et N indique le nombre de cycles identifiés soit directement, soit par extrapolation. Par conséquent, les valeurs de seuil peuvent être calculer par : 𝑩 𝑵𝜽𝒕𝒉 = 𝒆𝒙𝒑 (𝑨𝜽 ) Equation 60 𝜽 II.3 Cadre général et présentation du modèle micromécanique d’endommagement d’interface II.3.1 Cadre général Pour avoir un design efficace, plusieurs types d’endommagement doivent être pris en compte lors du dimensionnement des structures composites. De plus, plusieurs types de mode de chargement affectent la durée de vie du composite. En particulier, on peut considérer les deux modes les plus critiques qui affectent les propriétés des structures ; les chargements en fatigue et les chargements à grande vitesse. L’étude et le calcul direct du comportement de ces structures soulèvent des difficultés importantes dues essentiellement au grand nombre de caractéristiques mécaniques à prendre en compte dont l’origine se trouve dans l’anisotropie et l’hétérogénéité de ces matériaux. Par ailleurs, il existe encore des obstacles à l’utilisation industrielle de composites organiques renforcés par des fibres, en l’occurrence le manque de la connaissance des liens entre la microstructure et les propriétés macroscopiques. La prévision des propriétés résiduelles et de la durée de vie des structures composites à renforts discontinus doit passer par la prévision de l’évolution de l’endommagement adaptés à ce type de matériaux. Or, lorsqu’il s’agit d’une pièce composite sollicitée en chargement répété, les ingénieurs sont souvent confrontés à de nombreuses difficultés à cause du manque d’informations sur le comportement mécanique en général et sur les mécanismes d’endommagement en particulier. Cependant, il est essentiel de mettre au point des méthodologies rapides de prédimensionnement des structures composites permettant d'identifier rapidement la formulation appropriée du matériau pour chaque composant dans l’automobile. Ces méthodologies doivent donc être pragmatiques pour répondre aux besoins industriels. En particulier dans le cas de composants soumis à un chargement en fatigue, il s'agit d'un problème critique en raison des campagnes expérimentales trop longues et trop coûteuses nécessaires pour établir des courbes de Whöler. 49 En outre, les propriétés mécaniques de ces matériaux sont fortement dépendantes de leur composition (37): type de matrice (thermoplastique ou thermodurcissable), fraction volumique de la phase de renforcement, géométrie et distribution spatiale (38–40,119). De plus, la complexité des mécanismes locaux intervenant lors du chargement, les approches choisies doivent reposer sur une solide connaissance de ces différents phénomènes. Dans le cas de composites renforcés par des fibres courtes tels que le SMC, il a été largement démontré que les endommagements locaux s’amorcent et se propagent au niveau de l’interface fibre-matrice (27,37–40,119). Toutefois, les conditions de chargement influencent les seuils et la cinétique d’endommagement à l’interface fibre-matrice. Ainsi, dans le cas du comportement en fatigue, les effets des conditions de charge (rapport de contrainte (42,43), fréquence de cyclage (44,46)) sont considérés comme de première importance. De même, l’influence de la vitesse de sollicitation sur l’endommagement interfacial a été aussi bien démontré (3). Ainsi, les méthodologies choisies devraient pouvoir être adaptées au type de chargement afin de prévoir la durée de vie de ces matériaux dans ces différentes conditions complexes. Durant les dernières décennies, de gros efforts ont été déployés pour développer des nouvelles méthodes permettant de réduire considérablement les coûts et le temps consacrés à la caractérisation du comportement en fatigue (120–126). Ces méthodes ont la particularité d’utiliser une modélisation de type Mori et Tanaka afin de prendre en compte les effets de la microstructure dans les matériaux composites à renforts discontinus. Citons par exemple les travaux de Jain et al. (127,128) qui proposent une approche associant l'état d’endommagement macroscopique sous charge quasi-statique à celui atteint à un certain point de la courbe S-N. Les auteurs proposent une méthodologie permettant de prédire les courbes S-N pour d'autres microstructures composites à partir de la connaissance de la "courbe maîtresse" qui correspond à la courbe S-N établie pour une microstructure spécifique prise comme référence (48). Le Pen et al. (129) ont mis au point un modèle Mori-Tanaka qui comprenait une loi d’endommagements causés par la rupture de particules dans la fatigue des composites à matrice métallique. En ce qui concerne le comportement monotone, les travaux de Fitoussi, Guo et al. (130–133) proposent un modèle constitutif pour les endommagements micromécaniques des composite SMC. Jendli (35) développe un modèle micromécanique d’endommagement d’interface fondé sur une approche de type Mori et Tanaka capable de prendre en compte l’effet de la vitesse de déformation sur le comportement dynamique des SMC. 50 Dans ce travail une modélisation du comportement mécanique des deux types du matériau composite (A-SMC et le SMC-standard), sous une sollicitation monotone et cyclique, a été réalisée avec la prédiction de la baisse de la raideur en utilisant deux méthodes différentes. Pour les deux matériaux, le modèle proposé s’appuiera entre autre sur le modèle de Jendli & al.(35) initialement développé pour les chargements monotones quasi-statiques et dynamiques avec la prise en compte de la microstructure et de l’effet de l’endommagement. Ce dernier intègre l’endommagement des interfaces fibre/matrice comme phénomène prédominant responsable de l’endommagement macroscopique du matériau. L’état d’endommagement est traduit par plusieurs populations d’hétérogénéités à l’échelle locale dont les microfissures. Ainsi, il permet de s’approcher au maximum du comportement réel macroscopique du matériau. Ce modèle est fondé sur une approche de Mori et Tanaka (80) dans lequel est intégré à l’échelle locale le phénomène de fissuration de l’interface fibre/ matrice. La partie (III.2-III.3) concerne la présentation de deux approches originales visant à la prédiction de la durée de vie en fatigue à partir des résultats de simulation de l’endommagement sous sollicitation monotone. On valide l’hypothèse que quel que soit le type de la sollicitation appliquée (monotone ou cyclique), le matériau passe par les mêmes états endommagés successifs pour arriver finalement à la rupture. Une troisième méthodologie fondée sur la description de l’endommagement interfacial sous sollicitation cyclique et repose sur un modèle de Mori et Tanaka est présentée dans la partie III.4. Dans cette approche, la description quantitative de l’endommagement d’interface et les relations microscopiques-macroscopiques détaillées dans le paragraphe II.2.2 sont utilisées afin de prédire la baisse de la rigidité en fatigue. Les résultats expérimentaux sont utilisés pour identifier et de valider un modèle micromécanique d’endommagement d’interface en fatigue. L'effet du chargement cyclique est introduit par une modification progressive de la résistance de l'interface fibre liée à la charge cyclique locale. L'algorithme et l'implémentation numérique du critère local en fatigue est présenté. Enfin, une comparaison entre les résultats expérimentaux et la simulation numérique est présentée et discutée. Le même type de démarche est proposé au paragraphe IV dans le cas des sollicitations rapides. Dans ce cas encore, l’endommagement interfacial est introduit dans une approche de type Mori et Tanaka. L’effet de la vitesse de sollicitation est la prise en compte à l’échelle locale à travers une dépendance de la résistance interfaciale à la vitesse du chargement local calculée sur l’interface fibre-matrice. 51 Ainsi, le modèle de Mori et Tanaka (80) dans lequel un critère local d’endommagement à l’interface fibre-matrice est introduit constitue le noyau commun de tous les modèles prédictifs présentés dans ce travail de thèse. Ce modèle micromécanique d’endommagement s’inspire des travaux de Fitoussi et al. (49,57,96), et Jendli et al. (3,35). Ce modèle est développé dans le cas de sollicitation monotone et se fonde sur des équations de base permettant de calculer les états de contraintes à l’interface en tout point. Ces dernières sont présentées ci-après ainsi que la forme du critère local de rupture à l’interface utilisé. Enfin, on décrit la façon dont un état d’endommagement est défini dans le modèle micromécanique. II.3.2 Equations de base Les équations de base permettent de calculer la rigidité du composite et les champs de contraintes moyens dans différentes phases. Les contraintes autour de l’interface fibre-matrice peuvent être facilement dérivées, comme détaillé ci-après. La matrice et les fibres sont considérées comme isotropes. Le tenseur de rigidité composite est donné par l'expression suivante : 𝑪𝑪𝒐𝒎𝒑 = 𝑪𝒎 [𝑰 + 𝒇⟨𝙌⟩(𝑰 + 𝒇⟨(𝑺 − 𝑰)𝙌⟩)−𝟏 ]−𝟏 Equation 61 où 〈Q〉 désigne la moyenne, Cm et S sont respectivement le tenseur de rigidité de la matrice et le tenseur d'Eshelby (79), et Q est un tenseur de pseudo-localisation défini pour chaque famille d'orientation des fibres ’’θ”: 𝙌𝜽 = ((𝑪𝒎 −𝑪𝜽 )(𝑺𝜽 − 𝑰) − 𝑪𝜽 )−𝟏 (𝑪𝜽 − 𝑪𝒎 ) Equation 62 où Cθ représente les tenseurs de rigidité des familles de renfort orientés à θ°(voir figure 20 ). A noter que pour les composites SMC, on peut considérer que toutes les fibres sont contenues dans le plan de la plaque. Par conséquent, chaque famille de fibre n'est caractérisée que par son orientation dans le plan θ. Figure 20 : Définition des contraintes d'interface normales et de cisaillement, σn et τ. 52 II.3.3 Calcul des contraintes locales à l’interface fibre-matrice Il est donc nécessaire de calculer ces champs de contraintes. Pour ce faire, différents travaux, (79,134), ont traité le saut de contrainte à l’interface fibre/matrice. Pour une déformation macroscopique appliquée 𝜀 𝑖𝑚𝑝 le tenseur des contraintes moyennes subies par une famille de fibres orientées 𝜃 est donné par : 𝝈𝜽 = 𝑪𝒎 (𝑰 + (𝑺𝜽 − 𝑰)𝙌𝜽 )(𝑰 + 𝒇⟨(𝑺 − 𝑰)𝙌⟩)𝜺𝒊𝒎𝒑 Equation 63 En considérant la condition de continuité de la contrainte normale au passage entre la fibre et la matrice, nous pouvons déduire son expression à l’interface. En fonction de la contrainte moyenne dans la fibre, la contrainte normale à l’interface aura alors la forme suivante : ⃗ 𝝈𝒏 = ⃗𝑻 . 𝒏 Equation 64 ⃗ le vecteur contrainte au point d’interface fibre-matrice de normal n Avec 𝑻 ⃗. Figure 21 : Contraintes exercées sur la fibre en fonction de son orientation, θ (°), par rapport à la direction du chargement. La contrainte moyenne dans les fibres est donc utilisée pour chaque orientation 𝜃 pour calculer les contraintes interfaciales normales et de cisaillement, σn et τ, en chaque point situé à l'interface fibre-matrice voir figure 21. Notez que les contraintes interfaciales, σn et τ, sont calculées sur chaque point interfacial défini par l'angle φ (figure 21). II.3.4 Critère local d’endommagement à l’interface fibre-matrice Fitoussi et al. (94) ont proposé un critère de rupture à l’interface fibre-matrice s’appuyant sur le calcul des champs de contraintes locales normales et tangentielles au niveau de l’interface. Un critère local de décohésion à l’interface fibre-matrice est alors proposé. Il est de type Coulomb couplant par une fonction linéaire les contraintes normales et tangentielles à l’interface selon l’équation : 53 𝝈 = 𝜷𝝉 = 𝑹 Equation 65 R représente la résistance de l’interface et 𝛽 un paramètre de couplage. Une seconde formulation exprimée par Jendli et al (35) est de type quadratique. Elle s’écrit sous la forme : 𝝈 𝝉 𝝈𝟎 𝝉𝟎 ( )𝟐 + ( )𝟐 = 𝟏 Equation 66 Les paramètres 𝜎0 et 𝜏0 correspondent respectivement aux contraintes normales et tangentielles à la rupture de l’interface. Etant donné que les deux phases principales du composite ont des caractéristiques différentes, il en résulte un saut de contrainte au niveau de l’interface. Afin de prendre en compte l’aspect statistique de la rupture interfaciale liée aux variations locales de la microstructure, nous pouvons définir une probabilité de rupture interfaciale calculable à chaque point d'interface fibre-matrice défini par les orientations des fibres θ et φ voir figure 20 : 𝝈 𝟐 𝒎 𝝉 𝟐 𝟎 𝟎 𝑷𝒓 (𝜽, 𝝋) = 𝟏 − 𝒆𝒙𝒑 (− ((𝝈 ) + (𝝉 ) ) ) Equation 67 Avec m est un paramètre statistique lié à la microstructure du matériau. 𝜎 et τ sont respectivement les contraintes normales et de cisaillement qui dépendent de la contrainte macroscopique appliquée, de la fraction volumique et de l'orientation des fibres considérées et des propriétés élastiques de la matrice et des fibres. Ainsi, à chaque incrément de charge, les contraintes locales à l’interface sont évaluées et la proportion de fibre touchée par l’endommagement interfacial est évalué pour chaque famille d’orientation de fibres. II.3.5 Représentation d’un état local endommagé Lorsqu’une fibre est touchée par l’endommagement interfacial, on peut considérer deux effets : 1) La présence d’une fissure autour de la fibre, 2) Une diminution de la participation de la fibre à la rigidité globale du composite. Du point de vue de la modélisation micromécanique, le premier effet peut être modélisé à travers l’introduction d’une hétérogénéité ellipsoïdale plate (de forme proche de celle d’une pièce de monnaie ou ‘penny shape’). Le second effet peut être modélisé à travers une diminution de fraction volumique des fibres de la famille d’orientation considérée. 54 Ainsi, une fois la probabilité de rupture interfaciale calculée pour chaque famille de fibre, l’état d’endommagement peut être défini à chaque incrément de calcul, 𝑛, comme une microstructure contenant : ➢ Des fibres saines (non endommagées sur leur interface) (notée 𝑓𝑛𝑛ⅆ ) ➢ Des fibres actives (notées 𝑓𝑛𝑎𝑐𝑡 ) contribuant encore à la rigidité du composite et comprenant deux populations : les fibres non endommagées (notées 𝑓𝑛𝑛ⅆ ) et une partie résiduelle des fibres ayant subi un endommagement interfacial, qui contribuent encore partiellement au renforcement des composites. Leur contribution est définie par un coefficient de réduction, « k », appliqué à la quantité de fibres déchaussées sur leur interface. ➢ Des microfissures (notées 𝑓𝑛𝑚𝑐 ). Cependant, à chaque étape de calcul, n, la détermination des probabilités de rupture locale à l’interface permet de décrire l'état d'endommagement local par les équations suivantes : 𝒏𝒅 𝒏 𝒇𝒏𝒅 𝒏 = (𝟏 − 𝑷𝒓 ) ∗ 𝒇𝒏−𝟏 Equation 68 𝒏 𝒏𝒅 𝒏𝒅 𝒊 𝒇𝒂𝒄𝒕 𝒏 = 𝒇𝒏 + 𝒌 ∑𝒊=𝟏 𝑷𝒓 . 𝒇𝒊−𝟏 Equation 69 𝒎𝒄 𝒏 𝒏𝒅 𝒇𝒎𝒄 𝒏 = 𝒇𝒏−𝟏 + 𝒉. 𝑷𝒓 . 𝒇𝒏−𝟏 Equation 70 Il est à noter que le paramètre de réduction « k » a été évalué par des calculs d'éléments finis effectués sur une cellule représentative contenant une fibre partiellement décollée et qui est compris entre 0.3 et 0,5. De plus, "h" est le rapport entre le volume de ‘penny shape’ à rigidité nulle introduite (représentant une microfissure interfaciale) et le volume de la fibre décollée. Cette description micromécanique de l’état d’endommagement peut être réalisée quel que soit le chargement appliqué : monotone (quasi-statique ou dynamique) ou fatigue. Toutefois, quelques spécificités distingueront un type de chargement d’un autre notamment dans la façon de calculer les contraintes limites à l’interface 𝜎0 et 𝜏0 . III. Modélisation de l’endommagement et prédiction de la durée de vie des SMC en fatigue III.1 Prédiction de la durée de vie et de la baisse de raideur en fatigue Nous présentons ci-après deux méthodologies dites ‘hybrides’ s’appuyant sur le modèle d’endommagement présenté au chapitre II et permettant de prédire les courbes de Whöler des matériaux A-SMC. Par la suite, un troisième modèle visant à la prédiction de la perte de raideur des composites SMC-standard soumis à un chargement cyclique est présenté. 55 III.2 Prédiction de la durée de vie des SMC : Première méthode hybride Cette méthode combine deux types d’approches, l’une phénoménologique et l’autre micromécanique, afin de profiter des avantages de chacune d’entre elles. L’objectif étant de rechercher un compromis optimal entre l’applicabilité industrielle du modèle prédictif utilisé et la pertinence de la description des phénomènes physiques pris en compte tout en ne nécessitant qu’un nombre limité de données expérimentales. Ce modèle doit donc démontrer sa capacité à produire rapidement des prédictions de durée de vie en ne nécessitant qu’un nombre réduit d’essais. Ainsi, la durée du cycle d’optimisation de la matière et la phase de pré-dimensionnement seront raccourcies. Les quatre étapes pour la prédiction d’une courbe de wohler sont décrites ci-après et illustrées dans le cas du matériau A-SMC : La première étape : Une modélisation micromécanique de l’endommagement sous chargement monotone quasi-statique telle que décrite au chapitre II. Une comparaison entre les résultats de baisse de raideur simulée et celle expérimentales est présentée sur la figure 22. La cinétique de baisse de raideur lors d’une charge de traction peut s’exprimer sous la forme de la fonction suivante : 𝑬 𝑬𝟎 𝝈 = ( )𝒃 𝝈𝒔 Si non 𝑬 𝑬𝟎 Pour 𝝈 ≥ 𝝈𝒔 Equation 71 =𝟏 Equation 72 où σs est la contrainte seuil, b est un paramètre cinétique et σ est la contrainte appliquée. Figure 22 : Comparaison entre modèle et expérience La deuxième étape : Détermination d'un indicateur d’endommagent L'approche repose sur la définition d'un indicateur d’endommagement local et sa valeur critique correspondant à un état d’endommagement critique menant à la ruine du matériau. 56 Ainsi, la définition de l’indicateur local de l’endommagement, d, et sa valeur critique associée, dc, devrait être liés aux paramètres locaux décrivant l'état d'endommagement local; à savoir, la densité globale de microfissure 𝑑𝑔𝑙𝑜𝑏 , et les fibres actives restantes 𝑓𝑛𝑎𝑐𝑡 qui sont la sortie de la modélisation micromécanique. L'indicateur choisi est : D= 𝒇𝒂𝒄𝒕 𝒏 ∗ 𝒅𝒈𝒍𝒐𝒃 Equation 73 La troisième étape : Identification d’une équation d'état sous chargement monotone Le modèle micromécanique permet de tracer l'évolution du taux d’endommagement local, ⅆ ⅆ𝑐 𝐸 en fonction de la baisse de raideur macroscopique, 𝐸 (figure 23). On montre que cette courbe 0 est indépendante de la microstructure. Cette relation est donc considérée comme une équation d'état reliant l'état d’endommagement microscopique à la dégradation des propriétés macroscopique. De plus, les analyses expérimentales ayant démontré que les états d’endommagement successifs sont globalement similaires sous chargement monotone et fatigue, on considère que cette relation établie pour un chargement de traction monotone est aussi valide pour d'autres schémas de chargement, tels que la fatigue. Il est possible de décrire l'équation d'état comme une fonction polynomiale du deuxième degré: 𝒅 𝑬 𝒄 𝟎 𝟐 𝑬 = 𝜶 [(𝑬 )] + 𝜷 [(𝑬 )] + 𝜸 𝒅 Equation 74 𝟎 α, β et γ sont des paramètres micromécaniques. 1,0 0,8 d/dc 0,6 0,4 RO,TD,LD Polynomial Function 0,2 0,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 E/E0 Figure 23 : Equation d’état sous chargement monotone La quatrième étape : Modèle hybride et prédiction de la durée de vie en fatigue : La perte relative de la rigidité durant un essai de fatigue peut être décomposée en deux termes: 𝑬 𝑬𝟎 𝑬 𝑬 𝑬𝟏 𝑬𝟎 = ( ) ∗ ( 𝟏) Equation 75 57 Le premier terme, 𝐸 définit la perte de raideur en fatigue en prenant comme référence l’état 𝐸1 d’endommagement à l’issu du premier cycle. On montre que son évolution est indépendante de l’amplitude de chargement et qu’elle peut être décrite par l’équation suivante : 𝑬 𝑵 𝑬𝟏 = ( )𝑩 Equation 76 𝑵𝒔 𝐸 Si on prend l’équation 𝐸 0 et on l’intègre dans l’équation ⅆ ⅆ𝑐 , une expression analytique de l'évolution du taux d’endommagement local d/dc sous chargement de fatigue est dégagée: 𝟐 𝒅 𝒅𝒄 𝑬 𝑬𝟏 𝑬 𝑬 𝑬𝟏 𝑬𝟎 𝑬𝟏 𝑬𝟎 = 𝜶 [(( ) ∗ ( ))] + 𝜷 [(( ) ∗ ( 𝟏 ))] + 𝜸 Equation 77 𝟐 𝑵 𝑩 𝝈 𝒃 𝑵 𝑩 𝝈 𝒃 = 𝜶 [((( ) ) ∗ (( ) ))] + 𝜷 [((( ) ) ∗ (( ) ))] + 𝜸 𝑵𝒔 𝝈𝒔 𝑵𝒔 𝝈𝒔 Cette expression décrit l'évolution de l'état de l’endommagent local Equation 78 ⅆ ⅆ𝑐 , en fonction du nombre de cycle, N, appliqué. Comme défini ci-dessus, une fissure macroscopique se produit ⅆ lorsque ⅆ =1. Alors N = Nr, où Nr est le nombre de cycles à la rupture. 𝑐 La résolution de l'équation précédente conduit à l'expression du nombre de cycles à la rupture en fonction de la contrainte appliquée : 𝑵𝒓 = 𝑵𝒔 ∗ [ 𝑮= 𝑮 𝟏 ]𝑩 Equation 79 𝝈 𝒃 (𝟏+( ) ) 𝝈𝒔 −𝜷 +√𝜷𝟐 −𝟒𝜶(𝜸 −𝟏) Equation 80 𝟐𝜶 Cette expression permet de tracer les courbes S-N pour toutes les configurations de microstructure. 58 Figure 24 : Comparaison de courbe de wöhler exp-num (ST-NF-SL) Les écarts par rapport à l'expérience peuvent être réduits par une bonne maîtrise des conditions expérimentales et par l'affinement du critère de la rupture locale ainsi que la prise en compte de l'anisotropie de l'endommagement. Notons que cette approche permet de prédire les courbes de Whöler pour n’importe quelle microstructure à partir 1) d’une modélisation de la courbe de traction correspondante et de la baisse de raideur associée permettant d’obtenir les paramètres 𝜎𝑠 et 𝑏. 2) Un essai unique avec mesure de la baisse de raideur en fonction du nombre de cycle permet de déterminer le paramètre 𝐵 du modèle. III.3 Prédiction de la durée de vie des SMC : Seconde méthode hybride Dans cette approche, l’équivalence des états d’endommagement successifs entre chargement monotone et fatigue à l’échelle microscopique est utilisée implicitement. Cependant, cette méthode nécessite d’établir expérimentalement une courbe de Whöler pour une microstructure de référence choisie. Le modèle micromécanique développé sous chargement monotone permet alors d’établir les courbes de Whöler pour n’importe quelle autre microstructure cible visée. Pour effectuer la relation d’endommagement monotone-fatigue on trace l’évolution de la baisse de raideur à l’issu du premier cycle en fonction du nombre de cycle à rupture. Cette courbe est indépendante de la microstructure et est considérée comme une courbe maîtresse (figure 25). 59 0,25 0,20 D=1-E/E0 0,15 0,10 RO, TD, RD Logarithmic Function 0,05 0,00 1 10 2 10 3 10 4 5 10 10 6 10 7 10 8 10 Nr Figure 25 : Courbe maitresse reliant la baisse de raideur macroscopique au premier cycle et le nombre de cycle a rupture NR Lorsque le modèle micromécanique est identifié et la courbe (D1, NR) établie en utilisant la microstructure de référence choisie, il devient possible de proposer une approche prédictive pour établir la courbe SN pour tout autre microstructure ciblée en suivant les étapes suivantes : Une fois le modèle identifié, un essai de traction sous chargement monotone est modélisé pour la microstructure ciblée. On trace alors la courbe (D,) correspondante. 𝐸 Ici D est le paramètre d’endommagement de Kachanov. (𝐷 = 1 − 𝐸 ) 0 La valeur de l’endommagement macroscopique DS atteinte pour une contrainte = S est lue sur la courbe issue du modèle (D,). Par la suite, le nombre correspondant de cycle à rupture NR, est lu directement sur la courbe (D, NR). On enregistre le couple de valeur (S, NR) Ces étapes successives sont répétées pour d’autres valeurs de contrainte S afin d’établir la courbe S-N de la microstructure choisie. La méthodologie est schématisée sur le graphe 26. 60 Figure 26 : Schématisation de la seconde méthode prédictive Pour illustration, cette approche a été validée par comparaison avec les résultats expérimentaux des courbes de Wöhler obtenues sur l’A-SMC (Figure 27). 61 Figure 27 : Comparaison de courbes de wöhler entre exp-num (ST-NF-SL) III.4 Critères de rupture pour matériaux composites : III.4.1 Définition Le critère de rupture est une expression mathématique reliant les contraintes effectives régnant dans le matériau aux contraintes ultimes pouvant être supportées par ce dernier. Lorsque ce critère est dépassé, la propriété d’intégrité du matériau n’existe plus et il y a une ruine locale du milieu. La grande majorité des critères de rupture pour les composites sont dits macroscopiques. Les critères de rupture pour les composites se décomposent en deux grandes familles : ➢ Les critères dits phénoménologiques, ➢ Les critères dits énergétiques. III.4.2 Critères phénoménologiques Les critères phénoménologiques cherchent à mettre en relation un critère par mode de rupture. Le critère le plus ancien est celui d’Hashin (135). Il s’applique aux composites unidirectionnels et est basé sur quatre modes principaux de rupture du matériau induits par des critères tensoriels de rang 2. L’usage des critères phénoménologiques est moins aisé dans son utilisation que les critères énergétiques car il faut déterminer la valeur de chaque critère pour chaque mode de rupture. Cependant, ils représentent une étape nécessaire pour la simulation avancée des composites. En effet, pour permettre de prendre en compte un comportement au-delà des premières ruptures, il faut commencer par détecter le premier endommagement par un critère de rupture phénoménologique et, ensuite, dégrader les caractéristiques en fonction du mode de rupture déterminé. 62 III.4.3 Critères énergétiques Les critères énergétiques ou tensoriels, dont les plus connus sont les critères de Tsaï Wu ou Tsaï Hill (136), sont basés sur une généralisation des critères de plasticité de type Von Mises. Dès 1928, Von Mises a proposé un critère de plasticité pour les corps anisotropes sous la forme d’une expression quadratique du tenseur des contraintes. Il a été appliqué par Hill à l’étude des polycristaux. Le seul inconvénient des critères énergétiques est de ne pas pouvoir distinguer les modes de ruptures des composites. Leur utilisation est par contre simplifiée par l’utilisation d’une valeur unique permettant de prévoir la rupture. Application du critère de Tsaï Wu ou Tsaï Hill : Pour une bonne maitrise du critère de Tsaï Wu ou Tsaï Hill il faut définir des systèmes de coordonnées locaux et macroscopiques (figure 28). Prenons un volume élémentaire représentatif de la structure composite et caractérisé par une microstructure μi donnée et par une valeur donnée de M% (représente l'intensité de l'orientation liée au paramètre de biréfringence ultrasonore K%). L’axe local (1,2) est lié à la direction d’orientation principale de la fibre (axe 1) sachant que (x,y) est celui du macroscopique. Figure 28 : Présentation de l’orientation des fibres suivant l’axe locale et macroscopique Pour un chargement cyclique donné, 𝜎𝑋 , appliquée dans la direction x, il est possible de tracer l’évolution de σX en fonction de 𝜃𝑃 pour différents nombres de cycles de rupture, Nr (voir figure 29). 63 250 Nr=1000 cycles Nr=5000 cycles Nr=10000 cycles Nr=50000 cycles σx (MPa) 200 150 100 50 0 0 20 40 60 𝜃 p (°) 80 100 Figure 29 : Evolution de σx en fonction de l’orientions (𝜽𝑷 ) pour diffèrent Nr Des articles précédents (136,137) ont montré l’efficacité du critère Tsai-Wu ou TsaiHill pour prédire la rupture finale des composites. Dans le cas de structure d’épaisseur fine, l’expression bidimensionnelle du critère Tsai-Wu exige que : 𝑭𝟏 𝝈𝟏𝟏 + 𝑭𝟐 𝝈𝟐𝟐 + 𝑭𝟏𝟏 𝝈𝟐𝟏𝟏 + 𝑭𝟐𝟐 𝝈𝟐𝟐𝟐 + 𝑭𝟔𝟔 𝝈𝟐𝟏𝟐 + 𝟐𝑭𝟏𝟐 𝝈𝟏𝟏 𝝈𝟐𝟐 < 𝟏 Equation 81 où 𝐹1 , 𝐹2 , 𝐹11 , 𝐹22 , 𝐹66 , 𝐹12 sont des paramètres du matériau à identifier. Dans notre cas, il est en fonction du nombre de cycles. En outre, pour simplifier, les contraintes de rupture sont supposées égales en traction et en compression. Par conséquent, les coefficients Tsai-Wu sont définis comme suit : 𝟏 𝟏 𝟏 𝑭𝟏 = 𝑭𝟐 = 𝟎 , 𝑭𝟏𝟏 = − 𝑿𝟐 , 𝑭𝟐𝟐 = − 𝒀𝟐 , 𝑭𝟔𝟔 = − 𝑺𝟐 Equation 82 Où X, Y et S sont respectivement, les contraintes de rupture en traction dans la direction 1, 2 et la contrainte de rupture en cisaillement dans le plan. Dans le cas d’une contrainte de traction, 𝜎𝑋 , appliquée dans la direction x, le critère Tsai-Wu conduit à l’expression suivante (après rotation de la contrainte dans les coordonnées locales (1,2)). 𝝈𝑿 < [ 𝒄𝟒 𝒔𝟒 𝟏 𝟏 + +𝒄𝟐 𝒔𝟐 ( 𝟐 +𝟐𝑭𝟏𝟐 ) 𝑿𝟐 𝒀𝟐 𝑺 𝟏 𝟐 ] Equation 83 où c et s désignent respectivement cos(𝜃𝑃 ) et sin(𝜃𝑃 ). En outre, il convient de noter que les valeurs de X et Y correspondent respectivement aux valeurs de 𝜎𝑋 pour 𝜃𝑃 = 0° et 𝜃𝑃 = 90°. Par conséquent, pour un nombre de cycles à la rupture donnée, Nr, ces valeurs peuvent être lues 64 directement sur la figure 29. Par conséquent, seuls deux paramètres inconnus, S et 𝐹12 , doivent être identifiés à l’aide d’une méthode inverse (23). Le résultat est illustré dans la figure 30 pour M=80 % et une durée de vie en fatigue de 1000 cycles. 250 σx (MPa) 200 150 100 Courbe expérimentale Courbe fitée 50 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 𝜃 p (°) Figure 30 : Exemple d’identification des paramètres Tsai-Wu (X,Y,S et F12). Cette procédure doit être répétée pour toute durée de vie en fatigue (NR). Une fois qu’on a identifié les deux paramètres du critère, on peut tracer directement l’évolution du critère Tsai-Wu au cours du chargement cyclique pour une configuration microstructurale donnée. M%=80% M%=40% 1,6 1,2 1,2 0,8 0,8 0,4 -1,2 -0,8 0 -0,4 0 -0,4 0,4 0,8 ∑22 ∑22 0,4 1,2 0 -1,2 -0,8 -0,4 0 -0,4 -0,8 -1,2 -1,6 ∑33 1000 Cycles 0,4 0,8 1,2 1000 Cycles -0,8 5000 Cycles 5000 Cycles 100000 Cycles -1,2 ∑ 33 100000 Cycles Figure 31 : Critère de Tsai-Wu pour différents nombres de cycles ciblés et deux microstructures visée. III.5 Prédiction des baisses de raideur sous sollicitation cyclique Une troisième approche de modélisation fondée sur le modèle de Mori et Tanaka intégrant l’endommagement de l’interface fibre-matrice est présentée dans ce qui suit. Cette approche 65 vise essentiellement à permettre la prédiction des baisses de raideur durant la sollicitation de fatigue. Elle se fonde sur le fait que les résultats expérimentaux obtenus sur des composites SMC standard sous chargement de fatigue montrent qu'une contrainte répétée appliquée conduit à une dégradation progressive des interfaces fibre-matrice. En effet, à l'échelle locale, la zone d'interface (ou interphase) est soumise à un chargement cyclique local. Chaque zone d'interface est soumise à une variation cyclique spécifique des contraintes locales normales et de cisaillement (σ, τ). Ainsi, la charge interfaciale cyclique locale dépend, entre autres, de la microstructure, de la charge macroscopique imposée et de l'orientation de la fibre considérée. En conséquence, on peut considérer que les contraintes locales d’interface (σ, τ) subies cycliquement peuvent modifier les contraintes limites (σ0, τ0) à travers un phénomène de fatigue locale. On se propose donc d'identifier les évolutions de σ0 et τ0 intervenant dans le critère local de rupture à l’interface fibre-matrice en fonction de σ, τ et N. Pour ce faire, nous analysons l'état de contrainte interfaciale locale sous sollicitation uniaxiale (figure 32). 8 C O N T R A I N M T P E a 4,5 6 1,5 0 90 0 75 90 70 50 15 0 q 30 f 50 10 0 80 30 20 50 40 70 q 0,5 0 4,5-5 4-4,5 3,5-4 3-3,5 2,5-3 2-2,5 1,5-2 1-1,5 0,5-1 D M E P a ) 60 90 80 -2 C I C S O A N I T L R L A E I M N E T N E T ( 1 -1 40 0 2,5 2 20 2 60 ) 1 3 30 4 3 4 3,5 7-8 6-7 5-6 4-5 3-4 2-3 1-2 0-1 -1-0 -2--1 45 5 ( N O R M A L E 5 7 f Figure 32 : Evolution de la contrainte interfaciale locale (σ et τ) sous sollicitation uniaxiale On constate que les valeurs maximales des contraintes normales et de cisaillement respectivement sont observées pour θ=90°, φ=0° et θ=45°, φ=0°. Nous suggérons donc une procédure d'identification en deux étapes en utilisant la méthode du modèle inverse et les évolutions de densité de fissures interfaciales déterminées expérimentalement pour des populations de fibres orientées à θ=90° dans un premier temps et θ=45° dans un second temps. La première étape est donc affectée à l'identification de l'évolution de σ0 sur la base de l'évolution de la densité des fissures interfaciales déterminée expérimentalement pour les fibres orientées à (θ=90°). En effet, l'endommagement de l'interface des fibres orientées à 90° est le premier à être observé et c’est aussi le plus intensif : près de la rupture finale, plus de 80 ° de ces fibres présentent des interfaces touchées par l’endommagement interfacial. Il est à noter que 66 le déchaussement est toujours observé au point d’interface défini par φ=0°. Sur ce point, on note que τ=0. Par conséquent, pour une orientation de fibre à 90°, la probabilité de rupture d'interface fibre-matrice correspondante est donnée par : 𝛔𝐍 𝐏𝐫𝜽𝑵 = 𝟏 − 𝐞𝐱𝐩 [−((𝛔𝐍)𝟐𝐦 )] Equation 84 𝟎 Chaque incrément N correspond à une augmentation de la densité de fissure locale et est donnée par : ∆𝐝𝐍𝟗𝟎° = 𝐝𝐍𝟗𝟎° − 𝐝𝐍−𝟏 𝟗𝟎° Equation 85 Donc en appliquant la formule précédente, la probabilité de rupture de l'interface fibrematrice peut également s'écrire sous la forme : 𝐍 (𝐍) = 𝐏𝐫𝟗𝟎° 𝐍−𝟏 𝐝𝐍 𝟗𝟎° −𝐝𝟗𝟎° Equation 86 𝟏−𝐝𝐍−𝟏 𝟗𝟎° 𝑁 De plus, en utilisant la fonction donnant l’évolution de 𝑑90° identifiée sur la base des résultats expérimentaux, la probabilité de rupture interfaciale peut être réécrite comme: 𝐍 (𝐍) = 𝐏𝐫𝟗𝟎° 𝟏−𝐀 𝐍 ) 𝐍−𝟏 𝐀𝟗𝟎° ∗𝐥𝐧( Equation 87 𝟗𝟎° ∗𝐥𝐧(𝐍−𝟏)+𝐁𝟗𝟎° Enfin, l’évolution de σ0 est dérivée des équations précédentes comme suit : 𝛔𝐍𝟎 = 𝛔𝐍 ( 𝟏 𝐍 )] 𝟐𝐦 [−𝐋𝐧(𝐓𝟗𝟎° Equation 88 ) 𝐍 Avec 𝐓𝟗𝟎° = 𝟏 − 𝟏−𝐀 𝐍 ) 𝐍−𝟏 𝐀𝟗𝟎° ∗𝐥𝐧( Equation 89 𝟗𝟎° ∗𝐥𝐧(𝐍−𝟏)+𝐁𝟗𝟎° Une fois que l'évolution de σ0N identifiée, on peut dégager l'évolution du seuil de contrainte de cisaillement τ0 durant le chargement de fatigue. Dans ce but, l'évolution expérimentale des dommages interfaciaux des fibres orientées à 45° doit être prise en compte lors de l’identification par méthode inverse. En effet, pour cette orientation de fibres, chaque point interfacial est soumis à la fois à des contraintes normales et de cisaillement. De même que pour l’identification de σ0N, l’évolution de τ0N peut être dérivée des équations précédentes appliquées aux fibres orientées à 45°. On trouve : 𝛕𝐍𝟎 = 𝛕𝐍 Equation 90 𝟏 𝟐 𝟐 𝟏 𝛔𝐍 ( ) 𝐍 [[−𝐥𝐧(𝐓𝟒𝟓° )] 𝐦 −( 𝐍 ) ] 𝛔𝟎 67 𝐍 𝐀𝟒𝟓° ∗𝐥𝐧( ) 𝐍 𝐍−𝟏 Avec 𝐓𝟒𝟓° =𝟏− 𝟏−𝐀 ∗𝐥𝐧(𝐍−𝟏)+𝐁 𝟒𝟓° Equation 91 𝟒𝟓° Ainsi, le critère de rupture interfacial peut être réécrit en intégrant des valeurs des résistances locales normales et de cisaillement évoluant d’un cycle à l’autre en fonction des valeurs de contraintes cycliques locales. Les états d’endommagement successifs peuvent alors être définis et les baisses de raideurs progressives sous chargement cycliques peuvent être prévues par le modèle micromécanique. III.5.1 Prévision de la baisse de rigidité Des essais de fatigue ont été effectués et simulés pour plusieurs valeurs de déformation macroscopique imposée, ce qui permet de tracer l'évolution de la baisse de raideur relative lors d'un chargement cyclique. La figure 33 illustre la comparaison entre la baisse de rigidité simulée et la baisse de rigidité expérimentale pour les trois niveaux de déformation imposés (0,64%, 0,8% et 0,87%). La bonne corrélation expérience- simulation montre la pertinence de l’approche proposée. 0,64 % 0,8% 0,87 % Figure 33 :Comparaison entre les baisses de raideurs expérimentales et numériques avec des amplitudes imposées : 0,64%, 0,8% et 0,87%. 68 III.6 Conclusion : De nombreuses études ont montré que le mécanisme d'endommagement dominant lors de la déformation des SMC est la décohésion interfaciale. Sous une sollicitation de fatigue, ces décohésions qui se produisent très tôt et de façon diffuse au sein du matériau occasionnent une diminution des propriétés mécaniques, c'est-à-dire une diminution progressive de la rigidité. La propagation et la coalescence de cet endommagement conditionnent aussi la durée de vie. Trois approches de modélisation de la fatigue des SMC fondée sur un modèle micromécanique avec la prise en compte des dommages interfaciaux sont présentés. En effet, le mécanisme d’endommagement dominant est la décohésion interfaciale, qui conduit à la dégradation progressive des propriétés mécaniques. La formulation du modèle micromécanique constitutif intégrant l’endommagement interfacial est présentée. Ce modèle est basé sur un critère statistique quadratique interfacial exprimé en fonction des contraintes locales normales et tangentielles à l’interface fibre-matrice. Les deux premières approches de la fatigue des SMC couplent le modèle micromécanique d’endommagement interfacial à une approche phénoménologique. Ces deux modèles ont été identifiés et validés dans le cas des A-SMC. La troisième vise essentiellement à prédire la réduction de la rigidité en fonction du nombre de cycles. Ce modèle est aussi basé sur le même critère interfacial quadratique exprimé en termes de contraintes locales normales et de cisaillement à l'interface fibre-matrice associées à leurs valeurs de rupture correspondantes. L’évolution de ces derniers en fonction de l'état de contrainte local à l’interface constitue l’originalité de l’approche car elle permet de refléter les effets locaux des sollicitations répétées à l’échelle de l’interface fibre-matrice. Cette troisième approche a été validée par comparaison expérience-simulation des baisses de raideur d’un SMC standard soumis à un chargement cyclique. En conclusion, remarquons que ces trois approches prédictives de la fatigue des SMC présentent chacune des intérêts spécifiques. En effet, la première méthode hybride présentée permet, quel que soit la microstructure considérée, de prédire la durée de vie du composite (courbe de Whôler complète) grâce à une modélisation de la courbe de traction et un essai unique de fatigue. La seconde méthode hybride permet de prédire les courbes de Whöler de n’importe quelle microstructure à partir d’une courbe de Whöler maîtresse unique. Elle permet aussi 69 d’accéder aux critères limites pour la modélisation des structures et leur évolution au fur et à mesure du cyclage, ce qui est primordial pour la simulation de structure réelle. Enfin la troisième méthode permet d’accéder à la baisse de raideur progressive lors de la fatigue, ce qui est aussi primordial pour le calcul de structure. Notons en effet qu’en raison de sa nature locale, le critère d’endommagement d’interface proposé est indépendant du chargement tridimensionnel macroscopique appliqué. Par conséquent, il peut être identifié sur la base de résultats de charge cyclique simple et être appliqué à une conception de structure réelle pour la prédiction de la baisse de rigidité anisotrope. En perspective de ce travail, il serait intéressant de coupler ces trois approches afin de tirer les avantages de chacune dans un calcul de structure réelle. IV. Modélisation et prédiction de la durée de vie de l’A-SMC en dynamique IV.1 Contexte général La notion de comportement dynamique est vaste, il est possible de séparer le régime dynamique en trois zones avec des essais de caractérisations distinctifs : Impact basse vitesse : entre 0 et 50 s-1 Ces impacts dus typiquement à la chute d’un outil lors des phases de maintenance ou de la percussion de débris présents sur la piste et projetés sur la structure durant les phases de roulage. Il s’agit aussi de chocs mous, pour les débris de pneus éclatés notamment. C’est le plus proche du régime quasi statique, les essais peuvent être effectués à l’aide d’une machine hydraulique, pneumatiques ou mécaniques. Impact à vitesse modérée : entre 50 et 200 s-1 Dans cette gamme de vitesse, on retrouve tout d’abord les chocs à l’oiseau lors des phases de décollage et d’atterrissage qui sont des chocs mous mais avec des énergies élevées. Il y a aussi les impacts de grêle qui touchent la structure tout entière et qui sont des chocs durs mais avec des niveaux d’énergies plus faibles que pour le choc à l’oiseau. Les essais sont réalisés à l’aide de machines hydrauliques ou pneumatiques. Impact à vitesse élevée : entre 200 et 1000 s-1 Ces impacts sont à prendre en compte pour les aéronefs militaires car il s’agit pour la plupart d’impacts balistiques. Les essais sont effectués à l’aide de barres de Hopkinson, d’impact ou d’explosion. 70 Dans notre étude, nous visons une plage de vitesse allant de quasi-statique jusqu’à 200 s-1 qui correspond aux applications automobiles. IV.2 Comportement dynamique et endommagement à l’interface fibre-matrice De nombreuses études portant sur les polymères renforcés de fibres discontinus révèlent que la décohésion à l’interface fibre-matrice est généralement le principal mécanisme d’endommagement locale (2,3,16,19,20,33,35,47,47,53,57). Les travaux expérimentaux montrent que c’est aussi le cas lorsque les matériaux composites SMC sont soumis à des chargements dynamiques caractérisés par de grandes vitesses de déformation (2,3,16,19,20,32,33,35,57). Ces études ont montré que la vitesse de déformation a une forte influence sur les caractéristiques mécaniques macroscopiques des matériaux SMC de tous types. Par conséquent, l’effet de la vitesse de déformation sur l’endommagement à l’interface fibre-matrice devrait être clairement pris en compte pour une utilisation efficace des SMC dans les structures. Cependant, on montre que le module Young reste presque insensible à la vitesse de déformation pour une plage de vitesse allant de quasi-statique jusqu’à 200 s-1. En outre, il a été démontré que l’augmentation de la vitesse de déformation entraîne, d’une part, une augmentation du seuil d’endommagement et, d’autre part, une diminution de la cinétique d’endommagement (33) conduisant à une augmentation de la contrainte et de la déformation à rupture. En fait, l’aspect visqueux de l’endommagement à l’interface fibre-matrice est clairement démontré par des essais interrompus (23,57,3). L’origine du visco-endommagement peut être interprété par une sensibilité de la résistance de l’interface fibre-matrice à la vitesse de sollicitation. Par ailleurs, l’effet observé est aussi probablement dû à des effets dynamiques locaux. Dans ce contexte, l’objectif de cette partie est de développer un critère d’endommagement à l’interface fibre-matrice prenant en compte les effets de la vitesse du chargement. Jendli (3) a proposé une première approche formulant le critère quadratique de rupture à l’interface fibrematrice en fonction de la vitesse de déformation macroscopique. Il obtient de bon résultats sur des SMC standard. Toutefois, afin de proposer un modèle indépendant du chargement tridimensionnel appliqué macroscopiquement, le critère local doit être écrit en fonction des vitesses de chargement locaux. 71 IV.3 Procédure de prévision de l’endommagement à l’interface Fibre/Matrice à grande vitesse Les résultats expérimentaux obtenus sur les composites SMC sous une charge appliquée à grande vitesse montrent qu’une grande vitesse de déformation macroscopique appliquée conduit à un retard du dommage progressif des interfaces fibre-matrice et à paradoxalement à un ralentissement de sa propagation. En effet, à l’échelle locale, la zone d’interface (ou interphase) est soumise à une vitesse locale (57) de chargement. Chaque point d’interface est soumis à une vitesse locale de contraintes normales et de cisaillement (σ et τ). L’amplitude et la vitesse locales du chargement interfacial dépendent, entre autres facteurs, de la microstructure, de la charge macroscopique imposée et de l’orientation locale de la fibre considérée. Afin de refléter l’effet du visco-endommagement de l’interface fibres- matrice, les contraintes locales normales et de cisaillement limites devraient être augmentées progressivement en fonction de la vitesse locale du chargement. Par conséquent, sous une charge macroscopique, on peut considérer que les contraintes locales de l’interface-interphase (σ et τ) et leur évolution en fonction du temps lors d’un incrément de temps ∆𝑡. On peut alors connaitre à chaque instant du chargement les vitesses locales du chargement interfacial en contrainte normale et cisaillement : 𝜎̇ et 𝜏̇ . Afin de traduire les effets du visco-endommagement de l’interface à l’échelle locale, nous proposons d’écrire que les résistances de l’interface en contrainte normale et de cisaillement, (σ0, τ0), sont dépendants des vitesses locales du chargement (𝜎̇ , 𝜏̇ .). On propose les formes mathématiques suivantes : 𝒃 𝝈𝟎 = 𝒂 ∗ 𝑬𝒙𝒑(𝝈̇ )𝒄 𝒆 𝝉𝟎 = 𝒅 ∗ 𝑬𝒙𝒑(𝝉̇ )𝒇 Avec 𝝈̇ = Avec 𝝉̇ = 𝝈𝒏 −𝝈𝒏−𝟏 ∆𝒕 𝝉𝒏 −𝝉𝒏−𝟏 ∆𝒕 Equation 92 Equation 93 Où a, b, c, d, e et f sont des paramètres matériau à identifier. Une fois que l’évolution des paramètres de la contrainte normale et de cisaillement est identifiée, nous pouvons utiliser le modèle micromécanique présenté ci-dessus pour prédire la baisse de raideur à différente vitesse. A cette fin, nous proposons un algorithme illustré à la figure 34. Les données d’entrée incluent les caractéristiques élastiques des différentes phases, la distribution d’orientation de la fibre, les paramètres de la contrainte interfaciale initiale (σ0, τ0), la déformation macroscopique imposée 𝜀 ⅈ𝑚𝑝 et l’incrément de temps ∆𝑡 . 72 Les champs de contrainte interfaciaux σ (θ, φ), τ (θ, φ) peuvent être calculés pour chaque emplacement d’interface fibre-matrice (θ, φ). Ainsi, la valeur maximale de la probabilité de rupture interfaciale peut être déterminée pour chaque orientation de fibre afin de calculer les nouvelles fractions volumiques correspondantes de fibres non endommagées. Dans le même temps, les distributions de densité des fibres actives (contribuant toujours à la rigidité composite) et des microcracks interfaciaux sont calculées. Par conséquent, l’homogénéisation du premier stade, y compris les fibres actives seulement, est effectuée. Ensuite, la deuxième étape d’homogénéisation permet de déterminer l’ensemble du composite endommagé, y compris les fibres actives et les micro-fissures à l’interface fibre-matrice pour un nombre d’incréments bien déterminé et la déformation macroscopique imposée. Après les incréments, une nouvelle valeur du temps appliqué est définie, et cette procédure est répétée. Le résultat obtenu se rapporte alors aux propriétés mécaniques du matériau composite endommagé. L’approche décrite permet, entre autres, de prédire les pertes de rigidité du composite dans toutes les directions, et elle permet également de simuler la courbe contraintedéformation. 73 Données d’entrée 𝜟𝒕 = 𝜟𝒕 + 𝟏 𝜟𝒕 𝒊𝒎𝒑 𝑪𝒎 , 𝑪𝒓 , 𝒇𝜽 , 𝝈𝜟𝒕 , 𝜟𝒕 𝟎 , 𝝉𝟎 , 𝜺 𝝈𝜟𝒕 (𝜽, 𝝋), 𝝉𝜟𝒕 (𝜽, 𝝋) 𝜟𝒕 Les nouvelles valeurs de (𝝈𝜟𝒕 𝟎 , 𝝉𝟎 ) = 𝒇°(𝝈𝜟𝒕 , 𝝉𝜟𝒕 , 𝜟𝒕) Probabilité de rupture 𝟐 𝐦 𝟐 𝐦𝐚𝐱(𝝈𝜟𝒕 𝐦𝐚𝐱(𝝉𝜟𝒕 𝜽 ) 𝜽 ) 𝜟𝒕 𝑷𝒓 (𝛉, 𝛗) = 𝟏 − 𝐞𝐱𝐩 (− (( ) +( ) ) ) 𝜟𝒕 𝜟𝒕 𝛔𝟎 𝛕𝟎 Détermination de la fraction volumique des fibres non endommagées : 𝜟𝒕 𝒇𝜽𝒏𝒅 = (𝟏 − 𝐦𝐚𝐱(𝑷𝒓 𝜟𝒕 )) ∗ 𝒇𝒏𝒅 𝜽 𝜽 Détermination de la fraction volumique des fibres qui contribuent encore à la rigidité du composite: 𝜟𝒕−𝟏 Détermination de la fraction des fissures à l’interface fibre-matrice : 𝜟𝒕 𝜟𝒕=𝟎 𝒇𝒂𝒄𝒕 𝜽 (𝜟𝒕) = (𝟏 + (𝒌 − 𝟏) × 𝒅𝜽 )𝒇𝜽 𝜟𝒕 𝒇𝒎𝒄 = 𝒇𝒎𝒄 𝜽 𝜽 𝜟𝒕−𝟏 + 𝒉. 𝐦𝐚𝐱(𝑷𝒓 𝜟𝒕 ). 𝒇𝜽𝒏𝒅 𝜽 Première étape de l’homogénéisation Tenseur de rigidité du composite sans la prise en compte des fissures Deuxième étape de l’homogénéisation 𝑪𝒐𝒎𝒑 𝑪𝑫 (𝜟𝒕) Calculs du tenseur de rigidité endommagés Figure 34 : Algorithme de la construction du modèle micromécanique à grande vitesse avec la prise en compte de l’endommagement à l’interface fibre/matrice 74 𝜟𝒕−𝟏 IV.4 Identification, discussion et résultats La procédure décrite ci-dessus est basée sur les contraintes locales calculées à l’interface fibre/matrice. Cependant, comme présenté dans la section II, le modèle multi-échelle (MoriTanaka) permet d’accéder aux champs de contrainte locaux (σ et τ) à l’interface fibre/matrice. la Figure 35 illustre l’évolution des contraintes normales et tangentielles, respectivement, qui sont calculées pour chaque incrément de temps Δt et pour une vitesse macroscopique appliquée égale à 60 s-1. Figure 35 : Evolution de la contrainte normale et tangentielle pour 𝜽 ∈ [𝟎°, 𝟗𝟎°], 𝝋 = 𝟎° L’idée principale de notre approche est d’identifier l’évolution de la contrainte limite à l’interface fibre-matrice lors d’un chargement à grande vitesse. Comme ce phénomène se produit à l’échelle locale, cette évolution devrait être indépendante de la charge macroscopique imposée. En effet, les équations du (σ0, τ0) indiquent clairement que l’évolution de la contrainte limite interfaciale est liée aux contraintes locales (𝛔∆t , 𝛕∆t ) et à la vitesse de ces contraintes (𝜎̇∆𝑡 , 𝜏̇∆𝑡 ) qui augmentent chaque incrément. Une fois le critère est identifié en fonction de la contrainte locale, la procédure de modélisation, décrite dans les paragraphes précédents, permet de simuler les courbes contraintedéformation pour différentes vitesses de déformation. La figure 36 montre des courbes contrainte-déformation simulées par rapport à celles obtenues expérimentalement pour deux vitesses de déformation différentes. On peut noter une bonne corrélation entre eux pour différentes vitesses de déformation. Le modèle identifié à l'échelle microscopique est validé à l'échelle macroscopique. 75 Figure 36 : Modélisation de la corrélation: exemples de courbes macroscopiques contrainte-déformation pour deux vitesses de déformation : 1 et 60 s -1. IV.5 Conclusion : L'approche expérimentale a montré que pour le composite A-SMC l'effet de la vitesse de déformation conditionne principalement le seuil et la cinétique de rupture notamment au niveau de l'interface fibre – matrice. En d'autres termes, la décohésion de l'interface est principalement sensible à la vitesse de déformation. En effet, l'effet de la vitesse de déformation sur la défaillance de l'interface est obtenu grâce à la proposition d'un critère quadratique local sensible à la vitesse de déformation en terme de seuil et cinétique. L'identification est réalisée à l'échelle locale et le modèle est validé à l'échelle macroscopique sur la base des résultats des essais dynamiques. Ainsi, le travail présenté dans cette partie est une évolution vers une version dynamique qui traite n’importe quel type de chargement appliqué macroscopiquement (bitraction, cisaillement, forme complexe ...). Les résultats obtenus sont en très bonne adéquation avec l'expérience. 76 Conclusion générale Cette thèse a été menée entre deux laboratoires PIMM (Arts et Métiers, Paris) et LMS (ENISo, Sousse). Elle vise à proposer une approche de dimensionnement des structures composites automobiles sous des sollicitations diverses. En outre, un outil prédictif pertinent capable de décrire la réponse aux différents types de chargement (monotone quasi-statique et dynamique, fatigue) a été proposé. Ce travail s’appuie sur des résultats de caractérisation expérimentale obtenues dans le cadre de deux thèses effectuées au sein des deux laboratoires associés dans cette étude (Tamboura (1), Shirinbayan (2)). Ces résultats concernent les matériaux SMC standards et ASMC soumis à des chargements cycliques et monotones rapides. Sur la base de ces résultats expérimentaux, un modèle micromécanique intégrant l’endommagement à l’échelle locale a été formulé afin de prendre en compte l’effet des diverses conditions de charge précitées. Dans un premier temps, une étude bibliographique a été menée sur le comportement et la tenue à la fatigue et à l’impact des matériaux composites. Concernant le comportement, les approches micromécaniques proposées sont basées sur la technique d’homogénéisation qui permet de déterminer les propriétés élastiques macroscopiques de nos matériaux. Dans un deuxième temps, une étude expérimentale et numérique a été réalisée sur le comportement du composite sous différentes sollicitations. En fatigue, le comportement des deux types de composites a été modélisés. Le premier est l’A-SMC, pour lequel deux approches de modélisations hybrides (phénoménologique/micromécanique) ont été développées. Elles sont toute les deux basées sur un modèle micromécanique qui permet de prédire le comportement du matériau d’étude sous chargement monotone avec la prise en compte de la microstructure et de l’endommagement à l’interface fibre/matrice. Pour ce faire, un critère local statistique d’endommagement à l’interface fibre-matrice est introduit dans un modèle de Mori et Tanaka. Dans les deux approches hybrides proposées, la prédiction de la durée de vie en fatigue des SMC est fondé sur la mise en évidence de l’existence d’une équivalence entre l’endommagement sous chargement monotone et l’endommagement en fatigue. En d’autres termes, la description des relations multi-échelles de l’endommagement établies sous chargement monotone reste globalement valide et généralisable aux chargements cycliques. Cette hypothèse permet de mettre en place deux démarches menant rapidement à la prédiction des durées de vie en ne nécessitant qu’un nombre limité d’essais et une simulation micromécanique du chargement 77 monotone uniquement. Il est à noter que cette démarche a été testée et validée au PIMM sur d’autres types de matériaux, le SMC standard et sur le propylène chargé en fibres de verre (PPGF40) qui est un composite à matrice thermoplastique (polypropylène). Dans le cas du second matériau SMC (standard), les résultats d’essais de fatigue interrompus obtenus dans le cadre de la thèse de Tamboura (1) ont permis de quantifier l’évolution de l’endommagement à l’interface fibre/matrice en fonction du nombre de cycles. Sur la base de ces résultats, un modèle micromécanique permettant de prédire la réduction de la rigidité macroscopique de notre matériau a été identifié. Classiquement, les paramètres du critère local ou de la loi d’évolution de l’endommagement sont déterminés par méthode inverse. Cela consacre l’avantage d’une identification rapide, facilement utilisable en industrie et dont le résultat final reproduit correctement le comportement mais sans forcément correspondre à une description acceptable de la réalité physique, ce qui peut conduire à des écarts significatifs en particulier dans le cas de chargement tridimensionnels. En effet, il n’y a pas d’unicité de solution dans les jeux de paramètres des lois identifiées. L’idée donc est d’exprimer le critère quadratique de rupture interfaciale en fonction de contraintes limites locales normales et de cisaillement à l'interface fibre-matrice. Par conséquent, le critère proposé étant exprimé complètement à l’échelle locale, il est indépendant du chargement tridimensionnel macroscopique appliqué. Par conséquent, il nous a été possible, grâce aux résultats de Tamboura (1), d’identifier le critère d’endommagement interfacial sur la base de résultats de chargement cyclique en traction simple. Une fois le critère local identifié de cette façon, il peut être appliqué au cas de chargement tridimensionnels quelconques utiles à la conception de structure réelle afin d’évaluer les baisses anisotropes des rigidités des structures SMC sous chargement cyclique. En dynamique, les essais expérimentaux effectués dans le cadre de la thèse de Shirinbayan (2) ont montré que pour le composite A-SMC l'effet de la vitesse de déformation conditionne principalement un retard du seuil de l’endommagement suivi d’une cinétique légèrement réduite notamment au niveau de l'interface fibre – matrice. En d'autres termes, la décohésion de l'interface est principalement sensible à la vitesse de déformation. En suivant la même idée que dans le cas cyclique, le critère a été formulé en fonction des vitesses locale du chargement à l’interface fibre-matrice. Ce modèle permet donc de traduire l'effet de la vitesse de déformation sur la défaillance de l'interface grâce à la proposition d'un critère quadratique local sensible à la vitesse. L'identification est réalisée à l'échelle locale et le 78 modèle est validé à l'échelle macroscopique sur la base des résultats des essais expérimentaux. Les effets de la vitesse en termes de seuil et de cinétique sont bien représentés. Il faut noter que le travail présenté dans cette partie est une évolution vers une version dynamique qui traite n’importe quel type de chargement tridimensionnel appliqué macroscopiquement. En résumé, ce travail a contribué au développement d’outils permettant la prédiction du comportement micromécanique des composites en fatigue et en dynamique rapide. Il est fondé sur la modélisation du phénomène d’endommagement à l’interface fibre-matrice à travers un critère local. Les différents aspects microstructuraux des composites étudiés sont pris en compte. Perspectives Plusieurs pistes pour continuer cette étude peuvent être envisagées. En premier lieu, nos approches devraient être validées expérimentalement dans le cas de chargements complexes comme la bi-traction, le cisaillement, etc. Le second porte sur l’adaptation de nos approches sur d’autres types de matériaux composites tels que les matériaux à matrice thermoplastique. Pour ce faire, la prise en compte de la viscoélasticité et de la viscoplasticité devrait être introduite dans la démarche. De même, adapter ce type de méthodologie aux cas des architectures de composites à renforts continus tels que les stratifiés serait intéressant. Enfin, le dernier axe concerne le développement d’une approche dans le cas de chargements couplant l’effet de la vitesse et des sollicitations cycliques en se basant sur les critères quadratiques exprimés en fonction des valeurs locales. En effet, une telle approche serait capable de traiter la question de l’effet d’une sollicitation cyclique sur les propriétés des matériaux à grande vitesse et inversement. 79 Références Bibliographiques 1. Tamboura S. Etude microstructurale et mécanique de l’endommagement en fatigue du matériau composite type SMC R42. Thèse de Doctorat, ENIT, TUNIS; 1999. 2. Shirinbayan M. Étude du comportement mécanique et de l’endommagement de divers matériaux composites smc soumis à des chargements de type dynamique, fatigue et dynamique post-fatigue. Thèse de doctorat. ENSAM centre de Paris; 2017. 3. Jendli Z. Analyse et modélisation multi échelles du comportement mécanique sous sollicitations rapides de composites SMC. Thèse de doctorat à l’ENSAM, Paris; 2005. 4. Zaoui A, François D, Pineau A. Comportement Mécanique des Matériaux, ‘Viscoplasticité, Endommagement, Mécanique de la Rupture, Mécanique du Contact. Ed Hermes 1995; 5. Bonnet B. 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Tcharkhtchi 1 Received: 30 April 2019 / Accepted: 11 November 2019/ # Springer Nature B.V. 2020 Abstract To reinforce the environmental standards, we need to strengthen the lightening of vehicles and to generalize new composite materials in order to reduce weight. To use these innovative composite materials in the mass production of automotive parts, it is essential to propose a predictive approach of the S-N curves, which must be established for each new composite formulation and for several types of microstructure within real components. Although these preliminary characterizations consume time and money, this paper proposes two hybrid methodologies to predict the fatigue life during the fatigue test. Both methodologies are based on micromechanical modeling which is developed under monotonous loading with fatigue effects under different amplitudes. The suggested methodology is based on an experimental analysis of monotonic behavior under fatigue loading and on multi-scale modeling of damage. In the results, the proposed model and the used approaches are in good agreement with the experimental results. Keywords SMC . Fatigue . Micromechanical modeling 1 Introduction Advanced Sheet Molding Compounds (A-SMCs) are materials typically formulated to meet customer requirements. They exhibit a lot of desirable characteristics, excellent chemical resistance and tensile strength, as well as cost competitiveness. For an effective design, several types of damage must be considered by manufacturers during dimension calculation. Fatigue loading may be one of the most critical failure modes that strongly affects the component life. The direct calculation of the behavior of these structures raise important difficulties, essentially due to the great number of mechanical characteristics to be considered. The origin of these * H. Ayari houssem.ayari@ensam.eu Extended author information available on the last page of the article Author's personal copy Applied Composite Materials difficulties is in the anisotropy and heterogeneity of these materials. On the other hand, there are still obstacles to the industrial use of fiber-reinforced organic composites, such as the lack of knowledge of the links between the microstructure and macroscopic properties, the prediction of the damage evolution, and the realization of structural calculations adapted to this type of materials. For a composite part subjected to repeated loading, engineers often face many difficulties because of the lack of information on the mechanical behavior, especially the damage mechanisms. Thus, it is essential to develop rapid methodologies for pre-dimensioning composite structures, which allows quickly identifying the appropriate material formulation for each component in the automobile. These methodologies must therefore be pragmatic to meet industrial needs. For components subjected to fatigue loading, this is a critical problem because of the long and costly experimental campaigns required to establish S-N curves. Indeed, the mechanical properties of these materials strongly depend on their composition [1]: the type of matrix (thermoplastic or thermosetting), the volume fraction of the reinforcement phase, the geometry, and the spatial distribution [2–11]. Therefore, due to the complexity of the local mechanisms involved in loading, the chosen approaches should be based on a very good knowledge of these different phenomena. For composites reinforced by short fibers, like the Sheet Molding Compound (SMC), it has been widely demonstrated that local damage begins at the fiber matrix interface [12, 13]. However, for fatigue behavior, the effects of load conditions (stress ratio [14, 15], cycling frequency [16, 17]) are very importance. Hence, the chosen methodologies should be adapted to predict the life of these materials in different complex conditions. The existing predictive fatigue models are generally classified into three categories [6, 18, 19]: an empirical model based on S-N curves (macroscopic resistance), a phenomenological model based on residual resistance, and a micromechanical model based on the description of the mechanisms of microscopic damage. Great efforts have been made to develop new methods that significantly reduce the cost and time spent on characterizing fatigue behavior [20–26]. Jain et al. [27, 28] proposed an approach based on a micromechanical model associating the state of macroscopic damage under a quasi-static load to the state of macroscopic damage reached at a certain point of the S-N curve. The authors suggested a methodology to predict the S-N curves for other composite microstructures from the knowledge of the “master curve” which corresponds to the S-N curve established for a specific microstructure taken as a reference [29]. Jain et al. developed a new approach called the “master” S-N curve [30] based on a master Wöhler curve, from which Wöhler curves could be reconstructed for other microstructures by linking damage at the microscopic scale with macroscopic fatigue properties. Such a model required the establishment of a “master” S-N curve while considering a reference microstructure. Guo et al. [31–35] proposed a constitutive model for the micromechanical damage to the SMC composite under monotonic loading. Le Pen et al. [36] developed a Mori-Tanaka model that included a law on damage caused by fibers in composite fatigue. In this article, two modeling approaches applied on an A-SMC composite under fatigue loading. In order to take into consideration the microstructure and effect of damage, the model suggested in this paper relies, among other things, on the model of Jendli et al. [37], presented in the following. This model was developed in the context of damage to SMC materials under rapid stress. The main interest of this model is the integration of local damage mechanisms experimentally observed in the micromechanical model. The model proposed in this study integrates the damage to fiber / matrix interfaces as a predominant phenomenon responsible for the macroscopic damage to the material. The state of damage is reflected by several Author's personal copy Applied Composite Materials populations of heterogeneities at the local scale including micro-cracks. Thus, it makes it possible to get as close as possible to the macroscopic real behavior of the material. This model is based on an approach of Mori and Tanaka [38], where the phenomenon of cracking the fiber / matrix interface was integrated at the local scale. 1.1 Material Description and Methods of Analysis A-SMCs consist of a vinyl ester resin reinforced with glass fibers and filled with calcium carbonate fillers (CaCO3). The glass fibers have a weight content of 50% and are in the form of bundles. Each bundle contains about 250 fibers. These fibers have a length of 25 mm with a diameter of about 15 μm. The families of fibers that have the same volume fraction and orientation have been defined. In this study, the materials are provided by Plastic Omnium auto exterior services. Samples are prepared in the dimension, which is shown in Fig. 1. For more details, the manufacturing process was discussed in the article of Shirinbayan [39]. Two types of A-SMC materials from the same prepreg are studied: One microstructure is “Highly Oriented” (HO) and the other one is “Randomly Oriented” (RO). For HO samples, the tests are carried out according to two main directions: the longitudinal direction (or 0°) corresponding to the direction of the creep during the hot compression, and the transverse direction (90°) corresponding to the perpendicular direction. The experimental database required to establish the hybrid model is derived from the following mechanical tests: • First, tensile tests to failure. • Second, quasi-static (strain rate of 2 mm / min) loading-unloading tests with progressive increase in the maximum loading at each cycle to failure. All the performed tests define the minimum stress at the reloading, which is equal to 10% of the last reached maximum stress. • Third, tension-tension fatigue tests (R = 0.1, f = 10 Hz) up to failure for different maximum-load levels. All fatigue tests are preceded by an elastic loading-unloadingreloading cycle, which allows for a more precise determination of Young’s E0 and E1 moduli. Both latter respectively correspond to the stiffness of undamaged material and the residual stiffness after the first cycle. The analysis of these three types of tests respectively gives access to the following data: • Tensile-to-failure curves that particularly permit the identification of the failure stresses for each configuration; • Loss-stiffness curves as a function of the applied loading, whose main objective is to trace the relative decrease in stiffness as a function of the applied loading; • Stiffness reduction curves according to the applied cycles and the Wöhler curves. • Through these results and using our micromechanical model, we can implement our methodologies. Fig. 1 Specimen dimension obtained from optimized procedure results Author's personal copy Applied Composite Materials These tests are performed within the framework of the Ph.D. of Shirinbayan [40]. 1.2 Micromechanical Modeling The chosen model can be divided into three essential phases: The estimation of the global rigidity tensor of the material from the properties of the various constituents, using the average field approach proposed by Mori and Tanaka, is coupled with Eshelby’s equivalent inclusion model. Therefore, the field of stress, which is local and around inclusion, is estimated and it enables identifying normal and tangential interfacial stresses. A criterion of local damage (estimation and quantification of the density of interfacial cracks) and a law of damage evolution are integrated. Global behavior is modeled through the integration of the initial anisotropy caused by the presence of reinforcements and its evolution due to damage. The equations of the micromechanical model are recalled in what follows. These equations present the theoretical framework for estimating the overall mechanical behavior of the material as well as the local constraints at the fiber-matrix interface. Using the Mori-Tanaka theory, adopted later by Benvensite [40], we manage to predict the overall three-dimensional effective rigidity tensor of the staple fiber composite material as well as the average stress fields inside and outside reinforcements at the level of the matrix [36]. The reinforcement is modeled as an ellipsoidal inclusion and is characterized by its slenderness (length/diameter) and isotropic elastic properties. The reinforcements, which are present as inclusions, are transformed into an equivalent matrix thanks to the Eshelby tensor reformulated and readapted by Mura [41]. This tensor is necessary for the identification of the overall rigidity of the composite. Eshelby’s equivalent inclusion techniques [42] and classical homogenization methods lead to the formulation of the overall rigidity tensor (Eq. 1.1): h i−1 C Comp ¼ C m I þ f hQiðI þ f hðS−I ÞQiÞ−1 ð1:1Þ where Cm and S are respectively the rigidity tensor of the matrix and Eshelby’s tensor, f is the volumetric fraction of reinforcement, and Q presents the average value of the “pseudo-tensor of localization” defined for each family of reinforcement iwhose expression is as follows: Qi ¼ −1 i m C m −C i S i −I −C i C −C ð1:2Þ where Sipresents Eshelby’s tensor of the ith reinforcement family which depends on the mechanical properties of the matrix and the spatial arrangement and geometry of reinforcement, and tensor Cirepresents the rigidity of families of reinforcement marked by index i. For A-SMCs, a family of reinforcement is distinguished by its orientation in the plane. Different work [42–44] treated the stress discontinuity at a leap in the fiber/matrix interface. When loading the material with macroscopic stress Σ, the matrix phase remains isotropically elastic, so it is necessary to calculate stress at the level of all points of the interface. σi ¼ C m I þ S i −I Qi ðI þ f hðS−I ÞQiÞC m−1 ∑ ð1:3Þ Author's personal copy Applied Composite Materials Fig. 2 Stress exerted on fiber as a function of its orientation, θ (°) relative to direction of loading By adopting the condition of the continuity of normal stress during the transition between the fiber and the matrix, we can then deduce its expression at the interface. As a function of stress in the fiber (Eq. 1.3), normal stress at the interface will therefore have the following form: ! n σn ¼ T :! ð1:4Þ With Eqs. 1.3 and 1.4, we get: ! T ¼ σi :! n τi ¼ ffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffi r ! 2: T −ðσn Þ where ! n is the normal vector at the considered point of the interface (Fig. 2). The interfacial failure probability for each fiber orientation family θi is given by: Pr ðθ; φÞ ¼ 1−exp − σ σ0 2 þ τ τ0 2 !m ! ð1:5Þ where m is a material parameter related to the scatter of microstructure, and normal stress σ and shear stress τ depend on the macroscopic stress, the fiber orientation, the volume fraction, the aspect ratio of the fiber, the elastic properties of the matrix, and the fiber. As a consequence, at each n calculation step, local interface failure probabilities are calculated and they give access to the amounts of the remaining active fiber f act n . This includes , the part of the debonded fiber which continues the volume fraction of undamaged fibers f ND n participating in composite reinforcement, and the micro-cracks volume fraction to be introduced. Therefore, the local damage state is described at each n step by the following equations: ND n f ND n ¼ 1−Pr *f n−1 ð1:6Þ (1.7) Author's personal copy Applied Composite Materials mc n ND f mc n ¼ f n−1 þ h:P r : f n−1 ð1:8Þ where k is a reduction coefficient applied to partially debonded fibers. This parameter is evaluated by finite-element calculations performed on a representative cell containing a partially debonded fiber and is equal to 0.9. Moreover, h is the ratio between the volume of the introduced penny shape (representing an interfacial microcrack) and the fiber evaluated by geometric considerations. 1.3 Implementation of First Method The proposed model combines two types of approaches, phenomenological and micromechanical, to take advantage of each of them. The objective is to seek an optimal compromise between the industrial applicability of the predictive model used and the relevance of the description of the physical phenomena taken into account while requiring only a limited number of experimental data. Consequently, this model must demonstrate its ability to rapidly produce lifetime predictions by requiring only a limited number of tests. Hence, the duration of the optimization cycle of the material and the pre-dimensioning phase will be shortened. This suggested methodology relies also on the experimental analysis and micromechanical modeling of monotonic behavior in order to predict fatigue life under loading. Unlike the second approach, the intrinsic relationship between the two types of loading is microscopically evaluated. The proposed approach is based on the following considerations: & & When we notice a decrease in stiffness, it is directly related to the overall density of microcracks present in the material. Thus, there is a mathematical relationship that links these two magnitudes. In addition, the increase in the crack density leads to a reduction in the resistant surface (see the global theory of damage). When this resistant surface becomes too small, the existing cracks catastrophically coalesce, which results in a break in the Representative Elementary Volume (REV). The latter is therefore attained when the overall density of crack “d”, considered as a local indicator of damage, reaches a critical value “dc”. Accordingly, it seems natural to propose a criterion of break in the REV based on a value of critical microscopic damage: When the “dc” value is reached, the density of cracks is such that the resistant surface is no longer enough and there is a break in the REV. In this second approach, we propose to establish a state equation connecting a local damage rate (d/dc) to the rate of macroscopic damage (relative stiffness decrease E/E0). As already expressed, we suppose that this equation, established under monotonous loading, can be also exploited under cyclic loading. This hypothesis, which forms the basis of our approach, leans on the fact that the same phenomena of damage are observed for both types of loading. Generally, the same states of damage are found during these two types of loading. When damage at the microscopic and macroscopic scales is expressed in a relative value, the intrinsic relation should also be relatively independent of the microstructure. In other words, we assume that two composite samples with equivalent relative rigidity loss, by Author's personal copy Applied Composite Materials applying a monotonic load (for the first one) and a fatigue load (for the second one), are subjected to an equivalent local damage rate. Final failure occurs when the micro crack density reaches a certain critical value [36, 44]. This value can be represented as a local damage rate, d/dc, where d is related to the damage density at the fiber-matrix interface and dc is the maximum critical value. For SMC composite materials, the phenomenon of pseudo-delamination, which always appears just before breaking [38, 45, 46], can occur when this local damage rate is equal to 1: d=dc ¼ 1 The whole methodology is represented schematically in Fig. 3. The four steps for predicting the Wohler curve are as follows: First step: The micromechanical model described above makes it possible to predict the evolution of the properties of the equivalent homogeneous material. As a result, we can easily trace the evolution of the progressive reduction in rigidity during a tensile test. The key question of the micromechanical model lies in the identification of the failure criterion parameters of the local fiber-matrix interface. The latter is identified by reverse engineering based on 0 and 90° results. They are then validated on the other orientations. The results of the decrease in simulated stiffness compared to the experiments are shown in Fig. 4. A power function can be chosen to represent the average evolution of the loss of rigidity. The relative rigidity loss during a tensile load can be expressed by: E ¼ E0 σ σs b forσ≥σS ð1:9Þ where σS is the threshold stress, b is a kinetic parameter, and σ is the applied stress. Second step: Determining an accurate local damage indicator: The approach proposed in this article is based on the definition of a local damage indicator. Its critical value corresponds to a state of critical damage leading to the ruin of the material. Thus, the definition of the local indicator of damage d and its associated critical value dc should be Experimental characterization of stiffness thresholds and kinetic in monotonous tension and fatigue Equation of thresholds and Equation of thresholds and kinetics of kinetics of stiffness stiffness drop Micromechanical modeling of monotonic test Master curve Relationship between local damage state and macroscopic stiffness Phenomenological modeling integrating the parameters identified the micromechanical model Phenomenological modeling integrating parameters identified byby the micromechanical model Fig. 3 Presentation of first proposed method Author's personal copy Applied Composite Materials Fig. 4 Comparison between simulation and model: RO-A-SMC related to the local parameters describing the state of local damage, namely the micro-crack density dglob and the remaining active fibers Factives, which are the output of micromechanical modeling. To allow the indicator of local damage d be independent of the microstructure, several formulations have been proposed: d1, d2 and d3. These formulations use microscopic parameters, Factives, FND and FMC, which are derived from micromechanical modeling and they describe the damage state of the microstructure. d1 ¼ F actives *d glob ð1:10Þ d2 ¼ F ND *d glob ð1:11Þ d3 ¼ F MC *d glob ð1:12Þ The chosen indicator is: d1 ¼ F actives *d glob Third step: Identification state equation under monotonic loading: The micromechanical model permits tracing the evolution of the local damage rate, d/dc as a function of the decrease in macroscopic stiffness E/E0 (Fig. 5). As aforementioned, this relationship is considered as a state equation linking the state of microscopic-macroscopic damage to the degradation of properties. Therefore, this relationship is believed to be accurate even for other load schemes, such as fatigue, since this relationship is independent of the Author's personal copy Applied Composite Materials 1,0 0,8 d/dc 0,6 0,4 RO,TD,LD Polynomial Function 0,2 0,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 E/E0 Fig. 5 Evolution of local damage rate as a function of loss in stiffness microstructure. It is easy to describe the state equation as a polynomial function of the second degree: d ¼α dc E E0 2 þβ E E0 þγ ð1:13Þ where α, β and γ are micromechanical parameters (HO-90°, HO-0° and RO). Fourth step: Hybrid model and prediction of fatigue life: The relative loss of rigidity during fatigue can be broken down into two terms: E E E1 * ¼ E0 E1 E0 The first term, E/E1, is defined by the loss in fatigue stiffness: B E N ¼ E1 Ns ð1:14Þ ð1:15Þ If we take eq. E/E0 and integrate it into equation d/dc, an analytical expression of the evolution of the rate of local damage d/dc under loading fatigue is brought out: 2 d E E þ γi ¼ αi þ βi dc E0 E0 ð1:16Þ This expression describes the evolution of the state of the local damage d/dc for each considered cycle number N applied to the considered maximum. As defined previously, a macroscopic crack occurs when d/dc = 1 and N = Nr, where Nr is the number of break cycles. The resolution of the preceding equation leads to the expression of the number of break cycles as a function of the applied stress: Author's personal copy Applied Composite Materials 2 3 B1 6 Nr ¼ Ns *6 4 G b σ σs 1þ 7 7 5 ð1:17Þ with: G¼ −β þ pffiffiffiffiffiffi β2 −4αðγ−1Þ 2α ð1:18Þ This expression is used to draw the S-N curves for all microstructure configurations. To validate our methodology, a series of fatigue tests is completed for the three microstructures. Finally, the last phase is the validation of our methodology by comparing between the experimental and digital Wöhler curves (Fig. 6). Experience-related differences can be reduced by the good control of the experimental conditions, the refinement of the local-break criterion and the anisotropy of damage. 1.4 Cumulative Damage Calculation The method is summarized in two steps: First step: Identification of threshold parameters and damage kinetics Our model requires the determination of three parameters: σs, b and B involved in the definition of losses of stiffness under monotonic stress and fatigue: E ¼ E0 E E1 σ σs N ¼ b N Ns B ð1:19Þ ð1:20Þ where Ns presents the number of cycles from which we have a stabilization of information acquisition: It is a parameter relative to the machine. It is interesting to measure these parameters when implementing variable amplitude tests. Thus, each fatigue sequence is preceded by quasi-static loading. This allows us to identify the threshold stress value and the kinetics of stiffness b. Quasi-static loading is followed by fatigue loading up to a defined number of cycles. Then, the kinetics of fatigue stiffness “B” can be easily identified. Note that the relative stiffness is always determined in relation to the residual stiffness reached at the end of the previous sequence. Second step: Establish the state equation and determinate d/dc Author's personal copy Applied Composite Materials Fig. 6 Comparison between experimental-digital Wöhler curves (a) HO-90°, (b) RO, and (c) HO-0° In accordance with our model, the expression of relative stiffness as a function of fatigue amplitude for each loading sequence (with a variable amplitude) can be identified as follows: Author's personal copy Applied Composite Materials 1,2 1,0 d/dc 0,8 0,6 25 MPa 30 MPa 35 MPa 40 MPa 45 MPa 0,4 0,2 0,0 2 3 10 4 10 10 5 6 10 10 N(cycles) Fig. 7 Developments in d / dc for different loading levels for HO-90°-A-SMC E E0 ¼ i σ σs b B N * Ns ð1:21Þ This enables us to calculate the evolution of the relative crack density during each loading sequence i: " ! #2 " !# d σ b N B σ b N B þ γi ð1:22Þ ¼ αi * þ βi * dc i σs Ns σs Ns i Fig. 8 Presentation of second proposed method i Identification of experimental reference curves ( , ) ,( , ) Identification of rupture criterion parameters from reference microstructure Establish the curve of ( , ) up to chosen macroscopic stress = Recognition of macroscopic damage value Ds for = (Extracted directly from modeled target curve ( , ) ) Identification of number of cycles at rupture, Nr, corresponding to D = DS identified on curve (DN_1, Nr) Ref Author's personal copy Applied Composite Materials The cumulative damage state was calculated by the new model with a constant maximal applied stress chosen according to the proposed microstructure. The accumulation of damage is calculated and cumulated step by step through the calculation of the local damage rate’s evolution from the relative state equation (Eq. 1.13). α, β and γ indicate the micromechanical parameters dependent on the microstructure identified by the reverse method. The state equation (d/dc) shows the evolution of the rate of local damage under fatigue loading for several stress levels applied in relation to the number of cycles (Fig. 7). This hybrid methodology converts the evolution of the decrease in phenomenological macroscopic stiffness into an indicator of local fatigue damage. 1.5 Implementation of Second Method In this second approach, we use the macroscopically highlighted equivalence of damage between monotonous loading and fatigue. This methodology requires the experimental establishment of a Wöhler curve for a selected reference microstructure. The micromechanical model developed under monotonic loading then makes it possible to establish the Wöhler curves for any other targeted microstructure. The second methodology is represented schematically in Fig. 8. Identification of experimental reference curves (D, σ)Ref, (DN1, NR)Ref Identification of rupture criterion parameters from reference microstructure Establish the curve of (D, σ) up to chosen macroscopic stress σ = S Recognition of macroscopic damage value Ds for σ = S (Extracted directly from modeled target curve (D, σ)Ref) Identification of number of cycles at rupture, Nr, corresponding to D = DS identified on curve (DN_1, Nr) Ref To perform the monotonous-fatigue coupling, we need a master curve (Fig. 9), which is the first decrease in stiffness measured during the first cycle as a function of the service life. Once the model of micromechanical damage is identified and the (DN1, NR) curve is established using the selected reference microstructure, the following numerical procedure can be proposed to establish the S-N curve for each other targeted microstructure. The predictive methodology for fatigue life presented above is essentially based on the following steps: 0,25 0,20 D=1-E/E0 0,15 0,10 RO, TD, RD Logarithmic Function 0,05 0,00 1 10 2 10 3 10 4 5 10 10 6 10 Nr Fig. 9 Master curve linking density of crack and number of break cycles 7 10 8 10 Author's personal copy Applied Composite Materials Fig. 10 Comparison of experimental-digital Wöhler curves (a) Transverse direction, (b) Disoriented, (c) Longitudinal direction (second approach) Author's personal copy Applied Composite Materials Once the model is identified, the monotonic-loading tensile test for any selected microstructure is modeled. The modeling of the microscopic damage is validated by the simulation of the curves of the evolution of the macroscopic damage as a function of the applied stress (D, σ) for the chosen microstructure, where D is the damage parameter of Kachanov. The value of the DS macroscopic damage reached for stress σ = S is read on the curve resulting from model (D,σ). After that, the corresponding number of break cycles NR is read directly on curve (D, NR). We record the value pair (S, NR). These successive steps are repeated for other stress values S in order to establish the S-N curve of the chosen microstructure. The developed methodology is validated by comparison with the experimental results of the Wöhler curves obtained on A-SMC (Fig. 10). 1.6 Comparison of Two Approaches The two proposed hybrid models fall under a common idea: Whatever the type of applied stress (monotonic or cyclic), the material goes through the same successive damaged states to final failure. The central idea of these two approaches is therefore to base the fatigue life prediction on the simulation results of damage under monotonic stress. Thus, both approaches use a micromechanical model to predict local damage to A-SMCs as a function of the microstructure. However, both models are distinguished by their methodologies. At this level, the two methods coincide well with the experimental results, so we can validate our approach. The first proposed methodology is also based on the experimental analysis and micromechanical modeling of the monotonous behavior to predict the fatigue-type loading life. However, unlike the second approach, the intrinsic relationship involves a microscopic scale. Indeed, the same damage states follow each other until failure, regardless of the type of loading. A state equation, based on micromechanical modeling linking a local damage rate to a monotonous loading macroscopic damage rate, can easily be generalized to a cyclic loading state. The final rupture occurs when the density of the micro cracks reaches a certain critical value. The S-N curve can therefore be estimated for all microstructure configurations. The suggested procedure is applied for three different microstructural configurations: HO-90°, HO-0° and RO. A very good experience-simulation correlation demonstrates the effectiveness of the proposed methodology. Note that the parameters to be identified are six, Five of them are directly determined by the micromechanical modeling under monotonous loading (α, β, γ, bi and σsi ); the last parameter (Bi) has to be identified experimentally through some fatigue tests, which do not necessarily have to be carried out until rupture. 2 Conclusion For the A-SMC material studied here, the dominant damage mechanism is interracial decohesion, which leads to the degradation of mechanical properties and to reduced rigidity. A formulation of a constitutive model of micromechanical damage is presented to predict the decrease in rigidity as a function of the number of fatigue cycles. This model is based on an interfacial quadratic criterion expressed in terms of local stress normal and tangential to the fiber-matrix interface. To evaluate the capacity of the model, three tests are considered in the set of experimental data. Author's personal copy Applied Composite Materials In this article, we have started by describing a new type of A-SMC composite material developed by our partner, PLASTIC OMNIUM, passing through the presentation of our common micromechanical model for both approaches. This model can translate a direct relationship between the successive states of damage at the macroscopic and microscopic scales. This relationship is subsequently considered intrinsic and independent of the type of loading: implicitly in the first proposed approach and explicitly in the second one. Indeed, two phenomenological-micromechanical hybrid modeling approaches have been proposed. They are both based on micromechanical modeling, which allows the behavior of the studied material to be translated under monotonic loading, while considering the microstructure and the damage (fiber / matrix interface). References 1. Degrieck, J., Van Paepegem, W.: Fatigue damage Modelling of fibre-reinforced composite materials. Review. Applied Mechanics Reviews. 54(4), 279–300 (2001) 2. Simoes, T., Octavio, C., Valença, J., Costa, H., Dias-da-Costa, D., Júlio, E.: Influence of concrete strength and steel fibre geometry on the fibre/matrix interface. Composites Part B. 122, 156–164 (2017) 3. Rolland, H., Saintier, N., Wilson, P., Merzeau, J., Robert, G.: In situ X-ray tomography investigation on damage mechanisms in short glass fibre reinforced thermoplastics: effects of fibre orientation and relative humidity. Composites Part B. 109, 170–186 (2017) 4. 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Fitoussi joseph.fitoussi@ensam.eu A. Imaddahen mohamed-amine.imaddahen@ensam.eu S. Tamboura sahbi.tamboura@gmail.com M. Shirinbayan mohammadali.shirinbayan@ensam.eu H. Ben Dali hachmi.bdaly@gmail.com A. Tcharkhtchi abbas.tcharkhtchi@ensam.eu 1 Arts et Métiers ParisTech, PIMM – UMR CNRS 8006, 151 Boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France 2 University of Sousse, Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse, LMS, Pôle technologique, Route de Ceinture, 4054 Sousse, Tunisia Article N°2: Tamboura S, Ayari H, Shirinbayan M, Laribi M-A, Bendaly H, Sidhom H, Tcharkhtchi A, Fitoussi J. Experimental and numerical multi-scale approach for Sheet-MoldingCompound composites fatigue prediction based on fiber-matrix interface cyclic damage. International Journal of Fatigue. Volume 135, 105526. juin 2020; Article N°3: Ayari H, Shirinbayan M, Imaddahen A, Tamboura S, Dali HB, Tcharkhtchi A, Fitoussi J. Micromechanical Modelling of Dynamic Behaviour of A-SMC Composite. Appl Compos Mater. 27, pages321 - 335 (2020). Applied Composite Materials https://doi.org/10.1007/s10443-020-09811-9 Micromechanical Modelling of Dynamic Behavior of Advanced Sheet Molding Compound (A-SMC) Composite H. Ayari 1,2 & M. Shirinbayan 1,3 A. Tcharkhtchi 1 & J. Fitoussi 1 1 2 2 & A. Imaddahen & S. Tamboura & H. Ben Daly & Received: 5 March 2020 / Accepted: 1 May 2020/ # Springer Nature B.V. 2020 Abstract Passive safety, particularly in the transport industry, requires maximizing the dissipation of energy and minimizing the decelerations undergone by a vehicle following a violent impact (crash). This paper proposes a strategy for identifying an anisotropic local damage criterion in a moderate dynamic loading for Advanced Sheet Molding Compound (ASMC) composite materials. Multi-scale damage modelling based on the Mori-Tanaka approach is put forward. Previously, the results of an experimental campaign carried out on a range of strain rates varying from quasi static to 200 s−1 were used to identify a probabilistic local damage criterion based on Weibull’s formulation and integrate the effect of damage at a fiber-matrix interface scale. Therefore, the progressive local damage occurring under a fast loading may be described. A two-step homogenization procedure allows describing the strain rate effect on the stress-strain curves. The model gives also rise to the prediction of the progressive anisotropic loss of stiffness. Comparing between the experimental and numerical results confirms the ability of the proposed approach to describe the visco-damage effect (delay of damage threshold and decrease in damage kinetics) emphasized in A-SMC composites. Keywords Short-fiber composites . Interface . Multiscale modeling . High strain rate tensile test 1 Introduction The development of composite structures with discontinuous reinforcements is progressing in numerous sectors. These parts can withstand increasing thermomechanical loadings [1, 2]. Predicting the properties of the structure in terms of strain, damage and rupture becomes essential [3]. This requires knowledge of the behavior laws of these materials. However, the * M. Shirinbayan mohammadali.shirinbayan@ensam.eu Extended author information available on the last page of the article Applied Composite Materials variability in the microstructure due to manufacturing processes makes global approaches imprecise. For example, the material flow inside a mold leads to a specific orientation of fibers in certain directions and causes the heterogeneity of the local fiber volume fractions and sometimes even porosity. This main orientation results in local anisotropy, which varies from one location to another [4]. In addition, the recommendations for an automotive structural design require maximizing energy dissipation and minimizing the decelerations undergone by the passengers of the vehicle during violent impacts. In this context, the analysis and prediction of the mechanical behavior of materials and structures under a dynamic loading as a function of the microstructure become very important. Indeed, the effect of the strain rate effect on damage is generally analyzed at different scales, [5–9]. At the local scale, a better understanding of the physical mechanisms directly related to the progressive degradation of the composite materials at a macroscopic scale may contribute to a better formulation of multi-scale damage modelling under dynamic condition. To this end, a specific experimental campaign should be used in order to quantify the threshold and kinetics of each local damage mechanism and its impact on the residual macroscopic properties [4, 10]. A lot of studies dealing with discontinuous fiber-reinforced polymers reveal that fibermatrix interface debonding is generally the main local damage mechanism [8, 10–18]. The experimental multi-scale analysis of tensile tests has shown that interface damage generally begins at the most misoriented fibers versus tensile direction. Indeed, the normal local stress is maximal at this location. Then, it progressively propagates to more oriented fibers. Therefore, fiber-matrix interface damage may be described by coupling the normal and shear stresses at the interface [8]. The experimental work on the dynamic behavior of Sheet Molding Compound (SMC) materials is relatively rare [7, 10, 17–23]. Such studies have demonstrated that the strain rate has a strong influence on the macroscopic mechanical characteristics of the SMC materials of all types. Therefore, the effect of this parameter should be clearly considered for efficient use of the material in structures. This shows that Young’s modulus remains almost insensitive to the strain rate ranging from almost static up to 200 s−1. Moreover, it has been proved that the increase in the strain rate leads to a rise in the threshold and a decrease in the damage kinetics [7]. In fact, the viscous aspect of damage to the fiber-matrix interface is clearly demonstrated by interrupted tests. This aspect is expressed by a delay in the initiation phase and by a decline in the damage kinetics during the propagation phase. Such behavior is described as “visco-damaging”; a concept proposed by Fitoussi et al. [10]. A later study [22] indicated that the other SMC types (advanced-SMC with high volume reinforcement fraction and low-density SMC) showed the same trends. The origin of viscodamage can be attributed to the sensitivity of the fiber-matrix interface to speed and to local dynamic effects. The following trends can be observed to conclude when the loading speed increases [24–28]: & & & The slope at the origin of the stress/strain curve increases as viscous effects tend to saturate. The stress at break increases. The fracture strain decreases. Applied Composite Materials The main goal of the developed methodology is to set up a micromechanical model. In order to describe the visco-damage effect described above, the latter should relate the effects of the strain rate on the overall behavior in terms of elastic properties, damage and ultimate characteristics to the local physical mechanisms involved in the initiation and growth of damage. Thus, a homogenization technique generally based on Eshelby’s equivalent inclusion [29] should be used. For polymers reinforced by discontinuous fibers, the approach proposed by Mori and Tanaka [30] and generalized by Benveniste [31] is classically used. This model rests on the detailed description of the microstructure, the orientation distribution, and the volume fraction of fibers. It also considers the mechanical behavior of each phase [32]. Local damage may be introduced into Mori and Tanaka approach by an interface failure criterion given in Weibull’s probabilistic form, in order to consider the statistical aspects of local failure [33]. Meraghni and Benzeggagh [34] investigated damage propagation in randomly oriented, discontinuous, fiber reinforced composites. Their experimental studies involving the amplitude analysis of acoustic emission signals and microscopic observations revealed one dominant damage mechanism: the interface damage. Several other authors [7, 10, 35] have confirmed that fiber-matrix interface debonding is the primary damage mechanism in SMC composites. Jendli et al. [7] qualitatively analyzed the influence of the strain rate on the damage threshold and accumulation. Performing monotonic and interrupted tensile tests at different strain rates, Jendli et al. [12] showed that both damage onset and kinetics are sensitive to the strain rate, such that the interface failure strength increases with increasing strain rate. Similar findings were obtained by Fitoussi et al. [10] and Shirinbayan et al. [18]. Moreover, Fitoussi et al. [36] suggested a micromechanical model based on an equivalent, anisotropic inhomogeneity approach for damaged fibers. Their fiber-matrix interface debonding model was based on a criterion with the linear coupling of the local shear and normal stress on the interface [37]. This work was followed by an extension that considered local strain and stress fluctuations, and a probabilistic interface-strength distribution [33]. Meraghni et al. [38] developed a similar model that combined a microcrack density parameter with fiber-matrix decohesion in order to decrease the fiber strain localization tensor. Along with their experimental findings, Desrumaux et al. [32] introduced a two-step homogenization damage model for a randomly oriented fiber composite based on a numerically determined Eshelby tensor. In the first step, an anisotropic, equivalently damaged matrix is calculated by considering the undamaged matrix and microcracks. In the second step, the fibers were embedded in the damaged matrix using a numerical Eshelby tensor. A comparable two-step homogenization framework was pursued by Jendli et al. [29] and Kammoun et al. [39], who followed approaches for interfacial decohesion and pseudo-grain sub-regions. Meraghni et al. [40] further developed the probabilistic strength model. Despite the enormous work already carried out in the context of research on micromechanical modelling under dynamic stresses for polymers reinforced with staple fibers, some shortcomings are still observed. Some of these shortcomings are resolved in this paper. However, the developed model is based on a quadratic interfacial criterion which is independent of the applied macroscopic three-dimensional load, due to its local nature. Therefore, it can be identified based on a simple dynamic load and it can be applied to an actual structural design for the prediction of the decrease in anisotropic stiffness, which is not the case for Jendli [18] who worked with a limiting stress that varied according to the value of the applied macroscopic strain rate. Applied Composite Materials We conclude that the main objective is to identify a numerical form of the evolution of normal local stresses and shear stresses at the fiber-matrix interface under dynamic loading. 1.1 Description of Material and Experimental Methods 1.1.1 Material The studied material is an Advanced SMC (A-SMC) composite used in the automotive industry and provided by Plastic Omnium auto exterior services. It consists of an unsaturated vinylester matrix reinforced by a 50% glass fibers weight content (corresponding to a 38.5% volume content). The fibers are presented in the form of bundles of constant length (L = 25 mm). Approximately, each bundle contains 250 glass fibers of about 15 μm in diameter. Before compression, non-reticulated A-SMC sheets containing randomly oriented bundles are deposited on the mold surface. For more details, the manufacturing process was discussed in the article of Shirinbayan [17, 18]. 1.1.2 Methods of Mechanical Characterization The mechanical testing samples are cut from the plate to the geometry indicated in Fig. 1. In a previous study [18], a recursive optimization procedure originally proposed by Fitoussi et al. [9] was used to determine the specimen’s optimal geometrical parameters for high-speed tensile tests. Indeed, the dynamic loading generates spatiotemporal variations of the stress and strain fields coming from the propagation of mechanical waves. Consequently, an optimization of the specimen geometry is needed in order to assure homogeneous strain field and constant high strain rate during the mechanical test. To this end, Finite Element (FE) simulation using an explicit resolution in order to take into account inertial effects is used. The specific anisotropy of the specimen is considered. This procedure is used an A-SMC and leads to the optimized geometry illustrated in Fig. 1. Dynamic tensile tests are applied on A-SMC specimens for strain rates ranging from quasistatic to up to 200 s−1. A hydraulic uniaxial tensile machine (Shenck) allowing high speed displacement to control up to 20 m/s, as presented in Fig. 2. The maximum capacity is five tonnes. A non-contact strain measurement using a high-speed camera (Photron) is performed through monitoring the relative displacement of two marks placed on the surface of the active zone of the tensile specimen (see [18] for more details). The experimental campaign confirms a drastic reduction in the perturbations due to the propagation of stress waves. Indeed, homogeneous strain fields and a constant high strain rate are obtained. Figure 3 shows that, independently of the strain rate, the macroscopic stressstrain response always evolves according to three consecutive phases. Indeed, after a linear Fig. 1 Specimen dimension obtained from optimized procedure [17, 18] Applied Composite Materials Fig. 2 Hydraulic uniaxial tensile machine (Shenck) and b) Interrupted tensile tests dispositive elastic stage, the tensile response of A-SMC composites is characterized by a damage threshold corresponding to the first non-linearity. The non-linear phase around the “knee point” is associated with the initiation of damage mechanisms. Finally, an anelastic and relatively linear phase corresponds to the intensification and propagation of the damage phenomena until final failure. It should be highlighted that for the studied composite material (A-SMC), the elastic stage of the stress-strain curve seems insensitive to the strain rate. However, a delay of the damage threshold can be noticed when increasing the strain rate. Moreover, damage kinetics (characterised by the slope of the second linear phase) decrease with the strain rate. On the other hand, the failure stress increases at high strain rates. These strain rate effects were largely described in [18]. The authors introduced the concept of the visco-damage effect which was studied at both macroscopic and macroscopic scales (Fig. 4). Fig. 3 Effect of strain rate on tensile behavior of A-SMC Applied Composite Materials Fig. 4 Stresses exerted on fiber as a function of its orientation, θ (°) relative to direction of loading At the macroscopic scale, the progressive stiffness reduction of the A-SMC should be characterized by E0 and ED, which are the Young’s modulus of the virgin and damaged materials, respectively. 1.2 Presentation of the Used Model The chosen model can be divided into three essential phases: 1- The estimation of the global stiffness tensor of the material from the mechanical and geometrical properties of the constituents, using the approach of the mean field proposed by Mori and Tanaka, coupled with Eshelby’s equivalent inclusion model. 2- The integration of a local damage criterion which allows the estimation and quantification of the density of interfacial cracks. It is worth noting that the average local stress fields inside the inclusions are also estimated and enables identifying the normal and tangential stresses at any fiber-matrix interface point. 3- Modelling of the global behavior integrating the initial anisotropy due to the presence of reinforcements and its evolution caused by damage. The equations of the micromechanical model are recalled in the following. These equations present the theoretical framework which permits the estimation of the overall mechanical behavior (three-dimensional (3D) stiffness tensor) of the material as well as the local stresses at the fiber-matrix interface and at the matrix level [19]. It was originally proposed by MoriTanaka and subsequently adapted by Benvensite [31]. The reinforcement is modelled as an ellipsoidal inclusion and is characterized by its aspect ratio (length/diameter) and isotropic elastic properties. Eshelby’s equivalent inclusion method [41] is used into a classical homogenization method and leads to the formulation of the global stiffness tensor of the composite (Eq. 1): h i−1 ð1Þ C Comp ¼ C m I þ f hQiðI þ f hðS−I ÞQiÞ−1 where Cm et S are respectively the matrix stiffness tensor and Eshelby’s tensor, f is the reinforcement volume fraction, and Q presents the mean value of the “pseudo-tensors of localization” defined for each family of reinforcement [19], i, by: Applied Composite Materials Qi ¼ −1 i m C m −C i S i −I −C i C −C ð2Þ In these expressions, Si presents Eshelby’s tensor of the ith reinforcement family, which depends on the mechanical properties of the matrix and the spatial arrangement and geometry of the reinforcement. Tensors Ci represent the stiffness of the reinforcement families identified by index i. For A-SMC composites, a reinforcing family is distinguished by its orientation in the plane. Different studies [41–43] have treated the stress discontinuity just out of the fiber/matrix interface. When the material is subjected to a macroscopic stress ∑, the average stress field inside a fiber is given by (Eq. 3): ð3Þ σi ¼ C m I þ S i −I Qi ðI þ f hðS−I ÞQiÞC m−1 ∑ Considering the condition of the continuity of the normal stress at the fiber-matrix interface [19], the normal stress can be computed as follows: ! n σn ¼ T :! ð4Þ ! Where T corresponds to the stress vector at the considered interfacial point defined by the normal ! n. ! T ¼ σi :! n ð5Þ ffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffiffi r ! 2 T −ðσn Þ ð6Þ According to Eqs. 4 and 5: τi ¼ The probability of the fiber-matrix interface failure is given for each family of the fiber orientation θ by [19]: 2 2 !m ! σ τ Pr ðθ; φÞ ¼ 1−exp − ð7Þ þ σ0 τ0 where m is a statistic parameter related to the dispersion of the microstructure. The normal stress σ and the shear stress τ depend on the macroscopic stress and orientation of the fiber, the volume fraction, the aspect ratio of the fiber, and the elastic properties of the matrix and the fiber. Consequently, at each calculation step, n, the local interface failure probabilities are calculated and give access to the quantities of fibers damage. As a result, the local state of damage is described at each calculation step, n, by: The proportion of non-damage fibers is as follows [14]: ND n ð8Þ f ND n ¼ 1−Pr *f n−1 The proportion of “active fibers” including the “non-damage” ones and a part of the damaged ones which continue participating to the global stiffness is as follows [14]: Applied Composite Materials n ND i ND f act n ¼ f n þ k ∑ Pr : f i−1 ð9Þ i¼1 where k is a stiffness contribution parameter evaluated by an FE calculation performed on a unit cell [44]. Two kind of unit cell containing a unique fiber are modelized using the periodic homogenization technique. The first one considers a perfect interface, whereas the second one includes a partially debonded interface. The comparison between the two obtained results leads to an average value of k. The proportion of micro-cracks which are modelled by penny-shape zero-stiffness heterogeneities is as follows [14]: mc n ND f mc n ¼ f n−1 þ h:P r : f n−1 ð10Þ where h corresponds to the ratio between the volume of the penny shape and that of the damage fiber. 1.3 Micromechanical Modeling of Damage at Fiber-Matrix Interface Despite the enormous work already conducted within the research of discontinuous fiber reinforced polymers, some deficiencies still exist. Some of those deficiencies are addressed by the presented model. Few-models, for example, are physically motivated and take the microscale into account, but they are still efficiently applicable to calculations of structural components (e.g., parts that are of interest to the industry [45–48]). Our model is based on a quadratic interfacial criterion [14, 19, 49] expressed in terms of normal and shear local stresses at the fiber-matrix interface associated to their corresponding failure values. In order to reflect the effect of the strain rate loading at a fiber-matrix interface scale, the local normal and shear failure stresses should progressively increase. Moreover, the principal aims are to identify the mathematical form of the evolution of the proposed fiber-matrix interface failure criterion parameters. It should be mentioned that this criterion is independent of the macroscopic tridimensional applied loading, due to its local nature. Therefore, it may be identified on the basis of simple tensile dynamic loading results and applied to a real structure design for anisotropic stiffness reduction prediction, which was not the case for Jendli [20] who worked with a boundary stress that varies from one loading strain rate to another. The experimental results obtained on SMC composites under a high-speed load show that an applied macroscopic strain rate leads to the progressive diffuse damage of fiber-matrix interfaces. Indeed, at a local scale, the interface zone (or interphase) is subjected to local speed loading [9]. Each interface location is submitted to a specific displacement speed of normal local stresses and of shear (σ and τ). The local amplitude can be evaluated by Eqs. (3–6). Hence, the local interfacial load depends, among other factors, on the microstructure, the imposed macroscopic load and the local orientation of the considered fiber. As a consequence, we can consider that the local stresses of the interface-interphase (σ and τ) undergone with a time increment Δt by the interface zone can modify the limiting stresses (σ0, τ0) (Eqs. 11 and 12) due to two local phenomena: & The decohesion of the interface mainly sensitive to the strain rate [48–51] Applied Composite Materials & The redistribution of local stresses due to diffuse damage on other interfacial sites c b σn −σn−1 Δt ð11Þ f e τ n −τ n−1 τ 0 ¼ d*Exp where τ̇ ¼ Δt τ̇ ð12Þ σ0 ¼ a*Exp σ̇ where σ̇ ¼ where a, b, c, d, e and f are material parameters to be identified. The parameters of this local criterion are identified by reverse engineering based on the experimental results described in the Sect. 2. As a result, to take into account, the local effect of the load applied to the apparent resistance of the fiber-matrix interface, we can consider that the associated local failure criterion requires a progressive increase in the parameters of the interfacial resistance (σ0, τ0). This development should relate to: & & & Local and tangential interfacial stress amplitudes (σ and τ) Applied strain rate Speed of normal and tangential stresses 1.3.1 High-Speed Damage Predicting Procedure Since the evolution of the parameters of the interfacial resistance is identified, we can use the micromechanical damage model presented above to predict speed damage. To this end, we propose an algorithm illustrated in Fig. 5. The input data include the elastic characteristics of the different phases, the orientation distribution of the fiber, the parameters of the initial interfacial resistance (σ0, τ0), the imposed macroscopic strain, εⅈmp, the applied strain rate, and the time increment Δt. The interfacial stress fields σ (θ, φ), τ (θ, φ) can be calculated for each fiber-matrix interface location (θ, φ). Thus, the maximal value of the probability of the interfacial failure can be determined for each fiber orientation so as to calculate the corresponding new volume fractions of undamaged fibers. At the same time, the density distributions of active fibers (always contributing to the composite stiffness) and of interfacial microcracks are calculated. Therefore, first stage homogenization, including active fibers only, is carried out. Then, the second homogenization step permits determining the whole of the damaged composite, including the active fibers and the micro-cracks at the interface of the fiber matrix for the considered number of increments and the imposed macroscopic strain. After the increments, a new value of the applied time is defined, and this procedure is repeated. The obtained result then relates to the mechanical properties of the damaged composite material. The described approach allows, among other things, estimating the losses in composite stiffness in all directions as the mechanical loading changes, and it allows also clearing the stress-strain curve. Applied Composite Materials Fig. 5 Micromechanical dynamic damage prediction algorithm 2 Identification: Results and Discussion The procedure described below is based on the local stresses calculated at the fiber/matrix interface. However, as presented in Sect. 3, the multi-scale model (Mori-Tanaka) allows access to local stress fields (σ and τ) in the fiber and at the fiber/matrix interface from the macroscopic strain applied to the composite RVE. For a well-defined applied macroscopic strain rate, Fig. 6 depicts the profiles of normal and tangential stresses, respectively, which are calculated for each time increment for 60 s−1. The main idea of our approach is to identify the evolution of the limit stress at the fibermatrix interface during a periodic loading. As this phenomenon occurs on a local scale, this evolution should be independent of the imposed macroscopic load. Indeed, Eqs. 11 and 12 clearly indicate that the evolution of the interfacial force is linked to the local interfacial stresses (σΔt,τΔt) and to the speed of these stresses (σ̇Δt ;τ̇ Δt ) which rise with the increment of the applied time. Once the interfacial stress fields σ (θ, φ), τ (θ, φ) are calculated and their Applied Composite Materials Fig. 6 Normal local stress and shear stress profile for θ ∈ [0°, 90°], φ = 0° evolution is brought out, then we can directly calculate the limiting stresses (σ0, τ0) through (Eqs. 11 and 12) implemented in the model. This allows us to calculate the damaged rigidity matrix during each calculation step where the principle has been already detailed in Fig. 5. Once the criterion is identified as a function of the strain rate, the modeling procedure, described in the previous paragraphs, allows the stress-strain curves to be simulated for different strain rates [17]. Figure 7 shows simulated stress-strain curves compared to those obtained experimentally for two different strain rates. We can note a good correlation between them for various strain rates. The model identified at the microscopic scale is validated at the macroscopic scale for the tensile tests. The developed multi-scale model makes it possible to predict the reduction in 3D stiffness caused by the high-speed load obtained at different crosshead speeds (Fig. 8). Furthermore, the micromechanical model is used to determine the evolution of the macroscopic criterion of damage for an SMC composite subjected to different paths of a 3D loading: proportional and no proportional. A macroscopic law of 3D visco-damage for an anisotropic material is established taking into consideration the anisotropy evolution due to the multi-axial load. The determination of the macroscopic criterion is therefore based on the obtained experimental data. According to the model results, we can see that when the strain rate rises, the material resists more. Therefore, the threshold stress increases, which validates our results. Fig. 7 Comparison of experimental results and modeling at macroscopic: stress-strain curves for two strain rates: (a) 1 and (b) 60 s−1 Applied Composite Materials Fig. 8 Predicted stiffness reduction (E33, E22 and G23) at three strain rates (0.82 and 60 s−1) 3 Conclusion The experimental approach has ensured for the A-SMC composite that the strain rate effect has mainly conditioned the threshold and kinetics of deterioration, at the fiber-matrix interface. Indeed, the strain rate effect on the interface failure is got thanks to the proposal of a local statistical criterion sensitive to the strain rate in terms of threshold and kinetics. Identification has been carried out at the local scale, and the model has been validated at the macroscopic scale based on the results of rapid traction. Thus, the work presented in this article is an evolution towards a dynamic version of models statically developed on these materials. The obtained results are in good agreement with the experiments. The present work constitutes a contribution to the prediction of the macroscopic behavior of staple fiber composites subjected to a dynamic load. In fact, these approaches can be useful for configuring behavior data, which are used in dynamic FE codes. It can be introduced as a law user or it can identify a macroscopic behavior law. Moreover, the micromechanical model can describe the degradation of directional stiffness under a general loading path. 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Ayari 1,2 & M. Shirinbayan 1,3 & A. Imaddahen 1 & S. Tamboura 2 & H. Ben Daly 2 & A. Tcharkhtchi 1 & J. Fitoussi 1 H. Ayari houssem.ayari@ensam.eu A. Imaddahen mohamed-amine.imaddahen@ensam.eu S. Tamboura sahbi.tamboura@gmail.com H. Ben Daly hachmi.bdaly@gmail.com A. Tcharkhtchi abbas.tcharkhtchi@ensam.eu J. Fitoussi joseph.fitoussi@ensam.eu 1 Arts et Metiers Institute of Technology, CNAM, PIMM, HESAM University, F-75013 Paris, France 2 University of Sousse, Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse, LMS, Pôle technologique, Route de Ceinture, 4054 Sousse, Tunisia 3 Arts et Metiers Institute of Technology, CNAM, LIFSE, HESAM University, F-75013 Paris, France Modélisation micromécanique de l’effet des chargements cycliques et de la vitesse de déformation sur l’endommagement de l’interface fibre-matrice dans les composites SMC. Résumé : L’objectif de cette étude est de modéliser les réponses mécaniques de deux matériaux composites SMC soumis à des sollicitations de types fatigue et dynamique. Pour mener à bien cet objectif, une étude bibliographique a été menée sur les propriétés et la modélisation des comportements dynamique et cyclique des matériaux composites à renforts discontinus. L’endommagement à l’interface fibre-matrice apparait comme étant le phénomène moteur dans les composites SMC dont le comportement peut être qualifié d’élastique endommageable. Ainsi, un modèle micromécanique basé sur une technique d’homogénéisation dans lequel un critère local statistique de rupture à l’interface fibre-matrice a été introduit a été développé et a permis de traduire le comportement monotone des SMC étudiés a été développé. Les résultats expérimentaux extraits de la littérature ont permis l’extension du modèle micromécanique aux cas des chargements cycliques et dynamiques. Quatre approches complémentaires tous fondé sur la prise en compte des dommages interfaciaux ont été développées. Notamment, le critère a été formulé en fonction des contraintes limites normales et tangentielles locales, des vitesses de chargement locales correspondantes et du nombre de cycle afin de prédire le comportement dynamique et cyclique. Ainsi, les réponses mécaniques sous chargement monotone, la dégradation progressive des propriétés mécaniques sous chargement dynamique et cyclique et la durée de vie des deux composites SMC étudiés ont pu être prédites avec une bonne concordance avec les résultats expérimentaux obtenus à l’échelle microscopique et macroscopique. Mots clés : Modélisation multi-échelles, Interface fibre-matrice, Composite SMC, Endommagement, Fatigue, Dynamique. Micromechanical modelling of the effect of cyclic loads and strain rate on fibre-matrix interface damage in SMC composites. Abstract : The aim of this study is to model the mechanical behavers of two SMC composite materials subjected to fatigue and dynamic loadings. To achieve this goal, a bibliographic study was carried out on the modeling of the dynamic and cyclic behavior of SMC composite. Fiber-matrix interface decohesion is a main local damage mechanism in SMC composites. This phenomenon is introduced in the Mori and Tanaka approach through a local damage criterion which defines step by step the number of micro-cracks to be introduced in the homogenization scheme of this model during loading until final failure. Indeed, this model allows predicting the monotonic behavior of the studied SMCs. The experimental results, extracted from literature, have allowed the extension of the micromechanical model in the cases of cyclic and dynamic loadings. Four complementary approaches, all based on the consideration of interfacial damage, have been developed as a function of the local normal and tangential stress values, the corresponding strain rate and the number of cycles. Thus, the mechanical response under monotonic loading at different strain rates from quasi-static to dynamic was also predicted. For the fatigue loading, the progressive degradation of the mechanical properties and the fatigue lifetime of the two investigated SMC composites were predicted in good agreement with the experimental results obtained at microscopic and macroscopic scale. Keywords : Multiscale Model, Fiber-matrix interface, SMC composite, Damage, Fatigue, Dynamic.