Gérer vos émotions en Bourse avec Thami Kabbaj Éditions d’Organisation Groupe Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris cedex 05 www.editions-organisation.com www.editions-eyrolles.com Directeur de collection : Thami Kabbaj Dans la même collection : Gagner en Bourse avec Thami Kabbaj, THAMI KABBAJ, 2011. Maîtriser l'analyse technique avec Thami Kabbaj, THAMI KABBAJ, 2011. L'art du trading, THAMI KABBAJ, 2008, 2010. Investir sans criser, THAMI KABBAJ, 2009. Économie et marchés financiers, perspectives 2010-2020, THIERRY BÉCHU, 2009. Trading et contrats futures, BERNARD PRATS-DESCLAUX, 2008. Les outils de la stratégie boursière, ALAIN SUEUR, 2007. Peut-on battre le marché ?, DIDIER SAINT-GEORGES, 2007. Psychologie des grands traders, THAMI KABBAJ, 2007. Chandeliers japonais, figures d'indécision et de continuation, FRANÇOIS BARON, 2004-2010. Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s'est généralisée notamment dans l'enseignement provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l'Éditeur ou du Centre Français d'Exploitation du Droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. © Groupe Eyrolles, 2011 ISBN : 978-2-212-54957-7 Thami KABBAJ Gérer vos émotions en Bourse avec Thami Kabbaj 13 leçons pour investir comme un professionnel À ma merveilleuse famille Pour tout contact avec Thami Kabbaj : thami@tkltrading.com Sommaire Introduction Leçon n° 1 – Pourquoi un taux d’échec si élevé sur les marchés financiers ? 1 3 L’environnement hostile des marchés financiers favorise les décisions irrationnelles L’environnement illimité des marchés La recherche de certitudes La dépendance aux récompenses aléatoires Le trading attire pour de mauvaises raisons Les raisons fréquemment évoquées par les traders pour justifier leur échec Théorie du complot Marchés trop volatils Marchés peu volatils Les vraies raisons de l’échec des traders 3 4 4 4 5 6 6 7 8 8 Leçon n° 2 – Les biais cognitifs : comment nos connaissances et nos croyances peuvent nous jouer des tours 11 Le biais de disponibilité De l’importance du contexte : le biais de familiarité Les heuristiques Les biais de représentativité et la loi des petits nombres Tout ce qui brille attire Le biais momentum Le raisonnement analogique de disponibilité Le biais de conservatisme La dissonance cognitive Le biais de confirmation La comptabilité mentale circonstancielle Le biais d’optimisme Leçon n° 3 – Les biais émotionnels : le rôle des émotions dans la prise de décision La théorie des perspectives aléatoires Les conséquences de l’aversion aux pertes Pourquoi trop de traders ne respectent pas leurs stops ? Le biais de conservatisme Le problème de l’ego Leçon n° 4 – Éliminer certaines erreurs fatales en Bourse Les biais psychologiques dynamiques La personnalité duale du trader La dissonance cognitive Les erreurs à bannir en trading Refuser de couper ses pertes Renforcer une position perdante Excès de confiance et suractivité La précipitation et l’impulsivité La paresse Les biais de statu quo et la paralysie Leçon n° 5 – Canaliser ses émotions pour prospérer en Bourse 13 14 15 15 16 17 18 19 20 20 21 22 25 26 27 28 29 30 31 31 32 33 33 34 34 34 35 36 36 37 Apprendre à canaliser ses émotions Les émotions : une menace potentielle La psychologie du trader après une série de gains ou de pertes Doit-on éliminer toute émotion en trading ? L’observateur interne et la gestion des émotions Noter en temps réel ses émotions Les émotions fournissent des signaux puissants Les grands traders et leurs émotions Le risque d’autosabotage Se focaliser sur le processus Leçon n° 6 – On ne naît pas trader, on le devient ! L’impact des certitudes en trading Il n’y a pas de vérité absolue Le trader doit déprogrammer certaines certitudes Chaque séquence de marché est unique Gérer ses pertes pour mieux se maîtriser Comment récupérer après une grosse perte ? Embrasser l’incertitude Le trader doit-il craindre les marchés ? Créer une nouvelle relation avec le marché Éliminer tout ego Viser l’objectivité Leçon n° 7 – Prendre ses responsabilités La bonne attitude sur les marchés Embrasser le risque Un état d’esprit de champion Le marché est neutre La démocratisation des marchés Opérer sereinement sur les marchés Analyser l’information de manière objective Le risque de dissonance cognitive Les meilleures opportunités sont souvent les plus inconfortables La visualisation La répétition visuelle des différents scénarios La répétition mentale de situations douloureuses La visualisation pour mieux respecter les stops Une perte ne se justifie pas Museler son ego Ne pas être fidèle à une position La réticence à se forger des règles Le trader professionnel a peur de mal faire Les résultats ne sont pas synonymes de compétences Le rôle du facteur chance Les phénomènes de mode L’estime de soi ne doit pas influencer la décision Leçon n° 8 – Être en phase avec les marchés 37 38 39 42 43 43 44 46 47 48 49 49 49 50 53 54 56 57 58 59 60 61 63 63 64 65 66 66 66 67 68 68 69 70 70 71 72 73 73 74 75 76 77 78 78 81 Le trader doit être volontaire S’abandonner aux marchés Aller au-delà de sa zone de confort L’attitude prévaut sur l’analyse La nécessaire spécialisation 82 82 83 84 84 Éviter de se disperser (ne pas trop en faire) Une certaine dose de stress est bénéfique À la recherche de solutions 85 85 86 Le trader est à l’origine des situations de blocage Éviter de perdre espoir Se focaliser sur les solutions À tout problème, il y a une solution La nécessaire gestion du stress Noter son état émotionnel Mobiliser l’observateur interne pour se recentrer Devenir son propre thérapeute Leçon n° 9 – Techniques pour opérer au meilleur niveau en Bourse Les conditions idéales Se retirer temporairement du marché Un cadre de vie équilibré Une bonne condition physique L’importance de la préparation Penser « probabilités » L’état d’esprit optimal La régularité est dans nos esprits Personnaliser son système de trading Penser comme un trader d’exception Leçon n° 10 – Les secrets des grands traders pour être en phase avec les marchés Une attitude positive Développer une attitude gagnante Éliminer certaines idées fausses Une stratégie pour éliminer ses faiblesses Règles pour opérer au meilleur niveau La concentration, composant primordial de la réussite L’importance de la concentration Se concentrer sur le processus Techniques de concentration et de méditation Instaurer un rituel Déterminer son état émotionnel La visualisation Leçon n° 11 – Pourquoi est-il si difficile de réussir en trading ? Une activité exigeante Le trading : un métier à part entière Pourquoi les traders abandonnent ? Les blocages sont une création de l’esprit Les blocages psychologiques Les principes hérités du passé Autodestruction et refus de la réussite Leçon n° 12 – Comment devenir un trader d’exception ? 87 87 88 88 89 90 91 91 93 93 94 95 95 99 97 99 99 100 101 105 106 107 107 108 109 109 110 111 112 112 113 114 115 115 116 117 118 119 120 121 127 La vision : première étape vers l’excellence La vision permet de gérer l’incertitude Créer de nouvelles perspectives De l’intérêt de fixer un objectif L’objectif doit mettre le trader sous tension 127 128 129 130 132 Un objectif ambitieux mais réaliste L’objectif permet une implication de chaque instant Le trader doit opérer un changement radical Le changement est rarement confortable Recourir à l’observateur interne Les crises peuvent faciliter le changement 133 133 134 135 136 136 Des débuts souvent laborieux Le changement nécessite l’exploration de voies inconfortables Pour changer, il faut développer l’état d’esprit approprié ! Agir, c’est accepter l’échec et les pertes Accepter et avouer ses faiblesses Il faut oser échouer ! L’état d’esprit du champion Leçon n° 13 – La victoire se planifie Capitaliser sur ses points forts La modélisation : décrypter le style et les techniques des grands traders Repérer ses forces et ses faiblesses L’importance de la spécialisation L’implication ou comment prouver sa motivation ? La force de la pensée positive La peur provoque une moindre adaptation Des objectifs clairs et réalisables Les champions se donnent les moyens de leurs ambitions La motivation se prouve Le plan de trading Se mettre en danger en promettant le résultat Fixer des objectifs ambitieux Bibliographie Index 138 138 139 139 140 140 141 143 143 144 145 146 147 147 148 149 151 151 152 153 154 157 161 Introduction J'ai consacré les deux premiers ouvrages de cette nouvelle collection aux meilleures approches pour gagner en Bourse. Je considère qu'il est nécessaire de les maîtriser pour prospérer sur les marchés financiers. Néanmoins, durant ma carrière, j'ai côtoyé de nombreuses personnes brillantes qui avaient une réelle maîtrise des marchés financiers, de l'analyse boursière, des techniques de trading, MAIS qui n'ont jamais réussi à percer en Bourse. Ces personnes étaient, pour la plupart, victimes d'un ego surdimensionné et avaient totalement négligé la gestion de leurs émotions. Le premier ouvrage que j'ai publié est Psychologie des grands traders. À travers celui-ci, j'ai voulu démontrer le rôle des émotions dans la prise de décision mais également dans les erreurs récurrentes effectuées par de nombreux traders. Il a connu un très grand succès, en partie parce que le hasard a voulu qu'il soit publié six mois avant la fameuse « affaire Kerviel ». En janvier 2008, de nombreux experts sont restés sceptiques face à la version de la Société Générale, à savoir qu'un seul homme avait pris des risques insensés. Cet ouvrage a permis d'expliquer au grand public comment un individu bien sous tous rapports pouvait commettre l'irréparable. Invité sur de nombreux plateaux télé, j'ai défendu cette thèse. L'environnement des marchés financiers est très exigeant et la personne faible sur le plan émotionnel ou peu équilibrée ne fera pas long feu. Dans le présent ouvrage, j'insiste sur les erreurs à ne pas commettre et je donne quelques pistes pour les corriger et les éliminer de son activité de trading. Je reviens également sur les étapes qu'il vous faudra franchir pour progresser dans ce domaine. Je considère l'excellence en trading comme un processus. Il est possible d'exceller sur les marchés financiers, mais cela se planifie. Thami Kabbaj Responsable du trading et du coaching – TKLTrading.com Leçon n° 1 Pourquoi un taux d'échec si élevé sur les marchés financiers ? La psychologie est probablement la dimension la plus importante en trading. Elle détermine à elle seule l'échec ou la réussite : un brillant analyste qui gère mal ses émotions ne fera pas long feu sur les marchés. Il est donc fondamental de revenir sur les origines des erreurs les plus récurrentes en trading. L'environnement hostile des marchés financiers favorise les décisions irrationnelles Les marchés financiers sont des endroits propices au développement des biais psychologiques1 : un environnement illimité ; la recherche de certitudes ; la dépendance aux récompenses aléatoires ; une sensation de liberté totale. L'environnement illimité des marchés Les marchés financiers présentent un environnement illimité (ni début, ni milieu, ni fin). C'est au trader de choisir le moment d'acheter un titre, de le vendre. Il peut également opter pour l'attente, autrement dit ne rien faire, ce qui constitue également une décision en Bourse. La recherche de certitudes De nombreux débutants recherchent obstinément des certitudes sur les marchés. Or, cette manière de procéder aboutit à des impasses : les mouvements boursiers sont totalement aléatoires et il faut l'accepter. Or, la plupart des traders recherchent des certitudes (système infaillible avec peu ou pas de phases perdantes) ; cette recherche de la martingale est très présente sur les marchés. Les traders tentent de développer un système parfait, avec peu de phases perdantes. C'est d'ailleurs l'erreur commise par le jeune trader de la Société Générale Jérôme Kerviel. Plus étonnant, cette erreur a également été commise par des fonds gérés par des Prix Nobel d'économie, comme le fonds LTCM2. Le mythe de l'alchimiste et de l'argent facile est là pour durer. La dépendance aux récompenses aléatoires Les marchés financiers attirent chaque année des milliers de personnes : comme les casinos, les marchés financiers font rêver. Les individus ont un réel besoin d'adrénaline, que les marchés financiers leur permettront d'assouvir. Cette manière d'appréhender les marchés est dangereuse et peut avoir des conséquences très dommageables ; le phénomène d'addiction qui touche de nombreux joueurs de casino est également présent sur les marchés financiers. Il y a une certaine accoutumance, qui évolue en une véritable dépendance chez certains intervenants. Le trading attire pour de mauvaises raisons Les individus vont sur les marchés en recherchant une sensation de liberté totale. Pour nombre d'entre eux, c'est le seul métier qui offre une possibilité de gains illimités sans contrainte hiérarchique. Or, nous avons vu que les marchés financiers étaient un environnement peu structuré où tout est possible : le trader est libre d'acheter à n'importe quel moment, de vendre quand bon lui semble ou de ne rien faire. Cet environnement illimité pose clairement un problème : la liberté totale recherchée par l'individu ne l'incite pas à se contraindre, donc à fixer des règles et encore moins à les respecter. Les marchés financiers représentent un endroit propice au développement des biais psychologiques et à terme à l'échec du trader. Les raisons fréquemment évoquées par les traders pour justifier leur échec De nombreuses raisons sont souvent évoquées par les traders pour justifier leur échec : théorie du complot ; capital limité ; marchés trop volatils ; marchés peu volatils et offrant peu d'opportunités... Théorie du complot Après avoir perdu une grande partie de leur capital, de nombreux traders vont évoquer la manipulation des marchés. Si la manipulation est possible à court terme (dans la limite du cadre légal), il est très difficile de manipuler un marché à long terme. Un trader bien capitalisé peut effectivement créer artificiellement avec sa force de frappe une tendance virtuelle, mais il ne pourra pas tenir très longtemps, car la réalité du marché reprendra le dessus tôt ou tard. Les frères Hunt et l'argent En 1973, la famille Hunt était probablement l'une des plus riches des États-Unis. Ils décidèrent alors d'acheter des métaux précieux pour se couvrir contre l'inflation. L'or ne pouvant à l'époque être détenu par des citoyens privés, ils achetèrent de l'argent en grande quantité. En 1979, ils s'associent à de riches investisseurs arabes et amassent près de 200 millions d'onces d'argent, ce qui représentait près de la moitié de l'offre mondiale. En 1973, l'argent valait 1,95 $ l'once, en 1979, 5 $ et au début des années 1980, 50 $. La réserve fédérale et le Comex décidèrent de changer certaines règles, ce qui provoqua, le 27 mars 1980, une chute de l'argent de 50 %. Les frères Hunt se mirent en faillite et, en 1987, leurs dettes avoisinaient les 2,5 milliards de dollars pour 1,5 milliard de dollars d'actifs. En août 1988, ils furent accusés de conspiration pour avoir tenté de manipuler le marché. Marchés trop volatils La volatilité est importante en trading, car les opportunités les plus importantes se situent dans des marchés volatils. Mais le risque y est également très présent. Pourtant, le gérant du célèbre fonds Tiger, Julian Robertson, a évoqué la forte volatilité des marchés pour justifier son échec : « J'ai, à de nombreuses reprises dans le passé, évoqué que la clé du succès du fonds Tiger résidait dans le respect le plus total d'une stratégie qui consistait à acheter les meilleurs titres et à vendre les pires [...]. Dans un environnement rationnel, cette stratégie fonctionne très bien. Mais dans un environnement irrationnel où les résultats n'ont plus aucune importance et laissent place à la logique du clic de souris, notre approche ne fonctionne plus3. » Nous pouvons dire que la raison évoquée par Julian Robertson n'est pas du tout convaincante. Les marchés ont clairement changé, mais il est du devoir du trader de s'adapter à ce changement et de ne pas rester figé. Marchés peu volatils Une autre raison évoquée pour justifier l'échec est celle de la faible volatilité des marchés. En effet, dans ce type d'environnement, les marchés offrent peu d'opportunités et il est difficile de capitaliser sur celles qui existent. Le trader va donc expliquer sa contre-performance par la situation des marchés : « Ce n'est pas ma faute, c'est la faute au marché... » Il est vrai que, dans les marchés peu volatiles, les opportunités sont moins nombreuses, mais ce type de marché devra être intégré dans le plan du trader qui devra opter pour un style plus rapide, de type scalping4 par exemple. Les vraies raisons de l'échec des traders De nombreux traders justifient leur échec par les raisons développées précédemment. J'en ai croisé de nombreux qui ont mis leurs échecs sur le compte du marché, des courtiers, mais n'ont jamais assumé leur part de responsabilité. L'échec est avant tout lié aux erreurs suivantes : le système de trading est peu performant et parfois même inexistant. Il y a clairement une paresse de la part du trader qui n'a pas effectué le travail nécessaire ; une absence totale de préparation psychologique, qui se révèle souvent fatale, comme nous le verrons par la suite. un capital limité, mais des rêves illimités. Certaines personnes débutent avec 1 000 € et pensent transformer ce faible capital en un million d'euros. Il faut être réaliste sur les marchés et accepter la nécessaire phase d'apprentissage. La seule manière de progresser en trading consiste à prendre ses responsabilités : les raisons évoquées sont parfois légitimes, mais cela n'a pas empêché certains traders de réaliser des performances plus qu'honorables ; le trader doit éviter d'accuser les autres et veiller à assumer l'entière responsabilité de ses actions, s'il souhaite réussir sur les marchés. 1. Voir Leçon 2. 2. Le fonds LTCM était géré par un trader vedette, John Meriwether, ainsi que par deux Prix Nobel d'économie, Merton et Scholes. Ce fonds a subi une faillite retentissante du fait de prises de positions démesurées (environ 1 200 milliards de dollars). 3. « As you have heard me say on many occasions, the key to Tiger's success over the years has been a steady commitment to buying the best stocks and shorting the worst [...]. In a rational environment, this strategy functions well. But in an irrational market, where earnings and price considerations take a back seat to mouse clicks and momentum, such logic, as we have learned, does not count for much. », Tiger Management, LLC's letter to investors, mars 2000. 4. Le scalping est une technique de trading qui consiste à prendre de très nombreuses positions au sein d'une même séance. Le trader cherche à réaliser de nombreux petits gains en ouvrant des positions assez importantes. Certains scalpers réalisent 300 à 400 transactions par jour. Leçon n° 2 Les biais cognitifs : comment nos connaissances et nos croyances peuvent nous jouer des tours Nos connaissances et nos croyances nous permettent d'agir efficacement en situation d'incertitude. Le trader se fonde sur ses connaissances pour répondre à différentes situations de marché. Dans un environnement hostile et incertain, un investisseur va souvent se raccrocher à ce qu'il maîtrise le mieux. L'individu a en général un besoin viscéral de trouver des repères dans un environnement hostile ou qu'il ne maîtrise pas (voyage à l'étranger, invitation à une réception, etc.). Ces biais cognitifs posent quelques problèmes : les connaissances et les croyances du trader ne sont pas nécessairement avérées ; ces connaissances peuvent même être à l'origine de décisions peu optimales et dangereuses... Définition Le biais cognitif est une erreur (un biais) de décision : l'investisseur privilégie les informations immédiatement disponibles sans effectuer de recherches approfondies. Exemple : les résultats d'une entreprise sont positifs et le trader va se baser sur cette unique information pour acheter le titre. Sur les marchés financiers, le trader recherchera systématiquement des configurations qu'il connaît ou qu'il croit connaître. Certains individus opèrent systématiquement sur les mêmes titres. En effet, les biais cognitifs reposent fortement sur le poids des habitudes. Le trader développe certaines routines et il semble évident que, s'il opère de la même manière pendant de nombreuses années, il pourra difficilement changer son approche. Il agit presque mécaniquement et devient l'otage de ses propres habitudes. Le trader devra repérer les biais cognitifs qui peuvent exercer une influence négative sur son activité et cherchera à les maîtriser, voire à les éliminer. Néanmoins, il devra parfois accepter de changer totalement son approche. Or, certaines connaissances et croyances sont solidement ancrées et il y a presque une résistance au changement... Cette situation se retrouve également dans le monde de l'entreprise où il est parfois si difficile d'opérer des changements que cela peut mener à des crises. Le changement s'avère généralement contraignant car le trader se fera violence en acceptant de changer la manière dont il opère depuis de nombreuses années. Le biais de disponibilité L'investisseur se contente d'une information disponible immédiatement, au lieu de rechercher activement toutes les informations nécessaires à la prise de décision. Pour prendre une décision d'investissement, il se contentera d'informations peu pertinentes en elles-mêmes, comme : la publication de résultats positifs par une entreprise ; la forte baisse d'un titre, qui devrait constituer une opportunité immanquable ; une divergence haussière validée sur un indicateur technique comme le Relative Strenght Index1 (RSI), etc. Ainsi, dès l'émergence d'un signal faible, certains traders novices se précipitent pour se positionner. Pour un bon trader, cette information est insuffisante pour prendre une décision pertinente. Le trader aguerri a compris l'importance d'attendre la convergence de plusieurs signaux avant de se positionner. Le bon trader joue avant tout les probabilités, non les certitudes. Nos perceptions nous induisent très souvent en erreur. Le trader devra donc être extrêmement vigilant lorsqu'il analyse les marchés en temps réel. De l'importance du contexte : le biais de familiarité Graphique 2.1 – Le contexte exerce une forte influence sur les décisions Sur le graphique, les deux carrés du centre sont identiques. Pourtant, à première vue, le carré de droite semble plus sombre que celui de gauche... Source : D. Kahnemann, allocution prononcée lors de la réception du Prix Nobel, 2002. Ce biais cognitif très répandu prend souvent la forme du biais national. Un trader va systématiquement s'intéresser à une situation qui lui semble familière. Ainsi, une grande majorité d'investisseurs achètent des titres qui leur sont familiers. Les recherches démontrent que les investisseurs ont tendance à préférer les actions domestiques, ce qui contredit l'hypothèse de l'efficience des marchés : les Français achètent des actions françaises ; les Allemands privilégient les actions allemandes. Les heuristiques Il s'agit de raccourcis cognitifs empruntés par les individus pour émettre un jugement et prendre une décision. Les individus accordent beaucoup plus d'importance à une information anecdotique (famille, amis, collègues, etc.) qu'à une information générale (historique, objective, statistiquement représentative, etc.). Les biais cognitifs orientent le jugement dans un sens prévisible et les heuristiques le fixent définitivement : effet de disposition : les traders ont tendance à détenir les titres perdants bien plus longtemps que les titres gagnants ; le trader est incité à se positionner sur des titres qui lui ont laissé un bon souvenir. Par exemple, il privilégiera un titre sur lequel il a enregistré des gains conséquents et se détournera de ceux sur lesquels il a subi de lourdes pertes ; il peut également garder à l'esprit certaines positions perdantes qui ont finalement abouti à un gain et commettre la grave erreur de conserver un titre perdant... Les biais de représentativité et la loi des petits nombres Pour rappel, la loi des grands nombres considère qu'un résultat statistique n'est acceptable que si l'échantillon observé est suffisamment important. Dans les faits, de nombreux individus ont tendance à généraliser ce qui n'est qu'un cas particulier. On se réfère à la loi des petits nombres pour prendre une décision et cela dénote une méconnaissance totale de la théorie des probabilités. Exemple Un analyste va estimer la performance boursière de l'année en se basant sur les performances de l'année précédente. De même, dans un marché haussier, rares sont les économistes qui sont baissiers... L'erreur consiste à se baser sur un échantillon réduit et à en tirer des conclusions plus générales : certains investisseurs anticipent un retour à la moyenne sur des séries courtes. Cette propriété est valide uniquement sur des séries longues. Ainsi, lorsqu'un titre progresse fortement, un trader va anticiper une correction, alors que rien ne l'indique. Cette erreur fréquente est dangereuse car le trader anticipe à chaque fois un retour du marché et prend de mauvaises décisions. Il faut garder à l'esprit que le nouveau tirage suit la même loi que n'importe quel autre tirage. L'erreur du parieur consiste à adopter une stratégie contrariante, en achetant par exemple un titre qui baisse fortement ou en vendant un titre qui progresse fortement. Cette manière d'opérer peut constituer une bonne stratégie, mais pas dans un marché en tendance marquée. Tout ce qui brille attire Selon les deux chercheurs américains Terrace Dean et Brad Barber2, les investisseurs privilégient les titres qui font la une des journaux. Les deux chercheurs américains ont démontré que les investisseurs individuels sont acheteurs nets d'actions : citées par les journaux financiers ; dont les volumes sont anormalement élevés ; dont la progression est extrêmement forte. Les investisseurs professionnels ne procèdent pas ainsi et n'hésitent pas, dans certains cas, à jouer contre la nouvelle. Le biais momentum Ce biais psychologique consiste à surpondérer l'information récente. On considère que ce qui s'est produit dans le passé a de fortes chances de se reproduire dans un avenir proche. Cette erreur biaise clairement les anticipations et affecte la prise de décision. Plusieurs études3 montrent que les investisseurs sont : très optimistes dans un marché haussier ; excessivement pessimistes dans un marché baissier. Ce biais permet de comprendre pourquoi de nombreux investisseurs se positionnent sur les sommets de marché (ou sur les creux). Ce phénomène ne touche pas que les traders novices, puisque des grands traders comme George Soros ont également été victimes du biais momentum. George Soros s'est positionné à l'achat sur le marché actions en mars 2000, c'est-à-dire au plus haut, et a assisté impuissant à l'effondrement du marché... Le chercheur en finance Werner De Bondt4 constate que les prévisions sur le Dow Jones à un horizon de six mois sont directement liées à la performance de l'indice avant l'enquête. De plus, dans les phases de hausse du marché, les investisseurs ont tendance à augmenter leur exposition en actions. De même, Roger G. Clarke et Meir Statman (1998) montrent que les rédacteurs de lettres boursières sont très optimistes quand la performance du marché est positive lors des années précédentes. Cette situation touche également les analystes financiers puisque, selon une étude de la SEC, en mars 2000, 99 % des analystes financiers de Wall Street étaient acheteurs. Le raisonnement analogique de disponibilité Le raisonnement analogique repose sur l'idée que les estimations se basent sur des éléments simples facilement accessibles à l'attention et à la mémoire. En effet, les individus évaluent la probabilité associée à un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples d'un tel événement leur viennent à l'esprit. Plus un événement leur semble familier, plus son influence sur la prise de décision sera importante. Ainsi, certains gérants de portefeuille se réfèrent souvent à des indicateurs basiques (moyenne mobile, support/résistance) pour fonder leur jugement technique. L'investisseur se focalise sur ce qu'il maîtrise le mieux pour affecter une probabilité à un événement : une opération de M&A (fusion-acquisition) est d'autant mieux acceptée si des opérations similaires ont bien fonctionné dans le passé. On note que le gros des opérations de M&A a lieu durant les périodes d'euphorie boursière ; pour le professeur de finance Robert Schiller5, l'heeuristique de disponibilité a une place prépondérante dans la formation des modes et des bulles spéculatives sur les marchés financiers. On se focalise à un certain moment sur certaines informations et on oublie tout le reste. Début 2000, les valeurs Internet ont fortement progressé en Bourse, tandis que les valeurs traditionnelles (Carrefour, etc.) ont chuté de manière brutale. Le biais de conservatisme L'investisseur surévalue l'information qui confirme son opinion et minimise les informations discordantes. Exemple : lorsqu'un individu achète un titre, il va uniquement se focaliser sur les éléments qui confirment son sentiment haussier, au lieu de prendre en compte toute l'information à sa disposition. Explication : les individus cherchent à réduire la dissonance cognitive. Il ne doit pas y avoir d'incohérence entre l'information reçue et la conviction de l'individu. Dans le cas contraire, l'individu ressent un malaise. La dissonance cognitive Ce phénomène touche de nombreux intervenants sur les marchés financiers. Un investisseur est souvent mal à l'aise lorsque le décalage entre ses croyances et ses perceptions est important. Ainsi, un système de trading peu performant dans les faits (grosses pertes et faibles gains) placera le trader dans l'embarras, surtout si ce système est utilisé depuis un certain temps. En effet, il croit fortement dans une approche et s'aperçoit au final que toutes les heures consacrées au développement de cette dernière n'ont pas donné de résultats probants. Il tentera alors d'occulter cette information négative (je ferme les yeux et je refuse d'y croire ou même d'y penser). Pour éviter toute information douloureuse, la plupart des investisseurs recherchent donc activement les informations qui confirment leurs opinions ou leurs croyances. Le biais de confirmation trouve ses origines dans l'ego très présent sur les marchés financiers. Le bon trader doit être capable de « divorcer » de son opinion, même si cela peut parfois être douloureux. Quand un investisseur est perdant sur un titre, il lui est difficile d'en sortir. Il va donc rechercher des informations qui confirment son raisonnement. Pire, il peut même dans certains cas augmenter son exposition sur la position. Le biais de confirmation Le trader qui perd de l'argent va lire activement les journaux financiers pour rechercher des informations qui vont lui redonner espoir, il va appeler ses amis traders ou courtiers pour trouver du réconfort. Ils sont ainsi victimes du biais de confirmation. Pour y remédier, il faut procéder autrement et développer une capacité à critiquer ses propres décisions (biais d'infirmation). Peu de traders en sont capables, mais ceux qui y parviennent sont extrêmement performants... La comptabilité mentale circonstancielle Le chercheur Richard Thaler a démontré qu'on était prêt à payer beaucoup plus cher une boisson dans un hôtel que dans une épicerie6. Ce constat s'applique également à la Bourse : soit un titre dont le cours boursier est de 100 € et dont la valeur intrinsèque est estimée à 70 €. Le titre baisse fortement et vaut 80 € ; le titre reste surévalué (il vaut toujours plus que sa valeur intrinsèque de 70 €). Pourtant, de nombreux investisseurs souhaiteront l'acheter en prenant comme référence l'ancien cours (100 €) et non la valeur fondamentale. Ils considèrent que c'est une bonne affaire. L'origine du revenu aura une influence sur la manière dont il sera dépensé (comptabilité circonstancielle) : les revenus frivoles (gains réalisés au jeu, au loto, etc.) seront généralement utilisés pour des dépenses frivoles et les gains seront dépensés assez rapidement ; les revenus « sérieux », tirés d'un travail classique, seront destinés à des dépenses sérieuses. En trading, beaucoup de personnes reperdent rapidement les gains qu'elles viennent d'enregistrer (ce phénomène s'observe également chez les joueurs de casino). Cela peut s'expliquer par la sensation du trader de ne pas mériter les gains réalisés. Il y a donc une tendance naturelle à repérer assez rapidement les gains enregistrés en trading. Ainsi, il arrive que certains day traders gagnent plusieurs milliers d'euros en début de séance, avant de tout reperdre en fin de séance. La solution consiste à arrêter toute activité de trading lorsque le gain est suffisamment important. Le biais d'optimisme En général, les gens estiment disposer de capacités supérieures à celle des autres : toute personne est naturellement optimiste sur son évolution personnelle et refuse de croire que la théorie des probabilités s'applique à son cas personnel. C'est le fameux : « Ça n'arrive qu'aux autres. » Il y a une sorte de croyance dans sa bonne étoile ; cet optimisme a du bon puisqu'il permet de faire face avec sérénité aux incertitudes de la vie. Néanmoins, l'investisseur a tendance à baisser la garde et à ne pas prendre en compte les cas extrêmes. De nombreuses études, dont celle de Mark Fenton-O'Creevy7, montrent que les traders en excès de confiance ont une performance inférieure à celle des traders plus conservateurs. L'excès d'optimisme peut avoir des effets pervers sur la décision d'investissement : il est à l'origine d'anticipations irréalistes ; il pousse le trader à sous-estimer le risque ; il peut conduire à adopter une « pensée magique » : les individus pensent être capables d'influencer leur sort par leurs actions (prières, rites, etc.). 1. Indicateur technique qui permet de mesurer la puissance d'un mouvement haussier ou baissier, mais également de repérer avec une bonne fiabilité les retournements majeurs de marché. 2. All that Glitters: The Effect of Attention and News on the Buying Behavior of Individual and Institutional Investors, juin 2005. 3. Dont : Barberis N., Shleifer A. & Vishny R.. « A Model of Investor Sentiment », Journal of Financial Economics, 1998. 4. W. De Bondt & R. Thaler, « Does Stock Market Overreact ? », Journal of Finance, 1985. 5. Robert Shiller enseigne à l'université de Yale. Il est l'auteur notamment de L'Exubérance irrat ionnelle, Valor, 2000. 6. Richard Thaler, « Mental Accounting Matters », Journal of Behavioral Decision Making, décembre 1999. 7. MP Fenton-O'Creevy, N Nicholson, E Soane & P Willman, Traders : Risks, Decisions and Management in Financial Markets, Oxford University Press. 2005. Leçon n° 3 Les biais émotionnels : le rôle des émotions dans la prise de décision La théorie de l'utilité espérée, enseignée dans les universités du monde entier, est un classique de la finance comportementale. Elle considère que l'individu est supposé rationnel et qu'il choisira toujours l'alternative la plus favorable. Le mythe de l'investisseur rationnel Soit un investisseur en situation d'incertitude placé face à deux choix A et B, qui présentent plusieurs résultats possibles affectés d'une probabilité : pour le choix A, l'investisseur anticipe deux résultats possibles (+ 100, – 50), affectés de la même probabilité (50 %) ; pour le choix B, il s'attend aux résultats suivants (+ 150, – 70), affectés des probabilités 60 et 40 %. On obtient donc les espérances de gains suivantes : espérance A = (100 x 0,5) – (50 x 0,5) = 50 – 25 = 25 €; espérance B = (150 x 0,6) - (70 x 0,4) = 90 – 28 = 62 €. Logiquement, pour la théorie de l'utilité espérée, l'individu rationnel optera pour le choix B. Étonnamment, dans la vraie vie, ce n'est pas forcément B qui sera choisi... La théorie des perspectives aléatoires La théorie des perspectives aléatoires à été développée par les économistes Daniel Kahneman et Amos Tversky (Kahneman a d'ailleurs obtenu le prix Nobel d'économie en 2002). Cette approche démontre que les investisseurs ont une aversion aux pertes. Ainsi, la satisfaction retirée d'un gain supplémentaire est largement inférieure à la douleur ressentie par le trader lorsqu'il subit une perte du même ordre. La douleur ressentie pour une perte de 1 000 € est deux fois plus importante en valeur absolue que la satisfaction retirée pour un gain du même ordre. Cette théorie met en évidence les résultats suivants : une tendance fâcheuse des traders à prendre leurs profits très rapidement et à éviter de couper leurs pertes ; l'étude de Terrance Odean1, menée en 1998, révèle que les investisseurs américains vendent en moyenne 1,5 fois plus facilement les titres gagnants que les titres perdants ; l'aversion aux pertes est à l'origine d'une situation ou l'investisseur est incité à prendre plus de risques en position perdante. On note une dualité de comportements face aux gains et aux pertes. En résumé : – les pertes sont plus douloureuses que les gains ; – un gain certain est préférable à un gain aléatoire, même si son espérance mathématique est plus élevée. Les conséquences de l'aversion aux pertes La principale conséquence de ce biais émotionnel est la fâcheuse tendance qu'ont les traders à prendre leurs profits rapidement et à refuser de couper leurs pertes : en situation gagnante, les individus sont conservateurs et se contentent d'un gain léger ; en situation perdante, ils sont favorables au risque et préfèrent tomber en « mode espoir » plutôt que d'assumer leurs responsabilités en coupant rapidement leurs pertes. Cette manière d'opérer est dangereuse : les grands traders ont appris à éliminer ce biais psychologique. Ils coupent leurs pertes rapidement et laissent courir leurs profits. Les chercheurs Coval, Hirshleifer et Shumway (2001) ont noté2 que le trader qui débutait mal sa journée avec une perte importante avait tendance à prendre plus de risques pour tenter de revenir à l'équilibre en fin de journée. L'économiste Zur Shapira a réalisé une étude3 sur les traders obligataires, qui aboutit aux mêmes résultats. Le point de vue des grands traders De nombreux grands traders ont mis en évidence le danger de l'aversion aux pertes. Je cite ici deux d'entre eux pour montrer l'importance d'éliminer ce biais psychologique : Jesse Livermore4 : « Au lieu de craindre, il faut espérer et au lieu d'espérer il faut craindre ». Cette phrase énoncée par l'un des plus grands traders du XXe siècle résume tout. En position gagnante, le tarder a généralement peur de voir ses profits fondre et sort précipitamment, alors qu'il devrait espérer. Inversement, lorsqu'il perd en Bourse, le trader se met à espérer, alors qu'il devrait justement craindre une aggravation de sa position et sortir précipitamment ; Paul Ratter est l'un des meilleurs scalpers de la planète. Il gagne environ 50 millions d'euros par an en travaillant pour son compte. Pourtant, il a l'humilité de réaliser que lui-même peut être dépassé par ses pertes. Il a d'ailleurs chargé une personne d'éteindre ses écrans au-delà d'un certain niveau de perte. Pourquoi trop de traders ne respectent pas leurs stops ? Le non-respect des stops est un cas d'école. Le bon trader a compris la nécessité de respecter ses stops. Il s'agit clairement de la clé de la survie en trading. Un trader va placer son stop sous un niveau clé. Le marché enfonce ce niveau, mais, au lieu de sortir de sa position, il préfère la conserver. Par chance, le marché évolue en sa faveur et il garde cet exemple à l'esprit. Le trader était victime de dissonance cognitive : une situation où une personne préfère ignorer toute information gênante. Le trader ne va s'intéresser qu'à l'information qui confirme son raisonnement. Ici, le stop est ignoré, car il suppose de la part du trader qu'il accepte sa perte. Les traders vont souvent ignorer les informations négatives et se focaliser uniquement sur les signaux qui confirment leur raisonnement. Le biais de conservatisme Graphique 3.1 – Le non-respect de ses stops peut s’avérer fatal Quelques jours après, le même trader est confronté à une situation similaire. Le titre enfonce le niveau de stop, mais il garde à l'esprit l'expérience précédente : au lieu d'appliquer son plan de trading, il se dit que le marché va lui donner raison et préfère attendre ; la baisse se poursuit et, au lieu de sortir de sa position, il persiste dans son raisonnement et profite d'un léger rebond du marché pour la renforcer ; malheureusement pour lui le marché continue sa dégringolade et il est forcé de sortir en catastrophe, avec une perte bien plus importante que la perte initiale. Le problème de l'ego De nombreux traders ont fini ruinés en raison d'un ego surdimensionné. Les marchés financiers ont la capacité de brouiller les esprits et peuvent acculer à prendre des décisions irréfléchies. C'est ce qui est arrivé à de nombreux traders célèbres, comme Victor Niederhoffer5 ou, plus proche de nous, Jérôme Kerviel. Un bon trader accepte la toute-puissance des marchés, il est convaincu que le marché a toujours raison. C'est la raison pour laquelle il est humble et gère de manière stricte son risque. On doit d'ailleurs à Paul Tudor Jones6 la célèbre formule : « Don't be a hero. » Il ne faut pas chercher à être un héros sur les marchés financiers... 1. Terrance Odean, « Do Investors Trade Too Much ? », American Economic Review, 1999. 2. Joshua, Coval, David Hirshleifer & Tyler Shumway, Can Individual Investors Beat the Market ?, Working Paper, University of Michigan, 2001. 3. Zur Shapira, Aspiration Levels and Risk Taking: A Theoretical Model and an Empirical Study of the Behavior of Government Bond Traders, 2000, New York University. 4. Jesse Livermore est considéré comme l'un des plus grands spéculateurs du XXe siècle. Selon la légende, il aurait gagné 100 millions de dollars durant le krach de 1929 en anticipant le mouvement brutal à la baisse. Pour en savoir plus : Edwin Lefevre, Reminiscence Of A Stock Operator, Traders Press, 1923, traduit en français sous le titre Mémoires d'un spéculateur, Valor, 2004. 5. Victor Niederhoffer était un trader brillant, considéré par ses pairs comme le meilleur gérant de hedge fund au monde à la fin des années 1990. En 1998, il prend des risques démesurés et fait faillite avec une perte de plus de 100 millions de dollars qui signe l'arrêt de ses activités spéculatives. 6. Paul Tudor Jones est un trader qui a accumulé une fortune considérable en spéculant sur les futures sur indices. En 1985, il crée le Tudor Futures Fund avec un capital de 1,5 million de dollars. Sa fortune personnelle est estimée à 2 milliards de dollars. Il a créé la Robin Hood Foundation, qui aide les populations défavorisées de New York. Leçon n° 4 Éliminer certaines erreurs fatales en Bourse Dans cette leçon, nous verrons que les biais psychologiques peuvent être dynamiques. Nous étudierons également les erreurs à bannir en trading. Les biais psychologiques dynamiques Les biais psychologiques ne sont pas figés. Nous passons tous par différents états émotionnels qui vont activer nos « autres personnalités ». La personnalité du trader change et évolue : parfois, le trader croit dans ses capacités et réussit tout ce qu'il entreprend ; à d'autres moments, c'est le contraire qui se produit. Il doute et perd le contrôle de ses émotions. La seconde personnalité est souvent cachée et ne se révèle qu'après un choc psychologique. Elle a ses propres caractéristiques, ses propres envies et ses propres comportements. Les biais psychologiques ne sont pas statiques et peuvent rapidement faire passer le trader d'un état de sérénité à un état d'euphorie ou de déprime. Les biais psychologiques modifient sa perception des informations et le poussent à agir d'une manière qui va se révéler défavorable, provoquant notamment une suractivité. La personnalité duale du trader Pour le psychologue américain Brett Steenbarger1, la personnalité duale a des implications importantes en matière de trading. En effet, pour ceux qui ont déjà opéré en Bourse, il y a généralement un passage d'un état de rationalité parfaite, avant l'ouverture d'une position, à un état d'irrationalité lié à une montée d'adrénaline lorsque la position est ouverte. Certaines positions sont prises pour des raisons purement émotionnelles (après une série de pertes ou de gains, lorsque le marché progresse fortement ; c'est le cas d'un biais momentum). Dans cette situation, le trader ne maîtrise plus ses émotions et risque de prendre des décisions totalement irréfléchies. Tout individu possède une personnalité cachée et sur les marchés financiers, la personnalité rationnelle cède souvent la place à cette autre personnalité, responsable dans bien des cas de l'autodestruction du trader. Le trader peut ouvrir une position en se basant sur des critères rigoureux puis, voyant le titre évoluer favorablement ou défavorablement, laisser ses émotions prendre le dessus. Son autre personnalité sera activée et la gestion de sa position sera beaucoup moins rationnelle. En position gagnante, le trader a peur de perdre ses profits et décidera de sortir rapidement, alors qu'en position perdante, il sera en « mode espoir » et préférera attendre une évolution favorable du titre. La dissonance cognitive Le risque de dissonance cognitive a été défini dans la leçon 2 : lorsque l'information ne répond pas aux attentes du trader, il fera tout pour l'ignorer. Ainsi, lorsque le marché dessine un mouvement adverse, le trader minimise son impact et le considère comme temporaire, uniquement pour éviter la douleur émotionnelle. Le problème est qu'en cherchant à éviter les pertes, le trader se met à en commettre en grand nombre. Notre cerveau est conçu pour neutraliser automatiquement les informations menaçantes ou pour trouver un moyen de masquer cette information. Cela permet de nous alléger du malaise émotionnel que nous ressentons quand nous n'obtenons pas ce que nous désirons. La menace de la douleur engendre la peur, source de nombreuses erreurs commises par les traders. Les erreurs à bannir en trading Il en existe plusieurs. Nous avons retenu les principales erreurs, mais surtout celles dont les conséquences sont souvent dommageables. Pour prétendre à une performance élevée, il faut impérativement éliminer certaines erreurs. Refuser de couper ses pertes Cette erreur est souvent fatale : le refus de perdre place le trader en situation de dissonance cognitive : il rejette l'information qui va à l'encontre de son raisonnement et se focalise uniquement sur celle qui confirme sa position ; la solution consiste à établir des règles extrêmement strictes en matière de gestion des pertes et de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour qu'elles soient respectées... Renforcer une position perdante Au lieu d'assumer sa perte, en coupant sa position (quitte à se repositionner par la suite), le trader préfère la conserver et même la renforcer dans certains cas. En mars 2000, de nombreux investisseurs ont moyenné à la baisse après la forte chute du marché. La plupart avaient tenu le raisonnement suivant : en diminuant le prix de revient, ils pouvaient plus rapidement rentrer dans leurs frais. Les bons traders font l'inverse, ils coupent rapidement leurs pertes et laissent courir leurs profits. En procédant de la sorte, il est possible d'enregistrer une performance positive, même en ayant raison dans seulement 50 % des cas. Excès de confiance et suractivité Il y a une tendance naturelle à surestimer ses capacités personnelles : la plupart des gens pensent être meilleurs que la moyenne (conduite automobile, activités de la vie courante, etc.), c'est là un élément moteur des activités humaines. L'excès de confiance est souvent à l'origine de la suractivité du trader : la suractivité est une situation où le trader se met à prendre des positions de manière frénétique, sans réellement se baser sur des critères rationnels. Il est pris dans une sorte d'engrenage dont il est difficile de sortir ; les hommes sont plus sujets que les femmes à l'excès de confiance. Une expérience menée par Terrance Odean2 auprès des clients d'une société de courtage met en évidence les résultats suivants : la transition du passage d'ordres par téléphone au courtage en ligne a eu comme conséquences une suractivité des traders et une baisse avérée de leur performance. L'accès direct aux marchés a probablement donné à ces opérateurs l'illusion de mieux les maîtriser... La précipitation et l'impulsivité C'est une erreur fréquente dont les conséquences sont souvent lourdes. Le trader se positionne sans penser aux conséquences, donc au risque : la peur de manquer une occasion : précipitation et prise de décision peu réfléchie ; envie irrésistible d'être sur les marchés financiers et de faire partie de l'action ; L'origine est souvent le biais momentum (cupidité, envie de gagner rapidement). La paresse De nombreux novices ont la sensation trompeuse de pouvoir gagner rapidement de l'argent sur les marchés. Ils surestiment leurs capacités et sont convaincus que la lecture d'un ou deux livres sur le trading suffit pour faire fortune sur les marchés. Il n'y a pas de raccourci sur les marchés... La clé de la réussite consiste à développer un système solide et à mettre en place un plan de trading rigoureux. Le trader devra ensuite tout mettre en œuvre pour suivre les signaux donnés par son système. Il devra également revoir ses positions sur une base quotidienne (pour les day traders) ou au moins hebdomadaire (pour les swing traders). Les biais de statu quo et la paralysie Le biais de statu quo représente une situation où le trader retarde la décision afin d'avoir plus d'informations. L'indécision est d'autant plus grande que le choix est important. L'angoisse d'avoir à regretter a posteriori une décision incite à la prudence : le trader attend le meilleur moment pour se positionner, notamment lorsqu'il n'y a pas suffisamment de signaux ; de même, lorsqu'une position est perdante, le trader ne va pas systématiquement la couper. Il attendra et se mettra à espérer au lieu de passer à l'action. 1. Pour aller plus loin : Brett Steenbarger, The Psychology of Trading: Tools and Techniques for Minding the Markets, John Wiley & Sons, 2002. 2. Terrance Odean, « Do Investors Trade Too Much ? », American Economic Review, 1999. Leçon n° 5 Canaliser ses émotions pour prospérer en Bourse Il est important de comprendre les biais psychologiques et leur impact sur la rationalité d'un individu. Le trader doit chercher à maîtriser les siens et pour cela, il doit non seulement comprendre leur origine, mais également mettre en œuvre les moyens nécessaires pour les corriger. Pour réussir en trading, il est nécessaire de canaliser ses émotions dans le bon sens. Il faut aussi adopter l'attitude qui permettra de rentrer spontanément dans la « zone ». Apprendre à canaliser ses émotions Les émotions peuvent écarter le trader d'une certaine forme de rationalité. Il doit donc mieux les comprendre, afin de limiter leur impact négatif dans un premier temps, puis les utiliser comme des signaux avancés dans un deuxième temps. Il est contreproductif pour un trader de vouloir se débarrasser totalement de ses émotions, même s'il doit apprendre à les maîtriser. Les meilleurs traders ne sont pas totalement démunis d'émotions, mais gèrent mieux que les autres les événements aléatoires, ce qui leur permet d'amortir les chocs émotionnels. Les émotions : une menace potentielle Le syndrome du trader fou Le phénomène de la personnalité multiple chez un trader peut être assimilé à celui du tueur fou. Pourquoi un individu, bien sous tous rapports, peut-il, dans certains cas, commettre l'irréparable ? Quel est le cheminement émotionnel d'un trader, solide sur le plan intellectuel, qui va se ruiner en un laps de temps très court ? Nous l'avons vu au chapitre précédent, on peut parler d'une psychologie duale chez les traders : une facette de leur personnalité est rationnelle et se base sur une réflexion structurée pour la prise de décision, tandis qu'une autre facette est totalement irrationnelle et peut conduire le trader à sa faillite. La psychologie duale permet d'expliquer de nombreux scandales financiers. Le fonds LTCM, une des plus grandes faillites de la fin du XXe siècle, n'était-il pas géré par deux Prix Nobel d'économie ?Un trader peut difficilement garder le même état d'esprit très longtemps car les mouvements aléatoires du marché vont activer différentes facettes de sa personnalité et influencer son comportement de manière déterminante. Dans certains cas extrêmes, les traders vont même adopter un comportement autodestruceur, qualifié de « syndrome du trader fou ». Un trader peut-il éviter de commettre l'irréparable ? Comment une personne confrontée à une situation hautement stressante peut-elle maîtriser ses émotions ? C'est d'autant plus difficile que même certains grands traders ou sportifs, pourtant habitués à un stress permanent, ont été victimes de cette personnalité duale. On se souvient tous du « coup de boule » de Zidane. Dès lors, le trader peut-il se maîtriser pour éviter l'irréparable ? En trading, comme dans tout autre domaine, il n'existe aucune recette miracle. Le seul moyen efficace pour éviter l'autodestruction consiste à développer un ensemble de règles strictes, qui devront être continuellement martelées pour devenir à terme une partie intégrante de son raisonnement. La seule solution : respecter ses règles Le trader convaincu que le non-respect de ces règles aura des conséquences dommageables, voire dramatiques, comprend la nécessité de les appliquer à tout prix et en toutes circonstances. Avec l'expérience, il appliquera ces règles dans différentes situations, de façon systématique. Le trader devra également répéter mentalement différents scénarios, afin d'habituer son esprit et lui permettre de développer les réflexes nécessaires. L'expérience et l'entraînement mental lui permettront de connaître les conséquences de chaque décision. Il aura ainsi à l'esprit des certitudes solides sur les conséquences dramatiques de certaines décisions et sur l'impact positif des autres. La psychologie du trader après une série de gains ou de pertes Pourquoi les journées gagnantes sont-elles souvent suivies par des plateaux ou des séries perdantes ? Il semble plus facile de gagner de l'argent et de le perdre aussitôt après que de le conserver. Le trader doit redoubler de vigilance après une série gagnante, car il aura tendance à se relâcher. Il se sentira invincible, baissera sa garde, et ne sera plus dans un état de concentration optimal. Après une série de gains, le trader devra être plus sélectif dans le choix des opportunités. Les pertes sont bien plus problématiques que les gains : il est difficile de se reprendre après une série de pertes car elles peuvent faire douter le trader. Au lieu de rechercher des solutions, beaucoup de traders s'entêtent, recherchent des responsables et appliquent obstinément les mêmes méthodes. Comment gérer une série de pertes ? La plupart des traders refusent de prendre leurs pertes car cela suppose de les admettre. Or, prendre de petites pertes peut être une bonne chose, car cela indique que le trader est fortement impliqué. Inversement, les grosses pertes signalent un certain relâchement de sa part. En situation de stress, il est difficile de garder sa sérénité et la discipline est souvent malmenée. Le trader sera même incité à prendre tous les signaux faibles pour tenter de se refaire. Pour éviter le piège des positions perdantes, il devra rester focalisé sur le processus. La pire des solutions pour un trader perdant est de tenter de revenir à l'équilibre... Il prendra des positions de plus en plus dangereuses et irréfléchies. Si le trader estime ne pas être dans les meilleures dispositions pour opérer sur les marchés, il devra arrêter son activité et revenir plus tard avec un état d'esprit serein et de battant. Pit-bull trader, Martin Schwartz Martin Schwartz est un day trader américain qui a généré à plusieurs reprises des gains annuels supérieurs à 10 millions de dollars en travaillant exclusivement pour son compte. Il a décrit de manière captivante la psychologie du trader pendant la série perdante : « Tous les traders vont l’affronter. Seuls les gagnants savent comment la gérer. Elle sape notre jugement, notre confiance et, parfois, elle peut même nous anéantir. Durant cette phase, le trader pense qu’elle ne finira jamais. La meilleure manière de mettre fin à une série perdante est de couper ses pertes et de divorcer de son ego. La peur de perdre diminue mon temps de réaction. Lorsque le trading est mauvais, il faut changer d’état d’esprit et passer à un état plus neutre. La peur de perdre va exacerber nos émotions, biaiser notre raisonnement et nous faire douter. En coupant la position, nos émotions vont se calmer et nous permettre de recouvrer notre raison. Il faut se souvenir que le temps est toujours notre allié. Il faut l’utiliser pour se détendre, vider son esprit et reprendre des forces. Après avoir digéré les pertes, il faut entamer une nouvelle phase de préparation pour être de nouveau prêts à faire du trading1. » Arrêter toute activité de trading ? Après une série de pertes, il est judicieux d'arrêter toute activité de trading, de prendre du recul et de se concentrer en se remémorant les images et les sentiments liés au succès. Le trader doit apprendre à penser de manière proactive et ne plus réagir impulsivement à l'information qu'il reçoit. Par la suite, il devra reprendre son activité, même avec des montants plus faibles. Son objectif premier sera de reconquérir progressivement la confiance dans ses compétences. Il peut aussi questionner son système et se demander si celui-ci est adapté au marché actuel. Le trader doit éliminer les doutes de son esprit et améliorer sa capacité à se focaliser sur le prochain moment. La récupération suppose également d'observer les événements de manière neutre, ainsi que la manière dont on y réagit. Avec la pratique, certaines peurs et images négatives seront éliminées. Doit-on éliminer toute émotion en trading ? Le neurologue Antonio R. Damasio précise que l'absence d'émotions peut empêcher un individu de prendre des décisions : « Certains individus placés face à des problèmes simples éprouvent les pires difficultés à prendre des décisions. » De nombreux travaux montrent que les émotions permettent à un individu d'agir de manière efficace dans des situations d'urgence et de prendre les bonnes décisions au bon moment. Un trader qui n'éprouve aucune douleur face à une perte et aucune satisfaction après un gain n'agira pas nécessairement de manière appropriée. Il ne sera pas affecté par les pertes et ne sera pas incité à saisir une opportunité. Les émotions jouent un rôle important dans la prise de décision, mais elles devront être canalisées dans le bon sens. Une meilleure connaissance de ses émotions permettra au trader de mieux comprendre la psychologie des intervenants et donc d'anticiper leurs réactions. Les émotions constituent un atout pour celui qui sait les utiliser efficacement : elles fournissent une information précieuse qui pourra servir de signal ou d'indicateur avancé de marché. Un trader euphorique l'est probablement pour une raison que d'autres partagent. Le trader assez lucide sur son état émotionnel, malgré son euphorie, pourra en tirer des conclusions judicieuses et capitaliser dessus. Les traders euphoriques sont souvent les principales victimes des retournements brusques du marché. En notant son état émotionnel, le trader pourra deviner l'état émotionnel des autres et prendre des décisions avisées (décisions qui ne sont pas dictées par ses émotions mais par la raison). L'observateur interne et la gestion des émotions Un trader perturbé sur le plan émotionnel aura tendance à ignorer les bons signaux fournis par le marché et sera incité à prendre des positions de manière impulsive ou à les clôturer sans véritable approche stratégique. Il ignore totalement son plan de trading. Les personnes qui viennent de subir un traumatisme important sont souvent tétanisées et la peur peut les pousser à effectuer des opérations irrationnelles. Les émotions ont pris le dessus. Seule une rupture permettra d'interrompre ce cycle négatif. Noter en temps réel ses émotions Le trader doit apprendre à noter en temps réel les moments où ses émotions prennent le dessus afin de les neutraliser. Pour Brett Steenbarger, l'observateur interne permet au trader de se détacher de sa personne et d'observer son activité comme le ferait un intervenant extérieur neutre. Grâce à cet « observateur interne », il analysera ses actions de manière objective, ce qui lui permettra de déceler les raisons qui appuient ou infirment sa position actuelle. Ainsi, le trader peut s'interroger à voix haute sur ses actions et se demander s'il a bien agi ou s'il est encore dominé par ses émotions. L'observateur interne permettra au trader de constater dans un premier temps son état émotionnel (euphorie, pessimisme, etc.), puis de renverser sa psychologie pour revenir finalement vers un état de sérénité : le trader en excès de confiance doit prendre des précautions supplémentaires dans la gestion de ses positions. Inversement, le trader pessimiste devra reprendre confiance en lui et oser prendre à nouveau des risques ; dans tous les cas, le trader devra revenir vers un état émotionnel neutre. L'observateur interne est une méthode efficace pour cerner ses émotions et détecter efficacement certains signaux. Avec l'expérience, il sollicitera davantage et de manière plus efficace l'observateur interne. Les émotions fournissent des signaux puissants Quand un signal semble prometteur, le trader doit être méfiant. En effet, durant les bulles spéculatives, les indicateurs sont souvent orientés positivement et il est difficile de prendre du recul par rapport à cette information. Durant cette phase, les intervenants sont euphoriques. Les nouvelles positives affluent et les incitent à se positionner. Or, c'est à ce moment que les professionnels cèdent leurs titres à bon prix. La probabilité d'un retournement (correction brutale ou consolidation) devient importante, puisque les acheteurs se font rares et les vendeurs de plus en plus présents. En effet, les meilleures opportunités surviennent lorsque la plupart des traders sont positionnés dans le même sens (haussiers, baissiers, euphoriques ou paniqués). Privilégier les signaux inconfortables Dans un marché fortement haussier la plupart des intervenants sont acheteurs. Une nouvelle légèrement négative suffit alors pour provoquer l'effondrement du marché. En mars 2000, la plupart des investisseurs étaient positionnés à l'achat. Il a suffi que le gourou de Goldman Sachs, Abby Cohen, laisse planer la possibilité d'une surévaluation du S&P 5002 pour provoquer sa chute. Il est difficile pour un trader d'aller contre la tendance des marchés, surtout lorsque le consensus dominant est puissant. Le trader d'exception sait, par expérience, que ces situations sont également les plus profitables. Un signal confortable est généralement synonyme de mouvement avorté puisqu'il sera repéré par la plupart des autres intervenants. À l'inverse, un signal inconfortable peut constituer un bon signal puisque les autres traders ne chercheront pas à l'exploiter... Les émotions complètent l'information des indicateurs techniques Les traders se positionnent généralement sur un titre pour des raisons assez similaires. Il est donc efficace d'anticiper ce que vont voir les autres et de le faire avant eux... Certains biais psychologiques (excès de confiance) peuvent être considérés comme des indicateurs contrariants. Un trader en excès de confiance devra recourir à son observateur interne. Le professionnel assimile ses émotions à des signaux. Il prend du recul par rapport à l'information reçue et analyse ses émotions pour deviner les émotions des autres. Le trader pourra même donner la primeur à ses émotions et prendre le sens inverse du signal graphique. Exemple Le trader est très positif sur un titre sur un plan graphique, mais son observateur interne lui signale un excès de confiance. Il peut dans cette situation envisager de vendre les titres ou même de patienter. Les grands traders et leurs émotions L'expérience du MIT Une expérience a été menée par deux professeurs du MIT, Andrew Lo et Dmitry Repine, dans le but de mieux comprendre les émotions des traders3. Les deux chercheurs ont mesuré les réponses émotionnelles d'un groupe composé de traders expérimentés et de traders novices : la réponse émotionnelle des traders expérimentés était largement inférieure à celle des traders inexpéri-mentés face à certaines nouvelles inattendues ou à certains événements importants ; le trader expérimenté est habitué à ce type d'événement et dispose de stratégies lui permettant de les gérer efficacement et ainsi de réduire sa réponse émotionnelle. Il est préparé mentalement, en raison de son expérience concrète du marché ; en définitive, cela permet de comprendre leur calme et leur concentration à toute épreuve et en toutes circonstances. Le risque d'autosabotage En trading, une personne considérée comme rationnelle et brillante peut malgré tout saboter son activité en un laps de temps très court. Un trader peut très rapidement perdre totalement le contrôle de ses émotions. Cette activité exige un changement radical dans sa manière de penser et un solide entraînement mental. Les athlètes augmentent leurs performances en consacrant un temps considérable à leur entraînement. Les traders doivent procéder de la même manière en utilisant les marchés comme un terrain d'entraînement et y développer leurs capacités psychologiques et analytiques. Ainsi, le trader d'exception est capable de rester concentré et discipliné, même lors de mouvements de marché adverses. Le point de vue des grands traders Paul Tudor Jones avait une grande admiration pour son mentor, Eli Tullis. Il était impressionné par sa force émotionnelle et ses nerfs d'acier : « Tullis pouvait mener une conversation détendue et polie avec ses visiteurs, sans sembler perturbé, alors que, dans le même moment, ses positions étaient décimées par le marché. » Les meilleurs traders sont disciplinés et suivent rigoureusement leur plan de trading. Ils ont compris l'importance de disposer d'une structure mentale solide. Pour Richard Dennis, « si une personne se sent bien lorsque tout va bien, inévitablement elle se sentira mal lorsque les événements lui seront défavorables. Je n'ai pas réalisé cela après trois ans de trading, mais après avoir exercé ce métier pendant vingt ans. Vous avez le choix entre devenir fou ou apprendre à mettre les choses en perspective ». Se focaliser sur le processus Dans n'importe quelle activité sportive, le bon compétiteur n'est jamais rivé sur les résultats, mais sur les étapes qui lui permettent de fournir son meilleur jeu. Les grands traders ne sont pas démunis d'émotions et ont autant peur que les autres, mais cette peur est différente : elle n'est pas basée sur la crainte de perdre de l'argent ou de rater un mouvement. La seule peur du trader professionnel est de dévier de son plan de trading. Ainsi, le stress devient un élément important de la stratégie des grands traders : il les met sous tension et leur rappelle ce qu'ils doivent faire pour être concentrés sur la tâche. Un grand pilote n'est jamais totalement détendu : une certaine dose de stress l'incitera à se concentrer sur l'objectif et sur la manière dont la course sera menée. En résumé : – les émotions peuvent détourner le trader de son plan. Les traders novices se laissent envahir par leurs émotions négatives et prennent des décisions peu appropriées ; – les bons traders, quant à eux, gèrent mieux leurs émotions. Ils sont réguliers et développent des plans efficaces qu'ils suivent à la lettre ; – la réussite en trading exige une discipline de fer, de la régularité et la conviction qu'il est impossible d'éliminer toute émotion. Les grands traders ont autant peur que les autres, mais cette peur est différente, car elle repose sur la crainte de dévier du plan de trading. 1. Martin Schwartz, Amy Hempel, Pit Bull: Lessons from Wall Street's Champion Day Trader, Harper Paperbacks, 1999. 2. Indice boursier de cinq cents grandes entreprises américaines. 3. Pour alter plus loin : A. Lo & D. Repin, « The Psychophysiology of Real-Time financial Risk Processing », Journal of Cognitive Neuroscience, 2002. Leçon n° 6 On ne naît pas trader, on le devient ! Le trading est un métier qui s'apprend et requiert une manière de penser spécifique, à contrecourant de celle acquise lors de notre éducation ou de notre formation. Notre esprit cartésien nous incite à rechercher des certitudes ou des faits scientifiques irréfutables. Or, les marchés exigent des traders qu'ils embrassent totalement l'incertitude et d'accepter les pertes. L'impact des certitudes en trading Il n'y a pas de vérité absolue Une erreur fatale commise par de nombreux traders consiste à rechercher des « certitudes » sur les marchés. En effet, le marché peut dessiner des mouvements totalement aléatoires, d'où l'importance pour le trader d'éliminer certaines certitudes sur le comportement des marchés. Le biais momentum, défini dans la leçon 2, va dans ce sens : un individu va se baser sur l'évolution récente des cours pour en tirer une loi générale. Le trader sera haussier quand le titre monte, estimant, sur la base du simple mouvement ascendant, que cette hausse devrait se poursuivre et inversement. D'un simple mouvement, le trader tire une analyse et prend une décision. Un bon trader sait que son système lui permettra de repérer les meilleures opportunités, de gérer strictement ses pertes et qu'il devra impérativement embrasser l'incertitude. Dans les faits, les traders n'appliquent pas leur système de trading, malgré une probabilité de réussite favorable, car ils sont incapables d'embrasser l'incertitude. Le trader professionnel a conscience qu'il ne sert à rien d'avoir raison sur les marchés ou d'éviter de se tromper à tout prix. Il est impossible d'anticiper tous les mouvements du marché et le bon trader a l'humilité de le reconnaître. Par ailleurs, il devra accepter de se tromper et pour cela prendre des risques, clé de la réussite à long terme... Le trader ne doit pas arriver avec des certitudes sur les marchés financiers et l'incertitude totale des marchés doit être contrebalancée par une régularité dans la manière d'appréhender l'information fournie par ceux-ci. Le trader doit déprogrammer certaines certitudes Les certitudes représentent un réel danger en trading. Les hommes n'aiment pas que leurs certitudes soient contestées, ils le ressentent comme une attaque. Les certitudes acquises par un individu peuvent difficilement être éliminées, car cela implique une remise en cause de tout ce qu'il a appris. Tâche ardue, mais nécessaire, car il faut apprendre à désapprendre, avant de devenir un grand trader ! Les certitudes du trader vont créer des attentes particulières sur les mouvements des marchés et auront un impact négatif sur sa concentration : le trader qui s'attend à ce que le marché dessine un certain mouvement sera surpris s'il dessine un mouvement adverse et se sentira comme trahi. Dès lors, cette certitude créera chez lui des blocages conscients ou inconscients, qui l'empêcheront d'analyser l'information sereinement et ainsi d'agir en toute efficacité. Les certitudes vont réduire l'attention du trader et l'inciter, dans certains cas, à se protéger et à fuir, mais aussi à prendre des risques démesurés. Le trader convaincu d'avoir raison refusera de couper sa position. Parmi ces certitudes, on trouve la théorie du complot et l'impossibilité de gagner sur les marchés financiers. La théorie du complot Une certitude, que le trader doit éliminer à tout prix, est la théorie du complot : sur les marchés financiers, il y aurait des individus qui chercheraient à manipuler les cours boursiers dans le seul but d'induire en erreur les autres traders et de profiter de leurs mouvements de panique ou d'euphorie. Les non-initiés n'auraient aucune chance de réussite et seraient voués à l'échec. Il faut toutefois avoir à l'esprit qu'il y a du vrai dans cette idée. Sur certains marchés, la manipulation est présente : manipulation illégale (délit d'initiés, etc.) ; intervention d'un trader qui achète ou vend un actif financier de manière à provoquer un signal technique. Le bluff est également présent dans d'autres activités (poker, échecs, athlétisme, boxe, etc.). Il fait partie de l'arsenal d'un intervenant et dès lors, le trader doit le prendre en compte dans son plan de trading. L'impossibilité de gagner sur les marchés Pour les défenseurs de la théorie du complot, il serait impossible de gagner sur les marchés, en raison d'une entente illicite entre les courtiers et les médias. Un grand complot serait à l'œuvre, qui consisterait à présenter des gagnants aux gains mirifiques et à les médiatiser, de manière à faire miroiter la possibilité de gains réels et conséquents sur les marchés, même si dans les faits c'est impossible. On compare souvent les marchés financiers au casino, où il n'y aurait qu'un seul gagnant ; ce ne serait pas le trader, mais le courtier. C'est d'ailleurs la thèse défendue par un célèbre ouvrage américain : Mais où sont les yachts des clients ?1 Il raconte l'histoire d'un individu qui visite New York et s'émerveille devant les yachts des banquiers et des courtiers, puis naïvement se demande : « Où sont les yachts des clients ? » Qu'en est-il vraiment ? Les courtiers offrent les moyens d'intervenir efficacement sur les marchés financiers, moyennant des commissions. Le trader doit les considérer comme une charge inhérente à son activité. L'intérêt du client et du courtier peuvent diverger, puisque le courtier a intérêt à ce que son client fasse de nombreuses transactions. Néanmoins, le courtier a aussi intérêt à ce que son client soit profitable, car cela permettra de nouer une relation sur la durée. L'idée selon laquelle il serait impossible de gagner sur les marchés financiers est contestable, puisque de nombreux traders gagnent de l'argent de manière régulière, depuis plusieurs années. Le trader est son principal ennemi et il ne doit plus considérer le marché comme un endroit menaçant... En résumé : – le trader doit éviter de considérer le marché comme un endroit menaçant et analyser l'information de manière neutre et sereine ; – une nouvelle économique ne constitue pas une menace et ne devra pas être à l'origine d'un sentiment de toute-puissance. Cet état d'esprit lui permettra d'être concentré sur les meilleures opportunités. Chaque séquence de marché est unique Les certitudes sont éphémères. Il faut se convaincre que chaque moment est unique sur les marchés financiers. Les traders ont tendance à confondre probabilités et certitudes. Un signal peut offrir une bonne probabilité sans pour autant être certain... L'incertitude régnant sur les marchés, le trader devra considérer le résultat de chaque position, prise individuellement, comme totalement aléatoire. Le bon trader dispose d'un avantage sur les marchés, mais il évite de rechercher des certitudes. C'est tout le paradoxe du trading : il faut développer le meilleur système possible tout en ayant l'humilité de considérer qu'il n'est pas parfait et se convaincre que le système infaillible n'existe pas. Pour les meilleurs traders, tout peut arriver. Ils ont une foi inébranlable dans l'incertitude et évitent d'associer la situation présente au résultat de leurs dernières opérations ou au résultat d'une opération dans des conditions similaires. En effet, si la situation de marché ressemble étrangement à un autre moment, cela ne signifie pas que le marché va dessiner un mouvement similaire. Le point de vue de Richard Dennis Pour Richard Dennis2, il faut s'attendre à tout sur les marchés. Le trader doit anticiper les scénarios extrêmes et ne pas penser en termes de limites qui le bloqueraient sur les possibilités du marché : « S'il y a une chose que j'ai apprise au cours des vingt dernières années, que je suis dans ce business, c'est que les événements improbables et inattendus apparaissent régulièrement...» Gérer ses pertes pour mieux se maîtriser La plupart des traders refusent de perdre et considèrent une perte comme bien plus douloureuse en valeur absolue que la satisfaction retirée pour un gain du même ordre. Le bon trader accepte de se tromper, car son métier consiste avant tout à jouer des probabilités, mais pas des certitudes. La réussite en trading implique un changement total d'attitude. Le bon trader n'est pas traumatisé par les pertes et a appris à gérer ce type de situation. Il a embrassé le fait que toute position pouvait déboucher sur une moins-value. Chez un trader professionnel, une perte ne provoque pas de douleur émotionnelle et un gain n'entraîne pas d'effet euphorisant. Le trader novice va souvent assimiler une perte à une trahison. Un temps considérable est consacré au développement du système de trading et les pertes seront souvent mal acceptées... Le point de vue de Bruce Kovner Élève doué, Bruce Kovner étudie à Harvard les sciences politiques. Il découvre par hasard le trading et se met à dévorer tous les livres sur le sujet, et à élaborer des stratégies sur les contrats futures. À 31 ans, il emprunte 3 000 $ avec sa carte de crédit et gagne rapidement 50 000 $. Recruté par Commodities Corp, il réalise pendant dix ans une performance annuelle de 87 %. En 1983, il crée le Hedge Fund Caxton Associates et en 1987 réalise un profit de 300 millions de dollars. Sa fortune personnelle s'élève à 3 milliards de dollars. Pour le Bruce Kovner, le trader doit accepter de commettre des erreurs régulièrement : « Il n'y a aucun mal à se tromper. Michael Marcus m'a montré qu'un trader pouvait prendre une position avec une probabilité élevée de réussite, puis se tromper, saisir une autre opportunité et se tromper jusqu'à la position qui lui permettra d'effacer les pertes précédentes et de réaliser un gain important. » Les pertes poussent le trader à prendre des décisions irréfléchies (refuser de sortir d'une position perdante). Pour Bruce Kovner, « le trading génère une pression émotionnelle non négligeable. Le trader essuiera des pertes tous les jours et s'il prend ces pertes trop à cœur, il devra éviter de trader. Les novices ont tendance à personnaliser le marché... Le marché est totalement impersonnel, il ne se soucie pas de savoir si une personne gagne de l'argent ou pas. À chaque fois qu'un trader se met à espérer, il s'engage dans une manière destructive de penser, car son attention n'est plus focalisée sur une analyse objective de l'information ». Les pertes peuvent avoir des conséquences dommageables sur le capital, mais aussi sur le mental. Attention, le trader qui cherche à tout prix à se protéger se mettra en danger. Comment récupérer après une grosse perte ? Le trader doit avoir la force mentale de récupérer après une grosse perte. Les grosses pertes sont généralement de petites pertes qui ont été mal gérées. En grossissant, une perte provoque chez le trader une douleur émotionnelle qu'il va tenter d'éliminer en prenant des risques de plus en plus importants, ce qui provoquera irrémédiablement l'amplification de cette perte. Le trader n'aura plus aucune prise sur ses positions, ce qui peut le mener à la ruine. Il est à la merci des marchés qui font de lui ce qu'ils veulent. Le trader doit impérativement embrasser les pertes, mais aussi les respecter. Durant les premières années, il devra avant toute chose rechercher la survie et se méfier des pertes qui peuvent avoir un impact psychologique désastreux et l'empêcher de réaliser ses objectifs. Le trader doit éliminer les doutes de son esprit et améliorer sa capacité de se focaliser sur le prochain moment. La récupération suppose également d'observer les événements de manière neutre ainsi que la manière dont on y réagit. Avec la pratique, certaines peurs et images négatives seront éliminées. Ed Seykota réduit son activité après une perte Le commodities trader Ed Seykota gère une série de pertes en diminuant son activité. En effet, le trading, après une série perdante, peut être émotionnellement déstabilisant. Chercher à se refaire peut être fatal : « Psychologiquement, je tends à diminuer mon activité après une série de pertes et je suis généralement plus agressif après des gains. Une tendance fâcheuse consiste à tenter de revenir à l’équilibre avec une position trop importante. Le trader estime sans doute qu’avec une position importante, il suffit que le titre progresse légèrement pour revenir rapidement à l’équilibre. Cette attitude peut se révéler catastrophique... » Pour Paul Tudor Jones, « la règle la plus importante en trading est de jouer la défense ! » Les traders ont tendance à retenir plus longtemps les échecs que les succès. L'échec nous marque et nous traumatise, il influence directement notre prise de décision et risque parfois de nous faire entrer dans une spirale négative. Un individu désespéré utilisera des moyens inappropriés, car il n'est plus réellement préoccupé par les conséquences de ses actes (même dommageables). Il a perdu tout espoir et entre dans une logique autodestructrice. Ainsi, après une série de pertes, il est judicieux d'arrêter toute activité de trading, prendre du recul et reprendre confiance en soi en se remémorant les images et les sentiments liés au succès. Le trader pourra reprendre son activité avec des montants plus faibles afin de retrouver sa confiance. Embrasser l'incertitude Tout trader passe par des phases de doute et se pose de nombreuses questions : suis-je capable d'y arriver ? ai-je les moyens financiers suffisants ? cela en vaut-il la peine ? que ferai-je en cas de panique ou si je perds tout ? Le trader peut douter, mais cela ne doit pas le paralyser. Il doit s'interroger sur les actions à mener pour s'améliorer, tout en évitant de se remettre perpétuellement en question. Le trader devra avoir confiance dans ses compétences et pour cela détacher les résultats obtenus de sa personne. La satisfaction doit provenir d'une bonne application de son plan de trading, seule garante d'une performance positive à long terme. Les pertes ne sont pas synonymes d'un déficit de compétence et les gains ne signalent pas nécessairement l'excellence. Les pertes et les gains font partie de l'activité normale et le trader doit s'en convaincre pour éliminer le doute. Toute position peut aboutir à un gain ou une perte. Dès lors, le trader devra veiller à prendre ses responsabilités pour ses succès comme pour ses échecs. Le trader doit-il craindre les marchés ? La peur est présente dans de nombreux aspects de notre vie. On a peur de mal faire, de ne pas faire assez bien, de perdre, du regard des autres, de ne pas être à la hauteur, etc. Le trader doit-il avoir peur des marchés financiers ? La réponse serait un classique « oui... mais ». Les marchés peuvent détruire financièrement et mentalement un individu peu préparé. La vigilance est de mise, mais elle ne doit pas se transformer en angoisse, au risque de paralyser le trader et de lui couper tout moyen, avec comme conséquence à terme sa faillite... Le trader doit utiliser et canaliser cette peur dans un sens positif. Il ne doit pas penser au risque de faire faillite, mais orienter cette peur dans le sens de la performance, à savoir la peur de ne pas appliquer son plan de trading à la lettre et se convaincre que seul le non-respect de son plan pourra le conduire à la faillite. Les plus grinds traders ont peur Mark Weinstein3 avoue une véritable peur des marchés : « Les plus grands traders sont les personnes qui ont le plus peur des marchés. La peur des marchés va me forcer à travailler la précision de mon timing. Si mon instinct me dit que les conditions de marché ne sont pas idéales, je reste à l'écart. » Weinstein effectue un parallèle entre le trading et les qualités de chasseur du guépard : ce félin, considéré comme le plus rapide au monde, attend le meilleur moment avant de se positionner, pour être sûr de ne pas rater sa proie. Le trader doit accepter les conséquences de ses opérations, sans malaise émotionnel ni peur. Il doit simplement craindre de ne pas exécuter ses actions correctement. Sa relation au marché doit être pensée de telle sorte que la possibilité de se tromper, de perdre, de laisser passer une opportunité ne déclenche pas ses mécanismes de défense psychologique et ne le sorte pas du flot d'opportunités. Créer une nouvelle relation avec le marché Le trader doit laisser faire le marché, quoi qu'il advienne, et ne jamais le forcer à se plier à ses exigences. Celui qui accepte le risque ne percevra plus le marché comme menaçant et s'il n'y a plus de menace, alors il n'y a plus rien à craindre. Le trader doit créer une nouvelle relation avec le marché qui lui permette de dissocier son trading de ce qu'il peut ressentir. Son esprit doit être capable de voir ce qui est disponible et d'agir sur ce qu'il voit. Pour cela, il doit être dans un état de sérénité, malgré les nombreux revers subis lors de son activité. Éliminer tout ego Le trader professionnel est généralement humble et a éliminé tout ego. Jesse Livermore refusait de donner des conseils boursiers à ses amis, car cela pouvait avoir deux conséquences négatives : le trader s'engage et son conseil influencera la décision de l'autre. Il est dans l'incapacité de changer de point de vue puisqu'il est lié psychologiquement au résultat de la personne conseillée ; cette demande de conseil peut également procurer un sentiment de supériorité au trader et gonfler son ego... L'ego provoque généralement un attachement aux résultats. Le trader professionnel se focalise avant tout sur le processus et ne cherche pas à avoir raison ou à gagner à tout prix. Jamais d'ego sur les marchés Paul Tudor Jones L'affirme : « Je n'ai jamais d'ego sur Les marchés. Le tr aderne doit pas chercher à être un héros. Il ne doit pas avoir d'ego. Il doit toujours se remettre en question et éviter de se sentir très bon. Dès qu'il commence à Le faire, sa fin est proche4... » Viser l'objectivité Le trader doit être objectif et adopter une attitude qui lui permettra de percevoir clairement les opportunités offertes par le marché. Il doit être confiant et, pour cela, il devra éviter toute euphorie ou douter de ses capacités. Il devra impérativement intégrer certaines règles et modes opératoires comme des certitudes fondamentales. L'ego est souvent déclenché par des attentes non satisfaites. En effet, toute information qui ne confirme pas nos attentes pourra être interprétée comme menaçante. Le trader entre alors dans un mode opératoire négatif et défensif et finit par créer l'expérience qu'il cherche à éviter. Il ne doit pas oublier que le marché est neutre et que, même si l'information est perçue comme menaçante, le marché n'a pas été créé pour le servir ni pour satisfaire ses désirs. 1. Fred Schwed, Mais où sont les yachts des clients ?, Éditions du Siècle, 2003. 2. Ce trader, surnommé « Prince du Pit », aurait réalisé l'exploit de transformer un capital de 1 600 $ en 200 millions de dollars en seulement dix ans. Source : Douglas Bauer, « Prince of the Pit », The New York Times Magazine, avril 1976, 3. Agent immobilier à la base, Mark Weinstein se met à investir en Bourse, perdant très rapidement la totalité de son capital. Après cet échec, il travaille pour accumuler un capital suffisant, et, au bout de trois ans, il réalise un gain de 1 million de dollars avec un capital de départ de 20 000 $, soit une performance de 5 000 % et un capital multiplié par 20 en trois ans... Source : Jack Schwager, Market Wizards : Interviews with Top traders, Harper Paperbacks, 1993. 4. Source : Jack Schwinger, Market Wizards : Interviews with Top traders, Prentice Hall Press, 1989. Leçon n° 7 Prendre ses responsabilités Le marché est neutre, mais il est rarement perçu de la sorte par les différents intervenants. Les traders novices s'attendent à ce que le marché satisfasse leurs attentes, notamment par un enrichissement rapide... La réalité est tout autre : le trader novice perd assez rapidement, ne comprend pas et accuse le marché. Il accueille les informations communiquées par ce dernier de manière très douloureuse. Ainsi, il est crucial en trading de percevoir le marché de manière neutre et d'avoir la bonne attitude... La bonne attitude sur les marchés De nombreux traders sont sur les marchés pour des raisons qui ne sont pas compatibles avec la structure mentale nécessaire pour surmonter les premières années, souvent les plus difficiles (gagner de l'argent, besoin de reconnaissance, besoin de prouver aux autres sa valeur, etc.). Pour gagner en Bourse, il faut être passionné, condition sine qua non pour faire face aux nombreuses difficultés de ce métier. Le trading est une activité mentale et « physique » qui nécessite de nombreuses qualités : patience, indépendance d'esprit, absence d'ego, etc. L'apprenti trader devra effectuer un diagnostic approfondi pour déterminer ses qualités personnelles et les points qu'il devra améliorer pour exceller dans ce domaine. Le trading peut sembler attirant, mais il ne convient pas à tout le monde. Le trader est souvent un individu introverti, concentré sur sa tâche. Les personnes qui aiment la communication et la socialisation seront certainement déçues par ce métier. Ed Seykota : « C'est ma vie » Ed Seykota explique son succès par son amour pour les marchés : « Je ne fais pas ça juste comme un hobby, c'est ma vie et j'ai une véritable passion pour les marchés. Ce n'est même pas un choix de carrière pour moi. C'est ce que je veux vraiment faire de ma vie. » Un individu qui aime socialiser, désire être conseillé lors de ses prises de décisions ou qui souhaite ardemment briller et prouver sa valeur aux autres aura peu de chances de réussir dans ce domaine. Les portes du trading ne lui sont pas définitivement fermées, mais il devra accepter un changement radical d'état d'esprit ou changer d'activité ! Embrasser le risque Le trader débutant commet l'erreur de croire qu'il est capable de prévoir les mouvements boursiers et que le marché va se conformer à ses attentes. Il confond l'existence de régularités sur les marchés avec des mouvements totalement prévisibles. Tout est possible sur les marchés et il n'est pas nécessaire de deviner tous les mouvements pour gagner de l'argent. Le trader professionnel est un véritable tireur d'élite (sniper) qui attend le moment opportun pour faire mouche. Son but n'est pas nécessairement de prévoir ce que va faire le marché, mais de capitaliser sur des mouvements présentant une forte probabilité d'occurrence. La perception du risque dépend généralement du résultat des deux ou trois dernières opérations. Les bons traders évitent d'être influencés par les résultats de leurs dernières opérations. Ils analysent froidement le risque et ne sont pas affectés par une position défavorable. Un état d'esprit de champion Pour réussir, le trader doit accepter de faire des sacrifices considérables. À ses débuts, Mark Weinstein s'est enfermé chez lui pendant presque six mois, ne voyant plus ses amis et consacrant tout son temps à l'étude des marchés. Il était obnubilé par la réussite et a tout fait pour réaliser ses rêves. Le trading peut s'apparenter à une compétition de haut niveau ou à un concours. Il ne suffit pas de bien travailler ; il faut être meilleur que les autres... Le trader doit non seulement accumuler de nombreuses connaissances, mais encore être discipliné, persévérant et solide émotionnellement. De nombreux grands traders passent par des phases difficiles, ont souvent essuyé de nombreux échecs et même été ruinés à plusieurs reprises. Le champion est celui qui persévère malgré tous les obstacles. Il est prêt à aller jusqu'au bout pour réaliser ses rêves. Le marché est neutre Un trader professionnel évite d'accuser le marché après une perte : c'est inutile et contreproductif... Nous l'avons déjà évoqué, une perte n'est jamais injuste. Elle reflète avant tout le résultat d'une « bonne ou d'une mauvaise » prise de décision. Le marché n'éprouve aucun sentiment à notre égard : il n'est ni généreux, ni cruel et n'est pas là pour faire des cadeaux ou pour nous punir. La fonction des marchés est essentiellement de faciliter les échanges entre les intervenants (offreurs et demandeurs). Pour le trader professionnel, le marché est neutre et aucun complot, visant à le défaire de son précieux capital, n'est à l'œuvre. La démocratisation des marchés Les marchés sont parfois manipulés et certaines publicités peuvent laisser penser qu'il est aisé de gagner en trading. Le trading est une activité exigeante, mais il est vrai que les progrès technologiques ont permis aux traders de disposer d'une information de qualité et de bénéficier de frais de courtage abordables. Le trader discipliné, ayant un système solide, dispose désormais des mêmes moyens que les traders professionnels. Il faut juste fournir les efforts nécessaires. Opérer sereinement sur les marchés Nous avons déjà développé cette idée, qui est une des clés de la réussite : le trader doit opérer sur les marchés de manière détendue et ne pas se considérer en terrain hostile. Pour réussir en trading, il faut percevoir les informations communiquées par le marché sans peur ni excès de confiance. En effet, le moindre conflit interne risque d'éloigner le trader de l'instant présent, ce qui aura irrémédiablement un impact négatif sur sa performance. Le trader doit éliminer les conflits internes de son trading, laisser faire le marché et ne pas le forcer, en étant patient et en saisissant les opportunités qui se présentent. Le trader professionnel vise cette sérénité qui lui permettra de percevoir les opportunités offertes par le marché. Les meilleurs traders ont une foi puissante et inébranlable dans l'incertitude. Ils savent faire la différence entre la situation présente et les résultats obtenus durant les dernières opérations dans des conditions similaires. Analyser l'information de manière objective L'information n'est ni bonne ni mauvaise, elle ne fait que relater des faits. Le trader qui accepte la neutralité des marchés sera dans les conditions idéales pour repérer les bons signaux et appliquer de manière efficace son système. Le marché doit être vu objectivement, sans distorsion aucune. Le point de vue des grands traders Michael Marcus explique ainsi les raisons de son succès : « Je suis très ouvert d'esprit et je n'hésite pas à prendre en compte une information, même douloureuse. Lorsque le marché se retourne contre moi, je suis toujours capable de dire : j'espérais que cette position me rapporte beaucoup d'argent, mais elle ne marche pas, donc je préfère sortir. » Le risque de dissonance cognitive L'environnement illimité des marchés est propice à l'exacerbation des émotions du trader. La dissonance cognitive est un phénomène très présent sur les marchés : la contradiction entre les informations communiquées par les marchés et les certitudes du trader crée un effet désagréable que le trader cherchera à éviter en ignorant l'information. Exemple Un trader positionné à l'achat sur un titre se sentira trahi si le titre se retourne brusquement et préférera ignorer l'information en n'exerçant pas son stop. Un trader professionnel a compris l'importance d'un mental structuré pour mieux accepter et gérer l'information douloureuse ou agréable. La visualisation fournit des moyens efficaces au trader pour y parvenir. Les meilleures opportunités sont souvent les plus inconfortables Une opportunité trop évidente sonne comme un avertissement : en effet, elle sera repérée par la majorité des traders et engendrera un faux signal ou une consolidation. En trading, les meilleures opportunités sont souvent les plus dures à saisir. L'incertitude est importante, les opérateurs sont paniqués et le trader préfère généralement attendre une confirmation avant de se positionner. Les meilleurs traders ont pris en compte cet inconfort dans leur stratégie et comprennent l'intérêt de se positionner avant les autres. Quand le signal semble évident, c'est qu'il est déjà trop tard. Lorsque le signal est pertinent, le trader novice n'ose pas car il est dominé par ses émotions. Seul le suivi strict de certaines règles lui permettra de contrôler ses émotions et de prendre la position. Un signal d'achat semble toujours très bon après une forte progression du titre. C'est aussi à ce moment que les premiers acheteurs prennent leurs bénéfices, donnant lieu à une consolidation, ou pire à des ventes à découvert qui provoquent une chute du titre. Le bon trader ne pense pas comme la foule. Il maîtrise ses émotions et il est capable de faire ce que les autres ne font pas. Le point de vue des grands traders Pour Bruce Korner, « Les meilleurs traders sont extrêmement indépendants et contrariants. Ils prennent des positions que les autres refusent de prendre. Ils sont extrêmement disciplinés et respectent à la lettre leur plan de trading 1. » La visualisation Pour faire face à l'environnement illimité des marchés, le trader doit structurer son mental. La visualisation est pratiquée par de nombreux traders, dont Bruce Kovner : « Un bon trader doit être capable d'imaginer des scénarios alternatifs. Il doit visualiser ce que le monde devrait être et attendre qu'un de ces scénarios se confirme. Inévitablement, la plupart de ces scénarios vont avorter, mais il suffit de les imaginer et d'être préparé mentalement à la survenance d'un de ces événements2. » La visualisation permet ainsi au trader de se préparer efficacement à affronter des situations réelles. La répétition visuelle des différents scénarios La visualisation permet au trader d'envisager mentalement la manière dont il compte opérer sur les marchés. Elle le prépare efficacement, sur un plan psychologique, à saisir les meilleures opportunités lorsqu'elles se présentent. Le trader répétera mentalement les différentes étapes d'une transaction : l'ouverture, la prise de bénéfices et le stop. Il devra s'imaginer en train de se positionner sur les marchés, couper une position douloureuse, faire face à un événement incertain (accélération brutale du titre), etc. Comme un pilote automobile, il devra répéter activement les différentes étapes du trade, notamment comment il compte réagir face aux différents événements. La visualisation permet au pilote automobile de développer certains réflexes, d'agir de manière quasi instinctive dès l'apparition d'une situation « inattendue ». En activant les pires scénarios possibles et en se voyant agir de manière calme et dans un état d'esprit serein, il répondra de manière moins émotionnelle et moins impulsive à ces situations particulières. La répétition mentale de situations douloureuses L'être humain ne souhaite pas affronter les situations douloureuses, même mentalement, et cherchera à les éviter à tout prix. C'est en osant les affronter que le trader sera à même de les gérer efficacement. Pour opérer au meilleur niveau, il ne faut pas chercher à éviter ces situations douloureuses, car cela génère un stress inutile. En acceptant l'incertitude et en s'y préparant mentalement, le trader est dans les conditions mentales optimales pour opérer sur les marchés. Dans de nombreux sports (tennis, échecs...), la répétition mentale est pratiquée intensivement pour améliorer ses performances. Avoir vécu mentalement les différentes possibilités permet de les affronter concrètement. Idéalement, le day trader devra développer une routine quotidienne comprenant la visualisation des scénarios possibles de la séance. La visualisation pour mieux respecter les stops La gestion des pertes est souvent problématique en trading. La plupart des traders perdent le contrôle de leurs émotions en phase perdante. Les traders digèrent difficilement les pertes et se focalisent essentiellement sur la manière dont ils vont regagner leur argent. Ils oublient leur plan de trading et mettent en place de nouvelles priorités. Le trader doit se convaincre que le respect des stops est d'une importance capitale pour sa survie. Dès lors, il doit se familiariser avec les situations où le marché se retourne subitement contre lui et s'imaginer en train d'exercer automatiquement ses stops. Il s'agit d'une excellente préparation pour gérer des situations inattendues. Pour Brett Steenbarger, la grande majorité de ses positions profitables ont été précédées par une visualisation des différents scénarios négatifs et émotionnellement difficiles. Une grosse perte s'explique souvent par la négligence du trader qui n'est pas prêt mentalement et n'a pas effectué son travail de recherche. Il tente d'imposer son point de vue et ses attentes au marché au lieu de noter l'information fournie par celui-ci. La répétition mentale de scénarios alternatifs et émotionnellement difficiles, comme l'exercice d'un stop, joue un rôle important en trading. Les sportifs de haut niveau sont habitués à répéter mentalement des situations où ils sont en difficulté. Ce juste équilibre entre « acceptation des pertes et contrôle strict » est ce qui permettra au trader de réussir sur le long terme. Une perte ne se justifie pas Beaucoup trop de traders cherchent des justifications, lorsqu'un titre n'évolue pas favorablement. Ils se mettent à rationaliser et à donner des arguments « solides » pour garder le titre en portefeuille. Ils ne sont pas dans les dispositions optimales pour effectuer une décision rationnelle, car ils cherchent avant tout à éviter la perte. Ils se focalisent essentiellement sur les raisons qui justifient cette « perte latente » au lieu de l'accepter et de passer à autre chose. Un trader doit avoir des critères précis pour conserver un titre. Lorsqu'une position est perdante, il doit éviter de rationaliser et dire tout simplement : « Je me suis trompé, je dois couper ma position et attendre la prochaine opportunité. » Il faut toujours avoir à l'esprit la célèbre formule de Jesse Livermore : « Au lieu d'espérer, le trader doit avoir peur et au lieu d'avoir peur, le trader doit espérer3. » Museler son ego Nous avons déjà évoqué cette idée clé : la perte n'est pas en soi gênante, c'est le fait de se tromper qui indispose le trader. Bien souvent, le trader préfère avoir raison plutôt que de gagner de l'argent : pourquoi les traders pensent-ils de la sorte ? pourquoi est-il difficile de changer le raisonnement des traders en situation perdante ? quelles règles permettront aux traders de mieux gérer leurs positions perdantes ? Un trader doit être humble (accepter ses erreurs et les reconnaître), éliminer tout ego et toute arrogance et quelque part admettre une certaine vulnérabilité. Ne pas être fidèle à une position Paul Tudor Jones n'hésite pas à abandonner sa position originale si suffisamment d'éléments contredisent son anticipation initiale. Pour gagner sur les marchés, il est nécessaire de revoir ses positions tous les jours et se remettre continuellement en question. Après chaque séance, le trader devra s'interroger sur les raisons qui l'ont poussé à ne pas respecter son plan et se demander ce qu'il doit faire pour le suivre rigoureusement. Une autocritique régulière est nécessaire. Un bon trader n'est pas un individu réactif, mais une personne capable de faire des choses qui ne viennent pas naturellement à l'esprit. L'ego n'a pas de place dans son trading. La réticence à se forger des règles De nombreux novices sont attirés par la liberté presque illimitée offerte par les marchés (pas de salariés, pas de patron, pas de clients, la possibilité de travailler depuis n'importe quel endroit au monde, de prendre des vacances à n'importe quel moment de l'année, etc.). Ce métier permet une véritable indépendance, mais présente également de nombreuses contraintes. C'est une constante : la solution de facilité pour un trader consiste à ne pas assumer la responsabilité de ses actes. Il préfère blâmer les marchés plutôt que son manque de préparation. Dans un environnement incertain, le secret de la réussite repose avant tout sur le développement de règles solides (plan de trading) qui devront être suivies rigoureusement... Le trader qui ne se fixe aucune limite et qui ne respecte pas son plan est voué à l'échec. Le trader amateur refuse généralement de prendre ses responsabilités. Il ne dispose pas d'un plan de trading solide et/ou ne l'applique pas sérieusement. En effet, il est facile de ne pas endosser la responsabilité quand le plan de trading n'est pas précis : le trader se félicite en phase gagnante et blâme les courtiers ou les marchés après une série de pertes ; un système peu rigoureux ne permet pas de relever les points forts ou les points faibles de son approche et exonère le trader de toute responsabilité. Le plan de trading élimine le hasard dans la prise de décision et aide le trader à prendre en compte les aléas du marché. Il permet de repérer les erreurs commises et les actions nécessaires pour progresser (prendre ses bénéfices trop rapidement, ne pas respecter ses stops, etc.). En résumé : – le trader qui n'assume pas ses responsabilités ne sera pas ouvert aux opportunités du marché. Il est en permanence à la recherche d'un responsable ou du système parfait et n'effectue pas le travail nécessaire d'autocritique qui permet de progresser ; – le trader qui prend ses responsabilités ne blâme plus le marché pour ses erreurs. Il est neutre face aux mouvements boursiers et accepte le résultat totalement aléatoire de ses opérations ainsi que le rôle important du hasard pour chaque trade ; – le trader professionnel assume l'entière responsabilité de ses succès et de ses échecs, car c'est le moyen ultime de maîtriser ses émotions et de gagner sur les marchés à long terme. Il est extrêmement précis sur ses niveaux d'entrée et de sortie et ne se laisse pas dominer par ses émotions : le marché est neutre. Le trader professionnel a peur de mal faire La peur provoque chez le trader une rationalisation de ses erreurs, une déformation inconsciente de l'information, mais aussi une hésitation à saisir les signaux de marché ou une précipitation liée à la crainte de rater une opportunité. Ce sentiment de peur devra être éliminé en trading. Les traders performants ont éliminé de leur trading les effets de la peur et de l'imprudence. Le trader professionnel n'a qu'une seule obsession : ne pas déroger à son plan. Il n'a pas peur des marchés, mais simplement peur de mal faire. Pour un trader professionnel, le non-respect des règles équivaut à une perte d'argent. Le trader peut parfois réaliser des profits en violant ses propres règles, mais, à long terme, cette attitude le perdra car elle renforce les mauvaises attitudes. Exemple Un trader n'exerce pas son stop et réalise malgré tout un gain. Danger ! Cette attitude risque de se révéler fatale. Quelques pertes suffisent à faire perdre au trader tout contrôle. C'est la raison pour laquelle il devra se convaincre de respecter ses règles. Le trader professionnel a structuré son esprit afin de capitaliser sur les régularités existant sur les marchés. De la discipline ! Pour Richard Dennis, sans discipline, le trader est voué à l'échec : « J'ai toujours été convaincu que, même en publiant dans un journal les règles de trading de mon système, personne ne les aurait suivies. La clé du succès en trading est la régularité et la discipline. » Les résultats ne sont pas synonymes de compétences Les gains en Bourse ne sont pas synonymes de compétences. Un trader doté d'une attitude gagnante peut gagner en Bourse, même sans disposer de véritables compétences. Paradoxalement, le trader débutant a souvent une attitude gagnante car il n'a pas peur. Sa confiance démesurée dans ses compétences le fait entrer dans un état de sérénité qui s'estompera lorsque la dure réalité des marchés reprendra le dessus. À l'inverse, certains analystes, malgré des compétences avancées, ne disposent pas de l'attitude gagnante et ont peur... Pour un analyste, il est parfois plus important d'avoir raison que de gagner. Éviter l'excès de confiance Pour Paul Tudor Jones, « lorsqu'un trader réalise une bonne opération, il ne doit jamais se féliciter et clamer que c'est grâce à ses qualités de prévisionniste. Le trader doit avoir confiance en lui, mais il doit éviter à tout prix l'excès de confiance ». Le rôle du facteur chance Le facteur chance joue un rôle important sur les marchés, du moins à court terme. Un gérant peut réaliser une performance remarquable dans un marché haussier et être considéré par ses pairs comme doté de qualités hors du commun, alors même qu'il n'a rien fait d'exceptionnel. Le cas de la bulle Internet Peu avant l'éclatement de la bulle Internet, les gérants étaient perçus comme des héros et certains analystes financiers, recommandant l'achat des valeurs Internet, sont devenus de véritables « stars ». Mary Meeker a connu un succès phénoménal et était même surnommée « la Reine du Net » pour avoir prédit dès 1997 la hausse des valeurs Internet. Elle a persisté dans son raisonnement haussier après mars 2000... C'est la raison pour laquelle il faut éviter de lier sa performance en trading à ses qualités intrinsèques, du moins à court terme. Les phénomènes de mode Il existe des phénomènes de mode sur les marchés, qui consistent à lier la performance à court terme (un an) d'un trader ou d'un gérant à ses compétences. Warren Buffet en a fait les frais durant l'année 2000. Le célèbre sage d'Oklahoma est resté prudent durant cette période, contrairement à de nombreux gérants de portefeuille. Il a préféré ne pas investir dans les valeurs Internet jugées trop obscures à son goût. Son fonds a d'ailleurs subi une contre-performance cinglante au début de l'année 2000 et de nombreux journalistes financiers, gérants et traders l'ont considéré comme dépassé. Le temps leur a donné tort et a confirmé la « sagesse légendaire » de Buffet. L'estime de soi ne doit pas influencer la décision Le trader peut exercer son activité pour de mauvaises raisons : gagner l'estime de ses proches, être admiré. Cette attitude risque de le plonger dans un état de déprime s'il ne gagne pas. Le trading est une activité risquée qui ne se maîtrise qu'après plusieurs années d'expérience et de recherches assidues. Le trader doit créer une séparation entre sa personne et son trading. S'il doit croire en lui, il ne doit pas rechercher une forme de reconnaissance ou à prouver aux autres quoi que ce soit. Les points suivants lui permettront d'embrasser cet état d'esprit : un mauvais trader peut gagner sur les marchés à court terme ; un bon trader peut réaliser des pertes importantes sur le court ou le moyen terme ; seuls les bons traders réaliseront une performance positive à long terme. En résumé : – il ne faut pas confondre performance à court terme et compétences. Un bon trader vise la régularité. En phase perdante, il ne devra surtout pas se remettre en question et garder confiance dans ses qualités de trader ; – la confiance en soi ne doit pas être influencée par les résultats obtenus sur les marchés. Le trader est toujours meilleur lorsqu'il se focalise sur le processus et non sur les résultats. 1. Source : Jack Schwinger, Market Wizards : Interviews with Top Traders, Prentice Hall Press, 1989. 2. Idem. 3. Source : Edwin Lefevre, Reminiscence of a Stock Operator, op.cit. Leçon n° 8 Être en phase avec les marchés Pour déployer tout son talent et l'intégralité de ses capacités, le trader doit nécessairement entrer dans un état qualifié de « zone ». La « zone » et la maîtrise La « zone » est un état où le trader n'est pas soumis aux différents biais psychologiques. Il a été mis en exergue par le Trader Mark Douglas1. Le trader est en complète harmonie et en phase avec les marchés. Il est ouvert à la vérité du marché et dans les meilleures dispositions pour saisir les opportunités présentes et à venir. Le trader est totalement impliqué, prend ses responsabilités et embrasse totalement l'incertitude. Le succès en trading est fortement lié à une foi résolue et absolue dans l'incertitude. Le trader apprend la régularité et accepte l'évolution, parfois complètement aléatoire, du marché... Le trading doit se concevoir comme un sport où tout est fluide, le basket par exemple. Le trader joue son jeu de manière sereine et détendue. La maîtrise est l'équivalent du nirvana pour les bouddhistes : état d'esprit où il n'y a ni peur ni désir et où l'on est en harmonie avec notre environnement2. En acceptant la peine et l'anxiété, comme des émotions qui font partie de l'activité du trading, on en a moins peur. On est capable de dépasser ses émotions en ne luttant pas contre elles. La maîtrise est un ensemble de compétences et de qualités qui nous permettent d'être totalement impliqués dans notre activité. Ari Kiev a longuement insisté sur l'importance de la maîtrise. Elle représente la volonté d'embrasser l'inconnu : on laisse le futur définir nos actions dans le présent et on vit à travers une vision déclarée. Elle a comme objectif ultime l'accroissement de la performance du trader et ne vise en aucun cas la recherche du pouvoir ou du prestige. Le trader doit être volontaire De nombreux traders consacrent des années à des recherches sur les marchés : ils lisent des ouvrages sur le sujet, assistent à de nombreuses conférences et développent des systèmes. Cependant, ils n'osent jamais passer à l'action, de peur d'échouer... La première étape pour devenir un « grand trader » est le passage à l'action. Le succès, dans n'importe quelle activité, trouve ses origines dans une pratique intensive. Les recherches et la lecture des livres écrits par les « grands maîtres » permettront de maîtriser les fondamentaux et d'accélérer son apprentissage. Seule la pratique permettra de viser la maîtrise... S'abandonner aux marchés Le bon trader évite de contrôler les marchés et s'abandonne au moment présent. Il libère son esprit de toute pensée sur les gains ou sur les résultats. Le trader agit dans le moment et évite de se juger, surtout de manière négative, car il doit avant tout être concentré et focalisé sur la détection d'opportunités. Le temps de l'analyse et de la critique viendra par la suite. Idéalement, le trader évolue sans effort, ne se braque pas et se focalise sur le processus, non sur le résultat. Nous avons tous des automatismes qui nous empêchent d'être totalement engagés dans l'instant présent. Pour éviter cela, le trader doit libérer ses pensées de certaines pollutions de l'esprit : le « qu'en dira-t-on », la fierté, l'ego, la peur de l'échec, etc. Le trader doit avoir un objectif clair et tout faire pour l'atteindre. Aller au-delà de sa zone de confort Pour Arnold Schwarzenegger, « les dernières répétitions dans une séance de musculation produisent les effets les plus importants, car ils demandent un effort maximal sur les muscles. La capacité d'aller au-delà de ses limites est ce qui fait la différence entre un champion et un éternel amateur. » Ce principe s'applique avec la même pertinence au trading. Le trader qui va au-delà de sa zone de confort développe des « muscles » cognitifs et émotionnels qui lui seront utiles pour supporter un effort émotionnel soutenu. L'entraînement psychologique permettra au trader de répondre de manière moins impulsive à certaines situations. En imaginant des situations évoquant la peur, le trader apprend à domestiquer ses réactions et à gérer plus efficacement ces situations en y répondant plus calmement. En sport, comme en trading, un exercice trop facile ne permettra pas de progresser. L'attitude prévaut sur l'analyse En trading, une bonne attitude est bien plus efficace que des compétences pointues en analyse. Cette attitude aidera le trader à obtenir par la suite les compétences requises en analyse. Un trader équilibré au mental solide fournira les efforts nécessaires pour réussir et développer les compétences nécessaires en trading. À l'inverse, un bon analyste sera piégé par ses compétences et ignorera les étapes clés pour réussir en trading. Un excellent analyste peut se révéler être un piètre trader s'il ne dispose pas du mental adéquat. La zone est un état où le trader est capable d'agir de manière instinctive. Il n'a absolument aucune crainte sur les conséquences de l'échec. Il tendra vers la zone en se remémorant les succès passés et en se plaçant dans l'état d'esprit du gagnant. Le trader dans la zone sera dans les conditions optimales pour opérer efficacement. La nécessaire spécialisation Le trader ne peut pas tout maîtriser et devra se spécialiser pour atteindre un haut niveau de performance. Il devra admettre ses faiblesses et comprendre qu'il n'est pas nécessaire de tout savoir pour réussir. Le trader professionnel se concentre généralement sur quelques titres et cherche à anticiper quelques séquences « seulement ». Il existe trois types de spécialisation : le marché (actions, devises, matières premières, futures, etc.) ; le style et les signaux qui seront retenus par le trader (suivi de tendance, swing trading, day trading, stratégies de breakout...) ; l'horizon de temps (Day train, moyen terme, long terme). En trading, il est contre-productif de chercher à tout anticiper ou vouloir saisir tous les mouvements dessinés par les marchés. Le trader doit connaître ses limites. Éviter de se disperser (ne pas trop en faire) Les traders débutants cherchent à tout savoir sur tous les sujets. Cette dispersion ne leur permet pas de se focaliser sur les informations pertinentes pour prendre des décisions efficaces : trop d'information tue l'information. Les meilleurs traders se concentrent sur quelques indicateurs clairs, qu'ils maîtrisent bien, pour analyser les marchés. L'objectif n'est pas de prévoir tous les mouvements de marché, mais avant tout de viser la performance, en repérant les configurations à fortes probabilités. En ouvrant plusieurs positions à la fois, le Day trader risque de ne pas les maîtriser et de perdre totalement le contrôle de la situation. Les conséquences peuvent être dramatiques. Enfin, le trader qui n'est pas au mieux de sa forme devra s'abstenir d'opérer : il pourrait prendre des positions peu réfléchies et dangereuses, car il ne serait pas dans un état de concentration totale. Une certaine dose de stress est bénéfique Un minimum de pression est nécessaire pour réaliser ses objectifs. Une petite dose de stress incitera le trader à respecter certaines règles, lui permettra d'activer ses meilleurs réflexes et de gérer efficacement des situations délicates. Certaines situations de marché peuvent complètement déstabiliser le trader qui n'est pas concentré : dans des marchés peu volatils, le trader est souvent distrait et frustré en raison du faible nombre d'opportunités existantes. Il cherchera à agir même sans raison solide ; inversement, dans des marchés extrêmement volatils, le trader enregistrera des pics émotionnels importants (peur, euphorie, panique, optimisme, cupidité...). Pour se préparer, il faut, avant l'ouverture des marchés, répéter mentalement les différents scénarios possibles et visualiser la manière d'y faire face. À la recherche de solutions À tout problème, il y a une solution. Pourtant, les traders se focalisent exclusivement sur les problèmes au lieu de rechercher des solutions. Le passé est souvent lourd et influence lourdement notre présent et notre avenir. De nombreux individus sont bloqués sur certaines expériences passées douloureuses. Ainsi, une personne qui sort d'une situation difficile (divorce, licenciement, accident, etc.) réagit aux événements présents en se basant sur son expérience. Il doute de la notion de couple et se remémore certains événements douloureux. Ces expériences traumatisantes sont ancrées dans nos esprits ; elles influencent nos décisions et notre manière de penser. Cette myopie des intervenants est très fréquente sur les marchés financiers. Le trader est à l'origine des situations de blocage Le trader peut se baser sur ses interprétations et son expérience au lieu de se focaliser sur les événements réels. Une expérience douloureuse peut durablement le marquer et sera souvent à l'origine de blocages et d'une certaine paralysie. Au lieu de rechercher des solutions, le trader sera obnubilé par les problèmes. Il est impossible de revenir en arrière et le trader devra oser tourner la page pour se concentrer sur l'instant présent, penser uniquement à ce qu'il pourra influencer et non à ce qu'il aurait pu faire. Ed SE kota : « J'évite d'analyser à chaud » Ed SE kota : « Je ne préfère pas revenir sur des situations passées. Je tente de couper les mauvaises positions aussi rapidement que possible, puis je les oublie pour me concentrer sur les opportunités présentes. J'évite d'analyser à chaud les origines d'un échec. Peut-être, un soir, après le dîner autour du feu3... » Éviter de perdre espoir Pour Brett Steenbarger, les traders ont en général une tolérance assez grande aux pertes. Néanmoins, la pire perte pour un trader reste la perte de tout espoir. En effet, le trader doit avoir une raison pour se battre sur les marchés et la perte d'espoir le mènera vers un échec certain. La dépression est un état où la motivation est complètement anéantie. Un trader qui accorde une valeur impor tante à un objectif, considéré comme irréalisable, peut rentrer dans cet état de déprime. Les traders novices se fixent souvent des objectifs démesurés. Ils plongent alors dans un état de déprime lorsqu'ils réalisent la dureté des marchés et la difficulté de la tâche. Se focaliser sur les solutions Une succession de pertes risque de complètement démotiver le trader et le pousser à commettre l'irréparable. Face à ces cas extrêmes, le trader doit être capable de tourner la page rapidement et se mettre à rechercher activement des solutions au lieu d'être obnubilé par ses problèmes. Il doit avoir le courage d'affronter ces situations difficiles et douloureuses, car c'est l'unique moyen de les surmonter et à terme de progresser. Le trader doit également apprendre à relativiser et prendre conscience que, très souvent, de nombreux problèmes ne sont pas éternels, et qu'il sera capable de les surmonter. Le trader professionnel se focalise sur les solutions. Il est capable de tourner la page en mettant de côté ses échecs. Il accepte d'analyser ses erreurs et dresse une liste des tâches à accomplir pour réussir. Il comprend que les échecs et les pertes sont une source importante d'apprentissage. À tout problème, il y a une solution Pourquoi les traders ont-ils des blocages ? Beaucoup de traders en difficulté sont obnubilés par le problème et sont paralysés au lieu de rechercher une solution. Pour Brett Steenbarger, il faut activement rechercher une solution au problème au lieu de rester « coincé » dessus. Le trader doit changer son état d'esprit et passer d'un état où il est focalisé sur les problèmes à un état où il recherche activement des solutions. Il identifiera les mécanismes internes qui lui permettront de s'adapter aux difficultés de la vie et utilisera son expérience personnelle comme une base de données... Il devra s'inspirer du Kai zen japonais (amélioration permanente) : l'échec est une opportunité pour apprendre. Le trader orienté « solution » évite de penser aux problèmes et reste fidèle à son plan de trading. La première étape pour devenir un bon trader est de conduire une analyse honnête et sans peur sur toutes les défaites et les victoires connues. Il faut examiner son comportement en situation et repérer les erreurs commises sur les positions perdantes et les raisons qui expliquent les positions gagnantes. Steenbarger précise que le changement peut être accéléré en menant des actions contraires à sa nature. Les grands traders sont des personnes capables d'apprendre et de faire ce qui ne vient pas naturellement. En recherchant des solutions, ils évitent de se braquer face aux problèmes. La nécessaire gestion du stress Pour amoindrir les effets néfastes du stress, une stratégie efficace consiste à éliminer les situations où nous sommes focalisés sur les problèmes : il faut se mettre à rechercher activement des solutions dès qu'un problème se pose. Les émotions négatives poussent le trader à se critiquer sévèrement et à rechercher des responsables. Il entre alors dans un cercle vicieux, assez dommageable sur le plan de la performance. Face à une situation émotionnelle douloureuse, le trader sera paralysé ou agira de manière impulsive, sans réfléchir aux conséquences. Le trader doit éviter à tout prix la paralysie et appliquer une stratégie active, lui permettant une gestion efficace de son stress afin de le sortir de sa torpeur. Lors des situations émotives, le trader oublie généralement son plan de trading et se tourne sur lui-même au lieu de rester concentré sur les marchés. Tous les traders passent par des situations de frustration et subissent des échecs. Néanmoins, les bons traders ont appris à gérer les situations où ils sont « orientés problèmes » de manière efficace. Ils vont se focaliser sur le processus et appliquer strictement leur plan de trading en prenant à cœur la gestion des risques (placement des stops et gestion de la taille des positions). En situation de stress, fréquente lorsque les marchés sont volatils, le trader se centre sur luimême et oublie totalement ses règles. Dans un marché chaotique, le trader devra redoubler de vigilance et planifier de manière encore plus stricte les ouvertures de positions. Noter son état émotionnel Dans un état émotionnel négatif, le trader baisse généralement les bras et risque de se laisser aller. Il est dans un état de passivité, qui peut avoir des conséquences très dommageables. C'est généralement le cas des personnes en phase de déprime prolongée, incapables de sortir de cette léthargie. Les personnes désespérées, après un choc émotionnel ou une expérience douloureuse (sur le plan familial ou professionnel), risquent de prendre des risques excessifs qui ne feront qu'aggraver leur cas. Elles le font presque volontairement car elles s'estiment abandonnées ou délaissées. Il est fondamental de prendre sa température émotionnelle avant d'opérer sur les marchés. Le trader doit être dans les meilleures conditions et disposer du bon état d'esprit pour éviter le pire. Il devra fuir les marchés lorsqu'il est pessimiste, frustré, déprimé, car il ne fera que surréagir à certains signaux... Mobiliser l'observateur interne pour se recentrer Dans les situations difficiles, l'observateur interne devra être mobilisé pour rechercher des solutions. Il permettra au trader de revenir vers une posture neutre, l'aidera à comprendre ce qui ne va pas et à définir les actions concrètes qu'il devra mener, notamment renverser sa psychologie et intensifier ses efforts et sa concentration : après une série de gains, il devra freiner ses ardeurs et redoubler de vigilance, comme une personne qui vient d'essuyer une lourde perte ; au contraire, après une série de pertes, il devra reprendre confiance en lui et éviter de paniquer. Il peut même prendre un recul temporaire par rapport aux marchés ; un bon trader n'est pas focalisé sur le résultat, mais sur le processus, ce qui lui permet de percevoir parfaitement les mouvements des marchés. Devenir son propre thérapeute Le trader doit être capable de passer rapidement d'un état d'excitation ou de panique à un état de sérénité et de concentration totale. Il doit devenir son propre thérapeute et apprendre à effectuer une analyse personnelle en temps réel. Pour Steenbarger, il ne faut pas chercher à éliminer la peur car elle offre des signaux pertinents. De nombreux traders tenteront d'éliminer leurs émotions négatives. Néanmoins, même chez les traders expérimentés, l'anxiété et la peur sont des sentiments très présents : ils ne chercheront pas à éliminer les émotions négatives, mais à les expérimenter totalement, afin d'être conscients de ce qu'ils ressentent. Ils ont appris à ne plus être dominés par leurs émotions et à les utiliser comme des signaux avancés. 1. Douglas Mark, Disciplined Trader : Developing Winning Attitudes, Prentice Hall Press, 1990. 2. Kiev Ari, Trading to Win : The Psychology of Mastering the Markets, John Wiley & Sons, 1998. 3. Source : Schwager Jack, Market Wizards : Interviews with Top Traders, Prentice Hall Press, 1989. Leçon n° 9 Techniques pour opérer au meilleur niveau en Bourse Un trader détaché et détendu est flexible dans sa manière de penser et réagit rapidement. A contrario, un trader tendu prend les choses trop à cœur, panique souvent, est paralysé dans les situations délicates et ne prend pas nécessairement les bonnes décisions. Les conditions idéales Un bon trader est détendu en séance et prend même un certain plaisir (un peu comme dans un jeu). Il a un certain détachement, ce qui lui permet de faire face aux situations extrêmes et d'y réagir de manière appropriée. En sport, de nombreux joueurs professionnels cherchent à se détendre avant les grands événements et se vident l'esprit de toute pensée négative : les boxeurs font en sorte d'évacuer la pression, souvent insupportable avant le début du match. Pour parvenir à cet état, le trader doit avoir une vie équilibrée, une bonne condition physique et prendre régulièrement des pauses. Le trader gagnant est celui qui a réussi à entrer dans la « zone ». Il pense « probabilités » et maîtrise les techniques mentales qui lui permettront d'opérer à son potentiel maximum. Les meilleurs traders insistent sur l'importance de prendre régulièrement des vacances et un certain recul par rapport à leurs activités. C'est le cas d'Ed Seykota, qui préfère prendre des vacances lorsqu'il ne se sent pas en état d'opérer sur les marchés. Après une période de repos, le trader revient sur les marchés avec un esprit frais et la capacité de voir les choses objectivement : le grand scalper Paul Rotter parvient lui aussi à tenir la pression en faisant beaucoup de sport et en prenant régulièrement des vacances1. Se retirer temporairement du marché De nombreux day traders prennent des pauses durant la séance, notamment au déjeuner, et font du sport. Il est important de « recharger les batteries » pour la deuxième partie de la journée et d'être concentré pour saisir les meilleurs signaux et capitaliser dessus de manière optimale. Les marchés ont le pouvoir de brouiller l'esprit du trader, qui passe d'un état où il est focalisé solutions à un état où il oublie totalement son plan de trading pour se focaliser exclusivement sur les problèmes. En se retirant temporairement des marchés, le trader prend du recul. Il revient avec une vue plus claire. Comme l'affirme Michael Marcus, « quand vous êtes dans le doute, coupez toutes vos positions et prenez une bonne nuit de sommeil. Les choses vous sembleront plus claires le lendemain ». Un cadre de vie équilibré Le trading peut devenir une passion dévorante : le trader risque d'oublier tout le reste. Pour éviter que le trading ne devienne une obsession, le trader devra équilibrer son portefeuille émotionnel. S'il doit être totalement dédié à son activité lorsque les marchés sont ouverts, il doit également être capable de s'en extraire et de consacrer du temps à sa famille, à ses amis et à d'autres activités, étrangères aux marchés, mais importantes pour son bien-être (sport, voyages...). Pour Michael Marcus, « il faut avoir une vie en dehors des marchés. On ne peut supporter la pression des marchés sans avoir des activités extérieures au trading ». Le trading est un long processus où l'excellence dépend de nombreux éléments, notamment d'une vie équilibrée. Une bonne condition physique La condition physique influence directement les émotions d'un individu. Un trader en bonne forme sera alerte et dans les meilleures conditions pour saisir les opportunités. Il faut éviter de faire du trading lorsqu'on n'est pas dans les conditions optimales. Un trader fatigué et surmené n'aura pas les réflexes pour gérer les situations risquées, sera souvent impulsif et représentera une proie facile. C'est la raison pour laquelle le trader doit impérativement prendre sa température émotionnelle avant de passer à l'action. S'il n'est pas totalement focalisé, il doit alors le constater et rester à l'écart des marchés. L'exercice physique, avant la séance de trading, peut faciliter la concentration, en chassant les idées négatives. L'excellence en trading demande une certaine endurance et une bonne santé physique. Les pics émotionnels sont fréquents sur les marchés et il faut tenir sur la durée. Jesse Livermore avait la réputation de sortir très peu durant la semaine et de dormir tôt pour être en forme le lendemain lors de la séance de trading. Durant son activité, il était extrêmement concentré et refusait de communiquer, avec qui que ce soit, pour éviter d'être perturbé... Cette activité exige un véritable dévouement et une bonne hygiène de vie. Dans cette optique, le trader doit avoir un bon système, le mental adéquat et la motivation nécessaire. Ces trois aspects sont nécessaires pour sa réussite et toute faiblesse dans l'un peut se révéler fatale. On imagine difficilement un boxeur malade ou possédant une faible technique faire le poids très longtemps sur un ring. L'importance de la préparation Les meilleures opportunités émergent généralement après des heures d'immersion dans les marchés, une analyse de l'information et une répétition active de scénarios alternatifs. Les opérations perdantes sont trop souvent la conséquence de décisions impulsives qui font suite à une préparation insuffisante. La performance est le fruit d'un travail acharné. Quand une personne gagne régulièrement, elle se relâche et n'effectue plus les tâches à l'origine de sa réussite (mettre à jour le journal de trading, suivre ses règles). Un trader mal préparé tente d'imposer ses idées au lieu de noter les informations délivrées par le marché et d'agir en conséquence. Le trader qui fait bien son travail verra les opportunités apparaître comme par enchantement. Le trader professionnel connaît ses failles et ses points forts. Il utilise cette information pour modéliser sa personnalité et son trading sur les situations où il excelle. Penser « probabilités » Le trader doit se convaincre que chaque position a une issue aléatoire, mais qu'une série de positions aura un résultat certain. Tout est possible sur les marchés : on ne peut connaître à l'avance l'ordre dans lequel les positions gagnantes et perdantes vont se dessiner. Il est impossible de connaître à l'avance la manière dont les autres traders vont se comporter et comment leur comportement va affecter les cours boursiers. En effet, un seul trader peut provoquer un décalage contraire à nos anticipations et neutraliser notre avantage. Le raisonnement en termes de probabilités suppose d'accepter toutes les possibilités sans résistance. En étant convaincu que chaque trade est imprévisible, le trader n'est pas déçu ou frustré par les positions prises sur les marchés. Il évite d'être affecté par une position prise individuellement. Ne pas compter sur la chance Richard Dennis, « la chance ne joue aucun rôle à long terme dans le succès d'un trader. Néanmoins, et c'est là que la confusion réside, chaque position individuelle laisse une place importante à la chance. C'est une simple affaire de statistiques. » Le système de trading doit permettre d'ouvrir des positions lorsque les probabilités sont favorables. Chaque position offre un résultat totalement incertain, même si, à long terme, la loi des grands nombres joue en faveur de celui qui pense « probabilités ». Un trader a conscience qu'il n'a pas besoin de savoir ce qui va arriver pour gagner de l'argent. Il laisse faire le marché et agit uniquement quand une situation favorable se présente. Si le système de trading présente un avantage par rapport à la concurrence, il suffit de l'appliquer sur un nombre élevé d'opérations, pour être gagnant à terme. Le point de vue de Gary Bielefeld Ce trader vedette a été mis en lumière par Jack Schwinger dans son ouvrage Maret Izard : Interviews witz Top Traders [Practice Hall Pressa, 1989]. « Mon père m'a appris à jouer au poker à un très jeune âge et m'a enseigné le concept des probabilités. Il ne faut pas vouloir jouer chaque main, car si vous le faites, vous avez une probabilité importante de perdre. Il ne faut jouer que les bonnes mains et éliminer les mains faibles », raconte Bielefeld. Ainsi, le trader doit augmenter son exposition lorsque les probabilités sont favorables et sortir avec une petite perte dans le cas inverse : « Si la plupart des cartes sont sur la table et que vous en avez une très bonne, les pourcentages sont en votre faveur, il faut augmenter votre exposition et jouer cette main au maximum. Si vous appliquez ces principes au trading, cela augmentera grandement vos chances de succès. J'ai toujours privilégié la patience, en attendant les meilleures opportunités. Si une position ne me semble pas bonne, je sors rapidement avec une petite perte. Inversement, je suis plus agressif quand les probabilités me sont favorables. » L'état d'esprit optimal En matière de trading, la motivation est fondamentale. Le trader doit non seulement se convaincre de son intérêt pour cette profession, mais il doit également accepter de perdre. Pour ce faire, il doit promettre un résultat (un objectif financier) et tout faire pour le réaliser. Cette promesse crée un lien entre son état actuel (sur le plan financier et des compétences), et celui qu'il a décidé d'atteindre. Ce gap (écart) est la source d'une tension créative qui va le motiver pour déterminer le style qui lui permettra de réaliser son objectif. Un trader dans la « zone » se détache des choses matérielles. Il se focalise sur le processus, car il a compris que la régularité se trouvait dans son esprit, mais pas sur les marchés. La régularité est dans nos esprits La régularité repose d'abord sur le développement d'une méthodologie éprouvée. Il faudra ensuite l'appliquer de manière disciplinée, sans trop se poser de questions. Les traders recherchent des régularités sur les marchés, mais ils oublient qu'ils doivent eux-mêmes être réguliers dans leur manière d'appréhender et d'opérer. La régularité fait partie du mode de pensée des grands traders. Cet état d'esprit dépend de nos certitudes et de nos attitudes. Il est difficile de l'atteindre sans avoir des certitudes solides sur la bonne attitude. Le trader doit développer les attitudes appropriées et neutraliser les certitudes et les attitudes qui l'empêchent de se sentir bien ou d'éprouver du plaisir. Pour parvenir à un succès régulier, il devra prendre ce que le marché lui offre et être présent quand les opportunités se présentent. Les individus sont grandement influencés par leurs certitudes : le trader doit être certain que la régularité est l'attitude idéale pour opérer efficacement sur les marchés financiers. La régularité est un mode de pensée à part entière et cet état d'esprit dépend avant tout du trader. Les grands traders qui gagnent sont avant tout réguliers. Cette régularité doit devenir un automatisme. Les opérations les plus fructueuses sont généralement faciles, car elles ne demandent pas d'efforts particuliers de la part du trader. Il fait simplement partie du flot d'opportunités et ne réalise pas des efforts démesurés. Les meilleurs restent dans le flot Pour Mark Douglas, « les meilleurs traders restent dans le flot car ils ne cherchent rien à obtenir du marché. Ils se rendent simplement disponibles pour saisir ce que le marché leur offre à tout instant2 ». Personnaliser son système de trading Le trader doit adapter son système de trading à sa personnalité. C'est la raison pour laquelle il devra chercher à mieux se connaître avant d'établir un plan de trading définitif. En outre, le système ne sera pas figé, évoluera avec les connaissances du trader, et sera également fonction de l'état du marché (un système performant dans un marché en tendance ne l'est pas forcément dans un marché sans tendance). Ne pas s'attacher aux résultats Pour Richard Dennis, il est contre-productif de s'attacher aux résultats : « Les décisions de trading doivent être effectuées de manière aussi peu émotionnelle que possible. Pour cela, il faut avoir une perspective large, éviter de se focaliser sur les résultats à court terme et noter que la vie est plus importante que le trading3. » Le trader doit créer des symboles forts lui permettant de lier étroitement ses performances à un objectif futur : se convaincre qu'en respectant son plan de trading, il pourra réaliser ses rêves, combler les personnes proches, etc. En liant le processus à des objectifs ayant une importance significative à ses yeux, il s'obligera à le respecter. Mentionner toutes les transactions effectuées, la raison de chaque ouverture de position, le résultat, etc., permettra au trader de construire une analyse statistique de sa performance, afin de relever les comportements récurrents et déterminer les points qu'il devra travailler grâce au journal de trading. Pour évaluer objectivement sa performance, le trader peut s'attribuer une note. Il ne s'agit pas de se focaliser sur l'argent gagné, mais plutôt de déterminer si ses agissements étaient conformes au plan de trading et de déterminer les actions à mener pour mieux se focaliser sur le processus. Penser comme un trader d'exception Michael Marcus précise que sa principale force sur les marchés est de ne pas s'attacher aux choses matérielles. Pour les bouddhistes, la souffrance viendrait de l'attachement d'une personne aux choses de la vie. Si une personne désire ardemment une chose, elle en devient son esclave. Le trader doit éviter de s'attacher à l'objectif, même s'il représente beaucoup pour lui. Il doit donner le meilleur de lui-même, sans jamais être obsédé par l'objectif même s'il le désire vivement... Le trader qui pense « maîtriser les marchés » risque d'aller au-delà de graves déconvenues. Il doit opérer en partant de l'hypothèse qu'il ne sait pas, même si ses analyses se révèlent très souvent judicieuses : cet état d'esprit neutre et serein lui permettra d'opérer sans peur et de saisir rapidement les opportunités. En résumé Le développement du trader passe par les étapes suivantes : – s'habituer à l'environnement illimité des marchés ; – se focaliser sur la bonne exécution de ses positions (repérer les meilleurs niveaux d'entrée) ; – s'habituer à penser en termes de probabilités ; – apprendre à gérer correctement une position ; – créer une foi forte et inébranlable en sa régularité de trader. Le trader doit éliminer ses erreurs basées sur la peur, l'euphorie ou une image négative. Il doit se convaincre qu'il est un trader au succès régulier, car cela agira comme une source puissante d'énergie. Pour se transformer en un gagnant régulier, il faut avoir la volonté de changer, donc acquérir de nouvelles certitudes positives et désactiver, dans le même temps, ses certitudes négatives. Les meilleurs traders attendent le signal optimal avant d'intervenir. Ils prennent ce que le marché leur offre, sont capables d'attendre lorsqu'il n'y a rien et n'hésitent pas à être agressifs si une opportunité se présente. Le travail de recherche et d'analyse permet au trader de connaître les techniques les plus efficaces et d'adopter le bon état d'esprit à l'avenir. Pour progresser, un trader devra identifier les situations où son trading s'est révélé performant et modéliser sa performance future sur ces moments. Il devra repérer les moments où tout a bien fonctionné et tenter de les utiliser comme une référence pour l'avenir. 1. Interview de Paul Rotter dans Trader Monthly, 2004. 2. Mark Douglas, Trading in the Zone : Master the Market With Confidence, Discipline and a Winning Attitude, Prentice Hall Press, 2001, traduit en français sous le titre Traders, entrez, dans la zone, Éditions Valor, 2004. 3. Jack Schwager, Market Wizards : Interviews with Top Traders, Prentice Hall Press, 1989 Leçon n° 10 Les secrets des grands traders pour être en phase avec les marchés Un bon trader peut être agressif, mais il n'est jamais impulsif : le trader réactif agit rapidement lorsqu'il est face à une opportunité respectant son plan de trading ; l'impulsivité constitue une action non réfléchie du trader qui se positionne sans se baser sur un signal solide. Bannir l'impulsivité Selon Steve Cohen, les traders prennent souvent des positions sans aucune raison valable : « Ils vendent un titre qu'ils considèrent trop cher, comme si cet argument était solide. Leur recherche se résume à la sensation que le titre vaut cher. Certains amis deviennent émotionnels et se battent contre les marchés. Pourquoi se mettent-ils dans une telle situation de faiblesse ? » Les traders aux performances élevées osent prendre de bons risques. Les novices sont généralement impulsifs et prennent des risques irréfléchis : ils ne respectent pas leur plan de trading et ne permettent pas aux probabilités de jouer en leur faveur. Les traders doivent atteindre un état de sérénité leur permettant de percevoir les opportunités objectivement et d'éviter toute impulsivité. Un mauvais trader a tendance à ouvrir des positions importantes sur les mauvais titres, au lieu de le faire sur les titres au potentiel élevé. Cela vient du fait que de nombreux facteurs empêchent les traders de se concentrer (la dispersion, l'ennui, la série gagnante, la série de pertes, etc.). Dès lors, il est important de mettre de côté l'euphorie ou la déprime générées par les dernières opérations, pour se concentrer sur les opportunités présentes. Cette situation peut être comparée au monde sportif dans lequel l'athlète ne doit pas perdre de vue son objectif (gagner) même s'il subit un échec temporaire. Il n'est pas rare de voir une équipe menée au score se relever et remporter la partie. Il est nécessaire d'être totalement impliqué sur les marchés. Nul n'est à l'abri, même les meilleurs, et seuls ceux qui ont su rester humbles ont réussi dans la durée, malgré quelques déboires. Sans réelle concentration, le trader risque de commettre des erreurs et devra éviter d'opérer sur les marchés. Une attitude positive Avant de maîtriser les marchés, il faut se maîtriser soi-même, éliminer ses défenses automatiques, faire face à l'incertitude des marchés... L'environnement stressant des marchés peut provoquer des décisions non réfléchies et les meilleurs traders apprennent à ne pas être déstabilisés par les résultats à court terme, qu'ils soient négatifs ou positifs. Ils sont prêts à accepter une série de pertes, car ils sont avant tout préoccupés par le résultat final. Ils sont convaincus qu'un suivi strict de leur plan sera payant sur le long terme. Pourtant plusieurs questions se posent : quels facteurs différencient les grands traders ? pour quelles raisons certains traders sont-ils au dessus du lot ? Développer une attitude gagnante Nous ne le répéterons jamais assez : les grands traders, comme les grands champions, se distinguent des autres par leur intensité dans le jeu et par leur désir de gagner. Ils n'ont pas d'ego et restent objectifs, quelle que soit la situation. Ils évitent tout attachement émotionnel à leurs positions. Une perte ne fait pas douter le trader de ses capacités et, inversement, un gain ne provoque pas chez lui d'euphorie. Les traders connaissent l'importance de l'aspect mental dans la réussite. Pour opérer de manière optimale, le trader a compris la nécessité de développer une attitude positive gagnante. Il sait que les résultats obtenus sont le reflet exact de son niveau de développement et ce qui lui reste à faire pour s'améliorer. Les grands athlètes ont acquis cette attitude gagnante qui leur permet de surmonter leurs erreurs et d'aller de l'avant. Ils sont lucides sur leurs capacités et font ce qui est nécessaire pour s'améliorer. Les autres s'enlisent dans une autocritique négative, le regret et l'apitoiement. Tout trader va faire des erreurs au départ, mais il doit aller au-delà et ne pas se braquer quand il en commet. Il doit apprendre de ses erreurs et progresser. Éliminer certaines idées fausses Le trader doit éliminer toutes les idées fausses sur lui-même et sur les marchés (manipulation et théorie du complot). Il doit bloquer ses perceptions automatiques et se plonger dans le prochain moment sans se préoccuper de ce que pensent ou ressentent les autres à son égard. Il est dans le moment, totalement détaché de toutes les perturbations externes et change la manière dont il se comporte face à certains événements en trading. Il doit également étudier ses points faibles : pour quelles raisons a-t-il tendance à se relâcher après une série de gains ? pourquoi a-t-il tendance à laisser courir ses pertes au lieu de respecter ses stops ? pourquoi est-il si souvent impulsif ? Une stratégie pour éliminer ses faiblesses Après avoir étudié ses points faibles, le trader doit mettre en place une stratégie pour les limiter. Les grands traders embrassent généralement les principes suivants : ils prennent leurs responsabilités ; ils se conditionnent afin d'être totalement impliqués sur les marchés ; ils évitent les marchés lorsqu'ils ne sont pas suffisamment préparés. La paresse est fatale en trading et le trader devra toujours être au top ; ils musellent leur ego, certainement le plus grand danger en trading, car les marchés ont toujours raison. Il ne faut pas chercher à faire plier le marché à son opinion et comme le dit Larry Hite : « Respect risk or you will bé killed » ; l'humilité est indispensable sur les marchés. Des grands traders se sont ruinés en raison d'un excès de confiance dans leurs capacités. Règles pour opérer au meilleur niveau Pour opérer au meilleur niveau, le trader doit accepter les principes suivants : tout peut arriver ; il n'est pas nécessaire de savoir ce qui va arriver pour gagner de l'argent ; il y a une distribution aléatoire entre les gains et les pertes pour n'importe quelle stratégie de trading ; un avantage n'est rien de plus que l'indication d'une probabilité plus importante pour qu'une chose arrive plutôt qu'une autre ; chaque instant dans le marché est unique. La concentration, composant primordial de la réussite Les grands athlètes et les grands joueurs savent se concentrer. Ils ont appris à calmer leur esprit et à éliminer le doute pour se focaliser de manière neutre sur le moment prochain. Cette tâche est difficile à réaliser au départ, mais elle devient un automatisme avec la pratique. Par ailleurs, une concentration trop intense peut nous amener à nous focaliser excessivement sur un trade et nous faire oublier le contexte du marché. On se focalise sur les détails au lieu d'avoir une opinion sur la tendance globale du marché. Pour cela, le trader doit être concentré sur le processus mais également sur l'environnement général. L'importance de la concentration La concentration est la base de tout : elle permet plus d'impact avec moins d'efforts, d'accepter les choses comme elles sont, de moins se forcer et de laisser faire les marchés. Le trader met de côté son passé et son image publique pour vivre pleinement l'instant présent. Il laisse faire les marchés financiers, car il sait qu'il ne peut aucunement les influencer et qu'il doit simplement attendre que les opportunités se présentent pour les saisir. La concentration permet d'éliminer les pensées négatives et de se focaliser sur l'essentiel. Le trader devra vider son esprit des nombreuses idées qui le traversent. Quand une nouvelle le concerne intimement et lui rappelle un souvenir douloureux, il fera souvent une fixation dessus, ce qui risque d'avoir des conséquences extrêmement négatives sur son trading. Le désir de gagner à tout prix peut pousser le trader à se focaliser sur les résultats au lieu d'appliquer à la lettre le processus. Lorsqu'il opère sur les marchés, un trader ne doit pas être obsédé par les résultats ou se mettre une pression inutile en s'imposant de gagner à tout prix. Il doit simplement se convaincre qu'il n'y a aucune certitude sur les marchés et qu'il peut être dangereux de vouloir tout contrôler. Il devra chercher à être en phase avec les marchés et rester humble en considérant que le marché a toujours raison. Un trader détendu est paradoxalement plus alerte. L'aïkido permet d'illustrer parfaitement cette idée, puisque cet art martial préconise d'utiliser la force de son adversaire à son avantage. Cette philosophie peut être appliquée de manière efficace au trading. Se concentrer sur le processus Le tennis est un jeu quasi instinctif. On réagit au jeu de l'autre et on tente d'y répondre de manière innovante. Souvent, il suffit de jouer correctement sans paniquer et c'est l'autre joueur qui nous offrira le point. Il est important de pouvoir anticiper les coups de son compétiteur, mais ce n'est pas toujours nécessaire. Un trader doit totalement embrasser l'incertitude. Il ne doit pas penser à ce que les autres vont penser de lui, mais avant tout se plonger dans l'action et se concentrer sur l'instant présent. La plupart des individus se braquent sur les obstacles au lieu d'étudier les possibilités qui leur sont offertes. Un bon trader agit et n'a pas peur de se tromper. Les pertes ne le perturbent pas ; il sait attendre pour saisir la prochaine opportunité. Le trader doit rester concentré et ne pas douter lorsqu'il est en position. Il doit prendre une décision en temps limité et son analyse est souvent biaisée par ses émotions. Il doit donc se préparer mentalement à l'aide d'un plan qui précisera les différents scénarios possibles. Il est important d'avoir comme modèle un trader ayant réussi et se demander ce qu'il aurait fait dans la même situation. En effet, comment se concentrer lorsque l'on est assailli d'informations de toutes parts ? Il faut éviter d'écouter ou de suivre les conseils des autres, car s'ils peuvent nous conforter dans notre opinion, ils vont surtout nous permettre de rationaliser nos échecs, ce qui est dommageable à terme. En outre, il sera beaucoup plus efficace en visualisant les différents scénarios et sera à même de réagir quasi instantanément aux mouvements des marchés. Un entraînement intensif et une expérience avancée lui permettront d'atteindre ce niveau de compétence et de réaliser ses objectifs. En conclusion On cherche tous à éviter la douleur et l'échec. Le problème est qu'en voulant à tout prix éviter l'échec... on finit par échouer. Dans la vie, comme en trading, il faut être totalement engagé. Pendant la séance, le trader devra éviter toute distraction : il doit fixer des objectifs, revoir ce qui le bloque et l'inhibe dans son trading et toujours viser la performance. Certaines techniques de concentration pourront l'y aider. Techniques de concentration et de méditation La préparation mentale joue un rôle important dans le succès des traders. Brett Steenberger et Linda Bradford Rashke insistent sur l'importance de la planification et de la préparation. Pour être performant, le trader doit développer ses propres rituels et adopter les routines qui lui permettront d'éliminer toute distraction, toute émotion et toute anxiété. Instaurer un rituel Pour Steenberger, le rituel joue un rôle important pour mettre le trader en condition et le plonger dans la « zone ». Le trader doit rapidement se placer dans un état d'esprit optimal et le rituel l'aidera à l'atteindre. En effet, un trader peut aboutir à des résultats puissants s'il adopte un rituel prenant comme référence son état d'esprit en phase gagnante. Ce rituel lui permettra d'éviter l'état d'esprit des phases perdantes et donc de limiter le risque de survenance d'un état de stress ou de déprime. Quelques exercices de concentration Le trader peut recourir à différents exercices pour revenir à un état de concentration totale. L'exercice suivant peut être efficace pour retrouver sa concentration : le trader ferme les yeux, se relâche et respire lentement en centrant son esprit sur un objet, une musique ou une scène imaginaire. Cet exercice permettra au trader désorienté de revenir dans le jeu assez rapidement en retrouvant sa concentration et en se rapprochant de la « zone ». Le trader est dans un état de neutralité et de concentration qui lui permet plus d'impact, en analysant efficacement les informations de manière plus rationnelle. Déterminer son état émotionnel Avant le début de la séance de trading, le trader devra déterminer son état émotionnel (euphorie ou pessimisme). La réponse à cette question lui permettra de suivre les étapes nécessaires pour revenir vers un état normal de concentration totale. En effet, le trader doit éviter d'être sur les marchés si son état émotionnel n'est pas optimal. Pour Ari Kiev, le trader doit parvenir à oublier et à éliminer tous les mauvais souvenirs, ainsi que les données erronées autour desquelles il a organisé sa vie. Il devra se focaliser exclusivement sur le processus en ne se préoccupant pas des résultats financiers à court terme. Le trader doit être capable de garder le même état d'esprit face à un gain ou à une perte et son jugement ne devra pas être voilé par le désespoir ou l'euphorie. Technique employée par Ari Kiev Ari Kiev, surnommé le « coach des traders », a coaché de nombreux traders célèbres, dont Steve Alan Cohen. Il a également publié de nombreux ouvrages1. Selon lui, la méditation permet d'entrer dans un état de concentration totale. Durant la séance de trading, plusieurs idées vont traverser l'esprit du trader et le déconcentrer avant la prise de décision. La méditation lui permettra de remédier efficacement à ces perturbations. Avant de commencer son activité de trading, il est important de se centrer sur soi-même, éliminer les pensées négatives et se focaliser sur la journée. Une manière de se concentrer consiste à bloquer toutes les pensées (négatives ou positives) et à se focaliser sur l'objet ou le processus qui mène à la concentration. La visualisation La visualisation, définie dans la leçon 7, peut être mobilisée pour se concentrer. Le trader doit visualiser des mouvements de marché et s'imaginer en train de réaliser des opérations de trading. Il se pose mentalement les questions suivantes : que va faire le marché ? dans quel sens vais-je ouvrir une position (achat, vente) ? que faire si le marché se retourne subitement contre moi ? quels sont les mouvements dont je compte tirer profit ? La visualisation aide le trader à être ouvert sur les opportunités qui se présenteront. Elle a un double rôle : elle facilite la concentration ; elle élimine le doute en redonnant confiance au trader. 1. L’ouvrage que je préfère et que je vous conseille est : Kiev Ari, Trading to Win : The Psychology of Mastering the Markets, John Wiley & Sons, 1998. Leçon n° 11 Pourquoi est-il si difficile de réussir en trading ? Le trading est un sport de haut niveau : 95 % des traders échouent sur les marchés. Ce chiffre s'explique par la difficulté de cette activité et les statistiques sont similaires dans le monde sportif et économique. Une activité exigeante Le point de vue des grands traders Pour Jesse Livermore, « contrairement aux croyances, le trading est un métier à part entière, qui n’a rien àvoir avec la chance ou les tuyaux et nécessite un long apprentissage. Un médecin étudie plusieurs années avant d’exercer, l’avocat doit également consacrer plusieurs années de sa vie à l’étude du droit avant de plaider, pourquoi en serait-il autrement du spéculateur ? » Martin Schwartz va dans le même sens : « Pour exceller en trading, il faut être totalement impliqué et le faire à plein temps. Le trading doit être traité comme un métier à part entière, car si ce n’est pas le cas, vous serez très vite dépouillé de votre argent par ceux qui en font leur métier. Le trader Marc Cook observe le marché toute la journée, de l’ouverture à la clôture et conserve un journal avec plus de 40 entrées par jour. Il sait que s'il ne le fait pas, ses profits vont en pâtir. Il n'y a aucun raccourci en trading et le marché va très rapidement profiter de notre paresse. » Pour Tom Baldwin, ceux qui perdent sur les marchés ne travaillent pas assez dur : « La plupart des personnes pensent qu'il y a une probabilité de 50 % pour chaque position. Ils ne réalisent pas que le trading est un peu plus sophistiqué que cela... Le trading est comme n'importe quel autre travail. Si vous restez assez longtemps sur les marchés, vous devez en comprendre les rouages. Il suffit simplement de déterminer le temps nécessaire pour comprendre les clés de la réussite... » Pour Michael Marcus, « le trading demande un investissement personnel intense. Vous devez faire votre travail car il n'y a pas de raccourci. » Le trading : un métier à part entière Les gens confondent souvent la facilité de faire du trading avec la possibilité de gagner très rapidement de l'argent sur les marchés. La chance du débutant peut renforcer cette croyance, mais elle les entraînera très rapidement vers la faillite. Le trading est un métier à part entière et il faut s'y consacrer à plein temps. Le trader doit gérer son activité comme un homme d'affaires : le trading doit être considéré comme un véritable business. Le professionnalisme est de mise et rien ne doit être négligé ; il doit éviter de se laisser distraire durant la journée par ses amis, sa famille, etc. Il doit bannir les appels téléphoniques d'ordre personnel et les activités qui peuvent le distraire ; il devra travailler sérieusement après la clôture, effectuer une analyse critique des positions prises et de celles qu'il aurait pu prendre. La voie vers l'excellence exige un travail d'analyse quotidien, qui seul permettra à l'individu de mieux maîtriser son art. Sans ce travail, le trader stagnera et n'atteindra jamais ses objectifs. Pourquoi les traders abandonnent ? Si le trading et le sport de haut niveau présentent des similitudes, la principale différence est que l'activité financière n'a aucune limite. Le sportif est limité par ses capacités physiques et les risques de blessure qui peuvent le pousser à abandonner. En trading, l'abandon est synonyme de ruine du trader. Rien ne peut l'arrêter dans sa folie et il poursuivra ses opérations autodestructrices sans que personne ne puisse l'en empêcher. Plusieurs grands traders, au sommet de leur art, ont fait faillite au moins une fois dans leur carrière. La notion d'envie est importante pour réussir et rester au sommet. La motivation est importante en trading et le trader doit non seulement avoir des objectifs ambitieux, mais il doit également chercher à s'améliorer en continu et à aller au-delà de ses limites. Les grands traders sont des personnes tenaces qui travaillent dur et qui sont prêtes à relever des défis, notamment à surmonter de nombreux obstacles (périodes de pertes prolongées, phases chaotiques sur les marchés...). Cette ténacité requiert une volonté d'acier et une forte envie de réussir. Peu de gens disposent de ces qualités, mais elles peuvent être développées si l'on s'en donne la peine. Beaucoup abandonnent par peur ou manque de confiance et préfèrent se contenter de ce qu'ils ont, plutôt que de donner le meilleur d'eux-mêmes. C'est souvent le cas après une série de pertes et une succession de chocs émotionnels (passage d'un état euphorique à un état de déprime). Les blocages sont une création de l'esprit Le sociologue Bourdieu a montré qu'il est bien plus facile de réussir ses études et sa vie professionnelle quand on est issu d'un milieu aisé1. Le milieu social d'origine a clairement une influence sur la confiance en soi. Un individu issu d'un milieu social élevé aura plus confiance dans ses capacités. Naturellement, il effectuera le travail requis, car il estime avoir toutes les chances de réussir. Inversement, une personne issue d'un milieu défavorisé aura un certain complexe et, dès le départ, elle n'osera pas ou baissera les bras. Les prophéties sont auto réalisatrices au sens où l'individu qui pense posséder toutes les chances de succès effectuera les efforts nécessaires et réussira, contrairement à celui qui n'a pas confiance en lui et échouera inéluctablement. Qu'en est-il du trading ? Il s'agit d'une profession ouverte où les contraintes liées à l'origine sociale sont moins présentes que dans d'autres activités. Toutefois, le trader devra croire dans ses chances de réussite : il devra éliminer les blocages psychologiques qui polluent son esprit et l'empêchent d'opérer à son meilleur niveau. Tout est possible, à condition d'y croire et de s'en donner les moyens ! Les blocages psychologiques Les obstacles dans la voie de la réussite existent, mais les vrais obstacles sont ceux qui sont créés par l'esprit. Le chemin de la réussite est souvent semé d'embûches. De multiples raisons peuvent être évoquées pour justifier la piètre performance d'un trader : un capital limité, des marchés peu volatils, des marchés très volatils, un matériel pas assez sophistiqué, etc. La plupart des gens ne sont jamais allés au-delà des limites mentales et physiques qu'ils se sont fixées eux-mêmes. Beaucoup pensent qu'au-delà d'un certain niveau, il est préférable de se calmer pour ne pas s'épuiser ou échouer. Ils vont privilégier la prudence. Le cas du sportif qui présente les limites physiques évidentes au-delà desquelles il risque de se déchirer un muscle est souvent évoqué par les traders. Certains traders estiment qu'il est nécessaire de se ménager pour éviter le surmenage... Ce blocage est essentiellement d'ordre psychologique. Les obstacles externes expliquent pour partie l'échec en trading, mais les blocages internes, d'ordre psychologique, sont d'une importance bien plus grande. Ils sont à la base de tout : si les blocages externes peuvent empêcher le trader d'atteindre ses objectifs à court terme, ils seront surmontés par le trader déterminé sur le long terme. Un trader qui a confiance en lui fait le nécessaire pour éliminer ces obstacles externes et réussir. Les blocages internes représentent un obstacle plus important dans la réussite du trader puisqu'ils vont amplifier la perception qu'il a des obstacles externes et le faire douter de sa capacité à les surmonter. Parfois même, le trader s'avouera vaincu d'avance... En outre, même en présence d'obstacles externes négligeables, les blocages internes vont créer de nouveaux obstacles qui l'empêcheront de réussir. Tout se joue sur le mental. Le trader doit être capable de dépasser ses blocages psychologiques pour réaliser ses objectifs. Si le mental n'est pas assez solide, il ne sert à rien d'aller sur les marchés. Le trader doit être capable de s'observer et de détecter les moments où il est dominé par ses émotions. Ce n'est que de cette manière qu'il parviendra à s'améliorer et finalement à réussir. La réussite en trading implique une manière de penser totalement différente et d'assumer pleinement ses responsabilités. Les champions travaillent généralement plus dur que les autres, mais échouent aussi plus souvent. Leur force réside dans une capacité de rebondir et de surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Les principes hérités du passé Certains principes hérités de notre éducation et de notre enfance nous empêchent de voir le monde tel qu'il est et d'appréhender la réalité des événements présents. Le trader est comme tout individu normal, sujet à des expériences personnelles qui vont conditionner sa manière de voir les choses, de penser et d'agir. Plusieurs principes appris pendant sa jeunesse vont lui permettre de diminuer l'incertitude et de rendre l'avenir plus prévisible. Néanmoins, ces principes peuvent créer de nombreux blocages conscients et inconscients. Par exemple, on considère qu'un individu ne doit pas laisser paraître ses émotions en public. Or, museler ses émotions peut avoir comme conséquence d'accroître le stress, l'anxiété, la peur ainsi que de nombreuses émotions qui sont négatives pour un trader recherchant la performance. Autodestruction et refus de la réussite De nombreux traders refusent le succès et ont du mal à y croire et à l'assumer. Ils en ont même peur et, lorsqu'ils réussissent, refusent cette situation. Étonnamment, de nombreux traders échouent après une réussite exemplaire et génèrent eux-mêmes leur destruction. Une première explication vient de ce que le succès stimule des peurs enfouies en nous sur l'échec et sur l'impossibilité de réussir. En d'autres termes, certains traders se demandent : « Pourquoi ça m'arrive à moi ? », « Qu'ai-je fait pour mériter cette réussite ? » Curieusement, l'anxiété du trader et les doutes sur son mérite personnel peuvent créer chez lui un comportement autodestructeur. La plupart des individus ne sont jamais allés au-delà de leurs limites mentales et physiques. L'impact des pensées négatives Face à une situation délicate, la peur envahit le trader et lui fait revivre certaines situations anciennes et douloureuses produites dans des conditions similaires. Certaines idées négatives vont resurgir et le paralyser. Il recherchera des responsables et accusera les autres. Néanmoins, la meilleure manière de sortir de cette spirale consiste à ne plus ressasser ces idées négatives. Le trader devra les éradiquer s'il souhaite agir sereinement à l'avenir. Certaines pensées négatives reviennent souvent, notamment celles sur l'échec mérité. Beaucoup de traders pensent qu'ils ne méritent pas de réussir et vont aborder les marchés de manière défaitiste. Ils peuvent disposer de toutes les compétences requises et d'un système qui marche, mais, sans mental approprié, les idées négatives risquent d'envahir leur esprit et les empêcher de réussir. On obtient ce que l'on recherche sur les marchés Pour Ed Seykota, « everybody gets what they want on the markets » : de nombreux traders ne sont pas sur les marchés pour gagner. Certains recherchent autre chose, même s'ils n'en ont pas conscience. Ils pensent qu'ils vont y trouver une forme de reconnaissance en prouvant leur valeur aux autres. Certains traders perdent volontairement sur les marchés. Ils n'ont aucune envie de réussir et cherchent seulement à se faire plaindre. Les pertes leur permettent de justifier ce besoin inconscient. Cette envie de plaire aux autres ou de se faire plaindre se révèle souvent contreproductive et ne met pas le trader dans les conditions idéales pour réussir. L'autodestruction, conséquence d'un stress mal maîtrisé Le stress peut rendre un individu nerveux, anxieux ou déprimé. Convaincu que son destin est d'échouer, il risque de tomber dans le piège de la fatalité. Le stress est souvent généré par les facteurs suivants : désir de gagner de l'argent à tout prix ; peur de perdre de l'argent ; indécision sur la direction future du marché ; refus de l'incertitude sur les points d'entrée et les points de sortie ; manière dont nous sommes perçus par les autres : quelle est l'image que nous véhiculons ? La gestion du stress, un remède efficace à l'autodestruction Le stress correspond à la réponse du corps humain à certains événements douloureux ou inattendus. Il nous prépare physiquement et psychologiquement à les gérer en accroissant la pression sanguine dans le cerveau, en augmentant notre capacité mémorielle et en développant notre capacité à faire face à des tâches complexes. Au-delà d'un certain niveau de stress, les réponses deviennent négatives et le trader anxieux, apeuré, impulsif : le stress à petites doses aura des effets positifs certains, mais, au-delà d'un certain niveau, il peut se révéler dangereux. Le trader peut parfois anticiper cette anxiété et créer lui-même le stress, tout comme l'étudiant qui panique avant de passer un examen : il redoute un sujet qu'il ne maîtrise pas et devient très anxieux, alors même qu'il n'a pas connaissance du sujet. Certains étudiants perdent tout moyen lors de l'épreuve, alors qu'ils devraient prendre un certain recul, revenir à un état de sérénité et se mettre au travail. Ainsi, le stress peut avoir des conséquences dommageables. Il est utile puisqu'il permet à nos réflexes de jouer à plein et de nous focaliser sur les objectifs, mais une dose trop importante de stress peut se révéler dangereuse et créer une anxiété, souvent associée à une piètre performance. La gestion du stress, un impératif Pour Ari Kiev, un champion gère son stress de manière optimale. Le trader doit apprendre à gérer sérieusement son stress pour éviter l'autodestruction. Martin Schwartz va dans le même sens : « Pendant 2 % du temps, on devient totalement incontrôlable et irrationnel. Les faits étaient sur les écrans et je refusais d'y croire. J'ai perdu un million de dollars en quatre heures. Ce qui est fait est fait et il est impossible d'y remédier. Je me suis battu comme un diable pendant les quatre semaines qui ont suivi et j'ai quasiment tout regagné. À la fin du mois de novembre, je ne perdais plus que 57 000 $ pour le mois. En décembre, j'ai gagné 928 000 $ et j'ai fini l'année avec un gain de trois millions de dollars sur les futures. » Cet épisode aurait pu se révéler dramatique pour Martin Schwartz. Cependant, en acceptant sa situation, il a réussi à surmonter cette difficulté et à revenir vers un état de sérénité qui lui a permis de reprendre le dessus sur les marchés. Conclusion Le trading doit être considéré comme un métier à part entière qui nécessite des efforts conséquents, similaires à ceux déployés par un sportif de haut niveau. Les blocages sont généralement une création de l'esprit et empêchent le trader de réussir. Il doit donc apprendre à limiter leur impact négatif afin de se donner toutes les chances pour réussir. La chance joue un rôle non négligeable dans la réussite du trader à court terme mais, comme l'a démontré Nassim Taleb dans Le Hasard sauvage2 : « On peut être chanceux et réussir même sans disposer des compétences requises. Cependant, sur le long terme, la part de la chance devient négligeable et tout devient affaire de compétence. » 1. Pour aller plus loin : Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passerons, Les Héritiers, Editions de Minuit, 1964. 2. Nassim Taleb, Le Hasard sauvage, Belles Lettres, 2009. Leçon n° 12 Comment devenir un trader d'exception ? Les trois étapes du succès en trading sont les suivantes : établir une vision ; opérer les changements nécessaires dans sa manière d'appréhender les marchés ; avoir la motivation et l'implication nécessaires pour mettre en œuvre sa stratégie. La vision : première étape vers l'excellence En management, la vision peut être définie comme la vocation centrale de l’entreprise et de ses finalités. Elle correspond à la finalité prioritaire de l’entreprise, précise le futur désiré et la manière d’y arriver. Le célèbre manager français Octave Gélinier martelait : « Il faut se fixer des objectifs ambitieux, car rien n’est impossible. » En fixant des objectifs ambitieux, le manager est forcé de penser aux moyens pour réussir. On comprend mieux pourquoi la vision est un concept très utilisé dans le monde de l’entreprise, du sport et même de la politique. La vision est d’une importance capitale en trading. Elle correspond à la manière dont le trader se voit dans cinq ou dix ans. Le trading est une activité extrêmement difficile qui requiert un investissement personnel considérable. La vision permettra au trader de créer plusieurs objectifs concrets autour desquels il mènera son activité. Ces objectifs doivent être ambitieux, mais réalisables. Les grands traders ont tous une vision, c’est-à-dire qu’ils déterminent de manière assez précise ce qu’ils veulent devenir. Cette vision leur permet d’agir en termes d’objectifs précis. La vision permet de gérer l’incertitude Dans un monde totalement incertain, le trader doit établir une vision qui deviendra sa seule certitude. La vision représente ce que le trader souhaite devenir et comment il se voit idéalement. Elle décrit la manière dont le trading permettra à un individu de réaliser ses souhaits et ses rêves et constitue une puissante source de motivation qui permettra au trader de surmonter l’incertitude et les pertes, en lui donnant la force de tenir. Cette vision doit être martelée et poursuivie sans relâche. Il y aura probablement des phases de relâchement, de doute, des événements aléatoires, etc. Une vision solidement ancrée permettra au trader de ne pas dévier de ses objectifs malgré un cheminement aléatoire. Les champions sont des personnes persévérantes qui font le maximum pour réaliser leur vision, même s’ils n’avaient pas les qualités requises au départ. Le trader doit se focaliser sur une vision consciemment choisie plutôt que sur des concepts appris précocement dans la vie sur ce qui est réalisable ou impossible à atteindre : il crée lui-même certains blocages. Il doit donc développer de nouveaux concepts plus adaptés à la réalité des marchés, qui lui permettront d’avancer dans la voie vers l’excellence. Pour cela, il devra se concentrer sur les étapes qui mèneront à des résultats concrets. Créer de nouvelles perspectives La vision permettra au trader de créer de nouvelles perspectives. En effet, la perte d’espoir a des conséquences dramatiques, souvent à l’origine de la déprime du trader. Sans espoir, il ne sert à rien de vivre... L’espoir d’un avenir meilleur pour nous, pour nos enfants, est ce qui nous donne la force de nous battre. De nombreuses personnes tentent de traverser chaque année le détroit de Gibraltar, souvent au péril de leur vie. L’espoir fait faire aux hommes des choses folles et l’espoir d’un avenir meilleur peut les pousser à commettre des actes fous, qui sembleraient impossibles et insensés pour un individu vivant et ayant grandi dans un pays occidental. Nous voyons ici la force des perspectives. L’image mentale d’un avenir prospère peut inciter un individu à réaliser des choses qu’il n’aurait pas réalisées autrement. Elle l’incitera à travailler dur et à donner le meilleur de lui-même. L’échec sera digéré rapidement et ne provoquera pas de découragement chez la personne réellement motivée. La force des perspectives s’applique avec la même pertinence aux personnes qui passent des concours difficiles ou souhaitent gagner des compétitions prestigieuses : les perspectives offertes semblent suffisamment prometteuses pour justifier les sacrifices consentis. De même, si un individu est certain que le trading lui ouvrira de nouvelles perspectives, il sera motivé et prêt à effectuer le travail nécessaire. Il doit néanmoins en être convaincu, car le doute risque de provoquer son échec. Un bon trader doit créer une vision qui décrit précisément la manière dont il se voit. Les images positives présentent un avantage certain : elles vont accroître l’intensité de nos actions. Certaines images fortes peuvent nous motiver à réaliser nos objectifs, comme s’imaginer dans la peau d’un trader accompli. La plupart des traders se focalisent sur les raisons qui pourraient provoquer leur échec. C’est la raison pour laquelle nombre d’entre eux se voient comme des perdants, malgré leur succès relatif. Comme le disent les Anglo-Saxons : « The sky is the limit », au sense où les limites sont celles que l’on se fixe nous-mêmes. Le trader est la seule personne capable de limiter ses perspectives ou de les étendre. De l’intérêt de fixer un objectif L’objectif est fixé par le trader dans l’optique de réaliser sa vision. Il s’agit d’une étape nécessaire dans la voie qui le mène à son objectif ultime. L’objectif peut être décliné en plusieurs sous-objectifs, par exemple une performance de 10 % par mois ou un revenu de 10 000 euros sur la même période. L’objectif devra être réaliste et dépendra de la situation du trader sur le plan financier et de ses compétences. L’objectif n’est pas une finalité, mais un moyen pertinent pour effectuer les décisions appropriées qui mèneront à la réalisation de la vision. Le trader ne doit pas être obnubilé par ce dernier, mais simplement l’utiliser comme une source de motivation. Les objectifs peuvent être assimilés aux différents indicateurs utilisés par les organisations pour piloter leur performance. Si une entreprise a comme objectif annuel un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros, il faudra viser un chiffre d’affaires mensuel de 1 million d’euros. Un sportif met tout en œuvre pour réussir et gagner des compétitions prestigieuses (Coupe du monde, Jeux olympiques, trophées internationaux etc.). La réussite à ces épreuves suppose un travail titanesque et le sportif doit surveiller de près sa progression avec des sous-objectifs. Le sportif doit être capable de faire face à certains aléas et garder un mental d’acier. Il doit se préparer à agir de manière appropriée face aux nombreux événements imprévus de la vie courante. Paradoxalement, l’objectif ne doit pas devenir une obsession. Le trader ne devra pas être affecté s’il ne l’atteint pas. Il doit être dans un état d’esprit où il sait qu’il a donné le meilleur de lui-même, malgré des résultats mitigés. Le plus important est de respecter son plan à la lettre et de considérer que le maximum a été fait, le reste viendra naturellement. Le trader ne doit pas avoir de regrets s’il a tout fait pour atteindre ses objectifs. Enfin, le trader ne doit pas avoir un objectif vague en se disant qu’il va faire de son mieux ou en fonction de ce que le marché lui offrira. Il doit fixer un montant précis et tout faire pour le réaliser : un objectif concret a bien plus d’impact sur la performance du trader qu’un objectif vague. Comment fixer un objectif ? Il est important de fixer des objectifs ambitieux, mais comment les chiffrer précisément ? Le trader doit oser établir des objectifs motivants et élevés. Il se basera sur ses points forts pour les déterminer. Il ne changera pas sa manière d’opérer, mais veillera à capitaliser sur ses points forts et à atténuer ses points faibles. Pour avoir encore plus de poids, l’objectif doit être lié à certaines considérations plus personnelles. Il faut déterminer les raisons pour lesquelles on fait du trading et les avantages qui peuvent être retirés de cette activité (liberté, indépendance, bonheur). L’objectif doit mettre le trader sous tension Idéalement, le trader doit avoir un objectif précis et ne pas se brouiller l’esprit avec des idées non avérées. Certains traders estiment que la réussite dépend de l’état du marché et créent euxmêmes des blocages et des limites, mais un bon trader gagne, quel que soit l’état du marché. Il suffit de penser à la performance de 67 % réalisée par Paul Tudor Jones durant le krach de 1987 ! Il est possible de réaliser une performance honorable, quel que soit le marché, à condition d’avoir la volonté de changer d’approche. Or, les traders sont souvent réticents à adopter une technique différente. Ils restent coincés sur des modèles qui ont fait leurs preuves, mais qui ne sont plus adaptés au marché actuel au lieu de faire l’effort de s’adapter à la nouvelle donne... Le trader doit accepter de se remettre en question et de tout mettre en œuvre pour réaliser ses objectifs. Un objectif ambitieux mais réaliste L’objectif doit être ambitieux. Réalisé trop facilement, il aura des effets pervers : le trader aura une sensation de facilité et se sentira supérieur, ce qui le poussera à relâcher sa garde. Il est fondamental d’établir des objectifs ambitieux, mais réalisables : les objectifs doivent être difficiles : ils doivent inciter le trader à donner le meilleur de luimême ; ils doivent être réalisables : le trader ne doit pas se décourager, mais chercher à réaliser sa vision. Quelques questions Pour établir ses objectifs, le trader devra répondre précisément à plusieurs questions et noter ses réponses dans son plan de trading : quel profit en euros et en pourcentage devra être réalisé tous les mois ? quelles sont les actions à mener pour le réaliser ? dans quel délai sera-t-il réalisé ? quelles sont les perceptions et les routines qu’il faudra éliminer pour atteindre cet objectif ? quel capital est nécessaire ? L’objectif permet une implication de chaque instant L’énergie utilisée pour revisiter le passé est une énergie perdue. Le trader doit concentrer toute son énergie sur ses objectifs et sur les opportunités présentes, car l’esprit fonctionne de manière optimale quand il est ouvert sur le moment présent. Le trading est une activité exigeante. Avant de l’entreprendre, il faut se demander si l’on est réellement prêt à faire les sacrifices nécessaires pour réussir dans ce domaine. La vision peut être extrêmement puissante, mais son principal inconvénient est de rester abstraite car lointaine. L’avantage de l’objectif est qu’il est concret, réalisable et permet de mobiliser toute l’énergie du trader vers sa réalisation. Exemple Une personne en surpoids, dont la vision est de devenir svelte, cherche à perdre 30 kilos en deux mois : peu réaliste... Elle devra fixer un objectif réaliste de 2 à 3 kilos par mois. Cet objectif devra être martelé et toute l’énergie sera mobilisée dans le sens de sa réalisation. La personne en surpoids devra éviter de penser aux 30 kilos, car cela risque de la décourager. Inversement, en pensant positivement à ses réalisations, elle adopte l’état d’esprit optimal et met toutes les chances de son côté. Le même raisonnement s’applique en trading. Les traders novices sont très optimistes sur les objectifs. Ils confondent la vision avec l’objectif et oublient le processus et la nécessité de développer certaines qualités essentielles pour opérer au meilleur niveau. En fixant un objectif trop élevé, le trader risque de se décourager rapidement. Le trader doit opérer un changement radical Le trader ne pourra jamais progresser s’il ne résout pas certains conflits internes. Il devra éliminer toutes les inhibitions, acquises durant son enfance, sur la réussite et l’échec, créer des images mentales du succès qui lui permettront de faire face à ses peurs. Pour Ari Kiev, le trader qui veut gagner doit oublier tout ce qu’il a appris sur l’univers des possibles et accepter de changer radicalement son mode de pensée. Certains souhaitent perdre Pour Ed Seykota, « Un trader perdant effectuera peu d’efforts pour changer. Il n’en a pas envie, car c’est la marque des traders gagnants. Tous les traders ne recherchent pas nécessairement la réussite et toute personne n’obtient que ce qu’elle souhaite sur les marchés. Certaines personnes souhaitent perdre et, d’une certaine manière, elles gagnent en perdant... » Le changement est rarement confortable Paradoxalement, les traders refusent d’être assistés émotionnellement lors de la phase de changement : le changement est rarement confortable et souvent teinté d’insécurité : il implique l’exploration d’un univers inconnu dans lequel tous nos repères sont ébranlés ; le changement est souvent difficile à opérer et à accepter. Les gens ont peur du changement et de l’incertitude. Les traumatismes anciens provoquent une anxiété, un état dépressif ou de colère chez eux. Le fatalisme est trop souvent présent et, sans résolution claire, les individus seront condamnés à revivre leur passé. Le trader qui s’en donne les moyens peut créer son avenir. Recourir à l’observateur interne L’observateur interne aidera le trader dans cette phase de changement : il lui permettra de revisiter certains comportements anciens, de les critiquer et d’en construire de nouveaux plus adaptés aux défis futurs. Le changement vise une meilleure maîtrise de ses émotions et une attitude optimale. Inconsciemment, le trader réagira souvent de la même manière face à une configuration donnée. Il devra effectuer le travail nécessaire pour repérer ses décisions instinctives, puis les corriger pour réagir de manière adéquate les fois prochaines. Le trader professionnel fait l’effort de changer et a pris le temps d’analyser les ressorts de son comportement. Il est capable de maîtriser ses réactions et de les orienter dans un sens positif. Cette étape sera décisive dans la voie vers le changement. Les crises peuvent faciliter le changement Le changement opéré de manière incrémentale n’est pas toujours efficace. Il faut parfois tourner la page de manière radicale. La crise peut constituer un moyen efficace pour accélérer le changement et prendre conscience de choses dont on n’aurait jamais compris l’utilité autrement. Certains thérapeutes aiment utiliser les expériences émotionnelles fortes pour générer des crises, car elles peuvent accélérer le changement. Les crises sont souvent considérées comme négatives et assimilées à l’échec. Elles peuvent au contraire être la manière la plus efficace pour un trader de progresser et d’opérer un changement radical : les crises sont un révélateur et le choc qu’elles déclenchent permettra au trader d’entrevoir des choses qu’il n’aurait jamais vues autrement. Une technique efficace pour changer consiste à identifier ses peurs les plus grandes et à les affronter directement. Cette manière de procéder aidera le trader à surmonter ses peurs en réalisant qu’elles n’étaient pas justifiées. Les crises sont un catalyseur important du changement. Elles forcent le trader à affronter ses pires angoisses. On citera la fameuse phrase de Nietzsche : « Ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort »... Les crises surmontées avec succès permettront au trader de passer directement au palier supérieur et d’accélérer sensiblement son apprentissage émotionnel. Ce qui n’était qu’un savoir théorique devient désormais une connaissance concrète expérimentée directement. L’expérience et la pratique ne seront jamais remplacées par des lectures, aussi riches soient-elles. Les crises vont pousser le trader à effectuer, de manière consciente, les efforts nécessaires pour rompre certains comportements répétitifs et initier de nouvelles réponses. Les exemples marquants (expériences et traumatismes divers) auront bien plus d’impact que les savoirs théoriques. Ils lui permettront de consolider plus facilement certaines connaissances. Le traumatisme peut parfois constituer la manière la plus puissante et la plus efficace pour changer. Il permet, à travers un épisode émotionnel puissant, de produire des changements durables sur la manière dont les personnes se perçoivent et perçoivent le monde. Certains grands traders (Schwartz, Marcus, etc.) affirment même que les grosses pertes ont été le principal catalyseur du changement et leur ont permis de progresser très rapidement. Des débuts souvent laborieux Le changement implique également une phase d’adaptation, à l’image du conducteur débutant qui dépense une énergie importante pour repérer le placement des pieds et synchroniser les différentes actions. Le trader novice dépensera également une énergie considérable pour synchroniser ses différentes actions. Avec le temps, il maîtrisera les différentes étapes et les exécutera de manière quasi instinctive. Le changement nécessite l’exploration de voies inconfortables Les traders ont tendance à se focaliser sur ce qu’ils maîtrisent le mieux et à délaisser ce qui les perturbe. Souvenonsnous du maillon faible : une chaîne, aussi solide soit-elle, se brisera inéluctablement en son point faible. Ainsi, le trader performant devra s’attacher à renforcer ses points faibles. Exemple Un trader dont le point fort est le système de trading aura tendance à se focaliser sur le système et à délaisser l’aspect psychologique. Inversement, le trader solide sur un plan émotionnel se contentera de son système actuel au lieu d’en développer un meilleur. Les personnes recherchent spontanément ce qui est dans leur zone de confort. Un changement réussi s’opère rarement dans un environnement familier ou confortable. Le trader devra oser explorer des voies jamais empruntées jusqu’à présent... Pour changer, il faut développer l’état d’esprit approprié ! Le trader qui ne prend pas de risques a peu de chances de perdre et une probabilité infime de gagner : zéro risque = zéro rendement ! L’échec et les pertes sont inévitables dans la voie vers le succès. Les meilleurs traders ont subi plusieurs échecs et ont réussi à les surmonter. En boxe, pour éviter un coup, il faut parfois reculer, mais si le boxeur cherche à éviter tous les coups, il ne se bat plus. Un boxeur doit accepter de prendre des coups pour pouvoir en donner. Néanmoins, les coups reçus ne doivent pas le mettre KO. Un boxeur sera toujours vigilant et attendra que son adversaire baisse sa garde pour décocher un direct ou un crochet. En trading, l’aspect défensif est fondamental... L’idéal pour un trader est d’être à la fois défensif et offensif : défensif : minimiser les pertes et gérer le risque de manière stricte ; offensif : être focalisé sur les opportunités et les saisir dès qu’elles surviennent. Le trader doit protéger son capital mais également saisir les opportunités dès qu’elles se présentent. Néanmoins, il devra privilégier la défense en laissant les autres commettre des erreurs. Agir, c’est accepter l’échec et les pertes L’action est la manière la plus sûre de réaliser ses objectifs : le trader qui a fait le travail préparatoire nécessaire (recherches, analyses, plan d’action...) doit oser franchir le pas. Il faut créer de nouvelles manières de voir le monde et étendre ses limites. La prudence excessive est souvent dangereuse. Le trader crée lui-même les blocages... Il doit agir et faire le nécessaire s’il a réellement envie de réussir. Beaucoup de personnes « motivées » hésitent trop longtemps avant d’agir : la meilleure manière d’avancer vers ses objectifs est de débuter. Accepter et avouer ses faiblesses Le trader doit toujours prendre ses responsabilités et éviter d’accuser les autres pour ses erreurs et ses actes. La réussite en trading suppose un état d’esprit de champion. Le fait d’accepter ses faiblesses et sa vulnérabilité permettra au trader de ne plus être dominé par des pensées négatives dans son trading. En effet, le but en trading n’est pas d’avoir raison, mais de gagner. Il est possible de trouver différents prétextes pour reporter les débuts de son activité de trading... Or, le plus sûr chemin vers le succès débute par l’action... Il faut oser échouer ! Une perte représente une formidable opportunité d’apprentissage. Néanmoins, les traders ont tendance à se focaliser sur la perte au lieu d’en tirer des leçons utiles. En ayant trop peur de perdre, le trader se focalisera essentiellement sur les résultats et oubliera le processus. Il pensera aux situations où les marchés seront défavorables au lieu de les analyser objectivement. Il crée son échec par sa propre pensée : les faits que l’on cherche à éviter se produiront, car cette crainte exacerbée de l’échec provoque l’échec. Cela permet également de comprendre pourquoi les traders perdent si souvent après une série de gains. Il est très facile de dilapider l’argent gagné sur les marchés. Dès lors, il est capital de garder sa concentration et de se focaliser sur l’essentiel. Beaucoup de traders n’osent rien faire de peur d’échouer. Ils considèrent l’échec comme la pire des choses et, en cherchant à l’éviter à tout prix, ils finissent par échouer. Le trader qui refuse l’échec n’est clairement pas dans les conditions optimales pour réussir sur les marchés. Le trader doit accepter et embrasser le risque : l’échec est une étape obligée et il pourra se référer à son expérience passée pour y trouver des exemples stimulants d’échecs qu’il a réussi à surmonter. Il doit être confiant dans ses compétences et se convaincre qu’il dispose de toutes les qualités nécessaires pour réussir. L’état d’esprit du champion La peur de l’inconnu crée chez de nombreux traders une réticence à prendre des risques. Le trader qui manque d’assurance devra reprendre confiance en lui et se focaliser sur des images positives de performance. Attention, il ne faut pas confondre attitude positive et excès de confiance. L’attitude positive signifie que le trader a confiance en lui, mais il est conscient de ses capacités et des possibilités offertes par le marché. Cette attitude positive permet d’être ouvert aux opportunités et de se positionner au meilleur moment Inversement, un trader en excès de confiance n’est pas concentré et n’a pas l’état d’esprit optimal, puisqu’il se considère excellent... Il ne respecte pas le marché et prend des risques démesurés ce qui se révèle très souvent assez dramatique. En résumé Le trader qui vise l’excellence doit opérer une métamorphose radicale de sa personne en focalisant toute son énergie sur l’avenir et en évitant de revisiter le passé. Beaucoup de personnes perdent du temps à décortiquer certains événements passés alors qu’ils sont morts et enterrés. Il est fondamental de se projeter dans l’avenir en agissant dans l’instant présent. Le changement requiert une interaction plus directe avec les réalités plutôt qu’au travers de principes hérités. Le trader doit embrasser de nouveaux principes et pour cela apprendre à s’émanciper de ses doutes et vider son esprit de toutes ces idées négatives. Leçon n° 13 La victoire se planifie On ne devient pas champion par hasard. Le trader doit impérativement élaborer une stratégie pour la réussite. La vision décrit la manière dont le trader se voit dans quelques années, tandis que la stratégie consiste à élaborer une série de tâches qui devront être menées pour réaliser sa vision : fixer un objectif pour l’année puis établir les différentes tâches qui devront être menées pour le réaliser ; hausser son niveau afin de réaliser ses objectifs. Les grands traders ont tous développé une stratégie, un ensemble de règles qui leur permet d’agir efficacement sur les marchés. Ils prennent des positions en fonction de critères précis et éliminent les actions fondées sur les perceptions ou sur certaines croyances fortement ancrées. La stratégie mobilise toutes les ressources à la disposition du trader, qui peut ainsi mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour réaliser ses objectifs. Pour y parvenir cependant, le trader devra capitaliser sur ses points forts, et il devra également être impliqué. Capitaliser sur ses points forts Dans de nombreuses activités (foot, échecs, athlétisme, etc.), il est fondamental pour un débutant de copier et d’étudier le style et les techniques des meilleurs avant d’adopter son propre style. Le modèle devra inspirer le trader novice et le motiver dans sa trajectoire. L’étude du modèle fournira au trader plusieurs pistes sur le plan de la méthode d’analyse, des stratégies ainsi que sur celui de la dimension psychologique. La modélisation : décrypter le style et les techniques des grands traders Le mieux pour le trader débutant est de prendre un ou plusieurs modèles parmi les grands traders et de chercher à atteindre une performance similaire ou même supérieure. Pour Michael Marcus, la modélisation a joué un rôle important dans sa réussite. Il a été fortement inspiré par deux grands traders : Ed Seykota et Amos Hostetter. Les avantages de la modélisation La modélisation permet au trader de : dupliquer certaines attitudes et comportements (il se demandera régulièrement comment aurait agi son modèle dans telle ou telle situation) ; développer son propre style et par la suite de devenir un modèle pour les autres. Il peut également être utile d’aider les autres à progresser afin de progresser nousmêmes. Paul Ratter, un modèle pour les day traders De nombreuses idées fausses circulent à propos du day trading : l’impossibilité de gagner de l’argent, la nécessité de travailler pour une grande institution... Or, plusieurs grands day traders ont démontré qu’il était possible de générer des revenus de plusieurs dizaines de millions de dollars annuellement en travaillant pour leur compte. Paul Ratter est un trader indépendant qui a généré pendant plusieurs années consécutives des revenus dépassant 40 millions de dollars. Il a connu une réussite époustouflante sans travailler pour une grande institution. Il est la preuve que les limites sont fixées par nous-mêmes et sont influencées par nos croyances sur ce qu’il est possible de faire. Tout est possible à condition d’y croire ; un trader qui travaille dur et fait le nécessaire pourra progresser de manière fulgurante. Repérer ses forces et ses faiblesses Les grands sportifs visualisent et prennent le soin de décortiquer les anciennes compétitions afin de mieux comprendre leurs erreurs et de repérer quelques pistes d’amélioration. Le trader devra recourir au journal de trading pour détecter ses principales faiblesses, mais aussi ses points forts. Il pourra ainsi s’améliorer et progresser en se spécialisant. La méthode de trading devra coller à sa personnalité. Chez un trader de haut vol, tout semble fluide : il repère rapidement les meilleures opportunités, il sait couper les positions qui ne donnent pas satisfaction rapidement et il est tout le temps concentré et motivé. Le trader doit établir des objectifs qui lui permettront d’étendre ses limites. Il devra établir les différentes étapes qui à franchir pour viser l’excellence. L’importance de la spécialisation La spécialisation : un gage de performance Pour Steve Cohen, la spécialisation permet d’expliquer la performance exceptionnelle de ses fonds : « La plupart des traders veulent traiter tous les titres. Après tout, ce sont des traders ! Dans ma salle de marché, nous opérons différemment. Je veux que mes traders soient extrêmement focalisés. Je préfère qu’ils sachent beaucoup sur une chose plutôt qu’un peu sur beaucoup de choses. » Beaucoup de traders veulent tout contrôler, tout analyser. Ils tentent de prouver leur valeur aux autres en montrant qu’ils maîtrisent les marchés. Or, à tout vouloir savoir, ils se dispersent et perdent leur avantage par rapport à la concurrence. Un coureur de 100 mètres développera des compétences pointues dans cette discipline. Il a conscience de ses limites et de sa faible compétitivité dans des compétitions comme le 1 500 mètres ou le 10 000 mètres. Un trader ne peut tout maîtriser. Dès lors, il ne devra pas s’éparpiller, se spécialiser sur un ou deux marchés et adopter une stratégie spécifique (day trading, swing trading, etc.). Le trader devra trouver sa niche puis développer un avantage par rapport à la concurrence. Comme il n’existe pas de style de trading idéal, le trader devra opter pour le style qui colle le mieux à sa personnalité. Il est important de bien se connaître et d’étudier plusieurs marchés, avant d’arrêter une décision définitive. En effet, un trader peut travailler pendant une période assez longue avant de se rendre compte que sa personnalité était plus adaptée à un autre marché ou à un autre style de trading. L’implication ou comment prouver sa motivation ? Le trader doit prouver sa motivation : il est sur les marchés pour gagner ! De nombreux novices affichent leur motivation et leur ambition, mais ils ne se donnent jamais les moyens de leurs ambitions. C’est une chose de dire : « Je veux réussir. » C’en est une autre de passer à l’action et de le prouver. Nombre de traders opèrent sur les marchés pour de mauvaises raisons : ils ne veulent pas perdre, gagner énormément sans faire beaucoup d’efforts, cherchent des sensations fortes. Déterminé dans ses objectifs, un trader professionnel n’a, lui, aucune intention de faire de la figuration sur les marchés financiers. Il opère en Bourse avant tout pour gagner, est compétitif et ne s’avoue jamais vaincu d’avance. La force de la pensée positive Le trader qui a une image positive de sa personne sera fortement impliqué. La vision correspond à l’image souhaitée ou rêvée et, si celle-ci est puissante, elle offrira une plus grande motivation au trader lorsque, inévitablement, il passera par des phases de relâchement ou affrontera des événements inattendus. Les plus grands champions ne sont pas nécessairement les plus doués, mais l’image puissante et positive qu’ils ont d’eux-mêmes les force à tout faire pour réaliser leur vision. La pensée positive s’appuie sur les succès et les réalisations du trader. Elle permet également de se représenter mentalement en train de réaliser ses objectifs. Nous l’avons évoqué, le trader doit visualiser des situations où il surmonte des épreuves difficiles. Cela lui donnera confiance dans ses capacités et le poussera à effectuer les efforts nécessaires dans la voie vers la réussite. Les personnes qui ont confiance dans leurs compétences vont naturellement travailler plus dur et auront une probabilité de réussite plus élevée que la moyenne. Celles qui doutent échouent très souvent, car elles n’effectuent pas les efforts nécessaires. Les traders novices doutent souvent de leurs capacités et recherchent en permanence des certitudes ou des confirmations. La peur provoque une moindre adaptation La peur provoque une moindre adaptation et un état de paralysie et de tension extrême : certaines expériences douloureuses peuvent revenir à la surface et provoquer une angoisse chez le trader sans raisons objectives. La pensée positive accroît la confiance du trader dans ses capacités et lui permettra de mieux accepter l’échec et les pertes qui font partie du long trajet menant au succès. Les traders expérimentés font confiance à leur instinct et sont moins ébranlés par les bruits de marché. Ils ont éliminé certains comportements néfastes et ont compris l’importance de la « pensée positive » dans la réussite en trading. Le trader doit prendre ses responsabilités et faire le nécessaire pour produire les résultats. En outre, il devra simplifier les choses (éviter les objectifs contradictoires ou plusieurs objectifs à la fois). Des objectifs clairs et réalisables Des objectifs clairs et réalisables renforcent la confiance du trader alors que trop d’objectifs peuvent le déstabiliser car il n’aura pas la sensation d’avoir fait correctement son travail. La confiance dans ses capacités ne doit pas se transformer en laxisme. Le trader doit veiller à respecter les deux principes suivants : la prudence et le professionnalisme. Il doit gérer ses pertes de manière optimale, laisser courir ses profits, éviter la suractivité, etc. La prudence n’est pas synonyme de peur : le trader recherche la performance maximale en évitant les positions offrant une faible probabilité. Il doit accepter de prendre des risques. Idéaliser l’objectif La réussite en trading implique des efforts considérables et continus. Comme dans toute compétition, il faut idéaliser l’objectif puis tout faire pour le réaliser. Au départ, il y aura probablement un écart important entre la vision du trader et sa situation actuelle. Cet écart doit amener le trader à donner le meilleur de lui-même pour réaliser ses ambitions... Exemple Un étudiant qui prépare un concours difficile pensera aux opportunités offertes s’il arrive à intégrer une grande école. Un sportif décuplera ses efforts pour remporter une compétition prestigieuse (Coupe du monde, Jeux olympiques). Il sera stimulé par la renommée, mais aussi par les répercussions financières (contrats publicitaires, carrière...). Savoir oublier l’objectif La motivation est une chose délicate : il faut consacrer toute son énergie à réaliser un objectif sans être obsédé par ce dernier. Le trader obsédé par les résultats n’est pas efficace, puisqu’il n’est pas impliqué dans le processus. Le champion est motivé et ambitieux, mais pendant la compétition, il sait oublier l’objectif et son ambition pour focaliser toute son attention sur la réalisation parfaite de sa technique. Avant l’ouverture des marchés, le trader détermine les niveaux autour desquels il compte se positionner, les scénarios alternatifs, les niveaux de prise de bénéfices, les indicateurs qui appuient son scénario, les signaux qui pointent la fin d’une impulsion, etc. Après avoir déterminé un objectif, le trader devra l’ignorer pour se focaliser uniquement sur les actions à mettre en place pour le réaliser. Comment accroître son implication ? L’implication est fondamentale en trading. Elle suppose le respect des trois étapes suivantes : le trader doit volontairement se mettre en situation risquée. Il devra apprendre à travailler en situation d’incertitude sans nécessairement avoir de garanties sur la manière dont les événements vont se dérouler ; il doit identifier et mettre de côté toutes les pensées négatives. L’instinct de préservation du trader favorise souvent le statu quo ; il doit accroître la complexité de ses tâches et la taille de ses positions. Le trader débutera avec un système simple, afin d’éviter les erreurs émotionnelles et se donner le temps de maîtriser ses émotions. Avec l’expérience, il pourra monter en puissance (sophistiquer son système, augmenter la taille de ses positions, etc.). Les champions se donnent les moyens de leurs ambitions Nous allons soulevé un paradoxe : la plupart des traders qui opèrent pour leur compte ne fournissent pas autant d’efforts que s’ils travaillaient pour satisfaire un client ou un employeur. Les entreprises déploient des moyens considérables pour satisfaire leurs clients afin de les fidéliser. Le bon trader raisonne de la même manière et se considère comme son meilleur client. Il s’oblige à donner le meilleur de lui-même comme s’il travaillait pour le compte de son meilleur client. De nombreux traders professionnels, travaillant pour des banques prestigieuses, souffrent lorsqu’ils se mettent à leur compte les premières années : la pression et l’émulation, si présentes en salle de marché, disparaissent et mettent le trader hors jeu. Il devra retrouver ses sensations dans un environnement où il a toutes les libertés et où il est le seul capable de se mettre la pression. La motivation se prouve L’informatique et les systèmes de trading en temps réel ont rendu les marchés de plus en plus efficients. Dans ces conditions, la dimension psychologique se révèle plus importante que jamais. Le trading est une activité qui attire de trop nombreux candidats pour peu d’élus. Il exige certaines qualités spécifiques présentes dans le sport de haut niveau (athlétisme, échecs, danse). La motivation est importante, mais ne suffit pas pour devenir un Pelé ou un Zidane. Le trader doit se motiver en continu et chercher à aller au-delà de ses limites. Les émotions peuvent l’aider à rester concentré, pour réaliser ses objectifs. Les individus confondent souvent motivation et ambition. Un individu peut être ambitieux sans pour autant consacrer l’énergie nécessaire pour réaliser ses objectifs. De nombreux traders sont ambitieux, mais ne sont pas prêts à payer le prix de la réussite : ils ne sont pas rigoureux dans le suivi de leurs positions et ne passent pas suffisamment de temps à étudier les marchés et leurs performances ; certains traders analysent leurs performances sans grande conviction et sans véritablement se remettre en question. C’est le cas du trader dont le diagnostic se limite à constater qu’il n’a pas été suffisamment discipliné. Ce travail est clairement insuffisant : il n’a pas étudié ses erreurs de manière approfondie ni les moyens d’y remédier. Le plan de trading Le plan de trading est constitué par un ensemble de règles qui décrivent de manière précise les opportunités qui seront retenues ainsi que la gestion des risques et du mental. Le plan précisera la manière dont le trader capitalisera sur ces opportunités et répondra à la question suivante : que dois-je faire concrètement pour atteindre mon objectif ? Le trader doit entraîner son esprit pour améliorer sa performance et se focaliser sur les éléments importants qui lui permettront de réaliser son objectif et éliminer ceux qui n’ont aucune importance. Analyser ses positions pour progresser Pour progresser, le trader devra être précis dans son analyse et ne pas hésiter à détailler ses points faibles et le plan d’attaque qu’il désire mettre en place pour progresser. Les meilleurs consacrent un temps important à cette phase cruciale et passent des heures à analyser leurs opérations. À l’image des joueurs d’échecs qui progressent lorsqu’ils consacrent du temps à analyser leur jeu (points forts, points faibles, pistes d’amélioration), Martin Schwartz a adopté une routine quotidienne très efficace qui consiste à revoir après la clôture des marchés ses positions et à élaborer des stratégies pour le lendemain. Le journal de trading est clé L’importance du journal de trading est claire : il permet de noter les erreurs commises et de tout mettre en œuvre pour les éradiquer. Le trader cherchera à répondre aux questions suivantes : la discipline a-t-elle été respectée ? Comment faire pour la renforcer ? quelles sont les raisons à l’origine des gains et des pertes ? quels sont les moyens d’évaluation des progrès et du respect des différentes étapes ? Le trader ne doit pas se contenter de dire qu’il est motivé et marteler ses bonnes intentions. Il doit prouver cette motivation par un effort continu et agir dans le sens de ses objectifs. Se mettre en danger en promettant le résultat Pour Ari Kiev, le trader doit afficher sa volonté de gagner en annonçant publiquement ses objectifs. Ainsi, il sera contraint de tout mettre en œuvre pour les réaliser. L’objectif crée un stimulus important qui poussera le trader à effectuer le travail nécessaire pour se dépasser. Le trader impliqué promet un résultat alors qu’il n’a aucune garantie ou certitude sur la manière dont il sera obtenu. Il se lance un défi en faisant cette promesse et accepte l’incertitude qui entoure sa réalisation. Le paradoxe de la réussite en trading implique de vivre en fonction d’un objectif sans y être attaché. Les gens ont peur de s’impliquer en promettant un résultat. La peur de l’échec est souvent présente chez les traders qui préfèrent annoncer un objectif vague du genre : « Je vais faire de mon mieux », plutôt qu’avancer un objectif précis qui les engage. Le trader se met dans une situation où il n’a pas d’autre choix que de créer le résultat promis. Dans L’Art de la guerre, Sun Tzu précise qu’au moment critique « le chef des armées coupe à ses troupes toute possibilité de retraite, comme celui qui a escaladé une hauteur et jette l’échelle derrière lui ». Lorsqu’il n’existe aucune alternative, le trader est parfois poussé à donner le meilleur de lui-même. Ce qui semblait impossible devient réalisable si la personne s’implique totalement et y consacre toute son énergie. Le fait de « tenir cette promesse » va permettre au trader de surmonter les pensées négatives et d’avoir une pression continue pour la réaliser. Fixer des objectifs ambitieux Nous avons tous des capacités physiques et mentales qui dépassent largement les limites artificielles fixées par nos connaissances et par nos croyances. De nombreux individus font un blocage face à ce qu’ils considèrent comme « irréalisable » au lieu de s’impliquer totalement. En effet, la tâche sera difficile mais réalisable. Le trader devra se fixer un objectif ambitieux, dont la limite est fixée par sa seule imagination, et tout faire pour le réaliser. Ainsi, il pourra prétendre au niveau supérieur. Pour réussir, le trader ne doit pas rester passif et attendre que les événements se réalisent. Il est possible de réaliser des performances importantes si le trader se fixe des objectifs ambitieux et s’il se force à sortir de sa zone de confort en éliminant les doutes. Conclusion : l’excellence en trading ? Les grands traders sont indépendants. Ils acceptent d’affronter les conséquences de leurs actions plutôt que de dépendre des autres. En action, ils éliminent les distractions et ont appris à se spécialiser : ils ont eu le courage de changer radicalement leur manière de penser, de fixer des objectifs ambitieux et de mettre en place une stratégie destinée à les atteindre ; ils savent établir des priorités et les respecter ; ils évacuent toutes les pensées négatives et limitent les effets destructeurs de l’anxiété ; ils font l’inverse de ce que font la majorité des traders. Le trader doit accepter l’échec et le considérer comme la condition nécessaire, à long terme, de la réussite. Celui qui saura tirer les leçons de ses échecs et se posera les bonnes questions aura une connaissance pointue de ses forces et de ses faiblesses. Le travail d’analyse lui permettra de déterminer les causes de ses mauvaises performances et de mettre en place un plan rigoureux pour s’améliorer. Pour résumer, les traders d’exception se distinguent par les points suivants : ils travaillent plus dur que les autres ; ils échouent plus souvent ; ils rebondissent plus souvent. Bibliographie ASPATORE (Jonathan) : The New Electronic Traders : Understanding What It Takes to Make the Jump to Electronic McGraw-Hill BARBER (Brad), ODEANTrading, (Terrance) : « Boys Trade, will be2000. boys : gender, overconfidence and common stock investment », Quaterly Journal of Economics, 2001.information to manipulate markets : BENABOU (Roland), LAROQUE (Guy) : « Using privileged insiders, gurus, and credibility », The Quarterly Journal of Economics, août 1992. 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Index A actions 84 addiction 5 autodestruction 121, 122 B Baldwin, Tom 116 Barber, Brad 16 biais cognitif 11 biais d'optimisme 22 biais de confirmation 20 biais de conservatisme 19, 29 biais de disponibilité 13 biais de familiarité 14 biais de représentativité 15 biais de statu quo 36 biais momentum 17, 32, 35, 49 biais psychologique 3, 5, 31, 37, 45, 81 Bielefeldt 98 Bradford Rashke, Linda 112 breakout 84 Buffet, Warren 78 bulle spéculative 19, 44, 77 C Carrefour 19 Clarke, Roger G. 18 Cohen, Abby 45 Cohen, Steve 105, 146 complot, théorie 51 comptabilité circonstancielle 21 concentration 113 condition physique 95 consolidation 44 Cook, Mark 115 correction 44 courtier 52 Coval 27 D Damaiso, Antonio R. 42 day trader 36, 71, 85, 94 day trading 84, 146 De Bondt 18 délit d'initiés 51 Dennis, Richard 47, 54, 76, 97, 101 dépression 87 devises 84 dissonance cognitive 19, 29, 33, 68 Douglas, Mark 100 E efficience des marchés 14 ego 30, 60, 61, 73, 83, 107 émotions 37, 42, 151 F facteur chance 77 Fenton-O'Creevy, Mark 22 futures 84 G gains 40 gap 99 Goldman Sachs 45 grands nombres, loi 15 H heuristique 15 Hite, Larry 108 Hostetter, Amos 144 I impulsivité 35, 105 indicateur technique 45 Internet 19, 77 investissement 13 J journal de trading 153 K Kahneman, Daniel 26 Kaizen 89 Kerviel, Jérôme 4, 30 Kiev, Ari 113, 114, 124, 135, 153 Kovner, Bruce 55, 69 krach 132 L Live more, Jesse 28, 60, 72, 96, 115 Lo, Andrew 46 LTCM 4, 38 M maîtrise 82 manipulation 6, 51 Marcus, Michael 94, 95, 101, 116, 144 matières premières 84 médias 52 Meeker, Mary 77 MIT 46 mode, phénomène 78 motivation 147, 150 moyenne mobile 18 N Niederhoffer, Victor 30 O objectif 130, 131, 134, 153 observateur interne 43, 45, 136 Odean, Terrace 16, 26, 35 ouverture 70 P perspectives aléatoires, théorie 26 pertes 40, 41 plan de trading 152 probabilités 13, 53, 54, 85, 97, 98 prophéties auto réalisatrices 118 R régularité 99 Relative Strenght Index (RSI) 13 Repine, Dmitry 46 résistance 18 ertournement 44 risque 65, 139 Robertson, Julian 7 Rotter, Paul 28, 94, 145 S S&P 500 45 scalper 94 Schiller, Robert 19 Schwartz, Martin 41, 115, 124 Schwarzenegger, Arnold 83 Seykota, Ed 56, 64, 87, 94, 122, 135, 144 Shapira 27 Shumway 27 Société Générale 4 Soros, George 17 spécialisation 84 Statman, Meir 18 Steenbarger 32 Steenbarger, Brett 43, 71, 87, 88, 112 stop 28, 29, 70, 71, 72, 76 stratégie 143 stress 85, 89, 122, 123 Sun Tzu 154 support 18 suractivité 34 swing trading 36, 84, 146 T Thaler, Richard 21 Tiger, fonds 7 trader fou, syndrome 38 traumatisme 137 Tudor Jones, Paul 30, 47, 57, 73, 77, 132 Tullis, Eli 47 Tversky, Amos 26 U utilité espérée, théorie 25 V vision 127, 128, 134, 143 visualisation 69, 70, 114 volatilité 7 W Wall Street 18 Einstein, Mark 59 Z zone 37, 81, 99