Faut-il être bon pour être heureux ? Notre sujet pourrait sembler aisé à première vue, faut il faire le bien dans sa quête du bonheur est une question commune et facile pour tous êtres sensés. Dans le cadre de notre réflexion, nous définirons le « bon » comme « Agir en pensant au bien être commun et de manière altruiste ». Cependant, le fait est que chaque être humain ne fonctionne pas de manière semblable. Ce détail ouvre une nouvelle dimension à notre question. L’interprétation de notre définition ainsi la notion abstraite et non-universelle de « bon » nous permet de nuancer notre affirmation de base. Cet aspect personnel du « bon » ne nous permet en aucun cas de généraliser notre pensée à tous les êtres vivants. Afin de couvrir la totalité du sujet, nous scinderons notre pensée en trois parties: Il est nécessaire d’être bon pour être heureux, le bonheur est indépendant de nos actes, la notion de bon est un concept arbitraire et subjectif. Pour débuter, nous pouvons affirmer qu’il faut être bon pour être heureux. Faire le bien engendre une satisfaction non égalable. Nous sommes des êtres dotés de sentiments, ces sentiments dépendent notamment des autres. Par exemple, aider des personnes qui en ont besoin nous permet de nous revaloriser en tant qu’être humain, ce qui engendre une meilleure représentation de nous même et donc un sentiment plus positif de l’image que nous avons de nous. Ce sentiment positif contribue au bonheur. De plus, faire le « bien » autour de soi permet d’évoluer dans un contexte plus accueillant et propice au bonheur. Être heureux dépend des personnes qui nous entourent. Si nous sommes bienveillants à leur égard, ces personnes le seront aussi. Si nous avons aidé, sans arrière pensée, un voisin, un ami ou un inconnu, et qu’un de ces derniers nous rend la pareille nous éprouverons de la sympathie et de la gratification a son égard. Cette entraide mutuelle engendre également un sentiment positif. Pour clôturer cette première partie, notre troisième argument en faveur de « faire le bien » démontre sa nécessité face aux défis collectifs. Lorsqu’un problème dépasse notre condition personnelle, nous nous devons de nous allier afin de le résoudre. Faire le bien de manière générale nous permet de rejoindre des groupes actifs et de changer le cours des évènements. J’en veux pour preuve le fait de rejoindre un collectif qui conteste des décisions politiques par exemple. Si nous sommes considérés comme « mauvais », rejoindre ce genre de groupe afin de contribuer au changement est impossible, nous serions donc impuissant face à la réalité. Cette impuissance entrave le fait d’être heureux. Introduisons maintenant la deuxième partie, qui détache notre manière d’être en société du bonheur et l’envisage de manière moins vaste que dans la première partie. Le bonheur est intrinsèque et dépend uniquement de la vision personnelle que nous nous en faisons. Tu sautes une étape Tout d’abord, si le fait d’être heureux dépend d’autres humains, il implique alors la nécessité d’une confiance absolue. Une confiance difficilement atteignable lorsque nous savons que même avec nos êtres les plus chers cette dernière reste utopiste. Combien de fois nous sommes nous déjà sentis trahis ou avons été déçus par la personne que nous considérions comme notre moitié ? Comment alors accorder cette confiance à des personnes que nous ne connaissons que beaucoup moins bien ? Cette confiance inatteignable éloigne la corrélation entre « faire le bien » et le bonheur. Nous poursuivons cette deuxième partie en abordant le sujet de l’empathie. Il a été énoncé que faire le bien procure un sentiment de satisfaction pour la plupart des êtres humains. Cependant, nous ne sommes pas tous semblables et certaines personnes ne perçoivent absolument pas les sentiments éprouvés par leurs semblables. De nombreuses personnalités historiques telles que Christophe Colomb, Thomas Jefferson ou encore Henry Ford étaient connues pour ne pas être dotées d’empathie. A l’échelle individuelle, il est difficile de percevoir le bien qu’ils apportaient et pourtant rien ne stipule qu’ils n’étaient pas heureux. Pour terminer, le bon est subjectif et comme dit précédemment, intrinsèque. Certains actes sont considérés comme bons au moment présent ou dans le cadre d’une idéologie spécifique. Adolf Hitler estimait qu’il faisait « le bien » lors de son génocide, et a convaincu des millions de personnes qu’éliminer la population juive contribuerait au bonheur commun. Une idée du « bon » complètement décalée, abstraite et impensable pour nous aujourd’hui qui a malgré tout été unanimement acceptée dans le contexte historique. L’introduction de cette subjectivité ouvre donc une nouvelle facette à notre question initiale. Le bonheur (un sentiment objectif de bien être personnel) dépend d’une vision personnelle. L’impossibilité de généraliser le bon entrave sa corrélation avec le bonheur qui est quant à lui généralisable. Passons maintenant à notre troisième et dernière partie qui dépasse l’idée de simplement corréler le bon au fait d’être heureux. Cette dernière partie est axée sur l’idéologie que l’être humain est avant tout égoïste. L’être humain est un être social qui se nourrit de la société afin de se satisfaire lui même. Le « bon » ou « faire le bien » se raccroche au fait d’embellir le quotidien d’autrui. Mais pourquoi s’évertuer à une telle vocation si ce n’est simplement pour s’estimer soimême ? Comment pourrions nous juger un acte comme bon s’il est uniquement guidé par un désir de satisfaction personnelle ? Cette loi presque animale de recherche du bonheur passe en effet par la bienfaisance en société, mais qui existe dans un but corrompu et tacite. « Faire le bien » est guidé par une motivation personnelle, et nous ne pouvons pas clamer qu’une quelconque action est bonne lorsqu’elle faite dans un but précis qui ne bénéficie qu’à une seule personne: nous-même. Cette dernière remarque entre en parfaite contradiction avec la définition de « bon » énoncée plus tôt. Nous ne sommes pas bons par simple conviction ou altruisme, nous sommes égoïstes et donc nous sommes perçus comme bons. Autrement dit, si nous agissons pour faire le bien c’est uniquement pour être apprécié par autrui car cette appréciation nous procure du bonheur. Comme le dit Machiavel dans Le Prince: « « Il n’est donc pas nécessaire à un prince d’avoir toutes les bonnes qualités dont j’ai fait l’énumération, mais il lui est indispensable de paraître les avoir, j’oserai même dire qu’il est quelquefois dangereux d’en faire usage ». Pour conclure notre réflexion, le bon dans son sens premier n’est pas nécessaire pour être heureux, les arguments avancés (flemme de les répéter même si je suis censé le faire académiquement mais on s’en fout) peuvent le justifier tout comme son contraire. Cependant, les motivations personnelles négligent ce sens du bon. La condition égoïste qui inéluctable chez l’Homme implique qu’il est nécessaire de paraître bon pour être heureux. Comme a dit Rémy de Gourmont: “L'altruiste est un égoïste raisonnable. ”.