Introduction Les Fleurs du Mal – Une charogne Charles Baudelaire Présentation de l’auteur et des Fleurs du Mal : appuyez-vous sur les informations données dans le cours. Présentation de l’extrait : - Poème tiré de la section « Spleen et Idéal ». - 12 quatrains hétérométriques, qui alternent alexandrins et octosyllabes. Lecture de l’extrait à voix haute Le cadre du poème est une promenade amoureuse dans la nature, mais le poète crée dès la première strophe un effet de rupture en introduisant un élément qui fera l’objet du propos poétique : un cadavre en décomposition. Baudelaire se propose donc de transformer la boue de cette charogne en or poétique. Son écriture parvient à sublimer l’horreur. Le poème ménage un second effet de chute à la fin en invitant la jeune femme à se projeter dans la mort, à anticiper sa décomposition prochaine. Problématique En quoi ce poème illustre-t-il le pouvoir du poète, capable de transformer la laideur en beauté ? En quoi ce poème propose-t-il une définition de l’esthétique baudelairienne ? Annonce du plan : 1er mouvement : Strophe 1 à 4 : Mise en scène d’une découverte macabre 2ème mouvement : 3 dernière strophes : Un rapprochement provocateur entre la charogne et la femme aimée Conclusion Entre memento mori et déclaration d’amour, Baudelaire procède par ruptures de ton et par mouvements de va-et-vient entre la réalité et sa sublimation. Grâce à l’alchimie poétique, le poète transforme en effet la laideur en beauté en promouvant la charogne comme objet poétique. Mais, avec une cruauté sadique, il transforme en même temps la beauté (de la jeune femme et du discours amoureux) en laideur (de la mort, de la décomposition des corps et du cliché) : la femme aimée devient sous sa plume un cadavre purulent. Et par la même occasion, il se moque des représentations traditionnelles de la beauté en parodiant la poésie amoureuse lyrique. Pour finir, il fait une démonstration du pouvoir divin de la poésie qui seule peut combattre la finitude humaine par l’immortalité des mots. En effet le poète transcende la mort en offrant l’immortalité à ce qui est transitoire. La mort rend l’art absolument nécessaire car celle-ci finit par tout emporter alors que l’art saisit ce qui est fugace (« A une passante » : poème construit à partir d’un moment d’une grande fugacité : quelques secondes imprimées dans le marbre des mots pour l’éternité). La poésie baudelairienne se donne ainsi une double mission : proposer une nouvelle représentation de la laideur et combattre la mort. C’est précisément le sens des deux vers de « L’Horloge » : « Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues / Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! » Ouverture Faire le parallèle avec le genre de la Vanité. Même mention du pouvoir d’immortalité du poète chez Ronsard (mais pas de carpe diem chez Baudelaire dont le propos semble être moins l’appel à la jouissance que la réflexion sur la poésie.). Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578