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Modernité poétique Symbolisme 2018

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5G
Charles Baudelaire : entre modernité et
symbolisme
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
Année scolaire 2018-2019
5G
1. Au terme de la séquence, tu seras capable de …
 Reconnaitre les différences majeures entre le Symbolisme, le Parnasse et les autres courants
étudiés en quatrième année ;
 D’utiliser tes connaissances stylistiques (cf. fiche de synthèse) ainsi que les différents sens du
concept de Modernité pour analyser les innovations d’un auteur en poésie ;
 Définir ce qu’est un Poète Maudit et savoir appliquer ce concept aux vies et œuvres de
Baudelaire voire n’importe quel autre poète présentant des caractéristiques similaires ;
 Pouvoir expliquer ce qu’est le Symbolisme en poésie et en peinture ainsi que d’analyser une
œuvre inédite ;
 Comprendre et expliquer les caractéristiques du monde du livre ainsi que de la révolution
numérique.
2. Compétences mises en œuvre :
a) Écrire :
 Produire différents types de texte (le texte poétique, le texte argumentatif)
 Développer sa créativité au travers de l’écriture (rédaction d’un jugement de goût, élaboration
d’une illustration hypertextuelle)
b) Écouter :
 Orienter son écoute en fonction de la situation de communication & distinguer l’essentiel de
l’accessoire (prise de notes à partir de documents audio-visuels)
c) Lire :
 Repérer, dans un poème dont on ignore l’auteur, des critères d’identification qui permettent de
l’apparenter à un courant littéraire et artistique, voire dans certains cas, identifier le poème luimême.
 Déterminer le caractère novateur, voire transgressif, d’un texte poétique, par rapport aux
stéréotypes dominants.
d) Parler :
 Réciter un poème de mémoire en y apportant éloquence et originalité en public et sous forme
d’enregistrement.
3. Tâche finale :
 Créer une version numériquement enrichie d’un poème des Fleurs du Mal de Baudelaire
4. Lecture imposée :
 Jean-Baptiste Baronian, L’Enfer d’une saison, l’Âge d’Homme, 2013
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
Année scolaire 2018-2019
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Introduction : rappel et définitions
I.
1. Classement de notions
 Par groupe de deux, remplissez les tableaux suivants avec les termes adéquats
contenus dans la liste ci-dessous.
 Puis, sur base des connaissances que vous avez acquises les années précédentes et
de ce que vous avez complété, essayez de rédiger de petites définitions des différents
courants littéraires mentionnés
Début du XVIIe
siècle
Liste :
Début du XIXe siècle
Milieu du XIXe
siècle
Fin du XIXe siècle
[PARNASSE] – SYMBOLISME - CLASSICISME – Racine -Victor Hugo - Zola- règles-
REALISME- codification – sentiments - fuite du temps-nostalgie-Baudelaire - FlaubertNATURALISME-Corneille-Verlaine-ROMANTISME-mimétisme- Rimbaud-Balzac-Refuge dans la
nature-Louis XIV – société – tragédie – milieu – hérédité – peuple – vérité- rupture – innovation
2. Observer pour consolider ses connaissances
 Sur base des éléments dégagés à l’exercice précédent et de vos connaissances
picturales acquises l’an dernier, attribuez chacun des tableaux suivants à l’un des
courants vus l’an dernier. Justifiez vos réponses sur base d’éléments thématiques et
esthétiques.
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
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Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827, huile sur toile, 392 cm x
4,96 cm, conservé au Musée du Louvre à Paris




Courant :
Justification :
Honoré Daumier, Le Massacre de la Rue Transnonain, 1834,
lithographie, n.m., conservé au Musée d’Orsay à Paris


Hyacinthe Rigault, Portrait de Louis XIV en costume
de sacre, 1701, huile sur toile, 277 × 194 cm,
conservé au Château de Versailles.
Courant :
Justification :
A.R. Uccle 1
Courant :
Justification :
Rosa Bonheur, Le Labourage Nivernais, 1849, peinture à
l’huile, 134 X 260 cms, conservé au Musée d’Orsay à Paris


Courant :
Justification :
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
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Caspar Friedrich, Deux Hommes au bord de la mer, 1817, huile sur
toile, 54 X 66 cms, conservé à la Alte Nationalgalerie de Berlin


Courant :
Justification :
Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet, 1817, huile
sur toile, 102 × 145,5 cms, conservé au Musée d’Orsay à
Paris


Courant :
Justification :
Nicolas
Poussin,
Le
Jugement
de
Salomon,
1649, huile
sur toile,
101 X 160
cms,
conservé
au Musée
du Louvre
à Paris


Courant :
Justification :
 Les trois peintures ci-dessous appartiennent au nouveau courant que nous allons
aborder tout au long de cette séquence, à savoir le symbolisme. Nous allons observer
ces toiles et essayer de comprendre en quoi ces dernières sont différentes de celles
que vous avez étudiées l’an passé.
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Fernand Khnopff , Des Caresses,
1896, huile sur toile, 50,5 x 151
cms, conservé aux Musées
Royaux des
Beaux-Arts
de
Belgique
Arnold Böcklin, l’Île aux Morts, 1866, huile sur toile, n.m, conservé au
Musée des Beaux-Arts de Leipzig
Félicien Rops, Pornokratès, 1878, pastel gouache et
aquarelle, 75X 48 cms, conservé au Musée Provincial
Félicien Rops de Namur
Carlos Schwabe, La Mort du Fossoyeur,
1895, aquarelle et gouache, 75X55 cms,
conservé au Musée du Louvre
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
Année scolaire 2018-2019
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 Synthèse des courants artistiques :
Art classique
XVIIe siècle
Quand ?
1.
Composition claire et ordonnée :
la scène se déroule entièrement à
l’intérieur du cadre (contrairement
au baroque où les personnages et
motifs sont hors cadre).
Respect de la bienséance : l’artiste
peut représenter des scènes de
violence, de cruauté, mais il doit
bannir la vulgarité de l’horreur. Il
s’agit d’éviter toute fascination pour
le morbide et d’inviter le spectateur
à éprouver de la pitié pour les
victimes.
Netteté des contours : la pâleur de
la chair assimile les personnages à
des statues antiques.
Usage de la lumière : elle est vive
car le classicisme aspire à un idéal
de clarté. De fait chaque motif a une
couleur définie, ce qui évite la
présence de contrastes violents et
permet de mettre davantage en
valeur les formes.
Personnages fixes : les personnages
adoptent des attitudes sobres ; la
grandeur des personnages est
représentée par des poses stables,
statiques
qui
inspirent
la
respectabilité.
Les scènes d’origine biblique
2.
Les scènes d’origine mythologique
1.
Codes
esthétiques
2.
3.
4.
5.
Grandes
thématiques
3. Les tableaux de propagande
centrés sur Louis XIV : souvent
avec des attributs tels que l’épée
symbole du pouvoir militaire, le
sceptre symbole du pouvoir royal, la
position centrale, les allégories de la
victoire, la facilité d’exécution de
choses difficiles, la lumière vive,
etc.
Artistes
majeurs
A.R. Uccle 1
Art Romantique
Hyacinthe Rigault (1659-1743), Nicolas
Poussin (1594-1665), Pierre Mignard
(1612-1696)
Première moitié du XIXe siècle
1.
Mise en évidence du mouvement : la peinture
romantique se caractérise par l’emploi récurrent et
fréquent des courbes, le plus souvent lors de la
représentation de sujets qui évoquent une action (par
exemple, des massacres, des affrontements mais
aussi des promenades dans la nature…). Cette
propension au dynamisme s’oppose aux personnages
fixes et à la symétrie omniprésente du classicisme
2.
Soumission de la couleur aux sentiments et aux
idées : contrairement au classicisme où la palette
était exagérément vive afin de glorifier le roi ou
l’Antiquité, le romantisme va, quant à lui, adapter
ses teintes au ressenti de l’artiste. Celui-ci peut ainsi
choisir de sublimer son sujet s’il l’apprécie (cf. le
tableau sultanesque de Delacroix) mais aussi le
rendre plus sombre si son tempérament le lui dicte.
Le peintre étant le plus souvent mélancolique, cet
état d’esprit se traduit par l’emploi de pigments
froids et sombres ainsi que par le recours au clairobscur (contraste entre l’ombre et la lumière).
3.
L’absence de précision dans les représentations :
là où le classicisme exigeait une netteté parfaite, le
romantisme se limite souvent à un dessin plus
grossier, plus « flou »
afin de susciter le
mouvement, le mystère, le sentiment ou le rêve.
1.
L’exotisme : représentation de scènes typiques
issues de l’étranger afin d’oublier un quotidien
morose.
2.
La tragédie contemporaine : les Romantiques
représentent sur leurs toiles des événements
particulièrement tragiques survenus au XIXe
siècle.
Des paysages naturels mais mystérieux : les
Romantiques dépeignent une nature en
symbiose avec leurs sentiments de tristesse et de
déprime.
4. Autoportraits mélancoliques : exécutés en
clair-obscur, ces portraits mettent en lumière la
figure mélancolique du poète et la composante
lyrique de sa poésie.
Eugène Delacroix (1798-1863), Théodore Géricault
(1791-1824), Casper Friedrich (1774-1840), Johann
Heinrich Fusslï (1741-1824)
3.
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M. Seret
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Art réaliste / naturaliste
Deuxième moitié du XIXe siècle
Quand ?
Codes
esthétiques
Grandes
thématiques
Art symboliste
1.
L’absence d’idéalisation : la peinture
réaliste entend décrire la réalité telle
qu’elle est, sans la mettre en scène, ni
la déformer. Le trait est donc
volontairement
précis
et
sans
exagération tandis que la composition
est régie par les contraintes du
quotidien..
1.
La réalité sociale et quotidienne :
intérêt pour le monde ouvrier et les
gens des basses classes comme sujets
artistiques, ce qui n’était pas le cas
avant.
2.
La Nature « naturelle » : intérêt
pictural
marqué
pour
une
représentation sans prisme subjectif et
en détails de la nature
3.
La
violence,
le
macabre
(Naturalisme) : le Naturalisme entend
dénoncer les travers les plus
choquants de la société. Il n’hésite
donc pas à faire appel à une imagerie
du même acabit pour faire véhiculer
ses idées.
Fin du XIXe siècle
1.
…………………………………………………..
: en réaction au réalisme et à l’utilitarisme de la
société du XIXe siècle, les peintres symbolistes
tournent leur art vers une représentation
imaginaire des choses : il ne s’agit plus de
montrer quelque chose de connu au spectateur
mais de le faire se questionner face à ce qu’il ne
connait pas ou ce qui peut le surprendre.
2.
………………………………………………… :
toujours dans cette optique non-réaliste, les
peintres symbolistes ne voudront pas représenter
clairement les choses mais les suggérer par le
biais de représentations nouvelles et sujettes à de
multiples interprétations.
1.
………………………………………………. :
les symbolistes recourent énormément aux
mythes et aux histoires fantastiques qu’ils
véhiculent pour toucher la sensibilité de leur
auditoire. À la différence du classicisme, il ne
s’agit pas pour le symbolisme de représenter
fidèlement une scène mais de l’organiser de telle
façon à provoquer le questionnement.
2.
…………………………………… : l’allégorie
est la représentation concrète de valeurs
abstraites (p. ex. la Mort). Il s’agit donc d’un
médium apprécié par les symbolistes pour son
caractère ambigu et irréel.
3.
……………………………………………… : la
femme sera considérée par les symbolistes
comme un personnage ambivalent, à la fois
symbole de désir mais aussi de crainte.
……………………………………………. : les
symbolistes apprécient dépeindre des paysages
imaginaires dans un but de choc et
d’interrogation.
Arnaud Böcklin (1827-1901), Gustav Klimt (18621918), Félicien Rops (1833-1898), Fernand Khnoff
(1851-1921)
4.
Artistes
majeurs
A.R. Uccle 1
Gustave Courbet (1819-1877), Honoré
Daumier (1808-1879), Rosa Bonheur
(1822-1899), Camille Corot (1796-1875)
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M. Seret
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II.
Baudelaire, l’homme, le mal-être et les vers
1. Pourquoi faire de la poésie ou être poète aujourd’hui : élaboration de
caractéristiques générales.
 Parce qu’elle est un genre devenu mineur dans le champ littéraire français, la poésie
parait être aujourd’hui un genre sans intérêt pour tout un chacun. Mais pourquoi en
écrit-on encore aujourd’hui alors ? Essayons de trouver des arguments à travers les
définitions suivantes.
Étymologiquement parlant, le mot « poésie » vient du grec « poien » qui signifie « faire ou « créer » au sens le
plus large du terme. La poésie est donc la création par excellence.
Être poète, c’est être qui au juste ? Sans parler de tout parfaitement, le poète n’est peut-être que créateur
d’émotions et d’images, un fou désocialisé, un artiste révolté ou simplement mystère ambulant […].Vivre le
poème ce n’est pas simplement lire sa forme, c’est être traversé par son âme, sa substance on peut dire. Son
poème est bourré de lyrisme, de vécus, d’images et d’émotions : Joie, peurs, dégoûts, tristesse, etc. C’est voir
l’action dans un rien de temps, entre les figures parfaitement utilisées, comme un choc rapide que personne
n’attendait, ce n’est qu’une tentative de compréhension du monde. La poésie est surtout caractérisée par un
élément fondamental : l’originalité. Il en est de même pour le poète, il doit être original et insaisissable en
quelque sorte. Être poète n’est peut-être pas totalement cerné par ces réflexions sur la poésie; c’est peut être
aussi autre chose comme le pouvoir de laisser filer mille mots pour en conserver un simplement
[…].Finalement, on peut comprendre que tout le monde n’est pas poète, il faut dire, vivre, écrire autrement pour
l’être. Il faut peut-être avoir dans l’âme un original créateur d’émotions et d’images ou le caractère du fou
désocialisé, l’artiste révolté ou du moins le mystère ambulant.
Pascal Apollon, « Être poète, c’est quoi au juste ? », http://www.balistrad.com/etre-poete-cest-quoi-au-juste/
La structure est le seul moyen d’échapper au suicide. Et le suicide ne résout rien. Imaginez que Baudelaire ait
réussi sa tentative de suicide, à vingt-quatre ans.
Croyez à la structure. Croyez aux métriques anciennes, également. La versification est un puissant outil de
libération de la vie intérieure. Ne vous sentez pas obligé d’inventer une forme neuve. Les formes neuves sont
rares. Une par siècle, c’est déjà bien. Et ce ne sont pas forcément les plus grands poètes qui en sont l’origine. La
poésie n’est pas un travail sur le langage; pas essentiellement. Les mots sont sous la responsabilité de
l’ensemble de la société. La plupart des formes neuves se produisent non pas en partant de zéro, mais par lente
dérivation à partir d’une forme antérieure. L’outil s’adapte, peu à peu ; il subit de légères modifications; la
nouveauté qui résulte de leur effet conjoint n’apparaît généralement qu’à la fin, une fois l’œuvre écrite. C’est
tout à fait comparable à l’évolution animale
Ne travaillez jamais. Écrire des poèmes n’est pas un travail; c’est une charge. Si l’emploi d’une forme
déterminée (par exemple l’alexandrin) vous demande un effort, renoncez-y. Ce type d’effort n’est jamais
payant. Au sujet de la forme, n’hésitez jamais à vous contredire. Bifurquez, changez de direction autant de fois
que nécessaire. Ne vous efforcez pas trop d’avoir une personnalité cohérenteþ; cette personnalité existe, que
vous le vouliez ou non.
Michel Houellebecq, Rester Vivant !, Paris, Flammarion, 1991, pp. 17-18
Une poésie s’exprime d’abord par écrit sous forme de vers ou de prose, et se caractérise par sa musicalité, son
rythme et sa teneur spécifique. Sans rentrer dans les détails, elle vient s’ajouter en littérature comme le ferait le
roman, l’essai ou le conte et offre donc un support que l’écrivain choisira ou non. Cependant, il n’est pas rare de
retrouver une plume poétique au sein de romans ou de tragédies ; c’est pourquoi on ne pourrait conclure qu’un
romancier ne peut être poète, et inversement. Il semble toutefois raisonnable d’admettre qu’une poésie puisse ne
pas être poétique en ce qu’aucune de ses sonorités ne s’accordent par exemple, et qu’ainsi une personne ayant
rédigé un texte reprenant une architecture poétique ne soit pas un poète.
A.R. Uccle 1
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Et la poésie aujourd’hui ?
Nous pouvons observer qu’un genre littéraire qui s’estompe peut tout à fait renaître sous un autre jour au sortir
d’une époque ou bien en étant repris et dévié ; je dirais même transformé. Ce qui sera poésie pour untel ne
saurait correspondre à notre conception actuelle du genre, mais il n’en demeure pas moins que le genre ne fait
qu’évoluer pour parfois se scinder ou s’unir. Si la poésie contemporaine semble fort diminuée et peu
développée, il ne faut pas pour autant la déprécier pour ses faiblesses mais au contraire faudrait-il la renouveler
comme il fut toujours le cas.
Kyril Dussauge, « Quelle est la mission du poète, hier, aujourd’hui et demain ? », 2015,
https://www.monbestseller.com/actualites-litt%C3%A9raire/4112-quest-ce-quun-poete
« La poésie, c'est comme les lunettes. C'est pour mieux voir. Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont
fatigués, usés. Croyez-moi, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans
s'en rendre compte, ils deviennent aveugles.
Il n'y a qu'une solution pour les sauver : la poésie. C'est le remède miracle : un poème et les yeux sont neufs.
Comme ceux des enfants.
A propos des enfants, d'ailleurs, j'ai aussi un conseil à donner : les vitamines A, B, C, D, ça ne suffit pas. Si l'on
ne veut pas qu'en grandissant, ils perdent leurs yeux magiques, il faut leur administrer un poème par jour. Au
moins.
Jean-Pierre Siméon, La nuit respire, Cheyne éditeur, 1987
Conclusion
2. L’homme derrière les vers.
 Voici une sélection de poèmes tiré du recueil le plus célèbre de Baudelaire, à savoir
Les Fleurs du Mal. Nous allons les lire ensemble et noter en-dessous de ceux-ci les
thèmes principaux qu’ils abordent. Petite précision : les poèmes se lisent colonne par
colonne.
Le Reniement de Saint-Pierre
Qu’est-ce que Dieu fait donc de ce flot
d’anathèmes1
Qui monte tous les jours vers ses chers Séraphins ?
Comme un tyran gorgé de viandes et de vins,
Il s’endort aux doux bruit de nos affreux
1
Quand de ton corps brisé la pesanteur horrible
Allongeait tes deux bras distendus, que ton sang
Et ta sueur coulaient de ton front pâlissant,
Injures
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blasphèmes.
Les sanglots des martyrs et des suppliciés
Sont une symphonie enivrante sans doute,
Puisque, malgré le sang que leur volupté coûte,
Les Cieux ne s’en sont point encor rassasiés.
— Ah ! Jésus ! souviens-toi du Jardin des Olives !
Dans ta simplicité tu priais à genoux
Celui qui dans son ciel riait au bruit des clous
Que d’ignobles bourreaux plantaient dans tes chairs
vives
Lorsque tu vis cracher sur ta divinité
La crapule du corps-de-garde et des cuisines,
Et lorsque tu sentis s’enfoncer les épines
Dans ton crâne où vivait l’immense Humanité ;
 Résumé :

Quand tu fus devant tous posé comme une cible,
Rêvais-tu de ces jours si brillants et si beaux
Où tu vins pour remplir l’éternelle promesse,
Où tu foulais, monté sur une douce ânesse,
Des chemins tout jonchés de fleurs et de rameaux,
Où, le cœur tout gonflé d’espoir et de vaillance,
Tu fouettais tous ces vils marchands à tour de bras,
Où tu fus maître enfin ? Le remords n’a-t-il pas
Pénétré dans ton flanc plus avant que la lance ?
— Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait
D’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve ;
Puissé-je user du glaive et périr par le glaive !
— Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
Thèmes principaux :
Le Crépuscule du matin
La diane2 chantait dans les cours des casernes,
Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.
C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;
Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge,
La lampe sur le jour fait une tache rouge ;
Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
Imite les combats de la lampe et du jour.
Comme un visage en pleurs que les brises essuient,
L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,
Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
Les maisons çà et là commençaient à fumer.
Les femmes de plaisir, la paupière livide,
Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ;
Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids,
Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs
doigts.
C'était l'heure où parmi le froid et la lésine
S'aggravent les douleurs des femmes en gésine ;
Comme un sanglot coupé par un sang écumeux
Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux ;
Une mer de brouillards baignait les édifices,
Et les agonisants dans le fond des hospices
Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux.
Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.
L'aurore grelottante en robe rose et verte
S'avançait lentement sur la Seine déserte,
Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,
Empoignait ses outils, vieillard laborieux.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne

Résumé :

Thèmes principaux :
La Destruction
La dernière journée
Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon;
II nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Sous une lumière blafarde
Court, danse et se tord sans raison
La Vie, impudente et criarde.
Aussi, sitôt qu'à l'horizon
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
La nuit voluptueuse monte,
Apaisant tout, même la faim,
2
Sonnerie de trompette annonçant l’aube
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Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Effaçant tout, même la honte,
Le Poète se dit: «Enfin!
II me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Mon esprit, comme mes vertèbres,
Invoque ardemment le repos;
Le coeur plein de songes funèbres,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!
Je vais me coucher sur le dos
Et me rouler dans vos rideaux,
Ô rafraîchissantes ténèbres!»
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
L’âme du Vin
Un soir, l’âme du vin chantait dans les
bouteilles :
— « Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux

Résumé de La Destruction :

Thèmes principaux :

Résumé de La Dernière Journée :

Thèmes principaux :

Résumé de l’Âme du Vin :

Thèmes principaux :
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content :
J’allumerai les yeux de ta femme ravie ;
À ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L’huile qui raffermit les muscles des lutteurs.
En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l’éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle -gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
 Si vous deviez imaginer
l’apparence du Poète ayant rédigé ces
vers ou qualifier sa psychologie, quels
termes emploieriez-vous ? Listez vos
idées ci-dessous :
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
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M. Seret
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3. Donner vie au ressenti d’autrui.
 La poésie s’écrit, la poésie se lit mais la poésie se dit également ! L’exercice pourra
vous paraitre primaire et pourtant, le genre poétique et l’oralité sont intimement liés
depuis la nuit des temps car poétiser, c’est transmettre des mots mais aussi des
émotions.
 Des versions sonores des poèmes que nous avons abordés en classe vont vous être
diffusées. Certaines sont issus de version commercialisées, d’autres sont lues par des
amateurs. Après écoute, essayons de voir les atouts et les inconvénients de chaque
version.
a.
Auguste Vertu, « la Destruction », https://www.youtube.com/watch?v=a3uB3JY0PGQ
b.
Thomas de Chatillon, « L’Albatros », Les Fleurs du Mal par audiobook.com
c.
L’âme du vin, https://www.youtube.com/watch?v=uZZJzgU-JIY
 Dire de la poésie, un art désuet ? Pas tellement lorsqu’on voit fleurir sur des
plateformes bien connues des adaptations contemporaines de ces textes, souvent
par ajout de ce qu’on ne pouvait enregistrer à l’époque, à savoir la musique. Voici
une sélection non exhaustive des trois mêmes poèmes en version modernisée :
a.
« La
Destruction »
adapté
par
le
https://www.youtube.com/watch?v=uUDiZ1Dc4ug
collectif
des
« Fleurs
b.
Richard
Sabak,
L’Albatros
(je
https://www.youtube.com/watch?v=JNxli0WDJKI
rap
du
Charles
c.
André, L’âme du vin chanson, https://www.youtube.com/watch?v=AN4T6NJJOJA&t=27s
du
Slam »,
Baudelaire),
4. Première évaluation : mettre en voix un poème des Fleurs du Mal
 À vous de jouer maintenant ! Parcourez le recueil des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, lisez
ça et là quelques poésies, imprégnez-vous de leurs mots ou de leur atmosphère… Et donnez-leur
corps par la voix !
 Une totale liberté de choix au niveau des poèmes vous est donc laissée, sauf au niveau de la
longueur : votre texte sélectionné devra faire au moins la longueur d’un sonnet (deux quatrains
et deux tercets)
 Même si votre maitrise du texte sera évaluée, c’est avant tout votre interprétation qui sera le
centre de cette tâche et de cette évaluation. Pour vous aider à préparer cette dernière, voici
une série de conseils utiles :
a.
b.
c.
d.
e.
A.R. Uccle 1
On le reverra plus loin mais il ne faut pas oublier qu’un texte poétique est avant tout une structure
basée notamment sur le son. À ce titre, il convient donc de ne pas tronquer les rimes, les
enjambements ou la ponctuation originale de l’auteur !
Aimez votre texte ! : cela peut paraitre un peu candide énoncé ainsi mais un texte choisi par intérêt
(et non pour sa longueur…) est toujours plus facilement transmissible au public.
Commencez par lire votre poème lentement avant de, par la suite, gagner de la vitesse et
moduler votre interprétation. En effet, une lecture lente permet de vérifier la bonne diction de
chaque mot d’améliorer progressivement la fluidité de votre récitation. C’est également une bonne
méthode pour voir où marquer des pauses « originales » (le texte poétique se lisant rarement d’une
traite)
Travaillez le volume : tout le monde doit vous entendre !
Travaillez votre intonation : ne pas oublier que des phrases affirmatives se terminent par une
baisse de voix, ce qui n’est pas le cas des exclamatives par exemple.
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
Année scolaire 2018-2019
5G
f.
Travaillez votre regard : regardez votre public car la poésie est affaire de communication avec
lui ! N’hésitez pas à insister en fin de strophe ou à faire des effets (regard en haut, en biais) pour
souligner les passages que vous énoncez.
 Votre choix de poème devra m’être communiqué pour le 12/09/2018 au plus tard.
 Début des présentations : le 17/09/2018. À partir de cette date, deux ou trois élèves seront tirés au
sort pour interpréter le poème de leur choix à chaque heure de cours. Il va donc de soi que toute
la classe devra être prête à cette échéance.
 Parce que l’activité poétique est par essence difficile, elle mérite le respect de chacun,
particulièrement lors d’une transposition orale. Le silence absolu sera donc obligatoire. En cas de
non-respect de cette règle, un point sera enlevé en cas de bavardage par un élève. La sanction sera
renouvelée en cas de récidive, jusqu’à l’annulation totale des points.
 Vous pouvez vous aider de la grille de correction suivante pour vous préparer à cet exercice.
Grille de correction : réciter un poème
Les indices corporels (6 points)
Le regard
La gestualité
Sans contact
0 1 2 3
En contact avec le public
Mécaniques / parasites
0 1 2 3
Significatives et appuyant
le texte
Les indices vocaux (18 points)
L’articulation
Le volume
Insuffisante
0 1 2 3 4
Suffisante
Inadapté
0 1 2 3 4
Adapté à une écoute sans
difficulté du poème
Inadapté
Le débit
0 1 2 3 4
Adapté au texte et à son
sujet
Monotone et répétitive
L’intonation
0 1 2 3 4 56
Variée et en phase avec le
propos du poème
Interprétation personnelle (3 points)
Originalité globale de
Déclamation monotone
0 1 2 3
Rendu vivant et
intéressant
l’interprétation
Qualité de la mémorisation (-1 point par coup d’œil) (3 points)
Lecture intégrale
Formulation
0 1 2 3
Maitrise du texte
(vocabulaire)
TOTAL :
/20
Charles Baudelaire : l’ « inventeur » de la modernité poétique
III.
1.
/30 
Découvrir un poète… maudit et son œuvre
A.R. Uccle 1
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 Observez les images suivantes et à partir de celles-ci, essayez de déterminer pourquoi
Charles Baudelaire est considéré comme un poète maudit. Notez vos hypothèses sur
une feuille de cours.
Baudelaire caricaturé par Nadar
(1851)
Honoré Daumier – Un dernier bain !
(1860)
Article commémoratif sur le Procès des Fleurs du
Mal (2007)
Charles Baudelaire photographié par
Nadar (1851)
Charles Giraud – Caricature de
Baudelaire (1862)
Charles Baudelaire – Autoportrait de pied en cap (1860)
A.R. Uccle 1
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 Complétez maintenant vos suppositions en
visionnant l’interview suivante : il s’agit d’un entretien
entre d’une part, Thierry Ardisson (un célèbre
animateur de télévision) et de l’autre, Jean-Pierre
Jorris, un acteur de théâtre venu incarner… Charles
Baudelaire.
[Visionnage de l’interview biographique de Charles Baudelaire
alias Jean-Pierre Jorris – Ina.fr (2002)]
Répondez ensuite aux questions suivantes :
1. Pourquoi peut-on dire que la vie de Baudelaire débute par deux malheurs successifs ?
2. Pourquoi Baudelaire scandalise-t-il sa famille ?
3. Pour quelles raisons part-il en Inde et qu’est-ce que ce voyage lui apporte dans son
existence ?
4. Qu’est-ce que pourrait être un paradis artificiel ?
5. Quel autre métier pratique Charles Baudelaire ? Pourquoi ?
6. Qui est la « Venus noire » ? Comment comprendre cette expression ?
7. Qu’est-ce qu’un dandy ?
8. Quand parait le recueil des Fleurs du Mal ? Le livre est-il bien accueilli par le public ?
9. Comment la poésie de Baudelaire est-elle qualifiée par la presse ?
10. Comment le poète réagit-il face à cette réception ?
11. Pourquoi est-il important pour Baudelaire d’être un saint pour lui-même ?
12. Quels éléments modernes de sa poésie peut-on déjà relever dans cette interview ?
A.R. Uccle 1
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2. Comment Baudelaire a-t-il révolutionné la poésie ?
2.1 L’origine : aller à l’encontre de la banalité du Parnasse
 Avant de devenir un poète moderne, Baudelaire a pratiqué le courant poétique en
vogue à son époque, à savoir le Parnasse. Observez le texte ci-dessous et expliquez
pourquoi ce dernier est poétique (référez-vous à votre fiche-outil) et essayez de deviner
les caractéristiques du mouvement.
Sur le Livre des Amours de Pierre de Ronsard 3
Jadis plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil 4,
A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre,
Et plus d'un cœur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre,
A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil.
Qu'importe ? Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil.
Ils gisent tout entiers entre quatre ais5 de rouvre6
Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre,
Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil.
Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre7,
Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre
- Les roses8 et les lys n'ont pas de lendemain Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire9,
N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main,
Aux myrtes10 de l'Amour le laurier de la Gloire.
José-Maria de Heredia, Poèmes,
https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jos%C3%A9_maria_de_heredia
Première étape : l’analyse formelle
Détermination des
strophes
Détermination de
la métrique des
vers (+ nom)
Détermination des
rimes des vers
Effets de rythme
Poète français (1524-1585) de la Renaissance. Il fut célèbre pour avoir apporté le lyrisme à la poésie française.
Souvent amoureux de belles femmes de son époque, il essayait – malgré sa laideur – de les séduire par ses vers
4
Région française célèbre pour ses vignes
5
Ancienne expression française signifiant « entre quatre planches », c’est-à-dire enterré dans un cercueil.
6
Petit chêne
7
Allusion à des femmes aimées par Ronsard et que ce dernier a chantées de ses poèmes
8
Ronsard reprend le thème latin du Carpe Diem (= vivre au jour le jour) et l’applique à l’être féminin à travers la
métaphore de la rose : tant qu’elle est belle, la courtisane doit céder aux avances de ses prétendants. En effet,
quand elle sera vieille, plus personne ne voudra d’elle.
9
Région française
10
Arbre symbole d’éternité du fait de sa longévité (plus d’un siècle)
3
A.R. Uccle 1
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éventuels ?
Deuxième étape : l’analyse du fond
Émetteur et
destinataire ?
Champs lexicaux
majeurs (+
thèmes)?
Figures de style
présentes (en soi
ou en appui du
propos du
poème) ?
Interprétation
globale du poème
(= message de
l’auteur)
Conclusion de l’analyse du poème
Conclusion : le Parnasse
Le Parnasse est un mouvement qui nait à la ……………………….. du XIXe siècle. Son but est de faire de l’
…………………………. c’est-à-dire de faire de l’art sans utilité. Le mouvement parnassien s’oppose au
romantisme où les poètes avaient pour ambition de guider la société. En effet, pour son fondateur Théophile
Gauthier, tout art ayant une utilité est un art laid.
Pour arriver à produire de la poésie « indépendante », les Parnassiens se fixent quelques grands principes tels
que :
 ……………………… : (contre la subjectivité romantique : on décrira peu les sentiments)
 ……………………….. : c’est-à-dire des sujets qui n’ont pas de lien direct avec le contexte de
l’époque comme l’Antiquité, la nature, les motifs floraux, etc.
 ………………………….. : les Parnassiens sont pour l’emploi d’un vocabulaire très recherché (car
uniquement compréhensible par une élite cultivée) et tendent à imposer à nouveau les contraintes
classiques de la poésie comme par exemple l’usage du sonnet et de l’alexandrin.
Cette importance de la forme chez les Parnassiens sera souvent critiquée car ne débouchant sur des
poésies au contenu banal.
 Baudelaire va donc essayer d’aller à l’encontre des règles parnassiennes en voulant
devenir un poète moderne. Comment comprenez-vous la signification de ce terme et, à
votre avis, comment Baudelaire va-t-il s’y prendre pour déconstruire ce modèle ?
2.2 Première caractéristique moderne : …………………………………………………………………
 Baudelaire va donner une première piste à cette question en publiant, en 1857 puis en
1861, son recueil des Fleurs du Mal. Il explique la construction de ce dernier à travers le
poème « Au Lecteur » dont vous allez entendre deux adaptations différentes :
A.R. Uccle 1
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Pix, Le Poète est le roi des Gueux, 2012
Fabrice Luchini, Variations, 2012
 Vocabulaire (dans l’ordre du poème) :







La lésine : avarice
Les repentirs : des excuses, un pardon
Bourbeux : boueux
Satan Trismégiste : littéralement « Satan qui
est trois fois plus grand »
Appas : caractéristique attirante (dans le sens
sexuel du terme)
Catin : terme ancien pour désigner une
prostituée
Helminthes : vers parasitaires (p. ex. : vers
solitaires)







Riboter : faire la fête, mener une vie de
débauche
Canevas : le déroulement
Hardie : courageuse
Lices : terme ancien désignant des chiens de
chasse
Ennui : est ici présenté sous forme
d’allégorie
Échafauds : Lieu où on exécutait les
sentences à mort (par pendaison ou guillotine
généralement)
Houka : sorte de narguilé, de chicha
Sur base de votre double écoute, répondez aux questions suivantes :
Pour Baudelaire, quelle est l’attitude de l’homme vis-à-vis du Mal ?
L’homme possède-t-il des solutions pour s’en sortir ? Si oui, lesquelles ?
Listez trois activités de débauche auxquelles l’homme s’adonne.
Que cherche à éviter Baudelaire en se jetant à corps perdu dans la débauche ?
Comment peut-on comprendre que lecteur soit qualifié à la fois d’hypocrite et de
semblable ? N’est-ce pas contradictoire ? À votre avis, qu’essaie de faire Baudelaire en
tutoyant celui qui va l’accompagner dans ses poèmes ?
6. Au final, comment comprendre le titre les Fleurs du Mal ? En quoi ce dernier annonce-til le projet de Baudelaire ?
1.
2.
3.
4.
5.
1861 (deuxième édition)
I. Spleen et Idéal
85 poèmes
II. Tableaux parisiens
18 poèmes
III. Le vin
5 poèmes
IV. Fleurs du mal
9 poèmes
V. Révolte
3 poèmes
VI. La mort
6 poèmes
 Baudelaire va donc emmener le Lecteur
dans sa quête du Mal et de ses plaisirs. Mais
cette recherche n’est pas simple, à tel point
qu’elle va se dérouler en plusieurs étapes. Ces
dernières sont listées dans la table des matières
reprise
ci-contre :
126
A.R. Uccle 1
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 Cette quête du mal va amener Baudelaire à retravailler un certain nombre de
thématiques célèbres en poésie de manière à légitimer son entreprise. Il va donc
notamment reprendre le sujet du Carpe Diem que nous avions abordé dans le poème
parnassien précédent. Le résultat obtenu est donc logiquement aux antipodes de la
versification ampoulée de José-Maria de Heredia. Vous allez pouvoir vous en rendre
compte en visionnant la vidéo suivante :
Kid Charlemagne, Une Charogne, adaptation réalisée en mai
2016, https://www.youtube.com/watch?v=Ue9xzqIVWmk
Kid Charlemagne est un youtubeur spécialiste des adaptations
vidéo de références culturelles. Passionné - entre autres ! –
par Charles Baudelaire, il a lancé, en 2015, un projet visant à
moderniser les poèmes des Fleurs du Mal sans sacrifier au
côté sulfureux du personnage.
 Quels sont les éléments qui vous interpellent au premier abord après avoir regardé
cette adaptation ? Listez-les ci-dessous :
 Comparons-les maintenant avec ce que nous allons dégager en analysant le poème :
Une Charogne
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Et ce monde rendait une étrange musique
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir ;
— La puanteur était si forte que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir ; —
— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui, telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez sous l’herbe et les floraisons grasses
Moisir parmi les ossements.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Où s’élançait en pétillant ;
On eut dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Alors, ô ma beauté, dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, édition en ligne
A.R. Uccle 1
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Première étape : l’analyse formelle
Détermination des
strophes
Détermination de
la métrique des
vers (+ nom)
Détermination des
rimes des vers
Effets de rythme
éventuels ?
Deuxième étape : l’analyse du fond
Émetteur et
destinataire ?
Champs lexicaux
majeurs (+
thèmes)?
Figures de style
présentes (en soi
ou en appui du
propos du
poème) ?
Interprétation
globale du poème
(= message de
l’auteur)
Conclusion
 Maintenant que vous assimilez mieux le texte, nous allons essayer de dégager les
principales caractéristiques de cette adaptation moderne :
Evaluation de la modernisation du poème
Support utilisé :
De quelle(s)
façon(s) le poème
est-il adapté ? Y
a-t-il altération du
texte original ?
Intérêt de
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l’adaptation en
général (but
annoncé ou
déduit)
Critiques
éventuelles (les
plus « objectives »
possibles)
Cette adaptation
est-elle digne
d’intérêt ?
2.3 Deuxième caractéristique moderne : …………………………………………………………………
 Au-delà de son attrait pour le morbide, Charles Baudelaire va également, à travers ses
écrits, jeter les bases d’un nouveau courant littéraire dont le principe est édicté dans
un manifeste en 1886 (soit plus de 20 ans après la mort de l’auteur !
 Lisez l’extrait suivant puis déterminez les caractéristiques de cette nouvelle esthétique
ainsi que la place que Baudelaire y occupe :
Comme tous les arts, la littérature évolue : évolution cyclique avec des retours strictement déterminés et qui se
compliquent des diverses modifications apportées par la marche du temps et les bouleversements des milieux. Il
serait superflu de faire observer que chaque nouvelle phase évolutive de l'art correspond exactement à la
décrépitude sénile, à l'inéluctable fin de l'école immédiatement antérieure […].Une nouvelle manifestation d'art
était donc attendue, nécessaire, inévitable. Cette manifestation, couvée depuis longtemps, vient d'éclore […].
Disons donc que Charles Baudelaire doit être considéré comme le véritable précurseur du mouvement actuel ;
M. Stéphane Mallarmé le lotit du sens du mystère et de l'ineffable ; M. Paul Verlaine brisa en son honneur les
cruelles entraves du vers que les doigts prestigieux de M. Théodore de Banville avaient assoupli auparavant
[…].
Ennemie de l'enseignement, la déclamation, la fausse sensibilité, la description objective, la poésie symbolique
cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en
servant à exprimer l'Idée, demeurerait sujette.
Jean Moréas, « Manifeste du Symbolisme », Le Figaro, 18/09/1886
 La première notion cardinale de ce mouvement est la notion de symbole. Essayons de
définir ce terme au travers des exemples suivants :
A.R. Uccle 1
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 Penchons-nous maintenant sur la définition du mouvement donnée par Jean Moréas :
le symbolisme consisterait, selon lui, à vêtir « L’Idée d’une forme sensible ». Mais
qu’entend-t-il donc par là ? Pour le comprendre, un petit détour par l’Antiquité et le
contexte du XIXe siècle s’impose…
Les conditions d’émergence du mouvement symboliste [prise de notes]
Illustration du mythe de la Caverne de Platon dont s’est inspiré Baudelaire pour créer ses premiers
poèmes symbolistes.
 Le symbolisme, en plus de donner une légitimité à la littérature en soi, aurait pu
donc permettre à Baudelaire d’affirmer son statut de poète supérieur au peuple
parisien du XIXe siècle. Mais en l’absence d’une définition personnelle et d’une
méthode pour devenir symboliste à l’époque venant de Baudelaire lui-même, il
faudra attendre en 1871 qu’Arthur Rimbaud, jeune poète de 17 ( !) ans, clame à son
ami Paul Demeny que :
Les seconds romantiques11 sont très voyants : Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Théodore de Banville. Mais
inspecter l'invisible et entendre l'inouï étant autre chose que reprendre l'esprit des choses mortes, Baudelaire est
le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu.
Arthur Rimbaud, La Seconde Lettre au Voyant, 1871
11
Comprendre ici les Parnassiens. Le fait de qualifier ces derniers de « voyants » est bien entendu ironique.
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
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 Dans une première lettre écrite deux jours avant cette reconnaissance de
Baudelaire, Arthur Rimbaud précise à son professeur de français Georges
Isembard, ce qu’il entend par « voyant » :
La lettre au Voyant (I)
Charleville, 13 mai 187112
Cher Monsieur !
13
Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m'avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants :
vous roulez dans la bonne ornière. − Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je
déterre d'anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en
parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles 14. − Stat mater dolorosa, dum pendet filius15. − Je me
dois à la Société, c'est juste, − et j'ai raison. − Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd'hui.
Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier
universitaire, − pardon! − le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n'a rien fait, n'ayant
voulu rien faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour,
j'espère, − bien d'autres espèrent la même chose, − je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai
plus sincèrement que vous ne le feriez ! − Je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient, quand les colères
folles me poussent vers la bataille de Paris16 − où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous
écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais; je suis en grève.
Maintenant, je m'encrapule17 le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant :
vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le
dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis
reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me
pense. − Pardon du jeu de mots18. − Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux
inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait !
Arthur Rimbaud, La Lettre au voyant, XIXe siècle.
1. Rimbaud oppose dans le premier paragraphe son monde et celui de son professeur. En
quoi sont-ils différents ?
2. Que reproche-t-il à son professeur au deuxième paragraphe ?
3. Que pourrait être l’ « inconnu » ? Pourquoi faut-il dérégler ses sens pour y arriver ?
4. À ton avis, qu’entend Rimbaud par « Je est un autre » ?
12
Rimbaud a donc 17 ans (!)
Georges Isambart, l’un des professeurs de français de Rimbaud, devenu à l’époque enseignant dans une
université
14
Filles désigne ici des verres de vin dans le patois de la région de Charleville. Il s’agit là d’une expression
ambigüe et beaucoup de lecteurs ont lu ce terme dans son sens premier
15
Littéralement : « La mère se tenait là, en pleurs tandis que son fils pendait (sur la croix) ». Il s’agit d’une
citation d’un hymne religieux catholique. Selon Pierre Brunel, Rimbaud cite ce passage afin de se moquer de sa
mère qui le poussait à vivre reclus à Charleville car il avait abandonné ses études.
16
Allusion à la Commune, une insurrection du peuple français contre son gouvernement. La révolte dura entre
mars et mai 1871 et fit de nombreux morts parmi le peuple.
17
On retrouve dans ce néologisme de façon anachronique, une annonce de la notion de Poète Maudit qui sera
définie officiellement par Verlaine en 1888
18
Rimbaud, évoquant ici les souffrances du poète, joue ici sur l’homonymie entre penser et panser
13
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
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 Nous allons maintenant lire ensemble le poème « Voyelles » qui donne un exemple plus
concret du fameux « dérèglement des sens » dont parle Rimbaud. La forme étant
relativement classique (puisque c’est un sonnet), nous nous intéresserons uniquement
au fond :
VOYELLES
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes19.
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombillent20 autour des puanteurs cruelles,
Golfe d’ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles 21
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes22 ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides 23,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie24 imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga25, rayon violet de Ses Yeux26 !
Arthur Rimbaud, Les Cahiers de Douai, 1870
Analyse du fond
Émetteur et
destinataire ?
Champs lexicaux
majeurs (+
thèmes)?
Figures de style
présentes (en soi
ou en appui du
propos du
poème) ?
Interprétation
globale du poème
(= message de
l’auteur)
Conclusion
Vos naissances à venir : Rimbaud annonce ici la recette qui sous-entendra ses futurs poèmes symbolistes.
Néologisme de Rimbaud pour exprimer le verbe « bourdonner »
21
Groupement de fleurs
22
Qui regrette ses fautes
23
Vert bleuté
24
Fait de transformer une matière en une autre
25
Dernière lettre de l’alphabet en grec ancien. Le A (« alpha ») étant la première, Rimbaud conclut donc son
poème par un sentiment de perfection, de toute-puissance.
26
Rimbaud compare sa poésie à une émanation du monde des Anges
19
20
A.R. Uccle 1
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M. Seret
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 Ce poème est rapidement devenu un passage obligé dans l’histoire de la littérature
scolaire. Sans doute parce qu’il s’agit du texte le plus accessible rédigé par cet
adolescent pour expliquer ses aspirations poétiques. Á tel point que son propos,
simple en apparence, a influencé nombre d’artistes contemporains mais aussi actuels
qui n’ont pas hésité à réactualiser ses dires de façon artistique :
Pochoirs illustrant le poème Voyelles de Rimbaud
(localisation inconnue, 2017). Le portrait du poète
est reproduit à partir d’un croquis de Paul Verlaine
de 1872. Les voyelles, la guêpe et les miniatures
sont le fait de l’artiste. Le graffiti, quant à lui, est
une dégradation antérieure.
Caricature du poème des Voyelles par le
dessinateur Luque, parue dans la revue Les
Hommes d’Aujourd’hui en janvier 1888
Monique Chef, Collage en hommage à Rimbaud, 2016
 Ces illustrations étant toutes postérieures à la rédaction de ce poème, nous allons
nous centrer sur l’intérêt de ces dernières :
Evaluation de la modernisation du poème
Support(s)
utilisé(s) :
De
quelle(s)
façon(s) le poème
est-il adapté ? Y
a-t-il altération du
texte original ?
A.R. Uccle 1
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Intérêt
adaptations
général
annoncé
déduit)
des
en
(but
ou
Critiques
éventuelles
(les
plus « objectives »
possibles)
Ces adaptations
sont-elles dignes
d’intérêt ?
 Alors qu’il est également influencé par le Romantisme et le Réalisme, Baudelaire va
vouloir dépasser le sentimentalisme de l’un et la précision de l’autre, jugeant que le
langage n’est pas assez fourni pour exprimer nettement ses espoirs et ses malheurs.
C’est ainsi qu’il va recourir aux symboles dans ce texte, l’un de ses plus célèbres
poèmes :
L’Invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
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- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857.
Première étape : l’analyse formelle
Détermination des
strophes
Détermination de
la métrique des
vers (+ nom)
Détermination des
rimes des vers
Effets de rythme
éventuels ?
Deuxième étape : l’analyse du fond
Émetteur et
destinataire ?
Champs lexicaux
majeurs (+
thèmes)?
Figures de style
présentes (en soi
ou en appui du
propos du
poème) ?
Interprétation
globale du poème
(= message de
l’auteur)
Conclusion
A.R. Uccle 1
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 En guise d’entrainement à l’analyse d’un poème symboliste, vous pouvez travailler
sur le texte suivant et me remettre l’analyse pour correction si vous le souhaitez.
LXXVIII – Spleen
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, XIXe siècle
2.4 Troisième caractéristique moderne : …………………………………………………………………
 Pour introduire cette troisième et dernière caractéristique de la modernité de
Baudelaire, observez le texte suivant et essayez de trouver des raisons pouvant
expliquer qu’il s’agit d’un poème.
Le Joujou du Pauvre
Je veux donner l'idée d'un divertissement innocent. Il y a si peu d'amusements qui ne soient pas coupables!
Quand vous sortirez le matin avec l'intention décidée de flâner 27 sur les grandes routes, remplissez vos
poches de petites inventions à un sol, - telles que le polichinelle28 plat mû par un seul fil, les forgerons qui
battent l'enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, - et le long des cabarets, au pied des
arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux
s'agrandir démesurément. D'abord ils n'oseront pas prendre; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains
agripperont vivement le cadeau, et ils s'enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le
morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l'homme.
Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château
frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de
coquetterie.
27
28
Se promener
Marionnette
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Le luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait
faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.
A côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe
pourpre, et couvert de plumets et de verroteries29. Mais l'enfant ne s'occupait pas de son joujou préféré, et
voici ce qu'il regardait:
De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif,
fuligineux30, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du
connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine
de la misère.
A travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l'enfant pauvre
montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et
inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c'était un rat
vivant! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.
Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, XIXe siècle
Analyse du fond
Émetteur et
destinataire ?
Champs lexicaux
majeurs (+
thèmes)?
Figures de style
présentes (en soi
ou en appui du
propos du
poème) ?
Interprétation
globale du poème
(= message de
l’auteur)
Conclusion
 Nous allons maintenant nous intéresser à une adaptation de ce poème en prose par un
collectif de dessinateurs en 2016. L’objectif sera de percevoir ce que le neuvième art
peut apporter comme hommage ou comme angle nouveau au texte poétique de
Baudelaire :
29
30
Pierres précieuses artificielles et de peu de valeur
De couleur noire, comme la suie (synonyme de saleté)
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Evaluation de la modernisation du poème
Support(s)
utilisé(s) :
De
quelle(s)
façon(s) le poème
est-il adapté ? Y
a-t-il altération du
texte original ?
Intérêt
de
l’
adaptation
en
général
(but
annoncé
ou
déduit)
Critiques
éventuelles
(les
plus « objectives »
possibles)
Cette adaptation
est-elle
digne
d’intérêt ?
 En analysant le texte et son adaptation, on constate que la dimension poétique ne
transparait pas directement (si l’on excepte l’appui des images). Pourtant, elle est belle
et bien présente : il n’y a que la forme qui a changé ! Dans la préface à son recueil en
prose du Spleen de Paris, Baudelaire justifie le choix d’une forme totalement
« novatrice » pour la littérature d’époque :
PETITS -POËMES EN PROSE
À ARSÈNE HOUSSAYE31
Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni
queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement.
Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et
au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car
je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d’une intrigue superfine. Enlevez une
vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux
fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de ces tronçons
seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent tout entier 32.
J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le
fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloysius Bertrand33 (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos
amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose
d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le
procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique,
musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de
l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?
C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports
Écrivain considéré comme médiocre mais possédant de nombreux postes à haute responsabilité et de multiples
relations. Il était ainsi directeur de la revue L’Artiste où Baudelaire publiera ses premiers poèmes en prose.
32
Houssaye étant un personnage connu et Baudelaire sachant qu’il avait rédigé quelque chose de novateur, cette
dédicace lui permettait de donner une caution littéraire à son entreprise.
33
Écrivain français considéré comme l’ « inventeur » du poème en prose en langue française
31
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que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri
strident du Vitrier34, et d’exprimer dans une prose lyrique35 toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie
jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?
Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m’ait pas porté bonheur. Sitôt que j’eus commencé le
travail, je m’aperçus que non-seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore
que je faisais quelque chose (si cela peut s’appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont
tout autre que moi s’enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu’humilier profondément un esprit qui regarde
comme le plus grand honneur du poète d’accomplir juste ce qu’il a projeté de faire.
Votre bien affectionné,
C. B.
 Baudelaire ne s’arrête évidemment pas aux seules possibilités poétiques des phrases :
ses poèmes en prose poursuivent un objectif qui lui a été inspiré par son travail de
critique d’art. En 1863, il découvre les œuvres du peintre néerlandais Constantin Guys
lors d’un Salon. Ces toiles fascinent complètement l’écrivain. En voici quelques-unes
représentées ci-dessous : essayons de comprendre l’attrait spontané de Baudelaire
pour ces dernières :
Constantin Guys, Attelages et cochers, 1860, dessin au
fusain, n.d., conservé au Walters Art Museum de Baltimore
Constantin Guys, Au Foyer du théâtre, dessin au fusain,
1862, 17,4 X 16,3 cms, conservé au Walters Art Museum de
Baltimore
Poème en prose qu’Houssaye a essayé de transformer en poésie, en vain. Baudelaire insiste donc sur sa
médiocrité.
35
Prose axée sur la subjectivité et les sentiments
34
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Constantin Guys, Autorités forçant le château d’Eu, 1854, plume,
lavis et aquarelle, n.d., conservé au Musée des Arts Décoratifs de
Paris.
Constantin Guys, Le Visiteur dans une maison close, n.d. crayon et
encre, 18.5X28 cms
 Baudelaire va transcrire ses impressions dans un essai consacré au peintre. Voici ce
qu’il écrit à propos du caractère « moderne » de cet artiste qu’il transposera dans ses
poèmes
IV
LA MODERNITÉ.
Ainsi il va, il court, il cherche. Que cherche-t-il ? A coup sûr, cet homme, tel que je l'ai dépeint, ce
solitaire doué d'une imagination active, toujours voyageant à travers le grand désert d'hommes, a un but plus
élevé que celui d'un pur flâneur, un but plus général, autre que le plaisir fugitif de la circonstance. Il cherche ce
quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité ; car il ne se présente pas de meilleur mot pour
exprimer l'idée en question. Il s'agit, pour lui, de dégager de la mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans
l'historique, de tirer l'éternel du transitoire. Si nous jetons un coup d'œil sur nos expositions de tableaux
modernes, nous sommes frappés de la tendance générale des artistes à habiller tous les sujets de costumes
anciens. Presque tous se servent des modes et des meubles de la Renaissance, comme David se servait des
modes et des meubles romains. Il y a cependant cette différence que David, ayant choisi des sujets
particulièrement grecs ou romains, ne pouvait pas faire autrement que de les habiller à l'antique, tandis que les
peintres actuels, choisissant des sujets d'une nature générale applicable à toutes les époques, s'obstinent à les
affubler des costumes du Moyen Age, de la Renaissance ou de l'Orient. C'est évidemment le signe d'une grande
paresse ; car il est beaucoup plus commode de déclarer que tout est absolument laid dans l'habit d'une époque,
que de s'appliquer à en extraire la beauté mystérieuse qui y peut être contenue, si minime ou si légère qu'elle
soit. La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel
et l'immuable. Il y a eu une modernité pour chaque peintre ancien ; la plupart des beaux portraits qui nous
restent des temps antérieurs sont revêtus des costumes de leur époque. Ils sont parfaitement harmonieux, parce
que le costume, la coiffure et même le geste, le regard et le sourire (chaque époque a son port, son regard et son
sourire) forment un tout d'une complète vitalité. Cet élément transitoire, fugitif, dont les métamorphoses sont si
fréquentes, vous n'avez pas le droit de le mépriser ou de vous en passer. En le supprimant, vous tombez
forcément dans le vide d'une beauté abstraite et indéfinissable, comme celle de l'unique femme avant le premier
péché. Si au costume de l'époque, qui s'impose nécessairement, vous en substituez un autre, vous faites un
contre-sens qui ne peut avoir d'excuse que dans le cas d'une mascarade voulue par la mode. Ainsi, les déesses,
les nymphes et les sultanes du dix-huitième siècle sont des portraits moralement ressemblants.
M. G., dirigé par la nature, tyrannisé par la circonstance, a suivi une voie toute différente. Il a commencé
par contempler la vie, et ne s'est ingénié que tard à apprendre les moyens d'exprimer la vie. Il en est résulté une
originalité saisissante, dans laquelle ce qui peut rester de barbare et d'ingénu apparaît comme une preuve
nouvelle d'obéissance à l'impression, comme une flatterie à la vérité.
Charles Baudelaire, Le Peintre de la Vie Moderne, XIXe siècle
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Conclusion : pourquoi Baudelaire (et d’autres) de poètes modernes ?
2.5 Tâche d’écriture évaluée : rédiger un poème en prose sur Bruxelles.
 Cette volonté de graver dans le marbre des instants quotidiens du XIX e siècle va
également trouver un écho inattendu en … Belgique où Baudelaire va se rendre les
derniers mois de sa vie. Ayant trouvé refuge à Bruxelles, le poète des Fleurs du Mal va
vite déchanter dans cette ville pourtant célèbre pour ses éditeurs reconnus et sa liberté
d’esprit. L’auteur belge Jean- Baptiste Baronian relate, dans son Dictionnaire
Amoureux de la Belgique, les raisons de ce désamour profond :
Baudelaire, Charles
Un drôle de bonhomme ce Baudelaire […]. Quelle mouche l’a piqué, un beau matin d’avril 1863, pour qu’il
quitte brusquement ses pénates à Paris et débarque à Bruxelles, où personne ne l’attend et où son nom ne dit
rien, ou presque rien, à personne ? Qu’est-ce qu’il est venu y faire au juste ? Il y est venu parce que son ami le
peintre Alfred Stevens lui a souvent dit que les Bruxellois étaient friands de conférences, que le très dynamique
Cercle artistique et littéraire belge était à la recherche de bons conférenciers français et que, en outre, on les
payait rubis sur l’ongle. Et il y est venu aussi parce qu’il souhaitait rencontrer Albert Lacroix et LouisHippolyte Verboeckhoven, qui ont été les heureux éditeurs des Misérables de Victor Hugo en 1862, et leur
soumettre certains de ses textes.
Après s’être installé à l’hôtel du Grand-Miroir, rue de la Montagne, à deux pas des galeries Saint-Hubert et de la
Grand-Place, il s’empresse d’aller voir les responsables du Cercle artistique et littéraire et se vante, au cas où ils
ne le sauraient pas, d’être déjà l’auteur d’une dizaine de livres. Et il leur suggère trois sujets de conférences :
Eugène Delacroix, Théophile Gautier et Thomas De Quincey. Trois créateurs qu’il admire et sur lesquels il peut
se montrer intarissable. Le 2 mai, au premier étage de la Maison du Roi, Grand-Place précisément, sa causerie
sur Eugène Delacroix attire une jolie assistance. Il ne peut que s’en réjouir, mais regrette qu’Albert Lacroix et
Louis Verboeckhoven, pourtant invités en bonne et due forme par les édiles du Cercle, ne soient pas venus. Par
contraste, le 11 mai, la salle est clairsemée. Tout au plus une vingtaine de personnes. Parmi elles, un jeune
écrivain belge de vingt ans, Camille Lemonnier, ébloui, subjugué et tellement ému qu’il est incapable, au terme
de la conférence qui a porté sur Théophile Gautier, « poète impeccable » et « parfait magicien ès lettres
françaises », d’aller féliciter Baudelaire de vive voix et de lui serrer la main. Les organisateurs, eux, sont
mécontents. Et le cachet qu’ils lui offrent pour cette prestation et la précédente est de cinquante francs à peine.
Alors que Baudelaire en espérait quatre fois plus. Mais comme il tient coûte que coûte à ce qu’on parle de lui en
Belgique et que les éditeurs des Misérables, ou l’un des deux à tout le moins, viennent l’écouter, il accepte, la
mort dans l’âme, de donner gratuitement trois autres conférences. Ce sont, hélas, trois nouveaux échecs [...].
Dès lors, et presque du jour au lendemain, la Belgique lui paraît odieuse. Sans réfléchir, il décide d’exprimer sa
haine du pays, de sa capitale et de sa population dans un ouvrage, libelle, satire ou pamphlet, il verra bien. Il
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retient huit titres de travail : La Grotesque Belgique, La Vraie Belgique, La Belgique toute nue, La Belgique
déshabillée, Une capitale pour rire, Une grotesque capitale, La Capitale des Singes et Une capitale de Singes,
Singes chaque fois avec la majuscule. Et il se déchaîne.
Contre ces Belges qui sont « bêtes, menteurs et voleurs », qui sont des « tas de canailles », qui éclatent de rire
sans motif (« signe de crétinisme »), qui s’amusent en bande, qui marchent de travers et n’ont aucune souplesse
dans leurs pas, qui sont présomptueux36, qui méprisent les hommes célèbres, qui ne pensent pas et qui, dans
l’échelle des êtres vivants sur la terre, ont leur place « entre le Singe et le Mollusque ».
Contre l’absence de coquetterie et de pudeur des femmes belges, toutes avec de gros pieds, de gros bras, de
grosses gorges et de gros mollets.
Contre la cuisine belge pleine de sel, « dégoûtante et élémentaire ».
Contre le faro37. « Le faro est tiré de la grande latrine 38, la Senne ; c’est une boisson extraite des excréments de
la ville soumis à l’appareil diviseur. Ainsi, depuis des siècles, la ville boit son urine. »
Contre l’enseignement public en Belgique et l’aversion générale de la littérature.
Contre les conversations et les locutions idiotes des Belges, par exemple l’emploi erroné du verbe savoir au lieu
du verbe pouvoir.
Contre leur impiété et leur irréligion
Contre leur « prêtrophobie », leur culte de la Libre Pensée et leur positivisme.
Contre leur « passion générale de la calomnie ».
Contre cette stupide manie qu’ils ont d’engueuler leurs domestiques en flamand.
Contre leurs mœurs électorales et les corruptions politiques qu’elles entraînent.
Contre leur oisiveté qui « les rend très amoureux de nouvelles, de cancans, de médisances ». Contre leur esprit
d’obéissance, de conformité et d’association.
Contre leur souverain, l’avare et médiocre Léopold, « misérable petit principicule allemand », un roi
constitutionnel devenu un « automate en hôtel garni ».
Contre leur armée où « on n’avance guère que par le suicide ».
Contre leur manière invraisemblable de discuter la valeur des tableaux : « Le chiffre, toujours le chiffre. Cela
dure trois heures. Quand pendant trois heures, ils ont cité des prix de vente, ils croient qu’ils ont discuté
peinture. »
Son fiel, sa hargne, ses désillusions, Baudelaire n’arrête plus, des semaines durant, de les cracher sur le papier,
d’accumuler des notes perfides et méchantes. Non sans se répéter, sans ressasser les mêmes dégoûts, égrener les
mêmes rancœurs, rabâcher les mêmes acharnements. Mais qu’est-ce qui, dans ces conditions, le retient en
Belgique où il se trouve à ce point irrité, insatisfait, offusqué, ulcéré et, somme toute, terriblement malheureux ?
C’est quoi, ce masochisme ? C’est quoi, cette belgophobie qui l’accable, cette maladie orpheline qui va jusqu’à
nuire à sa santé et qui provoque chez lui des diarrhées continuelles, des palpitations cardiaques, des aigreurs
d’estomac, des accès de fièvre, des insomnies et des vertiges ? Autant d’affections qui le rendent « bête et fou »
et qui le contraignent, pour se soigner, à recourir à l’opium, à la digitale à la quinine et à la belladone…
Comment fait-il pour supporter tout cela, alors qu’il lui suffirait, ne serait-ce que pour avoir sous les yeux
d’autres décors et d’autres spectacles, de rentrer en France ?
36
Arrogants
Bière bruxelloise typique datant du Moyen-âge et se composant de lambic et de sucre candi ou de cassonade.
Elle est très consommée au XIXe siècle et ce, jusqu’à l’apparition des bières pils.
38
Toilette
37
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La crainte d’être la risée de ses amis parisiens comme Nadar, Théodore de Banville, Charles Asselineau ou
Édouard Manet ? Ce qui est sûr, c’est qu’il souffre de ne pas être un écrivain reconnu, un poète qu’on lit, qu’on
relit et qu’on admire. Peut-être pas Victor Hugo ni Théophile Gautier, non, mais un poète dont on parle et dont
les recueils se vendent bien et lui assurent un viatique. Il souffre de ne pas être glorieux, lui qui ne conçoit pas
la littérature sans la vénération et qui en rêve depuis l’âge de dix-huit ans. Il souffre de ses déboires amoureux,
de ses malheurs à répétition, de ses échecs. Sa souffrance est telle qu’il en veut au monde entier et à tout le
monde, qu’il en veut à ces Bruxellois et ces Belges précisément sur lesquels il déverse sa détestation de
l’humanité et sa misanthropie viscérale, lesquelles auraient été à coup sûr pareilles s’il s’était retrouvé tout seul
parmi les Londoniens et les Anglais, ou parmi les Genevois et les Suisses. Le pire, c’est que, bientôt, cette
belgophobie engendre un autre mal, un mal obscur et lancinant : l’ennui. Il s’ennuie, Baudelaire, et dans ce
royaume belge qu’il abhorre et qui secrète l’ennui, il n’a pas vraiment le cœur à l’ouvrage. Parfois, il peaufine
un poème en prose pour un futur recueil qu’il aimerait intituler Le Spleen de Paris, mais le plus souvent, quand
il se met à sa table de travail, dans sa petite chambre de l’hôtel du Grand-Miroir, ce sont des notes éparses sur la
Belgique qu’il continue inlassablement de rédiger et d’accumuler.
Il a désormais en tête un neuvième titre éventuel : Pauvre Belgique. Or voilà qu’en mars 1866, alors qu’en
compagnie de Félicien Rops il va admirer une nouvelle fois l’église Saint-Loup à Namur, il est soudain la proie
d’un violent malaise, qu’il s’évanouit et qu’il doit être ramené d’urgence à son hôtel à Bruxelles. Dans les jours
qui suivent, il est frappé d’hémiplégie puis, trois semaines plus tard, d’aphasie. Et bientôt il ne peut même plus
lire ni, surtout, écrire. Ni s’exprimer d’une manière ou d’une autre. Sauf, de loin en loin, par des sortes de râles
bestiaux inintelligibles. En juin, il est rapatrié en France et conduit dans une maison de santé à Paris, rue du
Dôme. Il n’est plus qu’une épave. Il succombe, à l’âge de quarante-six ans, le 31 août 1867. Dans les bras de sa
pauvre mère, Mme Aupick.
Jean Baptiste Baronian, Dictionnaire Amoureux de la Belgique, Paris, Plon, 2015, pp. 70-77
a. Présentation du travail :
 Près de 150 ans après, les diatribes de Baudelaire envers la Belgique (et Bruxelles en particulier)
peuvent prêter à sourire car elles ne paraissent plus d’actualité. Mais aujourd’hui, en 2018, d’autres
critiques ont progressivement remplacé le réquisitoire en bonne et due forme du poète. Pourtant,
Bruxelles, malgré ses défauts, reste une ville avec de multiples côtés positifs, attachants ou insolites.
 L’objectif de cette rédaction cotée sera très simple : vous devrez « fixer le transitoire en éternel » ou
autrement dit conter poétiquement et personnellement un aspect de la capitale qui vous plait et que vous
aimeriez faire connaitre au plus grand nombre avant de – peut-être – disparaitre. Tous les sujets,
quartiers et autres événements vous sont ouverts, du moment que le propos reste centré sur la vie
bruxelloise.
b. Consignes spécifiques
Votre production, qui sera bien entendu personnelle (pas de plagiat !), devra respecter les consignes suivantes :
a.
Elle devra avoir pour sujet la ville de Bruxelles et posséder un caractère d’anecdote. Il ne s’agit donc pas
de produire une description poétique et « objective » de la capitale mais de réellement proposer à la
lecture un événement qui vous a touché, une sensation qui vous a marqué, un souvenir dans un lieu
spécifique… Vous disposez d’un large éventail de possibilités à exploiter personnellement.
b.
Elle devra évidemment être rédigée en prose (pas de vers !) et comprendre des paragraphes afin de
structurer votre évocation. Par ailleurs, le choix du point de vue principal vous est imposé puisque votre
rédaction devra être élaborée à la première personne du singulier. Enfin, l’aspect poétique ne devra
pas être négligé puisqu’il constitue l’essence même de cette tâche : c’est pourquoi vingt figures de style
devront être – au minimum – insérées dans votre texte et mises en évidence à l’aide d’un code couleur
de votre choix. Il va de soi que la plus grande diversité est exigée : il n’est pas question d’employer
vingt assonances, allitérations ou comparaisons ! Vous disposez un panel de figures syntaxiques, de sens
et phoniques suffisamment large pour vous permettre le luxe de les utiliser pertinemment !
A.R. Uccle 1
Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
Année scolaire 2018-2019
5G
c.
Longueur de la production : une page à une page et demie maximum. Vous pouvez soit l’écrire à la
main ou la dactylographier (Times New Roman 12 pt, interligne 1.15). Attention, l’orthographe, la
syntaxe ainsi que la qualité du style utilisé seront bien entendu évalués.
d.
Date de remise du travail : au plus tard, et en main propre pour le 19/10/2018. Tout retard ou nonremise sera directement sanctionné d’un zéro étant donné le délai dont vous disposez.
c. Grille de correction
Grille de cotation – rédiger un poème en prose sur Bruxelles
Respect des consignes de base – 5 points
Le titre est original et est représentatif du contenu proposé
Le déroulement de l’histoire est basé à Bruxelles et la ville occupe une place
prépondérante au sein de l’histoire contée (que ce soit comme actrice, comme cadre
spatio-temporel, etc.)
Respect des consignes relatives à la longueur de la production, à sa présentation
dactylographiée et à l’élaboration d’un code couleur pour les figures de style.
/1
/2
/3
Respect du fond – 22 points
Le texte est continu : il a une situation initiale, des péripéties et une situation finale.
L’ensemble des éléments évoqués est cohérent
Le sujet exploité est clairement identifiable, « réaliste » et typique de l’environnement
bruxellois. En outre, il relève de l’anecdote (fixer le transitoire en éternel) tout en
possédant une dimension subjective propre à son scripteur (à travers la narration à la
première personne du singulier)
Le poème en prose au moins une vingtaine de figures de style. Ces dernières sont
variées (de sens, de syntaxe, de sons) et pertinentes, tout en apportant une véritable
dimension poétique au texte.
Originalité de l’ensemble du texte
/2
/6
/10
/4
Intelligibilité du texte : respect des normes linguistiques - 8 points
Qualité de l’orthographe (-1 point par faute ; 10% de la note)
Qualité des constructions de phrase (syntaxe)
Adéquation du style employé avec le genre poétique (vocabulaire diversifié, nonrépétitif, mélange des registres, etc.)
TOTAL :
A.R. Uccle 1
/35
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Cours de français – la Modernité poétique et le Symbolisme
M. Seret
/3
/2
/3
/20
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IV.
Pour aller plus loin… Le XIXe siècle ou l’explosion du
monde de l’édition [prise de notes partielle et illustrée].
 Vous connaissez tous désormais les raisons littéraires justifiant le succès des Fleurs
du Mal. Mais ce recueil, au-delà de ses qualités intrinsèques, est aussi représentatif de
l’évolution du monde de l’édition et d’une période-charnière de son histoire, à savoir la
fin du XIXe siècle. Étudier Les Fleurs du Mal sera l’occasion de se poser une ultime
question au sein de chapitre : quel est l’avenir de ce classique et des classiques
littéraires en général, au XXIe siècle ?
1. Quelques chiffres et une véritable part de marché.
 En 2012, le cabinet d’affaires GFK 39 estimait les ventes des œuvres de Charles
Baudelaire (principalement Les Fleurs du Mal & Le Spleen de Paris) à 1.280.000
exemplaires entre 2004 & 2012, soit une moyenne de 142.000 exemplaires 40 écoulés par
an. Ce chiffre est évidemment assez élevé si l’on compare avec ceux de l’Observatoire
de l’Économie du Livre Français qui, en 2016, estimait le tirage moyen d’un ouvrage à
5.341 exemplaires. On reste néanmoins assez loin de la référence de l’an dernier : ainsi,
Raphaëlle Giordano a vendu son Ta Deuxième Vie commence quand tu comprends que
… à plus de 735.000 exemplaires41 !
 Les ventes honorables des classiques littéraires, même si elles sont la plupart
commanditées par l’institution scolaire, le programme du BAC ou les anniversaires
divers et variés, restent donc un marché juteux dont les éditeurs auraient tort de se
priver. Voici cinq couvertures récentes d’éditions des Fleurs du Mal en regard de
l’originale de 1857: quels arguments les éditeurs mettent en avant pour se démarquer
de la concurrence ?
Frontispice du bon à tirer des Fleurs
du Mal de 1857
Couverture d’une édition Librio des
Fleurs du Mal (2013)
Couverture d’une édition Larousse
des Fleurs du Mal (2014)
39
http://www.lefigaro.fr/livres/2012/03/14/03005-20120314ARTFIG00608-palmares-des-ventes-maupassantsuperstar.php
40
Ce chiffre doit pourtant être nuancé en regard du nombre important d’éditeurs publiant le même titre ou en
considérant qu’il s’agit de la vente d’éditions créées antérieurement.
41
https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/68055-chiffres-cles-du-secteur-du-livre-20162017.pdf
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Couverture d’une édition GarnierFlammarion des Fleurs du Mal (2016)
Couverture d’une édition Folio
Classiques des Fleurs du Mal
(2015)
Couverture d’une édition Folio Vidéo
des Fleurs du Mal (2014)
2. Les Fleurs du Mal, une genèse éditoriale difficile.
Auguste
Poulet-Malassis,
éditeur de la plupart des
poètes
modernes,
dont
Baudelaire
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Composition d’une équipe d’imprimerie à la fin du XVIIIIe siècle
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Figure 1
Figure 2
Figure 3
Format
Feuillets/cahiers
Pages/cahiers
Plano
1
2
2°
2
4
4°
4
8
8°
8
16
12°
12
24
16°
16
32
18°
18
36
Figure 4
A.R. Uccle 1
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3. Comment donner de l’intérêt au texte des Fleurs du Mal face aux déclinaisons gratuites
et au domaine public ?
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4. Un exemple d’ebook enrichi par le contenu numérique : Les Fleurs du Mal avec
Baptiste Leplacain42
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V.
Tâche Finale : Créer une version numériquement enrichie
d’un poème des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire
Objectif : adapter un poème de Baudelaire en utilisant les ressources numériques (vidéo et
représentation artistique)
a) Présentation de la tâche
Tout au long de cette séquence, nous avons essayé de comprendre l’originalité de Baudelaire tant d’un point de
vue littéraire qu’humain. Un autre axe important aura été de s’interroger sur la postérité d’une telle
personnalité : le poète a-t-il encore une place particulière au sein de l’imaginaire commun ? Si oui, sous quelle
forme ? Les réponses à ces deux questions se sont incarnées sous formes d’adaptations modernes de poèmes qui,
pourtant, datent originellement d’un siècle et demi ! Bande dessinée, vidéo, images, musique… De nombreux
supports ont été convoqués pour inscrire ce patrimoine dans le XXI e siècle, le rendant ainsi accessible aux
nouvelles générations.
L’analyse sommaire de l’epub enrichi nous a permis de constater que l’édition numérique constituait sans aucun
doute l’avenir du monde littéraire tant pour des raisons écologiques, didactiques que créatives. La tâche finale
suivante vous propose donc, par groupes de deux, de vous initier à ce medium d’avenir par le biais d’une
modernisation d’un poème baudelairien de votre choix.
b) Concrètement, que faut-il faire ?
Une fois vos binômes constitués il vous faudra :
 Sélectionner un poème des Fleurs du Mal ou du Spleen de Paris (vous pouvez reprendre celui que
vous avez récité en classe si vous le souhaitez) et, dans un premier temps, en faire la mise en voix.
42
Humoriste et comédien français (1985-)
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Concrètement, cela signifie que vous devez vous enregistrer (en vidéo ou sur piste audio, les
technologies d’aujourd’hui permettant à peu près tout en ce sens) déclamant le poème que vous avez
choisi. Le but étant ici de livrer une prestation avec de la vie, de l’intonation et surtout qui puisse
apporter une dimension supplémentaire au poème par les inflexions que vous allez mettre dans sa
restitution (imaginez-vous l’écouter le soir en vous couchant !). Il ne s’agit donc pas d’une « simple »
lecture à voix haute. Si vous souhaitez mettre une musique d’ambiance lors de votre prestation
enregistrée, vous êtes libres de le faire.
 Produire une adaptation moderne du poème choisi : c’est la partie créative de ce travail. En altérant
ou non le matériel poétique de base, vous concevrez une actualisation de ce dernier. Les supports
abordés au cours constituent une bonne porte d’entrée mais vous pouvez bien entendu vous affranchir
de ces exemples pour proposer quelque chose de plus personnel : une mise en musique, une
amplification sous forme d’histoire (écrite, lue, voire carrément mise en scène, reportez-vous au modèle
illustré par Jean-Baptiste Baronian dans votre lecture imposée), un rap …. Soyez originaux et
audacieux !
 Proposer un jugement de goût du poème sélectionné : les analyses des poèmes baudelairiens étant
légion, vous allez vous démarquer en proposant à votre futur lecteur un « jugement de goût » de votre
poème. En d’autres termes, vous allez lui expliquer, en un texte de quatre paragraphes (1 page
maximum) :
o
o
les raisons qui vous ont poussé à sélectionner ce poème parmi la centaine d’autres qui compose
les Fleurs du Mal ;
les choix que vous avez posés lors de l’adaptation de votre poème et l’intérêt de ceux-ci (au
niveau du support sélectionné, du dessin ou des couleurs utilisés, du lieu de tournage, de la
scénarisation, etc.)
Ce texte pourra bien évidemment être dactylographié (Times New Roman 12, interligne 1.15)
c) Détails pratiques :
 Choix des groupes : liste des binômes et des choix de poème à me remettre pour le
15/10/2018. En cas d’absence de décision ou de nombre impair, je me chargerai moimême d’établir les groupes.
 Remise du travail : les différentes parties du travail devront m’être remises sur clé USB
ou via un dossier crée au sein d’un lien de stockage en ligne que je vous fournirai pour le
16/11/2018 au plus tard (la cote comptera donc pour la P2). En cas de non-remise ou de
retard, un zéro sera attribué. Une sanction similaire sera appliquée en cas de plagiat.
Pour éviter tout problème de compatibilité, merci d’encoder vos fichiers textes en .doc,
.docx ou .pdf, vos fichiers « images » en .jpeg ou .pdf, vos fichiers audio en .mp3 et vos
fichiers vidéo en .mp4, .avi ou .mpeg
 Une grille de correction détaillée vous sera remise afin que vous puissiez préparer au mieux
ce gros travail de fin de séquence.
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