� DE�' �--� Goûte-1noi cette couleur ! �----- ---- IL AURA FALLU qu'une asso­ ciation de consommateurs aille sonder les Français pour que les médias redécouvrent que nos fruits et légumes ont moins de gqût 9u'avant. Comme le Canard » 1 a maintes fois raconté, l'industrie agroalimentaire et la grande dis­ tribution ont imposé aux a,ero­ nomes des variétés tape-à-1 œil, parfaitement calibrées, à haut rendement, longue conservation, résistantes aux maladies, avec une peau bien épaisse pour tenir le coup pendant le transport ... tout en se fichant comme d'une prune de leur �ût et de leurs qua­ lités nutritionnelles. Il y a douze ans, les ingénieurs de 11nstitut national de recherche agronomique (lnra) avaient fait « CoJ.1.FLfT officiellement leur mea culpa sur le sujet. Dans un rapport remis au ministère de I'Agriculture, ils avouaient : la qualité nutrition­ nelle n'a été que rarement un cri­ tère de sélection direct, sauf pour contre-sélectionner des aspects défavorables ou des caractéris­ tiques Q.Ustatives défavorables » ConHit », 21/11 /07). Com­ prendre : durant des années, la quantité de vitamines et autres antioxydants a été la dernière roue du carrosse. Itou pour le goût. Les fraises sauvages, par exemple, ont un pouvoir antioxy­ dant trois fois plus élevé que leurs cousines cultivées sous serre de façon intensive. Quant à la tomate inélustrielle, elle a été affublée, dans les années 80, d'un gène « (« qui a rallongé de trois semaines sa durée de vie après cueillette. Sauf que ce gène Ion.Que vie » dépouille au passage la tomate de ses arômes et lui Ranque une chair farineuse ... Non seulement la majorité de nos fruits et légumes a été géné­ tiquement façonnée pour coller au cahier des charges de I'agroa­ limentaire et des grandes en­ seignes, mais presque toutes ces semences sont détenues par des multinationales de l'agrochimie. le leader mondial des semences potagères n'est autre que Bayer­ Monsanto, dont le portefeuille comprend 3 000 variétés et 23 espèces. Avec son concurrent Syngenta, il P,Ossède 71 % des semences de chou-fleur, 62 % des tomates et 56 % des poivrons commercialisés en Europe Conffit », 19/7/17). Résultat: 'agrobusiness a imposé un nom­ bre réduit de variétés mondiali­ sées au goût uniformisé. Alors qu'il existe en France 700 variétés de tomates, seulement une dizaine sont disponibles sur les étals. Et, ROUr masquer la perte d'arôme ae ces modèles standardisés, les semenciers se sont trop souvent contentés d'augmenter génétique­ ment le taux cfe sucre. Pour plus se sucrer ? « « I cc Le Canard enchainé,, - mercredi 21 août 2019-5