Résultats des actions collectives N° 1379 Efforts du câble sur les flasques et la virole de treuil de levage En vue de répondre aux exigences croissantes imposées aux engins de levage, la Commission « Manutention-levage, stockage » (MLS) a souhaité mieux connaître les efforts appliqués sur les viroles et les flasques des tambours de treuil. L’objectif est de pouvoir disposer des moyens d’évaluer, sans risque, les efforts générés au cours de l’enroulement du câble. Le travail réalisé par le Cetim a consisté à effectuer la synthèse des différentes méthodes de calcul répertoriées et de proposer une méthode de modélisation permettant d’effectuer la simulation des effets de l’enroulement du câble par la méthode des éléments finis. N Les deux premières sollicitations, torsion et flexion globales, sont les plus évidentes et les plus simples à déterminer. Elles ne sont toutefois pas « dimensionnantes ». Elles sont généralement si petites qu’elles peuvent être négligées. ombre d’engins de levage comportent un tambour sur lequel s’enroule un câble métallique. L’encombrement du tambour dépend en premier lieu du diamètre et de la longueur du câble. Bien souvent, l’enroulement ne peut se faire en une seule couche et des tambours à enroulement multicouches sont alors nécessaires. Les deux suivantes sont des sollicitations majeures résultant de l’enroulement. Elles sont liées à des phénomènes complexes. Le dimensionnement du tambour sera ainsi fonction : Au cours de son enroulement, le câble exerce des sollicitations mécaniques sur les flasques et la virole du tambour. Dans le cas d’un enroulement multicouche, la détermination de ces efforts devient particulièrement complexe. Les exigences croissantes imposées aux engins de levage en termes de rendement et de fiabilité, ainsi que le besoin de réduire le poids des installations, nécessitent une meilleure évaluation des efforts appliqués. •• de la pression circonférentielle exercée sur la virole par le ceinturage du câble, •• des charges d’extrémités appliquées aux joues lors de la remontée du câble à la couche supérieure. Revue des différentes approches recensées L’objet de cette étude est de faire la synthèse des formulations existantes et de donner aux utilisateurs les moyens d’estimer plus complètement ces efforts afin de leur permettre d’optimiser le dimensionnement du tambour. Les différentes méthodes recensées dans la littérature sont présentées pour le calcul des contraintes suivantes : •• compression circonférentielle due au ceinturage du câble, Le document s’articule de la manière suivante : •• charge axiale – pression sur les flasques. •• revue des différentes formulations existantes permettant d’évaluer les efforts ; Compression circonférentielle due au ceinturage du câble La compression circonférentielle exercée sur la virole du tambour est due à l’effet de ceinturage du câble. Lorsque l’on enroule le câble sur son tambour sous une traction constante T, toute la région du tambour enveloppée par le câble est comprimée. •• faisabilité de la détermination des efforts par une approche par éléments finis ; •• application de ces différentes approches à quatre exemples industriels représentatifs définis par la profession, et comparaison des résultats. On appelle Pression de référence (Préf.), la pression induite par une spire isolée. Elle se calcule ainsi : Rappels sur les sollicitations du tambour Le tambour d’un treuil est comparable à une poutre, généralement large, soumise à une ou plusieurs forces externes liées à la traction du (ou des) câble(s) actionné(s) par le tambour. Lors de l’enroulement, le tambour est soumis aux sollicitations suivantes : (R : rayon du tambour ; p : pas de l’hélice) L’enroulement de plusieurs spires ou de plusieurs couches de câble autour du tambour entraine une évolution de la pression circonférentielle. La détermination de cette pression circonférentielle a fait l’objet de plusieurs études théoriques, assez anciennes, résumées ci-après. •• une torsion globale, •• une flexion globale due à la traction du câble, •• une compression de la virole, causée par le ceinturage du câble, •• une charge axiale sur les joues, dans le cas de tambours à enroulement multicouches. 2 K Formulations de Ernst Pour la première couche enroulée : Ernst à été l’un des premiers à introduire la notion de pression de référence et à dimensionner les autres pressions en fonction de cette dernière. Dans ses travaux (1962), il ne traite que du cas des tambours monocouches. k1 : rapport appliqué à la pression de référence pour un tambour infiniment long recouvert d’une couche de spires sans tenir compte de la décharge d’enroulement. La déformation du tambour augmente au fur et à mesure de l’enroulement des spires entrainant une diminution de la traction dans les premières spires. La friction du câble sur le tambour empêche que les tensions dans les spires ne s’équilibrent d’un bout à l’autre de l’enroulement. Lorsque le tambour est complètement recouvert par une seule couche de câble, la pression circonférentielle se calcule ainsi : k2 : prend en compte l’effet de décharge dû au voisinage des spires (la déformation du tambour augmente au fur et à mesure de l’enroulement, et la traction du câble dans les premières spires diminue). Pour l’enroulement complet (n couches) : k3 : représente l’accroissement de sollicitation pour n couches enroulées. K Formulations de Dietz k4 : prend en compte l’influence jouée par le rayon d’enroulement rn du câble enroulé. Les travaux de Peter Dietz sont parmi les plus aboutis, et sont souvent cités en référence dans les publications. Son approche, à la fois théorique et expérimentale de l’enroulement, est basée sur une synthèse de formulations antérieures « conservatives » en y intégrant des résultats expérimentaux. Dietz considère la relaxation des spires durant l’enroulement et met en évidence la complexité de la détermination des sollicitations en étudiant les interactions élastiques entre le câble et le tambour. K Norme australienne AS 1418.1 – 2002 La norme australienne sur le dimensionnement des tambours de treuil de levage (parue en 1977 et présentée ici dans sa quatrième édition de 2002) propose deux méthodes de calculs pour les tambours multicouches. •• Méthode simplifiée La méthode dite « simplifiée » ne s’intéresse qu’à la virole du tambour et ne tient pas compte de la conception. Ainsi, elle néglige par exemple la présence d’éventuels raidisseurs et fait abstraction de la raideur radiale du câble. Il a ainsi mis en lumière l’importance de la déformation transversale du câble pour les sollicitations des tambours à enroulement multicouche, ce qui implique la connaissance de la raideur radiale du câble. Il est également l’un des premiers à avoir énoncé que la pression radiale résultant de l’enroulement de plusieurs couches de câble autour du tambour est inférieure à ce que donnerait la superposition de la pression d’une couche unique multipliée par le nombre de couches. La pression exercée par la couche supérieure détend les couches inférieures en les comprimant. La pression circonférentielle Pn exercée sur la virole du tambour est fonction de la pression de référence Préf, affectée d’un coefficient KRL prenant en compte à la fois le nombre de couches enroulées et la constante de rigidité de la virole : Le coefficient KRL vaut ainsi de 1.0 (enroulement simple couche) à 1.6 (plus que trois couches de câble de type WRC ou WSC) et 1.8 (plus que trois couches de câble de type FC). Ses formulations, simplifiées pour une mise en application plus accessible, font appel à plusieurs coefficients (k1 à k4) donnés sous formes d’abaques. Ils permettent de déterminer la pression P1 induite par la première couche enroulée et la pression Pn due à l’enroulement complet (n couches). Ces pressions sont définies en fonction de la pression de référence Préf indiquée plus haut. •• Méthode détaillée La méthode de dimensionnement « détaillée » est plus précise et moins conservative que la méthode simplifiée. La qualité de fabrication, pour rester homogène, devra aussi être plus rigoureuse. 3 Cette méthode fait appel à trois coefficients (k1 à k3). Elle est très fortement inspirée des travaux de Peter Dietz. Le coefficient C intègre à la fois le nombre de couches enroulées, la constante de rigidité de la virole et la raideur transversale du câble. Pour la première couche enroulée : C vaut ainsi 1.00 (enroulement simple couche) et 1.75 (enroulement multicouche). Les coefficients k1 et k2 sont donnés par des abaques identiques à celles de Dietz (mais exprimées différemment). Charge axiale – pression sur les flasques Outre la compression circonférentielle de la virole, d’autres sollicitations prennent naissance dans le cas d’enroulement à plusieurs couches de spires, notamment au niveau des flasques d’extrémités. Au cours de l’enroulement, les spires situées à l’extrémité de chaque couche sont sans support sur la plus grande partie de leur pourtour. Elles cherchent alors à se détendre en exerçant une poussée axiale sur les flasques. Ceci se traduit par des conditions de charges compliquées sur les flasques. Pour l’enroulement complet : Le coefficient k3 représente l’accroissement de sollicitation pour n couches enroulées. Il est donné en fonction du module d’élasticité transversale du câble Erc 1 (MPa) et du nombre de couches n. Ddm est le diamètre moyen de la virole du tambour ; Dro est le diamètre d’enroulement de la couche externe du câble. La dernière spire de chaque couche doit en effet entrer de force et sous pleine tension dans un logement de plus en plus réduit entre la précédente spire et le flasque. Le manque de place oblige le câble à remonter et à passer sur la couche immédiatement supérieure. Le câble exerce alors sur le flasque une pression axiale que les couches supérieures de câble renforceront encore. La détermination de cette pression axiale n’a fait l’objet que de rares études théoriques, appuyées expérimentalement, que l’on résume ci-après. K Règles norvégiennes DNV – 2007 Les « Rules for Certification of Lifting Appliances » proposent une approche très simplifiée du calcul de la pression appliquée sur la virole d’un tambour de levage. Elles suggèrent, dans la mesure du possible, de dimensionner les tambours pour qu’il n’y ait pas plus de trois couches de câble enroulées. Dans le cas contraire, elles imposent que le câble soit du type IWRC (Independant Wire Rope Core) et que l’une des conditions suivantes soit respectée : K Travaux de Dietz Peter Dietz propose une démarche analytique pour le calcul des forces axiales. •• présence d’un système d’enroulement, •• rainurage du tambour, •• angle d’inclinaison du câble limité à 2°, •• installation d’un tambour de traction séparé. Lorsque le nombre de couches enroulées est supérieur à 7, il est notifié – sans plus de détails – que « des considérations spéciales et l’approbation seront exigées ». Selon la règle DNV, la pression circonférentielle Pn exercée sur la virole du tambour est fonction de la pression de référence Préf affectée d’un coefficient C : Après avoir déterminé les conditions d’équilibre des forces dans la spire remontant, Dietz a établi une formule simplifiée permettant de calculer La norme australienne précise que dans le cas où le module n’est pas connu, les valeurs suivantes peuvent être utilisées : Erc = 250 pour un câble de nature WRC ou WSC ; Erc = 125 pour un câble de type FC. 1 4 la résultante de l’effort axial à la liaison flasquevirole. Les charges ainsi obtenues servent au calcul des flasques, qui sont assimilées à des couronnes soudées soumises à des charges linéiques à symétrie de révolution. Dietz fait aussi une distinction entre le flasque où débute l’enroulement, et le flasque opposé. Il utilise un coefficient k1, exprimé en fonction du nombre de couches de câble et selon le côté étudié. Exemple d’enroulement sur quatre couches La charge linéique F(r=a), représentant l’effort tranchant à la ligne de jonction entre le tambour et le flasque, s’exprime ainsi : k1 représente le nombre de couches en contact avec le flasque. En considérant que l’enroulement de la 1re couche va de gauche à droite, le coefficient k1 prend ainsi les valeurs suivantes : Nombre de couche 1 2 3 4 5 6 7 8 k1 joue gauche 0 0 1 1 2 2 3 3 k1 joue droite 1 1 2 2 3 3 4 Où 0 avec a : rayon du tambour pris à la fibre neutre de l’enveloppe cylindrique T : effort de tension dans le câble De manière analogue, Dietz propose une formule permettant de calculer le moment de flexion à la liaison flasque / virole. L’indice k représente le numéro de la couche étudiée. Il permet de distinguer le moment résultant issu des efforts d’appui du câble sur le flasque coté droit de celui exercé sur le coté gauche. Le moment linéique se calcule ainsi : ν : constante de Poisson (0.3 pour l’acier). ra : rayon extérieur du flasque. k : numéro de la couche d’enroulement étudiée (k = 2, 4, 6… pour le flasque droit ; 1, 3, 5… pour le flasque gauche). rk : rayon d’enroulement de la couche étudiée. M(r=a) : moment linéique calculé à la jonction entre le tambour et le flasque, exprimé au rayon moyen a de la virole. 5 Sa courbe k2, qui représente le facteur de remplissage du câble, a pour borne haute 0.6 alors que beaucoup de câbles ont des valeurs supérieures. La méthode proposée par Dietz permet donc de calculer les efforts et les moments résultants présents à la jonction entre les flasques et la virole du tambour. Cette présentation des sollicitations est plus adaptée à une détermination des contraintes selon les règles de la RDM. Elle est plus difficilement exploitable dans une modélisation aux éléments finis. L’auteur ne précise pas toujours le domaine de validité de certaines données, ni leur influence. K Règles norvégiennes DNV – 2007 K Travaux de Neugebauer Ces règles proposent une approche simple du calcul de la pression appliquée sur les flasques d’extrémité d’un tambour de levage. Elles définissent une pression triangulaire supposée décroitre linéairement le long de la génératrice du flasque (maximale à proximité de la surface de la virole, la pression atteint une valeur nulle au niveau de la dernière couche de câble enroulée). Les travaux de H.J. Neugebauer viennent compléter et affiner la thèse de P. Dietz. Neugebauer reconnait ainsi l’importance de la déformation transversale du câble sur les sollicitations des tambours multicouches et énumère les différentes conditions de sollicitations appliquées au câble emprisonné dans son enroulement. La méthode de calcul qu’il propose permet d’analyser séparément l’influence de différents paramètres du tambour et du câble. Neugebauer montre ainsi que : •• le rapport entre le rayon de la virole et le diamètre du câble est d’une grande importance dans l’évolution des sollicitations pour les tambours à enroulement multicouches ; ce rapport doit être choisi le plus petit possible en fonction du nombre de couches (pour un rayon de tambour et un effort de traction donnés, l’augmentation du diamètre du câble entraîne une diminution des sollicitations dans la virole et les flasques du tambour) ; Ces règles déterminent (à moins qu’une pression plus faible puisse être justifiée par des essais) la valeur de la pression maximale Pf à appliquer à la base du flasque. Celle-ci se déduit de la pression circonférentielle Pn due au ceinturage du câble, définie précédemment. •• plus le facteur de remplissage du câble est élevé, plus les sollicitations sont importantes ; •• de même, plus le module transverse du câble est élevé, plus les sollicitations sont importantes (inversement, un module longitudinal du câble élevé diminue les sollicitations dans le tambour) ; Le chargement tel qu’il est défini par la norme DNV, permet implicitement d’introduire, consécutivement à l’effort axial, le moment de flexion à la liaison entre le flasque et la virole. •• l’influence du croisement du câble est minime ; •• l’augmentation de la profondeur des rainures, en diminuant la déformation transversale du câble, empêche les couches de se détendre (ceci entraîne une augmentation des sollicitations). Cas des enroulements type « LEBUS » Les tambours rainurés selon le système LEBUS sont connus pour assurer un meilleur guidage du câble y compris sur les couches supérieures, même sous une charge de câble élevée. Ce système comporte quatre zones périphériques, deux parallèles et deux inclinées, qui guident le câble pendant son enroulement. Remarques Dans ses travaux, Neugebauer utilise un câble équivalent représenté par un anneau fin, pour lequel il définit un module d’élasticité transverse équivalent. Il s’appuie pour cela sur les mesures faites par Dietz mais sans expliquer la démarche qu’il utilise. 6 Bien que présent sur le marché depuis le début des années 1960, le système d’enroulement LEBUS n’a pas fait l’objet de traitement particulier dans les publications recensées ici. Pour le calcul des sollicitations axiales, le système LEBUS est assimilé aux tambours rainurés suivant une rampe hélicoïdale. Le câble est écrasé entre deux V de longueur L (mm) sous un effort F (N). L’écrasement Sc (mm) permet de déduire le module d’élasticité transversale, noté Erc (N/mm2) dans la norme australienne : Pourtant, des études expérimentales publiées récemment (et découvertes après nos recherches) montrent que la pression du câble sur les flasques s’exerce, avec un enroulement LEBUS, sur un angle maximum de 180 degrés. La charge et la déformation du flasque deviennent ainsi asymétriques. Au dire de ces mêmes travaux, les contraintes générées par la pression axiale peuvent être alors localement jusqu’à trois fois supérieures à celles attendues par les approches présentées dans cette synthèse. Détermination des sollicitations par simulation numérique Les méthodes de détermination des pressions circonférentielles et des charges axiales présentées dans les paragraphes précédents sont issues de travaux d’études analytiques très théoriques. Elles ont été rendues plus accessibles par l’utilisation de nombreux abaques élaborés à partir de résultats expérimentaux et d’hypothèses simplificatrices. Détermination du module transversal du câble Les travaux décrits précédemment ont mis en évidence le lien existant, lors d’un enroulement multicouche, entre les sollicitations exercées sur le tambour et la déformation transversale du câble. La connaissance de la raideur radiale du câble est donc importante. Or, si le module d’élasticité longitudinale du câble est une donnée souvent disponible auprès des câbliers, il n’en est pas de même avec le module transversal. Il est apparu intéressant de proposer une méthode alternative pour la détermination des sollicitations appliquées au tambour, en faisant appel à une modélisation par éléments finis. L’objectif était ici de vérifier la faisabilité du calcul numérique et, si cela s’avérait le cas, de comparer une approche analytique à une approche entièrement numérique. K Modèle de calcul Un modèle 3D représentant à la fois le tambour et l’enroulement du câble est rapidement apparu comme trop complexe car faisant intervenir trop de paramètres. Le choix s’est alors porté sur une modélisation en 2D axisymétrique autour de l’axe du tambour, en utilisant le logiciel de calcul Abaqus version 6.8-1. Pour simplifier, on a considéré une tranche correspondant à un demi-pas de l’enroulement du câble (cf. figure page suivante), et un tambour comportant trois couches d’enroulement. Le câble est en effet un assemblage savant de torons composés de fils de différents diamètres. La non-continuité de matière fait que la raideur transversale du câble est difficile à déterminer, d’autant que celle-ci évolue selon la charge supportée et le vieillissement du câble. Le montage ci-dessous permet la détermination expérimentale du module transversal du câble : 7 Schéma de principe de la modélisation en calcul 2D asymétrique. K Conditions aux limites et propriétés des matériaux pilement sont pris en compte par des conditions de contact et de frottement introduites entre le tambour et la première couche de câble, et sur les zones d’appui des spires entre-elles (cf. figure ci-dessous). On applique des conditions de symétrie en bloquant les déplacements axiaux. Le tambour est considéré comme infini. Les phénomènes d’em- Visualisation du maillage et des conditions aux limites. 8 K Calcul de la charge axiale sur les flasques La nature particulière du câble, composé d’un assemblage de fils, est représentée en utilisant un matériau orthotrope. Le module longitudinal est pris égal à 120 000 MPa. Le module transversal est égal à 200 MPa (ce sont des valeurs moyennes communément employées). Les calculs sont effectués dans le domaine élastique du matériau. Le modèle de calcul ne représente pas les flasques. Il est toutefois possible de calculer les efforts qui s’exercent axialement sur elles en exploitant les contraintes de réaction présentes aux niveaux des contacts entre chacune des couches. Sur la figure ci-dessous, on a isolé, à titre d’exemple, la couche 2 et fait figurer les efforts de liaison correspondant à l’action R1 de la couche 1 sur la couche 2, et l’action R3 de la couche 3 sur la couche 2. En partie courante de l’enroulement, les composantes axiales s’exerçant à droite et à gauche du câble s’équilibrent. En extrémité de l’enroulement, la résultante des efforts axiaux appliqués sur la spire (respectivement R1a et R3a), est reprise par le flasque. La résultante de ces efforts représente la charge induite par cette couche sur le flasque. K Principes de chargement Chaque spire de câble est assimilée à un anneau. Pour simuler l’effort dans le câble, on introduit dans chaque anneau une tension correspondant à l’effort de traction T dû à la charge levée. Cette tension est créée en appliquant une température négative. Sous l’effet de la température, l’anneau se rétracte et ceinture le tambour (ou la spire en dessous) simulant ainsi les sollicitations dues à l’enroulement du câble en créant la pression circonférentielle décrite précédemment. La démarche s’applique spire après spire, jusqu’à la dernière couche. Pour chacune des spires, il convient de trouver la température qui engendrera la contrainte et donc la tension dans le câble correspondant à la charge levée. La température est différente dans chacune des spires. Cela s’explique en partie par la raideur sous spire qui évolue avec l’augmentation du nombre de couches. K Calcul de la pression circonférentielle sur la virole L’étude du contact entre la première couche et le tambour permet d’extraire la résultante (R) de l’effort linéique appliqué radialement sur la circonférence de la virole. On déduit facilement de cette résultante la pression circonférentielle Pn, fonction du diamètre extérieur du tambour (D) et du pas de l’enroulement (ici p/2 car seule une demi-spire est modélisée). Décomposition des efforts au niveau des contacts inter-spires La pression circonférentielle sur la virole se calcule ainsi : Pn = R / (π.D.p/2) Mise en application des différentes approches Au cours de l’enroulement, l’effort a tendance à se stabiliser rapidement ce qui confirme, sur le principe, les travaux vus précédemment : la pression résultante de l’enroulement complet n’est pas linéairement proportionnelle au nombre de couches. En d’autres termes, à partir d’un certain nombre de couches, la pression exercée sur la virole du tambour n’augmente plus. On a comparé les différentes approches en appliquant leurs formulations à des exemples concrets fournis par la profession. 9 Quatre exemples représentatifs ont été retenus : Tambour de type arbré Tambour de treuil dit coaxial Tambour à flasques rapportés Tambour à forte capacité Exemples sélectionnés pour leur représentativité. Comparaison de la pression circonférentielle appliquée à la virole du tambour Pour chacun des exemples proposés, on a calculé la pression circonférentielle s’appliquant sur la virole du tambour en utilisant les approches suivantes : •• norme norvégienne DNV – 2007 ; •• simulation numérique par éléments finis. On a déterminé la pression de référence, la pression due à l’enroulement de la première couche, et la pression induite par l’enroulement complet de toutes les couches du câble autour du tambour. Le tableau ci-dessous permet d’en comparer les résultats. •• formulation de Dietz (1978) ; •• norme australienne AS 1418.1 – version 2002 ; Type de tambour Arbré (nb couches = 3) Coaxial (nb couches = 5) Flasque rapporté (nb couches = 7) Forte capacité (nb couches = 4) Couche P. Dietz (1978) AS 1418.1 (2002) Préf 7.35 7.35 1re 4.53 4.95 3e 10.21 11.33 Préf 4.35 4.35 1re 3.10 3.29 5e 7.44 8.19 Préf 5.68 5.68 1re 4.59 4.90 7e 10.56 12.14 Préf 26.18 26.18 1re 26.18 26.18 4e 50.33 53.88 DNV (2007) Calcul E.F. 7.35 6.95 12.86 11.51 4.35 4.26 7.61 7.94 5.68 5.45 9.94 11.37 26.18 24.30 45.81 35.03 Comparaison des pressions circonférentielle selon les différentes approches (MPa). 10 Type de tambour Côté Dietz Neugebauer Arbré (nb couches = 3) droit 45 845 39 023 gauche 45 845 30 001 droit 288 247 351 746 gauche 288 247 298 923 droit 714 549 945 873 gauche 714 549 847 451 droit 30 159 289 15 286 792 gauche 15 079 644 8 101 860 Coaxial (nb couches = 5) Flasque rapporté (nb couches = 7) Forte capacité (nb couches = 4) DNV 59 919 310 151 725 334 26 569 771 Calcul EF 50 329 21 340 396 793 281 018 1 054 383 851 548 23 010 680 14 780 530 Comparaison des résultantes de l’effort axial sur les flasques selon les différentes approches (N). Comparaison des contraintes obtenues par la norme australienne et les calculs EF Comparaison de la résultante de l’effort axial appliqué sur les flasques On a comparé les approches suivantes : •• formulation de Dietz – 1978, Contraintes de compression en partie courante de la virole La simulation numérique donne des valeurs de contraintes moyennes dans la virole sous l’effet de la pression circonférentielle parfaitement conformes aux contraintes déterminées selon la norme australienne AS.1418.1-2002. •• formulation de Neugebauer – 1980, •• norme norvégienne DNV – 2007, •• simulation numérique par éléments finis. Ces différentes formulations ont permis de déterminer l’effort axial résultant de la pression exercée sur les flaques droit et gauche pour un enroulement complet de toutes les couches de câble autour du tambour. Le tableau ci-dessus permet d’en comparer les résultats. Contraintes résultantes à la liaison flasque-virole Le tableau ci-dessous synthétise les contraintes obtenues à proximité de la liaison entre les flasques et la virole suivant la norme Arbré Coaxial Flasques rapportés AS 1418.1 292 356 240 Calcul EF -240 -265 -240 AS 1418.1 9 11 12 Calcul EF 16 51 35 AS 1418.1 301 368 253 Calcul EF -225 -210 -205 Type de tambour Contrainte de flexion due à la pression circonférentielle Contrainte de flexion due à la pression axiale Contrainte résultante Comparaison des contraintes à la liaison flasque-virole (MPa). 11 AS 1418.1-2002 et suivant le calcul aux éléments finis (une valeur négative traduit une contrainte de compression). On s’est également intéressé aux enroulements de type LEBUS, peu abordés dans la littérature. Une étude expérimentale récente montre cependant que les sollicitations axiales sont plus grandes avec ce type d’enroulement. On constate que les contraintes obtenues par simulation numérique sont inférieures à celles déterminées de manière analytique suivant l’AS 1418.1-2002. L’étude a également démontré la possibilité de déterminer les sollicitations induites par le câble en utilisant une modélisation par éléments finis, indépendamment des travaux analytiques présentés précédemment. La norme australienne semble sous-estimer les contraintes induites par la pression axiale. Elle fait toutefois le cumul avec les contraintes issues de la pression circonférentielle sans tenir compte de la localisation et du signe traduisant la traction ou la compression. Les contraintes calculées selon la norme apparaissent conservatives ou intègrent, sans le formuler, un coefficient qui peut représenter le mode d’assemblage entre la virole et le flasque2. L’application de ces différentes approches (analytiques et numériques) à quatre exemples fournis par la profession a permis de comparer les méthodes entre elles. Malgré des formulations très différentes, les valeurs de pression et d’effort restent relativement homogènes. Un seul cas diverge des autres (un treuil de 400 tonnes) car ses caractéristiques sortent des abaques. Enfin, la modélisation des tambours par la méthode des éléments finis en 2D axisymétrique donne des valeurs de contraintes inférieures à celles obtenues analytiquement suivant la norme AS 1418.1 (dont l’approche est de type RDM). Conclusion générale Les principales sollicitations s’exerçant sur un tambour de treuil résultent de l’enroulement du câble. Celui-ci génère essentiellement deux types de chargement : •• une compression circonférentielle exercée par le ceinturage du câble autour de la virole, Dans le prolongement de cette étude, il serait intéressant d’explorer les pistes suivantes : •• une pression axiale appliquée sur les flasques en extrémité de tambour. •• caractérisation expérimentale de différents types de câbles couramment employés afin de confirmer les valeurs utilisées pour définir le module transversal ; La commission MLS souhaitant pouvoir mieux évaluer ces efforts, une synthèse a été faite des différentes publications recensées sur ce sujet. Il s’agit notamment de travaux de thèse très pointus, prenant en considération un grand nombre de paramètres pour définir ces pressions. Les différents auteurs (P. Dietz, H.J. Neugebauer) se sont attachés à rendre plus accessibles leurs formulations en établissant de nombreux abaques. La norme australienne (AS 1418.1) s’est fortement inspirée des travaux de P. Dietz. Les règles norvégiennes (DNV) proposent quant à elles une approche plus simple. •• prise en compte du renforcement local de la virole dû aux flasques dans les modélisations axisymétriques 2D ; •• développement d’un modèle 3D. Autre perspective prometteuse, l’utilisation de câbles synthétiques ou hybrides pour alléger de manière significative le poids global du treuil. Remarque. Pour faire le parallèle avec la norme australienne, le mode d’assemblage présent entre les flasques et la virole n’est pas pris en considération dans la simulation numérique : la liaison est considérée parfaite avec une pleine continuité de matière. La soudure n’est pas modélisée. 2 Ensemble pour les entreprises de la mécanique Votre contact 12 1009-055 Michel Accoley Cetim – BP 80067 60304 Senlis cedex Tél. (Service Question Réponse) : 03 44 67 36 82