Uploaded by José Arturo Ramírez Céspedes

ACTUALITES SUR LES DOSAGES DE PARATHORMONE

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Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
Mise au point
Actualités sur les dosages de parathormone :
des difficultés analytiques à l’interprétation des résultats en clinique
News about parathormone assays:
Analytical difficulties and clinical interpretation of results
C. Massart a,b,*, J.-C. Souberbielle c
a
Inserm 0203, laboratoire du centre d’investigation clinique, université de Rennes-1, hôpital de Pontchaillou,
CHU de Rennes, rue H.-Le-Guilloux, 35043 Rennes, France
b
Unité fonctionnelle d’hormonologie, hôpital de Pontchaillou, CHU de Rennes,
2, rue H.-Le-Guilloux, 35043 Rennes, France
c
Laboratoire d’explorations fonctionnelles, hôpital Necker–Enfants-Malades,
1, rue de Sèvres, 75015 Paris, France
Reçu le 30 septembre 2008 ; accepté le 28 octobre 2008
Disponible sur Internet le 14 janvier 2009
Résumé
La parathormone (PTH) est une hormone peptidique fragile constituée de 84 acides aminés dont le dosage comporte des difficultés. La
première difficulté est liée au prélèvement de l’échantillon sanguin actuellement effectué sur sérum ou sur plasma EDTA. La variabilité des
résultats obtenue avec certaines techniques selon le type de prélèvement impose de pratiquer le dosage de la PTH toujours sur le même type
d’échantillon et nous préconisons un tube sec sans anticoagulant. La seconde difficulté est générée par la spécificité des anticorps utilisés. En
effet, les dosages de la PTH « intacte » commercialisés depuis une vingtaine d’années étaient présumés ne reconnaître que la PTH 1–84. Il est
maintenant bien établi que ces dosages présentent des réactions croisées variées avec toute une famille de fragments dont le plus abondant est la
PTH 7–84. Des techniques dites de troisième génération et ne mesurant pas la PTH 7–84 ont été récemment développées. Actuellement, ces
dosages n’ont pas démontré de supériorité par rapport aux dosages de PTH intacte notamment pour le diagnostic d’hyperparathyroïdie primitive
(HPP) et dans le domaine de l’insuffisance rénale. Les guidelines K/DOQI recommandent aux néphrologues de maintenir la PTH sérique des
insuffisants rénaux dans des plages de valeurs qui dépendent du stade de la maladie rénale (par exemple, 150–300 pg/mL chez les dialysés). En
attendant l’actualisation de ces recommandations, ces valeurs pourront être conservées si la technique utilisée donne des résultats proches de
ceux de la technique Allegro qui a servi de référence pour les recommandations K/DOQI. Dans le cas contraire, les différents seuils que nous
trouvons devront être utilisés selon la méthode concernée ou alors un facteur de correction devra être appliqué en fonction des corrélations
rapportées.
# 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Parathyroid hormone (PTH) is an 84-amino acid peptide hormone that is measured with difficulties. Firstly, the blood sample is currently
performed on serum or EDTA plasma. The interassay variability according to the method requires the use of serum. Secondly, specificity depends
on the method. The PTH intact assays were thought to bind only 1–84 PTH. At the present time, it is well-known that these assays cross-react with
PTH fragments including 7–84 PTH. Third-generation assays without cross-reaction have been recently developed. At the present time, these
assays have not shown any superior value than the second-generation assays in the treatment of renal osteodystrophy for which cut-off values of
150 and 300 ng/L have been reported by the K/DOKI. These values can be maintained if the method gives results similar to those obtained with the
Allegro assay that was the reference method for K/DOKI recommendations. By contrast, we propose to use assay-specific decision limits for
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : catherine.massart@chu-rennes.fr (C. Massart).
0928-1258/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.mednuc.2008.10.010
C. Massart, J.-C. Souberbielle / Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
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patients or to apply a correcting factor to the PTH values for the methods giving different results with the Allegro assay. Further recommendations
from expert groups working for harmonization of different PTH tests should be considered.
# 2008 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Mots clés : Parathormone ; Immunodosage ; Deuxième et troisième générations ; Ostéodystrophie rénale ; Hyperparathyroïdie primitive
Keywords: Parathormone; Immunoassay; Second- and third-generation; Renal osteodystrophy; Hyperparathyroidism
1. Introduction
La parathormone (PTH) est une hormone peptidique fragile
constituée de 84 acides aminés (Fig. 1) circulant dans
l’organisme sous forme monocaténaire et accompagnée
également de nombreux fragments inactifs issus d’un clivage
hépatique. Durant ces dernières années se sont succédés
différents immunodosages qui ont présenté des difficultés liées
à la phase préanalytique et aux partenaires antigènes et
anticorps utilisés en immunoanalyse. Ce dosage est prescrit,
notamment en néphrologie dans l’insuffisance rénale chronique
(IRC), pour l’identification du type d’ostéodystrophie rénale
(ODR), pour évaluer chez ces malades la progression de
l’hyperparathyroïdie et enfin pour moduler la thérapeutique
administrée. Il est également indiqué pour le diagnostic
étiologique des anomalies de la calcémie et de la phosphatémie
comme, par exemple, les hyperparathyroïdies primaires (HPP).
Dans cette étude des données de la littérature, après de brefs
rappels physiologiques, nous évoquerons les différentes
méthodes permettant le dosage de la PTH ainsi que les
Fig. 1. Structure de la parathormone.
Parathormone structure.
difficultés rencontrées au fil des années et les solutions qui ont
été proposées pour tenter d’y remédier.
2. Rappels physiologiques
Sécrétée par les glandes parathyroïdes en réponse à une
baisse du taux de calcium ionisé, la PTH est une hormone
calciotrope dont le rôle principal est d’augmenter la calcémie
en stimulant le transfert de calcium de l’os vers le sang et en
favorisant la réabsorption distale rénale du calcium. Par
ailleurs, elle possède deux autres actions rénales : elle diminue
la réabsorption tubulaire proximale des phosphates et elle
augmente l’activité de la 1 alpha-hydroxylase permettant ainsi
la transformation de la 25 hydroxy vitamine D ou calcidiol en
1–25 dihydroxy vitamine D ou calcitriol dans les cellules du
tubule proximal. Tous ces effets s’exercent après liaison à ses
récepteurs membranaires appartenant à la famille des
récepteurs couplés aux protéines G : le PTHR1 [1]. Les acides
aminés situés à l’extrémité N-terminale de l’hormone sont
48
C. Massart, J.-C. Souberbielle / Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
3.2.1. Historique
Durant ces dernières années de nombreux immunodosages
de PTH se sont succédés. En 1971, ont été développés les
premiers dosages par immunoanalyse utilisant des méthodes
par compétition (Fig. 2) à l’aide de PTH radiomarquée et
d’anticorps polyclonaux dirigés vers l’extrémité C- ou Nterminale selon la trousse commercialisée. Ces dosages dits
« de première génération » présentaient de nombreux
inconvénients dus à l’absence de sensibilité de ces techniques,
à la radiolyse de la PTH radioactive et à l’absence de spécificité
des anticorps polyclonaux reconnaissant des fragments issus
notamment du clivage hépatique de la PTH. Ces nombreux
fragments N-terminaux comme la PTH 53–84 ou médians
comme la PTH 44–68, de demi-vie très longue et retrouvés à
des taux élevés chez les patients IRC, se liaient à l’anticorps du
dosage entraînant des résultats erronés par réaction croisée. Ces
techniques de piètre performance analytique ont été remplacées
en 1987 par des méthodes immunométriques à deux sites.
Schématiquement, la PTH de l’échantillon sérique ou
plasmatique est prise en sandwich entre deux anticorps
réactionnels : le premier appelé anticorps de capture est fixé
sur un support solide tandis que le second porte le marqueur
(radioactif, enzymatique ou chimiluminescent) permettant la
quantification de l’hormone (Fig. 2). Ces méthodes dites de
deuxième génération présentaient une haute sensibilité
permettant la quantification de très faibles concentrations
circulantes. Par ailleurs, ces techniques devaient en théorie
posséder une très grande spécificité par l’utilisation d’anticorps
reconnaissant les deux extrémités de la molécule. C’est la
raison pour laquelle elles ont été appelées techniques de dosage
de « PTH intacte ». La première trousse de cette génération est
représentée par la trousse « Allegro », utilisant deux anticorps
polyclonaux, commercialisée par la société Nichols [7].
Schématiquement, l’anticorps de capture, fixé sur une bille
de polystyrène, est dirigé contre les acides aminés 39–84 de la
molécule alors que le traceur, marqué à l’iode 125, est
spécifique de la fraction 13–24 de la PTH [8] (Fig. 2). Cette
configuration réactionnelle évite donc les réactions croisées
notamment avec les fragments médians 44–68 mais également
avec les fragments C-terminaux 53–84. Différents fabricants
ont alors proposé des dosages similaires de deuxième
génération par immunoradiométrie (IRMA) mais également
automatisés grâce à l’emploi de marqueurs chimiluminescents
(dosages ILMA) ou électrochimiluminescents (dosages
ECLIA) [9–13]. Cependant, en 1998, ont été dénoncées des
réactions croisées notamment avec les fragments 7–84
réagissant avec l’anticorps portant le marqueur (Fig. 3). Cette
constatation pouvait expliquer les taux extrêmement élevés de
PTH observés chez des patients dialysés possédant des données
histologiques caractéristiques d’une ostéopathie adynamique.
Fig. 2. Principe schématique des dosages de parathormone de première génération par radiocompétition.
Principle of second generation assays of parathormone by radiocompetition.
Fig. 3. Principe schématique des dosages de parathormone de seconde génération par immunométrie à deux sites illustré par la méthode immunoradiométrique « Allegro » (société Nichols).
Principle of second generation assays of parathormone by two-site immunometry illustrated by the immunoradiometric assay ‘‘Allegro’’ (Nichols Society).
indispensables à la liaison de la PTH à son récepteur et à son
action hypercalcémiante et hyperphosphaturiante [2].
3. Dosage de la PTH
3.1. Conditions préanalytiques
La phase préanalytique, trop souvent négligée, conditionne
la qualité des résultats en biologie clinique. Les quelques études
publiées ces dernières années ont rapporté que les concentrations de PTH obtenues sur plasma EDTA avec certaines
techniques et comparées avec les valeurs obtenues sur sérum
pouvaient être majorées de 10 à 20 % [3,4]. Nous avons donc
étudié les conditions de prélèvement pour le dosage de la PTH
dans le cadre d’un travail réalisé au sein d’un groupe de
réflexion de la Société française de biologie clinique (SFBC)
[5]. La stabilité de l’hormone a été évaluée à l’aide de six
techniques automatisées sur des échantillons sanguins prélevés
sur tube sec ou sur tube contenant des anticoagulants (EDTA ou
citrate). Des discordances dépendant de la nature du tube de
prélèvement et de la technique de dosage effectuée ont été
observées, imposant l’utilisation d’un seul type d’échantillon
[5]. Dans ce travail, nous avons préconisé l’utilisation de
prélèvements sans anticoagulant car ils permettent l’évaluation
simultanée du calcium dans le cadre du suivi du patient dialysé
[5]. Par ailleurs, il a été récemment montré que le dosage de la
PTH effectué avec trois méthodes automatisées pouvait être
différé de 18 heures par simple maintien du tube primaire
maintenu fermé à 4 8C après centrifugation sur site (pendant
30 minutes après le prélèvement, délai nécessaire pour la
formation du caillot sanguin) [6]. Cette pratique peut donc être
mise en œuvre notamment dans les centres de dialyse qui sont
localisés à distance des laboratoires.
3.2. Méthodologies utilisées
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C. Massart, J.-C. Souberbielle / Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
Fig. 4. Principe schématique des dosages de parathormone de troisième
génération par immunométrie à deux sites.
Principle of third generation assays of parathormone by two-site immunometry.
C’est la raison pour laquelle ont été développés des dosages
de PTH « biointacte » dits de troisième génération utilisant des
anticorps spécifiques des acides aminés C- et N-terminaux de la
molécule (Fig. 4). La première société à le commercialiser l’a
dénommé « whole PTH » [14]. En effet, il a été démontré que ce
dosage reconnaissait exclusivement la PTH 1–84 sans croiser
avec une PTH 7–84 synthétique additionnelle [15]. D’autres ont
utilisé la terminologie de « CAP » (cyclase activating PTH) car
il a été trouvé que seule la PTH 1–84 (et pas la PTH 7–84)
stimulait la production d’AMP cyclique par des cellules
ostéoblastes « like » [16]. De ce fait, les fragments « PTH 7–
84 » ont été appelés « CIP » pour cyclase inhibiting PTH. Les
résultats importants de cette étude ont été :
la démonstration que, chez le rat parathyroïdectomisé, la PTH
7–84 synthétique pouvait inhiber l’action hypercalcémiante
et hyperphosphaturiante de la PTH 1–84 ;
que la PTH 7–84 était produite par les parathyroïdes ;
que le pourcentage de PTH 7–84 était, chez des patients
dialysés, corrélé positivement à la calcémie.
Cette étude et bien d’autres études expérimentales ensuite
ont donc suggéré que les fragments PTH « 7–84 », au lieu d’être
de simples produits de dégradation, représentaient en fait un
antagoniste de la PTH sécrété par les parathyroïdes en réponse à
une élévation de la calcémie permettant d’expliquer en partie la
résistance à la PTH retrouvée chez les patients IRC [16]. Dans
une autre étude, il a été montré que le pourcentage de PTH « 7–
84 » augmentait quand le débit de filtration glomérulaire
diminuait [17]. Il a donc été préconisé de déterminer la
concentration des fragments « PTH 7–84 » en faisant la
différence : « PTH Allegro–whole PTH », dosées sur le même
échantillon. C’est une des raisons pour lesquelles, certains
fabricants ont regroupé les deux trousses de dosage (PTH
deuxième et troisième générations) dans le même coffret.
3.2.2. Quel dosage de PTH devons-nous actuellement
choisir ?
3.2.2.1. Chez les patients IRC. La PTH est régulièrement
dosée chez les patients atteints d’IRC et en particulier chez les
dialysés pour l’identification du type d’ODR, pour évaluer chez
ces malades la progression de l’hyperparathyroïdie et enfin
pour moduler la thérapeutique administrée. Globalement,
l’ODR peut être classée en deux catégories : l’ODR à haut
remodelage osseux comme l’ostéite fibrokystique et l’ODR à
bas remodelage osseux comme l’ostéopathie adynamique.
Dans le premier cas, l’objectif thérapeutique consistera à
diminuer la sécrétion de PTH soit par un dérivé actif de la
vitamine D couplé au calcium, soit par un calcimimétique
comme le Cinacalcet1. Dans l’autre cas, ces traitements seront
évités pour ne pas aggraver les lésions et risquer les
calcifications extraosseuses. La méthode de référence pour
définir l’ODR est l’histomorphométrie pratiquée sur biopsie
osseuse après double marquage à la tétracycline. Cette
technique est lourde et invasive ce qui en exclut l’utilisation
en routine clinique. C’est le dosage de la PTH qui est
aujourd’hui le paramètre préconisé en néphrologie dans ce type
de pathologie. En 2003, les guidelines de la National Kidney
Foundation/Kidney Dialysis Outcome (NFK/DOKI) sont
Tableau 1
Principales caractéristiques des trousses de parathormone testées par le sous-groupe de la Société française de biologie clinique [28].
Characteristics of the parathormone assays measured by the experts of the French Society of Clinical Biology [28].
Immunodosage
Génération
Marqueur
Épitope
(Ac de capture)
Épitope
(Ac marqué)
Limite de
détection (ng/L)
Valeurs
normales (ng/L)
Allegro intact PTH (Nichols)
N-tact PTH IRMA (DiaSorin)
PTH IRMA Immunotech (Beckman-Coulter)
Elsa PTH (Cisbio)
Total intact PTH IRMA (Scantibodies)
Ca-PTH IRMA (Scantibodies)
DSL PTH IRMA (DSL)
DSL PTH Elisa (DSL)
Elecsys PTH (Roche)
Immulite 2000 intact PTH (Siemens)
PTH ACS :180 (Siemens)
PTH Advia-Centaur (Siemens)
PTH intact Advantage (Nichols)
PTH Biointact Advantage (Nichols)
Liaison N-tact PTH (DiaSorin)
2e
2e
2e
2e
2e
3e
2e
2e
2e
2e
2e
2e
2e
3e
2e
125
39–84
39–84
NI
39–84
39–84
39–84
39–84
NI
26–32
44–84
39–84
39–84
39–84
39–84
39–84
1–34
1–34
NI
1–34
1–34
1–4
1–34
NI
55–64
1–34
1–34
1–34
1–34
1–5
1–34
5
0,7
2
3
1,2
1
6
1
1,2
3
1,5
2,5
1
1,5
1
10–65
13–54
10–65
11–62
14–66
5–39
9–55
16–62
15–65
11–67
14–72
14–72
10–65
8–50
17–73
PAL : phosphatase alcaline.
I
I
125
I
125
I
125
I
125
I
125
I
PAL
Ruthénium
PAL
Ester d’acridinium
Ester d’acridinium
Ester d’acridinium
Ester d’acridinium
Isoluminol
125
50
C. Massart, J.-C. Souberbielle / Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
publiées recommandant de maintenir les taux de PTH dans une
fourchette de concentrations qui dépend du stade de la maladie
rénale (par exemple, de 150 à 300 ng/L chez les patients IRC
dialysés [18]).
Il existe, à notre avis, deux questions importantes pour une
bonne utilisation des dosages de PTH chez les patients IRC
(Tableau 1) :
les valeurs cibles indiquées ci-dessus ne précisent pas la
technique de dosage à utiliser alors qu’elles ont été
déterminées avec la trousse de PTH intacte de deuxième
génération « Allegro » chez des patients IRC pour lesquels
avait été pratiquée une histomorphométrie osseuse [19]. Il est
donc légitime de se poser la question de la standardisation des
techniques de dosage de PTH (est-ce que les différentes
techniques disponibles donnent des résultats raisonnablement
similaires ?). C’est une question que nous avons abordée dans
le cadre de la SFBC. Nous avons ainsi réalisé une étude dont
l’objectif principal était d’établir des équivalences entre les
valeurs de PTH obtenues avec la trousse Allegro considérée
comme méthode de référence et celles déterminées avec les
autres trousses de dosage commercialisées à l’époque. Nous
avons donc comparé les résultats de 15 méthodes (13 de
deuxième génération et deux de troisième génération). Par
rapport à la technique Allegro, nous avons observé des
biais variant de
44,9 à 123 % selon la méthode
considérée aboutissant à une très grande variabilité interessais (Tableau 2) et, potentiellement, à des indications
thérapeutiques opposées de maintien ou d’arrêt de traitement
[28]. Nous recommandons donc des seuils en adéquation
Fig. 5. Structure de l’aminoparathormone phosphorylée en C17.
Structure of aminoparathormone phosphorylated on C17.
Tableau 2
Concentrations obtenues avec différentes trousses de dosage sur trois échantillons sériques dosés à 150, 300 et 1000 ng/L avec la trousse « Allégro » établies
par le sous-groupe de la Société française de biologie clinique [28].
Concentrations obtained with the different immunoassays on three serum
samples at 150, 300 and 1000 ng/L with the « Allegro assay » determined
by the group of the French Society of Clinical Biology [28].
Immunodosage
PTH
(ng/L)
PTH
(ng/L)
PTH
(ng/L)
Allegro intact PTH (Nichols)
N-tact PTH IRMA (DiaSorin)
PTH IRMA Immunotech (Beckman-Coulter)
Elsa PTH (Cisbio)
Total intact PTH IRMA (Scantibodies)
Ca-PTH IRMA (Scantibodies)
DSL PTH IRMA (DSL)
DSL PTH Elisa (DSL)
Elecsys PTH (Roche)
Immulite 2000 intact PTH (Siemens)
PTH ACS :180 (Siemens)
PTH Advia-Centaur (Siemens)
PTH intact Advantage (Nichols)
PTH Biointact Advantage (Nichols)
Liaison N-tact PTH (DiaSorin)
150
83
188
149
134
84
323
264
161
212
185
168
174
109
111
300
160
369
290
262
165
638
523
311
410
374
342
339
214
223
1000
517
1216
948
857
543
2108
1734
1011
1334
1256
1154
1109
704
748
avec la technique adoptée dans le diagnostic et le suivi de
l’ODR [29] ;
est-ce que les techniques de dosage de troisième génération
améliorent la prise en charge des patients IRC ? Pour
répondre à cette question, il est nécessaire de comparer les
valeurs obtenues avec les deux générations de techniques et
les données de l’histomorphométrie. Il n’existe hélas que
C. Massart, J.-C. Souberbielle / Médecine Nucléaire 33 (2009) 46–52
quatre articles sur lesquels s’appuyer. Malgré un premier
travail prometteur [30], les trois suivants n’ont pas montré
d’intérêt supplémentaire des techniques de troisième
génération pour la détection de l’ODR [20–22]. Aucune
recommandation officielle ne justifie donc aujourd’hui
l’utilisation des dosages de troisième génération. Des études
complémentaires avec biopsies osseuses (mais aussi avec
d’autres end points comme, par exemple, la prédiction des
calcifications vasculaires) sont donc nécessaires pour une
application en pratique journalière de néphrologie clinique
[27].
3.2.2.2. Chez les patients ayant une fonction rénale
normale. Le dosage de la PTH est la première mesure à
réaliser devant une anomalie du bilan phosphocalcique « de
base » (hyper- ou hypocalcémie ; hyper- ou hypophosphatémie). Il faut bien se rappeler que l’interprétation d’une
concentration de PTH nécessite absolument la confrontation à
la calcémie concomitante (dosée sur le même échantillon
sanguin). Parmi les diagnostics souvent retrouvés, l’HPP se
situe en troisième position pour les endocrinopathies de
l’adulte. Des résultats de PTH élevés ou limite haute de la
normale chez un patient hypercalcémique plaident en faveur
d’une HPP en sachant que les valeurs normales établies pour
une trousse de dosage donnée peuvent varier en fonction de
différents facteurs (en particulier statut vitaminocalcique et
fonction rénale de la population de référence recrutée) [31]. Des
études comparatives des deux générations de PTH ont été
également menées chez des patients atteints de HPP. Bien que
des résultats contradictoires aient été dans un premier temps
observés [32,33], aucune différence significative entre la
sensibilité diagnostique (capacité de chacune des générations
de dosage à trouver des valeurs supérieures à la « normale »
chez des patients ayant une HPP prouvée chirurgicalement)
obtenue avec les deux types de méthodes n’a été retrouvée
[34,35].
Par ailleurs, il a été récemment publié qu’un autre fragment
de la PTH appelé « amino-PTH » était reconnu seulement par le
dosage de la troisième génération [23]. Sa structure n’est pas
encore bien définie mais beaucoup d’arguments plaident en
faveur d’une homologie structurale avec la PTH 1–84 et d’une
phosphorylation sur la sérine 17 (Fig. 5) reprenant ainsi des
données anciennement rapportées [24]. Cette amino-PTH ne
représente que 10 % de la PTH chez le sujet normal mais une
production importante est constatée dans l’HPP primaire [25] et
dans le carcinome parathyroïdien [26].
4. Conclusion
Il n’existe pas d’argument pour adopter les trousses de PTH
de troisième génération qui n’ont pas démontré de supériorité
en pratique clinique comparées aux dosages de PTH intacte de
deuxième génération. Nous conseillons d’effectuer les prélèvements sur tube sec et de connaître les valeurs seuils et les
fourchettes de normalité adaptées au dosage utilisé afin de les
communiquer au clinicien au bénéfice du malade et de la
collectivité.
51
Références
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