Uploaded by Nascozz

Développement Végétal

advertisement
Daniel Rodriguez - 2019
Développement Végétal
1. La photosynthèse
Une chose marquante de la vie sur terre est la grande quantité de biomasse végétale par rapport à la
masse animale. Le table de Rousseau Le Rêve (l’image au début des slides) montre bien cette réalité.
Introduction
Les plantes à la base de la vie
Pourquoi la vie existe-elle sur terre ? Cette question peut être répondue de différente manière :






La formation de planète il y a 4.5 milliards d’années
La Terre se situe à une distance adéquate du soleil
L’inclinaison de la Terre ainsi que sa rotation permettent d’avoir une saisonnalité
La structure de son noyau magnétique permet d’avoir un champ magnétique
La présence de l’eau
La présence de gaz à effet de serre qui permette des températures adéquates à la vie
Vers 3.5 milliards d’années, la vie se développe dans les océans, puis il y a 2.5 milliards d’années,
apparaissent les cyanobactéries qui déclenchent la « Great Oxydation », provoquant une extinction de
masse suite à l’augmentation d’oxygène relâché par les cyanobactéries. Puis apparait un effet de serre
inverse qui gèle la Terre, pour finir par se réchauffer lorsque les organismes utilisent tout l’O2 pour
former du CO2, gaz à effet de serre, qui permet de maintenir la température actuel.
On peut notamment s’intéresser à la vie végétale sur terre qui est d’une grande importance. En effet,
on peut rapidement constater qu’il y a une asymétrie entre la biomasse végétale et animale. Mais
pourquoi cette asymétrie ? Car la photosynthèse est un processus qui a évoluer il y a plusieurs
centaines de millions d’années et qui a permis (et permet) une expansion rapide du tissu végétal,
organisme capable de récupérer l’énergie solaire.
Le déchet de la photosynthèse est l’oxygène qui a réagi avec le méthane et qui a refroidit la Terre par
effet de serre. Sans vie végétal sur la Terre, il n’y a pas d’animaux n’ont plus car dépendent de ceux-ci
pour leur survie.
L’oxygène produit par les cyanobactéries eu un impact majeur sur la vie terrestre. Les plantes et les
cyanobactéries sont importantes pour fournir de l’oxygène, qui est issu de la photosynthèse
oxygénique, processus ayant formé la biosphère actuelle. Cette photosynthèse oxygénique fut
« inventée » par les cyanobactéries sous une forme primitive, puis perfectionnée par les plantes, en
particulier les plantes à fleurs, chez qui la photosynthèse est plus complexe. Sous son équation
simplifiée, la photosynthèse transforme l’eau et le dioxyde de carbone en oxygène et hydrates de
carbone selon l’équation :
Plantes et biomasse primaire : la fixation du carbone
1
Daniel Rodriguez - 2019
Il est important de noter que la biomasse primaire
est presque uniquement issue de la photosynthèse
oxygénique. De plus, la fixation de carbone se fait
majoritairement par les plantes (et très peu dans les
océans). Tous les autres processus ne contribuent
que très légèrement à la production primaire de
biomasse. Et ce n’est même pas le flux de carbone
océanique (algues, cyanobactéries) qui joue un
grand rôle dans cette fixation car il y a un turnover
très rapide et constant/dynamique (la production est
immédiatement utilisée par d’autres organismes,
très peu est stockée, les algues sont immédiatement
mangées et recrées). Ainsi, c’est sur terre que le
carbone est fixé sous forme de bois sur le long terme.
Une animation vue en cours montre les fluctuations du taux de photosynthèse dans le continent
Américain et permet de voir qu’une grande partie de la biomasse végétale se trouve à l’équateur. En
effet, le signal de la photosynthèse a pu être analysé grâce à une longueur d’onde précise (infra rouge)
et montre bien à quel point la production photosynthétique est élevée an Amazonie. Mais d’où
viennent ces fluctuations et pourquoi cette biomasse est aussi grande à l’équateur ? Plusieurs raisons
expliquent cela : les saisons, les températures, la pluviosité, la durée nuit/jour, ...
On dénote aussi un autre phénomène intéressant sur cette animation : un taux de photosynthèse très
important dans l’est des Big Sky Mountains aux USA, vers les grands lacs (à la Corn Belt). Ce
phénomène est dû aux gigantesques champs de céréales qui nourrissent la planète fournissent un
booste massif au taux de la photosynthèse au printemps/été.
La biomasse primaire, soit la fixation du carbone, se fait uniquement grâce à la
photosynthèse oxygénique. Au niveau global, il y a un turnover gigantesque entre les
différents réservoirs : atmosphère, animaux mangeant les plantes ou mangeant les
animaux qui ont mangé les plantes, ... Au bilan, on retombe toujours sur la biomasse
primaire issue de la photosynthèse. Mais comme le taux de photosynthèse n’est pas
constant durant l’année, il n’y a pas toujours un bilan strict positif.
Aujourd’hui, nous sommes en train de perturber ce turnover global en consommant excessivement les
énergies fossiles, ce qui augmente le CO2 atmosphérique et se traduit par un réchauffement
climatique. Cette augmentation globale de température depuis 1850 de 1-2° a un impact dans
beaucoup de domaines mais aussi pour les plantes quoi que dans une moindre mesure. En effet,
l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère va probablement changer les comportements
physiologiques des plantes au cours du temps (échange de gaz différent, protection a cette
augmentation de chaleur, …) mais ne les perturbera que peu.
La photosynthèse est un processus chimique et, comme tout processus chimique, dépend de la
température. Le réchauffement et l’augmentation de CO2 pourrait avoir un impact sur la performance
végétale. Sachant que le taux de CO2 dans l’atmosphère augmente, que les plantes ont besoin de CO2,
et que (peut-être) la photosynthèse est plus efficace à plus haute température, les plantes risquent
d’être avantagées par le réchauffement climatique. Pour le savoir, on peut s’intéresser à l’histoire de
la terre qui est au final une histoire de plantes.
Le taux d’O2 a continuellement augmenté depuis la « Great Oxydation » avec l’augmentation de
biomasse des plantes et aussi l’évolution des plantes poussant sur la Terre. La conquête de la Terre a
2
Daniel Rodriguez - 2019
montré une chute brutale du CO2 et une augmentation brutale de l’O2, jusqu’à l’apparition des plantes
à fleur il y a 300 millions d’années, très dominantes, ayant plus que conquis la planète. La période
d’augmentation des plantes sur la Terre est en corrélation avec l’augmentation de l’O2 atmosphérique
et la diminution du CO2 par fixation en des structures lignifiées non réutilisées. La période la plus
massive de fixation du carbone est ainsi nommée le Carbonifère.
La perte du CO2 a annulée l’effet de serre et déclenché une glaciation massive de la Terre. L’absence
de Turnover à favoriser la formation de pétrole avec l’accumulation de végétaux mort (et non pas des
dinosaures !). La consommation de l’O2 et le rejet de CO2 par les animaux ont favorisés la réaugmentation de la quantité de CO2 atmosphérique et la diminution de l’oxygène.
Aujourd’hui, d’un point de vue géologique, le taux de CO2 est très bas mais augmente rapidement, ce
qui est problématique … mais pour qui ? La planète s’en fout de ces changements et les plantes et
autres micro-organismes seront probablement modifier mais il y aura toujours de la vie... La question,
est de savoir si ça sera avec ou sans nous... Notons de plus qu’aujourd’hui nous sommes à un peu près
20% d’O2 dans l’atmosphère.
Le cas des feuilles
Le relâchement du CO2 n’est donc pas un problème pour les plantes mais cette augmentation va
tellement vite que les plantes vont probablement beaucoup changer au cours du temps.
Prenons l’exemple des feuilles : presque toutes les plantes ont des feuilles aujourd’hui mais ça n’a pas
toujours été le cas. Les fossiles montrent que les anciennes plantes n’avaient pas de feuilles mais
uniquement des tiges. Les feuilles sont, en effet, une adaptation de la plante à la diminution du taux
de CO2 atmosphérique. Elles permettent d’augmenter la surface de la plante pour maximiser la
photosynthèse en plus de pouvoir absorber un maximum de CO2 qui est devenu peu à peu un élément
limitant (donc absorption du CO2 plus efficace).
Chaque écosystème qui a assez d’eau est dominé par les plantes. On le voit très clairement dans les
forêts boréales. De plus, notons que La photosynthèse est à la base de vie animale et que la réaction
globale est 6 CO2 + 12 H2O  C6H12O6 + 6 O2 + 6 H2O relâche de l’eau.
Nous allons regarder en détails ce qui se passe chez la plante, le processus étant en réalité complexe
et pas toujours aussi efficace que supposé par cette équation qui traduit une stœchiométrie de la
photosynthèse optimale.
3
Daniel Rodriguez - 2019
Le chef-lieu de la photosynthèse
La photosynthèse se déroule dans les feuilles en grand partie.
Différentes couches de tissues sont visibles sur le schéma
d’une feuille typique ci-contre mais pas toutes les cellules
font la photosynthèse ! On peut y voir des faisceaux de
transport très développer (notamment chez les
angiospermes).
Les feuilles sont l’endroit principal de la PTS. Elles sont
parcourues par le système vasculaire interne de xylème
(transport de l’eau [sève brute]) et de phloème (transport de
sucre [sève élaboré]). Les cellules des stomates, mais surtout les cellules du système racinaire, ne font
jamais de photosynthèse, c’est pourquoi il faut que le phloème transporte la sève dans les racines et
les régions de la plante en croissance. Attention, chaque feuille n’est pas un producteur net ! En effet,
celles en croissance utilisent plus de carbones qu’elles n’en produisent.
On peut parler de plusieurs types de structures dans une feuille :





Epiderme couvert de cuticule (couche de cire de protection qui empêche la perte d’eau)
Parenchyme palissadique : lieu ou la photosynthèse se fait le mieux
Parenchyme lacunaire : permet d’absorber le CO2 (échange de gaz en générale), surface
d’interaction.
Xylème : transport des sels minéraux et de l’eau
Phloème : transports de sucres et eau, distribution des ressources de la photosynthèse aux
différentes cellules de la plante pour sa croissance et notamment aux endroits où il n’y a pas
de photosynthèse (par exemple la racine).
En d’autres termes, les deux parenchymes forment le mésophile et font à peu près toute la
photosynthèse de la feuille. Deux couches d’épidermes, recouverts de cuticule cireuse hydrophobe
(adaptation pour limiter les pertes d’eau), délimitent la feuille. Il y a des lacunes dans le parenchyme
lacuneux, permettant les échanges de gaz via les stomates (pores et cellules de gardes), ne s’ouvrant
normalement que vers le bas de la feuille (côté abaxial).
Les chloroplastes
L’endroit spécifique de la photosynthèse est le
chloroplaste issu de l’endosymbiose. Malgré ce que l’on
pourrait penser, il y a toutes sortes de formes et de
grandeur de chloroplastes ! On retrouve des formes
spiralées, des grands chloroplastes, plusieurs chloroplastes
dans 1 cellule ou alors 1 seul chloroplaste par cellule, …).
Ces chloroplastes sont mobiles dans la cellule et réagissent
à la lumière afin de se mettre dans une position optimale
pour faire la photosynthèse.
La photosynthèse se déroule dans un système membranaire que l’on trouve à l’intérieur des
chloroplastes. En effet, le chloroplaste possède deux membranes : l’externe, proche des eucaryotes et
l’interne, proche des procaryotes (une des évidences de l’endosymbiose). Ce sont les photosystèmes
qui permettent le processus de la photosynthèse.
4
Daniel Rodriguez - 2019
Les chloroplastes sont remplis de stroma (cytosol du chloroplaste) et de thylakoïdes empilés en
granum (arrangement non dû au hasard) et reliés par les lamelles inter-granaires. Les thylakoïdes sont
des systèmes membranaires complètement fermé (lumen isolé du stroma par la membrane des
thylakoïdes), formant un espace continu (!) séparé du stroma.
Les empilements de thylakoïdes sont connectés à d’autres thylakoïdes et forme donc un réseau. Tout
est connecté, c’est comme un petit origami où toutes les membranes ne sont enfaite qu’une seule
membrane. Ce système permet donc de divisé la cellule en deux : le stroma (extérieur des thylakoïdes)
et le lumen (intérieur des thylakoïdes).
Les chloroplastes contiennent autre chose que des systèmes membranaires : son propre ADN, codant
pour certains composants (0.5% de toutes les protéines du chloroplaste) du chloroplaste, la grande
part de ce génome primitif ayant été transféré à la cellule pour renforcer la symbiose (un chloroplaste
ne peut plus vivre sans sa cellule hôte, il dépend à 99.5% des protéines codées par le noyau de la cellule
hôte et livrées aux chloroplastes). Les protéines codées par le noyau pour le chloroplaste se distinguent
des autres par une séquence signale codant pour l’import dans le chloroplaste.
La réaction lumineuse (la première phase de la photosynthèse) ne produit pas de sucre ! Elle produit
seulement de l’ATP et du NADPH qui sera utilisé par la réaction de carbone ou réaction obscure (2ème
phase de la photosynthèse) pour faire du sucre.
Notons de plus qu’il y a toutes sortes de plastes ! Les chloroplastes bien sûr, mais aussi d’autres selon
le développement de celui-ci. Dans les racines, pas besoin de chloroplastes, on retrouve des
amyloplastes (stockage d’amidon) et amoeboidplaste. On retrouve aussi les chromoplastes qui
donnent la couleur. En effet, les chloroplastes sont des cas particuliers de plastes. Les plastes sont des
organelles avec un développement flexible selon les conditions environnementales et physiologiques.
Tous les types de plastes se forment à partir des proplastides non différenciés, qui sont présent dans
les cellules méristématiques. Le type de plaste formé dépend du tissu et des conditions
environnementales et physiologiques. Les différents types de plastes sont caractérisés par différents
types de systèmes membranaires internes et activités métaboliques. Presque tous les types de plastes
sont interchangeables, les transformations étant contrôlées par le noyau en fonction des conditions
du milieu. On a donc :
-
Les proplastes, dans le méristème : version « embryonnaire » de tous les plastes, des plastes
non différenciés présents dans les cellules méristématiques (cellules souches de la plante dans
les méristèmes, zones de croissance tissulaires), qu’on retrouve chez les jeunes plantes. Ils ont
une activité métabolique très basse, manque de chlorophylle, et ont peu de synthèse de
protéines.
5
Daniel Rodriguez - 2019
-
-
-
Les chromoplastes, dans les fleurs, fruits, feuilles d’automne : plasmes qui accumulent des
pigments et donnent une certaine couleur.
Les leucoplastes, dans les tissus non-photosynthétiques comme les racines : non pigmentés,
peuvent se spécialiser pour stocker des réserves d’amidon, de lipides ou de protéines
(deviennent alors des amyloplastes, oléoplastes, protéinoplastes), mais sont plutôt le plus
souvent impliqués dans des réactions de biosynthèse essentielles (acides gras, acides aminés,
hème).
Les amyloplastes, localisations variées : chloroplastes modifiés, souvent en fin de vie,
absorbant des sucres pour les entreposer sous forme d’amidon, molécule polymérisée
n’influençant pas l’état osmotique de la cellule d’où le choix de cette molécule pour le
stockage. Ce sont donc des organelles de stockage accumulant l’amidon.
Les étioplastes, dans les feuilles : Ils sont généralement rencontrés dans les plantes ayant
poussé à l'obscurité. Si une plante est transférée dans le noir pendant plusieurs jours, ses
chloroplastes fonctionnels s'étioleront et perdront leurs pigments actifs pour devenir des
étioplastes. Ce processus est réversible et ces étioplastes redeviendront des chloroplastes s'ils
sont à nouveau exposés à la lumière.
Les étapes principales de la photosynthèse
Les chloroplastes sont l’endroit de la photosynthèse oxygénée. Plus précisément, la photosynthèse a
lieu sur la membrane des thylakoïdes (réactions lumineuses utilisant eau et oxygène et formant du
NADPH et de l’ATP comme expliqué avant) et dans leur lumen et le stroma (réactions carboniques
utilisant du CO2, du NADPH et de l’ATP pour produire des CH2O). Ainsi, dans un granum, il y a des
milliers de systèmes de photosynthèse avec différentes étapes à différents lieux.
Si on l’observe de manière plus systématique, on peut séparer la photosynthèse en deux étapes : la
photosynthèse propre, soit la récolte de l’énergie lumineuse pour former des équivalents de réaction
NADPH (réaction lumineuses), et la photosynthèse sombre qui transforme l’énergie en sucre et fixant
le CO2. Ces deux étapes peuvent être séparées en temps et en lieu, ce qui explique qu’il existe aussi
des photosynthèses non-oxygéniques, certaines récoltes d’énergie lumineuse étant couplé à des
réactions n’impliquant pas l’oxygène (mais moins efficace).
Dans les réactions lumineuses, qui consistent à la récolte de l’énergie physique pour produire des
NADPH, et qui a lieu sur et au sein de la membrane du thylakoïde, on a d’abord l’excitation lumineuse
des molécules de chlorophylle, le transfert de cette excitation entre les pigments du complexe
antennaire jusqu’à la transmission au centre réactionnel qui est ainsi excité.
6
Daniel Rodriguez - 2019
Dans les réactions sombres, qui consistent à transformer l’énergie physique en énergie chimique, le
centre réactionnel excité cède un électron à une chaine de transport d’électron qui établit un gradient
électrochimique à travers la membrane du thylakoïde afin d’activer une pompe ATPsynthesis pour
faire de l’ATP, et transfère l’électron à un NADP+ afin de faire du NADPH. Dans le stroma, ces
composants, ainsi que du CO2, rejoindront le cycle de Calvin pour produire du sucrose, qui sera exporté
hors du chloroplaste.
Réactions lumineuses : la récolte de la lumière
La lumière est récolté d’une manière spécifique : grâce
au soleil. Cette lumière a un certain spectre, la plupart
dans le spectre visible et constitue une infime partie du
spectre de photons venant du soleil et atteignant
l’atmosphère 12minutes après son émission (solar
output). Une partie de cette lumière est récupéré par la
photosynthèse notamment dans les longueurs d’onde
du bleu et du rouge. On peut voir un pic à une longueur
d’onde du spectre visible et c’est celui-ci qui tape la
terre. On peut voir que l’atmosphère absorbe certaines
longueurs d’onde et reflète d’autres longueurs d’ondes
dans l’espace : c’est pour cela qu’il y a des trous dans la
courbe ci-dessous (rappelons-nous des cours de physique et des différences de spin d’un électron qui
va changer la longueur d’onde d’absorption).
On voit que les plantes absorbent beaucoup dans le bleu et dans le rouge mais pas dans le vert : c’est
pour cela qu’une plante est verte. Seul une partie du spectre est absorber car dépend de la chlorophylle
qui n’absorbe qu’un certain « range ». En effet, le spectre d’absorption de la chlorophylle est
nettement plus petit et est asymétrique, absorbant plus dans les 400nm (bleu) et 700nm (rouge) et
peu dans les 500nm (vert).
Un photon avec une longueur d’onde petite a plus d’énergie qu’un photon avec une longueur d’onde
grande. Il est nécessaire d’avoir une certaines énergies dans l’électron pour qu’il puisse sauter d’un
niveau a un autre durant le processus. En effet, les électrons ne sont pas lier à un atome en particulier :
on parle d’électron libre.
Il existe trois états possibles :
7
Daniel Rodriguez - 2019



L’état de haute énergie avec une absorption dans le BLEU, non stable qui, puisque non stable,
l’électron va retomber dans un état faiblement excité.
L’état faiblement excité qui peut être atteint de deux manières :
1. Soit par absorption de l’énergie de longueur d’onde dans le ROUGE
2. Soit par désexcitation d’un électron hautement chargé.
L’état de base (pas d’excitation)
La chlorophylle
Récolter l’énergie des photons par la chlorophylle consiste à faire sauter des électrons. Quand la
lumière arrive, des chlorophylles absorbent les photons lumineux et leur énergie. Les molécules de
chlorophylles sont excitées par les photons, mais elles peuvent ne l’être seulement à certaines
longueurs d’onde. Les photons capturés excitent les électrons de la chlorophylle, et cette excitation va
changer l’état de la chlorophylle. Les électrons excitables vont absorber l’énergie et atteindre un état
d’énergie plus élevé qu’avant (les états vu avant).
Un électron dans cette molécule de chlorophylle excité est alors monté à un nouvel état énergétique
excité (l’électron peut être excité et sauter à l’état énergétique supérieur si l’énergie du photon est
suffisante). L’état de haut niveau d’énergie est très instable (millisecondes de stabilité), donc l’électron
relâche immédiatement une partie de l’énergie absorbé sous forme de chaleur (heat loss) pour passer
du haut état d’excitation (bleu) à l’état d’excitation bas (rouge) moins énergétique.
À partir de l’état excité le moins énergétique, il existe 4 alternatives de transformation de l’énergie
absorbée quand l’électron retourne dans son état de base. Durant la redescente, l’électron doit
relâcher l’énergie absorbée venant du photon, et il y a plusieurs façons de le faire :
-
-
-
1 : Réémission de photon par fluorescence (le photon sera dans le spectre rouge, d’où le fait
que dans les images satellitaires, la photosynthèse est visible par radiation fluorescente
rouge !), mais cette réémission n’est pas utile pour la photosynthèse, c’est de l’énergie perdue
à taux constant, permettant de suivre l’efficacité de la photosynthèse.
2 : Réémission sous forme de chaleur, pas de photons, pas utile à la photosynthèse mais
permet aux feuilles de se réchauffer.
3 : Transfère de l’énergie à une autre molécule avoisinante qui sera donc excitée, ce qui se fait
souvent sans que ça soit récupéré sous forme d’énergie pour la photosynthèse (principale voie
de désexcitation).
4 : Utilisation de l’énergie dans une réaction photochimique, pour la photosynthèse (transfère
d’électrons excités à des accepteurs, dont NADH et NADPH)
8
Daniel Rodriguez - 2019
Il est aussi important de réalisé que l’énergie dans un photon n’est pas suffisant pour la réaction de
scission d’eau dans le site réactionnel (même lors de l’absorption dans le BLEU). Il est nécessaire
d’accumulé l’énergie de plusieurs photons, ce qui explique le succès du 3ème processus (plusieurs
électrons sont excités et « travaillent ensemble »).
De la même manière qu’il existe plusieurs plastes, il existe aussi plusieurs chlorophylles qui varie en
fonction des espèces et en rendement car cela dépend des rayons qui atteignent le milieu, donc des
adaptations écologiques en quelque sorte.
Cependant, l’anneau de porphyrine que l’on trouve dans les
chlorophylles a toujours un centre magnésium ou l’absorption
des photons à lieu. Il existe d’autre type de chlorophylle mais
les plantes terrestres possèdent que les chlorophylles « a » et
« b ». La différence principale entre les chlorophylles provient
notamment des différents groupes attachés aux régions A et B
du schéma ci-dessous.
Notons que la queue hydrophobe ancre la chlorophylle dans la
partie hydrophobe des thylakoïdes.
Mais qu’est-ce ces groupements changent exactement ? Ils changent la longueur d’ondes à laquelle la
chlorophylle va absorber en changeant l’électronégativité de la molécule, ce qui change l’état
énergétique que les électrons peuvent atteindre dans le centre magnésium.
On peut voir ce que font les différents groupes attachés sur le spectre d’absorption de chaque
chlorophylle.
Déjà au 18eme siècle la photosynthèse était étudiée. Pour la comprendre, on utilisait des expériences
ingénieuses et on peut citer notamment celle d’Engelmann qui permit de trouver les longueurs
d’ondes d’absorption de la chlorophylle sans aucun dispositif de mesure physique. Engelmann utilisa
notamment la bactérie Bacterium termo qui à un fort chimiotropisme (le chimiotropisme est un
déplacement d'un organe ou d'une cellule, orienté par un gradient de concentration chimique. En clair
la cellule, ici Bacterium termo, va être attiré [chimiotropisme positif] ou repoussé [chimiotropisme
négatif], par une molécule, [attirée par l’oxygène dans notre cas]) pour l’oxygène. Ainsi, il sépara toutes
les longueurs d’ondes de la lumière avec un prisme et les envoya sur une cellule de Spirogyra (une
algue) afin qu’elle fasse la photosynthèse. Il s’aperçu que les cellules bactériennes se concentraient
beaucoup plus au niveau des longueurs d’ondes du bleu et du rouge (normal puisque c’est là ou la
photosynthèse est la plus importante et donc ou la synthèse d’oxygène se fait le plus).
9
Daniel Rodriguez - 2019
On peut donc faire un spectre d’action, montrant le rendement de la photosynthèse (production d’O2)
en fonction de la qualité de l’illumination (en longueur d’onde), comparable au spectre d’absorption
(absorption de la lumière en fonction de la longueur d’onde).
Pourquoi le spectre d’action n’est pas tout-à-fait égal au spectre d’absorption des chlorophylles ? La
photosynthèse semble un peu plus efficace que la chlorophylle... La raison est les pigments
surnuméraires, divers selon les espèces, qui capturent l’énergie de lumières d’onde complémentaires,
énergie qu’ils transmettent par résonance aux molécules de chlorophylle (possibilité numéro 3, vue
précédemment, de retour à l’état de base). Les caroténoïdes comme le bêta-carotène récoltent la
lumière dans le spectre bleu. Les pigments biliaires comme la phycoerythrobiline et la phycocyanine,
qui présentent un cercle de porphyrine ouvert, récoltent la lumière surtout dans le spectre vert (voir
chapitre Les pigments accessoires).
Les pigments accessoires
Pour rendre le système plus performant, les différentes plantes utilisent en plus des chlorophylles « a »
et « b » une variation de pigments accessoires (caroténoïdes, phycobiliprotéines) différents selon les
espèces, en particulier le bêta-carotène presque partout, qui permettent de compléter les longueurs
d’onde absorbables. Le spectre d’action de la photosynthèse dépend aussi de ces pigments accessoires
et des spectres d’absorption. La chlorophylle « a » (bleu-violet 430 et rouge 670), la chlorophylle « b »
(bleu 470 et orange-rouge 650), le bêta-carotène (violet-bleu 410 à 490) et la phycoerythrobiline (vert
530) se complètent donc pour une exploitation efficace de la lumière.
10
Daniel Rodriguez - 2019
Le complexe antennaire
Les pigments sont situés dans les membranes des thylakoïdes, dans le complexe antennaire (l’antenne
des photosystèmes qui récolte l’énergie). Chaque antenne contient des centaines de pigments qui
absorbent tous des photons. Pour récolter cette énergie finalement sous forme chimique, tous les
pigments de l’antenne se transfèrent par résonance l’énergie des électrons jusqu’à ce que la
transmission se face à une chlorophylle spécialisée du centre réactionnel, qui va utiliser cette énergie
pour la réaction redox. Il s’agit donc pour le complexe de récolter l’énergie, la concentrer, et l’utiliser
pour entrainer la scission d’eau pour capturer l’énergie sous forme chimique. L’antenne récolte
l’énergie physique, le centre réactionnel l’utilise pour une réaction oxydo-réductrice.
Le complexe LHC (Light Harvesting Complex), sous-unité de l’antenne, est un groupement de tous les
pigments utilisés par l’organisme avec des protéines, groupés autour des centres réactionnels. Il existe
différentes protéines dans les antennes, quelques-unes lient les propres complexes LHC au centre
réactionnel. Les arrangements des sous-unités sont dirigés vers le centre réactionnel. Le nombre de
LHC s’associant ensembles dans un complexe antennaire est variable, il s’agit d’une architecture
modulaire. Les LHC les plus externe dans l’antenne sont plutôt riche en chlorophylle « b » et les LHC
les plus interne dans l’antenne sont plutôt riches en chlorophylle « a ».
Ainsi, l’énergie absorbée de la lumière est transférée entre les pigments de l’antenne avec l’aide des
protéines des LHC (light harvesting complex), et ce jusqu’au centre réactionnel. Le transfert s’effectue
par résonance, donc l’énergie absorbée par tous les pigments de l’antenne est éventuellement
transférée et concentrée vers le centre réactionnel. Ce processus est directionnel. Les pigments ont
des niveaux d’états d’excitation minimale différents, donc en général, une molécule de chlorophylle
« a » ayant absorbé un photon ne peut plus excité une chlorophylle « b » par résonance car il faut une
énergie plus importante pour l’exciter (660nm pour la « b », alors qu’une « a » est excitée à 680nm,
11
Daniel Rodriguez - 2019
donc plus grande énergie nécessaire pour chlorophylle « b »). Mais l’inverser n’est pas vrai, car si une
chlorophylle « b » absorbe de l’énergie, son énergie est assez importante pour exciter par résonnance
à une chlorophylle « a ». On a donc bien une directionnalité. Notons bien que pour être une antenne,
il est nécessaire de posséder plusieurs sous unités LHC.
Notons qu’il y a plusieurs LHC par centre réactionnel et plusieurs protéines liés de manière non
covalente. On compte en effet à peu près 200 à 300 LHC dans un centre réactionnel pour collecter
efficacement l’énergie lumineuse.
De plus, retenons bien qu’il y a toujours 2 chlorophylles de type « a » dans le centre réactionnel. Mais
pourquoi ? Ca s’explique par le spectre d’absorption des différentes chlorophylles. En effet, l’énergie
n’est pas perdue par une fluorescence mais est transférer par résonance entre paire de molécule. Ce
transfert n’est pas possible entre toutes les paires de molécules car les spectres d’absorptions sont
différents. Ainsi, l’énergie de la chlorophylle « b » peut être transféré dans une chlorophylle « a » MAIS
l’énergie de la chlorophylle « a » ne peut pas être transférer par résonnance a la chlorophylle « b » car
le photon n’a pas assez d’énergie.
Au final la chlorophylle « a » peut accepter l’énergie de tous les autres pigments. C’est un processus
directionnel ! La chlorophylle « b » peut exciter une chlorophylle « a » mais une fois « a » excité on ne
peut plus retourner en arrière ! Ainsi, ce processus permet de concentrer l’énergie accumulé des
électrons dans le centre réactionnel (ou les 2 chlorophylles « a » peuvent accumuler l’énergie). Mais
qu’est ce qui rend spécial ces deux chlorophylles « a » par rapport aux autres ? En fait, elles possèdent
des pics d’absorption un peu décalé ce qui permet d’accepter le transfert d’énergie par résonance de
TOUTES les autres chlorophylles. On a donc bien une directionnalité.
12
Daniel Rodriguez - 2019
Le centre réactionnel
Les pigments des LHC sont donc arrangés d’une façon particulière pour que l’énergie soit transférée
dans le centre réactionnel : les pigments avec l’état d’excitation le plus énergétique sont situés le plus
loin du centre réactionnel, par contre, les pigments avec l’état d’excitation le moins énergétique sont
situés le plus proche du centre réactionnel.
Ce dernier est composé de deux chlorophylles « a » particulières (comme expliqué plusieurs fois plus
haut), associées à des protéines qui changent leur électronégativité et leur capacité d’absorption
faisant d’elles les moins énergétiques, et donc les plus excitables par n’importe qu’elles autre pigment,
y compris les autres chlorophylles « a » des antennes. Le pigment avec l’état excité le moins
énergétique de tous est donc la chlorophylle « a » spécialisée du centre réactionnel.
À chaque transfert d’énergie d’un pigment à un pigment d’état excité moins énergétique, la différence
entre les deux états excités est perdue sous forme de chaleur. Ceci rend le processus irréversible, car
il manque cette énergie perdue pour que le transfert se déroule en arrière. L’énergie entreposée dans
l’état excité de la chlorophylle « a » spécialisée du centre réactionnel est disponible pour les réactions
photochimiques.
Les réactions photochimiques, oxydo-réductrices, prennent place dans les centres réactionnels et
conduisent à la scission de l’eau (réaction sans stœchiométrie, c’est un flux d’énergie qui arrive). Le
transfert d’énergie dans les antennes collectrices est très rapide, car les états excités des électrons ne
sont pas stables : l’état le plus excité de la chlorophylle, atteint par absorption d’un photon dans le
bleu, est seulement stable pour 10-12 s (soit une picoseconde) ; l’état le moins excité, atteint par
absorption d’un photon rouge ou à partir de l’état le plus excité par perte de chaleur, est seulement
stable pour 10-9s, soit une nanoseconde. Toute réaction photochimique doit donc être extrêmement
rapide pour capturer l’énergie des photons et un flux constant d’énergie entrant et sortant (output et
input) est nécessaire au bon fonctionnement de la photosynthèse et de la plante en général.
Le centre réactionnel contient :
-
-
Un dimère de chlorophylle « a » (toujours « a » chez les végétaux)
Un certain nombre de protéines assurant des fonctions diverses comme le transfert
d’électrons et la liaison avec des transporteurs d’électrons. Notons que leur liaison n’est pas
covalente.
D’autres protéines remplissant des fonctions annexes comme les interactions avec des
composants de la membrane ou des fonctions de régulation
La chlorophylle du centre réactionnel
est tellement excitée par l’énergie
arrivant au centre réactionnel par
l’antenne (ou directement par un
photon d’énergie lumineuse), que
l’électron excité peut quitter la
chlorophylle « a » et est attrapé par
un accepteur d’électron primaire, puis
l’électron passe de l’accepteur
primaire à un accepteur secondaire et
ainsi de suite avant d’atteindre
ultimement du NADP+ et former du NADPH.
13
Daniel Rodriguez - 2019
Le trou d’électrons crée dans le centre réactionnel, l’électron manquant dans la chlorophylle « a »
spécialisée, est comblé par un électron provenant d’un donneur d’électron secondaire, issu de la
scission de l’eau, le donneur ultime d’électron. Il s’agit donc de réaction d’oxydoréduction. Le donneur
ultime d’électron est H2O (il faut 2 H2O pour former un O2 et libérer 4 é), l’accepteur ultime d’électron
est le NADP+.
Ces réactions photochimiques se passe dans le lumen (donc l’intérieur des thylakoïdes) et les
membranes des thylakoïdes, pas dans le stroma. La scission de l’eau est effectuée dans le lumen par
un complexe à manganèse, une extension du centre réactionnel (notons que la jaunisse des plantes ne
provient pas forcément que d’un manque d’engrais phosphate/nitrate, mais souvent d’un manque de
micronutriments comme le Mn, essentiel pour les plantes).
Sur le schéma ci-contre on peut voir le
complexe P680 qui correspond à nos fameuses
chlorophylles « a » spécialisées. Ce nom est
tout simplement dû au faite que le pic
d’absorption est à 680 nm. De plus, on peut y
voir que la scission de l’eau est un processus
graduel qui se passe très rapidement dans le
complexe de manganèse.
Les photosystèmes
Dans les années 1950, Emerson faisait des expériences qui
montraient que la photosynthèse dans la lumière infrarouge seule
n’est pas très efficace, comme le montre la déconnexion entre le
spectre d’action ou rendement quantique et le spectre
d’absorption (à des longueurs d’ondes de même absorption dans
le rouge, genre 660 et 690 environ, la perte du rendement
d’action est beaucoup plus grande qu’attendue. En d’autres
termes, la différence entre les deux courbes est plus petite et
donc l’énergie accumulé est plus petite). Ce phénomène est
appelé le « red drop ».
En même temps, il remarquait un synergisme entre la lumière rouge
et infrarouge : donner du rouge et de l’infrarouge en même temps
donne plus d’énergie que la somme des deux individuellement (iR +
r < (iR + r)). Ceci fut expliqué par la découverte que la plupart des
plantes contiennent deux types de photosystèmes : les
photosystèmes I et photosystèmes II, nommé en fonction du temps
de découverte, mais le photosystème II se trouve avant le
photosystème I (nomenclature bizarre à cause de fait historique : le
photosystème I a été découvert avant). Les deux ont été cristallisés, permettant d’en connaitre la
structure protéique, en hélices transmembranaires principalement.
Tous les deux se trouvent dans les membranes des thylakoïdes des chloroplastes de toutes les plantes
modernes et travaillent ensemble, le photosystème II fournissant des électrons au photosystème I. Le
14
Daniel Rodriguez - 2019
photosystème II, qui contient beaucoup de protéines
LHC, utilise le LHC II, le photosystème I le LHC I. La
chlorophylle « a » du centre réactionnel du
photosystème II a une absorption optimale à 680nm et
à comme donneur d’électron ultime H2O (on notera
sur les structures cristallographiques qu’en effet, seul
le photosystème II possède les protéines extra membranaires nécessaires à la scission de l’eau), alors
que celle du photosystème I a une absorption optimale à 700nm et à comme donneur ultime la
plastocyanine.
Les accepteurs d’électron ultime sont la
plastoquinone pour le photosystème II
et la ferrédoxine pour le photosystème
I. Le photosystème I est moins
énergétique que le II (680nm vs 700nm,
donc longueur d’onde plus petite pour
le photosystème II et donc plus
énergétique), ce qui justifie le transfert
d’énergie du photosystème II au
photosystème I, dont le potentiel est
plus faible que le deux. Notons que l’accepteur d’électrons du photosystème II (plastoquinone) et le
donneur d’électrons du photosystème I (plastocyanine) sont liés par une chaîne de transport
d’électrons. Le transfert d’électrons se fait du photosystème II au photosystème I, dont l’accepteur
ultime finira par transmettre les électrons aux NADP+. Le transfert d’électrons de H2O à NADP+ est
donc atteint en coopération entre les deux photosystèmes.
Il y a un « schéma Z » dans la photosynthèse pour le trajet d’un électron du centre réactionnel du
photosystème II au NADP+. L’excitation du photosystème II par la lumière permet la scission de l’eau
et l’excitation du complexe antennaire, puis les électrons passe de la chlorophylle « a » du centre
réactionnel P680 excitée à la plastoquinone, puis par des intermédiaires (cytochrome b6f), avec de
petites pertes énergétiques, à la plastocyanine, qui donne ces électrons pour compléter le centre
réactionnel P700, excité par la lumière également et dont les électrons sont donnés à la ferrédoxine
puis au NADP+. Même si l’accepteur d’électron ultime de la photosynthèse est le NADP+, l’accepteur
ultime du photosystème I est la ferrédoxine. De la ferrédoxine-NADP+ réductase, une enzyme très peu
liée au photosystème I, assure le transfert au NADP+.
15
Daniel Rodriguez - 2019
La chaîne de transport d’électrons
Les photosystèmes I et photosystèmes II sont séparé dans
le chloroplaste. Les photosystèmes II sont surtout localisés
dans les grana (empilements de thylacoïdes), alors que les
photosystème I sont surtout dans les lamelles
intergranaires. Ils sont toutefois liés par la chaine de
transport d’électrons.
Vu leur complexité, Il doit y a avoir un avantage compétitif à posséder des photosystèmes. En fait, ils
permettent une exploitation beaucoup plus efficace de la lumière due au fait que le transport
d’électron crée aussi un gradient électrochimique, donc une partie de l’énergie est utilisée pour
produire de l’ATP.
On a en effet une différence énergétique entre le photosystème II absorbant à 680nm et le
photosystème I absorbant à 700nm, cette différence d’énergie étant récoltée durant le transfert
d’électrons. Il y a donc création de différences de charges et de pH entre l’intérieur (lumen, pH4) et
l’extérieur (stroma, pH8), et comme ces deux milieux sont séparés par la membrane du thylakoïde, il
y a création d’un gradient par l’activité des photosystèmes.
Notons que le complexe d’émission de l’oxygène du photosystème II, permettant la scission de l’eau,
est aussi appelé « complexe Z », et fait saillie dans le lumen. Il libère pour 2 H2O, un O2 et 4 protons
(on double les réactions sinon on a du monoxyde d’oxygène trop réactif). Les atomes du manganèse
dans le complexe Z sont essentiels à la scission de l’eau. Les protons issus de la scission de l’eau sont
libérés dans le lumen et participent au gradient, rendant le lumen acide.
Les électrons de la scission de l’eau sont transférés à la chlorophylle du centre réactionnel par
l’intermédiaire d’une tyrosine de la protéine D1, puis l’électron est successivement transféré vers la
plastoquinone en passant par la phéophytine, une chlorophylle modifiée, et une première
plastoquinone (la plastoquinone est un benzène modifié avec une longue chaine qui peut accepter les
électrons). Finalement, après avoir reçu les électrons de la PQ via des intermédiaires (dont PC), le
photosystème I transporte les électrons dans le stroma vers la ferrédoxine, de l’autre côté de la
membrane par rapport à la scission de l’eau.
Au final donc, les protons et les électrons issus de la molécule d’eau sont séparés par la membrane des
thylakoïdes (les protons sont dans le lumen, les électrons dans le stroma) se qui établit un gradient
16
Daniel Rodriguez - 2019
électrochimique, qui peut être exploité pour la
formation d’ATP. Le gradient des protons constitue
une force protomotrice qui peut être exploitée par
une ATP synthase (et non pas synthétases, qui signifie
« consommation d’ATP par l’enzyme ») dans la
membrane des thylakoïdes pour produire de l’ATP. On
trouve donc aussi beaucoup d’ATP synthase dans les
systèmes membranaires thylakoïdien. Finalement, les
produits utilisables des réactions de lumières de la
photosynthèse sont donc des équivalents réducteurs sous forme de NADPH et d’ATP.
Une expérience a établi le concept de chimio-osmose, indispensable à la synthèse d’ATP par les
photosystèmes. Jagendorf prenait des thylakoïdes isolés physiquement et les mettait dans un tampon
acide de pH 4, capable de traverser la membrane des thylakoïdes et équilibrant ainsi le lumen et le
tampon à un pH 4. Après un transfert rapide des thylakoïdes dans un tampon alcalin de pH 8 contenant
de l’ADP et du phosphate, incapable de traverser la membrane, il a pu reconstituer un gradient
artificiel. Il remarqua par cette expérience que, même dans l’obscurité, de l’ATP était généré, prouvant
que le système utilisait un tel gradient.
L’ATP synthase
L’ATP synthase des thylakoïdes est aussi connue comme ATPase ou CF0-CF1. C’est un complexe
d’environ 400kDa, très conservé (se trouve dans presque tous les organismes, c’est d’ailleurs avec lui
qu’on a reconstitué l’arbre universel non raciné), formé de deux multimères :


Une partie hydrophobe, le complexe CF0
Une partie hydrophile, le complexe CF1.
17
Daniel Rodriguez - 2019
L’ATP synthase se trouve dans les lamelles intergranulaires et est aux coté
des grana. Une ATP synthase reliée se retrouve aussi dans les
mitochondries mais n’est pas identique, bien qu’elle soit une structure
analogue.
Pour produire un ATP aux chloroplastes, il faut que 4 protons passent par
l’ATP synthase. Une caractéristique étrange de l’ATP synthase est le fait que
l’enzyme pivote circulairement quand elle est active, force mécanique
utilisée pour former l’ATP.
Le complexe b6f – carrefour des trajets d’électrons
Le passage des électrons du photosystème II au photosystème I est assuré par le complexe b6f ou
cytochrome b6f. Le complexe b6f présente beaucoup d’analogie avec le complexe bc1 des
mitochondries, et est constitué de 4 éléments :
-
Une protéine Fe-S, aussi connue sous le nom de protéines « Rieske », qui reçoit les électrons
provenant de la plastoquinone.
Un cytochrome f qui reçoit les électrons de la protéine Fe-S et les transmet à la plastocyanine
Deux formes du cytochrome b6 qui participent au transport cyclique d’électrons en recevant
des é provenant de la ferrédoxine réduite du photosystème I ou du cycle Q.
Notons que les différents cytochromes sont constitués de noyaux d’hèmes comme groupe
prosthétiques.
Plastohydroquinone – fournisseur d’électrons au cycle Q
Dans le photosystème II, la plastoquinone est l’accepteur ultime d’électrons. En effet, la réduction de
la plastoquinone entraîne la formation de la plastohydroquinone, une molécule lipophile qui peut
quitter le photosystème II pour diffuser dans la partie hydrophobe de la membrane des thylakoïdes
vers le complexe b6f.
Ces réactions appartiennent au cycle Q, qui est fournisseur d’électrons (issus de la chlorophylle « a »
excitée) mais aussi une pompe à protons, les 2 protons utilisés pour compléter la réduction de la
plastoquinone n’étant pas les protons de la scission de l’eau mais proviennent du stroma (de l’autre
côté donc).
18
Daniel Rodriguez - 2019
La plastohydroquinone ainsi formée va se déplacer dans la membrane. Finalement, cette
plastohydroquinone QH2 va arriver à un complexe b6f où la première étape est d’être oxydée, la QH2
donnant un des deux électrons à la protéine Fe-S, alors que l’autre est donné à un des deux
cytochromes b6. La plastohydroquinone perd en même temps ses 2 protons qui sont émis dans le
lumen (ils ont ainsi traversé la membrane vu qu’ils sont à la base issue du stroma), redevenant une
plastoquinone qui retourne au photosystème II. L’électron, passé au cytochrome « b », est transféré à
une plastoquinone du côté stroma du complexe (mais toujours dans le complexe, pas dans le stroma)
formant une plastosémiquinone. L’électron, passé à la protéine Fe-S (l’autre électron donc), est utilisé
pour réduire la plastocyanine qui le transporte vers le photosystème I. Un deuxième électron passé au
cytochrome « b » est transféré au plastosemiquinone, enlevant encore des protons du stroma. Cette
auto récupération permet de transporter 6 protons à travers la membrane, augmentant le gradient
électrochimique et permettant de produire 1.5 ATP et pas 1 ATP.
Transport cyclique d’électrons et découplage des photosystèmes
Dans certaines conditions, le photosystème I peut être découplé du photosystème II, par exemple dans
la lumière infrarouge où le photosystème II est inactif (dès les 700nm, le photosystème II, fonctionnant
à 680nm, ne peut plus fonctionner).
Il peut y avoir un transfert d’électron de la ferrédoxine vers la plastoquinone via une enzyme. Ainsi, le
photosystème I est capable de produire de l’ATP par lui-même :
19
Daniel Rodriguez - 2019



Au lieu de réduire le NADP+, la ferrédoxine réduite est utilisée pour réduire la plastoquinone.
Cette réaction est catalysée par une enzyme postulée, la ferrédoxine-plastoquinone
oxydoréductase (toujours pas découverte donc)
Le résultat net de ce cycle est le transport des protons du coté stroma de la membrane des
thylakoïdes vers le coté lumen.
L’enzyme récupère les électrons normalement utilisé pour
former du NADPH donc pour faire un cycle d’électrons
permettant la synthèse d’ATP car chaque fois qu’on forme
la plastohydroquinone, on fait passer des protons à travers
la membrane.
En effet, on pense que le photosystème I est le système
initial évolutivement. La photosynthèse anoxygénique
des bactéries fonctionne ainsi seulement selon le
principe du transport cyclique des électrons. Donc la
photosynthèse anoxygénique ne produit qu’une force
proton-motrice. Le donneur d’électrons ultime n’est pas
l’eau, mais d’autres substances inorganiques comme le
H2S ou le thiosulfate.
Ce système primitif ne se retrouve maintenant presque
plus dans la nature, sauf chez des extrêmophiles proche
des fumeurs noirs, car le système aurait été « amélioré »
par le photosystème II permettant la photosynthèse
oxygénique. Notons que le système actuel PSII-PSI est
schématiquement très similaire à celui de la respiration
dans les mitochondries.
On peut voir sur l’image ci-contre la photosynthèse
anoxygénique tout en haut, la photosynthèse
oxygénique au milieu et la respiration dans les mitochondries en bas.
La synchronisation des photosystèmes
Comme la photosynthèse inclut deux photosystèmes à optimum et spectre d’absorptions différents,
un problème particulier se pose : si l’absorption d’énergie par les deux systèmes n’est pas identique,
l’un des deux, celui qui reçoit le moins d’énergie, est limitant et la photosynthèse devient sousoptimale.
Et dans la réalité, l’absorption d’énergie des deux photosystèmes n’est jamais la même car les
changements d’intensité et du spectre de la lumière sont quotidiens et mettent toujours un des deux
photosystèmes à l’avantage (passage d’un nuage devant le soleil, la pluie, la neige, l’angle des rayons
du soleil, …). Pourtant, on observe que le rendement quantique de la photosynthèse est presque
20
Daniel Rodriguez - 2019
indépendant de la longueur d’onde de la lumière. Cette observation
suggère qu’il existe un mécanisme pour partager l’énergie total des
photons absorbés également entre les deux types de
photosystèmes.
En effet, pour corriger cela, il existe un mécanisme pour partager
l’énergie totale des photons absorbés également entre les deux
types de photosystèmes.
Un autre problème est la surcharge d’énergie, si les antennes prennent trop de lumières, des processus
néfastes peuvent amener à l’apparition de radicaux libres destructeurs (en général, il y a trop de
lumière quotidiennement pour une plante qui ne serait jamais à l’ombre).
On mesure l’intensité lumineuse en microeinsteins, soit des micromoles de photons par secondes. En
été, le soleil donne 2000 microeinstein. En laboratoire, on estime qu’Arabidopsis a un optimum
d’intensité à 100 microeinsteins. Les photons excédentaires constituent un excès de lumière. La
protection contre l’excès de lumière se fait à plusieurs niveaux. La première défense est de dissiper
l’énergie comme chaleur via des mécanismes de suppression, ce qui est très efficace mais génère des
produits toxiques (superoxydes O2-, radicaux d’oxygènes, peroxyde d’oxygène H2O2, ...) très réactifs,
détruisant protéines et lipides des membranes (ce qui les rend moins fluides, moins flexibles). La
deuxième ligne de défense est donc la détoxification des produits néfastes. Si les systèmes de
traitements des déchets ne sont pas assez efficace, il y a endommagement de la protéine D1, qui attire
l’excès d’énergie sur elle et est ainsi détruite. Elle est ensuite soit réparées, soit synthétisée de novo. On
peut aussi réduire la taille de l’antenne s’il y a beaucoup de lumière, et inversement pour en capter plus,
car il y a beaucoup de mécanismes de régulation du nombre de LHC pour adapter la taille de l’antenne
en fonction de la lumière.
Le mécanisme qui permet de partager l’énergie totale des photons absorbée également entre les deux
photosystèmes est la synchronisation. La synchronisation se fait par une mobilité des « Light
Harvesting Complex », les antennes étant flexibles dans leur taille en fonction du nombre de LHC qui
les composent. La composition en LHC des antennes va donc varier en fonction de l’intensité et de la
qualité de la lumière.
Les complexes LHC II peuvent migrer dans la membrane des thylakoïdes et s’associer aux
photosystèmes II et aux photosystèmes I en fonction de leur état de phosphorylation (le nom LHCII est
donc à nouveau plutôt historique, car on les a identifiés d’abord dans les photosystèmes II, mais il y a
des conditions ou ils sont aussi dans les photosystèmes I).
C’est une enzyme kinase présente dans la membrane des thylakoïdes qui phosphoryle le LHCII
(initialement associé au photosystème II) et qui est activée par l’accumulation des
plastohydroquinones dans la membrane, une conséquence d’un excès d’excitation du photosystème
II par rapport au photosytème I.
La phosphorylation du LHCII a pour conséquence sa dissociation du photosystème II surexcité et un
certain nombre migre vers le photosystème I, ce shift des LCH rendant les antennes du photosystème
I plus grande, permettant une plus grande récolte d’énergie, et un équilibrage dynamique des activités
des photosystèmes et un flux d’électrons optimisés.
21
Daniel Rodriguez - 2019
En cas d’une accumulation de plastoquinone (pas réduite)
dans la membrane, ce qui indique que le photosystème II
n’est pas assez actif ou que le photosystème I est trop actif,
c’est une phosphatase membranaire qui fait l’inverse de la
kinase, enlève les phosphates des LHCII associés au
photosystème I qui retournent alors vers le photosystème II
pour rééquilibrer le système.
Donc les complexes LHCII fournissent de l’énergie au
photosystème II ou au photosystème I en fonction des
conditions de lumières. Les sous unités des antennes sont
capables d’interagir avec plusieurs protéines. Ainsi, ils
peuvent interagir avec le photosystème I et le photosystème
II.
Réactions sombres : utilisation de l’énergie
Les produits principaux de la phase des réactions lumineuses sont l’ATP, du
NADPH et de l’O2 (déchet pour la plante) et consomment de la lumière, de
l’eau, du NADP et de l’ADP+Pi. Les réactions sombres du cycle de Calvin
consomment l’ATP, le NADPH et fixe le CO2 (donc consomment du CO2)
pour produire du sucre et restituent les NADP et ADP + Pi utilisés au
préalable. En effet, la fixation du CO2 se fait par ce cycle de Calvin qui va
introduire cette molécule CO2 dans une molécule de sucre.
Les NADPH et ATP produits par la partie lumineuse, et par conséquent l’énergie capturée par les
photosystèmes, sont utilisés par beaucoup de processus du métabolisme, mais surtout pour
l’assimilation du carbone par le cycle de Calvin, utilisant ces composés et du CO2 pour produire de la
biomasse (sucres). Ces deux parties peuvent être séparées dans l’espace et le temps, on n’est pas
obligés de fixer les carbones en même temps que l’on capte des photons. Pendant la journée, quand
les conditions sont bonnes, l’énergie stockée est utilisée pour la fixation de CO2.
22
Daniel Rodriguez - 2019
Le cycle de Calvin
Le cycle de Calvin fixe du CO2 atmosphérique sous forme organique. Il contient en outre beaucoup
d’intermédiaire et d’enzymes dont nous n’entrerons pas trop dans les détails.
Le premier substrat est la Ribulose-1,5-bisphosphate, une molécule en C5, qui s’associe à un CO2, une
molécule en C1, lors de la carboxylation. Cette carboxylation est la réaction initiale et la plus
importante et permet de former DEUX 3-phosphoglycérates (3-PG), des molécules en C3. Cette
réaction est spontanée, catalysée par la Rubisco, nécessitant une molécule d’eau mais pas d’ATP ni de
NADPH provenant du cycle de lumière.
Pour les réactions suivantes, il faut en revanche de l’ATP et NADPH issus des réactions lumineuses pour
la réduction des deux 3-phosphoglycérates en deux glyceraldéhyde-3-phosphate (G3P), composés en
C3 dont une molécule peut être utilisée pour la synthèse de sucre et d’amidon (il faut donc 3 tour de
Calvin pour sortir un G3P, 6 tours pour un glucose).
Puis de l’ATP, encore une fois issue des réactions lumineuses, est utilisée pour régénérer, à partir des
molécules de G3P restantes, une Ribulose-1,5-bisphosphate.
Afin que la stœchiométrie soit respectée, on constate donc bien qu’il faut : 3 CO2 et 3 Ribulose-1,5BisP (3xC1 + 3xC5 = C18) donnant 6 3-PG (6xC3 = C18) donnant 6 G3P (6xC3 = C18), dont on retire 1
G3P pour la synthèse de sucre et d’amidon (C3), et on conserve 5 G3P (5xC3 = C15) pour régénérer nos
3 Ribulose-1,5-BisP initiales (3xC5 = C15). Il faut donc bien trois tours de cycle pour sortir un G3P (C3)
et six tours de cycles pour créer un glucose (C6).
La Rubisco – Ribulose-biphosphate Carboxylase/Oxydase
L’enzyme clé contrôlant le cycle de Calvin est la Rubisco, enzyme limitante faisant la carboxylation du
cycle de Calvin, qui se retrouve dans les chloroplastes (stroma notamment) bien qu’une partie de ses
composants soient codés dans le noyau (plusieurs protéines associées dans un complexe forment la
Rubisco, dont une partie est codée dans le chloroplaste et une autre dans le noyau). Ce sont surtout
23
Daniel Rodriguez - 2019
les sous-unités venant du noyau qui contrôle le complexe Rubisco (mélange de différents polypeptides
venant du noyau et des chloroplastes).
La Rubisco représente à peu près 40% des protéines totales d’une feuille, et est probablement la
protéine la plus abondante sur Terre.
La carboxylation de ribulose-1,5-bisphosphate est une réaction exergonique (l’équilibre est sur le côté
des produits). L’affinité de la Rubisco pour le CO2 est haute (suffisamment pour assurer la
carboxylation car les concentrations de CO2 sont faible dans l’atmosphère, encore plus dans une
cellule). Mais pourquoi il y a une concentration si basse de CO2 dans la cellule végétale ? C’est entre
autre pour crée un gradient de concentration constant en faveur de l’entrée du CO2 dans la cellule.
La Rubisco assure le passage de Ribulose-1,5-bisphosphate en 3-PG via une molécule intermédiaire à
6C très instable, qui reste en interaction avec l’enzyme (carboxylation). Cette molécule sera encore
hydrolysée par la Rubisco au moyen d’H2O pour donner les deux molécules de 3-PG (hydrolyse).
La carboxylation est l’étape limitante de tous les processus de la partie sombre de la photosynthèse.
Ce qui limite vraiment la photosynthèse est le fait que cette carboxylation entre en compétition avec
l’oxygénation. En effet, la Rubisco est une enzyme extrêmement conservée, ce qui traduit
normalement une bonne efficacité. Toutefois, elle a un inconvénient majeur de design : ses deux
activités, la carboxylase et l’oxygénase.
Ainsi, la Rubisco peut aussi fixer de l’oxygène plutôt que du CO2, créant du phosphoglycolate. Le cycle
de la photorespiration peut toutefois récupérer une partie du phosphoglycolate perdu pour le cycle de
Calvin.
24
Daniel Rodriguez - 2019
Il n’y a pas de moyen de supprimer la partie oxygénase. L’activité d’oxygénase est retrouvée chez
toutes les Rubiscos connues, mêmes ceux des bactéries autotrophes anaérobiques. CO2 et O2 sont
donc en compétition pour le même site actif, mais les Rubiscos des angiospermes assimilent le CO2 80
fois plus vite que l’O2. Néanmoins, la concentration d’O2 est beaucoup plus élevée que celle de CO2
dans une solution à l’équilibre avec l’air (ratio 600 : 1). En réalité, la carboxylation est aujourd’hui
seulement 3x plus fréquente que l’oxygénation.
Cet inconvénient est explicable évolutivement. La Rubisco est une vieille enzyme conservée ayant
évoluée dans des conditions anaérobies où le CO2 était beaucoup plus élevé qu’aujourd’hui (7000ppm
de CO2 et quasi absence d’O2, 200’000ppm d’O2 et moins de 100ppm de CO2 aujourd’hui). À l’époque,
l’affinité pour le CO2, 80 fois plus élevée que pour l’O2, était suffisant vu l’excès de CO2, donc c’est un
problème (la fixation de l’O2) qui ne fut pas contre sélectionné. Cependant, aujourd’hui, le taux
d’oxygène dû à l’activité des plantes a considérablement augmenté (durant la grande oxydation, le
CO2 fut consommé et de l’oxygène fut massivement produit). Aujourd’hui, les feuilles sont beaucoup
plus grandes pour capter un maximum du rare CO2, mais il y a toujours une affinité notable à l’oxygène
beaucoup plus présent. Une adaptation à cela aujourd’hui est le cycle de la photo-respiration, utilisant
une partie du phosphoglycolate. Mais pourquoi une Ribusco ne fixant pas l’oxygène n’est pas
sélectionnée plus qu’une autre aujourd’hui ? Probablement que, puisque la Rubisco est extrêmement
bien conservé, le moindre changement de celle-ci serait fatale. Ainsi, la « création » de la Rubisco fut
une révolution pour les plantes mais les chances qu’une nouvelle révolution apparaisse, permettant
d’éviter l’oxygénation, sont très faibles.
Les plantes en C4
Tout ce qu’on a vu ici était de la photosynthèse dite en C3. Mais il y a des alternatives, dont la
photosynthèse en C4, où le CO2 est initialement assimilé dans des acides dicarboxylique (C4) et non
en aldéhyde phosphoglycériques (C3), car il existe une deuxième enzyme capable de faire l’absorption
de CO2 et la carboxylation initiale dans les feuilles, la phosphoénolpyruvate carboxylase (PEPC).
La carboxylation de phosphoénolpyruvate (C3) par la PEPC produit de l’oxaloacétate (C4), qui est
encore transformé en malate (C4) par la malate déshydrogénase. Le malate est ensuite transporté du
mésophylle vers certains types de cellules. Chez certaines plantes C4, l’oxaloacétate est plutôt
transformé en aspartate.
Un inconvénient majeur du cycle C4 est que cette assimilation de CO2 par PEPC demande cette fois un
investissement énergétique fournit par de l’ATP, car elle utilise de l’acide carbonique plutôt que du
CO2 comme substrat, donc il faut de l’énergie pour transformer le CO2 en HCO3-.
Même si cette demande énergétique pourrait nous faire penser que c’est « moins bien que la
Rubisco », en réalité il s’agit bien d’une adaptation environnementale. D’abord, il y a une différence
25
Daniel Rodriguez - 2019
de substrat primaire : pour la Rubisco, il s’agit de CO2 gazeux, pour la PEPC, de CO2 dissout dans l’eau
pour donner du HCO3-, ce qui inhibe la compétition avec l’O2.
De plus, les feuilles des plantes en C4 ont la particularité morphologique de présenter au sein de leur
mésophylle une gaine perivasculaire autour des vaisseaux. Entre le mésophylle et la gaine se passent
un enchaînement de réactions qui constituent le cycle C4 :
1. Dans les cellules du mésophylle, la PEPC assimile le CO2 qui se retrouve finalement dans une
molécule de malate.
2. Le malate est transporté dans les cellules de la gaine périvasculaire.
3. Dans les cellules de la gaine périvasculaire, le malate est décarboxylé par l’enzyme malique.
4. Le CO2 formé par la décarboxylation du malate entre dans le cycle de Calvin qui a lieu dans
les cellules de la gaine périvasculaire, pendant que le pyruvate est transporté dans le
mésophylle, où il est encore transformé en phosphoénolpyruvate, qui peut de nouveau faire
un autre cycle.
Il y a une différenciation spatiale entre la récolte de photon et l’utilisation de CO2. L’absorption du CO2
se fait donc dans les cellules du mésophylle via la PEPC, qui le transforme en malate, qui est transporté
vers les cellules de la gaine périvasculaire, cellules accumulées autour du système vasculaire, où le CO2
est libéré et le cycle de Calvin à lieu. Le cycle C4 permet donc de séparer le cycle de Calvin et la
photorespiration. Grâce à la gaine périvasculaire, la plante augmente de façon locale et artificielle la
concentration de CO2 dans des cellules spécialisées, créant un environnement beaucoup plus
anaérobique (concentration « artificielle » de CO2 par la plante) supprimant l’activité d’oxygénation
de la Rubisco. Ceci a un véritable avantage énergétique sous certaines conditions.
Pour mieux voir les bénéfices du cycle C4, observons sa stœchiométrie :

Pour une C3 à Rubisco, le rapport carboxylation : oxygénation = 3 : 1.
Il y a fixation de 6 CO2 donnant 18 ATP et 12 NADPH
Consommation de 2 O2 donnant 1 ATP et 1 NADPH mais perte d’un CO2 !

Pour une C4 à PEPC et Rubisco, le rapport carboxylation : oxygénation (inexistante) = 1 : 0.
Il y a fixation de 6 CO2 PEPC donnant 12 ATP + 12 NADPH
Fixation de 6 CO2 Rubisco donnant 18 ATP et 12 NADPH.
En sommes, C3 : 19 ATP + 13 NADPH pour 15 CO2 : 57 ATP + 39 NADPH.
En sommes, C4 : 30 ATP + 24 NADPH pour 15 CO2 : 75 ATP + 60 NADPH.
26
Daniel Rodriguez - 2019
Ainsi, les plantes en C3 utilisent la photorespiration pour compenser une partie de la perte d’efficacité
due à l’oxygénation. Les plantes en C4 n’en ont pas besoin, mais utilisent bcp plus d’ATP et de NADPH
pour fixer le même taux de CO2. Il semblerait donc que le système C4 ne soit pas tant avantageux.
Mais en réalité, le rapport de fixation d’oxygène par rapport à CO2, qu’on avait fixé à 1:3, change en
fonction de la température. Plus il fait chaud, plus le taux de carboxylation diminue et l’oxygénation
devient plus fréquente, à tel point qu’à certaines températures, l’oxygénation peut devenir
prépondérante (4 ou 5 oxygénations pour 3 carboxylations). La méthode C4 est donc intéressante dans
les régions chaudes et humides, typiquement les tropiques, où la température rend la Rubisco peu
efficace.
Ainsi, en calculant à nouveau la stoechiométrie a une température plus élevée on a :

Pour une C3 à Rubisco, le rapport carboxylation : oxygénation = 3 : 2.
Il y a fixation de 6 CO2 donnant 18 ATP et 12 NADPH
Consommation de 2 O2 donnant 2 ATP et 2 NADPH mais perte de 2 CO2.

Pour une C4 à PEPC et Rubisco, le rapport carboxylation : oxygénation (inexistante) = 1 : 0.
Il y a fixation de 6 CO2 PEPC donnant 12 ATP + 12 NADPH
Fixation
de
6
CO2
Rubisco
donnant
18
ATP
et
12
NADPH.
En sommes, C3 : 20 ATP + 14 NADPH pour 12 CO2 : 60 ATP + 42 NADPH.
En sommes, C4 : 30 ATP + 24 NADPH pour 12 CO2 : 60 ATP + 48 NADPH.
En fait, les cultures de C4 sont globalement plus efficaces que les cultures C3, comme le montre le maïs
(C4) par rapport à du blé (C3) par exemple, même si cet avantage n’est que présent en culture à nos
latitudes nordiques.
Les plantes en C4 sont un exemple d’évolution convergente. Des considérations biotechnologiques
pensent donc qu’il serait possible d’introduire des gènes de C4 dans des plantes en C3 par génie
génétique.
On pourrait de plus se demander si cette adaptation est spéciale à certaines espèces rares. En réalité
non, la photosynthèse type C4 est assez répandue et on retrouve, dans la phylogénie des plantes des
C4, un peu partout. C’est une adaptation facile à mettre en place au niveau évolutif probablement car
toutes les plantes possèdent les enzymes nécessaires pour le faire. En effet, les modifications pour
passer d’une photosynthèse type C3 à C4 ne sont pas très grandes.
Un autre avantage des C4 est l’utilisation de moins d’eau, car la plante perd de l’eau lors de l’ouverture
des stomates pour acquérir les gaz, or la haute activité de la PEPC permet aux plantes C4 de garder
leurs stomates plus fermés, donc les plantes C4 perdent moins d’eau que les plantes C3 pour un taux
d’assimilation égale :



C3 : 250-300g d’eau pour 1g de CO2 assimilé
C4 : 100-150g d’eau pour 1g de CO2 assimilé
CAM : 150g d’eau pour 1g de CO2 assimilé (que nous n’avons pas abordé dans ce cours)
Il y a encore un autre système, les plantes en CAM, qui fixent du CO2 sur du malate la journée et ne
font la transformation que la nuit. On les trouve dans les déserts, où la conservation d’eau est
primordiale et où il faut donc garder les stomates fermées la journée (par exemple les cactus).
27
Daniel Rodriguez - 2019
2. Transport
Le développement d’une plante est beaucoup plus flexible que le développement d’un animal.
Cependant, la productivité de la photosynthèse et la croissance de la plante doit être intégrée dans
toute la plante ! Chaque cellule doit recevoir assez de nutriments pour rester vivantes. Une intégration
importante est faite au niveau du système vasculaire.
Ce système vasculaire permet la séparation du lieu de la photosynthèse de l’endroit où les nutriments
sont limitants pour la photosynthèse. Grâce au système vasculaire, la photosynthèse ne se fait que
dans les feuilles alors que l’exploitation du sol et l’absorption des nutriments se fait dans les racines.
Ainsi, on notera qu’il y a une communication entre xylème et phloème ! Sans l’évolution de ce système,
les plantes n’auraient pas été capables de conquérir la surface terrestre (il n’y aurait eu que des
mousses). Ces plantes sont nécessaires à la survie des animaux car sont à la base de la chaîne
alimentaire (c’est donc grâce à l’invention de ce système que les animaux existent !).
Ces derniers temps, il y a une tendance d’anthropomorphisé les plantes et cela a beaucoup de succès
(livre sur la communication entre plante, parallèle douteux entre le système sanguin et lymphatique
de l’homme avec le système du phloème et du xylème de la plante, …). Cependant, ce n’est pas très
scientifique et ce sont souvent des non spécialiste (chimiste, géologue et autres) qui font ce genre de
parallèle.
Il est important de noter que les plantes sont différentes de l’homme !! Parfois, il est vrai qu’il existe
des héritages génétiques entre plante et animal cependant, pour reprendre l’exemple du système
lymphatique et sanguin, les deux organismes sont différents ! Chez l’homme, il existe des pompes tel
que le cœur et les des micro-pompes pour la lymphe mais, chez la plante, aucune pompe n’existe et
tout mouvement est fait par processus physique. Une autre différence majeur est le faite que le
système humain est un système complétement fermé (si je me coupe la gorge, je meurs) mais pas chez
la plante (lui couper une branche ne l’a tuera pas, même si ces vaisseaux de xylème et phloème sont
ouvert). Pour finir, il n’existe pas de système de rejet des déchets chez la plante car rien n’est vraiment
déchet (même l’oxygène peut être utilisé pour l’oxygenation même si, comme vu, ce n’est pas top).
Xylème et Phloème
Beaucoup de nutriments sont requis pour bâtir une plante et proviennent du sol (magnésium,
phosphate, nitrate, ...). Ils sont transmis par le xylème, qui se charge de transporter l’eau, les éléments
minéraux et certains métabolites (amides, uréides, ...) de la racine aux organes aériens. Le flux dans le
xylème est unidirectionnel, de la racine vers les ultimes ramifications du xylème dans les feuilles.
Le phloème transporte lui de l’eau contenant les sucres produits par les cellules photosynthétiques,
ainsi que certains métabolites (acides aminés, phytohormones, ...), transportés des tissus qui en
produisent un surplus aux tissus qui ont besoin des produits de la photosynthèse (normalement les
jeunes feuilles et la racine). Le flux dans le phloème peut être bidirectionnel dans le même faisceau
conducteur. Les deux systèmes sont interdépendants et nécessaires (on ne peut pas avoir de phloème
sans xylème, même si on les différencie ils sont dépendants).
28
Daniel Rodriguez - 2019
Le transport dans le xylème
Le potentiel hydrique
L’eau limite la productivité végétale. En effet, la productivité de la plante
dépend énormément de l’eau à disposition, avec un maximum de
productivité (où l’eau n’est donc plus limitante) lorsque la courbe du
graphique atteint un plateau.
Le transport de l’eau sur de longues distances est entraîné par le potentiel hydrique. L’eau suit des
gradients de concentration mais aussi des gradients de pressions. C’est la somme des gradients de
concentration et des gradients de pression qui décide la direction du mouvement. Les différentes
forces qui déterminent quelle route l’eau suit dans la plante sont unies dans un concept intégratif que
l’on nomme le potentiel hydrique. Le potentiel hydrique est une mesure de l’énergie libre de l’eau par
unité de volume (J/m3). Cette unité est équivalente à la pression et donc peut être exprimée en Pascal
(Pa).
Le potentiel hydrique Ψw dans les plantes est déterminé par la somme de 3 facteurs principaux :
-
-
Le potentiel osmotique Ψs, qui représente l’effet des molécules dissoutes dans l’eau sur le
potentiel hydrique (les molécules dissoutes réduisent l’énergie libre de l’eau).
La pression hydrostatique Ψp, qui est la pression de l’eau à un endroit donné en référence à
l’eau à température et pression ambiante (par exemple la turgescence d’une cellule crée une
pression hydrostatique dans la cellule).
Le potentiel de gravité Ψg, qui est responsable du mouvement de l’eau vers le sol et dépend
de la hauteur de l’eau par rapport à une référence, de sa densité et de son accélération causée
par la gravité  au niveau cellulaire, Ψg est négligeable, mais au niveau de l’organisme, il est
important : la différence entre deux volumes d’eau avec un écart vertical de 10m est de
0.1MPa, soit 1 atmosphère. C’est le facteur limitant dans la croissance des arbres.
Plus en détail, le potentiel hydrique d’une solution d’eau pure dans les conditions ambiante de
température et pression est par définition de 0. Le potentiel hydrostatique = différence entre pression
29
Daniel Rodriguez - 2019
de l’eau et pression ambiante = 0. Le potentiel osmotique, en l’absence de molécules dissoutes est de
0 également. Le potentiel de gravité est aussi de 0. Ainsi, le potentiel hydrique = Ψw = Ψs + Ψp + Ψg =
0.
En y ajoutant du 0.1M de sucrose, on a un potentiel osmotique négatif, comme l’est au final le potentiel
hydrique : Potentiel hydrostatique = 0. Potentiel osmotique, en présence de 0.1M saccharose à
température ambiante = -0.244 MPa. Potentiel de gravité = 0. Donc le potentiel hydrique = -0.244 MPa.
L’eau
suit
un
gradient
de
potentiel
hydrique
pour
rétablir
l’équilibre.
On transfert une cellule dans une solution de sucrose moins concentrée que l’intérieur de la cellule. La
cellule, flaccide sans turgescence, a une concentration de molécules dissoutes de 0.3M, alors que la
solution à une concentration de molécules de saccharose dissoute de 0.1M. On a donc les potentiels
suivants (les potentiels de gravités sont toujours nuls ici) :
-
Pour la cellule, Potentiel hydrostatique = 0MPa, Potentiel osmotique = - 0.732 MPa, Potentiel
hydrique = - 0.732 MPa.
Pour la solution, Potentiel hydrostatique = 0MPa, Potentiel osmotique = - 0.244 MPa, Potentiel
hydrique = - 0.244 MPa.
L’écart du potentiel hydrique entre la cellule et la solution au début : 0.488MPa  l’eau suit le gradient
de potentiel hydrique, du plus positif au moins positif  de l’eau passe de la solution à la cellule.
Une fois l’équilibre atteint (en supposant que les changements des volumes de la cellule et de la
solution soient négligeables et que le plasmalemme ne soit pas perméable au saccharose) :
-
Le gradient de potentiel hydrique entre la solution et la cellule = 0 (les deux sont à - 0.244)
Le potentiel osmotique de la solution reste – 0.244 MPa
Le potentiel osmotique de la cellule reste – 0.732 MPa
Pour atteindre l’équilibre, c’est la pression hydrostatique de la cellule qui augmente de 0 à
0.488 MPa, ce qui implique la turgescence de la cellule.
Soit on transfert la cellule en turgescence dans une solution de saccharose de potentiel osmotique
égale à celui de l’intérieur de la cellule, une solution de 0.3M de sucrose. On a donc les potentiels
suivants :
-
Pour la cellule en turgescence, Potentiel hydrostatique = 0.488 MPa, Potentiel osmotique = 0.732 MPa, Potentiel hydrique = - 0.244 MPa.
Pour la solution, Potentiel hydrostatique = 0MPa, Potentiel osmotique = - 0.732 MPa, Potentiel
hydrique = - 0.732 MPa.
L’écart du potentiel hydrique entre la cellule et la solution au début : - 0.488MPa  l’eau suit le
gradient de potentiel hydrique, du plus positif au moins positif  de l’eau passe de la cellule à la
solution.
30
Daniel Rodriguez - 2019
Une fois l’équilibre atteint (en supposant que les changements des volumes de la cellule et de la
solution soient négligeables et que le plasmalemme ne soit pas perméable au saccharose) :
-
Le gradient de potentiel hydrique entre la solution et la cellule = 0 (les deux sont à - 0.732)
Le potentiel osmotique de la solution reste – 0.732 MPa
Le potentiel osmotique de la cellule reste – 0.732 MPa
Pour atteindre l’équilibre, c’est la pression hydrostatique de la cellule qui diminue de 0.488 à
0 MPa, ce qui implique la perte de la turgescence de la cellule.
Dans les conditions naturelles, c’est donc l’écart entre les potentiels hydrique du sol et de l’atmosphère
qui entraîne le transport dans le xylème, les potentiels hydriques étant plus positifs en bas de la plante
et plus négatif en haut de la plante, et le déplacement d’eau se faisant du plus positif au plus négatif.
Pour le transport, la plante n’a rien à faire sauf construire de longs tubes suffisamment résistant pour
supporter la pression négative. On peut voir sur le tableau que le potentiel hydrique est déjà un peu
31
Daniel Rodriguez - 2019
négatif car les racines n’absorbent pas de l’eau pure mais de l’eau avec des nutriments ce qui diminue
le potentiel.
Cette différence de potentiel entre le haut et le bas de la plante ne semble pas être énorme.
Cependant, il est important de rappeler que l’on parle de méga pascal ! Les vaisseaux de la plante
doivent donc être très résistants pour résister à une telle pression. Ce qui est important de comprendre
c’est que, malgré le fait que l’atmosphère possède une bonne quantité d’eau, elle se retrouve très
diluée et le gradient d’osmotique entre l’atmosphère et la plante est énorme. La plante perd ainsi
beaucoup d’eau par rapport à tous ce qu’elle prend (comme le montre les chiffres plus haut).
C’est donc bien un processus uniquement physique : la plante peut réguler le flux d’eau entrant grâce
aux stomates mais elle ne peut contrôler le faite qu’elle perde de l’eau.
Pour finir, nous savons que la gravité est négligeable au niveau de la cellule mais pas au niveau de
l’organisme. Au bout d’un moment, la gravité, possédant un potentiel positif, va tout simplement
annuler le potentiel hydrique négatif bien que celui-ci augmente avec la hauteur de la plante. Arrivé
en haut, les deux contributions sont nul et l’eau ne peut plus monter : la taille de l’arbre est donc limité
par la gravité.
Le transport dans le phloème
Des organes sources aux organes puits
Contrairement au transport d’eau et des éléments minéraux dissous dans le xylème, qui est
unidirectionnel de la racine aux feuilles, le transport des produits de la photosynthèse et d’autres
métabolites dans le phloème est plus complexe car il peut changer d’orientation en fonction des
conditions physiologiques.
En général, le transport dans le phloème va des organes qui ont un surplus des produits de
photosynthèse (organes sources) aux organes qui en manque (organes puits). Les organes sources sont
normalement les feuilles matures. Les organes puits sont les jeunes feuilles, les bourgeons, les racines,
les organes d’entreposage.
Le transport dans le phloème peut donc être bidirectionnel, selon les conditions physiologiques et
environnementales. Selon le développement, des organes puits peuvent devenir des organes sources,
et vice versa.
Il y a une préférence des organes sources pour certains organes puits selon des facteurs
morphologiques. En général, les organes sources fournissent préférentiellement les organes puits les
32
Daniel Rodriguez - 2019
plus proches et avec lesquels elles ont le plus de connexions vasculaires : dans le cas des feuilles
sources, ce sont les feuilles du même côté de la tige. Ainsi une expérience prenait une feuille source
qui était traitée avec du CO2 radioactif intégré assez rapidement dans les sucres produits par la
photosynthèse dans cette feuille. On retrouve ensuite ces sucres dans les jeunes feuilles, qui sont des
organes puits, mais préférentiellement dans celles qui sont du même côté de la tige que la feuille
source. Ceci montre qu’il y a des connexions préférentielles.
Dans une deuxième expérience, si les autres feuilles sources sont coupées et qu’on ne laisse que la
feuille source marquée radio-activement et les feuilles puits, on retrouve les sucres radioactifs dans
toutes les jeunes feuilles puits. Ceci montre que la distribution des métabolites des sources peut
s’adaptée rapidement et automatiquement aux conditions changées. C’est une sorte de système
autorégulé.
Une 3e expérience consiste à appliquer le marqueur radioactif à des feuilles de plus en plus jeunes. 24h
plus tard, la distribution du marqueur est visualisée par autoradiographie, pour voir que ce sont les
feuilles les plus proches et les mieux connectées qui reçoivent le plus le marqueur, et que les feuilles
plus âgées diffusent plus que les feuilles très jeunes.
Une 4e consiste à illustrer la transition d’une feuille du statut de organe puit à organe source pendant
son développement en appliquant le CO2 radioactif à la feuille pendant 2h à différentes étapes de son
développement. La distribution du sucre marqué est visualisée par autoradiographie 24h plus tard. On
constate que les feuilles jeunes n’ont presque pas de sucre radioactif car ne produisent pas encore de
sucre par photosynthèse (feuilles puits), mais qu’elles en contiennent de plus en plus à mesure qu’elles
vieillissent / qu’elles commencent à faire de la photosynthèse (feuilles sources).
Les cellules criblées et les cellules compagnes
Le phloème et le xylème ne sont pas composés des mêmes cellules ! Le bois, par exemple, n’est
composé que de xylème, possédant des cellules très robustes constitué essentiellement de lignine
dont beaucoup d’organisme en raffole (une des raisons pour lesquels le bois est résistant). Il est
important de noter que ces cellules ne sont pas vivantes ! Ce n’est même pas une apoptose, les
vaisseaux sont tous simplement vide.
Les vaisseaux de phloème sont composés de cellules criblées, qui sont vivantes mais profondément
modifiées (sans noyau, sans tonoplaste, sans microfilaments, sans microtubules, sans Golgi ni
ribosomes ...), mais possèdent encore quelques mitochondries et plastes, peu nombreux et modifiés
également (on peut les considérer comme des cellules zombies).
33
Daniel Rodriguez - 2019
Les parois des tubes criblés sont garnies des plages cellulosiques perforées, les cribles, qui permettent
les connexions cytoplasmiques entre deux cribles superposés. Les cellules criblées sont les seules
cellules conductrices de phloème.
Notons que la disposition des cellules cribles chez les angiospermes est plus complexe que chez les
gymnospermes. C’est probablement une des raisons qui explique la grande supériorité numérique tant
en nombre d’individu qu’en nombre d’espèce.
Les cellules criblées sont toutefois assistées par des cellules compagnons, connectées à elles par des
plasmodesmes via lesquels elles fournissent des protéines notamment. Les cellules compagnes se
développent en même temps que les cellules criblées : une paire cellule criblée - cellule compagnon
vient d’une division de la même cellule parentale.
Les cellules compagnes sont des cellules vivantes qui contiennent tous les organelles. Ses tâches sont :



Le transfert des produits photosynthétiques aux cellules criblées
Fournir de l’énergie
Exécuter des fonctions cellulaires perdues par les cellules criblées.
Le transport n’est pas cyclique. Le (dé)chargement des cellules criblées peut se faire par l’apoplaste ou
par le symplaste. Le sucre doit entrer depuis les feuilles. Le sucrose peut entrer dans les cellules
compagnes/criblées via le symplaste ou l’apoplaste. La voie utilisée dépend de l’espèce ; la
combinaison des deux voies dans la même plante est aussi possible.
Le sucre est produit dans les cellules du mésophylle (parenchyme palissadique) et circule dans cellesci. Le transfert des sucres du parenchyme palissadique au parenchyme lacunaire et en leur sein se fait
34
Daniel Rodriguez - 2019
généralement de façon symplastique, via des plasmodesmes, à cause de différences de concentration,
de cellule en cellule. Lorsque le sucrose arrive à proximité du phloème toutefois, il y a deux possibilités.
Dans la voie apoplastique, le sucre est exporté activement dans un apoplaste avant d’être importé
dans la cellule compagne qui les transfère à la cellule criblée. Dans la voie symplastique, tout se fait via
des plasmodesmes, le sucre passant par des plasmodesmes du parenchyme vasculaire aux cellules
compagnes, puis par des plasmodesmes des cellules compagnes aux cellules criblées.
Le mécanisme de translocation dans le phloème : le mouvement en masse
Cela fait seulement 2 ans que l’on est sûr que le mécanisme de translocation de la sève élaborée dans
le phloème est un mouvement de masse. Pour des molécules de glucose dans une solution d’eau, la
diffusion sur une courte distance est rapide, mais sur des distances un peu plus grandes, la vélocité de
diffusion ne marche pas (32 ans par mètre). Or la vélocité des molécules de sucre dans le phloème est
beaucoup plus grande, de 0.3 à 1.5 mètre par heure. C’est beaucoup trop rapide pour que ça se fasse
par simple diffusion.
On a utilisé des molécules fluorescentes et des microscopes confocales permettant de voir l’intérieur
des organes de manière non invasive, et on a pu voir la disparition de la molécule fluorescente de
l’endroit où on l’a chargée et elle se retrouve plus loin dans la feuille. Et ça passe en vrac, comme du
pétrole dans un pipeline, pas en un mouvement continue de diffusion. Toutes les molécules bougent
ensembles en même temps.
L’hypothèse du mouvement de masse de la sève fut donc élaborée, probablement mis en mouvement
par un gradient de pression. On parle de mouvement de masse car la sève élaborée est déplacée en
masse, ce qui signifie que l’eau et les substances dissoutes circulent toutes à la même vitesse. On
suppose que c’est un gradient de pression qui provoque ce mouvement car un gradient de pression
est établi entre organes sources et organes puits à cause d’un gradient de potentiel osmotique. Le
gradient de potentiel osmotique a pour conséquence un gradient de pression parce que les parois des
cellules limitent l’expansion du volume cellulaire. Ainsi, pour contrebalancer le potentiel osmotique
plus bas, la pression de turgescence augmente. La cause du gradient de potentiel osmotique entre
organes sources et organes puits est l’import de sucre dans les cellules criblées des organes sources et
l’export du sucre des cellules criblées des organes puits.
35
Daniel Rodriguez - 2019
Le mécanisme de translocation du phloème permet le transport contre le gradient de potentiel
hydrique.
Organe source :
-
Du sucre produit par les cellules du parenchyme est importé par les cellules compagnes, qui le
transfert aux cellules criblées.
À cause de l’import du sucre, le potentiel osmotique des cellules criblées diminue, et par
conséquence le potentiel hydrique aussi.
Éventuellement, le potentiel hydrique dans les cellules criblées est plus bas que dans le xylème
voisin.
Par conséquence, de l’eau passe du xylème aux phloèmes et la pression de turgescence dans
les cellules criblées monte.
Organe puits :
-
Le sucre arrivant de l’organe source est transféré des cellules criblées aux cellules du
parenchyme, en passant par les cellules compagnes.
À cause de l’export du sucre, le potentiel osmotique des cellules criblées augmente, et par
conséquence le potentiel hydrique aussi.
Éventuellement le potentiel hydrique dans les cellules criblées est plus haut que dans le xylème
voisin.
Par conséquent, de l’eau passe du phloème aux xylèmes et la pression de turgescence dans les
cellules criblées diminue.
On a donc bien un gradient de pression (de turgescence) établit entre les organes sources (plus positif)
et les organes puits (plus négatifs), et par conséquent le phloème se déplace de l’organe source à
l’organe puit.
Xylème et phloème sont à coté l’un de l’autre. Il n’y a pas beaucoup de couche entre eux, voire pas du
tout. Il est donc impossible d’obtenir des cellules isolées du phloème ou de xylème, car ces cellules
36
Daniel Rodriguez - 2019
sont reliées par le cycle de l’eau donc sont toujours proximales. Ainsi, on comprend pour l’on dit que
le phloème et le xylème sont interdépendant.
Le différentiel de pression entre organe source et organe puit est assez important pour que le transfert
puisse se faire en continue sans intermédiaire. Mais dans le transport de phloème, la plante doit
investir de l’énergie.
De nombreuses controverses existaient sur ce gradient de pression car de nombreux biophysiciens
considéraient impossible qu’un tel système fonctionne. Cependant, des études publier récemment
montre que ce gradient serait suffisamment fort pour transporter le phloème même dans les grandes
plantes. Ces travaux ont été compliqués à mettre en place car la nanotechnologie nécessaire devait
pouvoir prendre des mesures précises et en tout temps de la pression en chaque endroit de la plante.
37
Daniel Rodriguez - 2019
3. Hormones et génétiques
Identification des phytohormones
Les hormones, qui vient du mot grec pour « exciter », peuvent être définies comme une molécule
produite quelque part et subissant un déplacement pour pouvoir agir en un lieu autre que son lieu de
synthèse.
Pour les phytohormones, c’est légèrement différent car les phytohormones
peuvent avoir un effet local. En effet, si beaucoup de phytohormones sont
transportées et accumulées à certains endroits, elles agissent sur le lieu
d’action, pouvant ainsi avoir un effet sur l’organe qui l’a synthétisé (hormone
autocrine). Donc les phytohormones ne sont pas des hormones dans la
définition animale du terme.
Il y a diverses phytohormones classiques dont les familles : auxines,
gibbérellines, cytokinines, acide abscissique, éthylène, et les plus récentes :
brassinostéroïdes, jasmonates, acide salicique, strigolactones.
Deux d’entre elles sont essentielles :


L’auxine (seul dans sa famille)
Les cytokinines (plusieurs cytokinines existent)
Sans ces deux phytohormones une plante ne peut pas exister (on n’a jamais trouvé un mutant ne
faisant pas d’auxine ou pas de cytokinine qui soit viable pour l’instant, alors que pour les autres on à
des mutant non-healthy mais vivants).
Il y a une multiplicité des effets chez les hormones végétales. Chaque famille d’hormone influence
toute une série d’évènements du développement et chaque événement peut être sous l’influence de
plusieurs familles d’hormones, typiquement à cause de synergismes. La synergie est un type de
phénomène par lequel plusieurs facteurs agissant en commun ensemble créent un effet global ; un
effet synergique distinct de tout ce qui aurait pu se produire s'ils avaient opéré isolément, que ce soit
chacun de son côté ou tous réunis mais œuvrant indépendamment. Il y a donc l'idée d'une coopération
pour crée de nouveau effet impossible sans elle.
Ainsi, on retiendra que :


Chaque famille d’hormones influence toute une série d’événements du développement
Chaque événement peut être sous l’influence de plusieurs familles d’hormones
38
Daniel Rodriguez - 2019
Notons de plus qu’il existe aussi des
différences dans les distances parcourus
par les phytohormones : certaines sont
mobiles sur des courtes distances et
d’autre sur des longues distances. Des
protéines telles que la DTX50, l’ABCG25 ou
encore la NPF3 sont capable de transporter
les hormones en les introduisant dans la
sève élaborée pour qu’elles voyagent le
long de la plante.
On a, difficilement, isolé chimiquement chaque hormone. La dernière fut, en 1979, les brassinolides,
qui ressemble à des stéroïdes mais ne fonctionnent pas de cette manière (manger de la moutarde ne
nous donnera pas de muscles). Si on donne des brassinolides à une tige de haricot, on va la faire
grandement croître à tel point qu’elle se désintègre presque par surcroissance. Les brassinolides ont
donc un rôle dans la croissance, dans l’allongement des plantes.
L’isolation chimique était dure car ces phytohormones sont vraiment peu importantes en quantité. On
a typiquement récupéré du pollen en forçant les abeilles à passer par de petits trous (trous très petit
laissant tous juste les abeilles entrer dans la ruche les forçant ainsi a « racler » le pollen) enlevant leur
pollen pour rentrer à la ruche, et sur 40kg de pollen récolté, on n’a récupéré que 4mg de brassinolide
(il a fallu broyer, centrifuger, solvater, ... pour isoler une fraction active minime).
On voit ici les limites des techniques de biochimie dans l’analyse du développement :
-
-
La physiologie des plantes, c’est à dire les voies métaboliques et leurs relations et interactions,
était éclairée par l’étude des molécules métaboliques et l’isolation biochimique des enzymes
qui catalysent les réactions de transformation.
Par contre, le contrôle du développement est difficile à caractériser par la biochimie a priori :
o Même si les processus du développement changent à la fin la structure des cellules et
donc leur métabolisme, les cibles primaires dans ces changements ne sont pas
connues.
o La part des protéines régulatrices parmi les protéines totales d’une cellule est faible,
normalement inférieur à 1%, donc les facteurs régulateurs individuels sont difficiles à
isoler directement.
o Contrairement aux enzymes du métabolisme, qui ont une activité plus ou moins
définie qui peut être testée in vitro, souvent on ne sait pas quelle activité attendre des
facteurs qui contrôlent le développement et il n’existe pas de système facile pour
vérifier leur activité, car ils ne fonctionnent que dans l’ensemble d’un organisme.
39
Daniel Rodriguez - 2019
Mutagenèse et organismes modèles
Arabidopsis thaliana
La technique de choix chez les biologistes du développement est la mutagenèse : casser une pièce pour
voir ce qui ne marche plus dans l’organisme. Il y a un intérêt à faire de telles recherches pour la
nourriture, la compréhension et le plaisir. On utilise pour cela des organismes modèles, dont les
principaux de la biologie végétale sont le maïs (plante C4), le tabac, le riz, et bien sûr Arabidopsis
thaliana.
Le cycle de vie d’Arabidopsis thaliana est le suivant : une plante adulte produit un embryon, qui après
l’embryogenèse devient une graine. Une fois la graine planté, elle va germiné et devient une plantule
produisant une rosette basale en phase végétative. Ensuite, en phase reproductive, une tige et des
fleurs seront formées avec des graines dans les fleurs (après fécondation des fleurs) et le cycle
recommence.
Les principaux atouts d’Arabidopsis sont :
-
Un cycle de vie court (4-6 semaines)
Une petite taille
Une anatomie simple
Un petit génome (environ 120 Mb, environ 35'000 gènes)
Vrai diploïde
Mutagenèse facile
Création de plantes transgéniques facile
Reproduction principalement par autofécondation
Beaucoup de phénotypes d’intérêts peuvent être observés chez la jeune
plante
On connait de plus relativement bien aujourd’hui son génome (la majeure partie demeure toutefois
non-classifiée, puis vient le génome responsable du métabolisme, puis de la transcription, de la
croissance/division cellulaire et synthèse d’ADN, puis les mécanismes de défenses / réparation /
vieillissement / mort de la cellule, puis la communication cellulaire et la transduction des signaux, puis
la destination des protéines, puis le transport intracellulaire, la biogenèse cellulaire, les transports
facilités, l’énergie, la synthèse de protéines, et finalement l’homéostasie des ions)
40
Daniel Rodriguez - 2019
Il existe de plus un polymorphisme, une variation naturelle génétique (standing natural variation) chez
Arabidopsis, due aux mutations spontanées. Il est possible de rendre un gène plus fonctionnel ou de
le faire travailler différemment. On parle alors de pangénome. C’est une source de variation.
Le pangénome décrit la gamme complète de gènes dans une espèce. Il s'agit d'un sur-ensemble de
tous les gènes de toutes les souches d'une espèce. L'importance du pangénome se pose dans un
contexte évolutif
(C’est une telle variation naturelle qui a permis à Mendel de découvrir les lois de la génétique classique.
Les sept mutations des cultivars de haricots de Mendel sont des mutations spontanées, ayant eu lieu
par hasard, et dont Mendel a fait l’analyse quantitative. Il y avait ainsi les graines rondes ou ridées,
jaunes ou vertes, les fleurs violettes ou blanches, les gousses vertes ou jaunes, gonflées ou ridées, les
fleurs terminales ou axiales, les tiges longues ou courtes. Elles lui ont notamment permis de mettre en
évidence les mutations récessives et dominantes. Certaines mutations désactivent le gène (perte de
fonction), d’autres le rendent hyperactif ou lui donne une nouvelle fonction (gain de fonction). Certaines
fois le phénotype mutant est récessif et n’est observé que chez les individus homozygotes [1/4, surtout
perte de fonction], d’autres fois le phénotype mutant est dominant et est observé que chez les individus
homozygotes [1/4] et hétérozygotes [2/4, surtout gain de fonction])
Cependant il existe une gamme restreinte de mutants dans la nature car il y a une contre-sélection, la
sélection pour la survie, ainsi beaucoup de mutants ne sont pas viables dans la nature. Mais on l’a dit,
la technique de choix des biologistes du développement est la mutagenèse. La solution pour
comprendre la génétique du développement consiste en effet à l’exploitation génétique par la
mutagenèse et l’analyse détaillée des mutants : on prend la voiture, on casse une pièce, et on regarde
ce qui ne marche plus ; si on casse assez de voitures en cassant des pièces individuelles différentes, on
arrive à comprendre comment fonctionne un moteur. Ici, on désactive un gène d’un type sauvage par
mutagenèse afin d’obtenir un mutant, qui par exemple ne fait pas de racine. On en conclu donc que
notre mutagenèse a désactivée un élément nécessaire à faire des racines.
La mutagenèse chez les plantes se fait à deux niveaux : sur le pollen et sur les graines. Un pollen muté
va créer un hétérozygote de mutation en pollinisant une plante, qui va produire des graines m1 qui
produisent des plantes m1, dont l’autopollinisation produit des graines m2 et des plantes m2 mutantes.
Ou alors une graine mutée produit directement une plante m1 dont l’autopollinisation produit des
graines et plantules m2 mutantes.
La
mutagenèse
chez
Arabidopsis
41
Daniel Rodriguez - 2019
On pratique une mutagenèse sur graines, ce qui touche la douzaine de cellules souches d’Arabidopsis
dans le méristème apicale colinéaire. Par hasard, un gène dans une cellule du méristème est
mutagénisé, c’est à dire qu’une des deux copies du gène est désactivée. La mutation est présente dans
un état hétérozygote. La germination permet le développement de la graine en plantule, qui forme
une plante m1. Si la cellule méristématique mutée et ses cellules filles forment une inflorescence plus
tard, les cellules de cette inflorescence porteront la mutation de façon hétérozygote. Quand les fleurs
de cette inflorescence forment les oosphères et le pollen, la moitié de chacune de ces cellules
germinales portent la mutation. Pendant l’autofécondation, les cellules germinales sont recombinées
au hasard. Dans un quart des cas se rencontrent une oosphère et un pollen qui portent les deux la
mutation. La plantule alors formée lors de cette fécondation est homozygote pour la mutation.
La mutagenèse chez Arabidospis peut rencontrer des problèmes : si la mutation ne donne que des
feuilles, on perd la mutation ; si la mutation ne permet pas à la plante de bien survivre, on garde les
sœurs hétérozygotes pour refaire des mutants.
On peut maintenant créer des mutant de manière systématique et à haut débit. Mais on veut
aujourd’hui savoir qu’est-ce qui exactement a été muté. On a un mutant qui existe mais on ne sait pas
exactement ce qui la créé, quel gène a été modifié.
L’identification d’une mutation par cartographie génétique a comme principe de suivre la
recombinaison. C’est un moyen de déterminer la distance entre deux gènes individuels. Il faut avoir
différentes variations entre ces deux gènes pour qu’on ait les moyens de les compter. La
recombinaison devient de moins en moins probable lorsque les gènes sont proches (on a seulement
besoin de déterminer les différents allèles mutant sur un gène).
42
Daniel Rodriguez - 2019
Le cas classique était difficile à faire et prend du temps à réaliser. On a deux souches d’Arabidopsis
légèrement différentes l’une de l’autre par polymorphisme d’ADN, disons 11 paires de bases
différentes. On insère un marqueur qui permet de faire la cartographie. On prend une de nos deux
souches naturelles, celle dans laquelle on fait la mutagenèse et où on isole une mutation spécifique
récessive homozygote mm, et on la croise avec une autre souche double dominant WT MM. Toutes
les descendants F1 sont hétérozygotes Mm. Par autofécondation, on récolte une deuxième génération
F2 où la recombinaison du matériel génomique, dont la mutation, a lieu. On a une ségrégation en F2
d’1/4 des mutants double récessifs mm. On isole de l’ADN de tous les F2 (des centaines voire milliers
de descendants en laboratoire), et on regarde les marqueurs permettant de distinguer l’ADN des
parents à certains endroit pour toutes les plantes à ces endroits. On peut ensuite par exemple voir que
la mutation m est toujours marquée L-er dans la région de polymorphisme d’ADN 2, jamais marquée
Col, alors que pour les régions polymorphiques d’ADN 1 et 3 les marqueurs L-er et col sont présent. Le
polymorphisme d’ADN 2 est donc plus proche de la mutation que le 1 ou le 3. En cherchant les
marqueurs proches de notre mutation, on identifie ainsi la localisation de la mutation.
Notons que différents mutagènes ont différents effets.
Les brassinostéroïdes
Quelques remarques sur la nomenclature
Au niveau de la nomenclature, on donne le plus souvent des noms liés au phénotype apparent chez le
mutant (le gène WEREWOLF, une fois muté, augmente le nombre de poils racinaires). Chez les plantes :
-
-
WEREWOLF, WER : le gène sauvage fonctionnel s’écrit en Majuscule et italique.
werewolf, wer-1 : le gène mutant s’écrit en italique minuscule, souvent complété d’un numéro
référant à l’allèle muté car on a souvent plusieurs mutations différentes qui rendent le gène
non-fonctionnel.
WEREWOLF, WER : la protéine sauvage fonctionnelle pareil, Majuscules mais sans italique.
werewolf, wer-1 : la protéine mutante, minuscule sans italique
WER:WER ou WER::WER : transgène, partie codante de WER sous contrôle du promoteur de
WER
MP:WER ou MP::WER : transgène, partie codante de WER sous contrôle du promoteur de MP
43
Daniel Rodriguez - 2019
-
WER::WER-GFP : transgène, partie codante de WER fusionnée avec GFP, sous contrôle du
promoteur de WER.
Les phytohormones brassinostéroïdes
Voyons un exemple : la caractérisation moléculaire de la perception de brassinostéroïdes par les
mutants, qui a une action même avec une picomole. Les brassinostéroïdes empêchent la croissance
des racines. Dans l’étude, ils ont identifié des mutants résistant aux brassinolides, qui ne sont pas
capables de percevoir la brassinolide même à des concentrations élevées, et ils cherchent à trouver le
gène de résistance au brassinostéroïde.
Il y avait en fait toute une gamme de mutants. La partie aérienne du mutant résistant aux
brassinostéroïdes ou incapables de les synthétiser seules donnait une plante naine due à l’absence de
brassinostéroïdes, mais la plante était capable de fertilisation.
Les phytohormones furent identifiées malgré leur infime quantité via des
expériences massives (40kg de pollen pour 4mg d’hormone). Mais on ne
savait pas si cette hormone brassinostéroïde agissait par elle-même ou si
elle était impliquée dans une machinerie, d’autant que la biosynthèse des
brassinostéroïdes est complexe et fait intervenir de multiples
intermédiaires présents en faible quantité dans la plante. Il était
impossible de trouver cette potentielle voie de signalisation malgré de nombreuses expériences.
Mais ce fut fait grâce à la puissance des séries alléliques, qui ont permis de révéler une délétion perte
de fonction chez toute une série de mutants aux phénotypes plus ou moins similaires. Les stéroïdes
végétaux comme les brassinolides fonctionnent différemment des stéroïdes animaux. On a pu mettre
en évidence le BRI1/BAK1 complexe, où BRI1 est un récepteur transmembranaire pour les
44
Daniel Rodriguez - 2019
brassinolides qui déclenche via BAK1 une signalisation à l’intérieur de la cellule, qui fait entrer le
brassinolide dans la cellule et qui activera l’expression de certains gènes dans le noyau via des kinases.
Il s’agit d’un processus dynamique.
Il est facile de caser quelque chose mais il est difficile de réparer/construire ces mêmes choses
(pensons à un vélo : si j’enlève une roue, ça sert à rien d’enlever les freins, le vélo marchera dans tous
les cas pas). Mais en génétique, parfois, on peut réparer quelque chose en cassant quelque chose
d’autre, soit en faisant une mutagenèse secondaire, la mutagenèse des mutants, un étonnant
phénomène permettant parfois (rarement) leur guérison. On peut alors avoir une deuxième mutation
qui guéri assez bien le phénotype.
Grâces aux différents mutants, on connait désormais la
voie de signalisation complète des brassinostéroïdes. Sans
brassinostéroïdes les facteurs de transcription sont
détruits par le protéasome. Avec, une cascade de
phosphorylation fait qu’une phosphatase inhibe la kinase
qui normalement phosphoryle les facteurs de
transcription les rendant susceptibles à la dégradation,
permettant aux facteurs de transcription de rentrer dans
le noyau et de changer l’expression des gènes.
45
Daniel Rodriguez - 2019
4. Techniques
Une fois qu’un gène a été isolé, comment comprendre son fonctionnement dans un contexte
multicellulaire ?
Le clonage
La première chose à faire est d’obtenir un clone. Clone est un terme mal vu
pour des raisons historiques et plutôt mal défini. Au début, un clone était
simplement une population de cellule ou deux organismes génétiquement
identiques. Il s’agit d’une situation naturelle, qu’on retrouve chez les
bactéries souvent, des levures fréquemment, et même des eucaryotes
pluricellulaires (pensons à la parthénogénèse des pucerons), en fait chaque
fois qu’il y a une reproduction asexuée. La nature est pleine de clones, mais
ils présentent le problème d’accumuler les mutations négatives et ceci
favorise donc la reproduction sexuée. Les clones sont en revanche
nécessairement artificiels pour les organismes à reproduction sexuels.
Clonage par scission d’embryon (physique)
Les premières expériences furent faites sur de jeunes embryons d’une grenouille, lorsqu’on a observé
qu’on peut créer des individus génétiquement identiques en séparant les cellules d’embryon très tôt
dans le stade embryonnaire. Alors qu’un jeune embryon de grenouille donne normalement une
grenouille, la scission d’un embryon très tôt (au couteau plus ou moins), au stade de 16 ou 32 cellules,
permet de créer deux grenouilles clonales, génétiquement identiques, qui se développent à partir d’un
seul zygote de départ. Il s’agit donc ici d’une technique de clonage physique par scission d’embryon :
si cet embryon est assez jeune, une fois coupé en deux, il donnera 2 embryons identiques.
Ceci est un phénomène très courant. Dans l’agriculture, on a le
même problème que dans la domestication. On a établi des
caractéristiques favorables à nos besoins mais difficiles à maintenir
par reproduction sexuelle, c’est pourquoi on essaye de faire un
maximum de clones dans l’agriculture. On avait le cas du taureau
Starbuck, qui avait de grandes qualités, et si on le laisse se
reproduire de façon sexuelle il y aura perte des qualités.
On forme puis prélève un embryon à partir de Starbuck et d’une de ces sœurs avec des qualités
analogues, puis on coupe l’embryon en plein de bouts et on les implante dans des mères porteuses, et
on a ainsi une 20aine de clone de sa progéniture, permettant d’établir des phénotypes.
Clonage par bouturage (physique)
Pour les plantes, c’est encore plus simple, car pour la plupart des plantes de la planète, il suffit de
couper une branche ou une tige et on peut en faire pousser des racines pour faire une nouvelle plante,
phénomène accélérable avec des cocktails d’auxines et autres.
Pour les cultures des fruits, à la constitution génétique très spéciale immédiatement perdue par
croisement, on fait ce genre de croisement par bouturage pour maintenir la qualité des variétés. Les
peupliers qu’on connait aujourd’hui sont des peupliers spéciaux : une mutation isolée en Lombardie
(Italie) il y a 300 ans faisant que toutes les branches sont plus verticales (et amplifiée artificiellement)
a été sélectionnée par les agriculteurs et s’est répandu au point de devenir aujourd’hui une espèce
majeure mondiale, la plupart étant des clones. Des clones naturels persistent car certaines espèces
46
Daniel Rodriguez - 2019
dont les peupliers sauvages peuvent former des clones en faisant pousser de nouvelles tiges à partir
des racines se prolongeant sous terre. Tout ça c’est du clonage « physique ».
Clonage par transplantation nucléaire (plutôt physique)
On a aussi un autre clonage « plutôt physique », fait depuis les années 90 par transplantation nucléaire,
soit via le transfert de matériel génétique d’une cellule à une autre. On prend un zygote fertilisé à
laquelle on enlève de manière physique avec une seringue à aiguille très fine le noyau, qu’on remplace
avec le noyau d’une cellule somatique. Ce court-circuit enlève la partie sexuelle.
En principe ça marche, pas besoin de techniques ADN. Mais dans la réalité, le taux de succès n'est pas
très haut, car le noyau transféré dans l’ovule vient d’une cellule somatique différenciée. La question
biologique fut durant longtemps : « Est-il possible de reprogrammer le noyau d’une cellule somatique
différenciée et de le remettre dans un état où il est capable de démarrer et induire une embryogenèse
complète ? ». Dolly le mouton fut la première réussite, puis c’est devenu un biseness (Barbara
Streisand a récemment cloné son chat pour 50'000 dollars).
Récemment en Chine, deux macaques, Zohong Zhong et Hua Hua, furent ainsi clonés avec succès avec
cette technique, malgré le bas taux de succès (il fallut 270 essais pour produire ces deux singes et 2000
zygotes).
Clonage de gène (biochimique)
Il y a aussi le clonage biochimique, un terme courant de jargon biologique utilisé lorsqu’on a isolé un
gène. Si on dit qu’on a cloné un promoteur, on veut dire qu’on a identifié, isolé un gène d’intérêt et
qu’on l’a modifié par un plasmide afin de le maintenir dans une colonie d’E.coli, permettant d’amplifier
une pièce d’ADN particulière pour travailler avec. Ainsi, pour ANTENNAPEDIA, un allèle mutant d’un
facteur de transcription, on peut vouloir cloner ce gène mutant responsable du phénotype. On va pour
cela isoler l’ADN où se trouve la mutation (mutant BRI1), et le propager dans un plasmide afin de
pouvoir notamment s’en servir comme preuve que la mutation se trouve dans ce gène.
En fait, le clonage ADN est même devenu le prérequis pour toute analyse au niveau moléculaire
lorsque l’on fait un pooling de beaucoup de molécules identiques. Il faut toujours parvenir à les cloner
individuellement. On doit donc isoler un gène qui correspond à un certain mutant. Sa mise en plasmide
permet de le maintenir facilement chez E. coli et de l’amplifier de manière à ce qu’on puisse travailler
avec in vitro. Le plasmide est une unité extra-chromosomial chez les bactéries. On peut couper un
plasmide (avec des enzymes de restrictions coupant l’ADN), y ajouter de l’ADN in vitro (qui a été coupé
par les mêmes enzymes, donc aux mêmes sites de restrictions), puis combiner in vivo et in vitro en
réinsérant les plasmides dans E. coli.
47
Daniel Rodriguez - 2019
1. De petites molécules circulaires d’ADN, appelées plasmides, sont extraites de cellules
bactériennes. Ces plasmides servent de vecteurs, des molécules qui porteront les gènes
d’intérêt.
2. L’ADN qui contient le gène d’intérêt est extrait.
3. Une enzyme de restriction (endonucléase de restriction) reconnaît un site de restriction
spécifique : une courte séquence de 4 à 8 paires de bases.
4. Elle clive l’ADN, en laissant des extrémités cohésives/adhésives (ou à bouts francs). L’enzyme
de restriction ouvre les plasmides circulaires permettant de dégager le gène d’intérêt de sa
molécule d’ADN.
5. Les extrémités cohésives des fragments de restriction se lient par appariement de bases
complémentaires, en formant des liaisons hydrogènes. Quelques gènes d’intérêt sont intégrés
aux plasmides vecteurs pour donner des plasmides recombinants. Les autres plasmides
(~99%), qui n’ont pas intégré les gènes d’intérêt, se recircularisent.
6. L’ADN ligase crée des liaisons permanentes entre les nucléotides (des gènes d’intérêt et des
plasmides) en formant des ponts phosphodiesters.
7. Les plasmides sont mélangés avec des bactéries. Certaines d’entre elles intègrent les plasmides
pendant un processus appelé transformation.
8. Les plasmides exprimant un gène lacZ restauré donnent des bactéries bleues. Quand les
plasmides sont recombinants, le gène d’intérêt s’insère dans le gène lacZ, qui n’est plus
exprimé, et les bactéries restent incolores.
9. Des antibiotiques sont ajoutés. Les plasmides expriment les gènes de résistance à ces
antibiotiques : seules les bactéries qui ont reçu des plasmides survivent.
10. Les bactéries avec les plasmides recombinants sont reconnues à leur couleur. Sont isolées les
bactéries incolores qui ont intégré les plasmides recombinants.
11. Les colonies de bactéries incolores sont mises en culture individuellement.
Avantage du clonage des plantes
La principale différence, et le principal avantage, du clonage des plantes par rapport au clonage animal
(difficile, peu de réussite [1-9%]) est lié aux cellules somatiques : contrairement aux cellules animales,
presque chaque cellule somatique de plante est totipotente. Elles conservent donc tout leur
programme génétique, même si l’ensemble de l’information qui y est contenu ne s’exprime pas à un
moment donné. Les cellules somatiques végétales différenciées ont donc la capacité de se
48
Daniel Rodriguez - 2019
dédifférencier voir se transdifférencier (veut dire : une cellule spécialisé se transforme en une autre
cellule spécialisé sans passer par une cellule souche) ce qui est beaucoup plus rare et difficile chez les
animaux, et selon les conditions, elles peuvent alors former un embryon somatique ou un certain tissu.
En effet, chez les cellules animales différenciées, la dédifférenciation n’est (normalement) pas possible,
seules les cellules de la lignée germinale ou les cellules souches ont la capacité de former un embryon
ou n’importe quels tissus.
Pour cloner une plante, il nous faut donc commencer par isoler des cellules végétales individuelles.
Toutes les cellules végétales sont connectées par la paroi et la lamelle médiane, mais certains
microorganismes comme des champignons produisent des enzymes pouvant digérer ces parois. Avec
une feuille ou un autre tissu végétal, on peut après cette digestion libérer des protoplastes, des cellules
végétales individuelles ronde car sans paroi. On peut ensuite les faire pousser sur un milieu nutritif de
base complété par certaines hormones (concentration égales de cytokine et auxine) pour permettre
la dédifférenciation et la croissance cellulaire, soit l’établissement d’une culture de cales. On aura donc
la reformation de la paroi et les cellules vont recommencer à pousser.
À partir de chaque cellule individuelle se forme une masse de cellules non-différenciées, un cale,
poussant en culture comme le font des bactéries et des levures. À partir de ces cales non-différenciés,
on peut induire en variant le taux d’hormone dans le milieu la formation d’une plantule avec un
système racinaire et une petite tige (auxine>cytokines pour faire pousser la racine, puis, une fois que
la racine est prête, on met auxine<cytokine pour faire pousser la tige), qu’il suffit de transférer dans le
sol pour récupérer une plante clonale entière. On arrive alors à faire une petite plantule ! Notons qu’il
y aura toujours un peu de cale. Certaines plantes, comme le tabac, poussent mieux que d’autres.
Le plasmide Ti et la transformation par T-DNA
Le génie génétique selon les bactéries
Lorsque l’on veut créer des organismes transgéniques, on prend de l’ADN, on l’injecte avec une
certaine probabilité dans le génome et on produit ainsi des animaux transgéniques. Mais pour les
plantes, on a un problème avec le fait d’injecter de l’ADN. La paroi cellulaire et la turgescence font que
l’intérieur de la cellule est sous pression, et qu’il n’est donc pas possible de livrer l’ADN. Il faut donc
une petite « extension » qui se fait par une bactérie.
Beaucoup de bactéries des genres Rhizobia et Agrobacterium, associées aux systèmes racinaires, font
du génie génétique : elles changent le génome de leurs hôtes pour « l’esclavage » des cellules
modifiées à leurs fins, ou pour établir une symbiose facultative parfois (fixation d’azote notamment)
ou carrément du parasitisme d’autre fois.
L’exemple classique et le plus important est Agrobacterium tumefaciens (c’est le plus connu mais
d’autres existent). Cette espèce de bactérie peut infecter différentes espèces de plantes et cause le
cancer des plantes, la maladie des galles du collet. Les souches virulentes d’Agrobacterium contiennent
un ADN extrachromosomique utiliser pour parasiter les plantes, le plasmide Ti (Tumor inducing),
49
Daniel Rodriguez - 2019
d’environ 200’000pb, qui porte toutes les modifications nécessaires pour la transformation des
plantes. Si la bactérie possède ce plasmide, elle peut attaquer la plante.
Une petite partie de ce plasmide, l’ADN-T, est transféré de la bactérie à la cellule végétale et va
s’intégrer de manière non-ciblée dans le génome nucléaire de la cellule végétale, créant une cellule
transformée. Les gènes codés sur la pièce d’ADN-T sont exprimé dans la cellule végétale et la
reprogramme (fréquence élevée mais pas systématique ! ça arrive que ça marche pas), changent sont
métabolisme pour que la cellule commence à se diviser, ce qui induit des cales et fournit des hormones
à la plantes. Une forte prolifération des cellules induite par l’ADN-T provoque la galle du collet, où les
cellules produisent des métabolites à partir des sucres produits par la plante qui ne peuvent être
utilisés que par les bactéries.
Le terme « cancer » est mal choisi car une plante ne meurt jamais d’un cancer, c’est impossible, elle
s’en fout d’en avoir un ou pas. Elle correspond surtout a une forte prolifération de cellule (comme chez
nous) mais ne détruit aucun organe vitale (tout simplement car la plante n’a pas d’organes vitaux
comme un cerveau, un cœur ou autre).
Les fonctions des différents gènes du plasmide Ti
On a réussi à déterminer ce qui est important dans le plasmide, en le coupant en différentes pièces
avec des enzymes de restriction. On a re-isolé ces pièces d’ADN dans Agrobacterium et observé
lesquelles étaient capables de transformer la cellele végétale afin de comprendre quelle partie est
importante pour ce processus.
On a donc identifié comme composant du plasmide Ti :
-
Origin of Replication : à partir de laquelle la réplication / recombinaison / intégration débute
50
Daniel Rodriguez - 2019
-
-
T-DNA transfer functions : des gènes codant pour les protéines requises pour le transfert de
l’ADN-T
T-DNA : seule partie à être transférée à la plante, qui contient des gènes codés par l’ADN-T
propre et qui sont transférés dans la cellule végétale, dont
o Tumor production : gènes codant pour les protéines requises pour la formation de
galles
o Nopaline synthesis : gènes codant pour des protéines requises pour la production de
métabolites (nopaline ou octopine) dans la cellule végétale transformée
Nopaline utilization : gènes codant pour les protéines qui sont requises pour l’utilisation des
métabolites livrés par les cellules végétales transformées à la bactérie (nopaline ou octopine)
Seule la partie ADN-T se transmet mais le plasmide a besoin de tous ces gènes pour infecter la plante.
Notons que la bactérie n’infecte pas aussi facilement la plante : une blessure doit être faite pour que
la bactérie l’attaque. En effet, la bactérie arrive à détecter une molécule de signalisation lorsque le
cytoplasme de la cellule est ouvert : c’est l’acetosyringone. La bactérie est même capable de suivre le
gradient d’acetosyringone pour trouver la cellule infectable.
C’est un avantage fort pour cette bactérie Agrobacterium par rapport aux autres bactéries car a sa
propre source de carbone. On ne peut pas parler ici de symbiose comme on le fait avec les bactéries
fixatrice d’azote car ici on n’a pas d’échange de nutriment !
Transformation par ADN-T
1. Des barrières physiques empêchent une cellule végétale d’être infectée. La bactérie doit donc
détecter si une opportunité d’infecter une plante se présente. Une telle opportunité se
présente en cas de blessure de la plante, quand les cellules végétales sont détruites.
2. Un chimiotropisme attire les bactéries vers la blessure : c’est un ruissellement
d’acétosyringone à partir d’une cellule végétale blessée qui signale à Agrobacterium qu’il y a
une chance d’infection. L’acétosyringone active les gènes de virulence de la bactérie
3. Certaines protéines (Vir proteins) codées par le plasmide Ti synthétisent une copie
monocaténaire (simple brin d’ADN) de la région d’ADN-T du plasmide.
4. Certaines protéines codées par le plasmide Ti vont entourer ce nouveau brin d’ADN-T et
transférer cette copie dans la cellule végétale.
5. Elles le transportent ensuite dans le noyau et l’intègrent dans le génome nucléaire de la plante
avec l’aide de protéines codées par le génome même de la plante (la plante pense en fait que
ce bout d’ADN l’appartient et est cassé).
51
Daniel Rodriguez - 2019
6. Les gènes de l’ADN-T sont exprimés dans la plante, les bactéries utilisant la machinerie de
transcription de la plante pour catalyser la formation des métabolites : opines, cytokinines et
auxine.
7. La synthèse des hormones cytokinines et auxine promeut la prolifération de la cellule afin de
former une galle de collet dans les cellules infectées.
8. La synthèse d’octopines ou de nopalines produits des métabolites transférés à la bactérie pour
la nourrir.
La question est de savoir comment exploiter ce système à fin d’introduire de l’ADN autre que les gènes
d’Agrobacterium. La réponse est que le T-DNA est un ADN modulaire, pouvant se modifier.
Tout d’abord, toutes les protéines requises pour le transfert et l’intégration de l’ADN-T dans le génome
nucléaire végétal ne sont pas codés dans le T-DNA exporté mais dans la région T-DNA transfer functions
qui reste dans le plasmide Ti.
De plus, pour faire le transfert et l’intégration, tous les gènes à l’intérieur du T-DNA ne sont pas
nécessaires, seules les petites séquences d’environ 30 nucléotides aux frontières gauche et droite du
T-DNA sont indispensables. Comme l’intérieur du T-DNA, à l’exception des frontières, n’est pas
nécessaire, il peut être remplacé par d’autres gènes (nos gènes d’intérêt), qui seront transférés dans
la cellule végétale au lieu des gènes pour la formation des galles ou des métabolites d’Agrobacterium.
On modifie donc l’espace entre les frontières de l’ADN-T en le remplaçant par d’autres séquences. Un
ou plusieurs gènes d’intérêts peuvent être placés entre les frontières de l’ADN-T. On ajoute
généralement un marqueur sélectif, un gène de sélection permettant de suivre l’intégration de l’ADN
et d’identifier les plantes transgéniques ayant fait la transformation, comme par exemple un gène de
résistance à un antibiotique. Ainsi, toutes les cellules mourront sauf celles ayant fait la transformation
et intégré le marqueur sélectif.
52
Daniel Rodriguez - 2019
On ne peut pas utiliser la formation de cales pour le voir car on veut éviter la formation de cancer. De
plus, on a retiré le gène de prolifération cellulaire. Ainsi, pour reproduire une plante à partir d’une
cellule unique, il nous faut :
-
Introduire le plasmide Ti modifié dans Agrobacterium
Transférer via Agrobacterium l’ADN-T modifié dans une cellule végétale
Attendre la régénération d’une plante transgénique par micropropagation.
Le système courant est un système de type « binaire » qui utilise deux plasmides, car Ti est un grand
plasmide, difficile à manipuler. On préfère donc séparer toutes ses fonctions dans 2 plasmides. On a
ainsi une séparation entre les gènes qui permettent le transfert de l’ADN-t et l’ADN-T. On a donc un
plasmide Ti « désarmé » de son ADN-T, qui est remplacé par un marqueur de sélection antibiotique,
et un plasmide Binary vector, construit et amplifié in vitro dans E. coli avant sa transformation dans
Agrobacterium, qui contient le T-DNA et un marqueur de sélection antibiotique. Ainsi, un plasmide
dans Agrobacterium (beaucoup trop gros pour être manipuler) possèdera tous les gènes nécessaires
pour le transfert de l’ADN-T et une partie ADN-T avec notre gène d’intérêt (plus petit) qui va sera
introduite dans Agrobacterium.
Transformation stable des plantes par Agrobacterium
On isole des protoplastes d’une plante, on les transforme avec Agrobacterium, on met les cellules
transformées sur le média contenant l’antibiotique qui va permettre de faire mourir toutes les cellules
qui n’ont pas été transformées. Après la mise-en-culture, on peut obtenir des plantules et, en les
plantant, des plantes, ne venant que d’une seule cellule végétale transformée, poussent. Toutes les
cellules de cette nouvelle plante transgénique sont transformées.
Méthode alternative pour produire des plantes transgéniques : canon à particule
On peut isoler des protoplastes, et les bombarder avec un canon à particules (d’or ou de tungstène)
contenant intrinsèquement de l’ADN. Il y aura alors une intégration de l’ADN dans le génome végétal
par hasard. Suit la régénération des plantules sur un milieu de culture et l’acclimatation donnant des
plantes complètes.
Méthodes alternatives pour produire des plantes transgéniques : floral dip
Chez Arabidopsis et quelques autres espèces, la transformation est encore plus facile : leurs fleurs sont
trempées dans une solution d’Agrobacterium qui contiennent le plasmide avec l’ADN-T modifié (faire
une solution contenant l’ADN-T, y suspendre les Agrobactériums ; certains vont intégrer ces ADN-T).
Avec une certaine fréquence, des cellules qui seront parents d’une oosphère ou de pollen sont
transformées. Les graines alors formées à cause de la fécondation d’une telle cellule sont
transgéniques. Les plantules transgéniques sont résistances contre l’antibiotique sélectif pour le gène
53
Daniel Rodriguez - 2019
de résistance de l’ADN-T et peuvent être identifiées sur un milieu contenant l’antibiotique : seule une
plantule sur 200 est transgénique et parviendra à pousser.
Notons, pour finir, qu’il existe aussi d’autres marqueurs sélectifs non-antibiotiques.
Des outils pour l’investigation de l’activité et du comportement des gènes et des
protéines
La capacité de faire des plantes transgéniques nous permet de mettre un gène d'intérêt dans un ADNT pour obtenir des plantes transgéniques. Surtout, les transgènes nous permettent d’étudier en détail
les gènes et leur protéine.
Un gène est généralement composé d’un promoteur, de régions régulatrices qui déterminent le taux
d'ADN transcrit/traduit, d’une région 5’-UTR (région non transcrite, peut-être régulatrice), d’une suite
d’exons et d’introns, puis d’une région 3’-UTR (UnTranslated Region).
Rappelons qu’un ARNm est composé uniquement de la séquence des exons mis bout-à-bout. Notons
au passage que la régulation de l'expression des plantes est plus simple que chez les mammifères.
Ainsi lorsque l’on étudie un gène, on va créer différent transgènes d’intérêts.
Lorsque l’on créé un transgène d'intérêt, on échange des parties, créant quelque chose d’artificiel. On
peut alors se demander par exemple ce qui se passe si je colle la partie ARN A (que les exons, pas
d’introns) sur une partie du promoteur du gène B (pas le « bon » promoteur). Est-ce que le gène A va
tout de même être traduit ? Et correctement ?
On peut également essayer de voir où se trouve la protéine d'intérêt dans l’organisme. Pour cela, il
nous suffit d’ajouter des TAG, sorte de petites parties codantes supplémentaires ajoutées après les
exons du gène d’intérêt et dont l’expression peut être détectée visuellement. Il peut s’agir d’enzymes
qui vont réagir avec le substrat du milieu, de GFP, ...
On peut chercher à étudier s’il y a une différence dans la transcription en fonction de l’endroit où le
gène est exprimé, ce qui n’est pas toujours équivalent à où se trouve la protéine. Il faut pour cela
pouvoir suivre la protéine et quantifier le marqueur.
Tous ces différents transgènes sont intégrables dans l’ADN-T d’un plasmide Ti.
54
Daniel Rodriguez - 2019
Exemple 1 : Preuve qu’une mutation est causative par complémentation transgénique du
mutant
Soit une mutation type perte de fonction (disons sur le chromosome 3), hétérozygote, qui donne un
phénotype de type sauvage. Par autofécondation, ¼ des descendants seront homozygotes pour la
mutation et révèleront le phénotype mutant.
On peut prouver que la mutation est causative de ce phénotype en pratiquant la transformation du
mutant par un ADN-T contenant un ARN WT du gène dans un autre chromosome du mutant (disons le
chromosome 5). Ceci devrait rétablir le phénotype sauvage par complémentation de la mutation. Si
tout redevient normal, alors on a prouvé que la mutation détectée est responsable du phénotype
mutant. Notons que si la mutation est récessive, une seule copie de l’allèle est suffisante pour faire
revenir le phénotype WT.
On a notamment fait la complémentation transgénique du mutant werewolf, gène responsable pour
un excès de poil racinaire.
On a isolé la partie d’ADN type sauvage et on a formé un transgène WER:WER (promoteur WER
contrôlant WER), qu’on a mis dans un ADN-T et qu’on a intégré dans un mutant werewolf. La présence
du transgène a rétabli le phénotype sauvage (peu de poiles), ce qui a montré que wer est responsable
de cet excès de poiles.
55
Daniel Rodriguez - 2019
Exemple 2 : Diversification entre promoteurs, mais pas entre protéines de WEREWOLF et
GLABRA-1
Soit les mutations werewolf, produisant un excès de piles racinaires, et gl1, produisant une perte de
trichome. Notons que les poils racinaires sont de vraies extensions des cellules épidermales alors que
les trichomes sont des extensions séparées de l’épiderme (extension d’une cellule épidermale mais
après séparation).
On a vu précédemment que le transgène WER:WER (promoteur WER contrôlant WER) permet de
rétablir le phénotype WT pour le mutant wer. De même, le transgène GL1:GL1 (promoteur GL1
contrôlant GL1) permet de rétablir le phénotype WT pour le mutant gl1.
Il s’avère que les protéines produites par les 2 gènes WER et GL1 sont très semblable. On a donc voulu
tester s’il était possible de complémenter le gène wer au moyen du gène GL1 et vice versa. Pour tester
cela, on établit les transgènes suivants : WER:GL1 (promoteur WER contrôlant GL1) pour le mutant wer
et GL1:WER (promoteur GL1 contrôlant WER) pour le mutant gl1. En effet, on prend le gène WER et
on le met dans le contexte régulateur de GL1 et vice-versa.
Et dans les deux cas, il y a rétablissement du type sauvage, ce qui prouve que les protéines WEREWOLF
et GL1 sont interchangeables, bien que chaque gène ait sa propre spécialisation. Il y a donc une
diversification de fonction. L’activité de ces deux gènes n’est donc pas différent selon la protéine mais
selon l’expression de celui-ci et donc des facteurs de transcription et partie régulatrice (la spécificité
de l’expression). Dépendant de où se trouve le gène, son expression ne sera pas pareil (si ça se trouve
dans les racines alors poils racinaires, si c’est sur la tige alors trichomes).
Exemple 3 : Détection d’une protéine, de son comportement par des méthodes biochimiques
Dans cette expérience, on veut savoir comment se comporte une protéine. Le type sauvage est Col-0,
le mutant pif4 est pifq. À température élevée (28°C), il y a un allongement de la plantule par rapport à
la température basse (20°C) chez le type sauvage Col-0, mais il n’y a aucun allongement chez le mutant
pifq. Du coup le gène pifq a quelque chose à faire là-dedans.
Pour étudier la protéine, on lui ajoute un petit tag de 10 acides aminés, MYC, qui rend la protéine
étudiée sensible à un test d’anticorps contre ces acides aminés ou à un Western Blot. Pour que la
protéine d’intérêt contienne un tel marqueur, il suffit de créer un transgène et de rajouter après la
partie codante cette petite séquence de 10 acides aminés. On a donc le transgène Promoteur-UTR5’Exons du gène d’intérêt-TagMYC-UTR3’.
56
Daniel Rodriguez - 2019
Après l’auto-radiographie au Western Blot, on remarque que les protéines taguées n’apparaissent à
haute température (28°C) dans le mutant PIF4-Myc qu’après au moins 4h.
On sait donc que notre protéine répond à l’augmentation de la T°, puisque qu’elle est induite par une
T° élevée.
Notons que pour savoir si notre tag à une influence « néfaste » sur notre plante, on peut introduire un
tag dans la protéine du mutant et regarder si le phénotype WT revient. Si ce n’est pas le cas alors on
peut utiliser le tag pour comprendre notre protéine.
Exemple 4 : Analyse d’expression de gènes par un gène rapporteur
Quand on étudie un gène, on cherche généralement à savoir si le gène est activé, si l’ARNm est produit,
si la protéine est produite, et si toutes ces étapes se passent à un même endroit. Souvent c’est le cas,
mais pas toujours.
L’hybridation in situ est un moyen pour localiser l’expression de gènes. L’utilisation des gènes
rapporteurs est une alternative intéressante. Dans cette méthode la région codante d’un gène
d’intérêt est remplacée par la région codante du gène rapporteur dans un ADN-T qui peut être
transformé dans la plante. On conserve toutefois le promoteur du gène d’intérêt. On a donc le
transgène Promoteur-UTR5’-Rapporteur-UTR3’.
Il existe différents gènes rapporteurs. Les deux plus courants sont :
-
-
Beta-glucuronidase (GUS) : vient d’E. coli. Si cette enzyme est exprimée à un endroit, lors de
l’incubation de l’échantillon avec le substrat de cette enzyme, une coloration bleue apparait là
où l’enzyme est active/exprimée, ce qui permet de détecter l’endroit d’expression du gène
d’intérêt.
Green Fluorescent Protein (GFP) : vient d’Aequorea victoria. Si cette protéine est exprimée à
un endroit, elle permet l’observation non invasive de la fluorescence sous la lumière
ultraviolette, et permet donc de suivre l’activité du gène de la GFP et donc du gène d’intérêt
dans l’organisme vivant.
Le choix du gène rapporteur dépend de l’activité des gènes et de l’expérience : GUS pour interaction
faible, GFP si interaction raisonnable.
Les avantages des gènes rapporteurs sont une détection facile et parfois des détections non-invasives
(l’organisme reste vivant et peut être observé encore plus tard). Les désavantages sont qu’ils sont
souvent transgéniques (le rapporteur est exprimé dans un autre contexte génomique que le gène
57
Daniel Rodriguez - 2019
propre) et que la possible influence sur
l’expression d’éléments hors du promoteur
(par exemples les introns) manque toujours
dans ces techniques, donc il peut y avoir des
artéfacts.
Exemple 5 : Détection d’une protéine in planta, son comportement, sa localisation, sa stabilité
Dans l’exemple précédant, on remplaçait le code du gène d’intérêt par celui du rapporteur, et le
transgène était donc de forme Promoteur-UTR5’-RapporteurGFP-UTR3’. Ici, on conserve le gène
d’intérêt et on y ajoute le gène rapporteur afin qu’ils soient co-exprimés. On a donc le transgène
Promoteur-UTR5’-Exons du gène d’intérêt-RapporteurGFP-UTR3’, aussi écrit pour le gène BRX
BRX::BRX-GFP. On peut aussi utiliser une variante de la GFP, YFP, un rapporteur fluorescent jaune, avec
pour le gène BZR1, le transgène BZR1::BZR1-YFP.
La différence entre les transgènes BRX:GFP et BRX:BRX-GFP est que le premier transgène montre la
localisation de l’expression du gène alors que le deuxième montre la localisation de la protéine, qui
n’est pas forcément la même si la protéine est transportée.
Pour BRX, quand il y a de l’activité, comme la protéine est artificiellement fusionnée à une GFP, on
peut suivre la localisation et quantifier le taux de la protéine produite par le gène à l’intérieur de la
cellule. Ainsi, on peut remarquer que la protéine d’intérêt se trouve à l’extrémité des cellules, ce qui
suggère que la protéine est importante pour la polymérisation. Notons que BRX est exprimé seulement
dans un seul type de cellules, vers l’intérieur, donc si on prend une coupe plus vers l’extérieur, on ne
verra pas la fluorescence
Pour BZR1, idem, on voit que la protéine est présente dans presque toutes les cellules de la racine à
0min, et qu’après 60 min il y a un changement de localisation, les protéines se trouvant dans le noyau.
Ceci suggère que la signalisation de brassinolide implique l’import nucléaire du FT BZR1.
On notera ici la différence :
-
On prend le transgène et le transforme dans mon mutant afin d’utiliser le transgène pour
déterminer s’il est capable de rétablir le phénotype WT.
On prend un mutant et on ajoute la GFP pour voir si le phénotype WT est rétabli.
58
Daniel Rodriguez - 2019
Utilisation des rapporteurs fluorescents
GFP – Un gène rapporteur versatile
GFP vient d’une méduse, Aequorea victoria. C’est une protéine faisant une fluorescence verte naturelle
grâce à certains aa. GFP est une protéine formant une certaine structure 3D, où certains aa se
retrouvent ensemble et font une fluorescence (intrinsèque à la protéine). Pour détecter cette
fluorescence, il faut l’exciter. Pour avoir une belle image, on le fait dans l’obscurité.
On a GFP et des dérivés d’autres couleurs (BFP bleue, CFP cyan, YFP jaune, mRFP1 rouge) qui n’existent
pas de manière naturelle, mais qu’on obtient par simple changement ciblé des aa.
La GFP a un pic absorbance à 490 nm. On l’excite donc à 490nm. Les e- sont envoyés à un autre niveau
énergétique, et lorsqu’ils redescendent, ils libèrent de la fluorescence à une longeure d’onde un peu
plus grande (moins énergétique), 500nm pour une GFP. Les dérivés BFP et CFP permettent même une
excitation et détection par fluorescence autour des 410nm.
La microscopie confocale
La microscopie confocale utilise la fluorescence. Elle implique une excitation du spécimen observé par
laser. La Laser Excitation Source est accompagnée d’un filtre pour détecter la fluorescence, permettant
de multiplier les lasers et donc les fluorescences observées. Le laser envoi ses rayons sur l’échantillon
via un miroir dichromatique qui reflète les ondes en dessous d’une certaine longueur d’onde. Ces
ondes vont exciter l’objet sur le support.
Au niveau de l’objet sur support, le laser excite les e- (par exemple d’une plantule transgénique), ce
qui excite la GFP. Grâce à des miroirs, on peut envoyer ce laser (réglé à la bonne absorbance) vers
l’échantillon, l’exciter, lui donner une fluorescence qui est collectée par l’objectif, passe par le miroir
et arrive au photodétecteur qui reconstitue numériquement l’image.
Si on limite la lumière pouvant être détectée en sélectionnant les photons, on va recevoir seulement
les rayons lumineux qui viennent d’une certaine section, d’une couche très fine de notre échantillon,
car seulement les rayons de lumières venant de la même plaine d’illumination seront détectés. En
effet, il est possible d’observer une couche fine de l’organisme étudier : l’épiderme seulement puis on
peut descendre pour voir plus clairement une couche inférieure de celui-ci.
Ainsi, par l’excitation au laser, le bas, le milieu et le dessus, tout l’échantillon est excité, toutes les
parties de cet échantillon vont émettre cette fluorescence, mais on peut contrôler d’où vient le rayon
détecté et restreindre la détection à une certaine partie de notre échantillon.
Ceci marche si notre échantillon n’est pas top épais (mm) et possède une certaine transparence.
Utilisation combinatoire des rapporteurs fluorescents
Quand on veut étudier les neurones du cerveau, il y a vite beaucoup de complexité. Plusieurs gènes
sont impliqués dans la signalisation du cerveau.
On utilise souvent dès lors des combinaisons des
transgènes dans le même organisme pour répondre à
des questions tel que « Est-ce que les neurones
expriment tous les gènes ou y-a-t’il une certaine
spécialisation ? » On a pu déterminer qu’il y avait une
59
Daniel Rodriguez - 2019
spécialisation en co-exprimant certains rapporteurs et en obtenant alors des combinaisons des
couleurs.
60
Daniel Rodriguez - 2019
5. Particularités du développement des plantes
Chez la plupart des animaux, les embryons ont une organisation d’adulte miniature. Chez les plantes,
les cellules germinales ne forment des organes adultes que sous certaines conditions après la
formation de l’embryon, qui a des organes intermédiaires (la plantule doit s’installer [11 jours], puis la
plante doit faire de la photosynthèse pour produire sa propre biomasse).
Notons ci-contre le cycle d’Arabidopsis. De plus, même si
Arabidopsis fait essentiellement de l’autofécondation, cela ne
veut pas dire que la fécondation sexuelle est exclue. Grâce au
calcul du taux de croisement, il a été possible d’estimer le taux
de fécondation sexuelle a à peu près 1%.
L’approche paléo-génétique
Le développement végétale est très plastique, bien plus que celui des animaux. Les mammifères (et
autres espèces) se sont développés dans le ventre de leur mère puis naissent complètement fini. La
phase entre bébé-adulte n’est qu’une phase de croissance ou le développement embryonnaire est fini.
Pour une plante, le processus est différent : si l’on regarde la plantule, on observe une plante miniature
dont la formation des organes est post-embryonnaire. Par exemple, si la plante sent qu’il y a beaucoup
plus de lumière rouge lointain par rapport à la lumière rouge, alors elle sait qu’elle se trouve à l’ombre
(d’une autre plante par exemple). Elle changera donc son programme d’allongement pour être
exposée à la lumière.
Le développement végétal est donc sous forte influence de l’environnement. Il est surtout postembryonnaire et modulaire, fait d’unités répétées. Chez les plantes, les structures reproductives sont
formées à partir d’un méristème somatique, il n’existe pas de lignées germinales. L’avantage est que
les divisions multiples des lignées germinales augmentent l’accumulation de mutations néfastes, ce
que les plantes évitent donc. Mais les plantes restent sur place donc pour s’adapter à des changements
du milieu, elles doivent pouvoir accumuler des mutations via les divisions somatiques tout de même.
L’approche paléo-génétique donne une idée de la fréquence des mutations spontanées. On peut
notamment voir qu’entre deux souches nord-américaines, la variation génétique est de 2 à 259 SNP
61
Daniel Rodriguez - 2019
en total, donc un génome identique à plus de 99.9997%.
En fait, toutes les variétés nord-américaines viennent d’un
ancêtre commun lors de la colonisation vers 1500. Dans
cette approche ne sont visibles que les mutations viables,
neutres ou positives, les mutations vraiment négatives
étant contre sélectionnées.
Cela permet tout de même de faire des comparaisons
avec une souche expérimentale poussant en serre en
bonne conditions, sans contre sélection aussi. On peut
alors comparer le taux de mutation dans l’environnement
optimal sans contre-sélection, plus élevé que celui dans la
nature, la différence étant simplement ce qui a été contre-sélectionné dans l’environnement naturel.
Cela donne une bonne idée de la fréquence de mutation survivantes et la fréquence de mutation
spontanées.
On peut faire des études similaires chez les animaux, même si c’est plus dur. Le fait étonnant est que
la fréquence de mutation ne varie pas dramatiquement. Le taux de mutation chez les plantes n’est pas
franchement plus haut que celui de l’homme, alors qu’on pensait que les plantes avaient besoin de
plus de mutations pour s’adapter plus à leur milieu. Cette idée que les plantes accumulent plus de
mutation est donc fausse. De plus, on a découvert récemment que, même si les plantes n'ont pas de
lignée germinale, on a des cellules au milieu du méristème qui conserve intacte les cellules germinales.
Toutefois, on observe que certaines lignées cellulaires d’une même plante se divisent moins que
d’autres. Même s’il n’y a pas de lignées germinales, les plantes garde des cellules dans un état moins
différencié et se divisant moins. Les méristèmes latéraux donnent naissances à des fleurs, et les
divisions menant à des lignées latérales sont moins importantes que celles menant à un méristème
caulinaire apicale. Le nombre plus faible de divisions de cellules somatiques donnant naissances aux
fleurs améliore leur stabilité, par un principe proche mais non-identique aux cellules germinales.
Un projet du prof et son équipe consiste à étudier le chêne de Napoléon, la légende disant qu’il fut
planté en l’honneur de Napoléon lorsqu’il traversa/ravagea la suisse pour atteindre l’Italie. Ils ont
étudié les anneaux de l’arbre via un petit échantillon, montrant que le chêne était déjà vivant depuis
plusieurs années avant l’arrivée de Napoléon... Plus loin dans l’étude, ils ont observé qu’entre les fleurs
les plus basales et les plus apicales, il n’y avait que 17 mutations mineures définitives fixées qui se
transmettront.
62
Daniel Rodriguez - 2019
Le cycle de vie végétale : phase sporophytique suivie de phase gamétophytique
Vue générale du cycle
La « vraie » plante est un sporophyte (2n). Le développement du sporophyte constitue la phase
diploïde du cycle de vie. Par méiose, elle génère des mégaspores féminines n et des microspores
masculines n.
À partir de ces spores se développent les gamétophytes femelles et mâles,
qui sont la phase haploïde du cycle de vie. Le gamétophyte femelle (n) est
le sac embryonnaire, le gamétophyte mâle (n) est le grain de pollen. Leur
rôle est la formation des gamètes, qui n’est donc chez les plantes pas
directe (pas produites par le sporophyte) mais fait par une « plante
réduite » (les gamétophytes) à l’intérieur des fleurs.
Les deux gamétophytes produiront respectivement les gamètes n que
sont l’oosphère (œuf) et le noyau spermatique. Leur combinaison par
fertilisation donnera un zygote 2n, qui formera une graine qui se
développera en sporophyte 2n.
En effet, un des deux noyaux génératifs fusionne avec l’oosphère pour
donner naissance au zygote. L’autre fusionne avec le noyau de la cellule
centrale pour donner naissance à l’endosperme triploïde.
Les gamétophytes (n) et les gamètes (n)
On peut voir les gamétophytes comme de plantes miniatures haploïdes. Les gamétophytes mâles
(grains de pollen) se développent dans les sacs polliniques des anthères, alors que les gamétophytes
femelles (sac embryonnaire) se développent dans les ovaires du carpelle.
Contrairement aux animaux chez qui les gamètes n’ont pas grand-chose à faire (sauf nager pour les
spermatozoïdes), les spores de plantes ont du travail.
Pour le développement d’un grain de pollen dans les sacs polliniques des anthères du sporophyte, les
cellules mères des microspores subissent des divisions méiotiques qui produisent 4 microspores
haploïdes.
Les microspores se développent (migration nucléaire notamment) avant de subir une division
mitotique. La division mitotique produit une cellule végétative qui entoure une cellule (ou des fois
seulement un noyau) générative. Il s’agit du gamétophyte mâle, le grain de pollen immature. Une
déshydratation le rendra mature.
Selon les espèces, avant ou pendant la fécondation, la cellule générative subit une autre division
mitotique, qui produit deux cellules génératives. Les deux cellules (ou noyaux) génératives (ou
spermatiques) sont les gamètes mâles.
Pour le développement du sac embryonnaire dans l’ovaire du sporophyte, les cellules mères de
mégaspores subissent des divisions méiotiques qui produisent 4 mégaspores haploïdes.
Chez la plupart des angiospermes (>70%), 3 des 4 mégaspores meurent. La mégaspore qui reste subit
trois divisions mitotiques qui produisent le gamétophyte haploïdes femelle, le sac embryonnaire, qui
63
Daniel Rodriguez - 2019
contient 8 noyaux et 7 cellules, une cellule, la cellule centrale, contenant deux noyaux qui peuvent ou
non fusionner selon les espèces.
Les cellules composant le sac embryonnaire sont les 3 antipodes, qui peuvent des fois dégénérer ou
proliférer selon l’espèce, la cellule centrale, 2 synergides, et une oosphère. L’oosphère est le gamète
femelle.
La formation d’un gamète femelle implique donc toutes sortes de divisions (méiose, plusieurs mitoses).
Si une mutation dans le génome empêche la formation du sac embryonnaire, il n’y a pas de gamètes.
La double fertilisation
Pour les plantes comme Arabidopsis, il y a « deux fois plus de sexe » car il y a une double fertilisation.
Le grain de pollen activé génère par son noyau végétatif (n) un tube pollinique qui porte à son sommet
les deux noyaux spermatiques génératifs (n) jusqu’au sac embryonnaire de l’ovule.
L’un des deux noyaux génératif (n) fusionne avec l’oosphère (n) pour donner naissance au zygote (2n).
L’autre des deux noyaux génératif (n) fusionne avec le noyau de la cellule centrale (2n) pour donner
naissance à l’endosperme triploïde (3n).
Après la fécondation – l’embryogenèse chez Arabidopsis
Après la fécondation, le développement commence à
l’intérieur de l’ovule. Le zygote s’allonge et le noyau migre
vers l’extrémité apicale de la cellule, pendant que la vacuole
s’agrandit dans la partie basale, initiant ainsi le
développement de la plantule.
L’albumen se développe en parallèle à partir de
l’endosperme triploïde. Chez certaines plantes, l’albumen est
cellularisé, chez d’autres, comme Arabidopsis, c’est un
syncytium : les noyaux font des divisions mitotiques sans
cytokinèse.
Chez Arabidopsis, l’embryogenèse se déroule à l’intérieur du sac embryonnaire. Chez beaucoup de
plantes, l’embryogenèse suit un programme de simples divisions cellulaires typiques, qui produit une
plante miniature, la plantule. La plantule représente les axes de base et le tissu du sporophyte mature :


L’axe apical-basal
L’axe radial
Ensuite, toute une série de division définies se passent, visibles
par analyse informatique de l’embryogenèse, jusqu’à obtenir un
embryon mature qui après germination donne la plante.
64
Daniel Rodriguez - 2019
L’analyse informatique permet de reconnaître les cellules individuelles, ce qui permet de faire des
coupes virtuelles. On prend différentes coupes optiques pour obtenir toutes les couches de l’embryon
afin que la simulation recouvre tout l’embryon, on les numérise, puis on les recombine pour reproduire
à l’ordinateur l’embryon dans son contexte 3D. Si on suit ce développement, on constate qu’il y a
beaucoup de cellules différentes qui sont déjà prédestinées à leur fonction même si les différents tissus
n’apparaissent pas au même moment. On sait que les cellules bleues formeront les racines, les brunes
le système vasculaire, ... On peut donc déjà suivre les différents tissus. Il y a à un moment un
changement de l’orientation de la division cellulaire qui donne une couche externe et interne.
Cette image donne une idée de la taille. On y voit un
cheveu à côté d’un embryon de plante au stade
développé et une toute petite cellule au stade
« heard stage » en bas à droite (petite image en noir
et blanc).
Les axes embryonnaires de base : apical - basal
Le développement de l’axe apical-base commence avec le zygote, un embryon bicellulaire formé d’une
cellule basale, qui forme le suspenseur, un « cordon ombilical » entre l’albumen et l’embryon (en
contact avec le sac embryonnaire d’albumen fournissant les nutriments), et d’une cellule apicale ou
terminale, qui forme presque tous les tissus de l’embryon propre (n’est plus en contact avec le sac
embryonnaire).
Au stade octant, le suspenseur, à travers lequel passent tous les nutriments, est formé de la cellule
basale du suspenseur, et de plusieurs cellules empilées dont la cellule la plus apicale est l’hypophyse,
qui est la seule cellule du suspenseur à contribuer à l’embryon propre. C’est elle qui formera la coiffe
et le centre quiescent de la radicule (racine primaire ou embryonnaire).
À ce même stade, la cellule terminale s’est divisée en cellules 2 cellules centrales et 2 cellules apicales.
Plus tard, au stade de cœur, le suspenseur disparait à l’exception de l’hypophyse. Les cellules centrales
et apicales se sont divisées en de nombreuses cellules, formant un cœur. Au centre de la partie
supérieure de ce cœur se forme le méristème caulinaire apicale.
Finalement, au stade de jeune plantule (juste après la germination), on a de bas en haut : la coiffe
(Columella root cap), le centre quiescent du méristème apical racinaire (Quiescent center), le
méristème apical racinaire (Root Apical Meristem RAM), la radicule ou racine primaire (Embryonic
root), l’hypocotyle ou épicotyle chez les monocotylédones, les cotylédons (feuilles embryonnaires,
permettant le stockage des nutriments pour la plantule qui va vivre au début qu’avec ce stockage
préparé durant l’embryogenèse ; deux chez les dicotylédones, un chez les monocotylédones), et le
méristème apical caulinaire (Shoot Apical Meristem SAM).
65
Daniel Rodriguez - 2019
Les axes embryonnaires de base : radial
L’axe embryonnaire radial détermine les couches des tissus trouvés dans la racine et les tiges. Il
s’établit dès le stade globulaire précoce (stade octant) à partir de l’apparition de l’hypophyse et des
cellules centrales et apicales.
Celles-ci établissent au stade de cœur le protoderme, l’épiderme embryonnaire qui fait le tour de la
base du cœur.
Au stade de torpille (début de formation des cotylédons, pas encore de méristème apical caulinaire),
les tissus continus de se mettre en place en largeur.
Finalement, au stade de plantule, on a :
-
La couche externe = l’épiderme. Il est poilu dans la région entre l’hypocotyle et la racine, mais
pas dans ces régions.
La couche médiane = le tissu basal (ground meristem), qui forme l’écorce (cortex) et
l’endoderme, toujours sous l’ectoderme.
La couche interne = le tissu vasculaire (stele et cambium), différencié ou non, qui permet le
transport des substances.
66
Daniel Rodriguez - 2019
Il y a donc une multitude de tissus chez les plantes qui se mettent en place durant la croissance. Chez
les animaux, l’organisme complet est formé à la fin de l’embryogenèse. Tout est déjà là, il n’y a plus
que de la croissance. Ce n’est pas le cas chez les plantes, où s’il y a un cadre général qui va guider le
développement post-embryonnaire, il reste des cellules souches qui vont rajouter des nouveaux
organes non-présents dans la plantule par une formation en continu.
La cellularisation et les divisions cellulaires caractéristiques sont-elles nécessaires
pour la différenciation des tissus ?
Dans le mutant fass (« tonneau »), les divisions caractéristiques de l’embryogenèse sont abolies : les
plans de divisions ne sont plus orientés et un excès de prolifération à comme résultat plusieurs couches
de tissus radiaux. Néanmoins, les plantules fass se développent en parfaites plantes miniatures et sont
même fertiles.
Dans le mutant knolle, les divisions cellulaires embryonnaires sont aussi perturbées comme dans fass
(« tonneau ») mais de plus la cytokinèse n’est pas accomplie. Il n’y a donc pas de cellularisation. Les
plantules knolle sont des boules de cellules peu différenciées.
Rappelons que chez les animaux, le nouveau plasmolemme nécessaire à la scission cellulaire lors de la
cytokinèse est formé par des invaginations des plasmolemmes de la cellule mère, alors que chez les
plantes, le nouveau plasmolemme est formé de novo et s’élargi du milieu du plan de division vers
l’extérieur.
Il semblerait donc que les axes de divisions ne soient pas indispensables pour former des tissus
fonctionnels, mais qu’il faille à tout prix que les cytokinèses puissent se faire.
67
Daniel Rodriguez - 2019
6. Cellules souches et le « pattern » des stomates
L’eau et les stomates
La cuticule est une barrière très efficace contre la transpiration : moins de 5% de l’eau perdue par la
plante passe directement à l’atmosphère par l’épiderme ! Le peu d’eau qui est perdue passe par les
stomates.
La surface intérieure foliaire est beaucoup plus grande que
la surface extérieure, de 7 à 30 fois plus. Puisque l’espace
aérien foliaire est petit par rapport à la surface intérieure
d’une feuille, alors l’espace aérien foliaire est normalement
saturé en vapeur d’eau. La force qui entraine la
transpiration est la diffusion de vapeur d’eau, qui est très
rapide car il s’agit d’une diffusion dans une phase gazeuse
(l’air) et suit un gradient de concentration.
Le taux de transpiration dépend de l’ouverture des
stomates et de la saturation de l’air extérieur. L’ouverture
des stomates est réglée en fonction des conditions
intérieur et extérieur de la plante : plus les stomates sont
ouverts, plus la plante perd de l’eau par la transpiration.
Le taux de transpiration dépend aussi de l’air autour de la
feuille ; s’il est sec ou s’il y a du vent, la transpiration est
augmentée.
La morphologie des cellules stomatiques
Les stomates se trouvent sur le côté abaxial (en dessous) des feuilles et sont formés de deux cellules
stomatiques. Elles forment un trou dont la taille est réglée par la turgescence des cellules. Des fois, ces
cellules sont accompagnées d’une cellule subsidiaire de chaque côté : l’ensemble des cellules
stomatiques et cellules subsidiaires est appelé « complexe stomatique ».
On peut voir sur ces photos de microscopies optiques que les stomates ne sont pas arrangés n’importe
comment : ils sont arrangés en longueur.
De plus, notons que l’ouverture des stomates n’est qu’un mécanisme structurel. C’est la turgescence
des cellules stomatiques qui règle l’ouverture des stomates. En effet, les stomates s’ouvrent quand la
turgescence des cellules stomatiques augmente, parce que chez ces dernières :
1. L’épaisseur de la paroi est asymétrique
2. Les fibrilles de cellulose sont alignées dans le sens de la largeur
68
Daniel Rodriguez - 2019
3. Mais la paroi interne est plus épaisse et donc moins flexible
Ainsi, quand la turgescence augmente, les cellules s’agrandissent et la pression hydrostatique sur les
parois augmente. De plus, parce que les fibrilles de cellulose sont alignées dans le sens de la largeur
des cellules stomatiques, les cellules s’allongent quand leur volume augmente. Pour finir, c’est parce
que la paroi interne (orientée vers l’ouverture) est plus épaisse et donc plus résistante aux forces de
tension, que cette paroi s’allonge moins que celle de l’autre côté. Les cellules acquièrent alors la forme
d’un haricot et l’ouverture s’agrandit.
L'ouverture et la fermeture de l'ostiole se fait en fonction des conditions climatiques (chaleur,
humidité, luminosité)
En général, les stomates s’ouvrent :


lorsque la concentration en CO2diminue (c'est-à-dire lorsque la photosynthèse augmente
donc lorsqu'il y a plus de lumière)
En réponse à une irradiation à la lumière bleue (donc lorsque l'ensoleillement est fort et la
photosynthèse à son maximum).
Et ils se ferment :




En réponse à des concentrations internes en CO2fortes
Quand les températures sont importantes
En présence de vent fort et d’humidité faible
A des signaux hormonaux.
La densité des stomates
La densité des stomates peut s’adapter aux conditions environnementales. En effet, on observe que
selon les conditions extérieures, la densité des stomates varie. Avec plus de stomate, la feuille perd
plus d’eau mais a un échange plus efficace tandis qu’avec peu de stomate, la feuille perd peu d’eau
mais les échanges sont plus difficile.
Un des facteurs qui influence notamment cette
densité est la température. Mais comment estce possible ? En fait, cette information doit être
introduite dans le développement du stomate
pour une distribution de stomate optimal. Ainsi,
on a une plasticité du phénotype de la plante.
Sur ces images on peut voir que le nombre du
stomate passe de 20 à 32 sous l’influence de la
température en passant de 20°C à 8°C.
Mise en place des stomates
Les stomates sont formés à partir des cellules épidermales. Au niveau de la plante, toutes les cellules
sont identiques. Comment est-ce possible que des stomates se forment alors ? Au cours de la vie de
la plante, on a des cellules souches secondaires qui se développent.
69
Daniel Rodriguez - 2019
On a différentes cellules : on voit les cellules épidermales, les stomates mais aussi des petites cellules
qui sont des cellules qui sont en phase de devenir des cellules stomatiques. Pour comprendre ça, on a
cherché des mutants :
1. Un groupe de mutant, les « patterning genes », voit sa densité de stomates changée.
Normalement, aucun stomate ne se forme à côté d’un autre : une cellule les sépare toujours.
Cependant, des mutants ont été trouvé où il n'y a pas cette cellule au milieu de deux stomates.
2. « Differentiation genes » sont des gènes qui sont responsables de la formation du stomate luimême.
La formation des stomates requiert des divisions cellulaires à partir de leur cellule précurseur, le
méristémoïde. De telles divisions surviennent durant la phase d’étalement de la feuille, sur une
période de plus de deux semaines. Chez Arabidopsis, la petite cellule en général “triangulaire“,
résultant d’une division asymétrique d’une cellule de l’épiderme foliaire est nommée méristémoïde
primaire, du fait qu’elle continue à se diviser alors que les cellules alentour ont cessé leur division. Ce
méristémoïde subira de une à trois mitoses pour former les cellules de garde des stomates. Chacune
de ces divisions produit une cellule épidermique et une cellule à destinée méristémoïde. Cette
observation soulève donc la question fondamentale du ou des mécanismes assurant le maintien de
l’identité méristémoïde. L’observation à montrer que les méristémoïdes se formaient à la suite d’une
division cellulaire asymétrique de leur cellule mère, tant sur le plan de la géométrie qu’à celui du
devenir des cellules filles. De même, leur maintien durant une à trois mitoses est lié à la division
asymétrique du méristémoïde lui-même.
Nous nous intéresserons à 3 facteurs de transcriptions qui font partie du groupe « Differentiation
genes » mais sont tout de même différent :



SPEECHLESS : Les mutants ne voient pas l’initiation de la division cellulaire asymétrique
nécessaire de l’épiderme. Il y a donc absence de stomate.
MUTE : Les mutants voient l’initiation de la division asymétrique mais ces divisions sont
excessives et les stomates ne se forment pas.
FAMA : Plusieurs divisions de GMC sans que les stomates ne se forment. On finit par avoir
plusieurs cellules liées entre elles sans stomates.
70
Daniel Rodriguez - 2019
Ce sont tous des facteurs de transcription dont l'un ne peut
pas complémenter la partie codante d'un autre (pas comme
WEREWOLF et GLABRA1 vu plus tôt dans le cours).
La formation des stomates implique des divisions
comparables aux divisions des cellules souches.
Sur cette image, la formation des stomates est suivie en
directe. On peut voir la protéine SPEECHLESS en vert qui ne se
trouve pas dans toutes les cellules. De plus, notons qu’on ne le
voit que dans une seule zone, le noyau, car c’est un facteur de
transcription.
Ici, SPEECHLESS a pu être tagué mais ce n’est pas toujours le cas ! FAMA typiquement ne peut pas être
tagué sans déranger son activité. On peut voir mute en bleu.
L’expression de SPEECHLESS change au fil du temps : certaine cellule l’exprime puis la réprime pour
l’exprimer à nouveau.
Ainsi, la cellule se divise en deux et la plus grosse garde les caractéristiques de cellule souche. C’est
d’abord SPEECHLESS qui est exprimé puis MUTE car, en effet, SPEECHLESS est un inducteur de
l’expression de mute.
Au bout d’un moment SPEECHLESS n’est plus utile car MUTE est suffisamment exprimer. Un troisième
facteur existe, FAMA, un gène seulement exprimé pour donner naissance aux dernières cellules
stomatiques par division symétrique. En effet, au début, avec SPEECHLESS et MUTE, on a que des
divisions ASYMETRIQUES (une petite cellule et une grande se forme) mais tout à la fin, juste avant de
faire le stomate, il faut une division symétrique qui se fait grâce FAMA.
Comme expliquer avant, trois mutants ont ainsi pu être isolés : SPEECHLESS, MUTE et FAMA.
SPEECHLESS est exprimé très tôt dans la reprogrammation de la cellule, MUTE est exprimé plus tard
quand les divisons asymétriques sont trop importante et FAMA est exprimée à la fin pour former le
stomate. Ce sont tous des facteurs de transcription de type bHLH.
71
Daniel Rodriguez - 2019
Il est possible de suivre ces facteurs de transcriptions et exploiter ces marqueurs pour isoler les cellules
qui se trouvent dans un stade particulier. C’est une technique assez facile (mais attention au contrôle
et artefact). Pour ce faire, on peut prendre une feuille en développement avec ces facteurs (cellule en
train de se différencier) et on forme des protoplastes (cellule végétal sans paroi). Ces protoplastes
seront ainsi mit en contact avec un champignon qui digère la paroi afin de se retrouver avec des cellules
ne possédant que la membrane cytoplasmique.
Il suffit ensuite d’utiliser un appareil qui fait passer les cellules une après l’autre dans un canal très fin
et qui sépare les sépare selon leur fluorescence à l’aide d’un laser. Pour faire simple, si elle est
fluorescente elle tombe dans le sceau 1 et sinon dans le sceau 2. On sépare ainsi toutes les cellules qui
ont une fluorescence verte des autres (les cellules qui expriment SPEECHLESS). On enrichie ainsi notre
échantillon avec des cellules qui expriment SPEECHLESS. Cette technique prend assez de temps et il
faut faire un contrôle en regardant ce qui se passe lors de la protoplastation (quel impact cela a sur la
cellule) mais elle permet de séparer les cellules qui nous intéresse des autres.
On voit sur l’image un aperçu d’un FACS (« Fluorescence activated cell sorting »). Cette machine
interdisciplinaire permettait au constructeur d’avoir une idée de la qualité du ciment ; les biologistes
ont adapté l’idée.
Une fois les cellules séparés on peut faire une extraction d’ARN et on fait une approche standard pour
savoir qu’elles gènes sont exprimés dans la cellule : on fait une amplification par PCR pour avoir plus
de matérielle et examine le transcriptome. On a une signature de la cellule qui nous permet de faire
une comparaison entre les cellules exprimant SPEECHLESS et celle ne l’exprimant pas. Cela peut être
réalisé par puce d’ADN (ne se fait plus aujourd’hui) ou par séquençage de haut débit (ce qui se fait le
plus).
Il faut ensuite normaliser c’est-à-dire savoir qui est exprimé à quel taux et par rapport à quoi. Les gènes
étant très exprimer à un certains stages ressortent très clairement et permettent de définir quels gènes
sont exprimés fortement ou faible selon le stade de la cellule. A droite on a une image qui montre qui
est plus ou moins exprimées. On voit que beaucoup de gènes sont exprimés de manière différentielle,
chaque bande étant un gène. On voit des blocs de gènes très induits.
On peut constater que, sur cette cellule, des milliers de gènes sont exprimés de manière différentielle
par rapport au contrôle. Donc des milliers de gènes sont changé par rapport à une cellule épiderme !
Donc on peut suivre la séquence de nos gènes initiaux dans le mutant et la comparer avec un non
mutant. On peut grâce a cela trouver aussi d’autre gène qui sont peut être encore plus exprimées que
SPEECHLESS et donc devrait être important pour la différenciation en cellule épidermale.
Cette technique est simple d’utilisation et pas très complexe. Elle nous permet de voir qu’il y a une
reprogrammation massive des cellules épidermales avec SPEECHLESS comme chef d’orchestre des
72
Daniel Rodriguez - 2019
cascades moléculaires. En effet, ce sont à peu près 9'000 gènes qui sont contrôler par SPEECHLESS soit
1/3 des gènes (reprogrammation massive). De plus, il contrôle aussi de manière INDIRECTE certains
gènes : il peut intervenir sur les promoteurs des gènes (manière directe) mais puisque c’est un facteur
de transcription, il peut activer un autre acteur qui agit sur un autre gène ou alors agir sur l’ARNm
(manière indirecte).
On peut se demander combien de cible SPEECHLESS régule de manière direct et indirecte ? Pour le
savoir, il faut regarder sur quel promoteur s’attache SPEECHLESS. La technique ici consiste à faire un
lien covalent entre SPEECHLESS et l’ADN pour coller la protéine SPEECHLESS aux endroits où elle
interagit. On peut voir les gènes contrôler directement lorsque le lien covalent se fait sur le promoteur.
Une fois le lien fait, on isole l’ADN et on le casse par traitement ultrasonique. On sait que certaines des
pièces d’ADN sont en lien avec SPEECHLESS que l’on sépare à l’aide d’anticorps (les anticorps se lieront
à SPEECHLESS et indiqueront les fragments d’intérêt, c’est la « chromatin immunoprecipitation » ou
ChIP). On peut faire un séquençage à haut débit et on regarde les endroits du génome avec lesquelles
la protéine SPEECHLESS se lie de manière directe. De cette manière on sait que ce sont 9'000 gènes
qui sont gérer de manière direct.
Sur l’image ci-dessous, on peut voir la quantité de SPEECHLESS retrouver sur chaque promoteur. Il est
possible d’observer un pique avec le promoteur de MUTE ce qui indique que SPEECHLESS agit sur le
gène MUTE comme on l’avait prédit plus taux. Ainsi, on sait que MUTE est une cible direct de
SPEECHLESS, étape importante des divisions et de la différenciation en stomate. On peut aller encore
plus loin pour comprendre le mécanisme en enlevant par exemple le bout du promoteur de mute qui
permet de se lier a SPEECHLESS. Toutes ces techniques ont permis aux scientifiques de comprendre le
mécanisme de ces gènes.
Nous avons donc une reprogrammation massive de la cellule. Mais pourquoi et comment les
différenciations asymétriques s’arrêtent-elles ? C’est là que FAMA est important.
Notons tous d’abord que, avant l’arrivée de FAMA, il n’y a PAS de stomate mais uniquement des
cellules souches de stomates. L’arrêt de formation des cellules mères des stomates est fait par des
signaux externes provenant de cellules voisines.
Les mutants fluctuent par la densité des stomates ce qui nous permet de dire qu’il y a un lien entre les
gènes créateurs de stomates et les gènes de densité des stomates. En effet, on a des processus
d’interaction à la membrane qui influence SPEECHLES et MUTE. On a des facteurs telles que YDA
(yoda), MKK4/5 et MPK3/6 qui suppriment l’expression de MUTE qui, si la concentration de ces
inhibiteurs est assez importante, arrête la division asymétrique. On trouve les mêmes régulateurs pour
73
Daniel Rodriguez - 2019
l’activation de FAMA. On a donc inhibé MUTE et activé FAMA qui induit la création du vrai stomate. Il
y a quelques composantes qui sont mobiles : EPF1 et EPF2. Ce sont des gènes qui codent pour des
protéines qui sont processer ; ces gènes qui codent pour des protéines qui sont excréter puis processer
par des peptidases (c’est-à-dire couper) et seules un bout de la protéine va bouger par diffusion. Les
récepteurs pour ces peptides sont ER et TMM et vont permettre l’activation de FAMA. Ces gènes,
surtout EPF2, sont sous contrôle de SPEECHLESS.
La flèche en rond veut dire que SPEECHLESS peut s’auto-activé donc est sous contrôle de sa propre
expression. Mais aussi sous celle d’EPF2 ! En effet, EPF2 est un inhibiteur de SPEECHLESS (on trouve
ces processus de retro-action connectés assez souvent en biologie). Tout dépend au final de la stabilité
des protéines et de la concentration de celle-ci.
On peut voir ici ce qui se passe dans le type sauvage et dans les mutants SPEECHLESS (qui est essentiel
pour la reprogrammation des cellules épidermes) et scrm-D. Il est possible de créer une condition
artificiel (EPF2-OX avec OX pour sur expression) par la création d’un transgène qui se caractérise par
une combinaison d’un promoteur toujours activé dans la cellule. Ainsi, on fait un découplage de
l’expression de EPF2 de la présence de SPEECHLESS (EPF2 est toujours actif avec ou sans SPEECHLES).
Dans les transgènes EPF2-OX on voit que la formation des stomates est bloquées ce qui prouve que
SPEECHLESS et EPF2 sont liés. On peut aussi créer un transgène MUTE-OX où les stomates seront
surexprimés pour comprendre comment le système marche.
Il reste à voir comment la différenciation en stomate se fini ; c’est là que FAMA agit. Une fois que FAMA
est induit, on a cette dernière division symétrique qui forme le stomate. FAMA fait ça avec un autre
facteur très générique qui se nomme RB pour retinoblastoma. RB se trouve dans tous les eucaryotes
et même chez l’homme. Quand cette protéine RB est muté chez l’homme, celui-ci développe le
retinoblastoma qui provoque (dès l’enfance) un cancer des yeux (on peut opérer mais après on a
aveugle).
Ce facteur agit comme supprimeur des divisions cellulaires (et un cancer ce caractérise justement par
des divisions cellulaires trop nombreuse). RB bloque ainsi une cellule différenciée de manière
permettant ; en effet, une fois que les cellules sont devenues des stomates, il faut qu’elles restent
74
Daniel Rodriguez - 2019
stomates. RB est nécessaire pour garder les cellules dans cet état. Elle ferme la « boite » pour que le
processus de reprogrammation se stoppe. Elle est impliquée dans beaucoup de processus et parfois
dans des defaults dont le processus n’est pas encore bien compris. Ainsi, retenons que RB empêche la
formation des tumeurs chez l’homme et à comme rôles générales :


Empêcher la division cellulaire
Arrêter une cellule dans son destin de manière permanente
FAMA interagit avec RB et s’associe avec beaucoup de gène nécessaire avec la formation des stomates,
y compris (le plus important) SPEECHLESS ! C’est un processus épigénétique qui se produit lorsque RB
et FAMA se lie (ne pas oublier que tous les processus épigénétiques ne sont rien d’autres qu’une
couche supplémentaire de régulation de la génétique). RB-FAMA stabilise l’état différencié de manière
permanente.
Puis PRC2 est recruté (composante du complexe) qui met des marques épigéniques autour du site de
recrutement. Ces marqueurs peuvent être des méthylations, qui peuvent être sur les histones qui
contrôlent l’ouverture de l’ADN. Avec ces modifications des histones, l’ouverture de l’ADN est changée
ce qui donne plus ou moins accès aux facteurs de transcription à l’ADN. Les facteurs de transcriptions
n’ont ainsi plus accès au promoteur et donc les gènes ne sont plus exprimés.
Cette régulation marche assez bien ; l’accumulation de marqueurs épigéniques inhibe bien
l’expression des gènes. Sur l’image du bas on peut voir un individu transgénique (n’est pas un mutant).
Les scientifiques ont aussi voulu suivre l’expression de FAMA en le couplant avec un marqueur
fluorescent style GFP. Mais ça ne marche pas (ce qui est assez rare, ce produit pour 1 facteur de
transcription sur 10) car en introduisant FAMA-GFP dans un mutant, rien ne s’est passé, le phénotype
était toujours mutant. Ça n’a pas complémenter le mutant ce qui signifie que la GFP à changer
l’expression de notre FAMA ; on ne peut donc pas faire confiance à la protéine en fusion.
L’approche protéomique a permis la compréhension du système et la raison pour laquelle FAMA-GFP
ne fonctionne pas. En fait, en ajoutant la protéine fluorescente à FAMA, FAMA n’interagit plus avec RB
(dérange l’interaction).
En fait, en ajoutant dans notre plante mutant pour FAMA le marquer de SPEECHLESS-GFP, on voit que
SPEECHLESS est exprimer dans les stomates déjà différencier (ce qui est pas le cas dans les WT !). Ceci
induit un nouveau cycle de différenciation à l’intérieur même des stomates déjà différenciés. On a
75
Daniel Rodriguez - 2019
donc la formation de cellules souches de stomates dans les stomates eux même et donc de stomate
dans les stomates.
76
Daniel Rodriguez - 2019
7. Modeling
Avec notre pensée uni-dimensionnel, il n’est pas toujours facile de voir les interactions entre les
molécules dans l’espace et dans le temps : plusieurs processus se font en même temps, interagissent,
se combinent, ....
Par exemple, pour diminuer l’effet de SPEECHLESS, on doit stopper MUTE qui peut l’être par différent
signaux de signalisations de EPF mais aussi plein d’input latéraux comme le CO2, le stress osmotique,
les pathogènes qui peuvent empêcher l’expression de SPEECHLESS qui va finalement déterminer la
densité des stomates. De même, s’il y a beaucoup de lumière et que le milieu est favorable pour faire
la photosynthèse alors la plante aura besoin de plus de CO2 et, par conséquent, plus de stomates. Les
interactions permettant la modulation de la densité des stomates sont les suivantes : la haute intensité
de lumière va supprimer le processus YDA et la cascade qui s’en suit ne pourra pas se faire. Ainsi, plus
de stomates se formeront. C’est comme ça que la densité de stomate est gérer par l’environnement.
Plein de facteurs peuvent donc moduler le processus, ce qui n’aide pas à la compréhension… Ainsi, la
modélisation des processus devient un outil très utile en biologie. Nous verrons une petite introduction
du modeling.
On a parlé de la formation des stomates qui montre bien la plasticité du développement et la formation
d’une structure dans l’organisme. Entre autre, nous avons vus l’importance des facteurs endogènes et
externes qui contrôlent la densité de stomate : arrêter la divisions plus tôt veut dire avoir moins de
stomates tandis que l’arrêter plus tard signifier plus de stomates.
BRA1 a un domaine externe qui interagit avec des peptides qui jouent avec les voies de signalisations.
Cependant, on a vu que SPEECHLESS agissait sur lui-même, mais aussi sur d’autres structures : une fois
isoler, comprendre la relation entre les composantes peut devenir compliqué. La cellule souche de
stomate produit elle-même un signal qui lui demande de ne plus être un stomate : ces processus sont
très complexes au niveau spatial et temporel. C’est pour cela que la modélisation devient de plus en
plus importante. On parle de modélisation du développement et des processus moléculaires. On met,
grâce à cette technique, nos observations à un niveau plus complexe.
La morphogénèse et la régénération ne sont au final qu’une affaire de patterning. Prenons la première
modélisation qui a été réalisée : une génération de chercheur était très fascinée par le système de
77
Daniel Rodriguez - 2019
régénération des hydres et donc décida de l’étudier. En effet, une hydre coupée en deux est capables
de former deux nouvelles hydres. Les cellules, une fois isolées, vont se re-agrégées pour reformer une
hydre de manière correct. Mais comment est-ce possible ?
Pour le comprendre, parlons d’Alan Turing qui a permis durant la 2ème guerre
mondiale de déchiffrer l’énigma, une machine de messagerie allemande.
Alan Turing a fait beaucoup de travaux en mathématiques mais n’a publié
qu’un seul papier en biologie où il propose un mécanisme de formation
(pattern) par des réactions de diffusion à partir de condition aléatoire. Ce
sont les « Turing pattern ». Cette contribution fut l’élément base pour la
modélisation.
Ces calcules ont été utilisés dans un contexte biologique pour comprendre
les processus du développement. Dans les années 70, Meinhardt et Gierer
font des animations (qui peuvent paraitre ridicule aujourd’hui mais qui était
à la pointe à l’époque) à partir des « turing pattern ». Tenons ici en compte
le fait qu’à cette époque on ne savait rien sur l’ADN et autres molécules essentielles.
Modèle de l’activateur et de l’inhibiteur
Sur leurs calculs, les deux scientifiques on prit un activateur, qui est au moins responsable de sa propre
expression, mais aussi responsable de l’activation de son propre inhibiteur qui le régule : 3 cycles
possibles donc : l’activation de l’activateur, l’activation de l’inhibiteur et l’inhibition de l’activateur. Ce
lien nous rappelle SPEECHLESS et EPF2 ! EPF2 est un régulateur négatif de SPESCHLESS tandis que
SPEECHLESS active EPF2 et lui-même. Ce système de réaction – diffusion a besoin de deux conditions :


La production des composants du système est interdépendante
Les composants peuvent se déplacer par diffusion
Ci-dessous, on peut voir les 2 équations différentielles qui permettent de décrire l’interaction entre
l’activateur et l’inhibiteur. C’est un système de réaction-diffusion du type activateur-inhibiteur qui
semble expliquer de nombreux types importants de formation de motifs et de morphogenèse observés
au cours du développement. (La preuve nécessite l'identification des supposés morphogènes, la
mesure de leurs concentrations et de leur cinétique spatio-temporelles et la démonstration par knock-
78
Daniel Rodriguez - 2019
out ou d'autres manipulations génétiques qu'elles sont des composants essentiels de la formation du
motif observé.) Ici,






a est une substance autocatalytique à courte portée, c’est-à-dire un activateur
h est son antagoniste à long terme, c’est-à-dire un inhibiteur.
∂a/∂t décrit le changement de concentration d'activateur a par unité de temps.
Le premier terme à droite décrit le taux de production qui dépend de manière non linéaire de
la concentration d'activateur (a2) et est ralenti par l'inhibiteur (1 / h).
Le nombre de molécules qui se désintègrent par unité de temps est proportionnel au taux de
désintégration µa et au nombre de molécules a présentes (le nombre de personnes décédées
dans une ville dépend du nombre d'habitants).
L'échange de molécules est supposé se produire par diffusion (Da∂2a / ∂x2), mais d'autres
modes de propagation sont également possibles.
La deuxième équation décrit en termes analogues l'évolution de la concentration en inhibiteur.

ρa est une petite vitesse de production de l'activateur indépendante de l'activateur et est
nécessaire pour lancer l'auto-analyse de l'activateur à une très faible concentration
d'activateur, par exemple en cas de régénération (comme indiqué ci-dessous). Une faible
production de base d'inhibiteur, ρh, conduit à un état stable non structuré; le système peut
rester en veille jusqu'à ce qu'un déclenchement externe se produise par une élévation de la
concentration d'activateur au-dessus d'un seuil.
Alfred Gierer et Hans Meinhardt ont formalisé cette observation et proposé un modèle plausible sur
le plan moléculaire pour la formation de motifs, constitué de deux équations aux dérivées partielles
de type réaction-diffusion. Le modèle décrit la concentration d'une substance auto-catalytique à
courte portée, l'activateur, qui régit la production de son antagoniste à longue portée, l'inhibiteur. Il
s’agit certes d’un modèle minimal, mais il constitue un pont théorique entre les observations d’une
part et la déduction des mécanismes génétiques moléculaires sous-jacents d’autre part.
La possibilité de générer des motifs par la réaction de deux substances diffusant à des vitesses
différentes a été découverte par Turing (1952). Gierer et Meingardt ont montré que même si cette
condition est remplie, seule une classe très spéciale de réactions est capable de former des motifs si
et seulement si une autocatalyse locale et une inhibition de longue durée sont impliquées. Dans le
79
Daniel Rodriguez - 2019
terme de mécanisme de Gierer-Meinhardt, l'inhibition résulte d'une élimination de l'activateur par la
substance à diffusion rapide.
La périodicité du modèle
Mais comment créer un « pattern » avec ce système ? En fait, ce modèle est périodique. Les modèles
périodiques sont très courants dans le développement. L'initiation des feuilles derrière une pousse en
croissance, la formation de poils de feuille, de plumes chez les oiseaux ou de poils chez les mammifères
en sont des exemples. Selon le modèle, des structures périodiques apparaissent si la plage de la
substance inhibitrice est inférieure à la taille du champ dans lequel la réaction a lieu. Si elle est initiée
par des fluctuations aléatoires, le motif aura une certaine irrégularité (comme dans les poils de la
feuille). Une distance maximale et minimale est toutefois maintenue. Des motifs très réguliers se
forment si le tapotage se produit pendant la croissance. L'initiation des feuilles derrière les pousses en
croissance est un exemple.
Ainsi, si tout reste en place durant le processus, on voit apparaitre un état stable local à la fin, sans
composante spéciale ; c’est l’équilibre dynamique. Si on introduit une asymétrie spatial, à ce momentlà on verra l’apparition de différences locales. Si l’inhibiteur diffuse plus rapidement que l’activateur
alors on a une différence locale : on aura une inhibition à un endroit qui est assez grande pour
qu’aucune expression de l’activateur ne se fasse. Un tout petit changement peut alors enclencher des
fluctuations qui se reproduisent dans le temps. Une petite fluctuation locale se transforme en grande
fluctuation local qui va déranger les régions voisines avec une stabilité locale. Ces régions voisines vont
alors entrer à leur tour dans un état stable mais dynamique.
On peut dès lors imaginer d’autres modèles alternatifs. Dans ce système, un activateur disparait à
cause de l’inhibiteur qui diminue alors son taux ce qui fait revenir la molécule ….
Des expériences classiques ont révélé que, dans de nombreux systèmes, les tissus peuvent être
éliminés et que le développement se poursuit normalement. Par conséquent, toute théorie de la
formation de modèles biologiques devrait pouvoir décrire la régulation de modèles après une
interférence expérimentale. Dans la simulation (à droite), le maximum est supprimé. Ainsi, la région
dans laquelle l'inhibiteur est produit est également supprimée. Après la décroissance de l'inhibiteur
résiduel, l'autocatalyse se déclenche à partir d'une production d'activateur de base et le gradient est
restauré.
Ce qui freine l’étude de cette approche est le manque de donné expérimental mais c’est très utile car
on peut faire une sorte de guide de nos expériences avec des paramètres que l’on connait qui nous
prédisent les autres paramètres.
80
Daniel Rodriguez - 2019
La capacité de régulation est généralement perdue aux derniers stades de développement. Etant
donné que dans le mécanisme proposé, la formation du motif dépend de la diffusion, le mécanisme
ne peut fonctionner que si le tissu à modeler est petit. Le modelage de champs plus grands
demanderait trop de temps. Ainsi, au cours du développement, la compétence pour former des
modèles est perdue; la détermination des cellules ne dépend plus de la signalisation et est fixée. Il est
donc très important que, durant le développement, les cellules ne soient compétentes que dans un
certain laps de temps pour générer des régions organisatrices primaires.
Exemple des cyanobactéries
La fixation d’azote biologique n’est possible qu’en conditions anaérobies, la raison principale étant que
la nitrogénase, l’enzyme clé dans la fixation, est fortement inhibée par l’oxygène moléculaire. Pour
permettre la fixation d’azote, les bactéries ont développés différentes stratégies :



Pour les bactéries anaérobies, il n’y a pas de problème, leur environnement ne contient pas
d’oxygène moléculaire
Les bactéries anaérobiques facultatifs ne fixent l’azote que dans les conditions d’anaérobie
(des fois crées par la bactérie même par respiration élevée)
Les bactéries aérobies fixent l’azote grâce à des compartiments anaérobiques.
Un exemple dans lequel la réaction moléculaire sous-jacente est
très proche du mécanisme proposé est l'initiation de cellules
fixatrices d'azote dans l'algue bleu-vert Anabaena (cyanobactérie
diazotrophe). Cette algue consiste en une chaîne linéaire de
cellules. Environ une neuvième cellule se différencie en une cellule
dite hétérocyste, une cellule spécialisée. Ces cellules ont une paroi
épaisse et n’expriment pas le photosystème II de la photosynthèse :
dons dans les hétérocystes il n’y a pas production d’oxygène moléculaire.
En accord avec la théorie, cette formation de motifs est basée sur un facteur de transcription HetR qui
a un retour positif direct sur la transcription de son propre gène. Seuls les dimères de HetR peuvent se
lier à l'ADN, c'est-à-dire que l'auto-amélioration est non linéaire, comme prévu théoriquement. Ce
HetR active également la production d'un peptide court, PatS, qui peut se lier au facteur de
transcription HetR. La liaison du peptide au facteur de transcription supprime sa capacité à se lier à
l'ADN. Le peptide agit donc comme inhibiteur. Le peptide peut être diffusé entre les cellules par le biais
de canaux spéciaux, appelés desmosomes.
81
Daniel Rodriguez - 2019
En effet, on a réalisé que ces hétérocystes sont pas placer de manière aléatoire mais sont placer
toujours tous les 7 ou 8 cellules. On voit une certaine régularité. Des mutants ont été trouvé avec soit
sans hétérocystes, soit avec des hétérocystes placés aléatoirement.
On peut voir sur l’image ci-dessous que seul les hétérocystes eux-mêmes sont ceux qui expriment de
manière efficace HetR. En fait, HetR n’est pas du tout mobile mais PatS oui. L’hétérocyste va faire
diffuser PatS dans les cellules voisines jusqu’à ce que la diffusion ne soit plus assez grande pour
complètement supprimer HetR. On a donc la formation d’un nouvelle hétérocyste à une distance
régulière.
82
Daniel Rodriguez - 2019
8. Photomorphogénèse
La lumière est essentielle pour la plante. Durant sa croissance et son développement, la plantule doit
devenir autotrophe et c’est la lumière qui le lui permet. En effet, la plantule se cache dans la graine
jusqu’à ce que les conditions soient meilleures. Les premiers jours, elle dépend des nutriments de la
mère.
Les premières phases de croissance est une phase d’expansion cellulaire. On peut voir deux
programmes extrêmes de développement de la plantule:
1. La stokomorphogénèse (gauche):
i) Suppression de la photosynthèse en principe par :
(1) la suppression de la transcription des gènes qui codent pour des composants
structurels de l’appareil photosynthétique, comme les protéines LHC
(2) La suppression des précurseurs de chlorophylle
ii) Suppression de la croissance de la racine et de la tige (par suppression de l’activité des
méristèmes apicaux
iii) Les cotylédons demeurent fermés sur le méristème apical caulinaire
iv) Elongation de l’hypocotyle (appelé étiolement) pour la recherche de la lumière
2. La photomorphogénèse (droite):
i.
Activation de la photosynthèse
ii.
Reprise de la croissance de la racine et de la tige par augmentation de la prolifération
des cellules dans les méristèmes apicaux
iii.
Ouverture et déploiement des cotylédons
iv.
Suppression de l’élongation de l’hypocotyle (appelé deétiolement)
Il est possible de stimuler les graines avec de la lumière. En
effet, la lumière induit la germination des grains
d’Arabidopsis. On peut voir que la lumière n’a pas qu’un
rôle dans la photosynthèse car il y a une perception de la
lumière même quand la photosynthèse n’est pas activée
(c’est-à-dire dans les graines). On voit ainsi une réponse,
une stimulation, a une certaine longueur d’onde (vers
650nm) qui a un effet positif sur la germination. Une autre
longueur d’onde (vers 750) aura un effet inverse et va
inhiber la germination de la graine.
83
Daniel Rodriguez - 2019
Les photorecepteurs
Le spectre d’action de la photosynthèse s’arrête à 700nm et donc une longueur d’onde frappe la
plante, celle-ci n’est pas absorber par l’appareil photosynthétique. On a donc déterminé qu’il devait y
avoir autre chose que l’appareil photosynthétique qui était capable de capter la lumière. Ce sont ces
photorécepteurs qui permettraient le contrôle de la transition à la photomorphogénèse.
Ils ont été difficile à trouver car il y a énormément de redondance de ces systèmes photorécepteurs
(pour que la plante soit sûr de fonctionner). On a aussi des redondances dans la longueur d’onde
excitatrice : la bleu et la rouge excite ce système par exemple. Les mutants sont ainsi difficiles à isoler
La clé pour trouver ces mutants furent la création des LED (lumière à une seule longueur d’onde et non
tout un spectre) qui permirent de faire des cribles génétiques. Ce sont les japonais qui ont trouvés les
premiers des mutants. Ils ont décidé d’utiliser des LED à lumière uniquement bleu et uniquement
rouge. Voici les mutants skotomorphogéniques :
En fait, il existe en réalité plusieurs photorécepteurs chez les plantes ! Dont la nomenclature est un
peu complexe et différente selon la longueur d’onde dans laquelle le photorécepteur absorbe (notons
que minuscule = pas muté). En effet, la lumière est le déterminant clé de l’ontogenèse (développement
de l'individu, depuis la fécondation de l'œuf jusqu'à l'état adulte) végétale.
84
Daniel Rodriguez - 2019
On a plusieurs récepteurs dans le rouge, parfois redondant et parfois pas. D’autres se trouve dans le
bleu (les premiers pour le rythme circadien, d’autres pour les ultraviolet). Seule la lumière rouge incite
la germination et PAS LA LUMIERE BLEU. Quelque chose d’important à noter est que la phototropine
(notée phot1 et phot2) est un photorécepteur végétal intervenant dans les phénomènes de croissance
et développement, d'ouverture stomatique, de mouvement chloroplastique et de mobilisation du
stock calcique. On distingue les phototropines PHOT1 des phototropines PHOT2 qui vont percevoir
respectivement des intensités lumineuses différentes : faibles pour PHOT 1 et élevées pour PHOT 2.
Ainsi, les photorécepteurs ont une influence importante dans une multitude de processus de
régulations. Même l’ouverture des stomates est gérée par les photorécepteurs.
Le phytochrome
Durant ce cours, nous ne verrons que les photorécepteurs phytochrome mais il en existe d’autres. Ces
phytochromes travaillent dans le rouge. Ils contiennent la phytochromobiline, un pigment leur
permettant d’absorber à la longueur d’onde du rouge et du rouge lointain.
Ce sont des photorécepteurs qui sont toujours en association avec des chromophores. En effet, les
chromophores jouent le rôle d’indicateur de la lumière, ils sentent la lumière. Pour s’associer au
chromophore, le phytochrome possède un domaine avec une cystéine qui permet l’association des
deux unités. Les chromophores possèdent un groupe isomérique (partie en rouge à la fin de la
molécule) qui absorbe la lumière rouge et induit un changement de conformation du chromophore et
de la protéine associé.
Ainsi, les photorécepteurs changent de conformation quand un photon est absorber mais uniquement
les photons dans le rouge. Deux formes de photorécepteurs existent :


La forme Pr absorbe les photons dans le rouge
La forme Pfr absorbe dans le rouge lointain
Ce qui est important à retenir c’est que ces structures sont REVERSIBLE : si la forme Pr absorbe dans le
rouge alors on a un flip du groupe isomérique qui la fait devenir une Pfr et inversement avec Pfr qui
peut devenir Pr lorsqu’elle absorbe dans le rouge lointain. On dit que le processus est photo-réversible.
Notons que la partie phytochrome apoprotéine est formée dans le noyau de la cellule végétal tandis
que la partie chromophore est formée dans les chloroplastes (comme le montre le schéma).
85
Daniel Rodriguez - 2019
En résumé nous avons donc deux états du phytochrome. Le phytochrome est présent dans les graines
et les plantes étiolées sous une forme appelée « Pr ».


L’absorption de la lumière rouge convertit le Pr en forme Pfr
La forme Pfr peut être convertit en forme Pr par l’absorption de la lumière rouge lointain, un
processus appelé « photo-réversibilité ».
Notons quelque chose d’important : le phytochrome est synthétisé sous la forme Pr !
Il est possible de produire in vitro ces photorécepteurs et caractériser leurs comportements selon la
longueur d’onde. On peut voir sur ce graphe qu’il y a une certaine superposition entre les deux
longueurs d’ondes des photorécepteurs. Ainsi, Pr peut aussi recevoir de la lumière provenant du rouge
lointain et Pfr de la lumière provenant du rouge.
Les formes Pr et Pfr du phytochrome existent dans un équilibre déterminé par l’intensité relative de la
lumière rouge et rouge lointain.



Pr, mais aussi moins efficacement Pfr, absorbent de la lumière rouge ce qui le transforme dans
l’autre etat. Donc, dans des conditions de saturation de lumière rouge, le phytochrome existe
à 85% sous forme Pfr et 15% sous forme Pr
Pr aussi absorbe très faiblement de la lumière rouge lointain, ce qui la transforme en Pfr. Donc,
dans des conditions de saturation de lumière rouge lointain, le phytochrome existe à 97% sous
forme Pr et 3% sous forme Pfr.
Ces deux conditions de saturations sont appelées l’équilibre photostationnaire
86
Daniel Rodriguez - 2019
On a ainsi jamais la situation où il n’y a que Pfr ou que Pr : Une fois que l’on a excité une plante avec
de la lumière rouge ou de la lumière rouge lointain, on aura un pool de Pfr et Pr qui dépendra de cette
excitation mais jamais nous aurons 100% d’une forme.
Localisation des phytochromes
La conformation du phytochrome influence sa localisation intracellulaire. En effet, la forme active est
la forme Pfr qui peut entrer dans le noyau lorsque l’on induit une isomérisation. Pfr, même s’il n’est
pas un facteur de transcription, peut séquestrer des facteurs de transcription et réguler la
transcription.
Pfr interagit avec PIF3 qui, par ajout d’ubiquitine, va être envoyé à la dégradation. Le travail de PIF est
de supprimer tout gène impliqué dans la photomorphogénèse par inhibition. Lorsque PIF est détruit,
on a donc un processus de photomorphogénèse puisque les gènes de l’ADN sont denouveau actif. Le
taux de Pfr qui agit dans la plante dépend de la lumière et de sa qualité. Les autres photorécepteurs
agissent plus ou moins de la même manière. Ainsi, lorsqu’il y a de la lumière (par exemple en journée),
la lumière rouge va être absorbée par la forme Pr qui devient alors Pfr. Ce Pfr va permettre le processus
de photomorphogénèse.
Une
autre
molécule
est
importante : COP1. Il est activé par
la lumière d’une manière indirecte
et est conserver dans tous les
eucaryotes. Plusieurs chercheurs
ont trouvé, en mutant COP1, des
phénotypes
de
plante
photomorphogène
même
à
l’obscurité. Ainsi, lorsque COP1 est
activé, la plante a un phénotype
« petit hypocotyle ».
En effet, le facteur de transcription à domaine à glissière à leucine bZIP Elongated Hypocotyl in Light
(ou HY5 pour les intimes) est synthétisé à la lumière et dégradé à l’obscurité. La dégradation de HYP5
à l’obscurité implique une protéine COP1, un régulateur négatif de la photomorphogenèse. COP1
interagit à l’obscurité avec HY5 et l’oriente vers la dégradation via un processus médié par le
protéasome. COP1 fonctionne vraisemblablement comme une ubiquitine ligase E3 qui permet
87
Daniel Rodriguez - 2019
l’attachement d’ubiquitine aux protéines à dégrader. COP1 régule directement l’abondance de
plusieurs facteurs de transcription qui participent à la photomorphogenèse. A la lumière, HY5 active la
transcription des gènes impliqués dans la mise en place de réponse à la lumière.
Par cartographie génétique, il a été possible d’isolé les gènes COP1 et HYP5. Le substrat de COP1
s’associe avec le facteur de photomorphogénèse HY5 (mais aussi d’autres comme HYH). Ainsi, HY5 est
envoyé à la dégradation. On a des effets synergistiques (coordination de plusieurs organes assurant
une fonction déterminée) entre les facteurs positifs et négatifs qui donnent de la flexibilité au
processus.
Plusieurs autres mutants de type COP ont mené à la découverte du
« COP9 signalosome ». C’est une protéine multimèrique (10 protéines
différentes). COP9 est complétement gardé chez les eucaryotes, car a
un rôle très basique. En effet, elle a un rôle très important dans le
développement après le stage de plantule pour la régulation de la
photomorphogénèse. Lorsque muté, la plante est tellement
photomorphogénique que la plante meurt sous le stress. Elle se trouve
aussi chez les hommes et est lié à certaines tumeurs. Tout le système
COP9, au niveau fonctionnel, est gardé entre les plantes et les
eucaryotes. Notons que sur le schéma de droite, le complexe CSN correspond à la COP9 signalosome.
Certains ligases d’ubiquitine sont eux-mêmes contrôlés par un système qui leurs ressemble. COP9 est
un régulateur générique des ligases ubiquitine et c’est pour ça que ce complexe est super important.
Il permet de faire une important modification qui est nécessaire pour activé une ligase ubiquitine : la
modification post traductionnel NED qui consiste à retirer NEDD8 de COP1 (on parle de
déneddylation). NEDD8 est une protéine qui est codée par le gène NEDD8 chez l’homme. Cette
protéine semblable à l'ubiquitine (ULP) se conjugue de manière covalente à un nombre limité de
protéines cellulaires d'une manière analogue à l'ubiquitination. Cette modification correspond à peu
près à ce que l’ubiquitine fait elle-même cependant que, au lieu de
mettre, elle enlève un petit tag à l’ubiquitine pour qu’elle puisse
remplir sa fonction. Ainsi, si COP1 est neddylé alors peut alors jouer
son rôle d’ubiquitine. Une fois que COP9 signalosome aura enlevé
NEDD8, alors COP1 sera désactivé. On peut voir ci-dessous un peu
mieux le rôle de COP9 sur COP1.
88
Daniel Rodriguez - 2019
Ainsi, on connait l’activité moléculaire de ce complexe : enlevé la petite modification NEDD8 ce qui
rend COP1 inactive.
On peut voir sur le schéma COP1 en jaune et COP9 en violet. Au niveau moléculaire ce sont des
antagonistes. Notons que les choses ne sont pas toujours évidentes à comprendre : plein de
rétroaction joue un rôle dans ce cycle.
En effet, on a un paradoxe au niveau moléculaire ! Ainsi, si on a une perte de COP1 dans une plante,
celle-ci devient phénotype « petit hypocotyle ». De même, si on perd COP9, on a le même phénotype
« petit hypocotyle » de la plante. Cependant, dans le cas de la mutation de COP9, en enlevant le
complexe COP9 signalosome, la régulation de COP1 ne peut plus se faire et la partie qui rend active
COP1, soit NEDD8, ne peut plus être enlevé de COP1. Ainsi, logiquement, si COP9 est muté, COP1
devrait fonctionner de manière très importante et dégradé efficacement HY5 pour provoquer un
phénotype « long hypocotyle ». Pourquoi observons nous donc le même phénotype ?
La raison de ce paradoxe c’est par ce que la ligase ubiquitine COP1 n’est pas activé pour tout le temps.
En effet, elle fait un reset au bout d’un moment même sans déneddylation. Ainsi, une fois que la ligase
ubiquitine COP1 a fait son job, son activité est régulée et un reset de la protéine se fait. Pour être
active, les COP1 ont besoin d’être neddylé puis dénédylé puis neddylé et ainsi de suite. Lorsque COP9
signalosome est muté, COP1 n’est active uniquement pour 1 seul cycle et donc on voit une
accumulation de la molécule COP1 non active. Le même phénotype que COP1 mutant apparait donc.
C’est comme ça que COP9 travaille dans cette machinerie. Il y a aussi un impact des photorécepteurs
dans ce système. Les crytochromes désactivent PIF3 mais aussi COP1 qui se fait par un export de COP1
du noyau. En effet, dans les conditions de lumières, COP1 est exclu du noyau par la crytochrome CRY1
et l’inactive.
89
Daniel Rodriguez - 2019
Le cycle circadien
Les cryptochromes sont des flavoprotéines impliquées dans les rythmes circadiens des plantes et des
animaux et dans la détection du champ magnétique chez un certain nombre d'espèces. La
dénomination « cryptochrome » a été proposée sur la base d'un jeu de mots combinant la nature
cryptique du photorécepteur et les organismes cryptogames sur lesquels de nombreuses études de la
lumière bleue ont été faites.
Ce photorécepteur se trouve comme COP9 signalosome chez tous les eucaryotes. Chez des bactéries
on trouve des photoligase qui sont des prédécesseurs de ces photorécepteurs. Elles sont ainsi très
intéressantes au niveau évolutif. Leur activité est concernée et perçoit la lumière bleue. Elles jouent
plusieurs rôles selon l’organisme et, chez l’homme, elles jouent aussi le rôle de récepteur de lumière.
Notons que ces photorécepteurs sont interchangeables ! En effet, en introduisant le gène de la souris
de ces photorécepteurs dans des mutants Arabidopsis, il est possible de retrouver le phénotype WT.
Il y a overlap dans leurs activités (plusieurs de ces photorécepteurs ont une même fonction). Pour finir,
notons qu’ils ont un rôle dans le cycle circadien !
90
Daniel Rodriguez - 2019
Ils ont plusieurs rôles : transition vers la floraison, cycle circadien (qui existe chez tous les organismes,
comme la souris mais aussi chez nous), le phototropisme, la germination, … Ainsi, les photorécepteurs
ont une influence importante sur une multitude de processus.
Les photorécepteurs ont des impacts sur le cycle circadien
des individus ci-dessous. Notons que l’horloge biologique
des plantes n’est pas homologue à celle des animaux même
si c’est aussi les photorécepteurs qui le régulent. Notons
aussi que l’horloge biologique a été découverte chez les
plantes.
Avec des vidéos times laps, il est possible de voir que la
plante bouge selon un certain rythme. De plus, elle ne bouge
pas de manière aléatoire : c’est contrôler (nous avons vu une
video en classe où la plante de haricot fait un mouvement des feuilles de haut vers le bas selon un
rythme de 24h).
Pendant beaucoup d’années, on pensait que le rythme des feuilles
suivait l’influence d’un facteur externe, comme la température ou
l’intensité de la lumière. Mais on remarque que les plantes d’haricots
placés dans une chambre noire à température constante continuaient
à faire les mouvements pendant plusieurs jours …. et inversement.
Cette observation suggère l’existence d’une montre endogène.
L’horloge biologique des plantes a été découverte à cause des mouvements des
feuilles : on parle de nyctinasties, ou mouvement de mise en sommeil. Les plantes
font ça de manière plus ou moins importante. Les haricots laissent complétement
tomber les feuilles la nuit et les relèvent la journée. Mais comment la plante incite
ce type de mouvement ? Grace à la turgescence ! La turgescence change selon
l’activité photosynthétique. Elle est perdue au niveau de la base de la feuille et donc
la feuille retombe.
Les premiers chercheurs ont enregistré ce mouvement avec un petit cylindre qui
avait un crayon connecté à la plante pendant 24H. On voit un certain rythme qui
n’est pas vraiment dépendant de la lumière (A RETENIR). Certains processus comme
la photosynthèse sont dépendant de la lumière. D’autres processus ne sont qu’à moitié dépendant de
la lumière et sont plutôt lier à l’horloge endogène biologique. En effet, même sans lumière, le
mouvement des feuilles continuent pendant certains jours.
91
Daniel Rodriguez - 2019
Si on met les plantes dans un lieu où les journées durent 15h, on peut
changer le rythme de la plante. On peut aussi le changer pour 32h. La
plante bouge selon ces rythmicités. Maintenant, si on met une plante dans
un milieu sans lumière DU TOUT alors la plante va quand même continuer
à faire ses mouvements comme si il y avait un rythme entre jours et nuit.
Ceci nous indique que même si l’entrainement dépend de la lumière, la
rythmicité n’est que partiellement dépendante de la lumière car le rythme
continue même sans lumière.
Donc nous avons ce rythme qui est aussi important
pour nous. Chez une plante, toutes sortes de processus
est contrôlé par cette horloge ce qui permet une
coordination systémique entre plusieurs processus.
Ainsi, la plante sait que dans 1h le soleil va se lever et
peut donc l’anticiper et préparer les composants de
l’appareil photosynthétique à l’avance. Tout les gènes
de l’appareil photosynthétique est contrôlé par ce
rythme circadien ou horloge biologique. On a aussi un
impact sur l’ouverture des stomates qui doit être en phase avec la photosynthèse mais aussi sur la
floraison qui est lié non seulement au rythme circadien mais aussi à l’environnement et à plein d’autres
facteurs. L’horloge biologique contrôle une multitude de processus physiologiques.
Une partie des composantes importantes qui régulent le rythme circadien a été trouvé ! Grâce à la
luciférase des lucioles, qui est une enzyme qui a comme substrat la luciférine, il a possible de les mettre
en évidences. L’avantage de la luciférase sur la GFP et autres gènes rapporteur c’est qu’avec elle, pas
besoin de stimulation : la transformation chimique fait par l’enzyme fait une molécule qui fait ellemême de la lumière (tandis qu’avec la GFP, qui est beaucoup trop stable, il est nécessaire de soumettre
la molécule à la lumière pour qu’elle s’illumine ce qui oblige d’interférer avec celle-ci). Ainsi, on peut
utiliser la luciférase pour suivre le rythme circadien si on met la met derrière le promoteur d’un gène
qui suit le cycle circadien. Sur l’image ci-dessous, on peut voir
en violet le promoteur le plus actif. Toutes les 24h il y a un
pic d’expression du gène.
92
Daniel Rodriguez - 2019
Les scientifiques ont pris le promoteur du gène CAB qui code pour une enzyme jouant un rôle dans la
biosynthèse des chlorophylles et qui suit le cycle circadien. On peut alors, avec une caméra spéciale,
suivre le rapporteur. Ensuite, on cherche dans des plantes mutées celle qui voit son cycle perturbé :
les scientifiques ont trouvés le mutant toc. On fait alors une cartographie pour trouver les gènes lié à
ce rythme.
Ainsi, on a identifié deux facteurs de transcriptions importants : CCA1 et LHY. Le comportement de ces
rapporteurs dans un double mutant CCA1 et LHY est montré ci-dessous. On voit deux graphiques : un
de nuit et un de jour. Ligne blanche correspond aux mesures de la luminescence faite sur le double
mutant et la ligne correspond à une plante WT. On peut voir que la plante WT, lorsqu’elle se trouve
sous la lumière constante, suit son rythme circadien pendant 4 ou 5 jours puis arrête de synthétisé
CCA1 et LHY car se rend compte qu’il n’y a que de la lumière (elle arrête d’être stupide). La plante
mutante ne suit pas dès le départ un rythme circadien et perd très vite la petite rythmicité qu’elle
suivait. Lorsque les plantes sont de l’ombre constante, on à la même réaction (voir pire pour la
mutante. Notons qu’un simple mutant n’aurait pas suffi pour voir un phénotype assez fort : les deux
facteurs de transcriptions doivent être mutés car sont plus ou moins complémentaire.
Ce sont des facteurs de transcriptions de type mu qui travaillent ensemble et empêche l’expression de
toc1. Cependant, LHY et CCA1 ont besoin de toc1 pour leur propre expression. Ainsi, cette situation
nous fait penser à SPEECHLESS avec la présence d’une rétroaction. On peut ainsi voir ici le cycle de
rétroaction central de l’horloge chez Arabidopsis. Le phytochrome donne un booste dans l’expression
de LHY et CCA1 grâce a PIF3 qui contrôle leur expression. Quand la lumière arrive, le phytochrome va
dans le noyau et capture PIF3. Ainsi on a une grosse augmentation de LHY et CCA1.
93
Daniel Rodriguez - 2019
L’horloge biologique est très importante même chez nous ! Lorsque l’on part en voyage à l’autre bout
de la terre, notre rythme circadien est bouleversé et il faut un certains nombres de jours pour
s’adapter. C’est le même principe que chez les plantes. Notons qu’il existe des sous horloges qui sont
contrôlé par l’horloge principale. Par exemple, le métabolisme est aussi entrainer pour l’heure de
manger. Si on part dans un lieu où le temps de manger n’est pas changé par rapport au notre alors on
se sent mieux.
94
Daniel Rodriguez - 2019
9. Le tropisme de l’Auxine
Plein de chose sont gérer par l’horloge biologique comme par exemple le « gating ».
Le « gating » correspond au temps où la plante répond plus ou moins fort dans la
synthèse moléculaire (par exemple grosse activation le matin et faible le soir). Il y a
par exemple une de ces régulations pour l’auxine. La sensibilité de l’auxine change
pendant la journée car la régulation de l’auxine est faite avec le cycle circadien. C’est
important parce que l’auxine est liée à la croissance de la plante qui doit être lié à
l’horloge biologique.
L’auxine est une phytohormone clé. En général, l’auxine a deux effets sur le développement cellulaire :



En faible concentration, l’auxine promeut l’allongement des cellules
En concentration plus élevée, l’auxine promeut la prolifération cellulaire.
De plus, l’auxine a aussi une influence sur la différenciation cellulaire, selon le contexte du
tissu.
Dans les racines, autour des cellules souches, on a une forte concentration d’auxine et donc
prolifération cellulaire. On peut manipuler le taux d’auxine pour jouer avec ces facteurs. Cela dépend
du contexte mais l’auxine peut être un vrai morphogène.
Pour aborder ces activités cellulaires que l’auxine permet de manière expérimentale, certaines plantes
sont mieux que d’autres. Le coléoptile du maïs est parfait. Le coléoptile est un organe transitoire lors
de la germination formant une gaine protectrice pointue autour des pousses émergentes chez les
monocotylédones telles que les graminées. Les premières expérimentations sur le phototropisme ont
été faites avec le coléoptile. Il est très sensible au phototropisme (flèche bleu = lumière bleu sur le
schéma). On voit que la plante oriente sa croissance vers la lumière bleue très rapidement (photo prise
avec 30 min d’intervalle). Si on enlève la coléoptile, la plante ne peut plus s’orienter. C’est notamment
un gradient de lumière, qui entre d’un coter et qui sort de l’autre, qui permet l’orientation !
Charles Darwin et son fils Francis publiaient en 1881 le livre « The power of movement in plants », dans
lequel ils décrivaient une expérience qui prédirait l’existence d’une substance qui stimule la croissance,
plus tard nommée « auxine ». Ils décrivent un mouvement très lent de la plante. De plus, ils
remarquèrent que si l’on coupe le coléoptile, la plante ne peut plus diriger sa croissance. De même si
on met quelque chose d’opaque devant le coléoptile.
95
Daniel Rodriguez - 2019
Bien plus tard, des modifications des expériences des Darwins sont faites par Boyen-Jensen. Il
découvrit que cette substance peut traverser un bloc de gélatine, mais pas une barrière solide. Il
découvre ainsi que les plantes poussent vers la lumière parce que les cellules végétales située du côté
non éclairé s'allongent davantage que celles situées sur le côté éclairé.
Encore plus tard, Paal découvrit que la courbure de la coléoptile peut être stimulée en absence d’un
gradient de lumière par un placement asymétrique de la pointe coupée sur la coléoptile. Il s’est donc
dit que, lorsqu’il y a de la lumière, une substance qui peut diffuser dans le bloc de gélatine était repartie
de manière asymétrique.
Puis, Frits Went démontrait que la substance peut
diffuser dans des blocs de gélatine et donc doit être
une substance chimique. Il démontrait aussi qu’il
existe une corrélation linéaire linéaire entre la
concentration de la substance qui est récolté et la
réponse.
En 1926, l’hypothèse Cholodny-Went est établie.
Les éléments de base de la théorie sont que l’auxine
est la seule hormone qui contrôle la croissance
(dans le gravitropisme) et le phototropisme; le taux
de croissance dépend de la concentration en auxine; et la gravité et la lumière unidirectionnelle
affectent le mouvement de l'auxine. La théorie initiale prédit que puisque le facteur de croissance se
96
Daniel Rodriguez - 2019
déplacerait du côté éclairé au côté ombragé, la croissance ralentirait du côté éclairé et s'accélérerait
du côté ombragé, de sorte que la tige commencerait à se plier vers la source de lumière.
Comme on peut le voir, la découverte de l’auxine a pris beaucoup de temps. Dans les années 1930, on
réussit enfin l’isolation d’auxine par des méthodes chimiques ; il s’agit d’une famille de petites
molécules organiques. Différentes auxines existent : l’auxine naturelle est l’acide indole-3-acétique
(IAA) mais ils existent aussi l’IBA ou 4-CI-IAA qui sont des variations de AII et ne sont pas vraiment
active mais plutôt là pour le stockage de l’auxine naturelle. Les scientifiques ont même trouvé des
auxines artificielles qui ont les mêmes capacités que les auxines naturelles, mais qui sont plus
puissantes (une concentration plus faible évoque une réponse de la même ampleur), par exemple 2,4D et dicamba qui sont des herbicides. Ce sont des herbicides car elle dope les plantes à haute
concentration ce qui les tuent.
Il existe un lien entre les auxines et la guerre du Vietnam (« Agent orange »). La mixture 1:1 de 2,4-D
et 2, 4, 5-T a été utilisé pour défoliés les arbres du Vietnam. Une haute dose promeut la croissance
excessive des feuilles et leurs éventuelles abscission. Peut réagir pour donner naissance aux dioxines,
substances fortement toxiques. Un peu après 77 millions de litres ont été sprayés entre 1967 et 1971.
Si une femme ingère de l’auxine pendant la grossesse, l’embryon peut subir des mutations. Des
centaines de bébé sont nés avec des mal formations. L’arrêt de l’utilisation de l’agent orange c’est fait
grâce a Art Galston qui a réalisé le lien entre l’auxine et les mal formations. Barbarella est un film aussi
important pour l’arrêt de l’agent orange. Monsanto a été l’un des acteurs, avec 4 ou 5 autres boites,
de la création de l’agent orange.
L’auxine joue un rôle dans le phototropisme mais ne perçoit pas la lumière. Sa redistribution est
déclenchée par les photorécepteurs et pour être exact les phototropines. On peut voir sur les photos
que le double mutant pour les deux phototropines provoque un phénotype aveugle à la lumière bleue
de la plante. On a une estérification (lien covalent) entre Cys-SH et FMN qui est réversible et non pas
97
Daniel Rodriguez - 2019
une isomérisation comme dans les photorécepteurs. Cela induit un changement de conformation de
la molécule qui a une conséquence une distribution différentielle d’auxine (différence de la croissance
cellulaire in fine).
L’auxine change l’expression de beaucoup de gène et de manière forte mais de manière extrêmement
différente. Certains facteurs de transcriptions (les ARFs) ont deux domaines de liaisons différents.
Attention l’Aux/IAA n’est pas l’auxine mais une protéine. Ces protéines sont un inhibiteur de
transcription.
Sur le schéma, on peut voir l’interaction de l’auxine avec une ligase TIR1 qui permet une interaction
de TIR1 avec des inhibiteurs de transcriptions. Il y a de véritable trou dans la surface de TIR1 :


S’il n’y a pas d’auxine, les trous de TIR1 ne sont pas comblé et donc TIR1 ne peut pas
fonctionner sur les facteurs de transcriptions.
S’il y a de l’auxine qui comble les trous, alors TIR1 peut fonctionner. L’auxine change la charge
de la surface de TIR1 mais aussi la conformation. TIR1 peut alors fonctionner par ubiquitination
sur les facteurs de transcriptions.
Ce système est assez sensible. Il est très important de maintenir toutes les composantes du système
bien séparées ! Cette connaissance du système permet de jouer avec l’activité de l’hormone (auxine).
L’ »auxine response element » a été découvert comme ça !
98
Daniel Rodriguez - 2019
La redistribution latérale d’auxine
Des plantes transgéniques avec un gène rapporteur DR5::GUS montrent l’activité différentielle
d’auxine dans la zone de croissance en réponse à une illumination différentielle. Un contrôle montre
que la redistribution est bloquée si les plantules sont traitées avec un inhibiteur du transport polaire
d’auxine. Des inhibiteurs de facteur de transcriptions contrôlent la possibilité d’avoir de l’auxine ou
non. Ici, l’utilisation du rapporteur GUS permet de visualiser la concentration d’auxine. Il y a plus
d’auxine là où il n’y a pas d’illumination, ce qui est exactement ce que l’on attend. Dans le contrôle,
on utilise un inhibiteur du transport polaire d’auxine, qui ne permet plus sa distribution asymétrique.
Les plantes ne sont pas seulement capable de capter l’intensité et la source de la lumière mais
perçoivent aussi la gravité.
On peut voir su l’image se gène rapporteur avec
un marqueur qui est un substrat artificiel
donnant la couleur bleu et qui permet de voir
l’activité de l’auxine et qui est seulement
exprimé si le taux d’auxine est suffisamment
élevé. Se marqueur permet d’éviter de tuer la
plante contrairement à la GFP. Avec ce
rapporteur on peut visualiser l’accumulation
différentielle de l’auxine en plus de son activité !
On voit ici une source latéral de lumière bleu qui donne une accumulation d’auxine dans une zone de
la plante (le coté non illuminé comme c’était prévu par les expressions classique). Si on fait la même
chose avec une substance chimique qui inhibe la réorientation, on n’a pas d’asymétrie et pas de
réorientation de la plante. Ce comportement on le trouve en principe dans tous les tropismes : on a
une croissance différentielle.
Le principe de redistribution d’auxine s’applique aussi au gravitropisme. Un changement dans la
direction de la gravité induit aussi une réorientation de la direction de la croissance. Cette
réorientation est aussi stimulée par la redistribution d’auxine. La pointe d’un coléoptile coupée et
réorientée à 90° et posée sur deux blocs de gélatine superposés peut servir de bioassay en étant
reposé sur les coléoptiles sectionnés. Le bloc qui se trouvait en bas donne une plus grande courbure
que le bloque du haut, le tout en absence de lumière. La courbure induite par le bloc en contact avec
la moitié basse de la pointe est plus grande que celle induite par le bloc en contact avec la partie
haute. On en conclu que l’auxine c’était redistribuée vers le coté bas pour atteindre une croissance
99
Daniel Rodriguez - 2019
différentielle des deux côtés et répondre au changement de gravité lorsque la pointe du coléoptile
fut inversée.
Notons que tous est inversé dans la racine, le coté qui reçoit le plus d’auxine est le côté qui a une
croissance supprimée. Il y a donc une variation de l’application de l’auxine par la plante suivant les
domaines, les tissus, les parties...
Le transport polaire d’auxine
La réorientation de la plante est contrôler et est rendu possible par le transport polaire de l’auxine. Le
transport est directionnel et est surtout important dans les zones de croissance de la plante. Dans les
zones matures, c’est tout simplement distribuer par le phloème (passif, pas d’énergie, non polaire).
Une fois arriver dans un organe puit, la distribution de l’auxine est redistribué de manière très précise
car s’est-elle qui détermine si la plante va continuer à grandir ou pas.
Ainsi, le transport polaire d’auxine est :
-
-
Directionnel
Principalement localisé dans les cellules parenchymatiques du cylindre vasculaire, mais aussi
dans d’autres tissus comme l’épiderme de la pointe de la racine ou le méristème apical
caulinaire.
Requiert de l’énergie
Surtout important dans l’embryogenèse et le développement des plantules, mais aussi dans
les tropismes de la plante adulte.
Notons qu’il existe aussi un transport d’auxine qui n’est pas polaire :
-
Il a lieu dans le phloème
Il est passif et ne requiert pas d’énergie
Le transport polaire d’auxine donne une polarité aux tissus.
Une expérience classique consiste à placer un segment d’une tige dans un environnement humide
pour le garder vivant. De nouvelles racines se forment toujours à l’extrémité qui était à l’origine basale
de la tige, même si elle est placée dans le sens inverse. L’explication est que l’auxine dans le segment
de la tige et est transportée vers l’extrémité qui était à l’origine basale, ou elle induit la formation des
racines. Il y a une polarité intrinsèque qui met l’auxine vers une extrémité et pas l’autre, et parce que
c’est coupé qu’on a une accumulation de l’auxine ou elle va induire la formation d’une racine. Le
transport se fait contre le gradient de concentration, ce qui requiert de l’énergie.
100
Daniel Rodriguez - 2019
En effet, si on coupe une tige et qu’on la met « up-side down », les racines
vont pousser comme si elles étaient en bas, on a donc une polarité car une
accumulation d’auxine induit le poussage de la plante. Les racines sont
induites par l’auxine !! Le mutant sans racine vu au début du cours ne pouvait
pas répondre à l’auxine par exemple. Si on a une accumulation d’auxine
forte, c’est qu’il y a formation d’une racine. La raison que ça se phase que a
une extrémité c’est dû au faite que c’est fixé : l’embryon a une polarité (bas
et haut) qui est garder toute la vie de la plante. Si maintenant on coupe la
plante, on peut voir que le transport de l’auxine est défini. On parle de
polarité intrinsèque.
L’auxine, mobile, est transportée des lieux de sa biosynthèse vers d’autres tissus. Ce transport a lieu
dans les tissus vasculaires. Dans la tige, ça prend place surtout dans les cellules du parenchyme du
xylème. Dans la racine, il s’agit plutôt des cellules du phloème. L’auxine joue un rôle important dans la
différentiation des tissus vasculaires.
Le transport d’auxine est uni-directionnel. Si on place un hypocotyl entre un bloc donneur contenant
de l’auxine radio-marquée (dessus) et receveur (dessous) et qu’on le place dans le sens naturel
apical-basal, on a un transport d’auxine du bloc donneur au bloc receveur. Si on le place dans le sens
inverse basal-apical, il n’y a pas de transport d’auxine du donneur au receveur.
La base moléculaire du transport polaire d’auxine se construit sur un modèle chimio-osmotique.
L’auxine est transportée de manière apoplastique mais doit aussi se trouver à l’intérieur de la cellule.
C’est un acide faible, qui peut être protonné ou déprotoné. Si on regarde dans l’apoplaste, le pH est
plutôt bas du à l’acidification de l’apoplaste par les pompes a protons. Ceci se fait dans la racine pour
solubiliser le sol et mieux obtenir les nutriments, mais dans la cellule le pH est alcalique, gardé autour
de 7. Il y a donc un différentiel entre les pH dû aux pompes à protons.
Néanmoins, il existe aussi un symport actif car la
concentration d’auxine dans le cytoplasme est souvent
plus élevée que dans l’apoplaste, car les protéines pour le
transport de l’auxine se trouvent préférentiellement à
côté de la cellule, ce qui rend le transport d’auxine
polaire.
Dans l’apoplaste, l’auxine est protonée et devient donc
lipophile. L’auxine protonnée peut facilement traverser
les plasmalemmes par diffusions et entrer dans le
cytoplasme. Une fois arrivée dans le cytoplasme, le milieu
plus alcalique cause la dissociation de l’auxine et du
proton. L’auxine alors chargée n’est plus lipophile et est
donc attrapée dans la cellule. L’auxine peut seulement
quitter la cellule par un transport actif. Ce model prédisait
donc la présence de transporteur de l’auxine pour qu’il y
est asymétrie.
Dans le mutant pin-formed 1 pin1i, le taux de transport polaire d’auxine est réduit. La plante n’a pas
de branches ni de fleurs, elle ne peut faire d’inflorescences secondaires. Elle ressemble exactement à
ce qui se passe quand on spray une plante avec une substance qui inhibe le transport d’auxine. Ceci à
suggérer que le gène en question code pour une sorte de protéine qui est placée de manière polarisée.
La protéine PIN1 est localisée à l’extrémité basale des cellules du parenchyme. Elle a une structure
101
Daniel Rodriguez - 2019
trans-membranaire faite de plusieurs (10) parties transmembranaires avec un loop hydrophobe qui
s’occupe du transport d’auxine. Il s’agit du transporteur énigmatique que l’on cherchait. Les protéines
de type PIN sont une famille chez Arabidopsis. Un mutant qui manque de plusieurs gènes PIN est létal,
parce que le transport polaire d’auxine est important pour l’embryogenèse. On peut voir qu’il y a
beaucoup de redondance avec les différents exemples de l’étape de l’embryogénèse (on a besoin d’un
quadruple mutant pour voir des tissus ne pas bien se former). Les deux phytohormones essentielles
pour le développement végétal sont les cytokinines et les auxines.
On peut voir que la protéine de transport à plusieurs domaines et son rôle est de prendre une molécule
d’auxine et la jetée en dehors du cytoplasme. On peut les détecter avec des anticorps spécifiques (le
truc en vert n’est pas GFP, on peut mettre la couleur qu’on veut grâce aux anticorps). On peut voir que
la protéine PIN1 se trouve pas partout mais seulement à certaines extrémités : toujours à l’extrémité
bas des cellules et c’est ça qui donne cette polarité de transport.
Comme on l’a vu avant, la perception d’auxine dans le noyau se fait par des récepteurs AuxineREsponse, qui impliquent la destruction des inhibiteurs de transcriptions. AUX/IAA et ARF sont des FT.
AUX/IAA sont des inhibiteurs de transcriptions alors que ARFs sont des activateurs de transcriptions.
Mais l’auxine peut aussi venir de façon hormonale. Quand l’auxine hormonale augmente dans la
cellule, elle promeut la destruction des inhibiteurs de transcription en activant un complexe de
plusieurs protéines avec un récepteur TIR1 à l’auxine (donne la spécificité, ne peut interagir avec les
AUX/IAA inhibiteurs qu’en présence d’auxine hormonale) qui vont mener les petits inhibiteurs de
l’auxine à la dégradation dans le protéasome, suite à une ubiquitination par le complexe ligase. Ainsi,
cela libère les activateur qui peuvent faire leur travail, c’est à dire se connecter à l’aux-RE et déclenché
la transcription des gènes mené par l’auxine hormonale.
102
Daniel Rodriguez - 2019
Le gravitropisme
Le gravitropisme est variable selon l’organe : le gravitropisme des tiges est négatif alors que le
gravitropisme de la racine primaire est positif. Les autres organes peuvent avoir un gravitropisme situé
entre ces deux extrêmes (pour la tige principale et la racine primaire, on parle d’orthogravitropisme,
pour les rameaux, racines secondaires et tertiaires et rhizomes, on parle de plagiogravitropisme si elles
sont inclinées et de diagravitropisme si elles sont horizontales). Ainsi, le réarrangement de l’auxine est
variable et les conséquences sont différentes selon LE CONTEXTE INDIVIDUELLE.
Darwin remarque que le gravitropisme de la racine a besoin de la coiffe de la racine (le « slime » de la
racine qui lui permet de pénétrer dans la plante). Sans coiffe on a plus de gravitopisme. C’est un peu
comme pour la coléoptile : il y a redistribution de l’auxine qui est gérer par la plante. Si on change le
vecteur de la plante on a croissance différentielle, ce qui a fait dire à Darwin que la coiffe était le
cerveau de la coiffe (attention à la littérature d’aujourd’hui : IL Y A PAS DE CENTRAL DANS LA PLANTE
mais uniquement des comportements déterminés à optimiser sa croissance, son développement, …)
Le gravitropisme de la racine est en effet contrôlé par la coiffe. La coiffe produit un signal qui influence
la zone de croissance. L’enlèvement de toute la coiffe abolit le gravitopisme. L’enlèvement de la moitié
de la coiffe induit une courbure de la racine en absence d’un changement du vecteur de la gravité du
côté ou la moitié de la coiffe persiste.
103
Daniel Rodriguez - 2019
Il était démontré que le signal émis par la coiffe qui influence la zone
de croissance est l’auxine. Mais dans le contexte de la racine, au
côté qui reçoit l’auxine, la croissance et l’allongement sont
supprimés !!
La plupart de l’auxine dans la racine arrive de la tige par le transport
dans le système vasculaire. L’auxine arrive dans la zone de
croissance, ou elle contrôle l’allongement et la prolifération des
cellules ; l’auxine dans la zone de croissance ne quitte plus cet
endroit, plutôt, elle y est métabolisée. Dans la pointe de la racine,
la coiffe, le flux d’auxine est dirigé vers les côtés ou sa direction est
inversée. Un changement du vecteur de la gravité induit un gradient
de distribution latérale d’auxine entre les côtés de la zone de
croissance. La croissance est inhibée au coté qui reçoit le plus
d’auxine. Ce qu’il faut retenir c’est qu’on a un flux plus important du coter de la gravité.
Une autre protéine PIN est importante ici, la PIN3. Ce sont les cellules
de la coiffe qui perçoivent la gravité. PIN3 se trouve tout autour de
ces cellules. Si on prend une racine et que l’on change le vecteur de
la gravité, on voit que le PIN3 est redistribué (nouvelle polarité). Ce
que l’on regarde là est un équilibre dynamique et ce n’est pas
toujours évident de voir ce qu’il se passe. Les protéines PIN sont
recyclés sans arrêt, et après un certain temps sont enlevé du
plasmalemme puis dégradé ou pas selon le stimulus. On a une
dynamique qui permet de changer rapidement la polarité.
Uniquement certaines protéines PIN sont redistribuées dans
certaines cellules lorsque l’on change le vecteur gravité.
La réorientation du flux d’auxine corrèle avec la relocalisation des protéines de type PIN-FORMED. Il y
a une relocalisation de PIN3 après changement du vecteur de gravité. Dans les statocytes de la coiffe,
PIN3 est distribuée également dans le plasmalemme. 10min après un changement du vecteur de la
gravité, PIN3 est redistribuées vers le plasmalemme qui maintenant est du côté bas. La relocalisation
rapide des protéines de type PIN est possible parce qu’elles sont constamment sécrétées et absorbées
dans du plasmalemme (en haut à droite : image de gauche = localisation polaire de PIN1, à droite =
localisation après inhibition de la sécrétion).
104
Daniel Rodriguez - 2019
Empêcher le transport d’auxine supprime le gravitropisme. On peut voir l’activité de l’auxine ici avec
un rapporteur GFP sous contrôle du promoteur DR5. Si on regarde dans une pointe de racine après
avoir changé le vecteur gravité, on voit une accumulation de l’activité de l’auxine du côté gauche
(image de gauche). En traitant avec du NPA qui supprime la redistribution de l’auxine on voit qu’on n’a
pas la redistibution (image de droite).
105
Daniel Rodriguez - 2019
10. Une transition principale, la floraison
La plasticité du développement de la plante, qui répond a des
facteurs environnementaux, est très important et notamment
la floraison qui est la décision de se reproduire. Elle est induite
par la reprogrammation du méristème apical caulinaire. Le
développement commence d’abord par une rosette, puis la
tige et les fleurs arrivent alors. Une des caractéristiques des
plantes est leur variabilité : certaines font la floraison en ce
moment de l’année, d’autre la font plus tard et d’autres encore
ne la feront que dans 3 ans. Le moment de la floraison peut
être déterminé par plusieurs facteurs. Même si les conditions
sont idéales, beaucoup de plantes ne font pas de floraisons :
énormément de plantes ont des systèmes anti-floraison
précoce.
Ainsi, la transition la plus importante dans la vie d’une plante adulte est l’entrée du méristème apical
caulinaire dans la phase reproductive de la vie, la floraison (chez la plupart des arbres, il n’y a pas de
floraisons avant les 4-5 premières années).
Le début de la floraison est sous l’influence de beaucoup de facteurs, et très variable selon l’espèce :
-
Certaines plantes déterminent le moment de la floraison seulement en fonction des facteurs
endogènes, liés à leur développement
Certaines plantes déterminent le moment de la floraison seulement en fonction des facteurs
environnementaux
Certaines plantes déterminent le moment de la floraison en fonctions de facteurs endogènes
et environnementaux
On remarque par exemple que les graines de sequoia ont
besoin que la forêt brûle pour déclencher la germination des
séquoias (la présence de lignine brûlée et de caritine
induisent la germination). Si autour de moi tout a brûlé, il y
a beaucoup de substances organiques disponibles donc je
peux pousser haut et fort. Il faut en revanche pour cela avoir
une carapace très forte de la graine pour survivre au feu.
Chez la plupart des arbustes et arbres, le moment de la floraison est déterminé par des facteurs
endogènes.
Chez la plupart des herbacées, les facteurs environnementaux, principalement la température et la
longueur du jour, en concerts avec des facteurs endogènes, principalement l’activité de certaines
hormones (surtout gibbérelline) et le taux d’expression de certains gènes, déterminent le moment de
la floraison. Les facteurs environnementaux rendent le méristème compétent à la floraison, les
facteurs endogènes déterminent
que le méristème produit des fleurs
pour de vrai.
106
Daniel Rodriguez - 2019
Les facteurs environnementaux les plus importants :
 La longueur du jour
 La température
 Les facteurs environnementaux rendent le méristème compétent à la floraison
Les facteurs endogènes les plus importants :
 L’activité de certaines hormones (surtout gibbérelline)
 Le taux d’expression de certains gènes
 Les facteurs endogènes déterminent quand le méristème produit des fleurs pour de vrai
Par conséquent l’importance ces facteurs environnement varie
en fonction de l’altitude et de la latitude (la variation dans la
longueur des jours varie en fonction de la distance à l’équateur
ou elle est la plus faible). Les plantes se sont adaptées à cela.
L’environnement immédiat est très important pour déterminer
le moment de la floraison. On peut observer beaucoup des
adaptations à des microenvironnements chez la même espèce;
par exemple, la floraison dépend beaucoup plus de la longueur
du jour chez l’Arabidopsis en Scandinavie (changement de
lumière plus élargi) que chez leurs cousins des îles canarie. Ainsi
les Arabidopsis des canaries peuvent se présenter en 3
génération durant une seule année (comme il fait toujours assez
chaud, il n’y a même pas de latence des graines mais génération
quasi immédiate), alors qu’en Scandinavie, ou l’hiver équivaut à une sécheresse car l’eau est gelée et
ceci est le facteur inhibant la croissance, comme l’été est très court, il ne peut y a avoir qu’une seule
germination par année au maximum.
Au niveau génétique, on peut déchiffrer la machinerie contrôlant ces comportements. Les variations
génétiques naturelles des différentes souches d’Arabidopsis de provenance diverses élevées dans les
mêmes conditions stables sont notables (une souche scandinave aura peu de chance de pousser en
labo classique, une souche suédoise [centre bas] fait beaucoup de feuille car elle ne fera pas de fleur
[éventuellement, après très très très longtemps, elle produira des fleur par stress reproductif] mais
sans le froid, elle ne produit pas de fleur. Cette plante ne passe pas en floraison tant qu’elle ne passe
pas une periode de froid très importante ! C’est cette exposition qui va permettre la floraison. En labo
on les met dans une salle froide en dessous de 4°C puis on attend). Ainsi de nombreux mutants
présentent une floraison décalée qui vient de la variation génétique naturelle. On travaille par
exemple généralement avec la variante columbia, dont le mécanisme freinant la floraison et la
germination est désactivé ce qui lui permet de les faire sans arrêt (rapide germination et floraison). Si
on regarde arabidopsis on a différent comportement et forme de plante. Colombia est la première
Arabidopsis sur l’image et a été choisi car c’est une souche qui poussait vite. On peut aussi voir que le
développement est très rapide (comme les pissenlits qui poussent en 24h une fleur).
107
Daniel Rodriguez - 2019
En Scandinavie, la saison de croissance étant tellement courte, il y a un mécanisme spécial : la
germination et croissance ont lieus en automne, puis la plante passe l’hiver en état végétatif sous la
neige, où l’exposition au froid est indispensable pour permettre la sortie du stade végétatif et le
lancement de la floraison quand les jours redeviennent plus chauds et long. Il faut littéralement mettre
la plante dans le froid en laboratoire pour avoir des graines de ces souches Scandinaves si on les élèves
en Suisse. Il y a un contrôle génétique pour cela, déchiffré en comparaisons des variations génétiques
naturelles et des mutants. Certains de ces mutants ont une influence dramatique sur l’apparence de
la plante. Typiquement, un double mutant soc1 et ful aura une apparence de petit arbuste avec une
tige gigantesque lignifiée, avec une croissance secondaire notable, ce qui est très éloigné du type
sauvage.
On a trouvé toutes sortes de mutant et variations naturelles qui ont une influence sur le moment de
floraison. Plusieurs facteurs ont un rôle : la longueur des jours, le traitement du froid, … ont des
implications sur la phase végétatif. Ces mutantes sont aussi intéressantes à étudier au niveau évolutif.
On peut voir le comportement de même espèce (mutant) ici qui ne se ressemble pas du tout. On a
souvent différencié deux plantes alors qu’elles sont de la même espèce.
108
Daniel Rodriguez - 2019
Le florigène
Autres exemples, les mutants CO et FT furent identifiés quand
on recherchait le florigène, dont le concept fut observé dès le
19e siècle, qui a la capacité d’induire la floraison par une greffe.
En prenant une plante dans sa croissance végétative (floraison
pas encore induite) et une autre plante de même espèce ayant
déjà fait la transition vers la floraison, puis en enlevant toutes
les feuilles de la végétative et en lui greffant une feuille de la
plante en floraison (si on coupe deux tige et on les met
ensembles en les attachant, elles vont se connecter), on peut
induire la floraison. En effet, cette greffe DE FEUILLE a induit la
floraison ! Met ça ne marche pas avec une feuille venant d’une
plante végétative.
Il y a donc quelque chose dans la feuille de la plante qui a
déjà fait la transition qui permet d’induire la floraison dans
d’autre plante (donc un élément de la feuille va influencer le méristème de la plante receveuse de la
greffe !). Et c’est un signal continu car on peut ré-induire une autre floraison chez une autre plante à
partir de la même feuille en faisant une deuxième greffe.
109
Daniel Rodriguez - 2019
Ce sont des travaux chez Arabidopsis qui ont identifié le
florigène, le facteur de transcription FT. Les FT sont induit par
CO (constans) exprimé dans le phloème dans les feuilles et se
déplaces dans le phloème jusqu’au méristème apical
(colinéaire) ou il forme des dimères de transcription en
s’associant avec les FD (Flowring locus D) produits dans le
méristème et devenant ainsi actif. FT est produit dans les
feuilles dans les cellules auxiliaires du phloème et se déplace
vers le méristème via le phloème (le méristème est un organe
puits alors que la feuille est un organe source, il y a donc un
transport automatique du phloème vers le méristème). Le
dimère de transcription FT-FD actif agit alors avec l’aide du
cofacteur LEAFY pour former ETALA1, qui induira la floraison.
Ainsi :



CO est exprimée dans le phloème des feuilles
L’induction de la transcription de FT par CO a donc lieu dans les feuilles
La protéine FT peut se déplacer vers le méristème apical caulinaire via le phloème pour induire
des facteurs qui reprogramment le méristème pour former une inflorescence plutôt que des
feuilles.
Le florigène FT ne peut pas être toujours présent puisque la floraison a une temporalité. La production
par les cellules compagnes de FT est contrôlée par le facteur de transcriptions CONSTANS. Mais qu’estce qui contrôle CONSTANS ? La longueur du jour !
Notons que ce n’est pas un méristème caulinaire qui devient un méristème florale, c’est une
modification du méristème caulinaire qui lui fait produire des tiges latérales plutôt que des feuilles, et
dans ces tiges latérales, les méristèmes floraux, où leafy est surexprimé (si on surexprime leafy
artificiellement, on a une floraison immédiate, c’est ce qui est souvent fait avec les orangers car
normalement les oranger ne produisent pas de fleurs avant 5-6ans, donc on met souvent un transgène
dans les orangers qui surexprime leafy et permet d’avoir des fleurs dès 2ans, et LEAFY est spécifique
aux plantes et conservé donc transférables entre les espèces de plantes), produisent les fleurs.
Le contrôle de CO se fait au
niveau de l’ARNm de CO, dont
l’expression augmente durant
la nuit en raison de l’horloge
circadienne de la plante. La
protéine CONSTANS ne suit pas
ce rythme circadien. Dans des
journées courtes, si l’ARNm
augmente la nuit et diminue la
journée, la protéine CONSTANS
reste à un taux stable et bas, et
le FT mRNA aussi par
conséquent. Il y a une
régulation au niveau de la protéine, donnée aussi par la lumière via une ligase d’ubiquitine qui implique
comme composant spécifique la protéine COP1, seulement active dans l’obscurité où elle est dans le
noyau, et qui cible CO. Quand il fait noir, COP1 dégrade CO. Ceci n’est pas synchronisé avec l’horloge
circadienne, mais dépend de l’intensité lumineuse.
110
Daniel Rodriguez - 2019
Ainsi, seulement quand les jours qui deviennent assez long que la protéine de CONTSTANS s’accumule.
COP1 interagit avec CONSTANS et induit sa destruction dans l’obscurité. La protéine CONSTANS
permet l’expression de FT.

Si les jours sont trop courts, alors il n’y a pas d’accumulation de CONSTANS et donc l’expression
de FT n’est pas induite. Il n’y a ainsi pas de floraison.
 Si les jours sont assez long, alors il y accumulation de CONSTANS et donc l’induction de
l’expression de FT. Il y a alors floraison !
 L’expression du florigen depend de la longueur de la journée !!
On a donc 2 inputs : l’horloge circadienne qui gère le mRNA, et la lumière qui contrôle la stabilité de la
protéine CONSTANS. Quand les jours sont courts, la production de mRNA et de protéine CO augmente
durant la nuit, mais COP1 est trop souvent présent dans le noyau et détruit trop de protéine CO, dont
le niveau reste donc en réalité stable et bas. Quand les jours sont longs, COP1 n’est plus assez présent
pour dégrader complètement la protéine CO car il y a un moment où le facteur rythme circadien et la
luminosité coïncide. Donc l’augmentation de mRNA CO durant la nuit permet l’augmentation réelle
cette fois de la protéine CO qui permet l’augmentation du FT mRNA, qui déclenche la floraison.
Ps : les abeilles ne sont pas en diminution dans le milieu agricole, mais seulement en milieu sauvage !
Il y a peut-être une concurrence pour les pollinisateurs entre les plantes, qui fait que les plantes
décalent leurs périodes de floraisons.
Il existe des plantes à jours longs et d’autres à jours courts, car certaines plantes commencent leur
phase reproductive seulement si les jours sont assez longs (Arabidopsis), d’autres seulement s’ils sont
assez courts (Riz).
En effet chez le riz, la situation est inversée : la floraison se fait quand les jours deviennent plus courts !
Ceci est dû à des mutations, avec les Hd1 et Hd3a, des homologues de CO et de FT respectivement, où
la relation entre les deux est différentes que celle entre CO et FT. Le mécanisme reste cependant très
similaire.
Si une plante de riz ne fait pas la floraison, c’est que les journées sont trop longues. Si on regarde un
mutant (sélection pour la culture) on trouve exactement le même gène. Si on suit cette expression des
deux gènes (voir image) c’est exactement les même que ceux d’Arabidopsis. La seule chose différente
c’est que la régulation entre CONSTANS et FT est inversée. Chez le riz, CONSTANS supprime
l’expression de FT et c’est pour ça qu’il n’y a pas de floraison durant les journées longues. C’est souvent
comme ça que joue l’évolution : un nœud de la cascade moléculaire est changé ce qui change
complétement la conséquence finale.
CO par lui-même est neutre, il n’est pas capable de changer la production de FT, il s’associe au
promoteur de FT et recrute des autres facteurs de transcriptions qui vont modifier l’expression de FT.
Chez le riz, Hd1, homologue de CONSTANS, n’est pas un activateur mais un répresseur de Hd3a,
111
Daniel Rodriguez - 2019
l’homologue de FT. Cela signifie qu’on a assez de Hd3a (FT) si on n’a pas la protéine HD1 (CO).
Normalement il y a une haute activation de Hd3a qui est supprimé par HD1. Dans les journées courtes,
la déstabilisation de HD1 fait que la suppression ne marche plus et que par conséquent il y a plus de
Hd3a et donc la floraison a lieu. Comme l’homologue de CO inhibe l’homologue de FT, il n’y a pas de
floraison si la longueur des jours est trop longue !
L’influence de l’hiver et de la saisonnalité
Pour les plantes se trouvant à l’équateur ou les longueurs des journées sont constantes, il y a des
autres adaptations. Mais chez beaucoup des plantes qui vivent dans les climats rythmiques, l’hiver est
nécessaire pour la floraison : sans une exposition prolongée de la graine au froid, la plante ne germe
pas, même si les conditions environnementales sont optimales. La plante possède une mémoire !
L’exposition au froid nécessaire pour la floraison est appelé « la vernalisation ». La vernalisation
empêche la floraison précoce des annuelles d’hiver; ces plantes passent l’hiver en état végétatif et
forment leurs fleurs le printemps (les graines se développent directement en phase de croissance,
puis attendent de passer l’hiver pour enclencher la floraison).
Chaque année, il y a à nos latitudes deux jours qui ont à peu près la même durée (au printemps et en
automne), et la plante doit donc réalisé à quel moment de la saisonnalité on se trouve. Il faut donc une
deuxième couche épigénétique, qui est la vernalisation, pour les différencier.
Ceci se fait le plus souvent par une exposition prolongée de la graine ou de la rosette au froid pour
permettre la floraison. La plante peut sentir si elle a passé une certaine période de froid, elle a une
sorte de mémoire. La longueur de jour n’est pas suffisante, le passage de froid à chaud est important
pour la floraison (alors qu’un passage de chaud à froid inhibe la floraison).
La mémoire de saisonnalité des plantes et la vernalisation sont liées à un contrôle épigénétique par le
gène FLC (Flowering Locus C), qui est un facteur de transcription régulateur de tous les gènes
nécessaires à la floraison. Une expression augmentée de FLC inhibe les gènes nécessaires à la floraison
et favorise une croissance uniquement végétative.
112
Daniel Rodriguez - 2019
La désactivation de FLC, nécessaire pour permettra la floraison, ce fait de manière épigénétique par
exposition au froid durant laquelle des facteurs environnementaux font une méthylation de régions
régulatrices de FLC, ce qui en inhibe la production. Par conséquent, les gènes de floraisons sont activés,
permettant une croissance reproductive.
Notons que ce contrôle épigénétique est lui-même dépendant de certains gènes qui font que
l’expression de FLC diminue durant la vie de la plante. La plante commence avec une haute expression
de FLC car à chaque gamétogénèse, l’expression de FLC est « resetée » car il n’y a plus aucune
méthylation lors de la gamétogénèse. FLC est donc ensuite progressivement inhibée à mesures que la
plante vieilli, ce qui explique que les plantes ne fassent des fleurs qu’après un certain temps.
Ainsi, retenons qu’il peut y avoir des modifications directes de l’ADN par méthylation, soit indirectes
par les histones. Un gène est clé est FLC et tout plein de facteur extérieur sont intégré de manière
quantitatif par FLC (la température, l’humidité, ..). FLC est la cible de ces mécanismes épigénétiques.
On peut voir à gauche sur l’image la méthylation graduel de l’ADN ce qui inhibe FLC et ce qui va
permettre l’activation de la floraison.
Il y a toute une gamme de régulateur car
la floraison est très importante pour la
plante. Plus spécifiquement, la question
de faire une floraison cet été ou l’été
prochain est encore liée à d’autres
régulateurs, comme FRI frigida, sans
lequel il ne peut y avoir d’expression de
FLC.
113
Daniel Rodriguez - 2019
11. La défense des plantes
Nous récoltons moins que ce que nous pourrions réellement. En effet, entre 20% et 40% des récoltes
mondiales sont perdues chaque année à cause des ravages que font les insectes et les maladies. Ainsi,
même actuellement avec une forte protection des plantes, une bonne partie des plants sont perdus à
cause des pathogènes et de facteurs abiotiques.
Les plantes doivent constamment se protéger. Pour se faire, elle change constamment leur génome :
leur plus grande variabilité est dans les gènes pour la protection. Par contre, les pathogènes aussi
évoluent et donc c’est constamment une guerre pour se défendre ou attaquer.
Prenons l’exemple de Striga hermonthica qui est une
plante parasite d’Afrique qui va se greffer sur les racines
d’une plante hôte et prendre tout le produit de la
photosynthèse en finissant par tuer celle-ci. Elle empêche
ainsi toute récolte.
Ce parasitisme est possible grâce aux strigolactones. Les
strigolactones sont des hormones végétales qu'on pense dérivées du métabolisme des caroténoïdes.
Leur première découverte s'est faite au milieu des années 1960 avec la découverte d'une hormone
induisant la germination. En effet, les strigolactones sont des hormones importantes pour :



La germination de certaines plantes
La médiation chimique dans les interactions entre plantes et leurs champignons mycorhiziens
Le contrôle de la ramification des plantes
Cependant, les strigolactones sont également être
impliquées dans certaines formes de parasitisme, par
attraction de ces parasites comme notre Striga
hermonthica.
Afin de se défendre, les plantes possèdent une immunité
de base : un système immunitaire qui reconnait les
pathogènes.
114
Daniel Rodriguez - 2019
Système immunitaire contre les ARN viraux
Quand une plante est attaquée par une infection
virale, la partie âgée est nécrosée (car la plante
réagit aux infections par un suicide local) alors
que la partie neuve ne présente pas les
symptômes comme on peut le voir sur l’image.
En fait, ces nouvelles feuilles ont été produites
après l’infection. De plus, si on extrait les virus
des parties basses et qu’on essaye d’infecter les
parties neuves rien ne se passe. Ainsi, on peut en
conclure que non seulement la plante a tué le
virus mais elle est aussi devenue immune !
Mais comment est-ce possible ? La régulation au niveau de l’ARN fut une découverte inattendue faite
dans le monde végétale, bien qu’elle existe aussi chez les animaux.
C’est que les plantes ont un système immunitaire différent des animaux mais efficace pour faire face
à la multitude de leurs agressions/infections. Un système de détection de bactéries à la surface des
feuilles fait office d’immunité de base, existant aussi chez les animaux et l’homme.
Lors d’une infection virale apparait un ARN viral simple brin. Une RNA-dependante RNA polymérase
produit un double brin d’ARN viral à partir de la matrice d’ARN viral. L’enzyme DICER va ensuite casse
le double brin d’ARN en petites pièces d’une vingtaine de nucléotides pour des raisons de mobilité,
formant des « small interfering RNA » ou « siRNA ». Les morceaux d’ARN n’ont alors plus aucune
fonction viral.
Suite à la dégradation, le brin produit de siRNA se lie à un RNA-induced silencing complex RISC, qui va
chercher de grands ARN viraux simples brins ayant des régions de complémentarité parfaite avec les
brins-matrice siRNA. La plante a donc une machine (RISC + siRNA) capable de reconnaître le nouvel
ARN viral intrus et d’initier sa dégradation par une RNA nucléase qui est un composant du RISC, ce qui
empêche l’accumulation d’ARN viral lors d’infections secondaires. En d’autres termes, on a d’abord un
processus d’amplification puis RISC reconnait les petits morceaux d’ARN. Il est capable de sépare les
deux brins et de jeter le brin matrice (viral). Il est ensuite chargé avec le brin complémentaire et scanne
la cellule pour trouver l’ARN viral comme il complémente son brin et ensuite les détruit
Notons que les siRNA, en raison de leur
petite taille, sont mobiles et peuvent
quitter la cellule et se déplacer dans la
plante par le système vasculaire
(utilisent un complexe pour se déplacer
ou les plasmodesmes), ainsi les
nouvelles feuilles formées sont déjà
aptes à combattre l’ARN viral avant
même la fin de leur développant.
115
Daniel Rodriguez - 2019
Mécanisme endogène
Notons que la dégradation cible d’ARN est un
mécanisme endogène à la plante, aussi utilisé par la
cellule pour l’expression de ses propres gènes et utilisée
sur des ADN également. L’enzyme DICER peut en effet
accepter différents types de matrices au début, issues
de la réplication virale, du transcripte d’un transgène, ou
d’un transcritpte self-complementary. À chaque fois,
cela résulte en la formation de petits ARN utilisés
comme matrice de reconnaissance par RISC.
Il y a différents mécanismes endogènes, certain
autorégulateur, d’autres xenorégulateurs. Dans la
cellule, il y a une certaine redondance dans l’expression du gène DICER, plusieurs gènes étant présent
pour plusieurs types de DICER.
La jasmonate
De la même manière que si nous tombons gravement malade nous ne pouvons
plus bouger de notre lit, les plantes qui sont infectées sérieusement arrêtent
toute activité comme la croissance ou la reproduction.
Les jasmonates font partie du groupe des phytohormones. Leur rôle est de
réguler la croissance et le développement de la plante. Le niveau de JA d'une
plante varie en fonction du tissu et du type cellulaire, du stade de
développement et des réponses à divers stimuli environnementaux. Des taux
élevés de JA sont trouvés au niveau des fleurs et des tissus du péricarpe lors
du développement des tissus reproducteurs, ainsi que dans les chloroplastes
des plantes ensoleillées; les taux de JA augmentent aussi rapidement en
réponse à des perturbations mécaniques, telles que l'enroulement des vrilles
ou des blessures de la plante.
Les jasmonates sont formée à partir des membranes lipidiques (issues de la
voie de biosynthèse des acides gras) puis se déplacent dans le noyau afin de
protéger la plante. Ce mécanisme se produit très vite pour que la plante puisse
répondre en tout temps et rapidement à une attaque. En effet, elles sont
toxiques et permettent ainsi de défendre la plante !
Notons que si une plante est mutante pour une des étapes que l’on voit si contre, elle ne produit pas
de jasmonate et sera relativement exposé aux attaques des pathogènes et insectes.
Ainsi, si une plante WT est attaquée par 4 chenilles, certaines feuilles seront partiellement détruites
(les chenilles se nourrissent d’un minimum de feuille contenant des jasmonates mais ne mange pas
toutes la plante) mais si c’est une plante mutante pour l’étape AOS ou AOC de la formation des
jasmonates qui se fait attaquer, alors les chenilles mangent toutes les feuilles (et prennent beaucoup
de poids). Notons quelque chose d’important pour la suite : lors de l’attaque de la plante WT, certaines
feuilles sont restées INTACTE. Cela signifie que certaines feuilles ne sont même pas touchées par les
chenilles. Mais pourquoi ?
116
Daniel Rodriguez - 2019
En fait, les feuilles les mieux protégées sont celles qui ont
une connexion vasculaire directe avec les feuilles qui ont
été attaquées ! En effet, on a une signalisation systémique
de jasmonate qui suit les connections vasculaires. Ainsi, si
une chenille attaque la feuille 8 sur le schéma (pas
forcément une chenille, une grosse blessure déclenche
aussi le mécanisme de réponse), alors la feuille 13 va
recevoir un signal lui indiquant de former des jasmonates.
Elle sera alors prête à subir l’attaque de la chenille et à se
protéger.
Mais comment la signalisation est faite ? Pour tester ça, on met une chenille dans une boîte fermée
mais qui contient une des feuilles de la plante, on place également des électrodes sur les feuilles
adjacentes et on constate qu’après environ 10 minutes il y a un potentiel électrique et le
déclenchement de la production de jasmonate dans toutes les feuilles directement connectées. Ce
système ne marche pas contre l’attaque des grands herbivores mais est très efficace contre les petits
pathogènes.
117
Daniel Rodriguez - 2019
12. Domestication des gènes
Les Gibbérellines
La gibbérelline est une hormone également importante pour le développement, en particulier pour la
taille de la plante. Elle fut découverte via une maladie du riz infecté par un champignon, Gibberella
fujikuroi, qui produit des Gibbérellines et où il y a un allongement exhaustif des entrenœuds des tiges.
Souvent dans la nature, les pathogènes utilisent les facteurs endogènes de la plante pour manipuler la
plante. Si le champignon produit un excès de gibbérelline, la plante en produit aussi de façon endogène
(de même, certains pathogènes peuvent produire de l’auxine est ainsi manipuler la plante). Il existe en
fait beaucoup de différentes gibbérellines dans la plantes (>80 connues), qui ont en commun une
structure de base de 19 à 20 atomes de carbones, mais seulement quelques-uns sont biologiquement
actives.
Une croissance exagérée de la plante est néfaste pour la plante car généralement les tiges sont minces
et fragiles, avec peu de feuilles et de fleurs.
La gibbérelline contrôle naturellement l’allongement des cellules et des entre-nœuds. Elle est
influencée positivement par l’auxine. Une augmentation du taux de GA provoque l’élongation des
entrenœuds. Une diminution du taux de gibbérelline diminue la taille de la plante car les cellules sont
plus courtes (il n’y a pas moins de cellules). Sous l’action de la gibbérelline, les cellules de la tige
peuvent s’allonger de plus de 20x (de 20 à 400 microns) rien qu’en allongeant la taille des cellules.
Ainsi, un arbre plus petit n’est pas forcément plus jeune qu’un autre dans une forêt. C’est peut-être
juste mauvaise condition comme un manque de lumière, donc ces plantes attendent pendant des
décennies qu’une ouverture se fasse autour d’elle, typiquement après un orage qui écartèle des
arbres, alors les petits arbres vont induire un allongement dramatique par la gibbérelline, avec un gain
de dizaines de mètres en quelques années.
Notons qu’à l’inverse une augmentation du catabolisme des gibbérellines induit un phénotype nain.
On peut modifier ca artificiellement, soit en variant directement le taux de gibbérellines comme le fait
le champignon, soit via des enzymes. Les bonzaïs japonais sont souvent de mutants sans gibbérellines.
Impact sur nos cultures
Ce type de réponse à un impact important sur nos cultures. Chaque civilisation est basée sur une
culture (blé en Egypte, Méso-Amérique au maïs, ...). C’est la transition agriculturale au néolithique qui
permet d’avoir assez a mangé pour bâtir une civilisation. On a trouvé dans les tombes égyptiennes des
118
Daniel Rodriguez - 2019
graines de blé et des documentations/peintures attestant de
cultures. À leur époque, et jusqu’à récemment, le blé était
beaucoup plus haut, à la hauteur de l’homme, car c’est ainsi
que le blé été cultivé.
Le blé moderne fut amené par la révolution verte de Norman Borlaug et son équipe, qui a développé
dans les années 1960 une variété de blé de haute performance avec une résistance élevée contre les
influences néfastes du temps. Pour ses variétés, il utilisa sa découverte d’une plante naine japonaise
qui était moins performante mais beaucoup plus robuste que le blé normal, car la plante étant moins
haute, la tige est plus épaisse et avec moins de tiges axillaires, et la plante met plus de biomasse dans
les graines et forme des inflorescences plus denses. On a donc un meilleur rendement agricole car un
rapport plus avantageux de la biomasse des graines par rapport à la biomasse des feuilles et tiges. En
plus, le blé nain japonais est plus résistant au « longing » (normalement, si les cultures touchent le sol,
elles sont mouillées, des champignons infectent les graines et on peut les jetées. Avec les anciennes
cultures de 2 mètres, le vent permet facilement aux graines de toucher le sol et donc entraine des
pertes).
Il a donc pris la variété japonaise, un mutant pas très utilisé en tant que tel car il faut adapter les
cultures aux conditions locales (floraisons, luminosité, humidité, maladies, locales....). Il a alors croisé
la variété japonaise avec d’autres variétés, les meilleures variétés de blé à haute performances, dans
un institut de recherche au Mexique, ce qui dura quelques années et beaucoup de génétique, mais il
a finalement réussis à produire toute une variété de blé nain à haute performances adapté à différents
endroit, qu’il a donc distribué sur la planète, et avec comme conséquence une augmentation très
notable des rendements (augmentation du rendement des graines mais surtout diminution des pertes.
Les pertes sont le problème majeur de l’agriculture, à hauteur de 30% de toutes les cultures
aujourd’hui, via maladies, intempéries, ...). C’est cette introduction de variété de blé à haute
performance qu’on appelle la révolution verte. Ce blé nourrit aussi les européens aujourd’hui, en
combinaison avec la mécanisation, la culture a l’engrais, … qui a fait la révolution verte.
Mais il y a donc une raison génétique sur l’existence de
telles variétés, découvertes via Arabidopsis, où les mutants
gibberilic acid insensitiv (gai) sont nains à cause d’une
croissance en longueur diminuée car la perception de la
gibbérelline ne marche plus. Chez ces formes mutantes gai,
l’interaction entre la protéines GAI et l’intermédiaire est
dérangées, et en conséquence la forme mutante de GAI
n’est jamais dégradée efficacement, donc la croissance en
longueur est toujours plus ou moins inhibée, ce qui donne la plante à stature naine. La même forme
mutante des gènes homologues de GAI est trouvée chez les autres cultures de stature naine.
Si les protéines percevant les gibbérellines sont
affectées, on a une stature naine. C’est une certaine
région dans la protéine GAI qui est nécessaire pour sa
dégradation en présence de gibbérelline qui est mutée.
Cette mutation, appelée DELLA, stabilise la protéine GAI
dont la présence maintenue supprime l’élongation.
119
Daniel Rodriguez - 2019
La voie de signalisation de la gibbérelline est encore liée, comme pour l’auxine et l’acide jasmonique,
au protéasome. Une concentration faible intracellulaire de gibbérelline n’a pas d’effet sur
l’intermédiaire multimérique, donc DELLA reste lié et continu d’inhiber l’activateur de la réponse à la
gibbérelline, PIF3/4. Une haute concentration de gibbérellines permet la liaison à l’intermédiaire
multimérique, qui ubiquitine DELLA et l’envoi se faire dégrader au protéasome 26s. La destruction de
l’inhibiteur lève l’inhibition sur PIF3/4, et cet activateur peut désormais lancer la réponse à la
gibbérelline et donc l’élongation cellulaire.
Dans les mutants DELLA, la protéine DELLA n’est jamais reconnu car stable. L’inhibition de PIF3/4 est
donc constante et la plante reste naine.
120
Daniel Rodriguez - 2019
13. Les cultures : performantes, délicieuses et … artificielles
Les plantes en général ne veulent pas être mangées. Des mutations arrivent de manières spontanées.
Certaines peuvent changer le génome de manières dramatiques, certaines peuvent être avantageuses
pour la plante. Ainsi, la plupart des métabolismes secondaires des plantes sont des mécanismes de
défenses. Les plantes sauvages sont le plus souvent au moins partiellement toxiques. Les fruits font
souvent exceptions, car ils sont spécifiquement produits par les plantes dans le but d’être consommés
afin d’assister à la transmission des graines. Mais les plantes, en soi, se défendent, le plus souvent
chimiquement, ce qui demande du travaille pour l’organisme consommateur afin de détoxifier les
plantes.
Dans notre histoire, nous avons sélectionné, hybridé et cloné les plantes dans le but de les cultiver et
de les manger, à tel point que les plantes de cultures sont très souvent extrêmement éloignés des
plantes sauvages, pour lesquelles il n’y a pas d’intérêt à ce que toutes les ressources soient misent
dans la production des graines, alors que c’est ce que nos ancêtre ont sélectionnés de manières plus
ou moins ciblées. Il y a assez de mutant spontané dans la nature pour qu’en les identifiant, les
protégeant et les croisant artificiellement, on puisse obtenir des plantes aux performances très fortes
dans un milieu agricole protégé. Mais la plupart des mutations conservées par l’homme ne sont pas
avantageuses pour la plante sauvage et ne se retrouverais pas dans la nature. Il faut parfois cloner les
plantes pour les cultiver afin de ne pas perdre les traits génétiques que l’on considère intéressants,
comme c’est le cas pour le peuplier domestique.
Ci-dessous nous pouvons voir différents exemples de plantes domestiquées. On peut citer la tomate
dont la forme WT n’est pas plus grande qu’une framboise ou encore le grapefruit où différente
mutation existe pour les rendre plus ou moins tendre, juteuse, … (comme par exemple la mutation
RUBIT). Tous les fruits que l’on consomme aujourd’hui sont artificiels et on subit des milliers d’années
de sélection fait par l’homme pour arriver à ces phénotypes.
Le processus de domestication a commencé il y a au moins 15’000 ans. La plus ancienne domestication,
découverte par génomique, est le chien. Mais il y a beaucoup d’exemples variés de domestications.
Par exemples, tous les choux quasiment (Bruxelles, brocoli, chou blanc, chou romanesco, ...)
appartiennent initialement à la même espèce sélectionnée artificiellement à partir de Brassica
oleracea afin de produire une grande variété de chou. Chaque variété de culture est un mutant spécial.
Si on sélectionne pour les boutons terminaux on obtient un chou vert, pour les boutons latéraux des
choux de Bruxelles, pour les sépales des brocolis, pour les fleurs des choux-fleurs, ... Pour conserver
ces variétés, il faut les reproduire de manière végétative.
121
Daniel Rodriguez - 2019
Il y a aussi bcp d’hybrides, souvent fertiles (font des fruits mais pas d’embryon). Bcp de fruits qu’on
consomme issu de l’hybridation doivent être maintenu par génération continue. Autre exemple de
mutation spontanée : la couleur rose des grapefruits, une mutation plutôt récente. Et on a encore le
phénomène du clonage qui permet de rependre les mutants comme on avait vu avec les peupliers.
Parfois c’est une seule mutation, parfois c’est plusieurs mutations, parfois on sait lesquels, parfois
pas... Par exemple, chez Arabidopsis (et homologue chez le chou-fleur), les doubles mutations apetala
et cauliflower font la génération de fleur de manière indifférenciée et continue, avec des fleurs au sein
de fleurs, et ainsi donne l’aspect du chou-fleur. Pareillement, ce sont des mutations dans FT qui ont
donné naissance à la betterave moderne avec une racine extrophiée. Mais le plus souvent, on a aucune
idée de quel est vraiment LA mutation ou LES gènes exacts qui ont été sélectionnés (la plupart des
plantes sont issues de millénaires de sélection artificielles.... et les génomes des plantes sont souvent
très très complexes).
Origine du maïs
L’exemple qu’on a le mieux compris est le maïs, qui vient du Méso-Amérique (Mexico), à la base de la
culture des Olmèques puis des Aztèques et Incas. C’est le téosinte qui est la plante d’origine du maïs
moderne. C’est la même espèce, on peut faire un croisement et on a une descendance normale fertile.
Mais leurs apparences sont très divergentes.
Le téosinte est assez dure à faire pousser et atteints des hauteurs gigantesques (jusqu’à 4 mètres de
hauteur) et nécessite des journées de moins de 10h en été pour faire la floraison (les journées les plus
courtes sont en été aux latitudes mexicaines). Notons que Teosinte est un mot aztèque (nahuatl) pour
désigner le « grain de dieu », formant un épi de 4-10 graines. Les graines sont rigides er carapacées.
Pour manger l’embryon et l’albumen nutritif, il faut les ouvrir avec un outil.
Mais les Aztèques faisaient déjà de la sélection artificielle à l’époque ! Ils avaient trouvé des mutants
spontanés qu’ils ont favorisés, le « maïs primitif », dont on a trouvé de traces paléontologiques dans
la vallée de Tehuacan datant de 3’500ans. Parmi les mutations, les épis avaient des inflorescences plus
grandes, donc plus de graines, de tailles similaires mais moins carapacées (plus besoins d’outils). La
domestication de Téosinte a donc commencé il y a plus de 3’000 ans, puis il y a 2’500 ans on a eu le
mais primitif, amélioré par sélection humaine, puis vers 500 ans avec la découverte européenne des
Amériques, le « maïs moderne » où l’épi a grandi de taille pour passer de quelques centimètres à 1520cm.
122
Daniel Rodriguez - 2019
On a découvert que c’est une combinaison de variantes particulières de 6 mutations homozygotes qui
furent sélectionnées par l’homme pour passer du Téosinte au maïs moderne. On en connait 3 des 6 :
une mutation pour réduire le nombre de branches latérales, une pour rendre la carapace des graines
douces, et une mutation pour avoir plusieurs filières de graines.
Rappelons bien que les cultures modernes sont adaptées à l’homme. Ces plantes ont besoin d’être
gérées, elles ont besoin d’un espace sans compétition, sinon elles ne survivent pas. Si on met du blé
sur un champ et on ne s’en occupe pas, il n’y a presque pas de blé qui pousse car ce n’est pas une
plante assez compétitive. Et il faut aussi protéger les plantes des pathogènes (les champignons sont
les menaces les plus ravageuses de l’agriculture, avec 30% de pertes globales).
Notons encore que la sélection artificielle doit être continue : si on stoppe la sélection artificielle, alors
les mutations vont se disperser dans la population et on va les perdre (vu qu’elles sont doubles
homozygotes le plus souvent). Mais on perd ainsi beaucoup de la variété génétique présente dans la
plante sauvage, dont les résistances contre les maladies sont très dépendantes.
On peut voir ce genre de problème dans un cas hypothétique mais réaliste : Un certain nombre de
pathogènes, en particulier lié aux insectes, sont dépendants aux climats (typiquement, il leur faut un
climat méditerranéen, et ils ne peuvent survivre même en climat tempéré). Or le réchauffement
change le climat. Grace à cela, on le sait aujourd’hui, des pathogènes ont pu ainsi traverser les Alpes.
Alors que l’habitat normal d’un certain pathogènes était le moyen orient (là d’où viennent la plupart
de nos cultures via le croissant fertile, les autres surtout d’Amérique centrale), le transfert des plantes
cultivés dans un climat différent fut fait par migration de populations, ce qui amène à la nécessité
d’avoir des mutations additionnelles pour les adaptations locales. Ceci entraines des pertes d’allèles
qui ne sont plus nécessaires, notamment la résistance contre un pathogène qui lui n’a pas migré (car
pas de pression de sélection). On a donc ainsi des variétés adaptées à de nouvelles conditions locales
123
Daniel Rodriguez - 2019
qui ne sont pas résistantes à des pathogènes qui n’ont pas migré. Mais les changements climatiques
permettent le retour des pathogènes, qui affectent alors des plantes non résistantes. On pense que
l’adaptation locale doit être fournie par 4-6 gènes aussi, donc en tout il y aurait une dizaine de gènes
différent entre le Téosinte et la variété européenne.
Rendre une espèce adaptée localement résistante à un pathogène ancestral
On a essayé ensuite de recréer une culture locale résistante au pathogène ancestrale. Pour cela, on a
voulu croiser l’ancêtre du maïs et la culture européenne, qui contient environ 10 gènes mutants
homozygotes, afin d’ajouter à la culture européenne susceptible au pathogène Y la résistance présente
dans l’ancêtre. Les probabilités d’avoir des descendants qui contiennent les 11 mutations en
homozygotes (10 + la résistance) sont 0.25^11 soit 1 plante sur plus de 4 millions. C’est statistiquement
peu probable et réellement impossible, car on n’a jamais 4 millions de graines obtenues après
croisement... De plus, ces probabilités sont sous conditions optimales, car on part du principe que ce
sont 11 gènes indépendants à ségrégation libre, ce qui est peu probable aussi. Mais si on a seulement
2 gènes qui sont proches, genre 10 centimorgan, on peut multiplier le nombre par 5, donc 1 plante
pour 20 millions de plantes... Et de plus, on ne sait même pas ce que l’on cherche car on ne connait
pas toutes les 11 mutations qu’on veut conserver...
Rendre une espèce adaptée localement résistante à un pathogène ancestral
De plus, les cultures sur lesquels on dépend le plus sont très spéciales : les 3-4 cultures nourrissant le
monde sont le maïs (principalement utilisé pour nourrir les animaux), le blé et le riz. Et le blé est un
« freak génétique », une plante hexaploïde qui contient 3 génomes diploïdes différents mais liés : A, B
et D. Ces trois génomes sont très semblables, des variétés les uns des autres, avec des chromosomes
124
Daniel Rodriguez - 2019
homologues (pairs) présent en homoeologie (lien relationnel entre les paires analogues des 3
génomes). La raison de ce système vient du fait que le blé est une plante hybride.
Il est issu d’abord de l’hybridation spontanées il y a 5.5 millions d’années entre Triticum urartu (AA) et
Aegilops speltoides (BB). Des mutations spontanées ont rendu l’hybride viable (ce qui est très rare).
Après cette hybridation, comme il y a trop de matériel génétique pour la reproduction, les génomes
se réduisent par pertes (dégénérations) et hybridation des génomes, formant un nouveau génome,
mosaïque d’AA et BB avec quelques mutations spontanées, et une nouvelle plante : Aegilops tauschii
(DD).
Bien plus tard (800'000 ans), ces mêmes
plantes se sont de nouveau hybridées,
mais cette fois il n’y a pas eu de
recombinaison-réduction du génome, les
deux génomes furent maintenus au
complet, formant une plante tétraploïde,
le blé dur Triticum turgidum (AABB).
Une troisième hybridation, il y a 400’000
ans, entre le blé dure et Aegilops teauschii
a eu lieu et de nouveau sans
recombinaison-réduction (maintien des génomes). Elle a donné le blé tendre Triticum aestivum, qui
est donc hexaploïde (AABBDD).
L’absence de recombinaisons entre chromosomes homoéologues est due
à une mutation spontanée dans le locus PH1 qui empêche l’accouplement
des chromosomes homoéologues durant la méiose, ce qui empêche la
dégénération et l’hybridation du génome.
Rendre une culture résistante : scénarios
La première méthode pour recréer une culture X adapté et résistante au pathogène Y (variante
contenant les 10 gènes principaux pour l’adaptation plus le gène de résistance) est, comme on la dit
précédemment, le croisement entre l’ancêtre sauvage résistant Y et la culture adaptée sensible X, mais
la probabilité n’est pas réaliste.
En revanche, si on connait le gène de résistance, un premier scénario « crédible » serait de faire un
OGM. Pour rendre résistante une plante, dans le futur, se sera par OGM. Et c’est très contrôlé, et il n’y
a pas de risque majeur. Savoir d’où vient la résistance ou comment on l’introduit dans la plante n’a
aucune importance, au niveau pratique, c’est le produit qui est important.
125
Daniel Rodriguez - 2019
Dans ce scénario, une fois que l’on a identifié le gène de résistance à Y, on pourra l’introduire
directement dans la culture X adaptée pour la rendre résistante de manière rapide, contrôlée et
efficace.
Un deuxième scénario pour rendre une plante résistante consiste à désactiver certains gènes de
manière ciblée. En effet, beaucoup de plantes sont susceptibles à un pathogènes parce que le
pathogène peut reconnaitre des éléments génétiquement produits la plante. Typiquement, un certain
champignon pathogène, l’oïdium, reconnait une protéine du blé, le récepteur MLO dans les
plasmodesmes, qui indique au champignon qu’il y a du blé à proximité.
Cacher cette protéine permet de rendre le blé résistant. Ici, si on désactive les gènes MLO du blé, le
champignon ne sait pas qu’il est en contact avec du blé et ne va pas l’attaquer.
Maintenant, le problème du blé est que c’est un hexaploïde donc il est peu probable d’avoir une
mutation naturelle sur les 6 chromosomes. Il faudrait d’en l’idéal avoir les 6 copies désactivées, soit 3
mutants homozygotes...
La technique du futur, celle déjà pratiquée en Chine, est CRISPR/Cas9., un système immunitaire
bactérien transformé en outil de biotechnologie. Il fait partie du système de défense de certaines
bactéries contre les phages, qui s’en défende en modifiant localement et précisément le génome du
virus. On peut donc utiliser ce système reprogrammé pour faire des mutations locales par génie
génétique indifférenciables des mutations naturelles spontanées.
Chez les plantes, c’est surtout pour désactiver les gènes (chez les plantes, contrairement aux animaux,
remplacer un gène par un autre marche pas vraiment bien). Il suffit de créer un guide artificiel d’ARN
hybridant 20bp de l’ADN cible à muter, cet ARN modifié et associé à Cas9 permettant de cibler
précisément un endroit à modifié dans le génome. CAS9 va alors casser le double brin d’ADN cible au
niveau localisé par l’ARN guide via des séquences PAM adjacentes, et la réparation de l’ADN double
brin peut être utilisée pour inactiver le gène ou remplacer des codons spécifiquement.
Grace à CRISPR, les 3 gènes MLO homoéologues responsables de l’identification du blé par le
champignon furent ciblé simultanément et désactivé par insertion prématurée de codon STOP, et ça
marche. Il faudra peut-être 20 ans pour que le champignon trouve une nouvelle faille d’infection ! La
plante est donc (temporairement) devenue résistante.
Allant plus loin mais avec le même principe, en Espagne, des scientifiques ont en labo créé un blé
complètement sans gluten en supprimant individuellement tous les gènes de production du gluten.
Il est important de réaliser que les maladies des plantes et cultures sont un problème très réel, contre
lequel on essaye de lutter avec ces techniques. Par exemple, comme le seigle, B.g. secalis, est résistant
au mildiou, des breeders ont voulu faire un croisement seigle-blé. Cette hybride artificiel, le Triticale
B. g. triticale, fut créer et est élevé dans les régions où le Mildiou est très présent. Mais cela ne marche
que durant un certain temps car un pathogène du seigle, relié à un pathogène du blé, s’est hybridé
spontanément avec ce dernier et l’hybride peut infecter le Triticale. Cela n’a pris que 50 ans pour qu’un
nouveau pathogène se développe contre la variété résistante.
Il y a donc une course à l’armement constante entre pathogènes et variétés résistante.
126
Daniel Rodriguez - 2019
Notons bien que la méthode CRISPR/Cas9 va probablement
révolutionner notre manière de faire de l’agriculture. Elle
sert déjà pour rendre des plants de banane résistants à
certains virus et servira encore pour sauver des millions de
vie.
127
Download