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analysis of a document about Hausmann architecture

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Dans son ouvrage de 1749 Des embellissements de Paris, Voltaire émet d'ores et déjà le besoin
de moderniser la capitale « Il faut des marchés publics, des fontaines qui donne en effet de l'eau, des
carrefours réguliers, des salles de spectacle ; faut élargir les rues étroites et infectes, découvrir les
monuments qu'on ne voit, et en élever qu'on puisse voir. » C'est lors de ses exils à Londres que
Napoléon III observent l'architecture et les équipements de cette métropole moderne. Il souhaite donc
réaménager Paris afin de renouveler ses bâtiments et soumet un plan au préfet de la Seine, le baron
Haussmann, lorsqu'il l’engage en 1853 et ce jusqu'en 1870. Le premier document datant du 20
décembre 1853 qui est soumis à notre étude, est un rapport de la Commission sur les embellissements
de Paris du comte Siméon, un homme politique. Le second document est un témoignage d'un écrivain,
J-K. Huysmans dans son œuvre La Bièvre et Saint Séverin de 1898 qui observe et donne son point de
vue quant aux transformations qui s'opèrent dans la capitale.
En quoi la modernisation de Paris a-t-elle modifié le quotidien des habitants ?
Premièrement, nous verrons quelles sont les caractéristiques et les raisons qui amènent à une telle
modification du paysage parisien. Enfin, nous découvrirons quelles sont les réactions des habitants
face à ces changements.
En 1850, Paris renvoie l'image d'une ville insalubre aux rues exiguës et mal éclairées, ce qui
entraîne de nombreuses épidémies. L'ambition de l’empereur est très clairement illustrée dans la
Commission sur les embellissements de Paris, il souhaite rivaliser avec la modernité de Londres. Il
souhaite donc renouveler Paris en passant par la modernisation afin d'étendre l'influence de cette ville
et montrer sa puissance. Malgré que cette commission soit ensuite rejetée par Haussmann, elle pose
tout de même les principes de ces modifications. Tout d'abord, le changement majeur concerne les
gares, qui sont les moyens de communication connaissant un grand essor à cette époque. En effet, on
recense une hausse exponentielle du nombre des voyageurs, qui passe de 12 millions à 114 millions.
Cela va de même pour les chemins de fer, qui passe de 2222 kilomètres à 16994 kilomètres. Le nombre
de voyageurs important entraîne un enjeu de développement conséquent au niveau des chemins de
fer au XIXe siècle. Napoléon III désire ainsi faciliter la circulation au sein de Paris pour que les habitants
puissent se rendre d'un arrondissement à un autre par ce billet, comme le montre la première règle
du document 1. De plus, il souhaite que ces chemins de fer puissent rapprocher le centre de Paris à
ses extrémités pour favoriser le transport des voyageurs, mais aussi les échanges de biens et de
marchandises. Le but est donc de créer une connexion entre le centre et les périphéries de la ville,
mais également avec les autres territoires du pays. Cela permet alors de développer le commerce
national et d'en récolter des bénéfices. Les gares sont agrandies ou bien reconstruites pour recevoir
plus de voyageurs et sont ainsi des carrefours qui redistribuent l'espace parisien. La révolution du
chemin de fer ouvre d'immenses perspectives pour l'industrie et le commerce. Puis, la deuxième règle
que fixe l’empereur concerne les agrandissements des rues, avec des places dégagées et de grands
boulevards. La hauteur des maisons doit de ce fait respecter une hauteur qui ne doit excéder la
longueur de la rue. Ces habitations suivent un modèle bien précis, uniforme, ce qui les met en valeur.
La diminution de la hauteur des maisons et l'agrandissement des rues permet aux habitants de se
sentir moins oppressés. Quant aux édifices publics, ils sont mis en lumière, l'objectif étant de restituer
le caractère monumental à la ville. Les quartiers sont donc organisés autour de ces grandes
constructions telles que le Louvre, Notre-Dame de Paris ou encore l'Hôtel de ville. L'élargissement de
ses rues et le réagencement des quartiers relève d'un véritable chantier puisque d'immenses percées
sont réalisées dans tout Paris. Des espaces verts supplémentaires sont créés davantage à l'extérieur
de la ville, vers les banlieues. La mission du baron Haussmann est donc d'établir, d'unifier, mais aussi
d'aérer Paris.
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Ces aménagements semblent grandioses et bénéfiques à la vie des Parisiens comme le prône
l’empereur et le baron. Néanmoins, des témoignages au travers de divers écrits démontrent le
contraire, les habitants contraints à subir ces changements, regrettent l'ancien Paris. En effet, dans le
second document, J-K. Huysmans relève son profond désarroi mais aussi sa colère envers ces
changements architecturaux. Selon lui, les maisons insalubres des pauvres constituaient le charme de
Paris et dévoiler les différences sociales de chacun des habitants, ce qui concordait avec la réalité.
Désormais avec ces « belles maisons » comme les nomme Napoléon dans le document 1, l'auteur
dénonce le désir des hommes politiques à vouloir décimer la pauvreté ou même à la masquer pour ne
pas nuire aux paysages si modernes et luxueux. D'ailleurs, il parle de ces derniers, tels que des
« moralistes », c'est un terme péjoratif qui démontre leur proportion à vouloir créer un Paris
éblouissant en cachant la pauvreté et la misère derrière de belles façades. L'un des objectifs de ces
rénovations étant d'espacer les rues trop étroites afin que les épidémies se répondent moins,
Huysmans met en avant dans cet extrait que cela n'est qu'un avantage pour les hygiénistes. De son
point de vue, ces changements sont insupportables, les petites rues permettaient de protéger les
habitants des phénomènes climatiques comme le vent ou bien le soleil. Il qualifie même ses rues d’
« interminables avenues ». Huysmans est parvenu à donner une certaine cohésion à toute la ville après
avoir annexé des communes de banlieues, tout en aménageant celles-ci. Paris s'est donc étendu et
accroît son influence de modernité au-delà du cœur de Paris. Son projet pour Paris intègre également
la mise en place d'un immense réseau d'égouts. Haussmann développe alors les égouts dans des
proportions invraisemblables pour l'époque : en 1878, Paris compte près de 600 kilomètres d'égouts.
On lui doit également le parc Montsouris, les Buttes-Chaumont, les actuels Champs Elysées…
Huysmans montre alors que, certes les égouts ne répondent plus d'odeurs nauséabondes mais que
cela va être remplacé par la pollution. Pour l'auteur, cette modernisation est donc synonyme de
pollution, du fait des nouvelles constructions de chemin de fer, et du développement des véhicules
motorisés. Le progrès engendre un mal-être chez les auteurs de cette époque. On retrouve d'ailleurs
le spleen chez Charles Baudelaire. En effet, un de ses poèmes intitulés « Le cygne » dans son recueil
Les Fleurs du Mal, le poète met en exergue son dégoût envers le Paris haussmannien. Il se sent comme
un exilé qui regrette son Paris natal. Il regrette le vieux quartier du douanier se trouvant entre le Louvre
et les Tuileries, qui a été détruit. Baudelaire n'est pas à son aise dans ce nouveau Paris, il est très
perturbé par ces changements importants. Donc, ces modifications qui paraissent, lorsque l'on prend
connaissance du document 1, améliorer le quotidien des parisiens pour se déplacer aisément ne
semblent pas convenir à la totalité des habitants.
Avant le vaste chantier entrepris par Haussmann, Paris n'avait pas la physionomie d’une
capitale, et ne reflétait pas les aspirations de pleine puissance de Napoléon III. Grâce à ces
modifications, Paris a gagné en prestige incontestable. La ville rayonne, ces bâtiments sont somptueux
et ses rues sont majestueuses. L’empereur veut assurer, par le biais de cette modernisation, la
croissance économique et commerciale de la ville. Les quartiers fortement peuplés doivent pouvoir
être désenclavés grâce au train, le moyen de transport le plus répandu à cette période. Tout de même,
ces nouvelles mesures ont des conséquences sur le quotidien des habitants et ne font pas l'unanimité
auprès de ces derniers. Au contraire, cela leur déplaît fortement et ne trouve guère en ce nouveau
Paris un embellissement, sinon un enlaidissement. Selon certains d'entre eux, ces changements visent
à attirer les habitants vers un niveau de vie plus élevé malgré eux. La modernisation a donc des impacts
positifs en ce qui concerne l'image de Paris et sa circulation, mais cela n'est pas bien perçu par sa
population qui perd ses repères.
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