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Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L 122-5 2e et 3e alinéas, que les reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à utilisation collective et, d’autre part, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source, les courtes citations justifiées par le caractère pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, une telle reproduction ou représentation constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle. ISBN : 978-24-92430-54-1 Création couverture et maquette : Nicolas Moreau (www.graphiste-pro.com) Mise en page : Nicolas Moreau (www.graphiste-pro.com) Traduction : Cécile Heurtaut et Cyrille Boulongne-Evtouchenko Édition / correction : Antoine Frandeboeuf et Olivier Remy / Sen No Sen (www.senno-sen.com) Suivi de fabrication : Manon Cluse / Otago (www.otagogroup.com/otago-edition) SOMMAIRE PRÉFACE - AURÉLIEN BROUSSAL-DERVAL REMERCIEMENTS 01 - STRUCTURE ET FONCTION DES SYSTÈMES CORPORELS - DOCTEUR N. TRAVIS TRIPLETT ▸ Système musculo-squelettique ▸ Système neuromusculaire ▸ Système cardiovasculaire ▸ Système respiratoire 02 - BIOMÉCANIQUE DES EXERCICES DE MUSCULATION - DOCTEUR JEFFREY M. MC BRIDE ▸ Musculature squelettique ▸ Plans anatomiques et mouvements corporels majeurs ▸ Force et puissance ▸ Sources de résistance à la contraction musculaire ▸ Articulations biomécaniques : préoccupations concernant l'entraînement en résistance 03 - BIOÉNERGÉTIQUE DE L'EXERCICE ET DE L'ENTRAÎNEMENT - DOCTEURS TRENT J. HERDA ET JOEL T. CRAMER ▸ Définitions principales ▸ Systèmes d'énergie biologique ▸ Épuisement et réplétion des substrats ▸ Facteurs bioénergétiques limitants de la performance ▸ Absorption d'oxygène et contributions aérobies et anaérobies à l'exercice ▸ Spécificité métabolique de l'entraînement 04 - RÉPONSES ENDOCRINIENNES À L'ENTRAÎNEMENT EN RÉSISTANCE - DOCTEURS WILLIAM K. KRAEMER, JAKOB L. VINGREN ET BARRY A. SPIERING ▸ Synthèse, stockage et sécrétion d'hormones ▸ Le muscle comme cible des interactions hormonales ▸ Rôle des récepteurs dans la médiation des changements hormonaux ▸ Catégories d'hormones ▸ Exercice de résistance intense et augmentations hormonales ▸ Mécanismes des interactions hormonales ▸ Changements hormonaux dans le sang périphérique ▸ Adaptations dans le système endocrinien ▸ Hormones anabolisantes primaires ▸ Hormones surrénales ▸ Autres considérations hormonales 05 - ADAPTATIONS AUX PROGRAMMES D'ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE - DOCTEUR DUNCAN FRENCH ▸ Adaptations neuronales ▸ Adaptations musculaires ▸ Adaptations des tissus conjonctifs ▸ Réponses endocriniennes et adaptations à l'entraînement anaérobie ▸ Réponses cardiovasculaires et respiratoires à l'exercice anaérobie ▸ Compatibilité des modes d'entraînement aérobie et anaérobie ▸ Surentraînement ▸ Désentraînement 06 - ADAPTATIONS AUX PROGRAMMES D'ENTRAÎNEMENT EN ENDURANCE AÉROBIE DOCTEURS ANN SWANK ET CARWYN SHARP ▸ Réponses aiguës à l'exercice aérobie ▸ Débit cardiaque ▸ Adaptations chroniques à l'exercice aérobie ▸ Adaptations à l'entraînement en endurance aérobie ▸ Facteurs externes et individuels influençant les adaptations à l'entraînement en endurance aérobie ▸ Surentraînement : définition, prévalence, diagnostic et marqueurs potentiels 07 - DIFFÉRENCES LIÉES À L'ÂGE ET AU SEXE ET LEURS IMPLICATIONS POUR LA MUSCULATION DOCTEURS RHODRI S. LLOYD ET AVERY D. FAIGENBAUM ▸ Les enfants ▸ Les femmes ▸ Les seniors 08 - PSYCHOLOGIE DE LA PRÉPARATION ET DE LA PERFORMANCE ATHLÉTIQUE - DOCTEURS TRACI A. STATLER ET ANDREA M. DUBOIS ▸ Rôle de la psychologie du sport ▸ État de performance idéal ▸ Gestion de l'énergie : excitation, anxiété et stress ▸ Influence de l'excitation et de l'anxiété sur la performance ▸ Motivation ▸ Attention et concentration ▸ Techniques psychologiques pour améliorer la performance ▸ Améliorer l'acquisition et l'apprentissage des compétences motrices 09 - FACTEURS NUTRITIONNELS DE BASE DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ - DOCTEUR MARIE SPANO ▸ Rôle des professionnels de la nutrition sportive ▸ Directives nutritionnelles standards ▸ Macronutriments ▸ Vitamines ▸ Minéraux ▸ Fluides et électrolytes 10 - STRATÉGIES NUTRITIONNELLES POUR MAXIMISER LES PERFORMANCES - DOCTEUR MARIE SPANO ▸ Nutrition avant, pendant et après la compétition ▸ Stratégies nutritionnelles pour modifier la composition corporelle ▸ Troubles de l'alimentation 11 - SUBSTANCES ET MÉTHODES AMÉLIORANT LES PERFORMANCES - DOCTEUR BILL CAMPBELL ▸ Types de substances améliorant les performances ▸ Hormones ▸ Compléments alimentaires 12 - PRINCIPES DE SÉLECTION ET D'ADMINISTRATION DES TESTS - DOCTEUR MICHAEL MC GUIGAN ▸ Recours aux tests ▸ Évaluation de la qualité des tests ▸ Sélection des tests ▸ Administration des tests 13 - ADMINISTRATION, NOTATION ET INTERPRÉTATION DES TESTS SÉLECTIONNÉS - DOCTEUR MICHAEL MC GUIGAN ▸ Mesurer les paramètres de la performance sportive ▸ Évaluation statistique des données de test 14 - ÉCHAUFFEMENT ET ENTRAÎNEMENT À LA SOUPLESSE - DOCTEUR IAN JEFFREYS ▸ Échauffement ▸ Souplesse ▸ Types d'étirements 15 - TECHNIQUES D'EXERCICE AVEC POIDS LIBRES ET MACHINES - SCOTT CAULFIELD ET DOUGLAS BERNINGER, MÉDECIN ▸ Fondamentaux de la technique d'exercice ▸ Parade des exercices de poids libres 16 - TECHNIQUES D'EXERCICES ALTERNATIFS ET NON TRADITIONNELS D'ENTRAÎNEMENT AVEC DES ACCESSOIRES - DOCTEUR G. GREGORY HAFF, DOUGLAS BERNINGER, MÉDECIN, ET SCOTT CAULFIELD ▸ Principes généraux ▸ Méthodes d'entraînement à poids de corps ▸ Méthodes d'entraînement (stabilité et équilibre) de la gaine abdominale ▸ Méthodes d'entraînement à résistance variable ▸ Méthodes d'entraînement non traditionnelles avec accessoires ▸ Entraînement unilatéral 17 - CONCEPTION DE PROGRAMMES POUR LA MUSCULATION - DOCTEURS JEREMY M. SHEPPARD ET N. TRAVIS TRIPLETT ▸ Principes de prescription d'exercice anaérobie ▸ Étape 1 : analyse des besoins ▸ Étape 2 : sélection de l'exercice ▸ Étape 3 : fréquence d'entraînement ▸ Étape 4 : ordre des exercices ▸ Étape 5 : charge d'entraînement et répétitions ▸ Étape 6 : volume ▸ Étape 7 : périodes de repos 18 - CONCEPTION ET TECHNIQUES DE L'ENTRAÎNEMENT PLIOMÉTRIQUE - DAVID H. POTACH, KINÉSITHÉRAPEUTE, ET DONALD A. CHU, DOCTEUR ET KINÉSITHÉRAPEUTE ▸ Mécanique pliométrique et physiologie ▸ Conception du programme ▸ Considérations relatives à l'âge ▸ Pliométrie et autres formes d'exercice ▸ Considérations de sécurité 19 - CONCEPTION DE PROGRAMMES ET TECHNIQUES D'ENTRAÎNEMENT POUR LA VITESSE ET L'AGILITÉ BRAD H. DE WEESE, ET SOPHIA NIMPHISU, DOCTEUR ▸ Mécanique de vitesse et d'agilité ▸ Base neurophysiologique de la vitesse ▸ Vitesse de course ▸ Performance d'agilité et capacité de changement de direction ▸ Méthodes de développement de la vitesse ▸ Méthodes de développement de l'agilité ▸ Conception de planification ▸ Stratégies de développement de la vitesse ▸ Stratégies de développement d'agilité 20 - CONCEPTION DE PROGRAMMES ET TECHNIQUES D'ENTRAÎNEMENT DE L'ENDURANCE AÉROBIE DOCTEURS BENJAMIN H. REUTER ET J. JAY DAWES ▸ Facteurs liés aux performances d'endurance aérobie ▸ Conception d'un programme d'endurance aérobie ▸ Types de programmes d'entraînement en endurance aérobie ▸ Application de la conception du programme aux saisons d'entraînement ▸ Problèmes particuliers liés à l'entraînement d'endurance aérobie 21 - PÉRIODISATION - DOCTEUR G. GREGORY HAFF ▸ Concepts fondamentaux liés à la périodisation ▸ Hiérarchie de périodisation ▸ Périodes de périodisation ▸ Saisons sportives et périodes de périodisation ▸ Modèles de périodisation ondulatoire et linéaire ▸ Exemple de plan d'entraînement annuel 22 - RÉHABILITATION ET RÉATHLÉTISATION - DAVID H. POTACH, KINÉSITHÉRAPEUTE, ET TERRY L. GRINDSTAFF, DOCTEUR ▸ L'équipe de médecine sportive ▸ Types de blessures ▸ Guérison des tissus ▸ Objectifs de rééducation et de reconditionnement ▸ Conception du programme ▸ Réduire les risques de blessure et de blessure répétitive 23 - CONCEPTION, AMÉNAGEMENT ET ORGANISATION DES ÉQUIPEMENTS - ANDREA HUDY ▸ Aspects généraux de la conception d'une nouvelle installation ▸ Installations de musculation et de préparation physique existantes ▸ Évaluer les besoins du programme sportif ▸ Conception de l'installation de musculation et de préparation physique ▸ Disposition de l'équipement dans une installation de musculation et de préparation physique ▸ Entretien et nettoyage des surfaces et de l'équipement 24 - POLITIQUES, PROCÉDURES ET PROBLÈMES JURIDIQUES LIÉS AUX INSTALLATIONS - DOCTEUR STATLER ET VICTOR BROWN, MÉDECIN ▸ Profession de foi et objectifs du programme ▸ Objectifs du programme ▸ Équipe de performance de la force et de la préparation physique ▸ Questions juridiques et éthiques ▸ Règles et activités du personnel ▸ Administration des installations ▸ Planification et intervention d'urgence À PROPOS DES ÉDITEURS CRÉDITS ICONOGRAPHIQUES PRÉFACE AURÉLIEN BROUSSAL-DERVAL Lorsqu’avec Olivier Bolliet, il y a plus de 10 ans, nous avons envisagé de publier La Préparation physique moderne avec un grand éditeur sportif français, le constat est édifiant : la plupart des ouvrages en langue française n’ont aucune justification scientifique ; ceux qui en proposent datent de plusieurs décennies ; aucun ne mêle la science au terrain. La commande de l’éditeur est alors sans appel : il faut faire un livre de science ou un livre d’exercices. Las. Mon intuition est juste- ment, à l’époque, exactement l’in- verse : les gens veulent du terrain justifié par de la science, et de la science illustrée sur le terrain. Et d’où vient cette intuition ? Du livre que vous tenez entre les mains. Oui, d’une certaine manière, cet ouvrage est aussi l’un des éléments forts de la création des Éditions 4trainer, inspirées par la production éditoriale nord-américaine. Bercé par toute une série d’ouvrages comme les blockbusters de sciences appliquées au terrain de Foran, Fleck, King, Poliquin ou encore Thibaudeau, c’est quand je pose les mains – encore jeune étudiant – sur la deuxième édition d’Essentials of Strength Training and Conditioning que je comprends ce qui manque en France : de vrais manuels de préparation physique mêlant théorie et pratique. Je découvre en effet au début des années 2000 la NSCA, syndicat US des préparateurs physiques, qui structure leur formation initiale et continue sur des bases alliant théorie et pratique. L’inverse de ce qui est proposé à nos entraîneurs, l’inverse de ce que l’éditeur sportif si sûr de connaître les attentes de son public allait tenter de nous imposer quelques années plus tard. À l’époque, nous n’avions pas les ressources ni les outils pour traduire un livre de 600 pages. Mais nous avions déjà une solide base de pratique et de compétences scientifiques pour proposer un ouvrage qui allait devenir une référence durant les dix années suivantes : La Préparation physique moderne. Seulement voilà : dix ans en sciences du sport, c’est une éternité. Et La Préparation physique moderne, bien que toujours pertinente sur de nombreux points, n’a pas été mise à jour depuis 2010. Dans le même temps, les Éditions 4trainer ont grandi, prouvant que la vision de départ était celle qu’attendaient nos collègues. Surtout, elles ont désormais les ressources pour traduire le mastodonte Essentials of Strength Training and Conditioning. Et en dix ans, il a continué, lui aussi, à grandir : pour sa quatrième édition, il pèse désormais près de 700 pages, parfaitement à jour de l’actualité des sciences et des pratiques. Si vous lisez cette préface, vous ne découvrez pas seulement une anecdote sur la naissance des Éditions 4trainer. Vous vous apprêtez à découvrir un ouvrage qui m’a façonné comme coach, probablement davantage que n’importe quelle université. Un ouvrage qui, aujourd’hui encore, me sert de refuge théoricopratique dès que nécessaire, tant les experts indiscutables qui l’habitent y ont regroupé leurs compétences. Ma conviction s’est intensifiée dans les années qui ont suivi. Nous devions préserver notre message. Nous devions suggérer notre vision au public. Cet ouvrage titanesque est la plus grande expression du pragmatisme américain appliqué au sport. Aurélien Broussal-Derval Directeur des formations à la Fédération Française d’Haltérophilie-Musculation Préparateur physique international Auteur de l’Art du Hiit et de l’Art du Mouvement REMERCIEMENTS L’élaboration de la quatrième édition d’Essentials of Strength Training and Conditioning de la NSCA a représenté une entreprise considérable qui n’aurait pas été possible sans la contribution d’un grand nombre de personnes. Le travail acharné des nombreux auteurs qui ont participé aux trois éditions précédentes a permis d’enrichir le texte original. C’est pourquoi nous remercions les éditeurs précédents, Thomas Baechle et Roger Earle, pour la clairvoyance dont ils ont fait preuve il y a déjà plus de vingt ans ainsi que pour leur travail passionné. Ce travail nous a conduits là où nous en sommes aujourd’hui. Cette édition n’aurait pas été possible sans la contribution continue de Roger Earle, dont le rôle a évolué bien au-delà de Human Kinetics. C’est un véritable ami qui a contribué à de nombreux aspects de l’ouvrage et à nos carrières d’écrivains. Nous aimerions également remercier Keith Cinea et Carwyn Sharp pour leur aide tout au long du processus de création de ce volume. Ces personnes ont été les porte-parole de la NSCA et ont placé la science qui sous-tend nos professions au centre des contenus de ce volume. Parce qu’il s’agit d’une ressource essentielle pour les professionnels actuels et futurs de la préparation physique, il était primordial de nous assurer que le texte reste fidèle à la mission de la NSCA : traduire la science en pratique. Keith et Carwyn sont tous deux ambassadeurs de cette philosophie. Merci également à la multitude de collaborateurs de Human Kinetics qui ont joué un rôle essentiel dans la réalisation de chaque phase de la publication de ce livre, de la révision du texte à la conception graphique. Nos remerciements les plus importants vont probablement à Chris Drews et Karla Walsh, nos rédacteurs en chef, qui ont apporté une aide précieuse à deux éditeurs novices. Sans Chris et Karla, nous aurions probablement été complètement perdus. À ma coéditrice et amie de longue date, Travis Triplett : je n’aurais pas imaginé m’attaquer à un livre de cette ampleur avec quelqu’un d’autre que toi. Ta bienveillance et ton style décontracté sont un complément parfait à ma méthode de travail qui s’apparente parfois à celle d’un « éléphant dans un magasin de porcelaine ». Merci d’être restée l’une de mes meilleures amies ! Merci à ma famille, à ma femme Erin qui a tout sacrifié pour me permettre de poursuivre mes rêves et d’entreprendre un tel projet. Sans son soutien, je n’en serais sûrement pas au même point. C’est une bénédiction d’avoir quelqu’un d’assez fort pour vous soutenir lorsque les temps sont durs, et je t’aime pour cela plus que tu ne le penses. Quant à toi, mon père, Guy Haff, je ne pense pas que tu aurais imaginé, lorsque tu m’as emmené à 11 ans au YMCA de West Morris, que soulever des poids deviendrait le travail de toute ma vie. Sans cela, je n’imagine pas ce que je serais devenu. Enfin, merci à ma mère, Sandra Haff. Peu importe où tu es maintenant, j’espère que tu es toujours fière de l’homme que je m’efforce d’être chaque jour. Tu me manques beaucoup, maman, et j’aurais aimé que tu sois ici pour voir toutes les grandes choses qui se sont produites dans ma vie. Je n’aurais jamais imaginé que participer à mon premier entraînement de musculation à l’université aboutirait à une carrière aussi enrichissante dans le domaine de la préparation physique. Il est difficile de remercier toutes les personnes qui ont contribué à m’amener là où j’en suis aujourd’hui, dans ma vie personnelle et dans ma carrière, et qui m’ont permis de me lancer avec enthousiasme dans ce projet. J’ai eu la chance de recevoir une base solide de la part de mes parents, j’aimerais que vous puissiez tous les deux être ici pour voir que j’ai suivi votre exemple. Je tiens également à remercier mon frère et mon cercle d’amis, qui m’ont toujours soutenue et ont été là pour égayer mes journées. Professionnellement, mes deux plus grandes influences ont été Mike Stone et Bill Kraemer. J’apprécie énormément votre mentorat et votre amitié. De nombreux collègues et anciens étudiants à travers le monde ont contribué au développement de mes connaissances et, chemin faisant, à ma réussite. J’apprécie chacun d’entre vous même si nous ne nous voyons pas très souvent. Enfin, à mon coéditeur et bon ami, Greg Haff : qui aurait pensé qu’une conversation lors de la pause déjeuner à la cafétéria entre deux étudiants diplômés parlant de préparation physique nous conduirait à tout cela ? J’ai hâte de vivre encore de nombreuses années d’amitié et de collaboration avec toi. CHAPITRE 01 STRUCTURE ET FONCTION DES SYSTÈMES CORPORELS DOCTEUR N. TRAVIS TRIPLETT LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE DE DÉCRIRE : la macrostructure et la microstructure des muscles et des os ; la théorie des filaments glissants de la contraction musculaire ; les caractéristiques morphologiques et physiologiques spécifiques des différents types de fibres musculaires, et prévoir leur implication relative dans les différentes pratiques sportives ; les caractéristiques anatomiques et physiologiques des systèmes cardiovasculaire et respiratoire. Les auteurs souhaitent remercier Robert T. Harris et Gary R. Hunter pour leur contribution importante à ce chapitre. L’exercice physique et la performance sportive impliquent des mouvements efficaces et volontaires du corps. Ces mouvements résultent des forces développées par les muscles, qui permettent de déplacer les différentes parties du corps en activant les systèmes de levier du squelette. Ces muscles squelettiques sont contrôlés par le cortex cérébral, qui active les cellules ou les fibres musculaires à travers les motoneurones du système nerveux périphérique. Cette activité neuromusculaire implique un apport continu d’oxygène et de nutriments aux tissus actifs et l’élimination du dioxyde de carbone et des sousproduits des déchets métaboliques des tissus actifs, grâce aux activités des systèmes cardiovasculaire et respiratoire. Afin d’appliquer au mieux les connaissances scientifiques dans le développement de programmes d’entraînement efficaces, les professionnels de la force et de la préparation physique doivent avoir une compréhension de base non seulement de la fonction musculo-squelettique, mais également des systèmes corporels qui soutiennent directement l’activité musculaire. En conséquence, ce chapitre résume les aspects de l’anatomie et de la fonction des systèmes musculo-squelettique, neuromusculaire, cardiovasculaire et respiratoire, qui sont essentiels pour développer et maintenir la force et la puissance musculaire. SYSTÈME MUSCULO-SQUELETTIQUE Le système musculo-squelettique du corps humain se compose d’os, d’articulations, de muscles et de tendons configurés pour permettre la grande variété de mouvements caractéristiques de l’activité humaine. Ce chapitre décrit les différentes composantes du système musculo-squelettique, à la fois dans leur fonctionnement individuel et dans la façon dont ils fonctionnent ensemble. SQUELETTE Les muscles du corps n’interviennent pas directement pour exercer une force sur le sol ou sur des objets. Ils tirent les os qui tournent autour des articulations et transmettent de la force. Si les muscles ne peuvent pas pousser, grâce au système de leviers osseux, les forces de traction musculaire peuvent se manifester sous la forme de forces de traction ou de poussée contre des objets externes. Bien que leur nombre puisse varier, on compte environ 206 os dans le corps. Cette structure relativement légère et solide offre un effet de levier, un soutien et une protection (figure 1.1). Le squelette axial comprend le crâne (crâne), la colonne vertébrale (vertèbre C1 à travers le coccyx), les côtes et le sternum. Le squelette appendiculaire comprend la ceinture scapulaire (omoplate et clavicule) ; les os des bras, des poignets et des mains (humérus, radius, cubitus, carpes, métacarpiens et phalanges) ; la ceinture pelvienne (os coxaux ou innominés) ; et les os des jambes, des chevilles et des pieds (fémur, rotule, tibia, péroné, tarses, métatarses et phalanges). Les jonctions osseuses sont appelées « articulations ». Les articulations fibreuses (sutures du crâne) ne permettent pratiquement aucun mouvement ; les articulations cartilagineuses (disques intervertébraux) permettent un mouvement limité ; et les articulations synoviales (coude et genou) permettent un mouvement considérable. Les mouvements sportifs se produisent principalement autour des articulations synoviales, dont les caractéristiques les plus importantes sont une faible friction et une grande amplitude de mouvement. Les extrémités osseuses articulées sont recouvertes de cartilage hyalin souple et l’articulation entière est entourée d’une capsule remplie de liquide synovial. Il existe généralement des structures, ligamentaires ou cartilagineuses, de soutien supplémentaires. Pratiquement tous les mouvements articulaires consistent en une rotation autour de points ou d’axes. Les articulations peuvent être classées en fonction du nombre de directions sur lesquelles la rotation peut se produire. Les articulations uniaxiales, comme le coude, fonctionnent comme des charnières, tournant essentiellement autour d’un seul axe. Le genou est souvent appelé articulation charnière, mais son axe de rotation change en fait tout au long de l’amplitude articulaire. Les articulations biaxiales, telles que la cheville et le poignet, permettent un mouvement autour de deux axes perpendiculaires. Les articulations multiaxiales, y compris les articulations sphériques de l’épaule ou de la hanche, permettent un mouvement autour des trois axes perpendiculaires qui définissent l’espace. La colonne vertébrale est composée d’os vertébraux séparés par des disques flexibles qui permettent le mouvement. Les vertèbres sont regroupées en sept vertèbres cervicales dans la région du cou ; douze vertèbres thoraciques du milieu au haut du dos ; cinq vertèbres lombaires, qui composent le bas du dos ; cinq vertèbres sacrées, qui sont fusionnées et constituent la partie arrière du bassin ; et de trois à cinq vertèbres coccygiennes, qui forment une sorte de queue interne vestigiale s’étendant vers le bas à partir du bassin. QUELS FACTEURS AFFECTENT LA CROISSANCE SQUELETTIQUE CHEZ UN ADULTE ? Plusieurs éléments peuvent affecter positivement le squelette adulte. La plupart sont le résultat de l’utilisation des muscles. Lorsque le corps est soumis à de lourdes charges (tâches ou entraînement contre résistance), l’os augmente en densité et en contenu minéral osseux. Si le corps effectue des mouvements plus explosifs avec impact, des changements similaires peuvent se produire. Certaines des densités osseuses les plus élevées ont été observées chez des personnes qui s’adonnent à la gymnastique ou à d’autres activités impliquant des mouvements à haute résistance et à haute puissance, certaines avec des atterrissages durs. Les autres facteurs qui influencent les adaptations osseuses dépendent du chargement du squelette axial et de la fréquence de cette charge. Étant donné que la période d’adaptation de l’os est plus longue que celle du muscle squelettique, il est important de varier le stimulus en termes de fréquence, d’intensité et de type. MUSCLES SQUELETTIQUES Le système de muscles qui permet au squelette de bouger est illustré à la figure 1.2. Le point de connexion entre les os est l’articulation, et les muscles squelettiques sont attachés aux os à chacune de leurs extrémités. Sans cela, aucun mouvement ne pourrait se produire. ※ MACROSTRUCTURE ET MICROSTRUCTURE MUSCULO-SQUELETTIQUES Chaque muscle squelettique est un organe qui contient du tissu musculaire, du tissu conjonctif, des nerfs et des vaisseaux sanguins. Le tissu conjonctif fibreux, ou épimysium, recouvre plus de 430 muscles squelettiques du corps. L’épimysium est contigu aux tendons aux extrémités du muscle (figure 1.3). Le tendon est attaché au périoste osseux, un tissu conjonctif spécifique couvrant tous les os. Toute contraction du muscle tire sur le tendon et, à son tour, sur l’os. Les muscles des membres ont deux attachements à l’os : proximal (plus proche du tronc) et distal (plus éloigné du tronc). Les deux points d’attache des muscles du tronc sont appelés supérieurs (plus proches de la tête) et inférieurs (plus proches des pieds). Les cellules musculaires, souvent appelées « fibres musculaires », sont longues (s’étendant parfois sur toute la longueur d’un muscle), les cellules cylindriques mesurent cinquante à cent micromètres (µm) de diamètre (environ le diamètre d’un cheveu humain). Ces fibres ont de nombreux noyaux, situés à la périphérie de la cellule, et ont un aspect strié lorsque nous les observons sous faible grossissement. Sous l’épimysium, les fibres musculaires sont regroupées en faisceaux (fascicules) pouvant comprendre jusqu’à 150 fibres, les faisceaux étant entourés de tissu conjonctif appelé « périmysium ». Chaque fibre musculaire est entourée de tissu conjonctif, appelé « endomysium », qui est entouré par et est contigu à la membrane de la fibre, ou sarcolemme. Tout le tissu conjonctif – épimysium, périmysium et endomysium – est contigu au tendon, de sorte que la tension développée dans une cellule musculaire est transmise au tendon et à l’os auquel elle est attachée (figure 1.3). La jonction entre un motoneurone (cellule nerveuse) et les fibres musculaires qu’il innerve est appelée « plaque terminale motrice », ou, plus souvent, « jonction neuromusculaire » (figure 1.4). Chaque cellule musculaire n’a qu’une seule jonction neuromusculaire, bien qu’un seul motoneurone innerve de nombreuses fibres musculaires, parfois des centaines voire des milliers. Une unité motrice désigne le neurone moteur et les fibres musculaires qu’il innerve. Toutes les fibres musculaires d’une unité motrice se contractent lorsqu’elles sont stimulées par le motoneurone.La structure intérieure d’une fibre musculaire est illustrée à la figure 1.5. Le sarcoplasme, qui est le cytoplasme d’une fibre musculaire, contient des composants contractiles constitués de filaments protéiques, d’autres protéines, du glycogène stocké et des particules de graisse, des enzymes et des organites spécialisés tels que les mitochondries et le réticulum sarcoplasmique. Des centaines de myofibrilles (chacune d’environ un millimètre (mm) de diamètre, 1/100 du diamètre d’un cheveu) dominent le sarcoplasme. Les myofibrilles contiennent l’appareil qui contracte la cellule musculaire, composée principalement de deux types de myofilament : la myosine et l’actine. Les filaments de myosine (filaments épais d’environ seize nanomètres (nm) de diamètre, environ 1/10 000 du diamètre d’un cheveu) contiennent jusqu’à deux-cents molécules de myosine. Le filament de myosine se compose d’une tête globulaire, d’un point d’articulation et d’une queue fibreuse. Les têtes globulaires dépassent du filament de myosine à intervalles réguliers, et une paire de filaments de myosine forme un pont croisé, qui interagit avec l’actine. Les filaments d’actine (filaments minces d’environ six nanomètres de diamètre) sont constitués de deux brins disposés en double hélice. Les filaments de myosine et d’actine sont organisés longitudinalement dans la plus petite unité contractile du muscle squelettique, le sarcomère. Les sarcomères mesurent en moyenne environ 2,5mm de longueur dans une fibre détendue (environ 4500 par centimètre de longueur musculaire) et sont répétés sur toute la longueur de la fibre musculaire. La figure 1.6 montre la structure et l’orientation de la myosine et de l’actine dans le sarcomère. Les filaments de myosine adjacents s’ancrent les uns aux autres au niveau de la ligne M au centre du sarcomère (le centre de la zone H). Les filaments d’actine sont alignés aux deux extrémités du sarcomère et sont ancrés à la ligne Z. Les lignes Z sont répétées à travers toute la myofibrille. Six filaments d’actine entourent chaque filament de myosine, et chaque filament d’actine est entouré de trois filaments de myosine. C’est la disposition des filaments de myosine et d’actine et des lignes Z des sarcomères qui donne au muscle squelettique son motif alternant sombre et clair, qui apparaît comme strié sous grossissement. La strie A foncée correspond à l’alignement des filaments de myosine, tandis que la strie I claire correspond aux zones de deux sarcomères adjacents qui ne contiennent que des filaments d’actine. La ligne Z est au milieu de la strie I et apparaît comme une fine ligne sombre traversant longitudinalement la strie I. La strie H est la zone au centre du sarcomère, où seuls les filaments de myosine sont présents. Pendant la contraction musculaire, la strie H diminue à mesure que l’actine glisse sur la myosine vers le centre du sarcomère. La strie I diminue également lorsque les lignes Z sont tirées vers le centre du sarcomère. Parallèlement à et entourant chaque myofibrille se trouve un système complexe de tubules, appelé « réticulum sarcoplasmique » (figure 1.5), qui se termine par des vésicules au voisinage des lignes Z. Les ions calcium sont stockés dans les vésicules. La régulation du calcium contrôle la contraction musculaire. Les tubules en T, ou tubules transverses, courent perpendiculairement au réticulum sarcoplasmique et se terminent aux alentours de la ligne Z entre deux vésicules. Les tubules en T courant entre les myofibrilles périphériques et étant contigus au sarcolemme à la surface de la cellule, la décharge d’un potentiel d’action (impulsion nerveuse électrique) arrive presque simultanément de la surface jusqu’à toutes les profondeurs de la fibre musculaire. Le calcium est ainsi libéré dans tout le muscle, produisant une contraction coordonnée. La décharge d’un potentiel d’action d’un nerf moteur signale la libération de calcium du réticulum sarcoplasmique dans la myofibrille, provoquant le développement d’une tension musculaire. ※ THÉORIE DES FILAMENTS GLISSANTS DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE De façon schématique, la théorie du filament glissant expose que les filaments d’actine à chaque extrémité du sarcomère glissent vers l’intérieur sur les filaments de myosine, tirant les lignes Z vers le centre du sarcomère et raccourcissant ainsi la fibre musculaire (figure 1.7). Lorsque les filaments d’actine glissent sur les filaments de myosine, la zone H et la strie I rétrécissent. L’action des ponts croisés de myosine tirant sur les filaments d’actine est responsable du mouvement du filament d’actine. Étant donné que seul un très petit déplacement du filament d’actine se produit à chaque flexion du pont de myosine, des flexions très rapides et répétées doivent se produire dans de nombreux ponts transversaux à travers tout le muscle pour produire un mouvement mesurable. ▷ PHASE DE REPOS Dans des conditions de repos normales, une faible quantité de calcium est présente dans la myofibrille (la majeure partie est stockée dans le réticulum sarcoplasmique), donc très peu de ponts transversaux de myosine sont liés à l’actine. Même avec le site de liaison situé sur la molécule d’actine, la myosine et l’actine interagissent toujours dans une liaison faible, qui devient forte (et une tension musculaire est produite) lorsque le site de liaison situé sur la molécule d’actine est exposé après la libération du calcium stocké. ▷ PHASE DU COUPLAGE EXCITATION-CONTRACTION Avant que les ponts croisés de myosine puissent fléchir, ils doivent d’abord s’attacher au filament d’actine. Lorsque le réticulum sarcoplasmique est stimulé pour libérer des ions calcium, le calcium se lie à la troponine, une protéine qui est située à intervalles réguliers le long du filament d’actine (figure 1.6) et qui a une forte affinité pour les ions calcium. Cela provoque un changement dans une autre molécule de protéine, la tropomyosine, qui s’étend le long du filament d’actine dans la rainure de la double hélice. Le pont transversal de myosine se fixe alors beaucoup plus rapidement au filament d’actine, ce qui permet de produire une force lorsque les filaments d’actine sont tirés vers le centre du sarcomère. Il est important de comprendre que la quantité de force produite par un muscle à un instant donné est directement liée au nombre de ponts croisés de myosine liés aux filaments d’actine sur le plan transversal à cet instant. Le nombre de ponts croisés qui se forment entre l’actine et la myosine à un instant donné conditionne la production de force d’un muscle. ▷ PHASE DE CONTRACTION L’énergie nécessaire à l’action de traction, ou la phase de génération de la force, provient de l’hydrolyse (dégradation) de l’adénosine triphosphate (ATP) en adénosine diphosphate (ADP) et phosphate, réaction catalysée par l’enzyme myosine adénosine triphosphatase (ATPase). Une autre molécule d’ATP doit remplacer l’ADP sur la tête globulaire du pont de myosine afin que la tête se détache du site d’actine actif et revienne à sa position d’origine. Cela permet au processus de contraction de se poursuivre (si le calcium est disponible pour se lier à la troponine) ou de se produire (si le calcium n’est pas disponible). On peut noter que le calcium, outre la contraction, joue un rôle dans la régulation d’un grand nombre d’autres événements dans le muscle squelettique. Ceux-ci incluent le métabolisme de l’énergie glycolytique et oxydative, ainsi que la synthèse et la dégradation des protéines. Le calcium et l’ATP sont nécessaires pour le cycle des ponts croisés avec les filaments d’actine et de myosine. ▷ PHASE DE RECHARGE Le raccourcissement musculaire mesurable ne se produit que lorsque cette séquence d’événements – liaison du calcium à la troponine, couplage du pont croisé de la myosine avec l’actine, phase de génération de la force, dissociation de l’actine et de la myosine et réinitialisation de la position de la tête de la myosine – se répète encore et encore dans toute la fibre musculaire. Cela se produit tant que le calcium est disponible dans la myofibrille, que l’ATP est disponible pour aider à découpler la myosine de l’actine, et que suffisamment de myosine ATPase active est disponible pour catalyser la dégradation de l’ATP. ▷ PHASE DE RELAXATION La relaxation se produit lorsque la stimulation du nerf moteur s’arrête. Le calcium est pompé dans le réticulum sarcoplasmique, ce qui empêche le lien entre les filaments d’actine et de myosine. La relaxation est provoquée par le retour des filaments d’actine et de myosine à leur état non lié. SYSTÈME NEUROMUSCULAIRE Les fibres musculaires sont innervées par les motoneurones qui transmettent les impulsions sous forme de signaux électrochimiques de la moelle épinière au muscle. Un motoneurone possède généralement de nombreuses branches terminales à l’extrémité de son axone et innerve ainsi plusieurs fibres musculaires différentes. C’est toute la structure qui détermine le type de fibres musculaires et ses caractéristiques, sa fonction et sa participation à l’exercice. ACTIVATION DES MUSCLES Lorsqu’un motoneurone déclenche un potentiel d’impulsion ou d’action, toutes les fibres qu’il sert sont activées simultanément et développent une force. L’étendue du contrôle d’un muscle dépend du nombre de fibres musculaires dans chaque unité motrice. Les muscles qui doivent fonctionner avec une grande précision, comme les muscles oculaires, peuvent avoir une très faible quantité de fibres musculaires par motoneurone, jusqu’à n’en compter qu’une seule. Les changements dans le nombre d’unités motrices actives dans ces petits muscles peuvent produire des gradations de force extrêmement fines, nécessaires pour des mouvements précis du globe oculaire. En revanche, le groupe musculaire quadriceps, qui déplace la jambe avec beaucoup moins de précision, peut avoir plusieurs centaines de fibres desservies par un motoneurone. Le potentiel d’action (courant électrique) qui circule le long d’un motoneurone n’est pas capable d’exciter directement les fibres musculaires. Au lieu de cela, le motoneurone excite par transmission chimique la ou les fibres musculaires qu’il innerve. L’arrivée du potentiel d’action à la terminaison nerveuse provoque la libération d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine, qui diffuse à travers la jonction neuromusculaire, provoquant une excitation du sarcolemme. Une fois qu’une quantité suffisante d’acétylcholine est libérée, un potentiel d’action est généré le long du sarcolemme et les fibres se contractent. Toutes les fibres musculaires de l’unité motrice se contractent et développent de la force en même temps. Rien ne prouve qu’un stimulus des motoneurones puisse provoquer la contraction d’une partie seulement des fibres. Aucune preuve non plus qu’un potentiel d’action plus fort produit une contraction plus forte. Ce phénomène est connu sous le nom de « la loi du tout ou rien du muscle ». Chaque potentiel d’action parcourant un motoneurone entraîne une courte période d’activation des fibres musculaires au sein de l’unité motrice. La brève contraction qui en résulte est appelée « secousse ». L’activation du sarcolemme entraîne la libération de calcium dans la fibre et la contraction se déroule comme décrit précédemment. La force se développe en cas de résistance à l’interaction de traction des filaments d’actine et de myosine. Bien que la libération de calcium pendant une contraction soit suffisante pour permettre une activation optimale de l’actine et de la myosine, et donc la force maximale des fibres, le calcium est éliminé avant que la force n’atteigne son maximum, et le muscle se détend (figure 1.8a). Si une seconde secousse est provoquée par le nerf moteur avant que les fibres ne se relâchent complètement, la force des deux secousses s’additionne et la force résultante est supérieure à celle produite par une seule secousse (figure 1.8b). La diminution de l’intervalle de temps entre les secousses entraîne une plus grande somme de la liaison et de la force du pont. Les stimuli peuvent être délivrés à une fréquence si élevée que les secousses se rapprochent pour finalement fusionner complètement, état appelé « tétanos musculaire » (figure 1.8, c et d). Il s’agit de la force maximale que l’unité motrice peut développer. TYPES DE FIBRES MUSCULAIRES Les muscles squelettiques sont composés de fibres qui ont des caractéristiques morphologiques et physiologiques clairement différentes. Ces différences ont conduit à plusieurs systèmes de classification, fondés sur une variété de critères. L’approche la plus connue consiste à classer les fibres en fonction du temps de contraction avec, d’une part, les fibres à contraction lente et, d’autre part, les fibres à contraction rapide. Parce qu’une unité motrice est composée de fibres musculaires qui sont toutes du même type, elle peut également être désignée à l’aide de ce système de classification. Une unité motrice à contraction rapide est une unité qui développe une force et se détend également rapidement. Elle possède donc un temps de contraction court. Les unités motrices à contraction lente, en revanche, développent une force et se détendent lentement, pour un temps de contraction long. La coloration histochimique pour la teneur en myosine ATPase est souvent utilisée pour classer les fibres entre contraction lente ou rapide. Bien que les techniques puissent colorer plusieurs types de fibres, les fibres couramment identifiées sont de type I (à contraction lente), de type IIa (à contraction rapide) et de type IIx (à contraction rapide). Une autre méthode plus spécifique consiste à quantifier la quantité de protéine de chaîne lourde de myosine (CLM) ; la nomenclature est similaire à celle de la méthodologie myosine ATPase. Le contraste des caractéristiques mécaniques des fibres de type I et de type II s’accompagne d’une nette différence dans la capacité des fibres à demander et à fournir de l’énergie pour la contraction, et donc à résister à la fatigue. Les fibres de type I sont généralement efficaces et résistantes à la fatigue et ont une grande capacité d’approvisionnement en énergie aérobie, mais elles possèdent un potentiel limité de développement rapide de la force, caractérisé par une faible activité ATPase de la myosine et un faible pouvoir anaérobie. ÉTAPES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE Les étapes de la contraction musculaire peuvent être résumées de la façon suivante : 1. L’initiation de la division de l’ATP (par la myosine ATPase) amène la tête de myosine dans un état « excité » qui lui permet de se déplacer dans une position permettant de former une liaison avec l’actine ; 2. La libération de phosphate par le processus de fractionnement de l’ATP fait alors changer la forme et le déplacement de la tête de myosine ; 3. Cela tire le filament d’actine vers le centre du sarcomère (phase de génération de la force), de l’ADP est alors libéré ; 4. Une fois que la force a été générée, la tête de myosine se détache de l’actine, mais seulement après qu’un autre ATP se soit lié à la tête de myosine car le processus de liaison facilite le détachement ; 5. La tête de myosine est alors prête à se lier à une autre actine (comme décrit à l’étape 1) et le cycle se poursuit tant que l’ATP et l’ATPase sont présentes et que le calcium est lié à la troponine. Au contraire, les unités motrices de type II sont caractérisées comme inefficaces et fatigables et comme ayant une faible puissance aérobie, un développement de force rapide, une activité ATPase de myosine élevée et une puissance anaérobie élevée. Les fibres de type IIa et de type IIx diffèrent principalement par leur capacité d’approvisionnement en énergie aérobie-oxydante. Les fibres de type Iia ont par exemple une plus grande capacité de métabolisme aérobie et plus de capillaires qui les entourent que le type IIx ; elles présentent donc une plus grande résistance à la fatigue. Sur la base de ces différences, il n’est pas surprenant que les muscles posturaux, tels que le soléaire, aient une composition élevée de fibres de type I, tandis que les gros muscles, dits « locomoteurs » tels que les quadriceps, sont composés d’un mélange de fibres de types I et II pour permettre des activités à faible et haute puissances (comme le jogging et le sprint). Reportez-vous au tableau 1.1 pour un résumé des principales caractéristiques des types de fibres. TABLEAU 1.1 Caractéristiques principales des différents types de fibres musculaires Les unités motrices sont composées de fibres musculaires aux caractéristiques morphologiques et physiologiques spécifiques qui déterminent leur capacité fonctionnelle. MODÈLES DE RECRUTEMENT DES UNITÉS MOTRICES Nous pouvons constater au gré des expériences quotidiennes qu’un muscle peut faire varier son niveau de force en fonction du niveau requis par la tâche à réaliser. Cette capacité de varier ou de graduer la force est essentielle pour l’exécution de modèles de mouvement souples et coordonnés. La force musculaire peut être classée de deux manières. La première consiste à faire varier la fréquence à laquelle les unités motrices sont activées. Si une unité motrice est activée une fois, la contraction qui se produit ne génère pas beaucoup de force. Cependant, si la fréquence d’activation est augmentée, de sorte que les forces des secousses commencent à se chevaucher ou à se regrouper, la force résultante développée par l’unité motrice est beaucoup plus grande. Cette méthode de variation de la force produite est particulièrement importante dans les petits muscles, tels que ceux de la main. Même à de faibles forces, la plupart des unités motrices de ces muscles sont activées, quoiqu’à une faible fréquence. La production de force du muscle entier est intensifiée par l’augmentation de la fréquence de décharge des unités motrices individuelles. L’autre moyen de faire varier la force des muscles squelettiques implique une augmentation de la force en faisant varier le nombre d’unités motrices activées, un processus appelé « recrutement ». Dans les gros muscles, comme ceux de la cuisse, les unités motrices sont activées à une fréquence presque tétanique lorsqu’elles sont sollicitées. L’augmentation de la production de force est obtenue grâce au recrutement d’unités motrices supplémentaires. Le type d’unité motrice recrutée pour une activité donnée est déterminé par ses caractéristiques physiologiques (tableau 1.2). Pour une activité telle que la course d’endurance, les unités motrices à contraction lente sont engagées pour tirer parti de leur remarquable efficacité, de leur capacité d’endurance et de leur résistance à la fatigue. Si une force supplémentaire est nécessaire, comme dans un sprint à la fin d’une course, les unités motrices à contraction rapide sont sollicitées pour augmenter le rythme. Malheureusement, l’exercice à une telle intensité ne peut pas être maintenu sur une longue période. Si l’activité nécessite des performances quasi maximales, comme dans un power clean, la plupart des unités motrices sont mises en jeu, les unités à contraction rapide apportant la contribution la plus significative à l’effort. L’activation complète du pool de motoneurones disponibles n’est probablement pas possible chez les personnes non entraînées. Bien que les grandes unités à contraction rapide puissent être recrutées si l’effort est important, dans la plupart des cas, il n’est probablement pas possible de les activer à une fréquence suffisamment élevée pour que la force maximale puisse s’exprimer. TABLEAU 1.2 Implication relative des types de fibres musculaires dans les différents sports La production d’énergie par un muscle peut varier en changeant la fréquence d’activation des unités motrices individuelles ou en changeant le nombre d’unités motrices activées. PROPRIOCEPTION Les propriocepteurs sont des récepteurs sensoriels spécialisés situés dans les articulations, les muscles et les tendons. Ces récepteurs étant sensibles à la pression et à la tension, ils transmettent des informations concernant la dynamique musculaire aux parties conscientes et subconscientes du système nerveux central. Le cerveau reçoit ainsi des informations concernant le sens kinesthésique ou l’appréciation consciente de la position des parties du corps par rapport à la gravité. Cependant, la plupart de ces informations proprioceptives étant traitées à des niveaux subconscients, nous n’avons pas à consacrer d’activité consciente à des tâches telles que le maintien de la posture ou la position des parties du corps. Les propriocepteurs sont des récepteurs sensoriels spécialisés qui fournissent au système nerveux central les informations nécessaires pour maintenir le tonus musculaire et effectuer des mouvements coordonnés complexes. ※ FUSEAUX MUSCULAIRES Les fuseaux musculaires sont des propriocepteurs qui consistent en plusieurs fibres musculaires modifiées enfermées dans une gaine de tissu conjonctif (figure 1.9). Ces fibres modifiées, appelées « fibres intrafusales », sont parallèles aux fibres normales ou extrafusales. Les fuseaux musculaires fournissent des informations sur la longueur musculaire et le taux de variation de la longueur. Lorsque le muscle s’allonge, les fuseaux sont étirés. Cette déformation active le neurone sensoriel du fuseau, qui envoie une impulsion à la moelle épinière, où il se synchronise (se connecte) avec les motoneurones. Il en résulte l’activation des motoneurones qui innervent le même muscle. Les fuseaux indiquent ainsi le degré auquel le muscle doit être activé pour surmonter une résistance donnée. À mesure que la charge augmente, le muscle s’étire davantage et l’engagement des fuseaux musculaires entraîne une plus grande activation du muscle. Les muscles qui effectuent des mouvements précis ont de nombreux fuseaux par unité de masse, pour assurer un contrôle exact de leur activité contractile. Un exemple simple de l’activité du fuseau musculaire est le réflexe d’extension du genou. Taper sur le tendon du groupe musculaire extenseur du genou sous la rotule étire les fibres du fuseau musculaire. Cela provoque l’activation des fibres musculaires extrafusales dans le même muscle. Une extension du genou se produit lorsque ces fibres se raccourcissent activement. Ceci, à son tour, raccourcit les fibres intrafusales et fait cesser leur décharge. COMMENT LES ATHLÈTES PEUVENT-ILS AMÉLIORER LA PRODUCTION DE FORCE ? Intégrer des phases d’entraînement qui utilisent des charges plus lourdes afin d’optimiser le recrutement neuronal. Augmenter la section transversale des muscles impliqués dans l’activité souhaitée. Effectuer des exercices multimusculaires et multi-articulaires qui peuvent être effectués avec des actions plus explosives pour optimiser le recrutement musculaire à contraction rapide. ※ ORGANES TENDINEUX DE GOLGI Les organes tendineux de Golgi (OTG) sont des propriocepteurs situés dans les tendons près de la jonction myotendineuse. Ils sont positionnés en série, c’est-à-dire attachés bout à bout, avec des fibres musculaires extrafusales (figure 1.10). Les organes tendineux de Golgi sont activés lorsque le tendon attaché à un muscle actif est étiré. À mesure que la tension dans le muscle augmente, la décharge des OTG augmente. Le neurone sensoriel des OTG se synchronise avec un interneurone inhibiteur dans la moelle épinière qui, à son tour, se synchronise avec et inhibe un motoneurone qui dessert le même muscle. Le résultat est une réduction de la tension dans le muscle et le tendon. Ainsi, alors que les fuseaux facilitent l’activation du muscle, l’apport neuronal des OTG inhibe l’activation musculaire. Le processus inhibiteur des OTG produit un mécanisme qui protège contre le développement d’une tension excessive. L’effet des OTG est donc minime à faible force tandis que, lorsqu’une charge extrêmement lourde est placée sur le muscle, l’inhibition réflexe causée par les OTG provoque la relaxation du muscle. La capacité du cortex moteur à neutraliser cette inhibition peut être l’une des adaptations fondamentales à l’entraînement à haute résistance. SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE Les principaux rôles du système cardiovasculaire sont de transporter les nutriments et d’éliminer déchets et sous-produits tout en aidant à maintenir l’environnement pour toutes les fonctions du corps. Le système cardiovasculaire joue un rôle clé dans la régulation du système acido-basique, des fluides et de la température du corps, ainsi que dans bien d’autres fonctions physiologiques. Cette section décrit l’anatomie et la physiologie du cœur et des vaisseaux sanguins. LE CŒUR Le cœur est un organe musculaire composé de deux pompes interconnectées mais séparées : le côté droit du cœur pompe le sang à travers les poumons et le côté gauche pompe le sang à travers le reste du corps. Chaque pompe a deux cavités : une oreillette et un ventricule (figure 1.11). Les oreillettes droite et gauche acheminent le sang dans les ventricules droit et gauche. Les ventricules droit et gauche fournissent la force principale pour déplacer le sang, respectivement à travers les circulations pulmonaire et périphérique. ※ LES VALVES La valve tricuspide et la valve mitrale (valve bicuspide), appelées collectivement « valves auriculo-ventriculaires » (AV), empêchent le reflux sanguin des ventricules dans les oreillettes pendant la contraction ventriculaire (systole). La valve aortique et la valve pulmonaire (regroupées sous le nom de « valves semi-lunaires ») empêchent le reflux de l’aorte et des artères pulmonaires dans les ventricules pendant la relaxation ventriculaire (diastole). Chaque valve s’ouvre et se ferme passivement ; c’est-à-dire que chacune se ferme lorsqu’un retour du gradient de pression repousse le sang contre lui, et s’ouvre lorsqu’un gradient de pression vers l’avant force le sang vers l’avant. ※ SYSTÈME DE CONDUCTION Un système de conduction électrique spécialisée (figure 1.12) contrôle la contraction mécanique du système de conduction. Il est composé : du nœud sino-auriculaire (SA) – le stimulateur intrinsèque – où les impulsions électriques rythmiques sont normalement initiées ; des voies internodales qui conduisent l’impulsion du nœud SA au nœud auriculo-ventriculaire (AV) ; du nœud auriculo-ventriculaire (AV), où l’impulsion est légèrement retardée avant de passer dans les ventricules ; du faisceau auriculo-ventriculaire (AV), qui conduit l’impulsion aux ventricules ; de la branche gauche et de la branche droite, qui se divisent plus loin en fibres de Purkinje et transmettent des impulsions à toutes les parties des ventricules. Le nœud SA est une petite zone de tissu musculaire spécialisé située dans la paroi latérale supérieure de l’oreillette droite. Les fibres du nœud sont contiguës aux fibres musculaires de l’oreillette, de sorte que, normalement, chaque impulsion électrique qui commence dans le nœud SA se propage immédiatement dans les oreillettes. Le système conducteur est organisé de manière à ce que l’impulsion ne pénètre pas trop rapidement dans les ventricules, laissant le temps aux oreillettes de se contracter et de vider le sang dans les ventricules avant le début de la contraction ventriculaire. C’est principalement le nœud AV et ses fibres conductrices associées qui retardent chaque impulsion entrant dans les ventricules. Le nœud AV est situé dans la paroi septale postérieure de l’oreillette droite. Les branches gauche et droite du faisceau conduisent du faisceau AV aux ventricules. À l’exception de leur portion initiale, où elles pénètrent la barrière AV, ces fibres de conduction ont des caractéristiques fonctionnelles assez opposées à celles des fibres nodales AV. Elles sont grandes et transmettent des impulsions à une vitesse beaucoup plus élevée que les fibres nodales AV. Ces fibres cédant la place aux fibres de Purkinje, qui pénètrent plus avant dans les ventricules, l’impulsion se propage rapidement dans tout le système ventriculaire et provoque la contraction des deux ventricules de façon quasi simultanée. Le nœud SA contrôle normalement la rythmicité cardiaque car sa vitesse de décharge est considérablement plus élevée (60 à 80 fois par minute) que celle du nœud AV (40 à 60 fois par minute) ou des fibres ventriculaires (15 à 40 fois par minute). Chaque fois que le nœud SA se décharge, son impulsion est conduite dans le nœud AV et les fibres ventriculaires, déchargeant leurs membranes excitables. Ainsi, ces tissus potentiellement autoexcitateurs sont déchargés avant que l’auto-excitation puisse réellement se produire. La rythmicité inhérente et les propriétés de conduction du myocarde (muscle cardiaque) sont influencées par le centre cardiovasculaire de la moelle, qui transmet des signaux au cœur par les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, qui sont tous deux des composants du système nerveux autonome. Les oreillettes sont alimentées par un grand nombre de neurones sympathiques et parasympathiques, tandis que les ventricules reçoivent presque exclusivement des fibres sympathiques. La stimulation des nerfs sympathiques accélère la dépolarisation du nœud SA (effet chronotrope), ce qui fait battre le cœur plus rapidement. La stimulation du système nerveux parasympathique ralentit la vitesse de décharge du nœud SA, ce qui ralentit la fréquence cardiaque. La fréquence cardiaque au repos varie normalement de 60 à 100 battements par minute : à moins de 60 battements par minute, il s’agit de bradycardie, à plus de 100 battements par minute, on parle de tachycardie. ※ ÉLECTROCARDIOGRAMME L’activité électrique du cœur peut être enregistrée à la surface du corps, et sa représentation graphique est appelée « électrocardiogramme » (ECG). Un ECG normal, présenté sur la figure 1.13, est composé d’une onde P, d’un complexe QRS (souvent composé de trois ondes distinctes : une onde Q, une onde R et une onde S) et une onde T. L’onde P et le complexe QRS sont des enregistrements de dépolarisation électrique, c’est-à-dire le stimulus électrique qui conduit à la contraction mécanique. La dépolarisation est l’inversion du potentiel électrique de la membrane, par laquelle le potentiel normalement négatif à l’intérieur de la membrane devient légèrement positif et l’extérieur devient légèrement négatif. L’onde P est générée par les changements du potentiel électrique des cellules musculaires cardiaques qui dépolarisent les oreillettes et entraînent une contraction auriculaire. Le complexe QRS est généré par le potentiel électrique qui dépolarise les ventricules et entraîne une contraction ventriculaire. En revanche, l’onde T est causée par le potentiel électrique généré lorsque les ventricules se remettent de l’état de dépolarisation ; ce processus, appelé « repolarisation », se produit dans le muscle ventriculaire peu de temps après la dépolarisation. Bien que la repolarisation auriculaire ait également lieu, sa formation d’ondes se produit généralement pendant la période de dépolarisation ventriculaire et est donc masquée par le complexe QRS. VAISSEAUX SANGUINS La circulation centrale et périphérique forme un système en un unique circuit fermé à deux composants : un système artériel, qui transporte le sang loin du cœur, et un système veineux, qui renvoie le sang vers le cœur (figure 1.14). Les vaisseaux sanguins de chaque système sont identifiés ici. ※ ARTÈRES La fonction des artères est de transporter rapidement le sang pompé par le cœur. Le sang pompé du cœur étant soumis à une pression relativement élevée, les artères ont des parois musculaires solides. De petites branches d’artères appelées « artérioles » agissent comme des vaisseaux de contrôle par lesquels le sang pénètre dans les capillaires. Les artérioles jouent un rôle majeur dans la régulation du flux sanguin vers les capillaires. Les artérioles ont des parois musculaires solides qui sont capables de fermer complètement l’artériole, ou de lui permettre de se dilater de plusieurs fois leur taille, modifiant ainsi considérablement le flux sanguin vers les capillaires en réponse aux besoins des tissus. ※ CAPILLAIRES La fonction des capillaires est de faciliter l’échange d’oxygène, de liquide, de nutriments, d’électrolytes, d’hormones et d’autres substances entre le sang et le liquide interstitiel dans les différents tissus du corps. Les parois capillaires sont très minces et sont perméables à ces substances, mais pas à toutes. ※ VEINES Les veinules collectent le sang des capillaires et convergent progressivement vers les veines plus grandes, qui transportent le sang vers le cœur. La pression dans le système veineux étant très faible, les parois veineuses sont minces, bien que musclées. Cela leur permet de se contracter ou de se dilater dans une large mesure, et ainsi d’agir comme un réservoir de sang, en petite ou en grande quantité. De plus, certaines veines, comme celles des jambes, contiennent des valves unidirectionnelles qui aident à maintenir le retour veineux en empêchant la circulation sanguine rétrograde. Le système cardiovasculaire transporte les nutriments et élimine les déchets tout en aidant à maintenir l’environnement pour toutes les fonctions du corps. Le sang transporte l’oxygène des poumons vers les tissus pour une utilisation dans le métabolisme cellulaire ; et il transporte le dioxyde de carbone, le sous-produit le plus abondant du métabolisme, des tissus aux poumons, où il est éliminé du corps. SANG Deux fonctions primordiales du sang sont le transport de l’oxygène des poumons vers les tissus, pour une utilisation dans le métabolisme cellulaire, et l’élimination du dioxyde de carbone, le sous-produit le plus abondant du métabolisme, des tissus vers les poumons. Le transport de l’oxygène est assuré par l’hémoglobine, métalloprotéine transportée par les globules rouges. L’hémoglobine joue également un rôle important supplémentaire en tant que tampon acido-basique, régulateur de la concentration en ions hydrogène, qui est cruciale pour les taux de réactions chimiques dans les cellules. Les globules rouges, principaux composants du sang, ont également d’autres fonctions. Par exemple, ils contiennent une grande quantité d’anhydrase carbonique, qui catalyse la réaction entre le dioxyde de carbone et l’eau pour faciliter l’élimination du dioxyde de carbone. SYSTÈME RESPIRATOIRE La fonction principale du système respiratoire est l’échange de base d’oxygène et de dioxyde de carbone. L’anatomie du système respiratoire humain est illustrée à la figure 1.15. Lorsque l’air passe par le nez, les cavités nasales remplissent trois fonctions distinctes : réchauffer, humidifier et purifier l’air. L’air est distribué aux poumons par la trachée, les bronches et les bronchioles. La trachée est appelée « passage respiratoire de première génération », et les bronches principales droite et gauche sont les passages de deuxième génération. Chaque division suivante est une génération supplémentaire (bronchioles). Il faut environ vingt-trois générations avant que l’air n’atteigne enfin les alvéoles, où les gaz s’échangent lors de la respiration. La fonction principale du système respiratoire est l’échange de base d’oxygène et de dioxyde de carbone. QU’EST-CE QUE LA POMPE MUSCULAIRE SQUELETTIQUE ? La pompe musculaire squelettique est l’aide que les muscles contractants fournissent au système circulatoire. La pompe musculaire fonctionne avec le système veineux, qui contient les valves unidirectionnelles pour le retour du sang vers le cœur. Le muscle contractant comprime les veines, mais comme le sang ne peut circuler que dans la direction des valves, il est renvoyé vers le cœur. Ce mécanisme est l’une des raisons pour lesquelles il est conseillé de continuer à se déplacer après l’exercice pour éviter l’accumulation de sang dans les membres inférieurs. D’un autre côté, il est important de contracter périodiquement les muscles pendant une séance prolongée pour faciliter le retour du sang vers le cœur. ÉCHANGES GAZEUX La quantité et le mouvement de l’air et des gaz expirés dans et hors des poumons sont contrôlés par l’expansion et le recul élastique des poumons. Les poumons ne se dilatent pas et ne reculent pas activement, mais sont plutôt poussés à le faire de deux manières : par un mouvement vers le bas et vers le haut du diaphragme, pour allonger et raccourcir la cavité thoracique, et par élévation et dépression des côtes, pour augmenter et diminuer le diamètre antéropostérieur de la cavité thoracique. Une respiration normale et tranquille est réalisée presque entièrement par le mouvement du diaphragme. Pendant l’inspiration, la contraction du diaphragme crée une pression négative (un vide) dans la cavité thoracique et de l’air est aspiré dans les poumons. À l’expiration, le diaphragme se détend simplement, le recul élastique des poumons, de la paroi thoracique et des structures abdominales comprime les poumons et l’air est expulsé. Pendant une respiration intense, les forces élastiques seules ne sont pas assez puissantes pour fournir la réponse respiratoire nécessaire. La force supplémentaire requise est obtenue principalement par la contraction des muscles abdominaux, qui poussent l’abdomen vers le haut contre le bas du diaphragme. La deuxième méthode pour élargir les poumons est d’élever la cage thoracique. Étant donné que la cavité thoracique est petite et que les côtes sont inclinées vers le bas en position de repos, l’élévation de la cage thoracique permet aux côtes de se projeter presque directement vers l’avant afin que le sternum puisse avancer et s’éloigner de la colonne vertébrale. Les muscles qui élèvent la cage thoracique sont appelés « muscles d’inspiration » et comprennent les intercostaux externes, les sterno-cléido-mastoïdiens, les dentelés antérieurs et les scalènes. Les muscles qui enfoncent la poitrine sont des muscles d’expiration et comprennent les muscles abdominaux (grand droit, obliques externes et internes et transverses) et les intercostaux internes. La pression pleurale est la pression dans l’espace étroit entre la plèvre pulmonaire et la plèvre de la paroi thoracique (membranes enveloppant les poumons et tapissant les parois thoraciques). Cette pression est normalement légèrement négative. Parce que le poumon est une structure élastique, pendant l’inspiration normale, l’expansion de la cage thoracique est capable de tirer sur la surface des poumons et augmente la pression négative, améliorant ainsi l’inspiration. À l’expiration, les événements sont essentiellement inversés. La pression alvéolaire est la pression à l’intérieur des alvéoles lorsque la glotte est ouverte et qu’aucun air ne pénètre dans ou hors des poumons. En fait, dans ce cas, la pression dans toutes les parties de l’arbre respiratoire est la même jusqu’aux alvéoles et est égale à la pression atmosphérique. Pour provoquer un flux d’air vers l’intérieur pendant l’inspiration, la pression dans les alvéoles doit tomber à une valeur légèrement inférieure à la pression atmosphérique. À l’expiration, la pression alvéolaire doit dépasser la pression atmosphérique. Pendant la respiration normale au repos, seulement 3 % à 5 % de l’énergie totale dépensée par le corps est nécessaire pour la ventilation pulmonaire. Pendant un exercice très intense, cependant, la quantité d’énergie requise peut augmenter jusqu’à 8 % à 15 % de la dépense énergétique totale du corps, en particulier si la personne présente un degré quelconque de résistance accrue des voies respiratoires, comme cela se produit avec l’asthme induit par l’exercice. Des précautions, y compris une évaluation médicale de l’athlète, sont souvent recommandées, selon le niveau potentiel de déficience. ÉCHANGES DE GAZ RESPIRATOIRES Avec la ventilation, l’oxygène diffuse depuis les alvéoles dans le sang pulmonaire et le dioxyde de carbone se diffuse du sang vers les alvéoles. Le processus de diffusion est un simple mouvement aléatoire de molécules se déplaçant dans des directions opposées à travers la membrane capillaire alvéolaire. L’énergie de diffusion est fournie par le mouvement cinétique des molécules elles-mêmes. La diffusion nette du gaz se produit de la région de forte concentration à la région de faible concentration. Les taux de diffusion des deux gaz dépendent de leurs concentrations dans les capillaires et les alvéoles et de la pression partielle de chaque gaz. Au repos, la pression partielle d’oxygène dans les alvéoles est supérieure d’environ 60mmHg à celle des capillaires pulmonaires. Ainsi, l’oxygène diffuse dans le sang capillaire pulmonaire. De même, le dioxyde de carbone diffuse dans la direction opposée. Ce processus d’échange de gaz est si rapide qu’il peut être considéré comme instantané. POURQUOI EST-IL IMPORTANT D’ENTRAÎNER LES MUSCLES À LA RESPIRATION ? En général, l’exercice régulier est bénéfique pour maintenir la fonction musculaire respiratoire. Tant les exercices d’endurance (qui impliquent une contraction répétitive des muscles respiratoires) que les exercices de résistance (qui taxent le diaphragme et les muscles abdominaux en raison notamment de leur utilisation pour la stabilisation et pour augmenter la pression intra-abdominale, appelée « manœuvre de Valsalva », pendant l’effort), peuvent aboutir à certaines adaptations musculaires. Cela peut aider à préserver une partie de la fonction pulmonaire avec le vieillissement. Cependant, il n’est généralement pas nécessaire d’entraîner spécifiquement les muscles de la respiration, sauf après une intervention chirurgicale ou pendant un alitement prolongé, lorsque les schémas respiratoires normaux sont compromis. CONCLUSION La connaissance de l’anatomie et de la physiologie musculo-squelettiques, neuromusculaires, cardiovasculaires et respiratoires est importante pour les professionnels de l’entraînement et de la préparation physique afin de comprendre le fondement scientifique de l’entraînement. Cela comprend la connaissance de la fonction de la macrostructure et de la microstructure des fibres squelettiques et musculaires, des types de fibres musculaires et des interactions entre le tendon et le muscle et entre l’unité motrice et son activation, ainsi que les interactions du cœur, du système vasculaire, des poumons et du système respiratoire. Ces informations sont nécessaires pour développer des stratégies d’entraînement qui répondront aux besoins spécifiques de l’athlète. MOTS-CLÉS Acetylcholine Actine Potentiel d’action Principe tout ou rien de la pression alveolaire Pression alveolaire Alveole Valve aortique Squelette appendiculaire Systeme arteriel Arteriole Artere Faisceau auriculo-ventriculaire (AV) Noeud auriculo-ventriculaire (AV) Valves auriculo-ventriculaires (AV) Oreillette Squelette axial Articulations bi-axiales Periostite osseuse Bradycardie Bronches Bronchiole Capillaire Articulations cartilagineuses Pont croise Depolarisation des ponts Diastole Diffusion Distal Electrocardiogramme (ECG) Endomysium Epimysium Fasciculi Fibres extrafusales Fibres a contraction rapide Articulations fibreuses Organe tendineux de Golgi (OTG) Hemoglobine Cartilage hyalin Zone H Bande I Inferieur Fibres intrafusales Branche gauche du faisceau de His Valvule mitrale Motoneurone Unite motrice Articulations multiaxiales Fibre musculaire Fuseau musculaire Myocarde Myofibrilles Myofilament Myosine Jonction neuromusculaire Systeme nerveux parasympathique Perimesium Plevre Pression pleurale Production d’energie Propriocepteur Proximale Valve pulmonaire proximale Fibres de Purkinje Onde P Complexe QRS Globules rouges Repolarisation Branche droite du faisceau de HIS Sarcolemme Sarcomere Sarcoplasme Reticulum sarcoplasmique Valves sigmoides Noeud sino-auriculaire (SA) Theorie du filament glissant Fibre a contraction lente Superieur Systeme nerveux sympathique Fluide synovial Articulations synoviales Systole Tachycardie Tendon Tetanos Trachee Valve tricuspide Tropomyosine Troponine Tubule en T Onde en T Secousse Fibres de type I Fibres de type IIa Fibres de type IIx Articulations uniaxiales Veine Systeme veineux Ventricule Veinule Colonne vertebrale Ligne Z RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Laquelle des substances suivantes régule les actions musculaires ? a. Le potassium b. Le calcium c. La troponine d. La tropomyosine 2. Laquelle des substances suivantes agit à la jonction neuromusculaire pour exciter les fibres musculaires d’une unité motrice ? a. L’acétylcholine b. L’ATP c. La créatine phosphate d. La sérotonine 3. Lors du lancer d’une balle de baseball, le bras de l’athlète est rapidement étiré juste avant de lancer la balle. Laquelle des structures suivantes détecte et répond à cet étirement en augmentant par réflexe l’activité musculaire ? a. L’organe tendineux de Golgi b. Le fuseau musculaire c. Le muscle extrafusal d. Le corpuscule de Pacini 4. À partir de quels éléments l’impulsion électrique du cœur est-elle normalement déclenchée ? a. Un nœud AV b. Un nœud SA c. Le cerveau d. Le système nerveux sympathique 5. Lequel des événements suivants se produit pendant le complexe QRS d’un ECG typique ? I. Dépolarisation de l’oreillette II. Repolarisation de l’oreillette III. Repolarisation du ventricule IV. Dépolarisation du ventricule a. I et III b. II et IV c. I, II et III d. II, III et IV RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 02 BIOMÉCANIQUE DES EXERCICES DE MUSCULATION DOCTEUR JEFFREY M. MC BRIDE LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : d’identifier les principales composantes de la musculature squelettique ; de différencier les différents types de leviers du système musculo-squelettique ; d’identifier les principaux mouvements anatomiques impliqués pendant l’activité sportive ; de calculer le travail et la puissance linéaires et rotatifs ; de décrire les facteurs qui contribuent à la force et à la puissance ; d’évaluer la force de résistance et les types de puissances en cause lors d’utilisation d’appareils de musculation ; d’identifier les facteurs importants de la biomécanique articulaire. L’auteur souhaite remercier Everett Harmann pour sa contribution importante à ce chapitre. La connaissance de la biomécanique est importante pour comprendre les mouvements humains, y compris ceux impliqués dans la pratique sportive et l’exercice. La biomécanique se concentre sur les mécanismes par lesquels les composants musculo-squelettiques interagissent pour créer un mouvement. Appréhender la façon dont les mouvements du corps sont effectués et les contraintes que les mouvements exercent sur le système musculo-squelettique facilite la conception de programmes d’entraînement de musculation sûrs et efficaces. Ce chapitre débute par une présentation générale de la musculature squelettique, de la mécanique corporelle et des principaux schémas de mouvement pendant l’activité sportive, et se poursuit par une description des principes biomécaniques liés à la manifestation de la force et de la puissance humaines. Seront ensuite abordées les principales sources de résistance à la contraction musculaire utilisées par les appareils de musculation, à savoir la gravité, l’inertie, la friction, la résistance aux fluides et l’élasticité. Enfin, nous nous intéresserons à la biomécanique articulaire (et tout particulièrement aux épaules, dos et genoux). MUSCULATURE SQUELETTIQUE Pour provoquer un mouvement ou générer une force contre des objets externes, les deux extrémités de chaque muscle squelettique doivent être attachées à l’os par le tissu conjonctif. Traditionnellement, les anatomistes définissent l’origine du muscle comme son attachement proximal (vers le centre du corps), et son insertion comme son attachement distal (loin du centre du corps). Parfois, l’origine est définie comme la structure la plus stationnaire à laquelle le muscle est attaché et l’insertion comme la structure la plus mobile. Cette définition peut conduire à une confusion entre origine et insertion. Par exemple, lors d’un relevé de buste ( jambes tendues), l’origine du muscle iliaque est le fémur, en raison de sa relative immobilité. Le bassin, étant plus mobile, est l’insertion. Cependant, lors de cet exercice, le bassin est relativement immobile et deviendrait donc l’origine, tandis que le fémur plus mobile deviendrait l’insertion. La définition traditionnelle semble donc plus cohérente. Les muscles sont attachés à l’os de diverses manières. Dans les portions charnues contractiles, qui se trouvent le plus souvent à l’extrémité proximale d’un muscle, les fibres musculaires sont directement fixées à l’os, généralement sur une large zone, de sorte que la force est distribuée plutôt que localisée. Les attaches fibreuses, telles que les tendons, se fondent avec les gaines musculaires et le tissu conjonctif qui entourent l’os. Ils ont des fibres supplémentaires qui s’étendent dans l’os lui-même, ce qui permet une union très forte. Pratiquement tous les mouvements du corps impliquent l’action de plus d’un muscle. Le muscle le plus directement impliqué dans le déclenchement d’un mouvement est appelé « premier moteur », ou « agoniste ». Un muscle qui peut ralentir ou arrêter le mouvement s’appelle « antagoniste ». L’antagoniste aide à la stabilisation articulaire et au freinage du membre vers la fin d’un mouvement rapide, protégeant ainsi les structures articulaires ligamentaires et cartilagineuses des forces potentiellement destructrices. Pendant le lancer, par exemple, le triceps agit comme un agoniste, étendant le coude pour faire accélérer la balle. À mesure que le coude approche de sa pleine extension, le biceps agit comme un antagoniste pour ralentir l’extension du coude et l’arrêter, protégeant ainsi les structures du coude des chocs internes. Un muscle est appelé « synergiste » lorsqu’il aide indirectement à un mouvement. Par exemple, les muscles qui stabilisent l’omoplate agissent comme synergistes lors des mouvements du haut du bras. Sans ces synergistes, les muscles qui bougent le haut du bras (dont beaucoup proviennent de l’omoplate) ne seraient pas efficaces. Les synergistes sont également nécessaires pour contrôler les mouvements du corps lorsque l’agoniste est un muscle qui traverse deux articulations. Par exemple, le muscle droit fémoral traverse la hanche et le genou, agissant pour fléchir la hanche et étendre le genou lors de la contraction. Se relever d’un squat implique une extension de la hanche et du genou. Si le muscle droit antérieur doit agir pour étendre le genou lorsqu’une personne se lève sans incliner le tronc vers l’avant, les muscles extenseurs de la hanche tels que le grand fessier doivent agir en synergie pour contrer la flexion de la hanche qui résulterait de la tension dans le muscle droit antérieur. LEVIERS DU SYSTÈME MUSCULO-SQUELETTIQUE Bien que de nombreux muscles du corps, tels que les muscles du visage, de la langue, du cœur, des artères et des sphincters n’agissent pas par le biais de leviers, les mouvements du corps directement impliqués dans la pratique sportive agissent principalement par le biais des leviers osseux du squelette. Afin de comprendre comment le corps effectue de tels mouvements, une connaissance de base de ces leviers est nécessaire. Des définitions générales sont proposées ci-dessous. Levier de première classe : levier pour lequel la force musculaire et la force de résistance agissent sur les côtés opposés du point d’appui (figure 2.2). Point d’appui : point de pivot d’un levier. Levier : corps rigide (ou semi-rigide) qui, lorsqu’il est soumis à une force dont la ligne d’action ne passe pas par son point de pivot, exerce une force sur tout objet entravant sa tendance à tourner (figure 2.1). Avantage mécanique : rapport du bras de levier à travers lequel une force appliquée agit sur la force résistive (figure 2.1). Pour qu’il y ait un état d’équilibre entre les couples appliqués et résistifs, le produit de la force musculaire et le bras de levier par lequel il agit doivent être égaux au produit de la force résistive et du bras de levier par lequel il agit. Par conséquent, un avantage mécanique, représenté par un rapport supérieur à 1,0, permet à la force (musculaire) appliquée d’être inférieure à la force résistive pour produire une quantité égale de couple. Inversement, un avantage mécanique d’un rapport inférieur à 1,0 indique qu’il faut appliquer une force (musculaire) supérieure à la quantité de force résistive présente, créant un désavantage évident pour le muscle. Bras de levier (également appelé « bras de force » ou « bras de couple ») : distance perpendiculaire entre la ligne d’action de la force et le point d’appui. La ligne d’action d’une force est une ligne infiniment longue passant par le point d’application de la force, orientée dans la direction dans laquelle la force s’exerce. Force musculaire : force générée par l’activité biochimique, ou l’étirement d’un tissu non contractile, qui tend à rapprocher les extrémités opposées d’un muscle. Force résistive : force générée par une source extérieure au corps (gravité, inertie, friction) qui agit contrairement à la force musculaire. Levier de deuxième classe : levier pour lequel la force musculaire et la force résistive agissent du même côté du point d’appui, la force musculaire agissant à travers un bras de levier plus long que celui par lequel la force résistive agit, comme lorsque les muscles du mollet travaillent pour soulever le corps sur la plante des pieds (figure 2.3). En raison de son avantage mécanique (bras de levier relativement long), la force musculaire requise est plus petite que la force résistive (poids corporel). Levier de troisième classe : levier pour lequel la force musculaire et la force résistive agissent du même côté du point d’appui, la force musculaire agissant à travers un bras de levier plus court que celui par lequel la force résistive agit (figure 2.4). L’avantage mécanique est donc inférieur à 1,0, de sorte que la force musculaire doit être supérieure à la force résistive pour produire un couple égal à celui produit par la force résistive. Couple (également appelé « moment ») : degré auquel une force a tendance à faire tourner un objet autour d’un point d’appui spécifié. Elle est définie quantitativement comme la magnitude d’une force multipliée par la longueur de son bras de levier. La figure 2.2 montre un levier de première classe, car la force musculaire et la force résistive agissent sur les côtés opposés du point d’appui. Pendant l’effort isométrique ou la rotation articulaire à vitesse constante, FM · MM = FR · MR. Parce que M est beaucoup plus petit que MR, FM doit être beaucoup plus grand que FR. Cela illustre la nature désavantageuse de ce dispositif (une force musculaire importante est requise pour pousser contre une résistance externe relativement petite). La plupart des muscles humains qui font tourner les membres autour des articulations du corps fonctionnent avec un avantage mécanique inférieur à 1,0 (désavantage mécanique donc). C’est pourquoi les forces musculaires internes sont beaucoup plus importantes que les forces exercées par le corps sur des objets externes. Par exemple, dans la figure 2.2, puisque le bras de levier de résistance est huit fois plus long que le bras de levier musculaire, la force musculaire doit être huit fois supérieure à la force résistive. Les forces internes extrêmement élevées subies par les muscles et les tendons expliquent en grande partie les lésions de ces tissus. Lors d’un mouvement réel, la catégorisation d’un levier en première, deuxième ou troisième classe dépend souvent de la décision quelque peu arbitraire de l’endroit où se trouve le pivot. Il est donc beaucoup plus intéressant de comprendre le principe de l’avantage mécanique que de classer les leviers selon des catégories. L’avantage mécanique change régulièrement au cours des activités de la vie quotidienne. Les exemples suivants en sont la preuve. Pour les mouvements tels que l’extension et la flexion du genou, où l’articulation n’est pas une véritable charnière, l’emplacement de l’axe de rotation change continuellement tout au long de l’amplitude des mouvements, affectant la longueur du bras de levier à travers lequel agissent les quadriceps et les ischiojambiers. Pour l’extension du genou, la rotule aide à empêcher de grands changements dans l’avantage mécanique du muscle quadriceps en empêchant le tendon du quadriceps de tomber près de l’axe de rotation (figure 2.5). Pour les mouvements tels que l’extension et la flexion du coude, il n’existe pas de structure telle que la rotule pour maintenir la distance perpendiculaire entre l’axe de rotation articulaire et la ligne d’action du tendon relativement constante (figure 2.6). Pendant l’entraînement de musculation avec des poids libres, le bras de levier par lequel le poids agit est égal à la distance horizontale entre une ligne passant par le centre de masse de la barre ou de l’haltère jusqu’à l’articulation du corps autour de laquelle la rotation du membre se produit. Le bras de levier résistif varie ainsi tout au long du mouvement (figure 2.7). La plupart des muscles squelettiques fonctionnent avec un désavantage mécanique considérable en raison de la disposition des leviers dans le corps et des forces externes auxquelles le corps résiste. Ainsi, pendant l’activité sportive et durant les autres activités physiques, les forces dans les muscles et les tendons sont beaucoup plus élevées que celles exercées par les mains ou les pieds sur des objets extérieurs ou sur le sol. VARIATIONS DANS L’INSERTION DES TENDONS Il existe une variation considérable de la structure anatomique humaine, y compris les points auxquels les tendons sont attachés à l’os. Une personne dont les tendons sont insérés sur l’os plus loin du centre de l’articulation devrait être capable de soulever des poids plus lourds, car la force musculaire agit à travers un bras de levier plus long et peut ainsi produire un plus grand couple autour de l’articulation. (Dans la figure 2.6, considérez comment le bras de levier (B) changerait si l’insertion du tendon était plus à droite.) Il est cependant important de reconnaître les implications résultant de l’insertion du tendon. L’avantage mécanique obtenu en insérant les tendons plus loin du centre de l’articulation s’accompagne d’une perte de vitesse maximale car, avec le tendon inséré plus loin du centre de l’articulation, le muscle doit se contracter davantage pour faire bouger l’articulation dans une amplitude de mouvement donnée. En d’autres termes, une quantité donnée de raccourcissement musculaire entraîne une rotation moindre des segments corporels autour d’une articulation, ce qui se traduit par une perte de vitesse du mouvement. La figure 2.8a montre que, en commençant par l’articulation tendue, lorsqu’un muscle hypothétique se raccourcit d’une quantité donnée, l’articulation tourne de 37 °. Cependant, si le muscle était inséré plus loin du centre de l’articulation, comme dans la figure 2.8b, la même quantité de raccourcissement musculaire n’entraînerait que 34 ° de rotation articulaire, en raison de la géométrie du triangle dynamique dont les sommets sont l’insertion et l’origine musculaire ainsi que le centre de rotation commun. Pour produire une vitesse de rotation articulaire donnée, un muscle inséré plus loin du centre articulaire doit se contracter à une vitesse plus élevée, à laquelle il peut générer moins de force en raison de la relation force-vitesse inverse du muscle décrite plus loin dans ce chapitre. Par conséquent, un tel arrangement tendineux réduit la capacité de production de force du muscle lors de mouvements plus rapides. On peut voir comment des différences individuelles relativement subtiles dans la structure peuvent entraîner divers avantages et inconvénients. Bien que ces dispositions squelettiques ne soient pas modifiables, il est important de comprendre que pour des mouvements plus lents, comme en force athlétique, une insertion du tendon plus éloignée de l’articulation que la normale peut être avantageuse, tandis que pour les activités sportives se déroulant à des vitesses élevées, telles que la frappe d’une balle de tennis, cette disposition peut être désavantageuse. PLANS ANATOMIQUES ET MOUVEMENTS CORPORELS MAJEURS La figure 2.9 représente une personne debout dans la position anatomique standard. Le corps est droit, les bras baissés sur les côtés et les paumes tournées vers l’avant. Les vues anatomiques du corps, comme dans l’imagerie par résonance magnétique (IRM), sont généralement montrées dans les plans sagittal, frontal et transversal, qui coupent respectivement le corps en sections gauche-droite, avant-arrière et supérieureinférieure, pas nécessairement au point médian. Les plans anatomiques sont également utiles pour décrire les principaux mouvements du corps. Des exemples de mouvements d’exercice qui ont lieu dans ces plans comprennent le curl avec barre debout (plan sagittal), l’élévation latérale des haltères debout (plan frontal) et l’écarté oiseau avec des haltères (plan transversal). L’analyse biomécanique du mouvement humain peut être utilisée pour analyser quantitativement l’activité cible. En l’absence des équipements requis et de l’expertise nécessaire, une simple observation visuelle suffit toutefois pour identifier les caractéristiques de base d’un mouvement sportif. Des exercices qui impliquent un mouvement similaire autour des mêmes articulations peuvent ensuite être sélectionnés, incorporant ainsi la spécificité de l’entraînement. L’observation vidéo au ralenti peut également faciliter l’observation. De plus, un logiciel disponible dans le commerce permet une analyse plus détaillée des mouvements sportifs capturés en vidéo numérique. La figure 2.10 présente une liste des principaux mouvements corporels possibles, et fournit un cadre pratique pour la prescription d’exercices fondés sur les mouvements. Seuls les mouvements dans les plans frontal, sagittal et transversal sont pris en compte car, bien que peu de mouvements corporels se produisent uniquement dans ces trois principaux plans, il y a suffisamment d’imbrication des effets d’entraînement pour que l’exercice des muscles à l’intérieur de ces plans permette de renforcer également les mouvements entre les différents plans. Bien qu’un programme fournissant un exercice de résistance pour tous les mouvements de la figure 2.10 soit à la fois complet et équilibré, certains mouvements sont généralement omis des programmes d’exercices standards alors que d’autres sont particulièrement représentés. Les mouvements sportifs importants qui ne sont généralement pas intégrés aux programmes standards d’entraînement en résistance incluent les rotations interne et externe de l’épaule (lancer, tennis), la flexion du genou (sprint), la flexion de la hanche (coup de pied, sprint), la flexion de la cheville (course), les rotations interne et externe de la hanche (pivotement), l’adduction et l’abduction de la hanche (coupe latérale), la rotation du torse (lancer, frappe) et les divers mouvements du cou (boxe, lutte). FORCE ET PUISSANCE Les termes « force » et « puissance » sont largement utilisés pour décrire certaines capacités importantes qui contribuent aux efforts humains maximaux dans le sport et d’autres activités physiques. Malheureusement, la façon dont les termes sont utilisés est souvent peu cohérente. Ce paragraphe fournit une base scientifique pour comprendre les concepts de force et de puissance chez l’homme et précise la contribution de divers facteurs. DÉFINITIONS GÉNÉRALES Bien qu’il soit largement admis que la force est la capacité d’exercer la force, il existe un désaccord considérable quant à la manière de la mesurer. La plus ancienne mesure quantitative de la force est probablement le poids qu’une personne est capable de soulever. Les développements technologiques ont rendu populaire l’utilisation des tests de résistance isométrique et de résistance isocinétique. Tous les sports impliquent une accélération (changement de vitesse par unité de temps) du corps et, pour certains sports, celle d’un instrument (batte de baseball, javelot, raquette de tennis). L’accélération est associée à une force de résistance selon la deuxième loi d’Isaac Newton : Force = Masse x Accélération (Équation 2.1) En raison des différences individuelles dans la capacité d’exercer une force à différentes vitesses, les scores de force obtenus à partir des tests de résistance isométrique et à basse vitesse peuvent varier dans la capacité prédictive lorsque la force est requise avec une vitesse élevée concomitante. Ainsi, tester les capacités de force d’un athlète à diverses charges peut fournir plus de renseignements sur les capacités et les faiblesses spécifiques au sport de la personne. Bien que le contrôle et la surveillance de la vitesse pendant les tests de force nécessitent un équipement sophistiqué, les scores de force résultants peuvent être plus significativement liés à la capacité sportive que les mesures de force statique ou les charges maximales levées. ※ TRAVAIL (POSITIF) ET PUISSANCE La curiosité vis-à-vis de la capacité de force à des vitesses de mouvement particulières (ou à grande vitesse) a engendré un intérêt accru pour la puissance en tant que mesure de la capacité à exercer une force à des vitesses plus élevées. En dehors du domaine scientifique, la puissance est vaguement définie comme « force explosive ». Cependant, en physique, la puissance est précisément définie comme « le taux de temps de travail, où le travail est le produit de la force exercée sur un objet et de la distance parcourue par un objet soumis à cette force ». Quantitativement, le travail et la puissance sont définis comme il suit : Travail = Force x Déplacement (Équation 2.2) Puissance = Travail / Temps (Équation 2.3) La puissance peut également être calculée comme le produit de la force sur un objet et de la vitesse de déplacement de l’objet sur lequel la force est exercée, ou comme le produit de la vitesse de l’objet et de la force sur l’objet dans la direction dans laquelle l’objet se déplace. Pour que toutes les équations de ce chapitre fonctionnent correctement, des unités cohérentes doivent être utilisées. Dans le système international d’unités (SI), considéré comme la norme mondiale, la force est mesurée en newtons (N), la distance en mètres (m), le travail en joules (J, c’est-à-dire les newtons-mètres, ou N · m), le temps en secondes (s) et la puissance en watts (W, c’est-à-dire J/s). Les unités du SI appropriées pour les équations peuvent être obtenues à partir d’autres unités communes en utilisant le tableau 2.1. Comme exemple d’application de l’équation 2.2, le travail net effectué lorsqu’un poids est levé est égal à la magnitude du poids (F1) plus la force (F2) requise pour un taux d’accélération souhaité, multiplié par le déplacement (D) dans lequel le poids est levé vers le haut. Il convient de noter que la direction du poids et de la force doit coïncider avec la direction du déplacement. La détermination de cette relation est définie par l’angle entre le vecteur force et le vecteur déplacement (thêta, l). TABLEAU 2.1 Facteurs de conversion des mesures anglo-saxonnes en unités SI Par exemple, le travail nécessaire pour soulever dix fois une barre de 100kg de deux mètres est calculé comme suit : 1. Déterminer le poids (F1) de la barre en unité SI (newtons) en multipliant la masse de la barre en kilogrammes par l’accélération locale due à la gravité en mètres par seconde au carré. Si l’accélération locale due à la gravité n’est pas disponible, il est possible d’adopter la valeur approximative de 9,8m/s2. Comme indiqué précédemment, thêta (t) est l’angle entre la force et le vecteur de déplacement, qui dans ce cas est nul : F ↑ F ↑ D ↑ > = 0 degré 12 Force appliquée pour contrer le poids de la barre (F1) : 9,8m/s2 x 100kg x cos 0 ° = 980N 2. Calculer la force supplémentaire (F2) requise pour accélérer la masse de la barre vers le haut à une vitesse donnée, la force requise pour abaisser la barre de manière contrôlée étant calculée plus tard. Par exemple, si le taux d’accélération souhaité vers le haut est de 2m/s2, la force requise serait : Force appliquée pour accélérer la barre vers le haut (F2) : 2m/s2 x 100kg x cos 0 ° = 200N 3. Appliquer l’équation 2.2 pour calculer le travail pour dix répétitions en joules : Travail (positif) = (980N + 200N) x 2m x 10 répétitions = 23600J Cette méthode de calcul du travail peut être très utile pour quantifier le volume d’un entraînement. Le travail pour chaque série est calculé comme indiqué, et le travail total pour l’entraînement entier est déterminé par addition. Pour les exercices libres, la course verticale de la barre pour une répétition de chaque exercice est mesurée pour chaque individu en soustrayant la hauteur de la barre par rapport au sol en position basse, de celle en position haute. Pour les exercices de musculation, la course verticale des poids empilés sur la machine guidée est mesurée. Ces mesures peuvent être effectuées avec une barre vide ou la plaque de poids la plus faible sur la pile, car la distance verticale parcourue par le poids pendant un exercice donné pour un individu doit être à peu près la même quel que soit le poidsutilisé. Dans l’exemple précédent, dans lequel le travail a été préalablement déterminé, s’il faut quarante secondes pour effectuer les dix répétitions, la puissance de sortie moyenne en watts pour l’ensemble est calculée à l’aide de l’équation 2.3 : Puissance (positive) = 23600J / 40s = 590W ※ TRAVAIL NÉGATIF ET PUISSANCE Parce que la puissance est égale au produit de la force et de la vitesse, lorsqu’une force est exercée sur un poids dans la direction opposée à celle dans laquelle le poids se déplace (comme lorsqu’un poids est abaissé de manière contrôlée), la puissance calculée est négative, tout comme le travail calculé. Tous ces travaux et puissances « négatifs » se produisent pendant les actions musculaires excentriques, comme au moment de la diminution d’un poids ou d’une décélération à la fin d’un mouvement rapide. À strictement parler, il n’y a pas de travail ou de pouvoir négatif. Le terme « travail négatif » fait en réalité référence au travail effectué sur, et non par, un muscle. Lorsqu’un poids est levé, les muscles effectuent un travail sur le poids, augmentant l’énergie potentielle du poids. Lorsque le poids est abaissé, son énergie potentielle est utilisée pour effectuer une quantité égale de travail sur l’athlète. Ainsi, au gré des répétitions, c’est l’athlète et le poids qui effectuent alternativement un travail l’un sur l’autre, plutôt que l’athlète qui effectue alternativement un travail positif et négatif. La vitesse à laquelle les répétitions sont effectuées détermine la puissance de sortie. La vitesse à laquelle la barre accélérerait vers le bas en chute libre est de 9,8m/s2. Si la force nette appliquée était de 980N (F ), le taux d’accélération serait de 0m/s2. Si l’on supprime 200N de force (200N divisé par la masse de la barre de 100kg, a = F/m), le taux d’accélération de la barre serait de 2m/s2 vers le bas (en d’autres termes, contrôler le taux d’accélération de la barre par diminution de la force appliquée). 1. Calculer la force (F3) qui doit être supprimée pour permettre à la masse de la barre d’accélérer vers le bas à un rythme donné. Par exemple, si le taux d’accélération souhaité vers le bas est de 2m/s2, la force requise serait : Force supprimée pour accélérer la barre vers le bas (F3) : 2m/s2 x 100kg x cos 0 ° = 200N 2. Appliquer l’équation 2.2 pour calculer le travail pour dix répétitions en joules : Travail (négatif) = (980N + −200N) x (−2m) x 10 répétitions = −15600J 3. Appliquer l’équation 2.3 pour calculer la puissance de sortie moyenne pour dix répétitions en watts : Puissance (négative) = −15600J / 40s = −390W ※ TRAVAIL ANGULAIRE ET PUISSANCE Les équations de travail et de puissance qui viennent d’être présentées s’appliquent à un objet se déplaçant d’un endroit à un autre en ligne droite. Le travail et la puissance sont également nécessaires pour qu’un objet commence à tourner autour d’un axe ou pour changer la vitesse à laquelle il tourne, même si l’objet dans son ensemble ne se déplace pas du tout dans l’espace. L’angle sous lequel un objet tourne est appelé « déplacement angulaire », et son unité SI est le radian (rad) : 1rad = 180 °/π = 57,3 °, où π = 3,14. La vitesse angulaire est la vitesse de rotation de l’objet, mesurée en radians par seconde (rad/s). Le couple est exprimé en newtons-mètres (N · m), mais ne doit pas être confondu avec le travail, qui est également exprimé en newtons-mètres. La différence est que la composante de distance de l’unité de couple se réfère à la longueur du bras de levier (qui est perpendiculaire à la ligne d’action de la force), tandis que la composante de distance de l’unité de travail se réfère à la distance parcourue le long de la ligne d’action de la force. Tout comme pour un mouvement dans l’espace, le travail effectué en rotation d’un objet est mesuré en joules (J) et la puissance en watts (W). Cette équation est utilisée pour calculer le travail de rotation : Travail = Couple x Déplacement angulaire (Équation 2.4) L’équation 2.3 est utilisée pour calculer la puissance de rotation, tout comme elle a été utilisée pour calculer la puissance linéaire. Bien que le mot « force » soit souvent associé à des vitesses lentes et le mot « puissance » à des vitesses de mouvement élevées, les deux variables reflètent la capacité d’exercer une force à une vitesse donnée. La puissance est une fonction mathématique directe de la force et de la vitesse. ※ FORCE CONTRE PUISSANCE La divergence entre les définitions communes et scientifiques de la puissance a conduit à des malentendus. Par exemple, en powerlifting, sport qui implique des forces élevées mais des vitesses de mouvement relativement faibles, il est produit moins de puissance mécanique que dans de nombreux autres sports, dont l’haltérophilie. Malgré cette différence, le powerlifting (littéralement « lever en puissance » en anglais) n’est pas près de changer de nom. Dans tous les autres contextes, les professionnels de l’entraînement et de la préparation physique ne devraient utiliser le mot « puissance » que dans son acception scientifique pour éviter toute ambiguïté. De plus, bien que le mot « force » soit souvent associé à des vitesses lentes et le mot « puissance » à des vitesses de mouvement élevées, les deux variables reflètent la capacité d’exercer une force à une vitesse donnée. La puissance est une fonction mathématique directe de la force et de la vitesse. Par conséquent, si, à tout instant, deux des variables force, vitesse et puissance sont connues, la troisième peut être calculée. Si un individu peut générer une force ou une puissance élevée à une vitesse de mouvement particulière, c’est la même capacité qui est précisément décrite, à savoir la capacité d’accélérer une masse à cette vitesse particulière. Ainsi, il n’est pas correct d’associer la force à une vitesse faible et la puissance à une vitesse élevée. La force est la capacité d’exercer une force à une vitesse donnée, et la puissance est le produit mathématique de la force et de la vitesse à n’importe quelle vitesse. Ce qui est essentiel, c’est la capacité d’exercer une force à des vitesses caractéristiques dans un sport donné pour surmonter la gravité et faire accélérer le corps ou un instrument. Pour un mouvement sportif rendu relativement lent par une résistance élevée, la force à faible vitesse est critique, tandis que, pour un mouvement qui est très rapide en raison d’une faible résistance, la force à haute vitesse est importante. Par exemple, lorsque deux joueurs offensifs et défensifs de football américain se poussent l’un contre l’autre, leur vitesse de déplacement est ralentie par la force musculaire exercée par le joueur adverse, ainsi que par l’inertie de la masse corporelle de ce dernier. Du fait que les muscles ne peuvent pas se contracter à grande vitesse, la capacité d’exercer une force et une puissance à faible vitesse est un élément important de la performance. En revanche, les muscles d’un joueur de badminton atteignent rapidement une vitesse élevée en raison de la résistance inertielle minimale de la raquette légère et du bras du joueur. Par conséquent, la capacité d’exercer une force et une puissance à grande vitesse est essentielle pour effectuer des ajustements rapides dans une course. L’haltérophilie a une composante de puissance beaucoup plus élevée que le powerlifting, puisque les mouvements sont produits à des vitesses plus élevées avec des poids lourds. FACTEURS BIOMÉCANIQUES DE LA FORCE HUMAINE Plusieurs facteurs biomécaniques sont impliqués dans la gestion de la force humaine, y compris le contrôle neuronal, la section transversale musculaire, la disposition des fibres musculaires, la longueur musculaire, l’angle articulaire, la vitesse de contraction musculaire, la vitesse angulaire articulaire et la taille corporelle. Ces facteurs sont examinés dans les paragraphes suivants, tout comme la relation de résistance tridimensionnelle et le rapport résistance / masse. ※ CONTRÔLE NEURONAL Le contrôle neuronal affecte la puissance maximale produite par un muscle en déterminant quelles unités motrices sont impliquées dans une contraction musculaire (recrutement) et leur taux de déclenchement (codage de la fréquence). Généralement, la force musculaire est plus grande lorsque plusieurs unités motrices sont impliquées dans une contraction, les unités motrices sont plus grandes, ou la cadence de déclenchement est plus rapide. Une grande partie de l’amélioration de la force mise en évidence au cours des premières semaines d’entraînement en résistance est attribuable aux adaptations neuronales, lorsque le cerveau apprend à générer plus de force à partir d’une quantité donnée de tissu contractile. Il n’est pas rare que les athlètes débutants en musculation se découragent lorsqu’ils ne parviennent pas aux mêmes progressions après avoir passé les premières semaines d’entraînement. Il est important pour eux de comprendre qu’une amélioration continue se produira s’ils adhèrent au régime d’entraînement, bien que ces résultats soient obtenus par des mécanismes plus lents comme l’hypertrophie musculaire. ※ SURFACE DE SECTION TRANSVERSALE MUSCULAIRE Toutes choses étant égales par ailleurs, la force qu’un muscle peut exercer est liée à sa surface en coupe plutôt qu’à son volume. Par exemple, si deux athlètes avec un pourcentage de graisse corporelle similaire, mais avec une taille différente, ont la même circonférence du biceps, leurs zones transversales musculaires du bras sont à peu près les mêmes. Bien que le muscle le plus long (et donc le plus lourd) de l’athlète augmente le volume musculaire, la force des biceps des deux athlètes devrait à peu près être la même. Avec la même force mais un poids corporel plus élevé, l’athlète de grande taille a moins de capacité à soulever et à accélérer son propre corps, comme c’est par exemple nécessaire pour les exercices callisthéniques ou de gymnastique. C’est pourquoi la plupart des gymnastes d’élite ne sont pas très grands. Comme nous l’avons décrit au chapitre 1, l’entraînement contre résistance augmente à la fois la force et la section transversale du muscle. ※ DISPOSITION DES FIBRES MUSCULAIRES Les muscles se contractant au maximum se sont révélés capables de générer des forces de 23 à 145 psi (16-100N/ cm2) de la section transversale musculaire. Cette large fourchette peut être partiellement expliquée par la variation de l’arrangement et de l’alignement des sarcomères par rapport à l’axe long du muscle (figure 2.11). Un muscle penné a des fibres qui s’alignent obliquement avec le tendon, créant un arrangement en forme de plumes. L’angle de pennation est défini comme l’angle entre les fibres musculaires et une ligne imaginaire entre l’origine et l’insertion du muscle, 0 ° correspondant à une absence de pennation. De nombreux muscles humains sont pennés, mais peu ont des angles de pennation supérieurs à 15 °. En fait, l’angle de pennation ne reste pas constant pour un muscle donné, mais augmente à mesure que le muscle se raccourcit. Tout facteur qui affecte l’angle de pennation affecterait donc la force et la vitesse de raccourcissement tant que la surface en coupe transversale reste la même. Les muscles avec une plus grande pennation ont plus de sarcomères en parallèle et moins de sarcomères en série ; ils sont donc mieux à même de générer de la force mais ont une vitesse de raccourcissement maximal plus faible que les muscles non pennés. En comparaison, des quantités moindres de pennation peuvent être avantageuses pour produire des vitesses élevées en raison du plus grand nombre de sarcomères dans une rangée, au détriment du nombre de sarcomères en parallèle. Cependant, la quantité de pennation a un effet sur la capacité des muscles à générer une force concentrique, excentrique, isométrique ou à basse vitesse. Plus important encore, bien que l’angle de pennation puisse varier en fonction de facteurs héréditaires, il peut être modifié grâce à l’entraînement, ce qui peut aider à expliquer certaines des différences de force et de vitesse observées chez des individus qui semblent avoir des muscles de la même taille. ※ LONGUEUR MUSCULAIRE Lorsqu’un muscle est à sa longueur de repos, les filaments d’actine et de myosine se trouvent côte à côte, de sorte qu’un nombre maximum de sites de ponts potentiels est disponible (figure 2.12). Ainsi, le muscle peut générer la plus grande force à sa longueur de repos. Lorsque le muscle est étiré bien au-delà de sa longueur de repos, une plus petite proportion de filaments d’actine et de myosine se trouvent côte à côte. Parce qu’il y a moins de sites de ponts potentiels, le muscle ne peut pas générer autant de force qu’il le peut à sa longueur de repos. Lorsque le muscle se contracte trop en dessous de sa longueur de repos, les filaments d’actine se chevauchent et le nombre de sites de ponts est également réduit, ce qui diminue la capacité de génération de force. ※ ANGLE ARTICULAIRE Parce que tous les mouvements du corps, même ceux qui se produisent en ligne droite, ont lieu par rotation autour d’une ou de plusieurs articulations, les forces que les muscles produisent doivent se manifester sous forme de couples (rappelez-vous qu’une valeur de couple plus élevée indique une plus grande tendance pour la force appliquée à faire pivoter le membre ou la partie du corps autour d’une articulation). Par conséquent, nous parlons de couple par rapport à l’angle de l’articulation plutôt que de force par rapport à l’angle de l’articulation. La quantité de couple qui peut être long de l’amplitude des mouvements de l’articulation, principalement en raison de la relation entre la force et la longueur musculaire, ainsi que de l’effet de levier en constante évolution provoqué par la géométrie dynamique des muscles, tendons et structures articulaires internes. Ceci est illustré dans les figures 2.2, 2.3 et 2.4. D’autres facteurs interviennent également comme le type d’exercice (isotonique, isométrique, etc.), l’articulation du corps concernée, les muscles utilisés au niveau de cette articulation et la vitesse de contraction. ※ VITESSE DE CONTRACTION MUSCULAIRE Les expériences de référence d’A.V. Hill sur le muscle isolé de l’animal ont montré que la capacité de force du muscle diminue à mesure que la vitesse de contraction augmente. La relation n’est pas linéaire : la baisse de la capacité de force est la plus prononcée sur la plage inférieure de vitesses de déplacement (figure 2.13). Le mouvement humain peut tirer le meilleur parti de cette relation. Par exemple, au début d’un saut vertical, les bras tirent vers le haut, exerçant ainsi une force vers le bas sur le corps au niveau des épaules, ralentissant le mouvement ascendant du corps et forçant les muscles extenseurs de la hanche et du genou à se contracter plus lentement qu’ils ne le feraient autrement, ce qui permet de générer des forces plus élevées pendant des périodes plus longues. ※ VITESSE ANGULAIRE DE L’ARTICULATION Il existe trois types fondamentaux d’action musculaire, au cours desquelles des forces, générées dans le muscle, tirent les extrémités du muscle l’une vers l’autre si elles ne sont pas empêchées de le faire par des forces externes. Le terme action musculaire » est préférable à celui de « contraction », car ce dernier signifie « raccourcissement », ce qui ne décrit pas avec précision deux des trois actions musculaires. Dans l’action concentrique, les muscles raccourcissent car la force contractile est supérieure à la force résistive. Les forces générées dans le muscle et agissant pour le raccourcir sont supérieures aux forces externes agissant au niveau de ses tendons pour l’étirer. La natation et le cyclisme impliquent presque exclusivement une action musculaire concentrique. Dans l’action excentrique, le muscle s’allonge car la force contractile est inférieure à la force résistive. Les forces générées à l’intérieur du muscle et agissant pour le raccourcir sont inférieures aux forces externes agissant au niveau de ses tendons pour l’étirer (ce qui augmente le risque de douleur et de blessure). Cela se produit pendant la phase d’abaissement de tout exercice de résistance. Pendant un entraînement classique contre résistance, la force excentrique exercée par le muscle empêche le poids d’être accéléré vers le bas par la force gravitationnelle. Ainsi, le poids se déplace régulièrement vers le bas plutôt que de prendre de la vitesse et de toucher le sol ou le corps de l’athlète. Dans l’action isométrique, la longueur musculaire ne change pas, car la force contractile est égale à la force résistive. Les forces générées à l’intérieur du muscle, et agissant pour le raccourcir, sont égales aux forces externes agissant au niveau de ses tendons pour l’étirer. Lors d’un exercice de relevé de buste avec le tronc tendu, les muscles abdominaux agissent isométriquement pour maintenir la rigidité du tronc, tandis que les fléchisseurs de la hanche effectuent le mouvement de redressement. En revanche, les muscles abdominaux agissent respectivement de manières concentrique et excentrique pendant les phases de montée et de descente lors d’un exercice de relevé de buste normal. Le couple musculaire varie avec la vitesse angulaire articulaire selon le type d’action musculaire (figure 2.13). Les tests ont montré, que pendant les exercices concentriques et isocinétiques (à vitesse constante), la capacité de couple diminue à mesure que la vitesse angulaire augmente. En revanche, pendant les exercices excentriques, à mesure que la vitesse angulaire articulaire augmente, la capacité de couple maximal augmente jusqu’à environ 90 °/s (1,57rad/s), après quoi elle diminue progressivement. Cela signifie que la force musculaire la plus importante peut être obtenue lors d’une action musculaire excentrique. Cela est illustré par les athlètes qui « trichent » sur les mouvements lorsqu’ils ne parviennent pas à lever un poids en utilisant une forme stricte. Par exemple, une personne qui atteint un point de blocage dans l’exercice de curl du biceps en raison de la limite de la force du fléchisseur concentrique du coude penche généralement le torse vers l’arrière, permettant aux fléchisseurs du coude d’exercer une force accrue en agissant de manière isométrique ou excentrique, ce qui permet au sportif de continuer à effectuer son mouvement. ※ RAPPORT FORCE / MASSE Dans les activités sportives telles que le sprint et le saut, le rapport entre la force des muscles impliqués dans le mouvement et la masse des parties du corps accélérées est primordial. Ainsi, le rapport force / masse reflète directement la capacité d’un athlète à accélérer son corps. Si, après l’entraînement, un athlète augmente la masse corporelle de 15 % mais n’augmente la capacité de force que de 10 %, le rapport force / masse, et donc la capacité de l’athlète à accélérer, est réduit. Un sprinteur ou un sauteur peut tenter de rechercher la masse musculaire optimale en déterminant le rapport force / masse le plus élevé, ce qui entraînerait les meilleures performances possibles. Dans les sports impliquant des catégories de poids, le rapport force / masse est extrêmement important. Si tous les concurrents ont à peu près la même masse corporelle, l’athlète le plus fort a un avantage certain. Il est normal que le rapport force / masse des athlètes plus grands soit inférieur à celui des athlètes plus petits, car lorsque la taille du corps augmente, le volume musculaire (et le poids corporel concomitant) augmente proportionnellement plus que la section transversale musculaire (et la force concomitante). Les essais et erreurs peuvent aider les athlètes à déterminer la catégorie de poids dans laquelle leur force est la plus élevée par rapport à celle des autres athlètes de la même catégorie de poids. Une fois qu’un athlète a trouvé sa catégorie de poids la plus compétitive, l’objectif est de devenir aussi fort que possible sans dépasser la limite de poids. ※ TAILLE DU CORPS On constate depuis longtemps que, toutes choses étant égales par ailleurs, les petits athlètes sont plus forts, kilogramme pour kilogramme, que les athlètes plus grands. Cela s’explique par le fait que la force contractile maximale d’un muscle est assez proportionnelle à sa section transversale, qui est liée au carré des dimensions corporelles linéaires, tandis que la masse d’un muscle est proportionnelle à son volume, qui est lié au cube des dimensions linéaires du corps. Par conséquent, à mesure que la taille du corps augmente, la masse corporelle augmente plus rapidement que la force musculaire. Compte tenu des proportions constantes du corps, un athlète plus petit a un rapport force / masse plus élevé qu’un athlète de grande taille. Il y a toujours eu un intérêt à comparer les performances des athlètes dans différentes catégories de poids. La méthode la plus évidente pour ce faire est de diviser le poids soulevé par le poids corporel de l’athlète. Cependant, un tel indicateur est biaisé pour les grands athlètes car il ne prend pas en compte la baisse attendue du rapport force / masse avec l’augmentation de la taille corporelle. Diverses adaptations de formules ont été imaginées pour comparer plus équitablement les charges soulevées. Dans la formule classique, la charge soulevée est divisée par le poids corporel aux deux tiers de la puissance, ce qui explique la relation entre la section transversale et le volume. D’autres formules ont depuis été développées car la formule classique semblait favoriser les athlètes de poids moyen par rapport aux athlètes plus légers ou plus lourds. Cependant, le fait que, par la formule classique, les performances des athlètes de poids moyen sont généralement les meilleures, peut être impartial. En effet, selon la courbe en cloche décrivant la distribution normale des caractéristiques anthropométriques au sein de la population, les poids corporels d’une majorité de personnes sont regroupés près de la moyenne. Dans les activités sportives telles que le sprint et le saut, le rapport entre la force des muscles impliqués dans le mouvement et la masse des parties du corps accélérées est primordial. Ainsi, le rapport force / masse reflète directement la capacité d’un athlète à accélérer son corps. SOURCES DE RÉSISTANCE À LA CONTRACTION MUSCULAIRE Les sources de résistance les plus courantes pour les exercices de musculation sont la gravité, l’inertie, la friction, la résistance aux fluides et l’élasticité. Ce paragraphe fournit des informations sur la force et la puissance nécessaires pour surmonter ces formes de résistance. Une compréhension des principes régissant les appareils de musculation utilisant les différentes formes de résistance permet de mieux appréhender leur efficacité et les conditions de leur mise en œuvre. GRAVITÉ La force vers le bas exercée sur un objet par la force de gravité, autrement appelée « poids de l’objet », est égale à la masse de l’objet multipliée par l’accélération locale due à la gravité : F = m x a (Équation 2.5) Fg est la force due à la gravité (identique au poids de l’objet), m est la masse de l’objet et ag est l’accélération locale due à la gravité. L’accélération due à la gravité peut varier selon l’emplacement géographique. Peser une barre sur un ressort étalonné, ou une balance électronique, précise son poids réel. Une balance normale ne détermine que la masse de l’objet, donc son poids (Fg) doit être calculé en utilisant l’équation 2.5 si un ressort ou une balance électronique n’est pas disponible. L’utilisation courante des termes « poids » et « masse » est souvent incorrecte. Par exemple, certains disques pour haltères ou pour machines affichent un poids en livres. La livre est une unité de force et non de masse. En réalité, seule la masse d’une plaque d’haltères reste constante, tandis que son poids varie en fonction de l’accélération locale due à la gravité. La désignation du kilogramme sur une plaque de poids fait référence à sa masse. Il n’est pas correct de dire qu’un objet pèse un certain nombre de kilogrammes, car le poids fait référence à la force et non à la masse. Au lieu de cela, il faudrait dire : « la masse de l’haltère est de 85kg ». La quantité de masse qu’un individu peut soulever sera légèrement affectée par l’emplacement terrestre en raison des variations de l’accélération due à la gravité autour du globe (tableau 2.1). Un haltère de 85kg serait ressenti comme pesant environ 14kg s’il était sur la lune, quand bien même il ne changerait pas physiquement. ※ APPLICATION À L’ENTRAÎNEMENT CONTRE RÉSISTANCE La force gravitationnelle sur un objet agit toujours vers le bas. Puisque, par définition, le bras de levier, par lequel une force produit un couple, est perpendiculaire à la ligne d’action de la force, le bras de levier d’un poids est toujours horizontal. Ainsi, le couple dû au poids d’un objet est le produit du poids et de la distance horizontale entre le poids et le point de pivot (articulation). Pendant un exercice, bien que le poids ne change pas, sa distance horizontale par rapport à un axe articulaire donné change constamment. Lorsque le poids est horizontalement plus proche de l’articulation, il exerce moins de couple résistif ; lorsqu’il est horizontalement plus éloigné d’une articulation, il exerce un couple plus résistant. Par exemple, dans un curl avec les bras, la distance horizontale entre le coude et la barre est plus grande lorsque l’avant-bras est horizontal. Ainsi, dans cette position, l’athlète doit exercer le plus grand couple musculaire pour supporter le poids. Le bras de levier diminue lorsque l’avant-bras tourne vers le haut ou vers le bas en s’éloignant de l’horizontal, diminuant le couple résistif résultant du poids (figure 2.7). Lorsque le poids est directement au-dessus ou en dessous du point de pivot du coude, il n’y a pas de couple résistif du poids. La technique de réalisation de l’exercice peut affecter le modèle de couple résistif pendant un exercice et déplacer la tension entre les groupes musculaires. Dans le squat barre arrière, une inclinaison vers l’avant du tronc rapproche horizontalement le poids des genoux, réduisant ainsi le couple résistif autour des genoux, que les quadriceps doivent contrer. Dans le même temps, le poids est horizontalement plus éloigné de la hanche, augmentant le couple résistif autour de la hanche, que les muscles fessiers et ischio-jambiers doivent contrer. Ce modèle de couple résistif est le plus souvent présent lorsque l’haltère est positionné aussi bas que possible sur le haut du dos (souvent appelé « squat à barre basse ») ; l’athlète doit incliner le tronc relativement loin vers l’avant pour garder le centre de masse du corps et la barre au-dessus des pieds, évitant ainsi une chute. La barre étant alors horizontalement loin de la hanche et près du genou, la tension est concentrée sur les extenseurs de la hanche et, dans une moindre mesure, sur les extenseurs du genou. L’opposé de ce modèle de couple résistif se produit dans un squat barre haute, pour lequel la barre est placée plus haut sur le dos, plus près du cou. En raison de ce positionnement de la barre, la répartition du couple augmente le couple résistif autour des genoux et réduit de manière concomitante le couple résistif autour de la hanche (contrairement à ce qui se produit avec le squat barre basse). La réalisation technique d’un exercice peut affecter le schéma de couple résistif et déplacer la tension entre les groupes musculaires. ※ MACHINES DE MUSCULATION À CHARGE GUIDÉE Comme pour les poids libres, la gravité est la source de résistance des machines de musculation à charge guidée. Cependant, au moyen de poulies, cames, câbles et engrenages, ces machines offrent un contrôle accru sur la direction et le modèle de résistance. Qu’il s’agisse de poids libres ou de machines guidées, les deux dispositifs présentent des avantages et des inconvénients. Voici quelques-uns des avantages de la machine guidée : Sécurité : Les risques de blessure résultant du fait d’être heurté, de trébucher ou d’être coincé sous un poids sont réduits. Il faut moins de compétences pour maintenir le contrôle d’une pile de poids sur une machine guidée qu’un poids libre. Flexibilité : Les machines peuvent être conçues pour fournir une résistance aux mouvements du corps auxquels il est difficile de résister avec des poids libres (tirage, adduction et abduction de la hanche, curl des jambes). Dans une certaine mesure, le modèle de résistance peut être intégré dans une machine. Facilité d’utilisation : Beaucoup de gens qui craignent de manquer de coordination ou de technique pour soulever des poids libres en toute sécurité se sentent en confiance lorsqu’ils utilisent des machines. De plus, il est plus rapide et plus facile de sélectionner un poids en insérant une goupille dans une pile qu’en chargeant des plaques sur une barre. Les avantages des poids libres sont les suivants : Entraînement du corps entier : Les exercices de musculation à poids libres sont souvent effectués en position debout avec le poids soutenu par tout le corps, imposant une plus grande sollicitation de la musculature et du squelette du corps qu’avec une machine de musculation. Ce type d’exercice favorise une plus grande minéralisation osseuse, aidant à prévenir l’ostéoporose qui peut survenir plus tard. De plus, le mouvement d’un poids libre est contraint par l’athlète plutôt que par une machine, obligeant les muscles à travailler aussi bien en stabilisation qu’en soutien. Les exercices « structurels », tels que le power clean et le snatch, sont particulièrement utiles pour stimuler l’entraînement d’une grande partie de la musculature du corps. Simulation d’activités réelles : Le levage et l’accélération d’objets représentent une part importante du sport et d’autres activités physiquement exigeantes. Les machines ont tendance à isoler des groupes musculaires, alors que le lever de poids libres implique la coordination plus « naturelle » de plusieurs groupes musculaires. Nautilus Sports / Medical Industries a popularisé le concept de l’adaptation du couple résistif à travers la gamme de mouvements articulaires en créant une machine d’exercices qui utilise une came de rayon variable ; cela change la longueur du bras de levier à travers lequel la pile de poids agit (figure 2.14). L’objectif est de fournir plus de résistance aux points de l’amplitude des mouvements où les muscles peuvent exercer un couple plus important, et moins de résistance là où les muscles peuvent appliquer moins de couple. Cependant, pour que le système fonctionne comme prévu, l’athlète doit se déplacer à une vitesse angulaire lente et constante, ce qui est difficile à faire de manière continue. En outre, les machines à cames ne correspondent pas souvent aux capacités de couple humain normales. INERTIE En plus de la force gravitationnelle, une barre (ou une pile de poids) exerce une force d’inertie sur l’athlète lorsqu’elle est accélérée. Bien que la force de gravité n’agisse que vers le bas, la force d’inertie peut agir dans n’importe quelle direction. La force ascendante exercée par un athlète est égale au poids levé plus toute force inertielle, qui est la masse multipliée par l’accélération ascendante de la barre. L’accélération de la barre horizontale se produit si l’athlète exerce une force nette sur la barre dirigée vers l’avant, l’arrière, la gauche ou la droite. Tous les exercices impliquent une accélération au début pour ramener la barre de zéro à une vitesse ascendante, ainsi qu’une décélération près du sommet de l’exercice pour ramener la vitesse de la barre à zéro afin qu’elle ne poursuive pas sa trajectoire et ne s’envole pas des mains de l’athlète. Avec ce modèle d’accélération, les muscles agonistes reçoivent une résistance supérieure au poids de la barre au début de l’amplitude des mouvements, mais une résistance inférieure au poids de la barre vers la fin. L’athlète décélère la barre soit en réduisant la force ascendante sur la barre pour laisser une partie ou la totalité du poids de la barre la ralentir, soit en poussant contre la barre en utilisant les muscles antagonistes. Dans les deux cas, la décélération a pour effet de fournir moins de résistance aux muscles agonistes vers la fin du mouvement. Comparé à un exercice lent avec une accélération minimale d’un poids donné, un exercice impliquant une accélération plus élevée (exercice « explosif ») offre une plus grande résistance aux muscles impliqués au début de l’amplitude des mouvements, et moins de résistance aux muscles impliqués vers la fin de l’amplitude des mouvements. Cependant, en raison de l’ajout d’inertie, des poids plus lourds peuvent être manipulés dans des exercices accélérés que dans des exercices lents, permettant d’atteindre une résistance presque maximale pour tous les muscles impliqués dans l’exercice. Lors d’un power clean avec un poids lourd, les muscles forts des jambes, des hanches et du dos accélèrent la barre verticalement, à une vitesse suffisamment élevée pour que, même si les muscles du haut du corps plus faibles ne peuvent pas exercer une force verticale égale au poids de la barre, la barre continue de se déplacer vers le haut jusqu’à ce que la force de gravité la décélère pour atteindre finalement, à la position de barre la plus élevée, une vitesse nulle. Bien que l’accélération modifie la nature d’un exercice et rende les schémas de résistance moins prévisibles, l’accélération pendant l’entraînement en résistance n’est pas nécessairement indésirable. L’accélération étant caractéristique des mouvements naturels dans le sport et la vie quotidienne, les exercices d’entraînement en résistance impliquant une accélération produisent probablement des effets d’entraînement neuromusculaire souhaitables. Les exercices d’haltérophilie tels que l’arraché et l’épaulé-jeté sont efficaces pour améliorer la capacité à produire des accélérations élevées contre une forte résistance. L’accélération et la décélération sont caractéristiques de pratiquement tous les mouvements naturels. Par exemple, le sprint nécessite que les bras et les jambes de l’athlète passent par des cycles répétés d’accélération et de décélération. Lancer une balle de baseball, un disque, un poids ou un javelot implique des séquences de mouvements corporels qui accélèrent les objets à des vitesses de libération élevées. L’accélération étant un type particulier de schéma de mouvement, l’entraînement avec des mouvements accélératifs peut constituer une spécificité de l’entraînement. C’est pourquoi des exercices explosifs, tels que le power clean et l’arraché haut, sont utilisés dans nombre de sports différents pour lesquels les muscles des jambes et des hanches fournissent une force pour faire accélérer le corps. La technique du bracketing, dans laquelle l’athlète exécute le mouvement sportif avec une résistance inférieure ou supérieure à la normale, est une autre forme d’entraînement à l’accélération. Selon la relation force-vitesse du muscle, un lanceur de poids qui s’entraîne avec un poids extra-lourd développe des forces plus importantes pendant le mouvement accéléré que lors de l’utilisation du poids normal, parce que l’inertie de l’outil plus lourd oblige le muscle à se contracter à une vitesse relativement faible. Lorsqu’un poids relativement léger est utilisé, l’inertie inférieure du poids permet au lanceur d’accélérer le poids plus rapidement et d’atteindre une vitesse de libération plus élevée, entraînant ainsi le système neuromusculaire à fonctionner dans les plages d’accélération et de vitesse souhaitées. Bien que le principe d’augmentation ou de diminution de la charge pendant un mouvement ait un fondement théorique, il convient également de considérer l’influence que ces changements de charge ont au cours d’activités hautement spécifiques ou techniques telles que le lancer ou sprint. Par exemple, la modification de la masse de l’outil pourrait avoir des conséquences négatives sur la technique, car le corps a besoin de temps pour ajuster la configuration du schéma moteur pour ce mouvement particulier avec la nouvelle charge. FRICTION La friction est la force résistive rencontrée lorsque l’on tente de déplacer un objet alors qu’il est pressé contre un autre objet. Les appareils de musculation qui utilisent la friction comme source principale de résistance comprennent des ergocycles avec des résistances au niveau de la ceinture ou des plaquettes de frein, et des dispositifs de curl du poignet. Pour ces appareils : FR= k · FN (Équation 2.6) FR est la force résistive ; k est le coefficient de frottement pour les deux substances particulières en contact ; et FN est la force normale, qui presse les objets les uns contre les autres. Les coefficients de frottement pour amorcer et maintenir le mouvement sont différents. Toutes choses étant égales par ailleurs, il faut plus de force pour initier un mouvement entre deux surfaces en contact que pour maintenir un mouvement précédemment initié. Ainsi, un appareil de musculation résistant à la friction nécessite une force relativement élevée pour initier le mouvement et une force relativement constante après le début du mouvement, quelle que soit la vitesse de déplacement. La résistance fournie par de tels dispositifs est parfois ajustée grâce à un mécanisme qui modifie la force normale maintenant les surfaces de friction en contact les unes avec les autres. Un traîneau lesté utilisé pour l’entraînement au football ou sur piste est un exemple d’appareil qui résiste à la fois à la friction et à l’inertie. La résistance due à l’inertie du traîneau est directement proportionnelle à la masse du traîneau et à son accélération. La résistance due au frottement entre les patins du traîneau et le sol est proportionnelle au coefficient de frottement entre les surfaces en contact et à la force nette appuyant le traîneau contre le sol, ce qui équivaut à la force gravitationnelle moins toute force ascendante exercée par l’individu poussant le traîneau. La masse peut être ajoutée au traîneau pour augmenter la force gravitationnelle. Le coefficient de frottement varie en fonction de la surface sur laquelle repose le traîneau (sable, sol nu, herbe sèche, herbe humide). Ainsi, pour l’entraînement en extérieur, de tels appareils n’offrent pas de résistance constamment reproductible. Ils sont néanmoins utiles pour fournir une résistance horizontale, qui ne peut pas être directement fournie par des poids. Il faut plus de force pour faire bouger le traîneau que pour le maintenir en mouvement, car le coefficient de friction statique est toujours supérieur au coefficient de friction de glissement. Une fois le traîneau en mouvement, le coefficient de friction de glissement reste relativement constant. Par conséquent, il faut comprendre que la résistance au frottement ne change pas lorsque la vitesse augmente. Cependant, conformément à l’équation 2.3, la puissance de sortie augmente avec la vitesse. En outre, comme exprimé par l’équation 2.1, lors de la transition d’une vitesse inférieure à une vitesse supérieure, il y a une résistance supplémentaire due à l’accélération. RÉSISTANCE AU FLUIDE La force résistive rencontrée par un objet se déplaçant à travers un fluide (liquide ou gaz), ou par un fluide se déplaçant devant ou autour d’un objet ou à travers une ouverture, est appelée « résistance au fluide ». La résistance au fluide est un facteur important dans des activités sportives telles que la natation, l’aviron, le golf, le sprint, le lancer du disque et le pitching au baseball (à l’exception de la natation et de l’aviron, dans lesquels le fluide est l’eau, les autres activités sportives impliquent une résistance à l’air). Ce type d’exercices intégrant la résistance au fluide est devenu de plus en plus fréquent avec l’avènement des machines d’exercice hydrauliques (liquide) et pneumatiques (gaz), et avec la popularité croissante des routines d’exercice en piscine, en particulier chez les personnes âgées et les femmes enceintes. Les deux sources de résistance au fluide sont la traînée de surface, qui résulte du frottement d’un fluide passant le long de la surface d’un objet, et la traînée, qui résulte de la manière dont un fluide appuie contre l’avant ou l’arrière d’un objet traversant. La zone transversale (frontale) a un effet majeur sur la traînée de forme. Les appareils d’exercice résistants au fluide utilisent le plus souvent des cylindres dans lesquels un piston force le fluide à travers une ouverture pendant l’exécution du mouvement d’exercice. La force résistive est plus importante lorsque le piston est poussé plus rapidement, lorsque l’ouverture est plus petite ou lorsque le fluide est plus visqueux. Toutes choses étant égales par ailleurs, la résistance est à peu près proportionnelle à la vitesse de déplacement du piston : FR = k · v (Équation 2.7) FR est la force résistive, k est une constante, qui reflète les caractéristiques physiques du cylindre et du piston, la viscosité du fluide et le nombre, la taille et la forme des ouvertures, et v est la vitesse du piston par rapport au cylindre. Parce que les cylindres contenant des fluides offrent une résistance qui augmente avec la vitesse, ils permettent une accélération rapide au début du mouvement et peu d’accélération après que des vitesses plus élevées soient atteintes. La vitesse de déplacement est ainsi maintenue dans une plage intermédiaire. Bien que de telles machines limitent les changements de vitesse dans une certaine mesure, elles ne sont pas isocinétiques (vitesse constante) comme on le prétend parfois. Certaines machines ont des boutons de réglage qui permettent de changer la taille d’ouverture. Une ouverture plus grande permet à l’utilisateur d’atteindre une vitesse de déplacement plus élevée avant que la force résistive au fluide ne réduise la capacité d’accélération. Les machines résistantes au fluide ne fournissent généralement pas de phase d’exercice excentrique, mais elles le pourraient si elles incorporaient une pompe interne. Avec un poids libre, un groupe musculaire agit de manière concentrique tout en augmentant le poids, et de manière excentrique tout en le diminuant. Avec les machines résistantes au fluide sans résistance excentrique, un groupe musculaire agit concentriquement pendant l’exécution du mouvement d’exercice primaire, et le groupe musculaire antagoniste agit concentriquement pendant le retour à la position de départ. En d’autres termes, alors que les poids libres ou les machines à poids impliquent des actions concentriques et excentriques alternées du même muscle, avec peu ou pas de repos entre les deux, les machines résistantes au fluide impliquent généralement des actions concentriques alternées de groupes musculaires antagonistes. Chaque groupe musculaire se repose pendant que son antagoniste travaille. Le manque d’action musculaire excentrique avec des machines résistantes au fluide signifie qu’un tel exercice ne permet probablement pas d’atteindre une spécificité optimale dans l’entraînement de nombreux mouvements sportifs qui impliquent des actions musculaires excentriques (course, saut, lancer). ÉLASTICITÉ Un certain nombre d’appareils de musculation, en particulier ceux conçus pour un usage domestique, ont des composants élastiques tels que des ressorts, des bandes, des arcs ou des tiges comme source de résistance. La résistance fournie par un composant élastique standard est proportionnelle à la distance à laquelle il est étiré : FR = k · x (Équation 2.8) FR est la force résistive, k est une constante qui reflète les caractéristiques physiques du composant élastique, et x est la distance à laquelle le composant élastique est étiré au-delà de sa longueur de repos. La caractéristique la plus évidente de la résistance élastique est que plus l’élastique est étiré, plus la résistance est grande. Le problème avec les appareils utilisant une résistance élastique est que chaque mouvement commence par une faible résistance et se termine par une résistance élevée. Ceci est contraire aux schémas de capacité de force de pratiquement tous les groupes musculaires humains, qui montrent une baisse importante de la capacité de force vers la fin de l’amplitude des mouvements. Un autre problème avec les machines utilisant l’élastique réside dans le fait que le réglage de la résistance est généralement limité par le nombre de composants élastiques disponibles pour fournir de la résistance au mouvement. Un appareil de résistance efficace devrait incorporer suffisamment de variation de force résistive pour que le nombre de répétitions que l’athlète puisse effectuer soit maintenu dans une plage souhaitable. Il existe des produits qui offrent une résistance au saut vertical avec des bandes élastiques pour développer la puissance de saut. Cependant, les bandes élastiques offrent peu de résistance au début du saut lorsque les gros muscles fessiers et quadriceps sont capables d’exercer une grande force. Les bandes offrent la plus grande résistance lorsque le sauteur est dans les airs – servant principalement à le ramener au sol plutôt qu’à résister aux muscles, et à augmenter la vitesse à laquelle le sauteur touche le sol à l’atterrissage, ce qui peut augmenter les risques de blessure. ARTICULATIONS BIOMÉCANIQUES : PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT L’ENTRAÎNEMENT EN RÉSISTANCE Comme pour toute activité physique, l’entraînement en résistance comporte un certain degré de risque. Cependant, les risques encourus sont généralement plus faibles que pour de nombreuses autres activités physiques. Les taux de blessure sont les plus élevés pour les sports d’équipe, moyens pour la course et l’aérobic, et les plus faibles pour le vélo, la marche et la musculation (cette dernière pratique recensant environ quatre blessures pour mille heures d’entraînement). Une étude sur des footballeurs américains de collège a démontré que seulement 0,35 blessure était liée à l’entraînement de musculation par saison pour cent joueurs. Les blessures causées par l’entraînement de musculation ne représentaient que 0,74 % des pertes de temps des joueurs liées à des blessures pendant la saison. Malgré ce risque relativement faible, il est souhaitable de minimiser la probabilité de blessure grâce à une gestion prudente des risques. Voici plusieurs facteurs à considérer pour éviter les blessures liées à l’entraînement contre résistance, une attention particulière étant accordée au dos, aux épaules et aux genoux. Le risque de blessure lié à l’entraînement de musculation est faible par rapport à celui des autres activités sportives et de préparation physique. DOS Contrairement aux quadrupèdes, dont les colonnes vertébrales pendent comme les câbles sur un pont suspendu, les humains se tiennent normalement debout, les os vertébraux empilés les uns sur les autres, séparés par des disques caoutchouteux. L’avantage que nous tirons de notre position verticale et de la libre utilisation des bras et des mains s’accompagne de l’inconvénient d’avoir nos disques intervertébraux soumis à une force de compression, même lorsque nous sommes simplement assis ou debout (marche ou course), et sous une force encore plus compressive lorsque nous soulevons et transportons une charge. Lorsque nous sommes en position debout, toute force que nous exerçons avec le haut du corps doit être transmise par le dos aux jambes et au sol. De plus, les muscles du dos agissent avec un grand désavantage mécanique et doivent générer des forces beaucoup plus importantes que le poids d’un objet soulevé. Pour ces raisons, le dos est particulièrement vulnérable aux blessures. Il convient cependant de noter que les charges internes de la colonne vertébrale sont assez variables, avec des postures diverses pendant la levée : les positions accroupies profondes avec charge ne sont pas nécessairement associées à des blessures au dos. ※ BLESSURE DU DOS Les blessures du dos peuvent être extrêmement invalidantes, persistantes et difficiles à soigner. Ainsi, tous les efforts doivent être déployés pour éviter les blessures au dos pendant l’entraînement en musculation. Le bas du dos est particulièrement vulnérable. Il a été observé que 85 % à 90 % de toutes les hernies discales intervertébrales se produisent au niveau du disque entre les deux vertèbres lombaires les plus basses (L4 et L5), ou entre la lombaire inférieure et la vertèbre sacrée supérieure (L5 et S1). Cela n’est pas surprenant, étant donné les forces de compression extrêmement élevées sur les disques pendant la phase de soulevé. Lorsqu’un poids est soulevé dans les mains ou sur les épaules et que le tronc est incliné vers l’avant, il y a un grand couple autour des disques intervertébraux inférieurs en raison de la grande distance horizontale entre le bas du dos et le poids. Les muscles du dos fonctionnent avec un avantage mécanique extrêmement faible, car la distance perpendiculaire entre la ligne d’action des muscles érecteurs vertébraux et les disques intervertébraux est beaucoup plus courte (environ cinq centimètres) que la distance horizontale entre le poids et les disques. En conséquence, les muscles doivent exercer des forces qui dépassent fréquemment dix fois le poids levé. Ces forces agissent pour comprimer les disques intervertébraux entre les corps vertébraux adjacents et peuvent entraîner des blessures. La posture de levage du dos neutre s’est avérée être globalement meilleure qu’un dos arrondi (opposé à l’arc), minimisant les forces de compression L5 / S1 et la tension ligamentaire. Par conséquent, il vaut mieux avoir une position lombaire normale qu’un dos arrondi pour éviter les blessures aux vertèbres, aux disques, aux articulations facettaires, aux ligaments et aux muscles du dos. De plus, les muscles du bas du dos sont capables d’exercer des forces considérablement plus élevées lorsque le dos est arqué plutôt qu’arrondi. La colonne vertébrale est naturellement en forme de S, légèrement arrondie (cyphose) dans la colonne vertébrale thoracique et lordotique dans la colonne lombaire. La forme en coin des vertèbres donne à la colonne vertébrale sa courbe naturelle. Cependant, les disques intervertébraux sont plats lorsque le dos est en forme de S. Lorsque le bas du dos est arrondi, les bords ventraux (vers l’avant) des corps vertébraux pressent les parties avant des disques intervertébraux. En revanche, une cambrure extrême du dos entraîne une compression des parties dorsales (vers la partie postérieure) des disques. Une telle compression inégale des disques intervertébraux augmente probablement le risque de rupture du disque. Ainsi, les exercices d’entraînement en résistance doivent généralement être effectués avec le bas du dos, dans une position modérément arquée, pour réduire le risque d’endommagement des disques. ※ PRESSION INTRA-ABDOMINALE ET CEINTURES LOMBAIRES Lorsque le diaphragme et les muscles profonds du torse se contractent, une pression est générée dans la cavité abdominale. Parce que l’abdomen est composé principalement de liquide et contient normalement très peu de gaz, il est pratiquement incompressible. Les fluides abdominaux et les tissus maintenus sous pression par la tension des muscles environnants (muscles abdominaux profonds et diaphragme) ont été décrits comme une « boule de fluide » (figure 2.15), qui aide à soutenir la colonne vertébrale pendant l’entraînement de musculation. Un tel support peut réduire de manière significative les forces requises par les muscles érecteurs de la colonne vertébrale pour effectuer un exercice, et les forces de compression associées sur les disques. Il est important de noter que la manœuvre de Valsalva n’est pas nécessaire pour générer une pression intra-abdominale. Dans la manœuvre de Valsalva, la glotte est fermée, empêchant ainsi l’air de s’échapper des poumons, et les muscles de l’abdomen et de la cage thoracique se contractent, créant des compartiments rigides de liquide dans le bas du torse, et d’air dans le haut du torse. Un avantage de la manœuvre de Valsalva est qu’elle augmente la rigidité de l’ensemble du torse, permettant de porter des charges lourdes. Par exemple, lors de la levée de charges lourdes dans l’exercice de squat barre arrière, de nombreux athlètes utilisent la manœuvre de Valsalva, en particulier lorsque le tronc est le plus incliné vers l’avant, lors de la transition de la phase de mouvement excentrique à la phase de mouvement concentrique. Cependant, la pression dans la poitrine associée à la manœuvre de Valsalva peut avoir pour effet secondaire indésirable d’exercer une force de compression sur le cœur, ce qui rend plus difficile le retour du sang vers le cœur. De plus, la manœuvre de Valsalva peut élever temporairement la pression artérielle, à des niveaux assez élevés. Le diaphragme et les muscles abdominaux peuvent se contracter sans que la glotte ne soit fermée, créant cependant une boule de fluide dans l’abdomen sans pressuriser le compartiment thoracique. Parmi les deux options, cette dernière doit être considérée comme le moyen le plus sûr d’ajouter du soutien à la colonne vertébrale inférieure sans augmenter la pression dans la poitrine, et c’est la technique qui devrait être utilisée pour la plupart des entraînements de musculation. On peut augmenter la pression intra-abdominale sans augmenter la pression thoracique, en gardant consciemment les voies respiratoires ouvertes. Lors d’une répétition intense, les muscles abdominaux et le diaphragme se contractent par réflexe, même avec les voies respiratoires ouvertes. Les athlètes, en particulier ceux qui participent à des épreuves d’haltérophilie, peuvent choisir d’utiliser la manœuvre de Valsalva s’ils reconnaissent et acceptent les risques encourus et ont l’expérience nécessaire pour éviter d’augmenter la pression jusqu’au malaise. Il a été démontré que les ceintures lombaires augmentent la pression intra-abdominale pendant l’entraînement en résistance et sont donc probablement efficaces pour améliorer la sécurité lorsqu’elles sont utilisées correctement. Il a toutefois été observé que si un athlète effectue tous les exercices avec une ceinture, les muscles abdominaux qui produisent une pression intra-abdominale peuvent ne pas recevoir suffisamment de stimulus d’entraînement pour se développer de manière optimale. Il est particulièrement risqué, pour une personne qui est habituée à porter une ceinture, d’effectuer soudainement un exercice sans celle-ci, car la musculature abdominale pourrait ne pas être capable de générer suffisamment de pression intraabdominale pour réduire considérablement les forces musculaires des érecteurs. Les forces de compression excessives qui en résultent sur les disques pourraient augmenter les risques de blessure au recommandations habituelles sont les suivantes : dos. Les une ceinture de musculation n’est pas nécessaire lorsque les exercices effectués n’affectent pas directement le bas du dos ; pour les exercices qui sollicitent directement le dos, une personne doit s’abstenir de porter une ceinture pendant les séries plus légères mais peut en porter une pour les séries sous-maximales et maximales. Les séries réalisées sans ceinture permettent aux muscles abdominaux profonds, qui génèrent une pression intra-abdominale, de recevoir un stimulus d’entraînement sans exercer de forces de compression excessives sur les disques intervertébraux ; un athlète peut choisir de ne jamais porter de ceinture lombaire s’il cherche à renforcer la force des muscles du dos et des muscles qui génèrent une pression intra-abdominale de manière progressive et systématique, et s’il maîtrise la technique des exercices de musculation. De nombreux haltérophiles de classe mondiale ne portent jamais de ceinture. ÉPAULES L’épaule est particulièrement sujette à la blessure lors de l’entraînement en musculation, en raison de sa structure et des forces auxquelles elle est soumise au cours d’une séance d’entraînement. Comme la hanche, l’épaule est capable de tourner dans toutes les directions. La hanche est une articulation sphérique stable, mais la cavité glénoïde de l’épaule, qui retient la tête de l’humérus, n’est pas une véritable alvéole et est nettement moins stable. L’articulation de l’épaule a la plus grande amplitude de mouvement de toutes les articulations du corps humain, mais la mobilité excessive de l’articulation contribue à sa vulnérabilité, tout comme la proximité des os, des muscles, des tendons, des ligaments et des bourses de l’épaule. La stabilité de l’épaule dépend en grande partie du labrum glénoïde, de la synoviale articulaire et des capsules, ligaments, muscles, tendons et bourses. Les muscles de la coiffe des rotateurs (sus-épineux, sous-épineux, sous-scapulaire et petit rond) et les pectoraux sont particulièrement importants pour maintenir la boule de l’humérus en place. Avec la grande amplitude de mouvement de l’épaule, ses différentes structures peuvent facilement entrer en conflit, provoquant une tendinite ainsi qu’une inflammation et une dégénérescence des tissus contigus. Les forces élevées générées pendant l’entraînement de musculation peuvent entraîner une déchirure des ligaments, des muscles et des tendons. Les athlètes doivent être particulièrement vigilants lors des différentes formes d’exercices de développé couché et de presse à épaule en raison des fortes contraintes exercées sur l’épaule. Pour ces exercices, il est particulièrement important de s’échauffer avec des poids relativement légers et de suivre un programme qui exerce l’épaule de manière équilibrée, en utilisant tous ses principaux mouvements. GENOUX Le genou est sujet aux blessures en raison de son emplacement entre deux longs leviers (le haut et le bas de la jambe). La flexion et l’extension autour du genou se produisent presque exclusivement dans le plan sagittal. La rotation dans le plan frontal et le plan transversal est empêchée principalement par des structures stabilisatrices ligamentaires et cartilagineuses. Le couple du plan frontal sur le genou se produit, par exemple, lorsqu’un joueur de football est frappé de côté à mi-hauteur de la jambe, alors que le pied est planté fermement sur le sol. Heureusement, à l’entraînement, les couples résistifs se produisent presque exclusivement dans le plan de rotation normal du genou. Parmi les diverses composantes du genou, la rotule et les tissus environnants sont les plus sensibles aux types de forces rencontrés lors de l’entraînement de musculation. La fonction principale de la rotule est d’éloigner le tendon des quadriceps de l’axe de rotation du genou, augmentant ainsi le bras de levier du groupe musculaire des quadriceps et son avantage mécanique (figure 2.5). Si une charge, un volume ou une récupération inappropriés sont introduits, des forces élevées répétitives rencontrées par le tendon rotulien pendant l’entraînement en résistance (comme pour toute activité de force élevée, telle que la course) peuvent entraîner une tendinite, caractérisée par une sensibilité et un gonflement. Il n’y a aucun risque inhérent de tendinite avec l’exécution de ces exercices, puisque la tendinite découle simplement d’un volume trop important de travail et d’intensité sans progression appropriée. Il n’est pas rare que des individus utilisent des genouillères pendant l’entraînement ou la compétition afin de maximiser les performances tout en prévenant les blessures. Le type de genouillère varie. Lorsqu’elles sont minces, élastiques et à enfiler, elles peuvent être achetées dans les pharmacies. Lorsqu’elles sont plus lourdes et spécifiques, elles sont uniquement vendues par des magasins spécialisés d’haltérophilie. L’utilisation de genouillères, en particulier les plus lourdes, est plus répandue chez les haltérophiles. Très peu de recherches ont été menées sur l’efficacité des genouillères. Des effets secondaires néfastes ont toutefois été signalés, comme des lésions cutanées, des chondromalacies rotuliennes, l’usure ou la rugosité de la surface postérieure de la rotule. Grâce à l’effet de ressort qu’elles occasionnent, des genouillères ont permis de gagner en moyenne 11,3kg (110N) de force en squat. L’idée selon laquelle les genouillères fonctionnent uniquement en stabilisant le genou, en diminuant la peur de l’athlète de se blesser ou en fournissant un signal kinesthésique est incorrecte. Les genouillères fournissent en fait une aide directe à l’extension du genou. Les preuves manquant sur l’efficacité des genouillères dans la prévention des blessures, les athlètes devraient minimiser leur utilisation en les limitant aux répétitions avec les charges les plus lourdes. COUDES ET POIGNETS Les principales blessures du coude et du poignet concernent les soulevés au-dessus de la tête. Cependant, le risque relatif aux soulevés au-dessus de la tête est assez faible comparé aux blessures les plus fréquentes, survenant au niveau des articulations dans des mouvements à composante aérienne tels que les lancers ou le service de tennis. D’autres exemples de blessures possibles sont la luxation du coude, parfois observée en gymnastique, et les blessures liées au surentraînement telles que l’apophyse de traction, parfois observée en plongée, en lutte et au hockey. L’une des principales préoccupations est l’endommagement ou la surutilisation de la plaque de croissance épiphysaire, soit dans la partie postérieure du coude, soit dans le radius distal chez les jeunes athlètes. La prévalence des blessures au coude ou au poignet en haltérophilie est très sporadique, et souvent mentionnée dans la littérature uniquement dans des études de cas. Une étude mentionne une rupture du tendon du triceps chez un haltérophile d’âge moyen, une autre évoque une rupture bilatérale du tendon du biceps distal chez un entraîneur de poids, pratiquant en loisir. Une étude portant sur 245 haltérophiles compétitifs a révélé une incidence extrêmement faible de blessure au coude ou au poignet. Il existe très peu de données suggérant une possible fracture de l’épiphyse radiale distale chez les haltérophiles adolescents. Selon une étude récente, réunissant 500 experts dans le domaine de la médecine sportive, la plupart des personnes interrogées ont indiqué qu’il n’était pas nécessaire d’éviter l’entraînement en musculation avant la fin de la croissance osseuse. CONCLUSION Nous espérons que les lecteurs appliqueront les principes biomécaniques exposés dans ce chapitre pour choisir les équipements de musculation et concevoir des programmes d’exercices. La connaissance de la façon dont différents types d’exercices fournissent des schémas spécifiques de résistance au corps peut aider à développer des programmes sûrs et efficaces pour répondre aux besoins spécifiques des athlètes pratiquant divers sports et la musculation, pour améliorer les performances physiques, la santé, le sentiment de bien-être et de confiance en soi. MOTS-CLÉS Acceleration Action concentrique du muscle Action excentrique du muscle Action isometrique du muscle Agoniste Angle de pennation Antagoniste Articulation cartilagineuse Attachement des fibres Attachement musculaire Avantage mecanique Biomecanique Bras de levier Codage du taux Colonne vertebrale Couple Cyphose Deplacement angulaire Distal Dorsal Force Force d’inertie Force musculaire Force resistive Formule classique Friction Insertion Levier Levier de premiere classe Levier de seconde classe Levier de troisieme classe Lordose Manoeuvre de Valsalva Muscle penne Origine Plan frontal Plan sagittal Plan transversal Poids Point d’appui Position anatomique Proximal Puissance Puissance de rotation Recrutement Resistance des fluides Synergie Technique de bracketing Tendons Trainee de surface Travail Travail de rotation Velocite angulaire Ventral RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Lequel des énoncés suivants définit la puissance ? a. (masse) · (accélération) b. (force) · (distance) c. (force) · (vitesse) d. (couple) · (temps) 2. Pour comparer les performances des haltérophiles de différents poids corporels, la formule classique divise la charge levée par l’athlète par : a. Le poids de corps b. Le poids de corps au carré c. Le poids de corps maigre d. Le poids de corps aux deux tiers de la puissance 3. Pendant un exercice de musculation avec poids libres, la force musculaire varie avec lequel des éléments suivants ? I. La distance perpendiculaire du poids à l’articulation du corps II. L’angle de l’articulation III. L’accélération du mouvement IV. La vitesse de déplacement au carré a. I et II b. I et IV c. II et III d. II, III et IV 4. Un saut vertical implique un mouvement du genou, de la hanche et de l’épaule principalement dans lequel des plans anatomiques suivants ? a. Sagittal b. Perpendiculaire c. Frontal d. Transversal 5. Un athlète effectue un exercice de flexion et d’extension isocinétique, concentrique du coude. Parmi les types de leviers suivants, le(s) quel(s) se produi(sen)t au niveau du coude au cours de cet exercice ? I. Première classe II. Seconde classe III. Troisième classe a. I seulement b. II seulement c. I et III d. II et III RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 03 BIOÉNERGÉTIQUE DE L’EXERCICE ET DE L’ENTRAÎNEMENT DOCTEURS TRENT J. HERDA ET JOEL T. CRAMER LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : d’expliquer quels sont les systèmes énergétiques de base disponibles pour fournir de l’ATP pendant l’exercice ; de comprendre l’accumulation de lactate, l’acidose métabolique et les manifestations cellulaires de la fatigue ; d’identifier les schémas d’épuisement et de réplétion du substrat pendant diverses intensités d’exercice ; de décrire les facteurs bioénergétiques qui limitent la performance physique ; de développer des programmes d’entraînement qui démontrent la spécificité métabolique de l’entraînement ; d’expliquer les exigences métaboliques et la récupération après un entraînement par intervalles, un entraînement par intervalles à haute intensité et un entraînement combiné pour optimiser les rapports travail/ repos. La spécificité métabolique de l’exercice et de l’entraînement est fondée sur une compréhension du transfert d’énergie dans les systèmes biologiques. Des programmes d’entraînement efficaces et productifs peuvent être conçus en comprenant comment l’énergie est mise à disposition dans la réalisation de types d’exercice particuliers, et comment le transfert d’énergie peut être modifié par des régimes d’entraînement spécifiques. Après avoir défini la terminologie bioénergétique de base et expliqué le rôle de l’adénosine triphosphate (ATP), ce chapitre traitera des trois systèmes énergétiques de base qui fonctionnent pour reconstituer l’ATP dans le muscle squelettique humain. Ensuite, nous examinerons l’épuisement et la réplétion du substrat, en particulier au regard de la fatigue et de la récupération, les facteurs bioénergétiques qui limitent les performances et les contributions aérobies et anaérobies à l’absorption d’oxygène. Enfin, nous nous intéresserons à la spécificité métabolique de l’entraînement. DÉFINITIONS PRINCIPALES La bioénergétique, ou le flux d’énergie dans un système biologique, concerne principalement la conversion de macronutriments – glucides, protéines et graisses, qui contiennent de l’énergie chimique – en formes d’énergie biologiquement utilisables. C’est la rupture des liaisons chimiques de ces macronutriments qui fournit l’énergie nécessaire pour effectuer le travail biologique. La décomposition de grosses molécules en plus petites molécules, associée à la libération d’énergie, est appelée « catabolisme ». La synthèse de molécules plus grosses à partir de molécules plus petites peut être réalisée en utilisant l’énergie libérée par les réactions cataboliques : ce processus de construction est appelé « anabolisme ». La décomposition des protéines en acides aminés est un exemple de catabolisme, tandis que la formation de protéines à partir d’acides aminés est un processus anabolique. Les réactions exergoniques sont des réactions de libération d’énergie et sont généralement cataboliques. Les réactions endergoniques nécessitent de l’énergie et comprennent des processus anaboliques ainsi que la contraction des muscles. Le métabolisme regroupe toutes les réactions cataboliques (ou exergoniques) et anaboliques (ou endergoniques) dans un système biologique. L’énergie dérivée des réactions cataboliques est utilisée pour conduire des réactions anaboliques à travers une molécule intermédiaire, l’adénosine triphosphate (ATP). L’adénosine triphosphate permet le transfert d’énergie des réactions cataboliques aux réactions anaboliques. Sans un apport suffisant d’ATP, l’activité et la croissance musculaires ne seraient pas possibles. Ainsi, il est évident que lors de la conception de programmes d’entraînement, les professionnels de la force et du conditionnement doivent avoir une compréhension de base de la façon dont l’exercice affecte l’hydrolyse et la resynthèse de l’ATP. L’adénosine triphosphate est composée d’adénosine et de trois groupes phosphate (figure 3.1). L’adénosine est la combinaison d’adénine (une base contenant de l’azote) et de ribose (un sucre à cinq carbones). La décomposition d’une molécule d’ATP pour produire de l’énergie est connue sous le nom d’hydrolyse, car elle nécessite une molécule d’eau. L’hydrolyse de l’ATP est catalysée par la présence d’une enzyme appelée « adénosine triphosphatase » (ATPase). Plus précisément, la myosine ATPase est l’enzyme qui catalyse l’hydrolyse de l’ATP pour le recyclage des ponts. D’autres enzymes spécifiques hydrolysent l’ATP à d’autres endroits, comme l’ATPase calcique, pour pomper le calcium dans le réticulum sarcoplasmique, et l’ATPase sodium-potassium, pour maintenir le gradient de concentration sarcolemmal après la dépolarisation. L’équation suivante représente les réactifs (à gauche), l’enzyme (au milieu) et les produits (à droite) de l’hydrolyse de l’ATP : ADP représente l’adénosine diphosphate (seulement deux groupes phosphate, figure 3.1), Pi est une molécule de phosphate inorganique et H+ est un ion hydrogène (proton). Une hydrolyse supplémentaire de l’ADP clive le deuxième groupe phosphate et donne de l’adénosine monophosphate (AMP). L’énergie libérée principalement par l’hydrolyse de l’ATP, et secondairement par l’ADP, entraîne un travail biologique. L’adénosine triphosphate est classée comme une molécule de haute énergie, car elle stocke de grandes quantités d’énergie dans les liaisons chimiques des deux groupes phosphate terminaux. Les processus de production d’ATP doivent se produire dans la cellule car les cellules musculaires ne stockent l’ATP qu’en quantité limitée et l’activité physique nécessite un approvisionnement constant en ATP pour fournir l’énergie nécessaire aux actions musculaires. SYSTÈMES D’ÉNERGIE BIOLOGIQUE Il existe trois systèmes énergétiques de base dans les cellules musculaires des mammifères pour reconstituer l’ATP : le système phosphagène la glycolyse le système oxydatif Lorsqu’il est question de la bioénergétique liée à l’exercice, les termes « métabolisme anaérobie » et « métabolisme aérobie » sont souvent utilisés. Les processus anaérobies ne nécessitent pas la présence d’oxygène, tandis que les mécanismes aérobies dépendent de l’oxygène. Les systèmes phosphagène et glycolytique sont des mécanismes anaérobies qui se produisent dans le sarcoplasme d’une cellule musculaire. Le cycle de Krebs, le transport d’électrons et le reste du système oxydatif sont des mécanismes aérobies qui se produisent dans les mitochondries des cellules musculaires, et nécessitent de l’oxygène comme accepteur d’électrons terminal. Des trois principaux macro-nutriments – glucides, protéines et graisses – seul le glucide peut être métabolisé en énergie sans l’intervention directe de l’oxygène. Par conséquent, les glucides sont essentiels pendant le métabolisme anaérobie. Les trois systèmes énergétiques sont actifs à tout moment. Cependant, l’ampleur de la contribution de chaque système à la performance globale du travail dépend d’abord de l’intensité de l’activité et ensuite de la durée. L’énergie stockée dans les liaisons chimiques de l’adénosine triphosphate (ATP) est utilisée pour stimuler l’activité musculaire. La régénération de l’ATP dans le muscle squelettique humain est accomplie par trois systèmes énergétiques de base : phosphagène (a), glycolytique (b) et oxydatif (c). SYSTÈME PHOSPHAGÈNE Le système phosphagène fournit de l’ATP principalement pour des activités à court terme et de haute intensité (par exemple, entraînement de musculation et sprint) et est très actif au début de tout exercice, quelle que soit l’intensité. Ce système énergétique repose sur l’hydrolyse de l’ATP (équation 3.1) et la dégradation d’une autre molécule de phosphate de haute énergie appelée « phosphate de créatine » (CP) ou « phosphocréatine » (PCr). La créatine kinase est l’enzyme qui catalyse la synthèse de l’ATP à partir du CP et de l’ADP dans la réaction suivante : Le phosphate de créatine fournit un groupe phosphate qui se combine avec l’ADP pour reconstituer l’ATP. La réaction de créatine kinase fournit de l’énergie à un taux élevé/ Cependant, comme le CP est stocké en quantité relativement faible, le système phosphagène ne peut pas être le principal fournisseur d’énergie pour des activités continues de longue durée. ※ RÉSERVES D’ATP Le corps stocke environ 80 à 100 g d’ATP à un moment donné, ce qui ne représente pas une réserve d’énergie suffisante pour l’exercice. De plus, les réserves d’ATP ne peuvent pas être complètement épuisées en raison de la nécessité d’une fonction cellulaire de base. En fait, les concentrations d’ATP peuvent diminuer jusqu’à 50 % à 60 % des niveaux de préexercice lors d’expérimentations induisant une fatigue musculaire. Par conséquent, le système phosphagène utilise la réaction de créatine kinase (équation 3.2) pour maintenir la concentration d’ATP. Dans des circonstances normales, les concentrations de PC dans les muscles squelettiques sont quatre à six fois plus élevées que les concentrations d’ATP. Le système phosphagène, au moyen de la CP et de la réaction de créatine kinase, sert ainsi de réserve d’énergie pour reconstituer rapidement l’ATP. De plus, les fibres musculaires de type II (à contraction rapide) contiennent des concentrations de CP plus élevées que les fibres de type I (à contraction lente). Les individus avec des pourcentages plus élevés de fibres de type II peuvent donc reconstituer l’ATP plus rapidement à travers le système phosphagène pendant un exercice explosif anaérobie. Une autre réaction importante à enzyme unique qui peut rapidement reconstituer l’ATP est la réaction d’adénylate kinase (également appelée « myokinase ») : Cette réaction est particulièrement importante car l’AMP, produit de la réaction de l’adénylate kinase (ou myokinase), est un puissant stimulant de la glycolyse. ※ CONTRÔLE DU SYSTÈME PHOSPHAGÈNE Les réactions du système phosphagène (souvent représentées par les équations 3.1, 3.2 et 3.3) sont largement contrôlées par la loi de l’action de masse ou l’effet de l’action de masse. La loi de l’action de masse stipule que les concentrations de réactifs ou de produits (ou les deux) en solution dirigeront la direction des réactions. Avec les réactions à médiation enzymatique, telles que les réactions du système phosphagène, la vitesse de formation du produit est fortement influencée par les concentrations des réactifs. Ceci est indiqué dans les équations 3.1, 3.2 et 3.3 par la flèche bidirectionnelle entre les réactifs et les produits. Par exemple, comme l’ATP est hydrolysée pour produire l’énergie nécessaire à l’exercice (équation 3.1), il y a une augmentation transitoire des concentrations d’ADP (ainsi que de Pi) dans le sarcolemme. Cela augmentera le taux de réaction de la créatine kinase et de l’adénylate kinase (équations 3.2 et 3.3) pour reconstituer l’approvisionnement en ATP. Le processus se poursuivra jusqu’à ce que l’exercice cesse, ou que l’intensité soit suffisamment faible pour ne pas épuiser les réserves de CP et permettre à la glycolyse ou au système oxydatif de devenir le principal fournisseur d’ATP et de phosphoryler à nouveau la créatine libre (équation 3.2). À ce stade, la concentration sarcoplasmique d’ATP restera stable ou augmentera, ce qui ralentira ou inversera les directions des réactions de la créatine kinase et de l’adénylate kinase. En conséquence, les équations 3.1, 3.2 et 3.3 sont souvent appelées « réactions de quasi-équilibre », et se déroulent dans une direction dictée par les concentrations des réactifs en raison de la loi de l’action de masse. GLYCOLYSE La glycolyse est la décomposition des glucides – soit du glycogène stocké dans le muscle, soit du glucose délivré dans le sang – pour resynthétiser l’ATP. Le processus de glycolyse implique de multiples réactions catalysées enzymatiquement (figure 3.2). Par conséquent, le taux de resynthèse de l’ATP pendant la glycolyse n’est pas aussi rapide qu’avec le système phosphagène à une seule étape. Cependant, la capacité de produire de l’ATP est beaucoup plus élevée, en raison d’un apport plus important de glycogène et de glucose par rapport à la CP. Comme avec le système phosphagène, la glycolyse se produit dans le sarcoplasme. Comme le montre la figure 3.2, le pyruvate, résultat final de la glycolyse, peut se dérouler de deux façons : 1. Le pyruvate peut être converti en lactate dans le sarcoplasme. 2. Le pyruvate peut être transporté dans les mitochondries. Lorsque le pyruvate est converti en lactate, la resynthèse de l’ATP se produit à un rythme plus rapide, via la régénération rapide de NAD+, mais sa durée est limitée en raison de la production subséquente de H+ et de la diminution du pH cytosolique qui en résulte. Ce processus est parfois appelé « glycolyse anaérobie », ou « glycolyse rapide ». Cependant, lorsque le pyruvate est transporté dans les mitochondries pour subir le cycle de Krebs, le taux de resynthèse de l’ATP est plus lent en raison des nombreuses réactions, et peut prendre plus de temps si l’intensité de l’exercice est suffisamment faible. Ce processus est souvent appelé « glycolyse aérobie », ou « glycolyse lente ». À des intensités d’exercice plus élevées, le pyruvate et le NADH augmenteront au-delà de ce qui peut être traité par le pyruvate déshydrogénase et seront ensuite convertis en lactate et NAD+. Malheureusement, comme la glycolyse elle-même ne dépend pas de l’oxygène, les termes de « glycolyse anaérobie » et « glycolyse aérobie » ne sont probablement pas pratiques pour décrire les processus. Néanmoins, le sort du pyruvate est finalement contrôlé par les besoins énergétiques de la cellule. Si la demande d’énergie est élevée et doit être transférée rapidement, comme dans le cas de l’entraînement en résistance, le pyruvate est principalement converti en lactate pour soutenir davantage la glycolyse anaérobie. Si la demande d’énergie n’est pas aussi élevée et que l’oxygène est présent en quantité suffisante dans la cellule, le pyruvate peut être davantage oxydé dans les mitochondries. ※ GLYCOLYSE ET FORMATION DE LACTATE La formation de lactate à partir de pyruvate est catalysée par l’enzyme lactate déshydrogénase. Parfois, à tort, il est considéré que le résultat final de cette réaction est la formation d’« acide lactique ». Cependant, en raison du pH physiologique (près de 7) et des étapes antérieures de la glycolyse qui consomment des protons, le lactate – plutôt que l’« acide lactique » – est le produit de la réaction de lactate déshydrogénase. Bien que la fatigue musculaire ressentie pendant l’exercice soit souvent en corrélation avec des concentrations tissulaires élevées de lactate, le lactate n’est pas la cause de la fatigue. L’accumulation de protons H+ pendant la fatigue réduit le pH intracellulaire, inhibe les réactions glycolytiques et interfère directement avec le couplage excitation/contraction des muscles, peut-être en inhibant la liaison du calcium à la troponine ou en interférant avec le recyclage des ponts. De plus, la diminution du pH inhibe le taux de renouvellement enzymatique des systèmes énergétiques de la cellule. Dans l’ensemble, ce processus de diminution du pH induit par l’exercice est appelé « acidose métabolique » et peut être responsable d’une grande partie de la fatigue périphérique qui se produit pendant l’exercice. Plus récemment, le rôle de l’acidose métabolique dans la fatigue périphérique a été remis en question : d’autres facteurs joueraient un rôle prépondérant dans la fatigue périphérique, comme une augmentation de la concentration interstitielle en K+ et P qui altérerait la libération de Ca2+. Cependant, des recherches suggèrent que d’autres mécanismes, tels que la simple hydrolyse de l’ATP (équation 3.1), sont responsables de la majeure partie de l’accumulation de H+, et que le lactate lui-même agit en fait pour diminuer l’acidose métabolique plutôt que pour l’accélérer. Vous pouvez vous reporter à l’encadré intitulé « L’« acide lactique » ne provoque pas d’acidose métabolique ! ». En fait, le lactate est souvent utilisé comme substrat énergétique, en particulier dans les fibres de type I et les fibres musculaires cardiaques. Il est également utilisé dans la gluconéogenèse – la formation de glucose à partir de sources non glucidiques – pendant un exercice et une récupération prolongés. Normalement, il y a une faible concentration de lactate dans le sang et les muscles. La plage normale de concentration de lactate dans le sang est de 0,5 à 2,2 mmol/L au repos et de 0,5 à 2,2 mmol pour chaque kilogramme de muscle humide (muscle non desséché). La production de lactate augmente avec l’intensité de l’exercice et semble dépendre du type de fibre musculaire. Les chercheurs ont rapporté que le taux maximal de production de lactate pour les fibres musculaires de type II est de 0,5 mmol · g-1 · s-1 et de 0,25 mmol · g-1 · s-1 pour les fibres de type I. Un taux plus élevé de production de lactate par les fibres musculaires de type II peut refléter une concentration ou une activité plus élevée des enzymes glycolytiques que dans les fibres musculaires de type I. Bien que la concentration la plus élevée possible d’accumulation de lactate ne soit pas connue, une fatigue intense peut se produire à des concentrations sanguines comprises entre 20 et 25 mmol/L. Une étude a cependant montré des concentrations sanguines de lactate supérieures à 30 mmol/L après plusieurs épisodes d’exercice dynamique. Parallèlement à l’intensité de l’exercice et le type de fibre musculaire, la durée de l’exercice, l’état d’entraînement et les niveaux initiaux de glycogène peuvent également influencer l’accumulation de lactate. Les concentrations de lactate dans le sang reflètent l’équilibre net de la production et de la clairance du lactate résultant du tamponnage au bicarbonate (HCO -). HCO - minimise l’influence perturbatrice des H+ sur le pH en acceptant le proton (H2CO3). La clairance et la mise en tampon du lactate du sang reflètent un retour à la plage homéostatique. Le lactate peut être éliminé par oxydation dans la fibre musculaire dans laquelle il a été produit, ou il peut être transporté dans le sang vers d’autres fibres musculaires pour être oxydé. Le lactate peut également être transporté dans le sang vers le foie, où il est converti en glucose. Ce processus est appelé cycle de Cori et est illustré à la figure 3.3. Gollnick, ses collègues et d’autres auteurs ont rapporté que les concentrations sanguines de lactate reviennent normalement à leurs valeurs initiales dans l’heure qui suit l’activité, selon la durée et l’intensité de l’exercice, le statut d’entraînement et le type de récupération (passive ou active). Il a été démontré qu’une légère activité pendant la période post-exercice augmente les taux de clairance du lactate. Par exemple, chez les nageurs de compétition, une récupération active après une baignade à effort maximal de deux cents yards (182,9 m) a entraîné une meilleure clairance du lactate par rapport à une récupération passive. De plus, les athlètes entraînés en aérobie et en anaérobie ont des taux d’élimination du lactate plus rapides que les personnes non entraînées. Les pics de concentration de lactate dans le sang se produisent environ cinq minutes après la fin de l’exercice, un délai fréquemment attribué au temps nécessaire pour tamponner et transporter le lactate des tissus vers le sang. L’accumulation de lactate sanguin est plus importante après un exercice intermittent de haute intensité (entraînement en musculation et sprints) qu’après un exercice continu de faible intensité. Cependant, les personnes entraînées connaissent des concentrations de lactate sanguin plus faibles que les personnes non entraînées lorsqu’elles font de l’exercice à une charge de travail absolue (même résistance). Cela indique que l’entraînement en résistance entraîne des altérations de la réponse au lactate similaires à celles de l’entraînement d’endurance aérobie. Ces altérations incluent une concentration de lactate sanguin plus faible à une charge de travail donnée chez des individus entraînés et des concentrations de lactate sanguin plus élevées chez des individus entraînés pendant l’exercice maximal. La réaction nette à la glycolyse lorsque le pyruvate est converti en lactate peut être résumée comme suit : Glucose + 2P + 2ADP → 2Lactate + 2ATP + H2O (Équation 3.4) L’« ACIDE LACTIQUE » NE PROVOQUE PAS D’ACIDOSE MÉTABOLIQUE ! L’acidose lactique est un terme commun impropre, car on pense que l’« acide lactique » provoque à tort les sensations de brûlure ressenties lors de la fatigue musculaire pendant des exercices de haute intensité. Ceci est fondé sur l’hypothèse qu’il existe une dissociation immédiate de l’« acide lactique » en lactate et H+ lorsqu’il est produit par glycolyse dans le muscle squelettique. Cependant, la réaction phosphoglycérate kinase de la glycolyse implique le transfert d’un phosphate laissant un groupe carboxylate (COO-). Ainsi, comme le montre la figure 3.4 , aucun proton (H+) n’existe pour se dissocier du lactate. De plus, la réaction de lactate déshydrogénase elle-même consomme des protons, ce qui alcalinise la cellule – tout le contraire de l’acidose. En fait, Busa et Nuccitelli ont déclaré : « L’hydrolyse de l’ATP, et non l’accumulation de lactate, est la source dominante de la charge d’acide intracellulaire… ». Pour Robergs et ses collègues, l’hydrolyse de l’ATP à l’extérieur des mitochondries est principalement responsable de l’accumulation de protons (H+) pendant l’acidose métabolique induite par l’exercice – et non la conversion du pyruvate en lactate comme on le croit communément. Le terme « acide lactique » ne devrait plus être utilisé en méthodologie de l’entraînement, le corps humain n’étant pas capable de produire de tels niveaux d’acidité. ※ GLYCOLYSE MENANT AU CYCLE DE KREBS Si l’oxygène est présent en quantité suffisante dans les mitochondries (organites cellulaires spécialisés où se produisent les réactions du métabolisme aérobie), le pyruvate, produit final de la glycolyse, n’est pas converti en lactate mais est transporté dans les mitochondries. Sont également transportées deux molécules de nicotinamide adénine dinucléotide réduit (NADH) produites au cours des réactions glycolytiques (le terme « réduit » fait référence à l’hydrogène ajouté). Lorsque le pyruvate pénètre dans les mitochondries, il est converti en acétyl-CoA (CoA pour coenzyme A) par le complexe pyruvate déshydrogénase, entraînant la perte d’un carbone sous forme de CO2. L’acétyl-CoA peut alors entrer dans le cycle de Krebs pour une nouvelle resynthèse de l’ATP. Les molécules de NADH pénètrent dans le système de transport d’électrons, où elles peuvent également être utilisées pour resynthétiser l’ATP. La réaction nette à la glycolyse lorsque le pyruvate est fermé aux mitochondries peut être résumée comme suit : Glucose + 2Pi + 2ADP + 2NAD+ → 2Pyruvate + 2ATP + 2NADH + 2H O (Équation 3.5) ※ RENDEMENT ÉNERGÉTIQUE DE LA GLYCOLYSE Il existe deux mécanismes principaux pour resynthétiser l’ATP pendant le métabolisme : 1. La phosphorylation au niveau du substrat 2. La phosphorylation oxydative La phosphorylation est le processus consistant à ajouter un phosphate inorganique (Pi) à une autre molécule. Par exemple, ADP + Pi → ATP est la phosphorylation de l’ADP en ATP. La phosphorylation oxydative se réfère à la resynthèse de l’ATP dans la chaîne de transport d’électrons (CTE). En revanche, la phosphorylation au niveau du substrat fait référence à la resynthèse directe de l’ATP à partir de l’ADP, lors d’une seule réaction dans les voies métaboliques. Pour illustrer, dans la glycolyse, il y a deux étapes qui entraînent une phosphorylation au niveau du substrat de l’ADP en ATP : 1,3-bisphosphoglycérate + ADP + P → Phosphoglycérate kinase →→ 3-phosphoglycérate + ATP (Équation 3.6) Phosphénolpyruvate + ADP + P → Pyruvate kinase →→ Pyruvate + ATP (Équation 3.7) Le nombre brut de molécules d’ATP qui sont resynthétisées à la suite de la phosphorylation au niveau du substrat pendant la glycolyse est de quatre (figure 3.2). Cependant, la réaction qui convertit le fructose-6-phosphate en fructose-1,6-bisphosphate (catalysé par l’enzyme phosphofructokinase [PFK]) dans la glycolyse nécessite l’hydrolyse d’une molécule d’ATP. De plus, il existe deux sources possibles de glucose : la glycémie et le glycogène musculaire. Lorsque le glucose sanguin pénètre dans la cellule musculaire, il doit être phosphorylé pour rester dans la cellule et maintenir le gradient de concentration en glucose. La phosphorylation d’une molécule de glucose sanguin, qui est catalysée par l’hexokinase, nécessite également l’hydrolyse d’une ATP. En revanche, lorsque le glycogène musculaire est décomposé (glycogénolyse) en glucose à l’aide de l’enzyme glycogène phosphorylase, le glucose est déjà phosphorylé et ne nécessite pas l’hydrolyse de l’ATP. Par conséquent, lorsque la glycolyse commence avec une molécule de glucose sanguin, deux molécules d’ATP sont utilisées et quatre sont resynthétisées, se traduisant par une resynthèse nette de deux molécules d’ATP. Lorsque la glycolyse commence à partir du glycogène musculaire, un seul ATP est utilisé et quatre ATP sont resynthétisées, ce qui donne une resynthèse nette de trois molécules d’ATP. ※ CONTRÔLE DE LA GLYCOLYSE En général, le taux de glycolyse est stimulé pendant les actions musculaires intenses par des concentrations élevées d’ADP, de Pi et d’ammoniac et par une légère diminution du pH et de l’AMP, qui sont tous des signes d’une augmentation de l’hydrolyse d’ATP et d’un besoin d’énergie. En revanche, la glycolyse est inhibée par un pH, une ATP, un CP, un citrate et des acides gras libres nettement plus bas, qui sont généralement présents au repos. (Notez qu’une légère diminution du pH augmente la glycolyse. Si le pH continue de diminuer de manière significative, il inhibera le taux de glycolyse). Cependant, il existe des facteurs plus spécifiques qui contribuent à la régulation de la glycolyse, tels que les concentrations et le taux de renouvellement de trois enzymes glycolytiques importantes : hexokinase, PFK et pyruvate kinase. Ces trois enzymes régulent la glycolyse, car chacune a d’importants sites de liaison allostérique (signifiant « autre site »). La régulation allostérique se produit lorsque le produit final d’une réaction ou d’une série de réactions se nourrit pour réguler le taux de renouvellement des enzymes clés dans les voies métaboliques. Par conséquent, ce processus est également appelé « régulation du produit final » ou « régulation par rétroaction ». L’inhibition allostérique se produit lorsqu’un produit final se lie à l’enzyme de régulation, diminue son taux de renouvellement et ralentit la formation du produit. En revanche, l’activation allostérique se produit lorsqu’un « activateur » se lie à l’enzyme et augmente son taux de renouvellement. L’hexokinase, qui catalyse la phosphorylation du glucose en glucose-6-phosphate, est inhibée de façon allostérique par la concentration de glucose-6-phosphate dans le sarcoplasme. Ainsi, plus la concentration de glucose-6-phosphate est élevée, plus l’hexokinase sera inhibée. De plus, la phosphorylation du glucose l’engage dans la cellule pour qu’elle ne puisse pas partir. De même, la réaction PFK (fructose-6-phosphate → fructose 1,6-bisphosphate) engage la cellule à métaboliser le glucose plutôt qu’à le stocker sous forme de glycogène. La phosphofructokinase est le régulateur le plus important de la glycolyse car c’est l’étape limitant la vitesse. L’adénosine triphosphate étant un inhibiteur allostérique de la PFK, à mesure que les concentrations intracellulaires d’ATP augmentent, l’activité PFK diminue et réduit la conversion du fructose-6phosphate en fructose 1,6-bisphosphate et, par la suite, diminue l’activité de la voie glycolytique. Cependant, l’AMP est un activateur allostérique de la PFK et un puissant stimulateur de la glycolyse. De plus, l’ammoniac produit au cours d’un exercice de haute intensité, et à la suite de la désamination de l’AMP ou des acides aminés (élimination du groupe amine de la molécule d’acides aminés), peut également stimuler la PFK. La pyruvate kinase catalyse la conversion du phosphoénolpyruvate en pyruvate et est l’enzyme de régulation finale. Le pyruvate kinase est inhibé de façon allostérique par l’ATP et l’acétyl-CoA (ce dernier est un intermédiaire du cycle de Krebs) et activée par des concentrations élevées d’AMP et de fructose-1,6bisphosphate. ※ SEUIL LACTIQUE ET DÉBUT D’ACCUMULATION DU LACTATE SANGUIN Des données récentes suggèrent qu’il existe des points de rupture spécifiques dans la courbe d’accumulation de lactate (figure 3.5) lorsque l’intensité de l’exercice augmente. L’intensité d’exercice ou l’intensité relative à laquelle le lactate sanguin commence une augmentation brusque au-dessus de la concentration de base a été appelée « seuil de lactate » (« lactate threshold » en anglais, ou LT). Le LT représente une dépendance considérablement accrue sur les mécanismes anaérobies dans la production d’énergie pour répondre à la demande. Le LT correspond bien au seuil ventilatoire (point de rupture dans la relation entre ventilation et la VO2) et est souvent utilisé comme marqueur du seuil anaérobie. Le LT commence généralement entre 50 % et 60 % de l’absorption maximale d’oxygène chez les individus non entraînés, et entre 70 % et 80 % chez les athlètes entraînés en aérobie. Une deuxième augmentation du taux d’accumulation de lactate a été observée lors d’exercices plus intenses. Ce deuxième point d’inflexion a été appelé « début de l’accumulation de lactate sanguin » (« onset of blood lactate accumulation » en anglais, ou OBLA), et se produit lorsque la concentration de lactate sanguin atteint 4 mmol/L. Les ruptures de la courbe d’accumulation de lactate peuvent correspondre aux points où les unités motrices intermédiaires et grandes sont recrutées lors de l’augmentation des intensités d’exercice. Les cellules musculaires associées à de grandes unités motrices sont généralement des fibres de type II, qui sont particulièrement adaptées au métabolisme anaérobie et à la production de lactate. Certaines études suggèrent que l’entraînement à des intensités proches ou supérieures au LT ou à l’OBLA pousse le LT et l’OBLA vers la droite (l’accumulation de lactate se produit plus tard lors d’un exercice plus intense). Ce changement se produit probablement à la suite de changements dans la libération d’hormones, en particulier la libération réduite de catécholamines, et l’augmentation du contenu mitochondrial qui permet une plus grande production d’ATP par le biais de mécanismes aérobies. Ce changement permet à l’athlète de performer à des pourcentages plus élevés d’absorption maximale d’oxygène, sans autant d’accumulation de lactate dans le sang. LE SYSTÈME OXYDATIF (AÉROBIE) Le système oxydatif, principale source d’ATP au repos et pendant les activités de faible intensité, utilise principalement des glucides et des graisses comme substrat. Les protéines n’apportent pas une contribution significative à l’énergie totale mais, cependant, l’utilisation de protéines augmente de façon significative pendant les longues privations et les exercices de longue durée (> 90 minutes). Au repos, environ 70 % de l’ATP produite est dérivé des graisses, et 30 % des glucides. Après le début de l’activité, à mesure que l’intensité de l’exercice augmente, il s’opère un changement pour privilégier les glucides aux graisses. Pendant un exercice aérobie de haute intensité, près de 100 % de l’énergie est dérivée des glucides si un approvisionnement adéquat est disponible, avec seulement des contributions minimes de graisses et de protéines. Cependant, au cours d’un travail prolongé, sous-maximal et à l’état d’équilibre, il y a un passage progressif des glucides aux graisses et, dans une très faible mesure, aux protéines, en tant que substrats énergétiques. ※ OXYDATION DE GLUCOSE ET DE GLYCOGÈNE Le métabolisme oxydatif de la glycémie et du glycogène musculaire commence par la glycolyse. Si l’oxygène est présent en quantité suffisante, le pyruvate, produit final de la glycolyse, n’est pas converti en lactate mais est transporté vers les mitochondries, où il est converti en acétyl-CoA (une molécule à deux carbones), qui entre dans le cycle de Krebs, également connu sous les noms de « cycle d’acide citrique » ou « cycle d’acide tricarboxylique ». Le cycle de Krebs est une série de réactions qui continue l’oxydation du substrat de la glycolyse et produit indirectement deux ATP, à partir du guanosine triphosphate (GTP), via la phosphorylation au niveau du substrat, pour chaque molécule de glucose. Sont également produites à partir des deux molécules de pyruvate après la production d’une molécule de glucose, six molécules de NADH et deux molécules de flavine adénine dinucléotide réduite (FADH2). Ces molécules transportent des atomes d’hydrogène vers la CTE (chaîne de transport d’électrons) pour être utilisées pour produire de l’ATP à partir d’ADP. La CTE utilise les molécules NADH et FADH2 pour rephosphoryler l’ADP en ATP (figure 3.7). Les atomes d’hydrogène sont transmis le long de la chaîne (une série de porteurs d’électrons, appelés « cytochromes ») pour former un gradient de concentration de protons, qui fournit l’énergie pour la production d’ATP, l’oxygène servant d’accepteur d’électrons final (entraînant la formation d’eau). Parce que la NADH et la FADH2 entrent dans la CTE à différents sites, ils diffèrent dans leur capacité à produire de l’ATP. Une molécule de NADH peut produire trois molécules d’ATP, tandis qu’une molécule de FADH2 ne peut en produire que deux. La production d’ATP au cours de ce processus est appelée « phosphorylation oxydative ». Le système oxydatif, commençant par la glycolyse et incluant le cycle de Krebs et la CTE, aboutit à la production d’environ 38 ATP à partir de la dégradation d’une seule molécule de glucose sanguin. Cependant, si la glycolyse est initiée à partir du glycogène musculaire, la production nette d’ATP est de 39, car la réaction à l’hexokinase n’est pas nécessaire avec la glycogénolyse musculaire. Néanmoins, la phosphorylation oxydative représente plus de 90 % de la synthèse d’ATP par rapport à la phosphorylation au niveau du substrat, ce qui démontre la capacité de transfert d’énergie par le système oxydatif. Vous pouvez vous reporter au tableau 3.1 pour un résumé de ces processus. ※ OXYDATION DES GRAISSES Les graisses peuvent également être utilisées par le système d’énergie oxydatif. Les triglycérides stockés dans les cellules graisseuses peuvent être décomposés par une enzyme, la lipase hormonosensible, pour produire des acides gras libres et du glycérol. Cela libère une partie du total des acides gras libres des cellules graisseuses dans le sang, où ils peuvent circuler et pénétrer dans les fibres musculaires et subir une oxydation. De plus, des quantités limitées de triglycérides sont stockées dans le muscle avec une forme de lipase hormonosensible pour produire une source intramusculaire d’acides gras libres. Les acides gras libres pénètrent dans les mitochondries, où ils subissent une oxydation bêta, une série de réactions dans lesquelles les acides gras libres se décomposent, entraînant la formation d’acétyl-CoA et de protons d’hydrogène (figure 3.6). L’acétyl-CoA entre directement dans le cycle de Krebs et les atomes d’hydrogène sont transportés par le NADH et le FADH2 vers la CTE. Le résultat est des centaines de molécules d’ATP fournies par oxydation bêta. Par exemple, la décomposition d’une seule molécule de triglycérides contenant trois acides gras libres à seize chaînes carbonées (acide palmitique) peut être métabolisée par oxydation bêta pour produire plus de trois cents molécules d’ATP (> 100 ATP par acide palmitique). Le concept global est que l’oxydation des graisses est capable d’une énorme capacité de synthèse d’ATP par rapport à l’oxydation des glucides et des protéines. TABLEAU 3.1 Rendement énergétique total de l’oxydation d’une molécule de glucose ※ OXYDATION DES PROTÉINES Bien qu’elle ne soit pas une source d’énergie importante pour la plupart des activités, la protéine peut être décomposée en ses acides aminés constitutifs par divers processus métaboliques. La plupart de ces acides aminés peuvent ensuite être convertis en glucose (dans un processus appelé « gluconéogenèse »), en pyruvate ou en divers intermédiaires du cycle de Krebs pour produire de l’ATP (figure 3.6). On estime que la contribution des acides aminés à la production d’ATP est minime au cours d’un exercice à court terme, mais peut contribuer à hauteur de 3 à 18 % des besoins énergétiques pendant une activité prolongée. On pense que les principaux acides aminés oxydés dans le muscle squelettique sont les acides aminés à chaîne ramifiée (leucine, isoleucine et valine), bien que l’alanine, l’aspartate et le glutamate puissent également être utilisés. Les déchets azotés issus de la dégradation des acides aminés sont éliminés par la formation d’urée et de petites quantités d’ammoniac. L’élimination par la formation d’ammoniac est importante car l’ammoniac est toxique et est associé à la fatigue. ※ CONTRÔLE DU SYSTÈME OXYDATIF (AÉROBIE) L’étape déterminant la vitesse dans le cycle de Krebs (figure 3.6) est la conversion de l’isocitrate en )-cétoglutarate, une réaction catalysée par l’enzyme isocitrate déshydrogénase. L’isocitrate déshydrogénase est stimulée par l’ADP et inhibée de façon allostérique par l’ATP. Les réactions qui produisent du NADH ou du FADH2 influencent également la régulation du cycle de Krebs. Si le NAD+ et le FAD2+ ne sont pas disponibles en quantité suffisante pour accepter l’hydrogène, la vitesse du cycle de Krebs est réduite. De plus, lorsque le GTP s’accumule, la concentration de succinyl-CoA augmente, ce qui inhibe la réaction initiale (oxaloacétate + acétyl-CoA → citrate + CoA) du cycle de Krebs. La CTE est inhibée par l’ATP et stimulée par l’ADP. Un aperçu simplifié du métabolisme des lipides, des glucides et des protéines est présenté à la figure 3.8. ※ PRODUCTION D’ÉNERGIE ET CAPACITÉ Les systèmes d’énergie phosphagène, glycolytique et oxydatif diffèrent dans leur capacité à fournir de l’énergie pour des activités de différentes intensités et durées (tableaux 3.2 et 3.3). L’intensité de l’exercice est définie comme un niveau d’activité musculaire qui peut être quantifié en termes de puissance (travail effectué par unité de temps). Des activités telles que l’entraînement de musculation, effectué à une puissance élevée, nécessitent un taux rapide d’approvisionnement en énergie et dépendent presque entièrement de l’énergie fournie par le système phosphagène. Les activités de faible intensité, mais de longue durée, comme le marathon, nécessitent un approvisionnement énergétique prolongé et dépendent principalement de l’énergie fournie par le système d’énergie oxydatif. La principale source d’énergie pour les activités entre ces deux extrêmes se déplace, selon l’intensité et la durée de l’événement (tableau 3.2). En général, les activités courtes et de haute intensité (entraînement de musculation à haute intensité, sprint) dépendent en grande partie du système énergétique phosphagène et de la glycolyse rapide. À mesure que l’intensité diminue et que la durée augmente, l’accent est progressivement mis sur la glycolyse lente et le système d’énergie oxydatif. TABLEAU 3.2 Effet de la durée et de l’intensité de l’épreuve sur le système d’énergie primaire utilisé TABLEAU 3.3 Classements du taux et de la capacité de production d’ATP En général, il existe une relation inverse entre le taux maximal de production d’ATP d’un système énergétique donné (ATP produite par unité de temps) et sa capacité (quantité totale d’ATP produite au fil du temps). Le système phosphagène est capable d’atteindre le taux de production d’ATP le plus élevé, tandis que l’oxydation des graisses a la plus grande capacité de production d’ATP. En conséquence, le système d’énergie phosphagène fournit principalement de l’ATP pour les activités de haute intensité et de courte durée (sprint sur 100 m), le système glycolytique intervient pour les activités d’intensité modérée à élevée de courte à moyenne durée (sprint sur 400 m) et le système oxydatif pour les activités de faible intensité de longue durée (marathon). La durée de l’activité influence également le système énergétique utilisé. Les événements sportifs varient en durée de quelques secondes (épaulé et lancer du poids) à plus de quatre heures (triathlon longue distance, ultra-marathon). Si un athlète produit un effort (qui se traduit par la meilleure performance possible pour une épreuve donnée), les considérations de temps indiquées dans le tableau 3.2 sont raisonnables. À aucun moment, pendant l’exercice ou le repos, un système énergétique ne fournit à lui seul l’approvisionnement complet d’énergie. Pendant l’exercice, le degré auquel les systèmes anaérobies et oxydatifs contribuent à la production d’énergie produite est déterminé principalement par l’intensité de l’exercice et, secondairement, par la durée de l’exercice. La mesure dans laquelle chacun des trois systèmes énergétiques contribue à la production d’ATP dépend principalement de l’intensité de l’activité musculaire et, secondairement, de la durée. Aucun système énergétique ne fournit à aucun moment, pendant l’exercice ou au repos, l’ensemble des besoins énergétiques. ÉPUISEMENT ET RÉPLÉTION DES SUBSTRATS Les substrats énergétiques – molécules qui fournissent des matières de départ pour les réactions bioénergétiques, y compris les phosphates (ATP et CP), le glucose, le glycogène, le lactate, les acides gras libres et les acides aminés – peuvent être épuisés de manière sélective pendant l’exécution d’activités de différentes intensités et durées. Par la suite, l’énergie qui peut être produite par les systèmes bio-énergétiques est réduite. La fatigue ressentie lors de nombreuses activités est fréquemment associée à l’épuisement des phosphagènes et du glycogène : l’épuisement des substrats tels que les acides gras libres, le lactate et les acides aminés ne se produit généralement pas, dans la mesure où les performances sont limitées. Par conséquent, le schéma de déplétion et de réplétion des phosphagènes et du glycogène après l’activité physique est important dans la bio-énergétique de l’exercice et du sport. PHOSPHAGÈNES La fatigue pendant l’exercice semble être au moins partiellement liée à la diminution des phosphagènes (ATP et CP). Les concentrations de phosphagènes dans les muscles sont plus rapidement épuisées en raison de l’exercice anaérobie de haute intensité par rapport à l’exercice aérobie. La créatine phosphate peut considérablement diminuer (50-70 %) au cours de la première étape d’un exercice de haute intensité de courte et moyenne durées (5-30 secondes) et peut être presque complètement épuisée à la suite d’un exercice très intense pouvant aller jusqu’à l’épuisement. Les concentrations d’ATP musculaire peuvent légèrement diminuer, ou diminuer jusqu’à 50 à 60 % des niveaux de préexercice pendant la fatigue induite expérimentalement. Il convient également de noter que les actions musculaires dynamiques qui produisent un travail externe utilisent plus d’énergie métabolique et épuisent généralement les phosphagènes dans une plus large mesure que les actions musculaires isométriques. La concentration intramusculaire d’ATP est en grande partie maintenue pendant l’exercice, en raison de l’appauvrissement en CP et de l’apport d’ATP supplémentaire par la réaction de myokinase et de l’oxydation d’autres sources d’énergie, telles que le glycogène et les acides gras libres. La réplétion postexercice du phosphate peut se produire dans une période relativement courte : la resynthèse complète de l’ATP semble se produire dans les trois à cinq minutes, et la resynthèse complète du CP peut se produire dans les huit minutes. La réplétion des phosphagènes est en grande partie réalisée en raison du métabolisme aérobie, bien que la glycolyse puisse contribuer à la récupération après un exercice intense. Les effets de l’entraînement sur les concentrations de phosphagènes ne sont pas bien étudiés ou compris. L’entraînement en endurance aérobie peut augmenter les concentrations de phosphagènes au repos et diminuer leur taux d’épuisement à une puissance sous-maximale absolue donnée, mais pas à une puissance sous-maximale relative (en pourcentage du maximum). Bien que les chercheurs aient noté des indications d’augmentation des concentrations de phosphore au repos, des études à court terme (huit semaines) sur le sprint et six mois de musculation ou d’entraînement explosif n’ont pas montré d’altération des concentrations de phosphagènes au repos. Cependant, la teneur totale en phosphagènes peut être plus importante après l’entraînement au sprint, en raison de l’augmentation de la masse musculaire. Il a été démontré que l’entraînement de musculation augmentait les concentrations de phosphagènes au repos dans le triceps brachial après cinq semaines d’entraînement. L’augmentation de la concentration de phosphagènes peut être due à l’hypertrophie sélective des fibres de type II, qui peut contenir une concentration de phosphagènes plus élevée que les fibres de type I. GLYCOGÈNE Des réserves limitées de glycogène sont disponibles pour l’exercice. Environ 300 à 400 g de glycogène sont stockés dans l’ensemble des muscles du corps, et environ 70 à 100 g dans le foie. Les concentrations de glycogène hépatique et musculaire au repos peuvent être influencées par l’entraînement et les habitudes alimentaires. La recherche suggère que l’entraînement anaérobie, y compris l’entraînement au sprint et la musculation, et l’entraînement en endurance aérobie peuvent augmenter la concentration de glycogène musculaire au repos, en concomitance avec une nutrition appropriée. Le taux de diminution du glycogène est lié à l’intensité de l’exercice. Le glycogène musculaire est une source d’énergie plus importante que le glycogène hépatique lors d’exercices d’intensité modérée et élevée. Le glycogène hépatique semble être plus important au cours d’un exercice de faible intensité et sa contribution aux processus métaboliques augmente avec la durée de l’exercice. Des augmentations de l’intensité relative de l’exercice de 50 %, 75 % et 100 % de l’absorption maximale d’oxygène entraînent une augmentation du taux de glycogénolyse musculaire (dégradation du glycogène) de respectivement 0,7, 1,4 et 3,4 mmol · kg −1 · min −1. À des intensités relatives d’exercice supérieures à 60 % de l’absorption maximale d’oxygène, le glycogène musculaire devient un substrat énergétique de plus en plus important : toute la teneur en glycogène de certaines cellules musculaires peut s’épuiser pendant l’exercice. Des concentrations de glucose sanguin relativement constantes sont maintenues à de très faibles intensités d’exercice (inférieures à 50 % de l’absorption maximale d’oxygène) en raison d’une faible absorption de glucose musculaire. À mesure que la durée de l’exercice se rapproche de quatre-vingt-dix minutes, les concentrations de glucose dans le sang chutent, mais rarement en dessous de 2,8 mmol/L. Un exercice de longue durée (> 90 min), à des intensités plus élevées (supérieures à 50 % de l’absorption maximale d’oxygène), peut entraîner une diminution substantielle des concentrations de glucose dans le sang en raison de l’épuisement du glycogène hépatique. Des réactions hypoglycémiques peuvent survenir chez certaines personnes dont la glycémie induite par l’exercice est inférieure à 2,5 mmol/L. Une baisse de la glycémie à environ 2,5 à 3,0 mmol/L résulte d’une réduction des réserves de glucides hépatiques et entraîne une diminution de l’oxydation des glucides, voire l’épuisement. L’exercice intermittent de très haute intensité, tel que l’entraînement en résistance de haute intensité, peut provoquer une déplétion substantielle du glycogène musculaire (diminution de 20 % à 60 %) avec relativement peu de répétitions (faible charge de travail total). Bien que les phosphagènes puissent être le principal facteur limitant lors d’un exercice de résistance avec une résistance élevée et peu de répétitions ou quelques séries, le glycogène musculaire peut devenir le facteur limitant de l’entraînement en résistance avec de nombreuses séries et de plus grandes quantités de travail. Ce type d’exercice peut entraîner une déplétion sélective du glycogène des fibres musculaires (davantage de déplétion dans les fibres de type II), ce qui peut également limiter les performances. Comme pour d’autres types d’exercices dynamiques, le taux de glycogénolyse musculaire pendant un exercice de résistance dépend de l’intensité (plus l’intensité est élevée, plus le taux de glycogénolyse est rapide). Cependant, il apparaît que lorsque l’ensemble du travail effectué est identique, la quantité absolue de déplétion en glycogène est la même, quelle que soit l’intensité de la séance d’entraînement en résistance. La réplétion du glycogène musculaire pendant la récupération est liée à l’ingestion de glucides après l’exercice. La réplétion semble être optimale si 0,7 à 3 g de glucides par kilogramme de poids corporel sont ingérés toutes les deux heures après l’exercice. Ce niveau de consommation de glucides peut maximiser la réplétion du glycogène musculaire à 5 à 6 mmol/g de masse musculaire humide par heure pendant les quatre à six premières heures suivant l’exercice. Le glycogène musculaire peut être complètement reconstitué en vingt-quatre heures, à condition que suffisamment de glucides soient ingérés. Cependant, si l’exercice a une composante excentrique élevée (associée à des atteintes musculaires induites par l’exercice), un laps de temps plus long peut être nécessaire pour reconstituer complètement le glycogène musculaire. DIFFÉRENCES DANS LA DÉPLÉTION ET LA RESYNTHÈSE DE LA PHOSPHOCRÉATINE ENTRE LES ENFANTS ET LES ADULTES Kappenstein et ses collègues ont travaillé l’hypothèse selon laquelle une plus grande capacité oxydative chez les enfants entraîne, lors d’exercices intermittents de haute intensité, une déplétion en CP plus faible, une resynthèse plus rapide des CP et une acidose métabolique plus faible que chez les adultes. Seize enfants (d’un âge moyen de neuf ans) et seize adultes (d’un âge moyen de vingt-six ans) ont réalisé dix épisodes de contractions de flexion plantaire dynamiques de trente secondes, à 25 % du maximum d’une répétition (1RM). La créatine phosphate, l’ATP, le phosphate inorganique (Pi) et les phosphomonoesters ont été mesurés pendant et après l’exercice. La dégradation de la créatine phosphate était significativement plus faible chez les enfants pendant le premier exercice, et les niveaux moyens de CP étaient plus élevés chez les enfants à la fin de l’exercice et pendant les périodes de récupération. De plus, le pH musculaire était significativement plus élevé chez les enfants à la fin de l’exercice. Les résultats suggèrent que les enfants sont plus en mesure de répondre aux demandes énergétiques grâce au métabolisme oxydatif lors d’exercices intermittents de haute intensité. FACTEURS BIOÉNERGÉTIQUES LIMITANTS DE LA PERFORMANCE Les facteurs limitant les performances maximales doivent être pris en compte dans les mécanismes de fatigue ressentis pendant l’exercice et l’entraînement. Lorsque l’on conçoit des programmes d’entraînement et que l’on tente de retarder la fatigue pour améliorer les performances, il est nécessaire de comprendre les facteurs limitants éventuels pour chaque type d’événement sportif. Le tableau 3.4 présente des exemples de divers facteurs limitants fondés sur l’épuisement des sources d’énergie et l’augmentation des ions d’hydrogène musculaire, bien que d’autres facteurs puissent potentiellement interférer. L’appauvrissement en glycogène peut être un facteur limitant, à la fois pour les exercices de longue durée et de faible intensité, soutenus principalement par le métabolisme aérobie, mais aussi pour les exercices répétés de haute intensité portés principalement par les mécanismes anaérobies. L’effet de l’acidose métabolique sur la limitation de la force contractile est important pour l’entraînement en musculation, le sprint et d’autres activités principalement anaérobies. Plusieurs autres facteurs ont été impliqués dans le développement de la fatigue musculaire et peuvent limiter les performances physiques, notamment une augmentation du phosphate inorganique intracellulaire, une accumulation d’ammoniac, une augmentation de l’ADP et une diminution de la libération de calcium par le réticulum sarcoplasmique. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour délimiter les causes de la fatigue musculaire et les facteurs limitants la performance physique. ABSORPTION D’OXYGÈNE ET CONTRIBUTIONS AÉROBIES ET ANAÉROBIES À L’EXERCICE L’absorption (ou la consommation) d’oxygène est une mesure de la capacité d’une personne à absorber l’oxygène via le système respiratoire et à l’apporter aux tissus actifs via le système cardiovasculaire, et la capacité des tissus actifs (principalement le muscle squelettique) à utiliser l’oxygène. Lors d’un exercice de faible intensité à puissance constante, l’absorption d’oxygène augmente pendant les premières minutes jusqu’à ce qu’un état stable d’absorption (lorsque la demande en oxygène est égale à la consommation d’oxygène) soit atteint (figure 3.9). Au début d’un exercice, cependant, une partie de l’énergie doit être fournie par des mécanismes anaérobies car le système aérobie répond lentement à l’augmentation initiale de la demande d’énergie. Cette contribution anaérobie au coût énergétique total de l’exercice est appelée « déficit en oxygène ». Après l’exercice, l’absorption d’oxygène reste supérieure aux niveaux préexercice pendant une période de temps qui varie en fonction de l’intensité et de la durée de l’exercice. La consommation d’oxygène post-exercice a été appelée « dette d’oxygène », « récupération d’O2 » ou « consommation excessive d’oxygène post-exercice » (CEOPE). La CEOPE est l’absorption d’oxygène au-dessus des valeurs de repos utilisée pour restaurer le corps à l’état initial, c’est-à-dire avant l’exercice. Des relations uniquement faibles à modérées entre le déficit en oxygène et la CEOPE ont été observées : le déficit en oxygène peut influencer la taille de la CEOPE, mais les deux ne sont pas égaux. Les facteurs pouvant affecter la CEOPE sont répertoriés dans l’encart ci-dessous. TABLEAU 3.4 Classement des facteurs bioénergétiques limitants (1 = facteur limitant le moins probable ; 5 = facteur limitant le plus probable) Les mécanismes anaérobies fournissent une grande partie de l’énergie nécessaire au travail si l’intensité de l’exercice est supérieure à la consommation maximale d’oxygène qu’une personne peut atteindre (figure 3.10). Généralement, à mesure que la contribution des mécanismes anaérobies soutenant l’exercice augmente, la durée de l’exercice diminue. La contribution approximative des mécanismes anaérobies et aérobies aux efforts soutenus maximaux sur un ergomètre est indiquée dans le tableau 3.5. Les contributions des mécanismes anaérobies sont dominantes jusqu’à soixante secondes, après quoi le métabolisme aérobie devient le principal mécanisme d’alimentation en énergie. La contribution des mécanismes anaérobies à ce type d’exercice représente la capacité anaérobie maximale. LA CONSOMMATION EXCESSIVE D’OXYGÈNE POST-EXERCICE DÉPEND DE L’INTENSITÉ, DE LA DURÉE ET DU MODE DE CONSOMMATION La consommation excessive d’oxygène après l’exercice (CEOPE) fait référence à l’augmentation prolongée de VO2 qui peut être observée des heures après l’exercice. EXERCICE AÉROBIE ET CEOPE L’intensité a le plus grand effet sur la CEOPE On trouve les valeurs de CEOPE les plus élevées lorsque l’intensité de l’exercice (>5060 % VO2max) et la durée (> 40 min) sont élevées Le travail avec des exercices intermittents brefs et supra maximaux (> 100 % VO2max) peut induire la plus grande CEOPE avec moins de travail total Chaque individu peut voir une CEOPE différente en réponse au stimulus d’un exercice Les effets des types d’exercice aérobie sur la CEOPE ne sont pas tous connus EXERCICE DE RÉSISTANCE ET CEOPE Un exercice de résistance intense (trois séries de huit exercices jusqu’à l’épuisement, à 80 à 90 % d’1RM) produit des CEOPE plus importantes que la musculation en circuit (quatre séries de huit exercices de quinze répétitions, à 50 % d’1RM). Ainsi, la CEOPE dépend également de l’intensité dans le cadre de l’entraînement contre résistance FACTEURS RESPONSABLES DE LA CEOPE Reconstitution d’oxygène dans le sang et les muscles Resynthèse ATP / CP Augmentation de la température corporelle, de la circulation et de la ventilation Augmentation du taux de cycle triglycérideacide gras Augmentation protéines du renouvellement Modifications de l’efficacité pendant la récupération des énergétique TABLEAU 3.5 Contributions des mécanismes anaérobies et aérobies aux efforts soutenus maximaux sur un ergocycle SPÉCIFICITÉ MÉTABOLIQUE DE L’ENTRAÎNEMENT Des intensités d’exercice et des intervalles de repos appropriés peuvent permettre la « sélection » de systèmes d’énergie primaire spécifiques pendant l’entraînement pour des événements sportifs particuliers. Peu d’activités sportives ou physiques nécessitent un effort soutenu maximal jusqu’à l’épuisement ou presque, comme dans les sprints sur moyenne distance (400 à 1600 m). La plupart des activités sportives produisent des profils métaboliques très similaires à ceux d’une série d’exercices de haute intensité, d’efforts constants ou quasi constants entrecoupés de périodes de repos, comme le football américain, le basket-ball et le hockey. Dans ce type d’exercice, l’intensité d’exercice requise (puissance) qui doit être satisfaite lors de chaque exercice est bien supérieure à la puissance maximale pouvant être maintenue en utilisant uniquement des sources d’énergie aérobie. Augmenter la puissance aérobie grâce à un entraînement d’endurance principalement aérobie, tout en compromettant ou en négligeant la puissance et la capacité anaérobies, ne constitue que peu d’avantages pour les athlètes dans ces sports. Par exemple, il est peu intéressant pour un joueur de baseball de parcourir des kilomètres pendant l’entraînement et il serait plus bénéfique de se concentrer sur des exercices qui améliorent la puissance et la capacité anaérobies. L’utilisation d’intensités d’exercice et d’intervalles de repos appropriés permet de « sélectionner » des systèmes d’énergie primaire spécifiques pendant l’entraînement et, en se rapprochant des exigences métaboliques réelles du sport, cela se traduit par des régimes plus efficaces et plus productifs pour des événements sportifs spécifiques, aux exigences métaboliques diverses. ENTRAÎNEMENT PAR INTERVALLES L’entraînement par intervalles est une méthode qui met l’accent sur les adaptations bioénergétiques, pour un transfert d’énergie plus efficace au sein des voies métaboliques, en utilisant des intervalles prédéterminés d’exercice et de repos (rapports travail/repos). Théoriquement, des intervalles travail/repos correctement espacés permettent d’accomplir plus de travail à des intensités d’exercice élevées, avec moins ou autant de fatigue que lors d’un entraînement continu à même intensité relative. Un premier article de Christensen et ses collègues a comparé la distance totale de course, la consommation moyenne d’oxygène et la concentration de lactate sanguin lors d’une course continue de cinq minutes et lors d’une course à intervalles totalisant trente minutes avec des rapports travail/repos de 2 : 1, 1 : 1 et 1 : 2. Les sujets de l’étude devaient courir à une intensité (vitesse) de course continue qui entraînerait une fatigue en moins de cinq minutes. À ce rythme rapide pendant la course continue, les sujets ont pu parcourir 1,81 km avant l’épuisement. Cependant, en utilisant des rapports travail/ repos de 2 : 1, 1 : 1 et 1 : 2 et la même intensité de course pendant une durée totale de trente minutes, les sujets ont respectivement pu parcourir 6,66, 5 et 3,33 km, tout en travaillant la capacité aérobie d’une manière similaire à celle en condition de course continue. Par conséquent, la charge totale d’entraînement peut être augmentée en s’entraînant par intervalles brefs à intensité élevée. Ce concept existe depuis plus de quarante-cinq ans. Une série d’études d’entraînement par intervalles à court terme (deux semaines) a utilisé six séances, de quatre à sept efforts cyclistes maximaux de trente secondes, entrecoupés de quatre minutes de récupération (rapport travail/ repos de 1 : 8). Ces études ont démontré des améliorations du potentiel d’oxydation musculaire, de la capacité tampon musculaire, de la teneur en glycogène musculaire et des performances au contre-la-montre, ainsi qu’un doublement de la capacité d’endurance aérobie. De plus, un programme similaire d’entraînement par intervalles de quatre semaines a montré une augmentation de l’activation musculaire et de la production totale de travail chez les cyclistes entraînés. Ainsi, même les résultats d’études récentes soutiennent l’utilisation de l’entraînement par intervalles pour les adaptations métaboliques. Peu d’études fournissent des résultats qui peuvent être utilisés pour guider le choix des ratios travail/repos spécifiques. Cependant, une étude a rapporté des différences métaboliques aérobies et anaérobies, des variables du travail total et des changements de délai d’épuisement entre deux rapports travail/repos chez les cyclistes d’élite. Les cyclistes ont effectué deux protocoles intermittents, qui comprenaient un intervalle 40 : 20 secondes ou 30 : 30 secondes entre travail et repos jusqu’à l’épuisement, à un rythme de travail fixe. Le rapport travail/repos de 40 : 20 secondes a entraîné une réduction significative du travail total et du temps d’épuisement tout en produisant des valeurs métaboliques plus élevées (VO2max, concentration en lactate, CTE). Le rapport travail/repos de 30 : 30 secondes a fourni des valeurs métaboliques soutenues, mais légèrement inférieures pendant une période de temps considérablement plus longue. Une autre étude a manipulé la variable de travail, via l’intensité et la durée des rapports travail/repos. Wakefield et Glaister ont démontré qu’il était possible de réaliser un effort durant une plus grande quantité de temps, au-dessus de 95 % VO2max à une intensité de 105 % de VO2max plutôt qu’à 115 % de VO2max avec une durée de travail de trente secondes plutôt que vingt et vingt-cinq secondes (repos = vingt secondes). Lorsque l’on détermine le bon rapport travail/repos pour les athlètes, la connaissance des intervalles de temps, de l’intensité du travail et des périodes de récupération pour chacun des systèmes énergétiques est essentielle pour maximiser la quantité de travail pouvant être accomplie pour un exercice à une intensité donnée. Par exemple, après une période d’exercice maximal qui épuise les réserves de PC, la resynthèse complète de la PC peut prendre jusqu’à huit minutes, ce qui suggère qu’un exercice de courte durée et de haute intensité nécessite des rapports travail/repos plus élevés en raison des mécanismes aérobies qui remplissent les réserves de phosphagènes. En revanche, à mesure que les objectifs de l’entraînement évoluent vers des tâches de plus longue durée et de moindre intensité, les durées des intervalles de travail peuvent être plus longues : cela allongera les périodes de repos et diminuera les rapports travail/repos. Le tableau 3.6 fournit quelques directives générales pour les rapports travail/repos qui sont conçues pour mettre l’accent sur le développement de systèmes énergétiques spécifiques, fondés sur l’évolution théorique de l’implication du système métabolique et la régénération du substrat. Cependant, il convient de noter que davantage de recherches sont nécessaires pour fournir des recommandations fondées sur des données probantes pour définir des ratios travail/repos optimaux. ENTRAÎNEMENT PAR INTERVALLES À HAUTE INTENSITÉ L’entraînement par intervalles à haute intensité (EIHI) implique de brèves périodes répétées d’exercice de haute intensité avec des périodes de récupération intermittentes. L’entraînement par intervalles à haute intensité incorpore généralement des modes d’exercice fondés sur la course ou le vélo et s’apparente à un régime d’exercice efficace pour susciter des adaptations cardiopulmonaires, métaboliques et neuromusculaires. Buchheit et Laursen affirment même que l’EIHI « est aujourd’hui considéré comme l’une des formes d’exercice les plus efficaces pour améliorer la performance physique des athlètes ». L’entraînement par intervalles à haute intensité est souvent défini en termes de cycles de travail, impliquant une phase de travail à haute intensité suivie d’une phase de récupération à faible intensité. Il a été suggéré que neuf variables EIHI différentes peuvent être manipulées pour atteindre la spécificité métabolique la plus précise, à savoir : l’intensité de la partie active de chaque cycle de travail la durée de la partie active de chaque cycle de travail l’intensité de la partie de récupération de chaque cycle de travail la durée de la partie de récupération de chaque cycle de travail le nombre de cycles de travail effectués dans chaque série le nombre de séries le temps de repos entre les séries l’intensité de récupération entre les séries le mode d’exercice des EIHI Les auteurs indiquent cependant que les intensités et les durées des parties actives et de récupération de chaque cycle de travail sont les facteurs les plus importants à prendre en considération. Pour optimiser les adaptations d’EIHI pour les athlètes, les séances devraient maximiser le temps passé à VO2max ou près de cette valeur. Plus précisément, la durée et l’intensité cumulées des parties actives des cycles de travail devraient correspondre à plusieurs minutes au-dessus de 90 % de la VO2max. Les avantages d’un protocole d’EIHI conçu pour provoquer de façon répétée un pourcentage très élevé de VO2max sont principalement le résultat du recrutement simultané de grandes unités motrices et d’un débit cardiaque presque maximal. Ainsi, l’EIHI fournit un stimulus pour l’adaptation des fibres musculaires oxydantes et l’hypertrophie myocardique. Les adaptations EIHI supplémentaires incluent des augmentations de VO2max, le tampon de protons, la teneur en glycogène, les seuils anaérobies, le délai d’épuisement et les performances au contre-la-montre. Par exemple, Gibala et ses collègues ont signalé des améliorations équivalentes de la capacité de tamponnage musculaire et de contenu en glycogène pour l’EIHI à 250 % du pic de la VO2 pendant quatre à six sprints de cyclisme de trente secondes par rapport au fait de pédaler en continu pendant 90 à 120 minutes à 65 % du pic de VO2 sur six séances d’entraînement total. De plus, les essais chronométrés à vélo de 750 kJ ont respectivement diminué de 10,1 et 7,5 % dans les groupes d’EIHI et d’endurance longue et lente. Ainsi, l’EIHI a fourni des performances et des adaptations physiologiques équivalentes à celles d’un entraînement d’endurance long et lent, mais dans un délai de temps beaucoup plus court. Les préparateurs physiques doivent prendre en compte un certain nombre de facteurs lors de la conception d’un programme d’EIHI. Par exemple, un sprinter sur 400 m aura besoin d’un programme EIHI centré sur des durées et des intensités anaérobies supérieures à un coureur de 3000 m. TABLEAU 3.6 Utilisation de l’entraînement par intervalles pour développer des systèmes énergétiques spécifiques Les autres éléments à prendre en compte pour adapter l’entraînement sont la périodisation, similaire à celle de l’entraînement contre résistance, et le nombre de séances d’exercice par jour et par semaine. La périodisation permet le développement général de systèmes aérobies et anaérobies pendant la présaison avec une transition vers des sessions d’EIHI spécifiques au sport pendant la phase de compétition. De plus, les séances d’EIHI conjuguées avec d’autres séances d’entraînement (entraînements collectifs) peuvent entraîner un stress et un risque de blessure accrus en raison d’un surentraînement. Par conséquent, une attention particulière est nécessaire pour déterminer le nombre approprié de séances d’EIHI lorsqu’elles viennent s’ajouter à d’autres activités physiques liées au sport. ENTRAÎNEMENT COMBINÉ Certains suggèrent que l’entraînement d’endurance aérobie devrait être ajouté à l’entraînement des athlètes anaérobies (un processus qui peut être appelé « entraînement combiné » ou « entraînement croisé ») pour améliorer la récupération, car il est avancé que la récupération repose principalement sur des mécanismes aérobies. Plusieurs études ont démontré que la récupération de la puissance développée est liée à la condition physique d’endurance. Bogdanis et ses collègues ont mis en exergue des relations dans la récupération d’énergie dans les dix premières secondes d’un sprint à vélo, la resynthèse de la PCr et la condition physique d’endurance (VO2max). Cependant, l’entraînement d’endurance aérobie peut réduire les capacités de performance anaérobie, en particulier pour les performances à hautes résistance et puissance. Il a été démontré que l’entraînement en endurance aérobie réduit les capacités de production d’énergie anaérobie chez le rat. De plus, l’entraînement combiné d’endurances anaérobie et aérobie peut réduire le gain de circonférence musculaire, de force maximale et des performances liées à la vitesse et à la puissance. Même si le mécanisme exact de ce phénomène n’est pas connu, il a été suggéré que l’entraînement combiné peut augmenter le volume d’entraînement à un niveau qui peut conduire au surentraînement par rapport à l’entraînement aérobie ou anaérobie seul. Hickson et ses collègues apportent la preuve qu’un entraînement combiné, qui comprend de la course d’endurance progressive, du cyclisme et de la musculation, peut produire un effet de plateau et, en fin de compte, une diminution des gains de force. Plus précisément, il a été signalé que l’entraînement en résistance intense combiné à un programme d’endurance a permis d’améliorer considérablement la force au squat au cours des sept premières semaines du programme, suivi d’une période de plateau (deux semaines), puis d’une diminution de la force au squat pendant les semaines restantes du programme (deux semaines). Les résultats ont fourni la preuve que les limites supérieures de force peuvent être inhibées avec un entraînement d’endurance progressif, comme la course et le cyclisme. D’autres mécanismes ont été suggérés pour entraver le développement de la force lorsqu’ils sont combinés avec un entraînement d’endurance comme une diminution de l’activation volontaire rapide, des niveaux chroniquement inférieurs de glycogène musculaire qui peuvent limiter les réponses de signalisation intracellulaire pendant l’entraînement en résistance, et une transition du type de fibres vers des fibres à contraction lente. D’un autre côté, certaines études et revues indiquent que le contraire est vrai et suggère que l’entraînement anaérobie (entraînement en force) peut améliorer l’endurance dans les exercices à faible et haute intensités. Sedano et ses collègues ont signalé des améliorations des performances des coureurs hautement entraînés grâce à l’endurance, la résistance et l’entraînement pliométrique simultanés. Il n’y a pas eu de réduction de VO2max au cours des douze semaines chez les coureurs qui ont participé à l’entraînement en résistance et pliométrique. De plus, l’entraînement combiné a amélioré certaines performances telles que la force maximale, la vitesse de course maximale et le contre-la-montre sur trois kilomètres par rapport à l’entraînement d’endurance seul. Ainsi, chez les coureurs hautement entraînés, il semblerait que l’entraînement en force améliore les performances sans entraver les paramètres métaboliques (VO2max). Bien que le métabolisme oxydatif soit important pour augmenter la VO2 après l’exercice, l’élimination des lactates et la restauration de la PCr après un exercice anaérobie intensif (entraînement en résistance, entraînement au sprint), des précautions doivent être prises dans la prescription d’un entraînement d’endurance aérobie pour les sports anaérobies. Dans ce contexte, il convient de noter qu’un entraînement anaérobie spécifique peut stimuler l’augmentation de la puissance aérobie et améliorer les marqueurs de récupération. Ainsi, il semble qu’un entraînement intensif en endurance aérobie visant à améliorer la récupération après des événements anaérobies n’est pas nécessaire et peut être contre-productif dans la plupart des sports de force et de puissance. CONCLUSION Les programmes d’entraînement avec une productivité accrue peuvent être conçus en comprenant comment l’énergie est produite pendant divers types d’exercices, et comment la production d’énergie peut être modifiée par des régimes d’entraînement spécifiques. Le système utilisé pour fournir de l’énergie lors de la contraction musculaire est d’abord déterminé par l’intensité de l’exercice, puis par sa durée. Les réponses métaboliques et les adaptations à l’entraînement sont largement régulées par les caractéristiques de l’exercice (intensité, durée et intervalles de récupération). La façon dont ces réponses et adaptations se produisent après l’activité physique constitue la base de la spécificité métabolique de l’exercice et de l’entraînement. Ce principe permet d’améliorer les performances athlétiques grâce à la mise en œuvre de programmes d’entraînement plus efficaces. MOTS-CLÉS Absorption d’oxygene Acide amine a chaine ramifiee Acidose metabolique Activation allosterique Adenosine monophosphate (AMP) Adenosine diphosphate (ADP) Adenosine triphosphatase (ATPase) Adenosine triphosphate (ATP) Aerobie Anabolisme Anaerobie ATPase de myosine ATPase du calcium ATPase sodium-potassium Bioenergetique Catabolisme Chaine de transport des electrons (CTE) Consommation excessive d’oxygene apres l’exercice (CEOPE) Creatine kinase Creatine phosphate (CP) Cycle de Cori Cycle de Krebs Cytochrome Debut d’accumulation du lactate sanguin Deficit d’oxygene Depletion Dette d’oxygene Effet d’action de masse Energie Entrainement combine Entrainement en intervalle de haute intensite (EIHI) Flavine adenine dinucleotide (FADH2) Gluconeogenese Glycogenolyse Glycolyse Glycolyse aerobie Glycolyse anaerobie Glycolyse lente Glycolyse rapide Glycolytique Hydrolyse Inhibition allosterique Interval training Lactate Loi d’action de masse Metabolisme Mitochondrie Nicotinamide adenine dinucleotide (NADH) Oxydation beta Phosphate inorganique Phosphocreation (PCr) Phosphofructokynase (PFK) Phosphorylation Phosphorylation au niveau du substrat Phosphorylation oxydative Pyruvate Ratio travail/repos Reaction d’adenylate kinase Reaction de myokinase Reaction de quasi-equilibre Reaction endergonique Reaction exergonique Repletion Seuil de lactate Specificites metaboliques Substrat d’energie Systeme oxydatif Systeme phosphagene RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Laquelle des substances suivantes peut être métabolisée par voie anaérobie ? a. Le glycérol b. Le glucose c. Les acides aminés d. Les acides gras libres 2. Laquelle des réactions suivantes est la principale cause d’acidose métabolique (diminution du pH intramusculaire pendant un exercice intense et provoquant de la fatigue) ? a. ATP → ADP + P + H+ b. pyruvate + NADH → lactate + NAD+ c. ADP + créatine phosphate → ATP + créatine d. fructose-6-phosphate → fructose-1,6-bisphosphate 3. Lequel des systèmes énergétiques suivants produit le plus rapidement de l’ATP ? a. Phosphagène b. Glycolyse aérobie c. Oxydation des graisses d. Glycolyse rapide 4. Combien d’ATP nettes sont produites via le système d’énergie oxydatif à partir du métabolisme d’une molécule de glucose ? a. 27 b. 34 c. 38 d. 41 5. Lequel des substrats énergétiques suivants ne peut pas être épuisé lors d’intensités ou de durées d’exercice extrêmes ? a. Créatine phosphate b. Glycogène c. Eau d. ATP RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 04 RÉPONSES ENDOCRINIENNES À L’ENTRAÎNEMENT EN RÉSISTANCE DOCTEURS WILLIAM K. KRAEMER, JAKOB L. VINGREN ET BARRY A. SPIERING LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : de comprendre les concepts de base de l’endocrinologie, y compris ce que sont les hormones et comment elles interagissent entre elles et les tissus cibles ; d’expliquer les rôles physiologiques des hormones anabolisantes ; de décrire les réponses hormonales à l’exercice contre résistance ; d’élaborer des programmes d’entraîne témoignent d’une compréhension des endocriniennes humaines. ment qui réponses Le système endocrinien soutient la fonction homéostatique normale du corps et l’aide à répondre aux stimuli externes. Il fait partie d’un système de signalisation complexe dans le corps humain pour effectuer des changements et soutenir les demandes d’exercice et la récupération. L’importance du système endocrinien dans le domaine de la force et de la préparation physique se reflète dans le rôle critique que ce système a joué dans le développement théorique de la périodisation de l’entraînement. Hans Selye, un endocrinologue canadien, a fourni sans le savoir la base théorique de la périodisation avec ses travaux sur la glande surrénale et le rôle des hormones du stress dans l’adaptation au stress, à la détresse et à la maladie. Des scientifiques et médecins du sport de l’ancien bloc de l’Est ont trouvé des similitudes entre le modèle des réponses à l’entraînement chez les athlètes et les modèles de stress observés par Selye. Ce dernier a inventé le terme de « syndrome d’adaptation générale » pour désigner la manière dont la glande surrénale réagit à un stimulus nocif (facteur de stress). Cette réponse commence par une réaction d’alarme initiale, comprenant une réduction de la fonction suivie d’une augmentation de la résistance au stress au-dessus de la fonction de base précédente. Cette augmentation de la résistance au stress est appelée « adaptation ». Lorsque le facteur de stress est un exercice, on parle d’« adaptation à l’entraînement ». La clé de l’adaptation bénéfique continue au stress est la suppression rapide du stimulus (exercice) afin que la fonction puisse récupérer, puis la mise en œuvre à nouveau d’un stress souvent accru (surcharge progressive). Il est important pour les professionnels de la force et de la préparation physique d’avoir une compréhension de base des réponses hormonales à l’exercice. Les signaux hormonaux jouent un rôle dans une variété de mécanismes, des anaboliques (pour construire) aux permissifs (pour permettre) et cataboliques (pour se décomposer). Il est important de comprendre que les changements dans les réponses circulatoires dans le sang ne sont qu’un changement observable de ce que certains programmes d’entraînement produisent en raison des défis métaboliques. On peut également voir des réponses anabolisantes avec des programmes lourds, qui régulent positivement les récepteurs des androgènes, pour utiliser les hormones anabolisantes disponibles sans aucun changement dans les concentrations sanguines (deux ou trois séries avec une intensité maximale d’une répétition, à 1RM, et 5 à 7 minutes de repos entre les séries par exemple). Et tandis que les signaux endocriniens sont impliqués dans la signalisation, les changements dans les concentrations sanguines circulatoires sont beaucoup plus subtils et doivent être observés au niveau du récepteur. Comprendre la façon dont le système endocrinien interagit avec l’exercice peut permettre aux professionnels de la préparation physique de mieux appréhender la façon dont les hormones contribuent à la médiation des adaptations optimales à l’entraînement. Bien que celui-ci soit le seul stimulus naturel qui provoque des augmentations spectaculaires de la masse maigre (hypertrophie musculaire), des différences significatives existent dans la capacité des programmes d’entraînement à produire une augmentation de la taille des muscles et du tissu conjonctif. Dans une séance d’exercices, la sélection parmi des variables précises du programme (intensité, séries, ordre des exercices, durée de la période de repos et sélection de l’exercice) dicte en grande partie l’apparence et l’ampleur des réponses hormonales. Surtout, les adaptations tissulaires sont influencées par les changements dans les concentrations hormonales circulantes après l’exercice, et la manipulation naturelle du système endocrinien par la sélection appropriée pour chaque variable de programme aiguë peut améliorer le développement des tissus cibles et améliorer les performances. Ainsi, la compréhension de cette activité anabolique naturelle, qui se produit dans le corps de l’athlète pendant et après l’exercice, est fondamentale pour réussir la récupération, l’adaptation, la conception du programme, la progression de l’entraînement et, finalement, la performance athlétique. SYNTHÈSE, STOCKAGE ET SÉCRÉTION D’HORMONES Les hormones sont des messagers chimiques, ou des molécules de signaux qui sont synthétisées, stockées et libérées dans le sang par les glandes endocrines – structures corporelles spécialisées pour cette fonction – et certaines autres cellules (figure 4.1, tableau 4.1). TABLEAU 4.1 Glandes endocrines et hormones De même, les neurones synthétisent, stockent et sécrètent des neurotransmetteurs, qui peuvent avoir des fonctions hormonales. Le terme relativement nouveau de « neuroendocrinologie » fait référence à l’étude des interactions entre le système nerveux et le système endocrinien. En règle générale, les glandes endocrines sont stimulées pour libérer des hormones par un signal chimique reçu par les récepteurs de la glande ou par stimulation neurale directe. Par exemple, la médullosurrénale (partie interne de la glande surrénale) libère l’hormone épinéphrine lors d’une stimulation neurale du cerveau. Le cortex surrénal (partie externe de la glande surrénale) synthétise et sécrète l’hormone cortisol après stimulation par une autre hormone, l’hormone adrénocorticotrope, libérée de l’hypophyse. Après la stimulation, les glandes endocrines libèrent des hormones dans le sang, qui transportent les hormones (et donc le signal) vers des récepteurs hormonaux spécifiques situés à la surface (hormones peptidiques) ou dans le cytosol (hormones stéroïdes et hormones thyroïdiennes) des cellules tissulaires cibles. En plus de la fonction endocrinienne via la libération dans la circulation sanguine, les hormones peuvent être sécrétées pour fonctionner via les mécanismes intracrine, autocrine et paracrine. La sécrétion intracrine et autocrine d’une hormone signifie que la cellule libère l’hormone pour agir sur la cellule elle-même, en se liant respectivement aux récepteurs intracellulaires et membranaires. Cela peut être stimulé via un stimulus externe (une autre hormone), mais l’hormone sécrétée ne pénètre jamais dans la circulation sanguine. Par exemple, le facteur de croissance analogue à l’insuline I (IGF-I) peut être produit à l’intérieur de la fibre musculaire lorsqu’il est stimulé par la production de force mécanique ou les interactions des hormones de croissance avec la cellule musculaire. La sécrétion paracrine d’hormones implique la libération d’une hormone pour interagir avec les cellules adjacentes, sans entrer dans la circulation sanguine. Ces mécanismes démontrent les multiples rôles que les hormones peuvent jouer dans leurs interactions avec une cellule cible. Une variété de protéines de liaison qui transportent des hormones se trouve dans le sang. Ces nombreuses protéines de liaison portent à la fois des hormones peptidiques et des hormones stéroïdes. Dans un sens, ces protéines de liaison agissent comme des sites de stockage dans la circulation, aident à lutter contre la dégradation de l’hormone et prolongent sa demi-vie. La plupart des hormones ne sont actives que si elles sont séparées (libres) de leur protéine de liaison spécifique. Cependant, certaines protéines qui se lient aux hormones peuvent avoir elles-mêmes des actions biologiques. Par exemple, la globuline de liaison aux hormones sexuelles (« sex hormone-binding globulin » en anglais, ou SHBG), protéine de liaison de la testostérone et des œstrogènes, peut se lier à des récepteurs membranaires spécifiques et initier l’activation d’une voie d’adénosine monophosphate cyclique (AMPc). Ainsi, les protéines de liaison, qu’elles circulent dans le sang ou qu’elles soient liées à un récepteur cellulaire, sont des acteurs majeurs de la fonction et de la régulation endocriniennes. Les interactions des hormones liées avec les récepteurs commencent à peine à être étudiées dans le domaine de l’endocrinologie, et des recherches récentes ont suggéré l’existence d’une régulation encore plus complexe des hormones et des tissus cibles. De nombreuses hormones affectent plusieurs tissus du corps. La testostérone, ou l’un de ses dérivés par exemple, interagit avec presque tous les tissus du corps. Dans ce chapitre, nous nous concentrons sur le tissu musculaire squelettique comme cible principale des interactions hormonales, mais de nombreux autres tissus, tels que les os, les tissus conjonctifs, les reins ou le foie, sont tout aussi importants pour les changements adaptatifs observés avec l’entraînement en résistance. Il faut se rappeler que toute la cascade d’événements physiologiques, y compris la signalisation hormonale, est le résultat de l’activation d’unités motrices pour créer un mouvement (principe de taille). Les exigences et l’ampleur de toute réponse physiologique sont liées à ce besoin créé par les unités motrices activées. La quantité de tissu musculaire activé par l’exercice dicte le système physiologique nécessaire et son implication pour répondre aux exigences homéostatiques de production de force/puissance pendant l’exercice et lors de la récupération. Par exemple, la fréquence cardiaque sera beaucoup plus élevée lors de trois séries de dix répétitions au squat à 80 % de 1RM, avec deux minutes de repos entre les séries, que pour le même protocole réalisé avec un exercice de biceps (curl). Alors que des systèmes similaires seront impliqués dans les deux, des différences de protocole d’exercice existeront en fonction de la quantité de masse de tissu musculaire affectée par le protocole. Les systèmes hormonaux sont également impliqués dans d’autres tissus et glandes cibles, qui ont été stressés lors d’un entraînement particulier. Mais, encore une fois, leurs besoins sont également dictés par les demandes spécifiques de recrutement de neurones et leur implication pour soutenir le mouvement. Ainsi, un entraînement de cinq séries de 5RM a des exigences différentes d’un entraînement d’une série de 25RM en ce qui concerne l’activation de son unité motrice et son besoin de soutien et de récupération physiologiques. La plupart des hormones jouent plusieurs rôles physiologiques. Ces rôles comprennent la régulation de la reproduction, le maintien de l’environnement interne (homéostasie), la production, l’utilisation et le stockage d’énergie, la croissance et le développement. De plus, les hormones interagissent les unes avec les autres de manière complexe. Une hormone peut fonctionner de manière indépendante ou dépendante, selon son rôle dans un mécanisme physiologique donné. Une telle complexité (et flexibilité) permet au système endocrinien de répondre de façon appropriée à un défi physiologique et d’interagir différemment avec divers systèmes physiologiques ou tissus cibles en même temps. LE MUSCLE COMME CIBLE DES INTERACTIONS HORMONALES Les mécanismes hormonaux font partie d’un système de signalisation intégré qui assure la médiation des changements dans les processus métaboliques et cellulaires du muscle à la suite d’exercices d’entraînement. Le remodelage musculaire implique la perturbation et l’endommagement des fibres musculaires, la réponse inflammatoire, la dégradation des protéines endommagées, les interactions de signaux hormonaux et autres (comme les facteurs de croissance, les cytokines) et, finalement, la synthèse de nouvelles protéines et leur incorporation ordonnée dans les sarcomères existants ou nouveaux. Le processus inflammatoire implique le système immunitaire et diverses cellules immunitaires (cellules T et B par exemple), qui sont influencées par le système endocrinien. L’étude de la connexion entre les systèmes neuronal, endocrinien et immunitaire est appelée « immunologie neuroendocrine ». Ce terme démontre l’interdépendance de ces systèmes et la nature intégrative du processus de remodelage musculaire. Nous ne pouvons limiter notre réflexion sur les processus biologiques à un seul système. Les hormones sont intimement impliquées dans les mécanismes de synthèse et de dégradation des protéines qui font partie des adaptations musculaires à l’exercice. La production des protéines contractiles (actine et myosine), ainsi que des protéines structurales (desmine et titine, entre autres), et l’incorporation ultime de toutes ces protéines dans le sarcomère complètent le processus au niveau moléculaire. Une multitude d’hormones, y compris des hormones anabolisantes (favorisant la construction des tissus) telles que l’insuline, les facteurs de croissance similaires à l’insuline (IGF), la testostérone et l’hormone de croissance, contribuent toutes à divers aspects de ce processus. Les hormones thyroïdiennes agissent comme des hormones permissives importantes qui permettent à d’autres hormones d’agir. Les hormones anabolisantes opèrent également une autre action importante dans la construction des tissus, en bloquant les effets négatifs sur le métabolisme des protéines des hormones cataboliques, telles que le cortisol et la progestérone, qui peuvent dégrader les protéines cellulaires. Les effets négatifs du cortisol sur le muscle squelettique peuvent également être vus dans son rôle d’inactiver les cellules immunitaires ou sa fonction de bloquer d’autres voies de signalisation, telles que la voie Akt/cible mécanistique de la rapamycine (mTOR), impliquée dans l’initiation de la traduction de l’ARNm. L’interdépendance des hormones, des fibres musculaires et les changements ultérieurs des capacités fonctionnelles des fibres musculaires constituent la base de l’influence adaptative des hormones dans l’hypertrophie. Encore une fois, l’effet des hormones ne représente qu’un des mécanismes possibles dans l’adaptation des muscles squelettiques face à l’entraînement en résistance. RÔLE DES RÉCEPTEURS DANS LA MÉDIATION DES CHANGEMENTS HORMONAUX Le signal d’une hormone (et donc son effet biologique) n’est relayé qu’aux cellules qui expriment le récepteur de cette hormone spécifique. Cela garantit que le signal hormonal affecte uniquement le tissu cible, et non toutes les cellules du corps. En règle générale, l’hormone tente d’influencer le métabolisme cellulaire ou d’affecter la transcription de l’ADN dans le noyau (rappelez-vous que les cellules musculaires sont multinucléées). De nombreuses hormones ne pouvant pas traverser la membrane cellulaire, leur signal doit être transmis dans toute la cellule via des messagers secondaires (souvent sous la forme d’une cascade de réactions qui interagissent et transmettent le signal à la machinerie d’ADN dans les multiples noyaux des cellules musculaires ou dans le noyau unique des cellules typiques). Les récepteurs sont généralement intégrés dans la membrane cellulaire (récepteurs hormonaux polypeptidiques) ou dans le cytosol (récepteurs hormonaux stéroïdiens et thyroïdiens). Chaque cellule, des fibres musculaires aux cellules immunitaires, en passant par les cellules cérébrales, possède des récepteurs pour véhiculer le message ou le signal d’une hormone. L’un des principes de base de l’endocrinologie est qu’une hormone donnée interagit avec un récepteur spécifique. Ce principe est généralement appelé « théorie du verrou et de la clé » (dans laquelle le récepteur est le verrou et l’hormone est la clé, figure 4.2). Cependant, on sait maintenant que l’interaction hormone/récepteur est beaucoup plus complexe que ne le suggère cette simple théorie de la clé. Bien qu’une seule hormone ait exactement les bonnes caractéristiques pour se lier à un récepteur spécifique et induire complètement un signal, en cas de réactivité croisée, un récepteur donné interagit partiellement avec d’autres hormones (liaison allostérique ou blocage du site de liaison principal). De même, les récepteurs peuvent avoir des sites de liaison allostérique où des substances autres que les hormones peuvent augmenter ou réduire la réponse cellulaire à l’hormone primaire. Enfin, certaines hormones peuvent avoir besoin d’être sous une forme agrégée (plusieurs hormones liées entre elles) pour produire le signal optimal, via le récepteur. Nous pensons que c’est le cas pour l’hormone de croissance, où l’on voit que les masses moléculaires élevées n’ont pas de liaison immunitaire mais se lient aux récepteurs bioactifs dans le test de la ligne tibiale. Lorsqu’une adaptation n’est plus possible (quand la quantité maximale de protéines a été ajoutée à la fibre musculaire par exemple) ou qu’une « surstimulation » par une hormone s’est produite (résistance à l’insuline), un récepteur peut devenir moins réactif, ou même ne pas répondre à une hormone spécifique, l’empêchant de stimuler d’autres actions dans la cellule. Cette incapacité d’une hormone à interagir avec un récepteur est appelée « régulation négative » de la fonction du récepteur. Les récepteurs ont la capacité d’augmenter ou de diminuer leur sensibilité à la liaison, et le nombre réel de récepteurs présents pour la liaison peut également être modifié. Les altérations des caractéristiques de liaison du récepteur ou du nombre de récepteurs peuvent être une adaptation aussi spectaculaire que la libération de quantités accrues d’hormones d’une glande endocrine. De toute évidence, si un récepteur ne réagit pas à l’hormone, cette hormone entraînera peu ou pas d’altération du métabolisme cellulaire. Il a notamment été démontré pour l’hormone testostérone que l’entraînement physique affecte uniquement le nombre maximal de récepteurs, et non la sensibilité de liaison du récepteur. Les scientifiques commencent tout juste à étudier et à comprendre le rôle des changements des récepteurs dans les adaptations musculaires à l’entraînement physique. CATÉGORIES D’HORMONES En termes de structure moléculaire, il existe trois principales catégories d’hormones : les stéroïdes, les polypeptides (ou peptides) et les hormones amines. Chaque catégorie d’hormones interagit de différentes manières avec les cellules musculaires. Dans ce chapitre, nous nous concentrons principalement sur les deux premières catégories, ainsi que sur les hormones amines les plus importantes impliquées dans l’exercice, les catécholamines. INTERACTIONS AVEC LES HORMONES STÉROÏDES Les hormones stéroïdes, qui comprennent les hormones du cortex surrénalien (cortisol) et les gonades (testostérone et estradiol), sont liposolubles et diffusent passivement à travers la membrane cellulaire, bien que des mécanismes de transport possibles aient été décrits. La série d’événements de base conduisant à l’effet biologique est la même pour toute hormone stéroïde. Après diffusion à travers le sarcolemme, l’hormone se lie à son récepteur pour former un complexe hormone-récepteur (H-RC), provoquant un changement conformationnel du récepteur et donc l’activant. Le H-RC se lie ensuite à un autre H-RC et se déplace vers le noyau, où il arrive à l’ADN. Le H-RC « ouvre » l’ADN double brin afin d’exposer des unités transcriptionnelles qui codent pour la synthèse de protéines spécifiques. Le H-RC reconnaît des amplificateurs spécifiques, ou des éléments régulateurs en amont du gène spécifique promu par l’hormone donnée, et cette partie spécifique de l’ADN est transcrite. L’ARN messager (ARNm) résultant se déplace ensuite dans le sarcoplasme de la cellule, où il est traduit par le ribosome en la protéine spécifique promue par l’hormone stéroïde. La figure 4.3 montre une hormone stéroïde typique (testostérone) migrant dans et à travers la cellule. Grâce à son interaction au niveau génétique de la cellule, l’action de l’hormone stéroïde est terminée. Cependant, le fait que l’ARNm soit produit pour une protéine spécifique (comme l’actine) ne signifie pas nécessairement que cette protéine est produite par le ribosome et incorporée dans le sarcomère. Le message hormonal pour produire un ARNm spécifique n’est que la première partie de l’ensemble du processus de synthèse des protéines. INTERACTIONS AVEC LES HORMONES POLYPEPTIDIQUES Les hormones polypeptidiques sont constituées de chaînes d’acides aminés, comme l’hormone de croissance et l’insuline. Les hormones polypeptidiques n’étant pas liposolubles et ne pouvant donc pas traverser la membrane cellulaire, les messagers secondaires à l’intérieur de la cellule sont activés par le changement de conformation du récepteur induit par la liaison hormonale. De cette façon, les récepteurs membranaires transmettent le signal hormonal à l’intérieur de la cellule où il se propage à travers une cascade d’événements de signalisation à l’intérieur de la cellule. En général, les cascades de signalisation initiées par les hormones polypeptidiques affectent les processus métaboliques, la transcription de l’ADN ou l’initiation de la traduction de l’ARNm au niveau du ribosome. L’un des signaux de l’insuline induit une translocation de transporteurs spécifiques du glucose (GLUT4) du cytosol vers la membrane cellulaire, permettant une absorption accrue de glucose. La figure 4.4 montre une interaction typique de l’hormone polypeptidique avec le noyau cellulaire via la voie de signalisation, activée par cytokine, Janus kinase (JAK) / transducteur de signal et l’activateur de la transcription (STAT). La voie JAK/STAT est utilisée dans de nombreuses interactions différentes avec diverses hormones et fait l’objet d’une enquête continue. INTERACTIONS AVEC LES HORMONES AMINES Les hormones amines sont synthétisées à partir d’un acide aminé de tyrosine (épinéphrine, noradrénaline et dopamine) ou de tryptophane (sérotonine). De même que les hormones peptidiques, elles se lient aux récepteurs membranaires et agissent via des messagers secondaires. Cependant, contrairement aux hormones peptidiques, les hormones amines ne sont pas directement régulées par rétroaction négative. EXERCICE DE RÉSISTANCE INTENSE ET AUGMENTATIONS HORMONALES Un entraînement important et sur une longue période (de plusieurs mois à plusieurs années) engendre des réponses adaptatives importantes qui se traduisent par une taille, une force et une puissance accrues de la musculature entraînée. L’augmentation des concentrations d’hormones anabolisantes suite à un exercice de musculation intense est un signal qui peut augmenter les interactions hormonales avec divers tissus cibles, y compris le muscle squelettique. Lors de la stimulation d’une unité motrice par le cortex moteur, divers signaux (électriques, chimiques et hormonaux) sont envoyés du cerveau et des muscles activés vers un certain nombre de glandes endocrines. Un concept clé est que les systèmes physiologiques, y compris le système endocrinien, sont sensibles aux besoins du muscle activé, et donc le type de protocole d’exercice détermine l’étendue de l’implication d’un système donné. Les hormones sont sécrétées avant (réponse anticipative), pendant et après la séance d’exercice de résistance en raison du stress physiologique de l’exercice de résistance. Les sécrétions hormonales aiguës fournissent au corps des informations telles que la quantité et le type de stress physiologique (via l’épinéphrine), les exigences métaboliques de l’exercice (via l’insuline), et donc la nécessité de modifications ultérieures du métabolisme au repos (changement dans l’utilisation du substrat). Avec des schémas spécifiques de stimulation du système nerveux par l’exercice de musculation, certains changements hormonaux se produisent simultanément, à des fins spécifiques liées à la satisfaction des exigences de la période d’exercice, à la récupération et à l’adaptation au stress aigu de l’exercice. Les schémas du stress et des réponses hormonales se combinent pour façonner la réponse adaptative des tissus à un programme d’entraînement spécifique. Les augmentations hormonales en réponse à l’exercice de résistance ont lieu dans un environnement physiologique unique à ce type de stress d’exercice. Les lourdes charges externes levées – et les besoins importants en force musculaire qui en résultent – nécessitent l’activation d’unités motrices à seuil élevé qui ne sont généralement pas stimulées par d’autres types d’exercices tels que ceux d’endurance aérobie. Parmi les nombreuses réponses différentes à ce stress de production de forces importantes, on trouve des altérations de la capacité du sarcolemme à importer des nutriments, de la sensibilité et du nombre de récepteurs hormonaux dans les cellules musculaires. Une ou deux séances d’exercices de résistance intense peuvent augmenter le nombre de récepteurs aux androgènes, le récepteur de la testostérone, dans le muscle. De plus, les processus inflammatoires locaux liés aux lésions tissulaires et aux mécanismes de réparation sont activés par le stress et suivent leur cours avec le temps. Combinées, ces altérations entraînent une croissance musculaire et une augmentation de la force du muscle intact. Après une séance d’exercices de résistance, le remodelage du tissu musculaire a lieu dans l’environnement des sécrétions hormonales et d’autres mécanismes de signalisation moléculaire qui prévoient des actions anaboliques. Cependant, si le stress est trop important, les actions cataboliques dans le muscle peuvent dépasser les actions anaboliques, en raison, entre autres, de l’incapacité des hormones anabolisantes à se lier à leurs récepteurs, ou de la régulation négative des récepteurs dans le tissu musculaire. Ainsi, les actions hormonales sont importantes à la fois pendant et après une séance d’exercice pour répondre aux exigences du stress de l’exercice. Comme indiqué précédemment, l’ampleur de la réponse hormonale (anabolique ou catabolique) dépend de la quantité de tissu stimulé, de la quantité de remodelage tissulaire et de la quantité de réparation tissulaire requise à la suite du stress exercé. Ainsi, encore une fois, les caractéristiques du stimulus d’exercice (sélection parmi les variables précises du programme) sont primordiales pour la réponse hormonale au protocole d’exercice. La force spécifique produite dans les fibres activées stimule les sensibilités des récepteurs et des membranes aux facteurs anaboliques, y compris les hormones, qui conduisent à la croissance musculaire et aux changements de force. MÉCANISMES DES INTERACTIONS HORMONALES Les mécanismes des interactions hormonales avec le tissu musculaire dépendent de plusieurs facteurs. Premièrement, lorsque l’exercice augmente considérablement les concentrations sanguines d’hormones, la probabilité d’interaction avec les récepteurs peut être plus grande. Cependant, si la fonction physiologique à affecter est déjà proche d’un maximum génétique (peu de potentiel adaptatif restant), le récepteur n’est pas aussi sensible à l’augmentation de l’exposition hormonale. Par exemple, une cellule musculaire qui a déjà atteint sa taille maximale avec un entraînement à long terme peut ne pas être sensible aux signaux hormonaux endogènes pour stimuler davantage l’accrétion de protéines. Une désensibilisation similaire des récepteurs (affinité diminuée) à une hormone peut se développer lorsque les taux d’hormones au repos sont chroniquement élevés en raison d’une maladie (diabète sucré de type 2 par exemple) ou de l’utilisation de médicaments exogènes. La façon et le moment où cette réduction de la sensibilité des récepteurs aux augmentations hormonales se produit dans le muscle humain n’ont pas été entièrement établis. Cependant, la prédisposition génétique limite finalement l’augmentation de la taille musculaire. Deuxièmement, étant donné que les adaptations à un exercice de musculation intense sont généralement anabolisantes, les mécanismes de récupération impliqués sont liés à l’augmentation de la taille des cellules musculaires. Troisièmement, des erreurs dans les prescriptions d’exercice peuvent entraîner un effet catabolique plus important ou un manque d’effet anabolisant (programme d’exercice inefficace). En conséquence, les mécanismes hormonaux peuvent nuire au développement cellulaire ou activer de manière minimale les mécanismes qui augmentent l’hypertrophie. On pense que la combinaison de nombreux mécanismes différents stimule l’hypertrophie induite par l’exercice et que la signalisation moléculaire, y compris les hormones, est impliquée dans ce processus. Cette signalisation est influencée par des facteurs neuronaux qui fournissent des signaux importants au muscle squelettique, et peuvent ainsi augmenter les processus anaboliques. L’activation neuronale des fibres musculaires augmente l’affinité de liaison hormonale des récepteurs dans le muscle. L’intégration du système nerveux et des divers mécanismes hormonaux est différente chez les personnes entraînées et non entraînées. De plus, certains mécanismes hormonaux de l’hypertrophie induite par l’exercice, tels que ceux induits par la testostérone, ne sont pas pleinement opérationnels chez les deux sexes ou à tous les âges. Un large éventail de mécanismes hormonaux avec des effets différentiels (fondés sur la conception du programme, le niveau d’entraînement, le sexe, l’âge, la prédisposition génétique et le potentiel d’adaptation) fournit une myriade de stratégies d’adaptation possibles pour le maintien ou l’amélioration de la taille et de la force musculaire. CHANGEMENTS HORMONAUX DANS LE SANG PÉRIPHÉRIQUE En surveillant diverses mesures, y compris les changements dans les concentrations d’hormones dans le sang, nous apprenons beaucoup sur le stress physique qu’impose une séance d’entraînement au corps humain. Il s’agit d’un seul compartiment biologique qui peut être surveillé, et il doit être considéré dans le contexte de tous les autres processus stimulant la synthèse musculaire et protéique, comme les facteurs neuronaux ou la leucine (acide aminé à chaîne ramifiée). Les concentrations d’hormones peuvent être déterminées à partir d’échantillons de sang prélevés sur des athlètes à différents stades d’exercice et d’entraînement. On peut également mesurer les hormones dans le liquide entourant le muscle ou dans le muscle lui-même. Bien que l’interprétation des concentrations sanguines d’hormones puisse être délicate, car il ne s’agit que d’une partie du puzzle de la réponse hormonale, ces données fournissent une indication de l’état ou des réponses des glandes, ou de l’état fonctionnel des mécanismes contrôlés par l’hormone. Il convient de noter que les concentrations périphériques d’hormones dans le sang n’indiquent pas l’état des différentes populations de récepteurs ou les effets d’une hormone dans la cellule. Toutefois, nous supposons généralement que de fortes augmentations de la concentration hormonale indiquent des probabilités plus élevées d’interactions avec les récepteurs. Il ne fait aucun doute qu’une augmentation des concentrations circulatoires, en l’absence d’une réduction du volume plasmatique, signifie qu’il y a eu une augmentation de la libération des glandes endocrines. Le résultat physiologique de cette augmentation dépend maintenant du « statut » du récepteur dans le tissu cible : est-ce que le signal hormonal peut être réalisé dans la cellule par la liaison au récepteur et la traduction du signal à la machinerie de l’ADN ou d’autres cibles intracellulaires (voie mTOR) ? Plus difficiles à interpréter sont les diminutions des concentrations hormonales, qui pourraient indiquer plusieurs destins possibles pour l’hormone, y compris une absorption plus élevée dans les récepteurs tissulaires cibles, une plus grande dégradation, une diminution de sa sécrétion, ou une combinaison de ces différentes hypothèses. En plus de ces effets directs sur les hormones, de nombreux mécanismes physiologiques différents contribuent, à des degrés divers, aux changements observés dans les concentrations d’hormones du sang périphérique avec l’exercice, y compris le schéma circadien, les changements de volume de fluide (l’exercice tend à pousser le fluide de sang vers le compartiment intercellulaire), les taux de clairance tissulaire (temps passé dans un tissu), l’accumulation de sang veineux et les interactions hormonales avec les protéines de liaison. Ces mécanismes interagissent pour produire une certaine concentration d’une hormone dans le sang, ce qui influence le potentiel d’interaction avec les récepteurs dans le tissu cible et leurs effets secondaires ultérieurs, conduisant à l’effet final de l’hormone sur une cellule. Ainsi, lorsque nous déterminons les effets spécifiques de l’exercice sur les hormones, il faut considérer de nombreuses interprétations différentes. Une augmentation des concentrations hormonales dans le sang n’est pas une condition préalable pour voir des gains de taille ou de force musculaire, mais représente une activation accrue pour la libération hormonale de la glande endocrine impliquée. Les réponses hormonales sont étroitement liées aux caractéristiques du protocole d’exercice de musculation. ADAPTATIONS DANS LE SYSTÈME ENDOCRINIEN Bien que des organes tels que les muscles et les tissus conjonctifs soient les cibles ultimes de la plupart des programmes d’entraînement en musculation, de nombreuses adaptations se produisent également au sein du système endocrinien. En d’autres termes, lorsque nous formons des muscles, les glandes endocrines sont également entraînées. Comme indiqué précédemment, l’implication de toute glande endocrine dépend de la quantité de soutien nécessaire aux sécrétions de cette glande pour soutenir les unités motrices activées. Si nous faisons juste des séries de quinze répétitions (curl de poignet), il est douteux que toute glande endocrine soit stimulée pour augmenter la libération d’hormones, car la concentration homéostatique normale des hormones passant par la circulation serait en mesure de répondre aux besoins d’un groupe musculaire aussi mineur. Cependant, les récepteurs locaux seraient régulés à la hausse dans le tissu musculaire impliqué, pour répondre aux besoins des unités motrices utilisées pour cet exercice. Les adaptations sont liées aux changements dans les organes cibles et à la tolérance au stress d’exercice. Le potentiel d’adaptation dans le système endocrinien, avec tant de sites et de mécanismes différents qui peuvent être affectés, est énorme. Voici des exemples des types d’adaptation possibles : Quantité de synthèse et de stockage d’hormones Transport d’hormones via des protéines de liaison Temps nécessaire à l’élimination des hormones par le foie et d’autres tissus Quantité de dégradation hormonale qui se produit sur une période de temps donnée Quantité de transfert de sang vers les tissus produite avec le stress de l’exercice Niveau de liaison entre l’hormone et son récepteur (affinité du récepteur) : c’est une réponse rare à l’entraînement physique Nombre de récepteurs dans le tissu Modification du contenu et, dans certains cas, de la taille des cellules sécrétoires de la glande Amplitude du signal envoyé au noyau cellulaire par le H-RC ou un messager secondaire Degré d’interaction avec le noyau cellulaire (qui dicte la quantité de protéines musculaires à produire) Les hormones sont sécrétées en réponse à un besoin de contrôle homéostatique dans le corps, et le système endocrinien fait partie d’une stratégie globale visant à ramener les fonctions physiologiques à un niveau normal. Ces mécanismes homéostatiques contrôlés par le système endocrinien peuvent être activés en réponse à un effort aigu (immédiat) ou peuvent être modifiés par un entraînement chronique (sur de plus longues périodes). Le mécanisme qui intervient dans les changements homéostatiques aigus du stress lié à l’exercice de résistance aiguë est généralement une forte augmentation ou diminution des concentrations hormonales pour réguler une variable physiologique, comme le taux de glucose. Une augmentation ou une diminution plus subtile se produit généralement dans les concentrations hormonales au repos chronique, en réponse à l’entraînement en résistance. HORMONES ANABOLISANTES PRIMAIRES Les principales hormones anabolisantes impliquées dans la croissance et le remodelage des tissus musculaires sont la testostérone, l’hormone de croissance et les IGF, qui sont présentées ici, ainsi que l’insuline et les hormones thyroïdiennes, qui sont examinées plus en détail dans d’autres ouvrages. TESTOSTÉRONE La testostérone est le principal androgène qui interagit avec le tissu musculaire squelettique, et la dihydrotestostérone est le principal androgène qui interagit avec les tissus liés au sexe (comme la prostate chez les hommes). Bien que la concentration de testostérone en circulation soit importante pour le signal anabolique, c’est la liaison de la testostérone à son récepteur qui est la clé pour stimuler les fonctions anaboliques. Par conséquent, une augmentation de la concentration de testostérone en circulation (libre, liée ou les deux) n’est pas un marqueur absolu de cet événement. Cependant, une concentration accrue de testostérone fournit un marqueur indirect de l’activation de l’unité motrice et des exigences métaboliques, au-delà des conditions hémostatiques, et est généralement associée à une liaison accrue aux récepteurs. Un entraînement de musculation intense utilisant une ou deux répétitions à faible volume, qui ne peut pas entraîner de changements dans les concentrations de testostérone après un entraînement, pourrait encore augmenter le nombre absolu de récepteurs, et donc les sites de liaison disponibles pour la testostérone. Cependant, cet effet sur les récepteurs n’a pas encore été entièrement élucidé. Néanmoins, le changement des concentrations de testostérone est un signal anabolique spectaculaire pour les tissus cibles dans tout le corps. La testostérone circulante a été proposée comme un marqueur physiologique chez les hommes et les femmes pour évaluer l’état anabolique du corps. Le contrôle hormonal de la libération de testostérone a été examiné en détail. La testostérone a des effets directs et indirects sur le tissu musculaire. Elle peut favoriser la libération d’hormone de croissance par l’hypophyse, ce qui peut influencer la synthèse des protéines dans le muscle. À son tour, l’hormone de croissance semble avoir un effet permissif ou synergique pour favoriser la synthèse des protéines par la testostérone. Les interactions potentielles avec d’autres hormones et d’autres systèmes de signalisation démontrent la nature hautement interdépendante du système immunitaire neuroendocrinien en influençant la force et la taille des muscles squelettiques. Les effets de la testostérone sur le développement de la force et de la taille musculaires sont également liés à l’influence de la testostérone sur le système nerveux. Par exemple, la testostérone peut interagir avec les récepteurs des neurones, augmenter la quantité de neurotransmetteurs et influencer les changements structurels des protéines. Chacune de ces interactions peut améliorer le potentiel de production de force et la masse du muscle innervé. Après la sécrétion dans la circulation sanguine, à partir des testicules chez les hommes et des ovaires et des glandes surrénales chez les femmes, la testostérone est transportée vers les tissus cibles par une protéine de liaison (principalement la globuline et l’albumine liant les hormones sexuelles). Au niveau du tissu cible, la testostérone se dissocie de la protéine de liaison et traverse la membrane cellulaire afin de se lier au récepteur intracellulaire des androgènes. Des recherches ont montré que la testostérone se lie également aux récepteurs de la membrane cellulaire. Cette liaison permet l’apparition d’un effet intracellulaire rapide de la testostérone, comme la libération de calcium. La connaissance des récepteurs hormonaux et de leurs effets cellulaires se développe rapidement, et de nouvelles découvertes à venir permettront de mieux comprendre ce domaine. Des augmentations des concentrations sanguines périphériques de testostérone ont été observées chez les hommes pendant et après de nombreux types d’exercices d’endurance aérobie de haute intensité ainsi que pendant des exercices de résistance. Bien que ce ne soit pas un résultat complètement affiné, certaines données montrent que la petite testostérone, en particulier pour la testostérone libre, augmente chez les femmes après un exercice de résistance. Les variations des actions cellulaires de la testostérone consécutives à un exercice de résistance peuvent donc être attribuées à des différences dans la membrane cellulaire, peut-être en raison des forces s’exerçant sur les membranes lors d’un exercice de musculation, ou à différents mécanismes de rétroaction envoyant des signaux aux centres cérébraux supérieurs (comme des niveaux élevés de feed-back de la testostérone sur le cerveau pour diminuer la sécrétion d’hormone lutéinisante). De plus, les interactions avec les récepteurs peuvent être très différentes selon les conditions d’exercice, en raison de la force différentielle sur la membrane. Les exercices d’endurance aérobie de haute intensité peuvent provoquer une réponse spectaculaire des tissus cataboliques, et l’augmentation de la testostérone peut être liée au besoin de synthèse protéique pour suivre la perte de protéines. Malgré l’augmentation de la testostérone, l’hypertrophie ne se produit généralement pas avec un entraînement d’endurance aérobie. En fait, le stress oxydatif peut favoriser une diminution de la taille des fibres musculaires afin d’optimiser le transport de l’oxygène dans la cellule. Sans le stimulus d’exercice approprié, les mécanismes cellulaires qui assurent la croissance des fibres musculaires ne sont pas activés dans la mesure où l’hypertrophie se produit. Chez les garçons et les jeunes hommes (moins de dix-huit ans), plusieurs facteurs semblent influencer les concentrations aiguës de testostérone sérique et pourraient avoir un effet sur des augmentations significatives se produisant pendant ou après l’exercice. L’un de ces facteurs clés est le début de la puberté. La production de testostérone chez les garçons prépubères étant très faible, ces garçons manquent de quantités suffisantes pour induire une hypertrophie notable. Indépendamment ou dans diverses combinaisons, plusieurs variables d’exercice peuvent augmenter les concentrations sériques de testostérone chez les garçons et les jeunes hommes : des exercices musculaires impliquant de grands groupes musculaires (soulevé de terre, power clean, squat) de fortes résistances (85-95 % de 1RM) des volumes d’exercice modérés à élevés, obtenus avec plusieurs séries, plusieurs exercices ou les deux de courts intervalles de repos (30 secondes à 1 minute) un entraînement à la musculation depuis au moins deux ans Les augmentations de la testostérone totale sérique chez les hommes sont évidentes lorsque le sang est prélevé avant et immédiatement après les protocoles d’exercice qui utilisent de très gros groupes musculaires : c’est le cas pour les soulevés de terre, mais pas les développés couchés. Lorsqu’un échantillon de sang est prélevé au moins quatre heures après l’exercice, d’autres facteurs, tels que les variations diurnes (fluctuations normales des niveaux d’hormones tout au long de la journée) ou les phénomènes de récupération, peuvent affecter l’ampleur ou la direction de la réponse au stress aigu. De plus, d’éventuels rebonds ou diminutions des valeurs sanguines de testostérone au fil du temps peuvent refléter une augmentation ou une diminution des variations diurnes, ce qui rend l’interprétation des échantillons sanguins tardifs encore plus difficile. Des preuves récentes démontrent que l’exercice de résistance aiguë ne semble pas affecter les changements diurnes de la testostérone. Chez les hommes, les concentrations de testostérone sont généralement plus élevées le matin et diminuent avec le temps tout au long de la journée, mais des augmentations peuvent survenir à tout moment du schéma circadien avec l’exercice. Cependant, l’amplitude du changement est plus petite lorsque les concentrations au repos sont plus faibles, ce qui conduit à des concentrations absolues plus faibles avec l’exercice malgré le fait que des augmentations se produisent. À ce jour, il n’a pas été démontré que l’heure de la journée (matin ou après-midi) de l’entraînement en force a des effets significatifs sur les concentrations totales de testostérone au repos, son schéma diurne ou l’augmentation absolue de la force maximale. Les femmes ont des concentrations de testostérone sérique beaucoup plus faibles et peu de variations de concentrations au cours de la journée (bien qu’il existe des données limitées pour soutenir cette dernière affirmation). Cependant, la réponse de leurs récepteurs aux androgènes est très dynamique avec une régulation à la hausse beaucoup plus rapide que chez les hommes, susceptible de mieux utiliser la quantité de testostérone présente avec un stimulus d’exercice de résistance. Ainsi, une élévation de la testostérone dans le sang chez les femmes après un exercice de résistance pourrait avoir un impact car la vitesse de réponse aux changements de récepteurs permet d’utiliser la testostérone nouvellement disponible dans le sang. Des exercices des grands groupes musculaires, utilisant un volume adéquat de travail total, entraînent une augmentation aiguë des concentrations totales de testostérone chez les hommes. ※ TESTOSTÉRONE GRATUITE ET GLOBULINE LIANT LES HORMONES SEXUELLES Les réponses aiguës à l’exercice de la testostérone libre (testostérone non liée à une protéine de liaison, comme la globuline qui se lie aux hormones sexuelles pour le transport) commencent à être mieux comprises. La testostérone libre ne représente que 0,5 à 2 % de la testostérone totale. Ainsi, une concentration totale de testostérone plus élevée permet d’avoir plus de testostérone libre. Un exercice de résistance intense (six séries de dix répétitions à 80 % de 1RM) peut augmenter considérablement la testostérone libre chez les hommes et les femmes, bien que l’augmentation soit beaucoup plus faible pour les femmes. Pour les hommes, Kraemer et ses collègues ont montré que l’âge semble affecter les réponses de la testostérone libre à l’exercice de résistance. En d’autres termes, les hommes plus jeunes (âgés de trente ans) avaient des concentrations plus élevées de testostérone libre après un entraînement que les hommes plus âgés (âgés de 62 ans). Cela pourrait indiquer un plus grand potentiel biologique d’interaction de la testostérone avec les tissus cibles chez les hommes plus jeunes. L’hypothèse dite de l’« hormone libre » stipule que seule l’hormone libre interagit avec les tissus cibles. Néanmoins, l’hormone liée pourrait influencer de manière significative le taux de livraison d’hormones à un tissu cible, tel que le muscle, et cela peut être un avantage que les jeunes hommes ont sur les hommes plus âgés après une séance d’entraînement. Autrement dit, les hommes plus jeunes ont des valeurs plus absolues de testostérone totale et donc plus de testostérone libre sur une valeur en pourcentage du total que les hommes plus âgés. Le rôle, la régulation et l’interaction des protéines de liaison et leurs interactions avec les cellules présentent également des possibilités intéressantes d’amélioration de la production de force, en particulier pour les femmes, dont la quantité totale de testostérone est très faible par rapport à celle des hommes. La stimulation des cellules musculaires de la croissance maintient la testostérone plus longtemps dans un état lié. En fait, la protéine de liaison peut elle-même agir comme une hormone avec une activité biologique. Le rôle biologique de diverses protéines de liaison semble être un facteur important dans les interactions tissulaires. Des études menées par Kvorning et ses collègues ont démontré que pour les hommes plus jeunes, la testostérone est un acteur majeur dans les réponses anaboliques à l’entraînement en résistance. Lorsque les sujets recevaient des bloqueurs d’hormones lutéinisantes, entraînant de très faibles concentrations de testostérone mais sans affecter les autres systèmes de signalisation anabolique, les gains de force musculaire et de masse maigre étaient réduits par rapport à ceux des hommes fonctionnant normalement avec des concentrations de testostérone normales. Ces études classiques démontrent l’importance de la testostérone endogène dans les mécanismes adaptatifs pour les ajustements de l’entraînement en résistance. ※ RÉPONSES À LA TESTOSTÉRONE CHEZ LES FEMMES La testostérone est la principale hormone sexuelle masculine. Les femmes ont des concentrations d’environ quinze à vingt fois plus faibles de testostérone circulante que les hommes. Si la plupart des études n’ont pas été en mesure de démontrer une augmentation aiguë de la testostérone après une séance d’exercice de résistance pour les femmes, les données montrent que si des augmentations se produisent, elles sont relativement faibles et ne sont parfois observées que pour la testostérone libre. Pourtant, chez les femmes plus jeunes, une augmentation faible mais significative de la testostérone sérique en réponse à des squats (6 x 10RM) a été observée. De plus, Vingren et ses collègues ont observé des augmentations aiguës de la testostérone libre chez les hommes et les femmes qui ont été formés en réponse à un protocole d’exercice de résistance intense, mais les concentrations chez les femmes étaient considérablement plus faibles que chez les hommes (figure 4.5). La concentration de testostérone peut varier considérablement entre les femmes, car certaines femmes sécrètent des concentrations plus élevées d’androgènes surrénales. Dans un rapport, des changements ont été observés dans les concentrations de base de testostérone chez les femmes qui faisaient régulièrement de l’exercice par rapport aux témoins inactifs. Pourtant, d’autres études n’ont pas été en mesure de démontrer des changements dans les concentrations sériques de testostérone avec la formation. Cependant, encore une fois, l’utilisation de la testostérone par la régulation rapide (en une heure environ) des récepteurs des androgènes des muscles squelettiques montre la grande sensibilité des femmes à l’augmentation de la testostérone et l’importance de son utilisation. ※ ADAPTATIONS D’ENTRAÎNEMENT DE LA TESTOSTÉRONE Les recherches continuent concernant les réponses de la testostérone face à l’entraînement en résistance. Il est important de se rendre compte que la testostérone augmente en réponse aux exigences d’un protocole d’exercice. Ensuite, soit les récepteurs augmentent la liaison pour utiliser la testostérone élevée, soit ils ne le font pas en raison d’un manque de besoin du signal pour augmenter le métabolisme musculaire. Il se pourrait bien que d’autres récepteurs, sur d’autres tissus cibles (cellules nerveuses ou satellites), soient plus affectés à certains moments de l’entraînement, en fonction de la fenêtre d’adaptation disponible dans les tissus cibles. Attendre une augmentation des concentrations au repos peut être un concept dépassé, mais on pourrait s’attendre à une augmentation des concentrations induites par l’exercice en raison de l’amélioration de la capacité fonctionnelle et de la capacité à faire plus de travail dans un protocole d’exercice. Il semble que le temps d’entraînement et l’expérience peuvent être des facteurs très importants pour modifier les concentrations de cette hormone au repos induites par l’exercice. Cependant, son rôle dans le muscle squelettique pourrait changer à mesure que les limites supérieures de la taille des cellules musculaires augmenteraient. Chez les hommes adultes, des augmentations aiguës de la testostérone sont observées si le stimulus d’exercice est adéquat (plusieurs séries, 5-10RM, masse musculaire adéquate utilisée). Dans une de ses études, Häkkinen et ses collègues ont démontré qu’au cours de deux années d’entraînement, même chez les haltérophiles d’élite, de petites augmentations des concentrations sériques de testostérone au repos se produisent, en même temps que des augmentations de l’hormone folliculo-stimulante et de l’hormone lutéinisante, qui participent à la régulation de la production de testostérone et sont libérées et sécrétées par l’hypophyse antérieure en réponse aux signaux du cerveau via l’hypothalamus. La testostérone pourrait jouer un rôle dans le développement du système nerveux dans l’entraînement à long terme en augmentant les adaptations neuronales qui se produisent pour le gain de force chez les athlètes hautement entraînés en force et en puissance. De plus, certaines études ont montré une plus grande adaptation à l’entraînement en résistance lorsque les séances du programme d’entraînement ont induit des concentrations de testostérone extrêmement élevées. Si les recherches sur l’effet de l’exercice de résistance et de l’entraînement sur le récepteur des androgènes (récepteur de la testostérone) restent limitées, plusieurs études ont récemment été publiées soulignant l’intérêt actuel pour ce sujet. Les résultats varient, montrant à la fois des augmentations et des diminutions de la teneur en récepteurs d’androgènes. Cependant, ces différences peuvent provenir de variations dans les protocoles d’exercice, ainsi que du moment de l’échantillonnage des tissus. Malgré ces résultats variables, il semble que l’exercice contre résistance et l’entraînement augmentent finalement la teneur en récepteurs des androgènes musculaires. Avec l’augmentation de la liaison aux récepteurs des androgènes, l’utilisation de la testostérone est améliorée. De plus, les apports nutritionnels avant une séance d’entraînement peuvent entraîner une régulation excessive des muscles squelettiques, raison pour laquelle l’ingestion de protéines et de glucides avant une séance d’entraînement semble importante. HORMONE DE CROISSANCE Il règne une grande confusion sur la définition de l’hormone de croissance (HC) et ce dont elle est responsable dans le corps humain. Ces dernières années, elle a pris une nouvelle place particulière, à la fois dans l’exercice physique et dans la médecine. L’hormone principale issue de la machinerie de l’ADN est le polypeptide de 191 acides aminés (appelé « monomère avec un poids moléculaire de 22 kDa »), qui est produit dans le somatotrope de l’hypophyse antérieure : dans deux types de somatotropes, la bande 1 (contenant des molécules de formes de poids plus petites, comme 22 kDa) et la bande 2 (contenant des molécules de formes de poids élevées telles que des agrégats). En raison des progrès du dosage radio-immunologique dans les années 1960 et 1970, le 22 kDa a été la principale forme évaluée dans le sang. Jusqu’à récemment, cela a occulté ce qui se passe avec les autres concentrations plus importantes de formes d’agrégats. Il est désormais clair que le monde de l’endocrinologie hypophysaire de l’hormone de croissance est beaucoup plus complexe que ce qui était précédemment apprécié lorsque seule la variante de 22 kDa était étudiée. Le sang est rempli de variantes d’épissage d’HC et, plus important encore, de ses nombreux agrégats (multiples liaisons disulfures reliant ensemble des monomères HC) dans différentes combinaisons de poids moléculaire. De plus, le scénario est plus complexe en raison de la présence de deux types de protéines de liaison à l’HC, qui produisent également des formes de poids moléculaire plus élevées (monomère HC lié à une protéine de liaison à l’HC). À l’heure actuelle, les scientifiques commencent tout juste à démêler les rôles réglementaires complexes que joue cette superfamille. Fait intéressant, il y a une concentration beaucoup plus élevée d’hormone de croissance bioactive (agrégats) par rapport au seul monomère d’HC de 22 kDa. Cela porte à croire que nous n’avons qu’un aperçu de ce que font les hormones de croissance dans le corps. Il a été démontré l’implication en médecine du monomère de 22 kDA dans le cancer, via ses interactions avec la libération d’IGF-I hépatique, ce qui confirme notre manque de connaissance à l’heure actuelle sur le rôle physiologique de ce monomère. Ainsi, les formes agrégées d’hormone de croissance pourraient être l’HC biologiquement fonctionnelle impliquée dans l’adaptation à l’exercice. Encore une fois, la majorité des études en endocrinologie de l’exercice ont examiné l’isoforme de 22 kDa en raison de la facilité et de la popularité des immunodosages (souvent appelés « radio-immunodosage » ou RIA, « dosage immunoenzymatique » ou ELISA, ou encore « immunodosage enzymatique », ou EIA). Ces techniques dépendent des interactions des anticorps pour déterminer la quantité présente dans le sang. Les anticorps utilisés sont généralement spécifiques de la variante de l’hormone de croissance de 22 kDa, et donc de nombreuses autres formes restent non détectées ou sous-détectées avec de telles techniques de dosage. Néanmoins, le modèle actuel pour la réglementation et les objectifs de diverses formes d’hormone de croissance est tel que le montre la figure 4.6. La multitude de mécanismes physiologiques et de tissus cibles qui ont été liés à la médiation HC a indiqué pendant un certain temps le besoin d’une superfamille d’hormones pour atteindre une telle diversité d’effets. L’hormone de croissance est importante pour le développement normal d’un enfant, mais elle semble également jouer un rôle vital dans l’adaptation au stress de l’entraînement en musculation. Une étude menée par Mc Call et ses collègues a révélé une corrélation positive entre les réponses de l’hormone de croissance et l’hypertrophie des fibres musculaires après vingt semaines d’entraînement en musculation, mais il est possible que d’autres variantes de l’HC aient suivi un schéma d’augmentation similaire à celui de la forme de 22 kDa, ce qui pourrait expliquer cette corrélation. Cela met en évidence les problèmes liés à l’utilisation d’une régression simple pour déterminer les effets d’une hormone. Comme la théorie de « la cause et l’effet » n’est pas dictée par une simple régression, une grande prudence est nécessaire avec de telles interprétations pour n’importe quelle hormone. Les tissus cibles pour l’HC sont très variables, différentes variantes de poids moléculaires ont différents tissus cibles, qui comprennent les os, les cellules immunitaires, le muscle squelettique, les cellules adipeuses et le tissu hépatique. Les principaux rôles physiologiques de l’hormone de croissance et de sa superfamille sont les suivants (bien que la clarté manque quant à la forme moléculaire de la superfamille d’HC qui est directement responsable du rôle donné) : diminution de l’utilisation du glucose diminution la synthèse du glycogène augmentation du transport des acides aminés à travers les membranes cellulaires augmentation de la synthèse des protéines augmentation de l’utilisation des acides gras augmentation de la lipolyse (dégradation des graisses) augmentation de la disponibilité du glucose et des acides aminés augmentation de la synthèse de collagène stimulation de la croissance du cartilage augmentation de la rétention d’azote, de sodium, de potassium et de phosphore augmentation du débit et de la filtration du plasma rénal favorisation de l’hypertrophie rénale compensatoire amélioration de la fonction des cellules immunitaires La sécrétion d’hormone de croissance est régulée par un système complexe de mécanismes de rétroaction neuroendocrine. De nombreuses actions de l’hormone peuvent être médiées par un ensemble secondaire d’hormones, ou même être le résultat d’autres formes d’HC, mais l’hormone de croissance sous la plupart de ses formes interagit directement avec les tissus cibles. La forme HC de 22 kDa stimule à la fois la libération d’IGF au niveau de la communication autocrine de la cellule, contribuant aux changements globaux des IGF dans le corps et augmentant la disponibilité des acides aminés pour la synthèse des protéines. Il en résulte des conditions qui favorisent la réparation tissulaire en général, et peut-être la récupération après l’entraînement. Le facteur de croissance analogue à l’insuline peut être libéré par les tissus non hépatiques (graisses, globules blancs), y compris le muscle luimême, qui peut ne pas produire autant d’IGF endogène que les autres tissus corporels. Néanmoins, l’hormone de croissance joue un rôle crucial dans les interactions cellulaires directes, étant l’une des hormones anabolisantes les plus puissantes. La sécrétion d’HC de 22 kDa (et donc la quantité dans le sang) varie selon l’heure de la journée, les niveaux les plus élevés étant observés la nuit pendant le sommeil. Cependant, il n’a pas été démontré que les quantités plus élevées d’HC bioactive ont un schéma circadien. La forme de libération d’HC de 22 kDa est pulsatile : ces impulsions ont également des amplitudes différentes tout au long de la journée, et l’exercice semble augmenter leur amplitude et leur nombre. Il a été émis l’hypothèse que les augmentations nocturnes sont impliquées dans divers mécanismes de réparation tissulaire dans le corps. Ainsi, il est possible que la sécrétion et la libération d’hormone de croissance influencent directement les adaptations de l’unité contractile du muscle et l’expression ultérieure de la force. Divers facteurs externes, tels que l’âge, le sexe, le sommeil, la nutrition, la consommation d’alcool et l’exercice, modifient les modèles de libération d’HC. L’hormone de croissance est libérée dans la circulation périphérique, où elle s’attache à des protéines de liaison spécifiques, qui représentent le domaine extracellulaire du récepteur de l’HC. En général, l’hormone de croissance agit en se liant aux récepteurs liés à la membrane plasmique des cellules cibles. Les interactions avec l’HC bioactive, ou ses agrégats et variantes d’épissage, restent un sujet de recherche actuel car nous considérons maintenant l’hormone croissance comme ayant plus d’une forme moléculaire. de ※ RÉPONSES DES HORMONES DE CROISSANCE AU STRESS Les hormones hypophysaires (proopiomélanocortine, ou POMC, hormone de croissance et prolactine) répondent à une variété de facteurs de stress liés à l’exercice, y compris l’exercice contre résistance. Les concentrations d’hormone de croissance (22 kDa) augmentent en réponse à la respiration et à l’hyperventilation seules, ainsi qu’à l’hypoxie. Il semble qu’un stimulus substantiel pour la libération d’HC de 22 kDa réside dans une augmentation des concentrations d’ion hydrogène (baisse du pH) et de lactate. Tous les protocoles d’exercices ne montrent pas une concentration accrue d’HC sérique. Vanhelder et ses collègues ont observé que lorsqu’une charge légère (28 % de 7RM) était utilisée avec un nombre élevé de répétitions dans chaque série, aucun changement dans la concentration sérique de l’HC de 22 kDa ne se produit. Il semble qu’un seuil d’intensité doit être atteint afin d’obtenir une réponse significative d’HC de 22 kDa à l’exercice, en particulier lorsque des périodes de repos plus longues (plus de trois minutes) sont utilisées. Cela peut être dû à la connexion métabolique avec le métabolisme glycolytique (au moins pour la variante à 22 kDa). Selon la charge, le repos, le volume d’exercice et la sélection d’exercice d’un protocole d’exercice, différentes réponses d’HC de 22 kDa se produisent. Dans une étude conçue pour déterminer les différentes variables liées aux augmentations d’HC, Kraemer et ses collègues ont constaté que les augmentations sériques de l’hormone de croissance de 22 kDa sont sensibles de manière différente au volume d’exercice, à la quantité de repos entre les séries (moins de repos = plus d’HC de 22 kDa), et la résistance utilisée (10RM produisent des valeurs de lactate plus élevées et des réponses plus élevées d’HC de 22 kDa). Lorsque l’intensité utilisée était de 10RM (résistance élevée) avec trois séries de travail (travail total élevé, environ 60000 J) et de courtes périodes de repos (une minute), de fortes augmentations ont été observées dans les concentrations sériques d’HC de 22 kDa. Les augmentations les plus spectaculaires sont survenues en réponse à une période de repos d’une minute, lorsque la durée de l’exercice était plus longue (10RM contre 5RM). Étant donné que ces différences sont liées à la configuration de la séance d’exercice (durée de la période de repos), il semble qu’une plus grande attention doit être accordée aux variables de conception du programme lorsque les adaptations physiologiques à l’entraînement en résistance sont évaluées. La libération d’hormone de croissance est affectée par le type de protocole d’entraînement utilisé, y compris la durée de la période de repos. Les types d’exercices comprenant de courtes périodes de repos entraînent des concentrations sériques plus élevées que dans le cas de protocoles au repos prolongé, avec un travail total similaire. Cependant, à l’heure actuelle, il reste encore à étudier précisément comment les diverses formes moléculaires (agrégats et variantes d’épissage) ou les types d’HC sont affectés par la durée de la période de repos. ※ RÉPONSES AUX HORMONES DE CROISSANCE CHEZ LES FEMMES Tout au long du cycle menstruel, les femmes ont des concentrations sanguines d’hormones de croissance de 22 kDa plus élevées que les hommes en raison d’une fréquence et d’une amplitude de sécrétion plus importantes. Les concentrations d’hormones et les réponses hormonales à l’exercice varient selon la phase menstruelle, bien que les mécanismes de cette variation ne soient pas clairement connus. Kraemer et ses collègues ont constaté qu’au début de la phase folliculaire du cycle menstruel, les femmes avaient des concentrations d’HC de 22 kDa significativement plus élevées au repos que les hommes. De plus, avec l’utilisation d’un protocole d’exercices de résistance intense caractérisé par de longues périodes de repos (trois minutes) et de lourdes charges (5RM), les concentrations d’HC de 22 kDa n’ont pas augmenté au-dessus des concentrations au repos. Cependant, lorsqu’un protocole d’exercice avec un temps de récupération court (une minute) et une résistance modérée (10RM) est utilisé, des augmentations significatives des valeurs sériques d’HC de 22 kDa ont été observées. Les schémas de réponse hormonale à différentes routines d’exercices en résistance peuvent varier au cours du cycle menstruel en raison de modifications des niveaux de récupération. En outre, l’utilisation de la contraception hormonale (pilules contraceptives contenant des œstrogènes) semble augmenter la réponse d’HC de 22 kDa à l’exercice en résistance. Cependant, les schémas de réponse des hommes et des femmes au même protocole d’exercices sont similaires lorsque les entraînements sont comparés (une récupération courte entraîne une élévation de l’HC de 22 kDa plus importante que les entraînements à longue période de récupération). Des études montrent que l’hormone de croissance bioactive est également constituée de nombreuses tailles moléculaires différentes en fonction de la taille des molécules qui se lient ensemble (deux monomères liés ensemble donnent un dimère ou une forme de 44 kDa, et ainsi de suite lorsque les monomères HC sont ajoutés ensemble). Fait intéressant, chez les femmes, il a été démontré que l’hormone de croissance bioactive est altérée par l’entraînement en musculation. Il semble que les concentrations au repos soient augmentées alors que peu de changements se produisent sous la forme d’HC de 22 kDa. De plus, les concentrations d’HC bioactive ne sont pas aussi élevées chez les femmes âgées que chez les femmes plus jeunes. En outre, l’exercice de musculation est un stimulus plus puissant pour l’HC bioactive que l’exercice d’endurance. Les premières recherches ont montré que les contraceptifs ont également des effets minimes sur les formes d’hormones de croissance bioactives. En outre, des concentrations plus élevées d’HC bioactive sont observées chez les femmes qui ont une plus grande force, ce qui suggère également l’importance des formes agrégées plus élevées d’hormone de croissance. Ces nouvelles perspectives sur l’hormone de croissance démontrent à nouveau la complexité potentielle du système endocrinien, et montrent que nous avons beaucoup plus à apprendre sur ces signaux importants pour les tissus. Les effets de la périodisation de l’entraînement en musculation au cours du cycle menstruel restent à examiner, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élucider tout mécanisme d’adaptation neuroendocrine lié au sexe. Actuellement, les concentrations réduites de testostérone des femmes et les différentes concentrations hormonales au repos au cours du cycle menstruel semblent être leurs différences neuroendocrines les plus frappantes par rapport aux hommes. ※ ADAPTATIONS DE L’HORMONE DE CROISSANCE À L’ENTRAÎNEMENT Il semble que les concentrations d’hormone de croissance doivent être mesurées sur des périodes plus longues (deux à vingt-quatre heures) pour constater les changements produits avec l’entraînement en musculation. La zone sous la courbe de temps, qui comprend un tableau d’effets pulsatiles, indique si des changements de libération se sont produits. Les réponses de l’hormone de croissance à l’entraînement en musculation n’ont pas été étudiées de façon approfondie, mais les observations de mesures normales et uniques de concentrations d’HC de 22 kDa au repos auprès d’haltérophiles d’élite suggèrent peu de changements. Il est probable que les différences dans les mécanismes de rétroaction, les changements dans la sensibilité des récepteurs, la potentialisation de l’IGF, les variations diurnes et les concentrations maximales d’exercice peuvent altérer les adaptations de l’HC face à l’entraînement en musculation. Les tendances typiques des changements liés à l’entraînement dans l’hormone de croissance semblent être une réduction de la réponse de l’HC de 22 kDa à un stress d’exercice absolu et des altérations des caractéristiques de pulsatilité de l’HC de 22 kDa. La réduction des réponses de l’HC de 22 kDa à l’entraînement indique peut-être des interactions potentielles avec d’autres formes de poids moléculaire. Les réponses individuelles sur une période de neuf mois sont très variables, sans changement significatif de groupe au fil du temps dans un groupe d’haltérophiles d’élite (observations non publiées). Cela signifie probablement que des quantités plus élevées d’HC agrégée étaient produites, la forme de 22 kDa devenant moins importante à mesure que l’étude de l’hypophyse se poursuit, en raison de la majorité de l’HC détenue sous forme agrégée ou liée. Il s’agit d’un domaine important de recherche, actuelle et future. Comme nous l’avons déjà mentionné, les données initiales indiquent que les concentrations au repos et certaines formes de poids moléculaire de l’hormone de croissance sont également influencées par l’entraînement en résistance à long terme chez les femmes. À l’heure actuelle, il semblerait que les réponses induites par l’exercice de l’HC de 22 kDa changent avec l’entraînement, avec peu de modifications dans les concentrations au repos, à l’exception des petites augmentations et diminutions de la phase menstruelle. Pour l’hormone de croissance bioactive, contrairement à la forme monomère HC de 22 kDa, ce sont les concentrations au repos qui peuvent subir le plus de changements avec des altérations subtiles dans certaines fractions bioactives de poids moléculaire supérieur à 22 kDa. Pourtant, nous sommes loin de comprendre comment l’hormone de croissance change en fonction de l’entraînement en résistance à long terme. FACTEURS DE CROISSANCE ANALOGUES À L’INSULINE Certains des effets de l’HC de 22 kDa sont médiés par de petits polypeptides appelés « facteurs de croissance analogues à l’insuline » (IGF) ou « somatomédines ». Il a été supposé qu’une superfamille IGF pourrait être importante comme biomarqueur pour la santé et la performance. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I est un polypeptide de 70 acides aminés et l’IGF-II est un polypeptide de 67 acides aminés : la fonction de ce dernier est moins claire. Encore une fois, une superfamille de peptides existe avec des protéines de liaison. Le foie sécrète des IGF après que l’hormone de croissance de 22 kDa stimule les cellules hépatiques à synthétiser des IGF. Outre l’hormone de croissance, des facteurs tels que l’hormone thyroïdienne et la testostérone sont également impliqués dans la régulation de la synthèse de l’IGF. Typiques de nombreuses hormones polypeptidiques, les deux facteurs de croissance sont synthétisés sous forme de molécules précurseuses plus grandes, qui subissent ensuite un traitement pour former les autres variantes des hormones actives elles-mêmes. Les facteurs de croissance de type insuline se déplacent dans le sang en étant liés aux protéines de liaison. Dans le tissu cible, les IGF se dissocient de la protéine de liaison et interagissent avec les récepteurs. Les concentrations sanguines d’IGF sont généralement mesurées en tant que concentrations totales (somme des liées et des libres) ou concentrations d’IGF libres. Au moins six protéines de liaison circulantes différentes, qui régulent la quantité d’IGF disponible pour l’interaction avec les récepteurs, ont été identifiées : les protéines de liaison IGF-I 1 à 6 (la protéine de liaison 1 et la protéine de liaison 3 étant les plus étudiées en termes de réponse à exercice). Chaque protéine de liaison répond indépendamment au stress de l’entraînement et possède ses propres actions biologiques. Les protéines de liaison sont des facteurs importants dans les mécanismes de transport et physiologiques de l’IGF. Il a été démontré que le facteur de croissance analogue à l’insuline stimule la sécrétion de ses propres protéines de liaison à l’intérieur de la cellule musculaire elle-même, modulant ainsi la réactivité de la cellule à l’IGF. Les protéines de liaison à l’IGF circulant jouent un rôle important dans la restriction de l’accès des peptides IGF aux récepteurs et sont influencées par les concentrations d’HC de 22 kDa. D’autres facteurs, comme l’état nutritionnel et les niveaux d’insuline, se sont également révélés être des mécanismes de signal importants pour la libération d’IGF. L’influence nutritionnelle sur le transport, la production et le contrôle réglementaire de l’IGF est une variable notable affectant ses interactions cellulaires. Les changements aigus du bilan azoté, de l’apport en protéines et de l’état nutritionnel affectent une variété de mécanismes. Il semble également que les protéines de liaison agissent comme un réservoir d’IGF, et la libération des protéines de liaison est signalée par la disponibilité d’un récepteur sur la cellule. Cela permet à l’IGF d’être viable pendant une période de temps plus longue et pourrait théoriquement réduire la quantité de dégradation de l’IGF. En musculation, nombre de ces mécanismes sont influencés par le stress exercé, par des réponses hormonales aiguës et par le besoin de remodelage des muscles, des nerfs et des tissus osseux au niveau cellulaire. Les interactions spectaculaires de plusieurs hormones et récepteurs fournissent de puissants mécanismes adaptatifs en réponse à l’entraînement en musculation et peuvent contribuer aux changements ultérieurs de la force et de la taille musculaires. ※ RÉPONSES À L’EXERCICE DES FACTEURS DE CROISSANCE ANALOGUES À L’INSULINE Le facteur de croissance analogue à l’insuline I a été le principal IGF étudié dans le contexte de l’exercice, en raison de son rôle prolifique dans l’anabolisme des protéines. C’est aussi une superfamille de polypeptides et de protéines de liaison, avec des implications remarquables pour la santé et la performance. Les raisons exactes de l’augmentation aiguë des taux sanguins d’IGF-I sont inconnues, mais sont probablement liées à la perturbation de diverses cellules, y compris les cellules adipeuses et musculaires, qui fabriquent et stockent l’IGF. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I existe dans différents compartiments biologiques (sang, liquide interstitiel, ou ISF, et muscle), et la question de savoir si les réponses de l’IGF-I circulant reflètent ce qui se passe dans les liquides locaux entourant le muscle a été examinée. Dans cette étude portant sur des hommes et des femmes, il a été montré que l’augmentation de l’IGF-I total et libre circulant n’était pas corrélée à l’augmentation des concentrations d’IGF-I dans le liquide interstitiel ou de la teneur en protéines d’IGF-I musculaires. Ces données ont indiqué que les augmentations induites par l’exercice de l’IGF-I circulant ne reflètent pas le signal IGF-I local qui a lieu, montrant que les concentrations circulantes ne sont qu’une vue des schémas de réponse endocrinienne. Il faut huit à vingt-quatre heures pour que l’IGF soit produit et libéré du foie après la stimulation par l’hormone de croissance. Cela semble indiquer que l’IGF est libéré à partir de sources de stockage autres que le foie, que la libération est due à une perturbation cellulaire des cellules qui contiennent déjà de l’IGF, ou que la libération d’IGF médiée par l’hormone de croissance avec certains types d’exercice a une évolution temporelle différente de celle des études sur la réponse aux injections. Les altérations systématiques des concentrations circulatoires d’IGF en réponse à divers types de protocoles d’exercice semblent être étroitement liées aux facteurs régulateurs de la libération et du transport d’IGF. L’évaluation des changements sériques sur des périodes plus longues est nécessaire pour évaluer les effets spécifiques et les relations avec l’hormone de croissance dans le sérum. Chez les femmes et les hommes, l’IGF-I est resté stable malgré l’amélioration de la force et de la puissance au cours d’un programme d’entraînement de deux mois. Les augmentations liées à l’exercice semblent se produire plus facilement si les concentrations au repos sont d’une valeur inférieure (par exemple, 10 à 20 nmol/L). Ainsi, la stabilité des concentrations au repos peut être affectée par les quantités absolues d’IGF-I en circulation. Avec l’entraînement, des concentrations au repos plus élevées (par exemple, 35 à 45 nmol/L) peuvent rendre moins probables les augmentations aiguës induites par l’exercice. Point particulièrement important, les formes libres qui ne sont liées à aucune protéine de liaison peuvent être les éléments efficaces qui influencent les tissus cibles, en particulier le muscle squelettique. Les mécanismes de libération autocrine et peut-être paracrine de l’IGF-I peuvent être primordiaux dans l’influence de l’IGF-I sur le muscle. Au repos, les cellules adipeuses contiennent des concentrations relativement élevées d’IGF, et le muscle squelettique en possède très peu en propre. Cependant, la stimulation mécanique, la surcharge et l’étirement des cellules musculaires, comme dans un exercice de musculation, leur fait augmenter considérablement leur production d’IGF-I. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I produit dans le muscle est souvent appelé « facteur de croissance mécanique » et exerce des fonctions autocrines. Il a été suggéré que les actions autocrines du facteur de croissance mécanique sont les principales actions de l’IGF-I dans le muscle. Il a également été suggéré que les variantes d’épissage IGF-I puissent réguler la différenciation des myoblastes par les actions de l’IGF-I mature et non des peptides E, ce qui rend ce sujet particulièrement intéressant. Il est possible que l’IGF soit libéré des cellules non hépatiques sans la médiation de l’hormone de croissance. De plus, les cellules peuvent produire et conserver des IGF, de sorte que les IGF exercent leur effet sans entrer dans la circulation périphérique. Bien que l’IGF-I se soit révélé réactif à l’exercice dans certaines études, cela ne suit pas une réponse endocrinienne classique (stimulus de la glande par l’exercice, entraînant une libération d’hormones dans le sang) dans tous les cas. Il a été démontré que l’IGF-I était sensible à l’exercice de musculation chez les hommes et les femmes mais, dans ces études, les concentrations de départ étaient plus faibles. Dans une autre étude, les concentrations étaient plus élevées et, malgré l’augmentation de l’hormone de croissance immunoréactive, aucune augmentation de l’IGF-I n’a été observée. À partir de ces études, il a été théorisé que le niveau de départ d’IGF-I peut être un facteur pour déterminer si une augmentation est observée avec l’exercice (aucune augmentation si les concentrations de départ sont élevées, mais augmentation si les concentrations de départ sont faibles). Une étude de Kraemer et ses collègues a soutenu cette théorie, mais il a également été démontré que les concentrations d’IGF-I étaient plus sensibles aux charges caloriques aiguës, qui comprenaient des suppléments de glucides et de protéines avant et après un entraînement (figure 4.7). ※ ADAPTATIONS À L’ENTRAÎNEMENT DES FACTEURS DE CROISSANCE ANALOGUES À L’INSULINE Les réponses de l’IGF-I à l’entraînement de charge élevée restent variables, mais les études démontrent que les changements sont fondés sur les concentrations de départ avant l’entraînement (IGF-I qui augmente si les concentrations basales sont faibles, et absence de changement ou diminution de l’IGF-I si les concentrations basales sont élevées, d’après W. J. Kraemer, données non publiées). De plus, la consommation de nourriture ou le niveau de restriction calorique (ou les deux) influence les concentrations sanguines au repos et induites par l’exercice. Chez les femmes, il a été démontré que l’entraînement en résistance augmentait l’IGF-I total et réduisait les concentrations de protéine 1 de liaison à l’IGF pendant un exercice de résistance aiguë, ce qui indique que des adaptations spécifiques au mode d’exercice dans le système IGF-I circulant peuvent se produire. Les effets de l’entraînement sont toujours d’actualité quant aux nombreux aspects différents des modèles de réponse de la superfamille IGF. Comme pour l’hormone de croissance, les adaptations induites par l’entraînement dans l’IGF-I se reflètent probablement dans une variété de mécanismes liés au type d’IGF, à la libération, au transport et à l’interaction des récepteurs. De plus, l’interaction avec d’autres hormones anabolisantes ne peut être ignorée, car elles visent souvent le même résultat (synthèse des protéines). Les adaptations à l’entraînement de charge élevée de l’IGF-I dans les différents tissus nécessitent encore des recherches plus approfondies. HORMONES SURRÉNALES La glande surrénale joue un rôle crucial dans le phénomène de « réponse combat-fuite » et a deux divisions principales : la moelle (centre) et le cortex (coquille). Les deux divisions réagissent au stress induit par l’exercice. La médullosurrénale est stimulée directement par le système nerveux, et fournit ainsi une réponse rapide et presque immédiate, tandis que le cortex est stimulé par l’hormone adrénocorticotrope (ACTH) libérée de l’hypophyse antérieure. Les hormones surrénales les plus importantes pour l’entraînement et le conditionnement sont le cortisol, un glucocorticoïde du cortex surrénal, et les catécholamines (épinéphrine, norépinéphrine et dopamine) et les polypeptides contenant de l’enképhaline (comme le peptide F) de la médullosurrénale. Le peptide F, un fragment de proenképhaline, joue un rôle important dans l’amélioration des fonctions des cellules immunitaires. Ainsi, la médullosurrénale sécrète des hormones impliquées à la fois dans la réaction immédiate au stress et dans la récupération ultérieure de ce stress. CORTISOL Classiquement, les glucocorticoïdes, et plus spécifiquement le cortisol chez l’homme, ont été considérés comme des hormones cataboliques dans le muscle squelettique. En réalité, le cortisol est cependant une hormone de signal primaire pour le métabolisme des glucides et est lié aux réserves de glycogène dans le muscle. Lorsque les concentrations de glycogène sont faibles, d’autres substrats (protéines) doivent être catabolisés pour produire de l’énergie et soutenir le maintien des concentrations de glucose dans le sang. Les concentrations de cortisol présentent un fort schéma circadien : la concentration est la plus élevée tôt le matin et diminue tout au long de la journée. Ainsi, l’heure de la journée est une considération importante lorsque nous examinons ou comparons les résultats pour le cortisol. ※ RÔLE DU CORTISOL Le cortisol exerce ses principaux effets cataboliques en stimulant la conversion des acides aminés en glucides, en augmentant le niveau des enzymes protéolytiques (qui décomposent les protéines), en inhibant la synthèse des protéines et en supprimant de nombreux processus dépendant du glucose tels que la glycogenèse et la fonction des cellules immunitaires. Le cortisol a des effets cataboliques plus importants sur les fibres de type II, ce qui pourrait s’expliquer, au moins en partie, parce qu’elles contiennent plus de protéines que les fibres de type I. Toutefois, le cortisol pourrait encore être impliqué dans le contrôle de la dégradation des fibres de type I. Les fibres de type I dépendent davantage de la réduction de la dégradation pour développer une hypertrophie musculaire, contrairement aux augmentations spectaculaires de la synthèse utilisées par les fibres de type II pour développer une hypertrophie. Dans les situations de maladie, d’immobilisation articulaire ou de blessure, une élévation du cortisol entraîne un effet de perte d’azote avec une perte nette de protéines contractiles. Il en résulte une atrophie musculaire, avec des réductions associées de la capacité de production de force. Dans le muscle, les effets anaboliques de la testostérone et de l’insuline contrent les effets cataboliques du cortisol. Si un plus grand nombre de récepteurs sont liés à la testostérone et que ce complexe récepteur bloque l’élément génétique de l’ADN auquel le cortisol et son complexe récepteur peuvent se lier, alors la protéine est conservée ou renforcée. Inversement, si un plus grand nombre de récepteurs sont liés au cortisol, la protéine est dégradée et perdue. L’équilibre des activités anaboliques et cataboliques dans le muscle affecte l’unité contractile protéique, influençant directement la force. Les augmentations aiguës du cortisol circulant après l’exercice impliquent également des mécanismes de réponse inflammatoire aiguë dans le remodelage des tissus. ※ RÉPONSES À L’EXERCICE DE MUSCULATION DU CORTISOL Comme pour l’hormone de croissance de 22 kDa, il semble que le cortisol augmente avec les exercices de musculation, surtout lorsque les périodes de repos sont courtes ou que le volume total de travail est élevé. L’augmentation du cortisol pourrait ne pas avoir d’effet négatif chez les hommes après une période d’entraînement à laquelle le corps s’est adapté : l’adaptation « désinhibe » le cortisol au niveau des testicules, maintenant ainsi l’influence principale de la testostérone sur ses récepteurs nucléaires. Le cortisol répond aux protocoles d’exercices de musculation qui créent un stimulus remarquable sur le métabolisme anaérobie. Il est intéressant de noter que les variables d’entraînement produisant les réponses cataboliques les plus élevées dans le corps sont également celles qui engendrent la réponse d’hormone de croissance la plus forte. Ainsi, bien que des niveaux élevés de cortisol chroniques aient des effets néfastes, des augmentations aiguës peuvent faire partie d’un processus de remodelage plus large dans le tissu musculaire. Le muscle doit être perturbé dans une certaine mesure (en dessous des niveaux de blessure) pour se remodeler et s’élargir, et des augmentations significatives du cortisol participerait à ce processus de remodelage en aidant à éliminer les protéines endommagées. En raison du rôle catabolique du cortisol, les athlètes et les professionnels de la force et de la préparation physique s’intéressent beaucoup à son potentiel en tant que marqueur corporel de la dégradation des tissus. Dans une certaine mesure, le cortisol est un marqueur de ce type, mais l’ampleur de l’augmentation peut devoir être supérieure à 800 nmol/L pour indiquer des problèmes potentiels de surentraînement. Le rapport testostérone/cortisol a également été utilisé pour tenter de déterminer l’état anabolique-catabolique du corps. Bien que ces marqueurs soient attrayants sur le plan conceptuel, les mesures du cortisol sérique et le rapport testostérone/cortisol n’ont rencontré qu’un succès limité dans la prévision ou la surveillance des changements dans les capacités de force et de puissance. Les problèmes avec ces tests ont probablement à voir avec les rôles multiples du cortisol et d’autres hormones. Peu d’études ont étudié l’effet de l’exercice de musculation sur les récepteurs des glucocorticoïdes dans le tissu musculaire, mais des données récentes indiquent que, en comparaison des femmes, chez les hommes entraînés, des concentrations significativement plus faibles de récepteurs se trouvent au repos et pendant une période de récupération de soixante-dix minutes après l’exercice. De façon concomitante, les femmes ayant suivi le même protocole d’exercice ont diminué puis augmenté leur capacité de liaison aux androgènes au cours des soixante-dix minutes suivant l’exercice, tandis que les hommes n’ont constaté qu’une régulation négative continue. Cela indique que les femmes aux prises avec une concentration plus faible de testostérone régulent plus rapidement les récepteurs des androgènes alors que les récepteurs des glucocorticoïdes étaient déjà régulés à la hausse avant l’entraînement. Fait intéressant, pour les lymphocytes B, une régulation positive des récepteurs des glucocorticoïdes chez les hommes et les femmes a été observée avant l’exercice (anticipatif ), pendant et après l’exercice pendant une heure. Pourtant, avec un protocole de 5RM, les femmes n’ont pas présenté d’augmentation des concentrations de cortisol dans le sang, contrairement aux hommes. Cela indique un stimulus différentiel entre les sexes, mais des réponses des récepteurs des cellules immunitaires au cortisol similaires. Ces données indiquent que différents tissus cibles pourraient répondre de manière différente au cortisol ainsi qu’à d’autres signaux hormonaux. Il est probable que de grandes différences soient observées dans le rôle physiologique du cortisol en réponse aux sollicitations aiguës et chroniques de l’entraînement. Les réponses aiguës au cortisol peuvent refléter le stress métabolique de l’exercice, et les aspects chroniques peuvent être principalement impliqués dans l’homéostasie tissulaire impliquant le métabolisme des protéines. Ainsi, le rôle du cortisol dans le surentraînement, l’entraînement ou les blessures peut être critique lorsque l’on observe une atrophie des tissus musculaires et une diminution des capacités de production de force. Si de tels rôles restent à démontrer, le rôle du cortisol dans la suppression de la fonction des cellules du système immunitaire (cellules B et T) a un impact direct sur la récupération et le remodelage du tissu musculaire squelettique. Cet impact du cortisol sur les cellules immunitaires peut être dramatique, avec pour principal effet de « désactiver » les fonctions des cellules immunitaires, contribuant en partie à la suppression immunitaire observée après un stress d’exercice intense. Avec un exercice de résistance intense, l’expression des récepteurs des glucocorticoïdes dans les cellules B diminue avec l’exercice et augmente pendant la récupération, démontrant une plus grande liaison, ce qui réduit à son tour l’activité des cellules B pendant la récupération. Les effets ont été quelque peu atténués chez les femmes par rapport aux hommes pour des niveaux d’entraînement similaires, indiquant une différence entre les sexes dans l’ampleur des réponses. Les protocoles d’exercices de musculation qui utilisent un volume élevé de travail, de grands groupes musculaires et de courtes périodes de repos entraînent une augmentation des valeurs de cortisol sérique et le maintien de la glycémie. CATÉCHOLAMINES Les catécholamines – principalement l’épinéphrine, mais aussi la norépinéphrine et la dopamine – sont sécrétées par la médullaire surrénale et sont importantes pour l’expression aiguë de la force et de la puissance. Ces hormones agissent comme des stimulateurs moteurs centraux et des dilatateurs vasculaires périphériques et améliorent les systèmes enzymatiques et la libération de calcium dans le muscle. Ainsi, le stress induit par l’exercice de résistance conduit à des événements similaires à la « réponse combat-fuite » classique. L’importance des catécholamines pendant l’exercice de résistance a été mise en évidence par la constatation que les hommes qui avaient une libération de catécholamine plus élevée immédiatement avant et pendant une séance d’exercice de résistance intense étaient en mesure de mieux maintenir la production de force tout au long de la séance. Le rôle des catécholamines dans les actions favorisant la croissance dans le tissu musculaire est moins clair, mais il semble que les catécholamines semblent agir pour stimuler d’autres hormones anabolisantes. ※ RÔLE DES CATÉCHOLAMINES Les fonctions physiologiques de l’épinéphrine et de la norépinéphrine dans le muscle permettent d’augmenter : la production de force sur les mécanismes centraux l’activité enzymatique métabolique le taux de contraction musculaire la pression artérielle la disponibilité énergétique le flux sanguin musculaire (via la vasodilatation) les taux de sécrétion d’autres hormones, telles que la testostérone. Les catécholamines semblent refléter les exigences aiguës et le stress physique des protocoles d’exercices de résistance. Une routine d’exercices de haute intensité (10RM), de repos court (dix à soixante secondes entre les séries et les exercices) et de forte résistance (dix exercices, trois séries) généralement utilisée par les culturistes pour développer la force et l’hypertrophie, s’est avérée maintenir une augmentation de la noradrénaline plasmatique, d’épinéphrine et de dopamine pendant cinq minutes après le rétablissement. De plus, l’épinéphrine a été corrélée aux concentrations de lactate avec le stress physique. Les réponses surrénales ne sont pas impliquées dans les réponses de récupération jusqu’à ce que le stress soit éliminé. Certains peptides opioïdes endogènes spécifiques (proenképhalines) sont sécrétés par la médullosurrénale et affectent le système immunitaire, ce qui est essentiel pour se remettre d’un stress lié à l’exercice. Si l’entraînement n’est pas varié, le stress continu maintient la glande surrénale engagée et la récupération est retardée en raison des réponses secondaires du cortisol et de ses effets négatifs sur les cellules du système immunitaire et les structures protéiques. Un stress élevé et continu à long terme peut même conduire à un épuisement surrénalien, point auquel la capacité de la médullosurrénale à libérer des catécholamines est diminuée. ※ ADAPTATIONS D’ENTRAÎNEMENT AUX CATÉCHOLAMINES Il a été démontré que l’entraînement intensif en résistance augmente la capacité d’un athlète à sécréter de plus grandes quantités d’épinéphrine pendant un exercice maximal. Il a également été suggéré que l’entraînement réduit les réponses de l’épinéphrine lors d’un exercice de développé couché. Étant donné que l’épinéphrine est impliquée dans le contrôle métabolique, la production de force et les mécanismes de réponse d’autres hormones (testostérone, hormones de croissance ou IGF), la stimulation des catécholamines est probablement l’un des premiers mécanismes endocriniens à se produire en réponse à un exercice de musculation. Les protocoles d’entraînement doivent être variés pour permettre à la glande surrénale de s’engager dans des processus de récupération et pour empêcher les réponses secondaires du cortisol, qui peuvent avoir des effets négatifs sur le système immunitaire et les structures protéiques. AUTRES CONSIDÉRATIONS HORMONALES Une multitude d’hormones différentes sont impliquées dans le maintien de la fonction normale du corps et dans les réponses adaptatives du corps à l’entraînement en résistance. Bien que nous puissions nous concentrer sur une ou deux hormones pour leur rôle dans une fonction physiologique particulière, d’autres hormones doivent créer un environnement optimal, dans lequel les actions hormonales primaires peuvent avoir lieu. Les hormones telles que l’insuline, les hormones thyroïdiennes et la bêta-endorphine ont été impliquées dans la croissance, la réparation, l’analgésie de la douleur et les mécanismes de stress d’exercice. Malheureusement, peu de données sont disponibles concernant leurs réponses et adaptations à l’exercice ou à l’entraînement en résistance. En raison du contrôle homéostatique relativement serré de l’insuline et de la sécrétion COMMENT LES ATHLÈTES PEUVENT-ILS MANIPULER LE SYSTÈME ENDOCRINIEN GRÂCE À L’ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION ? CONCEPTS GÉNÉRAUX Plus il y a de fibres musculaires recrutées pour un exercice, plus l’ampleur du processus de remodelage potentiel dans l’ensemble du muscle est grande. Seules les fibres musculaires activées par l’entraînement en musculation sont sujettes à adaptation, y compris les adaptations hormonales au stress. AUGMENTER LES CONCENTRATIONS SÉRIQUES DE TESTOSTÉRONE Il a été démontré que les concentrations sériques de testostérone augmentent de façon aiguë avec l’utilisation indépendante de ces méthodes ou dans diverses combinaisons : exercices mobilisant les grands groupes musculaires (soulevé de terre, power clean, squats) forte résistance (85 à 95 % de 1RM) volume d’exercice modéré à élevé, réalisé avec plusieurs séries ou plusieurs exercices intervalles de repos courts (30-60 secondes) AUGMENTER LES CONCENTRATIONS D’HORMONES DE CROISSANCE DE 22 KDA Il a été démontré que les niveaux d’hormone de croissance augmentent de façon aiguë avec l’utilisation de l’une de ces méthodes ou des deux en combinaison : séances d’entraînement avec des concentrations de lactate plus élevées et des perturbations acido-basiques associées (utiliser une intensité élevée (10RM ou résistance élevée), avec trois séries de chaque exercice (travail total élevé) et de courtes périodes de repos, d’une minute). complément de l’alimentation avec des glucides et des protéines avant et après l’entraînement. OPTIMISER LES RÉPONSES DES HORMONES SURRÉNALES Utiliser un volume élevé, de grands groupes musculaires et de courtes périodes de repos pour exposer le corps à un stress adrénergique. Mais attention à faire varier le protocole d’entraînement et la durée de la période de repos de courte à longue au fil du temps, à fournir des jours de repos complet et à utiliser des entraînements à faible volume pour permettre à la glande surrénale de s’engager dans des processus de récupération, pour réduire le stress sur la médullosurrénale afin de ne pas ressentir d’épuisement adrénergique, de réduire le stress sur le cortex surrénalien et d’éviter les sécrétions chroniques de cortisol du cortex surrénalien. De cette façon, le stress des exercices n’entraînera pas un dépassement ou un surentraînement non fonctionnel. d’hormones thyroïdiennes chez des individus en bonne santé, on ne s’attendait pas à des adaptations chroniques d’entraînement à la circulation des concentrations de repos de ces hormones dans cette population. Bien que des améliorations de la résistance à l’insuline aient été observées chez des individus en bonne santé après un entraînement en musculation, ces changements peuvent ne refléter qu’un effet aigu de la séance d’exercice la plus récente. Il est plus probable que des changements à plus long terme, tels que les taux de sécrétion sur vingt-quatre heures, la sensibilité des récepteurs et les interactions de liaison soient affectés. L’effet de l’exercice de musculation et de l’entraînement sur les hormones thyroïdiennes chez les individus en bonne santé a suscité peu d’intérêt dans la littérature. Mc Murray et ses collègues ont constaté que, bien que la concentration de l’hormone thyroïdienne triiodothyronine (T3) n’ait pas été affectée de manière aiguë par un épisode de musculation, la concentration de thyroxine (T4), un précurseur de T3, était élevée de façon aiguë et réduite au cours de la nuit de sommeil suivante. Une étude plus récente n’a trouvé aucun changement dans les concentrations de T3 ou T4 dans les 24, 48 ou 72 heures suivantes d’un entraînement de musculation. Cela suggère que tout effet d’exercice de musculation aiguë sur les hormones thyroïdiennes est bref. Des réductions transitoires des concentrations de T3 et T4 avec un entraînement en musculation à long terme ont été trouvées respectivement après six, trois et cinq mois, mais elles sont revenues aux concentrations de base après neuf mois d’entraînement. Bien que peu de changements se produisent pour ces hormones, elles sont très importantes pour les adaptations physiologiques à l’entraînement en musculation car elles ont des effets permissifs sur le contrôle métabolique, la synthèse des acides aminés et l’augmentation d’autres mécanismes de libération hormonale. CONCLUSION Alors que nous continuons à étudier le système endocrinien et ses interactions avec le système nerveux, le système immunitaire et le système musculo-squelettique, nous constatons que les fonctions de ces systèmes sont vraiment intégrées et très complexes. La communication de signalisation entre les systèmes est réalisée avec des hormones et d’autres molécules de signalisation (cytokines, chimiokines, molécules de signal moléculaire). Pendant des années, les professionnels de la force et de la préparation physique, ainsi que les athlètes, ont apprécié l’importance des hormones anabolisantes pour la médiation des changements dans le corps et pour aider à la réponse adaptative à un entraînement de musculation intense. Qu’il s’agisse d’optimiser un entraînement ou d’éviter un surentraînement, le professionnel de la force et de la préparation physique doit se rappeler que le système endocrinien joue un rôle important. Le but de ce chapitre était de fournir un premier aperçu de ce système complexe, mais aussi très organisé, qui aide à influer sur les changements dans le corps avec la musculation. MOTS-CLÉS Adaptation generale (systeme) Allosterique (site de liaison) Cellule tissulaire cible Complexe hormone-recepteur (H-RC) Enzyme proteolytique Glande endocrine Hormone Hormone anabolique Hormone catabolique Hormone polypeptidique Hormone steroide Hormone thyroidienne Immunologie neuroendocrine Messager secondaire Neuroendocrinologie Reactivite croisee Regulation negative Theorie du verrou et de la cle Variation diurne RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Après une période d’entraînement en musculation, les sécrétions hormonales aiguës fournissent toutes les informations suivantes au corps, sauf une. Laquelle ? a. Une quantité de stress physiologique b. Les exigences métaboliques de l’exercice c. Un type de stress physiologique d. L’énergie dépensée 2. Laquelle (ou lesquelles) des hormones suivantes améliore(nt) la croissance des tissus musculaires ? I. Hormone de croissance II. Cortisol III. IGF-I IV. Progestérone a. I et III b. II et IV c. I, II et III d. II, III et IV 3. Lequel des éléments suivants n’est pas un effet produit par l’hormone de croissance ? a. Augmentation de la lipolyse b. Diminution de la synthèse de collagène c. Augmentation du transport des acides aminés d. Diminution de l’utilisation du glucose. 4. Laquelle des hormones suivantes a la plus grande influence sur les changements neuronaux ? a. L’hormone de croissance b. La testostérone c. Le cortisol d. L’IGF 6. Quel type d’entraînement de musculation favorise les augmentations d’hormones de croissance les plus élevées après la séance d’exercice ? a. b. c. d. Récupération 30 secondes 30 secondes 3 minutes 3 minutes Volume Élevé Faible Élevé Faible RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI Séries 3 1 1 3 CHAPITRE 05 ADAPTATIONS AUX PROGRAMMES D’ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE DOCTEUR DUNCAN FRENCH LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : de faire la différence entre les adaptations d’entraînement aérobie et les adaptations anatomiques, physiologiques et de performance après l’entraînement anaérobie ; de comprendre les adaptations neuronales centrales et périphériques à l’entraînement anaérobie ; d’appréhender comment la manipulation des variables d’entraînement d’un programme périodisé peut térer les os, les muscles et le tissu conjonctif ; d’expliquer les effets aigus et chroniques l’entraînement anaérobie sur le système endocrinien ; de d’élucider les effets aigus et chroniques de l’entraînement anaérobie sur le système cardiovasculaire ; de reconnaître les causes, les signes, les symptômes et les effets du surentraînement et du désentraînement anaérobies ; de comprendre comment les programmes d’entraînement anaérobie peuvent améliorer la force musculaire, l’endurance musculaire, la puissance, la souplesse et performance motrice. L’auteur souhaite remercier Nicholas A. Ratamess pour sa contribution importante à ce chapitre. Caractérisé par des périodes d’exercices intermittents de haute intensité, l’entraînement anaérobie nécessite la régénération de l’adénosine triphosphate (ATP) à un rythme plus rapide que le système énergétique aérobie n’est capable de le faire. Par conséquent, la différence des besoins énergétiques est compensée par le système énergétique anaérobie, qui fonctionne en l’absence d’oxygène et comprend le système alactique anaérobie (également connu sous le nom de « système phosphagène » ou « créatine phosphate ») et le système lactique anaérobie (également connu sous le nom de « système glycolytique »). Les adaptations à long terme qui surviennent en réponse à un entraînement anaérobie sont spécifiquement liées aux caractéristiques du programme d’entraînement. Par exemple, les améliorations de la force musculaire, de la puissance, de l’hypertrophie, de l’endurance musculaire, des habiletés motrices et de la coordination sont toutes reconnues comme des adaptations bénéfiques découlant d’un entraînement anaérobie. Ce dernier comprend notamment l’entraînement en musculation, des exercices pliométriques, de la vitesse, de l’agilité et de l’entraînement par intervalles. Le système aérobie a finalement une implication limitée dans les activités anaérobies de haute intensité, mais joue un rôle important dans la récupération des réserves d’énergie pendant les périodes d’exercice ou de repos de faible intensité. Des exercices comme les sprints et les exercices pliométriques mettent principalement l’accent sur le système phosphagène : ils durent généralement moins de dix secondes et minimisent la fatigue en permettant une récupération presque complète entre les séries (entre cinq et sept minutes). L’entraînement anaérobie par intervalles sur une plus longue durée utilise principalement la production d’énergie du système glycolytique, dans laquelle des intervalles de repos plus courts (de vingt à soixante secondes) sont utilisés pendant un exercice de haute intensité. L’intégration d’exercices de haute intensité avec de courtes périodes de repos est considérée comme un aspect important de l’entraînement anaérobie car, pendant la compétition, les athlètes sont souvent tenus de réaliser des performances quasi maximales dans des conditions de fatigue. Il est cependant essentiel qu’un entraînement anaérobie approprié soit programmé et prescrit de manière à optimiser les adaptations physiologiques qui déterminent la performance. Le sport de compétition nécessite l’interaction complexe de tous les systèmes énergétiques et démontre dans quelle mesure chacun d’entre eux contribue à répondre aux exigences métaboliques de la compétition (tableau 5.1). Une grande variété d’adaptations physiques et physiologiques est rapportée après l’entraînement anaérobie, et ces changements permettent aux individus d’améliorer les standards de performance athlétique (tableau 5.2). Les adaptations comprennent des modifications des systèmes nerveux, musculaire, conjonctif, endocrinien et cardiovasculaire. Ils vont des changements qui surviennent au cours de la première phase d’entraînement (d’une à quatre semaines) à ceux qui surviennent après plusieurs années d’entraînement régulier. La majorité des recherches ont généralement porté sur les adaptations dans les premiers temps de l’entraînement (de 4 à 24 semaines). Comprendre comment le système du corps humain réagit à l’activité physique en utilisant le métabolisme anaérobie fournit une base de connaissances à partir de laquelle le professionnel de la force et de la préparation physique peut planifier et prédire les résultats d’un programme d’entraînement spécifique pour ensuite influencer les forces et faiblesses de l’athlète. ADAPTATIONS NEURONALES De nombreuses modalités d’entraînement anaérobie mettent l’accent sur l’expression de la vitesse et de la puissance musculaire et dépendent grandement du recrutement neuronal optimal pour une performance maximale (et une haute qualité d’entraînement). L’entraînement anaérobie a le potentiel de provoquer des adaptations à long terme dans tout le système neuromusculaire, en commençant dans les centres cérébraux supérieurs et en continuant jusqu’au niveau des fibres musculaires individuelles (figure 5.1). Les adaptations neuronales sont fondamentales pour optimiser les performances athlétiques, et l’augmentation de la commande neuronale est essentielle pour maximiser l’expression de la force et de la puissance musculaires. On pense que la stimulation neurale augmentée se produit via une augmentation de l’agoniste (principaux muscles impliqués dans un mouvement ou un exercice spécifique), le recrutement musculaire, l’amélioration des taux de décharge neuronale et une plus grande synchronisation dans le moment de la décharge neuronale pendant les contractions musculaires de haute intensité. De plus, une réduction des mécanismes inhibiteurs (organes tendineux de Golgi) se produirait également avec un entraînement à long terme. Bien que tout ne soit pas encore clair sur la façon dont ces réponses complexes coexistent, il est évident que les adaptations neuronales se produisent généralement avant que tout changement structurel du muscle squelettique ne soit apparent. ADAPTATIONS CENTRALES L’activation accrue de l’unité motrice commence dans les centres cérébraux supérieurs, où l’intention de produire des niveaux maximaux de force et de puissance musculaires fait augmenter l’activité du cortex moteur. À mesure que le niveau de force développé augmente, ou lorsqu’un nouvel exercice ou mouvement est appris, l’activité du cortex moteur primaire est élevée, dans le but de soutenir le besoin accru de fonction neuromusculaire. Les adaptations aux méthodes d’entraînement anaérobie se traduisent alors par des changements neuronaux importants dans la moelle épinière, en particulier le long des voies corticospinales descendantes. TABLEAU 5.1 Exigences métaboliques primaires dans divers sports (Dans toute activité, tous les types de métabolisme sont impliqués dans une certaine mesure) En effet, après avoir utilisé des méthodes d’entraînement anaérobie, le recrutement d’unités motrices à contraction rapide s’est révélé être un bon moyen de soutenir des niveaux élevés d’expression de la force. Ceci est à comparer avec ce qui est observé chez des individus non entraînés, chez qui la capacité de recruter un maximum d’unités motrices est limitée, en particulier des unités motrices à contraction rapide. Chez les individus non entraînés, ou chez ceux qui se remettent de blessure, la stimulation électrique s’est avérée plus efficace que les activations volontaires pour obtenir des gains bénéfiques. Cette réponse indique en outre l’incapacité potentielle de ces populations à activer avec succès toutes les fibres musculaires disponibles. En effet, la recherche a montré que seulement 71 % du tissu musculaire est activé lors d’efforts maximaux pour des populations non entraînées. ADAPTATIONS DES UNITÉS MOTRICES L’unité fonctionnelle du système neuromusculaire est l’unité motrice. Composée du motoneurone alpha et des fibres musculaires qu’elle active, une unité motrice peut innerver jusqu’à dix fibres musculaires pour les petits muscles complexes, ou plus de cent fibres pour les gros muscles du tronc et des membres puissants. Lorsque l’expression d’une force maximale est souhaitée, toutes les unités motrices disponibles doivent être activées dans un muscle. Le changement de la cadence de décharge ou de la fréquence de l’unité motrice affecte également la capacité à générer une force. Une force accrue avec des cadences de décharge plus élevées reflète la somme des contractions musculaires successives, les potentiels d’action se chevauchant temporairement. Avec l’augmentation des taux de décharge de l’unité motrice, les fibres musculaires sont continuellement activées par les potentiels d’action ultérieurs avant d’avoir le temps de se détendre complètement après un potentiel d’action préalable. La somme des potentiels d’action qui se chevauchent est exprimée en force contractile augmentée. Ces cadences de décharge représentent un mécanisme adaptatif qui a montré qu’il améliorait l’entraînement de musculation. Les gains de force et de puissance maximales des muscles agonistes sont généralement associés à une augmentation du recrutement, une cadence de décharge accrue, une plus grande synchronisation de la décharge neurale (qui agit pour coordonner l’activité de plusieurs muscles en synergie), ou une combinaison de tous ces facteurs. Le recrutement ou le décrochage ordonné des unités motrices est régi par le principe de taille (figure 5.2), qui représente la relation entre la force de contraction des unités motrices et le seuil de recrutement. Selon ce principe, les unités motrices sont recrutées par ordre croissant en fonction de leur seuil de recrutement et de leur taux de décharge. Cela représente un continuum de force volontaire dans le muscle agoniste. Étant donné que la plupart des muscles contiennent une gamme de fibres musculaires de type I et de type II, la production de force peut varier d’un niveau très bas jusqu’à un niveau maximum. Les unités motrices situées en haut de l’ordre de recrutement sont principalement utilisées pour la production élevée de force, de vitesse ou d’énergie. Au fur et à mesure que les exigences d’expression de force augmentent, les unités motrices sont recrutées de manière séquentielle parmi les unités motrices de seuil bas à haut. Ainsi, avec un entraînement intensif en résistance, toutes les fibres musculaires grossissent car, pour la plupart, elles sont toutes recrutées (dans une certaine mesure) afin de produire les niveaux de force de plus en plus élevés nécessaires pour soulever progressivement des charges plus lourdes. La production de force maximale nécessite non seulement le recrutement d’un pourcentage maximum d’unités motrices disponibles, y compris les unités motrices à seuil élevé, mais il dépend également du recrutement se produisant à des fréquences de décharge très élevées, ce qui favorise la sommation des unités motrices activées et, par conséquent, augmente l’ampleur de l’activité contractile. Une fois qu’une unité motrice est recrutée, moins d’activations sont nécessaires pour qu’elle puisse être recrutée à nouveau. Ce phénomène peut avoir des ramifications importantes pour l’entraînement en force et en puissance, car les unités motrices à seuil élevé peuvent être plus facilement réactivées après un recrutement préalable. Il existe des exceptions au principe de taille. Dans certaines circonstances, un athlète est capable d’inhiber les unités motrices à seuil inférieur et, à leur place, d’activer les unités motrices à seuil supérieur. Ce recrutement sélectif est critique lorsque la production de force est requise à des vitesses très élevées pour l’expression de la puissance musculaire. En effet, il a été démontré que les changements rapides de direction de la production de force et les contractions musculaires balistiques – comme dans les schémas de mouvement de l’haltérophilie olympique, de la pliométrie, de la vitesse, de la puissance et de l’entraînement d’agilité – conduisent à un recrutement préférentiel des fibres rapides des unités motrices. Cette variation de l’ordre de recrutement profite aux modalités d’entraînement à grande vitesse, dans lesquelles le taux de production de force est essentiel au succès. Par exemple, il serait très difficile pour les athlètes de générer suffisamment de vitesse angulaire et de puissance pour atteindre la hauteur maximale pour le saut vertical s’ils devaient recruter l’ensemble du groupe d’unités motrices à contraction lente avant l’activation des unités à contraction rapide. Comme le temps entre le contre-mouvement et le décollage de saut est souvent inférieur à 0,4 seconde, le délai est tout simplement trop court pour recruter toutes les unités motrices dans l’ordre et effectuer un saut explosif. Au lieu de cela, le recrutement sélectif semble être un mécanisme neuronal intrinsèque bénéfique favorisant l’exercice explosif. De plus, l’utilisation de méthodes d’entraînement spécifiques peut améliorer le recrutement sélectif, ce qui peut conduire à l’amélioration des performances sportives. Avec un entraînement de résistance intense, toutes les fibres musculaires grossissent (s’hypertrophient) car les unités motrices sont recrutées dans un ordre séquentiel par leur taille pour produire des niveaux de force élevés. Chez les haltérophiles d’élite, le système nerveux central peut s’adapter en permettant à des athlètes bien entraînés de recruter certaines unités motrices dans un ordre non consécutif, en recrutant d’abord des unités plus grandes pour favoriser une plus grande production de puissance ou de vitesse dans un mouvement. TABLEAU 5.2 Adaptations physiologiques à l’entraînement en résistance TP = adénosine triphosphate, ATPase = adénosine triphosphatase Un autre élément critique de l’adaptation dans le recrutement neuronal est le niveau d’activation tissulaire qui résulte de l’entraînement contre résistance chronique pour l’hypertrophie musculaire. La recherche a montré que l’augmentation de la taille musculaire n’exige pas autant d’activations neuronales pour soulever une charge donnée. Ploutz et ses collègues ont démontré que moins de fibres musculaires du quadriceps étaient activées lorsque les sujets soulevaient une charge fixe après neuf semaines d’entraînement en musculation, ce qui entraînait une augmentation de 5 % de la taille musculaire. Ces résultats démontrent l’importance d’une surcharge progressive pendant l’entraînement en musculation et la façon dont elle favorise le recrutement continu d’une quantité optimale de tissu musculaire. D’autres adaptations de l’unité motrice incluent des changements dans la cadence et la séquence de décharge. Il existe une relation positive entre l’ampleur de la force produite et le taux de décharge de l’unité motrice : des taux de décharge élevés dès le début de la contraction des muscles impliqués dans un mouvement balistique sont particulièrement importants pour augmenter les taux de développement de la force. L’augmentation de la cadence de décharge (par rapport au recrutement) semble dépendre de la taille des muscles, de sorte que les petits muscles dépendent davantage d’une cadence de décharge accrue pour améliorer la production de force, tandis que les gros muscles dépendent davantage du recrutement. Les preuves suggèrent que la formation anaérobie peut jouer un rôle dans l’amélioration des taux de décharge des unités motrices recrutées. Par exemple, l’entraînement en musculation peut entraîner un schéma plus synchronisé (déclenchement de deux unités motrices ou plus à un intervalle fixe) d’activation pendant l’effort de grandes forces, plutôt que le schéma asynchrone habituel commun à la fonction motrice. Bien que le rôle spécifique de la synchronisation des unités motrices pendant l’entraînement anaérobie reste encore à étudier, la synchronisation est potentiellement plus critique au moment de la production de force et moins significative en ce qui concerne le niveau global de force développé. JONCTION NEUROMUSCULAIRE La jonction neuomusculaire (JNM) est l’interface entre le nerf et les fibres musculaires squelettiques, et représente un autre site potentiel pour l’adaptation neuronale après un entraînement anaérobie. En raison de la difficulté à étudier cette structure, la plupart des recherches examinant la JNM ont utilisé des animaux cobayes pour démontrer l’adaptation à l’exercice. Deschenes et ses collègues ont comparé l’impact de l’entraînement sur la JNM dans le muscle soléaire des rats courant sur un tapis roulant à haute ou à faible intensité. Après une course à haute comme à faible intensité, la JNM s’est révélée augmenter dans sa superficie totale. Cependant, l’entraînement à haute intensité a entraîné des synapses de forme irrégulière plus dispersées, et une plus grande longueur totale de ramification terminale nerveuse par rapport à un entraînement à faible intensité. Dans une autre étude, de plus grandes longueur et surface du périmètre de la plaque d’extrémité, ainsi qu’une plus grande dispersion des récepteurs de l’acétylcholine dans la région de la plaque d’extrémité ont également été trouvées après sept semaines d’entraînement en résistance. Ces adaptations suggèrent que l’entraînement anaérobie induit des changements morphologiques bénéfiques dans la JNM, propices à l’amélioration des capacités de transmission neuronale. POTENTIALISATION DES RÉFLEXES NEUROMUSCULAIRES L’entraînement anaérobie provoque des changements positifs dans la réponse réflexe (fuseau musculaire ou réflexe d’étirement) du système neuromusculaire et améliore l’amplitude et le taux de développement de la force via ce réflexe. Ce réflexe myotatique exploite les propriétés élastiques involontaires du muscle et du tissu conjonctif et agit pour augmenter positivement la production de force sans besoin d’énergie supplémentaire. L’entraînement en résistance, en particulier, a montré une augmentation de la potentialisation réflexe entre 19 % et 55 %. De plus, les athlètes entraînés en musculation (haltérophiles, culturistes) ont une plus grande potentialisation réflexe dans le muscle soléaire que les individus non entraînés. FORMATION ANAÉROBIE ET ÉTUDES ÉLECTROMYOGRAPHIQUES L’électromyographie (EMG) est un outil de recherche commun utilisé pour examiner l’ampleur de l’activation neuronale dans le muscle squelettique. Deux types d’EMG sont couramment utilisés dans la recherche et les sciences appliquées : l’EMG de surface et l’EMG intramusculaire (aiguille ou fil fin). L’EMG de surface nécessite le placement d’électrodes adhésives à la surface de la peau, où elles sont capables de surveiller une grande zone de muscle sous-jacent. L’EMG de surface est souvent plus efficace pour surveiller les muscles superficiels, car il est incapable de contourner les potentiels d’action des muscles superficiels et de détecter une activité musculaire plus profonde. De plus, plus un individu a de graisse corporelle, plus le signal EMG est faible avec cette méthode. En comparaison avec l’EMG intramusculaire, la surface de la peau est engourdie et une électrode à aiguille, ou une aiguille contenant deux électrodes à fil fin, est insérée à travers la peau et positionnée à l’intérieur du muscle lui-même. Les électrodes à fil fin soulignent une spécificité de l’évaluation puisqu’elles sont situées dans un muscle spécifique et enregistrent avec précision les potentiels d’action localisés des unités motrices. En raison de son caractère invasif, l’EMG intramusculaire est principalement adopté en milieu de recherche ou dans des conditions cliniques. Bien qu’il soit souvent difficile de déterminer le ou les mécanismes sous-jacents spécifiques (augmentation du recrutement, du taux de décharge ou de la synchronisation, inhibition des organes tendineux de Golgi) affectant la sortie EMG, une augmentation du signal EMG indique une plus grande activité neuromusculaire. Une considération importante lors de l’examen du système neuromusculaire est le niveau d’entraînement d’un individu. Les adaptations neuronales (amélioration de l’apprentissage moteur et de la coordination) prédominent au début de l’entraînement sans augmentation concomitante de l’hypertrophie musculaire. De plus, l’apparition de l’hypertrophie est associée à une baisse de l’activité EMG. Il semble qu’à mesure de la progression du niveau d’entraînement d’un individu, une interaction se met en place entre les mécanismes neuronaux et hypertrophiques et contribue de nouveaux gains de force et de puissance. Sale a rapporté que des augmentations spectaculaires de l’adaptation neuronale ont lieu au début d’un programme d’entraînement (six à dix semaines). À mesure que la durée de l’entraînement augmente (plus de dix semaines), l’hypertrophie musculaire se produit, et ce sont ces changements structurels qui contribuent aux gains de force et de puissance plus que les adaptations neuronales. Éventuellement, des plateaux d’hypertrophie musculaire apparaissent lors de l’adaptation à la charge d’entraînement. Cependant, à ce moment-là, si un athlète incorpore de nouvelles variations ou une surcharge progressive dans le plan d’entraînement, les adaptations neuronales contribueront à nouveau à l’amélioration des performances en agissant pour tolérer la « nouvelle » contrainte physique de l’entraînement. Ce modèle se reproduit à chaque changement progressif de la demande d’entraînement et, à mesure que les athlètes progressent dans l’entraînement, le type de programme utilisé peut être l’un des facteurs les plus importants à considérer. Les facteurs neuronaux sont particulièrement importants pour les gains de force dans les programmes qui utilisent des intensités d’entraînement très élevées (plus de 85 % de 1RM). Les programmes d’entraînement conçus pour susciter la puissance musculaire fournissent également un puissant stimulus au système nerveux et entraînent une activité EMG post-entraînement plus élevée. Les études d’électromyographie ont également produit des résultats intéressants concernant les adaptations neuronales à l’entraînement anaérobie : L’exercice musculaire subissant un entraînement de résistance unilatéral produit une force et une activité neuronale accrues dans le muscle controlatéral au repos, un phénomène connu sous le nom de « transfert d’apprentissage croisé ». Une revue de la littérature a montré que la force du membre non entraîné peut augmenter jusqu’à 22 %, avec une augmentation moyenne de la force d’environ 8 %. L’augmentation de la force du membre non entraîné s’accompagne d’une plus grande activité EMG dans ce membre, suggérant ainsi qu’une adaptation neuronale centrale représente la majorité des gains de force. Chez les individus non entraînés, un déficit bilatéral est évident. La force produite lorsque les deux membres se contractent ensemble est inférieure à la somme des forces qu’ils produisent lors de la contraction unilatérale. La recherche a montré que l’activité EMG correspondante est plus faible lors des contractions bilatérales, ce qui suggère que les mécanismes neuronaux sont, au moins en partie, un facteur contributif. Avec la formation bilatérale longitudinale, l’ampleur du déficit bilatéral est réduite. En fait, les individus entraînés ou plus forts présentent souvent un effet de facilitation bilatérale dans lequel une augmentation de l’activation volontaire des groupes musculaires agonistes se produit. L’activité EMG des groupes de muscles antagonistes s’est avérée changer en réponse à l’entraînement anaérobie pendant les mouvements agonistes. Dans la plupart des cas, la cocontraction des muscles antagonistes sert de mécanisme de protection pour augmenter la stabilité articulaire et réduire le risque de blessure. Cependant, quand trop d’activité antagoniste s’oppose au mouvement agoniste, cela crée une résistance à la production de force maximale. Un certain nombre d’études ont montré une réduction de la co-contraction des antagonistes après un entraînement en résistance, entraînant une augmentation de la force nette sans augmentation du recrutement d’unités motrices agonistes. Ailleurs, il a également été démontré que l’entraînement au sprint et à la pliométrie modifie le moment de l’activation du muscle cocontractant. Le rôle spécifique de l’altération des schémas de co-contraction antagoniste reste incertain. Une plus grande activité antagoniste peut être observée pendant les mouvements balistiques qui nécessitent des niveaux élevés de stabilité articulaire, ou lorsque les gens ne sont pas familiers avec une tâche et qu’une stabilité plus inhérente est requise. ADAPTATIONS MUSCULAIRES Les adaptations des muscles squelettiques après l’entraînement anaérobie se produisent à la fois dans la structure et la fonction, avec des changements comprenant des augmentations de taille, des transitions de type de fibre et des composants biochimiques et ultra-structuraux améliorés (architecture musculaire, activité enzymatique et concentrations de substrat). Collectivement, ces adaptations se traduisent par des caractéristiques de performance améliorées qui incluent la force, la puissance et l’endurance musculaire, toutes essentielles à la réussite sportive. CROISSANCE MUSCULAIRE L’hypertrophie musculaire est le terme donné à l’élargissement de la section transversale des fibres musculaires (STF) à la suite de l’entraînement. Une relation positive existe entre l’hypertrophie et l’expression de la force musculaire. Biologiquement, le processus d’hypertrophie implique une augmentation de l’accrétion nette (augmentation de la synthèse, réduction de la dégradation ou les deux) des protéines contractiles actine et myosine dans la myofibrille, ainsi qu’une augmentation du nombre de myofibrilles dans une fibre musculaire. En plus de ces protéines contractiles, d’autres protéines structurelles, telles que la titine et la nébuline, sont également synthétisées proportionnellement aux changements du myofilament. Les nouveaux myofilaments sont ajoutés à la périphérie de la myofibrille et entraînent une augmentation de son diamètre. L’effet cumulatif de ces ajouts est un élargissement de la fibre et, collectivement, la taille du muscle ou du groupe musculaire lui-même. Pendant l’exposition à une charge mécanique (entraînement en musculation), une série de processus intracellulaires régulent l’expression des gènes et favorisent par la suite une synthèse accrue des protéines. La déformation mécanique des muscles stimule diverses protéines indépendamment des concentrations hormonales, et ces protéines ont montré une augmentation de leur activité avant l’apparition de signes d’hypertrophie musculaire. En particulier, la déformation mécanique des tissus active la voie de la protéine kinase B (Akt) – cible de la rapamycine (mTOR) chez les mammifères, la voie de l’adénosine monophosphate – protéine kinase activée (AMPK) – et la voie de la protéine kinase activée par un mitogène (MAPK). Parmi ceux-ci, la voie Akt/mTOR en particulier est importante pour réguler directement les adaptations à l’entraînement. Lorsque les fibres musculaires se contractent, la signalisation Akt/mTOR augmente considérablement, et cette réponse est essentielle pour augmenter la synthèse des protéines musculaires et la croissance ultérieure (processus appelé « myogenèse »). Dans le même temps, la régulation négative des facteurs de croissance inhibiteurs (myostatine par exemple) suggère que l’exercice de résistance affecte de manière significative une pléthore de voies de signalisation et de dégradation de la croissance. Les taux de synthèse des protéines sont élevés après un exercice de musculation aiguë et le restent pendant quarante-huit heures. L’ampleur de la synthèse accrue des protéines dépend d’une variété de facteurs, y compris l’apport en glucides et en protéines, la disponibilité en acides aminés, le moment de l’apport en nutriments, le stress mécanique de l’entraînement de musculation, les niveaux d’hydratation des cellules musculaires et la réponse hormonale anabolique et des récepteurs ultérieurs. Le processus d’hypertrophie implique à la fois une augmentation de la synthèse des protéines contractiles actine et myosine dans la myofibrille et une augmentation du nombre de myofibrilles dans la fibre musculaire elle-même. Les nouveaux myofilaments sont ajoutés aux couches externes de la myofibrille, entraînant une augmentation de son diamètre. Les dommages musculaires induits par l’exercice (DMIE), la perturbation des myofibrilles et la structure uniforme des sarcomères des fibres musculaires après un entraînement anaérobie à haute intensité (entraînement en musculation) ont également un effet marqué sur la croissance musculaire. Le fondement théorique de ceci suggère que les changements structurels associés aux DMIE influencent l’expression des gènes dans un effort pour renforcer le tissu musculaire et le protéger contre d’autres dommages. Le processus de réparation et de remodelage lui-même peut impliquer une multitude de mécanismes de régulation (hormonaux, immunitaires et métaboliques) qui interagissent avec le statut d’entraînement de l’individu. Cependant, il est entendu que les réponses inflammatoires et l’augmentation du renouvellement des protéines (augmentation de la synthèse nette des protéines) contribuent en fin de compte aux adaptations hypertrophiques à long terme. La séquence de synthèse des protéines implique l’absorption d’eau, la synthèse des protéines non contractiles et la synthèse des protéines contractiles. Dans le même temps, une dégradation réduite agit pour maintenir la taille des fibres en réduisant la perte nette de protéines. Après le début d’un programme d’entraînement en musculation lourde, des changements dans le type de protéines musculaires (chaînes lourdes de myosine rapides) commencent à se produire dans le cadre de plusieurs séances d’entraînement convenablement organisées. Cependant, l’hypertrophie des fibres musculaires nécessite une période d’entraînement plus longue (plus de seize séances d’entraînement) avant que des changements significatifs de la section transversale des fibres musculaires (STF) ne deviennent réellement apparents. Comme pour les gains initiaux des variables de performance (force, puissance), les réponses hypertrophiques sont à leur maximum dans les premiers stades, après quoi le taux de croissance musculaire diminue avec le temps. Les athlètes étudiés au cours de deux années d’entraînement intensif en résistance ont montré des augmentations de force qui correspondaient à des intensités d’entraînement optimales, bien que l’hypertrophie des fibres musculaires ait peu contribué à l’augmentation des performances de soulevé. L’ampleur de l’hypertrophie dépend en dernier lieu du stimulus d’entraînement et de la manière dont les variables aiguës d’entraînement sont prescrites. Afin d’optimiser la croissance musculaire, une périodisation appropriée de l’entraînement est essentielle pour maximiser la combinaison des stimuli mécaniques et métaboliques. Les facteurs mécaniques comprennent la levée de charges lourdes, l’inclusion d’actions musculaires excentriques et des volumes d’entraînement modérés à élevés, qui sont tous caractéristiques de l’entraînement en force. Une quantité croissante de preuves soutient également l’utilisation de nouvelles modalités d’entraînement (formation d’occlusion) comme méthodes alternatives pour induire un stress mécanique ou métabolique approprié. Les facteurs métaboliques se concentrent sur un entraînement d’intensité faible à modérée, ou d’intensité modérément élevée avec des volumes élevés et des intervalles de repos courts (caractéristique de l’entraînement de musculation). Collectivement, les facteurs mécaniques entraînent un recrutement optimal des fibres musculaires (car les fibres musculaires doivent être recrutées avant la croissance), l’expression des facteurs de croissance et une perturbation potentielle des sarcomères, qui augmentent tous la section transversale musculaire. Les facteurs métaboliques stressent le système énergétique glycolytique et entraînent une augmentation des métabolites qui peuvent être impliqués dans la croissance musculaire. Ces programmes provoquent également la réponse hormonale anabolique la plus puissante. L’hyperplasie, débattue par les scientifiques de l’exercice pendant des années, est également proposée comme mécanisme d’augmentation de la taille musculaire. L’hyperplasie est le terme donné à une augmentation du nombre de fibres musculaires via le fractionnement longitudinal des fibres en réponse à un entraînement de musculation à haute intensité. Il a été démontré que l’hyperplasie se produit chez les animaux, mais les résultats sont controversés chez l’homme, certaines études confortant cette hypothèse et d’autres rejetant sa présence chez l’homme. Une partie de la raison de cette confusion peut provenir d’études transversales comparant des athlètes entraînés en musculation à des individus non entraînés, montrant un plus grand nombre de fibres dans la population entraînée. Dans ce scénario, il est difficile de déterminer si la différence est due à la génétique ou à l’hyperplasie. Il faut également considérer que les procédures que les scientifiques effectuent sur les animaux ne peuvent tout simplement pas être effectuées sur les humains pour des raisons éthiques et logistiques. Par conséquent, certaines des données les plus convaincantes à l’appui de l’hyperplasie des muscles squelettiques sont issues d’études animales. Lors de l’examen de l’hyperplasie dans des modèles animaux, les chercheurs retirent le muscle entier et dénudent le fascia afin d’analyser longitudinalement le nombre de fibres musculaires au microscope. Chez l’homme, l’ablation du muscle entier n’est pas possible. Au lieu de cela, des techniques de biopsie à l’aiguille sont utilisées pour prélever un petit échantillon de tissu musculaire, qui est ensuite examiné en coupe transversale, et une prédiction de l’hyperplasie est indirectement faite à partir d’extrapolations mathématiques. Bien que l’hyperplasie ne puisse pas être complètement exclue, elle ne semble pas être une stratégie majeure pour l’adaptation des tissus musculaires à l’entraînement en musculation ; et, si elle se produit, elle n’implique qu’une petite quantité de tissu stimulé (peut-être moins de 10 %) si les conditions sont optimales. On peut émettre l’hypothèse que si l’hyperplasie se produit, cela peut être en réponse à l’atteinte d’une limite supérieure théorique de la taille des fibres musculaires, qui peut se produire chez les athlètes utilisant des stéroïdes anabolisants et d’autres agents de croissance, ou subissant un entraînement à long terme qui produit des niveaux élevés à extrêmes d’hypertrophie. Cela continue d’être un sujet d’étude et de discorde parmi les scientifiques. MODIFICATIONS DE LA TAILLE DES FIBRES L’ampleur de l’hypertrophie musculaire subie après un entraînement anaérobie est intimement associée au type de fibre musculaire. Les fibres musculaires, en particulier celles situées dans les unités motrices à haut seuil régies par le principe de la taille, doivent être activées afin de favoriser une hypertrophie importante. Au cours de l’entraînement en résistance, les fibres musculaires de type I et de type II ont le potentiel d’être recrutées, à une fréquence déterminant l’étendue de leurs processus adaptatifs. Selon le principe de la taille, ce n’est que suite à l’activation hiérarchique que les fibres de type I ou de type II reçoivent un mécanisme de signalisation qui déclenche la cascade de processus régulateurs favorisant la synthèse des protéines. Collectivement, cependant, après l’activation des fibres musculaires, ces réponses hypertrophiques se traduisent par une section transversale élargie du muscle intact après plusieurs mois d’entraînement. En règle générale, les fibres de type II présentent des augmentations de taille plus importantes que les fibres de type I. Ainsi, l’ampleur de l’hypertrophie n’est pas uniforme entre les deux principaux types de fibres. En fait, il a été avancé que le potentiel ultime d’hypertrophie pouvait résider dans la proportion relative de fibres de type II dans les muscles d’un athlète donné. Autrement dit, les athlètes qui possèdent génétiquement une proportion relativement importante de fibres à contraction rapide peuvent avoir un plus grand potentiel d’augmentation de la masse musculaire que les individus possédant principalement des fibres à contraction lente. TRANSITIONS DE TYPE DE FIBRE Le modèle de stimulation neurale dicte dans quelle mesure les adaptations des types de fibre se produisent après l’entraînement anaérobie. Les fibres musculaires sont théoriquement positionnées sur un continuum du type le moins oxydant au type le plus oxydant (figure 5.3 et description des types de fibres musculaires au chapitre 1). Le continuum est le suivant : IIx, IIax, IIa, IIac, IIc, Ic et I, avec une expression concomitante de chaîne lourde de myosine (CLM) : CLM IIx, IIa et I. Bien que les proportions de fibres de type I et Ix soient déterminées génétiquement, des changements au sein de chaque sous-type peuvent survenir après un entraînement anaérobie. Avec la formation et l’activation des unités motrices à seuil élevé, il y a une transition du type de fibre de type IIx au type de fibre IIa. En d’autres termes, les fibres musculaires de type IIx modifient leur contenu isoforme de myosine adénosine triphosphatase (ATPase) et deviennent progressivement des fibres IIa plus oxydantes. La recherche a montré des transitions presque complètes des profils de fibres de type IIx à IIa suite à la combinaison d’une musculation à haute intensité et d’un entraînement d’endurance aérobie. Les changements dans les types de fibre à contraction rapide n’ont généralement pas été liés à la vitesse à laquelle les changements dans la section transversale des fibres musculaires ont lieu. Les fibres de type IIx représentent un « réservoir » qui, lors d’une activation constante, se transforme en une forme plus oxydante le long du continuum (en une fibre intermédiaire de type IIax, puis en IIa). Tout changement dans le continuum de type de fibre musculaire et les CLM associées survient aux premiers stades d’un programme d’entraînement en musculation. Dans une première étude, Staron et ses collègues ont examiné les effets d’un protocole d’entraînement en musculation à haute intensité (plusieurs séries d’exercices de squat, de leg press et d’extension du genou utilisant des charges de 6 à 12RM et des périodes de repos de deux minutes) effectués par des hommes et des femmes deux fois par semaine pendant huit semaines. Ils ont signalé une diminution significative du pourcentage de type IIx chez les femmes après seulement deux semaines d’entraînement (quatre séances d’entraînement) et après quatre semaines (huit séances d’entraînement) chez les hommes. Au cours du programme d’entraînement de huit semaines, les types de fibre de type IIx sont passés de ~ 18 % à environ 7 % du total des fibres musculaires chez les hommes et les femmes. L’analyse des CLM a montré que dans cette première phase d’entraînement, les CLM IIx ont été remplacées par les CLM IIa. De plus, cette étude a démontré que les changements des facteurs hormonaux (interactions entre testostérone et cortisol) étaient corrélés aux changements du type de fibre musculaire. Il est intéressant de noter que le désentraînement a l’effet inverse, entraînant une augmentation des fibres de type IIx et une réduction des fibres de type IIa, avec un dépassement possible des fibres de type IIx (pourcentages de IIx plus élevés qu’en pré-entraînement). Bien que la transformation au sein des soustypes de fibre musculaire semble typique, la transformation du type I au type II (ou vice versa) semble moins probable, en raison des différences d’isoformes de la CLM et de la teneur relative en enzymes oxydantes. Ces données doivent être explorées dans de futures études ; il est intéressant de se demander si le continuum des adaptations s’étend au-delà des sous-populations de type I et II, en particulier dans les cas extrêmes où un marathonien (pourcentage élevé de fibres de type I) suit un programme d’entraînement en musculation de haute intensité ou un haltérophile (pourcentage élevé de fibres de type II) commence d’endurance aérobie. un programme d’entraînement CHANGEMENTS STRUCTURELS ET ARCHITECTURAUX Le muscle penné a des fascicules qui se fixent obliquement (en position inclinée) à son tendon. L’angle de pennation affecte les capacités de production de force ainsi que l’amplitude de mouvement d’un muscle. De plus grands angles de pennation peuvent également accueillir un plus grand dépôt de protéines et permettre une augmentation plus importante de la section transversale de la fibre musculaire (STF). Dans le muscle penné, il a été démontré que l’entraînement en musculation augmente l’angle de pennation, les athlètes entraînés en force affichant des angles de pennation plus grands dans les muscles du triceps brachial et du vaste externe par rapport aux individus non entraînés. De plus, la longueur du fascicule s’est avérée plus grande chez les athlètes entraînés en force, et celle du gastrocnémien et du vaste externe s’est avérée plus grande chez les sprinters que chez les coureurs de fond. Il a été démontré que la combinaison de la musculation, du sprint et de l’entraînement au saut augmentait la longueur du fascicule du droit fémoral, et l’entraînement au sprint et au saut s’est avéré augmenter la longueur du fascicule du vaste externe. Ces changements architecturaux ont un effet positif sur la manière dont la force est finalement transmise aux tendons et aux os. AUTRES ADAPTATIONS MUSCULAIRES Il a été démontré que l’entraînement en résistance augmente le volume myofibrillaire, la densité cytoplasmique, le réticulum sarcoplasmique, la densité des tubules T et l’activité ATPase sodium-potassium. Collectivement, ces changements agissent pour faciliter l’hypertrophie et permettre une plus grande expression de la force musculaire. Il a été démontré que l’entraînement au sprint améliore la libération de calcium, ce qui contribue à augmenter la vitesse et la production d’énergie en favorisant la formation de ponts croisés d’actine et de myosine. Il a également été démontré que l’entraînement intensif en musculation réduit la densité mitochondriale. Alors que le nombre de mitochondries reste en fait constant ou peut légèrement augmenter tout au long d’une phase d’entraînement, la densité mitochondriale est exprimée par rapport à la zone musculaire. L’augmentation de la section transversale musculaire se produit de manière disproportionnée par rapport à la prolifération mitochondriale et, par conséquent, la densité des mitochondries par unité de volume diminue en réalité avec l’hypertrophie. L’hypertrophie musculaire entraîne également une diminution de la densité capillaire, par des mécanismes similaires encore une fois, le nombre de capillaires par fibre augmentant quelque peu. Les haltérophiles et les athlètes de force athlétique présentent des densités capillaires significativement plus faibles que les sujets témoins, tandis que les culturistes ont des densités capillaires similaires à celles des non-athlètes. Les entraînements de musculation produisent de grandes concentrations d’ions hydrogène, mais avoir plus de capillaires par fibre peut aider à éliminer les métabolites de l’exercice musculaire. L’exercice anaérobie entraîne une réduction substantielle du pH musculaire et sanguin, plusieurs mécanismes régulant une modification de l’équilibre acide-base pendant l’exercice. Avec des adaptations à des changements aigus constants de pH pendant l’entraînement (concentration accrue d’ions H+), la capacité tampon peut s’améliorer. Cette capacité accrue permet alors à un athlète de mieux tolérer l’accumulation de H+ au sein du muscle actif, ce qui entraîne une fatigue retardée et une plus grande endurance musculaire. De par sa nature, l’entraînement par intervalles à haute intensité (sprint, cyclisme) effectué audessus du seuil de lactate a montré une augmentation significative de la capacité tampon, de 16 % à 38 %. Ailleurs, il a été démontré que les athlètes participant à des sports d’équipe anaérobies ont une capacité tampon plus élevée que les athlètes d’endurance et les sujets témoins non entraînés. Dans le muscle squelettique, la teneur en substrat et l’activité enzymatique représentent d’autres domaines d’adaptation en réponse à l’entraînement anaérobie. Plus particulièrement, lorsque les concentrations d’ATP et de créatine phosphate (CP) sont épuisées à plusieurs reprises après des épisodes de contraction musculaire intermittente de haute intensité, la capacité de stockage de ces composés de haute énergie est augmentée via un effet de « surcompensation ». Mac Dougall et ses collègues ont signalé une augmentation de 28 % de la CP au repos et une augmentation de 18 % des concentrations d’ATP après cinq mois d’entraînement en musculation (trois à cinq séries, de huit à dix répétitions, avec des périodes de repos de deux minutes). En outre, il semble que des programmes de type musculation tels que celui-ci, qui mettent l’accent sur la glycolyse anaérobie, puissent également être un puissant stimulant pour l’amélioration de la teneur en glycogène, une augmentation jusqu’à 112 % ayant été constatée. ADAPTATIONS DES TISSUS CONJONCTIFS Les os, les tendons, les ligaments, les fascias et le cartilage sont des exemples de tissu conjonctif. L’exercice anaérobie transmet des forces mécaniques qui provoquent la déformation de régions spécifiques du squelette. Ces forces, créées par des actions musculaires sur l’insertion tendineuse dans l’os, peuvent être flexibles, compressives ou torsionnelles. En réponse à la charge mécanique, les ostéoblastes migrent vers la surface osseuse et commencent la modélisation osseuse (figure 5.4). Les ostéoblastes fabriquent et sécrètent des protéines – principalement des molécules de collagène – qui se déposent dans les espaces entre les cellules osseuses pour augmenter la force. Ces protéines forment la matrice osseuse et finissent par se minéraliser sous forme de cristaux de phosphate de calcium (hydroxyapatite). La nouvelle formation osseuse se produit principalement sur la surface externe de l’os (périoste), augmentant le diamètre et la résistance. PHYSIOLOGIE OSSEUSE GÉNÉRALE Le taux d’adaptation osseuse se produit différemment dans le squelette axial (crâne, colonne vertébrale, côtes et sternum) et appendiculaire (ceinture scapulaire, bassin et os des membres supérieurs et inférieurs), en raison de différentes quantités de trabécules osseuses (spongieuses) et de l’os cortical (compact). L’os cortical est dense et forme une coquille externe compacte entourant l’os trabéculaire, les deux types d’os étant liés par l’imbrication de plaques étroites et délicates d’os trabéculaire. Les espaces entre les plaques trabéculaires sont occupés par la moelle osseuse, qui se compose de tissu adipeux et de produits sanguins tels que les globules rouges immatures. Les vaisseaux sanguins de la cavité médullaire se prolongent dans l’os cortical dense, à travers un réseau de canaux verticaux et horizontaux. Parce qu’il est moins dense et a un rapport surface/masse plus important, l’os trabéculaire est capable de répondre plus rapidement aux stimuli que l’os cortical car il est plus mou, plus faible et plus flexible et donc plus enclin au changement adaptatif. Le terme « souche essentielle minimale » (SEM) fait référence au stimulus seuil qui initie une nouvelle formation osseuse. Le dépassement constant de ces seuils signale que les ostéoblastes migrent vers la région subissant le stress et forment de l’os, tandis que les forces qui tombent en dessous de la SEM ne présentent pas un stimulus approprié pour une nouvelle formation osseuse. Les cellules osseuses travaillent à réguler la formation de nouveaux tissus osseux, de telle sorte que les forces subies régulièrement ne dépassent pas la SEM, établissant ainsi une marge de sécurité contre les fractures. La déformation enregistrée par l’os est fonction de la force par unité de surface osseuse (contrainte). On pense que la SEM représente environ 1/10 de la force requise pour fracturer l’os. L’augmentation du diamètre de l’os permet de répartir la force sur une plus grande surface, diminuant ainsi la quantité de contraintes mécaniques. Après la croissance osseuse, une force qui dépassait auparavant la SEM sera désormais inférieure à son seuil. Les activités physiques porteuses progressives qui génèrent des forces dépassant la SEM sont donc les plus efficaces pour augmenter la taille et la force des os. Les forces qui atteignent ou dépassent un seuil de stimulation déclenchent une nouvelle formation osseuse dans la zone soumise à la contrainte mécanique. ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE ET CROISSANCE OSSEUSE À mesure que la force musculaire et l’hypertrophie augmentent en réponse aux modalités d’entraînement anaérobie, les forces générées par l’augmentation des contractions musculaires augmentent la contrainte mécanique sur l’os par la suite, et l’os lui-même doit augmenter en masse et en force pour fournir une structure de soutien adéquate. Toute augmentation de la force ou de la masse musculaire peut donc entraîner une augmentation correspondante de la densité minérale osseuse (DMO) ou de la quantité de minéraux déposés dans une zone donnée de l’os. Fait intéressant, l’inactivité ou l’immobilisation a l’effet inverse et se traduit par un taux plus rapide de perte de matrice osseuse et de DMO. De nombreuses études ont montré une corrélation positive entre la DMO, la force et la masse musculaire. Les chercheurs ont rapporté que les athlètes entraînés en résistance ont une DMO plus élevée que les sujets témoins sédentaires de même âge. Chez certaines personnes ( joueurs de football professionnels), l’activité physique semble influer davantage sur la masse osseuse, la surface et la largeur que la DMO. Ainsi, l’exercice qui stimule l’hypertrophie musculaire et les gains de force semble également stimuler la croissance osseuse. Quantitativement, la durée des adaptations osseuses est assez longue – environ six mois ou plus – et dépend intimement de la structure du programme. Cependant, le processus d’adaptation commence au cours des premières séances d’entraînement. Le processus d’ostéogenèse implique la sécrétion de substances dans le sang (substances spécifiques aux os uniquement) qui peuvent être mesurées. Par conséquent, toute élévation d’un marqueur ostéogénique peut être reconnue comme un indicateur précoce de la formation osseuse et vraisemblablement un précurseur d’une augmentation de la DMO, à condition que le stimulus soit maintenu pendant une longue période d’entraînement. PRINCIPES D’ENTRAÎNEMENT POUR AUGMENTER LA RÉSISTANCE OSSEUSE Les programmes d’entraînement anaérobie qui ont pour objectif de stimuler la croissance osseuse doivent intégrer la spécificité, la vitesse et la direction de la charge, un volume suffisant, une sélection d’exercices appropriée, une surcharge progressive et une variation. La spécificité de la charge exige l’utilisation d’exercices qui ciblent directement une région particulière du squelette. Si le corps interprète ces forces comme nouvelles, elles stimuleront la croissance osseuse dans la zone qui reçoit la souche. Par exemple, la course à pied peut être un bon stimulus pour une augmentation de la DMO dans le fémur, mais un mauvais choix pour favoriser les dépôts minéraux lorsque l’on essaie de renforcer le poignet. Le concept de spécificité de la charge devient particulièrement important lorsqu’un professionnel de la préparation physique prescrit des exercices pour augmenter la masse osseuse dans les régions du squelette les plus souvent touchées par l’ostéoporose, une maladie dans laquelle la DMO et la masse osseuse sont réduites à des niveaux extrêmement bas. La recherche indique que les exercices de charge cyclique à fort impact pour le bas du corps, tels que la gymnastique, le volley-ball ou le basketball, augmentent sélectivement la DMO sur des sites cliniquement pertinents, comme la hanche et la colonne vertébrale, et davantage que les activités à faible impact. De plus, une augmentation de la DMO peut être observée chez les athlètes universitaires de haut niveau possédant déjà des niveaux élevés de DMO. Ces changements de la DMO sont indépendants du statut hormonal reproducteur si le stimulus est suffisant. La sélection des exercices est critique lorsque l’on essaie de susciter des stimuli ostéogéniques maximaux (facteurs qui stimulent la formation de nouveaux os). Essentiellement, les exercices devraient impliquer plusieurs articulations, diriger les vecteurs de force principalement à travers la colonne vertébrale et la hanche (exercices structurels) et appliquer des charges externes plus lourdes que celles avec des exercices guidés impliquant une seule articulation. Cussler et ses collègues ont montré une relation linéaire positive entre les quantités de poids levés au cours d’une année d’entraînement et les augmentations associées de la DMO. De plus, les résultats de cette recherche ont mis en évidence l’importance de la spécificité de l’exercice dans la mesure où le squat, par rapport à la presse, était plus efficace pour augmenter la DMO dans le trochanter du fémur. L’utilisation d’exercices mono-articulaires utilisant une machine doit être limitée, car ces exercices isolent un seul groupe musculaire en utilisant de l’équipement comme support pour stabiliser le corps plutôt que de favoriser le soutien squelettique. Par conséquent, des exercices tels que le squat barre arrière, le power clean, le soulevé de terre, l’arraché et le push jerk (pour le squelette axial et le bas du corps) ou le développé épaule (pour le haut du corps) s’avèrent des méthodes plus efficaces pour augmenter la force osseuse. L’os réagissant favorablement aux forces mécaniques, le principe de la surcharge progressive – imposant progressivement des contraintes supérieures à la normale à la musculature en exercice – s’applique lorsque l’on s’entraîne à augmenter la masse osseuse. Bien que la force maximale de l’os soit maintenue bien au-dessus des capacités de force volontaire de la musculature associée, l’os réagit à des forces plus élevées (charges de 1 à 10RM) qui sont appliquées de manière répétitive au fil du temps. La réponse adaptative de l’os garantit que les forces ne dépassent pas un niveau critique qui augmente le risque de fractures de stress (microfractures osseuses dues à la fatigue structurelle). Le soutien à la surcharge progressive provient d’études qui ont comparé la DMO de divers groupes d’athlètes à celle de non-athlètes. En fait, les haltérophiles d’élite chez les adolescents se sont révélés posséder des niveaux de minéralisation osseuse qui dépassent de loin les valeurs trouvées chez les adultes non entraînés. Cette observation est intéressante car elle indique que l’os jeune peut être plus sensible aux stimuli ostéogéniques que l’os mature. Les preuves indiquent que l’activité physique pendant la croissance module la géométrie externe et l’architecture trabéculaire de l’os, améliorant potentiellement la force squelettique. Des données récentes montrent que la charge osseuse associée à l’activité physique au cours de la croissance étale (adolescence) et après la croissance squelettique (début de l’âge adulte) élève le pic de masse osseuse et est positivement associée à la masse osseuse adulte plus tard dans la vie. COMMENT LES ATHLÈTES PEUVENT-ILS STIMULER LA FORMATION OSSEUSE ? Afin de favoriser la formation osseuse, les athlètes doivent utiliser une programmation spécifique des variables d’entraînement afin de maximiser les adaptations optimales. Sélectionner des exercices structurels multiarticulaires qui impliquent plusieurs groupes musculaires à la fois. Éviter les mouvements isolés et articulaires. Sélectionner des exercices qui dirigent des vecteurs de force axiale à travers la colonne vertébrale et la hanche et appliquent des charges plus lourdes que les exercices d’assistance à une seule articulation. Utiliser le principe de la surcharge progressive pour stresser le système musculo-squelettique et continuer à augmenter progressivement la charge à mesure que les tissus s’habituent au stimulus. Utiliser à la fois des exercices de charges lourdes et des exercices à fort impact ou balistiques pour exposer l’os à différentes intensités de force. En variant la sélection des exercices, il est possible de modifier la distribution des impacts de force et de présenter un stimulus unique pour la formation de nouveaux os. La variation de l’entraînement est une autre considération importante dans la conception de programmes pour stimuler la formation de nouveaux os. L’architecture interne du squelette humain possède un mécanisme par lequel il compense les nouveaux schémas de déformation subis par l’os. Pour dissiper de manière optimale les forces imposées, la direction des fibres de collagène dans la matrice osseuse peut changer pour se conformer aux lignes de contrainte subies par l’os. Ainsi, le changement de la distribution (et de direction) des vecteurs de force en utilisant une variété d’exercices présente continuellement un stimulus unique pour la formation de nouveaux os dans une région donnée de l’os. Par la suite, la formation de collagène se produit dans plusieurs directions, augmentant la résistance osseuse dans diverses directions. Dans l’ensemble, si l’ampleur de la ch((arge ou le taux d’application de la)) force est sueeffisant, il n’est généralement pas nécessaire d’effectuer plus de 30 à 35 répétitions, car un plus grand volume de charge n’est pas susceptible de fournir un stimulus supplémentaire pour la croissance de l’os. Les composantes de la charge mécanique qui stimulent la croissance osseuse sont l’ampleur de la charge (intensité), le taux (vitesse) de chargement, la direction des forces et le volume de charge (nombre de répétitions). ADAPTATIONS DES TENDONS, LIGAMENTS ET FASCIAS À L’ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE Les tendons, les ligaments, les fascias et le cartilage sont des structures complexes et dynamiques qui sont le lien essentiel entre les muscles et les os. Le principal composant structurel de tout le tissu conjonctif est la fibre de collagène (type I pour les os, les tendons et les ligaments ; type II pour le cartilage, figure 5.5). La protéine mère, le procollagène, est synthétisée et sécrétée par les fibroblastes, qui sont les cellules les plus communes trouvées dans le tissu conjonctif des animaux et agissent comme des cellules-souches dans la synthèse de la matrice extra-cellulaire, tout en jouant un rôle critique dans la cicatrisation des plaies. Les molécules de procollagène se composent de trois brins de protéines torsadés les uns aux autres dans une triple hélice. Le procollagène quitte la cellule avec des extensions protectrices aux extrémités pour empêcher la formation prématurée de collagène. Le clivage des extensions via des enzymes entraîne la formation de collagène actif, qui s’aligne avec d’autres molécules de collagène pour former un long filament. La mesure de ces enzymes fournit une indication du métabolisme du collagène. En fait, les niveaux d’enzyme augmentent en réponse à l’entraînement, ce qui montre une augmentation de la synthèse nette de collagène de type I. La disposition parallèle des filaments est appelée « microfibrille ». Le collagène a une apparence striée (rayée) sous un microscope optique, un peu comme le muscle squelettique, en raison de l’alignement ordonné des espaces entre les molécules de collagène dans une microfibrille. Au fur et à mesure que l’os se développe, les microfibrilles s’organisent en fibres et les fibres en faisceaux plus gros. La véritable force du collagène provient des fortes liaisons chimiques (réticulation) qui se forment entre les molécules de collagène adjacentes à travers les faisceaux de collagène. Les faisceaux de collagène sont regroupés longitudinalement pour former des tendons ou des ligaments, ou sont disposés en feuilles avec les couches orientées dans différentes directions, comme dans les os, le cartilage et les fascias. Les tendons et les ligaments sont composés principalement d’arrangements parallèles serrés de faisceaux de collagène. Les tendons et les ligaments matures contiennent relativement peu de cellules. Le petit nombre de cellules métaboliquement actives dans les tendons et les ligaments rend les besoins en oxygène et en nutriments dans ces tissus relativement faibles. Les ligaments contiennent des fibres élastiques (élastine) en plus du collagène, car une certaine quantité d’étirement est nécessaire dans un ligament pour permettre un mouvement articulaire normal. Les tendons et les ligaments s’attachent à l’os avec une grande résistance, permettant la transmission maximale des forces. Les tissus conjonctifs fibreux qui entourent et séparent les différents niveaux organisationnels au sein du muscle squelettique sont appelés « fascias ». Le fascia a des feuilles de tissu de support fibrocollagène, contenant des faisceaux de fibres de collagène disposés dans différents plans, pour fournir une résistance aux forces de différentes directions. À l’intérieur des muscles, le fascia converge près de l’extrémité du muscle pour former un tendon à travers lequel la force de contraction musculaire est transmise à l’os. Comparé à celui du tissu musculaire, le métabolisme des tendons est beaucoup plus lent en raison d’une vascularisation et d’une circulation plus faibles. En fait, l’augmentation du flux sanguin vers le muscle squelettique via l’exercice n’est pas parallèle à la même perfusion de flux dans les tendons. Cette vascularité limitée a des implications sur la régénération et constitue la raison pour laquelle les tendons peuvent prendre beaucoup de temps à guérir après une blessure. Le principal stimulus dans la croissance des tendons, des ligaments et des fascias est l’impact des forces mécaniques créées pendant l’exercice à haute intensité. Le degré d’adaptation tissulaire semble être proportionnel à l’intensité de l’exercice. Un exercice anaérobie constant qui dépasse le seuil de contrainte a un effet positif sur la stimulation des changements du tissu conjonctif. Des preuves empiriques suggèrent que les tissus conjonctifs doivent augmenter leurs capacités fonctionnelles en réponse à l’augmentation de la force musculaire et de l’hypertrophie. Les lieux où les tissus conjonctifs peuvent augmenter la résistance et la capacité de charge sont : les jonctions entre le tendon (et le ligament) et la surface osseuse ; à l’intérieur du corps du tendon ou du ligament ; dans le réseau de fascias au sein du muscle squelettique. COMMENT LES ATHLÈTES PEUVENT-ILS STIMULER LES ADAPTATIONS DU TISSU CONJONCTIF ? TENDONS, LIGAMENTS, FASCIAS Les adaptations à long terme des tendons, des ligaments et des fascias sont stimulées par des schémas de charge progressive à haute intensité utilisant des résistances externes. Des charges à haute intensité doivent être utilisées, car des intensités faibles à modérées ne modifient pas de façon marquée la teneur en collagène du tissu conjonctif. Les forces doivent être exercées sur toute la gamme de mouvement d’une articulation et, dans la mesure du possible, des exercices multi-articulaires doivent être utilisés. CARTILAGE L’exercice anaérobie d’intensité modérée semble suffisant pour augmenter l’épaisseur du cartilage. Un exercice intense ne semble pas causer de maladie dégénérative des articulations lorsqu’il est progressivement surchargé de manière appropriée. La viabilité des tissus peut être maintenue en adoptant une variété de modalités d’exercice et en veillant à ce que la charge soit appliquée sur toute l’amplitude des mouvements. Au fur et à mesure que les muscles deviennent plus forts, ils tirent sur leurs attaches osseuses avec une plus grande force et provoquent une augmentation de la masse osseuse à la jonction tendon-os et le long de la ligne sur laquelle les forces sont réparties. L’entraînement anaérobie à haute intensité entraîne une croissance conjonctive des tissus et d’autres changements ultra-structuraux qui améliorent la transmission des forces. Les changements spécifiques au sein d’un tendon contribuant à son augmentation de taille et de force sont les suivants : une augmentation du diamètre des fibrilles de collagène ; un plus grand nombre de réticulations covalentes au sein de la fibre hypertrophiée ; une augmentation du nombre de fibrilles de collagène ; une augmentation de la densité de tassement des fibrilles de collagène. Collectivement, ces adaptations augmentent la capacité du tendon à résister à des forces de tension plus importantes. L’hypertrophie musculaire chez les animaux est liée à une augmentation du nombre et de la taille des fibroblastes, entraînant ainsi une plus grande quantité de collagène total. L’activation des fibroblastes et la croissance ultérieure du réseau du tissu conjonctif sont des conditions préalables à l’hypertrophie du muscle actif. Cela peut expliquer pourquoi les biopsies d’athlètes entraînés ont montré que le muscle hypertrophié contient plus de collagène total que chez les individus non entraînés, mais que la teneur en collagène reste proportionnelle à la masse musculaire existante. Des études récentes indiquent que la raideur tendineuse (transmission de force par unité de contrainte ou allongement tendineux) augmente en raison de l’entraînement de musculation. En fait, Kubo et ses collègues ont reporté une augmentation de 15 % à 19 % de la rigidité du tendon d’Achille après huit semaines d’entraînement. L’intensité de l’exercice est critique, car les charges lourdes (80 % de 1RM) augmentent la rigidité des tendons, ce qui n’est pas le cas des charges légères (20 % de 1RM). ADAPTATIONS DU CARTILAGE À L’ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE Le cartilage est un tissu conjonctif dense, capable de résister à une force considérable sans endommager sa structure. Les principales fonctions du cartilage sont : de fournir une surface articulaire lisse ; d’agir comme un amortisseur pour les forces dirigées à travers l’articulation ; d’aider à la fixation du tissu conjonctif au squelette. Une caractéristique unique du cartilage est qu’il n’a pas son propre apport sanguin et qu’il dépend de la diffusion de l’oxygène et des nutriments du liquide synovial (c’est pourquoi le cartilage ne se répare pas facilement après une blessure). Deux principaux types de cartilage sont importants par rapport à l’activité physique. Le cartilage hyalin (cartilage articulaire), qui se trouve sur les surfaces articulaires des os, et le cartilage fibreux, forme très dure de cartilage présente dans les disques intervertébraux de la colonne vertébrale et aux jonctions où les tendons se fixent à l’os. Le fait que le cartilage articulaire tire son apport en nutriments par diffusion à partir du liquide synovial fait le lien vers la mobilité et la santé articulaires. Le mouvement autour d’une articulation crée des changements de pression dans la capsule articulaire, qui entraînent les nutriments du liquide synovial vers le cartilage de l’articulation. L’immobilisation d’une articulation empêche une bonne diffusion de l’oxygène et des nutriments essentiels à travers l’articulation. Il en résulte la mort des cellules saines du cartilage, appelées « chondrocytes », et une résorption de la matrice cartilagineuse. L’état actuel des recherches indique que le cartilage humain subit une atrophie ou un amincissement lorsque la charge externe est supprimée (immobilisation postopératoire, paraplégie). Cependant, l’effet que l’augmentation de la charge externe a sur l’épaisseur moyenne du cartilage reste encore à être étudié précisément. Dans tous les cas, il est probable que la contribution génétique joue un rôle plus important dans la détermination de la morphologie du cartilage. RÉPONSES ENDOCRINIENNES ET ADAPTATIONS À L’ENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE Les hormones possèdent une variété de rôles régulateurs pendant l’entraînement anaérobie, et affectent les mécanismes homéostatiques dédiés au maintien des fonctions du corps dans la plage normale pendant le repos et l’exercice. Il s’agit notamment du développement des muscles, des os et du tissu conjonctif par le biais de processus anaboliques et catalyseurs. Comme évoqué au chapitre 4, les réponses endocriniennes à l’entraînement anaérobie peuvent inclure des changements pendant et après l’exercice, des changements chroniques de la réponse aiguë à un entraînement, des changements chroniques des concentrations au repos et des changements dans le contenu des récepteurs hormonaux. RÉPONSES AIGUËS AUX HORMONES ANABOLISANTES Après un exercice anaérobie (en particulier un entraînement contre résistance), des concentrations élevées de testostérone, de variantes moléculaires de l’hormone de croissance et de cortisol ont été trouvées jusqu’à trente minutes chez l’homme. Ces fluctuations se produisent vite, puis se stabilisent rapidement en réponse aux défis homéostatiques résultant des exigences initiales de l’exercice intensif et de l’entraînement à plus long terme. L’amplitude de l’élévation est plus grande lorsque des exercices de masse musculaire importants sont effectués, ou pendant des entraînements d’intensité et de volume modérés à élevés combinés à des intervalles de repos plus courts. Par exemple, il existe de fortes corrélations entre le lactate sanguin (exercice anaérobie), l’hormone de croissance et le cortisol, et nous pensons donc que l’accumulation d’ions hydrogène peut être un facteur principal influençant l’hormone de croissance et la libération de cortisol. Ailleurs, les augmentations de la testostérone libre se sont révélées plus importantes chez les hommes entraînés en résistance que chez les hommes entraînés en aérobie, certaines études signalant de légères élévations de la testostérone chez les femmes après un exercice anaérobie. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I (IGF-I) est le principal médiateur de l’hormone de croissance : il agit comme un messager hormonal qui stimule les effets favorisant la croissance dans presque toutes les cellules du corps, en particulier les muscles squelettiques, le cartilage et les os. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I a une réponse retardée à l’exercice et dépend de la réponse aiguë de l’hormone de croissance. Cependant, d’autres facteurs mécaniques de croissance sont régulés à la hausse dans le muscle squelettique en réponse à une charge mécanique et agissent indépendamment de l’hormone de croissance. En comparaison, la sécrétion d’insuline est parallèle aux changements de la glycémie et des acides aminés, l’insuline étant principalement affectée par la supplémentation avant, pendant ou après l’exercice et non par le stimulus de l’exercice anaérobie. Les catécholamines (épinéphrine, norépinéphrine, dopamine) reflètent les exigences aiguës de l’exercice anaérobie, avec des concentrations croissantes importantes pour réguler la production de force, le taux de contraction musculaire, la disponibilité énergétique et l’augmentation d’autres hormones (testostérone). La réponse aiguë de l’hormone anabolique à l’exercice anaérobie est essentielle pour la performance de l’exercice et les adaptations d’entraînement ultérieures. La régulation à la hausse des récepteurs des hormones anabolisantes est importante pour la médiation des effets hormonaux. CHANGEMENTS CHRONIQUES DANS LA RÉPONSE HORMONALE AIGUË L’adhésion à un programme d’entraînement de résistance à long terme se traduit par une capacité accrue à exercer de plus grands niveaux de force musculaire, avec des intensités d’entraînement croissantes au fil du temps et à mesure que le corps s’adapte pour tolérer des charges progressivement plus lourdes. Par conséquent, les réponses endocrines aiguës à l’entraînement anaérobie refléteront probablement ces améliorations, comme cela a été principalement démontré avec l’hormone de croissance. Les changements longitudinaux de la fonction endocrinienne reflètent l’augmentation du « stress » d’exercice toléré par le corps en réponse à une charge externe incrémentielle. Il est donc supposé que toute adaptation chronique des schémas de réponse hormonale aiguë augmente potentiellement la capacité à mieux tolérer et maintenir des intensités d’exercice plus élevées et prolongées. CHANGEMENTS CHRONIQUES DES CONCENTRATIONS HORMONALES AU REPOS Des changements chroniques de concentrations d’hormones au repos après un exercice anaérobie sont peu probables. En effet, la recherche n’a pas eu de résultat concluant sur les changements de la testostérone, de l’hormone de croissance, de l’IGF-I et du cortisol au fil du temps. Au lieu de cela, les concentrations au repos reflètent probablement l’état actuel du tissu musculaire en réponse à des changements substantiels du programme d’entraînement (volume ou intensité) et des facteurs nutritionnels. Il semble que l’élévation pendant et immédiatement après l’entraînement puisse présenter aux récepteurs suffisamment de stimulus pour affecter le remodelage des tissus sans avoir besoin d’élévation chronique des concentrations basales. Il est important de noter que des élévations chroniques d’une hormone anabolique peuvent être contre-productives à long terme. Les récepteurs ont tendance à réguler à la baisse au fil du temps lorsqu’ils sont exposés de manière constante à des niveaux élevés d’hormones. Par exemple, dans le diabète sucré de type 2, la sensibilité du muscle squelettique à l’insuline est réduite en raison d’une élévation chronique de l’insuline sanguine. C’est pourquoi les utilisateurs de stéroïdes anabolisants effectuent plusieurs cycles de consommation de drogues plutôt que de maintenir des doses constamment élevées. MODIFICATIONS DES RÉCEPTEURS HORMONAUX Le contenu des récepteurs est important pour la médiation des adaptations provoquées par toute réponse hormonale. Les récepteurs des androgènes (RA) ont reçu beaucoup d’attention dans la littérature, et leur contenu (nombre de récepteurs par zone sur le tissu cible) dépend de plusieurs facteurs, notamment le type de fibre musculaire, l’activité contractile et les concentrations de testostérone. Il a été démontré que l’entraînement contre résistance régule à la hausse le contenu en RA dans les 48 à 72 heures après l’entraînement. Le stimulus de l’exercice de résistance semble altérer l’ampleur des modifications aiguës des RA. Ratamess et ses collègues ont comparé les effets d’une et de six séries de dix répétitions en squat et n’ont signalé aucune différence dans le contenu des RA. Cependant, le protocole à volume plus élevé a provoqué une régulation négative significative du contenu de RA une heure après l’entraînement. Cette étude a également démontré que lorsqu’un volume suffisant est atteint, la teneur en protéines des RA peut initialement être régulée à la baisse, avant la régulation positive qui a été montrée dans d’autres études. Kraemer et ses collègues ont toutefois montré que la consommation d’un supplément de protéines et de glucides avant et après l’entraînement atténue cette régulation négative des RA. RÉPONSES CARDIOVASCULAIRES ET RESPIRATOIRES À L’EXERCICE ANAÉROBIE Les épisodes aigus d’exercice anaérobie et l’entraînement anaérobie à long terme ont un impact significatif sur les fonctions cardiovasculaire et respiratoire. Cela se reflète à la fois chez les athlètes anaérobies et les individus sédentaires, où une fonction et des dimensions cardiaques améliorées sont apparentes. L’entraînement en résistance aux charges lourdes peut bénéficier au système cardiovasculaire, mais différemment de l’entraînement en résistance avec plus de répétitions de charges légères et moins de repos ou un entraînement d’endurance aérobie classique. Une capacité améliorée du cœur, des poumons et du système circulatoire à fonctionner dans des conditions de haute pression et de production de force peut préparer le corps de l’athlète aux exigences extrêmes de la compétition sportive. RÉPONSES CARDIOVASCULAIRES AIGUËS À L’EXERCICE ANAÉROBIE Un épisode anaérobie aigu augmente considérablement les réponses cardiovasculaires. La fréquence cardiaque, le volume systolique, le débit cardiaque et la pression artérielle augmentent tous de manière significative pendant l’exercice de résistance. Des pressions sanguines maximales de 320/250 mmHg et une fréquence cardiaque de 170 battements par minute ont été rapportées lors d’un exercice de poussée des jambes de haute intensité (95 % de 1RM). Généralement, la réponse de la pression artérielle augmente de façon non linéaire avec l’ampleur de la masse musculaire active et est plus élevée pendant la phase concentrique de chaque répétition que pendant la phase excentrique, en particulier au « point de friction » d’un exercice. Bien que de fortes élévations de la pression artérielle aient été signalées, il existe peu de données indiquant que l’entraînement en résistance a des effets négatifs sur la pression artérielle au repos. De plus, une augmentation de la pression intrathoracique et des réductions de volume plasmatique allant jusqu’à 22 % ont été signalées. Au cours d’un ensemble d’exercices de résistance, le volume systolique et le débit cardiaque augmentent principalement pendant la phase excentrique de chaque répétition, en particulier lorsque la technique Valsalva est utilisée (chapitre 2). Parce que la phase concentrique d’une répétition est beaucoup plus difficile et que les élévations des pressions intrathoraciques et intra-abdominales sont plus importantes (via la manœuvre de Valsalva), limitant le retour veineux et réduisant le volume diastolique final, la réponse hémodynamique de l’exercice de résistance est retardée. De telle sorte que le débit cardiaque augmente davantage pendant la phase excentrique, ou pendant la période de repos entre les séries. C’est particulièrement vrai pour la réponse de la fréquence cardiaque d’un individu : pendant les cinq premières secondes après la fin d’un ensemble, la fréquence cardiaque est plus élevée que pendant l’ensemble lui-même. Le degré d’augmentation du flux sanguin dans les muscles qui travaillent pendant l’entraînement anaérobie dépend d’un certain nombre de facteurs, notamment de l’intensité de la résistance, de la durée de l’effort (nombre de répétitions effectuées) et de la taille de la masse musculaire activée. Lorsque des charges inférieures sont mobilisées pendant de nombreuses répétitions, les réponses sont relativement similaires à celles observées pendant l’exercice aérobie. Cependant, un exercice de résistance intense diminue le flux sanguin vers les muscles qui travaillent en raison de la contraction des tissus musculaires sur les capillaires et de la création d’une occlusion localisée. Des contractions musculaires supérieures à 20 % de la contraction volontaire maximale entravent le flux sanguin périphérique dans le muscle pendant une série, mais le flux sanguin augmente pendant la période de repos suivante (hyperémie réactive). Il est intéressant de noter que le manque de circulation sanguine – et l’augmentation subséquente des métabolites tels que les ions hydrogène et la réduction du pH – lors d’une forte charge externe est un puissant stimulant pour la croissance musculaire. Dans l’ensemble, l’ampleur des réponses cardiovasculaires aiguës dépend de l’intensité et du volume d’exercice, de l’implication de la masse musculaire, de la durée de la période de repos et de la vitesse de contraction. Un exercice anaérobie entraîne une augmentation du débit cardiaque, du volume systolique, de la fréquence cardiaque, de la consommation d’oxygène, de la pression artérielle systolique et du flux sanguin vers les muscles actifs. ADAPTATIONS CARDIOVASCULAIRES CHRONIQUES AU REPOS L’effet des modalités d’entraînement anaérobie sur la fréquence cardiaque au repos reste complètement à élucider. Il a été démontré que l’entraînement en résistance à court terme réduit la fréquence cardiaque au repos, entre 5 et 12 %. Cependant, lorsque cet effet est étudié longitudinalement au fil du temps, des réponses mitigées sont rapportées, avec une absence de changement de la fréquence cardiaque au repos ou des réductions de 4 à 13 %. Chez les athlètes chroniquement entraînés à la résistance (culturistes et haltérophiles), des fréquences cardiaques au repos moyennes et inférieures à la moyenne (60-78 battements par minute) ont été rapportées par rapport à celles d’individus non entraînés. Une méta-analyse de la pression artérielle au repos a indiqué que la pression artérielle systolique et diastolique diminuait de 2 à 4 % en tant qu’adaptation à l’entraînement en résistance. Il semble que la réponse soit la plus élevée chez les personnes qui ont initialement une pression artérielle légèrement élevée. De même, il a été démontré que le produit fréquence-pression (fréquence cardiaque x pression artérielle systolique, une mesure du travail myocardique) reste constant ou diminue après un entraînement en résistance. Il a été démontré que le volume systolique augmente en magnitude absolue, mais pas par rapport à la surface corporelle ou à la masse maigre. Autrement dit, le volume systolique augmente à mesure que la masse de tissu maigre augmente pendant l’entraînement en résistance à long terme. Enfin, l’entraînement en résistance peut ne pas changer ou diminuer légèrement le cholestérol total et les lipoprotéines de basse densité, et augmenter les lipoprotéines de haute densité. Par conséquent, un entraînement intensif en résistance n’améliore pas la fonction cardiaque au repos, mais de plus grandes améliorations peuvent résulter d’adaptations à un programme à volume élevé avec de courtes périodes de repos (musculation, entraînement en circuit) dans lesquelles la continuité globale du stress provoqué est beaucoup plus élevée. L’entraînement en résistance chronique modifie également les dimensions cardiaques. Une augmentation de l’épaisseur et de la masse de la paroi ventriculaire gauche a été signalée, mais l’augmentation disparaît lorsqu’elle est exprimée par rapport à la surface corporelle ou à la masse maigre. On pense que cette augmentation peut résulter d’une exposition à des pressions sanguines élevées par intermittence et à des augmentations de la pression intrathoracique en plus de s’adapter aux changements dus à l’augmentation de la masse maigre et de la taille du corps. Les athlètes hautement entraînés en résistance ont une épaisseur de paroi du septum ventriculaire gauche et intraventriculaire absolu supérieure à la normale. Peu ou pas de changement dans la taille ou le volume de la chambre ventriculaire gauche est observé avec l’entraînement en résistance. Il s’agit d’une différence majeure entre l’exercice de résistance et l’exercice aérobie. Des volumes ventriculaires gauches et droits absolus supérieurs à la normale ont été constatés chez les culturistes, mais pas chez les haltérophiles, ce qui indique que l’entraînement à haut volume peut être plus propice à l’augmentation des volumes ventriculaires gauches absolus. Il est important de noter que les culturistes intègrent fréquemment des exercices aérobies dans leurs programmes d’entraînement pour métaboliser la graisse corporelle et favoriser une composition corporelle maigre. Par conséquent, il est possible que certaines de ces adaptations aient été provoquées, en partie, par un entraînement d’endurance aérobie. Les bodybuilders ainsi que les haltérophiles ont des dimensions de l’oreillette gauche interne supérieures à la normale absolue et relative (à la masse maigre et à la surface du corps), les bodybuilders étant généralement plus grands. ADAPTATIONS CHRONIQUES DE LA RÉPONSE CARDIOVASCULAIRE AIGUË À L’EXERCICE ANAÉROBIE L’entraînement en résistance chronique réduit la réponse cardiovasculaire à une période aiguë d’exercice de résistance d’une intensité ou d’une charge de travail absolue donnée. Des études à court terme ont montré que l’entraînement en résistance entraîne des adaptations qui atténuent les augmentations aiguës de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et du double produit causées par l’entraînement en résistance. En outre, les bodybuilders masculins se sont avérés avoir une pression artérielle (systolique et diastolique) et des fréquences cardiaques plus faibles pendant des séries de 50 à 100 % de 1RM effectuées à une insuffisance musculaire momentanée par rapport aux hommes sédentaires et moins entraînés. Il est intéressant de noter que le débit cardiaque de pointe et le volume systolique des culturistes sont nettement supérieurs à ceux des haltérophiles, ce qui démontre que le volume systolique et le débit cardiaque peuvent être plus élevés par charge de travail absolue du fait de l’entraînement. On pense que ces adaptations résultent d’une diminution de la postcharge sur le ventricule gauche, qui à son tour augmente le débit cardiaque et diminue la consommation d’oxygène du myocarde. Enfin, l’extraction d’oxygène n’est généralement pas améliorée avec un entraînement de musculation utilisant des charges lourdes et un faible volume. Il est amélioré dans une plus large mesure avec un exercice aérobie continu, ou peutêtre légèrement avec un programme d’entraînement en résistance utilisant un volume élevé et de courtes périodes de repos. RÉPONSE VENTILATOIRE À L’EXERCICE ANAÉROBIE Le taux de ventilation ne limite généralement pas l’exercice de résistance et n’est pas affecté ou n’est que modérément amélioré par l’entraînement anaérobie. Avec l’exercice de résistance, la ventilation est considérablement élevée pendant chaque série, mais l’élévation est encore plus grande pendant la première minute de récupération. Des ventilations supérieures à 60 L/min ont été signalées, et la durée de l’intervalle de repos a eu un effet important, de sorte que de courts intervalles de repos (de 30 à 60 secondes) ont produit les plus importantes augmentations. Les adaptations à l’entraînement comprennent une augmentation du volume courant et de la fréquence respiratoire avec un exercice maximal. Avec une activité sousmaximale, la fréquence respiratoire est cependant souvent réduite tandis que le volume courant augmente. Il apparaît que de telles adaptations ventilatoires résultent d’adaptations locales, neurales ou chimiques dans les muscles entraînés. De plus, une efficacité de ventilation améliorée, caractérisée par un équivalent ventilatoire réduit pour l’oxygène (rapport de l’air ventilé à l’oxygène utilisé par les tissus, VE/VO2), est observée chez les individus entraînés par rapport aux individus non entraînés. COMPATIBILITÉ DES MODES D’ENTRAÎNEMENT AÉROBIE ET ANAÉROBIE L’entraînement en force/puissance et le travail de la capacité d’endurance ont une physiologie divergente qui présente un défi de programmation pour le professionnel de la préparation physique qui cherche à optimiser les gains tant dans les caractéristiques physiques que physiologiques. La combinaison de l’entraînement en résistance et en endurance aérobie peut interférer avec les gains de force et de puissance, principalement si l’entraînement en endurance aérobie est élevé en intensité, en volume ou en fréquence. Callister et ses collègues ont montré que l’entraînement simultané de sprint et d’endurance aérobie diminuait la vitesse de sprint et la puissance de saut. Les explications possibles de ce développement de puissance sous-optimal comprennent les changements neuronaux indésirables et les altérations des protéines musculaires dans les fibres musculaires. En revanche, la plupart des études n’ont montré aucun effet négatif sur la puissance aérobie résultant d’un exercice de résistance intense malgré les changements cellulaires attendus provoqués par ce type d’exercice. Peu d’études ont montré que l’entraînement en résistance peut entraver les améliorations de VO2max. Fait intéressant, Kraemer et ses collègues ont montré que les femmes qui effectuent à la fois des exercices de résistance et des entraînements d’endurance aérobie ont un développement aérobie supérieur à celles qui effectuent uniquement un entraînement d’endurance aérobie. Ces données ont encouragé certains athlètes (coureurs de fond) à ajouter à leur programme un entraînement de résistance spécifique au sport. En effet, la majorité des recherches indiquent que l’entraînement en musculation intensive a très peu d’effets négatifs sur la puissance aérobie, mais qu’il peut au contraire servir à améliorer les performances dans les sports d’endurance. Dans une étude examinant l’incompatibilité potentielle de l’exercice de force et d’endurance, Kraemer et ses collègues ont mis en place, durant trois mois, un entraînement simultané en force et en endurance aérobie à haute intensité sous cinq formes : 1. Un groupe combiné (C) qui a suivi à la fois un entraînement en résistance et en endurance aérobie 2. Un groupe (UC) qui a suivi un entraînement de musculation du haut du corps et d’endurance aérobie 3. Un groupe d’entraînement en résistance uniquement (R) 4. Un groupe d’entraînement d’endurance aérobie uniquement (E) 5. Un groupe témoin Le groupe R a augmenté la force de 1RM et le taux de développement de la force plus que le groupe C. De plus, les améliorations maximales de la consommation d’oxygène n’ont pas été affectées par l’entraînement simultané (améliorations presque identiques des temps de parcours de 3,2 km). Ainsi, aucun état de surentraînement pour l’endurance aérobie n’était apparent. Une découverte fascinante de la recherche de Kraemer et ses collègues a été la modification de la taille des fibres musculaires de la musculature de la cuisse. Des études antérieures ont montré une diminution de la taille des fibres musculaires pendant l’entraînement d’endurance aérobie. Le groupe de Kraemer a cependant indiqué que la transformation des fibres de type IIx en fibres de type IIa était presque terminée dans le groupe R (de 19,1 ± 7,9 % de type IIx en pré-entraînement à 1,9 ± 0,8 % après l’entraînement) et le groupe C (de 14,11 ± 7,2 % avant à 1,6 ± 0,8 % après). Il est intéressant de noter que les groupes UC et E (qui n’ont effectué que des entraînements par intervalles) ont également subi une transformation importante des fibres de type IIx après l’entraînement (de 22,6 ± 4,9 % avant à 11,6 ± 5,3 % après pour UC, et de 19,2 ± 3,6 % avant à 8,8 ± 4,4 % après pour E). Cela indique que l’entraînement à haute résistance recrute plus de fibres de type IIx que l’entraînement par intervalles d’endurance aérobie à haute intensité. De plus, un petit nombre (< 3 %) de fibres de type IIa ont été converties en fibres de type IIc dans le groupe d’entraînement aérobie. Le groupe combiné n’a augmenté la taille des muscles que dans les fibres de type IIa, tandis que le groupe S a démontré une augmentation des fibres de type I, IIc et IIa. L’absence de changement dans la zone de fibres de type I et l’augmentation de la zone de fibres de type IIa dans le groupe C semblent représenter une adaptation cellulaire qui montre l’antagonisme de la force simultanée et des stimuli d’endurance aérobie, car l’entraînement en force a produit à lui seul des augmentations, à la fois dans les types I et II des zones de fibres musculaires. Le groupe E a montré une diminution de la taille des fibres de type I et IIc, probablement en raison des niveaux de cortisol observés plus élevés (et de la testostérone réduite) et de leur besoin physiologique de distance plus courte entre les capillaires et les cellules pour améliorer la cinétique de l’oxygène. QUELLES AMÉLIORATIONS DE PERFORMANCE SE PRODUISENT APRÈS UN EXERCICE ANAÉROBIE ? FORCE MUSCULAIRE L’examen de plus de cent études a montré que la force moyenne peut augmenter d’environ 40 % chez les « non entraînés », 20 % chez les « moyennement entraînés », 16 % chez les « entraînés », 10 % chez les « avancés » et 2 % chez les « élites » sur des périodes allant de quatre semaines à deux ans. Avec l’entraînement, un changement positif dans les types de fibre musculaire reflète un recrutement accru d’unités motrices d’ordre supérieur. Les fibres de type IIx passent aux fibres de type IIa et reflètent une plus grande résistance à la fatigue dans le cas d’une force de sortie absolue similaire. PUISSANCE La charge optimale pour maximiser la puissance de crête absolue dans le squat jump est de 0 % de 1RM (poids de corps). Cependant, il a été signalé que la puissance de sortie maximale est maximisée chez les athlètes entraînés avec des charges plus élevées, correspondant de 30 à 60 % du squat 1RM. La puissance de pointe dans le squat est maximisée à 56 % de 1RM et dans la puissance propre à 80 % de 1RM. Pour le haut du corps, la puissance de sortie maximale peut être maximisée au développé couché balistique en utilisant des charges correspondant de 46 à 62 % du développé couché 1RM. ENDURANCE MUSCULAIRE LOCALE Les données transversales chez les athlètes anaérobies ont montré une endurance musculaire améliorée et des adaptations musculaires subséquentes compatibles avec une capacité oxydante et tampon améliorée. Les adaptations des muscles squelettiques à l’entraînement en endurance musculaire anaérobie comprennent les transitions des fibres du type IIx au type IIb, ainsi que l’augmentation du nombre de mitochondries et de capillaires, la capacité tampon, la résistance à la fatigue et l’activité enzymatique métabolique. LA COMPOSITION CORPORELLE L’entraînement en résistance peut augmenter la masse maigre et réduire la graisse corporelle jusqu’à 9 %. L’augmentation de la masse maigre des tissus, du métabolisme quotidien et des dépenses énergétiques pendant l’exercice est le résultat d’un entraînement en résistance. LA SOUPLESSE L’entraînement anaérobie peut potentiellement avoir un impact positif sur la souplesse, et une combinaison d’entraînement en résistance et d’étirement semble être la méthode la plus efficace pour améliorer la souplesse avec l’augmentation de la masse musculaire. CAPACITÉ AÉROBIE Chez les personnes non entraînées, un entraînement intensif en résistance peut augmenter la VO2max de 5 à 8 %. Chez les individus entraînés, l’entraînement en résistance n’affecte pas significativement la capacité aérobie. Les circuits d’entraînement et les programmes utilisant un volume élevé et de courtes périodes de repos (trente secondes ou moins) ont démontré qu’ils amélioraient la VO2max. PERFORMANCE MOTRICE Il a été démontré que l’entraînement en résistance augmente l’économie de course, le saut vertical, la vitesse de sprint, la vitesse de service du tennis, la vitesse de swing et de lancer et les performances de frappes au pied. La majorité des études utilisent des sujets non entraînés pour examiner les effets de l’entraînement simultané en résistance à haute intensité et en endurance aérobie. Peu en revanche se sont penchées sur l’entraînement simultané dans les populations d’athlètes d’élite. Plusieurs ont en tout cas montré une incompatibilité en utilisant trois jours par semaine d’entraînement en résistance alternant avec trois jours par semaine d’entraînement en endurance aérobie (pour un entraînement sur six jours consécutifs), ou quatre à six jours par semaine de haute intensité combinée à de l’entraînement en résistance et en endurance aérobie, ce qui corrobore la suggestion selon laquelle l’apparition de mécanismes de surentraînement aurait pu jouer un rôle. Lorsque les deux modalités sont exécutées au cours d’un même entraînement (ce qui donne une fréquence de trois jours par semaine, avec au moins un jour de repos entre les entraînements), l’incompatibilité n’a pas été montrée aussi fréquemment. Une exception a été soulevée dans une étude réalisée par Sale et ses collègues, où un entraînement de quatre jours (deux jours d’entraînement en résistance et deux jours d’entraînement en endurance aérobie) par semaine donnait plus de résultats qu’un entraînement de deux jours (entraînement combiné en résistance et en endurance aérobie) par semaine pour augmenter le 1RM en pression des jambes (25 % contre 13 %). Ces études montrent que l’augmentation de la période de récupération entre les entraînements peut diminuer l’incompatibilité, un principe soutenu par une méta-analyse récente de l’entraînement simultané menée par Wilson et ses collègues. Le développement de la puissance semble être affecté plus négativement que la force pendant la résistance simultanée à haute intensité et l’entraînement d’endurance aérobie. Häkkinen et ses collègues ont signalé des augmentations similaires de la force dynamique et isométrique après vingt-et-une semaines d’entraînement simultané ou d’entraînement en résistance seulement. Cependant, le groupe d’entraînement en résistance uniquement a montré une amélioration du taux de développement de la force alors que le groupe d’entraînement simultané n’a pas égalé cette augmentation. Kraemer et ses collègues ont également montré qu’un groupe ne pratiquant que de la musculation augmentait la puissance musculaire alors qu’un groupe s’entraînant en combiné ne le faisait pas. Le groupe ne pratiquant que de la musculation a également augmenté la puissance maximale dans les tests du haut et du bas du corps, contrairement au groupe s’entraînant en combiné. Il semble que le développement de la puissance soit beaucoup plus sensible aux effets antagonistes de l’entraînement combiné de force et d’endurance aérobie que la force à vitesse lente. Enfin, la séquence peut jouer un rôle dans l’ampleur de l’adaptation. Leveritt et Abernethy ont examiné les performances de soulevé de poids trente minutes après une séance d’exercice aérobie de vingt-cinq minutes et ont constaté que le nombre de répétitions effectuées pendant le squat avait été réduit de 13 à 36 % sur trois séries. SURENTRAÎNEMENT L’objectif de l’entraînement est de fournir une surcharge incrémentielle sur le corps afin que les adaptations physiologiques puissent par la suite contribuer à l’amélioration des performances. Un entraînement réussi doit non seulement impliquer une surcharge, mais également éviter la combinaison d’une surcharge excessive et d’une récupération insuffisante. Lorsque la fréquence, le volume ou l’intensité de l’entraînement (ou une combinaison de ceux-ci) est excessif, sans repos suffisant, sans récupération ni apport en nutriments, des conditions de fatigue extrême, de maladie ou de blessure (ou plusieurs) peuvent se produire. Cette accumulation de stress d’entraînement peut entraîner une diminution à long terme des performances, avec ou sans signes physiologiques et psychologiques, avec symptômes de mauvaise adaptation associés, et est appelée « surentraînement ». Selon le niveau de surentraînement de l’athlète, la restauration de la performance peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Lorsqu’un athlète entreprend un entraînement excessif qui conduit à des diminutions à court terme de la performance, cette réponse temporaire a été qualifiée de « dépassement de capacité » ou de « dépassement fonctionnel » (DF, functional overreaching en anglais). La récupération est normalement obtenue en quelques jours (ou semaines) de repos. Par conséquent, le dépassement peut être prescrit comme une phase planifiée dans de nombreux programmes d’entraînement. Le raisonnement est de surcharger (pour supprimer les performances et développer la tolérance), puis de diminuer progressivement afin de permettre une « surcompensation » des performances. Il a été démontré qu’un dépassement à court terme suivi d’une période de réduction progressive appropriée peut entraîner des gains de résistance et de puissance. Cependant, une mauvaise gestion peut entraîner des effets néfastes. Lorsque l’intensification d’un stimulus d’entraînement est prolongée, sans récupération ni régénération adéquates, un athlète peut évoluer vers un état de dépassement extrême ou de dépassement non fonctionnel (DNF). Cet état entraîne une stagnation et une baisse des performances qui se poursuit pendant plusieurs semaines (ou mois). Lorsqu’un athlète ne respecte pas l’équilibre entre l’entraînement et la récupération, les premiers signes et symptômes sont une baisse des performances, une fatigue accrue, une vigueur réduite et des perturbations hormonales. Lorsque cela se produit, il devient difficile de faire la différence entre le dépassement non fonctionnel et ce que l’on a appelé le « syndrome de surentraînement » (SyS). La définition du SyS comprend essentiellement une inadaptation prolongée, non seulement de l’athlète, mais aussi de plusieurs mécanismes de régulation biologiques, neurochimiques et hormonaux. De nombreux termes alternatifs ont été suggérés pour le SyS, y compris l’épuisement professionnel, le surmenage chronique, l’obstruction, le syndrome de sous-performance inexpliqué et la fatigue excessive. La figure 5.6 illustre la progression qui compose le continuum de surentraînement. Le syndrome de surentraînement peut durer jusqu’à six mois ou plus et, dans le pire des cas, peut ruiner la carrière sportive d’un athlète. Deux types distincts de SyS ont été proposés : sympathique et parasympathique. Le syndrome de surentraînement sympathique comprend une augmentation de l’activité sympathique au repos, tandis que le syndrome de surentraînement parasympathique implique une augmentation de l’activité parasympathique au repos et à l’effort. On pense que le syndrome sympathique se développe avant le syndrome parasympathique et prédomine chez les jeunes athlètes qui s’entraînent pour la vitesse ou la puissance. Finalement, tous les états de surentraînement aboutissent au syndrome parasympathique et à la suppression chronique de la plupart des systèmes physiologiques dans tout le corps. Ces situations pouvant être fréquentes, il est difficile de déterminer exactement quand le surentraînement devient chronique. De plus, certains athlètes réagissent positivement aux stratégies de dépassement, tandis que, pour d’autres, le dépassement peut être le catalyseur du SyS. Une caractéristique prédominante du DNF est l’incapacité à soutenir un exercice de haute intensité lorsque la charge d’entraînement est maintenue ou augmentée. Dans de nombreux cas, le DNF est la conséquence d’un SyS prolongé, qui peut en soi résulter d’erreurs dans la prescription de la charge d’entraînement, ou d’une mauvaise gestion des variables aiguës de l’entraînement (intensité, volume, repos). Une erreur courante chez les athlètes surentraînés est un taux de surcharge progressive qui est trop élevé. En d’autres termes, une augmentation trop rapide du volume, de l’intensité ou des deux sur une période de plusieurs semaines (ou mois) avec une récupération insuffisante peut entraîner des dommages structurels plus importants au fil du temps et, éventuellement, un surentraînement. Un aperçu théorique du surentraînement anaérobie est présenté dans le tableau 5.3. Dans le but de faire des recherches sur le surentraînement, il n’est pas facile de provoquer délibérément des syndromes de surentraînement en laboratoire. De plus, alors que les symptômes du DNF sont généralement considérés comme plus graves que ceux du SyS, il n’y a aucune preuve scientifique pour confirmer ou réfuter cette suggestion, ce qui rend difficile la confirmation de l’occurrence du DNF. Au lieu de cela, la surveillance longitudinale des athlètes a été le moyen le plus pratique de documenter les réponses physiologiques et les effets sur les performances du surentraînement. La majorité de ces recherches ont été menées dans des sports de type endurance, où ils sont peut-être plus répandus. Cependant, une enquête auprès d’athlètes surentraînés a montré que 77 % d’entre eux étaient également impliqués dans des sports nécessitant des niveaux élevés de force, de vitesse ou de coordination. Les symptômes de surentraînement trouvés dans les activités anaérobies (sympathiques) étaient également différents de ceux dans les activités aérobies d’endurance (parasympathiques). Le surentraînement de type sympathique est un peu plus difficile à caractériser que le surentraînement parasympathique. On peut supposer qu’une augmentation de l’activité neuronale consécutive à une activation excessive de l’unité motrice peut provoquer ce type de surentraînement. Cependant, de nombreux autres facteurs pourraient potentiellement y contribuer. Adoptant un modèle de SyS à court terme (huit ensembles de squats de machine avec une charge de 95 % de 1RM pendant six jours consécutifs), Fry et ses collègues ont examiné les réponses spécifiques à l’intensité et rapporté des baisses de performances non spécifiques de la production de couple isocinétique, des temps de sprint plus longs, et des temps d’agilité plus longs. Ils ont cependant constaté que la résistance de 1RM était préservée. Dans une étude ultérieure de Fry et consorts, les sujets ont effectué dix séries de 1RM sur sept jours, avec une journée de repos. Cela a entraîné une diminution significative (> 4,5 kg du 1RM dans 73 % des jets). Fait intéressant, certains sujets ont fait des progrès et n’ont pas atteint l’état du DNF. Cela démontre que le cours du temps pour l’apparition des symptômes de dépassement ou de surentraînement dépend grandement des réponses individuelles, du statut d’entraînement et de la dotation génétique. TABLEAU 5.3 Développement théorique du surentraînement anaérobie ERREURS POUVANT ENTRAÎNER UN SURENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE L’état de surentraînement est associé à des dommages ou à des altérations physiologiques négatives du système neuromusculaire. Comme pour toute forme d’entraînement, la structure d’un programme d’entraînement anaérobie dicte finalement la nature des adaptations physiques et physiologiques qui ont lieu en réponse au stimulus d’entraînement. Une erreur dans la prescription de toute variable de programme précise pourrait théoriquement contribuer au SyS si cela est répété de façon cohérente dans le temps. Cela peut souvent se produire lorsque des athlètes très motivés utilisent un volume élevé de charges d’entraînement lourdes avec une fréquence d’entraînement importante et prennent un repos limité pour récupérer entre les séances d’entraînement. Le volume d’entraînement s’est avéré important pour augmenter les gains continus de performance. À l’inverse, cependant, un volume excessivement élevé d’exercice peut créer un stimulus qui dépasse la capacité de l’athlète à se remettre du stress et peut entraîner une douleur excessive et une fatigue résiduelle. La périodisation de l’entraînement devrait donc consister en une planification minutieuse pour éviter le surentraînement. MARQUEURS HORMONAUX DU SURENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE Une surveillance régulière des normes de performance est essentielle dans toute tentative visant à éviter l’apparition de DNF ou du SyS, mais certains chercheurs ont utilisé des marqueurs biologiques pour tenter de caractériser le surentraînement anaérobie. En effet, il a longtemps été émis l’hypothèse que les facteurs endocriniens interviennent dans le dysfonctionnement central qui se produit lors de la pathogenèse des DNF. Le rapport testostérone/cortisol plasmatique au repos a longtemps été considéré comme un indicateur d’un état de surentraînement. Ce ratio diminue en fonction de l’intensité et de la durée de l’exercice. Cependant, il est maintenant évident qu’il n’indique que la tension physiologique réelle de l’entraînement et ne peut pas être utilisé à des fins de diagnostic. Une augmentation émoussée des hormones hypophysaires (hormone adrénocorticotrope, ou ACTH, hormone de croissance, hormone lutéinisante, hormone folliculo-stimulante, ou FSH) en réponse à un stimulus stressant a été rapportée. Cependant, malgré cette réponse hormonale aiguë apparemment uniforme après l’exercice, expliquer la perturbation du système neuroendocrinien causée par le SyS n’est pas simple. En effet, la question de savoir si les hormones métaboliques périphériques peuvent être utilisées comme marqueurs précis du SyS reste encore un sujet de discussion. Dans les efforts pour prédire les réponses de surentraînement, une diminution des concentrations au repos de testostérone et d’IGF-I a été observée. Dans le même temps, en réponse à un exercice de musculation, des réponses aiguës accrues à la testostérone se retrouvent chez des individus entraînés ayant déjà été exposés à des excès de sensibilité. Il a été démontré que le surentraînement lié au volume augmente le cortisol et diminue l’hormone lutéinisante au repos, ainsi que les concentrations de testostérone totale et libre. De plus, l’élévation de la testostérone totale induite par l’exercice peut potentiellement être émoussée. Le surentraînement lié à l’intensité ne semble pas altérer les concentrations d’hormones au repos. Fry et ses collègues n’ont signalé aucun changement dans les concentrations de testostérone circulante, de testostérone libre, de cortisol et d’hormone de croissance pendant un surentraînement anaérobie de haute intensité (dix séries de 1RM au squat chaque jour pendant deux semaines). Fait intéressant, Meeusen et ses collègues ont signalé que le statut d’entraînement d’un athlète avait un impact sur la réactivité hypothalamo-hypophyse, avec des réponses neuroendocrines différentes en réponse au DNF. Au départ, les athlètes hautement entraînés sont susceptibles de connaître une réponse hormonale sympathique hypersensible et importante, à la suite de quoi une suppression des concentrations d’hormones circulantes se produira, reflétant une régulation négative de la sensibilité hypophysaire et un épuisement hypophysaire à long terme. Collectivement, les réponses endocriniennes semblent nécessiter plus d’une semaine de surveillance afin de servir de marqueurs adéquats. Ce qui reste clair, c’est que les marqueurs biologiques les plus efficaces sont peut-être ceux qui permettent une détection précoce des DNF, et c’est cette reconnaissance précoce qui soutiendra la prévention du SyS. FACTEURS PSYCHOLOGIQUES DU SURENTRAÎNEMENT QUELS SONT LES MARQUEURS DU SURENTRAÎNEMENT ANAÉROBIE ? Bien que la connaissance des mécanismes pathologiques centraux du SyS ait considérablement augmenté, il existe toujours une forte demande d’outils pertinents pour l’identification précoce du SyS. Jusqu’à ce qu’un outil d’évaluation définitif soit développé, les entraîneurs et les athlètes doivent utiliser des diminutions de performance pour vérifier que le surentraînement est évident. Les critères suivants peuvent être pris en compte : 1. L’ATHLÈTE PRÉSENTE-T-IL L’UN DES SYMPTÔMES SUIVANTS ? Sous-performance inexpliquée Fatigue persistante Sens accru de l’effort pendant l’entraînement Troubles du sommeil Perte d’appétit 2. LES SCORES DE L’ATHLÈTE AUX TESTS D’EFFORT MAXIMAL, DE PERFORMANCE SPÉCIFIQUES AU SPORT OU AUX ÉVALUATIONS DES SIGNES VITAUX (FRÉQUENCE CARDIAQUE, TENSION ARTÉRIELLE) SONT-ILS INFÉRIEURS À CEUX DES TESTS PRÉCÉDENTS OU À CE QUI SERAIT CONSIDÉRÉ COMME NORMAL OU DE BASE ? 3. Y A-T-IL DES ERREURS DANS LA CONCEPTION DU PROGRAMME D’ENTRAÎNEMENT DE L’ATHLÈTE ? Le volume d’entraînement a augmenté de manière significative (<5 %) L’intensité de l’entraînement considérablement augmenté a Présence d’une monotonie de l’entraînement Nombre (ou fréquence) élevé de compétitions 4. Y A-T-IL D’AUTRES FACTEURS DE CONFUSION ? Signes et symptômes psychologiques (Profil perturbé des états d’humeur, ou POMS en anglais, supérieur à l’évaluation normale de l’effort perçu). Facteurs sociaux (famille, relations, finances, travail, coach, équipe) Voyage récent ou sur plusieurs fuseaux horaires 5. L’ATHLÈTE A-T-IL DES D’EXCLUSION COMMUNS ? CRITÈRES Maladies confondantes Anémie Maladies infectieuses Dommages musculaires (niveaux élevés de créatine kinase) Troubles endocriniens (diabète, catécholamines, surrénales, thyroïde) Troubles alimentaires majeurs Anomalies biologiques (protéine C-réactive, créatinine, diminution de la ferritine) Lésion musculo-squelettique Symptômes cardiologiques Apparition d’asthme chez l’adulte Allergies Il convient de noter qu’aucun marqueur unique ne peut être considéré comme un indicateur imminent du SyS. Une pléthore de recherches suggère que le SyS est multifactoriel dans sa nature et qu’une surveillance régulière d’une combinaison de performances, de variables physiologiques, biochimiques, immunologiques et psychologiques doit être envisagée. Les troubles de l’humeur et les symptômes psychologiques, déterminés à partir du profil des états d’humeur (profile of mood states en anglais, ou POMS), sont associés au SyS chez les athlètes depuis de nombreuses années. L’entraînement intense en musculation s’accompagne d’une baisse de vigueur, de motivation et de confiance, mais aussi une élévation des niveaux de tension, de dépression, de colère, de fatigue, de confusion, d’anxiété et d’irritabilité, ou encore une altération de la concentration. Les caractéristiques psychologiques modifiées sont également liées à l’évolution des profils endocriniens. De nombreux athlètes ressentent un surentraînement par les altérations psychologiques associées qui sont souvent observées avant que les diminutions réelles de la performance ne se produisent. Il est très important de surveiller l’humeur et l’état mental d’un athlète pour mieux comprendre le surentraînement. DÉSENTRAÎNEMENT Le désentraînement est le terme donné à une diminution des performances et à la perte des adaptations physiologiques accumulées après l’arrêt de l’entraînement anaérobie, ou lorsqu’il y a une réduction substantielle de la fréquence, du volume, de l’intensité ou de toute combinaison de ces variables. Selon les principes de réversibilité, les adaptations entraînées par l’entraînement sont transitoires et peuvent donc disparaître lorsque la charge d’entraînement est insuffisante ou complètement supprimée. Le résultat est une perte partielle ou totale des adaptations anatomiques, physiologiques et de performance qui ont été apportées. L’ampleur de ces pertes dépend de la durée de la période de retrait ainsi que du niveau d’entraînement initial de l’individu. Après la suppression d’un stimulus d’entraînement, il y a un délai avant que les effets de l’entraînement ne soient pleinement observés. Les performances en musculation sont en général facilement maintenues jusqu’à quatre semaines d’inactivité mais, chez les athlètes hautement entraînés, la force excentrique et la puissance spécifique au sport peuvent diminuer plus rapidement. Chez les haltérophiles entraînés, la suppression du stimulus d’entraînement pendant quatorze jours n’a pas affecté de manière significative les performances en force sur 1RM en développé couché (-1,7 %) et en squat (-0,9 %), en force isométrique (-7 %) et concentrique isocinétique (-2,3 %) d’extension du genou ou de performance de saut vertical (1,2 %). Chez les hommes qui pratiquent une activité sportive de loisir, très peu de changements sont observés au cours des six premières semaines de la rééducation. Des périodes plus longues d’arrêt de l’entraînement s’accompagnent de baisses significativement prononcées de la performance en force des athlètes entraînés, mais cette perte est toujours limitée à 7 % à 12 % pour des périodes d’inactivité allant de huit à douze semaines. Cette perte de force est associée à une diminution de l’EMG intramusculaire bilatéral et unilatéral maximal moyen. En effet, les réductions de force semblent initialement liées aux mécanismes neuronaux, l’atrophie prédominant au fur et à mesure que la période de drainage se prolonge. Fait intéressant, la quantité de force musculaire retenue est rarement inférieure aux valeurs de préentraînement, ce qui indique que l’entraînement en résistance a un effet résiduel lorsque le stimulus est supprimé. Cependant, lorsque l’athlète reprend l’entraînement, le taux de récupération de force est élevé, soutenant le paradigme de la « mémoire musculaire ». En ce qui concerne les caractéristiques des fibres musculaires après l’arrêt de l’entraînement, il semble que la perturbation des fibres reste inchangée pendant les premières semaines d’inactivité, mais les fibres oxydantes peuvent augmenter chez les athlètes entraînés en force (diminution des athlètes d’endurance) dans les huit semaines suivant l’arrêt de l’entraînement. Chez les athlètes entraînés en force, il a été rapporté que quatorze jours d’inactivité n’ont aucun effet sur la distribution des types de fibre musculaire. En comparaison, la section transversale des fibres musculaires diminue rapidement chez les athlètes de force et de sprint. Chez douze haltérophiles entraînés, Hortobagvi et ses collègues ont observé une baisse de 6,4 % de la section transversale des fibres à contraction rapide en quatorze jours. Ces changements ciblaient spécifiquement les fibres à contraction rapide initialement, sans changement significatif immédiatement constaté dans la population de fibres à contraction lente. Des périodes d’arrêt plus longues entraînent une diminution de la section transversale et de la masse musculaire des fibres à contraction rapide et lente chez les athlètes entraînés en anaérobie. Chez les joueurs de ligue professionnelle de rugby, la surface en coupe transversale des fibres à contraction rapide a diminué davantage que celle des fibres à contraction lente, la première étant 23 % plus grande à la fin d’une saison de compétition, mais seulement 9 % plus grande après six semaines sans entraînement. Après sept mois sans entraînement, une atrophie moyenne de 37,1 % a été observée dans tous les types de fibres d’un powerlifter. Chez les culturistes d’élite après treize mois et demi sans entraînement, la masse sans graisse, la circonférence des cuisses et des bras et la surface moyenne en fibres diminuent respectivement de 9,3 %, 0,5 %, 11,5 % et 8,3 %. CONCLUSION L’exercice anaérobie représente un type spécifique de stress d’entraînement à l’anatomie et aux divers systèmes du corps, et les adaptations consécutives à l’entraînement anaérobie sont spécifiques à la nature de l’exercice effectué. Il est également évident que l’âge, la nutrition, le niveau de forme physique antérieur et la motivation à l’entraînement peuvent affecter les adaptations. L’intégration d’un programme d’entraînement comportant de nombreuses composantes nécessite une planification et un suivi minutieux afin de minimiser l’apparition d’incompatibilités ou de surentraînement. L’entraînement explosif évoque des augmentations marquées de la puissance musculaire, tandis qu’un entraînement plus conventionnel à charge lourde augmente principalement la taille des muscles et leur force. L’entraînement anaérobie (résistance, sprint, pliométrie, agilité, entraînement par intervalles à haute intensité) suscite en général des adaptations spécifiques dans le système nerveux conduisant à un recrutement, un taux de décharge, une synchronisation et une fonction musculaire améliorés qui permettent une augmentation de la force et de la puissance. L’entraînement anaérobie a également des effets positifs sur les os, les muscles et le tissu conjonctif associé, car l’ensemble du système musculosquelettique subit une adaptation coordonnée à l’exercice. Les athlètes qui entreprennent un exercice intense entraînent des changements dans les capacités de génération de force du muscle, entraînant une augmentation coordonnée et proportionnelle de la capacité portante des os et des autres tissus conjonctifs. L’entraînement anaérobie peut augmenter la masse musculaire squelettique, la capacité de génération de force et la capacité métabolique, et peut conduire à de subtiles altérations du système endocrinien qui améliorent le processus de remodelage des tissus. L’entraînement anaérobie entraîne généralement moins de réponses aiguës et chroniques dans les systèmes cardiovasculaire et respiratoire, bien qu’un exercice de résistance à faible intensité et à volume élevé produise certaines réponses qui sont similaires à celles de l’exercice aérobie. Collectivement, l’amélioration des fonctions neuromusculaire, musculo-squelettique, endocrinienne et cardio-vasculaire contribue à améliorer la force musculaire, la puissance, l’hypertrophie, l’endurance musculaire et la performance motrice. Toutes ces caractéristiques contribuent à augmenter la performance athlétique. Les adaptations observées chez les athlètes sont directement liées à la qualité du stimulus d’exercice et, par conséquent, aux niveaux de surcharge progressive, de spécificité et de variation incorporés dans la conception du programme. La base scientifique de la conception du programme se voit finalement dans l’efficacité avec laquelle l’athlète améliore ses performances. MOTS-CLÉS Actine Angle de pennation Cartilage fibreux Cartilage hyalin Charge mecanique Collagene Deficit bilateral Densite minerale osseuse (DMO) Depassement fonctionnel (DF) Depassement non fonctionnel (DNF) Desentrainement Elastine Electromyographie (EMG) Entrainement anaerobie Equivalent ventilatoire Exercices structurels Facilitation bilaterale Fracture de fatigue Hydroxyapatite Hyperemie reactive Hyperplasie Hypertrophie Jonction neuromusculaire Liens croises Microfibrille Myogenese Myosine Nebuline Os cortical Os trabeculaire Osteoblastes Osteoporose Periostite Pic de masse osseuse Principe de taille Procollagene Produit debit-pression Raideur tendineuse Recrutement selectif Reflexe myotatique Souche essentielle minimale (SEM) Specificite de la charge Stimuli osteogenique Surcharge progressive Surentrainement Syndrome du surentrainement (SyS) Syndrome du surentrainement parasympathique Syndrome du surentrainement sympathique Systeme anaerobie alactique Systeme anaerobie lactique Titine Transfert d’apprentissage Unite motrice RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Après l’entraînement en résistance, l’augmentation de l’entraînement neuronal vers la musculature active est le résultat : I. D’un recrutement musculaire agoniste accru II. D’une hypertrophie musculaire III. D’un taux de décharge amélioré IV. D’une plus grande synchronisation a. I, II, III et IV b. I et IV uniquement c. I, II et III seulement d. I, III et IV uniquement 2. Lorsque l’on effectue un saut pliométrique haut-bas-haut, afin de générer une force suffisante en un temps limité (<200 ms), quelles fibres musculaires sont contournées grâce au principe du recrutement sélectif ? a. I b. IIa c. IIx d. IIc 3. Laquelle des performances ou caractéristiques physiologiques suivantes N’EST habituellement PAS observée dans un état de dépassement non fonctionnel (DNF) au sein des populations d’athlètes ? a. Stagnation et baisse des performances b. Troubles hormonaux c. Perturbations du sommeil d. Ré-augmentation de la fatigue 4. Après des périodes prolongées de désentraînement chez les athlètes d’élite de force/puissance, laquelle des caractéristiques physiques suivantes affichera probablement la plus grande réduction en raison de la suppression d’un stimulus d’entraînement anaérobie ? a. La masse grasse totale b. La zone de section transversale des fibres à contraction rapide c. L’aire de section transversale de fibre à contraction lente d. La teneur totale en fibres musculaires de type I 5. Après une période d’entraînement en résistance chronique à haute intensité, des adaptations physiologiques variées ont lieu dans un certain nombre de systèmes dans le corps, qui favorisent l’amélioration des performances athlétiques dans les activités de force/ puissance. Si un athlète d’élite devait suivre douze semaines d’entraînement lourd en force, laquelle des adaptations suivantes ne serait PAS attendue à la suite de ce type d’exercice anaérobie ? a. Une transition du type IIx à la fibre musculaire de type IIa b. Un angle de pénétration accru dans certains groupes musculaires c. Une réduction du réticulum sarcoplasmique et de la densité des tubules en T d. Une activité ATPase sodium-potassium élevée 7. Chez lequel des athlètes suivants pourriezvous vous attendre à des niveaux limités de densité minérale osseuse (DMO) en raison des vecteurs de force et des exigences physiques associées au sport donné ? a. Une gymnaste de seize ans qui s’entraîne depuis sept ans b. Un footballeur américain de ligne offensive de vingttrois ans qui a soulevé des poids pendant huit ans c. Un cycliste sur piste de trente-trois ans qui soulève 352 livres sur 1RM en squat d. Un nageur de 800 m nage libre de dix-neuf ans avec un an d’entraînement à sec RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 06 ADAPTATIONS AUX PROGRAMMES D’ENTRAÎNEMENT EN ENDURANCE AÉROBIE DOCTEURS ANN SWANK ET CARWYN SHARP LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : d’identifier et décrire les réponses aiguës des systèmes cardiovasculaire et respiratoire à l’exercice aérobie ; d’identifier et décrire l’impact de l’entraînement d’endurance aérobie chronique sur les caractéristiques physiologiques des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, nerveux, musculaire, osseux et conjonctif et du système endocrinien ; de reconnaître l’interaction entre l’entraînement d’endurance aérobie et l’optimisation des réponses physiologiques de tous les systèmes du corps ; d’identifier et décrire les facteurs externes qui influencent les adaptations à l’exercice aérobie aigu et chronique, y compris l’altitude, le sexe, le dopage sanguin et l’entraînement ; de reconnaître les causes, les signes, les symptômes et les effets du surentraînement. Une compréhension des réponses des systèmes corporels aux exercices aérobies aigus et chroniques est cruciale pour le professionnel de la préparation physique qui souhaite fournir un entraînement efficace à l’exercice. Ce chapitre décrit les réponses aiguës des systèmes cardiovasculaire et respiratoire à l’exercice aérobie et les variables physiologiques associées utilisées pour mesurer ces réponses. Sont également présentées les adaptations chroniques qui surviennent avec l’entraînement d’endurance aérobie. La fin du chapitre est consacrée aux facteurs externes, tels que l’altitude, l’entraînement et le dopage sanguin, qui influencent les réponses à l’entraînement d’endurance aérobie, ainsi qu’à l’impact néfaste du surentraînement. RÉPONSES AIGUËS À L’EXERCICE AÉROBIE Une seule séance d’exercices aérobies exerce une importante demande métabolique sur le corps (tableau 5.1 au chapitre 5), en particulier sur les systèmes cardiovasculaire, respiratoire et musculaire. L’exposition répétée au stress aigu de l’exercice qui se produit avec l’entraînement chronique entraîne de nombreux changements dans la fonction et les réponses de tous les systèmes du corps. Une connaissance de base des effets aigus de l’exercice aérobie permet de mieux comprendre les adaptations chroniques, détaillées dans le paragraphe suivant. RÉPONSES CARDIOVASCULAIRES Les fonctions principales du système cardiovasculaire pendant l’exercice aérobie sont de fournir de l’oxygène et d’autres nutriments aux muscles qui travaillent, et d’éliminer les métabolites et les déchets. Cette partie décrit les mécanismes cardio-vasculaires de ces réponses aiguës. DÉBIT CARDIAQUE Le débit cardiaque est la quantité de sang pompé par le cœur (en litre par minute) et est déterminé par la quantité de sang éjecté à chaque battement (volume systolique) et la fréquence cardiaque de pompage (fréquence cardiaque) : Q = Volume systolique x Fréquence cardiaque (Équation 6.1) Q est le débit cardiaque, mesuré en millilitre de sang par battement, et la fréquence cardiaque est mesurée en battement (contraction) par minute. Lors du passage de l’état de repos à l’état d’équilibre pendant un exercice aérobie, le débit cardiaque augmente d’abord rapidement, puis plus progressivement, pour atteindre un plateau. Avec un exercice maximal, le débit cardiaque peut augmenter jusqu’à quatre fois le niveau de repos d’environ 5 l/min jusqu’à un maximum de 20 à 22 l/min. Le volume systolique (paragraphe suivant) commence à augmenter au début de l’exercice et continue d’augmenter jusqu’à ce que la consommation d’oxygène de l’individu soit à environ 40-50 % de l’absorption maximale d’oxygène. À ce stade, le volume systolique commence à se stabiliser. Les étudiants universitaires masculins sédentaires ont des volumes systoliques maximaux se situant entre 100 et 120 ml de sang par battement, contre des volumes inférieurs d’environ 25 % chez leurs homologues féminines, en raison d’une taille corporelle moyenne plus petite ainsi que d’un muscle cardiaque plus petit. L’effet de l’entraînement sur les réponses à l’exercice est marqué, et nous constatons une augmentation du volume systolique maximal pour les étudiants jusqu’à 150 à 160 ml par battement (environ 100 à 110 chez les femmes). ※ VOLUME SYSTOLIQUE Deux mécanismes physiologiques sont responsables de la régulation du volume systolique. Le premier est le résultat du volume en fin de diastole, qui est le volume de sang disponible pour être pompé par le ventricule gauche à la fin de la phase de remplissage (diastole). Le second est dû à l’action des catécholamines, y compris l’épinéphrine et la norépinéphrine, qui sont des hormones du système nerveux sympathique qui produisent une contraction ventriculaire plus puissante et une plus grande vidange systolique du cœur. Avec l’exercice aérobie, la quantité de sang retournant au cœur (également appelée « retour veineux ») est augmentée en raison d’une combinaison de veinoconstriction (induite par une activation accrue du système nerveux sympathique), de pompe des muscles squelettiques (les contractions musculaires se combinent avec des valves veineuses unidirectionnelles pour « pousser » plus de sang vers le cœur pendant l’exercice) et de pompe respiratoire (augmentation de la fréquence respiratoire et du volume courant). Tous ces éléments entraînent des altérations de la pression sur les cavités du cœur et de la veine cave thoracique, qui favorisent un retour veineux accru, et augmentent considérablement le volume en fin de diastole. Avec l’augmentation du volume, les fibres myocardiques deviennent plus étirées qu’au repos, ce qui entraîne une contraction plus puissante (à l’instar de l’augmentation de l’étirement d’un élastique qui entraîne un plus grand recul élastique) et une augmentation de la force d’éjection systolique et une plus grande vidange cardiaque. Ce principe, appelé « mécanisme de Frank-Starling », est lié au concept selon lequel la force de contraction est fonction de la longueur des fibres de la paroi musculaire. Cette augmentation de la vidange cardiaque se caractérise par une augmentation de la fraction d’éjection, la fraction du volume de fin de diastole éjecté du cœur. Au début de l’exercice, ou même avec l’anticipation de l’exercice, la stimulation sympathique augmente la contractilité myocardique et augmente par conséquent le volume systolique. COMMENT LES ATHLÈTES PEUVENT-ILS ESTIMER LA FRÉQUENCE CARDIAQUE MAXIMALE ? Une méthode simple pour estimer la fréquence cardiaque maximale est de soustraire 220 à l’âge de l’athlète. Par exemple, la fréquence cardiaque maximale estimée pour une personne de 47 ans est : 220 - 47 (âge en années) = 173 battements/min La variance (ou écart-type) autour de cette estimation étant de ± 10 à 12 battements par minute, ainsi, la fréquence cardiaque maximale réelle pour cet individu devrait être comprise entre 161 et 185 battements/min. Vous pouvez vous reporter au chapitre 20 pour plus de précisions sur les calculs de fréquence cardiaque d’exercice. Plus récemment, une méta-analyse a déterminé que l’équation 208 0,7 x âge pouvait être utilisée chez des adultes en bonne santé pour prédire avec plus de précision la fréquence cardiaque maximale. RYTHME CARDIAQUE Juste avant et au début d’une séance d’exercice, une stimulation réflexe ou anticipatrice du système nerveux sympathique entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque. La fréquence cardiaque augmente linéairement avec l’augmentation de l’intensité pendant l’exercice aérobie. Le taux d’augmentation et la réponse réelle de la fréquence cardiaque, ainsi que la fréquence cardiaque maximale atteinte sont liés à une variété de caractéristiques individuelles, y compris la forme physique et l’âge, en plus de la charge de travail. CONSOMMATION D’OXYGÈNE La consommation d’oxygène est la quantité d’oxygène consommée par les tissus du corps. La demande en oxygène des muscles qui travaillent augmente pendant une période d’exercice aérobie aiguë et est directement liée à la masse musculaire, à l’efficacité métabolique et à l’intensité de l’exercice. L’exercice aérobie, impliquant une plus grande masse musculaire ou un plus grand niveau de travail, est susceptible d’être associé à une plus grande absorption totale d’oxygène. Une efficacité métabolique accrue permet une augmentation de l’absorption d’oxygène, en particulier lors d’un exercice maximal. La consommation maximale d’oxygène est la plus grande quantité d’oxygène qui peut être utilisée au niveau cellulaire pour tout le corps. L’absorption maximale d’oxygène s’est avérée bien corrélée avec le degré de conditionnement physique et est reconnue comme la mesure la plus largement acceptée de la condition cardiorespiratoire. La capacité à utiliser l’oxygène est principalement liée à la capacité du cœur et du système circulatoire à transporter l’oxygène et à la capacité des tissus corporels à l’utiliser. L’absorption d’oxygène au repos est estimée à 3,5 ml d’oxygène par kilogramme de poids de corps par minute (ml · kg−1 · min−1) pour un individu moyen ; cette valeur est définie comme un équivalent métabolique (metabolic equivalent of task en anglais, ou MET). Chez les individus normaux et en bonne santé, les valeurs maximales d’absorption d’oxygène varient généralement de 25 à 80 ml · kg−1 · min−1, soit de 7,1 à 22,9 MET, et dépendent d’une variété de paramètres physiologiques, y compris l’âge et le niveau d’entraînement. L’absorption d’oxygène (VO2) peut être calculée à l’aide de l’équation de Fick, qui exprime la relation entre le débit cardiaque, l’absorption d’oxygène et la différence d’oxygène artérioveineux : VO2 = Q x Différence a-v O2 (Équation 6.2) Q est le débit cardiaque, en millilitre par minute, et a-v O2 est la différence d’oxygène artérioveineux (la différence de la teneur en oxygène entre le sang artériel et veineux) en millilitre d’oxygène pour 100 ml de sang. En reprenant l’équation 6.1, nous pouvons calculer l’absorption d’oxygène comme le montre l’exemple suivant : VO2 = Fréquence cardiaque x volume systolique x Différence a-v O2 VO2 = 72 battements/min x 65 ml de sang/battement x 6 ml O2/100 ml de sang = 281 ml O2/min Pour exprimer l’absorption d’oxygène dans son unité commune (ml · kg−1 · min−1), nous divisons ensuite le résultat par le poids de la personne en kilogrammes. Voici un exemple pour un athlète de 80 kg : VO2 = 281 ml O2/min ÷ 80 = 3,5 ml · kg· min−1 PRESSION ARTÉRIELLE La pression artérielle systolique estime la pression exercée contre les parois artérielles lorsque le sang est éjecté avec force pendant la contraction ventriculaire (systole) et, lorsqu’elle est combinée avec la fréquence cardiaque, peut être utilisée pour décrire la consommation d’oxygène myocardique (travail) du cœur. Cette estimation du travail du cœur est obtenue selon l’équation suivante, dénommée « produit débit-pression » ou « produit double » : Produit double = Fréquence cardiaque X Pression artérielle systolique (Équation 6.3) La pression artérielle diastolique est utilisée pour estimer la pression exercée contre les parois artérielles lorsqu’aucun sang n’est éjecté de force à travers les vaisseaux (diastole). La tension artérielle diastolique donne une indication de la résistance périphérique et peut diminuer avec l’exercice aérobie dû à la vasodilatation. Dans la circulation systémique, la pression est la plus élevée dans l’aorte et les artères et tombe rapidement dans la circulation veineuse. De plus, comme le pompage par le cœur est pulsatile, la pression artérielle au repos oscille en moyenne entre un niveau systolique de 120 mmHg et un niveau diastolique de 80 mmHg (valeurs approximatives). Au fur et à mesure que le flux sanguin continue à travers la circulation systémique, sa pression chute progressivement jusqu’à près de 0 mmHg (pression veineuse) au moment où elle atteint la terminaison de la veine cave dans l’oreillette droite. La pression artérielle moyenne est la pression artérielle moyenne tout au long du cycle cardiaque (équation 6.4). La pression artérielle moyenne n’est pas la moyenne des pressions systolique et diastolique, car la pression artérielle reste généralement plus proche du niveau diastolique que du niveau systolique pendant une plus grande partie du cycle cardiaque. Ainsi, la pression artérielle moyenne est généralement inférieure à la moyenne des pressions systolique et diastolique. Pression artérielle moyenne = [(Pression artérielle systolique - Pression artérielle diastolique) ÷ 3] + Pression artérielle diastolique (Équation 6.4) La tension artérielle normale au repos varie généralement de 110 à 139 mmHg systolique et de 60 à 89 mmHg diastolique. Avec un exercice aérobie maximal, la pression systolique peut monter jusqu’à 220 à 260 mmHg, tandis que la pression diastolique reste au niveau de repos ou diminue légèrement. CONTRÔLE DE LA CIRCULATION LOCALE La résistance à la circulation sanguine est également augmentée avec l’augmentation de la viscosité du sang et la longueur du vaisseau. Cependant, ces facteurs restent relativement constants dans la plupart des circonstances. Ainsi, la vasoconstriction et la vasodilatation des vaisseaux sanguins sont les principaux mécanismes de régulation du flux sanguin régional. Pendant l’exercice aérobie, le flux sanguin vers les muscles actifs est considérablement augmenté par la dilatation des artérioles locales. En même temps, le flux sanguin vers d’autres systèmes d’organes est réduit par la constriction des artérioles. Au repos, 15 à 20 % du débit cardiaque est distribué au muscle squelettique, alors qu’avec un exercice vigoureux, cette valeur peut atteindre 90 % du débit cardiaque. L’exercice aérobie aigu entraîne une augmentation du débit cardiaque, du volume systolique, de la fréquence cardiaque, de la consommation d’oxygène, de la pression artérielle systolique et du flux sanguin vers les muscles actifs et une diminution de la pression artérielle diastolique. RÉPONSES RESPIRATOIRES L’exercice aérobie offre le plus grand impact sur l’absorption d’oxygène et la production de dioxyde de carbone par rapport à d’autres types d’exercice, tels que l’entraînement en résistance anaérobie. Des augmentations significatives de l’oxygène délivré aux tissus, du dioxyde de carbone renvoyé aux poumons et une ventilation minute (le volume d’air respiré par minute) assurent des niveaux appropriés de concentrations de gaz alvéolaires pendant l’exercice aérobie. Avec l’exercice aérobie, une ventilation minute accrue se produit à la suite d’une augmentation de la profondeur ou de la fréquence de la respiration (ou des deux). Pendant un exercice intense, la fréquence respiratoire des jeunes adultes en bonne santé augmente généralement de 12 à 15 respirations par minute au repos à 35 à 45 respirations par minute, tandis que le volume courant (VC), quantité d’air inhalé et expirée à chaque respiration, augmente (par rapport aux valeurs au repos de 0,4 à 1 l) jusqu’à 3 l ou plus. Par conséquent, la ventilation par minute peut augmenter de 15 à 25 fois la valeur de repos (valeurs de 90 à 150 l d’air par minute). Au cours d’un exercice aérobie d’intensité faible à modérée, il y a une augmentation de la ventilation directement associée à la fois à une absorption accrue d’oxygène et à une production de dioxyde de carbone. Dans ce cas, l’augmentation de la ventilation est principalement due à l’augmentation du volume courant. Le rapport entre la ventilation par minute et l’absorption d’oxygène est appelé « équivalent ventilatoire » et varie entre 20 et 25 l d’air par litre d’oxygène consommé. Dans un exercice plus intense (généralement supérieur à 45-65 % de l’absorption maximale d’oxygène chez les individus non entraînés et 70-90 % chez les athlètes entraînés), la fréquence respiratoire joue un rôle plus important. À ces niveaux, une ventilation minuscule augmente de manière disproportionnée par rapport à l’augmentation de la consommation d’oxygène et suit une progression parallèle à l’augmentation brutale du lactate sanguin. À ce stade, l’équivalent ventilatoire peut atteindre 35 ou 40 l d’air par litre d’oxygène consommé avec cette activité de haute intensité. Inspiré, l’air pénètre dans les alvéoles, l’unité fonctionnelle du système pulmonaire où se produit l’échange de gaz. Cependant, avec l’inspiration, l’air occupe également les zones des voies respiratoires : le nez, la bouche, la trachée, les bronches et les bronchioles. Cette zone n’est pas fonctionnelle pour l’échange de gaz et est appelée « espace mort anatomique ». Le volume normal de cet espace d’air est d’environ 150 ml chez les jeunes adultes et augmente avec l’âge. Parce que les voies respiratoires s’étirent avec une respiration profonde, l’espace mort anatomique augmente à mesure que le volume courant augmente (figure 6.1). Néanmoins, l’augmentation du volume courant avec respiration profonde est proportionnellement supérieure à toute augmentation de l’espace mort anatomique. Ainsi, l’augmentation du volume courant (respiration plus profonde) permet une ventilation plus efficace que l’augmentation de la fréquence de la respiration seule. L’espace mort physiologique fait référence aux alvéoles dans lesquelles une mauvaise circulation sanguine, une mauvaise ventilation ou d’autres problèmes avec la surface alvéolaire altèrent l’échange de gaz. L’espace mort physiologique dans les poumons des personnes en bonne santé est généralement négligeable car toutes – ou presque toutes – les alvéoles sont fonctionnelles. Certains types de maladies pulmonaires, telles que les maladies pulmonaires obstructives chroniques ou la pneumonie, peuvent réduire considérablement la fonction alvéolaire, augmentant ainsi l’espace mort physiologique jusqu’à dix fois le volume de l’espace mort anatomique. Pendant l’exercice aérobie, de grandes quantités d’oxygène diffusent des capillaires dans les tissus : des niveaux accrus de dioxyde de carbone se déplacent du sang vers les alvéoles et la ventilation minute augmente pour maintenir des concentrations alvéolaires appropriées de ces gaz. RÉPONSES GAZEUSES La diffusion est le mouvement de l’oxygène et du dioxyde de carbone à travers une membrane cellulaire et est fonction de la concentration de chaque gaz et de la pression partielle résultante exercée par le mouvement moléculaire de chaque gaz. La diffusion résulte du mouvement du gaz d’une concentration élevée à une concentration faible. Au niveau des tissus, où l’oxygène est utilisé dans le métabolisme et où du dioxyde de carbone est produit, les pressions partielles de ces gaz diffèrent considérablement de celles du sang artériel (figure 6.2) dans certains cas. Au repos, la pression partielle d’oxygène dans le liquide interstitiel (liquide immédiatement à l’extérieur d’une cellule musculaire) passe rapidement de 100 mmHg dans le sang artériel à une valeur basse de 40 mmHg, tandis que la pression partielle de dioxyde de carbone est élevée au-dessus de celle du sang artériel, à environ 46 mmHg. Lors d’un exercice aérobie de haute intensité, les pressions partielles de ces gaz sont d’environ 3 mmHg pour l’oxygène et 90 mmHg pour le dioxyde de carbone. Par conséquent, ces gradients de pression provoquent le mouvement des gaz à travers les membranes cellulaires. De plus, les capacités de diffusion de l’oxygène et, en particulier, du dioxyde de carbone augmentent considérablement avec l’exercice, ce qui facilite leurs échanges. TRANSPORT SANGUIN DES GAZ ET DES SOUSPRODUITS MÉTABOLIQUES L’oxygène est transporté dans le sang, soit dissous dans le plasma, soit associé à l’hémoglobine. L’oxygène n’étant pas facilement soluble dans les fluides, seulement 3 ml d’oxygène peuvent être transportés par litre de plasma. Néanmoins, cette quantité limitée d’oxygène transportée dans le plasma contribue à la pression partielle d’oxygène dans le sang et les autres fluides corporels, jouant ainsi un rôle dans les mécanismes qui régulent la respiration et dans la diffusion de l’oxygène dans le sang alvéolaire et les cellules des tissus corporels. Compte tenu de la capacité limitée du plasma à transporter l’oxygène, la majorité de l’oxygène dans le sang est transportée par l’hémoglobine. Les hommes ont environ 15 à 16 g d’hémoglobine pour 100 ml de sang, contre environ 14 g chez les femmes. Un gramme d’hémoglobine pouvant transporter 1,34 ml d’oxygène, la capacité de transport d’oxygène de 100 ml de sang est d’environ 20 ml d’oxygène chez l’homme et un peu moins chez la femme. La façon dont le dioxyde de carbone est éliminé du système présente certaines similitudes avec le transport de l’oxygène, mais la grande quantité de dioxyde de carbone est éliminée par un processus plus complexe. Une fois le dioxyde de carbone formé dans la cellule, il se diffuse facilement à travers les membranes cellulaires et est ensuite transporté vers les poumons. Comme pour l’oxygène, seule une quantité limitée de dioxyde de carbone – environ 5 % de celle produite pendant le métabolisme – est transportée dans le plasma. Semblable à la situation avec l’oxygène, cette quantité limitée de dioxyde de carbone contribue à établir la pression partielle de dioxyde de carbone dans le sang. Une partie du dioxyde de carbone est également transportée via l’hémoglobine, mais cette quantité est limitée. La plus grande quantité d’élimination de dioxyde de carbone (environ 70 %) provient de la combinaison avec de l’eau et de son administration aux poumons sous forme de bicarbonate (HCO3-). L’étape initiale de cette réaction réversible est la combinaison de dioxyde de carbone en solution avec de l’eau dans les globules rouges pour former de l’acide carbonique. La réaction serait normalement assez lente, à l’exception de l’impact de l’enzyme anhydrase carbonique, qui accélère considérablement ce processus. Une fois l’acide carbonique formé, il se décompose en ions hydrogène et ions bicarbonate. L’hémoglobine étant un important tampon acide-base, les ions hydrogène se combinent avec l’hémoglobine. Ce processus aide à maintenir le pH du sang. Les ions bicarbonate diffusent des globules rouges vers le plasma tandis que les ions chlorure se diffusent dans les globules sanguins pour les remplacer. L’utilisation du lactate comprend le cycle de Cori, dans lequel le lactate dérivé des muscles est transporté par le sang vers le foie, où il subit la gluconéogenèse. Le niveau d’exercice aérobie nécessaire pour montrer une augmentation du lactate sanguin est appelé « début de l’accumulation de lactate sanguin », ou OBLA (chapitre 3). ADAPTATIONS CHRONIQUES À L’EXERCICE AÉROBIE Comprendre les effets de l’entraînement d’endurance aérobie sur les systèmes corporels est important pour évaluer la performance physique ou sportive et déterminer l’impact des programmes d’entraînement. Cette section traite des effets de l’entraînement en endurance aérobie sur les systèmes cardiovasculaire, respiratoire, nerveux, musculaire, osseux et conjonctif et les systèmes endocriniens du corps (tableau 6.1). ADAPTATIONS CARDIOVASCULAIRES L’entraînement en endurance aérobie entraîne plusieurs changements dans la fonction cardiovasculaire, y compris une augmentation du débit cardiaque maximal, un volume d’accident vasculaire cérébral accru et une fréquence cardiaque réduite au repos et pendant l’exercice sous-maximal. De plus, la densité capillaire des fibres musculaires augmente en raison de l’entraînement en endurance aérobie, favorisant l’apport d’oxygène et l’élimination du dioxyde de carbone. Pour des performances aérobies optimales, l’augmentation de l’absorption maximale d’oxygène est d’une importance capitale. L’un des principaux mécanismes pour augmenter l’absorption maximale d’oxygène est l’amélioration de la fonction cardiovasculaire centrale (débit cardiaque). Le taux de décharge normal du nœud sino-auriculaire (SA) varie de 60 à 80 fois par minute. L’entraînement en endurance aérobie entraîne un débit de décharge significativement plus lent en raison d’une augmentation du tonus parasympathique. L’augmentation du volume systolique affecte également la fréquence cardiaque au repos – plus de sang est pompé par contraction, de sorte que le cœur doit se contracter moins fréquemment pour atteindre le même débit cardiaque. L’entraînement en endurance aérobie peut augmenter la capacité du cœur à pomper le sang par contraction au repos, et peut ainsi expliquer une partie de la bradycardie importante (ralentissement du rythme cardiaque) observée chez les athlètes d’endurance aérobie hautement conditionnés, dont le rythme cardiaque au repos varie généralement de 40 à 60 battements par minute. Le changement le plus significatif dans la fonction cardiovasculaire avec un entraînement d’endurance aérobie à long terme (six à douze mois) est l’augmentation du débit cardiaque maximal, résultant principalement d’une amélioration du volume systolique. Une fréquence cardiaque nettement inférieure en réponse à un niveau de travail sous-maximal normalisé est une autre caractéristique de l’entraînement d’endurance aérobie. De plus, la fréquence cardiaque augmente plus lentement chez les athlètes entraînés que chez les personnes sédentaires pour une charge de travail donnée. Parce que la fréquence cardiaque maximale peut en fait diminuer légèrement avec un entraînement prolongé, peut-être en raison de l’augmentation du tonus parasympathique, la taille du ventricule gauche (volume de la chambre et épaisseur de la paroi) et la force des contractions (contractilité accrue) sont essentielles pour augmenter le volume systolique tant lors d’un exercice sous-maximal que maximal. En plus de fournir de l’oxygène, des nutriments et des hormones, la circulation capillaire fournit les moyens d’éliminer la chaleur et les sous-produits métaboliques. Une augmentation de la densité capillaire des fibres musculaires a été observée en réponse à l’augmentation de la densité musculaire associée à l’entraînement d’endurance aérobie et est fonction du volume et de l’intensité de l’entraînement. Cette augmentation de la densité capillaire diminue la distance de diffusion de l’oxygène et des substrats métaboliques. ADAPTATIONS RESPIRATOIRES La ventilation ne limite généralement pas l’exercice aérobie et n’est pas affectée – ou seulement modérément – par l’entraînement. De plus, les adaptations ventilatoires observées semblent être très spécifiques aux activités impliquant le type d’exercice utilisé lors de l’entraînement : les adaptations observées pendant l’exercice des membres inférieurs se produisent principalement à la suite de l’entraînement des membres inférieurs. Si l’entraînement physique se concentre sur les membres inférieurs, il est peu probable que l’on observe une adaptation ventilatoire pendant les activités des membres supérieurs. Les adaptations d’entraînement comprennent une augmentation du volume courant et de la fréquence respiratoire avec un exercice maximal. Avec une activité sous-maximale, la fréquence respiratoire est souvent réduite et le volume courant est augmenté. Les adaptations ventilatoires résultent d’adaptations locales, neurales ou chimiques dans les muscles spécifiques entraînés par l’exercice. ADAPTATIONS NEURONALES Les adaptations du système nerveux jouent un rôle important aux premiers stades de l’entraînement d’endurance aérobie. Au départ, l’efficacité est augmentée et la fatigue des mécanismes contractiles est retardée. De plus, l’amélioration des performances aérobies peut entraîner une rotation de l’activité neuronale entre les synergistes (plutôt que de maintenir un état d’activation constant, les muscles synergiques alternent entre actifs et inactifs pour maintenir une production de force musculaire de bas niveau) et entre les unités motrices dans un muscle. Ainsi, l’athlète produit une locomotion plus efficace pendant l’activité avec une dépense énergétique moindre. ADAPTATIONS MUSCULAIRES L’une des réponses adaptatives fondamentales à l’entraînement d’endurance aérobie est une augmentation de la capacité aérobie de la musculature entraînée. Cette adaptation permet à l’athlète d’effectuer une intensité absolue d’exercice donnée avec plus de facilité. Plus impressionnant, après l’entraînement, un l’athlète peut s’exercer à une intensité relative plus grande d’une puissance aérobie maximale désormais plus élevée. Ainsi, mesurer la consommation maximale d’oxygène d’un athlète uniquement avant et après l’entraînement d’endurance aérobie peut ne pas représenter avec précision sa capacité à performer pendant la compétition. Par exemple, un athlète qui peut courir le marathon à un rythme égal à 75 % de consommation maximale d’oxygène peut, après l’entraînement, être capable de maintenir un rythme qui représente 80 % de la puissance aérobie maximale. Cette adaptation se produit à la suite d’une économie de glycogène (moins d’utilisation de glycogène pendant l’exercice) et d’une utilisation accrue des graisses dans le muscle, ce qui prolonge les performances à la même intensité. Par conséquent, le début de l’accumulation de lactate sanguin (OBLA) se produit à un pourcentage plus élevé ( jusqu’à 80-90 %) de la capacité aérobie de l’athlète entraîné. Cette réponse avantageuse peut être due au type de fibre musculaire de l’athlète d’endurance aérobie, aux adaptations locales spécifiques résultant de l’entraînement d’endurance aérobie, aux changements dans la libération d’hormones (en particulier les catécholamines lors d’exercices de haute intensité) et d’une accélération plus rapide de l’utilisation des lactates. TABLEAU 6.1 Adaptations physiologiques à l’entraînement d’endurance aérobie (ATP = adénosine triphosphate, ATPase = adénosine triphosphatase) La composante musculaire d’un programme d’entraînement en endurance aérobie implique des contractions musculaires sousmaximales s’étendant sur un grand nombre de répétitions avec peu de récupération. Par conséquent, l’intensité relative est très faible et le volume global est très élevé. Ce type d’entraînement encourage des augmentations relatives du potentiel aérobie qui sont similaires dans les fibres de type I et de type II. Par rapport aux fibres de type II, les fibres de type I ont une capacité aérobie initiale préexistante plus élevée, à laquelle s’ajoute l’augmentation du potentiel aérobie de l’entraînement. Ainsi, les fibres de type I possèdent une capacité oxydante supérieure à celle des fibres de type II avant et après l’entraînement. Cependant, si l’intensité est suffisante, comme lors de l’exécution d’intervalles répétés de 800 m, les fibres à contraction rapide (fibres de type IIx en particulier) contribuent également de manière significative à l’effort. Dans de telles conditions, leur capacité aérobie augmente également avec l’entraînement, mais l’entraînement d’endurance aérobie chronique réduit la concentration des enzymes glycolytiques et peut réduire la masse musculaire globale de ces fibres. À l’inverse, une hypertrophie sélective des fibres musculaires de type I se produit en raison de leur recrutement accru lors des activités aérobies, bien que le diamètre transversal résultant ne soit pas aussi grand que celui observé dans les fibres de type II, adaptées à l’exercice de résistance. En outre, le changement est plus petit que l’hypertrophie des fibres de type I d’un programme d’entraînement de type de ceux effectués chez les bodybuilders. Il y a peu de preuves démontrant que les fibres de type II se transforment en fibres de type I à la suite d’un entraînement à l’endurance aérobie, mais il peut y avoir une conversion progressive au sein des deux principaux sousgroupes de fibres de type II – des fibres de type IIx en fibres de type IIa. Cette adaptation est significative, dans la mesure où les fibres de type IIa possèdent un pouvoir oxydant supérieur à celui des fibres de type IIx et ont des caractéristiques fonctionnelles plus proches de celles des fibres de type I. Le résultat de cette conversion est un plus grand nombre de fibres musculaires qui peuvent contribuer aux performances d’endurance aérobie. Au niveau cellulaire, les adaptations musculaires à l’exercice aérobie comprennent une augmentation de la taille et du nombre de mitochondries, ainsi que de la teneur en myoglobine. La myoglobine est une protéine qui transporte l’oxygène dans la cellule. Les mitochondries sont les organites des cellules qui sont responsables de la production aérobie d’adénosine triphosphate (ATP) via l’oxydation du glycogène et des acides gras libres. Lorsque les mitochondries plus grandes et plus nombreuses sont combinées à une augmentation de la quantité d’oxygène qui peut être délivrée aux mitochondries par la plus grande concentration de myoglobine, la capacité du tissu musculaire à extraire et à utiliser l’oxygène est renforcée. Cette adaptation est encore augmentée par des hausses du niveau et de l’activité des enzymes impliquées dans le métabolisme aérobie du glucose et une augmentation simultanée des réserves de glycogène et de triglycérides. ADAPTATIONS DES OS ET DES TISSUS CONJONCTIFS La sélection de différentes formes d’exercices aérobies a rencontré un certain succès dans l’amélioration de la masse osseuse. Les programmes d’aérobie qui réussissent le mieux à stimuler la croissance osseuse impliquent des activités physiques plus intenses comme la course à pied et l’exercice aérobie à haute intensité. La clé du succès de l’exercice aérobie pour stimuler la formation de nouveaux os est que l’activité doit être significativement plus intense que les activités quotidiennes auxquelles la personne s’adonne normalement, de manière à dépasser l’intensité seuil minimale. Il s’agit également, à une tension cyclique, de dépasser la fréquence minimale et la capacité de déformation pour la croissance osseuse. L’intensité de l’activité doit systématiquement augmenter pour surcharger en permanence l’os. Finalement, il peut devenir difficile de surcharger l’os par l’exercice aérobie lorsque le système de transport d’oxygène, plutôt que les limitations du système musculo-squelettique, restreint la progression vers une nouvelle intensité d’exercice. L’os répond à l’ampleur et au taux de charge externe. Par conséquent, pour améliorer la stimulation du système musculo-squelettique, il est également nécessaire d’augmenter la vitesse de mouvement des membres. L’utilisation de techniques d’entraînement par intervalles à haute intensité est une méthode pour fournir un plus grand stimulus ostéogénique tout en offrant les avantages associés à l’exercice aérobie. Chez les adultes matures, la mesure selon laquelle les tendons, les ligaments et le cartilage croissent et deviennent plus forts est proportionnelle à l’intensité du stimulus de l’exercice, en particulier à partir d’activités portantes. Comme pour les os et les muscles, une intensité d’exercice qui dépasse constamment la pression exercée sur les tissus conjonctifs pendant les activités quotidiennes normales est nécessaire pour créer des changements dans les tissus conjonctifs (chapitre 5 pour plus d’informations). Un exemple des effets positifs de l’activité de maniement de charges sur le cartilage est mis en évidence dans une articulation du genou typique, où les surfaces de l’articulation qui subissent le plus grand degré de portance sont plus épaisses que les surfaces non porteuses de poids. Un mouvement complet à travers une gamme complète de mouvements pendant le maniement de la charge est probablement essentiel pour maintenir la viabilité des tissus. Des études animales évaluant les effets négatifs potentiels de l’exercice aérobie sur le cartilage ont montré des résultats encourageants. Bien que des études aient montré qu’une course intense (20 km) par session diminue l’épaisseur du cartilage, d’autres études utilisant des chiens comme sujets ont démontré qu’un programme de course modéré (une heure par jour, cinq jours par semaine, pendant quinze semaines) augmente l’épaisseur du cartilage et stimule le remodelage positif du tissu osseux. Courir quarante kilomètres par session pendant un an, ou courir quatre kilomètres avec des poids (vestes pesant 130 % du poids des animaux) cinq jours par semaine pendant 550 semaines, n’a dégénérative. pas provoqué de maladie articulaire ADAPTATIONS ENDOCRINIENNES Bien que l’importance des réponses endocriniennes à l’entraînement en résistance soit bien acceptée, les changements dans la production hormonale qui contribuent à l’adaptation du corps à l’exercice aérobie sont tout aussi importants. La testostérone, l’insuline, les facteurs de croissance analogues à l’insuline (IGF-I) et l’hormone de croissance affectent l’intégrité des muscles, des os et des tissus conjonctifs et contribuent à maintenir le métabolisme dans un état normal. L’augmentation de la circulation hormonale et les changements au niveau des récepteurs (nombre de récepteurs et taux de renouvellement) sont des réponses spécifiques à l’exercice aérobie. L’entraînement aérobie à haute intensité augmente les taux de sécrétion absolue de nombreuses hormones en réponse à un exercice maximal, bien que les athlètes entraînés aient atténué les réponses hormonales à l’exercice sous-maximal. Les concentrations hormonales d’un athlète entraîné sont égales à celles de ses homologues non entraînés à la même intensité d’exercice sous-maximale relative. Les schémas de réponse hormonale supérieurs à un exercice maximal semblent augmenter la capacité de l’athlète à tolérer et à maintenir des intensités d’exercice aérobie élevées et prolongées. Lorsque l’intensité de l’exercice est très élevée et que la durée de l’exercice est très courte (cinq à dix secondes), seuls les changements de « lutte ou de fuite » dans les concentrations d’hormones sanguines périphériques se produisent (les concentrations d’épinéphrine et de noradrénaline augmentent). L’entraînement aérobie, en particulier la course à pied, est souvent associé à une augmentation de la dégradation nette des protéines du muscle, provoquée en partie par la sécrétion de cortisol induite par le stress que le corps tente de compenser en augmentant les réponses anaboliques hormonales dans la testostérone et l’IGF-1. Cependant, des preuves récentes suggèrent que la synthèse nette des protéines dans le muscle squelettique des athlètes entraînés en endurance se produit et peut conduire à une hypertrophie musculaire, mais est probablement due à des protéines mitochondriales plutôt que contractiles. ADAPTATIONS À L’ENTRAÎNEMENT EN ENDURANCE AÉROBIE De nombreuses recherches ont été effectuées sur les adaptations d’entraînement associées à l’exercice d’endurance aérobie. Le métabolisme aérobie joue un rôle essentiel dans la performance humaine et est fondamental pour tous les sports, ne serait-ce que pour la récupération. Du point de vue métabolique, le cycle de Krebs et la chaîne de transport d’électrons sont les principales voies de production d’énergie aérobie. Le métabolisme aérobie produit beaucoup plus d’énergie ATP que le métabolisme anaérobie et utilise des graisses, des glucides et des protéines comme sources de carburant pour générer de l’ATP. De nombreux sports impliquent des interactions entre les systèmes métaboliques aérobie et anaérobie et nécessitent donc un entraînement approprié. Par exemple, le football, le Lacrosse, le basket-ball, le hockey sur gazon et le hockey sur glace impliquent des mouvements continus (et donc une demande aérobie constante) mélangés à des pointes de sprint et d’activités de puissance. Un bon conditionnement du système aérobie est essentiel pour que le joueur soit en capacité de réaliser une telle activité et de récupérer efficacement pendant et entre les séances d’exercice. Chaque athlète a besoin d’un niveau basique d’endurance cardiovasculaire – sinon pour la performance, au moins pour des raisons de santé – qui peut être atteint en utilisant une grande variété de modalités et de programmes d’entraînement. Outre les méthodes d’entraînement aérobie submaximales classiques, l’entraînement par intervalles est une méthode qui peut produire des gains significatifs pour l’aérobie (augmentation de la VO2 max, du seuil de lactate). L’une des adaptations les plus couramment mesurées à l’entraînement d’endurance aérobie est une augmentation de la consommation maximale d’oxygène associée à une augmentation du débit cardiaque maximal. À mesure que l’intensité de l’exercice augmente, la consommation d’oxygène atteint ses niveaux maximaux. Lorsque la consommation d’oxygène ne peut plus augmenter pour répondre aux demandes, c’est que la consommation maximale d’oxygène a été atteinte, même en présence d’une disponibilité continue d’oxygène. L’entraînement en endurance aérobie peut améliorer la puissance aérobie d’un athlète de 5 à 30 %, en fonction, en partie, du niveau de condition physique de départ ainsi que du potentiel génétique de l’individu. La plupart des adaptations de la consommation maximale d’oxygène peuvent être réalisées au cours d’un entraînement de six à douze mois. Après cela, d’autres changements dans les performances d’endurance aérobie consistent en une augmentation de l’efficacité de course et une augmentation du seuil de lactate. Les changements métaboliques comprennent une capacité respiratoire accrue, des concentrations de lactate sanguin plus faibles à une intensité d’exercice sous-maximale donnée, une augmentation des densités mitochondriales et capillaires et une amélioration de l’activité enzymatique. Il se peut que les coureurs expérimentés n’augmentent pas davantage leur VO2 max grâce à deux entraînements d’endurance chronique, mais que leurs performances s’améliorent en raison d’une économie de course améliorée. L’intensité de l’entraînement est l’un des facteurs les plus importants pour améliorer et maintenir la puissance aérobie. De courtes périodes de sprint à haute intensité peuvent améliorer la consommation maximale d’oxygène si la période de repos intermédiaire est également courte. Callister et ses collègues ont montré que les longues périodes de repos couplées avec un travail de sprint améliorent la vitesse de sprint sans augmentation significative de la puissance aérobie maximale. Par conséquent, des séances d’entraînement plus longues avec une plus grande quantité de repos entre les périodes d'exercice entraînent une amélioration moindre de la capacité aérobie. Il a été prouvé dans diverses études que l’utilisation de périodes de récupération plus courtes entre les intervalles d’entraînement à haute intensité permet d’améliorer divers processus métaboliques des muscles squelettiques et conduit à une amélioration des performances d’endurance. L’entraînement en endurance aérobie est généralement associé à des altérations de la composition corporelle, en supposant un apport nutritionnel approprié. L’entraînement en endurance aérobie diminue généralement le pourcentage relatif de graisse corporelle mais a peu ou pas d’effet significatif sur la masse sans graisse. Les programmes à plus long terme peuvent entraîner une diminution plus importante du pourcentage de graisse corporelle. Un entraînement excessif peut entraîner une prédominance de l’activité catabolique dans l’organisme et provoquer un déséquilibre entre les processus cataboliques et anaboliques. Le tableau 6.2 répertorie les changements physiologiques qui surviennent au cours d’un entraînement à l’endurance aérobie à court terme (trois à six mois) et compare les résultats, en matière d’endurance aérobie, entre des athlètes auparavant non entraînés et des athlètes d’élite. Les résultats de l’entraînement aérobie entraînent une diminution de la graisse corporelle et des concentrations de lactate sanguin à un exercice sousmaximal, une augmentation de l’absorption maximale d’oxygène, de l’économie de fonctionnement, de la capacité respiratoire et des densités mitochondriales et capillaires, ainsi qu’une amélioration de l’activité enzymatique. TABLEAU 6.2 Variables physiologiques de l’entraînement en endurance aérobie (Données compilées par Carwyn Sharp. Sauf indication contraire, les données ont été collectées par B. Saltin, G. Blomqvist et al., Réponse à l’exercice après une phase de repos allongé et après l’entraînement) (*Données ne provenant pas d’études sur l’entraînement : les sujets n’étaient pas entraînés ou étaient de « bons coureurs de fond ».) QUELLES AMÉLIORATIONS DE LA PERFORMANCE PEUVENT ÊTRE OBTENUES GRÂCE À L’EXERCICE AÉROBIE ? Les systèmes corporels affectés par l’exercice aérobie comprennent les troubles musculosquelettiques, cardiovasculaires et respiratoires. Les adaptations sont les suivantes : Système respiratoire : diminution du rythme respiratoire sous-maximal Système cardiovasculaire : diminution de la fréquence cardiaque pour des charges de travail sous-maximales fixes associées à une augmentation du volume systolique et du débit cardiaque. Le volume sanguin est également augmenté, soutenant l’augmentation du volume systolique et du débit cardiaque. Système musculo-squelettique : augmentation de la différence artérioveineuse O2 associée à une augmentation de la capillarisation musculaire, des concentrations d’enzyme oxydante, de la taille et de la densité des mitochondries. Puissance aérobie (consommation maximale d’oxygène) : le changement le plus important des variables physiologiques avec l’entraînement à l’exercice aérobie est sans doute l’augmentation de la consommation maximale d’oxygène (VO2max), souvent utilisée comme critère variable pour la forme cardiovasculaire. La VO2max est en partie détermi née par la génétique et par le programme d’entraînement entrepris par l’athlète. Les athlètes d’élite peuvent montrer des changements mineurs de VO2max avec l’entraînement (5-10 %), tandis que les individus non entraînés peuvent augmenter leur VO2max jusqu’à 20 %. Une VO2max élevée couplée à un seuil de lactate accru peut améliorer les performances dans les sports de course, ainsi que les sports nécessitant des sprints intermittents (football, basket-ball et autres sports d’équipe). Seuil lactique : l’entraînement aérobie augmente le seuil absolu de lactate, permettant à l’individu hautement entraîné de travailler à la fois un pourcentage relatif et absolu plus élevé de leur VO2max qu’un individu moins bien entraîné. Cette tolérance accrue au lactate se traduit par une variété de résultats de performance : il s’agit notamment de courir à un pourcentage plus élevé de VO2max pour une course (ce qui réduit la durée de la course), de couvrir plus de distance pendant un match, d’améliorer la récupération pour les performances de la seconde moitié du match et de travailler à des intensités d’exercice plus élevées tout au long d’une épreuve. L’importance d’avoir un seuil de lactate élevé peut être illustrée par l’exemple suivant : Deux individus peuvent avoir la même VO2max, d’environ 50 ml · kg−1 · min−1 ; cependant, si l’un a un seuil de lactate de 80 % de VO2max (seuil atteint à 40 ml · kg−1 · min−1) tandis que l’autre se produit à 70 % (seuil atteint 35 ml · kg−1 · min−1), le premier individu pourra maintenir une puissance de sortie équivalente à 5 ml · kg−1 · min−1 de plus que le deuxième individu. Toutes choses étant égales par ailleurs, comme l’économie de mouvement, cela se traduira par une plus grande vitesse de mouvement et donc des performances supérieures. Utilisation efficace du substrat : les glucides sont la source de carburant préférée pour les exercices intermittents de haute intensité dans de nombreux sports d’équipe. L’entraînement aérobie entraîne une plus grande utilisation des graisses comme substrat pour l’exercice avec une économie relative de glucides. Avec une faible consommation de glucides, une personne entraînée en endurance peut maintenir un exercice plus intense pendant de plus longues périodes. L’exercice aérobie peut être encore amélioré grâce à diverses manipulations de charge en glucides pour augmenter les réserves endogènes de glycogène. Adaptations des fibres musculaires : lorsque les fibres musculaires sont examinées d’un point de vue transversal, les coureurs d’élite ont une proportion (pourcentage) plus élevée de fibres de type I, et les fibres de type I disponibles sont fonctionnellement très efficaces pour le métabolisme aérobie (augmentation de la densité mitochondriale, de la capacité enzymatique oxydative et du réseau capillaire pour l’apport d’oxygène). L’entraînement aérobie, en particulier l’exercice intermittent de longue distance à haute intensité, entraîne une augmentation de la capacité oxydative des fibres de type I. La recherche indique que les fibres musculaires squelettiques peuvent altérer leur chaîne lourde de myosine et leurs caractéristiques internes, entraînant des modifications de la classification des fibres et que les fibres de type IIx sont augmentées chez les athlètes entraînés en endurance. Du point de vue des performances, ces changements métaboliques et fibreux se traduisent par une utilisation plus efficace de la production d’énergie aérobie. Efficacité de l’exercice : l’économie de l’exercice est principalement fonction de la biomécanique et de la technique. Deux athlètes d’endurance aérobie peuvent avoir la même absorption maximale d’oxygène et le même seuil de lactate mais ne pas montrer les mêmes résultats de performance. L’athlète avec l’exercice le plus efficace (nécessitant le moins d’énergie pour maintenir la même puissance) sera capable de maintenir la même puissance pendant une durée plus longue, même si les deux athlètes ont le même seuil de VO2max et de lactate. FACTEURS EXTERNES ET INDIVIDUELS INFLUENÇANT LES ADAPTATIONS À L’ENTRAÎNEMENT EN ENDURANCE AÉROBIE Des facteurs externes et individuels variés peuvent influencer à la fois les réponses aiguës et les adaptations chroniques des systèmes cardiovasculaire et respiratoire à l’exercice. Les effets de l’altitude, de la respiration hyperoxique, du tabagisme et du dopage sanguin (facteurs externes), ainsi que du potentiel génétique, de l’âge et du sexe (facteurs individuels), sont brièvement décrits dans cette section. ALTITUDE À des altitudes supérieures à 1 200 m (3 900 pieds), des ajustements physiologiques aigus commencent à se produire pour compenser la réduction de la pression partielle d’oxygène dans l’atmosphère. Le tableau 6.3 présente les ajustements de l’hypoxie d’altitude qui sont immédiats et à plus long terme. Deux ajustements qui surviennent tôt dans le processus d’acclimatation sont particulièrement importants. Premièrement, il y a une augmentation de la ventilation pulmonaire (hyperventilation) au repos et pendant l’exercice. Cette augmentation de la ventilation est principalement le résultat d’une augmentation de la fréquence respiratoire. Avec des séjours plus longs à haute altitude, l’augmentation du volume courant contribue cependant également à une ventilation accrue. La stabilisation de la ventilation dépend du niveau d’altitude et de la durée en altitude. Deuxièmement, aux premiers stades de l’exposition à l’altitude, il y a une augmentation du débit cardiaque au repos et pendant l’exercice sous-maximal, principalement en raison de l’augmentation de la fréquence cardiaque. La fréquence cardiaque et le débit cardiaque sous-maximaux peuvent augmenter de 30 à 50 % audessus des valeurs du niveau de la mer, et le volume systolique est constant ou légèrement réduit. L’augmentation du débit cardiaque sous-maximal reflète le besoin d’augmenter le flux sanguin à un moment où la teneur en oxygène du sang artériel est réduite afin de maintenir un apport d’oxygène adéquat aux tissus. TABLEAU 6.3 Ajustements à l’hypoxie en altitude Au bout de dix à quatorze jours en altitude, la fréquence cardiaque et le débit cardiaque commencent à revenir à des valeurs normales en raison de la réponse d’acclimatation à plus long terme qui entraîne l’augmentation de la production de globules rouges. Ainsi, avec une exposition aiguë à l’altitude, l’hyperventilation et une augmentation du débit sous-maximal de carbone sont des réponses rapides et relativement efficaces pour compenser les défis de la pression partielle réduite d’oxygène. Cependant, malgré ces ajustements, durant cette période aiguë, la saturation artérielle en oxygène diminue et entraîne une diminution de l’absorption maximale d’oxygène et des performances aérobies à des altitudes supérieures à 1 200 m. Les changements d’acclimatation reviennent environ un mois après le retour au niveau de la mer. Comme indiqué dans le tableau 6.3, les ajustements physiologiques et métaboliques chroniques qui se produisent lors d’une exposition prolongée à l’altitude comprennent : une augmentation de la formation d’hémoglobine (généralement 5 à 15 % d’augmentation, bien que des valeurs plus élevées aient été rapportées) et de globules rouges (30 à 50 % d’augmentation) ; une augmentation de la capacité de diffusion de l’oxygène à travers les membranes pulmonaires ; un maintien de l’équilibre acido-basique des fluides corporels par excrétion rénale de HCO3- et par hyperventilation ; une capillarisation accrue. Toutes ces adaptations améliorent généralement la tolérance de l’hypoxie relative à moyenne et haute altitudes et peuvent entraîner, avec une acclimatation adéquate, des capacités d’exercice proches de celles effectuées au niveau de la mer. Un minimum de trois à six semaines est nécessaire pour s’adapter à une altitude modérée (2 200 à 3 000 m). Cependant, il est généralement attendu, en altitude, une réduction des performances par rapport à celles effectuées au niveau de la mer, quelle que soit la période d’acclimatation. Les professionnels de la préparation physique sont encouragés à informer les athlètes des réponses aiguës attendues et des adaptations chroniques à l’altitude afin qu’ils puissent maintenir des programmes d’entraînement adaptés et une approche mentale positive de l’impact de l’altitude. RESPIRATION HYPEROXIQUE Il a été proposé que la respiration de mélanges de gaz enrichis en oxygène (respiration hyperoxique) pendant les périodes de repos ou après l’exercice affecte positivement certains aspects de la performance physique, bien que les mécanismes de ces résultats ne soient pas bien compris et que la procédure reste controversée et la recherche divisée. La respiration hyperoxique peut augmenter la quantité d’oxygène transportée par le sang, et donc augmenter l’apport d’oxygène aux muscles qui travaillent. Cependant, la respiration de l’air ambiant au niveau de la mer par des personnes en bonne santé entraîne une saturation en oxygène de l’hémoglobine dans les artères entre 95 et 98 %. Ainsi, le potentiel de respiration hyperoxique pendant les périodes de repos ou après l’exercice n’a pas encore été entièrement élucidé. FUMER Relativement peu de recherches sont disponibles concernant le lien entre le tabagisme et les performances physiques, peut-être parce que les athlètes et les personnes actives tendent à éviter de fumer par crainte de nuire aux performances ou d’augmenter le risque de maladie. Les fumeurs souffrent de troubles de la fonction pulmonaire et présentent un risque accru de maladies pulmonaires obstructives chroniques, dont la bronchite chronique et l’emphysème. Des baisses de la tolérance à l’exercice et de la fonction cardio-pulmonaire ont été observées chez des adolescents, démontrant que les effets nocifs du tabagisme se produisent même chez les jeunes fumeurs dans un laps de temps relativement court. Les effets néfastes du tabagisme comprennent : une augmentation de la constriction bronchiole liée à l’uétonicotine dans les voies respiratoires ou une augmentation de la sécrétion de liquide et du gonflement dans l’arbre bronchique en raison de l’irritation de la fumée ; une paralysie des cils sur les surfaces des voies respiratoires par la nicotine, ce qui limite la capacité d’éliminer l’excès de liquide et les particules étrangères, provoquant l’accumulation de débris dans les voies respiratoires et aggravant la difficulté de respirer. Ainsi, même le fumeur occasionnel peut ressentir une tension respiratoire pendant l’exercice et constater une réduction du niveau de performance. Le monoxyde de carbone, un composant de la fumée de cigarette, est associé à une réponse hémodynamique altérée à l’exercice et à une libération accrue de catécholamines. Le monoxyde de carbone a une plus grande affinité pour l’hémoglobine que l’oxygène. La carboxyhémoglobine résultante (monoxyde de carbone et hémoglobine) réduit la quantité d’oxygène qui peut être transportée par l’hémoglobine et réduit ainsi l’oxygène qui peut être fourni aux muscles qui travaillent. La réduction de la capacité de transport d’oxygène peut réduire la capacité d’exercice maximale, et les réponses cardiovasculaires sous-maximales peuvent augmenter dans le but de fournir du sang oxygéné adéquat aux muscles qui travaillent. La libération accrue de catécholamines augmente la fréquence cardiaque et la pression artérielle. DOPAGE SANGUIN La pratique consistant à augmenter artificiellement la masse de globules rouges (dopage sanguin) comme moyen d’améliorer la performance sportive a été critiquée comme contraire à l’éthique et comme posant de graves risques pour la santé de l’athlète. Néanmoins, la recherche a suggéré que cette pratique peut améliorer les performances de l’exercice aérobie et améliorer la tolérance de certaines conditions environnementales. Le dopage sanguin peut être accompli par perfusion des propres globules rouges d’un individu ou ceux d’une autre personne, ou par l’administration d’érythropoïétine (EPO), qui stimule la production de globules rouges. La perfusion de globules rouges augmente rapidement la masse de globules rouges, mais pendant seulement quelques semaines, alors que les effets de l’EPO produisent des changements au fil des semaines et durent tant que la substance est administrée. Dans les deux cas, il est rapporté que l’augmentation de la masse de globules rouges augmente la capacité du sang à transporter l’oxygène et augmente ainsi la disponibilité de l’oxygène pour les muscles qui travaillent. Il a été démontré que la consommation maximale d’oxygène augmente jusqu’à 11 % avec l’infusion de globules rouges ou l’administration d’EPO. À des charges de travail sous-maximales normalisées, le dopage sanguin a également été associé à une diminution de la fréquence cardiaque et du lactate sanguin ainsi qu’à des valeurs de pH plus élevées. Les effets du dopage sanguin suggèrent la possibilité de diminuer l’impact de diverses conditions environnementales. Les effets de l’altitude semblent diminuer avec le dopage sanguin, bien qu’à mesure que l’altitude augmente, l’influence positive du dopage sanguin diminue. Les facteurs de stress environnementaux tels que l’exposition à la chaleur et au froid peuvent également être affectés par le dopage sanguin. Lors d’une exposition à la chaleur, un athlète dopé pourra tolérer plus facilement un stress d’exercice sous-maximal. L’augmentation du volume sanguin et de la masse de globules rouges permet au corps de dériver plus de sang vers la peau pour une thermorégulation améliorée tout en fournissant suffisamment de sang pour transporter l’oxygène vers les muscles qui travaillent. Cependant, le dopage sanguin semble principalement conférer ces avantages aux individus déjà acclimatés à la chaleur et apporte peu d’aide aux athlètes qui ne le sont pas déjà. On en sait beaucoup moins sur le dopage sanguin en ce qui concerne le stress dû au froid et, bien que certains avantages théoriques aient été suggérés, cette pratique pourrait vraisemblablement augmenter les risques pour la santé. Les risques pour la santé associés au dopage sanguin compliquent encore la controverse entourant cette pratique. Théoriquement, des niveaux élevés d’hématocrite peuvent augmenter les risques d’accidents emboliques tels que l’AVC, l’infarctus du myocarde, la thrombose veineuse profonde ou l’embolie pulmonaire. Une augmentation de la pression artérielle, des symptômes pseudo-grippaux et une augmentation des taux plasmatiques de potassium peuvent survenir avec l’utilisation d’EPO. Enfin, il existe un risque associé à la perfusion ou à la transfusion, bien que, dans la plupart des cas, le risque soit relativement faible. POTENTIEL GÉNÉTIQUE La limite supérieure du potentiel génétique d’un individu contribue de manière significative à l’amplitude absolue des adaptations d’entraînement. L’ampleur du changement dépend également du niveau d’entraînement de l’individu. Chaque adaptation du système biologique, comme celle du système cardiovasculaire, a une limite supérieure et, à mesure que l’athlète se rapproche de cette limite supérieure, des gains de plus en plus petits sont observés. Par exemple, dans certaines compétitions d’élite (en natation par exemple), de petits gains de performance peuvent faire la différence entre la médaille d’or et la vingt-sixième place. Ainsi, dans un événement où les dixièmes (ou centièmes) de seconde font une grande différence, il peut être utile de consacrer plus de temps à l’entraînement pour obtenir cette amélioration de 0,05 % des performances. Une conception et un suivi minutieux du programme sont donc encore plus critiques dans ces cas. ÂGE ET SEXE Les adaptations physiologiques à l’entraînement en endurance aérobie varient selon l’âge et le sexe. La puissance aérobie maximale diminue avec l’âge chez l’adulte à la suite de divers changements physiologiques qui accompagnent le vieillissement (réduction de la masse musculaire et de la force, également appelée « sarcopénie », augmentation de la masse grasse). En moyenne, lorsque les femmes et les hommes sont regroupés selon l’âge, les valeurs de puissance aérobie des femmes varient de 73 à 85 % par rapport à celles des hommes. Cependant, la réponse physiologique générale à l’entraînement est similaire chez les hommes et les femmes. Les différences de puissance aérobie peuvent être causées par plusieurs facteurs, notamment le pourcentage plus élevé de graisse corporelle chez les femmes, les valeurs d’hémoglobine sanguine plus faibles, et la taille cardiaque et le volume sanguin plus importants des hommes. SURENTRAÎNEMENT : DÉFINITION, PRÉVALENCE, DIAGNOSTIC ET MARQUEURS POTENTIELS Améliorer les performances sportives des athlètes en compétition grâce à des programmes d’entraînement conçus de manière appropriée est essentiel au succès. La récupération adéquate après un entraînement intense est tout aussi importante pour la réussite d’un athlète, dans n’importe quel sport. Lorsqu’il existe un déséquilibre entre les charges d’entraînement et la récupération, le potentiel de surentraînement et de développement du syndrome de surentraînement (SyS) existe. Bien que de nombreuses recherches existent sur le SyS, la controverse demeure quant à la façon de définir, d’évaluer et de remédier à ce syndrome. Récemment, les collèges européens et américains de médecine du sport ont publié une déclaration de consensus sur le SyS. Cette section du chapitre présente certaines des conclusions de cette déclaration de consensus, particulièrement en ce qui concerne les définitions, les marqueurs potentiels et la prévention. Pour étudier efficacement le SyS, une terminologie précise est nécessaire. Les recommandations de la déclaration de consensus sont issues des travaux de Halson et Urhausen. Dans ces définitions, « être surentraîné » est considéré comme un processus (exprimé sous forme de verbe) qui peut entraîner un dépassement à court terme (dépassement fonctionnel, DF) ou un dépassement extrême (dépassement non fonctionnel, DNF) ou SyS à long terme. Chacune de ces conditions entraîne une diminution de la performance sportive, qui est la marque du surentraînement. Dans le cas d’un dépassement fonctionnel, l’entraînement est délibérément intensifié pour provoquer une brève diminution des performances suivie de quelques jours ou semaines de récupération. Le résultat est une amélioration super-compensatrice des performances. Un exemple est une séance d’entraînement maximal finale (qui provoque un dépassement fonctionnel) quelques semaines avant une compétition, suivie d’une période d’affûtage progressif conduisant à une amélioration de la performance. Le dépassement non fonctionnel se caractérise par une stagnation ou une diminution des performances sportives, la récupération nécessitant des semaines ou des mois pour que l’athlète retrouve son niveau de performance précédent. Si l’entraînement intensifié continue sans récupération adéquate, un athlète peut basculer vers le SyS, dans lequel la performance est diminuée et pour lesquels des mois de récupération seront nécessaires pour ramener l’athlète à ses niveaux de performance antérieurs. Ces définitions du surentraînement supposent un continuum pour lequel le déclencheur commun de la progression du dépassement fonctionnel vers le SyS est un entraînement intensifié continu avec un repos insuffisant. Bien qu’il soit difficile de mesurer la prévalence du SyS, une étude récente a indiqué qu’environ 10 % (7 à 21 %) des nageurs au collège et autres athlètes d’endurance aérobie ont déjà connu le DNF ou le SyS. Le syndrome de surentraînement peut entraîner une baisse spectaculaire des performances chez tous les athlètes. La cause la plus courante est un entraînement intensifié sans récupération adéquate. RÉPONSES CARDIOVASCULAIRES De plus grands volumes d’entraînement associés au SyS peuvent affecter la fréquence cardiaque. Fait intéressant, la fréquence cardiaque au repos peut être diminuée ou augmentée en association avec le SyS. La variabilité de la fréquence cardiaque peut diminuer avec le début du SyS, indiquant un apport parasympathique réduit ou une stimulation sympathique excessive. Les fréquences cardiaques maximales induites par l’exercice diminuent lors du surentraînement, tout comme les fréquences cardiaques à des intensités d’exercice sousmaximales absolues. L’augmentation des volumes d’entraînement, au cours d’une période donnée, associée au surentraînement n’affecte généralement pas la pression artérielle au repos. Cependant, une intensification accrue de l’entraînement peut entraîner une augmentation de la tension artérielle diastolique au repos sans affecter les pressions systoliques au repos. RÉPONSES BIOCHIMIQUES Un volume d’entraînement inhabituellement élevé peut entraîner une augmentation des niveaux de créatine kinase (CK), révélant des dommages musculaires. En revanche, les concentrations de lactate diminuent ou restent les mêmes lorsque les volumes d’entraînement augmentent. Les lipides sanguins et les lipoprotéines ne sont pas modifiés par le surentraînement en volume/volume du surentraînement. Le glycogène musculaire diminue avec des périodes prolongées de surentraînement, bien que cela puisse être largement dû à des considérations alimentaires. Une baisse des niveaux de glycogène peut contribuer à la baisse des réponses lactées. RÉPONSES ENDOCRINIENNES Chez les hommes, la testostérone totale diminue après une augmentation initiale en réponse aux stimuli d’exercice. Cependant, cela doit être considéré comme une réponse à un stimulus stressant plutôt qu’à une indication de surentraînement. Les concentrations de testostérone libre diminuent également dans certains cas. Ces changements ne semblent pas être régulés par l’hypophyse, car les taux d’hormones lutéinisantes ne sont pas affectés. Les changements dans la testostérone libre semblent être indépendants de la capacité de liaison aux protéines, car les concentrations de globuline se liant aux hormones sexuelles ne sont pas modifiées. Par conséquent, la diminution du rapport de la testostérone totale à la globuline se liant aux hormones sexuelles, qui peut accompagner des volumes d’entraînement accrus, semble être due à une altération des niveaux de testostérone totale. L’état anabolique-catabolique d’un athlète peut être quantifié par le rapport testostérone/cortisol, qui diminue ou reste le même avec des volumes d’entraînement plus élevés. Le composant de testostérone libre peut avoir une influence physiologique plus importante. Des diminutions de 5 à 50 % du rapport testostérone libre/cortisol ont également été signalées avec des volumes d’entraînement accrus. Un marqueur possible du SyS est une diminution de 30 % ou plus de ce rapport. Une diminution de la sécrétion hypophysaire de l’hormone de croissance se produit lors d’un surentraînement. Ceci et d’autres réponses endocriniennes à un stimulus de surentraînement semblent être dus principalement à une fonction hypothalamique altérée, et non à une fonction hypophysaire. La question de savoir si ces altérations endocriniennes sont responsables des baisses de performances est sujette à débat. Les niveaux de testostérone libre, de testostérone totale, de cortisol et de créatine kinase semblent simplement refléter les volumes d’entraînement. La performance physique réelle est parfois liée aux concentrations totales de testostérone, mais pas dans tous les cas. Les catécholamines semblent très sensibles à un stimulus de surentraînement. Les altérations des niveaux basaux d’épinéphrine, de noradrénaline et de dopamine seraient significativement liées à la gravité des plaintes autodéclarées chez les coureurs surentraînés. Les changements dans les concentrations de catécholamine et de cortisol peuvent se refléter pendant le surentraînement, bien que le cortisol ne soit pas aussi sensible à l’augmentation du volume d’entraînement que les catécholamines. Des volumes d’entraînement considérablement augmentés peuvent entraîner une diminution des niveaux nocturnes d’épinéphrine, qui indiquent des niveaux basaux. Les niveaux de pré-exercice ou de repos d’épinéphrine et de noradrénaline sont soit inchangés, soit augmentés. Une charge absolue donnée d’exercice entraîne une augmentation des niveaux d’épinéphrine et de noradrénaline en présence de surentraînement comparé à avant un surentraînement, bien que les niveaux maximaux d’épinéphrine et de noradrénaline restent inchangés. Les niveaux basaux de dopamine diminuent avec le surentraînement de volume, tout comme les concentrations de dopamine à la même charge de travail absolue. Avec un exercice sous-maximal, les réponses de la dopamine varient, mais elles semblent contrer les schémas de noradrénaline. Bien que souvent difficile à documenter, le surentraînement en volume sévère des athlètes d’endurance aérobie produit des caractéristiques de SyS parasympathique, y compris une sensibilité réduite aux catécholamines, et peut entraîner des cas avancés de SyS sévère. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DU SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT Le syndrome de surentraînement représente une somme cumulée de facteurs de stress ayant pour principale cause un entraînement intensifié sans récupération adéquate. Cependant, d’autres contributeurs incluent le manque de sommeil, les considérations environnementales (chaleur, froid, altitude, pollution), les difficultés interpersonnelles et les voyages, entre autres. Bien que l’identification définitive du SyS reste quelque peu controversée, il existe certaines stratégies que les athlètes et les entraîneurs peuvent suivre pour le prévenir. Une tactique efficace consiste à s’assurer que l’athlète suit de bonnes directives nutritionnelles, qu’il dort suffisamment et récupère correctement. Les entraîneurs devraient suivre le programme d’entraînement d’un athlète. Ce dernier doit offrir une variété d’intensité et de volume. Garder un enregistrement précis de la performance d’un athlète peut également aider à « repérer » un marqueur de SyS au début du processus, afin que l’entraînement puisse être ajusté. Plus important encore, les athlètes devraient avoir accès à une équipe de santé multidisciplinaire (entraîneur, médecin, nutritionniste et psychologue) pour discuter de tout problème lié à leur vie quotidienne. Ce dispositif peut conduire à des informations précoces qui aideront à éviter l’apparition du SyS. QUELS SONT LES MARQUEURS DU SURENTRAÎNEMENT AÉROBIE ? PLUSIEURS CRITÈRES CARACTÉRISENT UNE VARIABLE COMME UN MARQUEUR FIABLE DE L’APPARITION DU SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT (SYS) le marqueur doit être sensible à la charge d’entraînement il ne doit pas être affecté par d’autres facteurs ses changements doivent précéder le développement du syndrome de surentraînement il doit être facile à mesurer précisément sa mesure ne doit pas être profondément invasive il ne doit pas être coûteux à utiliser ou à mesurer LES VARIABLES SUIVANTES ONT ÉTÉ IDENTIFIÉES COMME MARQUEURS POTENTIELS, MAIS AUCUNE NE SATISFAIT À TOUS LES CRITÈRES ÉNUMÉRÉS CIDESSUS performances réduites diminution corporelle du pourcentage de graisse diminution de la consommation maximale d’oxygène altération de la pression artérielle augmentation de la douleur musculaire diminution du glycogène musculaire modification de la fréquence cardiaque au repos et diminution de la variabilité de la fréquence cardiaque augmentation de la fréquence cardiaque d’exercice sous-maximale diminution du lactate augmentation de la créatine kinase modification de la concentration de cortisol diminution de la concentration totale de testostérone diminution du rapport de la testostérone totale au cortisol diminution du rapport de la testostérone libre au cortisol diminution du rapport de la testostérone totale à la globuline se liant aux hormones sexuelles diminution du tonus sympathique (diminution des catécholamines nocturnes et au repos) réponse au stress sympathique accrue changements d’humeur diminution des performances dans les tests de vitesse psychomotrice DÉSENTRAÎNEMENT Le désentraînement est défini comme la perte partielle ou totale des adaptations induites par l’entraînement, en réponse à un stimulus d’entraînement insuffisant. L’entraînement est régi par le principe de la réversibilité de l’entraînement, qui stipule que si l’entraînement physique entraîne plusieurs adaptations physiologiques qui améliorent la performance athlétique, l’arrêt ou la réduction marquée de l’entraînement induit une inversion partielle ou complète de ces adaptations, compromettant la performance athlétique. Une distinction doit être faite en ce qui concerne l’arrêt de l’entraînement qui se traduit par une inversion des adaptations et une réduction. Cette réduction progressive est la réduction prévue du volume d’entraînement (généralement en durée et en fréquence, mais pas en intensité) qui se produit avant une compétition sportive ou un microcycle de récupération planifié. Ce type de réduction de l’entraînement est conçu pour améliorer les performances athlétiques et les adaptations. Les adaptations d’endurance aérobie sont les plus sensibles aux périodes d’inactivité en raison de leur base enzymatique. Les mécanismes cellulaires exacts qui dictent les changements de désentraînement sont inconnus, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier les altérations physiologiques sous-jacentes. Deux articles traitent des facteurs qui contribuent à la performance aérobie, particulièrement la VO2max et les facteurs déterminant la VO2max (débit cardiaque et différence d’oxygène artérioveineux) et l’impact du désentraînement. Les auteurs discutent de l’impact du sevrage à court terme (quatre semaines) et à long terme (plus de quatre semaines). Chez les athlètes hautement entraînés, l’absorption maximale d’oxygène est réduite de 4 à 14 % avec un entraînement à court terme, et de 6 à 20 % avec un entraînement à long terme. La réduction de VO2max est principalement le résultat d’une diminution du volume sanguin, d’une diminution du volume systolique, d’une diminution du débit cardiaque maximal et d’une augmentation de la fréquence cardiaque sous-maximale. La diminution de VO2max soutient la perte de performances d’endurance liées à l’aérobie. CONCLUSION L’exercice d’endurance aérobie produit de nombreuses réponses cardiovasculaires et respiratoires aiguës, et l’entraînement en endurance aérobie produit de nombreuses adaptations chroniques. Ces informations peuvent être particulièrement utiles pour développer les objectifs d’un programme de préparation physique et peuvent fournir une base pour l’évaluation clinique et la sélection des paramètres à inclure dans un tel processus d’évaluation. La connaissance des réponses cardiovasculaires, respiratoires, nerveuses, musculaires, osseuses, conjonctives, et celles du système endocrinien à l’entraînement en endurance aérobie, peut aider le professionnel de la préparation physique à comprendre le fondement scientifique du conditionnement aérobie et les adaptations à attendre et à surveiller pendant l’entraînement. Des adaptations à des types spécifiques de stimuli d’exercice ont lieu dans le corps. Les adaptations optimales reflètent une conception, une mise en œuvre et des performances minutieuses des programmes de force et de préparation physique. MOTS-CLÉS Alveoles Bradycardie Consommation d’oxygene Consommation maximale d’oxygene Debit cardiaque Degressif Depassement fonctionnel (DF) Depassement non fonctionnel (DNF) Desentrainement Diastole Difference arterioveineuse d’oxygene Diffusion Dopage sanguin Equation de Fick Equivalent metabolique (MET) Equivalent ventilatoire Erythropoietine (EPO) Espace mort anatomique Espace mort physiologique Fraction d’ejection Frequence cardiaque maximale Hyperventilation Mecanisme de Frank-Starling Mitochondries Myoglobine Pression arterielle systolique Pression sanguine diastolique Produit debit-pression Produit double Respiration hyperoxique Retour veineux Rythme cardiaque Surentrainement Syndrome de surentrainement (SyS) Systole Tension arterielle moyenne Vasoconstriction Vasodilatation Ventilation minute Volume courant Volume diastolique Volume en fin de diastole RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Un coureur de cross-country âgé de dix-sept ans s’entraîne en aérobie depuis six mois en vue de préparer sa prochaine saison. Laquelle des adaptations suivantes se produira dans les muscles pendant cette période ? a. Une augmentation de la concentration des enzymes glycolytiques b. Une hyperplasie des fibres de type II c. Une transformation des fibres de type I en fibres de type II d. Une hypertrophie des fibres de type I 2. La quantité de sang éjectée du ventricule gauche à chaque battement est : a. Le débit cardiaque b. La différence a-vO 2 c. Le rythme cardiaque d. Le débit systolique 3. Lequel des éléments suivants n’augmente normalement PAS pendant une séance d’exercice aérobie ? a. Le volume en fin de diastole b. La contractilité cardiaque c. Le débit cardiaque d. La pression sanguine diastolique 4. La pression artérielle moyenne est définie comme : a. Une pression artérielle moyenne tout au long du cycle cardiaque b. Une moyenne des pressions artérielles systolique et diastolique c. Une pression artérielle systolique moyenne pendant l’exercice d. Une moyenne de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque 6. Quelles sont les adaptations primaires des athlètes d’élite qui s’entraînent en aérobie ? I. Augmentation de la consommation maximale d’oxygène II. Diminution de la concentration sanguine de lactate III. Économie de fonctionnement accrue IV. Diminution de la densité capillaire a. I et III b. II et IV c. I, II et III d. II, III et IV RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 07 DIFFÉRENCES LIÉES À L’ÂGE ET AU SEXE ET LEURS IMPLICATIONS POUR LA MUSCULATION DOCTEURS RHODRI S. LLOYD ET AVERY D. FAIGENBAUM LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : d’évaluer les éléments concernant la sécurité, l’efficacité et l’importance des exercices de musculation pour les enfants ; de cerner les différences liées au sexe dans la fonction musculaire et leurs implications pour les femmes ; de décrire les effets du vieillissement sur la santé musculo-squelettique et d’appréhender la capacité d’entraînement des personnes âgées ; d’expliquer pourquoi les adaptations aux exercices de musculation peuvent varier considérablement entre ces trois populations distinctes. L’exercice de musculation s’est avéré être une méthode sûre et efficace de préparation pour les personnes ayant divers besoins, objectifs et capacités. Bien qu’une grande partie de ce que nous comprenons au sujet du stimulus de l’exercice de musculation ait été acquise grâce à l’examen des réponses aiguës et chroniques des hommes adultes à divers protocoles d’entraînement, l’exercice de musculation pour les enfants, les femmes et les personnes âgées a reçu une attention publique et médicale croissante. Lors de la conception et de l’évaluation des programmes d’entraînement en musculation, les professionnels de la force et de la préparation physique doivent comprendre les différences liées à l’âge et au sexe dans la composition corporelle, la performance musculaire et la capacité d’entraînement, ainsi que leurs implications pour chaque individu. Dans le cadre de ce chapitre, l’exercice de musculation est défini comme une méthode spécialisée de conditionnement par laquelle un individu travaille contre un large éventail de charges résistives pour améliorer sa santé, sa forme physique et ses performances. Ce terme doit être distingué de l’haltérophilie, dans lequel les individus tentent de soulever des quantités maximales de poids en compétition, en particulier dans les exercices d’arraché et d’épaulé-jeté. Le terme « enfance » se réfère à une période de vie avant le développement des caractéristiques sexuelles secondaires (poils pubiens et organes reproducteurs), tandis que le terme « adolescence » se réfère à la période entre l’enfance et l’âge adulte. Pour une meilleure compréhension, le terme « jeune » (ou « jeune athlète ») désigne à la fois les enfants et les adolescents. Les termes « aîné » et « senior » ont été définis arbitrairement pour désigner les hommes et les femmes de plus de soixante-cinq ans. Dans ce chapitre, la force musculaire est exprimée sur une base absolue (force totale, mesurée en livres ou en kilogrammes) ou sur une base relative (rapport de la force absolue sur la masse corporelle totale, la masse maigre ou la coupe transversale musculaire). LES ENFANTS Avec l’intérêt croissant pour la musculation des jeunes, il est important pour les professionnels de la préparation physique de comprendre les principes fondamentaux de la croissance, de la maturation et du développement. Une compréhension de ces principes et une appréciation de la façon dont ils peuvent influencer les adaptations de l’entraînement et altérer l’interprétation des données de recherche sont essentielles pour le développement et l’évaluation de programmes d’entraînement en musculation sûrs et efficaces. L’entraînement des jeunes athlètes devenant de plus en plus intense et complexe, les facteurs anatomiques, physiologiques et psychosociaux qui peuvent être associés aux blessures aiguës et chroniques doivent également être pris en considération. L’ENFANT EN CROISSANCE Dans cette section, les termes « croissance », « développement » et « maturation » sont utilisés pour décrire les changements qui se produisent dans le corps tout au long de la vie. Le terme « croissance » fait référence à une augmentation de la taille du corps ou d’une partie du corps ; « développement » décrit la progression naturelle de la vie prénatale à l’âge adulte ; « maturation » se réfère au processus de devenir mature et pleinement fonctionnel. La puberté fait référence à une période pendant laquelle les caractéris- tiques sexuelles secondaires se développent. Il s’agit également du moment où l’enfant passe au stade de jeune adulte. Pendant la puberté, des changements se produisent également dans la composition corporelle et la performance des habiletés physiques, ces changements variant considérablement entre les individus. ※ ÂGE CHRONOLOGIQUE ET ÂGE BIOLOGIQUE En raison des variations considérables des taux de croissance et de développement, il n’est pas suffisamment précis de définir un stade de maturation ou de développement par âge en mois ou en années, ce qui est généralement appelé « âge chronologique ». Les enfants ne grandissent pas à un rythme constant et il existe des différences interindividuelles substantielles dans le développement physique à n’importe quel âge chronologique. Un groupe d’enfants de quatorze ans peut avoir une différence de taille pouvant aller jusqu’à vingt-trois centimètres, et une différence de poids allant jusqu’à dix-huit kilogrammes. De plus, une fille de onze ans peut être plus grande et plus physique qu’un garçon du même âge. Ces différences correspondent à des variations du moment, du rythme et de l’ampleur de la croissance pendant la puberté. La puberté peut débuter entre huit et treize ans chez les filles et entre neuf et quinze ans chez les garçons, les filles commençant généralement la puberté environ deux ans avant les garçons. Les stades de maturation ou de développement pubertaire peuvent être mieux évalués en fonction de l’âge biologique, mesuré en termes d’âge squelettique, de maturité somatique (physique) ou de maturation sexuelle. Par exemple, deux filles dans une équipe peuvent avoir le même âge chronologique mais différer de plusieurs années dans leur âge biologique. Une fille peut être sexuellement mature, tandis que l’autre ne commencera pas le processus de matu- ration sexuelle avant plusieurs années. Chez les filles, l’ap- parition des menstruations (règles) est un marqueur de la maturation sexuelle, tandis que chez les garçons, les indicateurs de maturité sexuelle les plus proches sont l’apparition de poils pubiens, de poils du visage et l’apparition d’une voix plus grave. L’évaluation de la maturation chez l’enfant est importante pour plusieurs raisons. Elle peut être utilisée pour évaluer les modèles de croissance et de développement chez les enfants. De plus, étant donné que le degré de maturation est lié aux mesures de la condition physique, y compris la force musculaire et les performances motrices, les techniques utilisées pour évaluer la maturation peuvent aider à garantir que les enfants sont plus équitablement appariés pour les tests de condition physique et la compétition sportive, par opposition à un regroupement par âge chronologique. Chez les enfants bien nourris, il n’y a aucune preuve scientifique que l’entraînement physique retarde ou accélère la croissance ou la maturation chez les garçons et les filles. De plus, les avantages ostéogéniques de l’activité physique, en particulier les activités avec port de poids qui génèrent des forces de compression, sont essentiels pour le remodelage et la croissance du squelette. La référence absolue pour déterminer la maturation biologique est l’évaluation de l’âge du squelette. Cette technique implique des radiographes qualifiés capables de comparer les radiographies d’un enfant aux radiographies de référence et d’en déterminer l’étendue de l’ossification des os du poignet gauche. L’ossification fait référence au processus de dépôt de nouveaux matériaux osseux par des cellules appelées « ostéoblastes ». Alors que l’âge du squelette fournit la forme d’évaluation de la maturité la plus précise et la plus fiable, les préoccupations concernant le coût, l’équipement spécialisé, les contraintes de temps et le besoin d’expertise spécifique en radiographie rendent la méthode irréaliste pour la plupart des praticiens travaillant avec les jeunes. Une autre méthode d’évaluation de l’âge biologique, conçue par Tanner, consiste à évaluer visuellement le développement de caractéristiques sexuelles secondaires identifiables : développement des seins chez les filles, développement génital chez les garçons et développement des poils pubiens chez les deux sexes. La classification de Tanner comporte cinq étapes : l’étape 1 représente l’état immature et préadolescent, l’étape 5 représente la maturité sexuelle complète. Alors que certaines limites méthodo- logiques sont apparentes avec la mise en scène de Tanner, sa plus grande contrainte réside dans la nature invasive de la procédure et les préoccupations inhérentes à la fois pour l’enfant et les parents. Par conséquent, cette technique ne doit pas être utilisée par des professionnels de la préparation physique et ne doit être effectuée, que si nécessaire, par des cliniciens qualifiés. Pour la plupart des praticiens, le moyen le plus réaliste et le plus réalisable d’estimer l’âge biologique est l’évaluation somatique. L’âge somatique reflète le degré de croissance de la stature globale ou des sous-dimensions plus petites du corps (longueur des membres). Les techniques disponibles pour le praticien comprennent l’analyse de la courbe de croissance longitudinale, les pour- centages et les prédictions de la taille à l’âge adulte, et la prédiction de l’âge à partir du pic de croissance rapidesoudaine (PCR-S), défini comme l’âge au taux de croissance maximal pendant la poussée de croissance pubertaire. Les mesures de la croissance sont relativement faciles à collecter, sont non invasives et nécessitent un équipement minimal. Dans certains cas, il peut être approprié de mesurer la croissance somatique tous les trois mois. La sensibilité aux différences individuelles de capacité, de compétence technique et d’expérience passée est particulièrement importante pour les enfants dans la salle de musculation. Une fille de quatorze ans à maturité précoce peut être prête à s’entraîner pour un sport tel que l’haltérophilie, tandis qu’un garçon de quatorze ans à maturité tardive n’est peut-être pas prêt pour les exigences d’un exercice de musculation intense. De plus, l’âge de l’entraînement d’un enfant (durée pendant laquelle l’enfant a suivi régulièrement un programme d’entraînement en musculation, formalisé et supervisé) peut influencer les adaptations à l’entraînement en musculation. L’ampleur du gain dans toute mesure liée à la force est affectée par la quantité d’adapta- tion qui s’est déjà produite. Par exemple, un enfant de douze ans ayant deux ans d’expérience en entraînement en musculation (âge d’entraînement de deux ans) peut ne pas obtenir les mêmes gains de force dans une période de temps donnée en comparaison d’un enfant de dix ans qui n’a aucune expérience de l’entraînement en musculation (âge d’entraînement égal à zéro). Il est également important pour les praticiens d’évaluer et de surveiller les compétences techniques des jeunes, car deux enfants ayant le même nombre d’années d’entraînement peuvent présenter des standards différents de compétences techniques et peuvent développer des compétences à des rythmes différents. Les professionnels de la préparation physique doivent reconnaître toutes ces variables et individualiser la conception du programme d’entraînement en fonction de la compétence technique, du nombre d’années d’entraînement et du niveau de maturité de chaque enfant. Lors de la création de tout programme d’entraînement de musculation des jeunes, les profession- nels de la force et de la préparation physique doivent également prendre en considération les besoins psychosociaux uniques de chaque enfant, puis concevoir, mettre en œuvre et réviser les programmes en fonction de ces besoins. Par exemple, le professionnel de la préparation physique doit utiliser différentes compétences interpersonnelles pour entraîner un enfant inexpérimenté avec un faible nombre d’années d’entraînement et un faible niveau de confiance en soi, contrairement à un adolescent expérimenté, ayant déjà développé des habiletés et chez qui il s’agit simplement d’un manque de motivation. Pendant la période de pic de croissance rapide-soudaine, les jeunes athlètes courent un risque accru de blessure. Il se produit généralement vers douze ans chez les femmes et quatorze ans chez les hommes. Pendant la poussée de croissance pubertaire, chez les enfants, les altérations du centre de gravité, les déséquilibres musculaires et le resserrement relatif des unités muscle-tendon s’étendant sur des os à croissance rapide sont des facteurs de risque potentiel de blessure, due à une trop grande sollicitation. Les professionnels de la préparation physique peuvent avoir besoin de modifier les programmes d’entraînement (renforcer les schémas de mouvement de haute qualité, cibler les restrictions de souplesse, corriger les déséquilibres musculaires, diminuer le volume ou l’intensité (ou les deux) de l’entraînement) pendant les périodes de croissance rapide. Si un jeune athlète se plaint de douleur ou d’inconfort lors d’une poussée de croissance, le professionnel doit envisager la possibilité d’une blessure due à une surutilisation plutôt que de qualifier ces plaintes de « douleurs de croissance » et, en consultation avec les parents ou les tuteurs de l’enfant, orienter l’enfant vers un médecin. ※ CROISSANCE MUSCULAIRE ET OSSEUSE À mesure que les enfants grandissent, la masse muscu- laire augmente régulièrement tout au long des années. À la naissance, environ 25 % du poids corporel d’un enfant est constitué de masse musculaire, pour atteindre 40 % à l’âge adulte. Pendant la puberté, une augmentation marquée des concentrations hormonales (testostérone, hormone de croissance et facteur de croissance semblable à l’insuline) chez les garçons entraîne une augmentation marquée de la masse musculaire et un élargissement des épaules tandis que, chez les filles, une augmentation de la production d’œs- trogènes entraîne une augmentation des dépôts de graisse, le développement des seins et l’élargissement des hanches. Bien que la masse musculaire chez les filles continue d’augmenter pendant l’adolescence, l’augmentation se produit à un rythme plus lent que chez les garçons en raison des différences hormonales. Tout au long de cette période, l’augmentation de la masse musculaire chez les deux sexes est due à l’hypertrophie des fibres musculaires individuelles et non à l’hyperplasie. La masse musculaire maximale se développe entre seize et vingt ans chez les femmes et entre dix-huit et vingt-cinq ans chez les hommes, sauf si elle est affec- tée par des exercices de musculation, un régime ou les deux. La majorité de la formation osseuse se produit dans la diaphyse (centre d’ossification primaire), qui est l’arbre cen- tral d’un os long, et dans le cartilage de croissance (centre d’ossification secondaire), qui est situé dans trois sites chez l’enfant : le cartilage de conjugaison plaque (croissance), la surface articulaire et les insertions apophysaires des unités muscletendon. Lorsque le cartilage de conjugaison est complètement ossifié, les os longs cessent de croître (figure 7.1). Bien que les os commencent généralement à fusionner au début de l’adolescence, les filles atteignent généralement leur pleine maturité osseuse environ deux à trois ans avant les garçons. L’âge réel varie considérablement, mais la plupart des os sont fusionnés au début de la vingtaine. Une préoccupation particulière chez les enfants est la vulnérabilité du cartilage de croissance face aux traumatismes et à la surutilisation. Des blessures au cartilage de croissance peuvent perturber l’apport sanguin et nutritif des os et entraîner des troubles de la croissance permanents (mauvais développement squelettique, surcroissance du squelette ou désalignement osseux). Un traumatisme dû à des chutes ou à un stress répétitif excessif pouvant entraîner une déchirure ligamentaire chez un adulte peut provoquer une fracture du cartilage de conjugaison chez un enfant. Étant donné que l’incidence maximale des fractures du cartilage de conjugaison chez les enfants se produit à peu près au moment du pic de croissance rapide-soudaine, il semble qu’un préadolescent soit moins sujet à un risque de fracture du cartilage de conjugaison qu’un adolescent soumis à une poussée de croissance. Il a été suggéré que les cartilages de conjugaison chez les plus jeunes peuvent être plus forts et plus résistants aux forces de cisaillement, probablement à l’origine de lésions ducartilage de croissance. Le risque de blessure du cartilage pendant l’entraînement en musculation est abordé plus loin dans ce chapitre. Le cartilage de croissance chez les enfants est situé au niveau du cartilage de conjugaison de la surface articulaire et des insertions apophysaires. Les blessures du cartilage de croissance peuvent entraver la croissance et le développement de l’os affecté. Cependant, ce risque peut être réduit par la qualité de l’exécution technique d’un exercice, par une progression sensible des charges d’entraînement et un accompagnement adapté réalisé par des professionnels qualifiés. ※ ÉVOLUTION DE LA FORCE MUSCULAIRE À mesure que la masse musculaire augmente pendant la préadolescence et l’adolescence, il y a une augmentation de la force musculaire. En fait, les courbes de croissance de la force sont similaires à celles de la masse corporelle. Chez les garçons, les gains de force maximaux se produisent généralement environ 1,2 an après le pic de croissance en taille et 0,8 an après le pic de croissance en poids, le poids corporel étant l’indicateur le plus clair. Ce schéma suggère que pendant les périodes de croissance rapide, le muscle augmente d’abord en masse et plus tard dans sa capacité à exprimer et à atténuer des niveaux élevés de force. Cela se reflète dans une métaanalyse récente montrant que les adolescents ont pu atteindre des augmentations de force musculaire qui étaient près de 50 % supérieures à celles des enfants. Chez les filles, les gains de force maximaux se produisent généralement après le pic de vitesse, bien qu’il y ait plus de variation individuelle dans la relation entre la force, la taille et le poids corporel pour les filles que pour les garçons. Bien que la force des garçons et des filles soit presque égale pendant la préadolescence, les différences hormonales pendant la puberté sont responsables de l’accélération des gains de force des garçons et d’un plateau général dans le développement de la force des filles pendant l’adolescence. En moyenne, la force maximale est généralement atteinte à vingt ans chez les femmes non formées et entre vingt et trente ans chez les hommes non formés. Un facteur important lié à l’expression de la force musculaire chez l’enfant est le développement du système nerveux. Si la myélinisation des fibres nerveuses (motoneurones) est absente ou incomplète, des réactions rapides et des mouvements qualifiés ne peuvent pas être effectués avec succès, et des niveaux élevés de force et de puissance sont impossibles à produire. Alors que le système nerveux continue de se développer avec l’âge, les enfants améliorent leurs performances dans des habiletés qui nécessitent équilibre, agilité, force et puissance. Étant donné que la myélinisation de nombreux motoneurones est incomplète jusqu’à la maturité sexuelle, les enfants ne sont pas censés répondre à l’entraînement de la même manière ou atteindre le même niveau de compétence que les adultes tant qu’ils n’ont pas atteint leur pleine maturité neuronale. Parce que les fonctions physiologiques sont plus étroitement liées à l’âge biologique qu’à l’âge chronologique, à tout moment, un enfant à maturité précoce a probablement un avantage dans les mesures de force absolue par rapport à un enfant de même sexe à maturation plus tardive, ayant moins de masse musculaire. Vers la fin de l’adolescence, le type de corps des jeunes à maturité précoce a tendance à être mésomorphe (épaules musclées et plus larges) ou endomorphe (hanches plus rondes et plus larges), tandis que ceux à maturité tardive ont tendance à être ectomorphes (minces et grands). De toute évidence, les différences physiques dans les proportions corporelles peuvent affecter l’exécution des exercices de musculation. Par exemple, les bras courts et une grande cavité thoracique sont un avantage biomécanique dans les exercices de compression du haut du corps, tandis que de longues jambes et un torse allongé sont un inconvénient dans les mouvements de flexion. Ces facteurs ont des implications pour les professionnels de la préparation physique qui tentent de normaliser les tests de condition physique ou d’élaborer un programme d’entraînement en musculation pour un groupe de garçons et de filles dont la taille physique varie considérablement. Il convient de noter que, pour des tests ou pour un entraînement, le praticien devrait utiliser des appareils de musculation de taille enfant ou des exercices utilisant le poids corporel, des médecine-ball, des bandes élastiques, des haltères ou des poids libres. Les objectifs des programmes d’entraînement individualisés doivent être expliqués à tous les participants, et un encouragement spécial doit être apporté à ceux qui ont une maturité tardive et qui pourraient être plus petits et plus faibles que des enfants ayant le même âge chronologique mais une maturité biologique plus avancée. Bien que les enfants à maturité tardive aient tendance à rattraper les plus précoces au cours de l’adolescence, les jeunes athlètes doivent comprendre que de nombreux facteurs, comme la motivation, l’entraînement et les qualités innées contribuent au succès dans le sport. MUSCULATION POUR LES JEUNES Les cliniciens, les entraîneurs et les scientifiques de l’exercice conviennent maintenant que l’exercice de musculation peut être une méthode sûre et efficace pour entraîner les enfants. Un nombre croissant de garçons et de filles participent à des activités d’entraînement en musculation, et les principales organisations de médecine sportive soutiennent la participation des enfants à une gamme d’exercices de musculation, à condition que les programmes soient cor- rectement conçus et supervisés par des professionnels qualifiés. Les normes nationales et les résultats scolaires en éducation physique intègrent des lignes directrices et des recommandations qui reconnaissent l’importance des activités de remise en forme améliorant la force musculaire et osseuse. Il est impératif que les professionnels se souviennent que les enfants ne sont pas des adultes miniatures. Peu importe la taille ou la force d’un enfant, les enfants sont physiquement moins matures et font souvent des activités d’entraînement pour la toute première fois. Les enfants doivent commencer l’entraînement en musculation à un niveau qui correspond à leur maturité, leurs capacités physiques et leurs objectifs individuels. Les programmes pour adultes et leurs philosophies d’entraînement ne doivent pas être appliqués aux populations plus jeunes. Dans de tels cas, l’intensité et le volume de l’entraînement sont souvent trop intenses et la récupération entre les séances d’entraînement est insuffisante pour permettre l’adaptation. En initiant les enfants aux activités d’entraînement en musculation, il est toujours préférable de sous-estimer leurs capacités physiques et d’augmenter progressivement le volume et l’intensité de l’entraînement plutôt que de surestimer leurs capacités et de risquer des blessures ou des impacts négatifs sur leur santé à long terme. ※ RÉACTIVITÉ DES ENFANTS À LA MUSCULATION Une grande partie de la controverse entourant l’entraînement en musculation des jeunes provenait de la question de la capacité d’entraînement des enfants, c’est-à-dire de la réactivité des enfants au stimulus des exercices de musculation. Les premières études n’ont pas réussi à démontrer une augmentation de la force chez des préadolescents qui ont participé à un programme d’entraînement en musculation. Bien que l’absence de résultats significatifs dans ces études puisse s’expliquer par des lacunes méthodologiques, telles qu’une courte durée d’étude, un volume ou une intensité d’entraînement inadéquats, les résultats de ces rapports sont parfois cités comme des preuves que l’entraînement en musculation est inefficace chez les enfants. Comme indiqué précédemment, la force musculaire augmente normalement dès l’enfance et tout au long de l’adolescence ; ainsi, une interprétation plus appropriée de ces rapports peut être que les gains induits par l’entraînement d’un programme d’entraînement de courte durée, de faible volume et de faible intensité ne se distinguent pas des gains attribuables à une croissance et une maturation normales. D’autres recherches ont clairement démontré que les garçons et les filles peuvent augmenter la force musculaire au-delà de celle attribuée à la croissance et à la maturation, à condition que l’intensité et le volume d’entraînement soient adéquats. Des enfants ayant bénéficié dès l’âge de cinq ans d’un entraînement en musculation ont pu démontrer que diverses modalités d’entraînement pouvaient être efficaces. Alors que des gains dans une plage de force maximale d’environ 10 % à 90 % ont été rapportés dans la littérature, des gains de force d’environ 30 % à 40 % sont généralement observés chez des enfants préadolescents non formés après des programmes de musculation de courte durée (huit à vingt semaines). Cependant, après la période d’adaptation initiale, le taux de variation des gains de force sera atténué à mesure que les jeunes s’adapteront au programme d’entraînement, soulignant ainsi la nécessité d’un entraînement continu et progressif. La variabilité du gain de force peut être due à plusieurs facteurs, notamment l’âge biologique de l’enfant, la conception du programme, la qualité de l’enseignement et le niveau de base de l’activité physique. Les enfants qui participent à des programmes d’entraînement en musculation sont susceptibles de subir des périodes d’entraînement réduit ou d’inactivité au regard de facteurs variés comme la planification, les longs voyages, les contraintes horaires, les blessures, la participation à plusieurs sports ou la baisse de motivation. Cette réduction, ou retrait temporaire, du stimulus d’entraînement est appelée « désentraînement ». Chez les enfants, contrairement aux adultes, l’évaluation des changements de force pendant la phase d’affûtage est compliquée par les augmen- tations de force liées à la croissance au cours de la même période. Néanmoins, les données suggèrent que les gains de force induits par l’entraînement chez les enfants ne sont pas permanents et ont tendance à revenir aux valeurs du groupe témoin non entraîné pendant la période de récupération. Une étude met en avant que la participation à des cours d’éducation physique et à des rencontres sportives tout au long d’une période d’entraînement n’a pas mainte- nu les gains de force induits par l’entraînement des préado- lescents. Dans une autre étude comparant les effets d’un entraînement d’un et deux jours par semaine sur les enfants, les participants qui s’entraînaient seulement une fois par semaine étaient en moyenne à 67 % des gains de force des participants qui s’entraînaient deux fois par semaine. Alors qu’un récent examen a suggéré que l’augmentation de la fréquence d’entraînement est liée à un plus grand effet de l’entraînement en force chez les jeunes, cette constatation doit être considérée à la lumière des nombreux autres engagements que les jeunes peuvent avoir (calendrier des compétitions, travail scolaire, temps pour interagir avec leurs pairs). Collectivement, ces résultats soulignent l’importance de l’entraînement continu pour maintenir l’avantage en force induit par l’exercice chez les enfants. Bien que les mécanismes précis responsables de la réponse du désentraînement restent flous, il semble probable que les changements dans le fonctionnement neuromusculaire en soient, au moins en partie, responsables. Fait intéressant, des recherches récentes suggèrent que l’effet du désentraînement peut ne pas être homogène, avec différentes qualités neuromusculaires chez les jeunes enfants montrant des réponses différentes après l’arrêt d’un programme d’entraînement. Les changements dans l’hypertrophie musculaire peuvent contribuer de manière significative aux gains de force induits par l’entraînement chez les adolescents et les adultes, mais il est peu probable que l’hypertrophie musculaire soit principalement responsable des gains de force induits par l’entraînement (au moins jusqu’à vingt semaines) chez les préadolescents. Bien que certaines études contredisent cette suggestion, les préadolescents semblent éprouver plus de difficultés à augmenter leur masse musculaire grâce à un programme d’entraînement en musculation en raison de niveaux inadéquats d’hormones circulantes (testostérone, hormone de croissance, facteur de croissance analogue à l’insuline). Chez les garçons et les filles préadolescents, la concentration de testostérone se situe entre 20 et 60 ng/100 ml. En revanche, pendant l’adolescence, les niveaux de testostérone chez les hommes augmentent jusqu’à environ 600 ng/100 ml tandis que les niveaux chez les femmes restent inchangés. Il semble que les préadolescents aient plus de potentiel d’augmenter la force en raison de facteurs neuronaux, tels que l’augmentation de l’activation et de la synchronisation de l’unité motrice, ainsi que l’amélioration du recrutement et de la fréquence de décharge de l’unité motrice. Il a également été suggéré que les adaptations musculaires intrinsèques, l’amélioration des performances motrices et la coordination des groupes musculaires impliqués pourraient être en partie responsables des gains de force induits par l’entraînement chez les préadolescents. Cependant, on ne peut affirmer sans preuve que l’entraînement en musculation n’entraîne pas d’hypertrophie musculaire chez les préadolescents, car il est possible que des études de plus longue durée, des volumes d’entraînement plus élevés et des techniques de mesure plus précises (imagerie informatisée) puissent être nécessaires pour découvrir une potentielle hypertrophie musculaire induite par l’entraînement chez les jeunes qui suivent un programme d’entraînement en musculation. De plus, à mesure que l’angle de pénétration des fibres musculaires augmente avec l’âge (seize ans), il n’est pas certain que l’entraînement en musculation puisse modifier les propriétés architecturales du muscle sans apporter de changements substantiels dans la section transversale musculaire globale. Cependant, pendant et après la puberté, les gains de force induits par l’entraînement sont généralement associés à des gains d’hypertrophie musculaire dus aux influences hormonales. Bien que des niveaux inférieurs de testostérone chez les adolescentes limitent l’ampleur des augmentations induites par l’entraînement de l’hypertrophie musculaire, d’autres hormones et facteurs de croissance (hormone de croissance et facteur de croissance analogue à l’insuline) peuvent être au moins en partie responsables de leur développement musculaire. La figure 7.2 met en évidence les facteurs qui contribuent au développement de la force musculaire, à savoir la masse maigre, les concentrations de testostérone, le développement du système ner- veux et la différenciation des fibres musculaires à contraction rapide et à contraction lente. Les garçons et les filles préadolescents peuvent considérablement améliorer leur force au-delà de la croissance et de la maturité avec un entraînement en musculation. Les facteurs neurologiques, par opposition aux facteurs hypertrophiques, sont principalement responsables de ces gains. ※ BÉNÉFICES POTENTIELS En plus d’augmenter la force musculaire, la puissance et l’endurance musculaire, la participation régulière à un programme d’entraînement de musculation des jeunes peut potentiellement influencer de nombreuses autres mesures liées à la santé et à la forme physique. L’exercice de musculation peut modifier favorablement certains paramètres anatomiques et psychosociaux, réduire les blessures dans les activités sportives et récréatives et améliorer les habiletés motrices et les performances sportives. D’un point de vue clinique, il a été signalé qu’une participation régulière à un programme d’entraînement en musculation peut entraîner une diminution de la graisse corporelle, une amélioration de la sensibilité à l’insuline et une amélioration de la fonction cardiaque chez les enfants et adolescents obèses. Les indicateurs de l’activité physique des jeunes dans le monde sont mauvais, ce qui suggère qu’il existe des preuves répandues d’une crise de l’activité physique. Les enfants obèses ou ceux qui mènent une vie sédentaire (qui prennent un bus pour l’école, regardent la télévision ou jouent à des jeux informatiques après l’école et le week-end) ne peuvent pas pratiquer une à deux heures d’entraînement sportif quatre ou cinq jours par semaine. Les résultats actuels fondés sur des données collectées dans 183 pays indiquent qu’entre 1980 et 2013, la prévalence des enfants avec un indice de masse corporelle ≥ 25 kg/m2 a considérablement augmenté dans les pays développés et en développement. Aux États-Unis en particulier, les données de 2011 et 2012 montrent que 16,9 % (intervalle de confiance à 95 %, 14,9-19,2 %) des jeunes américains âgés de deux à dix-neuf ans étaient obèses, et bien que les données sur la prévalence infantile semblent stagner, le nombre de jeunes enfants actuellement obèses ou en surpoids reste élevé. Bien que le traitement de l’obésité infantile soit complexe, il semble que les jeunes obèses apprécient l’entraînement en musculation, car il n’est pas aérobie et permet à chacun de réussir et de se sentir bien dans leur performance. En plus de la forte prévalence de l’obésité infantile, d’autres tendances séculaires de la forme musculaire chez les jeunes sont préoccupantes pour ceux qui pratiquent un sport organisé ou une activité récréative. Par exemple, la recherche indique qu’au sein de divers groupes de jeunes enfants, la gamme de mesures de la force musculaire (suspension à la barre fixe bras pliés, force de préhension) et des habiletés motrices diminuent ces derniers temps. Par conséquent, alors que tous les jeunes athlètes en devenir bénéficieront probablement d’une préparation comprenant un entraînement en musculation, il semble que ceux qui pourraient en bénéficier le plus soient ceux qui sont le moins en forme pour commencer. Bien que l’entraînement en musculation n’affecte pas le maximum génotypique, il a probablement une influence favorable sur la croissance à n’importe quel stade de développement, tant que les directives appropriées sont suivies. En fait, il a été démontré que la participation régulière à un programme d’entraînement comprenant de la musculation et des activités physiques avec charges additionnelles améliore la densité minérale osseuse chez les enfants et les adolescents. À l’appui de ces observations, il a été signalé que les adolescents haltérophiles d’élite qui s’entraînent régulièrement avec des poids lourds, tout en effectuant des exercices multi-articulaires, affichent des niveaux de densité osseuse bien supérieurs aux valeurs de référence de leur âge. Ces résultats peuvent être particulièrement importants pour les filles qui présentent un risque accru de développer une ostéoporose plus tard, un état clinique caractérisé par une faible masse osseuse et une sensibilité accrue aux fractures. Il a également été suggéré que la participation régulière à un programme de conditionnement de présaison comprenant un entraînement de musculation peut augmenter la résistance d’un jeune athlète aux blessures. Chaque année, aux États-Unis, des millions de blessures surviennent au cours de la pratique sportive chez les enfants et les adolescents, et il a été estimé que plus de 50 % des blessures de surentraînement subies par les enfants pourraient être évitées grâce à des approches simples comme la formation des entraîneurs, l’amélioration de la phase préparatoire et le fait de retarder la spécialisation. Les professionnels de la préparation physique peuvent jouer un rôle central dans la préparation des jeunes athlètes au sport et ainsi minimiser ou compenser l’incidence et la gravité des blessures liées au sport chez les jeunes athlètes. Dans de nombreux cas, les jeunes d’aujourd’hui qui prennent part à des activités sportives organisées sont inaptes et mal préparés à répondre aux exigences du sport de leur choix. Même si certains entraîneurs soutiennent que la spécialisation sportive précoce est la clé du succès, les jeunes qui pratiquent un seul sport ou se spécialisent sur un seul poste à un âge précoce courent probablement un risque accru de développer des déséquilibres musculaires, des blessures liées au surentraînement et à l’épuisement. De plus, il semble que la spécialisation tardive et la participation à une variété de sports et d’activités pendant les jeunes années soient corrélées à la réussite sportive à un âge plus avancé. Bien que l’élimination totale des blessures sportives chez les jeunes soit un objectif irréaliste, l’incorporation d’un entraînement de musculation à un programme de fitness en présaison pour les jeunes pourrait aider le jeune athlète à mieux gérer la durée et l’ampleur des forces imprévues qui se développent dans les situations d’entraînement et de jeu. En raison des différences individuelles de tolérance au stress, l’intensité de l’entraînement en musculation, le volume et le taux de progression doivent être soigneusement prescrits, car cette forme d’entraîne- ment s’ajoute au stress répétitif chronique imposé au système musculo-squelettique jeune. Une progression et une variation de programme appropriées optimiseront les gains, éviteront l’ennui et réduiront le stress pouvant entraîner un surentraînement. De plus, des stratégies de récupération bien planifiées (bonne utilisation du froid en récupération, un repas ou une collation après l’exercice et un sommeil adéquat) peuvent aider à maximiser les adaptations à l’entraînement. Par exemple, la recherche montre que les jeunes athlètes ont réagi plus favorablement à une combinaison de récupération active et de thérapie à l’eau froide par rapport aux régimes postcompétition passifs, y compris l’éti- rement et l’élévation des jambes. Étant donné que de nombreux sports nécessitent une force ou une puissance importantes, il est intéressant de supposer que l’entraînement en musculation améliorera les performances athlétiques. Bien que les commentaires des parents et des enfants soutiennent cette affirmation, les rapports scientifiques sur cette question sont limités. Des améliorations de certaines habiletés motrices, comme le saut en longueur, le saut vertical, le sprint sur trente mètres et la course d’agilité ont été observées chez des enfants qui ont participé à un programme d’entraînement en muscula- tion d’une durée de huit à vingt semaines. Bien que seuls quelques rapports aient fourni des évaluations directes des effets de l’entraînement en musculation des jeunes sur la performance sportive, un programme progressif entraînera très probablement une certaine amélioration de la performance sportive des jeunes athlètes. ※ RISQUES ET PRÉOCCUPATIONS POTENTIELS Les programmes de musculation des jeunes correctement prescrits sont relativement sûrs par rapport aux autres sports et activités auxquels les enfants et les adolescents participent régulièrement. Paradoxalement, il semble que les forces exercées sur les articulations des jeunes athlètes lors de la pratique d’un sport soient bien plus importantes et plus difficiles à anticiper que celles générées par les programmes d’entraînement en musculation. La croyance selon laquelle la musculation est dangereuse pour les enfants n’est pas cohérente avec les besoins des enfants et les risques associés à ce type d’entraînement. Des enfants se blessent en salle de musculation, mais ces blessures sont plus susceptibles d’être accidentelles et surviennent généralement dans des cas où les niveaux de supervision et d’instruction, les compétences techniques et les charges d’entraînement sont inappropriés. Cela met en évidence la nécessité pour les professionnels de la préparation physique de respecter les consignes de sécurité lorsqu’ils travaillent avec des populations plus jeunes. Bien que des fractures de la plaque épiphysaire aient été signalées chez des adolescents qui suivaient un programme d’entraînement en musculation, ces rapports étaient des études de cas et impliquaient généralement des exercices consistant à soulever des charges lourdes dans des environnements non sécurisés. Aucune étude prospective sur la musculation des jeunes respectant des principes d’entraînement établis n’a rapporté de fracture de la plaque épiphysaire. Il convient de noter que les tests de répétition maximale (1RM) chez les enfants et les adolescents se sont révélés sûrs, à condition que les procédures encadrant ce test soient appropriées (période d’échauffement adéquate, progression individuelle des charges et surveillance étroite). Si les enfants et les adolescents apprennent à s’entraîner correctement et à bien comprendre les directives et les procédures d’entraînement en musculation, le risque de fracture de la plaque épiphysaire est minime. COMMENT POUVONS-NOUS RÉDUIRE LE RISQUE DE BLESSURE LIÉE AU SURENTRAÎNEMENT CHEZ LES JEUNES ? Avant de participer à une activité sportive (de façon compétitive ou en loisir), les enfants et les adolescents doivent être évalués par un médecin spécialisé en médecine du sport afin d’identifier l’existence de tout problème médical. Les parents doivent être informés sur les avantages et les risques du sport de compétition et doivent comprendre l’importance de la préparation physique pour les jeunes athlètes. Les enfants et les adolescents doivent être encouragés à participer à des programmes d’entraînement à long terme, avec suffisamment de temps pour récupérer entre les saisons sportives afin de les préparer convenablement aux exigences du sport et des activités physiques. Les programmes d’entraînement doivent être multidimensionnels, incorporant des éléments de l’entraînement en résistance, des habiletés motrices fondamentales, de la vitesse, du développement pliométrique, de l’agilité et de la stabilisation dynamique. De plus, ces programmes doivent varier en type, en volume et en intensité tout au long de l’année pour répondre aux besoins spécifiques de chaque enfant. Les jeunes entraîneurs doivent mettre en œuvre des stratégies de récupération bien planifiées entre les entraînements intenses et les compétitions, afin de maximiser la récupération et permettre la crois- sance et les processus de maturation. Cette approche doit aider à réduire les risques de surentraînement et d’épuisement professionnel chez les jeunes. Tous les jeunes doivent adopter de saines habitudes de vie (nutrition, hydratation et qualité de sommeil appropriées). Les jeunes entraîneurs sportifs doivent participer à des programmes de développement professionnel continu pour en savoir plus sur le conditionnement, les compétences sportives, les règles de sécurité, l’équipement, les besoins psychosociaux des enfants et la physiologie de la croissance et du développement. Les entraîneurs doivent soutenir et encourager tous les enfants et adolescents à participer, mais ne doivent pas trop les forcer à performer à un niveau supérieur à leurs capacités. Le bien-être des enfants doit à tout moment rester la priorité. Dans la plupart des sports, les enfants doivent être encouragés à participer à une variété de sports et d’activités et à retarder la spécialisation sportive l’adolescence si possible. précoce jusqu’à CONSIDÉRATIONS RELATIVES À LA CONCEPTION DU PROGRAMME POUR LES ENFANTS Il est important de considérer l’entraînement en muscula- tion comme faisant partie d’un programme d’exercices bien équilibré pour un enfant qui aborde également d’autres objectifs sportifs. Bien qu’il n’y ait pas d’âge minimum requis pour participer à un programme de musculation, les enfants doivent avoir la maturité émotionnelle pour recevoir et suivre les instructions, et l’envie d’essayer ce type d’activité. Un examen médical préalable à l’entraînement n’est pas obligatoire pour les enfants apparemment en bonne santé. Cependant, tous les participants doivent être soumis à un dépistage de toute blessure ou maladie qui pourrait limiter ou empêcher la participation en toute sécurité à un programme d’entraînement en musculation. Les objectifs des programmes de musculation des jeunes ne doivent pas se limiter uniquement à rechercher une augmentation de la force musculaire, mais également inclure un apprentissage des notions de base en matière d’anatomie, afin de promouvoir un intérêt pour l’activité physique, enseigner les règles de bonne conduite dans la salle de musculation et viser à procurer de l’enthousiasme chez l’enfant. Il semble probable que les enfants qui aiment participer à des activités physiques et sportives sont plus susceptibles d’être actifs au cours de leur vie. La qualité de l’enseignement et le taux de progression sont deux importants sujets de préoccupation dans l’élaboration de programmes de musculation pour les jeunes. Les professionnels de la préparation physique doivent avoir une compréhension approfondie des directives de l’entraînement en musculation des jeunes, une volonté de démontrer une technique d’exercice appropriée et les compétences pédagogiques requises pour parler avec les enfants à un niveau qu’ils comprennent. Les professionnels devraient minimiser la compétition entre les participants et se concentrer sur la bonne technique au lieu de la quantité de poids soulevé. L’utilisation de journaux d’entraînement personnalisés peut aider chaque enfant à comprendre le concept de progression individuelle. Bien que l’augmentation de la résistance ou du nombre d’exercices soit nécessaire pour réaliser des gains continus, cela ne signifie pas que chaque session doit être plus intense ou plus volumineuse que la précédente. Bien qu’il soit important de maintenir le programme stimulant, les enfants doivent avoir la possibilité de développer une forme et une technique appropriées. Lorsque vous travaillez avec des jeunes, il est important de se concentrer sur des facteurs intrinsèques tels que l’amélioration des compétences, les succès personnels et le plaisir. Bien que seules des données limitées soient disponibles concernant la relation entre les répétitions et les pourcentages sélectionnés de la 1RM chez les enfants, il semble que le nombre de répétitions pouvant être effectuées à un pourcentage donné de 1RM soit spécifique à l’exercice donné. Ainsi, le seuil de force minimal, lorsqu’il est exprimé en pourcentage de 1RM, peut varier entre les groupes musculaires, probablement en raison de la quantité de masse musculaire impliquée à chaque exercice. Alors que les praticiens ont utilisé en toute sécurité les tests 1RM pour déterminer les niveaux de force chez les jeunes dans les milieux de recherche et les environnements sportifs, lorsque cela n’est pas possible (peut-être en raison de limite de temps, de la taille des classes ou d’un manque d’expertise des entraîneurs), d’autres moyens d’évaluer la force sont disponibles. Les professionnels de la force et de la préparation physique peuvent utiliser des équations prédictives qui estiment les charges de 1RM à partir de multiples répétitions sous- maximales (5RM ou 10RM). Cependant, de telles approches peuvent exposer l’enfant à un risque accru en raison des effets fatigants cumulatifs des répétitions multiples sur la forme technique. Afin d’obtenir une mesure de substitution de la force musculaire sans utiliser de schémas maximaux de répétition, les praticiens pourraient utiliser des mesures fondées sur le terrain de différents protocoles de saut (saut vertical ou saut en longueur) ou de la force de préhension, car ces mesures ont été significativement corrélées aux valeurs 1RM chez les jeunes. Quel que soit le protocole de test de force utilisé, l’enfant ou l’adolescent doit être en mesure de démontrer et de maintenir une compétence technique correcte tout au long du test, sous l’œil attentif d’un professionnel qualifié. Des exercices multi-articulaires avancés tels que l’arraché et l’épaulé-jeté peuvent être incorporés au programme d’un enfant au moment approprié (à la fin de la progression de la force fondamentale et de la technique), mais l’objectif principal doit être de développer une forme et une technique appropriées. Une mauvaise technique peut exercer un stress anormal sur les tissus musculo-squelettiques et entraîner des blessures. La résistance doit être abaissée si une technique d’exercice appropriée ne peut pas être maintenue. Lors de l’apprentissage de nouveaux exercices, les enfants doivent apprendre les bons gestes techniques en utilisant un haltère non chargé, un long bâton en bois ou en PVC. L’importance d’une rétroaction correcte, fournie au bon moment et de la bonne manière, ne doit pas être surestimée à ce stade du développement pour assurer la facilitation du développement des compétences. La formation des jeunes devrait impliquer la notation et l’évaluation régulières de la performance technique des différents exercices par un observateur qualifié, par opposition à une simple évaluation des mesures de performance (charge levée ou vitesse de mouvement). Une telle approche peut être utilisée pour éduquer continuellement les jeunes haltérophiles à la bonne technique d’exercice, sensibiliser aux défauts techniques courants et fournir aux entraîneurs et aux enseignants un outil pour évaluer l’apprentissage pendant la pratique ou l’éducation physique. Un résumé des lignes directrices de l’entraînement en résistance des jeunes est présenté dans l’encadré. LIGNES DIRECTRICES POUR L’ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION DES JEUNES Chaque enfant doit comprendre les avantages et les risques associés à l’entraînement en musculation. Des professionnels compétents et particulièrement attentifs doivent concevoir et superviser les séances d’entraînement. L’environnement doit être sûr et exempt de danger, et l’équipement doit être de taille appropriée pour s’adapter à chaque enfant. Des exercices d’échauffement dynamiques doivent être effectués avant l’entraînement en musculation. Le cas échéant, des exercices d’étirement statique doivent être effectués après un entraînement en musculation. Surveillez attentivement la tolérance de chaque enfant au stress de l’exercice. Commencez par des charges légères pour permettre les ajustements appropriés. Augmentez progressivement la charge (5 % à 10 %) à mesure que la technique et la force s’améliorent. Selon les besoins et les objectifs individuels, une à trois séries de six à quinze répétitions sur une variété d’exercices simples et multiarticulaires peuvent être effectuées. Des exercices multi-articulaires avancés, tels que l’arraché et l’épaulé-jeté, peuvent être intégrés au programme, à condition que les charges appropriées soient utilisées et que les compétences techniques restent un résultat clé. Deux ou trois sessions d’entraînement non consécutives par semaine sont recommandées, sauf pour les jeunes ayant plus l’habitude de s’entraîner, qui peuvent participer à des séances de musculation plus fréquentes. Si nécessaire, des observateurs adultes doivent être à proximité pour aider activement l’enfant en cas d’échec au cours d’une répétition. Le programme d’entraînement en musculation doit être systématiquement périodisé tout au long de l’année pour garantir que l’enfant ou l’adolescent soit exposé à un stimulus d’entraînement séquentiel et varié avec un repos et une récupération adéquats entre les cycles d’entraînement. (Adapté, avec la permission, de A. Faigenbaum et al., 1996, « Revue des textes et articles dédiés à l’entraînement en résistance chez les jeunes », Strength and Conditioning) LES FEMMES Les femmes qui participent régulièrement à des activités de musculation peuvent améliorer leur santé, réduire leur risque de maladie dégénérative (ostéoporose) et leur taux de blessure, améliorer leurs performances sportives globales. Alors que, dans le passé, les femmes pouvaient avoir remis en question la valeur de l’entraînement en résistance, ou même éviter ce type d’exercice, en raison de la stigmatisation sociale, les preuves indiquent clairement que les femmes sont capables de tolérer et de s’adapter aux contraintes de la musculation et que les avantages sont substantiels. De plus, pour améliorer la santé et la forme physique, mais aussi pour réduire les taux de blessure, il est maintenant suggéré que l’entraînement en musculation est une composante essentielle de tout programme d’entraînement suivi par des femmes. DIFFÉRENCES ENTRE LES SEXES Les professionnels de la préparation physique doivent comprendre les différences liées au sexe dans le physique, la composition corporelle et les réponses physiologiques à l’exercice de musculation lors de la conception et de l’évaluation des programmes de musculation pour les femmes. Une compréhension de ces différences et des domaines de préoccupation propres aux athlètes féminines peut aider à optimiser les performances et à réduire le risque de blessure liée au sport. ※ TAILLE ET COMPOSITION CORPORELLE Avant la puberté, il n’y a pratiquement aucune différence de taille, de poids et de taille corporelle entre les garçons et les filles. À mesure que la puberté commence et progresse, les écarts anthropométriques liés au sexe deviennent plus évidents, principalement en raison des changements hormonaux. Pendant la puberté, la production d’œstrogènes chez les filles augmente le dépôt de graisse et le développement des seins, tandis que la production de testostérone chez les garçons augmente la formation osseuse et la synthèse des protéines. Bien que l’œstrogène stimule également la croissance osseuse, les garçons ont une période de croissance plus longue et commencent la puberté à un stade ultérieur, avec une tendance à atteindre, une fois adultes, une plus grande stature globale que les femmes. En moyenne, les femmes adultes ont tendance à avoir plus de graisse corporelle, moins de muscle et une densité minérale osseuse plus faible que les hommes adultes. De plus, le poids corporel total des femmes a tendance à être plus léger que celui des hommes. Bien que certaines athlètes aient des pourcentages de graisse inférieurs à ceux des hommes non entraînés, des pourcentages de graisse extrêmement faibles chez les femmes peuvent être associés à des conséquences néfastes sur la santé. Les mesures anthropométriques des adultes indiquent que les hommes ont tendance à avoir des épaules plus larges que leurs hanches, alors que les femmes ont tendance à avoir des hanches plus larges par rapport à leur taille et leurs épaules. Les épaules plus larges chez les hommes peuvent soutenir plus de tissu musculaire et peuvent également fournir un avantage mécanique aux muscles de l’épaule. ※ FORCE ET PRODUCTION DE PUISSANCE Lors de la comparaison des changements induits par l’entraînement de la force musculaire entre les sexes, il est important de faire la distinction entre les mesures absolues et relatives. Une femme a généralement un niveau de force équivalent aux deux tiers de celui d’un homme. La force absolue du bas du corps des femmes est généralement plus proche des valeurs masculines que les valeurs absolues du haut du corps. Les différences liées au sexe dans la composition corporelle, les caractéristiques anthropométriques et la répartition de la masse grasse (les femmes ont tendance à avoir moins de masse musculaire au-dessus de la taille) peuvent en partie expliquer ces différences liées au sexe, qui se manifestent tant chez les sportifs « loisir » que chez les athlètes hautement entraînés. Lorsqu’elles sont considérées sur une base relative, les différences liées au sexe dans la force musculaire sont considérablement réduites. Étant donné que la taille moyenne entre l’homme et la femme diffère considérablement, il est utile de comparer les différences de force entre les sexes par rapport au poids corporel, à la masse exempte de graisse et à la section transversale musculaire. Lorsqu’elle est exprimée par rapport au poids corporel, la force corporelle des membres inférieurs des femmes est similaire à celle des hommes, tandis que la force corporelle des membres supérieurs des femmes est encore légèrement inférieure. Si des comparaisons sont faites par rapport à la masse sans gras, les différences de force entre hommes et femmes ont tendance à disparaître. Il convient de noter que des données limitées suggèrent que la force excentrique peut être plus similaire entre les hommes et les femmes que la force concentrique par rapport à la masse sans gras. Lorsque la force est exprimée par rapport à la sec- tion transversale musculaire, aucune différence significative n’existe entre les sexes, ce qui indique que la qualité musculaire (force maximale par zone transversale) n’est pas spécifique au sexe. Même si les fibres musculaires chez les hommes et les femmes sont également similaires dans la distribution des types de fibre et les caractéristiques histochimiques, les hommes ont tendance à avoir une plus grande surface transversale des fibres musculaires que les femmes. Malgré l’importance de ces observations, les pro- fessionnels de la préparation physique doivent se rappeler qu’il existe un large éventail de capacités de force et que, dans certains cas, les différences entre deux femmes (ou deux hommes) peuvent en fait être plus importantes qu’entre un homme et une femme. Les différences de puissance en fonction du sexe sont similaires à celles de la force musculaire. Les mesures comparant les puissances d’haltérophiles compétiteurs ont révélé que pendant tout le mouvement d’arraché ou d’épaulé-jeté, la puissance des femmes par rapport au poids corporel total était d’environ 63 % de celle des hommes. Des résultats similaires concernant la puissance délivrée ont été obtenus chez des femmes probablement non entraînées. Les scores maximaux de saut vertical et de saut en longueur ont également tendance à être plus faibles chez les femmes que chez les hommes, même si, lorsqu’ils sont exprimés par rapport à la masse sans graisse, l’écart entre les sexes tend à se réduire. Bien que les hommes atteignent généralement des meilleures performances que les femmes, il semble que les différences de masse sans gras ne soient pas entièrement responsables des différences de puissance. Bien que les données soient équivoques, les différences liées au sexe dans le taux de développement de la force et la stratégie de recrutement de l’activation musculaire pourraient en partie expliquer ces résultats. En termes de force absolue, les femmes sont généralement plus faibles que les hommes en raison de leur plus faible quantité de muscle. Par rapport à la section transversale musculaire, les différences de force sont réduites entre les sexes, ce qui indique que la qualité musculaire n’est pas spécifique au sexe. ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION POUR LES ATHLÈTES FÉMININES Malgré les différences liées au sexe, les hommes et les femmes réagissent de manière similaire à la musculation à partir de leurs niveaux de base, avant entraînement. Bien que l’ampleur du changement de certaines variables puisse différer quelque peu, les tendances générales suggèrent que la valeur de l’exercice de musculation pour les femmes va bien au-delà d’une augmentation de la force musculaire et inclut des changements favorables d’autres facteurs impor- tants de la santé et de la forme physique. ※ RÉACTIVITÉ À L’ENTRAÎNEMENT DE MUSCULATION CHEZ LES FEMMES En participant à un programme d’entraînement de musculation, les femmes peuvent apparemment augmenter leur force au même rythme que les hommes, voire plus rapidement. Bien que les gains absolus de force soient souvent plus importants pour les hommes, les augmentations relatives (en pourcentage) sont à peu près identiques ou supérieures chez les femmes. Cependant, cela peut refléter le fait que les niveaux neuromusculaires de base sont plus faibles en moyenne chez les femmes. Même si les adaptations du système nerveux contribuent clairement au développement de la force, l’influence des facteurs hypertrophiques chez la femme ne doit pas être négligée. Lorsque des techniques sophistiquées (tomodensitométrie par exemple) sont utilisées pour mesurer avec précision les changements de la section transversale musculaire, les gains relatifs à court terme ( jusqu’à seize semaines) d’hypertrophie musculaire sont similaires entre les sexes. À en juger par le développement musculaire des haltérophiles, des culturistes et des athlètes qui n’ont pas utilisé de stéroïdes anabolisants, il est évident que l’hypertrophie musculaire est possible chez les femmes qui participent régulièrement à des programmes d’entraînement à volume élevé ou à haute intensité, même si les gains peuvent être inférieurs à ceux des hommes. Bien qu’une étude plus approfondie soit justifiée, il est possible que les concentrations de testostérone chez les femmes varient en fonction de l’entraînement et que les femmes ayant des niveaux relativement élevés de testostérone puissent avoir plus de potentiel pour une augmentation du volume et de la force musculaire. De plus, il est possible que la complexité du mouvement utilisé pendant l’entraînement influence le degré d’hypertrophie musculaire. Des mouvements plus complexes et multi-articulaires, tels que le squat, l’épaulé-jeté et l’arraché (par rapport aux exercices mono-articulaires tels que le curl du biceps), peuvent nécessiter une période d’adaptation neuronale relativement plus longue, retardant ainsi l’hypertrophie musculaire dans le tronc et les jambes. Une disposition génétique à développer une masse muscu- laire importante peut également être un facteur contributif. ※ LA TRIADE DES ATHLÈTES FÉMININES Les professionnels de la préparation physique travaillant avec des athlètes féminines doivent être conscients des résultats négatifs potentiels pour la santé associés à la triade des athlètes féminines. La triade, qui fait référence aux interrelations entre la disponibilité énergétique, la fonction menstruelle et la densité minérale osseuse, est un risque pour la santé des athlètes féminines qui s’entraînent pendant de longues périodes avec un apport calorique insuffisant pour répondre aux dépenses énergétiques élevées de l’entraînement et des adaptations. Dans les cas où les athlètes féminines ont une faible disponibilité énergétique (en raison de volumes ou d’intensités d’entraînement élevés, ou des deux, et d’un apport alimentaire inadéquat), l’ostéoporose est plus probable. En plus du risque accru d’ostéoporose, une faible énergie peut également entraîner des troubles menstruels infracliniques. L’aménorrhée est définie comme l’absence de cycle menstruel pendant plus de trois mois et est causée par une fréquence de sécrétion réduite de l’hormone lutéini- sante par l’hypophyse. L’aménorrhée peut affecter négativement la santé et le bien-être des femmes, avec des fractures osseuses de fatigue, des complications endocriniennes et gastro-intestinales, et des baisses de performances sportives plus fréquentes chez les femmes souffrant d’une suppression de la reproduction prolongée. La musculation offre une multitude d’avantages pour les femmes, notamment l’atténuation des déclins liés à l’âge de la densité minérale osseuse. Plus précisément, la contrainte de la charge mécanique appliquée via l’entraînement en musculation augmente directement l’ampleur du remodelage squelettique, et donc la masse osseuse. Les données montrent que chez les femmes, l’en- traînement en musculation augmente la densité minérale osseuse dans diverses régions squelettiques du corps. Il est également connu que des intensités d’entraînement plus importantes en musculation favorisent des degrés plus élevés d’ostéogenèse, et que la préadolescence est un moment opportun pour participer à des activités incluant des charges afin d’améliorer la densité minérale osseuse. Cependant, lors de la prescription de programmes d’entraînement en musculation pour les femmes, les professionnels doivent s’assurer que l’apport nutritionnel soutient la prescription d’entraînement afin de stimuler l’adaptation et de faciliter la récupération. Par exemple, une coureuse de demi-fond qui ne consomme pas suffisamment de calcium, de vitamine D et de protéines risque d’augmenter la probabilité d’entrer dans un bilan énergétique négatif et de connaître le début précoce d’une triade. Les athlètes considérées comme à risque de carence nutritionnelle devraient recevoir une évaluation nutritionnelle par une diététicienne du sport dûment qualifiée. Il convient de noter qu’un apport énergétique insuffisant peut simplement refléter un manque par inadvertance d’un entraînement biologique pour égaler la dépense énergétique induite par l’activité, ou il peut être attribué à des troubles alimentaires cliniques ou à des comportements alimentaires perturbés qui sont plus répandus chez les athlètes féminines. Les femmes ayant un fort risque de troubles de l’alimentation sont susceptibles d’être celles impliquées dans des sports ou des activités qui utilisent une notation subjective basée sur l’esthétique (danse, gymnastique). Dans de tels cas, les individus doivent être adressés à des professionnels de la santé (médecin et diététicien). CONSIDÉRATIONS RELATIVES À LA CONCEPTION DU PROGRAMME POUR LES FEMMES Étant donné que les caractéristiques physiologiques du muscle sont les mêmes pour tout le monde, il n’y a aucun motif raisonnable qui justifierait que les programmes d’entraînement en résistance pour les femmes soient différents de ceux des hommes. En fait, étant donné que les groupes musculaires impliqués dans un sport ou une activité physique particulière sont évidemment les mêmes pour les hommes et les femmes, les programmes d’entraînement en musculation devraient être conçus pour améliorer la performance des muscles nécessaires à la réussite des performances sportives et des activités quotidiennes, quel que soit le sexe. La seule vraie différence entre les programmes d’entraînement pour hommes et pour femmes est généralement la quantité de résistance absolue utilisée pour un exercice donné, qui est fondée sur les capacités de force de l’individu. Il est particulièrement important pour les jeunes athlètes féminines d’effectuer régulièrement un certain type d’exercice de musculation si elles veulent approcher leur potentiel génétique en termes de force et de puissance musculo-squelettique à l’âge adulte. Les observations selon lesquelles les gymnastes féminines d’élite sont capables d’effectuer quarante tractions et que les haltérophiles féminines en compétition peuvent « épauler-jeter » plus de deux fois leur poids corporel illustrent bien ce qui est possible. ※ DÉVELOPPEMENT DE LA FORCE DU HAUT DU CORPS Deux sujets de préoccupation concernant la prescription de programmes d’entraînement de musculation pour les femmes résident dans le développement de la force du haut du corps et la prévention des blessures liées au sport, en particulier celles qui impliquent le genou. La force absolue du haut du corps des femmes ayant tendance à être inférieure à celle des hommes, mettre l’accent sur le développement du haut du corps est particulièrement intéressant pour les athlètes féminines qui pratiquent des sports qui exigent une force et une puissance du haut du corps. L’ajout d’un ou deux exercices du haut du corps, ou d’un à deux ensembles supplémentaires, peut être bénéfique pour les femmes qui ont des difficultés à effectuer des exercices de poids libres multi-articulaires (mouvements d’arraché et d’épaulé-jeté, complets et partiels) en raison des limitations de la force du haut du corps. Les athlètes féminines peuvent bénéficier de l’incorporation par bribes d’épaulés et de mouvements d’haltérophilie dérivés dans leurs programmes d’entraînement parce que, les adaptations résultant de cette grande masse musculaire, les exercices multi-articulaires se transfèrent bien à la performance dans les activités récréatives et sportives. De plus, le coût calorique de l’exécution de ces soulevés peut être relativement élevé, ce qui peut aider au maintien d’une composition corporelle saine. ※ LÉSION DU LIGAMENT CROISÉ ANTÉRIEUR CHEZ LES FEMMES Il est important que les professionnels de la préparation physique soient conscients de l’incidence accrue des blessures au genou chez les athlètes féminines, en particulier dans des sports comme le football et le basket-ball. Selon un certain nombre d’études, les athlètes féminines sont six fois plus susceptibles de subir une déchirure du ligament croisé antérieur (LCA) que les hommes. Sur la base de ces résultats, certains observateurs suggèrent que plus de quinze mille blessures au genou invalidantes peuvent survenir chez les athlètes féminines au cours d’une année au collège. Bien qu’il soit possible que le nombre croissant de blessures au genou reflète simplement une augmentation de la participation des femmes à la compétition sportive, d’autres ont suggéré une relation de cause à effet. Il est possible que la laxité articulaire, l’alignement des membres, les dimensions des encoches, la taille des ligaments, les mouvements du corps, l’interaction chaussure-surface, le niveau de compétence, les changements hormonaux, l’utilisation des orthèses de cheville et les déficiences d’entraînement contribuent à la différence observée entre le nombre de blessures du genou chez les athlètes masculins et féminins. Bien que les facteurs anatomiques et hormonaux puissent contribuer à un risque accru de blessure du LCA chez les femmes, on pense que le facteur le plus important est une déficience neu- romusculaire, qui conduit finalement à une biomécanique anormale (augmentation du valgus dynamique du genou au contact avec le sol). Les preuves suggèrent que pour réduire le risque de blessure du LCA, les jeunes devraient, avant la puberté, participer à un programme de préparation physique dédié afin d’optimiser les adaptations à l’entraînement. COMMENT LES ATHLÈTES FÉMININES PEUVENT-ELLES RÉDUIRE LEUR RISQUE DE BLESSURE DU LIGAMENT CROISÉ ANTÉRIEUR (LCA) ? Pour aider les athlètes féminines à réduire leur risque de blessure du LCA, les professionnels de la préparation physique peuvent procéder comme suit : Réaliser un bilan en amont de toute activité physique, effectué par un médecin du sport. Au cours de cet examen, des facteurs de risque de blessure sont identifiés et des tests musculo-squelettiques sont effectués. Encourager les athlètes féminines à participer à un programme de préparation physique tout au long de l’année, qui comprend de la musculation, de la pliométrie, de la vitesse, de l’agilité et de la souplesse. Le programme de préparation doit répondre aux besoins spécifiques de chaque athlète et doit évoluer de façon périodique, ce qui permet aux adaptations de l’entraînement de se manifester continuellement. S’assurer que les athlètes féminines apprennent et peuvent exécuter à maintes reprises les bonnes mécaniques de mouvement (sauter, atterrir, se déformer) dans une variété d’environnements. Faire précéder chaque séance d’exercice par un échauffement dynamique général et un échauffement spécifique utilisant des mouvements qui ressemblent à ceux impliqués dans l’activité et qui ciblent l’activation des groupes musculaires clés (groupes musculaires de la chaîne postérieure). Fournir un feed-back lors des séances d’entraînement pour optimiser le transfert de compétences et améliorer la biomécanique liée aux blessures du LCA. Encourager les enfants à participer à des programmes de prévention des blessures (qui comprennent un entraînement progressif en musculation pour développer des composantes de préparation physique et de bonne hygiène de vie), car une sensibilisation précoce semble augmenter l’efficacité de ces programmes. Recommander aux athlètes de porter des vêtements et des chaussures appropriés lors des entraînements et des matches. S’engager dans un programme d’entraînement bien équilibré (y compris l’entraînement en musculation, la pliométrie et l’entraînement d’agilité et d’équilibre), conçu et dispensé par un professionnel qualifié afin de renforcer les muscles et les tissus conjonctifs et d’améliorer le contrôle neuromus- culaire de l’articulation du genou avant la pratique sportive, permet de réduire le risque de blessure. Étant donné que la plupart des lésions du LCA chez les athlètes féminines sont dues à des mécanismes sans contact (décélération, pivotement latéral ou atterrissage), une préparation conçue pour améliorer la résistance des structures de soutien et augmenter le contrôle neuromusculaire de l’articulation du genou peut réduire le risque de blessure liée au sport. En outre, il est important que les athlètes féminines consomment suffisamment d’énergie et mettent l’accent sur la consommation de protéines de qualité et de graisses saines dans un régime bien équilibré pour optimiser les adaptations d’en- traînement. Bien que des essais cliniques supplémentaires soient nécessaires pour déterminer la meilleure méthode pour réduire l’incidence des blessures du LCA chez les athlètes féminines et améliorer l’adhésion à ces protocoles d’entraînement, les stratégies énumérées dans l’encadré ci-dessus trouvent leur efficacité. LES SENIORS Le nombre d’hommes et de femmes de plus de soixante-cinq ans augmente, et il semble que les athlètes plus âgés aient plus d’occasions de participer à des sports allant du marathon à l’haltérophilie. Bien que l’endurance cardiovasculaire et la force musculaire des athlètes seniors ou vétérans soient vraiment exceptionnelles, il semble que même les athlètes les plus entraînés connaissent une baisse de leurs performances après trente ans. Par exemple, il a été démontré que les capacités durant une compétition d’haltérophilie diminuent au rythme d’environ 1 à 1,5 % par an jusqu’à environ soixante-dix ans, après quoi une diminution plus spectaculaire se produit. Les athlètes plus âgés qui ne pratiquent pas d’activité physique connaissent généralement de plus grandes diminutions dans un certain nombre de mesures de la performance physique et voient leur risque de blessure invalidante augmenter. Les professionnels de la force et du conditionnement devraient comprendre les changements physiologiques qui surviennent avec le vieillissement et son impact sur la capacité d’entraînement des personnes âgées. De plus, les risques potentiels pour la santé, associés à l’activité physique pour les personnes âgées, doivent être pris en considération. CHANGEMENTS LIÉS À L’ÂGE DANS LA SANTÉ MUSCULO-SQUELETTIQUE Avec l’âge, des changements importants dans la compo- sition corporelle peuvent entraîner le développement des déficiences fonctionnelles physiques et des blessures. Bien documentée, la perte d’os et de muscles avec l’âge rend non seulement les activités de la vie quotidienne, telles que se lever d’une chaise ou ouvrir une fenêtre, plus difficiles, mais augmente également le risque de chute, de fracture et d’invalidité de longue durée. Les os deviennent fragiles avec l’âge en raison d’une diminution de la teneur en minéraux osseux, ce qui provoque une augmentation de la porosité osseuse. Le contenu minéral osseux et la microarchitecture osseuse peuvent se détériorer au point que le risque de fracture osseuse est accru, en particulier lorsqu’il s’agit d’une chute touchant la hanche, la colonne vertébrale ou le poignet. L’ostéopénie est définie par une densité minérale osseuse comprise entre -1 et -2,5 écarts-types (ET) de la moyenne des jeunes adultes, alors que l’ostéoporose est définie par une densité minérale osseuse inférieure à -2,5 ET de la moyenne des jeunes adultes. Ces conditions, qui se traduisent par des os de densité et de résistance moindres, sont particulièrement préoccupantes pour les personnes âgées (en particulier les femmes) car elles augmentent le risque de fracture et de mauvaise santé osseuse. La perte lente mais progressive d’os liée à l’âge est due à l’inactivité physique et à des facteurs hormonaux, nutritionnels, mécaniques et génétiques. La figure 7.3 illustre la différence structurelle entre un os normal et sain et un os ostéporotique à faible densité minérale. L’âge avancé est également associé à une perte de masse musculaire et de force, appelée « sarcopénie ». La tomodensitométrie a révélé qu’après l’âge de trente ans, il y a une diminution de la section transversale des muscles individuels, ainsi qu’une diminution de la densité musculaire, une réduction de la compliance tendineuse et une augmentation de la graisse intramusculaire. Ces changements semblent être une conséquence prévisible de l’âge avancé et semblent être plus prononcés chez les femmes. L’atrophie musculaire observée avec le vieillissement semble résulter d’une inactivité physique et d’une dénervation progressive et sélective des fibres musculaires. Une diminution de la masse musculaire entraîne une perte de force musculaire. Dans une étude, 40 % des femmes de 55 à 64 ans, 45 % des femmes de 65 à 74 ans et 65 % des femmes de 75 à 84 ans étaient incapables de soulever une charge d’environ 4,5 kg. La réduction de la taille et du nombre des fibres musculaires, ainsi que leur dénervation progressive, conduisent également à une diminution de la capacité d’un muscle à générer de la puissance (à rapidement exercer une force). En fait, la puissance diminue plus rapidement avec le vieillissement que la force musculaire. Étant donné que les activités quotidiennes nécessitent un certain degré de production d’énergie, une diminution de la capacité des muscles à produire rapidement de la force peut nuire à la capacité des personnes âgées à effectuer en toute sécurité des activités telles que monter des escaliers ou marcher. Les facteurs qui peuvent contribuer au déclin de la force et de la puissance musculaires liés à l’âge comprennent les réductions de la masse musculaire, les changements du système nerveux, les changements hormonaux, une mau- vaise nutrition et l’inactivité physique. Les conséquences fonctionnelles de ces changements liés à l’âge sont importantes car l’ampleur et le taux de changement influencent l’âge auquel une personne peut devenir dépendante (incapable d’exécuter des tâches ménagères ou de se lever d’une chaise) ou atteindre un seuil de handicap. Un résumé des adaptations au vieillissement et à l’entraînement de musculation est présenté dans le tableau 7.1. Le vieillissement est associé à une perte de la masse musculaire, en grande partie liée à l’inactivité physique. L’une des conséquences directes de cette réduction de masse musculaire est une perte de la force et de la puissance. CHANGEMENTS LIÉS À L’ÂGE DANS LA FONCTION NEUROMOTRICE TABLEAU 7.1 Résumé des effets du vieillissement et de l’entraînement de musculation Les personnes âgées courent un risque accru de chute, pouvant entraîner de graves conséquences sanitaires, psychosociales et économiques qui nuisent à la qualité de vie globale. Plus précisément, les chutes peuvent entraîner des syndromes douloureux, des luxations articulaires, des fractures du squelette, une limitation des activités fonctionnelles quotidiennes et une diminution de la confiance en soi. Les chutes peuvent également entraîner une invalidité permanente, une hospitalisation et un décès. Les facteurs intrinsèques qui conduisent à un risque accru de chute chez les personnes âgées comprennent une diminution du temps de réaction, de la force et de la puissance muscu- laires, et une altération de l’équilibre et de la stabilité posturale. L’activité musculaire avant (préactivation) et immédiatement après (cocontraction) le contact avec le sol est un médiateur important du freinage et de la stabilisation dynamique chez les individus jeunes et âgés. Une préactivation accrue aide à augmenter la rigidité du membre en utilisant des réflexes d’étirement rapide pour mieux préparer le membre au contact avec le sol. La cocontraction est une stratégie de contrôle moteur qui stabilise dynamiquement l’articulation. Cependant, en raison de l’activation simultanée des groupes musculaires agonistes et antagonistes traversant la même articulation, les moments articulaires nets et les sorties de force agoniste sont réduits. La recherche montre que les personnes âgées comptent sur des niveaux accrus de cocontraction musculaire comme mécanisme compensatoire pour pallier leurs difficultés d’équilibre accrues et pour minimiser le balancement postural. Par conséquent, cette littérature suggère que les personnes âgées devraient utiliser une variété de modes d’entraînement spécialement conçus pour compenser ces réductions naturelles de la préactivation. De telles méthodes incluraient de la pliométrie de faible intensité, des exercices d’équilibre et de stabilisation dynamiques, et un entraînement de proprioception pour développer la capacité de réagir plus efficacement avec le sol. La recherche montre que les différentes activités physiques peuvent être efficaces pour améliorer la fonction neuromotrice et prévenir les chutes chez les personnes âgées. Cependant, il semblerait que l’augmentation de l’activité physique ne suffise pas à elle seule à empêcher les chutes. Les personnes âgées doivent plutôt s’engager dans des programmes multidimensionnels, qui intègrent à la fois des éléments de résistance et d’entraînement à l’équilibre. De plus, il est fortement suggéré que, comme pour toute population, les programmes d’entraînement pour les personnes âgées devraient progressivement monter en charge pour évoluer vers un environnement d’entraînement difficile, et que l’entraînement devrait évoluer fréquemment pour fournir aux individus une dose d’entraînement suffisante. Il convient de noter que l’entraînement en musculation en tant que méthode d’entraînement autonome ne semble pas empêcher le risque de chute, et il semblerait que l’équilibre et la souplesse doivent compléter la musculation afin de fournir le stimulus d’entraînement requis pour réduire ce risque. Cependant, l’importance et la puissance de l’entraînement en musculation ne peuvent être négligées pour augmenter la densité minérale osseuse, la force et la puissance musculaires, en plus de ses nombreux autres avantages pour la santé des personnes âgées. ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION POUR LES PERSONNES ÂGÉES Le vieillissement ne semble pas améliorer ou réduire la capacité du système musculo-squelettique à s’adapter à l’exercice de musculation. Des améliorations significatives de la densité minérale osseuse, des capacités fonctionnelles (vitesse de marche), de la force, de la puissance et de la masse musculaires ont été observées chez les personnes âgées qui ont participé à des programmes d’en- traînement progressif de musculation. Pour les personnes âgées, ces évolutions améliorent les performances physiques, diminuent le risque de blessure, favorisent une vie indépendante et en améliorent la qualité. En raison des changements liés à l’âge dans la santé musculo-squelettique, l’exercice de musculation est un mode d’entraînement bénéfique pour les populations plus âgées qui doivent améliorer la force et la puissance musculo-squelettiques et résister aux diminutions de la masse musculaire, de la densité minérale osseuse et des capacités fonctionnelles. Les données montrent également que la force musculaire est un facteur important pour réduire le risque de mortalité chez les personnes âgées. RÉACTIVITÉ À L’ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES Une grande attention a été accordée aux stratégies visant à améliorer la santé musculo-squelettique des hommes et des femmes âgés. En raison du manque de condition physique de nombreuses personnes âgées, des changements souhaitables dans la force et la fonction musculaires peuvent résulter d’une variété de protocoles d’entraînement en mus- culation, en particulier au cours des premières semaines d’entraînement. Les hommes âgés auparavant sédentaires ont plus que doublé la force des extenseurs du genou et triplé la force des fléchisseurs du genou après un programme d’entraînement en résistance de douze semaines, et des observations similaires ont été faites chez des femmes âgées après douze semaines d’entraînement en musculation. Dans une étude, la capacité des hommes et des femmes très âgés (87 à 96 ans) à améliorer leur force musculaire a été démontrée après seulement huit semaines d’entraînement en résistance. Des améliorations de la vitesse de marche, de la capacité de monter les escaliers, de l’équilibre et de l’activité spontanée globale ont également été associées à des gains de force induits par l’entraînement chez les populations plus âgées. Les preuves suggèrent également que la musculation spécifique au développement de la puissance peut aider à optimiser les capacités fonctionnelles chez les personnes âgées, et que l’entraînement en puissance peut être aussi efficace que la musculation traditionnelle pour développer l’architecture musculaire et les propriétés d’activation neuromusculaire du membre inférieur. Dans certains cas, il a été suggéré que l’entraînement à haute vitesse a une plus grande influence sur la capacité de production d’une force explosive que la musculation progressive. Par exemple, Fielding et ses collègues ont montré que les personnes âgées qui ont suivi un entraînement de musculation à grande vitesse ont réalisé des gains de pic de puissance plus importants et des gains de force maximale similaires par rapport aux personnes âgées qui se sont entraînées à des vitesses plus lentes sur une période d’entraînement de seize semaines. Des résultats similaires ont été rapportés par Reid et ses collègues, dans une étude où les adultes plus âgés qui ont suivi un programme de musculation à haute puissance ont fait des gains de pic de puissance des jambes significativement plus élevés que les individus qui ont suivi un programme d’entraînement en musculation progressif à vitesse lente. Bien que le protocole d’entraînement optimal pour améliorer la force et la puissance musculaires chez les personnes âgées ne soit pas connu, il semble qu’il existe une relation dose-effet entre l’intensité de l’entraînement et l’amélioration de la force et de la puissance muscu- laires, l’entraînement en musculation de plus haute intensité étant plus efficace pour développer une force musculaire maximale que l’entraînement d’intensité modérée ou faible. Pratiquer régulièrement la musculation semble également avoir des effets anabolisants profonds chez les personnes âgées. La tomodensitométrie et l’analyse des biopsies musculaires ont montré des signes d’hypertrophie musculaire chez les hommes plus âgés qui ont participé à un programme d’entraînement de musculation à haute intensité, quand d’autres enquêtes impliquant des personnes âgées ont montré que l’entraînement en musculation peut améliorer la rétention d’azote, ce qui peut avoir un effet positif sur le métabolisme des protéines musculaires. L’entraînement en musculation s’est également révélé avoir un effet important sur le bilan énergétique chez les personnes âgées, comme en témoigne une augmentation du taux métabolique au repos des hommes et des femmes qui pratiquent la musculation. Il est à noter que les modifications alimentaires (un changement de l’apport alimentaire total ou des nutriments sélectionnés) en plus de l’entraî- nement en musculation favorisent une réponse hypertrophique plus importante que l’entraînement isolé chez les hommes âgés. Bien que la réponse des os à l’exercice de musculation soit influencée par une interaction complexe de nombreuses variables (statut hormonal, antécédents d’activité et nutrition), il a été rapporté que cet exercice a un effet positif sur la santé osseuse chez les hommes et les femmes plus âgés. Un entraînement régulier peut compenser les déclins liés à l’âge de la santé osseuse en maintenant ou en augmentant la densité minérale osseuse. La musculation peut également réduire le risque de fracture ostéoporotique en améliorant l’équilibre dynamique, la masse musculaire et le niveau global d’activité physique. S’il ne fait aucun doute que l’exercice de musculation peut améliorer la santé osseuse chez les personnes âgées, l’interaction de l’exercice avec des facteurs hormonaux et nutritionnels influence le degré de bénéfice. De plus, les os ne conservent les effets bénéfiques de l’exercice que tant que l’entraînement se poursuit. Pendant les périodes d’inactivité, la densité osseuse tend à revenir aux niveaux d’avant exercices. Bien que le vieillissement soit associé à un certain nombre de changements indésirables dans la composition corporelle, les hommes et les femmes plus âgés conservent leur capacité à améliorer considérablement leur force et leurs capacités fonctionnelles. Les exercices d’aérobie, de musculation et d’équilibre sont bénéfiques pour les personnes âgées, mais seul l’entraînement en musculation peut augmenter la force, la puissance et la masse musculaires. ※ CONSIDÉRATIONS RELATIVES À LA CONCEPTION DU PROGRAMME POUR LES PERSONNES ÂGÉES Alors que l’exercice aérobie est recommandé depuis de nombreuses années pour augmenter la forme cardiovasculaire, la musculation est actuellement reconnue comme une composante importante d’un programme complet de remise en forme pour les personnes âgées. Étant donné que les pertes de la force, de la puissance et de la masse musculo-squelettiques liées à l’âge peuvent être presque universelles, des programmes conçus pour maintenir ou améliorer la santé musculo-squelettique des personnes âgées devraient être mis en œuvre. Non seulement la participation régulière à un programme de musculation peut compenser certaines de ces pertes liées à l’âge, mais elle peut également aider les personnes âgées à maintenir un style de vie actif et de haute qualité. Les principes fondamentaux de la conception d’un programme d’entraînement en musculation pour une personne âgée sont principalement les mêmes que pour une personne plus jeune, mais il existe plusieurs préoccupations dont les professionnels de la force et de la préparation physique doivent être conscients lorsqu’ils travaillent avec des personnes âgées. Il convient de prêter attention aux affections médicales préexistantes, aux antécédents d’entraînement et à l’état nutritionnel avant de débuter un programme de musculation qui peut exposer les personnes âgées à un risque accru de blessure ou de maladie induite par l’exercice. Même si les populations plus âgées conservent la capacité de s’adapter à des niveaux accrus d’activité physique, des consignes d’exercice sûres et efficaces doivent être édictées. Avant de participer à un programme d’exercice, les personnes âgées doivent remplir un questionnaire sur les antécédents médicaux et les facteurs de risque. Les limites potentielles et les restrictions possibles de l’activité physique peuvent être déterminées à partir de ces informations. Dans certains cas, l’autorisation d’un médecin est requise avant le début d’un programme d’exercice modéré ou vigoureux, par exemple chez les patients en réadaptation cardiaque ou les survivants d’un cancer. Toutes les questions concernant l’état de santé d’un participant (maladie cardiaque, hypertension, arthrite, ostéoporose ou dia- bète sucré) doivent être étudiées par un professionnel de la santé. Une fois ces informations obtenues, une évaluation préprogrammée pour documenter les mesures de base et évaluer les réponses à des modalités d’exercice spécifiques doit être effectuée. Bien qu’un test d’effort sur tapis roulant soit souvent utilisé pour évaluer les réponses cardiovasculaires à l’exercice aérobie, un test de force (de préférence sur l’équipement utilisé pour l’entraînement) doit être effectué pour évaluer les réponses à la musculation et faciliter la prescription d’exercice. Il convient de noter que, bien que les machines de résistance puissent être utilisées dans les premiers stades d’un programme d’entraînement avec des adultes plus âgés en raison des limitations de l’équilibre et de la flexibilité, le cas échéant, les adultes plus âgés devraient utiliser des exercices de musculation multi-articulaires libres, qui offre une meilleure stimulation globale et imposent une plus grande exigence sur la stabilité posturale. Diverses méthodes d’évaluation de la force musculaire, y compris des tests de répétition maximale, peuvent être utilisées auprès des populations âgées, à condition que les consignes de test soient appropriées et suivies. Les professionnels de la force et de la préparation physique doivent être conscients des risques potentiels au niveau respiratoire (manœuvre de Valsalva) pour les personnes âgées. Alors que la manœuvre de Valsalva aide à stabiliser le tronc et la colonne vertébrale pendant l’exécution de divers exercices d’entraînement en résistance, en raison de l’augmentation soudaine de pression artérielle systolique et diastolique que la technique crée, cette technique est généralement déconseillée chez les personnes âgées. Cela est particulièrement vrai pour les adultes ayant des antécédents de maladie cardiovasculaire (arythmies cardiaques, angine de poitrine) ou de troubles cérébraux (accident vasculaire cérébral, étourdissements). QUELLES SONT LES RECOMMANDATIONS DE SÉCURITÉ POUR L’ENTRAÎNEMENT EN MUSCULATION CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES ? Les seniors doivent être questionnés et testés, car de nombreuses personnes âgées souffrent de diverses pathologies médicales liées à l’âge. Si nécessaire, un avis médical doit être demandé concernant le type d’activité le plus approprié. Les participants doivent s’échauffer pendant cinq à dix minutes avant chaque séance d’exercice. Un échauffement acceptable comprend une activité aérobie d’intensité faible à modérée et des exercices de gymnastique suédoise. Les adultes plus âgés doivent effectuer des étirements statiques avant ou après (voire les deux) chaque séance d’entraînement en musculation. Les personnes âgées devraient utiliser une résistance qui ne surcharge pas le système musculo-squelettique. Les participants doivent éviter d’effectuer la manœuvre de Valsalva pendant l’entraînement en musculation pour éviter une augmentation anormale de la pression artérielle. Les adultes plus âgés doivent avoir entre 48 et 72 heures de récupération entre les séances d’exercice. Ils doivent effectuer tous les exercices dans une gamme de mouvements sans douleur. Comme pour toute personne pratiquant un entraînement en musculation, les personnes âgées doivent recevoir des consignes d’exercice émanant de professionnels qualifiés. Il est prouvé que la musculation peut être sans danger pour les personnes âgées lorsque les individus adhèrent aux consignes d’entraînement. D’un autre côté, des programmes mal conçus peuvent être potentiellement dangereux. Par exemple, le fait de ne pas fournir suffisamment de périodes de repos entre les séries et entre les différents exercices, de programmer des exercices qui sont techniquement trop difficiles ou d’augmenter l’intensité de l’exercice (généralement la charge externe contre laquelle l’individu travaille) augmente la probabilité de blessure liée à l’entraînement. Comme pour les jeunes et les femmes, le stimulus de l’entraînement en musculation ne devrait jamais être augmenté au détriment de la compétence technique. Les personnes âgées non entraînées qui commencent l’entraînement en résistance devraient commencer à une intensité et un volume d’exercice relativement bas, et la prescription d’exercice devrait être individualisée. Bien que des intensités et des volumes plus élevés puissent être tolérés par certains hommes et femmes plus âgés qui ont une expérience de l’entraînement en musculation, la première phase du programme d’entraînement devrait être orientée vers l’apprentissage d’une technique d’exercice appropriée tout en minimisant le potentiel de douleur musculaire et de blessure. Un entraînement moins intense au cours des premières semaines peut également être bénéfique pour les personnes âgées qui craignent de participer à un programme de musculation. Après la période d’adaptation initiale, le programme d’entraînement peut augmenter progressivement, à condition qu’il continue de répondre aux besoins et aux préoccupations médicales de chaque personne. L’entraînement des hommes et des femmes plus âgés nécessite particulièrement de se concentrer sur l’interaction des principaux groupes musculaires utilisés dans les activités quotidiennes, telles que le transport de charge et la montée des escaliers. Une fois que les participants maîtrisent les exer- cices de musculation de base, des exercices plus élaborés et plus exigeants, tels que des mouvements debout avec des poids libres (haltères et haltères), des exercices multidirectionnels avec médecine-ball et un entraînement avancé à l’équilibre (positions sur une jambe avec des mouvements rotatifs) peuvent être intégrés au programme. Les seniors devraient progressivement passer d’une série de huit à douze répétitions à une intensité relativement faible (40 à 50 % de 1RM) à des volumes et des intensités d’entraînement plus élevés (trois séries par exercice, avec 60 à 80 % de 1RM), selon les besoins, les objectifs et les capacités de chacun. De plus, des exercices de puissance à grande vitesse peuvent être progressivement intégrés au programme d’entraînement global, à condition que les personnes âgées aient suivi avec succès un programme général d’entraînement de musculation. Les recommandations actuelles pour augmenter la puissance des personnes âgées en bonne santé incluent une à trois séries par exercice avec une charge légère à modérée (40 à 60 % de 1RM) pour six à dix répétitions avec une vitesse de répétition élevée. Un programme de musculation pour les hommes et les femmes plus âgés devrait varier en volume et en intensité tout au long de l’année pour réduire la probabilité de surentraînement et garantir que des progrès sont réalisés. Étant donné que la récupération après une séance d’entraînement peut prendre plus de temps chez les populations plus âgées, une fréquence d’entraînement de deux fois par semaine est recommandée, au moins pendant la période d’adaptation initiale. Les professionnels de la force et de la préparation physique doivent être sensibles aux préoccupations des individus et être en mesure de modifier un programme en fonction des antécédents de santé de la personne et de ses objectifs individuels. Grâce à l’enseignement et au soutien de leurs amis, les hommes et les femmes plus âgés peuvent avoir confiance en leur capacité à pratiquer la musculation, ce qui peut être suffisant pour assurer une bonne adhésion au programme. Cependant, étant donné que les personnes âgées ne participent majoritairement pas à de ce type d’activité actuellement, les professionnels peuvent d’abord avoir besoin de mieux faire connaître les avantages des exercices de musculation et répondre aux préoccupations que les personnes âgées peuvent avoir concernant la participation à ce type de programme d’entraînement. Une autre considération liée à la musculation chez les hommes et les femmes plus âgés est l’adaptation de la nutrition. La qualité et la quantité de l’apport alimentaire d’une personne (ou peut-être des nutriments sélectionnés) peuvent faire la différence entre perdre et gagner de la masse musculaire. En particulier, il semble que des quantités adéquates de protéines soient essentielles pour l’hypertrophie musculaire chez les personnes âgées. De plus, des apports inadéquats de macronutriments (lipides, protéines et glucides) et de micronutriments (vitamines et minéraux) sont associés à des conséquences négatives potentielles pour la santé, notamment la fatigue, une fonction immunitaire compromise et un rétablissement retardé après une blessure. Améliorer l’apport alimentaire d’une personne âgée améliore non seulement la santé mais peut également optimiser les adaptations à l’entraînement en musculation. CONCLUSION La recherche montre que la musculation peut être une méthode de préparation physique sûre et efficace pour les hommes et les femmes de tous âges et de toutes capacités. Les avantages potentiels sont multifactoriels, y compris des effets positifs sur une variété de variables de la performance physique (force, puissance), des marqueurs de la santé (composition corporelle, fonction cardiaque), et du développement psychosocial (image de soi-même, confiance en soi). De plus, la participation régulière à un programme de musculation peut réduire le risque de blessure liée au sport et à l’activité physique chez les athlètes et promouvoir une vie autonome chez les personnes âgées. Bien que les principes fondamentaux de la musculation soient similaires pour les personnes des deux sexes et de tous âges, il existe des spécificités pour chaque population. La connaissance des différences liées à l’âge et au sexe est essentielle au développement et à l’évaluation de programmes d’entraînement en musculation sûrs et efficaces. Les professionnels de la préparation physique doivent être conscients que les réponses individuelles à la musculation peuvent varier considérablement et doivent être sensibles aux besoins indi- viduels de tous les participants. Au cours des dernières décennies, les entraîneurs, les cliniciens et les scientifiques de l’exercice ont amélioré notre compréhension des différences liées à l’âge, au sexe et à leurs implica- tions dans un programme de musculation. Leurs travaux ont quantifié l’impact de l’entraînement en musculation sur les hommes et les femmes de tous âges et ont jeté les bases de recommandations sur la conception de programmes de musculation et de préparation physique. Les informations contenues dans ce chapitre et dans d’autres chapitres devraient aider les professionnels de la force à comprendre et à apprécier les différences liées à l’âge et au sexe et à améliorer leur capacité à développer des programmes de musculation sûrs et efficaces pour les enfants, les femmes et les personnes âgés. MOTS-CLÉS Adolescence Age adulte Age biologique Age chronologique Age d’entrainement Amenorrhee Apophysaire Cartilage de croissance Cocontraction Croissance Developpement Diaphyse Ectomorphe Endomorphe Enfance Exercice de musculation Jeunesse Jeune athlete Ligament croise anterieur (LCA) Maturation Menarche Mesomorphe Osteopenie Osteoporose Pic de croissance rapide-soudaine (PCR-S) Preactivation Puberte Sarcopenie Senior Triade de l’athlete feminine RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Un garçon de huit ans a considérablement augmenté sa force du haut du corps après avoir suivi un programme d’entraînement en musculation de six mois. Lequel des éléments suivants est LE PLUS probablement responsable de ce gain ? a. Une augmentation du nombre de fibres musculaires b. Une amélioration de la surface transversale c. Une plus grande densité musculaire d. Une amélioration neuromusculaire du fonctionnement 2. À quel endroit ne se situe pas le cartilage de croissance chez les enfants ? a. La diaphyse b. La plaque épiphysaire c. La surface commune d. L’insertion apophysaire 3. Comment est appelée la pathologie caractérisée par une densité minérale osseuse supérieure à 2,5 écarts-types en dessous de la moyenne des jeunes adultes ? a. La sarcopénie b. L’ostéopénie c. L’ostéoporose d. La scoliose 4. Lequel des éléments suivants devrait être évalué en PREMIER lorsque l’on conçoit un programme d’entraînement pour une joueuse de tennis de soixante-huit ans participant à des compétitions ? a. Sa forme cardiovasculaire b. Sa force corporelle inférieure c. Son équilibre et son agilité d. Ses antécédents médicaux 5. Où peuvent courir un risque accru de développer des blessures les athlètes féminines désentraînées qui participent à des sports comme le basket-ball et le football ? a. Le dos b. Les genoux c. Les poignets d. Le cou RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 08 PSYCHOLOGIE DE LA PRÉPARATION ET DE LA PERFORMANCE ATHLÉTIQUE DOCTEURS TRACI A. STATLER ET ANDREA M. DUBOIS LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE DE COMPRENDRE : les structures psychologiques de l’état d’excitation, de la motivation, de la concentration et de la confiance, pour être en mesure de déterminer leur impact sur la performance physique ; les grands facteurs intervenant dans le domaine psychologique, tels que l’anxiété, l’attention, l’état de performance idéal, l’efficacité personnelle, l’imagerie et l’établissement d’objectifs ; les différentes façons de moduler les horaires de la pratique sportive, y compris l’entraînement partiel, aléatoire et variable, et comment utiliser ces horaires pour faciliter l’acquisition et l’apprentissage des compétences ; les différents types de consignes et de commentaires et leur application dans un contexte de pratique et de performance. Les auteurs tiennent à souligner l’importante contribution de Bradley D. Hatfield et Evan B. Brody à ce chapitre. L’excellence dans la performance sportive est le résultat d’une bonne habileté et d’un entraînement physique, accompagnés de cycles de repos et de récupération optimaux ainsi que d’une alimentation appropriée. À n’importe quel stade particulier de la maturité biologique, le développement phénotypique du potentiel génétique de l’athlète représente un plafond relativement stable pour la performance, mais l’expression de cette performance qualifiée peut varier considérablement d’une compétition à l’autre, et même d’un instant à l’autre. Le rôle de la psychologie du sport est d’aider les athlètes à atteindre des niveaux de performance plus cohérents avec leur potentiel physique, ou à gérer soigneusement leurs ressources physiques grâce à des stratégies et techniques psychologiques appropriées. En comprenant ces stratégies et techniques, les professionnels de la force et de la préparation physique peuvent concevoir des programmes d’entraînement spécifiques au sport et même à un poste particulier, dans un objectif ultime de maximiser les performances. Après avoir abordé les concepts fondamentaux, nous examinerons comment l’esprit, par le biais des cognitions, peut influencer la performance physique, puis nous décrirons l’état de performance idéal – le but de chaque athlète. Cet état est en partie défini par une efficacité psychologique et physiologique (utilisation de la quantité d’énergie mentale et physique requise pour exécuter la tâche uniquement). Nous détaillerons les principales influences psychologiques – motivation, attention et éveil – sur l’acquisition des compétences et la performance, en faisant référence à plusieurs théories sur la façon dont ces phénomènes peuvent changer l’apprentissage psychomoteur et la performance athlétique. Enfin, nous aborderons des techniques qui peuvent être utilisées pour améliorer les performances globales comme l’établissement d’objectifs, la gestion de l’énergie, la relaxation, l’imagerie et le développement de la confiance en soi. RÔLE DE LA PSYCHOLOGIE DU SPORT Un athlète est une personne qui s’engage dans une comparaison sociale (compétition) impliquant des compétences psychomotrices ou des prouesses physiques (ou les deux) dans un cadre institutionnalisé, généralement sous le contrôle ou l’évaluation du public. L’essence de la compétition sportive consiste à se comparer aux autres et à mettre l’ego et l’estime de soi en jeu dans un cadre régi par des règles et des règlements. L’athlète psychologiquement bien préparé se caractérise par l’efficacité de sa pensée et de son comportement. L’efficacité est généralement associée à des performances de haut niveau, lorsque les actions sont fluides et semblent faciles. Le concept peut également être étendu à l’activité psychologique : un athlète efficace se concentre sur son activité, sans se disperser dans des tâches angoissantes, catastrophistes et sans penser aux éléments extérieurs comme les critiques du public ou de l’entraîneur. La psychologie du sport est une discipline à multiples facettes qui, s’appuyant sur des concepts de science de l’exercice et de principes psychologiques, cherche à comprendre l’influence des processus comportementaux et des cognitions sur le mouvement. La psychologie du sport est généralement catégorisée comme un domaine d’études scientifique au sein de la médecine sportive, avec trois objectifs principaux : mesurer les phénomènes psychologiques ; étudier les relations entre psychologiques et les performances ; les variables appliquer les connaissances améliorer les performances. théoriques pour En appliquant les informations acquises grâce à une connaissance des principes de la psychologie du sport, les athlètes peuvent mieux gérer leurs ressources physiques, produisant ainsi des performances plus efficaces. En réalité, de nombreux athlètes disposent déjà de compétences mentales solides avant d’entrer dans un programme d’entraînement, mais cela semble souvent « arriver par hasard », sans bien comprendre comment ces compétences ont évolué, ou même comment les utiliser au mieux pour une performance efficace. Tout au long de ce chapitre, nous proposerons un cadre pour comprendre les interrelations, non seulement entre les compétences mentales elles-mêmes, mais entre les compétences mentales et les compétences physiques, techniques et tactiques développées dans la salle de musculation et sur le terrain. Cependant, notez que ces compétences ne peuvent être vraiment efficaces que si elles sont comprises, mises en pratique et appliquées dans le cadre de la performance. Comme les concepts physiques, techniques et tactiques décrits dans le reste de ce livre, les compétences mentales doivent également être enseignées, mises en pratique, intégrées dans la performance et évaluées pour leur efficacité. ÉTAT DE PERFORMANCE IDÉAL L’état de performance idéal a été étudié sous plusieurs angles. Williams et Krane ont recueilli auprès d’athlètes les caractéristiques qu’ils associent généralement à cet état : absence de peur – aucune peur de l’échec ; aucune réflexion ou analyse des performances (liée au stade moteur de l’automaticité) ; une attention complètement concentrée sur l’activité elle-même ; un sentiment d’effort – une expérience involontaire ; un sentiment de contrôle personnel ; une distorsion du temps et de l’espace, dans laquelle le temps semble ralentir. Dans un sens, cet état de performance idéal semble représenter tout ce que les programmes de psychologie du sport appliquée tentent de promouvoir. Il y a une absence de pensée négative, un fort sentiment d’efficacité et une concentration sur tout ce qui peut contribuer à la meilleure exécution de la tâche. Un aspect important est que les athlètes ont confiance en leurs compétences et niveaux de conditionnement et « laissent les choses se produire », sans interférence avec des processus associatifs négatifs dans le cortex cérébral. Kobe Bryant, l’un des principaux joueurs de la National BasketBall Association, décrivait ainsi cet état : « Quand vous arrivez dans cette zone, vous êtes dans un état de confiance suprême et vous savez que ça va rentrer. Il n’y a plus de question et de si ceci ou si cela. Ça rentre. Les choses ralentissent. Tout ralentit et vous avez juste une confiance suprême. Lorsque cela se produit, vous n’essayez pas de vous concentrer sur ce qui se passe parce que vous pourriez le perdre en une seconde. Tout devient un bruit – vous n’entendez pas de son distinct ; tout n’est qu’un bruit – vous ne faites pas attention à un son ou à un autre. Vous essayez juste de rester dans le présent et de ne pas rompre ce rythme. Encore une fois, tant que vous restez là, vous oubliez tout ce qui se passe. Vous ne pensez pas à ce qui vous entoure, à la foule ou à l’équipe. Vous êtes un peu comme enfermé. Il faut vraiment essayer de rester dans le présent et ne pas casser ce rythme. » Lien YouTube -> https://tinyurl.com/y2tyddtp Les commentaires de Bryant renforcent abondamment bon nombre des concepts abordés tout au long de ce chapitre. Il est important de se rappeler que son état mental reposait en grande partie sur un programme d’entraînement physique solide et sur des antécédents de réussite. Bryant était capable de prouesses physiques phénoménales, de sprints ardus, d’entraînements sur le terrain et en musculation pendant l’intersaison. Combiné à des performances supérieures sur le terrain de basket, un tel effort physique préparatoire contribuait grandement à son état psychologique concentré et confiant. GESTION DE L’ÉNERGIE : EXCITATION, ANXIÉTÉ ET STRESS Pour que les athlètes soient efficaces, ils doivent apprendre à gérer au mieux leur niveau d’énergie mentale et physique. Les athlètes qui consomment de l’énergie dans l’inquiétude, la colère, la frustration ou l’anxiété ont une plus grande probabilité de distraction et une diminution de leur confiance en eux, et ont moins d’énergie physique lorsqu’ils ont vraiment besoin de performer. Ainsi, la capacité de garder la maîtrise de soi et de gérer son énergie dans un environnement de performance est une compétence critique pour tout artiste. L’énergie mentale est générée, maintenue, épuisée et rafraîchie via nos émotions. Les émotions sont des états émotionnels temporaires qui surviennent en réponse à des événements et qui ont des composantes physiologiques et psychologiques. Ces émotions affectent l’énergie mentale et physique et peuvent donc avoir des effets à la fois bénéfiques et néfastes sur les performances humaines, souvent en fonction de la façon dont elles sont interprétées. Les émotions peuvent être bénéfiques à la performance quand elles nous excitent, nous font sentir motivés, augmentent la confiance en nous et renforcent nos niveaux d’engagement. Cependant, l’émotion peut être préjudiciable lorsqu’il y en a trop ou pas assez (artiste « surjouant » ou « trop plat ») ou lorsque nous perdons le contrôle de nos émotions et cessons de fonctionner efficacement dans un environnement de performance (athlète qui ne peut pas contrôler sa colère ou sa frustration). Former les athlètes à exploiter leurs émotions pour générer ou élever son énergie, tout en conservant un sentiment de contrôle sur ces émotions afin de ne pas les laisser interférer avec la performance, est une clé pour générer cet état de performance idéal. En armant les athlètes avec les outils mentaux pour combattre les pensées inappropriées, renforcer la confiance et renforcer la motivation et l’engagement, les entraîneurs fournissent de nombreuses compétences nécessaires pour permettre à l’athlète de garder son sang-froid. EXCITATION L’entraînement offre une multitude d’expériences nouvelles et inconnues qui créent de multiples occasions de se tester et d’être évaluées pour leur efficacité. Pour cette raison, la performance sportive est souvent affectée par l’excitation, l’anxiété et le stress. Ces termes sont souvent utilisés de manière interchangeable alors que, en réalité, ce sont des éléments différents au sein d’une même construction. L’excitation est simplement un mélange d’activation physiologique et psychologique chez un individu, faisant référence à l’intensité de la motivation à un moment donné. Par exemple, un athlète « excité » peut ressentir une énorme activation mentale caractérisée par des pensées positives et un fort sentiment de contrôle, tandis qu’un athlète « placide » pourrait ressentir une activation minimale caractérisée par des pensées vagabondes et un sentiment d’ennui. Dans une certaine mesure, l’excitation est toujours présente chez un individu, et peut aller d’un état profondément endormi, ou comateux, à très excité. En soi, il n’est pas automatiquement associé à des événements agréables ou désagréables. Il s’agit simplement d’une mesure de l’activation et, en tant que telle, elle peut être indexée par des paramètres tels que la fréquence cardiaque, la pression artérielle, l’électroencéphalographie (EEG), l’électromyographie (EMG) et les niveaux de catécholamines, ou avec des instruments d’autoévaluation tels que la check-list activation-désactivation. L’excitation optimale requise pour une performance efficace dépend de plusieurs facteurs qui sont abordés plus loin dans le chapitre. ANXIÉTÉ L’anxiété est une sous-catégorie de l’excitation, en ce sens qu’il s’agit d’un état émotionnel perçu négativement, caractérisé par la nervosité, l’inquiétude, l’appréhension ou la peur, et associé à une activation physiologique du corps. Parce que l’anxiété nécessite la perception négative d’une situation par l’individu, elle intègre une composante cognitive, appelée « anxiété cognitive », ainsi que la réaction physique, ou « anxiété somatique », mise en évidence par des symptômes physiques tels que des muscles tendus, la tachycardie (rythme cardiaque rapide) et des maux de ventre. Le terme « anxiété » est souvent utilisé de manière confuse pour désigner à la fois une construction de personnalité stable et durable et un état d’humeur variable à plus court terme. Ce sont, en fait, des constructions différentes au sein de l’état émotionnel d’anxiété. L’état d’anxiété fait référence à une expérience subjective d’appréhension et d’incertitude accompagnée d’une sortie neuronale autonome et volontaire élevée et d’une activité endocrinienne accrue. L’état d’anxiété est une expérience généralement négative, mais ses effets sur la performance athlétique peuvent être positifs, négatifs ou indifférents, selon des facteurs tels que le niveau de compétence, la personnalité de l’athlète et la complexité de la tâche à effectuer. L’état d’anxiété est distinct mais lié à l’anxiété chronique qui se définit par une variable de personnalité ou une disposition relative à la probabilité que l’on percevra un environnement comme menaçant. En substance, l’anxiété chronique sert d’amorce à l’athlète pour ressentir l’état d’anxiété. L’anxiété liée au caractère affecte également le niveau d’excitation approprié pour un individu donné. Les personnes présentant des niveaux élevés d’anxiété chronique ont tendance à inonder la capacité d’attention avec des cognitions non pertinentes pour la tâche, telles que des pensées d’échec, de catastrophe ou des préoccupations axées sur l’ego. Lors d’une prise de décision complexe, ces signaux exigeants sur le plan de l’attention pourraient compromettre l’attention sélective d’un joueur. L’athlète éprouvant une faible anxiété chronique peut gérer des niveaux de pression plus élevés en raison de la probabilité réduite de s’engager dans une telle « catastrophisation » personnelle. Dans un état non anxieux, l’excitation est sous le contrôle de l’athlète. Cet état peut être élevé ou abaissé au besoin. L’athlète qui est bien préparé psychologiquement connaît la zone appropriée pour une performance optimale et peut la gérer en conséquence. Dans un état anxieux, l’excitation est relativement incontrôlée. En général, l’excitation est trop élevée pendant les périodes où l’état d’anxiété est inefficace : les muscles squelettiques sont tendus, le cœur bat la chamade et des pensées négatives apparaissent. Ce manque d’efficacité physique et psychologique est généralement déclenché par l’incertitude d’un événement présent ou prévu. Au moins trois facteurs importants sont généralement présents : un degré élevé d’implication de l’ego, dans lequel l’athlète peut percevoir une menace pour l’estime de soi ; un écart perçu entre ses capacités et les exigences de réussite sportive ; une peur des conséquences de l’échec (comme une perte d’approbation de la part des coéquipiers, de l’entraîneur, de la famille ou des pairs). Étant donné que ces constructions de l’anxiété et de l’excitation sont complexes et interdépendantes, la figure 8.1 résume les interrelations de l’excitation, de l’état d’anxiété, de l’anxiété chronique et des composantes cognitives et somatiques de l’anxiété. L’état d’anxiété est l’expérience réelle de l’appréhension et de l’excitation incontrôlée. L’anxiété chronique est une caractéristique de la personnalité, qui représente une disposition latente à percevoir les situations comme menaçantes. STRESS Le stress est défini comme un déséquilibre substantiel entre la demande (physique, psychologique, ou les deux) et la capacité de réponse, dans des conditions où le non-respect de cette demande a des conséquences importantes. Un stresseur est un événement environnemental ou cognitif qui déclenche le stress (la réponse au stress). Le stress peut être décrit comme un état négatif (détresse) ou positif (eustress). Les deux génèrent de l’excitation, mais ce n’est que lorsque la perception du facteur de stress est négative – la détresse – qu’elle génère également de l’anxiété. Par conséquent, la détresse comprend l’anxiété cognitive et somatique, tandis que l’eustress comprend l’énergie mentale positive et l’excitation physiologique. INFLUENCE DE L’EXCITATION ET DE L’ANXIÉTÉ SUR LA PERFORMANCE Une fois la compréhension de ces concepts généraux d’excitation, d’anxiété et de stress maîtrisée, l’étape suivante consiste à déconstruire comment ces éléments émotionnels influencent la performance. Pourquoi l’excitation affecte-t-elle un athlète de manière bénéfique et un autre de manière préjudiciable ? Ce paragraphe examine un certain nombre de théories et de modèles qui tentent d’expliquer cette relation entre l’excitation et la performance. Il commence par la construction de base – la théorie de la transmission de Hull – puis se fonde sur celle-ci pour aborder la théorie du U inversé de Yerkes et Dodson, décrivant les influences médiatrices du niveau de compétence, de la complexité des tâches et de la personnalité. D’autres théories connexes qui expliquent davantage cette relation sont décrites, y compris les zones individuelles de fonctionnement optimal de Hanin, la théorie des catastrophes de Fazey et Hardy et enfin la théorie de l’inversion de Kerr. THÉORIE DE LA CONDUITE Lorsque les chercheurs ont commencé à étudier la relation entre l’excitation et la performance, ils pensaient qu’elle suivait une progression directe et linéaire. La théorie de la pulsion de Hull propose qu’à mesure de l’augmentation de l’excitation ou de l’anxiété d’un individu, les performances augmentent également. Ainsi, plus les athlètes sont excités, plus ils sont performants. Cela peut être vrai lorsqu’un athlète passe de niveaux d’excitation relativement faibles à des niveaux plus élevés, mais la plupart reconnaissent que trop d’excitation n’est pas toujours positive, car les athlètes peuvent clairement être trop « stimulés » pour bien performer. Selon la compétence et le niveau d’expérience de l’athlète, la complexité de l’activité, ou l’ensemble de ces facteurs, une plus grande excitation peut être bénéfique, mais elle peut en fait aussi être préjudiciable. Lorsque les gens exécutent des compétences simples ou bien apprises, un niveau d’excitation plus élevé peut être bénéfique à la performance. Cependant, plus une habileté donnée devient complexe, ou moins l’athlète a d’expérience avec cette habileté, plus l’excitation peut produire des résultats de performance catastrophiques. ※ NIVEAU DE COMPÉTENCE Le niveau de compétence d’un athlète peut augmenter la latitude de l’excitation optimale : plus un athlète a développé d’habiletés, mieux il peut performer pendant des états d’excitation inférieurs ou supérieurs à l’optimum. Au début de l’apprentissage d’une habileté, l’athlète est à un stade d’analyse ou de cognition. Cela signifie qu’il doit penser à ses actions. Par exemple, un joueur de basket-ball novice doit être conscient du ballon quand il dribble et doit consacrer une certaine attention à cette tâche. À un niveau d’excitation donné, les pensées inquiétantes rivalisent avec une capacité d’attention déjà occupée aux détails de la performance motrice (dribble). Si une nouvelle situation intervient soudainement, l’esprit du novice est déjà occupé et il peut ne pas le voir. Le point d’excitation optimal est plus faible pour les athlètes moins qualifiés que pour les joueurs plus experts. Par conséquent, les entraîneurs devraient réduire la stimulation et les responsabilités décisionnelles des athlètes en développement ou non titulaires ( joueurs qui manquent d’expérience en compétition) et les obliger à se concentrer sur des tâches simples pour éviter une surcharge attentionnelle. Lorsque l’on coache des haltérophiles pendant une compétition importante, les instructions aux novices doivent être simples, claires et directes. Lorsqu’ils connaissent des succès, la confiance en soi qui en découle peut réduire les pensées négatives et le sentiment d’incertitude qui caractérise généralement ces athlètes. ※ COMPLEXITÉ DES TÂCHES Un deuxième facteur qui influence le niveau d’excitation approprié pour atteindre des performances optimales est la complexité de la tâche. La plupart des compétences athlétiques sont extrêmement complexes d’un point de vue biomécanique, mais la complexité la plus préoccupante concerne la prise de décision consciente. Par exemple, la course à pied est une tâche très complexe en termes de contrôle moteur et d’anatomie fonctionnelle, mais les athlètes n’ont heureusement pas à consacrer beaucoup d’attention à l’action coordonnée. En fait, l’action peut devenir altérée et inefficace si elle est trop réfléchie, car cela modifie les séquences neuronales pour l’initiation du mouvement. Du point de vue de l’attention, les compétences simples ou bien apprises sont moins affectées par un haut niveau d’excitation, car elles ont peu d’indicateurs pertinents à surveiller. Heureusement, l’excitation physiologique, qui accompagne généralement l’excitation émotionnelle, peut alors être bénéfique. Cependant, la situation est radicalement inversée pour les compétences qui nécessitent un effort de prise de décision conscient, comme celles requises par un gardien de but de football ou un receveur de baseball qui fait face à un lancer sur base. Dans ces cas, l’excitation doit être maintenue à un niveau relativement faible en raison de la nécessité de maintenir une concentration plus large afin de reconnaître les signaux pertinents. THÉORIE DU U INVERSÉ S’appuyant sur la relation de base décrite dans la théorie de la pulsion, Yerkes et Dodson ont proposé l’un des principes majeurs de la relation excitation-performance : la théorie du U inversé. En synthèse, cette théorie affirme que l’excitation facilite la performance jusqu’à un niveau optimal, au-delà duquel de nouvelles augmentations de l’excitation sont associées à une performance réduite. La figure 8.2 illustre graphiquement cette relation. La plupart des entraîneurs et des athlètes adhèrent intuitivement à cette hypothèse, car ils ont tous connu de mauvaises performances lorsqu’ils se sentaient placides ou sous-excités, ou à l’inverse trop « excités » ou « hors de contrôle ». La théorie du U inversé aide les entraîneurs et les athlètes à comprendre pourquoi l’excitation affecte la performance et leur permet de mieux contrôler le niveau d’excitation approprié pour un athlète donné et dans un sport donné. Il convient toutefois de noter que la forme générique de la courbe dans cette relation a été critiquée, car elle ne prend pas en compte les influences individuelles des compétences, des capacités, de l’expérience et de la complexité des tâches, comme décrit précédemment. ZONES INDIVIDUELLES DE LA THÉORIE DU FONCTIONNEMENT OPTIMAL Le Docteur Hanin a observé les interactions des facteurs individuels qui affectent l’excitation optimale pour la performance et a développé la notion de zones individuelles dans la théorie du fonctionnement optimal. Il soutient que différentes personnes, dans différents types de performance, fonctionnent mieux avec des niveaux d’excitation très différents. Cette théorie diffère de la théorie du U inversé à deux égards : la performance idéale ne semble pas toujours se produire au milieu du continuum d’excitation, et plutôt que de n’avoir qu’un seul point d’excitation optimal précis auquel la performance se produit, il existe une petite plage, ou bande passante, de niveau d’excitation dans laquelle la performance peut survenir. De plus, Hanin a proposé l’existence d’émotions positives et négatives (excitation, nervosité) qui peuvent générer des améliorations de la performance, tout comme il y a des émotions positives et négatives (sentiment de confort, ennui) qui peuvent affaiblir les performances. Cette proposition est importante car elle reconnaît que toute émotion spécifique peut être perçue positivement par un athlète mais négativement par un autre. Ainsi, dans la pratique, les athlètes peuvent se souvenir rétrospectivement de l’excitation associée à plusieurs de leurs performances qui différaient en qualité. Ils peuvent ensuite surveiller les émotions et les niveaux d’excitation avant une compétition importante et faire des ajustements pour augmenter les chances d’atteindre cette zone idéale individuelle. THÉORIE DE LA CATASTROPHE Selon Hardy, l’évaluation des dimensions cognitives et somatiques de l’excitation peut aiguiser la capacité de prédire (et donc de contrôler) leur impact sur la performance. Des hypothèses antérieures associées à la théorie du U inversé soutenaient que l’augmentation de l’excitation au-delà du niveau optimal entraînait une baisse progressive et proportionnée de la performance. Cependant, l’observation nous montre que ce n’est pas toujours le cas – un athlète peut subir un déclin sévère et catastrophique plutôt qu’un déclin progressif quadratique ou curviligne des performances, ou encore restaurer un degré de calme n’apporte pas nécessairement un retour au niveau de performance affiché avant la baisse. Dans ce modèle, appelé « la théorie de la catastrophe », l’excitation somatique a une relation curviligne en U inversé avec la performance athlétique, tandis que l’anxiété cognitive montre une relation négative constante avec la performance. Lorsque l’augmentation de l’excitation physiologique se produit en présence d’anxiété cognitive, une baisse soudaine – plutôt qu’une baisse graduelle – des performances se produit. L’implication pratique de cette théorie est que les structures d’excitation doivent être plus clairement délimitées, comme l’anxiété cognitive, l’excitation physiologique, l’anxiété somatique ou une combinaison de celles-ci. THÉORIE DE L’INVERSION L’interprétation de Kerr de la théorie de l’inversion postule que la manière dont l’excitation et l’anxiété affectent la performance dépend de l’interprétation individuelle de cette excitation. Essentiellement, un athlète pourrait interpréter des niveaux élevés d’excitation comme une excitation et une indication de la préparation à la performance, tandis qu’un autre athlète, éprouvant la même émotion au même niveau d’excitation, interpréterait ce sentiment comme désagréable et reflétant un manque de confiance. Cette idée implique que les athlètes ont la capacité d’inverser l’interprétation de leur propre excitation : au lieu de percevoir l’excitation élevée comme effrayante et inquiétante, ils peuvent choisir d’inverser leur perception et d’interpréter l’excitation comme reflétant la stimulation et l’anticipation. Cette théorie est importante car elle souligne que l’interprétation de l’excitation, et pas seulement de son niveau, est importante. De plus, cela montre que la manière dont l’excitation et l’anxiété influencent la performance – qu’elles soient bénéfiques ou nuisibles à la performance – est sous le contrôle de l’individu. MOTIVATION Comme mentionné précédemment dans ce chapitre, la motivation est un facteur psychologique principal dans l’acquisition et l’effectivité de la performance des habiletés motrices. La motivation peut être définie comme l’intensité et la direction de l’effort. Certains aspects des phénomènes de motivation sont mis en évidence dans les paragraphes suivants. Nous aborderons d’abord la motivation intrinsèque et extrinsèque, qui influence grandement le désir de l’athlète de s’entraîner et de concourir. Ensuite, nous nous attarderons sur la motivation à la réussite, qui aide à expliquer les différences individuelles de compétitivité. Enfin, le renforcement positif et négatif sera détaillé dans la mesure où il s’applique à l’apprentissage des compétences et à la performance. MOTIVATION INTRINSÈQUE ET EXTRINSÈQUE La motivation intrinsèque est importante pour tout athlète. Deci a défini cette construction comme un désir d’être compétent et autodéterminé. Avec une motivation intrinsèque, les athlètes sont motivés en raison de leur amour du jeu et de la récompense inhérente qu’ils ressentent de la participation. C’est une motivation qui vient de l’intérieur de l’athlète et qui s’exprime indépendamment de l’existence d’une récompense ou d’une punition matérielle. Les athlètes à motivation intrinsèque se concentrent sur la joie ou le plaisir qu’ils ressentent dans l’activité et souhaitent généralement apprendre et s’améliorer en raison de l’état dans lequel il se trouve. Comment maintenir ou encourager un état aussi souhaitable ? La réponse réside dans la définition de Deci, qui met l’accent sur le succès (compétence) et le fait d’être « seul maître à bord » (autodétermination). Des objectifs appropriés, en particulier des objectifs de processus ou de performance, peuvent accroître la compétence perçue. De plus, donner à l’athlète une certaine latitude dans la prise de décision augmente la perception de l’autodétermination. Bien qu’un comportement autoritaire soit parfois justifié dans le sport, dans la mesure où des directives claires sont nécessaires dans un environnement stressant et compétitif, un manque total de responsabilités déléguées pourrait entraîner une perte d’initiative et de dynamisme chez les athlètes. À l’inverse, la motivation extrinsèque est une motivation qui provient d’une source externe par opposition à une source interne. Il en existe de nombreux exemples, car elle est fondée sur une construction de récompense individualisée. Les récompenses extrinsèques les plus courantes dans les milieux sportifs sont les médailles, les trophées, les éloges des entraîneurs et des coéquipiers, l’approbation sociale et la peur de la sanction. Il convient de noter que les athlètes ont rarement une motivation uniquement intrinsèque ou uniquement extrinsèque : ils présentent plutôt des degrés variables le long de ce continuum de motivation en fonction de l’activité, de leurs perceptions de la compétence, du niveau d’importance de l’activité et d’une foule d’autres variables. MOTIVATION À LA RÉUSSITE Dans la construction générale de la motivation, il existe un type plus spécifiquement ciblé appelé « motivation à la réussite », qui fait référence aux efforts d’une personne pour maîtriser une tâche, atteindre l’excellence, surmonter les obstacles et s’engager dans la compétition ou la comparaison sociale. Toutes choses étant égales entre deux athlètes, celui qui a le plus de motivation pour la réussite sera le meilleur athlète car il a un plus grand appétit pour la compétition. Mc Clelland et ses collègues ont émis l’hypothèse que toutes les personnes ont en elles-mêmes des traits de personnalité opposés : la raison de réussir (RR) et la raison d’éviter l’échec (REE). La RR se rapporte à la capacité de ressentir de la fierté dans ses réalisations et se caractérise par un désir de se mettre au défi et d’évaluer ses capacités. D’autre part, la REE concerne le désir de protéger son ego et son estime de soi. Malgré son nom, la REE ne vise pas vraiment à éviter l’échec en tant que tel. Il s’agit plutôt d’éviter la perception de la honte qui accompagne l’échec. En règle générale, les athlètes dominés par la RR sont les plus intrigués par des situations incertaines ou difficiles, avec une probabilité de réussite d’environ 50 %. Cela crée des opportunités pour évaluer ses capacités. D’un autre côté, les joueurs dominés par la REE sont plus à l’aise dans les situations où il est très facile de réussir (évitant ainsi la honte) ou à ce point difficile qu’il n’y aurait aucune chance de gagner (encore une fois, éliminant la probabilité de ressentir de la honte). À des niveaux plus élevés d’implication dans le sport, il est peu probable que les athlètes soient dominés par la REE, mais ils afficheront certainement des niveaux de graduation dans la compétitivité. Confronté à un objectif très difficile, comme gagner une quantité importante de masse musculaire maigre pendant la phase d’hypertrophie d’un cycle périodisé, l’individu dominé par la REE pourrait réduire l’effort parce qu’il craindra l’échec et ressentira une menace pour l’estime de soi (il pourrait également prétendre que l’objectif est irréaliste), alors que l’individu dominé par le REE pourra intensifier ses efforts en réponse au défi et ne percevoir aucune menace. ASPECTS MOTIVATIONNELS DE L’APPRENTISSAGE DES COMPÉTENCES (ENTRAÎNEMENT AUTOCONTRÔLÉ) En plus de fournir à l’individu des informations pour l’acquisition de compétences, l’entraînement, les instructions et le feed-back peuvent également agir comme facteurs de motivation pour améliorer les performances. Les horaires d’entraînement qui répondent aux besoins psychologiques fondamentaux d’autonomie, de compétence et de lien social peuvent influencer la motivation. La littérature concernant l’apprentissage moteur exprime un intérêt grandissant quant au rôle de l’entraînement autocontrôlé dans l’amélioration de la motivation, de la performance et de l’apprentissage des compétences. L’entraînement autocontrôlé implique l’athlète dans les décisions liées à la structure de l’entraînement, y compris quand recevoir des feed-backs ou quelle compétence travailler. Cela implique également de simplement demander aux athlètes comment ils pensent procéder. Cela favorise une implication plus active dans la session d’entraînement et peut améliorer les sentiments de compétence et d’autonomie. Grâce à cette motivation accrue, les performances et l’apprentissage s’améliorent. Faire participer les athlètes à certaines décisions liées au programme d’entraînement est un moyen simple mais efficace de les aider à atteindre leurs objectifs de performance sportive. Les concepts d’instructions, de feed-backs et d’horaires de pratique sont abordés de façon détaillée plus loin dans ce chapitre. RENFORCEMENTS POSITIF ET NÉGATIF DU COACHING Les entraîneurs peuvent également bénéficier de la compréhension des concepts de « renforcements positif et négatif », et de « punitions positive et négative », en ce qui concerne la motivation. Le renforcement positif est l’acte d’augmenter la probabilité d’occurrence d’un comportement donné (un comportement cible, comme un jeu de jambes correct en basket-ball, est appelé un « opérant ») en le faisant suivre d’une action positive, d’un objet ou d’un événement tel que des éloges, des décalcomanies sur le casque ou des prix et récompenses. Le renforcement négatif augmente également la probabilité d’occurrence d’un opérant donné, mais il est accompli par la suppression d’un acte, d’un objet ou d’un événement qui est généralement aversif. Par exemple, si l’équipe était trop enthousiaste ou tumultueuse à l’entraînement (l’opérant est l’enthousiasme et l’agitation), l’entraîneur pourrait annoncer qu’aucun sprint court ne sera effectué à la fin de la séance. Ce style de renforcement de l’entraînement concentre l’attention sur ce que l’athlète fait correctement. D’autre part, la punition est conçue pour diminuer la fréquence d’un opérant donné, c’est-à-dire des comportements négatifs tels que des erreurs ou un manque d’effort. La punition positive est la présentation d’un acte, d’un objet ou d’un événement suite à un comportement qui pourrait diminuer l’occurrence du comportement. Un exemple est de réprimander un joueur après une erreur, ou d’obliger un athlète à faire des pompes ou des sprints après avoir perdu la balle. La punition négative, ou la suppression de quelque chose de précieux, pourrait prendre la forme de révocation de privilèges ou de temps de jeu, comme dans le cas d’un passage sur le banc. Bien que les entraîneurs utilisent un mélange de récompense et de punition, le renforcement (la récompense) ou une approche positive est sans doute plus bénéfique parce qu’il se concentre sur ce que les athlètes devraient faire et sur ce qu’ils ont bien fait (appelé « feed-back positif spécifique »). Le renforcement (positif et négatif ) augmente la concentration sur la tâche plutôt que la crainte. Une focalisation sur la tâche facilite le temps de réaction et la prise de décision. Avec le renforcement, les athlètes construisent également des souvenirs à long terme de réussite, d’estime de soi, d’auto-efficacité et de confiance. Les expériences réussies permettent de rendre plus positive la conception de la compétition chez l’athlète et d’en faire une opportunité de performer. Bien sûr, les entraîneurs peuvent punir le manque d’effort injustifié, mais il semble inefficace de punir les athlètes pour leurs erreurs s’ils font l’effort de travailler correctement. ATTENTION ET CONCENTRATION La capacité de concentration de l’athlète peut être mieux comprise grâce à la construction de l’attention. L’attention est définie comme le traitement des signaux environnementaux et internes qui arrivent à la conscience. L’attention consciente d’un athlète est constamment bombardée d’une variété de stimuli externes et de pensées internes vers laquelle la conscience peut être orientée. La capacité d’inhiber la prise de conscience de certains stimuli afin d’en traiter d’autres est appelée « attention sélective » : elle supprime les signaux non pertinents pour la tâche (personnes sur la touche, avions survolant le stade) afin de traiter les signaux pertinents pour la tâche dans un espace attentionnel limité. Pour un lanceur de baseball, les indices pertinents à la tâche peuvent inclure les tendances du frappeur et les emplacements des coureurs sur la base. Les entraîneurs de football américain exploitent souvent le potentiel stratégique d’une attention sélective de leurs adversaires en appelant un temps mort juste avant une tentative de « field goal ». Pendant le temps mort, l’adversaire pourrait, de manière sélective, s’intéresser davantage aux pensées non pertinentes pour la tâche, comme les doutes sur ses capacités et le risque d’échec, plutôt qu’aux pensées plus bénéfiques de confiance en soi ou de consignes de jeu. Les botteurs de précision peuvent faire face à ce défi d’anxiété et d’attention en passant en revue mentalement une check-list, communément appelée « routine », qui oriente consciemment les pensées vers des préoccupations pertinentes et contrôlables (respirer, vérifier le gazon, étirer les ischio-jambiers). COMMENT APPLIQUER LES RENFORCEMENTS POSITIFS ET NÉGATIFS ? Les entraîneurs devraient généralement souscrire à une stratégie de renforcement pour aider les athlètes à se concentrer sur ce qu’ils font correctement. La punition devrait être utilisée avec parcimonie, car elle augmente la probabilité que les athlètes se concentrent sur ce qu’ils ne font pas correctement. Dans des conditions qui favorisent une focalisation étroite de l’attention, le renforcement positif aide à se concentrer sur les signaux liés à la tâche, tandis que la punition inonde la capacité d’attention avec une prédominance de signaux non pertinents pour la tâche. Le principe sous-jacent important est d’avoir un ensemble de pensées qui empêche activement d’avoir d’autres pensées inquiétantes en raison de la capacité limitée de la mémoire de travail. Cette lacune humaine peut être mise à profit. Avant de soulever un poids important, l’athlète peut par exemple utiliser des phrases clés pour se concentrer sur les signaux liés à la tâche, et associés à la portance, tels que le placement du pied, la position du dos, le point de concentration visuelle et l’angle du genou pendant un squat. Cette stratégie peut réduire les distractions, ce qui décourage souvent l’effort optimal. De telles stratégies de concentration peuvent favoriser la cohérence mentale pendant l’état préparatoire, ce qui à son tour peut favoriser la cohérence physique – la marque d’un athlète qualifié. Il est également important de noter que la capacité de concentrer son attention sur les indices inhérents à la tâche et de contrôler la distraction est une compétence qui peut être apprise et qui s’améliore avec l’expérience. Selon la théorie classique de Fitts et Posner, l’athlète progresse en trois étapes lorsqu’il apprend de nouvelles habiletés motrices. La première étape, appelée « étape cognitive », se caractérise par une régulation consciente et sans effort du mouvement. Autrement dit, l’athlète doit penser aux détails de la tâche. Lors de la deuxième étape, dite « étape associative », l’athlète doit se concentrer sur la tâche mais se soucie moins des détails du mouvement. Enfin, l’athlète atteint le troisième stade, « l’automaticité », au cours duquel l’esprit est détendu et l’habileté est exécutée automatiquement sans réfléchir. En supposant une instruction et un coaching appropriés, l’esprit détendu se concentre uniquement sur ce qui est pertinent pour la tâche à ce moment et, en même temps, filtre automatiquement tous les signaux non pertinents. Atteindre l’automaticité de l’action et la clarté de la pensée qui l’accompagne souvent est un objectif pour de nombreux athlètes. L’attention sélective, communément appelée « niveau de concentration » par les athlètes, est la suppression des stimuli et des pensées sans rapport avec la tâche. STYLES ATTENTIONNELS Nideffer a formulé un concept important en psychologie du sport lorsqu’il a émis l’hypothèse que les individus ont tendance à éprouver des catégories changeantes de styles attentionnels pendant la performance. Ces catégories sont caractérisées par deux dimensions : la direction (interne-externe) et la largeur (large-étroite). La première dimension fait référence à une perspective introspective par rapport à une perspective orientée vers l’extérieur, tandis que la deuxième dimension fait référence à une orientation intégrative (expansive) par rapport à une orientation hautement sélective. Ces dimensions se produisent chacune sur des continuums qui se chevauchent, créant quatre « quadrants » de concentration attentionnelle : le large externe, dans lequel l’athlète évalue la situation en regardant l’environnement et divers éléments à l’intérieur ; le vaste interne, dans lequel l’athlète traite les informations et élabore une stratégie ; l’étroit interne, dans lequel l’athlète répète mentalement l’action à venir ; et l’étroit externe, dans laquelle l’athlète se concentre spécifiquement sur un ou deux signaux externes pour générer une action. Ces constructions et leurs relations les unes avec les autres sont illustrées à la figure 8.3. Comprendre les styles attentionnels peut améliorer l’efficacité du coaching. Par exemple, un joueur qui a tendance à être surchargé de stimuli externes peut être entraîné à se concentrer sur un signal important, tel que le jeu de jambes d’un adversaire. Les athlètes qui semblent se perdre dans leur propre tête pourraient s’entraîner à décrire à haute voix, à un entraîneur, ce qu’ils ressentent lors d’une fente. Sans un tel coaching, ces joueurs seraient probablement attentifs aux signaux inappropriés et réagiraient trop lentement. TECHNIQUES PSYCHOLOGIQUES POUR AMÉLIORER LA PERFORMANCE Améliorer l’utilisation des compétences mentales peut améliorer les performances sur les terrains de sport, dans les salles de musculation et sur les terrains d’entraînement, et peut également se transformer en de meilleures performances dans tous les domaines de la vie. Des situations au travail, à l’université et même lors de toute interaction sociale générale, dans n’importe quel domaine, peuvent être améliorées avec un peu d’attention consacrée au renforcement des compétences mentales. Ces habiletés psychologiques sont assez similaires aux habiletés physiques, techniques et tactiques dans la mesure où elles peuvent être enseignées et apprises. Elles doivent aussi être pratiquées régulièrement si elles doivent générer un changement de comportement à long terme. La section suivante présente plusieurs de ces compétences psychologiques qui peuvent être intégrées à l’entraînement pour améliorer la performance globale. TECHNIQUES DE RELAXATION POUR CONTRÔLER L’EXCITATION ET L’ANXIÉTÉ ÉLEVÉES Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour aider les athlètes à gérer leurs processus psychologiques par la relaxation. Les techniques de relaxation sont conçues pour réduire l’excitation physiologique et augmenter la concentration liée à la tâche. Ces techniques sont importantes lorsque les gens exécutent des tâches complexes ou en pratiquent de nouvelles, lorsqu’ils font face à des situations de pression ou lorsqu’une concentration délibérée est nécessaire. ※ RESPIRATION DIAPHRAGMATIQUE Une technique simple pour atteindre un niveau plus élevé de relaxation physique et mentale est la respiration diaphragmatique. Appelée « respiration du ventre », cette forme de respiration est une technique de gestion du stress de base et le point de départ de pratiquement toutes les autres techniques d’entraînement mental. Il concentre l’attention sur le processus de respiration pour éclaircir l’esprit et donc augmenter la concentration. Au cours de tout exercice d’entraînement mental, les athlètes doivent essayer de s’engager dans une respiration rythmique profonde d’une manière détendue et naturelle. Physiologiquement, cette forme de respiration a une influence majeure sur la fréquence cardiaque et la tension musculaire en raison des mécanismes de rétroaction qui relient les centres de contrôle respiratoire et cardiaque dans le tronc cérébral. L’inspiration relativement profonde, suivie d’une expiration contrôlée, modifie l’équilibre du système nerveux autonome (SNA), de sorte qu’une augmentation du tonus vagal ou de l’activité parasympathique peut se produire. La branche parasympathique de l’ANS favorise l’effet opposé à la réponse de lutte ou de fuite à médiation sympathique. Ainsi, la respiration rythmique peut diminuer la stimulation neurale des muscles et des organes squelettiques (cœur, poumons, foie), entraînant un sentiment de relaxation profonde. La respiration diaphragmatique nécessite que l’attention soit dirigée vers la région abdominale. Il est préférable de se familiariser avec cela à partir d’une position debout afin que la respiration ne soit pas inhibée. L’athlète doit laisser les bras pendre librement et se concentrer sur la relaxation, en particulier dans la région du cou et des épaules, en prenant d’abord quelques respirations profondes. Ensuite, l’athlète doit détendre les muscles abdominaux afin qu’ils apparaissent flasques. L’initiation de chaque respiration doit se produire simultanément avec la protrusion détendue des muscles abdominaux ; placer une main sur l’abdomen donne une rétroaction pour s’assurer que l’abdomen dépasse à l’initiation de chaque respiration. À chaque respiration, l’abdomen devrait se distendre naturellement. Lorsque cette partie de la technique est effectuée correctement, le diaphragme (muscle à la base des poumons) se contracte et tombe, permettant une respiration plus profonde. Il s’agit de la première étape de la prise d’une inhalation maximale. L’ensemble du processus d’inhalation se déroule en trois zones et étapes différentes : le bas de l’abdomen, le milieu et enfin le haut de la poitrine. La respiration diaphragmatique peut être combinée avec des techniques de relaxation musculaire plus dynamiques comme la relaxation musculaire progressive et l’entraînement autogène. ※ RELAXATION MUSCULAIRE PROGRESSIVE (RMP) Pour atteindre un niveau approprié d’activation cognitive et somatique avant la performance, les athlètes peuvent recourir à la relaxation musculaire progressive (RMP). La relaxation musculaire progressive est une technique par laquelle l’excitation psychologique et physique est autorégulée par le contrôle de la tension des muscles squelettiques. En synthèse, en passant par une série de phases de tension musculaire et de relaxation alternées, l’athlète apprend à prendre conscience de la tension somatique et donc à la contrôler. L’idée est qu’un corps détendu favorise un esprit détendu. Ces cycles de tension et de relaxation progressent d’un groupe musculaire à l’autre jusqu’à ce que tous les groupes musculaires soient détendus de manière optimale. Chaque cycle implique une tension maximale de chaque muscle pendant une courte période de temps (dix-quinze secondes), suivie d’une tentative consciente de détendre complètement ce muscle, avant de passer au groupe musculaire suivant. Avec la pratique, un athlète apprend à discerner rapidement la différence entre un muscle tendu et un muscle détendu, puis à être actif pour générer la relaxation musculaire nécessaire. Dans de nombreux cas, un effet secondaire positif de la réduction de la tension musculaire est une augmentation des mouvements doux, fluides ou efficaces ainsi qu’une augmentation de l’amplitude des mouvements autour de l’articulation. Cela peut être une technique d’autorégulation efficace pour certains athlètes avant l’entraînement ou la compétition, ou même pendant un moment intense d’une compétition donnée. Cependant, il convient de noter que lorsque les athlètes commencent à utiliser la RMP, cela peut être suivi d’une période de léthargie. Par conséquent, les athlètes devraient pratiquer cette technique dans les jours précédant la compétition (plutôt que le jour même) pour déterminer son impact individuel. ※ ENTRAÎNEMENT AUTOGÈNE Pour les athlètes qui sont blessés ou qui, pour une raison quelconque, trouvent inconfortable ou peu pratique d’éprouver des niveaux de tension musculaire élevés, le cycle de RMP pour chaque groupe musculaire peut être remplacé par un état d’attention qui se concentre simplement sur le sentiment de chaleur et de lourdeur pour un membre particulier ou groupe musculaire. Ce type de technique, appelé « entraînement autogène », consiste en une série d’exercices conçus pour produire des sensations physiques dans le corps – généralement de la chaleur et de la lourdeur. Parce que l’entraînement autogène élimine le besoin de niveaux inconfortables de tension musculaire dans les cycles de contraction-relaxation, les athlètes plus âgés ou les athlètes en rééducation après une blessure peuvent trouver que cet entraînement est une alternative intéressante à la RMP. Les techniques de relaxation sont conçues pour réduire l’excitation physiologique et augmenter la concentration liée à la tâche. Ces techniques sont extrêmement importantes lorsque l’on exécute des tâches complexes ou nouvelles, ou dans des situations de haute pression. ※ DÉSENSIBILISATION SYSTÉMATIQUE Parfois, les peurs sont apprises en associant des stimuli auparavant neutres à un événement stressant. Par exemple, un adulte non nageur qui a vécu un événement menaçant dans l’eau pendant son enfance peut éviter les activités autour de l’eau en raison de cette association apprise. Cette personne peut devenir effrayée et donc tendue en faisant des exercices de musculation de base ou d’étirement dans une piscine, même s’ils ne nécessitent aucune compétence en natation. Cet exemple illustre l’importance de comprendre la science de l’exercice. Par exemple, le milieu aquatique est d’une grande aide pour améliorer la souplesse. Cependant, pour bénéficier au maximum d’un programme d’étirements, un participant doit apprendre à se détendre complètement. Si le but de la séance en piscine est d’améliorer la souplesse, l’incapacité d’un nonnageur à se détendre dans l’environnement pourrait facilement empêcher des gains de souplesse. Une technique qui aide un athlète à affronter ou à réduire sa peur est la désensibilisation systématique (DS). La désensibilisation systématique combine des techniques mentales et physiques qui permettent à un athlète de remplacer une réponse de peur à divers signaux par une réponse de relaxation. Comme la formation à la gestion du stress cognitifaffectif (SCA) et l’entraînement à l’inoculation du stress (IS), la désensibilisation systématique apprend à l’athlète comment utiliser une réponse d’adaptation spécifique fondée sur les compétences de relaxation pour contrôler l’excitation cognitive. Ce processus de remplacement adaptatif et appris, principe de base de la DS, est appelé « contre-conditionnement ». Pour pratiquer la technique, un athlète doit être raisonnablement compétent à la fois en RMP et en imagerie mentale. L’athlète doit construire une hiérarchie (ou progression) des événements et des situations qu’il perçoit spécifiquement comme effrayants. Par exemple, une gymnaste de compétition qui a subi une blessure grave sur la poutre peut énumérer une série de scènes effrayantes, allant de l’échauffement avant l’événement au mouvement réel qui a précipité la blessure. Dans un cadre où l’athlète est détendu, il visualise la première scène et éprouve un léger degré d’anxiété. En même temps, la respiration diaphragmatique, la RMP ou une autre technique de relaxation physique est instituée, et une forte réponse de relaxation devrait théoriquement surmonter le syndrome de combat ou de fuite relativement faible. Cette technique est pratiquée jusqu’à ce que l’athlète puisse garder l’image clairement en tête, tout en maintenant un état de relaxation. L’athlète progresse dans la hiérarchie, éprouvant une peur conditionnée à petites doses, gérables, qui sont surmontées par la relaxation obtenue avec la technique de relaxation. Cette procédure empêche l’évitement cognitif et contre-conditionne une nouvelle réponse (relaxation) aux stimuli anciennement inducteurs de peur. IMAGERIE L’imagerie peut être définie comme une compétence cognitive dans laquelle l’athlète crée ou recrée une expérience dans son esprit. Idéalement, pour les athlètes, il utilise tous les sens pour créer une expérience mentale d’une performance athlétique. L’athlète simule la réalité en répétant mentalement un mouvement, en imaginant des signaux visuels, auditifs, kinesthésiques, olfactifs et même gustatifs. Fletz et Landers ont fourni des preuves convaincantes de l’efficacité de l’imagerie mentale dans l’amélioration des compétences sportives sur la base d’une analyse méta-analytique de la littérature. Au cours des premières étapes de l’utilisation de l’imagerie, l’athlète peut commencer par un visuel relativement simple et une image familière. Cela permet une pratique réussie de la technique. Comme pour l’apprentissage de toute compétence, il est nécessaire de commencer par le simple pour aller vers le complexe. Ainsi, la personne commence par des images statiques, telles que la visualisation d’une balle de golf ou l’examen mental des caractéristiques visuelles d’une raquette de tennis. La vivacité, ou le détail de l’image, devrait devenir de plus en plus claire avec une pratique continue. Certaines personnes ont un talent naturel pour obtenir une clarté d’image, mais tout le monde peut s’améliorer avec une pratique répétée. La perspective de l’image peut être interne (première personne) ou externe (troisième personne). Bien que la littérature scientifique ne soit pas très claire pour déterminer si l’une des perspectives est supérieure à l’autre, il semble qu’une image plus engageante et naturelle pour l’athlète serait la plus appropriée. Bien sûr, la perspective interne à la première personne semble plus spécifique à l’exécution des compétences, dans la mesure où la tâche réelle est effectuée avec une telle orientation. Cependant, comme de nombreux athlètes sont habitués à revoir des films ou des enregistrements de leurs performances, une perspective externe peut également sembler naturelle. Une fois que l’athlète a réussi à visualiser un objet stationnaire avec des détails saisissants, il ou elle peut commencer à déplacer l’objet ou à « le contourner » dans l’esprit, en le regardant sous un certain nombre de perspectives différentes. Pour une image comme un ballon de basket-ball, l’athlète peut tenter de faire rebondir le ballon et le sentir contre le bout des doigts. De cette manière, l’athlète augmente la complexité en contrôlant l’image ou en la déplaçant avec contrôle (en faisant rebondir le ballon) et en apportant une perspective multisensorielle (utilisation d’une sensation tactile ou kinesthésique ainsi qu’une sensation visuelle). Répéter l’exécution réussie d’une compétence dans des conditions de compétition imaginées peut fournir à l’esprit subconscient des souvenirs positifs, augmentant ainsi le sentiment de confiance et de préparation de l’athlète pour ce sport particulier. Bien sûr, l’imagerie mentale n’est pas un déterminant de l’auto-efficacité aussi puissant que le succès réel, mais elle offre deux ingrédients potentiellement puissants. Premièrement, une performance réussie est entièrement sous le contrôle de l’athlète pendant l’imagerie, tandis qu’une certaine incertitude quant au résultat est inhérente à la réalité. En imagerie, l’athlète a une excellente occasion de « vivre » son succès. Nous pensons que les athlètes devraient être réalistes dans les types de succès qu’ils imaginent, et que les images mentales devraient être personnellement stimulantes tout en restant dans le domaine du possible. Deuxièmement, l’athlète peut « faire l’expérience » de la compétition à plusieurs reprises, favorisant un sentiment de familiarité et de préparation. Pour certains athlètes, les mois de préparation précédant une saison – comprenant la préparation hors saison, la présaison, la préparation en saison et le développement des habiletés – peuvent mener à seulement quelques minutes d’expérience de compétition réelle. Même pour les débutants dans les sports d’équipe, l’expérience de compétition réelle peut être extrêmement faible par rapport au temps de pratique physique. Cependant, l’imagerie mentale permet à l’athlète de s’habituer à cet environnement incertain sur de plus longues périodes de temps, malgré un minimum d’occasions de compétition dans le monde réel. COMMENT LES ATHLÈTES DEVRAIENTILS UTILISER LES TECHNIQUES DE CONTRÔLE DE L’EXCITATION ? Un athlète devrait utiliser des techniques de réduction de l’excitation lors de l’exécution d’une nouvelle compétence ou d’une compétence complexe, ou lors de l’exécution dans des situations de haute pression. Les athlètes devraient utiliser des techniques d’amélioration de l’excitation lors de l’exécution de compétences simples, bien maîtrisées ou dans des situations de pression minimale. Le but de l’utilisation de telles techniques est de permettre à l’athlète de performer avec un esprit libéré tout en adaptant son intensité mentale et physique aux exigences de la tâche. AUTO-EFFICACITÉ Bien sûr, l’un des principaux objectifs de la psychologie du sport appliquée est de générer une perspective psychologique qui améliore les performances, et il a été avancé que la confiance en soi perçue, ou l’auto-efficacité, est un meilleur prédicteur de l’exécution de la tâche que l’excitation ou l’anxiété. La confiance en soi est la conviction que l’on peut réussir à exécuter le comportement souhaité, tandis que l’auto-efficacité, forme de confiance en soi spécifique à la situation, est la perception de sa capacité à effectuer une tâche donnée dans une situation spécifique. Une personne ayant une forte auto-efficacité ne doute pas de sa capacité à réussir une tâche donnée, même en cas d’échec. Selon la théorie de Bandura, l’auto-efficacité d’une personne provient de plusieurs sources : Réalisations de performance – expériences passées de réussite ou d’échec E xpériences par procuration – regarder les autres (modéliser) Persuasion verbale – encouragement de soi ou des autres Expérience via l’imagination – utiliser l’imagerie pour se voir performer États physiologiques – perception de l’excitation comme facilitatrice ou incapacitante États émotionnels – affect ou humeur Ces facteurs se traduisent bien dans les environnements sportifs et d’entraînement et peuvent être influencés par les entraîneurs ainsi que par l’athlète lui-même. On pense que si un athlète possède les compétences nécessaires et un niveau de motivation acceptable, la performance qui en résulte est largement déterminée par l’auto-efficacité. La compétence seule n’est pas suffisante pour assurer une performance efficace – les athlètes doivent vouloir bien performer et doivent croire qu’ils peuvent réussir dans leurs efforts. En outre, le niveau d’autoefficacité des individus influe sur les choix opérés, que ce soit pour les rapprocher de certaines activités pour lesquelles ils se sentent en confiance ou pour les éloigner de celles pour lesquels la confiance fait défaut. De même, cette construction influence en outre le niveau d’effort global ainsi que la persistance face aux obstacles, car ceux qui croient en euxmêmes travaillent généralement plus dur et sont plus déterminés à atteindre le résultat souhaité que ceux qui n’ont pas les niveaux nécessaires d’auto-efficacité. De toute évidence, la perception de sa capacité à accomplir avec succès les tâches sportives ou d’entraînement a un impact direct sur la performance réelle. L’auto-efficacité influence le choix d’activité des gens, leur niveau d’effort dans cette activité et la persévérance qu’ils auront face aux obstacles difficiles. MONOLOGUE INTERNE Une technique fréquemment utilisée pour améliorer l’autoefficacité, aider à diriger la bonne concentration, réguler les niveaux d’excitation et renforcer la motivation est le monologue interne. Le monologue interne, ou « communication intrapersonnelle », est le dialogue intérieur que nous avons avec nous-mêmes. C’est ce que nous nous disons, à voix haute ou dans nos têtes, qui fournit la « bande sonore » de nos comportements et performances. Le monologue interne est généralement classé comme positif, négatif ou pédagogique, et peut être produit spontanément ou utilisé à dessein pour générer des changements d’humeur ou de comportements. Le monologue interne positif peut inclure des énoncés ou des déclarations qui sont encourageants (« Allez ! »), motivants (« Je peux le faire ! »), ou renforçants (« Je suis prêt ! »), et reflètent généralement des émotions ou sentiments favorables. Le monologue interne négatif reflète généralement la colère, le découragement, le doute ou le jugement négatif (« Tu es nul ! », « Tu ne peux pas faire ça », « À quoi pensais-tu ? »). Le monologue intérieur pédagogique fournit généralement une direction spécifique ou concentrée sur les indicateurs de performance nécessaires pour une compétence ou une stratégie particulière (« Pieds écartés à la largeur des épaules », « Gardez votre torse droit »). Il a été constaté que le monologue interne positif et axé sur les consignes améliore les performances dans les environnements de laboratoire. Cependant, des différences individuelles et environnementales importantes peuvent modifier ces résultats dans les paramètres de performance dans la réalité. Par exemple, le monologue interne pédagogique peut être nocif pour les experts, car le relais d’indices de performance spécifiques peut interférer activement avec l’automatisme du mouvement. De plus, certaines preuves avancent que le monologue interne positif peut entraîner une diminution de l’auto-efficacité chez certains athlètes. En règle générale, cependant, le monologue interne négatif est associé à une mauvaise performance, car il oriente la concentration sur des signaux inappropriés, peut déclencher une énergie émotionnelle négative et peut diminuer la confiance. Par conséquent, afin d’utiliser le monologue interne le plus efficace, les athlètes devraient commencer par examiner leur utilisation actuelle du monologue interne et ses effets sur la performance. Ensuite, une évaluation de la façon la plus appropriée de modifier leur monologue interne être faite. DÉFINITION D’OBJECTIFS Sans surprise, bon nombre des concepts abordés dans ce chapitre peuvent avoir une influence directe les uns sur les autres. L’auto-efficacité en fait partie car elle a un impact significatif sur les types d’objectifs que les gens se fixent. Ceux qui ont une confiance et une efficacité supérieures envisagent, créent et s’efforcent généralement d’atteindre des objectifs plus difficiles. L’établissement d’objectifs peut être caractérisé comme un processus par lequel des normes de performance progressivement plus exigeantes sont poursuivies avec un critère défini de performance de la tâche qui augmente la probabilité de réussite perçue. Par exemple, un but pour un nageur peut être d’exécuter un mouvement techniquement correct sur une distance autorisée, comme le 50 m nage libre. Au début, le niveau d’habileté du nageur peut être si faible qu’une telle tâche semble écrasante et produit un fort sentiment d’échec et de frustration, mais les tests physiologiques peuvent montrer à l’entraîneur que l’athlète a les ressources physiques pour exceller dans une telle épreuve (degré élevé de fibres musculaires à contraction rapide ou de type II, puissance musculaire et force-vitesse supérieures dans le haut et le bas du corps, grande capacité de métabolisme anaérobie). Cependant, la mécanique des nages est inefficace, et l’athlète en est tout à fait conscient et manque donc de confiance. Premièrement, l’entraîneur et l’athlète peuvent décomposer les habiletés et les unités de préparation en éléments quantifiables (la méthode traditionnelle d’apprentissage en partie entière). Ensuite, alors que l’athlète se concentre sur chaque composante et la maîtrise, un sentiment de progrès et de succès est entretenu, développant plus de confiance et motivant davantage l’athlète pour atteindre l’objectif ambitieux. L’établissement d’objectifs systématiques peut simultanément augmenter le développement psychologique et la performance de l’athlète. Un certain nombre de raisons expliquent pourquoi la définition d’objectifs affecte les performances : Les objectifs dirigent l’attention de l’athlète en priorisant les efforts. Les objectifs augmentent l’effort en raison de la subordination du succès à la réalisation des objectifs. Les objectifs augmentent le renforcement positif grâce aux retours faits aux athlètes. Il semble que le fait de bien réfléchir à la nature informationnelle des objectifs secondaires, qui augmentent l’effort parce qu’ils sont difficiles mais réalisables, est un ingrédient puissant du changement de comportement. ※ OBJECTIFS DU PROCESSUS Une distinction importante liée à la fixation d’objectifs est la différence entre le processus et le résultat. Les objectifs du processus sont ceux que l’athlète a les moyens de faire aboutir. Ils se concentrent sur les actions que l’individu doit entreprendre pendant l’exécution pour bien réaliser la compétence. Si l’effort est réalisé, le succès se produit avec un degré de probabilité relativement élevé. Des exemples d’objectifs de processus dans le domaine des compétences se rapportent à la forme et à la technique, bien qu’un temps déterminé individuellement puisse également être considéré comme un objectif de processus dans le cas d’un nageur ou d’un athlète d’athlétisme. Un exemple d’un objectif de processus en préparation est de faire en sorte que l’athlète se concentre sur la stratégie de diminution de poids (ce que l’athlète doit faire quotidiennement, comme l’activité aérobie et les modifications alimentaires) plutôt que sur la réalité du résultat (perte de poids), augmentant ainsi un sentiment de contrôle sur les actions. Avec des objectifs de processus, le succès dépend fortement de l’effort. ※ OBJECTIFS DE RÉSULTAT D’un autre côté, les objectifs de résultat sont ceux sur lesquels l’athlète a peu de contrôle. Généralement, gagner est l’objectif principal. Les objectifs de résultat dans le sport se concentrent généralement sur le résultat compétitif d’un événement, donc gagner une médaille, marquer des points et générer un classement élevé relèveraient tous de cette catégorie. L’atteinte des objectifs de résultat dépend non seulement de l’effort individuel, mais aussi des efforts et des capacités des autres – quelque chose hors du contrôle personnel de l’individu. Nous pensons que la victoire est une bonne orientation vers un objectif qui peut sûrement générer des niveaux de motivation élevés, mais que, ironiquement, un athlète peut augmenter la probabilité de sa réussite en ayant à la fois un processus et une orientation vers un objectif de résultat par opposition à une attitude uniquement gagnante. L’accent indu sur la victoire seule peut occuper une proportion telle de la capacité d’attention fixe qu’elle provoque un rétrécissement de la concentration attentionnelle. En tant que tel, les signaux liés à la tâche ne sont pas reconnus, le temps de réaction est ralenti et la coordination est diminuée par des mouvements forcés et l’automatisme compromis par la modification du séquençage neuromusculaire, tout cela inhibant la réalisation du but souhaité. Les objectifs de processus et de résultat peuvent également être appliqués aux paramètres de force et de conditionnement. Par exemple, mettre l’accent sur la technique pendant l’épaulé illustre une orientation de processus, alors que se concentrer uniquement sur la réalisation du mouvement illustre une orientation de résultat. Il existe une exception au fait de vouloir éviter de fixer des objectifs de résultats, qui est la situation dans laquelle un athlète est extrêmement confiant et inégalé en compétition. Il ou elle peut vouloir se concentrer uniquement sur les résultats et un record personnel pour maximiser la motivation. ※ OBJECTIFS À COURT TERME En plus de la distinction entre processus et résultat qui vient d’être évoquée, les objectifs peuvent également être classés entre objectifs à court terme et à long terme. Les objectifs à court terme sont généralement ceux qui sont directement liés à l’entraînement (ou à la compétition en cours) et sont des lignes directrices qui peuvent être atteintes dans un délai relativement court. Les objectifs à court terme augmentent également les chances de réussite car, bien que difficiles, ils sont relativement proches du niveau de capacité actuel de l’athlète. Ils augmentent également la confiance, l’auto-efficacité et la motivation en raison de la probabilité de succès. À cet égard, le processus à court terme et les objectifs de résultats neutralisent l’ennui et la frustration qui sont les effets secondaires potentiels des programmes d’entraînement longs et ardus. PRINCIPES DANS LA DÉFINITION D’OBJECTIFS Les objectifs à long terme et à court terme sont interdépendants. Les objectifs à long terme donnent un sens à la poursuite des objectifs à court terme. L’atteinte d’objectifs à court terme fournit un sens hiérarchique de la maîtrise et du succès qui renforce la confiance en soi. Les athlètes doivent définir des objectifs de processus pour se concentrer sur les éléments de leur performance dont ils ont le contrôle. ※ OBJECTIFS À LONG TERME Cependant, la réussite à court terme est encadrée par un objectif à long terme approprié. Les objectifs à long terme sont ceux qui recouvrent la série d’objectifs à court terme liés. La réalisation de ces objectifs à court terme devrait conduire à la réalisation de l’objectif à long terme correspondant. L’athlète peut voir plus de pertinence dans les objectifs de l’entraînement quotidien s’il comprend comment ils aident à atteindre le niveau ultime de performance. Par exemple, une gymnaste qui a un objectif à long terme de gagner le sol au championnat national au cours de sa dernière année peut s’engager de façon beaucoup plus intense et positive dans des exercices de musculation si elle perçoit leur pertinence pour réaliser son rêve. Un athlète peut être plus excité psychologiquement et physiologiquement pendant l’entraînement par le fait de percevoir que l’entraînement du jour constitue une autre étape vers la réalisation d’un rêve personnel à long terme. Enfin, la spécificité des objectifs – à court ou à long terme – est importante pour donner à l’athlète un retour d’informations sur l’efficacité du coaching. Le feed-back, ou la connaissance de la réussite et de l’échec, est plus efficace en présence d’objectifs spécifiques et quantifiables, par opposition à de vagues normes de performance. Le feed-back est un mécanisme correctif, comme un thermostat ou un appareil cybernétique. Le succès et l’échec peuvent aider l’athlète à maintenir le cap vers un succès à long terme. Par exemple, un objectif spécifique de vingt-cinq minutes de course continue dans une plage de fréquence cardiaque de 160 à 170 battements par minute est un objectif beaucoup plus engageant que « sortir pour une course ». Un libellé vague d’exercice peut être approprié pour un pratiquant de loisir, mais pas pour un coureur de cross-country compétitif, surtout lorsque l’objectif est de développer la capacité physiologique. L’établissement d’objectifs optimaux nécessite une connaissance des sciences de l’exercice dans le domaine biophysique et comportemental. L’efficacité des objectifs d’amélioration de la performance sportive réside dans leur pertinence par rapport aux besoins physiques de l’athlète. Par exemple, la formulation d’une série d’objectifs appropriés pour permettre à un coureur de 400 m de réduire son temps repose sur la compréhension du profil physique, des voies métaboliques pertinentes et de la technique biomécanique à développer. Bien sûr, certains objectifs peuvent être complètement psychologiques, et donc uniquement et indirectement fondés sur les performances. Un exemple d’un tel objectif est d’adopter un état d’esprit positif pour tout un entraînement. Bien que ces objectifs nécessitent moins de connaissances biophysiques, ils peuvent être profondément utiles pour augmenter les performances, car ce sont des objectifs sur lesquels un athlète a un contrôle énorme, et qui peuvent faciliter l’inhibition du monologue interne négatif habituel. Cependant, les programmes de définition d’objectifs les plus complets englobent plusieurs domaines de la science de l’exercice, en ce sens qu’ils peuvent impliquer des objectifs de n’importe quel nombre de sousdisciplines, notamment physiologiques, métaboliques, biomécaniques, nutritionnelles et psychologiques. Cette exigence distingue uniquement la psychologie du sport des autres sciences du comportement. AMÉLIORER L’ACQUISITION ET L’APPRENTISSAGE DES COMPÉTENCES MOTRICES Une compréhension complète de l’impact et de la valeur de la psychologie du sport sur la performance athlétique n’est pas complète sans une connaissance pratique du chevauchement des sujets de l’acquisition des habiletés motrices et de l’apprentissage. L’intégration de cette science du comportement améliorera à la fois la performance des athlètes et la compétence de ceux qui les entraînent. Les techniques choisies pour améliorer l’apprentissage des habiletés motrices sont discutées dans les paragraphes suivants, y compris celles concernant les horaires de pratique, les consignes et les feedbacks. Bien que la recherche démontre des résultats favorables pour des techniques particulières, il est important de considérer le caractère unique de l’athlète, de la tâche et de l’environnement. Ce qui peut faciliter l’apprentissage pour un athlète peut avoir un effet différent sur un autre. Les sections suivantes peuvent ainsi servir de guide de base pouvant être adapté aux besoins de l’athlète, à la tâche et à l’environnement. DISTINCTION ENTRE APPRENTISSAGE ET PERFORMANCE Avant d’envisager des techniques pour améliorer l’apprentissage des habiletés motrices, il est important de distinguer l’apprentissage et la performance. L’apprentissage est un processus qui se traduit par un changement relativement permanent de la capacité d’une habileté motrice. La performance est l’exécution de la compétence dans un environnement spécifique. Comme cela a été précisé tout au long de ce chapitre, la performance peut être affectée par l’excitation, la motivation et de nombreux autres facteurs et peut donc ne pas être un indicateur des capacités et des compétences motrices de l’individu. Alors que les techniques présentées ici faciliteront l’apprentissage des compétences de l’individu, certaines pourraient en fait conduire à des baisses de performance pendant la session d’entraînement. Il est impératif de reconnaître cette possibilité et de ne pas supposer que la performance d’un athlète au cours d’une séance d’entraînement donnée reflète son apprentissage de la compétence donnée. HORAIRES D’ENTRAÎNEMENT L’entraînement est essentiel pour l’apprentissage des habiletés motrices. Plus important encore, il permet l’acquisition de compétences motrices. De simples répétitions ne suffisent cependant pas, à elles seules, à modifier les comportements. L’une des nombreuses façons de faciliter l’apprentissage des compétences consiste à manipuler la structure et le calendrier de l’entraînement. ※ ENTRAÎNEMENT COMPLET OU SÉQUENCÉ En ce qui concerne l’enseignement d’une habileté motrice complexe, il y a un débat sur l’efficacité de l’entraînement complet par rapport à l’entraînement séquencé. L’entraînement complet traite de la compétence dans son intégralité, tandis que l’entraînement séquencé sépare la compétence en une série de sous-composantes. En règle générale, les tâches qui sont difficiles mais qui ont une faible corrélation entre les souscomposantes sont mieux apprises avec un entraînement séquencé. Par exemple, l’arraché est un mouvement de puissance qui peut être décomposé en quatre souscomposantes : le premier tirage, la transition, le second tirage et la chute sous la barre. D’un autre côté, l’entraînement complet aura tendance à être privilégié pour une tâche avec des sous- composantes qui sont fortement interdépendantes, car la pratique séquencée peut empêcher le regroupement efficace des sous-composantes. Dans le cas d’une fente, il serait inefficace de séparer les mouvements de la jambe avant des mouvements de la jambe arrière, car ces deux éléments sont fortement liés. Par conséquent, il vaudrait mieux apprendre à faire une fente dans un mouvement complet. Quelle que soit l’interdépendance des tâches, dans les cas où l’apprentissage complet de la tâche peut être difficile ou coûteux, l’apprentissage séquencé est à privilégier. Si l’entraînement séquencé doit être utilisé, il existe de nombreuses façons de séparer une tâche en souscomposantes. La segmentation décompose la tâche en une série de sous-composantes qui ont des séparations claires entre elles. Par exemple, comme mentionné précédemment, l’arraché peut être décomposé en quatre temps : le premier tirage, la transition, le second tirage et la chute sous la barre. La fractionalisation divise les tâches en sous-composantes qui se produisent simultanément. En travaillant au push press, l’athlète pratique indépendamment le mouvement de soulevé avec les bras et le mouvement de poussée des jambes. La simplification ajuste la difficulté des tâches en modifiant les caractéristiques des tâches telles que la vitesse d’exécution ou l’équipement utilisé. Dans l’arraché, l’athlète pratique d’abord les souscomposantes avec une barre en PVC. Dans ce cas, la segmentation et le fractionnement sont utilisés. Lors de l’enseignement des sous-composantes de la tâche, il existe plusieurs méthodes pour réintégrer les parties dans l’ensemble de l’habileté. L’entraînement complet-partiel (également connu sous le nom de « méthode complèteséquencée ») permet à l’athlète de pratiquer chaque souscomposante de l’habileté plusieurs fois, de manière indépendante. Une fois que toutes les composantes ont été pratiquées, la compétence est pratiquée dans son intégralité. Dans un arraché, le premier tirage est pratiqué, puis la transition, le second tirage et finalement le passage sous la barre. Après avoir pratiqué toutes les compétences plusieurs fois, l’arraché est réalisé. L’entraînement partiel progressif oblige l’athlète à pratiquer les deux premières parties isolément avant de pratiquer ces parties ensemble. L’athlète pratique ensuite la troisième sous-composante avant de pratiquer les trois parties ensemble. Dans l’arraché, l’athlète pratique d’abord le premier tirage, puis la transition, puis le premier tirage avec la transition. L’athlète pratique ensuite le deuxième tirage avant de pratiquer le premier tirage, la transition et le second tirage en tant qu’habileté combinée. Cette progression se poursuit jusqu’à ce que toute la compétence soit réintégrée. L’entraînement en partie répétitif fait que l’athlète ne pratique que la première partie de manière isolée. Chaque partie suivante est ajoutée jusqu’à ce que la tâche entière soit réintégrée. Dans ce cas, l’athlète s’exercera d’abord au premier tirage, puis le premier tirage avec la transition, le second tirage, la transition et le deuxième tirage, et ainsi de suite. Avec l’utilisation de la simplification, les caractéristiques de la tâche peuvent être ajoutées progressivement, ce qui augmente la difficulté de la tâche. Le choix du séquençage dépendra de la tâche et des objectifs de la session d’entraînement donnée. ※ ENTRAÎNEMENT ALÉATOIRE Traditionnellement, les habiletés sont pratiquées de façon fermée, de sorte que l’athlète répète plusieurs fois la même habileté avant de passer à une autre habileté. Dans la pratique aléatoire, plusieurs habiletés sont pratiquées dans un ordre aléatoire au cours d’une session donnée. Par exemple, lors d’un entraînement sans modulation, l’athlète effectue plusieurs sauts en contrebas avec squat avant de passer à une autre habileté. Dans l’entraînement aléatoire, un athlète peut effectuer un saut en contrebas avec squat, un squat profond avec un mouvement latéral, un saut avec fente avant et une impulsion latérale dans un ordre aléatoire. L’athlète continue de répéter ces habiletés dans un ordre aléatoire. Alors que les performances de chaque habileté individuelle diminuent initialement au cours de l’entraînement aléatoire, l’apprentissage est facilité par cette conception de l’entraînement. Appliquée à un environnement sportif, une intégration de l’entraînement sans modulation et aléatoire (quelques tentatives de répétition pour chaque habileté avant de poursuivre) maximise les avantages des deux programmes d’entraînement. Dans le cas des sauts, l’athlète effectuera quelques répétitions de saut en contrebas avec squat avant de passer à un autre mouvement tel que les poussées latérales. ※ ENTRAÎNEMENT VARIABLE Semblable à l’entraînement aléatoire, l’entraînement variable comprend des variations de la même habileté au cours d’une même session d’entraînement par opposition à un entraînement spécifique dans lequel une habileté spécifique (saut en contrebas avant de rebondir vers un second plinth d’une hauteur spécifique) est répétée plusieurs fois. Dans l’entraînement variable, l’athlète s’entraîne à sauter depuis et vers des plinths de différentes hauteurs. Comme l’entraînement aléatoire, l’entraînement variable peut nuire aux performances pendant la session d’entraînement, mais peut améliorer les performances d’une nouvelle variation d’une habileté telle que la capacité de rebondir rapidement vers un second plinth après avoir quitté un plinth d’une hauteur inconnue. Une combinaison d’entraînements spécifiques et variables permet à l’athlète de développer des compétences spécifiques au sport, tout en lui offrant l’adaptabilité nécessaire pour les effectuer dans des environnements inconnus. Cette adaptabilité est importante pour la réussite d’un athlète, car le sport exige de l’athlète de se produire dans des environnements inconnus ( jeux pendant un déplacement) et de modifier avec précision une compétence d’entraînement en réponse à un adversaire. Par exemple, un entraînement pour atterrir et sauter à différentes hauteurs permettra à l’athlète de réagir pendant un match et d’exécuter l’habileté dans un contexte inconnu. ※ L’APPRENTISSAGE PAR OBSERVATION La pratique de l’observation (observation de l’action), ou l’entraînement par l’observation de la tâche ou de la compétence à exécuter, a des implications importantes pour l’apprentissage des habiletés motrices. L’entraînement par l’observation utilise fréquemment des vidéos préenregistrées ou des démonstrations en direct. La personne exécutant l’habileté observée peut être un novice, un athlète compétent ou un expert. Lorsque l’entraînement physique est combiné avec l’entraînement d’observation, l’apprentissage est amélioré. Dans une salle de musculation, le travail en partenariat peut faciliter l’apprentissage. Lorsqu’un athlète effectue une série ou un exercice, l’autre athlète peut observer pendant sa période de repos et vice versa. Sakadjian et ses collègues ont prouvé que la pratique de l’observation combinée à la pratique physique facilite l’amélioration de la technique d’épaulé par rapport à la pratique physique seule. L’observation peut aider les athlètes à réaliser la technique souhaitée, en garantissant ainsi la sécurité des athlètes et en offrant une progression plus rapide vers des levés plus lourds. INSTRUCTIONS Un entraîneur peut faciliter l’apprentissage en faisant varier la quantité de détails fournis dans l’instruction pour correspondre au style d’apprentissage privilégié de chacun des athlètes. Les styles pédagogiques peuvent être divisés en trois : instructions explicites, découverte guidée et découverte. Les instructions explicites incluent des informations normatives qui donnent à l’athlète les « règles » pour exécuter efficacement la tâche donnée. En apprenant à réaliser un squat, l’athlète reçoit des instructions détaillées sur la position spécifique du corps tout au long du mouvement, ainsi que le type (flexion-extension par exemple) et la quantité de mouvement de chacune des articulations. La découverte guidée fournit à l’athlète des instructions sur l’objectif du mouvement global et des indications pour l’accomplissement de la tâche sans dire explicitement à l’athlète comment accomplir la tâche. L’athlète est informé de l’objectif du saut en contrebas en squat et de quelques rappels clés pour éviter les blessures, comme le maintien d’une posture neutre de la colonne vertébrale. Cette méthode fournit une certaine direction tout en permettant à l’athlète d’explorer les relations entre les schémas de mouvement exécutés et l’objectif de mouvement associé. Enfin, la découverte instruit l’athlète sur l’objectif primordial de la tâche, alors qu’il ne reçoit que peu ou pas de ligne directrice. Dans ce cas, il est simplement demandé à l’athlète de sauter en contrebas à une profondeur particulière et il est autorisé à explorer des méthodes pour accomplir cette tâche. La méthode pédagogique de la découverte peut ralentir le processus d’apprentissage tandis que des instructions explicites peuvent nuire à la performance dans un environnement stressant. La diminution des demandes attentionnelles dans la méthode de la découverte et dans la méthode pédagogique permet aux athlètes de se concentrer davantage sur les signaux pertinents à la tâche liés à l’exécution de la tâche. FEEDBACK Le feed-back joue un rôle important dans l’acquisition des habiletés motrices en fournissant à l’athlète des informations sur le schéma de mouvement et l’objectif associé. Ces informations peuvent ensuite être utilisées pour effectuer les ajustements appropriés afin d’atteindre le modèle de mouvement et l’objectif souhaités. Le feed-back intrinsèque est un feed-back fourni à l’athlète par l’athlète à partir des sens (informations sensorielles sur le fait de manquer un plinth pendant un saut). L’intégration des informations sensorielles permet à l’athlète d’affiner et d’ajuster le modèle de mouvement pour produire le mouvement souhaité et l’objectif de tâche associé. Le feed-back augmenté est un feed-back fourni à l’athlète par un observateur (entraîneur) ou par une technologie (équipement vidéo, laboratoire). Après le saut de plinth, un entraîneur peut dire à l’athlète que le contre-mouvement des hanches était trop lent, ce qui lui a fait manquer le plinth. Le reste de cette section se concentre sur le feed-back augmenté. Le feed-back augmenté peut être décomposé en analyse des résultats et des performances. L’analyse des résultats fournit à l’athlète des informations sur l’exécution de l’objectif de la tâche. Par exemple, avec l’exercice du T, l’entraîneur peut dire à l’athlète à quelle vitesse il a terminé l’exercice. L’athlète peut également recevoir des informations normatives sur la façon dont ce temps peut être comparé aux autres. Le feed-back normatif positif et le feed-back sans comparaison augmentent l’apprentissage des compétences par rapport au feed-back normatif négatif. L’analyse du feed-back sur la performance fournit à l’athlète des informations sur son schéma de mouvement. Cela peut être fourni sous forme d’analyse vidéo ou en utilisant un équipement de laboratoire spécialisé tel qu’une plaque de force. Dans le cas de l’exercice en T, l’entraîneur donne à l’athlète des informations spécifiques sur le mouvement pendant le test, telles que la position du corps lors des changements de direction. Lorsque l’objectif de la tâche est de produire un mouvement (forme appropriée d’épaulé par exemple), il y a un chevauchement entre l’analyse des résultats et l’analyse de la performance, qui peuvent ainsi devenir une seule et même chose. Le moment et la fréquence du feed-back influencent également les résultats d’apprentissage. Le feed-back qui est offert en même temps que la tâche améliore les performances tout en altérant l’apprentissage ; il s’avère donc bénéfique dans un cadre compétitif. Cependant, le feed-back fourni après l’exécution de la tâche facilite l’apprentissage des compétences. Ce feed-back peut être fourni soit après chaque essai, soit après une série d’essais. Bien que la diminution de la fréquence altère les performances pendant l’entraînement, un feed-back moins fréquent améliore l’acquisition des compétences par rapport à un feed-back donné après chaque essai, sauf dans les cas où la compétence est complexe. Par conséquent, dans l’apprentissage initial des habiletés, il serait avantageux de fournir un feed-back plus fréquent, et qui diminuerait à mesure que les athlètes progressent dans leur niveau d’habileté. Le feed-back peut être utilisé pour faciliter l’apprentissage et la performance. Le moment et la fréquence du feed-back ont différentes influences sur les performances et l’apprentissage. Bien que le feedback simultané soit bénéfique pour la compétition, un feed-back retardé, qui est initialement fréquent et diminue avec le temps, facilite l’apprentissage de modèles de mouvement complexes. CONCLUSION Bien qu’un programme de coaching scientifique et motivant puisse grandement aider au développement des athlètes, plusieurs autres techniques psychologiques complémentaires peuvent améliorer leur efficacité globale. En réalité, la plupart des athlètes ont probablement eu à la fois des expériences adaptées et inadaptées sous la forme d’innombrables entraînements et compétitions et, par conséquent, ont développé un répertoire d’habiletés mentales plus ou moins efficaces. Une bonne compréhension de certains des principes et outils psychologiques pour la génération du changement cognitivo-comportemental inclus dans ce chapitre peut aider à améliorer les performances et la qualité de vie. L’entraîneur et l’athlète peuvent chacun contribuer à de meilleurs résultats de performance et augmenter le plaisir de la compétition en s’occupant des aspects psychologiques de l’instruction et de la performance. Une approche d’entraînement positive et orientée vers les objectifs est l’un des contributeurs les plus puissants à la préparation psychologique au sport. La préparation physique et nutritionnelle de l’athlète représente le fondement sur lequel le potentiel de performance est fondé, car le rôle de la psychologie est de gérer mentalement les ressources physiques développées (force, vitesse, souplesse et compétences), permettant ainsi à l’athlète de réaliser son potentiel de manière plus cohérente. De plus, une compréhension adéquate de la relation corps-esprit, telle que reflétée dans les concepts de ce chapitre, peut faciliter la communication entre le professionnel et l’athlète et aider l’athlète à contrôler et à gérer ses émotions, son excitation, sa concentration et sa motivation. L’utilisation de techniques psychologiques appropriées peut aider ce processus d’autogestion. L’expérience du succès dans le sport peut être importante en soi, mais nous pensons que le meilleur résultat d’une utilisation optimale des compétences mentales pourrait être l’amélioration de l’estime de soi, de la confiance et du concept de soi positif que les athlètes atteignent dans leur vie en général. MOTS-CLÉS Anxiete Anxiete chronique Anxiete cognitive Anxiete somatique Attention Attention selective Auto-efficacite Confiance en soi Connaissance des performances Connaissance des resultats Contre-conditionnement Decouverte Decouverte guidee Desensibilisation systematique (DS) Detresse Efficacite physiologique Efficacite psychologique Emotions Entrainement complet Entrainement complet-partiel Entrainement aleatoire Entrainement sequence repetitif Entrainement partiel Entrainement progressif Entrainement variable Etat d’anxiete Etat de performance ideal Eustress Excitation Feedback augmente Feedback autogene Feedback intrinseque Fixation d’objectifs Fractionnement Imagerie mentale Instructions explicites Monologue interne Motivation Motivation de reussite Motivation extrinseque Motivation intrinseque Objectifs a court terme Objectifs a long terme Objectifs de resultat Objectifs du processus Operant Pratique autocontrolee Pratique d’observation Psychologie du sport Punition negative Punition positive Raison de reussir (RR) Raison d’eviter l’echec (REE) Relaxation musculaire progressive (RMP) Renforcement Renforcement negatif Renforcement positif Respiration diaphragmatique Routine Segmentation Simplification Stress Stresseur Theorie des catastrophes Theorie de la conduite Theorie de l’inversion Theorie du U inverse Zones individuelles de fonctionnement optimal RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Un haltérophile tentant un record personnel est capable d’ignorer le public pour se concentrer uniquement sur sa performance. Laquelle des capacités suivantes cet athlète utilise-t-il le plus probablement pour y arriver ? a. Une attention sélective b. Une anxiété somatique c. Une découverte guidée d. L’auto-efficacité 2. Le désir d’un athlète de réaliser son plein potentiel est un exemple de… a. Raison d’éviter l’échec b. D’entraînement autogène c. D’attention sélective d. De motivation de réussite 3. Dans une équipe de football américain au lycée, si un joueur effectue deux squats avec son poids de corps, son nom est placé sur le mur. Ceci est un exemple de… a. Renforcement négatif b. Renforcement positif c. Punition négative d. Punition positive 4. Comment le niveau d’excitation optimal d’un athlète change-t-il lorsque, pour exécuter l’activité, ses compétences et ses capacités sont limitées ? a. Il augmente b. Il diminue c. Il n’a aucun effet d. Ce n’est pas lié à l’activité 5. Dans l’enseignement du push press, lequel des éléments suivants est un exemple de segmentation avec une intégration d’entraînement complet-partiel ? a. Pratiquer sans aucun équipement, puis avec une barre en PVC et terminer avec une barre non chargée b. Pratiquer la plongée, la plongée et l’impulsion, et terminer par exécuter le mouvement dans son ensemble c. Pratiquer la plongée, l’impulsion et le soulevé de barre indépendamment avant de réaliser le push press dans son ensemble d. Pratiquer la plongée et l’impulsion indépendamment, puis la plongée avec l’impulsion, avant de pratiquer le soulevé de barre indépendamment et finir par le mouvement de push press dans son ensemble RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 09 FACTEURS NUTRITIONNELS DE BASE DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ DOCTEUR MARIE SPANO LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : de savoir quand orienter un athlète vers la personne appropriée, médecin ou diététicien du sport ; d’identifier les recommandations en matière de protéines, de glucides et de lipides pour les athlètes ; d’énumérer les recommandations diététiques pour la prévention des maladies et pour une meilleure santé ; d’énumérer les directives en matière d’hydratation et d’électrolyte en fonction de différents groupes d’âge et scénarios et d’aider les athlètes à développer un plan d’hydratation personnalisé. Une bonne nutrition fournit aux athlètes les nutriments nécessaires à la santé générale, à la croissance, au développement, à la réparation et à la construction des tissus musculaires, ainsi que l’énergie nécessaire pour s’entraîner, concourir et maintenir l’attention et la concentration mentale. Un plan de nutrition adapté aux besoins spécifiques d’un athlète peut aider à réduire le risque de blessure et de maladie et à maximiser les adaptations à l’entraînement (améliorations apportées par l’entraînement) tout en aidant l’athlète à atteindre ses objectifs de performance. Ce chapitre se concentre sur l’explication scientifique des pratiques de nutrition améliorant la performance, tout en fournissant des suggestions qui aideront les lecteurs à appliquer la science de la nutrition sportive dans des scénarios de la vie réelle. Compte tenu de la quantité d’informations erronées sur la nutrition et de conseils nutritionnels contradictoires qui circulent sur Internet, dans les journaux et par le bouche-à-oreille, la nutrition peut être très déroutante pour les athlètes. De plus, les besoins alimentaires de chaque athlète diffèrent de ceux de leurs homologues sédentaires en raison des exigences physiologiques de leur sport. Les consignes nutritionnelles pour le grand public ne s’appliquent pas nécessairement aux athlètes. Parce que les besoins nutritionnels de chaque athlète dépendent de nombreux facteurs (âge, taille et composition corporelle, sexe, génétique, conditions d’entraînement environnementales, blessures, besoins nutritionnels médicaux, et durée, fréquence et intensité de l’entraînement), ils peuvent varier considérablement entre les athlètes, même s’ils jouent au même poste. Enfin, parce que la nutrition est une science complexe et en constante évolution, il est important pour les professionnels de la force et de la préparation physique d’avoir des connaissances nutritionnelles de base en plus d’une liste de professionnels de la nutrition vers lesquels ils peuvent orienter les athlètes pour des conseils nutritionnels personnalisés fondés sur les dernières découvertes scientifiques. RÔLE DES PROFESSIONNELS DE LA NUTRITION SPORTIVE La nutrition sportive est un domaine multidisciplinaire complexe et les entraîneurs sportifs, les professionnels de la préparation physique, les médecins, les scientifiques et les prestataires de services alimentaires ont des degrés divers de connaissances en nutrition. Les responsabilités professionnelles du staff en charge du développement des joueurs doivent être définies sur la base de l’éducation nutritionnelle et des connaissances des membres du staff, du type d’informations nutritionnelles fournies et des lois sur les licences de chaque état concernant la pratique de la nutrition. Tous les professionnels de la nutrition sportive devraient être en mesure de répondre aux questions de base sur la nutrition (« Quelles collations sont bonnes pour la santé ? », « Quelles idées pour une collation saine ? »). Cependant, les athlètes ayant des problèmes de nutrition complexes doivent être orientés vers une ressource appropriée, soit un médecin de l’équipe, soit un diététicien sportif. Le médecin de l’équipe est responsable de la supervision des soins médicaux de l’athlète, tandis que le diététicien sportif est chargé de fournir des conseils diététiques personnalisés. Un diététicien sportif est un diététicien professionnel (également appelé « diététicien nutritionniste ») ayant une formation et une expérience spécifiques en nutrition sportive. Aux États-Unis, la certification CSSD (Board Certified Specialist in Sports Dietetics) de l’Académie de Nutrition et de Diététique (AND) distingue les diététiciens ayant une expertise en nutrition sportive des autres diététiciens spécialisés dans d’autres domaines (voir l’encadré sur ce sujet). Et même si certains diététiciens sportifs ont des compétences (ou une formation) complémentaires et peuvent donc être des travailleurs sociaux, des entraîneurs sportifs ou des chefs, un programme complet de nutrition sportive nécessite une attention à plein temps. Par conséquent, ces compétences secondaires devraient être considérées comme un complément aux connaissances du diététicien sportif plutôt que d’être utilisées pour essayer de pourvoir deux postes distincts avec une seule personne. Enfin, des structures de niveau supérieur emploient généralement sur un poste de diététicien sportif une personne titulaire d’une maîtrise ou d’un doctorat. Un diététicien sportif peut aider les athlètes à faire le lien entre ce qu’ils ont dans leur assiette et la performance. Parfois, les médecins et les diététiciens du sport peuvent travailler ensemble pour aider les athlètes souffrant de troubles de l’alimentation, de carences nutritionnelles ou de maladies spécifiques comme le diabète. Étant donné que les informations nutritionnelles et médicales d’un athlète peuvent être partagées avec d’autres membres de l’équipe d’encadrement, des joueurs ou des membres de la famille afin de fournir des soins complets, tout le personnel doit suivre aux États-Unis les instructions de la Health Insurance Portability and Accountability Act (HIPAA) pour gérer les informations de santé confidentielles d’un athlète. Un coach en nutrition sportive est un professionnel qui n’est pas diététicien mais qui a une formation de base en nutrition et en sciences de l’exercice. Par exemple, le professionnel de la préparation physique peut agir en tant qu’entraîneur en nutrition sportive, en donnant une éducation et des suggestions nutritionnelles de base. Les situations plus complexes, dans lesquelles la nourriture ou la nutrition sont utilisées pour traiter ou gérer un problème médical (qui comprend une carence en nutriments), nécessitent une thérapie nutritionnelle médicale et relèvent du rôle du diététicien sportif. Les entraîneurs en nutrition sportive peuvent obtenir une formation supplémentaire en obtenant une certification en nutrition sportive. En outre, la certification de spécialiste en nutrition sportive de la Société internationale de nutrition sportive (International Society of Sports Nutrition, ISSN) requiert un diplôme d’études secondaires et s’adresse aux coaches personnels ou à d’autres professionnels de la préparation physique qui ne détiennent pas de diplôme universitaire passé après quatre ans d’études. L’ISSN possède également un diplôme de nutritionniste sportif certifié, qui nécessite un diplôme de premier cycle de quatre ans (ou le statut actuel d’étudiant se spécialisant en sciences de l’exercice, en nutrition ou dans un domaine connexe) et est destiné à la santé, à la forme physique, et les professionnels de la santé qui travaillent avec des athlètes et des personnes actives. Un nutritionniste sportif avec un diplôme d’études supérieures est un professionnel qui peut travailler ou effectuer des recherches dans le domaine de la nutrition sportive et serait donc en mesure d’avoir un échange éclairé sur un sujet particulier de ce domaine. Le nutritionniste sportif diplômé peut également choisir d’obtenir une certification en nutrition sportive. Une option est le diplôme du CIO (Comité International Olympique) en nutrition sportive. Ce programme de deux ans comprend des cours, des séminaires, des tutoriels et des travaux pratiques en laboratoire. Le CIO déclare que les étudiants y acquièrent un diplôme en nutrition ou diététique, en sciences biologiques (y compris la biochimie, la physiologie ou les sciences du sport) ou en médecine. Tous les professionnels de la nutrition sportive doivent suivre les lois nationales sur les licences de nutrition, qui varient d’un état à l’autre et précisent qui est autorisé à fournir des conseils nutritionnels personnalisés et une thérapie nutritionnelle médicale. Par exemple, en Louisiane, l’éducation nutritionnelle générale peut être dispensée par diverses disciplines si les informations sont générales, exactes et non individualisées (en fonction des besoins alimentaires d’une personne spécifique). Cependant, seul un diététicien ou un nutritionniste agréé peut fournir une évaluation et des conseils nutritionnels. Le conseil en nutrition est défini comme « la fourniture de conseils individuels sur les apports alimentaires et nutritionnels appropriés à ceux qui ont des besoins spéciaux, en tenant compte des faits sanitaires, culturels, socio-économiques, fonctionnels et psychologiques de l’évaluation nutritionnelle. Le conseil en nutrition peut comprendre des conseils pour augmenter ou diminuer les nutriments dans l’alimentation, changer le moment, la taille et la composition des repas, modifier les textures des aliments et, dans des cas extrêmes, changer la voie d’administration » (www.lbedn.org). De nombreuses personnes sans (ou avec très peu de) connaissance ni formation en nutrition et en sciences de l’exercice s’improvisent nutritionnistes sportifs. Quel que soit le titre spécifique de la personne fournissant des informations sur la nutrition sportive ou des conseils diététiques personnalisés, les professionnels de la préparation physique devraient examiner de près sa formation (y compris le programme d’études), ses antécédents professionnels (en particulier les tâches quotidiennes de la personne), sa connaissance de la nutrition sportive et son nombre d’années d’expérience. La première étape du coaching nutritionnel consiste à définir les objectifs de l’athlète et à identifier les objectifs du coach (les deux peuvent être différents). Après cela, tout comme le préparateur physique qui entreprend une analyse des besoins, le diététicien sportif examine en détail le régime alimentaire de l’athlète, les préférences alimentaires individuelles (y compris les considérations culturelles et religieuses), les compétences culinaires, l’accès à la nourriture, les contraintes financières, les obstacles à des choix alimentaires judicieux, l’utilisation de suppléments, les antécédents de poids et de composition corporelle, les antécédents médicaux, le programme d’entraînement et les blessures. Le diététicien sportif travaillera ensuite avec l’athlète pour élaborer un plan qui correspond à son style de vie et à ses préférences gustatives tout en incluant le niveau de calories approprié, les macronutriments et micronutriments en quantités recommandées, des fluides et des électrolytes adéquats, et des suppléments au besoin pour aider à corriger une carence en éléments nutritifs, à combler les lacunes potentielles en éléments nutritifs ou à atteindre les objectifs d’entraînement. Les diététiciens sportifs expérimentés aident les athlètes à faire le lien entre ce qu’ils ont dans leur assiette et la performance. Ils ont des connaissances, des compétences et une expertise avancées en nutrition sportive. DIRECTIVES NUTRITIONNELLES STANDARDS Pour obtenir des informations nutritionnelles générales, les professionnels de la préparation physique peuvent souhaiter adresser leurs athlètes à MyPlate, un système d’orientation alimentaire créé par le département américain de l’Agriculture et basé sur les Directives alimentaires de 2010 pour les Américains pour aider les consommateurs à faire de meilleurs choix alimentaires (figure 9.1). MYPLATE Les informations relatives à MyPlate sont disponibles sur www.choosemyplate.gov. Bien que les lignes directrices de base représentées par l’icône MyPlate et le matériel pédagogique correspondant soient universelles, elles incluent des lignes directrices sur les calories et des recommandations de portions pour les fruits, les céréales et les protéines, de quantité d’huile en fonction de l’âge et du sexe pour les personnes qui ont moins de trente minutes d’activité physique modérée la plupart des jours, comme indiqué dans les tableaux 9.1 et 9.2. Ceux qui sont plus actifs physiquement doivent adapter les directives pour répondre à leurs besoins alimentaires spécifiques. Et bien que les huiles ne soient pas un groupe alimentaire, elles contiennent des nutriments tels que les acides gras essentiels et la vitamine E. Par conséquent, une recommandation journalière est prévue concernant la quantité d’huiles. SPÉCIALISTE CERTIFIÉ EN DIÉTÉTIQUE SPORTIVE (CSSD) Selon l’Académie de Nutrition et de Diététique, un CSSD fait ce qui suit (ces compétences sont également ce que les professionnels de préparation physique devraient rechercher chez un diététicien du sport) : Il conseille les individus et les groupes sur la nutrition quotidienne pour la performance et la santé Il traduit les dernières preuves scientifiques en recommandations pratiques concernant la nutrition sportive Il suit et documente les résultats des services de nutrition, servant de ressource alimentaire et nutritionnelle pour les entraîneurs, les formateurs et les parents Il évalue et analyse les pratiques alimentaires, la composition corporelle et l’équilibre énergétique (apports et dépenses) des athlètes dans le contexte de la performance et de la santé athlétiques Il conseille les athlètes sur la nutrition optimale pour l’entraînement physique (faire correspondre la nutrition aux phases et objectifs d’entraînement), la compétition, la récupération après l’exercice, la gestion du poids, l’hydratation, la santé immunitaire, les troubles alimentaires, les voyages et la supplémentation Il conseille les athlètes dans l’atteinte et le maintien d’un niveau de masse corporelle, de graisse corporelle et de masse musculaire compatible avec une bonne santé et de bonnes performances Il fournit des menus (repas et collations) personnalisés pour promouvoir l’atteinte des objectifs à court et à long termes en matière de performance sportive et de bonne santé Il élabore des protocoles d’hydratation qui aident les athlètes à répondre à leurs propres besoins spécifiques en fluides et en électrolytes Il aborde les défis nutritionnels liés à la performance, tels que les allergies alimentaires, les troubles minéraux osseux, les troubles gastro-intestinaux, la déplétion en fer et l’anémie ferriprive Il fournit au besoin une thérapie nutritionnelle médicale, pour aider à gérer ou à traiter les conditions médicales, qui peuvent inclure le diabète, les maladies de l’intestin irritable, l’hypertension et plus encore Il conseille les athlètes sur une nutrition optimale pour se remettre d’une maladie ou d’une blessure Il coordonne les soins nutritionnels en tant que membre d’équipes multidisciplinaires de médecine médicale ou de sciences du sport Il assure la liaison avec les programmes d’hospitalisation et de consultation externe dans des situations telles que les troubles de l’alimentation Il évalue les suppléments nutritionnels, y compris les suppléments à base de plantes et de sport, pour la légalité, la sécurité, la qualité et l’efficacité, et surveille l’utilisation d’une supplémentation appropriée Il collabore avec la famille de l’indivi du, le médecin, l’entraîneur et d’autres professionnels de la santé, le cas échéant, tout en suivant les directives de la HIPAA Il développe des ressources pour soutenir les efforts éducatifs Il éduque les athlètes et les équipes sur le choix des aliments (visite des épiceries), le stockage des aliments et la préparation des aliments (cours de cuisine) Il documente les services de nutrition fournis et évalue l’efficacité des stratégies de nutrition pour atteindre les résultats souhaités en utilisant le processus de soins nutritionnels Il élabore et supervise les politiques et procédures nutritionnelles (Reproduit avec la permission de Sports, Cardiovascular and Wellness Nutrition (SCAN), Hornick, 2008) MyPlate doit être considéré comme un point de départ que les athlètes peuvent utiliser pour évaluer leur alimentation. En général, si un régime fournit une variété d’aliments de chaque groupe, il est plus susceptible de contenir une quantité adéquate de chaque vitamine et minéral. Cependant, si le régime alimentaire exclut un groupe alimentaire entier, des nutriments spécifiques peuvent manquer. Par exemple, un athlète qui exclut les produits laitiers du régime peut avoir du mal à répondre à ses besoins nutritionnels en calcium, potassium et vitamine D (dans le lait et les yaourts enrichis). Même si les aliments non laitiers de remplacement enrichis en calcium peuvent aider les gens à répondre à leurs besoins en calcium, ils ne sont pas un substitut nutritionnellement équivalent aux produits laitiers et peuvent donc manquer d’autres nutriments. Les personnes qui excluent tous les aliments d’origine animale et les poissons pourraient ne pas répondre à leurs besoins en vitamine B12 (présente dans la viande, la volaille, le poisson, les œufs et les produits laitiers, même si certaines céréales de petit déjeuner, des substituts non laitiers du lait et des substituts de viande et levure nutritionnelle sont enrichis en B12). Il est donc fortement recommandé que les personnes qui excluent certains groupes alimentaires travaillent avec leur diététicien sportif pour trouver des substituts ou des combinaisons de remplacement appropriées et s’assurer qu’ils répondent à leurs besoins en nutriments pour la santé et la performance. Si les aliments de chaque groupe partagent des compositions nutritives similaires et sont considérés comme interchangeables, une variété d’aliments doit cependant être consommée dans chaque groupe. Par exemple, manger une orange, une pomme et une poire fournit une gamme plus large de nutriments essentiels que celle fournie par trois pommes. Un régime fournissant une variété d’aliments de chaque groupe est plus susceptible de répondre aux besoins en macronutriments (glucides, protéines et lipides) d’une personne, ainsi qu’en micronutriments (vitamines et minéraux). La section SuperTracker du site MyPlate contient des exemples de plans alimentaires fondés sur les besoins en calories, ainsi que des informations sur les calories vides et les étiquettes des aliments. Il donne également aux utilisateurs la possibilité de calculer les quantités qu’ils mangent et de suivre les aliments, de mesurer leur activité physique et de contrôler leur poids. INGRÉDIENTS ALIMENTAIRES DE RÉFÉRENCE Parce que les athlètes mangent de la nourriture, et non pas des nutriments individuels, les recommandations diététiques doivent être présentées en termes de choix alimentaires spécifiques. Cependant, il est également important de comprendre les besoins nutritionnels de l’athlète afin de faire des recommandations alimentaires. Les apports nutritionnels de référence (ANREF), créés par le Food and Nutrition Board, Institute of Medicine, National Academies, sont un ensemble complet d’apports nutritionnels à utiliser lors de l’évaluation et de la planification de régimes alimentaires pour des individus en bonne santé. Les apports nutritionnels de référence sont répertoriés pour les macronutriments ainsi que pour les micronutriments, les électrolytes et l’eau. Les ANREF sont fondés sur l’ensemble de la littérature scientifique concernant l’apport en nutriments et la réduction des maladies chroniques, par opposition à la simple prévention des carences alimentaires. Parce que l’apport en nutriments peut varier considérablement d’un jour à l’autre, les ANREF s’appliquent à l’apport habituel d’une personne. Par conséquent, lorsqu’un diététicien sportif évalue l’apport nutritionnel d’une personne, il examine plusieurs jours afin d’obtenir un apport quotidien moyen pour chaque nutriment. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l’évaluation de l’apport de nutriments trouvés dans peu d’aliments ou en très petites quantités dans les aliments. Il faut moins de jours de registres alimentaires pour obtenir une bonne estimation de l’apport moyen en protéines, car cela ne varie pas beaucoup d’un jour à l’autre. Les ANREF comprennent les éléments suivants : L’apport journalier recommandé (AJR) – apport nutritionnel journalier moyen suffisant pour répondre aux besoins de la plupart des personnes en bonne santé à chaque étape de la vie et pour chaque sexe ; L’apport adéquat (AA) – apport quotidien moyen de nutriments recommandé lorsqu’un AJR ne peut être établi ; L’apport supérieur tolérable (AST) – niveau quotidien moyen maximal de nutriments non associé à des effets néfastes sur la santé. Les apports supérieurs à l’AST augmentent le risque potentiel d’effets indésirables. L’AST représente l’apport de toutes les sources, y compris la nourriture, l’eau et les suppléments ; Le besoin moyen estimé (BME) - le niveau moyen quotidien d’apport nutritionnel considéré comme suffisant pour répondre aux besoins de la moitié de la population en bonne santé à chaque stade de la vie et pour chaque sexe. Des études révèlent plusieurs nutriments préoccupants, qu’une grande partie de la population ne consomme pas en quantité suffisante. Tous les sous-groupes (hommes et femmes de tous les groupes d’âge) ont une prévalence élevée d’insuffisance de vitamine E et de magnésium. La vitamine E se trouve dans de nombreux aliments, tandis que les huiles, les noix et les graines figurent parmi les meilleures sources. Le magnésium se trouve également dans une grande variété d’aliments, mais souvent en petites quantités. Certaines des meilleures sources de magnésium sont les noix, les graines (en particulier les graines de citrouille, les amandes et les noix de cajou) et les haricots, y compris les haricots mungo et les haricots de Lima. De plus, pour tous les individus de plus de deux ans, les apports moyens habituels en fibres et en potassium sont inférieurs à l’AJR. Le rapport scientifique de 2015 du Comité consultatif des recommandations alimentaires répertorie les fibres, le potassium, le calcium et la vitamine D comme nutriments préoccupants. Les produits laitiers, les boissons enrichies (boissons au soja, jus d’orange, etc.) et les sardines en conserve sont d’excellentes sources de calcium, tandis que le poisson gras, les boissons enrichies (lait, jus d’orange, boissons au soja) et le yaourt enrichi sont d’excellentes sources de vitamine D. De plus, le fer est une préoccupation pour des populations spécifiques. Beaucoup de femmes et d’adolescentes en âge de tomber enceinte sont déficientes en fer et beaucoup de ces mêmes groupes ne répondent pas à leurs besoins alimentaires en folates. La viande rouge, les céréales enrichies en fer et les haricots sont d’excellentes sources de fer. Les haricots, les pois, les arachides et les graines de tournesol sont parmi les meilleures sources de folate alimentaire. Enfin, bien qu’elle ne soit plus considérée comme un nutriment préoccupant, l’absorption de la vitamine B12 est affectée par l’insuffisance d’acide chlorhydrique dans l’estomac, que l’on retrouve chez environ 10 à 30 % des personnes âgées. Par conséquent, les adultes de plus de cinquante ans sont encouragés à consommer des aliments enrichis en vitamine B12 synthétique ou à prendre des compléments alimentaires, car leur corps peut généralement absorber la vitamine B12 à partir de ces sources. Elle se trouve principalement dans les matières animales (bœuf, agneau, veau et poisson sont parmi les meilleures sources), les levures nutritionnelles enrichies et les céréales enrichies. TABLEAU 9.1 Recommandations des groupes alimentaires issues de MyPlate (cc = cuillère à café, oz. = once) MACRONUTRIMENTS Un macronutriment est un nutriment qui est nécessaire en quantités importantes dans l’alimentation. Les trois classes importantes de macronutriments sont les protéines, les glucides et les lipides. PROTÉINES La protéine est le principal composant structurel et fonctionnel de chaque cellule du corps humain. Les protéines alimentaires sont utilisées pour la croissance, le développement et pour construire et réparer les cellules. Elles servent également d’enzymes, de transporteurs et d’hormones. Par conséquent, l’apport en protéines alimentaires est essentiel pour maintenir la santé, la reproduction, la structure et la fonction cellulaires. Les protéines sont composées de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’azote. « Aminé » signifie « contenant de l’azote » et les acides aminés sont les molécules qui, réunies en groupes de quelques dizaines à centaines, forment les milliers de protéines présentes dans la nature. Les protéines du corps humain sont composées de diverses combinaisons des acides aminés individuels. Quatre acides aminés peuvent être synthétisés par le corps humain et sont donc considérés comme « non essentiels » car ils n’ont pas besoin d’être consommés dans l’alimentation. Neuf acides aminés sont « essentiels » car le corps ne peut pas les fabriquer et ils doivent donc être obtenus par l’alimentation. Enfin, huit acides aminés sont considérés comme essentiels dans certaines situations. Ces acides aminés ne sont généralement pas essentiels bien qu’ils deviennent essentiels, et doivent donc être obtenus par l’alimentation, en période de maladie et de stress. Tous ces acides aminés sont répertoriés dans le tableau 9.3. TABLEAU 9.2 Recommandations des sous-groupes de légumes issues de MyPlate Les acides aminés sont unis par des liaisons peptidiques. Deux acides aminés ensemble sont appelés un « dipeptide », et plusieurs acides aminés ensemble sont appelés un « polypeptide ». Les chaînes de polypeptides se lient ensemble pour former une multitude de protéines avec diverses structures et fonctions. Près de la moitié de la réserve protéique du corps existe sous forme de muscle squelettique, tandis qu’environ 15 % constituent les tissus structurels, y compris la peau et le sang. Le reste des réserves de protéines du corps se trouve dans les tissus viscéraux – tels que le foie et les reins – et dans les os. POUR PLUS D’INFORMATIONS SUR LA NUTRITION Les professionnels de la préparation physique peuvent s’appuyer sur les sites web suivants pour plus d’informations sur la nutrition : AJR interactif pour les professionnels de la santé (basé sur les AJR, cet outil de planification alimentaire calcule les recommandations nutritionnelles quotidiennes) : http://fnic.nal.usda.gov/fnic/interactiveDRI Informations sur les compléments alimentaires, y compris les réglementations, rapports et avertissements, supplémentation en macronutriments, phytonutriments, vitamines et minéraux, informations à base de plantes, aides ergogéniques, et médecine complémentaire et alternative : Bibliothèque agricole nationale de l’USDA, suppléments diététiques : http://fnic.nal.usda.gov/dietary-supplements Centre d’informations sur la gestion du poids, l’alimentation et la nutrition : http://fnic.nal.usda.gov/consumers/eatinghealth/weight-management Articles de revues rédigés par un comité d’experts : www.pubmed.com Association des professionnels : www.sportsrd.org diététiciens sportifs Société internationale de nutrition sportive : www.sportsnutritionsociety.org Nutritionnistes sportifs, cardiovasculaires et de bien-être : www.scandpg.org TABLEAU 9.3 Acides aminés essentiels, non essentiels et parfois indispensables (De l’Institut de médecine, États-Unis) ※ QUALITÉ DES PROTÉINES ET RECOMMANDATIONS ALIMENTAIRES La qualité des protéines est déterminée par la teneur en acides aminés et la digestibilité des protéines, calculées par la quantité d’azote de la protéine absorbée pendant la digestion et par sa capacité à fournir les acides aminés nécessaires à la croissance, à l’entretien et à la réparation. Les protéines de meilleure qualité sont hautement digestibles et contiennent tous les acides aminés essentiels. Les protéines d’origine animale – y compris les œufs, les produits laitiers, la viande, le poisson et la volaille – contiennent tous les acides aminés essentiels, tout comme le soja, seule protéine d’origine végétale dans ce cas. En général, les protéines végétales sont moins digestibles que les protéines animales, bien que la digestibilité puisse parfois être améliorée par la transformation et la préparation des aliments. Et bien que les mesures de la qualité des protéines, telles que le score chimique corrigé de la digestibilité (SCCD) des protéines, prennent en considération la digestibilité (ou la biodisponibilité) des protéines ainsi que la capacité d’une protéine à fournir les acides aminés essentiels nécessaires à la synthèse des protéines corporelles et d’autres métabolites, ils ne tiennent pas compte de la façon dont d’autres composés dans les aliments modifient la biodisponibilité des acides aminés de la protéine. Les aliments contiennent des facteurs antinutritionnels – composés qui réduisent la digestion et l’absorption d’un nutriment, le rendant moins disponible pour être utilisé par le corps. Plusieurs facteurs antinutritionnels entraînent des pertes digestives et des modifications structurelles des acides aminés qui limitent la biodisponibilité des acides aminés. Par exemple, pendant la cuisson, certains aliments brunissent : ce brunissement, appelé « réaction de Maillard », conduit à des composés susceptibles de diminuer la biodisponibilité de certains acides aminés. Et bien que la majorité des aliments d’origine végétale ne contiennent pas les acides aminés essentiels (parfois même pas un), les végétariens et les végétaliens (qui ne consomment que des plantes et des produits végétaux – pas de viande, de poisson, de volaille, d’œufs, de lait ou d’autre aliment provenant d’animaux) peuvent répondre à leurs besoins en protéines en consommant une variété d’aliments végétaux, notamment des légumineuses, des légumes, des graines, des noix, du riz et des céréales entières qui fournissent différents acides aminés afin que tous les acides aminés essentiels soient consommés au cours de la journée. Bien que les recommandations diététiques soient indiquées comme besoins en protéines, les besoins réels concernent les acides aminés. Le besoin d’acides aminés chez les adultes sédentaires et sains résulte du renouvellement constant des cellules et des protéines cellulaires. Pendant le renouvellement cellulaire – dégradation et régénération constantes des cellules – le pool d’acides aminés libres du corps est le fournisseur immédiat et le plus important d’acides aminés. Le pool est reconstitué à partir de la digestion des protéines alimentaires, ainsi que des acides aminés libérés par le renouvellement des tissus. Beaucoup plus de protéines sont générées quotidiennement par rapport à la consommation habituelle, ce qui indique que les acides aminés sont recyclés. Ce processus n’est cependant pas complètement efficace, donc l’apport d’acides aminés alimentaires est nécessaire pour remplacer les pertes. L’AJR pour les protéines chez les hommes et les femmes de dix-neuf ans et plus, fondé sur des études de bilan azoté, est de 0,80 g de protéines de bonne qualité par kilogramme de poids de corps par jour. Les enfants, les adolescents et les femmes enceintes et allaitantes ont des besoins en protéines alimentaires plus élevés, comme le reflète l’AJR pour ces groupes. Cependant, les besoins en protéines sont inversement proportionnels à l’apport calorique, car de petites quantités de protéines peuvent être métabolisées en tant que source d’énergie lorsqu’une personne est dans un état d’équilibre calorique négatif, lorsque moins de calories sont consommées que dépensées (seulement 1 à 6 % des dépenses caloriques totales dans la plupart des cas, mais jusqu’à 10 % pendant un exercice prolongé dans un état d’appauvrissement en glycogène). Dans ce cas, la protéine ne peut pas être utilisée dans son rôle prévu de remplacer le pool d’acides aminés. Lorsque l’apport calorique diminue, les besoins en protéines augmentent. Par conséquent, l’Institute of Medicine (IOM) a établi une plage acceptable de distribution des macronutriments (PADM) pour les protéines, qui couvre un large éventail de l’apport en protéines. La PADM représente 5 à 20 % des calories totales pour les enfants d’un à trois ans, 10 % à 30 % des calories totales pour les enfants de quatre à dix-huit ans, et 10 % à 35 % des calories totales pour les adultes de plus de dix-huit ans. Généralement, les hommes et les femmes consomment en moyenne 15 % de leurs calories provenant des protéines. La PADM pour un nutriment comprend une gamme d’apports associés à un risque réduit de maladie chronique, tout en fournissant les apports recommandés d’autres nutriments essentiels. Bien que l’ANREF pour les protéines s’intègre dans la PADM, l’AJR est basé uniquement sur le poids corporel et ne prend donc pas en compte les apports caloriques faibles ou élevés. D’après la PADM, lorsque l’apport calorique est plus faible, les besoins en protéines augmentent en pourcentage de l’apport calorique total d’environ 1 % pour chaque diminution de cent calories sous les 2 000 calories. Lorsque l’apport calorique total est plus élevé, les besoins en protéines, exprimés en pourcentage de l’apport calorique total, baissent jusqu’à un certain point. Dans la pratique, les diététiciens sportifs doivent d’abord déterminer l’apport en protéines d’un athlète, puis ajouter des glucides et des graisses selon les besoins en calories totales. ※ PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT L’AJR POUR LES PROTÉINES Il existe une controverse autour de l’AJR pour les protéines, car certains scientifiques suggèrent que les adultes devraient consommer plus que l’AJR pour la santé osseuse, la gestion du poids, et la construction et la réparation des muscles. De plus, la recherche suggère que les régimes riches en protéines et en glucides peuvent affecter favorablement les lipides sanguins, en particulier chez les personnes obèses, et donc également diminuer certains des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire et de syndrome métabolique. La protéine est un élément constitutif des os solides, contribuant à 50 % du volume osseux et 33 % de la masse osseuse. L’effet des protéines sur les os peut être dû, en partie, à son influence sur le facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-I), qui est produit dans le foie et favorise la formation osseuse et musculaire. Et bien que la recherche suggère que les protéines supplémentaires, mais non alimentaires, augmentent les pertes de calcium dans l’urine, chez les individus en bonne santé consommant 0,7 à 2,1 grammes de protéines par kilogramme de poids de corps, l’excrétion urinaire de calcium et l’absorption intestinale de calcium augmentent. En fait, un faible apport en protéines alimentaires (0,7 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour) supprime l’absorption intestinale du calcium. Les protéines jouent également un rôle multiforme dans la gestion du poids. Premièrement, elles favorisent la satiété en fonction de la dose : de plus grandes quantités de protéines conduisent à une augmentation plus importante de la satiété. Cependant, l’effet rassasiant des protéines dépend également du moment de l’apport en protéines, de la forme (solide ou liquide), de l’apport simultané d’autres macronutriments et du temps qui s’écoule jusqu’au prochain repas. Le type de protéine peut également avoir un effet sur la satiété, bien que la recherche n’ait pas entièrement élucidé quelles protéines peuvent avoir le plus grand impact. Les protéines ont également le plus grand effet thermique de l’alimentation – plus de calories sont brûlées pendant la digestion des protéines par rapport aux glucides ou aux lipides. Enfin, des régimes riches en protéines aident à éviter la perte musculaire, contrairement au régime hypocalorique. Les acides aminés contenus dans les protéines sont utilisés pour la croissance (y compris musculaire) et pour réparer les tissus, synthétiser les enzymes et les hormones, réparer et fabriquer de nouvelles cellules. Et bien que les adultes d’un programme de fitness général puissent probablement satisfaire leurs besoins en protéines en consommant de 0,8 à 1,0 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour, les athlètes et ceux qui font de l’exercice intensivement ont besoin de plus de protéines. Les athlètes d’endurance aérobie qui consomment un nombre suffisant de calories ont besoin de 1,0 à 1,6 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour, contre une fourchette comprise entre 1,4 et 1,7 g pour les athlètes de force ou ceux qui combinent force et endurance aérobie ou entraînement sprint en anaérobie. Les athlètes qui suivent un régime hypocalorique peuvent quant à eux avoir besoin de plus de protéines par jour pour préserver le tissu musculaire pendant la perte de poids. En plus de manger la bonne quantité de protéines par jour, la recherche préconise que les athlètes consomment suffisamment de protéines juste après l’exercice, lorsque le tissu musculaire est le plus réceptif aux acides aminés. En fait, après l’exercice, la synthèse et la dégradation des protéines musculaires sont augmentées, bien que l’équilibre net des protéines soit négatif lorsque l’exercice est réalisé à jeun. Les protéines consommées après l’exercice augmentent la synthèse des protéines musculaires et la sensibilité musculaire aux acides aminés est augmentée jusqu’à quarante-huit heures après un exercice. Cependant, cette sensibilité diminuant avec le temps, la consommation immédiate de protéines a un effet plus important sur la synthèse aiguë des protéines musculaires. La quantité de protéines qu’un athlète devrait consommer après un exercice d’endurance aérobie n’a pas encore été entièrement clarifiée. Cependant, certains suggèrent un rapport glucides/protéines de 4:1 ou 3:1 comme ligne directrice générale. Après l’entraînement en musculation, une large gamme d’apports protéiques (de 20 à 48 g) s’est avérée bénéfique pour stimuler au maximum la synthèse des protéines musculaires aiguës. La quantité semble dépendre, au moins en partie, de la teneur en leucine de la protéine. Elle est également affectée par l’âge, car la sensibilité aux acides aminés diminue chez les personnes âgées. Les inquiétudes entourant les apports en protéines au-dessus de l’AJR ne sont pas fondées pour la plupart des individus en bonne santé. Les protéines consommées en excès de la quantité nécessaire à la synthèse des tissus sont décomposées, l’azote est excrété sous forme d’urée dans l’urine et les cétoacides restants sont soit utilisés directement comme sources d’énergie, soit convertis en glucides (gluconéogenèse) ou en corps gras. En fait, une étude examinant un apport élevé en protéines chez les athlètes a révélé que des apports en protéines allant jusqu’à 2,8 g par kilogramme de poids de corps (tel qu’évalué par un régime alimentaire de sept jours) ne compromettaient aucune mesure de la fonction rénale. Le professionnel de la préparation physique doit être conscient que des apports en protéines constamment élevés, supérieurs aux niveaux recommandés pour la construction et la réparation musculaire, ne sont pas recommandés car l’apport en glucides et en graisses (et les nutriments couramment trouvés dans les aliments riches en glucides et en graisses) peut être compromis. La teneur en protéines des aliments couramment consommés est indiquée dans le tableau 9.4. Les athlètes ont plus de besoins que l’AJR en protéines pour construire et réparer les muscles. Selon le sport et le programme d’entraînement, 1,0 à 1,7 g par kilogramme de poids de corps de protéines est recommandé. GLUCIDES Les glucides servent principalement de source d’énergie. Cependant, les glucides ne sont pas un nutriment essentiel, car le corps peut décomposer les squelettes carbonés de certains acides aminés et les convertir en glucose (gluconéogenèse). Les glucides sont composés de carbone, d’hydrogène et d’oxygène. Les glucides peuvent être classés en trois groupes en fonction du nombre d’unités de sucre (saccharide) qu’ils contiennent : monosaccharides, disaccharides et polysaccharides. Les monosaccharides (glucose, fructose et galactose) sont des molécules à sucre unique. Dans le corps, le glucose est présent sous forme de sucre circulant dans le sang, où il est utilisé comme substrat énergétique primaire pour les cellules. De plus, les molécules de glucose constituent le glycogène, un polysaccharide stocké dans les cellules musculaires et hépatiques. Dans les aliments, le glucose est généralement combiné avec d’autres monosaccharides pour former divers sucres, tels que le saccharose. Le glucose isolé présent dans les bonbons ou les boissons pour sportifs se trouve sous la forme de dextrose, un isomère chimique du glucose. Le fructose a la même formule chimique que le glucose, mais parce que les atomes sont disposés différemment, il a un goût beaucoup plus doux et a des propriétés différentes. Le fructose explique le goût sucré du miel et se produit naturellement dans les fruits et légumes. Dans le corps, le fructose provoque moins de sécrétion d’insuline que les autres sucres, ce qui a fait l’objet de nombreuses recherches dans le domaine des performances d’endurance aérobie. Le galactose, le troisième monosaccharide, se combine avec le glucose pour former du lactose, du sucre de lait. Les disaccharides (saccharose, lactose et maltose) sont composés de deux unités de sucre simples réunies. Le saccharose (ou sucre de table), le disaccharide le plus courant, est une combinaison de glucose et de fructose. Le saccharose se produit naturellement dans la plupart des fruits et est cristallisé à partir du sirop de canne à sucre et de betterave à sucre pour faire du sucre brun, blanc ou en poudre. Le lactose (glucose et galactose) ne se trouve que dans le lait de mammifère. Le maltose (glucose et glucose) se produit principalement lorsque les polysaccharides sont décomposés lors de la digestion. Il se produit également dans le processus de fermentation de l’alcool et est le principal glucide de la bière. TABLEAU 9.4 Teneur en protéines des aliments courants (Du département américain de l’Agriculture, Agricultural Research Service) Les polysaccharides, également connus sous le nom d’« hydrates de carbone complexes », contiennent jusqu’à plusieurs milliers d’unités de glucose. Certains des polysaccharides d’importance nutritionnelle les plus courants sont l’amidon, les fibres et le glycogène. L’amidon est la forme de stockage du glucose dans les plantes. Les céréales, les légumineuses et les légumes sont de bonnes sources d’amidon. Avant que l’amidon ne puisse être utilisé comme source d’énergie, il doit être décomposé en composants de glucose. Les fibres alimentaires, constituants de la paroi cellulaire végétale, sont également une forme de glucides. La cellulose, l’hémicellulose, les bêta-glucanes et les pectines sont des fibres, et ces matières fibreuses non glucidiques (ligines) sont partiellement résistantes aux enzymes digestives humaines. Les fibres ont différents effets physiologiques dans le corps. Certains retardent la vidange gastrique, ce qui peut temporairement influencer les sensations de satiété, tandis que d’autres types de fibres augmentent le volume et la teneur en eau, réduisant la constipation et le temps de transit des selles. De plus, certaines fibres solubles diminuent l’absorption du cholestérol et peuvent donc aider à réduire le taux de cholestérol sanguin après ingestion, tandis que les fibres alimentaires prébiotiques stimulent sélectivement la croissance des bactéries dans l’intestin. Les aliments riches en fibres comprennent les haricots, les pois, le son, de nombreux fruits et légumes et certains aliments à grains entiers. Le glycogène se trouve en petites quantités dans le foie et les muscles humains, totalisant environ 15 g de glycogène par kilogramme de poids de corps, et dans les tissus animaux comme source temporaire d’énergie stockée. Bien qu’il soit présent dans les viandes animales que nous mangeons comme le steak, la poitrine de poulet et les filets de poisson, il n’est pas présent dans une large mesure. Lorsque le glucose pénètre dans les muscles et le foie, s’il n’est pas métabolisé en énergie, il peut être synthétisé pour former du glycogène. Les trois quarts du glycogène dans le corps sont stockés dans le muscle squelettique, le quart restant étant conservé dans le foie. Le processus de conversion du glucose en glycogène est appelé « glycogenèse ». ※ INDEX GLYCÉMIQUE ET CHARGE GLYCÉMIQUE L’indice glycémique (IG) classe les glucides en fonction de la vitesse à laquelle ils sont digérés et absorbés – et donc augmentent la glycémie – dans les deux heures suivant un repas, par rapport à la même quantité (en grammes) d’un aliment de référence, généralement du pain blanc ou du glucose, qui se voit attribuer un IG de 100. Indice glycémique = [Aire incrémentale sous la courbe de la réponse glycémique après consommation d’une portion de 25 ou 50 g de glucides d’un aliment test/ Aire incrémentale sous la courbe de la réponse glycémique après consommation de la même portion (en grammes) d’une nourriture standard] x 100 Les aliments à IG bas sont digérés et absorbés lentement, ce qui entraîne une augmentation plus faible de la glycémie et une libération d’insuline du pancréas moins importante par rapport à l’aliment de référence. L’insuline aide à abaisser la glycémie en facilitant le transport du glucose dans les cellules. Le sort du glucose dans les cellules dépend de l’endroit où il est transporté. Par exemple, les cellules musculaires utilisent le glucose pour l’énergie tandis que les cellules adipeuses convertissent le glucose en triglycérides (graisses). Bien que l’IG ait été développé pour aider les gens à mieux contrôler leur taux de sucre dans le sang – particulièrement utile pour les personnes atteintes de diabète – certains chercheurs ont émis l’hypothèse que les régimes alimentaires composés d’aliments à IG inférieur ou supérieur peuvent également aider à réduire le risque d’obésité et d’autres maladies. Cependant, il existe des limites au système d’IG, qui peuvent diminuer sa précision. Premièrement, les valeurs d’IG publiées pour un type d’aliment donné peuvent considérablement varier en raison des différences dans les tests et des variations des ingrédients utilisés, de la maturité de l’aliment, de la méthode de transformation de l’aliment, de la cuisson et du stockage. Deuxièmement, la consommation de glucides dans le cadre d’un repas ou en différentes quantités affecte l’IG. Les aliments à faible IG comprennent généralement les légumes, les légumineuses, les haricots et les grains entiers (tableau 9.5). Bien que certains scientifiques aient émis l’hypothèse que la consommation d’aliments à faible IG avant l’exercice pouvait épargner les glucides en minimisant la sécrétion d’insuline et donc améliorer les performances, il n’y a pas de preuve suffisante pour soutenir cette hypothèse. La recherche est mitigée, certaines études montrant que la consommation d’un aliment à IG faible par rapport à un aliment à IG élevé avant l’exercice améliore le temps d’exercice jusqu’à l’épuisement, quand d’autres constatent que la consommation d’un aliment à faible IG avant l’exercice par rapport à un aliment à IG élevé n’a aucun effet sur les performances de course. Par conséquent, les athlètes qui utilisent l’IG pour guider leurs choix alimentaires peuvent essayer de prétester des aliments à IG faible et élevé pendant l’entraînement tout en utilisant des aliments à IG élevé pendant l’exercice pour fournir des sources immédiates d’énergie (sucre) pour l’activité, et immédiatement après l’exercice pour reconstituer plus rapidement les réserves de glycogène. La charge glycémique (CG) tient compte de la quantité de glucides (en grammes) dans une partie des aliments – un facteur qui influence également la réponse glycémique. Parce que la CG prend en compte la taille des portions, il s’agit d’une jauge de réponse glycémique plus réaliste que l’IG, qui est basé sur une taille de portion standard. Le tableau 9.6 montre la différence d’IG et de CG pour des aliments spécifiques. La CG est égale à l’IG multiplié par la quantité de glucides dans une portion de l’aliment et en divisant ce total par cent. TABLEAU 9.5 Indice glycémique (IG) de différents aliments (D’après Atkinson, Foster-Powell et Brand-Miller, 2008) Charge glycémique = (IG d’un aliment individuel x grammes de glucides par portion de nourriture) / 100 Les aliments avec une CG plus élevée devraient entraîner une augmentation plus importante de la glycémie et une libération ultérieure d’insuline. Il a été démontré qu’un régime à faible CG, combiné à l’exercice, améliore la sensibilité à l’insuline chez les adultes obèses plus âgés et peut donc être un traitement potentiel pour cette population, tandis que des études d’observation et d’intervention suggèrent que les régimes avec des IG et des CG bas sont associés à des niveaux inférieurs de marqueurs inflammatoires. L’inflammation chronique de mauvaise qualité est considérée comme un facteur de risque potentiel de maladies chroniques. De plus, certaines études – mais pas toutes – ont montré que les régimes alimentaires avec un IG ou une CG inférieur sont associés à des niveaux inférieurs d’insuline à jeun ainsi qu’à moins de facteurs de risque cardiovasculaire. ※ FIBRES Les régimes pauvres en fibres ont été associés à la constipation, aux maladies cardiaques, au cancer du côlon et au diabète de type 2. L’AJR pour les fibres varie de 21 à 29 g/jour pour les femmes (en fonction de l’âge, d’une grossesse éventuelle et de la lactation) et de 30 à 38 g/jour pour les hommes en fonction du groupe d’âge. Les fibres se trouvent couramment dans les fruits, les légumes, les noix, les graines, les légumineuses et les produits à céréales entières comme le pain complet, la farine d’avoine et le maïs soufflé. ※ APPORTS DE GLUCIDES NÉCESSAIRES POUR LES ATHLÈTES De nombreuses études montrent que les glucides peuvent améliorer le délai d’épuisement pendant les performances d’endurance aérobie, ainsi que le rendement et la performance au travail dans les sports intermittents de haute intensité. Il a également été démontré que des niveaux élevés de glycogène épargnent l’utilisation de protéines pour le carburant, contribuant ainsi à atténuer la dégradation musculaire (bien que les différences d’apport en protéines affectent également la dégradation musculaire). Les recommandations sur les glucides sont largement fondées sur le type d’entraînement. Les athlètes d’endurance aérobie s’entraînant quatre-vingt-dix minutes ou plus par jour à intensité modérée (70-80 % VO2 max) devraient viser 8 à 10 g de glucides par kilogramme de poids de corps par jour. Les athlètes qui profitent de ce niveau d’apport en glucides sont ceux engagés dans une activité aérobie continue, tels que les coureurs de fond, les cyclistes sur route, les triathlètes et les skieurs de fond. La recherche a montré que les athlètes qui pratiquent constamment des activités intermittentes de haute intensité, comme les joueurs de football, bénéficient également d’une alimentation riche en glucides. La recherche sur les besoins en glucides des athlètes dans une grande variété de sports tels que le basket-ball, la lutte et le volley-ball est limitée. Les athlètes qui participent à des activités de force, de sprint et d’habileté ont besoin d’environ 5 à 6 g de glucides par kilogramme de poids de corps par jour. Dans les trente minutes suivant l’entraînement en endurance aérobie, environ 1,5 g de glucides à indice glycémique plus élevé par kilogramme de poids de corps devrait être consommé pour stimuler rapidement la resynthèse du glycogène. Les athlètes peuvent consommer moins de glucides au cours de la période qui suit immédiatement l’exercice tant qu’ils consomment un repas ou une collation riche en glucides à intervalles réguliers (toutes les deux heures environ) après avoir terminé l’entraînement. Les athlètes qui ne s’entraînent pas tous les jours peuvent restaurer leur glycogène au cours d’une période de vingt-quatre heures s’ils consomment suffisamment de glucides totaux dans leur alimentation. Enfin, malgré l’effet profond du glycogène sur la performance, les athlètes s’adaptent à des régimes pauvres en glucides, ce qui diminue leur dépendance à l’égard des glucides en tant que source de carburant pendant l’exercice. Certains athlètes utilisent également cette stratégie pour réduire leur apport calorique total. Les athlètes s’adaptent aux changements alimentaires de l’apport en glucides. Bien que les athlètes qui consomment régulièrement des glucides les utilisent comme principale source d’énergie pendant l’exercice aérobie, l’apport constant d’un régime pauvre en glucides conduit à une plus grande dépendance aux graisses comme source de carburant. TABLEAU 9.6 Index glycémique (IG) et charge glycémique (CG) (Adapté, avec permission, de Foster-Powell, Holt et Brand-Miller, 2002) GRAISSE Bien que les termes « graisses » et « lipides » soient souvent utilisés de manière interchangeable, « lipides » est un terme plus large. Les lipides comprennent les triglycérides (graisses et huiles) ainsi que les composés gras apparentés, tels que les stérols et les phospholipides. Les lipides les plus importants en nutrition sont les triglycérides, les acides gras, les phospholipides et le cholestérol. Les triglycérides sont formés par l’union du glycérol avec trois acides gras. La majorité des lipides présents dans les aliments et dans le corps sont sous forme de triglycérides et, dans ce chapitre, le terme « graisses » fait référence aux triglycérides. Comme les glucides, les graisses contiennent des atomes de carbone, d’oxygène et d’hydrogène mais, parce que les chaînes d’acides gras ont plus de carbone et d’hydrogène par rapport à l’oxygène, elles fournissent plus d’énergie par gramme. Par exemple, les graisses fournissent environ 9 kcal/g, tandis que les glucides et les protéines fournissent environ 4 kcal/g. Les graisses et les huiles alimentaires sont composées de différents types d’acides gras. Les acides gras saturés n’ont pas de double liaison et leurs molécules de carbone sont saturées d’hydrogène. Les acides gras saturés sont utilisés pour certaines fonctions physiologiques et structurelles, mais le corps peut fabriquer ces acides gras. Il n’y a donc aucune exigence alimentaire pour les acides gras saturés. Les acides gras insaturés contiennent certaines molécules de carbone qui sont reliées entre elles par des doubles liaisons, ce qui les rend chimiquement plus réactives. Les acides gras contenant une double liaison sont mono-insaturés. Avec deux ou plusieurs doubles liaisons, un acide gras est poly-insaturé. Deux acides gras poly-insaturés sont considérés comme essentiels, ce qui signifie que le corps ne peut pas les fabriquer : les acides gras oméga-6 et oméga-3. Ces deux acides gras sont nécessaires à la formation de membranes cellulaires saines, au bon développement et au bon fonctionnement du cerveau, du système nerveux et à la production d’hormones. Les acides gras oméga-6 sont abondants dans les aliments tels que le soja, le maïs et l’huile de carthame et les produits fabriqués avec ces huiles. Moins d’aliments contiennent des acides gras oméga-3 : on le trouve notamment dans les poissons, en particulier des poissons gras tels que le saumon, le hareng, le flétan, la truite et le maquereau, qui contiennent les acides gras oméga-3, l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). L’EPA et le DHA sont liés à une diminution dosedépendante des triglycérides : une diminution faible mais statistiquement significative de la pression artérielle, en particulier chez les personnes âgées, et les effets antiarythmiques potentiels. On pourrait également consommer des graines de lin, des noix, de l’huile de soja ou de l’huile de canola pour répondre aux besoins en oméga-3, car ceux-ci contiennent de l’acide alphalinoléique (ALA), un acide gras oméga-3, qui est converti en EPA et DHA. Cependant, ce processus de conversion est inefficace. Selon des études in vivo, environ 5 % de l’ALA est converti en EPA et moins de 0,5 % de l’ALA est converti en DHA chez l’adulte. Par conséquent, alors que les aliments qui contiennent de l’ALA comptent pour la consommation d’oméga3, ils n’ont pas d’effet substantiel sur les niveaux d’EPA et de DHA dans le corps. Les aliments riches en ALA peuvent augmenter certains facteurs de risque de maladie cardiovasculaire, mais il n’est cependant pas clairement établi qui est responsable – entre l’ALA, les autres composés de ces aliments riches en nutriments, ou une combinaison des deux. En plus de ses fonctions physiologiques, la graisse est importante car elle est responsable de la saveur, de l’arôme et de la texture caractéristiques de nombreux aliments. Généralement, la plupart des graisses et huiles alimentaires sont un mélange des trois types d’acides gras, avec un type prédominant. Les huiles de soja, de maïs, de tournesol et de carthame sont relativement riches en acides gras polyinsaturés, les huiles d’olive, d’arachide et de canola sont riches en acides gras mono-insaturés, et la plupart des graisses animales et des huiles tropicales (noix de coco, palmiste) sont relativement riches en acides gras saturés. Lorsqu’elle est stockée dans le corps humain, la graisse remplit de nombreuses fonctions. L’énergie est stockée – principalement sous forme de tissu adipeux – chez l’homme, mais de petites quantités se trouvent également dans le muscle squelettique, en particulier chez les athlètes entraînés en aérobie. La graisse corporelle isole et protège les organes, régule les hormones, transporte et stocke les vitamines liposolubles A, D, E et K. ※ RELATION AVEC LE CHOLESTÉROL Le cholestérol est une substance cireuse semblable à de la graisse qui est un composant structurel et fonctionnel important de toutes les membranes cellulaires. De plus, le cholestérol est utilisé pour la production de sels biliaires, de vitamine D et de plusieurs hormones, dont les hormones sexuelles (œstrogènes, androgènes et progestérone) et le cortisol. Et bien que le cholestérol ait de nombreuses fonctions essentielles dans le corps, des niveaux élevés de cholestérol peuvent conduire à l’athérosclérose, au durcissement des artères en raison de l’accumulation de plaques sur les parois des artères, ce qui rétrécit la zone des artères à travers laquelle le sang peut passer. Par conséquent, un taux élevé de cholestérol sanguin est un facteur de risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC). Des niveaux élevés de cholestérol total, de lipoprotéines de basse densité (LBD) et de triglycérides sont tous associés à un risque accru de maladie cardiaque. La lipoprotéine de basse densité est divisée en sous-fractions en fonction de la taille des particules. Les particules plus petites et plus denses, appelées « lipoprotéines de très basse densité » (LTBD), sont plus athérogènes (obstruction des artères) que les particules LBD plus grosses. Des niveaux élevés de graisses saturées ou de gras trans, une prise de poids et une anorexie peuvent tous augmenter le cholestérol LBD. Cependant, les niveaux de LTBD augmentent avec l’augmentation de l’apport en glucides. Des niveaux élevés de lipoprotéines de haute densité (LHD) protègent contre les maladies cardiaques, mais ne sont pas une cible de thérapie (les praticiens sont priés de ne pas se concentrer sur les LHD). Le tableau 9.7 montre comment les cholestérols LBD, total et LHD sont classés. Un apport élevé en glucides raffinés, une prise de poids, une consommation excessive d’alcool et une alimentation très faible en gras peuvent augmenter les triglycérides (graisses sanguines). Cependant, comme pour le cholestérol, plusieurs facteurs affectent les triglycérides, notamment un mode de vie sédentaire, le surpoids, l’obésité, le tabagisme, la génétique et certaines maladies et médicaments. Le rapport scientifique du comité consultatif des directives diététiques de 2015 recommande d’éviter les huiles partiellement hydrogénées contenant des gras trans et de limiter les graisses saturées à moins de 10 % des calories totales, et de remplacer les graisses saturées par des graisses insaturées, en particulier les graisses poly-insaturées. De plus, il est conseillé que les sucres ajoutés consommés représentent au maximum 10 % des calories totales. ※ GRAISSE ET PERFORMANCE Les acides gras intramusculaires et circulants sont des sources d’énergie potentielles pendant l’exercice. TABLEAU 9.7 Classification du cholestérol LBD, total et LHD (mg/dl) Comparées à la capacité limitée du corps à stocker les glucides, les réserves de graisses sont importantes et représentent une vaste source de carburant pour l’exercice. Par exemple, un coureur mince (pesant 72 kg) avec 4 % de graisse corporelle a environ 22 400 calories stockées dans les tissus adipeux. Au repos et pendant les exercices de faible intensité, un pourcentage élevé de l’énergie produite provient de l’oxydation des acides gras. Lorsque l’intensité de l’exercice augmente, il y a un passage progressif des lipides aux glucides comme source de carburant préférentiel. Un entraînement aérobie constant augmente la capacité du muscle à utiliser des acides gras. En plus de l’entraînement, le corps s’adapte à l’utilisation de plus grandes quantités de graisses pour l’énergie lorsqu’un régime riche en graisses et en glucides est consommé sur une période de temps. Et parce que le type de régime auquel le corps est adapté peut influencer les performances, les effets des régimes riches en graisses et en glucides varient selon les individus. Le corps humain a une quantité suffisante de graisse pour alimenter de longues séances d’entraînement ou de compétition. VITAMINES Les vitamines sont des substances organiques (contenant des atomes de carbone) nécessaires en très petites quantités pour effectuer des fonctions métaboliques spécifiques. Les vitamines agissent généralement comme des coenzymes, facilitant de nombreuses réactions dans le corps. Par exemple, les vitamines B aident le corps à produire de l’énergie à partir du métabolisme des glucides. Le tableau 9.8 décrit les fonctions et certaines sources alimentaires de vitamines individuelles. Les vitamines hydrosolubles, y compris les vitamines B et la vitamine C, se dissolvent dans l’eau et sont transportées dans le sang. À l’exception de la vitamine B12, qui est stockée dans le foie pendant des années, les vitamines hydrosolubles ne sont pas stockées en quantités significatives dans le corps. À la place, le corps utilise ce qui est nécessaire et excrète ensuite les quantités restantes dans l’urine. Et bien qu’il n’y ait pas d’effet secondaire connu d’une consommation excessive de vitamine B12, consommer plus que ce que l’organisme peut utiliser n’augmentera pas l’énergie et n’améliorera pas la santé. Les vitamines A, D, E et K sont liposolubles et sont donc transportées par les graisses dans le sang et stockées dans les tissus adipeux du corps. Un excès de vitamine A préformée (pas de bêtacarotène, d’alpha-carotène ni de bêtacryptoxanthine, qui sont convertis en vitamine A dans le corps) est toxique et associé à des effets indésirables importants, notamment des dommages au foie, une pression intracrânienne (pseudo-tumeur cérébrale), des étourdissements, des nausées, des maux de tête, des irritations cutanées, des douleurs dans les articulations et les os, le coma et même la mort. Un apport excessif en vitamine A peut se produire par l’alimentation, mais résulte généralement de niveaux élevés de vitamine A dans les suppléments. Des niveaux toxiques de vitamine D peuvent entraîner des arythmies cardiaques et une augmentation des niveaux de calcium dans le sang, ce qui peut provoquer une calcification des vaisseaux sanguins et des tissus, ainsi que des dommages au cœur, aux vaisseaux sanguins et aux reins. La vitamine E agit comme anticoagulant et fluidifie donc le sang. La consommation régulière de quantités excessives de vitamine E peut entraîner des taux sériques élevés de vitamine E, ce qui est associé à un risque accru d’accident vasculaire cérébral hémorragique, en particulier chez les personnes sous anticoagulants. Étant donné que la vitamine K aide à la coagulation du sang, un apport excessif de cette vitamine peut interférer avec les effets de certains médicaments anticoagulants tels que la warfarine (coumadine). PRINCIPES DE BASE CONCERNANT LES MACRONUTRIMENTS PROTÉINES Choisissez une variété d’aliments protéinés, notamment les fruits de mer, les morceaux maigres de viande et volaille, les œufs, les haricots et les pois, les produits à base de soja, les noix et les graines. Augmentez la quantité et la variété de fruits de mer consommés en choisissant des fruits de mer à la place de certaines viandes et volailles. Remplacez les aliments riches en protéines riches en graisses solides par des choix moins riches en graisses solides et en calories. Jeunes adultes dans un programme de fitness général : 0,8 à 1,0 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour. Athlètes spécialistes de l’endurance aérobie : 1,0 à 1,6 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour. Athlètes spécialistes de la force : 1,4 à 1,7 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour. Athlètes suivant un régime hypocalorique : environ 1,8 à 2,7 g par kilogramme de poids de corps par jour. GLUCIDES Réduisez l’apport calorique des sucres ajoutés. Augmentez la consommation de légumes (préparés sans sel ni graisse ajoutés) et de fruits (préparés sans sucres ajoutés). Mangez une variété de légumes, y compris des haricots, des pois et des légumes vert foncé, rouges et oranges. Consommez au moins la moitié de toutes les céréales sous forme de céréales complètes. Augmentez la consommation de céréales complètes en remplaçant les grains raffinés par des céréales complètes. GRAISSES ET ALCOOL Consommez moins de 10 % des calories provenant des graisses saturées en les remplaçant par des graisses insaturées, notamment des graisses poly-insaturées. Évitez les huiles partiellement hydrogénées contenant des gras trans. Réduisez l’apport calorique des graisses solides. Diminuez la consommation de céréales raffinées. Si de l’alcool est consommé, il doit être consommé avec modération – jusqu’à un verre par jour pour les femmes et deux verres par jour pour les hommes – et uniquement par des adultes en âge légal de boire. Les femmes enceintes doivent éviter l’alcool et les femmes allaitantes doivent être prudentes quant à leur consommation si elles choisissent d’en boire. L’alcool doit être évité dans la période post-exercice car il réduit la synthèse des protéines musculaires. TABLEAU 9.8 Vitamines MINÉRAUX Les minéraux contribuent à la structure des os, des dents et des ongles. ils sont un composant des enzymes et effectuent une grande variété de fonctions métaboliques. Le calcium est par exemple nécessaire pour la formation et la fonction des os et des dents, la transmission nerveuse et la contraction musculaire. Le fer est nécessaire au transport de l’oxygène et fait également partie des enzymes nécessaires au métabolisme énergétique. Le calcium, le phosphore, le magnésium, le fer et les électrolytes sodium, potasse et chlorure sont souvent appelés les « principaux minéraux ». Pour l’athlète, les minéraux sont importants pour la santé des os, la capacité de transport d’oxygène et l’équilibre hydrique et électrolytique. Les minéraux, leurs fonctions et de bonnes sources de nourriture sont répertoriés dans le tableau 9.9. Le fer et le calcium méritent une attention supplémentaire. Les athlètes qui ne consomment pas suffisamment de fer alimentaire peuvent développer une carence en fer ou une anémie ferriprive, les deux pouvant nuire aux performances. Un calcium alimentaire inadéquat peut contribuer à une faible densité osseuse et éventuellement à un risque futur de développer une ostéopénie ou une ostéoporose. TABLEAU 9.9 Minéraux FER Le fer est à la fois essentiel au fonctionnement et à la synthèse de l’hémoglobine, une protéine qui transfère l’oxygène dans tout le corps. De plus, le fer est un composant de la protéine myoglobine, qui transporte l’oxygène vers les muscles. Ce minéral joue un rôle important dans la croissance, le développement, le fonctionnement cellulaire et la synthèse et le fonctionnement de certaines hormones. La carence en fer est la carence nutritionnelle la plus répandue au monde. Et bien qu’elle affecte de manière très importante les pays en développement, elle est également courante dans les pays industrialisés. L’enquête nationale sur l’examen de la nutrition et de la santé (NHANES, pour National Health And Nutrition Examination Survey en anglais) a révélé qu’environ 16 % des adolescentes de seize à dix-neuf ans et 12 % des femmes de vingt à quarante-neuf ans avaient une carence en fer. Dans certaines études examinant la carence en fer chez les athlètes féminines d’endurance aérobie, plus d’une femme sur quatre a été testée positive à une carence en fer. La carence en fer se déroule en trois étapes (par ordre de gravité) : déplétion, carence marginale et anémie. Le fer transporte l’oxygène vers les muscles qui travaillent, et même une carence en fer marginale peut nuire aux performances sportives. L’anémie ferriprive se développe lorsque de faibles réserves de fer persistent pendant un certain temps et que le corps ne peut pas produire suffisamment de globules rouges sains pour fournir de l’oxygène dans tout le corps. Les symptômes dépendent de l’individu : certaines personnes sont asymptomatiques, ou s’habituent à leurs symptômes et supposent qu’ils sont normaux. Les symptômes d’une carence en fer ou d’une anémie ferriprive peuvent inclure la faiblesse, la fatigue, l’irritabilité, une mauvaise concentration, des maux de tête, une diminution de la capacité d’exercice, une perte de cheveux et une bouche sèche. Les autres symptômes associés à l’anémie ferriprive comprennent une fréquente sensation de froid, une langue enflammée (glossite), un essoufflement pendant les activités de routine et le pica (désir de manger des substances non alimentaires telles que l’amidon de lessive, la saleté, l’argile et la glace). Les femmes en âge de procréer, les adolescentes, les femmes enceintes, les nourrissons et les tout-petits ont un plus grand besoin de fer, et courent donc un risque accru de devenir déficientes. De plus, les coureurs de fond, les athlètes végétariens, les athlètes féminines, celles qui perdent une quantité importante de sang pendant leur cycle menstruel, les personnes qui prennent des quantités excessives d’antiacides et les personnes atteintes de certaines maladies digestives telles que la maladie cœliaque ont un risque accru de développer une anémie ferriprive. Les deux types de fer présents dans les aliments sont le fer hémique et non hémique. Le fer hémique, dérivé de l’hémoglobine, se trouve dans les aliments qui contenaient à l’origine de l’hémoglobine et de la myoglobine – aliments d’origine animale, y compris les viandes rouges, le poisson et la volaille. Le fer hémique est mieux absorbé que le fer non hémique, et l’absorption n’est affectée par rien d’autre que nous mangeons. Nous absorbons environ 15 % à 35 % du fer hémique que nous consommons. Le fer non hémique est la forme de fer présente dans tous les autres aliments non carnés, y compris les légumes, les céréales et les céréales de petit déjeuner enrichies en fer. Seulement 2 à 20 % du fer non hémique est absorbé. Et bien que le fer hémique ne soit pas affecté par les composés présents dans les aliments consommés simultanément, de nombreux facteurs affectent l’absorption du fer non hémique. Par exemple, le fer non hémique des épinards est lié à une substance appelée « acide phytique », la forme de stockage du phosphore dans les plantes. L’acide phytique diminue l’absorption du fer non hémique. De plus, plusieurs autres substances peuvent diminuer l’absorption du fer non hémique, y compris les tanins (trouvés dans le thé et le vin), le calcium (que l’on trouve dans les produits laitiers et multivitaminés), les polyphénols, les phytates (que l’on trouve dans les légumineuses et les céréales complètes), et certaines des protéines dans le soja. Une personne peut augmenter la quantité de fer non hémique absorbée en consommant des aliments ou des boissons riches en vitamine C en même temps ou en consommant une source non hémique en même temps que du fer hémique. Par exemple, le jumelage d’épinards avec de la viande augmente l’absorption du fer contenu dans les épinards. Il existe de nombreuses formes supplémentaires de fer, chacune fournissant une quantité différente de fer élémentaire tout en variant également la biodisponibilité et le potentiel d’effets secondaires tels que des maux d’estomac. De plus, le calcium et le magnésium supplémentaires peuvent interférer avec l’absorption du fer. Pourtant, de nombreux Américains ne consomment pas suffisamment de calcium et de magnésium via leur alimentation. En raison des nombreux facteurs affectant l’apport et l’absorption du fer, y compris l’apport d’autres minéraux que l’athlète peut ne pas consommer en quantité suffisante, seul un médecin ou un diététicien agréé devrait recommander des suppléments de fer et indiquer comment prendre un supplément de fer pour une absorption maximale et un minimum de maux d’estomac. CALCIUM Un apport adéquat en calcium tout au long de l’enfance et de l’adolescence est essentiel pour le développement d’os solides. Le calcium aide les os à croître en longueur et en densité pendant l’adolescence – jusqu’à 90 % du pic de densité minérale osseuse se produit à la fin de l’adolescence. Chez l’adulte, le calcium aide à maintenir la densité osseuse. Lorsque l’apport alimentaire en calcium est insuffisant, le calcium est extrait de son site de stockage dans les os pour répondre aux exigences du corps et maintenir constantes les concentrations de calcium dans le sang, les muscles et les fluides intercellulaires. Le calcium est essentiel pour atteindre la masse osseuse maximale, et les carences en calcium peuvent nuire à l’atteinte de la densité minérale osseuse maximale et augmenter le risque de fracture plus tard dans la vie. Le calcium maintient également la solidité des dents, aide à réguler la contraction musculaire et joue un rôle dans le fonctionnement nerveux, l’expansion et la contraction des vaisseaux sanguins et la sécrétion hormonale et enzymatique. La NHANES a constaté que seulement 15 % des femmes de neuf à treize ans et moins de 10 % des femmes de quatorze à dix-huit ans et de plus de cinquante-et-un ans satisfont à l’apport adéquat (AA) en calcium via leur alimentation. Par conséquent, les athlètes devraient être encouragés à inclure des produits laitiers et d’autres aliments riches en calcium dans leur alimentation. Le médecin de l’athlète ou le diététicien professionnel peut suggérer un supplément de calcium si les besoins en calcium ne peuvent être satisfaits par l’alimentation uniquement. FLUIDES ET ÉLECTROLYTES L’eau est la plus grande composante du corps, représentant 45 à 75 % du poids corporel d’une personne. Dans le corps humain, l’eau agit comme lubrifiant, amortisseur, matériau de construction et solvant. De plus, l’eau est essentielle pour la régulation de la température corporelle (la perte d’eau par la transpiration aide à refroidir la peau, en particulier dans les environnements chauds et pendant l’exercice), le transport des nutriments, l’élimination des déchets, le maintien de l’équilibre hydrique, et donc d’une tension artérielle normale. L’eau est si importante que même dans des conditions de température optimales, le corps ne peut survivre que quelques jours sans eau. Bien que le maintien d’une hydratation adéquate soit important pour tous les individus, les athlètes doivent prêter une attention particulière à leur état d’hydratation, car les pertes de sueur qui dépassent l’apport hydrique peuvent rapidement conduire à un état hypo-hydraté, avec une augmentation ultérieure de la température corporelle centrale, une diminution du volume de plasma sanguin et une augmentation de la fréquence cardiaque et de l’effort perçu. Lorsque cela se produit, la production de sueur ne peut pas suivre l’augmentation de la température corporelle à moins qu’il y ait des transferts de fluides. L’exercice répété dans des environnements chauds aide le corps à s’adapter au stress thermique (volume de transpiration plus important, concentration d’électrolytes inférieure à la transpiration et température plus basse pour le début de la transpiration), et donc les athlètes peuvent être plus enclins à la déshydratation et au stress thermique au début de la saison. De plus, les athlètes moins entraînés peuvent être plus sujets au stress thermique que les athlètes entraînés. En raison des changements physiologiques qui altèrent la conservation de l’eau dans le corps ainsi que de la baisse liée à l’âge de l’apport hydrique, les personnes âgées ont un risque accru de déshydratation et d’hypo-hydratation. Les enfants peuvent également avoir un plus grand risque de déshydratation, résultant d’un gain de chaleur accru de l’environnement en raison d’un rapport surface/masse corporelle plus élevé que les adultes, d’une production de chaleur accrue pendant l’exercice, d’une capacité réduite à dissiper la chaleur par la transpiration et d’une moindre sensation de soif par rapport aux adultes. De plus, ceux qui ont le trait drépanocytaire, la fibrose kystique et certaines autres maladies ont un risque accru de se déshydrater. Même une déshydratation légère – représentant 2 à 3 % de perte de poids – peut augmenter la température corporelle centrale et affecter de manière significative les performances athlétiques en augmentant la fatigue et en diminuant la motivation, le contrôle neuromusculaire, la précision, la puissance, la force, l’endurance musculaire et les performances globales. La déshydratation peut augmenter la température corporelle centrale, réduire le volume systolique et le débit cardiaque, diminuer la pression artérielle, réduire le flux sanguin vers les muscles, augmenter le rythme cardiaque, exacerber la rhabdomyolyse d’effort symptomatique et augmenter le risque de coup de chaleur et de décès. Le risque de déshydratation est plus élevé dans les environnements chauds et humides et en altitude. ALIMENTS CALORIQUES ET ALIMENTS RICHES EN NUTRIMENTS Compte tenu de l’augmentation de l’obésité aux États-Unis, certains classent le régime américain comme riche en calories mais pauvre en nutriments. Le rapport scientifique du comité consultatif sur les directives diététiques de 2015 recommande un régime alimentaire comprenant une variété d’aliments riches en nutriments. Bien qu’il n’y ait pas de définition normalisée du terme de « densité des nutriments », choisir des aliments riches en nutriments signifie en général rechercher des aliments basés sur les nutriments tels que les vitamines, les minéraux et les fibres, ainsi que les composés végétaux sains qu’ils fournissent, tandis que la densité calorique se réfère au contenu calorique d’un aliment. Les aliments riches en densité nutritive comprennent le lait, les légumes, les aliments protéinés et les céréales, tandis que les aliments riches en densité calorique mais faibles en densité nutritive comprennent généralement les chips, les desserts et les bonbons. Pour plus d’informations sur la densité des nutriments par rapport à la densité calorique, le lecteur peut se reporter aux travaux de Drewnowski. ÉQUILIBRE DES FLUIDES L’apport adéquat (AA) pour l’eau est de 3,7 l (15,6 tasses) par jour pour les hommes, et de 2,7 l (11,4 tasses) pour les femmes. Cependant, L’AA journalier pour les femmes enceintes est de 3,0 l (12,7 tasses) et monte à 3,8 l (16,1 tasses) pour les femmes allaitantes. Toutes les sources de liquide, y compris les boissons telles que le café, le thé, le jus et le soda, ainsi que le liquide contenu dans les aliments, contribuent à répondre aux besoins en eau d’une personne. Maintenir l’équilibre des fluides pendant l’entraînement et la compétition peut être un défi pour de nombreux athlètes, en particulier pour ceux qui transpirent abondamment ou qui s’entraînent dans des environnements chauds et humides ou en altitude. En plus des conditions environnementales, les vêtements, l’équipement et une plus grande taille corporelle peuvent augmenter le taux de transpiration, tandis que les pratiques de perte de poids dangereuses telles que l’utilisation fréquente ou la surutilisation de diurétiques ou de laxatifs peuvent augmenter le risque de déshydratation. Les joueurs de football américain, en particulier ceux qui défendent, ont un plus grand risque de se déshydrater en raison de leur équipement et, dans de nombreux cas, de leur taille corporelle plus importante. Par exemple, une étude menée auprès de joueurs de la Ligue nationale de football américain a révélé que les arrières et les réceptionneurs, d’une masse corporelle moyenne de 93 ± 6 kg, perdaient en moyenne 1,4 ± 0,45 l de sueur par heure, tandis que les défenseurs, avec une masse corporelle moyenne de 135,6 ± 17 kg, perdaient en moyenne 2,25 ± 0,68 l de transpiration par heure de pratique. Les pertes de sueur calculées pour les deux groupes pendant un total de 4,5 heures de pratique les jours avec deux séances étaient de 6,4 ± 2,0 l pour les arrières et les réceptionneurs, contre 10,1 ± 3,1 l pour les défenseurs. Plusieurs couches de vêtements et d’équipements de protection contribuent aux pertes de sueur et au risque de déshydratation chez les joueurs de hockey, tandis que la déshydratation intentionnelle et d’autres pratiques de perte de poids dangereuses peuvent augmenter le risque de déshydratation chez les lutteurs. De plus, il est important de noter qu’il existe une très large gamme de pertes de fluides par la sueur. Par exemple, les joueurs de la National Basketball Association ont perdu de 1,0 à 4,6 l d’eau et ont eu une perte moyenne de 2,2 ± 0,8 l de transpiration au cours d’une partie de quarante minutes dans laquelle le temps de jeu moyen était de 21 ± 8 minutes. Lorsque les gens sont sédentaires, la respiration et la transpiration combinées contribuent à des pertes d’eau d’environ 0,3 l par heure. PRÉVENIR LA DÉSHYDRATATION Compte tenu des effets négatifs associés à la déshydratation, les athlètes doivent essayer de prévenir les pertes de poids en eau dépassant 2 % du poids corporel, tout en rétablissant les électrolytes perdus par la transpiration. La première étape pour prévenir la déshydratation consiste à évaluer l’état d’hydratation (tableau 9.10). La gravité spécifique de l’urine (GSU) peut être utilisée pour accéder à l’état d’hydratation car le test est facile à utiliser, peu coûteux et mobile. Cependant, la GSU n’est pas un indicateur sensible des changements aigus d’hydratation, mais une meilleure mesure de l’état d’hydratation chronique. Une méthode rapide et simple pour estimer le statut hydrique consiste à mesurer les changements de poids corporel avant et après l’entraînement. L’athlètes doit se peser dans des vêtements légers et minimes, après s’être séché et avoir uriné, immédiatement avant et après son entraînement. Les vêtements en sueur doivent être retirés avant la pesée. 0,45 kg perdu pendant l’entraînement représente un demi-litre de liquide. Une perte de 2 % ou plus du poids corporel indique que l’athlète ne remplace pas adéquatement le liquide perdu par la sueur. En plus d’identifier la déshydratation aiguë d’une séance d’entraînement, l’évaluation des changements de poids au fil du temps peut aider à identifier les athlètes qui sont chroniquement déshydratés – ceux qui perdent plusieurs kilos en quelques jours. En plus d’identifier les athlètes qui ne s’hydratent pas suffisamment, on peut calculer le taux de transpiration, donnant ainsi une meilleure idée des besoins en liquides pendant l’exercice, en pesant les athlètes avant l’exercice et à nouveau après une séance d’entraînement intense d’une heure, tout en mesurant également l’apport hydrique et le volume d’urine produit. Le taux de transpiration est égal au poids corporel avant l’exercice moins le poids corporel après l’exercice, auquel s’additionne l’apport hydrique pendant l’exercice moins l’urine produite. Les évaluations de la quantité d’urine, par GSU ou volume d’urine, peuvent être trompeuses pendant la période de réhydratation immédiate après la déshydratation. Lorsque les athlètes consomment de grandes quantités de liquide hypotonique, ils produisent de grandes quantités d’urine bien avant de s’hydrater adéquatement. En plus de surveiller les changements de poids, il est parfois conseillé aux athlètes de vérifier la couleur de leur urine. Cependant, la relation entre la couleur de l’urine et l’état d’hydratation est très subjective. De plus, les betteraves, les mûres, certains colorants alimentaires et certains médicaments peuvent la faire virer au rose, au rouge ou au brun clair. De plus, les vitamines B, les caroténoïdes (comme le bêtacarotène) et certains médicaments peuvent faire virer l’urine au jaune foncé, jaune vif ou orange, tandis que les colorants alimentaires artificiels (comme ceux que l’on trouve dans certaines boissons pour sportifs) peuvent également la faire virer au bleu ou vert. Une très large gamme de pertes de fluides, sous forme de sueur, existe chez les athlètes. Par conséquent, chaque athlète devrait développer un plan d’hydratation personnalisé. TABLEAU 9.10 Biomarqueurs du statut d’hydratation ÉLECTROLYTES Les principaux électrolytes perdus dans la sueur comprennent le chlorure de sodium et, dans une moindre mesure (et dans l’ordre), le potassium, le magnésium et le calcium. Le sodium influence la régulation des fluides en aidant à retenir une plus grande partie du fluide consommé. De plus, tous les électrolytes perdus par la transpiration sont essentiels à la contraction musculaire et à la conduction nerveuse. Ainsi, toute perturbation de l’équilibre des électrolytes dans les fluides corporels pourrait potentiellement nuire aux performances. Les pertes de sodium par la transpiration varient énormément entre les athlètes, avec des concentrations rapportées allant de 0,2 à plus de 12,5 g/l (10 à plus de 544 mEq/l). Étant donné la grande quantité de sodium que certains athlètes perdent par la transpiration, remplacer les pertes de sodium peut nécessiter une décision consciente de choisir des aliments riches en sodium, de saler leurs aliments et d’ajouter des électrolytes à leurs boissons. Les athlètes qui font de l’exercice intensément ou pendant des heures, et qui s’hydratent excessivement avec seulement de l’eau ou une boisson sans ou à faible teneur en sodium, peuvent diluer leur taux de sodium dans le sang à des niveaux dangereusement bas – en dessous de 130 mmol/l, une condition appelée « hyponatrémie ». Cela entraîne un gonflement intracellulaire et, lorsque le taux de sodium sanguin tombe en dessous de 125 mmol/l, des maux de tête, des nausées, des vomissements, des crampes musculaires, un gonflement des mains et des pieds, une agitation et une désorientation. Lorsque le sodium sanguin descend en dessous de 120 mmol/l, le risque de développer un œdème cérébral, des convulsions, un coma, une hernie du tronc cérébral, un arrêt respiratoire et le risque de décès augmentent. Pour éviter l’hyponatrémie, l’apport hydrique ne doit pas dépasser les pertes de sueur (les athlètes ne doivent pas peser plus après avoir terminé l’exercice qu’au début de leur séance d’entraînement), et les athlètes doivent consommer du sodium par le biais de boissons sportives ou de nourriture. Les boissons pour sportifs fournissent de petites quantités de potassium pour remplacer les pertes par la transpiration. APERÇU DES GRANDS PRINCIPES CONCERNANT L’ABSORPTION DE LIQUIDES AVANT L’ENTRAÎNEMENT Les athlètes devraient avoir une lecture GSU < 1,020. Ils devraient se préhydrater, si nécessaire plusieurs heures avant l’exercice pour permettre l’absorption des fluides et la production d’urine. PENDANT UNE SESSION D’ENTRAÎNEMENT Enfants et adolescents Les enfants pesant 40 kg devraient boire 150 ml d’eau froide ou d’une boisson aromatisée et salée toutes les vingt minutes pendant l’entraînement. Les adolescents pesant 60 kg devraient boire 250 ml d’eau froide ou d’une boisson aromatisée et salée toutes les vingt minutes pendant l’entraînement. Adultes Les athlètes doivent suivre un plan d’hydratation personnalisé. Pendant une activité prolongée par temps chaud, ils devraient consommer une boisson pour sportifs contenant 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78-195 mg) par litre, et des glucides à une concentration de 5 à 10 %. Après l’entraînement Les athlètes devraient consommer suffisamment de nourriture et de liquides, ainsi que du sodium, pour rétablir l’hydratation. Si la déshydratation est importante ou si l’athlète dispose de moins de douze heures avant le prochain exercice, une approche plus agressive est justifiée et l’athlète doit consommer environ 1,5 l de liquide (avec suffisamment d’électrolytes) pour chaque kilogramme de poids de corps perdu (0,7 l pour chaque livre de poids corporel). Cependant, ils ne contribuent pas de manière significative à l’apport total de potassium. Et, parce que la recherche montre que moins de 2 % des adultes aux États-Unis respectent les recommandations alimentaires pour le potassium, les athlètes devraient se concentrer sur la consommation d’aliments plus riches en potassium dans leur alimentation, comme les tomates, les agrumes, les melons, les pommes de terre, les bananes et le lait. Les athlètes qui font de l’exercice intensivement, ou pendant des heures, et qui s’hydratent excessivement avec seulement de l’eau ou une boisson sans ou à faible teneur en sodium, peuvent diluer leur sodium sanguin à des niveaux dangereusement bas. INSTRUCTIONS POUR L’ABSORPTION DE LIQUIDES Idéalement, les athlètes devraient commencer l’exercice ou l’entraînement dans un état hydraté, éviter de perdre plus de 2 % de leur poids corporel (en raison de la transpiration) et se réhydrater complètement après l’exercice et avant la prochaine séance d’entraînement. La quantité de liquide nécessaire pour parvenir à une réhydratation complète dépend de la période de temps avant le prochain entraînement. Cependant, des études montrent que certains athlètes commencent l’entraînement ou la compétition dans un état hypo-hydraté, ce qui rend encore plus difficile une consommation suffisante de liquide pendant la séance d’exercice qui doit compenser un mauvais état d’hydratation avant l’exercice. De plus, les athlètes ayant des pertes de sueur importantes peuvent volontairement ne pas boire suffisamment de liquide pour se réhydrater adéquatement et éviter la déshydratation pendant l’entraînement et la compétition. Une approche systématique du remplacement des fluides est nécessaire pour cette raison et aussi parce que la soif peut ne pas être un indicateur fiable des besoins en fluides pour les athlètes qui portent de gros pulls ou ceux qui pratiquent intensément dans des conditions chaudes. Bien que, étant donné le large éventail de pertes de fluides et d’électrolytes chez les athlètes, les lignes directrices sur les fluides et les électrolytes doivent être individualisées autant que possible, les grands principes présentés ci-après sont un bon point de départ pour les athlètes jusqu’à ce que des recommandations spécifiques soient fournies en fonction du taux de sudation. De plus, les entraîneurs de force doivent veiller à ce que les athlètes aient suffisamment de temps pour boire et avoir accès à des liquides frais (10-15 °C). ※ AVANT L’ACTIVITÉ Pré-hydrater, si nécessaire, plusieurs heures avant l’exercice pour permettre l’absorption des fluides et la production d’urine. ※ PENDANT L’ACTIVITÉ En raison des grandes variations des taux de transpiration et des concentrations d’électrolytes, les athlètes devraient mesurer les changements de poids pendant l’entraînement et la compétition dans des conditions météorologiques spécifiques, et développer des stratégies d’hydratation individualisées sur la base de ces informations. Pendant une activité prolongée par temps chaud, l’Institut de Médecine recommande des boissons pour sportifs contenant 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78-195 mg) par litre et des glucides à une concentration de 5 % à 10 %. De plus, lorsqu’une boisson pour sportifs est ingérée à des taux élevés au cours d’un exercice intense ou prolongé, les athlètes peuvent vouloir en choisir une qui contient plusieurs types de glucides avec différents mécanismes de transport intestinal, tels que le glucose, le fructose et la maltodextrine. L’ingestion de plusieurs types de glucides par rapport à un seul glucide entraînera une plus grande vidange gastrique, une absorption des glucides, une oxydation et peut-être de meilleures performances. Toutes les boissons fournies doivent être fraîches (10-15 °C) mais pas froides. L’Académie américaine des pédiatres recommande aux enfants de boire régulièrement. Ce principe directeur suggère que les enfants pesant 40 kg boivent 150 ml d’eau froide ou une boisson salée aromatisée toutes les vingt minutes pendant la pratique sportive, et que les adolescents pesant 60 kg boivent 266 ml sur la même période d’activité, même s’ils n’ont pas soif. Une autre recommandation est une concentration de chlorure de sodium de 15 à 20 mmol/l (1 g pour 1 l), qui s’est avérée augmenter l’hydratation volontaire de 90 % par rapport à l’eau non aromatisée. ※ APRÈS L’ACTIVITÉ Après l’exercice, les athlètes devraient remplacer les pertes de liquides et d’électrolytes. Si le temps le permet, des repas normaux, des collations (à condition qu’elles contiennent du sodium) et de l’eau rétabliront les pertes de liquides et d’électrolytes. Du sel supplémentaire peut être ajouté aux aliments lorsque les pertes de sodium par la transpiration sont importantes. Si la déshydratation est importante, ou si l’athlète a une courte période de récupération avant le prochain exercice (moins de douze heures), une approche plus agressive est alors justifiée : dans ces cas, les athlètes devraient environ consommer 1,5 l de liquide (avec suffisamment d’électrolytes) pour chaque kilogramme de perte de poids corporel (0,7 l pour chaque livre de poids corporel). Cette quantité de liquide contribue à l’augmentation de la production d’urine résultant de la consommation d’un grand volume de liquide. CONCLUSION La nutrition joue un rôle important dans la préparation physique. Une hydratation et des électrolytes adéquats, un apport énergétique approprié et des apports adaptés en protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux permettent aux athlètes de tirer le maximum d’avantages de l’entraînement. Une compréhension générale des principes et des applications de la nutrition est essentielle pour les professionnels afin qu’ils puissent aider les athlètes à trier les informations erronées sur la nutrition et à fournir des directives solides que les athlètes peuvent utiliser pour améliorer leur régime alimentaire. MOTS-CLÉS Acide Acide amine Acide docosahexaenoique (DHA) Acide eicosapentaenoique (EPA) Acide gras omega-3 Acide alphalinoleique (ALA) Apport journalier recommande (AJR) Anemie Apport adequat (AA) Apports nutritionnels de reference (ANREF) Besoin moyen estime (BME) Biodisponibilite Charge glycemique (CG) Cholesterol Densite nutritive Deshydratation Dieteticien sportif Disaccharides Electrolytes Gamme de distribution (AMDR) Glucides Graisse Gras Fibre Fructose Galactose Gluconeogenese Glucose Glycogene Glycogenese Hydratation Hypo-hydratation Hyponatremie Indice glycemique (IG) Lactose Lipoproteine de basse densite (LBD) Lipoproteine de tres basse densite (LTBD) Lipoproteine de haute densite (LHD) Macronutriment Macronutriment acceptable Maltose Micronutriment Mineraux Monosaccharide mono-insature MyPlate Niveau d’admission superieur tolerable (ATS) Polypeptide Polysaccharide Poly-insature Proteine Saccharose Sature Score chimique corrige de la digestibilite (SCCD) Synthese des proteines musculaires Triglycerides Vitamine RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Maintenir glycogène… des réserves adéquates de a. Épargne l’utilisation de protéines pour l’énergie b. Améliore la puissance maximale c. Diminue les performances d’endurance d. Aide les athlètes à prendre du poids 2. Lequel des énoncés suivants explique le MIEUX l’apport accru de protéines par les athlètes ? a. Une diminution de l’oxydation des protéines pendant l’exercice aérobie b. Un besoin accru de réparation des tissus c. Une restriction des calories pour perdre du poids d. La qualité des protéines consommées 3. Ce qui suit est le facteur le plus susceptible de causer de la fatigue et de mauvaises performances : a. Faible apport en protéines b. Carence en fer c. Faible apport en calcium d. Carence en acides gras oméga-3 4. Lequel des énoncés suivants est une recommandation pour abaisser des niveaux indésirables élevés de lipides sanguins ? a. Réduire l’apport complexe en glucides b. Limiter l’apport en acides gras saturés à 30 % du total des calories c. Consommer au moins 500 mg de cholestérol alimentaire par jour d. Remplacer les acides gras saturés par des acides gras mono-insaturés ou poly-insaturés 6. Laquelle des sources de protéines suivantes ne contient pas tous les acides aminés essentiels en quantités appréciables ? a. Volaille b. Œufs c. Lentilles d. Bœuf RÉPONSES AUX QUESTIONS ICI CHAPITRE 10 STRATÉGIES NUTRITIONNELLES POUR MAXIMISER LES PERFORMANCES DOCTEUR MARIE SPANO LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE : d’énumérer les recommandations nutritionnelles avant, pendant et après la compétition pour différents sports ; de fournir des instructions pour le gain et la perte de poids ; de reconnaître les signes et symptômes de troubles de l’alimentation ; de comprendre l’importance d’avoir un système d’intervention et d’orientation en place pour les athlètes soupçonnés d’avoir un trouble de l’alimentation ; de reconnaître la prévalence et les étiologies de l’obésité ; d’aider au processus d’évaluation des personnes obèses. Ce que les athlètes mangent et boivent avant et pendant la compétition peut affecter leurs performances, tandis que le repas d’après exercice impacte la capacité de récupération et, si la période entre les rencontres sportives est inférieure à vingtquatre heures, les performances de la prochaine épreuve. Par conséquent, ce chapitre se concentre sur la nutrition avant, pendant et après la compétition tout en fournissant des directives aux athlètes qui souhaitent perdre ou prendre du poids. De plus, aucune discussion sur le poids n’est complète à moins qu’elle ne contienne des informations sur une alimentation non équilibrée et sur les troubles de l’alimentation. Il est impératif que le professionnel de la préparation physique reconnaisse les signes et symptômes d’un trouble de l’alimentation chez l’athlète et devienne un membre actif de l’équipe de traitement. NUTRITION AVANT, PENDANT ET APRÈS LA COMPÉTITION Les habitudes alimentaires des athlètes influeront au fil du temps sur leur santé et leurs performances globales. De plus, ce que les athlètes mangent avant et pendant la compétition peut avoir des effets physiologiques et psychologiques sur la performance, tandis que leur repas post-compétition affecte la récupération et peut donc influencer leurs performances lors de la compétition (ou de l’entraînement) suivante. AVANT LA COMPÉTITION Le repas de pré-compétition aide à fournir du liquide pour maintenir une hydratation et des glucides adéquats pour maximiser la glycémie et les niveaux de glycogène stockés tout en gardant la faim à distance. Le glycogène est la principale forme d’énergie utilisée pendant un exercice d’intensité élevée (> 70 % VO2max), et l’athlète éprouve une fatigue musculaire une fois les réserves épuisées. De petites quantités de glycogène sont stockées dans le foie et les muscles, totalisant environ 15 g de glycogène par kilogramme de poids de corps. Par exemple, un homme de 80 kg peut environ stocker 1200 calories de glycogène. Le glycogène stocké dans le foie est utilisé pour tout le corps, tandis que le glycogène stocké dans le tissu musculaire est utilisé par le muscle. Malgré les rôles vitaux que l’hydratation et le glycogène jouent dans la performance sportive, les études examinant l’importance du repas de pré-compétition et son effet sur la performance sont équivoques en raison des différences dans les sujets d’étude et les méthodes utilisées. Certains montrent qu’un repas pré-exercice riche en glucides améliore le temps d’aérobie jusqu’à l’épuisement ainsi que les performances anaérobies chez les adolescents, alors que d’autres études n’ont trouvé aucun effet sur les performances en contre-lamontre. Malgré ces différences et le fait que les études simulant la performance ne peuvent pas prendre en compte plusieurs facteurs qui distinguent l’environnement compétitif d’un environnement de laboratoire, tels que la tension de la précompétition, la température, l’humidité et l’altitude, les athlètes peuvent adapter les principes généraux de pré-compétition en se fondant sur la littérature pour répondre à leurs propres besoins et à l’environnement concurrentiel dans lequel ils se trouvent. Tous les repas de pré-compétition doivent tenir compte du calendrier, de la composition des repas et des liquides, de l’événement, du sport et des préférences individuelles des athlètes. Afin de minimiser le risque de maux d’estomac, de plus petites quantités de liquide et de nourriture doivent être consommées lorsque le repas de pré-compétition est consommé juste avant la compétition. Les aliments et boissons de pré-compétition doivent être familiers à l’athlète (déjà consommés avant l’entraînement), faibles en matières grasses et en fibres afin qu’ils vident rapidement l’estomac et minimisent tout risque de détresse gastro-intestinale, et modérés en protéines (les protéines favorisent une satiété plus durable). Les athlètes peuvent choisir entre des glucides à indice glycémique élevé ou faible avant la compétition, car la recherche n’a pas démontré que l’un s’avère plus avantageux que l’autre. Même si la consommation de glucides qui augmentent rapidement l’insuline, comme le glucose, entraînera une baisse initiale de la glycémie au début de l’exercice, la glycémie revient généralement à la normale dans les vingt minutes environ, et la baisse initiale n’a pas d’effet négatif sur la performance. ※ SPORTS D’ENDURANCE AÉROBIE Le repas de pré-compétition peut être le plus important pour les athlètes d’endurance aérobie qui participent à des activités de longue durée (plus de deux heures) le matin après un jeûne nocturne. Au réveil le matin, les taux de sucre dans le sang sont bas et les réserves de glycogène hépatique sont considérablement réduites. Les deux conditions diminuent la quantité de glucides disponibles pour une utilisation comme énergie. Les glucides au repas de pré-compétition peuvent considérablement améliorer les réserves de glycogène et améliorer le temps d’exercice jusqu’à l’épuisement chez ceux qui incluent régulièrement des glucides dans leur alimentation, à condition que ces glucides soient consommés trois heures ou plus avant la compétition. MINIMISER LES PROBLÈMES GASTROINTESTINAUX Pour minimiser la probabilité de gêne gastrique pendant la compétition, les athlètes peuvent suivre les conseils suivants : Tester la nourriture pendant l’entraînement d’abord, et tester les nouveaux aliments pendant plusieurs séances avant de les adopter lors d’une compétition. Lorsque le repas est plus proche du début du jeu ou de l’épreuve, consommer de plus petites quantités de nourriture et de liquide. Éviter les aliments riches en matières grasses et riches en fibres. Les graisses et les fibres ralentissent le taux de digestion. Lorsque la nourriture est encore en train d’être digérée pendant l’exercice, on peut ressentir des crampes d’estomac. Éviter les alcools de sucre. Malgré leur nom, les alcools de sucre ne contiennent pas d’alcool, mais leur structure chimique ressemble à celle du sucre et de l’alcool. Les alcools de sucre sont un type d’hydrate de carbone qui n’est pas complètement absorbé dans l’intestin. Par conséquent, la consommation peut provoquer des gaz, des ballonnements et des crampes, et peut avoir un effet laxatif. Les alcools de sucre se trouvent dans certains produits à faible teneur en glucides et sans sucre, y compris les chewing-gums sans sucre, le dentifrice et les bains de bouche. Les deux alcools de sucre les plus susceptibles de provoquer des problèmes gastro-intestinaux sont le sorbitol et le mannitol. Tout produit pouvant entraîner une consommation de 20 g de mannitol doit porter cet avertissement sur l’étiquette : « Une consommation excessive peut avoir un effet laxatif ». Les réponses individuelles à l’alcool de sucre varient. Les alcools de sucre comprennent le xylitol (le plus commun dans les produits dentaires), l’érythritol, le sorbitol, le mannitol, le maltitol, l’isomalt, le lactitol, les hydrolysats d’amidon hydrogéné et les sirops de glucose hydrogénés. Une étude croisée a examiné si un repas de pré-compétition riche en glucides, combiné à une boisson pour sportifs contenant des glucides-électrolytes et consommée pendant l’exercice, améliorait la capacité de course à pied d’endurance aérobie seule. Les scientifiques ont demandé aux hommes d’effectuer trois courses sur tapis roulant, chacune séparée par une semaine : la première après un jeûne nocturne suivi d’un repas glucidique trois heures avant l’exercice et complété d’une boisson pour sportifs contenant des glucides-électrolytes pendant la course ; la deuxième avec un repas glucidique trois heures avant l’exercice et une consommation d’eau pendant la course ; la troisième avec une boisson placebo hypocalorique (même saveur que la boisson pour sportifs) bue trois heures avant l’exercice et de l’eau pendant la course. Au cours des deux jours précédant le premier essai principal, les sujets ont pesé et enregistré leur apport alimentaire, et ont reproduit le même régime alimentaire pendant les deux jours précédant chaque essai. Aucune différence n’a été notée dans l’apport calorique quotidien moyen entre les trois essais. La consommation du repas riche en glucides avant l’exercice a amélioré la capacité de course d’endurance de 9 % par rapport à la consommation de la boisson placebo avant l’exercice et à l’eau pendant la course. Cependant, le repas riche en glucides et la boisson pour sportifs pendant la course ont amélioré la capacité d’endurance de 22 % par rapport au placebo antérieur et à la boisson pour sportifs pendant la course. Ces résultats indiquent qu’un repas de pré-compétition riche en glucides peut aider à améliorer la capacité de course d’endurance aérobie. Les athlètes d’endurance qui ne sont pas habitués à un régime pauvre en glucides et qui commencent à faire de l’exercice avec des réserves de glycogène épuisées décomposeront leurs mouvements pour mobiliser les protéines en tant que source d’énergie. Cela pourrait supprimer de manière aiguë le fonctionnement du système nerveux immunitaire et central. Par conséquent, un repas pré-exercice riche en glucides peut aider à atténuer la dégradation des muscles squelettiques, tout en fournissant des glucides pour le fonctionnement du système immunitaire et nerveux. Au fil du temps, l’adaptation à la consommation chronique d’un régime pauvre en glucides augmente la dépendance du corps à l’égard de son vaste stockage de graisses comme source de carburant pendant l’exercice, bien que l’entraînement avec de faibles réserves en glycogène puisse supprimer le fonctionnement du système nerveux immunitaire et central. Dans une étude examinant le catabolisme des protéines, six sujets ont roulé sur un ergomètre de cycle pendant une heure, à 61 % de leur VO2max et après un protocole d’augmentation ou d’épuisement des glucides. À l’état épuisé en glucides, la dégradation des protéines a été calculée à 13,7 g par heure, ce qui représentait 10,7 % des calories utilisées pendant l’exercice. Il est clair qu’un repas pré-exercice consommé des heures avant la compétition peut aider à améliorer les performances d’endurance aérobie. Cependant, des épreuves débutant très tôt le matin peuvent compliquer le désir de se nourrir et venir en conflit avec celui d’un sommeil maximal. Par exemple, un coureur qui doit être sur la ligne de départ d’une course à 7 heures du matin peut trouver que se réveiller à 3 ou 4 heures du matin pour manger n’est pas pratique. Les athlètes qui se retrouvent dans ce scénario doivent s’entraîner à manger de petites quantités de nourriture une à deux heures avant l’épreuve tout en s’assurant qu’ils consomment une quantité adéquate de glucides pendant la compétition. Voici des recommandations générales qui peuvent être adaptées pour répondre aux besoins individuels de chaque athlète. Des recherches supplémentaires doivent être effectuées pour examiner les besoins des athlètes dans une variété de sports et pour déterminer les effets de quantités variables de chaque macronutriment sur la performance. Jusqu’à ce que cela soit fait, les principes qui guident les athlètes d’endurance aérobie sont adaptés à d’autres sports. Les athlètes doivent se pré-hydrater, si nécessaire, plusieurs heures avant l’exercice pour permettre l’absorption des fluides et la production d’urine. Leur lecture de gravité spécifique urinaire (GSU) devrait être < 1,020. Les athlètes qui ont tendance à avoir facilement des nausées, qui ont eu de la diarrhée pendant la compétition, qui deviennent anxieux ou qui éprouvent des tremblements avant la compétition, ou qui participent à des sports de haute intensité (les secousses provoquées par les mouvements peuvent augmenter la probabilité de maux d’estomac), ainsi que ceux qui pratiquent sous la chaleur, doivent peut-être envisager de manger au moins quatre heures avant la compétition. Les athlètes d’endurance aérobie qui mangent au moins quatre heures avant la compétition doivent inclure environ 1 à 4 g de glucides et 0,15 à 0,25 g de protéines par kilogramme de poids de corps. Si le repas de pré-compétition est consommé deux heures avant l’exercice, les athlètes doivent ingérer environ 1 g de glucides par kilogramme de poids de corps. Les athlètes doivent suivre un plan d’hydratation personnalisé. Pendant une activité prolongée par temps chaud, ils doivent consommer une boisson pour sportifs contenant 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78-195 mg) par litre, et des glucides à une concentration de 5 % à 10 %. Lorsqu’il est consommé plus proche du début de la compétition, le repas pré-exercice doit être réduit. De plus, les sources liquides de glucides peuvent être préférables lorsque le repas avant l’exercice est pris une heure avant l’épreuve, car elles sont vidées de l’estomac plus rapidement que les aliments solides. Les produits gélifiés et les sources similaires de glucides sont également digérés très rapidement. Le tableau 10.1 résume ces recommandations tout en fournissant des exemples d’options alimentaires. Les athlètes peuvent vouloir garder une trace de leur apport alimentaire, y compris de l’heure à laquelle chaque repas – ou collation – a été consommé et de la façon dont ils se sont sentis pendant l’entraînement. En enregistrant les types et les quantités d’aliments consommés et quand ceux-ci sont consommés dans le cadre de l’entraînement, ils peuvent être en mesure d’identifier tout problème qu’ils rencontrent avec les performances ou les maux d’estomac et élaborer un meilleur plan de pré-compétition. Le but principal du repas de pré-compétition est de fournir suffisamment de liquide pour maintenir l’hydratation, ainsi que des glucides afin de maximiser la glycémie et le glycogène stocké, tout en satisfaisant la faim. TABLEAU 10.1 Recommandations d’aliments et de liquides de pré-compétition pour les athlètes d’endurance aérobie (Ces recommandations sont destinées aux athlètes d’endurance aérobie et peuvent être adaptées à d’autres types d’athlètes) ※ SURCHARGE GLUCIDIQUE L’épuisement du glycogène musculaire et hépatique entraîne de la fatigue lors d’un exercice d’endurance aérobie à long terme. Par conséquent, une technique appelée « surcharge glucidique » est utilisée depuis des décennies pour améliorer le glycogène musculaire avant les épreuves d’endurance aérobie. Et bien qu’il existe de nombreuses variations de la surcharge en glucides, toutes incluent un apport élevé en glucides dans les jours précédant une épreuve pour maximiser les réserves de glycogène et donc la disponibilité des glucides dans les étapes ultérieures de l’exercice. La charge en glucides offre des avantages potentiels pour les coureurs de fond, les cyclistes sur route, les skieurs de fond et les autres athlètes d’endurance aérobie qui risquent d’épuiser les réserves de glycogène, et cela pourrait également bénéficier à d’autres athlètes. Un régime enrichi en glucides couramment utilisé comprend trois jours d’un régime riche en glucides couplé avec un exercice allégé la semaine avant la compétition et un repos complet la veille de l’événement. Le régime alimentaire doit fournir suffisamment de calories et de glucides par jour : 8 à 10 g de glucides par kilogramme de poids de corps. Ce régime devrait augmenter les réserves de glycogène musculaire de 20 à 40 % au-dessus de la normale. Cependant, des apports plus élevés pour les coureurs – 10 à 12 g de glucides par kilogramme de poids de corps – ont été suggérés dans les 36 à 48 heures précédant un marathon. Des études montrent que la charge en glucides est efficace chez les hommes. Cependant, les études chez les femmes ont été mitigées. Une étude a examiné les effets de la charge en glucides sur les performances d’endurance aérobie et l’utilisation du substrat chez huit coureuses euménorrhéiques de vingt à quarante ans, stables en poids, avec un historique de course moyen de 53 km par semaine pendant au moins douze mois avant l’étude et un apport typique en glucides inférieur à 65 % de l’apport calorique total. Chaque femme a effectué trois parcours de course de 24,2 km différents sur tapis roulant, au rythme de quatre jours avec chaque régime expérimental : supplémentation en glucides (50 % des calories provenant des glucides), surcharge et supplémentation en glucides (75 % de calories provenant des glucides) et placebo (50 % des calories provenant des glucides). Les groupes supplémentés en glucides et surchargés en glucides ainsi que les groupes de supplémentation consommaient une solution électrolytique de glucides à 6 % avant l’exercice (6 ml/kg) et toutes les vingt minutes pendant l’exercice (3 ml/kg). Et bien que les groupes « supplémentation en glucides » et « surcharge et supplémentation en glucides » aient utilisé une plus grande partie de l’énergie provenant des glucides pendant leurs essais, il n’y a pas eu de différence significative dans les performances de fonctionnement entre les groupes. Cependant, les calories totales et les grammes de glucides par jour n’ont pas été évalués, et il est donc possible que les apports totaux en calories ou en glucides (ou les deux) n’étaient pas suffisants pour les coureurs. De plus, étant donné le petit nombre de sujets inclus dans cette étude, des différences de performance auraient pu être notées si davantage de sujets avaient été inclus. Dans une autre étude, les chercheurs ont constaté que les hommes augmentaient considérablement la teneur en glycogène, tandis que les athlètes féminines ne l’ont pas fait après avoir augmenté l’apport en glucides de 58 à 74 % des calories pendant quatre jours avant un test d’exercice d’endurance aérobie sous-maximal, en raison d’un apport insuffisant en glucides ou en calories (ou les deux) ou des différences de sexe dans le stockage du glycogène. Dans une étude sur le long terme, les mêmes chercheurs ont examiné la capacité de stockage du glycogène chez six hommes et six femmes bien entraînés. Les sujets ont été assignés au hasard à l’un des trois régimes suivants, et ce pendant quatre jours : un régime riche en glucides (75 % de l’apport calorique total), un régime riche en glucides plus des calories supplémentaires (75 % des calories provenant des glucides et une augmentation de 34 % des calories totales), ou leur alimentation quotidienne habituelle. Chez les hommes, le régime riche en glucides et le régime riche en glucides et en calories supplémentaires ont conduit à des niveaux de glycogène significativement plus élevés que le régime habituel. Cependant, chez les femmes, seul le régime riche en glucides et en calories supplémentaires a entraîné une augmentation significative du stockage du glycogène par rapport au régime habituel. Dans les conditions riches en glucides, les hommes ont augmenté leur apport total en glucides à 7,9 g de glucides par kilogramme de poids de corps, contre 6,4 g chez les femmes. Aucune différence n’a été notée entre les hommes et les femmes quant à leur capacité à utiliser le glycogène, mesurée par l’activité enzymatique. Par conséquent, l’incapacité des études précédentes à montrer une amélioration des performances avec surcharge en glucides chez les femmes était probablement due à un apport global insuffisant en glucides. Cette théorie (selon laquelle les femmes ne consommaient pas suffisamment de glucides totaux dans de nombreux protocoles) a été confirmée dans une étude examinant les femmes cyclistes. Chez les femmes cyclistes entraînées, trois ou quatre jours en suivant un régime modéré en glucides (48 % des calories provenant des glucides) suivis de trois ou quatre jours en consommant 78 % des calories provenant des glucides (8,14 g de glucides par kilogramme de poids de corps) conduit à une augmentation significative des réserves de glycogène et à un allongement du temps de cycle jusqu’à l’épuisement par rapport à sept jours avec un régime modéré en glucides. Les chercheurs ont constaté que la capacité de stockage du glycogène dans la période de quatre heures après l’exercice ne différait pas entre les hommes et les femmes lorsqu’ils consommaient la même quantité de glucides proportionnellement à leur poids (1 g de glucides par kilogramme de poids de corps immédiatement et une heure après la fin de l’exercice). Et tandis que la capacité de stockage du glycogène est plus élevée pendant la phase lutéale du cycle menstruel chez les femmes par rapport à la phase folliculaire précoce en raison de différences hormonales, la charge en glucides peut compenser cette différence. Le principal défi de la charge en glucides chez les femmes semble être leur apport calorique quotidien global. Les femmes qui consomment habituellement moins de 2400 calories par jour peuvent avoir du mal à consommer de plus grandes quantités de glucides. Par conséquent, les athlètes féminines peuvent avoir besoin d’augmenter leur apport énergétique total audessus de 2400 calories, en plus de consommer un régime plus riche en glucides, afin d’augmenter les réserves de glycogène. Bien que la majorité des études sur la surcharge en glucides aient été réalisées chez des athlètes d’endurance aérobie, certaines recherches ont également tenté d’examiner la surcharge en glucides des athlètes pratiquant des sports de haute intensité. Dans une conception aléatoire et croisée, sept joueurs de football professionnels qui ont consommé en moyenne 46 % des calories provenant des glucides ont consommé 39 ou 65 % de régime glucidique deux jours avant le test. Chaque test consistait en 6856 m d’exercices sur le terrain (effectués à 65 %, 57 % et 81 % de VO2max) suivis d’une course sur tapis roulant exécutée jusqu’à épuisement pour tenter d’imiter un match de football. Après le régime riche en glucides, les joueurs ont parcouru 17,1 km au total, soit 0,9 km de plus – une différence significative – que la distance parcourue pendant le régime faible en glucides. Cependant, trois des athlètes ont couru moins de 420 m de plus, ce qui indique une variabilité significative des réponses des athlètes à un régime plus riche en glucides. Les résultats de cette étude peuvent s’appliquer ou non aux joueurs de football, car la distance moyenne parcourue dans un match de football est considérablement plus courte (10,3 km avec une plage de 9,7 à 11,3 km, comme indiqué dans une étude), et elle est couverte de manière intermittente et à des niveaux d’intensité variables. Dans une étude examinant l’effet de la charge en glucides sur la performance lors d’exercices de résistance, huit jeunes hommes en bonne santé ont été assignés au hasard à un taux de glucides plus élevé (6,5 g de glucides par kilogramme de poids de corps) ou à un régime modéré de glucides (4,4 g de glucides par kilogramme de poids de corps) pendant quatre jours. Après cette période, ils ont participé à un test d’exercice de résistance comprenant quatre séries de douze répétitions de squats sautés à effort maximum avec une charge de 30 % de la répétition maximale (1RM) et une période de deux minutes de repos entre les séries. Il n’y a pas eu de différence significative dans la performance énergétique entre les sujets suivant le régime riche en glucides et le régime modéré en glucides. Par conséquent, dans cette étude, un régime riche en glucides n’a pas amélioré les performances énergétiques lors d’un test d’exercice de résistance en quatre temps. Cependant, le régime de charge en glucides aurait pu affecter la performance de puissance si plus de séries avaient été effectuées, ou si le régime de surcharge en glucides avait plus ressemblé à celui d’un athlète d’endurance, fournissant entre 8 et 10 g de glucides par kilogramme de poids de corps. L’avantage dérivé de la surcharge en glucides varie selon les individus, même parmi les athlètes d’endurance aérobie, et les athlètes doivent donc déterminer la valeur de ce régime tout en évaluant les effets secondaires négatifs, tels que la prise de poids temporaire, dans la pratique avant la compétition. Les athlètes qui utilisent la surcharge en glucides comme un moyen de maximiser le stockage du glycogène doivent également savoir comment les différents types de glucides les affectent. Par exemple, les oligosaccharides – qui se trouvent dans les haricots, les pois secs, les oignons et les aliments auxquels on ajoute de l’inuline ou d’autres oligosaccharides (comme certaines barres nutritionnelles et les boissons fouettées) – sont rapidement fermentés par des bactéries dans l’intestin, ce qui peut entraîner un excès de gaz intestinal et des ballonnements. Les fibres alimentaires se trouvent dans les légumes, les fruits, les grains entiers, les haricots, les pois secs, les noix et les graines. Le tableau 10.2 fournit un exemple de plan de repas quotidien pour un athlète de 68 kg suivant les recommandations de glucides fondées sur la recherche pour les athlètes d’endurance aérobie. La surcharge en glucides est une stratégie efficace pour maximiser le stockage du glycogène. Cependant, les athlètes doivent consommer 8 à 10 g de glucides par kilogramme de poids de corps par jour pendant la période de surcharge pour remarquer tout avantage. PENDANT LA COMPÉTITION La nutrition est un facteur important lors d’exercices d’endurance aérobie d’une durée supérieure à quarante-cinq minutes, de sports à activité intermittente ou lorsqu’un athlète prend part à plusieurs séances dans une journée. Les liquides et les glucides peuvent affecter les performances, tandis que la fourniture d’acides aminés peut minimiser les dommages musculaires. Une bonne hydratation pendant la compétition est essentielle pour la performance tout en aidant à prévenir la surchauffe, la déshydratation et les maladies liées à la chaleur. Les athlètes doivent s’hydrater plusieurs heures avant l’exercice pour permettre l’absorption des fluides et la production d’urine avant la compétition. De plus, ils doivent consommer suffisamment de liquide pendant l’exercice pour éviter une perte de poids en eau dépassant 2 % du poids de corps. La boisson pour sportifs optimale contient 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78195 mg) par litre et des glucides à une concentration de 5 à 10 %. Les boissons pour sportifs avec une concentration plus élevée de glucides – celles qui en contiennent plus de 8 % – retardent la vidange gastrique (vitesse à laquelle la boisson est vidée de l’estomac), ce qui pourrait entraîner une gêne gastrique. Par conséquent, une concentration de glucides de 6 à 8 % peut être idéale. Les consignes de consommation de liquide sont différentes pour les enfants. Selon l’Académie américaine des pédiatres, les enfants pesant 40 kg doivent boire 150 ml d’eau froide ou d’une boisson salée aromatisée toutes les vingt minutes pendant la pratique, tandis que les adolescents pesant 60 kg doivent en boire 266 ml toutes les vingt minutes même s’ils n’ont pas soif. Ils recommandent également une concentration de chlorure de sodium de 15 à 20 mmol/l (1 g pour 1 l), qui s’est avérée augmenter l’hydratation volontaire de 90 % par rapport à l’eau non aromatisée. Malgré ces recommandations, gardez à l’esprit qu’une prise de 266 ml de liquide est une quantité considérable pour un adolescent et peut provoquer des troubles gastriques. Par conséquent, ces principes devront peut-être être adaptés à chaque athlète. ※ SPORTS D’ENDURANCE AÉROBIE La consommation de glucides pendant un exercice d’endurance aérobie prolongé peut améliorer les performances tout en réduisant le stress induit par l’exercice et la suppression du fonctionnement du système immunitaire. Et bien que les boissons pour sportifs fournissent des glucides, elles ne peuvent pas suivre l’utilisation des glucides par un athlète pendant une activité intense et prolongée (sauf si une quantité excessive de liquide est consommée). En fait, les athlètes qui s’entraînent intensivement peuvent brûler de 600 à 1200 calories (voire plus) par heure. Plusieurs études montrent qu’un apport en glucides allant de 28 à 144 g par heure (avec des quantités plus élevées étudiées dans le cyclisme) pendant l’activité d’endurance aérobie peut réduire la dépendance à l’égard des réserves limitées de glycogène, prolonger le temps jusqu’à l’épuisement et améliorer les performances en fournissant un flux régulier de glucides pouvant être utilisés pour l’énergie. Malgré des apports plus importants par heure, comme indiqué précédemment, les taux d’oxydation des glucides exogènes (externes, ce qui est consommé) ne dépassent pas 1,0 à 1,1 g par minute, probablement en raison du taux d’absorption du glucose et peut-être aussi du débit de livraison limité à 1 g par minute de glucose dans le sang. Cependant, chaque glucide possède un taux d’oxydation différent. Le glucose, le saccharose, le maltose, les maltodextrines et l’amylopectine s’oxydent rapidement, tandis que les taux d’oxydation du fructose, du galactose et de l’amylose sont de 25 à 50 % plus lents. De plus, chaque type de glucide a un système de transport intestinal différent. Si un athlète consomme un type de glucides, le fructose par exemple, la digestion des glucides sera limitée lorsque le transporteur intestinal du fructose deviendra saturé. Par conséquent, la consommation de plusieurs types de glucides, tels que le saccharose, le fructose, le glucose ou la maltodextrine, augmente le taux d’absorption des glucides et l’oxydation des glucides exogènes par rapport à la consommation d’une quantité isocalorique d’un seul sucre. En plus d’améliorer le taux d’utilisation des glucides par le corps, la consommation de plusieurs types de glucides pendant l’exercice a permis d’améliorer les performances du contre-la-montre à vélo après cent-vingt minutes de vélo (l’étude simulait les dernières étapes d’une course d’endurance aérobie, quand un athlète doit fournir un effort maximum) lorsque les sujets ont reçu du glucose combiné avec du fructose par rapport au glucose uniquement à un taux de 1,8 g par minute (108 g de glucides par heure). De plus, les athlètes ayant reçu 36 g de glucose et de fructose toutes les quinze minutes avaient un meilleur temps sur 100 km que les cyclistes n’ayant reçu que du glucose tous les quarts d’heure. En plus d’ingérer réellement des glucides, le simple fait de baigner les glucides dans la bouche (sans les ingérer réellement) semble améliorer les performances de 2 à 3 % pendant environ une heure, probablement en affectant le système nerveux central. FRUCTOSE ET SYMPTÔMES GASTROINTESTINAUX Le fructose, sucre présent naturellement dans les fruits et également ajouté à un certain nombre d’aliments et de boissons – y compris de nombreux produits de nutrition sportive – est souvent mis en cause dans les symptômes de maux d’estomac pendant l’exercice. Bien que certaines personnes n’absorbent pas complètement le fructose et puissent donc souffrir de ballonnements, de gaz, d’inconfort abdominal et d’altérations du fonctionnement intestinal après avoir consommé ce sucre, les études n’ont pas examiné les symptômes gastro-intestinaux liés à l’ingestion de fructose seul chez les athlètes. Ainsi, les athlètes doivent tester, dans la pratique, si le changement de leurs boissons pour sportifs ou d’autres produits qu’ils consomment pendant l’entraînement (et en testant des conditions sans fructose) aide à soulager les symptômes gastro-intestinaux qu’ils peuvent avoir. Les athlètes atteints du syndrome du côlon irritable sont plus susceptibles d’avoir un problème d’absorption du fructose, et donc de ressentir des effets secondaires. En plus de fournir des glucides pendant l’activité d’endurance aérobie, l’ajout de protéines à un gel de glucides a entraîné une augmentation du temps jusqu’à l’épuisement lors d’une épreuve de vélo, tout en atténuant l’augmentation de la créatine kinase (un marqueur des dommages musculaires) pendant la course, due soit à la protéine elle-même ou aux calories supplémentaires apportées par la protéine. Une méta-analyse et un examen de la recherche examinant comment l’ajout de protéines aux glucides affecte les performances d’endurance aérobie ont révélé des résultats mitigés. Seules les études sur le délai d’épuisement ont montré que l’ajout de protéines faisait une différence significative. Cependant, ces études n’ont pas été contrôlées pour l’apport calorique au cours de l’essai, et il n’est par conséquent pas clair si un quelconque avantage était dû aux protéines ou aux calories ajoutées fournies par les protéines. Les trois études sur le contre-la-montre n’ont montré aucune différence entre les seuls glucides et les glucides avec protéines. RECOMMANDATIONS SUR LA NUTRITION ET L’HYDRATATION PENDANT LA COMPÉTITION En raison des grandes variations des taux de transpiration et des concentrations d’électrolytes, les athlètes doivent mesurer les changements de poids pendant l’entraînement et la compétition dans des conditions météorologiques spécifiques et développer des stratégies d’hydratation individualisées sur la base de ces informations. Pendant une activité prolongée par temps chaud, l’Institut de médecine recommande des boissons pour sportifs contenant 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78-195 mg) par litre, et des glucides à une concentration de 5 % à 10 %. Les enfants pesant 40 kg doivent boire 150 ml d’eau froide ou d’une boisson salée aromatisée toutes les vingt minutes pendant la pratique. Les adolescents pesant 60 kg doivent boire 266 ml toutes les vingt minutes même s’ils n’ont pas soif. Pendant chaque heure d’une activité d’endurance aérobie prolongée, les athlètes d’endurance aérobie doivent consommer 30 à 90 g de plusieurs types de glucides ensemble, comme le saccharose, le fructose et le glucose ou la maltodextrine. Les joueurs de tennis doivent boire entre 200 à 400 ml de liquide par changement de côté, et ajouter une partie de ce liquide dans une boisson pour sportifs contenant des glucides et des électrolytes. ※ SPORTS INTERMITTENTS DE HAUTE INTENSITÉ De nombreux sports d’équipe, tels que le football, le basket-ball et le football américain, mais aussi le tennis incluent des épisodes répétés d’activités de courte durée et de haute intensité, en plus d’impliquer un large éventail de compétences. La fatigue pendant le jeu peut provenir d’un certain nombre de facteurs, notamment la diminution ou l’épuisement des réserves de glycogène et la déshydratation. L’apport de liquides et de glucides est essentiel pour la performance lors de sports intermittents prolongés. Par exemple, un long match de tennis peut durer quatre heures, ce qui est considérablement plus long que de nombreuses épreuves d’endurance aérobie. Étant donné que les joueurs de tennis ne peuvent pas boire en continu pendant un match et peuvent perdre plus de 2,5 l de liquide par heure, une recommandation de 200 à 400 ml par changement de côté a été proposée pour ces athlètes. En plus de maintenir l’état d’hydratation, la recherche montre que la supplémentation en glucides peut ne pas affecter l’effort perçu mais améliore la qualité de course (qui comprend des mesures de la vitesse, de la précision et du taux d’erreur) pendant un jeu prolongé. Chez les joueurs de football, 5 ml par kilogramme de poids de corps d’une boisson à 6,9 % de glucose-polymère, consommée quinze minutes avant chaque match et à la mi-temps, ne faisaient aucune différence dans plusieurs mesures de performance telles que les tacles, les têtes, les dribbles ou la capacité de tir. Une autre étude sur le football, portant celle-ci sur des joueurs de football professionnels, a révélé que le groupe consommant une boisson glucidique-électrolytique améliorait certains paramètres de performance pendant le match. Dans cette étude, vingt-deux footballeurs masculins professionnels ont consommé le même régime alimentaire pendant sept jours (55 % des calories provenaient des glucides, 25 % des lipides et 20 % des protéines), se sont abstenus d’exercice pendant trois jours avant le match et ont consommé un petit déjeuner standardisé quatre heures avant le match. Ils ont été divisés en deux groupes, l’un recevant une boisson glucidique-électrolytique (7 % de glucides, sodium 24 mmol/l, chlorure 12 mmol/l, potassium 3 mmol/l) et l’autre un placebo. Chaque groupe a bu 5 ml par kilogramme de poids de corps avant le match et 2 ml par kilogramme de poids de corps toutes les quinze minutes pendant le match de 90 minutes. Le groupe recevant la boisson a terminé le test de dribble spécifique plus rapidement que ceux recevant le placebo. De plus, les évaluations de la précision étaient plus élevées dans le groupe ayant consommé glucides et électrolytes que dans l’autre. Cependant, il n’y avait aucune différence dans les tests de coordination ou de puissance entre les groupes. Dans cette étude particulière, la supplémentation avec une boisson glucidique-électrolytique a amélioré les performances spécifiques au football par rapport à un placebo. Une autre étude a révélé, par un protocole aléatoire, que la consommation de glucides pendant le jeu était bénéfique. Dixsept joueurs masculins de football ont reçu 8 ml d’une boisson à 6,4 % de glucides et d’électrolytes par kilogramme de poids de corps avant l’exercice, puis 3 ml par kilogramme de poids de corps toutes les quinze minutes (pour un total de 52 g de glucides par heure) pendant un test de navette intermittent de 90 minutes. Par rapport au placebo, la consommation de la boisson glucidique-électrolytique a atténué une diminution significative de la réduction des compétences entre avant l’exercice et les quinze à trente dernières minutes d’exercice : 3 % de réduction des performances au cours de cette période, contre 15 % notée dans le groupe « placebo ». Cependant, cet essai a été réalisé après un exercice qui épuisait les glucides, suivi d’un repas pauvre en glucides, puis d’un jeûne nocturne, l’effet des glucides sur la performance pouvant par conséquent dépendre non seulement de la quantité consommée pendant les activités intermittentes, mais également de la question de savoir si l’athlète pratique son sport en étant nourri ou à jeun et appauvri en glycogène. Dans une autre étude, qui a utilisé quatre périodes de quinze minutes de navettes intermittentes de haute intensité à différentes intensités (marche, jogging, course, sprint et saut), séparées par un repos de vingt minutes à la mi-temps et suivies d’une course de navette jusqu’à épuisement (conçue pour imiter un match de football ou de basket-ball en compétition), les sujets qui ont consommé une boisson glucidique-électrolytique avant l’exercice (5 ml par kilogramme de poids de corps d’une solution à 6 %) et à la mi-temps (5 ml par kilogramme de poids de corps d’une solution à 18 %) ont couru 37 % plus longtemps dans la course jusqu’à épuisement que ceux recevant un placebo, et ils ont aussi été significativement plus rapides dans un sprint de vingt mètres lors de la quatrième période. De plus, le groupe supplémenté en glucides a obtenu de meilleurs résultats lors d’un test de motricité du corps entier au cours des derniers stades de l’exercice et a signalé une diminution de la perception de la fatigue, ce qui indique que la consommation d’une boisson glucidique-électrolytique pendant les sports intermittents présente un avantage. ※ SPORTS DE FORCE ET DE PUISSANCE Les glucides sont également une source d’énergie essentielle utilisée lors de l’entraînement en résistance, et donc dans les sports de force et de puissance. Des études utilisant une série de différents protocoles d’haltérophilie ont révélé que les participants utilisaient une quantité importante de glycogène musculaire. La plupart de ces études ont demandé aux participants d’effectuer quelques séries d’exercices. Par conséquent, les athlètes qui participent à des compétitions de sports de force et de puissance, ou dans des positions qui dépendent de la force et de la puissance musculaires (lanceurs de marteau, joueurs de ligne offensifs au football américain), pourraient épuiser leurs réserves de glycogène musculaire. De plus, commencer avec des réserves de glucides déjà faibles augmentera la dégradation musculaire. Les athlètes de force et de puissance peuvent maintenir leurs réserves de glycogène, ce qui peut diminuer la fatigue musculaire dans les fibres à contraction lente et éventuellement conduire à de meilleures performances, en complétant avec des glucides avant et pendant la compétition. APRÈS LA COMPÉTITION Le repas post-compétition aide les athlètes à se réhydrater, à reconstituer les réserves de glycogène et à réparer les tissus musculaires. Par conséquent, ce qu’ils consomment peu de temps après l’entraînement ou la compétition aide à préparer leur corps pour la prochaine activité. Les besoins de chaque athlète après la compétition varient en fonction du sport qu’il pratique, de son intensité pendant le jeu, de la durée du jeu, du poids et de l’âge (et probablement du sexe) de la personne. Cependant, beaucoup plus de recherches ont été menées avec des sujets masculins plutôt qu’avec des femmes, et les recommandations ne sont pas ventilées en fonction du sexe en raison d’un manque de données suffisantes chez les femmes. Après la compétition, les athlètes doivent compenser les pertes de fluides et d’électrolytes. Si le temps le permet, des repas normaux, des collations (à condition qu’elles contiennent du sodium) et de l’eau rétabliront ces pertes. Plus de sel peut être ajouté aux aliments lorsque les pertes de sodium par la transpiration sont importantes. Les athlètes peuvent choisir une boisson pour sportifs contenant des glucides et des électrolytes, ou de l’eau plate associée à des aliments contenant du chlorure de sodium (ou en salant leurs aliments), car le sodium est essentiel pour aider le corps à retenir les liquides. Les stratégies de réhydratation doivent être individualisées autant que possible. Les athlètes qui participent à des sports avec catégorie de poids, tels que la lutte et les arts martiaux, peuvent délibérément se déshydrater pour atteindre le poids souhaité et tenter de se réhydrater avant la compétition, bien que les courtes périodes entre la pesée et la compétition signifient commencer la compétition déshydraté, ce qui peut conduire à de mauvaises performances et présenter des risques pour la santé. ※ ÉPREUVES D’ENDURANCE AÉROBIE Après des épreuves d’endurance aérobie prolongées, il est important de reconstituer les réserves de glucides avant la prochaine séance d’entraînement ou la prochaine compétition et de consommer suffisamment de protéines pour construire et réparer les muscles. La synthèse du glycogène se déroule en deux phases distinctes. La première, indépendante de l’insuline, dure trente à soixante minutes, durant lesquelles la synthèse du glycogène se produit rapidement. La deuxième dure plusieurs heures, avec une synthèse du glycogène qui se produit à un rythme beaucoup plus lent. La synthèse du glycogène se produit à un rythme rapide lorsque de grandes quantités de glucides – de 1,0 à 1,85 g par kilogramme de poids de corps par heure – sont consommées immédiatement après l’exercice ou la compétition et à intervalles réguliers par la suite (toutes les quinze à soixante minutes pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq heures). Bien que les athlètes puissent être en mesure de reconstituer complètement leurs réserves de glycogène immédiatement ou au cours d’une période de vingtquatre heures après une longue séance d’entraînement, ce n’est pas nécessairement le cas après la compétition. Des exercices d’endurance aérobie intenses – comme le marathon – qui entraînent des dommages musculaires mesurables induisent un retard de la resynthèse des glycols, même si un athlète consomme un régime plus riche en glucides (peut-être en raison de perturbations métaboliques ou de dommages mécaniques aux cellules musculaires). Bien que l’on dise souvent aux athlètes qu’ils doivent manger des glucides immédiatement après avoir terminé la compétition, la recherche montre que ce n’est pas toujours nécessaire : ils peuvent attendre deux heures après avoir terminé un exercice appauvrissant en glycogène avant de manger des glucides. Dans une étude examinant le taux de resynthèse du glycogène, cinq repas à indice glycémique élevé ont été donnés aux athlètes au cours d’une période de vingt-quatre heures après une épreuve de vélo les ayant appauvris en glycogène pendant deux heures. Un groupe a reçu les trois premiers repas au cours des quatre heures suivant l’exercice, tandis que le deuxième groupe a reçu les trois premiers repas à intervalles réguliers de deux heures, en commençant deux heures après avoir terminé et en continuant jusqu’à six heures après l’exercice. Le taux de resynthèse du glycogène était le même entre les groupes après huit heures et après vingt-quatre heures. Par conséquent, les athlètes qui ont plus de vingtquatre heures pour récupérer peuvent probablement attendre après l’exercice avant de manger et remplacer leur glycogène au cours de la période de vingt-quatre heures suivant l’exercice tant qu’ils consomment une quantité adéquate de glucides. Cependant, les athlètes qui s’entraînent deux ou trois fois par jour, ou qui ont moins de vingt-quatre heures pour récupérer, peuvent envisager de manger un repas riche en glucides immédiatement après la fin de leur épreuve et à intervalles réguliers par la suite pour reconstituer rapidement les réserves de glycogène. Étant donné que l’exercice d’endurance aérobie prolongé décompose le tissu musculaire, les protéines doivent être incluses dans le repas post-entraînement de l’athlète d’endurance aérobie pour aider à commencer la construction et la réparation musculaires, ce qui peut atténuer les douleurs musculaires après l’entraînement et après la compétition. La consommation de protéines après l’entraînement présente un autre avantage : elle augmente le taux de stockage du glycogène si l’apport en glucides est insuffisant (plus d’1,2 g de glucides par kilogramme de poids de corps et par heure). Dans un essai contrôlé aléatoire, dix-huit coureurs d’élite en orientation ont participé à treize séances d’exercice pendant une semaine. Le groupe « PRO-CON » a ingéré une boisson protéinée avant (0,3 g par kilogramme de poids de corps) et une boisson protéinée-glucidique après l’entraînement (0,3 g de protéines et 1 g de glucides par kilogramme de poids de corps). Le groupe « CHO » a de son côté consommé, avant et après l’exercice, une boisson isocalorique contenant uniquement des glucides. Le régime alimentaire a été maintenu constant tout au long de l’étude (15 % de protéines, 63 % de glucides et 22 % de lipides), à l’exception de l’ajout des suppléments. Le régime de base et les suppléments apportaient chaque jour 3 g de protéines et entre 8,3 et 9,3 g de glucides par kilogramme de poids de corps dans le groupe « PRO-CON », contre 1,8 g de protéines et entre 8,8 et 10,8 g de glucides par kilogramme de poids de corps dans le groupe « CHO ». Un test de course de 4 km a été effectué au début et à la fin de l’étude et deux heures après que les participants aient consommé un petit déjeuner standardisé. Le groupe « PRO-CON » a considérablement amélioré ses performances et réduit les marqueurs de la dégradation musculaire, tandis que le groupe « CHO » n’a pas amélioré ses performances. Cependant, il ne ressort pas clairement de cette étude si c’est la synchronisation des protéines qui a fait la différence ou plutôt l’augmentation de l’apport quotidien total de protéines dans le groupe « PROCON » par rapport au groupe « CHO ». D’autres recherches suggèrent que la protéine est importante après un exercice d’endurance. Par exemple, une étude en simple aveugle, aléatoire et à triple croisement, a été utilisée pour évaluer comment différentes doses d’un mélange de protéines et de leucines affectent le taux de synthèse fractionnaire (TSF) des protéines myofibrillaires (synthèse des protéines musculaires) chez douze hommes entraînés en endurance après cent minutes de cyclisme à haute intensité (effectuées trois heures après un petit déjeuner standardisé, et avec un régime alimentaire standardisé en fonction des besoins en calories la veille du test pour fournir le même pourcentage de glucides, de protéines et de lipides pour chaque sujet). Un premier groupe a consommé 70 g de protéines, 15 g de leucines, 180 g de glucides et 30 g de lipides en quatre prises au cours des 90 premières minutes d’une période de récupération de quatre heures, contre 23/5/180/30 g pour le deuxième groupe et 0/0/274/30 g pour le groupe « contrôle ». Le premier groupe a augmenté son TSF de 51 % ± 12 % par rapport au groupe « contrôle », contre une augmentation de 33 % ± 12 % pour le deuxième groupe, moins supplémenté en protéines et en leucines. Bien qu’aucune différence significative n’ait été notée entre les deux groupes de protéines et de leucines, les deux se sont mieux comporté que le placebo, ce qui indique que les protéines sont importantes après un entraînement long et difficile. En fonction des différents entraînements, d’un exercice terminé à jeun ou non, et des différentes doses de protéines (10-96 g) utilisées dans d’autres études, la dose minimale précise de protéines nécessaire pour maximiser le TSF après un exercice d’endurance n’est pas claire. De plus, le fait de maximiser le TSF dans la période suivant immédiatement l’exercice d’endurance ne se traduira pas clairement par une amélioration des performances au fil du temps. Enfin, la période idéale après l’entraînement d’endurance pendant laquelle les protéines doivent être consommées n’est pas claire, et peut dépendre de la fin de l’entraînement à jeun ainsi que de l’apport quotidien total en protéines. Cependant, une étude a révélé que le fait de retarder l’apport en protéines après un exercice d’endurance de trois heures atténue déjà ses effets anabolisants. ※ SPORTS INTERMITTENTS DE HAUTE INTENSITÉ Étant donné que les athlètes qui participent à des sports intermittents de haute intensité – comme le basket-ball, le hockey et le football – peuvent jouer plus d’un match par jour, parfois avec seulement quelques heures entre les matches d’un tournoi, une récupération immédiate après un match est impérative pour être performant lors de la prochaine rencontre. Et lorsqu’ils participent à des sports qui impliquent une activité intermittente prolongée de haute intensité, comme le football, le football américain, le hockey sur gazon ou sur glace, le rugby et le tennis, les athlètes peuvent considérablement réduire leurs réserves de glycogène musculaire, entraînant une fatigue musculaire. Le remplacement complet du glycogène musculaire avant un exercice (ou une compétition) ultérieur peut prolonger le temps jusqu’à la fatigue et améliorer les performances. Dans une étude conçue pour imiter un match de football, Nicholas et ses collègues ont demandé à six hommes de passer le même test d’effort – 75 minutes d’un test de navette prolongé, intermittent et de haute intensité, après quoi ils ont effectué autant de tests navettes de 20 m que possible (chaque navette alternant jogging et sprint) – sur deux jours consécutifs avec vingt-deux heures de récupération entre les deux tests. Un groupe a adopté un régime de récupération comprenant 10 g de glucides par kilogramme de poids de corps, l’autre un régime isocalorique avec plus de protéines et de graisses que dans leur régime quotidien normal. La capacité de fonctionnement intermittent s’est davantage améliorée après le régime riche en glucides. De plus, Balsom et ses collègues ont constaté que les sujets masculins de l’étude effectuaient beaucoup plus de travail, à la fois sur des séances courtes d’exercice intermittent de haute intensité (moins de dix minutes) et prolongées (plus de trente minutes) après avoir consommé un régime riche en glucides pendant les quarante-huit heures précédant les séances d’exercice. Les sports intermittents de haute intensité peuvent entraîner un certain degré de dommages musculaires en fonction de nombreux facteurs, comme notamment la taille, le temps et l’intensité du jeu. Des études montrent que la consommation de protéines après l’exercice aide à réduire certains marqueurs des dommages musculaires. La quantité idéale de protéines qu’un athlète devrait consommer immédiatement après avoir joué dans un match comme le football américain ou le football reste incertaine pour le moment. Et bien que l’apport de glucides après l’exercice puisse affecter les performances lors d’une compétition (ou d’une séance d’entraînement) subséquente – en particulier lorsque les séances sont rapprochées dans le temps, l’ajout de protéines n’affectera pas les performances lors d’un exercice réalisé au cours de la période de récupération de quatre heures suivant l’épreuve initiale ou la séance d’exercice. ※ SPORTS DE FORCE ET DE PUISSANCE Les athlètes des sports de force et de puissance dépendent de la glycémie et du glycogène pour l’énergie pendant la compétition. Puisqu’un seul entraînement de résistance peut entraîner des réductions significatives de glycogène pouvant altérer la production de force et la résistance isométrique tout en accentuant la faiblesse musculaire, il est impératif que ces athlètes rétablissent leurs niveaux de glycogène avant leur prochain exercice. Si les athlètes doivent concourir ou s’entraîner à nouveau au cours des vingt-quatre heures suivant la séance d’entraînement initiale ou la compétition, ils doivent se concentrer sur la consommation de glucides à indice glycémique plus élevé immédiatement après l’exercice pendant la période de récupération. La quantité de glucides dont ils ont besoin pour reconstituer pleinement les réserves de glycogène dépend de nombreux facteurs, y compris l’intensité, le temps passé en compétition, leur poids de corps global, leur masse musculaire, leur repas avant l’exercice (et l’état des réserves de glycogène avant la compétition), et leur consommation (ou non) de glucides pendant la compétition. Dans une étude croisée, après le jeûne de la nuit, huit hommes ont effectué six séries d’extensions de genou à une jambe à 70 % de 1RM, jusqu’à ce que 50 % de l’extension complète du genou ne soit plus possible, pour une réduction de 71 % de leurs niveaux de glycogène. Six heures après l’entraînement, et après avoir consommé 1,5 g de glucides par kilogramme de poids de corps immédiatement après la séance et encore une heure plus tard, 91 % de leurs réserves (par rapport au niveau de pré-exercice) étaient reconstitués. Cependant, lorsque les sujets de l’étude n’ont consommé que de l’eau immédiatement après l’entraînement et à nouveau une heure plus tard, ils ont à peine augmenté la teneur en glycogène musculaire au-dessus des niveaux d’épuisement à 75 %. L’équilibre net des protéines dépend à la fois de la synthèse et de la dégradation des protéines musculaires. Bien que les glucides n’aient aucun effet sur la synthèse des protéines musculaires, ils aident à atténuer la dégradation aiguë des protéines résultant de l’exercice de résistance. L’augmentation de la dégradation des protéines dépend probablement du stimulus de résistance, de l’apport nutritionnel global de la personne et de l’apport alimentaire avant et pendant l’entraînement (ou la compétition). Une étude menée auprès de jeunes hommes non entraînés a montré que la dégradation aiguë des protéines augmentait de 51 % ± 17 % après un entraînement de résistance. Dans une autre étude, le taux de synthèse fractionnaire (TSF) des protéines musculaires et le taux de décomposition fractionnaire ont été mesurés après une période d’exercice concentrique ou excentrique auprès de quatre femmes et de quatre hommes sans entraînement. Le taux de synthèse a augmenté de manière significative audessus des niveaux de repos : de 112 % au cours de la période de trois heures après l’exercice, de 65 % au cours de la période de vingt-quatre heures après l’exercice et de 34 % au cours de la période de quarante-huit heures après l’exercice. La dégradation musculaire a également augmenté de 31 % au cours des trois heures suivant l’exercice, de 18 % au cours des vingt-quatre heures après l’exercice, mais elle est revenue à la ligne de base quarante-huit heures après l’exercice. Des quantités relativement faibles de glucides, comprises entre 30 et 100 g, peuvent suffisamment réduire la dégradation des protéines musculaires. Et bien que la dégradation des protéines musculaires joue un rôle dans l’équilibre global des protéines, leur synthèse s’avère beaucoup plus importante. Une supplémentation en protéines après une séance de musculation endommageant les muscles augmente la synthèse aiguë des protéines musculaires. Des quantités variables de protéines ont été utilisées après l’entraînement en résistance pour stimuler la synthèse des protéines musculaires, et il semble qu’une stimulation maximale se produise à 20 à 25 g de protéines rapides de haute qualité et à forte teneur en leucines (fournissant environ 8,5 à 10 g d’acides aminés essentiels) chez les individus plus jeunes, alors que 40 g ou plus peuvent être nécessaires chez les personnes âgées. Le riz étant une protéine pauvre en leucines à vitesse intermédiaire (bien que l’augmentation de la leucine dans la circulation sanguine apparaisse rapidement après la consommation de protéines de riz), des doses plus importantes de riz ont efficacement stimulé la synthèse des protéines musculaires, dans la même mesure qu’une protéine de meilleure qualité lorsqu’elle était adaptée à la teneur en leucines. Par conséquent, la teneur en leucines de la protéine (et peut-être la vitesse de délivrance de la leucine) semble être le facteur déterminant des changements aigus dans la stimulation maximale de la synthèse des protéines musculaires. Une dose de protéines qui contient 2 à 3 g de leucines (ou 0,05 g de leucines par kilogramme de poids de corps) stimulera au maximum la synthèse des protéines musculaires chez les jeunes adultes. En plus de l’augmentation aiguë de la synthèse des protéines musculaires, une supplémentation constante en protéines après l’entraînement en résistance a entraîné une augmentation faible à modérée de l’hypertrophie musculaire au fil du temps par rapport aux sujets n’ayant pas reçu de suppléments protéiques. À ce jour, une seule étude a examiné directement la relation entre les mesures aiguës de la synthèse des protéines musculaires et l’hypertrophie due à l’entraînement en résistance. Dans cette étude, vingt-trois jeunes hommes – actifs sur le plan des loisirs mais qui n’avaient pas participé à un programme d’exercices de musculation depuis au moins un an – ont été testés pour la force initiale et les taux de repos et de post-exercice de la synthèse des protéines musculaires. Ensuite, ils ont participé à un programme d’entraînement en résistance linéaire de seize semaines, comprenant deux jours de bas du corps (presse, leg extension, presse pour les mollets) et deux jours de haut du corps (développé couché, presse épaule, tirage assis, tirage à la barre haute, curl du biceps, extension du triceps) avec des exercices effectués le matin après un jeûne nocturne. Chaque jour, après l’entraînement ou au petit déjeuner les jours sans séance, ils ont consommé une boisson nutritive contenant 30 g de protéines de lait, 25,9 g de glucides et 3,4 g de lipides. Les auteurs de l’étude n’ont trouvé aucune relation entre l’augmentation aiguë (six heures après l’entraînement) de la synthèse des protéines musculaires due à l’entraînement physique et à la boisson nutritive fournie et à l’hypertrophie musculaire. Cependant, les auteurs ont noté que les changements dans la synthèse des protéines musculaires avec l’entraînement n’étaient pas uniformes parmi les sujets de l’étude. Par conséquent, bien que des changements aigus dans la synthèse des protéines musculaires soient importants pour l’hypertrophie musculaire, ils ne sont pas le seul facteur déterminant qui prédit le potentiel d’une personne à augmenter la croissance musculaire. Tels qu’utilisés dans cette étude, 30 g de protéines de lait fournissent environ 24 g de caséine, 6 g de protéines de lactosérum et 2,8 g de leucines. ※ ENTRAÎNEMENT SIMULTANÉ L’interférence avec l’exercice est un concept suggérant que l’exercice d’endurance, lorsqu’il est combiné avec un entraînement en force (séances consécutives), atténue les gains de force par rapport à l’entraînement en force seul, mais entraîne des améliorations des performances d’endurance. Bien que l’intérêt pour la recherche fondée sur l’entraînement simultané ait récemment augmenté, les recommandations nutritionnelles pour l’entraînement simultané sont souvent assises sur des études isolées examinant l’impact des interventions nutritionnelles sur l’entraînement d’endurance ou de résistance seule. La consommation de glucides après un exercice d’endurance et de pré-fatigue peut aider à supprimer la dégradation des muscles squelettiques. En outre, compte tenu de l’impact de l’apport en protéines sur la synthèse des protéines musculaires après un exercice d’endurance, ainsi que des recherches suggérant que l’apport en protéines pendant un entraînement de résistance prolongé (plus de deux heures) soutient des taux plus élevés de synthèse des protéines musculaires pendant l’exercice par rapport à un contrôle des glucides, les athlètes doivent envisager de consommer des protéines après un exercice d’endurance et de pré-fatigue, ou pendant leur séance de musculation. ※ PROTÉINES AU MOMENT DU REPAS En plus de consommer des protéines juste après l’entraînement, les adultes doivent également se concentrer sur leur apport en protéines à chaque repas principal, d’autant plus que l’entraînement en résistance peut augmenter la sensibilité musculaire aux acides aminés pendant 24 à 48 heures après l’exercice, alors que l’effet anabolique d’un repas dure entre trois et cinq heures. Pour un remodelage musculaire optimal, les experts suggèrent de consommer au moins 20 à 30 g de protéines par repas, et de prendre des repas toutes les trois à quatre heures. La quantité de données sur la synthèse des protéines musculaires chez les enfants est limitée car des procédures de mesure invasives sont nécessaires, et aucune étude n’a examiné la synthèse des protéines musculaires après l’entraînement et l’ingestion de protéines après l’entraînement chez les enfants en bonne santé. Cependant, une chose est claire en ce qui les concerne : ils n’ont pas besoin de suivre les mêmes recommandations en matière de protéines par repas que les adultes, car la motivation pour la synthèse des protéines est régulée par l’insuline et l’apport calorique par opposition à la leucine. Les enfants peuvent donc consommer des protéines en plus petites quantités réparties tout au long de la journée pour répondre à leurs besoins en protéines. Pour plus d’informations sur les besoins en protéines par sport, vous pouvez vous reporter au tableau 10.3. TABLEAU 10.3 Besoins spécifiques en protéines suivant le sport pratiqué STRATÉGIES NUTRITIONNELLES POUR MODIFIER LA COMPOSITION CORPORELLE Les athlètes qui souhaitent modifier leur composition corporelle doivent généralement gagner du muscle, perdre de la graisse corporelle, ou les deux. Bien qu’il existe certains scénarios (généralement ceux souffrant de troubles de l’alimentation) dans lesquels un athlète peut avoir besoin de gagner du muscle et de la graisse, ce paragraphe se concentre sur le gain de muscle et la perte de graisse corporelle. La première étape vers la modification de la composition corporelle consiste à estimer les besoins en calories (bien que la « calorie » soit le terme couramment utilisé, le terme technique est « kilocalorie »). Le nombre de calories dont un athlète a besoin chaque jour dépend d’un certain nombre de facteurs, dont la génétique, le poids de corps, la composition corporelle, le programme d’entraînement et l’âge. Les enfants et les adolescents ont également besoin de calories pour leur croissance et leur développement. Le taux métabolique basal (TMB) est de loin le plus grand contributeur à la dépense énergétique totale, représentant environ 65 à 70 % des dépenses énergétiques quotidiennes. Il s’agit d’une mesure des calories nécessaires au maintien des fonctions corporelles normales, telles que la respiration, la circulation sanguine et le traitement gastro-intestinal et rénal. Le taux métabolique basal et le taux métabolique au repos (TMR) sont souvent utilisés de manière interchangeable, bien qu’ils soient légèrement différents. Le taux métabolique basal est mesuré après un jeûne nocturne (douze à quatorze heures sans nourriture), le sujet étant couché sur le dos et immobile mais éveillé. Le taux métabolique au repos est souvent utilisé à la place du TMB en raison de la facilité de mesure (un jeûne nocturne n’est pas nécessaire), mais il est 10 % à 20 % plus élevé en raison de l’augmentation des dépenses énergétiques résultant de l’apport alimentaire récent ou de l’activité physique terminée plus tôt dans la journée. Plusieurs facteurs influencent le TMB et le TMR, en particulier la masse sans gras, ce qui explique environ 70 à 80 % de la différence de TMR entre les individus. D’autres facteurs comprennent l’âge, l’état nutritionnel, la génétique et les différences de fonctionnement endocrinien (telles que l’hypothyroïdie ou l’hyperthyroïdie). NUTRITION POUR DIVERS OBJECTIFS DE PERFORMANCE NUTRITION POUR LA PERFORMANCE ET LA RÉCUPÉRATION DE L’ENDURANCE AÉROBIE Les athlètes d’endurance aérobie doivent consommer 8 à 10 g de glucides et 1 à 1,6 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour, surtout s’ils s’entraînent pendant quatre-vingt-dix minutes ou plus. Les athlètes qui mangent au moins quatre heures avant la compétition doivent inclure 1 à 4 g de glucides et 0,15 à 0,25 g de protéines par kilogramme de poids de corps. Si le repas de pré-compétition est consommé deux heures avant l’exercice, les athlètes doivent viser 1 g de glucides par kilogramme de poids de corps. Les athlètes doivent consommer de 28 à 144 g de plusieurs types de glucides (tels que le saccharose, le fructose et le glucose ou la maltodextrine) par heure pendant un exercice d’endurance aérobie prolongé pour faire durer le temps jusqu’à l’épuisement et améliorer les performances. Pendant une activité prolongée par temps chaud, les athlètes doivent consommer des boissons pour sportifs contenant 20 à 30 mEq de sodium (460-690 mg avec du chlorure comme anion) par litre, 2 à 5 mEq de potassium (78-195 mg) par litre, et des glucides à une concentration de 5 % à 10 %. Après l’exercice, environ 1,5 g de glucides par kilogramme de poids de corps doit être consommé dans les trente minutes suivant l’arrêt de l’exercice. Certaines études, mais pas toutes, montrent que l’ajout de protéines aux glucides après l’entraînement peut atténuer la dégradation et la douleur musculaires, et augmenter la synthèse des protéines musculaires. La quantité idéale de protéines et la période après l’exercice au cours de laquelle elles doivent être consommées ne sont pas claires au regard de la littérature actuelle et peuvent dépendre du fait que l’exercice ait été effectué nourri ou à jeun, du nombre total de calories consommées après l’entraînement. Cependant, à titre indicatif, au moins 10 g de protéines doivent également être consommés dans les trois heures suivant un exercice d’endurance (le plus tôt semble être le mieux, bien que la période exacte n’ait pas encore été élucidée par la recherche). Les réserves de glycogène doivent être reconstituées après l’exercice et avant la prochaine séance d’entraînement. Un régime régulier avec un apport suffisant en glucides peut restaurer le glycogène au cours d’une période de vingt-quatre heures. Pour une synthèse plus rapide du glycogène, les athlètes doivent manger ou boire un repas riche en glucides immédiatement après l’exercice et à intervalles réguliers par la suite. Ceci est particulièrement important pour les athlètes qui s’entraînent à nouveau moins de vingt-quatre heures après leur première séance d’entraînement. NUTRITION POUR LA FORCE Les athlètes doivent envisager de compléter leur alimentation avec des glucides avant et pendant la compétition pour maintenir leur force et minimiser la dégradation musculaire. En général, les athlètes de force/vitesse doivent consommer 5 à 6 g de glucides par kilogramme de poids de corps par jour. Une quantité aussi faible que 30 g de glucides après l’entraînement peut réduire la dégradation musculaire. Si la période idéale à la consommation de glucides après l’entraînement en résistance n’a pas encore été entièrement clarifiée, la consommation au plus tôt (plutôt que d’attendre) de glucides peut être plus bénéfique, en particulier si l’entraînement a été effectué à jeun. Étant donné qu’un faible taux de glycogène peut altérer la force musculaire, les athlètes doivent consommer des glucides à indice glycémique plus élevé immédiatement après l’haltérophilie ou les compétitions de force et de puissance s’ils doivent concourir ou s’entraîner à nouveau au cours des vingt-quatre heures suivant leur activité initiale. Sinon, ils peuvent consommer suffisamment de glucides au cours de la journée pour restaurer les niveaux de glycogène avant le prochain entraînement (ou la prochaine compétition). En général, les athlètes de force/vitesse doivent consommer de 1,4 à 1,7 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour, même si leur sport (ou entraînement) comprend une composante d’endurance aérobie. Après l’entraînement en résistance, les plus jeunes doivent consommer au moins 20 à 25 g (fournissant environ 8,5 à 10 g d’acides aminés essentiels) d’une protéine de haute qualité et à haute teneur en leucines (2-3 g), tandis que les adultes plus âgés doivent consommer 40 g ou plus pour stimuler au maximum la synthèse des protéines musculaires dans la période aiguë après l’entraînement. Si l’exercice a été effectué à jeun (première chose faite le matin ou plus de trois heures après le dernier repas riche en protéines), les protéines doivent être consommées dans les trente minutes suivant la fin de la séance. Et si l’exercice a été effectué à l’état nourri (repas ou supplément riche en protéines avant l’exercice), cette fenêtre de temps post-exercice peut être considérablement plus longue. Entre 30 et 100 g de glucides à indice glycémique élevé doivent être consommés après un exercice qui endommage les muscles, afin de réduire la dégradation des protéines musculaires. Les athlètes adultes doivent prendre des repas contenant au moins 20 à 30 g d’une protéine à plus forte teneur en leucines. NUTRITION POUR L’HYPERTROPHIE Entre 30 et 100 g de glucides à indice glycémique élevé doivent être consommés après un exercice qui endommage les muscles, afin de réduire la dégradation des protéines musculaires. Après l’entraînement en résistance, les plus jeunes doivent consommer au moins 20 à 25 g (fournissant environ 8,5 à 10 g d’acides aminés essentiels) d’une protéine de haute qualité et à haute teneur en leucines (2-3 g), tandis que les adultes plus âgés doivent consommer 40 g ou plus pour stimuler au maximum la synthèse des protéines musculaires dans la période aiguë après l’entraînement. Les athlètes adultes doivent prendre des repas contenant au moins 20 à 30 g de protéines à haute teneur en leucines toutes les trois à quatre heures. NUTRITION MUSCULAIRE POUR L’ENDURANCE Maintenir une hydratation adéquate en empêchant les pertes de poids d’eau dépassant 2 % du poids de corps. Pendant un entraînement prolongé ou une compétition, envisager une boisson glucidiqueélectrolytique pour retarder la fatigue et améliorer les performances, en particulier si vous effectuez une épreuve après un jeûne nocturne. Reconstituer entièrement les réserves de glycogène avant la prochaine séance d’entraînement ou compétition. Consommer des protéines après l’entraînement ou les matches pour minimiser les dommages musculaires et les douleurs. La deuxième composante la plus importante des besoins énergétiques d’un individu est l’énergie dépensée dans l’activité physique. De toutes les composantes, c’est la plus variable entre les individus. Le nombre de calories dépensées par l’activité physique augmente avec la fréquence, l’intensité et la durée du programme d’entraînement, ainsi que les activités quotidiennes (lavage d’une voiture, travaux ménagers, etc.). En règle générale, 20 à 30 % de la dépense énergétique quotidienne totale provient de l’activité physique, bien que ce chiffre puisse être considérablement plus élevé chez les athlètes. Les coûts énergétiques les plus élevés sont observés dans les activités aérobies pratiquées par de grands athlètes pendant de longues périodes, tandis que les coûts énergétiques les plus faibles sont associés aux sports d’habileté et de puissance pratiqués par de plus petits athlètes. L’effet thermique des aliments, également connu sous le nom de « thermogenèse induite par l’alimentation », est l’augmentation de la dépense énergétique au-dessus du TMR qui peut être mesuré pendant plusieurs heures après un repas. L’effet thermique des aliments comprend le coût énergétique de la digestion, de l’absorption, du métabolisme et du stockage des aliments dans le corps. L’effet thermique des aliments représente environ 10 à 15 % des calories totales brûlées chaque jour. De nombreuses équations différentes peuvent être utilisées pour calculer les besoins en calories, notamment l’équation de Cunningham et celle de Harris-Benedict, qui sont des équations de prédiction. Harris-Benedict prend en compte le sexe, le poids de corps, la taille et l’âge pour prédire le TMR, qui peut ensuite être multiplié par un facteur d’activité de 1,2 (sédentaire) à 1,9 (activité physique intense) pour prédire les besoins énergétiques. Cependant, l’équation de Harris-Benedict ne tient pas compte de la manière dont la masse musculaire affecte le TMR. L’équation de Cunningham prend en compte les mêmes variables que celle de Harris-Benedict mais inclut également la masse sans gras, ce qui la rend plus applicable aux athlètes. TMR = 550 + (22 x masse maigre) Après avoir utilisé l’équation de Cunningham pour estimer le TMR sur la base de la masse maigre (MM), un facteur d’activité peut être utilisé pour estimer la dépense énergétique quotidienne totale. Au lieu d’utiliser un facteur d’activité de base, le préparateur physique peut choisir d’utiliser des équivalents métaboliques (MET, pour Metabolic Equivalent of Task en anglais) – estimation des dépenses caloriques pendant l’activité. Un MET étant l’équivalent énergétique de la position assise, sa valeur augmente avec l’intensité de l’exercice. Une autre méthode plus laborieuse, qui peut être utilisée par des athlètes très motivés, consiste à enregistrer l’apport alimentaire pendant au moins trois jours représentatifs consécutifs pendant une période de poids de corps stable. Les besoins énergétiques quotidiens de l’individu sont supposés correspondre au nombre moyen de calories consommées chaque jour. Le piège de cette méthode est que l’enregistrement de l’apport alimentaire modifie généralement les habitudes alimentaires normales et que les gens n’enregistrent pas toujours avec précision leur apport alimentaire. Enfin, une méthode très simple pour évaluer rapidement les besoins en calories est présentée dans le tableau 10.4. TABLEAU 10.4 Besoins caloriques quotidiens estimés des athlètes masculins et féminins par niveau d’activité GAIN DE POIDS La capacité d’un athlète à prendre du poids dépend de nombreux facteurs, et ceux qui peuvent être contrôlés comprennent le régime alimentaire et l’entraînement. L’intersaison devrait être utilisée comme un moment pour effectuer des changements alimentaires qui mettent l’accent sur la prise de poids, car les athlètes n’ont pas à l’esprit les pressions de la compétition. Si les athlètes augmentent leur apport calorique de façon spectaculaire et constante, ils pourraient gagner plus de graisse qu’ils ne le souhaiteraient. Un principe directeur général, qui doit être ajusté en fonction de l’athlète, est de consommer environ 500 calories supplémentaires par jour afin de prendre du poids. Manger des portions plus grandes, augmenter la fréquence des repas et se concentrer sur le choix d’aliments riches en calories sont autant de stratégies qui peuvent aider un athlète à prendre du poids. En plus d’augmenter l’apport calorique total, les athlètes doivent s’assurer qu’ils mangent suffisamment de protéines – 1,5 à 2,0 g par kilogramme de poids de corps par jour – pour maximiser les gains de masse corporelle maigre. L’augmentation de l’apport en protéines d’un athlète peut rendre le gain de poids difficile, étant donné l’effet profond que les protéines ont sur la satiété, ainsi que l’effet thermique accru de l’alimentation associé aux régimes riches en protéines. Cependant, la suralimentation en protéines est avantageuse si l’athlète peut maintenir son alimentation. Dans une étude aléatoire et contrôlée de suralimentation, seize adultes en bonne santé ont vécu dans une salle métabolique pendant huit semaines et ont été alimentés avec un régime alimentaire faible (5 % du total des calories), normal (15 % du total des calories) ou élevé (25 % des calories totales) en protéines. Les sujets qui ont consommé le régime normal et riche en protéines ont stocké environ 45 % des calories excédentaires sous forme de masse corporelle maigre, tandis que ceux qui ont suivi le régime pauvre en protéines ont stocké 95 % des calories excédentaires consommées sous forme de graisse corporelle. En plus d’apporter des changements alimentaires, les athlètes qui souhaitent prendre du poids doivent envisager de compléter leurs repas avec de la créatine monohydrate, un supplément qui augmente en toute sécurité et efficacement le poids de corps maigre. Enfin, même si les athlètes connaissent leurs besoins en énergie et en protéines, la mise en pratique de ces connaissances peut être déconcertante. Par conséquent, un conseil régulier en nutrition par un diététicien ou un nutritionniste sportif diplômé permet de faciliter une plus grande prise de poids. Une étude menée auprès de vingt-et-un athlètes d’élite avec de lourdes charges d’entraînement reparties de façon aléatoire pour recevoir des conseils nutritionnels ou pour manger ad libitum, a montré qu’au cours de la période de prise de poids de huit à douze semaines, le groupe recevant des conseils diététiques avait plus de gains de masse corporelle totale et maigre pendant la période de coaching et après douze mois. Cela signifie que le groupe recevant des conseils nutritionnels a continué de bénéficier des conseils nutritionnels pendant plusieurs mois après la fin de l’accompagnement. PERTE DE POIDS (GRAISSE) Les athlètes participant à une variété de sports peuvent avoir besoin de perdre de la graisse corporelle pour améliorer certains aspects de la performance tels que la vitesse ou l’endurance. De plus, la régulation du poids de corps peut donner à certains athlètes un avantage mental avant la compétition. De plus, le maintien ou la prise de poids est un aspect récurrent des sports qui incluent des catégories ou des limitations de poids, mais aussi des jugements fondés sur l’apparence tels que l’haltérophilie, la lutte, la boxe, les équipages d’aviron et la gymnastique. Malgré la présence de livres sur les régimes alimentaires parmi les best-sellers des librairies, il n’y a pas de régime idéal qui fonctionne pour tout le monde. Au lieu de cela, les études montrent qu’une variété de types de régimes – y compris les régimes faibles en glucides et faibles en gras – entraîne une perte de poids tant que les personnes qui les suivent consomment moins de calories que nécessaire pour maintenir leur poids. De plus, il ne semble pas y avoir de différence entre la quantité de perte de poids sur un régime pauvre en glucides par rapport à un régime pauvre en graisses (et donc plus riche en glucides). L’apport calorique total et le respect du régime (capacité à le suivre au fil du temps) sont les deux facteurs les plus importants qui prédisent une perte de poids réussie. Cependant, une bonne partie de la perte de poids pendant un régime peut provenir des muscles. Et parce que la synthèse des protéines musculaires est un processus coûteux en énergie, la restriction calorique peut diminuer la synthèse des protéines musculaires pendant les périodes de régime. Les athlètes qui veulent conserver leurs muscles et perdre de la graisse corporelle pendant un régime doivent consommer environ 1,8 à 2,7 g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour (ou environ 2,3 à 3,1 g de protéines par kilogramme de masse sans gras par jour) en plus de maintenir un déficit énergétique modéré d’environ 500 calories par jour. Pour être durables à long terme, les régimes doivent être individualisés, faciles à respecter et prenant en compte les habitudes de vie, les antécédents médicaux (y compris le diabète, la résistance à l’insuline, d’autres maladies et problèmes médicaux), les précédents régimes et les préférences alimentaires tout en fournissant tous les nutriments dont un athlète a besoin pour s’entraîner et performer de manière optimale. Enfin, la recherche montre qu’une thérapie comportementale et un soutien continu peuvent améliorer les résultats à long terme. Il n’y a pas de régime idéal. Au lieu de cela, les athlètes doivent choisir une approche diététique fondée sur le fait qu’elle soit sans danger pour eux, contenant suffisamment de protéines pour répondre à leurs besoins et s’adaptant à leur mode de vie afin qu’ils puissent facilement y adhérer. ※ SURPOIDS ET OBÉSITÉ Le surpoids et l’obésité, respectivement définis comme un indice de masse corporelle (IMC) de 25 à 29,9 kg/m2 et supérieur ou égal à 30 kg/m2, augmentent le risque de morbidité d’une personne due à l’hypertension, la dyslipidémie, les maladies coronariennes, la maladie de la vésicule biliaire, l’accident vasculaire cérébral, le diabète de type 2, l’apnée du sommeil, l’arthrose, les problèmes respiratoires et les cancers (endomètre, sein, prostate et côlon). L’obésité est reconnue comme une maladie et affecte 34,9 % des adultes et 17 % des enfants aux États-Unis. Les causes de l’obésité sont complexes et comprennent une interaction des gènes et de l’environnement, impliquant des facteurs sociaux, comportementaux, culturels, métaboliques, physiologiques et génétiques. Cependant, de nombreuses options de traitement sont efficaces, comme la thérapie diététique, la modification des schémas d’activité physique, les techniques de thérapie comportementale, la pharmacothérapie et la chirurgie. Certains patients et cliniciens utilisent une combinaison de ces traitements. L’objectif initial de perte de poids chez les personnes en surpoids et obèses devrait être de 10 % du poids initial dans les six mois. L’indice de masse corporelle (IMC) est considéré comme une mesure de la graisse corporelle calculée à partir de la taille et du poids. L’indice de masse corporelle est souvent utilisé pour évaluer le risque de maladie associée à plus de graisse corporelle alors que, en réalité, c’est une mesure de l’excès de poids (par opposition à l’excès de graisse corporelle) parce que l’IMC ne peut pas faire la distinction entre l’excès de graisse et la masse musculaire ou osseuse. Enfin, l’âge, le sexe, l’origine ethnique et la masse musculaire affectent l’association entre l’IMC et la graisse corporelle. Par conséquent, l’IMC peut surestimer la graisse corporelle chez les athlètes et les autres personnes ayant une masse musculaire et sous-estimer la graisse corporelle chez les personnes âgées ou celles qui ont perdu des muscles. Les mêmes facteurs qui affectent la relation entre l’IMC et la graisse corporelle chez l’adulte s’appliquent aux enfants. De plus, la taille et la maturation sexuelle influencent l’IMC d’un enfant. Le même calcul est utilisé pour les enfants, mais les interprétations de l’IMC pour les enfants tiennent compte de l’âge et du sexe. L’indice de masse corporelle ne doit pas être utilisé comme un outil de diagnostic, mais plutôt comme un outil de dépistage initial pour identifier les problèmes de poids potentiels chez les individus et pour suivre les taux de surpoids et d’obésité de la population. De plus, aucune mesure de la graisse corporelle ne devrait être utilisée pour évaluer la santé, la maladie ou le risque de maladie. Le surpoids et l’obésité combinés à d’autres facteurs de risque – hypertension artérielle, cholestérol avec un taux élevé de lipoprotéines à basse densité, cholestérol avec un taux faible de lipoprotéines à haute densité, triglycérides élevés, glycémie élevée, inactivité physique, antécédents familiaux de maladie cardiaque prématurée ou tabagisme – augmentent le risque de maladie cardiaque d’une personne. Le tour de taille est une autre mesure couramment utilisée pour évaluer le risque de maladie. Les hommes ont un risque relatif accru de maladie s’ils ont un tour de taille supérieur à 102 cm, tandis que les femmes ont un risque relatif accru si leur tour de taille est supérieur à 88 cm. RÉGIMES À FAIBLE TENEUR EN GLUCIDES La popularité et l’efficacité des régimes à faible teneur en glucides peuvent avoir moins à voir avec la réduction des glucides (chez les individus en bonne santé) et davantage avec une diminution temporaire du poids de l’eau, de la réduction des calories et de l’augmentation de l’apport en protéines. Lorsque les gens réduisent considérablement leur apport en glucides, ils épuisent leurs réserves de glycogène (glucides stockés avec trois quarts d’eau) et perdent donc rapidement des kilos d’eau. Une fois les glucides réintroduits dans l’alimentation, ils peuvent rapidement reprendre du poids. Au fil du temps, les régimes pauvres en glucides peuvent cependant fonctionner pour certaines personnes en raison de l’augmentation des niveaux de protéines. Les protéines augmentent les sensations de satiété en fonction de la dose – plus il y a de protéines consommées en une seule séance, plus son effet sur la satiété est important. Cependant, à l’heure actuelle, la « dose optimale » pour une satiété maximale reste incertaine. Les protéines augmentent également l’effet thermique de l’alimentation. Plus de calories sont brûlées pendant la digestion et la transformation des protéines que les glucides ou les graisses. Enfin, les protéines aident à épargner le tissu musculaire maigre métaboliquement actif pendant la perte de poids. Ceci est important car les muscles brûlent un peu plus de calories que les graisses au repos et, avec le temps, cela peut affecter le poids de corps. De plus, avoir plus de muscle peut signifier qu’une personne peut s’entraîner plus dur et donc brûler plus de calories pendant l’entraînement. Bien que la réduction des glucides puisse être préjudiciable pour un certain nombre d’athlètes de compétition, en particulier pendant les phases de pré-compétition et de compétition, c’est une approche très efficace pour une personne souffrant de résistance à l’insuline (condition qui conduit à l’accumulation de glucose dans le sang parce que le corps n’utilise pas efficacement l’insuline) ainsi que de diabète de type 2. Il peut également s’agir d’une approche très efficace pour les personnes en surpoids et obèses. Le tableau 10.5 décrit les différentes classifications de surpoids et d’obésité. À titre de référence, le tableau 10.6 fournit les poids et hauteurs qui correspondent aux IMC de 25, 27 et 30. Le tableau 10.7 répertorie les catégories d’IMC pour les centiles correspondants pour les enfants. Pour plus d’informations sur le processus de dépistage et l’évaluation des risques, reportezvous aux principes cliniques directeurs sur l’identification, l’évaluation et le traitement du surpoids et de l’obésité chez les adultes sur le site web de l’Institut national du cœur, des poumons et du sang (NHLBI). Les professionnels de la préparation physique doivent utiliser d’autres mesures plus précises de la composition corporelle, telles que les plis cutanés ou l’absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA), chez les athlètes ayant plus de muscles que les personnes de même âge et sexe, car l’IMC est susceptible de surestimer le surpoids et obésité. CALCUL DE L’IMC Pour estimer l’IMC en utilisant des kilogrammes et des mètres, utilisez cette équation : Poids (kilogrammes) / Hauteur (mètres)² Pour estimer l’IMC en livres et en pouces, utilisez cette équation : Poids (livres) / Hauteur (pouces) ²] x 703 Le surpoids est défini comme un IMC de 25 à 29,9 kg/m² et l’obésité comme un IMC de 30 kg/m² ou plus. Bien que tous les individus obèses partagent la caractéristique d’un excès de graisse corporelle, ces personnes ne peuvent pas être traitées de manière homogène. Elles doivent être dépistées pour les maladies coexistantes telles que le diabète, les problèmes orthopédiques, les maladies cardiaques, les troubles psychologiques tels que les crises de boulimie ou la dépression, les influences sociales et culturelles et la volonté de changement. Les athlètes obèses qui sont tenus de perdre du poids (par un médecin) posent un défi particulier car la perte de poids est dictée par une source externe et n’est pas un objectif intériorisé. La perte de poids demande beaucoup de détermination de la part de l’individu, et ces athlètes peuvent avoir besoin de travailler en étroite collaboration avec un professionnel de la santé mentale ou un diététicien pour les aider à atteindre leur objectif. L’indice de masse corporelle ne doit pas être utilisé comme un outil de diagnostic mais plutôt comme un outil de dépistage initial pour identifier les problèmes de poids potentiels chez les individus et pour suivre les taux de surpoids et d’obésité fondés sur la population. ※ PERTE DE POIDS RAPIDE Bien qu’il n’y ait pas de définition uniforme dans la littérature, une perte de poids rapide se réfère généralement à une perte de poids plus rapide que ce qui peut être obtenu sur un court laps de temps en réduisant l’apport calorique et en augmentant l’exercice. Les athlètes peuvent utiliser une grande variété de techniques pour réduire leur poids rapidement, afin de concourir dans la catégorie de poids désirée, d’atteindre un objectif de poids fixé par leur entraîneur ou d’améliorer les performances. Les techniques de perte de poids potentiellement dangereuses peuvent inclure le jeûne, les régimes chocs, la déshydratation volontaire (diurétiques, sauna, manipulation de l’eau et du sel, le port de plusieurs couches de vêtements), les crachats excessifs, les vomissements volontaires, l’abus de laxatifs et l’utilisation inappropriée ou excessive d’aides thermogéniques. TABLEAU 10.5 Classification du poids des adultes par indice de masse corporelle (IMC) et risque de maladie associée (Un tour de taille accru peut également être un marqueur d’un risque accru, même chez les personnes de poids normal. Pour sa part, l’IMC peut surestimer la graisse chez les athlètes et autres personnes ayant des muscles et sousestimer la graisse chez les personnes âgées et celles qui ont perdu des muscles. Reproduit avec la permission du NHLBI, 1998) Les athlètes qui essaient de perdre trop de poids trop rapidement peuvent perdre de la masse maigre, se sentir fatigués, subir des maux de tête ou des sautes d’humeur, compromettre leur entraînement et leurs performances et souffrir de plusieurs effets secondaires potentiellement graves. Il s’agit notamment de la déshydratation, de maladies dues à la chaleur, de crampes musculaires, de la fatigue, d’étourdissements, d’une suppression du fonctionnement du système immunitaire, de déséquilibres hormonaux, d’hyperthermie, d’une diminution de la force musculaire, d’une diminution du volume plasmatique et sanguin, d’hypotension artérielle, de déséquilibres électrolytiques, d’insuffisance rénale (abus de diurétiques), d’évanouissements voire de mort (dans les cas extrêmes). Le professionnel de la préparation physique doit être capable de reconnaître les signes et les symptômes associés aux techniques de perte de poids rapide et d’adresser les athlètes concernés au professionnel approprié tout en partageant ses préoccupations avec le reste du staff. De plus, le professionnel peut envisager de documenter les mesures qu’il a prises pour aider l’athlète (pour une bonne traçabilité des dossiers et pour décliner toute responsabilité) tout en travaillant avec un médecin ou un diététicien pour fixer des objectifs de poids appropriés après avoir pris en compte la composition corporelle, l’historique des régimes, les antécédents médicaux et les troubles antérieurs de l’alimentation. Certains athlètes devront peut-être reconsidérer la catégorie de poids dans laquelle ils concourent s’ils n’arrivent pas à atteindre le poids souhaité sans mettre leur santé ou leurs performances en danger. TABLEAU 10.6 Sélection d’IMC classées par taille et par poids (Exemple de calcul de l’IMC : une personne qui pèse 78,93 kg et mesure 177 cm a un IMC de 25 : poids / taille² = 78,93 kg / (1,77 m)² = 25. Reproduit avec la permission du NHLBI, 1998) TABLEAU 10.7 Catégories d’IMC pour l’âge et centiles correspondants pour les enfants (Réimprimé à partir du Centers for Disease Control) TROUBLES DE L’ALIMENTATION Les troubles de l’alimentation, y compris les crises de boulimie, l’anorexie mentale et la boulimie, sont de graves troubles de la santé mentale qui peuvent affecter les hommes et les femmes, apparaître à tout moment de la vie et augmenter le risque de mortalité. Les personnes souffrant de troubles de l’alimentation ont une prévalence élevée à d’autres troubles psychiatriques – troubles anxieux, troubles de l’humeur, dépression, troubles du contrôle des impulsions et troubles de toxicomanie. Des études montrent une prévalence accrue d’une alimentation déséquilibrée et des troubles de l’alimentation chez les athlètes par rapport au groupe témoin. En particulier les athlètes pratiquant des sports avec catégories de poids comme la lutte, des sports mettant l’accent sur la maigreur comme le crosscountry, et des sports esthétiques comme la gymnastique. Les signaux de troubles alimentaires peuvent inclure une alimentation restrictive, le jeûne, le saut de repas et la prise de pilules amaigrissantes, de laxatifs ou de diurétiques. Cependant, ceux qui souffrent de troubles de l’alimentation ne répondent pas à tous les critères d’un diagnostic de trouble de l’alimentation. Les troubles de l’alimentation sont des maladies multifactorielles et, à ce titre, nécessitent une approche par une équipe multidisciplinaire. Le professionnel doit être au courant des signes et symptômes d’un trouble de l’alimentation et doit pouvoir s’appuyer sur un réseau afin que les athlètes puissent obtenir l’aide psychologique, médicale et nutritionnelle dont ils ont besoin de la part d’experts des troubles de l’alimentation. ANOREXIE MENTALE L’anorexie mentale se caractérise par une image corporelle déformée et une peur intense de prendre du poids ou de grossir, ce qui conduit les personnes atteintes de cette maladie à une restriction calorique excessive et à une perte de poids sévère. Ceux qui souffrent d’anorexie mentale mettent également beaucoup l’accent sur leur poids ou leur forme, mais ne reconnaissent pas la gravité de leur maladie. De plus, les personnes atteintes d’anorexie mentale se livrent généralement à des comportements rituels, notamment la pesée répétée, la découpe des aliments en petits morceaux et le partage soigneux de leur nourriture. Il existe deux sous-types dans l’anorexie mentale : le type restrictif, qui ne consomme pas d’aliments de manière excessive ou ne se purge pas régulièrement, et le type boulimique qui correspond à une purge très fréquente et à une consommation alimentaire compulsive. L’âge moyen d’apparition de l’anorexie mentale est de dix-neuf ans et le taux de prévalence à vie chez les femmes et les hommes est respectivement de 0,9 et 0,3 %. Seulement 33,8 % des personnes souffrant d’anorexie mentale sont sous traitement. Cependant, ces statistiques sont fondées sur des critères plus anciens pour l’anorexie mentale, et les taux de prévalence peuvent augmenter avec les critères de diagnostic révisés de 2013. Il est important de noter que parmi tous les troubles de la santé mentale, l’anorexie mentale a le taux de mortalité le plus élevé. Pour plus d’informations sur l’anorexie mentale, n’hésitez pas à lire la cinquième édition (2013) du American Psychiatric Association’s Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. TROUBLE DE L’HYPERPHAGIE BOULIMIQUE Auparavant classé sous « trouble de l’alimentation non spécifié autrement », le trouble de l’hyperphagie boulimique a sa propre catégorie dans le manuel précédemment cité. Il se caractérise par des épisodes répétés, se produisant au moins une fois par semaine pendant une période de trois semaines, de frénésie alimentaire incontrôlée (manger beaucoup plus de nourriture en peu de temps que la plupart des gens ne mange dans les mêmes circonstances). Les épisodes de frénésie alimentaire sont associés à au moins trois des éléments suivants : manger beaucoup plus rapidement que la normale ; manger jusqu’à se sentir mal à l’aise ; manger de grandes quantités de nourriture sans avoir faim physiquement ; manger seul à cause de la sensation de gêne créée par la quantité de nourriture qu’il mange ; se sentir dégoûté de soi-même, déprimé ou très coupable par la suite. Comme les épisodes de crises de boulimie ne sont pas suivis d’une purge, comme c’est le cas avec la boulimie mentale, les personnes souffrant de troubles de la boulimie sont souvent en surpoids ou obèses. Le taux de prévalence au cours de la vie des hommes et des femmes est respectivement de 2 et 3,5 % et l’âge moyen d’apparition est de vingt-cinq ans. Une prévalence à vie de troubles de l’hyperphagie boulimique est associée à l’obésité morbide (IMC supérieur à 40). Au cours d’une vie, seulement 43,6 % des personnes souffrant de troubles de l’hyperphagie boulimique reçoivent un traitement. Cependant, ces statistiques sont fondées sur des critères plus anciens pour les troubles de l’hyperphagie boulimique, avant son inclusion en tant que trouble de l’alimentation spécifique en 2013. Les taux de prévalence pourraient augmenter avec les critères révisés. La frénésie alimentaire est associée à d’importants problèmes physiques et psychologiques. De plus, les personnes souffrant de troubles de frénésie alimentaire peuvent se sentir gênées, coupables ou dégoûtées de leur comportement et peuvent tenter de cacher leur comportement en mangeant seules. SYMPTÔMES DE L’ANOREXIE MENTALE Amincissement ostéoporose) des os (ostéopénie ou Cheveux et ongles cassants Peau sèche et jaunâtre Croissance d’un duvet fin sur tout le corps (lanugo) Anémie légère, perte et faiblesse musculaires Constipation sévère Tension artérielle basse, respiration et pouls ralentis Dommages sur la structure et la fonction du cœur Dommages cérébraux Défaillance de plusieurs organes Baisse de la température interne du corps, provoquant une sensation de froid constante chez la personne Léthargie, lenteur ou sensation de fatigue constante Infertilité (Réimprimé avec l’autorisation de l’Institut national de la santé mentale) BOULIMIE MENTALE La boulimie mentale se caractérise par une consommation récurrente d’aliments en quantités nettement supérieures à celles qui seraient normalement consommées en une courte période de temps, comme par exemple une pizza entière, deux litres de crème glacée, plus un paquet de biscuits. La purge suit ces épisodes de frénésie alimentaire et peut inclure un ou plusieurs des éléments suivants : vomissements autoprovoqués, exercice intense, utilisation de laxatifs ou de diurétiques. Les purges se produisent au moins une fois par semaine pendant une période de trois mois. Les personnes atteintes de boulimie mentale ressentent un manque de contrôle sur leur alimentation pendant les crises de boulimie, et sont plus susceptibles d’avoir un poids normal plutôt qu’une insuffisance pondérale. Elles sont mécontentes de leur poids et de leur corps et craignent une prise de poids. L’âge moyen d’apparition de la boulimie mentale est de vingt ans et le taux de prévalence à vie est de 0,6 %. Seuls 43,2 % des personnes atteintes de boulimie mentale reçoivent un traitement. Cependant, ces statistiques sont également fondées sur des critères plus anciens de boulimie mentale, et les taux de prévalence peuvent augmenter avec les critères révisés dans la cinquième édition (2013) du American Psychiatric Association’s Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders. À lire pour plus d’informations sur la boulimie. SYMPTÔMES DE LA BOULIMIE MENTALE Inflammation chronique et maux de gorge Glandes salivaires enflées dans le cou et la mâchoire Émail dentaire usé, dents de plus en plus sensibles et cariées à la suite d’une exposition à l’acide gastrique Trouble de reflux acide et autres problèmes gastro-intestinaux Détresse intestinale et irritation dues à l’abus de laxatifs Déshydratation sévère due à la purge des fluides Déséquilibre électrolytique (niveaux trop bas ou trop élevés de sodium, calcium, potassium et autres minéraux), qui peut entraîner une crise cardiaque. (Réimprimé avec l’autorisation de l’Institut national de la santé mentale) TROUBLE D’ÉVITEMENT/DE RESTRICTION DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE Le trouble d’évitement/restriction alimentaire (ARFID, pour Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder en anglais) est une perturbation de l’alimentation, comportant un manque apparent d’intérêt à manger, un évitement fondé sur les caractéristiques sensorielles des aliments ou une inquiétude concernant les conséquences aversives de l’alimentation. Ce trouble se manifeste par un échec persistant à répondre aux besoins nutritionnels ou énergétiques appropriés associés à l’un (ou plusieurs) des éléments suivants : Perte de poids importante (ou incapacité à atteindre le gain de poids attendu, ou une croissance défaillante chez les enfants) Carence nutritionnelle importante Dépendance à l’alimentation suppléments nutritionnels oraux entérale Interférence psychosocial le marquée avec ou aux fonctionnement La perturbation n’est pas mieux expliquée par le manque de nourriture disponible ou par la pratique associée culturellement sanctionnée. La perturbation de l’alimentation ne se produit pas exclusivement au cours de l’anorexie mentale ou de la boulimie mentale, et il n’y a aucune preuve d’une perturbation dans la façon dont le poids ou la forme du corps est ressenti. La perturbation de l’alimentation n’est pas attribuable à une condition médicale, ni mieux expliquée par un autre trouble mental. Lorsque la perturbation de l’alimentation survient dans le contexte d’une autre affection ou d’un autre trouble, la gravité de la perturbation de l’alimentation dépasse celle habituellement associée à l’affection ou au trouble et justifie une attention clinique supplémentaire. PICA Les personnes atteintes de pica mangent des substances non nutritives pendant au moins un mois. Les substances non nutritives courantes comprennent l’argile, l’amidon de lessive, les glaçons, les mégots de cigarettes, les cheveux ou la craie. Les personnes atteintes de pica peuvent entre autres avoir des troubles électrolytiques et métaboliques, une obstruction intestinale, une usure de l’émail des dents et des problèmes gastro-intestinaux. Le dépistage de l’anémie est recommandé car le pica est associé à une carence en fer. TROUBLE DE LA RUMINATION La rumination consiste à mâcher, réavaler ou cracher des aliments régurgités. Pour être classé comme souffrant de cette maladie, il faut afficher ce comportement, sans rapport avec aucune condition médicale, pendant au moins un mois. Un trouble de la rumination peut survenir parallèlement à d’autres problèmes ou troubles alimentaires. RESSOURCES SUR LES TROUBLES DE L’ALIMENTATION Association nationale des troubles l’alimentation www.nationaleatingdisorders.org de Association internationale des professionnels des troubles de l’alimentation www.iaedp.com La Fondation du Centre Renfrew www.renfrewcenter.com Association nationale de l’anorexie mentale et des troubles associés, Inc. www.anad.org Remuda Ranch www.remudaranch.com GESTION DES TROUBLES DE L’ALIMENTATION ET SOINS Il n’appartient pas au professionnel de la préparation physique de traiter ou de diagnostiquer un trouble de l’alimentation. Il est de sa responsabilité éthique d’aider l’athlète à obtenir le bon diagnostic ainsi que le traitement adéquat de la part d’un médecin qualifié. Par conséquent, les professionnels de la préparation physique doivent être conscients des symptômes de chaque trouble de l’alimentation ainsi que des signaux indiquant un trouble de l’alimentation. Gardez à l’esprit que, repérées seules, les habitudes alimentaires anormales et l’aménorrhée ne sont pas indicatives d’un trouble de l’alimentation. Un professionnel expérimenté et qualifié dans le diagnostic et le traitement des troubles de l’alimentation doit être contacté lorsque le comportement d’un athlète est préoccupant. Le professionnel de la préparation physique n’est pas responsable du traitement des troubles de l’alimentation, mais doit plutôt être conscient des symptômes associés à un trouble de l’alimentation et orienter les athlètes vers le professionnel approprié. CONCLUSION Le rôle principal de la nutrition dans la préparation physique est de soutenir la performance athlétique. Une compréhension générale des principes et des effets de la nutrition est essentielle pour les professionnels afin qu’ils puissent fournir des informations cohérentes et précises à leurs athlètes, tout en étant capables d’identifier les signes et symptômes potentiels d’un trouble de l’alimentation. Et bien que la nutrition avant, pendant et après la compétition puisse conduire à de meilleures performances, une alimentation quotidienne saine sur le plan nutritionnel doit également être recommandée pour la santé globale, l’entraînement et la performance. MOTS-CLÉS Anorexie mentale Boulimie mentale Deshydratation volontaire Indice de masse corporelle (IMC) Isocalorique Obesite Repas de pre-competition Surcharge de glucides Thermogenese induite par l’alimentation Troubles de l’alimentation Trouble de l’hyperphagie boulimique RÉVISION DES CONNAISSANCES 1. Quel est le principal macronutriment visé dans le repas de pré-compétition ? a. La graisse b. Les glucides c. Les protéines d. Les vitamines 2. Lequel des éléments suivants apporte la PLUS GRANDE contribution à la dépense énergétique totale ? a. Le taux métabolique au repos b. La dépense énergétique pour l’activité physique c. L’effet thermique de la nourriture d. Le taux de sucre dans le sang au repos 3. Lequel des éléments suivants caractéristique de l’anorexie mentale ? est a. Un poids de corps normal b. Un très faible apport en graisses alimentaires c. Une préoccupation alimentaire d. Le fait de manger en secret 4. Lorsqu’un trouble de l’alimentation est suspecté, le professionnel de la préparation physique doit… a. Surveiller l’apport alimentaire quotidien de l’athlète b. Avoir des pesées fréquentes c. Encourager une évaluation plus approfondie par un spécialiste des troubles de l’alimentation d. Fournir des informations nutritionnelles 5. Pour maintenir l’hydratation lors d’une compétition durant moins d’une heure, il est recommandé que les athlètes consomment de 90 à 236 ml d’eau ou d’une boisson pour sportifs environ toutes les : a. 15 minutes b. 30 minutes c. 60 minutes d. 2 heures RÉPONSES AUX QUESTIONS PAGE 669 CHAPITRE 11 SUBSTANCES ET MÉTHODES AMÉLIORANT LES PERFORMANCES DOCTEUR BILL CAMPBELL LORSQUE VOUS AUREZ LU CE CHAPITRE, VOUS SEREZ CAPABLE DE : fournir aux athlètes des informations fiables et à jour sur les risques et les avantages des substances améliorant la performance, y compris les stéroïdes anabolisants ; comprendre l’efficacité et les effets indésirables des compléments alimentaires en vente libre destinés à améliorer les performances sportives ; déterminer quels suppléments améliorant les performances sont bénéfiques pour les performances de force/puissance, les performances d’endurance ou les deux ; faire la distinction entre les suppléments améliorant la performance qui imitent les effets des hormones dans le corps et ceux qui améliorent la performance par d’autres moyens. L’auteur tient à souligner les contributions importantes de Jay R. Hoffman et Jeffrey R. Stout à ce chapitre. Les athlètes qui choisissent d’utiliser des substances améliorant la performance le font dans l’espoir qu’ils augmenteront leurs adaptations et amélioreront finalement leur performance sportive. Idéalement, les substances améliorant la performance soutiennent également la santé de l’athlète et sont conformes aux directives éthiques du sport de l’athlète. En raison des considérations éthiques liées à l’avantage induit pendant la compétition et au potentiel d’événements indésirables, la plupart des organes directeurs sportifs ont généré une liste de substances interdites lors des compétitions nationales et internationales. Les athlètes surpris en train d’utiliser ces substances peuvent être suspendus ou forcés à renoncer à leurs médailles (ou les deux). Dans les situations où l’athlète est testé positif à une substance interdite à plusieurs reprises, il risque une interdiction à vie de participer à un sport donné. Cependant, de nombreux suppléments nutritionnels et aides ergogéniques sont autorisés et sont fréquemment utilisés par les athlètes pour maximiser l’amélioration des performances. Souvent, l’utilisation de ces substances est encouragée sur la base d’allégations non fondées. Ainsi, il est impératif que l’athlète soit informé de la légalité de ces substances, qu’il comprenne les risques potentiels associés à la consommation et sache si la recherche scientifique soutient les allégations (efficacité du produit). Le professionnel de la préparation physique peut grandement aider les athlètes à cet égard en leur fournissant des informations pertinentes sur ces questions, ainsi qu’en les orientant vers des spécialistes de la nutrition. Aux fins de ce chapitre, et bien qu’une aide ergogène puisse être toute substance, aide mécanique ou méthode d’entraînement qui améliore les performances sportives, le terme se réfère spécifiquement aux aides pharmacologiques. Les athlètes peuvent essayer d’obtenir un avantage concurrentiel en utilisant des suppléments réputés ergogènes mais non interdits, ou ils peuvent utiliser sciemment des substances interdites en croyant qu’ils peuvent devancer les tests antidopage. Une conséquence peut être que les athlètes qui s’abstiennent normalement d’utiliser ces substances peuvent se sentir contraints de les utiliser simplement pour garder une longueur d’avance sur leurs concurrents. Cependant, les athlètes qui sont bien informés peuvent ignorer en toute confiance les produits inutiles et possiblement nocifs malgré ce que leurs collègues athlètes prétendent. Il peut également être possible d’éloigner les athlètes de l’utilisation de substances interdites s’ils sont conscients des risques pour leur santé et leur sécurité et s’ils savent que les concurrents qui trichent courent un risque élevé d’être détectés. Les athlètes devraient se concentrer sur l’utilisation de méthodes de musculation et de préparation physique appropriées et sur de saines pratiques nutritionnelles conçues pour améliorer les performances. Si ces deux facteurs sont pris en compte, l’athlète peut alors envisager d’utiliser des suppléments sportifs ou des aides ergogènes. Il est important que les athlètes demandent conseil à des professionnels adéquats afin de s’assurer que ce qu’ils envisagent est à la fois légal et efficace. La priorité absolue d’un athlète doit être d’appliquer des principes sains d’entraînement, y compris une nutrition adéquate, avant d’utiliser tout supplément nutritionnel ou aide ergogène. Avant d’acheter ou de consommer un produit, un athlète doit demander conseil à des professionnels qualifiés pour s’assurer que le choix est à la fois légal et efficace. TYPES DE SUBSTANCES AMÉLIORANT LES PERFORMANCES Ce chapitre traite de deux catégories de substances améliorant les performances : les hormones (et les médicaments qui imitent leurs effets) et les compléments alimentaires. Certaines hormones, comme la testostérone, jouent un rôle essentiel dans la réponse adaptative à la préparation physique. D’autres, comme l’épinéphrine, sont importants pour la mobilisation de l’énergie pendant l’entraînement. Ces types d’hormones et plusieurs autres sont traités plus en détail dans la prochaine partie de ce chapitre. La distinction entre un médicament et un complément alimentaire n’est pas intuitivement évidente. Par exemple, la caféine, qui se trouve dans de nombreuses boissons comme le café, est classée comme un médicament. La distinction entre un médicament et un complément alimentaire nécessite l’approbation (ou non) de ce produit par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis au regard de sa sécurité et de son efficacité. Si un produit n’est pas classé comme médicament ou annoncé comme ayant une valeur thérapeutique, les réglementations de la FDA concernant sa vente sont relativement assouplies. Cela signifie que tout fabricant peut introduire un nouveau complément alimentaire sur le marché sans approbation spéciale et que la FDA n’enquêtera sur sa sécurité ou son efficacité que si un risque pour la santé est porté à son attention. La définition d’un médicament par la FDA englobe les substances qui modifient la structure ou la fonction du corps. Cela inclut les substances qui stimulent la sécrétion d’hormones. De plus, si un composé est administré différemment de la façon dont les aliments seraient consommés, il peut être classé comme médicament. La distinction entre un médicament et un complément alimentaire est liée à son approbation par la FDA au regard de sa sécurité et de son efficacité. Généralement, les compléments alimentaires sont des produits hautement raffinés qui ne sauraient être confondus avec un aliment. Ils peuvent ne pas avoir de valeur nutritionnelle positive et, par conséquent, ne sont pas appelés « suppléments nutritionnels ». La charge en glucides pour renforcer les réserves de glycogène avant une compétition sportive est considérée comme une nutrition sportive, tout comme un comprimé d’un seul acide aminé purifié (non promu pour ses propriétés médicinales). Cependant, le comprimé est considéré comme un complément alimentaire. Les points suivants définissent quels produits peuvent être vendus comme compléments alimentaires aux États-Unis : Un produit (autre que le tabac) destiné à compléter le régime alimentaire, qui contient un ou plusieurs des ingrédients alimentaires suivants : 1. une vitamine 2. un minéral 3. une herbe ou autre plante botanique 4. un acide aminé 5. une substance alimentaire destinée à être utilisée par l’homme pour compléter le régime alimentaire en augmentant l’apport alimentaire total 6. un concentré, un métabolite, un constituant, un extrait ou une combinaison de tout ingrédient identifié comme l’un des ingrédients cités plus haut Le produit doit également être destiné à être ingéré et ne peut pas être présenté comme un aliment conventionnel ou comme un seul élément d’un repas ou d’un régime La FDA réglemente à la fois les compléments alimentaires finis et les ingrédients diététiques, en vertu d’un ensemble de réglementations différant de celui concernant les aliments et médicaments conventionnels (site de la FDA : www.fda.gov/Food/Dietarysupplements). En 1994, le Congrès américain a adopté une loi fondamentale connue sous le nom de « Loi sur les compléments alimentaires, la santé et l’éducation » (DSHEA, pour Dietary Supplement Health and Education Act en anglais). En vertu de la DSHEA, il est interdit aux fabricants et distributeurs de compléments alimentaires de commercialiser des produits falsifiés ou mal étiquetés. Cela signifie que ces entreprises sont responsables de l’évaluation de la sécurité et de l’étiquetage de leurs produits avant leur commercialisation pour s’assurer qu’ils répondent à toutes les exigences des réglementations DSHEA et FDA. Les entreprises peuvent toutefois faire des affirmations concernant les effets sur la structure et le fonctionnement de l’organisme tant que les fabricants peuvent prouver que les déclarations sont véridiques et non trompeuses. Il s’agit d’une exigence beaucoup moins stricte que pour les allégations d’efficacité faites pour les médicaments. Les substances ergogènes sont généralement interdites de compétition sportive lorsqu’un consensus est atteint sur le fait qu’elles peuvent fournir un avantage concurrentiel injuste ou poser un risque important pour la santé. Cette interdiction n’a pas besoin d’être fondée sur des preuves concluantes qu’une substance apporte un avantage à son consommateur, cela représente simplement un accord entre les administrateurs ou les cliniciens, selon lequel cela pourrait être le cas. Comme mentionné précédemment, chaque organe directeur du sport publie sa propre liste de substances interdites. L’organisation internationale de réglementation du dopage la plus largement reconnue dans le monde est probablement l’Agence mondiale antidopage (AMA), qui supervise les contrôles antidopage et établit la liste des substances interdites pour le Comité international olympique. Chaque pays a une agence affiliée (comme l’AFLD, l’agence française de lutte contre le dopage, ou l’ASADA, l’agence australienne antidopage). L’ASADA réglemente non seulement le dopage dans les sports olympiques, mais supervise également les contrôles antidopage pour les sports professionnels en Australie. La liste des substances interdites est normalisée et mise à jour par l’AMA chaque année. Bien que la liste de l’AMA soit la norme internationale, d’autres organisations, telles que les sports universitaires et professionnels aux États-Unis, ont différentes listes de substances interdites ainsi que des sanctions pour dopage. Quelle que soit l’organisation qui réglemente les contrôles antidopage, il incombe à l’athlète, à l’entraîneur sportif, au professionnel de la préparation physique et à tout le staff de s’assurer qu’ils respectent leurs organisations respectives. La figure 11.1 répertorie les classes de médicaments interdits par la National Collegiate Athletic Association (NCAA) en 2013-2014. Cette liste est utilisée par de nombreuses universités aux États-Unis et est tous les ans sujette à changement. LISTE DES SUBSTANCES INTERDITES DANS LES PRINCIPALES ORGANISATIONS SPORTIVES Ligue majeure de baseball http://mlbplayers.mlb.com/pa/info/cba.jsp National Collegiate Athletic Association www.ncaa.org/health-and-safety/ policy/201314-ncaa-banned-drugs Ligue nationale de football américain www.nflplayers.com/About-us/Rules-Regulations/ Player-Policies/BannedSubstances Ligue nationale de hockey (utilise la liste des substances interdites de l’AMA) www.nhl.com/ice/page.htm ?id=26397 Agence mondiale antidopage (AMA) https ://www.wada-ama.org/fr FIGURE 11.1 Liste des substances interdites aux athlètes dans les collèges et universités des États-Unis par la National Collegiate Athletic Association (NCAA) (Vérifiez auprès de votre institution ou de votre fédération la liste spécifique à votre situation) Certaines substances sont également illégales en vertu de la loi gouvernementale. Les stéroïdes anabolisants sont une substance de classe III, ce qui rend leur possession, à des fins autres que médicales, passible d’une peine maximale d’un an de prison et d’une amende minimale de 1000 dollars s’il s’agit de la première infraction en matière de drogue. La peine maximale pour trafic (vendre ou échanger un produit illégal) est de cinq ans de prison et d’une amende de 250000 dollars s’il s’agit du premier délit de drogue commis par un individu. S’il s’agit de la deuxième infraction grave en matière de drogue, la durée maximale d’emprisonnement et l’amende maximale doublent. Bien que ces sanctions concernent des infractions fédérales, certains états ont également imposé des amendes et des sanctions pour l’utilisation illégale de stéroïdes anabolisants. HORMONES De nombreuses hormones produites de manière endogène sont utilisées pour améliorer les performances sportives. L’hormone la plus couramment utilisée est la testostérone, ainsi que ses dérivés synthétiques. La testostérone est la principale hormone androgène qui interagit avec le tissu musculaire squelettique. En plus de la testostérone, beaucoup d’autres hormones produites par le corps ont été utilisées par les athlètes comme aides ergogéniques, pour stimuler les testicules à produire de la testostérone ou parce qu’elles ont des propriétés anabolisantes en elles-mêmes (hormone de croissance). L’érythropoïétine (EPO), qui est sécrétée par les reins, est utilisée pour stimuler la production de globules rouges afin d’améliorer les performances d’endurance aérobie, et les catécholamines – telles que l’adrénaline (ou l’épinéphrine) – ont des effets sur le système métabolique et nerveux, et sont souvent utilisées pour améliorer la perte de poids et fournir un plus grand état d’excitation en vue de la performance. STÉROÏDES ANABOLISANTS Les stéroïdes anabolisants sont les dérivés synthétiques (d’origine humaine) de la testostérone, l’hormone sexuelle masculine. Physiologiquement, les élévations des concentrations de testostérone stimulent la synthèse des protéines, entraînant une amélioration de la taille musculaire, de la masse corporelle et de la force. De plus, la testostérone et ses dérivés synthétiques sont responsables du développement et de la maturation des caractéristiques sexuelles secondaires masculines (augmentation de la pilosité corporelle, voix masculine, développement de la calvitie, de la libido, de la production de sperme et de l’agressivité). Ces propriétés androgènes comprennent le plein développement des principales caractéristiques sexuelles du mâle. Ainsi, il est plus exact de désigner les dérivés synthétiques de la testostérone comme des stéroïdes anabolisants androgènes. Cependant, ils sont également appelés « androgènes », « stéroïdes androgènes » ou « stéroïdes anabolisants ». La sécrétion de testostérone se produit principalement dans les cellules de Leydig (ou cellules interstitielles) présentes dans les testicules. Bien que plusieurs autres hormones stéroïdes ayant des propriétés anabolisantes androgènes soient produites dans les testicules (dihydrotestostérone et androstènedione), la testostérone est produite en quantité beaucoup plus grande. La testostérone et ces autres hormones sexuelles mâles sont également sécrétées en de plus faibles quantités par les glandes surrénales (chez les hommes et les femmes) et les ovaires (chez les femmes). Nombre des aides ergogéniques aujourd’hui sur le marché sont des précurseurs de la testostérone (androstènedione) et sont abordées en détail plus loin dans ce chapitre. Ce n’est que dans les années 1930 que la testostérone a été isolée, synthétisée, puis étudiée pour ses effets chez l’homme. Les changements physiologiques que régule la testostérone en ont fait l’un des médicaments de choix pour les athlètes de force et de puissance, ou d’autres athlètes intéressés à l’augmentation de la masse musculaire. Cependant, la testostérone elle-même est une aide ergogène très médiocre. Une dégradation rapide se produit lorsque la testostérone est administrée par voie orale ou par administration injectable. Ainsi, la modification chimique de la testostérone est nécessaire pour retarder le processus de dégradation afin d’obtenir des effets androgènes et anabolisants à des concentrations plus faibles, et pour fournir des concentrations sanguines efficaces pendant de plus longues périodes. De nombreux dérivés de la testostérone ont été développés entre 1940 et 1960, et une fois que ces modifications se sont produites, l’utilisation de stéroïdes anabolisants par voie orale ou injectable est devenue possible. Ces dernières années, l’administration de stéroïdes anabolisants via des crèmes et des gels pour des applications topiques et des patches cutanés a gagné en popularité, principalement pour des raisons médicales. Cependant, les formes d’administration les plus couramment utilisées chez les athlètes sont les formes orales et injectables. Des exemples de stéroïdes anabolisants oraux et injectables sont répertoriés dans le tableau 11.1. TABLEAU 11.1 Types de stéroïdes anabolisants utilisés par les athlètes ※ DOSAGE Les athlètes utilisent généralement des stéroïdes anabolisants dans un régime d’ « empilement », dans lequel ils s’administrent plusieurs médicaments différents simultanément. La raison de l’empilement est d’augmenter la puissance de chaque médicament via un effet additif. Autrement dit, la puissance d’un agent anabolisant peut être améliorée lorsqu’il est consommé simultanément avec un autre agent anabolisant. La recherche dans ce domaine est limitée et l’efficacité de l’empilement n’a pas été prouvée. Les individus utilisent des composés oraux et injectables. La plupart des utilisateurs prennent des stéroïdes anabolisants selon un schéma cyclique, ce qui signifie qu’ils utilisent les médicaments pendant plusieurs semaines ou mois et alternent ces cycles avec des périodes d’utilisation discontinue. Souvent, les utilisateurs administrent les médicaments selon un schéma pyramidal (progressif ), dans lequel les doses sont régulièrement augmentées sur plusieurs semaines. Vers la fin du cycle, l’athlète « s’interrompt » pour réduire la probabilité d’effets secondaires négatifs. À ce stade, certains athlètes arrêtent la consommation de drogues ou lancent peut-être un autre cycle de médicaments différents (médicaments qui peuvent augmenter la production de testostérone endogène, pris pour empêcher la baisse indésirable des concentrations de testostérone qui suit l’élimination des agents pharmaceutiques). Une étude a montré que le régime stéroïdien typique impliquait en moyenne 3,1 agents, avec un cycle typique allant de cinq à dix semaines. Il a été rapporté que la dose administrée par l’athlète varie entre cinq et vingt-neuf fois plus que les doses de remplacement physiologiques. Ces dosages pharmacologiques plus élevés semblent nécessaires pour obtenir les gains désirés par les athlètes. Dans une étude classique sur la courbe dose-réponse des stéroïdes anabolisants, Forbes a démontré que la dose totale de stéroïdes anabolisants a une relation logarithmique avec l’augmentation de la masse maigre : de faibles doses ne produisent que de légers effets, mais il y a une augmentation progressive de la masse maigre avec des doses de plus en plus importantes. Ces résultats renforcent la croyance de l’athlète selon laquelle si une faible dose est efficace, alors une plus grande doit encore plus l’être. Les athlètes utilisent généralement des doses de substances plus élevées que celles prescrites aux hommes à faible taux de testostérone. La méthandrosténolone (Dianabol) maintient par exemple des caractéristiques sexuelles secondaires normales chez les hommes hypogonadiques à une dose de remplacement d’environ 15 mg/jour (les athlètes ont déclaré utiliser jusqu’à 300 mg/ jour). Ce médicament oralement actif n’a pas été disponible à des fins médicales aux États-Unis depuis plus d’une décennie, mais il est toujours disponible sur les marchés noirs. L’énanthate de testostérone est un ester de testostérone et un stéroïde injectable qui est facilement disponible aux États-Unis, et il est utilisé cliniquement pour certaines maladies rares et pour le traitement de remplacement. Une dose de remplacement est d’environ 75 à 100 mg/semaine, administrée toutes les une à deux semaines. Les stéroïdes injectables sont administrés par voie intramusculaire, généralement par des injections profondes dans les fessiers. Ils sont également plus puissants que les stéroïdes oraux en raison de leur voie d’administration, et peut-être aussi parce qu’ils ne nécessitent pas de modification supplémentaire pour les protéger du métabolisme immédiat du foie. Les composés injectables ont une large gamme de demi-vies. Parmi les esters de testostérone, le propionate de testostérone reste dans la circulation pendant environ 1,5 jour, tandis que le buciclate de testostérone reste trois mois après une seule injection. ※ QUI UTILISE DES STÉROÏDES ANABOLISANTS ? On pense que les athlètes (en particulier les athlètes de force) dont les objectifs sont d’améliorer les performances sportives sont les principaux utilisateurs de stéroïdes anabolisants. George J. Mitchell, ancien sénateur américain, a déclaré dans le célèbre « Mitchell Report » de 2007 que l’utilisation de stéroïdes androgéno-anabolisants par les joueurs de la Major League Baseball aux États-Unis était omniprésente. Avant cette révélation de l’utilisation de stéroïdes anabolisants chez les athlètes, des rapports antérieurs remontant aux Jeux olympiques de 1952 et 1956 indiquent une utilisation systématique d’androgènes par l’équipe soviétique d’haltérophilie. L’utilisation de stéroïdes anabolisants parrainée dans d’autres pays par l’État a également été documentée. Dans l’ancienne République démocratique allemande, après la chute du gouvernement communiste en 1990, des documents classifiés ont révélé un programme d’État secret débutant en 1966 pour améliorer les performances sportives nationales à l’aide d’androgènes. Aux États-Unis, une utilisation généralisée a également été signalée chez les haltérophiles, les joueurs de la ligue nationale de football et les athlètes universitaires. Bien que les résultats de plusieurs enquêtes suggèrent que l’utilisation de stéroïdes anabolisants semble avoir diminué au cours des dernières décennies, les stéroïdes anabolisants représentent aujourd’hui l’un des principaux problèmes sportifs, en raison des accusations d’utilisation généralisée dans de nombreux sports au cours des dernières années. Les athlètes de force ne sont pas les seuls utilisateurs de stéroïdes anabolisants. Les personnes qui ne font pas partie d’un sport organisé utilisent des stéroïdes pour améliorer l’apparence plutôt que les performances. Des enquêtes nationales menées auprès d’anciens lycéens américains ont montré qu’environ 7 % utilisaient ou avaient utilisé des stéroïdes anabolisants. Un tiers des utilisateurs de stéroïdes admis n’était pas impliqué dans des sports parrainés par l’école, et plus d’un quart a déclaré que leur principale raison d’utiliser des stéroïdes était d’améliorer leur apparence, par opposition à la performance sportive. Pope et ses collègues ont décrit un sousensemble de culturistes avec une image de soi altérée, qui se pensaient petits et faibles alors qu’ils étaient grands et musclés. Ces personnes ont utilisé des substances ergogènes et la musculation pour augmenter leur taille corporelle. Pope a appelé cela « anorexie mentale inversée », également connue sous le nom de « dysmorphie musculaire ». Ces culturistes semblent être sensiblement différents des athlètes de compétition en termes d’objectifs, de risques importants pour la santé que certains d’entre eux sont prêts à prendre et de leurs stratégies d’utilisation de doses extrêmement élevées de stéroïdes anabolisants. Ce phénomène peut suggérer pourquoi les maladies les plus graves associées à l’utilisation de stéroïdes se sont presque exclusivement produites chez les culturistes et non chez d’autres athlètes utilisant des stéroïdes. ※ EFFICACITÉ Les prétendus avantages ergogènes généralement attribués à l’utilisation de stéroïdes anabolisants sont une augmentation de la masse musculaire, de la force et des performances sportives, en particulier dans les sports nécessitant des niveaux de force maximaux. Lorsque des stéroïdes anabolisants sont pris à des doses supraphysiologiques, ces avantages ergogènes sont réalisés. Le degré et l’incidence de ces changements sont variables et dépendent fortement, entre autres facteurs, du niveau d’entraînement de l’individu. ▷ MASSE MUSCULAIRE ET FORCE L’une des principales raisons pour lesquelles les athlètes et les non-athlètes prennent des stéroïdes anabolisants est d’augmenter la masse musculaire maigre et la force maximale. Si de telles améliorations se produisent, cela conduira à de meilleures performances sur le terrain, avec toutes les autres variables de l’athlétisme maintenues constantes. Lorsque des stéroïdes anabolisants sont administrés à des doses similaires à celles utilisées par les athlètes entraînés pour leur loisir et pour la compétition, une augmentation de la synthèse des protéines musculaires est observée. Ces augmentations de la synthèse des protéines sont probablement responsables des augmentations observées de la masse corporelle maigre chez les athlètes prenant des stéroïdes anabolisants et pratiquant en loisirs et en compétition. Même lorsque des stéroïdes anabolisants sont administrés à des hommes adultes normaux qui ne participent pas à un entraînement intensif de musculation, des augmentations de la masse corporelle, y compris la composante non grasse, sont observées. La mesure dans laquelle des gains de masse maigre et de force maximale se produisent avec l’utilisation de stéroïdes anabolisants a été rapportée dans la littérature scientifique comme étude de cas. Dans cette étude, un adulte bodybuilder de niveau international s’était auto-injecté des hormones androgènes (à une dose de 53 mg/jour) sur une période d’entraînement d’un an, avec seulement une coupure de quatre semaines sans drogue au milieu de l’année. Pendant ce temps, le culturiste a pu gagner environ 7 kg de poids sans graisse, augmenter la surface moyenne de fibres du muscle vaste externe d’environ 11 % en six mois et augmenter considérablement la force maximale. Malgré ces améliorations de la masse musculaire et de la force, l’état de santé de la personne a été négativement affecté. Plus précisément, après le retrait du médicament, le sujet a présenté des testicules atrophiques, et de faibles niveaux d’hormone lutéinisante, d’hormone folliculo-stimulante et de testostérone. Le cholestérol des lipoprotéines de haute densité (LHD) a également été significativement abaissé, ce qui indique un risque plus élevé d’athérogenèse. Pour plus d’informations sur les conséquences pour la santé de l’utilisation de stéroïdes anabolisants, reportez-vous à la section « Effets indésirables ». Pendant un certain temps, il a été avancé que l’augmentation de la masse corporelle avec l’utilisation d’androgènes provenait d’une augmentation de l’eau corporelle. Une augmentation de l’eau corporelle totale est attendue avec une augmentation de la masse musculaire, puisque l’eau constitue la majorité du poids cellulaire. Cependant, il a été indiqué que les stéroïdes anabolisants peuvent également augmenter la rétention d’eau en augmentant le volume interstitiel et extracellulaire. Bien que la rétention d’eau puisse expliquer pourquoi tout le gain de poids n’est pas maintenu après l’arrêt de l’utilisation de stéroïdes anabolisants, ce processus n’est toujours pas bien compris. Dans une étude sur des culturistes masculins expérimentés, un cycle de huit semaines de décanoate de nandrolone (200 mg/semaine, par voie intramusculaire) a entraîné une augmentation significative de 2,2 kg de la masse corporelle, soit 2,6 kg d’augmentation de la masse maigre et une diminution de 0,4 kg de la masse grasse, sans changement dans l’hydratation de la masse grasse. De plus, le rapport d’eau extracellulaire et intracellulaire était inchangé. Même après six semaines d’abandon des androgènes, la masse corporelle des culturistes était encore significativement supérieure aux niveaux de référence (1,6 kg de plus), mais aucun changement d’hydratation n’a été observé. L’augmentation de la masse maigre et la réduction possible de la masse grasse peuvent durer plusieurs mois après l’arrêt de l’utilisation (figure 11.2). Ainsi, les athlètes peuvent tirer un avantage de l’utilisation de stéroïdes même s’ils arrêtent de prendre les médicaments suffisamment longtemps avant la compétition pour obtenir un test de dépistage négatif. C’est la raison pour laquelle le dépistage inopiné, tout au long de l’année, de certains athlètes d’élite est important pour la prévention de l’usage illégal de drogues. ▷ PERFORMANCE ATHLÉTIQUE Initialement, les chercheurs examinant l’ergogénicité des stéroïdes anabolisants administrés de façon exogène n’ont pas vu d’effet de performance significatif. Par conséquent, la communauté scientifique et médicale a suggéré que les stéroïdes anabolisants avaient peu d’influence sur les performances sportives. Des résultats contraires aux rapports sur le terrain émanant des gymnases et des centres d’entraînement, qui montraient de grandes améliorations de force chez les athlètes. Après un examen plus approfondi des études initiales, plusieurs défauts méthodologiques sont apparus. Plusieurs de ces études ont utilisé des doses physiologiques, contrairement aux doses suprapharmacologiques qui sont généralement prises par les athlètes s’auto-administrant des androgènes. En synthèse, ces sujets arrêtaient leur propre production endogène et la remplaçaient par un stéroïde anabolisant exogène. Un autre défaut de certaines de ces enquêtes était la méthode d’évaluation de la résistance. Dans plusieurs études, la performance de la force a été évaluée en utilisant un mode d’exercice différent du stimulus d’entraînement. Ce manque de spécificité a probablement masqué tout effet d’entraînement possible. De plus, plusieurs études ont utilisé des sujets qui n’avaient qu’une expérience minimale d’entraînement en musculation. Lorsque des androgènes exogènes ont été administrés à des athlètes expérimentés et entraînés en musculation, des gains de force significatifs ont été systématiquement rapportés. Les gains de force chez les athlètes expérimentés entraînés en force sont généralement assez faibles par rapport à ceux observés chez les haltérophiles débutants ; mais lorsque des athlètes entraînés en force utilisent des stéroïdes anabolisants, leurs gains de force peuvent être deux à trois fois plus élevés que ceux généralement observés chez des athlètes entraînés de la même façon et qui ne recourent pas à des compléments. Les prétendus avantages ergogènes communément attribués à l’utilisation de stéroïdes anabolisants sont une augmentation de la masse musculaire, de la force et des performances athlétiques, mais ces changements dépendent du niveau d’entraînement de l’individu. ※ EFFETS PSYCHOLOGIQUES L’utilisation de stéroïdes anabolisants est également associée à des changements d’agressivité, d’excitation et d’irritabilité. Les Allemands de l’Est auraient utilisé des stéroïdes anabolisants dans ce but, délivrant des doses élevées au système nerveux central en faisant absorber les stéroïdes par le nez. La question n’a pas bien été étudiée, mais des rapports témoignent que cette pratique a nettement accru l’agressivité et amélioré les performances des athlètes. Une élévation de l’excitation et de l’estime de soi peut être un effet secondaire positif pour l’utilisateur de stéroïdes anabolisants. L’augmentation de l’agressivité peut également être perçue comme un avantage, en particulier pour les athlètes participant à des sports de contact. Cependant, une agressivité accrue ne se limite pas aux performances athlétiques. Les utilisateurs de stéroïdes anabolisants qui éprouvent une agressivité accrue peuvent constituer une menace pour eux-mêmes et pour ceux avec lesquels ils entrent en contact. Les stéroïdes anabolisants sont également associés à des sautes d’humeur et à des épisodes psychotiques. Des études ont montré que près de 60 % des utilisateurs de stéroïdes anabolisants connaissent une augmentation de l’irritabilité et de l’agressivité. Dans une étude croisée contrôlée en double aveugle, Pope et ses collègues ont signalé des augmentations significatives de l’agressivité et des attitudes maniaques après douze semaines d’injections de cypionate de testostérone. Fait intéressant, les résultats de cette étude n’étaient pas uniformes entre les sujets. La plupart des sujets ont montré un effet psychologique minime, tandis que seulement quelques participants ont développé des effets importants. Une relation de cause à effet n’a pas encore été identifiée chez les utilisateurs de stéroïdes anabolisants, mais il semble que les personnes qui subissent des changements psychologiques ou comportementaux se rétablissent lorsque l’utilisation de stéroïdes est interrompue. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Les effets indésirables associés à l’utilisation de stéroïdes anabolisants sont répertoriés dans le tableau 11.2. Il est important de noter qu’il existe des différences entre les effets secondaires de l’utilisation de stéroïdes anabolisants sous surveillance médicale et ceux découlant d’une prise abusive (consommation de nombreux médicaments à fortes doses). La plupart des informations concernant les effets médicaux indésirables associés à l’utilisation de stéroïdes anabolisants ont été obtenues auprès d’athlètes s’auto-administrant les médicaments. Conjointement, une partie de la littérature scientifique a suggéré que les problèmes médicaux liés aux stéroïdes anabolisants pourraient être quelque peu surestimés, étant donné que de nombreux effets secondaires liés à une prise abusive sont réversibles à l’arrêt. Pour l’anecdote, il semble qu’une ampleur disproportionnée de l’utilisation et de l’incidence des effets indésirables se retrouve chez les culturistes (qui sont également connus pour consommer plusieurs autres médicaments – diurétiques, hormones thyroïdiennes, insuline, anti-œstrogènes – qui soulagent certains effets mais potentialisent également d’autres facteurs de risque), par rapport aux athlètes de force et de puissance. TABLEAU 11.2 Signaux et symptômes liés à l’abus d’aide ergogène PRÉCURSEURS DE TESTOSTÉRONE (PROHORMONES) Les prohormones sont des précurseurs de la synthèse d’autres hormones et peuvent en théorie augmenter la capacité du corps à produire une hormone spécifique donnée. Le fondement de l’utilisation des prohormones comme aide ergogène découle d’une étude montrant une triple augmentation de la testostérone chez des femmes en bonne santé qui ont reçu 100 mg d’androstènedione ou de déhydroépiandrostérone. Les athlètes qui ont continué à se supplémenter avec ces précurseurs de testostérone (androstènedione, androstènediol et déhydroépiandrostérone, ou DHEA) le font probablement en partant du principe qu’ils augmenteront les concentrations de testostérone, la force, la taille des muscles et la volonté de s’entraîner, tout en fournissant des améliorations globales des performances athlétiques similaires à celles des personnes qui prennent des stéroïdes anabolisants. Cependant, ces précurseurs n’ont en eux-mêmes que des propriétés androgènes relativement faibles : l’androstènedione et la DHEA n’ont respectivement qu’1/5e et 1/10e de l’activité biologique de la testostérone. Néanmoins, les précurseurs de la testostérone ont été officiellement répertoriés comme substances contrôlées dans la loi de 2004 sur le contrôle des stéroïdes anabolisants, adoptée par le Congrès américain et qui exigeait la prescription d’un médecin pour ces substances. Les études examinant l’efficacité des précurseurs de testostérone ont produit des résultats variables. Aucune différence significative dans la force ou la composition corporelle n’a été observée chez les hommes d’âge moyen effectuant un programme d’entraînement en résistance tout en se complémentant avec de la DHEA, de l’androstènedione (100 mg) ou un placebo pendant trois mois. Lorsque la supplémentation en DHEA (150 mg) a été examinée chez un groupe de jeunes hommes (19-29 ans) pendant huit semaines selon un cycle de deux semaines d’entraînement suivies d’une semaine de repos, il n’y a eu aucun gain de force ou de tissu maigre. De plus, les chercheurs n’ont pu voir aucun changement dans les concentrations sériques de testostérone, d’œstrone, d’œstradiol ou de lipides avec la supplémentation. Même dans les études utilisant des doses plus élevées (300 mg) d’androstènedione pendant huit semaines, dans un protocole similaire sur trois semaines (deux de travail suivies d’une de repos), aucun effet significatif n’a été observé sur la force, la taille musculaire ou les concentrations de testostérone. Cependant, la supplémentation en androstènedione a provoqué une augmentation des concentrations sériques d’œstradiol et d’œstrone et a été associée à des taux de lipoprotéines de haute densité (LHD) plus faibles. Ces résultats suggèrent que bien que des changements de performance ne puissent pas se produire chez les athlètes prenant ce supplément, il peut y avoir de plus forts risques d’effets secondaires négatifs associés à l’utilisation de stéroïdes anabolisants. Broeder et ses collègues, en conclusion de leur projet « Andro » dans lequel ils ont étudié les influences physiologiques et hormonales de l’androstènedione conjointement avec un programme d’entraînement en résistance à haute intensité, ont déclaré : « Les précurseurs de testostérone n’améliorent pas les adaptations à l’entraînement de musculation lorsqu’ils sont consommés aux doses recommandées par les fabricants. La supplémentation en précurseur de testostérone entraîne une augmentation significative des composés liés aux œstrogènes, des concentrations de sulfate de déhydroépiandrostérone, une régulation négative de la synthèse de testostérone et des altérations défavorables des profils de risque de lipides sanguins et de maladies coronariennes chez les hommes âgés de 35 à 65 ans. » (p. 3093) Sur la base de preuves scientifiques, il semble que les prohormones soient loin de fournir les effets anabolisants généralement associés aux androgènes. Cependant, la recherche scientifique s’est presque exclusivement concentrée sur quelques suppléments de prohormones – DHEA, androstenediol, 19-nor-androstènedione et 19-norandrostènediol. Il existe de nombreux autres suppléments de prohormones disponibles qui n’ont pas été testés cliniquement. De plus, l’utilisation de prohormones n’a pas été étudiée chez des athlètes de haut niveau. De plus, l’administration orale a été la principale méthode de prise des prohormones. L’utilisation orale de prohormones peut ne pas être aussi efficace que d’autres modes de prise (injection). Tout cela suggère qu’une étude continue de l’efficacité des précurseurs de testostérone pour l’amélioration des performances est encore nécessaire, et il est particulièrement justifié d’examiner d’autres voies d’ingestion au sein d’une population sportive compétitive entraînée. HORMONE CHORIONIQUE GONADOTROPE HUMAINE (HCG) L’hormone chorionique gonadotrope humaine (HCG) est obtenue à partir du placenta des femmes enceintes et est très étroitement apparentée, dans sa structure et sa fonction, à l’hormone lutéinisante. En fait, c’est l’indicateur de grossesse utilisé par les kits de test de grossesse en vente libre, car cette hormone n’est généralement pas trouvée à aucun autre moment dans le corps. Dans la population générale, l’HCG est parfois injectée à des femmes en surpoids et sous surveillance médicale en conjonction avec des régimes hypocaloriques à des fins de perte de poids. La recherche suggère que lorsqu’elle est utilisée à cette fin, l’HCG n’est pas efficace pour induire une perte de poids. La restriction calorique qui accompagne les injections de HCG semble être le principal facteur contribuant à la perte de poids associée. EXEMPLES DE SUPPLÉMENTS INTERDITS DE PROHORMONES Cette liste contient quelques exemples de prohormones qui ont été interdites dans le cadre de la loi de 2004 sur le contrôle des stéroïdes anabolisants (liste non exhaustive). Androstanédiol Androstanédione Bolastérone Méthyltestostérone Norandrostènediol Norandrostènedione 19-nor-4-androstènediol 19-nor-5-androstènediol 1-testostérone ※ EFFICACITÉ Bien que l’HCG n’offre aucune capacité d’amélioration des performances aux femmes, elle est citée de manière anecdotique comme utile pour les hommes qui prennent des stéroïdes anabolisants. Lorsqu’elle est injectée chez des hommes, l’HCG peut augmenter la production de testostérone testiculaire, à des taux pouvant presque doubler en quatre jours après une injection intramusculaire importante. L’activité de l’HCG dans le corps masculin est due à sa capacité à imiter l’hormone lutéinisante, hormone hypophysaire qui stimule les cellules de Leydig dans les testicules pour fabriquer de la testostérone. Les hommes peuvent souhaiter recevoir une injection d’HCG pour augmenter les niveaux de testostérone endogène car la production de testostérone endogène est supprimée à la fin d’un cycle de stéroïdes. Pour cette raison, si l’HCG est utilisée par les athlètes, elle est probablement utilisée par ceux qui terminent un cycle de stéroïdes anabolisants et cherchent à activer leur propre production de testostérone endogène. ※ EFFETS INDÉSIRABLES L’HGC est administrée par injection sous la peau ou dans un muscle, et les effets secondaires courants à une telle administration sont la douleur, l’inflammation et la sensibilité autour du site d’injection. Il existe très peu de recherches sur les effets secondaires des injections d’HCG. Dans une enquête au cours de laquelle de l’HCG a été injectée à des femmes obèses, aucun effet indésirable n’a été signalé en ce qui concerne la pression artérielle ou les analyses de sang habituelles. INSULINE L’insuline est une hormone anabolique puissante. Elle est sécrétée par le pancréas en réponse à des élévations de la glycémie ou des concentrations spécifiques d’acides aminés (leucine par exemple). Son rôle est de faciliter l’absorption du glucose et des acides aminés dans la cellule. Étant donné que l’insuline augmente la synthèse des protéines, elle est considérée comme une hormone anabolique. ※ EFFICACITÉ Lorsque les concentrations d’insuline sont naturellement élevées (de manière endogène, à partir du pancréas après l’ingestion de glucides), il n’y a pas de danger chez les individus par ailleurs en bonne santé. De plus, plusieurs rapports indiquent que l’ingestion de glucides après l’entraînement supprime la dégradation des protéines musculaires via les effets anticataboliques de l’insuline. Théoriquement, si la dégradation des protéines est supprimée sur une longue période (plusieurs semaines à plusieurs mois), des gains de masse musculaire maigre pourraient être réalisés. ※ EFFETS INDÉSIRABLES En raison des propriétés anabolisantes de l’insuline et de sa capacité supposée de potentialiser les effets de l’hormone de croissance et des facteurs de croissance analogues à l’insuline, certaines personnes (principalement les culturistes) prennent de l’insuline par injection. L’utilisation de l’insuline de cette manière a de graves conséquences. Les résultats possibles chez un athlète auparavant en bonne santé incluent la mort immédiate, le coma ou le développement d’un diabète insulinodépendant. HORMONE DE CROISSANCE HUMAINE L’hormone de croissance humaine (HGH, pour Human Growth Hormone en anglais), protéine sécrétée par l’hypophyse antérieure, a plusieurs fonctions physiologiques importantes qui renforcent son effet ergogène. Elle est anabolisante en raison de sa stimulation de la croissance des os et des muscles squelettiques, mais a également d’importantes fonctions métaboliques telles que le maintien de la glycémie, l’augmentation de l’absorption de glucose et d’acides aminés dans les cellules musculaires et la stimulation de la libération d’acides gras par les cellules graisseuses. La principale source d’hormone de croissance pharmacologique est une molécule relativement compliquée, à partir de laquelle elle est dérivée synthétiquement en utilisant la technologie de l’ADN recombinant. Cependant, jusqu’en 1986, la seule source de l’hormone était l’hypophyse de cadavres humains. Parce que les récepteurs de l’HGH sont incapables de réagir de façon croisée avec l’hormone de croissance d’origine animale, le coût financier de l’HGH était très élevé avant 1986. Bien que l’utilisation de l’hormone de croissance de cadavres n’ait pas entraîné de risques importants pour la santé, ces conséquences n’ont pas empêché les athlètes d’en prendre sous forme de supplément, mais en ont, à la place, fait une utilisation très limitée. Le développement de l’HGH recombinante a fourni aux cliniciens un médicament à risque relativement faible, à moindre coût et avec une plus grande disponibilité (par rapport à l’hormone de croissance prélevée sur un cadavre). Les cliniciens peuvent désormais prescrire de l’HGH recombinante pour augmenter la taille chez les enfants très jeunes présentant un déficit en hormones de croissance et pour modifier la composition corporelle des adultes. On pense que l’utilisation de l’HGH comme substance améliorant la performance est répandue parmi les athlètes professionnels, soit en étant prise seule, soit combinée avec des stéroïdes anabolisants. Même si la technologie recombinante a augmenté la disponibilité de l’HGH, son coût, en particulier sur le marché noir, est extrêmement élevé – entre plusieurs centaines et quelques milliers de dollars par mois. Humatrope, Nutropin, Norditropin, Genotropin, Serostim, Saizen et Protropin sont des marques d’HGH courantes aux États-Unis. ※ EFFICACITÉ Il ne semble pas y avoir d’étude sur l’efficacité de l’HGH chez les athlètes professionnels. La plupart des enquêtes sur l’HGH se sont concentrées sur l’HGH comme thérapie de remplacement chez les adultes et les enfants déficients en hormones de croissance, ou chez les personnes âgées en bonne santé. Ces études ont constamment montré des altérations positives de la composition corporelle (augmentation des tissus maigres, avec diminution de la graisse corporelle). Chez les hommes présentant des déficiences établies en hormones de croissance, des injections nocturnes de l’HGH recombinante pendant six mois ont entraîné une augmentation moyenne de 5,4 kg de la masse corporelle maigre et une perte similaire de graisse. La plupart des études n’ont pas abordé l’effet de la thérapie de l’HGH sur la force musculaire et la performance. Une étude n’a montré aucun changement dans la force isocinétique après douze mois de traitement. Cependant, les sujets de cette étude n’ont effectué aucun entraînement en musculation au cours du traitement. Une étude portant sur des adultes entraînés ayant reçu de l’hormone de croissance (trois jours par semaine pendant six semaines) a montré des changements modestes dans la composition corporelle, mais aucune évaluation de la force n’a été effectuée. Bien que la littérature scientifique ne prouve pas l’efficacité de l’utilisation de l’HGH dans les populations sportives, il est probable que l’impossibilité d’effectuer de telles études (en raison de contraintes éthiques) limitera une grande partie de notre compréhension de l’HGH et des performances humaines. Au cours des années passées, l’utilisation de l’HGH par les athlètes peut avoir été répandue dans certains sports professionnels en raison de son efficacité perçue et du fait qu’elle n’a pas pu être détectée dans des tests de dépistage aléatoires. Actuellement, l’HGH ne peut pas être détectée dans l’urine via un test de dépistage de drogue, et il peut être avancé que les athlètes choisissent de l’utiliser pour cette raison. Cependant, un test sanguin pour l’HGH a été introduit pour la première fois aux Jeux olympiques d’été de 2004 à Athènes, en Grèce. L’hormone de croissance est une molécule de protéine. L’injection est nécessaire pour éviter son métabolisme complet et maintenir son efficacité. L’ingestion orale n’entraîne aucun avantage. De nombreuses actions de l’hormone de croissance sont médiées par le facteur de croissance analogue à l’insuline I (IGF-I), une autre hormone peptidique, qui est produite et sécrétée par le foie en réponse à la stimulation de l’hormone de croissance. Le facteur de croissance analogue à l’insuline I est actuellement synthétisé à l’aide de la technologie de l’ADN recombinant et produira probablement les mêmes effets que l’HGH. ※ EFFETS INDÉSIRABLES L’utilisation de l’HGH présente cependant certains risques potentiels importants pour la santé. Une sécrétion excessive d’hormone de croissance pendant l’enfance provoque le gigantisme, état dans lequel une personne devient anormalement grande. Après la puberté, une fois la croissance linéaire arrêtée, une sécrétion excessive d’hormone de croissance provoque une acromégalie, une maladie défigurante caractérisée par un élargissement des os, de l’arthrite, une hypertrophie des organes et des anomalies métaboliques. Il s’agit d’un risque potentiel pour les athlètes qui utilisent l’HGH comme aide ergogène. De plus, ces effets secondaires peuvent signaler que l’athlète utilise ce médicament. Dans les études cliniques chez les adultes déficients en hormone de croissance, les effets secondaires semblent être minimes, même jusqu’à deux ans de thérapie de remplacement. Cependant, les athlètes qui utilisent l’HGH utilisent généralement des doses qui dépassent de loin les doses communément administrées dans le traitement de remplacement. Ainsi, il ne faut pas considérer l’utilisation de fortes doses d’HGH comme étant sans risque, tout particulièrement pour les sportifs qui pourront connaître des effets indésirables. Les effets secondaires indésirables de l’abus de l’HGH sont le diabète chez les personnes sensibles, une dysfonction cardiovasculaire, des douleurs musculaires, articulaires et osseuses, de l’hypertension, une croissance anormale des organes et une arthrose accélérée. Bien que l’hormone de croissance utilisée comme thérapie de remplacement pour les personnes souffrant d’un déficit en hormone de croissance ou en IGF-I puisse être efficace et avoir des conséquences néfastes minimes, les doses qui sont probablement utilisées par les athlètes peuvent induire un risque significatif d’acromégalie. ÉRYTHROPOÏÉTINE (EPO) L’un des facteurs limitant les performances d’endurance est la capacité de l’athlète à fournir de l’oxygène au muscle squelettique contractant. Au fil des ans, plusieurs méthodes ont été développées pour augmenter la capacité du corps à fournir de l’oxygène. Certaines méthodes comprennent de nouveaux programmes d’entraînement qui peuvent naturellement augmenter les niveaux de globules rouges et d’hémoglobine (entraînement en altitude), tandis que d’autres méthodes impliquent des moyens synthétiques pour élever la capacité de transport d’oxygène du sang (dopage sanguin). Le dopage sanguin augmente la masse des globules rouges et est généralement effectué en utilisant des transfusions sanguines ou en prenant une hormone appelée « érythropoïétine ». Il existe deux formes de dopage sanguin par transfusion sanguine : autologue et homologue. Le dopage sanguin autologue est la transfusion de son propre sang, qui a été conservé (réfrigéré ou congelé) jusqu’à ce qu’il soit utilisé. Le dopage sanguin homologue est la transfusion de sang prélevé sur une autre personne du même groupe sanguin. Depuis la fin des années 1980, le dopage sanguin par transfusion sanguine autologue a pris le pas sur la méthode la plus populaire, l’administration d’érythropoïétine humaine recombinante. L’érythropoïétine (EPO) est produite dans les reins et stimule la production de nouveaux globules rouges. C’est également une hormone protéique qui peut être produite par des techniques d’ADN recombinant qui ont été largement utilisées chez les athlètes. L’utilisation d’érythropoïétine était l’une des méthodes de dopage que Lance Armstrong a admis avoir utilisé au cours de sa carrière de cycliste. Le niveau d’EPO dans le sang augmente en réponse à un exercice d’endurance aérobie chronique. Dans certains types d’anémie, en particulier chez les patients souffrant de reins ayant une production insuffisante d’EPO, l’EPO humaine recombinante peut améliorer la qualité de vie de l’individu. ※ EFFICACITÉ Les injections d’EPO sont généralement associées à des élévations à la fois de l’hématocrite et de l’hémoglobine. Lorsque l’EPO a été administrée à des hommes pendant six semaines de traitement, les taux d’hématocrite sont passés de 44,5 % à 50 %, les concentrations d’hémoglobine ont augmenté de 10 %, la capacité aérobie a augmenté entre 6 et 8 %, et le délai d’épuisement s’est amélioré jusqu’à 17 %. La capacité accrue de transport d’oxygène du sang fait de l’EPO une aide ergogène efficace pour l’athlète d’endurance aérobie. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Bien que l’utilisation de l’EPO sous surveillance médicale offre des avantages thérapeutiques dans le traitement de l’anémie liée à une maladie rénale, sa mauvaise utilisation peut entraîner de graves risques pour la santé des athlètes qui utilisent cette substance simplement pour gagner un avantage concurrentiel. L’augmentation de l’hématocrite résultant de l’injection d’EPO présente un risque sanitaire important. L’augmentation du nombre de globules rouges accroît la viscosité du sang (épaississement du sang). Cela pose plusieurs problèmes, notamment un risque accru de coagulation sanguine, une élévation de la pression artérielle systolique, un accident vasculaire cérébral et une embolie cérébrale ou pulmonaire. Pendant les épreuves d’endurance aérobie, le problème supplémentaire de déshydratation pourrait aggraver les risques cardiovasculaires en éliminant toute marge de sécurité dans l’équilibre entre les avantages de performance d’une augmentation artificielle de l’hématocrite et les diminutions d’une augmentation de la viscosité du sang. La mort d’un certain nombre de cyclistes professionnels est liée à l’administration d’EPO. Le principal risque associé à l’EPO est son manque de prévisibilité par rapport à la perfusion de globules rouges. Une fois l’EPO injectée dans le corps, le stimulus pour la production de globules rouges n’est plus sous contrôle. Par conséquent, les athlètes d’endurance aérobie devraient éviter ce médicament en raison du risque cardiovasculaire important associé à son administration, pouvant entraîner la mort. AGONISTES BÊTA-ADRÉNERGIQUES Les agonistes synthétiques bêta-adrénergiques, ou « bêtaagonistes », sont des substances chimiquement liées à l’épinéphrine, hormone produite dans la médullo-surrénale qui régule les effets physiologiques, tels que la lipolyse (dégradation des graisses) et la thermogenèse (augmentation des dépenses énergétiques entraînant la production de chaleur). Les β-agonistes ont été initialement développés pour le traitement de l’asthme et d’autres maladies potentiellement mortelles. Certains de ces composés se sont avérés avoir des effets spécifiques sur la composition corporelle, tels que l’augmentation de la masse maigre et la diminution des graisses stockées. C’est pour cette raison que ces médicaments sont parfois appelés « agents de partage ». L’un des bêta-agonistes les plus populaires utilisés par les athlètes est le clenbutérol. ※ EFFICACITÉ Le clenbutérol est un bronchodilatateur largement utilisé pour inverser la restriction bronchique dans de nombreuses régions du monde. Les athlètes utilisent le clenbutérol comme aide ergogène pour augmenter le tissu musculaire maigre et réduire la graisse sous-cutanée. Les données sur l’efficacité du clenbutérol ont généralement été fondées non pas sur des athlètes en bonne santé, mais plutôt sur des sujets souffrant d’insuffisance cardiaque, des patients souffrant de troubles musculaires et sur des animaux. Bien que les études chez l’homme soient limitées, plusieurs résultats ont indiqué un potentiel ergogène des bêta-agonistes pour l’amélioration de la force. Les athlètes utilisent généralement le clenbutérol à des doses deux fois supérieures aux quantités recommandées administrées à des fins cliniques, de manière cyclique (trois semaines en alternance avec trois semaines de repos, avec un cycle de deux jours avec et deux jours sans pendant la semaine « active »). On pense que ce régime cyclique évite une régulation négative du bêta-récepteur. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Les athlètes consomment du clenbutérol sous forme de capsules, contrairement à la voie d’inhalation qui est souvent utilisée pour soulager la constriction bronchique. Bien qu’un certain nombre d’effets secondaires potentiels aient été suggérés (tachycardie transitoire, hyperthermie, tremblements, vertiges, palpitations et insomnie), les événements réels documentés sont assez limités. De plus, la rareté des données sur le potentiel ergogène du clenbutérol chez l’homme rend difficile la détermination de son efficacité. BÊTA-BLOQUANTS Les bêta-bloquants sont une classe de médicaments qui bloquent les récepteurs bêta-adrénergiques, empêchant les catécholamines (norépinéphrine et épinéphrine) de se lier. Les bêta-bloquants sont généralement prescrits par les cardiologues pour le traitement d’une grande variété de maladies cardiovasculaires, y compris l’hypertension. L’avantage ergogène de ces médicaments peut résider dans leur capacité à réduire l’anxiété et les tremblements pendant la performance. Ainsi, les athlètes qui dépendent de mouvements stables et contrôlés pendant la performance (archers, tireurs d’élite) semblent tirer avantage de ces médicaments. De plus, les bêtabloquants peuvent améliorer les adaptations physiologiques de l’entraînement à l’endurance aérobie en provoquant une régulation à la hausse des bêta-récepteurs. Si cela est vrai, cela entraînerait une réponse exagérée à la décharge sympathique lors d’un exercice intense à la fin de la supplémentation. ※ EFFICACITÉ Plusieurs études ont montré que les bêta-bloquants peuvent améliorer la précision au tir lent et rapide. De plus, la dose prise semble avoir des effets significatifs sur l’ampleur de l’amélioration. Parmi les tireurs qui ont pris des bêta-bloquants en deux doses différentes (40 et 80 mg d’oxprénolol), le groupe ayant pris la dose la plus élevée a tiré avec une plus grande précision. Dans certains sports, cependant, un certain degré d’anxiété peut être important. Tesch a rapporté que les joueurs de bowling dont les performances ont été améliorées avec l’oxprénolol avaient des fréquences cardiaques significativement plus élevées avant, pendant et après la compétition que les sujets dont les performances ne se sont pas améliorées pendant les bêta-bloquants. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Les bêta-bloquants peuvent également avoir un effet ergolytique (réduire les performances). Des études ont montré que les bêtabloquants altèrent la réponse cardiovasculaire à l’exercice en réduisant la fréquence cardiaque maximale, la consommation d’oxygène et les performances de course sur 10 km. De plus, les bêta-bloquants sont associés à un taux accru d’effort perçu. Les risques associés à ces médicaments comprennent le bronchospasme, l’insuffisance cardiaque, une hypoglycémie prolongée, une bradycardie, un bloc cardiaque et une claudication intermittente. COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES L’industrie des suppléments sportifs dans le monde continue de croître, le marché mondial de la nutrition sportive étant évalué à 20,7 milliards de dollars américains en 2012 et estimé à plus de 37 milliards de dollars américains en 2019. Certaines sociétés de nutrition sportive font des allégations non fondées concernant l’efficacité de leurs produits. Parfois, des entreprises sans scrupule ont sciemment placé dans leurs produits des substances similaires à celles interdites pour améliorer leurs effets. En conséquence, une grande confusion a été semée parmi les athlètes concernant les suppléments appropriés et l’éthique des entreprises. Ce paragraphe décrit les compléments alimentaires couramment utilisés par les athlètes et présente un examen scientifique de leur efficacité. ACIDES AMINÉS ESSENTIELS, ACIDES AMINÉS À CHAÎNE RAMIFIÉE Les acides aminés essentiels (AAE) ne sont pas produits dans le corps et doivent être obtenus par l’alimentation. Les acides aminés essentiels comprennent l’isoleucine, la leucine, la valine, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine et le tryptophane. Des niveaux élevés d’AAE peuvent être trouvés dans un certain nombre de protéines d’origine animale ou sous forme de suppléments vendus en vente libre. La leucine peut également être trouvée dans des plantes telles que les épinards et le brocoli, mais la quantité de leucine y est minime par rapport à celle des sources d’origine animale. ※ EFFICACITÉ Les scientifiques ont pu délimiter certaines catégories d’acides aminés ainsi que des acides aminés individuels et leur rôle dans la stimulation de la synthèse des protéines musculaires. Par exemple, Tipton et ses collègues ont rapporté que les acides aminés non essentiels n’étaient pas nécessaires pour stimuler la synthèse des protéines musculaires. Au contraire, seule la présence d’AAE est nécessaire. Dans cette recherche, six adultes (trois hommes et trois femmes) en bonne santé ont participé à un exercice de résistance (huit séries de huit répétitions à 80 % de 1RM) et ont ensuite consommé 40 g d’acides aminés mixtes (composés à la fois d’acides aminés essentiels et non essentiels), 40 g d’AAE ou un placebo. Bien que les acides aminés mixtes et les AAE aient induit une réponse anabolique qui était significativement plus importante qu’avec le traitement placebo, il n’y avait pas de différence entre les traitements aux acides aminés. Puisqu’il n’y avait aucune différence, il a été conclu que les acides aminés non essentiels ne sont pas nécessaires pour stimuler la synthèse des protéines musculaires. Dans une autre étude, utilisant le même protocole (mais avec seulement 6 g d’AAE et 35 g de sucre), Rasmussen et ses collègues ont démontré une pulsion anabolique – construction de nouveaux tissus musculaires – significativement plus grande avec le supplément d’AAE (lorsqu’il est administré peu de temps après l’exercice de résistance) par rapport au placebo. Par la suite, Tipton et ses collègues ont examiné les effets de la consommation de 6 g d’AAE plus 36 g de sucre, avant ou après l’entraînement en musculation, sur le métabolisme des protéines musculaires. Ils ont rapporté que lorsque les AAE et le sucre étaient consommés trente minutes avant l’entraînement, la réponse anabolique aiguë (trois heures après l’exercice) était 158 % plus élevée que lorsque les AAE et le supplément de sucre étaient consommés après l’entraînement. À la suite de ces résultats significatifs, Tipton, Rasmussen et leurs collègues respectifs ont émis l’hypothèse qu’une personne qui a consommé des AAE avant ou après (ou avant et après) chaque séance d’entraînement de musculation durant une période de quelques semaines éprouverait des changements de masse musculaire plus importants qu’avec l’entraînement seul. Il est important de noter que, bien que les acides aminés non essentiels ne soient pas nécessaires pour stimuler la synthèse des protéines musculaires, cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas importants pour maximiser les adaptations d’entraînement chez l’athlète. Les acides aminés conditionnellement essentiels et non essentiels servent de substrats qui sont incorporés dans les protéines musculaires nouvellement formées, et ils séparent également la conversion de ces acides aminés de celle des acides essentiels , augmentant ainsi efficacement les niveaux d’AAE. Des travaux antérieurs sur des animaux ont en outre identifié que sur les huit AAE, ce sont les acides aminés à chaîne ramifiée (AACR) – isoleucine, leucine et valine – qui sont responsables de l’augmentation de la synthèse des protéines musculaires. Parmi les AACR, il apparaît que la leucine est l’acide aminé clé pour stimuler la synthèse des protéines musculaires via la voie Akt/cible fonctionnelle de la rapamycine (mTOR, pour Mechanistic Target of Rapamycin en anglais) (figure 11.3). Norton et ses collègues ont démontré chez des rongeurs qu’il existe un seuil de leucines pour stimuler la synthèse des protéines musculaires. Sur la base de cette recherche pionnière, de nombreux chercheurs en nutrition croient maintenant que la teneur en leucines dans un apport protéique donné est le facteur limitant en termes de maximisation de la synthèse des protéines musculaires dans la capacité du muscle squelettique, plutôt que simplement la quantité totale de protéines ingérées. Pour soutenir cette théorie de l’importance du contenu d’un repas protéiné, Pasiakos et ses collègues ont rapporté qu’une boisson d’AAE enrichie en leucines entraînait une élévation significative de la synthèse des protéines musculaires par rapport à une boisson d’AAE normale contenant de la leucine. Dans cette étude, des hommes entraînés ont ingéré deux types de boissons d’AAE de 10 g au cours d’un exercice de cyclisme, l’une contenant 3,5 g de leucine (46 mg/kg de masse corporelle) et l’autre contenant 1,87 g de leucine (environ 25 mg/ kg de masse corporelle). Après la séance d’exercice (pendant une période d’évaluation de trois heures), la synthèse des protéines musculaires était 33 % plus élevée dans la boisson d’AAE enrichie en leucines. L’importance de l’apport de la leucine et son rôle dans la réponse anabolique du muscle squelettique après l’entraînement de musculation sont un sujet populaire dans la recherche en nutrition sportive aujourd’hui. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Aucun rapport (ni étude scientifique) connu n’a étudié les effets indésirables de la supplémentation en acides aminés à chaîne ramifiée ou en AAE. La leucine, un acide aminé à chaîne ramifiée, est un régulateur clé pour stimuler la synthèse des protéines musculaires. La leucine active directement la voie Akt/ mTOR dans le muscle squelettique, qui est une voie clé dans la synthèse des protéines du muscle squelettique. ARGININE L’arginine est un acide aminé conditionnellement essentiel, qui joue un rôle crucial dans la nutrition et le métabolisme. L’arginine est nécessaire à la synthèse des protéines et de la créatine, et son métabolisme entraîne la production d’oxyde nitrique. Les effets souvent attribués à la supplémentation en arginine sont sa capacité à élever les niveaux d’oxyde nitrique, à augmenter le flux sanguin musculaire et à améliorer les performances physiques. Chacune de ces affirmations s’adresse aux athlètes ou aux individus physiquement actifs, car ce sont tous des résultats qui seraient bénéfiques pour améliorer les performances sportives ou maximiser les adaptations d’entraînement. Malheureusement, il existe très peu de preuves scientifiques à l’appui de ces allégations concernant la supplémentation en arginine dans les populations dont ces résultats pourraient bénéficier. ※ EFFICACITÉ La supplémentation orale en arginine est le plus souvent commercialisée pour son potentiel à augmenter les niveaux d’oxyde nitrique. L’oxyde nitrique possède de nombreux rôles physiologiques dans le corps humain, mais ses effets sur la vasodilatation (élargissement des vaisseaux sanguins) le rendent particulièrement important pendant l’exercice. Pendant l’exercice, les niveaux d’oxyde nitrique sont naturellement augmentés afin que plus de sang puisse circuler dans les artères et les artérioles dans le but de fournir de l’oxygène et des substrats de carburant aux muscles squelettiques actifs. Bien que l’oxyde nitrique soit essentiel pour la vasodilatation, la grande majorité de la littérature scientifique ne soutient pas l’affirmation selon laquelle la supplémentation orale en arginine augmente la production d’oxyde nitrique à des niveaux supérieurs aux effets de l’exercice seul chez des individus en bonne santé. Contrairement aux personnes en bonne santé, les personnes présentant des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire ou atteintes de diabète peuvent bénéficier d’une augmentation de la production d’oxyde nitrique résultant de la supplémentation orale en arginine. Un résultat naturel de la production d’oxyde nitrique est une augmentation du flux sanguin musculaire. Par conséquent, l’augmentation du flux sanguin musculaire est également une affirmation populaire concernant l’efficacité de l’arginine. Malgré la perception courante parmi les athlètes et les consommateurs de compléments alimentaires que la supplémentation en arginine augmente le flux sanguin musculaire, presque toutes les recherches scientifiques dans ce domaine s’accordent à dire que le flux sanguin musculaire n’est pas augmenté chez les individus en bonne santé après la supplémentation en arginine. Il a également été avancé que la supplémentation orale en arginine améliore les performances lors d’exercices d’endurance. Cependant, dans les recherches sur l’efficacité de l’arginine chez des personnes en bonne santé, il a été signalé que le délai jusqu’à l’épuisement, l’endurance musculaire locale et les performances anaérobies intermittentes n’étaient pas améliorés grâce à la supplémentation. En raison de son incapacité à augmenter la production d’oxyde nitrique, à améliorer la circulation sanguine musculaire ou à améliorer plusieurs modes d’exercice d’endurance, la supplémentation orale en arginine n’est pas recommandée pour les athlètes en bonne santé. ※ EFFETS INDÉSIRABLES La majorité des recherches scientifiques dans lesquelles de l’arginine a été administrée aux participants pour améliorer les performances de l’exercice ont utilisé une dose de 6 g. Bien que cette dose d’arginine n’ait pas été efficace pour améliorer les performances d’endurance, cette quantité était bien tolérée et ne présentait aucun effet secondaire indésirable. La supplémentation orale à des doses allant jusqu’à 13 g est généralement bien tolérée. Les effets indésirables les plus courants à des doses plus élevées (13 à 30 g) comprennent une détresse gastro-intestinale pouvant inclure des nausées, des crampes abdominales et de la diarrhée. En raison de son incapacité à augmenter la production d’oxyde nitrique, à améliorer la circulation sanguine musculaire ou à améliorer les performances des exercices d’endurance, la supplémentation orale en arginine n’est pas recommandée pour les athlètes en bonne santé. BÊTA-HYDROXY-BÊTA-MÉTHYLBUTYRATE Le bêta-hydroxy-bêta-méthylbutyrate (BHM) est un dérivé de la leucine et de son métabolite l’acide alpha-cétoisocaproïque. Les preuves montrent que le BHM stimule la synthèse des protéines et diminue la dégradation des protéines en inhibant la voie ubiquitine/protéasome. En raison du rôle du BHM dans la régulation de la dégradation des protéines, il peut être un complément efficace pour minimiser les pertes de masse musculaire maigre dans les situations qui favorisent un état catabolique. La prise de bêta-hydroxy-bêta-méthylbutyrate n’est actuellement ni interdite ni restreinte par les organisations sportives. ※ EFFICACITÉ La première étude qui a mis en évidence le potentiel anticatabolique du BHM a été menée par Nissen et ses collègues. Dans cette étude, des sujets non entraînés ont ingéré l’un des trois niveaux de BHM (0, 1,5 ou 3 g par jour) et deux niveaux de protéines (117 ou 175 g par jour) et se sont entraînés en musculation trois jours par semaine pendant trois semaines. Pour mesurer la dégradation des protéines myofibrillaires, les niveaux de 3-méthyl-histidine urinaire ont été évalués (des niveaux plus élevés de 3-méthyl-histidine urinaire signifient que davantage de protéines musculaires sont catabolisées ou décomposées). Après la première semaine du protocole d’entraînement en musculation, la 3-méthyl-histidine urinaire a été augmentée de 94 % dans le groupe témoin et de 85 % et 50 % chez les individus ingérant respectivement 1,5 et 3 g de HMB par jour. Au cours de la deuxième semaine de l’étude, les niveaux étaient toujours élevés, de 27 % dans le groupe témoin mais étaient de 4 % et 15 % inférieurs aux niveaux basaux pour les groupes de 1,5 et 3 g de BHM par jour. À la fin de la troisième semaine d’entraînement en résistance, les taux n’étaient plus significativement différents entre les groupes. La recherche dans d’autres environnements inducteurs cataboliques a également démontré l’efficacité de la supplémentation en BHM. Par exemple, lorsque des personnes âgées ont été confinées au repos complet (un état catabolique) pendant dix jours, il a été rapporté que les sujets qui ont ingéré 3 g de BHM par jour ont perdu beaucoup moins de masse maigre (seulement 0,17 kg) par rapport aux sujets qui avaient bénéficié d’un placebo (perte de 2,05 kg). D’autres résultats de recherche sont en accord avec ces observations et ont montré que le BHM exerce un effet anticatabolique et supprime les dommages musculaires. Chez des individus non entraînés qui ont entamé un programme de musculation d’une durée de quatre à huit semaines, il a été démontré que le BHM améliore considérablement la force et la masse maigre par rapport à un placebo. Les dommages musculaires et la douleur qui résultent de l’entraînement en musculation sont plus prévisibles chez ceux qui ont peu d’expérience en entraînement que chez les individus qui ont pratiqué la musculation pendant de plus longues périodes. Étant donné la capacité du BHM à supprimer les dommages musculaires et la dégradation des protéines musculaires, il n’est pas surprenant que le BHM soit efficace pour les personnes qui commencent un nouveau programme d’entraînement. Les effets ergogènes du BHM chez les individus entraînés sont moins concluants. Les études utilisant des athlètes entraînés en résistance ou en compétition n’ont pas pu reproduire les résultats observés dans une population formée à des fins récréatives utilisant des schémas de supplémentation similaires. Cependant, de nombreuses études examinant les effets du BHM sur la force et la masse corporelle maigre chez des individus entraînés étaient de courte durée (moins de cinq semaines) et ne comportaient pas un programme d’entraînement périodique et de haute intensité. Pour que le BHM soit efficace, il peut être essentiel de fournir de nouveaux stimuli aux individus pour induire des dommages musculaires ou stimuler une dégradation élevée des protéines. La recherche suggère que les personnes entraînées ayant reçu pour instruction de ne pas modifier leurs programmes ne bénéficient pas du BHM. Dans une enquête récente, il a été signalé que des hommes hautement entraînés en musculation subissant un programme d’entraînement de résistance périodisé et ingérant du BHM supplémentaire ont réalisé des améliorations significatives de la force totale et de la masse maigre par rapport à un groupe placebo qui a participé à un programme d’entraînement identique. D’autres recherches qui ont fourni un stimulus d’entraînement adéquat chez des individus entraînés ont également signalé une augmentation de la force maximale et de la masse maigre par rapport aux traitements placebo. ※ EFFETS INDÉSIRABLES La durée, la posologie et le moment de la supplémentation en BHM ont considérablement varié dans la littérature scientifique. Dans presque toutes les enquêtes publiées sur la supplémentation en BHM, 3 à 6 g par jour ont été ingérés. Une quantité de trois grammes par jour (souvent divisés en plusieurs doses) est la posologie la plus couramment utilisée dans les études publiées. La majorité des études sur le BHM ont utilisé le sel de calcium du BHM-Ca. Récemment, une autre forme de BHM, l’acide sans BHM, a également été étudiée. La sécurité de la supplémentation en BHM a été largement étudiée et à ce jour, et il existe un consensus sur le fait que le BHM ne présente aucun effet indésirable connu. Le bêta-hydroxy-bêta-méthylbutyrate est plus efficace lorsqu’un stimulus d’entraînement adéquat est fourni. Pour les personnes non entraînées, cela ne nécessite probablement pas un entraînement à haut volume. Pour les personnes entraînées, un programme d’entraînement en musculation à haute intensité et à volume élevé est probablement nécessaire pour que des bénéfices soient réalisés avec la supplémentation en BHM. TAMPONS MUSCULAIRES NUTRITIONNELS Au cours d’un exercice anaérobie de haute intensité, une accumulation significative d’ions hydrogène (H+) est couplée à une réduction du pH dans le muscle squelettique et il a été démontré qu’elle affecte négativement les performances. La capacité de réguler la concentration d’ions H+ dans le muscle squelettique au cours d’un exercice de haute intensité a été appelée « capacité d’amortissement musculaire » (CAM). Il existe une forte relation positive entre la CAM et la performance (capacité de sprint répété, capacité d’exercice à haute intensité, seuil anaérobie et volume d’entraînement). En fait, les chercheurs ont démontré une relation positive entre la performance physique et la CAM chez les athlètes qui participent à des sports comme le basket-ball, le football, le hockey, le cyclisme, l’aviron, le triathlon et le sprint. En théorie, l’amélioration de la CAM par l’entraînement ou des moyens nutritionnels (bêta-alanine, bicarbonate de sodium ou citrate) améliorerait les performances dans les sports et les activités qui pourraient être limitées par l’accumulation de H+. Par conséquent, un bref examen de la bêta-alanine, du bicarbonate de sodium et du citrate de sodium et leurs effets sur la performance physique à haute intensité suivent. ※ BÊTA-ALANINE La bêta-alanine est un acide aminé non essentiel qui est courant dans de nombreux aliments que nous mangeons, comme le poulet. En soi, la bêta-alanine a des propriétés ergogènes limitées. Cependant, dans les cellules musculaires, c’est le substrat limitant la vitesse de synthèse de la carnosine. Harris et ses collègues ont rapporté que quatre semaines de supplémentation en bêta-alanine (4 à 6 g/ jour) ont entraîné une augmentation moyenne de 64 % des concentrations de bêtaalanine dans les muscles squelettiques. Chez l’homme, la carnosine se trouve principalement dans les muscles squelettiques à contraction rapide (type II) et on estime qu’elle contribue jusqu’à 40 % de la CAM squelettique de H+ produit au cours d’un exercice anaérobie intense, encourageant ainsi une baisse du pH. Théoriquement, l’augmentation des niveaux de carnosine des muscles squelettiques – grâce à un entraînement chronique ou à une supplémentation en bêta-alanine (ou les deux) – améliorerait la CAM et très probablement les performances anaérobies. Fait intéressant, les concentrations de carnosine chez les athlètes tels que les sprinters et les culturistes semblent être considérablement plus élevées que celles des marathoniens, des personnes non entraînées et des personnes âgées. Suzuki et ses collègues ont examiné la relation entre les niveaux de carnosine des muscles squelettiques et les performances physiques à haute intensité chez des cyclistes entraînés. Les auteurs ont signalé une relation significative et positive entre la concentration de carnosine et la puissance moyenne dans un sprint maximal de trente secondes sur un vélo ergomètre. Cette constatation a soutenu la théorie selon laquelle les niveaux de carnosine des muscles squelettiques ont une corrélation positive avec la performance anaérobie en raison de la relation entre la carnosine et la CAM. ▷ EFFICACITÉ La bêta-alanine a été étudiée pour ses effets sur la force, la puissance aérobie et les exercices à court terme de haute intensité entrecoupés de courts intervalles de récupération. Contrairement à la créatine, la bêta-alanine ne semble pas améliorer la force maximale. De même, la puissance aérobie ne semble pas être améliorée avec la supplémentation en bêtaalanine. Même si la puissance aérobie n’est pas améliorée, les données à l’appui indiquent que le seuil anaérobie est amélioré avec la supplémentation en bêta-alanine. En pratique, l’amélioration du seuil anaérobie (tel que mesuré par les seuils de lactate et ventilatoire) signifie que les activités d’endurance peuvent être effectuées à des intensités relativement plus élevées pendant des périodes plus longues. Hill et ses collègues ont examiné l’effet de la supplémentation en bêtaalanine sur les niveaux de carnosine musculaire et la performance physique chez des sujets non entraînés. Dans une étude en double aveugle, vingt-cinq sujets de sexe masculin (19-31 ans) ont reçu 4,0 g de bêta-alanine ou un placebo de sucre pendant la première semaine, puis jusqu’à 6,4 g pendant neuf semaines supplémentaires. Les niveaux de carnosine musculaire (via la biopsie musculaire) et le travail total effectué (en kilojoules) ont été mesurés aux semaines 0, 4 et 10 pendant le cycle jusqu’à l’épuisement à la puissance maximale établie à partir d’un test ergométrique de cycle d’exercice gradué. Les niveaux moyens de carnosine ont augmenté de 58 % à la semaine 4 et de 15 % supplémentaires à la semaine 10. De plus, des augmentations de 13 et 16 % du travail total effectué pendant l’ergométrie du cycle ont respectivement été observées aux semaines 4 et 10. Dans une revue complète résumant les effets de la supplémentation en bêta-alanine sur les performances à haute intensité, Artioli et ses collègues ont déclaré que l’ingestion de bêta-alanine est capable d’améliorer les performances lors d’exercices entraînant un environnement acidotique intramusculaire extrême, tel que plusieurs séances d’exercices de haute intensité d’une durée de plus de soixante secondes, ainsi que des séances individuelles entreprises lorsque la fatigue est déjà présente. Il est peu probable que les exercices de haute intensité effectués avec un niveau d’acidose plus faible bénéficient d’une supplémentation en bêta-alanine. ▷ EFFETS INDÉSIRABLES Dans les études publiées, l’ingestion de bêta-alanine a varié de 2,4 à 6,4 g par jour. Dans de nombreux essais sur la bêtaalanine, la quantité quotidienne totale d’ingestion de bêtaalanine a été divisée en deux à quatre doses plus petites. La raison des stratégies de dosage plus petites est de prévenir le seul effet indésirable signalé de la supplémentation en bêtaalanine, qui est le symptôme de la paresthésie (picotements, piqûres ou engourdissement de la peau). Les symptômes de la paresthésie sont déclenchés par une dose unique élevée et aiguë et disparaissent environ une heure après l’ingestion. ※ BICARBONATE DE SODIUM Le bicarbonate de sodium est un antiacide (agent alcalinisant), ce qui signifie qu’il contrebalance ou neutralise l’acide (pH bas). Le bicarbonate de sodium est naturellement formé dans le corps et se trouve également dans le bicarbonate de soude. Il a été démontré qu’une supplémentation en bicarbonate de sodium augmente le pH du sang. Une différence de pH est créée entre l’intérieur et l’extérieur des cellules musculaires, ce qui provoque un mouvement accéléré des ions H+ hors du muscle contractant, aidant à réguler le pH intramusculaire. Il a été démontré que la supplémentation en bicarbonate de sodium améliore la capacité d’amortissement musculaire (CAM) et, à son tour, les performances d’exercice à haute intensité. ▷ EFFICACITÉ La plupart des recherches sur l’efficacité du bicarbonate de sodium pour améliorer les performances sportives se sont concentrées sur de courtes périodes d’exercice de haute intensité, d’une durée allant de soixante secondes à six minutes. Mc Naughton et ses collègues, ainsi que Coombes et Mc Naughton ont démontré une amélioration de la capacité totale de travail, de la puissance de pointe, du couple de pointe et de force de la supplémentation aiguë en bicarbonate de sodium chez les hommes et les femmes. Récemment, Hobson et ses collègues ont examiné les effets de l’ingestion de bicarbonate de sodium au cours d’un contre-la-montre de 2000 m sur un ergomètre (aviron) chez des rameurs masculins expérimentés. Les rameurs ont pris des compléments avant l’exercice contenant 0,3 g/kg de masse corporelle de bicarbonate de sodium ou un placebo. Le temps nécessaire pour terminer les 2000 m et le temps pris pour chaque tranche de 500 m ont été enregistrés. Bien qu’il n’y ait eu aucune différence significative dans le contre-la-montre global de 2000 m, le bicarbonate de sodium a entraîné des améliorations significatives dans les troisième et dernier intervalles de 500 m. Certaines investigations, mais pas toutes, ont rapporté des améliorations similaires dans l’exercice à haute intensité après une supplémentation en bicarbonate de sodium de masse corporelle de 0,3 g/kg. Le moment de l’ingestion de bicarbonate de sodium utilisé dans de nombreuses recherches scientifiques est généralement de soixante à quatre-vingt-dix minutes avant la fin de l’exercice. ▷ EFFETS INDÉSIRABLES Il semble qu’une dose de 0,3 g/kg de masse corporelle (136 mg/livre de masse corporelle) de bicarbonate de sodium ingérée environ soixante à quatre-vingt-dix minutes avant l’activité améliore la performance d’exercice de courte durée et de haute intensité. Des doses supérieures à cette quantité ont été associées à des effets secondaires désagréables, tels que diarrhées, des crampes, des nausées et des vomissements. Il a été démontré qu’une dose plus tolérable (0,2 g/kg de poids de corps) réduit ces effets secondaires. Cependant, la recherche a révélé que cette dose n’améliore pas la performance physique. Il semble qu’une dose minimale de bicarbonate de sodium de 0,3 g/kg de masse corporelle, soixante à quatre-vingt-dix minutes avant l’exercice, soit nécessaire pour améliorer les performances. En raison de la gravité des effets secondaires (qui peuvent être ressentis par certains athlètes même lorsqu’ils ingèrent 0,3 g/ kg de masse corporelle), de nombreux scientifiques du sport recommandent aux athlètes d’essayer une supplémentation en bicarbonate de sodium pendant la pratique avant de l’utiliser comme aide de pré-compétition. ※ CITRATE DE SODIUM Bien que le citrate de sodium ne soit pas réellement une base, il peut augmenter le pH sanguin sans la détresse gastrointestinale que l’on observe couramment avec la supplémentation en bicarbonate de sodium. On pense qu’une fois dans le sang, le citrate de sodium se décompose en bicarbonate, augmentant ainsi le pH extracellulaire. En conséquence, le citrate de sodium aiderait à réguler le pH intramusculaire pendant l’exercice à haute intensité par le même mécanisme que le bicarbonate de sodium. ▷ EFFICACITÉ Les données sont équivoques en termes d’efficacité du potentiel ergogène du citrate de sodium lors d’exercices de courte durée et de haute intensité, certaines enquêtes ne rapportant aucun bénéfice et d’autres ayant observé un effet ergogène. Par exemple, une dose de 200 mg par livre de poids de corps (0,44 g par kilogramme) administrée soixante à quatre-vingt-dix minutes avant l’exercice a entraîné une amélioration significative (environ 20 % supérieure) de l’endurance musculaire des jambes lors des extensions isométriques maximales du genou. Plus de recherches sont cependant nécessaires avant que le citrate de sodium ne puisse être recommandé avant un entraînement ou une compétition pour l’amélioration des performances. ▷ EFFETS INDÉSIRABLES Le citrate de sodium peut avoir des liens étroits avec la CAM et a été utilisé sans l’inconfort gastro-intestinal typique habituellement associé à l’ingestion de bicarbonate de sodium. Même s’il apparaît que les effets néfastes de la supplémentation en citrate de sodium sont inférieurs à ceux du bicarbonate de sodium, l’ingestion de 0,4 à 0,6 g/kg de masse corporelle de citrate de sodium peut provoquer une détresse gastrointestinale. La réponse gastro-intestinale semble varier selon les individus, et les athlètes doivent donc tester individuellement la supplémentation en citrate de sodium avant de l’utiliser en compétition. ※ L-CARNITINE La L-carnitine est synthétisée à partir des acides aminés lysine et méthionine et est responsable du transport des acides gras du cytosol vers les mitochondries pour être oxydé en énergie. Le rôle de la carnitine dans l’oxydation des lipides a suscité un intérêt pour son efficacité en tant que complément alimentaire, principalement pour améliorer les performances physiques en augmentant l’utilisation des graisses et en épargnant le glycol musculaire. Cependant, les études examinant le rôle de la Lcarnitine en tant qu’aide ergogène pour augmenter l’oxydation des lipides n’ont pas montré d’efficacité claire dans les modèles humains ou chez le rat. Bien que Bacurau et ses collègues aient montré une oxydation accrue des acides gras après trois semaines de supplémentation en L-carnitine, ce qui a été attribué à une plus grande teneur en carnitine dans le muscle, la plupart des études n’ont pas pu démontrer des niveaux élevés de carnitine musculaire après la supplémentation. Cela peut être lié aux limites de la quantité de carnitine qui peut être absorbée par une supplémentation orale, ou potentiellement liée aux limites de la quantité de graisse qui peut être transportée dans les mitochondries à travers le système de carnitine en raison de régulateurs de rétroaction dans le muscle, comme le malonyl-coenzyme A, qui est un produit du métabolisme. ※ EFFICACITÉ Fait intéressant, plusieurs études ont suggéré que la L-carnitine pourrait améliorer la récupération après l’exercice. Des diminutions de la douleur, des dommages musculaires et des marqueurs du stress métabolique, et une récupération améliorée ont également été démontrées après un exercice de résistance de haute intensité chez des individus non entraînés ou entraînés en loisirs qui ont pris de la L-carnitine. Les mécanismes qui ont été proposés impliquent l’amélioration de la régulation du débit sanguin grâce à un effet vasodilatateur amélioré qui réduit l’ampleur de l’hypoxie induite par l’exercice. De plus, Kraemer et ses collègues ont indiqué que la supplémentation en L-carnitine (2 g/jour pendant trois semaines) régule positivement les récepteurs aux androgènes et augmente les protéines de liaison à l’IGF qui préservent les concentrations d’IGF-I. Ces adaptations endocriniennes du supplément peuvent avoir un rôle important dans la récupération améliorée observée après un exercice de haute intensité. ※ EFFETS INDÉSIRABLES Jusqu’à 3 g de supplémentation quotidienne en L-carnitine (pendant trois semaines) semblent être bien tolérés chez des volontaires sains, sans incident indésirable subjectif, hématologique ou métabolique rapportés. Pourtant, comme pour la plupart des suppléments, ces informations ne doivent pas être extrapolées pour suggérer l’innocuité d’une plus grande dose ou d’une utilisation pendant des périodes de supplémentation prolongées. CRÉATINE La créatine est un composé organique azoté qui est naturellement synthétisé dans le corps, principalement dans le foie, et qui contribue à fournir de l’énergie à toutes les cellules du corps. Il peut également être synthétisé en plus petites quantités dans les reins et le pancréas. Les acides aminés arginine, glycine et méthionine sont les précurseurs de la synthèse de créatine dans ces organes. La créatine peut également être obtenue auprès de sources alimentaires. On la trouve en abondance relative dans la viande et le poisson. Environ 98 % de la créatine est stockée dans le muscle squelettique sous sa forme libre (40 %) ou sous sa forme phosphorylée (60 %). De plus petites quantités de créatine sont également stockées dans le cœur, le cerveau et les testicules. La créatine est transportée de son site de synthèse vers le muscle squelettique via la circulation. ※ IMPORTANCE DE LA CRÉATINE POUR L’EXERCICE La créatine, sous forme de créatine phosphate (CP, également appelée « phosphocréatine », PCr), a un rôle essentiel dans le métabolisme énergétique en tant que substrat pour la formation d’adénosine triphosphate (ATP) en rephosphorylant l’adénosine diphosphate (ADP), en particulier pendant un exercice de courte durée et de haute intensité. La capacité de rephosphoryler rapidement l’ADP dépend de l’enzyme créatine kinase et de la disponibilité de créatine phosphate (CP) dans le muscle. À mesure que les réserves de CP s’épuisent, la capacité d’effectuer des exercices de haute intensité diminue. Dans les sprints de courte durée (100 m), l’énergie pour alimenter l’activité est principalement dérivée de l’hydrolyse de la CP. Cependant, à mesure que la durée de l’exercice à haute intensité augmente, la capacité de la CP à servir de source d’énergie est considérablement réduite. L’épuisement de la PC musculaire pendant l’exercice à haute intensité est le principal mécanisme conduisant à la fatigue dans de tels événements. Au cours d’un exercice maximal de six secondes, les niveaux de CP dans le muscle sont réduits de 35 à 57 % par rapport aux niveaux de repos. Plus la durée de l’exercice à haute intensité se rapproche de trente secondes, plus les niveaux de PC dans le muscle sont encore réduits, d’environ 64 % à 80 % par rapport aux niveaux de repos. Et lors d’épisodes d’exercices répétés de haute intensité, les niveaux de CP dans le muscle sont presque complètement épuisés. À mesure que les concentrations musculaires de CP diminuent, la capacité d’effectuer un exercice maximal diminue. Hirvonen et ses collègues ont démontré que les temps de sprint étaient plus lents car les concentrations de CP étaient réduites. Il va de soi que si les concentrations musculaires de CP pouvaient être maintenues, la capacité à soutenir un exercice de haute intensité serait améliorée. C’est la base de la supplémentation en créatine chez les athlètes. ※ SUPPLÉMENTATION EN CRÉATINE Les rapports suggèrent que 37,2 % des athlètes universitaires utilisent ou ont utilisé de la créatine pendant leur préparation à la compétition. Cependant, la prévalence de son utilisation chez les athlètes de force/puissance peut approcher plus de 80 % dans certains sports. L’utilisation de créatine a également gagné en popularité parmi les athlètes du secondaire, où 90 % des athlètes ont recours à un supplément utilisent la créatine. En raison de leur utilisation généralisée, les suppléments de créatine sont l’aide ergogène la plus étudiée de l’histoire récente. La supplémentation en créatin