ACTUALITÉS Pratique avancée infir Issue d’un long processus de concertation, précédée de peurs et de blocages de la part du corps médical, les textes sur la pratique avancée infirmière sont enfin parus. Son déploiement en psychiatrie et en santé mentale a été confirmé pour 2019 par Agnès Buzyn, ministre de la Santé. La discipline des sciences infirmières (1), qui a pour objet la santé des personnes dans leur environnement, est aujourd’hui assez peu visible dans le champ académique français. Pourtant, même si elle se fait souvent l’héritière de visions anglo-saxonnes, elle a su développer ses propres concepts, normes et valeurs. Cette production de savoirs tend aujourd’hui à se développer mais reste encore insuffisante. Deux projets récemment mis en place par le ministère de la Santé promettent des évolutions. Le premier, celui de l’universitarisation des professions de santé et de maïeutique (2), vise une réelle inclusion des sciences infirmières dans un cursus universitaire. Le second, celui de la pratique avancée infirmière (PAI) va permettre à certains soignants possédant une expertise reconnue et un niveau élevé de certification, d’exercer une pratique de pointe dans le champ clinique et d’utiliser de nouvelles compétences auparavant réservées aux médecins. C’est ce dernier projet que nous présentons dans cet article. EN FRANCE ET DANS LE MONDE Cette pratique avancée infirmière (PAI) progresse depuis plus d’une soixantaine d’années dans de nombreux pays. Aujourd’hui, elle est effective, ou en passe Jérôme MORISSET Infirmier, titulaire du DU de pratique avancée en psychiatrie et santé mentale de Paris-Diderot, EPSM Georges Mazurelle, La Roche-sur-Yon. 2 SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | de l’être, dans 12 pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et a déjà prouvé sa pertinence en Amérique du Nord ou en Grande-Bretagne par exemple (3) (4) (5) (6). Le Conseil international infirmier (CII)* a donc été amené à développer un réseau spécifique à la PAI, à proposer des recommandations de formation, de régulation et à valider la définition suivante : « Une infirmière qui exerce en pratique avancée est une infirmière diplômée qui a acquis des connaissances théoriques, le savoir-faire nécessaire aux prises de décisions complexes, de même que les compétences cliniques indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer » (7). En France, le projet de PAI se construit depuis 2002. Le rapport du professeur Y. Berland (8) sur la coopération des professions de santé proposait déjà la création de nouveau métiers de soins, comme celui d’infirmière clinicienne spécialisée et relevait que « des professions de santé assument des activités qui auraient justifié la seule intervention des médecins il y a 20 ou 30 ans mais, les compétences évoluant, ne la nécessitent plus actuellement ». L’objectif était de répondre à l’évolution de la démographie médicale et soutenait l’idée « de redéfinir les missions des médecins avec le souci qu’ils soient utilisés de manière optimale à leur juste niveau de formation ». Autre point important introduit par ce rapport, des expérimentations concrètes pour évaluer la faisabilité et l’efficience AOÛT 2018 de ce système de coopération ont été conduites, par exemple en oncologie, dialyse ou médecine générale. Par la suite, dans le cadre de l’article 51 de la Loi hôpital, patients, santé et territoires de 2009 (9), est apparue la possibilité de créer des protocoles de coopération entre professionnels de santé sous-tendus par un cadre légal pour la délégation d’actes. Malgré une réelle complexité de mise en œuvre, en 2014, 25 protocoles ont été acceptés, concernant jusqu’à 2000 professionnels en 2014 (10). Notons que le protocole « Action de santé libérale en équipe » (Asalee), concernant la prise en charge de maladies chroniques en cabinets infirmiers libéraux, a concentré à lui seul presque 500 professionnels. Relevons toutefois qu’aucun protocole expérimental n’a été validé à ce jour en psychiatrie. Parallèlement, deux formations « expérimentales » de niveau master ont vu le jour depuis 2009, l’un à l’université Aix-Marseille et l’autre à St Quentin-en-Yvelines, centrés sur les sciences cliniques et orientées pratique avancée, avec plusieurs spécialisations possibles : les parcours de soins complexes, la cancérologie, la psychiatrie. À ce jour, presque 300 étudiants ont été diplômés et déploient leurs compétences sur des postes de praticien avancé, de coordinateur, de formateur et/ou de recherche en soins. Malheureusement, par manque de reconnaissance statutaire, le réinvestissement sur le terrain est parfois difficile, perfectible, voire personne ou service dépendant. Il a fallu attendre 2016 et la Loi de modernisation du système de santé pour enfin voir défini, dans l’article 119 (11), le statut d’infirmier de pratique avancée ACTUALITÉS © Caroline Veith mière : c’est parti ! SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | AOÛT 2018 3 © Caroline Veith ACTUALITÉS 4 SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | AOÛT 2018 ACTUALITÉS (IPA) en France. Puis patienter encore, malgré l’engagement de réflexions fort ambitieuses (12). Mais ce n’est que depuis l’année dernière que les travaux ont repris et fini par déboucher, en juillet 2018, sur la publication des textes (13) définissant les champs de pratiques et de compétences des IPA, ainsi que le niveau de formation universitaire. UNE AVANCÉE SEMÉE D’EMBÛCHES… Comme dans la majorité des pays où la PAI a été mise en place, les réticences, les peurs, les freins, les incompréhensions ont marqué la construction de ce projet en France. Il a été orchestré par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) en concertation avec l’ordre des médecins, l’ordre national des infirmiers et des infirmiers titulaires de master notamment. Les projets de décrets ont par la suite été présentés aux représentants syndicaux pour entrer dans une phase de discussions où les différences d’approche et de vision se sont exprimées (14). La négociation a finalement donné naissance à un statut d’IPA formé et compétent en science infirmière mais restreint dans les possibilités de délégations d’actes. La PAI se limite aujourd’hui à trois domaines d’interventions : les pathologies chroniques stabilisées (prévention et polypathologies courantes en soins primaires), l’oncologie et hémato-oncologie, la maladie rénale chronique, dialyse et transplantation rénale. Le champ de la psychiatrie et la santé mentale, qui en faisait initialement partie, a été « mis de côté », temporairement, car la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a précisé dans sa feuille de route « Santé mentale et psychiatrie » de juin 2018, qu’une de ces actions était de « former des IPA dans le champ de la santé mentale et psychiatrie pour un exercice tant en établissement de santé et établissement et services médico-sociaux (ESMS) qu’en libéral » (15). Dont acte ! Le choix de proposer la PA en soins de premier recours, c’est-à-dire que l’IPA puisse être le premier interlocuteur à l’entrée dans un parcours de soins, a tout simplement été écarté. Comme défini par le CII, « les caractéristiques (de la PA) sont déterminées par le contexte dans lequel l’infirmière sera autorisée à exercer ». Interviennent donc la culture et les spécificités du système de santé ainsi que les projets nationaux de santé publique. En France, l’exercice de la PAI ne peut se faire qu’au sein d’une équipe de soins primaires, d’un établissement de santé ou médico-social, et doit être coordonné par un médecin. Un protocole d’organisation précisant les règles de collaboration doit être établi et contenir les modalités de prise en charge des patients, la régularité des échanges d’informations (notamment dans le cadre des réunions de concertation pluridisciplinaire), les conditions de retour du patient vers le médecin et la conduite à tenir en cas d’alerte. Si cet encadrement de la PAI permet au médecin de maintenir un regard sur la prise en charge des patients, l’IPA bénéficie d’une autonomie plus importante qu’un infirmier diplômé d’état et assume pleinement la responsabilité de ses actes. Un diplôme d’infirmier diplôme d’état en pratique avancée (IDEPA) a donc été également créé (13). Fait notoire, Agnès Buzyn précise dans un communiqué du 19 juillet 2018 (16) que « cette nouvelle pratique et ces nouvelles compétences bénéficieront d’une reconnaissance en termes de statut et de rémunération, aussi bien dans le cadre de la fonction publique hospitalière qu’au sein des équipes de soins primaires. » LES COMPÉTENCES DE L’IPA Les nouvelles compétences de l’IPA s’articulent autour de six axes, en adéquation avec le modèle conceptuel d’Ann Hameric (17). Ces compétences pourront bien sûr s’exercer dans le champ de la délégation d’actes médicaux : – la conduite d’un entretien avec le patient (le terme de consultation n’a pas été retenu afin de ne pas faire d’amalgame avec la consultation médicale) ; – la réalisation d’une anamnèse de la situation ; – l’examen clinique. L’IPA est habilité à : – observer, recueillir et interpréter des données dans le cadre du suivi d’un patient : interprétation des signes et des symptômes des pathologies, interprétation des examens paracliniques, suivi de l’observance des traitements, identification des effets secondaires de ces traitements, repérage des situations d’urgences, orientation médicale, médico-sociale ou sociale, formulation de conclusions cliniques ; – prescrire, renouveler et adapter des prescriptions et réaliser des actes techniques : renouvellement des prescriptions médicales en cours et adaptation de la posologie, prescription d’examens complémentaires (examens biologiques, orientation vers un professionnel de santé), renseignement de dossiers ou contribution à l’établissement de formulaires ouvrant droit à des prestations sociales ou médico-sociales, réalisation d’actes techniques adaptés à la pathologie ; – concevoir, mettre en œuvre et évaluer des actions de prévention et d’éducation thérapeutique : établissement d’un bilan éducatif partagé avec le patient et son entourage incluant les objectifs à atteindre, conception et réalisation d’actions de prévention primaire et d’éducation thérapeutique, recherche des ressources, réseaux et structures, nécessaires à la mise en œuvre des actions de prévention et d’éducation thérapeutique du patient, conception et réalisation d’actions d’éducation à la santé, réalisation d’actions dans le cadre de projets territoriaux de santé… ; – participer à l’organisation du parcours de soins et de santé du patient : organisation du parcours de soins et de santé, élaboration, suivi et évaluation du plan personnalisé de santé en collaboration avec le médecin Quelques idées fausses… – L’IPA est un « petit médecin » : non ! Même s’il reçoit la délégation de certaines activités médicales, une grande partie de ses missions sont différentes et ses compétences sont basées sur le socle d’une expertise infirmière. – L’IPA est un « super infirmier » : non plus ! Comme les infirmiers anesthésistes ou de bloc opératoire, l’IPA a acquis de nouvelles compétences et exerce des missions différentes mais complémentaires. Aucun rapport hiérarchique n’est effectif entre l’IDE et l’IPA. – L’IPA n’est pas suffisamment compétent pour effectuer le renouvellement de produits médicamenteux ou d’examens paracliniques : faux et cela a été largement démontré notamment au Canada ou aux États-Unis (5). Il est formé pour cela et ces outils lui sont nécessaires pour le suivi du parcours de soins du patient. – L’IPA est un assistant, un super secrétaire du médecin : non, il a son propre champ de compétences et d’activités, il n’a par exemple pas vocation à renouveler les ordonnances lorsque le médecin est débordé ou à gérer la partie administrative du dossier. – La mise en place de la PAI va créer une médecine à deux vitesses (certains patients restant suivis par le médecin et d’autres par l’infirmier) : faux, elle va au contraire améliorer l’accès aux soins grâce à la libération de temps médical et permettre aux personnes atteintes de pathologies chroniques d’avoir un suivi plus régulier et plus complet (regard médical et infirmier sur le même temps). SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | AOÛT 2018 5 ACTUALITÉS traitant, les médecins spécialistes, les partenaires sociaux… Pour autant, même si l’axe clinique de la PA est primordial, il ne représente qu’une partie de son champ de compétences. En effet, l’IPA aura également un rôle de premier plan dans le domaine de la science infirmière où il sera amené à : – Mettre en œuvre des actions d’évaluation et d’amélioration des pratiques professionnelles : promotion, rédaction et mise en œuvre de pratiques professionnelles fondées sur les données probantes existantes, contribution à la rédaction et à la communication de rapports auprès des établissements et des autorités, organisation et animation de travaux relatifs à l’analyse et l’évaluation de pratiques professionnelles, élaboration d’actions de formation et de développement professionnel continu, accompagnement des équipes dans une démarche qualité, formation des pairs, promotion et création des liens avec les familles et les patients experts. – Contribuer à des études et des travaux de recherche : participation à des études et des travaux de recherche dans le champ de la santé publique, des soins, de la PA et de l’évaluation des pratiques professionnelles (gageons ici qu’un IPA pourra mener une recherche en tant que porteur de projet et investigateur principal), publication d’articles et de communications à visée professionnelle et scientifique. Notons que ces activités sont déjà exercées par un nombre non négligeable d’infirmiers, mais l’IPA pourra avoir un rôle fédérateur et créer une impulsion supplémentaire. Ces missions s’inscrivent dans une dimension collaborative et interprofessionnelle. Deux des enjeux majeurs de l’IPA seront donc sa capacité à connaître et à communiquer avec les réseaux qui s’articulent autour du patient ainsi que le développement d’un leadership auprès de ses pairs. EN PSYCHIATRIE Comme nous l’avons évoqué, la psychiatrie a été pour l’instant mise de côté comme champ de pratique des IPA, le rythme et la méthode de consultation des différents acteurs n’ayant pas permis d’obtenir un consensus suffisant pour sa construction. Ce qui devrait être le cas dès 2019… Pourtant, dans notre discipline, les pathologies rencontrées sont bien souvent chroniques et la pénurie de psychiatres, en secteur public et privé, se révèle de plus en plus criante et problématique sur le terrain (18). Par ailleurs, la formation actuelle des infirmiers apparaît insuffisante et le constat est aujourd’hui partagé que « l’exercice infirmier en psychiatrie relève au minimum d’une spécialisation, voire d’un véritable référentiel de pratique avancée » (19). D’ores et déjà, il est possible d’identifier plusieurs missions de l’IPA en santé mentale et en psychiatrie : – Le suivi des patients stabilisés en ambulatoire : délégation médicale d’activité de prescription (renouvellement et adaptation), évaluation clinique, prescription et évaluation d’examens paracliniques. Ce point apportant une réponse, certes partielle mais non négligeable, à l’évolution démographique des psychiatres, en favorisant également les soins en extra-hospitalier. – La coordination du parcours patient et de son réseau de ressources : lien entre soins extra-hospitaliers/hôpital, acteur de soins privés/psychiatrie publique, entourage/ équipe de soins. Cela pour permettre aux patients d’être mieux accompagnés dans leur parcours de soins et de vie, de maintenir les liens avec les éléments ressources, de limiter le recours à l’hospitalisation. – L’évaluation des besoins de formation initiale et continue ainsi que leur conception et leur mise en œuvre, en lien avec les À lire. La pratique infirmière avancée Vers un consensus au sein de la francophonie Avec cette publication, le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (Sidiief) entend soutenir le développement de pratique avancée infirmière au sein de l’espace francophone. Grâce à une méthode d’analyse de type « examen de la portée des connaissances », à une validation par des experts internationaux et à des points de vue éclairés par la pratique, ce travail organise l’information sur la pratique infirmière avancée de manière narrative autour d’un cadre analytique pour répondre le mieux possible aux questions suivantes : quelles sont les définitions les plus fréquemment utilisées pour décrire la pratique infirmière avancée ? Quels sont les critères et compétences les plus fréquemment cités ? Quels effets sont le plus fréquemment associés à la pratique infirmière avancée ? Quels éléments sont les plus fréquemment énoncés en tant que facteurs facilitants ou contraignant le développement, l’implantation ou la pérennité de la pratique infirmière avancée ? • Étude réalisée par Diane Morin pour le Sidiief, 2018. 6 SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | AOÛT 2018 instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), les universités, les organismes de formation et les directions de soins. Le but principal ici est de faire évoluer les connaissances et le niveau de compétence des équipes infirmières. – Le leadership clinique auprès des équipes de soins : en développant la pratique fondée sur les données probantes, l’analyse des pratiques professionnelles, la réflexion éthique. – Permettre l’évolution des pratiques de terrain en lien avec les besoins et les droits des personnes soignées : accompagnement des équipes pour un moindre recours à l’isolement et la contention mécanique, déploiement d’actions de prévention primaire et secondaire, d’activités d’éducation thérapeutique, de réhabilitation psychosociale, case management, par exemple. – Mener et participer à des projets de recherche. Développement de travaux et d’une culture de la recherche. Dynamique aujourd’hui, la recherche reste insuffisamment développée en psychiatrie (20). – Mener une démarche de gestion des risques et de la qualité en coopération notamment avec les équipes d’encadrement. Nous l’avons souligné également, être un acteur de soins de premier recours ne fait pas partie des missions et du cadre légal de la pratique de l’IPA. Cependant, les infirmiers exerçant en centre médico-psychologique assument bien souvent ce rôle de premier accueil, d’orientation et de recueil de données cliniques. Il faudra donc étudier ce point dans ce champ précis. Plusieurs acteurs importants se disent prêts à y travailler (21) et Cécile Courrèges, directrice de la DGOS, s’est exprimée de manière très positive sur ce point : « C’est un sujet auquel nous tenons vraiment. La psychiatrie et la santé mentale sont des sujets sur lesquels les IPA ont le plus de sens, nous souhaitons promouvoir cela. » LA FORMATION Dès la rentrée de septembre 2018, les étudiants seront accueillis dans une dizaine d’universités accréditées. Il s’agit de deux années en alternance, donnant accès au diplôme d’IDEPA avec un niveau de grade master (bac +5). L’inscription est possible dès l’obtention du diplôme d’état infirmier mais trois années d’expérience en tant qu’infirmier sont nécessaires pour exercer. Les modalités d’admission restent spécifiques à chaque université mais il semble préférable d’être inscrit dans un parcours professionnel cohérent et/ou un ACTUALITÉS projet d’établissement. Durant ces deux années, l’étudiant validera 120 crédits européens au travers d’une dizaine d’unités d’enseignement et de deux stages. Ces derniers sont de deux mois minimum lors de la première année et de quatre mois minimum la seconde. Notons que les deux premiers trimestres d’enseignement forment un tronc commun pour tous les étudiants et que la spécialisation n’intervient que lors du troisième trimestre. Cette formation est donc proposée dans le cadre d’un processus Licence-Master-Doctorat, ce dernier niveau ayant été suggéré dans le rapport de Stéphane Le Bouler (22). 1– Lecordier D, Cartron E, Jovic L. Les sciences infir- 13– 4 textes parus au Journal officiel du 19 juillet 2018 mières : une clarification s’impose. Rech Soins Infirm. réglementent les différents aspects de cette nouvelle fonction 2016 ;(127):6/7. d’infirmier exerçant en pratique avancée : Décret n° 2018- 2– Voir dossier de presse L’Universitarisation des formations 629 du 18 juillet 2018 relatif à l’exercice infirmier en en santé [Internet]. [cité 24 avr 2018]. Disponible sur : pratique avancée ; Décret n° 2018-633 du 18 juillet 2018 http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/ relatif au diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée ; Actus/55/8/DP L’UNIVERSITARISATION DES FORMATIONS Arrêté du 18 juillet 2018 relatif au régime des études en vue EN SANTE 912558.pdf du diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée ; Arrêté 3– Steinwachs et al. - Advanced Practice Nurse Outcomes du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice 1990-2008 A Syst.pdf [Internet]. [cité 20 juin 2018]. infirmier en pratique avancée en application de l’article Disponible sur : www.nursingeconomics.net/ce/2013/ R. 4301-3 du code de santé publique. article3001021.pdf 14– SNIIL - Exercice en Pratique Avancée : vers un affront 4– Delamaire M-L, Lafortune G. Nurses in Advanced aux 660 000 infirmières et infirmiers ? [Internet]. [cité 31 Roles : A Description and Evaluation of Experiences in mai 2018]. Disponible sur : www.sniil.fr/communication/ 12 Developed Countries [Internet]. 2010 juill [cité 15 communiques-de-presse/649-exercice-en-pratique-avancee- juin 2018]. Report No. : 54. Disponible sur : www.oecd- vers-un-affront-aux-660-000-infirmieres-et-infirmiers ilibrary.org/social-issues-migration-health/nurses-in-ad- 15– Santé mentale - Agnès Buzyn présente sa feuille de route vanced-roles_5kmbrcfms5g7-en pour changer le regard sur la santé mentale et les personnes 5– Debout C. Pratiques avancées en soins infirmiers, atteintes de troubles psychiques [Internet]. 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Fondé en 1899, c’est la plus importante et la ferts-d-activite-bilan-sur-les-protocoles-de-cooperation infirmière en psychiatrie [Internet]. [cité 31 mai 2018]. plus influente des organisations internationales de soi- 11– Loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation www.santementale.fr/actualites/mobilisation-pour-la-pra- gnants. Géré par des infirmières pour des infirmières, le de notre système de santé. 2016-41 janv 26, 2016. tique-avancee-infirmiere-en-psychiatrie.html CII œuvre pour garantir des soins infirmiers de qualité 12– Ambrosino F, Barrière C, Danan J-L, Lecointre B, Hue 22– Mission Universitarisation des formations paramédicales pour tous, des politiques de santé solides, le progrès G, Meury P, et al. Compétences attendues de l’infirmière de et de maïeutique. Bilan intermédiaire de la concertation du savoir infirmier, le respect de la profession et enfin pratique avancée en France : recommandations d’experts à et propositions d’orientation. Rapport à la ministre des la compétence et la satisfaction de la main-d’œuvre partir d’une étude Delphi modifiée. Rev Francoph Int Rech Solidarités et de la Santé et à la ministre de l’Enseignement infirmière. En savoir plus : www.icn.ch/fr/ Infirm. 1er mars 2018 ;4(1):5/19. supérieur, Stéphane Le Bouler, février 2018. CONCLUSION Bien que la PAI existe depuis presque 70 ans dans plusieurs pays de l’OCDE et que son efficience soit largement démontrée, sa construction en France a été relativement longue et marquée par des approches différentes. Elle s’impose aujourd’hui comme une réalité. Si sa mise en place reste dans un premier temps limitée à trois domaines d’intervention, le souhait d’une montée en puissance progressive est affiché, avec l’ouverture prévue à la psychiatrie et à d’autres prises en charge. L’objectif est de former 5 000 professionnels d’ici cinq ans, et, à terme, 5 % des effectifs infirmiers. La mise en place de cette évolution importante du système de santé français sera à surveiller et notamment son ouverture à d’autres professions paramédicales. Résumé : Pouvoir répondre de manière efficiente à l’évolution des besoins de santé en France est devenu un enjeu majeur, auquel la mise en place de la pratique avancée (PA) infirmière peut participer. Que recouvre-t-elle ? Quels sont les compétences et les champs d’intervention de l’infirmier de pratiques avancées (IPA) ? L’auteur revient sur l’émergence lente et semée d’embûches de ce nouveau métier. Faire évoluer la profession d’infirmier nécessite du temps, de la négociation, de la pédagogie et c’est sans doute par défaut d’un ou plusieurs de ces points que la psychiatrie se trouve aujourd’hui écartée des domaines où la pratique avancée peut-être mise en œuvre. Mots-clés : Compétence – Délégation de soins – Formation – France – Infirmier – Master – Mission – Pratiques avancées en soins infirmiers – Sciences infirmières. SANTÉ MENTALE | SPÉCIAL FORMATION | AOÛT 2018 7