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La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
Disponible en ligne sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
Mise au point
Ostéonécroses aseptiques, une revue générale des ostéonécroses de la
hanche, et au-delà
A review of avascular necrosis, of the hip and beyond
L. Pijnenburg ∗ , R. Felten , R.-M. Javier
Service de rhumatologie, centre de compétence des maladies osseuses rares, hôpitaux universitaires de Strasbourg, université de Strasbourg, 67000
Strasbourg, France
i n f o
a r t i c l e
Historique de l’article :
Disponible sur Internet le 10 novembre
2019
Mots clés :
Ostéonécrose
Ostéonécrose aseptique
Ostéonécrose de la tête fémorale
r é s u m é
Les ostéonécroses aseptiques constituent une pathologie fréquente, responsable de douleurs et
d’incapacité fonctionnelle affectant principalement des sujets jeunes. Elles correspondent à une nécrose
osseuse épiphysaire, secondaire à des mécanismes ischémiques et/ou cytotoxiques. Elles peuvent être
unilatérales, bilatérales ou multifocales, témoignant alors du caractère systémique de leur origine et de
l’importance des facteurs généraux impliqués dans leur survenue. Plus de 75 % des ostéonécroses aseptiques concernent la tête fémorale. L’ostéonécrose aseptique étant irréversible, de nombreux facteurs de
risque sont à rechercher, tels que la corticothérapie, l’éthylisme, la dyslipidémie ou la drépanocytose.
L’IRM est l’examen qui permet le diagnostic positif et doit être proposée devant toute douleur inexpliquée du sujet jeune, avec une radiographie normale. On différencie plusieurs stades d’ostéonécrose à
l’imagerie. Dans les stades précoces (I et II de Arlet et Ficat), sans effondrement de la surface articulaire, un
traitement conservateur est préconisé (mesures physiques, traitement médicamenteux, traitements chirurgicaux conservateurs tel le forage décompressif ou les ostéotomies de varisation ou valgisation). Dans
les formes plus évoluées (stades III et IV de Arlet et Ficat, avec un effondrement de la surface articulaire
puis arthrose secondaire) un traitement chirurgical non conservateur par arthroplastie est la principale
option possible. Il existe cependant des avancées thérapeutiques prometteuses, telles que l’utilisation des
cellules souches mésenchymateuses, qui pourraient à l’avenir améliorer le mauvais pronostic articulaire
des ostéonécroses aseptiques.
© 2019 Publié par Elsevier Masson SAS au nom de Société Nationale Française de Médecine Interne
(SNFMI).
a b s t r a c t
Keywords:
Osteonecrosis
Avascular necrosis
Avascular necrosis of the femoral head
Avascular necrosis is an ischemic or cytotoxic necrosis of epiphyseal bone, responsible for joint pain, altered life quality and frequently affecting young patients. Avascular necrosis can be unifocal or multifocal,
underlining the possibility of a systemic origin. Avascular necrosis involves the femoral head in more than
75% of cases. Although avascular necrosis is irreversible, many risk factors must be sought, including corticosteroid treatment, hypercholesterolemia, sickle cell disease or alcohol abuse. MRI imaging is the main
exploration for the diagnostic and staging of the disease, and should be performed in unexplained hip
pain in young patients with normal X-rays. In the earlier stages of the disease (stage I and II of the Arlet
and Ficat classification), joint surface is preserved, and conservative treatment is recommended. In the
more advanced stages (III and IV of the Arlet and Ficat classification), the articular surface collapses and
joint arthroplasty is the main treatment. However, there are some recent therapeutic advances, based on
mesenchymal stem cells, which may contribute, in the future, to improve the bad functional prognosis
of the disease.
© 2019 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of Société Nationale Française de Médecine
Interne (SNFMI).
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : luc.pijnenburg@chru-strasbourg.fr (L. Pijnenburg).
https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.10.332
0248-8663/© 2019 Publié par Elsevier Masson SAS au nom de Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI).
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L. Pijnenburg et al. / La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
1. Introduction
Les ostéonécroses aseptiques (ONA) sont des nécroses osseuses
localisées aux épiphyses. Elles surviennent suite à des phénomènes ischémiques locaux ou systémiques, des phénomènes
cytotoxiques ou des phénomènes traumatiques, entraînant la mort
cellulaire d’un compartiment osseux et de son contenant médullaire. Lorsque la région épiphysaire est touchée, on parle d’ONA.
Lorsque les régions métaphyso-diaphysaires sont concernées on
parle d’infarctus osseux [1]. Les infarctus osseux sont souvent associés aux ONA multifocales car ils partagent les mêmes facteurs de
risque et les mêmes mécanismes physiopathologiques. Les ONA
sont responsables de manifestations cliniques douloureuses, d’une
impotence fonctionnelle, d’un handicap, et donc d’une altération
de la qualité de vie. Le terme d’ « ostéonécrose aseptique » est
issu de l’opposition historique avec les ostéonécroses d’origine
infectieuses (ostéomyélites), sans rapport avec les ONA. Les anglosaxons utilisent le terme « avascular necrosis », mais qui ne tient
compte que de l’origine vasculaire de cette pathologie, et non d’une
toxicité ostéocytaire. Dans cette revue, nous nous intéresserons
spécifiquement aux ONA. Ce terme d’ « ostéonécrose » est souvent utilisé pour désigner plusieurs autres pathologies osseuses qui
ne sont pas dues aux mêmes mécanismes physiopathologiques et
qui sont source de confusion. Ainsi, les ONA ne doivent pas être
confondues avec les ostéoradionécroses induites par radiothérapie,
les ostéochimionécroses mandibulaires induites par les traitements
anti-resorbeurs osseux, les « ostéonécroses » vertébrales décrites au
cours des fractures vertébrales (avec un phénomène de vide intravertébral) ou encore les ostéchondrites (notamment des condyles
fémoraux).
2. Épidémiologie
L’incidence exacte des ONA est mal connue en raison de leur
caractère pauci-symptomatique ou asymptomatique. L’incidence
annuelle des ONA de la tête fémorale (ONTF) est la mieux connue
(site d’atteinte privilégié représentant plus de 75 % des cas d’ONA
[2]), et touche entre 1,4 et 3,0 personnes/100 000 habitants et par
an au Royaume-Uni [2]. Aux USA, 30 000 nouveaux patients sont
diagnostiqués chaque année et les ONTF seraient à l’origine de la
pose de 10 % des prothèses totales de hanches [3]. Les ONA sont
fréquemment bilatérales (70 %), voire multifocales [4], touchant
simultanément de multiples localisations épiphysaires du squelette. Les ONA, surviennent chez des patients jeunes, généralement
entre 20 et 50 ans [3].
3. Physiopathologie et évolution
Les ONA se caractérisent par la nécrose d’un secteur osseux,
entraînant la dégénérescence des cellules qui composent la trame
osseuse et son contenant médullaire. La nécrose des ostéocytes
(80 % des cellules de la trame osseuse), qui sont des barorécepteurs
permettant l’adaptation de l’os à la pression, explique l’altération
de la résistance mécanique de la zone nécrosée. Le réseau trabéculaire spongieux est initialement conservé, d’où la normalité initiale
des radiographies. Les ONA sont une entité à part entière, différente de la nécrose histologique qui peut accompagner divers états
pathologiques osseux. La physiopathologie des ONA n’est que partiellement élucidée, du fait de l’absence de modèle animal fiable
et reproductible [5]. Les ONA sont le plus souvent la conséquence
d’un phénomène initial ischémique (Tableau 1) :
• soit par une lésion vasculaire traumatique ;
◦ fracture (notamment du col fémoral),
◦ luxation articulaire :
Tableau 1
Mécanismes physiopathologiques à l’origine des ONA.
Lésion vasculaire traumatique
Fracture (ex : au col du fémur, lésion de l’artère circonflexe postérieure)
Luxation
Microtraumatismes répétés
Obstruction intravasculaire
Micro-embols lipidiques (éthylisme, dyslipidémie, corticothérapie)
Micro-embols gazeux (ONA dysbariques)
État d’hypercoagulabilité/thrombose (drépanocytose, thrombophilie)
Compression extravasculaire (élévation de la pression intramédullaire)
Hypertrophie adipocytaire
Œdème intra-médullaire
Prolifération cellulaire intra-médullaire (histiocytes dans la maladie de
Gaucher)
Hémorragie intra-médullaire
Cytotoxité directe sur les ostéocytes
Éthylisme aigu ou chronique
Corticothérapie
Chimiothérapie anticancéreuse
• soit par une obstruction intra-vasculaire ;
◦ des micro-embols lipidiques,
◦ des micro-embols gazeux,
◦ un état d’hypercoagulabilité :
• soit par une compression extra-vasculaire ;
◦ par élévation de la pression intramédullaire.
Les ONA touchent les épiphyses, en raison de la vulnérabilité
vasculaire de cette région anatomique, dépendant d’une vascularisation terminale, en particulier pour l’extrémité proximale du
fémur. Les épiphyses ont un contenu riche en moelle graisseuse,
participant au phénomène d’hyperpression intra-médullaire responsable d’une compression extra-vasculaire. L’origine vasculaire
ischémique des ONA n’est pas exclusive : certains agents ont une
cytotoxicité directe sur les ostéocytes et ostéoblastes épiphysaires
(tels que l’alcool ou la corticothérapie), et altèrent la capacité de différenciation des cellules souches mésenchymateuses [6]. Certains
terrains génétiques pourraient prédisposer aux ONA, notamment
en fonction de certains polymorphismes de gènes codant pour le
collagène de type II, ou de polymorphismes modulant la toxicité
osseuse de la corticothérapie.
Quelques jours à quelques semaines après le phénomène de
nécrose ischémique du tissu osseux initial, un tissu de granulation
calcifié va circonscrire la lésion nécrotique et former une interface entre l’os mort et l’os sain, visible en imagerie, témoignant
d’une tentative inefficace de réparation osseuse et de revascularisation. Il n’y a pas remodelage osseux en l’absence de vitalité
cellulaire, responsable de la perte de ses propriétés mécaniques. Si
l’ONA est suffisamment étendue et en zone portante, une fracture
sous-chondrale peut survenir, responsable d’un effondrement de
l’épiphyse, notamment pour les articulations portantes, et si l’ONA
est étendue [7]. Cette fracture sous-chondrale est parfois symptomatique, mais peut également rester indolore. Lorsque l’intégrité
de la surface articulaire est compromise, une dégénérescence du
cartilage sus-jacent survient, entraînant une arthrose secondaire
précoce et sévère, responsable d’une symptomatologie douloureuse invalidante, limitant la fonction articulaire.
4. Facteurs de risque
Dans un tiers des ONA, aucune étiologie précise n’est identifiée. Cependant, on connaît plusieurs facteurs de risque associés à
leur survenue (Tableau 2). Ces facteurs de risque peuvent se cumuler, expliquant l’intrication des mécanismes physiopathologiques
impliqués dans la survenue d’une ONA. Il peut exister des causes
locales ou des causes systémiques. La fréquence des ONA attribuables à chaque facteur de risque n’est pas clairement établie,
L. Pijnenburg et al. / La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
Tableau 2
Facteurs de risque associés à la survenue des ONA.
Iatrogène
Corticothérapie
Greffe d’organe, greffe de moelle hématopoïétique
Chimiothérapie anticancéreuse
Hématologique
Maladie de Gaucher
Drépanocytose
Métabolique
Hyperlipidémie
Éthylisme
Tabagisme
Pancréatite
Diabète
Maladie auto-immune systémique
Lupus érythémateux systémique
Syndrome des anti-phospholipides
Autres
Grossesse
VIH
Dysbarique
Thrombophilie
notamment pour la corticothérapie, imputée dans 0,6 à 38 % des
cas selon les séries [8].
29
4.4. Lupus systémique
Les maladies auto-immunes systémiques, telles que le lupus
érythémateux systémique (LES) sont fortement associées à la survenue des ONA (4 % des patients atteint de LES dans certaines
séries) [17,18]. Cette association est en grande partie expliquée
par le traitement composé de corticoïdes systémiques. Cependant,
il existe indépendamment de la prise de corticoïdes, un excès
de risque d’ONA au cours du lupus. L’existence, chez les patients
lupiques, d’une atteinte articulaire, d’un syndrome cushingoïde,
d’une atteinte gastro-intestinale, d’une hypertension, d’ulcères
buccaux, d’une pleurésie, d’une néphropathie, d’une vascularite, ou
d’ un syndrome des anti-phospholipides est associée au risque de
survenue d’une ONA.
4.5. Thrombophilie et syndrome des antiphospholipides
La survenue d’une ONA est rapportée avec une fréquence élevée (jusqu’à 20 %) chez les malades atteints d’un syndrome des
anti-phospholipides [19]. Tout état d’hypercoagulabilité a été mis
en cause dans la survenue des ONA (mutation facteur V Leiden,
hyperhomocystéinémie, déficit en protéine C et S) [5].
4.6. Drépanocytose
4.1. Le traumatisme
L’ostéonécrose post-traumatique peut survenir après une fracture (6 à 24 mois), après une luxation, ou après un traumatisme
indirect. Elle survient par une lésion vasculaire et concerne surtout
les ONTF[8]. D’autres facteurs s’y ajoutent : un effet tamponnade
lié à un hématome, ou une augmentation des pressions médullaires
par modification du positionnement articulaire.
4.2. La corticothérapie
La corticothérapie est un des principaux facteurs de risque, en
cause dans 0,6 à 38 % des ONA non traumatiques. Les corticoïdes,
par voie systémique, peuvent entraîner des ONA, notamment en cas
de fortes doses (bolus), même en cure courte, [9] mais également
en cas de prise prolongée, de doses plus faibles [10,11]. Bien qu’une
dose seuil n’ait pas été établie, le degré d’exposition reste un facteur déterminant dans la survenue d’une ONA [12]. Les cas d’ONA
secondaires aux corticoïdes topiques sont extrêmement rares et ne
concernent que des doses massives appliquées sur l’ensemble du
corps. Les corticoïdes ont une toxicité directe sur les ostéocytes, et
favorisent l’adipogénèse intra-médullaire, responsable d’une augmentation délétère de la pression intra-médullaire.
4.3. Greffes, hémopathies, et néoplasies
Les ONA ont été rapportées chez 2 à 37 % des patients ayant
bénéficié d’un greffe d’organe ou de moelle osseuse [13]. La réaction du greffon contre l’hôte et la dose cumulée de corticoïdes sont
les principaux facteurs de risque associés chez ces patients. Il est
difficile de distinguer le rôle propre de la greffe ou de la corticothérapie associée, cependant les nouveaux immunosuppresseurs
tel que le tacrolimus permettraient une diminution de la survenue des ONA [14]. Les hémopathies (lymphomes, leucémies) et
les néoplasies solides (sein, testicule, poumon, ovaire, colon) ont
été également associées à la survenue d’ONA ou d’infarctus osseux
(via leurs traitements anti-néoplasiques associés à la corticothérapie) [15,16]. Cependant, l’ONA n’est pas à considérer comme une
manifestation paranéoplasique d’un cancer, et n’implique pas une
recherche systématique de primitif.
La drépanocytose (par les accès vaso-occlusifs) est une grande
pourvoyeuse d’ONA (8 à 40 % des malades) [20]. La falciformation des globules rouges entraîne une obstruction intra-vasculaire,
responsable d’une ONA ou d’infarctus osseux.
4.7. Maladie de Gaucher
La maladie de Gaucher est à l’origine d’ONA [21]. Cette sphingolipidose est une maladie de surcharge lysosomale, au cours de
laquelle 25 % des patients présentent des ONA ou des infarctus
osseux. L’infiltration progressive de la moelle osseuse par les cellules de Gaucher provoque une expansion volumique médullaire,
augmentant la pression intra-médullaire à l’origine des ONA [22].
4.8. L’éthylisme
L’éthylisme chronique, ou les fortes consommations aiguës, ont
été impliqués dans la survenue d’ONA, concernant jusqu’à 10 à 40 %
des patients avec une consommation éthylique [23]. Une consommation de plus de 400 mL d’alcool par semaine conduit à un risque
9,8 fois supérieur de développer une ONA par rapport à ceux qui
ne boivent pas, ce risque étant multiplié par 17 chez les individus
buvant plus de 1000 mL par semaine [24]. L’alcool contribuerait à
un métabolisme lipidique anormal au sein des cellules stromales
de la moelle osseuse, favorisant l’adipogénèse associée à une toxicité ostéocytaire. La raison pour laquelle de nombreux individus
ayant une longue histoire d’éthylisme chronique ne développeront
jamais d’ONA est inconnue, mais récemment l’association entre
des polymorphismes de la méthylène tétrahydrofolate réductase
677 C/T et l’ONTF liée à l’alcool a été établis [25].
4.9. Dysbarique (maladie des caissons)
Les ONA ont également été décrites lors des décompressions
chez des patients soumis de manière prolongée à un environnement hyperbare notamment chez les plongeurs ou les aviateurs
(considérée comme une maladie professionnelle) [26]. Le mécanisme serait lié à la libération, lors de la décompression, de bulles
intra- et/ou extravasculaires d’azote dissoutes lors de l’exposition
hyperbare [27].
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4.10. Autres
Un terrain métabolique défavorable, tel que l’hyperlipidémie
(type I et V) ou le diabète [28], favorise la lipidose intramédullaire, et est responsable d’une hyperpression médullaire,
et d’une obstruction extra-vasculaire. L’infection par le VIH (facteur de risque propre) et son traitement [29] (par l’effet péjoratif
des inhibiteurs de protéases sur le métabolisme lipidique) sont
également en cause dans la survenue des ONA [30]. Le tabagisme est associé à un risque relatif environ égal à 4 pour la
survenue d’ONA[24]. Il faut noter que certains états physiologiques, tels que la grossesse (effet hormonal, hypercoagulabilité
de la grossesse et stase veineuse) [31] sont à l’origine d’ONA.
Des états pathologiques, tels que la cystostéatonecrose (au
cours de la pancréatite ou du cancer du pancréas) sont également à risque d’ONA et d’infarctus osseux, par l’action des
enzymes pancréatiques anormalement libérées sur les lipides
intra-médullaires.
5. Manifestations cliniques
Le moment où la nécrose d’un fragment d’épiphyse s’établit
n’est en général pas symptomatique [32], même si certains
patients ressentent une douleur lors de l’administration de fortes
doses de corticoïdes. Dans la majorité des cas, la symptomatologie ne survient qu’à distance du mécanisme ischémique
initial. Parfois même, l’ONA reste totalement asymptomatique,
et sa découverte peut être fortuite, au décours d’examens réalisés pour d’autres indications. Lorsqu’elle est symptomatique,
une ONA se manifeste par des douleurs d’horaire mécanique
de l’articulation concernée, avec une limitation des amplitudes articulaires, responsable d’une impotence fonctionnelle.
L’articulation est parfois le siège d’un épanchement mécanique.
Pour l’ONTF, il s’agit de douleurs du pli inguinal ou de la
région fessière, avec parfois une irradiation vers la cuisse et le
genou.
Les autres localisations habituelles sont la tête humérale, les
condyles fémoraux, l’extrémité proximale du tibia, le talus, le
calcanéus [5]. Il existe des nécroses avasculaires de forme particulières, d’origine microtraumatique, pouvant toucher l’os naviculaire
(maladie de Köhler), la tête du premier métatarsien (maladie de
Freiberg) ou le semi-lunaire (maladie de Kienbock) et qui sont à
différentier des ONA systémiques touchant les grosses articulations. Il s’agit d’entités d’origine microtraumatique dont les facteurs
de risque diffèrent des ONA systémiques. Au moment du diagnostic d’une ONA, il existe une atteinte bilatérale ou multifocale
dans 75 % des cas [4]. Les ONA peuvent également affecter le
squelette axial tel que les vertèbres et ne doivent pas être confondues avec des pseudarthroses de fractures vertébrales [33]. Les
ONA et les infarctus osseux sont fréquemment associés chez un
même patient, puisque des facteurs de risque sont communs [1].
Les ONA sont de révélation tardive lorsque les douleurs apparaissent à distance de la survenue de l’ONA, au moment de la
fracture sous-chondrale. En se fondant sur les situations où le facteur déclenchant est bien identifié (ONA dysbarique, ONA post
traumatique, corticothérapie), le diagnostic d’ONA peut être fait
entre le premier mois et un an après l’exposition au facteur de
risque (en général dans les 6 mois) [5] et nécessite souvent la
réalisation d’une IRM. La douleur de la fracture sous-chondrale
peut alors être prolongée et aggravée avec l’apparition des lésions
d’arthrose secondaire. Cette arthropathie secondaire est responsable du mauvais pronostic fonctionnel des malades ayant une
ONA, notamment celles touchant les articulations portantes chez
des sujets jeunes.
Fig. 1. A. Radiographie du bassin chez une femme de 39 ans, greffée rénale, avec un
diagnostic d’ostéonécrose de la tête fémorale gauche, ne montrant aucune anomalie
initiale à la radiographie (stade I de Arlet et Ficat). B. L’apparition d’une image de
fracture sous-chondrale avec effondrement de la tête fémorale gauche après un an
d’évolution (stade III de Arlet et Ficat).
6. Imagerie
6.1. Radiographie et scanner
La radiographie peut être normale initialement, et peut même le
rester durant plusieurs mois après la survenue de l’ONA. La sensibilité de cet examen dépend de l’articulation concernée, de la taille
de la zone nécrosée et de l’expérience du radiologue. La radiographie peut montrer des anomalies non spécifiques, telles que des
plages de condensations ou d’hyperclartés au sein de l’épiphyse.
Parfois, la zone nécrosée est visiblement circonscrite par une bande
de condensation, permettant le diagnostic positif (Fig. 1). En cas
d’ONA déjà évoluée, il existe une fine clarté sous-chondrale dite « en
coquille d’œuf », déformant l’aspect normal de la surface articulaire
et correspondant à une fracture sous-chondrale, parfois responsable d’une perte de sphéricité ou d’un méplat de la tête fémorale.
L’évolution dans le temps se fait fréquemment vers de l’arthrose
secondaire, plus tardive (associant des signes non spécifiques, tel
un pincement focal de l’interligne, des ostéophytes, des géodes et
une condensation sous chondrale). La classification radiologique de
Arlet et Ficat [34,35] détaille les différents stades radiographiques
des ONTF (Tableau 3), les classant en quatre stades, permettant de
déterminer le type de traitement (en fonction de la présence ou
non d’un effondrement de la tête fémorale). Le stade I correspond à
une radiographie normale, le stade II correspond à une ostéopénie,
ostéosclérose localisée, circonscrivant la lésion, sans effondrement
de la tête fémorale. Le stade III correspond à l’effondrement (aplatissement de la tête fémorale) et le stade IV est celui de coxarthrose
secondaire. Cette classification est parfois utilisée par extension
pour les autres localisations d’ONA, les stades évolutifs étant
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Tableau 3
Classification radiographique de Arlet et Ficat.
Stade 1
Stade 2
Stade 3
Stade 4
À ce stade les radiographies sont normales. L’IRM montre à ce stade un œdème osseux aspécifique et/ou une un liseré en
hyposignal T1 et T2 définissant la zone d’ostéonécrose
Ostéopénie (zone nécrotique déminéralisée) ou ostéosclérose (zone de condensation périphérique) délimitant l’ONA, sans
effondrement de la tête qui reste sphérique
Effondrement de la tête, perte de la sphéricité (fracture sous-chondrale avec aspect en coquille d’œuf)
Coxarthrose secondaire, pincement articulaire, aspect hétérogène et condensé de la tête fémorale.
Fig. 2. Scanner des hanches montrant une ostéonécrose de la tête fémorale gauche avec fracture sous-chondrale et début d’effondrement de la tête fémorale. La radiographie
correspondait à un stade III de Arlet et Ficat.
un épanchement articulaire et un œdème médullaire (hypersignal
T2) péri-lésionnel peuvent être observés au stade très précoce.
L’IRM permet le diagnostic le plus précoce et doit être demandée
devant toute suspicion d’ostéonécrose chez des patients à radiographie normale. Un des principaux diagnostics différentiels est la
fracture sous-chondrale par insuffisance osseuse caractérisée par
l’absence de foyer de nécrose ou de liseré perinécrotique, avec
présence de stries hypointenses sous-chondrales entourées d’une
réaction œdémateuse, typiquement dans la zone de contrainte
mécanique maximale (antéro-supérieure de la tête fémorale).
L’autre diagnostic différentiel est l’algodystrophie (syndrome douloureux régional complexe de type I) surtout caractérisée par un
œdème magnétique diffus de la moelle osseuse, moucheté en
région épiphysaire, et pouvant également se compliquer de microfractures.
6.3. Scintigraphie osseuse
Fig. 3. IRM des hanches, chez une femme de 60 ans, éthylique chronique, montrant
des ostéonécroses bilatérales des têtes fémorales. La zone nécrosée est circonscrite
par un liseré hyposignal T1. La radiographie montrait un stade II de Arlet et Ficat.
analogues à ceux décrits pour la tête fémorale. La tomodensitométrie (TDM), parfois pratiquée en raison de son accessibilité par
rapport à l’IRM, montre les mêmes lésions que la radiographie, mais
de manière plus détaillée (Fig. 2). Son intérêt réside dans la capacité à mieux identifier les fractures sous-chondrales et les débuts
d’effondrement de l’épiphyse [36]. Il existe d’autres classifications,
telles que celles de Steinberg [37] et ARCO [38], moins fréquemment utilisées que celle d’Arlet et Ficat qui est d’usage plus simple.
6.2. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Qu’elle soit de découverte fortuite, ou en lien avec une symptomatologie douloureuse, l’imagerie par résonance magnétique
(IRM) est l’exploration clé, combinant la meilleure sensibilité (99 %)
et spécificité (99 %) pour le diagnostic [39]. Le signe caractéristique
est le liseré péri-nécrotique, circonscrivant entièrement la lésion.
Ce liseré apparaît en hyposignal en pondération T1 et comme un
double liseré en hyposignal adjacent à un hypersignal en pondération T2 ou STIR (Fig. 3–5) [40]. La zone nécrosée peut initialement
garder un signal graisseux normal, puis plus tardivement avoir un
signal plus hétérogène, en hyposignal. De manière non spécifique,
La scintigraphie osseuse au 99m Tc, aspécifique, peut montrer une
zone en cocarde, avec une hyperfixation peri-lésionnelle, entourant une zone hypofixante, témoignant de la tentative de réparation
(Fig. 5). Son intérêt réside dans la possibilité d’identifier en un seul
examen d’autres localisations d’ONA récentes ou semi-récentes sur
l’ensemble du squelette, mais elle reste moins sensible que l’IRM
[41]. L’IRM corps entier est l’option idéale pour rechercher toutes
les localisations, mais est souvent limitée par son accessibilité.
Pour les ONA anciennes (non évolutives), plusieurs années après
le phénomène initial de survenue, il n’y a plus d’hyperfixation en
scintigraphie [42].
7. Démarche diagnostique
Le diagnostic positif fait rarement débat depuis l’avènement de
l’IRM (Fig. 6). Le plus souvent la découverte est fortuite, au décours
d’examens d’imagerie réalisés pour d’autres raisons. Devant des
douleurs articulaires inexpliqués, à radiographies normales, chez
des sujets jeunes, une IRM articulaire doit rapidement être envisagée. En effet, c’est la seule exploration qui peut faire précocement
le diagnostic positif d’ONA, et potentiellement permettre d’éviter
la survenue d’une fracture sous-chondrale, notamment à la hanche,
en mettant en place précocement un traitement conservateur.
À l’exception des ONA post-traumatiques, où un facteur causal
local est bien identifié, le diagnostic d’une ONA doit faire réaliser
un « bilan d’extension », pour déterminer son caractère unifocal
32
L. Pijnenburg et al. / La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
Fig. 4. Ostéonécrose du fémur distal et tibia proximal (atteinte épiphysaire), associé à un infarctus osseux du tibia proximal (atteinte métaphysaire) en séquence T1 (A) et
T2 (B) chez un patient de 15 ans, après une chimiothérapie pour une leucémie lymphoblastique.
Fig. 5. A. Scintigraphie osseuse corps entier montrant une ostéonécrose du condyle fémoral externe gauche, des têtes humérales. B. IRM du pied droit montrant une
ostéonécrose du médio pied, du talus, calcanéum et du tibia distal, chez un patient de 57 ans, traité par double autogreffe de moelle pour un myélome multiple. À noter la
présence de prothèses totales de hanche bilatérales (posées pour ONA des têtes fémorales).
ou multifocal. Une atteinte multifocale est évocatrice d’une cause
générale provoquant les ONA. On parle alors volontiers d’ONA « systémiques ». Un bilan étiologique doit alors être réalisé car même
si une ONA est asymptomatique ou ancienne, elle peut être le
signe d’une pathologie systémique qu’il faut diagnostiquer. Le bilan
minimal doit comporter un interrogatoire exhaustif et un examen
clinique, recherchant une corticothérapie, un éthylisme, la pratique
de plongée ou une exposition à un environnement hyperbare, un
tabagisme, un antécédent de greffe, de cancer, d’hémopathie, de
chimiothérapie, de thrombose, de lupus ou de drépanocytose. Il
faut rechercher d’éventuelles prises cachées de corticoïdes, dans
le cadre de médecine parallèle ou avec des galéniques différentes
(dermocorticoïdes forts et corticoïdes inhalés à dose massive) [43].
Les examens complémentaires ne sont pas nécessaires en cas de
corticothérapie forte dose ou en présence d’un facteur causal clairement identifié. Les examens complémentaires doivent être orientés
selon les données de l’examen clinique et l’interrogatoire, comporter, en cas de suspicion, la recherche d’une thrombophilie, d’un
L. Pijnenburg et al. / La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
33
Fig. 6. Démarche diagnostique et thérapeutique devant une ostéonécrose aseptique.
syndrome des antiphospholipides, d’un lupus systémique, d’une
grossesse, d’une dyslipidémie, d’une infection par le VIH, d’une pancréatite. En cas d’organomégalie et de cytopénies, il faudra penser
à une étiologie plus rare, comme la maladie de Gaucher (dosage de
la beta-glucocérebrosidase).
handicap et une altération de la qualité de vie. L’évolution et le
traitement des ONTF sont les plus étudiés. Le traitement des autres
localisations ne repose sur aucun consensus et est adapté au cas
par cas, par analogie avec le traitement des ONTF.
9.1. Traitement médical
8. Évolution naturelle et pronostic
En l’absence de traitement, l’évolution naturelle des ONA est
une fracture sous-chondrale, puis une déformation de la surface
articulaire (effondrement) irréversible, responsable d’un pronostic articulaire péjoratif. Ceci est particulièrement vrai pour les
articulations portantes, telle que la hanche. Si ce collapsus de la
surface articulaire survient, il a généralement lieu dans les deux
ans suivant le diagnostic des ONA [5]. Entre 32 et 79 % des ONTF
aboutissent à un effondrement de la surface articulaire [5,44]. La
possibilité de régression d’une ONA constituée reste débattue. Certains auteurs évoquent une possibilité d’amélioration de l’atteinte
à l’IRM (régression de la zone de nécrose), mais uniquement pour
les ONA de petite taille [45]. Tout l’enjeu d’une ONA dépend de
l’évolution de la surface articulaire, en fonction de la survenue ou
non d’une fracture sous-chondrale. Lorsque l’ONA est asymptomatique, de petite taille (< 15 % de l’épiphyse), située dans une zone
non portante, et en l’absence d’œdème médullaire en IRM, elle
peut rester stable (stade I ou II d’Arlet et Ficat), et ne pas aboutir à la fracture sous-chondrale pourvoyeuse d’arthrose secondaire
[7,46–48].
9.1.1. Traitement non médicamenteux
9.1.1.1. Décharge. Lorsque les patients sont symptomatiques, et
pour les stades peu avancés (I et II de Arlet et Ficat), en l’absence
d’effondrement de la tête fémorale, une décharge de l’articulation
est souvent recommandée pour une durée de 6 à 8 semaines, même
en l’absence de données robustes dans la littérature confirmant
son efficacité pour prévenir l’effondrement articulaire [49]. Il faut
souligner la difficulté pour les patients d’observer une décharge
complète, notamment en cas d’atteinte asymptomatique ou en cas
d’atteinte bilatérale.
9. Prise en charge et traitement
9.1.1.2. Autres méthodes physiques. D’autres méthodes physiques
ont été employées dans le traitement des ONA, telles que
l’utilisation de champs magnétiques pulsés, des ondes de choc
extracorporelles ou encore paradoxalement le caisson hyperbare.
Bien que certaines études mettent en avant des résultats suggérant la régression des ONA par ces procédés, [50] leur faible qualité
méthodologique empêche de tirer une conclusion formelle sur le
bénéfice de ces traitements. Ces thérapies ont pour but de favoriser
la revascularisation du fragment nécrosé. À défaut d’être suffisantes, elles ne semblent pas néfastes lorsqu’elles sont utilisées en
complément des autres traitements.
Les ONA peuvent toucher un grand nombre de sites, néanmoins
le site le plus touché est la tête fémorale (75 % des ONA). Les ONTF
sont celles qui exposent le plus à une impotence fonctionnelle, un
9.1.2. Traitement médicamenteux
9.1.2.1. Éviter la récidive. Les ONA sont fréquemment bilatérales ou multifocales. Ces ONA multiples semblent apparaître
34
L. Pijnenburg et al. / La Revue de médecine interne 41 (2020) 27–36
simultanément, lors de l’exposition à un même facteur de risque.
Des ONA d’âge différents sont rarement rapportés (0,3 %) [51]. Il
faut donc retenir que, soumis à un facteur de risque, un patient
développera l’ensemble de ses ONA dans les six mois, et que la
survenue de nouvelles atteintes au-delà de ce délai reste possible
mais peu fréquente. C’est la raison pour laquelle la prévention de la
récidive reste un objectif thérapeutique. Puisqu’un des mécanismes
physiopathologiques des ONA repose sur une origine ischémique,
des traitements anticoagulants, antiagrégants, et hypolipémiants
ont été essayés dans des modèles animaux d’ONA avec un certain succès [52,53]. Les essais randomisés ouverts chez l’homme
n’ont pas montré d’effet significatif de la warfarine pour prévenir la survenue d’ONA ni sur la douleur des ONA, chez des
patients lupiques sous corticothérapie. L’enoxaparine, dans une
étude ouverte de faible effectif, pourrait prévenir l’aggravation
radiologique et diminuer le recours au traitement chirurgical
des ONA. Cependant, ces traitements n’ont pas démontré leur
capacité à réduire la zone de nécrose. Il n’y a pas de preuve suffisante, en l’absence d’essais randomisés bien menés, permettant
de recommander l’anticoagulation systématique devant une ONA
[54]. L’anticoagulation demeure indiquée en cas de thrombophilie
sous-jacente nécessitant de toute façon une anticoagulation. Il n’y
a pas de preuve solide de l’effet des antiagrégants [55]. Les traitement hypolipémiants (statines) semblent réduire le nombre d’ONA
dans des études animales, et chez l’homme uniquement dans des
études sans groupe contrôle, empêchant toute conclusion fiable
[56–58]. Néanmoins, un traitement hypolipémiant doit être proposé selon les recommandations en vigueur en cas de dyslipidémie
avérée pour la prévention du risque cardiovasculaire global.
9.1.2.2. Éviter l’effondrement et la douleur. Dans les modèles animaux, le zolédronate et l’ibandronate intraveineux et l’alendronate
oral semblent prévenir l’effondrement de la tête fémorale, tant en
prévention primaire (survenue de l’ONA) que secondaire, après
la survenue de l’ONA [59]. Les bisphosphonates, principalement
l’alendronate, ont également été testés chez l’homme pour la
prévention de l‘effondrement articulaire dans l’ONTF, mais les
essais ont abouti à des résultats contradictoires, avec des niveaux
de preuve faibles (faibles effectifs, absence de groupe contrôle)
[60,61]. Les données actuelles, fondées sur les essais randomisés
contrôlés avec l’alendronate, le zoledronate, ou le pamidronate ne
permettent pas à ce jour de recommander ces traitements dans
l’ONA [62]. Il est possible que les bisphosphonates confèrent un
effet antalgique, en agissant sur la composante douloureuse de la
fracture sous-chondrale, lorsque celle-ci survient.
9.2. Traitement chirurgical
9.2.1. Conservateur
Le forage cervico-céphalique (Fig. 7), développé pour les ONTF, a
pour but de diminuer la douleur et diminuer l‘hyperpression intramédullaire responsable de la compression vasculaire extrinsèque.
Il ne peut être réalisé qu’avant tout effondrement de la surface articulaire (stade I et II de Arlet et Ficat), puisque son objectif est de
prévenir la survenue de cet effondrement. Le forage décompressif a montré une efficacité supérieure au traitement conservateur
simple, mais uniquement sur des études anciennes non randomisées de faible effectif et avec de nombreux biais (les auteurs ne
tenaient pas compte de la taille de la lésion initiale, pourtant un
des principaux facteurs pronostiques) [63]. Ces résultats ne se sont
pas confirmés dans des études plus récentes, avec moins de biais
méthodologiques [64,65]. Des forages peuvent également être réalisés pour la tête humérale, les condyles fémoraux ou le talus, mais
sont peu réalisés en pratique.
Cette technique a par la suite été améliorée en ajoutant un greffon osseux vascularisé [66] ou de molécules ostéo-inductrices telles
Fig. 7. Forage cervico-céphalique de décompression sous radioscopie pour la prise
en charge d’une ostéonécrose de la tête fémorale, stade II de Arlet et Ficat.
que BMP2 ou BMP7, mais celles-ci complexifient la prise en charge
chirurgicale, sans étude comparative randomisée pouvant confirmer son efficacité. Plusieurs auteurs soutiennent que l’injection
de cellules souches mésenchymateuses, issues de moelle osseuse
autologue, pourraient apporter des facteurs de croissance et des
composants cellulaires capables de régénérer et revasculariser le
fragment nécrosé. Cette thérapie, innovante et prometteuse, pourrait prévenir l’effondrement de la tête fémorale [67]. Cependant,
le coût de cette technique et l’absence de haut niveau de preuve
d’efficacité est responsable de sa faible utilisation en pratique clinique courante. Des études de grande envergure devront confirmer
le réel bénéfice de ces traitements, sur le risque d’effondrement de
la tête fémorale, la douleur ou la fonction articulaire.
Une autre approche chirurgicale est l’ostéotomie de décharge,
dont le but est de modifier les contraintes architecturales sur la
surface articulaire en regard de la nécrose, en déplaçant la zone
articulaire portante [68]. Cette technique dépend de la localisation
de l’ONA au sein de l’épiphyse et n’est possible qu’en cas de lésion
de petite taille. Elle ne doit pas être proposée à tous les patients,
mais son avantage est de pouvoir être utilisée, même en cas de
début d’effondrement de la surface articulaire.
9.2.2. Non conservateur
Les ONA à un stade avancé (stade III et IV d’Arlet et Ficat,
correspondant à un effondrement de la tête fémorale constitué
et/ou présence d’une arthrose secondaire) sont souvent symptomatiques, et le seul traitement efficace à long terme demeure
l’arthroplastie totale. Son objectif est l’antalgie et la récupération
fonctionnelle rapide [46]. Bien que cette technique concerne principalement les patients ayant déjà un effondrement de la tête
fémorale, elle peut être proposée en première intention chez des
patients âgés et très symptomatiques, sans effondrement de la tête,
lorsque la zone de nécrose est très étendue et donc de mauvais
pronostic.
La mise en place d’une prothèse totale de hanche est discutée
en fonction de l’âge du patient en raison de la durée de vie limitée
des prothèses (15 à 20 ans). Ceci est d’autant plus gênant que les
patients jeunes et actifs usent plus vite leur prothèse, se luxent plus,
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et nécessitent plus de reprises chirurgicales que les patients plus
âgées, traités, pour une arthrose primitive.
10. Conclusion
Les ONA touchent des patients jeunes, et sont souvent bilatérales ou multifocales. Les ostéonécroses de la tête fémorale
représentent 75 % des ONA. Si la corticothérapie reste la première étiologie, les ONA peuvent être le symptôme d’une maladie
systémique sous-jacente, nécessitant parfois un bilan étiologique
exhaustif. Une fois installée, une ONA est irréversible. Le pronostic articulaire dépend de la taille et de la localisation de la lésion.
En l’absence d’effondrement de la surface articulaire (stade I et II
d’Arlet et Ficat) un traitement conservateur doit être envisagé, avec
un avis chirurgical pour évaluer l’intérêt d’un traitement chirurgical
associé (forage décompressif). En cas d’atteinte structurale importante (stade III et IV d’Arlet et Ficat) un avis chirurgical doit être pris,
en vue d’une traitement non conservateur (arthroplastie totale).
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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