Prise en charge de l’acidocétose diabétique de l’enfant Pr agrégée I AL AMMARI 2024-2025 www.um6ss.ma I. Les objectifs: A la fin du cours l’étudiant doit être capable de: 1. Définir une acidocétose diabétique (DAC) 2. Diagnostiquer une DAC: les signes cliniques et les examens complémentaires. 3. Classifier une DAC: minime, modérée ou sévère 4. Connaitre les indicateurs de sévérité devant une DAC 5. Connaitre les principes thérapeutiques devant une DAC. 2 PLAN: I. INTRODUCTION II.DEFINITION III.LA CLASSIFICATION DE LA DAC IV. EVALUATION CLINIQUE V. LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES VI. LES INDICATEURS DE SEVERITE VII. LA PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE VIII.COMPLICATIONS IX. CONCLUSION 3 I. INTRODUCTION: - l’acido-cétose diabétique (ACD) est due à une carence profonde en insuline avec destruction totale des cellules Béta des ilots de Langerhans. - Elle constitue une urgence médicale qui peut mettre en jeu le pronostic vital par l’œdème cérébral surtout. - Elle peut mettre enjeu le pronostic neurocognitif puisque entre 10 à 25 % des survivants à un œdème cérébral ont une morbidité résiduelle significative notamment un déficit de la mémoire. 4 I. INTRODUCTION: - la prévention de l’ACD et le diagnostic précoce du diabète chez l’enfant sont obligatoires. 5 II. DEFENITION: - Association de : 1. Contexte clinique évocateur: • Syndrome polyuro-polydipsique (SPUPD) • Signes de déshydratation, perte de poids • Asthénie • Fièvre: origine infectieuse (cause déclenchante) ou déshydratation • Polypnée de kussmaul +++ 6 II. DEFENITION: - Association de : 1. Contexte clinique évocateur: • Odeur acétonémique de l’haleine • Nausées, vomissements et douleurs abdominales pouvant mimer un abdomen aigu chirurgical • Troubles neurologiques : confusion, somnolence, perte de conscience 7 II. DEFENITION: - Association de : 2. Glycémie > 11 mmol/L ou > 2g/L 3. Glycosurie (≥ ++) 4. Cétonurie (≥ ++) ou Cétonémie 5. pH veineux < 7.30 et/ou Réserves Alcalines <15 mmol/L 8 III. La classification de la DAC: CLASSIFICATION OF DKA 9 IV. Evaluation clinique: Etat d’hydratation et hémodynamique 10 IV. Evaluation clinique: - Etat Neurologique : - Score Glasgow < 12 : signe de gravité 11 IV. Evaluation clinique: 12 V. Examens complémentaires: Bilan à faire à H0 : Glycémie veineuse Gaz de sang Ionogramme sanguin Réserves alcalines Urée- créatinine Calcémie-magnésémie Osmolarité sanguine: 2 x (Na+ + K+) + Glycémie (mmol/l) 13 V. Examens complémentaires: -ECG +++ -Prélèvements bactériologiques si signes d’infection 14 V. Examens complémentaires: Signes de dyskaliémie à l’ECG : Hypo-kaliémie : aplatissement/inversion onde T, apparition onde U, sous-décalage ST, élargissement PR, fibrillation auriculaire, extrasystoles ventriculaires, tachycardie ventriculaire, torsade de pointe, fibrillation ventriculaire. 15 V. Examens complémentaires: Hyperkaliémie : Onde T ample pointue, élargissement PR et QRS, Bloc, Fibrillation ventriculaire, torsade de pointe, asystolie. 16 VI. Les indicateurs de sévérité -Age < 5ans -Déshydratation sévère -Troubles de conscience (Glasgow < 12) -Etat de choc -Hyperglycémie majeure -PH < 7,1 -Urée > 11mmol/l -PCO2 < 15mmHg 17 VII. La prise en charge thérapeutique: 2. Réhydratation IV : Si état de choc et/ou altération état de conscience : - Sérum salé à 0,9% (sérum physiologique) : 20 ml/kg sur 30 mn à répéter si persistance choc - Oxygénothérapie - Liberté VAS - Monitorage - Sonde vésicale 18 VII. La prise en charge thérapeutique: 2. Réhydratation IV : Si non (absence d’état de choc, absence d’altération de l’état de conscience) : - Sérum salé 0,9% : 10 ml/kg sur 1 heure - Puis commencer la réhydratation - Puis insulinothérapie (à H2 du protocole 19 VII. La prise en charge thérapeutique: 2. Réhydratation IV : a. H0 – H2 : La perfusion se compose de NaCl 9 ‰ et de KCl dans les proportions suivantes : NaCl 9 ‰ 1000 ml + KCl 10 % x ml x = 0 ml KCl 10% si anurie OU hyper-Kaliémie confirmée à l’ECG x = 4g (soit 40 ml KCl 10%) si 3.5 < Kaliémie mmol/L < 5 ET si onde T normale x = 6g (soit 60 ml KCl 10%) si Kaliémie < 3.5 mmol/L OU si ondes T aplaties Le débit horaire 8 à10 ml/kg/H en 2 heures. Sans jamais dépasser 400 mL/h 20 VII. La prise en charge thérapeutique: 2. Réhydratation IV : . H2 – H24 (= à partir de la troisième heure) remplacer le sérum salé par G5% + les électrolytes La perfusion se compose de SG5%, NaCl, KCl, GCa dans les proportions suivantes : SG 5 % dans chaque 1000 ml + NaCl 40 ml NaCl 10%, KCl 40 ml KCl 10%, GCa 20 ml GCa 10% Le débit horaire de la perfusion est réglé à 5 ml/kg/h, sans jamais dépasser 250 ml/h 21 VII. La prise en charge thérapeutique: 3. Insulinothérapie IVSE : de H1 à H 24 INSULINE ampoule à 100 U/ml Insuline ordinaire rapide (ou Actrapid®) Ou analogues rapides (Novorapid® ou Humalog®) Dilution: 0,5 ml d’insuline dans 49,5 ml de NaCl 9‰ ; soit 1 ml = 1 U (50 ml = 50 U) Débit : 0,1 U/kg/h (= 0,1 ml/kg/h) si > 5ans (Maxi 5 U/h ) 0,05 U/kg/h (= 0,08mL/kg/h) si < 5ans 22 VII. La prise en charge thérapeutique: 23 VII. La prise en charge thérapeutique: 4. Passage à l’insuline sous cutanée : Dès la résolution de l’ACD : - pH > 7,30 et réserves alcalines (HCO3-) > 15 mmol / l NB : l’acétonurie peut persister - Passer à la première injection d’insuline sous-cutanée avant arrêt du protocole : 15 à 30 mn avec analogue rapide 1 à 2H avec insuline ordinaire (Actrapid®) 24 VII. La prise en charge thérapeutique: 4. La surveillance : - Monitorage FC, FR, SaO2 ; TA par ¼ h au départ, diurèse horaire ou par miction - Dextro horaire, puis par 2 heures une fois stabilisation de la glycémie à 2g/L - Recherche d’acétonurie dans chaque miction - Ionogramme sanguin + urée-créatinine + GDS veineux : à H0, H86, H12, H24. - ECG à répéter à H6 et en cas de difficulté d’interprétation de la kaliémie. - Surveillance neurologique rapprochée : Glasgow adapté à l’âge - Guetter les signes d’œdème cérébral (céphalées, vomissements, troubles de conscience, bradycardies, HTA, désaturation), et les différencier des signes d’une hypoglycémie en contrôlant le dextro. 25 VIII. Les complications: 1. Rebond d’hyperglycémie : Pour le prévenir, démarrer l’insuline sous-cutanée 1 à 2H avant arrêt de la perfusion d’insuline IV 2. Hypoglycémie : SG 30 % à raison de 1,5 ml/kg IVD puis SG 10% 26 VIII. Les complications: 3. Œdème cérébral : Il apparaît au bout de 4 à 12 heures de traitement, parfois avant le traitement ou plus rarement jusqu’à 24-48 heures après le début du traitement a. Clinique : Céphalées, vomissement, agitation, désorientation, hallucination, troubles de la vigilance 27 VIII. Les complications: . Œdème cérébral : b. traitement : - Commencer traitement dès la suspicion d’œdème cérébral (sans attendre l’imagerie cérébrale) - Réduire débit de perfusion d’un tiers - Mannitol : 0,5-1g/kg IV en 20 minutes, répéter si pas de réponse en 30 mn – 2 heures - Sérum salé hypertonique (3%) : 5-10 ml/kg en 30 mn, alternative au mannitol ou 2ème solution thérapeutique si pas de réponse initiale au mannitol - Surélever la tête du lit (30°) - Intubation si signes d’insuffisance respiratoire imminente - Après amélioration : faire TDM cérébrale afin d’exclure d’autres causes intracérébrales possibles d’altération neurologique (~10 % des cas) : thrombose ou hémorragie 28 IX. Conclusion: . l’acido-cétose diabétique (ACD) une urgence médicale qui peut mettre en jeu le pronostic vital par l’œdème cérébral surtout. • La prise en charge de l’ACD continue d’évoluer grâce à la compréhension de la physiopathologie et le progrès du traitement optimal. • Le traitement de l’ACD inclut la correction de la déplétion volumique, de l’acidose, des déséquilibres électrolytiques et de l’hyperglycémie. 29