Inner French: Episode:1 Bonjour et bienvenue dans ce premier épisode du Cottongue podcast. [00:00:10] Merci d’être avec moi aujourd’hui, je suis très content que vous écoutiez ce podcast. [00:00:16] Et pour commencer, je vais vous présenter l’idée de ce podcast. Alors, le Cottongue podcast, qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement pour les gens qui apprennent le français et qui ne trouvent pas de choses intéressantes à écouter. [00:00:34] Il y a plusieurs profils de personnes qui apprennent le français, par exemple les débutants. Pour les débutants, il y a plein d’exercices sur internet, de livres, etc. Et pour les personnes qui ont déjà un niveau avancé, elles peuvent tout simplement lire, regarder, écouter, tous les médias français parce qu’elles sont capables de les comprendre. [00:01:02] Mais, entre les deux, il y a les personnes qui ont un niveau intermédiaire et qui ne peuvent pas encore comprendre les médias français traditionnels, les médias francophones, parce que c’est un peu trop compliqué. Les personnes parlent trop vite par exemple. Ils ont un vocabulaire avec des mots qui sont un peu compliqués. [00:01:25] Donc moi, ce que je veux faire avec le Cottongue podcast, c’est vous aider à apprendre le français, pas avec de la grammaire mais en écoutant des choses intéressantes sur différents sujets. Par exemple, je vais vous parler de politique, de société, de culture, de la France mais aussi de tous les autres pays, de toutes les choses qui moi m’intéressent et qui peutêtre vont vous intéresser aussi. En tous cas, c’est ce que j’espère. [00:02:01] Alors, je vais vous dire quelques mots sur moi, je vais me présenter, comme c’est le premier podcast. Moi je m’appelle Hugo, je suis professeur en Pologne, à Varsovie, c’est la capitale de la Pologne, depuis plusieurs années. Comme je vous l’ai dit, je fais ce podcast spécialement pour les personnes qui apprennent le français et qui ont un niveau, je dirais, intermédiaire. Si ces personnes, si vous écoutez ce podcast, vous allez pouvoir comprendre de plus en plus de choses. [00:02:42] Alors, la première fois qu’on écoute, c’est normal de ne pas tout comprendre. Il faut écouter deux fois, trois fois, quatre fois. Et plus vous écouterez, plus vous comprendrez, c’est logique. Et si jamais il y a des mots, ou des extraits que vous n’arrivez pas à comprendre, vous pouvez utiliser la transcription de ce podcast. La transcription de ce podcast, elle se trouve sur mon site internet cottongue.com et vous pourrez y trouver toutes les transcriptions de tous les épisodes. [00:03:19] Aujourd’hui, on va parler des langues. Comment apprendre une langue ? [00:03:25] Pour commencer, il faut faire la distinction entre la langue maternelle et une langue étrangère. La langue maternelle, on en a qu’une. On a seulement une langue maternelle. C’est la langue qu’on apprend quand on est enfant. On a besoin de cette langue tout simplement pour parler avec ses parents, avec ses amis, pour communiquer, pour transmettre des message. Les langues étrangères, ce sont les autres langues. En général, on apprend les langues étrangères à l’école. Par exemple en France, à l’école, on apprend l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien. [00:04:10] Comment est-ce qu’on apprend ces langues étrangères ? Généralement il y a un professeur, et ce professeur essaye de transmettre, d’expliquer, comment fonctionne la langue. Des fois ça fonctionne et des fois ça ne marche pas très bien malheureusement. Alors, évidemment, maintenant, il existe plein de méthodes différentes pour apprendre une langue étrangère. Vous pouvez l’apprendre à l’école mais vous pouvez aussi avoir un professeur particulier, vous pouvez essayer d’apprendre tout seul, en autonomie, vous pouvez utiliser des applications, des livres, des podcasts, des vidéos, etc. etc. Maintenant, il y a plein de méthodes pour apprendre une langue. [00:05:04] Mais aujourd’hui, on ne va pas vraiment parler des différentes méthodes, on va plutôt parler de la théorie. Et quand on parle de la théorie de l’apprentissage des langues, il y a une personne qui est vraiment très importante et très intéressante, c’est le professeur Stephen Krashen. Ce professeur, il travaille à l’université de Californie du Sud, à USC et il est spécialiste des théories de l’apprentissage d’une langue. L’apprentissage d’une langue, ça veut dire apprendre une langue étrangère. [00:05:43] Pourquoi le professeur Stephen Krashen est très important ? Parce que, dans les années 80, il a publié plusieurs livres et plusieurs articles qui ont beaucoup influencé la façon dont on enseigne les langues dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités. Donc nous allons parler de la théorie de ce professeur et, grâce à cette théorie, vous allez pouvoir progresser plus rapidement en français et apprendre le français d’une façon plus naturelle. [00:06:21] Il faut aussi savoir que moi, j’ai créé ce podcast en utilisant les théories du professeur Stephen Krashen. Donc, ça va vous permettre de mieux comprendre pourquoi j’ai fait ce podcast et comment ce podcast peut vous aider à apprendre le français. [00:06:43] Est-ce que vous êtes prêts ? Alors, on commence ! [00:06:51] Pour comprendre la théorie de Stephen Krashen, il y a cinq hypothèses. [00:06:57] La première hypothèse, c’est une hypothèse centrale, très très très importante. Dans la première hypothèse, Stephen Krashen dit qu’il faut différencier, faire la différence, entre acquisition et apprentissage. [00:07:16] Alors acquisition qu’est-ce que ça veut dire ? Acquisition, c’est un nom qui vient du verbe acquérir. Acquérir quelque chose, ça veut dire obtenir quelque chose. Par exemple, si vous achetez une voiture, vous acquérez cette voiture, elle est à vous. Qu’est-ce que ça veut dire acquérir une langue ? Acquérir une langue, c’est quand vous êtes enfant et que naturellement, inconsciemment, vous commencez à utiliser une langue. Pourquoi vous commencez à utiliser cette langue ? Et bien, parce que vous voulez parler à vos parents. Vous avez faim, vous avez froid, vous avez envie de dormir, donc il faut essayer de vous exprimer, de faire passer un message à vos parents. Ça, c’est la façon naturelle d’apprendre une langue pour le Professeur Stephen Krashen. Et, pour lui, c’est la seule façon efficace de pouvoir utiliser une langue. [00:08:27] L’apprentissage, au contraire, c’est quelque chose de conscient, c’est un processus conscient. Quand vous êtes à l’école, vous prenez un cours de français, par exemple, et vous savez que vous êtes en train d’apprendre le français. C’est quelque chose de conscient. Par exemple, vous apprenez les règles de grammaire pour comprendre comment fonctionne le français, quelles sont les règles qu’il faut respecter pour parler français. [00:09:02] Mais Stephen Krashen, il pense que quand on apprend une langue de cette façon à l’école, quand on apprend les règles de grammaire, on ne peut pas utiliser la langue pour communiquer. Et ça, moi je l’ai vu très très souvent quand j’étais à l’école. Par exemple, en anglais, on doit apprendre tous les verbes irréguliers, et on pense que, quand on connaîtra tous les verbes irréguliers, par magie on sera capable de parler anglais. Ça, évidemment, ça ne fonctionne pas très bien. Donc, pour résumer cette première hypothèse, Stephen Krashen dit qu’il faut apprendre une langue de façon plus naturelle, un peu de la même façon dont les enfants apprennent leur langue maternelle. [00:09:56] Évidemment, il y a eu beaucoup de critiques pour cette première hypothèse. Moi aussi je suis pas complètement d’accord avec cette première hypothèse. Je pense qu’il faut connaître les règles de grammaire, mais ça n’est pas la priorité. D’abord, il faut essayer de communiquer, même si vous faites des fautes, des erreurs, ce n’est pas très grave. L’important c’est de transmettre un message, de s’exprimer et après, quand vous êtes capable de faire ça, vous pouvez apprendre les règles pour pouvoir vous corriger et vous exprimer de façon plus claire. Mais la priorité, c’est d’essayer de s’exprimer, d’essayer de parler. [00:10:50] La deuxième hypothèse, c’est l’hypothèse du contrôleur. Un contrôleur qu’est-ce que c’est ? C’est une personne qui contrôle. Par exemple, quand vous prenez le métro, il y a des contrôleurs qui vous demandent si vous avez bien votre ticket pour voyager. Le contrôleur contrôle que vous respectez les règles. [00:11:14] Quand on apprend une langue étrangère, quand on parle une langue étrangère, il y a un contrôleur dans notre tête. Ce contrôleur, il essaye de voir si vous respectez bien toutes les règles. Ça veut dire les règles de grammaire, les règles de phonétique. Et, ce qui est intéressant avec ce contrôleur, c’est que tout le monde n’a pas le même contrôleur dans sa tête. Par exemple, si vous êtes une personne plutôt extravertie, ça veut dire une personne qui n’a pas peur de parler, qui aime s’exprimer, alors le rôle du contrôleur est plutôt faible. Le contrôleur n’a pas beaucoup d’influence sur vous. Vous parlez, vous parlez, et ce n’est pas grave si vous ne respectez pas les règles. Le contrôleur, il est quasiment absent. [00:12:12] Par contre, si vous êtes introverti, alors le contrôleur est très très présent. Dès que vous essayez de parler, vous allez d’abord réfléchir aux règles, penser à une façon parfaite de dire quelque chose sans faire d’erreur. Ça malheureusement, ça n’est pas très bien, ça n’est pas une bonne méthode pour parler une langue étrangère. Pour parler une langue étrangère, il faut faire des erreurs, il faut essayer de transmettre un message. Si vous n’essayez pas de vous exprimer, si vous ne faites pas d’erreurs, vous ne pouvez pas progresser. [00:12:54] Donc ça n’est pas très grave de faire des erreurs, il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, c’est normal. Même les personnes qui sont les plus talentueuses, qui ont le plus de talent pour parler des langues étrangères, même ces personnes font des erreurs. Donc ça, ça n’est pas grave. [00:13:14] Pour résumer cette deuxième hypothèse : il faut limiter l’influence du contrôleur. [00:13:25] Maintenant la troisième. La 3ème hypothèse du professeur Stephen Krashen, c’est l’ordre naturel d’acquisition. Le professeur Krashen dit que chaque langue a un ordre naturel d’acquisition. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que chaque personne acquiert une langue en suivant le même ordre. Cet ordre, il ne dépend pas de la personne, il dépend seulement de la langue. [00:13:59] Chaque langue a son propre ordre. Par exemple en français, les articles, c’est quelque chose d’assez difficile à apprendre, à maîtriser. On commence à les utiliser dès le début, mais en général les étudiants font beaucoup beaucoup d’erreurs. Ça prend très très longtemps d’être capable de bien utiliser les articles. Ça, c’est l’ordre naturel d’une langue. [00:14:30] Moi je ne suis pas complètement d’accord avec cette théorie, parce que je pense que, en fonction de sa langue maternelle, de la langue que vous avez apprise quand vous étiez enfant, vous allez apprendre une langue étrangère d’une façon différente. Par exemple, quand un étudiant chinois apprend le français il ne l’apprend pas exactement de la même façon que quand c’est un étudiant américain. Pour les étudiants américains, il y a des similarités entre l’anglais et le français et donc c’est un peu plus facile d’apprendre certaines règles, par exemple d’utiliser les articles parce que, en anglais, il y a aussi des articles. [00:15:24] Maintenant la quatrième hypothèse. La quatrième hypothèse, c’est l’hypothèse de l’input. En français, on a pas de bon mot pour traduire ça, donc je vais utiliser le mot anglais input. Ça, c’est aussi une hypothèse très très importante de la théorie de Krashen. Cette hypothèse, elle dit qu’un individu apprend une langue, une personne apprend une langue, quand elle essaye de comprendre des messages, quand elle essaye de comprendre des contenus. Par exemple, quand vous lisez un article, quand vous regarder une vidéo en français et que vous essayez de comprendre le message. Mais attention, si cet article est trop facile vous n’allez rien apprendre de nouveau, vous n’allez pas progresser, vous n’allez pas faire de progrès. Pour acquérir une langue, il faut essayer de comprendre des choses qui sont un peu trop difficiles pour vous, des choses qui ont un niveau un peu supérieur au vôtre, des choses qui sont un peu compliquées à comprendre au début. Parce que, à ce moment-là, votre cerveau va faire un effort, il va utiliser le contexte par exemple, pour essayer de comprendre ça. Comment est-ce que votre cerveau peut comprendre ce qu’il ne connaît pas par exemple il peux utiliser des images il peut comprendre un mot qu’il ne connaît pas ? Il peut utiliser des images. Il peut comprendre une explication de ce mot. C’est pour ça que je pense qu’il est plus intéressant de comprendre un mot avec sa définition et pas avec sa traduction. Bon, des fois c’est impossible évidemment. Mais, dans l’idéal, s’il y a un mot que vous ne connaissez pas, cherchez la définition en français. Parce que, ça, ça va vous demander un effort et, cet effort, il va permettre à votre cerveau de travailler et de mieux mémoriser, de mieux retenir ce mot-là. [00:17:45] Donc ça, c’est la quatrième hypothèse du professeur Krashen. Il faut essayer de comprendre des choses qui sont un peu trop difficiles pour vous. Il dit aussi que comprendre, c’est plus important que de s’exprimer. Pour le professeur Krashen, on fait des progrès seulement, uniquement, avec la compréhension. Il pense que, utiliser la langue pour parler ou pour communiquer, ça ne permet pas de faire des progrès. Évidemment, moi je ne suis pas d’accord avec ça, je pense que, utiliser une langue pour communiquer, pour écrire quelque chose, pour discuter avec quelqu’un, ça permet aussi de faire des progrès, et c’est même très très important. Ça j’en parlerai un petit peu plus tard. [00:18:47] Et pour finir, la dernière hypothèse. La cinquième hypothèse, c’est l’hypothèse du filtre affectif. Qu’est-ce que c’est qu’un filtre ? Un filtre, je vais prendre un exemple pour vous expliquer. Dans une machine à café. Dans une machine à café, il faut utiliser un filtre pour séparer le liquide et les graines de café. Donc un filtre, c’est quelque chose qui permet de retenir, de garder certaines choses, et de laisser passer d’autres choses. Affectif, c’est quelque chose qui est lié aux sentiments, aux émotions, ça vient de «l’affection». Donc un filtre affectif, ça veut dire que, quand vous ressentez des émotions positives ou négatives, ça a une influence sur votre acquisition de la langue. Par exemple, si vous êtes très motivé, si vous avez confiance en vous, vous êtes dans un meilleur état d’esprit pour comprendre une langue, c’est plus facile. Vous pensez que vous êtes capable de le faire, donc ça devient plus facile de comprendre cette langue. [00:20:09] Par contre, si vous n’avez pas confiance en vous, si vous pensez que vous ne pas capable d’ apprendre une langue, ça va être plus difficile parce que le filtre dans votre cerveau va empêcher ces choses, ce message, de passer, d’arriver jusqu’à votre cerveau. C’est pour ça que, quand on apprend une langue, l’atmosphère, l’ambiance, c’est très très important. Si vous êtes dans une atmosphère calme, si vous vous sentez bien, si vous êtes en confiance, ça va être plus facile d’apprendre une langue. Par contre si vous êtes stressé, si vous êtes triste, si vous avez peur de vous exprimer, votre filtre, votre filtre affectif, va bloquer le message et vous n’allez pas pouvoir comprendre le message. C’est pour ça que, si vous apprenez une langue avec un professeur, c’est très important d’avoir une bonne relation avec cette personne, de vous sentir en confiance. Si vous avez peur de faire des erreurs à cause de cette personne, vous n’êtes pas dans un bon état d’esprit pour apprendre la langue. [00:21:34] La conclusion de toutes ces hypothèses, de cette théorie de Krashen, c’est qu’il n’est pas très important d’avoir une grande connaissance de la grammaire pour pouvoir utiliser une langue. C’est quelque chose qui est un peu contre-intuitif, en France par exemple, parce qu’en France on est très très très rationnels. Et en France, on pense qu’il faut bien connaitre les règles pour pouvoir appliquer quelque chose. Par exemple, pour une langue, on pense que si vous n’apprenez pas d’abord la grammaire, vous ne pourrez jamais parler une langue. Et ça, ça n’est pas une bonne méthode. Moi je ne connais personne pour qui cette méthode ait marché. [00:22:24] Donc pour acquérir une langue, il faut l’utiliser pour comprendre des messages. Tous les jours il faut essayer de comprendre quelque chose en français : un article, une vidéo, un e-mail, une publicité, n’importe quoi du moment que vous essayez de comprendre un message. Les meilleures méthodes pour apprendre une langue étrangère, ce sont les méthodes qui proposent plein de contenus, par exemple des articles, des vidéos, des textes etc. plein de contenus intéressants, dans une atmosphère sans stress. Ne faites pas confiance à une méthode qui est centrée sur la grammaire. Ça, ça ne marche pas. La grammaire, ça peut vous aider à comprendre quelque chose quand il y a un message que vous ne comprenez pas, ou une structure que vous ne comprenez pas. Mais la grammaire, ça ne doit pas être la base de votre apprentissage. Essayez plutôt de comprendre des choses, de comprendre des vidéos, de comprendre des articles. Vous avez compris que le plus important, c’est de trouver des choses qui vous intéressent, des choses que vous aurez envie de lire, de regarder, d’écouter etc. Si on a envie de comprendre quelque chose ou de comprendre quelqu’un, on va faire plus d’efforts. On ne va pas penser “bon, maintenant je dois faire du français” mais plutôt “aujourd’hui, je vais lire un article super intéressant, et cet article est en français”. [00:24:15] Avec ce podcast, je vais aussi vous parler de différents sujets. Aujourd’hui je vous ai parlé des langues, mais la prochaine fois on parlera d’un sujet complètement différent. Et je ne vous parlerai pas de grammaire. Je vais juste vous expliquer, vous raconter des histoires qui, peut-être, vous intéresseront, j’espère qu’elles vous intéresseront. [00:24:41] Alors je vous l’ai dit, contrairement au professeur Krashen, moi je pense qu’il faut aussi utiliser la langue pour s’exprimer parce que, quand vous utilisez une langue pour vous exprimer, quand vous essayez de communiquer, ça permet trois choses. [00:24:59] D’abord, ça vous permet d’identifier les problèmes. Quand vous voyez qu’il y a une chose que vous n’arrivez pas à dire, que vous n’arrivez pas à exprimer, alors vous aller chercher une façon de le faire. Et en cherchant cette façon de le faire, vous allez apprendre une nouvelle structure. [00:25:19] Ça vous permet aussi de vérifier ce que vous avez appris, de tester ce que vous avez appris. Par exemple si vous avez appris une nouvelle structure ou une nouvelle expression, et vous l’utilisez pour parler avec quelqu’un, si cette personne ne comprend pas la structure, ça veut dire qu’elle ne fonctionne pas, que vous n’avez pas appris la bonne structure ou qu’il faut l’utiliser de façon différente. [00:25:48] Et la dernière chose importante quand vous utilisez une langue pour communiquer, c’est que ça vous permet de prendre confiance en vous. Et ça, c’est très très important pour parler une langue étrangère. Quand vous prenez confiance en vous, quand vous voyez que vous êtes capable de vous exprimer, d’utiliser cette langue, c’est très très gratifiant et ça vous encourage à continuer, ça vous permet de rester motivé, et ça c’est extrêmement important. Mais pour ça évidemment, il faut un moniteur, il faut une personne qui corrige, qui vous écoute, qui vous aide à progresser. Ça c’est mon métier, parce que moi je suis professeur et coach de français, donc si vous avez besoin d’une personne pour vous écouter, pour travailler avec vous, pour vous conseiller des choses intéressantes à lire, à regarder, à écouter, vous pouvez visiter mon site et m’envoyer un email. Et moi, je serai très content de vous aider. [00:27:03] Voilà, c’est la fin de ce podcast donc merci à tous de m’avoir écouté, merci beaucoup je suis très content si vous avez écouté ce podcast jusqu’au bout. Pour trouver la transcription du podcast, vous pouvez aller sur mon site cottongue.com et vous y trouverez la transcription. [00:27:28] La semaine prochaine, dans le prochain podcast, nous parlerons des robots. Comment nous pouvons vivre avec les robots et est-ce qu’ils peuvent nous remplacer ? J’espère que vous me retrouverez la semaine prochaine, avec ce nouveau podcast. En attendant, je vous invite à essayer de comprendre un maximum de choses, à lire des articles, à faire un peu de français tous les jours. Tous les jours, essayez de comprendre quelque chose en français. Merci a tous, passez une bonne semaine et à bientôt ! Episode 2: Bonjour à tous et bienvenue dans ce deuxième épisode du Cottongue podcast. [00:00:11] Je suis très content de vous retrouver pour ce deuxième podcast j’espère que vous allez bien j’espère que vous êtes en forme. [00:00:20] Alors, dans le podcast précédent nous avons parlé des langues et de la théorie du professeur américain Stephen Krahsen. Je vous ai donné quelques conseils pour être capable d’utiliser une langue. Vous vous rappelez de mes conseils ? Mon principal conseil, c’était de chercher des choses intéressantes à lire, à regarder, ou à écouter en français. Je vous ai conseillé d’oublier la grammaire et de vous concentrer sur la compréhension. Si chaque jour vous essayez de comprendre quelque chose en français : un texte, une vidéo, ou les paroles d’une chanson, vous allez faire d’énormes progrès. Et le plus important pour rester motivé, c’est de trouver des choses qui vous intéressent, des choses que vous avez envie de comprendre. [00:01:21] Justement, aujourd’hui, je vous propose d’écouter un podcast en français sur un sujet que je trouve passionnant. Ce sujet c’est les robots. Alors, pourquoi les robots me passionnent ? Parce qu’ils commencent à vivre avec nous, à nous entourer. “Nous entourer”, ça veut dire qu’ils sont présents autour de nous : au travail, quand on fait les courses, un peu partout en fait. Mais vous ne les avez pas remarqués ? Vous n’avez pas remarqué les robots qui sont partout autour de nous ? C’est peut-être parce que, quand je vous dis le mot “robot”, vous pensez aux robots des films de science-fiction. Mais un robot, ça ne ressemble pas forcément à ça. Un robot ça peut être simplement un bras mécanique comme les bras que l’on trouve dans les usines. Vous savez les usines ce sont les endroits où on fabrique des produits en très très grande quantité. Par exemple une usine de voitures, une usine de téléphones portables. Donc dans ces usines, les robots ont remplacé les hommes, et les robots qu’on trouve dans ces usines, ils ne ressemblent pas vraiment aux robots qu’on voit dans les films de sciencefiction. [00:02:54] Alors qu’est-ce que c’est exactement un robot ? Un robot, c’est un automate. C’est une machine qui est programmée pour effectuer les tâches à la place des hommes, pour remplacer les hommes. Je vous ai parlé des usines, eh bien dans les usines, dans les usines automobiles par exemple qui produisent des voitures les robots ont presque complètement remplacé les hommes. Sur la chaîne de production, on trouve essentiellement des robots. Ça, ça n’est pas vraiment nouveau. La nouveauté, l’innovation, c’est que maintenant les robots peuvent échanger avec nous. On peut discuter avec eux, avec les robots. Ils peuvent nous rendre des services, ils peuvent nous analyser, nous comprendre. [00:03:55] Comment est-ce qu’on va cohabiter avec les robots ? Comment allons-nous partager notre vie avec eux ? Est-ce que les robots peuvent tous nous remplacer ? Est-ce qu’on peut imaginer un monde dans quelques années, un futur, dans lequel il n’y aura que des robots ? Ça, ça fait penser a scénario d’un film de science-fiction, à un scénario-catastrophe. Mais aujourd’hui on va essayer d’apporter des réponses un peu plus sérieuses, peut-être, pour voir comment nous vivons avec les robots. On va essayer de répondre à toutes ces questions ensemble. [00:04:45] Vous êtes prêts ? Alors c’est parti ! [00:04:52] Imaginez que vous êtes à la maison, vous êtes chez vous. Votre journée de travail est terminée, et vous êtes un peu fatigué, vous êtes un peu de mauvaise humeur. Vous avez passé une journée assez désagréable. Peut-être que votre chef n’a pas été sympa avec vous, peut être que vous avez eu une réunion qui était vraiment très très ennuyeuse. Bref, votre journée de travail est terminée, vous êtes chez vous et vous êtes plutôt de mauvaise humeur. Et là il y a Pepper, votre robot domestique qui vient vous voir. Pepper s’approche de vous et il vous demande si vous allez bien. Alors vous répondez à Pepper : “écoute Pepper, je ne vais pas très bien aujourd’hui. J’ai passé une mauvaise journée.” Et là, Pepper, il commence à vous poser des questions pour savoir ce qui ne va pas. Un peu comme un vrai humain. Un peu comme un ami qui serait avec vous et qui vous poserait des questions pour essayer de vous remonter le moral. “Remonter le moral à quelqu’un” ça veut dire essayer de lui redonner de l’énergie pour qu’il soit de bonne humeur. Par exemple si vous êtes triste, vous pouvez regarder un film, une comédie pour, vous remonter le moral, pour vous redonner de l’énergie et pour aller mieux. Alors vous êtes chez vous, et votre robot Pepper essaye de vous remonter le moral. Par exemple il vous propose de regarder un film ou de jouer à un jeu avec lui, il vous montre des vidéos drôles sur YouTube. Et grâce à ça, grâce a Pepper, après quelques minutes vous vous sentez déjà mieux, vous allez beaucoup mieux. [00:07:15] Est-ce que c’est difficile a croire pour vous ce scénario ? Est-ce que c’est difficile à imaginer ? Est-ce que vous avez l’impression d’être dans un film de science-fiction ? [00:07:28] Eh bien pourtant, Pepper existe vraiment. Pepper est un robot qui est produit par une entreprise franco-japonaise qui s’appelle Softbank Robotics. Pepper, il est présent dans certaines banques au Japon pour aider les clients, pour divertir les clients, pour leur poser des questions et pour essayer de leur proposer des solutions. Les robots Pepper, ils sont également présents dans certaines gares en France pour aider les voyageurs qui eux aussi ont des questions. [00:08:15] Ces robots, ils font partie d’une nouvelle catégorie de robots d’un nouveau type de robots. On les appelle “les robots émotionnels”. Alors comment ces robots émotionnels fonctionnent-ils ? Les robots émotionnels, ils sont capables de reconnaître les principales émotions humaines, d’analyser, de comprendre les émotions humaines, et en fonction de ça, ils adaptent leur comportement pour échanger avec leur utilisateur, avec leur interlocuteur, c’est-à-dire avec la personne qui leur parle. [00:09:07] C’est peut-être un peu difficile d’imaginer qu’un robot est capable de comprendre vos émotions, de comprendre vos sentiments. À votre avis, comment ces robots font-ils pour identifier vos émotions ? En fait, ils ont plusieurs capteurs. Des capteurs, ce sont des choses qui permettent aux robots d’enregistrer des informations. Par exemple, ils ont un capteur visuel qui est leur permet de voir, comme les humains. Ils ont des capteurs auditifs qui leur permettent d’écouter, un peu comme s’ils avaient des oreilles. Ils peuvent vous écouter vos réponses et analyser cette information. Ils peuvent utiliser leurs capteurs visuels, leurs yeux, pour analyser les expressions de votre visage, pour voir si vous souriez, si vous êtes en train de rire. Et ils peuvent aussi analyser votre voix. Si vous êtes triste, on peut l’entendre dans votre voix. Vous n’avez pas exactement la même voix, vous ne parlez pas exactement de la même façon quand vous êtes triste et quand vous êtes content. Pepper, il peut utiliser toutes ces informations pour comprendre vos émotions, pour identifier vos émotions. En plus, Pepper, il veut essayer de mieux vous connaître, un peu comme un ami. Ça veut dire qu’il va vous poser des questions et il va se rappeler, se souvenir de vos réponses. Par exemple, si vous dites à Pepper : ” Moi, Pepper, je n’aime pas jouer aux échecs.” Eh bien Pepper, il ne va jamais vous proposer de jouer aux échecs. Ou alors si vous dites à Pepper : “écoute Pepper, moi je n’aime pas regarder des films qui sont des films d’horreur” eh bien Pepper ne va jamais vous proposer de regarder films d’horreur. Ça veut dire que Pepper, il apprend à vous connaître et il évolue avec vous petit à petit. Pepper mémorise vos traits de personnalité, vos préférences, et il s’adapte à vos goûts et à vos habitudes. Donc Pepper, finalement, c’est un compagnon. C’est quelque chose qui vous tient compagnie. [00:12:20] Alors, si vous voulez acheter un Pepper, il va falloir faire des économies parce que Pepper n’est pas donné. Quand on dit que quelque chose n’est “pas donné”, ça veut dire que c’est plutôt cher, que c’est assez cher. Par exemple, on peut dire qu’une voiture n’est pas donnée, ça veut dire que cette voiture est chère, qu’elle coûte beaucoup d’argent. Combien coûte Pepper ? Eh bien Pepper, il coûte environ 1500€. 1500€ plus 200€ d’abonnement qu’il faut payer chaque mois. Cet abonnement il sert a entretenir, à maintenir, à réparer le robot. Vous avez une personne qui peut venir réparer votre Pepper si votre Pepper tombe en panne. [00:13:27] À votre avis, est-ce que c’est possible pour un robot de comprendre les émotions humaines ? On peut penser que les émotions humaines, les sentiments humains, ce sont des choses qui sont très très complexes. Il y a des philosophes qui essaient de comprendre les émotions humaines depuis des siècles et des siècles. Et pourtant, on a l’impression que certaines émotions sont toujours un mystère. Alors si les philosophes n’arrivent pas à comprendre nos émotions, comment est-ce qu’un robot serait capable de le faire ? Pour beaucoup de personnes, c’est très difficile à imaginer. Ils pensent que c’est impossible. Ils pensent que les émotions humaines sont trop complexes pour pouvoir être comprises par un robot. [00:14:27] Mais moi je pense que oui, je pense que c’est complètement possible. Il existe un nombre limité d’émotion : la joie, la tristesse, la peur etc. etc. Ces émotions, elles ne sont pas infinies. Il n’existe pas des milliards et des milliards d’émotions. On pourrait faire une liste de ses émotions. Et certaines émotions qui sont un peu plus complexes, elles sont simplement un mélange des émotions de base, des émotions basiques. Si on pense à la nostalgie, la nostalgie c’est quand vous pensez à une période passée de votre vie et vous regrettez un peu cette période. Par exemple, vous êtes nostalgique des années où vous étiez enfant, où vous pouviez faire tout ce que vous vouliez, où vous n’étiez pas obligé de faire le ménage, de vous occuper de la maison, de travailler. Peut-être que vous êtes nostalgique de cette période. Eh bien la nostalgie, c’est simplement un mélange de regret et de tristesse. Donc cette émotion elle n’est pas si complexe. Et il n’existe pas un nombre illimité d’émotions. [00:16:04] En plus, pour chaque émotion on peut attribuer un nombre de paramètres. Quand on pleure, quand on verse des larmes, généralement ça veut dire qu’on est triste. Mais ça peut aussi vouloir dire qu’on est très très heureux, et qu’on trouve que quelque chose était extrêmement drôle. Il existe une expression en français qui dit “pleurer de rire”. “Pleurer de rire”, c’est quand vous regardez un film tellement drôle que vous en pleurez, vous pleurez de rire. Donc on peut associer des paramètres à chaque émotion et ensuite les robots peuvent analyser ces différents paramètres pour comprendre vos émotions. Bref, à mon avis dans le futur les robots pourront très très bien nous comprendre, ils pourront très bien comprendre les hommes, et ils pourront comprendre les hommes peut-être même mieux que les hommes ne se comprennent eux-mêmes. [00:17:29] En plus du robot Pepper, l’entreprise Softbank Robotics produit d’autres types de robots qui ont d’autres fonctions. Je vais vous parler un peu de ces autres robots. Un autre robot de l’entreprise Softbank Robotics, c’est un robot qui s’appelle Roméo. Roméo c’est un robot humanoïde, ça veut dire qu’il ressemble à l’humain, il ressemble à l’homme. Alors il a une tête, un corps, deux bras, deux jambes et il mesure 140 cm, il fait 140 cm. La fonction de Roméo, le but de Roméo, c’est d’aider les personnes âgées ou les personnes handicapées. Comment Roméo peut aider les personnes âgées ou les personnes handicapées ? Il peut les aider à ouvrir une porte, à monter un escalier, ou à attraper des objets sur une table. Roméo peut aider ces personnes dans leur vie quotidienne à faire des choses qui pour elles sont assez difficiles parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer facilement par exemple, mais Roméo, lui, il peut se déplacer facilement et il peut aller chercher des objets et rapporter des objets. [00:19:12] Vous pensez que c’est une bonne idée pour aider les personnes âgées ou les personnes handicapées ? [00:19:20] D’un côté, ça peut être une bonne idée parce que dans beaucoup de pays il n’y a pas assez de personnes pour aider les personnes âgées ou les personnes handicapées. Donc ce robot, ça peut être une vraie aide pour ses personnes dans leur vie quotidienne. [00:19:44] Mais, d’un autre côté, on peut penser qu’avec ces robots nous allons peut-être abandonner les personnes âgées et les personnes handicapées parce qu’on pensera : “OK, ces personnes ont des robots pour s’occuper d’elles donc elles n’ont pas besoin d’humains pour s’occuper d’elles. Et ça, peut être que ça va renforcer leur solitude, peut-être que ces personnes vont se sentir seules. [00:20:27] Le troisième robot de l’entreprise Softbank Robotics, il s’appelle Nao. Alors Nao, il est plus petit que les autres robots de cette entreprise parce qu’il mesure 58 cm et, Nao, il est utilisé pour l’éducation. Nao est capable de bouger, de sentir, d’entendre, de parler, de voir, et, bien sûr, de se connecter à Internet. Il est utilisé par exemple dans des écoles où il y a des élèves autistes. L’autisme, c’est un trouble du comportement qui modifie les interactions sociales, la communication. Généralement les personnes autistes ont des problèmes à s’exprimer, à communiquer, et elles ont des problèmes avec leurs interactions sociales quotidiennes. Eh bien Nao, il encourage les enfants autistes à s’exprimer. Nao est très très patient et il peut écouter, encourager, les enfants autistes à s’exprimer, à parler avec lui. [00:21:58] Est-ce que vous pouvez imaginer des robots qui dans le futur remplaceront les professeurs, des robots qui prendront la place des professeurs ? [00:22:12] Il y aurait plusieurs avantages à cette situation. Par exemple les robots ne sont jamais malades, ils ne sont jamais fatigués, pas comme les professeurs. La qualité des cours serait toujours la même. Les robots professeurs peuvent travailler 24 heures sur 24 et ils ne font jamais d’erreurs. En plus, il n’y a pas besoin de les payer. Il faut juste les acheter mais ensuite ils n’ont pas de salaire. Donc les robots professeurs seraient moins chers que les professeurs humains. Mais, quels sont les inconvénients à votre avis ? Peut être que ces robots, ces robots professeurs ne seront pas capables de répondre à toutes les questions. Et également, ils ne pourront pas créer de relations avec les étudiants, et pour les étudiants c’est important d’avoir un lien avec leur professeur, de sentir que leur professeur les connait, qu’ils peuvent lui parler librement, qu’ils peuvent échanger avec lui. [00:23:36] Mais on ne sait pas, peut-être que dans le futur dans les universités il y aura des robots professeurs. [00:23:49] Pour finir ce podcast, je vais vous parler d’un dernier type de robot qui à mon avis est extrêmement dangereux. Ces robots, ce sont les armes autonomes. Qu’est-ce que c’est qu’une arme autonome ? C’est un robot qui est utilisé dans une armée et qui est comme un soldat, comme un militaire. On utilise ces robots pour faire la guerre. Par exemple, en Afghanistan et en Irak, on utilise des drones. Ces drones, ils peuvent déjà voler tout seuls. Ils n’ont pas besoin d’être contrôlés par des hommes. On peut leur indiquer un point, leur dire de se rendre à un certain point. Et les robots vont voler tout seuls jusqu’à ce point, ils sont autonomes. Dans quelques années, ils seront capables de tuer des cibles humaines, de tuer des humains, des hommes, seuls, sans intervention, sans être contrôlés. Ça, évidemment, ça pose des problèmes éthiques parce que, dans quelques années, les robots pourront tuer des hommes, comme dans les films de science-fiction catastrophes. Et les robots, ils n’éprouvent pas de sentiments, ils n’ont pas d’empathie. Autrement dit, les robots peuvent tuer des soldats ou des civils sans distinction. Pour un robot, c’est pareil. Parce que les robots n’ont pas d’empathie, ils ne partagent pas les émotions humaines. Si on dit à un robot de tuer une personne, ce robot va tuer cette personne et il ne va pas réfléchir à son action. Donc ça c’est un vrai problème moral, un vrai problème éthique. D’ailleurs, il y a beaucoup d’associations de scientifiques, par exemple une association avec le physicien britannique très célèbre Stephen Hawking, qui demandent l’interdiction des armes autonomes. Ils veulent que ces robots soient interdits. Il y a d’autres types d’armes qui sont déjà interdites, comme les armes chimiques. Eh bien, ces associations de scientifiques elles veulent qu’il n’y ait pas d’armes autonomes. Et moi, je suis d’accord avec ces scientifiques. Je pense que ces armes autonomes, ces robots autonomes, ils représentent une menace comme l’arme nucléaire par exemple, ils sont tout aussi dangereux. [00:26:53] Pour conclure ce podcast, on peut dire que la vie avec les robots dépend de la façon dont les entreprises, les entreprises qui produisent ces robots, vont les programmer. Si les entreprises produisent des robots pour nous aider dans notre vie quotidienne, ça peut être une très bonne idée, ça peut être une vraie aide, par exemple pour les personnes handicapées, pour les personnes âgées. De la même façon que les robots ont été une grande aide dans la production industrielle. Mais les robots peuvent aussi être très dangereux si on les utilise pour faire la guerre. Donc ça, c’est une mauvaise direction, c’est une mauvaise utilisation des robots. [00:27:55] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Merci à tous de l’avoir écouté. J’espère que ça vous a intéressé, j’espère que vous avez passé un bon moment. Si vous voulez, vous pouvez retrouver la transcription de ce podcast sur mon site internet cottongue.com avec toutes les informations et tout le vocabulaire. Comme d’habitude, je vous encourage à écouter ce podcast plusieurs fois pour essayer de comprendre un maximum de choses, et je vous promets que, si vous continuez de faire ça, vous allez progresser énormément, vous allez comprendre de plus en plus de choses, et vous allez apprendre à vous exprimer en français naturellement. [00:28:52] Dans le prochain épisode, nous parlerons du bonheur et des pays dans lesquels les gens sont les plus heureux. Merci à tous, merci d’avoir écouté ce podcast et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel épisode. [00:29:12] À bientôt, salut ! Episode:3 Bonjour à tous et bienvenue ! C’est le troisième épisode du Cottongue podcast. [00:00:10] J’espère que tout va bien chez vous et que vous profitez du printemps ! [00:00:15] Si vous n’avez pas écouté les épisodes précédents, je vais vous expliquer pourquoi je fais ce podcast. [00:00:23] Je m’appelle Hugo et je suis professeur de français en Pologne, à Varsovie. Comme j’habite en Pologne depuis 3 ans, j’apprends le polonais. Et pour apprendre une langue étrangère, je trouve que les podcasts sont un très bon outil, une très bonne méthode. Mais le problème avec ces podcasts, c’est qu’ils sont souvent ennuyeux. Ils ne parlent pas de sujets intéressants. On pense que, parce que les personnes qui écoutent ne comprennent pas tout, on ne peut pas leur parler de sujets originaux. Eh bien moi, je vais vous parler de choses que je trouve intéressantes et j’espère que ça vous plaira. [00:01:10] Dans ce podcast, nous n’allons pas faire de grammaire. Si vous voulez faire de la grammaire, il y a plein de sites internet et de livres pour ça. Ici, il faut juste écouter et essayer de comprendre ce que je vous raconte. Je vous conseille d’écouter le podcast plusieurs fois pour pouvoir comprendre de plus en plus de choses… Au départ, c’est normal de ne pas tout comprendre. Il faut plusieurs écoutes pour comprendre tout ce que je dis ou pour essayer de comprendre une grande partie de ce que je vous raconte. [00:01:55] Ici, à Varsovie, aujourd’hui c’est un jour férié. Un jour férié, c’est un jour où on ne travaille pas pour célébrer un événement national. Par exemple aujourd’hui en Pologne, on célèbre la Constitution du 3 mai 1791. La Constitution polonaise, c’est la plus vieille Constitution d’Europe, et la deuxième plus vieille constitution du monde (après la Constitution des ÉtatsUnis). Donc aujourd’hui c’est une fête nationale en Pologne, un jour férié pendant lequel personne ne travaille. [00:02:41] Mais moi je travaille, car j’ai décidé d’enregistrer un nouveau podcast pour vous. [00:02:49] Et dans ce podcast, je ne vais pas vous parler de la Constitution polonaise, rassurez-vous ! Aujourd’hui, je veux vous parler du bonheur. [00:03:01] Mais, d’abord, il faut essayer de définir le bonheur, d’expliquer ce que c’est. [00:03:09] Le bonheur, c’est un sentiment que l’on ressent quand on est complètement satisfait. On dit aussi qu’on est heureux, qu’on se sent bien. Par exemple, imaginez que c’est l’été, au mois de juillet ou au mois d’août si vous préférez le mois d’août. [bruitage cigales] Vous êtes en vacances dans le sud de la France, il fait très chaud. Vous êtes dans une magnifique piscine avec vos amis, vous n’avez aucun problème. Vous passez de supers vacances, les meilleures vacances de votre vie. Tout se passe bien, vous êtes heureux d’être là, à ce moment précis. La vie est belle, comme on dit en français. Eh bien, à ce moment-là, on peut dire que vous ressentez du bonheur. [00:04:09] Quand on pense au bonheur de cette façon-là, ça a l’air très simple. Mais en fait, c’est un peu plus compliqué que ça. Par exemple, il y a des centaines d’articles dans des magazines, sur internet, dans les journaux, pour trouver le bonheur. On propose aux lecteurs des recettes pour être heureux. On leur propose les ingrédients du bonheur. Il existe même des spécialistes du bonheur, et également une étude mondiale qui s’appelle le World Happiness Report, pour comparer les niveaux de bonheur dans différents pays. Pour classer les pays et voir dans quels pays les gens sont les plus heureux. [00:05:08] Aujourd’hui, nous allons parler de cette étude. Vous avez envie de savoir quels sont les pays où les gens sont les plus heureux ? Alors restez avec moi et vous le saurez d’ici la fin de ce podcast, promis ! [00:05:24] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:05:32] D’abord, nous allons parler un petit peu de philosophie. [00:05:37] Les philosophes grecs se sont beaucoup intéressés à l’idée de bonheur. Les philosophes, vous savez, ce sont les personnes qui se posent des questions et qui écrivent sur des idées un peu abstraites : la morale, la vertu, le bien, le mal, le désir, etc. Vous connaissez sûrement Socrate, Platon et Aristote par exemple. Ce sont trois des plus célèbres philosophes de l’antiquité grecque. Malheureusement, dès l’antiquité grecque, les philosophes n’étaient pas d’accord sur la définition de bonheur. [00:06:23] Par contre, ils étaient d’accord sur un point : le bonheur est le but ultime de l’Homme. Ça veut dire que l’Homme fait tout pour le trouver. La cause de toutes ses actions, c’est cette recherche du bonheur. Par exemple, on travaille pour gagner de l’argent, et cet argent doit nous rendre heureux. Avec cet argent, on peut acheter des choses qui vont nous rendre heureux : une maison, une voiture, partir en vacances. Un autre exemple : quand vous cherchez quelqu’un pour partager votre vie, un mari ou une femme, c’est parce que vous pensez que vous serez plus heureux ou plus heureuse avec cette personne. Alors voilà, quand on réfléchit, on comprend que toutes nos actions sont motivées par la recherche du bonheur. Le bonheur, c’est le but ultime de l’Homme. Sur ce point, les philosophes grecs étaient d’accord. [00:07:38] Mais derrière le bonheur, il y a aussi l’idée de plaisir. Car le plaisir vient de la satisfaction d’une envie ou d’un besoin. Par exemple, le plaisir de manger un plat délicieux, votre plat préféré, le plaisir de voir un ami qu’on avait pas vu depuis longtemps. Mais attention, parfois le plaisir peut nuire au bonheur. « Nuire », c’est un verbe qui veut dire « être mauvais », « faire du mal à quelqu’un ou quelque chose ». On dit que la cigarette nuit à la santé, que fumer est mauvais pour la santé. [00:08:25] Pourquoi le plaisir peut-il nuire au bonheur ? Parce qu’il est souvent éphémère, temporaire. Vous savez bien, quand on fait la fête et qu’on boit de l’alcool par exemple. On passe un bon moment, on est un peu euphorique. Mais le jour d’après, le lendemain, on se sent mal. On a mal à la tête, on a rien envie de faire. En français ça s’appelle « avoir la gueule de bois ». « Avoir la gueule de bois » c’est quand vous avez bu trop d’alcool le jour précédent, le jour d’avant, et que vous vous sentez mal, que vous avez mal à la tête, que vous n’avez pas d’énergie. En français ça s’appelle « avoir la gueule de bois ». Ça, c’est donc un bon exemple. Le soir vous êtes heureux, vous éprouvez du plaisir parce que vous buvez, parce que vous êtes content d’être avec vos amis et de faire la fête, mais le lendemain vous regrettez un peu vos actions, vos décisions. Donc oui, le plaisir parfois nuit au bonheur. [00:09:40] Ça nous amène à une troisième idée qui est liée au bonheur, l’idée de stabilité. Le bonheur, ça n’est pas être heureux pour 5 minutes ou même pour 5 heures. Le bonheur, c’est un état stable, durable. C’est ça qui différencie le bonheur et le plaisir. On peut dire que le bonheur, c’est un plaisir stable, constant, un état dans lequel on se sent complètement satisfait. On dit en français « être comblé ». « Être comblé », c’est quand tous vos désirs, vos souhaits, sont réalisés. Vous ne voulez rien d’autre, nous n’attendez rien de plus. Le philosophe Aristote pensait que c’est seulement à la fin de sa vie qu’un homme sait s’il a vraiment trouvé le bonheur. Quand il regarde en arrière, quand il regarde sa vie, pour voir s’il a été heureux. [00:10:53] Ok, alors ça, c’était la partie philosophique du bonheur. [00:11:00] Maintenant, je vais vous parler du World Happiness Report. C’est un rapport annuel qui est publié par les Nations Unies et qui existe depuis 2012. Cette année, en 2017, ils ont donc publié leur 5ème rapport. Alors, à votre avis, comment les chercheurs peuvent-ils mesurer le niveau de bonheur d’un pays ? C’est un peu bizarre, non, de mesurer le niveau bonheur des habitants ? [00:11:38] Pour faire ça, les chercheurs ont choisi différents critères, différents paramètres. Des indicateurs objectifs, et des critères subjectifs. Pour les critères subjectifs, ils ont interrogé, ils ont posé des questions, à 1000 personnes dans 150 pays différents. Ils ont interrogé 1000 personnes dans chacun des pays. Avec les réponses de ces habitants, les chercheurs ont pu évaluer leur niveau de bonheur. [00:12:18] À votre avis, quels sont les critères, les indicateurs, qui sont utilisés pour mesurer le niveau de bonheur d’un pays ? Est-ce que vous avez une petite idée ? [00:12:31] Je vais vous aider un peu. [00:12:34] Le premier critère, c’est le Produit Intérieur Brut par habitant. Généralement, on dit le PIB : Produit Intérieur Brut. Le PIB, c’est la richesse d’un pays, la richesse que produit un pays chaque année. Et le PIB par habitant c’est cette richesse divisée par le nombre d’habitants du pays. Logiquement, les petits pays riches, comme le Luxembourg, la Suisse ou la Norvège, ont un grand avantage ici. C’est un indicateur très important. Ça veut aussi dire qu’on associe le bonheur à la richesse. Pourtant, en français, on a un proverbe qui dit « l’argent ne fait pas le bonheur ». Mais parfois on ajoute « mais il y contribue ». « L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Ça veut dire que l’argent n’est pas suffisant pour être heureux, il faut d’autre chose, mais l’argent peut aider, il peut nous aider, à être heureux. [00:14:00] Le deuxième critère, c’est l’espérance de vie. L’espérance de vie, c’est la durée de vie moyenne d’une population, d’une génération. En France, l’espérance de vie en France, c’est 82 ans. Ça veut dire que les bébés qui naissent actuellement en France vont statistiquement vivre jusqu’à 82 ans. Évidemment, ça n’est qu’une statistique. Si un pays a une espérance de vie élevée, il a sûrement un bon système de santé pour soigner les personnes malades, beaucoup d’hôpitaux et de cliniques. Grâce à tout ça, grâce à ces infrastructures, à ce système de santé, les habitants sont en bonne santé. S’ils sont en bonne santé, ils vont vivre plus longtemps. Et c’est plus facile d’être heureux quand on est en bonne santé. Vous savez quels pays ont l’espérance de vie la plus élevée ? Eh bien les trois pays qui ont l’espérance de vie la plus élevée dans le monde, ce sont le Japon, la Suisse et Singapour. [00:15:26] Le troisième critère, c’est l’assistance sociale. L’assistance sociale, ça veut dire que vous avez quelqu’un sur qui compter quand vous avez un problème : vos parents, votre compagnon, vos amis. Là aussi, c’est logique non ? On se sent plus en sécurité quand on sait qu’il y a des personnes pour nous aider si on a un problème. En français, on dit « se serrer les coudes ». « Se serrer les coudes » ça signifie s’entraider, être solidaires. Si un membre de votre famille ou un ami a des problèmes financiers par exemple, vous allez l’aider. Alors que si on ne sent pas en sécurité, si on a peur pour son futur, il est difficile d’être heureux. On retrouve l’idée de stabilité, dont nous avons parlée un peu plus tôt, qui est essentielle au bonheur. Les pays qui sont les mieux classés, là où les personnes sont les plus solidaires, ce sont l’Islande, l’Ireland et le Danemark. La France est 46ème dans le classement pour ce critère, ça veut dire que les Français devraient faire des efforts pour s’entraider davantage, pour davantage se serrer les coudes, pour être plus solidaires entre eux. [00:17:11] Ensuite, il y a l’indicateur de confiance, le 4ème critère. En français on dit « avoir en confiance en quelqu’un », ou « faire confiance à quelqu’un ». Il y a deux possibilités : « avoir confiance en quelqu’un », par exemple « j’ai confiance en lui » ou « faire confiance à quelqu’un » par exemple « je lui fais confiance ». « Faire confiance à quelqu’un », c’est penser que cette personne est honnête et qu’elle ne va pas vous tromper. Dans le Rapport sur le bonheur, ils demandent aux habitants s’ils font confiance à leur gouvernement et aux entreprises. Les habitants ont confiance en ces institutions quand il n’y a pas de corruption. Quand le gouvernement fait bien son travail et que les entreprises ne sont pas corrompues. Quand tout le monde a les mêmes chances de réussir. Effectivement, c’est difficile de se sentir bien dans un pays quand on ne peut pas faire confiance au système. [00:18:29] La liberté est le 5ème indicateur utilisé dans ce classement. La liberté, ici, ça signifie la possibilité de prendre ses propres décisions, de faire ses propres choix. Quand personne ne vous oblige à prendre des décisions qui sont contre votre volonté. Si vous voulez changer de travail, vous pouvez le faire. Si vous voulez déménager, aller vivre dans une autre ville ou un autre pays, vous pouvez le faire. Si vous voulez vous marier ou divorcer, vous pouvez le faire. Le contraire de cette liberté, c’est quand vous êtes en prison. Quand vous êtes en prison, vous n’avez quasiment aucune liberté. Encore une fois c’est plutôt logique, je ne pense pas qu’il existe des gens qui soient contents d’être en prison. [00:19:31] Le 6ème et dernier critère, c’est le plus intéressant à mon avis, c’est le critère de la générosité. Cette générosité, elle est mesurée par les dons et les donations. Autrement dit, quand on donne de l’argent à une association qui s’occupe d’aider les personnes handicapées, les enfants, les animaux, où de toute autre cause. D’après le classement, les pays dans lesquels les gens sont les plus généreux sont la Birmanie, l’Indonésie et Malte. C’est intéressant parce que je pense qu’être généreux, penser aux autres, essayer de les aider, est une chose qui nous rend heureux parce qu’on se sent utile. C’est très important de se sentir utile. Mais je vous parlerai de ça un peu plus tard. [00:20:34] Avec tous ces critères, quels sont les pays où les gens sont les plus heureux à votre avis ? Une petite idée ? [00:20:43] Quand on calcule la moyenne des différents indicateurs, ce sont surtout les pays scandinaves qui arrivent en tête. « Arriver en tête » ça signifie être le ou les premiers d’un classement. La Norvège est 1ère, le Danemark 2ème, l’Islande 3ème, ensuite il y a la Suisse 4ème et la Finlande 5ème. [00:21:13] Et vous pensez que votre pays est bien classé ? Si vous voulez vérifier, vous pouvez trouver le classement de votre pays sur internet en cherchant le World Happiness Report 2017. [00:21:33] Voilà, maintenant nous avons vu que le bonheur est un état durable dans lequel nous sommes satisfaits, dans lequel tous nos désirs sont comblés. Mais, pour arriver à cet état, il y a des conditions extérieures, des conditions qui ne dépendent pas de nous, qui dépendent du pays dans lequel on vit par exemple. [00:22:01] Cependant, dans les pays occidentaux, le bonheur est devenu une obsession, une obsession égoïste, narcissique. Tout le monde fait tout pour le trouver. Certains journalistes parlent même de la « dictature du bonheur ». [00:22:22] La « dictature du bonheur », qu’est-ce que ça signifie ? Ça veut dire que cette recherche du bonheur est comme une sorte de tyrannie. Elle impose aux gens de vivre d’une certaine façon s’ils veulent être heureux. Dans les médias et les publicités, on nous donne des ordres pour être heureux : faîtes du sport, mangez équilibré, partez en vacances ici ou là, achetez cette voiture ou ce smartphone. Il faut faire un travail qui nous passionne, trouver la femme ou le mari idéal. C’est un peu stressant tout ça non ? Vous ne pensez pas ? [00:23:08] Après tout, chacun a une vision différente du bonheur, non ? Peutêtre que les choses qui me rendent heureux ne plaisent pas à mon voisin. J’adore faire du vélo le dimanche quand il fait beau par exemple, ça, ça me rend heureux. Mais il y a aussi des gens qui n’aiment pas faire de vélo et qui préfère d’autres activités comme, je ne sais pas, la méditation, le running ou bien aller au cinéma. Ou bien certaines personnes préfèrent aller au bord de la mer pour les vacances, et d’autres à la montagne, ça dépend des goûts, des préférences ! [00:23:53] Alors comment des « experts du bonheur » peuvent-ils nous aider à être heureux ? [00:24:00] Le plus important, à mon avis, c’est d’apprendre à se connaître. « Connais-toi toi-même » disaient les philosophes grecques. Tout le monde est différent, il faut apprendre à apprécier ses différences, sa singularité, pour savoir ce qui nous rend heureux. [00:24:22] Si vous essayez d’imiter les autres, de copier leur recette du bonheur, cela va sûrement créer de la frustration, de la jalousie. Ça risque même de vous rendre malheureux. Si vous vous conformez à la définition générale que la société donne du bonheur, peut-être que ça ne marchera pas non plus. Il n’existe pas d’ingrédients universels qui créent le bonheur, sinon on le saurait et tout le monde serait déjà heureux. Au contraire, il faut trouver sa propre recette. Prenez du temps pour vous, pour vous poser des questions et trouvez qui vous rend vraiment heureux. Et surtout, ouvrez-vous aux autres. Ne cherchez pas simplement votre bonheur personnel, mais essayez d’aider d’autres personnes à trouver le leur. Le bonheur ne doit pas être un plaisir égoïste, c’est une chose que l’on doit essayer de partager le plus possible. C’est une richesse qui peut grandir en la partageant, contrairement aux autres richesses. [00:25:46] Nous arrivons donc à la fin de ce podcast. J’espère que ce sujet du bonheur vous a intéressé, j’espère que vous avez appris de nouvelles choses, des choses peut-être intéressantes dont vous aurez envie de parler avec votre famille, avec vos amis. Et j’espère aussi que vous aurez envie d’écouter le prochain podcast. [00:26:14] Comme d’habitude, je vous encourage à écouter ce podcast plusieurs fois. Plus vous l’écouterez, plus vous comprendrez de choses. Et, pour vous aider, vous pouvez aussi trouver la transcription de ce podcast, ça veut dire toutes les choses que j’ai dites, sur mon site internet cottongue.com. Allez sur cottongue.com, dans la rubrique podcast et, si vous vous inscrivez (c’est gratuit) vous aurez accès à toutes les transcriptions de tous les podcasts. [00:26:57] Merci à tous d’avoir écouté ce podcast. J’espère qu’il vous a aidé à apprendre le français d’une façon un petit peu différente, un petit peu plus amusante peut-être. La semaine prochaine, pour notre nouveau podcast, nous parlerons de la théorie du genre. Donc si vous ne savez pas ce que c’est que la théorie du genre, rendez-vous la semaine prochaine avec le nouveau podcast. En attendant, essayez de faire un peu de français tous les jours, de lire, d’écouter ou de regarder des choses intéressantes et on se retrouve la semaine prochaine. Episode 4: Bonjour à tous et bienvenue dans ce quatrième épisode du Cottongue Podcast ! [00:00:11] Comme vous le savez déjà si vous avez écouté les épisodes précédents, le Cottongue Podcast est là pour vous aider à apprendre le français. Mais, contrairement aux podcasts de langues classiques, ici nous ne faisons pas de grammaire. Si vous voulez faire de la grammaire, malheureusement ça n’est pas le bon endroit ! Dans ce podcast, je vous parle de sujets que je trouve intéressants et j’essaye de tout vous expliquer pour que vous compreniez un maximum de choses. Et plus vous écouterez des choses en français, plus vous comprendrez. C’est pour ça que je vous conseille d’écouter ce podcast plusieurs fois. Et pour vous aider à comprendre, vous pouvez aussi lire la transcription du podcast sur mon site internet cottongue.com. Sur mon site internet, il y a les transcriptions de tous les podcasts. [00:01:22] Dans le dernier podcast, je vous ai annoncé le sujet d’aujourd’hui. Est-ce que vous vous en rappelez ? Dans le dernier podcast, je vous ai annoncé que le prochain sujet serait la théorie du genre. [00:01:38] Avez-vous déjà entendu parlé de ça ? Avez-vous déjà entendu parler de la théorie du genre ? Peut-être que c’est la première fois que vous entendez parler de la théorie du genre. Dans ce cas, je vais vous expliquer très simplement de quoi il s’agit. [00:01:59] La théorie du genre est la traduction française des gender studies. Il s’agit de faire la différence entre le sexe biologique et le genre. D’un côté, il y a donc le sexe biologique, c’est celui qu’on a à la naissance, quand on naît. Le bébé est soit un garçon soit une fille. Mais, de l’autre côté, il existe aussi le genre, qui est la construction de notre identité sexuelle. Autrement dit, est-ce que l’on se sent plus homme ou femme ? Parfois, le sexe biologique et le genre peuvent être différents. Par exemple, si une personne est née avec le sexe d’une femme, mais que dans sa tête elle se sent plutôt comme un homme. [00:03:03] En France, il y a une polémique autour de la théorie du genre. En 2014, des rumeurs se sont répandues sur internet. Une rumeur, c’est une information qui n’est pas vérifiée et qui se diffuse, qui se propage, que les gens échangent. Donc il y avait une rumeur sur Internet disant que l’école française enseignait la théorie du genre. Des gens qui n’avaient jamais entendu ces mots de leur vie ont pensé que l’école voulait transformer leur garçon en fille et leur fille en garçon. Les parents d’élèves ont commencé à s’envoyer des SMS pour diffuser cette rumeur. Alors la rumeur a commencé à grossir et à être exagérée. Dans les SMS, les parents disaient qu’à l’école maternelle, c’est-à-dire l’école où les enfants vont quand ils ont entre 3 et 6 ans, les maîtresses parlaient aux enfants de masturbation. Résultat : dans plusieurs régions, les parents ont eu peur et ils ont retiré leurs enfants de l’école pendant plusieurs jours. Évidemment, ces rumeurs étaient complètement fausses. Mais en 2016, l’année dernière donc, le Pape François (le Pape c’est la personne la plus importante au sein de l’Eglise catholique), donc le Pape François a lui aussi participé à la polémique. Il a déclaré que les manuels scolaires français, autrement dit les livres utilisés à l’école, influençaient les élèves en leur enseignant la théorie du genre. Et pour le Pape, la théorie du genre est contre nature, parce qu’elle influence les enfants, elle les pousse à choisir une orientation sexuelle différente de leur sexe biologique. [00:05:26] Mais en réalité, dans les manuels scolaires français on ne parle presque pas de théorie du genre. Certains livres de biologie expliquent simplement qu’en plus du sexe biologique, l’éducation et la société ont une influence sur la construction de notre identité sexuelle. Mais aucun professeur n’encourage les élèves à choisir une orientation sexuelle ou une autre. Le Pape a simplement cru les rumeurs sur ce sujet. [00:06:07] Je pense que s’il y a tellement de polémiques sur ce sujet, ça signifie qu’il est intéressant. C’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui. Peut-être que pour vous, la théorie du genre est une chose évidente que vous connaissez bien. Au contraire, peut-être pensez-vous que cette théorie est complètement fausse et qu’on ne devrait pas en parler à l’école. [00:06:40] Mais, quoi qu’il en soit, nous allons voir pourquoi cette théorie est importante aujourd’hui et comment elle peut nous aider à mieux comprendre notre société. [00:06:53] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:07:00] Dans les années 60 et 70, c’est l’époque de la libération sexuelle dans les pays occidentaux. Les jeunes, et surtout les jeunes femmes, veulent plus de liberté, elles en ont marre, elles en ont assez de la société patriarcale, c’est-à-dire de la société dans laquelle les hommes ont tous les pouvoirs. Elles ont obtenu le droit de vote et elles l’utilisent pour obtenir l’égalité des autres droits avec les hommes. Les femmes veulent être égales aux hommes. [00:07:45] Dans ce contexte, des intellectuelles féministes américaines commencent à s’interroger, à se poser des questions, sur la place des femmes dans la société. Elles décident alors d’étudier les inégalités de traitement, de considération, entre les hommes et les femmes. Elles veulent comprendre pourquoi les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes, pourquoi elles ne peuvent pas exercer les mêmes professions que les hommes par exemple. Ou bien, pourquoi il y a si peu de femmes parmi les chercheurs et les scientifiques. Pendant des siècles, toutes ces choses étaient considérées comme normales, personne ne s’y opposait, personne n’y voyait de problème. Mais dans les années 60, beaucoup de femmes ne veulent plus accepter cet ordre des choses, elles veulent du changement. [00:08:54] C’est pour cela qu’elles créent les gender studies, les études de genre. Pour analyser les différences entre les hommes et les femmes, pour les comparer, pour les mesurer. Pour voir si ces différences existent vraiment, ou si elles ont juste été inventées. Par exemple, pendant longtemps on pensait que les hommes étaient meilleurs que les femmes en mathématiques, qu’ils étaient plus doués, plus talentueux. On pensait que le cerveau des hommes et celui des femmes étaient différents, qu’ils ne fonctionnaient pas de la même façon. Avec les études de genre, on a montré que cette théorie était fausse. Les hommes ne sont pas meilleurs que les femmes en mathématiques. [00:09:54] Le problème pour comprendre la théorie du genre, c’est qu’elle touche à plein de domaines différents : la littérature, la philosophie, l’histoire, la psychologie, la sociologie, la linguistique, l’éthique, etc. etc. Dans tous ces domaines, on essaye d’analyser les différences entre hommes et femmes. Donc il est difficile de faire la synthèse de toutes ces études et de toutes leurs conclusions, de leurs résultats. [00:10:35] Alors attention, la théorie du genre ne dit pas que les différences biologiques entre hommes et femmes n’existent pas. La théorie du genre reconnaît parfaitement qu’il existe bien des différences biologiques. Mais elle dit aussi que beaucoup de différences ne sont pas biologiques, elles sont seulement le résultat de notre éducation, de la façon dont la société considère les hommes et les femmes. [00:11:13] Pour bien comprendre ça, je vais partager avec vous une citation de Simone de Beauvoir. Peut-être que vous connaissez Simone de Beauvoir. C’est une philosophe française qui a joué un grand rôle dans le mouvement féministe en France dans les années 70. Eh bien Simone de Beauvoir a écrit un livre mondialement célèbre qui s’appelle Le deuxième sexe. Et dans ce livre, elle écrit : « On ne naît pas femme, on le devient ». Que signifie cette citation ? « On ne naît pas femme, on le devient ». [00:11:52] Elle signifie qu’à la naissance, quand un bébé naît, il a un sexe biologique mais son comportement est neutre. Que le bébé soit un garçon ou une fille, il veut les mêmes choses : il veut manger, il veut dormir, il veut être avec ses parents. Les petits garçons et les petites filles ont les mêmes besoins biologiques. Mais ensuite, quand l’enfant grandit, il apprend à se comporter différemment. Si l’enfant est un garçon, on va lui apprendre à se comporter comme un garçon. Et si c’est une fille, elle va être éduquée pour devenir une femme, comme l’a écrit Simone de Beauvoir. [00:12:56] Pour vous donner un autre exemple, je vous propose d’écouter un extrait de film. Ce film s’appelle « Les garçons et Guillaume, à table ! ». C’est une comédie française qui est sortie en 2013. Déjà, je trouve que le titre est très intéressant. En français, on dit « à table ! » quand le repas est prêt et qu’on veut que tout le monde vienne manger. Généralement, ce sont les parents qui disent « à table ! » pour appeler les enfants qui sont dans leurs chambres. Dans le titre de ce film, c’est la mère qui appelle ses fils pour qu’ils viennent manger. Mais, ce qui est bizarre, c’est qu’elle fait la différence entre « les garçons » et Guillaume. Pourtant, Guillaume est un prénom de garçon. Alors pourquoi est-ce que sa mère ne le considère-t-elle pas comme un garçon, comme ses frères ? Justement, c’est tout le sujet de ce film. [00:14:18] Alors, dans l’extrait que nous allons écouter, toute la famille est réunie pour le dîner. Il y a le père de Guillaume, sa mère, ses deux frères, et lui. Imaginez la scène, c’est un dîner avec toute la famille et le père parle à son fils Guillaume. Extrait du film « Les garçons et Guillaume, à table ! » [00:14:42] Le père : « Bon Guillaume, qu’est-ce que tu veux faire comme sport ? J’ai vu ton livret, tu es nul en sport. À partir de maintenant, je veux que tous les samedis tu fasses du sport. Donc, qu’est-ce que tu veux faire comme sport ? (Je ne) sais pas moi, du foot, de l’athlétisme, de la boxe, du judo. (Je ne) sais pas moi. De la lutte gréco-romaine ! » [00:15:23] Guillaume : « Du piano ! » [00:15:25] Vous avez compris ce qui se passe dans cette scène ? Le père de Guillaume a reçu son livret. C’est un document envoyé par l’école aux parents avec les résultats, avec les notes, de leur enfant. Et malheureusement, Guillaume n’a pas de bonnes notes en sport. Son père lui dit qu’il est « nul en sport ». « Être nul en quelque chose », ça signifie être très mauvais, être un « zéro ». À l’école, les élèves disent parfois « je suis nul en mathématiques » ou bien « je suis nul en géographie », ça veut dire qu’ils ont de mauvaises notes dans ces matières. [00:16:19] Comme Guillaume a de mauvais résultats en sport, son père veut qu’il fasse du sport tous les weekends, chaque samedi. Et vous avez entendu quels sports il lui propose ? Le foot, l’athlétisme, la boxe, le judo, et même la lutte gréco-romaine ! La lutte gréco-romaine, c’est un sport de combat dans lequel il faut mettre son adversaire par terre, sur le sol, en utilisant seulement ses bras et le haut du corps. À votre avis, pourquoi le père propose-t-il ces sports en particulier ? Quel est le point commun entre tous ces sports ? [00:17:10] Vous avez deviné ? Ces sports sont considérés comme des sports d’hommes, ils sont très physiques voire-même violents. Le père trouve que son fils Guillaume ne se comporte pas assez comme un garçon, c’est pourquoi il l’encourage à faire des sports de garçons, comme le font ses frères. [00:17:41] Être sportif, ça fait partie des choses que la société attend des garçons. On pense que les garçons doivent être sportifs, compétitifs. On le voit très bien dans cet extrait de film. D’ailleurs, je vous conseille vraiment de le regarder. C’est un film très drôle mais qui nous apprend aussi des choses. Souvent les comédies sont drôles, elles sont divertissantes, mais on n’apprend rien, elles sont juste un divertissement. Dans ce film « Les garçons et Guillaume, à table ! », vous apprendrez des choses intéressantes j’en suis sûr ! [00:18:31] Dans ce film, on voit donc qu’un garçon apprend à devenir un homme avec son éducation. Guillaume n’aime pas le sport, mais son père l’oblige à en faire. Guillaume doit se conformer au modèle social de l’homme, il est obligé de faire du sport. Mais pour les filles, on pense généralement que ça n’est pas très important. Si une fille a de mauvais résultats en sport, si elle est nulle en sport, ça n’est pas grave. Cette différence nous montre que la société n’a pas les mêmes attentes avec les hommes et avec les femmes, c’est pourquoi les hommes et les femmes se comportent différemment. [00:19:25] Et justement, comment apprend-on à devenir une femme ou un homme ? [00:19:34] Quand on est enfant, c’est l’éducation de nos parents qui nous influence. L’exemple le plus visible ce sont les jouets, les objets avec lesquels s’amusent, jouent les enfants. Quand vous entrez dans un magasin de jouets, vous voyez tout de suite la partie avec les jouets pour les garçons et celle avec les jouets pour les filles. Dans la partie pour les garçons, tout est bleu parce qu’on pense que le bleu est la couleur des garçons. Et chez les filles, tout est rose. Vous pensez que biologiquement les garçons préfèrent le bleu et les filles préfèrent le rose ? Que, dans leur cerveau, il est écrit qu’il faut aimer cette couleur et pas celle-là ? [00:20:31] Évidemment non ! Simplement, on habitue les garçons et les filles à aimer ces couleurs très tôt, quand les parents décorent leur chambre par exemple ou quand ils leur achètent des vêtements. Ces décisions des parents et des entreprises qui vendent des jouets influencent les goûts des enfants. [00:20:58] Et quels jouets les parents achètent-ils aux petits garçons ? [00:21:03] Leurs jouets sont souvent pour faire la guerre ou se battre. Il y a des soldats, des super héros, des armes, etc. On encourage donc les petits garçons à aimer les choses violentes, les combats. [00:21:23] Pour les petites filles, on achète plutôt des poupées qu’elles peuvent habiller ou maquiller. Avec ces poupées, on apprend aux filles qu’elles doivent faire attention à leur apparence, à leurs vêtements. [00:21:40] Vous comprenez, très tôt on apprend aux enfants ce qu’ils ont le droit d’aimer ou non et comment ils doivent se comporter. Souvent, les parents ne sont même pas conscients de ça. Ils achètent ces jouets tout simplement parce qu’ils croient que c’est que leur enfant aime. [00:22:05] L’éducation des parents influence donc les enfants et la façon dont ils construisent leur genre, leur identité sexuelle. Mais l’école a elle aussi une grande influence. [00:22:20] Souvent, on dit que les garçons sont meilleurs que les filles dans les sciences « dures » comme les mathématiques. Ce qui expliquerait pourquoi les ingénieurs sont plus souvent des hommes que des femmes. Pour vérifier cela, des chercheurs français ont réalisé une expérience très intéressante dans une université près de Marseille (dans le sud de la France). Les chercheurs ont fait deux groupes d’étudiants. Dans chaque groupe, il y avait des garçons et des filles. Ensuite, les chercheurs ont inventé un test. Le but de ce test était de reproduire une forme géométrique complexe. Autrement dit, les étudiants devaient redessiner une forme géométrique. Le test était le même pour les deux groupes. La différence était que dans le premier groupe, on a dit aux étudiants que c’était un test de géométrie et dans le deuxième groupe, on a dit aux étudiants que c’était un test de dessin. [00:23:49] Eh bien devinez quoi : dans le groupe 1, qui pensait faire un test de géométrie, les garçons ont eu de meilleures notes et dans le groupe 2, qui pensait faire un test de dessin, ce sont les filles qui ont eu de meilleures notes. Alors que le principe du test était exactement le même pour les deux groupes ! C’est surprenant, non ? [00:24:19] Que nous montre cette expérience ? [00:24:23] Elle nous montre qu’il existe des stéréotypes à l’école et que les élèves sont victimes de ces stéréotypes. Il n’y a pas de différences entre le cerveau des hommes et celui des femmes, mais seulement une perception différente. [00:24:42] Dans les manuels scolaires, les grands mathématiciens ou scientifiques sont souvent des hommes, on ne parle pas des femmes. Alors forcément, les petites filles ont tendance à penser que ces matières scientifiques sont plutôt réservées aux garçons. Par exemple, il y a une scientifique très célèbre en France et en Pologne qui s’appelle Maria Skłodowska-Curie. Elle est célèbre car elle a obtenu le prix Nobel de physique en 1903 avec son mari Pierre Curie. Et elle a aussi obtenu le prix Nobel de chimie en 1911. Mais dans les livres scolaires, on la présente toujours avec son mari, on dit toujours « Pierre et Marie Curie », comme si une femme ne pouvait pas réussir sans son mari. Pourtant, elle a obtenu un deuxième Prix Nobel toute seule, sans son mari, mais ça les manuels français n’en parlent pas. [00:26:02] Après l’éducation des parents et les études, c’est dans le monde professionnel qu’on crée des différences entre les hommes et les femmes. Encore une fois, on pense qu’il y a des professions réservées aux hommes, comme ingénieur, pompier, informaticien, policier, etc. Et d’autres métiers qui, eux, sont réservés aux femmes : maîtresse d’école, infirmière, esthéticienne… On dit que les hommes ont des qualités nécessaires pour un poste, et les femmes pour un autre. Pendant longtemps, on pensait aussi que les femmes ne pouvaient pas faire de politique parce qu’elles n’avaient pas les qualités nécessaires. Les politiciens étaient tous des hommes. Donc pour une femme, c’était impossible de faire une carrière politique. Mais la situation a complètement changé maintenant. Il y a de plus en plus de femmes qui font de la politique : des députés, des ministres, des présidentes mêmes ! On comprend alors que tout ce qu’on pensait avant était faux. Les femmes ont autant de qualités que les hommes pour faire de la politique. Ce sont les stéréotypes qui nous faisaient croire le contraire. [00:27:43] Maintenant, les gouvernements de certains pays imposent la parité. La parité, ça signifie qu’il doit y avoir autant de femmes que d’hommes. Par exemple, s’il y a 30 ministres, 15 ministres doivent être des femmes et les 15 autres doivent être des hommes. Grâce à ce genre de loi, les mentalités changent, les gens commencent à considérer les femmes différemment. [00:28:15] Pourtant, dans les entreprises, il existe toujours des inégalités de salaires entre les femmes et les hommes. Les salaires des femmes sont généralement inférieurs à ceux des hommes. En France, cette inégalité est de 19%. Ça signifie que, pour un même poste et les mêmes responsabilités, une femme gagne en moyenne 19% de moins qu’un homme. C’est énorme et c’est complètement injuste ! Il n’existe aucune explication pour justifier cette différence de salaire. Encore une fois, c’est seulement le résultat des stéréotypes qui font croire que les hommes sont plus qualifiés, plus compétents, que les femmes. Heureusement, il y a de plus en plus d’organisations qui dénoncent et combattent ces inégalités. [00:29:24] Pour conclure, on peut dire que la théorie du genre est très importante pour nous aider à prendre conscience des stéréotypes liés au sexe. Beaucoup de différences qu’on croyait biologiques sont en réalité des constructions sociales. Grâce à la théorie du genre, nous pouvons montrer que les différences de traitement, de considération, des hommes et des femmes ne sont pas justifiées et qu’il faut les combattre. Que ce soit à l’école ou au travail. Peu importe. Peu importe notre sexe biologique, nous sommes avant tout des êtres humains avec notre propre caractère et nos propres ambitions. Notre réussite ne devrait pas dépendre de notre sexe biologique. [00:30:21] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que vous en savez un peu plus sur la théorie du genre et que ce sujet vous a intéressé. [00:30:33] Si vous avez des questions, vous pouvez m’écrire à l’adresse hugo@ [00:30:47] Et, comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription du podcast sur mon site internet cottongue.com [00:30:59] Vous savez qu’il y a eu les élections présidentielles en France la semaine dernière. Donc dans le prochain podcast, je vous parlerai du nouveau président français, Monsieur Emmanuel Macron, de ses idées et de son programme pour la France. Episode:5 Bonjour à tous et bienvenue pour ce 5ème épisode du Cottongue podcast [00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts à écouter quelque chose en français. Moi, je suis très content car il y a de plus en plus d’auditeurs. « Un auditeur », c’est une personne qui écoute une émission de radio ou un podcast. Donc si vous écoutez le Cottongue podcast, vous êtes un auditeur (ou une auditrice si vous êtes une femme). [00:00:44] Bref, c’est vraiment super de savoir qu’il y a tellement de personnes qui m’écoutent. J’espère que ça vous donne envie de faire un peu de français tous les jours. Vous savez que la régularité, c’est le plus important pour apprendre une langue. Apprendre une langue, c’est un peu comme aller à la salle de sport. Ça ne sert à rien d’aller à la salle de sport une fois par mois, même si vous y restez toute la journée. Si vous ne faites pas de sport pendant un mois, et qu’ensuite vous faites du sport pendant une journée entière, vous allez être très fatigué et vous ne ferez pas de progrès. Pour progresser, pour s’améliorer, il faut s’entraîner régulièrement, chaque jour si c’est possible. [00:01:46] Pourquoi ? Parce que quand on fait quelque chose régulièrement, ça devient une habitude. Et quand cette activité devient une habitude, on ne se pose plus de question. On ne se demande pas « est-ce que j’ai le temps de faire ça aujourd’hui ? ». On ne se dit pas « oh non, aujourd’hui je suis fatigué alors je le ferai un autre jour ». Si c’est une habitude, on le fait tous les jours. [00:02:21] Et pour que le français devienne une habitude quotidienne, une habitude de tous les jours, la meilleure solution c’est de faire des choses qui vous plaisent ! Si vous aimez regarder des vidéos sur youtube, alors regardez des vidéos de youtubeurs français. Si vous aimez un style de musique particulier, alors cherchez des groupes français sur Spotify par exemple. D’ailleurs j’ai posté un article sur mon blog avec des recommandations d’artistes français. Il y en a pour tous les goûts : du rock, de la pop, de l’électro, du rap. Allez lire cet article et je suis sûr que vous trouverez un artiste ou un groupe qui vous plaira, que vous aimerez. L’adresse de mon blog c’est cottongue.com/blog. [00:03:33] Vous le savez sûrement, mais en France il y a eu des élections très importantes il y a deux semaines : les élections présidentielles. [00:03:45] Pourquoi les élections présidentielles sont-elles si importantes en France ? Parce que le Président, le Président de la République comme on l’appelle, a beaucoup de pouvoir. Par exemple, c’est lui qui nomme, qui choisit, le Premier Ministre. Il joue aussi un grand rôle dans la diplomatie, il représente la France à l’étranger, auprès des autres pays. C’est aussi lui qui est le chef des armées, autrement dit des forces militaires, et il peut même décider d’utiliser l’arme nucléaire, la bombe atomique. [00:04:36] En plus de tous ces pouvoirs, le Président de la République a une grande légitimité, ça veut dire que son autorité est reconnue et acceptée par les Français. Si le Président est légitime, c’est parce qu’il est élu par les Français au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, c’est un système d’élection dans lequel tous les citoyens votent directement pour le candidat qu’ils ont choisi. Donc en France, tous les Français votent directement pour le candidat qu’ils veulent élire Président. Ce système est différent du système américain par exemple, parce que les Américains votent pour des « grands électeurs » et pas directement pour un candidat. [00:05:45] L’élection présidentielle est également très médiatisée. Un an avant le début de l’élection, tous les médias en parlent déjà quotidiennement. Et pendant la campagne présidentielle, quand les candidats font leur campagne officielle pour convaincre les Français, les médias ne parlent que des élections. Chaque jour, à la télévision, à la radio et sur internet, les médias parlent seulement des élections. Alors évidemment les Français aussi ne parlent que de ça, ils ne parlent que des élections, toute la journée, au travail, avec leur famille ou leurs amis. On demande aux autres pour quel candidat ils vont voter, on parle des différents programmes, des scandales aussi ! Vous avez peut-être entendu que pendant la dernière élection, il y a eu plusieurs scandales financiers avec certains candidats. Mais on ne va pas parler de ça aujourd’hui. [00:07:05] Bref, pour toutes ces raisons, vous comprenez que l’élection présidentielle est l’élection la plus importante en France. [00:07:16] Les personnes qui ont le droit de voter sont les citoyens Français qui sont majeurs, c’est-à-dire qui ont 18 ans ou plus. Il y a deux tours à cette élection. Pour le premier tour, les électeurs ont le choix entre tous les candidats officiels. À l’élection cette année, il y avait 11 candidats. Ensuite, on garde les deux candidats qui ont obtenu le meilleur score pour le 2nd tour, sauf si un candidat obtient plus de 50% des voix. Si un candidat obtient plus de 50% des voix au premier tour, alors il est élu directement Président de la République, sans 2ème tour. Mais ça n’est encore jamais arrivé dans l’Histoire. Il y a toujours eu besoin d’un 2nd tour. Au 2nd tour, évidemment, c’est le candidat qui obtient le plus de voix qui gagne l’élection. [00:08:35] Cette année vous le savez, c’est Monsieur Emmanuel Macron qui a gagné l’élection présidentielle avec 66% des voix face à Madame Marine Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite. Emmanuel Macron a donc été élu pour être le Président de la France pendant 5 ans. 5 ans, c’est la durée du mandat présidentiel en France, la période pendant laquelle le Président est au pouvoir. [00:09:14] Alors aujourd’hui, nous allons parler d’Emmanuel Macron. C’est un Président de la République assez différent des Présidents précédents parce qu’il est très jeune, il a seulement 39 ans ! Mais aussi parce qu’il était complètement inconnu il y a 4 ans. Il y a 4 ans, personne ne savait qui était Emmanuel Macron, c’était un inconnu. Mais il a réussi à devenir célèbre très rapidement, à créer son propre parti politique (qui s’appelle « En marche ! ») et à gagner l’élection présidentielle en France. [00:10:02] Nous allons voir comment un homme si jeune et inconnu a réussi à devenir Président de la République aussi vite. [00:10:14] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:10:22] Emmanuel Macron est né en 1977 à Amiens. Amiens est une ville du Nord de la France qui compte 150 000 habitants. Il vient d’une famille aisée. « Aisé », ça veut dire « qui a de l’argent », quelqu’un pour qui l’argent n’est pas un problème. La famille d’Emmanuel Macron était aisée car ses deux parents étaient médecins, donc vous pouvez imaginer qu’il n’y avait pas de problèmes d’argent chez les Macron. [00:11:08] À 12 ans, le jeune Emmanuel se convertit à la religion catholique, c’est-à-dire qu’il se fait baptiser et il devient catholique. Pour lui, le catholicisme est un choix personnel et un moyen de développer sa spiritualité. D’ailleurs, il ira au collège dans un établissement catholique. Le collège, c’est l’école où vont les élèves en France entre 12 et 16 ans, avant le lycée. Donc Emmanuel Macron a étudié dans un collège privé catholique. [00:11:58] Pendant ses études, Emmanuel est un élève brillant, un élève modèle. Il a toujours d’excellentes notes, d’excellentes résultats. [00:12:11] À 15 ans, Emmanuel fait une rencontre très importante. Il participe au club de théâtre de son collège, et il rencontre Brigitte Trogneux, la professeure de français qui s’occupe de ce club de théâtre. Cette professeure est très impressionnée par l’intelligence du jeune Emmanuel. Ils sont tous les deux passionnés de littérature. Ils tombent rapidement amoureux. Vous savez en français on dit « tomber amoureux » quand on commence à ressentir de l’amour pour une personne. On utilise le verbe « tomber » parce que c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas, comme quand on tombe, quand on perd l’équilibre. [00:13:09] Mais beaucoup de personnes sont choquées par cette relation car Brigitte Trogneux a 37 ans quand elle rencontre Emmanuel. Elle est mariée et elle a trois enfants. Alors les parents d’Emmanuel décident de l’envoyer dans un lycée à Paris pour qu’il ne voie plus sa professeure, pour qu’il arrête de voir, de fréquenter, Brigitte. [00:13:44] Emmanuel arrive donc au lycée au lycée Henri-IV à Paris, qui est l’un des meilleurs lycées de France. Il obtient son baccalauréat scientifique avec mention Très-bien. Le baccalauréat, c’est l’examen que doivent passer les élèves à la fin du lycée, après la dernière année. Généralement on l’appelle juste le « bac » car « baccalauréat » c’est un peu trop long ! La mention « Très bien », ça signifie qu’il a eu d’excellentes notes à cet examen. [00:14:27] Après le lycée, Emmanuel commence des études de littérature et de sciences sociales. Il obtient un master de philosophie avec une thèse sur Machiavel. Il étudie aussi les sciences politiques et il entre dans la prestigieuse École Nationale d’Administration, l’ÉNA. C’est une école qui forme les personnes pour les plus hauts postes de l’administration publique. La majorité des Présidents français sont passés par cette école. Parfois, on dit que l’ÉNA est l’école des présidents. [00:15:20] Pendant ses études, Emmanuel retrouve Brigitte qui a quitté son mari. En 2007, quand Emmanuel Macron a 30 ans, il se marie avec Brigitte. [00:15:39] Maintenant nous allons parler un peu de la carrière d’Emmanuel Macron. [00:15:45] Quand il finit l’École Nationale d’Administration, il commence à travailler à l’Inspection Générale des Finances. C’est une institution qui s’occupe de contrôler les budgets de l’administration publique. [00:16:05] Mais en 2008, il décide de quitter le secteur public pour aller travailler dans le privé. Quand on dit « travailler dans le privé », ça signifie travailler pour une entreprise privée. À votre avis, pour quelle entreprise décide-t-il de travailler ? Vous avez une petite idée ? [00:16:34] En 2008, Emmanuel Macron rejoint la célèbre banque d’affaires Rothschild. Il reste 4 ans dans cette banque et gagne beaucoup d’argent, plus de 2 millions d’euros. Il devient donc millionnaire. Plus tard, il sera très critiqué pour son passage dans cette banque. Certaines personnes disent qu’il veut aider les banques à gagner encore plus d’argent. [00:17:09] Mais en 2012, Emmanuel Macron reprend sa carrière politique. 2012, c’est l’année de la victoire de François Hollande, le candidat socialiste, qui devient le nouveau Président français. Comme Emmanuel Macron est proche d’Hollande, il devient son secrétaire général. C’est un poste très important car le secrétaire général est la personne la plus proche du Président, son conseiller. C’est un peu comme un Vice-Président (car il n’y a pas de Vice-Président en France). [00:17:57] Deux ans plus tard, en 2014, Emmanuel devient ministre de l’économie, un poste très important encore une fois. Il décide de libéraliser l’économie française, par exemple pour autoriser les entreprises à travailler le dimanche. Ça c’est intéressant pour comprendre les idées politiques de Macron. Ses valeurs personnelles sont plutôt de gauche, du côté des socialistes, mais pour l’économie il est très libéral donc plutôt à droite. [00:18:41] Vous l’avez compris, Emmanuel Macron n’aime pas rester au même endroit trop longtemps. Sa carrière a évolué très vite. Il a réussi à obtenir des postes importants alors qu’il était encore très jeune, et ça c’est plutôt inhabituel en France. En France, les politiciens sont généralement plus vieux que dans les autres pays. Si on veut obtenir un bon poste, de député ou de sénateur, il faut attendre son tour ! Il faut attendre que les autres partent pour prendre leur place. Mais Emmanuel Macron, lui, il n’était pas assez patient pour attendre son tour. Il voulait avoir sa place tout de suite, immédiatement. [00:19:43] C’est pour ça qu’en 2016, il quitte son poste de ministre de l’économie et il crée son propre mouvement politique qui s’appelle « En marche ! ». Cette expression vient du verbe « marcher » et elle signifie qu’il faut avancer. Emmanuel Macron pense que la France est bloquée, qu’elle reste sur place, et lui, il veut la faire avancer. [00:20:16] On comprend alors qu’avec ce mouvement politique, Macron veut se présenter à l’élection présidentielle. [00:20:31] Au début, tout le monde pensait que sa stratégie n’allait pas marcher, justement, qu’elle n’allait pas fonctionner. Macron était assez inconnu des Français, les Français ne savaient pas vraiment qui il était. Les médias parlaient un peu de lui quand il était ministre de l’économie, mais beaucoup de Français ne connaissaient même pas son nom ! En France, il y a deux partis politiques principaux : le Parti Socialiste à gauche et le Parti Républicains à droite. Le Président est presque toujours le candidat d’un de ces deux partis. [00:21:20] Mais la stratégie de Macron était différente, car, quand il a créé son mouvement politique, Emmanuel Macron a déclaré que son mouvement politique n’était ni de droite ni de gauche. En fait, le mouvement En Marche ! est plutôt entre la gauche et la droite. Il est au centre de la scène politique. [00:21:51] Pour construire son programme présidentiel, il a choisi une solution assez innovante, assez nouvelle. Il a décidé d’interroger directement les Français, de leur demander quels étaient leurs problèmes, les choses qu’ils voulaient changer. 100 000 Français ont été interrogés et leurs réponses ont été utilisées pour créer un programme qui réponde à leurs attentes, à leurs demandes. C’est une stratégie qu’ils ont copiée sur la campagne de Barack Obama aux Etats-Unis. D’habitude, les partis politiques écrivent un programme sans demander aux électeurs ce qu’ils veulent, mais Macron pensait que pour gagner il était nécessaire de savoir exactement ce que voulaient les Français, et d’utiliser les mêmes mots, les mêmes phrases, pour être bien compris. [00:23:08] Mais pendant longtemps, Emmanuel Macron n’a pas révélé son programme. Il n’a pas dit quelles mesures il voulait adopter. Ça aussi c’est une bonne stratégie, car les autres candidats ne pouvaient pas vraiment l’attaquer. La seule attaque qu’ils pouvaient faire, c’était de dire que Macron n’avait pas de programme. [00:23:36] Macron a aussi été critiqué parce qu’il disait toujours ce que les gens voulaient entendre. Il était d’accord avec tout le monde, il ne s’opposait jamais aux autres. Alors, les gens ont commencé à penser qu’il n’avait pas d’idée personnelle, pas de conviction. On a pensé qu’il voulait faire plaisir à tout le monde simplement pour être élu, mais qu’il n’avait pas de vision claire pour la France. [00:24:15] Certains pensaient aussi que Macron était trop jeune, qu’il n’avait pas assez d’expérience pour devenir Président de la République. En plus, Macron ne s’était jamais présenté à une élection avant l’élection présidentielle. Donc il n’avait jamais été élu par les Français. Les anciens postes politiques qu’il avait obtenus (secrétaire générale du Président et ministre de l’économie) il les avait obtenus seulement grâce à l’aide de François Hollande. Et après avoir reçu l’aide de François Hollande, Macron a décidé de le trahir pour créer son propre parti politique. Le verbe « trahir » veut dire que quelqu’un vous fait confiance, et vous profitez de cette confiance pour faire une chose contre lui. François Hollande faisait confiance à Emmanuel Macron, mais Emmanuel Macron n’a pas respecté cette confiance et il a quitté le gouvernement pour créer son propre parti. Des personnes qui connaissaient Macron disent qu’il utilise les gens pour obtenir des avantages. Ils disent que Macron est manipulateur, qu’il manipule les gens. En politique, les choses se passent souvent comme ça malheureusement. Mais Macron le fait sans se cacher. [00:26:08] Malgré toutes ces critiques, Macron a gagné le premier tour de l’élection présidentielle. Au deuxième tour, il était opposé à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. Pour que Marine Le Pen ne gagne pas, tous les autres partis politiques ont appelé les électeurs à voter pour Emmanuel Macron. Alors au 2ème tour, il a gagné largement avec 66% des voix. [00:26:53] Pour finir, nous allons voir quel est le programme du nouveau Président français. D’abord, contrairement à beaucoup d’autres candidats, Emmanuel Macron est très favorable à l’Union Européenne. Il veut que les pays de l’Union qui souhaitent aller plus loin dans le projet aient la possibilité de le faire. Il propose que les pays qui font partie de la zone euro, autrement dit les pays qui ont adopté l’euro, aient un budget propre, un Parlement différent du Parlement européen, et un ministre des finances. [00:27:42] Concernant l’économie, je vous ai dit que le nouveau Président français est assez libéral. Par exemple, il veut supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Les fonctionnaires, ce sont les personnes qui travaillent pour l’État, pour l’administration publique. L’objectif d’Emmanuel Macron, son but, c’est de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros en cinq ans. Il veut donc que l’État français soit moins endetté, il veut réduire la dette. En France, la durée légale du travail est de 35 heures par semaine. Les Français travaillent 35 heures par semaine. Mais Emmanuel Macron a souvent critiqué cette durée du travail, alors peut-être que bientôt les Français devront travailler un plus longtemps. [00:28:52] Maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour le nouveau Président ? Quels sont les challenges qui attendent Emmanuel Macron ? [00:29:04] Même si le Président a beaucoup de pouvoir en France, il ne peut pas tout faire ! Il a besoin d’avoir une majorité au Parlement pour que les lois soient acceptées. Et justement, les élections législatives pour élire les députés seront le 11 et le 18 juin. Donc si Emmanuel Macron veut pouvoir faire accepter ses projets, il faut que les candidats de son mouvement « La République en marche ! » gagnent les élections législatives pour être à l’Assemblée, au Parlement. [00:29:50] S’il n’y a pas assez de députés pour avoir une majorité à l’Assemblée, alors il faudra faire des alliances avec les autres partis pour gouverner. [00:30:05] Alors vous voyez, tout n’est pas encore gagné pour Emmanuel Macron. [00:30:15] Pour conclure, il y a trois choses importantes à retenir, à mémoriser, sur Emmanuel Macron. [00:30:25] La première, c’est que Emmanuel Macron est le plus jeune Président de l’histoire de la Vème République, il a seulement 39 ans. [00:30:38] La deuxième chose, c’est qu’il a créé un nouveau parti centriste, un parti politique, qui n’est ni de droite ni de gauche. [00:30:50] Et la troisième chose, concernant les idées d’Emmanuel Macron, c’est qu’il est plutôt libéral sur le plan économique et qu’il est pro-européen, il est en faveur de l’Union Européenne. [00:31:09] Et j’ai une question pour vous : est-ce que les médias dans votre pays ont parlé d’Emmanuel Macron dans votre pays ? Si oui, que disent les médias sur Emmanuel Macron ? Qu’est-ce qu’ils pensent de lui ? Je suis très curieux de le savoir, ça m’intéresse beaucoup ! Envoyez-moi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me le dire. J’attends vos emails avec impatience ! [00:31:46] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Maintenant vous savez tout sur le nouveau Président français. Merci à tous d’avoir écouté ce nouvel épisode. Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription sur mon site internet. [00:32:12] La semaine prochaine, nous parlerons des langues étrangères. Nous verrons comment la connaissance de langues étrangères influence notre personnalité. [00:32:26] Passez une bonne semaine et à bientôt ! Episode 5: Bonjour à tous et bienvenue pour ce 5ème épisode du Cottongue podcast [00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts à écouter quelque chose en français. Moi, je suis très content car il y a de plus en plus d’auditeurs. « Un auditeur », c’est une personne qui écoute une émission de radio ou un podcast. Donc si vous écoutez le Cottongue podcast, vous êtes un auditeur (ou une auditrice si vous êtes une femme). [00:00:44] Bref, c’est vraiment super de savoir qu’il y a tellement de personnes qui m’écoutent. J’espère que ça vous donne envie de faire un peu de français tous les jours. Vous savez que la régularité, c’est le plus important pour apprendre une langue. Apprendre une langue, c’est un peu comme aller à la salle de sport. Ça ne sert à rien d’aller à la salle de sport une fois par mois, même si vous y restez toute la journée. Si vous ne faites pas de sport pendant un mois, et qu’ensuite vous faites du sport pendant une journée entière, vous allez être très fatigué et vous ne ferez pas de progrès. Pour progresser, pour s’améliorer, il faut s’entraîner régulièrement, chaque jour si c’est possible. [00:01:46] Pourquoi ? Parce que quand on fait quelque chose régulièrement, ça devient une habitude. Et quand cette activité devient une habitude, on ne se pose plus de question. On ne se demande pas « est-ce que j’ai le temps de faire ça aujourd’hui ? ». On ne se dit pas « oh non, aujourd’hui je suis fatigué alors je le ferai un autre jour ». Si c’est une habitude, on le fait tous les jours. [00:02:21] Et pour que le français devienne une habitude quotidienne, une habitude de tous les jours, la meilleure solution c’est de faire des choses qui vous plaisent ! Si vous aimez regarder des vidéos sur youtube, alors regardez des vidéos de youtubeurs français. Si vous aimez un style de musique particulier, alors cherchez des groupes français sur Spotify par exemple. D’ailleurs j’ai posté un article sur mon blog avec des recommandations d’artistes français. Il y en a pour tous les goûts : du rock, de la pop, de l’électro, du rap. Allez lire cet article et je suis sûr que vous trouverez un artiste ou un groupe qui vous plaira, que vous aimerez. L’adresse de mon blog c’est cottongue.com/blog. [00:03:33] Vous le savez sûrement, mais en France il y a eu des élections très importantes il y a deux semaines : les élections présidentielles. [00:03:45] Pourquoi les élections présidentielles sont-elles si importantes en France ? Parce que le Président, le Président de la République comme on l’appelle, a beaucoup de pouvoir. Par exemple, c’est lui qui nomme, qui choisit, le Premier Ministre. Il joue aussi un grand rôle dans la diplomatie, il représente la France à l’étranger, auprès des autres pays. C’est aussi lui qui est le chef des armées, autrement dit des forces militaires, et il peut même décider d’utiliser l’arme nucléaire, la bombe atomique. [00:04:36] En plus de tous ces pouvoirs, le Président de la République a une grande légitimité, ça veut dire que son autorité est reconnue et acceptée par les Français. Si le Président est légitime, c’est parce qu’il est élu par les Français au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, c’est un système d’élection dans lequel tous les citoyens votent directement pour le candidat qu’ils ont choisi. Donc en France, tous les Français votent directement pour le candidat qu’ils veulent élire Président. Ce système est différent du système américain par exemple, parce que les Américains votent pour des « grands électeurs » et pas directement pour un candidat. [00:05:45] L’élection présidentielle est également très médiatisée. Un an avant le début de l’élection, tous les médias en parlent déjà quotidiennement. Et pendant la campagne présidentielle, quand les candidats font leur campagne officielle pour convaincre les Français, les médias ne parlent que des élections. Chaque jour, à la télévision, à la radio et sur internet, les médias parlent seulement des élections. Alors évidemment les Français aussi ne parlent que de ça, ils ne parlent que des élections, toute la journée, au travail, avec leur famille ou leurs amis. On demande aux autres pour quel candidat ils vont voter, on parle des différents programmes, des scandales aussi ! Vous avez peut-être entendu que pendant la dernière élection, il y a eu plusieurs scandales financiers avec certains candidats. Mais on ne va pas parler de ça aujourd’hui. [00:07:05] Bref, pour toutes ces raisons, vous comprenez que l’élection présidentielle est l’élection la plus importante en France. [00:07:16] Les personnes qui ont le droit de voter sont les citoyens Français qui sont majeurs, c’est-à-dire qui ont 18 ans ou plus. Il y a deux tours à cette élection. Pour le premier tour, les électeurs ont le choix entre tous les candidats officiels. À l’élection cette année, il y avait 11 candidats. Ensuite, on garde les deux candidats qui ont obtenu le meilleur score pour le 2nd tour, sauf si un candidat obtient plus de 50% des voix. Si un candidat obtient plus de 50% des voix au premier tour, alors il est élu directement Président de la République, sans 2ème tour. Mais ça n’est encore jamais arrivé dans l’Histoire. Il y a toujours eu besoin d’un 2nd tour. Au 2nd tour, évidemment, c’est le candidat qui obtient le plus de voix qui gagne l’élection. [00:08:35] Cette année vous le savez, c’est Monsieur Emmanuel Macron qui a gagné l’élection présidentielle avec 66% des voix face à Madame Marine Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite. Emmanuel Macron a donc été élu pour être le Président de la France pendant 5 ans. 5 ans, c’est la durée du mandat présidentiel en France, la période pendant laquelle le Président est au pouvoir. [00:09:14] Alors aujourd’hui, nous allons parler d’Emmanuel Macron. C’est un Président de la République assez différent des Présidents précédents parce qu’il est très jeune, il a seulement 39 ans ! Mais aussi parce qu’il était complètement inconnu il y a 4 ans. Il y a 4 ans, personne ne savait qui était Emmanuel Macron, c’était un inconnu. Mais il a réussi à devenir célèbre très rapidement, à créer son propre parti politique (qui s’appelle « En marche ! ») et à gagner l’élection présidentielle en France. [00:10:02] Nous allons voir comment un homme si jeune et inconnu a réussi à devenir Président de la République aussi vite. [00:10:14] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:10:22] Emmanuel Macron est né en 1977 à Amiens. Amiens est une ville du Nord de la France qui compte 150 000 habitants. Il vient d’une famille aisée. « Aisé », ça veut dire « qui a de l’argent », quelqu’un pour qui l’argent n’est pas un problème. La famille d’Emmanuel Macron était aisée car ses deux parents étaient médecins, donc vous pouvez imaginer qu’il n’y avait pas de problèmes d’argent chez les Macron. [00:11:08] À 12 ans, le jeune Emmanuel se convertit à la religion catholique, c’est-à-dire qu’il se fait baptiser et il devient catholique. Pour lui, le catholicisme est un choix personnel et un moyen de développer sa spiritualité. D’ailleurs, il ira au collège dans un établissement catholique. Le collège, c’est l’école où vont les élèves en France entre 12 et 16 ans, avant le lycée. Donc Emmanuel Macron a étudié dans un collège privé catholique. [00:11:58] Pendant ses études, Emmanuel est un élève brillant, un élève modèle. Il a toujours d’excellentes notes, d’excellentes résultats. [00:12:11] À 15 ans, Emmanuel fait une rencontre très importante. Il participe au club de théâtre de son collège, et il rencontre Brigitte Trogneux, la professeure de français qui s’occupe de ce club de théâtre. Cette professeure est très impressionnée par l’intelligence du jeune Emmanuel. Ils sont tous les deux passionnés de littérature. Ils tombent rapidement amoureux. Vous savez en français on dit « tomber amoureux » quand on commence à ressentir de l’amour pour une personne. On utilise le verbe « tomber » parce que c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas, comme quand on tombe, quand on perd l’équilibre. [00:13:09] Mais beaucoup de personnes sont choquées par cette relation car Brigitte Trogneux a 37 ans quand elle rencontre Emmanuel. Elle est mariée et elle a trois enfants. Alors les parents d’Emmanuel décident de l’envoyer dans un lycée à Paris pour qu’il ne voie plus sa professeure, pour qu’il arrête de voir, de fréquenter, Brigitte. [00:13:44] Emmanuel arrive donc au lycée au lycée Henri-IV à Paris, qui est l’un des meilleurs lycées de France. Il obtient son baccalauréat scientifique avec mention Très-bien. Le baccalauréat, c’est l’examen que doivent passer les élèves à la fin du lycée, après la dernière année. Généralement on l’appelle juste le « bac » car « baccalauréat » c’est un peu trop long ! La mention « Très bien », ça signifie qu’il a eu d’excellentes notes à cet examen. [00:14:27] Après le lycée, Emmanuel commence des études de littérature et de sciences sociales. Il obtient un master de philosophie avec une thèse sur Machiavel. Il étudie aussi les sciences politiques et il entre dans la prestigieuse École Nationale d’Administration, l’ÉNA. C’est une école qui forme les personnes pour les plus hauts postes de l’administration publique. La majorité des Présidents français sont passés par cette école. Parfois, on dit que l’ÉNA est l’école des présidents. [00:15:20] Pendant ses études, Emmanuel retrouve Brigitte qui a quitté son mari. En 2007, quand Emmanuel Macron a 30 ans, il se marie avec Brigitte. [00:15:39] Maintenant nous allons parler un peu de la carrière d’Emmanuel Macron. [00:15:45] Quand il finit l’École Nationale d’Administration, il commence à travailler à l’Inspection Générale des Finances. C’est une institution qui s’occupe de contrôler les budgets de l’administration publique. [00:16:05] Mais en 2008, il décide de quitter le secteur public pour aller travailler dans le privé. Quand on dit « travailler dans le privé », ça signifie travailler pour une entreprise privée. À votre avis, pour quelle entreprise décide-t-il de travailler ? Vous avez une petite idée ? [00:16:34] En 2008, Emmanuel Macron rejoint la célèbre banque d’affaires Rothschild. Il reste 4 ans dans cette banque et gagne beaucoup d’argent, plus de 2 millions d’euros. Il devient donc millionnaire. Plus tard, il sera très critiqué pour son passage dans cette banque. Certaines personnes disent qu’il veut aider les banques à gagner encore plus d’argent. [00:17:09] Mais en 2012, Emmanuel Macron reprend sa carrière politique. 2012, c’est l’année de la victoire de François Hollande, le candidat socialiste, qui devient le nouveau Président français. Comme Emmanuel Macron est proche d’Hollande, il devient son secrétaire général. C’est un poste très important car le secrétaire général est la personne la plus proche du Président, son conseiller. C’est un peu comme un Vice-Président (car il n’y a pas de Vice-Président en France). [00:17:57] Deux ans plus tard, en 2014, Emmanuel devient ministre de l’économie, un poste très important encore une fois. Il décide de libéraliser l’économie française, par exemple pour autoriser les entreprises à travailler le dimanche. Ça c’est intéressant pour comprendre les idées politiques de Macron. Ses valeurs personnelles sont plutôt de gauche, du côté des socialistes, mais pour l’économie il est très libéral donc plutôt à droite. [00:18:41] Vous l’avez compris, Emmanuel Macron n’aime pas rester au même endroit trop longtemps. Sa carrière a évolué très vite. Il a réussi à obtenir des postes importants alors qu’il était encore très jeune, et ça c’est plutôt inhabituel en France. En France, les politiciens sont généralement plus vieux que dans les autres pays. Si on veut obtenir un bon poste, de député ou de sénateur, il faut attendre son tour ! Il faut attendre que les autres partent pour prendre leur place. Mais Emmanuel Macron, lui, il n’était pas assez patient pour attendre son tour. Il voulait avoir sa place tout de suite, immédiatement. [00:19:43] C’est pour ça qu’en 2016, il quitte son poste de ministre de l’économie et il crée son propre mouvement politique qui s’appelle « En marche ! ». Cette expression vient du verbe « marcher » et elle signifie qu’il faut avancer. Emmanuel Macron pense que la France est bloquée, qu’elle reste sur place, et lui, il veut la faire avancer. [00:20:16] On comprend alors qu’avec ce mouvement politique, Macron veut se présenter à l’élection présidentielle. [00:20:31] Au début, tout le monde pensait que sa stratégie n’allait pas marcher, justement, qu’elle n’allait pas fonctionner. Macron était assez inconnu des Français, les Français ne savaient pas vraiment qui il était. Les médias parlaient un peu de lui quand il était ministre de l’économie, mais beaucoup de Français ne connaissaient même pas son nom ! En France, il y a deux partis politiques principaux : le Parti Socialiste à gauche et le Parti Républicains à droite. Le Président est presque toujours le candidat d’un de ces deux partis. [00:21:20] Mais la stratégie de Macron était différente, car, quand il a créé son mouvement politique, Emmanuel Macron a déclaré que son mouvement politique n’était ni de droite ni de gauche. En fait, le mouvement En Marche ! est plutôt entre la gauche et la droite. Il est au centre de la scène politique. [00:21:51] Pour construire son programme présidentiel, il a choisi une solution assez innovante, assez nouvelle. Il a décidé d’interroger directement les Français, de leur demander quels étaient leurs problèmes, les choses qu’ils voulaient changer. 100 000 Français ont été interrogés et leurs réponses ont été utilisées pour créer un programme qui réponde à leurs attentes, à leurs demandes. C’est une stratégie qu’ils ont copiée sur la campagne de Barack Obama aux Etats-Unis. D’habitude, les partis politiques écrivent un programme sans demander aux électeurs ce qu’ils veulent, mais Macron pensait que pour gagner il était nécessaire de savoir exactement ce que voulaient les Français, et d’utiliser les mêmes mots, les mêmes phrases, pour être bien compris. [00:23:08] Mais pendant longtemps, Emmanuel Macron n’a pas révélé son programme. Il n’a pas dit quelles mesures il voulait adopter. Ça aussi c’est une bonne stratégie, car les autres candidats ne pouvaient pas vraiment l’attaquer. La seule attaque qu’ils pouvaient faire, c’était de dire que Macron n’avait pas de programme. [00:23:36] Macron a aussi été critiqué parce qu’il disait toujours ce que les gens voulaient entendre. Il était d’accord avec tout le monde, il ne s’opposait jamais aux autres. Alors, les gens ont commencé à penser qu’il n’avait pas d’idée personnelle, pas de conviction. On a pensé qu’il voulait faire plaisir à tout le monde simplement pour être élu, mais qu’il n’avait pas de vision claire pour la France. [00:24:15] Certains pensaient aussi que Macron était trop jeune, qu’il n’avait pas assez d’expérience pour devenir Président de la République. En plus, Macron ne s’était jamais présenté à une élection avant l’élection présidentielle. Donc il n’avait jamais été élu par les Français. Les anciens postes politiques qu’il avait obtenus (secrétaire générale du Président et ministre de l’économie) il les avait obtenus seulement grâce à l’aide de François Hollande. Et après avoir reçu l’aide de François Hollande, Macron a décidé de le trahir pour créer son propre parti politique. Le verbe « trahir » veut dire que quelqu’un vous fait confiance, et vous profitez de cette confiance pour faire une chose contre lui. François Hollande faisait confiance à Emmanuel Macron, mais Emmanuel Macron n’a pas respecté cette confiance et il a quitté le gouvernement pour créer son propre parti. Des personnes qui connaissaient Macron disent qu’il utilise les gens pour obtenir des avantages. Ils disent que Macron est manipulateur, qu’il manipule les gens. En politique, les choses se passent souvent comme ça malheureusement. Mais Macron le fait sans se cacher. [00:26:08] Malgré toutes ces critiques, Macron a gagné le premier tour de l’élection présidentielle. Au deuxième tour, il était opposé à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. Pour que Marine Le Pen ne gagne pas, tous les autres partis politiques ont appelé les électeurs à voter pour Emmanuel Macron. Alors au 2ème tour, il a gagné largement avec 66% des voix. [00:26:53] Pour finir, nous allons voir quel est le programme du nouveau Président français. D’abord, contrairement à beaucoup d’autres candidats, Emmanuel Macron est très favorable à l’Union Européenne. Il veut que les pays de l’Union qui souhaitent aller plus loin dans le projet aient la possibilité de le faire. Il propose que les pays qui font partie de la zone euro, autrement dit les pays qui ont adopté l’euro, aient un budget propre, un Parlement différent du Parlement européen, et un ministre des finances. [00:27:42] Concernant l’économie, je vous ai dit que le nouveau Président français est assez libéral. Par exemple, il veut supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Les fonctionnaires, ce sont les personnes qui travaillent pour l’État, pour l’administration publique. L’objectif d’Emmanuel Macron, son but, c’est de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros en cinq ans. Il veut donc que l’État français soit moins endetté, il veut réduire la dette. En France, la durée légale du travail est de 35 heures par semaine. Les Français travaillent 35 heures par semaine. Mais Emmanuel Macron a souvent critiqué cette durée du travail, alors peut-être que bientôt les Français devront travailler un plus longtemps. [00:28:52] Maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour le nouveau Président ? Quels sont les challenges qui attendent Emmanuel Macron ? [00:29:04] Même si le Président a beaucoup de pouvoir en France, il ne peut pas tout faire ! Il a besoin d’avoir une majorité au Parlement pour que les lois soient acceptées. Et justement, les élections législatives pour élire les députés seront le 11 et le 18 juin. Donc si Emmanuel Macron veut pouvoir faire accepter ses projets, il faut que les candidats de son mouvement « La République en marche ! » gagnent les élections législatives pour être à l’Assemblée, au Parlement. [00:29:50] S’il n’y a pas assez de députés pour avoir une majorité à l’Assemblée, alors il faudra faire des alliances avec les autres partis pour gouverner. [00:30:05] Alors vous voyez, tout n’est pas encore gagné pour Emmanuel Macron. [00:30:15] Pour conclure, il y a trois choses importantes à retenir, à mémoriser, sur Emmanuel Macron. [00:30:25] La première, c’est que Emmanuel Macron est le plus jeune Président de l’histoire de la Vème République, il a seulement 39 ans. [00:30:38] La deuxième chose, c’est qu’il a créé un nouveau parti centriste, un parti politique, qui n’est ni de droite ni de gauche. [00:30:50] Et la troisième chose, concernant les idées d’Emmanuel Macron, c’est qu’il est plutôt libéral sur le plan économique et qu’il est pro-européen, il est en faveur de l’Union Européenne. [00:31:09] Et j’ai une question pour vous : est-ce que les médias dans votre pays ont parlé d’Emmanuel Macron dans votre pays ? Si oui, que disent les médias sur Emmanuel Macron ? Qu’est-ce qu’ils pensent de lui ? Je suis très curieux de le savoir, ça m’intéresse beaucoup ! Envoyez-moi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me le dire. J’attends vos emails avec impatience ! [00:31:46] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Maintenant vous savez tout sur le nouveau Président français. Merci à tous d’avoir écouté ce nouvel épisode. Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription sur mon site internet. [00:32:12] La semaine prochaine, nous parlerons des langues étrangères. Nous verrons comment la connaissance de langues étrangères influence notre personnalité. [00:32:26] Passez une bonne semaine et à bientôt ! Episode:6 Bonjour à tous et bienvenue dans ce 6ème épisode du Cottongue Podcast ! [00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes en forme ! Moi je vais très bien car là où j’habite, à Varsovie, le printemps est enfin arrivé ! Il fait beau, il y a du soleil, et les températures sont un peu plus chaudes : il fait entre 10 et 20 degrés. Et chez vous, quel temps il fait ? Est-ce qu’il fait beau ou est-ce qu’il fait mauvais ? Et quelle est la saison ? Le printemps, l’été, l’automne, ou l’hiver ?! [00:00:49] Peu importe la saison, c’est le bon moment pour écouter un podcast en français ! [00:00:57] Aujourd’hui, nous allons parler des langues étrangères. Vous savez qu’une langue peut-être soit votre langue maternelle, celle que vous apprenez quand vous êtes enfant, soit une langue étrangère. Si vos parents sont Espagnols, votre langue maternelle est l’espagnol car c’est la première langue que vous apprenez. Il est aussi possible d’avoir plusieurs langues maternelles. Par exemple, si votre père est allemand mais votre mère est italienne, alors vous allez sûrement apprendre deux langues maternelles : l’allemand et l’italien. [00:01:42] Ensuite, à l’école, on apprend d’autres langues, des langues étrangères. En France, les langues étrangères les plus populaires à l’école sont l’anglais (il est obligatoire), l’allemand, l’espagnol et l’italien. [00:02:01] Vous le savez peut-être, mais les Français sont connus pour être mauvais en langue. On entend souvent que les Français ne savent pas parler anglais. Et c’est vrai ! Dans les classements, quand on teste le niveau d’anglais en Europe, la France est souvent dernière. Il existe l’examen TOEFL pour valider le niveau d’anglais, et dans le classement TOEFL la France est 25ème ! Ça n’est pas une très bonne place. [00:02:38] Mais heureusement, ça change ! Parmi les jeunes et dans les grandes villes, il y a de plus en plus de personnes qui savent parler anglais. Maintenant, certains touristes se plaignent, ils ne sont pas contents, parce que quand ils essayent de parler français avec un Parisien par exemple, le Parisien répond en anglais pour être poli. Mais certains touristes trouvent que c’est malpoli. C’est drôle, quand les Français répondent en anglais les touristes trouvent que c’est malpoli, mais quand ils répondent en français parfois ils trouvent aussi que c’est malpoli ! [00:03:26] Le problème, c’est qu’il y a encore des Français qui pensent qu’apprendre une langue est inutile. 30% des Français pensent qu’ils n’ont pas besoin de savoir parler une langue étrangère, c’est dommage ! Mais c’est vrai que certaines personnes peuvent très bien vivre en connaissant seulement leur langue maternelle. Si elles habitent dans une petite ville, qu’elles ne voyagent pas et qu’elles n’en ont pas besoin au travail. C’est de plus en plus rare, mais ça existe toujours. Et malheureusement, beaucoup de Français pensent qu’apprendre une langue est une corvée. Une corvée, c’est une chose qu’on est obligé de faire mais qui est désagréable, pénible comme faire le ménage ou faire la lessive. On n’aime pas faire ces choses mais on est obligés de les faire. Donc beaucoup de Français trouvent qu’apprendre l’anglais, c’est ennuyeux et pénible. Ils n’ont pas de plaisir à le faire. Alors quand on se sent obligé de faire quelque chose que l’on n’aime pas, forcément on manque de motivation et souvent on n’obtient pas de bons résultats. [00:04:55] Quand j’ai commencé à donner des cours de français à Varsovie, j’étais très surpris. J’étais très surpris parce que mes élèves apprenaient le français par plaisir, pas par obligation. Souvent, ils n’ont pas besoin du français pour leur travail et ils ne prévoient pas non plus partir vivre dans un pays francophone, un pays où les gens parlent le français. Le français n’a aucune utilité pratique pour eux ! Ils aiment simplement la langue française et ils veulent être capables de la parler. À mon avis, c’est la meilleure façon d’apprendre une langue, quand on le fait par plaisir et par amour de cette langue. [00:05:47] Et vous, pour quelles raisons apprenez-vous le français ? Est-ce que vous en avez besoin pour votre travail ? Est-ce que c’est parce que vous adorez la littérature ou le cinéma français ? Ou peut-être parce que vous avez des amis français ? Dîtes-moi pourquoi, je suis très curieux de le savoir ! Moi, j’apprends le polonais parce que j’habite en Pologne, et aussi parce que ma copine est polonaise. L’amour, c’est une très bonne source de motivation, croyez-moi ! [00:06:28] Et aujourd’hui, je vais vous donner plein d’autres bonnes raisons d’apprendre une langue étrangère ! Des raisons qui ne concernent pas notre carrière professionnelle mais notre cerveau et notre tolérance ! [00:06:44] Vous voulez savoir pourquoi apprendre une langue étrangère est bon pour notre cerveau et nous rend plus tolérant ? [00:06:53] Oui ? Alors, allons-y ! [00:07:01] Depuis le début des années 2000, il y a eu beaucoup d’études sur les personnes bilingues. Une personne bilingue, vous savez, c’est quelqu’un qui connaît deux langues. Les scientifiques veulent savoir s’il existe des différences entre le cerveau des personnes bilingues et le cerveau des personnes monolingues. Ils veulent savoir si leurs cerveaux fonctionnent différemment. [00:07:33] Pour comparer les personnes bilingues et les monolingues, les scientifiques utilisent souvent des enfants. Par exemple des enfants qui sont bilingues parce que leurs parents parlent deux langues différentes. [00:07:48] Dans le passé, les scientifiques pensaient que parler deux langues était un handicap pour les enfants. Pourquoi ? Je vais vous l’expliquer. [00:08:00] Quand on parle deux langues, on a deux systèmes qui fonctionnent dans notre cerveau. Même quand on utilise une langue, la 2ème n’est pas inactive. Par exemple, quand je parle français avec mes amis, parfois je pense à des mots anglais qui expriment mieux une idée que j’ai. Donc même si j’utilise le français, mon « système » anglais fonctionne dans ma tête. [00:08:33] À cause de ça, les scientifiques pensaient que le 2ème système, la 2ème langue pouvait gêner, pouvait déranger les enfants bilingues. Ils pensaient que la 2ème langue créait de la confusion et que ces enfants ne pouvaient pas se concentrer. Et si les enfants ne peuvent pas se concentrer, alors ils ne peuvent pas avoir de bonnes notes, de bons résultats à l’école. [00:09:07] Mais grâce aux expériences scientifiques récentes, on sait que tout ça était faux. En réalité, les enfants bilingues apprennent plus facilement que les autres. Ils peuvent se concentrer sur un problème puis passer rapidement à un autre. Ils sont meilleurs pour résoudre des problèmes (« résoudre » c’est un verbe qui veut dire « trouver une solution »). [00:09:38] Les scientifiques ne savent pas encore pourquoi les enfants bilingues ont de meilleures capacités. Et vous, vous avez une idée ? Vous savez pourquoi les enfants bilingues ont de meilleures capacités ? [00:09:57] Certains chercheurs pensent que les enfants bilingues sont plus habitués à contrôler leur environnement et à s’adapter rapidement. C’est comme quand vous conduisez une voiture, vous devez faire attention à l’environnement : les autres voitures devant et derrière vous, les piétons, etc. Vous êtes concentrés sur la route, mais vous contrôlez aussi les choses autour de vous. Les enfants bilingues doivent faire pareil. Ils doivent faire attention aux personnes qui sont autour d’eux pour savoir quelle langue parler. Par exemple, ils doivent parler une langue avec leur père et une autre langue avec leur mère. Ils doivent être prêts à changer de langue rapidement, à réagir rapidement. Alors leur cerveau est habitué à cet exercice, il est entraîné. Leur cerveau s’adapte plus rapidement et ça ne leur demande pas beaucoup d’effort, c’est facile pour eux, c’est presque naturel. [00:11:18] Heureusement, ça n’est pas vrai seulement pour les enfants bilingues. Les personnes qui apprennent une deuxième langue plus tard dans leur vie développent aussi leur cerveau. Elles apprennent à s’adapter et à passer d’une langue à l’autre. Mais ça demande un peu plus de travail et d’effort, ça n’est pas aussi facile que pour les enfants bilingues. [00:11:53] Quand vous faites du sport régulièrement, votre corps vieillit moins vite. Vous restez en forme plus longtemps. Eh bien c’est pareil avec votre cerveau. Quand vous entraînez votre cerveau, il reste jeune plus longtemps. Et apprendre une langue étrangère est un excellent exercice pour le cerveau et la mémoire. Des études scientifiques ont montré que les personnes qui parlent plusieurs langues sont moins touchées par des maladies comme Alzheimer, cette maladie qui fait perdre la mémoire. [00:12:41] Vous voulez que je vous explique pourquoi ? Quand vous apprenez une langue, votre cerveau doit beaucoup travailler. Moi, quand je parle polonais avec quelqu’un pendant une heure, après je suis très fatigué. Aussi fatigué que quand je vais à la salle de sport ! Mon cerveau doit beaucoup travailler, il doit créer des connexions. Mais heureusement, ça devient de plus en plus facile ! Plus on s’entraîne, plus ça devient facile car les connexions dans notre cerveau commencent à fonctionner. Et plus il y a de connexions dans notre cerveau, moins vite il vieillit. C’est une bonne nouvelle, non ? [00:13:39] Enfin, d’autres études ont montré qu’apprendre une langue étrangère a un effet positif sur notre créativité. Est-ce que vous saviez que l’auteur Ernest Hemingway parlait couramment espagnol et français en plus de l’anglais ? Peut-être que ça l’a aidé à gagner le Prix Nobel de Littérature. [00:14:11] Bref, vous voyez qu’il existe beaucoup d’avantages pour notre cerveau. [00:14:17] Alors si vous voulez que votre cerveau reste en forme plus longtemps, continuez d’apprendre le français ! [00:14:32] En plus de tous ces avantages pour notre cerveau, apprendre une langue étrangère améliore aussi notre tolérance (« la tolérance », c’est la capacité à respecter les autres, respecter leur liberté, leurs opinions, etc.). [00:14:54] À votre avis, pourquoi apprendre une langue améliore-t-il notre tolérance ? [00:15:04] En fait, il y a deux explications, deux facteurs qui expliquent cela. [00:15:11] La première explication, c’est que cet apprentissage permet d’ouvrir les yeux sur d’autres façons de faire. On dit en français « être ouvert d’esprit », ce qui signifie être tolérant et respecter les différences. « Être ouvert d’esprit ». [00:15:36] Quand on apprend une langue étrangère, on voit que des personnes communiquent différemment, qu’elles expriment leurs idées de manière différente. Nous comprenons qu’elles ont une culture différente, et que notre culture n’est pas la seule au monde. Souvent, quand je vois des touristes français en vacances, j’entends qu’ils comparent tout à la France. Ils disent : « ici les gens mangent comme ça, mais en France on mange d’une autre façon ». Ou alors : « dans les restaurants il n’y a pas de pain, alors qu’en France il y a toujours du pain au restaurant ». Pour ces touristes, c’est parfois difficile d’accepter ces différences. Ils ne comprennent pas pourquoi tout le monde ne fait pas comme les Français. Ils trouvent que c’est bizarre. [00:16:47] Nous avons aussi beaucoup de stéréotypes sur les autres nationalités, les autres pays. Un stéréotype, c’est une idée qu’on accepte sans réfléchir. On appelle ça aussi « un cliché ». Ces stéréotypes sont souvent des incompréhensions. On ne comprend pas pourquoi les habitants d’un autre pays se comportent différemment, alors on invente un stéréotype. Par exemple, les Français travaillent 35 heures par semaine. C’est la durée légale du travail. Donc les habitants d’autres pays pensent parfois que les Français sont paresseux, qu’ils n’aiment pas travailler. Mais en fait, c’est seulement une question de choix politique. C’est le gouvernement qui a adopté les 35 heures pour des raisons économiques (pour réduire le chômage par exemple). Mais ça ne veut pas dire que les Français sont paresseux. Et en plus, les Français sont très productifs, ils sont très efficaces ! [00:18:16] Quand on apprend une langue étrangère, on comprend que beaucoup de stéréotypes sont faux. On adopte une nouvelle façon de penser pour comprendre les autres. On comprend pourquoi les étrangers se comportent de cette façon, pourquoi ils pensent comme ci ou comme ça, pourquoi il n’y a pas de pain au restaurant ! On sait qu’il n’y a pas de culture « meilleure » que les autres. On accepte simplement les cultures différentes, on les respecte. [00:18:54] Donc ça, c’était la première explication. Apprendre une langue étrangère nous rend plus ouvert d’esprit. [00:19:07] La deuxième explication concerne notre capacité d’adaptation. Avoir une bonne capacité d’adaptation, ça veut dire pouvoir s’adapter à une situation qu’on ne connaît pas. [00:19:26] Pour une personne qui voyage beaucoup, c’est facile de s’adapter à un nouveau pays. Elle est habituée à vivre dans différents environnements, à manger différents types de nourriture, à être entourée de personnes qui sont d’une autre nationalité. [00:19:49] Au contraire, pour une personne qui ne voyage jamais, c’est très difficile ! En général, cette personne ne se sent pas à l’aise quand elle est à l’étranger. Elle se sent perdue. Elle n’est pas habituée à ce genre de situation. Peut-être même qu’elle a peur. Elle a du mal à s’adapter. « Avoir du mal » à faire quelque chose, ça signifie avoir des difficultés à faire cette chose, que cette chose est difficile à faire. Par exemple « J’ai du mal à te comprendre », ça veut dire que c’est difficile pour moi de comprendre ce que tu me racontes. [00:20:41] Quand on parle plusieurs langues, on a une meilleure capacité d’adaptation. Par exemple, on peut lire un texte même si on ne comprend pas tous les mots. S’il y a des mots qu’on ne connaît pas, on essaye de comprendre la phrase avec le contexte. On ne se concentre pas sur les mots qu’on ne connaît pas, mais sur ceux qu’on comprend. Et plus on connaît de langues, plus ça devient facile. [00:21:13] La 1ère fois, c’est plutôt compliqué. Mais ensuite, ça devient de plus en plus facile d’apprendre de nouvelles langues. On s’adapte plus rapidement à un nouveau système. On est habitué à ce genre de situation, ça ne nous fait pas peur, ça ne nous fait pas paniquer. [00:21:38] Au contraire, les personnes qui ne connaissent pas d’autres langues ont tendance à paniquer quand elles sont dans ce genre de situation. Elles se focalisent sur des mots qu’elles ne connaissent pas et elles font un blocage. Elles n’ont pas de flexibilité, elles pensent que c’est impossible de comprendre. [00:22:03] En France par exemple, on apprend l’anglais pendant au moins 7 ans. C’est long 7 ans ! Mais quand ils doivent parler anglais avec quelqu’un, les Français pensent que c’est impossible. Ils pensent qu’il leur manque des mots et ils commencent à paniquer. Comme ils ne sont pas habitués à ce genre de situation, ils préfèrent abandonner au lieu d’essayer. La situation est tellement stressante que ces personnes veulent juste arrêter et s’en échapper, partir ! [00:22:45] Pour résumer, on peut dire que les personnes bilingues (qui parlent deux langues) ou polyglottes ont généralement plus confiance en elles. Ça veut dire qu’elles croient en leur potentiel et leurs capacités. Elles savent qu’elles sont capables de faire de nouvelles choses. Et ça, ça ne concerne pas seulement les langues. Ça concerne leur vie en général. Ils n’ont pas peur de prendre des risques, de sortir de leur zone de confort. Ils ont une attitude différente des personnes qui ne parlent qu’une seule langue. [00:23:35] Le dernier avantage dont je veux vous parler est le plus surprenant. Et si je vous disais que parler plusieurs langues permet de vivre plusieurs vies ? Est-ce que vous me croiriez si je vous disais ça ? [00:23:55] Plusieurs études ont montré que la personnalité d’une personne change en fonction de la langue qu’elle parle. Évidemment, ça ne veut pas dire que ces personnes sont comme Docteur Jekyll et Mr. Hyde. Mais leur façon de penser change légèrement. Moi, par exemple, je suis souvent plus ouvert et énergique quand je parle anglais. Je pense que c’est parce que les Américains sont très charismatiques. Ils ont un style différent des Français, un style plus chaleureux et plus émotionnel. Alors quand je parle anglais, je copie ce style inconsciemment. « Inconsciemment » ça signifie « sans en être conscient ». Vous faites quelque chose sans y penser, inconsciemment. [00:24:58] Les Français sont plus rationnels. Ils pensent que les choses qu’on dit sont plus importantes que la manière dont on les dit. On a une expression pour ça « le fond et la forme ». Le fond, c’est le contenu, la matière. La forme, c’est le style, la manière d’exprimer quelque chose. Alors en français, le fond est souvent plus important que la forme. [00:25:34] Bref, moi par exemple, j’ai deux personnalités. Ma personnalité française et ma personnalité anglaise. En plus, je commence à avoir aussi une nouvelle personnalité, ma personnalité polonaise (comme j’apprends le polonais) ! Et je pense que quand on a plusieurs personnalités, c’est un peu comme vivre plusieurs vies. [00:26:04] Et vous, est-ce que vous avez plusieurs personnalités ? Comment est votre personnalité française ? [00:26:18] Pour conclure, nous avons vu qu’il y a beaucoup d’avantages à apprendre une langue étrangère. D’abord, c’est un bon entraînement pour notre cerveau. Quand on apprend une nouvelle langue, notre cerveau travaille dur et il devient plus efficace. Nous pouvons résoudre des problèmes plus facilement. Nous avons aussi une meilleure mémoire. En plus, ces avantages sont vrais tout au long de la vie. Ensuite, apprendre une langue nous rend plus tolérants parce que nous connaissons d’autres cultures, d’autres façons de vivre. On devient capable de communiquer avec des gens différents de nous. Les personnes qui connaissent plusieurs langues ont aussi une meilleure capacité d’adaptation. Elles n’ont pas peur des situations nouvelles, elles aiment essayer des choses. Et pour finir, parler différentes langues nous permet d’avoir différentes personnalités et donc de vivre plusieurs vies. [00:27:43] Voilà, nous arrivons à la fin de ce podcast. J’espère qu’il vous a donné envie de continuer à apprendre le français, mais aussi d’autres langues pourquoi pas ! [00:27:57] Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription de ce podcast sur mon site Cottongue.com/podcast. Comme ça, c’est plus facile de comprendre ce que je raconte. Allez sur mon site Cottongue.com/podcast et vous trouverez toutes les transcriptions. Merci à tous, merci de m’avoir écouté. Je suis très content car il y a de plus en plus d’auditeurs de ce podcast. La semaine prochaine, j’ai préparé un sujet très intéressant pour vous, parce que nous parlerons des théories du complot. Donc si vous voulez tout savoir sur les théories du complot, rendezvous la semaine prochaine. Merci et à bientôt ! Episode: 7 Bonjour à tous et bienvenue dans ce septième épisode du Cottongue podcast ! [00:00:12] Je suis très content de vous accueillir. Ça me fait vraiment plaisir de faire ce nouveau podcast pour vous. On va passer 30 minutes ensemble et je vais parler d’un sujet que je trouve intéressant. Vous savez que pour apprendre une langue, le plus important c’est d’essayer de comprendre quelque chose. Vous pouvez essayer de comprendre un article, essayer de comprendre en podcast, peu importe. Chaque jour, il faut écouter, lire ou regarder quelque chose en français. Et si vous faites ça tous les jours, vous allez progresser, vous allez comprendre de plus en plus de choses. Et moi je suis très content parce qu’il y a de plus en plus d’auditeurs de ce podcast. Donc peut-être que ça veut dire que ces podcasts vous intéressent. En tout cas, j’espère qu’ils vous aident à apprendre le français. [00:01:28] Alors, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ? Si vous avez écouté le podcast précédent, vous savez qu’aujourd’hui nous allons parler des théories du complot. Dans le podcast précédent, je vous ai annoncé le sujet d’aujourd’hui, et ce sujet c’est les théories du complot. Alors, un « complot » qu’est-ce que c’est ? Peut-être que vous ne connaissez pas ce mot. Un complot, c’est quand des personnes se réunissent pour préparer un projet secret. En général, ce projet secret c’est quelque chose d’assez négatif. Par exemple, un complot pour prendre le pouvoir. On peut imaginer à un groupe de personnes qui se réunissent, qui parlent, qui préparent un plan pour prendre le pouvoir. Par exemple pour prendre le pouvoir d’un pays, diriger ce pays. Donc ça, c’est un complot. Et une théorie du complot, c’est une théorie qui explique un événement d’une façon un peu différente de la version officielle. Quand il y a un grand événement, un événement important, en général il y a toujours une version officielle pour expliquer cet événement, c’est normal. Mais à côté de cette version officielle, parfois il y a des théories alternatives qui apparaissent pour expliquer cet événement. Et dans ces théories alternatives, on pense que le responsable d’un événement n’est pas forcément la personne que l’on croit. Je vais vous donner plusieurs exemples pour mieux comprendre cette idée, pour mieux comprendre les théories du complot. [00:04:00] La première, c’est une théorie qui concerne la lune. La lune vous savez, c’est cet astre qui est dans le ciel et qui apparaît seulement la nuit. Pendant le jour il y a le soleil, et la nuit il y a la lune. Alors peut-être que vous connaissez cette citation « un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité ». Vous connaissez cette citation « un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité ? Peut-être que vous connaissez la version anglaise Elle a été prononcé le 21 juillet 1969 par l’astronaute américain Neil Armstrong quand il a posé le pied sur la Lune avec la mission Apollo 11. [00:05:14] Alors dans le contexte de la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS, la conquête de la Lune a été un événement très important. Les Etats-Unis voulaient prouver au monde entier qu’ils étaient plus puissants que l’URSS. Aller sur la Lune, c’était un moyen d’impressionner tous les habitants de la Terre. Avant ça, aucun homme n’avait marché sur une autre planète. Donc les Etats-Unis ont été le premier pays à envoyer un homme sur une autre planète. Mais certains, certaines personnes, pensent que les Etats-Unis n’ont jamais envoyé d’homme sur la lune, que la mission Apollo 11 n’a jamais eu lieu. Ces rumeurs, elles disent que la NASA a filmé les images dans un studio de cinéma. Et les personnes qui croient à ces rumeurs ont beaucoup d’arguments. Elles disent par exemple qu’il n’y a pas d’étoiles dans le ciel sur les photos de la NASA. Donc elles trouvent ça un peu bizarre. Elles disent aussi que le drapeau américain, le drapeau que les astronautes ont emmené pour le planter sur la lune, elles disent que ce drapeau américain flotte dans les airs alors qu’il n’y a pas d’atmosphère sur la lune. Donc s’il n’y a pas d’atmosphère, il n’y a pas de vent. Et s’il n’y a pas de vent, c’est un peu bizarre que le drapeau flotte sur les photos, non ? Bref ces personnes pensent qu’il y a plein d’éléments qui sont suspects, qui sont bizarres. Et à cause de ces événements, elles pensent que la mission Apollo 11 n’a jamais eu lieu, que les Etats-Unis n’ont jamais envoyé d’astronautes sur la lune. Donc ça vous voyez, c’est un premier exemple d’une théorie du complot. [00:07:59] Le deuxième exemple dont je veux vous parler, c’est celui des Illuminatis. Vous avez sûrement déjà entendu ce mot, c’est le même en anglais. Les Illuminatis, c’est un groupe secret de personnes très puissantes et on imagine que ce groupe veut contrôler le monde. D’après les théories du complot, que veulent les Illuminatis ? C’est simple, ils veulent le nouvel ordre mondial. Un nouvel ordre mondial dans lequel les Illuminatis pourront tout contrôler : la politique, les institutions, la finance, les médias etc. Ils ont plusieurs symboles, par exemple la pyramide et aussi l’œil. Parfois, on voit un œil dans une pyramide et ça, d’après les théories du complot, c’est un symbole des Illuminatis. Vous savez, on peut le voir sur les billets de 1 $ aux Etats-Unis. En réalité ces symboles ce sont les symboles d’une organisation mais pas des Illuminatis. Cette organisation s’appelle la maçonnerie; en France on les appelle les “francs-maçons”. Les francs-maçons c’est un vrai groupe qui existe, il existe depuis le XVIIIe siècle et il a participé à différents événements historiques, par exemple les francs-maçons ont influencé la révolution américaine et aussi la révolution française. Mais les francsmaçons ne sont pas aussi puissants que les théories des Illuminatis. C’est un peu exagéré. En France, on s’intéresse beaucoup aux francs-maçons parce qu’ils sont un peu mystérieux. C’est un groupe officiel mais qui est assez secret. C’est impossible d’entrer dans ce groupe si personne ne vous recommande, par exemple. Mais bon ça c’est un autre sujet, et je vous en parlerai peut-être dans un prochain podcast, si ça vous intéresse. [00:10:48] La troisième théorie du complot dont je veux vous parler, elle concerne la France. Elle concerne les attentats qui ont eu lieu en France en 2015. Vous savez qu’il y a eu deux vagues d’attentats en France en 2015. Les premiers attentats, c’était contre le journal Charlie hebdo le 7 janvier 2015. Ce journal avait publié des caricatures de Mahomet, et des membres de l’État islamique ont décidé de l’attaquer. Ils ont tué plusieurs journalistes. Ensuite, le 13 novembre, il y a eu d’autres attentats à Paris dans la salle de concert du Bataclan pendant un concert des Eagles of Death Metal, et également autour du stade de France. Ces attentats ont fait beaucoup de morts du côté du Bataclan, il y a eu plus de 230 morts. Ces attentats ont été revendiqués par l’État Islamique, par Daesh. Mais après les attentats, il y a eu de nouvelles théories qui sont apparues pour expliquer les raisons de ces événements. Ces théories disaient que le vrai responsable de ces attentats, ce n’était pas l’État islamique. Le vrai responsable, c’était le gouvernement français avec son président François Hollande et les services secrets. Alors pourquoi le gouvernement français aurait organisé cette théorie ? Tout simplement pour renforcer son pouvoir, pour renforcer le contrôle de la police, par exemple. Donc ces théories du complot, elles sont similaires aux théories qui concernent les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Vous savez qu’il y a beaucoup de théories qui expliquent que les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis étaient organisés par le gouvernement américain pour pouvoir attaquer l’Irak, pour pouvoir faire la guerre à l’Irak. Donc en France, on a eu des théories du complot assez similaires pour expliquer les attentats. [00:13:45] Alors maintenant, on va s’intéresser aux points communs entre toute ces théories. Quelles sont les parallèles entre toutes ces théories ? Qu’est-ce qu’elles ont en commun ? On va essayer de faire la recette d’une théorie du complot. Vous savez une recette, c’est par exemple une recette de cuisine pour préparer un gâteau au chocolat. Pour préparer un gâteau au chocolat, on utilise une recette avec les différents ingrédients et la méthode pour préparer ce gâteau chocolat. Donc aujourd’hui, nous allons faire la recette des théories du complot. [00:14:34] Pour faire une théorie du complot, de quoi a-t-on besoin ? Tout d’abord, nous avons besoin d’un bouleversement. “Un bouleversement” qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est quelque chose qui change complètement l’ordre établi. Par exemple : une guerre. Une guerre, c’est un grand bouleversement parce que ça change complètement la situation. Quand un pays est en guerre tout change dans le pays, rien n’est plus comme avant. Donc une guerre, c’est un bouleversement. Les bouleversements, ils peuvent être de différentes natures. Je vais vous donner quelques exemples. Ça peut être des attentats, c’est à dire des attaques terroristes. Ça peut être une crise économique, une guerre, une catastrophe naturelle comme par exemple un ouragan ou un tsunami. Un bouleversement ça peut être aussi à un crash aérien, une épidémie de maladies etc. Ça c’est le premier élément qui est nécessaire pour une théorie du complot. Il faut un événement spectaculaire catastrophique, bouleversant, quelque chose qui va choquer le public. [00:16:12] Le deuxième élément, évidemment c’est une explication officielle. Quand il y a ce genre d’événements, il y a toujours une version officielle pour expliquer pourquoi cet événement s’est produit. Mais parfois ces explications officielles sont un peu difficiles à comprendre pour le grand public. Par exemple, si on n’est pas un spécialiste de la finance et de l’économie, c’est un peu difficile de comprendre pourquoi il y a une crise économique. On peut essayer de lire des articles, mais généralement ça reste assez compliqué à comprendre. Mais ça, c’est la version officielle. La version officielle, l’explication, c’est le deuxième deuxième élément, le deuxième ingrédient nécessaire pour une théorie du complot. [00:17:13] Le troisième élément, c’est qu’il y a certaines personnes qui cherchent d’autres explications, des explications différentes de la théorie officielle. Pourquoi ? Parce qu’elles trouvent que la théorie officielle est difficile à comprendre, et donc elles veulent des explications plus claires, plus directes, plus faciles à comprendre et en général cette explication concerne un groupe secret. C’est le quatrième ingrédient d’une théorie du complot. Dans une théorie du complot, il y a presque toujours un groupe secret et ce groupe secret est responsable de l’événement. La théorie du complot explique que ce groupe mystérieux a organisé l’événement dans l’ombre. “Dans l’ombre” ça veut dire “de façon cachée” “de façon invisible pour le grand public”. Ce groupe secret il a ses propres intérêts et ses propres ambitions. Et il utilise cet événement par exemple pour gagner beaucoup d’argent ou alors pour obtenir le pouvoir. Ces groupes secrets, ils veulent contrôler le monde. On a déjà parlé des Illuminatis, donc ça c’est un exemple de groupe secret utilisé dans les théories du complot. [00:18:54] Alors avec ce groupe secret, on commence à développer des théories du complot, des théories qui s’opposent à la version officielle et qui montrent les liens les connexions entre ce groupe et l’événement, la catastrophe. Ces théories du complot montrent comment ces choses sont liées, comment le groupe secret a provoqué cet événement. [00:19:28] Et la dernière chose importante pour une théorie du complot, c’est la diffusion de cette théorie. Avant on ne trouvait pas vraiment ces théories dans les médias officiels, parce que ces théories étaient considérées comme des choses un peu stupides, un peu idiotes. Alors dans le passé, les théories du complot elles se diffusaient grâce au bouche-à-oreille. Le bouche-àoreille, c’est simplement quand des personnes diffusent une information en se parlant, tout simplement. Le bouche-à-oreille, c’est quand des personnes se parlent directement pour se transmettre une information. Maintenant il y a quelque chose de beaucoup plus efficace que le bouche-à-oreille, et cette chose évidemment c’est Internet. Avec Internet c’est très facile de diffuser des théories du complot à beaucoup de personnes. Si vous faites des recherches sur YouTube, vous allez trouver des centaines, des milliers de vidéos qui vous expliquent les différentes théories du complot. Ça veut dire qu’il y a de plus en plus de personnes qui croient ces théories et qui décident de les partager sur Internet. Internet c’est un outil génial pour diffuser les théories du complot. [00:21:10] Alors pourquoi ces théories sont-elles difficiles a démentir ? “Démentir”, c’est un verbe qui veut dire qu’on montre que quelque chose est faux. Par exemple, il y a une théorie et vous vous démontez cette théorie, vous montrez qu’elle est fausse, que cette théorie n’est pas vraie. Alors pourquoi c’est difficile de démentir les théories du complot ? D’abord, parce qu’elles utilisent beaucoup beaucoup d’arguments. Chaque personne apporte des arguments supplémentaires pour renforcer cette théorie du complot. Quand vous prenez un argument individuellement, en général c’est facile de montrer qu’il est faux. Mais quand vous mélangez tous ces arguments ensemble, ça devient très difficile de les démentir, parce qu’il y a tellement d’arguments qu’on est un peu perdu. En plus, ces théories, elles arrivent à évoluer. Elles peuvent s’adapter face aux critiques. Par exemple, s’il y a une preuve qui montre qu’un argument est faux, alors de nouveaux arguments vont apparaître. Ça veut dire que les théories s’adaptent pour pouvoir rester crédibles. “Crédible”, ça veut dire qu’on croit à ces théories. Même s’il y a des preuves qui démentent ces théories, les personnes qui soutiennent les théories du complot vont toujours trouver de nouveaux arguments. [00:23:07] Et la dernière raison pour laquelle il est difficile de démentir les théories du complot, c’est que les personnes qui soutiennent cette théorie, elles demandent aux autres de prouver que la version officielle est vraie. Elles disent : “si la version officielle est vraie, alors prouve-moi que c’est bien le cas, prouve-moi que tu as raison”. Et souvent, les versions officielles sont tellement compliquées que c’est un peu difficile de les expliquer, parce qu’elles ont des explications très techniques, par exemple, on en a déjà parlé. [00:23:58] Une autre question qui est importante c’est pourquoi est-ce que nous croyons à ces théories du complot ? Pourquoi les théories du complot sont-elles tellement populaires ? Pourquoi il y a de plus en plus d’adeptes des théories du complot ? [00:24:19] Une première explication, c’est que le monde dans lequel nous vivons, il est de plus en plus complexe, il est très difficile à comprendre. Il y a beaucoup de spécialistes, d’experts, il y a une grande quantité d’informations. Et pour les personnes comme vous et moi, pour le grand public, c’est parfois assez difficile de comprendre. Donc nous sentons que nous sommes un peu perdus, nous ne pouvons pas comprendre les mécanismes qui expliquent un événement. Et ça c’est encore plus vrai quand nous sommes face a des événements tragiques, par exemple face a des attentats, face à des catastrophes naturelles. Il est difficile pour nous parfois de comprendre les mécanismes, de comprendre les raisons de ces événements. La révolution française, ça a été le premier événement qui a donné lieu à des théories du complot. Il y a eu beaucoup de théories du complot pour expliquer la révolution française. Pourquoi ? Eh bien parce que la révolution française a été un bouleversement. La révolution française a complètement changé la société en France. Et pour les gens, c’était difficile de comprendre ces changements, c’était difficile d’en comprendre les raisons. C’est pour ça que les théories du complot sont apparues pour essayer d’aider les gens à comprendre ce changement. Pour trouver des explications un peu plus simples et un peu plus faciles à comprendre. [00:26:21] Et une autre raison, c’est que beaucoup de ces événements arrivent au hasard. Par exemple, une catastrophe naturelle c’est souvent impossible à prévoir, et c’est seulement le résultat du hasard. Or, nous les hommes nous n’aimons pas beaucoup le hasard. Parce que si nous croyons au hasard, ça veut dire que nous sommes vulnérables. On ne peut pas se protéger du hasard. Ça veut dire que nous aussi nous pouvons être victimes d’une catastrophe, et ça c’est très difficile à accepter. Avec les théories du complot, on supprime, on efface ce hasard. On explique qu’il y a un ordre naturel, il y a des causes, des raisons. Il y a des méchants qui sont responsables, des personnes qui sont responsables de ces catastrophes et c’est un peu comme dans un film. À la fin, on comprend tout, on comprend pourquoi les choses se sont passées de cette manière. Souvent, c’est une vision un peu manichéenne manichéenne. Une “vision manichéenne”, ça veut dire qu’on considère qu’il y a le Bien et le Mal, les gentils et les méchants. Il n’y a rien entre les deux. Tout est soit blanc, soit noir. Il n’y a pas de zone grise. Donc ça c’est une vision manichéenne : le Bien contre le Mal. Cette vision manichéenne et ces théories du complot, elles sont plutôt rassurantes parce qu’elle nous aident à comprendre. [00:28:23] En fait, ce qui compte, ce n’est pas vraiment l’explication, ça n’est pas vraiment la théorie. Ce qui compte, c’est de dire qu’on n’a compris pourquoi. On a la réponse. Quand on n’a pas de réponse à une question, on se sent un peu bête. Mais avec ces théories, on peut se sentir intelligent parce que nous avons les réponses à toutes les questions. On peut dire aux autres que NOUS avons compris, Nous avons la réponse. Nous sommes plus intelligents que vous, parce que vous vous croyez la version officielle. Et la version officielle, elle est fausse. [00:29:16] Quels sont les risques des théories du complot ? On peut penser que les théories du complot ne sont pas vraiment dangereuses. On peut penser que chacun a le droit de croire les théories qui lui plaisent. Mais le problème c’est que, avec ces théories du complot, on fait de moins en moins confiance aux médias et au gouvernement. On pense que les médias et le gouvernement nous mentent, qu’ils sont malhonnêtes et à cause de ça ne leur fait plus confiance. Ça, ça provoque de l’isolement parce que finalement on ne peut plus faire confiance à personne, on pense que le système est contre nous. Et dans ce cas-là, on se retrouve isolé. [00:30:16] Qu’est-ce qu’on peut faire pour combattre ces théories du complot ? [00:30:20] D’abord, il faut donner les moyens de comprendre et de s’exprimer. Ça, on peut le faire grâce a l’éducation et à l’école. Malheureusement, quand on ne peut pas exprimer ses idées on se sent bête et on cherche des simplifications. Et les théories du complot ce sont justement des formes de simplification. [00:30:52] Une autre solution c’est d’encourager l’esprit critique. C’est une bonne idée de ne pas toujours accepter la version officielle, il faut garder un esprit critique et se poser des questions. Mais il faut aussi être capable de vérifier ses sources d’information, de lire une information et de pouvoir savoir si elle est fiable (ça veut dire qu’on peut lui faire confiance ou pas). [00:31:31] Et la dernière chose, pour combattre les théories du complot, c’est de rétablir la confiance dans le système. Ça veut dire rétablir la confiance dans la démocratie. Et pour ça, les politiciens doivent montrer l’exemple, ils doivent être exemplaires pour qu’on leur fasse confiance. [00:32:02] Voilà c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que ça vous a intéressé. Maintenant vous savez tous sur les théories du complot. Évidemment, vous pouvez chercher des articles sur les médias français. Il y a beaucoup d’articles sur les théories du complot si vous voulez en savoir plus. [00:32:28] La semaine prochaine, nous parlerons des stéréotypes, et en particulier des stéréotypes sur les Français. Je pense que ça va être plutôt drôle et amusant. Donc rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau podcast. Merci à tous, merci de m’avoir écouté, et à bientôt. Episode: 8 Salut à tous, bienvenue, c’est le huitième épisode du Cottongue podcast. [00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes en forme. Comme d’habitude, on va passer une trentaine de minutes ensemble et je vais vous parler d’un sujet pour que vous puissiez écouter quelque chose d’intéressant en français. [00:00:30] Mais avant de vous parler du sujet du jour, j’ai envie de vous parler d’un e-mail que j’ai reçu il y a quelques jours. Cet e-mail, c’est John qui me l’a envoyé. John, c’est un auditeur du Cottongue podcast. Donc je vais vous lire son e-mail. [00:00:58] “Bonjour Hugo, Je vous remercie pour votre podcast. J’apprends le français parce que je veux aider mon plus jeune fils qui apprend le français à l’école. Je n’ai que le temps d’apprendre le français le matin en route au travail, et à l’après-midi lorsque je rentre chez moi. Je ne peux qu’apprendre en écoutant des podcasts, parce que j’ai du mal à lire dans les transports publics. Jusqu’à maintenant, j’ai eu du mal à trouver des podcasts avec un niveau approprié pour moi que je puisse comprendre. Je trouve que votre podcast est parfait pour moi, alors je vous remercie de le faire ! Merci et cordialement, John“ [00:01:51] Vous voyez que John a une très bonne motivation pour apprendre le français, parce qu’il veut aider son fils. Et ça je pense que c’est très important quand vous voulez réussir à apprendre une langue. C’est très important de savoir quelle est votre motivation; pourquoi vous apprenez cette langue. [00:02:17] Et vous voyez John, il arrive à écouter un podcast le matin quand il va au travail et le soir quand il rentre. Grâce à ça, c’est super parce que John peut optimiser son temps et faire un peu de français tous les jours quand il va au travail. John bravo et continue comme ça ! Ton français est vraiment très bon donc je pense que tu n’auras pas de problème pour aider ton fils à faire ses devoirs. Si vous aussi vous avez envie de m’écrire, de m’envoyer un email, vous pouvez le faire à l’adresse hugo@innerfrench.com. [00:03:27] Alors, aujourd’hui de quoi alors nous parler ? Eh bien aujourd’hui j’ai décidé de vous parler des stéréotypes. Mais un stéréotype qu’est-ce que c’est ? Vous avez sûrement déjà entendu ce mot, c’est le même en anglais. Un stéréotype, c’est une opinion toute faite, c’est à dire une opinion à laquelle on a pas vraiment pensé, on a pas vraiment réfléchi. Vous n’avez pas vraiment réfléchi à cette idée, à cette opinion, mais vous pensez qu’elle est vraie. Et, en général, cette opinion elle concerne un groupe humain, un groupe de personnes. Par exemple, il y a des stéréotypes sur les personnes qui ont les cheveux blonds. Mais il y a aussi des stéréotypes sur les professions par exemple, des stéréotypes sur les policiers ou alors sur les professeurs. Et évidemment vous savez qu’il y a aussi beaucoup de stéréotypes sur les nationalités. Justement aujourd’hui j’ai décidé de vous parler des stéréotypes sur les Français. Je pense que vous en connaissez quelques-uns et peut-être que je vais vous en apprendre de nouveaux. Et ensemble on va essayer de voir s’il y a une part de vérité dans ces stéréotypes ou s’ils sont complètement faux. [00:05:16] Mais d’abord il faut se demander d’où viennent ces stéréotypes, d’où viennent ces clichés, quelles sont leurs origines. Généralement, ils ont une origine socioculturelle. Ça veut dire que les stéréotypes sont partagés à travers l’éducation, à travers les médias, ou à travers l’influence de certains groupes. Mais quelle est l’utilité de ces stéréotypes à votre avis ? En fait, vous savez que dans le monde moderne il y a une quantité énorme d’informations. Donc c’est très difficile pour l’être humain de comprendre et d’analyser toutes ces informations. Grâce aux stéréotypes, nous n’avons pas besoin de tout analyser, parce que nous avons des idées, des opinions qui sont toutes faites, qui sont préconçues, et grâce à ces opinions nous n’avons pas besoin de trop réfléchir. On peut penser : “les Français sont comme ça, les Italiens sont comme-ci”. Et, sans même rencontrer de Français ou d’Italiens, on a une opinion sur eux. [00:06:52] Alors, la première catégorie de stéréotypes qui concernent les français, c’est la catégorie de la nourriture. Vous savez que la nourriture, c’est très important pour les Français, les choses que l’on mange. [00:07:10] Le premier stéréotype dit que les français ont inventé les frites. Vous avez en anglais on dit même “French fries”. Mais en réalité ce sont plutôt nos voisins, les Belges, qui les ont inventées. Apparemment les Belges ont inventé les frites dès la fin du XVIIe siècle. Alors que, en France, on a commencé à voir et à manger des frites un peu plus tard le siècle suivant, c’est-à-dire au XVIIIe siècle, en 1789 pendant la révolution. Donc on peut dire que c’était la révolution française mais aussi la révolution de la frite. [00:08:02] Ensuite le deuxième stéréotype, il concerne un petit animal qui est vert et qui peut sauter très haut. Cet animal, c’est la grenouille et vous savez qu’en France on mange parfois de la grenouille. C’est un plat traditionnel. D’ailleurs il y a beaucoup de pays étrangers qui appellent les Français “les mangeurs de grenouilles”. Par exemple les Anglais nous appellent comme ça, et également les Allemands. Pourtant vous savez on ne mange pas tellement de grenouilles en France. C’est un plat traditionnel mais nous n’en mangeons pas souvent. Moi par exemple je n’ai jamais mangé de grenouilles. [00:08:58] Et vous savez qu’il y a un autre plat classique en France, et ce plat nous sommes les seuls à le manger. Il s’agit des escargots. Vous savez les escargots ce sont des mollusques avec une coquille. Ils sont petits et est très lents. Et ils ont la particularité d’être hermaphrodites, ça veut dire qu’ils sont à la fois mâles et femelles. Vous savez peut-être qu’en France nous mangeons des escargots avec une sauce un peu spéciale qui est faite avec du beurre et du persil. Et c’est vrai que les escargots sont un plat que l’on mange, je pense, un peu plus souvent que les grenouilles. Mais malgré ça, les étrangers préfèrent nous appeler “les mangeurs de grenouilles” et pas forcément “les mangeurs d’escargots”. [00:10:05] Le troisième stéréotype, il concerne l’alcool et en particulier le vin. Les Français ont la réputation de boire du vin à tous les repas. En réalité, on ne boit pas de vin aussi souvent. On peut boire un verre au déjeuner, et un ou deux verres au dîner, mais en général c’est tout. Par contre, c’est vrai que les Français boivent de l’alcool très régulièrement. D’ailleurs, il y a un classement qui est fait par l’Organisation Mondiale de la Santé ,et ce classement dit que les Français sont les 8e plus gros buveurs d’alcool dans le monde. En moyenne, un Français boit 11,6 litres d’alcool par an, c’est vraiment pas mal ! Pour comparer, au Royaume-Uni, on boit en général 12 litres d’alcool par an. Donc les Britanniques boivent plus d’alcool que les Français. Par contre les Américains en boivent moins. Ils boivent en moyenne 9 litre d’alcool par an et par habitant. Les Américains sont 24e du classement. Donc on peut conclure qu’en France, nous buvons plus d’alcool que les Américains. [00:11:42] Il y a autre chose qui est assez mauvais pour la santé est qu’on fait beaucoup en France. Est-ce que vous savez ce que c’est ? Vous avez une petite idée de quoi je parle ? [00:11:57] Évidemment je parle de la cigarette. Dans les films, quand on représente un Français, il est presque toujours en train de fumer une cigarette. Les Français ont la réputation d’être des gros fumeurs. En réalité, on ne fume pas tant que ça en France. Dans le classement de l’Organisation Mondiale de la Santé, la France est 61e. En moyenne, un Français fume 1022 cigarettes par an. Si on compare avec les Américains, eh bien les Américains fument un peu plus que les Français parce qu’ils sont cinquanteseptièmes du classement. Donc la France est 61e et les Etats-Unis sont 57e. Donc vous voyez, ce cliché, ce stéréotype, est plutôt faux : en France, on ne fume pas tant que ça. [00:13:05] Maintenant va va passer à la deuxième catégorie et cette catégorie c’est l’apparence. Et on parlera aussi et un peu du style, du style vestimentaire. [00:13:17] Les Français ont la réputation d’être très maigres, très minces. Mais ce stéréotype est un peu dépassé, parce qu’en France maintenant il y a aussi un problème d’obésité, puisqu’il y a 6,5 millions d’obèses en France. Ça représente environ, 14,5% de la population adulte. Mais c’est vrai qu’en France, on ne fait pas vraiment attention aux calories. D’ailleurs, il existe une chose que les étrangers appellent le “paradoxe français”. La paradoxe français, c’est que nous mangeons tout ce que nous voulons (des croissants au beurre, du foie gras, des choses qui sont assez grasses) et malgré ça les Français sont plutôt minces, ils ne sont pas très gros. [00:14:21] Il y a un autre stéréotype qui concerne la taille des Français. Les étrangers pensent que les Françaises sont petits. Souvent ils pensent à Napoléon, et c’est vrai l’empereur Napoléon n’était pas très grand. Mais, depuis Napoléon les Français ont beaucoup grandi. Donc la moyenne maintenant c’est 1m76 pour les hommes. C’est à dire que les Français sont en moyenne un peu plus grands que les Allemands par exemple. Parce que la taille moyenne pour les Allemands c’est 1m75. Par contre les Américains sont plus grands que les Français, la moyenne est d’1m80. Les Suédois, eux aussi, sont plus grands que nous parce qu’ils ont une moyenne d’1m77. [00:15:20] Il y a un troisième stéréotype qui concerne l’apparence des Français, et en particulier leur odeur, leur odeur corporelle. On dit que les Français sentent mauvais, qu’ils sont sales. On dit par exemple que les Français ont inventé le parfum pour ne pas prendre de douche. Et il existe aussi une expression quand vous mettez du déodorant et que vous ne prenez pas de douche, on appelle ça une “douche française”, une douche “à la française”. Moi, en général, j’essaye de prendre une douche tous les jours et je pense que les autres Français font la même chose, mais mais c’est impossible de vérifier. Donc je ne sais pas si les Français sont plus sales que les habitants d’autres pays. [00:16:20] Ensuite, il y a un autre stéréotype qui concerne les vêtements et les accessoires des Français, en particulier le béret. Vous avez le béret, c’est un accessoire qui se porte sur la tête, qui est rond et plat. Les étrangers pensent que tous les Français portent un béret. Ça, ça n’est plus vraiment vrai, même si à une certaine époque les paysans de certaines régions portaient des bérets, maintenant on n’en voit plus beaucoup. Maintenant, en France, les jeunes portent souvent des casquettes, des casquettes de baseball. Donc si vous allez dans une ville française, vous verrez plutôt des casquettes et pas vraiment des bérets. [00:17:12] Pour finir sur l’apparence, il y a un dernier stéréotype sur l’élégance. On dit parfois que les Français ont une élégance naturelle. Vous avez que Paris est la capitale de la mode, en tout cas une des capitales de la mode, et qu’il y a de nombreuses marques de luxe et de haute couture qui sont françaises, comme par exemple Dior, Yves Saint-Laurent, Chanel etc. C’est vrai que le style est très important en France, on fait très attention à la manière dont on s’habille. C’est un moyen d’exprimer son identité et sa personnalité. Mais en France en général on valorise le naturel. La règle c’est de ne pas en faire trop. Il faut essayer de rester naturel, parce que si vous en faites trop ça peut être une faute de goût, ça veut dire quelque chose de mauvais goût. [00:18:26] OK, maintenant nous allons passer aux stéréotypes qui concernent le caractère des Français. [00:18:34] Les étrangers disent souvent que les Français sont chauvins. Être “chauvin”, ça veut dire que vous pensez que votre pays est meilleur que les autres. Par exemple vous pensez que la cuisine américaine est la meilleure du monde, ou alors que le football espagnol est le meilleur du monde. Quand vous comparez avec les autres pays, vous trouvez toujours que le votre est le meilleur. Ça s’est donc être “chauvin”, c’est du chauvinisme. C’est vrai qu’en France, il y a une forme de chauvinisme. En général, quand les Français vont en vacances à l’étranger, ils aiment bien comparer avec la France. Ils comparent les restaurants, ils comparent la façon dont les gens sont habillés etc. etc. C’est vrai qu’en France nous sommes très fiers de notre pays et de notre culture, et parfois nous pouvons être un peu chauvins malheureusement. [00:19:46] Ensuite il y a un deuxième stéréotype qui dit que les Français sont xénophobes, autrement dit que les Français ont peur des étrangers, qu’ils sont un peu racistes. La preuve c’est que le parti d’extrême droite en France, le Front National, est de plus en plus populaire. Mais aux dernières élections présidentielles, nous n’avons pas élu la candidate du Front National, Marine Le Pen, nous avons choisi un candidat plus démocratique et qui n’est pas du tout xénophobe, heureusement, nous avons choisi, vous le savez, Emmanuel Macron. [00:20:33] Ensuite, on dit aussi que les Français sont râleurs. “Râleur”, ça vient du verbe “râler” et “râler” ça veut dire “se plaindre”. Par exemple, vous attendez le métro et le métro est en retard alors vous râlez, vous dites : “Ah, c’est énervant ! Ce métro est toujours en retard, il y a toujours des problèmes” etc. etc. Donc ça ça veut dire se plaindre. C’est vrai que les Français sont un peu râleurs. Ils aiment bien par exemple se plaindre de leur ville ou alors se plaindre de leurs pays, se plaindre de leur travail. Et vous savez aussi que le sport national en France, c’est la grève. La “grève”, ça veut dire quand vous n’allez pas au travail pour protester, pour manifester. [00:21:32] Un autre défaut qui est souvent cité chez les Français, c’est leur arrogance. Les étrangers pensent que les Français se sentent supérieurs aux autres. Par exemple quand ils vont en vacances en France, ils ont un peu l’impression que certains Français les méprisent, que les Français ont un complexe de supériorité. Personnellement je ne sais pas si c’est vrai. À mon avis, c’est un peu comme dans tout les pays, il y a des personnes qui sont arrogantes et heureusement il y en a beaucoup d’autres qui ne le sont pas. [00:22:18] Ce qui donne l’impression aux étrangers que les Français sont arrogants, c’est aussi qu’ils sont parfois malpolis. Par exemple ils ne disent pas “bonjour”, “au revoir”, “merci”, “pardon”. À mon avis, c’est un stéréotype qui concerne surtout les Parisiens et les habitants des grandes villes. Vous savez que quand on habite dans une grande ville, en général on est toujours très occupé, on a beaucoup de choses à faire et on n’a pas toujours le temps d’être sympa avec les touristes. C’est la même chose si vous allez à New York ou à Londres par exemple. Les gens là-bas sont très occupés et donc ils ne sont pas toujours très polis. [00:23:05] Il y a un autre stéréotype qui dit que les Français sont paresseux. Quelqu’un qui est paresseux, c’est quelqu’un qui n’aime pas être actif, qui n’aime pas faire d’effort, c’est quelqu’un qui aime ne rien faire. Vous savez qu’en France la durée légale du travail c’est 35 heures par semaine. Et ça, c’est une durée légale qui est plus basse que dans beaucoup de pays. Alors à cause de ça, les étrangers pensent que les français ne travaillent pas beaucoup et qu’ils sont paresseux. Mais heureusement en France nous sommes très productifs. La France est l’un des pays les plus productifs au monde. Ça veut dire que les travailleurs sont très efficaces. Certes, nous ne travaillons pas beaucoup, mais quand nous travaillons nous sommes très efficaces, donc ça compense un peu. [00:24:09] Et il y a un autre stéréotype qui est plutôt drôle, qui dit que les Français ne sont pas courageux. Vous savez que pendant la seconde guerre mondiale, les Français ont décidé de signer l’armistice. Ça veut dire ils ont renoncé au combat, ils ont décidé de ne pas se battre contre les nazis. À cause de ça, on dit souvent que les Français ne sont pas courageux. Heureusement, nous avons nos amis américains qui sont toujours là pour nous aider quand nous avons des problèmes. [00:24:55] Ça, c’était pour les stéréotypes qui concernent les défauts des Français. Mais nous avons aussi quelques qualités. Les étrangers parlent souvent de l’art de vivre à la française. “L’art de vivre”, ça veut dire le style de vie français. Par exemple, vous savez que la cuisine française est très réputée, que les Français aiment passer du temps à discuter à boire des cafés, à passer du temps en terrasse avec leurs amis. Et ça c’est quelque chose que les étrangers nous envient. [00:25:41] Paris est la capitale de la mode, mais on dit aussi parfois que c’est la capitale de l’amour. Il y a beaucoup de films romantiques qui se passent à Paris, et on pense aussi que les Français sont romantiques. Malheureusement, nos présidents ne montrent pas l’exemple. Peut-être que vous avez entendu que nos anciens présidents ne sont pas toujours très fidèles et très romantiques avec leurs compagnes. Mais en français quand un homme trompe sa femme, ça veut dire quand un homme va voir une autre femme que la sienne, on ne dit pas que c’est une “affaire” (comme en anglais), mais on dit plutôt que c’est une “aventure”. Donc vous voyez, c’est une vision un peu plus romantique de l’infidélité. [00:26:42] La France est aussi connue pour être le pays des Droits de l’Homme. Pendant la Révolution française, nous avons écrit la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, et ça c’est un texte qui plus tard a influencé la Déclaration des droits de l’Homme adoptée par les Nations unies. [00:27:09] Et pour finir, on dit parfois que les Français sont très tolérants. Vous savez qu’en France il y a une grande diversité culturelle. La France a longtemps été une terre d’immigration. La cohabitation n’est pas toujours facile, évidemment le racisme existe en France. Mais heureusement les Français sont de plus en plus ouverts d’esprit et de plus en plus tolérants. En France, surtout depuis les attentats (les attaques terroristes), il y a un sentiment de fraternité et de solidarité. On pense qu’il faut s’aider mutuellement, il faut s’aider les uns les autres. Les Français essayent d’être solidaires entre eux, peu importe leurs origines ou leurs religions. [00:28:06] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que vous avez appris des choses intéressantes sur les stéréotypes. Si vous avez envie de me parler des stéréotypes dans votre pays, n’hésitez pas à m’envoyer un mail, ou si vous avez des questions vous pouvez aussi me contacter. [00:28:32] Merci à tous de m’avoir écouté. La semaine prochaine, nous parlerons de la décroissance. D’ici-là, essayez de faire un peu de français tous les jours et de rester motivés. Merci et à bientôt.. Episode 9: Bonjour à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 9 ! [00:00:13] Si c’est la première fois que vous écoutez ce podcast, sachez que je le fais pour aider les personnes qui apprennent le français. Chaque semaine, il y a un nouveau podcast sur un sujet différent et avec ce podcast vous pouvez vous entraîner à comprendre quelque chose en français. Si c’est un peu difficile, vous pouvez utiliser la transcription de ce podcast. Pour trouver la transcription, vous pouvez aller sur mon site cottongue.com et vous inscrire. En vous inscrivant, vous aurez accès gratuitement à la transcription de ce podcast. Je pense que la première fois, il faut essayer d’écouter sans la transcription pour voir ce que vous êtes capable de comprendre, et ensuite vous pouvez utiliser cette transcription pour les passages, les moments que vous n’avez pas bien compris. [00:01:34] Notre sujet du jour, il est très intéressant parce qu’il concerne beaucoup de domaines différents. Il concerne l’économie, mais aussi la sociologie, la philosophie, la psychologie et je pense que vous allez apprendre plein de choses intéressantes et enrichir votre vocabulaire. [00:02:04] Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la Guerre Froide ? La Guerre Froide c’est une période de l’Histoire, au XXème siècle, pendant laquelle il y avait deux camps qui était opposés. Le camp des Occidentaux avec les Etats-Unis et le camp des soviétiques avec l’Union soviétique. En français on l’appelle “l’URSS”, l’Union soviétique. Alors vous savez que cette Guerre Froide, elle s’est terminée à la fin des années 80. Et depuis la fin de la Guerre Froide, c’est le modèle capitaliste qui domine dans le monde. Dans presque tous les pays, le capitalisme s’est imposé comme le modèle économique à suivre. On dit souvent que c’est le seul modèle qui puisse fonctionner pour nos économies. Mais pour que le capitalisme fonctionne, il faut produire de plus en plus de richesses. Chaque année les pays doivent produire plus que l’année précédente, c’est ça qu’on appelle la croissance économique : quand un pays produit plus de richesses que l’année d’avant. Cependant, depuis les années 70, certains groupes et certains économistes veulent montrer que la croissance a des effets négatifs pour l’Homme et pour l’environnement. Ces personnes disent ce que la croissance, ça n’est pas forcément une bonne chose, au contraire. Ils réclament la décroissance, autrement dit de ralentir progressivement la production dans les pays développés, ça veut dire aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, au Canada, dans les pays européens. Ces économistes qui recommandent la décroissance disent que les pays développés doivent changer leur mode de développement. Ils doivent arrêter de rechercher la croissance à tout prix. [00:04:38] Alors cette idée, elle est un peu contre intuitive. On pense que ces personnes, ces décroissants, sont des personnes folles, bizarres, que ce sont des utopistes. On imagine qu’ils veulent un retour vers le passé, à l’époque du Moyen Âge. Et que, en réalité, on ne peut pas vraiment appliquer leurs idées. Mais malgré ça, leurs idées deviennent de plus en plus influentes. Il y a de plus en plus de personnes qui s’intéressent à la décroissance. Évidemment la décroissance ça concerne l’économie, mais pas seulement. Ça concerne aussi notre vie quotidienne, nos habitudes, comment nous consommons, les choses que nous achetons, comment nous nous déplaçons. Pour toutes ces choses, les décroissants recommandent de changer complètement nos modes de vie. [00:05:54] Donc aujourd’hui, on va se demander si la décroissance est possible. Et comment, à notre échelle, on peut appliquer la décroissance. Est-ce qu’on peut changer nos modes de vie pour avoir un meilleur impact sur l’environnement, mais aussi pour nous sentir mieux, pour avoir une vie qui peut-être a plus de sens ? [00:06:25] Vous êtes prêts à parler de décroissance ? Alors, c’est parti ! [00:06:37] Je vous ai dit dans l’introduction de ce podcast que le modèle capitaliste est fondé sur la croissance. Il faut que l’économie produise, autrement dit il faut que les gens travaillent pour produire des biens et des services et les consommateurs, nous, nous achetons ces produits ou ces services. Chaque année il faut produire plus et vendre plus et consommer plus. [00:07:18] Les décroissants pensent qu’il s’agit d’un cercle vicieux, autrement dit des choses qui ont des conséquences négatives les unes sur les autres. Et les décroissants disent que cette course à la croissance, c’est une chose qu’il n’a pas de sens. Parce que le monde dans lequel nous vivons est limité : les ressources sont limitées, notre temps est limité (car nous ne sommes pas immortels) donc, avec toutes ces limites, il y a forcément un moment où nous ne pourrons pas produire plus. Donc les décroissants pensent que nous devons chercher d’autres alternatives, d’autres solutions. [00:08:18] Cette course à la croissance, elle est impossible à long terme mais en plus elle a des conséquences négatives sur l’environnement. C’est une chose que nous savons tous : quand nous produisons et quand nous consommons, ça a un impact sur l’environnement. Par exemple, les usines dans lesquelles nous produisons des voitures ou des téléphones portables, elles utilisent beaucoup de ressources et ensuite elles polluent. Mais également quand nous nous déplaçons, quand nous utilisons la voiture ou quand nous prenons l’avion, là aussi il y a beaucoup de pollution. Vous avez sûrement entendu parler du réchauffement climatique, par exemple, le faite que l’activité humaine, l’activité de production et de consommation provoque des changements de température. [00:09:30] En plus de la pollution, nous épuisons progressivement les ressources. “Épuiser les ressources”, ça veut dire qu’on utilise toutes les ressources et que bientôt il n’y en aura plus. Les environnementalistes pensent que dans plusieurs années, certaines ressources auront complètement disparu, par exemple : le pétrole, l’uranium, l’aluminium, le charbon, le gaz, etc. Toutes ces ressources que nous utilisons pour la production, eh bien en quelques années elles auront complètement disparu. [00:10:16] Mais la croissance a aussi des conséquences négatives pour l’Homme, pas seulement pour l’environnement mais directement pour nous. Pourquoi ? Tout simplement parce que, à cause de cette croissance, on voit aussi apparaître un chômage de masse. Le chômage, c’est quand des personnes cherchent du travail mais qu’elles n’en trouvent pas. Par exemple, quand il y a une crise économique, beaucoup de personnes perdent leur travail. Et évidemment ces crises économiques sont liées à la croissance. [00:11:02] Si de plus en plus de personnes n’ont pas de travail, ça veut dire qu’elle s’appauvrissent et tout ça, ça peut nous conduire à une situation très compliquée, à une situation comme la guerre par exemple. Donc ça, c’est une autre conséquence de ce modèle capitaliste et c’est une chose contre laquelle se battent les décroissants. [00:11:41] Alors maintenant, on va parler un peu plus en détail de ces décroissants, de ces personnes qui soutiennent l’idée de décroissance. D’abord, je vais vous parler un peu plus en détail de leur philosophie. L’idée de la décroissance c’est de sortir de la logique du “toujours plus”. Plus de produits, plus d’objets, plus de vêtements, il faut produire plus, vendre plus, acheter plus. Ça, les décroissants pensent que c’est une mauvaise logique et qu’il faut adopter une philosophie, une logique, complètement différente. [00:12:32] Le problème avec la le problème avec la croissance, c’est que nous nous concentrons exclusivement sur l’avoir, sur la possession de choses, la possession de voitures, de maisons, etc. Et on ne se concentre plus du tout sur l’être, sur la personne que nous sommes, sur nos valeurs, sur les choses que nous avons envie de faire. On se concentre exclusivement sur les choses que l’on possède, et quand on fait ça on a tendance à ne plus se poser de questions. [00:13:15] Les décroissants pensent que, si on possède moins de choses en réalité on peut vivre mieux. Parce que nous avons moins de frustration, on ne passe pas notre temps à acheter de nouvelles choses, à chercher des choses à acheter, mais on se concentre sur des choses qui sont plus importantes. [00:13:42] Évidemment cette transition, elle doit se faire progressivement. Petit à petit, il faut réduire la production mondiale. Si on décide d’arrêter de produire du jour au lendemain, les conséquences vont être dramatiques. Mais si chaque année on essaye de produire un peu moins, et de consommer un peu moins, alors la décroissance devient possible. Bien sûr, ce sont les pays développés qui doit montrer l’exemple, parce que dans les pays développés les habitants ont déjà suffisamment de richesses pour vivre. Par contre, dans les pays en voie de développement, évidemment on ne peut pas recommander la décroissance. Ces pays doivent encore augmenter les richesses pour pouvoir répondre aux besoins primaires, par exemple la nourriture, l’éducation, la sécurité, des habitants. [00:14:56] Pour faire ça, tous les pays et doivent se mettre d’accord pour moins polluer. La pollution, c’est un problème qui nous concerne tous, ce n’est pas un problème qui concerne uniquement les Etats-Unis ou la Chine ou les pays de l’Union Européenne, ça concerne tout le monde. Donc, si nous voulons réduire la pollution, tous les pays doivent se mettre d’accord. Vous savez qu’il y a une organisation qui s’appelle la COP, et cette organisation essaye d’encourager les pays à se mettre d’accord pour réduire la pollution, pour réduire les émissions de CO2. Malheureusement, récemment le Président américain a décidé de sortir de ces accords. Les Etats-Unis ne vont pas respecter les accords de Paris. Et ça personnellement je pense que c’est un peu dommage. [00:16:16] Une autre solution pour appliquer la décroissance, c’est de réduire le temps de travail. Si chacun décide de travailler un peu moins, alors on pourra créer de nouveaux postes pour les personnes qui sont au chômage. Il faut accepter de réduire notre temps de travail pour que tout le monde ait du travail. [00:16:47] Dans le contexte de la mondialisation, ça peut sembler difficile à mettre en place parce que les pays sont en compétition, ils sont en concurrence, les uns avec les autres. C’est pour ça qu’il est nécessaire d’adopter des accords au niveau international. [00:17:13] Mais à notre échelle individuelle, en tant que consommateurs, en tant qu’habitants, nous pouvons aussi faire beaucoup de choses pour participer à ce mouvement. [00:17:34] La décroissance, évidemment ça concerne d’abord notre vie quotidienne. Les décroissants essayent de consommer moins. Ils essayent de voir quels produits sont vraiment nécessaires, et quels sont les produits dont ils n’ont pas besoin. Ils savent que la publicité crée des besoins. Les entreprises veulent nous faire croire que nous avons besoin de ce nouveau téléphone ou de cette nouvelle voiture. Mais, quand on pense à ça un peu plus, on se rend compte que finalement nous n’avons peut-être pas besoin de toutes ces choses. Ces choses ne sont pas vitales pour nous. On a tendance à croire que posséder plus de choses va nous rendre plus heureux. Mais en fait beaucoup d’études ont montré que ça n’est pas le cas. Quand vous achetez votre première voiture vous êtes très content parce que ça vous offre de la liberté, ça vous permet de vous déplacer plus facilement. Mais si vous achetez une deuxième, une troisième, une quatrième voiture, ça ne va pas du tout augmenter votre bonheur, ça ne va rien vous apporter de plus. Donc la première chose à faire, c’est de consommer moins. [00:19:18] Il faut aussi favoriser le recyclage. Le recyclage, c’est quand on trouve un moyen de réutiliser les produits que l’on a jetés. Par exemple, quand on jette quelque chose à la poubelle, eh bien cette chose peut être recyclée pour créer un nouveau produit. C’est ça qu’on appelle le recyclage. [00:19:51] Les décroissants essayent aussi de privilégier le partage plutôt que l’achat. Ils pensent par exemple qu’on peut prêter sa voiture à son voisin plutôt que d’acheter une nouvelle voiture. Ou si vous avez besoin d’un outil pour faire du bricolage, eh bien vous pouvez emprunter cet outil a un ami au lieu d’en acheter à nouveau. [00:20:24] Les décroissants essayent aussi de faire attention à leur consommation d’eau et d’électricité. Elles veulent éviter le gaspillage. Le “gaspillage”, c’est quand on dépense inutilement quelque chose. Par exemple si vous achetez de la nourriture, que vous ne la mangez pas, et que vous la jetez. Ça c’est du gaspillage. Évidemment le gaspillage c’est très mauvais pour l’environnement. [00:20:58] Une autre solution qui concerne la vie quotidienne, c’est acheter local. Autrement dit, d’acheter des produits qui sont faits localement. Quand on fait ça, eh bien ça pollue moins car il n’y a pas besoin de transporter ces produits d’un pays à l’autre, et ça évidemment c’est meilleur pour l’environnement. [00:21:25] Vous savez qu’une autre source importante de pollution, ce sont les transports. Pour les décroissants, c’est mieux d’utiliser les transports en commun : les bus, le métro, etc. Et ils préfèrent prendre leur vélo plutôt que leur voiture, car évidemment le vélo ça ne pollue pas. [00:21:56] Une autre chose que les décroissants essayent de changer, c’est le travail. Dans nos sociétés capitalistes, le travail a une place centrale. Mais ça n’a pas toujours été comme ça, dans d’autres société ou à d’autres époques, comme au Moyen Âge, le travail n’était pas forcément une chose centrale. Mais maintenant, dans nos sociétés capitalistes, c’est le travail qui définit notre identité. Il définit notre statut social, nos conditions de vie grâce au salaire que l’on gagne. Pour monter dans la hiérarchie sociale, il faut travailler dur. Évidemment ça, ça implique de faire beaucoup de sacrifices. On sacrifie son temps et on sacrifie son énergie. Ça peut entraîner beaucoup de pression pour les gens, beaucoup de stress. Il y a une maladie qui est apparue il y a quelques années, qu’on appelle le burnout. Cette maladie est liée à la pression, au stress dans les entreprises. Comme les salariés sont de plus en plus stressés, eh bien parfois il n’ont plus du tout énergie. [00:23:22] C’est très difficile pour beaucoup de personnes de trouver un équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Parfois, on sacrifie notre vie privée, notre famille ou nos loisirs, pour tout donner, pour tout consacrer à notre vie professionnelle. Mais, au contraire, les décroissants décident de travailler moins ou alors de trouver un poste qui leur permet de travailler à la maison. Quand on travaille moins, on a plus de temps pour faire d’autres choses. Plus de temps à passer en famille, ou pour faire des choses qui nous intéressent, pour apprendre de nouvelles compétences. Par exemple, apprendre à jouer du piano. Au contraire, quand on travaille tout le temps on n’a plus d’énergie pour réfléchir quand on sort du travail. Le seul plaisir qui nous reste, c’est de dépenser l’argent qu’on a gagné et d’acheter des produits. Acheter des produits, ça ne demande pas beaucoup de réflexion intellectuelle. C’est facile et pendant un court instant ça nous procure du plaisir. Mais ensuite ce plaisir disparaît très rapidement. Ce plaisir est très éphémère. C’est comme quand vous achetez un nouveau portable. Avant de l’acheter vous êtes très impatient. Une fois que vous l’avez acheté vous êtes contents pendant quelques jours. Et puis ensuite ça devient une chose complètement normale et ça ne vous donne plus aucun plaisir. Donc si vous travaillez moins, vous avez plus de temps pour penser et faire des choses qui vous donnent un plaisir plus durable. [00:25:33] Il y a aussi la question des valeurs. Certaines personnes décident de quitter leur travail, de démissionner, parce qu’elles pensent que leur travail n’a pas de sens ou alors parce que leur poste n’est pas en accord avec leurs valeurs personnelles. Ces personnes décident de gagner moins d’argent mais de faire quelque chose qu’elles trouvent utile, par exemple qu’elles trouvent utiles pour les autres, ou des choses qui sont en accord avec leurs valeurs. Personnellement, c’est la décision que j’ai prise. Avant je travaillais dans une grande agence de publicité à Paris, mais je me suis rendu compte que ce que je faisais ne m’intéressait pas du tout et que finalement c’était plutôt inutile. Et quand je suis devenu professeur de français, j’ai trouvé beaucoup plus de satisfaction parce que je pouvais aider d’autres personnes à s’enrichir, à se développer personnellement grâce aux français. Et ça c’est une chose qui me donne beaucoup de plaisir. [00:26:59] Prendre ces décisions, par exemple prendre la décision de travailler moins pour gagner moins d’argent, ça n’est évidemment pas possible pour tout le monde. C’est plutôt une attitude que l’on trouve chez les classes moyennes. Pour les personnes qui ont déjà des problèmes d’argent, des problèmes pour payer leur loyer, évidemment ça n’est pas une option possible. Ça c’est une des critiques que l’on fait parfois aux décroissants. On dit que la décroissance est réservée aux personnes qui ont déjà de l’argent et qui n’ont pas besoin d’en gagner plus. [00:27:48] Je pense que tout le monde peut s’inspirer de la philosophie de la décroissance. On peut se poser des questions sur notre consommation, sur notre travail, et essayer de changer un peu nos habitudes. [00:28:10] En conclusion, pour moi la décroissance est une chose très intéressante parce qu’elle nous encourage à nous poser des questions sur notre mode de vie, à réfléchir à l’impact de nos décisions sur les hommes et l’environnement. Peut-être que ces idées sont un peu utopiques, mais il y a de plus en plus de personnes qui commencent à les adopter. En Australie par exemple, mais aussi aux Etats-Unis, en France et dans les autres pays européens. Ces personnes décident de faire plus attention à leur consommation et elles essayent de moins polluer. Je pense que nous sommes de plus en plus conscients de notre impact et que nous essayons de faire des efforts pour limiter l’impact négatif que nous avons sur l’environnement. À mon avis c’est toujours bien de se poser des questions et d’essayer d’avoir une influence plus positive sur notre environnement et sur les gens qui nous entourent. Mais peut-être que je me trompe, peut-être que vous vous avez une vision différente. Donc si vous n’êtes pas d’accord avec moi, n’hésitez pas à m’envoyer un e-mail pour me présenter vos arguments. C’est toujours très intéressant pour moi de lire un point de vue différent du mien. [00:29:58] C’est tout pour aujourd’hui, nous arrivons à la fin de ce podcast. J’espère que vous avez passé un bon moment et que vous aurez envie d’écouter ce podcast plusieurs fois. [00:30:13] La semaine prochaine, nous allons parler d’un sujet complètement différent, d’un sujet plutôt psychologique, puisque je vous parlerai de l’expérience d’un chercheur américain qui s’appelle Stanley Milgram. Donc passez une bonne semaine, et on se revoit bientôt. Episode: 10: Salut à tous, bienvenue, c’est le dixième épisode du Cottongue Podcast ! [00:00:16] Eh oui, c’est déjà le 10ème épisode. Ça fait un peu plus de deux mois que j’ai commencé ce podcast et je suis très content parce qu’il y a de plus en plus d’auditeurs. Et, parmi ces auditeurs, il y a Brooke qui vient d’Australie. Et Brooke m’a laissé un commentaire sur iTunes il y a quelques jours. Donc je vais vous parler un petit peu de ce commentaire. [00:00:50] Brooke a étudié le français à l’école, mais ensuite elle n’a pas pratiqué pendant longtemps. Ça c’est un problème que beaucoup de personnes ont; elles apprennent une langue à l’école, mais ensuite elles n’ont pas forcément le temps ou alors pas l’envie de continuer d’apprendre. Mais heureusement, Brooke a décidé de rafraîchir son français. Et justement, elle a trouvé mon podcast sur iTunes. En général, elle l’écoute plusieurs fois et elle utilise la transcription (sur mon site Internet) pour répéter. Ça je trouve que c’est une très bonne idée si vous voulez améliorer votre prononciation. Vous pouvez lire la transcription et répéter après moi. Comme ça, ça vous permet petit à petit, d’apprendre à mieux prononcer certains mots, ou alors à faire les bonnes liaisons. Je sais que certains de mes élèves ont des problèmes avec les liaisons, ils ne savent pas quand on doit faire la liaison entre plusieurs mots. Et pour ça, à mon avis, la meilleure façon d’apprendre c’est justement d’écouter des natifs et d’essayer de répéter après eux. Donc merci Brooke pour cette très bonne suggestion, et surtout merci pour ton commentaire. [00:02:41] Si vous aussi vous aimez mon podcast et vous voulez m’aider, n’hésitez pas à laisser un commentaire sur iTunes, ça m’aide vraiment beaucoup et ça me permet d’avoir encore plus d’auditeurs et d’aider encore plus de personnes à apprendre le français. Et je vous rappelle aussi que les transcriptions de tous mes podcasts sont disponibles sur mon site Internet cottongue.com. Si vous voulez les transcriptions, allez jeter un œil à mon site Internet. [00:03:21] J’en profite aussi pour vous dire que j’ai créé une page Facebook, il y a quelques semaines, et sur cette page Facebook je partage plein de choses que je trouve intéressantes (pas seulement mes podcasts). Je partage aussi des vidéos, des choses que j’analyse, pour vous permettre de faire un peu de français tous les jours, de lire, d’écouter ou de regarder des choses intéressantes en français. Allez jeter un coup d’œil à cette page, je suis sûr que vous trouverez des choses intéressantes. Cette page c’est « Innerfrench » sur Facebook. [00:04:17] J’ai utilisé l’expression « jeter un coup d’œil » on dit aussi parfois « jeter un œil ». C’est une expression très utile qui veut dire « aller regarder quelque chose rapidement ». Par exemple : « jeter un œil sur un article », ça veut dire lire cet article, ou lire simplement le début de cet article, rapidement, « jeter un œil ». Si vous voulez conseiller quelque chose à un ami vous pouvez lui dire : « tu devrais jeter un œil sur cet article », ça veut dire regarder rapidement cet article. [00:05:07] Alors, pour ce 10ème podcast, nous allons parler de psychologie. Et pour ça, on va remonter un petit peu dans le temps. On va revenir dans les années 60, plus précisément au début des années 60. [00:05:27] Au début des années 60, un professeur américain de l’université de Yale s’apprête à faire une expérience qui va bouleverser la psychologie. Ce professeur, c’est Stanley Milgram. [00:05:46] Vous vous demandez sûrement comment ce professeur, Stanley Milgram, a révolutionné la psychologie. Si vous voulez le savoir, écoutez la suite de ce podcast car aujourd’hui je vous parle de l’expérience de Milgram. [00:06:08] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:06:22] Pour commencer, je vais vous parler un peu de la vie de Stanley Milgram. Stanley Milgram est né en 1933, à New York, dans une famille d’immigrants juifs. Les parents de Stanley, qui sont d’origine hongroise et roumaine, ont émigré aux Etats-Unis pendant la première guerre mondiale. C’est important de le savoir car, plus tard, l’holocauste et le procès du Lieutenant Adolf Eichmann vont avoir une grande influence sur les expérience de Milgram. Mais n’allons pas trop vite, revenons d’abord à l’enfance du jeune Stanley Milgram. Il faut savoir que sa famille n’a pas beaucoup d’argent. Son père est boulanger, il fait du pain. La famille de Stanley vit dans un quartier assez pauvre de New-York qui s’appelle le Bronx. À l’école, Stanley travaille très dur et c’est un élève brillant. Il obtient un Bachelor en sciences politiques au Queens College. Ensuite, il commence à s’intéresser à la psychologie et il essaie de rejoindre la faculté de relations sociales de l’université d’Harvard. Mais sa candidature est rejetée car à l’époque il n’a jamais suivi de cours de psychologie. Un peu plus tard, en 1954, après avoir fini plusieurs cours, il réussit enfin à rejoindre la faculté de l’université de Harvard. Et il commence son doctorat. Il finit ce doctorat six ans plus tard, en 1960, et il devient assistant du département de relations sociales. D’ailleurs il travaille aussi comme assistant du célèbre professeur de psychologie sociale Solomon Asch. Les recherches du professeur Solomon Asch vont inspirer Milgram pour ses futures expériences. Solomon Asch s’intéresse à la conformité. La conformité, c’est l’adaptation de notre comportement à une règle ou une autorité. Quand on se conforme à une règle, on la respecte complètement. Avec ses expériences, Solomon Asch a montré que les individus sont parfois victimes de la pression du groupe. Vous avez sûrement déjà observé ce phénomène : quand nous sommes dans un groupe, nous avons tendance à nous conformer à ce que pensent les membres de ce groupe, même si nous ne sommes pas d’accord. On a tous déjà vécu ce genre de situations; à l’école ou pendant une réunion au travail par exemple. C’est difficile d’être seul contre tous. Quand tout les autres membres du groupe sont contre vous, qu’ils ont un avis différent du vôtre, généralement c’est plus facile de se conformer, c’est plus facile de suivre l’opinion de la majorité. [00:10:27] Alors en juillet 1961, Stanley Milgram commence ses propres expériences, celles qui vont le rendre mondialement célèbre, à l’université de Yale. [00:10:52] Nous recherchons des personnes pour une étude sur la mémoire. [00:10:57] Nous vous paierons quatre dollars pour une heure de votre temps. [00:11:03] Cette étude sera menée à l’université de Yale. [00:11:08] L’étude durera environ une heure, il n’y a pas d’autres obligations. [00:11:14] Vous pouvez choisir l’horaire qui vous convient (en semaine, en soirée ou le week-end). Aucunes formation, études, ni expérience requises. [00:11:28] Toutes les personnes doivent avoir entre 20 et 50 ans. [00:11:34] Nous n’acceptons pas les lycéens, ni les étudiants. [00:11:38] Si vous souhaitez participer à l’expérience et que vous répondez aux critères, remplissez le coupon ci-dessous et envoyez-le au professeur Stanley Milgram, au département de psychologie de l’université de Yale. [00:12:06] C’est avec cette petite annonce, publiée dans un journal local de New Haven, que Stanley Milgram a recruté les participants pour son expérience. À l’époque, une rémunération de quatre dollars de de l’heure, c’était vraiment pas mal, c’était plutôt une bonne affaire ! Il faut savoir que le salaire moyen à cette époque, c’était 25 dollars pour une semaine. Donc quatre dollars de l’heure, c’était plutôt une offre intéressante. [00:12:47] Les personnes qui décident de participer à l’expérience viennent de différents milieux. Il y a des employés, des ouvriers, des cadres etc. Ce sont vraiment des personnes qui ont différentes origines et différentes situations. Ces personnes qui décident de participer à l’expérience sont accueillies dans un laboratoire de l’université de Yale. Dans le laboratoire, il y a Stanley Milgram et un autre professeur qui l’assiste. Il y a aussi une deuxième personne qui va participer à l’expérience en même temps. [00:13:37] D’abord, on commence par expliquer aux deux participants le principe de l’expérience. Vous vous rappelez que dans l’annonce, on a expliqué qu’il s’agissait d’une expérience pour mesurer la mémoire, et plus précisément cette expérience cherche à mesurer l’impact de la punition sur la mémoire. Vous avez peut-être déjà entendu ces histoires ou peut-être que vous les avez vécu, mais il y a plusieurs dizaines d’années, à l’école, on pensait que la punition était une bonne façon de faire apprendre les élèves. On pensait que si les élèves avaient peur d’être punis, eh bien ils seraient plus motivés pour apprendre. Donc cette expérience, elle essaye de mesurer précisément le lien entre punition et mémoire. [00:14:49] Dans cette expérience, il y a un un élève et un professeur. Le rôle de l’élève, c’est d’apprendre par cœur une liste de couple de mots. Il y a différentes associations entre un nom et un adjectif, par exemple : ciel bleu, pain grillé, vent violent, etc. À chaque fois il y a un nom et un adjectif, et il y a une liste de 30 associations que l’élève doit apprendre par cœur. Le rôle du professeur, c’est de lire une première fois cette liste pour que l’élève l’apprenne et ensuite de punir l’élève s’il donne une mauvaise réponse. [00:15:48] Vous vous demandez sûrement quelle est la punition pour cet élève. Eh bien la punition, c’est un choc électrique de 15 volts. L’élève est assis sur une chaise, et s’il donne une mauvaise réponse, il reçoit un choc électrique de 15 volts. Mais ça n’est pas tout, progressivement l’intensité de ces chocs électriques augmente. Le premier choc électrique est de 15 volts, mais ensuite le deuxième est de 30 volts, 45 volts, 60 volts, 75 volts, etc. etc. À chaque mauvaise réponse, l’intensité du choc électrique augmente. [00:16:43] Forcément, vous imaginez que les participants préfèrent jouer le rôle du prof. Mais ce ne sont pas les participants qui peuvent décider du rôle qu’ils vont jouer, car en fait cette décision est prise au hasard. Il y a deux morceaux de papier, et le participant tire un morceau de papier au hasard, il choisit un des deux morceaux de papier, et sur ce morceau il est écrit quel rôle il va jouer : le rôle du professeur ou le rôle de l’élève. Une fois que les rôles sont attribués, l’élève va dans une autre salle qui est à côté de la salle où se trouve le professeur et les deux participants ne peuvent plus se voir. Par contre, ils peuvent s’entendre : le professeur entend les réponses de l’élève et l’élève entend les questions du professeur. Le professeur se trouve face à une machine et sur cette machine il y a les différents boutons pour envoyer les chocs électriques. À côté du professeur, il y a l’assistant de Milgram qui contrôle l’expérience et qui dit au professeur ce qu’il doit faire si ce professeur a des questions. [00:18:24] Au début de l’expérience, ça va. Les chocs électriques sont plutôt faibles donc quand l’élève donne une mauvaise réponse, le professeur n’hésite pas vraiment à envoyer le choc électrique. Mais progressivement, les chocs deviennent de plus en plus fort et, au bout d’un moment, l’élève demande d’arrêter, il dit qu’il a des problèmes de cœur et que ces chocs électriques sont très risqués pour lui. Évidemment, le participant qui joue le rôle du professeur commence à avoir des doutes. Parfois, il demande à l’assistant de Milgram s’il doit continuer, il dit qu’il entend l’élève et que l’élève demande d’arrêter. Donc le professeur se demande s’il doit continuer ou arrêter. Mais l’assistant lui répond qu’il faut qu’il continue, que c’est nécessaire pour l’expérience. L’expérience doit continuer jusqu’à ce que l’élève connaisse toutes les associations par coeur, ou alors jusqu’à la décharge électrique maximum. Et ce maximum, c’est 450 volts. Il faut savoir que, à partir de 230 volts, une décharge électrique, un choc électrique, peutêtre mortelle. [00:20:14] On peut penser que cette expérience est cruelle et stupide, non ? Est-ce que vous pensez sérieusement qu’on apprend mieux quand on a peur d’une punition ? Moi personnellement, je pense le contraire : on apprend mieux quand on se sent bien et qu’on est en confiance. Donc cette expérience, elle est stupide, non ? Pourquoi une telle expérience serait devenue si célèbre ? [00:20:49] En fait, c’est ça qui est très intéressant, ce n’est pas la mémoire qui était testée dans cette expérience. Ce qui était testé, c’était la soumission à l’autorité. Stanley Milgram voulait voir si les participants accepteraient complètement les règles, s’ils se soumettraient à l’autorité de Milgram et de son assistant. Heureusement, il n’y avait pas de vrais chocs électriques. Le deuxième participant, celui qui jouait le rôle de l’élève, était acteur. C’était un complice de l’équipe de Milgram, il faisait partie de l’équipe. Donc dans cette expérience, le seul participant qui était testé, c’était celui qui jouait le rôle du professeur. Et en réalité, cette personne avait l’impression d’être choisie au hasard, mais son rôle de professeur lui était attribué automatiquement. Et évidemment, l’élève ne recevait pas de choc électrique. Il s’agissait simplement d’un enregistrement. Le professeur entendait les réactions et les cris de l’élève sur un enregistrement. [00:22:25] Le but finalement de cette expérience, c’était de voir jusqu’où le participant accepterait d’aller, jusqu’à quelle intensité des chocs électriques. Stanley Milgram voulait voir si ces personnes se soumettraient complètement à l’autorité, ou au contraire si elles décideraient de se rebeller, de se révolter contre l’autorité. [00:22:56] À votre avis, combien de personnes sont allées jusqu’au bout de l’expérience ? Combien de personnes ont administré le choc maximal de 450 volts ? Eh bien, dans la première version de l’expérience, 65 % des personnes, c’est-à-dire 26 personnes sur 40, sont allées jusqu’au bout ? Ensuite, Stanley Milgram a réalisé différentes versions de cette expérience, et les résultats ont été plus ou moins différents, mais ils étaient toujours très élevés. [00:23:50] Les résultats de l’expérience de Milgram ont été très choquants pour la communauté scientifique. Personne n’imaginait une telle proportion. Les autres chercheurs et les autres psychologues imaginaient qu’il y aurait seulement entre 1 et 3 % des personnes qui iraient jusqu’au bout de l’expérience. [00:24:17] Ensuite, Milgram a développé plusieurs théories pour expliquer les résultats de ses expériences. La première théorie, c’est que pour vivre en société, il faut respecter des règles. Les règles sont nécessaires au bon fonctionnement de nos sociétés. Il y a des règles dans la famille, à l’école, au travail, il y a la loi, il y a des règlements intérieurs que nous devons respecter dans différents contextes. Si personne ne respecte les règles, nous sommes dans une situation d’anarchie. Et finalement, pendant notre vie, nous sommes élevés, nous sommes éduqués, pour apprendre à respecter ces différentes règles. On respecte ces règles quand on pense qu’elles sont justes, quand on respecte l’autorité qui a écrit ces règles. Dans le cadre de l’expérience de Milgram, l’autorité c’était l’autorité scientifique. Vous vous rappelez que cette expérience avait lieu à Yale, dans une université très prestigieuse et très sérieuse, et qu’elle était encadrée par une équipe de scientifiques. Donc les personnes qui participaient à cette expérience, elles voyaient concrètement cette autorité et en général elle la respectait. [00:25:56] En plus, quand on perd notre responsabilité, quand l’autorité assume toute la responsabilité, obéir devient plus confortable pour nous. Nous n’avons plus besoin de réfléchir, nous pouvons simplement obéir. Et cet état dans lequel un individu obéit, Stanley Milgram l’a appelé l’état argentique; quand l’individu n’est plus autonome, il devient seulement un agent qui exécute les décisions d’une autorité. [00:26:44] Quelles sont les différentes implications des conclusions de Stanley Milgram ? Stanley Milgram a utilisé cette expérience pour expliquer les crimes de la Shoah. Vous vous rappelez, dans la première partie je vous ai dit que Stanley Milgram avait grandi dans une famille juive. Donc bien sûr, il a été extrêmement touché par les crimes qui ont eu lieu contre la communauté juive pendant la seconde guerre mondiale. Et avec cette théorie, il a essayé d’expliquer que les personnes qui avaient participé à ces crimes suivaient seulement des ordres. Elles se conformaient à l’autorité du régime nazi. Chaque personne était simplement un maillon de la chaîne, une partie du groupe, et la responsabilité de toutes ses actions, c’était celle de l’autorité, du régime. [00:27:51] Mais face à ces expériences et face aux résultats de Milgram, beaucoup de critiques sont apparues. Les premières critiques concernaient l’éthique. Une expérience dans laquelle on trompe les participants, ont leur ment, on ne leur dit pas la vérité, eh bien ce n’est pas une expérience politiquement correcte, car il n’y a plus de relation de confiance entre le participant et les organisateurs de l’expérience, les chercheurs. [00:28:30] En plus, on a aussi montré que Milgram a influencé les résultats de l’expérience pour obtenir les chiffres les plus élevés possible. Par exemple, l’assistant insistait beaucoup pour que le participant continue l’expérience, il lui disait : “vous devez continuer” et il le répétait beaucoup de fois. Cette critique dit que l’expérience n’est pas valide et que les résultats sont faussés. [00:29:10] Mais une autre chose qui est très intéressante, c’est que l’expérience de Milgram a été répétée en 2009 en France et en Suisse, mais cette fois pas dans une université. Cette fois, elle était dans le cadre d’un faux jeu télévisé, d’une émission de télévision. C’était les mêmes conditions et le même principe, mais l’autorité scientifique était remplacée par l’autorité de la télévision avec une présentatrice. Quel a été le résultat à votre avis ? Plus ou moins élevé qu’avec les expériences de Milgram ? Eh bien le résultat était encore plus élevé : 81% des participants sont allés jusqu’au bout de l’expérience, jusqu’à 450 volts. 81%, c’est énorme ! Cette expérience a été utilisée pour dénoncer le pouvoir de la télé-réalité, pour montrer que la télévision a trop d’autorité sur ses spectateurs. Si vous voulez regarder un documentaire sur cette émission, je vous mets un lien dans la description. Jetez-y un coup d’oeil, c’est très intéressant. [00:30:40] Et vous, à votre avis, jusqu’ou vous seriez allés ? C’est difficile à dire quand on n’est pas dans les conditions. En général, on pense qu’on aurait arrêté l’expérience tout de suite. Mais quand nous sommes dans les conditions, c’est complètement différent. [00:31:08] En conclusion, on peut dire que les règles font partie de nos sociétés. Nous avons besoin de règles pour vivre ensemble, elles font partie de notre vie quotidienne. Mais nous devons toujours garder notre esprit critique. Quand notre conscience nous dit que quelque chose est mal, il faut remettre en question l’autorité. Il ne faut jamais avoir une confiance aveugle en une autorité. [00:31:52] Voilà, merci à tous d’avoir écouté ce 10ème épisode. La prochaine fois nous parlerons des bonnes habitudes pour être plus productif, et en particulier de la magie du matin. Si vous voulez apprendre comment être plus efficace le matin, rendez-vous la semaine prochaine. Merci à tous et à bientôt ! Episode: 11: Salut tout le monde, bienvenue ! C’est le 11ème épisode du Cottongue Podcast ! [00:00:15] Ça y est l’été est enfin arrivé. Nous sommes au mois de juillet et ça veut dire que c’est le début des vacances. Peut-être que vous avez prévu d’aller visiter un pays étranger, et peut-être même que vous allez visiter un pays francophone, c’est à dire un pays où on parle français. Si c’est le cas, j’espère que vous en profiterez pour essayer d’utiliser la langue et pour voir tous les progrès que vous avez faits en français. Et surtout j’espère que mon podcast vous aura aidé à comprendre le plus de choses, à avoir une meilleure compréhension de la langue française. Alors vous allez voir que si vous allez dans un pays francophone, les gens parlent un peu plus vite que moi. Vous savez que pour faire ce podcast, moi j’essaye de parler lentement. Pas beaucoup plus lentement que les personnes normales, mais suffisamment pour que vous puissiez comprendre tous ce que je vous raconte. En tout cas je suis très curieux de savoir quels sont vos plans pour les vacances, ce que vous avez prévu. Donc n’hésitez pas à m’envoyer un e-mail pour me le raconter. Moi de mon côté j’ai prévu de rentrer et une semaine en France. Vous savez peut-être que j’habite en Pologne, à Varsovie, donc pour moi les vacances c’est l’occasion de rentrer et voir mes amis et ma famille en France. [00:02:15] Aujourd’hui, ce n’est pas de vacances que je vais vous parler. Le sujet dont j’ai décidé de vous parler aujourd’hui, il concerne plutôt le développement personnel; c’est-à-dire les choses que l’on peut faire dans notre vie quotidienne pour essayer de s’améliorer. Dans le monde dans lequel nous évoluons, il y a beaucoup de stress, de fatigue, et parfois on a aussi de mauvaises habitudes. Il y a beaucoup d’informations que l’on reçoit toute la journée et qu’on doit essayer de traiter. Des informations qui viennent de toutes les directions, que l’on reçoit sur nos écrans, sur nos téléphones portables, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Donc avec tout ça, parfois on a l’impression qu’on perd le contrôle de notre vie, que nous ne sommes plus capables de contrôler notre vie quotidienne. En tout cas il y a de de plus en plus de personnes qui ont ce sentiment, qui ont cette impression. [00:03:42] Alors la question c’est : comment faire pour éviter cette sensation déprimante ? Comment faire quand on a l’impression de toujours manquer de temps ? Quand on a l’impression que nous n’avons pas suffisamment de temps pour faire toutes les choses que l’on aimerait ou que l’on devrait faire. On cherche des solutions partout pour reprendre le contrôle, par exemple on essaye la méditation, on essaye la déconnexion (ça veut dire éteindre tous ses les appareils électroniques), on peut faire des voyages spirituels. Bref, il y a plein de techniques que l’on peut essayer pour reprendre le contrôle de sa vie. Mais peut-être que la solution est beaucoup plus simple qu’on ne le croit. Peut-être qu’elle est tellement simple et tellement évidente qu’on ne la voit pas. Ou peut-être qu’on ne veut pas la voir, qu’on refuse de la voir. [00:04:57] Cette solution, celle à laquelle je pense, elle est gratuite, elle est simple et on peut l’appliquer immédiatement. Ou plutôt on peut l’appliquer dès le lendemain matin. Vous avez deviné quelle est cette solution ? Est-ce que vous avez une petite idée ? [00:05:21] La solution à ce manque de temps, c’est tout simplement de se lever une heure plus tôt le matin. Peut être que parmi les auditeurs du Cottongue podcast, il y a déjà des lève-tôt. Un lève-tôt, c’est une personne qui se lève tôt le matin, par exemple qui se lève à six heures du matin. Ce genre de personne, en français, on les appelle les “lève-tôt”. Pour ces personnes-là, il n’y a pas besoin d’être convaincu. Elles connaissent déjà tous les bénéfices de se lever tôt le matin. Mais pour la majorité d’entre nous, moi y compris, c’est une chose qui peut être assez difficile à faire. Donc aujourd’hui, je vais vous parler des avantages de se lever tôt le matin, ce qu’on appelle parfois la “magie du matin” et je vais vous donner quelques conseils que j’ai trouvés sur Internet pour prendre cette bonne habitude, pour être capable de se lever tôt le matin. Mais je vous dirai aussi, à la fin de ce podcast, pourquoi ce n’est pas forcément une bonne idée pour tout le monde. Pourquoi se lever tôt le matin n’est pas la solution pour chaque personne. Alors vous être prêts à parler de la magie du matin ? OK donc, c’est parti ! [00:07:20] Pour commencer, je vais vous donner quelques définitions (pas beaucoup rassurez-vous, seulement trois définitions) pour que ce soit plus facile pour vous de comprendre le reste de ce podcast. Comme ça, je suis sûr que vous comprenez bien les mots que je vais utiliser dans ce podcast. Le premier mot important, c’est le mot “sommeil”. Le sommeil, c’est l’état dans lequel nous nous sommes quand nous dormons, tout simplement. Donc ça c’est le premier mot, la première définition que je voulais vous donner : le sommeil. La deuxième, c’est le verbe “se réveiller”. C’est un verbe que je vais beaucoup utiliser dans ce podcast, et le verbe “se réveiller” ça veut simplement dire “sortir du sommeil”, “arrêter de dormir”. Par exemple, parfois quand on fait un cauchemar, eh bien on se réveille, on arrête de dormir à cause de ce cauchemar. La troisième définition, c’est le verbe “se lever”. “Se lever”, dans ce contexte, ça veut dire “sortir de son lit”. Donc d’abord on se réveille, et ensuite on se lève, ça veut dire qu’on sort de son lit et on va par exemple dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. Ça c’est le verbe “se lever”. On peut aussi l’utiliser quand on est assis sur une chaise et qu’on décide de se lever, ça veut dire de se mettre debout. [00:09:15] Alors, en français, on a un proverbe qui dit : “le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt”. Ça signifie que les personnes matinales, celles qui se lèvent tôt le matin, ont généralement plus de succès. Le monde leur appartient, c’est-à-dire le monde est à elles. Il y a beaucoup d’exemples de ce genre de personnes, par exemple des directeurs, des entrepreneurs. Ce sont des personnes qui ont beaucoup de succès et qui ont l’habitude de se lever tôt. Vous connaissez sûrement Tim Cook, le PDG de l’entreprise Apple, eh bien Tim Cook a pour habitude de se lever à 4h30 du matin. C’est extrêmement tôt ! [00:10:16] Mais pourquoi, au fait, est-ce qu’on doit se lever tôt le matin ? Quels sont les avantages à se lever tôt le matin ? Eh bien d’abord, parce que c’est le seul moment de la journée que l’on maîtrise réellement, sur lequel on a un contrôle total. Et ce moment, il n’a pas d’impact sur l’agenda du reste de la journée. Ça veut dire que, si vous vous levez une heure plus tôt, eh bien ça n’aura pas de conséquences pour le reste de votre journée. Au contraire, si vous vous levez une heure plus tard, le matin, vous allez être en retard au travail et ça va avoir beaucoup de conséquences sur votre journée. Généralement des conséquences plutôt négatives. [00:11:19] Qu’est-ce que vous pouvez faire du temps que vous gagnez en vous levant plus tôt le matin ? Comment on peut utiliser ce temps que l’on a si l’on se lève une heure plus tôt le matin ? [00:11:35] Eh bien il y a deux écoles. La première école dit qu’on doit utiliser ce temps pour prendre du temps pour nous, faire des choses qui nous intéressent. Des choses qui ne sont pas urgentes ,mais qui sont importantes pour nous et qu’on a jamais le temps de faire. Je pense par exemple à la méditation, au sport, à la lecture (s’il y a un livre que vous avez très envie de lire depuis longtemps, mais vous ne trouvez jamais le temps pour le faire). Ça peut être également des activités créatives, par exemple dessiner, peindre, ou alors jouer d’un instrument de musique. Mais par contre il faut faire attention aux voisins. Parce que si vous commencez à jouer de la trompette à 5 heures du matin, peut-être que vos voisins ne vont pas être très contents. [00:12:36] En fait, en se levant plus tôt, on a enfin le temps de faire toutes ces choses que d’habitude on a jamais l’occasion de faire. C’est encore mieux pour les choses qui demandent une pratique quotidienne, par exemple apprendre une langue. Si vous vous levez une heure plus tôt le matin, eh bien vous pouvez utiliser cette heure pour faire un peu de français, pour écouter un podcast ou pour regarder des vidéos sur YouTube. En vous levant une heure plus tôt le matin, eh bien chaque jour vous pourrez faire un peu de français. [00:13:20] La deuxième école dit qu’on doit utiliser cette heure pour faire les choses les plus importantes. Elle dit qu’il faut commencer la journée par une réussite. Si on finit quelque chose rapidement dès le matin, on est plus efficace pour le reste de la journée. Ensuite, on peut continuer et attaquer nos autres tâches. Cette chose importante, ça peut-être d’envoyer un e-mail, ou bien de finir une présentation, toutes ces choses qui peuvent nous être utiles au travail. Le matin notre cerveau est frais et reposé, donc on a les idées plus claires et c’est plus facile de se concentrer sur des projets importants. [00:14:19] Si vous avez envie de créer votre start-up, de créer votre propre entreprise, eh bien vous pouvez utiliser cette heure supplémentaire le matin pour travailler sur ce projet. Chaque matin, vous travailleé une heure sur votre projet de start-up et ensuite vous pouvez aller au travail normalement, sans prendre de risque. Comme ça, chaque jour vous progressez un petit peu plus sur votre projet. [00:14:53] Si vous vous levez tôt le matin, vous avez le temps de bien prévoir votre journée, de bien vous organiser, et finalement vous serez peut être moins stressés. Vous savez exactement ce que vous avez à faire, vous avez bien organisé votre agenda, et vous allez pouvoir faire tout ce qui est sur votre To-do list. [00:15:30] Maintenant la question, c’est : comment faire pour réussir à se lever plus tôt chaque matin ? [00:15:39] Il y a une étude qui a été faite dans une université allemande, qui a montré qu’environ 10 % des personnes sont matinales. Autrement dit, 10 % des personnes fonctionnent mieux le matin. Au contraire, 20% des personnes sont considérées comme des “oiseaux de nuit”. Les oiseaux de nuit ce sont des personnes qui restent éveillées tard le soir, et dont le cerveau fonctionne mieux la nuit. Pour le reste, pour les 70% restants, eh bien ils n’appartiennent ni à l’un, ni à l’autre des groupes. Ils n’appartiennent à aucune de ces deux catégories. Ça veut dire que la majorité des personnes a un rythme de sommeil, un cycle de sommeil régulier. Mais pour la majorité d’entre nous, se lever tôt le matin ça semble être un défi, un challenge insurmontable, quelque chose d’impossible à faire. Beaucoup de personnes qui se couchent tard le soir pensent que c’est impossible pour elles de se lever tôt le matin. Elles disent que ce n’est pas quelque chose dont elles sont capables. En réalité, pour la majorité d’entre nous c’est possible de changer notre rythme de sommeil. Tout est une question de méthode, tout dépend de la méthode que l’on va adopter. [00:17:26] Donc je vais vous donner quelques conseils pour adopter une méthode qui va vous permettre de changer votre rythme de sommeil pour vous lever plus tôt. [00:17:41] La 1ère chose importante à faire, c’est de savoir de combien d’heures de sommeil vous avez besoin. Souvent on entend que 8 heures de sommeil, c’est le chiffre magique pour être complètement reposé, pour recharger les batteries. Mais en réalité, il n’y a pas vraiment de chiffre magique, ça dépend des personnes. Il y a certaines personnes qui fonctionnent très bien avec 6 heures de sommeil ou moins, et d’autres qui ont besoin de 8 heures, 9 heures, peut-être 10 heures de sommeil. La meilleure façon de le savoir, c’est de tester pour voir de combien d’heures vous avez besoin pour vous sentir reposés, pour ne pas être fatigués le reste de la journée. [00:18:39] Une fois que vous savez de combien d’heures de sommeil vous avez besoin, il faut savoir à quelle heure vous devez vous réveiller. Ça c’est plutôt simple. Si d’habitude vous vous réveillez à 7 heures, eh bien votre objectif va être de vous lever à 6 heures du matin, c’est-à-dire 1 heure plus tôt. Une heure, c’est le temps suffisant pour pouvoir faire quelque chose, pour pouvoir faire une activité ou plusieurs activités sans se presser, sans se dépêcher. “Se dépêcher” ça signifie “faire quelque chose rapidement”. Par exemple si vous êtes en retard, vous allez vous dépêcher d’aller au travail. L’objectif, ici, c’est justement de ne pas se presser, de prendre son temps. [00:19:40] Alors, imaginons que vous avez besoin de 8 heures de sommeil et que vous voulez vous lever à 6 heures. Eh bien, vous allez devoir vous endormir à 22h, ça signifie à 10h du soir. Attention, ici il faut bien faire la différence entre le verbe “se coucher” et le verbe “s’endormir”. “Se coucher” ça veut dire “aller au lit”, c’est le contraire du verbe “se lever”. “S’endormir”, ça signifie “commencer à dormir”. C’est le contraire du verbe “se réveiller”. Parfois on se couche, on se couche tôt parce qu’on a un rendez-vous important le lendemain par exemple, mais on arrive pas à s’endormir. On reste couché pendant plusieurs heures sans dormir. Ça, ça s’appelle “avoir une insomnie”. Donc l’important ici, c’est de s’endormir à 22h. Si vous avez besoin de 30 minutes pour vous endormir, vous devez vous coucher à 21h30. [00:21:02] Comment faire pour être sûr de s’endormir ? Une bonne idée, c’est d’avoir un rituel, une activité, que l’on fait pour se calmer, pour se vider la tête. “Se vider la tête”, ça veut dire “ne plus penser aux problèmes de la journée, ne plus penser au travail, oublier tous ses soucis, tous ses problèmes”. Cette activité ça peut être par exemple de la lecture, de la marche, bref quelque chose qui vous permet de vous changer les idées et d’oublier tous vos problèmes. Les spécialistes recommandent aussi d’éteindre son ordinateur, son portable, et de ne plus regarder d’écran au moins 30 minutes avant de s’endormir. Parce que, la lumière qui est émise par nos appareils électroniques, eh bien cette lumière est mauvaise pour notre sommeil parce que notre cerveau a l’impression qu’il fait encore jour à cause de cette lumière. [00:22:18] Un autre conseil important pour garder cette habitude, c’est de se lever tôt aussi le weekend. Le weekend, vous pouvez vous lever une heure plus tard maximum. Le problème si vous vous levez beaucoup plus tard le weekend, c’est que le lundi ça va être très difficile de revenir à votre rythme normal, ça va peut-être vous prendre plusieurs jours et vous allez vous sentir fatigués. Donc pour ne pas perdre les bénéfices de se lever tôt, eh bien il faut continuer à se lever tôt également le weekend, comme ça ça vous donnera aussi plus de temps. [00:23:07] Tout ça évidemment c’est facile à dire, mais comment faire pour construire une bonne habitude ? Le philosophe Aristote a écrit : “Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée, l’excellence n’est donc pas une action mais une habitude”. Vous avez compris, ça signifie que pour devenir très bon dans quelque chose, pour devenir excellent, eh bien il faut prendre l’habitude et pratiquer quelque chose régulièrement, s’entraîner régulièrement. Alors comment prendre cette habitude ? [00:23:54] Tout d’abord, il faut commencer en douceur. Il ne faut pas faire un changement trop radical. Par exemple : si d’habitude vous vous levez à 7h mais votre objectif est de vous lever à 6h. Eh bien commencez simplement par vous lever 15 minutes plus tôt. Autrement dit, levez-vous à 6h45 pendant plusieurs semaines. Comme ça, vous allez vous habituer progressivement à vous lever un peu plus tôt, et ce changement ne sera pas trop radical. À ce moment, c’est très important de trouver une activité que vous pouvez faire pendant ces 15 minutes. Sinon, on ne sent pas les bénéfices de ces 15 minutes, et on risque de penser que ces 15 minutes supplémentaires sont inutiles. Donc après quelques temps, si on pense que ces 15 minutes sont inutiles, on va revenir à notre rythme normal. Une fois, que vous êtes habitués à vous lever 15 minutes plus tôt, avancez votre réveil à nouveau de 15 minutes. Ça veut dire que maintenant vous allez vous lever à 6h30. Comme ça, vous avez encore un peu plus de temps pour faire votre activité. Cette méthode, vous allez continuer à l’appliquer jusqu’à ce que vous soyez capable de vous lever à 6h. [00:25:38] Faites attention à ne pas aller trop vite, à ne pas sauter les étapes. Si vous essayez d’aller trop vite et de faire un changement trop radical, il est possible que vous échouiez. “Échouer” ça veut dire “ne pas réussir”. [00:25:57] Malgré tous ces bons conseils, il faut aussi être préparé à échouer. Il y a certaines nuits où vous allez mal dormir, pour une raison X ou Y, et il va être impossible pour vous de vous réveiller à l’heure prévue. Vous allez sûrement être un peu déçus à cause de ça, vous allez sûrement vous sentir mal, mais il faut savoir que c’est normal. Nous ne sommes pas des robots. Il faut être préparé à ce scénario, savoir qu’il va arriver. Ce n’est pas un drame, ce n’est pas une catastrophe, s’il y a un jour ou deux pendant lesquels vous n’arrivez pas à vous lever à la bonne heure. Progressivement, il faut essayer de revenir à votre bonne habitude et continuer jusqu’à ce que ça devienne une chose naturelle. [00:27:04] Mais est-ce que tout le monde devrait se lever à 5h du matin ? Quand on voit tous ces livres, tous ces articles, on a l’impression que si on se lève tard le matin, eh bien nous ne sommes pas quelqu’un qui a du succès. On pense que si on se lève tard, il est impossible de réussir dans son travail. On voit tous ces grands directeurs qui se lèvent super tôt et on a l’impression qu’on est obligés de faire comme eux. Mais tout ça, ça dépend des personnes. [00:27:45] Il y a une étude qui a été publiée dans la revue Elsevier, en 2009, et cette étude montre que les personnes qui se couchent plus tard sont généralement plus intelligentes. Les personnes plus intelligentes ont tendance à expérimenter les nouveaux modes de vie et à adopter plus rapidement les nouvelles valeurs. Et en fait nous sommes plutôt programmés pour nous coucher tôt. Ça fait des milliers d’années que l’Homme se couche tôt et se lève tôt le matin. La tendance de se coucher plus tard, c’est une chose qui est assez récente et beaucoup de personnes intelligentes suivent cette tendance parce qu’elles veulent expérimenter quelque chose de nouveau. Donc si vous aimez vous coucher tard et vous lever tard, ça veut peut être dire tout simplement que vous êtes plus intelligent que les autres. Donc ça, c’est plutôt une bonne nouvelle. [00:28:54] Ces études ont aussi montré que les personnes qui se couchent et qui se lèvent tard ont une meilleure capacité de raisonnement. Ça c’est une étude qui a été faite à l’université de Madrid avec 1000 étudiants. Eh bien parmi ces étudiants, ceux qui arrivaient à résoudre des problèmes le plus rapidement, eh bien c’était les étudiants qui avait pour habitude de se coucher tard. [00:29:33] Bref avec tout ça, vous voyez que c’est difficile d’y voir clair. Certaines études montrent qu’il est préférable de se le lever tôt et d’autres qu’il est préférable de dormir plus longtemps et de de se lever plus tard. [00:29:52] En conclusion, je pense que chacun doit trouver ce qui fonctionne pour lui ou pour elle. Il n’y a pas vraiment de solution miracle. Nous avons tous des styles de vie différents, des responsabilités différentes et il n’est pas toujours possible de faire toutes les choses que l’on aimerait faire. Mais si vous avez l’impression de ne pas avoir assez de temps, et si vous êtes une personne qui a l’habitude de se coucher tard, ça peut toujours être intéressant d’essayer quelque chose de différent, autrement dit ça peut être intéressant d’essayer de vous lever plus tôt pour voir si ce style de vie vous convient. [00:30:47] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup d’avoir écouté ce podcast. J’espère que ça vous a inspiré. Peut-être que ça vous a donné envie d’expérimenter un nouveau mode de vie et de vous lever un peu plus tôt le matin. Si vous arrivez à le faire, envoyez-moi un e-mail pour me parler de vos résultats, je suis très curieux de savoir comment ça marche pour vous. [00:31:19] La semaine prochaine nous parlerons d’argent, et en particulier des personnes qui gagnent beaucoup d’argent grâce aux jeux de hasard comme la loterie. Et nous verrons que leur vie n’est pas toujours parfaite… [00:31:39] Merci à tous et à bientôt ! Episode: 12 Salut à tous et bienvenue, c’est le Cottongue Podcast épisode 12 ! [00:00:13] Je suis très content de vous retrouver pour notre rendez-vous hebdomadaire. “Hebdomadaire” ça signifie quelque chose qui revient chaque semaine. Et vous savez, si vous êtes des fidèles auditeurs du Cottongue podcast, que je publie un nouveau podcast chaque semaine. Mais cette semaine, vous avez peut-être remarqué que la date de publication est un peu différente. Normalement je publie les podcasts le lundi, et peutêtre que ce lundi vous avez remarqué qu’il n’y avait pas de nouveau podcast. Eh bien pas d’inquiétude, car aujourd’hui c’est l’heure du nouveau podcast ! Et si j’ai choisi cette date c’est parce que demain, le 14 juillet, c’est un jour très spécial pour la France. Peut-être que vous savez que le 14 juillet c’est la fête nationale en France. Et justement, je pense que c’est une bonne idée de parler de cet événement. Quand on s’intéresse à une langue, à une culture et à un pays, c’est très important de connaître la signification des fêtes nationales. En France, il y a beaucoup de fêtes nationales qui sont d’origine religieuse, parce que pendant très longtemps la France était un pays catholique, mais le 14 juillet ça n’est pas une fête religieuse ! C’est une fête qui a été inventée pour célébrer l’unité des Français, l’unité du peuple français. Pour comprendre cet événement, il faut s’intéresser évidemment à l’Histoire mais également à la dimension culturelle et politique. Je vais essayer de rendre ça intéressant pour vous, je n’ai pas envie de vous ennuyer avec un cours d’Histoire, et j’espère que je vais y arriver ! [00:02:33] Vous êtes prêts à célébrer le 14 juillet avec les Français ? Ok alors suivez-moi, c’est parti ! [00:02:50] Peut-être que vous avez des amis français, et si vous leur demandez ce qu’on célèbre le 14 juillet, je suis sûr qu’ils vont vous répondre : “la prise de la Bastille !”. Vous avez peut-être déjà entendu ce nom “la Bastille”, mais j’imagine que vous ne savez peut-être pas à quoi il correspond, ce qu’il désigne. En fait, 14 juillet juillet, ça n’est pas seulement une célébration de la prise de la Bastille. Donc je vais vous expliquer un peu de quoi il s’agit et comment on a choisi cette date comme fête nationale en France. Comme ça vous pourrez impressionner vos amis français avec votre connaissance de l’Histoire de France. [00:03:47] Pour faire ça, on va devoir remonter un peu dans le temps. [00:04:00] Imaginez que nous sommes à la fin du XIXe siècle, plus précisément en 1880. À cette époque, le régime politique en France est la IIIe République. Peut-être que vous savez que maintenant nous sommes sous le régime de la Ve République. Donc il faut remonter un peu plus loin, il faut remonter à la IIIe République pour imaginer le contexte. À cette époque, en 1880, les députés (c’est-à-dire les personnes qui sont à l’Assemblée et qui votent les lois), les députés cherchent une date pour la fête nationale. Ils ne veulent pas que cette fête nationale soit religieuse. Ils veulent une fête pour célébrer la République. Alors ces députés, ils regardent évidemment dans l’Histoire de France et ils essaient de trouver la bonne date qui pourra servir comme fête nationale. Et, à vrai dire, c’est assez difficile pour eux. Ils ne trouvent pas de date sur laquelle ils puissent se mettre d’accord. [00:05:29] La première date qui leur vient à l’esprit (c’est-à-dire la première date à laquelle ils pensent), c’est le 14 juillet 1789. Je vais prendre quelques instants pour vous expliquer ce qui s’est passé le 14 juillet 1789. [00:05:57] À cette époque, à la fin du XVIIIe siècle, la France est une monarchie absolue de droit divin. Ça signifie que la France est sous un régime politique avec un roi qui a tous les pouvoirs et qui justifie son autorité grâce à Dieu. Le roi se considère comme le lieutenant de Dieu sur Terre. Un des rois les plus célèbres, un des rois de France le plus célèbre, c’était Louis XIV, qu’on appelait le Roi Soleil. À cette époque, c’est Louis XVI qui est le roi. En 1789, la situation économique en France est très mauvaise. La France est en crise. Elle a beaucoup de dettes auprès des pays étrangers et elle n’arrive plus à payer ses dettes. Les prix ont beaucoup augmenté et ça devient vraiment difficile pour les Français de pouvoir acheter à manger. Il y a dans certaines régions des famines, c’est-à-dire des gens qui ne peuvent plus trouver ou qui ne peuvent plus acheter de nourriture. [00:07:26] Face à cette situation de crise, cette situation exceptionnelle, le roi décide d’organiser une réunion avec les représentants des trois groupes qui composent la société française. Donc à cette époque, la société française était divisée en trois groupes. Il y avait la noblesse, c’est-à-dire les familles avec des privilèges qui étaient proches du roi. Le deuxième groupe c’était l’Église, l’Église catholique. Et enfin le troisième groupe, le plus important, celui qui comptait la grande majorité des Français, s’appelait le Tiers état. Dans le Tiers état, il y avait des pauvres mais aussi des bourgeois, des paysans, des artisans, etc. C’était vraiment le cœur de la société française. Mais c’était aussi le groupe qui n’avait pas de privilèges et pour lequel la situation était la plus difficile. Donc imaginez, nous sommes en 1789 et le roi organise une grande réunion avec ces trois groupes, avec la Noblesse, l’Église et le Tiers état. [00:08:58] Ensemble, ces trois groupes essayent de trouver une solution pour améliorer la situation économique de la France. Mais après plusieurs jours de discussion, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord. Le Tiers état veut que les nobles et l’Église perdent leurs privilèges, parce que à cette époque les nobles et l’Église ne payaient pas d’impôts, ils ne payait pas de taxes. Seul le Tiers état payait des taxes, alors que c’était souvent les personnes les plus pauvres. Comme il est impossible de trouver une solution, le Tiers état décide de créer une Assemblée nationale pour représenter les Français et écrire sa propre constitution. [00:09:57] “- Silence ! Faisons le serment, ici et maintenant, de ne jamais nous séparer et de nous rassembler partout où les circonstances l’exigent, jusqu’à ce que nous ayons donné à la France une constitution. – Je le jure !” [00:10:24] Mais le roi, une partie des nobles et l’Église ne reconnaissent pas cette assemblée. Ils disent que cette assemblée du Tiers état n’a pas de légitimité. Le roi organise une action militaire pour mettre fin à cette assemblée. C’est-à-dire que le roi fait venir des troupes de soldats aux portes de Paris dans le but d’attaquer l’assemblée et de dissoudre les différentes personnes qui en font partie. Mais beaucoup de soldats refusent d’obéir et ils se joignent aux révolutionnaires parisiens, aux personnes qui soutiennent cette assemblée et qui veulent mettre fin aux privilèges de la noblesse et de l’Église. [00:11:22] Pour s’opposer aux forces du roi, les révolutionnaires décident d’aller prendre des armes à la Bastille. La Bastille, à cette époque, c’était une prison d’État mais il y avait seulement sept prisonniers au moment de l’attaque. Donc il n’y avait pas beaucoup de personnes, il n’y avait pas beaucoup de prisonniers, et il s’est avéré et qu’il n’y avait pas beaucoup d’armes non plus. La Bastille, en fait, c’était surtout un symbole de l’autorité royale, parce que quand le roi décidait arbitrairement de mettre quelqu’un en prison cette personne allait dans la prison de la Bastille. Donc la Bastille, c’était surtout un symbole. Très rapidement et facilement, en une journée, les révolutionnaires réussissent à prendre le contrôle de la prison. C’est donc cet événement qu’on a appelé la prise de la Bastille. Il faut bien comprendre que la prise de la Bastille, c’est un événement majeur et symbolique, car c’est la première action populaire des Parisiens contre le pouvoir royal. C’est cet événement qui a lancé la révolution, car ensuite, dans le reste du pays, le peuple a décidé de suivre l’exemple des Parisien et de prendre le pouvoir. La prise de la Bastille, c’est donc la fin de l’Ancien régime, la fin du pouvoir absolu du roi, des privilèges des nobles et de l’Église. C’est à ce moment-là qu’on a créé une nouvelle société, qu’on a créé la France moderne. [00:13:28] Autrement dit, la prise de la Bastille c’est un événement très important mais aussi très violent. Il y a beaucoup de personnes qui ont été blessées ou tuées pendant l’attaque de la Bastille, et c’était un combat entre les Français. Un combat du Tiers état contre la noblesse. [00:13:53] Donc si on revient un siècle plus tard, en 1880, quand les députés cherchent une date pour la fête nationale, certains d’entre eux pensent que le 14 juillet 1789, ça n’est pas une très bonne idée. Pourquoi ? Eh bien parce que c’était un évènement très violent qui a divisé les Français. Donc ces députés ne veulent pas célébrer un événement aussi violent. Ils veulent plutôt célébrer un évènement qui montre l’unité des Français, un évènement un peu plus positif à leurs yeux. [00:14:41] Cet autre évènement, c’est la fête de la Fédération. Et, ça tombe bien (autrement dit, c’est une bonne coïncidence), parce que la fête de la Fédération, elle a eu lieu le 14 juillet 1790, c’est-à-dire un an plus tard, un an après la prise de la Bastille. [00:15:09] Alors je vais vous expliquer un peu ce que c’est que la fête de la Fédération parce que, même parmi les Français, il y a beaucoup de personnes qui ne connaissent pas cet évènement. [00:15:29] En 1790, la France est toujours une monarchie. Le roi est toujours présent mais il n’a plus tous les pouvoirs. Le seul pouvoir que possède encore le roi, c’est le pouvoir exécutif (un peu comme un président). Dans cette nouvelle société, il n’y a plus de privilèges : tout le monde doit payer les mêmes impôts. Et il y a l’Assemblée qui écrit et vote les lois pour diriger le pays. À cette époque, il y a beaucoup d’espoir. On pense que la situation économique va enfin s’améliorer et que tout le monde, tous les Français, vont avoir à manger. [00:16:25] Alors le 14 juillet 1790, un an après la prise de la Bastille, on organise de grandes fêtes populaires dans les principales villes françaises : à Paris et à Lyon. Tout le monde y est invité : les citoyens ordinaires, les membres de l’Église, la famille royale, les anciens nobles, les soldats etc. À Paris, cette fête a lieu au Champ-de-Mars. Si vous êtes déjà allés à Paris, vous avez peut-être mis les pieds au Champ-de-Mars, c’est ce grand jardin qui se trouve en bas de la tour Eiffel. Mais évidemment à cette époque, au moment de la fête de la fédération, il n’y avait pas encore de tour Eiffel. Durant cette grande fête populaire, le roi prête serment, ça signifie qu’il jure, il promet de respecter la constitution écrite par l’Assemblée. [00:17:39] “-Moi, roi des Français, je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est délégué par la loi, à maintenir la constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par moi. -Vive le roi ! Vive le roi !” [00:18:01] Il y a une grande joie collective, tout monde est très heureux, tout le monde est très content. Les Français sont fiers d’être français, ils sont fiers de leur nouvelle société et d’avoir réussi leur révolution. Ils se sentent enfin libres, égaux, fraternels. Vous savez c’est ça qui est devenu la devise de la France : liberté, égalité et fraternité. La fraternité, ça signifie la solidarité et l’amitié entre tous les Français. En réalité, si vous connaissez un peu l’histoire de France, vous savez que, en 1790, la révolution est loin d’être finie. Il faudra attendre encore 9 ans, en 1799, avec la prise de pouvoir du général Napoléon Bonaparte, pour que la période révolutionnaire se termine. Mais, à ce moment-là, le 14 juillet 1790, on pense que la révolution est terminée et que la France est prête à entrer dans la modernité. [00:19:38] Donc ça, c’était la fête de la Fédération. Maintenant on va revenir en 1880. J’espère que vous n’êtes pas perdus ! Maintenant nous sommes à la fin du XIXe siècle, en 1880, et nous sommes avec les députés qui cherchent une date pour créer une nouvelle fête nationale. Donc ces députés, ils décident d’adopter le 14 juillet comme fête nationale. Mais pour que tout le monde soit d’accord, ils ne disent pas si on fête le 14 juillet 1789 (la la prise de la Bastille) ou le 14 juillet 1790 (la fête de la Fédération). On décide simplement que le 14 juillet sera la fête nationale française. [00:20:53] Vous vous demandez peut-être comment on célèbre le 14 juillet en France. Évidemment le 14 juillet juillet, c’est un jour férié. Ça signifie que les Français ne travaillent pas. On peut utiliser ce jour pour se reposer ou, si ce jour est un vendredi, il y a beaucoup de Français qui décident de partir en week-end dans une autre région de la France ou à l’étranger. [00:21:28] La célébration du 14 juillet commence le matin sur les Champs Élysées. Qu’est-ce qui se passe sur les Champs Élysées ? Eh bien il y a un défilé militaire en présence du Président de la république. Ce défilé commence avec l’armée d’air, autrement dit les avions qui passent au dessus de Paris à toute vitesse et qui font des les acrobaties dans le ciel. C’est toujours un très beau spectacle que les Français adorent regarder à Paris s’ils sont à Paris ou bien à la télévision. Après ce passage des avions, c’est le moment du défilé militaire sur les Champs Élysées. À ce moment-là, on voit les différents corps de l’armée avec leurs différents uniformes qui marchent pour remonter les Champs Élysées. Et on joue bien évidemment l’hymne nationale, c’est-à-dire la marseillaise : [00:22:45] “Allons enfants de la Patrie Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie L’étendard sanglant est levé L’étendard sanglant est levé !” [00:23:07] Ensuite quand la nuit tombe le soir, que le ciel est noir, on peut voir dans le ciel des lumières de toutes les couleurs et on entend de grands bruits, un peu comme des explosions. [00:23:34] Ce sont, vous l’avez deviné, les feux d’artifice, des spectacles organisés dans chaque ville pour divertir les habitants. Ça aussi, c’est un événement qui est très apprécié du public, c’est un événement plutôt familial, mais il y a toujours beaucoup de monde, donc c’est un peu difficile de trouver une bonne place pour voir le feu d’artifice. Si vous habitez dans une grande ville comme à Paris, Lyon, Marseille ou Lille, il faut vraiment arriver tôt pour obtenir une bonne place pour bien voir le feu d’artifice. Mais le mieux c’est quand vous avez des amis qui ont un appartement avec un balcon car vous pouvez regarder le feu d’artifice depuis le balcon avec un verre de vin ou de champagne, et ça c’est toujours très agréable ! [00:24:40] Après le feu d’artifice, on peut décider d’aller au bal. Les bals ce sont des fêtes populaires avec de la musique (soit un groupe, soit un DJ) et tout le monde danse, on boit de l’alcool, on fait la fête ! Les plus célèbres de ces bals, ce sont les bals des pompiers. Vous savez les pompiers, ce sont les soldats du feu : les personnes qui sont chargées d’éteindre les incendies qu’il peut y avoir dans des bâtiments ou dans les forêts. Parfois on organise les bals le 13 juillet, comme ça les Français peuvent se reposer le 14 juillet. Comme c’est un jour férié, ils ne sont pas obligés d’aller travailler. [00:25:39] Vous l’avez compris, les Français adorent leur fête nationale, ils aiment célébrer le 14 juillet. Mais l’année dernière, le 14 juillet 2016, à Nice, un homme est arrivé en camion à toute vitesse pendant le feu d’artifice. [00:26:01] Il a tué 86 personnes et fait des centaines de blessés. Vous avez sûrement entendu parler de cet attentat qu’on appelle “l’attentat de Nice” et qui a été revendiqué par l’organisation terroriste l’État islamique. Ça a été un moment très difficile pour les Français parce que, l’année précédente, il y avait déjà eu plusieurs attentats à très meurtriers. L’objectif de ces terroristes c’est de diviser les Français, de créer des tensions à l’intérieur de la société française pour la faire exploser. Les terroristes veulent donner l’impression qu’il existe différents groupes dans la société française et qu’il n’y a pas d’union entre eux. À travers ces attaques, c’est le modèle français qui est attaqué et ses valeurs, ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Les terroristes veulent diviser les Français. Ils sont contre ce sentiment de fraternité qui unit les personnes de différentes origines ou religions. [00:27:30] À cause de cet attentat, les Français ont en tête cette menace terroriste. Mais heureusement, ils ne sont pas tombés dans le piège des terroristes. Les Français veulent garder leur unité. La preuve c’est que, aux élections présidentielles de cette année, les Français ont rejeté l’option extrémiste, incarnée par la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, ça signifie qu’ils ont rejeté l’option qui privilégie la peur et la division entre les Français. Ils ont choisi un candidat, Emmanuel Macron, qui porte des valeurs d’espoir et un amour pour le modèle français et l’Union européenne. [00:28:28] Même si bien entendu il existe des tensions dans la société française, le 14 juillet c’est l’occasion d’oublier tout ça, d’oublier tous ces problèmes et de faire la fête tous ensemble. Cette année encore je suis sûr que les Français se réuniront pour célébrer leur mode de vie, pour faire la fête, boire de l’alcool et montrer au monde entier qu’ils n’ont pas peur des extrémistes ni de l’obscurantisme. [00:29:11] C’est la fin de ce podcast, je vais vous laisser car je suis rentré à Paris pour faire la fête avec mes amis. On va célébrer ensemble le 14 juillet et on va essayer de ne pas penser aux attaques terroristes. [00:29:32] J’espère que ce podcast vous a plu et que peut-être ça vous a donné envie de venir fêter le 14 juillet en France. En tout cas je suis très heureux d’avoir pu partager cette histoire avec vous. [00:29:48] Comme d’habitude, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau podcast. [00:29:54] À bientôt ! Episode:13 Salut à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 13. [00:00:14] Bienvenue pour ce nouvel épisode. J’espère que vous allez bien, j’espère que vous êtes en forme. C’est, comme je l’ai dit, le douzième épisode, donc ça veut dire que j’ai commencé le Cottongue Podcast il y a trois mois. Et je suis très content car il y a de plus en plus d’auditeurs donc j’espère que, grâce à ce podcast, vous êtes motivés pour apprendre le français et j’espère pouvoir vous aider un peu dans cette direction. J’espère pouvoir vous aider à atteindre vos objectifs. [00:00:54] Quel temps il fait là où vous habitez ? Parce que là où moi j’habite, à Varsovie, en Pologne, en ce moment il fait super beau ! Il y a beaucoup de soleil et les températures sont plutôt élevées puisqu’il fait entre 25 et 30 degrés Celsius. Donc c’est vraiment super, on peut faire du vélo, se promener et profiter de la ville. Varsovie, c’est une ville qui est très agréable en été car on peut facilement se promener et il y a beaucoup de parcs et d’endroits à visiter. Donc c’est un endroit, c’est une ville, que je vous conseille de visiter si vous en avez l’occasion un jour [00:01:47] Vous avez peut-être vu que j’ai lancé une page Facebook qui s’appelle tout simplement Cottongue, et sur cette page je partage des conseils pour vous aider à améliorer votre français, je vous donne des petits secrets, des petits techniques. Par exemple, la première technique dont j’ai parlée sur cette page, c’est de mettre son téléphone portable en français. Vous utilisez sûrement votre téléphone dans votre langue maternelle, c’est naturel, c’est l’option la plus facile. Mais si vous mettez votre portable en français, vous allez pouvoir apprendre du vocabulaire très utile et de façon plutôt naturelle. Par exemple vous allez pouvoir mémoriser des verbes comme “envoyer” et “recevoir”, “annuler”, “supprimer”, etc. Donc c’est très facile pour mettre son portable en français, normalement avec tous les portables c’est possible. Il suffit d’aller dans les réglages, de choisir la langue et de choisir le français, tout simplement. Si vous allez sur ma fanpage sur Facebook, sur la fanpage “Cottongue”, vous verrez une petite vidéo qui vous expliquera comment faire. Et dans cette vidéo, vous verrez aussi qu’en faisant ça, vous allez pouvoir apprendre par exemple la météo, grâce à l’application météo. Ou bien vous allez pouvoir mémoriser les dates. Je sais que parfois on a tendance à oublier les mois de l’année (janvier, février, mars, avril, etc.), mais si vous mettez votre portable en français, chaque jour vous verrez la date sur votre écran, donc inconsciemment vous allez pouvoir mémoriser ce vocabulaire. Donc voilà, c’est le genre de conseils que je donne sur la fanpage, mais je partage aussi des vidéos par exemple, ou des choses que je trouve intéressantes et qui peuvent vous aider à apprendre le français. Donc je vous invite à aller voir cette page sur Facebook pour pouvoir accéder à tous ces contenus. [00:04:34] Donc c’est tout pour l’autopromotion, maintenant on va passer à notre sujet du jour. [00:04:48] Dans le podcast numéro 3, je crois, nous avions parlé du bonheur. Nous avions parlé par exemple des pays dans lesquels les gens sont les plus heureux. Et souvent on associe l’idée de bonheur à celle d’argent. On pense que si on veut être heureux, c’est mieux d’avoir de l’argent. Donc aujourd’hui on va parler de personnes qui justement ont gagné beaucoup, beaucoup d’argent, mais de façon un peu exceptionnelle puisque les personnes dont nous allons parler aujourd’hui sont devenues riches en jouant au loto. Le loto, peut être que vous en avez déjà entendu parler, je suis sûr que ça existe dans votre pays. Le loto, en français, c’est le nom qu’on donne à la loterie nationale. La loterie, c’est tout simplement un jeu de hasard. Il suffit d’acheter un ticket pour participer et ensuite on a une chance de pouvoir gagner beaucoup, beaucoup d’argent, des millions d’euros. Le loto, c’est le jeu de hasard le plus populaire en France. Pour jouer, je vous l’ai dit, il faut acheter un ticket et choisir 6 numéros sur ce ticket. Il existe également, en Europe, dans l’Union Européenne, une loterie qui s’appelle l’EuroMillions. Évidemment dans cette loterie, on peut gagner encore beaucoup plus d’argent car il y a plus de participants, c’est logique. En France, un ticket pour jouer au loto coûte 2,20 € et on peut ensuite gagner le jackpot, mais en général on a une chance sur 110 millions de gagner le jackpot. On appelle ça aussi en français le “gros lot” pour dire le jackpot, le “gros lot”. Il faut savoir que le record en France, le plus gros jackpot qui ait été gagné, était de 169 millions d’euros. Vous imaginez une telle somme d’argent ?! Je pense que pour la majorité d’entre nous, c’est quelque chose qu’il est difficile d’imaginer, une telle somme d’argent, un tel montant : 169 millions d’euros ! [00:07:46] Justement, est-ce que vous jouez aux jeux de hasard ? Est-ce qu’il vous arrive de jouer par exemple à la loterie ou à d’autres jeux pour gagner de l’argent ? Peut-être que vous allez parfois au casino pour jouer à la roulette ou au black-jack. Moi ça m’arrive de temps en temps, parfois j’achète un billet de loto quand il y a beaucoup d’argent en jeu, beaucoup d’argent à gagner, mais malheureusement je n’ai gagné qu’une seule fois. Et vous savez combien j’ai gagné quand j’ai joué au loto ? J’ai gagné 4€ ! Bon, c’est pas beaucoup, c’est pas vraiment le début de la fortune, mais c’est le maximum que j’ai réussi à gagner au loto pour le moment. Moi, je ne suis pas très superstitieux, ça veut dire que je ne crois pas à la chance ni au destin. Être superstitieux, ça veut dire avoir des superstitions. Par exemple, si vous pensez que le vendredi 13 est un jour spécial, que le vendredi 13 est un jour qui n’est pas comme les autres. Ou alors, si vous pensez que les chats noirs portent malheur. Moi je ne crois pas du tout ça, parce que justement j’ai deux chats noirs, ou plutôt des chattes car ce sont des femelles, j’ai deux chattes noires depuis environ un an et je pense qu’elles me portent plutôt bonheur et pas malheur. Quels autres exemples de superstitions on a ? Par exemple, il y a des personnes qui croient que quand on casse un miroir, eh bien cela va nous apporter plusieurs années de malheur, que de mauvaises choses vont nous arriver pendant plusieurs années. Ou alors elles pensent qu’il ne faut jamais passer sous une échelle, que si on passe sous une échelle, eh bien là aussi ça va nous porter malheur. [00:10:14] Alors, gagner au loto malheureusement ce n’est pas une chose facile. Je vous ai dit que la chance, la probabilité de gagner au loto est vraiment très très faible. En plus, avec ces jeux de hasard, on peut parfois développer des addictions, on peut devenir accro aux jeux de hasard. Il y a un livre très célèbre de l’écrivain russe Dostoïevski qui s’appelle Le joueur, et justement, dans ce livre, il est question d’un homme qui joue beaucoup d’argent au casino et qui malheureusement a tendance à perdre, et même s’il perd quasiment tout son argent, il est incapable de s’arrêter car il est devenu complètement accro aux jeux de hasards, il a une addiction pour les jeux de hasard. D’ailleurs dans ce livre il y a une dimension autobiographique parce que l’auteur Dostoïevski était lui aussi un grand amateur de casino. [00:11:27] Mais revenons plutôt à notre sujet. Revenons à nos moutons, comme on dit en français. “Revenir à nos moutons”, c’est une expression idiomatique pour dire “revenir au sujet qui nous intéresse”. Donc revenons à nos moutons. Est-ce que vous avez déjà rêvé de jouer au loto ? Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que vous feriez avec cet argent ?Peut être que vous achèteriez une grosse voiture ou alors une belle maison au bord de la mer, peut être que vous feriez un grand voyage avec tous vos amis, ou alors que vous vous iriez vivre sur une île paradisiaque. Mais attention, gagner au loto ça n’est pas toujours la vie de rêve. Il y a des gagnants qui se sont retrouvés dans des situations très délicates après avoir gagné au loto. Et justement, c’est le sujet qui va nous intéresser aujourd’hui. Les gagnants du loto et ce que la victoire leur a apporté, mais aussi les problèmes auxquels ils doivent faire face, les problèmes auxquels ils sont confrontés. [00:12:54] OK alors vous êtes prêts à parler des gagnants du loto ? Oui ? Alors c’est parti ! [00:13:11] En France, il y a une entreprise qui s’occupe d’organiser la loterie, le loto. Cette entreprise s’appelle la Française Des Jeux, la FDJ, Française Des Jeux. C’est une entreprise publique, ça veut dire qu’elle est gérée par l’État et elle organise en général tous les jeux de hasard et tous les jeux avec des paris d’argent. Parier de l’argent, c’est quand vous donnez de l’argent on échange d’une chance de pouvoir en gagner beaucoup plus. Par exemple on peut parier de l’argent avec des courses de chevaux, des courses hippiques. Donc tous ces jeux de hasard c’est la Française des jeux qui les organise. Et pour les grands gagnants, c’est à dire pour les personnes qui gagnent plus d’un million d’euros, et bien il y a une équipe spéciale qui est chargée d’accompagner, d’aider, de s’occuper de ces gagnants. [00:14:27] Par exemple cette équipe organise des réunions au siège social de l’entreprise avec des psychologues et des conseillers qui vont parler avec ces gagnants et qui vont leur donner des conseils. Des conseils évidemment pour gérer leur argent, pour bien investir leur argent, mais des conseils aussi psychologiques pour les aider dans leur vie quotidienne et pour les prévenir des problèmes auxquels ils vont faire face. [00:15:07] Évidemment, c’est très important d’avoir des conseillers financiers pour savoir comment investir son argent. Parce que malheureusement il existe des gagnants qui ont dépensé tout l’argent qu’ils avaient gagné, et même plus d’argent qu’il n’en avait gagné, et finalement ils se sont retrouvés ruinés. Après quelques années, au lieu d’être riches, ils étaient ruinés, ils étaient pauvres et en plus ils avaient d’énormes dettes. Donc ça c’est une situation qui est plutôt mauvaise pour l’image du loto, pour l’image de la loterie, donc évidemment la Française des Jeux essaye de bien conseiller ses gagnants pour qu’ils ne soient pas ruinés après quelques années. [00:16:05] Mais l’autre chose qui est très importante, c’est le soutien psychologique, l’aide psychologique aux gagnants. Alors on peut se demander pourquoi des personnes qui ont gagné au loto ont besoin d’un soutien psychologique. On peut se demander quel genre de problèmes psychologiques ils ont. Eh bien, il faut savoir que gagner au loto c’est un changement radical dans sa vie, on peut même appeler ça un bouleversement. Un bouleversement, c’est un changement radical qui change tout. Pourquoi c’est un bouleversement ? Eh bien parce que la plupart des gagnants du loto sont des personnes qui avant étaient dans un milieu plutôt modeste, ça signifie qu’elles n’avaient pas beaucoup d’argent. Et du jour au lendemain, elles se retrouvent avec des millions et des millions d’euros, donc leur vie, évidemment, est complètement différente, et pour elles ça peut être difficile de s’adapter à cette nouvelle situation. [00:17:25] En général, elles passent par plusieurs étapes. La première étape bien sûr c’est l’euphorie. Ça signifie que les gagnants sont extrêmement heureux, extrêmement contents d’avoir gagné. Ils peuvent sauter de joie, danser, crier et pleurer. Bref, vous imaginez facilement la scène si vousmême vous gagnez plusieurs millions d’euros, vous aurez sûrement une réaction euphorique. [00:18:01] Ensuite, la deuxième étape, pour certains gagnants, c’est un moment d’angoisse. L’angoisse c’est une très grande peur. En effet, certains gagnants pensent à tous les changements qui vont arriver et ils sont terrifiés par cela. Ils ne savent pas comment leur vie et va devenir et ils ont tendance à avoir peur. [00:18:30] D’ailleurs, ensuite, certains gagnants passent par une phase de déni. Ça signifie qu’ils refusent de croire qu’ils ont gagné et ils essayent de se convaincre que rien n’a changé dans leur vie et qu’ils n’ont pas gagné au loto. Mais ensuite, progressivement, les gagnants réussissent à s’adapter, à accepter ce changement, et à comprendre que leur vie va changer d’une manière positive. [00:19:12] Alors quels sont les différents problèmes que rencontrent les gagnants du loto ? D’abord, il y a évidemment des problèmes avec la famille. Cette victoire au loto, ça peut créer de la jalousie. Surtout que les autres membres de la famille ont parfois tendance à penser que cet argent n’est pas légitime, qui n’est pas mérité. Elles pensent que ces personnes qui ont gagné au loto, elles n’ont pas travaillé pour cela. Et si elles n’ont pas travaillé, eh bien c’est un peu injuste qu’elles deviennent riches du jour au lendemain, alors que les autres membres de la famille, eux, sont toujours dans la même situation. Donc parfois, la famille pense que les gagnants ont une obligation de partager l’argent qu’ils ont gagné. Comme cet argent n’a pas été gagné grâce au travail, eh bien tout le monde devrait en profiter. Les gagnants sont alors obligés de faire tout le temps des cadeaux et ces cadeaux, progressivement, ils sont considérés comme des obligations. On se sent obligé de faire des cadeaux pour partager l’argent qu’on a gagné. Et parfois, les autres membres trouvent que ça n’est jamais assez, les cadeaux ne sont pas assez chers, ils ne sont pas assez beaux. Il y a aussi de temps en temps des membres de la famille éloignée qui peuvent venir pour, eux aussi, demander de l’argent. Peut-être qu’il y a un oncle qu’on n’a pas vu depuis des années mais qui a quelques dettes, et finalement cet oncle décide de venir nous voir pour nous demander de l’argent. Ça peut être difficile de savoir comment réagir dans ces situations. À qui il faut donner de l’argent, sous quelle forme il faut donner cet argent ? Est-ce qu’il faut faire des cadeaux, ou bien donner de l’argent en liquide ? C’est difficile à savoir. [00:21:38] Ensuite, il y a aussi des problèmes avec les enfants. Certains gagnants décident de ne pas dire à leurs enfants qu’ils ont gagné au loto. Pourquoi ? Eh bien parce qu’ils pensent que s’ils disent à leurs enfants qu’ils ont gagné au loto, leurs enfants ne vont pas vouloir faire des efforts à l’école, faire des études, et réussir leur vie. Parce que ces enfants vont tout simplement penser qu’ils n’auront jamais besoin de travailler grâce à l’argent de leurs parents. C’est vrai que ça peut être difficile pour des parents de transmettre le goût de l’effort à leurs enfants. Si les enfants savent qu’il y a des millions d’euros qui les attendent sur un compte bancaire, il est probable qu’ils n’auront pas vraiment envie de faire beaucoup d’efforts à l’école. Mais en même temps, c’est compliqué pour des parents de mentir à leurs enfants, de leur cacher une chose comme ça. Donc là aussi, ça peut être une source de problème pour les gagnants. [00:23:02] En plus de la famille et des enfants, souvent il est difficile pour les gagnants de garder de bonnes relations avec leurs amis. Comme leur style de vie devient complètement différent, que peut être ils décident de déménager dans une plus grande maison, dans un plus beau quartier. Peutêtre qu’ils partent en vacances très souvent et qu’ils mangent dans les meilleurs restaurants. Eh bien avec ce nouveau style de vie, on peut s’éloigner de nos amis. “S’éloigner” ça veut dire “prendre de la distance avec nos amis”. Là aussi, les amis peuvent être jaloux des gagnants. Encore une fois, c’est cette question d’argent légitime ou pas. Et nos amis peuvent penser qu’on ne mérite pas l’argent qu’on a gagné. Évidemment, on peut penser qu’il suffit d’inviter les amis en vacances, de les inviter au restaurant et de tout leur payer, mais pour certaines personnes ça peut être gênant d’être toujours invité. En fait, il y a un rapport hiérarchique qui s’installe, il y a une sorte de hiérarchie entre les amis car ils n’ont plus les même situations matérielles. Pour les gagnants, c’est aussi difficile de savoir si nos amis nous apprécient pour nos qualités personnelles, pour notre personnalité, ou bien s’ils nous apprécient seulement pour notre argent. On peut penser que ces personnes essayent de profiter de nous, qu’elles ne sont pas honnêtes. Parfois on peut même devenir un peu paranoïaque. Donc c’est difficile en général de rester ami avec des personnes dont la situation matérielle est complètement différente de la nôtre. [00:25:15] En plus de ces problèmes relationnels, il y a des problèmes un peu plus concrets qui concernent l’adaptation à ce nouveau style de vie. La première question qui nous vient à l’esprit, si on gagne au loto, c’est “est-ce que je vais continuer de travailler ?”. Pour beaucoup de personnes, la réponse est non évidemment ! Si elles deviennent riches, elles décident immédiatement de quitter leur travail. Mais si on a plus travail, on peut risquer également de s’ennuyer. Une fois qu’on est partie en vacances, qu’on a fait le tour du monde, eh bien on peut être chez nous, dans notre grande maison, avec nos belles voitures garées devant, et finalement on se rend compte qu’on s’ennuie, qu’on a rien à faire, et qu’on n’a plus envie de faire quoique ce soit. On peut penser que notre vie a un peu perdu du sens. Pour résoudre ce problème, il y a des personnes qui décident de créer des fondations ou bien des associations caritatives. Comme ça elles peuvent utiliser leur argent pour une bonne cause, pour une bonne raison, pour essayer d’aider les autres. Et ça c’est quelque chose qui peut donner un sens à notre vie. [00:26:47] Mais ce qui est peut-être le plus dur pour les gagnants du loto, c’est que les autres considèrent qu’ils n’ont plus le droit d’avoir de problèmes, qu’ils n’ont plus le droit d’avoir de soucis. Quand on est riche, eh bien les autres pensent que tous nos problèmes ont disparu. Mais ce n’est pas toujours le cas. Vous savez que l’argent n’achète pas le bonheur, et que l’argent ne protège pas non plus des problèmes de santé par exemple. Donc pour toutes ces personnes la question principale ça va être : “comment donner un nouveau sens à notre vie, et comment profiter de cet argent d’une façon saine et raisonnable ?”. [00:27:49] Voilà, c’est la fin de ce podcast, merci de l’avoir écouté. K’espère que ça vous a fait un peu réfléchir. D’ailleurs justement, vous, que feriezvous si vous gagniez au loto ? Est-ce que vous feriez un grand voyage ? Est-ce que vous achèteriez de belles voitures ou une grande maison ? Dites moi, ça m’intéresse. J’aimerais bien savoir ce que vous feriez si vous gagniez au loto. Moi personnellement, je pense que je ferais le tour du monde. “Faire le tour du monde” ça veut dire visiter beaucoup de pays autour du monde, et ensuite j’ouvrirais un refuge pour animaux. J’adore les animaux et j’aimerais pouvoir utiliser cet argent afin de de les aider, afin de leur venir en aide. Je pense que c’est quelque chose qui me donnerait beaucoup de plaisir et qui me donnerait l’impression d’être utile. Mais rassurez-vous, même si un jour je gagne au loto, je continuerai à faire des podcasts pour vous aider à apprendre le français, car ça aussi ça me donne beaucoup de plaisir ! [00:29:22] Voilà, merci à tous de m’avoir écouté, merci d’avoir suivi ce nouveau podcast. J’espère que ça vous a plu. [00:29:33] La semaine prochaine, dans le prochain podcast, soyez au rendez-vous car je vous donnerais la recette pour créer un héros parfait. Un héros par exemple de cinéma ou un héros de roman. Donc si vous vous intéressez au cinéma, soyez au rendez-vous la semaine prochaine. Merci et à bientôt ! Episode:14 Salut à tous et bienvenue dans ce 14ème épisode du Cottongue Podcast ! [00:00:17] Pour commencer ce nouveau podcast, je voudrais saluer tout particulièrement les nouveaux auditeurs. Je vois qu’il y a beaucoup de nouvelles personnes qui ont commencé à écouter mon podcast et ça me fait très plaisir. [00:00:37] Souvent, les personnes qui écoutent mon podcast pour la première fois me demandent pourquoi je ne fais pas de grammaire. C’est vrai que, dans les autres podcasts pour apprendre le français, souvent la partie centrale c’est la grammaire. Par exemple, il y a des podcasts pour apprendre les différentes règles, pour savoir quelles erreurs il ne faut pas faire, ou comment conjuguer les verbes du premier groupe. [00:01:12] Comme tous ces podcasts existent déjà, moi je n’ai pas envie de faire la même chose. En plus, si vous avez écouté mon premier podcast, vous savez que pour moi la grammaire n’est pas le plus important quand on apprend une langue. Je pense que le plus important c’est surtout de prendre du plaisir. Parce que si on prend du plaisir en apprenant une langue, on va avoir envie de travailler régulièrement, et si on travaille régulièrement on va faire des progrès. [00:01:52] Donc moi ce que je vous propose avec ce podcast, c’est un nouveau sujet chaque semaine dont je vous parle pour essayer de vous intéresser. En tout cas c’est des sujets que moi je trouve intéressants et j’espère qu’ils vous donnent envie de comprendre la langue et d’utiliser le français le plus possible. [00:02:21] En tout cas si mon podcast vous plaît, n’hésitez pas à me laisser des commentaires sur iTunes parce que ça m’aide énormément. [00:02:40] Pour le podcast d’aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de cinéma. Mais je ne vais pas vous parler d’un un film particulier ou d’un réalisateur, je vais plutôt vous parler de la façon dont les scénaristes écrivent des histoires pour le cinéma. Est-ce que vous savez ce qu’ont en commun Luke Skywalker, Harry Potter et Aladin ? Vous connaissez sûrement ces trois personnages, ces trois héros, mais est-ce que vous savez quels sont leurs points communs ? Est-ce que vous savez ce qu’ils ont en commun ? Tous les trois sont les héros principaux d’un film, ou d’un dessin animé pour Aladdin (Aladdin c’est le héros d’un dessin animé de Disney). OK mais ça, ça n’est pas non plus le plus intéressant. Le plus intéressant, c’est qu’ils ont vécu une aventure assez similaire. Donc là vous vous dites : “mais Hugo, qu’est-ce que tu racontes ? Les aventures de Luke Skywalker, de Harry Potter et d’Aladin sont complètement différentes ! Elles n’ont rien à voir !” Peut-être que vous avez cette impression mais quand on regarde la structure de ces aventures, on voit au contraire qu’elles sont très similaires. Et c’est justement de ça que je vais vous parler aujourd’hui. Alors vous avez envie de connaître la recette magique pour écrire un bon scénario de cinéma ? Oui ? OK alors écoutez et je vais vous donner cette recette magique. [00:04:55] Est-ce que parfois, quand vous allez au cinéma, vous n’avez pas comme une impression de déjà-vu ? Vous savez c’est ce genre d’impression d’avoir déjà vécu une situation similaire, d’avoir déjà été dans cette situation. Parfois on a l’impression d’avoir déjà vu cette situation dans un rêve par exemple. Mais on est pas vraiment sûr. Et vous savez pourquoi vous avez cette impression quand vous allez au cinéma ? Eh bien parce que beaucoup de films utilisent une structure similaire. Ils ont une histoire qui ressemble à l’histoire d’autres films. Alors vous pouvez penser que les scénaristes sont paresseux. Au lieu d’écrire, au lieu d’inventer une nouvelle histoire, ils préfèrent copier l’histoire d’un autre scénariste. Comme ça, c’est moins fatiguant et ça demande moins de travail. Ou vous savez aussi que, pour les producteurs, c’est à dire les personnes qui financent les films, c’est moins risqué de faire la suite d’un film qui a eu beaucoup de succès, plutôt que de financer un tout nouveau film que les gens ne connaissent pas. Par exemple tout le monde adore Spider Man, donc pour un producteur c’est moins risqué de financer la suite de Spider Man, le 2, le 3, le 4 ou le 5, au lieu de créer un film avec un nouveau héros que le public ne connaît pas. Parce que, à ce moment-là, il y a le risque que le public n’aime pas ce nouveau héros. Et si ce nouveau héros n’est pas populaire, eh bien forcément le film ne va pas marcher. Alors les producteurs, pour prendre moins de risques, ils préfèrent utiliser des ingrédients qui fonctionnent déjà. [00:07:21] Justement, il y a un ingrédient qui fonctionne extrêmement bien pour faire des films à succès au cinéma, et cet ingrédient magique, c’est une structure très efficace qui a été théorisée par un anthropologue américain. Un anthropologue, c’est une personne qui étudie l’Homme, au niveau physique mais aussi au niveau culturel. Les anthropologues font la synthèse de toutes les sciences qui concernent l’Homme pour essayer d’avoir une vision globale de l’Homme. Donc cet anthropologue américain s’appelle Joseph Campbell. Et lui, il s’intéressait beaucoup à la mythologie et aux mythes. Les mythes, vous savez, ce sont des histoires très très anciennes qui se diffusent dans les civilisations, qui se propagent de génération en génération, et qu’on appelle aussi parfois des légendes. Ces histoires sont tellement vieilles que, souvent, on ne sait pas qui en est l’auteur, on ne sait pas qui a écrit où qui a raconté ce mythe, cette histoire, en premier. [00:08:54] Donc Joseph Campbell s’est intéressé aux mythes dans les différentes civilisations, partout dans le monde. Il a étudié les histoires que l’on raconte dans ces civilisations, et il a essayé de trouver des points communs entre elles. Et justement, avec ses recherches, il a réussi à identifier une structure qui est la même pour les mythes dans toutes ces civilisations. Tous ces mythes, que ce soit les mythes Grecs, les mythes romains, les mythes mayas, eh bien ils ont en commun un certain ordre, une certaine structure pour raconter l’histoire. Et Joseph Campbell a écrit un livre pour montrer, pour expliquer cette structure au grand public. [00:09:54] J’imagine que vous vous demandez quelle est la structure de cette histoire, quelles sont les différentes étapes que doit affronter le héros. Une étape, c’est comme un test, une chose que le héros doit faire pour tester son courage, pour tester sa bravoure, et ces épreuves, généralement, elles sont les mêmes dans toutes les histoires. C’est ça qui est très intéressant. Alors comme vous êtes curieux de connaître ces épreuves je vais vous les décrire. [00:10:42] La première épreuve, en fait ce n’est pas vraiment une épreuve, c’est plutôt la situation initiale. La situation initiale, c’est le héros qui vit dans un monde ordinaire. Mais à ce moment-là, il ne sait pas encore qu’il est un héros. Il pense être une personne comme les autres, voire même assez souvent une personne moins bonne que les autres. Souvent, le héros, avant de devenir un héros il est un peu marginalisé, c’est un “loser” (comme on dit en anglais). Vous pouvez penser par exemple à Harry Potter et, justement, avant de rejoindre l’école, il a une vie plutôt triste. Il est orphelin parce qu’il a perdu ses parents, dans un accident de voiture, et il vit dans la famille de sa tante qui est le déteste complètement, il n’a aucun ami, donc on peut dire que sa vie n’est pas vraiment idéale. C’est la même chose pour Luke Skywalker. Quand il est enfant, il grandit sur la planète de Tatooine, dans une famille plutôt pauvre, et même s’il a des bonnes capacités physiques, on ne pense pas à ce moment-là qu’il va devenir un héros. Quant à Aladdin, lui, il est simplement voleur et on dit dans le dessin animé de Disney que c’est un “moins que rien”. Un “moins que rien”, c’est une personne qui n’a aucune valeur, sa valeur c’est zéro ! Donc Aladin, avant de rencontrer le génie, il est loin d’être un héros. Ça c’est la première étape de tout histoire, c’est la base des différents mythes. Un personnage plutôt ordinaire dans un monde lui aussi ordinaire. [00:12:59] Mais ensuite, la deuxième étape, c’est un appel que reçoit le héros. Le héros reçoit un appel pour partir à l’aventure. Alors cet appel, il peut prendre différentes formes : ça peut être un coup de téléphone, ça peut être une lettre, ou ça peut être une personne qui vient le voir pour lui proposer de partir à l’aventure. [00:13:32] Généralement, au début, le héros refuse cette aventure. Ça c’est l’étape 3 de l’histoire, quand le héros refuse de partir à l’aventure. Il a différentes excuses pour refuser ça, mais en général il n’est tout simplement pas d’accord. Peut être qu’il a peur, peut-être qu’il pense ne pas être la bonne personne pour ces épreuves. En tout cas, sa réaction initiale, c’est tout simplement de dire “non”. “Non, désolé mais je ne vais pas partir à l’aventure.” Par exemple, Luke Skywalker, au départ, il n’a pas vraiment envie de suivre Obi Wan Kenobi. Il veut rester sur Tatooine, et il n’a pas envie de partir à l’aventure. [00:14:33] Mais, finalement, c’est la quatrième épreuve, il y a un mentor qui arrive à convaincre le héros. Un mentor, c’est une personne très importante qui a plus d’expérience que nous et qui va nous donner des conseils pour mieux vivre notre vie. Donc ce mentor, dans Harry Potter par exemple, c’est Hagrid. Dans Aladin, le mentor c’est le génie. Et dans Star Wars, évidemment le mentor c’est Obi Wan Kenobi. Ce mentor, il va discuter avec le héros et il va lui expliquer qu’il doit accepter cette aventure, que c’est son destin et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de partir à l’aventure. [00:15:40] Maintenant nous arrivons à la cinquième étape de l’histoire. Cette cinquième étape, c’est le héros qui accepte l’aventure. Et en acceptant l’aventure, il rejoint un monde extraordinaire, un monde qui est différent de celui dans lequel il vivait. C’est vraiment à ce moment-là que commence l’aventure. [00:16:11] Alors dans ce nouvel univers, les choses se compliquent pour le héros. Il a beaucoup de défis, de challenges, à relever pour prouver qu’il est bien à la hauteur de son destin. Il a différents défis comme affronter des méchants, aider des personnes, sauver des princesses etc. Tout un tas d’épreuves qui vont pouvoir lui donner l’occasion de prouver son courage, de prouver qu’il n’est pas une personne ordinaire, mais qu’il est vraiment un héros. Un très bon exemple de ça se trouve dans la mythologie grecque. Vous avez sûrement entendu parler d’Hercule. Hercule c’était un héros de la mythologie grecque qui était mi-humain mi-dieu. C’était le fils de Zeus et d’une humaine. Et Hercule, pour prouver qu’il était bien un héros, eh bien il a dû accomplir 12 travaux. Ces travaux étaient des épreuves qui ont permis de montrer la valeur d’Hercule, de prouver que Hercule était bien un héros. [00:17:39] La septième étape de l’histoire, c’est justement l’épreuve finale. Après toutes les difficultés qu’a dû affronter le héros, il se retrouve face à la dernière épreuve, l’épreuve finale, qui est généralement la plus difficile. Ça peut être un combat contre le grand méchant, ou ça peut être de sauver une princesse face a un dragon. Bref, cette étape est extrêmement difficile pour le héros et, à ce moment-là, il passe très près de la mort. Ça c’est la huitième étape, quand le héros est proche de la mort. Vous savez quand on regarde un film, c’est le moment le plus stressant parce qu’on a très envie que le héros réussisse mais le combat est tellement difficile que le héros est sur le point de perdre. [00:18:49] Mais heureusement, et ça c’est l’étape 9, le héros réussit cette dernière épreuve. Il gagne ce dernier combat et il prouve qu’il est bien un héros. [00:19:16] Après cette victoire, il peut rentrer dans son monde d’origine. Il y a toujours le retour dans le monde d’origine. Là aussi il y a un autre mythe, de la mythologie grecque, qui est celui d’Ulysse. Vous savez Ulysse c’est cet homme qui a dû faire un grand voyage en bateau et qui a perdu sa terre d’origine Ithaque. Alors pendant de très nombreuses années il voyage, il voyage, il a beaucoup d’épreuves, de défis à affronter, mais finalement, après tous ces challenges, il réussi à rentrer chez lui, il revient à Ithaque. Ça c’est donc un autre exemple qui illustre la théorie de Campbell. [00:20:12] À la fin, le héros est rentré dans son monde d’origine mais il y a des choses qui ont changé parce que lui est différent. Ce n’est plus le même homme (ou la même femme) qu’avant de partir. Maintenant c’est un héros. Il a des capacités extraordinaires et il n’est plus un humain comme les autres. C’est la même chose avec Harry Potter. Quand il rentre chez lui après avoir passé l’année à l’école de sorcellerie, il est de retour parmi les humains, dans la famille de sa tante, mais lui est différent. Il a des pouvoirs magiques, c’est un sorcier, donc ce n’est plus le même Harry Potter qu’avant son départ à l’école de sorcellerie. [00:21:11] Cette structure, elle forme donc un cercle. Il y a un point de départ, c’est le héros dans son monde ordinaire, ensuite il y a toutes les différentes étapes, puis le héros revient au point de départ. Mais évidemment, comme je l’ai dit, il est différent. [00:21:32] Quand on connaît cette structure, on peut analyser beaucoup, beaucoup de films, et on la retrouve justement dans tous ces films. Vous pouvez penser aux films dont j’ai déjà parlés : Star Wars, Harry Potter, Aladin, mais aussi Matrix, Le seigneur des anneaux, le Monde de Nemo, par exemple, ou le Roi Lion. C’est vrai que les studios Disney, ils adorent utiliser cette structure. D’ailleurs, il y a un écrivain américain qui est aussi scénariste, qui s’appelle Christopher Vogler, et lui il a justement publié un guide pour les scénaristes d’Hollywood et ce guide s’inspire de la structure de Campbell. Ce livre, qui a été écrit par Christopher Vogler, il est très populaire et il a beaucoup influencé les scénaristes d’Hollywood. C’est pour ça qu’on retrouve la formule un peu partout, dans beaucoup de films différents. [00:22:52] À votre avis, pourquoi cette structure est-elle tellement efficace ? Pourquoi est-ce que le public aime tellement ce genre d’histoires ? [00:22:03] À mon avis la première chose, c’est que dans ces histoires le spectateur peut s’identifier au héros. Comme le héros est une personne comme les autres, avec des problèmes, eh bien on peut se reconnaître dans lui, on peut se mettre dans sa peau. Ça, c’est une expression française “se mettre dans la peau de quelqu’un”, ça veut dire “se mettre à la place de quelqu’un”, “imaginer que nous sommes cette personne”. Donc quand on se met dans la peau du héros, eh bien le film devient encore plus intense parce qu’on a un peu l’impression que les événements qui arrivent au héros, il nous arrivent à nous, les spectateurs. [00:22:57] Ensuite la deuxième chose c’est que, grâce à ce héros, on comprend qu’on est capable de dépasser nos peurs. On comprend qu’il faut prendre des risques, parfois, et accepter l’appel à l’aventure. C’est normal d’avoir peur, tout le monde a peur (même les héros), mais ce qui fait la différence c’est quand on accepte de prendre des risques et quand on décide de combattre nos peurs. C’est comme ça qu’on peut devenir un héros. Mais, pour devenir ce héros, il faut beaucoup de courage et il faut faire des sacrifices. Ça c’est une idée qu’on aime bien également, parce que vous savez par exemple que le développement personnel, c’est une chose qui devient de plus en plus populaire. On a tous envie de devenir une meilleure version de nous-mêmes. Et justement, dans cette structure, dans cette histoire, le héros est une personne qui devient une meilleure version d’ellemême. Donc là encore, on aime bien s’identifier à ce genre de personnage. [00:25:14] La dernière chose, à mon avis, qui explique pourquoi ces histoires sont tellement populaires, c’est que la structure est très claire et qu’elle est facile à comprendre. Dans les films Disney pour les enfants, cette structure est utilisée car les enfants peuvent la comprendre très facilement. Et c’est la même chose pour les parents ! Comme c’est un cercle, comme cette histoire a la forme d’un cercle, avec un départ et une fin, eh bien on a l’impression d’avoir vécu une aventure complète. À la fin du film, il n’y a plus aucune question, on a répondu à toutes les questions, on sait exactement ce qui s’est passé et donc on est satisfaits, on est heureux d’avoir vu ce film et d’avoir vécu cette aventure. [00:26:27] Finalement tous ces ingrédients sont une garantie de succès pour les producteurs, car ils savent déjà que le public, que les spectateurs, aiment ce genre d’histoire. Mais il y a peut-être le risque que, à force d’utiliser cette structure dans tous les films, eh bien les spectateurs vont peut-être se lasser. “Se lasser de quelque chose”, ça signifie se fatiguer, ne plus aimer quelque chose. Par exemple si vous adorez les gâteaux chocolat et que vous en mangez tous les jours, eh bien peut-être qu’après quelques semaines, vous allez vous lasser du gâteau au chocolat. Ça veut dire que vous ne voudrez plus manger de gâteau au chocolat, car vous en aurez trop mangé avant. Donc c’est la même chose avec les films : à force de voir ces histoires encore et encore, peut-être que le public va en avoir assez. Mais d’un autre coté Joseph Campbell a prouvé que cette structure existe depuis des milliers d’années. Et, si elle est toujours efficace maintenant, ça signifie peut-être que cette structure plaira toujours au public, que le public, les spectateurs, ne vont jamais se lasser de cette structure. [00:28:11] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Maintenant, la prochaine fois que vous irez au cinéma, vous pourrez essayer d’identifier la structure, et peutêtre que vous reconnaîtrez la structure de Joseph Campbell. En tout cas, j’espère que ça vous a intéressé et que vous êtes toujours motivés pour apprendre le français. Même si vous êtes en vacances, il faut continuer à faire un peu de français tous les jours, car vous savez que la régularité, c’est la clé pour apprendre une langue. [00:28:51] Si vous voulez m’aider, et si vous aimez ce podcast, je vous invite à aller sur iTunes pour me laisser une évaluation. Écrivez un petit commentaire et donnez-moi des étoiles pour que mon podcast puisse aider encore plus de personnes. Donc voilà, si vous aimez ce podcast, allez sur iTunes et laissez-moi une petite évaluation. [00:29:26] Merci à tous de m’avoir écouté. On se retrouve la semaine prochaine et on parlera du système scolaire français, c’est à dire de l’école en France. Reposez-vous bien, profitez de vos vacances (si vous êtes en vacances) et à bientôt ! Episode: 15 Salut à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 15 ! [00:00:13] Bienvenue, je suis très content de vous accueillir pour ce nouveau podcast. Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien et que vous êtes en forme. J’espère que vous passez de bonnes vacances, si vous êtes en vacances, ou que votre semaine de travail n’est pas trop dure. [00:00:36] Pour commencer ce podcast, je voulais vous parler d’un message très sympa que j’ai reçu sur la fanpage Cottongue. Vous savez que j’ai créé une fanpage sur Facebook pour pouvoir partager avec vous des vidéos, des informations et des choses intéressantes. Et sur cette page évidemment vous pouvez aussi me contacter et m’envoyer des messages. Donc c’est ce qu’a décidé de faire Michael. Michael est canadien, il habite dans l’Ontario et j’ai envie de vous lire le message qu’il m’a envoyé. Donc écoutez, le message que jai reçu de Michael. [00:01:34] “Hey ! Je voulais t’envoyer un message pour te dire merci. Ton podcast m’a aidé à revenir au français. Je viens de l’Ontario, au Canada, dans un endroit où on parle surtout anglais. J’ai fait mon école primaire et secondaire en français, mais ça fait presque dix ans que je l’utilise de moins en moins. Je ne veux pas le perdre et ton podcast m’aide. J’aime le concept d’ignorer la grammaire et de simplement parler de quelque chose d’intéressant. Je suis totalement d’accord avec toi pour dire qu’il y a beaucoup de matériaux pour les débutants et les avancés, mais pas pour les intermédiaires. Merci encore. J’aimerais que tu parles plus du sujet des médias en France si possible. Michael“ [00:02:43] Merci Michael pour ce message. Évidemment je lui ai répondu, car je réponds à tous les messages que je reçois. Et vous voyez, Michael est d’accord pour dire que la grammaire c’est bien mais c’est peut-être plus intéressant de faire des choses un peu différentes. Justement vous savez que c’est l’objectif de ce podcast : vous proposer des choses intéressantes à écouter en français pour acquérir la langue de façon un peu plus naturelle .J’avais beaucoup parlé de ça dans le premier podcast, donc si vous ne l’avez pas écouté, vous pouvez le faire après celui-ci. [00:03:35] Je suis très content de pouvoir aider mes amis canadiens. J’aime beaucoup le Canada et le français qu’on parle au Québec. Je trouve que c’est vraiment une façon très jolie de parler Français. Ils utilisent quelques expressions un peu différentes et leur prononciation, leur accent, sont également différents. Et, certains Français trouvent que c’est drôle, mais moi personnellement je trouve que c’est très joli, c’est très beau, et j’adore regarder des films en québécois. Par exemple vous connaissez peut-être le réalisateur Xavier Dolan qui vient de Montréal, et justement j’adore ses films et je vous conseille aussi de les voir si vous n’en avez jamais vu. Comme ça, ça vous permettra d’entendre la langue québécoise et d’apprendre des expressions très sympas ! [00:04:48] “Niaise pas ! Il y a la fameuse expression “Niaise pas avec la puck” qui vient du hockey, avec la rondelle, avec le palais. Donc “niaise pas” c’est “va droit au but”. [00:04:58] Alors pour le podcast d’aujourd’hui, nous allons parler du système scolaire français. Mais je ne vais pas vous faire une description détaillée des différentes écoles, parce que je pense que ça pourrait être un peu ennuyeux. Donc, au lieu de faire ça, je vais plutôt vous parler de mon expérience personnelle. Comme ça, ça va vous permettre de vous faire une idée, d’imaginer, comment est la vie d’un élève dans le système français. Je pense que c’est très important de connaître le système éducatif d’un pays, parce que c’est à travers ce système qu’on transmet les valeurs et la façon de penser aux nouvelles générations. Donc si on veut bien connaître un pays et sa culture, c’est important de savoir quelles sont les choses qu’on étudie à l’école. Je vais vous parler des points que je trouve positifs personnellement mais aussi des choses qui sont plus négatives. Les avantages et les inconvénients du système. [00:06:28] OK, alors vous êtes prêts à revivre mes années d’école avec moi ? Aller, c’est parti, on retourne à l’école ! [00:06:45] Moi je viens d’une petite ville qui se trouve dans le centre de la France et qui s’appelle Châteauroux. C’est une ville qui compte environ 50 000 habitants et elle n’a rien de vraiment spécial, elle n’a rien de particulier. Je dirais que c’est une petite ville comme on en trouve beaucoup en France. [00:07:12] Quand j’avais trois ans j’ai commencé par aller à l’école maternelle. L’école maternelle c’est pour les enfants qui ont entre 3 et 6 ans, donc c’est une école qui dure trois ans. Elle n’est pas obligatoire, elle est facultative, mais en général la grande majorité des enfants vont dans cette école. Plus de 90 % des enfants vont à l’école maternelle. Qu’est-ce que j’ai appris à l’école maternelle ? Eh bien j’ai appris à vivre en communauté, dans une communauté différente de la famille. C’est-à-dire que l’école maternelle c’est qu’un endroit très important pour que les enfants apprennent à se sociabiliser, à vivre avec les autres. C’est là qu’on se fait ses premiers amis et peut être aussi ses premiers ennemis. [00:08:19] Je garde plutôt de bons souvenirs de l’école maternelle. Je pense que j’étais assez content d’y aller, je me suis fait plein de copains, et ensuite quand j’avais six ans je suis entré à l’école primaire. [00:08:37] L’école primaire, qu’on appelle aussi “école élémentaire”, elle dure 5 ans. Donc on a 6 ans quand on arrive à l’école primaire et quand on termine on a 11 ans. C’est dans cette école qu’on commence à apprendre les choses sérieuses. On apprend à lire, à écrire, à compter. On a des des initiations à la science, à l’Histoire, et on commence à faire des choses un peu plus plus concrètes, un peu plus sérieuses. Moi j’ai adoré l’école primaire parce que j’étais très content d’apprendre à lire. Pour moi c’était quelque chose de très important parce que ensuite je suis devenu un gros lecteur. Un gros lecteurs, vous avez compris, c’est quelqu’un qui adore lire. Donc moi quand j’étais petit j’adorais lire des livres le soir avant de m’endormir, et grâce à l’école primaire j’ai pu apprendre à lire. [00:09:57] Après ça je suis allé au collège. Donc faites attention, le collège en français- c’est l’école à laquelle vont les enfants entre 11 et 15 ans. Donc je sais qu’aux Etats-Unis, “College” c’est quelque chose de différent, c’est l’université, mais en France le collège ça n’a rien à voir, c’est l’école qui est avant le lycée. Donc les Français vont au collège quand ils ont 11 ans. Ça ne veut pas dire qu’ils sont plus intelligents que les Américains, mais simplement que le mot collège désigne autre chose en français qu’en anglais. [00:10:48] Le collège dans lequel je suis allé, c’était un collège qui était situé dans un quartier difficile, un quartier de banlieue. Quand on parle de “banlieue”, en France, ce sont les quartiers qui sont en général à l’extérieur des villes, dans la périphérie des villes, et où habitent les familles qui ont un peu moins d’argent, les familles plus modestes. Dans ce collège, j’ai commencé à voir la société de façon un peu différente. J’ai rencontré des personnes qui venait de milieux assez différents du mien. Et à ce momentlà, j’ai commencé à me rendre compte des inégalités. Par exemple j’avais des copains, au collège, qui partageaient leur chambre avec deux ou trois frères. Alors que moi, j’avais la chance d’avoir une chambre pour moi tout seul, chez mes parents. Donc c’est à ce moment-là que j’ai vu qu’on avait pas tous les mêmes chances, qu’on avait pas tous les mêmes conditions de vie. Et j’ai aussi compris que ces conditions de vie, eh bien elles jouent une grande influence sur notre succès, sur notre réussite à l’école. Forcément c’était plus facile pour moi de me concentrer et de faire mes devoirs dans ma chambre, tout seul, avec mon petit bureau, que pour mes amis qui devaient partager leur chambre avec leurs trois frères. Et, au collège, c’est aussi là que de la compétition commence. On évalue les élèves avec des notes qui vont de 0 à 20. Aux Etats-Unis et en Angleterre (il me semble), on évalue les élèves avec des lettres : A, B, C, C-, C+, etc. Mais en France, on évalue avec des notes qui vont de 0 à 20. Si vous avez 0, c’est la plus mauvaise note, et 20 c’est la note maximale. Pour avoir la moyenne, pour réussir un examen, il faut avoir 10, 10/20. [00:13:30] Au collège, il y a quatre années (comme je vous l’ai dit). La première année s’appelle la 6ème, ensuite on passe en 5ème, puis la 4ème et la 3ème. À la fin de la 3ème, il y a un premier examen assez important qui s’appelle le brevet. Et pour pouvoir finir le collège, il faut obtenir le brevet. [00:14:01] Après le collège, c’est là qu’on commence à faire une sélection entre les élèves. Tous les élèves n’ont pas les mêmes possibilités. En fonction des notes qu’on a obtenues au collège, on a différentes options qui s’offrent à nous. Les élèves qui avaient les résultats les plus mauvais, eh bien en général ils doivent faire une filière professionnelle, c’est à dire des études qui vont être très courtes, qui vont durer deux ans, pour leur apprendre un métier, une profession, plutôt technique en général. En France, l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans donc, après les 16 ans, les élèves, quand ils ont leur diplôme professionnel ils peuvent arrêter d’étudier et commencer à travailler. Ce genre de métiers, ils sont très importants mais malheureusement ils ont une image plutôt négative. On a l’impression qu’apprendre ces métiers c’est une forme de punition parce qu’on a pas eu de résultats suffisamment bons au collège. Les élèves ont parfois un peu honte de faire ce genre d’études professionnelles, et c’est plutôt difficile pour eux d’être motivés et de rester concentrés sur leurs études. [00:15:50] Pour les autres élèves, ceux qui ont eu de bons résultats au collège et à l’examen du brevet, eh bien on peut aller au lycée. Le lycée, on entre quand on a 15 ans et on finit à 18 ans. Donc si vous êtes bons en calcul, vous avez compris que le lycée dure 3 ans. Il y a différents types de lycées : le lycée général, le lycée technologique et le lycée professionnel. On a déjà un peu parlé de la filière professionnelle et le lycée général, c’est pour les élèves qui ont eu de bonnes notes. Au lycée général, la première classe s’appelle la 2nde. Quand on arrive au lycée on est en 2nde, puis il y a la 1ère et la terminale. [00:16:57] Moi, je suis allé dans un bon lycée qui était dans le centre de ma ville et là il y avait des élèves assez différents de ceux que j’avais fréquentés au collège. Donc pour moi encore une une fois c’était une façon de découvrir des personnes d’autres milieux et j’ai dû m’adapter à ce nouveau milieu. [00:17:25] Après la 2nde, on a le choix entre trois programmes : le programme scientifique qui met l’accent sur les mathématiques, la physique, la biologie, le programme économique et social -dans lequel on se concentre plutôt sur l’économie et les sciences humaines-, et enfin le dernier programme qui est le programme littéraire, pour évidemment la littérature et les langues étrangères. [00:18:04] Moi j’ai choisi le programme économique et social parce que justement je m’intéressais beaucoup à ces matières, et j’avais envie d’en savoir plus. J’ai beaucoup aimé le lycée aussi parce que c’est à ce momentlà qu’on essaye de donner un esprit critique aux élèves. En France, c’est quelque chose de très important d’être capable d’argumenter, de présenter sa pensée d’une façon bien organisée. Donc au lycée, on apprend par exemple à écrire des dissertations, c’est à dire qu’il y a dans les cours de philosophie, par exemple, un sujet et on doit répondre à ce sujet (qui généralement est une question) en plusieurs parties. Et ce qui est très important dans cet exercice, c’est la structure. Il faut toujours avoir le pour et le contre, le point de vue en faveur d’une théorie et le point de vue contre cette théorie. Au lycée, on insiste pour que les élèves apprennent à nuancer leur esprit. Il n’y a pas le bien et le mal, le bon et le mauvais, mais il y a une réalité qui est complexe et qu’il faut analyser pour mieux la comprendre. Donc ça ce sont des compétences et des idées qu’on transmet aux élèves quand ils sont au lycée. Et personnellement, je trouve que c’est vraiment à un grand avantage du système scolaire français : cet esprit critique qu’on transmet aux élèves. [00:20:01] À la fin de la dernière année de lycée, il y a l’examen qui est le plus important pour les élèves qui s’appelle le baccalauréat. Bon comme “baccalauréat” c’est un peu long, on utilise le mot “bac”. Donc en terminale, à la fin du lycée, les élèves passent le bac et il faut réussir ce bac pour pouvoir continuer les études supérieures. Donc attention ça en français c’est un peu différent : quand on dit “passer un examen” ça signifie “essayer cet examen”, mais ensuite on peut réussir l’examen ou le rater. Donc quand on dit en français “j’ai passé un examen”, ça veut dire qu’on a essayé cet examen, mais ça ne veut pas dire qu’on l’a réussi. Faites attention à cette petite différence, car ça n’est pas comme en anglais par exemple. [00:21:11] Quand les élèves ont réussi le bac, ils peuvent commencer leurs études supérieures. Ils peuvent aller à l’université -et la majorité des élèves décident de le faire- pour apprendre différentes choses (ça peut être la littérature, le droit, la médecine) et on peut obtenir un diplôme en trois ans qui s’ appelle la Licence ou un autre diplôme en cinquante qui s’appelle le Master. Et si on veut faire de la recherche ou de l’enseignement, ça veut dire si on veut devenir professeur à l’université, on peut faire un doctorat. Mais pour le doctorat il faut être très motivé car ça dure 8 ans. Il faut 8 ans d’études pour obtenir le doctorat. [00:22:09] Moi, personnellement j’ai choisi quelque chose d’un peu différent car je suis allé en prépa. La prépa, qui s’appelle aussi “classe préparatoire”, c’est une spécificité française, ça n’existe qu’en France. La classe prépa, ça se trouve dans les lycées et pendant deux ans on prépare les concours aux grandes écoles. Les grandes écoles, ce sont les écoles les plus prestigieuses en France, par exemple les écoles d’ingénieurs, de commerce, ou sciences politiques. Vous avez peut-être entendu parler de Polytechnique (qui est une école d’ingénieur) ou alors d’HEC (qui est une école de commerce), donc ces écoles sont appelées en France les “grandes écoles”, et ce sont les études les plus sélectives et les plus difficiles en général à intégrer. Donc pour entrer dans ces grandes écoles, il faut se préparer à un examen et on se prépare à cet examen dans les classes préparatoires. C’était pour moi deux années très intéressantes mais aussi très intenses. On a environ 30 heures de cours par semaine, mais on a aussi deux examens oraux chaque semaine et un examen écrit de 4 heures tous les vendredi ou tous les samedi. Donc la classe prépa, ça a la réputation d’être très difficile et il faut être vraiment motivé pour passer deux années à étudier de façon aussi intense. [00:24:07] À fin de ces deux années de prépa, on passe les concours -c’està-dire les examens d’entrée- pour rejoindre les grandes écoles. Il n’y a pas de place pour tout le monde évidemment, donc ce sont les meilleurs étudiants qui peuvent intégrer les meilleures écoles. Ce système des grandes écoles, il est très critiqué en France parce qu’il favorise les inégalités. Comme c’est très difficile de rentrer dans les grandes écoles, souvent la grande majorité des étudiants qui vont dans ces écoles, ce sont des étudiants qui viennent de familles assez aisées. Ça signifie des familles qui ont pas mal d’argent. Ces familles, elles savent que c’est très important d’aller dans les grandes écoles pour obtenir un bon diplôme et ensuite un bon travail. [00:25:11] En plus, ces grandes écoles sont privées et elles sont assez chères. Donc les étudiants, si leurs parents ne peuvent pas leur payer cette école, ils doivent demander un crédit à la banque pour pouvoir financer leurs études. Donc ce n’est pas facile pour tous les étudiants de payer leur grande école. [00:25:37] Mais en réalité, il y a seulement 5 % des étudiants qui vont dans ces grandes écoles, donc c’est vraiment très peu. Moi après la prépa, je suis entré dans une école de commerce, une école de business, à Paris et j’ai fait trois années d’études dans cette école pour obtenir un Master. [00:26:03] Et c’est comme ça que j’ai terminé mes études, ma scolarité en France, avec un Master. [00:26:18] En conclusion, on peut dire que le système scolaire français, c’est un système qui transmet de bonnes valeurs aux élèves (je vous ai parlé de l’esprit critique par exemple) mais qui malheureusement est très inégalitaire. Il y a souvent des études pour comparer les systèmes scolaires dans le monde, la plus célèbre s’appelle PISA, et dans la dernière étude PISA, la France est considérée comme le pays le plus inégalitaire pour les études. Ça veut donc dire que pour les élèves qui viennent de familles plus modestes, c’est assez difficile de réussir à l’école en France. Et finalement, ils ont moins de chances d’obtenir un bon diplôme. [00:27:14] Une dernière précision qui concerne la langue : faites attention parce que quand on dit en français que quelqu’un est “bien éduqué”, ça veut dire qu’il a reçu une bonne éducation de ses parents, pas de l’école ! Ça veut dire qu’il est poli et qu’il a de bonnes manières. Si on veut dire qu’une personne a fait de bonnes études, on peut dire qu’elle a un bon diplôme. On ne dit pas “il est bien éduqué” mais “il a un bon diplôme” ou alors “il a fait de bonnes études”. [00:27:55] Voilà maintenant vous en savez plus sur le système scolaire français. J’espère que ça vous a plu de revivre mes années d’école avec moi. Si vous avez des questions, des choses que vous n’avez comprises, ou si vous voulez que je parle un peu plus d’un sujet, que je développe un sujet, n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou à m’envoyer un email à l’adresse hugo@innerfrench.com. [00:28:37] C’est tout pour aujourd’hui. Comme d’habitude, je je vous invite à regarder la transcription sur mon site si vous n’avez pas tout compris, et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau podcast. Merci à tous et à bientôt ! Episode 16: 16 Prendre l’habitude de faire du français Salut à tous ! Bienvenue dans ce 16ème épisode du Cottongue Podcast. [00:00:13] Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien. Moi je suis très content de vous retrouver pour ce nouveau podcast. J’espère que vous êtes bien installés, que vous êtes installés confortablement pour m’écouter ou peut-être que vous écoutez ce pocdcast en faisant la cuisine, en faisant du sport ou bien en vous promenant. Moi en tout cas, quand j’écoute des podcasts pour apprendre le polonais (parce que j’apprends le polonais), j’aime bien faire autre chose en même temps. Par exemple, quand je cuisine j’écoute souvent un podcast, comme ça je peux faire deux choses à la fois. [00:01:06] Quand j’étais en France, il y a quelques semaines, j’ai lu un livre assez intéressant et j’ai décidé de faire un podcast sur ce livre pour vous en parler. C’est un livre d’un auteur américain, et le sujet de ce livre c’est le pouvoir des habitudes. Donc c’est un livre assez populaire, peut-être que vous l’avez déjà lu, mais aujourd’hui on va parler de ce livre avec son application pour apprendre une langue, et en particulier pour apprendre le français. [00:01:55] Pour apprendre une langue, certaines personnes pensent qu’il existe une recette magique, une chose qui fonctionne pour tout le monde, et que si on achète une méthode on peut apprendre une langue très rapidement. Moi, malheureusement je ne crois pas à ça, et je pense que le plus important pour apprendre une langue c’est la régularité. Par exemple, vous avez déjà peut-être vu des vidéos de polyglottes, ou bien peut-être que vous avez lu leur blog, ils sont très populaires sur internet, eh bien ces polyglottes on pense qu’ils ont un talent extraordinaire pour apprendre les langues. Alors d’un côté c’est vrai, ce sont des personnes très talentueuses, peut-être que ce n’est pas possible pour tout le monde d’apprendre une dizaine de langues, mais à mon avis le vrai secret de ces polyglottes, c’est qu’ils utilisent ces langues quotidiennement, tous les jours. Ce sont des personnes dont les langues sont souvent le métier. Par exemple ils sont traducteurs, interprètes, professeurs, en tout cas ils passent leur journée à penser au langage et à utiliser les différentes langues étrangères qu’ils connaissent. [00:03:39] Vous avez peut-être aussi entendu parler de la règle des 10 000 heures. Cette règle dit que pour devenir un expert, un spécialiste dans un domaine particulier, eh bien il faut passer 10 000 heures à s’entraîner. Si vous voulez devenir un pianiste célèbre, vous devez vous entraîner à jouer du piano pendant 10 000 heures. Alors c’est un peu difficile de se représenter à quoi ça correspond cette durée de 10 000 heures. Pour vous donner une idée, si vous jouez du piano chaque jour pendant une heure, eh bien il vous faudra 27 ans pour passer 10 000 heures. Quand on le dit comme ça, c’est un peu décourageant, mais peut-être que vous n’avez pas envie de devenir un expert. Peut-être que votre objectif pour le français, c’est simplement d’être capable de comprendre les films français et de pouvoir communiquer avec des francophones. [00:05:03] En plus, ce chiffre de 10 000 heures, il a été beaucoup critiqué. Certains experts ne sont pas d’accord avec cette conclusion, avec ce chiffre. Il y a des personnes qui passent beaucoup plus de temps pour devenir très bonnes dans leur discipline, et d’autres personnes pour lesquelles ça prend moins de temps. [00:05:31] Mais en tout cas, ce qui est important à mon avis, c’est que pour pouvoir maîtriser quelque chose, il faut y passer beaucoup de temps, et si vous voulez passer beaucoup de temps à faire quelque chose, la clé de la réussite, le plus important, c’est : la régularité. La régularité, c’est la seule façon de progresser. [00:05:59] Si vous faites du sport ou si vous jouez d’un instrument de musique, vous savez que la régularité c’est le plus important mais malheureusement c’est aussi le plus difficile. Alors comment faire pour qu’une pratique devienne régulière ? [00:06:20] Eh bien il faut tout simplement que cette pratique devienne une habitude. C’est facile à dire mais c’est assez difficile à faire ! Donc pour vous aider, aujourd’hui je vais vous parler de ce livre que j’ai lu qui a été écrit par Charles Duhigg. Je vais je vais vous parler de ses conclusions, et dans la deuxième partie de ce podcast je vous donnerai des conseils pratiques pour transformer le français en une habitude. [00:07:02] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:07:16] Dans notre vie quotidienne, il y a beaucoup de choses que nous faisons sans y penser. Par exemple le matin, peut-être que la première chose que vous faites, c’est de boire un verre d’eau ou alors de vous faire un café ou bien d’aller dans la salle de bain. En général, vous faites ça sans y penser, parce que vous avez fait ces choses tellement de fois que vous êtes programmés pour les faire. Vous ne vous demandez pas chaque matin si vous devriez d’abord boire un café ou prendre une douche. Quand vous vous réveillez, vous avez déjà, vous savez automatiquement ce que vous allez faire. Vous faites ce que vous avez l’habitude de faire. C’est un peu comme le pilote automatique d’un avion. [00:08:20] Ces habitudes ne concernent pas seulement votre routine matinale, mais tout votre vie. Quand vous allez au travail, quand vous déjeunez, quand vous rentrez à la maison le soir, vous êtes guidés par vos habitudes. [00:08:42] Toutes ces habitudes, elles sont très pratiques parce qu’elles rendent notre vie plus facile. Pourquoi ? Eh bien parce que notre cerveau est paresseux. Notre cerveau n’a pas envie de faire trop d’efforts, il n’a pas envie de penser ni de réfléchir, donc quand le pilote automatique peut prendre le relais, eh bien notre cerveau est très content. À ce moment-là, le cerveau peut se reposer et laisser le pilote automatique prendre le relais. Dans son livre, Charles Duhigg a étudié un patient dont le cerveau était endommagé après un accident. Ce patient n’avait plus de mémoire, en fait il était incapable de se rappeler de quelque chose pour plus d’une minute. Quand on lui disait quelque chose, eh bien après quelques minutes il avait déjà tout oublié. Mais malgré ça, le patient était toujours capable d’apprendre de nouvelles habitudes et de les répéter inconsciemment, sans y penser. En fait, la partie de notre cerveau dans laquelle sont enregistrées les habitudes n’avait pas été endommagée. Et cette partie, elle est inconsciente mais elle guide nos actions. Il y a certaines habitudes qui sont centrales et qui peuvent influencer toute notre vie. Ce sont des habitudes très importantes. Par exemple, faire du sport. Quand on fait du sport, ensuite on a tendance à manger sainement, à mieux dormir, à boire moins d’alcool, à arrêter de fumer, etc. Cette habitude de faire du sport a des conséquences sur l’ensemble de notre vie. Donc c’est ça qu’on peut appeler des “habitudes centrales” : ce sont des habitudes qui peuvent changer radicalement la vie d’une personne. [00:11:19] Mais pourtant beaucoup de personne qui essayent de prendre ces bonnes habitudes n’y arrivent pas. Vous connaissez sûrement les bonnes résolutions, ce sont les bonnes décisions qu’on prend au début d’une année (par exemple faire du sport au arrêter de fumer) et vous savez aussi que c’est très difficile de les tenir. Souvent quand une nouvelle année commence on a plein de bonnes idées, de bonnes décisions, qu’on veut prendre; mais après quelques semaines nous n’arrivons pas à les tenir. On change d’avis ou on abandonne. Moi, je vais à la salle de sport régulièrement et au mois de janvier il y a toujours beaucoup de nouveaux inscrits mais, après quelques semaines, tous ces nouveaux inscrits disparaissent. [00:12:23] Donc comment faire pour prendre ces bonnes résolutions ? Souvent, on pense que c’est simplement une question de volonté. Si on veut arrêter de fumer, il suffit de le vouloir. Il existe beaucoup de méthode pour arrêter de fumer : des médicament, des thérapies, on peut essayer l’hypnose également, mais si on n’a pas vraiment envie d’arrêter, toutes ces méthodes vont être inefficaces. Mais la volonté n’explique pas tout. Il faut comprendre comment les habitudes fonctionnent. C’est facile de dire à une personne que si elle ne réussit pas c’est parce qu’elle n’a pas assez de volonté. Mais en réalité c’est un peu plus complexe que ça. [00:13:30] Alors, comment fonctionne une habitude ? Pour comprendre ça, il faut diviser l’habitude en trois parties. [00:13:41] La première partie, c’est le signal. Le signal, ça signifie : la chose qui déclenche cette habitude, la chose qui commence cette habitude. [00:13:56] Ensuite, la deuxième partie s’appelle la routine. Concrètement ce sont les choses que vous faites quand vous voyez ce signal, la façon dont vous réagissez. [00:14:11] Et enfin, la troisième partie c’est la récompense, autrement dit ce que cette habitude vous donne, ce que vous recevez après la routine. [00:14:26] Je vais prendre un exemple pour illustrer ça, pour que ce soit plus facile pour vous de comprendre. Chaque après-midi, vous êtes au travail et vous faites une pause pour vous acheter un gâteau. À cause de cette mauvaise habitude, vous avez pris quelques kilos en trop et vous voulez perdre cette mauvaise habitude pour perdre vos kilos en trop. pour faire ça, il faut identifier précisément les trois étapes de votre habitude. [00:15:08] La première question c’est : quel est le signal de cette habitude ? Est-ce que ce signal c’est l’heure ? Est-ce que quand vous faites une pause, c’est toujours à la même ? Ou bien est-ce que ce signal, c’est la faim ? Estce que vous faites une pause parce que vous avez faim ? Ou bien, peut être que c’est l’ennui. Vous vous ennuyez alors vous décidez de faire une pause. Il faut donc tester pour savoir précisément quel est le signal qui déclenche cette habitude. [00:15:51] Ensuite il y a la routine. La routine c’est assez clair, c’est assez facile à voir ici : la routine, c’est d’acheter un gâteau et de le manger. [00:16:06] Et enfin, il y a la récompense. La récompense, c’est peut-être le plaisir du goût, le plaisir de manger ce gâteau et le sucre qui va dans votre sang. Ou peut-être que le plaisir c’est plutôt de faire une pause. Vous êtes contents de pouvoir arrêter votre travail pour quelques minutes. Mais la récompense, peut-être que c’est le sourire de la caissière. Peut-être que vous aimez la personne qui travaille dans le magasin où vous achetez le gâteau et vous avez envie de la voir. [00:16:56] Le problème dans cette habitude, ce n’est pas la récompense. Le problème, c’est la routine. Et Justement à votre avis, qu’est-ce qu’on peut changer dans une habitude ? Est-ce qu’on peut changer le signal ? Pas vraiment, en fait, parce que vous n’avez pas d’influence sur le signal. Par contre, vous avez une influence sur la routine, sur votre réaction à ce signal. Et justement, c’est ça qu’il faut changer dans une habitude. Il faut changer la routine. Il faut reprogrammer son cerveau pour réagir différemment quand on aperçoit ce signal. Si vous faites ça, la récompense pourra, elle aussi, changer. [00:17:59] OK, donc là vous pensez sûrement que encore une fois c’est facile à dire mais c’est difficile à faire. Comment faire pour changer cette routine, pour créer une nouvelle habitude ? Une fois que vous avez fait différents tests pour savoir quel est le signal qui déclenche cette habitude, vous pouvez adopter une nouvelle routine en réponse à ce signal. [00:18:33] Par exemple, si le signal c’est l’ennui, que chaque après-midi au travail vers 16h vous vous ennuyez, eh bien trouvez quelque chose à faire pendant quelques minutes pour vous changer les idées. Ça peut-être d’aller parler à un collègue, ou de faire une petite promenade pendant quelques minutes et de revenir à votre bureau. Si vous faites ça pour vous distraire quelques minutes, vous n’aurez plus besoin de manger de gâteau et vous pourrez perdre vos kilos en trop. [00:19:20] Si le signal est la faim, que chaque après-midi vers 16 heures vous avez faim, eh bien prenez un fruit le matin que vous pourrez manger dans l’après-midi. [00:19:37] Ça c’est donc la méthode pour reprogrammer son cerveau, pour changer une mauvaise habitude. Mais ce qui vous intéresse, à mon avis, c’est comment prendre une bonne habitude, et en particulier comment transformer votre pratique du français en une habitude quotidienne. C’est de ça que je vais vous parler maintenant : comment adopter l’habitude de faire un peu de français chaque jour ? [00:20:20] Pour ça, on va reprendre la structure d’une habitude. Maintenant, vous savez que la première partie d’une habitude, c’est le signal. Donc il faut que vous trouviez votre propre signal. Ça peut être par exemple l’heure. Vous pouvez décider que chaque jour, à 7h du matin par exemple, vous allez faire 30 minutes de français. Et une bonne idée pour avoir ce signal, c’est de mettre une alarme sur son téléphone, tout simplement. Ou le signal, ça peutêtre dès que vous êtes dans le bus ou dans le métro. Dès que vous êtes dans le bus ou le métro, eh bien vous allez écouter un podcast (par exemple le mien) ou lire un article en français. Ça peut être aussi quand vous conduisez. Mais là, la seule solution c’est d’écouter quelque chose. Il ne faut pas lire quand nous sommes au volant ! Le signal, ça peut aussi être quand vous faites la cuisine ou quand vous allez à la salle de sport. [00:21:50] Ensuite, il faut adopter une routine que l’on va appliquer à chaque fois qu’on verra ce signal. Cette routine, elle doit être un peu comme un petit programme. Si on se pose des questions sur ce qu’on va faire, eh bien on va perdre du temps et ça ne va pas être productif. Si dans vous vous préparez à faire du français à 7h vous ne savez pas par quoi commencer, vous allez sûrement perdre du temps à chercher un article ou à chercher une vidéo à regarder, et vous allez sûrement finir par procrastiner. Et si on fait ça, il y a de grandes chances qu’on abandonne cette habitude. Un exemple de routine, ça peut-être de commencer par relire son vocabulaire. J’imagine que vous avez à un cahier dans lequel vous écrivez votre vocabulaire, eh bien vous pouvez commencer votre routine par relire votre vocabulaire pendant 5 ou 10 minutes. C’est un peu comme quand on fait du sport : on commence par s’échauffer pour préparer nos muscles. Ensuite, la deuxième partie de votre routine peut être de lire un article ou de regarder une vidéo pendant 20 minutes. Pour faire ça, une bonne idée c’est de préparer cet article où cette vidéo la veille. “La veille” ça veut dire “le jour d’avant”. Comme ça, vous n’allez pas perdre de temps le lendemain à chercher quelque chose. Vous saurez déjà la chose que vous devez faire. Par exemple si vous avez choisi un article, vous savez que vous devez lire cet article. Ou bien chaque dimanche vous pouvez préparer un programme pour toute la semaine. Vous pouvez dire : “le lundi je vais écouter ce podcast, le mardi je vais lire cet article, ensuite mercredi je vais faire quelques exercices de grammaire” etc. etc. Si vous avez déjà votre programme qui est préparé à l’avance, ça sera plus facile d’adopter et de suivre votre routine. [00:24:44] Ensuite, il y a évidemment la récompense. Alors ça la récompense, ça dépend vraiment de vous. Ça peut être un petit chocolat, par exemple. Mais il faut faire attention à ne pas devenir accro ! Ou alors, si vous avez à un programme, vous pouvez mesurer votre progression, et cette progression eh bien c’est votre récompense. Vous allez voir que de semaine en semaine, vous connaissez plus de mots, vous pouvez comprendre des choses plus difficiles, et ça ça va être votre récompense. Vous pouvez aussi vous féliciter, vous pouvez dire : “Bravo ! Aujourd’hui, j’ai appris 10 nouveaux mots”. Personnellement ma récompense après avoir fait du polonais, c’est de regarder une vidéo sur YouTube. Une vidéo pour me détendre qui n’est peut-être pas très intelligente mais qui est une petite récompense après avoir fait un effort. Mais vous savez que si votre routine est déjà un plaisir en ellemême, si vous prenez du plaisir à faire votre routine, elle sera aussi votre récompense. Donc vous n’aurez pas besoin de manger un chocolat pour vous récompenser. [00:26:22] Cette habitude, elle ne doit pas être une corvée. Une corvée, c’est une chose qu’on est obligé de faire mais qui n’est pas très agréable. Par exemple : faire le ménage dans votre maison, ou faire la vaisselle après manger, ce sont des corvées, des corvées domestiques. Cette habitude de faire du français, elle ne doit pas être une corvée. Elle doit être une chose qui fait partie de votre vie et qui vous donne du plaisir. N’oubliez pas pourquoi vous apprenez cette langue est présentez-le de façon positive. Par exemple si vous apprenez le français pour passer un entretien d’embauche, dites plutôt : “j’apprends le français pour progresser dans ma carrière, pour obtenir un meilleur poste”. Vous voyez, ça c’est une façon plus positive de présenter nos objectifs. [00:27:32] Cette habitude de faire du français quotidiennement, elle peut devenir une habitude centrale. Pourquoi ? Eh bien, parce que si vous avez un contact quotidien avec la langue, ça va vous permettre d’améliorer rapidement votre compréhension, et surtout de penser en français. Et ça, ça va vous donner envie de faire de plus en plus de français. Jusqu’au jour où vous ferez du français sans même vous en rendre compte. Vous ferez du français de manière inconsciente. Par exemple, si vous prenez l’habitude de lire les informations en français, peut-être qu’un jour vous ne vous apercevrez plus que ce que vous lisez est en français. Parce que ça sera devenu quelque chose de complètement naturel pour vous. [00:28:37] Il est aussi important à mon avis de ne pas oublier de changer la routine de temps en temps, parce que si on garde la même routine pendant des mois et des mois, il est probable qu’on finisse par s’ennuyer. On peut avoir l’impression de tourner en rond. “Tourner en rond”, c’est une expression pour dire qu’on ne progresse pas, on reste sur place, on tourne en rond. Une bonne façon de casser un peu cette routine, c’est par exemple d’avoir des challenges. Comme ça c’est une source de motivation pour sortir un peu de votre routine habituelle. [00:29:39] Pour conclure, si vous appliquez ces règles, le français va finir par faire partie de votre vie. Et, une fois que vous aurez atteint un niveau suffisant pour vous, vous pourrez simplement le maintenir en faisant des choses que vous aimez, par exemple en regardant des films, en écoutant la radio, ou en lisant des articles régulièrement. [00:30:17] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup de m’avoir écouté. J’espère que ces quelques conseils vont vous aider à pratiquer le français régulièrement. Peut-être que vous le faites déjà, et dans ce cas je vous félicite : félicitations ! Et si ça n’est pas le cas, essayez d’appliquer quelques conseils pour que le français deviennent une chose quotidienne. J’insiste sur ça parce que je pense que c’est vraiment la clé de la réussite. Si on veut réussir, il faut de la régularité, c’est-à-dire avoir une habitude. [00:31:06] Dans le podcast de la semaine prochaine, on parlera de cinéma et en particulier d’un jeune réalisateur qui commence à avoir beaucoup de succès et qui est canadien. Peut-être que vous savez déjà de qui je parle, mais sinon je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir ce jeune réalisateur très talentueux. [00:31:37] Merci pour votre attention et à bientôt ! 17 - Xavier Dolan, réalisateur prodige ? Bonjour à tous, c’est Hugo et vous écoutez le Cottongue Podcast épisode 17. [00:00:13] Bienvenue à tous pour ce nouvel épisode. J’espère que vous profitez bien des dernières semaines de l’été, si c’est l’été chez vous, et peutêtre aussi de vos dernières semaines de vacances. Peut-être que vous écoutez ce podcast à la plage et si c’est le cas faites attention aux coups de soleil. Un “coup de soleil”, c’est quand on passe trop de temps au soleil et que notre peau commence à brûler et à devenir toute rouge. Donc si vous êtes à la plage en train d’écouter mon podcast, n’oubliez pas de mettre de la crème solaire ! [00:01:00] Bon, aujourd’hui on ne va pas parler de plage et de mer, mais plutôt de cinéma et en particulier d’un jeune réalisateur très talentueux. Et justement, j’avais envie de commencer ce podcast avec une citation. Une citation, c’est quand on rapporte une chose que quelqu’un d’autre a dite. Par exemple, si le président fait un discours, ensuite les journalistes peuvent faire des citations de ce discours. Ou alors, s’il y a un livre que vous aimez et en particulier un passage de ce livre, eh bien vous pouvez citer ce passage et à ce moment-là vous faites une citation. [00:02:00] Donc, moi, la citation que je voulais partager avec vous aujourd’hui, elle vient d’une pièce de théâtre qui a été écrite au XVIIe siècle par un dramaturge français qui s’appelle Pierre Corneille. Et cette citation elle dit : “la valeur n’attend pas le nombre des années”. Est-ce que vous comprenez ce que ça veut dire “la valeur n’attend pas le nombre des années” ? En fait, ça signifie que le talent ne dépend pas de l’âge. On peut être très talentueux même quand on est très jeune. Et au contraire, même si on a aucun talent, le temps ne changera rien à ça. Vous pouvez toujours vous entraîner et pratiquer, mais si vous n’avez pas de talent pour quelque chose, il y a peu de chance que ce talent vienne avec l’âge. [00:03:13] Donc celui dont on va parler aujourd’hui, c’est justement un jeune homme qui a beaucoup de talent, et en particulier beaucoup de talent pour réaliser des films. Il est réalisateur, producteur et acteur, et il vient du Canada, plus précisément de Montréal. Il est tellement talentueux qu’il a réalisé son premier film quand il avait seulement 19 ans, et ça c’est quelque chose d’assez exceptionnel. Ça n’est pas quelque chose que l’on peut voir tous les jours, un réalisateur de 19 ans ! [00:04:03] Aujourd’hui, il est un peu plus âgé parce qu’il a 28 ans, donc ça fera bientôt 10 ans que ce réalisateur a commencé à faire des films. En l’espace de cette courte carrière, il a déjà gagné beaucoup de récompenses, notamment au Festival de Cannes. D’ailleurs, il est très populaire en France et aussi au Canada, dans son pays d’origine. [00:04:35] Peut-être que vous avez deviné de qui je parle. Peut-être même que vous avez déjà vu certains de ses films. Il s’agit de Xavier Dolan. Donc aujourd’hui je vais vous parler de la carrière et de la personnalité de Xavier Dolan et bien évidemment de ses films. Si vous n’en avez jamais vu, j’espère que ça va vous donner envie d’en regarder quelques uns. [00:05:05] Ok, vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:05:17] Xavier Dolan est né le 20 mars 1989 à Montréal au Québec. Donc lui et moi nous sommes de la même année, parce que moi aussi je suis né en 1989. Autrement dit, Xavier Dolan et moi nous avons le même âge. Mais malheureusement je n’ai pas fait la même carrière que lui. Le père de Xavier était d’origine égyptienne et il a émigré au Canada quand il était jeune. Ensuite son père est devenu un comédien et chanteur assez populaire au Québec. Vous savez peut-être que le Québec c’est une région du Canada. Une région d’ailleurs dans laquelle la langue officielle est le français. Comme son père faisait déjà partie du show-business, très jeune Xavier Dolan a commencé à faire des publicités à la télévision. Les publicités, ce sont des annonces qui sont faites par les entreprises pour vendre des produits ou des services. Donc on peut voir des publicités à la télévision, au cinéma, on peut en entendre à la radio et on en reçoit tous les jours dans nos boites mails sur Internet. Donc quand il avait 4 ans, Xavier Dolan a fait ses débuts à la télévision en tant qu’acteur dans des publicités pour des pharmacies. Ensuite, après ses premières publicités, il a commencé a joué dans des films Québécois quand il était encore enfant. [00:07:18] Quand il avait 8 ans, le jeune Xavier Dolan a envoyé une lettre à son acteur préféré, un acteur américain que vous connaissez sûrement et qui s’appelle Leonardo Dicaprio. Donc c’est assez drôle parce que récemment un magazine français a retrouvé cette lettre et il l’ont publié, donc je vais vous la lire pour que vous vous fassiez une idée du caractère du jeune Xavier Dolan. [00:07:54] “Bonjour Leonardo, Je m’appelle Xavier Dolan. Je vais à l’école, j’adore l’école. J’ai 8 ans. Le 20 mars j’aurai 9 ans. Je suis un de vos fans. J’ai vu Titanic 5 fois. Vous jouez très bien. Vous êtes un grand acteur et je vous admire. Moi aussi je suis acteur. J’ai tourné dans quelques pubs pour une chaîne de magasins pharmaceutiques très connue et j’ai eu de bons rôles dans 4 films en français. J’aimerais pouvoir jouer dans un de vos films un jour. Je sais qu’un jour vous viendrez à Montréal. Montréal est un lieu de tournage très populaire. L’année dernière, 100 films américains ont été tournés ici. J’essaierai de vous rencontrer à cette occasion. Quand vous viendrez à Montréal tourner un film, soyez sûr que je viendrai passer des auditions au cas où vous avez besoin d’un jeune garçon dans le casting.” [00:09:08] Alors déjà dans cette lettre, on voit que Xavier Dolan, même s’il est encore jeune (parce qu’il a 8 ans quand il écrit cette lettre), on voit que Xavier Dolan connaît très bien l’industrie du cinéma et qu’il est très déterminé. “Être déterminé”, ça veut dire qu’on sait ce qu’on veut et on fait tout pour y arriver. À cette époque, Xavier Dolan est plutôt intéressé par le métier d’acteur. À cette époque il n’a pas encore envie de devenir réalisateur. Pourtant, c’est quand il deviendra réalisateur qu’il sera célèbre. Un peu plus tard, après le lycée, il fait des études d’art et de littérature option cinéma, mais il abandonne rapidement. Il trouve que dans cette université il n’y a pas assez de liberté, il y a trop de contraintes, et il ne peut pas exprimer son talent. Donc, assez rapidement il abandonne ses études. [00:10:25] À ce moment-là, son ambition est toujours de faire carrière en tant qu’acteur. Mais malheureusement, il n’obtient pas de propositions de rôle. Alors, il prend la décision de réaliser lui-même son film et de jouer le rôle principale dedans. On comprend que Dolan est un autodidacte. Un autodidacte, c’est une personne qui a appris seule, sans professeur. Donc Xavier Dolan a appris le métier de réalisateur tout seul en regardant beaucoup de films et en s’inspirant des choses qu’il voyait. [00:11:18] En 2008, quand il a 19 ans, Xavier Dolan réalise son premier film seul et il le produit grâce a des financements publics. Au Canada, il y a différentes institutions pour aider les artistes, notamment les réalisateurs, à produire leurs œuvres et Xavier Dolan a bénéficié de ces aides pour réaliser son premier film. [00:11:54] Le titre de son premier film c’est : J’ai tué ma mère. Alors là, vous imaginez peut-être un film d’horreur ou alors un thriller psychologique parce que ce titre est assez sombre. En fait, ce film n’est pas vraiment à film d’horreur mais plutôt un film sur la relation mère-fils. C’est l’histoire d’un jeune m’a nommé Hubert qui a 16 ans et dont la relation avec sa mère est très difficile. Il la déteste. Il hait ses goûts, sa façon de s’habiller, sa manière d’être; il déteste absolument tout chez sa mère. Malheureusement pour lui, il vit seul avec elle car son père les a abandonnés, son père est parti. Alors Hubert et sa mère passent leurs journées à se disputer, à crier, à s’insulter, c’est assez violent. Pas forcément de la violence physique, mais plutôt une forme de violence verbale. Le plus gros problème de Hubert, c’est qu’il doit cacher son homosexualité car il pense que sa mère ne pourrait pas l’accepter. [00:13:29] Ce film a une forte dimension autobiographique. Ça veut dire que Dolan s’est beaucoup inspiré de sa vie pour écrire le scénario de ce film. D’ailleurs, il a écrit ce scénario quand il avait 16 ans, autrement dit le même mage que le héros Hubert. Et, vous l’avez deviné, c’est Xavier Dolan luimême qui joue le rôle principal, qui joue le rôle d’Hubert. [00:14:01] Ce premier film est présenté dans un festival parallèle au festival de Cannes qui s’appelle “la Quinzaine des réalisateurs”. C’est un festival qui est plutôt pour les films indépendants, les films avec des petits budget, et quand il est présenté, il impressionne beaucoup les critiques. D’ailleurs, à ce festival, il obtient trois récompenses. À ce moment-là, les médias commencent à s’intéresser à ce petit génie, à celui qu’ils appellent déjà “l’enfant prodige”. Certaines critiques se demandent comment un réalisateur qui a seulement 20 ans peut montrer une telle maturité, une telle maîtrise. Surtout que c’est seulement son premier film. Donc, à ce moment-là, avec la sortie de J’ai tué ma mère, Xavier Dolan commence à attirer l’attention des médias sur lui. [00:15:15] Le film sortira en France et au Canada mais il ne fera pas beaucoup d’entrées. Ça reste un film assez indépendant. Et, après ce film, Xavier Dolan en sortira un nouveau presque chaque année. Un peu comme le réalisateur Woody Allen, chaque année Xavier Dolan réalise un nouveau film. Il a une réputation de bourreau de travail. Un bourreau de travail, c’est une personne qui travaille énormément, qui a une forme d’addiction au travail. Et quand on lit des interviews de Xavier Dolan, on se rend compte qu’il passe sa vie à travailler, à faire différents projets, à réfléchir à ses scénarios et que c’est une chose qui l’obsède. Il a beaucoup de films en tête qu’il a envie de réaliser, donc presque chaque année il sort un nouveau film. D’ailleurs, les personnes qui travaillent avec lui disent qu’il a des idées très précises. Il sait exactement ce qu’il veut et il donne beaucoup d’indications aux acteurs et aux actrices sur leur façon de jouer. Parfois, il leur demande de dire une réplique de 10 ou 12 façons différentes. Donc pour certains acteurs c’est intéressant de travailler avec Xavier Dolan, mais ça peut être aussi un peu compliqué parce qu’il est très exigeant. Et en même temps, c’est assez bizarre de voir un si jeune réalisateur avec une telle maturité. [00:17:27] Le deuxième film de Xavier Dolan sort en 2010 et il s’appelle Les amours imaginaires. [00:17:36] C’est ta film qui parle d’une amitié entre un jeune homme et une jeune fille qui se transforme en trio amoureux avec l’arrivée d’un troisième jeune homme dans leur relation. Donc en fait il y a une forme de concurrence entre les deux amis qui veulent tous les deux séduire ce nouveau jeune homme. C’est un film qui a été tourné à Montréal et qui est assez intéressant au niveau esthétique, et dont la bande son est également super. La bandeson, c’est les musiques qu’on utilise dans un film. [00:18:29] Le troisième film de Xavier Dolan sort deux ans plus tard, en 2012, et il s’appelle Laurence Anyways. C’est un film qui se passe dans les années 90 et qui parle d’un couple dont le mari a décidé de devenir une femme, il a décidé de changer de sexe. Ce film montre les obstacles que le couple doit dépasser, les problèmes qu’ils ont avec leurs entourages, avec le regard des autres, et comment ils font pour affronter tous ces obstacles. [00:19:15] Un an plus tard, en 2013, sort Tom à la ferme. Là, c’est un film assez différent des trois premiers réalisés par Dolan, puisqu’il s’agit d’un thriller un peu à la manière d’Hitchcock. Vous connaissez sûrement le célèbre réalisateur américain [correction : britannique] Alfred Hitchcock. Tom la ferme, c’est donc un thriller psychologique entre un jeune homme homosexuel et le frère de son petit ami qui est décédé. Donc ce jeune homme, Tom, il va rendre visite à la famille de son petit ami qui est mort et il rencontre pour la première fois son frère qui a une mentalité complètement différente de la sienne. Et dans le film progressivement Tom devient un prisonnier de cette ferme, et il doit faire face à la pression psychologique du frère de son petit ami. C’est un film avec beaucoup de tension qui est aussi très intéressant et qui a été très apprécié par les critiques. [00:20:48] Mais le film qui a vraiment rendu Xavier Dolan célèbre, c’est celui qui est sorti en 2014 et qui s’appelle Mommy. C’est son film le plus connu, et celui qui a eu le plus de succès. Pour la première fois, il a été présenté au festival de Cannes et il a obtenu le Prix du jury. Encore une fois c’est un film sur la relation mère-fils car c’est un sujet qui intéresse beaucoup Xavier Dolan et qu’il explore de différentes façons dans ses différents films. Cette fois le fils, c’est un enfant qui souffre de troubles psychiques. Il est souvent violent dans ses paroles mais aussi dans ses actes. Et la mère de Steve (parce que cet enfant s’appelle Steve) a beaucoup de difficultés à s’occuper de lui. Elle est seule parce que son mari est mort et elle ne sait pas comment gérer la violence de son fils qu’elle aime énormément mais face auquel elle ne trouve pas vraiment de solution. Le film explore leur relation entre amour, violence, tendresse et insultes. Il montre qu’il y a un équilibre très fragile qu’ils arrivent à trouver avec l’aide de leurs nouvelle voisine, mais qui malheureusement ne va pas durer. [00:22:41] C’est un film qui a été très apprécié par le public et par la critique parce qu’il y a vraiment beaucoup d’émotions qui passent à travers ce film. C’est extrêmement intéressant de le regarder et je pense qu’une fois qu’on a vu ce film on n’est plus exactement la même personne. Et à mon avis, c’est ça qui montre que c’est un grand film. Il est très beau et très émouvant et, comme je l’ai dit, c’est le premier vrai succès populaire de Dolan. Donc si vous n’avez jamais vu de film de Xavier Dolan, je vous conseille de commencer par celui-ci. Je vous conseille de regarder en premier Mommy. Si vous le regardez, essayez de trouver des sous-titres français parce que le québécois ce n’est pas toujours facile à comprendre. D’ailleurs, quand des films québécois sortent dans les cinémas en France, il y a souvent des sous-titres parce que même pour les Français c’est assez difficile de comprendre un film en québécois. [00:23:58] Le dernier film de Xavier Dolan est sorti en 2016 et il s’appelle Juste la fin du monde. C’est le premier film qu’il a réalisé en France avec des acteurs et actrices français très connus, dont par exemple Marion Cotillard, Vincent Cassel et Léa Seydoux. Ce film, c’est une adaptation d’une pièce de théâtre est c’est l’histoire d’un écrivain qui revient voir sa famille dans son village natal après 12 années d’absence. Et s’il revient dans son village natal pour voir sa famille, c’est parce qu’il veut leur annoncer qu’il va bientôt mourir. Ces retrouvailles, “des retrouvailles” c’est quand on retrouve une personne qu’on avait pas vue depuis longtemps, ces retrouvailles ravivent des souvenirs mais elles créent aussi des tensions entre les membres de la famille. Je vous propose donc d’écouter une scène de ce film qui se passe à table pendant le déjeuner avec les différents membres de la famille. [00:25:22] “- Quoi ? L’ancienne maison ? – Oui – Quoi ? – Bah, il veut revoir l’ancienne maison. Moi ça me dérange pas, j’veux bien te conduire si tu veux. – Mais, pourquoi tu veux te retrouver là-bas ? T’es bête ou quoi ? – Mais il est pas bête écoute, s’il a envie. T’es…t’es bête, toi, peut-être ? – Et toi, t’es conne ? – Et pourquoi Louis, sérieusement ? Pourquoi tu veux retourner là-bas ? T’as oublié un truc dans ta chambre ? – Non, je… Je sais pas…comme ça. J’suis curieux de savoir… voilà, de revoir les lieux, de voir comment ils ont évolué, comment le temps les a modifiés, malmenés.” [00:26:08] Vous voyez, dans cette scène, on comprend qu’il y a un problème de communication. D’un côté, il y a cet écrivain, Louis, qui revient voir sa famille mais il est un peu comme un étranger. Sa famille ne le comprends pas et lui il ne ne la comprend pas non plus. Il n’arrive pas à communiquer ouvertement, il y a une forme d’incompréhension. Ce qui est très intéressant dans ce film, c’est qu’on peut tous retrouver des choses familières, des choses qui nous rappellent notre propre famille. Je pense que les problèmes de communication au sein d’une famille, c’est une chose qui est assez universelle, et dans ce film a on voit bien comment ces problème s’installent, et à quel point il est difficile de les résoudre. [00:27:23] Donc ça aussi, c’est un film que je vous conseille de regarder, et en plus ça sera pour un bon exercice pour améliorer votre compréhension du français. [00:27:43] Cette année, Xavier Dolan doit sortir son premier film réalisé en anglais. On peut se demander s’il va réussir à devenir un réalisateur célèbre en dehors du cinéma francophone. Est-ce que Xavier Dolan va s’imposer parmi les grands réalisateurs dans le cinéma anglophone ? [00:28:11] En tout cas, qu’il réussisse ou non, à 28 ans Xavier Dolan a déjà accompli plus de choses que beaucoup de réalisateurs plus âgés que lui. Il a déjà une carrière phénoménale et beaucoup de récompenses grâce aux très beau films qu’il a réalisés. J’espère qu’il va garder son énergie et qu’il va pouvoir explorer d’autres sujets à travers ses prochains films. [00:28:54] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Merci beaucoup de m’avoir écouté. J’espère que ça vous a intéressé et surtout que ça vous a donné envie de regarder des films de Xavier Dolan. Peut-être que vous êtes déjà fans de Xavier Dolan, et si c’est le cas j’aimerais bien savoir quel est votre film préféré et pourquoi. Donc si vous avez vu des films de Xavier Dolan, n’hésitez pas à m’écrire pour me dire quel est votre film préféré et celui que vous pouvez recommander aux autres. [00:29:40] Comme d’habitude je vous rappelle que si vous appréciez ce podcast et si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes (si vous écoutez ce podcast sur iTunes) ou bien sur les autres applications que vous utilisez. Comme ça, moi ça me permet d’avoir de plus en plus d’auditeurs et de pouvoir aider de plus en plus de personnes. [00:30:11] La semaine prochaine évidemment il aura un nouveau podcast, et cette fois on parlera de l’ubérisation de l’économie. Un sujet un petit peu différent mais qui je pense pourra vous intéresser. J’espère que vous serez au rendez-vous la semaine prochaine pour ce nouveau podcast. [00:30:36] Merci et à bientôt ! 18 Faut-il avoir peur d’Uber ? Salut tout le monde et bienvenue pour ce 18ème épisode du Cottongue Podcast. [00:00:15] Alors quoi de neuf depuis la semaine dernière ? Tout va bien chez vous ? J’espère que oui et que vous avez le temps de faire du français même pendant les vacances. [00:00:28] En tout cas si vous m’écoutez maintenant, ça veut dire que vous avez un peu de temps de libre. Et je suis très content que vous profitiez de ce temps libre pour écouter mon podcast. Ça me fait très plaisir de vous aider à améliorer votre compréhension du français. D’ailleurs, n’oubliez pas que les transcriptions de tous mes podcasts sont sur mon site internet innerfrench.com. Pour y accéder, il faut juste s’enregistrer et c’est totalement gratuit. [00:01:05] Je pense que c’est bien d’écouter une première fois le podcast sans la transcription, pour voir ce qu’on est capable de comprendre, et ensuite une deuxième fois avec la transcription s’il y a des choses que vous ne comprenez pas. En plus, vous pouvez aussi utiliser la transcription pour travailler votre prononciation, pour vous entraîner à bien prononcer les mots. [00:01:36] Je vous rappelle aussi qu’il y a une page Facebook InnerFrench sur laquelle je partage plein de choses intéressantes sur la culture française, les films, la musique, etc. Donc si vous cherchez de l’inspiration, allez faire un tour sur ma page Facebook et je suis sûr que vous trouverez des choses qui vous plairont ! [00:02:03] Mais pour le moment, je vous propose de passer à notre sujet du jour. [00:02:09] J’imagine que vous connaissez tous l’entreprise Uber. Mais si, vous savez, c’est cette entreprise américaine qui a bouleversé le marché des taxis. « Bouleverser » ça signifie « changer totalement quelque chose, le modifier radicalement ». Alors oui, c’est une entreprise américaine mais on prononce le nom à la française « Uber » et pas « Uber ». Je sais que c’est très drôle pour nos amis anglophones. [00:02:47] Personnellement j’ai commencé à utiliser Uber il y a quelques années. Au début, je trouvais ça génial ! Avant je ne prenais pas souvent le taxi mais avec Uber c’était tellement facile que j’ai commencé à l’utiliser de plus en plus. [00:03:07] De temps en temps, j’aime bien discuter avec les chauffeurs (c’est la personne qui conduit la voiture) car ils ont souvent de bonnes histoires. Mais ça m’intéressait aussi de savoir s’ils étaient contents de travailler pour Uber et pas pour une entreprise de taxi traditionnelle. Et là, j’ai appris des choses assez surprenantes sur les conditions de travail. À ce moment-là, les médias se sont mis à beaucoup parler d’Uber, de son modèle économique, et du fait que l’entreprise ne respectait pas toujours la loi. J’ai lu pas mal de choses sur leur business model, leurs pratiques, et j’ai décidé de ne plus utiliser cette application. [00:04:04] Vous voulez savoir pourquoi ? Alors ne bougez pas, je vous le dirai dans la suite de ce podcast. [00:04:20] Pour commencer, on va revenir un peu aux origines d’Uber, à la création de l’entreprise. Il s’agit d’une entreprise qui a été créée en 2009. Les fondateurs ont eu l’idée de créer un service de chauffeurs privés parce qu’il avait remarqué que dans beaucoup de villes, comme Paris et San Francisco, il y avait un manque de taxis. On devait parfois attendre longtemps avant de trouver un taxi libre, et parfois quand il y avait de grands évènements (des concerts, des conférences), c’était même impossible. [00:05:09] Mais l’idée vraiment intelligente dans cette histoire, c’est que les fondateurs n’ont pas décidé de créer une entreprise traditionnelle, avec leurs propres chauffeurs. Non, au lieu de faire ça, ils ont créé une application. [00:05:28] J’imagine que vous avez sûrement déjà utilisé cette application. Elle fonctionne comme une plateforme où se rencontrent une demande (un client qui cherche un taxi) et une offre (un chauffeur de taxi proche et disponible). Cette plateforme est très efficace, parce qu’il y a beaucoup de chauffeurs disponibles. Autrement dit, les clients ne doivent pas attendre longtemps et les prix sont plutôt bas. [00:06:03] Cette idée a pu se réaliser parce que toutes les conditions étaient réunies. En particulier, les conditions technologiques. Pour qu’une entreprise comme Uber fonctionne, il fallait que tout le monde ait un smartphone. Sans smartphone, impossible d’utiliser l’application donc impossible de profiter du service d’Uber. [00:06:32] Avec les smartphones, internet et le GPS, toutes les ressources sont accessibles en temps réel et en permanence. La plateforme sait combien il y a de clients potentiels et de chauffeurs disponibles. Elle peut donc adapter le prix en temps réel, soit pour attirer de nouveaux clients soit pour motiver des chauffeurs à travailler. [00:07:03] Ensuite, Uber gagne de l’argent grâce à des commissions. Autrement dit, ils prennent un pourcentage sur chaque course de taxi, sur chaque transaction. Il me semble que cette commission est d’environ 25%. Ça signifie que quand vous prenez Uber, 25% du prix va à l’entreprise, et le reste au chauffeur. Mais j’ai lu qu’en réalité la commission totale d’Uber est encore plus élevée que ça. [00:07:42] L’argent qu’Uber gagnent, ils le dépensent surtout dans le marketing avec la publicité, mais aussi dans le développement d’autres services comme la livraison de nourriture par exemple. Comme l’entreprise n’emploie pas ses chauffeurs, évidemment ça lui coûte moins cher ! [00:08:05] On peut dire que l’arrivée d’Uber sur le marché a eu des effets positifs. Avant Uber, il n’y avait pas vraiment d’application pour les taxis. Il fallait appeler un numéro de téléphone pour commander un taxi. Maintenant, toutes les entreprises de taxis ont une application qui ressemble à celle d’Uber. Et c’est beaucoup plus pratique ! On sait plus ou moins combien la course va nous coûter, combien nous allons payer, au moment où on commande le taxi. On peut suivre sur une carte l’itinéraire de taxi, donc les chauffeurs ne peuvent plus arnaquer les clients ! Arnaquer, c’est un verbe qui signifie « abuser la confiance d’une personne pour lui prendre de l’argent ». Par exemple, parfois vous recevez des emails qui vous disent que vous avez gagné de l’argent et que vous devez donner vos informations bancaires pour le recevoir. Ça, c’est une arnaque ! Avant, certains chauffeurs de taxi (une minorité bien sûr) prenaient des itinéraires plus longs pour que le client paye plus. Maintenant c’est impossible car ce sont les applications qui choisissent le meilleur itinéraire et le chauffeur doit le respecter. C’est aussi plus facile de payer car notre carte bancaire est enregistrée dans l’application, donc le paiement est automatique. On n’a pas besoin d’avoir du liquide (c’est-à-dire du cash) sur nous. [00:10:03] Certaines personnes trouvent aussi que les chauffeurs Uber sont plus sympas et polis que les chauffeurs de taxis normaux, surtout à Paris ! À Paris, les chauffeurs de taxi avaient mauvaise réputation, les gens disaient qu’ils étaient malpolis. Mais face à la concurrence d’Uber, certains chauffeurs ont commencé à changer d’attitude pour être plus gentils et professionnels. [00:10:35] Autrement dit, l’arrivée d’Uber a poussé les autres entreprises à innover et à améliorer leur service. [00:10:46] Un autre effet positif , c’est celui qui concerne la disponibilité des taxis. Maintenant, il est très rare de ne pas trouver de taxis ou d’attendre longtemps pour en obtenir un. Quand j’étais à Paris, il y a quelques semaines, j’ai vraiment vu la différence. Avant, le soir on devait parfois attendre 10 ou 15 minutes pour trouver un taxi. Maintenant, on n’attend jamais plus de 3-5 minutes, même quand c’est tard la nuit. [00:11:25] Mais Uber ne profite pas seulement aux consommateurs, elle profite aussi à l’économie parce qu’elle a augmenté la taille du marché. Comme les prix ont baissé, il y a de nouvelles personnes qui ont commencé à prendre le taxi (alors qu’avant elles ne le prenaient jamais, un peu comme moi par exemple). Donc ça, c’est plutôt bon pour le secteur car il y a plus de clients. [00:11:57] D’un autre côté, peut-être que ces nouveaux clients sont des personnes qui prenaient les transports en commun. Donc ça, c’est plutôt mauvais pour l’environnement. Si les personnes prennent des taxis au lieu de prendre les transports en commun, ça crée plus de pollution. [00:12:18] Enfin, certains économistes disent aussi qu’Uber a fait baisser le chômage, autrement dit il y a moins de personnes qui cherchent du travail. En France, dans les banlieues (les banlieues, ce sont les quartiers difficiles où il y a beaucoup de pauvreté), les jeunes ne peuvent pas trouver de travail. Il y a un grand chômage dans ces quartiers. Avec Uber, ces jeunes peuvent devenir chauffeurs et gagner de l’argent. Il faut juste qu’ils aient le permis de conduire, un smartphone et une voiture. Ils n’ont pas besoin de diplôme ni d’expérience. Donc pour eux, c’est plus facile. [00:13:12] Maintenant, vous avez compris qu’Uber a bouleversé le marché des taxis parce qu’ils ont inventé un nouveau business model pour permettre à tout le monde de devenir chauffeur. Grâce à ce modèle et à leur application, ils ont beaucoup fait baisser les prix. Et quand les prix baissent, le consommateur est content. [00:13:38] Mais derrière cette baisse des prix, il y a aussi des tas de conséquences négatives. « Des tas de » ça signifie « beaucoup de ». Par exemple : j’ai des tas de problèmes en ce moment, ou il y a des tas de bons films au cinéma. [00:13:58] Ces conséquences négatives, elles ne concernent pas seulement les entreprises de taxi traditionnelles, elles nous concernent tous. Peut-être que vous, vous ne travaillez pas pour une entreprise de taxi et que vous ne prenez même pas le taxi. Mais le développement d’Uber peut vous toucher aussi. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur business model est en train de se répandre à l’ensemble de l’économie, il se propage dans tous les secteurs. Dans le secteur de l’hôtellerie avec Airbnb, la livraison de nourriture, les banques et même les avocats. Donc peut-être que votre entreprise aussi aura bientôt de nouveaux concurrents. Ou peut-être que votre directeur vous demandera d’accepter les mêmes conditions de travail que les chauffeurs d’Uber pour rester compétitifs. [00:15:07] Alors maintenant, nous allons parler de ce phénomène qu’on appelle « l’ubérisation » de l’économie, et nous allons voir comment concrètement ce nouveau modèle peut changer le monde du travail. [00:15:28] Quand on travaille pour Uber on est libre de choisir combien d’heures on veut travailler et quand. C’est plutôt flexible, ça offre une certaine indépendance aux chauffeurs. Dans ses publicités, Uber dit que ses chauffeurs peuvent bien gagner leur vie (« gagner sa vie », ça veut dire gagner de l’argent grâce à son travail). Mais en réalité, c’est une autre histoire. Je vous propose d’écouter une interview d’un chauffeur Uber de Nice pour voir ce qu’il pense des conditions de travail. [00:16:36] La première chose qu’il explique, c’est qu’il doit beaucoup travailler pour être rentable. Être rentable, ça veut dire « faire des bénéfices ». C’est difficile pour lui d’être rentable, parce qu’il doit louer sa voiture (louer, c’est quand paye pour utiliser une chose, par exemple une voiture ou un appartement, sans l’acheter). [00:17:03] Donc chaque mois, il doit payer 1100€ de location pour avoir une voiture. Et il a plein d’autres dépenses en plus comme l’essence, le nettoyage de la voiture, etc. Alors il faut travailler beaucoup si on veut gagner assez d’argent. Et si on veut gagner plus, il faut travailler quand il y a moins de chauffeurs, par exemple tard la nuit, et pas quand c’est plus pratique pour nous. [00:17:39] Pour pouvoir gagner de l’argent, il y a des chauffeurs qui travaillent trois jours sans dormir. Vous imaginez la sécurité, ces situations sont très dangereuses, pour le chauffeur mais aussi pour les passagers ! [00:17:57] En plus, ça devient de plus en plus difficile pour les chauffeurs, car il y a de plus en plus de concurrence (plus de chauffeurs, plus d’entreprises comme Uber), et ça, évidemment, ça fait encore baisser les prix et donc les salaires des chauffeurs. [00:18:30] Le deuxième chauffeur parle de la dépendance vis-à-vis de la plateforme. C’est elle qui choisit les tarifs (autrement dit le prix des courses), qui attribue les chauffeurs aux demandes des clients, etc. Donc Uber veut faire croire que les chauffeurs sont indépendants, mais finalement ils ne le sont pas du tout ! En fait, il n’y a pas vraiment de liberté ni de flexibilité. [00:19:06] Alors, en théorie, c’est bien d’offrir du travail à des personnes qui n’en trouvent pas. Mais ça donne aussi l’impression qu’Uber profite de cette situation, des difficultés que connaissent ces personnes (comme les jeunes de banlieue), pour fixer les conditions. Car ces personnes sont prêtes à travailler pour un salaire inférieur au salaire minimum comme elles n’ont pas d’autre possibilité. [00:19:42] La grande force d’Uber, son avantage, c’est de proposer des prix bas. Quand Uber arrivent sur un nouveau marché, ils cassent les prix. [00:19:55] Mais savez-vous comment l’entreprise fait pour avoir des prix aussi faibles ? Pourquoi les taxis chauffeurs sont-ils moins chers que les taxis traditionnels ? [00:20:07] La première raison, c’est que l’entreprise n’a pas besoin de gagner d’argent pour survivre (pour le moment). C’est un peu bizarre une entreprise qui n’a pas besoin de gagner d’argent, non ? Si Uber perd de l’argent depuis 7 ans, ils devraient fermer ! Mais non, car il y a beaucoup d’investisseurs qui les soutiennent. D’autres entreprises qui ont acheté une partie du capital d’Uber et qui l’aide à se financer. Et leur priorité, pour le moment, n’est pas de gagner de l’argent. Leur priorité est d’attirer de nouveaux clients, de faire grossir le marché, et de tuer la concurrence. Plus Uber aura de clients, plus ça sera difficile pour ses concurrents. Car ses concurrents n’ont pas autant d’argent, ils ne peuvent pas se permettre de perdre de l’argent pendant plusieurs années. Donc si Uber réussissent à se débarrasser de leurs concurrents, ils seront seule sur le marché et elle pourra fixer les prix qu’elle voudra. C’est pour ça que dans certains pays, Uber propose des prix très bas au début, ils ont une stratégie très agressive. Ensuite, quand ses concurrents disparaissent, l’entreprise augmente ses prix. [00:21:44] Ça, c’est le deuxième problème. Quand il n’y a qu’une seule entreprise sur un marché, ça s’appelle un monopole. Et en situation de monopole, c’est toujours le consommateur qui perd. Pour qu’il y ait des prix bas, il faut qu’il y ait beaucoup de concurrence sur un marché. Donc attention, si Uber se retrouve seule, ça va faire mal à notre porte-monnaie ! [00:22:14] La deuxième raison, c’est qu’Uber est une entreprise tellement grande qu’elle peut faire de l’optimisation fiscale. L’optimisation fiscale, ça consiste à payer le moins de taxes possible en déclarant les revenus dans certains pays. Donc souvent, Uber payent très peu de taxes dans les pays où ils sont présents grâce à leur stratégie d’optimisation fiscale. Et ça évidemment, ça n’est pas bon pour l’économie du pays. [00:22:49] La dernière raison, j’en ai déjà parlé, c’est le fait que les chauffeurs ne sont pas employés par Uber, ce sont des travailleurs indépendants. Rappelez-vous qu’Uber est juste une plateforme qui met en contact une offre et une demande, pas une entreprise de taxis traditionnelle. [00:23:14] Grâce à ça, Uber ne doit pas payer de charges sociales. Les charges sociales, c’est l’argent qu’une entreprise doit donner à l’État pour ses employés. Avec les charges sociales, l’État peut offrir protection sociale, autrement dit protéger les gens des grands risques. Concrètement, ça finance la santé, les retraites (pour les personnes âgées qui ne travaillent plus), les aides pour ceux qui sont au chômage mais aussi pour les familles avec beaucoup d’enfants. [00:24:01] Alors là, nous voyons un problème. Si Uber ne paye pas de charges sociales, l’État perd de l’argent qu’il pourrait utiliser pour nous protéger et nous aider. [00:24:16] Un autre problème est que certains chauffeurs ont demandé à être reconnus comme des employés de l’entreprise, et pas comme des travailleurs indépendants. Ils ont beaucoup d’arguments pour justifier ça. Déjà, la majorité des chauffeurs Uber travaillent seulement pour cette entreprise, ils n’ont pas le temps de travailler pour d’autres. Ensuite, ils doivent respecter les règles fixées par Uber, par exemple les règles sur le service, les règles de l’application, etc. Donc ils ne sont pas vraiment indépendants, et ils pensent qu’Uber devrait leur offrir une protection sociale, comme une entreprise normale avec ses employés. [00:25:08] Bien sûr, Uber ne veut pas le faire car ça leur coûterait trop cher et leur business model ne fonctionnerait plus. Pour que le business model d’Uber fonctionne, il faut que les chauffeurs soient considérés comme des travailleurs indépendants et pas comme des salariés, pas comme des employés de l’entreprise. [00:25:33] À mon avis, c’est ça le vrai danger d’Uber. Le danger, c’est que ce business model se répande, que d’autres entreprises et d’autres secteurs l’adoptent. Si ce modèle devient la norme, les travailleurs n’auront plus de protection sociale, ils devront payer leur protection sociale eux-mêmes. Ça, c’est quelque chose qui est plutôt accepté aux Etats-Unis (il me semble) mais en Europe, non. Dans la majorité des pays européens, l’État joue un rôle pour protéger les travailleurs. Il fixe les règles générales que les entreprises doivent respecter, et ça s’appelle le droit du travail. Donc avec un tel modèle, nous perdrions une grande partie de notre protection sociale. [00:26:34] En plus, on entrerait dans une économie où tous les travailleurs sont en concurrence directe. Et quand il y a une si grande concurrence, celui qui obtient du travail, c’est souvent celui qui accepte le salaire le plus bas. Parce que le client ne veut pas payer beaucoup. Parfois il fait aussi attention à la qualité du produit ou du service, mais souvent le premier critère de décision, c’est le prix. Pour pouvoir travailler, il faudra proposer le prix le plus bas. Ça signifie que, avec l’ubérisation de l’économie, les salaires diminueront et les conditions de travail seront de pire en pire. [00:27:36] Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de ne plus utiliser Uber. Je pense que c’est une entreprise qui ne respecte pas les personnes qui travaillent pour elle, et qui ne respecte pas non plus la loi. Je préfère payer un peu plus cher pour un taxi normal, dont l’entreprise paie des taxes dans le pays, que pour Uber qui abuse du système. [00:28:10] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup d’avoir écouté ce podcast jusqu’au bout. J’espère que ce sujet n’était pas trop technique et que vous avez appris des choses intéressantes. Si vous l’avez trouvé trop compliqué ou s’il y a des choses que vous n’avez pas comprises, envoyezmoi un email à hugo@innerfrench.com. Je serai très content de vous aider. [00:28:41] Dans le prochain podcast, nous parlerons de la santé et du plaisir. En particulier, on se demandera s’il est possible d’être en bonne santé sans renoncer à tous les plaisirs. [00:28:57] D’ici-là, profitez-bien du weekend, et à jeudi prochain. Salut ! 19 La dictature de la santé Bonjour à tous ! C’est le Cottongue Podcast, épisode 19 ! [00:00:10] Bienvenue pour ce nouvel épisode. Comment ça va aujourd’hui ? Moi, ça va très bien ! L’été est bientôt fini et malheureusement je n’ai eu beaucoup de vacances. Mais j’ai profité de ce temps pour travailler et bien me préparer pour la rentrée. La rentrée, c’est cette période de l’année, au début du mois de septembre, où tout le monde revient de vacances et où les élèves retournent à l’école. Généralement, c’est une période où il y a beaucoup d’activité, plein de choses à faire. Mais moi, comme j’ai bien travaillé au mois d’août, j’ai pris de l’avance. « Prendre de l’avance », vous comprenez cette expression ? Elle signifie se préparer pour être en avance dans son travail. Par exemple, si vous avez un nouveau projet le 15 septembre, vous pouvez commencer à travailler dessus un peu plus tôt pour prendre de l’avance. Donc moi, c’est ça que j’ai fait en août. J’étais un peu jaloux de voir mes amis poster leurs photos sur des plages paradisiaques pendant que je travaillais, mais maintenant je suis très content de ma décision ! [00:01:37] Et vous, est-ce que vous avez pris de l’avance pendant les vacances ? Ou au contraire, est-ce que vous avez pris du retard ? Dans les deux cas, j’espère que votre rentrée va bien se passer : sans stress et avec le sourire ! [00:01:55] D’ailleurs, la rentrée, c’est souvent un moment où l’on décide de prendre de bonnes résolutions. « Prendre une bonne résolution », ça signifie prendre la décision de commencer quelque chose d’important, comme faire du sport, apprendre une nouvelle langue, ou alors d’arrêter quelque chose de mauvais comme la cigarette ou les bonbons. J’en profite pour vous dire de bien faire attention à l’expression « prendre une décision ». Beaucoup de personnes (notamment nos amis anglophones) font l’erreur de dire « faire une décision ». Mais en français, on utilise le verbe « prendre » et pas « faire » quand on parle de décision. [00:02:48] Alors beaucoup de ces bonnes résolutions concernent notre santé, autrement dit notre bien-être physique et mental. Le « bien-être », c’est tout simplement le fait de se sentir bien. Quand on est en bonne santé, on se sent bien, on n’est pas malade, on peut faire des efforts physiques. Virgile, le poète romain, a écrit que « la plus grande richesse, c’est la santé ». En septembre, on a envie de garder l’énergie qu’on a récupérée pendant les vacances. Alors, on commence le sport, on améliore notre façon de manger, on essaye de mieux dormir. Partout dans les médias, à la télé, à la radio ou dans les magazines, il y a des conseils pour prendre soin de nous, pour s’occuper de notre corps. Mais souvent, ces conseils consistent à dire qu’il faut arrêter de faire des choses qu’on aime, qui nous donnent du plaisir. On doit par exemple arrêter de fumer, de boire de l’alcool, de manger des choses trop grasses, trop sucrées ou trop salées, de passer trop de temps devant la télévision… Bref, pour être en bonne santé, il faut sacrifier ces petits plaisirs. Mais certaines personnes se disent : « à quoi bon sacrifier tout ça ? Qu’est-ce qu’il va me rester après ? ». [00:04:32] À mon avis, il s’agit d’une question très intéressante. Sommesnous obligés d’abandonner tous nos petits plaisirs si on veut se sentir bien ? Est-ce qu’il n’y a pas une façon de concilier santé et plaisir ? [00:04:50] C’est à cette question que je vais essayer de répondre aujourd’hui. Alors pour le moment lâchez votre paquet de bonbons, éteignez votre cigarette, posez votre verre de vin, et écoutez la suite ! [00:05:13] En France, il existe de nombreuses institutions pour aider les citoyens à être en bonne santé. Je ne parle pas des cabinets médicaux ni des hôpitaux, mais des institutions qui font des études pour savoir ce qui est bon pour la santé et ce qui ne l’est pas. Ces institutions publient très souvent leurs recommandations. Elles recommandent par exemple de ne pas boire plus de 10 verres d’alcool par semaine (ça, c’est très difficile pour les Français) mais aussi de manger moins de sucre, moins de charcuterie (c’est la viande qui vient du porc, comme le jambon ou le saucisson) et plus de légumes. [00:06:03] Il y a un proverbe qui dit « il vaut mieux prévenir que guérir ». Autrement dit, il faut tout faire pour empêcher une maladie d’arriver, ça s’appelle « la prévention ». Donc pour prévenir ces maladies, on a l’impression qu’il faut absolument respecter toutes les consignes des institutions. Si on ne le fait pas, on risque d’attraper des maladies ou d’avoir un cancer. Toutes ces recommandations deviennent synonymes d’interdiction, de restriction. Autrement dit, des choses qu’il ne faut pas faire. Ne pas faire, c’est presque toujours une forme négative. [00:06:51] Mais à force d’entendre toutes ces interdictions, on peut penser que les messages deviennent contre-productifs. « Contre-productif », ça veut dire que ça produit le résultat inverse, opposé, de ce qu’on voulait. Pourquoi ces interdictions deviennent-elles contre productives ? Eh bien parce que les gens en ont marre, ils en ont assez. Ils n’ont pas envie qu’on leur dise toute la journée ce qu’ils ne peuvent pas faire. C’est comme avec les enfants : quand on leur interdit de faire quelque chose, forcément ils ont encore plus envie de le faire ! [00:07:34] En plus, les campagnes de publicité pour nous informer de ces dangers sont toujours choquantes, comme les images sur les paquets de cigarettes. Je ne sais pas si c’est comme ça là où vous habitez, mais dans beaucoup de pays européens il y a des photos choquantes sur les paquets de cigarettes, des photos de maladies, de tumeurs, de personnes mortes à cause du tabac. [00:08:05] Et il n’y a pas seulement les campagnes institutionnelles, il y a aussi tous les conseils qui sont dans les médias. La santé est un business très rentable pour les médias car les gens s’intéressent de plus en plus à ce sujet. Ils veulent rester en bonne santé le plus longtemps possible, comme une sorte de jeunesse éternelle. Donc chaque jour ou presque, il y a un nouveau conseil santé. Il faut éviter de manger cet aliment ou celui-là, rester à distance de toute onde radio-électrique, ne pas réutiliser une bouteille en plastique pour boire, etc. En plus, les « experts » qui donnent ces conseils ne sont pas toujours fiables, on ne peut pas toujours leur faire confiance. Il y aussi des célébrités qui disent ce qu’elles font pour « rester en forme » et les gens appliquent leurs conseils comme une recette magique. [00:09:28] Maintenant, les nouvelles technologies aussi nous donnent des conseils sur notre santé. Avec les smartphones, on peut par exemple compter le nombre de pas que l’on fait chaque jour en marchant. On entend parfois qu’il faut faire 10 000 pas par jour pour être assez actif. Mais les recommandations peuvent changer d’une application à l’autre : 8000 pas, 12 000 pas, 20 000 pas ! Ou alors 20 minutes de marche par jour, des fois 30 minutes ! C’est difficile de s’y retrouver, on ne sait plus vraiment qui croire. [00:10:12] Il existe aussi d’autres applications smartphone pour analyser de façon « scientifique » comment nous mangeons et pour corriger notre régime. On écrit dans l’application tout ce qu’on mange, et elle calcule s’il nous manque certains aliments, si nous avons besoin de plus de vitamines ou de protéines par exemple. Mais ça ne concerne pas seulement la nourriture. Vous pouvez trouver des applications pour améliorer votre sommeil (c’est-à-dire votre façon de dormir), comment faire du sport, etc. Il y a même des entreprises qui sont en train de créer des applications pour faire des diagnostics médicaux. L’application vous pose des questions pour connaître vos symptômes, et ensuite elle vous dit quelle maladie ou quel problème vous avez. [00:11:15] Encore une fois, les recommandations peuvent être très différentes selon l’application qu’on utilise. Il faut faire attention puisqu’on ne sait pas toujours qui est derrière cette application, qui sont les « experts » qui ont travaillé dessus. [00:11:34] Mais on peut imaginer que, dans quelques années, nos smartphones pourront contrôler tout ce qui concerne notre santé et nous donner des conseils en permanence pour rester en forme. [00:11:53] Cependant, à force d’entendre ou de lire toutes ces interdictions et ces recommandations, on peut finir par se sentir oppressé. Tout ce que nous faisons est contrôlé. Il existe un modèle pour être en bonne santé, et tout le monde devrait le suivre. Sinon, on est considéré comme un individu déviant, quelqu’un qui ne respecte pas les règles sociales. C’est un peu comme si on vivait dans une dictature, la dictature du bien-être ! [00:12:31] Et là aussi, ça peut être contre-productif ! Quand on vit dans une dictature, on pense en permanence à toutes les choses interdites. Souvent, ces interdictions concernent des choses qu’on aime faire (comme manger des gâteaux ou boire de l’alcool). Au final, toutes ces interdictions créent de la frustration. Or, le stress et la frustration sont nocifs (« nocif », ça signifie « mauvais pour la santé »). Donc cette dictature du bien-être obtient les effets inverses de ce qu’elle souhaite. [00:13:14] À votre avis, est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt imaginer une autre façon de rester en bonne santé ? Une façon plus positive de voir les choses ? C’est ce qu’on va voir, dans la 2ème partie de ce podcast. [00:13:42] On peut imaginer qu’avec le progrès technologique, avec toutes ces nouvelles applications, nous allons tous vivre jusqu’à 120 ans. Comme les connaissances scientifiques progressent, nous allons adapter nos comportements pour être en meilleure santé. Si nous sommes rationnels, nous n’allons pas faire de choses qui sont mauvaises pour la santé. Et si on décide de faire quand même ces choses-là, comme fumer ou boire de l’alcool, alors ça signifie que nous ne sommes pas assez forts psychologiquement, ou que nous sommes victimes du milieu où nous vivons (si tout le monde dans notre famille fume par exemple). [00:14:32] En réalité, nous ne sommes pas – du moins pas entièrement – des êtres rationnels. Nous faisons souvent des choses en sachant qu’elles ne sont pas bonnes pour nous. On peut continuer de fumer même quand on connaît le risque de cancer, parce que fumer nous donne du plaisir. On peut boire de l’alcool parce que ça nous permet de passer un bon moment entre amis, même si on se sentira mal le jour d’après. D’ailleurs, est-ce que vous savez comment s’appelle l’état dans lequel on est le lendemain d’une soirée alcoolisée ? Vous savez, quand on a mal à la tête et qu’on n’a pas du tout d’énergie ? Ça s’appelle « la gueule de bois ». Si vous faites la fête avec des amis francophones et que vous buvez trop d’alcool, le jour d’après vous pouvez leur dire : « j’ai la gueule de bois ». [00:15:35] Bref, pardon pour la digression. Ce que j’essaye de vous montrer, c’est qu’on veut croire que l’Homme est rationnel, mais que chaque jour nous avons la preuve du contraire. [00:15:50] Le problème avec tous ces conseils et ces recommandations, c’est qu’il s’agit d’une vision moralisatrice. Les experts nous disent comment nous devons vivre notre vie en fonction des résultats de leurs études mais aussi de leurs valeurs personnelles. Ils décident de ce qui est bon ou mauvais pour la population et essayent d’influencer nos comportements quotidiens. [00:16:21] Heureusement, il existe d’autres manières d’éduquer les personnes à la santé. Des manières qui ne sont pas moralisatrices et qui respectent la liberté de choix des individus. [00:16:37] Le but de cette approche, c’est de rendre les individus autonomes, de les responsabiliser. Encore une fois, on peut comparer ça à la façon d’éduquer les enfants. Si on dit tout le temps aux enfants ce qu’ils doivent faire et ne pas faire sans leur expliquer pourquoi, ils ne peuvent pas comprendre. Et ils ne peuvent pas non plus devenir adultes, car ils ne savent pas comment prendre leurs propres décisions. Ils savent seulement obéir (ou non) à des règles que les adultes ont fixées pour eux. [00:17:21] Vous pouvez me répondre que ces conseils pour être en bonne santé ne sont pas des règles. Peut-être pas encore, mais elles le deviennent petit à petit. Je vais prendre l’exemple de la cigarette pour vous montrer. Après la seconde guerre mondiale, la consommation de cigarettes a explosé en France. Autrement dit, les Français ont commencé à beaucoup fumer. Au début, ça concernait surtout les hommes mais progressivement les femmes s’y sont mises aussi. Mais à partir des années 70, le gouvernement français a adopté plusieurs lois pour limiter les publicités et interdire de fumer dans certains lieux (comme les hôpitaux). Ensuite, on a interdit de fumer dans les transports (les trains, les avions) et un peu plus tard, en 2008, dans les lieux publics comme les cafés et les restaurants (sauf dans les espaces réservés qu’on appelle des fumoirs). En parallèle, les taxes sur les paquets de cigarettes ont beaucoup augmenté pour décourager les fumeurs. En ce moment, le gouvernement envisage de passer le prix du paquet à 10€, soit deux fois plus cher qu’il y a 10 ans. [00:18:58] Personnellement, ça ne me dérange pas, ça ne me pose aucun problème. Comme les fumeurs ont statistiquement plus de chance d’avoir un cancer, je trouve ça normal qu’ils payent plus car ils profiteront des services des hôpitaux qui sont financés par l’argent public. En plus, je ne fume pas donc c’est plus agréable quand il n’y a pas d’odeur de cigarette autour de moi. [00:19:27] Mais d’un autre côté, vous voyez que ce qui était au départ un conseil (« il ne faut pas fumer car c’est mauvais pour la santé ») devient de facto une règle car c’est de plus en plus difficile de fumer. Et j’ai lu récemment une étude qui montre que la consommation de cigarettes est très inégalitaire, parce que maintenant ce sont surtout les personnes de milieux défavorisés (pauvres) qui fument. Ça veut dire que la prévention ne marche pas dans ces milieux, peut-être parce que les personnes ne sont pas bien informées. [00:20:12] Fumer peut même devenir une source de honte, comme l’obésité. Avant, fumer c’était cool. Maintenant, certaines personnes considèrent que si vous fumez, c’est parce que vous n’avez pas de volonté, parce que vous êtes faible. La cigarette devient une sorte de marqueur social. [00:20:36] On peut se demander si ces politiques sont vraiment efficaces. Les ventes de cigarettes en France ont diminué de 20% en 10 ans, donc on peut penser que ça marche. Mais peut-être qu’il y aurait d’autres façons encore meilleures de lutter contre le tabagisme. [00:20:58] Par exemple, l’année dernière, le ministère de la Santé en France lancé une campagne assez innovante pour convaincre les gens d’arrêter de fumer. Je vous propose d’écouter un extrait de cette campagne pour voir quel était leur message. [00:21:23] « Moi, c’est Stéphane. Ça fait 30 ans que je fume. En novembre, c’est le mois sans tabac. Alors, j’ai décidé de tenter le coup. Si comme moi, vous faites partie des 8 millions de personnes en France qui veulent arrêter de fumer, rejoignez mois sans tabac. Un mois sans fumer, c’est 5 fois plus de chance d’arrêter. Rejoignez le mouvement mois sans tabac sur tabacinfoservice.fr.» [00:21:42] Vous voyez, ce qui est intéressant avec cette campagne, c’est l’idée de challenge, de défi collectif. Au lieu d’arrêter de fumer tout seul, tout le monde arrête en même temps le 1er novembre. Si tout le monde arrête en même temps, on peut se soutenir, s’entraider (ça veut dire s’aider mutuellement). Grâce à cette campagne, on ne se sent plus seul dans son combat, on a l’impression de faire partie d’une équipe, c’est quelque chose de positif. Et la publicité nous informe que si on réussit à ne pas fumer pendant 1 mois, on a 5 fois plus de chance d’arrêter définitivement, c’est motivant, non ? [00:22:34] Cette campagne ne fait pas culpabiliser les fumeurs, elle ne les fait pas se sentir coupables. Elle les encourage plutôt à prendre un engagement collectif, je trouve ça super comme idée ! Il y avait d’autres spots qui montraient des enfants qui encourageaient leurs parents à arrêter de fumer, qui les soutenaient dans leur combat. Ça aussi, c’est un message positif et motivant ! [00:23:05] Je pense que pour inciter les gens à prendre de bonnes habitudes, il faut privilégier l’idée de plaisir et pas la culpabilité. Trop souvent, on a l’impression de devoir se priver de tout si on veut être en bonne santé. « Se priver », ça veut dire « s’abstenir », ne pas faire quelque chose qu’on a envie de faire. Se priver de bonbons par exemple, ne pas manger de bonbons même si on en a très envie ! [00:23:39] Quand on voit les choses de cette manière, comme des privations et des interdictions, ça n’est pas très motivant. En plus, elles peuvent devenir des obsessions car on y pense toute la journée. On attend juste le moment où on pourra faire cette chose dont on a tellement envie. [00:24:02] À mon avis, il faudrait plutôt se concentrer sur les aspects positifs de ces bonnes habitudes. Par exemple, se fixer des objectifs, mesurer ses progrès, et se récompenser quand on les atteint, quand on réussit. Penser à toutes les bonnes choses que cette nouvelle habitude va nous apporter, et pas à ce qu’on sacrifie. [00:24:30] Le débat sur la santé doit aussi devenir public. Il faut impliquer les gens pour qu’ils participent, pour qu’ils partagent leurs connaissances sur le sujet et qu’ils posent leurs questions. Les experts n’ont pas le monopole sur cette question, notamment parce qu’ils se sont beaucoup trompés dans le passé. [00:24:56] Il n’existe pas non plus de recette magique qui marcherait pour tout le monde. Nous sommes tous différents, nous vivons dans des environnements différents. Alors il faut tenir compte de ces paramètres, avoir une approche locale. Certains problèmes, certaines maladies, sont plus présents dans une région que dans une autre, donc les recommandations ne peuvent pas être les mêmes pour tout le monde. [00:25:35] Et puis, peut-être que le plaisir permet d’être en bonne santé. Il y a beaucoup d’exemples de personnes qui n’avaient pas un style de vie très sain, mais qui ont pourtant vécu très longtemps. Vous savez peut-être que la personne qui a vécu le plus longtemps était une Française qui s’appelait Jeanne Calment. Jeanne Calment est morte en 1997 à l’âge de 122 ans. 122 ans ! Vous vous rendez compte ? Eh bien cette dame a fumé presque toute sa vie, et elle mangeait aussi beaucoup de chocolat ! Bien sûr, je ne suis pas en train de vous dire qu’il faut fumer et manger du chocolat pour vivre longtemps. Au contraire, de nombreuses études ont montré que la cigarette augmente le risque de cancer. Mais je veux simplement souligner qu’on ne sait pas encore tout sur le corps humain. [00:26:39] Il faut donc rester ouvert d’esprit et travailler ensemble pour qu’on puisse vivre en meilleure santé et plus longtemps. [00:26:53] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Merci à vous de m’avoir écouté jusqu’au bout. Ça me fait très plaisir de voir qu’il y a toujours plus d’auditeurs, de personnes qui apprennent le français, et je suis très content si mon podcast vous aide. Si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser un commentaire sur iTunes ou sur l’application de podcast que vous utilisez. Ça me fera encore plus plaisir ! [00:27:26] La semaine prochaine, ça sera le 20ème épisode, et je vous ai préparé une petite surprise. Alors soyez au rendez-vous ! [00:27:36] À bientôt ! 20: 8 conseils pour progresser en français + nouveau nom Salut à tous et bienvenue dans innerFrench ! [00:00:17] Eh oui, un nouveau nom et un nouveau jingle ! Le Cottongue Podcast, c’est fini. J’ai décidé de changer tout ça car ça n’était pas très clair. Certaines personnes n’arrivaient pas à me trouver sur Google. Maintenant, j’espère que ça sera plus simple. En tout cas je suis très content de vous présenter cette nouvelle version de mon podcast. Rassurez-vous, mon objectif est toujours le même : vous aider à apprendre le français de façon naturelle. [00:00:55] Si vous avez écouté les épisodes précédents, vous connaissez déjà le principe, l’idée de ce podcast. Chaque semaine, je vous parle d’un nouveau sujet que je trouve intéressant, et j’essaye de vous l’expliquer simplement. Des sujets sur la culture française, l’actualité, l’histoire, la science, la psychologie, le développement personnel, etc. Comme ça, vous pouvez vous habituer à écouter la langue parlée, orale. J’espère que ça vous permet d’améliorer votre compréhension, de mieux comprendre le français. Et si vous ne comprenez pas tout, la transcription de chaque épisode est disponible sur mon site. D’ailleurs, la nouvelle adresse du site, c’est : www.innerfrench.com Retenez bien cette adresse et allez visiter le nouveau site quand vous aurez une minute de libre. [00:02:09] Ça peut aussi vous permettre de travailler votre prononciation en m’écoutant et en répétant ce que je dis. À mon avis, c’est un très bon exercice car en faisant ça, vous vous habituez à parler français. Si vous le faites assez souvent, ça deviendra de plus en plus facile et naturel. Vous pouvez aussi vous enregistrer, enregistrer votre voix avec un micro ou avec votre téléphone portable. Comme ça, vous pourrez voir votre évolution et les progrès que vous faites ! [00:02:56] Au fait, si vous avez des suggestions concernant les sujets, des thèmes dont vous voudriez que je parle, n’hésitez pas à m’écrire. Envoyezmoi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me dire : « Hey Hugo, est-ce que tu peux faire un podcast sur le cinéma français ou sur la cuisine ? ». Car si c’est un sujet qui vous intéresse, il y a de grandes chances qu’il intéresse aussi d’autres auditeurs. Donc moi je serai très content d’en parler ! [00:03:38] Justement, il y a une semaine j’ai reçu un email d’une auditrice. Écoutez ce qu’elle m’a écrit. [00:03:50] “Salut Hugo, Je m’appelle Giulia, je suis italienne mais je travaille aux Etas Unis depuis quatre ans. J’habite à Houston au Texas où il y a actuellement une tempête et où beaucoup de personnes ont dû abandonner leurs maisons à cause de ces conditions climatiques. Les experts disent que ce phénomène est une vraie catastrophe. Heureusement, là où j’habite la pluie n’a pas causé de gros dommages, je dois seulement rester à la maison et ne pas prendre le risque de sortir. C’est un malheureux événement et j’espère il se finira bientôt. Je t’écris pour dire que j’ai eu beaucoup de temps à dédier à tes podcasts et que j’ai aimé en particulier ceux sur l’éducation française et sur Uber. Ce matin aussi, j’ai écouté une émission à la radio sur Uber et son nouveau CEO. C’est un sujet très intéressant et en constante évolution. J’ai étudié le français au collège et au lycée mais je l’ai abandonné après le Baccalauréat. J’ai décidé de recommencer à le pratiquer pour deux raisons. La première c’est que j’aime les langues étrangères et que j’aime les parler: c’est un très bon exercice mental! La seconde, c’est que je suis en train de chercher du travail à Genève en Suisse et que je voudrais améliorer ma capacité à communiquer avec les habitants de cette ville. Je te demande de pardonner les erreurs lexicales et de grammaire, mon clavier est américain et ça n’aide pas ! Merci pour ton aide, je l’apprécie beaucoup: tes podcasts sont non seulement utiles mais ils sont aussi vraiment très intéressants. A bientôt, Giulia” [00:06:11] Merci beaucoup Giulia pour ton email. Bien sûr j’ai suivi ce qui s’est passé avec la tempête Harvey, et je suis très triste pour toutes les personnes qui en ont été victimes. Je sais qu’il y a beaucoup de nos amis américains qui écoutent ce podcast, donc j’en profite pour leur dire que je pense fort à eux, en particulier à ceux qui se trouvent dans les états qui ont été touchés par la tempête. Je sais qu’il faudra du temps pour réparer les dommages, et que certains sont irréparables, mais je sais aussi que vous aurez le courage de le faire. [00:06:56] Giulia, de ton côté j’espère que tu trouveras un poste à Genève. En tout cas ton français semble excellent donc je suis sûr que tu n’auras aucun problème à parler avec les Suisses francophones ! Merci encore pour tes compliments, ça me fait très plaisir de recevoir ce genre d’email et ça me motive à continuer mes podcasts pour vous aider. [00:07:25] Allez, sans plus attendre, on va passer au sujet principal de cet épisode. [00:07:38] Aujourd’hui, je vais vous donner quelques conseils pour progresser en français, pour passer du niveau intermédiaire au niveau avancé. Quand on apprend une langue, il y a différents plateaux, différents moments où on peut se sentir un peu bloqués. Si vous comprenez ce podcast, vous êtes déjà au moins au niveau intermédiaire. Vous êtes capables de comprendre des textes simples ou de parler de sujets basiques (la famille, le travail, ce que vous faites pendant votre temps libre). En Europe, ce niveau correspond au niveau B1 voire B2. [00:08:29] Mais peut-être que vous ne vous sentez pas encore à l’aise. « Se sentir à l’aise », ça signifie ne pas avoir de difficulté à faire quelque chose, le faire facilement. Par exemple si je dis « je suis à l’aise en anglais », ça veut dire que je n’ai pas de problème pour parler anglais. Faites attention à ne pas dire « confortable ». Une personne ne peut pas être « confortable ». Un canapé, un lit ou un fauteuil peuvent être confortables, mais pas une personne (sauf si vous aimez vous asseoir ou vous allonger sur elle) ! [00:09:16] Alors comment faire pour se sentir à l’aise en français ? C’est un peu ça, la question. Quand on passe du niveau intermédiaire au niveau avancé, on devient à l’aise avec la langue. On devient capable de parler la langue couramment, sans se poser de questions. C’est l’objectif de beaucoup de personnes : pouvoir parler naturellement avec des francophones sans chercher ses mots et comprendre ce qu’ils nous disent. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire ! [00:10:00] C’est un processus qui peut prendre plus ou moins de temps selon les personnes. Pour certains, c’est très rapide. Par exemple, il y a des personnes qui ont l’habitude d’apprendre des langues étrangères et qui sont plutôt extraverties. Pour elles, parler une nouvelle langue est une chose assez naturelle qu’elles font rapidement. Pour d’autres, ça demande plus de temps. Si vous êtes introvertis, peut-être que parler français vous fait un peu peur. Vous réfléchissez beaucoup à ce que vous voulez dire, vous cherchez vos mots, ça vous semble difficile. C’est normal, il ne faut pas se décourager. Il faut passer du temps avec la langue, l’utiliser dans différents contextes. Si vous êtes patients, petit à petit vous allez progresser. Et un jour, vous vous rendrez compte, vous remarquerez, que vous serez devenu capable de parler français. Tout le monde peut le faire ! D’ailleurs en France, on a un dicton qui dit « impossible n’est pas français ». Autrement dit : rien n’est impossible. [00:11:31] Alors pour vous aider dans votre aventure avec le français, j’ai préparé 8 conseils. Les 8 choses qui me semblent les plus importantes pour réussir à apprendre cette langue. Peut-être que certaines vont vous sembler évidentes, mais j’espère que d’autres vous seront utiles. [00:11:57] Prenez un stylo et une feuille pour prendre quelques notes. Allez, c’est parti ! 1) Se fixer des objectifs [00:12:12] À votre avis, quelle est la première chose à faire quand on apprend une nouvelle langue ? En général, on ne sait pas toujours par où commencer. Certains achètent un livre de grammaire, d’autres apprennent des listes de vocabulaire. Mais si vous faites ça, vous allez perdre votre temps. Car le plus important quand on commence, c’est de savoir où on va, et ça, ça veut dire : avoir des objectifs. Ok vous avez sûrement déjà un but comme « parler couramment français ». Malheureusement, ce genre d’objectif est trop général. [00:13:00] Il vous faut des objectifs plus spécifiques que vous pourrez réaliser rapidement. Par exemple : être capable de réserver une table dans un restaurant, pouvoir raconter l’histoire de notre série préférée. Ce sont des objectifs concrets que vous pouvez mesurer, vous pouvez savoir si vous avez réussi ou non. Vous devez aussi fixer une date limite (par exemple d’ici deux semaines ou avant vos prochaines vacances en France). Une fois que vous avez ces objectifs, vous pouvez choisir la stratégie pour les atteindre : quels mots de vocabulaire vous allez apprendre, de quelles structures vous avez besoin. [00:13:59] Et surtout, grâce à ces objectifs, vous allez voir que vous progressez, que vous êtes capables de faire de plus en plus de choses en français. Ça va vous motiver et vous donner confiance en vous. 2) Avancer petit à petit [00:14:24] Ensuite, je vous conseille de faire les choses progressivement. Ne choisissez pas des objectifs trop compliqués comme expliquer la situation politique dans votre pays si vous n’êtes pas capables de raconter vos dernières vacances par exemple. Si vous choisissez des objectifs trop difficiles, trop ambitieux, vous allez vous décourager si vous ne les atteignez pas. Donc il est mieux d’augmenter la difficulté progressivement pour rester motivé. [00:15:06] Dans l’idéal, vous pouvez prévoir votre progression à l’avance. Écrire une liste de choses que vous voulez être capable de faire, et les classer de la plus facile à la plus difficile. Évidemment, vous allez commencer avec les objectifs les plus faciles. 3) Être patient(e) [00:15:38] Ça m’amène à mon 3ème conseil: soyez patients (ou patientes). Maintenant toutes les applications et les gourous des langues vous promettent que vous pouvez apprendre à parler couramment une langue en trois mois. Alors oui, c’est possible, mais seulement si vous avez déjà l’habitude d’apprendre des langues étrangères et surtout si vous pouvez passer 8 heures par jour à le faire. Moi, je ne connais pas beaucoup de personnes qui peuvent trouver 8 heures par jour pour apprendre une langue pendant trois mois. [00:16:24] Ça veut dire que pour la majorité d’entre nous, il faut être patient. Il n’y a pas de formule magique ni de raccourci : pour apprendre une langue, nous devons passer un maximum de temps avec elle. Et surtout, il faut se laisser du temps, ne pas être impatient car ça crée de la frustration et on risque d’abandonner. 4) Créer une habitude [00:16:59] Comment faire pour être sûr de passer assez de temps avec une langue ? Tout simplement en créant une nouvelle habitude. Si vous programmez votre cerveau, apprendre peut devenir automatique et inconscient. [00:17:20] Pour ça, vous pouvez choisir une heure que vous consacrerez chaque jour à l’apprentissage du français. Vous pouvez vous lever plus tôt pour le faire ou bien éliminer une autre activité. Souvent le problème n’est pas le temps, mais les priorités. Si apprendre le français est votre priorité, vous trouverez du temps chaque jour. [00:17:51] Une autre façon de créer une habitude, c’est d’associer le français à d’autres activités que vous faites déjà. Par exemple : écoutez un podcast ou une émission de radio quand vous allez au travail, au sport, ou quand vous faites la cuisine. Remplacez le livre que vous lisez avant de dormir par un roman ou un magazine français. [00:18:21] Bref, si vous arrivez à créer cette habitude, je vous garantis que vous ferez rapidement d’énormes progrès. D’ailleurs, je vous conseille d’écouter (ou de réécouter) le podcast n°16 sur les habitudes, comme ça vous comprendrez tout à leur fonctionnement. 5) S’immerger dans la langue [00:18:52] Nous arrivons au 5ème conseil : l’immersion. En plus de cette habitude, vous devez essayer de vous immerger dans la langue, d’être « en immersion ». Comme quand vous plongez dans la mer ou à la piscine et que vous êtes sous l’eau. Attention, ici je ne parle pas de plonger dans une piscine française, mais de vous entourer de la langue. [00:19:23] Concrètement, qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous pouvez mettre votre téléphone et votre ordinateur en français, lire, regarder ou écouter les informations dans les médias francophones (vous pouvez même télécharger des applications pour recevoir des notifications sur votre téléphone toute la journée), vous pouvez faire des playlists de chansons françaises, etc. J’ai des élèves qui écoutent beaucoup de musique française et ça les aide à mémoriser les expressions. [00:20:05] Bref, même si vous n’avez pas la possibilité de passer du temps dans un pays francophone, vous aurez l’impression d’entendre et de voir la langue partout autour de vous ! 6) Faire des choses que vous aimez [00:20:26] Maintenant le 6ème conseil : faites 50 exercices de grammaire chaque jour… Ok je plaisante, c’est une blague, pas d’inquiétude. Si vous écoutez ce podcast depuis un certain temps, vous savez que pour moi la grammaire n’est pas le plus important. [00:20:50] J’imagine que vous n’avez pas envie de vous lever 30 minutes plus tôt pour faire des exercices de grammaire et je vous comprends ! Moi non plus, je ne le fais pas ! Mais pourquoi pas remplacer les exercices de grammaire par un épisode de série française ou un article sur un sujet qui vous passionne ? [00:21:19] Autrement dit, faites des choses que vous aimez, qui vous intéressent. Si vous aimez le cinéma, vous pouvez regarder des films en français mais aussi lire des livres sur vos réalisateurs préférés, trouver un podcast sur les dernières sorties, et même publier des critiques sur des forums de cinéphiles ! Il n’y a pas de limites, vous devez juste trouver les bonnes ressources. [00:21:52] Comme ça, votre pratique va devenir naturelle. Vous n’aurez plus l’impression de juste « faire du français », mais d’utiliser le français pour des activités concrètes qui vous plaisent. 7) Sortir de sa zone de confort [00:22:14] OK, l’avant-dernier conseil, le conseil n°7. Il concerne la zone de confort. [00:22:24] Si vous comprenez 80% de mon podcast ou plus, bravo ! Je sais que c’est très agréable d’écouter un natif parler et de comprendre tout ce qu’il raconte. Notre cerveau n’a pas besoin de trop travailler, on peut juste se détendre et profiter. [00:22:47] Mais j’imagine aussi que quand vous regardez un film français ou que vous essayez d’écouter la radio, ça n’est pas aussi facile ! Vous vous demandez pourquoi les Français parlent aussi vite, vous avez peut-être parfois l’impression qu’ils parlent une autre langue. Bref, c’est très difficile ! [00:23:11] Oui, mais c’est comme ça qu’on progresse. Il faut se mettre en difficulté, sortir de sa zone de confort. Il faut sentir que notre cerveau travaille, qu’il fait des efforts. Pour faire ça, vous pouvez chercher un autre podcast sur un sujet qui vous intéresse mais fait pour les Français et pas pour les étrangers. Un podcast qui n’est pas trop long (5-10min) et que vous allez écouter plusieurs fois. Si au début vous avez l’impression de ne rien comprendre, ça n’est pas grave ! Forcez-vous à l’écouter 3,5 ou 10 fois, et je vous promets que vous allez comprendre de plus en plus de choses. [00:24:08] Donc faites des choses qui vous plaisent, mais aussi d’autres qui sont plus difficiles pour progresser. 8) Prendre un coach [00:24:24] Je sais que ça peut être difficile de toujours se challenger, de faire du français régulièrement et de rester motivé. C’est pourquoi mon dernier conseil est de trouver un professeur particulier (ou au moins un partenaire linguistique natif) pour vous aider. Vous pouvez beaucoup progresser par vos propres moyens, mais parfois vous pouvez vous sentir perdus et avoir besoin d’aide. [00:24:59] Avec mes élèves, nous choisissons ensemble des objectifs et nous construisons un programme adapté. Comme ça, ils sont vraiment motivés car nous travaillons pour atteindre le but qu’ils se sont fixé, qu’ils ont choisi. [00:25:18] Mais en tant que coach, j’essaye surtout de leur donner confiance en eux, de leur montrer qu’ils sont capables de dire beaucoup de choses même avec un vocabulaire limité. Souvent, c’est le plus grand problème : le manque de confiance en soi. On a peur de faire des erreurs, de ne pas avoir une bonne prononciation. Moi, je montre à mes élèves qu’ils peuvent communiquer, transmettre leurs idées, d’une façon ou d’une autre. Ça n’est pas grave si leur grammaire n’est pas parfaite au début, car s’ils aiment le français et qu’ils passent assez de temps avec la langue, un jour ils pourront le parler sans problème. Mon but, c’est que ce jour arrive rapidement, que mes élèves deviennent vite autonomes et qu’ils n’aient plus besoin de moi. [NB : je ne fais plus de coaching/cours particuliers car je n’ai plus assez de temps] [00:26:28] Voilà, c’était mon 8ème et dernier conseil. J’espère que vous les avez trouvés utiles et qu’ils vous ont donné quelques idées pour progresser en français. [00:26:41] Si vous sentez que vous êtes bloqués, envoyez-moi un email et je vous proposerai des solutions. Ça me fera très plaisir de vous aider ! [00:26:53] Une dernière chose avant de finir ce podcast. J’ai créé un petit document, un petit guide, avec 10 super ressources que je recommande aux apprenants intermédiaires. Des sites internet, des chaînes youtube, des audiobooks, des podcasts (autres que le mien !) et tout ça, c’est gratuit. Vous pouvez le télécharger gratuitement sur mon site innerfrench.com. Il suffit juste de s’inscrire. Ensuite vous recevrez un email avec ce guide. Alors si ça vous intéresse, allez faire un tour sur mon site pour le trouver. [00:27:45] Ok, c’est tout pour aujourd’hui. [00:27:48] Un grand merci de m’avoir écouté et d’être de plus en plus nombreux à le faire. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. [00:28:01] À bientôt ! 21 Peut-on faire confiance à notre cerveau ? Salut c’est l’épisode 21 et aujourd’hui on va voir si on peut faire confiance à notre cerveau ! [00:00:17] Bienvenue dans ce nouvel épisode. Comme d’habitude on va passer une trentaine de minutes ensemble et je vais essayer de vous apprendre quelque chose d’intéressant. Et tout ça en français bien sûr ! Comme ça, vous pouvez passer du temps avec la belle langue de Molière sans trop penser à sa grammaire. Molière, vous connaissez ? C’est un célèbre dramaturge français du XVIIème siècle, ou dit plus simplement quelqu’un qui a écrit des pièces de théâtre. D’ailleurs il était aussi comédien. Alors en français, pour faire référence à notre langue on utilise parfois l’expression « la langue de Molière ». On ne sait pas vraiment pourquoi c’est Molière qui a été choisi. On aurait pu prendre un autre auteur célèbre comme Victor Hugo ou Arthur Rimbaud. Mais non, c’est Molière qu’on a choisi. Donc si vous voulez utiliser un synonyme pour ne pas toujours répéter « le français », ou si vous voulez surprendre la personne à qui vous parlez, vous pouvez dire « j’apprends la langue de Molière ». Je suis sûr que votre interlocuteur sera très impressionné ! Ah et vous savez comment on appelle l’anglais ? La langue de Shakespeare ! Tout simplement. [00:01:58] Bon, je n’ai pas vraiment prévu de vous parler de théâtre aujourd’hui, mais plutôt de cet organe bizarre que nous avons dans la tête : le cerveau. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous faire un cours de biologie. Ça dépasse un peu mes compétences. Par contre, on va essayer de comprendre comment fonctionnent nos pensées, nos jugements. Comment fait-on pour répondre à la question 2 + 2 = 4 ? Est-ce que c’est le même mécanisme que pour répondre à une question philosophique comme « faut-il chercher le bonheur pour le trouver ? ». Et surtout, on va voir si on peut faire confiance à ces jugements. En général, on pense que la plupart de nos décisions sont rationnelles. On analyse la situation, les conditions, les résultats possibles, et on prend la meilleure décision possible, la plus rationnelle. Mais êtes-vous vraiment sûrs d’être si rationnels que ça ? [00:03:24] On va faire une petite expérience pour le vérifier. [00:03:28] Imaginez que vous êtes dans le métro, vous allez au travail. À côté de vous, il y a un homme très élégant qui porte un costume et une cravate. À votre avis, est-ce que ce monsieur a un doctorat ou bien est-ce qu’il n’a pas fait d’études ? Un doctorat, c’est quand on fait des études très longues à l’université, on écrit une thèse, on fait des recherches, et ensuite on doit présenter cette thèse pour obtenir ce diplôme, le doctorat. [00:04:08] Alors observez bien ce monsieur. Qu’est-ce que vous pensez de lui ? Vous le regardez, vous voyez comment il est habillé, et à cause de ses vêtements, vous vous dites sûrement que c’est quelqu’un qui a du succès. S’il a du succès, on imagine qu’il a fait des études, ça ne vous surprendrait pas qu’il ait un doctorat. C’est plutôt logique tout ça, non ? [00:04:39] Eh bien non, pas du tout ! Statistiquement, parmi les gens qui prennent le métro il y a beaucoup plus de personnes qui n’ont pas fait d’études que de personnes qui ont un doctorat. Le problème ici, c’est qu’on fait confiance à notre jugement, on a l’impression de penser de manière logique. Mais en réalité, pas du tout. On se base seulement sur des stéréotypes, des informations partielles. [00:05:12] Dans ce cas-là, ça n’est pas très grave, c’est juste une petite expérience. Mais quand il s’agit de décisions plus importantes, là nos erreurs de jugement, d’appréciation, peuvent nous coûter très cher. [00:05:31] Il y a un auteur qui s’est beaucoup intéressé à ces questions, et c’est grâce à lui que moi aussi je m’y suis intéressé. Cet auteur, c’est un économiste et psychologue israélo-américain qui s’appelle Daniel Kahneman. Il a été professeur dans les universités américaines les plus prestigieuses comme Princeton et Berkeley, et il a gagné le Prix Nobel d’économie en 2002. Le livre dans lequel il a expliqué ses théories au grand public s’appelle Thinking Fast and Slow et il a été publié en 2001. Dans ce livre, il présente les résultats de certaines de ses expériences, de ses recherches, et il les explique simplement pour que tout le monde puisse les comprendre. C’est un livre qui a eu beaucoup de succès, peut-être que vous l’avez déjà lu en anglais. Aujourd’hui je vais donc vous présenter quelques conclusions de ce livre passionnant et, si vous ne l’avez pas encore lu, j’espère que ça vous donnera envie d’en savoir plus. [00:06:58] Allez, c’est parti ! [00:07:11] Pour commencer, il y a un concept très important si on veut comprendre les théories de Kahneman. Ce concept, c’est celui des deux systèmes. Kahneman, et d’autres psychologues avant lui, estiment que dans chacun d’entre nous, il y a deux systèmes chargés de penser. [00:07:38] D’un côté, nous avons le premier système que Kahneman appelle tout simplement le système 1. Il est très rapide et il pense de manière automatique, intuitive, sans faire d’effort. Nous n’avons pas vraiment de contrôle sur lui. Grâce au système 1, nous pouvons conduire une voiture, répondre à la question « 2 +2 = ? », ou encore interpréter l’expression du visage de la personne à qui on parle (pour savoir si elle est heureuse, triste ou en colère). [00:08:22] De l’autre côté, il y a le système 2 qui est beaucoup plus lent. Nous devons faire des efforts pour qu’il fonctionne, il n’est pas du tout automatique ! C’est lui qui est en charge de prendre les décisions plus difficiles, comme par exemple quand nous voulons acheter une maison, ou alors quand nous faisons un calcul compliqué comme 53 x 467, quand nous avons oublié un mot et que nous le cherchons dans notre mémoire, ou même quand nous devons remplir notre déclaration d’impôts. [00:09:06] Pour mieux visualiser ces deux systèmes, on peut les imaginer comme des personnes. Système 1, c’est quelqu’un de très spontané, qui fait confiance à son instinct, plutôt extraverti. Il est sûr de lui. Quand il fait du shopping, c’est un acheteur compulsif, autrement dit il achète tout ce qu’il aime sans vérifier le prix ni la qualité. [00:09:38] Au contraire, son ami Système 2 réfléchit beaucoup avant d’acheter quelque chose. Il lit toutes les informations sur le produit, il compare les prix sur internet, il demande l’avis de ses autres amis. Bref, il a besoin de temps pour prendre une décision, pour peser le pour et le contre. Ah oui, « peser le pour et le contre » c’est une super expression que vous pouvez utiliser quand vous comparer les avantages et les inconvénients de quelque chose. Avant de prendre une décision compliquée il faut peser le pour et le contre. [00:10:23] Ok, j’espère que vous visualisez bien ces deux systèmes, parce qu’on va beaucoup parler d’eux. [00:10:32] Le Système 1 a beaucoup plus d’influence qu’on ne le pense. Il est responsable de nos impressions, de nos sentiments. Quand ces sentiments et impressions sont validés par le système 2, ils deviennent même des croyances, des valeurs, des attitudes. Par exemple si vous n’aimez pas le goût de la viande et que vous lisez ensuite que la viande est mauvaise pour la santé, l’environnement et les animaux, alors vous devenez végétarien. Vous associez une impression physique générée par le système 1 à un raisonnement logique du système 2 et vous avez une nouvelle attitude vis-à-vis de la viande. [00:11:24] Mais en général, c’est bien le système 1 qui prend la grande majorité des décisions, c’est lui le héros en quelque sorte. Il donne du sens au monde qui nous entoure. Il essaye de tout rendre cohérent et compréhensible pour que nous ne nous sentions pas perdus. [00:11:48] Quand le Système 1 ne trouve pas de solution immédiatement, le Système 2 vient l’aider. Il s’occupe des problèmes qui sont trop compliqués pour le Système 1. Mais il est aussi chargé de contrôler qu’il ne fasse pas d’erreurs, que ce que dit le Système 1 est possible. Par exemple si on vous pose la question 2+2 = ? Et que vous répondez carotte, le système 2 va intervenir pour corriger ça, car là il y a un gros bug, un gros problème ! [00:12:32] Mais en réalité, le système 2 n’intervient pas beaucoup parce que nous sommes paresseux. Notre cerveau est comme nous, il n’aime pas faire d’efforts. C’est pour ça que quand on va faire les courses, on écrit une liste. Comme ça nous ne sommes pas obligés de nous rappeler de ce que nous devons acheter, c’est plus facile pour notre cerveau. [00:13:01] Donc le Système 2 laisse le Système 1 prendre les décisions rapidement, sans se fatiguer. Si vous essayez de calculer 44 x 92, le système 2 va intervenir mais il va utiliser de l’énergie pour trouver le résultat. Si vous faites des calculs comme ça pendant 3 heures, vous allez être fatigués comme après avoir fait du sport. Donc pour éviter ça, on laisse le système 1 agir et le système 2 se reposer. [00:13:53] Maintenant, nous allons voir comment ces deux systèmes peuvent concrètement nous pousser à commettre des erreurs. « Commettre », c’est un verbe qui signifie « faire ». On l’utilise seulement avec des choses mauvaises, des choses regrettables comme une erreur ou un crime. Donc on dit « commettre un crime » et pas « faire un crime », comme en anglais d’ailleurs. [00:14:23] Les erreurs dont je vais vous parler aujourd’hui, on les appelle en psychologie des « biais cognitifs ». C’est un peu technique comme expression, mais ça désigne simplement un mécanisme de la pensée qui cause une déviation du jugement. Au lieu de traiter l’information de manière logique et rationnelle, notre cerveau fait une analyse le plus rapidement possible pour qu’elle soit cohérente avec notre vision du monde. Il interprète notre environnement en le simplifiant. Un bon exemple de ces biais cognitifs, ce sont les stéréotypes, les préjugés. Peut-être que vous vous rappelez du podcast que j’ai fait au sujet des stéréotypes sur les Français. Si dans votre pays vous voyez une personne dans la rue qui porte un béret, vous allez peut-être penser qu’elle est française. Mais en réalité les Français ne portent presque jamais de béret donc c’est peu probable. Et statistiquement, il est beaucoup plus probable que cette personne a la même nationalité que vous. Ici vous comprenez comment les biais peuvent affecter notre jugement. C’est la même chose qu’avec la petite expérience du métro que je vous avais proposée en introduction. [00:16:05] À mon avis, il est très important de connaître ces biais cognitifs car ils sont souvent utilisés contre nous. Par exemple, les entreprises profitent de ces biais cognitifs pour augmenter leurs ventes, pour séduire ou même tromper leurs clients. Les sociétés de jeux de hasard comme les casinos ou les loteries profitent de notre méconnaissance des lois statistiques. Les politiciens les utilisent pour rendre leurs discours plus convaincants (même si leurs arguments ne le sont pas vraiment). [00:16:51] Le premier biais intéressant dont parle Kahneman dans son livre s’appelle le biais d’ancrage. Vous savez une ancre, c’est un objet très lourd attaché à un bateau qu’on jette au fond de la mer pour que le bateau reste sur place. C’est de cet objet que vient le mot ancrage. [00:17:15] Alors comment fonctionne ce bais ? C’est très simple. Si je vous demande d’estimer la hauteur de la Tour Eiffel, vous n’en avez peut-être aucune idée. Vous pensez peut-être à une hauteur comme 500 mètres. Mais si la personne qui est à côté de vous répond 200 mètres, quand ça sera votre tour de répondre vous direz un chiffre proche de 200 mètres (et pas de 500 mètres comme vous pensiez au départ). C’est ça, le biais d’ancrage. Utiliser des informations qu’on a entendues précédemment pour prendre une décision, même si ces informations ne sont pas vérifiées ni pertinentes. [00:18:09] Un autre exemple. Si je vous dis le chiffre 10, comme ça, sans aucune raison, et qu’après je vous demande d’estimer mon âge, vous allez donner une estimation plus basse que si je vous avait dit le chiffre 60 en introduction. Même si ces chiffres n’ont aucun rapport avec mon âge, le simple fait de les avoir entendus avant de répondre à la question va influencer votre réponse. [00:18:46] En plus ici, les deux systèmes sont biaisés. Le système 1 utilise inconsciemment la mémoire à court terme, et les informations qui y sont présentes influencent son jugement. Le système 2, lui, utilise aussi ces informations consciemment. On pense « Ok, si cette personne a répondu 200 mètres, elle doit savoir que c’est la bonne hauteur. Je pense que je peux lui faire confiance, la bonne réponse doit être proche de 200 mètres, alors je vais répondre la même chose moi aussi ». [00:19:34] Au lieu de corriger le biais, l’erreur du système 1, le système 2 la renforce. Il ne joue pas son rôle de contrôleur mais il aggrave l’erreur. [00:19:48] Le deuxième biais qu’analyse Kahneman concerne le risque. On pense que le risque est quelque chose d’objectif. Le risque de mourir dans un crash aérien, le risque d’avoir une crise cardiaque avant 50 ans. Mais en réalité, le concept de risque n’existe pas dans le monde réel. Il fait partie de notre culture et de notre esprit. Nous avons inventé ce concept pour surmonter, pour dépasser, le caractère aléatoire de la vie, le hasard. Le hasard, c’est une chose qui nous fait très peur. Plutôt que de l’accepter, notre Système 1 préfère trouver des causes. Imaginons que vous jouez à pile ou face, vous savez c’est quand vous prenez une pièce de monnaie et que vous la lancer pour voir de quel côté elle va retomber : du côté pile (avec le chiffre) ou du côté face (avec l’image). Alors vous êtes en train de jouer à pile ou face et vous obtenez pile 10 fois d’affilée, 10 fois à la suite. 1er lancer : pile, 2ème lancer : pile… etc. jusqu’à 10. Là, vous allez être surpris. Peut-être que vous allez penser que la pièce a un problème, un défaut de fabrication. Mais en réalité, la probabilité d’obtenir 10 piles à la suite est la même que les autre combinaisons. Simplement notre système 1 a du mal à accepter ce hasard, alors il essaye de trouver des raisons pour expliquer ça. Le problème, c’est que ces raisons sont souvent fausses et qu’il s’agit simplement du hasard. [00:22:06] Un autre exemple. Quand on prend l’avion, on peut se rassurer en se disant que le risque de crash aérien est très faible. On se dit que, statistiquement, il est plus probable d’avoir un accident de voiture que d’avion. Ça nous rassure et on peut monter dans l’avion. Mais en réalité le scénario d’un crash de votre avion est possible, il existe. Simplement on se rassure en le minimisant, en se disant que ça ne peut pas nous arriver à nous, que ça arrive seulement aux autres. [00:22:49] Il y a des personnes qui sont vraiment terrifiées quand elles prennent l’avion. Elles savent que la probabilité de se crasher est faible, mais une fois qu’elles sont dans l’avion, elles repensent aux catastrophes aériennes récentes. C’est facile car ce sont des événements qui sont très médiatisés, beaucoup plus médiatisés que les accidents de voiture. À ce moment-là, elles commencent à paniquer. Elles sont sûres que leur avion va se crasher. La probabilité leur semble beaucoup plus élevée qu’elle ne l’est en réalité. Ici c’est leur système 1 qui est aux commandes. Il utilise une émotion –la peur- et des souvenirs récents –les crashs aériens- pour arriver à la conclusion que prendre l’avion est très dangereux. Et cette conclusion semble impossible à contredire, on est sûr d’avoir raison même si notre voisin dans l’avion nous rappelle les statistiques et la faible probabilité de ce scénario. Le pire, c’est que dans ces cas-là, dans ces situations, notre système 2 ne nous aide pas. Il ne contrôle pas le jugement du système 1. Pourquoi ? Parce que ça lui demanderait beaucoup de travail et d’efforts pour le contredire. N’oubliez pas que le Système 2 est paresseux, il n’aime pas trop qu’on lui demande de travailler. Il préfère nous laisser croire au jugement du Système 1 qui est beaucoup plus facile à comprendre. [00:24:40] C’est un peu le même processus avec ce qu’on appelle l’intuition. À votre avis, quel système est en charge de notre intuition ? Le Système 1 bien sûr ! L’intuition est simplement un jugement du Système 1 basé sur des émotions, des sensations. Quand on fait confiance à notre intuition, en fait c’est notre Système 2 qui n’a pas envie de travailler, d’analyser la situation et de prendre une décision rationnelle. Alors il laisse le Système 1 décider à sa place et lui il peut faire la sieste tranquillement ! [00:25:33] Maintenant on va passer à la dernière partie de ce podcast. J’espère que ça n’est pas trop compliqué et que vous arrivez à me suivre. Je suis sûr que votre Système 2 est bien actif en ce moment ! [00:25:50] Cette dernière partie concerne la suffisance, autrement dit le fait d’avoir trop confiance en soi. Par exemple si le coach d’une équipe de foot déclare avant le match qu’il est sûr à 100% de gagner, on peut dire qu’il est suffisant, il a trop confiance en lui. Bien entendu, cette suffisance nous conduit souvent à commettre des erreurs de jugement. [00:26:21] D’où vient cet excès de confiance ? Souvent, de notre vision du passé. Par exemple si l’équipe de ce coach a battu son adversaire aux 30 matchs précédents, alors il est sûr qu’elle va le faire encore une fois. Mais en général, nous avons une mauvaise connaissance du passé. Nous avons l’impression de tout comprendre ; à l’école nous avons les cours d’histoire pour analyser les événements du passé, décrypter leurs mécanismes. Mais en réalité, notre connaissance est imparfaite et surtout nous avons tendance à croire à une histoire non pas parce qu’elle est exacte, mais parce qu’elle est séduisante. D’ailleurs c’est intéressant de noter qu’on utilise le mot « histoire » pour ça, comme si le passé est une histoire à raconter avec des héros, des gentils et des méchants, des péripéties. Alors que bien souvent, le passé est une suite d’événements liés au hasard. Mais vous savez déjà que le hasard n’est pas une explication satisfaisante pour nous, alors les historiens essaient de trouver des causes plus intéressantes, plus séduisantes. [00:27:52] Si on reprend l’exemple de notre coach, peut-être que ce n’était pas lui qui s’occupait de cette équipe lors des matchs précédents. Il ne sait pas exactement comment ses joueurs s’entraînaient, dans quel état d’esprit ils étaient. Et il ne sait pas non plus comment était l’équipe adverse. Peutêtre que beaucoup de joueurs ont changé, peut-être qu’ils ont une nouvelle stratégie, un nouveau schéma tactique. Ce coach préfère se dire que son équipe a toujours gagné, que le contexte est grosso-modo le même, et il peut donc conclure que la victoire est assurée. [00:28:38] Vous voyez l’erreur de jugement ici ? Si l’équipe perd, on dira peut-être que c’était la faute du coach, qu’il a mal préparé ses joueurs, qu’il n’avait pas la bonne stratégie. Mais la réalité est beaucoup plus complexe. Le résultat final du match est la combinaison de milliards de facteurs et d’une grand part de hasard. Encore une fois, les supporters de l’équipe vont préférer chercher des explications simples et séduisantes au lieu d’analyser en détails tous ces facteurs et d’accepter le rôle du hasard. [00:29:27] Ok, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a intéressé, que ça n’était pas trop difficile à comprendre. Maintenant, vous allez pouvoir laisser votre cerveau se reposer un peu. [00:29:43] Je vous rappelle que la transcription de ce podcast est disponible sur mon site innerfrench.com, et que vous pouvez aussi me retrouver sur Facebook. Je partage de plus en plus de choses sur la page, et je vous invite à la liker pour voir ce qui se passe et peut-être pour découvrir d’autres choses intéressantes qui vont vous aider à apprendre le français. [00:30:20] Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire, à m’envoyer un email, et je serai très content de vous répondre. [00:30:29] Merci à tous et à la semaine prochaine pour un nouvel épisode 22 Une histoire surnaturelle : le Horla de Maupassant Bienvenue dans l’épisode 22. Aujourd’hui je vous raconte une histoire surnaturelle. [00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce nouveau podcast. Comme d’habitude j’espère que vous allez bien et que la rentrée n’est pas trop dure. J’imagine que vous avez beaucoup de travail, ou si vous êtes étudiants j’imagine que vous vous préparez à retourner en cours. [00:00:30] C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai décidé de faire un podcast un peu différent. Je ne vais pas vous parler d’un sujet particulier, mais je vais plutôt vous lire une histoire. Comme ça, ça va vous changer un peu. Je n’ai pas envie que vous vous ennuyiez avec moi ! Donc je pense que c’est bien de casser la routine, d’essayer des choses différentes. D’ailleurs si vous avez des suggestions de sujets, vous pouvez m’envoyer un mail. Ça me donnera sûrement de nouvelles idées ! [00:01:04] L’histoire que je vais vous raconter, ça n’est pas moi qui l’ai écrite. C’est Guy de Maupassant, un des auteurs français les plus célèbres. Il est né en 1850 en Normandie. Sa mère était une amie de Gustave Flaubert, un autre grand écrivain français de l’époque. Maupassant a commencé sa carrière d’écrivain grâce à lui. Il a rapidement obtenu du succès avec ses oeuvres, ce qui lui a permis de quitter son emploi dans l’administration. Mais à l’âge de 41 ans, Maupassant s’est mis à avoir des hallucinations, des visions. Il a même essayé de se suicider. Autrement dit, il est devenu fou. Alors il a été enfermé dans un hôpital psychiatrique (à l’époque, on appelait ces endroits des « maisons de santé »). Il est mort dans cette maison de santé un an plus tard, en 1893. [00:02:18] Maupassant a écrit 6 romans qui ont marqué la littérature française. À cette époque, à la fin du XIXème siècle, le surnaturel est très à la mode. Autrement dit les phénomènes paranormaux, les choses qu’on ne peut pas expliquer scientifiquement. Souvent ce sont des choses qui nous font peur. Par exemple les fantômes, les créatures comme les monstres, etc. Les gens de cette époque adoraient ce genre d’histoire. Justement, dans celle que je vais vous raconter aujourd’hui, il est question d’une créature surnaturelle. [00:03:05] Cette histoire est une adaptation de la nouvelle de Maupassant qui s’appelle Le Horla. C’est une de ses nouvelles les plus connues. Une nouvelle, c’est une histoire assez courte, plus courte que dans un roman. Il y a moins de personnages et l’auteur se concentre sur l’histoire principale. Comme cette nouvelle date de 1887, il y a beaucoup de mots qu’on n’utilise plus vraiment maintenant. Ça serait peut-être un peu difficile pour vous de comprendre le texte original, donc je l’ai réécrit de façon simplifiée avec des mots plus modernes. [00:03:52] Dans cette nouvelle, le narrateur (celui qui raconte l’histoire) parle à travers un journal intime. Un journal intime vous savez, c’est un document où on écrit chaque jour les choses qu’on pense et les événements qui nous sont arrivés. Donc dans cette histoire, je vais utiliser « je » comme le narrateur. Et au début de chaque partie, je dirai la date qui est dans le journal. L’histoire commence le 8 mai. [00:04:29] J’espère que ça va vous plaire. Mettez-vous à l’aise, installezvous confortablement, et écoutez l’histoire du Horla de Maupassant. [00:04:50] 8 mai. – Quelle journée magnifique ! J’ai passé toute la matinée allongé sur l’herbe, devant ma maison. J’aime cette région, et j’aime y vivre. De ma maison, je vois la Seine qui coule, ce fleuve qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux. D’ailleurs, cet après-midi, j’ai vu passer un magnifique bateau blanc brésilien. [00:05:18] 12 mai. – J’ai un peu de fièvre depuis quelques jours ; je me sens mal, ou plutôt je me sens triste. D’où viennent ces influences mystérieuses qui changent notre bonheur en découragement et notre confiance en détresse ? On dirait que dans l’air, dans l’air invisible que je respire, il y a des Puissances mystérieuses. [00:05:45] Quand je me réveille, je suis heureux et j’ai envie de chanter. Pourquoi ? Ensuite je me promène le long de la rivière, et en rentrant je deviens triste, comme si un malheur m’attendait chez moi. Pourquoi ? Estce que c’est à cause d’une sensation désagréable ? Est-ce que c’est à cause de la forme des nuages ou de la couleur du ciel ? Difficile à dire. [00:06:18] Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous touchons, a sur nous des effets rapides, surprenants et inexplicables. [00:06:32] Comme il est profond, ce mystère de l’Invisible ! [00:06:37] Nous ne pouvons pas faire confiance à nos sens, à nos yeux qui ne peuvent pas voir les choses trop grandes ou trop petites, ni à nos oreilles qui transforment les bruits en musique ! Il nous faudrait d’autres organes pour découvrir les miracles qui sont autour de nous ! [00:06:59] 16 mai. – Je suis malade ! Je me sentais si bien le mois dernier ! J’ai de la fièvre, une fièvre horrible, qui fait souffrir mon âme autant que mon corps ! J’ai toujours la sensation d’un danger qui me menace, la peur d’un malheur ou de la mort qui approchent. [00:07:28] 18 mai. – Je viens d’aller chez le docteur, car je ne pouvais plus dormir. Il m’a trouvé agité mais sans aucun symptôme alarmant. Il m’a prescrit quelques médicaments. [00:07:44] 25 mai. – Aucun changement ! Mon état est vraiment bizarre. Plus le soir approche, plus je deviens inquiet, comme si la nuit cachait pour moi une menace terrible. Je dîne vite, puis j’essaie de lire ; mais je ne comprends pas les mots ; je ne vois pas bien les lettres. Je marche alors dans mon salon de long en large, avec la peur du sommeil et la peur du lit. [00:08:18] Vers dix heures, je monte dans ma chambre. Dès que j’entre, je ferme la porte à clé. J’air peur… de quoi ? Avant je n’avais peur de rien. J’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit ; j’écoute… j’écoute… quoi ?… Puis, je me couche, et j’attends le sommeil. Je l’attends mais j’ai peur qu’il arrive, mon cœur bat et mes jambes tremblent, jusqu’au moment où soudainement je m’endors. Quand je m’endors, c’est comme si je me noyais, comme si je tombais dans l’eau sans pouvoir nager. [00:09:03] Je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis je fais un rêve – non – un cauchemar. Je sens bien que je suis couché et que je dors… je le sens et je le sais… et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me touche, monte sur mon lit, me prend le cou entre ses mains et serre… serre… de toute sa force pour m’étrangler. Moi j’essaye de le repousser mais je suis comme paralysé. [00:09:45] Je veux crier, – je ne peux pas ; – je veux bouger, – je ne peux pas ; – malgré tous mes efforts, je ne peux rien faire. [00:09:55] Et soudain, je me réveille, horrifié, couvert de sueur. J’allume la lumière. Je suis seul. [00:10:05] Après cette crise, qui recommence toutes les nuits, je dors enfin, avec calme, jusqu’au matin. [00:10:16] 2 juin. – Mon état s’est encore aggravé. Mais qu’est-ce que j’ai ? Les médicaments ne marchent pas. Pour me fatiguer, j’ai décidé d’aller faire un tour dans la forêt. Je pensais que ça me ferait du bien. Je marchais dans la forêt quand soudain je me suis mis à avoir très peur. Alors j’ai commencé à marcher plus vite, j’avais peur d’être tout seul dans la forêt. J’avais l’impression d’être suivi, que quelqu’un marchait derrière moi, tout près de moi. Je me suis retourné, mais j’étais seul. Il n’y avait personne d’autre que moi. [00:11:00] 3 juin. – La nuit a été horrible. Je vais partir pour quelques semaines. Un petit voyage, sans doute, me fera du bien. [00:11:11] 2 juillet. – Je rentre. Je suis guéri. Ce voyage était très agréable. J’ai visité le mont Saint-Michel que je ne connaissais pas. La ville est sur une colline et la vue y est magnifique, surtout pendant le coucher de soleil. [00:11:34] 4 juillet. – J’ai mal dormi. Mes anciens cauchemars reviennent. Cette nuit, j’ai senti quelqu’un assis sur moi, et qui avait sa bouche sur la mienne, il buvait ma vie entre mes lèvres. Oui, il la prenait dans ma gorge, comme un parasite. Puis il s’est levé et moi je me suis réveillé, tellement faible que je ne pouvais plus bouger. Si ça continue encore quelques jours, je repartirai sûrement. [00:12:13] 5 juillet. – Est-ce que je suis devenu fou ? Ce qui s’est passé la nuit dernière est tellement bizarre, que je me sens perdu quand j’y pense ! Comme je le fais maintenant chaque soir, j’avais fermé ma porte à clef. J’avais soif alors j’ai bu un verre d’eau. J’ai remarqué par hasard que ma bouteille d’eau était quasiment pleine. Ensuite je me suis endormi. Deux heures plus tard, je me suis réveillé avec l’impression de ne plus pouvoir respirer. J’ai voulu boire de l’eau alors j’ai allumé la lumière et j’ai pris ma bouteille. Elle était vide ! Elle était complètement vide ! D’abord, je n’ai rien compris. Mais soudain, j’ai ressenti une émotion si terrible, que je suis tombé de mon lit. J’ai regardé autour de moi, j’étais terrifié devant cette bouteille vide. Mes mains tremblaient. Je regardais cette bouteille pour essayer de comprendre. Qui avait bu cette eau ? Qui ? Moi ? Moi, sans doute ? Ce ne pouvait être que moi ? Alors, j’étais somnambule, je vivais, sans le savoir, une double vie mystérieuse, comme si j’étais deux personnes à la fois. [00:13:45] 6 juillet. – Je deviens fou. Quelqu’un a encore bu toute ma bouteille d’eau cette nuit ; – ou plutôt, je l’ai bue ! Mais, est-ce que c’est moi ? Est-ce que c’est moi ? Qui d’autre ? Qui ? Oh ! mon Dieu ! Je deviens fou ! Qui pourra me sauver ? [00:14:10] 10 juillet. – J’ai décidé de faire un test. Le 6 juillet, avant de me coucher, j’ai mis sur la table à côté de mon lit du vin, du lait, de l’eau, du pain et des fraises. Quelqu’un a bu – j’ai bu – toute l’eau, et un peu de lait. On n’a touché ni au vin, ni au pain, ni aux fraises. [00:14:39] Le 7 juillet, j’ai refait la même expérience, qui a donné le même résultat. Le 8 juillet, j’ai enlevé l’eau et le lait. On n’a touché à rien. Enfin le 9 juillet, j’ai remis sur ma table seulement l’eau et le lait, en fermant bien les bouteilles. Quand je me suis réveillé, on avait bu toute l’eau ! On avait bu tout le lait ! Je vais partir tout à l’heure pour Paris. [00:15:14] 12 juillet. – Paris. Je pense que j’avais perdu la tête ces derniers temps ! J’ai dû être victime de mon imagination énervée, à moins que je ne sois vraiment somnambule. En tout cas, une journée à Paris a suffit à me faire oublier ma peur. Hier, après des courses et des visites, j’ai fini ma soirée au Théâtre-Français. On y jouait une pièce d’Alexandre Dumas fils ; et cette pièce a fini de me guérir. [00:15:52] La solitude est dangereuse pour les intellectuels qui travaillent. Il nous faut autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand nous sommes seuls longtemps, nous inventons des fantômes. Je suis rentré à l’hôtel très heureux, par les boulevards. J’ai repensé à mes peurs en souriant. Notre tête est faible et elle se perd vite, dès qu’on ne comprend pas quelque chose! Au lieu de conclure en se disant : « Je ne comprends pas parce que je ne connais pas la cause », nous imaginons des mystères terrifiants et des puissances surnaturelles. [00:16:36] 14 juillet. – Fête nationale. Je me suis promené dans la rue. Les feux d’artifice m’ont amusé comme un enfant. C’est bête d’être joyeux, à date fixe, quand le gouvernement le décide. Les gens sont stupides. On leur dit : « amusez-vous », ils s’amusent. On leur dit : « allez vous battre avec votre voisin », ils vont se battre avec leur voisin. On leur dit : « votez pour le candidat de gauche », ils votent pour le candidat de gauche. Ensuite on leur dit : « votez pour le candidat de droite », ils votent pour le candidat de droite. [00:17:18] 16 juillet. – J’ai vu hier des choses qui m’ont beaucoup troublé. Je dînais chez ma cousine. Parmi les autres invités, il y avait le docteur Parent, qui s’occupe des maladies nerveuses et de l’hypnose. Ma cousine ne croit pas à l’hypnose, alors le docteur lui a proposé de l’endormir. Elle a accepté et elle s’est assise dans un fauteuil. Le docteur l’a regardée fixement et au bout de 10 minutes elle s’est endormie. Pendant qu’elle dormait, il lui a dit de venir me voir le lendemain matin à mon hôtel pour me demander de lui prêter de l’argent. Enfin, il l’a réveillée. J’étais assez surpris, mais je ne pensais pas que ça marcherait. [00:18:16] Mais le lendemain matin, ma cousine est venue me voir à l’hôtel pour me demander de lui prêter de l’argent. J’étais tellement surpris que je ne savais pas quoi lui répondre. Je me demandais si elle ne me mentait pas, si ça n’était pas une façon de se moquer de moi avec le docteur. Mais elle avait l’air vraiment sérieuse, le docteur l’avait vraiment hypnotisée. J’ai essayé de lui expliquer qu’elle n’avait pas besoin d’argent, que c’était seulement le médecin qui l’avait hypnotisée. Mais elle refusait de me croire. [00:18:59] Je suis allé chercher le médecin, et il a à nouveau hypnotisé ma cousine. Il lui a dit qu’elle n’avait plus besoin de m’emprunter de l’argent. Quand il l’a réveillée, elle avait tout oublié. [00:19:14] 19 juillet – Beaucoup de personnes à qui j’ai raconté cette aventure se sont moquées de moi. Je ne sais plus quoi penser. [00:19:24] 30 juillet. – Je suis rentré chez moi hier. Tout va bien. [00:19:29] 6 août. – Cette fois, je ne suis pas fou. J’ai vu… j’ai vu… j’ai vu !… Je ne peux plus douter… j’ai vu ! [00:19:42] Je me promenais à deux heures, dans mon jardin, près des rosiers. Soudain, une rose s’est coupée et elle est montée dans les airs, comme si elle était tenue par une main invisible. J’ai essayé de l’attraper, mais elle a disparu ! Alors je me suis énervé. Ça n’est pas possible pour un homme intelligent comme moi d’avoir des hallucinations comme ça ! Mais était-ce c’était vraiment une hallucination ? Je me suis approché de l’endroit où la rose était, et j’ai vu la tige coupée. [00:20:28] Quel choc ! Maintenant j’en suis sûr ! Je suis sûr qu’il existe un être invisible qui se nourrit de lait et d’eau et qui habite chez moi. [00:20:43] 7 août. – J’ai dormi tranquillement. Il a bu l’eau de ma bouteille, mais il ne m’a pas réveillé. Je me demande si je suis fou. J’ai des doutes. J’ai vu des fous ; j’en ai connu qui restaient intelligents, lucides sur tout sauf sur un point particulier. Avec tout le reste, ils n’avaient aucun problème. C’est la même chose avec moi. [00:21:10] 8 août. – J’ai passé hier une soirée horrible. Il ne se montre plus, mais je le sens près de moi. Il me regardant en se cachant. Je sens sa présence invisible et permanente. Mais j’ai réussi à dormir. [00:21:31] 9 août. – Rien, mais j’ai peur. [00:21:36] 10 août. – Rien ; que va-t-il se passer demain ? [00:21:42] 11 août. – Toujours rien ; je ne peux plus rester chez moi avec cette peur et ces pensées ; je vais partir. [00:21:51] 12 août, 10 heures du soir. – Toute la journée, j’ai voulu m’en aller ; je n’ai pas pu. J’ai voulu accomplir cet acte de liberté si facile, si simple, – sortir – monter dans ma voiture pour aller à Rouen – je n’ai pas pu. Pourquoi ? [00:22:14] 13 août. – Quand on est atteint par certaines maladies, on perd toute notre force, nos muscles ne fonctionnent plus. Moi, c’est la force mentale que j’ai perdue. Je n’ai plus aucun courage. Je ne peux plus vouloir ; mais quelqu’un veut pour moi ; et j’obéis. [00:22:38] 14 août. – Je suis perdu ! Quelqu’un possède mon âme et la dirige ! Quelqu’un ordonne tous mes actes, tous mes mouvements, toutes mes pensées. Je ne suis plus rien en moi, seulement un spectateur esclave et terrifié de toutes les choses que je fais. Je désire sortir. Je ne peux pas. Il ne veut pas ; et je reste, tremblant, dans le fauteuil où il me tient assis. Puis, tout d’un coup, il faut, il faut, il faut que j’aille au fond de mon jardin cueillir des fraises et les manger. Et j’y vais. Je cueille des fraises et je les mange ! Oh ! quelle souffrance ! quelle torture ! quelle horreur ! [00:23:35] 15 août. – Voilà, je comprends ce que ressentait ma cousine quand le docteur l’a hypnotisée. Une autre volonté la contrôlait, la dominait. Mais qui est celui qui me contrôle, moi ? Quel est cet invisible ? Cette créature d’une race surnaturelle ? [00:23:59] Donc les Invisibles existent ! Alors, pourquoi ne sont-ils jamais apparus avant comme ils le font si clairement avec moi ? Je n’ai jamais entendu d’histoire comme la mienne avant. Si je pouvais quitter ma maison, partir. Mais je ne peux pas. [00:24:22] 16 août. – J’ai pu m’échapper aujourd’hui pendant deux heures, comme un prisonnier qui trouve la porte de sa cellule ouverte par hasard. J’ai senti que j’étais libre tout à coup et qu’il était loin. Je suis allé à Rouen puis à la bibliothèque où j’ai emprunté un livre du docteur Hermann Herestauss sur les habitants inconnus du monde antique et moderne. [00:24:51] Ensuite, j’ai voulu prendre le train pour aller à Paris mais une force intérieure m’a ordonné de rentrer à la maison. Il m’avait retrouvé et repris. [00:25:06] 17 août. – Quelle nuit horrible ! Pourtant, j’ai lu jusqu’à une heure du matin le livre d’Hermann Herestauss, docteur en philosophie, qui raconte l’histoire de tous les êtres invisibles qui ont tourné autour des hommes. Mais aucun d’entre eux ne ressemble à celui qui me hante. Je me suis endormi puis je me suis réveillé 40 minutes plus tard. J’ai aperçu le livre sur le fauteuil à côté de mon lit. Et là, j’ai clairement vu une page se tourner toute seule, puis une autre. Il était là, assis sur mon fauteuil, en train de lire mon livre. J’ai sauté sur lui mais le fauteuil est tombé et je n’ai pas pu l’attraper. Mais ça signifie qu’un jour peut-être, je pourrai le tuer. [00:26:10] 18 août. – J’ai réfléchi toute la journée. J’ai décidé de lui obéir complètement, sans résister. [00:26:20] 19 août. – Je sais… je sais… je sais tout ! Je viens de lire ça dans la Revue du Monde scientifique : « Une nouvelle assez curieuse nous arrive de Rio de Janeiro. Une folie, une épidémie de folie, a lieu en ce moment dans cette région. Les habitants quittent leurs maisons. Ils disent qu’ils sont possédés par des êtres invisibles, comme des vampires qui se nourrissent de leur vie, pendant leur sommeil, et qui boivent de l’eau et du lait. [00:27:00] Et je me rappelle du bateau brésilien que j’ai vu sur la rivière le 8 mai dernier. Il était sur ce bateau, il m’a vu et il m’a sauté dessus. Voilà, c’est la fin de l’espèce humaine. Il est arrivé le… le… comment s’appelle-t-il… le… il me semble qu’il me crie son nom… oui… il le crie… le… Horla… J’ai entendu… le Horla… c’est lui… le Horla… il est venu !… Le Horla va faire de l’homme ce que nous avons fait des animaux : sa chose, son esclave et sa nourriture. Il représente une nouvelle espèce, plus forte que nous, une puissance que nous ne comprenons pas. Mais je ne vais pas me laisser faire, je dois me révolter. Je le tuerai ! [00:28:10] Je le tuerai. Je l’ai vu ! Hier soir, je me suis assis à mon bureau pour écrire. Je savais qu’il viendrait, qu’il tournerait autour de moi. À un moment, je l’ai senti derrière moi, j’ai senti qu’il lisait ce que j’écrivais. Alors je me suis retourné pour l’attraper mais je n’ai pas réussi. Et là, je me suis retrouvé face à mon miroir. Mais il n’y avait pas de reflet, je ne pouvais pas me voir dans le miroir. Petit à petit, une autre image est apparue, la sienne, je l’ai vu ! [00:28:55] 20 août. – Comment le tuer puisque je ne peux pas l’atteindre ? Le poison ? Non, il me verrait le mettre dans l’eau. Non… non… je dois trouver une autre solution. [00:29:12] 10 septembre. – Rouen, hôtel Continental. C’est fait… c’est fait… mais est-il mort ? Hier, j’ai attendu que le Horla vienne dans ma chambre. Puis, quand j’ai senti qu’il était là, je suis sorti très vite et je l’ai enfermé à l’intérieur. Ensuite, je suis allé dans mon salon et j’y ai mis le feu. Quand l’incendie a commencé, je me suis caché dans mon jardin pour regarder ma maison brûler. Ça a duré longtemps. Tout à coup, j’ai entendu un cri, un cri de femme venant de l’intérieur de la maison. J’avais oublié mes domestiques ! Alors j’ai couru au village en criant : « Au secours ! au secours ! au feu ! au feu ! ». Mais la maison avait déjà complètement brûlé. Était-il mort ? Peut- être ? Mais peut-être que son corps n’est pas comme le nôtre. Peut-être que ce qui peut tuer un homme n’a aucun effet sur le Horla. [00:30:29] « Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas mort… Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi !… » [00:30:54] Ainsi se finit l’histoire du Horla de Maupassant. J’espère que ça vous a plu et que, peut-être, ça vous a donné envie de lire d’autres nouvelles de Maupassant. Vous pouvez les trouver gratuitement sur internet, c’est très facile. Si vous voulez, vous pouvez m’envoyer un mail et je vous donnerai un site sur lequel vous pouvez trouver les nouvelles de Maupassant. Pour moi, c’était vraiment très amusant de préparer cet épisode pour vous. Si vous aimez ce genre d’histoires, dites-le moi et j’en ferai plus souvent. [00:31:38] Si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation du podcast innerFrench sur iTunes. Ça serait très gentil de votre part ! [00:31:48] En tout cas, merci de m’avoir écouté et à la semaine prochaine pour un nouvel épisode ! 23 Le revenu universel : une utopie ? Salut à tous, c’est l’épisode 23 et aujourd’hui on va parler du revenu universel. [00:00:14] Bienvenue, j’espère que vous allez bien. Si c’est la première fois que vous écoutez ce podcast, je m’appelle Hugo et je suis là pour vous aider à apprendre le français. Pas en faisant de la grammaire, mais en vous parlant clairement et pas trop vite pour que vous puissiez comprendre un maximum de choses. Je sais que quand on écoute des Français parler, on a parfois l’impression qu’ils parlent une autre langue. Ça va très vite, ils coupent certaines syllabes voire certains mots. Alors moi je fais des efforts pour parler de façon un peu plus claire. Mais dans la vraie vie, je suis quelqu’un qui parle plutôt lentement donc c’est assez facile pour moi. S’il y a des mots ou des expressions que vous ne comprenez pas, je vous rappelle que vous pouvez trouver la transcription de chaque podcast sur mon site internet innerfrench.com. [00:01:20] J’en profite aussi pour passer le bonjour à toutes les personnes qui m’ont écrit cette semaine : Guilherme, Leticia, Spencer, Scott et Beatriz. Merci pour vos messages et vos encouragements. Je suis très content de savoir que mon podcast vous aide et ça me motive à continuer. [00:01:45] Ok sans plus attendre, on va entrer dans le vif du sujet. « Entrer dans le vif du sujet », ça veut dire aller directement au point le plus important. Par exemple si vous êtes à une réunion au travail, le chef peut dire « entrons dans le vif du sujet ». Et là vous comprenez qu’il ne veut pas perdre de temps, qu’il veut commencer tout de suite le travail. [00:02:16] Alors nous aussi, on va se mettre immédiatement au travail. Vous avez sûrement entendu dans l’introduction quel est le sujet de ce podcast. C’est le revenu universel. Peut-être que vous avez déjà entendu parler de ce concept. En France, on en parle beaucoup dans les médias depuis deux ans. Personnellement je pense que c’est un sujet passionnant parce qu’il touche à beaucoup d’aspects différents. À l’aspect politique évidemment mais aussi philosophique, économique, et social. [00:02:58] À la dernière élection présidentielle en France, le candidat socialiste Benoît Hamon avait mis le revenu universel dans son programme. En gros, il proposait de donner chaque mois 600€ à tous les travailleurs, sans conditions. L’idée était de réduire la pauvreté et les inégalités. C’était une des mesures les plus importantes de son programme. Mais comme vous le savez, Benoit Hamon n’a pas gagné l’élection. D’ailleurs, il ne s’est même pas qualifié pour le second tour. Est-ce que ça signifie que les Français ont rejeté le revenu universel ? Est-ce qu’il s’agit d’une idée utopiste ? Pas nécessairement. [00:03:52] Pour bien comprendre tout ça, on va d’abord s’intéresser au concept du revenu universel et à ses origines. Ensuite, on abordera les questions plus pratiques qui concernent sa mise en place. Et pour finir, on se demandera si le revenu universel peut vraiment fonctionner. [00:04:16] Bref, on a un programme assez chargé mais je suis sûr que ça va vous plaire. Allez, on commence ! [00:04:31] Concrètement le revenu universel, qu’est-ce que c’est ? Eh bien tout simplement une somme d’argent donnée chaque mois par l’État à tous les citoyens, tous les habitants du pays. Quand vous travaillez, votre entreprise vous verse un salaire chaque mois. Ici, c’est l’État qui vous paye sans que vous ayez besoin de travailler. Ce revenu est inconditionnel, autrement dit il ne dépend pas de critères spécifiques. Que vous travailliez ou non, que vous soyez riche ou pauvre, vous le recevez chaque mois. [00:05:15] C’est une idée qui ne date pas d’hier. Ah ça aussi, c’est une bonne expression. Quand on dit que quelque chose « ne date pas d’hier », ça signifie que ça n’est pas nouveau. Donc le revenu universel ne date pas d’hier parce que le premier à en avoir parlé, c’est le philosophe anglais Thomas More en 1516. À cette époque, l’Angleterre est en train de changer radicalement à cause de l’agriculture. Avant, il y avait un système de coopération pour cultiver les terres, pour faire pousser des céréales et des légumes. Mais à cette époque, les terres deviennent des propriétés privées et la pauvreté augmente. Thomas More voit ces changements, cette pauvreté qui se développe, alors il décide d’écrire un livre. Un livre qui deviendra célèbre et qui s’appelle L’Utopie. Dans ce livre, il décrit une société idéale, l’opposé de l’Angleterre qu’il observe. Cette société imaginaire est une île sur laquelle il n’y a pas de monnaie, pas d’argent. Tous les habitants sont propriétaires des moyens de production, c’est une propriété collective. Chaque personne prend ce dont elle a besoin pour vivre, ni plus ni moins. Donc il est impossible d’accumuler les richesses. Et surtout, il n’est pas nécessaire de travailler pour bénéficier de tout ça. [00:07:11] C’est exactement l’idée du revenu universel. Assurer à chaque personne suffisamment de ressources pour pouvoir vivre dignement (avec dignité), même si cette personne ne travaille pas. [00:07:30] Maintenant, j’imagine que c’est assez clair dans votre tête, que vous comprenez bien cette idée. Mais vous vous demandez peut-être pourquoi un concept qui date du XVIème siècle revient aujourd’hui. Pourquoi certains experts recommandent-ils de mettre en place, d’adopter, le revenu universel dans leur pays. [00:07:57] Il y a plusieurs raisons à ça. [00:08:00] La première, ce sont les inégalités, autrement dit les différences de richesse entre les personnes. Quand dans une société il y a à la fois des personnes très riches et d’autres très pauvres, alors cette société est inégalitaire. Justement, il existe un indicateur très utile pour mesurer les inégalités de revenus, il s’appelle « le coefficient de Gini » (parce que c’est un statisticien italien, Corrado Gini, qui l’a inventé). Ce coefficient, c’est un chiffre entre 0 et 1. Plus le chiffre est proche de 0, plus la société est égalitaire. Par exemple des pays comme le Danemark, la Suède ou le Japon ont un coefficient de Gini proche de 0,2). À l’inverse, plus il est proche de 1, plus le pays est inégalitaire. En France, le coefficient de Gini est plutôt stable depuis 35 ans il est autour de 0,3. Mais aux Etats-Unis, il a tendance à augmenter car il est passé de 0,3 dans les années 70 à 0,4 maintenant. Donc ça signifie que les inégalités aux Etats-Unis augmentent. [00:09:44] C’est un peu paradoxal de voir que dans le pays le plus riche du monde, les inégalités augmentent. On pourrait penser que si le gâteau est plus gros, alors tout le monde peut en manger plus. Mais ça n’est pas le cas ! Les personnes qui avaient déjà les plus grosses parts de gâteau en ont encore plus maintenant ! [00:10:10] Donc le revenu universel peut être une bonne solution pour réduire ces inégalités. Tout simplement parce que si chacun a assez d’argent pour vivre correctement, il n’y aura plus de pauvres. [00:10:29] Il y a aussi une deuxième raison qui concerne les évolutions technologiques. En effet certains économistes pensent que beaucoup de nos professions vont bientôt disparaître à cause des innovations technologiques et qu’elles ne seront pas remplacées. Si vous avez écouté mon deuxième podcast, vous vous rappelez que je vous avais parlé des robots. Et vous vous rappelez peut-être aussi de ces nouveaux robots qui remplacent des professeurs. Bon, pour vous ça ressemble peut-être à de la science fiction. Mais à votre travail, vous avez sûrement remarqué que de plus en plus de taches sont automatisées. Progressivement, on invente des programmes pour nous faciliter la vie. Par exemple l’entreprise américaine IBM a développé un logiciel d’intelligence artificielle qui s’appelle Ross et qui aide les avocats à faire leurs recherches quand ils préparent un procès. Bientôt il y aura aussi des applications sur votre mobile pour vous dire si vous êtes malade ou pas en fonction de vos symptômes. Bien sûr, on aura toujours besoin d’avocats et de médecins humains. Mais peut-être qu’il y en aura moins car ils ont auront des assistants virtuels. [00:12:11] Si beaucoup d’emplois sont détruits à cause des nouvelles technologies et qu’on n’en crée pas de nouveaux, alors il y aura énormément de chômeurs. Les chômeurs vous savez, ce sont les gens qui ne trouvent pas de travail. [00:12:28] Est-ce que ça veut dire qu’on doit laisser toutes ces personnes sans argent ? Ça serait un peu injuste, non ? On ne pourrait pas dire que ces personnes sont paresseuses et qu’elles ne veulent pas travailler, puisqu’il n’y aurait pas assez de travail pour elles ! [00:12:47] Donc certains économistes disent qu’il faut trouver un autre moyen de distribuer les richesses, que les revenus ne doivent pas uniquement dépendre du travail. À ce moment-là, le revenu universel semble être une bonne idée. [00:13:08] D’ailleurs, j’ai une petite question pour vous. Est-ce que le revenu universel est une idée de droite ou de gauche ? Libérale ou socialiste ? [00:13:22] J’imagine que vous pensez qu’elle est plutôt de gauche. Peut-être que l’Utopie de Thomas More vous rappelle l’idéologie communiste. Et c’est vrai que l’égalitarisme, autrement dit la volonté de réduire les inégalités, est plutôt une idée de gauche. [00:13:47] Mais ce qui est intéressant avec le revenu universel, c’est que c’est aussi une idée libérale ! Pour les libéraux, l’égalité des chances est une chose très importante. Il faut que chacun ait les mêmes chances de réussir au départ, à la naissance. Notre réussite doit seulement dépendre de nos talents et de nos efforts, pas de la richesse de nos parents ni de l’endroit où on est né. Sinon, la concurrence est faussée, elle n’est pas juste. Donc certains politiciens et économistes de droite estiment que le revenu universel est une bonne solution pour donner à chaque personne la chance de se développer et de s’enrichir grâce à ses talents personnels. Mais beaucoup de libéraux pensent surtout que c’est une très mauvaise idée ! On va en parler un peu plus tard. [00:14:56] Mais pour le moment, on va se demander s’il est vraiment possible d’adopter le revenu universel. [00:15:11] Maintenant vous vous dites peut-être : « Ok c’est séduisant ce concept de revenu universel mais est-ce qu’on peut le mettre en place ? ». Évidemment, la réponse dépend de beaucoup de facteurs. Elle dépend du pays où vous habitez, de votre gouvernement, des autres citoyens etc. [00:15:37] Mais elle dépend aussi des conditions, car il y a plusieurs scénarios possibles. Je vous propose d’écouter une explication très claire sur ce sujet. Ça vient d’un site qui s’appelle « Dessine-moi l’éco » et qui explique l’économie simplement. Si c’est un sujet qui vous intéresse, je vous recommande d’aller le visiter. Les vidéos sont illustrées avec des dessins et elles sont faciles à comprendre. [00:16:15] Dans cette vidéo, on nous explique quels sont les points de désaccord, autrement dit les choses sur lesquelles les gens qui souhaitent adopter le revenu universel ne sont pas d’accord. Il y a quatre points de désaccord. On va d’abord écouter les deux premiers et ensuite je reprendrai la parole. [00:16:39] Leur premier point de désaccord concerne le profil des bénéficiaires. Certains proposent de le donner sans condition d’âge. Ainsi, les citoyens le recevraient tout au long de leur vie. D’autres veulent le donner seulement aux adultes ou encore donner un montant plus faible aux jeunes. Leur deuxième point de désaccord concerne le montant. Certains souhaitent qu’il ne soit pas trop élevé, c’est à dire autour de 500€ (comme le RSA actuel) pour ne pas encourager l’inactivité. D’autres souhaitent que son montant soit plus élevé, c’est à dire autour de 1000€, pour que les citoyens aient le choix de travailler ou non. [00:17:33] Vous avez entendu quels sont les deux premiers points de désaccord ? [00:17:38] D’abord, le profil des bénéficiaires, c’est-à-dire des personnes qui vont recevoir ce revenu universel, qui vont en bénéficier. Si on considère qu’il est vraiment universel, alors il ne devrait pas y avoir de conditions. Chaque habitant du pays devrait recevoir le même revenu, sans condition d’âge, de sexe ni de richesse. Mais ça pose pas mal de problèmes. Déjà, si on doit donner ce revenu aux enfants, ça va coûter plus cher. Et on peut se demander si ces enfants en ont vraiment besoin, ou s’il faut attendre qu’ils soient majeurs, qu’ils aient 18 ans. Mais d’un autre côté, on peut aussi se dire qu’une famille qui a plus d’enfants doit recevoir plus d’argent car elle a plus de dépenses. Et puis il y a aussi les personnes âgées, nous savons qu’elles ont besoin de plus d’argent car elles ont beaucoup de dépenses liées à leur santé, et parce qu’elles ne peuvent plus travailler. Alors peut-être qu’elles devraient recevoir un revenu supérieur ? [00:18:59] Concernant la richesse, est-il juste qu’une personne qui est déjà millionnaire reçoive la même aide de l’État qu’une personne pauvre ? Peutêtre pas ! Pourtant si on veut que cette aide soit vraiment universelle, alors tout le monde doit obtenir la même somme peu importe ces critères. [00:19:25] Ensuite, il y a la question du montant, de la somme d’argent. Vous avez entendu que certains veulent un revenu assez faible, autour de 500€, pour que les gens soient quand même obligés de travailler. C’est vrai qu’en France avec 500€ par mois, c’est impossible de vivre dignement. [00:19:50] En face, il y a des personnes qui veulent que le montant soit plus élevé, comme un vrai salaire. Comme ça, les citoyens pourront décider s’ils veulent travailler ou non. Si ils ne travaillent pas, ils pourront faire d’autres activités comme du bénévolat, c’est à dire travailler gratuitement pour des associations par exemple. [00:20:17] Ensuite, il y a bien sûr le problème du financement. Comment l’État pourrait-il distribuer ce revenu universel à tous les citoyens ? [00:20:30] Là aussi, il y a deux écoles. Les libéraux pensent qu’il faudrait supprimer les aides sociales existantes. Comme ça, avec l’argent économisé, on pourrait financer le revenu universel. Ça pourrait même permettre de faire des économies car ça simplifierait le système. En France par exemple, il existe 48 aides sociales différentes : pour les personnes qui sont au chômage, pour celles qui sont handicapées, pour les familles qui ont beaucoup d’enfants, etc. Souvent, ces aides sociales sont distribuées par différentes administrations qui coûtent très cher pour fonctionner. Donc si on remplace toutes ces aides sociales par un revenu universel unique, il y aurait moins de coûts administratifs. [00:21:29] Mais les socialistes ont d’autres idées pour financer ce revenu. Ils pensent qu’il faut augmenter les impôts, autrement dit l’argent que chaque citoyen donne à l’État. Vous savez que quand vous gagnez de l’argent, vous ne pouvez pas tout garder. Vous devez en donner une partie à l’État. Eh bien ça, c’est ce qu’on appelle les impôts. Les impôts, c’est une façon de redistribuer les richesses et donc de réduire les inégalités. Les personnes qui gagnent plus d’argent payent plus d’impôts, comme ça l’État peut redistribuer cet argent aux pauvres sous forme d’aide sociale. Les socialistes disent : il faut augmenter les impôts, comme ça on pourra financer le revenu universel. La deuxième solution qu’ils proposent est de créer des taxes supplémentaires. Par exemple une taxe sur les transactions financières, quand vous achetez ou que vous vendez des actions sur les marchés financiers. Les socialistes considèrent que ces transactions ne créent pas de richesses, qu’elles sont seulement une forme de spéculation. En plus, elles sont souvent réalisées par des personnes ou des entreprises qui ont déjà beaucoup d’argent. En créant une nouvelle taxe, on pourra financer une partie du revenu universel. [00:23:10] Si on veut vraiment créer ce revenu universel, la dernière question à se poser est celle du marché du travail. Quelles seraient les conséquences de ce revenu sur le marché du travail ? [00:23:26] Premièrement, on peut imaginer que certains arrêteraient de travailler, ce qui réduirait le chômage. Mais alors, est-ce qu’il y aurait encore des gens qui accepteraient les postes peu qualifiés et mal payés ? Peut-être qu’il deviendrait difficile de trouver des personnes qui accepteraient les professions pénibles comme caissière ou ouvrier à l’usine. Mais comme ces postes sont déjà en train d’être automatisés, d’être remplacés par des robots, ça ne poserait probablement pas de problème. [00:24:08] Deuxièmement, les entreprises devraient sûrement augmenter les salaires pour encourager les personnes à travailler. Sinon, on se dirait : « ça ne vaut pas la peine de travailler, le revenu universel me suffit ». [00:24:25] Cependant, on peut aussi penser que les gens ne travaillent pas seulement pour gagner de l’argent. Le travail, ça nous apporte autre chose. On rencontre des gens, on obtient une certaine position sociale. Parfois, on se sent utile, on a l’impression que notre travail aide d’autres personnes. Et puis si on ne travaillait pas, on aurait peut-être trop de temps libre, on s’ennuierait. Donc après quelques mois de vacances, on peut imaginer que beaucoup de personnes retourneraient au travail. [00:25:07] Bref, c’est assez difficile de prévoir comment le marché du travail évoluerait si on mettait en place le revenu universel. [00:25:24] Ok si vous êtes toujours là vous avez de la chance, parce qu’on va commencer la partie la plus intéressante. On va voir des exemples concrets de pays qui ont mis en place le revenu universel pour voir si ça marche ! [00:25:42] Mais on va d’abord commencer par les pays qui l’ont refusé ! L’année dernière, en 2016, la Suisse a organisé un référendum pour proposer un revenu universel de 2500 Francs Suisse (ce qui représente environ 2600$) par mois à chaque citoyen, ainsi qu’aux étrangers présents sur le territoire depuis au moins cinq ans. Les Suisses ont refusé cette proposition, ils ont voté à 78% contre. [00:26:22] En France, le candidat socialiste à la dernière élection présidentielle, Benoit Hamon, avait mis le revenu universel au centre de son programme (comme je vous l’ai dit dans l’introduction). Il proposait même de créer une taxe sur les robots dans les entreprises pour le financer ! Les Français trouvaient que c’était une idée intéressante, mais malheureusement il a obtenu un très mauvais score à l’élection. [00:26:54] Par contre la Finlande a commencé à tester cette idée cette année. Le pays a choisi 2000 personnes parmi les chômeurs, et il leur donne chaque mois 560€, même si ces personnes recommencent à travailler. Pour le moment il est encore trop tôt pour dire si les effets sont positifs ou non, alors nous verrons ça dans quelques années. [00:27:24] Mais l’expérience la plus intéressante a été menée en 1973 à Dauphin, au Canada, une petite ville de 13 000 habitants. L’expérience s’appelait Mincome et l’idée était qu’aucun des habitants de cette ville ne devait vivre dans la pauvreté. Concrètement, 1000 familles recevaient chaque mois un chèque par la poste. Pour une famille de quatre personnes, la somme correspondait à 19 000 dollars actuels par an. Ce programme a duré 4 ans, mais ensuite le gouvernement a changé et ils ont décidé d’arrêter l’expérience sans même analyser les résultats. Finalement, c’est seulement en 2004 qu’une professeure de l’université du Manitoba a retrouvé les archives pour les étudier. Et elle a découvert que Mincome avait été une grande réussite. Les habitants avaient amélioré leurs performances à l’école : ils étudiaient plus et plus vite. Ils n’ont pas arrêté de travailler, le temps de travail a diminué d’1% pour les hommes et de 3% pour les femmes. Et surtout, les hospitalisations, c’est à dire les opérations à l’hôpital, ont baissé de 8,5%. Ça signifie que les habitants faisaient plus attention à leur santé, ce qui permettait aussi d’économiser de l’argent avec les hôpitaux. [00:29:24] C’est la fin de ce podcast. Merci de m’avoir écouté jusqu’au bout, ça n’était pas un sujet facile. Maintenant vous êtes des spécialistes du revenu universel ! Personnellement je pense que c’est une idée passionnante et j’espère qu’il y aura de plus en plus d’expérimentations pour la tester. Mais je suis aussi curieux de savoir ce que vous, vous en pensez. Alors envoyez-moi un email pour partager votre avis ! [00:29:59] On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours ! [00:30:10] À bientôt ! 24 La cuisine française est-elle démodée ? C’est l’épisode 24 et aujourd’hui on va parler de cuisine ! [00:00:10] Salut à tous ! Comment ça va ? J’espère que vous êtes en forme et qu’il fait beau là où vous habitez. Moi, si vous ne le savez pas, j’habite à Varsovie en Pologne depuis 3 ans. Bon, la météo c’est pas le point fort de la ville. Il fait souvent mauvais et l’hiver est vraiment long. Mais en ce moment on a de la chance car il ne fait pas encore trop froid et il y a même du soleil de temps en temps ! [00:00:44] Si je vous parle de la météo, c’est parce que j’ai souvent des élèves qui font des erreurs avec ça. Ils utilisent le verbe être, ils disent « c’est chaud » ou « c’est beau ». Mais quand on parle du temps en français, il faut toujours utiliser le verbe « faire ». Il fait chaud, il fait beau, il fait 30 degrés, etc. [00:01:12] Ah et j’en profite aussi pour partager une expression liée à la météo. Cette expression c’est « parler de la pluie et du beau temps ». Quand les Français disent « parler de la pluie et du beau temps », ça signifie parler de banalités, de choses sans importance. Ça peut être la météo mais aussi d’autres sujets, quand on parle simplement pour faire la conversation, pour être poli. En anglais on dit des « petites conversations ». En général je pense que les Français n’aiment pas trop parler de la pluie et du beau temps. Je sais que dans d’autres cultures c’est assez important, comme au RoyaumeUni par exemple. Quand j’habitais à Londres, j’avais l’impression que tout le monde voulait me parler de la météo. Moi je me sentais un peu bête parce que je n’avais rien à dire sur le sujet. Mais pour les Anglais, c’est un bon moyen de sociabiliser, de parler avec des gens qu’on ne connaît pas très bien, au travail ou dans les transports publics par exemple. En France je dirais que c’est plus rare. On ne parle pas vraiment aux inconnus, sauf si on veut se plaindre de quelque chose, comme par exemple du métro qui est en retard ou de la boulangerie qui est fermée. Dans ce genre de situations, c’est naturel de parler aux personnes qui sont autour de nous même si on ne les connaît pas. [00:02:59] La semaine dernière, j’ai reçu un message sur la page Facebook d’innerFrench. Si vous ne me suivez pas encore sur Facebook, vous ratez des choses ! Je publie des recommandations de films, de séries et de musique française qui peuvent vous aider à apprendre la langue. Et vous pouvez aussi l’utiliser pour m’envoyer des messages, comme l’a fait Marcus. Voilà ce qu’il m’a écrit : [00:03:33] “Bonjour Hugo ! Ca va? J’aime bien ton podcast et merci de le faire. Je voudrais écouter un entretien avec quelqu’un de la culture française (peut-être sur la cuisine ou sur un autre phénomène). J’espère que mon francais n’est pas trop mauvais. N’arrête pas de faire le podcast, ça m’aide beaucoup! Au revoir !“ [00:04:00] Merci Marcus pour ton message. Je suis très content que mon podcast t’aide à progresser en français. Et surtout merci pour ta suggestion, ça m’a donné l’idée de cet épisode. C’est vrai que je ne parle pas souvent de la culture française parce que j’essaye de faire des sujets plus généraux, plus universels. Je sais que les Français adorent parler de leur culture, de leurs artistes. Par exemple au cinéma il y a beaucoup de films sur ces personnes célèbres : Edith Piaf, Serge Gainsbourg, Yves Saint-Laurent, Coco Chanel, etc. Et ça n’intéresse pas toujours les étrangers. Mais comme vous vous apprenez le français, j’imagine que vous vous intéressez aussi à la culture. [00:04:57] Donc aujourd’hui, on va parler de la cuisine française. Si c’est un sujet qui vous plaît, vous pouvez remercier Marcus ! Et si vous avez d’autres thèmes sur lesquels vous voudriez que je fasse un podcast, faites comme Marcus et envoyez-moi un message ! [00:05:18] Ok j’espère que vous avez bien mangé parce que sinon ce podcast va vous donner faim ! Vous êtes prêts ? Alors on passe à table ! [00:05:38] Quand on cherche la meilleure cuisine du monde, on tombe toujours sur le magazine britannique Restaurant. Chaque année, il publie un classement des 50 meilleurs restaurants de la planète. En France, on n’aime pas trop ce classement car les établissements français en sont souvent absents. Au contraire, il y a de plus en plus de restaurants américains, anglais, espagnols, italiens ou encore scandinaves. Les chefs français disent que ce classement n’est pas très transparent, qu’on ne sait pas sur quels critères les restaurants sont choisis. Mais il reste quand même une référence dans le monde. Dans l’édition de cette année, de 2017, ça change un peu car on y trouve 6 restaurants français dont 1 qui est à la 4ème place. [00:06:40] Malgré ça, on a l’impression que la cuisine française n’est plus aussi appréciée qu’avant, qu’elle n’est plus à la mode. Certaines critiques disent qu’elle n’a pas évolué, qu’elle est restée bloquée dans le temps. En face, il y a des cuisines qui innovent, qui proposent toujours de nouveaux goûts, de nouvelles saveurs, comme les cuisines espagnoles, japonaises ou encore indiennes. [00:07:10] À votre avis, pourquoi la cuisine française a-t-elle cette mauvaise image ? [00:07:16] Personnellement, je pense qu’il y a trois raisons à ça. [00:07:21] La première, c’est que la cuisine française est complexe. Je ne dis pas que les autres sont simples, pas du tout ! Quand on veut préparer un bon plat, ça demande forcément un effort et du talent. Mais les plats français ont la réputation d’être difficiles à préparer. Déjà, parce que les bonnes recettes ne sont pas toujours traduites ! Une recette vous savez, c’est un texte avec les indications et les ingrédients pour préparer un plat. Une recette de gâteau au chocolat ou de crêpes Suzette par exemple. Bon, j’exagère un peu, évidemment vous pouvez trouver plein de livres de cuisine française traduits dans différentes langues. Il y a aussi des recettes inspirées de plats français sur internet. Mais la majorité des livres de références, ceux qu’utilisent les Français à la maison, ne sont pas traduits dans d’autres langues. J’imagine que beaucoup d’étrangers ont un peu peur de préparer des plats français, justement parce qu’ils ont la réputation d’être difficiles. Ce qui explique peut-être pourquoi il n’existe pas beaucoup de livres de cuisine française dans d’autres langues. [00:08:49] Mais même si vous trouvez une bonne recette, il est probable que vous n’aurez pas tous les ustensiles (autrement dit les accessoires) ni les ingrédients pour la faire. Une grande partie de la cuisine française s’appelle « la cuisine du terroir ». La cuisine du terroir, c’est tout simplement celle qui utilise des produits spécifiques de la région. Par exemple au Nord-Est, dans la région de l’Alsace, on a des plats qui sont plus proches de la cuisine allemande. Au contraire, si vous allez dans le Sud-Ouest, à Bordeaux par exemple, vous pourrez manger des plats complètement différents. C’est cette cuisine régionale qui fait la richesse de la cuisine française, mais aussi sa complexité. [00:09:47] Maintenant, imaginons que vous avez trouvé une super recette et que vous avez tous les ustensiles et ingrédients pour la faire. C’est bien mais ça n’est pas suffisant ! Le dernier problème, ce sont les techniques qu’il faut maîtriser pour réussir les recettes françaises. Ce sont des techniques qui demandent beaucoup d’entraînement, de pratique. Par exemple, vous connaissez peut-être le croque-monsieur. C’est une sorte de sandwich chaud avec du jambon et du fromage fondu. Ça a l’air assez facile à faire. Mais le secret d’un bon croque-monsieur, c’est la sauce béchamel, une sauce à base de lait, de beure et de quelques épices. En général, on ne la réussit pas du premier coup, croyez-moi ! Et c’est comme ça avec presque tous les plats, à chaque fois il y a des techniques de base à connaître pour pouvoir réaliser la recette. Donc si vous ne cuisinez pas français régulièrement, c’est presque impossible de maîtriser ces techniques. [00:11:04] La deuxième raison pour expliquer la mauvaise image de la cuisine française, ce sont les plats en eux-mêmes. Pour vous, quels sont les plats français les plus connus, les plus emblématiques ? Quand je pose cette question à mes élèves, ils me répondent généralement les escargots, les grenouilles ou le foie gras. Et la plupart du temps, ils n’ont jamais goûté un seul de ces plats. C’est sûr qu’on ne peut pas commander d’escargots dans tous les restaurants, même dans les restaurants français. Car les escargots ne sont pas un ingrédient facile à trouver, surtout à l’étranger. En plus de ça, ce sont des plats qui ne plaisent pas à tout le monde ! Je connais même beaucoup de personnes qui les trouvent dégoûtants ! Ils n’ont aucune envie de manger des escargots ni de la grenouille. [00:12:08] Quand on compare ces plats à ceux de la cuisine italienne, le problème devient encore plus évident. Si je vous demande de me citer des plats italiens, ça ne pas être très difficile pour vous ! Vous allez immédiatement penser aux pâtes, aux pizzas et peut-être aux raviolis et aux lasagnes. Ce sont des plats assez consensuels que tout le monde adore ! La preuve, il y a des restaurants italiens partout ! Et en plus, ils ne sont pas très compliqués à préparer. Pour rater des pâtes ou une pizza, il faut vraiment le faire exprès ! Bien sûr, parfois on peut tomber sur une pizza qui n’est pas très bonne, mais je n’ai jamais entendu personne dire qu’il avait mangé une pizza dégoûtante ! [00:13:04] Je sais qu’il y a des Italiens qui écoutent ce podcast donc j’espère que ce que je raconte ne les énerve pas trop ! Je ne dis pas que la cuisine italienne se réduit aux pâtes et aux pizzas, mais seulement que ce sont des plats emblématiques et appréciés partout dans le monde. Évidemment, il y a aussi de grands chefs italiens qui cuisinent des choses beaucoup plus complexes et sophistiquées. [00:13:35] Pour finir, la troisième raison qui explique la mauvaise image de la cuisine française en ce moment, c’est son côté snob, élitiste. Quand on pense à un restaurant français, on imagine un endroit plutôt sophistiqué avec un menu compliqué, des noms qu’on ne comprend pas, et un serveur qui refuse de parler anglais. Ça n’est pas le genre de restaurant dans lequel on peut aller pour se détendre avec des amis. On peut avoir l’impression de ne pas être à notre place. Et à la fin, on doit payer une addition salée ! Vous savez l’addition, c’est le document avec les prix des plats qu’on a commandés et la somme totale qu’on doit payer. Quand on dit que l’addition est salée, ça signifie que c’est cher, plus cher qu’on imaginait ! [00:14:32] D’ailleurs, savez-vous comment on appelle l’argent qu’on laisse au serveur à la fin du repas ? Ça s’appelle le pourboire ! Tout simplement parce qu’avec cet argent, le serveur ou la serveuse peut se payer un verre après son service, pour-boire. En France on n’est pas obligé de laisser de pourboire car le salaire des serveurs est inclus dans l’addition. Mais si vous êtes contents du service, vous pouvez évidemment en laisser un, par exemple 10% du total de l’addition. [00:15:13] Bon heureusement, tous les restaurants français ne sont pas des endroits snobs ! C’est plutôt un cliché que l’on voit dans les films. [00:15:23] Cependant il y a une petite part de vérité car les Français ont inventé ce qu’on appelle la gastronomie. Et c’est justement ça qui est souvent un peu bizarre pour les étrangers. Mais ne vous inquiétez pas, je vais tout de suite vous expliquer de quoi il s’agit ! [00:15:51] Dans la culture française, manger n’est pas une activité quotidienne comme les autres, c’est un art ! Et cet art a un nom : la gastronomie. La gastronomie c’est donc la connaissance de tout ce qui concerne la cuisine, l’organisation des repas, la dégustation et l’appréciation des plats. Pas seulement ce que l’on mange, mais la façon dont on le mange. C’est un mot qu’on associe aux grands restaurants où le service est aussi important que la carte. [00:16:29] Aujourd’hui ça semble assez naturel, mais la majorité des pratiques dans les restaurants viennent de la tradition française, car la France a dominé la gastronomie mondiale du XVIIème siècle jusque dans les années 70. Il y a un Français qui a été particulièrement influent dans l’histoire de la gastronomie. Il s’appelait Auguste Escoffier mais on le surnommait « le roi des cuisiniers » et « le cuisiniers des rois » parce qu’il travaillait pour les personnes les plus importantes de l’époque. Au début du XXème siècle, il est associé à César Ritz dont vous connaissez sûrement les célèbres hôtels. Auguste Escoffier va créer la cuisine moderne dans ces établissements : à l’hôtel Ritz de Paris bien sûr mais aussi à celui de Londres et au Carlton. [00:17:35] Il commence par changer le service. Avant, le service à la française consistait à apporter tous les plats en même temps. Donc il y avait beaucoup de choses sur la table, ça donnait l’impression de richesse, de festin. Un festin, c’est un repas abondant et délicieux. Ensuite chaque invité prenait dans les plats qui lui faisaient envie. D’un côté, ça impressionnait beaucoup les invités de voir une table avec autant d’options. Mais de l’autre côté, les plats refroidissaient donc les invités mangeaient souvent une partie du repas froid. Auguste Escoffier décide alors d’adopter le service « à la russe ». Autrement dit, on sert les plats individuellement et dans l’ordre. Comme ça, on peut manger chaud dès que le plat sort de la cuisine, et chaque invité peut commander quelque chose de différent. Avec l’influence d’Escoffier, ce modèle s’est imposé dans la majorité des restaurants occidentaux. [00:18:53] Sa deuxième petite révolution, c’est dans la cuisine qu’elle se passe. [00:18:58] Comme les restaurants se développent et qu’il y a de plus en plus de clients, il faut trouver une solution pour préparer les plats plus rapidement. Alors Escoffier décide de changer complètement l’organisation de l’équipe. Avant, chaque cuisinier préparait un seul plat. Mais Escoffier met en place une division, une répartition des tâches différente qu’il nomme la brigade. Il y a une personne qui prépare les légumes, une autre qui fait cuire la viande, une qui s’occupe des sauces et des soupes, etc. Et dans cette brigade, la hiérarchie est très stricte, comme à l’armée. Une personne est le chef de cuisine, et ensuite il y a les sous-chefs, les commis et les aides cuisiniers. Cette nouvelle organisation en brigade est donc beaucoup plus rationnelle et efficace. Grâce à elle, les plats sont servis plus rapidement, on gagne du temps. [00:20:09] Aujourd’hui toutes les cuisines des grands restaurants sont organisées de cette façon. D’ailleurs, dans les écoles de cuisine aussi on enseigne ce modèle. C’est comme ça que les codes de la cuisine française se transmettent dans le monde entier. [00:20:34] Cependant cette tradition ne concerne pas seulement les restaurants. Elle concerne aussi les repas à la maison. Saviez-vous que depuis 2010 le repas gastronomique français fait partie du patrimoine immatériel de l’UNESCO ? L’UNESCO vous savez c’est une institution des Nations Unies qui s’occupe de l’éducation, des sciences et de la culture. Et cette institution publie une liste de monuments, de collections d’objets, mais aussi de traditions à protéger. Donc depuis 2010, le repas gastronomique français est sur cette liste. Voilà comment il est défini sur le site de l’UNESCO : [00:21:25] « Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s’agit d’un repas festif où les invités pratiquent l’art du “bien manger” et du “bien boire”. Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Parmi les éléments caractéristiques du repas gastronomique français on trouve : le choix attentif des plats préparés ; l’achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage entre les plats et les vins ; la décoration de la table ; et des rituels spécifiques comme sentir le vin avant de le boire et goûter tout ce qui est servi à table. Le repas gastronomique doit respecter un schéma précis. Il commence par un apéritif, autrement dit quelques verres d’alcool comme du champagne avant de passer à table. Ensuite, quand tout le monde est à table, on sert d’abord l’entrée, puis le plat principal, puis le fromage (qui est considéré comme un plat) et enfin le dessert. Le repas se termine avec un digestif, c’est-à-dire un verre d’alcool fort. » [00:23:17] Donc si vous êtes invités à un repas chez une famille française, vous verrez normalement toutes ces étapes. D’ailleurs on a une expression pour ça, pour dire qu’on a préparé un repas délicieux pour des invités, on dit : mettre les petits plats dans les grands. Car quand on fait ce genre de repas, chaque invité a plusieurs assiettes de différentes tailles. Une petite assiette pour l’entrée, une autre plus grande pour le plat principal. Donc on dit « mettre les petits plats dans les grands ». Ça demande beaucoup de travail et après il y a beaucoup de vaisselle à faire ! Et on vous demandera ce que vous pensez de chaque plat, de chaque vin, si vous trouvez ça bon ou pas. On vous posera aussi sûrement des questions sur les habitudes gastronomiques dans votre pays. Mais sinon pendant le repas, les Français surtout de … bouffe ! La bouffe, c’est le nom familier qu’on utilise pour dire « la nourriture ». Il existe aussi le verbe « bouffer » qui signifie manger. Mais attention, n’utilisez pas ce mot avec tout le monde, seulement avec des amis ! Bref, quand les Français sont à table, ils félicitent ceux qui ont préparé les plats, ils comparent avec les repas précédents, ils disent dans quels magasins ils ont acheté tel ingrédient ou tel vin, ils partagent des recettes et des conseils. Personnellement je trouve ça un peu ennuyeux parfois ! Heureusement on parle aussi d’autres sujets comme de la famille, de politique, etc. Mais pour les Français, le plus important c’est d’apprécier les produits à leur juste valeur, de célébrer leur cuisine à chaque occasion. [00:25:36] Pour finir ce podcast, on va écouter un chef français, Guy Martin, qui dirige un restaurant gastronomique à Paris. C’est un restaurant qui existe depuis plus de 200 ans et qui a deux étoiles au guide Michelin. Vous avez sûrement entendu parler du Guide Michelin et de ses étoiles. C’est un autre sujet très intéressant mais on en parlera dans un futur podcast. Pour le moment, le chef Guy Martin va nous expliquer pourquoi la cuisine française est une des meilleures du monde. [00:26:13] Présentatrice – La cuisine française, c’est l’un des fleurons de la France, est-ce qu’on a toujours cette suprématie aujourd’hui dans le monde ? [00:26:21] Guy Martin – Bien sûr. Globalement, on mange de mieux en mieux en Europe et dans le monde, c’est vrai. Mais je vous promets que la cuisine française est toujours au top, elle est toujours au summum, que nous sommes demandés aux quatre coins du monde, et que nous sommes vraiment une référence. [00:26:33] Présentatrice – Et qu’est-ce qui fait qu’on reste dans l’excellence ? [00:26:35] Guy Martin – Il y a plusieurs choses. D’abord cette cuisine, elle nous vient de la tradition de nos parents : nos mères, nos grands-mères, nos pères, qui nous ont transmis ces recettes. Un pays avec des produits juste incroyables : la mer, la montagne, les lacs, différentes températures entre le sud, le nord, l’est, l’ouest. Et puis des clients, des clients qui sont difficiles. Pour la France, pour le Français, les trois repas sont encore très marqués par rapport à nos amis anglo-saxons ou japonais. On prend vraiment du temps pour chaque repas. Pour nous, pour les Français, c’est vraiment très important cette cuisine. Donc c’est cet ensemble de choses, avec des cuisiniers qui sont toujours à la recherche de saveurs nouvelles, toujours ouverts aux autres. Parce que la cuisine, c’est l’ouverture aux autres. [00:27:17] Vous voyez ici le chef Guy Martin cite 4 facteurs pour expliquer l’excellence de la cuisine française : la tradition, la qualité et la diversité des produits, l’exigence des Français vis-à-vis de la cuisine, et l’importance des repas. Je suis complètement d’accord avec lui. Dans beaucoup de pays, on ne prend pas le temps de manger. Mais en France, ce sont les repas qui rythment, qui structurent la journée. On commence avec le petit-déjeuner le matin avant d’aller au travail, en général c’est un repas assez léger. Ensuite il y a le déjeuner à midi. Au travail, on fait toujours une pause pour le déjeuner, une pause qui dure environ 1 heure entre 13 et 14h. Et le soir il y a le dîner vers 20h, où toute la famille se réunit pour manger ensemble. Chaque repas est important et on mange toujours à la même heure. Et si on a faim, on essaye d’attendre le prochain repas au lieu de grignoter, de prendre un snack. [00:28:36] Alors on peut trouver tout ça un peu ridicule, cette importance donnée à la nourriture et aux repas. Mais c’est ça qui fait en partie l’excellence de la cuisine française. [00:28:54] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Marcus si tu as écouté ce podcast, j’espère qu’il t’a plu. Et j’espère aussi qu’il a intéressé les autres auditeurs. [00:29:07] Si vous voulez m’aider et me soutenir, vous pouvez me laisser un avis sur iTunes ou sur l’application de podcast que vous utilisez pour m’écouter. Ça me fera très plaisir ! [00:29:21] Et rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode. [00:29:24] À bientôt ! 25 Apprendre le français en 2 ans – interview d’Inez Bonjour à tous, bienvenue pour ce nouvel épisode, épisode 25 du podcast. Aujourd’hui, ça va être un peu particulier parce que j’ai décidé d’inviter une de mes étudiantes qui s’appelle Inez, qui est polonaise. Donc vous allez l’entendre parler dans quelques instants. J’ai décidé de l’inviter parce que je trouve qu’elle parle vraiment très très bien français. Donc ça va être assez intéressant pour vous qu’elle vous raconte un peu comment elle a appris la langue, quelle méthode elle utilise, et pourquoi elle a choisi d’apprendre le français. Donc j’espère que ça va vous plaire, comme ça vous allez entendre une voix différente de la mienne. Ça va apporter un peu de diversité à ce podcast, et sans plus attendre on va commencer cette petite interview. [00:01:07] Alors bonjour Inez, est-ce que tu peux te présenter ? Inez – Bonjour, je m’appelle Inez, j’ai 30 ans, je suis polonaise (de Varsovie). J’apprends le français depuis 2 ans et demi. Et c’est ça. Hugo – Ok, et qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Inez – Je suis contrôleuse aérienne. Alors ça n’est pas connecté avec [correction : lié au] le français, pas du tout, parce qu’au travail on parle en anglais. Hugo – Mais tu me dis que tu parles français des fois. Inez – Je parle parfois parce qu’au travail je parle avec les pilotes pour éviter les accidents entre eux, etc. etc. Parfois, quand il y a des pilotes français, j’essaye de parler français, mais ce sont seulement des phrases simples comme : “Bonjour, comment ça va ? Bienvenue en Pologne !” etc. etc. [00:02:00] Hugo – Parce que, quelle langue vous utilisez en général ? Inez – Ouais, en général on doit parler en anglais au travail. C’est une langue particulière. C’est comme la phraséologie. Hugo – Qu’est-ce que ça veut dire la phraséologie ? Inez – Ça veut dire qu’on n’utilise pas les mots normaux comme “nine” on dit “niner”. À la place de “four” on dit “four”, etc. etc. On ne dit pas “Répéter”, on dit : “Dire encore une fois” alors “Say again”, etc. etc. Alors c’est un peu différent. Hugo – Et pourquoi vous avez cette phraséologie ? Inez – Pour éviter les “misunderstandings”. Hugo – Les incompréhensions. Inez – Ouais, parce qu’il y avait beaucoup de problèmes avant et il y a des gens qui travaillent pour la sécurité. Alors ça change toujours. Chaque année, on a la nouvelle phraséologie à utiliser. Alors on change les phrases pour qu’elles soient de plus en plus simples, je crois. Mais on doit aussi apprendre cette langue particulière pour nous, je crois. [00:03:39] Hugo – Donc c’est presque comme une autre langue en fait. Inez – Pas comme ça mais parfois quand j’utilise ces phrases en anglais quand je suis à l’étranger, je me sens un peu bizarre parce que normalement on ne parle pas comme ça en anglais. On n’utilise pas les mots comme “negative” à la place de “no”. Hugo – On appelle ça parfois des “déformations professionnelles”. Inez – Exactement ! Hugo – Donc voilà, quand vous utilisez des choses du travail dans la vie quotidienne et où si les gens ne sont pas dans la même entreprise que vous, c’est impossible à comprendre. [00:04:19] Inez – Ouais, c’est exactement comme ça. Mes amis ne peuvent pas écouter quand je parle du travail ou quand je suis avec mon ami du travail on commence à parler de travail parce que personne ne comprends ce qu’on dit. C’est vraiment compliqué. Hugo – Ok, ok. Alors aujourd’hui on ne va pas trop parler de la phraséologie mais on va plutôt parler du français qui est une langue assez compliquée aussi… Inez – Oh ouais, tu as raison, c’est vraiment compliqué ! Hugo – Donc je pense que pour certains d’entre vous ça va être un peu déprimant d’entendre le niveau d’Inez après seulement 2 ans et demi, 3 ans parce que c’est vrai que c’est assez impressionnant. Moi j’ai d’autres élèves et c’est vrai qu’Inez, elle a progressé vraiment très rapidement. Pour être honnête, elle n’a pas commencé avec moi, elle avait un autre professeur pendant 2 ans. Tu vas pouvoir lui faire une dédicace si tu veux. Et voilà, on va parler un peu de ton apprentissage du français. Mais d’abord est-ce que tu peux me dire quelles langues tu parles ? [00:05:27] Inez – Je parle polonais, anglais. Je parle un peu allemand aussi. En fait, je pouvais parler allemand couramment avant mais maintenant j’ai oublié presque tout parce que je ne l’utilise presque pas du tout. C’est seulement les phrases comme “Bonjour”, “Au revoir”, etc en allemand aussi avec les pilotes. Mais normalement je ne l’utilise pas dans la vie alors c’est pour ça que j’oublie, juste j’oublie, alors c’est normal je crois. Pendant 6 mois j’apprenais aussi le norvégien. Mais… Peut-être qu’il ne faut pas raconter cette histoire. [00:06:21] IHugo – Si, si, c’est intéressant ! Pourquoi tu as décidé d’apprendre le norvégien ? Il y a des Norvégiens qui écoutent ce podcast donc… Inez – J’ai dû choisir quelque chose à l’université. Et j’ai décidé de choisir quelque chose de pas populaire. Je voulais être capable de parler une langue un peu exotique pour nous ici. Hugo – Et ensuite je crois que tu as appris l’italien aussi ? Inez – Ouais, après j’ai commencé avec l’italien. C’était il y a 4 ans peut-être, plus ou moins 4 ans. J’aimais bien l’italien. C’est une langue facile, contrairement au français, l’italien est vraiment facile. Ça peut avoir l’air [correction : donner l’impression] qu’ils parlent vite, qu’ils se comportent vite en fait. Mais la vérité est que c’est facile ! Ils parlent clairement et c’était cool… Je peux pas dire que c’était cool… [00:07:26] Hugo – Si, si, c’était cool. Inez – C’était ok mais après quelques temps, c’était pas assez pour moi, c’était pas un défi pour moi, tu sais ? J’ai décidé de choisir quelque chose de plus compliqué et je crois que le français était vraiment un bon choix parce que c’est plus compliqué que l’italien. Hugo – Et donc pourquoi tu as choisi le français ? Inez – Parce que j’aime bien… J’aime la France, j’aime les Français, j’aime la langue française, j’aime tout ce qui est connecté avec [correction : lié au ] le français, la France, etc. En fait, avant je détestais le français. Je ne pouvais pas écouter les chansons, j’imitais les sons comme [r]. Je ne voulais pas regarder les films en français, etc. etc. Mais ça a changé complètement après avoir connu quelques gens [correction : personnes] français. J’ai commencé à penser que peut-être ce n’est pas si mal. Est-ce que je peux dire “si mal” ? [00:08:46] Hugo – Hum, hum, c’est pas si mal. Inez – Est-ce que tu peux l’entendre ? “C’est pas si mal”, et ça veut dire quelque chose ! Quand j’entendais par exemple les chansons et les titres comme “Papaoutai”. Je pensais : “Papaoutai”, qu’est-ce que ça veut dire “papoutai” ? Je pensais : “Ça ne veut rien dire”. Hugo – C’est une chanson de Stromae pour ceux qui ne connaissent pas. Inez – Ah ouais, c’est ça exactement. J’aime bien Stromae. Je ne sais pas parce qu’il a arrêté de donner des concerts. Hugo – Oui, j’crois qu’il a fait une dépression. Inez – Tu vois, tu vois ! On pense que sa vie est super et qu’il est riche et heureux. Et en fait il… Hugo – C’est les artistes… [00:09:28] Inez – Oui, c’est souvent comme ça, je sais, je sais. Donc j’ai commencé à changer d’avis sur le français et j’ai pensé : “Ok. Je vais essayer d’apprendre cette langue. J’ai trouvé un prof par coïncidence sur internet. Il s’est avéré que c’était un mec super cool, il m’a motivée et j’ai décidé d’avoir 2 leçons par semaine. Et j’ai passé beaucoup de temps chez moi aussi, j’essayais de lire, d’écouter des podcasts, de regarder des vidéos, de progresser plus vite. Je continue seulement comme ça maintenant. Malheureusement mon prof a déménagé en Chine mais heureusement j’ai trouvé un autre prof super cool, toi ! Hugo – Merci [00:10:39] Inez – Mais je pense, je pense que tu es vraiment un prof super cool et que tu m’aides beaucoup. Même maintenant, que tu me donnes beaucoup de nouvelles choses à faire etc. Parce que je crois que c’est difficile de motiver quelqu’un qui a un certain niveau, à faire progresser quelqu’un, même si c’est difficile parce qu’on fait beaucoup d’autres choses dans nos vies et on n’a pas de temps pour apprendre la langue. Hugo – Mais c’est vrai, il y a beaucoup de personnes qui, une fois qu’elles atteignent un niveau je dirais B2 (donc c’est un niveau plutôt avancé), elles sont capables de comprendre beaucoup de choses, de parler assez facilement, mais ensuite pour aller au niveau avancé, au niveau C1-C2, en fait ça demande beaucoup beaucoup de travail, et si on n’habite pas dans le pays ça demande un effort chaque jour de passer plusieurs heures à faire différentes activités pour être exposé à la langue. [00:11:44] Inez – J’essaye de faire des choses comme ça, de regarder les journaux à la télé, etc. C’est pas facile, parfois j’oublie de faire ça ou je suis trop fatiguée etc. etc. Mais selon moi, ça dépend de ce que tu as dans ta tête. Parce que moi, j’aime le français, j’aime les langues étrangères en général. Et ça me donne vraiment beaucoup beaucoup de plaisir quand je peux comprendre ce que les gens disent, quand je peux dire ce que je veux dire en français ou en anglais… L’anglais est un peu comme le polonais maintenant… Mais en allemand ou en italien, etc. Si quelque chose est plaisant, tu veux le faire, c’est juste comme ça. Quelqu’un aime lire des livres et moi je préfère lire La grammaire progressive du français. Hugo – Pas de publicité ! [00:12:56] Inez – Ok, un livre avec “grammaire du français”. Hugo – Ok, ok. Et si on revient un peu à tes débuts avec le français, comment vous avez commencé avec ton ancien professeur, avec David ? Inez – J’ai commencé comme une étudiante à l’école. Alors, on avait un livre comme à l’école, avec des textes à lire et avec la grammaire, avec des choses à écouter, etc. etc. Ça n’a pas pris longtemps parce que, c’était il y a longtemps mais je crois qu’après deux mois j’ai arrêté avec ce livre et on a commencé à seulement parler. David m’a donné beaucoup de textes à lire. Au début, j’ai dû traduire presque chaque mot, et c’était compliqué à comprendre ce que ça voulait dire, etc. etc. Mais après quelques moi je pouvais voir vraiment de grands grands progrès, et ça m’a motivée même plus. Hugo – [Plus] [00:14:24] Inez – Tu vois, j’oublie toujours… Et je pense qu’il faut parler, il ne faut pas avoir peur de parler. Parce que ton prof est un peu comme un docteur. Il sait que tu vas faire des erreurs parce que chaque personne fait des erreurs et il ne faut pas avoir peur de ça. Comme ça tu n’es pas bloqué et tu peux progresser vraiment parce que tu essayes, tu essayes et tu apprends. C’est comme ça. Hugo – Mais c’est vrai qu’il y a des profs qui sont un peu stressants parfois et on a peur de faire des erreurs donc c’est important de trouver la bonne personne qui va t’écouter. [00:15:10] Inez – Selon moi, c’est comme moitié-moitié. Moitié grâce au prof et moitié grâce à toi. Parce qu’il faut vraiment trouver la bonne personnes avec qui tu es à l’aise. Cette personne ne te stresse pas. Comme toi par exemple, tu essayes de choisir des choses particulièrement [correction : spécialement] pour moi, qui m’intéressent, des choses qui sont connectées avec [correction : liées à] mes hobbies où de ce dont on parle pendant les leçons etc. etc. C’est vraiment important. [00:16:06] C’est aussi parce que après quelques temps, les leçons deviennent un peu comme les rendez-vous avec ton ami. Si tu parles pendant 1 heure et demi deux fois par semaine, la personne avec qui tu parles doit devenir un peu comme ton ami parce que il ou elle sait beaucoup de ta vie, de ton travail, de ce qui se passe dans ta vie personnelle, privée. Et ça marche “both sides”, les deux côtés ? Hugo – Des deux côtés. Inez – C’est ça. Ça marche des deux côtés. C’est cool, pour moi c’est cool. C’est quelque chose que j’attends. Chaque semaine j’attends ce jour où j’ai les leçons, on peut se voir, je peux parler français pendant 1 heure et demi ; je suis contente, je suis vraiment contente chaque fois quand je suis dehors et je vois ou j’écoute, j’entends des gens français, j’essaye d’écouter ce qu’ils disent, vérifier si je comprends ou non. C’est super parce que je n’ai pas beaucoup d’occasions de parler français moi-même dans la vie alors c’est juste ça. Maintenant j’attends le moment quand je vais en France, à Paris ou quelque part ou je peux vraiment utiliser la langue que j’ai apprise avec toi. Ça va être un bon moment pour moi je crois. [00:17:52] Hugo – Je pense que c’est ça aussi le secret de ta réussite, c’est que tu t’es vraiment approprié la langue. Donc le français c’est pas pour toi quelque chose d’académique, d’abstrait avec de la grammaire et des exercices, c’est vraiment quelque chose que t’essaye d’utiliser le plus possible dans ta vie quotidienne. Inez – Ouais, ouais j’ai regardé tous les films en français que j’avais sur Netflix déjà. Maintenant je cherche, je sais pas, un truc. C’est “un truc” ou “une truc” ? Hugo – Un truc. [00:18:32] Inez – Alors je cherche les nouveaux trucs à faire, à regarder, à écouter, etc. Selon moi, il ne faut pas faire toutes les choses en français. Il faut vraiment choisir, trouver les choses que tu aimes. Et comme ça, ça va te donner [du] plaisir, toujours ! Parce que si regarde un film qui est chiant, c’est pas intéressant pour moi. Après 15 minutes je suis ennuyée [correction : je m’ennuie] et je ne veux pas le regarder. Mais si je trouve des choses intéressantes, de la musique par exemple qui me plaît, c’est super facile parce que c’est juste… c’est que la plaisir ? Hugo – C’est que du plaisir. Inez – C’est que du plaisir. [00:19:23] Hugo – C’est vrai. Parce que par exemple on recommande assez souvent de lire des livres aussi en français mais si c’est quelque chose que tu n’aimes pas faire en général, si t’aimes pas lire de livres, tu vas pas aimer en lire en français non plus. Inez – Pourquoi tu dis ça ?! En fait, mon prof m’a donné quelques livres mais je suis nulle en lire [correction : lecture] et je pouvais lire seulement 10 pages ou peut-être 20 pages, c’était ça. Mais la dernière fois, tu m’as donné un livre sur la méditation et en fait je dois dire que j’ai vu que je pouvais tout comprendre sans vérifier les mots et c’est aussi… [00:20:20] Hugo – Plaisant ? Inez – C’est aussi plaisant de voir que je fais des progrès comme ça. Parce que normalement, quand j’entends les gens [qui] parlent, c’est difficile. Parfois je comprends tout, parfois je comprends la moitié. Parce qu’ils parlent trop vite, ils utilisent l’argot et je suis complètement perdue parfois. Je suis comme “oh non, après 2 ans et demi, je peux comprendre seulement les verbes ou les mots singuliers sans le sens général”. Mais par exemple quand je lis, ça se voit que le progrès est là, et ça c’est plaisant ! Hugo – C’est vrai. Et je crois que tu t’es fait aussi quelques amis français avec lesquels tu écris régulièrement ? [00:21:16] Inez – Ok alors au travail, chaque année, les contrôleurs aériens du monde entier se voient pour une semaine pour faire du ski, du snowboard, etc. Une petite compétition entre nous. Mais en fait, c’est une semaine pour se voir, pour être ensemble, pour fêter [correction : faire la fête]. On va quelque part. On était en Italie, en France, en Serbie, etc. La prochaine fois va être en Suède. Je connais beaucoup de gens français de là-bas. Quand je suis là-bas, j’essaye de ne parler que français en fait. J’essaye d’être avec l’équipe française, il y a beaucoup d’équipes français mais j’essaye d’être avec les gens français [correction : les Français], utiliser la langue parce que ça me plaît en fait. L’anglais ne m’impressionne pas. Tout le monde parle anglais et c’est pas typique pour une fille polonaise de parler français. Alors moi j’essaye de parler le plus possible. Je connais des gens du Sud, du Nord, de Paris, etc. Et si quelqu’un vient à Varsovie, même les pilotes, on se voit parfois, on sort ensemble etc. [00:23:05] Hugo – Et tu penses que ça t’aide dans ton apprentissage du français, d’avoir ce contact ? Inez – Ça m’aide d’avoir les gens français entre mes amis [correction : des Français parmi mes amis] parce qu’ils mettent sur Facebook beaucoup d’articles, de vidéos et de textes en français et j’essaye de les lire et de les comprendre. Ce sont souvent des choses qu’ils écrivent ou que leurs amis écrivent en français. Ça n’est pas la langue que je peux apprendre dans les livres ou même des films, c’est la langue utilisée vraiment par les gens qui habitent en France comme moi j’habite ici en Pologne. Ils parlent comme chaque jour. Et c’est cool, j’essaye de le comprendre. Parfois même je te demande pendant la leçon ce que quelque chose veut dire parce que je ne peux pas comprendre. [00:24:12] Hugo – Même moi je ne peux pas toujours comprendre ! Inez – Mais non, ça dépend de la région peut-être ou quelque chose comme ça ? Hugo – Après les groupes ont des blagues un peu personnelles, des références qui sont difficiles à comprendre. Inez – Mais ça m’aide, ça m’aide aussi. Hugo – Et pour toi qu’est-ce qui est le plus difficile avec la langue française ? [00:24:44] Inez – La chose la plus difficile selon moi est que, ça ne se prononce pas comment [correction : comme] ça s’écrit et ça c’est compliqué. Parce que parfois j’entends quelque chose et je n’ai aucune idée [de] ce que ça veut dire ou même quels mots forment une phrase. Je dois voir quelque chose écrit et comme ça, quand j’entends quelqu’un lire ça ou dire ça seulement, je comprends ce que ça veut dire, ça doit être facile, ça doit être quelque chose que je connais bien. Par exemple quelqu’un parle juste trop vite pour moi, et je ne peux rien comprendre. Et après je vois cette chose écrite et je me dis : “Ok, c’est ça, c’est facile en fait !”. C’est une [correction : la] chose la plus compliquée et la plus difficile pour moi. Et je pense que c’est vraiment difficile pour tout le monde [correction : tous ceux] qui apprennent le français. [Le fait] que tu ne dis pas tout ce que tu vois, tu ne prononces pas les choses que tu vois, tu prononces ça complètement différemment parfois, pas comme en italien. Parce qu’en fait l’italien ressemble un peu [au] français mais en italien il faut lire ou il faut dire exactement ce qui est écrit. Et c’est facile ! Je pourrais dire un exemple mais peut-être non. [00:26:40] Hugo – Et en polonais c’est comme ça aussi, tout ce qu’on écrit on le dit aussi. Inez – Ouais, le polonais peut être difficile parce qu’on a les… comment on dit ça ? Hugo – Les combinaisons. Inez – Les combinaisons de 2 lettres comme “[rz] [sz] [cz]” et ça c’est difficile pour les étrangers. Mais en français, parfois tu vois un mot et tu penses : “je n’ai aucune idée [de] comment le prononcer”. Au début, c’est difficile. Après tu as une idée même parfois si tu ne connais pas un mot tu penses : “peutêtre qu’il faut lire ça comme ça” mais si quelqu’un parle trop vite dans un film, dans la rue, parfois je ne peux rien comprendre. Je me sens comme si [je venais] juste de commencer à apprendre le français et je me sens perdue et je ne me sens pas bien. [00:27:43] Hugo – Mais c’est quand même des situations qui t’arrivent de moins en moins souvent en fait. Inez – Ouais, c’est vrai. Hugo – Donc avec l’entraînement, ton oreille s’habitue à ça et maintenant tu peux associer ce que tu entends et ce que tu lis. [00:27:55] Inez – C’est vrai. Parfois je regarde des films, même avec les sous-titres, mais je ne les lis pas. J’écoute, j’entends ce que les gens disent et je n’ai pas besoin de lire les sous-titres. C’est pour ça que j’apprends les langues étrangères, que j’apprends le français et que je planifie d’apprendre une autre langue, parce que maintenant je pense à commencer d’apprendre l’espagnol mais c’est juste dans ma tête maintenant, on va voir ce qui va se passer. Hugo – Ok très bien, très bien. [00:28:41] Hugo – Donc je pense qu’on va s’arrêter là pour cette interview. Merci beaucoup Inez. Inez – C’est moi qui te remercie. Hugo – C’était vraiment très sympa de t’avoir, je pense que ça va motiver beaucoup de personnes à continuer d’apprendre le français, à s’accrocher même quand c’est difficile. Parce que voilà, je pense que tout le monde est capable d’apprendre cette langue, ça demande seulement, comme l’a souligné Inez, de trouver des choses qui nous font plaisir. Inez – Il faut découvrir que c’est la plus belle langue du monde ! [00:29:14] Hugo – Exactement ! Je pense que si vous apprenez le français, vous savez déjà que c’est la plus belle langue du monde. Et sa difficulté c’est plutôt un challenge, un défi, parce que sinon tout le monde serait capable de parler français et ça ne serait pas très intéressant je pense. Inez – Je suis d’accord avec toi prof ! [00:29:34] Hugo – Très bien, très bien, merci. Donc voilà comme d’habitude si vous avez des questions vous pouvez m’envoyer un email. Si vous avez des questions pour Inez vous pouvez aussi m’écrire et je lui transmettrai vos questions. J’espère que ça vous a plu. Si vous voulez plus d’épisodes comme ça, d’interviews avec Inez ou avec d’autres personnes dites-le moi. Et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Merci, à bientôt ! [00:30:01] Inez – Au revoir ! 26 8 choses que font les gens heureux Bienvenue dans l’épisode 26, aujourd’hui on va parler de bonheur. [00:00:14] Salut à tous et bienvenue ! Bienvenue pour ce nouvel épisode. Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien. On va passer une trentaine de minutes ensemble et j’espère que cet épisode va vous permettre d’écouter quelque chose d’intéressant en français. Vous savez que c’est mon but, qu’avec ce podcast j’essaye de vous aider à améliorer votre compréhension du français. Donc si vous apprenez le français et que vous avez un niveau je dirais intermédiaire, vous êtes au bon endroit ! Je pense que ce podcast va vous plaire ! Pour ceux qui ne me connaissent pas, je m’appelle Hugo et je suis professeur de français à l’institut français de Varsovie en Pologne. Et avec le mois d’octobre, j’ai repris les cours. Donc j’ai pas mal de travail ! Mais d’un autre coté, je suis très content de retrouver mes élèves et de recommencer à enseigner. D’ailleurs je sais qu’il y a certains de mes élèves qui m’écoutent, donc que je profite de cet épisode pour les saluer et leur dire que voilà je suis très content de travailler avec chacun d’entre eux. [00:01:43] Avec tous ces cours, ça signifie aussi que j’ai un peu moins de temps pour faire les podcasts, malheureusement. Mais je vois que vous êtes de de plus en plus nombreux à m’écouter. On a dépassé les 20 000 téléchargements sur tous les épisodes, donc pour moi c’est vraiment super ! Quand j’ai commencé ce podcast, j’imaginais pas qu’il y aurait tellement de personnes qui l’écouteraient et qu’il pourrait être si utile. En plus, certains d’entre vous ont laissé des commentaires et des évaluations, sur iTunes mais aussi sur Facebook, pour dire que ce podcast les aide et qu’elles sont très contentes de l’avoir trouvé. Moi ça me fait vraiment plaisir de lire ce genre d’opinion, ce genre de commentaire. Si vous avez des suggestions, des envies, des questions, n’hésitez pas à écrire -vraiment- envoyez-moi des messages, parce que moi mon but c’est de faire de ce podcast le meilleur podcast de français possible et pour ça évidemment j’ai besoin de votre aide ! Grâce à vous, grâce à vos remarques et à vos suggestions je peux continuer d’améliorer ce podcast et le rendre encore meilleur. [00:03:25] Quand on parle du bonheur, il y a toujours une étude très importante, une étude de référence, qui est citée. Cette étude, elle a été menée par deux chercheurs en psychologie de l’université de Virginia aux Etats-Unis en 2007. Cette étude a concerné 10 000 personnes qui venaient de 48 pays différents. Et sa conclusion principale, c’est qu’être heureux, c’est l’aspiration prioritaire, c’est le but principal des personnes, très loin devant d’autres buts comme trouver le sens de la vie, devenir riche, ou encore s’assurer le paradis. Donc voilà, dans cette étude, on voit que pour la majorité des personnes, le but principal de leur vie, c’est d’être heureux. [00:04:33] Il y a une personne, un Français, qui s’est beaucoup intéressé à cette question. Je pense que c’est quelqu’un d’extrêmement intéressant. Cette personne, c’est Matthieu Ricard. Mathieu Ricard est un moine bouddhiste tibétain mais également un docteur en génétique cellulaire, un auteur et un photographe. Depuis de nombreuses années, il vit dans un monastère au Népal et il voyage rentre le Népal et le Tibet. D’ailleurs il est très proche des moines tibétains et c’est l’interprète français officiel du dalaïlama. Il a publié plus d’une vingtaine de livres dont les thèmes principaux sont le bonheur, la méditation, mais aussi l’altruisme. L’altruisme, c’est à dire la capacité à penser aux autres, à penser à autrui, et pas seulement à soimême. Il est tellement altruiste lui-même que tout l’argent qu’il gagne avec ses livres, eh bien il l’utilise pour des projets humanitaires au Tibet, Népal et en Inde. Différents projets pour construire des écoles, financer des hôpitaux, etc. [00:06:06] Je vous propose pour le moment d’écouter une interview dans laquelle on lui pose justement une question sur le bonheur. Donc on va écouter sa réponse et ensuite je reprendrai la parole. [00:06:24] Présentatrice – Alors Matthieu Ricard, pour commencer cette émission, si on devait tenter de définir ce qu’est le bonheur, qu’est-ce que l’on pourrait dire ? [00:06:32] Matthieu Ricard – Bien en tout cas pour le bouddhisme, et je pense aussi, si on réfléchit, pour tout être humain, le bonheur est une manière d’être. Souvent on peut s’imaginer que le bonheur serait une succession ininterrompue de sensations plaisantes. Ça ressemble plus à une recette pour l’épuisement qu’à une manière d’atteindre un bonheur authentique. Parce que le plaisir est très vulnérable aux conditions extérieures, au temps, au changement. Par nature, il devient neutre et puis souvent parfois l’opposé du plaisir. Tandis qu’une manière d’être, le plus on en fait l’expérience, le plus elle s’approfondit, se stabilise, et par “manière d’être” j’entends : “un ensemble de qualités humaines, au premier chef l’amour altruiste, la compassion, la liberté intérieure, la force intérieure, qui ensemble constituent une manière d’être qui perdure au travers des différents états émotionnels et qui nous donnent les ressources nécessaires pour faire face aux hauts et aux bas de l’existence”. Donc au lieu d’être vulnérable aux circonstances extérieures, elle nous permet de faire l’expérience de ces circonstances de manière différente. [00:07:45] Alors vous avez entendu, dans cette réponse de Matthieu Ricard, que pour lui le bonheur n’est pas vraiment le plaisir. Le bonheur ce n’est pas une suite de sensations plaisantes. Le bonheur pour lui c’est plutôt une manière d’être, la façon dont nous sommes. Pourquoi ? Eh bien parce que le plaisir, par définition, c’est une chose fragile et éphémère. Lui, il utilise le mot “vulnérable” et “vulnérable”, voilà c’est quand on se sent en fragile, quand on n’est pas capable de se protéger soi-même. Et c’est vrai que quand on y pense les plaisirs, que ce soit des plaisirs matériels ou physiques, eh bien ils sont souvent éphémères, ils sont de courte durée, alors que notre manière d’être, c’est l’ensemble de nos qualités, l’ensemble des qualités humaines, en particulier, d’après Matthieu Ricard, l’amour altruiste, la compassion et la liberté intérieure. Pour lui ce sont ces qualités qui contribuent le plus à notre bonheur. Cette manière d’être, elle dépasse nos états. On peut être de bonne humeur ou de mauvaise humeur par moment, mais par-delà tout ça, il y a notre manière d’être, la façon, sur le long terme, dont on va se sentir. Si nous sommes en accord avec nousmêmes ou pas ça. Bien sûr dans notre vie, nous rencontrons des obstacles, des situations difficiles, toutes ces choses qui constituent les circonstances de l’existence. Il dit, dans sa réponse, que nous rencontrons des hauts et des bas. Ça aussi, c’est une expression qu’on utilise assez souvent en français. Quand “il y a des hauts et des bas”, autrement dit des choses plutôt positives, des moments heureux, et au contraire d’autres moments un peu plus difficiles qui sont les “bas”. Pour ne pas être victime de ces moments difficiles, de ces situations que nous vivons, eh bien il faut avoir une force intérieure sur laquelle nous pouvons compter. Autrement dit, pour Matthieu Ricard le bonheur est à rechercher en nous-mêmes et pas dans les choses extérieures. Ça, c’est quelque chose de très important à mon avis, et on va revenir beaucoup sur ce point dans la suite de ce podcast. [00:11:09] Maintenant, je vous propose de parler de 8 choses que font les gens heureux. Donc voilà j’ai préparé une petite liste avec des éléments que j’ai trouvés dans différents articles et différentes études de psychologie, et on va parler un petit peu de chacun de ces points. [00:11:33] Le premier, le point numéro un, c’est que la joie est contagieuse. Le bonheur est contagieux. L’adjectif “contagieux”, on l’utilise par exemple pour une maladie. Une maladie contagieuse, c’est une maladie qui se transmet d’une personne à une autre. Et on pense, et les études montrent, que le bonheur aussi est contagieux. Ça signifie que si vous êtes entouré de personnes heureuses, eh bien il y a de fortes chances que vous aussi vous allez être heureux, vous allez vous sentir bien. Ça semble assez évident, c’est peut-être une banalité. C’est un peu comme quand on dit : “il fait beau et donc je me sens bien, je suis de bonne humeur”. [00:12:35] Mais évidemment, ça ce n’est pas suffisant. Vous pouvez être entouré de personnes qui sont très heureuses tout en vous sentant vousmême très très mal. Parfois aussi, les relations qui sont trop stables et calmes peuvent devenir ennuyeuses. Il y a des personnes qui ont besoin d’avoir des disputes, des confrontations, des choses qui vont changer la routine et qui n’aiment pas les relations où tout se passe un peu trop bien. [00:13:14] Et puis on peut aussi être heureux parce qu’on aide des personnes tristes autour de nous. Il y a beaucoup d’exemples comme ça, de personnes qui s’épanouissent, qui se développent, en aidant les autres. [00:13:31] La deuxième caractéristique des personnes qui se déclarent heureuses, c’est leur résilience. La résilience, c’est la capacité à rebondir, à se remettre après des événements difficiles. Quand une situation plutôt négative vous arrive, un événement négatif, mais que vous pouvez mettre cet événement derrière vous et continuer à avancer. C’est un peu, vous savez, comme quand on est enfant qu’on apprend à faire du vélo. Les premières fois, il y a a pas mal de chances de tomber plusieurs fois. Il y a certains enfants qui vont décider d’arrêter tout de suite d’apprendre à faire du vélo, parce qu’ils n’ont pas envie de tomber. Et au contraire, il y en a d’autres qui sont plus résiliants et qu’ils vont tout de suite remonter sur le vélo pour apprendre à en faire le plus vite possible. Ces personnes, en général, elles ne sont pas victimes de dépression, parce que quand elles commencent à se sentir mal, elles réussissent à gérer toutes ces émotions plutôt négatives et à continuer, à “aller de l’avant”, comme on dit en français. Cette résilience, c’est une capacité qui nous vient de l’enfance. Donc c’est plutôt difficile de cultiver cette qualité, c’est difficile de la développer. En chacun d’entre nous, il y a deux types de forces : des forces positives et d’autres qui sont négatives. Si on veut être résiliant, il faut encourager les forces positives, il faut les nourrir. Mais il faut aussi être capable de se poser des questions quand on tombe, quand quelque chose de négatif nous arrive. Il faut pouvoir comprendre tout ça si on veut continuer, si on veut être capable de rebondir. Parfois, la dépression est nécessaire pour recommencer à vivre pleinement ensuite. [00:16:07] La troisième chose que font les gens heureux, c’est tout simplement agir. Bon, il faut faire attention aux recettes toute faites sur le bonheur. Quand vous lisez un article qui vous dit de faire tel sport pour être heureux, de manger tel type de nourriture, en général ce sont des articles qui ne sont pas très approfondis, et il y a peu de chances que ça marche pour vous. C’est un peu comme quand vous allez à la salle de sport. Si vous allez à la salle de sport et que vous utilisez le programme d’un sportif très célèbre, par exemple, vous pouvez penser que vous allez obtenir les mêmes résultats que lui. C’est plutôt logique ! Mais en réalité, il y a peu de chances que ça marche. Tout simplement parce que chaque personne est différente, à la fois physiquement et mentalement, et également en ce qui concerne notre stade de développement. Nous ne sommes pas tous au même moment de nos vies, donc encore une fois il n’y a pas de recette magique qui puisse marcher de la même manière pour chacun d’entre nous. Et puis, quand on lit ces recettes, on court le risque que le bonheur devienne une obsession. Quand on veut à tout prix être heureux, on devient obsédé par cette question et à ce moment-là c’est plutôt négatif pour nous, pour notre mental, pour notre cerveau et c’est très difficile d’être heureux. Donc c’est quelque chose d’assez contre-productif. Encore une fois, il faut plutôt s’ouvrir à soi-même, se poser des questions, pour savoir ce qui nous rend heureux personnellement. Nous, et pas notre voisin ou nos amis, mais nous personnellement en tant qu’être humain. [00:18:25] La quatrième qualité des personnes heureuses, c’est leur altruisme. Tous les gens heureux utilisent une partie de leur temps à faire du bénévolat, c’est à dire des activités qui ne sont pas rémunérées, qui ne sont pas payées, pour aider les autres; à écouter, à donner des conseils aux personnes de leur entourage qui en ont besoin. Cet altruisme, c’est vraiment une qualité que l’on retrouve systématiquement chez toutes les personnes heureuses. Ici aussi il faut faire attention parce que, dans l’altruisme, dans le don (le “don” c’est le nom qui vient du verbe “donner”, le don), il y a une dimension un peu narcissique. Il y a des personnes qui adorent donner parce que ça leur donne une image vraiment positive d’elles-même. En fait je dis “des personnes” mais je pense que ça touche chacun d’entre nous. Quand on donne, on donne aussi parce qu’on aime l’image que ça donne de nousmêmes. Mais si on veut être capable de donner, d’être altruiste de manière je dirais plus désintéressée, plus authentique peut-être, eh bien il faut d’abord s’aimer soi-même suffisamment, il faut être assez satisfait, assez content de soi, pour pouvoir s’ouvrir aux autres de façon désintéressée. [00:20:19] On arrive maintenant à la 5ème qualité des gens heureux. Cette 5ème qualité c’est leur optimisme. En français, on a cette expression, on dit : “après la pluie vient le beau temps”. Donc ça, c’est une expression qui illustre parfaitement l’optimisme. Mais en France, malgré cette expression, on est plutôt les champions du monde du pessimisme. C’est assez intéressant, parce qu’il y a eu différentes études faites sur ce sujet, et il s’avère que les Français, presque chaque année, sont parmi les pays développés, le pays dans lequel les gens sont le plus pessimiste. [00:21:15] C’est vrai qu’en France, on a tendance à penser que les optimistes sont un peu idiots. On se dit qu’ils sont trop insouciants et que, en étant comme ça, il va forcément leur arriver un malheur. Et pour nous notre pessimisme, pardon, c’est plutôt une forme de prudence. On se dit qu’il vaut mieux imaginer le pire, être préparé pour le pire, si on veut pouvoir s’en sortir. [00:21:52] Avec cet état d’esprit, c’est assez difficile d’être heureux. Quand on est pessimiste, on est plutôt stressé. On a du mal à profiter de l’instant présent, tout simplement parce qu’on est toujours préoccupé par le futur, on a toujours peur que quelque chose de mal nous arrive. Cette attitude pessimiste, c’est quelque chose qui est lié à notre éducation et notre culture. Comme je vous ai dit dans ce classement, il y a des pays qui sont plus pessimistes que d’autres. Mais c’est aussi lié à nos expériences personnelles, à notre vécu. C’est pas facile d’être optimiste, par exemple, quand on a vécu beaucoup d’événements difficiles. Ce qu’il faut faire, en tout cas la chose que conseillent les psychologues, c’est de se concentrer sur les dimensions positives de notre vie, par exemple sur les succès qu’on a obtenus, sur les obstacles qu’on a réussi à surmonter, à dépasser. [00:23:12] Le sixième point des choses que l’on retrouve chez les personnes heureuses, c’est qu’elles sont capables de se déconnecter, de se débrancher. Dans notre vie, nous sommes entourés en permanence de stimulations extérieures : dans les médias, les publicités, mais aussi avec les gens qui nous entourent, au travail, notre famille, nos amis, etc. Avec tout ça, avec tout ce bruit qui est autour de nous, on a tendance à s’oublier, à oublier qu’on existe. En fait on est tellement concentré sur les choses extérieures, qu’on perd complètement conscience d’être là. On pense seulement à ces différentes stimulations, et nous-mêmes, en tant qu’un individu, c’est un peu comme si on existait plus. Un bon exemple de ça, c’est avec le téléphone portable. Quand on a notre portable allumé toute la journée sur nous, eh bien on peut être contacté en permanence, mais on peut surtout être dérangé en permanence ! Vous savez que quand on a besoin de se concentrer, par exemple au travail, une bonne méthode, c’est de s’isoler. Malheureusement ce n’est pas toujours possible, mais on peut au moins s’isoler en coupant son portable, en se déconnectant. Moi par exemple, le soir après huit heures, j’éteins mon portable. Ça veut dire que je me déconnecte complètement, on ne peut plus me contacter et moi je ne fais plus attention à ce qui se passe à l’extérieur. Ça fait quelques années que je fais ça et ça m’aide vraiment à me calmer le soir et à prendre un peu de temps pour moi-même. Vous pouvez essayer de le faire vous-même et vous allez voir que le monde ne va pas s’arrêter de tourner. [00:25:31] On arrive à l’avant dernier point, le septième point, qui concerne la spiritualité. Une grande partie des personnes heureuses savent que l’argent et le confort matériel ne sont pas les buts ultimes de la vie. Il y a une citation de l’acteur américain Jim Carey que j’aime bien et Jim Carey a dit : “J’aimerais que tous les gens soient riches et célèbres pour qu’ils voient que ça n’est pas la solution”. Évidemment, c’est plus facile à dire quand on est dans sa situation à lui, que quand on a des problèmes d’argent et qu’on est frustré à cause de ça. Il y aussi une étude de l’université de Princeton, qui date de 2010, qui a montré que au-dessus d’un revenu de 75 000 $, d’un revenu annuel, eh bien l’argent supplémentaire que l’on pourrait gagner, ne nous rend pas plus heureux. 75 000 $ en 2010, aux Etats-Unis, c’était le revenu optimal pour être heureux. Évidemment, là aussi ça n’est pas un chiffre magique, ça dépend du pays, de la situation des personnes, mais ce qui est intéressant c’est de voir que au-delà d’une certaine limite, l’argent ne nous apporte pas de bonheur supplémentaire. On a cette citation en France, en français, on dit : “l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue”. Ça veut dire que l’argent peut nous donner des conditions matérielles qui sont favorables au bonheur, mais elles ne vont pas apporter ce bonheur ellesmêmes. [00:27:33] Au contraire, la spiritualité c’est une chose qui contribue directement à notre bonheur. La spiritualité, ça peut-être par exemple la religions ou la méditation. Ce qui est important, ce n’est pas forcément tous les rituels, les prières ou les différents types de méditation, mais ce qui est important, et c’est en cela qu’elles contribuent au bonheur, c’est qu’elles nous permettent d’ouvrir notre esprit. On prend un moment pour nous. Ces moments, de prière ou de méditation, ce sont des moments très importants parce que nous sommes seuls avec nous-mêmes, dans notre tête, et ça nous permet d’ouvrir notre esprit. [00:28:24] On arrive au dernier point, au point numéro 8, qui est aussi mon préféré, c’est le développement personnel, le fait d’apprendre de nouvelles choses. Et ça s’est quelque chose qui est très important pour les personnes heureuses, c’est d’avoir l’impression de se développer, de toujours rechercher à faire, à apprendre de nouvelles choses. Un très bon exemple de ça, et je pense que vous avez deviné de quoi je veux parler, eh bien c’est d’apprendre une langue étrangère. Quand vous apprenez une nouvelle langue, votre cerveau reste jeune et ça vous donne accès à une richesse infinie, à une nouvelle culture, à une nouvelle façon de communiquer, à de nouvelles personnes et ça, ça a vous permet de vous sentir plus heureux. [00:29:34] Alors c’est tout pour aujourd’hui, on arrive à la fin de ce podcast. En conclusion, le message que je voulais faire passer, c’est qu’il n’existe pas de recette magique du bonheur. Mais les études montrent qu’il y a plusieurs éléments qui vont un peu dans le même sens et qui permettent d’être heureux. Ces éléments, c’est de s’écouter, de se poser des questions, de prendre du temps pour soi, et de ne pas rechercher le bonheur dans les choses extérieures. C’est vraiment une bonne nouvelle car ça veut dire que nous sommes tous capables de le trouver. Mais pour faire ça, il faut vraiment faire un effort conscient. Ce n’est pas à quelque chose qu’on va trouver tout simplement en se réveillant le matin. [00:30:32] Moi maintenant je suis curieux de savoir ce que vous, vous faites pour être heureux. Donc vous pouvez m’écrire un e-mail, m’envoyer un message. Si vous avez de bons conseils, je les partagerai avec les autres auditeurs de ce podcast. [00:30:52] En tout cas j’espère, comme d’habitude, que ça vous a intéressé, que vous vous n’avez pas vu le temps passer. N’oubliez pas de faire des choses qui vous rendent heureux, n’oubliez pas de prendre un peu de temps pour vous et on se retrouve la semaine prochaine. Merci beaucoup et à bientôt ! 27 Le transhumanisme Salut à tous, c’est l’épisode 27 et aujourd’hui on va parler de transhumanisme. [00:00:12] Bienvenue pour ce nouvel épisode. Je suis très content de vous retrouver comme chaque semaine. On va passer un petit moment ensemble et ça sera l’occasion pour vous de pratiquer votre français, plus particulièrement d’améliorer votre compréhension orale du français. Je sais que pour beaucoup de personnes, c’est assez compliqué de comprendre quand les Français parlent. Ils parlent très vite et on a un peu l’impression qu’il s’agit d’une autre langue parfois. Donc moi je vous propose un podcast en français, bien entendu, mais dans lequel je fais des efforts pour parler un peu plus clairement, un peu plus distinctement. D’après les commentaires que j’ai pu lire, les commentaires que vous laissez sur iTunes, sur Facebook, par exemple, j’ai l’impression que vous arrivez plutôt bien à comprendre ce que je raconte, donc j’imagine que je ne parle pas trop vite pour vous. Il y a même certaines personnes qui trouvent que je parle un peu trop lentement. Mais voilà, il faut trouver le juste milieu -c’est-à-dire trouver l’équilibre- entre parler trop vite et parler trop lentement. [00:01:43] La deuxième chose importante, c’est de trouver des sujets qui vous intéressent. Donc pour ça je vous rappelle que vous pouvez m’écrire, m’envoyer des messages, pour partager avec moi vos suggestions. La semaine dernière, j’ai reçu un message d’une personne qui me demandait de parler des médias français. Je pense que c’est un sujet très intéressant et que je vais vous en parler dans un prochain podcast. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, on va parler de quelque chose d’un peu différent. [00:02:22] Avant ça, j’ai envie de vous lire un message très gentil que j’ai reçu la semaine dernière sur la fan page d’innerFrench sur Facebook. Voilà j’espère que ça va vous donner envie à vous aussi de m’écrire, de partager vos commentaires et vos suggestions parce que pour moi c’est toujours très utile, et ça me fait vraiment plaisir de parler avec vous. Ce message, il m’a été envoyé par Aleah qui est américaine. [00:02:58] “Bonjour, Je m’appelle Aleah. J’adore ton podcast et ça m’aide beaucoup pour apprendre le français. En ce moment je fais une année sabbatique en France près de Paris, et au début c’était difficile de comprendre la langue autour de moi. Mais quand j’ai trouvé ton podcast, ma compréhension et ma capacité à parler ont énormément augmenté, même le jour d’après ! Il y a trois semaines que j’ai trouvé ton podcast et j’ai écouté tous les épisodes. Merci beaucoup !“ [00:03:36] Eh bien merci à toi Aleah pour ce très gentil message. Pour ceux qui ne connaissent pas l’expression “année sabbatique”, c’est une année qu’on prend, pendant laquelle on décide de faire une pause. Par exemple, on décide d’arrêter son travail pendant un ans pour faire le tour du monde ou bien pour se consacrer à un projet personnel. C’est quelque chose qui est de plus en plus populaire en France parce que certaines personnes ont envie de passer du temps pour elles-mêmes, pour faire des choses qui les intéressent, pour mener des projets. Donc elles décident de prendre une année sabbatique. Quand on est étudiant, on appelle plutôt ça une “année de césure”. Quand vous faites une pause pendant vos études, par exemple pour faire un stage ou pour voyager, ça s’appelle une “année de césure”. [00:04:44] C’est vrai que quand on est entouré de Français, quand on voit les Français dans leur milieu naturel, au début ça peut être un peu déstabilisant. Il faut du temps pour que notre oreille s’habitue aux choses qu’on entend autour de nous. Il n’y a pas vraiment de solution miracle, il faut beaucoup s’entraîner et beaucoup pratiquer. Le problème, si votre niveau de français n’est pas assez élevé c’est que si vous comprenez rien à ce qu’on dit autour de vous, aux personnes qui parlent autour de vous, eh bien vous allez tout simplement vous déconnecter. Vous n’allez pas essayer de comprendre, vous n’allez pas faire d’efforts et dans ce cas-là vous n’allez pas pouvoir progresser. C’est pour ça que je pense que mon podcast est une bonne solution intermédiaire, parce que grâce à ça vous pouvez progressivement, petit à petit, vous habituer à écouter un Français parler en l’occurrence, moi- et ensuite, une fois que ça devient trop facile pour vous d’écouter ce podcast, vous pouvez passer à des contenus, à des ressources, qui s’adressent directement aux Français. Et ensuite, après quelques temps, par exemple si vous écoutez la radio française ou si vous regardez des séries françaises, votre oreille va s’habituer, vous allez vous habituer aux structures et aux expressions françaises, et voilà ça va devenir quelque chose de plus facile pour vous et de plus naturel. [00:06:48] Le sujet que j’ai choisi pour aujourd’hui c’est le sujet du transhumanisme. Bon, quand on entend ce mot ou quand on le lit, ça peut paraître un peu compliqué, un peu savant, mais je pense que ce n’est pas un concept si difficile que ça à comprendre, et comme d’habitude je vais essayer de vous l’expliquer simplement. [00:07:15] Peut-être que vous avez vu le film très célèbre de Stanley Kubrick qui s’appelle 2001 : l’odyssée de l’espace. Au début de ce film, il y a un passage très intéressant dans lequel on voit deux groupes de singes qui s’affrontent. Le singe, vous savez, c’est un animal et en particulier c’est l’animal le plus proche de l’Homme. On dit que l’Homme descend du singe. Donc au début de ce film, il y a un combat entre deux groupes de singes. Et le groupe qui gagne ce combat, c’est celui dans lequel les singes ont utilisé des objets comme des armes. Ils ont pris les os d’un animal mort et ils s’en sont servis comme des armes. Grâce à cet outil, eh bien ils ont pu dominer, ils ont pu vaincre, le deuxième groupe. C’est très intéressant que le réalisateur montre ça au début de son film parce que c’est une étape qui a été très importante dans l’évolution de l’Homme, quand l’Homme a commencé à utiliser des outils pour faire des choses dont il n’était pas capable simplement avec son corps. On peut penser aux outils pour faire le feu, par exemple, une chose qui a été essentielle dans le développement de l’Homme et de la civilisation. Des outils pour couper les aliments par exemple, pour préparer la nourriture, etc. etc. Mais depuis quelques années, depuis un peu moins d’un siècle, ces outils commencent à faire partie de nous. Maintenant, ils sont presque intégré à notre corps. Par exemple certains chercheurs disent que les téléphones portables sont devenus une extension naturelle de notre corps. C’est vrai quand on y pense, on a toujours notre téléphone portable sur nous; soit dans la main soit dans notre poche. Donc c’est quasiment comme s’il faisait parti de nous. Pour le transhumanisme, la technologie c’est une chose qu’on doit utiliser pour améliorer notre corps. Pour eux, le processus naturel de l’Homme, c’est d’intégrer cette technologie, de fusionner le corps avec les nouvelles technologies, pour l’améliorer. Et l’objectif ultime, c’est de devenir immortel, que le corps ne vieillisse plus et que l’Homme puisse vivre éternellement. Pour certaines personnes, c’est une vision qui peut être très attirante, ça peut nous faire rêver. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup de chercheurs et de scientifiques qui alertent sur les risques d’une telle évolution. Ils voient le transhumanisme comme une menace, comme quelque chose de très risqué pour l’Homme et ils appellent à davantage de contrôle. [00:11:01] Donc dans ce podcast, je vais vous présenter plus en détail l’idéologie et la naissance de ce mouvement, son histoire. Puis je vous parlerai des développements actuels pour savoir où nous en sommes exactement avec le transhumanisme. Et dans la dernière partie, je vous parlerai plutôt des questions éthiques, des problèmes moraux qui sont liés aux transhumanisme. Comme ça, après ce podcast, vous pourrez vous faire votre propre opinion, votre propre avis, pour savoir si le transhumanisme est une opportunité pour l’Homme ou plutôt une menace. Sans plus attendre on va commencer. C’est parti ! [00:12:00] Pour commencer, comme je vous l’ai dit, on va parler un peu plus en détail de l’idéologie derrière le transhumanisme, et de son histoire. Le transhumanisme, c’est un mouvement culturel et intellectuel international qui est né dans les années 80 aux États-Unis. Il recommande l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Il considère que certains aspects de la condition humaine comme le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort sont inutiles et indésirables. [00:12:53] Donc vous comprenez, ici il y a l’idée que l’Homme est mortel et que cette mortalité est quelque chose que l’on peut maintenant dépasser grâce aux technologies et aux innovations. Les transhumanistes pensent que la mort, c’est une chose du passé et que maintenant l’Homme est capable de devenir immortel en intégrant les technologies à son propre corps. Ça peut vous sembler être de la science-fiction ce que je raconte, mais il y a des entreprises et des chercheurs très sérieux avec beaucoup de moyens qui travaillent sur ces questions. Le transhumanisme, ça n’est pas simplement un fantasme de personnes fans de science-fiction, mais c’est une chose qui est vraiment sérieuse et qui est en plein développement. [00:13:59] Si on s’intéresse un peu aux origines philosophiques du transhumanisme, sachez qu’elles remontent à la Renaissance. Ce progrès de l’Homme, de l’humanité, c’est une notion qui était centrale au moment de la Renaissance (donc aux XVe et XVIe siècles en Europe). Au moment de la Renaissance, il y avait cette idée de sculpter notre propre statut, d’être la meilleure version de nous-mêmes possible. Ça concernait la beauté physique évidemment, il y avait les standards de l’antiquité grecque, donc on s’inspirait beaucoup des statuts et de la représentation des corps à cette époque, c’était très à la mode. Mais il y avait aussi la question de la connaissance, autrement dit de notre intelligence. Il fallait être bien dans son corps mais aussi bien dans sa tête. Il y avait un peu ce fantasme d’accumuler un maximum de connaissances possibles. C’est vrai qu’à cette époque les intellectuels étaient un peu moins spécialisés. On valorisait plutôt le fait d’avoir une très très large connaissance générale, une très grande culture générale (comme on dit en français). Donc ça c’était pour les origines philosophiques du transhumanisme. [00:15:43] Mais la vraie naissance du mouvement, je vous l’ai dit c’était dans les années 80 et c’était à l’université de Californie. À ce moment-là, il y a plusieurs chercheurs et des étudiants, des futurologues (donc des scientifiques qui s’intéressent au progrès et au futur) qui se sont réunis et qui ont décidé de former ce mouvement, ce mouvement du transhumanisme. Il y avait différentes disciplines qui était réunies, des disciplines scientifiques mais aussi d’autres qui concernaient plutôt les sciences humaines. Donc pas simplement les mathématiques, la physique et l’informatique mais il y avait aussi une dimension plus philosophique sur le progrès humain. Qu’est-ce que ça signifie pour l’Homme de progresser, d’évoluer ? Et surtout, quels sont les différents scénarios possibles de l’évolution humaine ? [00:16:56] Le transhumanisme, c’est une classe de philosophie qui a pour but de guider vers une condition poste humaine. Le transhumanisme partage de nombreuses valeurs avec l’humanisme. L’humanisme, je l’ai déjà dit, c’est ce mouvement qui est né plus tôt à la Renaissance. Les valeurs qu’ils partagent ensemble, que ces deux philosophies partagent ensemble, ce sont le respect de la raison et de la science, un attachement très fort au progrès et une grande considération pour l’existence humaine dans cette vie. On considère l’existence humaine comme une chose centrale, c’est ça qui est le plus important pour les humanistes et pour les transhumanistes, l’existence humaine. [00:18:00] Je vous l’ai dit, c’est aussi un mouvement qui est lié à l’intelligence artificielle. Et, à ce sujet, il y a une hypothèse très intéressante qui s’appelle l’hypothèse de la singularité technologique. La singularité technologique, c’est un moment dans le futur où l’intelligence artificielle va dépasser l’intelligence humaine. Autrement dit, l’intelligence artificielle sera devenue tellement puissante et tellement autonome, que le rythme de ses évolutions va dépasser celui des évolutions humaines. Ça, ça a donné lieu a beaucoup d’oeuvres de science-fiction. Il y a des personnes qui voient ça comme une chose positive, comme une chance que nous allons avoir, et d’autres au contraire qui pensent que c’est très dangereux, parce que d’une certaine manière l’Homme va perdre le contrôle de sa création. C’est un peu comme avec le mythe de Frankenstein, quand le scientifique perd le contrôle de sa créature. [00:19:29] Maintenant que vous connaissez un peu mieux les origines philosophiques du transhumanisme et surtout ses valeurs, ses ambitions, on va se demander où en est le transhumanisme actuellement. Est-ce que c’est quelque chose de bizarre, est-ce que c’est un fantasme qui n’existe pas encore, ou bien est-ce qu’il fait déjà partie de notre vie ? [00:20:02] On peut considérer que les pacemakers, les prothèses, les vaccins sont déjà des formes de transhumanisme. On utilise la technologie, on l’intègre à notre corps, pour lutter contre la maladie, contre les problèmes de santé et pour survivre, pour pouvoir vivre plus longtemps. Donc d’un côté, toutes ces innovations médicales ce sont des formes de transhumanisme, en tout cas d’après les transhumanistes, c’est un peu comme ça qu’ils les perçoivent. Mais ils pensent que tout ça, c’est seulement le début et que bientôt ça va devenir de plus en plus courant d’intégrer la technologie à notre corps. [00:20:58] Pour les personnes handicapées, évidemment c’est quelque chose de très intéressant car grâce aux prothèses, par exemple, elles peuvent dépasser leur handicap et vivre normalement. Il y a des innovations maintenant qui peuvent être directement reliées au cerveau et des personnes handicapées peuvent contrôler, par exemple une main artificielle, directement avec leur cerveau. [00:21:33] Il y a un autre exemple qui est passionnant à mon avis, c’est celui d’un artiste qui s’appelle Neil Harbisson et qui est né avec un daltonisme absolu. Le daltonisme, vous savez, c’est cette maladie qui fait que l’on est incapable de voir les couleurs. Tout ce qu’on voit, c’est en noir et blanc, un peu comme dans les vieux films. Donc cet artiste est né avec ce problème, il n’a jamais vu de couleur de sa vie. Mais depuis quelques années, il a relié une petite caméra installée sur sa tête, directement à son cerveau. Cette caméra, elle détecte les couleurs et elle les associe à des notes de musique dans sa tête. Autrement dit, quand Neil Harbisson voit un arbre, par exemple, et la couleur verte, eh bien la caméra associe cette couleur à une note de musique et lui grâce à ça, il est capable de voir les couleurs. Évidemment, il a dû apprendre les noms pour savoir à quelle note de musique correspond quelle couleur, mais grâce à cette technologie, grâce à cette innovation, il a d’une certaine manière à dépassé son handicap. [00:23:07] Je vous ai dit qu’il y a des entreprises très importantes qui s’intéressent à ce sujet, et l’une d’entre elles c’est Google. Il faut savoir que Google est très engagée sur le sujet du transhumanisme. Il y a quelques années, ils ont créé une deuxième entreprise qui s’appelle Calico, plus précisément en 2013. Calico, ça veut dire California Life Company, et le but de cette entreprise c’est de tuer la mort, de lutter contre le vieillissement du corps humain. Ils ont un site internet, vous pouvez aller le visiter vous allez voir très clairement leurs ambitions. Mais malheureusement, il n’y a pas de description précise de leurs activités et ils ne partagent pas non plus vraiment les résultats de leurs recherches. Donc c’est assez obscur et on ne sait pas exactement ce qu’ils font. [00:24:21] On arrive à la troisième et dernière partie de ce podcast dans laquelle on va parler des questions éthiques et des menaces que présente le transhumanisme. Donc je vous ai dit que Google menait ses propres recherches sur le sujet et on peut s’inquiéter car on ne sait pas exactement ce qu’ils sont en train de faire. Plus généralement, dans la Silicon Valley en Californie, il y a une certaine forme d’égocentrisme des chefs d’entreprise. Généralement ce sont des personnes assez jeunes qui ont réussi à créer des entreprises qui maintenant valent des milliards de dollars. Donc c’est un peu normal pour ces personnes de penser qu’elles sont les maîtres du monde. Mais c’est aussi dangereux. C’est dangereux parce que, quand on a tellement d’ambition, on a l’impression d’être tout-puissant et de pouvoir jouer à Dieu. [00:25:32] Ce qui est surtout dangereux aussi, c’est la concentration du pouvoir entre les mains de quelques individus. [00:25:42] Vous savez sûrement que l’entreprise Apple gagne autant d’argent que certains petits pays. Autrement dit, c’est une entreprise qui a énormément de pouvoir et face à laquelle l’autorité des gouvernements est de plus en plus faible. Comme ce sont ces entreprises, ces géants de l’informatique, comme Apple ou Google qui innovent, qui font ces recherches dans le transhumanisme, on peut penser qu’elles vont avoir le monopole de la santé dans quelques années. Ça veut aussi dire que tout le monde n’aura pas le même accès à ces technologies. Comme ce sont des entreprises privées qui veulent créer des bénéfices, eh bien elles vont vendre ces technologies à un certain prix et certaines personnes ne pourront sûrement pas se les permettre. Dans le scénario le plus sombre, on peut imaginer qu’il y aura un groupe de personnes très riches un petit groupe qui vivra très très bien, qui peut-être sera immortel, et de l’autre côté un groupe avec le reste de la population qui n’aura pas accès à ces technologies et qui vivra dans des conditions beaucoup plus difficiles. Autrement dit, ces recherches liées au transhumanisme vont sûrement augmenter les inégalités. [00:27:24] À côté de ça, il y a aussi le risque pour l’environnement. Vous savez que le rythme d’augmentation de la population mondiale ne cesse d’accélérer, il y’a de plus en plus de gens sur la terre, et on va sûrement avoir dans quelques années un problème de surpopulation. Donc si en plus de ça, certaines personnes deviennent immortelles, évidemment ça va aggraver encore ce problème. [00:27:57] La dernière menace dont je voulais vous parler, c’est celle qui concerne l’intelligence artificielle. En 2015, il y a un groupe de chercheurs dont Stuart Russell, qui ont publié une lettre pour avertir, pour mettre en garde contre les dangers de l’intelligence artificielle. Ce collectif de chercheurs pense que l’intelligence artificielle est aussi dangereuse que la bombe atomique. C’est en danger aussi important que l’arme nucléaire, que la bombe atomique. Autrement dit, c’est une technologie qu’on ne maîtrise pas complètement et dont on va sûrement perdre le contrôle à un moment. [00:28:59] Ok, c’est la fin de ce podcast. Comme d’habitude j’espère que ça vous a plu, que ça vous a intéressé, que vous avez appris des choses intéressantes (en français mais pas seulement). Et si vous voulez chercher plus d’informations sur le transhumanisme, je vais partager quelques liens d’émission française que vous pouvez regarder sur Internet qui à mon avis sont vraiment passionnantes. Comme ça, ça vous permettra d’en apprendre plus sur le sujet et aussi de regarder des vidéos en français. [00:29:41] C’est tout pour aujourd’hui, si vous aimez ce podcast je vous invite à laisser une évaluation sur iTunes, ou sur l’application de podcast que vous utilisez, comme ça moi ça m’aide à avoir plus de visibilité et à pouvoir aider de plus en plus de gens à apprendre le français. Merci pour votre attention et on se retrouve la semaine prochaine. À bientôt ! 28 Pourquoi aimons-nous avoir peur ? Salut à tous, c’est l’épisode 28. Aujourd’hui, on va parler d’un sentiment bien particulier : la peur. [00:00:19] Je suis très content de vous accueillir pour ce 28ème épisode. Si c’est la première fois que vous m’écoutez, sachez que je m’appelle Hugo et que je fais ce podcast pour vous aider à apprendre le français. C’est pour ça que je parle un peu plus lentement et clairement que les Français que vous entendez d’habitude. Moi aussi j’apprends des langues étrangères, en particulier le polonais, et je sais qu’au début c’est vraiment difficile de trouver des choses intéressantes à écouter. Dans les méthodes traditionnelles, on trouve souvent des histoires ennuyeuses parce que les professeurs qui écrivent ces livres pensent que le plus important, c’est la grammaire ! Au contraire, moi je pense que le plus important, c’est le contenu. Si le contenu vous intéresse, alors vous aurez envie de continuer d’apprendre, vous resterez motivés ! [00:01:25] Et justement, la semaine dernière j’ai reçu un message d’une auditrice, autrement dit d’une dame qui écoute le podcast. Laissez-moi vous lire ce qu’elle a écrit : [00:01:40] “Salut Hugo, Merci beaucoup pour tes merveilleux podcasts ! Je les adore ! Je m’appelle Lynne, je suis anglaise et j’habite en Angleterre. J’ai appris le français quand j’étais à l’école…….il y a 35ans ! Toutefois, j’aime beaucoup la langue française et, au cours des années, j’avais l’occasion de la parler de temps en temps……pas assez, malheureusement, et il est très facile d’oublier les mots et les phrases. Aussi, il est très difficile pour moi de comprendre le français quand les personnes le parlent à une vitesse normale. Et puis……. j’ai trouvé tes podcasts ! Tu parles lentement et clairement pour me permettre de comprendre et s’il y a des mots ou phrases difficiles, tu les expliques. En plus, les sujets dont tu parles sont très intéressants et amusants ! Ça m’a donné envie de rejoindre un groupe français de conversation afin d’utiliser la langue et pas seulement de l’écouter.” [00:02:54] Merci Lynne pour ton message. Si j’ai décidé de vous le lire, c’est parce que ça me fait très plaisir de recevoir ce genre d’email. Donc n’hésitez pas à m’écrire vous aussi si vous voulez me faire plaisir ! En plus, je pense que c’est un très bon exercice. Quand on essaye d’écrire, on se pose plein de questions sur la façon de dire ceci ou cela, donc ça nous oblige à chercher du vocabulaire et de nouvelles structures. [00:03:31] Ce qui me plaît aussi dans l’email de Lynne, c’est qu’elle utilise beaucoup de connecteurs logiques. Les connecteurs logiques, ce sont des mots qu’on utilise pour structurer un texte, pour en montrer la logique et la progression. Les Français pensent qu’ils sont très rationnels. Personnellement, je ne sais pas si c’est vrai mais en tout cas c’est ce que nous croyons. Vous avez peut-être entendu parler d’un des pères du rationalisme moderne, René Descartes, et si oui vous savez sûrement qu’il était français. Bref, tout ça pour dire qu’en français la structure d’un texte est très importante, elle est essentielle. Donc pour la rendre plus visible, pour montrer comment les arguments s’enchaînent, on utilise ces mots qu’on appelle des connecteurs logiques. Par exemple, dans le mail de Lynne il y avait : toutefois, et puis, aussi, en plus, etc. Grâce à ces mots, le texte est beaucoup plus clair ; on comprend bien les idées de Lynne et sa logique. [00:04:57] À l’oral, on n’utilise pas vraiment de connecteurs logiques, sauf si on fait un discours ou une présentation. Donc si un jour vous passez un examen de français, n’oubliez pas d’utiliser des connecteurs logiques. Ça fera plaisir aux examinateurs et ça vous fera gagner des points ! Mais n’en abusez pas non plus, utilisez-les raisonnablement ! [00:05:29] Mais finalement, le plus important dans cet email, c’est la motivation de Lynne. Vous avez entendu, ça fait 35 ans qu’elle a appris le français ! Je sais qu’il y a beaucoup de personnes dans son cas, dans sa situation. Peut-être que vous aussi, vous avez appris le français il y a longtemps et que vous l’avez un peu oublié. C’est dommage ! Quand on a fait l’effort d’apprendre une langue, il faut essayer de l’utiliser pour la maintenir, sinon on a perdu notre temps ! Et c’est vrai que l’utilisation passive n’est pas suffisante. C’est très bien de lire des romans ou de regarder des films en français, mais il faut aussi utiliser la langue pour communiquer ! Je sais que ça n’est pas toujours facile à faire, surtout si on ne vit pas dans un pays francophone. Mais c’est possible ! Comme Lynne, vous pouvez rejoindre un cours de conversation. Dans toutes les grandes villes il existe des écoles de français avec ce genre de cours. Le problème, c’est qu’il y a parfois trop de personnes dans le groupe donc on n’a pas beaucoup de temps pour s’exprimer. Et puis on risque aussi de répéter les erreurs des autres si le professeur ne les corrige pas. Personnellement, je pense que les cours individuels sont une méthode beaucoup plus efficace. Vous pouvez facilement trouver un prof sur des sites comme italki par exemple. Ou vous pouvez aussi m’envoyer un email, car moi aussi je donne des cours de conversation et de coaching via Skype. Quoi qu’il en soit, je vous encourage vraiment à trouver quelqu’un avec qui vous vous sentez à l’aide et avec qui vous pourrez parler français régulièrement. [00:07:42] Il y a deux jours, c’était Halloween. Je sais que la prononciation française est un peu bizarre, mais j’espère que vous comprenez de quoi il s’agit… Halloween, c’est cette fête qui a lieu le 31 octobre et où on se déguise, où on porte des costumes de monstres ou de personnages célèbres. Les enfants en profitent aussi pour aller demander des bonbons aux voisins. [00:08:13] Bon, en France, Halloween n’est pas une fête très populaire. Les magasins ont essayé de l’importer dans les années 90 pour vendre plus de produits, mais les Français n’y participent pas vraiment. Bien sûr il y a quelques personnes qui organisent des fêtes costumées, mais largement moins que dans les pays anglophones. Je le sais car quand je vivais à Londres en Angleterre, j’ai vu à quel point c’est une fête importante. [00:08:50] Ce que je trouve intéressant avec Halloween, c’est cette célébration de personnages effrayants et sa dimension morbide. L’adjectif « morbide » signifie quelque chose de malsain, autrement dit de mal, de négatif. Pour Halloween, les gens veulent avoir peur. Ils veulent voir des monstres, des mauvaises actions, du sang, etc. Comme dans les films d’horreur. Halloween, c’est comme un film d’horreur grandeur nature avec nos amis et nos voisins. [00:09:32] Personnellement, je déteste les films d’horreur ! Mais j’avais envie de comprendre pourquoi tellement de personnes sont fascinées par ça. Pourquoi aimons-nous avoir peur et voir des choses morbides ? Pour trouver la réponse, j’ai décidé de faire quelques recherches et de vous préparer un podcast. J’espère que ça va vous plaire. Et rassurez-vous, ça ne devrait pas vous faire peur… Sauf peut-être certaines histoires… [00:10:08] Mais je ne vous en dis pas plus. Allez, c’est parti ! [00:10:18] Notre fascination pour les choses effrayantes, les choses qui font peur, commence très tôt. [00:10:26] Pendant l’enfance, nos parents nous lisent parfois des histoires fantastiques avec des princesses, des chevaliers, des dragons, des aventures. Ces histoires s’appellent en français des contes de fées. Je me rappelle bien d’un de ces contes, un conte qui s’appelle Barbe Bleue. C’est l’histoire d’un homme très riche qui a une barbe bleue et qui vit dans un château. Il s’est marié avec plusieurs femmes, mais elles ont toutes disparues. Il en cherche donc une nouvelle, mais à cause de la couleur de sa barbe, il ne trouve personne. Oui, il faut savoir qu’à cette époque les gens n’étaient peut-être pas aussi ouverts d’esprit que maintenant. Donc avoir une barbe bleue, c’était un vrai handicap ! Bref, il finit par trouver une femme qui accepte de se marier avec lui. Elle s’installe dans son château. Un jour, Barbe Bleue part en voyage et il laisse les clés du château à sa femme. Ces clés ouvrent toutes les portes du château, mais il y a une pièce qu’il lui interdit de visiter. Évidemment, dès qu’il part sa femme décide d’aller dans la pièce interdite. Là, elle découvre les cadavres des précédentes femmes de Barbe Bleue. Un cadavre, c’est le corps d’une personne morte. Là vous imaginez facilement sa réaction : elle panique un peu… Barbe Bleue rentre au château et il découvre que sa femme est allée dans la pièce interdite donc il décide de la tuer. Heureusement, les deux frères de cette femme arrivent pour la sauver et ils tuent Barbe Bleue. La femme hérite de sa fortune, et tout est bien qui finit bien (comme on dit en français). [00:12:40] Ça vous dit quelque chose ? Est-ce que vous avez déjà entendu cette histoire ? Elle n’a rien d’extraordinaire. Mais c’est un peu choquant qu’on la raconte aux enfants, non ? Il y a ce personnage de Barbe Bleue qui est un vrai serial killer ! À mon avis, ça n’est pas le genre d’histoire qu’on devrait lire aux enfants… Mais on le fait peut-être seulement en France. En France, on considère que les enfants sont de petits adultes et qu’on ne doit rien leur cacher. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, et surtout je me demande comment ça se passe dans les autres pays. [00:13:26] Bref, vous voyez que dès l’enfance, on est exposé à la peur à travers des histoires ou des dessins animés. Les enfants sont d’ailleurs très curieux, ils se posent beaucoup de questions sur ce sujet. Ils veulent comprendre ce qu’est la mort. [00:13:46] Ces questions sont évidemment toujours présentes quand on grandit. On continue de chercher des réponses à ce qu’on a vu ou entendu pendant l’enfance. Quelques années plus tard, à l’adolescence, on regarde nos premiers films d’horreur avec des amis, soit à la maison soit au cinéma. Vous savez que les adolescents adorent les films d’horreur, c’est un genre très populaire parmi eux. En regardant des personnes se faire tuer dans un film, ils peuvent démystifier la mort, lui enlever son côté mystérieux et inconnu. Quand vous voyez des dizaines de personnes mourir dans un film, forcément ça semble un peu moins dramatique. On peut quasiment s’habituer à l’idée de la mort. [00:14:47] On peut aussi considérer ces films d’horreur comme un rite de passage, autrement dit une épreuve pour devenir adulte. Avant, il existait beaucoup de ces rites. On testait le courage des jeunes pour voir s’ils étaient capables d’être enfin des adultes. Le service militaire par exemple, quand les jeunes passent du temps dans l’armée, c’est aussi un rite de passage. Maintenant, il y a de moins en moins d’épreuves comme ça. Mais avec les films d’horreur, les adolescents combattent leur peur, ils quittent l’enfance et passent à l’âge adulte. [00:15:40] Si on veut comprendre pourquoi la peur nous fascine tellement, il faut bien sûr observer notre cerveau. Vous savez le cerveau, c’est cet organe qui est à l’intérieur de notre tête et qui contrôle tout : notre corps, nos émotions, etc. [00:16:00] Donc c’est aussi lui qui nous pousse à nous confronter à des choses qui nous font peur. Certaines personnes ne peuvent pas s’empêcher d’avoir peur. Ah, ça c’est une expression intéressante : ne pas s’empêcher de. Quand vous dites « je ne peux pas m’empêcher de penser à mon ex » par exemple, ça signifie que c’est plus fort que vous : vous êtes obsédé par votre ex et que vous pensez à elle ou lui tout le temps ! C’est pareil avec les films d’horreur : il y a des gens qui détestent ça mais qui ne peuvent pas s’empêcher d’en regarder. [00:16:47] Pour comprendre ce qui se passe dans notre cerveau quand nous voyons une scène morbide, des psychologues américains ont créé une expérience. Ils ont choisi des volontaires, et ils leur ont infligé une petite douleur. Ils les ont légèrement brûlé pour leur faire un peu mal. Ça peut vous sembler cruel, mais c’est pour la science ! Évidemment, les volontaires étaient d’accord, les psychologues ne les ont pas forcé. [00:17:23] Pendant qu’ils faisaient ça, ils ont utilisé un scanner pour voir ce qui se passait dans leur cerveau. Et ils ont remarqué deux choses. La première, c’est que les zones du cerveau liées à la sensation douloureuse étaient activées. Là vous me direz que c’est plutôt normal. Mais la deuxième chose, plus intéressante, c’est qu’une autre zone, une zone liée au plaisir, était elle aussi activée ! Autrement dit, la douleur procurait une forme de plaisir. En fait, les chercheurs considèrent que le plaisir et la douleur fonctionnent ensemble et qu’il n’est pas possible de les séparer. Finalement, quand nous voyons ou lisons quelque chose de morbide ou d’effrayant, nous ressentons un sentiment ambigu… D’un côté nous partageons la douleur que l’on voit, et de l’autre nous éprouvons aussi du plaisir. [00:18:39] Ces explications des neurosciences nous aident à mieux comprendre pourquoi nous sommes fascinés par la peur et le morbide. En fait, quand nous regardons un film d’horreur, nous vivons par procuration. Par procuration, ça signifie à travers quelqu’un d’autre. Les personnages du film vivent des évènements horribles et traumatisants, mais nous, nous sommes assis confortablement derrière l’écran, en sécurité. Leur malheur n’est pas le nôtre. [00:19:17] C’est un peu le même phénomène quand nous voyons un accident de voiture sur la route. En général, on essaye de ne pas regarder. Mais souvent, on ne peut pas s’empêcher de le faire. Cet accident nous rappelle la chance que nous avons de ne pas être à la place des victimes. Nous sommes à l’abri de cet accident-là, et c’est rassurant… En fin de compte, la curiosité morbide permet de ressentir une émotion, la peur, sans prendre de risque. Dans ce genre de situations, nous savons que notre vie à nous n’est pas en jeu. [00:20:04] Il y a un auteur américain qui a écrit un livre sur ce sujet. Il s’appelle Eric Wilson. Dans son livre, Wilson souligne que « notre attirance pour le morbide est d’une certaine manière un désir d’expérimenter la souffrance de quelqu’un d’autre », le désir d’avoir de l’empathie, de ressentir. Selon l’auteur, notre « compulsion » envers les évènements sinistres pourrait nous aider à contrôler nos peurs et à comprendre ce qui est essentiel à nos vies et ce qui ne l’est pas. Encore une fois, il s’agit du besoin de comprendre l’un des mystères les plus profonds de l’existence : la mort. [00:20:59] Ce qui est aussi intéressant, c’est que nous n’avons pas tous peur des mêmes choses. Et de la même façon, nous ne sommes pas tous attirés par les mêmes peurs. Notre attirance dépend de nos angoisses personnelles. Certains sont attirés par les histoires paranormales parce qu’ils ont peur de ce genre de phénomènes. D’autres préfèrent les films sur les serial killers parce qu’ils sont fascinés par ces personnages et leur psychologie. Il y a aussi des personnes qui aiment les sports extrêmes car elles risquent leur vie et elles aiment l’adrénaline que ça leur donne. [00:21:45] Vous savez qu’en France, il y a eu des attaques terroristes en 2015 et 2016 qui ont fait beaucoup de victimes. Des attentats terribles. Mais le plus bizarre, c’est que les médias les ont décrits avec beaucoup de précision. Ils expliquaient comment tout s’était passé, minute par minute, dans le détail : les armes des terroristes, les cris des victimes… Comme s’il s’agissait d’un film, d’un spectacle. On peut se demander s’il était vraiment nécessaire de connaître tous ces détails. Pour le public, oui. Le sociologue Luc Boltanski explique que voir la fragilité de l’existence nous donne le sentiment d’être encore en vie. On imagine qu’on aurait pu être à la place des victimes, au mauvais endroit au mauvais moment. Alors imaginer ce scénario est une façon de confronter nos peurs. [00:23:02] Il y a une autre dimension dont je voudrais parler pour finir : la dimension sociale. Vous savez que nous vivons dans des sociétés de moins en moins violentes. Globalement il y a moins de crimes, moins d’agressions, dans beaucoup de pays la peine de mort (autrement dit la possibilité d’exécuter un criminel) a été interdite. [00:23:26] Mais ça n’empêche pas que nous ayons en nous des pulsions violentes. Les progrès de la civilisation n’ont pas pu les faire complètement disparaître. [00:23:40] Alors, nous avons besoin de pouvoir les exprimer d’une façon ou d’une autre. Dans l’antiquité grecque par exemple, il y avait les tragédies. Les citoyens grecs allaient voir une tragédie comme Antigone ou Œdipe pour obtenir leur dose de violence et de malheur. C’est ce que le philosophe Aristote appelait la catharsis : une pièce de théâtre pour se libérer de nos passions et de nos pulsions. [00:24:16] Maintenant, nous avons plein d’autres manières de le faire. Il y a les films d’horreur, dont j’ai déjà beaucoup parlé, mais aussi les faits divers. Un fait divers, c’est un événement peu important mais qui est rapporté dans le journal parce qu’il est très choquant. En général, ce sont des meurtres très violents. Quand on y pense, on peut se demander à quoi ça sert de publier ce genre d’histoire. Il y a sûrement des informations plus importantes. Mais en réalité, le fait divers nous permet de partager nos peurs avec d’autres, parce qu’on parle de ces histoires à nos amis ou nos collègues de travail. Comme ça, nous ne restons pas seuls face à l’angoisse, nous la partageons collectivement. [00:25:13] C’est un peu la même chose avec les tueurs en série. En ce moment je regarde une série sur Netflix qui s’appelle Mindhunter. Elle se passe dans les années 70, au moment où le FBI commence à s’intéresser aux serial killers et à essayer de les comprendre. Le public adore ce genre de série parce que nous sommes fascinés par ces personnages. Pour les adultes, les tueurs en série sont plus intéressants que les vampires ou les autres monstres. Pourquoi ? Eh bien parce qu’ils sont une source de danger pour la communauté. Et cette peur renforce la communauté justement. Elle lui donne une identité commune, nous nous disons que nous ne sommes pas comme lui. Le tueur en série est « l’anormal » et cela nous rassure sur notre propre « normalité ». Mais ses crimes sont aussi parfois le reflet de ce qui ne va pas dans notre société, de nos vices les plus secrets. [00:26:37] Nous arrivons à la fin de cet épisode. Un grand merci de m’avoir écouté. J’espère qu’il vous a plu et que vous n’allez pas faire de cauchemars ce soir ! [00:26:51] Si vous n’avez pas tout compris, je vous rappelle que la transcription est disponible sur mon site internet innerfrench.com Il suffit de vous inscrire, et vous pourrez lire la transcription gratuitement. [00:27:08] Pour finir, si vous aimez ce podcast et si vous trouvez qu’il est utile, laissez une évaluation sur iTunes ou sur l’application que vous utilisez. Ça me donnera plus de visibilité et ça pourra aider d’autres personnes à me trouver. Si vous avez des critiques ou des suggestions, vous pouvez aussi m’envoyer un email ! Ça m’aidera à l’améliorer. [00:27:37] N’oubliez pas de faire un peu de français chaque jour et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Bye bye ! 29 L’obsession du temps Bienvenue dans ce 29ème épisode. Aujourd’hui, on va parler du temps. [00:00:14] Salut à tous, j’espère que vous allez bien. Comme vous pouvez peut-être l’entendre, moi je suis un peu malade. Vous vous demandez peutêtre comment je suis tombé malade. Eh bien le weekend dernier, je suis allé à Poznań. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une ville qui est située dans l’ouest de la Pologne. Il y a un peu plus de 500 000 habitants, et surtout j’ai un ami français qui y habite depuis quelque mois. Donc j’ai décidé d’aller le voir et de passer le weekend avec lui. Il faisait très beau alors on a décidé de se déplacer en vélo. Malheureusement, j’avais oublié mon écharpe. Une écharpe, c’est un accessoire qu’on porte autour du cou pour ne pas avoir froid, surtout l’hiver. En faisant du vélo le soir sans écharpe avec une température de 5 degrés, vous pouvez imaginer le résultat : je suis tombé malade. Le nom pour ce genre de petite maladie qu’on attrape l’hiver, c’est le rhume. Quand vous attrapez froid, que vous avez mal à la gorge et le nez qui coule, alors vous avez un rhume (comme moi aujourd’hui !). [00:01:42] Heureusement, je n’ai pas de fièvre, donc je peux travailler et donner mes cours comme d’habitude. Mais je suis quand même content que la semaine se termine, je vais pouvoir me reposer un peu ce weekend, me soigner. D’ailleurs, si vous voulez être poli avec quelqu’un qui est malade, vous pouvez lui dire « soigne-toi bien » (avec le verbe « se soigner ») ou « bon rétablissement » (qui vient du verbe « se rétablir »). Mais ne lui dîtes pas « bonne santé ». « Bonne santé », c’est une expression qu’on utilise au début d’une nouvelle année, on souhaite une bonne santé à notre famille, à nos amis, à nos collègues. On espère que tout ira bien pour eux. Mais quand quelqu’un est malade, on lui souhaite d’abord d’aller mieux, de se soigner, donc on lui dit « bon rétablissement ». [00:02:46] Vous voyez, je profite de mon rhume pour partager avec vous un peu de vocabulaire. Il y a toujours de bonnes occasions d’apprendre quelque chose de nouveau en français ! [00:02:59] Mais sans plus attendre, on va commencer à parler de notre sujet du jour. [00:03:06] Pendant les cours de langue, on demande souvent aux élèves ce qu’ils ont fait le weekend ou la semaine d’avant. Si vous avez déjà pris un cours de français, on vous a sûrement posé cette question. Moi aussi, je la pose régulièrement à mes élèves. Je sais que ça n’est pas vraiment une question passionnante. Mais c’est un bon moyen de lancer la conversation. Et puis, on doit souvent y répondre dans la vraie vie. En plus, on peut en profiter pour utiliser les temps du passé. Vous savez qu’en français, il y a trois temps principaux pour parler au passé : le passé composé, l’imparfait et le plus-que-parfait. Souvent, les élèves ont du mal à savoir quel temps utiliser dans quel contexte. Avec ce genre de question sur nos activités du weekend, on peut s’entraîner, pratiquer. [00:04:09] Mais parfois, certaines personnes ne savent pas quoi répondre. Pas parce qu’elles ont des problèmes de conjugaison, mais parce qu’elles n’ont rien fait de spécial pendant le weekend. Pourtant, elles ne veulent pas le dire. Elles ont peur de répondre qu’elles n’ont rien fait parce que ça peut donner l’impression qu’elles ne veulent pas discuter. Et surtout, elles pensent qu’on va avoir une mauvaise image d’elles. Elles pensent qu’on va se dire qu’elles ne font rien d’intéressant, qu’elles n’ont rien à raconter. [00:04:44] Moi non plus, je n’aime pas trop cette question. Elle nous oblige à parler de notre weekend comme si c’était un film, une aventure. Par exemple : « le weekend dernier je suis allé à une exposition magnifique avec des amis, ensuite on a mangé dans un restaurant délicieux et puis on a fait la fête toute la nuit en buvant du champagne. » Malheureusement notre weekend est souvent moins cool que ça, et on a honte de dire qu’on a seulement regardé des séries sur Netflix et mangé des pizzas. [00:05:26] La question que je me pose, c’est pourquoi y a-t-il une telle pression ? Pourquoi faut-il utiliser chaque minute de notre temps comme si c’était la dernière ? [00:05:40] Pour essayer d’y répondre, nous allons d’abord analyser cette tendance, voir d’où elle vient. Ensuite, nous verrons comment sortir de l’urgence, et pour finir je vous donnerai quelques conseils pour mieux profiter de votre temps. [00:05:57] Ok vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:06:08] Il est 8h du matin, votre réveil sonne. Vous restez au lit. 5 minutes plus tard, il sonne encore une fois. Maintenant, vous devez vous lever. Vous avez 10 minutes pour prendre une douche, 10 autres pour le petit-déjeuner. Mais vous avez déjà perdu 5 minutes en restant au lit, alors vous n’avez pas le temps de manger. Vous vous dépêchez de vous habiller et de vous préparer. Vous regardez votre montre : il est 8h et demie ! Vous sortez de chez vous en courant car vous avez peur de rater le bus. Heureusement, il est en retard, comme vous ! Mais sur la route, il y a des embouteillages. Finalement, vous arrivez au travail avec 15 minutes de retard. Pas le temps pour un café car la réunion a déjà commencé. Vous frappez à la porte et vous vous excusez pour votre retard. Votre chef n’a pas l’air d’apprécier… La journée va être longue… [00:07:15] Voilà un exemple d’une matinée typique. Plutôt stressant, non ? On voit que chaque minute compte, et que le moindre retard peut avoir des conséquences pour le reste de la journée (ou même de votre carrière !). [00:07:33] On a parfois l’impression d’être victime du temps, d’être harcelé par le temps. Il faut toujours contrôler l’heure, vérifier qu’on n’est pas en retard. Et si un événement imprévu arrive, on doit changer tous nos plans. [00:07:51] Plus on vieillit, plus ce stress est présent. C’est normal, car on a de plus en plus de responsabilités. Il y a le travail, bien sûr, mais aussi toutes les choses à faire à la maison et les activités des enfants (si on en a). Quand la pression devient trop grande, on a envie d’arrêter le temps, de faire une pause, juste pour quelques heures. Mais c’est impossible car le reste du monde continue de tourner, et nous, nous sommes en retard ! [00:08:28] Souvent, on a l’impression d’être plus occupé que les générations précédentes, d’avoir plus de travail ou de choses à faire. Même si la vie était moins confortable avant, on se dit qu’elle était plus simple. Pourtant, c’est faux. Par exemple en France, le temps libre des Français a augmenté de 47 minutes par jour entre 1986 et 2010. Maintenant, les Français ont plus de 8h par jour de temps libre. Sur la même période, le temps consacré au travail ou aux études a diminué de 25 minutes. Alors pourquoi a-t-on toujours l’impression de ne pas avoir assez de temps ? [00:09:21] Quand on regarde le passé, on voit que la situation n’a pas toujours été stressante. Les premières horloges ne sont apparues qu’au XIVème siècle. Vous savez une horloge, c’est un objet qui donne l’heure. On en trouve souvent sur les églises ou dans d’autres lieux publics, pour que toute la ville ait la même heure. Avant ça, il était impossible de savoir précisément quelle heure il était. Alors on se donnait rendez-vous tôt le matin, au lever du jour, ou au coucher du soleil, c’est-à-dire à la fin de la journée. La plupart des gens n’avaient pas besoin de mesures plus précises. Il n’y avait pas de métro à prendre ni de séances de cinéma ! [00:10:16] Mais plus tard, avec la révolution industrielle, il a fallu commencer à indiquer le temps plus précisément. Les premiers trains ont fait leur apparition, ce qui a obligé les grandes villes à synchroniser leurs horloges. [00:10:35] Mais c’est surtout dans le monde du travail que la mesure du temps est devenue de plus en plus nécessaire. Jusqu’à la révolution industrielle, l’activité économique principale était l’agriculture. Donc la production dépendait des saisons et pas vraiment des heures ni des minutes. Mais ensuite, les premières usines sont arrivées, ces lieux dans lesquels on produit des objets en grande quantité. Pour être plus efficace, on a divisé la production en plusieurs tâches très simples. Depuis, chaque ouvrier a une tâche bien précise à réaliser. À force de répéter les mêmes gestes toute la journée, il améliore sa technique et produit de plus en plus vite. Malheureusement, ça n’est pas un travail très intéressant. Mais grâce à cette division du travail, l’usine peut fabriquer davantage d’objets. Et surtout, le directeur peut mesurer l’efficacité de chaque travailleur. Il peut savoir quelle quantité le travailleur produit en un temps donné, en une journée par exemple. C’est ce qu’on appelle la productivité. Cet indicateur devient essentiel dans les usines. Quand un travailleur n’est pas assez productif, on le renvoie et on en prend un autre qui est plus rapide. [00:12:15] De nos jours, on mesure la productivité de presque toutes les professions. Pas seulement dans les usines, mais dans toutes les entreprises. On essaye de trouver des méthodes complexes grâce à l’informatique. Si vous travaillez avec un ordinateur, c’est très facile d’évaluer ce que vous faîtes dessus. Certains directeurs d’école voudraient même mesurer la productivité des professeurs ! Personnellement, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Si on veut évaluer un professeur, il faut mesurer la qualité de ses cours plutôt que la quantité. Mais on préfère toujours mesurer la quantité parce que c’est plus simple. [00:13:05] Vous vous demandez peut-être pourquoi les entreprises sont tellement obsédées par la productivité ? Eh bien tout simplement parce que si elles payent un employé et qu’il ne produit pas assez, s’il n’est pas assez productif, elles perdent de l’argent ! [00:13:24] Évidemment, le temps de tous les employés n’a pas la même valeur : celui du directeur est beaucoup plus précieux que celui de son assistant. Si on fait attendre le directeur parce qu’on est en retard, il y a de grandes chances qu’on va avoir des problèmes. Mais si c’est lui qui arrive avec 2 heures de retard, on ne pourra rien lui dire ! On justifie cette différence en disant que le directeur est beaucoup plus productif, il fait gagner plus d’argent à l’entreprise (et il lui coûte aussi plus cher). [00:14:06] En 1930, un économiste britannique très célèbre, John Maynard Keynes, avait écrit que dans 100 ans, autrement dit en 2030, nous travaillerions seulement 15 heures par semaine. Il pensait que grâce au progrès technique et à l’enrichissement des pays, nous n’aurions plus besoin de travailler autant. Pour le moment, ça semble peu probable. Nous sommes déjà en 2017 et dans les pays développés, les gens travaillent en moyenne 40 heures par semaine. En France, officiellement c’est un peu moins, car la durée légale du travail est de 35 heures. Mais même en France, on a plutôt tendance à aller dans le sens inverse ; beaucoup de politiciens et d’entreprises veulent un retour aux 40 heures. Donc il est difficile de croire la prédiction de Keynes. La productivité va continuer à nous obséder, on va devoir travailler beaucoup et efficacement. [00:15:26] On a vu dans la première partie que le temps est devenu une obsession, en partie à cause du concept de productivité que les entreprises ont inventé. Mais le pire, c’est que maintenant la productivité ne se limite plus au travail. On l’utilise aussi dans notre vie privée. On parle par exemple de « weekend productif » quand on a réussi à faire toutes les choses qu’on avait prévues, comme faire les courses, faire du sport, voir une exposition avec ses amis, etc. Comme si on devait mesurer chaque moment de notre vie et ce qu’il nous a rapporté. [00:16:12] Les gens se font aussi des to-do lists (oui, en français on utilise le terme anglais). Au départ, c’est une pratique qu’on trouvait plutôt dans les entreprises. Chaque employé avait une liste de tâches à réaliser. Mais maintenant, on retrouve ces longues listes de choses à faire dans notre vie privée : payer les factures, faire le ménage, emmener son costume au pressing, s’inscrire à la salle de sport, etc. Il y a tellement de choses qu’on est obligé d’écrire une liste pour ne rien oublier. [00:16:54] Et quand on n’arrive pas à tout faire, on culpabilise. Culpabiliser, c’est un verbe qui signifie « se sentir coupable », comme quand on a fait quelque chose de mal. Par exemple, si un enfant vole des bonbons dans un magasin, après il va peut-être le regretter, il va culpabiliser. Avec les to-do lists, c’est la même chose. Si on ne réussit pas à remplir toutes nos tâches, on a un sentiment d’échec. On se dit qu’on est paresseux, et on pense à toutes les choses dont on n’a pas eu le temps de s’occuper. [00:17:36] L’autre grand problème, c’est qu’on a souvent l’impression que toutes ces tâches sont urgentes. On veut tout faire tout de suite. Par exemple, quand on reçoit un email ou un SMS, on essaye d’y répondre le plus vite possible, surtout au travail. On pense que les gens attendent une réponse immédiate de nous. Et grâce aux nouvelles technologies, nous avons les moyens de le faire. [00:18:04] Avant, tout était plus lent. Pour envoyer une lettre, il fallait d’abord bien réfléchir à ce qu’on voulait dire, l’écrire proprement sur une feuille de papier, acheter une enveloppe et des timbres, puis poster la lettre. On savait qu’on ne recevrait pas de réponse le jour-même. Généralement, il fallait attendre au moins une semaine, voire plus. [00:18:33] Grâce aux emails, on n’a plus besoin d’attendre. On peut envoyer un email à l’autre bout du monde en quelques secondes et obtenir une réponse tout de suite après. Au début, on pensait qu’on allait gagner beaucoup de temps. Sauf que maintenant, au lieu de recevoir une ou deux lettres par jour, on reçoit 50 emails. Dès que quelqu’un a une chose à dire, il envoie un email, sans se demander si cette chose est importante ou non. On envoie des emails simplement pour dire « oui », « non » ou « ok ». Le problème, c’est qu’on ne prend plus le temps de réfléchir, de penser à ce qu’on veut dire. Dès que quelque chose nous passe par la tête, on l’envoie. Vous n’avez jamais regretté d’avoir envoyé un SMS trop vite, sans réfléchir ? En français, on dit que « la nuit porte conseil ». C’est une très belle expression pour dire qu’il faut parfois attendre un peu avant de prendre une décision. Mais avec les nouveaux moyens de communication, tout le monde a oublié cette expression. On ne prend plus le temps de réfléchir car le temps, c’est de l’argent ! [00:19:56] Alors comment faire pour sortir de cette logique ? Comment arrêter de culpabiliser pour toutes ces choses qu’on n’a pas le temps de faire ? [00:20:07] Le secret, c’est de distinguer les choses urgentes et les choses importantes. Notre cerveau est programmé pour réagir aux urgences. C’est pour ça que nous sommes tellement accros, que nous avons cette addiction, aux emails, aux SMS et aux notifications sur notre smartphone. Quand on reçoit une alerte, on réagit immédiatement, presque comme un réflexe. On ne prend pas le temps de se demander si cette chose est importante ou non, on y répond directement. Vous savez au travail, la plupart des emails sont considérés comme urgents. Dans l’objet, tout le monde écrit « URGENT » en majuscules. Il faut respecter les dates limites, les délais. Comme si la survie du monde dépendait d’une facture ou d’une présentation Powerpoint. [00:21:09] En réalité, toutes ces choses ne sont souvent pas très importantes. Leur valeur ajoutée est relativement faible. Elles nous donnent juste l’impression d’être occupé. Paradoxalement, on a tendance à ne jamais faire celles qui au contraire sont vraiment importantes pour nous. Par exemple, on veut commencer à faire du sport car on sent que ça sera bénéfique pour notre santé, pour être en forme. Mais on ne le met pas dans notre agenda parce qu’on pense qu’on n’a pas le temps pour ça. On attend en se disant qu’on trouvera peut-être un moment pour le faire plus tard, toujours plus tard. C’est dommage, non ? Mais notre cerveau fonctionne comme ça. [00:22:02] Alors comment faire pour changer cette habitude ? [00:22:06] D’abord, il faut supprimer l’urgence. Par exemple, n’allez pas sur votre boite mails dès que vous recevez un nouvel email. Choisissez un moment pour répondre aux emails, et ignorez-les le reste du temps. C’est la même chose avec Facebook par exemple. Désactivez les notifications. Comme ça, vous ne serez pas tentés d’aller sur le site à chaque fois qu’il y a quelque chose de nouveau. Accordez-vous un seul moment dans la journée pour le faire. [00:22:41] En général, il vaut mieux éviter de faire plusieurs choses en même temps. Concentrez-vous sur une activité, et faite-la jusqu’au bout. Après, vous pouvez passer à autre chose. Notre cerveau n’aime pas cette méthode, car elle nous oblige à faire plus d’efforts, à vraiment nous concentrer. Il préfère les distractions car elles demandent moins d’énergie. Mais vous verrez que si vous vous focalisez sur une seule chose à la fois, vous serez plus efficaces. [00:23:18] Une fois que vous vous êtes débarrassés des urgences, vous devez identifier les choses qui sont vraiment importantes pour vous. En général, elles concernent plutôt le moyen ou le long terme. Si vous voulez courir un marathon ou apprendre à jouer du piano, vous n’allez pas pouvoir le faire en une semaine. Ça va vous demander du temps et de l’entraînement. [00:23:44] Ce sont des choses qui correspondent à vos valeurs et à vos objectifs personnels. Pas ceux de vos amis ni de vos collègues, mais les vôtres, vos aspirations. Ce rêve que vous avez depuis que vous êtes enfant, ou cette bonne résolution que vous prenez chaque année par exemple. [00:24:07] Ces choses peuvent sembler intimidantes voire impossibles. Souvent, on se décourage avant même de les commencer. Mais ce sont celles qui valent le plus la peine, celles auxquelles on devrait vraiment consacrer notre vie. Alors choisissez-en une, bloquez du temps dans votre agenda à y consacrer, et commencez-la aujourd’hui. Pas demain ni le mois prochain, mais aujourd’hui. [00:24:41] Si vous vous concentrez sur ce qui est important pour vous au lieu de ce qui est urgent pour les autres, je vous garantis que vous vous sentirez mieux. [00:24:58] Après tout ça, il me reste encore un conseil très important à vous donner : ne faites rien. Ça peut sembler un peu bizarre, mais il faut savoir sortir complètement de cette logique de productivité. Prévoir des moments, un après-midi de weekend par exemple, pendant lesquels on ne fait rien de particulier. [00:25:25] Ça permet de nous détendre, évidemment, mais aussi de développer notre imagination et notre créativité. Les artistes et écrivains insistent souvent sur l’importance de l’ennui dans leur travail. Ils en ont besoin pour avoir de nouvelles idées, pour trouver l’inspiration. Il y a une expression française qui dit « prendre du recul » et qui signifie prendre de la distance pour mieux comprendre, mieux analyser quelque chose. Quand nous vivons dans l’urgence, nous ne pouvons pas prendre de recul. C’est pour ça qu’il est important de s’ennuyer. [00:26:11] Mais il existe aussi une autre raison. C’est le Neuropsychologue Francis Eustache qui va vous en parler. [00:26:19] Professeur Francis Eustache : « On se tourne vers nos pensées, on se tourne vers des informations récentes auxquelles on a été confronté, et en fait notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une sorte de synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des informations plus anciennes. Donc c’est un des temps indispensables à la création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, eh bien notre autobiographie il va lui manquer des pages en quelque sorte. Et surtout, il va lui manquer une cohérence d’ensemble. » [00:26:49] Vous voyez, il explique que notre cerveau a besoin de ces moments pour lier les nouvelles informations et les anciennes. Autrement dit, pour prendre du recul par rapport à notre vie et mieux la comprendre. Pour « écrire notre autobiographie ». [00:27:18] Voilà, c’est déjà l’heure de finir ce podcast, merci de m’avoir écouté jusqu’au bout. J’espère ne pas vous avoir fait perdre votre temps ! La conclusion, c’est qu’il faut essayer de sortir de la logique de productivité et de l’urgence pour se consacrer aux choses qui sont vraiment importantes pour nous. Et surtout, ne pas oublier de s’ennuyer de temps en temps. La liberté de ne rien faire devient un luxe, mais c’est une nécessité qu’il ne faut pas négliger. [00:27:58] Comme d’habitude, je vous rappelle que la transcription du podcast est disponible sur le site innerfrench.com et que vous pouvez aussi trouver plein de choses intéressantes sur la page Facebook. [00:28:13] Si vous appréciez ce podcast et que vous voulez m’aider à le faire connaître à d’autres personnes, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes. Ça sera très gentil ! [00:28:26] On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau podcast, et en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours ! [00:28:35] À bientôt, bye bye ! 30 Apprendre le français grâce à la musique Bienvenue pour l’épisode 30, un épisode musical ! [00:00:12] Salut à tous et bienvenue dans ce 30ème épisode d’innerFrench. Eh oui, déjà 30 épisodes ! J’avais publié le 1er à la fin du mois d’avril donc ça fait plus de 6 mois. Le temps passe vraiment vite ! [00:00:33] Désolé pour ma voix, vous pouvez entendre que je suis encore un peu malade. Mais ça n’est pas grave car c’est toujours un plaisir pour moi de préparer des choses pour vous. Je vous imagine dans la voiture ou dans le métro, aux Etats-Unis ou en Chine, en train d’écouter ce podcast, et ça me fait bizarre ! Ça me fait bizarre de penser que des personnes du monde entier écoutent ma voix. Bon, on ne peut pas dire que je sois une rock star, mais je vois dans mes statistiques qu’il y a des auditeurs dans 100 pays différents. 100 pays ! Vous imaginez ? Il y en a même certains dont je ne connaissais pas le nom avant… C’est vrai que je ne suis pas très bon en géographie ; mais quand même, 100 pays, ça n’est pas rien ! [00:01:34] Je vois aussi que certains d’entre vous ont laissé des évaluations sur iTunes et sur Facebook. Merci beaucoup à vous, merci pour vos encouragements. C’est le genre de choses qui me prouvent que ce que je fais est utile. Ça me pousse à continuer car vous savez que ma mission, c’est d’aider un maximum de personnes à apprendre le français. Parce que c’est une langue magnifique mais aussi parce qu’elle donne accès à un monde fantastique : celui de la culture francophone. Le cinéma, la philosophie, la littérature, la musique… Justement aujourd’hui, on va parler de musique. [00:02:23] Comme c’est le 30ème épisode, j’ai décidé de faire quelque chose d’un peu spécial. Nous allons écouter et analyser ensemble un morceau de musique. « Un morceau », c’est un mot qui veut dire « une partie de quelque chose ». Ça peut avoir différentes significations en fonction du contexte. Par exemple, les Français demandent souvent un « morceau de pain » quand ils sont à table. Si vous êtes à un dîner avec des Français et que vous êtes à côté de la baguette, quelqu’un vous demandera sûrement un morceau de pain. [00:03:06] Mais moi, c’est de musique que je veux vous parler. Donc vous avez deviné qu’un « morceau de musique » signifie « une partie d’un album », « une chanson ». Le mot « chanson » est assez démodé donc maintenant on dit plutôt «un morceau » ou «un titre ». [00:03:28] Mais avant de vous dire quel morceau j’ai choisi, je profite de ce podcast pour faire une petite annonce. J’ai créé une playlist dédiée à la musique française sur ma chaîne Youtube. Alors je vous invite à aller y jeter un œil, vous ferez sûrement des découvertes intéressantes. [00:03:53] En fait, quand je demande à mes élèves s’ils connaissent des artistes français, ils me parlent toujours d’Edith Piaf, de Dalida ou de Serge Gainsbourg. Je trouve ça un peu bizarre, surtout quand c’est un élève qui a 20 ans. C’est comme si les Français avaient arrêté de faire de la musique dans les années 80. Pourtant maintenant, il y a plein de groupes très talentueux. Vous connaissez sûrement les Daft Punk, et peut-être Phoenix ou Air. Mais savez-vous qu’ils sont Français ? Bon, ça n’est pas très utile pour vous car ils chantent en anglais. C’est vrai que dans les années 90 et au début des années 2000, beaucoup de groupes français préféraient chanter en anglais, c’était plus cool. Mais maintenant, le français redevient populaire, même parmi les groupes de rock. C’est pour ça que j’ai décidé de créer cette playlist sur Youtube, pour vous faire découvrir tous ces nouveaux artistes très talentueux. [00:05:09] Je pense qu’écouter de la musique est un très bon moyen d’améliorer son français. Il y a 5 raisons pour ça. [00:05:18] La 1ère, c’est l’exposition à la langue et la répétition. Souvent, les personnes qui apprennent une langue ne veulent pas y consacrer beaucoup de temps. C’est vrai que nous sommes tous très occupés. Ou alors, nous faisons tout pour être occupés. Par exemple moi, quand je dois faire mes exercices de grammaire de polonais, je trouve toujours d’autres choses plus urgentes comme nettoyer mon bureau ou me préparer un sandwich. Mais avec la musique, c’est différent. Quand on trouve un morceau qu’on aime, on a envie de l’écouter toute la journée, en boucle. Écouter quelque chose « en boucle », ça signifie plusieurs fois, de manière répétée. [00:06:13] Justement, la répétition est essentielle quand on apprend une langue. Et avec la musique, c’est plus facile. Par exemple, si vous n’arrivez pas à vous rappeler du mot « rien », écoutez la chanson « Je ne regrette rien » d’Edith Piaf et je vous garantis que vous ne l’oublierez plus jamais ! [00:06:49] La musique est aussi utile pour nous aider à identifier et séparer les mots. Je sais que c’est un grand problème avec le français. On ne peut pas séparer, différencier, les différents mots d’une phrase. On a même parfois l’impression qu’une phrase est un seul et même mot. Mais il y a une expérience scientifique de 2007 qui a montré que quand on écoute de la musique, ça devient plus facile d’identifier les mots séparément grâce au contexte. [00:07:28] La 3ème raison est plus évidente, c’est le vocabulaire. Si vous écoutez des artistes francophones, vous allez forcément entendre des mots que vous ne connaissez pas. Évidemment, ça demande un peu de travail car il faut chercher les paroles de la chanson. Mais avec Google, rien de plus facile ! Écrivez juste le titre de la chanson + le mot « paroles » et vous les trouverez immédiatement. Ensuite, il suffit d’écouter le morceau plusieurs fois pour vous en souvenir ! [00:08:09] Ça nous amène à la 4ème raison : la prononciation. Eh oui, comme avec les podcasts, vous pouvez utiliser les morceaux que vous aimez pour répéter certains mots. Bien sûr, ça dépend aussi de l’artiste ou du groupe. Parfois c’est difficile de comprendre ce qu’ils chantent, même pour les Français. Mais ça vous habituera au moins à la façon dont les Français coupent certains mots quand ils parlent, comme le « ne » de la négation. Il y a par exemple un morceau qui s’appelle « Jmy attendais pas », c’est un morceau de la chanteuse Cléa Vincent. Vous savez ce que ça veut dire « Jmy attendais pas » ? Ça vient du verbe « s’attendre à » qui veut dire « prévoir ». La forme correcte ici devrait être « je ne m’y attendais pas ». Mais à l’oral, on coupe le « ne » et on fait une élision du « je ». Donc ça donne « Jmy attendais pas » au lieu de « je ne m’y attendais pas ». Facile, non ? [00:09:27] Enfin la dernière raison, la raison numéro 5, c’est le plaisir. Vous savez que je recommande toujours de faire des choses qu’on aime pour apprendre une langue. Si vous avez écouté le tout premier podcast, vous savez aussi que c’est une idée que j’ai empruntée au célèbre professeur et linguiste américain Stephen Krashen. Quand on fait des choses qui nous plaisent, les émotions positives nous aident à apprendre plus facilement. Nous sommes dans un meilleur état d’esprit. À mon avis la musique est l’outil idéal pour ça. [00:10:11] Bien sûr, écouter de la musique ne vous permettra pas de parler français couramment. Ça serait trop facile sinon ! Mais c’est une bonne chose à ajouter à votre apprentissage, un bon complément. [00:10:26] J’espère vous avoir convaincu ! Et maintenant, on va passer au morceau que j’ai choisi pour vous. [00:10:34] C’est un morceau du groupe La femme qui s’appelle « Où va le monde ». Le groupe La femme est assez jeune puisqu’ils ont commencé leur carrière en 2010. Depuis, ils ont sorti deux albums, un premier en 2013 qui s’appelle Psycho Tropical Berlin et un deuxième en 2016 qui s’appelle Mystère. « Où va le monde » est justement un extrait de ce deuxième album. Leur style est plutôt rock, les critiques disent que leur musique fait penser à la cold wave du groupe britannique The Cure. [00:11:19] J’ai choisi ce morceau parce que les paroles sont assez simples et qu’il y a plein d’expressions intéressantes. Le titre de la chanson est justement une expression qu’on utilise en français pour dire qu’on ne comprend pas le monde où on vit. Par exemple, quand les personnes âgées ne comprennent pas le comportement des jeunes, elles disent : « mais où va le monde ? ». On imagine donc que c’est une chanson qui parle de doutes et d’incompréhension. [00:11:54] Je vous propose d’écouter le premier couplet, la première partie. [00:12:12] Mais où va le monde ? Pourquoi des fois je me demande si les filles et les garçons si cruels ? Où sont mes vrais amis ? Pourquoi je me méfie ? Qu’a-t-on pu bien faire de tous ces sacrifices ? Oui, personne n’est fidèle, mais pourtant la vie doit rester toujours belle Et peu importe si l’Homme reste si cruel avec ceux qu’il aime Il faut sans doute pardonner, mettre son égo de côté Pourquoi tout le monde se ment et se trompe jusqu’à se traîner dans la misère la plus totale ? Donner ma confiance et mon cœur Pourquoi ça me fait si peur ? Est-ce bien normal ? Non, c’n’est pas normal [00:12:49] Vous entendez que dans le premier couplet, le chanteur parle de ses doutes. Il se demande pourquoi nous, les êtres humains, sommes si cruels. « Se demander », vous savez ça veut dire « se poser des questions », à soi-même. D’ailleurs je vous rappelle qu’en français on ne peut pas « demander une question », on peut demander quelque chose ou poser une question, mais pas « demander une question ». [00:13:23] Alors le chanteur se demande « qui sont ses vrais amis », il se « méfie ». « Se méfier », c’est un verbe qui est le contraire de « faire confiance ». Quand on se méfie de quelqu’un, ça signifie qu’on ne lui fait pas confiance, qu’on le trouve suspect ou dangereux. [00:13:48] Ensuite, il y a une question dont la structure est intéressante, quand le chanteur demande « Qu’a-t-on pu bien faire de tous ces sacrifices ? ». C’est le genre de structure qui est difficile à comprendre pour les étrangers. Donc là, exceptionnellement, on va faire un peu de grammaire pour que je vous l’explique. Dans « Qu’a-t-on », il y a 4 éléments : « que », qui est un pronom interrogatif, « a » qui est l’auxiliaire avoir, « on » qui est le pronom associé à cet auxiliaire, et entre « a » et « on » il y a un « t » qu’on appelle « t euphonique ». Ce « t » ne signifie rien, on l’utilise seulement pour la phonétique. Attendez, je vais vous expliquer ça plus en détails. [00:14:49] Vous savez que beaucoup de verbes courants comme « faire », « pouvoir », « vouloir », « dire », « partir » etc. se terminent par un « t » à la 3ème personne du singulier. Et quand on pose une question, on met le pronom après le verbe. Ça donne par exemple « fait-il », « peut-elle », « veut-il », « dit-elle », « part-il », etc. Les Français n’aiment pas quand il y a un mot qui se termine par une voyelle et le suivant qui commence aussi par une voyelle. C’est ce qu’on appelle un « hiatus ». Grâce au « t » euphonique, il n’y a pas de hiatus car il se place entre les deux voyelles. Comme dans notre exemple, le chanteur dit « qu’a-t-on » au lieu de « qu’a-on ». Mais attention, n’ajoutez pas de « t » euphonique partout ! On le met seulement à la 3ème personne du singulier pour les verbes qui se terminent par un « e » ou un « a », donc surtout les verbes du 1er groupe et l’auxiliaire « avoir », comme dans la question « Y a-t-il » par exemple, « Y a-t-il un docteur dans la salle ? ». Bref, quand vous voyez un « t » qui est tout seul entre deux mots ne paniquez pas, c’est juste un « t » euphonique. [00:16:25] Après ça, le chanteur déclare que « Personne n’est fidèle ». Là aussi, c’est une structure qui pose parfois problème aux étrangers à cause de la double négation. Vous savez qu’en français, la négation se fait avec deux mots : « ne » et « pas ». Mais on peut exprimer différentes négations en utilisant un autre mot à la place de « pas » comme « jamais », « rien », « plus », « personne ». Mais attention, quand vous remplacez « pas » par un autre mot, vous ne pouvez pas répéter « pas ». Sinon, c’est une double négation. Par exemple ici, vous ne pouvez pas dire « Personne n’est pas fidèle ». Il faut dire « Personne n’est fidèle ». C’est une erreur que j’entends souvent avec mes étudiants donc faites-y attention ! [00:17:27] Il y a encore deux expressions utiles dans ce couplet. D’abord, l’expression « peu importe », quand le chanteur dit « Et peu importe si l’Homme reste si cruel avec ceux qu’il aime ». Vous la connaissez sûrement, elle signifie que quelque chose n’a pas d’importance. Par exemple si quelqu’un vous propose deux options et que vous n’avez pas de préférence, vous pouvez répondre « peu importe ». C’est la version polie. La version plus familière, c’est « je m’en fous » ou « j’m’en fous » quand on parle plus vite. Mais attention, ça n’est pas très gentil de répondre ça à quelqu’un ! [00:18:10] La deuxième expression intéressante se trouve dans la phrase « mettre son égo de côté ». « Mettre quelque chose de côté », ça signifie ne pas s’en occuper, l’ignorer. Donc si vous mettez votre égo de côté, ça veut dire que vous oubliez votre fierté, vous essayez de ne pas y penser. Par exemple, si vous devez faire quelque chose de ridicule en public, il faut mettre votre égo de côté. Mais il y a aussi un deuxième sens qui est « économiser de l’argent ». Si une personne dit « je mets de côté pour mes vacances », ça veut dire qu’elle économise de l’argent pour financer ses vacances. [00:19:01] Bref, dans ce premier couplet on comprend que le chanteur ne fait plus confiance aux autres et qu’il a beaucoup de doutes. On peut imaginer qu’il a vécu un événement personnel difficile, comme la fin d’une relation amoureuse. [00:19:20] Écoutons maintenant le refrain. Le refrain, c’est la partie qu’on répète plusieurs fois dans une chanson. [Refrain 1] [00:19:27] Et moi Je n’veux plus être là, bonne poire Je n’veux plus gâcher ma vie avec des histoires Qui finissent toujours en larmes ou en cauchemars Je n’veux plus broyer du noir [00:19:54] Là encore, il y a deux expressions idiomatiques intéressantes : « être la bonne poire » et « broyer du noir ». La poire vous savez, c’est ce fruit qu’on mange plutôt en hiver et qui est vert ou jaune. Mais « être une bonne poire », ça signifie être une personne un peu naïve dont les autres profitent. Par exemple si vous acceptez toujours de rendre service à un ami et qu’il ne fait pas la même chose pour vous, on peut dire qu’il vous prend « pour une bonne poire ». [00:20:32] Ensuite l’expression « broyer du noir » veut simplement dire « déprimer », « être très triste ». [00:20:39] Donc le refrain confirme notre intuition : cette chanson parle d’une histoire d’amour qui s’est mal terminée. [00:20:49] Passons au deuxième couplet pour voir la suite. [Couplet 2] [00:20:58] Je n’ai plus d’estime pour moi Je n’ai plus d’estime pour toi Tant pis pour ça Tant pis pour ça Je continue mon chemin Tu es déjà très, très loin Très loin derrière moi Très loin derrière moi Oui, c’était une belle histoire Pour finalement taire mon regard foudroyé, sans me retourner Je pars comme je suis venu, encore plus déçu Et le pire dans tout ça, c’est que je reste un inconnu pour toi Par pitié, arrêtez de me planter des couteaux dans le dos Ou mon corps va finir par devenir un filet de cicatrices Qui ne retiendra en moi, que les mauvais côtés de toi Désormais, je n’en peux plus Je veux partir très, très loin Je pleure et je renifle C’est la larme de trop qui fait déborder mes yeux et m’a rendu malheureux Mais où va le monde ? Où va le monde ? [00:21:54] Ici, le chanteur parle plus concrètement de ce qui s’est passé. Il est question de trahison et de regret. Il utilise l’expression « planter des couteaux dans le dos » qui veut justement dire « trahir », « tromper » quelqu’un. On comprend que c’est un épisode vraiment douloureux pour lui. Il parle des « cicatrices » qu’il en garde, comme après une opération. Maintenant, il va seulement se souvenir des côtés négatifs de cette relation. Il dit qu’il « n’en peut plus ». Quand on dit « je n’en peux plus », ça signifie qu’on n’a plus la force de faire ou de tolérer quelque chose. Par exemple si vous courez un marathon et qu’après 30 kilomètres vous êtes trop fatigués pour continuer, vous pouvez dire : « je n’en peux plus ». Ou bien si votre chef vous énerve et que vous détestez travailler avec lui, vous pouvez dire : « je n’en peux plus de mon chef ». Ici, le chanteur n’en peut plus de la situation dans laquelle il est, alors il veut partir très loin pour oublier. [Couplet 3] [00:23:19] Mais où va le monde ? Pourquoi chaque fois que je veux bien faire les choses, virent toujours de travers ? Pourquoi les gens se mentent ? Pourquoi les gens se trompent ? Est-ce que toi aussi des fois tu te demandes pourquoi la vie est si compliquée ? Surtout quand deux personnes s’aiment et qu’ils semblent être bien ensemble Ça paraît si facile alors comment ça se fait qu’à chaque fois, ça finit en pleurs Je n’en peux plus des histoires futiles Je n’en peux plus de tous ces bourreaux et de toutes ces victimes L’homme se contredit à longueur de journée Il ne sait pas ce qu’il veut et c’est pour ça qu’on se fait du mal Est-ce bien normal ? Il y a des questions où je sais que je ne trouverai jamais la réponse Il y a des choses auxquelles on ne peut rien faire Il faut s’en doute s’en moquer et passer à travers [Refrain 2] Mais moi Je ne serai plus la bonne poire Je n’veux plus gâcher ma vie avec des histoires Qui finissent toujours en drames ou en cauchemars Je ne veux plus broyer du noir [00:24:39] Dans cette dernière partie, le chanteur pose à nouveau des questions plus générales sur les hommes et les femmes. Il se demande pourquoi nous agissons comme ça, pourquoi nous ne disons pas la vérité et pourquoi nous trahissons les autres. Il pense qu’il y a d’un côté les victimes, et de l’autre les bourreaux, autrement dit les personnes qui font souffrir les autres. Sa théorie, c’est que nous ne savons pas ce que nous voulons, nous passons notre temps à nous contredire. D’après lui, c’est pour ça que les gens se font du mal. [00:25:21] Mais sa conclusion est un peu triste car il croit qu’on ne peut pas changer cette situation, qu’on ne peut « rien y faire ». La seule solution, c’est de « passer à travers », autrement dit de l’ignorer et de continuer. Sinon, on risque de « gâcher sa vie », ça veut dire mal l’utiliser et la perdre. Comme quelqu’un qui a un talent et qui n’essaye pas de le développer, on dit que cette personne « gâche son talent ». [00:26:02] On arrive à la fin de ce podcast. Merci de m’avoir écouté, merci pour votre attention. Si vous trouvez que c’est une bonne idée d’analyser des chansons ou s’il y a une chanson particulière que vous voulez me conseiller, envoyez-moi un email. J’essayerai de faire d’autres épisodes dans ce style. [00:26:26] Je vous rappelle aussi que la transcription du podcast et les paroles de cette chanson sont disponibles sur mon site innerfrench.com. [00:26:37] Pour finir, je voulais vous dire que je ne publierai pas de nouvel épisode la semaine prochaine. Je travaille sur un nouveau projet et malheureusement je ne vais plus avoir le temps de publier chaque semaine. Donc maintenant, il y aura un épisode toutes les deux semaines. J’espère que vous ne m’en voudrez pas ! Si je vous manque, je vous invite à réécouter les anciens épisodes. [00:27:06] Donc on se retrouve dans deux semaines et d’ici-là, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. [00:27:15] À bientôt ! 31 Le Petit Prince Salut à tous ! Aujourd’hui je vous raconte l’histoire du Petit Prince. [00:00:14] Bonjour et bienvenue pour ce nouvel épisode. Comment ça va ? Je vous ai manqué ? Vous, vous m’avez manqué ! Deux semaines sans podcast, c’est un peu long ! Mais vous savez que j’ai besoin de temps en ce moment pour travailler sur mon nouveau projet. Je ne peux pas encore vous dire de quoi il s’agit car c’est top secret. Si vous voulez savoir, il faut attendre encore quelques semaines. [00:00:44] Pour me faire pardonner, je vais vous raconter une histoire. Une des histoires les plus célèbres de la littérature française, celle du Petit Prince. [00:00:57] Mais d’abord, je vais vous dire quelques mots sur son auteur. Il s’appelait Antoine de Saint-Exupéry. Il était pilote d’avion, journaliste et écrivain. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’est exilé à New York pour convaincre les Américains d’entrer en guerre. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a publié le Petit Prince, en 1943. L’année suivante, en 1944, il a lui même participé à des missions avec la résistance française. Malheureusement, il a disparu avec son avion pendant l’une de ces missions. Mais on ne sait pas exactement dans quelles circonstances il est mort. Grâce à son engagement, son courage et ses succès littéraires, il est considéré comme un grand héros en France. [00:01:59] Le Petit Prince est un des plus grands succès de la littérature mondiale. Je suis sûr que vous en avez déjà entendu parler. Il a été traduit dans plus de 300 langues, donc vous l’avez peut-être lu dans votre langue maternelle ! C’est d’ailleurs le 2ème livre le plus traduit dans le monde après la Bible. C’est surprenant non ? [00:02:28] Dans ce livre, il y a aussi de très belles illustrations qui ont été dessinées par Antoine de Saint-Exupéry lui-même ! Ces illustrations sont presque aussi célèbres que l’histoire. Vous les avez sûrement déjà vues quelque part. [00:02:47] Avec ces illustrations, Le Petit Prince a l’air d’être un conte pour enfants, une histoire imaginaire. La langue utilisée est assez simple. Mais en fait, ça n’est pas une histoire pour enfant, c’est un conte poétique et philosophique pour adultes. Il y a une vraie dimension symbolique. Un peu comme Candide de Voltaire par exemple. Et c’est ça qui est intéressant avec ce livre, on peut le lire à différents âges de notre vie et le comprendre différemment, de manière plus ou moins profonde. [00:03:28] Dans ce livre, le narrateur, autrement dit celui qui raconte l’histoire, est un aviateur, un pilote d’avion. Donc on imagine que c’est l’auteur lui-même, Antoine de Saint-Exupéry. Et au début, il fait la connaissance du Petit Prince. Ce petit garçon raconte les différentes rencontres qu’il a faites pendant sa vie. On peut dire que chaque rencontre est une leçon philosophique. Elle nous montre les défauts des « grandes personnes », c’est-à-dire des adultes. Pour l’auteur, notre plus grand problème, c’est que nous avons oublié qu’avant, nous étions des enfants. Et avec le Petit Prince, il veut justement nous aider à retrouver l’enfant qui est en nous. Il faut réapprendre à être curieux, à se poser des questions sur la vie, et à l’apprécier davantage. [00:04:34] Voilà, je pense que vous avez une petite idée du livre. Maintenant je vais vous raconter son histoire. Je l’ai un peu simplifiée pour qu’elle soit plus facile à comprendre et plus courte. Je vais parler comme si j’étais le narrateur, ce pilote d’avion qui raconte l’histoire. Vous êtes prêts ? Alors partons à la rencontre du Petit Prince ! *** [00:05:15] Quand j’étais petit, j’aimais dessiner. Mais les grandes personnes ne comprenaient jamais mes dessins. Par exemple un jour, j’ai dessiné un serpent en train de manger un éléphant. Quand j’ai montré ce dessin à des adultes, ils m’ont dit qu’il ressemblait à un chapeau. Il fallait que je leur explique que ce n’était pas un chapeau, que c’était un serpent qui avalait un éléphant. J’ai fait un deuxième dessin pour leur montrer l’intérieur du serpent, avec l’éléphant. Alors les grandes personnes m’ont conseillé d’arrêter le dessin et de m’intéresser à des choses plus sérieuses comme les mathématiques, l’histoire ou la géographie. J’ai donc abandonné ma carrière de peintre à l’âge de 6 ans et j’ai appris à piloter des avions. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes, je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion à propos d’elles. [00:06:27] Quand j’en rencontrais une qui me semblait un peu lucide, je lui montrais mon dessin de serpent pour la tester. Mais elle me répondait toujours : « c’est un chapeau ». Alors, je ne lui parlais ni de serpents, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à son niveau. Je lui parlais de politique, de golf et de cravates. [00:06:55] J’ai vécu ainsi seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans le moteur de mon avion. J’étais seul, très loin de toute ville. Comme si j’étais perdu au milieu de l’océan. Mais le jour suivant, j’ai été réveillé par une petite voix qui m’a dit : [00:07:24] « – S’il vous plaît, dessine-moi un mouton ! – Hein ?! – Dessine-moi un mouton… » [00:07:32] En ouvrant les yeux, j’ai découvert un petit garçon. J’étais très surpris car il n’avait pas l’air d’être perdu ni d’avoir faim. Il était là, au milieu du désert, et il me regardait. Alors je lui ai dit : « – Mais… qu’est-ce que tu fais là ? [00:07:53] Et il a répété : – S’il vous plaît… dessine-moi un mouton. » [00:07:59] J’étais trop surpris pour refuser, alors je lui ai dessiné un mouton. Mais le petit garçon n’était pas content de mes dessins. Il trouvait que le premier avait l’air malade que l’autre était trop vieux… Finalement, j’ai dessiné une boite et je lui ai dit que le mouton était à l’intérieur. Le petit garçon a semblé très satisfait de ce dessin. Alors, il m’a demandé : [00:08:31] « – Crois tu que ce mouton mange beaucoup d’herbe ? – Pourquoi ? – Parce que chez moi, c’est tout petit. – Ça suffira sûrement, je t’ai donné un tout petit mouton. – Pas si petit que ça ! » [00:08:48] Et c’est comme ça que j’ai rencontré le petit prince. [00:09:00] Les jours suivants, j’essayais d’en apprendre plus sur lui. Il me posait beaucoup de questions, mais il ne répondait jamais aux miennes. [00:09:11] Un jour, il m’a montré mon avion et il m’a demandé ce que c’était. Je lui ai expliqué que c’était un avion, pour voler dans le ciel. Il m’a répondu : « – Ah, tu es tombé du ciel ! Toi aussi, tu viens d’une autre planète ? De quelle planète viens-tu ? » [00:09:32] J’étais très surpris alors je lui ai demandé de quelle planète il venait. Mais il ne m’a pas répondu. Il m’a simplement répété que chez lui c’était tout petit. J’ai compris que sa planète n’était pas plus grande qu’une maison, et je pense que c’était l’astéroïde B-612. [00:09:57] Le 3ème jour, le petit prince m’a raconté le drame des baobabs. Il m’a expliqué qu’il fallait faire très attention à ces arbres. Car si on laisse pousser les baobabs, ils deviennent énormes et prennent toute la place. Comme il n’y avait pas beaucoup de place sur sa planète, le petit prince devait arracher les baobabs avant qu’ils ne grandissent. C’était un travail très ennuyeux, mais qu’il devait faire chaque jour pour préserver sa planète. Il connaissait un homme paresseux dont la planète avait été complètement recouverte par les baobabs parce qu’il n’avait pas fait son travail. [00:10:45] Le lendemain, le 4ème jour, j’ai commencé à comprendre sa mélancolie. Sur sa planète, le petit prince n’avait pas beaucoup de distractions. Il m’a dit que quand il était triste, il aimait regarder les couchers de soleil. Comme sa planète était toute petite, il pouvait changer de place pour voir des couchers de soleil toute la journée. Un jour, il en avait vu 44. Je me suis dit qu’il avait dû faire ça parce qu’il était très triste ce jour-là. [00:11:22] Le 5ème jour, le petit prince m’a demandé si un mouton pouvait manger toutes les fleurs, même celles qui ont des épines. J’étais en train de réparer le moteur de mon avion et j’avais beaucoup de difficultés. Je n’avais pas le temps pour ses questions. Alors je lui ai répondu que je devais m’occuper de mon moteur, de choses sérieuses. [00:11:49] « – De choses sérieuses ! m’a-t-il répondu. Tu parles comme les grandes personnes. Tu confonds tout, tu mélanges tout ! » [00:11:59] Alors il m’a expliqué que sur sa planète, il y avait une fleur unique, magnifique, qu’il aimait plus que tout. Pour lui, c’était très important de savoir si le mouton la mangerait. Et il a commencé à pleurer. [00:12:18] J’ai arrêté de réparer mon moteur, car j’ai compris que c’est lui qui avait raison : c’était ça, le plus important. Et je lui ai promis que le mouton ne mangerait pas sa fleur. [00:12:32] Ensuite, il m’a raconté l’histoire de sa fleur. Il ne savait pas d’où venait la graine. Elle avait poussé et elle était complètement différente de toutes les autres plantes. Elle était très belle, mais aussi très exigeante. Elle lui demandait de faire beaucoup de choses pour elle, et parfois elle lui mentait. Le petit prince était devenu triste à cause d’elle et de ses exigences. [00:13:03] Alors un jour, il a décidé de partir, de quitter sa planète. Il a dit « Adieu » à la fleur. Elle lui a dit qu’elle l’aimait, mais qu’il ne l’avait pas comprise à cause de ses caprices. [00:13:27] Le petit prince a commencé par visiter un autre astéroïde. Sur cet astéroïde, il y avait seulement un roi, assis sur son trône. Il portait un long manteau qui recouvrait toute la planète. Il était très content de voir le petit prince arriver car comme ça, il avait enfin quelqu’un à qui donner des ordres. Ce que le roi aimait le plus au monde, c’était d’utiliser son autorité. Il essayait de toujours donner des ordres raisonnables. Comme ça, il était sûr que les gens lui obéiraient. Il disait qu’un bon roi ne pouvait pas demander de choses impossibles à son peuple, sinon le peuple commencerait une révolution. Le petit prince voulait voir un coucher de soleil, mais le roi ne pouvait pas l’ordonner. Comme il s’ennuyait sur cet astéroïde, le petit prince a fini par repartir. [00:14:33] Sur la planète suivante, se trouvait un homme vaniteux avec un chapeau. Il voulait que le petit prince l’applaudisse, qu’il lui dise qu’il était le plus beau, le plus riche et le plus intelligent de sa planète. [00:14:50] « – Mais tu es le seul sur ta planète, dit le petit prince. – Fais-moi ce plaisir, admire-moi quand même » [00:15:00] Alors le petit prince a dit au vaniteux qu’il l’admirait, et il a quitté sa planète en pensant que les grandes personnes étaient très bizarres. [00:15:12] La 3ème planète était habitée par un alcoolique qui buvait. Il buvait pour oublier qu’il avait honte. [00:15:21] « – Mais de quoi as-tu honte ? a demandé le petit prince – J’ai honte de boire, a répondu l’alcoolique. » Cette visite a rendu le petit prince mélancolique alors il est à nouveau parti. [00:15:37] Ensuite, il a rencontré un businessman sur la 4ème planète. Il faisait des additions. [00:15:44] « – Pourquoi fais-tu des additions ? – Ne me dérange pas. J’ai beaucoup de travail. Je suis quelqu’un de sérieux, moi. Je dois finir de compter. – Mais qu’est-ce que tu comptes ? – Je compte les étoiles. – Pour quoi faire ? – Pour les posséder ! Comme personne ne les possède, si je les compte et que je déclare qu’elles sont à moi, alors elles seront à moi ! Il suffit d’écrire leur nombre sur une feuille de papier, et de laisser cette feuille à la banque. Ensuite, je serai le propriétaire de toutes les étoiles. – Mais, pour quoi faire ? demanda à nouveau le petit prince. – Eh bien, pour être riche ! Comme ça, si quelqu’un découvre de nouvelles étoiles, je pourrai aussi les acheter. – Mais, qu’est-ce que tu fais avec toutes ces étoiles ? – Je les gère, je les compte et je les recompte. Je suis quelqu’un de sérieux, moi. – Moi, dit le petit prince, je possède une fleur dont je dois m’occuper, elle a besoin de moi, je lui suis utile. Mais toi, tu n’es pas utile aux étoiles, elles n’ont pas besoin de toi. » [00:17:07] Le businessman n’a rien trouvé à répondre, alors le petit prince s’en est allé. « – Les grandes personnes sont vraiment très bizarres, » pensa-t-il à nouveau. » [00:17:19] La 5ème planète qu’il visita était la plus petite de toutes. Il y avait seulement un homme qui devait allumer puis éteindre la lumière chaque minute. Alors le petit prince lui a demandé pourquoi il faisait ça, et il a répondu que c’était son travail. C’était très fatiguant, il n’avait pas le temps de se reposer. Mais il n’avait pas le choix. Pour le petit prince, cet homme était le seul qui n’était pas ridicule. Car contrairement aux autres, il ne s’occupait pas seulement de lui même. Il se disait qu’ils pourraient devenir amis. Mais sa planète était trop petite pour y vivre à deux, alors le petit prince est reparti. [00:18:09] Contrairement à la 5ème planète, la 6ème planète était énorme. Son seul habitant était un vieux monsieur qui écrivait des livres. Il dit au petit prince qu’il était géographe. Alors le petit prince s’est mis à lui poser des questions. [00:18:28] « – Combien il y a de montagnes sur votre planète ? – Je ne sais pas. – Combien y a-t-il d’océans et de rivières ? – Je ne sais pas non plus. – Mais vous êtes géographe ! – Oui, mais je n’ai pas d’explorateurs pour visiter ma planète. Sans explorateur, c’est impossible de savoir. Moi j’écris des livres sérieux, alors je n’ai pas le temps d’explorer. – Et quelle planète me conseillez-vous de visiter ? – La planète Terre. Elle a une bonne réputation. » [00:19:16] Le petit prince a donc décidé d’aller visiter la Terre. Il est d’abord arrivé en Afrique, dans le désert. Il n’y avait personne dans les alentours. Après quelques jours d’exploration, il a fini par trouver une route qui l’a conduit jusqu’à un jardin rempli de roses. En découvrant ce jardin, le petit prince s’est senti très triste. Triste, car il pensait que la fleur sur sa planète était unique. Apparemment, il s’était bien trompé puisque dans ce jardin se trouvaient des milliers de roses identiques à la sienne. Cette découverte l’a fait beaucoup pleuré, jusqu’à ce qu’il rencontre un renard, un très joli renard. Ce dernier a demandé au petit prince de l’apprivoiser. [00:20:09] « – Qu’est-ce que ça veut dire « apprivoiser » ? a-t-il demandé – Ça veut dire créer des liens, a répondu le renard, devenir amis. Maintenant, les hommes n’ont plus le temps de le faire. Ils achètent des choses déjà fabriquées dans les magasins. Mais comme il n’y a pas de magasins pour acheter des amis, alors ils n’en ont pas. Pour apprivoiser, il faut être très patient. Maintenant, tu es juste un petit garçon comme les autres à mes yeux. Mais ensuite, si tu m’apprivoises, tu deviendras quelqu’un de spécial, d’unique. Comme toi avec ta rose. » [00:20:56] Alors, chaque jour, le petit prince passait du temps avec le renard, jusqu’à ce qu’il l’apprivoise. Mais le moment de partir est arrivé. Le renard a demandé au petit prince d’aller revoir les roses dans le jardin, et il lui a promis qu’après ça, il lui dirait un secret. Comme le petit prince voulait connaître le secret du renard, il est allé dans le jardin. Il a regardé les roses, et il leur a dit qu’elles ne représentaient rien pour lui, qu’elles n’étaient pas comme sa rose. Sa rose était unique à cause du temps qu’ils avaient passé ensemble, à cause du lien qu’ils avaient créé. [00:21:40] Après ça, il est retourné voir le renard pour qu’il lui dise son secret. [00:21:45] « – Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui rend ta rose importante. Les hommes ont oublié cette vérité. Mais toi, tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose. – Je suis responsable de ma rose… a répété le petit prince pour s’en souvenir. » [00:22:29] Nous en étions au 8ème jour de ma panne dans le désert, et j’avais écouté toute l’histoire du petit prince. Maintenant, je n’avais plus d’eau. Alors je lui ai dit : [00:22:43] « – Ah, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai pas encore réparé mon avion et je n’ai plus rien à boire. On va mourir de soif. – Moi aussi, j’ai soif, m’a-t-il répondu » [00:22:57] Alors, nous nous sommes mis à chercher de l’eau. Je savais qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir. Mais le petit prince ne semblait pas avoir peur. Pendant que la nuit tombait, il me parlait de la beauté du désert, illuminé par les étoiles. Il me disait que ce qui faisait sa beauté, c’était l’eau qu’il cachait quelque part. [00:23:23] « – C’est vrai, je suis d’accord avec toi, ai-je répondu. Ce que nous voyons n’est que la surface. Le plus important est invisible. » [00:23:35] Comme il s’endormait, je l’ai pris dans mes bras pour le porter. [00:23:39] Au lever du jour, nous avons enfin trouvé de l’eau. Nous avons bu. Elle était délicieuse, pas seulement pour notre survie mais à cause de toute l’aventure que nous avions vécue pour la trouver. [00:23:56] « – Les hommes de chez toi, a dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent, alors que ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d’eau… Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. » [00:24:19] J’avais bien bu. Le désert était d’une couleur magnifique. Mais je sentais que j’avais de la peine. Le petit prince m’a dit : [00:24:30] « – Tu sais que ça sera bientôt l’anniversaire de mon arrivée sur Terre. – C’est pour ça que je t’ai rencontré ici il y a 8 jours. Tu comptes repartir ? lui ai-je demandé. » [00:24:44] Il ne m’a pas répondu, mais il a rougit. J’ai compris qu’il voulait bientôt rentrer chez lui. Il m’a dit de retourner à mon avion pour le réparer et de revenir le lendemain. Je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser… [00:25:07] Quand je suis revenu, j’ai vu qu’il parlait à quelqu’un. Mais je ne pouvais pas voir à qui, il semblait être seul. En m’approchant, j’ai découvert qu’il y avait un serpent près de lui. J’ai voulu tirer sur le serpent pour protéger le petit prince, mais le serpent s’est enfui. [00:25:30] « – Pourquoi parlais-tu à ce serpent ? – Je dois rentrer chez moi, a répondu le petit prince. Mais cette enveloppe, mon corps, est trop lourde, je ne peux pas retourner sur ma planète avec. Ce soir, ça fera un an que je suis arrivé ici, et mon étoile sera juste au-dessus de nous. Je dois rentrer chez moi et m’occuper de ma rose. – Mais je ne veux pas que tu partes, lui ai-je dit – Ce qui est important ne se voit pas, m’a-t-il répondu. Après mon départ, quand tu regarderas les étoiles, tu penseras à moi. Je ne te dis pas quelle est mon étoile, comme ça, dès que tu verras une étoile, tu penseras que c’est la mienne. » [00:26:18] Le soir, pendant que je dormais, le petit prince est parti. Je me suis réveillé et j’ai réussi à le rattraper. Il marchait vite, il avait l’air décidé. À un moment, le serpent est apparu et a mordu le petit prince. Il n’a pas crié, il est tombé doucement sur le sable. Mais au lever du jour, je ‘ai pas retrouvé son corps. [00:26:59] Et maintenant, ça fait 6 ans déjà… Je n’ai jamais encore raconté cette histoire. Les amis qui m’ont revu ont été bien contents de me revoir vivant. J’étais triste mais je leur disais : « c’est la fatigue ». [00:27:17] Quand je regarde les étoiles, je pense au petit prince, à sa rose et au mouton que je lui ai dessiné. Je me demande si le mouton a mangé sa fleur. [00:27:30] Vous aussi, quand vous regardez le ciel, demandez-vous : « le mouton a-t-il oui ou non mangé la fleur ? » Et vous verrez comme tout change… [00:27:42] Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance ! *** Fin *** [00:28:01] Ainsi se termine l’histoire du Petit Prince. J’espère que ça vous a plu ! Si ça vous plaît et si vous voulez plus de littérature, plus d’histoires dans ce podcast, écrivez-moi pour me le dire. Il y a plein d’autres histoires que je pourrais adapter pour vous. [00:28:21] Comme d’habitude, vous savez que vous pouvez trouver la transcription sur mon site internet innerfrench.com. Je vous invite aussi à vous abonner, à souscrire au podcast sur iTunes. Comme ça, vous aurez tous les nouveaux épisodes automatiquement, c’est très pratique ! [00:28:45] Maintenant je vous laisse et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. [00:28:52] À bientôt ! 32 Le plus grand rockeur français est mort Bienvenue dans l’épisode 32. Aujourd’hui je vous parle du plus grand rockeur français. [00:00:13] Salut, c’est Hugo ! Je suis très content de vous retrouver, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas parlé. Ça fait deux semaines. Heureusement, certains d’entre vous m’ont envoyé des emails pendant ce temps-là. Manuel, Axel, Harry, Kathryn, Michele… J’en profite pour vous saluer et pour vous remercier. Comme je vous le répète souvent, je fais ce podcast, pour aider un maximum de personnes à apprendre le français. Moi, j’ai une petite idée de comment m’y prendre, comment le faire. Mais c’est encore mieux quand vous m’écrivez pour me dire ce que vous aimez, ce qui vous plaît. C’est pour ça que je suis toujours très content quand vous m’écrivez pour me le dire, ça m’aide énormément. Par exemple, j’ai compris que vous avez beaucoup apprécié l’épisode du Petit Prince. Pour moi c’était une surprise, parce que je ne savais pas si cette histoire vous intéresserait. Je pensais que vous voudriez m’entendre présenter des sujets concrets sur la psychologie ou l’économie. Mais apparemment vous préférez les épisodes où je vous raconte une histoire (celui sur le Horla de Maupassant est un des plus populaires aussi). Maintenant que je sais ça, je vais faire plus d’épisodes dans ce style. [00:01:56] Avant de commencer, je vous rappelle que si ce podcast est un peu difficile pour vous, il y a la transcription complète sur le site innerfrench.com. Elle vous aidera à tout comprendre ! [00:02:13] Aujourd’hui, je vais encore vous raconter une histoire. Mais pas une histoire imaginaire, celle de la plus grande rockstar française. Si vous suivez l’actualité dans les médias français, vous avez sûrement entendu parler de lui car il est mort la semaine dernière, le 6 décembre. Il s’appelait Johnny Hallyday. Il est mort d’un cancer du poumon à l’âge de 74 ans, après plus de 50 ans de carrière. 50 ans, vous vous rendez compte ?! C’est énorme ! Pendant sa carrière, il a sorti plus de 1000 chansons et fait encore plus de concerts. Quand on connaît la durée de vie des artistes actuels, qui disparaissent après deux morceaux, on a du mal à imaginer ça. Johnny Hallyday a eu une place tellement importante dans la culture française que le Président de la République, Emmanuel Macron, a organisé une journée d’hommage nationale en son honneur. [00:03:29] Personnellement, je ne suis pas un grand fan de sa musique. Mais je pense qu’il a eu une vie passionnante qui nous apprend beaucoup de choses sur l’évolution récente de la France. C’est pour ça que j’ai décidé de vous raconter son histoire. On écoutera aussi quelques-unes de ses chansons, comme ça vous pourrez vous faire votre propre avis sur sa musique. [00:03:59] Vous êtes prêts ? Alors, on y va ! [00:04:12] Johnny Hallyday, ça ne sonne pas très français non ? Évidemment, ça n’était pas son vrai nom. C’était son nom de scène, un nom qu’il s’était choisi, son personnage. En réalité, l’homme dont nous allons parler aujourd’hui s’appelait Jean-Philippe Smet. Il est né en 1943 à Paris, pendant la Seconde Guerre Mondiale. À cette époque, en France, c’est le début du baby boom, une période où le nombre des naissances explose ; autrement dit les Français font plein de bébés ! Si vous vous rappelez de vos cours d’Histoire, vous savez qu’en 1943, la France est occupée par l’armée Nazie. Oui, les Français n’ont pas été très courageux et ils ont laissé l’ennemi s’installer tranquillement chez eux. On peut imaginer qu’ils s’ennuyaient pendant cette occupation, alors ils se sont mis à faire des bébés. « Se mettre à », c’est une expression qu’on utilise très souvent pour dire « commencer à faire quelque chose ». Par exemple : « je me suis mis à la peinture » ou « je me suis mis au yoga ». Donc vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Français retrouvent de l’espoir et se mettent à faire des enfants. Jean-Philippe est l’un d’entre eux, un de ces bébés du baby boom. [00:06:02] Malheureusement, sa vie commence plutôt mal puisque son père, qui est belge, les abandonne, sa mère et lui, à la naissance. Sa mère est très jeune et elle ne se sent pas capable de s’occuper de lui, alors elle le confie à sa sœur, la tante de Jean-Philippe, qui a déjà deux filles. Le jeune Jean-Philippe grandit entouré d’artistes, car dans cette partie de la famille, il y a des danseuses et des musiciens. Pendant son enfance, il voyage avec sa tante et ses cousines qui font des tournées européennes dans les cabarets. Donc vous voyez que très tôt, il vit dans le monde du spectacle. À cause de ces voyages, il ne peut pas aller à l’école. Mais il prend des cours de violon, de guitare et de chant. Il apprend à chanter. Après ces tournées, la famille de Jean-Philippe revient s’installer à Paris. C’est à ce moment-là qu’il va découvrir sa vraie vocation, ce qu’il veut faire de sa vie. [00:07:23] Il a 14 ans quand il se rend au cinéma pour voir un Western. Mais il se trompe de salle et il arrive à la séance d’un autre film d’un style très différent. Sur l’écran, il voit pour la première fois la star américaine Elvis Presley. C’est le film Loving You. Au début, ça ne lui plaît pas vraiment. Mais quand Elvis commence à chanter, toutes les filles de la salle crient et se mettent à danser. Le jeune Jean-Philippe comprend alors le pouvoir du rock’n’roll et il décide immédiatement de devenir la première rockstar française. [00:08:15] Il rentre chez lui et il s’entraîne à imiter Elvis devant son miroir, à bouger et à chanter comme lui. Les gens de sa famille se moquent un peu de lui mais ils décident de le soutenir. Ils se cotisent pour lui acheter une guitare électrique. « Se cotiser », ça veut dire réunir de l’argent pour offrir un cadeau à quelqu’un. Le jeune homme décide de changer de nom, de prendre un nom qui sonne américain. Il choisit Johnny Hallyday. [00:08:59] Le rock devient sa passion. Il achète tous les vinyles des grands rockeurs américains et apprend à jouer leurs chansons. Il répète dans sa chambre pendant des heures et des heures. Ses amis du quartier le soutiennent, ils pensent que leur ami, Johnny, a le potentiel pour réaliser son rêve. [00:09:24] Johnny donne ses premiers petits concerts dans des cafés qui acceptent de le laisser jouer. Malheureusement, personne n’écoute de rock à cette époque en France. Aux Etats-Unis et en Angleterre, c’est un genre qui est déjà très populaire, mais en France ça n’est pas la même histoire. Les clients des cafés qui entendent le jeune Johnny ne comprennent pas ce qu’il chante, ils n’aiment pas sa façon de bouger à la Elvis. En plus, Johnny a le trac. « Avoir le trac », c’est une expression pour dire « avoir peur avant de faire quelque chose en public » comme chanter par exemple. Donc le jeune Johnny a le trac, il est stressé et ses performances ne sont pas très bonnes. [00:10:24] Johnny commence à douter. Il est encore jeune, il n’a pas confiance en lui. Le rock est sa passion, mais il n’arrive pas à la partager avec le public français. Heureusement, il rencontre d’autres jeunes qui partagent son amour du rock et qui le poussent à continuer. Ils lui disent de s’accrocher, de ne pas abandonner. Alors, Johnny continue de répéter, d’imiter ses idoles américaines et d’améliorer sa technique. [00:11:08] Le contexte commence à changer en France car nous sommes au moment des Trente Glorieuses. Les Trente Glorieuses, c’est le nom qu’on a donné aux 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale, pendant laquelle les principaux pays développés ont connu une croissance économique très forte et rapide. C’est un moment où l’économie s’est beaucoup développée, avec du travail pour tous et l’accès à un certain confort matériel. [00:11:43] Dans ce contexte, les jeunes commencent à rêver d’un nouveau monde. Ils s’affirment comme un groupe, différent des enfants et des adultes. Ils ont leurs propres modes, leurs propres codes, leur propre musique. Et justement, le rock devient un de leurs styles préférés. Les premiers clubs rocks apparaissent à Paris et évidemment le jeune Johnny y donne ses concerts. Là, le public apprécie enfin ses performances et il prend confiance en lui. [00:12:24] À 17 ans, il est invité dans sa première émission de radio et quelques mois plus tard, on lui propose d’enregistrer ses premiers titres. On est en 1960. Le premier vinyle de Johnny Hallyday sort avec 4 morceaux, dont un qui s’appelle « Laisse les filles ». [00:12:52] Ma mère me dit régulièrement Tu ne fais rien tu perds ton temps Tu ferais mieux de travailler Au lieu de t’en aller traîner Han han han, laisse les filles Han han han, oui, laisse les filles Tu as bien le temps D’avoir des milliers d’embêtements crois-moi Oui laisse donc un peu les filles J’ai beau penser à ses conseils A la fenêtre je m’émerveille Et je regarde passer ces demoiselles Pendant que ma mère crie de plus belle : Han han han, laisse les filles Han han han, oui, laisse les filles Tu as bien le temps D’avoir des milliers d’embêtements crois-moi Oui laisse donc un peu les filles [00:13:14] Vous voyez dans ce morceau, on comprend quelle est la préoccupation principale du jeune Johnny : les filles ! C’est en partie pour elles qu’il s’est plongé dans le rock’n’roll et grâce à ses premiers succès, il a enfin des arguments pour les séduire ! [00:13:35] Après son premier vinyle, la carrière de Johnny Hallyday est lancée. Il joue à l’Olympia, la salle de concerts la plus mythique de Paris, et il devient officiellement l’idole de sa génération. C’est le début d’une longue carrière qui va durer plus de 50 ans. [00:14:04] On peut dire que Johnny Hallyday a vraiment eu une vie rock’n’roll avec sexe, drogues et alcool. Il a profité de sa célébrité pour goûter à toutes les tentations ! [00:14:20] Comme beaucoup de rockers, Johnny était un amoureux de motos, surtout des Harley Davidson. Il en a collectionné plusieurs, et il a fait des milliers de kilomètres avec elles. Parfois, il arrivait même sur scène en moto ! Mais il aimait aussi les grosses voitures, les voitures rapides. Ah, je vais en profiter pour vous poser une petite question : connaissez-vous la différence entre « rapide» et « vite » ? Souvent, mes élèves ne la connaissent pas, mais elle est très importante ! « Rapide » est un adjectif, on l’utilise avec un nom. Par exemple : « une voiture rapide ». « Vite », ça n’est pas un adjectif, c’est un adverbe ! On ne peut pas dire « la voiture vite » car il n’y a pas de verbe. « Vite », il faut l’utiliser avec un verbe comme : « la voiture va vite ». « Rapidement », c’est aussi un adverbe que vous pouvez utiliser à la place de « vite ». Donc Johnny n’avait pas peur de rouler vite, très vite. [00:15:41] Dans sa vie privée aussi, il n’avait pas peur des excès. C’était un gros fêtard. Un fêtard, c’est quelqu’un qui aime faire la fête. Et Johnny, faire la fête, il adorait ça. Après ses concerts, il trouvait toujours un bar ou un club qui restait ouvert jusqu’au matin. À ces fêtes, il y avait toujours beaucoup d’alcool et de drogues. Johnny a avoué plusieurs fois qu’il consommait de la cocaïne. Avec un tel style de vie, personne n’a été surpris quand Johnny a commencé à avoir des problèmes de santé. Mais vivre jusqu’à 74 ans avec un tel style de vie, personnellement je trouve que c’est une belle performance ! [00:16:35] Comme vous pouvez l’imaginer, sa vie sentimentale a été très agitée elle aussi. Il s’est marié pour la première fois quand il avait 22 ans avec une jeune chanteuse très populaire : Sylvie Vartan. Ensemble, ils sont devenus un des premiers couples « people ». Oui, je sais que c’est un peu bizarre, mais en français on utilise le mot « people » pour parler des personnes connues, des célébrités. Il y a par exemple les magazines « people » qui publient des photos de paparazzi, des articles sur la vie privée des chanteurs, des acteurs, etc. Donc quand Johnny Hallyday et Sylvie Vartan se marient, c’est un peu le début de la presse people en France. Les médias publient des photos du couple et ensuite de leur premier enfant, David. Les Français sont très curieux, ils veulent tout savoir sur ce jeune couple beau, riche et célèbre. Mais assez rapidement, les ennuis arrivent. Les disputes se multiplient dans le couple. Sylvie comprend que vivre avec un rockeur, ça n’est pas facile tous les jours. Johnny a des problèmes d’argent car il dépense sans compter. Les médias publient des rumeurs qui aggravent encore la situation. Johnny fait même une tentative de suicide. Finalement en 1980, le couple divorce. Après ça, Johnny aura trois autres femmes dont la dernière Laeticia, avec qui il est resté de 1996 jusqu’à sa mort. [00:18:39] Donc vous voyez, la vie sentimentale de Johnny a été assez compliquée. C’était quelqu’un qui se posait beaucoup de questions. Malgré les apparences, il n’avait pas toujours confiance en lui, il doutait beaucoup. Il a fait plusieurs dépressions pendant sa carrière, mais il a toujours trouvé la force de continuer, même après les moments difficiles. [00:19:06] Il parle de ce désir de vivre dans une de ses chansons les plus célèbres : « Quelque chose de Tennessee ». C’est une chanson qui fait référence à un de ses auteurs préférés, Tennessee Williams, qui a écrit la célèbre pièce de théâtre Un tramway nommé Désir. Ce dramaturge américain avait lui aussi des problèmes d’addiction avec l’alcool et les drogues, il était accro. « Être accro », vous comprenez, ça veut dire « avoir une addiction à quelque chose ». Mais dans les œuvres de Tennesse Williams, on trouvait toujours une grande force de vie. Johnny a voulu lui rendre hommage dans sa chanson. Il explique dans ces paroles que nous avons tous cette force en nous, cette envie de vivre. [00:20:02] Quelque chose de Tennesse On a tous quelque chose en nous de Tennessee Cette volonté de prolonger la nuit Ce désir fou de vivre une autre vie Ce rêve en nous avec ses mots à lui Quelque chose de Tennessee Cette force qui nous pousse vers l’infini Y a peu d’amour avec tellement d’envie Si peu d’amour avec tellement de bruit Quelque chose en nous de Tennessee [00:20:48] Absolument tous les Français connaissent cette chanson ! Si vous voulez l’écouter en entier, je vais mettre un lien dans la description du podcast. Vous pouvez aussi lire les paroles, elles ne sont pas très compliquées et ça sera un bon entraînement. [00:21:06] Mais revenons à Johnny. Pendant sa carrière, il a sorti beaucoup d’albums. Ah oui, quand quelque chose de nouveau arrive sur le marché, on utilise le verbe « sortir ». Par exemple : « le nouvel iPhone sort cette semaine » ou alors : « le nouveau film de Woody Allen vient de sortir au cinéma ». Donc je vous disais que Johnny a sorti énormément d’albums pendant sa carrière, il en a sorti 80 ! Des albums studios et d’autres enregistrés en live pendant ses concerts. [00:21:48] En tout, il en a vendu 110 millions. C’est pas mal, non ? D’ailleurs, c’est l’artiste français qui a vendu le plus d’albums, et de loin ! [00:22:00] Forcément tous ses albums n’ont pas eu le même succès. Certains étaient même très mauvais ! Mais la grande force de Johnny Hallyday, c’est qu’il a réussi à s’adapter, à évoluer. Il était très ouvert aux nouveaux styles musicaux et il n’avait pas peur d’expérimenter. Par exemple en 1966, il a invité Jimi Hendrix à faire les premières parties de ses concerts en France. C’est assez drôle d’imaginer ça. À cette époque, Jimi Hendrix n’était pas encore connu. Mais Johnny Hallyday venait de découvrir le rock psychédélique et il avait envie de faire connaître Jimi Hendrix aux Français. Sur Youtube vous pouvez trouver une vidéo filmée dans les coulisses d’un de ces concerts. Les coulisses, c’est l’endroit où les artistes se préparent pour un spectacle. On utilise souvent l’expression « en coulisse » quand quelque chose se prépare et est caché au public. Bref, on peut dire que Johnny a gardé le goût du rock toute sa carrière, mais qu’il a essayé des genres différents. [00:23:23] D’ailleurs, Johnny a aussi essayé différents domaines artistiques car il a fait du cinéma, comme son idole Elvis ! Il a joué dans 23 films avec des grands réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Claude Lelouche. Avec son charisme et son physique, c’était un très bon acteur ! Il a même fait un peu de théâtre à la fin de sa carrière. [00:23:52] Cependant, s’il est aussi célèbre en France, c’est surtout grâce à ses concerts. On disait que Johnny était une bête de scène. Une bête de scène, c’est un artiste qui est très charismatique et qui enflamme son public avec ses spectacles. Et c’est vrai que les concerts de Johnny étaient toujours des moments extraordinaires pour ses fans. Même si les billets étaient chers, ses fans faisaient tout pour venir à chacun de ses concerts, car c’était toujours des shows incroyables. Par exemple, Johnny adorait faire des entrées spectaculaires, en moto ou en hélicoptère. On peut dire qu’il a été un des premiers à accorder tellement d’importance à la scénographie. Pour lui, ses spectacles devaient être plus que des concerts, ils devaient être des expériences inoubliables. En tout, il en a donné plus de 3200 ! Il s’est même produit aux Etats-Unis, à Las Vegas, en 1996 où il a fait venir 5000 fans en avion. Et c’est un des rares artistes français à avoir rempli le Stade de France ou donné un concert au pied de la Tour Eiffel. D’ailleurs, ça a été le plus grand concert en plein air, en extérieur, donné dans la capitale. Imaginez un peu l’ambiance avec des titres comme « Allumer le feu ». [00:25:37] Allumer le feu, 1998 Tourner le temps à l’orage Revenir à l’état sauvage Forcer les portes, les barrages Sortir le loup de sa cage Sentir le vent qui se déchaîne Battre le sang dans nos veines Monter le son des guitares Et le bruit des motos qui démarrent Il suffira d’une étincelle Oui, d’un rien, oui, d’un geste Il suffira d’une étincelle Et d’un mot d’amour, oui pour Allumer le feu, allumer le feu Et faire danser les diables et les dieux Allumer le feu, allumer le feu Et voir grandir la flamme dans vos yeux Allumer le feu [00:27:04] Malgré tous ces succès, la relation de Johnny Hallyday avec le public français n’a pas toujours été facile. Tout le monde aimait son histoire, celle d’un enfant abandonné par ses parents qui est devenu un des artistes les plus célèbres du pays. Mais quand il s’est mis à dépenser son argent dans des villas et des voitures de luxe, certains de ses fans lui ont tourné le dos. « Tourner le dos à quelqu’un», c’est une expression qui veut dire « ignorer une personne », « faire comme si elle n’existait pas ». Dans les années 70, Johnny a commencé à avoir des problèmes avec le Fisc, l’institution chargée de collecter les impôts, les taxes. Une partie des Français a commencé à penser que Johnny ne respectait pas la loi, qu’il ne respectait pas le système. La situation s’est encore aggravée quand il a décidé de déménager en Suisse pour payer moins d’impôts. À ce moment- là, il a été très critiqué, même par le Président Jacques Chirac qui était au pouvoir. [00:28:22] Mais le phénomène Johnny Hallyday est aussi intéressant car il illustre la division entre deux catégories de Français. D’un côté, ses fans qui viennent souvent de milieux populaires, qui vivent dans les petites villes ou à la campagne. Ah faites attention, l’adjectif « populaire » a plusieurs significations en français. Vous savez que « populaire » peut vouloir dire « apprécié par beaucoup de personnes ». Comme par exemple un film populaire, un film qui a été vu par beaucoup de spectateurs. Mais « populaire » fait aussi référence au milieu social des personnes qui n’ont pas beaucoup d’argent, des personnes pauvres. Donc ici, je veux dire que les fans de Johnny Hallyday appartiennent souvent à ce groupe social. De l’autre côté, il y a les membres de l’élite qui préfèrent écouter de la musique classique. Ils trouvent que la musique de Johnny Hallyday n’a rien d’intéressant. Donc pendant longtemps, Johnny Hallyday n’était pas apprécié des élites. [00:29:38] Mais le 6 décembre, quand il est mort, la situation a changé. De nombreux artistes lui ont rendu hommage, ils ont insisté sur l’influence qu’a eue Johnny sur la musique française. Une cérémonie nationale a même été organisée par le Président de la République. C’était samedi dernier, à Paris. Des dizaines de milliers de personnes sont venues, et le Président, Emmanuel Macron, a fait un discours. [00:30:10] Johnny était à son public. Johnny était au pays. Parce que Johnny était beaucoup plus qu’un chanteur, c’était la vie, la vie dans ce qu’elle a de souverain, d’éblouissant, de généreux. Et c’était une part de nous-mêmes. C’était une part de la France. Que ce jeune Belge, décidant de prendre un nom de scène anglo-saxon, soit allé chercher très loin le blues de l’âme noire américaine, le rock’n’roll de Nashville, pour le faire aimer aux quatre coins du pays, était hautement improbable. Et pourtant, c’est un destin français. Dix fois, dix fois il s’est réinventé, changeant les textes, les musiques, s’entourant des meilleurs, mais toujours il a été ce destin, et toujours vous étiez au rendez-vous. Il a été ce que Victor Hugo appelait « une force qui va ». Il a traversé à peu près tout sur son chemin. Il a connu les épreuves, les échecs. Il a traversé le temps, les époques, les générations et tout ce qui divise la société. Et c’est aussi pour cela, que nous sommes ensemble aujourd’hui. C’est aussi pour cela, que je m’exprime devant vous. Parce que nous sommes une nation, qui dit sa reconnaissance. Parce que nous sommes un peuple uni, autour d’un de ses fils prodigues. [00:31:58] Je pense que ce discours résume bien le rôle qu’a joué Johnny Hallyday. Il fait partie du patrimoine culturel français, c’est un des fils prodigues de la France. Et maintenant, les Français lui sont reconnaissants pour sa musique. [00:32:25] On arrive à la fin de ce podcast. J’espère qu’il vous a donné envie d’écouter quelques chansons de notre Johnny national. Si vous voulez des suggestions de musique française un peu plus modernes, vous pouvez aussi aller sur la chaîne Youtube d’innerFrench. Vous trouverez une playlist avec plein de bons artistes ! [00:32:48] Et pour finir, si vous voulez m’aider moi, si vous voulez m’encourager, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur Facebook. D’ailleurs merci à toutes les personnes qui l’ont déjà fait ! Je lis tous vos commentaires et ils me motivent à continuer mes efforts. [00:33:10] Maintenant je vous dis rendez-vous dans deux semaines pour un nouvel épisode, et en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français chaque jour. [00:33:22] Bye bye ! 33 Comment préparer 2018 Bienvenue dans l’épisode 33, aujourd’hui on va voir comment se préparer pour 2018. [00:00:13] Salut à tous et bienvenue dans le dernier épisode de l’année. [00:00:19] J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël avec votre famille et que vous avez reçu plein de cadeaux ! Moi j’ai passé un super Noël parce que je suis rentré en France pour voir ma famille. Si vous écoutez le podcast depuis le début, vous savez que j’habite à Varsovie en Pologne. Mais pour les fêtes de fin d’année, pour Noël, je rentre toujours chez mes parents en France. Ma famille vit à Châteauroux. C’est une ville située dans la région Centre. Donc si vous regardez sur une carte, Châteauroux est en plein centre de la France. Honnêtement ça n’est pas une ville très dynamique, mais dans la région il y a beaucoup de Châteaux à visiter. Ça, c’est déjà plus intéressant ! [00:01:15] Alors cette période de Noël, personnellement je l’adore. D’abord parce qu’on reçoit des cadeaux et qu’on passe du temps avec sa famille, mais aussi parce que c’est l’occasion de faire le bilan. « Faire le bilan », c’est une expression qui veut dire : « analyser ce qui s’est passé pour mieux le comprendre ». Donc pendant la semaine entre Noël et le nouvel an, en général c’est assez calme et on a du temps pour réfléchir à ce qui s’est passé cette année, pour réfléchir à ce qui nous est arrivé. Et je pense que c’est une bonne idée de faire cet exercice parce que ça nous permet de bien nous préparer pour l’année suivante. [00:02:05] C’est aussi à ce moment-là que les gens décident de prendre des bonnes résolutions. On a déjà parlé des bonnes résolutions dans l’épisode 19 il me semble, l’épisode sur la santé. Donc si vous l’avez écouté, vous savez que « prendre une bonne résolution », ça veut dire : « prendre une décision qu’on va essayer de respecter ensuite ». Par exemple, sur Twitter j’ai trouvé la liste des bonnes résolutions les plus populaires chez les Français. C’est une liste que j’ai trouvé sur Twitter parce qu’il y a beaucoup de personnes qui aiment partager leurs bonnes résolutions sur les réseaux sociaux. La première, la plus populaire, c’est de faire du sport. C’est vrai que les Français ne sont pas très sportifs, donc beaucoup d’entre eux ont envie de changer ça. Au mois de janvier, il y a toujours un pic d’inscriptions dans les salles de sport parce que tout le monde a pris cette bonne résolution. Ensuite, il y a la décision de s’occuper davantage de ses proches. Autrement dit, faire plus attention à notre famille et à nos amis. La troisième bonne résolution, elle concerne plutôt les lycéens et les étudiants parce que c’est de réussir ses examens. Ensuite, il y a une autre bonne résolution très populaire qui est de perdre du poids, de maigrir. C’est vrai que pendant les fêtes, on a tendance à trop manger. Donc ensuite, on veut perdre nos kilos en trop. Et la cinquième bonne résolution, c’est d’arrêter de fumer. Je sais qu’il existe ce cliché du Français qui fume tout le temps, qui fume au restaurant, dans les cafés etc. mais si vous avez écouté le podcast à propos des clichés sur les Français, vous savez que c’est de moins en moins vrai. [00:04:19] Alors ces bonnes résolutions, elles partent d’une bonne intention. C’est très bien d’avoir envie de s’améliorer, de devenir une meilleure version de nous-mêmes. Malheureusement, c’est difficile de tenir nos bonnes résolutions. Au bout de quelques jours, de quelques mois, la routine revient, le travail, on est très occupés et on abandonne. Le problème, à mon avis, ça n’est pas un manque de motivation mais un manque d’organisation. Donc justement, dans ce podcast, on va voir comment bien s’organiser pour réussir à tenir ses bonnes résolutions toute l’année (et pas seulement quelques jours !). C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup car j’essaye toujours de m’améliorer. Donc je vais partager avec vous les conseils qui m’ont aidé, qui ont été les plus utiles. Vous allez voir que ça n’est pas si compliqué de tenir ses bonnes résolutions si on a un bon plan. Et je vais en profiter pour vous dire quelles bonnes résolutions j’ai prises pour 2018, comme ça ça me motivera à les tenir. [00:05:43] Vous êtes prêts ? Alors c’est parti ! [00:05:54] Pour choisir ses bonnes résolutions, il faut d’abord faire le bilan de l’année qui vient de se finir. Pour ça, on a besoin d’un peu de temps. Donc moi, je vous conseille de prendre une ou deux heures et de vous isoler pour être sûr que personne ne va vous déranger. Prenez aussi une feuille et un stylo. Ensuite, vous allez repenser à l’année qui est passée. Je sais que ça peut être un peu difficile de se rappeler de tout. C’est pour ça qu’on a besoin d’un peu de temps pour mieux visualiser et pour se remémorer les différents événements. [00:06:43] D’abord, demandez-vous quelles étaient vos attentes, à quoi vous vous attendiez quand vous avez commencé cette année. Ah oui, ça c’est une expression très importante. En français, on ne dit pas « expecter » mais on dit : « s’attendre à ». Le verbe « expecter » existe mais il est très vieux et très rarement utilisé. L’expression qu’on utilise pour dire ça, c’est : « s’attendre à ». Par exemple : « je ne m’attendais pas à te voir ». Et le nom, c’est : « les attentes » et pas les « expectations ». Le mot « expectation » n’est jamais utilisé dans ce contexte en français. Alors commencez par vous demander quelles étaient vos attentes quand vous avez commencé cette année. Quand on commence une nouvelle année, on a toujours des idées, des plans, des choses qu’on aimerait réaliser. Donc demandez-vous quelles étaient ces choses que vous aviez envie de faire en janvier l’année dernière. Peut-être que vous aviez pris des bonnes résolutions. Essayez de vous en rappeler. Et ensuite, demandez-vous si vous avez réussi à les tenir. Si vous avez réussi, bravo ! Félicitations ! Ça veut dire que vous êtes déjà très bien organisés. Du coup peut-être que ce podcast va pas être très utile pour vous… Mais ça peut quand même être intéressant de vous demander comment vous avez réussi à tenir ces résolutions. Est-ce que c’est parce que vous étiez très motivés ? Parce que parce que vous étiez très bien organisés ? Ou parce que vous aviez des personnes autour de vous pour vous aider ? Pensez aussi aux projets que vous aviez et demandez-vous si vous avez réussi à les concrétiser, à les terminer ou pas. Là aussi, c’est intéressant parce qu’il y’a beaucoup de facteurs qui peuvent influencer la réussite d’un projet. Ça peut être la préparation, le contexte qui était favorable, la chance, ou bien tout simplement votre talent personnel. [00:09:25] Demandez-vous aussi quelles sont les choses qui vous ont manqué. Les choses auxquelles vous n’aviez peut-être pas pensé, mais qui finalement sont importantes pour vous et que vous n’avez pas faites cette année. Peut-être que vous avez besoin de passer du temps avec votre famille, mais que cette année vous n’avez pas réussi à le faire. Ou peut-être que vous adorez lire des livres, mais que vous étiez toujours trop fatigués pour le faire le soir. [00:09:59] Une fois que vous avez fait ce bilan, que vous avez une vision plus globale de l’année passée, ça va être plus facile d’apprendre de vos erreurs. Il ne faut pas avoir une vision négative de nos erreurs. En France, on a tendance à être déprimé quand on fait des erreurs. À l’école, on nous apprend qu’il y a une bonne façon de faire les choses et qu’on n’a pas le droit de se tromper. C’est pareil avec les entreprises, avec les start-ups par exemple. Si un entrepreneur crée une start-up et qu’elle ne marche pas, ça va être très difficile pour lui après de trouver des investisseurs pour sa prochaine entreprise. Je sais qu’aux Etats-Unis c’est très différent parce qu’on considère qu’une personne qui a fait une erreur, eh bien elle ne va pas la reproduire, elle ne va pas la faire une seconde fois. Et à mon avis, c’est une très bonne mentalité. Parce que quand on pense de cette manière-là, on n’a pas peur d’essayer de nouvelles choses, de prendre des risques. C’est normal de ne pas réussir à tout faire parfaitement la première fois. Même si on est très bien préparé, même si on a l’impression d’avoir bien fait son travail, parfois la réalité est différente de nos plans. Si on attend toujours d’être parfaitement préparé, eh bien on ne prend pas de risques et on ne peut pas se confronter à la réalité. Donc si vous faites bien ce bilan de l’année passée, vous allez pouvoir analyser vos erreurs et ne pas les refaire. Ayez une vision positive de vos erreurs et considérez que grâce à elles, vous allez pouvoir réussir plus tard. [00:11:59] Il faut aussi se dire que notre passé ne définit pas nécessairement notre futur. On a presque toujours l’occasion de recommencer, de repartir de zéro. Si on a raté un projet, ça ne veut pas dire qu’on va rater le prochain. Au contraire, on a plus de connaissances, plus d’expérience, donc on a plus de chance de le réussir. Si vous avez passé une très mauvaise année mais que vous analysez pourquoi votre année s’est si mal passée, vous allez pouvoir améliorer la situation l’année suivante. Bien sûr, il y a aussi des choses qui ne dépendent pas de nous, qui ne dépendent pas de notre volonté. Il y a toujours des événements qu’on ne peut pas contrôler et qui peuvent énormément nous affecter. Mais il y a aussi beaucoup de choses qu’on peut améliorer. [00:13:00] L’important à mon avis, c’est de ne pas avoir de regrets. Si on passe notre temps à regretter les choses qu’on a ratées, on va forcément être malheureux. Il faut analyser nos regrets, les comprendre, et après les laisser derrière nous. Ils font partie du passé, ce sont des erreurs que nous avons commises, mais ça ne veut pas dire qu’on doit passer le reste de notre vie à être malheureux à cause d’elles. [00:13:33] Alors je vais vous parler un peu de mon bilan personnel de 2017. Pour moi, c’était une année très importante parce que j’ai commencé quelque chose de complètement nouveau. J’ai créé mon premier site, mon premier podcast, et j’ai commencé à donner des cours sur internet. Ça faisait a un petit moment que j’avais cette idée, mais je ne trouvais jamais le temps de le faire. Comme je travaillais déjà à l’institut français de Varsovie et que j’avais beaucoup d’élèves, je me disais que je pouvais attendre encore un peu avant de commencer mon site. En fait, je pense que je me cherchais des excuses pour ne pas le faire. C’est assez normal parce que quand on doit sortir de notre zone de confort, notre cerveau trouve toujours des prétextes pour l’éviter. Le prétexte qui revient le plus souvent, c’est de se dire qu’on n’a pas le temps de le faire. Ou alors on se dit aussi qu’on n’a pas les compétences, qu’on n’a pas assez d’argent ou que quelque chose d’horrible va nous arriver si on ne réussit pas. La vérité, c’est que dans la plupart des cas, notre plus grand obstacle, c’est simplement la peur de sortir de notre zone de confort. Moi aussi pendant plusieurs mois, j’ai eu peur de sortir de ma zone de confort. Mais finalement je me suis demandé : « quelle est la pire chose qui va m’arriver si je ne réussis pas ? » À votre avis, quelle est la pire chose qui aurait pu m’arriver ? Le pire qui aurait pu m’arriver, ça aurait été que personne ne visite mon site et n’écoute mon podcast. Vraiment rien de grave ! Donc j’ai décidé de prendre du temps pour créer ce site et d’enregistrer les premiers podcasts. Et je peux vous dire que c’est la meilleure décision que j’ai prise cette année. Je suis très content de l’avoir fait et je ne regrette absolument rien, à part de ne pas l’avoir pas fait plus tôt ! [00:16:06] Alors maintenant que vous avez fait le bilan de cette année, c’est le moment de prendre du recul. « Prendre du recul », c’est aussi une expression très importante. Ça signifie : « se distancer pour avoir une vision globale, pour mieux comprendre quelque chose ». Par exemple quand vous avez un problème difficile à résoudre, vous pouvez faire une pause, prendre du recul, et ensuite ça devient plus facile de trouver la solution. [00:16:41] Ici l’idée, c’est de reprendre le contrôle de sa vie et de se demander ce qui est vraiment important pour nous. Vous savez qu’on a tendance à se concentrer sur les choses qui sont urgentes et pas sur celles qui sont importantes. À ce moment-là, à la fin de l’année, quand vous avez fait votre bilan, vous pouvez vous demander : « OK, qu’est-ce qui est vraiment important pour moi ? Pas pour les autres, pas pour mes amis ni mon chef, mais pour moi. Quels sont mes besoins, mes attentes ? Quelles sont les choses qui me rendent heureux ou heureuse ? Est-ce que c’est l’argent, la famille, la liberté, l’amour, la gloire, l’indépendance, l’amitié ? Posez-vous ces questions. Parfois la réponse est moins évidente que ce qu’on croit. Et cette réponse justement, ça va devenir votre priorité. Vous allez construire votre plan en fonction d’elle. Car si c’est une chose qui est importante pour vous, alors il faut tout faire pour l’atteindre. [00:17:58] Une fois que vous avez répondu à ces questions, vous allez pouvoir faire un plan. Bon là, vous vous dites peut-être que j’exagère, qu’on a pas besoin de faire de plan pour sa vie. On a déjà beaucoup de projets à faire pendant nos études ou au travail, donc dans notre vie privée, on a plutôt envie de se détendre, de ne pas penser à tout ça. Mais je crois que c’est important d’avoir une vision pour son avenir. Parce que si vous avez cette vision, ça va devenir beaucoup plus facile pour vous de prendre des décisions. Si vous vous retrouvez à un moment de votre vie où vous devez prendre une décision importante, alors vous allez pouvoir utiliser cette vision pour vous aider. Si vous avez des doutes, que vous ne savez pas quoi faire, au lieu de demander à vos amis, vous allez simplement regarder votre plan et la décision va être évidente. C’est très bien d’avoir les conseils de ses amis, mais ils ne sont pas à notre place, ils ne sont pas dans la même situation que nous. La seule personne qui peut prendre ces décisions importantes, c’est vous-même. Et si vous avez pris le temps de faire votre plan et de vous demander ce qui compte vraiment pour vous, alors vous allez voir que ces décisions ne sont pas si compliquées que ça. [00:19:39] Maintenant on va voir concrètement comment faire ce plan. Comme pour le bilan de l’année passée, il faut prendre du temps pour le faire et être sûr que personne ne va vous déranger. Si vous faites ce plan en cinq minutes, c’est sûr qu’il ne va pas fonctionner. On ne peut pas préparer un plan pour toute une année en seulement cinq minutes, on a besoin de plus de temps que ça. Donc bloquez une période, prenez une heure ou deux pour vous isoler et pour travailler sur ce plan. Ça peut même être une chose que vous faites en plusieurs fois. Vous pouvez faire une première version, puis attendre le lendemain pour voir si c’est toujours une bonne idée. [00:20:29] Là aussi, prenez une feuille blanche et un stylo. Ne le faites pas à l’ordinateur. Si vous le faites à l’ordinateur, il y a trop de distractions et vous n’allez pas être bien concentré. C’est important de l’écrire noir sur blanc parce que quand le plan est simplement dans notre tête, c’est facile de l’oublier ou de le changer quand ça nous arrange. On peut tricher, se mentir à soi-même. Vous vous rappelez peut-être du podcast dans lequel je vous ai parlé de notre cerveau et des biais qui influencent notre jugement. Donc une manière pour le rendre un peu plus objectif, c’est d’écrire et pas seulement de garder des idées un peu vagues dans notre tête. Quand vous allez l’écrire, vous allez être obligés de préciser vos idées, d’avoir une vision plus concrète. Donc prenez une feuille, un stylo, enfermez-vous dans une pièce et préparez-vous à faire votre plan. [00:21:41] Ce plan, ça va être une forme de contrat avec vous-même. Dans ce contrat vous allez écrire plusieurs règles que vous allez vous engager à respecter. Je vous donne quelques exemples de règles : ne pas manger entre les repas, ne pas se coucher après minuit, ne pas regarder plus d’un épisode de série par jour. Ça peut aussi être des règles qui concernent vos relations. Par exemple ne pas fréquenter de personnes qui sont toujours négatives, qui sont pessimistes, qui critiquent vos idées et vos projets. Bref, des personnes qui ne vous apportent rien de positif. Parfois on a l’impression d’être obligé de voir certaines personnes, même si on n’a pas envie de le faire. Donc dans ces cas là, il faut apprendre à refuser, à dire non ! Même si vous allez peut être vexer cette personne, au final vous allez vous sentir mieux. Et si vous avez écrit cette règle, ça va être plus facile de la respecter. [00:22:56] Par exemple moi avant, j’avais tendance à accepter trop d’élèves. J’avais trop de cours et après un certain temps je me suis rendu compte que j’étais très fatigué. Donc c’était plus difficile de me concentrer et de me motiver, et la qualité de mes cours a commencé à baisser. Donc j’ai décidé de limiter le nombre d’heures de cours par semaine et de refuser les élèves au-delà de cette limite. Même si j’ai du temps dans mon agenda, quand j’ai atteint ma limite d’élèves, je décline les nouvelles demandes. Avoir fixé cette règle, ça a rendu le processus beaucoup plus facile. Maintenant je ne me pose plus la question, je dis simplement non et c’est très facile pour moi. Donc écrivez un ensemble de règles et signez-la feuille comme si c’était un contrat avec vous-même. [00:23:58] Ensuite vous allez choisir vos objectifs, vos buts. Souvent, les grands gourous américains de la productivité utilisent l’acronyme SMART. Ils disent qu’un bon objectif doit être SMART. S pour spécifique. Votre but doit être concret et le plus précis possible. Si votre but est « de faire du sport », ça n’est pas assez précis. Vous devez au moins choisir un sport précis comme la natation. Ensuite M pour mesurable. Il faut être capable d’évaluer à la fin de l’année si on a réussi ou non. Avec notre exemple du sport, on peut avoir pour objectif d’aller nager à la piscine deux fois par semaine. Le A, c’est pour « atteignable ». Autrement dit, votre objectif doit être ambitieux mais pas irréaliste. Par exemple si vous n’avez jamais fait de natation, vous ne pouvez pas avoir comme but de participer aux prochains Jeux Olympiques. Le R, c’est pour relevant, en français on dit « pertinent ». Il faut que votre objectif soit en accord avec votre vision générale et vos valeurs. Si vous avez décidé d’avoir un style de vie plus sain, alors faire de la natation est pertinent. Et la dernière lettre, le T, est pour « temporel ». Quand vous choisissez votre but, vous devez aussi fixer une limite de temps. Avec notre exemple de natation, vous pouvez dire que vous allez faire de la natation deux fois par semaine pendant un an. Comme ça, à la fin de l’année, vous verrez si vous avez atteint votre objectif ou non. [00:26:10] Je vous conseille aussi de ne pas en choisir trop. Cinq buts maximum. Si vous en prenez plus, vous allez avoir beaucoup de pression et vous risquez de vous décourager. C’est mieux de se concentrer seulement sur quelques objectifs qui sont vraiment importants pour vous. [00:26:30] Bien sûr, ce ne sont pas des règles absolues. Juste des conseils qui peuvent vous aider à préciser votre pensée. Parfois, on a des objectifs personnels qui ne rentrent pas dans ces cases, ça n’est pas grave. Le plus important, c’est de bien y réfléchir, mais aussi de vous demander pourquoi vous avez choisi ce but. Essayez de noter 5 raisons pour lesquelles ce but est important pour vous. Encore une fois, des raisons qui sont les vôtres, pas celles des autres. [00:27:10] Si vous le faîtes, ça va vous aider à rester motivés. Quand vous aurez des doutes ou une baisse de motivation, ce qui est complètement normal, vous pourrez relire les raisons qui vous ont poussé à faire ça. Et je vous assure que ça vous remotivera tout de suite ! [00:27:29] La dernière étape, c’est d’évaluer régulièrement votre progression. Par exemple à chaque trimestre, tous les 3 mois. Prévoyez dans votre agenda un moment pour faire un petit bilan, pour voir où vous en êtes. Ça vous permettra de voir vos progrès et de décider comment continuer pour atteindre votre but à la fin de l’année. [00:27:57] Pour finir, je vais partager avec vous mes objectifs pour 2018. Je pense que c’est une bonne idée d’en parler autour de vous, car c’est une source de motivation supplémentaire. Vous savez que vos proches vont vous demander si vous arrivez à tenir vos bonnes résolutions ou non. [00:28:18] Alors mon 1er objectif, c’est un projet sur lequel j’ai déjà commencé à travailler. C’est un programme spécial pour aider les personnes avec un niveau intermédiaire à améliorer leur compréhension du français. Ça sera un peu comme ce podcast, mais avec une leçon par jour, des explications détaillées, de la grammaire et des exercices. Je vais essayer de le publier avant cet été. [00:28:49] Mon 2ème objectif, c’est de poster plus de vidéos sur ma chaîne Youtube. Je viens d’acheter un appareil photo pour Noël et je vais commencer à faire des vidéos sur différents sujets. Donc si vous voulez voir ces vidéos quand elles seront en ligne, abonnez-vous à la chaîne d’innerFrench. [00:29:11] Mon 3ème objectif est aussi lié aux langues, mais cette fois au polonais. Vous savez que j’apprends le polonais et pour le moment j’ai un niveau intermédiaire. Je suis capable de comprendre beaucoup de choses et de communiquer, mais j’aimerais le faire avec plus de facilité. Autrement dit, j’aimerais avoir un niveau avancé, l’équivalent de B2, d’ici la fin de l’année. [00:29:42] Et mon dernier objectif est un peu plus spirituel. En fait j’ai commencé la méditation il y a quelques mois avec une application qui s’appelle Mindspace, et je trouve ça génial. Ça m’aide beaucoup à me concentrer et à mieux gérer mes émotions. Mais malheureusement je ne le fais pas très régulièrement. Donc en 2018, je veux méditer au moins 10 minutes par jour tous les jours ! [00:30:23] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a donné envie de faire un plan pour l’année prochaine et de progresser en français. Je suis curieux de savoir quelles sont vos bonnes résolutions. Envoyez-moi un mail pour me le dire ! [00:30:43] Je vous souhaite de bien profiter du temps avec votre famille et vos amis, de passer un très bon réveillon du 31 décembre ce weekend, et on se retrouve en 2018. À bientôt ! 34 Faut-il acheter des bitcoins ? Bienvenue dans l’épisode 34. Aujourd’hui on va parler du bitcoin. [00:00:14] Salut à tous et bienvenue pour notre premier épisode de l’année, le premier épisode de 2018. Si c’est la première fois que vous écoutez ce podcast et que vous voulez apprendre le français naturellement, alors vous êtes au bon endroit ! J’ai commencé ce podcast pour proposer à mes élèves intermédiaires des sujets plus intéressants que ceux des livres de grammaire française. Personnellement, je crois que la meilleure façon d’apprendre une langue, c’est de faire des choses qui nous plaisent, qui nous intéressent. Donc j’espère que ce podcast vous donnera envie de passer du temps avec la langue française en apprenant de nouvelles choses. [00:01:06] En tout cas moi je suis très motivé pour cette nouvelle année ! Après Noël en France, j’ai pris quelques jours de vacances en plus et je suis allé à Barcelone pour retrouver des amis. On a fêté le réveillon, le 31 décembre, là-bas et c’était vraiment super ! On a profité du soleil et on s’est bien amusé. C’était la deuxième fois que j’allais à Barcelone, c’est une ville que j’adore. D’ailleurs elle est très populaire parmi les Français, il y a beaucoup de Français qui partent en vacances en Espagne et en particulier à Barcelone. Si vous n’y êtes pas encore allés, je vous conseille de la visiter un jour! Elle est magnifique et il fait beau presque toute l’année. Si vous vous intéressez à l’architecture, il y a plein de bâtiments dessinés par l’architecte Gaudi qui sont spectaculaires ! Ça vaut le coup de les visiter. Ah au fait vous connaissez cette expression « ça vaut le coup » ? Parfois on dit aussi « ça vaut la peine », ça veut dire qu’une chose est difficile à obtenir, mais qu’elle est tellement intéressante que les efforts nécessaires pour l’obtenir sont justifiés. Un exemple : vous voulez absolument acheter le nouvel iPhone alors vous décidez de faire la queue devant le magasin pendant 10 heures le jour de sa sortie. Pour vous, le nouvel iPhone est tellement génial que ça vaut le coup de faire la queue pendant 10 heures pour l’acheter. Personnellement, je trouve que ça ne vaut pas le coup ! Par contre, aller à Barcelone pour visiter les bâtiments dessinés par Gaudi, ça vaut le coup ! [00:03:17] Si vous regardez les informations, vous avez peut-être vu qu’il se passe beaucoup de choses en Catalogne en ce moment. La Catalogne, c’est la région espagnole où se trouve Barcelone évidemment. Donc vous avez sûrement entendu qu’une partie des Catalans veulent que leur région devienne indépendante, qu’elle ne fasse plus partie de l’Espagne. Il y a beaucoup de manifestations et de problèmes sur la scène politique, mais pour le moment ça ne change rien à la vie quotidienne. Les restaurants et les musées sont ouverts, la mer et la plage sont bien là ! Mais on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. [00:04:07] Bon en tout cas, j’espère que vous, vous êtes prêts pour la nouvelle année et que vous avez pris des bonnes résolutions ! Peut-être que vous avez écouté le dernier épisode du podcast, l’épisode 33, dans lequel je vous donnais des conseils pour bien préparer votre année. Si vous l’avez fait je suis sûr que vous allez faire d’énormes progrès en français ! D’ailleurs, j’en profite pour vous donner un autre conseil : abonnez-vous au podcast sur iTunes ! Comme ça, à chaque fois que je publierai un nouvel épisode, vous le recevrez automatiquement sur votre ordinateur ou votre smartphone. C’est plus pratique que de devoir le télécharger vous-mêmes. [00:05:01] Alors pour commencer l’année, on va parler d’un sujet qui m’a été suggéré par un auditeur du podcast qui s’appelle Marcelo. Marcelo m’a écrit pour me demander de parler du bitcoin. Donc merci beaucoup Marcelo pour cette suggestion, c’est une très bonne idée ! C’est toujours très intéressant pour moi de savoir quels sujets vous plaisent, comme ça je peux préparer des choses qui sont vraiment adaptées à vos attentes. [00:05:34] Le bitcoin, vous en avez sûrement déjà entendu parler. C’est un sujet qui semble assez technique, mais rassurez-vous, vous savez que moi j’aime expliquer des choses compliquées de façon simple ! [00:05:51] Vous avez peut-être remarqué qu’on parle beaucoup de ce sujet dans les médias depuis quelques mois parce qu’en décembre, le cours du bitcoin, c’est à dire le prix auquel il est vendu, a dépassé les 20 000 $. Autrement dit pour acheter 1 bitcoin, il fallait payer 20 000 $ ! C’est une évolution qui a surpris beaucoup de personnes et certaines ont cru qu’elles allaient pouvoir devenir riches grâce au bitcoin. Vous avez peut-être aussi remarqué les publicités sur internet qui vous disent : « Devenez riche rapidement en achetant des bitcoins sur notre plateforme ! ». Mais le problème, c’est que souvent les gens ne savent pas ce qu’il y a derrière le bitcoin. Ils ne comprennent pas vraiment de quoi il s’agit. Donc aujourd’hui, on va essayer de comprendre tout ça ensemble, et on va se demander si le bitcoin va remplacer les autres monnaies dans le futur. [00:07:04] Ok alors sans plus attendre, on commence ! [00:07:14] Pour commencer, on va se demander ce qu’est le bitcoin et comment ça fonctionne. Le bitcoin, c’est une monnaie virtuelle, c’est-à-dire qu’elle existe sur Internet. Elle a été créée en 2009 mais on ne connaît pas son inventeur, son créateur. Alors comme je l’ai dit c’est une monnaie virtuelle, une monnaie électronique, donc il n’y a pas de billets ni de pièces pour payer en bitcoin. Il n’y a pas non plus de carte de crédit en bitoin. Donc vous ne pouvez pas payer en bitcoins dans les magasins. Dans les magasins, vous pouvez payer en espèces, autrement dit avec des pièces et des billets (on dit aussi en liquide) ou par carte, mais pas en bitcoins. Donc ce qui est intéressant avec le bitcoin, ça n’est pas vraiment le fait que c’est une monnaie électronique. Ce qui est intéressant, c’est le fait que c’est une monnaie qui ne dépend pas d’une institution centrale. Par exemple vous savez que les euros sont garantis par la banque centrale européenne et que les dollars sont garantis par la FED (la banque centrale des Etats-Unis). Ce sont ces institutions qui garantissent la valeur de leur monnaie. Vous savez que si vous avez des euros, vous pouvez les utiliser car ils ont une valeur qui est liée à l’économie européenne et qui est garantie par la Banque Centrale Européenne. [00:09:04] Mais la valeur des bitcoins, elle, elle n’est garantie par rien ni personne. C’est pour ça qu’elle change aussi rapidement. En fait, le prix des bitcoins dépend uniquement de l’offre et de la demande, des personnes qui vendent des bitcoins et de celles qui veulent en acheter. Pour mieux comprendre ça, vous pouvez imaginer les billets du jeu Monopoly. Je suis sûr que vous connaissez le Monopoly. C’est ce jeu de société où il faut acheter des maisons et des hôtels pour s’enrichir et battre les autres joueurs. Donc dans le Monopoly, il y a de l’argent, mais c’est un argent fictif. Si vous prenez des billets de Monopoly et que vous allez faire vos courses, vous n’allez pas pouvoir payer à la caisse avec ces billets. Si vous essayez de le faire, vous allez avoir des problèmes avec les agents de sécurité du magasin ! [00:10:13] Mais dans le jeu Monopoly, les billets ont de la valeur, ils ont la valeur que leur reconnaissent les joueurs. Eh bien avec les bitcoins, c’est pareil. Les bitcoins ont la valeur qui est reconnue par les personnes qui les utilisent. Et comme l’argent du Monopoly, le nombre de bitcoins est limité. Le créateur des bitcoins a décidé au moment de la création qu’il n’y en aurait pas plus de 21 millions. Pour le moment, il y en a presque 17 millions qui sont disponibles parce qu’ils n’ont pas encore tous été créés, mais on sait déjà que la limite sera 21 millions. Il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins. Au début, quand le bitcoin a été créé, sa valeur était de 0,001 dollar. Mais 8 ans plus tard, en décembre 2017, le bitcoin a atteint la valeur de 20 000 $. Cette évolution spectaculaire montre qu’il y a beaucoup de personnes qui pensent que les bitcoins sont un bon investissement. Bon depuis décembre, la valeur a un peu diminué parce qu’en ce moment un bitcoin vaut entre 15 000 $ et 16 000 $. Il faut aussi savoir qu’il y a environ 3 millions d’utilisateurs du bitcoin, 3 millions de personnes qui s’échangent cette monnaie. [00:11:58] Alors concrètement, si vous voulez acheter des bitcoins, comment ça se passe ? Il y a plusieurs manières de le faire. La première, c’est de télécharger un logiciel sur votre ordinateur ou votre smartphone qui va vous permettre d’en acheter. Mais vous pouvez aussi passer par une plate-forme sur un site internet. En faisant ça, vous allez obtenir un portefeuille (« wallet » en anglais) et dans ce portefeuille vous allez pouvoir acheter et garder vos bitcoins. Votre portefeuille a un code unique. Ce code est très important parce que si vous le perdez, vous perdez vos bitcoins pour toujours. [00:12:44] Mais surtout quand vous avez ce portefeuille, vous rejoignez le réseau des bitcoins. Autrement dit, vous aussi vous faites partie de la chaîne, vous devenez un maillon de la chaîne des bitcoins. En fait, chaque utilisateur de cette monnaie joue le rôle de client et de serveur, c’est ce qu’on appelle un système de pair à pair (« peer-to-peer » en anglais). Peut-être que vous connaissez ce système avec les téléchargements parce qu’il existe des plates-formes de pair à pair pour télécharger des films. Grâce à ces plateformes, les données sont partagées sur les ordinateurs de plusieurs personnes, et ces ordinateurs constituent un réseau. Donc c’est pareil avec le bitcoin. Comme tous les utilisateurs constituent une chaîne, ils constituent le réseau qui permet d’échanger des bitcoins. Derrière ça, il y a une technologie qui s’appelle la blockchain. La blockchain, c’est un peu comme un historique où sont enregistrées toutes les transactions de bitcoins. Comme ça, les utilisateurs savent toujours qui possède des bitcoins et quelle quantité est disponible. [00:14:16] Il y a aussi des utilisateurs spéciaux qui s’appellent des mineurs et qui sont chargés de contrôler toutes les transactions et de les valider. Donc pour qu’une transaction en bitcoins soit acceptée, elle doit être validée par les mineurs du réseau. C’est ça qui garantit sa sécurité. Et ces personnes, ces mineurs, ont aussi la possibilité de produire de nouveaux bitcoins, c’est ce qu’on appelle le mining. Évidemment c’est quelque chose de très compliqué parce que pour le faire il faut des ordinateurs extrêmement puissants. Donc vous avec votre simple ordinateur, bien sûr vous ne pouvez pas produire de nouveaux bitcoins. Il faut avoir plusieurs ordinateurs avec une énorme puissance de calcul, et ça consomme aussi beaucoup d’énergie. Donc pour la majorité des personnes, ça n’est pas rentable de produire des bitcoins parce que ça coûte très cher. [00:15:30] OK je pense que vous avez compris en quoi consiste le bitcoin et comment ça fonctionne. Donc maintenant on va se demander pourquoi il y a tellement de gens qui s’intéressent à cette monnaie, quels sont ses avantages mais aussi ses inconvénients. [00:15:54] Le bitcoin, c’est une monnaie révolutionnaire et pour les personnes qui l’utilisent elle a beaucoup d’avantages. Le premier, c’est sa sécurité et sa fiabilité. La fiabilité, quand on dit que quelque chose est fiable, ça veut dire qu’on peut lui faire confiance, on peut compter sur lui. Par exemple une personne fiable, c’est une personne à qui vous pouvez faire confiance, vous savez qu’elle ne va pas vous trahir ni vous décevoir. Je vous l’ai dit dans la première partie, la fiabilité du bitcoin est liée à sa structure. Ce sont les utilisateurs de la monnaie eux-mêmes qui garantissent sa sécurité. C’est pour ça que c’est impossible de fabriquer des faux bitcoins, parce que si vous vouliez le faire, il faudrait modifier l’historique des transactions sur les ordinateurs de tous les utilisateurs en même temps. Et comme je vous l’ai dit, il y en a 3 millions. Donc vous imaginez bien que c’est impossible de le faire. [00:17:13] Le deuxième avantage du bitcoin, c’est que c’est une monnaie indépendante. Vous savez que les autres monnaies dépendent de certaines institutions, notamment des banques centrales. Ce sont les banques centrales des pays qui garantissent la valeur de la monnaie. Mais dans certains pays, les Etats ne sont pas capables de garantir cette valeur. Par exemple s’il y a beaucoup d’inflation, si l’économie est très instable, la monnaie perd énormément de valeur. Alors les citoyens préfèrent acheter d’autres devises, c’est-à-dire des monnaies étrangères, dont la valeur est plus stable, comme des dollars ou des euros. Comme le bitcoin ne dépend pas d’un Etat ni d’aucune autre institution, il n’a pas ce genre de risque. Mais comme vous le savez, son prix change très rapidement donc ça n’est pas une bonne solution si vous recherchez une valeur stable. [00:18:23] Un autre avantage du bitcoin, c’est qu’il protège l’anonymat de ses utilisateurs. Quand vous créez un portefeuille et que vous faites des transactions de bitcoins, vous n’avez pas besoin de donner votre identité. C’est pour ça qu’au début, le bitcoin était très populaire pour les trafics et les réseaux criminels, pour acheter et vendre des choses illégales comme des drogues, des armes, etc. Mais le problème, c’est que quand vous voulez échanger vos bitcoins contre de l’argent, là vous avez besoin de donner vos informations personnelles. Donc en fait, c’est impossible de vous cacher complètement, de protéger à 100% votre anonymat. C’est pour ça que maintenant, les trafiquants de drogue et les criminels n’utilisent plus de bitcoins pour leurs transactions. [00:19:27] Mais si le bitcoin est devenu tellement populaire depuis quelques années, c’est surtout parce que sa valeur n’arrête pas d’augmenter. Donc il y a beaucoup de personnes qui pensent qu’en achetant des bitcoins, elles vont pouvoir gagner de l’argent rapidement et facilement. Ce mécanisme, c’est tout simplement de la spéculation. Quand on investit dans quelque chose non pas pour sa valeur, mais parce qu’on pense que son prix va beaucoup augmenter et qu’on va pouvoir le revendre plus cher. Donc il y a des personnes qui ont acheté des bitcoins, mais aussi des entreprises qui sont spécialisées sur ce marché. C’est pour ça que leur prix est si élevé. Mais maintenant je vais vous expliquer pourquoi acheter des bitcoins n’est pas un bon investissement à mon avis. [00:20:26] Le principal problème avec les bitcoins, c’est leur instabilité. En fait il n’y a pas de règles claires, il n’y a pas de cadre juridique pour garantir leur valeur. Comme c’est une invention qui est très récente, il n’y a rien qui protège ses utilisateurs. Donc souvent les personnes qui en achètent le font uniquement pour spéculer. D’ailleurs la grande majorité des économistes pensent que le bitcoin n’est pas une monnaie, que c’est simplement un outil de spéculation. Il y a même des Etats, notamment la Chine, qui ont décidé de l’interdire : depuis septembre 2017, il est impossible d’échanger des bitcoins en Chine et ça c’est plutôt un mauvais signe pour ses utilisateurs. [00:21:25] En fait, il y a de plus en plus d’obstacles à l’utilisation du bitcoin. Comme maintenant il y a beaucoup de transactions, le système devient plus difficile à gérer. Il faut de plus en plus de mineurs pour valider toutes ces transactions et les enregistrer. Ça devient très problématique et ça consomme aussi beaucoup d’énergie. Il y a une organisation qui a estimé que la quantité d’énergie nécessaire pour assurer ces transactions est de 11 millions de tonnes de charbon par an, c’est énorme ! Donc vous comprenez que l’utilisation des bitcoins est très mauvaise pour l’environnement. [00:22:22] Mais le plus intéressant avec le bitcoin, c’est la technologie qu’il y a derrière. Comme je vous l’ai dit, cette technologie s’appelle la blockchain. Le magazine The Economist a déjà écrit il y a deux ans que la blockchain pourrait changer le monde. Et certains investisseurs de la Silicon Valley pensent que c’est l’innovation technologie la plus importante depuis internet. Donc à mon avis c’est important de comprendre en quoi elle consiste. [00:23:04] Pour comprendre la Blockchain, imaginez que vous êtes à une réunion au travail. Il y a une personne qui prend des notes, qui retranscrit tout ce que les participants disent. Après la réunion, cette personne envoie la transcription à tout le monde. Et là, les participants se rendent compte que cette personne a un peu changé leurs propos. Mais comme personne d’autre n’a pris de notes pendant la réunion, alors les participants sont obligés d’utiliser cette version. Ça, c’est le système actuel : on doit faire confiance à un intermédiaire. Le système fonctionne parce que nous acceptons cet intermédiaire et nous lui faisons confiance. Mais vous voyez que dans certains cas, il se trompe, il fait des erreurs. [00:24:06] Maintenant, imaginez que pendant la réunion, chaque participant a un appareil qui enregistre et retranscrit automatiquement tout ce qui est dit. À la fin de la réunion, tous les participants ont la même version sur leur appareil, et ils doivent la valider pour qu’elle soit acceptée. Quand la version est validée, elle devient un bloc dans les archives des réunions, et il est impossible de le changer plus tard. Les blocs s’ajoutent après chaque réunion, et ils forment une chaîne d’archives sécurisées à laquelle tout le monde a accès. Voilà, si vous avez compris cet exemple, vous avez compris la technologie de la blockchain. [00:25:00] Évidemment, il y a énormément d’applications possibles avec cette technologie. Par exemple, on peut imaginer qu’elle va faire disparaître les entreprises comme Uber ou Airbnb. Pourquoi ? Eh bien parce que ce sont des entreprises qui jouent seulement le rôle d’intermédiaire. Elles sont des plateformes qui mettent en contact une offre et une demande. Avec la blockchain, on peut imaginer un algorithme transparent qui remplacera ces intermédiaires. [00:25:39] Mais ça n’est pas tout ! La blockchain est aussi très utile pour assurer la propriété, car tous les utilisateurs ont accès à l’information, aux archives, et d’ailleurs ils ont tous exactement la même information. C’est comme un contrat qui est signé avec tous les utilisateurs en même temps. Imaginez que vous achetez une maison. Qui vous garantit qu’elle est bien à vous, que c’est bien votre propriété ? D’un côté, l’ancien propriétaire qui vous vend sa maison et de l’autre l’Etat qui vous protège avec le droit. Mais maintenant, imaginez que l’Etat disparaît, par exemple s’il y a un changement de régime. En même temps, une autre personne réclame votre maison en disant que c’était elle qui en était le vrai propriétaire. À ce moment-là, il n’y a plus rien qui vous protège, ni votre contrat ni l’Etat. Mais si vous aviez acheté votre nouvelle maison avec le système de la blockchain, tous les autres citoyens du pays auraient validé votre achat. Votre propriété serait enregistrée dans les archives et reconnue par tous les citoyens, pas seulement par l’Etat et l’ancien propriétaire. Ça a l’air beaucoup plus sûr, non ? Et on peut imaginer la même application avec toutes les propriétés : les maisons mais aussi les œuvres d’art par exemple. [00:27:30] Maintenant, tout ça, ça implique de faire confiance à un algorithme plutôt qu’à un intermédiaire. Ça n’est pas un système parfait non plus, il y a des risques de piratage, d’attaques informatiques par exemple. Mais au moins, il n’y a pas de risque de corruption : c’est impossible de corrompre un algorithme ! [00:28:12] Voilà, nous arrivons à la fin de ce podcast. J’espère que ça n’était pas trop technique, que ça n’était pas trop difficile à comprendre. En tout cas je vous conseille de ne surtout pas investir dans le bitcoin ! C’est un investissement très risqué, c’est de la pure spéculation, et il y a des gens qui ont perdu beaucoup d’argent à cause de ça. Mais intéressez-vous plutôt à la technologie derrière le bitcoin, à la blockchain, parce que ça c’est quelque chose qui va peut-être révolutionner notre quotidien. Si vous voulez en savoir plus, je vais ajouter des liens dans la description de l’épisode, des liens pour des vidéos de conférence en français sur la blockchain. [00:29:05] En tout cas merci de m’avoir écouté, merci d’être de plus en plus nombreux à me laisser des évaluations sur iTunes et Facebook. Ça me fait très plaisir de voir que je vous aide à progresser en français ! C’est vraiment incroyable pour moi de pouvoir aider tellement de personnes ! [00:29:30] Dans deux semaines, ça sera un épisode un peu plus léger, un peu plus facile, parce que je vous raconterai une histoire. [00:29:38] En attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours et de faire des choses qui vous plaisent pour rester motivés. [00:29:50] À bientôt ! 35 L’Étranger, d’Albert Camus [1/2] alut, à tous. Pour ce 35ème épisode, je vous raconte l’histoire de L’Étranger. [00:00:12] Bonjour à tous ou bonsoir (selon l’heure à laquelle vous m’écoutez) ! Je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Si vous écoutez ce podcast, ça veut dire que vous apprenez le français et laissezmoi vous dire que c’est une excellente idée ! Moi, je suis là pour vous aider et pour rendre votre apprentissage plus agréable, plus plaisant. L’apprentissage vous savez, c’est l’action d’apprendre. Alors pour faire ça, je prépare des sujets qui me semblent intéressants et je vous en parle de façon simple. Mon but, c’est que vous oubliiez que vous êtes en train de faire du français et que vous appreniez de nouvelles choses. D’ailleurs, il y a deux semaines vous avez peut-être reçu un email de ma part. J’ai écrit aux personnes qui sont membres du site innerFrench, celles qui se sont inscrites pour avoir accès aux transcriptions des podcasts. Je vous ai écrit pour vous poser trois questions sur votre apprentissage du français et vos difficultés. [00:01:27] Et je veux profiter de cet épisode pour remercier tous les auditeurs et les auditrices qui m’ont répondu. J’ai reçu énormément de réponses qui ont été très utiles. Maintenant, j’ai plein d’idées pour vous aider encore plus. Ça va me demander pas mal de travail, mais j’espère pouvoir concrétiser la première idée d’ici la fin du mois. Je vous en dirai plus à ce moment-là. Ah d’ailleurs ça c’est une expression très utile : « en dire plus à quelqu’un ». Vous savez qu’en français, il y a beaucoup d’expressions avec « en ». Bon, je ne vais pas entrer dans les détails, mais normalement le pronom « en » remplace un complément qui est introduit par « de » , par la préposition « de ». Sauf qu’il y a certaines expressions où « en » ne remplace rien de concret, il suggère simplement quelque chose. Par exemple l’expression « en dire plus », suggère qu’on a d’autres choses à ajouter. Vous pouvez l’utilisez comme ça : « Je t’en dirai plus demain » ou « pour le moment, je ne t’en dis pas plus ». Et moi, je vous en dirai plus sur mon idée la prochaine fois ! [00:02:53] Mais aujourd’hui, je vais plutôt vous raconter une histoire, celle du célèbre roman d’Albert Camus – L’Étranger. Je suis presque sûr que vous en avez déjà entendu parler. C’est le 2ème roman francophone le plus lu dans le monde après le Petit Prince ! Et c’est un roman que je recommande à mes élèves car il est assez facile à comprendre. En plus, comme il a été écrit au XXème siècle, il est plus simple que les romans de Maupassant ou de Zola. Le problème avec ces auteurs, c’est qu’ils ont un style et un vocabulaire très différents du français actuel, du français contemporain. Donc ils peuvent être vraiment difficiles à lire pour des non-francophones. C’est pour ça que je recommande plutôt de lire des œuvres du XXème siècle, et si possible d’après la seconde guerre mondiale. Leur style est beaucoup plus proche du français d’aujourd’hui. [00:04:01] Alors L’Étranger, c’est le tout premier roman de Camus. Il nous raconte l’histoire d’un homme qui vit à Alger, la capitale de l’Algérie, au moment où ce pays était encore une colonie française. On ne sait pas exactement en quelle année l’histoire se passe mais on peut imaginer que c’est vers la fin des années 30. Le héros s’appelle Meursault. C’est lui le narrateur, on découvre sa vie à travers ses yeux. Et vous allez voir que Meursault est un peu différent de vous et moi. À vrai dire, on a l’impression qu’il ne ressent pas grand chose, que les événements qu’il vit ne l’affectent pas. Il décrit tout ça avec une certaine distance, avec indifférence. C’est aussi pour ça que le roman est facile à comprendre. Moi, j’ai repris une grande partie du texte original, mais j’ai aussi coupé certains passages et réécrit certaines phrases pour que ce soit plus facile à suivre. Il y a deux parties dans ce roman. Aujourd’hui, je vais seulement vous lire la première et nous ferons la deuxième dans le prochain épisode. [00:05:20] Allez, je vous ai assez fait attendre. Maintenant, il est temps de rencontrer l’Étranger. [00:05:37] Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. [00:05:56] L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu. [00:06:24] J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout semblera plus officiel. [00:06:55] Je devais prendre l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n’a qu’une mère. » [00:07:11] J’ai couru pour ne pas manquer le départ du bus. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Quand je suis arrivé à l’asile, le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. C’était un petit vieux. Il a consulté un dossier et m’a dit : « Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai commencé à lui expliquer. Mais il m’a interrompu : « Vous n’avez pas à vous justifier. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici. » J’ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » [00:08:04] Il a ajouté : « Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Vous, vous êtes jeune et elle devait s’ennuyer avec vous. » [00:08:14] C’était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l’asile, elle pleurait souvent. Mais c’était à cause de l’habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l’avait retirée de l’asile. [00:08:35] Toujours à cause de l’habitude. C’est un peu pour cela que dans la dernière année je n’y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche – sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route. [00:08:54] Puis le directeur m’a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre mère. » Je me suis levé sans rien dire et il m’a accompagné jusqu’au bâtiment où se trouvait maman. Une fois à la porte, le directeur m’a quitté. [00:09:11] Je suis entré mais je n’ai pas voulu voir le corps de maman. Le concierge est arrivé lui aussi et nous avons commencé à bavarder. [00:09:21] La nuit est tombée rapidement et les amis de maman, les autres patients de l’asile, sont venus nous rejoindre. [00:09:28] Nous ne nous sommes pas parlé. Une des femmes a pleuré pendant un long moment. Je fumais et buvais du café. Puis j’ai fini par m’endormir. Quand je me suis réveillé le matin, le concierge a fait sortir les vieux qui dormaient encore là et il m’a conduit chez lui pour boire un café au lait qui était très bon. [00:09:54] Quand je suis sorti, le soleil brillait. C’était une belle journée qui se préparait. Ça faisait longtemps que j’étais allé à la campagne et je sentais quel plaisir j’aurais pris à me promener s’il n’y avait pas eu maman. Le directeur m’a à nouveau appelé dans son bureau. Il m’a fait signé plusieurs papiers puis il m’a annoncé que tout était prêt pour l’enterrement. « Voulezvous voir votre mère une dernière fois ? » m’a-t-il demandé. J’ai répondu que non. [00:10:29] Ensuite il m’a dit qu’il assisterait à l’enterrement et je l’ai remercié. [00:10:35] Il faisait de plus en plus chaud. Tout l’enterrement s’est passé avec tant de précipitation, de certitude et de naturel, que je me souviens seulement de quelques images. Je me souviens surtout de ma joie quand l’autobus est revenu à Alger et que j’ai pensé que j’allais me coucher et dormir pendant douze heures. [00:11:00] En me réveillant, j’ai compris pourquoi mon patron avait l’air mécontent quand je lui ai demandé mes deux jours de congé : c’est aujourd’hui samedi. Mon patron, tout naturellement, a pensé que j’aurais ainsi quatre jours de vacances avec mon dimanche et cela ne pouvait pas lui faire plaisir. Mais d’une part, ce n’est pas ma faute si on a enterré maman hier au lieu d’aujourd’hui et d’autre part, j’aurais eu mon samedi et mon dimanche de toute façon. Mais je comprends quand même mon patron. [00:11:35] J’ai décidé d’aller à la plage pour me baigner. Là, j’ai retrouvé dans l’eau Marie Cardona, une ancienne secrétaire de mon bureau qui m’attirait à l’époque. [00:11:46] Je crois que je lui plaisais aussi. Nous avons nagé ensemble, puis je lui ai demandé si elle voulait venir au cinéma, le soir. Elle a accepté. Le film était drôle par moments et puis vraiment trop bête. Vers la fin de la séance, je l’ai embrassée et elle est venue chez moi après le film. [00:12:09] Quand je me suis réveillé, Marie était partie. Elle m’avait expliqué qu’elle devait aller chez sa tante. J’ai pensé que c’était dimanche et cela m’a ennuyé : je n’aime pas le dimanche. Alors, j’ai fait la grasse matinée en fumant des cigarettes dans mon lit jusqu’à midi. Le reste de la journée est passé, je n’ai rien fait de spécial à part regarder les passants depuis mon balcon. J’ai pensé que c’était juste un dimanche de plus, que maman était maintenant enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que, finalement, rien n’avait changé. [00:12:59] Aujourd’hui j’ai beaucoup travaillé au bureau. Le patron a été aimable. [00:13:04] Il m’a demandé si je n’étais pas trop fatigué et il a voulu savoir aussi l’âge de maman. J’ai dit « une soixantaine d’années », pour ne pas me tromper. [00:13:16] À midi, je suis allé manger chez Céleste avec mon collègue Emmanuel. [00:13:21] Il m’a demandé si « ça allait quand même ». Je lui ai dit que oui et que j’avais faim. J’ai mangé très vite et j’ai pris du café. Puis je suis rentré chez moi, j’ai fait une sieste parce que j’avais trop bu de vin et, en me réveillant, j’ai eu envie de fumer. Ensuite je suis retourné au bureau et j’ai travaillé tout l’après-midi. [00:13:45] En rentrant chez moi, j’ai croisé le vieux Salamano, mon voisin. Il était avec son chien. Ils se ressemblaient tous les deux mais ils se détestaient. Salamano passait son temps à battre son chien. Mon deuxième voisin, Raymond Sintès, est entré dans l’immeuble. Il était assez petit, avec de larges épaules et un nez de boxeur, toujours bien habillé. On ne l’appréciait pas trop dans le quartier. Il paraissait qu’il gagnait de l’argent grâce à des prostituées. Mais moi je passais du temps avec lui car je trouvais qu’il racontait des choses intéressantes. [00:14:30] Raymond m’a invité à manger chez lui et j’ai accepté. J’ai vu qu’il avait une blessure à la main, et il m’a raconté qu’il s’était battu avec un homme qui l’avait provoqué dans la rue. « Justement, j’ai un conseil au sujet de cette affaire à vous demander » m’a-t-il dit. « Si vous acceptez de m’écouter et de m’aider, on deviendra copains ». J’ai répondu que ça m’était égal. Il a eu l’air satisfait et il a commencé à me raconter son histoire : « J’ai connu une dame… c’était pour ainsi dire ma maîtresse. » L’homme avec qui il s’était battu était le frère de cette femme. Il m’a dit qu’il s’était occupé d’elle, qu’il payait pour le loyer de sa chambre et qu’il lui donnait de l’argent chaque jour. « Mais elle disait que ça n’était pas suffisant, qu’elle avait besoin de plus d’argent, a-t-il ajouté, alors je lui ai conseillé de trouver du travail, mais elle m’a répondu qu’elle ne voulait pas. J’ai commencé à avoir des doutes et j’ai trouvé des objets chez elle sans savoir comment elle les avait achetés. C’est là que j’ai compris qu’elle me trompait. Alors, je l’ai quittée. Mais d’abord, je l’ai battue. » [00:15:53] Pour lui, ça n’était pas assez. Il voulait la punir encore plus, c’est pour ça qu’il avait besoin de mes conseils. Son idée était d’écrire une lettre à cette femme pour la convaincre de revenir avec lui, puis de l’humilier une dernière fois. Il voulait que ce soit moi qui écrive la lettre. J’ai accepté et je l’ai écrite tout de suite. Il a semblé très content du résultat et m’a dit que maintenant, nous étions vraiment amis. [00:16:38] J’ai bien travaillé toute la semaine. Hier, c’était samedi. J’ai retrouvé Marie et nous sommes allés à une plage à quelques kilomètres d’Alger. Nous avons passés l’après-midi à jouer dans l’eau et à nous embrasser, puis nous sommes rentrés chez moi. Ce matin, Marie est restée et elle m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu’il me semblait que non. Elle a eu l’air triste. Mais ensuite elle a préparé le déjeuner comme si de rien n’était. C’est à ce moment que les bruits d’une dispute ont éclaté chez Raymond. [00:17:21] On a d’abord entendu une voix aiguë de femme et puis Raymond qui disait : « Tu m’as manqué, tu m’as manqué. Je vais t’apprendre à me manquer. » La femme a hurlé si fort que tous les voisins sont sortis sur le palier. Marie et moi nous sommes sortis aussi. La femme criait toujours et Raymond frappait toujours. Marie m’a dit que c’était terrible et je n’ai rien répondu. Elle m’a demandé d’aller chercher un policier, mais je lui ai dit que je n’aimais pas les policiers. Un autre voisin est allé en chercher un. Il a frappé à la porte et Raymond a ouvert après un long moment. Le policier a dit à la femme de partir et il a noté le nom de Raymond. [00:18:10] Marie et moi avons fini de préparer le déjeuner. Mais elle n’avait pas faim, j’ai presque tout mangé. Elle est partie à une heure et j’ai dormi un peu. [00:18:22] Vers trois heures Raymond est entré chez moi. Il m’a raconté qu’il avait accompli sa vengeance, mais qu’après la femme l’avait giflé. C’est pour ça qu’il l’avait battue. Je lui ai dit qu’il me semblait que maintenant elle était punie et qu’il devait être content. C’était aussi son avis. Il m’a demandé si je voulais sortir avec lui. Il m’a dit qu’il fallait que je lui serve de témoin devant les policiers. Moi cela m’était égal, mais je ne savais pas ce que je devais dire. Selon Raymond, il suffisait de déclarer que la fille lui avait manqué. J’ai accepté de lui servir de témoin. [00:19:05] Nous sommes sortis et nous avons passé un bon moment. Je trouvais que Raymond était très gentil. [00:19:13] En rentrant, nous avons vu le vieux Salamano qui avait l’air agité. Quand nous nous sommes rapprochés, j’ai vu qu’il n’avait pas son chien. Il regardait de tous les cotés, cherchait partout dans la rue. Quand Raymond lui a demandé ce qu’il avait, il a répondu que son chien s’était enfui pendant leur promenade. Raymond et moi, on lui a dit que son chien allait sûrement revenir. Mais le vieux avait l’air de plus en plus agité, il avait peur que des employés de la fourrière trouvent son chien et le prennent. « Mais s’ils me demandent de l’argent pour le récupérer, le chien peut bien crever ! ». [00:19:56] Raymond et moi, nous sommes rentrés chez nous. Un moment après, le vieux Salamano a frappé à ma porte. Quand j’ai ouvert, il m’a dit : « Ils ne vont pas me le prendre, dites, monsieur Meursault. Ils vont me le rendre. Qu’est-ce que je vais devenir sinon ? » Je lui ai dit que la fourrière gardait les chiens trois jours à la disposition de leurs propriétaires et qu’ensuite elle en faisait ce que bon lui semblait. Il m’a regardé en silence. [00:20:27] Puis il m’a dit : « Bonsoir. » Il a fermé sa porte et après j’ai entendu qu’il pleurait chez lui. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à maman. Mais il fallait que je me lève tôt le lendemain. Je n’avais pas faim et je me suis couché sans dîner. [00:20:46] Raymond m’a téléphoné au bureau pour m’inviter à passer la journée de dimanche chez un de ses amis près d’Alger. Je lui ai répondu que je voulais bien mais que j’étais censé voir Marie ce jour-là, alors il m’a dit de venir avec elle. J’ai accepté. Il voulait aussi m’avertir d’autre chose. Il avait été suivi toute la journée par un groupe d’Arabes parmi lesquels se trouvait le frère de son ancienne maîtresse. « Si tu le vois près de la maison ce soir en rentrant, avertis-moi. » [00:21:20] Peu après, le patron m’a fait venir dans son bureau. Il avait l’intention d’installer un bureau à Paris et il voulait savoir si j’accepterais d’y aller. Cela me permettrait de vivre à Paris et aussi de voyager une partie de l’année. [00:21:37] « Vous êtes jeune, et il me semble que c’est une vie qui doit vous plaire. » a-t-il dit. J’ai dit que oui mais que dans le fond cela m’était égal. Il m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. Il a eu l’air mécontent, m’a dit que je répondais toujours à côté, que je n’avais pas d’ambition et que cela était très mauvais pour les affaires. [00:22:15] Alors je suis retourné travailler. Je ne voyais pas de raison pour changer ma vie. En y réfléchissant bien, je n’étais pas malheureux. Quand j’étais étudiant, j’avais beaucoup d’ambitions de ce genre. Mais quand j’ai dû abandonner mes études, j’ai très vite compris que tout cela était sans importance réelle. [00:22:38] Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. [00:22:54] J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors ? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » Elle m’a regardé en silence, puis elle m’a demandé si j’aurais accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit : « Naturellement. » Elle s’est demandé alors si elle m’aimait et moi, je ne pouvais rien savoir sur ce point. [00:23:46] Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je n’avais rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier avec moi. [00:24:06] Ensuite nous nous sommes promenés dans la ville jusqu’au soir. Marie est partie car elle avait des choses à faire. [00:24:14] J’ai dîné au restaurant puis en rentrant chez moi j’ai trouvé le vieux Salamano. Je l’ai fait entrer et il m’a appris que son chien était perdu, car il n’était pas à la fourrière. Les employés lui avaient dit que, peut-être, il avait été écrasé. J’ai dit au vieux Salamano qu’il pourrait avoir un autre chien, mais il m’a dit qu’il était habitué à celui-là. Je lui ai posé quelques questions sur son chien, il m’a dit qu’il l’avait eu après la mort de sa femme, et il a commencé à me raconter sa vie. Il m’a dit que maman aimait beaucoup son chien. En parlant d’elle, il l’appelait « votre pauvre mère. ». Il a ajouté qu’il savait que dans le quartier on m’avait mal jugé parce que j’avais mis ma mère à l’asile, mais il me connaissait et il savait que j’aimais beaucoup maman. J’ai répondu, que je l’ignorais, mais que mettre maman à l’asile m’avait paru une chose naturelle puisque je n’avais pas assez d’argent pour la faire garder. « D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle n’avait rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule. – Oui, m’a-t-il dit, et à l’asile, du moins, on se fait des camarades. » Puis il est rentré chez lui. [00:25:51] Le dimanche, Marie est venue me réveiller et je me suis préparé pour aller chez l’ami de Raymond. La veille nous étions allés au commissariat et j’avais témoigné que la fille avait « manqué » à Raymond. Il s’en est sorti avec un avertissement. [00:26:08] Les policiers n’ont pas contrôlé mon affirmation. [00:26:12] Avant de partir pour la plage, Raymond, m’a montré un groupe d’Arabes en face qui nous regardaient en silence. Il m’a dit qu’un des hommes du groupe était celui dont il m’avait parlé. Mais il a ajouté que, c’était maintenant une histoire finie. Marie ne comprenait pas très bien et nous a demandé ce qu’il y avait. Je lui ai dit que c’étaient des Arabes qui en voulaient à Raymond. Elle a voulu qu’on parte tout de suite. [00:26:42] Nous sommes allés vers l’arrêt d’autobus qui était un peu plus loin et Raymond m’a annoncé que les Arabes ne nous suivaient pas. Je me suis retourné. Ils étaient toujours à la même place et ils regardaient avec indifférence l’endroit que nous venions de quitter. Nous avons pris l’autobus. [00:27:01] Nous sommes descendus dans la banlieue d’Alger. La plage n’était pas loin de l’arrêt d’autobus. L’ami de Raymond habitait juste au bout de la plage. Il s’appelait Masson. C’était un grand type avec une petite femme ronde et gentille, à l’accent parisien. Il nous a dit tout de suite de nous mettre à l’aise et qu’on mangerait des poissons qu’il avait pêchés le matinmême. [00:27:28] Je suis allé me baigner avec Marie et Masson. Je me sentais bien avec Marie, nous étions en parfaite harmonie dans la mer. Ensuite, nous sommes retournés nous allonger sur la plage, puis nous sommes allés manger tous ensemble. Nous avons bu beaucoup de vin et au moment du café, j’avais la tête un peu lourde. Après le repas, Raymond, Masson et moi sommes allés nous promener pendant que les femmes restaient faire la vaisselle et la sieste. [00:28:01] À un moment, Raymond a dit à Masson quelque chose que j’ai mal entendu. Mais j’ai aperçu en même temps, tout au bout de la plage, deux Arabes qui venaient dans notre direction. J’ai regardé Raymond et il m’a dit : « C’est lui. » Nous avons continué à marcher. Les Arabes avançaient lentement et ils étaient déjà beaucoup plus rapprochés. Raymond a dit : « S’il y a de la bagarre, toi, Masson, tu prendras le deuxième. Moi, je me charge de mon type. Toi, Meursault, s’il en arrive un autre, il est pour toi. » J’ai dit : « Oui » et Masson a mis ses mains dans les poches. Quand nous avons été à quelques pas les uns des autres, les Arabes se sont arrêtés. Raymond est allé tout droit vers son type. J’ai mal entendu ce qu’il lui a dit, mais l’autre a fait semblant de lui donner un coup de tête. Raymond a frappé alors une première fois et il a tout de suite appelé Masson. Masson est allé à celui qu’on lui avait désigné et il l’a frappé. Pendant ce temps Raymond aussi frappait l’autre. Raymond s’est retourné vers moi et a dit : « Tu vas voir ce qu’il va prendre. » Je lui ai crié : « Attention, il a un couteau ! » Mais déjà Raymond avait le bras ouvert et la bouche tailladée. Nous nous sommes arrêtés. Les deux Arabes reculaient en nous menaçant avec le couteau et puis ils se sont enfuis. [00:29:37] Nous sommes rentrés et Raymond est parti avec Masson voir un docteur qui n’était pas loin. Je suis resté pour expliquer aux femmes ce qui était arrivé. [00:29:48] Mme Masson pleurait et Marie était très pâle. Moi, cela m’ennuyait de leur expliquer. J’ai fini par me taire et j’ai fumé en regardant la mer. [00:30:01] Vers une heure et demie, Raymond est revenu avec Masson. Le docteur lui avait dit que ce n’était rien, mais Raymond avait l’air très sombre. Il est parti vers la plage et je l’ai suivi. Nous avons marché longtemps sur la plage. Le soleil était maintenant écrasant. Nous sommes arrivés enfin à une petite source d’eau qui coulait dans le sable, derrière un gros rocher. Là, nous avons trouvé nos deux Arabes. Ils étaient couchés, ils avaient l’air tout à fait calmes et presque contents. Notre venue n’a rien changé. Celui qui avait frappé Raymond le regardait sans rien dire. [00:30:45] Raymond a pris son revolver, mais l’autre n’a pas bougé. Raymond m’a demandé : « Je le tue ? » Je lui ai répondu : « Il ne t’a pas encore parlé. Tu ne devrais pas tirer comme ça. » Puis Raymond a dit : « Alors, je vais l’insulter et quand il répondra, je le tuerai. » « Non, ai-je dit à Raymond. Prends-le d’homme à homme et donne-moi ton revolver. Si l’autre intervient, ou s’il tire son couteau, je le tuerai. » Raymond m’a donné son revolver. J’ai pensé à ce moment qu’on pouvait tirer ou ne pas tirer. Mais brusquement, les Arabes sont partis. Raymond et moi sommes alors rentrés chez Masson. Raymond semblait allait mieux et il a parlé de l’autobus du retour. Moi ça m’était égal, d’être ici ou là. Mais j’ai décidé de retourner vers la plage. [00:31:55] Il faisait très chaud, j’ai marché longtemps. J’ai fini par arriver au rocher où nous avions vu les Arabes. C’est là que j’ai vu que le type de Raymond était revenu. [00:32:08] Il était seul, allongé sur le sable. J’ai été un peu surpris. Pour moi, c’était une histoire finie et j’étais venu là sans y penser. [00:32:20] Dès qu’il m’a vu, il s’est levé un peu et a mis la main dans sa poche. [00:32:25] Moi, naturellement, j’ai serré le revolver de Raymond dans ma veste. J’ai pensé que je pouvais juste repartir et que ce serait fini. Mais le soleil brûlant et la longue plage derrière moi me décourageaient. J’ai attendu. C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme ce jour-là, j’avais mal à la tête. Pour éviter le soleil qui me brûlait, j’ai fait un pas en avant. Et cette fois, l’Arabe a sorti son couteau. La lumière s’est reflétée sur la lame et m’a aveuglé, d’autant plus que j’avais les yeux couverts de sueur. [00:33:08] C’est alors que tout a basculé. J’ai tiré sur l’Arabe. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur son corps qui ne bougeait plus. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. [00:33:47] Pas mal non ? Je suis sûr que vous voulez connaître la suite ! Si vous ne voulez pas attendre, vous pouvez trouver sur Youtube une lecture complète faite par Albert Camus lui-même. Bon elle dure presque 3 heures donc il faut être motivé, mais je pense que c’est un très bon exercice. Je vais mettre le lien dans la description du podcast. Et bien sûr je vous encourage aussi à lire le livre vous-même si vous avez le temps. [00:34:21] En tout cas merci beaucoup de m’avoir écouté ! Je vous rappelle que si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation du podcast sur iTunes ou sur Facebook. N’oubliez pas non plus de vous abonner pour recevoir automatiquement tous les nouveaux épisodes. Et si vous avez des questions, envoyez-moi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com. [00:34:49] On se retrouve dans deux semaines pour la suite de cette histoire. Et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours ! 36 L’Étranger, d’Albert Camus [2/2] Bienvenue dans l’épisode 36. Aujourd’hui, je vous raconte la 2ème partie de L’Etranger, d’Albert Camus. [00:00:17] Salut à tous ! J’espère que vous allez bien. Je suis ravi de vous retrouver pour la suite de notre histoire. Je suis sûr que vous êtes impatients de savoir ce qui va se passer. Peut-être que vous avez lu le roman ou écouté la lecture de Camus sur Youtube que j’avais postée dans la description du dernier épisode. Dans ce cas, il n’y a pas de suspense pour vous. Mais ça peut quand même être intéressant. Surtout que je raconte cette histoire d’une façon simplifiée, donc si jamais le texte original était trop difficile pour vous, aujourd’hui ça devrait aller. [00:01:01] Je vous conseille aussi d’utiliser la transcription sur mon site (innerfrench.com) pour vous aider. D’ailleurs j’en profite pour vous dire que j’ai changé le format des transcriptions. Maintenant c’est plus facile de naviguer sur la page et d’écouter en même temps. Donc si vous avez le temps, allez voir sur le site et dites-moi ce que vous en pensez ! [00:01:26] Mais pour le moment, je vais vous rappeler rapidement ce qui s’est passé. Notre héros s’appelle Meursault et c’est lui qui nous raconte son histoire. Au début du roman, sa mère meurt mais ça ne semble pas beaucoup l’affecter. Le jour après l’enterrement de sa mère, le lendemain, il rencontre une jeune femme, Marie, et commence une relation avec elle. Tout va bien jusqu’à ce que le voisin de Meursault, Raymond, l’entraîne dans une histoire de règlement de compte avec un groupe d’Arabes (car les évènements se passent en Algérie, quand ce pays était une colonie française). Raymond a frappé la sœur d’un Arabe et celui-ci veut se venger. À cause de cette histoire, Meursault tue cet homme avec un revolver un après-midi sur une plage. Mais on ne comprend pas vraiment pourquoi il le fait. Lui-même ne comprend pas vraiment son acte. C’est au moment de ce meurtre que nous nous sommes arrêtés la dernière fois. [00:02:37] Aujourd’hui, nous allons vivre le procès de Meursault qui doit être jugé pour son crime. [00:02:51] Huit jours après mon arrestation, j’ai été interrogé par le juge d’instruction. Il m’a regardé avec curiosité. Il a voulu savoir si j’avais choisi un avocat. [00:03:04] J’ai reconnu que non et que je n’en avais pas besoin car je trouvais mon affaire très simple. Il a souri en disant : « C’est un avis. Pourtant, la loi est là. Si vous ne choisissez pas d’avocat, nous en choisirons un pour vous. » J’ai trouvé ça très pratique. Tout cela me semblait être un jeu. [00:03:26] Le lendemain, un avocat est venu me voir à la prison. Il m’a dit que mon affaire était délicate, mais qu’il ne doutait pas du succès, si je lui faisais confiance. Je l’ai remercié et il m’a dit : « Entrons dans le vif du sujet. » [00:03:43] Il m’a expliqué qu’on avait pris des renseignements sur ma vie privée. On avait su que ma mère était morte récemment à l’asile et que « j’avais fait preuve d’insensibilité » le jour de l’enterrement de maman. « Vous comprenez, m’a dit mon avocat, ça me gêne un peu de vous demander cela. Mais c’est très important. [00:04:06] Et ce sera un gros argument pour l’accusation, si je ne trouve rien à répondre. » Il voulait que je l’aide. Il m’a demandé si j’avais été triste ce jour-là. Cette question m’a beaucoup étonné. J’ai répondu cependant que j’avais un peu perdu l’habitude de m’interroger et qu’il m’était difficile de répondre. Sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. Ici, l’avocat m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de ne pas dire cela pendant le procès. [00:04:50] Il a réfléchi. Il m’a demandé s’il pouvait dire que ce jour-là j’avais dominé mes sentiments naturels. Je lui ai dit : « Non, parce que c’est faux. » Il m’a regardé d’une façon bizarre, comme si je lui inspirais un peu de dégoût. [00:05:08] Il est parti avec un air fâché. J’aurais voulu le retenir, lui expliquer que j’étais comme tout le monde, absolument comme tout le monde. Mais tout cela, au fond, n’avait pas grande utilité et j’y ai renoncé par paresse. [00:05:26] Peu de temps après, j’ai à nouveau été interrogé par le juge d’instruction. Mon avocat n’avait pas pu venir, mais j’ai dit que je pouvais répondre seul. [00:05:37] Alors le juge a déclaré : « Ce qui m’intéresse, c’est vous. » Je n’ai pas bien compris ce qu’il entendait par là et je n’ai rien répondu. « Il y a des choses, a-t-il ajouté, qui m’échappent dans votre geste. Je suis sûr que vous allez m’aider à les comprendre. » J’ai dit que tout était très simple. Il m’a demandé de lui raconter à nouveau la journée où j’ai commis mon crime. [00:06:07] Je lui ai tout répété : Raymond, la plage, la dispute, encore la plage, le soleil et les cinq coups de revolver. Après un silence, il s’est levé et m’a dit qu’il voulait m’aider, que je l’intéressais et qu’avec l’aide de Dieu, il ferait quelque chose pour moi. [00:06:28] Mais avant, il voulait me poser encore quelques questions. Sans transition, il m’a demandé si j’aimais maman. J’ai dit : « Oui, comme tout le monde ». [00:06:41] Toujours sans logique apparente, le juge m’a alors demandé si j’avais tiré les cinq coups de revolver à la suite. J’ai réfléchi et précisé que j’avais tiré une seule fois d’abord et, après quelques secondes, les quatre autres coups. « Pourquoi avez-vous attendu entre le premier et le second coup ? » a-t-il alors demandé. Je n’ai rien répondu. [00:07:09] « Pourquoi, pourquoi avez-vous tiré sur un corps à terre ? » Là encore, je n’ai pas su répondre. « Pourquoi ? Il faut que vous me le disiez. Pourquoi ? » Je me taisais toujours. [00:07:24] Alors le juge a pris un crucifix dans son bureau et il l’a brandi face à moi. Il m’a dit très vite et d’une façon passionnée que lui croyait en Dieu, que sa conviction était qu’aucun homme n’était assez coupable pour que Dieu ne lui pardonne pas, mais qu’il fallait pour cela que l’homme reconnaisse sa faute. Il me faisait un peu peur. Il m’a demandé si je croyais en Dieu. J’ai répondu que non. Le juge a eu l’air très déçu et fatigué. Il m’a demandé si je regrettais mon acte, et j’ai dit que j’éprouvais plutôt un certain ennui. J’ai eu l’impression qu’il ne me comprenait pas. [00:08:12] Par la suite, j’ai souvent revu le juge d’instruction. Mais j’étais accompagné de mon avocat à chaque fois. On ne s’occupait pas vraiment de moi, on me demandait juste de préciser certains points de mes déclarations précédentes. [00:08:28] Personne n’était méchant avec moi, tout semblait naturel et bien réglé. J’avais l’impression ridicule de « faire partie de la famille ». [00:08:39] En prison, j’ai d’abord été avec d’autres détenus, puis on m’a mis seul dans une cellule. Un jour, on m’a annoncé que j’avais une visite. J’ai pensé que c’était Marie et oui, c’était bien elle. Nous nous sommes retrouvés au parloir. Il y avait beaucoup de détenus et leur famille. Tout le monde parlait très fort. Marie m’a demandé si j’étais bien et si j’avais tout ce que je voulais, j’ai répondu que oui. [00:09:11] Elle m’a dit qu’il fallait espérer, que je serais libéré et qu’on se marierait. J’ai répondu : « Tu crois ? ». Mais c’était difficile de l’entendre à cause des autres conversations autour de nous. Au bout d’un moment, des gardiens sont venus me chercher pour me ramener dans ma cellule. J’ai regardé Marie une dernière fois ; elle souriait mais elle avait l’air tendue. [00:09:38] Pour moi, le plus difficile en prison, c’est que j’avais des pensées d’homme libre. [00:09:44] Par exemple, j’avais envie d’aller à la plage ou de fumer des cigarettes. Je pensais aussi beaucoup aux femmes. Pas à Marie ni à une femme en particulier, mais à toutes les femmes avec lesquelles j’avais couché. [00:10:01] Petit à petit, je me suis habitué à la vie en prison. J’attendais la promenade quotidienne ou la visite de mon avocat. J’ai pensé que finalement, on pouvait s’habituer à tout. [00:10:14] En fait, je n’étais pas trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était de tuer le temps. Je passais mon temps à me souvenir de mon ancienne vie et à dormir. Je dormais de seize à dix-huit heures par jour. C’était la même journée qui se répétait encore et encore. Ainsi, le temps a passé. [00:10:48] Après onze mois d’instruction, mon procès est arrivé. Ça m’intéressait de voir un procès, je n’avais jamais eu l’occasion d’en voir dans ma vie. [00:10:59] La salle était remplie. J’ai vu les jurés assis en face de moi qui m’observaient. Il y avait aussi beaucoup de journalistes. Tout le monde se parlait comme dans un club où l’on est heureux de se retrouver. J’avais l’impression d’être de trop, comme un intrus. [00:11:18] Mon avocat est arrivé. Il est allé vers les journalistes, a serré des mains. Ils ont plaisanté, ri et avaient l’air tout à fait à l’aise. [00:11:29] Les trois juges sont entrés et le procès a commencé. Comme je ne connaissais pas les règles d’un procès, je n’ai pas très bien compris tout ce qui s’est passé ensuite. [00:11:40] Le président m’a questionné avec calme. Il a raconté ce qui s’était passé le jour de l’incident en me demandant de confirmer les faits. C’était assez long car il racontait ça avec beaucoup de détails. [00:11:57] Ensuite, il m’a posé des questions sur maman. Il m’a demandé pourquoi je l’avais mise à l’asile. J’ai répondu que c’était parce que je manquais d’argent pour la faire garder et soigner. Il m’a demandé si cela avait été difficile et j’ai répondu que ni maman ni moi n’attendions plus rien l’un de l’autre, et que nous nous étions habitués à nos nouvelles vies. Le président a dit alors qu’il ne voulait pas insister sur ce point et il a demandé au procureur s’il ne voyait pas d’autre question à me poser. Celui-ci a dit qu’il voulait savoir si j’étais retourné sur la plage avec l’intention de tuer l’Arabe. J’ai répondu que non et que c’était simplement le hasard. Le procès s’est interrompu pour le déjeuner. [00:12:54] L’après-midi, tout a recommencé avec l’audition des témoins. C’est d’abord le directeur de l’asile de maman qui a été interrogé. Il a dit qu’il avait été surpris de mon calme le jour de l’enterrement, que je n’avais pas voulu voir maman et que je n’avais pas pleuré une seule fois. J’ai senti tous les regards se poser sur moi. Pour la première fois depuis des années, j’ai eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté par tous ces gens-là. Pour la première fois, j’ai compris que j’étais coupable. [00:13:34] Ensuite, on a fait venir les témoins cités par la défense. La défense, c’était moi. D’abord Céleste, le patron du restaurant. On lui a demandé si j’étais son client et il a dit : « Oui, mais c’était aussi un ami ». On lui a demandé encore ce qu’il pensait de mon crime. Il a dit : « Pour moi, c’est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est. Ça vous laisse sans défense. Eh bien ! pour moi c’est un malheur. » Il allait continuer, mais le président lui a dit que c’était bien et qu’on le remerciait. Céleste s’est alors retourné vers moi. Il avait l’air de me demander ce qu’il pouvait encore faire. Moi, je n’ai rien dit, je n’ai fait aucun geste, mais c’est la première fois de ma vie que j’ai eu envie d’embrasser un homme. [00:14:33] C’était ensuite au tour de Marie. Elle semblait très nerveuse. Tout de suite, on lui a demandé depuis quand elle me connaissait. Elle a indiqué l’époque où elle travaillait chez nous. Après le procureur lui a demandé quand avait commencé notre liaison. Elle a indiqué la date. Le procureur a remarqué c’était le lendemain de la mort de maman. Puis il a demandé à Marie de résumer cette journée où je l’avais connue. Marie ne voulait pas parler, mais devant l’insistance du procureur, elle a parlé de notre après-midi à la plage, de la comédie que nous avions vue au cinéma et de la nuit chez moi. [00:15:19] Quand elle a fini, le silence était complet dans la salle. Le procureur s’est alors levé, et, le doigt tendu vers moi, il a articulé lentement : « Messieurs les jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme allait à la plage, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film comique. Je n’ai rien de plus à vous dire. » Il s’est assis, toujours dans le silence. Mais, tout d’un coup, Marie a commencé à pleurer, elle a dit que ce n’était pas cela, qu’il y avait autre chose, qu’on la forçait à dire le contraire de ce qu’elle pensait, qu’elle me connaissait bien et que je n’avais rien fait de mal. Mais on l’a faite sortir de la salle et l’audience a continué. [00:16:20] Puis est venu le tour de Raymond, qui était le dernier témoin. Le procureur lui a demandé pourquoi la lettre qui était à l’origine du drame avait été écrite par moi, pourquoi j’avais témoigné en sa faveur au commissariat, et pourquoi j’étais sur la plage le jour du crime. Raymond a répondu que tout cela était le résultat du hasard. Mais le juge a dit que cela faisait beaucoup de hasards. [00:16:52] Le procureur s’est alors retourné vers le jury et a déclaré : « Le même homme qui au lendemain de la mort de sa mère commençait une relation sentimentale, a tué un homme pour aider son ami proxénète.» [00:17:08] Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : « Enfin, est-il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ? » Le public a ri. [00:17:21] Alors le procureur lui a répondu avec force : « Oui, j’accuse cet homme d’avoir enterré une mère avec un cœur de criminel. » Cette déclaration a semblé faire un effet considérable sur le public. J’ai compris que les choses n’allaient pas bien pour moi. L’audience a été levée. [00:17:45] Même sur un banc d’accusé, il est toujours intéressant d’entendre parler de soi. Pendant les plaidoiries du procureur et de mon avocat, je peux dire qu’on a beaucoup parlé de moi et peut-être plus de moi que de mon crime. J’étais parfois tenté d’intervenir et mon avocat me disait alors : « Taisez-vous, cela vaut mieux pour votre affaire. » On avait l’air de traiter cette affaire sans moi. De temps en temps, j’avais envie d’interrompre tout le monde et de dire : « Mais tout de même, qui est l’accusé ? C’est important d’être l’accusé. Et j’ai quelque chose à dire ! » Mais après tout, je n’avais rien à dire. [00:18:31] Le procureur a voulu démontrer que mon acte était un crime prémédité. Il a raconté tous les évènements avec une certaine logique. C’est vrai que sa version était assez claire et plausible. Ensuite, il a demandé aux jurés : « Cet homme a-t-il seulement exprimé des regrets ? Jamais, Messieurs. Pas une seule fois au cours de l’instruction cet homme n’a semblé ému de son crime. » [00:19:01] Il avait raison, je ne regrettais pas beaucoup mon acte. Mais je ne comprenais pas pourquoi il s’acharnait tellement sur moi. Il a ensuite déclaré que je n’avais pas d’âme ni de morale, et que je n’avais rien à faire avec une société dont j’ignorais les règles les plus essentielles. Il a fini sa plaidoirie en disant : « Je vous demande la tête de cet homme monstrueux. » [00:19:31] Quand le procureur s’est rassis, il y a eu un moment de silence assez long. Le président m’a demandé si je n’avais rien à ajouter. Je me suis levé et comme j’avais envie de parler, j’ai dit, un peu au hasard d’ailleurs, que je n’avais pas eu l’intention de tuer l’Arabe, que l’incident était arrivé à cause du soleil. [00:19:53] Je me suis rendu compte de mon ridicule en entendant les rires dans la salle. [00:20:00] L’audience a été interrompue jusqu’à l’après-midi, puis mon avocat a commencé sa plaidoirie. Elle semblait interminable. Il a dit que j’étais un honnête homme, un travailleur régulier, fidèle à son entreprise. Pour lui, j’étais un fils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps qu’il l’avait pu. Ensuite, la séance s’est interrompue pour que les jurés prennent leur décision et on m’a fait sortir de la salle. Mon avocat m’a dit qu’il était confiant. Après 45 minutes, on m’a à nouveau fait entrer dans la salle pour m’annoncer ma sentence. Le président a dit : « vous aurez la tête coupée sur une place publique au nom du peuple français. » Puis il m’a demandé si j’avais quelque chose à ajouter. J’ai réfléchi. J’ai dit : « Non. » C’est alors qu’on m’a emmené. [00:21:13] Dans ma cellule, je me demandais comment se passerait mon exécution. Je me demandais aussi si des condamnés avaient déjà réussi à s’échapper. Au moins une fois ! Dans un sens, je crois que cela m’aurait suffi. Mon cœur aurait imaginé le reste. [00:21:32] Tout cela me semblait ridicule. La sentence aurait pu être complètement différente. Mais j’étais obligé de reconnaître que dès la seconde où elle avait été prononcée, ses effets devenaient certains. J’imaginais le moment où ils viendraient me chercher. J’essayais de ne pas y penser, mais c’était plus fort que moi. [00:21:55] Un prêtre est venu me rendre visite. Je lui ai dit que je ne croyais pas en Dieu. [00:22:01] Il a voulu savoir si j’en étais bien sûr et j’ai dit que cela me paraissait une question sans importance. Je lui ai dit que ça ne m’intéressait pas. [00:22:13] Il m’a demandé si je parlais comme ça à cause du désespoir. Je lui ai expliqué que je n’étais pas désespéré. J’avais seulement peur, c’était bien naturel. « Dieu peut vous aider, a-t-il remarqué. Tous ceux que j’ai connus dans votre cas se sont tournés vers lui. » J’ai reconnu que c’était leur droit. Mais moi, je ne voulais pas qu’on m’aide et je n’avais pas le temps de m’intéresser à ces questions. [00:22:43] Il a eu l’air de s’énerver, il m’a dit que s’il me parlait comme ça, ce n’était pas parce que j’étais condamné à mort ; à son avis, nous étions tous condamnés à mort. Mais je l’ai interrompu en lui disant que ce n’était pas la même chose et que, d’ailleurs, ce ne pouvait être, en aucun cas, une consolation. « Certes, a-t-il approuvé. Mais vous mourrez plus tard si vous ne mourez pas aujourd’hui. La même question se posera alors. Comment vivrez-vous cette terrible épreuve ? » J’ai répondu que je la vivrais exactement comme je la vivais en ce moment. [00:23:25] Alors le prêtre s’est levé et m’a regardé droit dans les yeux. Il m’a demandé : « N’avez-vous donc aucun espoir et vivez-vous avec la pensée que vous allez mourir? – Oui », ai-je répondu. [00:23:41] J’ai senti qu’il commençait à m’ennuyer. Selon lui, la justice des hommes n’était rien et la justice de Dieu tout. J’ai répondu que c’était la première qui m’avait condamné. Il m’a répondu qu’elle n’avait pas, pour autant, lavé mon péché. Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’était un péché. On m’avait seulement appris que j’étais un coupable. J’étais coupable, je payais, on ne pouvait rien me demander de plus. Il m’a répondu que si, on pourrait me demander plus. [00:24:13] Le prêtre m’a regardé avec une sorte de tristesse puis il a demandé si je lui permettais de m’embrasser : « Non », ai-je répondu. Je voulais lui demander de partir, mais il s’est écrié : « Non, je ne peux pas vous croire. Je suis sûr qu’il vous est arrivé de souhaiter une autre vie. » Je lui ai répondu que naturellement, mais cela n’avait pas plus d’importance que de souhaiter d’être riche, de nager très vite ou d’être plus beau. C’était du même ordre. Mais lui m’a arrêté et il voulait savoir comment je voyais cette autre vie. Alors, je lui ai crié : « Une vie où je pourrais me souvenir de celle-ci », et aussitôt je lui ai dit que j’en avais assez. Il voulait encore me parler de Dieu, mais je me suis avancé vers lui et j’ai tenté de lui expliquer une dernière fois qu’il me restait peu de temps. Je ne voulais pas le perdre avec Dieu. Il a essayé de changer de sujet en me demandant pourquoi je l’appelais « monsieur » et non pas « mon père ». Cela m’a énervé je lui ai répondu qu’il n’était pas mon père : il était avec les autres. [00:25:34] « Non, mon fils, a-t-il dit en mettant la main sur mon épaule. Je suis avec vous. Mais vous ne pouvez pas le savoir parce que vous avez un cœur aveugle. Je prierai pour vous. » [00:25:47] Alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a explosé en moi. Je me suis mis à crier, je l’ai insulté et je lui ai dit de ne pas prier. Je l’ai attrapé par le col. Il avait l’air si certain, n’est-ce pas ? Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme. Il n’était même pas sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort. Moi, j’avais l’air d’avoir les mains vides. Mais j’étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir. Oui, je n’avais que cela. Mais du moins, je tenais cette vérité autant qu’elle me tenait. J’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison. J’avais vécu de telle façon et j’aurais pu vivre de telle autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela. Je n’avais pas fait telle chose alors que j’avais fait cette autre. Et après ? C’était comme si j’avais attendu pendant tout le temps cette minute. Rien, rien n’avait d’importance et je savais bien pourquoi. Lui aussi savait pourquoi. La mort des autres, l’amour d’une mère, son Dieu, les vies qu’on choisit, tout cela n’avait aucune importance. Comprenait-il, comprenait-il donc ? [00:27:17] Tout le monde était privilégié. Il n’y avait que des privilégiés. Les autres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait. Des gardiens sont arrivés pour nous séparer et m’ont menacé. Le prêtre les a calmés et m’a regardé un moment en silence. Il avait les yeux pleins de larmes. Il s’est retourné et il est parti. [00:27:45] J’ai retrouvé le calme. J’étais épuisé et je me suis endormi. Puis j’ai été réveillé par des sirènes. Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m’était à jamais indifférent. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai pensé à maman. Elle avait essayé de recommencer sa vie à l’asile. Personne, personne n’avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. J’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. [00:28:56] Ainsi se termine L’Étranger d’Albert Camus. C’est un livre essentiel si vous voulez comprendre sa philosophie. Pour Camus, la vie des individus, l’existence humaine en général, n’ont pas de sens ni d’ordre rationnel. Mais c’est une chose difficile à accepter pour nous et c’est pour ça que nous essayons toujours de donner une signification à nos actions, à trouver un sens rationnel. Vous avez vu que le héros Meursault n’est pas logique dans ses actes, comme sa décision de se marier ou celle de tuer l’Arabe. Cependant, la société, la justice, cherchent des explications rationnelles aux actions irrationnelles de Meursault. L’idée que les choses se passent parfois sans raison fait peur à la société, elle y voit une menace. [00:29:53] Personnellement, je ne sais pas si Camus a raison, si notre existence est totalement absurde. Mais c’est vrai qu’il est plus rassurant de lui donner un sens. [00:30:04] Je vous laisse sur cette grande question philosophique. Si vous avez une réponse, écrivez-moi pour me la dire ! Je suis très curieux de savoir ce que vous en pensez. [00:30:16] En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau podcast. Merci de m’avoir écouté et à bientôt ! 37 10 expressions françaises Salut à tous ! Aujourd’hui j’ai une surprise pour vous… [00:00:12] Salut à tous et bienvenue dans ce 37ème épisode ! Déjà deux semaines depuis la dernière fois. Le temps passe vraiment vite, c’est fou. Je ne sais pas comment ça se passe de votre côté, mais moi je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Vendredi dernier, je suis allé au concert d’un artiste anglais que j’adore et qui s’appelle King Krule. Il a seulement 23 ans mais il a un talent et une voix incroyables. En fait, je l’avais déjà vu à Paris il y a 4 ans et le concert était génial. Vendredi dernier, c’était la première fois qu’il venait à Varsovie, parce que oui, si vous ne le savez pas, j’habite à Varsovie, et il a encore fait un super show avec son groupe. Évidemment, il chante en anglais donc ça n’est pas très utile pour apprendre le français, mais si vous aimez le style dark wave / new wave, je vous conseille de l’écouter ; King Krule – K-I-N-G K-R-U-L-E. Allez, je vous mets juste un petit extrait pour que vous vous fassiez une idée. [King Krule – Lonely Blue] [00:02:03] Ok, fermons la parenthèse musicale. J’imagine que vous êtes curieux de savoir quelle est la surprise que je vous ai préparée. En français on dit parfois « la curiosité est un vilain défaut ». Ce sont surtout les parents qui disent ça à leurs enfants quand ils posent trop de questions. Mais heureusement on l’entend de moins en moins. Je dis « heureusement » parce que c’est vraiment une expression stupide à mon avis. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que la curiosité est une grande qualité, surtout chez les enfants ! Donc vous avez raison d’être curieux ! [00:02:46] Vous vous rappelez peut-être que j’avais envoyé un email début janvier pour vous demander si vous aviez des suggestions pour améliorer le podcast. Et beaucoup de personnes ont répondu qu’elles voulaient plus d’expressions, surtout des expressions pour comprendre le français oral. Dans les podcasts, j’essaye de ne pas trop en utiliser car sinon c’est difficile de suivre ce que je vous raconte. Et puis il y en a beaucoup qu’on emploie seulement dans certaines situations, quand on parle avec quelqu’un par exemple. Donc ça ne serait pas naturel de les utiliser ici. [00:03:29] Alors à la place, j’ai décidé de vous faire un guide avec toutes ces expressions. Pour tout vous dire, ça m’a pris plus de temps que je pensais parce que j’ai passé plus de trois semaines à l’écrire. Dedans, il y a 198 expressions, mais j’ai mis seulement celles qui sont vraiment utiles pour comprendre le français oral. Vous ne verrez pas d’expressions idiomatiques du XVIIème siècle que personne n’utilise ! C’est souvent le problème avec certains guides, ils se concentrent sur ce genre de phrases mais pas sur celles qui sont vraiment essentielles. Et vous verrez que j’ai aussi mis des exemples pour chaque expression, comme ça vous saurez comment les utiliser. Elles sont classées par thème comme la vie quotidienne, le travail, les relations amoureuses, les réactions positives, les réactions négatives, etc. etc. Il y a aussi les traductions en anglais et des MP3 pour que vous puissiez entendre la bonne prononciation et vous entraîner à répéter. Si vous apprenez tout ça, je vous garantis que vous comprendrez beaucoup mieux quand vous entendrez des Français parler. Et le mieux dans tout ça, c’est que ce guide est totalement gratuit ! [00:05:00] Donc là vous vous demandez sûrement : mais Hugo, on peut le trouver où ce guide des expressions ? Très bonne question, mes amis ! Si vous êtes membre du site innerFrench, vous l’avez normalement déjà reçu par email en avant-première. « En avant première », ça veut dire : « avant la présentation officielle ». Comme quand on regarde un film au cinéma avant sa sortie officielle, « en avant-première ». [00:05:30] Si vous n’êtes pas membre du site, vous pouvez l’obtenir en allant sur innerFrench.com/expressions (avec un « s ») et en vous inscrivant à ma liste d’emailing. Ne vous inquiétez pas, je déteste les spams donc je ne vous enverrai pas des tonnes d’emails. Mais de temps en temps, vous pourrez recevoir des informations intéressantes ou des surprises comme ce guide des expressions. [00:06:02] J’espère vraiment qu’il va vous plaire et que vous allez le trouver utile. Il m’a demandé pas mal de travail, mais ça me fait plaisir de vous aider à progresser en français. Surtout que je reçois de plus en plus d’emails de votre part, des auditeurs du podcast, et ça me motive énormément. Vous ne pouvez pas savoir le plaisir que ça me donne de lire vos histoires et tous les efforts que vous faites pour apprendre le français. C’est très impressionnant et c’est une vraie source d’inspiration pour moi. Par exemple, il y a quelques semaines, j’ai reçu cet email de la part de Sophie : [00:06:47] « Cher Hugo, Je m’appelle Sophie et je suis une jeune femme de 26 ans originaire du nord de l’Angleterre. Je suis une fidèle auditrice de ton excellent podcast depuis quelques temps maintenant et tu m’as tellement aidé que je voulais vraiment te remercier pour ce cadeau. Mon aventure avec le français est un peu bizarre, unique et ressemble plutôt à un conte de fées. Donc peut-être que je devrais commencer par : Il était une fois ? Non, ça serait trop long je crois… Mais bref, je suis allée en France (il y a presque 18 mois) pour travailler pour une famille plutôt aisée à Paris. Quand j’ai débarqué à l’aéroport Charles de Gaulle, la mère de cette famille m’a dit qu’ils étaient dans leur maison de vacances en Normandie et qu’elle avait réservé un taxi pour y m’emmener. À cause des embouteillages parisiens ce jour-là, le chauffeur de taxi et moi étions coincés pendant des heures et des heures. Ennuyeux, non ? Eh bien non ! Bien que j’étais très prudente (une jeune femme seule dans un pays étranger) et malgré une différence d’âge et de culture, il y a eu un vrai coup de foudre entre nous deux. Cependant, je n’écoutais pas mon coeur à ce moment-là, après tout, j’avais parlé à cet homme seulement quelques heures ! Il m’a déposé devant un vrai palais où la mère m’attendait, je lui ai dit merci et au revoir. Mais mon séjour avec cette famille était loin d’être un rêve malgré leur richesse et le beau cadre. D’un côté ils étaient très gentils (avec le confort et les bons repas) mais de l’autre la mère se montrait parfois cruelle et injuste. Donc au lieu de voir mon français s’améliorer, j’ai perdu toute confiance en moi. Je me déconnectais et la situation était si insupportable qu’un jour j’ai quitté la famille. Sur le plan émotionnel, je me sentais traumatisée par cette expérience et, malgré mon amour pour le français, à ce moment là je n’arrivais même plus à regarder un livre français. Mais chaque conte de fées doit avoir un prince, non ? Au moment où j’étais au plus mal, j’ai reçu un texto de Christophe, le chauffeur de taxi qui m’avait emmenée en Normandie. Il m’a dit qu’il n’arrêtait pas de penser à moi et il m’a invitée à dîner au restaurant à Paris. Malgré mes sentiments pour lui, mon côté rationnel était encore un peu méfiant… Mais réflexion faite, j’ai accepté à condition de se retrouver dans un endroit animé. Nous avons passé une soirée très romantique à Montmartre et tout le monde connaît la suite ! Si je te raconte ça aujourd’hui, c’est parce que grâce à Christophe, je suis retombée amoureuse de la langue française et j’ai retrouvé mon assurance. Il va émigrer pour vivre en Angleterre avec moi avec l’intention peut-être de se marier un jour. Mais pour le moment, nous nous relayons pour nous nous rendre visite et je fais tout ce que je peux pour améliorer mon français. Hugo, tu es une énorme partie de ce processus. J’écoute ton podcast au même endroit tous les jours…une ancienne carrière où je promène mon chien, et même si mon français parlé est toujours affreux à mon avis, ma capacité à comprendre s’est énormément améliorée. Donc pour conclure ce mail trop long, tu aides les gens plus que tu ne peux l’imaginer… Tu me donnes de plus en plus d’assurance et tu me permets de mieux communiquer avec l’amour de ma vie, alors voilà, est-ce qu’il existe quelque chose de plus magique que ça? Kind regards, Sophie » [00:11:05] Alors là, merci beaucoup Sophie pour cet email ! C’est vraiment une histoire magnifique, on pourrait en faire un film ! Et je suis flatté d’en faire un peu partie. Je suis désolé que la mère de cette famille n’ait pas été sympa avec toi. Malheureusement on croise parfois ce genre de personnes, mais il ne faut pas les laisser nous toucher. Surtout que ton français est excellent, très naturel, et que tu as un vocabulaire très riche ! J’imagine que c’est un peu grâce à Christophe mais surtout grâce à ton amour de la langue et à tes efforts. Je suis sûr que tu vas continuer de prendre confiance en toi et que bientôt, plus personne ne pourra te déstabiliser ! En tout cas, j’espère que Christophe pourra bientôt te rejoindre en Angleterre et je vous souhaite plein de bonheur à tous les deux ! [00:12:04] Donc vous voyez, avec ce genre d’emails, c’est impossible de ne pas être motivé ! Quand je me lève chaque matin, c’est un plaisir de me mettre au travail parce que je sais que ce je fais est vraiment utile. Je sais que j’aide des gens, que ce soit mes élèves ou vous, mes auditeurs, à apprendre une nouvelle langue qui leur donnera plein de nouvelles possibilités ! On ne sait pas toujours quelles sont ces possibilités. Ça peut être pour notre carrière, pour se faire de nouveaux amis ou même pour trouver l’amour comme Sophie ! Le seul moyen de le savoir, c’est d’apprendre et de prendre du plaisir ! Si un jour vous vous sentez moins motivés, pensez à toutes ces possibilités, ces aventures qui vous attendent, et je suis sûr que vous reprendrez vos efforts ! [00:13:00] Bon je vois qu’on est déjà à la moitié du podcast et on n’a toujours pas commencé à parler du sujet principal ! Je vous ai promis une sélection de 10 expressions tirées de mon guide. C’était assez difficile d’en choisir seulement 10 parce que, comme je vous l’ai dit, il y en a quasiment 200. Mais finalement j’ai fait mon choix donc sans plus attendre, on va s’y mettre ! [00:13:34] Justement, « se mettre à », c’est la 1ère expression dont je vais vous parler. Vous avez sûrement déjà entendu le verbe « mettre ». Il fait partie de ces verbes qu’on entend souvent mais qui sont difficiles à mémoriser car ils ont beaucoup de significations différentes. Par exemple, on peut « mettre quelque chose sur la table » et ça veut dire « poser ». Souvent quand il y a une réunion au travail, tout le monde met son portable, son smartphone, sur la table. Quand je travaillais en entreprise, je trouvais ça un peu bizarre et je me demandais pourquoi les gens faisaient ça. Surtout qu’ils oubliaient toujours de le mettre en silencieux, donc ils recevaient des messages, des appels ou des notifications toutes les deux minutes. Du coup la réunion était tout le temps interrompue et ça n’était vraiment pas productif. Mais j’ai fini par comprendre que c’était un moyen de montrer sa place dans la hiérarchie de l’entreprise. Plus on interrompait la réunion à cause de son portable, plus on était quelqu’un d’important et de très occupé. Bref, on s’éloigne un peu de notre sujet, j’étais en train de vous parler du verbe « mettre » et de ses différents sens. Alors on peut mettre quelque chose sur la table, mais on peut aussi « mettre la table », et là ça veut dire « préparer la table » pour le repas. En France, ce sont souvent les enfants qui doivent faire ça. Les parents sont occupés à faire la cuisine donc ils demandent à leurs enfants de « mettre la table ». [00:15:19] Bon, mais tout ça, ça ne nous dit pas ce que signifie l’expression « se mettre à ». C’est très simple : « se mettre à », ça veut dire « commencer à faire quelque chose ». On peut l’utiliser avec un nom, par exemple : « je vais me mettre à la peinture ». Si quelqu’un vous dit ça, ça signifie qu’il veut commencer un nouveau hobby, qu’il veut commencer à peindre. Mais on peut aussi l’employer avec un verbe comme : « il s’est mis à crier », pour dire : « il a commencé à crier ». Si vous écoutez des Français parler, vous allez entendre qu’ils utilisent souvent « se mettre à » à la place de « commencer à ». Pourquoi à votre avis ? Eh bien parce que c’est plus court donc ça va plus vite ! Par exemple, dans « il a commencé à crier », il y a 8 syllabes (il-a-co-mmen-cer-à-cri-er) et dans « il s’est mis à crier » il y’en a seulement 6 (il-s’est-mis-à-cri-er) donc c’est plus rapide. Mais attention, quand vous utilisez cette expression, il faut toujours un complément. Vous ne pouvez pas juste dire « il s’est mis ». Il faut un complément : « Il s’est mis à faire quelque chose ». [00:16:52] Deuxième question un peu plus technique, savez-vous par quoi on remplace le complément d’un verbe qui utilise la préposition « à », comme « s’intéresser à » ou « penser à » ? On le remplace par « y », par la lettre « y ». Par exemple : « tu t’intéresses à la peinture ? Oui, je m’y intéresse. » Dans la réponse, « y » remplace « la peinture ». Ou encore : « Tu penses souvent à ton travail ? Oui, j’y pense souvent ». Par contre, quand ce complément est une personne, on utilise les pronoms toniques. Par exemple : « Tu penses souvent à ton père ? Oui, je pense souvent à lui » et pas « j’y pense souvent ». Donc avec l’expression « se mettre à », on utilise aussi « y ». On peut demander à quelqu’un : « On s’y met ? » et ça signifie : « On commence ? ». Ou alors « Je m’y suis pas encore mis » pour dire « je n’ai pas encore commencé ». Là, je sais exactement ce que vous pensez. Vous vous demandez pourquoi les Français ajoutent tous ces petits mots incompréhensibles. Vous avez peut-être l’impression que vous ne serez jamais capable de comprendre tout ça. C’est vrai qu’au début c’est difficile et décourageant. Mais ne vous inquiétez pas car si vous apprenez ces structures, vous commencerez à les détecter dans les conversations et à les comprendre. Ensuite, vous serez capables de les utiliser sans penser à tous les éléments qui en font partie, en utilisant simplement la structure comme le font les Français. [00:18:45] Justement, un deuxième petit mot qui pose souvent problème, c’est le mot « en ». Vous vous rappelez qu’on utilise « y » pour les compléments avec la préposition « à ». Eh bien « en » remplace en général les compléments avec la préposition « de ». Pas seulement, c’est vrai, là je simplifie un peu. En tout cas, il y a aussi beaucoup d’expressions avec « en » où il ne remplace pas vraiment de compléments, où il fait juste partie de la structure. Par exemple, les Français demandent souvent « t’en es où ? » ou « c’en est où ? ». Imaginez une scène avec deux amies qui parlent à la terrasse d’un café parisien, et une demande à l’autre : « t’en es où avec Paul ? ». En fait, elle veut savoir ce qui s’est passé récemment entre son amie et Paul. Peut-être que la dernière fois, son amie s’était disputée avec Paul, donc elle lui demande si ça va mieux. Bref, elle veut connaître la situation actuelle. En anglais on demande : « comment sont les choses entre vous ? », et en français on pose la question : « vous en êtes où ? » ou alors « c’en est où entre vous ? ». [00:20:08] À votre avis, combien de mots il y a dans cette expression, dans l’expression « t’en es où ? ». Il y en a 4 : « tu » (le sujet), « en » (le complément), « es » (l’auxiliaire être) et « où » (l’adverbe de lieu). Je sais, on pense qu’il s’agit d’un seul mot parce que les Français font parfois l’élision de « tu » et ils disent juste « t’ ». Au lieu de dire « tu en es où », ils disent « t’en es où ». Ça rend la compréhension plus difficile pour les étrangers. C’est à cause de ces petits détails que quand vous regardez un film français, vous pouvez avoir l’impression de ne rien comprendre. La seule méthode vraiment efficace à mon avis, c’est de passer le plus de temps possible avec la langue, d’écouter des émissions de radio, des podcasts, de regarder des vidéos sur Youtube et des films, pour que votre oreille s’habitue à ces combinaisons de sons. Après un certain temps, vous verrez que vous serez capables de les reconnaître, d’identifier toutes ces petites phrases. Et puis surtout, vous pouvez utiliser mon guide gratuit car il y a 3 pages dédiées aux expressions avec « en » et « y ». C’est clair tout ça ? Alors on continue. [00:21:38] On va parler d’un verbe que vous connaissez tous, le verbe « visiter ». Le problème, c’est qu’en français on ne peut pas l’utiliser pour parler d’une personne. Vous pouvez visiter Bordeaux ou le Musée du Louvre, mais vous ne pouvez pas « visiter » votre amie Julie. Vous ne pouvez pas dire « j’ai visité mon amie Julie le weekend dernier ». Vous pouvez dire « j’ai rendu visite à mon amie Julie le weekend dernier » avec le verbe rendre. Mais c’est assez formel donc en général les Français disent plutôt « je suis allé voir mon amie Julie le weekend dernier », on utilise « aller voir quelqu’un » ou tout simplement « voir quelqu’un ». C’est une erreur que j’entends souvent mais qui est facile à corriger donc essayez d’y penser ! [00:22:34] Ensuite, une autre expression qui peut être très utile quand vous fixez un rendez-vous avec quelqu’un. Imaginez que vous êtes en vacances à Paris pour une semaine et vous voulez aller dîner au restaurant avec votre ami Marc. Vous savez que Marc est très occupé, et vous vous avez beaucoup de temps libre comme vous êtes en vacances. Donc vous souhaitez demander à Marc quel est le meilleur jour pour lui, le jour qui sera le plus pratique. Vous pouvez lui poser cette question : « Quel jour t’arrange ? » ou « Quelle heure t’arrange ? » pour fixer l’heure. Tout simplement : « Quel jour t’arrange ? ». Et Marc va par exemple vous répondre qu’il est libre le jeudi soir pour aller au restaurant avec vous. Pratique, non ? [00:23:23] Maintenant, imaginons que l’agenda de Marc change très souvent et qu’il n’est pas sûr d’être disponible, d’être libre. Il vous dit qu’il sera peutêtre disponible le jeudi mais qu’il n’en est pas encore sûr. À ce moment-là, vous pouvez lui répondre : « Ok, tiens-moi au courant ». Cette expression, « tenir quelqu’un au courant », veut dire : « informer quelqu’un de l’évolution de la situation ». Si Marc vous répond « je te tiendrai au courant », ça signifie qu’il vous dira plus tard s’il est disponible ou pas. Donc je répète : « tiensmoi au courant » pour que quelqu’un vous informe et « je te tiendrai au courant » si vous voulez informer quelqu’un plus tard. [00:24:14] Finalement, quelques jours plus tard, c’est bon, Marc confirme votre dîner. Vous êtes très content parce que vous ne l’avez pas vu depuis longtemps. Alors vous lui envoyez un SMS pour lui dire : « Super, je suis excité de te revoir ! ». Le problème, c’est que si vous écrivez ça, Marc va se poser des questions sur vos intentions, parce qu’en français « être excité » a une connotation sexuelle, ça veut dire qu’on est excité sexuellement. Donc les Français disent rarement ça et c’est mieux si vous évitez de le dire vous aussi. À la place, si vous voulez montrer à Marc que vous êtes impatient de le revoir, vous pouvez écrire : « j’ai hâte de te revoir ». Quand on a hâte de faire quelque chose, ça signifie qu’on est impatient que ça arrive. Ou si vous voulez montrer que vous êtes content à l’idée d’aller au restaurant ensemble, vous pouvez tout simplement répondre : « Super ! » ou « Génial ! ». [00:25:19] Ok, ça nous fait déjà 6 expressions. Maintenant, nous sommes jeudi soir et vous retrouvez votre ami Marc au restaurant. Malheureusement vous n’avez pas réservé de table et quand vous arrivez, un serveur vous dit : « Il y a pas mal de monde ce soir donc je ne sais pas si nous aurons une table de libre ». Avec le contexte, en voyant tous les clients dans le restaurant, vous comprenez que « pas mal de monde » signifie : « un nombre assez élevé de personnes », « beaucoup de personnes ». C’est un peu contre-intuitif comme il y a le mot « pas », mais vous savez peut-être que l’expression « pas mal » a un sens positif. Quand on dit qu’un film est « pas mal » par exemple, ça signifie qu’il est assez bien. Par contre, si le serveur vous dit qu’il n’y a « pas grand monde », ça veut dire qu’il n’y a pas beaucoup de clients. « Pas grand monde » = « peu de gens ». Il y a plusieurs expressions avec « le monde » qu’on utilise très souvent à l’oral en français donc là aussi, c’est bien de les connaître. [00:26:32] Mais imaginons un autre scénario. On est jeudi soir, vous avez rendez-vous avec Marc. Ça fait 10 minutes que vous l’attendez devant le restaurant et il n’est toujours pas là. Vous savez que les Français ne sont pas très ponctuels donc vous ne vous inquiétez pas. En général 10 minutes de retard, c’est quelque chose qu’on peut tolérer. Vous attendez 30 minutes de plus, vous essayez d’appeler Marc mais il ne répond pas. Apparemment, il vous a posé un lapin… Donc « poser un lapin », vous comprenez, ça signifie « ne pas venir à un rendez-vous ». C’est une expression idiomatique assez drôle quand vous pensez à cet animal adorable qu’est le lapin, mais assez triste quand ça vous arrive. Ça fait vraiment partie de la langue quotidienne donc n’hésitez pas à l’utiliser, mais ne le faites jamais, ne posez jamais de lapin à quelqu’un ! [00:27:37] Et pour finir, on va parler un peu d’argot. L’argot, ce sont les mots qui sont propres à un groupe social particulier. Par exemple les mots qui sont utilisés par les jeunes pour que les adultes ne les comprennent pas. Ces mots sont souvent très amusants et certains deviennent tellement populaires que tout le monde se met à les utiliser. Dans le guide, je vous ai mis une liste de ceux qui sont les plus populaires et de leur signification. Par exemple le mot « fringues » qui signifie « des vêtements ». On peut dire à quelqu’un : « j’adore tes fringues » si on aime bien sa tenue, ou encore faire du shopping pour acheter des fringues. Bon faites attention, on utilise seulement ces mots dans un contexte informel. [00:28:32] Comme les Français aiment bien se compliquer la vie, ils ont inventé une deuxième forme d’argot qui s’appelle « le verlan ». Ça consiste à inverser l’ordre des syllabes d’un mot. Par exemple au lieu de dire « merci », en verlan on dit : « cimer ». La 1ère syllabe « mer » est à la fin et la deuxième syllabe « ci » est au début. Et le mot « français », ça se dit comment en verlan à votre avis ? Ça se dit « céfran ». D’ailleurs le mot « verlan » signifie « l’envers ». Quand vous faites quelque chose « à l’envers », vous le faites « dans la direction opposée ». Là aussi, il y a plusieurs mots de verlan qui sont passés dans le langage courant donc ça vaut la peine de les connaître. [00:29:35] Voilà, c’était les 10 expressions que je voulais partager avec vous aujourd’hui. J’espère que vous avez appris des choses intéressantes et que mes explications étaient assez claires. Si vous avez besoin d’aide pour comprendre, je vous rappelle que la transcription complète de cet épisode est disponible sur mon site innerfrench.com. Et bien sûr vous pouvez aussi m’envoyer toutes vos questions et vos suggestions par email à l’adresse hugo@innerfrench.com. [00:30:12] Si vous trouvez mes podcasts utiles et si vous voulez me soutenir, vous pouvez me laisser une évaluation sur iTunes ou sur Facebook. Ça me fera très plaisir et ça aidera peut-être d’autres personnes à me découvrir. [00:30:29] En tout cas merci beaucoup pour votre soutien et merci de m’avoir écouté. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode. À bientôt ! 38 L’immigration en France Episode 38, aujourd’hui je vous parle de l’immigration en France. [00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce 38ème épisode. Pour commencer, comme d’habitude je voulais remercier toutes les personnes qui m’ont écrit : Ismail, Amy, Deniz, Erico, Fernanda, Manuel, Ronald, Shana, Thahn, Yacine et tous ceux que j’oublie. Merci à tous pour vos messages et vos encouragements. Je vois que le guide d’expressions françaises vous a plu et que je ne l’ai pas fait pour rien ! [00:00:46] Aujourd’hui on va parler d’un sujet très important pour comprendre la société française. [00:00:52] On dit souvent de la France que c’est une « terre d’immigration » et un des pays les plus multiculturels du monde. Certains historiens l’appellent même parfois « Les Etats-Unis d’Europe ». C’est vrai qu’au XIXème siècle, au moment où les pays voisins envoyaient des millions de personnes vers l’Amérique, la France accueillait déjà des travailleurs venus de toute l’Europe. Le verbe « accueillir » vous le connaissez ? Il va être très important dans cet épisode. « Accueillir », dans ce contexte, ça veut dire que le pays accepte les personnes qui veulent s’y installer. Comme la France a accueilli beaucoup d’immigrés de différentes origines, son visage a beaucoup changé depuis le XIXème siècle. [00:01:42] En 2010, l’INSEE a publié une étude sur le nombre d’immigrés en France. Ah oui, si vous ne savez pas, l’INSEE c’est l’Institut national français de statistiques. Une institution très importante qui publie beaucoup de statistiques sur la société et l’économie française. Alors dans cette étude de 2010, l’INSEE estimait qu’il y avait environ 5,3 millions d’immigrés sur le sol français. Pour l’INSEE, la définition d’un immigré c’est : « une personne née étrangère à l’étranger et habitant en France »… Mais attention, ça ne veut pas dire que cette personne est encore étrangère, car il y’a beaucoup d’immigrés qui obtiennent la nationalité française, presque la moitié. Si on compte ces immigrés et leurs enfants, on arrive à 12 millions de personnes, soit 1/5ème de la population française, environ 20%. [00:02:51] Mais actuellement, on se pose beaucoup de questions en France sur l’immigration. Pas seulement en France d’ailleurs, on voit le même type de débats dans d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. On essaye d’adopter de nouvelles lois pour mieux réguler l’immigration. D’un côté, il y a les personnes qui la considèrent comme une menace, qui croient que les immigrés prennent le travail des citoyens, et de l’autre il y a ceux qui pensent que le pays a le devoir moral d’accepter les étrangers qui ne peuvent plus vivre dans leur pays d’origine (à cause de la guerre par exemple). Évidemment, ce débat crée beaucoup de tensions dans la société. Donc dans cet épisode, on va s’intéresser au cas de la France. On va se demander si la France est toujours une terre d’immigration aujourd’hui. [00:03:51] Pour répondre à cette question, je vais d’abord vous raconter l’histoire de l’immigration en France. Ensuite, je vais vous parler de son modèle d’intégration. Et pour finir, on verra quels sont les défis actuels, les challenges, posés par l’immigration. [00:04:09] Je vous promets que si vous écoutez cet épisode jusqu’à la fin, vous serez des experts sur ce sujet. Allez, on y va ! [00:04:24] D’abord, une petite question : savez-vous quand a commencé l’immigration en France ? Eh bien elle a démarré au moment de la Révolution Industrielle, au XIXème siècle. La France s’est mise à moderniser son économie et ça a attiré des travailleurs d’autres pays européens. On peut dire que ces populations immigrées sont arrivées par vagues. Comme avec la mer, il y a des vagues qui arrivent les unes après les autres. Quand on parle d’immigration, on utilise cette métaphore pour dire qu’il y a beaucoup de personnes qui arrivent en même temps, puis la vague se termine et une autre commence. Donc il y a eu 3 grandes vagues d’immigration en France depuis le XIXème siècle. [00:05:18] Pour mieux comprendre ça, on va écouter un extrait d’une émission qui s’appelle « C’est pas sorcier ». C’est une émission de vulgarisation scientifique destinée aux enfants. En fait l’expression « C’est pas sorcier » veut dire que quelque chose n’est pas compliqué, que c’est simple et facile à faire ou à comprendre. Donc cette émission explique différents phénomènes scientifiques, sociaux ou historiques aux enfants. D’ailleurs je pense que ça peut être un bon exercice pour vous car les présentateurs ne parlent pas trop vite et ils utilisent des mots assez simples. En plus tous les épisodes sont disponibles sur Youtube donc vous pouvez regarder s’il y a des sujets qui vous intéressent. Je vais mettre le lien dans la description de l’épisode. Allez, on écoute ce premier extrait. [00:06:14] « Alors on distingue 3 grandes vagues d’immigration. La 1ère, de 1850 à 1914, avant la 1ère guerre mondiale. Avec la révolution industrielle, les usines françaises ont besoin de main d’œuvre. Elles vont donc accueillir de jeunes ouvriers venant de Belgique et d’Italie principalement. Ils travaillent dans les mines et dans les grandes forges. Ils seront rejoints, mais en moindre mesure, par des ouvriers espagnols et polonais. À l’époque, pour travailler en France il suffit simplement de déclarer sa présence à la mairie. » [00:06:48] Alors vous avez entendu que les premiers immigrés qui sont venus en France étaient surtout des Italiens et des Belges mais aussi quelques Espagnols et Polonais. Comme la révolution industrielle avait déjà commencé en France mais pas encore dans leur pays, ils sont venus y chercher du travail. Ça tombait bien parce que les usines françaises, ces endroits où on fabrique des produits de façon industrielle, avaient besoin de main d’œuvre. La « main d’œuvre », c’est une expression pour désigner l’ensemble des salariés qui participent à la production. Ces salariés qui travaillent dans les usines pour faire fonctionner les machines, on les appelle « des ouvriers ». On parle « d’employés » pour les gens qui travaillent dans des bureaux et « d’ouvriers » pour ceux qui travaillent à l’usine. En anglais on dit plutôt les « cols blancs » et les « cols bleus ». [00:07:51] Bref, la jeune industrie française a besoin de main d’œuvre et il n’y a pas assez d’ouvriers français, donc elle recrute des immigrés. C’est assez facile pour eux de s’installer parce qu’il n’y a pas besoin de visa, il suffit de faire une déclaration à la mairie. La mairie, c’est l’administration qui s’occupe de diriger la ville. Il y en a une dans chaque ville et village. [00:08:18] Par contre, la cohabitation avec les Français n’est pas facile. Il y a des incidents, des bagarres, parce que les ouvriers français ont peur de cette concurrence étrangère et ils accusent les ouvriers immigrés de faire baisser les salaires. Malgré ça, des travailleurs d’Italie, de Belgique, d’Espagne et de Pologne continuent d’arriver en France jusqu’à la 1ère guerre mondiale. Logiquement, c’est au moment de la guerre que cette 1ère vague se finit. [00:08:53] Ah une petite parenthèse, vous vous demandez peut-être pourquoi le présentateur utilise le présent pour parler de tout ça. C’est quelque chose qu’on fait assez souvent à l’oral quand on raconte une histoire et qu’on veut la rendre plus vivante. Au lieu d’utiliser le passé, on parle au présent comme si l’action se déroulait devant nous, en direct. Ok, je ferme la parenthèse et on passe à la 2ème vague. [00:09:25] « 2ème vague, de 1920 à 1931. La guerre de 14-18 a décimé une partie de la population masculine en âge de travailler et pourtant, il faut reconstruire. Et puis à cette époque, l’économie s’emballe. Alors l’industrie va une fois de plus faire appel à la main d’œuvre étrangère. Les candidats viennent encore de Belgique, d’Italie, de Pologne, et d’Espagne. Mais à cette époque, arrivent également des personnes venues d’Afrique du Nord, d’Afrique noire et d’Indochine, autrement dit de pays faisant partie des colonies françaises. Et puis la France accueille aussi à cette époque des réfugiés politiques venus de l’ex-Russie et puis des Juifs aussi qui fuient l’Allemagne. La France a la réputation d’être une terre d’accueil. » [00:10:15] Alors vous voyez après la 1ère guerre mondiale, la France a perdu beaucoup d’hommes et elle a encore une fois besoin de travailleurs étrangers. Pendant la guerre, elle a déjà recruté des soldats pour son armée dans ses colonies africaines, comme l’Algérie et le Sénégal. D’ailleurs beaucoup d’Algériens meurent au combat. Donc pour rendre hommage aux 70 000 musulmans morts pour la France, on lance la construction de la Mosquée de Paris en 1920. D’ailleurs si vous allez à Paris, je vous conseille vraiment de visiter cette Mosquée. Elle est dans le 5ème arrondissement et c’est un endroit magnifique. En plus vous pouvez y boire un excellent thé à la menthe et goûter des gâteaux traditionnels délicieux. Mais revenons à notre sujet ! [00:11:09] Alors après la guerre, certains travailleurs et soldats étrangers ou des colonies doivent rester pour participer à la reconstruction du pays. Il y a également des réfugiés politiques qui arrivent. Pas seulement des Russes et des Juifs comme l’a dit le présentateur, mais aussi un peu plus tard des Italiens qui fuient le fascisme de Mussolini, et des Républicains espagnols qui ont perdu la guerre d’Espagne. Puis la 2ème guerre mondiale commence et là encore, la vague d’immigration s’arrête. [00:11:42] « 1945 – 1974, c’est la vague d’immigration la plus importante qu’ait connu la France. Durant cette période, l’Etat va encore faire venir des ouvriers italiens mais moins nombreux que les ouvriers espagnols qui à l’époque, fuient le régime de Franco. Les Portugais arrivent également en masse, au final ce seront eux les plus nombreux. Cela dit, ça ne suffit pas à combler le manque de main d’œuvre. Du coup, l’Etat va encore puiser dans ses anciennes colonies : les pays du Maghreb, l’Algérie notamment qui à l’époque d’ailleurs, a le statut de département français. Et puis des ouvriers arrivent également des anciennes colonies d’Afrique noire. Ces ouvriers sont détenteurs d’une carte de séjour renouvelable. Et c’est bien souvent après avoir passé de nombreuses années en France qu’ils décident de faire venir leur famille, c’est bien normal, pour s’installer avec elle sur le territoire français. [00:12:36] En 1973, malheureusement, c’est le 1er choc pétrolier qui entraîne une grave crise économique. La demande de main d’œuvre chute brutalement. L’Etat, à l’époque, décide alors de stopper l’immigration pour le travail. En revanche, le regroupement familial demeure d’actualité, autrement dit les personnes d’origine étrangère qui travaillent en France ont encore la possibilité de faire venir leur famille pour s’installer avec elles. Par ailleurs, les frontières françaises restent ouvertes aux réfugiés politiques. À l’époque, ils seront nombreux en provenance d’Asie du sud est, du Vietnam et du Cambodge notamment. » [00:13:13] Ok alors vous avez compris qu’après la 2ème guerre mondiale, la France a encore une fois besoin de travailleurs étrangers pour se reconstruire et pour soutenir son économie qui se développe très rapidement. D’ailleurs on a un nom pour désigner les trente années de prospérité économique qui ont suivi la 2ème guerre mondiale, on les appelle « les Trente glorieuses ». Bref, cette fois ce sont surtout les Espagnols et les Portugais qui viennent s’installer en France et ils deviennent les deux communautés les plus nombreuses. Comme vous pouvez l’imaginer, au départ leurs conditions économiques ne sont pas très bonnes. Les hommes travaillent dans le secteur du bâtiment ou l’agriculture, les femmes dans les services domestiques. On voit apparaître à ce moment-là deux stéréotypes, celui de la « bonne espagnole », cette femme qui fait le ménage, et le concierge portugais qui s’occupe des immeubles parisiens. Mais à côté, il y a aussi de prestigieux artistes comme Pablo Picasso et des intellectuels qui s’intègrent à l’élite française. [00:14:28] Vous avez aussi entendu que l’Etat français fait venir beaucoup de travailleurs des pays du Maghreb, notamment d’Algérie (même après sa guerre d’indépendance). Après les Italiens, les Espagnols et les Portugais, les Maghrébins (c’est-à-dire les Algériens, Marocains et Tunisiens) deviennent les nouvelles figures emblématiques de l’immigré. Un combat politique commence pour qu’ils obtiennent plus de droits, comme le droit de vote ou celui de recevoir la nationalité française. En 1976, une loi importante est votée, celle du regroupement familial. Le présentateur en a parlé. Le regroupement familial permet aux immigrés qui travaillent en France de faire venir le reste de leur famille qui, en général, était resté dans leur pays d’origine. [00:15:25] Mais une fois arrivées en France, les conditions de vie de ces familles sont difficiles. Elles doivent vivre dans les cités. Les cités, ce sont des quartiers créés en périphérie des grandes villes pour les travailleurs pauvres comme les ouvriers. Les familles vivent dans des petits appartements sans confort. Il n’y a pas vraiment de commerces pour faire ses courses ni d’activités pour les loisirs. Ces quartiers sont isolés du reste de la ville et ils deviennent des sortes de ghettos. [00:16:00] En plus des Maghrébins, à partir des années 70 on voit aussi arriver des immigrés d’Afrique Subsaharienne, autrement dit les pays qui sont au sud du Sahara et qui étaient sous domination française : le Sénégal, le Mali, la République du Congo et le Cameroun. Mais leur immigration est moins massive que celle des Maghrébins. [00:16:27] Et puis après la guerre du Vietnam, qui était une ancienne colonie française sous l’Indochine, beaucoup de Vietnamiens quittent leur pays pour fuir le communisme et ils s’installent en France. [00:16:40] Donc voilà, vous avez compris que l’Etat français a fait venir beaucoup d’immigrés, soit pour participer aux guerres, pour reconstruire le pays ou pour travailler dans les usines. Pas vraiment une partie de plaisir si vous voulez mon avis ! Mais tout s’arrête au moment de la crise économique avec le choc pétrolier de 1974. Là, les frontières se ferment et des tensions apparaissent dans la société. On commence à se poser la question de l’intégration de tous ces immigrés. C’est ce qu’on va voir dans la 2ème partie. [00:17:23] Depuis les années 80, la question de l’intégration des immigrés est très présente dans les débats politiques. Certains partis, comme le Front National, le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, utilisent cette question pour diviser les Français et convaincre des électeurs de voter pour eux. Ils affirment que les immigrés sont responsables de tous les problèmes : du chômage, de la dette nationale, des attaques terroristes, etc. En fait, ils font des immigrés des « boucs émissaires ». Ah ça c’est une expression que j’aime beaucoup utiliser car ça donne l’impression que je suis intelligent ! « Un bouc émissaire », c’est une personne ou un groupe de personnes qu’on accuse d’une faute alors qu’elle est innocente. Certains politiciens disent que les immigrés sont responsables du chômage parce que, apparemment, ils « voleraient » le travail des autres. Mais en réalité, il n’existe aucune étude qui montre un lien entre immigration et chômage. Au contraire, l’immigration a toujours un impact positif sur l’économie. [00:18:41] Mais parfois, il y a des évènements qui montrent que le modèle d’intégration des immigrés en France ne fonctionne pas. Par exemple en 2005, il y a eu dans les cités ce qu’on appelle des émeutes. Je vous ai déjà parlé de ces cités plus tôt. Vous savez que ce sont surtout des personnes issues de l’immigration qui y vivent et que les conditions de vie sont difficiles. Il y a souvent des incidents entre la police et les jeunes de ces quartiers. Donc en 2005, deux jeunes sont morts parce qu’ils voulaient échapper à un contrôle de police dans la cité de Clichy-sous-Bois à côté de Paris. Les autres jeunes de cette cité ont commencé à se battre avec la police et les combats sont devenus de plus en plus violents. Bientôt, des jeunes d’autres cités se sont mis à faire la même chose et à incendier des voitures et des lieux qui représentaient l’Etat français comme des écoles et des bibliothèques. Ces combats entre les jeunes de cité et les forces de police ont duré 3 semaines. On n’avait pas vu de telles violences urbaines en France depuis les manifestations de mai 1968. [00:19:59] Plus récemment, on a aussi vu la situation dramatique dans les cités avec les attentats, les attaques terroristes. Bon c’est un sujet assez compliqué et les sociologues ne sont pas tous d’accord sur la façon d’analyser ça. Mais la plupart des auteurs des attentats de Paris en 2015 venaient des cités. Certains jeunes qui se sentent rejetés par la société française se tournent parfois vers l’Islam et se radicalisent. Évidemment, ce sont des cas assez rares, mais les cités et les prisons sont des endroits parfaits pour propager ce genre de messages radicaux. [00:20:43] En tout cas, ces événements ont attiré l’attention du grand public sur la situation dans les cités. Souvent, les jeunes n’ont pas d’opportunité de s’en sortir, de réussir leur vie. Les écoles dans ces quartiers sont très mauvaises, il y a beaucoup de délinquance et de chômage. Si on caricature un peu, les seules options qu’ont ces jeunes pour réussir c’est de devenir footballeur ou rappeur… Évidemment, ces conditions créent un sentiment d’injustice et de frustration. Ces jeunes ont l’impression d’être rejetés par la société et victimisés par la police. D’ailleurs il y a un très bon film sur ce sujet qui date de 1995 et qui s’appelle « La Haine » avec l’acteur Vincent Cassel. Ça vous donne une image assez fidèle de la vie des jeunes de cité. Je vous propose d’en écouter un petit extrait : [00:21:46] « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. Au fur et à mesure de sa chute, pour se rassurer, il se répète : “Jusqu’ici, tout va bien.” “Jusqu’ici, tout va bien.” “Jusqu’ici, tout va bien.” Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage… » [00:22:11] Vous voyez, l’attitude de cet homme qui se répète « jusqu’ici, tout va bien » alors qu’il est en train de tomber d’un immeuble de 50 étages, c’est un peu la même que celle de l’Etat français. Les politiciens savaient que la situation était de pire en pire dans les cités. Mais au lieu d’essayer de faire quelque chose pour changer ça, ils ont préféré ignorer le problème pendant toutes ces années. Et maintenant, la situation est tellement dramatique que personne ne sait comment la changer. [00:22:47] Justement, pourquoi l’intégration des immigrés et de leurs enfants n’a pas marché ? On dit qu’il existe deux modèles d’intégration : l’assimilation et le multiculturalisme. Dans le modèle multiculturaliste, l’Etat reconnaît les différences liées aux origines. On ne demande pas aux immigrés d’adopter complètement la culture du pays d’accueil. On les laisse vivre en communauté et garder leur culture et leurs traditions. C’est le modèle des Etats-Unis et du Royaume-Uni par exemple. Mais en France, on a choisi le modèle de l’assimilation. L’Etat exige que les immigrés deviennent complètement français, notamment qu’ils prennent la nationalité française. [00:23:37] Obtenir la nationalité française, c’est souvent une étape nécessaire pour pouvoir s’intégrer plus facilement, pour avoir les mêmes droits. Surtout pour les étrangers qui ne viennent pas d’un pays de l’Union européenne. Ça peut être compliqué pour eux de rester sur le territoire français, il faut un visa, une autorisation. Mais c’est faux de penser que devenir un citoyen français suffit pour s’intégrer à la société. [00:24:08] Ici, je vais vous parler de quelque chose qui est très paradoxal et problématique à mon avis. Dans la tradition républicaine française, il n’existe pas de différences entre les citoyens. Tous les Français sont égaux et ont les mêmes droits. On ne peut faire aucune distinction entre les Français, même quand ils ont des origines différentes. C’est pour ça par exemple que la notion de « race » n’existe pas dans le droit français. [00:24:38] Alors en théorie, c’est génial. Et ça peut sembler être une bonne idée pour éviter les discriminations liées aux origines. Mais ça ne correspond pas à la réalité multiculturelle de la France ! Si on décide d’ignorer ces différences, c’est difficile de montrer qu’il existe des inégalités, que tous les Français ne sont pas toujours traités de la même manière. On ne peut pas montrer qu’une personne avec un nom d’origine maghrébine a plus de mal à trouver du travail qu’une autre avec un nom qui sonne français, tout simplement parce que, aux yeux de l’Etat, ces deux personnes sont françaises et elles ont théoriquement les mêmes chances de réussir. [00:25:24] Si on ferme les yeux sur ces inégalités, si on refuse de les voir, les gens qui en sont victimes finissent par se sentir rejetés. Ils ont l’impression que leur pays d’adoption ne veut pas d’eux. C’est un sentiment terrible pour ceux qui ont le choix de venir vivre en France, mais c’est peutêtre encore plus dur pour leurs enfants parce qu’ils n’ont pas choisi de vivre en France. Ils vont à l’école avec les autres, ils apprennent le français et l’histoire de France, mais ensuite ils ne trouvent pas de travail parce qu’ils s’appellent Mohamed ou Samira. Et ça, je ne l’invente pas. Il y a de nombreuses études qui montrent que le chômage est beaucoup plus élevé chez les Français dont les parents viennent d’Afrique que chez les autres. [00:26:12] Et il y a une deuxième chose vraiment triste, c’est qu’en France on ne valorise pas cette diversité. Si vous avez des origines Portugaises ou Vietnamiennes, vous vous sentez peut-être un peu différent des autres Français, mais la société ignore ces différences. Au lieu d’être une source de fierté pour vous, vous avez l’impression que c’est juste un détail et qu’il ne faut pas en parler. Personnellement, je pense qu’on devrait célébrer ces différences, célébrer les traditions de chacun. Peut-être que je me trompe, mais j’ai l’impression qu’aux Etats-Unis c’est quelque chose qui est perçu de façon plus positive. Par exemple dans les grandes villes, il y a les quartiers Chinatown ou Little Italy. En France, non. On préfère les immigrés qui s’intègrent discrètement, qui ne sont pas trop visibles. C’est vraiment dommage et j’espère que les mentalités vont évoluer. [00:27:21] Actuellement, en plus des problèmes d’intégration, il y a aussi des nouveaux défis liés à l’immigration. Ces défis ne concernent pas seulement la France mais tous les pays de l’Union Européenne. Il y a de plus en plus de personnes qui cherchent à quitter leur pays à cause de la guerre, des problèmes environnementaux ou de la pauvreté. [00:27:44] Donc logiquement, la France reçoit de plus de demandes d’asile, autrement dit d’étrangers qui demandent à pouvoir venir car ils ne peuvent plus vivre dans leur pays. Et malheureusement, le gouvernement actuel veut adopter une loi qui va réduire les droits de ces réfugiés. Officiellement, cette loi doit permettre de donner une réponse plus rapidement aux réfugiés qui demandent le droit d’asile. Mais ça veut aussi dire que les autorités pourront renvoyer plus rapidement les réfugiés qu’elles auront refusés. En fait, l’objectif est de dissuader, de décourager les réfugiés de venir en France. Donc au lieu d’être solidaire et d’accueillir les réfugiés, le gouvernement préfère voter une loi pour leur rendre l’accès plus difficile. Personnellement j’ai honte d’être Français quand je vois ce genre de décision politique. Je pense que la France a un rôle à assumer, un devoir de solidarité, et qu’en ce moment elle ne le fait pas. [00:28:55] Pour finir ce podcast sur une note plus positive, on va prendre un peu de recul. L’intégration des immigrés en France n’est pas totalement en panne. Il y a des statistiques encourageantes. Par exemple, 40% des immigrés sont en couple avec quelqu’un dont les parents sont français. C’est ce qu’on appelle un « mariage mixte ». Mais quand on regarde leurs enfants, on voit que cette part est de 65% ! Donc ça veut dire que d’une génération à l’autre, il y a plus de mariages mixtes, de mélanges entre les personnes de différentes origines. Alors bon, l’intégration est loin d’être parfaite, mais on voit qu’elle progresse petit à petit. Elle donne son nouveau visage à la France et elle lui offre de nouvelles richesses venues de différentes cultures. [00:29:53] Voilà, c’est tout ce que j’avais à vous dire aujourd’hui. Évidemment c’est un sujet très complexe et j’ai essayé de vous donner une vision d’ensemble. Mais si vous voulez en apprendre plus, vous pouvez m’envoyer un email et je vous conseillerai des articles et des vidéos. [00:30:13] En tous cas, c’était un plaisir de préparer cet épisode pour vous et j’espère que ça vous a intéressé. Comme d’habitude, je vous rappelle que vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes si vous voulez soutenir ce podcast et aider d’autres personnes à le découvrir. [00:30:33] On se retrouve dans deux semaines et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. [00:30:40] Salut, à bientôt ! 39 Pourquoi l’amour fait mal ? Salut à tous, c’est l’épisode 39 et aujourd’hui on va parler d’amour ! [00:00:14] Bonjour à tous. J’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour ce nouvel épisode. Ici à Varsovie, il fait très beau en ce moment mais il fait un peu froid et on a même eu de la neige la semaine dernière. Il a beaucoup neigé. Les Polonais me disent que c’est un peu bizarre d’avoir de la neige au mois de mars mais moi je trouve que c’est plutôt sympa. Tant qu’il y a du soleil, la neige ne me dérange pas ! [00:00:45] À part ça j’ai publié ma première « vraie » vidéo sur YouTube il y a deux semaines. Si vous ne l’avez pas encore vue, je vous invite à y jeter un coup d’œil ! Il suffit d’aller sur ma chaîne Youtube qui s’appelle tout simplement… innerFrench ! Bref, dans cette vidéo, j’essaye de répondre à une question que mes élèves me posent très souvent, surtout ceux qui viennent de commencer leur apprentissage. Cette question c’est : combien de temps il faut pour apprendre le français ? Bon vous vous en doutez, il n’y a pas de réponse universelle. Donc j’ai essayé de donner des éléments pour vous aider à répondre vous-mêmes. Mais surtout, à la fin de la vidéo, je vous explique pourquoi je pense que ça ne vaut pas la peine de se poser cette question. [00:01:39] D’ailleurs, j’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont laissé des commentaires sous la vidéo. Pour moi c’est génial car ça me permet de mieux vous connaître et de comprendre comment je peux vous aider. [00:01:54] Pour les autres, allez faire un tour sur la chaine Youtube d’innerFrench et surtout abonnez-vous. Comme ça, vous recevrez une notification à chaque fois que je publierai une nouvelle vidéo. Je vais essayer de le faire deux fois par mois, de publier deux nouvelles vidéos par mois, et je vais traiter des sujets assez différents de ceux du podcast. Par exemple dans la prochaine vidéo, je vais analyser un extrait d’un film français. J’espère que ça va vous plaire et que ça sera un bon complément au podcast. En plus, il y a les sous-titres en français et en anglais. Donc si vous regardez mes vidéos, dites-moi ce que vous en pensez pour m’aider à améliorer et n’hésitez pas à commenter les vidéos. [00:02:46] Mais rassurez-vous, même si je fais ses vidéos, je vais continuer notre podcast. Donc vous entendrez toujours ma voix régulièrement ! [00:02:56] Alors je vous ai dit en introduction qu’on allait parler d’amour. C’est une idée que j’ai eue grâce à une de mes élèves qui s’appelle Katrin et qui vit aux Etats-Unis. Katrin m’a fait découvrir une sociologue qui s’appelle Eva Illouz et qui a publié un livre très intéressant en 2012 dont le titre est : Pourquoi l’amour fait mal ? Alors je me suis dit que ça ferait un sujet parfait pour notre podcast ! [00:03:30] Pour commencer, quelques mots sur Eva Illouz. Donc c’est une intellectuelle et universitaire Israélienne qui s’est spécialisée dans l’étude sociologique des sentiments. Elle est née au Maroc mais ses parents ont déménagé en France quand elle avait 10 ans. Ensuite, elle a fait des études très prestigieuses et une carrière universitaire brillante. Elle est diplômée de l’université Paris X mai aussi de l’université de Pennsylvanie et elle a enseigné à Princeton. Et depuis 2015, c’est la directrice de l’école des Hautes études en Sciences sociales à Paris. Elle est considérée par certains magazines comme une des intellectuels les plus influents au monde. [00:04:25] Elle s’est beaucoup intéressée à l’influence de notre société et de notre culture sur nos sentiments. Et en particulier, dans le livre qu’elle a publié en 2012, Pourquoi l’amour fait mal ?, elle s’intéresse à la souffrance amoureuse. Vous connaissez peut-être cette expression, « faire mal », qui veut dire : « provoquer de la douleur ». Par exemple, si vous êtes en train de cuisiner quelque chose et que vous vous brûlez, vous pouvez dire : « aïe, ça fait mal ! » Ici, comme il s’agit d’amour, vous comprenez que cette expression peut être utilisée pour une douleur physique ou une douleur psychique. [00:05:10] Donc c’est intéressant de se demander pourquoi étudier la souffrance amoureuse d’un point de vue sociologique. D’habitude pour expliquer la souffrance amoureuse, on utilise plutôt la psychologie ou la psychanalyse. En fait, depuis Freud on essaie d’expliquer nos comportements et nos émotions en fonction de notre histoire personnelle. Par exemple si on a vécu un traumatisme pendant notre enfance, les psychiatres pensent que ça va avoir une influence sur notre vie d’adultes. Ce type d’explication est de plus en plus populaire. Dans les magazines, il y a souvent des tests pour mieux se comprendre, pour mieux comprendre sa personnalité. On nous répète que chaque personne est unique, que chaque personne a sa propre histoire et ses propres problèmes. [00:06:08] À côté de ça, il y a aussi la biologie et les neurosciences qui veulent faire de l’amour une science. Certains des chercheurs qui travaillent dans ces domaines considèrent l’amour comme une simple réaction chimique. Ils analysent les sentiments d’un point de vue purement biologique. [00:06:28] Mais Eva Illouz, elle, pense que la société et l’histoire ont une très grande influence sur nos sentiments. Même si nous pensons être uniques, en fait nous obéissons tous à certaines règles qui sont présentes dans la société et dont nous avons hérité à travers l’Histoire. Donc Eva Illouz pense que la souffrance amoureuse a des causes sociales, des causes structurelles. Elle n’est pas d’accord pour dire que c’est simplement une question d’expériences personnelles et qu’on ne peut pas expliquer la souffrance amoureuse seulement à travers la psychanalyse. Ce n’est pas une question purement individuelle, c’est le résultat de l’évolution de notre société. [00:07:21] Dans cet épisode, on va essayer d’expliquer la thèse d’Eva Illouz et de voir quelles sont les causes sociales de la souffrance amoureuse. Dans la première partie, on va s’intéresser aux évolutions historiques. Qu’est-ce qui a changé pendant les derniers siècles et comment cela influence nos relations ? Ensuite dans la deuxième partie, on va voir que maintenant il existe un nouveau marché de l’amour, que les relations peuvent être analysées comme un marché. Et puis pour finir dans la troisième partie, on va parler du déséquilibre dans les relations entre les hommes et les femmes. On va voir que sur ce marché de l’amour, les hommes et les femmes n’ont pas le même pouvoir. [00:08:13] Allez, on y va ! [00:08:21] Alors pour commencer cette première partie sur les évolutions historiques, on va écouter un extrait d’une interview d’Eva Illouz. Elle va nous expliquer ce qui, selon elle, a changé depuis le XIXème siècle. Dans cette interview, il y a un mot-clé, un mot très important, c’est « incertitude ». L’incertitude, c’est une situation qui n’est pas certaine, qui n’est pas sure, dans laquelle on peut avoir des doutes. Et pour illustrer sa théorie, elle utilise l’exemple d’un roman très connu qui s’appelle Fifty Shades of Grey (en français on dit 50 nuances de Grey). Je vous précise ça juste pour que vous compreniez bien quand elle en parlera. Alors écoutons Eva Illouz pour quelques minutes. [00:09:17] – Pourquoi est-ce que l’amour fait mal aujourd’hui ? – L’amour fait mal parce qu’il est devenu incertain. Je pense que c’est le lieu par excellence de l’incertitude. Incertitude sur les règles à suivre, incertitude sur la nature-même de la relation (on ne sait plus s’il s’agit d’une relation purement sexuelle, d’une relation sentimentale, d’une relation qui doit avoir un but institutionnel comme le mariage). Il y a une incertitude sur les sentiments de l’autre. Il y a une incertitude sur nos propres sentiments. Il y a une incertitude sur la façon de gérer cette tension entre l’autonomie et la dépendance qui est toujours contenue dans une relation amoureuse. [00:10:00] Et ce roman à mon avis a connu un très grand succès parce qu’il met en scène cette incertitude. Donc le 1er volume de la trilogie en fait tourne autour d’une question essentielle, c’est de savoir qu’est-ce que Christian Grey, qui est ce milliardaire fantastiquement riche, beau, intelligent, et sexuellement extrêmement performant, qu’est-ce qu’il veut de Anna, d’Anastasia ? En fait, c’est autour de cette question que tout le 1er volume tourne. Nous savons qu’elle est amoureuse de lui. Nous savons qu’il veut une relation purement sexuelle. Mais nous ne savons pas ce qu’il ressent. Et en fait cette question de : qu’est-ce qu’il ressent, qu’est-ce qu’il veut ? [00:10:45] C’est une question à mon avis qui est particulièrement moderne parce que les relation pré-modernes étaient beaucoup plus structurées. C’est-à-dire qu’on se posait évidemment la question de savoir qu’est-ce que l’autre ressentait mais il y avait beaucoup de codes. Ces relations étaient très codifiées dans le monde anglo-saxon et en France elles étaient très codifiées, ce qui faisait qu’il y avait une correspondance assez étroite entre les actes, les mots et la signification institutionnelle de la relation. Cette adéquation entre les codes sentimentaux, les codes romantiques, s’est perdue dans la modernité. Et donc c’est cette incertitude qui est à mon avis au centre de ce roman. [00:11:29] Vous voyez Eva Illouz explique que le problème principal maintenant dans les relations, c’est l’incertitude. Justement dans le roman 50 Shades of Grey, il y a une incertitude sur les intentions du personnage de Christian Grey. Qu’est-ce que qu’il attend de l’héroïne ? Quelles sont ses intentions ? On ne sait pas du tout ce qu’il ressent. Bon malheureusement je n’ai pas lu ce livre donc je ne peux pas vous en dire plus… Par contre ce que je peux vous vous expliquer, c’est la différence entre le verbe « sentir » et le verbe « ressentir ». Je sais que souvent ça n’est pas très clair. Donc pour vous donner une explication simple, le verbe « sentir », on l’utilise plutôt pour les sensations physiques et également pour les odeurs. Par exemple si vous avez mal au dos, vous pouvez dire que vous sentez une douleur au niveau du dos. Et si vous entrez dans une pièce et qu’il y a une odeur désagréable, vous pouvez dire ça sent mauvais, que cette pièce sent mauvais. Tandis que pour les sentiments, on utilise plutôt le verbe « ressentir » avec un nom. Par exemple ressentir de l’amour, ressentir de la peur, ressentir de la jalousie. Mais on peut aussi utiliser le verbe « se sentir », par exemple : « se sentir bien », « se sentir mal », « se sentir fatigué », « se sentir en forme », etc. [00:13:11] Donc ici, comme je vous parlais de Christian Grey, je faisais plutôt référence à ses sentiments. Voilà je ferme la parenthèse sur cette expression et on peut revenir à notre sujet. [00:13:28] Avant, les relations étaient très codifiées, très claires et les comportements, les actes, les paroles et les intentions étaient cohérents. Par exemple quand un homme voulait demander une femme en mariage, il y avait tout un processus à suivre et ses intentions étaient très claires pour tout le monde. Ce processus était différent à différentes époques et dans différents pays, mais en général si un homme voulait demander une femme en mariage, il savait exactement comment il devait faire. [00:14:06] Eva Illouz pense aussi que le capitalisme a beaucoup participé à l’évolution de nos relations. Pourquoi ? Eh bien parce qu’avant on était obligé de se marier pour des raisons économiques. Quand on se mariait, on pouvait mettre en commun les patrimoines de la femme et du mari pour s’enrichir. Au contraire, si une personne restait seule, c’était assez difficile pour elle de survivre. Parce que si elle restait seule, ça voulait dire qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants donc pour sa retraite, ça devenait compliqué. Mais maintenant grâce au capitalisme, le mariage n’est plus nécessaire pour notre survie économique. On peut très bien vivre seul, gagner beaucoup d’argent et on n’a pas besoin de partenaire ni d’enfants pour assurer notre futur. [15min02] Le capitalisme nous a aussi libéré de l’influence de la famille. On peut faire nos propres choix sans demander l’avis ni la permission de nos parents. Donc d’un côté, ça nous offre plus de liberté mais, de l’autre, on a aussi perdu une forme de protection. Avant, la famille offrait une protection parce que l’homme qui faisait sa demande en mariage devait obtenir la permission de la famille. En général, dans le modèle traditionnel, le modèle d’avant la 2nde guerre mondiale, les individus étaient plus encadrés et plus protégés par leur famille. Mais le développement du capitalisme a radicalement changé tout ça. [] Mais Eva Illouz dit que maintenant, les relations amoureuses sont caractérisées par l’incertitude. Les règles ne sont plus du tout claires. On ne sait pas vraiment comment on doit se comporter. On ignore quelle est la nature de la relation. Est-ce que c’est une relation sentimentale, une relation sexuelle ou une relation institutionnelle comme le mariage ? On ne sait pas non plus s’il faut être autonome ou indépendant. Est-ce qu’on veut un partenaire qui soit libre, qui fasse sa vie de son côté, ou au contraire un partenaire qui soit tout le temps avec nous et avec lequel on partage tout. [00:15:02] Mais le capitalisme nous a aussi libéré de l’influence de la famille. On peut faire nos propres choix sans demander l’avis ni la permission de nos parents. Donc d’un côté, ça nous offre plus de liberté mais de l’autre, on a aussi perdu une forme de protection. Avant, la famille offrait une protection parce que l’homme qui faisait sa demande en mariage devait obtenir la permission de la famille. En général, dans le modèle traditionnel, le modèle d’avant la seconde guerre mondiale, les individus étaient plus encadrés et plus protégés par leur famille. Mais le développement du capitalisme a radicalement changé tout ça. [00:15:57] Alors maintenant, on va se demander à quoi ressemble le marché de l’amour, ce marché qui a été créé par le capitalisme. [00:16:07] Il y a un sociologue allemand très célèbre qui s’appelle Max Weber et qui a inventé une expression très intéressante : le désenchantement du monde. Au début du XXème siècle, Weber a analysé qu’avec le développement du capitalisme, les croyances religieuses et magiques ont reculé. Elles ont été remplacées par les explications scientifiques. Par exemple, au lieu de dire qu’une tempête a été provoquée par Dieu, on analyse de façon scientifique comment les tempêtes apparaissent. Tous les évènements, les choses qui nous entourent, notre environnement, doivent être expliqués de façon rationnelle. [00:16:56] Et les relations aussi ont perdu leur caractère sacré. Avant notre place dans la société était déterminée par des facteurs extérieurs à nous. Les sociétés étaient très hiérarchisées, avec différents groupes qui avaient différentes places, droits et privilèges. C’était presque impossible pour un individu de changer de groupe. Dès la naissance, il appartenait à un certain groupe et il y passait toute sa vie. Maintenant évidemment, il y a toujours une hiérarchie, mais elle peut changer. En théorie, dans les pays développés, il n’y a rien qui vous empêche de devenir président même si vous venez d’un milieu très pauvre. Bon en pratique, on sait très bien que ça a peu de chance d’arriver. Mais légalement, il n’y a rien qui vous empêche de devenir président, vous avez la possibilité d’essayer. [00:17:54] Et c’est la même chose avec les relations. Avant, on était obligés de se marier avec une personne de la même religion, du même milieu, de la même race et du sexe opposé. Maintenant, on a beaucoup plus de liberté et c’est évidemment une bonne chose. On peut considérer que chaque individu est libre de choisir son ou sa partenaire, celui ou celle qui correspond le mieux à ses attentes. Dans la pratique, on a quand même tendance à se marier avec une personne du même milieu que nous. Mais encore une fois, il n’y a pas de barrière légale si vous voulez le faire. [00:18:37] Et finalement, ce désenchantement du monde a créé une sorte de « marché de l’amour ». Les relations imitent le fonctionnement de l’économie avec une offre, une demande, et des individus de différente valeur. Mais ça on va en parler un peu plus tard. [00:18:59] En parallèle, le deuxième effet du capitalisme, c’est bien sûr le développement de la société de consommation. Cette société de consommation, elle nous renvoie une image du couple qui est très sexualisée. Par exemple dans les campagnes de publicité pour la mode ou les cosmétiques, mais aussi dans les films et les romans actuels, il y a toujours une dimension sexuelle très forte. Et en plus de cette sexualisation, on voit aussi une uniformisation de la beauté. Maintenant il existe une beauté standard qu’on voit partout dans les médias, et les gens essayent de s’en rapprocher le plus possible. Il n’y a pas vraiment de place pour la diversité. Il existe une sorte de culte de la beauté, un culte du corps. Et si on veut avoir une valeur élevée sur le marché de l’amour, on doit se rapprocher de cet idéal de beauté. Donc il y a une forme de pression pour toujours s’améliorer, par exemple en faisant du sport ou de la chirurgie esthétique. [00:20:12] Bref, vous avez compris que chaque individu a une valeur en fonction de sa beauté, mais aussi d’autres critères comme sa richesse ou son statut. Et l’objectif, c’est de trouver un partenaire qui ait une valeur égale ou supérieure à la nôtre. Tous ces individus (autrement dit nous) constituent un marché, le marché de l’amour. C’est très visible avec les applications de rencontres comme Tinder par exemple. Ces applications donnent accès au marché de l’amour. Vous devez créer un profil pour montrer votre valeur. Ensuite, vous définissez vos critères pour chercher un partenaire. Et vous avez accès à la description des autres personnes, un peu comme des produits. Vous pouvez voir leurs photos, leur style de vie, et ensuite vous décidez si oui ou non vous avez envie de les rencontrer. C’est un peu la même chose que quand vous voulez acheter une nouvelle voiture. Vous comparez les différents modèles et vous achetez celui qui correspond le mieux à vos besoins. Vous voyez, à ce niveau-là il n’y a pas plus du tout de magie, de magie de la rencontre amoureuse par exemple. Maintenant la rencontre amoureuse, c’est quelque chose de très pragmatique. Avec ces applications on a l’impression que le choix est infini. Vous pouvez voir les profils de personnes du monde entier. Donc en théorie, vous avez accès au marché mondial des personnes qui cherchent l’amour. [00:21:55] Le problème avec ça, c’est qu’on a tendance à instrumentaliser l’autre personne. Avant de la rencontrer, on a une liste de critères et on veut que notre futur partenaire corresponde à tous ces critères. Finalement, il n’y a pas vraiment de place pour cette personne, parce que dans notre tête on a déjà une image idéale d’elle. Ensuite si la personne ne répond pas à suffisamment de critères et qu’on n’est pas satisfait de la relation, on peut simplement chercher un autre partenaire. Comme quand on n’est pas satisfait d’un service avec une entreprise. Et ça évidemment, c’est quelque chose qui est difficile à gérer dans les relations amoureuses. C’est difficile d’essayer de construire une relation ; il y a plus d’instabilité parce qu’au moindre problème, c’est plus facile d’arrêter la relation et de chercher un autre partenaire que de surmonter les obstacles. Ah ça c’est une autre expression intéressante. « Surmonter un obstacle », ça veut dire « dépasser une difficulté ». C’est le verbe « surmonter », « surmonter un obstacle ou un challenge ». Bref, en plus de ces obstacles, on doit aussi prouver en permanence notre valeur. On doit prouver à notre partenaire que notre valeur est suffisante pour ne pas le perdre, pour qu’il ou elle ait envie de rester avec nous. [00:23:33] Alors d’après Eva Illouz, ces nouvelles attitudes vis-à-vis des relations amoureuses, ce nouveau « marché de l’amour », ont changé la nature de la souffrance amoureuse. Avant, la souffrance amoureuse était liée à la frustration. La frustration, parce que souvent, la société ne nous permettait pas d’aimer la personne qu’on voulait. Il y avait beaucoup d’obstacles à surmonter. Des obstacles liés à notre milieu, à notre famille ou à la famille de notre partenaire. L’exemple le plus célèbre, c’est peut-être l’histoire de Roméo et Juliette. Deux personnes qui s’aiment passionnément mais qui ne peuvent pas vivre cet amour à cause de leur famille. [00:24:22] Mais maintenant, cette souffrance amoureuse est très différente. Quand on ne trouve pas de partenaire, on a tendance à se remettre en question. On se dit qu’on n’est pas assez bien, que notre valeur n’est pas assez élevée. On ne peut pas blâmer notre famille ni notre milieu d’origine, parce qu’en théorie nous sommes libres de mener la vie que nous voulons. Donc si on n’est pas capable de trouver un partenaire, ça veut dire qu’on n’est pas assez bien. Et cette souffrance est d’autant plus forte qu’on a l’impression que trouver l’amour, c’est une chose essentielle pour notre estime de soi. L’estime de soi, c’est la vision, la perception qu’on a de nousmêmes, tout simplement. Partout dans la culture occidentale, autour de nous on nous dit que pour être heureux, il faut être en couple. Si vous êtes seul, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec vous. Ça veut dire que vous n’avez pas le droit d’être heureux. [00:25:36] Maintenant on va attaquer la dernière partie, celle qui concerne la place des hommes et des femmes sur ce marché de l’amour. Je vous ai dit en introduction que le rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes est déséquilibré. J’insiste sur ce mot, « déséquilibré », parce que je sais qu’il est difficile à retenir. Il est formé sur le mot « équilibre », un mot très utile. L’équilibre, c’est quand les choses sont stables. Par exemple, on parle de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, quand votre vie professionnelle et votre vie personnelle sont plus ou moins égales, qu’elles ont la même importance, qu’il n’y en a pas une qui prend plus de place que l’autre. Retenez bien ce mot, il est très utile : l’équilibre. Et le déséquilibre, c’est bien sûr le contraire. Donc quand je dis que le rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes est déséquilibré, ça signifie que les hommes et les femmes n’ont pas le même pouvoir sur le marché de l’amour. [00:26:47] À mon avis, ça n’est pas quelque chose qui vous surprend. Vous avez sûrement suivi l’actualité avec l’affaire Harvey Weinstein, la question du harcèlement des femmes et le mouvement #metoo. Toute cette affaire a montré que les hommes ont un pouvoir sur les femmes dont ils profitent pour par exemple avoir des relations sexuelles. Mais c’est une chose sur laquelle on a fermé les yeux pendant longtemps. [00:27:20] Pourtant à la fin des années 60 avec la révolution sexuelle, on a pensé que les relations entre les hommes et les femmes allaient s’équilibrer. Avec la contraception, on a voulu enfin donner aux femmes la possibilité de mieux maîtriser leur sexualité et d’avoir plus de liberté. Mais en réalité, cette révolution sexuelle n’a pas tenu ses promesses. En fait, on pourrait presque dire qu’elle a donné encore plus de pouvoir aux hommes. Certes, les femmes peuvent maîtriser leur sexualité, mais c’est aussi beaucoup plus facile pour les hommes d’avoir des rapports sexuels sans conséquence. Et d’après Eva Illouz, les femmes ont toujours envie d’avoir des enfants alors que les hommes, pas forcément. En plus, c’est évident que les hommes peuvent attendre plus longtemps que les femmes avant d’avoir des enfants, donc il y a une pression qui est plus forte pour elles. Au contraire, les hommes profitent beaucoup de la situation. Ils peuvent multiplier les partenaires sexuelles et quand ils font ça, ils augmentent aussi leur valeur. Vous savez que la société considère qu’un homme qui a beaucoup de rapports sexuels avec des femmes différentes est un Don Juan, c’est un homme qui a du succès, qui est populaire. Alors qu’au contraire, une femme qui a beaucoup de partenaires sexuels perd souvent de sa valeur aux yeux des hommes. [00:28:57] Juste pour que les choses soient claires, moi je ne suis pas du tout d’accord avec ça ! Mais je vous parle simplement de la façon dont c’est perçu dans nos sociétés. C’est en train de changer, mais ça prend beaucoup de temps. En attendant, les hommes utilisent ce pouvoir pour profiter au mieux du marché de l’amour. Et ça, ça crée souvent de la souffrance amoureuse chez les femmes. [00:29:29] Je vous ai présenté la thèse d’Eva Illouz dans les grandes lignes. Si ça vous intéresse et vous voulez en savoir plus, je vais mettre des liens dans la description de l’épisode sur mon site. Vous pourrez regarder l’interview dont je vous ai diffusé un extrait, et d’autres articles. [00:29:49] Voilà, on va s’arrêter là. Comme d’habitude, n’oubliez pas que la transcription complète du podcast est disponible sur mon site innerfrench.com. Et si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou Facebook. Merci beaucoup pour votre soutien. On se retrouve dans deux semaines. [00:30:12] À bientôt ! 40 Le métier de journaliste – interview de Laure Cometti alut à tous et bienvenue pour ce 40ème épisode ! Aujourd’hui, on va parler de journalisme avec une invitée spéciale. [00:00:15] Bonjour à tous et bienvenue pour ce 40ème épisode. Un épisode un peu spécial parce que j’étais à Paris, il y a quelques jours, et j’en ai profité pour voir une de mes amies qui s’appelle Laure Cometti et qui est journaliste pour le journal 20 Minutes. Donc j’ai pensé que ça serait une super occasion pour essayer de faire quelque chose d’un peu différent et j’ai enregistré une interview avec Laure. Dans cette interview, elle nous parle de son métier de journaliste, donc je pense que vous allez apprendre plein de choses intéressantes. Bon je vous préviens que c’est un épisode plus difficile que d’habitude parce qu’on parle de façon totalement normale, sans faire d’effort particulier, surtout Laure, donc vous allez voir que c’est plus rapide que quand je fais un épisode en solo et il y a beaucoup d’expressions que peutêtre vous ne connaîtrez pas. [00:01:21] Donc comme d’habitude vous allez trouver la transcription de l’épisode sur mon site, et sur la transcription je vous explique les différentes expressions qui sont utilisées et je pense que ça va être l’occasion pour vous d’apprendre plein de nouvelles choses. Donc voilà, sans plus attendre je vais vous faire écouter cette interview et on se retrouve à la fin pour la conclusion. [00:01:57] Hugo : Salut Laure, est-ce que tu peux te présenter. Laure : Salut Hugo, je m’appelle Laure, j’ai 29 ans, je vis à Paris et je suis journaliste. H : Ok et tu es journaliste dans quel journal ? L : Dans un journal qui s’appelle 20 Minutes qui est distribué gratuitement dans le métro et qui est disponible en ligne et sur mobile. H : Ok. Alors pour commencer j’aimerais parler un peu de ton parcours. A quel moment tu as décidé de devenir journaliste et pourquoi ? L : Bah je pense que j’ai…en tout cas j’avais envie de devenir journaliste, j’avais peut être pas encore décidé mais j’avais envie d’être journaliste quand j’étais enfant, quand j’étais adolescente. J’avais écrit un journal de mon collège [junior high school] . J’avais même créé un journal pour raconter la vie de ma famille pour un public un peu restreint. Et ensuite j’ai fait des études qui me prédestinaient pas forcément à être journaliste. Mais aux alentours de 22-23 ans je suis revenu à cette première passion et je me suis dit que c’était vraiment le métier que je voulais faire parce que j’ai toujours aimé écrire, j’ai toujours été très curieuse du monde qui m’entoure et je me disais que ça me permettait à la fois d’écrire et d’être curieuse et de partager ce que je pouvais apprendre avec un public. Donc voilà, je me suis un peu réorientée sur le tard [late in life]. [00:03:14] H : Ouais parce que nous en fait on s’est rencontrés pendant nos études en école de commerce. Donc a priori l’école de commerce ça a pas grand chose à voir avec le journalisme. Et est-ce que tu n’as pas eu envie ensuite de faire une école de journalisme justement ? Est-ce que c’est possible de devenir journaliste sans faire école ? L : Je pense qu’en théorie c’est un métier où tu n’as pas forcément besoin de faire une école pour devenir journaliste parce que c’est un métier où idéalement il faut pas être trop formaté il faut être un peu… C’est bien qu’il y ait des journalistes qui ont des styles très différents et des méthodes différentes même s’il y a toujours la même discipline la même rigueur et la même éthique. Et je pense que voilà il y a quelques décennies les écoles de journalisme n’existaient pas forcément ou en tout cas n’avaient pas un tel poids dans la profession donc il y avait beaucoup de journalistes. Moi, je connais des journalistes de la génération de mes parents par exemple qui ont pas fait d’école de journalisme, qui ont fait des études qui n’avaient rien à voir d’Histoire, de maths, de psycho et qui sont quand même devenus journalistes parce qu’ils étaient capables de raconter un peu le monde qui les entoure et de l’écrire de manière plaisante et de creuser des sujets, d’enquêter et de vérifier des infos. Et en fait c’est… bien sûr qu’en école on peut apprendre des techniques, on peut apprendre à filmer, à enregistrer, à faire de la radio, à gérer les réseaux sociaux ou un site web, mais je pense qu’après les rudiments du métier de journaliste c’est surtout du bon sens [common sens] et du travail. Donc pas obligé de faire une école. [00:04:48] Après c’est vrai que moi, je suis allée vers l’école de commerce parce que je savais ce que je voulais faire et c’était la facilité. J’ai passé des concours. C’est le système français donc je ne sais pas si ça parle à tout le monde [if everyone can relate to that] mais en gros [basically] voilà j’étais bonne élève, j’ai passé des concours. J’ai atterri dans une école de commerce c’était intéressant mais c’était pas… je voulais pas faire du marketing plus tard ou de la finance ou travailler dans les ressources humaines. Et en sortant de l’école, je me suis demandé s’il fallait que je fasse encore une école mais je commençais à être un peu lassée de pas travailler. En fait j’avais envie de travailler, j’avais envie de faire des choses et du coup j’ai plutôt opté pour la solution d’enchaîner des stages dans la presse où j’ai pu apprendre un peu sur le tas et faire mes preuves et commencer à construire mon CV et en étant pas obligée de repasser des concours. [00:05:38] H : Et est-ce que quand tu commences t’as besoin de te spécialiser sur un secteur particulier ou est-ce que c’est mieux d’avoir une approche plutôt généraliste et de voir ensuite ce qui te correspond le mieux ? L : Je sais pas trop… j’ai pas trop de réponse. En fait, journaliste, je sais pas si c’est pareil dans tous les pays du monde, mais en France et dans pas mal de pays occidentaux, en tout cas de ce que j’ai pu observer, c’est un métier où il y a beaucoup de candidats, il y a beaucoup de gens qui veulent faire ce métier-là, il y a beaucoup de diplômés d’écoles de journalisme et il y a pas forcément beaucoup de postes. [00:06:11] Et je sais pas si dans le futur il y en aura tellement plus parce que là on va vers une information et il y a vraiment une cure d’austérité dans pas mal de médias, il y a des robots qui commencent à faire des choses très cool et voilà les humains sont un peu menacés. H : Il y a des robots journalistes ? L : Ouais y a des robots journalistes. Le Washington Post a des robots journalistes et même… Alors évidemment, il y a le mythe du… bon un robot qui écrit un article ce sera peut-être très informatif et très rigoureux, ça aura peut être moins de charme que la plume d’un humain. Mais au-delà de ça, il y a des robots qui vont désormais pouvoir monter des vidéos pour nous ou poster sur les réseaux sociaux pour nous. Donc c’est pas forcément des postes où on imagine qu’il y a un journaliste derrière mais c’est des postes qui actuellement sont occupés par des personnes. Donc ça peut…ça peut disparaître. [00:07:03] Et pour revenir à ta question, je pense que c’est toujours utile d’avoir une spécialité parce que sinon on sort pas trop de la masse et comme je le disais, il y a beaucoup de journalistes qui cherchent un emploi et y a pas forcément beaucoup d’emplois. Donc c’est bien d’être spécialisé. Déjà je pense que c’est bien pour soi-même, pour avoir le plaisir de pouvoir suivre des sujets sur un temps long. Les meilleures enquêtes ou les meilleurs documentaires, c’est des sujets qui parfois prennent des mois, des années. Et du coup si dès le départ tu dis : “bah moi ce qui me passionne, c’est…je sais pas, la botanique ou la finance, ça veut dire que par goût personnel, tous les jours tu vas suivre un peu ces sujets-là. Et sur le long terme, tu auras des meilleures idées que quelqu’un qui débarquerait complètement sur un sujet. Et en plus, ça peut te donner une valeur ajoutée pour un employeur et pour trouver un emploi. [00:07:58] Maintenant, il y a une autre grosse tendance dans le journalisme qui est que beaucoup de médias, ou en tout cas peut-être les médias qui recrutent le plus, veulent désormais des journalistes qui sont un peu capables de tout faire. C’est à dire qu’avant, il y avait des journalistes presse écrite, des journalistes radio, des journalistes vidéo, des journalistes community managers, et en fait maintenant de plus en plus on demande aux journalistes de pouvoir un peu tout faire. C’est-à-dire quand moi je pars faire un reportage, on me dit : “ah bah, tu vas faire un article, c’est super, mais alors ce serait bien que tu prennes aussi des photos pour l’illustrer, si tu peux faire une vidéo c’est encore mieux, et puis si tu peux faire un Facebook live ou un périscope, génial !” Sauf que du coup c’est vrai que…Alors c’est un plus, ça veut dire que les gens sont de plus en plus formés, de plus en plus polyvalents, mais après c’est… Ça veut dire que… c’est rare d’avoir quelqu’un qui est excellent caméraman et qui a une excellente plume donc c’est un peu plus contraignant quoi. [00:09:00] H : Et toi justement avec ton expérience, est-ce que tu t’es spécialisée dans un domaine ou alors pas vraiment ? L : Pas vraiment. Moi après, par mon parcours personnel, j’avais la chance de parler plusieurs langues, de bien parler anglais, de bien parler espagnol, et ça dans une rédaction, c’est un atout parce que ce n’est pas forcément si répandu que ça. Des journalistes vraiment à l’aise dans plein de langues. H : En France en tout cas. L : Oui, en France en tout cas ! Donc c’est vrai que c’est un atout et ça a pu me permettre de me positionner sur des sujets monde / international parce que voilà je pouvais faire des interviews en espagnol ou en anglais par exemple, ou lire la presse anglaise et espagnole. H : Et est-ce que tu peux nous parler de ta première expérience en tant que journaliste, à part le journal au collège, mais ta première vraie expérience de journaliste ? [00:09:51] L : Alors, le premier stage que j’ai fait vraiment dans une rédaction, c’était au journal La Croix qui est un quotidien français de tradition plutôt chrétienne même si ça se ressent pas forcément dans les pages du journal (si ce n’est qu’ils ont une rubrique religion qui est assez fournie mais qui d’ailleurs traite de toutes les religions, pas uniquement de la religion chrétienne). Mais bon, en tout cas donc c’était la première fois que j’arrivais dans une rédaction et que même si j’étais stagiaire, j’étais une journaliste parmi les autres. Et c’était une bonne expérience. Les journalistes de La Croix étaient vraiment des bons pédagogues, des bons formateurs. Ils étaient assez patients, ils prenaient vraiment le temps d’expliquer un peu les bases. Et puis c’était une rédaction où il y avait un rythme… Enfin moi j’ai fait ce stage en 2012, donc à l’époque il y avait encore un rythme d’un journal quotidien. Ça veut dire que mine de rien, il y a une production à assurer tous les jours. Mais on prenait quand même le temps de travailler les sujets. Les gens prenaient le temps de m’expliquer ce qu’il fallait améliorer dans mes articles ou ce qui était bien. Donc c’était une bonne expérience. [00:11:07] H : Et ensuite est-ce que ça a été facile de trouver ton premier job de journaliste ? L : Non pas vraiment. Mais après je n’avais pas fait d’école de journaliste donc j’avais pas vraiment de réseau. J’avais juste le réseau que je m’étais fait en faisant des stages. H : Tu peux expliquer ce que c’est le “réseau” ? L : Le réseau, c’est les personnes avec qui vous avez travaillé ou votre cercle d’amis… Tous les contacts que vous pouvez activer si vous avez besoin de trouver un boulot ou un appartement. Voilà quoi. C’est les différents cercles autour de nous qui font que parfois on a des bons plans qui peuvent ou pas surgir. H : Donc c’est vrai, on dit “le réseau” ou “le carnet d’adresses” effectivement. [00:11:55] L : Donc du coup moi en journalisme je n’avais pas beaucoup de réseau, j’avais les gens que j’avais connus en stage mais chez Vanity Fair comme chez La Croix il n’y avait pas de possibilité d’embauche. Et du coup, je me suis retrouvée sans… j’ai fini mon stage, j’étais plus étudiante, j’avais plus le droit de faire de stage, et je n’avais pas trouvé de travail fixe. Donc je me suis mise à mon compte. J’ai commencé à travailler en pigiste. Donc un pigiste, c’est un journaliste freelance qui travaille tout seul et puis qui contacte différents médias pour leur vendre des sujets et… [00:12:36] H : Et il écrit des “piges”. L : Et il écrit des piges ouais. Je sais pas d’où ça vient d’ailleurs étymologiquement, il faudrait qu’on regarde. Et il écrit des piges. Donc un pige ça peut être un article, un reportage, une chronique. Le terme “pige” regroupe des formats assez variés. Et le journaliste est rémunéré à la pige donc il est payé à l’article, à l’unité. Et puis ça dépend de la longueur de l’article. Et puis en plus chaque média, pour compliquer la chose, chaque média a ses propres tarifs. Donc c’est très variable. Un article peut être payée 30 euros comme 200. Et c’est pas toujours corrélé à la difficulté qui a pu avoir lieu quand on a fait l’article ou à la prise de risques. C’est très variable. [00:13:27] H : Est ce que tu peux nous parler d’une journée type chez 20 Minutes, à quoi ça ressemble ? L : Beaucoup de pauses café. Non mais… Alors, la journée type à 20 Minutes, elle commence… donc on arrive à la rédaction vers 9h, 9h30 (pour une journée classique) et dans la matinée on fait une réunion de rédaction. Donc les services de la rédaction se réunissent entre eux. Donc alors les services, il y a le service actualité auquel j’appartiens, il y a le service vidéo, il y a le service sport. Donc en fait en premier dans la matinée, les chefs de ces services se réunissent entre eux. Puis chacun réunit son service. Donc moi je me réunie avec tous mes collègues du pôle actualité. Et chaque journaliste dit son programme de la journée. Donc le journaliste économie annonce ce qu’il va faire dans la journée : quels articles il va faire, quels sujets il va suivre. Pareil pour le journaliste justice, le journaliste santé, etc. Chacun à tour de rôle. Et puis il y a aussi notre chef de service qui parfois nous impose un sujet parce que, voilà il y a des sujets parfois qui s’imposent et on n’a pas le choix, il faut que quelqu’un les traite. Et après quand on sort de cette réunion, normalement on sait ce qu’on fait de la journée, on sait quels sont nos objectifs. On sait si on doit faire un article ou 2 ou 0 et juste préparer des articles pour les jours à venir. [00:14:57] Et du coup, on sort de cette réunion, et puis en fonction de l’objectif qui a été fixé, soit on part en reportage quelque part (donc moi ça peut être partir à l’Assemblée nationale si je veux rencontrer des députés pour un article politique), soit on fixe des interviews téléphoniques, parce que c’est quand même… c’est quelque chose qu’on fait très souvent, des interviews téléphoniques parce que ça fait gagner du temps et que ça permet dans la journée d’avoir plusieurs interlocuteurs pour nourrir un article, soit on part rencontrer des sources. On peut déjeuner avec une source, prendre un café avec une source selon une source source. C’est vrai le terme paraît peu mystérieux mais une source. H : Qu’est-ce que c’est “une source” ? L : Une source, c’est… bon en vrai le terme paraît un peu mystérieux mais une source, c’est quelqu’un qui est utile aux journalistes parce que c’est quelqu’un qui a des informations sur un sujet qui intéresse le journaliste. Et du coup, c’est une personne que le journaliste essaie de rencontrer régulièrement ou d’avoir au téléphone régulièrement pour être au top de l’actualité sur des dossiers. Par exemple pour un journaliste justice, une source ça peut être un avocat ou quelqu’un qui porte plainte. Ou ça peut être des syndicats de magistrats. Il y a des sources qui sont anonymes, il y en a qui sont pas anonymes. Donc une source c’est en gros une personne qu’un journaliste a régulièrement au téléphone ou a des conversations avec, et ça lui permet de faire des articles avec des infos de première main. [00:16:37] H : Je me demande toujours : quel est l’intérêt justement pour cette personne, pour la source, de donner toutes ces informations ? Est-ce que vous les invitez au restaurant, est-ce que..? L : Alors je sais pas. Chaque média normalement a une charte bien précise donc a priori on n’achète pas les sources à 20 Minutes. On a une charte, on a une éthique et on ne paye pas les sources de manière générale à 20 Minutes on n’achète pas les photos ou les vidéos. Parfois certaines personnes nous proposent de nous vendre des vidéos ou des photos et on les achète pas si c’est pas des photos d’une agence professionnelle. Donc nos sources… bah leur intérêt il peut être… En fait c’est très variable. Ça dépend, je pense que ça dépend beaucoup de la personnalité. Il y a des personnes qui ont envie de parler à un journaliste, qui ont envie que leur histoire soit médiatisée. Parfois elles ont un intérêt à ce que leur histoire soient médiatisée. Une source, ça peut être une personne qui annonce qu’elle a été harcelée sexuellement par un homme politique ou qu’elle a été victime d’une agression par une star ou même victime d’une agression par quelqu’un qui n’est pas connu mais ça peut être une victime qui a envie de parler. [00:17:53] H : Qu’est ce que tu aimes le plus dans ton métier de journaliste ? L : J’aime beaucoup le fait de pas avoir de routine. Bon il y a une routine parce qu’il y a une journée type que je t’ai décrite. Mais les journées se ressemblent jamais parce que l’actualité n’est jamais la même. Même si parfois il y a des petits évènements qui peuvent ressembler à des événements passés mais c’est jamais la même chose quoi. L’actualité change sans cesse donc il y a pas de routine. Tous les jours, j’apprends quelque chose même si c’est… même si c’est pas… j’apprends pas forcément des formules mathématiques complexes ou j’apprends pas des choses extrêmement complexes. Mais tous les jours je découvre des choses et j’apprends des notions parce que l’actualité change et qu’on est en permanence obligé de s’adapter et qu’on rencontre des nouvelles personnes aussi tous les jours. Donc j’aime bien ça. [00:18:48] Et après, j’aime toujours autant écrire même si bon, écrire des articles d’information, c’est quand même pas pareil qu’écrire de la littérature hein ! Mais c’est un plaisir d’écrire tous les jours et puis vraiment ne pas avoir de routine et être toujours un peu obligé de s’adapter, c’est quelque chose que j’aime. H : Et parmi tes différentes expériences, les reportages que tu as pu faire, les voyages, etc. laquelle t’a le plus appris ? L : J’ai fait un reportage au Royaume-Uni pour le Brexit parce que 20 minutes m’avait envoyée à Glasgow puis à Londres. Et je pense que c’était… j’ai du mal à dire quel reportage était celui qui m’a le plus appris mais celui-ci il était intéressant parce que déjà j’étais toute seule (parce que quand 20 minutes envoie des journalistes à l’étranger, ils partent tout seul, c’est pas une grosse équipe qui part en reportage). Dans un environnement que je connaissais quand même bien et je parle anglais donc c’était pas non plus la grosse panique, j’arrive à me débrouiller et à interroger des gens et à travailler dans des conditions tout à fait correctes parce que t’arrives à trouver du Wi-Fi. Tu peux écrire un tes articles dans un café. Donc il y a du stress mais c’est gérable. [00:20:09] Et après ce qui m’a beaucoup appris c’est que c’était un reportage où je pense que quand mon rédac chef m’a envoyée au Royaume-Uni pour couvrir le Brexit, je pense qu’on se disait tous que le Brexit ne pouvait pas passer. On avait tous en tête quand même scénario de : “Oui-non, c’est serré, on se fait un peu peur mais bon le leave…” H : Tout est bien qui finit bien. L : Ouais le leave ne va pas l’emporter. Et puis bon, on va faire des reportages mais on sait que in fine l’histoire qu’on racontera ce sera : “Tout est bien qui finit bien” comme tu dis. Et au final, ça s’est pas du tout passé comme ça. Et j’ai été obligée de réagir très vite et de réagir en changeant d’angle, en pensant à d’autres sujets, et c’était vraiment intéressant. Et je pense que pour le coup, c’était bien que je… que 20 Minutes m’ait envoyée au Royaume-Uni parce que depuis Paris, depuis la France, là où sont les lecteurs de 20 Minutes, il y avait effectivement cette idée qu’il n’y aurait pas de Brexit, que ça n’arriverait pas. Et pour le coup, moi j’étais vraiment contente d’être au contact de Britanniques qui voulaient le Brexit, qui me racontaient pourquoi. Et moi je pouvais le décrire dans des articles et je pense que c’était important de raconter ça. [00:21:30] H : Et qu’est ce que tu trouves le plus difficile dans ton métier ? L : Je sais pas… H : La pression quotidienne..? L : Je pense que les difficultés découlent beaucoup du média… Je pense que les difficultés varient en fonction du média dans lequel le journaliste travaille et de ce qu’on attend de lui. Je pense que voilà, travailler pour une télé ou une radio, il y a des difficultés qui sont assez différentes de celles que je rencontre. Après bon, il y a une pression effectivement au quotidien parce que l’actualité n’attend pas, parce qu’il faut toujours réagir, il faut toujours s’adapter. Mais c’est pas… Bon ça peut être un peu pesant parce que c’est vrai que tu déconnectes difficilement voire jamais. Donc même quand je travaille pas, je regarde l’actu. J’ai mon téléphone greffé dans la main donc ça peut être une forme de pression. Mais pour le moment je suis jeune et je pense que ça me pèse pas encore trop. Mais nan, les difficultés, je dirais que c’est d’essayer d’avoir du recul sur ce qu’on fait en fait, parce qu’on a une grande responsabilité vis à vis de nos lecteurs, et encore plus à l’époque des fake news et voilà de toutes sortes d’informations qui peuvent circuler sur Internet sans aucune hiérarchie. Les médias sont assez critiqués. Je peux entendre… Je peux tout à fait accepter une part de critique et… mais c’est vrai que moi, oui au quotidien ce qui me met le plus la pression c’est de me dire : “Est-ce que je fais bien mon travail ? Est-ce que c’est suffisamment impartial ? Est-ce que c’est suffisamment bon pour mes lecteurs ? [00:23:19] H : De garder une certaine objectivité… L : Oui. Alors après moi j’ai pas trop de… même si l’objectivité parfaite, ça n’existe pas. Mais moi ma rubrique, la politique c’est pas… je ne suis pas encartée, je ne milite pas donc je n’ai pas trop de difficultés à essayer d’être objective en tout cas, ça ne me pèse pas. C’est une matière… je couvre ça comme si je parlais pas de, je sais pas, de tricot ou de… Alors que par exemple si je couvrais des thématiques climatiques, je pense que je suis beaucoup plus militante sur l’environnement que en politique. Donc ce n’est pas tellement la difficulté. La difficulté, c’est juste de se dire que… Je sais pas comment dire ça simplement. Mais en gros, un journal c’est plusieurs journalistes. Chacun fait son métier de manière assez autonome. Chacun travaille plutôt dans son coin et c’est un travail assez solitaire. Mais la somme de tous les journalistes doit essayer d’aboutir à un journal qui soit le plus complet possible, le plus objectif, le plus rigoureux et voilà qui soit le mieux possible pour le lecteur. Et parfois voilà, ce qui est le plus dur c’est de prendre un peu de recul, de sortir de ma rubrique à moi qui est la politique, et d’essayer de me dire : “bon bah, est-ce que collectivement on arrive à faire ça ? Est-ce qu’on n’a pas oublié un sujet ? Est-ce qu’on n’est pas passé à côté de quelque chose ? Est-ce qu’on “surcouvre”, est-ce qu’on couvre trop un sujet et pas assez un autre ?” Donc c’est peut-être ça la principale difficulté dans un contexte économique ou en plus, grosso modo, on demande aux journalistes de produire plus, plus vite et avec moins de moyens. Donc ça c’est aussi une difficulté un peu… de base on va dire. [00:25:09] H : Pour finir peut-être ce podcast est ce que tu peux recommander aux auditeurs des journaux ou des médias qui te semblent donner une bonne vision on peut dire de de l’actualité française ? L : Alors il y a les… bah je pense que quand on s’intéresse à l’actualité française, il faut lire les…comment dire ? les incontournables. Il y a Le Monde, dans les quotidiens il y a Le Monde, pondéré avec le Figaro et Libération, c’est pas mal pour avoir un journal de gauche, un journal de droite. H : Donc lequel est..? L : Alors le Figaro, donc plutôt à droite, et Libération, donc plutôt à gauche. Libération en plus ils font des belles unes. Donc la première page du journal est toujours très travaillée avec des belles photos et des titres où il y a souvent des jeux de mots ou des doubles sens. Donc si vous apprenez le français, ça peut être rigolo de vous testez sur ces titres-là. Après en radio, il y a les radios publiques Radio France, France Inter, France Culture. Il y a un site que j’aime bien et que je trouve assez intéressant parce que il donne à voir des situations que les grands médias couvrent peut être un peu moins et c’est le site Street Press (je vais y arriver) qui parle pas mal… pas uniquement, mais qui parle des banlieues ou de culture urbaine, de petits courants politiques aussi. Donc c’est à dire pas forcément que les gros partis mais aussi des petits partis ou des petits syndicats. Donc c’est assez intéressant, ça raconte une France que vous verrez peut-être pas au journal télévisé ou en première page du monde mais si vous vous intéressez à ce qui se passe dans les villes françaises et dans les banlieues, c’est pas mal. [00:26:59] H : Moi, il y a un média que j’aime bien recommander aussi à mes élèves qui s’appelle Brut. Qu’est-ce que tu en penses ? L : Ah oui, c’est pas mal parce que c’est sous-titré. Mais maintenant tout le monde les copie ! H : C’est vrai, c’est vrai. L : Brut… C’est rigolo Brut parce que je sais plus quand ça a été créé… Il y a deux ans, ils existaient pas et aujourd’hui ils sont devenus un peu incontournables dans ce qui se fait en terme de journalisme vidéo. Ils ont complètement explosé. C’est assez fort, ce qu’ils ont fait, je trouve, parce qu’ils ont été les premiers à faire de la vidéo pour le mobile, c’est-à-dire format carré et avec les sous-titres parce que quand on est sur le mobile, on ne peut pas toujours mettre le son donc c’est bien d’avoir les sous-titres. Et puis avec ce côté “brut” comme leur nom l’indique, c’est-à-dire le montage efficace, un peu frais, un peu rigolo. H : Des sujets un peu décalés aussi… L : Des sujets un peu décalés. Et je trouve qu’ils ont complètement un peu “disrupté” le journalisme vidéo, rebattu les cartes et c’est assez fort. Et je suis curieuse de voir comment est-ce qu’ils vont évoluer. Là, ils ont déjà beaucoup grossi, ils ont recruté. Ils font de plus en plus de vidéos sur des sujets de plus en plus variés, ils font des interviews. Donc c’est vrai que c’est vraiment bien. Maintenant tout le monde les imite un petit peu aujourd’hui donc c’est vrai que c’est peut-être à eux d’innover encore et de proposer encore des choses nouvelles, parce que c’est vrai qu’aujourd’hui quand j’ouvre ma timeline Facebook, j’ai beaucoup beaucoup de vidéos, et toutes ont un peu le style “Brut” et parfois voilà la valeur ajoutée de Brut, on la sent moins. Même s’ils ont été les pionniers là-dessus. [00:28:41] H : C’est vrai, et en matière de stratégie de promotion aussi ils ont surtout utilisé Facebook aussi et les réseaux sociaux et ils ont été très bon à ce niveau-là. L : Uniquement. Ils ont pas de site web en fait. Ils ont un site web mais qui diffuse uniquement les vidéos et rien de plus. Donc c’est assez fort. Et le fondateur, enfin l’un des fondateurs de Brut, Rémi Buisine, il avait commencé en faisant des Facebook live, enfin non des Periscopes de Nuits Debout à Paris. Je ne sais pas si les auditeurs non francophones… H : Qu’est-ce que c’était “Nuit Debout” ? L : Nuit Debout, c’était un peu notre “indignados” à nous quoi, pour les hispanophones ou notre… non je crois que c’est tout… H : Occupy Wall Street. L : Notre Occupy Wall Street français. Il y a eu une période, à la fin du quinquennat de François Hollande, du Président Hollande, un moment où il y avait une forte contestation contre une loi de réforme du marché du travail et du code du travail français. Et à Paris, et dans d’autres villes de France, mais surtout à Paris, il y a eu des personnes qui ont commencé à occuper une place, la Place de la République à Paris, et qui faisaient des débats, des assemblées générales, qui voulaient un peu réinventer la politique, réinventer la vie sociale. Et en fait Rémy Buisine, il est allé sur cette place où au début peu de médias mainstream allaient, parce qu’au début tout le monde pensait que ça n’allait pas durer et que c’était un peu un truc marginal, un truc de hippies, dans les premiers jours. Et lui il était là, il filmait et en fait il a eu pas mal de succès. Et puis finalement, de fil en aiguille, ça donne Brut ensuite. Brut n’a pas grand chose à voir avec Nuit Debout mais il s’est fait connaître comme ça. Et maintenant c’est rigolo, je le croise parfois quand je suis le Président Emmanuel Macron, il est là avec son téléphone et… voilà je me suis un peu éloignée du sujet, tu pourras couper ! [00:30:37] H : Non mais très bien, très bien ! Merci beaucoup. Je pense qu’on va s’arrêter là. C’était vraiment très très intéressant, à mon avis ça va passionner les auditeurs du podcast. Un peu plus difficile que d’habitude… L : Désolée ! H : Mais voilà ça change, un peu de diversité. Beaucoup d’expressions que je vais essayer d’expliquer dans la transcription. Donc merci beaucoup Laure pour ton temps. Peut-être qu’on fera une autre interview sur un autre sujet un peu plus tard. L : On peut. Merci Hugo, à bientôt ! [00:31:14] Voilà c’était mon interview avec Laure Cometti du journal 20 Minutes. J’espère que ça vous a plu. Si vous voulez plus d’épisodes comme ça, n’hésitez pas à m’écrire et j’essaierai de faire d’autres interviews. J’ai plein d’autres amis qui ont des choses très intéressantes à raconter. Et je vous rappelle que vous pouvez lire la transcription sur mon site innerfrench.com pour avoir des explications de toutes les expressions qui étaient utilisées. [00:31:48] Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire, et si vous voulez me soutenir vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur Facebook, ça me fera très plaisir ! [00:32:03] On se retrouve dans 2 semaines pour un nouvel épisode. Et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français, tous les jours ! [00:32:11] À bientôt ! 41 Vivre à Paris Episode 41, Paris ! [00:00:08] Salut à tous, bienvenue dans ce 41ème épisode, un épisode consacré à la capitale française. [00:00:17] Mais pour commencer je voudrais remercier toutes les personnes qui ont laissé des évaluations sur iTunes, Youtube et Facebook, et celles qui m’ont écrit. La liste est assez longue, mais merci à Lionel, Tina, Karen, Nicky, Mobina, Johnathan, Chris, Iona, Michal, Antonia, Sara, Theresa, Phil, Emma, Mark et tous les autres. Vous savez à quel point ça me fait plaisir de lire ce que vous m’envoyez. [00:00:56] D’ailleurs, j’ai envie de vous lire un email que j’ai reçu de la part de Chris, un auditeur anglais qui écoute le podcast sur Youtube. [00:01:06] “Hugo, Je viens de trouver votre premier podcast “Acquiring a Language” sur Youtube. Wow! Il est fantastique! Je suis débutant, je n’apprends que depuis trois mois, mais je pratique beaucoup. Je suis complètement d’accord avec toi quand tu dis qu’on doit parler, lire et écrire malgré les erreurs. J’ai trouvé quelques personnes en ligne via le site internet – ‘Conversation Exchange’. Je leur parle chaque semaine. Je veux apprendre le français et ils veulent parler anglais, c’est un bon système (mais c’est plus facile de parler avec certaines personnes que d’autres). Bien sûr, j’étudie aussi la grammaire et le vocabulaire mais seulement pour m’aider avec les conversations pour que je puisse mieux communiquer. Je connais des gens qui essayent d’apprendre toute la grammaire avant d’avoir une conversation. Ça ne marche pas bien! J’ai envie de vous dire que votre vidéo est la meilleure que j’ai vue. J’ai regardé la vidéo en entier et j’ai tout compris. D’habitude, après deux ou trois minutes d’une vidéo je me perds! Vous parlez très clairement. Je regarderai toutes vos vidéos. J’espère que je les comprendrai et je suis sûr qu’elles seront intéressantes. J’ai écrit tout ça sans aide, donc j’espère que vous pouvez me comprendre. Merci beaucoup pour vos vidéos. Je les adore parce que je peux les comprendre! Chris” [00:02:49] Merci à toi Chris pour ton email ! C’est très impressionnant d’écrire comme ça après seulement 3 mois d’apprentissage ! On peut voir que tu es très motivé. Si vous cherchez des partenaires de conversation pour parler français, vous pouvez utiliser le site Conversation exchange comme Chris. Personnellement je vous recommande aussi la plateforme Italki. Vous pouvez prendre des cours payants avec des professeurs mais aussi trouver des partenaires de conversation. Par exemple vous parlez anglais ensemble avec votre partenaire pendant 30 minutes, et ensuite vous parlez français. C’est un très bon système si vous n’avez pas envie de dépenser d’argent. [00:03:38] Voilà, maintenant on va passer à notre sujet du jour : Paris. [00:03:49] Paris, c’est une ville qui fait rêver. C’est d’ailleurs une des villes les plus visitées au monde. D’après un classement publié par Mastercard, Paris est à la 3ème place, derrière Bangkok et Londres. En 2016, il y a 15,5 millions de touristes qui ont visité la capitale française. J’imagine que certains d’entre vous en faisaient peut-être partie. Peut-être même que vous y habitez actuellement ou que vous y avez passé du temps, pendant vos études par exemple. Mais visiter et vivre dans une ville, c’est quelque chose de complètement différent. Quand on visite une ville, notre temps est limité, du coup on essaye de faire un maximum de choses. Peut-être qu’on a préparé une liste des musées et monuments qu’on veut absolument voir. On a sûrement un programme chargé, ça peut même être assez stressant parfois ! Moi, quand je me suis mis à [when I started to] voyager à l’étranger, j’avais une approche un peu différente. D’ailleurs j’ai commencé assez tard, j’avais 19 ans la première fois que j’ai quitté la France. Je suis allé à Glasgow en Ecosse, avec un ami. On voulait améliorer notre anglais en travaillant dans un restaurant ou un pub. Donc au lieu de visiter tous les sites touristiques, on a essayé de vivre comme les Ecossais. [00:05:26] Bon honnêtement, on n’a pas réussi à trouver de travail et on a passé 3 semaines à faire la fête avec des étudiants. Du coup, j’ai appris plein de mots que je n’avais jamais entendus en cours d’anglais ! Vous imaginez quel genre de mots… Bref, l’important ici, c’est que j’ai eu la chance de pouvoir apprécier la ville comme un de ses habitants. On aurait pu décider de profiter des 3 semaines pour visiter le reste de l’Ecosse, mais au lieu de ça, on s’est créé une sorte de routine à Glasgow. Par exemple il y avait un pub qui faisait des burgers délicieux et pas chers, donc on y allait presque tous les jours ! On se promenait dans les parcs de la ville, on observait les gens et leurs habitudes. On avait presque l’impression de vivre comme les habitants, sauf qu’on ne travaillait pas et qu’on faisait la fête presque tous les soirs ! C’était vraiment une super expérience ! D’ailleurs on a décidé d’y retourner l’année suivante. Maintenant, je connais Glasgow comme ma poche et j’y suis très attaché. Ah, voilà la 1ère expression de cet épisode : « connaître un endroit comme sa poche » [to know a place inside out]. C’est assez facile d’en comprendre le sens, non ? Ça veut dire que vous connaissez très bien un lieu, aussi bien que la poche de votre pantalon ! Généralement on l’utilise pour une ville ou un pays. Donc moi, je connais Glasgow comme ma poche. [00:07:13] Bref, je pense que c’est une façon géniale de voyager. Quand on court d’un musée à l’autre, on ne peut pas vraiment apprécier l’ambiance de la ville. Pour ça, il faut prendre son temps, se promener au hasard des rues, s’arrêter dans un café, observer les habitants et leur parler (s’ils sont d’accord bien sûr !). [00:07:36] C’est pour ça qu’aujourd’hui, plutôt que de vous parler de Paris du point de vue d’un touriste, je vais vous en parler comme un de ses habitants. Donc je ne vous parlerai ni de la Tour Eiffel ni du musée du Louvre ! Je vais essayer de vous décrire l’ambiance, l’atmosphère si particulière de cette ville. [00:07:58] Alors détendez-vous, faites-vous un bon café ou un thé, et laissez-moi vous guider dans les rues de Paris ! [00:08:13] J’ai déménagé à Paris quand j’avais 20 ans, pour mes études. Comme vous le savez peut-être, j’ai passé mon enfance dans une petite ville du centre de la France qui s’appelle Châteauroux. Donc évidemment, vivre à Paris, c’était une expérience radicalement différente. On peut dire qu’à ce moment-là j’ai plongé dans le grand bain. Vous comprenez cette expression : « plonger dans le grand bain » [to jump in at the deep end] ? Ça veut dire qu’on essaye de faire quelque chose qui nous semble difficile, quelque chose qui nous impressionne. C’est comme à la piscine. Au début, on reste dans le petit bain, qui n’est pas profond, pour apprendre à nager. Et une fois qu’on sait bien nager, on peut aller dans le grand bain qui est plus profond et dangereux. Donc déménager à Paris, pour moi, c’était comme plonger dans le grand bain. [00:09:09] J’avais des aprioris, des préjugés, assez négatifs. C’est souvent le cas quand on est provincial. La province, vous le savez peut-être, c’est le mot qu’on utilise pour désigner le reste du territoire français. La France, c’est Paris + la province. D’un côté, il y a les Parisiens, et de l’autre les Provinciaux. Les Provinciaux adorent critiquer les Parisiens, et moi aussi j’avais un peu cette attitude. Je trouvais que les Parisiens étaient prétentieux et que c’était ridicule de payer si cher pour vivre dans un si petit appartement. À vrai dire, je crois que j’avais un peu peur d’aller vivre à Paris. Mais dès la première semaine, j’ai complètement changé d’avis [changed my mind] ! Je me rappelle que c’était au mois d’août, juste avant la rentrée. Il faisait très beau, il y avait du monde partout dans les rues et aux terrasses des cafés. Je me suis tout de suite senti chez moi. Je passais des journées entières à marcher partout dans la ville. J’avais envie de découvrir tous les quartiers. Malheureusement, comme j’étais étudiant, je n’avais pas beaucoup d’argent. Je n’avais pas les moyens d’aller au restaurant ni à l’opéra par exemple. Mais j’étais vraiment décidé à conquérir la ville ! [00:10:41] J’avais trouvé un studio dans le XXème arrondissement. Vous savez sûrement que Paris est divisée en arrondissements, et qu’il y’en a précisément 20. Ils sont organisés d’une manière un peu bizarre, avec le 1er arrondissement au centre de Paris et les autres autour qui s’éloignent progressivement. Si vous regardez sur une carte, vous verrez que ça a la forme d’une coquille d’escargot, en spirale. Et ces arrondissements constituent ce qu’on appelle « Paris intra-muros », à l’intérieur des murs. En réalité, il n’y a pas de murs autour de Paris mais il y a le périphérique, le « périph’ » comme disent les Parisiens, c’est-à-dire une route pour permettre aux voitures de faire le tour de Paris plus rapidement. Au lieu de traverser Paris du nord au sud ou de l’est à l’ouest en passant par les petites rues, on peut prendre le périphérique et ça va plus vite. Et à l’extérieur du périphérique, on trouve les banlieues parisiennes. [00:11:52] Donc moi, j’étais dans le XXème arrondissement, presque à l’extérieur de Paris, pas loin du périph. Pour être honnête ça n’est pas le quartier le plus beau, mais c’était près de mon école et les loyers étaient un peu moins élevés. Comme je ne connaissais pas la ville avant de déménager, je ne savais pas vraiment quels quartiers étaient cools ou non. Mais maintenant j’ai beaucoup plus d’expérience, donc je vais vous dire dans quel quartier vous devez vous installer si vous déménagez à Paris ! [00:12:27] La première chose à savoir, c’est que la ville est divisée en deux par la rivière qui la traverse, la Seine. Au nord de la Seine, il y a ce qu’on appelle « la rive droite ». Au sud, c’est la rive gauche. Historiquement, c’est la rive gauche qui est la plus ancienne. Au début, Paris existait seulement au sud de la Seine, et puis elle s’est développée au nord avec des activités liées au commerce, des boutiques, etc. Donc pour caricaturer, les gens vivaient sur la rive gauche et travaillaient sur la rive droite. Bon maintenant, ce n’est plus vraiment le cas. Il y a des boutiques et des grands magasins partout. [00:13:13] Mais la rive gauche est quand même plus calme. On y trouve des universités comme la Sorbonne dans le quartier latin, et les principales institutions politiques comme l’Assemblée nationale, le Sénat et l’hôtel de Matignon où travaille le 1er ministre. Par contre, le Président français, Emmanuel Macron, vit sur la rive droite, au Palais de l’Elysée. [00:13:43] La rive droite est beaucoup plus dynamique. Il y a plein d’endroits pour sortir, des restos, des bars, des clubs. Les deux opéras, l’opéra Garnier et l’opéra Bastille, sont rive droite. Et aussi les quartiers les plus branchés. Le mot « branché », vous connaissez ? Ça veut dire « à la mode », « tendance ». [00:14:07] Les Parisiens aiment bien dire que la rive droite et la rive gauche sont comme deux mondes différents. Donc si vous préférez le calme, la tranquillité et les lieux historiques, je vous conseille la rive gauche ; mais si vous avez envie d’être au cœur de l’action, de pouvoir sortir et faire la fête tous les jours, choisissez plutôt la rive droite. Et moi, où j’habitais à votre avis ? J’habitais rive droite bien sûr ! D’ailleurs, j’allais très rarement de l’autre côté de la Seine, je trouvais que c’était ennuyeux. Mais maintenant que je suis un peu plus vieux, j’apprécie aussi la rive gauche. C’est une atmosphère complètement différente et c’est très reposant de se promener là-bas. [00:15:01] Ok alors maintenant que vous savez sur quelle rive vous voulez vivre, il vous reste le choix le plus important : l’arrondissement. Chaque arrondissement parisien a sa propre personnalité. Bon ça n’a rien d’exceptionnel, c’est un peu la même chose dans toutes les capitales, il y a différents quartiers et différents styles de vie. Mais je connais des Parisiens qui ne sortent presque jamais de leur arrondissement, c’est comme un village pour eux parce qu’ils y trouvent tout ce dont ils ont besoin. Donc autant bien choisir son village ! [00:15:41] Je ne vais pas vous faire une description de chaque arrondissement, sinon ça prendrait trop de temps. Je vais plutôt vous expliquer ça dans les grandes lignes [broadly], sans entrer dans les détails. [00:15:53] Au centre de Paris, on trouve la plupart des musées, des grands magasins et des monuments. Donc il y a toujours énormément de touristes. Un des quartiers les plus populaires en ce moment, c’est le Marais dans le IVème arrondissement. Historiquement, c’est le quartier juif de Paris. Vous pouvez y trouver toutes les meilleures boutiques et galeries d’art. Si vous voulez faire du shopping ou acheter des souvenirs pour vos amis, je vous recommande d’aller là-bas. Mais en général, ça n’est pas une très bonne idée de vivre dans le centre. Les loyers sont très élevés et il y a toujours beaucoup de monde. À mon avis, c’est mieux de vivre un peu plus loin et d’aller dans le centre seulement quand vous avez envie de voir une exposition ou de faire du shopping. [00:16:48] Ensuite, au nord-ouest, il y a le IXème et XVIIème arrondissements qui sont plus calmes et très jolis. Beaucoup de jeunes familles vivent là-bas. L’avantage, c’est qu’il y a de très bons restaurants, des appartements assez grands et une vraie vie de quartier. [00:17:10] À l’ouest, on trouve les arrondissements bourgeois, le VIIIème et le XVIème, qui font partie des plus chers de Paris. Presque tous les immeubles ont le style typique parisien, le style haussmannien, et les loyers sont vraiment élevés. Donc si vous aimez le luxe et que vous avez beaucoup d’argent à dépenser, c’est là-bas qu’il faut s’installer ! [00:17:37] Dans le sud, sur la rive gauche, je vous l’ai dit, on trouve les arrondissements plus calmes et familiaux. On peut citer par exemple le quartier Saint-Germain avec son célèbre café de Flore, mais aussi le très chic VIIème arrondissement avec ses ambassades, et le grand magasin Le Bon Marché. Il y a plusieurs parcs et jardins très jolis pour se promener, comme le Jardin du Luxembourg. Bref, sur la rive gauche la qualité de vie est sûrement meilleure mais pour les jeunes, ça peut-être un peu ennuyeux ! [00:18:17] Personnellement, je pense que les arrondissements les plus sympas sont ceux du nord-est de Paris : le Xème, le XIème, le XIXème et le XXème. [00:18:29] Il y a une vingtaine d’années, le Xème et le XIème n’étaient pas très populaires donc les appartements n’étaient pas trop chers. Du coup, il y a eu des étudiants, des artistes et des jeunes couples qui ont commencé à s’y installer. Logiquement, beaucoup de restaurants, de cafés, de bars et de boutiques sont apparus et ces quartiers sont vite devenus très à la mode. Et la 2ème conséquence, c’est que les loyers ont commencé à augmenter. [00:18:55] Donc maintenant, on dit que le Xème et le XIème sont des arrondissements de bobos. Un « bobo », vous savez ce que c’est ? En fait, c’est une contraction de deux mots : bourgeois et bohème. Autrement dit, c’est un mot pour décrire une personne qui a de l’argent mais qui a des valeurs plutôt de gauche, plutôt progressistes, par exemple qui est attachée à la protection de l’environnement etc. On peut aussi utiliser « bobo » comme un adjectif. On dit par exemple : « un quartier bobo ». [00:19:38] D’ailleurs depuis quelques années, le XIXème et le XXème deviennent eux aussi des arrondissements bobos. [00:19:47] Dans le XIXème, il y a mon parc préféré à Paris : le parc des Buttes Chaumont. Si vous voulez voir un parc authentique que les Parisiens adorent, c’est là-bas qu’il faut aller. Comme son nom l’indique [as the name suggests], c’est un parc qui est sur des buttes, autrement dit des endroits avec beaucoup de relief. Vous pouvez monter et descendre. Au centre, il y a un endroit très haut avec une vue vraiment sympa. Et si vous vous promenez longtemps, vous verrez qu’il y a plein de petits lieux un peu cachés à découvrir. En hiver quand il y a beaucoup de neige, ce qui est assez rare à Paris, des Parisiens vont parfois y faire du ski. Mais c’est surtout en été qu’ils y vont. Ils amènent des choses à boire et à manger, et ils font des pique-niques sur l’herbe. Ils y passent des journées entières ! Donc si vous voulez trouver une place, il vaut mieux y aller assez tôt dans l’après-midi. [00:20:51] Mais mon arrondissement préféré, c’est le Xème. Après mon 1er appartement dans le XXème, c’est là-bas que j’ai déménagé et j’y ai vécu 3 ans. On y trouve le célèbre Canal Saint-Martin. C’est un endroit génial pour se promener le dimanche ! Le long du canal, il y a plein de petits restaurants, de boutiques de créateurs de mode et de cafés. Si vous y allez, je vous recommande de vous arrêter au Comptoir général. C’est un café / bar avec une décoration incroyable d’inspiration africaine. C’est très exotique et dépaysant, on a du mal à croire que c’est à Paris ! [00:21:38] Si vous voulez en savoir plus sur les différents arrondissements parisiens, je vous conseille une vidéo très bien faite de la chaîne Arte. C’est une vidéo qui s’appelle : « Karambolage (c’est le nom de l’émission) : les arrondissements de Paris ». Vous pouvez la trouver sur Youtube, et je mettrai aussi le lien dans la description de l’épisode. [00:22:03] Alors maintenant qu’on a vu les différents quartiers, on va parler un peu des appartements. Comme dans la majorité des capitales, ça peut être vraiment difficile de trouver un appart correct à Paris. Ah oui, souvent en français on abrège le mot « appartement » et on dit seulement « un appart ». Donc le problème principal des apparts parisiens, c’est la taille : ils sont vraiment petits. Bon, peut-être pas aussi petits qu’à Tokyo, mais petit quand même. D’après une étude de l’INSEE (l’Institut national des statistiques), un Parisien vit en moyenne dans 31 mètres carrés, alors qu’en province ce chiffre est de 42 mètres carrés. Pour nos amis anglophones, ça équivaut à 330 pieds carrés contre 450. Il y a même beaucoup de studios pour les étudiants qui font moins de 15m2 avec une cuisine et une salle de bain. Donc parfois vous avez la douche qui est dans la cuisine, c’est n’importe quoi ! La meilleure solution pour eux, c’est de vivre en colocation, c’est-à-dire de partager un appartement à plusieurs, avec des amis par exemple. [00:23:29] Mais même les jeunes couples ou les familles ne peuvent pas toujours se permettre [to afford] des appartements plus grands. Avoir plus de 3 pièces à Paris, c’est vraiment un luxe ! [00:24:42] Le deuxième problème, c’est que les immeubles sont souvent très vieux et mal entretenus, c’est-à-dire que les propriétaires qui louent des appartements ne s’en occupent pas bien. Le verbe « louer » [to rent], vous connaissez ? Ça veut dire qu’on prête quelque chose à quelqu’un pendant un certain temps contre de l’argent, par exemple un appart ou une voiture. Ça marche dans les deux sens, donc aussi si vous êtes la personne qui emprunte contre de l’argent. [00:24:12] Alors de l’extérieur, c’est très joli de voir tous ces vieux immeubles haussmanniens du XIXème siècle, mais vivre à l’intérieur, c’est une autre histoire ! Les appartements sont sales, parfois il y a des souris ou des cafards ! Les cafards, ce sont ces gros insectes noirs qui marchent sur les murs… Et en plus, il y a aussi des problèmes comme des fuites d’eau ou des choses comme ça. [00:24:41] À mon avis, c’est aussi pour ça que les Parisiens passent beaucoup de temps à l’extérieur, dans les cafés et les restaurants. Moi par exemple, mon 1er appartement faisait 20m2. Donc je n’aimais y rester trop longtemps, j’avais besoin de sortir, d’aller me promener, de retrouver mes amis quelque part [to meet my friends somewhere]. Enfin bon, c’est seulement ma théorie, je ne pense pas qu’il y ait d’étude sur ce sujet ! [00:25:10] Et ne vous inquiétez pas, si vous louez un appartement seulement pour visiter Paris quelques jours, normalement vous n’aurez pas tous ces problèmes. En général, les appartements pour les touristes sont mieux entretenus parce que les propriétaires ont besoin d’avoir des évaluations positives. D’ailleurs, il y a de plus en plus d’appartements disponibles sur les sites comme Airbnb et ça devient un problème pour les Parisiens, parce que ça veut dire qu’il y a moins d’appartements à louer pour vivre. [00:25:44] Ok, je vais m’arrêter là en ce qui concerne le logement et on va passer au sujet du travail. [00:25:58] La France est un pays très centralisé, contrairement à des pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis. Ça veut dire que presque toutes les grandes entreprises sont à Paris, ou plutôt à côté de Paris. Et oui, c’est assez rare qu’une grande entreprise ait son siège social dans Paris. Le siège social [headquarters], on peut dire que c’est le bureau principal d’une entreprise. Comme les loyers dans Paris sont très élevés, c’est presque impossible pour une entreprise qui a besoin d’un grand siège social d’être à Paris. À partir des années 70, on a entamé la construction d’un quartier des affaires à l’ouest de Paris, le quartier de la Défense. Donc au début, beaucoup de grandes entreprises se sont installées là-bas. Mais les loyers sont devenus très chers aussi. C’est pour ça que maintenant, beaucoup de grands groupes ont déménagé en banlieue de Paris, comme Orange, Microsoft ou Air France par exemple. C’est un peu le contraire du modèle américain. Aux Etats-Unis, on vit dans les banlieues et on va travailler dans le centre, mais à Paris, c’est l’inverse. [00:27:17] Personnellement, je trouvais ça un peu déprimant. Ça peut prendre beaucoup de temps d’aller au travail, parfois plus d’une heure. Ça veut dire qu’on perd 2 heures par jour dans les transports. Et aux heures de pointe, c’est impossible de s’asseoir. Ah oui, ça c’est une autre expression que mes élèves me demandent souvent : les heures de pointe [rush hours]. Ça désigne tout simplement les moments de la journée où les gens vont au travail le matin et quand ils rentrent le soir. Moi maintenant, j’ai de la chance car je travaille à la maison comme je donne des cours sur internet, donc je ne suis pas obligé d’aller au bureau aux heures de pointe. Et je travaille aussi à l’Institut français de Varsovie mais c’est très près de chez moi donc je peux y aller à pied. [00:28:11] Bon j’ai l’impression d’être un peu trop négatif avec Paris donc je vais dire quelque chose de positif. À part quand on va au travail, les transports en commun marchent vraiment bien. L’avantage, c’est que Paris n’est pas une ville très grande. On peut facilement aller partout en une trentaine de minutes grâce au métro. Il y a beaucoup de stations, et comparé à des villes comme New York ou Londres, ça ne coûte pas très cher. Par exemple, un abonnement illimité coûte 75€ par mois (soit environ 90 dollars) et un billet simple coûte 1,90€. Donc le métro, c’est vraiment un grand avantage de Paris. [00:29:01] Mais à mon avis le meilleur côté de Paris, c’est la culture. Même quand on n’a pas beaucoup d’argent, on peut en profiter. Par exemple, depuis 2009, les personnes de moins de 26 ans peuvent visiter gratuitement les principaux monuments comme l’Arc de triomphe ou le château de Versailles, mais aussi les collections permanentes des 50 musées nationaux : le Louvre, le Centre Pompidou, etc. C’est génial, non ? Moi j’en ai beaucoup profité quand j’étais étudiant. J’ai visité tous les musées de Paris gratuitement. Par contre, si vous voulez voir une exposition temporaire, là il faut toujours payer. En moyenne, l’entrée coûte dans les 15€ [around]. [00:29:49] D’ailleurs, les Parisiens adorent discuter de la dernière expo qu’ils ont vue. Donc parfois, ça peut-être difficile de voir une nouvelle exposition au début car tout le monde veut la voir en 1er. Si vous ne voulez pas passer des heures à faire la queue, je vous conseille d’acheter votre billet à l’avance sur internet. Sinon, vous risquez de perdre beaucoup de temps. [00:30:14] Un autre sujet de conversation qu’adorent les Français, c’est évidemment le cinéma. Quand on arrive au travail lundi et qu’on n’a pas vu le dernier film acclamé par les critiques, on peut se sentir un peu exclu des conversations ! Heureusement, il y a des cinémas qui proposent des cartes illimitées. En gros, vous payez un abonnement à 20€ par mois, et vous pouvez aller dans ces cinémas aussi souvent que vous voulez. C’est vraiment rentable car un ticket de cinéma à Paris coûte entre 8 et 12€. [00:30:52] Donc profiter de la culture, c’est très facile à Paris. Par contre faire du sport, c’est plus difficile. Il n’y a pas beaucoup de salles de sport ni d’endroits pour pratiquer. Personnellement quand j’habitais là-bas, je ne faisais pas du tout de sport et mes amis non plus. En général, j’ai l’impression que les Parisiens ne sont pas très sportifs. Mais je pense que c’est en train de changer [it’s changing]. On voit de plus en plus de gens faire du jogging et, comme partout, le yoga est très à la mode. En plus, vous avez peut-être entendu que Paris va accueillir les Jeux Olympiques en 2024, donc beaucoup d’infrastructures vont être construites d’ici-là, et on peut imaginer que ça va motiver les Parisiens ! [00:31:45] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que cet épisode vous a plu et qu’il vous a permis de vous faire une meilleure idée de la vie à Paris. Si c’est un sujet qui vous intéresse, vous pouvez trouver plein de vidéos de Français qui en parlent sur Youtube. [00:32:04] Comme d’habitude, si vous voulez m’aider vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur l’application de podcasts que vous utilisez. [00:32:13] Prochain épisode dans deux semaines et en attendant, n’oubliez pas de faire du français tous les jours ! Bye bye ! 42 Le 1er anniversaire du podcast ! Episode 42 : c’est l’anniversaire du podcast ! [00:00:11] Bonjour à tous et bienvenue pour ce 42ème épisode. Un épisode un peu spécial parce que l’anniversaire du podcast aujourd’hui, ça fait un an que j’ai publié le premier épisode. Donc j’avais envie de faire quelque chose d’un peu différent, d’un peu spécial, pour fêter cet anniversaire avec vous, les auditeurs du podcast, et mon idée, c’est de vous montrer les coulisses [behind the scenes]. Les coulisses, c’est un mot très intéressant. Par exemple quand vous êtes au théâtre, vous voyez la scène, l’action au théâtre, la pièce de théâtre se passe sur la scène. Mais derrière la scène, il y a des endroits cachés, des endroits que le public ne voit pas, pour que les acteurs et les comédiens puissent se déplacer librement sans être vus par le public. Et cet endroit justement, c’est ça qu’on appelle “les coulisses”. En général, on utilise ce mot pour parler de toutes ces choses que le public ne voit pas. Par exemple, la cuisine d’un restaurant, c’est un peu les coulisses. Quand vous allez au restaurant, en général vous ne voyez pas ce qui se passe en cuisine. Vous ne voyez pas les coulisses. Avec ce podcast, avec cet épisode, je vais vous montrer justement comment moi je fais pour créer un épisode, quelles sont les différentes étapes, pour vous donner un peu une idée de ce qui se passe en coulisses. [00:02:00] Alors aujourd’hui, comme je vous l’ai dit, on fête le premier anniversaire du podcast. Une petite précision ici sur le verbe “fêter”. Parfois mes élèves me demandent : est-ce qu’il faut utiliser le verbe “fêter” ou le verbe “célébrer” quand on parle d’un anniversaire ? En fait, quand vous parlez de l’anniversaire d’un ami ou de quelqu’un de votre famille, on utilise le verbe “fêter”. C’est le verbe qu’on utilise plutôt dans la langue courante, la langue de tous les jours. Par exemple : “le week end dernier, j’ai fêté l’anniversaire de mon grand père” ou “samedi prochain, je vais fêter l’anniversaire de ma meilleure amie” Le verbe célébrer, lui, on l’utilise dans la langue officielle, par exemple pour les évènements historiques. “Aujourd’hui, nous allons célébrer l’anniversaire de la Révolution française”, par exemple. Le 14 juillet, on célèbre l’anniversaire de la Révolution française et de la prise de la Bastille. Donc voilà, je ferme la parenthèse [I bring the disgression to an end] sur ce point de vocabulaire. [00:03:17] Et avant d’entrer dans les coulisses du podcast, j’aimerais remercier particulièrement les élèves du lycée de Medfield dans le Massachussetts parce qu’ils ont écouté mon podcast en classe, apparemment, et ils ont tous décidé de m’envoyer un email. Donc à mon avis, c’est leur professeur, peut-être, qui leur a dit de m’envoyer un email. Donc la semaine dernière, j’ai reçu une vingtaine d’emails des élèves du cours de français du lycée de Medfield dans le Massachussetts. Donc j’étais très surpris de recevoir autant d’emails à la fois, autant d’emails en même temps, et aussi très heureux. Pour moi c’est vraiment génial d’imaginer qu’on peut écouter mon podcast dans des cours de français des lycées aux EtatsUnis et je suis super content de pouvoir aider un public qui est de plus en plus large, de toucher de plus en plus de personnes. Donc si vous écoutez ce podcast, merci à vous. Merci aux élèves de terminale du lycée Medfield. Merci pour tous vos emails ça m’a fait vraiment très plaisir. [00:04:41] Et d’ailleurs dans ces emails, vous m’avez souvent posé des questions qui concernent l’apprentissage des lycéens. Vous m’avez demandé si j’avais des conseils à donner pour vous aider à apprendre le français. C’est vrai que sur Internet quand on s’intéresse un peu aux langues, souvent on voit des spécialistes qui critiquent la façon dont les langues sont enseignées à l’école. Ils disent que ce n’est pas efficace, que la majorité des élèves ne peut pas apprendre à parler une langue, et à la fin de plusieurs années d’études, on n’est toujours pas capable d’utiliser cette langue. Ils ont des visions assez négatives et je dois dire que [I must say that] moi aussi je partage cette vision. Je pense que certains de ces arguments sont valides. [00:05:38] Mais je pense que la plupart des professeurs au lycée font vraiment leur maximum, ils font beaucoup beaucoup d’efforts pour aider leurs élèves à apprendre une langue, que ce soit [whether it’s] le français, l’espagnol, l’anglais, l’allemand etc. Mais simplement les conditions ne sont pas aussi bonnes que dans des écoles de langues spécialisées par exemple, où le but, c’est vraiment d’apprendre une langue spécifique. Au lycée, les élèves ont beaucoup de cours, pas seulement les langues étrangères. Et malheureusement, le plus gros problème, c’est que souvent il y a beaucoup d’élèves dans une seule classe. Donc c’est très difficile pour le professeur de faire travailler tous ces élèves, surtout d’intéresser tous ces élèves. Mais l’autre problème moi (je le sais très bien parce que j’ai aussi appris les langues à l’école), l’autre problème, c’est que souvent les élèves sont passifs et n’essayent pas de s’approprier la langue. Ils n’essayent pas de faire d’effort particulier pour mieux comprendre, pour mieux parler une langue. Ils attendent que le professeur fasse tout pour eux. Évidemment, ça n’est pas la méthode la plus efficace pour pouvoir apprendre une langue. [00:07:03] En fait si vous écoutez, les lycéens de Medfield, ou si vous êtes lycéen ou même collégien dans un autre pays, je pense que les conseils que je donne dans ce podcast pour apprendre le français s’appliquent aussi pour vous. Je pense qu’il y a pas vraiment de différences de stratégie entre les adultes et les élèves. La clé pour apprendre une langue, c’est de devenir actif et autonome. Il faut s’intéresser à la langue et surtout il faut trouver des choses qui nous plaisent, des choses qu’on aime faire. Il ne faut pas seulement attendre que votre prof fasse le travail à votre place, parce que votre prof, cette langue, il la connaît déjà, il a pas besoin de l’apprendre, c’est vous qui devez l’apprendre. Donc vous ne pouvez pas seulement compter sur votre professeur. [00:08:o2] Mais les jeunes, si vous êtes collégiens ou lycéens, je pense que vous avez quelques avantages pour apprendre les langues. Et surtout pour trouver des choses intéressantes. Pourquoi ? Parce que sur, Internet il y a énormément de contenus, que ce soit des vidéos, des livres, des podcasts (comme le mien par exemple). Il y a énormément de contenus qui peuvent vous aider à apprendre le français en faisant des choses qui vous intéressent. Et votre avantage, ici, c’est que c’est plus facile pour vous de trouver tous ces contenus parce que, en général, vous passez déjà beaucoup de temps sur Internet donc vous savez très bien chercher des choses qui vous intéressent. Et maintenant, il faut seulement diriger vos efforts pour trouver des choses qui vous intéressent en français. Vous allez voir que le français n’est pas simplement une langue que l’on apprend dans les livres à l’école, mais c’est une langue vivante avec beaucoup de personnes qui la parlent et qui font des choses intéressantes avec ça. Donc ça, c’est vraiment mon conseil principal : devenez actifs et non pas passifs, et concentrez-vous pour trouver des choses qui vous intéressent pour passer un maximum de temps avec la langue. C’est le plus important : passez un maximum de temps avec le français. [00:09:39] Ok donc maintenant on va entrer dans le vif du sujet [get to the heart of the matter], on va entrer dans les coulisses du podcast. D’abord je vais vous dire, eh bien comment je prépare mes podcasts. Ensuite, ce que j’ai appris pendant cette année, pendant cette première année où j’ai fait mon podcast. Et pour finir, je vais vous révéler quels sont mes plans pour cette nouvelle année, quelles sont les choses que j’ai décidé de préparer pour vous. [00:10:07] D’abord, comment j’ai eu l’idée de ce podcast ? Comme vous le savez peut-être, j’apprends le polonais (depuis quelques années maintenant) parce que j’habite à Varsovie, en Pologne et au début pour moi, c’était assez difficile. J’avais acheté un livre de grammaire. J’essayais d’apprendre toutes les règles de grammaire. En fait, je refaisais exactement les mêmes erreurs que j’avais faites la première fois quand j’avais appris une langue étrangère, quand j’avais appris l’anglais, simplement parce que c’était un peu la seule méthode que je connaissais. Donc cette première année où j’ai essayé d’apprendre le polonais n’était pas très efficace. J’ai pas obtenu de très bons résultats. [00:10:54] Mais un jour, j’ai commencé à chercher des podcasts parce que je me suis dit que [I thought / I said to myself that] peut être, ça pourrait être une méthode un peu différente pour m’aider justement à apprendre le polonais. Et là, je suis tombé sur [I came upon] un podcast qui s’appelle Real Polish qui est créé par un monsieur qui s’appelle Piotr qui habite à Varsovie comme moi. Et ce podcast, ça a été une révélation. Au début, je pensais que ça serait juste un complément pour la grammaire. Mais très rapidement, c’est devenu la base de mon apprentissage du polonais. J’ai complètement arrêté d’étudier la grammaire dans ces livres ennuyeux et je me suis mis à [I started to] écouter tous les podcasts de Real Polish. En fait, je suis devenu un peu accro. “Être accro“, [to be addicted / to get hooked on] c’est quand vous avez une addiction à quelque chose, par exemple une addiction aux drogues. On dit que vous êtes accro. Eh bien moi j’étais accro au podcast Real Polish de Piotr. [00:12:07] Pourquoi je suis devenu accro à ces podcasts ? Eh bien tout simplement parce qu’ils étaient intéressants. C’était pas juste des podcasts qui parlaient de règles de grammaire et de comment faire les différentes déclinaisons en polonais, mais c’était un podcast qui parlait de thèmes concrets avec des arguments et des choses qui étaient vraiment passionnants. Grâce à ça, j’ai pu faire beaucoup de progrès. Tout simplement parce que j’avais envie de passer de plus en plus de temps avec la langue et d’écouter de plus en plus de podcasts. Après quelques mois, j’ai essayé d’écouter des podcasts destinés aux Polonais (pas aux gens qui apprennent le polonais mais vraiment des podcasts polonais) et je me suis rendu compte que [I realized that] j’étais capable de comprendre. Donc là, ça a été une deuxième révélation pour moi, quelque chose de vraiment génial, parce que, enfin, j’avais accès à toute la culture polonaise. J’étais capable de tout comprendre. [00:13:18] Maintenant, ma méthode pour apprendre le polonais, c’est d’écouter un podcast par jour (d’environ 30 minutes), tous les jours, et je prends aussi deux heures de cours particuliers avec des profs sur Internet chaque semaine. Grâce à ça, j’ai fait des progrès vraiment très rapides et surtout des progrès durables. Maintenant, j’ai assez confiance en moi pour parler polonais avec les gens, c’est vraiment génial. [00:13:51] À ce moment-là, j’avais aussi commencé à donner des cours à l’Institut français de Varsovie. Et j’avais beaucoup d’élèves intermédiaires pour lesquels je cherchais un podcast similaire à Real Polsih (mais en français) et malheureusement, je trouvais pas d’équivalent. Il y avait d’autres podcasts, mais ces podcasts parlaient seulement de grammaire. Donc j’ai décidé de faire mon propre podcast pour mes élèves. C’est un podcast qui est inspiré de celui de Piotr, mais les sujets sont complètement différents parce que ce sont des sujets, évidemment, que moi j’ai choisis, des sujets qui m’intéressent. C’est la touche personnelle que j’ajoute à ce podcast. Et comme je l’ai dit dans le tout premier épisode, le principe, la méthode de ce podcast, c’est de suivre les théories du professeur Stephen Krashen qui parle de l’acquisition naturelle de la langue. Donc j’essaye de vous proposer des choses intéressantes et accessibles qui vont vous permettre de progresser tout en prenant du plaisir. [00:15:08] Alors comment je fais pour choisir mes sujets ? Ça, c’est vraiment quelque chose de très important parce que si les sujets ne sont pas intéressants, la méthode ne peut pas marcher. Pour trouver des bons sujets, je me creuse la tête. Ça, c’est une expression que vous pouvez utiliser. “Se creuser la tête” [to rack one’s brains], c’est quand on réfléchit beaucoup beaucoup pour trouver une solution, quand on pense très fort pour trouver une solution. Se creuser la tête. Moi, je me creuse la tête pour trouver des sujets qui peuvent intéresser le plus grand nombre de mes auditeurs. C’est aussi des sujets que je traite souvent avec mes élèves à l’Institut français. Une de mes méthodes, c’est de tester mes sujets sur mes élèves de l’Institut français. Et si ces sujets leur plaisent, ensuite je décide d’en faire un podcast. Donc je sais qu’il y a certains de ces élèves qui m’écoutent; donc voilà, désolé, mais vous êtes mes cobayes ! Je fais des expériences sur vous pour tester les sujets pour mot podcast. Maintenant vous le savez ;). [00:16:23] Une fois que j’ai trouvé un sujet qui me semble intéressant, eh bien je dois faire des recherches. Moi, je suis quelqu’un qui s’intéresse à beaucoup de sujets et je lis beaucoup, mais je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un expert dans tous ces domaines. Donc quand j’ai envie de faire un sujet dans un épisode pour vous, évidemment je dois chercher des informations pour ne pas vous raconter n’importe quoi ! Pour moi, c’est vraiment super parce que non seulement je fais quelque chose d’utile pour vous, mais ça me permet aussi d’apprendre plein de nouvelles choses. C’est vraiment un exercice que j’adore faire. [00:17:06] Une fois que j’ai fait suffisamment de recherches, que j’ai suffisamment d’informations, je fais un plan pour présenter le podcast. Ça, c’est quelque chose que j’ai appris pendant mes études. Et en France, en général, c’est une chose que l’on valorise beaucoup à l’école et à l’université, c’est de faire un plan. C’est très important quand on écrit un essai de faire un plan pour avoir une structure très claire et des arguments bien organisés parce que ça permet à la personne qui lit votre essai de bien comprendre quelles sont vos idées et de voir à quelle conclusion vous voulez arriver. Ça pour moi, c’est quelque chose de presque automatique maintenant et pour chaque podcast je fais un plan. Comme ça, je pense que ça vous aide à mieux comprendre et à mieux suivre ce que je raconte. [00:18:03] Une fois que l’épisode est enregistré, je dois le monter, c’est à dire ajouter les musiques, couper certains passages, faire les transitions etc. Et pour cela j’utilise un logiciel qui s’appelle Garage Band qui est disponible sur les ordinateurs Mac, sur les ordinateurs Apple. Et une fois que c’est fini, une fois que l’épisode est prêt, je dois encore travailler sur la transcription pour la poster sur mon site. D’ailleurs peut être que vous avez remarqué que depuis un ou deux épisodes, j’essaye d’enrichir la transcription. J’essaye d’ajouter plus d’informations. Par exemple, je souligne les expressions importantes et je mets des traductions en anglais, justement pour vous aider à mieux comprendre le podcast. Malheureusement pour le moment je n’ai pas le temps de le faire sur les épisodes d’avant, mais pour tous les épisodes futurs, c’est une chose que je vais essayer de faire systématiquement. Comme ça vous avez encore plus d’informations et je pense que ça vous aide encore plus. Le jeudi (parce que vous savez que je poste les épisodes le jeudi), le jeudi je publie un nouvel épisode une semaine sur deux avec la transcription sur mon site. Et comme ça vous pouvez l’écouter. [00:19:31] Mais le travail n’est pas encore fini parce que, ensuite, il faut faire la promotion du podcast, il faut promouvoir le podcast pour que de nouvelles personnes puissent le découvrir. Ce que je faisais avant, c’était de faire une vidéo sur ma page Facebook, un petit teaser vidéo. Mais c’est quelque chose qui me prend beaucoup de temps et je pense que les résultats ne valaient pas la peine[weren’t worth it], c’est à dire que les résultats ne justifiaient pas de faire tout ce travail, de créer cette vidéo supplémentaire. Donc j’ai arrêté de le faire et maintenant je n’ai pas vraiment le temps de faire de promotion. Donc on peut dire que j’ai arrêté de faire la promotion du podcast, mais grâce au bouche à oreille j’ai de nouveaux auditeurs. Le bouche à oreille [word of mouth], c’est quand les personnes parlent d’un sujet et que… elles parlent de ce sujet à leurs amis. Par exemple si vous avez vu un super film, vous allez parler de ce film à vos amis et vos amis vont aller le voir. Donc ça c’est “le bouche à oreille”. C’est pareil avec un restaurant. Vous avez mangé dans un super bon restaurant, vous le conseiller à vos amis. Donc ce restaurant se fait connaître grâce au bouche à oreille. Et moi, grâce au bouche à oreille, mon podcast se fait connaître auprès de nouvelles personnes parce que je vois que, chaque mois, il y a de plus en plus de téléchargements du podcast. [00:21:16] Voilà, donc ça, c’est toutes les étapes pour publier un nouvel épisode. Donc il faut savoir que ça me prend entre 6 et 8 heures pour faire ce genre d’épisode Entre 6 et 8 heures de travail pour publier un nouvel épisode. Mais pour moi c’est vraiment un plaisir donc j’essaie de ne pas compter mes heures. [00:21:44] Qu’est ce que j’ai appris pendant cette première année à faire ce podcast ? D’abord, j’ai appris qu’il faut tester différentes choses. Souvent, quand on n’est pas sûr de commencer un nouveau projet, par exemple quand on a des doutes, ces doutes peuvent nous paralyser. On a peur de mal faire donc on décide de ne rien faire. Mais en fait, une solution, c’est tout simplement de tester différentes hypothèses, de tester différentes choses et de voir ce qui fonctionne. [00:22:21] Moi, par exemple, si vous vous rappelez des premiers épisodes, dans les premiers épisodes, le podcast s’appelait le Cottongue podcast. C’était un jeu de mots avec mon nom de famille parce que mon nom de famille c’est Cotton et le mot “tongue” en anglais : Cottongue. Voilà, c’était assez drôle pour mes élèves mais je pense que ce n’était pas très compréhensible pour un public plus large, pour un public qui ne me connaissait pas personnellement. Donc j’ai décidé d’adopter un autre nom, le nom innerFrench comme vous le savez. Eh bien comme ça, vous voyez que j’ai tout simplement testé une autre solution et j’ai décidé d’adopter cette nouvelle solution, tout simplement. Et ça s’est plutôt bien passé. [00:23:16] Durant cette première année j’ai aussi appris qu’il est mieux de se concentrer sur une seule chose à la fois, de faire une seule chose à la fois. Au début, j’avais envie d’être présent partout, d’avoir un blog, une page Facebook, de faire des vidéos YouTube etc. Mais assez vite, je me suis rendu compte, j’ai réalisé, que c’était pas possible pour une seule personne comme moi de faire toutes ces choses. Surtout que j’ai mon travail de professeur à côté qui est très important donc je n’avais pas un temps illimité pour travailler sur toutes ces ressources, pour créer des vidéos, des podcasts, des articles. Donc j’ai décidé de me concentrer seulement sur les podcasts. Comme ça, ça me permet d’essayer de faire le meilleur podcast possible au lieu [instead of], au contraire, de faire plein de choses différentes et de les faire mal. Moi, je fais seulement ce podcast mais je le fais le mieux possible. [00:24:29] Un autre élément très important, c’est la constance. Si on veut réussir à faire quelque chose qui va plaire aux gens, ça demande du temps. Donc il faut être régulier, il faut être constant. Au début, je pensais que je pourrais faire un podcast chaque semaine, mais après quelques mois là aussi je me suis rendu compte que ce n’était pas possible. Ça me demandait trop de travail. Donc au lieu d’arrêter complètement, j’ai décidé de faire un podcast moins souvent et de faire de publier un nouvel épisode une fois toutes les deux semaines. Grâce à ça, c’est un rythme qui pour moi fonctionne bien et je peux être constant, je peux être régulier. [00:25:23] Mais je pense que la chose la plus importante que j’ai apprise, c’est qu’il faut essayer de faire son maximum pour les autres. Je ne fais pas ce podcast pour moi, pour être connu, pour être célèbre, mais je le fais pour essayer d’aider les personnes qui apprennent le français. Au début, c’était pour aider mes élèves. Et maintenant c’est pour aider toute la communauté des auditeurs d’innerFrench. Et quand on fait ça, quand on a cette attitude, eh bien on est sûr de faire quelque chose de bien. Tout simplement parce que nos intentions sont bonnes et qu’on est honnête. Je suis honnête avec vous. J’essaie d’être le plus transparent possible, de vous expliquer ma démarche, pourquoi je fais les choses comme ça. Et je vois que ça marche très bien parce que, en retour, je reçois beaucoup de messages, beaucoup d’emails, beaucoup de remerciements donc c’est comme on dit en français “du donnant-donnant“[mutually beneficial]. Je vous donne quelque chose, ce podcast, et en échange vous me donnez votre reconnaissance et votre confiance. Et pour moi, c’est vraiment un sentiment génial parce que je me sens utile. Je sais que je fais quelque chose d’utile pour les autres et à mon avis, c’est vraiment le meilleur sentiment du monde. [00:26:56] Et pour le futur du podcast, je vais essayer d’avoir des contenus un peu plus diversifiés. Donc ce n’est pas seulement moi qui vais parler mais je vais essayer d’avoir plus d’invités comme par exemple l’épisode avec Laure, mon ami journaliste. Je sais qu’il y a beaucoup d’auditeurs qui ont adoré cet épisode. D’autres qui l’ont trouvé assez difficile. C’est vrai qu’il est plus difficile que quand c’est moi qui parle tout seul. Mais je pense que c’est un très bon test pour voir où vous en êtes, pour voir quel est votre niveau actuel concernant la compréhension orale du français. Dans le futur, attendez-vous à [expect to] voir plus d’interviews dans ce style. Evidemment je vais continuer à faire des podcasts en solo. Il y aura surtout ces épisodes en solo et, de temps en temps, une petite interview pour diversifier le contenu. [00:28:04] Et maintenant la dernière partie de ce podcast : quels sont mes plans pour le futur ? Depuis plusieurs semaines, je travaille sur un nouveau projet, et ce projet, c’est un programme pour passer du niveau intermédiaire au niveau avancé. Qu’est ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire : devenir autonome, devenir indépendant et avoir accès à la culture française. Mon but avec ce programme, c’est que les gens qui vont le faire soient capables de comprendre les émissions de radio, les films français etc. Et qu’ils soient capables d’utiliser le français au quotidien. [00:28:53] Comment ce programme va fonctionner ? Ça va être un programme qui va durer trois mois. Chaque semaine, il y aura un nouveau thème, par exemple : la société française, la psychologie, le sport, le développement personnel etc. Et chaque jour, vous aurez un épisode de dix minutes. Un peu comme ce podcast mais dans un format plus court. Mon objectif, c’est vraiment de créer l’habitude de faire un peu de français tous les jours. C’est quelque chose que je vous répète assez souvent, je pense que c’est très important pour faire des progrès. Donc dans ce programme, il y aura un épisode par jour mais en plus de la transcription habituelle, il y aura des explications, de la grammaire et peut-être -c’est pas encore sûr mais peut-être- des exercices pour pratiquer en plus de ces épisodes. Il y aura de temps en temps -deux fois par semaine je pense- des vraies ressources françaises, par exemple une émission de radio ou un extrait de film, qu’on va analyser ensemble. On va analyser les structures et je vais vous donner des stratégies pour comprendre ce français oral, ce français parlé, avec de vrais exemples. Pas seulement avec les épisodes que j’enregistre pour vous mais avec des vrais films, des vraies émissions de radio etc. [00:30:28] L’objectif, c’est d’avoir un programme bien structuré avec une vraie progression et des contenus, des épisodes, qui soient informatifs. Je sais qu’il y a déjà d’autres programmes comme ça, mais souvent c’est des programmes qui se basent sur des conversations entre Français par exemple. Donc c’est très bien, ça fonctionne plutôt bien si votre but est d’aller en France, par exemple. Mais le problème, à mon avis, c’est que souvent c’est pas très intéressant. C’est pas parce que vous apprenez le français, qu’une conversation entre un mari qui va acheter une baguette et sa femme qui est fatiguée va vous intéresser. Moi, je vais faire comme avec ce podcast, je vais prendre différents sujets pour vous aider à mieux comprendre la France, mieux comprendre sa culture, la société et aussi d’autres thèmes plus généraux sur la psychologie, l’économie etc.. Comme je l’ai déjà dit, en plus de tout ça il y aura, je pense, de nombreux bonus pour vous aider à progresser. Et à la fin des trois mois, vous serez capable de comprendre le français et surtout vous aurez envie de continuer à apprendre, de continuer à faire des progrès. Parce que vous aurez construit cette habitude de faire du français tous les jours. [00:31:59] Pour être complètement transparent avec vous, c’est un programme qui ne sera pas gratuit. Ça sera pas comme mon podcast. C’est un programme qui va être payant. L’idée pour moi, c’est grâce à ce programme de gagner un peu d’argent évidemment, et grâce à ça, de pouvoir donner moins de cours. Parce que si je donne moins de cours, je vais avoir plus de temps pour créer d’autres ressources, d’autres contenus, et c’est la direction dans laquelle j’ai envie d’aller. Par exemple, j’ai envie de faire plus de vidéos sur YouTube parce que grâce à ça, je peux aider de plus en plus de personnes. Donc voilà, si c’est une idée qui vous intéresse, vous pouvez déjà m’écrire un mail pour me dire ce que vous en pensez. Mais de toute façon, dans quelques semaines, c’est moi qui vais vous envoyer un email, justement pour vous parler de ce programme plus en détails. Et pour vous proposer quelques épisodes si vous avez envie de l’essayer, pour voir si c’est quelque chose qui peut vous plaire, pour voir si vous avez envie de faire ce programme de trois mois, de 90 jours de Français ensemble. [00:33:25] Voilà on va s’arrêter là pour cet épisode anniversaire, pour ce premier anniversaire du podcast. Merci beaucoup, encore une fois. J’insiste vraiment là-dessus [I really insist on this] mais sans vous, ça serait impossible de faire ce podcast. Merci pour votre soutien [support]. Merci pour tous les mails, tous les messages que vous m’envoyez, les évaluations que vous avez laissées sur iTunes, les recommandations etc… Encore une fois, c’est quelque chose d’exceptionnel, d’extraordinaire pour moi. Donc je suis très content d’avoir cette communauté d’auditeurs dont vous faites partie. Et j’espère que vous allez continuer de m’écouter cette nouvelle année, et surtout que vous allez continuer de progresser en français, qu’on va continuer de progresser ensemble. [00:34:19] Comme d’habitude, si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire. Vous pouvez trouver la transcription de l’épisode sur mon site www.innerfrench.com et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. [00:34:35] Merci à tous et à bientôt, salut ! 43 La 2ème révolution française Épisode 43 : la deuxième révolution française. [00:00:11] Salut à tous ! Comme d’habitude, je suis très content de vous retrouver et de pouvoir passer un peu de temps avec vous. Et je voudrais commencer par vous remercier parce que après l’épisode anniversaire, Le dernier épisode, j’ai reçu beaucoup d’emails, vraiment énormément d’emails, pour me féliciter pour ce premier anniversaire. Donc merci à vous ! Merci à tous ceux qui m’ont écrit et merci plus généralement à tous les auditeurs du podcast ! Vraiment je ne m’attendais pas à avoir un tel succès avec ce podcast. Donc pour moi c’est que du plaisir. Je suis vraiment très content d’enregistrer de nouveaux épisodes pour vous et j’espère continuer à le faire le plus longtemps possible. [00:01:08] Donc j’ai reçu beaucoup d’emails pour me féliciter mais aussi pour me poser des questions sur le programme dont j’ai parlé dans ce dernier épisode. Si vous l’avez écouté vous savez peut-être que je travaille sur un nouveau programme pour vous aider à apprendre le français et c’est un programme qui va être plus complet que le podcast parce qu’il va y avoir des leçons très structurées avec une progression et avec une leçon quotidienne, de la grammaire, des exercices. Bref, tout ce dont vous avez besoin pour progresser et pour être plus à l’aise en français. [00:01:53] Donc au début je pensais faire un programme de trois mois. Mais je me suis rendu compte que ça serait peut être un peu long pour certains. Donc je vais commencer avec une version plus courte, une version d’un mois, pour tester un peu l’idée, voir comment ça fonctionne et voir comment ça vous plaît. Et ensuite, si le programme marche bien, s’il vous permet de faire des progrès, je sortirais la suite (donc le niveau 2, le niveau 3 etc. etc.). [00:02:25] Donc je sais que vous avez encore beaucoup de questions auxquelles je n’ai pas répondu. Un peu de patience. Je pense que je vais vous envoyer un email sur ce sujet dans les prochaines semaines. Comme ça, vous en saurez plus. [00:02:41] Mais aujourd’hui on va parler d’un sujet complètement différent. On va parler de la deuxième révolution française. C’est un titre un peu provocateur, un peu choquant peut-être, parce que je suis sûr que vous connaissez tous la première Révolution française, celle de 1789, mais peutêtre que vous n’avez pas entendu parler de la deuxième. Peut-être que vous ne savez pas qu’en France, il y a eu une deuxième révolution. En fait, ce n’était pas vraiment une révolution politique c’était une révolution plutôt sociale. Cette révolution, elle a eu lieu en mai 1968. Ça fait donc 50 ans que cet événement a eu lieu. Cette année, on fête le cinquantième anniversaire de Mai 68 donc c’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui. [00:03:40] Je vais vous expliquer pourquoi cet événement est un des événements les plus importants de l’histoire de France au XXème siècle, et pourquoi c’est important de le connaître si vous voulez comprendre la société française actuelle. Pour ça je vais d’abord vous parler du contexte, dans quel contexte cet événement a eu lieu. Après ça, je vais vous parler concrètement des évènements, de ce qui s’est passé. Et pour finir, on verra ensemble quelles ont été les conséquences de cette petite révolution. Quelles ont été les conséquences de Mai 68 et quels changements on a pu observer après cet événement. Vous êtes prêts ? Alors c’est parti ! [00:04:40] Pour commencer, je vais vous parler du contexte. D’abord le contexte économique. On est en France, à la fin des années 60 et aussi à la fin d’une période qu’on appelle les Trente Glorieuses. C’est une période de trente ans après la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle la croissance économique [economic growth] dans les pays développés a été extrêmement forte. En France, pendant ces trente ans, il y avait 5% de croissance par an. Donc en fait le niveau de vie des Français a doublé. On peut dire que les Français sont entrés dans la société de consommation. Bon, ça s’est passé un peu plus tard aux Etats-Unis parce qu’aux Etats-Unis, la société de consommation était déjà apparue quarante ans plus tôt. Mais dans les autres pays développés, en Europe, on était un peu en retard. [00:05:38] À côté de cette prospérité économique, il y a un autre phénomène qu’on observe, c’est l’urbanisation. Autrement dit, beaucoup de Français quittent les campagnes pour aller s’installer en ville. Soit pour travailler dans l’industrie, soit pour travailler dans les services (parce que le secteur des services a commencé à beaucoup se développer). [00:06:03] Mais tout le monde ne profite pas vraiment de cette prospérité économique. Par exemple, il y a certaines usines qui commencent à fermer. Une usine [a factory] vous savez, c’est un endroit dans lequel on produit dans des quantités industrielles, par exemple une usine de voitures. Déjà, à cette époque, il y a certaines usines qui ne gagnent plus assez d’argent et qui ferment. Donc il y a beaucoup d’ouvriers qui se retrouvent au chômage. Les ouvriers, [worker, laborer] vous avez compris, c’est les personnes qui travaillent dans les usines, qui travaillent sur les chaînes de production. [00:06:45] Donc avec ces fermetures d’usines, beaucoup d’ouvriers se retrouvent sans travail, ils sont au chômage [they are unemployed]. Autrement dit, il y a une grande partie des travailleurs qui se sentent exclus de la prospérité. Ils ont l’impression de ne pas profiter de la bonne santé économique de la France. Ces personnes qui se sentent exclues ce sont, vous avez compris, les ouvriers mais aussi les femmes et les travailleurs immigrés. Autrement dit, toutes ces personnes dont les salaires sont très bas, dont les salaires sont très faibles. [00:07:21] À côté du contexte économique, il y a le contexte social. D’un côté, on a la génération d’avant-guerre, la génération des personnes qui sont nées pendant la première moitié du XXème siècle. Cette génération, elle a eu une vie vraiment difficile. Parfois, ce sont des personnes qui ont connu les deux guerres mondiales. Et puis en général, elles ont eu des conditions de vie assez dures avec un travail pénible. “Pénible” [hard, arduous], ça veut dire quelque chose qui est difficile physiquement, quelque chose qui demande beaucoup d’efforts. Donc ces personnes avaient un travail pénible, elles travaillaient beaucoup, leurs horaires de travail étaient très longs. [00:08:09] Et cette difficulté de la vie, on peut dire qu’elle se retrouve, elle est visible, dans les rapports entre les gens, entre les personnes de cette génération. Ce sont des personnes qui ont un état d’esprit assez rigoriste. Pour eux, il n’y a pas de place pour l’excentricité il faut travailler et travailler dur si on veut survivre. Il y a un dicton [a saying] qu’on utilisait à cette époque qui disait : “on n’est pas sur Terre pour rigoler”. Autrement dit, on n’est pas là pour s’amuser, pour prendre du plaisir. On est là pour travailler pour gagner assez d’argent pour pouvoir manger. [00:08:55] Donc d’un côté, il y a cette génération et de l’autre, il y a la génération d’après-guerre, les “baby boomers”, comme on les appelle, qui, eux, ont une vie assez différente de celle de leurs parents et de leurs grands parents. Ils n’ont pas connu la guerre donc ils ont une vie qui est relativement confortable. Et en plus, ils ont un confort matériel qui n’existait pas avant. Par exemple, il y a le chauffage central [central heating] dans les appartements. Ça veut dire qu’il ne fait jamais froid. Il y a toujours de la chaleur grâce au chauffage. Les nouveaux appartements sont aussi équipés de salle de bain pour pouvoir se laver régulièrement et il y a des moyens de communication comme le téléphone et aussi la radio pour diffuser les médias de masse. Un peu plus tard, il y a la télévision qui, elle aussi, va se propager massivement dans les foyers[households] français, dans les maisons des Français. [00:10:00] Donc avec ce confort matériel et avec le fait que ces personnes n’ont pas connu les guerres précédentes, en fait il y a une incompréhension entre ces deux générations. Ces deux générations ne se comprennent pas. La génération plus âgée ne comprend pas pourquoi ces jeunes veulent seulement s’amuser et profiter. Et les jeunes, eux, ils ne comprennent pas pourquoi leurs parents et leurs grands parents ont une attitude tellement stricte, tellement sévère, et pourquoi ils ne leur laissent aucune liberté. [00:10:44] Ensuite, il y a le contexte politique. À cette époque, c’est le général de Gaulle qui est au pouvoir. En fait, il est au pouvoir depuis 1958. Ça fait dix ans qu’il est au pouvoir. Le général de Gaulle, en France, c’est un héros, c’est le héros de la Seconde Guerre mondiale. C’est lui qui a organisé la résistance française et on aime dire que c’est De Gaulle qui a libéré la France. Bon, en réalité, ce sont plutôt les Américains qui ont libéré la France mais les Français préfèrent dire que c’est le Général de Gaulle qui l’a fait. [00:11:20] En 1958, le général de Gaulle a créé la Vème République. La Vème République, c’est le système qui est toujours en place actuellement, c’est le système qu’on utilise toujours maintenant. Dans cette Vème république, le président a beaucoup de pouvoir. C’est un régime politique qui donne une grande importance au président de la République. [00:11:46] Une importance d’autant plus grande que [all the more important that] le président est élu au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, ça signifie simplement que les citoyens votent directement pour élire leur président et aussi pour élire leurs députés. Donc c’est un système un peu différent du système américain, par exemple, où il y a les grands électeurs. En France, c’est le suffrage universel direct. Les citoyens élisent directement leur président et leurs députés. Ce suffrage universel direct, eh bien il donne une grande légitimité au président. Il donne ici une grande légitimité à de Gaulle parce qu’il a été élu directement par les Français. [00:12:38] À côté de ça, de Gaulle a aussi un certain prestige et une grande influence sur la scène diplomatique. Mais bon, c’est quelqu’un d’assez vieux. Parce que, en 1968, de Gaulle a 78 ans et, en fait il y a un décalage entre les attentes[expectations] sociales et les attentes culturelles de la société française, surtout des jeunes, et d’un autre côté, l’attitude de De Gaulle, ses exigences et sa rigueur. On pense que de Gaulle est un peu “old school” et on dit à cette époque que la France s’ennuie. La France s’ennuie. [00:13:28] Ce qui est aussi important dans ce contexte politique, c’est évidemment la guerre froide. La guerre froide entre le bloc de l’Ouest dirigé par les Américains et le bloc de l’Est avec l’Union soviétique, l’URSS. En France, il faut savoir que, officiellement, on était alliés des Américains, on faisait partie du bloc de l’Ouest. Mais le Parti communiste était le parti le plus influent à gauche en France. [00:13:55] Et puis, il y a aussi à ce moment-là l’influence du mouvement hippie. Les jeunes Français observent les jeunes Américains et ils voient cette naissance du mouvement hippie, au niveau culturel mais aussi au niveau protestataire avec toutes les manifestations des années 60 aux EtatsUnis, par exemple celle à l’université de Berkeley. [00:14:21] Donc ça, c’est le contexte : – économique, avec la prospérité économique mais des grandes inégalités, certaines personnes qui sont au chômage ; – le contexte social avec cette incompréhension entre la génération d’avantguerre et la génération d’après-guerre ; – et le contexte politique avec le pouvoir de De Gaulle qui est de plus en plus contesté, l’autorité du Général de Gaulle qui est remise en question. [00:15:06] Maintenant que vous avez compris le contexte, on va s’intéresser aux évènements. Qu’est ce qui s’est passé concrètement en France pendant ce mois de mai 1968 ? Il faut savoir que ce mouvement a commencé avec les étudiants, en particulier dans une université parisienne, l’université de Nanterre (qu’on appelle aussi Paris X) et qui est située au nord ouest de Paris. Historiquement, c’est une université qui a été créée pour qu’il y ait moins de monde à la Sorbonne parce qu’il n’y avait plus de place à la Sorbonne. Donc on a décidé de créer une autre université un peu à l’extérieur de Paris, donc cette universitaire de Nanterre, pour accueillir les étudiants de littérature et de sciences humaines. C’est dans cette université spécifiquement que le mouvement de Mai 68 a commencé. [00:16:03] Il a commencé avec un groupe d’étudiants qui a décidé d’organiser des manifestations pour protester contre la guerre au Vietnam, contre l’impérialisme américain et l’autoritarisme de De Gaulle. À ce moment-là, face à ces manifestations, le directeur de l’université de Nanterre a décidé de la fermer. Et au moment où il a fermé l’université de Nanterre, le mouvement s’est répandu [it spread] dans le reste de Paris, notamment à la Sorbonne. Ce mouvement étudiant a commencé à se répandre dans toute la capitale française. [00:16:53] À côté de ces revendications politiques du mouvement étudiant contre la guerre au Vietnam, l’impérialisme américain et l’autoritarisme de De Gaulle, il y a des revendications un peu plus pragmatiques, notamment l’accès au dortoir des filles sur les campus. Il faut savoir que depuis quelques années, les filles ont accès à l’université, en France. Mais les garçons ne peuvent pas aller les voir dans leur dortoir, dans les endroits où elles vivent sur les campus des universités. Donc les étudiants revendiquent le droit de pouvoir aller voir les filles dans leur chambre sur les campus des universités. [00:17:35] Donc ça c’est un exemple qui peut sembler un peu trivial, une revendication qui peut sembler un peu triviale, mais ça illustre le changement de mentalité. On vit encore dans une société, à cette époque, où les écoles, en tout cas la majorité des écoles, ne sont pas mixtes. Il y a les écoles pour les garçons et les écoles pour les filles. Donc ça, c’est en décalage complet [completely out of step] avec la mentalité, avec l’état d’esprit [state of mind] des étudiants de cette époque. Ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent vivre dans une société où les écoles ne sont pas mixtes et où les garçons ne peuvent pas aller voir les filles dans leur chambre sur les campus des universités. Autrement dit, c’est une forme d’opposition aux valeurs de la société traditionnelle. Et ces étudiants réclament une libéralisation des mœurs. Les mœurs, [customs], c’est l’ensemble des valeurs, des attitudes d’une société. Et les étudiants veulent que ça change. Ils veulent du changement et plus de liberté. [00:18:48] D’ailleurs, on va écouter une interview d’un des leaders de mai 68 qui s’appelle Daniel Cohn-Bendit, qui était un jeune étudiant à cette époque et qui plus tard est devenu un député européen pour le parti des Verts, le parti écologiste, pendant quasiment 20 ans. À cette époque, il était seulement étudiant, il n’était pas encore député et on va écouter quelles étaient ses revendications. [00:19:25] Des étudiants refusent leur fonction qui leur est assignée par la société, c’est-à-dire qu’ils refusent de devenir les futurs cadres de la société qui exploiteront plus tard la classe ouvrière et la paysannerie. Ce refus est d’abord se fait d’abord à l’université. Il est clair que le mouvement du 22 mars ne veut rester à l’université mais qu’il veut s’étendre en dehors de l’université, c’est-à-dire essayer de faire une jonction dans la lutte avec les ouvriers ou les paysans en lutte. [00:19:55] Donc vous avez entendu le jeune Daniel Cohn-Bendit dit que les étudiants refusent de devenir cadres. Un cadre [an executive] en France, c’est un manageur. C’est simplement un autre mot pour dire “un manageur”, une personne qui s’occupe d’une équipe et en général une personne qui a un bon salaire et des bonnes conditions de vie. Donc Cohn-Bendit refuse que l’université forme des cadres, qu’elle forme les étudiants pour qu’ensuite ils aillent exploiter les ouvriers dans les usines. C’est un monde qu’il rejette parce qu’une partie des étudiants se sent solidaire des ouvriers. [00:20:41] En fait, c’est assez drôle parce que 90% des étudiants, à cette époque, ils venaient de la bourgeoisie. Donc ce sont des jeunes qui ont eu de très bonnes conditions de vie et ils ne comprennent pas pourquoi les ouvriers dans les usines, eux, ne bénéficient pas de plus de droits et de meilleurs salaires, de meilleures conditions de vie. Donc il y a une forme de solidarité de ces étudiants bourgeois avec les ouvriers des usines. [00:21:19] Donc vous avez compris que Mai 68 commence avec le mouvement étudiant. Mais après deux semaines, il est rejoint par le mouvement ouvrier. À ce moment-là, ce n’est plus seulement un mouvement étudiant mais c’est un mouvement social. Le 13 mai, en France, il y a une grève générale. Une grève [a strike], vous savez, c’est quand les personnes arrêtent de travailler. Quand elles arrêtent de travailler pour montrer qu’elles ne sont pas contentes, qu’elles s’opposent aux conditions de travail, à la direction etc. [00:21:54] Donc le 13 mai une grève générale et des grandes manifestations dans toute la France. Il faut imaginer, vraiment, que c’était une grève énorme. Maintenant, je sais qu’on a l’habitude de voir les Français en grève. Les médias étrangers aiment bien se moquer des Français parce qu’on a l’impression que les Français font toujours la grève. Mais à cette époque, c’était un peu plus rare. Et surtout c’était rare d’avoir une grève d’une telle ampleur [in such a scale], d’une telle importance. [00:22:28] Cette grève des ouvriers, elle est contre le capitalisme et la société de consommation. Donc là, on retrouve bien l’influence du Parti communiste à cette époque. Les ouvriers rejettent le modèle capitaliste. Ils rejettent ce modèle capitaliste parce qu’ils se sentent exclus. Comme je vous l’ai dit dans le contexte, les ouvriers ont l’impression de ne pas profiter de la croissance économique et ils ont l’impression de se faire exploiter par ce système capitaliste. [00:23:07] Cette grève, elle devait durer seulement une journée mais, à la surprise générale, elle continue. Elle ne s’arrête pas le 13 mai mais elle continue et pendant plusieurs semaines, entre deux et trois semaines, le pays est complètement paralysé. L’économie française s’arrête parce qu’il n’y a plus d’ouvriers pour travailler dans les usines. Les étudiants bloquent les universités donc le pays est vraiment complètement paralysé. Les manifestations se multiplient et elles sont de plus en plus violentes. Il y a des affrontements[confrontations] très violents entre les manifestants et la police avec beaucoup de blessés [casualties], beaucoup de personnes blessées et aussi quelquefois des morts. [00:23:56] Les manifestants, surtout les ouvriers, demandent une hausse des salaires [a wage increase]. Ils veulent que leurs salaires soient augmentés et, à côté de ça, il y a les slogans des étudiants qui, eux, veulent plutôt un changement global de la société. Il y a des slogans qui sont devenus très célèbres. Par exemple : “il est interdit d’interdire”. Donc ça, c’est une référence plus ou moins directe à l’autoritarisme de De Gaulle, et ça montre que les étudiants, la jeunesse, réclament plus de liberté. Un autre slogan très populaire, c’est : “soyez réalistes, demandez l’impossible”. Donc là vous voyez, on utilise l’impératif : “soyez réalistes (le verbe être), demandez l’impossible (exigez l’impossible)”. Ici, ça montre qu’il y avait une vision un peu utopique peut-être, à cette époque, à l’époque de Mai 68, on était dans un climat, dans une atmosphère de révolution utopique. [00:25:06] Il y avait des discussions partout. C’est assez difficile à imaginer mais dans tous les lieux, dans les universités, dans les cafés, dans la rue, partout les gens lançaient des débats et un groupe de personnes se réunissaient pour discuter de la société pour savoir ce qu’il fallait faire, quelle idée il fallait appliquer. Bref, les gens avaient envie de prendre leur destin en main. Ils avaient envie de ne plus laisser tout le pouvoir et toutes les décisions à l’autorité politique mais de devenir acteur et vraiment de s’engager. [00:25:52] Une partie de ces manifestants, des personnes qui participent à Mai 68, demandent aussi la démission [resignation] du Général de Gaulle. Ils veulent que de Gaulle quitte son poste, que de Gaulle démissionne. Mais il n’y a pas de tentative de putsch. Il n’y a pas de tentative de coup d’Etat. Aucun parti politique n’essaye de prendre le pouvoir. [00:26:14] Donc il n’y a pas de révolution politique mais par contre, le 27 mai, il y a la signature des accords de Grenelle. Grenelle, c’est la rue parisienne où se situe le ministère du Travail. Et c’est au ministère du Travail qu’il y a une signature des accords entre le gouvernement, les syndicats [trade unions] ouvriers, les syndicats patronaux (des patrons) pour négocier une augmentation de 35 % du salaire minimum et de 10 % des autres salaires. Grâce à ces accords, le salaire minimum augmente de 35%. Mais une partie des ouvriers n’est pas du tout satisfaits par ces accords. Ils trouvent qu’ils ne sont pas suffisants donc ils continuent de faire la grève et de bloquer les usines. [00:27:15] Face à ça, le 30 mai, le général de Gaulle fait une déclaration : Françaises,Français j’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple [people], je le remplirai [I will fulfill it]. Je ne changerai pas le premier ministre. Je dissous, aujourd’hui, l’Assemblée nationale. [00:27:40] Vous avez entendu dans ce discours que de Gaulle décide, le 30 mai, de dissoudre l’Assemblée nationale [to dissolve the Parliament]. Dissoudre l’Assemblée nationale, c’est un pouvoir qu’a le président en France, le pouvoir d’organiser de nouvelles élections législatives pour élire des députés. L’objectif, évidemment, pour de Gaulle, c’était d’obtenir une majorité au parlement, à l’Assemblée nationale, pour pouvoir adopter des lois et garder le pouvoir. [00:28:16] Donc de nouvelles élections législatives sont organisées. Et là, c’est la grande surprise parce que le parti de De Gaulle gagne très largement ces élections. Il obtient une majorité absolue à l’Assemblée. Autrement dit, il a la possibilité d’adopter des lois sans devoir passer des accords avec les autres partis. Mais surtout, le plus important, c’est que ces élections redonnent une grande légitimité à de Gaulle et elles montrent qu’une partie des Français, une majorité des Français, en a assez de ces grèves et de ces manifestations, et qu’ils veulent un retour à l’ordre, un retour au calme. [00:29:13] Suite aux accords de Grenelle et à la victoire de De Gaulle, la situation revient à la normale en France. Il y a une partie des ouvriers qui n’est toujours pas satisfaits par les conditions des accords de Grenelle, par les augmentations de salaire qu’ils ne trouvent pas suffisantes. Mais le pouvoir envoie la police pour que ces ouvriers quittent les usines, pour qu’ils arrêtent de bloquer les usines et progressivement le travail reprend. L’économie recommence à fonctionner. Mais un an plus tard, en 1969, de Gaulle organise un référendum qui concerne la création des régions et la rénovation du Sénat, et il perd ce référendum. À ce moment-là, De Gaulle perd une partie de sa légitimité et il décide de démissionner, il décide de quitter le pouvoir. Donc même si de Gaulle a survécu à la crise de Mai 68, un an plus tard, il a dû quitter le pouvoir. [00:30:16] Une autre conséquence de Mai 68, c’est la naissance du Mouvement des jeunes. Les jeunes représentent un tiers de la société française. Et grâce à ces évènements, ils se sont fédérés, ils se sont rassemblés, et ils ont conscience d’être un groupe. Pas seulement des individus isolés qui dépendent de leurs parents, mais d’être un groupe avec sa culture, ses valeurs, ses médias etc. etc. [00:30:48] À côté de ça, il y a plus généralement un changement des valeurs, un changement des mentalités. C’est la fin de la société traditionnelle. C’est la fin de l’autorité, de l’austérité, de la rigueur et on passe à une société avec plus de liberté où on valorise l’autonomie des individus, leur créativité. On valorise le débat, les échanges etc. [00:31:19] Évidemment, il y a aussi à ce moment-là la libération sexuelle avec ce célèbre slogan Peace and love qui a été aussi adopté en France, et certaines chansons iconiques comme celle-là : 69 année érotique, Jane Birkin & Serge Gainsbourg [00:31:51] Et puis la dernière conséquence majeure, c’est l’essor des mouvements féministes. À la fin des années 60 et au début des années 70, c’est l’ère du féminisme en France. Les femmes s’engagent pour obtenir plus de droits par exemple le droit de contraception pour pouvoir contrôler leurs rapports sexuels mais aussi le droit à l’avortement [abortion] qui est voté en 1975 pour permettre aux femmes d’arrêter une grossesse [a pregnancy]. [00:32:31] En conclusion Mai 68, ce n’est pas forcément une révolution au sens politique mais c’est un événement qui a eu une énorme influence, un énorme impact, sur la France. C’est l’événement qui a donné naissance à la société française contemporaine, la société française telle qu’on la connaît maintenant. C’est pas un mouvement qui a eu lieu uniquement en France. On a pu l’observer dans beaucoup d’autres pays, ce mouvement contestataire, aussi bien à l’ouest qu’à l’est. [00:33:09] Voilà, j’espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris des choses intéressantes. Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande un site, c’est le site ina.fr (i-n-a point fr). C’est le site des archives françaises. Donc sur ce site, vous pouvez voir beaucoup de vidéos très intéressantes et notamment des vidéos sur Mai 68. Je vais mettre le lien dans la description de l’épisode et comme d’habitude vous savez que vous pouvez aussi trouver la transcription complète sur mon site internet innerfrench.com. On se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. À bientôt ! 44 Les enfants apprennent-ils les langues plus facilement ? Épisode 44 : est-il plus facile d’apprendre une langue quand on est enfant ? [00:00:13] Salut à tous. Bienvenue pour ce 44ème épisode du podcast. Comme d’habitude, je suis très content de vous retrouver, de passer un petit moment avec vous. Là où j’habite, à Varsovie en Pologne, il fait très beau. Et cette semaine, il va y avoir du soleil tous les jours. Ils annoncent [it is forecast] même qu’il va faire 30 degrés, donc c’est des températures estivales (ça veut dire des températures d’été). Et je vais en profiter pour passer du temps à l’extérieur, faire du vélo, me promener, retrouver des amis pour aller boire des cafés. Donc vraiment, je suis de très bonne humeur et je pense que ça va être une super semaine ! Ah oui, je dis ça parce que, aujourd’hui, on est lundi car j’enregistre le podcast toujours quelques jours avant la publication. Donc voilà, pour moi c’est seulement le début de la semaine au moment où j’enregistre cet épisode. Mais pour vous, si vous l’écoutez au moment de sa publication, on sera déjà plus proches du weekend parce que je vais publier ce podcast le jeudi, comme d’habitude. [00:01:33] Alors aujourd’hui, on va parler des enfants et de la façon dont les enfants apprennent les langues. C’est vrai que tous les enfants arrivent à [get to, manage to] apprendre une langue. Tous les enfants réussissent à apprendre leur langue maternelle et les enfants apprennent leur langue maternelle sans avoir d’instruction formelle. En fait, quand ils commencent à apprendre comment la langue fonctionne (les règles de grammaire, par exemple, la conjugaison), ils sont déjà capables de parler. En France, par exemple, on commence à apprendre la grammaire à l’école quand on a environ 7 ans. Et évidemment, à 7 ans, les petits Français sont déjà capables de bien parler français. Donc c’est un peu contre intuitif quand on y pense [when you think about it] parce qu’on apprend une chose qu’on connaît déjà. On est déjà capables de parler, d’utiliser cette langue pour communiquer mais on en apprend les règles, on en apprend la grammaire. Mais on peut très bien imaginer que sans ces cours de grammaire, les enfants seraient aussi capables de continuer à utiliser la langue et de continuer à développer leurs compétences en grandissant. [00:02:59] Donc ça, c’est un argument qui est en faveur de la méthode d’acquisition naturelle des langues. Vous savez, j’en ai beaucoup parlé dans le premier épisode du podcast, j’ai beaucoup parlé du professeur qui a théorisé cette méthode, le professeur Stephen Krashen. Vous savez que j’adore cette théorie et que je pense qu’elle fonctionne vraiment. C’est une méthode qui dit que pour être capable de comprendre une langue, il faut y être exposé le plus possible, être exposé le plus possible à cette langue et se concentrer sur des choses qui correspondent à notre niveau et surtout qui nous intéressent, des choses qu’on a vraiment envie de comprendre. Et quand on fait tout ça et qu’on est patients, naturellement on est capables d’acquérir cette langue. Donc on peut dire que c’est un peu la méthode qu’utilisent les enfants et ça, c’est quelque chose qui est très frustrant pour les parents parce qu’ils ont l’impression que c’est beaucoup plus facile pour leurs enfants d’apprendre une nouvelle langue que pour eux. [00:04:12] C’est quelque chose qui est très visible par exemple avec les enfants d’immigrés. Quand il y a une famille qui immigre dans un pays et que la langue dans ce pays est différente de leur langue maternelle, en général les enfants apprennent la nouvelle langue du pays d’accueil beaucoup plus vite que leurs parents. Et leurs parents ont l’impression que pour leurs enfants, c’est vraiment très facile d’apprendre cette langue alors que pour eux-mêmes, ça demande énormément d’efforts et ça peut être un peu déprimant. Alors naturellement, on peut se demander si c’est vraiment plus facile pour les enfants d’apprendre une nouvelle langue que pour les adultes. [00:04:57] Donc dans cet épisode, on va voir 6 arguments qu’on entend souvent en faveur de cette théorie (en faveur de la théorie qui dit que les enfants apprennent les langues plus facilement que les adultes) et on va voir si ces idées sont des mythes ou des réalités. Quand je dis “une réalité”, ça veut dire qu’il y a des études pour soutenir, pour prouver que cette idée est vraie. Et d’ailleurs, dans les notes de cet épisode je vais mettre toutes les références des études que j’ai utilisées pour préparer cet épisode. Comme ça, vous pourrez voir vous-mêmes si vous êtes d’accord avec les conclusions de ces études. Et à la fin de l’épisode, on verra ce qu’on peut utiliser dans ces théories pour rendre notre apprentissage du français plus rapide et plus efficace. Ok vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:06:05] La première idée pour commencer : les enfants apprennent les langues plus vite que les adultes. Ça, c’est quelque chose qu’on entend très souvent. Mais je vais commencer par une petite explication sur la différence entre “vite” et “rapide” parce que j’entends souvent les élèves faire des erreurs sur ça. “Rapide”, c’est un adjectif donc on l’utilise avec un nom. Par exemple, on peut dire qu’un joueur de foot est rapide. On peut dire qu’une voiture est rapide. “Vite”, ce n’est pas un adjectif, c’est un adverbe. Ça veut dire qu’on l’utilise pour modifier un verbe. Par exemple, vous pouvez dire que moi je ne parle pas vite, je parle lentement, donc je ne parle pas vite. Mais il y a des Français qui parlent très vite, il y a des Français qui parlent très rapidement. Vous voyez “vite”, c’est un adverbe et “rapidement”, c’est l’adverbe qui est formé sur l’adjectif “rapide”. OK donc avec un nom on utilise l’adjectif “rapide” et avec les verbes on utilise “vite” ou “rapidement” (vous pouvez utiliser les deux, ils sont complètement synonymes). “Vite” et “rapidement” avec un verbe. C’est clair ? Ok donc on va continuer. [00:07:41] Alors je vous ai parlé dans l’introduction des familles qui immigrent dans les nouveaux pays et dont les enfants apprennent la nouvelle langue très rapidement. Leurs parents sont un peu jaloux parce qu’ils voient que les enfants sont capables de communiquer avec leurs camarades à l’école ou avec leurs amis quand ils vont jouer dans un parc. Et les parents, eux, ils sont toujours incapables d’avoir des conversations très basiques avec les gens dans les magasins ou avec les autres parents d’élèves. Donc ils peuvent se sentir un peu déprimés. Mais quand on regarde de plus près, on observe que les enfants et les parents n’ont pas du tout les mêmes conditions. [00:08:33] La première grande différence, c’est le temps passé. Les enfants sont en général dans une école où on utilise la langue du pays d’accueil [host country] donc ils ont une exposition très très grande à cette langue. Alors que les parents, eux, ils ne sont peut être pas obligés d’utiliser cette langue. On peut même imaginer qu’au travail, ils utilisent une autre langue, par exemple l’anglais (qui est la langue internationale dans les entreprises) et ce n’est peut être pas nécessaire pour eux de connaître cette langue, la langue qui est utilisée dans le pays d’accueil. Donc on voit qu’il y a une grande différence en matière de [in terms of] temps passé. Les enfants ont beaucoup plus d’exposition, ils passent beaucoup plus de temps avec cette nouvelle langue que les parents. [00:09:29] La deuxième différence, c’est le filtre émotionnel. Quand on est enfant, on est moins conscient de nous-mêmes et on a moins peur du jugement des autres. Les enfants essayent de parler, ils essayent de communiquer et s’ils font des erreurs, pour eux ce n’est pas très grave. Alors que les parents, ils sont beaucoup plus sensibles au regard des autres, au jugement des autres. Et ça, ça crée une espèce de filtre émotionnel négatif, quelque chose qui nous bloque parce qu’on a peur de parler, parce qu’on a peur du jugement des autres. [00:10:12] La troisième chose, c’est la motivation. La motivation n’est pas forcément la même pour les enfants et les adultes. Les enfants, à l’école, ils ont besoin de cette langue pour pouvoir jouer, pour pouvoir communiquer avec les autres enfants, avec leurs camarades. Donc ils ont une motivation qui est vraiment très forte. Alors que pour les parents, comme je l’ai dit un peu plus tôt, apprendre cette langue n’est peut-être pas une nécessité. Peutêtre qu’ils peuvent se débrouiller dans le pays d’accueil sans maîtriser cette langue. C’était le cas avec moi par exemple quand j’ai déménagé en Pologne. La première année, c’était suffisant d’utiliser l’anglais pour la vie quotidienne, j’avais pas vraiment besoin de connaître le polonais. Et comme je ne savais pas si j’allais rester plus longtemps en Pologne, j’étais pas spécialement motivé pour apprendre le polonais. [00:11:14] Mais ce qui est très intéressant, c’est que les manuels scolaires (les livres pour apprendre les langues) montrent que les enfants ont besoin de plus de temps pour apprendre les choses que les adultes. Si vous comparez un livre pour apprendre le français destiné aux enfants et un livre pour apprendre le français destiné aux adultes, la progression dans les livres pour les adultes est beaucoup plus rapide. Ça, ça s’explique par le fait que [by the fact that] les adultes ont déjà appris à apprendre. Ils ont développé des stratégies quand ils étaient à l’école, ou plus tard pendant leurs études, pour pouvoir apprendre plus efficacement (par exemple une stratégie pour mémoriser du vocabulaire plus rapidement). Et puis ils ont aussi une meilleure capacité de concentration. D’un autre côté, les enfants, eh bien déjà, ils ne savent pas très bien lire et les études montrent que la lecture, c’est une méthode très efficace pour apprendre une nouvelle langue. Lire des livres, lire des articles, ça permet d’être exposé à la langue et d’enrichir son vocabulaire. Mais les enfants, s’ils ne savent pas encore lire, eh bien ils ne peuvent pas utiliser cette stratégie pour apprendre une nouvelle langue. [00:12:44] Et puis, la deuxième chose intéressante, c’est que les enfants et les parents n’ont pas besoin du même niveau de langue. Évidemment, les enfants ont besoin d’un niveau beaucoup plus basique. Ils ont besoin simplement de pouvoir communiquer avec leurs camarades sur des sujets assez limités. Quand vous écoutez les enfants, c’est vrai qu’ils ont un nombre de thèmes très limité qui concernent principalement le jeu (le fait de jouer avec leurs amis). Ils aiment bien aussi raconter des petites histoires et parler avec leurs parents de choses assez basiques. Mais on ne va jamais demander à un enfant de présenter les résultats financiers de son entreprise, par exemple, alors que c’est une chose qu’on peut attendre des parents. Donc les parents ont des idées plus complexes, un nombre de sujets beaucoup plus large, ce qui fait qu’ils ont besoin d’avoir un niveau vraiment très élevé, très avancé, s’ils veulent être capables de communiquer avec les autres adultes. [00:13:59] Donc vous l’aurez compris, cette première idée, c’est plutôt un mythe. Les enfants n’apprennent pas plus rapidement une langue que les adultes. Ils sont simplement dans de meilleures conditions parce qu’ils ont une très forte exposition à la langue. Et puis ils ont besoin d’avoir un niveau plus basique pour parler de sujets limités. C’est pour ça qu’on a l’impression que c’est facile pour eux. [00:14:33] Maintenant, la deuxième idée : apprendre une langue tôt permet d’avoir un meilleur accent. Encore une fois, si on compare les enfants d’immigrés et leurs parents, c’est vrai que, après quelques années, on peut avoir l’impression que ces enfants parlent parfaitement la nouvelle langue et n’ont pas du tout d’accent, alors que pour leurs parents, c’est plus difficile de perdre leur accent. C’est plus difficile de se débarrasser de leur accent. Pour comprendre ça, il faut savoir que chaque langue a un système phonologique. Un système phonologique, c’est simplement un ensemble de sons, des combinaisons de sons pour distinguer, pour donner du sens à un langage. Par exemple, en français, il y a la différence entre le son /e/ et le son /ɛ/ que l’on peut entendre dans “un élève”. Dans “un élève”, le son /e/ est au début et le son /ɛ/ sur la deuxième syllabe. Ou la différence entre “on” et “en”, par exemple l’adjectif “long” et l’adjectif “lent”. Pour les Français, c’est quelque chose d’évident, c’est quelque chose qui est très facile à distinguer. Mais pour les étrangers, c’est beaucoup plus difficile parce que ces sons ne font peut être pas partie de leur système phonologique, du système phonologique de leur langue maternelle. [00:16:08] Et ce qui est vraiment passionnant, à mon avis, c’est que les études ont montré que les bébés sont capables d’apprendre toutes les langues. Au départ, un bébé peut comprendre les sons de tous les systèmes phonologiques, de toutes les différentes langues. Mais petit à petit, le bébé se concentre uniquement sur les sons de sa langue maternelle, sur les sons qui font partie du système phonologique de sa langue maternelle, parce qu’il comprend qu’il n’a pas besoin de connaître les autres sons, tout simplement parce qu’ils ne sont pas utilisés autour de lui. Donc après quelques années, le bébé ne réagit plus aux autres sons car ils sont devenus inutiles. C’est pour ça que quand les enfants sont exposés à une langue étrangère quand ils sont jeunes, c’est plus facile pour eux d’avoir une bonne prononciation. Ils sont capables d’entendre les différences entre les différents sons, même si c’est un système phonologique différent de leur langue maternelle. Et comme ils sont capables d’entendre ces différents sons, ils sont aussi capables de les reproduire. Ils sont capables de s’exprimer et d’avoir un accent parfait parce que leur cerveau peut distinguer cette différence. Mais pour les adultes, c’est beaucoup plus difficile parce que leur cerveau est déjà conditionné. On peut dire qu’il est fermé aux sons qui n’appartiennent pas à leur système phonologique. Ça signifie qu’il faut beaucoup d’exposition pour être capable de distinguer ces nouveaux sons. [00:17:59] Moi, j’ai beaucoup d’élèves, ou en tout cas plusieurs élèves, qui ont un accent quasiment parfait. C’est très difficile d’entendre qu’ils sont étrangers, on peut avoir l’impression qu’ils sont français. Mais ça leur demande beaucoup d’efforts de parler avec cette prononciation française. Et quand ils sont fatigués ou quand ils sont stressés, ils commencent à perdre cet accent français et à retrouver un accent qui se rapproche de leur langue maternelle. Là, on comprend que ce n’est pas une chose très naturelle et que ça demande beaucoup d’efforts. Alors que pour les enfants, au contraire, c’est une chose naturelle s’ils sont exposés assez tôt à cette langue étrangère. Autrement dit, cette idée, elle est plutôt vraie. Quand on apprend une langue plus tôt, on a une meilleure prononciation, on a un meilleur accent. [00:19:05] Ça nous conduit à la 3ème idée qui dit que les enfants doivent apprendre une langue le plus tôt possible. C’est pour ça que dans certaines écoles, il y a des cours de langue étrangère dès l’âge de 4, 5 ou 6 ans. On pense que si on expose les enfants très tôt, ils vont avoir plus de facilité pour apprendre cette langue. Ça, c’est vrai pour la prononciation comme on l’a vu avant. [00:19:34] Mais en réalité, les études montrent que, à cet âge, ça n’a pas beaucoup de différence. Par exemple, si un petit Américain a deux heures de français par semaine à l’école, ça ne va pas vraiment lui permettre d’apprendre à parler français couramment. Et surtout, à cet âge-là, c’est très facile de rattraper. Par exemple, si un enfant commence à apprendre le français à 6 ans et qu’il fait seulement deux heures par semaine, ensuite un deuxième enfant qui commence à apprendre le français à 8 ou 9 ans va pouvoir rattraper [to catch up] très rapidement le premier enfant. Parce que, pendant ces deux ou trois ans de français avec deux heures par semaine, le premier enfant n’aura pas eu le temps de beaucoup progresser. Il n’aura pas eu le temps de beaucoup avancer et ce sera très facile à rattraper pour le deuxième enfant. Donc c’est vrai pour la prononciation et c’est vrai aussi car ça donne l’opportunité aux enfants de les intéresser à cette langue et peut être de les motiver à l’apprendre. [00:20:52] La 4ème idée : apprendre deux langues en même temps peut perturber le développement de l’enfant. Ça, c’est une chose qu’on entend parfois de personnes qui disent : “il faut parler une seule langue à la maison parce que sinon l’enfant va mélanger [to mix up] les langues, il va être perturbé et il ne va pas pouvoir bien se développer”. Ça, c’est une idée complètement fausse. Il y a beaucoup d’études qui montrent au contraire que parler deux langues différentes à la maison, par exemple une langue avec le papa et une langue avec la maman, ça a des effets positifs sur le cerveau des enfants. Vous pouvez réécouter l’épisode 6 du podcast sur les avantages cachés [hidden benefits] de l’apprentissage des langues parce que je parle justement des avantages sur le cerveau des personnes bilingues, des personnes qui parlent parfaitement deux langues. [00:21:53] Mais c’est vrai que les enfants ne sont pas toujours aussi à l’aise dans les deux langues. Ça, c’est une expression importante : être à l’aise [to feel/be comfortable]. En fait, en français, on ne peut pas dire “être confortable” pour une personne. On dit “être à l’aise” quand vous faites quelque chose avec facilité, que vous n’avez pas de difficultés, vous pouvez dire que vous êtes “à l’aise”. Par exemple : je suis à l’aise en anglais. Ça veut dire que je parle anglais sans difficulté. Vous pouvez utiliser “confortable” pour un canapé, un sofa, un fauteuil, un lit. Ça, ça peut être confortable mais vous, vous ne pouvez pas être confortable. [00:22:38] Donc c’est vrai qu’en fonction de l’exposition aux deux langues, l’enfant ne sera pas toujours aussi à l’aise et n’aura pas toujours la même facilité. [00:22:48] Et une deuxième chose à souligner, c’est qu’il faut faire attention au développement de la langue maternelle, par exemple avec les enfants immigrés. Un enfant immigré a besoin de développer sa langue maternelle à un niveau assez avancé pour être capable d’apprendre une deuxième langue. Si un enfant va à l’école très jeune et qu’il n’a pas eu le temps de développer d’abord sa langue maternelle, ça va être plus difficile pour lui d’apprendre cette deuxième langue. Tout simplement parce que, quand on développe sa langue maternelle à un niveau avancé, on obtient un certain niveau de complexité. On est capable de comprendre des choses plus compliquées et ça, c’est très utile pour apprendre une deuxième ou une troisième langue. C’est pour ça qu’on déconseille [to advise against] aux parents d’immigrés de parler la langue du pays d’accueil à la maison. C’est important qu’à la maison, les enfants parlent leur langue maternelle et qu’ils développent leurs compétences dans cette langue maternelle pour ensuite être capables d’apprendre une deuxième langue, d’apprendre la langue du pays d’accueil par exemple. [00:24:51] La cinquième idée : il ne faut pas parler aux enfants seulement dans la langue étrangère, sinon ça va les perturber. Ça aussi, c’est une idée qui est fausse. C’est un mythe parce que les enfants ont une plus grande tolérance à l’ambiguïté. Ils ont l’habitude d’être dans des situations où ils ne comprennent pas tout. Les premières années de leur vie, ils les passent justement à essayer de comprendre ce qui se passe autour d’eux et de comprendre ce que les gens essaient de leur dire. Quand on est adulte, au contraire, on est mal à l’aise dans ce genre de situations. Donc “mal à l’aise”, vous comprenez, c’est le contraire de “être à l’aise”. “Être mal à l’aise” [to feel/be uncomfortable], c’est quand vous ne vous sentez pas bien dans une situation. Les adultes sont mal à l’aise, ils ne sont pas tolérants à l’ambiguïté. Encore une fois, à cause du jugement des autres. Les adultes ne veulent pas perdre la face [to lose face]. [1.6] Donc s’ils ne comprennent pas quelque chose, ils peuvent commencer à paniquer et, à ce moment-là, il y a un filtre négatif. Il y a un filtre négatif dans leur tête, ils paniquent et ils “bloquent”, on peut dire, les informations. C’est encore plus difficile pour eux de comprendre ce qu’on leur dit. [00:25:42] Au contraire, les enfants développent des stratégies très très intelligentes pour comprendre les choses qu’on leur dit. Ils utilisent le contexte, donc les gestes, le ton de la voix, tous les éléments visuels. Bref, toutes les choses qu’ils ont autour d’eux et qui peuvent leur permettre de comprendre ce qu’on leur dit. C’est pour ça que parler seulement dans une langue étrangère avec les enfants qui veulent l’apprendre, c’est une très bonne méthode. [00:26:15] Mais évidemment, il faut adapter la façon de parler. C’est exactement ça que moi je fais avec vous. J’adapte ma façon de parler pour que ça soit plus facile pour vous de comprendre ce que je dis, même si je parle seulement en français. Par exemple : je parle plus lentement, je fais des pauses, je choisis des mots qui ressemblent à l’anglais pour que vous soyez capables de comprendre ce que je dis, pour comprendre le sens. Bien sûr, vous ne comprenez pas 100% de ce que je raconte, mais vous comprenez suffisamment pour que ce que je raconte ait du sens pour vous. [00:26:58] La 6ème idée, pour finir, qui est très importante aussi, à mon avis : il faut systématiquement et rapidement corriger les erreurs des enfants. Ça, également, c’est une idée qui est fausse. Les études montrent que, en réalité, les parents corrigent rarement leurs enfants. Et ils les corrigent seulement quand les enfants font des grosses erreurs ou des erreurs qui sont très visibles et qui sont récurrentes, que les enfants font souvent. Une erreur que les enfants français font souvent, par exemple, c’est le pluriel irrégulier pour les mots qui se terminent par “a-l”, les mots masculins qui se terminent par “al”. Par exemple : un cheval. Le pluriel de “un cheval”, c’est “des chevaux”. Ça, c’est une erreur qu’on entend très facilement en français que les Français reconnaissent très facilement. Si quelqu’un dit : “des chevals”, pour nous c’est vraiment une erreur évidente, une erreur flagrante. Quand les parents entendent leurs enfants faire ce genre d’erreur, ils les corrigent tout de suite. Mais à part ça, les parents corrigent très rarement les enfants. Et malgré cela, les enfants apprennent progressivement les bonnes formes, les formes correctes et ils apprennent assez rapidement. [00:28:29] En fait, c’est parce que chaque langue a un ordre naturel d’apprentissage. Il y a des erreurs que tout le monde fait au début et qui, petit à petit, disparaissent. Quand on apprend une langue, il y a différents stades [stages] avec des erreurs qui sont associées à chaque stade mais, petit à petit, ces erreurs disparaissent. [00:28:53] C’est pour ça qu’il faut se concentrer sur le sens. Autrement dit, du moment que [as long as] quelqu’un dit quelque chose de compréhensible, même s’il y a des petites erreurs, ça n’est pas grave. Car avec le temps, la pratique et l’exposition, ces erreurs vont se corriger d’elles-mêmes [by themselves]. C’est beaucoup plus important d’encourager les enfants à parler pour qu’ils aient un filtre positif, pour qu’ils soient motivés à parler et qu’ils aient confiance en eux. Moi, c’est quelque chose dont je suis convaincu. C’est pour ça que, avec les élèves avec lesquels je travaille, le plus important, la chose sur laquelle je me concentre, c’est leur donner confiance en eux, leur donner envie de parler et leur montrer qu’ils sont capables d’exprimer leurs idées. Je corrige simplement quand il y a des erreurs assez flagrantes ou des erreurs qu’ils répètent souvent. Et puis, je note toutes ces petites erreurs et je les partage avec eux à la fin du cours. Comme ça, pendant le cours, les élèves peuvent se concentrer sur la conversation. Ils peuvent développer leur confiance en eux et puis ensuite, petit à petit, ils corrigent ces différentes erreurs. [00:30:23] En conclusion, on va voir comment on peut imiter les enfants pour rendre notre apprentissage du français plus efficace. D’abord, et ça je vous le répète tout le temps, il faut être exposé au maximum à la langue. Ça veut dire : écouter des choses, lire des choses, regarder des choses. Bref, essayer de passer un maximum de temps avec la langue et également avoir une attitude positive. C’est pour ça que si vous faites des choses qui vous intéressent et si vous parlez avec des personnes qui sont patientes et qui ont envie de vous aider, vous allez avoir de plus en plus confiance en vous et ça va vous permettre de progresser. [00:31:11] La deuxième chose, c’est qu’il faut privilégier des ressources, des contenus, qui sont seulement dans la langue cible [the target language]. Donc des choses qui sont seulement en français. C’est pour ça que moi, je ne fais pas de traduction complète des podcasts. D’abord, parce que je n’ai pas le temps mais surtout parce que je pense que c’est contre-productif. C’est contre-productif parce que si on a la traduction, très rapidement on va être paresseux et on va lire la traduction au lieu de lire la version originale. On ne va pas faire d’efforts pour essayer de comprendre, mais on va tout de suite regarder la traduction. Ça, c’est une très mauvaise méthode. [00:31:57] Et ça nous conduit au troisième point important : c’est la tolérance à l’ambiguïté. Si vous ne comprenez pas tout ce que vous lisez ou ce que vous écoutez, ça n’est pas grave. C’est complètement normal. Ça fait partie du processus. Il faut apprendre à être à l’aise dans ce genre de situations, à se concentrer sur les mots qu’on connaît, les structures qu’on comprend, pour donner du sens à tout ça. Donc n’essayez pas de tout traduire. N’essayez pas de comprendre à 100% mais essayez plutôt de donner du sens à ce que vous entendez, à ce que vous lisez, et à ne pas paniquer dans ce genre de situations. [00:32:42] Et puis la dernière chose importante, c’est qu’il faut accepter les erreurs. Encore une fois, j’insiste sur ça : c’est complètement normal de faire des erreurs. Ça fait partie du processus. Ça fait partie de l’ordre naturel d’acquisition d’une langue. Ne vous bloquez pas si vous faites des erreurs. Acceptez-les et soyez patients parce que, petit à petit, ces erreurs vont disparaître. [00:33:15] Voilà, c’est la fin de cet épisode. Merci à tous. Merci pour votre fidélité. Je vois qu’il y a de plus en plus d’auditeurs du podcast, parce que le podcast est aussi disponible sur Spotify, depuis quelques semaines vous pouvez l’écouter sur Spotify si vous voulez. Merci pour tous les messages, encore une fois, que vous m’avez envoyés. Ça me fait très plaisir. Continuez de le faire. J’essaye de répondre à tout le monde. Ça prend parfois quelques jours. Ne vous inquiétez pas [don’t worry]. J’ai reçu encore beaucoup de questions sur le programme. Sachez que ça avance. Ça me demande pas mal de temps [quite some time], j’ai encore beaucoup de choses à faire mais ça avance [we’re getting there]. Je pense que dans le prochain épisode, je pourrai vous donner plus d’informations sur ce programme que je suis en train de créer. Donc soyez patients. On se retrouve dans deux semaines. En attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours. À bientôt, salut ! 45 Le football en France Salut à tous. Bienvenue dans ce 45ème épisode. Pour commencer, je voudrais remercier toutes les personnes qui ont laissé des évaluations sur iTunes et aussi sur Facebook. Des personnes qui habitent aux États-Unis, en Australie, en Corée, en Pologne, en Thaïlande, en Russie et aussi en France (donc des personnes, j’imagine, qui sont étrangères, qui vivent en France et qui essaient d’apprendre le français). Merci à tous et à toutes pour vos évaluations, pour vos commentaires et aussi pour les messages que vous m’envoyez. Vraiment, ça me fait très plaisir. Je suis super content d’être en contact avec vous, de pouvoir vous parler, de voir ce que vous pensez du podcast et de voir comment il vous aide. Vous savez que pour moi, c’est très motivant de lire ce genre de [this kind of] messages. [00:01:13] Ensuite, je voulais vous dire quelques mots sur le programme. Vous savez que je travaille sur un programme pour aider les personnes qui ont un niveau intermédiaire à passer au niveau supérieur. Bon, il y a encore pas mal de travail à faire sur ce programme. Mais j’ai un groupe de testeurs. Ces testeurs, ce sont mes élèves qui ont eu accès à la première leçon, qui ont pu tester la première leçon et leurs retours [their feedback] sont plutôt positifs, leur feedback est positif. Donc voilà, ça me motive à continuer à travailler sur les autres leçons et j’espère que d’ici un mois, peut-être, je serai capable de publier ce programme. Mais ne vous inquiétez pas, je vais continuer au fur et à mesure [as we go along], progressivement, à vous dire comment ce programme avance et où j’en suis. [00:02:16] Alors vous avez entendu que le sujet du jour, c’est le football. Et peut-être que vous savez qu’aujourd’hui, c’est le début de la Coupe du Monde de football. Un jour très important pour tous les fans de foot et aussi très important pour une partie des Français qui soutiennent l’équipe de France. Donc pendant cette Coupe du monde, les équipes des différents pays vont s’affronter pour devenir les champions du monde, pour remporter [= gagner] la Coupe du Monde de foot. Et le match d’ouverture, le premier match qui a lieu aujourd’hui, c’est un match entre la Russie, qui est le pays organisateur, et l’Arabie saoudite. La France, elle, va jouer son premier match samedi contre l’Australie. [00:03:08] Bon, moi personnellement je ne suis pas un grand fan de foot. Je regarde seulement les matchs importants. Mais c’est un sujet qui est vraiment intéressant pour mieux comprendre la France parce que, en France, le foot est le sport le plus populaire. C’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui. [00:03:33] On ne va pas vraiment parler du côté sportif du football mais plutôt de sa dimension sociologique et économique. Aujourd’hui, on va essayer de comprendre pourquoi le foot a une place tellement importante en France mais aussi dans d’autres pays européens ou d’Amérique du Sud. Dans la première partie de ce podcast, on va voir comment le foot est devenu le sport le plus populaire en France avec un événement très marquant [memorable], un événement très important, la Coupe du monde 98. Ensuite, dans la deuxième partie, je vais vous parler du lien entre le foot et l’immigration, parce que le foot permet de mieux comprendre l’immigration en France. Et pour finir, on parlera de la dimension économique du foot. On va voir comment le foot est devenu un business très rentable [profitable] (ça veut dire un business qui fait gagner beaucoup d’argent). OK vous êtes prêts ? Alors, c’est parti ! [00:04:51] Le football, c’est un sport qui a été inventé à la fin du XIXème siècle par nos voisins anglais et qui a été importé en France d’un côté par les immigrés anglais, mais aussi par une partie de l’élite française qui est allée faire ses études en Angleterre et qui a appris à jouer au football en Angleterre. Très rapidement le foot s’est développé dans le nord du pays. C’est devenu un sport très populaire. Et à partir des années 30, il s’est professionnalisé. [00:05:29] Aujourd’hui, en France, il y a presque 2 millions de licenciés dans les différents clubs de foot. Ça veut dire qu’il y a 2 millions de Français qui jouent dans un club. Evidemment, on parle ici des clubs amateurs; aussi des clubs professionnels, mais les clubs professionnels c’est marginal par rapport aux 2 millions de licenciés qui jouent dans les clubs amateurs. Ah oui, d’ailleurs, est-ce que vous savez combien il y a d’habitants en France ? Il y en a 67 millions. Il y a 67 millions d’habitants en France et 2 millions de licenciés, de personnes qui jouent au football dans un club. C’est un sport très masculin parce que 93% de ces personnes qui jouent en club sont des hommes. Donc en France, presque neuf footballeurs sur dix [9 out of 10] sont des hommes. [00:06:30] Et pour vous donner une information sur les autres sports populaires, le 2ème sport le plus populaire en France, c’est le tennis avec un million de personnes qui jouent dans des clubs. En numéro 3, il y a l’équitation. L’équitation, c’est le sport qu’on pratique avec les chevaux. Et l’équitation, c’est un sport très féminin parce qu’il est pratiqué à 83% par des femmes. En numéro quatre, on a le basket. Le basketball, c’est le sport qui progresse le plus vite en France, il est de plus en plus populaire. Mais il y a toujours trois fois moins de licenciés que pour le foot. Donc en France, il y a trois fois plus de footballeurs que de basketteurs. Le cinquième sport le plus populaire, c’est le judo. [00:07:26] Ah oui, j’en profite pour [while I’m at it] vous dire que tous les sports avec le mot “ball”, en français on a tendance à les raccourcir, à les rendre plus courts. Au lieu de dire le “football”, souvent on dit le “foot” et au lieu de dire le “basketball” on dit le “basket”, tout simplement. [00:07:48] Donc ça, ce sont les sports qui sont pratiqués en club. Mais évidemment il y a aussi des sports très populaires pour lesquels on n’a pas besoin de faire partie d’un club. Ces sports qui sont très appréciés par les Français, ce sont en numéro 1, la marche (par exemple aller faire de la randonnée). En numéro 2, la natation (quand on va nager à la piscine ou à la mer). En numéro 3, le vélo. En 4ème position, le ski. Et en cinquième position, la pétanque. [00:08:24] Ça, la pétanque, c’est un sport très très français. Il est plutôt populaire chez les personnes âgées mais c’est intéressant parce qu’il redevient aussi à la mode chez les jeunes. Si vous ne connaissez pas la pétanque, sachez que c’est un sport qui se pratique avec des boules. Bon, je vais pas vous expliquer les règles en détails. Le mieux, si ça vous intéresse, c’est de faire une petite recherche sur internet et vous allez comprendre très vite comment on y joue [how you play it]. [00:08:57] Le foot, c’est donc le sport qu’on pratique le plus en club en France. Mais le foot est surtout très populaire à la télé. Il y a deux championnats professionnels qu’on appelle la Ligue 1 et la Ligue 2. Et d’ailleurs, depuis quelques années, depuis 2013, la Ligue 1 est dominée par un club star, c’est le club du Paris-Saint-Germain, le club de la capitale française. [00:09:28] Mais le foot est surtout très populaire à la télé quand il y a des compétitions internationales comme la Coupe du Monde ou l’Euro avec les meilleures équipes européennes. Parce que, à ce moment-là, les Français peuvent supporter leur équipe nationale, l’équipe de France, qu’on appelle aussi “les Bleus”. “Les Bleus”, c’est le nom qu’on donne aux joueurs de l’équipe de France et quand il y a ces matchs, ces compétitions internationales, c’est là que les chaînes de télévision réalisent leurs plus grosses audiences. Par exemple, il y a certains matchs qui réunissent plus de 20 millions de téléspectateurs, plus de 20 millions de Français qui regardent un match de l’équipe de France. Ça fait quasiment un tiers du pays qui est devant sa télé pour soutenir l’équipe de France. [00:10:26] Pourtant, c’est un peu paradoxal mais il y a beaucoup de Français qui disent qu’ils détestent le foot. Il y a eu un sondage [a survey] en 2016 et 43% des répondants ont déclaré qu’ils n’aimaient pas le foot. Il y a plusieurs raisons à cela, mais les raisons qui reviennent le plus souvent, qui sont citées le plus souvent, c’est que le foot est un sport trop médiatisé et qu’il y a beaucoup de scandales avec certains joueurs, et aussi des scandales financiers liés à la corruption, par exemple. Donc ça fait du foot un sport clivant. Quand on dit que quelque chose est “clivant”, ça veut dire que ça divise. Le foot est un sport clivant parce que ça divise les Français entre ceux qui adorent le foot et ceux qui le détestent. [00:11:22] Malgré ces clivages, comme je vous l’ai dit, tout le monde regarde quand l’équipe nationale obtient de bons résultats. Quand les Bleus réalisent une bonne performance à la Coupe du monde ou à l’euro, alors tous les Français veulent soutenir l’équipe et ils regardent les matchs à la télé. En plus, en général, ces compétitions ont lieu en été, donc les matchs sont diffusés sur des écrans géants dans les villes, dans les bars, etc. Donc il y a une ambiance festive et tout le monde se réunit autour de l’équipe de France pour regarder les matchs. [00:12:06] Il y a une de ces compétitions qui a vraiment marqué l’histoire de la France, c’est la Coupe du monde de 1998. Cette année-là, c’est la France qui organise la compétition. La France accueille les différentes équipes nationales pour organiser la Coupe du Monde. Donc évidemment, c’est une ambiance de fête dans tout le pays. Les Français vont voir les différents matchs, ils accueillent les supporters des autres pays. Et voilà, c’est une ambiance vraiment très spéciale. [00:12:43] Donc ça, c’est la première raison, mais la deuxième raison, c’est que la France est allée en finale. Et en finale, la France était face au Brésil, la meilleure équipe du monde et la seule équipe qui avait gagné, à cette époque, 4 Coupes du monde alors que la France, elle, n’avait jamais gagné cette compétition. Et à la surprise générale [to everyone’s surprise], la France a gagné la Coupe du monde face au Brésil. Une victoire 3 à 0 avec un doublé de Zinédine Zidane, un des meilleurs joueurs de l’histoire de France. [00:13:25] C’est fini ! L’équipe de France est championne du monde ! Vous le croyez ça ? L’équipe de France est championne du monde en battant le Brésil 3-0. 2 buts de Zidane, 1 but de Petit. Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquilles (enfin le plus tard possible mais, on peut !). Ah, c’est super ! [00:14:14] Voilà, c’était une victoire vraiment inattendue et géniale pour tous les Français. Tous les Français étaient très heureux d’avoir remporté cette Coupe du monde à domicile, dans leur pays. Et ça a été une fête énorme, une très grande fête. Tous les Français se rappellent très bien de cet évènement et moi aussi. Même si j’étais seulement un enfant à l’époque, j’ai beaucoup de souvenirs de cette Coupe du Monde 98. Et pour les Français, c’est vraiment un moment très spécial. [00:14:55] Maintenant, on va parler du lien entre le foot et l’immigration. Et ce lien est très visible avec l’équipe de France. On dit parfois que l’équipe de France, c’est un reflet de l’immigration en France. C’est vrai que le visage des Bleus a changé avec les différentes vagues d’immigration. Il y a des joueurs emblématiques, des joueurs très connus qui sont les symboles, on peut dire, de cette immigration. Par exemple, dans les années 50 et 60, un des joueurs les plus célèbres, c’était Raymond Kopaszewski, Raymond Kopa, qui était un fils d’immigrés polonais. Un peu plus tard, il y a eu Michel Platini dans les années 70 et 80 dont le grand père était italien. Et puis, dans les années 90 et 2000, Zinédine Zidane, un des meilleurs joueurs, encore une fois je le répète, un des meilleurs joueurs de l’histoire du football français dont les parents étaient algériens. Avec ces trois joueurs, on voit un peu les différentes vagues d’immigration : l’immigration polonaise, l’immigration italienne, et puis plus tard, l’immigration maghrébine notamment algérienne. [00:16:23] Et vous savez, si vous avez écouté l’épisode que j’ai fait sur l’immigration en France, qu’une grande partie de ces jeunes grandissent dans les banlieues, dans ces quartiers qui sont à l’extérieur des villes et où les conditions économiques sont généralement assez difficiles. Donc pour les jeunes issus de l’immigration, devenir footballeur, c’est un peu le rêve. C’est le rêve qui peut leur permettre de sortir de la cité, d’avoir une carrière internationale et de gagner beaucoup d’argent, de gagner des millions. Ces footballeurs célèbres qui viennent des banlieues, pour les jeunes, ce sont un peu des modèles. Ce sont des exemples qu’ils ont envie de suivre. Et c’est vrai qu’à l’école, ils n’ont pas forcément les possibilités de se développer car les conditions sont assez mauvaises. Donc ce qui leur reste, la solution qui leur reste, c’est de devenir footballeur professionnel. Évidemment, il y a beaucoup d’enfants qui en rêvent et très peu qui réussissent à faire carrière, très peu qui réussissent à devenir footballeur professionnel. [00:17:40] Ce qui est très intéressant aussi avec l’équipe de France, c’est que pendant cette Coupe du monde 98, on a célébré l’équipe black-blancbeur. “Black-blanc-beur”, ça veut dire que dans cette équipe, il y avait des joueurs noirs, des joueurs blancs et aussi des joueurs arabes. “Beur”, c’est un adjectif un peu familier qu’on utilise pour décrire les personnes d’origine arabe, notamment Zinédine Zidane avec ses parents algériens. Et du côté des personnes noires, il y avait Lilian Thuram qui venait de la Guadeloupe (donc d’un département français d’outre mer). [00:18:27] À ce moment-là, au moment de la victoire de la Coupe du monde, la France est fière de son modèle d’intégration et de sa diversité. Elle est fière d’avoir une équipe avec des joueurs de couleur différente. Mais en fait, ce sont surtout les politiciens et notamment le président de l’époque, Jacques Chirac, qui ont utilisé cette victoire de la Coupe du monde pour améliorer leur image, pour remonter leur cote de popularité [approval rating]. En gros [basically], le message c’était de dire : “voilà, en France il y a des problèmes, il y a des inégalités. Mais regardez notre belle équipe de France avec un visage très coloré. Ça, c’est vraiment le succès de l’intégration à la française !”. [00:19:22] Donc en fait, c’était une instrumentalisation du sport, une instrumentalisation du foot. Les politiciens ont utilisé cet événement à des buts politiques. Et malheureusement, plus tard, quand l’équipe de France avait moins de succès dans les compétitions internationales, à ce momentlà, on a commencé à critiquer la diversité dans l’équipe de France. Certains Français disaient qu’il y avait trop de personnes de couleur dans cette équipe et que ça ça ne reflétait pas le vrai visage de la France. En fait, il y a eu une espèce de racialisation du débat sur l’équipe de France. Quand ça va bien, on est contents, on dit que la France est riche de sa diversité. Mais quand les choses vont mal, on questionne l’engagement des joueurs qui ont des origines étrangères. On dit par exemple que ces joueurs ne chantent pas l’hymne national [the national anthem] avant le match. Certains disent que ces joueurs d’origine étrangère ne s’engagent pas suffisamment pour la France et qu’ils ne respectent pas le pays. [00:20:41] Récemment, il y a eu cette question avec le joueur Karim Benzema qui est un des meilleurs attaquants du monde, qui joue dans le club du Real Madrid, et qui n’est pas sélectionné depuis plusieurs années. C’est un joueur qui a eu quelques problèmes avec la justice et certains scandales, mais il y a des personnes qui pensent qu’il n’est pas sélectionné à cause de ses origines algériennes. Voilà, c’est difficile de savoir exactement quelles sont les raisons pour lesquelles le sélectionneur de l’équipe de France n’a pas sélectionné Karim Benzema, mais ça montre que maintenant, il existe beaucoup de tensions liées à la question des origines, de l’immigration etc. et que le football a tendance à cristalliser toutes ces tensions. À mon avis, c’est vraiment dommage parce que le football est avant tout un sport et ces questions ne devraient pas entrer en compte. Ces questions ne devraient pas être prises en compte [shouldn’t be taken into account] au moment de sélectionner un joueur pour jouer dans l’équipe de France. [00:22:01] Maintenant, on va parler de la dimension économique du football. Depuis les années 90, la situation a beaucoup changé. Avant, il y avait un lien très fort entre le club et la ville dans laquelle il se trouvait. En général, ce club était financé par une grande entreprise de la ville. Mais depuis une trentaine d’années [about 30 years] , ça a changé parce que maintenant, il y a des investisseurs étrangers, des investisseurs qui n’ont aucun lien avec la ville, qui financent les équipes. Il y a par exemple des fonds d’investissements financiers et, en France, on peut le voir avec l’exemple du Paris Saint-Germain, du PSG, qui est financé par un pays qui s’appelle le Qatar. Ou un autre exemple, le club de l’AS Monaco qui est possédé par un milliardaire [billionaire] russe. Si les clubs de foot intéressent tellement les investisseurs, c’est parce que le foot est un business très rentable, il permet de gagner beaucoup d’argent. [00:23:16] Comment est ce que les clubs font gagner de l’argent à leurs investisseurs ? [00:23:22] D’abord, il y a les droits télévisés. Donc pour diffuser les matchs à la télévision, les chaînes doivent payer des droits et, en général, ces droits coûtent très cher. Ça permet de rapporter de l’argent aux clubs, notamment en Angleterre, par exemple, où les droits de télévision sont extrêmement élevés. [00:23:47] Ensuite, il y a la vente de billets. Les supporters qui veulent assister à un match doivent acheter leur billet. Mais ça, c’est une part assez marginale des revenus d’un club. Avant, c’était une des premières sources de financement du club mais maintenant, c’est devenu plutôt marginal. [00:24:08] Au contraire, il y a quelque chose qui rapporte beaucoup d’argent aux clubs maintenant, ce sont les produits dérivés, les produits qui représentent l’image du club. Par exemple : les maillots, les écharpes, les mugs etc. etc. Tous ces objets à l’image du club que les supporters achètent. [00:24:30] Donc avec tout ça, les revenus du foot ont explosé [shoot up]. Par exemple en Europe, les revenus ont été multipliés par sept entre 1996 et 2016. Aujourd’hui, le foot en Europe rapporte 18,5 milliards d’euros. C’est vraiment énorme. Et avec tout cet argent, maintenant, il y a de nombreuses critiques qui apparaissent. [00:25:00] D’abord, il y a de grandes inégalités entre les clubs. Il y a les clubs stars qui gagnent de plus en plus d’argent, qui peuvent acheter les meilleurs joueurs, et d’un autre côté il y a des clubs moyens ou des petits clubs pour lesquels c’est de plus en plus difficile parce qu’ils ne font pas le poids [they are out of their league], ils ne sont pas de taille [they aren’t up to it] face aux gros clubs. [00:25:27] Et puis vous avez peut-être entendu que les salaires des joueurs de foot ont eux aussi explosé. Avoir des joueurs stars, c’est une très bonne façon pour les clubs de vendre plus de produits dérivés, de vendre plus de maillots par exemple et donc de gagner plus d’argent. Ce qui fait que [this is why] maintenant, les joueurs sont considérés comme des investissements. On va écouter sur ce sujet un extrait d’une vidéo YouTube d’une chaîne qui s’appelle “Le fil d’actu”. C’est une chaîne qui est vraiment très bien faite et que je vous recommande de regarder si vous avez le temps. Je vais laisser le lien dans la description. [00:26:06] Et donc cet extrait parle du transfert d’un joueur brésilien, le joueur Neymar, qui est arrivé au Paris Saint-Germain, au PSG, l’année dernière grâce à l’argent des propriétaires qataris les propriétaires du Qatar. Et le transfert a coûté tellement cher que beaucoup de personnes se sont demandé si vraiment, dépenser tellement d’argent pour acheter un joueur était quelque chose de justifié. Donc on va écouter l’extrait et je reviens juste après. [00:26:42] C’est l’une des informations sportives les plus commentées du moment : le transfert du footballeur brésilien Neymar Junior au Paris Saint- Germain. Les supporteurs du PSG se félicitent déjà des futurs exploits que l’un des meilleurs joueurs du monde réalisera au sein de [= dans] leur club de cœur. La nouvelle fait également couler beaucoup d’encre pour les sommes astronomiques, et jusqu’ici inédites, déboursées par le club parisien et son propriétaire qatari pour assurer ce transfert. 220 millions d’euros pour libérer le joueur de ses obligations envers le FC Barcelone, son ancien club, à ajouter à un salaire de 30 millions d’euros net annuel soit l’équivalent de plus de 2000 ans de SMIC. [00:27:24] Dans cette vidéo, il y a une expression intéressante, c’est l’expression “faire couler de l’encre” [to lead to extensive press coverage]. L’encre, c’est ce liquide qui est présent dans les stylos mais aussi dans les imprimantes pour écrire, ou aussi ce qu’on utilise pour faire des tatouages. L’expression “faire couler de l’encre”, ça veut dire que beaucoup d’articles ont été écrits sur ce sujet, beaucoup d’articles dans la presse ont été écrits dans ce sujet. Vous avez entendu que ce transfert du Brésilien Neymar au PSG a coûté 222 millions d’euros. Le PSG a dû payer 222 millions d’euros à l’ancien club de Neymar, le FC Barcelone, plus un salaire annuel net de 30 millions d’euros. Un salaire net, ça veut dire un salaire après impôts. Autrement dit, Neymar chaque année reçoit 30 millions d’euros qu’il peut dépenser comme il veut. C’est comme de l’argent de poche pour lui. Il ne doit pas payer d’impôts sur ça. Et ces 30 millions d’euros, ça représente 2000 ans de SMIC. Le SMIC, ça signifie le “salaire minimum”, le salaire minimum en France. [00:28:48] Donc avec de tels chiffres, c’est sûr qu’on peut se poser des questions. On peut se demander si le foot est toujours un sport ou si c’est simplement un business avec des investisseurs et des retours sur investissement. [00:29:10] Voilà, on arrive à la fin de cet épisode. J’espère que ça vous a plu. Peut-être que vous allez regarder la Coupe du monde. Peut-être que vous êtes un supporter de votre équipe nationale. Si c’est le cas, je souhaite bonne chance à votre équipe et à toutes les équipes qui vont participer à cette Coupe du Monde en Russie. J’espère que l’équipe de France va faire une bonne performance, peut-être aller jusqu’en finale, je ne sais pas, on va voir… [00:30:21] Comme d’habitude, vous pouvez retrouver la transcription de l’épisode, la transcription complète sur mon site in nerfrench.com. Si vous avez des questions, vous pouvez m’écrire à l’adresse : hugo@innerfrench.com. Merci d’avoir écouté cet épisode et encore une fois merci pour votre soutien[support]. On se retrouve dans deux semaines et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de Français tous les jours. À bientôt, salut ! 46 Où les Français partent-ils en vacances ? Épisode 46 : les Français et les vacances. [00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce 46ème épisode du podcast. Comme d’habitude, je suis très content de vous retrouver. On va passer une trentaine de minutes ensemble. J’espère que grâce à ce podcast, vous allez améliorer un petit peu votre compréhension du français. Si c’est la première fois que vous écoutez mon podcast, sachez que c’est mon objectif ; je veux aider les gens à comprendre le français en écoutant des choses intéressantes. En tout cas, j’espère qu’elles sont intéressantes parce que ce sont des sujets qui, moi, me passionnent. Et j’essaye aussi, à travers ce podcast, de vous faire découvrir la culture et la société française. [00:01:02] Mais pour commencer cet épisode, je vais vous lire un email que j’ai reçu de la part d’une auditrice du podcast qui s’appelle Lindsey. Ça fait longtemps que je l’ai pas fait donc, voilà, j’ai envie de vous lire son message. [00:01:19] Bonjour Hugo, J’écoute vos podcasts depuis plusieurs mois et je les aime beaucoup. Ils m’aident vraiment à apprendre le français. J’ai déménagé en France il y a un mois avec mon mari et nos trois chiens pour commencer une nouvelle vie dans les Pyrénées. Nous allons construire une maison et planter un potager. Nous écoutons vos podcasts chaque soir, lisons des livres et des journaux, regardons des émissions et surtout nous parlons avec des Français chaque jour. Nous aimons la France et toutes les choses françaises. Nous aimons votre podcast et nous vous remercions de le faire pour les gens comme nous qui veulent apprendre cette belle langue. Merci mille fois et au prochain podcast ! [00:02:11] Merci à toi Lindsey pour ton email ! Ah oui, d’ailleurs, j’en profite pour vous dire que quand vous m’écrivez, vous pouvez me tutoyer (vous pouvez me dire “tu”). Ce n’est pas la peine d’être très formel et d’utiliser “vous”. Vous pouvez simplement me dire “tu”. [00:02:30] Donc cet email de Lindsey est très intéressant parce que, d’abord, on voit qu’elle est très motivée pour apprendre la langue et qu’elle essaye de le faire de façon naturelle. Elle écoute des podcasts, elle lit des livres et des journaux, elle regarde la télévision avec son mari. Et vous savez que ça, selon moi, c’est vraiment la méthode la plus efficace et la plus agréable. Bien sûr, vous pouvez aussi faire des exercices de grammaire, c’est toujours utile, mais à mon avis ça, la grammaire, ça doit être simplement un complément à la méthode. Ça ne doit pas être le cœur de votre apprentissage. Le cœur de votre apprentissage, le plus important, c’est de lire et d’écouter un maximum de choses en français. [00:03:22] Lindsey nous raconte qu’elle s’est installée avec son mari dans les Pyrénées. Les Pyrénées, si vous ne savez pas, ce sont des montagnes qui se trouvent dans le Sud-Ouest de la France. Et avec son mari, elle va construire une maison et aussi planter un potager. Un potager, c’est tout simplement un petit jardin avec des légumes. On plante un potager, on cultive des légumes, et ensuite on peut les manger. On peut faire des salades ou des soupes. [00:03:54] Ah et je profite aussi de ce message pour vous demander un petit service. J’adore quand vous m’envoyez des messages et des emails, mais je pense que ça serait une idée encore meilleure si vous m’envoyier vos messages en format audio. Vous pouvez vous enregistrer, enregistrer un petit MP3 et m’envoyer ce MP3 par email comme ça, moi, je pourrai diffuser votre message directement dans le podcast. C’est pas grave si vous faites quelques erreurs ou si votre accent n’est pas parfait. Ce que je veux, c’est montrer à tous les auditeurs que c’est possible de parler français. Et je pense que si vous m’envoyez vos enregistrements en MP3, ça va encourager les autres à parler, à s’exprimer. Donc voilà, si vous avez le temps et si vous êtes motivés, vous pouvez m’envoyer votre message en format audio, m’envoyer un enregistrement MP3 et je le diffuserai directement dans un épisode du podcast. [00:05:06] Ok donc maintenant, on va entrer dans le vif du sujet et vous savez que le sujet d’aujourd’hui, c’est les vacances. Bon, ce n’est peut être pas un sujet très original mais souvent dans vos messages vous me demandez d’apprendre plus de choses sur la France et sur la culture française. Donc voilà, si vous voulez comprendre les Français, c’est important de comprendre ce qu’ils font pendant les vacances. Pour commencer, on va faire un peu d’Histoire et je vais vous expliquer quand sont apparues les premières vacances en France et comment elles ont évolué. Et puis dans une deuxième partie, on va voir quelles sont les destinations préférées des Français pour les vacances et ce qu’ils font pendant ces vacances. Donc sans plus attendre, on commence ! [00:05:59] Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette. Nous étions quelques bons copains… Yves Montand – La bicyclette [00:06:12] Pour commencer, on va s’intéresser aux congés payés [paid vacation]. Des congés payés, ce sont simplement des jours de vacances qui sont payés par l’entreprise. Votre entreprise vous autorise à aller en vacances et elle vous paye comme si vous étiez au travail [as if you were at work], comme si vous travailliez normalement. [00:06:34] En France, les premiers congés payés sont apparus en 1936. Au printemps 1936, la France traverse [is going through] une grave crise économique. D’ailleurs, ce n’est pas le seul pays à traverser une crise économique. C’est une crise qui concerne l’ensemble des pays industrialisés et qui a commencé, d’ailleurs, aux Etats-Unis au début des années 30. À cause de cette crise économique, le climat social est vraiment tendu. Il y a beaucoup de personnes qui vivent dans la misère, dans la pauvreté, et d’autres qui ont des conditions de travail vraiment inacceptables. [00:07:14] Dans ce climat social et économique, il y a des élections législatives qui sont organisées en mai et ces élections sont remportées par une coalition de partis de gauche (ça veut dire différents partis politiques de gauche qui se sont rassemblés pour former ce qu’on appelle le “Front populaire”, un ensemble de partis politiques de gauche). Donc le Front populaire remporte [= gagne] les élections législatives en mai 1936. Paradoxalement, à ce moment-là, il y a des grèves [strikes] massives qui éclatent dans toute la France. On compte environ 2 millions de grévistes, 2 millions de personnes qui font la grève, principalement les ouvriers (c’est-àdire les personnes qui travaillent dans les usines). Et c’est la première fois dans l’Histoire de la France que des ouvriers occupent les usines. Ils restent dans les usines mais ils refusent de travailler. Et beaucoup vont aussi marcher et défiler dans les rues pour montrer leur mécontentement. L’objectif de ces mouvements, c’est de mettre la pression sur le nouveau gouvernement socialiste, sur le Front populaire. Les ouvriers veulent profiter de l’arrivée au pouvoir du Front populaire pour négocier de meilleures conditions de travail. [00:08:45] Face à l’ampleur [the extent], face à l’importance de ces grèves, le gouvernement décide d’organiser une rencontre entre les syndicats patronaux (c’est-à-dire les syndicats des patrons, des directeurs d’entreprises) d’un côté et de l’autre côté, les syndicats ouvriers dont le principal à l’époque qui s’appelle la CGT : la Confédération générale du travail. D’ailleurs, c’est toujours le principal syndicat aujourd’hui, la CGT. Donc les syndicats patronaux et les syndicats ouvriers se réunissent à l’hôtel de Matignon. L’Hôtel de Matignon, il faut savoir que c’est l’endroit où le Premier ministre, autrement dit le chef du gouvernement, travaille. Il se situe dans le 7ème arrondissement de Paris. A la suite de cette rencontre, les syndicats patronaux et les syndicats ouvriers signent les accords de Matignon. Ces accords de Matignon vont beaucoup améliorer les conditions de travail des ouvriers. [00:10:07] Le salaire des jeunes ouvriers est porté de 80 centimes à 3 francs de l’heure. Les journées de grève seront payées intégralement. Et nous obtenons les contrats collectifs, les délégués ouvriers, les 40 heures, et 15 jours de congés payés pour tout le monde. Source : “Front populaire : que s’est-il passé au printemps 1936 ?” France Info [00:10:22] Vous avez entendu dans cet extrait quelles conditions ont obtenues les syndicats ouvriers. D’abord une augmentation des salaires, donc ça c’était la priorité des ouvriers, mais aussi la semaine de travail de 40 heures. Autrement dit, la durée légale du travail est de 40 heures (ce qui fait que les ouvriers peuvent travailler un peu moins qu’ils ne le faisaient avant) et en “bonus”, on peut dire, ils obtiennent 15 jours de congés payés. [00:10:56] Ah oui, il faut savoir qu’en français on dit “15 jours” pour dire “deux semaines”. C’est pas très logique parce que dans deux semaines, il y a 14 jours, mais dans la langue courante on dit “15 jours”. Il y a plusieurs théories pour expliquer ça. Il n’y en a aucune qui est vraiment vérifiée. Et à mon avis, c’est pas très intéressant donc je vais pas entrer dans les détails. Mais sachez que quand vous voulez dire “deux semaines” en français, dans la langue courante, vous pouvez dire “15 jours”. [00:11:29] Ces meilleures conditions de travail, elles représentent des avancées sociales sans précédent. On n’avait jamais vu de telles avancées auparavant[formerly]. Donc c’est vraiment une victoire pour les syndicats et pour les ouvriers. [00:11:44] Alors cet été 1936, c’est le premier été où les Français peuvent profiter des deux semaines de congés payés qu’ils ont obtenues. A votre avis, qu’est-ce qu’ils vont faire pendant ces vacances ? Comment ils vont utiliser leurs congés payés ? Pour voir ça, je vais vous passer l’extrait d’une émission qui a été diffusée sur France 2 (je crois). D’ailleurs, si vous voulez regarder la vidéo complète avec les images, vous pourrez trouver le lien dans la description de l’épisode, comme d’habitude. [00:12:20] Été 36, les nouveaux vacanciers partent avec leur vélo (le moyen de transport le plus répandu). Dans les gares, les bicyclettes s’entassent. Une image impressionnante qui ne doit pas faire illusion. 10 millions d’ouvriers bénéficient de deux semaines de congés payés. Combien sont-ils à se rendre dans les gares, comme ici la gare de Lyon, pour partir en vacances ? A peine 600 000. Source : “Le jour où les Français ont découvert les congés payés”, France 2 [00:12:44] Vous avez entendu dans cet extrait que les Français partent avec leur vélo. À l’époque, le vélo, c’est le moyen de transport le plus répandu[widespread]. Ah oui “répandu”, ça veut dire “commun”, “populaire”. Par exemple “une opinion répandue”, c’est une opinion partagée par beaucoup de personnes. Mais bon, vous imaginez qu’avec un vélo, on ne peut pas partir en vacances très loin. Donc certains Français prennent aussi le train. Et c’est assez amusant parce que, ils prennent le train avec leur vélo. [00:13:22] Mais comme vous avez aussi entendu, tous les ouvriers ne peuvent pas partir en vacances. À cette époque, il y a 10 millions d’ouvriers mais à peine[hardly, barely] 600 000 vont dans les gares pour prendre le train, pour partir en vacances, car la grande majorité des ouvriers n’a pas les moyens, ne peut pas se permettre, d’acheter un billet de train ou de prendre une chambre à l’hôtel. Ah oui, ça, c’est deux expressions très utiles : “avoir les moyens de” [to have the money to] ou “se permettre quelque chose” [to afford something]. Ça veut simplement dire “avoir assez d’argent pour acheter quelque chose”. Par exemple “avoir les moyens de partir en vacances”, ça veut dire “avoir assez d’argent pour partir en vacances”. Et “se permettre de partir en vacances”, là aussi ça signifie “avoir assez d’argent pour partir en vacances”. Deux expressions très importantes que vous pouvez retenir. [00:14:26] C’est vrai que beaucoup d’ouvriers ne peuvent pas se permettre de partir en vacances parce que ça représente à cette époque 1 à 2 mois de salaire. Pour pouvoir se payer des vacances, il faut économiser [to save] 1 à 2 mois de salaire. Si vous avez une famille, c’est quelque chose de vraiment très difficile. Et puis les ouvriers qui partent en vacances, souvent, ils restent assez près de chez eux. Ils partent à environ 50 kilomètres parce qu’ils n’ont pas les moyens d’aller plus loin. [00:15:04] 1936, deux semaines de congé. En 1956, le gouvernement accorde 3 semaines aux salariés. Nous sommes ici, au bord de l’ancienne route nationale 7. À la fin des années 50, 1 ménage sur 3 possède une voiture. Des millions de véhicules vont prendre cet itinéraire pour se rendre en vacances dans le sud. C’est le symbole des congés payés. Source : “Le jour où les Français ont découvert les congés payés”, France 2 [00:15:28] Voilà, vous avez entendu que 20 ans plus tard, les Français obtiennent leur 3ème semaine de congés payés, en 1956. Et à cette époque, 1 ménage sur 3, c’est-à-dire une famille sur trois, possède une voiture. Le terme “ménage“[household], on l’utilise plutôt en économie et en statistiques pour désigner une famille qui vit dans la même maison. Il y a plusieurs mots pour dire ça, on peut dire “un ménage” mais aussi “un foyer”. Cela veut tout simplement dire “les personnes qui vivent ensemble dans la même maison”. À cette époque donc, comme 1/3 des Français possèdent une voiture, il y a des millions de véhicules, des millions de voitures, qui prennent la nationale 7, c’est à dire une grande route pour se rendre dans le sud. [00:16:25] À cette époque, on est en plein dans les Trente glorieuses. Si vous avez écouté l’épisode sur la deuxième révolution française, sur Mai 68, vous savez que les Trente glorieuses, c’est une période pendant laquelle l’économie française s’est développée très rapidement. Et donc pendant ces Trente glorieuses, les Français ont assez d’argent pour profiter pleinement [fully enjoy] de leurs vacances, de leurs congés payés. [00:16:53] Ensuite, un peu plus tard, en 1969, ils obtiennent leur 4ème semaine de congés payés et une 5ème en 1982. J’imagine que pour nos amis américains, ça doit sembler être beaucoup d’avoir 5 semaines de congés payés. En réalité, ça correspond à 25 jours. Mais si vous ajoutez, le weekend, ça fait bien 5 semaines. Mais la France n’est pas le pays où il y a le plus de congés payés. Ce pays où il y a le plus de congés payés, c’est la Finlande. Il y a aussi l’Autriche et la Grèce où les travailleurs ont plus de vacances qu’en France. Mais je dois dire que 5 semaines, c’est quand même pas mal, et que les Français ont de la chance qu’ils en profitent bien ! [00:17:45] Bon ok maintenant, on va passer à la deuxième partie de ce podcast et on va voir où les Français aiment partir en vacances, quelles sont les destinations préférées des Français pour les vacances. [00:18:04] D’abord, il faut savoir que le pays où les Français préfèrent passer leurs vacances, c’est évidemment la France ! Bon ça, ce n’est pas une surprise et c’est peut-être pas le plus intéressant. Ce qui est intéressant, c’est de savoir où en France les Français partent en vacances. Et en fait, on peut dire qu’il y a deux camps, il y a deux camps de vacanciers. D’un côté, ceux qui aiment partir dans le sud vers la Méditerranée. Et de l’autre, il y a ceux qui préfèrent l’Atlantique, ceux qui préfèrent l’océan Atlantique à l’ouest et dans le Sud-Ouest de la France. [00:18:49] D’abord, le camp des Méditerranéens, des personnes qui aiment passer leurs vacances au bord de la mer Méditerranée. Au bord de la mer Méditerranée, il y a la Côte d’Azur avec par exemple Saint-Tropez, Nice et Cannes, mais aussi des grandes villes comme Marseille et Montpellier. Donc là c’est deux types d’ambiance assez différentes. [00:19:16] Sur la Côte d’Azur, c’est une ambiance plutôt bling bling [show off]. “Bling bling”, c’est l’adjectif qu’on utilise depuis quelques années pour dire qu’une personne aime montrer qu’elle a de l’argent. Par exemple, elle aime conduire une Lamborghini et avoir des montres Rolex pour montrer à tout le monde qu’elle a beaucoup d’argent. Donc quand une personne a ce genre d’attitude, on dit qu’elle est “bling bling”. Et ça, c’est vraiment le cas quand vous allez sur la Côte d’Azur. Vous pouvez rencontrer beaucoup de personnes comme ça, qui ont de très belles voitures, parfois également des yachts, et qui n’ont pas de problème pour montrer à tout le monde qu’elles gagnent beaucoup beaucoup d’argent. [00:20:08] D’un autre côté, Marseille et Montpellier, ce sont des villes un peu plus populaires [working-class], on peut dire, un peu moins bling bling. D’ailleurs, Marseille a même la réputation d’être assez dangereuse. C’est vrai qu’il y a certains quartiers qui ne sont pas très sûrs, mais c’est une ville très intéressante et qui est de plus en plus populaire [popular] pour beaucoup de Français et même pour les Parisiens qui pourtant au football sont les grands rivaux de Marseille. Il y a une rivalité entre le club du PSG et le club de l’Olympique de Marseille (l’OM). Bref, ça c’est un détail parce que, en général, les Français qui partent en vacances au bord de la mer Méditerranée, ils vont plutôt vers la Côte d’Azur. [00:20:58] Historiquement, c’est la région qui est la plus populaire en France pour les vacances. Quand on pense à cette région, on pense aux cigales (ces insectes que vous pouvez entendre maintenant) mais aussi à ces arbres typiques qu’on trouve dans le sud, les pins, au vent très connu qui s’appelle “le mistral” et qui souffle assez fort parfois, le vent du mistral. Mais aussi à l’accent chantant des habitants de cette région. Les habitants du sud de la France ont un accent assez marqué assez distinct. Et comme on trouve cet accent plutôt joli, on dit que c’est un accent “chantant”, un accent qui chante. [00:21:46] Qu’est-ce que c’est qui vous gêne ? Non, dites-le. Vous voulez pas le dire ? Je vais vous le dire, moi, ce qui vous gêne depuis que j’ai commencé. C’est l’accent ! Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je perde mon accent ? Source : “L’accent marseillais”, Patrick Bosso [00:22:04] Et puis surtout il y a la mer, et la mer Méditerranée, bien évidemment est plus chaude que l’océan Atlantique. Donc c’est plus agréable pour se baigner. Mais malheureusement, depuis une dizaine ou une vingtaine d’années, la Côte d’Azur est victime de sa popularité. Beaucoup d’immeubles en béton[concrete] ont été construits au bord de la plage, des stations balnéaires, des boîtes de nuit et finalement plein d’attractions pour les touristes. A côté de ça, les plages ne sont pas très grandes sur la Côte d’Azur. Donc avec le monde qu’il y a, c’est parfois très difficile de trouver une place. Il y a ce cliché que quand vous êtes sur une plage sur la Côte d’Azur, votre voisin est quasiment sur votre serviette [towel]. C’est comme si tout le monde était assis ensemble. Il n’y a pas vraiment de place et ça peut être un peu oppressant parfois. C’est difficile de se reposer parce que vous entendez les enfants qui crient et tous les gens qui sont autour de vous. [00:23:12] Résultat : maintenant beaucoup de touristes français commencent à préférer la côte atlantique. Et sur la Côte d’Azur, dans le sud, au bord de la Méditerranée, on trouve plutôt des touristes étrangers, principalement des Russes, des Anglais et aussi quelques Américains. [00:23:31] Donc vous avez compris que maintenant, ce qui est plutôt à la mode, c’est la côte atlantique. Sur la côte atlantique, il y a évidemment la Bretagne, qui est une des régions les plus populaires maintenant pour les vacances des Français, mais aussi Bordeaux, une ville très belle que les Français adorent et qui est depuis deux ans reliée [connected] à Paris par le TGV, c’est-à-dire le train à grande vitesse. Vous pouvez aller de Paris à Bordeaux en TGV en seulement deux heures. Entre la Bretagne et Bordeaux, il y a aussi la Rochelle, Biarritz et des petites îles très jolies comme par exemple l’île de Ré et l’île d’Aix. [00:24:17] Ce sont des destinations qui ne sont pas encore aussi populaires que celles de la Méditerranée. Et l’avantage, c’est que les plages sont beaucoup plus grandes, plus sauvages et plus naturelles. Les élus locaux, c’est-à-dire les politiciens, les responsables politiques qui travaillent dans ces régions, ont décidé de ne pas faire la même erreur que sur la Côte d’Azur et d’essayer de conserver le naturel de cette région. [00:24:48] Mais l’inconvénient principal, c’est que contrairement à la Méditerranée, il y a la marée [tide], c’est à dire que la mer monte et descend. À marée haute, la mer est haute et on peut se baigner. Au contraire, à marée basse, la mer s’est retirée et il faut marcher très longtemps pour retrouver la mer et pour pouvoir se baigner. Donc il faut vraiment faire attention à l’heure à laquelle on va à la plage car sur la côte atlantique, ce n’est pas toujours possible de se baigner. Il y a aussi beaucoup de vagues, ce qui en fait la destination préférée pour les surfeurs en France, notamment à Biarritz qui est vraiment la ville où il faut aller si vous aimez faire du surf. [00:25:41] On peut dire que le profil des touristes qui vont là bas est un peu plus chic et en général, il y a moins de touristes étrangers. Ce sont surtout des Français et beaucoup de Parisiens qui vont passer leurs vacances sur la côte atlantique. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’en France, il y a beaucoup de campings. Les Français adorent faire du camping et d’ailleurs, les campings français représentent un tiers [one third] de la capacité européenne. Si vous prenez tous les pays de l’Union européenne et leurs campings, les campings français en représentent un tiers. Par contre, pour les hôtels, la France est seulement quatrième en termes de capacité d’accueil en Europe. C’est l’Allemagne qui a la plus grande capacité d’accueil, le plus grand nombre d’hôtels en Europe. [00:26:32] Il faut savoir que le tourisme est un secteur très important pour la France. Il représente environ 8% du PIB (du Produit Intérieur Brut) [GDP] ou tout simplement de l’économie de la France. Le secteur touristique représente 8% de l’économie de la France. C’est vraiment énorme. Et la bonne nouvelle, c’est que la France est le pays, dans le monde, qui attire le plus de touristes étrangers. En 2017, par exemple, il y avait entre 88 et 89 millions de touristes étrangers qui sont venus en France. Et ça, malgré les attentats qui avaient découragé beaucoup de touristes. Et aussi malgré les grèves à répétition, les grèves de trains et les grèves d’avions. Malgré tout ça, les touristes étrangers aiment toujours venir passer leurs vacances en France. [00:27:32] Et à votre avis, quelles sont les destinations préférées des Français à l’étranger ? D’abord, il y a le sud de l’Europe : l’Espagne et le Portugal. Ce sont les deux pays où les Français aiment le plus passer leurs vacances en dehors de la France, surtout le Portugal qui est de plus en plus à la mode depuis quelques années. Et il y a aussi la Grèce qui attire chaque année beaucoup de touristes français. Si on s’intéresse aux destinations plus lointaines, on trouve les Etats-Unis, l’Australie, Cuba, la Thaïlande et aussi (ça, ça va peut-être vous surprendre) l’Iran. Depuis quelques années, là aussi, l’Iran est très à la mode. Il y a beaucoup de Français, surtout [especially] des jeunes, qui vont visiter l’Iran, qui partent en vacances en Iran. Et apparemment, les Iraniens sont très hospitaliers, ils sont très accueillants. Donc cette réputation encourage, motive, de plus en plus de Français à visiter ce pays. [00:28:43] Malheureusement, il ne faut pas oublier non plus que tous les Français n’ont pas la chance de partir en vacances. Il y a environ un tiers des Français, un peu plus de 20 millions, qui ne peuvent pas partir en vacances. On n’est plus en 1936 mais les vacances coûtent toujours cher, surtout si on a une famille nombreuse. Donc il y a des Français qui n’ont pas les moyens de partir en vacances. [00:29:20] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a donné envie de passer vos vacances en France. Et si vous y allez, moi je vous conseille vraiment de visiter la côte atlantique. Allez par exemple à Bordeaux, à la Rochelle ou en Bretagne et je vous garantis que vous passerez de supers vacances. Bon, la météo n’est pas toujours parfaite mais ces dernières années, en général, c’était pas mal. Donc normalement, vous ne prendrez pas trop de risques. [00:29:53] Justement, moi aussi, je vais prendre quelques vacances. Donc j’en profite pour vous dire qu’il n’y aura pas de podcasts au mois de juillet. On se retrouvera au mois d’août. Je me serai bien reposé et j’espère que je pourrai vous proposer plein de nouveaux sujets intéressants et que vous aurez envie de continuer à apprendre le français avec moi. Donc voilà, je vous souhaite d’excellentes vacances et on se retrouve au mois d’août. Bonnes vacances, salut ! 47 Qu’est-ce que ça veut dire, “être français” ? Episode 47 : qu’est ce que ça veut dire “être français” ? [00:00:13] Salut à tous et bienvenue ! Je suis très content de vous retrouver après cette longue pause. Si vous avez écouté le dernier épisode, j’avais annoncé que je ne publierais pas d’épisode au mois de juillet pour me reposer un peu. Mais voilà, maintenant je suis de retour, c’est le mois d’août. Je suis très content de pouvoir à nouveau vous parler et j’espère que vous vous êtes contents d’entendre ma voix ! [00:00:44] Je me suis préparé à un bon café que je vais boire en enregistrant cet épisode. Les conditions sont idéales ! En fait, bon, il fait un peu chaud à Varsovie parce qu’il fait 30 degrés depuis plusieurs semaines maintenant. Mais voilà, je vais essayer de rester concentré pendant tout l’épisode. Je suis sûr que ça va bien se passer. [00:01:11] J’ai profité de cette pause pour me reposer un peu. Je suis allé passer quelques jours à Berlin chez un ami et je dois dire que j’adore la capitale allemande. C’est une ville qui est vraiment géniale. Elle est multiculturelle, il y a beaucoup d’espaces verts et il y a de bons restos, de bons bars et de bons cafés. C’est une ville qui est aussi moins chère que Paris donc on peut vraiment se faire plaisir. [00:01:43] D’ailleurs, c’est une ville qui est de plus en plus populaire chez les jeunes Français et en général chez les jeunes Européens parce que pour faire la fête, il n’y a pas de meilleur endroit en Europe ! Moi aussi, quand j’étais un peu plus jeune, j’ai pas mal [quite a lot] fait la fête à Berlin mais maintenant, quand j’y vais, c’est plutôt pour passer du temps avec mes amis, pour boire des cafés, tester des nouveaux restaurants, etc. [00:02:13] Bref, j’ai passé seulement quelques jours à Berlin malheureusement et le reste du temps j’ai travaillé. Donc oui, je vous ai dit que j’allais me reposer mais j’avais beaucoup de travail à faire pour mon programme. Vous savez que je prépare un programme pour vous. Et voilà, il y avait beaucoup de choses à faire et j’ai profité de ce mois de juillet un peu plus calme pour vraiment me concentrer sur ça et pour avancer. J’ai fait pas mal de progrès parce que la première semaine du programme est terminée. Il me reste encore beaucoup de travail, il reste encore trois semaines de contenus à faire parce que c’est un programme qui va durer un mois. [00:03:01] J’avais dit au départ qu’il durerait trois mois mais finalement je vais publier la première partie de seulement un mois et on verra ensuite pour le reste. Pour le moment, ce sont certains de mes élèves qui testent la première semaine pour voir si tout est clair, s’ils ont des remarques et des choses que je peux améliorer. Et si tout va bien, au mois de septembre je pourrai enfin publier ce programme. [00:03:34] Dans le dernier épisode avant la pause. Je vous avais demandé si vous pourriez m’envoyer des enregistrements [recordings] de vous en train de parler français pour que je puisse diffuser dans le podcast et c’est ce qu’a fait Nick. Nick m’a envoyé son témoignage. J’étais très content de le recevoir et maintenant je vais vous le faire écouter. [00:04:03] “Salut Hugo,. Je m’appelle Nick et j’habite en Écosse, au nord du Royaume Uni. Ma fille est étudiante de français à l’université de St Andrews. En septembre, elle va commencer une année de travail à Paris. Je suis très content pour elle. Moi, quand j’avais 16 ans j’avais l’intention d’étudier le français et l’espagnol à l’université. Malheureusement j’ai changé d’avis parce que, à cette époque-là, il y avait une crise économique mondiale et du coup j’avais peur qu’il serait [soit] difficile de trouver un boulot. Cependant, l’été dernier, une famille française nous a rendu visite et j’ai passé plein de temps en jouant avec les petits enfants. En fait, je les ai gardés pendant que leur mère a passé une soirée avec ma femme et des autres copines. Cette belle expérience m’a convaincu qu’il était temps de recommencer mes études françaises. Autrement dit, je suis retombé amoureux de la langue française. [00:05:21] Hugo, tes podcasts ont été trop utiles pour moi. J’en ai beaucoup profité en apprenant des nouvelles phrases et de nouveau vocabulaire. L’autre chose qui m’a beaucoup aidé a été de trouver un partenaire de langue en ligne, un Français qui veut apprendre l’anglais. Et alors, depuis 8 mois, chaque semaine je fais un appel par Skype avec Bernard, un chic type qui habite au Jura. Typiquement, l’appel dure une heure : la moitié en anglais et l’autre en français. Quelquefois j’utilise le sujet de ton podcast afin que je puisse pratiquer les nouveaux trucs que j’ai appris de toi. Récemment, Bernard m’a invité à lui rendre visite. Et alors, il y a cinq semaines, j’ai passé quelques jours chez sa famille et il était un séjour formidable. Le Jura est vraiment une belle partie de la France. Merci encore Hugo et vivement le prochain podcast !“ [00:06:37] Vous voyez que Nick a acquis un très bon niveau de français parce qu’il est proactif. Je dis qu’il est proactif parce qu’il a cherché un partenaire d’échange pour pouvoir pratiquer le français chaque semaine. Et ça, c’est vraiment excellent ! Parfois, les gens se cherchent un peu des excuses pour ne pas parler français parce que, parler français, ça les pousse à sortir de leur zone de confort. Donc ils se disent qu’ils n’ont pas les moyens de prendre un professeur, qu’il n’y a pas d’école de Français dans leur ville, ou qu’ils ne connaissent personne qui parle français. [00:07:16] Mais ça, ça n’a pas arrêté Nick. Il s’est dit : “voilà je vais trouver un partenaire d’échange sur internet” et c’est ce qu’il a fait. Et c’est comme ça qu’il a rencontré Bernard. Bref, si vous avez envie d’améliorer votre français, je vous encourage vraiment à sortir de votre zone de confort et à trouver un partenaire d’échange avec qui vous allez pouvoir parler régulièrement. [00:07:45] Et je vous encourage aussi à m’envoyer votre enregistrement si vous voulez que je le passe dans le podcast. Ça me fera très plaisir et je suis sûr que ça motivera beaucoup les autres auditeurs. [00:08:01] Avant d’attaquer notre sujet du jour [to tackle our topic of the day], il y a un autre point que je voudrais aborder [to approach], c’est à dire à un autre point que je voudrais traiter. Et, ça concerne une évaluation que j’ai reçue sur iTunes il y a quelques jours. D’ailleurs, j’en profite pour remercier tous ceux qui ont laissé des évaluations sur iTunes, sur Facebook ou bien des commentaires sur YouTube. Merci beaucoup ! Ça me fait très plaisir de savoir que mon podcast vous aide. Parmi ces évaluations que j’ai reçues, il y en a une à laquelle je voudrais réagir. [00:08:42] Cette évaluation disait que j’ai des idées de gauche que je présente comme des faits. J’en profite pour vous dire que quand on parle de politique on dit que quelqu’un est “de gauche” [left wing] ou “de droite” [right wing]. Si vous avez des idées plutôt socialistes, vous dites : “je suis de gauche”. Et si, au contraire, vous avez des idées plutôt libérales vous pouvez dire que vous êtes “de droite”. [00:09:12] Si vous écoutez ce podcast depuis un certain temps, vous savez sûrement que j’ai des idées qui sont plutôt de gauche. Je ne m’en cache pas[I’m not shy about it], ce n’est pas quelque chose que j’essaie de cacher, de dissimuler, car je fais ces podcasts en toute honnêteté et assez souvent je donne mon avis personnel sur les sujets que je traite. [00:09:38] C’est vrai que j’essaye de présenter ces sujets avec différents arguments, des arguments “pour” et des arguments “contre”, avec une certaine structure (parce que c’est comme ça que j’ai appris à le faire à l’école) mais ça ne veut pas dire que je suis objectif. Je ne suis pas journaliste, je ne me considère pas comme ça. Je me considère peut-être plutôt comme un éditorialiste. Autrement dit, quelqu’un qui donne son avis dans les colonnes d’un journal. [00:10:12] Si vous ne partagez pas mes idées, j’espère que vous pouvez quand même profiter du podcast, au moins pour le côté linguistique. Parce que, voilà, je ne veux discriminer personne mais ça ne veut pas dire que je vais changer mes idées ou je vais faire semblant d’être quelqu’un d’autre pour autant [for all that]. [00:10:35] D’ailleurs, je m’excuse par avance parce qu’aujourd’hui, on a encore un sujet assez politique. Mais je vous promets que pour les prochains épisodes, je vais essayer de traiter des sujets un peu moins polémiques. [00:10:50] Le 15 juillet il s’est passé quelque chose d’assez important pour la France et les Français. Et vous pouvez trouver ça peut être un peu bizarre parce que vous savez que la fête nationale en France c’est le 14 juillet. Mais cette année, le 15 juillet était peut-être plus important que le 14 parce que la France a gagné la Coupe du monde. [00:11:19] “Oui, oui nous sommes champions du monde ! Mais oui ! La France est championne du monde. Regardez la fête : c’est la fête sur le Champ-de-Mars, la fête sur les Champs Élysées. Les Bleus gagnent la Coupe du monde. Victoire 4-2 à l’issu de la finale la plus improbable de l’histoire de ce sport.“ [00:11:34] J’ai déjà fait un épisode sur le foot donc vous savez que pour les Français, c’est quelque chose de très important. C’est plus qu’un sport, c’est un vrai phénomène de société [social phenomenon]. Donc tous les Français étaient très contents de cette deuxième victoire en Coupe du monde. Maintenant la France a deux étoiles sur son maillot. Car si vous êtes un fan de foot, vous savez que les pays qui ont remporté une Coupe du monde peuvent mettre une étoile sur leur maillot [jersey]. Comme la France a gagné la Coupe du monde en 1998 et, vingt ans plus tard, en 2018, alors elle a le droit de mettre deux étoiles sur le maillot de ses joueurs. [00:12:20] Cette victoire, ça a été un très bel évènement pour les Français. Ils ont beaucoup fait la fête, ils ont célébré cette victoire et tout le monde s’est réjoui d’être une nouvelle fois champion du monde. Mais à l’étranger, il y a eu quelques réactions qui n’étaient pas aussi enthousiastes que les réactions françaises, en particulier aux Etats-Unis. Il y a un présentateur d’une émission de télé qui s’appelle Trevor Noah qui a profité de cette victoire pour dire que c’était l’Afrique qui était championne du monde et non pas la France. Ça a déclenché une grande polémique, notamment avec l’ambassadeur de France aux Etats-Unis qui a réagi en envoyant une lettre à ce présentateur. [00:13:15] En fait, c’est de ça dont on va parler aujourd’hui. Qu’est ce que ça veut dire exactement : “être français” ? Est-ce qu’on peut être français quand on a des origines étrangères ? Et on va reparler encore une fois du modèle d’intégration des immigrés et on va voir pourquoi le modèle américain est radicalement différent du modèle français. [00:13:41] Pourquoi Trevor Nova a déclaré que c’est l’Afrique qui a gagné la Coupe du monde ? Il a dit ça parce qu’une grande partie des joueurs de l’équipe de France ont des origines africaines. Ça ne veut pas dire qu’ils sont nés en Afrique, parce que 21 des joueurs de l’équipe de France sont nés en France sur les 23 joueurs au total. Mais certains sont la deuxième ou la troisième génération d’immigrés d’origine africaine. Si vous avez écouté l’épisode sur l’immigration, vous savez que dans les années 60 et 70, la France a accueilli beaucoup d’immigrés qui venaient d’Afrique et en particulier d’Afrique du Nord. [00:14:30] Si Trevor Noah a dit ça, c’est parce que lui vient d’Afrique du Sud et donc il a voulu célébrer le fait que des joueurs d’origine africaine ont remporté la Coupe du monde. Mais ce que ce présentateur a voulu dire, c’est surtout que la France doit mieux traiter ses immigrés. Les immigrés et leurs enfants apportent beaucoup de richesses à la France. Que ce soit au niveau de l’économie, du sport ou de la culture. Et parfois, on a l’impression qu’ils ne sont pas récompensés, que la France n’est pas assez reconnaissante. [00:15:12] Et il n’est pas le seul à penser ça. Il y a un professeur de droit de l’Université de Detroit qui s’appelle Khaled Beydoun qui a tweeté après la victoire de l’équipe de France un tweet qui est devenu viral, qui est devenu très populaire et que je vais vous lire maintenant. Originalement il était en anglais mais je l’ai traduit en français pour vous. [00:15:44] “Chère France,. Félicitations pour avoir gagné la Coupe du monde. 80% de ton équipe est africaine, arrête avec le racisme et la xénophobie. 50% de ton équipe est musulmane, arrête avec l’islamophobie. Les Africains et les Musulmans t’ont offert une deuxième Coupe du monde. Maintenant fais-leur justice.” [00:16:10] Donc Trevor Noah et Khaled Beydoun ont utilisé cet évènement, la victoire de la France, pour dénoncer le racisme et la xénophobie qui existent dans ce pays. Les Français ont été très choqués et surpris par ces attaques parce que normalement, c’est le genre d’argument qui est utilisé par les militants et les politiciens d’extrême droite. Les personnes d’extrême droite disent par exemple qu’il y a trop de Noirs en équipe de France et que des joueurs noirs ne sont pas vraiment français. Donc c’était bizarre d’entendre cet argument dans la bouche d’un Sud-Africain noir, Trevor Noah, et d’un Musulman, Khaled Beydoun. [00:17:02] Je vous avais dit dans l’épisode sur le foot qu’en 1998, on avait aussi instrumentalisé et politisé la victoire de la France. On avait dit que c’était la victoire de son modèle d’intégration parce que l’équipe était blackblanc-beur. Il y avait des joueurs noirs, des joueurs blancs et des joueurs arabes. Cette fois, les Français, et en particulier les journalistes, n’ont pas voulu faire la même erreur. Donc ils n’ont pas instrumentalisé cette nouvelle victoire de l’équipe de France. On n’a pas parlé de la question de race ou de couleur de peau. Les Français étaient simplement très contents et très fiers [proud] de leur équipe et de leurs joueurs. [00:17:52] L’ambassadeur de France aux Etats-Unis a réagi à cette remarque de Trevor Noah et il lui a envoyé une lettre. Dans cette lettre, il expliquait quelque chose d’assez important. Il disait : “contrairement aux Etats-Unis, la France ne prend pas en compte la race ni la religion de ses citoyens.” Et c’est là, la grande différence entre la France et les Etats-Unis au niveau de leur modèle d’intégration. [00:18:25] Quand Noah dit que ces joueurs sont africains, c’est un peu comme dire qu’une personne de couleur ne peut pas être française. Ça, ça a beaucoup énervé certains sportifs de couleur qui ont réagi pour dire qu’ils se sentaient français, notamment un joueur français qui joue au basket en NBA qui s’appelle Nicolas Batum, qui a déclaré assez violemment qu’il était français et fier de l’être, même si son père était camerounais. Et certains sportifs français ont aussi demandé si quand l’équipe de basket américaine gagne les Jeux olympiques, on doit dire que c’est l’équipe africaine qui a gagné. C’est un peu le même débat. [00:19:15] Mais ce qui est vraiment intéressant dans cette polémique, c’est qu’elle permet de comprendre les deux visions françaises et américaines sur la question de l’intégration. Ce sont deux visions qui sont radicalement opposées au niveau philosophique et au niveau politique. Encore une fois, j’ai déjà un peu parlé de ça dans l’épisode sur l’immigration en France (l’épisode numéro 38). [00:19:41] Donc pour résumer, on a d’un côté le modèle américain (le modèle anglo-saxon on peut dire parce que c’est le même en GrandeBretagne) qui est le modèle du multiculturalisme. Dans la société, il existe différentes communautés qui ont différentes origines et on ne les force pas à s’intégrer. Elles peuvent conserver leur culture et vivre en communauté dans la société. [00:20:10] Au contraire, en France, on a un modèle qui est le modèle de l’assimilation. Les immigrés sont obligés de s’assimiler. Ils sont obligés de s’intégrer à la société française en adoptant l’identité française. C’est pour cela que l’ambassadeur français a dit dans sa lettre à Trevor Noah qu’en France, on ne prend pas en compte [we don’t take into account] ni la race ni la religion ni les origines de ses citoyens. Ça, c’est quelque chose qui appartient à la vie privée mais aux yeux de l’Etat français, il n’existe pas différentes catégories de Français. Soit on est français (on a la citoyenneté française), soit on ne l’est pas. Si nos parents sont des immigrés africains ou si on est juif, musulman ou catholique, ça n’a aucune importance. Ce qui compte [what matters], c’est seulement d’avoir la citoyenneté française. [00:21:15] S’il y a ce modèle en France, c’est parce qu’on pense que c’est le meilleur moyen de combattre la xénophobie. On dit que la religion, la couleur de peau, les origines, n’ont aucune importance [don’t matter at all]. D’ailleurs, est-ce que vous savez comment on peut obtenir la nationalité française ? Je vais vous expliquer ça maintenant. [00:21:38] La première façon, c’est avec ce qu’on appelle le droit du sang. Le sang, vous savez, c’est ce liquide rouge qui se trouve à l’intérieur de notre corps. Le droit du sang, ça veut dire qu’au moins un des deux parents est français. Si au moins un de vos deux parents est français, alors vous avez automatiquement la nationalité française. [00:22:05] Ensuite, il y a le droit du sol [ground]. Ça, c’est quand un enfant est né en France avec au moins un de ses parents né en France lui aussi, même si ce parent n’a pas la nationalité française. À la majorité, une fois que l’enfant a 18 ans, s’il est né en France (même avec des parents étrangers) et qu’il a vécu en France toute sa vie, alors quand il a 18 ans il acquiert la nationalité française. [00:22:40] Une autre solution, c’est de se marier avec un Français ou une Française. Après quatre ans de mariage, on peut faire la demande pour obtenir la nationalité française. [00:22:53] Et puis dans certains cas, si on est réfugié politique ou autre, on peut aussi demander la naturalisation, c’est à dire demander cette nationalité française. [00:23:07] Le problème majeur avec ce modèle, comme je l’ai déjà dit, c’est que c’est difficile de concilier ses deux identités. Si vous voulez célébrer vos racines, vos origines, vous pouvez avoir l’impression de ne pas avoir la place pour le faire en France, parce que c’est vraiment quelque chose qui appartient à la vie privée et ce n’est pas du tout valorisé aux yeux de l’Etat. L’Etat veut simplement que la personne adopte complètement son identité française. Le reste, ça n’a aucune importance. [00:23:47] Donc pour certaines personnes ça peut vraiment être quelque chose de désagréable d’avoir cette impression de devoir oublier ses racines [roots] et de se transformer complètement en français ou en française. On peut dire que c’est le revers de la médaille [the other side of the coin]. Le revers de la médaille, c’est le côté négatif d’une chose qui était au départ positive. Le revers de la médaille. Une médaille, vous savez, c’est comme quand on gagne aux Jeux olympiques, les athlètes reçoivent une médaille, et le revers, ça veut dire : “l’autre côté de la médaille”. [00:24:29] Cette polémique, elle a fait écho à une décision politique assez symbolique qui a été prise en France au mois de juillet. Cette décision, c’était de faire disparaître le concept de race de la Constitution française. C’était un concept qui avait été adopté en 1946 en réponse au nazisme. Dans l’article 1er de la Constitution française : “La France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine, de race ou de religion”. C’était une réponse au régime du troisième Reich et il y avait cette volonté très claire de ne plus discriminer quelqu’un en fonction de sa race. [00:25:21] Mais il y a des députés, en particulier des députés des DOM TOM (c’est-à-dire des régions françaises d’outre mer) qui pensent que le concept de race n’a pas sa place dans la Constitution parce que maintenant, on peut avoir l’impression que ce concept est surtout utilisé par les racistes et les xénophobes justement. En plus, la communauté scientifique s’accorde de plus en plus pour dire que ce concept n’a pas vraiment de validité. Le concept de race n’a pas de validité scientifique. D’ailleurs, pour les Français, c’est assez choquant qu’aux Etats-Unis, sur ses documents d’identité, on a notre race qui est mentionnée (comme “caucasien”, “asiatique”, etc.). [00:26:13] Donc maintenant, en France, on considère qu’il n’existe qu’une seule race : la race des humains. Et la couleur de peau et les autres différences n’ont aucune importance. Ça, c’est une décision qui est assez symbolique mais comment on peut lutter contre le racisme dans la réalité ? Faire disparaître le concept de race de la Constitution, ça ne veut pas dire que ça va faire disparaître le racisme. Le racisme et la xénophobie existent bel et bien [there really are] en France. Pour moi, c’est assez facile de soutenir ce concept, de dire qu’il n’existe qu’une seule race parce que je suis un homme blanc. Donc, en général, je suis plutôt privilégié. [00:26:59] C’est difficile de lutter contre le racisme et la xénophobie notamment parce qu’on ne peut pas faire d’études. On ne peut pas avoir de statistiques précises sur la discrimination. Comme il n’existe pas de concept de race, on ne peut pas avoir d’indicateur précis pour dire que les personnes de couleur sont discriminées en France quand elles cherchent du travail, par exemple. On ne peut pas avoir de politique de discrimination positive, de quotas, comme aux Etats-Unis. C’est une limite importante du système. En théorie, cet universalisme des principes de la République française, c’est quelque chose de très beau et de très noble, mais c’est mal adapté à la réalité du terrain. ça n’est pas quelque chose de très pragmatique pour lutter contre la discrimination. [00:27:55] En conclusion, je voudrais dire que malheureusement, la xénophobie et le racisme existent toujours en France. Par exemple, la majorité des Français est hostile à l’accueil des réfugiés (des réfugiés syriens ou des réfugiés qui viennent de pays africains). [00:28:15] Mais il y a aussi des signes positifs, des signes plus encourageants. Par exemple, il y a un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme qui a été publié en 2017 qui montre que malgré les attentats en France, le racisme, la xénophobie, l’islamophobie et l’antisémitisme ont tendance à reculer. Il y a de moins en moins de Français qui appartiennent à ces catégories. [00:28:46] Et un autre signe encourageant dont j’avais déjà parlé dans l’épisode sur l’immigration, c’est qu’il y a de plus en plus de mariages mixtes en France (autrement dit de Français qui se marient avec des Français qui ont des origines étrangères ou des couleurs de peau différentes). Tout ça, ça fait que la France se métisse. Donc on ne peut plus dire que pour être français, il faut être blanc. Il y a beaucoup de Français de couleur, il y en a de plus en plus d’ailleurs et à mon avis, c’est très bien comme ça. [00:29:23] Malgré ça, je ne veux pas nier qu’il existe toujours des discriminations et la réalité quotidienne est assez difficile pour certaines personnes qui appartiennent à ces communautés. Donc on a encore du pain sur la planche. “Avoir du pain sur la planche”, c’est une expression qui veut dire qu’on a encore beaucoup de travail à faire. Avoir du pain sur la planche [to have a lot on your plate]. [00:29:54] C’est tout pour aujourd’hui, je vais m’arrêter là. Pour finir, je voulais vous remercier encore une fois pour les évaluations que vous m’avez laissées sur iTunes, Facebook, etc. Et si vous ne l’avez pas encore fait, je vous encourage à le faire parce que ça m’aide beaucoup. Ça m’aide à faire découvrir le podcast a encore plus de personnes pour pouvoir aider toujours plus de gens à apprendre le français. On se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de Français tous les jours. À bientôt, salut ! Pour m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes. Merci ! 48 Pourquoi je suis devenu végan 00:00:12] Salut à tous et à toutes, c’est Hugo. Je vous souhaite la bienvenue pour ce nouvel épisode. Si c’est la première fois que vous m’écoutez, sachez que ce podcast est fait pour les personnes qui apprennent le français et qui ont un niveau intermédiaire. Dans ce podcast, j’essaye de vous parler de différents sujets que je trouve intéressants et je vous parle seulement en français pour vous aider à améliorer votre compréhension orale du français. [00:00:45] Et pour commencer cet épisode, je vais vous faire écouter un enregistrement [recording] que j’ai reçu de la part d’une auditrice [from a listener] du podcast qui s’appelle Masoomeh. Masoomeh, c’est une fidèle auditrice parce qu’elle m’avait déjà envoyé un email en janvier. Donc voilà, ça veut dire qu’elle écoute le podcast depuis un certain temps. Masoomeh a une vie très intéressante parce qu’elle est née en Iran mais elle a la nationalité américaine et actuellement elle vit en Australie. [00:01:22] Cher Hugo, Merci beaucoup d’être si généreux avec ton temps et tes efforts. Tes podcasts sont un cadeau que j’apprécie beaucoup et j’apprends un peu le français chaque fois que je les écoute. Je souhaiterais vraiment que tous les Français parlent plus comme toi. Ton accent est très clair et je comprends tout ce que tu dis. J’apprécie aussi les sujets que tu choisis et j’apprends quelque chose de nouveau chaque fois que je t’écoute. Puis-je suggérer un sujet d’intérêt ? J’admire l’un de tes compatriotes depuis quelques années maintenant; connais-tu Matthieu Ricard ? Il a un célèbre livre que j’adore : L’art du bonheur. Je pense que c’est un sujet fascinant qui pourrait intéresser tout le monde. Merci encore pour tout ce que tu fais et j’espère que tu as passé d’excellentes vacances. Masoomeh [00:02:30] Merci beaucoup Masoomeh pour ton enregistrement ! Ça me fait très plaisir d’entendre que tu apprécies le podcast que tu le trouves utile. Je sais qu’il y a beaucoup d’auditeurs qui aimeraient que tous les Français parlent comme moi parce que ça rendrait [it would make] leur apprentissage du français plus facile. Mais malheureusement, comme vous le savez, ça n’est pas le cas. D’ailleurs, si c’était le cas, moi je serais peut-être au chômage [unemployed] ! C’est vrai que j’adapte un peu ma façon de parler pour que ce soit plus facile à comprendre. Mais, progressivement, au fur et à mesure des épisodes, vous avez peut-être remarqué que j’essaye de parler un peu plus vite parce que je sais que vous faites des progrès en écoutant ce podcast donc moi, je vais essayer d’adapter mon niveau et de progresser avec vous. [00:03:28] Bref, je sais que c’est difficile de comprendre les Français. Il y a plusieurs raisons pour ça. Et c’est d’ailleurs une des leçons qu’il va y avoir dans mon programme. Vous savez peut-être que je travaille actuellement [currently] sur un programme que je vais vendre sur mon site (normalement au mois de septembre, si tout va bien) et dans la première semaine de ce programme, il y a une leçon qui explique pourquoi ça semble si difficile de comprendre les Français quand ils parlent, et comment faire pour dépasser, pour surmonter [to overcome], cette difficulté. [00:04:07] Comme vous l’imaginez, il n’y a pas de solution magique. Moi, en général, je ne crois pas aux solutions magiques. Il faut, comme je le répète souvent, passer beaucoup de temps avec la langue et essayer de tolérer l’ambiguïté. Tolérer l’ambiguïté, ça veut dire accepter de ne pas tout comprendre. Quand on apprend une langue, c’est normal de ne pas comprendre 100% de ce qu’on entend et il ne faut pas paniquer. Il faut essayer de se concentrer sur les mots qu’on comprend pour donner du sens à la phrase. Et, en général, notre cerveau [our brains] est très bon pour ça. Notre cerveau a cette capacité à interpréter les éléments pour leur donner du sens. Donc ne paniquez pas. Faites confiance à votre cerveau. Concentrez-vous sur le message de la personne qui parle et petit à petit, en progressant, ça va devenir de plus en plus facile pour vous de comprendre les Français. [00:05:15] Masoomeh, dans son enregistrement, elle parle d’un de mes compatriotes, c’est-à-dire d’un autre français qui s’appelle Matthieu Ricard. Je vous ai déjà parlé de Matthieu Ricard dans l’épisode 26 du podcast (c’était l’épisode sur les 8 choses que font les gens heureux). Et Matthieu Ricard, c’est quelqu’un de vraiment très intéressant. C’est un docteur en génétique cellulaire mais il s’intéresse surtout beaucoup à la spiritualité. D’ailleurs, il s’est installé dans l’Himalaya quand il avait 26 ans et il est devenu un moine bouddhiste quelques années plus tard. C’est quelqu’un qui s’intéresse beaucoup aux questions sur l’altruisme, la compassion, le bonheur, la méditation, l’environnement. Et sur internet, vous pouvez trouver beaucoup d’articles, de vidéos, d’interviews avec lui, dans lesquels vous allez pouvoir découvrir sa pensée. Si ce sont des sujets qui vous intéressent, je vous encourage vraiment à le faire. Tapez “Matthieu Ricard” dans Google et vous allez trouver plein de choses très intéressantes. [00:06:34] À part ces sujets que j’ai mentionnés, il y a un autre thème qui est très important pour Matthieu Ricard, c’est la défense des animaux et le véganisme. Ça, c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup moi aussi et dont [parler de ce sujet] j’ai décidé de vous parler aujourd’hui. [00:06:54] J’ai longtemps hésité avant de faire cet épisode parce que, pour moi, c’est quelque chose d’assez personnel car je suis devenu végan il y a deux ans. C’est quelque chose qui est très important à mes yeux et j’avais envie de [I wanted to] partager ça avec vous, de vous expliquer pourquoi et comment je suis devenu végan. Mon but, ça n’est pas de vous convaincre de faire la même chose (même si ça me ferait très plaisir de savoir que vous avez décidé d’essayer le véganisme !). Mon but, ici, c’est simplement de partager une histoire personnelle avec vous et j’espère qu’elle va vous intéresser. [00:07:40] Quand j’étais petit, j’ai reçu une éducation à la française, une éducation 100% française ! Ça veut dire que pendant les repas, il y avait presque toujours de la viande. En fait, je dirais même qu’il y avait toujours de la viande. À un moment, j’ai arrêté de manger du poisson, quand j’avais 7 ans. Je ne me souviens pas bien pourquoi mais ça a été une réaction vraiment très radicale et du jour au lendemain [overnight], j’ai décidé d’arrêter complètement le poisson. Je détestais le goût, je trouvais que c’était dégoûtant. Donc, au repas, que ce soit au déjeuner ou au dîner, j’avais toujours de la viande et des légumes. [00:08:30] Il faut savoir que la viande a une place très importante dans la cuisine française. C’est souvent le plat principal [the main dish] d’un repas. Et les Français ont tendance à associer la viande au plaisir et au partage [sharing]. Par exemple, on organise souvent des barbecues l’été comme aux Etats-Unis et dans d’autres pays occidentaux. Et le barbecue, c’est l’exemple typique du partage : on cuit [we cook] la viande tous ensemble sur le barbecue et on la partage entre les différents invités. Bref, les Français pensent que la viande a une dimension conviviale et qu’un repas festif, un bon repas avec des amis, ça doit être un repas avec de la viande. [00:09:23] D’ailleurs, moi mon plat préféré avant, c’était le steak tartare. Le steak tartare, peut-être que vous connaissez, c’est un steak avec de la viande crue[raw]. On dit que la viande est crue quand elle n’est pas cuite [cooked], ça veut dire quand on la mange directement sans la cuire ni au barbecue, ni au four [in the oven], ni à la poêle [in a frying pan]. Le steak tartare, c’est vraiment un plat pour les carnivores. [00:09:55] Et à cette époque, j’avais parfois quelques amis végétariens. Ma réaction c’était souvent de me moquer d’eux [to make fun of them]. C’est quelque chose qu’on fait assez souvent en France. On dit que les végétariens sont des lapins, qu’ils mangent seulement de l’herbe des carottes. Bref, on a tendance à ne pas vraiment les prendre au sérieux. Et moi, c’était aussi l’attitude que j’avais à cette époque. Plus tard, j’ai compris que me moquer de mes amis végétariens, c’était une façon pour moi de les discréditer pour ne pas les prendre au sérieux, et surtout pour ne pas me remettre en cause [to question / challenge myself], pour ne pas questionner la façon dont je mangeais. [00:10:43] C’est assez facile pour nous d’accepter que certaines personnes n’aiment pas certains goûts (par exemple comme moi qui n’aimait pas le poisson), mais c’est plus difficile d’accepter quand quelqu’un questionne la valeur morale de nos choix. Parce que, quand on est face à un végétarien ou un végan, le simple fait qu’il soit présent, sa simple présence, peut constituer une forme d’attaque vis-à-vis de [regarding] nous et vis-à-vis de nos décisions. [00:11:20] Et manger, c’est un plaisir donc ce n’est pas quelque chose qu’on a envie de remettre en question. On considère qu’il n’y a pas vraiment de valeur morale là-dedans, c’est juste une habitude comme conduire une voiture, aller à l’école, sortir avec ses amis, etc. Et moi, jusqu’à il y a deux ans, c’était exactement l’attitude que j’avais. J’adorais la viande, j’adorais le goût de la viande. J’étais très content d’en manger autant que je voulais [as much as I wanted] et j’avais pas envie que quelqu’un critique ma consommation de viande. [00:11:59] Mais vous savez peut-être que la meilleure façon de détruire un système, c’est de le faire exploser de l’intérieur. Et c’est exactement ce qui m’est arrivé [what happened to me]. Il y a une végétarienne qui s’est infiltrée dans ma vie. Cette végétarienne, c’était ma copine. Au départ, elle n’avait pas l’air très dangereuse donc je ne me suis pas méfié, je n’ai pas fait attention [I wasn’t careful]. À vrai dire, elle ne faisait pas vraiment de commentaires sur mes choix. Elle me laissait manger de la viande quand je voulais. Elle ne faisait pas de critiques directes. Autrement dit, elle avait une très bonne stratégie. Pour moi, c’était assez facile de ne pas faire attention aux choix de ma copine parce qu’elle avait grandi en étant végétarienne. Elle avait été végétarienne toute sa vie parce que ses parents l’avaient élevée [had raised her] comme ça. Donc pour moi, c’était simplement une question d’éducation, une sorte de différence culturelle. Donc j’y faisais pas vraiment attention. [00:13:11] Mais progressivement, les ennuis ont commencé à arriver. On s’est mis à parler un peu plus souvent de ce sujet, de la consommation de viande. Et c’est vrai qu’au fur et à mesure des discussions, je me suis rendu compte que [I realized that] ma copine avait des arguments plutôt convaincants, elle avait des bons arguments. [00:13:33] Par exemple, parfois, elle me demandait pourquoi j’adorais tellement les chiens et les chats mais je mangeais des cochons (c’est-à-dire du porc), parce que les études montrent que les cochons [pigs] sont plus intelligents que les chiens. Donc c’est un peu bizarre de considérer certains animaux comme des animaux domestiques, de les traiter comme des membres de la famille, et d’un autre côté de considérer d’autres espèces animales comme de la nourriture. C’est vrai que ça ne nous viendrait pas à l’esprit [it wouldn’t come to our mind to] de manger des membres de notre famille ! En plus, il faut savoir que je suis quelqu’un qui adore les animaux. J’ai toujours eu des chiens et des chats à la maison. Donc pour moi, c’était horrible d’imaginer que, dans certains pays, les gens mangeaient des chiens et des chats. Mais c’est vrai que, quand on y pense, c’est tout aussi bizarre de manger des cochons, des lapins, des poulets ou des bœufs que de manger des chiens ou des chats. C’est simplement une différence culturelle. Objectivement, ça n’est pas plus bizarre de manger un chien que de manger un cochon. Donc pourquoi dans un cas c’était une chose que je trouvais horrible et, dans l’autre, une chose qui me semblait tout à fait normale ? [00:15:01] Avec ce genre de questions, ma copine a commencé à semer le doute en moi. “Semer le doute“, c’est une très jolie expression. “Semer” [to sow], c’est un verbe qu’on utilise par exemple quand vous prenez des graines[seeds] pour faire pousser quelque chose. Vous semez les graines dans un champ. Et si vous arrosez [to water] et si vous vous occupez bien de ces graines, après un certain temps, ça donne des légumes ou des fleurs par exemple. C’est la même chose avec “semer le doute”. Quelqu’un commence à vous poser quelques questions et il y a le doute qui naît dans votre tête. Et avec le temps, ce doute devient de plus en plus grand. C’est ça, l’expression “semer le doute”. [00:15:53] J’ai commencé à me poser pas mal de [quite