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Inner French:
Episode:1
Bonjour et bienvenue dans ce premier épisode du Cottongue podcast.
[00:00:10] Merci d’être avec moi aujourd’hui, je suis très content que vous
écoutiez ce podcast.
[00:00:16] Et pour commencer, je vais vous présenter l’idée de ce podcast.
Alors, le Cottongue podcast, qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement pour
les gens qui apprennent le français et qui ne trouvent pas de choses
intéressantes à écouter.
[00:00:34] Il y a plusieurs profils de personnes qui apprennent le français,
par exemple les débutants. Pour les débutants, il y a plein d’exercices sur
internet, de livres, etc. Et pour les personnes qui ont déjà un niveau avancé,
elles peuvent tout simplement lire, regarder, écouter, tous les médias
français parce qu’elles sont capables de les comprendre.
[00:01:02] Mais, entre les deux, il y a les personnes qui ont un niveau
intermédiaire et qui ne peuvent pas encore comprendre les médias français
traditionnels, les médias francophones, parce que c’est un peu trop
compliqué. Les personnes parlent trop vite par exemple. Ils ont un
vocabulaire avec des mots qui sont un peu compliqués.
[00:01:25] Donc moi, ce que je veux faire avec le Cottongue podcast, c’est
vous aider à apprendre le français, pas avec de la grammaire mais en
écoutant des choses intéressantes sur différents sujets. Par exemple, je vais
vous parler de politique, de société, de culture, de la France mais aussi de
tous les autres pays, de toutes les choses qui moi m’intéressent et qui peutêtre vont vous intéresser aussi. En tous cas, c’est ce que j’espère.
[00:02:01] Alors, je vais vous dire quelques mots sur moi, je vais me
présenter, comme c’est le premier podcast. Moi je m’appelle Hugo, je suis
professeur en Pologne, à Varsovie, c’est la capitale de la Pologne, depuis
plusieurs années. Comme je vous l’ai dit, je fais ce podcast spécialement
pour les personnes qui apprennent le français et qui ont un niveau, je dirais,
intermédiaire. Si ces personnes, si vous écoutez ce podcast, vous allez
pouvoir comprendre de plus en plus de choses.
[00:02:42] Alors, la première fois qu’on écoute, c’est normal de ne pas tout
comprendre. Il faut écouter deux fois, trois fois, quatre fois. Et plus vous
écouterez, plus vous comprendrez, c’est logique. Et si jamais il y a des mots,
ou des extraits que vous n’arrivez pas à comprendre, vous pouvez utiliser la
transcription de ce podcast. La transcription de ce podcast, elle se trouve
sur mon site internet cottongue.com et vous pourrez y trouver toutes les
transcriptions de tous les épisodes.
[00:03:19] Aujourd’hui, on va parler des langues. Comment apprendre une
langue ?
[00:03:25] Pour commencer, il faut faire la distinction entre la langue
maternelle et une langue étrangère. La langue maternelle, on en a qu’une.
On a seulement une langue maternelle. C’est la langue qu’on apprend quand
on est enfant. On a besoin de cette langue tout simplement pour parler avec
ses parents, avec ses amis, pour communiquer, pour transmettre des
message. Les langues étrangères, ce sont les autres langues. En général,
on apprend les langues étrangères à l’école. Par exemple en France, à
l’école, on apprend l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien.
[00:04:10] Comment est-ce qu’on apprend ces langues étrangères ?
Généralement il y a un professeur, et ce professeur essaye de transmettre,
d’expliquer, comment fonctionne la langue. Des fois ça fonctionne et des fois
ça ne marche pas très bien malheureusement. Alors, évidemment,
maintenant, il existe plein de méthodes différentes pour apprendre une
langue étrangère. Vous pouvez l’apprendre à l’école mais vous pouvez aussi
avoir un professeur particulier, vous pouvez essayer d’apprendre tout seul,
en autonomie, vous pouvez utiliser des applications, des livres, des
podcasts, des vidéos, etc. etc. Maintenant, il y a plein de méthodes pour
apprendre une langue.
[00:05:04] Mais aujourd’hui, on ne va pas vraiment parler des différentes
méthodes, on va plutôt parler de la théorie. Et quand on parle de la théorie
de l’apprentissage des langues, il y a une personne qui est vraiment très
importante et très intéressante, c’est le professeur Stephen Krashen. Ce
professeur, il travaille à l’université de Californie du Sud, à USC et il est
spécialiste des théories de l’apprentissage d’une langue. L’apprentissage
d’une langue, ça veut dire apprendre une langue étrangère.
[00:05:43] Pourquoi le professeur Stephen Krashen est très important ?
Parce que, dans les années 80, il a publié plusieurs livres et plusieurs articles
qui ont beaucoup influencé la façon dont on enseigne les langues dans les
écoles, les collèges, les lycées, les universités. Donc nous allons parler de
la théorie de ce professeur et, grâce à cette théorie, vous allez pouvoir
progresser plus rapidement en français et apprendre le français d’une façon
plus naturelle.
[00:06:21] Il faut aussi savoir que moi, j’ai créé ce podcast en utilisant les
théories du professeur Stephen Krashen. Donc, ça va vous permettre de
mieux comprendre pourquoi j’ai fait ce podcast et comment ce podcast peut
vous aider à apprendre le français.
[00:06:43] Est-ce que vous êtes prêts ? Alors, on commence !
[00:06:51] Pour comprendre la théorie de Stephen Krashen, il y a cinq
hypothèses.
[00:06:57] La première hypothèse, c’est une hypothèse centrale, très très
très importante. Dans la première hypothèse, Stephen Krashen dit qu’il faut
différencier, faire la différence, entre acquisition et apprentissage.
[00:07:16] Alors acquisition qu’est-ce que ça veut dire ? Acquisition, c’est un
nom qui vient du verbe acquérir. Acquérir quelque chose, ça veut dire obtenir
quelque chose. Par exemple, si vous achetez une voiture, vous acquérez
cette voiture, elle est à vous. Qu’est-ce que ça veut dire acquérir une langue
? Acquérir une langue, c’est quand vous êtes enfant et que naturellement,
inconsciemment, vous commencez à utiliser une langue. Pourquoi vous
commencez à utiliser cette langue ? Et bien, parce que vous voulez parler à
vos parents. Vous avez faim, vous avez froid, vous avez envie de dormir,
donc il faut essayer de vous exprimer, de faire passer un message à vos
parents. Ça, c’est la façon naturelle d’apprendre une langue pour le
Professeur Stephen Krashen. Et, pour lui, c’est la seule façon efficace de
pouvoir utiliser une langue.
[00:08:27] L’apprentissage, au contraire, c’est quelque chose de conscient,
c’est un processus conscient. Quand vous êtes à l’école, vous prenez un
cours de français, par exemple, et vous savez que vous êtes en train
d’apprendre le français. C’est quelque chose de conscient. Par exemple,
vous apprenez les règles de grammaire pour comprendre comment
fonctionne le français, quelles sont les règles qu’il faut respecter pour parler
français.
[00:09:02] Mais Stephen Krashen, il pense que quand on apprend une
langue de cette façon à l’école, quand on apprend les règles de grammaire,
on ne peut pas utiliser la langue pour communiquer. Et ça, moi je l’ai vu très
très souvent quand j’étais à l’école. Par exemple, en anglais, on doit
apprendre tous les verbes irréguliers, et on pense que, quand on connaîtra
tous les verbes irréguliers, par magie on sera capable de parler anglais. Ça,
évidemment, ça ne fonctionne pas très bien. Donc, pour résumer cette
première hypothèse, Stephen Krashen dit qu’il faut apprendre une langue de
façon plus naturelle, un peu de la même façon dont les enfants apprennent
leur langue maternelle.
[00:09:56] Évidemment, il y a eu beaucoup de critiques pour cette première
hypothèse. Moi aussi je suis pas complètement d’accord avec cette première
hypothèse. Je pense qu’il faut connaître les règles de grammaire, mais ça
n’est pas la priorité. D’abord, il faut essayer de communiquer, même si vous
faites des fautes, des erreurs, ce n’est pas très grave. L’important c’est de
transmettre un message, de s’exprimer et après, quand vous êtes capable
de faire ça, vous pouvez apprendre les règles pour pouvoir vous corriger et
vous exprimer de façon plus claire. Mais la priorité, c’est d’essayer de
s’exprimer, d’essayer de parler.
[00:10:50] La deuxième hypothèse, c’est l’hypothèse du contrôleur. Un
contrôleur qu’est-ce que c’est ? C’est une personne qui contrôle. Par
exemple, quand vous prenez le métro, il y a des contrôleurs qui vous
demandent si vous avez bien votre ticket pour voyager. Le contrôleur
contrôle que vous respectez les règles.
[00:11:14] Quand on apprend une langue étrangère, quand on parle une
langue étrangère, il y a un contrôleur dans notre tête. Ce contrôleur, il essaye
de voir si vous respectez bien toutes les règles. Ça veut dire les règles de
grammaire, les règles de phonétique. Et, ce qui est intéressant avec ce
contrôleur, c’est que tout le monde n’a pas le même contrôleur dans sa tête.
Par exemple, si vous êtes une personne plutôt extravertie, ça veut dire une
personne qui n’a pas peur de parler, qui aime s’exprimer, alors le rôle du
contrôleur est plutôt faible. Le contrôleur n’a pas beaucoup d’influence sur
vous. Vous parlez, vous parlez, et ce n’est pas grave si vous ne respectez
pas les règles. Le contrôleur, il est quasiment absent.
[00:12:12] Par contre, si vous êtes introverti, alors le contrôleur est très très
présent. Dès que vous essayez de parler, vous allez d’abord réfléchir aux
règles, penser à une façon parfaite de dire quelque chose sans faire d’erreur.
Ça malheureusement, ça n’est pas très bien, ça n’est pas une bonne
méthode pour parler une langue étrangère. Pour parler une langue
étrangère, il faut faire des erreurs, il faut essayer de transmettre un message.
Si vous n’essayez pas de vous exprimer, si vous ne faites pas d’erreurs,
vous ne pouvez pas progresser.
[00:12:54] Donc ça n’est pas très grave de faire des erreurs, il ne faut pas
avoir peur de faire des erreurs, c’est normal. Même les personnes qui sont
les plus talentueuses, qui ont le plus de talent pour parler des langues
étrangères, même ces personnes font des erreurs. Donc ça, ça n’est pas
grave.
[00:13:14] Pour résumer cette deuxième hypothèse : il faut limiter l’influence
du contrôleur.
[00:13:25] Maintenant la troisième. La 3ème hypothèse du professeur
Stephen Krashen, c’est l’ordre naturel d’acquisition. Le professeur Krashen
dit que chaque langue a un ordre naturel d’acquisition. Qu’est-ce que ça veut
dire ? Ça veut dire que chaque personne acquiert une langue en suivant le
même ordre. Cet ordre, il ne dépend pas de la personne, il dépend
seulement de la langue.
[00:13:59] Chaque langue a son propre ordre. Par exemple en français, les
articles, c’est quelque chose d’assez difficile à apprendre, à maîtriser. On
commence à les utiliser dès le début, mais en général les étudiants font
beaucoup beaucoup d’erreurs. Ça prend très très longtemps d’être capable
de bien utiliser les articles. Ça, c’est l’ordre naturel d’une langue.
[00:14:30] Moi je ne suis pas complètement d’accord avec cette théorie,
parce que je pense que, en fonction de sa langue maternelle, de la langue
que vous avez apprise quand vous étiez enfant, vous allez apprendre une
langue étrangère d’une façon différente. Par exemple, quand un étudiant
chinois apprend le français il ne l’apprend pas exactement de la même façon
que quand c’est un étudiant américain. Pour les étudiants américains, il y a
des similarités entre l’anglais et le français et donc c’est un peu plus facile
d’apprendre certaines règles, par exemple d’utiliser les articles parce que,
en anglais, il y a aussi des articles.
[00:15:24] Maintenant la quatrième hypothèse. La quatrième hypothèse,
c’est l’hypothèse de l’input. En français, on a pas de bon mot pour traduire
ça, donc je vais utiliser le mot anglais input. Ça, c’est aussi une hypothèse
très très importante de la théorie de Krashen. Cette hypothèse, elle dit qu’un
individu apprend une langue, une personne apprend une langue, quand elle
essaye de comprendre des messages, quand elle essaye de comprendre
des contenus. Par exemple, quand vous lisez un article, quand vous
regarder une vidéo en français et que vous essayez de comprendre le
message. Mais attention, si cet article est trop facile vous n’allez rien
apprendre de nouveau, vous n’allez pas progresser, vous n’allez pas faire
de progrès. Pour acquérir une langue, il faut essayer de comprendre des
choses qui sont un peu trop difficiles pour vous, des choses qui ont un niveau
un peu supérieur au vôtre, des choses qui sont un peu compliquées à
comprendre au début. Parce que, à ce moment-là, votre cerveau va faire un
effort, il va utiliser le contexte par exemple, pour essayer de comprendre ça.
Comment est-ce que votre cerveau peut comprendre ce qu’il ne connaît pas
par exemple il peux utiliser des images il peut comprendre un mot qu’il ne
connaît pas ? Il peut utiliser des images. Il peut comprendre une explication
de ce mot. C’est pour ça que je pense qu’il est plus intéressant de
comprendre un mot avec sa définition et pas avec sa traduction. Bon, des
fois c’est impossible évidemment. Mais, dans l’idéal, s’il y a un mot que vous
ne connaissez pas, cherchez la définition en français. Parce que, ça, ça va
vous demander un effort et, cet effort, il va permettre à votre cerveau de
travailler et de mieux mémoriser, de mieux retenir ce mot-là.
[00:17:45] Donc ça, c’est la quatrième hypothèse du professeur Krashen. Il
faut essayer de comprendre des choses qui sont un peu trop difficiles pour
vous. Il dit aussi que comprendre, c’est plus important que de s’exprimer.
Pour le professeur Krashen, on fait des progrès seulement, uniquement,
avec la compréhension. Il pense que, utiliser la langue pour parler ou pour
communiquer, ça ne permet pas de faire des progrès. Évidemment, moi je
ne suis pas d’accord avec ça, je pense que, utiliser une langue pour
communiquer, pour écrire quelque chose, pour discuter avec quelqu’un, ça
permet aussi de faire des progrès, et c’est même très très important. Ça j’en
parlerai un petit peu plus tard.
[00:18:47] Et pour finir, la dernière hypothèse. La cinquième hypothèse, c’est
l’hypothèse du filtre affectif. Qu’est-ce que c’est qu’un filtre ? Un filtre, je vais
prendre un exemple pour vous expliquer. Dans une machine à café. Dans
une machine à café, il faut utiliser un filtre pour séparer le liquide et les
graines de café. Donc un filtre, c’est quelque chose qui permet de retenir, de
garder certaines choses, et de laisser passer d’autres choses. Affectif, c’est
quelque chose qui est lié aux sentiments, aux émotions, ça vient de
«l’affection». Donc un filtre affectif, ça veut dire que, quand vous ressentez
des émotions positives ou négatives, ça a une influence sur votre acquisition
de la langue. Par exemple, si vous êtes très motivé, si vous avez confiance
en vous, vous êtes dans un meilleur état d’esprit pour comprendre une
langue, c’est plus facile. Vous pensez que vous êtes capable de le faire,
donc ça devient plus facile de comprendre cette langue.
[00:20:09] Par contre, si vous n’avez pas confiance en vous, si vous pensez
que vous ne pas capable d’ apprendre une langue, ça va être plus difficile
parce que le filtre dans votre cerveau va empêcher ces choses, ce message,
de passer, d’arriver jusqu’à votre cerveau. C’est pour ça que, quand on
apprend une langue, l’atmosphère, l’ambiance, c’est très très important. Si
vous êtes dans une atmosphère calme, si vous vous sentez bien, si vous
êtes en confiance, ça va être plus facile d’apprendre une langue. Par contre
si vous êtes stressé, si vous êtes triste, si vous avez peur de vous exprimer,
votre filtre, votre filtre affectif, va bloquer le message et vous n’allez pas
pouvoir comprendre le message. C’est pour ça que, si vous apprenez une
langue avec un professeur, c’est très important d’avoir une bonne relation
avec cette personne, de vous sentir en confiance. Si vous avez peur de faire
des erreurs à cause de cette personne, vous n’êtes pas dans un bon état
d’esprit pour apprendre la langue.
[00:21:34] La conclusion de toutes ces hypothèses, de cette théorie de
Krashen, c’est qu’il n’est pas très important d’avoir une grande connaissance
de la grammaire pour pouvoir utiliser une langue. C’est quelque chose qui
est un peu contre-intuitif, en France par exemple, parce qu’en France on est
très très très rationnels. Et en France, on pense qu’il faut bien connaitre les
règles pour pouvoir appliquer quelque chose. Par exemple, pour une langue,
on pense que si vous n’apprenez pas d’abord la grammaire, vous ne pourrez
jamais parler une langue. Et ça, ça n’est pas une bonne méthode. Moi je ne
connais personne pour qui cette méthode ait marché.
[00:22:24] Donc pour acquérir une langue, il faut l’utiliser pour comprendre
des messages. Tous les jours il faut essayer de comprendre quelque chose
en français : un article, une vidéo, un e-mail, une publicité, n’importe quoi du
moment que vous essayez de comprendre un message. Les meilleures
méthodes pour apprendre une langue étrangère, ce sont les méthodes qui
proposent plein de contenus, par exemple des articles, des vidéos, des
textes etc. plein de contenus intéressants, dans une atmosphère sans
stress. Ne faites pas confiance à une méthode qui est centrée sur la
grammaire. Ça, ça ne marche pas. La grammaire, ça peut vous aider à
comprendre quelque chose quand il y a un message que vous ne comprenez
pas, ou une structure que vous ne comprenez pas. Mais la grammaire, ça
ne doit pas être la base de votre apprentissage. Essayez plutôt de
comprendre des choses, de comprendre des vidéos, de comprendre des
articles. Vous avez compris que le plus important, c’est de trouver des
choses qui vous intéressent, des choses que vous aurez envie de lire, de
regarder, d’écouter etc. Si on a envie de comprendre quelque chose ou de
comprendre quelqu’un, on va faire plus d’efforts. On ne va pas penser “bon,
maintenant je dois faire du français” mais plutôt “aujourd’hui, je vais lire un
article super intéressant, et cet article est en français”.
[00:24:15] Avec ce podcast, je vais aussi vous parler de différents sujets.
Aujourd’hui je vous ai parlé des langues, mais la prochaine fois on parlera
d’un sujet complètement différent. Et je ne vous parlerai pas de grammaire.
Je vais juste vous expliquer, vous raconter des histoires qui, peut-être, vous
intéresseront, j’espère qu’elles vous intéresseront.
[00:24:41] Alors je vous l’ai dit, contrairement au professeur Krashen, moi je
pense qu’il faut aussi utiliser la langue pour s’exprimer parce que, quand
vous utilisez une langue pour vous exprimer, quand vous essayez de
communiquer, ça permet trois choses.
[00:24:59] D’abord, ça vous permet d’identifier les problèmes. Quand vous
voyez qu’il y a une chose que vous n’arrivez pas à dire, que vous n’arrivez
pas à exprimer, alors vous aller chercher une façon de le faire. Et en
cherchant cette façon de le faire, vous allez apprendre une nouvelle
structure.
[00:25:19] Ça vous permet aussi de vérifier ce que vous avez appris, de
tester ce que vous avez appris. Par exemple si vous avez appris une
nouvelle structure ou une nouvelle expression, et vous l’utilisez pour parler
avec quelqu’un, si cette personne ne comprend pas la structure, ça veut dire
qu’elle ne fonctionne pas, que vous n’avez pas appris la bonne structure ou
qu’il faut l’utiliser de façon différente.
[00:25:48] Et la dernière chose importante quand vous utilisez une langue
pour communiquer, c’est que ça vous permet de prendre confiance en vous.
Et ça, c’est très très important pour parler une langue étrangère. Quand vous
prenez confiance en vous, quand vous voyez que vous êtes capable de vous
exprimer, d’utiliser cette langue, c’est très très gratifiant et ça vous
encourage à continuer, ça vous permet de rester motivé, et ça c’est
extrêmement important. Mais pour ça évidemment, il faut un moniteur, il faut
une personne qui corrige, qui vous écoute, qui vous aide à progresser. Ça
c’est mon métier, parce que moi je suis professeur et coach de français,
donc si vous avez besoin d’une personne pour vous écouter, pour travailler
avec vous, pour vous conseiller des choses intéressantes à lire, à regarder,
à écouter, vous pouvez visiter mon site et m’envoyer un email. Et moi, je
serai très content de vous aider.
[00:27:03] Voilà, c’est la fin de ce podcast donc merci à tous de m’avoir
écouté, merci beaucoup je suis très content si vous avez écouté ce podcast
jusqu’au bout. Pour trouver la transcription du podcast, vous pouvez aller sur
mon site cottongue.com et vous y trouverez la transcription.
[00:27:28] La semaine prochaine, dans le prochain podcast, nous parlerons
des robots. Comment nous pouvons vivre avec les robots et est-ce qu’ils
peuvent nous remplacer ? J’espère que vous me retrouverez la semaine
prochaine, avec ce nouveau podcast. En attendant, je vous invite à essayer
de comprendre un maximum de choses, à lire des articles, à faire un peu de
français tous les jours. Tous les jours, essayez de comprendre quelque
chose en français. Merci a tous, passez une bonne semaine et à bientôt !
Episode 2:
Bonjour à tous et bienvenue dans ce deuxième épisode du Cottongue
podcast.
[00:00:11] Je suis très content de vous retrouver pour ce deuxième podcast
j’espère que vous allez bien j’espère que vous êtes en forme.
[00:00:20] Alors, dans le podcast précédent nous avons parlé des langues
et de la théorie du professeur américain Stephen Krahsen. Je vous ai donné
quelques conseils pour être capable d’utiliser une langue. Vous vous
rappelez de mes conseils ? Mon principal conseil, c’était de chercher des
choses intéressantes à lire, à regarder, ou à écouter en français. Je vous ai
conseillé d’oublier la grammaire et de vous concentrer sur la compréhension.
Si chaque jour vous essayez de comprendre quelque chose en français : un
texte, une vidéo, ou les paroles d’une chanson, vous allez faire d’énormes
progrès. Et le plus important pour rester motivé, c’est de trouver des choses
qui vous intéressent, des choses que vous avez envie de comprendre.
[00:01:21] Justement, aujourd’hui, je vous propose d’écouter un podcast en
français sur un sujet que je trouve passionnant. Ce sujet c’est les robots.
Alors, pourquoi les robots me passionnent ? Parce qu’ils commencent à vivre
avec nous, à nous entourer. “Nous entourer”, ça veut dire qu’ils sont présents
autour de nous : au travail, quand on fait les courses, un peu partout en fait.
Mais vous ne les avez pas remarqués ? Vous n’avez pas remarqué les
robots qui sont partout autour de nous ? C’est peut-être parce que, quand je
vous dis le mot “robot”, vous pensez aux robots des films de science-fiction.
Mais un robot, ça ne ressemble pas forcément à ça. Un robot ça peut être
simplement un bras mécanique comme les bras que l’on trouve dans les
usines. Vous savez les usines ce sont les endroits où on fabrique des
produits en très très grande quantité. Par exemple une usine de voitures,
une usine de téléphones portables. Donc dans ces usines, les robots ont
remplacé les hommes, et les robots qu’on trouve dans ces usines, ils ne
ressemblent pas vraiment aux robots qu’on voit dans les films de sciencefiction.
[00:02:54] Alors qu’est-ce que c’est exactement un robot ? Un robot, c’est
un automate. C’est une machine qui est programmée pour effectuer les
tâches à la place des hommes, pour remplacer les hommes. Je vous ai parlé
des usines, eh bien dans les usines, dans les usines automobiles par
exemple qui produisent des voitures les robots ont presque complètement
remplacé les hommes. Sur la chaîne de production, on trouve
essentiellement des robots. Ça, ça n’est pas vraiment nouveau. La
nouveauté, l’innovation, c’est que maintenant les robots peuvent échanger
avec nous. On peut discuter avec eux, avec les robots. Ils peuvent nous
rendre des services, ils peuvent nous analyser, nous comprendre.
[00:03:55] Comment est-ce qu’on va cohabiter avec les robots ? Comment
allons-nous partager notre vie avec eux ? Est-ce que les robots peuvent tous
nous remplacer ? Est-ce qu’on peut imaginer un monde dans quelques
années, un futur, dans lequel il n’y aura que des robots ? Ça, ça fait penser
a scénario d’un film de science-fiction, à un scénario-catastrophe. Mais
aujourd’hui on va essayer d’apporter des réponses un peu plus sérieuses,
peut-être, pour voir comment nous vivons avec les robots. On va essayer de
répondre à toutes ces questions ensemble.
[00:04:45] Vous êtes prêts ? Alors c’est parti !
[00:04:52] Imaginez que vous êtes à la maison, vous êtes chez vous. Votre
journée de travail est terminée, et vous êtes un peu fatigué, vous êtes un
peu de mauvaise humeur. Vous avez passé une journée assez désagréable.
Peut-être que votre chef n’a pas été sympa avec vous, peut être que vous
avez eu une réunion qui était vraiment très très ennuyeuse. Bref, votre
journée de travail est terminée, vous êtes chez vous et vous êtes plutôt de
mauvaise humeur. Et là il y a Pepper, votre robot domestique qui vient vous
voir. Pepper s’approche de vous et il vous demande si vous allez bien. Alors
vous répondez à Pepper : “écoute Pepper, je ne vais pas très bien
aujourd’hui. J’ai passé une mauvaise journée.” Et là, Pepper, il commence à
vous poser des questions pour savoir ce qui ne va pas. Un peu comme un
vrai humain. Un peu comme un ami qui serait avec vous et qui vous poserait
des questions pour essayer de vous remonter le moral. “Remonter le moral
à quelqu’un” ça veut dire essayer de lui redonner de l’énergie pour qu’il soit
de bonne humeur. Par exemple si vous êtes triste, vous pouvez regarder un
film, une comédie pour, vous remonter le moral, pour vous redonner de
l’énergie et pour aller mieux. Alors vous êtes chez vous, et votre robot
Pepper essaye de vous remonter le moral. Par exemple il vous propose de
regarder un film ou de jouer à un jeu avec lui, il vous montre des vidéos
drôles sur YouTube. Et grâce à ça, grâce a Pepper, après quelques minutes
vous vous sentez déjà mieux, vous allez beaucoup mieux.
[00:07:15] Est-ce que c’est difficile a croire pour vous ce scénario ? Est-ce
que c’est difficile à imaginer ? Est-ce que vous avez l’impression d’être dans
un film de science-fiction ?
[00:07:28] Eh bien pourtant, Pepper existe vraiment. Pepper est un robot qui
est produit par une entreprise franco-japonaise qui s’appelle Softbank
Robotics. Pepper, il est présent dans certaines banques au Japon pour aider
les clients, pour divertir les clients, pour leur poser des questions et pour
essayer de leur proposer des solutions. Les robots Pepper, ils sont
également présents dans certaines gares en France pour aider les
voyageurs qui eux aussi ont des questions.
[00:08:15] Ces robots, ils font partie d’une nouvelle catégorie de robots d’un
nouveau type de robots. On les appelle “les robots émotionnels”. Alors
comment ces robots émotionnels fonctionnent-ils ? Les robots émotionnels,
ils sont capables de reconnaître les principales émotions humaines,
d’analyser, de comprendre les émotions humaines, et en fonction de ça, ils
adaptent leur comportement pour échanger avec leur utilisateur, avec leur
interlocuteur, c’est-à-dire avec la personne qui leur parle.
[00:09:07] C’est peut-être un peu difficile d’imaginer qu’un robot est capable
de comprendre vos émotions, de comprendre vos sentiments. À votre avis,
comment ces robots font-ils pour identifier vos émotions ? En fait, ils ont
plusieurs capteurs. Des capteurs, ce sont des choses qui permettent aux
robots d’enregistrer des informations. Par exemple, ils ont un capteur visuel
qui est leur permet de voir, comme les humains. Ils ont des capteurs auditifs
qui leur permettent d’écouter, un peu comme s’ils avaient des oreilles. Ils
peuvent vous écouter vos réponses et analyser cette information. Ils peuvent
utiliser leurs capteurs visuels, leurs yeux, pour analyser les expressions de
votre visage, pour voir si vous souriez, si vous êtes en train de rire. Et ils
peuvent aussi analyser votre voix. Si vous êtes triste, on peut l’entendre dans
votre voix. Vous n’avez pas exactement la même voix, vous ne parlez pas
exactement de la même façon quand vous êtes triste et quand vous êtes
content. Pepper, il peut utiliser toutes ces informations pour comprendre vos
émotions, pour identifier vos émotions. En plus, Pepper, il veut essayer de
mieux vous connaître, un peu comme un ami. Ça veut dire qu’il va vous
poser des questions et il va se rappeler, se souvenir de vos réponses. Par
exemple, si vous dites à Pepper : ” Moi, Pepper, je n’aime pas jouer aux
échecs.” Eh bien Pepper, il ne va jamais vous proposer de jouer aux échecs.
Ou alors si vous dites à Pepper : “écoute Pepper, moi je n’aime pas regarder
des films qui sont des films d’horreur” eh bien Pepper ne va jamais vous
proposer de regarder films d’horreur. Ça veut dire que Pepper, il apprend à
vous connaître et il évolue avec vous petit à petit. Pepper mémorise vos
traits de personnalité, vos préférences, et il s’adapte à vos goûts et à vos
habitudes. Donc Pepper, finalement, c’est un compagnon. C’est quelque
chose qui vous tient compagnie.
[00:12:20] Alors, si vous voulez acheter un Pepper, il va falloir faire des
économies parce que Pepper n’est pas donné. Quand on dit que quelque
chose n’est “pas donné”, ça veut dire que c’est plutôt cher, que c’est assez
cher. Par exemple, on peut dire qu’une voiture n’est pas donnée, ça veut
dire que cette voiture est chère, qu’elle coûte beaucoup d’argent. Combien
coûte Pepper ? Eh bien Pepper, il coûte environ 1500€. 1500€ plus 200€
d’abonnement qu’il faut payer chaque mois. Cet abonnement il sert a
entretenir, à maintenir, à réparer le robot. Vous avez une personne qui peut
venir réparer votre Pepper si votre Pepper tombe en panne.
[00:13:27] À votre avis, est-ce que c’est possible pour un robot de
comprendre les émotions humaines ? On peut penser que les émotions
humaines, les sentiments humains, ce sont des choses qui sont très très
complexes. Il y a des philosophes qui essaient de comprendre les émotions
humaines depuis des siècles et des siècles. Et pourtant, on a l’impression
que certaines émotions sont toujours un mystère. Alors si les philosophes
n’arrivent pas à comprendre nos émotions, comment est-ce qu’un robot
serait capable de le faire ? Pour beaucoup de personnes, c’est très difficile
à imaginer. Ils pensent que c’est impossible. Ils pensent que les émotions
humaines sont trop complexes pour pouvoir être comprises par un robot.
[00:14:27] Mais moi je pense que oui, je pense que c’est complètement
possible. Il existe un nombre limité d’émotion : la joie, la tristesse, la peur
etc. etc. Ces émotions, elles ne sont pas infinies. Il n’existe pas des milliards
et des milliards d’émotions. On pourrait faire une liste de ses émotions. Et
certaines émotions qui sont un peu plus complexes, elles sont simplement
un mélange des émotions de base, des émotions basiques. Si on pense à la
nostalgie, la nostalgie c’est quand vous pensez à une période passée de
votre vie et vous regrettez un peu cette période. Par exemple, vous êtes
nostalgique des années où vous étiez enfant, où vous pouviez faire tout ce
que vous vouliez, où vous n’étiez pas obligé de faire le ménage, de vous
occuper de la maison, de travailler. Peut-être que vous êtes nostalgique de
cette période. Eh bien la nostalgie, c’est simplement un mélange de regret
et de tristesse. Donc cette émotion elle n’est pas si complexe. Et il n’existe
pas un nombre illimité d’émotions.
[00:16:04] En plus, pour chaque émotion on peut attribuer un nombre de
paramètres. Quand on pleure, quand on verse des larmes, généralement ça
veut dire qu’on est triste. Mais ça peut aussi vouloir dire qu’on est très très
heureux, et qu’on trouve que quelque chose était extrêmement drôle. Il
existe une expression en français qui dit “pleurer de rire”. “Pleurer de rire”,
c’est quand vous regardez un film tellement drôle que vous en pleurez, vous
pleurez de rire. Donc on peut associer des paramètres à chaque émotion et
ensuite les robots peuvent analyser ces différents paramètres pour
comprendre vos émotions. Bref, à mon avis dans le futur les robots pourront
très très bien nous comprendre, ils pourront très bien comprendre les
hommes, et ils pourront comprendre les hommes peut-être même mieux que
les hommes ne se comprennent eux-mêmes.
[00:17:29] En plus du robot Pepper, l’entreprise Softbank Robotics produit
d’autres types de robots qui ont d’autres fonctions. Je vais vous parler un
peu de ces autres robots. Un autre robot de l’entreprise Softbank Robotics,
c’est un robot qui s’appelle Roméo. Roméo c’est un robot humanoïde, ça
veut dire qu’il ressemble à l’humain, il ressemble à l’homme. Alors il a une
tête, un corps, deux bras, deux jambes et il mesure 140 cm, il fait 140 cm.
La fonction de Roméo, le but de Roméo, c’est d’aider les personnes âgées
ou les personnes handicapées. Comment Roméo peut aider les personnes
âgées ou les personnes handicapées ? Il peut les aider à ouvrir une porte, à
monter un escalier, ou à attraper des objets sur une table. Roméo peut aider
ces personnes dans leur vie quotidienne à faire des choses qui pour elles
sont assez difficiles parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer facilement
par exemple, mais Roméo, lui, il peut se déplacer facilement et il peut aller
chercher des objets et rapporter des objets.
[00:19:12] Vous pensez que c’est une bonne idée pour aider les personnes
âgées ou les personnes handicapées ?
[00:19:20] D’un côté, ça peut être une bonne idée parce que dans beaucoup
de pays il n’y a pas assez de personnes pour aider les personnes âgées ou
les personnes handicapées. Donc ce robot, ça peut être une vraie aide pour
ses personnes dans leur vie quotidienne.
[00:19:44] Mais, d’un autre côté, on peut penser qu’avec ces robots nous
allons peut-être abandonner les personnes âgées et les personnes
handicapées parce qu’on pensera : “OK, ces personnes ont des robots pour
s’occuper d’elles donc elles n’ont pas besoin d’humains pour s’occuper
d’elles. Et ça, peut être que ça va renforcer leur solitude, peut-être que ces
personnes vont se sentir seules.
[00:20:27] Le troisième robot de l’entreprise Softbank Robotics, il s’appelle
Nao. Alors Nao, il est plus petit que les autres robots de cette entreprise
parce qu’il mesure 58 cm et, Nao, il est utilisé pour l’éducation. Nao est
capable de bouger, de sentir, d’entendre, de parler, de voir, et, bien sûr, de
se connecter à Internet. Il est utilisé par exemple dans des écoles où il y a
des élèves autistes. L’autisme, c’est un trouble du comportement qui modifie
les interactions sociales, la communication. Généralement les personnes
autistes ont des problèmes à s’exprimer, à communiquer, et elles ont des
problèmes avec leurs interactions sociales quotidiennes. Eh bien Nao, il
encourage les enfants autistes à s’exprimer. Nao est très très patient et il
peut écouter, encourager, les enfants autistes à s’exprimer, à parler avec
lui.
[00:21:58] Est-ce que vous pouvez imaginer des robots qui dans le futur
remplaceront les professeurs, des robots qui prendront la place des
professeurs ?
[00:22:12] Il y aurait plusieurs avantages à cette situation. Par exemple les
robots ne sont jamais malades, ils ne sont jamais fatigués, pas comme les
professeurs. La qualité des cours serait toujours la même. Les robots
professeurs peuvent travailler 24 heures sur 24 et ils ne font jamais d’erreurs.
En plus, il n’y a pas besoin de les payer. Il faut juste les acheter mais ensuite
ils n’ont pas de salaire. Donc les robots professeurs seraient moins chers
que les professeurs humains. Mais, quels sont les inconvénients à votre avis
? Peut être que ces robots, ces robots professeurs ne seront pas capables
de répondre à toutes les questions. Et également, ils ne pourront pas créer
de relations avec les étudiants, et pour les étudiants c’est important d’avoir
un lien avec leur professeur, de sentir que leur professeur les connait, qu’ils
peuvent lui parler librement, qu’ils peuvent échanger avec lui.
[00:23:36] Mais on ne sait pas, peut-être que dans le futur dans les
universités il y aura des robots professeurs.
[00:23:49] Pour finir ce podcast, je vais vous parler d’un dernier type de robot
qui à mon avis est extrêmement dangereux. Ces robots, ce sont les armes
autonomes. Qu’est-ce que c’est qu’une arme autonome ? C’est un robot qui
est utilisé dans une armée et qui est comme un soldat, comme un militaire.
On utilise ces robots pour faire la guerre. Par exemple, en Afghanistan et en
Irak, on utilise des drones. Ces drones, ils peuvent déjà voler tout seuls. Ils
n’ont pas besoin d’être contrôlés par des hommes. On peut leur indiquer un
point, leur dire de se rendre à un certain point. Et les robots vont voler tout
seuls jusqu’à ce point, ils sont autonomes. Dans quelques années, ils seront
capables de tuer des cibles humaines, de tuer des humains, des hommes,
seuls, sans intervention, sans être contrôlés. Ça, évidemment, ça pose des
problèmes éthiques parce que, dans quelques années, les robots pourront
tuer des hommes, comme dans les films de science-fiction catastrophes. Et
les robots, ils n’éprouvent pas de sentiments, ils n’ont pas d’empathie.
Autrement dit, les robots peuvent tuer des soldats ou des civils sans
distinction. Pour un robot, c’est pareil. Parce que les robots n’ont pas
d’empathie, ils ne partagent pas les émotions humaines. Si on dit à un robot
de tuer une personne, ce robot va tuer cette personne et il ne va pas réfléchir
à son action. Donc ça c’est un vrai problème moral, un vrai problème éthique.
D’ailleurs, il y a beaucoup d’associations de scientifiques, par exemple une
association avec le physicien britannique très célèbre Stephen Hawking, qui
demandent l’interdiction des armes autonomes. Ils veulent que ces robots
soient interdits. Il y a d’autres types d’armes qui sont déjà interdites, comme
les armes chimiques. Eh bien, ces associations de scientifiques elles veulent
qu’il n’y ait pas d’armes autonomes. Et moi, je suis d’accord avec ces
scientifiques. Je pense que ces armes autonomes, ces robots autonomes,
ils représentent une menace comme l’arme nucléaire par exemple, ils sont
tout aussi dangereux.
[00:26:53] Pour conclure ce podcast, on peut dire que la vie avec les robots
dépend de la façon dont les entreprises, les entreprises qui produisent ces
robots, vont les programmer. Si les entreprises produisent des robots pour
nous aider dans notre vie quotidienne, ça peut être une très bonne idée, ça
peut être une vraie aide, par exemple pour les personnes handicapées, pour
les personnes âgées. De la même façon que les robots ont été une grande
aide dans la production industrielle. Mais les robots peuvent aussi être très
dangereux si on les utilise pour faire la guerre. Donc ça, c’est une mauvaise
direction, c’est une mauvaise utilisation des robots.
[00:27:55] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Merci à tous de l’avoir écouté.
J’espère que ça vous a intéressé, j’espère que vous avez passé un bon
moment. Si vous voulez, vous pouvez retrouver la transcription de ce
podcast sur mon site internet cottongue.com avec toutes les informations et
tout le vocabulaire. Comme d’habitude, je vous encourage à écouter ce
podcast plusieurs fois pour essayer de comprendre un maximum de choses,
et je vous promets que, si vous continuez de faire ça, vous allez progresser
énormément, vous allez comprendre de plus en plus de choses, et vous allez
apprendre à vous exprimer en français naturellement.
[00:28:52] Dans le prochain épisode, nous parlerons du bonheur et des pays
dans lesquels les gens sont les plus heureux. Merci à tous, merci d’avoir
écouté ce podcast et on se retrouve la semaine prochaine avec un nouvel
épisode.
[00:29:12] À bientôt, salut !
Episode:3
Bonjour à tous et bienvenue ! C’est le troisième épisode du Cottongue
podcast.
[00:00:10] J’espère que tout va bien chez vous et que vous profitez du
printemps !
[00:00:15] Si vous n’avez pas écouté les épisodes précédents, je vais vous
expliquer pourquoi je fais ce podcast.
[00:00:23] Je m’appelle Hugo et je suis professeur de français en Pologne,
à Varsovie. Comme j’habite en Pologne depuis 3 ans, j’apprends le polonais.
Et pour apprendre une langue étrangère, je trouve que les podcasts sont un
très bon outil, une très bonne méthode. Mais le problème avec ces podcasts,
c’est qu’ils sont souvent ennuyeux. Ils ne parlent pas de sujets intéressants.
On pense que, parce que les personnes qui écoutent ne comprennent pas
tout, on ne peut pas leur parler de sujets originaux. Eh bien moi, je vais vous
parler de choses que je trouve intéressantes et j’espère que ça vous plaira.
[00:01:10] Dans ce podcast, nous n’allons pas faire de grammaire. Si vous
voulez faire de la grammaire, il y a plein de sites internet et de livres pour ça.
Ici, il faut juste écouter et essayer de comprendre ce que je vous raconte. Je
vous conseille d’écouter le podcast plusieurs fois pour pouvoir comprendre
de plus en plus de choses… Au départ, c’est normal de ne pas tout
comprendre. Il faut plusieurs écoutes pour comprendre tout ce que je dis ou
pour essayer de comprendre une grande partie de ce que je vous raconte.
[00:01:55] Ici, à Varsovie, aujourd’hui c’est un jour férié. Un jour férié, c’est
un jour où on ne travaille pas pour célébrer un événement national. Par
exemple aujourd’hui en Pologne, on célèbre la Constitution du 3 mai 1791.
La Constitution polonaise, c’est la plus vieille Constitution d’Europe, et la
deuxième plus vieille constitution du monde (après la Constitution des ÉtatsUnis). Donc aujourd’hui c’est une fête nationale en Pologne, un jour férié
pendant lequel personne ne travaille.
[00:02:41] Mais moi je travaille, car j’ai décidé d’enregistrer un nouveau
podcast pour vous.
[00:02:49] Et dans ce podcast, je ne vais pas vous parler de la Constitution
polonaise, rassurez-vous ! Aujourd’hui, je veux vous parler du bonheur.
[00:03:01] Mais, d’abord, il faut essayer de définir le bonheur, d’expliquer ce
que c’est.
[00:03:09] Le bonheur, c’est un sentiment que l’on ressent quand on est
complètement satisfait. On dit aussi qu’on est heureux, qu’on se sent bien.
Par exemple, imaginez que c’est l’été, au mois de juillet ou au mois d’août si
vous préférez le mois d’août. [bruitage cigales] Vous êtes en vacances dans
le sud de la France, il fait très chaud. Vous êtes dans une magnifique piscine
avec vos amis, vous n’avez aucun problème. Vous passez de supers
vacances, les meilleures vacances de votre vie. Tout se passe bien, vous
êtes heureux d’être là, à ce moment précis. La vie est belle, comme on dit
en français. Eh bien, à ce moment-là, on peut dire que vous ressentez du
bonheur.
[00:04:09] Quand on pense au bonheur de cette façon-là, ça a l’air très
simple. Mais en fait, c’est un peu plus compliqué que ça. Par exemple, il y
a des centaines d’articles dans des magazines, sur internet, dans les
journaux, pour trouver le bonheur. On propose aux lecteurs des recettes
pour être heureux. On leur propose les ingrédients du bonheur. Il existe
même des spécialistes du bonheur, et également une étude mondiale qui
s’appelle le World Happiness Report, pour comparer les niveaux de bonheur
dans différents pays. Pour classer les pays et voir dans quels pays les gens
sont les plus heureux.
[00:05:08] Aujourd’hui, nous allons parler de cette étude. Vous avez envie
de savoir quels sont les pays où les gens sont les plus heureux ? Alors restez
avec moi et vous le saurez d’ici la fin de ce podcast, promis !
[00:05:24] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:05:32] D’abord, nous allons parler un petit peu de philosophie.
[00:05:37] Les philosophes grecs se sont beaucoup intéressés à l’idée de
bonheur. Les philosophes, vous savez, ce sont les personnes qui se posent
des questions et qui écrivent sur des idées un peu abstraites : la morale, la
vertu, le bien, le mal, le désir, etc. Vous connaissez sûrement Socrate,
Platon et Aristote par exemple. Ce sont trois des plus célèbres philosophes
de l’antiquité grecque. Malheureusement, dès l’antiquité grecque, les
philosophes n’étaient pas d’accord sur la définition de bonheur.
[00:06:23] Par contre, ils étaient d’accord sur un point : le bonheur est le but
ultime de l’Homme. Ça veut dire que l’Homme fait tout pour le trouver. La
cause de toutes ses actions, c’est cette recherche du bonheur. Par exemple,
on travaille pour gagner de l’argent, et cet argent doit nous rendre heureux.
Avec cet argent, on peut acheter des choses qui vont nous rendre heureux
: une maison, une voiture, partir en vacances. Un autre exemple : quand
vous cherchez quelqu’un pour partager votre vie, un mari ou une femme,
c’est parce que vous pensez que vous serez plus heureux ou plus heureuse
avec cette personne. Alors voilà, quand on réfléchit, on comprend que toutes
nos actions sont motivées par la recherche du bonheur. Le bonheur, c’est le
but ultime de l’Homme. Sur ce point, les philosophes grecs étaient d’accord.
[00:07:38] Mais derrière le bonheur, il y a aussi l’idée de plaisir. Car le plaisir
vient de la satisfaction d’une envie ou d’un besoin. Par exemple, le plaisir de
manger un plat délicieux, votre plat préféré, le plaisir de voir un ami qu’on
avait pas vu depuis longtemps. Mais attention, parfois le plaisir peut nuire au
bonheur. « Nuire », c’est un verbe qui veut dire « être mauvais », « faire du
mal à quelqu’un ou quelque chose ». On dit que la cigarette nuit à la santé,
que fumer est mauvais pour la santé.
[00:08:25] Pourquoi le plaisir peut-il nuire au bonheur ? Parce qu’il est
souvent éphémère, temporaire. Vous savez bien, quand on fait la fête et
qu’on boit de l’alcool par exemple. On passe un bon moment, on est un peu
euphorique. Mais le jour d’après, le lendemain, on se sent mal. On a mal à
la tête, on a rien envie de faire. En français ça s’appelle « avoir la gueule de
bois ». « Avoir la gueule de bois » c’est quand vous avez bu trop d’alcool le
jour précédent, le jour d’avant, et que vous vous sentez mal, que vous avez
mal à la tête, que vous n’avez pas d’énergie. En français ça s’appelle « avoir
la gueule de bois ». Ça, c’est donc un bon exemple. Le soir vous êtes
heureux, vous éprouvez du plaisir parce que vous buvez, parce que vous
êtes content d’être avec vos amis et de faire la fête, mais le lendemain vous
regrettez un peu vos actions, vos décisions. Donc oui, le plaisir parfois nuit
au bonheur.
[00:09:40] Ça nous amène à une troisième idée qui est liée au bonheur,
l’idée de stabilité. Le bonheur, ça n’est pas être heureux pour 5 minutes ou
même pour 5 heures. Le bonheur, c’est un état stable, durable. C’est ça qui
différencie le bonheur et le plaisir. On peut dire que le bonheur, c’est un
plaisir stable, constant, un état dans lequel on se sent complètement
satisfait. On dit en français « être comblé ». « Être comblé », c’est quand
tous vos désirs, vos souhaits, sont réalisés. Vous ne voulez rien d’autre,
nous n’attendez rien de plus. Le philosophe Aristote pensait que c’est
seulement à la fin de sa vie qu’un homme sait s’il a vraiment trouvé le
bonheur. Quand il regarde en arrière, quand il regarde sa vie, pour voir s’il a
été heureux.
[00:10:53] Ok, alors ça, c’était la partie philosophique du bonheur.
[00:11:00] Maintenant, je vais vous parler du World Happiness Report. C’est
un rapport annuel qui est publié par les Nations Unies et qui existe depuis
2012. Cette année, en 2017, ils ont donc publié leur 5ème rapport. Alors, à
votre avis, comment les chercheurs peuvent-ils mesurer le niveau de
bonheur d’un pays ? C’est un peu bizarre, non, de mesurer le niveau
bonheur des habitants ?
[00:11:38] Pour faire ça, les chercheurs ont choisi différents critères,
différents paramètres. Des indicateurs objectifs, et des critères subjectifs.
Pour les critères subjectifs, ils ont interrogé, ils ont posé des questions, à
1000 personnes dans 150 pays différents. Ils ont interrogé 1000 personnes
dans chacun des pays. Avec les réponses de ces habitants, les chercheurs
ont pu évaluer leur niveau de bonheur.
[00:12:18] À votre avis, quels sont les critères, les indicateurs, qui sont
utilisés pour mesurer le niveau de bonheur d’un pays ? Est-ce que vous avez
une petite idée ?
[00:12:31] Je vais vous aider un peu.
[00:12:34] Le premier critère, c’est le Produit Intérieur Brut par habitant.
Généralement, on dit le PIB : Produit Intérieur Brut. Le PIB, c’est la richesse
d’un pays, la richesse que produit un pays chaque année. Et le PIB par
habitant c’est cette richesse divisée par le nombre d’habitants du pays.
Logiquement, les petits pays riches, comme le Luxembourg, la Suisse ou la
Norvège, ont un grand avantage ici. C’est un indicateur très important. Ça
veut aussi dire qu’on associe le bonheur à la richesse. Pourtant, en français,
on a un proverbe qui dit « l’argent ne fait pas le bonheur ». Mais parfois on
ajoute « mais il y contribue ». « L’argent ne fait pas le bonheur, mais il y
contribue ». Ça veut dire que l’argent n’est pas suffisant pour être heureux,
il faut d’autre chose, mais l’argent peut aider, il peut nous aider, à être
heureux.
[00:14:00] Le deuxième critère, c’est l’espérance de vie. L’espérance de vie,
c’est la durée de vie moyenne d’une population, d’une génération. En
France, l’espérance de vie en France, c’est 82 ans. Ça veut dire que les
bébés qui naissent actuellement en France vont statistiquement vivre
jusqu’à 82 ans. Évidemment, ça n’est qu’une statistique. Si un pays a une
espérance de vie élevée, il a sûrement un bon système de santé pour
soigner les personnes malades, beaucoup d’hôpitaux et de cliniques. Grâce
à tout ça, grâce à ces infrastructures, à ce système de santé, les habitants
sont en bonne santé. S’ils sont en bonne santé, ils vont vivre plus longtemps.
Et c’est plus facile d’être heureux quand on est en bonne santé. Vous savez
quels pays ont l’espérance de vie la plus élevée ? Eh bien les trois pays qui
ont l’espérance de vie la plus élevée dans le monde, ce sont le Japon, la
Suisse et Singapour.
[00:15:26] Le troisième critère, c’est l’assistance sociale. L’assistance
sociale, ça veut dire que vous avez quelqu’un sur qui compter quand vous
avez un problème : vos parents, votre compagnon, vos amis. Là aussi, c’est
logique non ? On se sent plus en sécurité quand on sait qu’il y a des
personnes pour nous aider si on a un problème. En français, on dit « se
serrer les coudes ». « Se serrer les coudes » ça signifie s’entraider, être
solidaires. Si un membre de votre famille ou un ami a des problèmes
financiers par exemple, vous allez l’aider. Alors que si on ne sent pas en
sécurité, si on a peur pour son futur, il est difficile d’être heureux. On retrouve
l’idée de stabilité, dont nous avons parlée un peu plus tôt, qui est essentielle
au bonheur. Les pays qui sont les mieux classés, là où les personnes sont
les plus solidaires, ce sont l’Islande, l’Ireland et le Danemark. La France est
46ème dans le classement pour ce critère, ça veut dire que les Français
devraient faire des efforts pour s’entraider davantage, pour davantage se
serrer les coudes, pour être plus solidaires entre eux.
[00:17:11] Ensuite, il y a l’indicateur de confiance, le 4ème critère. En
français on dit « avoir en confiance en quelqu’un », ou « faire confiance à
quelqu’un ». Il y a deux possibilités : « avoir confiance en quelqu’un », par
exemple « j’ai confiance en lui » ou « faire confiance à quelqu’un » par
exemple « je lui fais confiance ». « Faire confiance à quelqu’un », c’est
penser que cette personne est honnête et qu’elle ne va pas vous tromper.
Dans le Rapport sur le bonheur, ils demandent aux habitants s’ils font
confiance à leur gouvernement et aux entreprises. Les habitants ont
confiance en ces institutions quand il n’y a pas de corruption. Quand le
gouvernement fait bien son travail et que les entreprises ne sont pas
corrompues. Quand tout le monde a les mêmes chances de réussir.
Effectivement, c’est difficile de se sentir bien dans un pays quand on ne peut
pas faire confiance au système.
[00:18:29] La liberté est le 5ème indicateur utilisé dans ce classement. La
liberté, ici, ça signifie la possibilité de prendre ses propres décisions, de faire
ses propres choix. Quand personne ne vous oblige à prendre des décisions
qui sont contre votre volonté. Si vous voulez changer de travail, vous pouvez
le faire. Si vous voulez déménager, aller vivre dans une autre ville ou un
autre pays, vous pouvez le faire. Si vous voulez vous marier ou divorcer,
vous pouvez le faire. Le contraire de cette liberté, c’est quand vous êtes en
prison. Quand vous êtes en prison, vous n’avez quasiment aucune liberté.
Encore une fois c’est plutôt logique, je ne pense pas qu’il existe des gens
qui soient contents d’être en prison.
[00:19:31] Le 6ème et dernier critère, c’est le plus intéressant à mon avis,
c’est le critère de la générosité. Cette générosité, elle est mesurée par les
dons et les donations. Autrement dit, quand on donne de l’argent à une
association qui s’occupe d’aider les personnes handicapées, les enfants, les
animaux, où de toute autre cause. D’après le classement, les pays dans
lesquels les gens sont les plus généreux sont la Birmanie, l’Indonésie et
Malte. C’est intéressant parce que je pense qu’être généreux, penser aux
autres, essayer de les aider, est une chose qui nous rend heureux parce
qu’on se sent utile. C’est très important de se sentir utile. Mais je vous
parlerai de ça un peu plus tard.
[00:20:34] Avec tous ces critères, quels sont les pays où les gens sont les
plus heureux à votre avis ? Une petite idée ?
[00:20:43] Quand on calcule la moyenne des différents indicateurs, ce sont
surtout les pays scandinaves qui arrivent en tête. « Arriver en tête » ça
signifie être le ou les premiers d’un classement. La Norvège est 1ère, le
Danemark 2ème, l’Islande 3ème, ensuite il y a la Suisse 4ème et la Finlande
5ème.
[00:21:13] Et vous pensez que votre pays est bien classé ? Si vous voulez
vérifier, vous pouvez trouver le classement de votre pays sur internet en
cherchant le World Happiness Report 2017.
[00:21:33] Voilà, maintenant nous avons vu que le bonheur est un état
durable dans lequel nous sommes satisfaits, dans lequel tous nos désirs
sont comblés. Mais, pour arriver à cet état, il y a des conditions extérieures,
des conditions qui ne dépendent pas de nous, qui dépendent du pays dans
lequel on vit par exemple.
[00:22:01] Cependant, dans les pays occidentaux, le bonheur est devenu
une obsession, une obsession égoïste, narcissique. Tout le monde fait tout
pour le trouver. Certains journalistes parlent même de la « dictature du
bonheur ».
[00:22:22] La « dictature du bonheur », qu’est-ce que ça signifie ? Ça veut
dire que cette recherche du bonheur est comme une sorte de tyrannie. Elle
impose aux gens de vivre d’une certaine façon s’ils veulent être heureux.
Dans les médias et les publicités, on nous donne des ordres pour être
heureux : faîtes du sport, mangez équilibré, partez en vacances ici ou là,
achetez cette voiture ou ce smartphone. Il faut faire un travail qui nous
passionne, trouver la femme ou le mari idéal. C’est un peu stressant tout ça
non ? Vous ne pensez pas ?
[00:23:08] Après tout, chacun a une vision différente du bonheur, non ? Peutêtre que les choses qui me rendent heureux ne plaisent pas à mon voisin.
J’adore faire du vélo le dimanche quand il fait beau par exemple, ça, ça me
rend heureux. Mais il y a aussi des gens qui n’aiment pas faire de vélo et qui
préfère d’autres activités comme, je ne sais pas, la méditation, le running ou
bien aller au cinéma. Ou bien certaines personnes préfèrent aller au bord de
la mer pour les vacances, et d’autres à la montagne, ça dépend des goûts,
des préférences !
[00:23:53] Alors comment des « experts du bonheur » peuvent-ils nous aider
à être heureux ?
[00:24:00] Le plus important, à mon avis, c’est d’apprendre à se connaître.
« Connais-toi toi-même » disaient les philosophes grecques. Tout le monde
est différent, il faut apprendre à apprécier ses différences, sa singularité,
pour savoir ce qui nous rend heureux.
[00:24:22] Si vous essayez d’imiter les autres, de copier leur recette du
bonheur, cela va sûrement créer de la frustration, de la jalousie. Ça risque
même de vous rendre malheureux. Si vous vous conformez à la définition
générale que la société donne du bonheur, peut-être que ça ne marchera
pas non plus. Il n’existe pas d’ingrédients universels qui créent le bonheur,
sinon on le saurait et tout le monde serait déjà heureux. Au contraire, il faut
trouver sa propre recette. Prenez du temps pour vous, pour vous poser des
questions et trouvez qui vous rend vraiment heureux. Et surtout, ouvrez-vous
aux autres. Ne cherchez pas simplement votre bonheur personnel, mais
essayez d’aider d’autres personnes à trouver le leur. Le bonheur ne doit pas
être un plaisir égoïste, c’est une chose que l’on doit essayer de partager le
plus possible. C’est une richesse qui peut grandir en la partageant,
contrairement aux autres richesses.
[00:25:46] Nous arrivons donc à la fin de ce podcast. J’espère que ce sujet
du bonheur vous a intéressé, j’espère que vous avez appris de nouvelles
choses, des choses peut-être intéressantes dont vous aurez envie de parler
avec votre famille, avec vos amis. Et j’espère aussi que vous aurez envie
d’écouter le prochain podcast.
[00:26:14] Comme d’habitude, je vous encourage à écouter ce podcast
plusieurs fois. Plus vous l’écouterez, plus vous comprendrez de choses. Et,
pour vous aider, vous pouvez aussi trouver la transcription de ce podcast,
ça veut dire toutes les choses que j’ai dites, sur mon site internet
cottongue.com. Allez sur cottongue.com, dans la rubrique podcast et, si vous
vous inscrivez (c’est gratuit) vous aurez accès à toutes les transcriptions de
tous les podcasts.
[00:26:57] Merci à tous d’avoir écouté ce podcast. J’espère qu’il vous a aidé
à apprendre le français d’une façon un petit peu différente, un petit peu plus
amusante peut-être. La semaine prochaine, pour notre nouveau podcast,
nous parlerons de la théorie du genre. Donc si vous ne savez pas ce que
c’est que la théorie du genre, rendez-vous la semaine prochaine avec le
nouveau podcast. En attendant, essayez de faire un peu de français tous les
jours, de lire, d’écouter ou de regarder des choses intéressantes et on se
retrouve la semaine prochaine.
Episode 4:
Bonjour à tous et bienvenue dans ce quatrième épisode du Cottongue
Podcast !
[00:00:11] Comme vous le savez déjà si vous avez écouté les épisodes
précédents, le Cottongue Podcast est là pour vous aider à apprendre le
français. Mais, contrairement aux podcasts de langues classiques, ici nous
ne faisons pas de grammaire. Si vous voulez faire de la grammaire,
malheureusement
ça
n’est
pas
le
bon
endroit
!
Dans ce podcast, je vous parle de sujets que je trouve intéressants et
j’essaye de tout vous expliquer pour que vous compreniez un maximum de
choses. Et plus vous écouterez des choses en français, plus vous
comprendrez. C’est pour ça que je vous conseille d’écouter ce podcast
plusieurs fois. Et pour vous aider à comprendre, vous pouvez aussi lire la
transcription du podcast sur mon site internet cottongue.com. Sur mon site
internet, il y a les transcriptions de tous les podcasts.
[00:01:22] Dans le dernier podcast, je vous ai annoncé le sujet d’aujourd’hui.
Est-ce que vous vous en rappelez ? Dans le dernier podcast, je vous ai
annoncé que le prochain sujet serait la théorie du genre.
[00:01:38] Avez-vous déjà entendu parlé de ça ? Avez-vous déjà entendu
parler de la théorie du genre ? Peut-être que c’est la première fois que vous
entendez parler de la théorie du genre. Dans ce cas, je vais vous expliquer
très simplement de quoi il s’agit.
[00:01:59] La théorie du genre est la traduction française des gender studies.
Il s’agit de faire la différence entre le sexe biologique et le genre. D’un côté,
il y a donc le sexe biologique, c’est celui qu’on a à la naissance, quand on
naît. Le bébé est soit un garçon soit une fille. Mais, de l’autre côté, il existe
aussi le genre, qui est la construction de notre identité sexuelle. Autrement
dit, est-ce que l’on se sent plus homme ou femme ? Parfois, le sexe
biologique et le genre peuvent être différents. Par exemple, si une personne
est née avec le sexe d’une femme, mais que dans sa tête elle se sent plutôt
comme un homme.
[00:03:03] En France, il y a une polémique autour de la théorie du genre. En
2014, des rumeurs se sont répandues sur internet. Une rumeur, c’est une
information qui n’est pas vérifiée et qui se diffuse, qui se propage, que les
gens échangent. Donc il y avait une rumeur sur Internet disant que l’école
française enseignait la théorie du genre. Des gens qui n’avaient jamais
entendu ces mots de leur vie ont pensé que l’école voulait transformer leur
garçon en fille et leur fille en garçon. Les parents d’élèves ont commencé à
s’envoyer des SMS pour diffuser cette rumeur. Alors la rumeur a commencé
à grossir et à être exagérée. Dans les SMS, les parents disaient qu’à l’école
maternelle, c’est-à-dire l’école où les enfants vont quand ils ont entre 3 et 6
ans, les maîtresses parlaient aux enfants de masturbation. Résultat : dans
plusieurs régions, les parents ont eu peur et ils ont retiré leurs enfants de
l’école pendant plusieurs jours. Évidemment, ces rumeurs étaient
complètement fausses. Mais en 2016, l’année dernière donc, le Pape
François (le Pape c’est la personne la plus importante au sein de l’Eglise
catholique), donc le Pape François a lui aussi participé à la polémique. Il a
déclaré que les manuels scolaires français, autrement dit les livres utilisés à
l’école, influençaient les élèves en leur enseignant la théorie du genre. Et
pour le Pape, la théorie du genre est contre nature, parce qu’elle influence
les enfants, elle les pousse à choisir une orientation sexuelle différente de
leur sexe biologique.
[00:05:26] Mais en réalité, dans les manuels scolaires français on ne parle
presque pas de théorie du genre. Certains livres de biologie expliquent
simplement qu’en plus du sexe biologique, l’éducation et la société ont une
influence sur la construction de notre identité sexuelle. Mais aucun
professeur n’encourage les élèves à choisir une orientation sexuelle ou une
autre. Le Pape a simplement cru les rumeurs sur ce sujet.
[00:06:07] Je pense que s’il y a tellement de polémiques sur ce sujet, ça
signifie qu’il est intéressant. C’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler
aujourd’hui. Peut-être que pour vous, la théorie du genre est une chose
évidente que vous connaissez bien. Au contraire, peut-être pensez-vous que
cette théorie est complètement fausse et qu’on ne devrait pas en parler à
l’école.
[00:06:40] Mais, quoi qu’il en soit, nous allons voir pourquoi cette théorie est
importante aujourd’hui et comment elle peut nous aider à mieux comprendre
notre société.
[00:06:53] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:07:00] Dans les années 60 et 70, c’est l’époque de la libération sexuelle
dans les pays occidentaux. Les jeunes, et surtout les jeunes femmes,
veulent plus de liberté, elles en ont marre, elles en ont assez de la société
patriarcale, c’est-à-dire de la société dans laquelle les hommes ont tous les
pouvoirs. Elles ont obtenu le droit de vote et elles l’utilisent pour obtenir
l’égalité des autres droits avec les hommes. Les femmes veulent être égales
aux hommes.
[00:07:45] Dans ce contexte, des intellectuelles féministes américaines
commencent à s’interroger, à se poser des questions, sur la place des
femmes dans la société. Elles décident alors d’étudier les inégalités de
traitement, de considération, entre les hommes et les femmes. Elles veulent
comprendre pourquoi les femmes n’ont pas les mêmes droits que les
hommes, pourquoi elles ne peuvent pas exercer les mêmes professions que
les hommes par exemple. Ou bien, pourquoi il y a si peu de femmes parmi
les chercheurs et les scientifiques. Pendant des siècles, toutes ces choses
étaient considérées comme normales, personne ne s’y opposait, personne
n’y voyait de problème. Mais dans les années 60, beaucoup de femmes ne
veulent plus accepter cet ordre des choses, elles veulent du changement.
[00:08:54] C’est pour cela qu’elles créent les gender studies, les études de
genre. Pour analyser les différences entre les hommes et les femmes, pour
les comparer, pour les mesurer. Pour voir si ces différences existent
vraiment, ou si elles ont juste été inventées. Par exemple, pendant
longtemps on pensait que les hommes étaient meilleurs que les femmes en
mathématiques, qu’ils étaient plus doués, plus talentueux. On pensait que le
cerveau des hommes et celui des femmes étaient différents, qu’ils ne
fonctionnaient pas de la même façon. Avec les études de genre, on a montré
que cette théorie était fausse. Les hommes ne sont pas meilleurs que les
femmes en mathématiques.
[00:09:54] Le problème pour comprendre la théorie du genre, c’est qu’elle
touche à plein de domaines différents : la littérature, la philosophie, l’histoire,
la psychologie, la sociologie, la linguistique, l’éthique, etc. etc. Dans tous ces
domaines, on essaye d’analyser les différences entre hommes et femmes.
Donc il est difficile de faire la synthèse de toutes ces études et de toutes
leurs conclusions, de leurs résultats.
[00:10:35] Alors attention, la théorie du genre ne dit pas que les différences
biologiques entre hommes et femmes n’existent pas. La théorie du genre
reconnaît parfaitement qu’il existe bien des différences biologiques. Mais elle
dit aussi que beaucoup de différences ne sont pas biologiques, elles sont
seulement le résultat de notre éducation, de la façon dont la société
considère les hommes et les femmes.
[00:11:13] Pour bien comprendre ça, je vais partager avec vous une citation
de Simone de Beauvoir. Peut-être que vous connaissez Simone de
Beauvoir. C’est une philosophe française qui a joué un grand rôle dans le
mouvement féministe en France dans les années 70. Eh bien Simone de
Beauvoir a écrit un livre mondialement célèbre qui s’appelle Le deuxième
sexe. Et dans ce livre, elle écrit : « On ne naît pas femme, on le devient ».
Que signifie cette citation ? « On ne naît pas femme, on le devient ».
[00:11:52] Elle signifie qu’à la naissance, quand un bébé naît, il a un sexe
biologique mais son comportement est neutre. Que le bébé soit un garçon
ou une fille, il veut les mêmes choses : il veut manger, il veut dormir, il veut
être avec ses parents. Les petits garçons et les petites filles ont les mêmes
besoins biologiques. Mais ensuite, quand l’enfant grandit, il apprend à se
comporter différemment. Si l’enfant est un garçon, on va lui apprendre à se
comporter comme un garçon. Et si c’est une fille, elle va être éduquée pour
devenir une femme, comme l’a écrit Simone de Beauvoir.
[00:12:56] Pour vous donner un autre exemple, je vous propose d’écouter
un extrait de film. Ce film s’appelle « Les garçons et Guillaume, à table ! ».
C’est une comédie française qui est sortie en 2013. Déjà, je trouve que le
titre est très intéressant. En français, on dit « à table ! » quand le repas est
prêt et qu’on veut que tout le monde vienne manger. Généralement, ce sont
les parents qui disent « à table ! » pour appeler les enfants qui sont dans
leurs chambres. Dans le titre de ce film, c’est la mère qui appelle ses fils
pour qu’ils viennent manger. Mais, ce qui est bizarre, c’est qu’elle fait la
différence entre « les garçons » et Guillaume. Pourtant, Guillaume est un
prénom de garçon. Alors pourquoi est-ce que sa mère ne le considère-t-elle
pas comme un garçon, comme ses frères ? Justement, c’est tout le sujet de
ce film.
[00:14:18] Alors, dans l’extrait que nous allons écouter, toute la famille est
réunie pour le dîner. Il y a le père de Guillaume, sa mère, ses deux frères, et
lui. Imaginez la scène, c’est un dîner avec toute la famille et le père parle à
son fils Guillaume.
Extrait du film « Les garçons et Guillaume, à table ! »
[00:14:42] Le père : « Bon Guillaume, qu’est-ce que tu veux faire comme
sport ? J’ai vu ton livret, tu es nul en sport. À partir de maintenant, je veux
que tous les samedis tu fasses du sport. Donc, qu’est-ce que tu veux faire
comme sport ? (Je ne) sais pas moi, du foot, de l’athlétisme, de la boxe, du
judo. (Je ne) sais pas moi. De la lutte gréco-romaine ! »
[00:15:23] Guillaume : « Du piano ! »
[00:15:25] Vous avez compris ce qui se passe dans cette scène ? Le père
de Guillaume a reçu son livret. C’est un document envoyé par l’école aux
parents avec les résultats, avec les notes, de leur enfant. Et
malheureusement, Guillaume n’a pas de bonnes notes en sport. Son père
lui dit qu’il est « nul en sport ». « Être nul en quelque chose », ça signifie être
très mauvais, être un « zéro ». À l’école, les élèves disent parfois « je suis
nul en mathématiques » ou bien « je suis nul en géographie », ça veut dire
qu’ils ont de mauvaises notes dans ces matières.
[00:16:19] Comme Guillaume a de mauvais résultats en sport, son père veut
qu’il fasse du sport tous les weekends, chaque samedi. Et vous avez
entendu quels sports il lui propose ? Le foot, l’athlétisme, la boxe, le judo, et
même la lutte gréco-romaine ! La lutte gréco-romaine, c’est un sport de
combat dans lequel il faut mettre son adversaire par terre, sur le sol, en
utilisant seulement ses bras et le haut du corps. À votre avis, pourquoi le
père propose-t-il ces sports en particulier ? Quel est le point commun entre
tous ces sports ?
[00:17:10] Vous avez deviné ? Ces sports sont considérés comme des
sports d’hommes, ils sont très physiques voire-même violents. Le père
trouve que son fils Guillaume ne se comporte pas assez comme un garçon,
c’est pourquoi il l’encourage à faire des sports de garçons, comme le font
ses frères.
[00:17:41] Être sportif, ça fait partie des choses que la société attend des
garçons. On pense que les garçons doivent être sportifs, compétitifs. On le
voit très bien dans cet extrait de film. D’ailleurs, je vous conseille vraiment
de le regarder. C’est un film très drôle mais qui nous apprend aussi des
choses. Souvent les comédies sont drôles, elles sont divertissantes, mais on
n’apprend rien, elles sont juste un divertissement. Dans ce film « Les
garçons et Guillaume, à table ! », vous apprendrez des choses intéressantes
j’en suis sûr !
[00:18:31] Dans ce film, on voit donc qu’un garçon apprend à devenir un
homme avec son éducation. Guillaume n’aime pas le sport, mais son père
l’oblige à en faire. Guillaume doit se conformer au modèle social de l’homme,
il est obligé de faire du sport. Mais pour les filles, on pense généralement
que ça n’est pas très important. Si une fille a de mauvais résultats en sport,
si elle est nulle en sport, ça n’est pas grave. Cette différence nous montre
que la société n’a pas les mêmes attentes avec les hommes et avec les
femmes, c’est pourquoi les hommes et les femmes se comportent
différemment.
[00:19:25] Et justement, comment apprend-on à devenir une femme ou un
homme ?
[00:19:34] Quand on est enfant, c’est l’éducation de nos parents qui nous
influence. L’exemple le plus visible ce sont les jouets, les objets avec
lesquels s’amusent, jouent les enfants. Quand vous entrez dans un magasin
de jouets, vous voyez tout de suite la partie avec les jouets pour les garçons
et celle avec les jouets pour les filles. Dans la partie pour les garçons, tout
est bleu parce qu’on pense que le bleu est la couleur des garçons. Et chez
les filles, tout est rose. Vous pensez que biologiquement les garçons
préfèrent le bleu et les filles préfèrent le rose ? Que, dans leur cerveau, il est
écrit qu’il faut aimer cette couleur et pas celle-là ?
[00:20:31] Évidemment non ! Simplement, on habitue les garçons et les filles
à aimer ces couleurs très tôt, quand les parents décorent leur chambre par
exemple ou quand ils leur achètent des vêtements. Ces décisions des
parents et des entreprises qui vendent des jouets influencent les goûts des
enfants.
[00:20:58] Et quels jouets les parents achètent-ils aux petits garçons ?
[00:21:03] Leurs jouets sont souvent pour faire la guerre ou se battre. Il y a
des soldats, des super héros, des armes, etc. On encourage donc les petits
garçons à aimer les choses violentes, les combats.
[00:21:23] Pour les petites filles, on achète plutôt des poupées qu’elles
peuvent habiller ou maquiller. Avec ces poupées, on apprend aux filles
qu’elles doivent faire attention à leur apparence, à leurs vêtements.
[00:21:40] Vous comprenez, très tôt on apprend aux enfants ce qu’ils ont le
droit d’aimer ou non et comment ils doivent se comporter. Souvent, les
parents ne sont même pas conscients de ça. Ils achètent ces jouets tout
simplement parce qu’ils croient que c’est que leur enfant aime.
[00:22:05] L’éducation des parents influence donc les enfants et la façon
dont ils construisent leur genre, leur identité sexuelle. Mais l’école a elle
aussi une grande influence.
[00:22:20] Souvent, on dit que les garçons sont meilleurs que les filles dans
les sciences « dures » comme les mathématiques. Ce qui expliquerait
pourquoi les ingénieurs sont plus souvent des hommes que des femmes.
Pour vérifier cela, des chercheurs français ont réalisé une expérience très
intéressante dans une université près de Marseille (dans le sud de la
France). Les chercheurs ont fait deux groupes d’étudiants. Dans chaque
groupe, il y avait des garçons et des filles. Ensuite, les chercheurs ont
inventé un test. Le but de ce test était de reproduire une forme géométrique
complexe. Autrement dit, les étudiants devaient redessiner une forme
géométrique. Le test était le même pour les deux groupes. La différence était
que dans le premier groupe, on a dit aux étudiants que c’était un test de
géométrie et dans le deuxième groupe, on a dit aux étudiants que c’était un
test de dessin.
[00:23:49] Eh bien devinez quoi : dans le groupe 1, qui pensait faire un test
de géométrie, les garçons ont eu de meilleures notes et dans le groupe 2,
qui pensait faire un test de dessin, ce sont les filles qui ont eu de meilleures
notes. Alors que le principe du test était exactement le même pour les deux
groupes ! C’est surprenant, non ?
[00:24:19] Que nous montre cette expérience ?
[00:24:23] Elle nous montre qu’il existe des stéréotypes à l’école et que les
élèves sont victimes de ces stéréotypes. Il n’y a pas de différences entre le
cerveau des hommes et celui des femmes, mais seulement une perception
différente.
[00:24:42] Dans les manuels scolaires, les grands mathématiciens ou
scientifiques sont souvent des hommes, on ne parle pas des femmes. Alors
forcément, les petites filles ont tendance à penser que ces matières
scientifiques sont plutôt réservées aux garçons. Par exemple, il y a une
scientifique très célèbre en France et en Pologne qui s’appelle Maria
Skłodowska-Curie. Elle est célèbre car elle a obtenu le prix Nobel de
physique en 1903 avec son mari Pierre Curie. Et elle a aussi obtenu le prix
Nobel de chimie en 1911. Mais dans les livres scolaires, on la présente
toujours avec son mari, on dit toujours « Pierre et Marie Curie », comme si
une femme ne pouvait pas réussir sans son mari. Pourtant, elle a obtenu un
deuxième Prix Nobel toute seule, sans son mari, mais ça les manuels
français n’en parlent pas.
[00:26:02] Après l’éducation des parents et les études, c’est dans le monde
professionnel qu’on crée des différences entre les hommes et les femmes.
Encore une fois, on pense qu’il y a des professions réservées aux hommes,
comme ingénieur, pompier, informaticien, policier, etc. Et d’autres métiers
qui, eux, sont réservés aux femmes : maîtresse d’école, infirmière,
esthéticienne… On dit que les hommes ont des qualités nécessaires pour
un poste, et les femmes pour un autre. Pendant longtemps, on pensait aussi
que les femmes ne pouvaient pas faire de politique parce qu’elles n’avaient
pas les qualités nécessaires. Les politiciens étaient tous des hommes. Donc
pour une femme, c’était impossible de faire une carrière politique. Mais la
situation a complètement changé maintenant. Il y a de plus en plus de
femmes qui font de la politique : des députés, des ministres, des présidentes
mêmes ! On comprend alors que tout ce qu’on pensait avant était faux. Les
femmes ont autant de qualités que les hommes pour faire de la politique. Ce
sont les stéréotypes qui nous faisaient croire le contraire.
[00:27:43] Maintenant, les gouvernements de certains pays imposent la
parité. La parité, ça signifie qu’il doit y avoir autant de femmes que
d’hommes. Par exemple, s’il y a 30 ministres, 15 ministres doivent être des
femmes et les 15 autres doivent être des hommes. Grâce à ce genre de loi,
les mentalités changent, les gens commencent à considérer les femmes
différemment.
[00:28:15] Pourtant, dans les entreprises, il existe toujours des inégalités de
salaires entre les femmes et les hommes. Les salaires des femmes sont
généralement inférieurs à ceux des hommes. En France, cette inégalité est
de 19%. Ça signifie que, pour un même poste et les mêmes responsabilités,
une femme gagne en moyenne 19% de moins qu’un homme. C’est énorme
et c’est complètement injuste ! Il n’existe aucune explication pour justifier
cette différence de salaire. Encore une fois, c’est seulement le résultat des
stéréotypes qui font croire que les hommes sont plus qualifiés, plus
compétents, que les femmes. Heureusement, il y a de plus en plus
d’organisations qui dénoncent et combattent ces inégalités.
[00:29:24] Pour conclure, on peut dire que la théorie du genre est très
importante pour nous aider à prendre conscience des stéréotypes liés au
sexe. Beaucoup de différences qu’on croyait biologiques sont en réalité des
constructions sociales. Grâce à la théorie du genre, nous pouvons montrer
que les différences de traitement, de considération, des hommes et des
femmes ne sont pas justifiées et qu’il faut les combattre. Que ce soit à l’école
ou au travail. Peu importe. Peu importe notre sexe biologique, nous sommes
avant tout des êtres humains avec notre propre caractère et nos propres
ambitions. Notre réussite ne devrait pas dépendre de notre sexe biologique.
[00:30:21] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que vous en savez un
peu plus sur la théorie du genre et que ce sujet vous a intéressé.
[00:30:33] Si vous avez des questions, vous pouvez m’écrire à l’adresse
hugo@
[00:30:47] Et, comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription du
podcast sur mon site internet cottongue.com
[00:30:59] Vous savez qu’il y a eu les élections présidentielles en France la
semaine dernière. Donc dans le prochain podcast, je vous parlerai du
nouveau président français, Monsieur Emmanuel Macron, de ses idées et
de son programme pour la France.
Episode:5
Bonjour à tous et bienvenue pour ce 5ème épisode du Cottongue podcast
[00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts à écouter
quelque chose en français. Moi, je suis très content car il y a de plus en plus
d’auditeurs. « Un auditeur », c’est une personne qui écoute une émission de
radio ou un podcast. Donc si vous écoutez le Cottongue podcast, vous êtes
un auditeur (ou une auditrice si vous êtes une femme).
[00:00:44] Bref, c’est vraiment super de savoir qu’il y a tellement de
personnes qui m’écoutent. J’espère que ça vous donne envie de faire un
peu de français tous les jours. Vous savez que la régularité, c’est le plus
important pour apprendre une langue. Apprendre une langue, c’est un peu
comme aller à la salle de sport. Ça ne sert à rien d’aller à la salle de sport
une fois par mois, même si vous y restez toute la journée. Si vous ne faites
pas de sport pendant un mois, et qu’ensuite vous faites du sport pendant
une journée entière, vous allez être très fatigué et vous ne ferez pas de
progrès. Pour progresser, pour s’améliorer, il faut s’entraîner régulièrement,
chaque jour si c’est possible.
[00:01:46] Pourquoi ? Parce que quand on fait quelque chose régulièrement,
ça devient une habitude. Et quand cette activité devient une habitude, on ne
se pose plus de question. On ne se demande pas « est-ce que j’ai le temps
de faire ça aujourd’hui ? ». On ne se dit pas « oh non, aujourd’hui je suis
fatigué alors je le ferai un autre jour ». Si c’est une habitude, on le fait tous
les jours.
[00:02:21] Et pour que le français devienne une habitude quotidienne, une
habitude de tous les jours, la meilleure solution c’est de faire des choses qui
vous plaisent ! Si vous aimez regarder des vidéos sur youtube, alors
regardez des vidéos de youtubeurs français. Si vous aimez un style de
musique particulier, alors cherchez des groupes français sur Spotify par
exemple. D’ailleurs j’ai posté un article sur mon blog avec des
recommandations d’artistes français. Il y en a pour tous les goûts : du rock,
de la pop, de l’électro, du rap. Allez lire cet article et je suis sûr que vous
trouverez un artiste ou un groupe qui vous plaira, que vous aimerez.
L’adresse de mon blog c’est cottongue.com/blog.
[00:03:33] Vous le savez sûrement, mais en France il y a eu des élections
très importantes il y a deux semaines : les élections présidentielles.
[00:03:45] Pourquoi les élections présidentielles sont-elles si importantes en
France ? Parce que le Président, le Président de la République comme on
l’appelle, a beaucoup de pouvoir. Par exemple, c’est lui qui nomme, qui
choisit, le Premier Ministre. Il joue aussi un grand rôle dans la diplomatie, il
représente la France à l’étranger, auprès des autres pays. C’est aussi lui qui
est le chef des armées, autrement dit des forces militaires, et il peut même
décider d’utiliser l’arme nucléaire, la bombe atomique.
[00:04:36] En plus de tous ces pouvoirs, le Président de la République a une
grande légitimité, ça veut dire que son autorité est reconnue et acceptée par
les Français. Si le Président est légitime, c’est parce qu’il est élu par les
Français au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, c’est un
système d’élection dans lequel tous les citoyens votent directement pour le
candidat qu’ils ont choisi. Donc en France, tous les Français votent
directement pour le candidat qu’ils veulent élire Président. Ce système est
différent du système américain par exemple, parce que les Américains
votent pour des « grands électeurs » et pas directement pour un candidat.
[00:05:45] L’élection présidentielle est également très médiatisée. Un an
avant le début de l’élection, tous les médias en parlent déjà quotidiennement.
Et pendant la campagne présidentielle, quand les candidats font leur
campagne officielle pour convaincre les Français, les médias ne parlent que
des élections. Chaque jour, à la télévision, à la radio et sur internet, les
médias parlent seulement des élections. Alors évidemment les Français
aussi ne parlent que de ça, ils ne parlent que des élections, toute la journée,
au travail, avec leur famille ou leurs amis. On demande aux autres pour quel
candidat ils vont voter, on parle des différents programmes, des scandales
aussi ! Vous avez peut-être entendu que pendant la dernière élection, il y a
eu plusieurs scandales financiers avec certains candidats. Mais on ne va
pas parler de ça aujourd’hui.
[00:07:05] Bref, pour toutes ces raisons, vous comprenez que l’élection
présidentielle est l’élection la plus importante en France.
[00:07:16] Les personnes qui ont le droit de voter sont les citoyens Français
qui sont majeurs, c’est-à-dire qui ont 18 ans ou plus. Il y a deux tours à cette
élection. Pour le premier tour, les électeurs ont le choix entre tous les
candidats officiels. À l’élection cette année, il y avait 11 candidats. Ensuite,
on garde les deux candidats qui ont obtenu le meilleur score pour le 2nd
tour, sauf si un candidat obtient plus de 50% des voix. Si un candidat obtient
plus de 50% des voix au premier tour, alors il est élu directement Président
de la République, sans 2ème tour. Mais ça n’est encore jamais arrivé dans
l’Histoire. Il y a toujours eu besoin d’un 2nd tour. Au 2nd tour, évidemment,
c’est le candidat qui obtient le plus de voix qui gagne l’élection.
[00:08:35] Cette année vous le savez, c’est Monsieur Emmanuel Macron qui
a gagné l’élection présidentielle avec 66% des voix face à Madame Marine
Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite. Emmanuel Macron a donc
été élu pour être le Président de la France pendant 5 ans. 5 ans, c’est la
durée du mandat présidentiel en France, la période pendant laquelle le
Président est au pouvoir.
[00:09:14] Alors aujourd’hui, nous allons parler d’Emmanuel Macron. C’est
un Président de la République assez différent des Présidents précédents
parce qu’il est très jeune, il a seulement 39 ans ! Mais aussi parce qu’il était
complètement inconnu il y a 4 ans. Il y a 4 ans, personne ne savait qui était
Emmanuel Macron, c’était un inconnu. Mais il a réussi à devenir célèbre très
rapidement, à créer son propre parti politique (qui s’appelle « En marche ! »)
et à gagner l’élection présidentielle en France.
[00:10:02] Nous allons voir comment un homme si jeune et inconnu a réussi
à devenir Président de la République aussi vite.
[00:10:14] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:10:22] Emmanuel Macron est né en 1977 à Amiens. Amiens est une ville
du Nord de la France qui compte 150 000 habitants. Il vient d’une famille
aisée. « Aisé », ça veut dire « qui a de l’argent », quelqu’un pour qui l’argent
n’est pas un problème. La famille d’Emmanuel Macron était aisée car ses
deux parents étaient médecins, donc vous pouvez imaginer qu’il n’y avait
pas de problèmes d’argent chez les Macron.
[00:11:08] À 12 ans, le jeune Emmanuel se convertit à la religion catholique,
c’est-à-dire qu’il se fait baptiser et il devient catholique. Pour lui, le
catholicisme est un choix personnel et un moyen de développer sa
spiritualité. D’ailleurs, il ira au collège dans un établissement catholique. Le
collège, c’est l’école où vont les élèves en France entre 12 et 16 ans, avant
le lycée. Donc Emmanuel Macron a étudié dans un collège privé catholique.
[00:11:58] Pendant ses études, Emmanuel est un élève brillant, un élève
modèle. Il a toujours d’excellentes notes, d’excellentes résultats.
[00:12:11] À 15 ans, Emmanuel fait une rencontre très importante. Il participe
au club de théâtre de son collège, et il rencontre Brigitte Trogneux, la
professeure de français qui s’occupe de ce club de théâtre. Cette
professeure est très impressionnée par l’intelligence du jeune Emmanuel. Ils
sont tous les deux passionnés de littérature. Ils tombent rapidement
amoureux. Vous savez en français on dit « tomber amoureux » quand on
commence à ressentir de l’amour pour une personne. On utilise le verbe «
tomber » parce que c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas, comme
quand on tombe, quand on perd l’équilibre.
[00:13:09] Mais beaucoup de personnes sont choquées par cette relation car
Brigitte Trogneux a 37 ans quand elle rencontre Emmanuel. Elle est mariée
et elle a trois enfants. Alors les parents d’Emmanuel décident de l’envoyer
dans un lycée à Paris pour qu’il ne voie plus sa professeure, pour qu’il arrête
de voir, de fréquenter, Brigitte.
[00:13:44] Emmanuel arrive donc au lycée au lycée Henri-IV à Paris, qui est
l’un des meilleurs lycées de France. Il obtient son baccalauréat scientifique
avec mention Très-bien. Le baccalauréat, c’est l’examen que doivent passer
les élèves à la fin du lycée, après la dernière année. Généralement on
l’appelle juste le « bac » car « baccalauréat » c’est un peu trop long ! La
mention « Très bien », ça signifie qu’il a eu d’excellentes notes à cet examen.
[00:14:27] Après le lycée, Emmanuel commence des études de littérature et
de sciences sociales. Il obtient un master de philosophie avec une thèse sur
Machiavel. Il étudie aussi les sciences politiques et il entre dans la
prestigieuse École Nationale d’Administration, l’ÉNA. C’est une école qui
forme les personnes pour les plus hauts postes de l’administration publique.
La majorité des Présidents français sont passés par cette école. Parfois, on
dit que l’ÉNA est l’école des présidents.
[00:15:20] Pendant ses études, Emmanuel retrouve Brigitte qui a quitté son
mari. En 2007, quand Emmanuel Macron a 30 ans, il se marie avec Brigitte.
[00:15:39] Maintenant nous allons parler un peu de la carrière d’Emmanuel
Macron.
[00:15:45] Quand il finit l’École Nationale d’Administration, il commence à
travailler à l’Inspection Générale des Finances. C’est une institution qui
s’occupe de contrôler les budgets de l’administration publique.
[00:16:05] Mais en 2008, il décide de quitter le secteur public pour aller
travailler dans le privé. Quand on dit « travailler dans le privé », ça signifie
travailler pour une entreprise privée. À votre avis, pour quelle entreprise
décide-t-il de travailler ? Vous avez une petite idée ?
[00:16:34] En 2008, Emmanuel Macron rejoint la célèbre banque d’affaires
Rothschild. Il reste 4 ans dans cette banque et gagne beaucoup d’argent,
plus de 2 millions d’euros. Il devient donc millionnaire. Plus tard, il sera très
critiqué pour son passage dans cette banque. Certaines personnes disent
qu’il veut aider les banques à gagner encore plus d’argent.
[00:17:09] Mais en 2012, Emmanuel Macron reprend sa carrière politique.
2012, c’est l’année de la victoire de François Hollande, le candidat socialiste,
qui devient le nouveau Président français. Comme Emmanuel Macron est
proche d’Hollande, il devient son secrétaire général. C’est un poste très
important car le secrétaire général est la personne la plus proche du
Président, son conseiller. C’est un peu comme un Vice-Président (car il n’y
a pas de Vice-Président en France).
[00:17:57] Deux ans plus tard, en 2014, Emmanuel devient ministre de
l’économie, un poste très important encore une fois. Il décide de libéraliser
l’économie française, par exemple pour autoriser les entreprises à travailler
le dimanche. Ça c’est intéressant pour comprendre les idées politiques de
Macron. Ses valeurs personnelles sont plutôt de gauche, du côté des
socialistes, mais pour l’économie il est très libéral donc plutôt à droite.
[00:18:41] Vous l’avez compris, Emmanuel Macron n’aime pas rester au
même endroit trop longtemps. Sa carrière a évolué très vite. Il a réussi à
obtenir des postes importants alors qu’il était encore très jeune, et ça c’est
plutôt inhabituel en France. En France, les politiciens sont généralement
plus vieux que dans les autres pays. Si on veut obtenir un bon poste, de
député ou de sénateur, il faut attendre son tour ! Il faut attendre que les
autres partent pour prendre leur place. Mais Emmanuel Macron, lui, il n’était
pas assez patient pour attendre son tour. Il voulait avoir sa place tout de
suite, immédiatement.
[00:19:43] C’est pour ça qu’en 2016, il quitte son poste de ministre de
l’économie et il crée son propre mouvement politique qui s’appelle « En
marche ! ». Cette expression vient du verbe « marcher » et elle signifie qu’il
faut avancer. Emmanuel Macron pense que la France est bloquée, qu’elle
reste sur place, et lui, il veut la faire avancer.
[00:20:16] On comprend alors qu’avec ce mouvement politique, Macron veut
se présenter à l’élection présidentielle.
[00:20:31] Au début, tout le monde pensait que sa stratégie n’allait pas
marcher, justement, qu’elle n’allait pas fonctionner. Macron était assez
inconnu des Français, les Français ne savaient pas vraiment qui il était. Les
médias parlaient un peu de lui quand il était ministre de l’économie, mais
beaucoup de Français ne connaissaient même pas son nom ! En France, il
y a deux partis politiques principaux : le Parti Socialiste à gauche et le Parti
Républicains à droite. Le Président est presque toujours le candidat d’un de
ces deux partis.
[00:21:20] Mais la stratégie de Macron était différente, car, quand il a créé
son mouvement politique, Emmanuel Macron a déclaré que son mouvement
politique n’était ni de droite ni de gauche. En fait, le mouvement En Marche
! est plutôt entre la gauche et la droite. Il est au centre de la scène politique.
[00:21:51] Pour construire son programme présidentiel, il a choisi une
solution assez innovante, assez nouvelle. Il a décidé d’interroger
directement les Français, de leur demander quels étaient leurs problèmes,
les choses qu’ils voulaient changer. 100 000 Français ont été interrogés et
leurs réponses ont été utilisées pour créer un programme qui réponde à leurs
attentes, à leurs demandes. C’est une stratégie qu’ils ont copiée sur la
campagne de Barack Obama aux Etats-Unis. D’habitude, les partis
politiques écrivent un programme sans demander aux électeurs ce qu’ils
veulent, mais Macron pensait que pour gagner il était nécessaire de savoir
exactement ce que voulaient les Français, et d’utiliser les mêmes mots, les
mêmes phrases, pour être bien compris.
[00:23:08] Mais pendant longtemps, Emmanuel Macron n’a pas révélé son
programme. Il n’a pas dit quelles mesures il voulait adopter. Ça aussi c’est
une bonne stratégie, car les autres candidats ne pouvaient pas vraiment
l’attaquer. La seule attaque qu’ils pouvaient faire, c’était de dire que Macron
n’avait pas de programme.
[00:23:36] Macron a aussi été critiqué parce qu’il disait toujours ce que les
gens voulaient entendre. Il était d’accord avec tout le monde, il ne s’opposait
jamais aux autres. Alors, les gens ont commencé à penser qu’il n’avait pas
d’idée personnelle, pas de conviction. On a pensé qu’il voulait faire plaisir à
tout le monde simplement pour être élu, mais qu’il n’avait pas de vision claire
pour la France.
[00:24:15] Certains pensaient aussi que Macron était trop jeune, qu’il n’avait
pas assez d’expérience pour devenir Président de la République. En plus,
Macron ne s’était jamais présenté à une élection avant l’élection
présidentielle. Donc il n’avait jamais été élu par les Français. Les anciens
postes politiques qu’il avait obtenus (secrétaire générale du Président et
ministre de l’économie) il les avait obtenus seulement grâce à l’aide de
François Hollande. Et après avoir reçu l’aide de François Hollande, Macron
a décidé de le trahir pour créer son propre parti politique. Le verbe « trahir »
veut dire que quelqu’un vous fait confiance, et vous profitez de cette
confiance pour faire une chose contre lui. François Hollande faisait confiance
à Emmanuel Macron, mais Emmanuel Macron n’a pas respecté cette
confiance et il a quitté le gouvernement pour créer son propre parti. Des
personnes qui connaissaient Macron disent qu’il utilise les gens pour obtenir
des avantages. Ils disent que Macron est manipulateur, qu’il manipule les
gens. En politique, les choses se passent souvent comme ça
malheureusement. Mais Macron le fait sans se cacher.
[00:26:08] Malgré toutes ces critiques, Macron a gagné le premier tour de
l’élection présidentielle. Au deuxième tour, il était opposé à la candidate
d’extrême droite Marine Le Pen. Pour que Marine Le Pen ne gagne pas, tous
les autres partis politiques ont appelé les électeurs à voter pour Emmanuel
Macron. Alors au 2ème tour, il a gagné largement avec 66% des voix.
[00:26:53] Pour finir, nous allons voir quel est le programme du nouveau
Président français. D’abord, contrairement à beaucoup d’autres candidats,
Emmanuel Macron est très favorable à l’Union Européenne. Il veut que les
pays de l’Union qui souhaitent aller plus loin dans le projet aient la possibilité
de le faire. Il propose que les pays qui font partie de la zone euro, autrement
dit les pays qui ont adopté l’euro, aient un budget propre, un Parlement
différent du Parlement européen, et un ministre des finances.
[00:27:42] Concernant l’économie, je vous ai dit que le nouveau Président
français est assez libéral. Par exemple, il veut supprimer 120 000 postes de
fonctionnaires. Les fonctionnaires, ce sont les personnes qui travaillent pour
l’État, pour l’administration publique. L’objectif d’Emmanuel Macron, son but,
c’est de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros en cinq ans.
Il veut donc que l’État français soit moins endetté, il veut réduire la dette. En
France, la durée légale du travail est de 35 heures par semaine. Les
Français travaillent 35 heures par semaine. Mais Emmanuel Macron a
souvent critiqué cette durée du travail, alors peut-être que bientôt les
Français devront travailler un plus longtemps.
[00:28:52] Maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour le nouveau
Président ? Quels sont les challenges qui attendent Emmanuel Macron ?
[00:29:04] Même si le Président a beaucoup de pouvoir en France, il ne peut
pas tout faire ! Il a besoin d’avoir une majorité au Parlement pour que les lois
soient acceptées. Et justement, les élections législatives pour élire les
députés seront le 11 et le 18 juin. Donc si Emmanuel Macron veut pouvoir
faire accepter ses projets, il faut que les candidats de son mouvement « La
République en marche ! » gagnent les élections législatives pour être à
l’Assemblée, au Parlement.
[00:29:50] S’il n’y a pas assez de députés pour avoir une majorité à
l’Assemblée, alors il faudra faire des alliances avec les autres partis pour
gouverner.
[00:30:05] Alors vous voyez, tout n’est pas encore gagné pour Emmanuel
Macron.
[00:30:15] Pour conclure, il y a trois choses importantes à retenir, à
mémoriser, sur Emmanuel Macron.
[00:30:25] La première, c’est que Emmanuel Macron est le plus jeune
Président de l’histoire de la Vème République, il a seulement 39 ans.
[00:30:38] La deuxième chose, c’est qu’il a créé un nouveau parti centriste,
un parti politique, qui n’est ni de droite ni de gauche.
[00:30:50] Et la troisième chose, concernant les idées d’Emmanuel Macron,
c’est qu’il est plutôt libéral sur le plan économique et qu’il est pro-européen,
il est en faveur de l’Union Européenne.
[00:31:09] Et j’ai une question pour vous : est-ce que les médias dans votre
pays ont parlé d’Emmanuel Macron dans votre pays ? Si oui, que disent les
médias sur Emmanuel Macron ? Qu’est-ce qu’ils pensent de lui ? Je suis
très curieux de le savoir, ça m’intéresse beaucoup ! Envoyez-moi un email
à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me le dire. J’attends vos emails
avec impatience !
[00:31:46] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Maintenant vous savez tout
sur le nouveau Président français. Merci à tous d’avoir écouté ce nouvel
épisode. Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription sur mon
site internet.
[00:32:12] La semaine prochaine, nous parlerons des langues étrangères.
Nous verrons comment la connaissance de langues étrangères influence
notre personnalité.
[00:32:26] Passez une bonne semaine et à bientôt !
Episode 5:
Bonjour à tous et bienvenue pour ce 5ème épisode du Cottongue podcast
[00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes prêts à écouter
quelque chose en français. Moi, je suis très content car il y a de plus en plus
d’auditeurs. « Un auditeur », c’est une personne qui écoute une émission de
radio ou un podcast. Donc si vous écoutez le Cottongue podcast, vous êtes
un auditeur (ou une auditrice si vous êtes une femme).
[00:00:44] Bref, c’est vraiment super de savoir qu’il y a tellement de
personnes qui m’écoutent. J’espère que ça vous donne envie de faire un
peu de français tous les jours. Vous savez que la régularité, c’est le plus
important pour apprendre une langue. Apprendre une langue, c’est un peu
comme aller à la salle de sport. Ça ne sert à rien d’aller à la salle de sport
une fois par mois, même si vous y restez toute la journée. Si vous ne faites
pas de sport pendant un mois, et qu’ensuite vous faites du sport pendant
une journée entière, vous allez être très fatigué et vous ne ferez pas de
progrès. Pour progresser, pour s’améliorer, il faut s’entraîner régulièrement,
chaque jour si c’est possible.
[00:01:46] Pourquoi ? Parce que quand on fait quelque chose régulièrement,
ça devient une habitude. Et quand cette activité devient une habitude, on ne
se pose plus de question. On ne se demande pas « est-ce que j’ai le temps
de faire ça aujourd’hui ? ». On ne se dit pas « oh non, aujourd’hui je suis
fatigué alors je le ferai un autre jour ». Si c’est une habitude, on le fait tous
les jours.
[00:02:21] Et pour que le français devienne une habitude quotidienne, une
habitude de tous les jours, la meilleure solution c’est de faire des choses qui
vous plaisent ! Si vous aimez regarder des vidéos sur youtube, alors
regardez des vidéos de youtubeurs français. Si vous aimez un style de
musique particulier, alors cherchez des groupes français sur Spotify par
exemple. D’ailleurs j’ai posté un article sur mon blog avec des
recommandations d’artistes français. Il y en a pour tous les goûts : du rock,
de la pop, de l’électro, du rap. Allez lire cet article et je suis sûr que vous
trouverez un artiste ou un groupe qui vous plaira, que vous aimerez.
L’adresse de mon blog c’est cottongue.com/blog.
[00:03:33] Vous le savez sûrement, mais en France il y a eu des élections
très importantes il y a deux semaines : les élections présidentielles.
[00:03:45] Pourquoi les élections présidentielles sont-elles si importantes en
France ? Parce que le Président, le Président de la République comme on
l’appelle, a beaucoup de pouvoir. Par exemple, c’est lui qui nomme, qui
choisit, le Premier Ministre. Il joue aussi un grand rôle dans la diplomatie, il
représente la France à l’étranger, auprès des autres pays. C’est aussi lui qui
est le chef des armées, autrement dit des forces militaires, et il peut même
décider d’utiliser l’arme nucléaire, la bombe atomique.
[00:04:36] En plus de tous ces pouvoirs, le Président de la République a une
grande légitimité, ça veut dire que son autorité est reconnue et acceptée par
les Français. Si le Président est légitime, c’est parce qu’il est élu par les
Français au suffrage universel direct. Le suffrage universel direct, c’est un
système d’élection dans lequel tous les citoyens votent directement pour le
candidat qu’ils ont choisi. Donc en France, tous les Français votent
directement pour le candidat qu’ils veulent élire Président. Ce système est
différent du système américain par exemple, parce que les Américains
votent pour des « grands électeurs » et pas directement pour un candidat.
[00:05:45] L’élection présidentielle est également très médiatisée. Un an
avant le début de l’élection, tous les médias en parlent déjà quotidiennement.
Et pendant la campagne présidentielle, quand les candidats font leur
campagne officielle pour convaincre les Français, les médias ne parlent que
des élections. Chaque jour, à la télévision, à la radio et sur internet, les
médias parlent seulement des élections. Alors évidemment les Français
aussi ne parlent que de ça, ils ne parlent que des élections, toute la journée,
au travail, avec leur famille ou leurs amis. On demande aux autres pour quel
candidat ils vont voter, on parle des différents programmes, des scandales
aussi ! Vous avez peut-être entendu que pendant la dernière élection, il y a
eu plusieurs scandales financiers avec certains candidats. Mais on ne va
pas parler de ça aujourd’hui.
[00:07:05] Bref, pour toutes ces raisons, vous comprenez que l’élection
présidentielle est l’élection la plus importante en France.
[00:07:16] Les personnes qui ont le droit de voter sont les citoyens Français
qui sont majeurs, c’est-à-dire qui ont 18 ans ou plus. Il y a deux tours à cette
élection. Pour le premier tour, les électeurs ont le choix entre tous les
candidats officiels. À l’élection cette année, il y avait 11 candidats. Ensuite,
on garde les deux candidats qui ont obtenu le meilleur score pour le 2nd
tour, sauf si un candidat obtient plus de 50% des voix. Si un candidat obtient
plus de 50% des voix au premier tour, alors il est élu directement Président
de la République, sans 2ème tour. Mais ça n’est encore jamais arrivé dans
l’Histoire. Il y a toujours eu besoin d’un 2nd tour. Au 2nd tour, évidemment,
c’est le candidat qui obtient le plus de voix qui gagne l’élection.
[00:08:35] Cette année vous le savez, c’est Monsieur Emmanuel Macron qui
a gagné l’élection présidentielle avec 66% des voix face à Madame Marine
Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite. Emmanuel Macron a donc
été élu pour être le Président de la France pendant 5 ans. 5 ans, c’est la
durée du mandat présidentiel en France, la période pendant laquelle le
Président est au pouvoir.
[00:09:14] Alors aujourd’hui, nous allons parler d’Emmanuel Macron. C’est
un Président de la République assez différent des Présidents précédents
parce qu’il est très jeune, il a seulement 39 ans ! Mais aussi parce qu’il était
complètement inconnu il y a 4 ans. Il y a 4 ans, personne ne savait qui était
Emmanuel Macron, c’était un inconnu. Mais il a réussi à devenir célèbre très
rapidement, à créer son propre parti politique (qui s’appelle « En marche ! »)
et à gagner l’élection présidentielle en France.
[00:10:02] Nous allons voir comment un homme si jeune et inconnu a réussi
à devenir Président de la République aussi vite.
[00:10:14] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:10:22] Emmanuel Macron est né en 1977 à Amiens. Amiens est une ville
du Nord de la France qui compte 150 000 habitants. Il vient d’une famille
aisée. « Aisé », ça veut dire « qui a de l’argent », quelqu’un pour qui l’argent
n’est pas un problème. La famille d’Emmanuel Macron était aisée car ses
deux parents étaient médecins, donc vous pouvez imaginer qu’il n’y avait
pas de problèmes d’argent chez les Macron.
[00:11:08] À 12 ans, le jeune Emmanuel se convertit à la religion catholique,
c’est-à-dire qu’il se fait baptiser et il devient catholique. Pour lui, le
catholicisme est un choix personnel et un moyen de développer sa
spiritualité. D’ailleurs, il ira au collège dans un établissement catholique. Le
collège, c’est l’école où vont les élèves en France entre 12 et 16 ans, avant
le lycée. Donc Emmanuel Macron a étudié dans un collège privé catholique.
[00:11:58] Pendant ses études, Emmanuel est un élève brillant, un élève
modèle. Il a toujours d’excellentes notes, d’excellentes résultats.
[00:12:11] À 15 ans, Emmanuel fait une rencontre très importante. Il participe
au club de théâtre de son collège, et il rencontre Brigitte Trogneux, la
professeure de français qui s’occupe de ce club de théâtre. Cette
professeure est très impressionnée par l’intelligence du jeune Emmanuel. Ils
sont tous les deux passionnés de littérature. Ils tombent rapidement
amoureux. Vous savez en français on dit « tomber amoureux » quand on
commence à ressentir de l’amour pour une personne. On utilise le verbe «
tomber » parce que c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas, comme
quand on tombe, quand on perd l’équilibre.
[00:13:09] Mais beaucoup de personnes sont choquées par cette relation car
Brigitte Trogneux a 37 ans quand elle rencontre Emmanuel. Elle est mariée
et elle a trois enfants. Alors les parents d’Emmanuel décident de l’envoyer
dans un lycée à Paris pour qu’il ne voie plus sa professeure, pour qu’il arrête
de voir, de fréquenter, Brigitte.
[00:13:44] Emmanuel arrive donc au lycée au lycée Henri-IV à Paris, qui est
l’un des meilleurs lycées de France. Il obtient son baccalauréat scientifique
avec mention Très-bien. Le baccalauréat, c’est l’examen que doivent passer
les élèves à la fin du lycée, après la dernière année. Généralement on
l’appelle juste le « bac » car « baccalauréat » c’est un peu trop long ! La
mention « Très bien », ça signifie qu’il a eu d’excellentes notes à cet examen.
[00:14:27] Après le lycée, Emmanuel commence des études de littérature et
de sciences sociales. Il obtient un master de philosophie avec une thèse sur
Machiavel. Il étudie aussi les sciences politiques et il entre dans la
prestigieuse École Nationale d’Administration, l’ÉNA. C’est une école qui
forme les personnes pour les plus hauts postes de l’administration publique.
La majorité des Présidents français sont passés par cette école. Parfois, on
dit que l’ÉNA est l’école des présidents.
[00:15:20] Pendant ses études, Emmanuel retrouve Brigitte qui a quitté son
mari. En 2007, quand Emmanuel Macron a 30 ans, il se marie avec Brigitte.
[00:15:39] Maintenant nous allons parler un peu de la carrière d’Emmanuel
Macron.
[00:15:45] Quand il finit l’École Nationale d’Administration, il commence à
travailler à l’Inspection Générale des Finances. C’est une institution qui
s’occupe de contrôler les budgets de l’administration publique.
[00:16:05] Mais en 2008, il décide de quitter le secteur public pour aller
travailler dans le privé. Quand on dit « travailler dans le privé », ça signifie
travailler pour une entreprise privée. À votre avis, pour quelle entreprise
décide-t-il de travailler ? Vous avez une petite idée ?
[00:16:34] En 2008, Emmanuel Macron rejoint la célèbre banque d’affaires
Rothschild. Il reste 4 ans dans cette banque et gagne beaucoup d’argent,
plus de 2 millions d’euros. Il devient donc millionnaire. Plus tard, il sera très
critiqué pour son passage dans cette banque. Certaines personnes disent
qu’il veut aider les banques à gagner encore plus d’argent.
[00:17:09] Mais en 2012, Emmanuel Macron reprend sa carrière politique.
2012, c’est l’année de la victoire de François Hollande, le candidat socialiste,
qui devient le nouveau Président français. Comme Emmanuel Macron est
proche d’Hollande, il devient son secrétaire général. C’est un poste très
important car le secrétaire général est la personne la plus proche du
Président, son conseiller. C’est un peu comme un Vice-Président (car il n’y
a pas de Vice-Président en France).
[00:17:57] Deux ans plus tard, en 2014, Emmanuel devient ministre de
l’économie, un poste très important encore une fois. Il décide de libéraliser
l’économie française, par exemple pour autoriser les entreprises à travailler
le dimanche. Ça c’est intéressant pour comprendre les idées politiques de
Macron. Ses valeurs personnelles sont plutôt de gauche, du côté des
socialistes, mais pour l’économie il est très libéral donc plutôt à droite.
[00:18:41] Vous l’avez compris, Emmanuel Macron n’aime pas rester au
même endroit trop longtemps. Sa carrière a évolué très vite. Il a réussi à
obtenir des postes importants alors qu’il était encore très jeune, et ça c’est
plutôt inhabituel en France. En France, les politiciens sont généralement
plus vieux que dans les autres pays. Si on veut obtenir un bon poste, de
député ou de sénateur, il faut attendre son tour ! Il faut attendre que les
autres partent pour prendre leur place. Mais Emmanuel Macron, lui, il n’était
pas assez patient pour attendre son tour. Il voulait avoir sa place tout de
suite, immédiatement.
[00:19:43] C’est pour ça qu’en 2016, il quitte son poste de ministre de
l’économie et il crée son propre mouvement politique qui s’appelle « En
marche ! ». Cette expression vient du verbe « marcher » et elle signifie qu’il
faut avancer. Emmanuel Macron pense que la France est bloquée, qu’elle
reste sur place, et lui, il veut la faire avancer.
[00:20:16] On comprend alors qu’avec ce mouvement politique, Macron veut
se présenter à l’élection présidentielle.
[00:20:31] Au début, tout le monde pensait que sa stratégie n’allait pas
marcher, justement, qu’elle n’allait pas fonctionner. Macron était assez
inconnu des Français, les Français ne savaient pas vraiment qui il était. Les
médias parlaient un peu de lui quand il était ministre de l’économie, mais
beaucoup de Français ne connaissaient même pas son nom ! En France, il
y a deux partis politiques principaux : le Parti Socialiste à gauche et le Parti
Républicains à droite. Le Président est presque toujours le candidat d’un de
ces deux partis.
[00:21:20] Mais la stratégie de Macron était différente, car, quand il a créé
son mouvement politique, Emmanuel Macron a déclaré que son mouvement
politique n’était ni de droite ni de gauche. En fait, le mouvement En Marche
! est plutôt entre la gauche et la droite. Il est au centre de la scène politique.
[00:21:51] Pour construire son programme présidentiel, il a choisi une
solution assez innovante, assez nouvelle. Il a décidé d’interroger
directement les Français, de leur demander quels étaient leurs problèmes,
les choses qu’ils voulaient changer. 100 000 Français ont été interrogés et
leurs réponses ont été utilisées pour créer un programme qui réponde à leurs
attentes, à leurs demandes. C’est une stratégie qu’ils ont copiée sur la
campagne de Barack Obama aux Etats-Unis. D’habitude, les partis
politiques écrivent un programme sans demander aux électeurs ce qu’ils
veulent, mais Macron pensait que pour gagner il était nécessaire de savoir
exactement ce que voulaient les Français, et d’utiliser les mêmes mots, les
mêmes phrases, pour être bien compris.
[00:23:08] Mais pendant longtemps, Emmanuel Macron n’a pas révélé son
programme. Il n’a pas dit quelles mesures il voulait adopter. Ça aussi c’est
une bonne stratégie, car les autres candidats ne pouvaient pas vraiment
l’attaquer. La seule attaque qu’ils pouvaient faire, c’était de dire que Macron
n’avait pas de programme.
[00:23:36] Macron a aussi été critiqué parce qu’il disait toujours ce que les
gens voulaient entendre. Il était d’accord avec tout le monde, il ne s’opposait
jamais aux autres. Alors, les gens ont commencé à penser qu’il n’avait pas
d’idée personnelle, pas de conviction. On a pensé qu’il voulait faire plaisir à
tout le monde simplement pour être élu, mais qu’il n’avait pas de vision claire
pour la France.
[00:24:15] Certains pensaient aussi que Macron était trop jeune, qu’il n’avait
pas assez d’expérience pour devenir Président de la République. En plus,
Macron ne s’était jamais présenté à une élection avant l’élection
présidentielle. Donc il n’avait jamais été élu par les Français. Les anciens
postes politiques qu’il avait obtenus (secrétaire générale du Président et
ministre de l’économie) il les avait obtenus seulement grâce à l’aide de
François Hollande. Et après avoir reçu l’aide de François Hollande, Macron
a décidé de le trahir pour créer son propre parti politique. Le verbe « trahir »
veut dire que quelqu’un vous fait confiance, et vous profitez de cette
confiance pour faire une chose contre lui. François Hollande faisait confiance
à Emmanuel Macron, mais Emmanuel Macron n’a pas respecté cette
confiance et il a quitté le gouvernement pour créer son propre parti. Des
personnes qui connaissaient Macron disent qu’il utilise les gens pour obtenir
des avantages. Ils disent que Macron est manipulateur, qu’il manipule les
gens. En politique, les choses se passent souvent comme ça
malheureusement. Mais Macron le fait sans se cacher.
[00:26:08] Malgré toutes ces critiques, Macron a gagné le premier tour de
l’élection présidentielle. Au deuxième tour, il était opposé à la candidate
d’extrême droite Marine Le Pen. Pour que Marine Le Pen ne gagne pas, tous
les autres partis politiques ont appelé les électeurs à voter pour Emmanuel
Macron. Alors au 2ème tour, il a gagné largement avec 66% des voix.
[00:26:53] Pour finir, nous allons voir quel est le programme du nouveau
Président français. D’abord, contrairement à beaucoup d’autres candidats,
Emmanuel Macron est très favorable à l’Union Européenne. Il veut que les
pays de l’Union qui souhaitent aller plus loin dans le projet aient la possibilité
de le faire. Il propose que les pays qui font partie de la zone euro, autrement
dit les pays qui ont adopté l’euro, aient un budget propre, un Parlement
différent du Parlement européen, et un ministre des finances.
[00:27:42] Concernant l’économie, je vous ai dit que le nouveau Président
français est assez libéral. Par exemple, il veut supprimer 120 000 postes de
fonctionnaires. Les fonctionnaires, ce sont les personnes qui travaillent pour
l’État, pour l’administration publique. L’objectif d’Emmanuel Macron, son but,
c’est de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’euros en cinq ans.
Il veut donc que l’État français soit moins endetté, il veut réduire la dette. En
France, la durée légale du travail est de 35 heures par semaine. Les
Français travaillent 35 heures par semaine. Mais Emmanuel Macron a
souvent critiqué cette durée du travail, alors peut-être que bientôt les
Français devront travailler un plus longtemps.
[00:28:52] Maintenant, quelles sont les prochaines étapes pour le nouveau
Président ? Quels sont les challenges qui attendent Emmanuel Macron ?
[00:29:04] Même si le Président a beaucoup de pouvoir en France, il ne peut
pas tout faire ! Il a besoin d’avoir une majorité au Parlement pour que les lois
soient acceptées. Et justement, les élections législatives pour élire les
députés seront le 11 et le 18 juin. Donc si Emmanuel Macron veut pouvoir
faire accepter ses projets, il faut que les candidats de son mouvement « La
République en marche ! » gagnent les élections législatives pour être à
l’Assemblée, au Parlement.
[00:29:50] S’il n’y a pas assez de députés pour avoir une majorité à
l’Assemblée, alors il faudra faire des alliances avec les autres partis pour
gouverner.
[00:30:05] Alors vous voyez, tout n’est pas encore gagné pour Emmanuel
Macron.
[00:30:15] Pour conclure, il y a trois choses importantes à retenir, à
mémoriser, sur Emmanuel Macron.
[00:30:25] La première, c’est que Emmanuel Macron est le plus jeune
Président de l’histoire de la Vème République, il a seulement 39 ans.
[00:30:38] La deuxième chose, c’est qu’il a créé un nouveau parti centriste,
un parti politique, qui n’est ni de droite ni de gauche.
[00:30:50] Et la troisième chose, concernant les idées d’Emmanuel Macron,
c’est qu’il est plutôt libéral sur le plan économique et qu’il est pro-européen,
il est en faveur de l’Union Européenne.
[00:31:09] Et j’ai une question pour vous : est-ce que les médias dans votre
pays ont parlé d’Emmanuel Macron dans votre pays ? Si oui, que disent les
médias sur Emmanuel Macron ? Qu’est-ce qu’ils pensent de lui ? Je suis
très curieux de le savoir, ça m’intéresse beaucoup ! Envoyez-moi un email
à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me le dire. J’attends vos emails
avec impatience !
[00:31:46] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Maintenant vous savez tout
sur le nouveau Président français. Merci à tous d’avoir écouté ce nouvel
épisode. Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription sur mon
site internet.
[00:32:12] La semaine prochaine, nous parlerons des langues étrangères.
Nous verrons comment la connaissance de langues étrangères influence
notre personnalité.
[00:32:26] Passez une bonne semaine et à bientôt !
Episode:6
Bonjour à tous et bienvenue dans ce 6ème épisode du Cottongue Podcast !
[00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes en forme ! Moi je
vais très bien car là où j’habite, à Varsovie, le printemps est enfin arrivé ! Il
fait beau, il y a du soleil, et les températures sont un peu plus chaudes : il
fait entre 10 et 20 degrés. Et chez vous, quel temps il fait ? Est-ce qu’il fait
beau ou est-ce qu’il fait mauvais ? Et quelle est la saison ? Le printemps,
l’été, l’automne, ou l’hiver ?!
[00:00:49] Peu importe la saison, c’est le bon moment pour écouter un
podcast en français !
[00:00:57] Aujourd’hui, nous allons parler des langues étrangères. Vous
savez qu’une langue peut-être soit votre langue maternelle, celle que vous
apprenez quand vous êtes enfant, soit une langue étrangère. Si vos parents
sont Espagnols, votre langue maternelle est l’espagnol car c’est la première
langue que vous apprenez. Il est aussi possible d’avoir plusieurs langues
maternelles. Par exemple, si votre père est allemand mais votre mère est
italienne, alors vous allez sûrement apprendre deux langues maternelles :
l’allemand et l’italien.
[00:01:42] Ensuite, à l’école, on apprend d’autres langues, des langues
étrangères. En France, les langues étrangères les plus populaires à l’école
sont l’anglais (il est obligatoire), l’allemand, l’espagnol et l’italien.
[00:02:01] Vous le savez peut-être, mais les Français sont connus pour être
mauvais en langue. On entend souvent que les Français ne savent pas
parler anglais. Et c’est vrai ! Dans les classements, quand on teste le niveau
d’anglais en Europe, la France est souvent dernière. Il existe l’examen
TOEFL pour valider le niveau d’anglais, et dans le classement TOEFL la
France est 25ème ! Ça n’est pas une très bonne place.
[00:02:38] Mais heureusement, ça change ! Parmi les jeunes et dans les
grandes villes, il y a de plus en plus de personnes qui savent parler anglais.
Maintenant, certains touristes se plaignent, ils ne sont pas contents, parce
que quand ils essayent de parler français avec un Parisien par exemple, le
Parisien répond en anglais pour être poli. Mais certains touristes trouvent
que c’est malpoli. C’est drôle, quand les Français répondent en anglais les
touristes trouvent que c’est malpoli, mais quand ils répondent en français
parfois ils trouvent aussi que c’est malpoli !
[00:03:26] Le problème, c’est qu’il y a encore des Français qui pensent
qu’apprendre une langue est inutile. 30% des Français pensent qu’ils n’ont
pas besoin de savoir parler une langue étrangère, c’est dommage ! Mais
c’est vrai que certaines personnes peuvent très bien vivre en connaissant
seulement leur langue maternelle. Si elles habitent dans une petite ville,
qu’elles ne voyagent pas et qu’elles n’en ont pas besoin au travail. C’est de
plus en plus rare, mais ça existe toujours. Et malheureusement, beaucoup
de Français pensent qu’apprendre une langue est une corvée. Une corvée,
c’est une chose qu’on est obligé de faire mais qui est désagréable, pénible
comme faire le ménage ou faire la lessive. On n’aime pas faire ces choses
mais on est obligés de les faire. Donc beaucoup de Français trouvent
qu’apprendre l’anglais, c’est ennuyeux et pénible. Ils n’ont pas de plaisir à le
faire. Alors quand on se sent obligé de faire quelque chose que l’on n’aime
pas, forcément on manque de motivation et souvent on n’obtient pas de bons
résultats.
[00:04:55] Quand j’ai commencé à donner des cours de français à Varsovie,
j’étais très surpris. J’étais très surpris parce que mes élèves apprenaient le
français par plaisir, pas par obligation. Souvent, ils n’ont pas besoin du
français pour leur travail et ils ne prévoient pas non plus partir vivre dans un
pays francophone, un pays où les gens parlent le français. Le français n’a
aucune utilité pratique pour eux ! Ils aiment simplement la langue française
et ils veulent être capables de la parler. À mon avis, c’est la meilleure façon
d’apprendre une langue, quand on le fait par plaisir et par amour de cette
langue.
[00:05:47] Et vous, pour quelles raisons apprenez-vous le français ? Est-ce
que vous en avez besoin pour votre travail ? Est-ce que c’est parce que vous
adorez la littérature ou le cinéma français ? Ou peut-être parce que vous
avez des amis français ? Dîtes-moi pourquoi, je suis très curieux de le savoir
!
Moi, j’apprends le polonais parce que j’habite en Pologne, et aussi parce que
ma copine est polonaise. L’amour, c’est une très bonne source de
motivation, croyez-moi !
[00:06:28] Et aujourd’hui, je vais vous donner plein d’autres bonnes raisons
d’apprendre une langue étrangère ! Des raisons qui ne concernent pas notre
carrière professionnelle mais notre cerveau et notre tolérance !
[00:06:44] Vous voulez savoir pourquoi apprendre une langue étrangère est
bon pour notre cerveau et nous rend plus tolérant ?
[00:06:53] Oui ? Alors, allons-y !
[00:07:01] Depuis le début des années 2000, il y a eu beaucoup d’études
sur les personnes bilingues. Une personne bilingue, vous savez, c’est
quelqu’un qui connaît deux langues. Les scientifiques veulent savoir s’il
existe des différences entre le cerveau des personnes bilingues et le
cerveau des personnes monolingues. Ils veulent savoir si leurs cerveaux
fonctionnent différemment.
[00:07:33] Pour comparer les personnes bilingues et les monolingues, les
scientifiques utilisent souvent des enfants. Par exemple des enfants qui sont
bilingues parce que leurs parents parlent deux langues différentes.
[00:07:48] Dans le passé, les scientifiques pensaient que parler deux
langues était un handicap pour les enfants. Pourquoi ? Je vais vous
l’expliquer.
[00:08:00] Quand on parle deux langues, on a deux systèmes qui
fonctionnent dans notre cerveau. Même quand on utilise une langue, la
2ème n’est pas inactive. Par exemple, quand je parle français avec mes
amis, parfois je pense à des mots anglais qui expriment mieux une idée que
j’ai. Donc même si j’utilise le français, mon « système » anglais fonctionne
dans ma tête.
[00:08:33] À cause de ça, les scientifiques pensaient que le 2ème système,
la 2ème langue pouvait gêner, pouvait déranger les enfants bilingues. Ils
pensaient que la 2ème langue créait de la confusion et que ces enfants ne
pouvaient pas se concentrer. Et si les enfants ne peuvent pas se concentrer,
alors ils ne peuvent pas avoir de bonnes notes, de bons résultats à l’école.
[00:09:07] Mais grâce aux expériences scientifiques récentes, on sait que
tout ça était faux. En réalité, les enfants bilingues apprennent plus facilement
que les autres. Ils peuvent se concentrer sur un problème puis passer
rapidement à un autre. Ils sont meilleurs pour résoudre des problèmes («
résoudre » c’est un verbe qui veut dire « trouver une solution »).
[00:09:38] Les scientifiques ne savent pas encore pourquoi les enfants
bilingues ont de meilleures capacités. Et vous, vous avez une idée ? Vous
savez pourquoi les enfants bilingues ont de meilleures capacités ?
[00:09:57] Certains chercheurs pensent que les enfants bilingues sont plus
habitués à contrôler leur environnement et à s’adapter rapidement. C’est
comme quand vous conduisez une voiture, vous devez faire attention à
l’environnement : les autres voitures devant et derrière vous, les piétons, etc.
Vous êtes concentrés sur la route, mais vous contrôlez aussi les choses
autour de vous. Les enfants bilingues doivent faire pareil. Ils doivent faire
attention aux personnes qui sont autour d’eux pour savoir quelle langue
parler. Par exemple, ils doivent parler une langue avec leur père et une autre
langue avec leur mère. Ils doivent être prêts à changer de langue
rapidement, à réagir rapidement. Alors leur cerveau est habitué à cet
exercice, il est entraîné. Leur cerveau s’adapte plus rapidement et ça ne leur
demande pas beaucoup d’effort, c’est facile pour eux, c’est presque naturel.
[00:11:18] Heureusement, ça n’est pas vrai seulement pour les enfants
bilingues. Les personnes qui apprennent une deuxième langue plus tard
dans leur vie développent aussi leur cerveau. Elles apprennent à s’adapter
et à passer d’une langue à l’autre. Mais ça demande un peu plus de travail
et d’effort, ça n’est pas aussi facile que pour les enfants bilingues.
[00:11:53] Quand vous faites du sport régulièrement, votre corps vieillit
moins vite. Vous restez en forme plus longtemps. Eh bien c’est pareil avec
votre cerveau. Quand vous entraînez votre cerveau, il reste jeune plus
longtemps. Et apprendre une langue étrangère est un excellent exercice
pour le cerveau et la mémoire. Des études scientifiques ont montré que les
personnes qui parlent plusieurs langues sont moins touchées par des
maladies comme Alzheimer, cette maladie qui fait perdre la mémoire.
[00:12:41] Vous voulez que je vous explique pourquoi ? Quand vous
apprenez une langue, votre cerveau doit beaucoup travailler. Moi, quand je
parle polonais avec quelqu’un pendant une heure, après je suis très fatigué.
Aussi fatigué que quand je vais à la salle de sport ! Mon cerveau doit
beaucoup travailler, il doit créer des connexions. Mais heureusement, ça
devient de plus en plus facile ! Plus on s’entraîne, plus ça devient facile car
les connexions dans notre cerveau commencent à fonctionner. Et plus il y a
de connexions dans notre cerveau, moins vite il vieillit. C’est une bonne
nouvelle, non ?
[00:13:39] Enfin, d’autres études ont montré qu’apprendre une langue
étrangère a un effet positif sur notre créativité. Est-ce que vous saviez que
l’auteur Ernest Hemingway parlait couramment espagnol et français en plus
de l’anglais ? Peut-être que ça l’a aidé à gagner le Prix Nobel de Littérature.
[00:14:11] Bref, vous voyez qu’il existe beaucoup d’avantages pour notre
cerveau.
[00:14:17] Alors si vous voulez que votre cerveau reste en forme plus
longtemps, continuez d’apprendre le français !
[00:14:32] En plus de tous ces avantages pour notre cerveau, apprendre une
langue étrangère améliore aussi notre tolérance (« la tolérance », c’est la
capacité à respecter les autres, respecter leur liberté, leurs opinions, etc.).
[00:14:54] À votre avis, pourquoi apprendre une langue améliore-t-il notre
tolérance ?
[00:15:04] En fait, il y a deux explications, deux facteurs qui expliquent cela.
[00:15:11] La première explication, c’est que cet apprentissage permet
d’ouvrir les yeux sur d’autres façons de faire. On dit en français « être ouvert
d’esprit », ce qui signifie être tolérant et respecter les différences. « Être
ouvert d’esprit ».
[00:15:36] Quand on apprend une langue étrangère, on voit que des
personnes communiquent différemment, qu’elles expriment leurs idées de
manière différente. Nous comprenons qu’elles ont une culture différente, et
que notre culture n’est pas la seule au monde. Souvent, quand je vois des
touristes français en vacances, j’entends qu’ils comparent tout à la France.
Ils disent : « ici les gens mangent comme ça, mais en France on mange
d’une autre façon ». Ou alors : « dans les restaurants il n’y a pas de pain,
alors qu’en France il y a toujours du pain au restaurant ». Pour ces touristes,
c’est parfois difficile d’accepter ces différences. Ils ne comprennent pas
pourquoi tout le monde ne fait pas comme les Français. Ils trouvent que c’est
bizarre.
[00:16:47] Nous avons aussi beaucoup de stéréotypes sur les autres
nationalités, les autres pays. Un stéréotype, c’est une idée qu’on accepte
sans réfléchir. On appelle ça aussi « un cliché ». Ces stéréotypes sont
souvent des incompréhensions. On ne comprend pas pourquoi les habitants
d’un autre pays se comportent différemment, alors on invente un stéréotype.
Par exemple, les Français travaillent 35 heures par semaine. C’est la durée
légale du travail. Donc les habitants d’autres pays pensent parfois que les
Français sont paresseux, qu’ils n’aiment pas travailler. Mais en fait, c’est
seulement une question de choix politique. C’est le gouvernement qui a
adopté les 35 heures pour des raisons économiques (pour réduire le
chômage par exemple). Mais ça ne veut pas dire que les Français sont
paresseux. Et en plus, les Français sont très productifs, ils sont très efficaces
!
[00:18:16] Quand on apprend une langue étrangère, on comprend que
beaucoup de stéréotypes sont faux. On adopte une nouvelle façon de penser
pour comprendre les autres. On comprend pourquoi les étrangers se
comportent de cette façon, pourquoi ils pensent comme ci ou comme ça,
pourquoi il n’y a pas de pain au restaurant ! On sait qu’il n’y a pas de culture
« meilleure » que les autres. On accepte simplement les cultures différentes,
on les respecte.
[00:18:54] Donc ça, c’était la première explication. Apprendre une langue
étrangère nous rend plus ouvert d’esprit.
[00:19:07] La deuxième explication concerne notre capacité d’adaptation.
Avoir une bonne capacité d’adaptation, ça veut dire pouvoir s’adapter à une
situation qu’on ne connaît pas.
[00:19:26] Pour une personne qui voyage beaucoup, c’est facile de s’adapter
à un nouveau pays. Elle est habituée à vivre dans différents environnements,
à manger différents types de nourriture, à être entourée de personnes qui
sont d’une autre nationalité.
[00:19:49] Au contraire, pour une personne qui ne voyage jamais, c’est très
difficile ! En général, cette personne ne se sent pas à l’aise quand elle est à
l’étranger. Elle se sent perdue. Elle n’est pas habituée à ce genre de
situation. Peut-être même qu’elle a peur. Elle a du mal à s’adapter. « Avoir
du mal » à faire quelque chose, ça signifie avoir des difficultés à faire cette
chose, que cette chose est difficile à faire. Par exemple « J’ai du mal à te
comprendre », ça veut dire que c’est difficile pour moi de comprendre ce que
tu me racontes.
[00:20:41] Quand on parle plusieurs langues, on a une meilleure capacité
d’adaptation. Par exemple, on peut lire un texte même si on ne comprend
pas tous les mots. S’il y a des mots qu’on ne connaît pas, on essaye de
comprendre la phrase avec le contexte. On ne se concentre pas sur les mots
qu’on ne connaît pas, mais sur ceux qu’on comprend. Et plus on connaît de
langues, plus ça devient facile.
[00:21:13] La 1ère fois, c’est plutôt compliqué. Mais ensuite, ça devient de
plus en plus facile d’apprendre de nouvelles langues. On s’adapte plus
rapidement à un nouveau système. On est habitué à ce genre de situation,
ça ne nous fait pas peur, ça ne nous fait pas paniquer.
[00:21:38] Au contraire, les personnes qui ne connaissent pas d’autres
langues ont tendance à paniquer quand elles sont dans ce genre de
situation. Elles se focalisent sur des mots qu’elles ne connaissent pas et
elles font un blocage. Elles n’ont pas de flexibilité, elles pensent que c’est
impossible de comprendre.
[00:22:03] En France par exemple, on apprend l’anglais pendant au moins 7
ans. C’est long 7 ans ! Mais quand ils doivent parler anglais avec quelqu’un,
les Français pensent que c’est impossible. Ils pensent qu’il leur manque des
mots et ils commencent à paniquer. Comme ils ne sont pas habitués à ce
genre de situation, ils préfèrent abandonner au lieu d’essayer. La situation
est tellement stressante que ces personnes veulent juste arrêter et s’en
échapper, partir !
[00:22:45] Pour résumer, on peut dire que les personnes bilingues (qui
parlent deux langues) ou polyglottes ont généralement plus confiance en
elles. Ça veut dire qu’elles croient en leur potentiel et leurs capacités. Elles
savent qu’elles sont capables de faire de nouvelles choses. Et ça, ça ne
concerne pas seulement les langues. Ça concerne leur vie en général. Ils
n’ont pas peur de prendre des risques, de sortir de leur zone de confort. Ils
ont une attitude différente des personnes qui ne parlent qu’une seule langue.
[00:23:35] Le dernier avantage dont je veux vous parler est le plus
surprenant. Et si je vous disais que parler plusieurs langues permet de vivre
plusieurs vies ? Est-ce que vous me croiriez si je vous disais ça ?
[00:23:55] Plusieurs études ont montré que la personnalité d’une personne
change en fonction de la langue qu’elle parle. Évidemment, ça ne veut pas
dire que ces personnes sont comme Docteur Jekyll et Mr. Hyde. Mais leur
façon de penser change légèrement. Moi, par exemple, je suis souvent plus
ouvert et énergique quand je parle anglais. Je pense que c’est parce que les
Américains sont très charismatiques. Ils ont un style différent des Français,
un style plus chaleureux et plus émotionnel. Alors quand je parle anglais, je
copie ce style inconsciemment. « Inconsciemment » ça signifie « sans en
être conscient ». Vous faites quelque chose sans y penser, inconsciemment.
[00:24:58] Les Français sont plus rationnels. Ils pensent que les choses
qu’on dit sont plus importantes que la manière dont on les dit. On a une
expression pour ça « le fond et la forme ». Le fond, c’est le contenu, la
matière. La forme, c’est le style, la manière d’exprimer quelque chose. Alors
en français, le fond est souvent plus important que la forme.
[00:25:34] Bref, moi par exemple, j’ai deux personnalités. Ma personnalité
française et ma personnalité anglaise. En plus, je commence à avoir aussi
une nouvelle personnalité, ma personnalité polonaise (comme j’apprends le
polonais) ! Et je pense que quand on a plusieurs personnalités, c’est un peu
comme vivre plusieurs vies.
[00:26:04] Et vous, est-ce que vous avez plusieurs personnalités ? Comment
est votre personnalité française ?
[00:26:18] Pour conclure, nous avons vu qu’il y a beaucoup d’avantages à
apprendre une langue étrangère. D’abord, c’est un bon entraînement pour
notre cerveau. Quand on apprend une nouvelle langue, notre cerveau
travaille dur et il devient plus efficace. Nous pouvons résoudre des
problèmes plus facilement. Nous avons aussi une meilleure mémoire. En
plus, ces avantages sont vrais tout au long de la vie. Ensuite, apprendre une
langue nous rend plus tolérants parce que nous connaissons d’autres
cultures, d’autres façons de vivre. On devient capable de communiquer avec
des gens différents de nous. Les personnes qui connaissent plusieurs
langues ont aussi une meilleure capacité d’adaptation. Elles n’ont pas peur
des situations nouvelles, elles aiment essayer des choses. Et pour finir,
parler différentes langues nous permet d’avoir différentes personnalités et
donc de vivre plusieurs vies.
[00:27:43] Voilà, nous arrivons à la fin de ce podcast. J’espère qu’il vous a
donné envie de continuer à apprendre le français, mais aussi d’autres
langues pourquoi pas !
[00:27:57] Comme d’habitude, vous pouvez trouver la transcription de ce
podcast sur mon site Cottongue.com/podcast. Comme ça, c’est plus facile
de
comprendre
ce
que
je
raconte.
Allez
sur
mon
site Cottongue.com/podcast et vous trouverez toutes les transcriptions.
Merci à tous, merci de m’avoir écouté. Je suis très content car il y a de plus
en plus d’auditeurs de ce podcast. La semaine prochaine, j’ai préparé un
sujet très intéressant pour vous, parce que nous parlerons des théories du
complot. Donc si vous voulez tout savoir sur les théories du complot, rendezvous la semaine prochaine. Merci et à bientôt !
Episode: 7
Bonjour à tous et bienvenue dans ce septième épisode du Cottongue
podcast !
[00:00:12] Je suis très content de vous accueillir. Ça me fait vraiment plaisir
de faire ce nouveau podcast pour vous. On va passer 30 minutes ensemble
et je vais parler d’un sujet que je trouve intéressant. Vous savez que pour
apprendre une langue, le plus important c’est d’essayer de comprendre
quelque chose. Vous pouvez essayer de comprendre un article, essayer de
comprendre en podcast, peu importe. Chaque jour, il faut écouter, lire ou
regarder quelque chose en français. Et si vous faites ça tous les jours, vous
allez progresser, vous allez comprendre de plus en plus de choses. Et moi
je suis très content parce qu’il y a de plus en plus d’auditeurs de ce podcast.
Donc peut-être que ça veut dire que ces podcasts vous intéressent. En tout
cas, j’espère qu’ils vous aident à apprendre le français.
[00:01:28] Alors, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ? Si vous avez
écouté le podcast précédent, vous savez qu’aujourd’hui nous allons parler
des théories du complot. Dans le podcast précédent, je vous ai annoncé le
sujet d’aujourd’hui, et ce sujet c’est les théories du complot. Alors, un «
complot » qu’est-ce que c’est ? Peut-être que vous ne connaissez pas ce
mot. Un complot, c’est quand des personnes se réunissent pour préparer un
projet secret. En général, ce projet secret c’est quelque chose d’assez
négatif. Par exemple, un complot pour prendre le pouvoir. On peut imaginer
à un groupe de personnes qui se réunissent, qui parlent, qui préparent un
plan pour prendre le pouvoir. Par exemple pour prendre le pouvoir d’un pays,
diriger ce pays. Donc ça, c’est un complot. Et une théorie du complot, c’est
une théorie qui explique un événement d’une façon un peu différente de la
version officielle. Quand il y a un grand événement, un événement important,
en général il y a toujours une version officielle pour expliquer cet événement,
c’est normal. Mais à côté de cette version officielle, parfois il y a des théories
alternatives qui apparaissent pour expliquer cet événement. Et dans ces
théories alternatives, on pense que le responsable d’un événement n’est pas
forcément la personne que l’on croit. Je vais vous donner plusieurs exemples
pour mieux comprendre cette idée, pour mieux comprendre les théories du
complot.
[00:04:00] La première, c’est une théorie qui concerne la lune. La lune vous
savez, c’est cet astre qui est dans le ciel et qui apparaît seulement la nuit.
Pendant le jour il y a le soleil, et la nuit il y a la lune. Alors peut-être que vous
connaissez cette citation « un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour
l’humanité ». Vous connaissez cette citation « un petit pas pour l’homme, un
pas de géant pour l’humanité ? Peut-être que vous connaissez la version
anglaise Elle a été prononcé le 21 juillet 1969 par l’astronaute américain Neil
Armstrong quand il a posé le pied sur la Lune avec la mission Apollo 11.
[00:05:14] Alors dans le contexte de la guerre froide entre les Etats-Unis et
l’URSS, la conquête de la Lune a été un événement très important. Les
Etats-Unis voulaient prouver au monde entier qu’ils étaient plus puissants
que l’URSS. Aller sur la Lune, c’était un moyen d’impressionner tous les
habitants de la Terre. Avant ça, aucun homme n’avait marché sur une autre
planète. Donc les Etats-Unis ont été le premier pays à envoyer un homme
sur une autre planète. Mais certains, certaines personnes, pensent que les
Etats-Unis n’ont jamais envoyé d’homme sur la lune, que la mission Apollo
11 n’a jamais eu lieu. Ces rumeurs, elles disent que la NASA a filmé les
images dans un studio de cinéma. Et les personnes qui croient à ces
rumeurs ont beaucoup d’arguments. Elles disent par exemple qu’il n’y a pas
d’étoiles dans le ciel sur les photos de la NASA. Donc elles trouvent ça un
peu bizarre. Elles disent aussi que le drapeau américain, le drapeau que les
astronautes ont emmené pour le planter sur la lune, elles disent que ce
drapeau américain flotte dans les airs alors qu’il n’y a pas d’atmosphère sur
la lune. Donc s’il n’y a pas d’atmosphère, il n’y a pas de vent. Et s’il n’y a pas
de vent, c’est un peu bizarre que le drapeau flotte sur les photos, non ? Bref
ces personnes pensent qu’il y a plein d’éléments qui sont suspects, qui sont
bizarres. Et à cause de ces événements, elles pensent que la mission Apollo
11 n’a jamais eu lieu, que les Etats-Unis n’ont jamais envoyé d’astronautes
sur la lune. Donc ça vous voyez, c’est un premier exemple d’une théorie du
complot.
[00:07:59] Le deuxième exemple dont je veux vous parler, c’est celui des
Illuminatis. Vous avez sûrement déjà entendu ce mot, c’est le même en
anglais. Les Illuminatis, c’est un groupe secret de personnes très puissantes
et on imagine que ce groupe veut contrôler le monde. D’après les théories
du complot, que veulent les Illuminatis ? C’est simple, ils veulent le nouvel
ordre mondial. Un nouvel ordre mondial dans lequel les Illuminatis pourront
tout contrôler : la politique, les institutions, la finance, les médias etc. Ils ont
plusieurs symboles, par exemple la pyramide et aussi l’œil. Parfois, on voit
un œil dans une pyramide et ça, d’après les théories du complot, c’est un
symbole des Illuminatis. Vous savez, on peut le voir sur les billets de 1 $ aux
Etats-Unis. En réalité ces symboles ce sont les symboles d’une organisation
mais pas des Illuminatis. Cette organisation s’appelle la maçonnerie; en
France on les appelle les “francs-maçons”. Les francs-maçons c’est un vrai
groupe qui existe, il existe depuis le XVIIIe siècle et il a participé à différents
événements historiques, par exemple les francs-maçons ont influencé la
révolution américaine et aussi la révolution française. Mais les francsmaçons ne sont pas aussi puissants que les théories des Illuminatis. C’est
un peu exagéré. En France, on s’intéresse beaucoup aux francs-maçons
parce qu’ils sont un peu mystérieux. C’est un groupe officiel mais qui est
assez secret. C’est impossible d’entrer dans ce groupe si personne ne vous
recommande, par exemple. Mais bon ça c’est un autre sujet, et je vous en
parlerai peut-être dans un prochain podcast, si ça vous intéresse.
[00:10:48] La troisième théorie du complot dont je veux vous parler, elle
concerne la France. Elle concerne les attentats qui ont eu lieu en France en
2015. Vous savez qu’il y a eu deux vagues d’attentats en France en 2015.
Les premiers attentats, c’était contre le journal Charlie hebdo le 7 janvier
2015. Ce journal avait publié des caricatures de Mahomet, et des membres
de l’État islamique ont décidé de l’attaquer. Ils ont tué plusieurs journalistes.
Ensuite, le 13 novembre, il y a eu d’autres attentats à Paris dans la salle de
concert du Bataclan pendant un concert des Eagles of Death Metal, et
également autour du stade de France. Ces attentats ont fait beaucoup de
morts du côté du Bataclan, il y a eu plus de 230 morts. Ces attentats ont été
revendiqués par l’État Islamique, par Daesh. Mais après les attentats, il y a
eu de nouvelles théories qui sont apparues pour expliquer les raisons de ces
événements. Ces théories disaient que le vrai responsable de ces attentats,
ce n’était pas l’État islamique. Le vrai responsable, c’était le gouvernement
français avec son président François Hollande et les services secrets. Alors
pourquoi le gouvernement français aurait organisé cette théorie ? Tout
simplement pour renforcer son pouvoir, pour renforcer le contrôle de la
police, par exemple. Donc ces théories du complot, elles sont similaires aux
théories qui concernent les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Vous
savez qu’il y a beaucoup de théories qui expliquent que les attentats du 11
septembre aux Etats-Unis étaient organisés par le gouvernement américain
pour pouvoir attaquer l’Irak, pour pouvoir faire la guerre à l’Irak. Donc en
France, on a eu des théories du complot assez similaires pour expliquer les
attentats.
[00:13:45] Alors maintenant, on va s’intéresser aux points communs entre
toute ces théories. Quelles sont les parallèles entre toutes ces théories ?
Qu’est-ce qu’elles ont en commun ? On va essayer de faire la recette d’une
théorie du complot. Vous savez une recette, c’est par exemple une recette
de cuisine pour préparer un gâteau au chocolat. Pour préparer un gâteau au
chocolat, on utilise une recette avec les différents ingrédients et la méthode
pour préparer ce gâteau chocolat. Donc aujourd’hui, nous allons faire la
recette des théories du complot.
[00:14:34] Pour faire une théorie du complot, de quoi a-t-on besoin ? Tout
d’abord, nous avons besoin d’un bouleversement. “Un bouleversement”
qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est quelque chose qui change complètement
l’ordre établi. Par exemple : une guerre. Une guerre, c’est un grand
bouleversement parce que ça change complètement la situation. Quand un
pays est en guerre tout change dans le pays, rien n’est plus comme avant.
Donc une guerre, c’est un bouleversement. Les bouleversements, ils
peuvent être de différentes natures. Je vais vous donner quelques
exemples. Ça peut être des attentats, c’est à dire des attaques terroristes.
Ça peut être une crise économique, une guerre, une catastrophe naturelle
comme par exemple un ouragan ou un tsunami. Un bouleversement ça peut
être aussi à un crash aérien, une épidémie de maladies etc. Ça c’est le
premier élément qui est nécessaire pour une théorie du complot. Il faut un
événement spectaculaire catastrophique, bouleversant, quelque chose qui
va choquer le public.
[00:16:12] Le deuxième élément, évidemment c’est une explication officielle.
Quand il y a ce genre d’événements, il y a toujours une version officielle pour
expliquer pourquoi cet événement s’est produit. Mais parfois ces explications
officielles sont un peu difficiles à comprendre pour le grand public. Par
exemple, si on n’est pas un spécialiste de la finance et de l’économie, c’est
un peu difficile de comprendre pourquoi il y a une crise économique. On peut
essayer de lire des articles, mais généralement ça reste assez compliqué à
comprendre. Mais ça, c’est la version officielle. La version officielle,
l’explication, c’est le deuxième deuxième élément, le deuxième ingrédient
nécessaire pour une théorie du complot.
[00:17:13] Le troisième élément, c’est qu’il y a certaines personnes qui
cherchent d’autres explications, des explications différentes de la théorie
officielle. Pourquoi ? Parce qu’elles trouvent que la théorie officielle est
difficile à comprendre, et donc elles veulent des explications plus claires,
plus directes, plus faciles à comprendre et en général cette explication
concerne un groupe secret. C’est le quatrième ingrédient d’une théorie du
complot. Dans une théorie du complot, il y a presque toujours un groupe
secret et ce groupe secret est responsable de l’événement. La théorie du
complot explique que ce groupe mystérieux a organisé l’événement dans
l’ombre. “Dans l’ombre” ça veut dire “de façon cachée” “de façon invisible
pour le grand public”. Ce groupe secret il a ses propres intérêts et ses
propres ambitions. Et il utilise cet événement par exemple pour gagner
beaucoup d’argent ou alors pour obtenir le pouvoir. Ces groupes secrets, ils
veulent contrôler le monde. On a déjà parlé des Illuminatis, donc ça c’est un
exemple de groupe secret utilisé dans les théories du complot.
[00:18:54] Alors avec ce groupe secret, on commence à développer des
théories du complot, des théories qui s’opposent à la version officielle et qui
montrent les liens les connexions entre ce groupe et l’événement, la
catastrophe. Ces théories du complot montrent comment ces choses sont
liées, comment le groupe secret a provoqué cet événement.
[00:19:28] Et la dernière chose importante pour une théorie du complot, c’est
la diffusion de cette théorie. Avant on ne trouvait pas vraiment ces théories
dans les médias officiels, parce que ces théories étaient considérées comme
des choses un peu stupides, un peu idiotes. Alors dans le passé, les théories
du complot elles se diffusaient grâce au bouche-à-oreille. Le bouche-àoreille, c’est simplement quand des personnes diffusent une information en
se parlant, tout simplement. Le bouche-à-oreille, c’est quand des personnes
se parlent directement pour se transmettre une information. Maintenant il y
a quelque chose de beaucoup plus efficace que le bouche-à-oreille, et cette
chose évidemment c’est Internet. Avec Internet c’est très facile de diffuser
des théories du complot à beaucoup de personnes. Si vous faites des
recherches sur YouTube, vous allez trouver des centaines, des milliers de
vidéos qui vous expliquent les différentes théories du complot. Ça veut dire
qu’il y a de plus en plus de personnes qui croient ces théories et qui décident
de les partager sur Internet. Internet c’est un outil génial pour diffuser les
théories du complot.
[00:21:10] Alors pourquoi ces théories sont-elles difficiles a démentir ?
“Démentir”, c’est un verbe qui veut dire qu’on montre que quelque chose est
faux. Par exemple, il y a une théorie et vous vous démontez cette théorie,
vous montrez qu’elle est fausse, que cette théorie n’est pas vraie. Alors
pourquoi c’est difficile de démentir les théories du complot ? D’abord, parce
qu’elles utilisent beaucoup beaucoup d’arguments. Chaque personne
apporte des arguments supplémentaires pour renforcer cette théorie du
complot. Quand vous prenez un argument individuellement, en général c’est
facile de montrer qu’il est faux. Mais quand vous mélangez tous ces
arguments ensemble, ça devient très difficile de les démentir, parce qu’il y a
tellement d’arguments qu’on est un peu perdu. En plus, ces théories, elles
arrivent à évoluer. Elles peuvent s’adapter face aux critiques. Par exemple,
s’il y a une preuve qui montre qu’un argument est faux, alors de nouveaux
arguments vont apparaître. Ça veut dire que les théories s’adaptent pour
pouvoir rester crédibles. “Crédible”, ça veut dire qu’on croit à ces théories.
Même s’il y a des preuves qui démentent ces théories, les personnes qui
soutiennent les théories du complot vont toujours trouver de nouveaux
arguments.
[00:23:07] Et la dernière raison pour laquelle il est difficile de démentir les
théories du complot, c’est que les personnes qui soutiennent cette théorie,
elles demandent aux autres de prouver que la version officielle est vraie.
Elles disent : “si la version officielle est vraie, alors prouve-moi que c’est bien
le cas, prouve-moi que tu as raison”. Et souvent, les versions officielles sont
tellement compliquées que c’est un peu difficile de les expliquer, parce
qu’elles ont des explications très techniques, par exemple, on en a déjà
parlé.
[00:23:58] Une autre question qui est importante c’est pourquoi est-ce que
nous croyons à ces théories du complot ? Pourquoi les théories du complot
sont-elles tellement populaires ? Pourquoi il y a de plus en plus d’adeptes
des théories du complot ?
[00:24:19] Une première explication, c’est que le monde dans lequel nous
vivons, il est de plus en plus complexe, il est très difficile à comprendre. Il y
a beaucoup de spécialistes, d’experts, il y a une grande quantité
d’informations. Et pour les personnes comme vous et moi, pour le grand
public, c’est parfois assez difficile de comprendre. Donc nous sentons que
nous sommes un peu perdus, nous ne pouvons pas comprendre les
mécanismes qui expliquent un événement. Et ça c’est encore plus vrai
quand nous sommes face a des événements tragiques, par exemple face a
des attentats, face à des catastrophes naturelles. Il est difficile pour nous
parfois de comprendre les mécanismes, de comprendre les raisons de ces
événements. La révolution française, ça a été le premier événement qui a
donné lieu à des théories du complot. Il y a eu beaucoup de théories du
complot pour expliquer la révolution française. Pourquoi ? Eh bien parce que
la révolution française a été un bouleversement. La révolution française a
complètement changé la société en France. Et pour les gens, c’était difficile
de comprendre ces changements, c’était difficile d’en comprendre les
raisons. C’est pour ça que les théories du complot sont apparues pour
essayer d’aider les gens à comprendre ce changement. Pour trouver des
explications un peu plus simples et un peu plus faciles à comprendre.
[00:26:21] Et une autre raison, c’est que beaucoup de ces événements
arrivent au hasard. Par exemple, une catastrophe naturelle c’est souvent
impossible à prévoir, et c’est seulement le résultat du hasard. Or, nous les
hommes nous n’aimons pas beaucoup le hasard. Parce que si nous croyons
au hasard, ça veut dire que nous sommes vulnérables. On ne peut pas se
protéger du hasard. Ça veut dire que nous aussi nous pouvons être victimes
d’une catastrophe, et ça c’est très difficile à accepter. Avec les théories du
complot, on supprime, on efface ce hasard. On explique qu’il y a un ordre
naturel, il y a des causes, des raisons. Il y a des méchants qui sont
responsables, des personnes qui sont responsables de ces catastrophes et
c’est un peu comme dans un film. À la fin, on comprend tout, on comprend
pourquoi les choses se sont passées de cette manière. Souvent, c’est une
vision un peu manichéenne manichéenne. Une “vision manichéenne”, ça
veut dire qu’on considère qu’il y a le Bien et le Mal, les gentils et les
méchants. Il n’y a rien entre les deux. Tout est soit blanc, soit noir. Il n’y a
pas de zone grise. Donc ça c’est une vision manichéenne : le Bien contre le
Mal. Cette vision manichéenne et ces théories du complot, elles sont plutôt
rassurantes parce qu’elle nous aident à comprendre.
[00:28:23] En fait, ce qui compte, ce n’est pas vraiment l’explication, ça n’est
pas vraiment la théorie. Ce qui compte, c’est de dire qu’on n’a compris
pourquoi. On a la réponse. Quand on n’a pas de réponse à une question, on
se sent un peu bête. Mais avec ces théories, on peut se sentir intelligent
parce que nous avons les réponses à toutes les questions. On peut dire aux
autres que NOUS avons compris, Nous avons la réponse. Nous sommes
plus intelligents que vous, parce que vous vous croyez la version officielle.
Et la version officielle, elle est fausse.
[00:29:16] Quels sont les risques des théories du complot ? On peut penser
que les théories du complot ne sont pas vraiment dangereuses. On peut
penser que chacun a le droit de croire les théories qui lui plaisent. Mais le
problème c’est que, avec ces théories du complot, on fait de moins en moins
confiance aux médias et au gouvernement. On pense que les médias et le
gouvernement nous mentent, qu’ils sont malhonnêtes et à cause de ça ne
leur fait plus confiance. Ça, ça provoque de l’isolement parce que finalement
on ne peut plus faire confiance à personne, on pense que le système est
contre nous. Et dans ce cas-là, on se retrouve isolé.
[00:30:16] Qu’est-ce qu’on peut faire pour combattre ces théories du complot
?
[00:30:20] D’abord, il faut donner les moyens de comprendre et de
s’exprimer. Ça, on peut le faire grâce a l’éducation et à l’école.
Malheureusement, quand on ne peut pas exprimer ses idées on se sent bête
et on cherche des simplifications. Et les théories du complot ce sont
justement des formes de simplification.
[00:30:52] Une autre solution c’est d’encourager l’esprit critique. C’est une
bonne idée de ne pas toujours accepter la version officielle, il faut garder un
esprit critique et se poser des questions. Mais il faut aussi être capable de
vérifier ses sources d’information, de lire une information et de pouvoir savoir
si elle est fiable (ça veut dire qu’on peut lui faire confiance ou pas).
[00:31:31] Et la dernière chose, pour combattre les théories du complot, c’est
de rétablir la confiance dans le système. Ça veut dire rétablir la confiance
dans la démocratie. Et pour ça, les politiciens doivent montrer l’exemple, ils
doivent être exemplaires pour qu’on leur fasse confiance.
[00:32:02] Voilà c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que ça vous a intéressé.
Maintenant vous savez tous sur les théories du complot. Évidemment, vous
pouvez chercher des articles sur les médias français. Il y a beaucoup
d’articles sur les théories du complot si vous voulez en savoir plus.
[00:32:28] La semaine prochaine, nous parlerons des stéréotypes, et en
particulier des stéréotypes sur les Français. Je pense que ça va être plutôt
drôle et amusant. Donc rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau
podcast. Merci à tous, merci de m’avoir écouté, et à bientôt.
Episode: 8
Salut à tous, bienvenue, c’est le huitième épisode du Cottongue podcast.
[00:00:12] J’espère que vous allez bien et que vous êtes en forme. Comme
d’habitude, on va passer une trentaine de minutes ensemble et je vais vous
parler d’un sujet pour que vous puissiez écouter quelque chose d’intéressant
en français.
[00:00:30] Mais avant de vous parler du sujet du jour, j’ai envie de vous parler
d’un e-mail que j’ai reçu il y a quelques jours. Cet e-mail, c’est John qui me
l’a envoyé. John, c’est un auditeur du Cottongue podcast. Donc je vais vous
lire son e-mail.
[00:00:58] “Bonjour Hugo,
Je vous remercie pour votre podcast. J’apprends le français parce que je
veux aider mon plus jeune fils qui apprend le français à l’école. Je n’ai que
le temps d’apprendre le français le matin en route au travail, et à l’après-midi
lorsque je rentre chez moi. Je ne peux qu’apprendre en écoutant des
podcasts, parce que j’ai du mal à lire dans les transports publics. Jusqu’à
maintenant, j’ai eu du mal à trouver des podcasts avec un niveau approprié
pour moi que je puisse comprendre. Je trouve que votre podcast est parfait
pour moi, alors je vous remercie de le faire !
Merci et cordialement,
John“
[00:01:51] Vous voyez que John a une très bonne motivation pour apprendre
le français, parce qu’il veut aider son fils. Et ça je pense que c’est très
important quand vous voulez réussir à apprendre une langue. C’est très
important de savoir quelle est votre motivation; pourquoi vous apprenez
cette langue.
[00:02:17] Et vous voyez John, il arrive à écouter un podcast le matin quand
il va au travail et le soir quand il rentre. Grâce à ça, c’est super parce que
John peut optimiser son temps et faire un peu de français tous les jours
quand il va au travail. John bravo et continue comme ça ! Ton français est
vraiment très bon donc je pense que tu n’auras pas de problème pour aider
ton fils à faire ses devoirs. Si vous aussi vous avez envie de m’écrire, de
m’envoyer
un
email,
vous
pouvez
le
faire
à
l’adresse
hugo@innerfrench.com.
[00:03:27] Alors, aujourd’hui de quoi alors nous parler ? Eh bien aujourd’hui
j’ai décidé de vous parler des stéréotypes. Mais un stéréotype qu’est-ce que
c’est ? Vous avez sûrement déjà entendu ce mot, c’est le même en anglais.
Un stéréotype, c’est une opinion toute faite, c’est à dire une opinion à
laquelle on a pas vraiment pensé, on a pas vraiment réfléchi. Vous n’avez
pas vraiment réfléchi à cette idée, à cette opinion, mais vous pensez qu’elle
est vraie. Et, en général, cette opinion elle concerne un groupe humain, un
groupe de personnes. Par exemple, il y a des stéréotypes sur les personnes
qui ont les cheveux blonds. Mais il y a aussi des stéréotypes sur les
professions par exemple, des stéréotypes sur les policiers ou alors sur les
professeurs. Et évidemment vous savez qu’il y a aussi beaucoup de
stéréotypes sur les nationalités. Justement aujourd’hui j’ai décidé de vous
parler des stéréotypes sur les Français. Je pense que vous en connaissez
quelques-uns et peut-être que je vais vous en apprendre de nouveaux. Et
ensemble on va essayer de voir s’il y a une part de vérité dans ces
stéréotypes ou s’ils sont complètement faux.
[00:05:16] Mais d’abord il faut se demander d’où viennent ces stéréotypes,
d’où viennent ces clichés, quelles sont leurs origines. Généralement, ils ont
une origine socioculturelle. Ça veut dire que les stéréotypes sont partagés à
travers l’éducation, à travers les médias, ou à travers l’influence de certains
groupes. Mais quelle est l’utilité de ces stéréotypes à votre avis ? En fait,
vous savez que dans le monde moderne il y a une quantité énorme
d’informations. Donc c’est très difficile pour l’être humain de comprendre et
d’analyser toutes ces informations. Grâce aux stéréotypes, nous n’avons
pas besoin de tout analyser, parce que nous avons des idées, des opinions
qui sont toutes faites, qui sont préconçues, et grâce à ces opinions nous
n’avons pas besoin de trop réfléchir. On peut penser : “les Français sont
comme ça, les Italiens sont comme-ci”. Et, sans même rencontrer de
Français ou d’Italiens, on a une opinion sur eux.
[00:06:52] Alors, la première catégorie de stéréotypes qui concernent les
français, c’est la catégorie de la nourriture. Vous savez que la nourriture,
c’est très important pour les Français, les choses que l’on mange.
[00:07:10] Le premier stéréotype dit que les français ont inventé les frites.
Vous avez en anglais on dit même “French fries”. Mais en réalité ce sont
plutôt nos voisins, les Belges, qui les ont inventées. Apparemment les
Belges ont inventé les frites dès la fin du XVIIe siècle. Alors que, en France,
on a commencé à voir et à manger des frites un peu plus tard le siècle
suivant, c’est-à-dire au XVIIIe siècle, en 1789 pendant la révolution. Donc on
peut dire que c’était la révolution française mais aussi la révolution de la frite.
[00:08:02] Ensuite le deuxième stéréotype, il concerne un petit animal qui
est vert et qui peut sauter très haut. Cet animal, c’est la grenouille et vous
savez qu’en France on mange parfois de la grenouille. C’est un plat
traditionnel. D’ailleurs il y a beaucoup de pays étrangers qui appellent les
Français “les mangeurs de grenouilles”. Par exemple les Anglais nous
appellent comme ça, et également les Allemands. Pourtant vous savez on
ne mange pas tellement de grenouilles en France. C’est un plat traditionnel
mais nous n’en mangeons pas souvent. Moi par exemple je n’ai jamais
mangé de grenouilles.
[00:08:58] Et vous savez qu’il y a un autre plat classique en France, et ce
plat nous sommes les seuls à le manger. Il s’agit des escargots. Vous savez
les escargots ce sont des mollusques avec une coquille. Ils sont petits et est
très lents. Et ils ont la particularité d’être hermaphrodites, ça veut dire qu’ils
sont à la fois mâles et femelles. Vous savez peut-être qu’en France nous
mangeons des escargots avec une sauce un peu spéciale qui est faite avec
du beurre et du persil. Et c’est vrai que les escargots sont un plat que l’on
mange, je pense, un peu plus souvent que les grenouilles. Mais malgré ça,
les étrangers préfèrent nous appeler “les mangeurs de grenouilles” et pas
forcément “les mangeurs d’escargots”.
[00:10:05] Le troisième stéréotype, il concerne l’alcool et en particulier le vin.
Les Français ont la réputation de boire du vin à tous les repas. En réalité, on
ne boit pas de vin aussi souvent. On peut boire un verre au déjeuner, et un
ou deux verres au dîner, mais en général c’est tout. Par contre, c’est vrai
que les Français boivent de l’alcool très régulièrement. D’ailleurs, il y a un
classement qui est fait par l’Organisation Mondiale de la Santé ,et ce
classement dit que les Français sont les 8e plus gros buveurs d’alcool dans
le monde. En moyenne, un Français boit 11,6 litres d’alcool par an, c’est
vraiment pas mal ! Pour comparer, au Royaume-Uni, on boit en général 12
litres d’alcool par an. Donc les Britanniques boivent plus d’alcool que les
Français. Par contre les Américains en boivent moins. Ils boivent en
moyenne 9 litre d’alcool par an et par habitant. Les Américains sont 24e du
classement. Donc on peut conclure qu’en France, nous buvons plus d’alcool
que les Américains.
[00:11:42] Il y a autre chose qui est assez mauvais pour la santé est qu’on
fait beaucoup en France. Est-ce que vous savez ce que c’est ? Vous avez
une petite idée de quoi je parle ?
[00:11:57] Évidemment je parle de la cigarette. Dans les films, quand on
représente un Français, il est presque toujours en train de fumer une
cigarette. Les Français ont la réputation d’être des gros fumeurs. En réalité,
on ne fume pas tant que ça en France. Dans le classement de l’Organisation
Mondiale de la Santé, la France est 61e. En moyenne, un Français fume
1022 cigarettes par an. Si on compare avec les Américains, eh bien les
Américains fument un peu plus que les Français parce qu’ils sont cinquanteseptièmes du classement. Donc la France est 61e et les Etats-Unis sont
57e. Donc vous voyez, ce cliché, ce stéréotype, est plutôt faux : en France,
on ne fume pas tant que ça.
[00:13:05] Maintenant va va passer à la deuxième catégorie et cette
catégorie c’est l’apparence. Et on parlera aussi et un peu du style, du style
vestimentaire.
[00:13:17] Les Français ont la réputation d’être très maigres, très minces.
Mais ce stéréotype est un peu dépassé, parce qu’en France maintenant il y
a aussi un problème d’obésité, puisqu’il y a 6,5 millions d’obèses en France.
Ça représente environ, 14,5% de la population adulte. Mais c’est vrai qu’en
France, on ne fait pas vraiment attention aux calories. D’ailleurs, il existe une
chose que les étrangers appellent le “paradoxe français”. La paradoxe
français, c’est que nous mangeons tout ce que nous voulons (des croissants
au beurre, du foie gras, des choses qui sont assez grasses) et malgré ça les
Français sont plutôt minces, ils ne sont pas très gros.
[00:14:21] Il y a un autre stéréotype qui concerne la taille des Français. Les
étrangers pensent que les Françaises sont petits. Souvent ils pensent à
Napoléon, et c’est vrai l’empereur Napoléon n’était pas très grand. Mais,
depuis Napoléon les Français ont beaucoup grandi. Donc la moyenne
maintenant c’est 1m76 pour les hommes. C’est à dire que les Français sont
en moyenne un peu plus grands que les Allemands par exemple. Parce que
la taille moyenne pour les Allemands c’est 1m75. Par contre les Américains
sont plus grands que les Français, la moyenne est d’1m80. Les Suédois, eux
aussi, sont plus grands que nous parce qu’ils ont une moyenne d’1m77.
[00:15:20] Il y a un troisième stéréotype qui concerne l’apparence des
Français, et en particulier leur odeur, leur odeur corporelle. On dit que les
Français sentent mauvais, qu’ils sont sales. On dit par exemple que les
Français ont inventé le parfum pour ne pas prendre de douche. Et il existe
aussi une expression quand vous mettez du déodorant et que vous ne
prenez pas de douche, on appelle ça une “douche française”, une douche
“à la française”. Moi, en général, j’essaye de prendre une douche tous les
jours et je pense que les autres Français font la même chose, mais mais
c’est impossible de vérifier. Donc je ne sais pas si les Français sont plus
sales que les habitants d’autres pays.
[00:16:20] Ensuite, il y a un autre stéréotype qui concerne les vêtements et
les accessoires des Français, en particulier le béret. Vous avez le béret, c’est
un accessoire qui se porte sur la tête, qui est rond et plat. Les étrangers
pensent que tous les Français portent un béret. Ça, ça n’est plus vraiment
vrai, même si à une certaine époque les paysans de certaines régions
portaient des bérets, maintenant on n’en voit plus beaucoup. Maintenant, en
France, les jeunes portent souvent des casquettes, des casquettes de
baseball. Donc si vous allez dans une ville française, vous verrez plutôt des
casquettes et pas vraiment des bérets.
[00:17:12] Pour finir sur l’apparence, il y a un dernier stéréotype sur
l’élégance. On dit parfois que les Français ont une élégance naturelle. Vous
avez que Paris est la capitale de la mode, en tout cas une des capitales de
la mode, et qu’il y a de nombreuses marques de luxe et de haute couture qui
sont françaises, comme par exemple Dior, Yves Saint-Laurent, Chanel etc.
C’est vrai que le style est très important en France, on fait très attention à la
manière dont on s’habille. C’est un moyen d’exprimer son identité et sa
personnalité. Mais en France en général on valorise le naturel. La règle c’est
de ne pas en faire trop. Il faut essayer de rester naturel, parce que si vous
en faites trop ça peut être une faute de goût, ça veut dire quelque chose de
mauvais goût.
[00:18:26] OK, maintenant nous allons passer aux stéréotypes qui
concernent le caractère des Français.
[00:18:34] Les étrangers disent souvent que les Français sont chauvins. Être
“chauvin”, ça veut dire que vous pensez que votre pays est meilleur que les
autres. Par exemple vous pensez que la cuisine américaine est la meilleure
du monde, ou alors que le football espagnol est le meilleur du monde. Quand
vous comparez avec les autres pays, vous trouvez toujours que le votre est
le meilleur. Ça s’est donc être “chauvin”, c’est du chauvinisme. C’est vrai
qu’en France, il y a une forme de chauvinisme. En général, quand les
Français vont en vacances à l’étranger, ils aiment bien comparer avec la
France. Ils comparent les restaurants, ils comparent la façon dont les gens
sont habillés etc. etc. C’est vrai qu’en France nous sommes très fiers de
notre pays et de notre culture, et parfois nous pouvons être un peu chauvins
malheureusement.
[00:19:46] Ensuite il y a un deuxième stéréotype qui dit que les Français sont
xénophobes, autrement dit que les Français ont peur des étrangers, qu’ils
sont un peu racistes. La preuve c’est que le parti d’extrême droite en France,
le Front National, est de plus en plus populaire. Mais aux dernières élections
présidentielles, nous n’avons pas élu la candidate du Front National, Marine
Le Pen, nous avons choisi un candidat plus démocratique et qui n’est pas
du tout xénophobe, heureusement, nous avons choisi, vous le savez,
Emmanuel Macron.
[00:20:33] Ensuite, on dit aussi que les Français sont râleurs. “Râleur”, ça
vient du verbe “râler” et “râler” ça veut dire “se plaindre”. Par exemple, vous
attendez le métro et le métro est en retard alors vous râlez, vous dites : “Ah,
c’est énervant ! Ce métro est toujours en retard, il y a toujours des
problèmes” etc. etc. Donc ça ça veut dire se plaindre. C’est vrai que les
Français sont un peu râleurs. Ils aiment bien par exemple se plaindre de leur
ville ou alors se plaindre de leurs pays, se plaindre de leur travail. Et vous
savez aussi que le sport national en France, c’est la grève. La “grève”, ça
veut dire quand vous n’allez pas au travail pour protester, pour manifester.
[00:21:32] Un autre défaut qui est souvent cité chez les Français, c’est leur
arrogance. Les étrangers pensent que les Français se sentent supérieurs
aux autres. Par exemple quand ils vont en vacances en France, ils ont un
peu l’impression que certains Français les méprisent, que les Français ont
un complexe de supériorité. Personnellement je ne sais pas si c’est vrai. À
mon avis, c’est un peu comme dans tout les pays, il y a des personnes qui
sont arrogantes et heureusement il y en a beaucoup d’autres qui ne le sont
pas.
[00:22:18] Ce qui donne l’impression aux étrangers que les Français sont
arrogants, c’est aussi qu’ils sont parfois malpolis. Par exemple ils ne disent
pas “bonjour”, “au revoir”, “merci”, “pardon”. À mon avis, c’est un stéréotype
qui concerne surtout les Parisiens et les habitants des grandes villes. Vous
savez que quand on habite dans une grande ville, en général on est toujours
très occupé, on a beaucoup de choses à faire et on n’a pas toujours le temps
d’être sympa avec les touristes. C’est la même chose si vous allez à New
York ou à Londres par exemple. Les gens là-bas sont très occupés et donc
ils ne sont pas toujours très polis.
[00:23:05] Il y a un autre stéréotype qui dit que les Français sont paresseux.
Quelqu’un qui est paresseux, c’est quelqu’un qui n’aime pas être actif, qui
n’aime pas faire d’effort, c’est quelqu’un qui aime ne rien faire. Vous savez
qu’en France la durée légale du travail c’est 35 heures par semaine. Et ça,
c’est une durée légale qui est plus basse que dans beaucoup de pays. Alors
à cause de ça, les étrangers pensent que les français ne travaillent pas
beaucoup et qu’ils sont paresseux. Mais heureusement en France nous
sommes très productifs. La France est l’un des pays les plus productifs au
monde. Ça veut dire que les travailleurs sont très efficaces. Certes, nous ne
travaillons pas beaucoup, mais quand nous travaillons nous sommes très
efficaces, donc ça compense un peu.
[00:24:09] Et il y a un autre stéréotype qui est plutôt drôle, qui dit que les
Français ne sont pas courageux. Vous savez que pendant la seconde guerre
mondiale, les Français ont décidé de signer l’armistice. Ça veut dire ils ont
renoncé au combat, ils ont décidé de ne pas se battre contre les nazis. À
cause de ça, on dit souvent que les Français ne sont pas
courageux. Heureusement, nous avons nos amis américains qui sont
toujours là pour nous aider quand nous avons des problèmes.
[00:24:55] Ça, c’était pour les stéréotypes qui concernent les défauts des
Français. Mais nous avons aussi quelques qualités. Les étrangers parlent
souvent de l’art de vivre à la française. “L’art de vivre”, ça veut dire le style
de vie français. Par exemple, vous savez que la cuisine française est très
réputée, que les Français aiment passer du temps à discuter à boire des
cafés, à passer du temps en terrasse avec leurs amis. Et ça c’est quelque
chose que les étrangers nous envient.
[00:25:41] Paris est la capitale de la mode, mais on dit aussi parfois que c’est
la capitale de l’amour. Il y a beaucoup de films romantiques qui se passent
à Paris, et on pense aussi que les Français sont romantiques.
Malheureusement, nos présidents ne montrent pas l’exemple. Peut-être que
vous avez entendu que nos anciens présidents ne sont pas toujours très
fidèles et très romantiques avec leurs compagnes. Mais en français quand
un homme trompe sa femme, ça veut dire quand un homme va voir une autre
femme que la sienne, on ne dit pas que c’est une “affaire” (comme en
anglais), mais on dit plutôt que c’est une “aventure”. Donc vous voyez, c’est
une vision un peu plus romantique de l’infidélité.
[00:26:42] La France est aussi connue pour être le pays des Droits de
l’Homme. Pendant la Révolution française, nous avons écrit la Déclaration
universelle des droits de l’homme et du citoyen, et ça c’est un texte qui plus
tard a influencé la Déclaration des droits de l’Homme adoptée par les
Nations unies.
[00:27:09] Et pour finir, on dit parfois que les Français sont très tolérants.
Vous savez qu’en France il y a une grande diversité culturelle. La France a
longtemps été une terre d’immigration. La cohabitation n’est pas toujours
facile, évidemment le racisme existe en France. Mais heureusement les
Français sont de plus en plus ouverts d’esprit et de plus en plus tolérants.
En France, surtout depuis les attentats (les attaques terroristes), il y a un
sentiment de fraternité et de solidarité. On pense qu’il faut s’aider
mutuellement, il faut s’aider les uns les autres. Les Français essayent d’être
solidaires entre eux, peu importe leurs origines ou leurs religions.
[00:28:06] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que vous avez appris
des choses intéressantes sur les stéréotypes. Si vous avez envie de me
parler des stéréotypes dans votre pays, n’hésitez pas à m’envoyer un mail,
ou si vous avez des questions vous pouvez aussi me contacter.
[00:28:32] Merci à tous de m’avoir écouté. La semaine prochaine, nous
parlerons de la décroissance. D’ici-là, essayez de faire un peu de français
tous les jours et de rester motivés. Merci et à bientôt..
Episode 9:
Bonjour à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 9 !
[00:00:13] Si c’est la première fois que vous écoutez ce podcast, sachez que
je le fais pour aider les personnes qui apprennent le français. Chaque
semaine, il y a un nouveau podcast sur un sujet différent et avec ce podcast
vous pouvez vous entraîner à comprendre quelque chose en français. Si
c’est un peu difficile, vous pouvez utiliser la transcription de ce podcast. Pour
trouver la transcription, vous pouvez aller sur mon site cottongue.com et
vous inscrire. En vous inscrivant, vous aurez accès gratuitement à la
transcription de ce podcast. Je pense que la première fois, il faut essayer
d’écouter sans la transcription pour voir ce que vous êtes capable de
comprendre, et ensuite vous pouvez utiliser cette transcription pour les
passages, les moments que vous n’avez pas bien compris.
[00:01:34] Notre sujet du jour, il est très intéressant parce qu’il concerne
beaucoup de domaines différents. Il concerne l’économie, mais aussi la
sociologie, la philosophie, la psychologie et je pense que vous allez
apprendre plein de choses intéressantes et enrichir votre vocabulaire.
[00:02:04] Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la Guerre Froide ?
La Guerre Froide c’est une période de l’Histoire, au XXème siècle, pendant
laquelle il y avait deux camps qui était opposés. Le camp des Occidentaux
avec les Etats-Unis et le camp des soviétiques avec l’Union soviétique. En
français on l’appelle “l’URSS”, l’Union soviétique. Alors vous savez que cette
Guerre Froide, elle s’est terminée à la fin des années 80. Et depuis la fin de
la Guerre Froide, c’est le modèle capitaliste qui domine dans le monde. Dans
presque tous les pays, le capitalisme s’est imposé comme le modèle
économique à suivre. On dit souvent que c’est le seul modèle qui puisse
fonctionner pour nos économies. Mais pour que le capitalisme fonctionne, il
faut produire de plus en plus de richesses. Chaque année les pays doivent
produire plus que l’année précédente, c’est ça qu’on appelle la croissance
économique : quand un pays produit plus de richesses que l’année d’avant.
Cependant, depuis les années 70, certains groupes et certains économistes
veulent montrer que la croissance a des effets négatifs pour l’Homme et pour
l’environnement. Ces personnes disent ce que la croissance, ça n’est pas
forcément une bonne chose, au contraire. Ils réclament la décroissance,
autrement dit de ralentir progressivement la production dans les pays
développés, ça veut dire aux Etats-Unis, au Japon, en Australie, au Canada,
dans les pays européens. Ces économistes qui recommandent la
décroissance disent que les pays développés doivent changer leur mode de
développement. Ils doivent arrêter de rechercher la croissance à tout prix.
[00:04:38] Alors cette idée, elle est un peu contre intuitive. On pense que
ces personnes, ces décroissants, sont des personnes folles, bizarres, que
ce sont des utopistes. On imagine qu’ils veulent un retour vers le passé, à
l’époque du Moyen Âge. Et que, en réalité, on ne peut pas vraiment appliquer
leurs idées. Mais malgré ça, leurs idées deviennent de plus en plus
influentes. Il y a de plus en plus de personnes qui s’intéressent à la
décroissance. Évidemment la décroissance ça concerne l’économie, mais
pas seulement. Ça concerne aussi notre vie quotidienne, nos habitudes,
comment nous consommons, les choses que nous achetons, comment nous
nous déplaçons. Pour toutes ces choses, les décroissants recommandent
de changer complètement nos modes de vie.
[00:05:54] Donc aujourd’hui, on va se demander si la décroissance est
possible. Et comment, à notre échelle, on peut appliquer la décroissance.
Est-ce qu’on peut changer nos modes de vie pour avoir un meilleur impact
sur l’environnement, mais aussi pour nous sentir mieux, pour avoir une vie
qui peut-être a plus de sens ?
[00:06:25] Vous êtes prêts à parler de décroissance ? Alors, c’est parti !
[00:06:37] Je vous ai dit dans l’introduction de ce podcast que le modèle
capitaliste est fondé sur la croissance. Il faut que l’économie produise,
autrement dit il faut que les gens travaillent pour produire des biens et des
services et les consommateurs, nous, nous achetons ces produits ou ces
services. Chaque année il faut produire plus et vendre plus et consommer
plus.
[00:07:18] Les décroissants pensent qu’il s’agit d’un cercle vicieux,
autrement dit des choses qui ont des conséquences négatives les unes sur
les autres. Et les décroissants disent que cette course à la croissance, c’est
une chose qu’il n’a pas de sens. Parce que le monde dans lequel nous
vivons est limité : les ressources sont limitées, notre temps est limité (car
nous ne sommes pas immortels) donc, avec toutes ces limites, il y a
forcément un moment où nous ne pourrons pas produire plus. Donc les
décroissants pensent que nous devons chercher d’autres alternatives,
d’autres solutions.
[00:08:18] Cette course à la croissance, elle est impossible à long terme
mais en plus elle a des conséquences négatives sur l’environnement. C’est
une chose que nous savons tous : quand nous produisons et quand nous
consommons, ça a un impact sur l’environnement. Par exemple, les usines
dans lesquelles nous produisons des voitures ou des téléphones portables,
elles utilisent beaucoup de ressources et ensuite elles polluent. Mais
également quand nous nous déplaçons, quand nous utilisons la voiture ou
quand nous prenons l’avion, là aussi il y a beaucoup de pollution. Vous avez
sûrement entendu parler du réchauffement climatique, par exemple, le faite
que l’activité humaine, l’activité de production et de consommation provoque
des changements de température.
[00:09:30] En plus de la pollution, nous épuisons progressivement les
ressources. “Épuiser les ressources”, ça veut dire qu’on utilise toutes les
ressources et que bientôt il n’y en aura plus. Les environnementalistes
pensent que dans plusieurs années, certaines ressources auront
complètement disparu, par exemple : le pétrole, l’uranium, l’aluminium, le
charbon, le gaz, etc. Toutes ces ressources que nous utilisons pour la
production, eh bien en quelques années elles auront complètement disparu.
[00:10:16] Mais la croissance a aussi des conséquences négatives pour
l’Homme, pas seulement pour l’environnement mais directement pour nous.
Pourquoi ? Tout simplement parce que, à cause de cette croissance, on voit
aussi apparaître un chômage de masse. Le chômage, c’est quand des
personnes cherchent du travail mais qu’elles n’en trouvent pas. Par
exemple, quand il y a une crise économique, beaucoup de personnes
perdent leur travail. Et évidemment ces crises économiques sont liées à la
croissance.
[00:11:02] Si de plus en plus de personnes n’ont pas de travail, ça veut dire
qu’elle s’appauvrissent et tout ça, ça peut nous conduire à une situation très
compliquée, à une situation comme la guerre par exemple. Donc ça, c’est
une autre conséquence de ce modèle capitaliste et c’est une chose contre
laquelle se battent les décroissants.
[00:11:41] Alors maintenant, on va parler un peu plus en détail de ces
décroissants, de ces personnes qui soutiennent l’idée de décroissance.
D’abord, je vais vous parler un peu plus en détail de leur philosophie. L’idée
de la décroissance c’est de sortir de la logique du “toujours plus”. Plus de
produits, plus d’objets, plus de vêtements, il faut produire plus, vendre plus,
acheter plus. Ça, les décroissants pensent que c’est une mauvaise logique
et qu’il faut adopter une philosophie, une logique, complètement différente.
[00:12:32] Le problème avec la le problème avec la croissance, c’est que
nous nous concentrons exclusivement sur l’avoir, sur la possession de
choses, la possession de voitures, de maisons, etc. Et on ne se concentre
plus du tout sur l’être, sur la personne que nous sommes, sur nos valeurs,
sur les choses que nous avons envie de faire. On se concentre
exclusivement sur les choses que l’on possède, et quand on fait ça on a
tendance à ne plus se poser de questions.
[00:13:15] Les décroissants pensent que, si on possède moins de choses en
réalité on peut vivre mieux. Parce que nous avons moins de frustration, on
ne passe pas notre temps à acheter de nouvelles choses, à chercher des
choses à acheter, mais on se concentre sur des choses qui sont plus
importantes.
[00:13:42] Évidemment cette transition, elle doit se faire progressivement.
Petit à petit, il faut réduire la production mondiale. Si on décide d’arrêter de
produire du jour au lendemain, les conséquences vont être dramatiques.
Mais si chaque année on essaye de produire un peu moins, et de
consommer un peu moins, alors la décroissance devient possible. Bien sûr,
ce sont les pays développés qui doit montrer l’exemple, parce que dans les
pays développés les habitants ont déjà suffisamment de richesses pour
vivre. Par contre, dans les pays en voie de développement, évidemment on
ne peut pas recommander la décroissance. Ces pays doivent encore
augmenter les richesses pour pouvoir répondre aux besoins primaires, par
exemple la nourriture, l’éducation, la sécurité, des habitants.
[00:14:56] Pour faire ça, tous les pays et doivent se mettre d’accord pour
moins polluer. La pollution, c’est un problème qui nous concerne tous, ce
n’est pas un problème qui concerne uniquement les Etats-Unis ou la Chine
ou les pays de l’Union Européenne, ça concerne tout le monde. Donc, si
nous voulons réduire la pollution, tous les pays doivent se mettre d’accord.
Vous savez qu’il y a une organisation qui s’appelle la COP, et cette
organisation essaye d’encourager les pays à se mettre d’accord pour réduire
la pollution, pour réduire les émissions de CO2. Malheureusement,
récemment le Président américain a décidé de sortir de ces accords. Les
Etats-Unis ne vont pas respecter les accords de Paris. Et ça
personnellement je pense que c’est un peu dommage.
[00:16:16] Une autre solution pour appliquer la décroissance, c’est de
réduire le temps de travail. Si chacun décide de travailler un peu moins, alors
on pourra créer de nouveaux postes pour les personnes qui sont au
chômage. Il faut accepter de réduire notre temps de travail pour que tout le
monde ait du travail.
[00:16:47] Dans le contexte de la mondialisation, ça peut sembler difficile à
mettre en place parce que les pays sont en compétition, ils sont en
concurrence, les uns avec les autres. C’est pour ça qu’il est nécessaire
d’adopter des accords au niveau international.
[00:17:13] Mais à notre échelle individuelle, en tant que consommateurs, en
tant qu’habitants, nous pouvons aussi faire beaucoup de choses pour
participer à ce mouvement.
[00:17:34] La décroissance, évidemment ça concerne d’abord notre vie
quotidienne. Les décroissants essayent de consommer moins. Ils essayent
de voir quels produits sont vraiment nécessaires, et quels sont les produits
dont ils n’ont pas besoin. Ils savent que la publicité crée des besoins. Les
entreprises veulent nous faire croire que nous avons besoin de ce nouveau
téléphone ou de cette nouvelle voiture. Mais, quand on pense à ça un peu
plus, on se rend compte que finalement nous n’avons peut-être pas besoin
de toutes ces choses. Ces choses ne sont pas vitales pour nous. On a
tendance à croire que posséder plus de choses va nous rendre plus heureux.
Mais en fait beaucoup d’études ont montré que ça n’est pas le cas. Quand
vous achetez votre première voiture vous êtes très content parce que ça
vous offre de la liberté, ça vous permet de vous déplacer plus facilement.
Mais si vous achetez une deuxième, une troisième, une quatrième voiture,
ça ne va pas du tout augmenter votre bonheur, ça ne va rien vous apporter
de plus. Donc la première chose à faire, c’est de consommer moins.
[00:19:18] Il faut aussi favoriser le recyclage. Le recyclage, c’est quand on
trouve un moyen de réutiliser les produits que l’on a jetés. Par exemple,
quand on jette quelque chose à la poubelle, eh bien cette chose peut être
recyclée pour créer un nouveau produit. C’est ça qu’on appelle le recyclage.
[00:19:51] Les décroissants essayent aussi de privilégier le partage plutôt
que l’achat. Ils pensent par exemple qu’on peut prêter sa voiture à son voisin
plutôt que d’acheter une nouvelle voiture. Ou si vous avez besoin d’un outil
pour faire du bricolage, eh bien vous pouvez emprunter cet outil a un ami au
lieu d’en acheter à nouveau.
[00:20:24] Les décroissants essayent aussi de faire attention à leur
consommation d’eau et d’électricité. Elles veulent éviter le gaspillage. Le
“gaspillage”, c’est quand on dépense inutilement quelque chose. Par
exemple si vous achetez de la nourriture, que vous ne la mangez pas, et que
vous la jetez. Ça c’est du gaspillage. Évidemment le gaspillage c’est très
mauvais pour l’environnement.
[00:20:58] Une autre solution qui concerne la vie quotidienne, c’est acheter
local. Autrement dit, d’acheter des produits qui sont faits localement. Quand
on fait ça, eh bien ça pollue moins car il n’y a pas besoin de transporter ces
produits d’un pays à l’autre, et ça évidemment c’est meilleur pour
l’environnement.
[00:21:25] Vous savez qu’une autre source importante de pollution, ce sont
les transports. Pour les décroissants, c’est mieux d’utiliser les transports en
commun : les bus, le métro, etc. Et ils préfèrent prendre leur vélo plutôt que
leur voiture, car évidemment le vélo ça ne pollue pas.
[00:21:56] Une autre chose que les décroissants essayent de changer, c’est
le travail. Dans nos sociétés capitalistes, le travail a une place centrale. Mais
ça n’a pas toujours été comme ça, dans d’autres société ou à d’autres
époques, comme au Moyen Âge, le travail n’était pas forcément une chose
centrale. Mais maintenant, dans nos sociétés capitalistes, c’est le travail qui
définit notre identité. Il définit notre statut social, nos conditions de vie grâce
au salaire que l’on gagne. Pour monter dans la hiérarchie sociale, il faut
travailler dur. Évidemment ça, ça implique de faire beaucoup de sacrifices.
On sacrifie son temps et on sacrifie son énergie. Ça peut entraîner beaucoup
de pression pour les gens, beaucoup de stress. Il y a une maladie qui est
apparue il y a quelques années, qu’on appelle le burnout. Cette maladie est
liée à la pression, au stress dans les entreprises. Comme les salariés sont
de plus en plus stressés, eh bien parfois il n’ont plus du tout énergie.
[00:23:22] C’est très difficile pour beaucoup de personnes de trouver un
équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Parfois, on sacrifie
notre vie privée, notre famille ou nos loisirs, pour tout donner, pour tout
consacrer à notre vie professionnelle. Mais, au contraire, les décroissants
décident de travailler moins ou alors de trouver un poste qui leur permet de
travailler à la maison. Quand on travaille moins, on a plus de temps pour
faire d’autres choses. Plus de temps à passer en famille, ou pour faire des
choses qui nous intéressent, pour apprendre de nouvelles compétences. Par
exemple, apprendre à jouer du piano. Au contraire, quand on travaille tout le
temps on n’a plus d’énergie pour réfléchir quand on sort du travail. Le seul
plaisir qui nous reste, c’est de dépenser l’argent qu’on a gagné et d’acheter
des produits. Acheter des produits, ça ne demande pas beaucoup de
réflexion intellectuelle. C’est facile et pendant un court instant ça nous
procure du plaisir. Mais ensuite ce plaisir disparaît très rapidement. Ce plaisir
est très éphémère. C’est comme quand vous achetez un nouveau portable.
Avant de l’acheter vous êtes très impatient. Une fois que vous l’avez acheté
vous êtes contents pendant quelques jours. Et puis ensuite ça devient une
chose complètement normale et ça ne vous donne plus aucun plaisir. Donc
si vous travaillez moins, vous avez plus de temps pour penser et faire des
choses qui vous donnent un plaisir plus durable.
[00:25:33] Il y a aussi la question des valeurs. Certaines personnes décident
de quitter leur travail, de démissionner, parce qu’elles pensent que leur
travail n’a pas de sens ou alors parce que leur poste n’est pas en accord
avec leurs valeurs personnelles. Ces personnes décident de gagner moins
d’argent mais de faire quelque chose qu’elles trouvent utile, par exemple
qu’elles trouvent utiles pour les autres, ou des choses qui sont en accord
avec leurs valeurs. Personnellement, c’est la décision que j’ai prise. Avant je
travaillais dans une grande agence de publicité à Paris, mais je me suis
rendu compte que ce que je faisais ne m’intéressait pas du tout et que
finalement c’était plutôt inutile. Et quand je suis devenu professeur de
français, j’ai trouvé beaucoup plus de satisfaction parce que je pouvais aider
d’autres personnes à s’enrichir, à se développer personnellement grâce aux
français. Et ça c’est une chose qui me donne beaucoup de plaisir.
[00:26:59] Prendre ces décisions, par exemple prendre la décision de
travailler moins pour gagner moins d’argent, ça n’est évidemment pas
possible pour tout le monde. C’est plutôt une attitude que l’on trouve chez
les classes moyennes. Pour les personnes qui ont déjà des problèmes
d’argent, des problèmes pour payer leur loyer, évidemment ça n’est pas une
option possible. Ça c’est une des critiques que l’on fait parfois aux
décroissants. On dit que la décroissance est réservée aux personnes qui ont
déjà de l’argent et qui n’ont pas besoin d’en gagner plus.
[00:27:48] Je pense que tout le monde peut s’inspirer de la philosophie de
la décroissance. On peut se poser des questions sur notre consommation,
sur notre travail, et essayer de changer un peu nos habitudes.
[00:28:10] En conclusion, pour moi la décroissance est une chose très
intéressante parce qu’elle nous encourage à nous poser des questions sur
notre mode de vie, à réfléchir à l’impact de nos décisions sur les hommes et
l’environnement. Peut-être que ces idées sont un peu utopiques, mais il y a
de plus en plus de personnes qui commencent à les adopter. En Australie
par exemple, mais aussi aux Etats-Unis, en France et dans les autres pays
européens. Ces personnes décident de faire plus attention à leur
consommation et elles essayent de moins polluer. Je pense que nous
sommes de plus en plus conscients de notre impact et que nous essayons
de faire des efforts pour limiter l’impact négatif que nous avons sur
l’environnement. À mon avis c’est toujours bien de se poser des questions
et d’essayer d’avoir une influence plus positive sur notre environnement et
sur les gens qui nous entourent. Mais peut-être que je me trompe, peut-être
que vous vous avez une vision différente. Donc si vous n’êtes pas d’accord
avec moi, n’hésitez pas à m’envoyer un e-mail pour me présenter vos
arguments. C’est toujours très intéressant pour moi de lire un point de vue
différent du mien.
[00:29:58] C’est tout pour aujourd’hui, nous arrivons à la fin de ce podcast.
J’espère que vous avez passé un bon moment et que vous aurez envie
d’écouter ce podcast plusieurs fois.
[00:30:13] La semaine prochaine, nous allons parler d’un sujet
complètement différent, d’un sujet plutôt psychologique, puisque je vous
parlerai de l’expérience d’un chercheur américain qui s’appelle Stanley
Milgram. Donc passez une bonne semaine, et on se revoit bientôt.
Episode: 10:
Salut à tous, bienvenue, c’est le dixième épisode du Cottongue Podcast !
[00:00:16] Eh oui, c’est déjà le 10ème épisode. Ça fait un peu plus de deux
mois que j’ai commencé ce podcast et je suis très content parce qu’il y a de
plus en plus d’auditeurs. Et, parmi ces auditeurs, il y a Brooke qui vient
d’Australie. Et Brooke m’a laissé un commentaire sur iTunes il y a quelques
jours. Donc je vais vous parler un petit peu de ce commentaire.
[00:00:50] Brooke a étudié le français à l’école, mais ensuite elle n’a pas
pratiqué pendant longtemps. Ça c’est un problème que beaucoup de
personnes ont; elles apprennent une langue à l’école, mais ensuite elles
n’ont pas forcément le temps ou alors pas l’envie de continuer d’apprendre.
Mais heureusement, Brooke a décidé de rafraîchir son français. Et
justement, elle a trouvé mon podcast sur iTunes. En général, elle l’écoute
plusieurs fois et elle utilise la transcription (sur mon site Internet) pour
répéter. Ça je trouve que c’est une très bonne idée si vous voulez améliorer
votre prononciation. Vous pouvez lire la transcription et répéter après moi.
Comme ça, ça vous permet petit à petit, d’apprendre à mieux prononcer
certains mots, ou alors à faire les bonnes liaisons. Je sais que certains de
mes élèves ont des problèmes avec les liaisons, ils ne savent pas quand on
doit faire la liaison entre plusieurs mots. Et pour ça, à mon avis, la meilleure
façon d’apprendre c’est justement d’écouter des natifs et d’essayer de
répéter après eux. Donc merci Brooke pour cette très bonne suggestion, et
surtout merci pour ton commentaire.
[00:02:41] Si vous aussi vous aimez mon podcast et vous voulez m’aider,
n’hésitez pas à laisser un commentaire sur iTunes, ça m’aide vraiment
beaucoup et ça me permet d’avoir encore plus d’auditeurs et d’aider encore
plus de personnes à apprendre le français. Et je vous rappelle aussi que les
transcriptions de tous mes podcasts sont disponibles sur mon site Internet
cottongue.com. Si vous voulez les transcriptions, allez jeter un œil à mon
site Internet.
[00:03:21] J’en profite aussi pour vous dire que j’ai créé une page Facebook,
il y a quelques semaines, et sur cette page Facebook je partage plein de
choses que je trouve intéressantes (pas seulement mes podcasts). Je
partage aussi des vidéos, des choses que j’analyse, pour vous permettre de
faire un peu de français tous les jours, de lire, d’écouter ou de regarder des
choses intéressantes en français. Allez jeter un coup d’œil à cette page, je
suis sûr que vous trouverez des choses intéressantes. Cette page c’est «
Innerfrench » sur Facebook.
[00:04:17] J’ai utilisé l’expression « jeter un coup d’œil » on dit aussi parfois
« jeter un œil ». C’est une expression très utile qui veut dire « aller regarder
quelque chose rapidement ». Par exemple : « jeter un œil sur un article »,
ça veut dire lire cet article, ou lire simplement le début de cet article,
rapidement, « jeter un œil ». Si vous voulez conseiller quelque chose à un
ami vous pouvez lui dire : « tu devrais jeter un œil sur cet article », ça veut
dire regarder rapidement cet article.
[00:05:07] Alors, pour ce 10ème podcast, nous allons parler de psychologie.
Et pour ça, on va remonter un petit peu dans le temps. On va revenir dans
les années 60, plus précisément au début des années 60.
[00:05:27] Au début des années 60, un professeur américain de l’université
de Yale s’apprête à faire une expérience qui va bouleverser la psychologie.
Ce professeur, c’est Stanley Milgram.
[00:05:46] Vous vous demandez sûrement comment ce professeur, Stanley
Milgram, a révolutionné la psychologie. Si vous voulez le savoir, écoutez la
suite de ce podcast car aujourd’hui je vous parle de l’expérience de Milgram.
[00:06:08] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:06:22] Pour commencer, je vais vous parler un peu de la vie de Stanley
Milgram. Stanley Milgram est né en 1933, à New York, dans une famille
d’immigrants juifs. Les parents de Stanley, qui sont d’origine hongroise et
roumaine, ont émigré aux Etats-Unis pendant la première guerre mondiale.
C’est important de le savoir car, plus tard, l’holocauste et le procès du
Lieutenant Adolf Eichmann vont avoir une grande influence sur les
expérience de Milgram. Mais n’allons pas trop vite, revenons d’abord à
l’enfance du jeune Stanley Milgram. Il faut savoir que sa famille n’a pas
beaucoup d’argent. Son père est boulanger, il fait du pain. La famille de
Stanley vit dans un quartier assez pauvre de New-York qui s’appelle le
Bronx. À l’école, Stanley travaille très dur et c’est un élève brillant. Il obtient
un Bachelor en sciences politiques au Queens College. Ensuite, il
commence à s’intéresser à la psychologie et il essaie de rejoindre la faculté
de relations sociales de l’université d’Harvard. Mais sa candidature est
rejetée car à l’époque il n’a jamais suivi de cours de psychologie. Un peu
plus tard, en 1954, après avoir fini plusieurs cours, il réussit enfin à rejoindre
la faculté de l’université de Harvard. Et il commence son doctorat. Il finit ce
doctorat six ans plus tard, en 1960, et il devient assistant du département de
relations sociales. D’ailleurs il travaille aussi comme assistant du célèbre
professeur de psychologie sociale Solomon Asch. Les recherches du
professeur Solomon Asch vont inspirer Milgram pour ses futures
expériences. Solomon Asch s’intéresse à la conformité. La conformité, c’est
l’adaptation de notre comportement à une règle ou une autorité. Quand on
se conforme à une règle, on la respecte complètement. Avec ses
expériences, Solomon Asch a montré que les individus sont parfois victimes
de la pression du groupe. Vous avez sûrement déjà observé ce phénomène
: quand nous sommes dans un groupe, nous avons tendance à nous
conformer à ce que pensent les membres de ce groupe, même si nous ne
sommes pas d’accord. On a tous déjà vécu ce genre de situations; à l’école
ou pendant une réunion au travail par exemple. C’est difficile d’être seul
contre tous. Quand tout les autres membres du groupe sont contre vous,
qu’ils ont un avis différent du vôtre, généralement c’est plus facile de se
conformer, c’est plus facile de suivre l’opinion de la majorité.
[00:10:27] Alors en juillet 1961, Stanley Milgram commence ses propres
expériences, celles qui vont le rendre mondialement célèbre, à l’université
de Yale.
[00:10:52] Nous recherchons des personnes pour une étude sur la mémoire.
[00:10:57] Nous vous paierons quatre dollars pour une heure de votre temps.
[00:11:03] Cette étude sera menée à l’université de Yale.
[00:11:08] L’étude durera environ une heure, il n’y a pas d’autres obligations.
[00:11:14] Vous pouvez choisir l’horaire qui vous convient (en semaine, en
soirée ou le week-end). Aucunes formation, études, ni expérience requises.
[00:11:28] Toutes les personnes doivent avoir entre 20 et 50 ans.
[00:11:34] Nous n’acceptons pas les lycéens, ni les étudiants.
[00:11:38] Si vous souhaitez participer à l’expérience et que vous répondez
aux critères, remplissez le coupon ci-dessous et envoyez-le au professeur
Stanley Milgram, au département de psychologie de l’université de Yale.
[00:12:06] C’est avec cette petite annonce, publiée dans un journal local de
New Haven, que Stanley Milgram a recruté les participants pour son
expérience. À l’époque, une rémunération de quatre dollars de de l’heure,
c’était vraiment pas mal, c’était plutôt une bonne affaire ! Il faut savoir que le
salaire moyen à cette époque, c’était 25 dollars pour une semaine. Donc
quatre dollars de l’heure, c’était plutôt une offre intéressante.
[00:12:47] Les personnes qui décident de participer à l’expérience viennent
de différents milieux. Il y a des employés, des ouvriers, des cadres etc. Ce
sont vraiment des personnes qui ont différentes origines et différentes
situations. Ces personnes qui décident de participer à l’expérience sont
accueillies dans un laboratoire de l’université de Yale. Dans le laboratoire, il
y a Stanley Milgram et un autre professeur qui l’assiste. Il y a aussi une
deuxième personne qui va participer à l’expérience en même temps.
[00:13:37] D’abord, on commence par expliquer aux deux participants le
principe de l’expérience. Vous vous rappelez que dans l’annonce, on a
expliqué qu’il s’agissait d’une expérience pour mesurer la mémoire, et plus
précisément cette expérience cherche à mesurer l’impact de la punition sur
la mémoire. Vous avez peut-être déjà entendu ces histoires ou peut-être que
vous les avez vécu, mais il y a plusieurs dizaines d’années, à l’école, on
pensait que la punition était une bonne façon de faire apprendre les élèves.
On pensait que si les élèves avaient peur d’être punis, eh bien ils seraient
plus motivés pour apprendre. Donc cette expérience, elle essaye de mesurer
précisément le lien entre punition et mémoire.
[00:14:49] Dans cette expérience, il y a un un élève et un professeur. Le rôle
de l’élève, c’est d’apprendre par cœur une liste de couple de mots. Il y a
différentes associations entre un nom et un adjectif, par exemple : ciel bleu,
pain grillé, vent violent, etc. À chaque fois il y a un nom et un adjectif, et il y
a une liste de 30 associations que l’élève doit apprendre par cœur. Le rôle
du professeur, c’est de lire une première fois cette liste pour que l’élève
l’apprenne et ensuite de punir l’élève s’il donne une mauvaise réponse.
[00:15:48] Vous vous demandez sûrement quelle est la punition pour cet
élève. Eh bien la punition, c’est un choc électrique de 15 volts. L’élève est
assis sur une chaise, et s’il donne une mauvaise réponse, il reçoit un choc
électrique de 15 volts. Mais ça n’est pas tout, progressivement l’intensité de
ces chocs électriques augmente. Le premier choc électrique est de 15 volts,
mais ensuite le deuxième est de 30 volts, 45 volts, 60 volts, 75 volts, etc. etc.
À chaque mauvaise réponse, l’intensité du choc électrique augmente.
[00:16:43] Forcément, vous imaginez que les participants préfèrent jouer le
rôle du prof. Mais ce ne sont pas les participants qui peuvent décider du rôle
qu’ils vont jouer, car en fait cette décision est prise au hasard. Il y a deux
morceaux de papier, et le participant tire un morceau de papier au hasard, il
choisit un des deux morceaux de papier, et sur ce morceau il est écrit quel
rôle il va jouer : le rôle du professeur ou le rôle de l’élève. Une fois que les
rôles sont attribués, l’élève va dans une autre salle qui est à côté de la salle
où se trouve le professeur et les deux participants ne peuvent plus se voir.
Par contre, ils peuvent s’entendre : le professeur entend les réponses de
l’élève et l’élève entend les questions du professeur. Le professeur se trouve
face à une machine et sur cette machine il y a les différents boutons pour
envoyer les chocs électriques. À côté du professeur, il y a l’assistant de
Milgram qui contrôle l’expérience et qui dit au professeur ce qu’il doit faire si
ce professeur a des questions.
[00:18:24] Au début de l’expérience, ça va. Les chocs électriques sont plutôt
faibles donc quand l’élève donne une mauvaise réponse, le professeur
n’hésite pas vraiment à envoyer le choc électrique. Mais progressivement,
les chocs deviennent de plus en plus fort et, au bout d’un moment, l’élève
demande d’arrêter, il dit qu’il a des problèmes de cœur et que ces chocs
électriques sont très risqués pour lui. Évidemment, le participant qui joue le
rôle du professeur commence à avoir des doutes. Parfois, il demande à
l’assistant de Milgram s’il doit continuer, il dit qu’il entend l’élève et que
l’élève demande d’arrêter. Donc le professeur se demande s’il doit continuer
ou arrêter. Mais l’assistant lui répond qu’il faut qu’il continue, que c’est
nécessaire pour l’expérience. L’expérience doit continuer jusqu’à ce que
l’élève connaisse toutes les associations par coeur, ou alors jusqu’à la
décharge électrique maximum. Et ce maximum, c’est 450 volts. Il faut savoir
que, à partir de 230 volts, une décharge électrique, un choc électrique, peutêtre mortelle.
[00:20:14] On peut penser que cette expérience est cruelle et stupide, non ?
Est-ce que vous pensez sérieusement qu’on apprend mieux quand on a peur
d’une punition ? Moi personnellement, je pense le contraire : on apprend
mieux quand on se sent bien et qu’on est en confiance. Donc cette
expérience, elle est stupide, non ? Pourquoi une telle expérience serait
devenue si célèbre ?
[00:20:49] En fait, c’est ça qui est très intéressant, ce n’est pas la mémoire
qui était testée dans cette expérience. Ce qui était testé, c’était la soumission
à l’autorité. Stanley Milgram voulait voir si les participants accepteraient
complètement les règles, s’ils se soumettraient à l’autorité de Milgram et de
son assistant. Heureusement, il n’y avait pas de vrais chocs électriques. Le
deuxième participant, celui qui jouait le rôle de l’élève, était acteur. C’était un
complice de l’équipe de Milgram, il faisait partie de l’équipe. Donc dans cette
expérience, le seul participant qui était testé, c’était celui qui jouait le rôle du
professeur. Et en réalité, cette personne avait l’impression d’être choisie au
hasard, mais son rôle de professeur lui était attribué automatiquement. Et
évidemment, l’élève ne recevait pas de choc électrique. Il s’agissait
simplement d’un enregistrement. Le professeur entendait les réactions et les
cris de l’élève sur un enregistrement.
[00:22:25] Le but finalement de cette expérience, c’était de voir jusqu’où le
participant accepterait d’aller, jusqu’à quelle intensité des chocs électriques.
Stanley Milgram voulait voir si ces personnes se soumettraient
complètement à l’autorité, ou au contraire si elles décideraient de se rebeller,
de se révolter contre l’autorité.
[00:22:56] À votre avis, combien de personnes sont allées jusqu’au bout de
l’expérience ? Combien de personnes ont administré le choc maximal de
450 volts ? Eh bien, dans la première version de l’expérience, 65 % des
personnes, c’est-à-dire 26 personnes sur 40, sont allées jusqu’au bout ?
Ensuite, Stanley Milgram a réalisé différentes versions de cette expérience,
et les résultats ont été plus ou moins différents, mais ils étaient toujours très
élevés.
[00:23:50] Les résultats de l’expérience de Milgram ont été très choquants
pour la communauté scientifique. Personne n’imaginait une telle proportion.
Les autres chercheurs et les autres psychologues imaginaient qu’il y aurait
seulement entre 1 et 3 % des personnes qui iraient jusqu’au bout de
l’expérience.
[00:24:17] Ensuite, Milgram a développé plusieurs théories pour expliquer
les résultats de ses expériences. La première théorie, c’est que pour vivre
en société, il faut respecter des règles. Les règles sont nécessaires au bon
fonctionnement de nos sociétés. Il y a des règles dans la famille, à l’école,
au travail, il y a la loi, il y a des règlements intérieurs que nous devons
respecter dans différents contextes. Si personne ne respecte les règles,
nous sommes dans une situation d’anarchie. Et finalement, pendant notre
vie, nous sommes élevés, nous sommes éduqués, pour apprendre à
respecter ces différentes règles. On respecte ces règles quand on pense
qu’elles sont justes, quand on respecte l’autorité qui a écrit ces règles. Dans
le cadre de l’expérience de Milgram, l’autorité c’était l’autorité scientifique.
Vous vous rappelez que cette expérience avait lieu à Yale, dans une
université très prestigieuse et très sérieuse, et qu’elle était encadrée par une
équipe de scientifiques. Donc les personnes qui participaient à cette
expérience, elles voyaient concrètement cette autorité et en général elle la
respectait.
[00:25:56] En plus, quand on perd notre responsabilité, quand l’autorité
assume toute la responsabilité, obéir devient plus confortable pour nous.
Nous n’avons plus besoin de réfléchir, nous pouvons simplement obéir. Et
cet état dans lequel un individu obéit, Stanley Milgram l’a appelé l’état
argentique; quand l’individu n’est plus autonome, il devient seulement un
agent qui exécute les décisions d’une autorité.
[00:26:44] Quelles sont les différentes implications des conclusions de
Stanley Milgram ? Stanley Milgram a utilisé cette expérience pour expliquer
les crimes de la Shoah. Vous vous rappelez, dans la première partie je vous
ai dit que Stanley Milgram avait grandi dans une famille juive. Donc bien sûr,
il a été extrêmement touché par les crimes qui ont eu lieu contre la
communauté juive pendant la seconde guerre mondiale. Et avec cette
théorie, il a essayé d’expliquer que les personnes qui avaient participé à ces
crimes suivaient seulement des ordres. Elles se conformaient à l’autorité du
régime nazi. Chaque personne était simplement un maillon de la chaîne, une
partie du groupe, et la responsabilité de toutes ses actions, c’était celle de
l’autorité, du régime.
[00:27:51] Mais face à ces expériences et face aux résultats de Milgram,
beaucoup de critiques sont apparues. Les premières critiques concernaient
l’éthique. Une expérience dans laquelle on trompe les participants, ont leur
ment, on ne leur dit pas la vérité, eh bien ce n’est pas une expérience
politiquement correcte, car il n’y a plus de relation de confiance entre le
participant et les organisateurs de l’expérience, les chercheurs.
[00:28:30] En plus, on a aussi montré que Milgram a influencé les résultats
de l’expérience pour obtenir les chiffres les plus élevés possible. Par
exemple, l’assistant insistait beaucoup pour que le participant continue
l’expérience, il lui disait : “vous devez continuer” et il le répétait beaucoup de
fois. Cette critique dit que l’expérience n’est pas valide et que les résultats
sont faussés.
[00:29:10] Mais une autre chose qui est très intéressante, c’est que
l’expérience de Milgram a été répétée en 2009 en France et en Suisse, mais
cette fois pas dans une université. Cette fois, elle était dans le cadre d’un
faux jeu télévisé, d’une émission de télévision. C’était les mêmes conditions
et le même principe, mais l’autorité scientifique était remplacée par l’autorité
de la télévision avec une présentatrice. Quel a été le résultat à votre avis ?
Plus ou moins élevé qu’avec les expériences de Milgram ? Eh bien le résultat
était encore plus élevé : 81% des participants sont allés jusqu’au bout de
l’expérience, jusqu’à 450 volts. 81%, c’est énorme ! Cette expérience a été
utilisée pour dénoncer le pouvoir de la télé-réalité, pour montrer que la
télévision a trop d’autorité sur ses spectateurs. Si vous voulez regarder un
documentaire sur cette émission, je vous mets un lien dans la description.
Jetez-y un coup d’oeil, c’est très intéressant.
[00:30:40] Et vous, à votre avis, jusqu’ou vous seriez allés ? C’est difficile à
dire quand on n’est pas dans les conditions. En général, on pense qu’on
aurait arrêté l’expérience tout de suite. Mais quand nous sommes dans les
conditions, c’est complètement différent.
[00:31:08] En conclusion, on peut dire que les règles font partie de nos
sociétés. Nous avons besoin de règles pour vivre ensemble, elles font partie
de notre vie quotidienne. Mais nous devons toujours garder notre esprit
critique. Quand notre conscience nous dit que quelque chose est mal, il faut
remettre en question l’autorité. Il ne faut jamais avoir une confiance aveugle
en une autorité.
[00:31:52] Voilà, merci à tous d’avoir écouté ce 10ème épisode. La
prochaine fois nous parlerons des bonnes habitudes pour être plus productif,
et en particulier de la magie du matin. Si vous voulez apprendre comment
être plus efficace le matin, rendez-vous la semaine prochaine. Merci à tous
et à bientôt !
Episode: 11:
Salut tout le monde, bienvenue ! C’est le 11ème épisode du Cottongue
Podcast !
[00:00:15] Ça y est l’été est enfin arrivé. Nous sommes au mois de juillet et
ça veut dire que c’est le début des vacances. Peut-être que vous avez prévu
d’aller visiter un pays étranger, et peut-être même que vous allez visiter un
pays francophone, c’est à dire un pays où on parle français. Si c’est le cas,
j’espère que vous en profiterez pour essayer d’utiliser la langue et pour voir
tous les progrès que vous avez faits en français. Et surtout j’espère que mon
podcast vous aura aidé à comprendre le plus de choses, à avoir une
meilleure compréhension de la langue française. Alors vous allez voir que si
vous allez dans un pays francophone, les gens parlent un peu plus vite que
moi. Vous savez que pour faire ce podcast, moi j’essaye de parler lentement.
Pas beaucoup plus lentement que les personnes normales, mais
suffisamment pour que vous puissiez comprendre tous ce que je vous
raconte. En tout cas je suis très curieux de savoir quels sont vos plans pour
les vacances, ce que vous avez prévu. Donc n’hésitez pas à m’envoyer un
e-mail pour me le raconter. Moi de mon côté j’ai prévu de rentrer et une
semaine en France. Vous savez peut-être que j’habite en Pologne, à
Varsovie, donc pour moi les vacances c’est l’occasion de rentrer et voir mes
amis et ma famille en France.
[00:02:15] Aujourd’hui, ce n’est pas de vacances que je vais vous parler. Le
sujet dont j’ai décidé de vous parler aujourd’hui, il concerne plutôt le
développement personnel; c’est-à-dire les choses que l’on peut faire dans
notre vie quotidienne pour essayer de s’améliorer. Dans le monde dans
lequel nous évoluons, il y a beaucoup de stress, de fatigue, et parfois on a
aussi de mauvaises habitudes. Il y a beaucoup d’informations que l’on reçoit
toute la journée et qu’on doit essayer de traiter. Des informations qui
viennent de toutes les directions, que l’on reçoit sur nos écrans, sur nos
téléphones portables, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Donc avec tout ça,
parfois on a l’impression qu’on perd le contrôle de notre vie, que nous ne
sommes plus capables de contrôler notre vie quotidienne. En tout cas il y a
de de plus en plus de personnes qui ont ce sentiment, qui ont cette
impression.
[00:03:42] Alors la question c’est : comment faire pour éviter cette sensation
déprimante ? Comment faire quand on a l’impression de toujours manquer
de temps ? Quand on a l’impression que nous n’avons pas suffisamment de
temps pour faire toutes les choses que l’on aimerait ou que l’on devrait faire.
On cherche des solutions partout pour reprendre le contrôle, par exemple on
essaye la méditation, on essaye la déconnexion (ça veut dire éteindre tous
ses les appareils électroniques), on peut faire des voyages spirituels. Bref, il
y a plein de techniques que l’on peut essayer pour reprendre le contrôle de
sa vie. Mais peut-être que la solution est beaucoup plus simple qu’on ne le
croit. Peut-être qu’elle est tellement simple et tellement évidente qu’on ne la
voit pas. Ou peut-être qu’on ne veut pas la voir, qu’on refuse de la voir.
[00:04:57] Cette solution, celle à laquelle je pense, elle est gratuite, elle est
simple et on peut l’appliquer immédiatement. Ou plutôt on peut l’appliquer
dès le lendemain matin. Vous avez deviné quelle est cette solution ? Est-ce
que vous avez une petite idée ?
[00:05:21] La solution à ce manque de temps, c’est tout simplement de se
lever une heure plus tôt le matin. Peut être que parmi les auditeurs du
Cottongue podcast, il y a déjà des lève-tôt. Un lève-tôt, c’est une personne
qui se lève tôt le matin, par exemple qui se lève à six heures du matin. Ce
genre de personne, en français, on les appelle les “lève-tôt”. Pour ces
personnes-là, il n’y a pas besoin d’être convaincu. Elles connaissent déjà
tous les bénéfices de se lever tôt le matin. Mais pour la majorité d’entre nous,
moi y compris, c’est une chose qui peut être assez difficile à faire. Donc
aujourd’hui, je vais vous parler des avantages de se lever tôt le matin, ce
qu’on appelle parfois la “magie du matin” et je vais vous donner quelques
conseils que j’ai trouvés sur Internet pour prendre cette bonne habitude, pour
être capable de se lever tôt le matin. Mais je vous dirai aussi, à la fin de ce
podcast, pourquoi ce n’est pas forcément une bonne idée pour tout le
monde. Pourquoi se lever tôt le matin n’est pas la solution pour chaque
personne. Alors vous être prêts à parler de la magie du matin ? OK donc,
c’est parti !
[00:07:20] Pour commencer, je vais vous donner quelques définitions (pas
beaucoup rassurez-vous, seulement trois définitions) pour que ce soit plus
facile pour vous de comprendre le reste de ce podcast. Comme ça, je suis
sûr que vous comprenez bien les mots que je vais utiliser dans ce podcast.
Le premier mot important, c’est le mot “sommeil”. Le sommeil, c’est l’état
dans lequel nous nous sommes quand nous dormons, tout simplement.
Donc ça c’est le premier mot, la première définition que je voulais vous
donner : le sommeil. La deuxième, c’est le verbe “se réveiller”. C’est un verbe
que je vais beaucoup utiliser dans ce podcast, et le verbe “se réveiller” ça
veut simplement dire “sortir du sommeil”, “arrêter de dormir”. Par exemple,
parfois quand on fait un cauchemar, eh bien on se réveille, on arrête de
dormir à cause de ce cauchemar. La troisième définition, c’est le verbe “se
lever”. “Se lever”, dans ce contexte, ça veut dire “sortir de son lit”. Donc
d’abord on se réveille, et ensuite on se lève, ça veut dire qu’on sort de son
lit et on va par exemple dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. Ça
c’est le verbe “se lever”. On peut aussi l’utiliser quand on est assis sur une
chaise et qu’on décide de se lever, ça veut dire de se mettre debout.
[00:09:15] Alors, en français, on a un proverbe qui dit : “le monde appartient
à ceux qui se lèvent tôt”. Ça signifie que les personnes matinales, celles qui
se lèvent tôt le matin, ont généralement plus de succès. Le monde leur
appartient, c’est-à-dire le monde est à elles. Il y a beaucoup d’exemples de
ce genre de personnes, par exemple des directeurs, des entrepreneurs. Ce
sont des personnes qui ont beaucoup de succès et qui ont l’habitude de se
lever tôt. Vous connaissez sûrement Tim Cook, le PDG de l’entreprise Apple,
eh bien Tim Cook a pour habitude de se lever à 4h30 du matin. C’est
extrêmement tôt !
[00:10:16] Mais pourquoi, au fait, est-ce qu’on doit se lever tôt le matin ?
Quels sont les avantages à se lever tôt le matin ? Eh bien d’abord, parce
que c’est le seul moment de la journée que l’on maîtrise réellement, sur
lequel on a un contrôle total. Et ce moment, il n’a pas d’impact sur l’agenda
du reste de la journée. Ça veut dire que, si vous vous levez une heure plus
tôt, eh bien ça n’aura pas de conséquences pour le reste de votre journée.
Au contraire, si vous vous levez une heure plus tard, le matin, vous allez être
en retard au travail et ça va avoir beaucoup de conséquences sur votre
journée. Généralement des conséquences plutôt négatives.
[00:11:19] Qu’est-ce que vous pouvez faire du temps que vous gagnez en
vous levant plus tôt le matin ? Comment on peut utiliser ce temps que l’on a
si l’on se lève une heure plus tôt le matin ?
[00:11:35] Eh bien il y a deux écoles. La première école dit qu’on doit utiliser
ce temps pour prendre du temps pour nous, faire des choses qui nous
intéressent. Des choses qui ne sont pas urgentes ,mais qui sont importantes
pour nous et qu’on a jamais le temps de faire. Je pense par exemple à la
méditation, au sport, à la lecture (s’il y a un livre que vous avez très envie de
lire depuis longtemps, mais vous ne trouvez jamais le temps pour le faire).
Ça peut être également des activités créatives, par exemple dessiner,
peindre, ou alors jouer d’un instrument de musique. Mais par contre il faut
faire attention aux voisins. Parce que si vous commencez à jouer de la
trompette à 5 heures du matin, peut-être que vos voisins ne vont pas être
très contents.
[00:12:36] En fait, en se levant plus tôt, on a enfin le temps de faire toutes
ces choses que d’habitude on a jamais l’occasion de faire. C’est encore
mieux pour les choses qui demandent une pratique quotidienne, par
exemple apprendre une langue. Si vous vous levez une heure plus tôt le
matin, eh bien vous pouvez utiliser cette heure pour faire un peu de français,
pour écouter un podcast ou pour regarder des vidéos sur YouTube. En vous
levant une heure plus tôt le matin, eh bien chaque jour vous pourrez faire un
peu de français.
[00:13:20] La deuxième école dit qu’on doit utiliser cette heure pour faire les
choses les plus importantes. Elle dit qu’il faut commencer la journée par une
réussite. Si on finit quelque chose rapidement dès le matin, on est plus
efficace pour le reste de la journée. Ensuite, on peut continuer et attaquer
nos autres tâches. Cette chose importante, ça peut-être d’envoyer un e-mail,
ou bien de finir une présentation, toutes ces choses qui peuvent nous être
utiles au travail. Le matin notre cerveau est frais et reposé, donc on a les
idées plus claires et c’est plus facile de se concentrer sur des projets
importants.
[00:14:19] Si vous avez envie de créer votre start-up, de créer votre propre
entreprise, eh bien vous pouvez utiliser cette heure supplémentaire le matin
pour travailler sur ce projet. Chaque matin, vous travailleé une heure sur
votre projet de start-up et ensuite vous pouvez aller au travail normalement,
sans prendre de risque. Comme ça, chaque jour vous progressez un petit
peu plus sur votre projet.
[00:14:53] Si vous vous levez tôt le matin, vous avez le temps de bien prévoir
votre journée, de bien vous organiser, et finalement vous serez peut être
moins stressés. Vous savez exactement ce que vous avez à faire, vous avez
bien organisé votre agenda, et vous allez pouvoir faire tout ce qui est sur
votre To-do list.
[00:15:30] Maintenant la question, c’est : comment faire pour réussir à se
lever plus tôt chaque matin ?
[00:15:39] Il y a une étude qui a été faite dans une université allemande, qui
a montré qu’environ 10 % des personnes sont matinales. Autrement dit, 10
% des personnes fonctionnent mieux le matin. Au contraire, 20% des
personnes sont considérées comme des “oiseaux de nuit”. Les oiseaux de
nuit ce sont des personnes qui restent éveillées tard le soir, et dont le
cerveau fonctionne mieux la nuit. Pour le reste, pour les 70% restants, eh
bien ils n’appartiennent ni à l’un, ni à l’autre des groupes. Ils n’appartiennent
à aucune de ces deux catégories. Ça veut dire que la majorité des personnes
a un rythme de sommeil, un cycle de sommeil régulier. Mais pour la majorité
d’entre nous, se lever tôt le matin ça semble être un défi, un challenge
insurmontable, quelque chose d’impossible à faire. Beaucoup de personnes
qui se couchent tard le soir pensent que c’est impossible pour elles de se
lever tôt le matin. Elles disent que ce n’est pas quelque chose dont elles sont
capables. En réalité, pour la majorité d’entre nous c’est possible de changer
notre rythme de sommeil. Tout est une question de méthode, tout dépend
de la méthode que l’on va adopter.
[00:17:26] Donc je vais vous donner quelques conseils pour adopter une
méthode qui va vous permettre de changer votre rythme de sommeil pour
vous lever plus tôt.
[00:17:41] La 1ère chose importante à faire, c’est de savoir de combien
d’heures de sommeil vous avez besoin. Souvent on entend que 8 heures de
sommeil, c’est le chiffre magique pour être complètement reposé, pour
recharger les batteries. Mais en réalité, il n’y a pas vraiment de chiffre
magique, ça dépend des personnes. Il y a certaines personnes qui
fonctionnent très bien avec 6 heures de sommeil ou moins, et d’autres qui
ont besoin de 8 heures, 9 heures, peut-être 10 heures de sommeil. La
meilleure façon de le savoir, c’est de tester pour voir de combien d’heures
vous avez besoin pour vous sentir reposés, pour ne pas être fatigués le reste
de la journée.
[00:18:39] Une fois que vous savez de combien d’heures de sommeil vous
avez besoin, il faut savoir à quelle heure vous devez vous réveiller. Ça c’est
plutôt simple. Si d’habitude vous vous réveillez à 7 heures, eh bien votre
objectif va être de vous lever à 6 heures du matin, c’est-à-dire 1 heure plus
tôt. Une heure, c’est le temps suffisant pour pouvoir faire quelque chose,
pour pouvoir faire une activité ou plusieurs activités sans se presser, sans
se dépêcher. “Se dépêcher” ça signifie “faire quelque chose rapidement”.
Par exemple si vous êtes en retard, vous allez vous dépêcher d’aller au
travail. L’objectif, ici, c’est justement de ne pas se presser, de prendre son
temps.
[00:19:40] Alors, imaginons que vous avez besoin de 8 heures de sommeil
et que vous voulez vous lever à 6 heures. Eh bien, vous allez devoir vous
endormir à 22h, ça signifie à 10h du soir. Attention, ici il faut bien faire la
différence entre le verbe “se coucher” et le verbe “s’endormir”. “Se coucher”
ça veut dire “aller au lit”, c’est le contraire du verbe “se lever”. “S’endormir”,
ça signifie “commencer à dormir”. C’est le contraire du verbe “se réveiller”.
Parfois on se couche, on se couche tôt parce qu’on a un rendez-vous
important le lendemain par exemple, mais on arrive pas à s’endormir. On
reste couché pendant plusieurs heures sans dormir. Ça, ça s’appelle “avoir
une insomnie”. Donc l’important ici, c’est de s’endormir à 22h. Si vous avez
besoin de 30 minutes pour vous endormir, vous devez vous coucher à
21h30.
[00:21:02] Comment faire pour être sûr de s’endormir ? Une bonne idée,
c’est d’avoir un rituel, une activité, que l’on fait pour se calmer, pour se vider
la tête. “Se vider la tête”, ça veut dire “ne plus penser aux problèmes de la
journée, ne plus penser au travail, oublier tous ses soucis, tous ses
problèmes”. Cette activité ça peut être par exemple de la lecture, de la
marche, bref quelque chose qui vous permet de vous changer les idées et
d’oublier tous vos problèmes. Les spécialistes recommandent aussi
d’éteindre son ordinateur, son portable, et de ne plus regarder d’écran au
moins 30 minutes avant de s’endormir. Parce que, la lumière qui est émise
par nos appareils électroniques, eh bien cette lumière est mauvaise pour
notre sommeil parce que notre cerveau a l’impression qu’il fait encore jour à
cause de cette lumière.
[00:22:18] Un autre conseil important pour garder cette habitude, c’est de se
lever tôt aussi le weekend. Le weekend, vous pouvez vous lever une heure
plus tard maximum. Le problème si vous vous levez beaucoup plus tard le
weekend, c’est que le lundi ça va être très difficile de revenir à votre rythme
normal, ça va peut-être vous prendre plusieurs jours et vous allez vous sentir
fatigués. Donc pour ne pas perdre les bénéfices de se lever tôt, eh bien il
faut continuer à se lever tôt également le weekend, comme ça ça vous
donnera aussi plus de temps.
[00:23:07] Tout ça évidemment c’est facile à dire, mais comment faire pour
construire une bonne habitude ? Le philosophe Aristote a écrit : “Nous
sommes ce que nous faisons de manière répétée, l’excellence n’est donc
pas une action mais une habitude”. Vous avez compris, ça signifie que pour
devenir très bon dans quelque chose, pour devenir excellent, eh bien il faut
prendre l’habitude et pratiquer quelque chose régulièrement, s’entraîner
régulièrement. Alors comment prendre cette habitude ?
[00:23:54] Tout d’abord, il faut commencer en douceur. Il ne faut pas faire
un changement trop radical. Par exemple : si d’habitude vous vous levez à
7h mais votre objectif est de vous lever à 6h. Eh bien commencez
simplement par vous lever 15 minutes plus tôt. Autrement dit, levez-vous à
6h45 pendant plusieurs semaines. Comme ça, vous allez vous habituer
progressivement à vous lever un peu plus tôt, et ce changement ne sera pas
trop radical. À ce moment, c’est très important de trouver une activité que
vous pouvez faire pendant ces 15 minutes. Sinon, on ne sent pas les
bénéfices de ces 15 minutes, et on risque de penser que ces 15 minutes
supplémentaires sont inutiles. Donc après quelques temps, si on pense que
ces 15 minutes sont inutiles, on va revenir à notre rythme normal. Une fois,
que vous êtes habitués à vous lever 15 minutes plus tôt, avancez votre réveil
à nouveau de 15 minutes. Ça veut dire que maintenant vous allez vous lever
à 6h30. Comme ça, vous avez encore un peu plus de temps pour faire votre
activité. Cette méthode, vous allez continuer à l’appliquer jusqu’à ce que
vous soyez capable de vous lever à 6h.
[00:25:38] Faites attention à ne pas aller trop vite, à ne pas sauter les étapes.
Si vous essayez d’aller trop vite et de faire un changement trop radical, il est
possible que vous échouiez. “Échouer” ça veut dire “ne pas réussir”.
[00:25:57] Malgré tous ces bons conseils, il faut aussi être préparé à
échouer. Il y a certaines nuits où vous allez mal dormir, pour une raison X
ou Y, et il va être impossible pour vous de vous réveiller à l’heure prévue.
Vous allez sûrement être un peu déçus à cause de ça, vous allez sûrement
vous sentir mal, mais il faut savoir que c’est normal. Nous ne sommes pas
des robots. Il faut être préparé à ce scénario, savoir qu’il va arriver. Ce n’est
pas un drame, ce n’est pas une catastrophe, s’il y a un jour ou deux pendant
lesquels vous n’arrivez pas à vous lever à la bonne heure. Progressivement,
il faut essayer de revenir à votre bonne habitude et continuer jusqu’à ce que
ça devienne une chose naturelle.
[00:27:04] Mais est-ce que tout le monde devrait se lever à 5h du matin ?
Quand on voit tous ces livres, tous ces articles, on a l’impression que si on
se lève tard le matin, eh bien nous ne sommes pas quelqu’un qui a du
succès. On pense que si on se lève tard, il est impossible de réussir dans
son travail. On voit tous ces grands directeurs qui se lèvent super tôt et on a
l’impression qu’on est obligés de faire comme eux. Mais tout ça, ça dépend
des personnes.
[00:27:45] Il y a une étude qui a été publiée dans la revue Elsevier, en 2009,
et cette étude montre que les personnes qui se couchent plus tard sont
généralement plus intelligentes. Les personnes plus intelligentes ont
tendance à expérimenter les nouveaux modes de vie et à adopter plus
rapidement les nouvelles valeurs. Et en fait nous sommes plutôt
programmés pour nous coucher tôt. Ça fait des milliers d’années que
l’Homme se couche tôt et se lève tôt le matin. La tendance de se coucher
plus tard, c’est une chose qui est assez récente et beaucoup de personnes
intelligentes suivent cette tendance parce qu’elles veulent expérimenter
quelque chose de nouveau. Donc si vous aimez vous coucher tard et vous
lever tard, ça veut peut être dire tout simplement que vous êtes plus
intelligent que les autres. Donc ça, c’est plutôt une bonne nouvelle.
[00:28:54] Ces études ont aussi montré que les personnes qui se couchent
et qui se lèvent tard ont une meilleure capacité de raisonnement. Ça c’est
une étude qui a été faite à l’université de Madrid avec 1000 étudiants. Eh
bien parmi ces étudiants, ceux qui arrivaient à résoudre des problèmes le
plus rapidement, eh bien c’était les étudiants qui avait pour habitude de se
coucher tard.
[00:29:33] Bref avec tout ça, vous voyez que c’est difficile d’y voir clair.
Certaines études montrent qu’il est préférable de se le lever tôt et d’autres
qu’il est préférable de dormir plus longtemps et de de se lever plus tard.
[00:29:52] En conclusion, je pense que chacun doit trouver ce qui fonctionne
pour lui ou pour elle. Il n’y a pas vraiment de solution miracle. Nous avons
tous des styles de vie différents, des responsabilités différentes et il n’est
pas toujours possible de faire toutes les choses que l’on aimerait faire. Mais
si vous avez l’impression de ne pas avoir assez de temps, et si vous êtes
une personne qui a l’habitude de se coucher tard, ça peut toujours être
intéressant d’essayer quelque chose de différent, autrement dit ça peut être
intéressant d’essayer de vous lever plus tôt pour voir si ce style de vie vous
convient.
[00:30:47] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup d’avoir écouté
ce podcast. J’espère que ça vous a inspiré. Peut-être que ça vous a donné
envie d’expérimenter un nouveau mode de vie et de vous lever un peu plus
tôt le matin. Si vous arrivez à le faire, envoyez-moi un e-mail pour me parler
de vos résultats, je suis très curieux de savoir comment ça marche pour
vous.
[00:31:19] La semaine prochaine nous parlerons d’argent, et en particulier
des personnes qui gagnent beaucoup d’argent grâce aux jeux de hasard
comme la loterie. Et nous verrons que leur vie n’est pas toujours parfaite…
[00:31:39] Merci à tous et à bientôt !
Episode: 12
Salut à tous et bienvenue, c’est le Cottongue Podcast épisode 12 !
[00:00:13] Je suis très content de vous retrouver pour notre rendez-vous
hebdomadaire. “Hebdomadaire” ça signifie quelque chose qui revient
chaque semaine. Et vous savez, si vous êtes des fidèles auditeurs du
Cottongue podcast, que je publie un nouveau podcast chaque semaine.
Mais cette semaine, vous avez peut-être remarqué que la date de publication
est un peu différente. Normalement je publie les podcasts le lundi, et peutêtre que ce lundi vous avez remarqué qu’il n’y avait pas de nouveau podcast.
Eh bien pas d’inquiétude, car aujourd’hui c’est l’heure du nouveau podcast !
Et si j’ai choisi cette date c’est parce que demain, le 14 juillet, c’est un jour
très spécial pour la France. Peut-être que vous savez que le 14 juillet c’est
la fête nationale en France. Et justement, je pense que c’est une bonne idée
de parler de cet événement. Quand on s’intéresse à une langue, à une
culture et à un pays, c’est très important de connaître la signification des
fêtes nationales. En France, il y a beaucoup de fêtes nationales qui sont
d’origine religieuse, parce que pendant très longtemps la France était un
pays catholique, mais le 14 juillet ça n’est pas une fête religieuse ! C’est une
fête qui a été inventée pour célébrer l’unité des Français, l’unité du peuple
français. Pour comprendre cet événement, il faut s’intéresser évidemment à
l’Histoire mais également à la dimension culturelle et politique. Je vais
essayer de rendre ça intéressant pour vous, je n’ai pas envie de vous
ennuyer avec un cours d’Histoire, et j’espère que je vais y arriver !
[00:02:33] Vous êtes prêts à célébrer le 14 juillet avec les Français ? Ok
alors suivez-moi, c’est parti !
[00:02:50] Peut-être que vous avez des amis français, et si vous leur
demandez ce qu’on célèbre le 14 juillet, je suis sûr qu’ils vont vous répondre
: “la prise de la Bastille !”. Vous avez peut-être déjà entendu ce nom “la
Bastille”, mais j’imagine que vous ne savez peut-être pas à quoi il
correspond, ce qu’il désigne. En fait, 14 juillet juillet, ça n’est pas seulement
une célébration de la prise de la Bastille. Donc je vais vous expliquer un peu
de quoi il s’agit et comment on a choisi cette date comme fête nationale en
France. Comme ça vous pourrez impressionner vos amis français avec votre
connaissance de l’Histoire de France.
[00:03:47] Pour faire ça, on va devoir remonter un peu dans le temps.
[00:04:00] Imaginez que nous sommes à la fin du XIXe siècle, plus
précisément en 1880. À cette époque, le régime politique en France est la
IIIe République. Peut-être que vous savez que maintenant nous sommes
sous le régime de la Ve République. Donc il faut remonter un peu plus loin,
il faut remonter à la IIIe République pour imaginer le contexte. À cette
époque, en 1880, les députés (c’est-à-dire les personnes qui sont à
l’Assemblée et qui votent les lois), les députés cherchent une date pour la
fête nationale. Ils ne veulent pas que cette fête nationale soit religieuse. Ils
veulent une fête pour célébrer la République. Alors ces députés, ils
regardent évidemment dans l’Histoire de France et ils essaient de trouver la
bonne date qui pourra servir comme fête nationale. Et, à vrai dire, c’est assez
difficile pour eux. Ils ne trouvent pas de date sur laquelle ils puissent se
mettre d’accord.
[00:05:29] La première date qui leur vient à l’esprit (c’est-à-dire la première
date à laquelle ils pensent), c’est le 14 juillet 1789. Je vais prendre quelques
instants pour vous expliquer ce qui s’est passé le 14 juillet 1789.
[00:05:57] À cette époque, à la fin du XVIIIe siècle, la France est une
monarchie absolue de droit divin. Ça signifie que la France est sous un
régime politique avec un roi qui a tous les pouvoirs et qui justifie son autorité
grâce à Dieu. Le roi se considère comme le lieutenant de Dieu sur Terre. Un
des rois les plus célèbres, un des rois de France le plus célèbre, c’était Louis
XIV, qu’on appelait le Roi Soleil. À cette époque, c’est Louis XVI qui est le
roi. En 1789, la situation économique en France est très mauvaise. La
France est en crise. Elle a beaucoup de dettes auprès des pays étrangers
et elle n’arrive plus à payer ses dettes. Les prix ont beaucoup augmenté et
ça devient vraiment difficile pour les Français de pouvoir acheter à manger.
Il y a dans certaines régions des famines, c’est-à-dire des gens qui ne
peuvent plus trouver ou qui ne peuvent plus acheter de nourriture.
[00:07:26] Face à cette situation de crise, cette situation exceptionnelle, le
roi décide d’organiser une réunion avec les représentants des trois groupes
qui composent la société française. Donc à cette époque, la société
française était divisée en trois groupes. Il y avait la noblesse, c’est-à-dire les
familles avec des privilèges qui étaient proches du roi. Le deuxième groupe
c’était l’Église, l’Église catholique. Et enfin le troisième groupe, le plus
important, celui qui comptait la grande majorité des Français, s’appelait le
Tiers état. Dans le Tiers état, il y avait des pauvres mais aussi des bourgeois,
des paysans, des artisans, etc. C’était vraiment le cœur de la société
française. Mais c’était aussi le groupe qui n’avait pas de privilèges et pour
lequel la situation était la plus difficile. Donc imaginez, nous sommes en 1789
et le roi organise une grande réunion avec ces trois groupes, avec la
Noblesse, l’Église et le Tiers état.
[00:08:58] Ensemble, ces trois groupes essayent de trouver une solution
pour améliorer la situation économique de la France. Mais après plusieurs
jours de discussion, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord. Le Tiers état veut
que les nobles et l’Église perdent leurs privilèges, parce que à cette époque
les nobles et l’Église ne payaient pas d’impôts, ils ne payait pas de taxes.
Seul le Tiers état payait des taxes, alors que c’était souvent les personnes
les plus pauvres. Comme il est impossible de trouver une solution, le Tiers
état décide de créer une Assemblée nationale pour représenter les Français
et écrire sa propre constitution.
[00:09:57] “- Silence ! Faisons le serment, ici et maintenant, de ne jamais
nous séparer et de nous rassembler partout où les circonstances l’exigent,
jusqu’à ce que nous ayons donné à la France une constitution.
– Je le jure !”
[00:10:24] Mais le roi, une partie des nobles et l’Église ne reconnaissent pas
cette assemblée. Ils disent que cette assemblée du Tiers état n’a pas de
légitimité. Le roi organise une action militaire pour mettre fin à cette
assemblée. C’est-à-dire que le roi fait venir des troupes de soldats aux
portes de Paris dans le but d’attaquer l’assemblée et de dissoudre les
différentes personnes qui en font partie. Mais beaucoup de soldats refusent
d’obéir et ils se joignent aux révolutionnaires parisiens, aux personnes qui
soutiennent cette assemblée et qui veulent mettre fin aux privilèges de la
noblesse et de l’Église.
[00:11:22] Pour s’opposer aux forces du roi, les révolutionnaires décident
d’aller prendre des armes à la Bastille. La Bastille, à cette époque, c’était
une prison d’État mais il y avait seulement sept prisonniers au moment de
l’attaque. Donc il n’y avait pas beaucoup de personnes, il n’y avait pas
beaucoup de prisonniers, et il s’est avéré et qu’il n’y avait pas beaucoup
d’armes non plus. La Bastille, en fait, c’était surtout un symbole de l’autorité
royale, parce que quand le roi décidait arbitrairement de mettre quelqu’un en
prison cette personne allait dans la prison de la Bastille. Donc la Bastille,
c’était surtout un symbole. Très rapidement et facilement, en une journée,
les révolutionnaires réussissent à prendre le contrôle de la prison. C’est donc
cet événement qu’on a appelé la prise de la Bastille. Il faut bien comprendre
que la prise de la Bastille, c’est un événement majeur et symbolique, car
c’est la première action populaire des Parisiens contre le pouvoir royal. C’est
cet événement qui a lancé la révolution, car ensuite, dans le reste du pays,
le peuple a décidé de suivre l’exemple des Parisien et de prendre le pouvoir.
La prise de la Bastille, c’est donc la fin de l’Ancien régime, la fin du pouvoir
absolu du roi, des privilèges des nobles et de l’Église. C’est à ce moment-là
qu’on a créé une nouvelle société, qu’on a créé la France moderne.
[00:13:28] Autrement dit, la prise de la Bastille c’est un événement très
important mais aussi très violent. Il y a beaucoup de personnes qui ont été
blessées ou tuées pendant l’attaque de la Bastille, et c’était un combat entre
les Français. Un combat du Tiers état contre la noblesse.
[00:13:53] Donc si on revient un siècle plus tard, en 1880, quand les députés
cherchent une date pour la fête nationale, certains d’entre eux pensent que
le 14 juillet 1789, ça n’est pas une très bonne idée. Pourquoi ? Eh bien parce
que c’était un évènement très violent qui a divisé les Français. Donc ces
députés ne veulent pas célébrer un événement aussi violent. Ils veulent
plutôt célébrer un évènement qui montre l’unité des Français, un évènement
un peu plus positif à leurs yeux.
[00:14:41] Cet autre évènement, c’est la fête de la Fédération. Et, ça tombe
bien (autrement dit, c’est une bonne coïncidence), parce que la fête de la
Fédération, elle a eu lieu le 14 juillet 1790, c’est-à-dire un an plus tard, un an
après la prise de la Bastille.
[00:15:09] Alors je vais vous expliquer un peu ce que c’est que la fête de la
Fédération parce que, même parmi les Français, il y a beaucoup de
personnes qui ne connaissent pas cet évènement.
[00:15:29] En 1790, la France est toujours une monarchie. Le roi est toujours
présent mais il n’a plus tous les pouvoirs. Le seul pouvoir que possède
encore le roi, c’est le pouvoir exécutif (un peu comme un président). Dans
cette nouvelle société, il n’y a plus de privilèges : tout le monde doit payer
les mêmes impôts. Et il y a l’Assemblée qui écrit et vote les lois pour diriger
le pays. À cette époque, il y a beaucoup d’espoir. On pense que la situation
économique va enfin s’améliorer et que tout le monde, tous les Français,
vont avoir à manger.
[00:16:25] Alors le 14 juillet 1790, un an après la prise de la Bastille, on
organise de grandes fêtes populaires dans les principales villes françaises :
à Paris et à Lyon. Tout le monde y est invité : les citoyens ordinaires, les
membres de l’Église, la famille royale, les anciens nobles, les soldats etc. À
Paris, cette fête a lieu au Champ-de-Mars. Si vous êtes déjà allés à Paris,
vous avez peut-être mis les pieds au Champ-de-Mars, c’est ce grand jardin
qui se trouve en bas de la tour Eiffel. Mais évidemment à cette époque, au
moment de la fête de la fédération, il n’y avait pas encore de tour Eiffel.
Durant cette grande fête populaire, le roi prête serment, ça signifie qu’il jure,
il promet de respecter la constitution écrite par l’Assemblée.
[00:17:39] “-Moi, roi des Français, je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est
délégué par la loi, à maintenir la constitution décrétée par l’Assemblée
nationale et acceptée par moi.
-Vive le roi ! Vive le roi !”
[00:18:01] Il y a une grande joie collective, tout monde est très heureux, tout
le monde est très content. Les Français sont fiers d’être français, ils sont
fiers de leur nouvelle société et d’avoir réussi leur révolution. Ils se sentent
enfin libres, égaux, fraternels. Vous savez c’est ça qui est devenu la devise
de la France : liberté, égalité et fraternité. La fraternité, ça signifie la solidarité
et l’amitié entre tous les Français. En réalité, si vous connaissez un peu
l’histoire de France, vous savez que, en 1790, la révolution est loin d’être
finie. Il faudra attendre encore 9 ans, en 1799, avec la prise de pouvoir du
général Napoléon Bonaparte, pour que la période révolutionnaire se termine.
Mais, à ce moment-là, le 14 juillet 1790, on pense que la révolution est
terminée et que la France est prête à entrer dans la modernité.
[00:19:38] Donc ça, c’était la fête de la Fédération. Maintenant on va revenir
en 1880. J’espère que vous n’êtes pas perdus ! Maintenant nous sommes à
la fin du XIXe siècle, en 1880, et nous sommes avec les députés qui
cherchent une date pour créer une nouvelle fête nationale. Donc ces
députés, ils décident d’adopter le 14 juillet comme fête nationale. Mais pour
que tout le monde soit d’accord, ils ne disent pas si on fête le 14 juillet 1789
(la la prise de la Bastille) ou le 14 juillet 1790 (la fête de la Fédération). On
décide simplement que le 14 juillet sera la fête nationale française.
[00:20:53] Vous vous demandez peut-être comment on célèbre le 14 juillet
en France. Évidemment le 14 juillet juillet, c’est un jour férié. Ça signifie que
les Français ne travaillent pas. On peut utiliser ce jour pour se reposer ou, si
ce jour est un vendredi, il y a beaucoup de Français qui décident de partir en
week-end dans une autre région de la France ou à l’étranger.
[00:21:28] La célébration du 14 juillet commence le matin sur les Champs
Élysées. Qu’est-ce qui se passe sur les Champs Élysées ? Eh bien il y a un
défilé militaire en présence du Président de la république. Ce défilé
commence avec l’armée d’air, autrement dit les avions qui passent au
dessus de Paris à toute vitesse et qui font des les acrobaties dans le ciel.
C’est toujours un très beau spectacle que les Français adorent regarder à
Paris s’ils sont à Paris ou bien à la télévision. Après ce passage des avions,
c’est le moment du défilé militaire sur les Champs Élysées. À ce moment-là,
on voit les différents corps de l’armée avec leurs différents uniformes qui
marchent pour remonter les Champs Élysées. Et on joue bien évidemment
l’hymne nationale, c’est-à-dire la marseillaise :
[00:22:45] “Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé
L’étendard sanglant est levé !”
[00:23:07] Ensuite quand la nuit tombe le soir, que le ciel est noir, on peut
voir dans le ciel des lumières de toutes les couleurs et on entend de grands
bruits, un peu comme des explosions.
[00:23:34] Ce sont, vous l’avez deviné, les feux d’artifice, des spectacles
organisés dans chaque ville pour divertir les habitants. Ça aussi, c’est un
événement qui est très apprécié du public, c’est un événement plutôt familial,
mais il y a toujours beaucoup de monde, donc c’est un peu difficile de trouver
une bonne place pour voir le feu d’artifice. Si vous habitez dans une grande
ville comme à Paris, Lyon, Marseille ou Lille, il faut vraiment arriver tôt pour
obtenir une bonne place pour bien voir le feu d’artifice. Mais le mieux c’est
quand vous avez des amis qui ont un appartement avec un balcon car vous
pouvez regarder le feu d’artifice depuis le balcon avec un verre de vin ou de
champagne, et ça c’est toujours très agréable !
[00:24:40] Après le feu d’artifice, on peut décider d’aller au bal. Les bals ce
sont des fêtes populaires avec de la musique (soit un groupe, soit un DJ) et
tout le monde danse, on boit de l’alcool, on fait la fête ! Les plus célèbres de
ces bals, ce sont les bals des pompiers. Vous savez les pompiers, ce sont
les soldats du feu : les personnes qui sont chargées d’éteindre les incendies
qu’il peut y avoir dans des bâtiments ou dans les forêts. Parfois on organise
les bals le 13 juillet, comme ça les Français peuvent se reposer le 14 juillet.
Comme c’est un jour férié, ils ne sont pas obligés d’aller travailler.
[00:25:39] Vous l’avez compris, les Français adorent leur fête nationale, ils
aiment célébrer le 14 juillet. Mais l’année dernière, le 14 juillet 2016, à Nice,
un homme est arrivé en camion à toute vitesse pendant le feu d’artifice.
[00:26:01] Il a tué 86 personnes et fait des centaines de blessés. Vous avez
sûrement entendu parler de cet attentat qu’on appelle “l’attentat de Nice” et
qui a été revendiqué par l’organisation terroriste l’État islamique. Ça a été un
moment très difficile pour les Français parce que, l’année précédente, il y
avait déjà eu plusieurs attentats à très meurtriers. L’objectif de ces terroristes
c’est de diviser les Français, de créer des tensions à l’intérieur de la société
française pour la faire exploser. Les terroristes veulent donner l’impression
qu’il existe différents groupes dans la société française et qu’il n’y a pas
d’union entre eux. À travers ces attaques, c’est le modèle français qui est
attaqué et ses valeurs, ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Les
terroristes veulent diviser les Français. Ils sont contre ce sentiment de
fraternité qui unit les personnes de différentes origines ou religions.
[00:27:30] À cause de cet attentat, les Français ont en tête cette menace
terroriste. Mais heureusement, ils ne sont pas tombés dans le piège des
terroristes. Les Français veulent garder leur unité. La preuve c’est que, aux
élections présidentielles de cette année, les Français ont rejeté l’option
extrémiste, incarnée par la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, ça
signifie qu’ils ont rejeté l’option qui privilégie la peur et la division entre les
Français. Ils ont choisi un candidat, Emmanuel Macron, qui porte des valeurs
d’espoir et un amour pour le modèle français et l’Union européenne.
[00:28:28] Même si bien entendu il existe des tensions dans la société
française, le 14 juillet c’est l’occasion d’oublier tout ça, d’oublier tous ces
problèmes et de faire la fête tous ensemble. Cette année encore je suis sûr
que les Français se réuniront pour célébrer leur mode de vie, pour faire la
fête, boire de l’alcool et montrer au monde entier qu’ils n’ont pas peur des
extrémistes ni de l’obscurantisme.
[00:29:11] C’est la fin de ce podcast, je vais vous laisser car je suis rentré à
Paris pour faire la fête avec mes amis. On va célébrer ensemble le 14 juillet
et on va essayer de ne pas penser aux attaques terroristes.
[00:29:32] J’espère que ce podcast vous a plu et que peut-être ça vous a
donné envie de venir fêter le 14 juillet en France. En tout cas je suis très
heureux d’avoir pu partager cette histoire avec vous.
[00:29:48] Comme d’habitude, on se retrouve la semaine prochaine pour un
nouveau podcast.
[00:29:54] À bientôt !
Episode:13
Salut à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 13.
[00:00:14] Bienvenue pour ce nouvel épisode. J’espère que vous allez bien,
j’espère que vous êtes en forme. C’est, comme je l’ai dit, le douzième
épisode, donc ça veut dire que j’ai commencé le Cottongue Podcast il y a
trois mois. Et je suis très content car il y a de plus en plus d’auditeurs donc
j’espère que, grâce à ce podcast, vous êtes motivés pour apprendre le
français et j’espère pouvoir vous aider un peu dans cette direction. J’espère
pouvoir vous aider à atteindre vos objectifs.
[00:00:54] Quel temps il fait là où vous habitez ? Parce que là où moi j’habite,
à Varsovie, en Pologne, en ce moment il fait super beau ! Il y a beaucoup de
soleil et les températures sont plutôt élevées puisqu’il fait entre 25 et 30
degrés Celsius. Donc c’est vraiment super, on peut faire du vélo, se
promener et profiter de la ville. Varsovie, c’est une ville qui est très agréable
en été car on peut facilement se promener et il y a beaucoup de parcs et
d’endroits à visiter. Donc c’est un endroit, c’est une ville, que je vous
conseille de visiter si vous en avez l’occasion un jour
[00:01:47] Vous avez peut-être vu que j’ai lancé une page Facebook qui
s’appelle tout simplement Cottongue, et sur cette page je partage des
conseils pour vous aider à améliorer votre français, je vous donne des petits
secrets, des petits techniques. Par exemple, la première technique dont j’ai
parlée sur cette page, c’est de mettre son téléphone portable en français.
Vous utilisez sûrement votre téléphone dans votre langue maternelle, c’est
naturel, c’est l’option la plus facile. Mais si vous mettez votre portable en
français, vous allez pouvoir apprendre du vocabulaire très utile et de façon
plutôt naturelle. Par exemple vous allez pouvoir mémoriser des verbes
comme “envoyer” et “recevoir”, “annuler”, “supprimer”, etc. Donc c’est très
facile pour mettre son portable en français, normalement avec tous les
portables c’est possible. Il suffit d’aller dans les réglages, de choisir la langue
et de choisir le français, tout simplement. Si vous allez sur ma fanpage sur
Facebook, sur la fanpage “Cottongue”, vous verrez une petite vidéo qui vous
expliquera comment faire. Et dans cette vidéo, vous verrez aussi qu’en
faisant ça, vous allez pouvoir apprendre par exemple la météo, grâce à
l’application météo. Ou bien vous allez pouvoir mémoriser les dates. Je sais
que parfois on a tendance à oublier les mois de l’année (janvier, février,
mars, avril, etc.), mais si vous mettez votre portable en français, chaque jour
vous verrez la date sur votre écran, donc inconsciemment vous allez pouvoir
mémoriser ce vocabulaire. Donc voilà, c’est le genre de conseils que je
donne sur la fanpage, mais je partage aussi des vidéos par exemple, ou des
choses que je trouve intéressantes et qui peuvent vous aider à apprendre le
français. Donc je vous invite à aller voir cette page sur Facebook pour
pouvoir accéder à tous ces contenus.
[00:04:34] Donc c’est tout pour l’autopromotion, maintenant on va passer à
notre sujet du jour.
[00:04:48] Dans le podcast numéro 3, je crois, nous avions parlé du bonheur.
Nous avions parlé par exemple des pays dans lesquels les gens sont les
plus heureux. Et souvent on associe l’idée de bonheur à celle d’argent. On
pense que si on veut être heureux, c’est mieux d’avoir de l’argent. Donc
aujourd’hui on va parler de personnes qui justement ont gagné beaucoup,
beaucoup d’argent, mais de façon un peu exceptionnelle puisque les
personnes dont nous allons parler aujourd’hui sont devenues riches en
jouant au loto. Le loto, peut être que vous en avez déjà entendu parler, je
suis sûr que ça existe dans votre pays. Le loto, en français, c’est le nom
qu’on donne à la loterie nationale. La loterie, c’est tout simplement un jeu de
hasard. Il suffit d’acheter un ticket pour participer et ensuite on a une chance
de pouvoir gagner beaucoup, beaucoup d’argent, des millions d’euros. Le
loto, c’est le jeu de hasard le plus populaire en France. Pour jouer, je vous
l’ai dit, il faut acheter un ticket et choisir 6 numéros sur ce ticket. Il existe
également, en Europe, dans l’Union Européenne, une loterie qui s’appelle
l’EuroMillions. Évidemment dans cette loterie, on peut gagner encore
beaucoup plus d’argent car il y a plus de participants, c’est logique. En
France, un ticket pour jouer au loto coûte 2,20 € et on peut ensuite gagner
le jackpot, mais en général on a une chance sur 110 millions de gagner le
jackpot. On appelle ça aussi en français le “gros lot” pour dire le jackpot, le
“gros lot”. Il faut savoir que le record en France, le plus gros jackpot qui ait
été gagné, était de 169 millions d’euros. Vous imaginez une telle somme
d’argent ?! Je pense que pour la majorité d’entre nous, c’est quelque chose
qu’il est difficile d’imaginer, une telle somme d’argent, un tel montant : 169
millions d’euros !
[00:07:46] Justement, est-ce que vous jouez aux jeux de hasard ? Est-ce
qu’il vous arrive de jouer par exemple à la loterie ou à d’autres jeux pour
gagner de l’argent ? Peut-être que vous allez parfois au casino pour jouer à
la roulette ou au black-jack. Moi ça m’arrive de temps en temps, parfois
j’achète un billet de loto quand il y a beaucoup d’argent en jeu, beaucoup
d’argent à gagner, mais malheureusement je n’ai gagné qu’une seule fois.
Et vous savez combien j’ai gagné quand j’ai joué au loto ? J’ai gagné 4€ !
Bon, c’est pas beaucoup, c’est pas vraiment le début de la fortune, mais c’est
le maximum que j’ai réussi à gagner au loto pour le moment. Moi, je ne suis
pas très superstitieux, ça veut dire que je ne crois pas à la chance ni au
destin. Être superstitieux, ça veut dire avoir des superstitions. Par exemple,
si vous pensez que le vendredi 13 est un jour spécial, que le vendredi 13 est
un jour qui n’est pas comme les autres. Ou alors, si vous pensez que les
chats noirs portent malheur. Moi je ne crois pas du tout ça, parce que
justement j’ai deux chats noirs, ou plutôt des chattes car ce sont des
femelles, j’ai deux chattes noires depuis environ un an et je pense qu’elles
me portent plutôt bonheur et pas malheur. Quels autres exemples de
superstitions on a ? Par exemple, il y a des personnes qui croient que quand
on casse un miroir, eh bien cela va nous apporter plusieurs années de
malheur, que de mauvaises choses vont nous arriver pendant plusieurs
années. Ou alors elles pensent qu’il ne faut jamais passer sous une échelle,
que si on passe sous une échelle, eh bien là aussi ça va nous porter malheur.
[00:10:14] Alors, gagner au loto malheureusement ce n’est pas une chose
facile. Je vous ai dit que la chance, la probabilité de gagner au loto est
vraiment très très faible. En plus, avec ces jeux de hasard, on peut parfois
développer des addictions, on peut devenir accro aux jeux de hasard. Il y a
un livre très célèbre de l’écrivain russe Dostoïevski qui s’appelle Le joueur,
et justement, dans ce livre, il est question d’un homme qui joue beaucoup
d’argent au casino et qui malheureusement a tendance à perdre, et même
s’il perd quasiment tout son argent, il est incapable de s’arrêter car il est
devenu complètement accro aux jeux de hasards, il a une addiction pour les
jeux de hasard. D’ailleurs dans ce livre il y a une dimension autobiographique
parce que l’auteur Dostoïevski était lui aussi un grand amateur de casino.
[00:11:27] Mais revenons plutôt à notre sujet. Revenons à nos moutons,
comme on dit en français. “Revenir à nos moutons”, c’est une expression
idiomatique pour dire “revenir au sujet qui nous intéresse”. Donc revenons à
nos moutons. Est-ce que vous avez déjà rêvé de jouer au loto ? Est-ce que
vous vous êtes déjà demandé ce que vous feriez avec cet argent ?Peut être
que vous achèteriez une grosse voiture ou alors une belle maison au bord
de la mer, peut être que vous feriez un grand voyage avec tous vos amis, ou
alors que vous vous iriez vivre sur une île paradisiaque. Mais attention,
gagner au loto ça n’est pas toujours la vie de rêve. Il y a des gagnants qui
se sont retrouvés dans des situations très délicates après avoir gagné au
loto. Et justement, c’est le sujet qui va nous intéresser aujourd’hui. Les
gagnants du loto et ce que la victoire leur a apporté, mais aussi les
problèmes auxquels ils doivent faire face, les problèmes auxquels ils sont
confrontés.
[00:12:54] OK alors vous êtes prêts à parler des gagnants du loto ? Oui ?
Alors c’est parti !
[00:13:11] En France, il y a une entreprise qui s’occupe d’organiser la loterie,
le loto. Cette entreprise s’appelle la Française Des Jeux, la FDJ, Française
Des Jeux. C’est une entreprise publique, ça veut dire qu’elle est gérée par
l’État et elle organise en général tous les jeux de hasard et tous les jeux avec
des paris d’argent. Parier de l’argent, c’est quand vous donnez de l’argent
on échange d’une chance de pouvoir en gagner beaucoup plus. Par exemple
on peut parier de l’argent avec des courses de chevaux, des courses
hippiques. Donc tous ces jeux de hasard c’est la Française des jeux qui les
organise. Et pour les grands gagnants, c’est à dire pour les personnes qui
gagnent plus d’un million d’euros, et bien il y a une équipe spéciale qui est
chargée d’accompagner, d’aider, de s’occuper de ces gagnants.
[00:14:27] Par exemple cette équipe organise des réunions au siège social
de l’entreprise avec des psychologues et des conseillers qui vont parler avec
ces gagnants et qui vont leur donner des conseils. Des conseils évidemment
pour gérer leur argent, pour bien investir leur argent, mais des conseils aussi
psychologiques pour les aider dans leur vie quotidienne et pour les prévenir
des problèmes auxquels ils vont faire face.
[00:15:07] Évidemment, c’est très important d’avoir des conseillers financiers
pour savoir comment investir son argent. Parce que malheureusement il
existe des gagnants qui ont dépensé tout l’argent qu’ils avaient gagné, et
même plus d’argent qu’il n’en avait gagné, et finalement ils se sont retrouvés
ruinés. Après quelques années, au lieu d’être riches, ils étaient ruinés, ils
étaient pauvres et en plus ils avaient d’énormes dettes. Donc ça c’est une
situation qui est plutôt mauvaise pour l’image du loto, pour l’image de la
loterie, donc évidemment la Française des Jeux essaye de bien conseiller
ses gagnants pour qu’ils ne soient pas ruinés après quelques années.
[00:16:05] Mais l’autre chose qui est très importante, c’est le soutien
psychologique, l’aide psychologique aux gagnants. Alors on peut se
demander pourquoi des personnes qui ont gagné au loto ont besoin d’un
soutien psychologique. On peut se demander quel genre de problèmes
psychologiques ils ont. Eh bien, il faut savoir que gagner au loto c’est un
changement radical dans sa vie, on peut même appeler ça un
bouleversement. Un bouleversement, c’est un changement radical qui
change tout. Pourquoi c’est un bouleversement ? Eh bien parce que la
plupart des gagnants du loto sont des personnes qui avant étaient dans un
milieu plutôt modeste, ça signifie qu’elles n’avaient pas beaucoup d’argent.
Et du jour au lendemain, elles se retrouvent avec des millions et des millions
d’euros, donc leur vie, évidemment, est complètement différente, et pour
elles ça peut être difficile de s’adapter à cette nouvelle situation.
[00:17:25] En général, elles passent par plusieurs étapes. La première étape
bien sûr c’est l’euphorie. Ça signifie que les gagnants sont extrêmement
heureux, extrêmement contents d’avoir gagné. Ils peuvent sauter de joie,
danser, crier et pleurer. Bref, vous imaginez facilement la scène si vousmême vous gagnez plusieurs millions d’euros, vous aurez sûrement une
réaction euphorique.
[00:18:01] Ensuite, la deuxième étape, pour certains gagnants, c’est un
moment d’angoisse. L’angoisse c’est une très grande peur. En effet, certains
gagnants pensent à tous les changements qui vont arriver et ils sont terrifiés
par cela. Ils ne savent pas comment leur vie et va devenir et ils ont tendance
à avoir peur.
[00:18:30] D’ailleurs, ensuite, certains gagnants passent par une phase de
déni. Ça signifie qu’ils refusent de croire qu’ils ont gagné et ils essayent de
se convaincre que rien n’a changé dans leur vie et qu’ils n’ont pas gagné au
loto. Mais ensuite, progressivement, les gagnants réussissent à s’adapter, à
accepter ce changement, et à comprendre que leur vie va changer d’une
manière positive.
[00:19:12] Alors quels sont les différents problèmes que rencontrent les
gagnants du loto ? D’abord, il y a évidemment des problèmes avec la famille.
Cette victoire au loto, ça peut créer de la jalousie. Surtout que les autres
membres de la famille ont parfois tendance à penser que cet argent n’est
pas légitime, qui n’est pas mérité. Elles pensent que ces personnes qui ont
gagné au loto, elles n’ont pas travaillé pour cela. Et si elles n’ont pas travaillé,
eh bien c’est un peu injuste qu’elles deviennent riches du jour au lendemain,
alors que les autres membres de la famille, eux, sont toujours dans la même
situation. Donc parfois, la famille pense que les gagnants ont une obligation
de partager l’argent qu’ils ont gagné. Comme cet argent n’a pas été gagné
grâce au travail, eh bien tout le monde devrait en profiter. Les gagnants sont
alors obligés de faire tout le temps des cadeaux et ces cadeaux,
progressivement, ils sont considérés comme des obligations. On se sent
obligé de faire des cadeaux pour partager l’argent qu’on a gagné. Et parfois,
les autres membres trouvent que ça n’est jamais assez, les cadeaux ne sont
pas assez chers, ils ne sont pas assez beaux. Il y a aussi de temps en temps
des membres de la famille éloignée qui peuvent venir pour, eux aussi,
demander de l’argent. Peut-être qu’il y a un oncle qu’on n’a pas vu depuis
des années mais qui a quelques dettes, et finalement cet oncle décide de
venir nous voir pour nous demander de l’argent. Ça peut être difficile de
savoir comment réagir dans ces situations. À qui il faut donner de l’argent,
sous quelle forme il faut donner cet argent ? Est-ce qu’il faut faire des
cadeaux, ou bien donner de l’argent en liquide ? C’est difficile à savoir.
[00:21:38] Ensuite, il y a aussi des problèmes avec les enfants. Certains
gagnants décident de ne pas dire à leurs enfants qu’ils ont gagné au loto.
Pourquoi ? Eh bien parce qu’ils pensent que s’ils disent à leurs enfants qu’ils
ont gagné au loto, leurs enfants ne vont pas vouloir faire des efforts à l’école,
faire des études, et réussir leur vie. Parce que ces enfants vont tout
simplement penser qu’ils n’auront jamais besoin de travailler grâce à l’argent
de leurs parents. C’est vrai que ça peut être difficile pour des parents de
transmettre le goût de l’effort à leurs enfants. Si les enfants savent qu’il y a
des millions d’euros qui les attendent sur un compte bancaire, il est probable
qu’ils n’auront pas vraiment envie de faire beaucoup d’efforts à l’école. Mais
en même temps, c’est compliqué pour des parents de mentir à leurs enfants,
de leur cacher une chose comme ça. Donc là aussi, ça peut être une source
de problème pour les gagnants.
[00:23:02] En plus de la famille et des enfants, souvent il est difficile pour les
gagnants de garder de bonnes relations avec leurs amis. Comme leur style
de vie devient complètement différent, que peut être ils décident de
déménager dans une plus grande maison, dans un plus beau quartier. Peutêtre qu’ils partent en vacances très souvent et qu’ils mangent dans les
meilleurs restaurants. Eh bien avec ce nouveau style de vie, on peut
s’éloigner de nos amis. “S’éloigner” ça veut dire “prendre de la distance avec
nos amis”. Là aussi, les amis peuvent être jaloux des gagnants. Encore une
fois, c’est cette question d’argent légitime ou pas. Et nos amis peuvent
penser qu’on ne mérite pas l’argent qu’on a gagné. Évidemment, on peut
penser qu’il suffit d’inviter les amis en vacances, de les inviter au restaurant
et de tout leur payer, mais pour certaines personnes ça peut être gênant
d’être toujours invité. En fait, il y a un rapport hiérarchique qui s’installe, il y
a une sorte de hiérarchie entre les amis car ils n’ont plus les même situations
matérielles. Pour les gagnants, c’est aussi difficile de savoir si nos amis nous
apprécient pour nos qualités personnelles, pour notre personnalité, ou bien
s’ils nous apprécient seulement pour notre argent. On peut penser que ces
personnes essayent de profiter de nous, qu’elles ne sont pas honnêtes.
Parfois on peut même devenir un peu paranoïaque. Donc c’est difficile en
général de rester ami avec des personnes dont la situation matérielle est
complètement différente de la nôtre.
[00:25:15] En plus de ces problèmes relationnels, il y a des problèmes un
peu plus concrets qui concernent l’adaptation à ce nouveau style de vie. La
première question qui nous vient à l’esprit, si on gagne au loto, c’est “est-ce
que je vais continuer de travailler ?”. Pour beaucoup de personnes, la
réponse est non évidemment ! Si elles deviennent riches, elles décident
immédiatement de quitter leur travail. Mais si on a plus travail, on peut
risquer également de s’ennuyer. Une fois qu’on est partie en vacances,
qu’on a fait le tour du monde, eh bien on peut être chez nous, dans notre
grande maison, avec nos belles voitures garées devant, et finalement on se
rend compte qu’on s’ennuie, qu’on a rien à faire, et qu’on n’a plus envie de
faire quoique ce soit. On peut penser que notre vie a un peu perdu du sens.
Pour résoudre ce problème, il y a des personnes qui décident de créer des
fondations ou bien des associations caritatives. Comme ça elles peuvent
utiliser leur argent pour une bonne cause, pour une bonne raison, pour
essayer d’aider les autres. Et ça c’est quelque chose qui peut donner un
sens à notre vie.
[00:26:47] Mais ce qui est peut-être le plus dur pour les gagnants du loto,
c’est que les autres considèrent qu’ils n’ont plus le droit d’avoir de
problèmes, qu’ils n’ont plus le droit d’avoir de soucis. Quand on est riche, eh
bien les autres pensent que tous nos problèmes ont disparu. Mais ce n’est
pas toujours le cas. Vous savez que l’argent n’achète pas le bonheur, et que
l’argent ne protège pas non plus des problèmes de santé par exemple. Donc
pour toutes ces personnes la question principale ça va être : “comment
donner un nouveau sens à notre vie, et comment profiter de cet argent d’une
façon saine et raisonnable ?”.
[00:27:49] Voilà, c’est la fin de ce podcast, merci de l’avoir écouté. K’espère
que ça vous a fait un peu réfléchir. D’ailleurs justement, vous, que feriezvous si vous gagniez au loto ? Est-ce que vous feriez un grand voyage ?
Est-ce que vous achèteriez de belles voitures ou une grande maison ? Dites
moi, ça m’intéresse. J’aimerais bien savoir ce que vous feriez si vous
gagniez au loto. Moi personnellement, je pense que je ferais le tour du
monde. “Faire le tour du monde” ça veut dire visiter beaucoup de pays autour
du monde, et ensuite j’ouvrirais un refuge pour animaux. J’adore les animaux
et j’aimerais pouvoir utiliser cet argent afin de de les aider, afin de leur venir
en aide. Je pense que c’est quelque chose qui me donnerait beaucoup de
plaisir et qui me donnerait l’impression d’être utile. Mais rassurez-vous,
même si un jour je gagne au loto, je continuerai à faire des podcasts pour
vous aider à apprendre le français, car ça aussi ça me donne beaucoup de
plaisir !
[00:29:22] Voilà, merci à tous de m’avoir écouté, merci d’avoir suivi ce
nouveau podcast. J’espère que ça vous a plu.
[00:29:33] La semaine prochaine, dans le prochain podcast, soyez au
rendez-vous car je vous donnerais la recette pour créer un héros parfait. Un
héros par exemple de cinéma ou un héros de roman. Donc si vous vous
intéressez au cinéma, soyez au rendez-vous la semaine prochaine. Merci et
à bientôt !
Episode:14
Salut à tous et bienvenue dans ce 14ème épisode du Cottongue Podcast !
[00:00:17] Pour commencer ce nouveau podcast, je voudrais saluer tout
particulièrement les nouveaux auditeurs. Je vois qu’il y a beaucoup de
nouvelles personnes qui ont commencé à écouter mon podcast et ça me fait
très plaisir.
[00:00:37] Souvent, les personnes qui écoutent mon podcast pour la
première fois me demandent pourquoi je ne fais pas de grammaire. C’est
vrai que, dans les autres podcasts pour apprendre le français, souvent la
partie centrale c’est la grammaire. Par exemple, il y a des podcasts pour
apprendre les différentes règles, pour savoir quelles erreurs il ne faut pas
faire, ou comment conjuguer les verbes du premier groupe.
[00:01:12] Comme tous ces podcasts existent déjà, moi je n’ai pas envie de
faire la même chose. En plus, si vous avez écouté mon premier podcast,
vous savez que pour moi la grammaire n’est pas le plus important quand on
apprend une langue. Je pense que le plus important c’est surtout de prendre
du plaisir. Parce que si on prend du plaisir en apprenant une langue, on va
avoir envie de travailler régulièrement, et si on travaille régulièrement on va
faire des progrès.
[00:01:52] Donc moi ce que je vous propose avec ce podcast, c’est un
nouveau sujet chaque semaine dont je vous parle pour essayer de vous
intéresser. En tout cas c’est des sujets que moi je trouve intéressants et
j’espère qu’ils vous donnent envie de comprendre la langue et d’utiliser le
français le plus possible.
[00:02:21] En tout cas si mon podcast vous plaît, n’hésitez pas à me laisser
des commentaires sur iTunes parce que ça m’aide énormément.
[00:02:40] Pour le podcast d’aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler de
cinéma. Mais je ne vais pas vous parler d’un un film particulier ou d’un
réalisateur, je vais plutôt vous parler de la façon dont les scénaristes écrivent
des histoires pour le cinéma. Est-ce que vous savez ce qu’ont en commun
Luke Skywalker, Harry Potter et Aladin ? Vous connaissez sûrement ces
trois personnages, ces trois héros, mais est-ce que vous savez quels sont
leurs points communs ? Est-ce que vous savez ce qu’ils ont en commun ?
Tous les trois sont les héros principaux d’un film, ou d’un dessin animé pour
Aladdin (Aladdin c’est le héros d’un dessin animé de Disney). OK mais ça,
ça n’est pas non plus le plus intéressant. Le plus intéressant, c’est qu’ils ont
vécu une aventure assez similaire. Donc là vous vous dites : “mais Hugo,
qu’est-ce que tu racontes ? Les aventures de Luke Skywalker, de Harry
Potter et d’Aladin sont complètement différentes ! Elles n’ont rien à voir !”
Peut-être que vous avez cette impression mais quand on regarde la structure
de ces aventures, on voit au contraire qu’elles sont très similaires. Et c’est
justement de ça que je vais vous parler aujourd’hui. Alors vous avez envie
de connaître la recette magique pour écrire un bon scénario de cinéma ?
Oui ? OK alors écoutez et je vais vous donner cette recette magique.
[00:04:55] Est-ce que parfois, quand vous allez au cinéma, vous n’avez pas
comme une impression de déjà-vu ? Vous savez c’est ce genre d’impression
d’avoir déjà vécu une situation similaire, d’avoir déjà été dans cette situation.
Parfois on a l’impression d’avoir déjà vu cette situation dans un rêve par
exemple. Mais on est pas vraiment sûr. Et vous savez pourquoi vous avez
cette impression quand vous allez au cinéma ? Eh bien parce que beaucoup
de films utilisent une structure similaire. Ils ont une histoire qui ressemble à
l’histoire d’autres films. Alors vous pouvez penser que les scénaristes sont
paresseux. Au lieu d’écrire, au lieu d’inventer une nouvelle histoire, ils
préfèrent copier l’histoire d’un autre scénariste. Comme ça, c’est moins
fatiguant et ça demande moins de travail. Ou vous savez aussi que, pour les
producteurs, c’est à dire les personnes qui financent les films, c’est moins
risqué de faire la suite d’un film qui a eu beaucoup de succès, plutôt que de
financer un tout nouveau film que les gens ne connaissent pas. Par exemple
tout le monde adore Spider Man, donc pour un producteur c’est moins risqué
de financer la suite de Spider Man, le 2, le 3, le 4 ou le 5, au lieu de créer un
film avec un nouveau héros que le public ne connaît pas. Parce que, à ce
moment-là, il y a le risque que le public n’aime pas ce nouveau héros. Et si
ce nouveau héros n’est pas populaire, eh bien forcément le film ne va pas
marcher. Alors les producteurs, pour prendre moins de risques, ils préfèrent
utiliser des ingrédients qui fonctionnent déjà.
[00:07:21] Justement, il y a un ingrédient qui fonctionne extrêmement bien
pour faire des films à succès au cinéma, et cet ingrédient magique, c’est une
structure très efficace qui a été théorisée par un anthropologue américain.
Un anthropologue, c’est une personne qui étudie l’Homme, au niveau
physique mais aussi au niveau culturel. Les anthropologues font la synthèse
de toutes les sciences qui concernent l’Homme pour essayer d’avoir une
vision globale de l’Homme. Donc cet anthropologue américain s’appelle
Joseph Campbell. Et lui, il s’intéressait beaucoup à la mythologie et aux
mythes. Les mythes, vous savez, ce sont des histoires très très anciennes
qui se diffusent dans les civilisations, qui se propagent de génération en
génération, et qu’on appelle aussi parfois des légendes. Ces histoires sont
tellement vieilles que, souvent, on ne sait pas qui en est l’auteur, on ne sait
pas qui a écrit où qui a raconté ce mythe, cette histoire, en premier.
[00:08:54] Donc Joseph Campbell s’est intéressé aux mythes dans les
différentes civilisations, partout dans le monde. Il a étudié les histoires que
l’on raconte dans ces civilisations, et il a essayé de trouver des points
communs entre elles. Et justement, avec ses recherches, il a réussi à
identifier une structure qui est la même pour les mythes dans toutes ces
civilisations. Tous ces mythes, que ce soit les mythes Grecs, les mythes
romains, les mythes mayas, eh bien ils ont en commun un certain ordre, une
certaine structure pour raconter l’histoire. Et Joseph Campbell a écrit un livre
pour montrer, pour expliquer cette structure au grand public.
[00:09:54] J’imagine que vous vous demandez quelle est la structure de
cette histoire, quelles sont les différentes étapes que doit affronter le héros.
Une étape, c’est comme un test, une chose que le héros doit faire pour tester
son courage, pour tester sa bravoure, et ces épreuves, généralement, elles
sont les mêmes dans toutes les histoires. C’est ça qui est très intéressant.
Alors comme vous êtes curieux de connaître ces épreuves je vais vous les
décrire.
[00:10:42] La première épreuve, en fait ce n’est pas vraiment une épreuve,
c’est plutôt la situation initiale. La situation initiale, c’est le héros qui vit dans
un monde ordinaire. Mais à ce moment-là, il ne sait pas encore qu’il est un
héros. Il pense être une personne comme les autres, voire même assez
souvent une personne moins bonne que les autres. Souvent, le héros, avant
de devenir un héros il est un peu marginalisé, c’est un “loser” (comme on dit
en anglais). Vous pouvez penser par exemple à Harry Potter et, justement,
avant de rejoindre l’école, il a une vie plutôt triste. Il est orphelin parce qu’il
a perdu ses parents, dans un accident de voiture, et il vit dans la famille de
sa tante qui est le déteste complètement, il n’a aucun ami, donc on peut dire
que sa vie n’est pas vraiment idéale. C’est la même chose pour Luke
Skywalker. Quand il est enfant, il grandit sur la planète de Tatooine, dans
une famille plutôt pauvre, et même s’il a des bonnes capacités physiques,
on ne pense pas à ce moment-là qu’il va devenir un héros. Quant à Aladdin,
lui, il est simplement voleur et on dit dans le dessin animé de Disney que
c’est un “moins que rien”. Un “moins que rien”, c’est une personne qui n’a
aucune valeur, sa valeur c’est zéro ! Donc Aladin, avant de rencontrer le
génie, il est loin d’être un héros. Ça c’est la première étape de tout histoire,
c’est la base des différents mythes. Un personnage plutôt ordinaire dans un
monde lui aussi ordinaire.
[00:12:59] Mais ensuite, la deuxième étape, c’est un appel que reçoit le
héros. Le héros reçoit un appel pour partir à l’aventure. Alors cet appel, il
peut prendre différentes formes : ça peut être un coup de téléphone, ça peut
être une lettre, ou ça peut être une personne qui vient le voir pour lui
proposer de partir à l’aventure.
[00:13:32] Généralement, au début, le héros refuse cette aventure. Ça c’est
l’étape 3 de l’histoire, quand le héros refuse de partir à l’aventure. Il a
différentes excuses pour refuser ça, mais en général il n’est tout simplement
pas d’accord. Peut être qu’il a peur, peut-être qu’il pense ne pas être la
bonne personne pour ces épreuves. En tout cas, sa réaction initiale, c’est
tout simplement de dire “non”. “Non, désolé mais je ne vais pas partir à
l’aventure.” Par exemple, Luke Skywalker, au départ, il n’a pas vraiment
envie de suivre Obi Wan Kenobi. Il veut rester sur Tatooine, et il n’a pas
envie de partir à l’aventure.
[00:14:33] Mais, finalement, c’est la quatrième épreuve, il y a un mentor qui
arrive à convaincre le héros. Un mentor, c’est une personne très importante
qui a plus d’expérience que nous et qui va nous donner des conseils pour
mieux vivre notre vie. Donc ce mentor, dans Harry Potter par exemple, c’est
Hagrid. Dans Aladin, le mentor c’est le génie. Et dans Star Wars,
évidemment le mentor c’est Obi Wan Kenobi. Ce mentor, il va discuter avec
le héros et il va lui expliquer qu’il doit accepter cette aventure, que c’est son
destin et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de partir à l’aventure.
[00:15:40] Maintenant nous arrivons à la cinquième étape de l’histoire. Cette
cinquième étape, c’est le héros qui accepte l’aventure. Et en acceptant
l’aventure, il rejoint un monde extraordinaire, un monde qui est différent de
celui dans lequel il vivait. C’est vraiment à ce moment-là que commence
l’aventure.
[00:16:11] Alors dans ce nouvel univers, les choses se compliquent pour le
héros. Il a beaucoup de défis, de challenges, à relever pour prouver qu’il est
bien à la hauteur de son destin. Il a différents défis comme affronter des
méchants, aider des personnes, sauver des princesses etc. Tout un tas
d’épreuves qui vont pouvoir lui donner l’occasion de prouver son courage,
de prouver qu’il n’est pas une personne ordinaire, mais qu’il est vraiment un
héros. Un très bon exemple de ça se trouve dans la mythologie grecque.
Vous avez sûrement entendu parler d’Hercule. Hercule c’était un héros de
la mythologie grecque qui était mi-humain mi-dieu. C’était le fils de Zeus et
d’une humaine. Et Hercule, pour prouver qu’il était bien un héros, eh bien il
a dû accomplir 12 travaux. Ces travaux étaient des épreuves qui ont permis
de montrer la valeur d’Hercule, de prouver que Hercule était bien un héros.
[00:17:39] La septième étape de l’histoire, c’est justement l’épreuve finale.
Après toutes les difficultés qu’a dû affronter le héros, il se retrouve face à la
dernière épreuve, l’épreuve finale, qui est généralement la plus difficile. Ça
peut être un combat contre le grand méchant, ou ça peut être de sauver une
princesse face a un dragon. Bref, cette étape est extrêmement difficile pour
le héros et, à ce moment-là, il passe très près de la mort. Ça c’est la huitième
étape, quand le héros est proche de la mort. Vous savez quand on regarde
un film, c’est le moment le plus stressant parce qu’on a très envie que le
héros réussisse mais le combat est tellement difficile que le héros est sur le
point de perdre.
[00:18:49] Mais heureusement, et ça c’est l’étape 9, le héros réussit cette
dernière épreuve. Il gagne ce dernier combat et il prouve qu’il est bien un
héros.
[00:19:16] Après cette victoire, il peut rentrer dans son monde d’origine. Il y
a toujours le retour dans le monde d’origine. Là aussi il y a un autre mythe,
de la mythologie grecque, qui est celui d’Ulysse. Vous savez Ulysse c’est
cet homme qui a dû faire un grand voyage en bateau et qui a perdu sa terre
d’origine Ithaque. Alors pendant de très nombreuses années il voyage, il
voyage, il a beaucoup d’épreuves, de défis à affronter, mais finalement,
après tous ces challenges, il réussi à rentrer chez lui, il revient à Ithaque. Ça
c’est donc un autre exemple qui illustre la théorie de Campbell.
[00:20:12] À la fin, le héros est rentré dans son monde d’origine mais il y a
des choses qui ont changé parce que lui est différent. Ce n’est plus le même
homme (ou la même femme) qu’avant de partir. Maintenant c’est un héros.
Il a des capacités extraordinaires et il n’est plus un humain comme les
autres. C’est la même chose avec Harry Potter. Quand il rentre chez lui
après avoir passé l’année à l’école de sorcellerie, il est de retour parmi les
humains, dans la famille de sa tante, mais lui est différent. Il a des pouvoirs
magiques, c’est un sorcier, donc ce n’est plus le même Harry Potter qu’avant
son départ à l’école de sorcellerie.
[00:21:11] Cette structure, elle forme donc un cercle. Il y a un point de départ,
c’est le héros dans son monde ordinaire, ensuite il y a toutes les différentes
étapes, puis le héros revient au point de départ. Mais évidemment, comme
je l’ai dit, il est différent.
[00:21:32] Quand on connaît cette structure, on peut analyser beaucoup,
beaucoup de films, et on la retrouve justement dans tous ces films. Vous
pouvez penser aux films dont j’ai déjà parlés : Star Wars, Harry Potter,
Aladin, mais aussi Matrix, Le seigneur des anneaux, le Monde de Nemo, par
exemple, ou le Roi Lion. C’est vrai que les studios Disney, ils adorent utiliser
cette structure. D’ailleurs, il y a un écrivain américain qui est aussi
scénariste, qui s’appelle Christopher Vogler, et lui il a justement publié un
guide pour les scénaristes d’Hollywood et ce guide s’inspire de la structure
de Campbell. Ce livre, qui a été écrit par Christopher Vogler, il est très
populaire et il a beaucoup influencé les scénaristes d’Hollywood. C’est pour
ça qu’on retrouve la formule un peu partout, dans beaucoup de films
différents.
[00:22:52] À votre avis, pourquoi cette structure est-elle tellement efficace ?
Pourquoi est-ce que le public aime tellement ce genre d’histoires ?
[00:22:03] À mon avis la première chose, c’est que dans ces histoires le
spectateur peut s’identifier au héros. Comme le héros est une personne
comme les autres, avec des problèmes, eh bien on peut se reconnaître dans
lui, on peut se mettre dans sa peau. Ça, c’est une expression française “se
mettre dans la peau de quelqu’un”, ça veut dire “se mettre à la place de
quelqu’un”, “imaginer que nous sommes cette personne”. Donc quand on se
met dans la peau du héros, eh bien le film devient encore plus intense parce
qu’on a un peu l’impression que les événements qui arrivent au héros, il nous
arrivent à nous, les spectateurs.
[00:22:57] Ensuite la deuxième chose c’est que, grâce à ce héros, on
comprend qu’on est capable de dépasser nos peurs. On comprend qu’il faut
prendre des risques, parfois, et accepter l’appel à l’aventure. C’est normal
d’avoir peur, tout le monde a peur (même les héros), mais ce qui fait la
différence c’est quand on accepte de prendre des risques et quand on décide
de combattre nos peurs. C’est comme ça qu’on peut devenir un héros. Mais,
pour devenir ce héros, il faut beaucoup de courage et il faut faire des
sacrifices. Ça c’est une idée qu’on aime bien également, parce que vous
savez par exemple que le développement personnel, c’est une chose qui
devient de plus en plus populaire. On a tous envie de devenir une meilleure
version de nous-mêmes. Et justement, dans cette structure, dans cette
histoire, le héros est une personne qui devient une meilleure version d’ellemême. Donc là encore, on aime bien s’identifier à ce genre de personnage.
[00:25:14] La dernière chose, à mon avis, qui explique pourquoi ces histoires
sont tellement populaires, c’est que la structure est très claire et qu’elle est
facile à comprendre. Dans les films Disney pour les enfants, cette structure
est utilisée car les enfants peuvent la comprendre très facilement. Et c’est la
même chose pour les parents ! Comme c’est un cercle, comme cette histoire
a la forme d’un cercle, avec un départ et une fin, eh bien on a l’impression
d’avoir vécu une aventure complète. À la fin du film, il n’y a plus aucune
question, on a répondu à toutes les questions, on sait exactement ce qui
s’est passé et donc on est satisfaits, on est heureux d’avoir vu ce film et
d’avoir vécu cette aventure.
[00:26:27] Finalement tous ces ingrédients sont une garantie de succès pour
les producteurs, car ils savent déjà que le public, que les spectateurs, aiment
ce genre d’histoire. Mais il y a peut-être le risque que, à force d’utiliser cette
structure dans tous les films, eh bien les spectateurs vont peut-être se lasser.
“Se lasser de quelque chose”, ça signifie se fatiguer, ne plus aimer quelque
chose. Par exemple si vous adorez les gâteaux chocolat et que vous en
mangez tous les jours, eh bien peut-être qu’après quelques semaines, vous
allez vous lasser du gâteau au chocolat. Ça veut dire que vous ne voudrez
plus manger de gâteau au chocolat, car vous en aurez trop mangé avant.
Donc c’est la même chose avec les films : à force de voir ces histoires encore
et encore, peut-être que le public va en avoir assez. Mais d’un autre coté
Joseph Campbell a prouvé que cette structure existe depuis des milliers
d’années. Et, si elle est toujours efficace maintenant, ça signifie peut-être
que cette structure plaira toujours au public, que le public, les spectateurs,
ne vont jamais se lasser de cette structure.
[00:28:11] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Maintenant, la prochaine fois que
vous irez au cinéma, vous pourrez essayer d’identifier la structure, et peutêtre que vous reconnaîtrez la structure de Joseph Campbell. En tout cas,
j’espère que ça vous a intéressé et que vous êtes toujours motivés pour
apprendre le français. Même si vous êtes en vacances, il faut continuer à
faire un peu de français tous les jours, car vous savez que la régularité, c’est
la clé pour apprendre une langue.
[00:28:51] Si vous voulez m’aider, et si vous aimez ce podcast, je vous invite
à aller sur iTunes pour me laisser une évaluation. Écrivez un petit
commentaire et donnez-moi des étoiles pour que mon podcast puisse aider
encore plus de personnes. Donc voilà, si vous aimez ce podcast, allez sur
iTunes et laissez-moi une petite évaluation.
[00:29:26] Merci à tous de m’avoir écouté. On se retrouve la semaine
prochaine et on parlera du système scolaire français, c’est à dire de l’école
en France. Reposez-vous bien, profitez de vos vacances (si vous êtes en
vacances) et à bientôt !
Episode: 15
Salut à tous et bienvenue ! C’est le Cottongue Podcast épisode 15 !
[00:00:13] Bienvenue, je suis très content de vous accueillir pour ce nouveau
podcast. Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien et que vous êtes
en forme. J’espère que vous passez de bonnes vacances, si vous êtes en
vacances, ou que votre semaine de travail n’est pas trop dure.
[00:00:36] Pour commencer ce podcast, je voulais vous parler d’un message
très sympa que j’ai reçu sur la fanpage Cottongue. Vous savez que j’ai créé
une fanpage sur Facebook pour pouvoir partager avec vous des vidéos, des
informations et des choses intéressantes. Et sur cette page évidemment
vous pouvez aussi me contacter et m’envoyer des messages. Donc c’est ce
qu’a décidé de faire Michael. Michael est canadien, il habite dans l’Ontario
et j’ai envie de vous lire le message qu’il m’a envoyé. Donc écoutez, le
message que jai reçu de Michael.
[00:01:34] “Hey !
Je voulais t’envoyer un message pour te dire merci. Ton podcast m’a aidé à
revenir au français. Je viens de l’Ontario, au Canada, dans un endroit où on
parle surtout anglais. J’ai fait mon école primaire et secondaire en français,
mais ça fait presque dix ans que je l’utilise de moins en moins. Je ne veux
pas le perdre et ton podcast m’aide. J’aime le concept d’ignorer la grammaire
et de simplement parler de quelque chose d’intéressant. Je suis totalement
d’accord avec toi pour dire qu’il y a beaucoup de matériaux pour les
débutants et les avancés, mais pas pour les intermédiaires.
Merci encore.
J’aimerais que tu parles plus du sujet des médias en France si possible.
Michael“
[00:02:43] Merci Michael pour ce message. Évidemment je lui ai répondu,
car je réponds à tous les messages que je reçois. Et vous voyez, Michael
est d’accord pour dire que la grammaire c’est bien mais c’est peut-être plus
intéressant de faire des choses un peu différentes. Justement vous savez
que c’est l’objectif de ce podcast : vous proposer des choses intéressantes
à écouter en français pour acquérir la langue de façon un peu plus naturelle
.J’avais beaucoup parlé de ça dans le premier podcast, donc si vous ne
l’avez pas écouté, vous pouvez le faire après celui-ci.
[00:03:35] Je suis très content de pouvoir aider mes amis canadiens. J’aime
beaucoup le Canada et le français qu’on parle au Québec. Je trouve que
c’est vraiment une façon très jolie de parler Français. Ils utilisent quelques
expressions un peu différentes et leur prononciation, leur accent, sont
également différents. Et, certains Français trouvent que c’est drôle, mais moi
personnellement je trouve que c’est très joli, c’est très beau, et j’adore
regarder des films en québécois. Par exemple vous connaissez peut-être le
réalisateur Xavier Dolan qui vient de Montréal, et justement j’adore ses films
et je vous conseille aussi de les voir si vous n’en avez jamais vu. Comme
ça, ça vous permettra d’entendre la langue québécoise et d’apprendre des
expressions très sympas !
[00:04:48] “Niaise pas ! Il y a la fameuse expression “Niaise pas avec la
puck” qui vient du hockey, avec la rondelle, avec le palais. Donc “niaise pas”
c’est “va droit au but”.
[00:04:58] Alors pour le podcast d’aujourd’hui, nous allons parler du système
scolaire français. Mais je ne vais pas vous faire une description détaillée des
différentes écoles, parce que je pense que ça pourrait être un peu ennuyeux.
Donc, au lieu de faire ça, je vais plutôt vous parler de mon expérience
personnelle. Comme ça, ça va vous permettre de vous faire une idée,
d’imaginer, comment est la vie d’un élève dans le système français. Je pense
que c’est très important de connaître le système éducatif d’un pays, parce
que c’est à travers ce système qu’on transmet les valeurs et la façon de
penser aux nouvelles générations. Donc si on veut bien connaître un pays
et sa culture, c’est important de savoir quelles sont les choses qu’on étudie
à l’école. Je vais vous parler des points que je trouve positifs
personnellement mais aussi des choses qui sont plus négatives. Les
avantages et les inconvénients du système.
[00:06:28] OK, alors vous êtes prêts à revivre mes années d’école avec moi
? Aller, c’est parti, on retourne à l’école !
[00:06:45] Moi je viens d’une petite ville qui se trouve dans le centre de la
France et qui s’appelle Châteauroux. C’est une ville qui compte environ 50
000 habitants et elle n’a rien de vraiment spécial, elle n’a rien de particulier.
Je dirais que c’est une petite ville comme on en trouve beaucoup en France.
[00:07:12] Quand j’avais trois ans j’ai commencé par aller à l’école
maternelle. L’école maternelle c’est pour les enfants qui ont entre 3 et 6 ans,
donc c’est une école qui dure trois ans. Elle n’est pas obligatoire, elle est
facultative, mais en général la grande majorité des enfants vont dans cette
école. Plus de 90 % des enfants vont à l’école maternelle. Qu’est-ce que j’ai
appris à l’école maternelle ? Eh bien j’ai appris à vivre en communauté, dans
une communauté différente de la famille. C’est-à-dire que l’école maternelle
c’est qu’un endroit très important pour que les enfants apprennent à se
sociabiliser, à vivre avec les autres. C’est là qu’on se fait ses premiers amis
et peut être aussi ses premiers ennemis.
[00:08:19] Je garde plutôt de bons souvenirs de l’école maternelle. Je pense
que j’étais assez content d’y aller, je me suis fait plein de copains, et ensuite
quand j’avais six ans je suis entré à l’école primaire.
[00:08:37] L’école primaire, qu’on appelle aussi “école élémentaire”, elle
dure 5 ans. Donc on a 6 ans quand on arrive à l’école primaire et quand on
termine on a 11 ans. C’est dans cette école qu’on commence à apprendre
les choses sérieuses. On apprend à lire, à écrire, à compter. On a des des
initiations à la science, à l’Histoire, et on commence à faire des choses un
peu plus plus concrètes, un peu plus sérieuses. Moi j’ai adoré l’école
primaire parce que j’étais très content d’apprendre à lire. Pour moi c’était
quelque chose de très important parce que ensuite je suis devenu un gros
lecteur. Un gros lecteurs, vous avez compris, c’est quelqu’un qui adore lire.
Donc moi quand j’étais petit j’adorais lire des livres le soir avant de
m’endormir, et grâce à l’école primaire j’ai pu apprendre à lire.
[00:09:57] Après ça je suis allé au collège. Donc faites attention, le collège en français- c’est l’école à laquelle vont les enfants entre 11 et 15 ans. Donc
je sais qu’aux Etats-Unis, “College” c’est quelque chose de différent, c’est
l’université, mais en France le collège ça n’a rien à voir, c’est l’école qui est
avant le lycée. Donc les Français vont au collège quand ils ont 11 ans. Ça
ne veut pas dire qu’ils sont plus intelligents que les Américains, mais
simplement que le mot collège désigne autre chose en français qu’en
anglais.
[00:10:48] Le collège dans lequel je suis allé, c’était un collège qui était situé
dans un quartier difficile, un quartier de banlieue. Quand on parle de
“banlieue”, en France, ce sont les quartiers qui sont en général à l’extérieur
des villes, dans la périphérie des villes, et où habitent les familles qui ont un
peu moins d’argent, les familles plus modestes. Dans ce collège, j’ai
commencé à voir la société de façon un peu différente. J’ai rencontré des
personnes qui venait de milieux assez différents du mien. Et à ce momentlà, j’ai commencé à me rendre compte des inégalités. Par exemple j’avais
des copains, au collège, qui partageaient leur chambre avec deux ou trois
frères. Alors que moi, j’avais la chance d’avoir une chambre pour moi tout
seul, chez mes parents. Donc c’est à ce moment-là que j’ai vu qu’on avait
pas tous les mêmes chances, qu’on avait pas tous les mêmes conditions de
vie. Et j’ai aussi compris que ces conditions de vie, eh bien elles jouent une
grande influence sur notre succès, sur notre réussite à l’école. Forcément
c’était plus facile pour moi de me concentrer et de faire mes devoirs dans
ma chambre, tout seul, avec mon petit bureau, que pour mes amis qui
devaient partager leur chambre avec leurs trois frères. Et, au collège, c’est
aussi là que de la compétition commence. On évalue les élèves avec des
notes qui vont de 0 à 20. Aux Etats-Unis et en Angleterre (il me semble), on
évalue les élèves avec des lettres : A, B, C, C-, C+, etc. Mais en France, on
évalue avec des notes qui vont de 0 à 20. Si vous avez 0, c’est la plus
mauvaise note, et 20 c’est la note maximale. Pour avoir la moyenne, pour
réussir un examen, il faut avoir 10, 10/20.
[00:13:30] Au collège, il y a quatre années (comme je vous l’ai dit). La
première année s’appelle la 6ème, ensuite on passe en 5ème, puis la 4ème
et la 3ème. À la fin de la 3ème, il y a un premier examen assez important qui
s’appelle le brevet. Et pour pouvoir finir le collège, il faut obtenir le brevet.
[00:14:01] Après le collège, c’est là qu’on commence à faire une sélection
entre les élèves. Tous les élèves n’ont pas les mêmes possibilités. En
fonction des notes qu’on a obtenues au collège, on a différentes options qui
s’offrent à nous. Les élèves qui avaient les résultats les plus mauvais, eh
bien en général ils doivent faire une filière professionnelle, c’est à dire des
études qui vont être très courtes, qui vont durer deux ans, pour leur
apprendre un métier, une profession, plutôt technique en général. En
France, l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans donc, après les 16 ans, les
élèves, quand ils ont leur diplôme professionnel ils peuvent arrêter d’étudier
et commencer à travailler. Ce genre de métiers, ils sont très importants mais
malheureusement ils ont une image plutôt négative. On a l’impression
qu’apprendre ces métiers c’est une forme de punition parce qu’on a pas eu
de résultats suffisamment bons au collège. Les élèves ont parfois un peu
honte de faire ce genre d’études professionnelles, et c’est plutôt difficile pour
eux d’être motivés et de rester concentrés sur leurs études.
[00:15:50] Pour les autres élèves, ceux qui ont eu de bons résultats au
collège et à l’examen du brevet, eh bien on peut aller au lycée. Le lycée, on
entre quand on a 15 ans et on finit à 18 ans. Donc si vous êtes bons en
calcul, vous avez compris que le lycée dure 3 ans. Il y a différents types de
lycées : le lycée général, le lycée technologique et le lycée professionnel.
On a déjà un peu parlé de la filière professionnelle et le lycée général, c’est
pour les élèves qui ont eu de bonnes notes. Au lycée général, la première
classe s’appelle la 2nde. Quand on arrive au lycée on est en 2nde, puis il y
a la 1ère et la terminale.
[00:16:57] Moi, je suis allé dans un bon lycée qui était dans le centre de ma
ville et là il y avait des élèves assez différents de ceux que j’avais fréquentés
au collège. Donc pour moi encore une une fois c’était une façon de découvrir
des personnes d’autres milieux et j’ai dû m’adapter à ce nouveau milieu.
[00:17:25] Après la 2nde, on a le choix entre trois programmes : le
programme scientifique qui met l’accent sur les mathématiques, la physique,
la biologie, le programme économique et social -dans lequel on se concentre
plutôt sur l’économie et les sciences humaines-, et enfin le dernier
programme qui est le programme littéraire, pour évidemment la littérature et
les langues étrangères.
[00:18:04] Moi j’ai choisi le programme économique et social parce que
justement je m’intéressais beaucoup à ces matières, et j’avais envie d’en
savoir plus. J’ai beaucoup aimé le lycée aussi parce que c’est à ce momentlà qu’on essaye de donner un esprit critique aux élèves. En France, c’est
quelque chose de très important d’être capable d’argumenter, de présenter
sa pensée d’une façon bien organisée. Donc au lycée, on apprend par
exemple à écrire des dissertations, c’est à dire qu’il y a dans les cours de
philosophie, par exemple, un sujet et on doit répondre à ce sujet (qui
généralement est une question) en plusieurs parties. Et ce qui est très
important dans cet exercice, c’est la structure. Il faut toujours avoir le pour et
le contre, le point de vue en faveur d’une théorie et le point de vue contre
cette théorie. Au lycée, on insiste pour que les élèves apprennent à nuancer
leur esprit. Il n’y a pas le bien et le mal, le bon et le mauvais, mais il y a une
réalité qui est complexe et qu’il faut analyser pour mieux la comprendre.
Donc ça ce sont des compétences et des idées qu’on transmet aux élèves
quand ils sont au lycée. Et personnellement, je trouve que c’est vraiment à
un grand avantage du système scolaire français : cet esprit critique qu’on
transmet aux élèves.
[00:20:01] À la fin de la dernière année de lycée, il y a l’examen qui est le
plus important pour les élèves qui s’appelle le baccalauréat. Bon comme
“baccalauréat” c’est un peu long, on utilise le mot “bac”. Donc en terminale,
à la fin du lycée, les élèves passent le bac et il faut réussir ce bac pour
pouvoir continuer les études supérieures. Donc attention ça en français c’est
un peu différent : quand on dit “passer un examen” ça signifie “essayer cet
examen”, mais ensuite on peut réussir l’examen ou le rater. Donc quand on
dit en français “j’ai passé un examen”, ça veut dire qu’on a essayé cet
examen, mais ça ne veut pas dire qu’on l’a réussi. Faites attention à cette
petite différence, car ça n’est pas comme en anglais par exemple.
[00:21:11] Quand les élèves ont réussi le bac, ils peuvent commencer leurs
études supérieures. Ils peuvent aller à l’université -et la majorité des élèves
décident de le faire- pour apprendre différentes choses (ça peut être la
littérature, le droit, la médecine) et on peut obtenir un diplôme en trois ans
qui s’ appelle la Licence ou un autre diplôme en cinquante qui s’appelle le
Master. Et si on veut faire de la recherche ou de l’enseignement, ça veut dire
si on veut devenir professeur à l’université, on peut faire un doctorat. Mais
pour le doctorat il faut être très motivé car ça dure 8 ans. Il faut 8 ans d’études
pour obtenir le doctorat.
[00:22:09] Moi, personnellement j’ai choisi quelque chose d’un peu différent
car je suis allé en prépa. La prépa, qui s’appelle aussi “classe préparatoire”,
c’est une spécificité française, ça n’existe qu’en France. La classe prépa, ça
se trouve dans les lycées et pendant deux ans on prépare les concours aux
grandes écoles. Les grandes écoles, ce sont les écoles les plus
prestigieuses en France, par exemple les écoles d’ingénieurs, de commerce,
ou sciences politiques. Vous avez peut-être entendu parler de Polytechnique
(qui est une école d’ingénieur) ou alors d’HEC (qui est une école de
commerce), donc ces écoles sont appelées en France les “grandes écoles”,
et ce sont les études les plus sélectives et les plus difficiles en général à
intégrer. Donc pour entrer dans ces grandes écoles, il faut se préparer à un
examen et on se prépare à cet examen dans les classes préparatoires.
C’était pour moi deux années très intéressantes mais aussi très intenses.
On a environ 30 heures de cours par semaine, mais on a aussi deux
examens oraux chaque semaine et un examen écrit de 4 heures tous les
vendredi ou tous les samedi. Donc la classe prépa, ça a la réputation d’être
très difficile et il faut être vraiment motivé pour passer deux années à étudier
de façon aussi intense.
[00:24:07] À fin de ces deux années de prépa, on passe les concours -c’està-dire les examens d’entrée- pour rejoindre les grandes écoles. Il n’y a pas
de place pour tout le monde évidemment, donc ce sont les meilleurs
étudiants qui peuvent intégrer les meilleures écoles. Ce système des
grandes écoles, il est très critiqué en France parce qu’il favorise les
inégalités. Comme c’est très difficile de rentrer dans les grandes écoles,
souvent la grande majorité des étudiants qui vont dans ces écoles, ce sont
des étudiants qui viennent de familles assez aisées. Ça signifie des familles
qui ont pas mal d’argent. Ces familles, elles savent que c’est très important
d’aller dans les grandes écoles pour obtenir un bon diplôme et ensuite un
bon travail.
[00:25:11] En plus, ces grandes écoles sont privées et elles sont assez
chères. Donc les étudiants, si leurs parents ne peuvent pas leur payer cette
école, ils doivent demander un crédit à la banque pour pouvoir financer leurs
études. Donc ce n’est pas facile pour tous les étudiants de payer leur grande
école.
[00:25:37] Mais en réalité, il y a seulement 5 % des étudiants qui vont dans
ces grandes écoles, donc c’est vraiment très peu. Moi après la prépa, je suis
entré dans une école de commerce, une école de business, à Paris et j’ai
fait trois années d’études dans cette école pour obtenir un Master.
[00:26:03] Et c’est comme ça que j’ai terminé mes études, ma scolarité en
France, avec un Master.
[00:26:18] En conclusion, on peut dire que le système scolaire français, c’est
un système qui transmet de bonnes valeurs aux élèves (je vous ai parlé de
l’esprit critique par exemple) mais qui malheureusement est très inégalitaire.
Il y a souvent des études pour comparer les systèmes scolaires dans le
monde, la plus célèbre s’appelle PISA, et dans la dernière étude PISA, la
France est considérée comme le pays le plus inégalitaire pour les études.
Ça veut donc dire que pour les élèves qui viennent de familles plus
modestes, c’est assez difficile de réussir à l’école en France. Et finalement,
ils ont moins de chances d’obtenir un bon diplôme.
[00:27:14] Une dernière précision qui concerne la langue : faites attention
parce que quand on dit en français que quelqu’un est “bien éduqué”, ça veut
dire qu’il a reçu une bonne éducation de ses parents, pas de l’école ! Ça
veut dire qu’il est poli et qu’il a de bonnes manières. Si on veut dire qu’une
personne a fait de bonnes études, on peut dire qu’elle a un bon diplôme. On
ne dit pas “il est bien éduqué” mais “il a un bon diplôme” ou alors “il a fait de
bonnes études”.
[00:27:55] Voilà maintenant vous en savez plus sur le système scolaire
français. J’espère que ça vous a plu de revivre mes années d’école avec
moi. Si vous avez des questions, des choses que vous n’avez comprises, ou
si vous voulez que je parle un peu plus d’un sujet, que je développe un sujet,
n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou à m’envoyer un email à l’adresse
hugo@innerfrench.com.
[00:28:37] C’est tout pour aujourd’hui. Comme d’habitude, je je vous invite à
regarder la transcription sur mon site si vous n’avez pas tout compris, et je
vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau podcast.
Merci à tous et à bientôt !
Episode 16: 16 Prendre l’habitude de faire du français
Salut à tous ! Bienvenue dans ce 16ème épisode du Cottongue Podcast.
[00:00:13] Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien. Moi je suis très
content de vous retrouver pour ce nouveau podcast. J’espère que vous êtes
bien installés, que vous êtes installés confortablement pour m’écouter ou
peut-être que vous écoutez ce pocdcast en faisant la cuisine, en faisant du
sport ou bien en vous promenant. Moi en tout cas, quand j’écoute des
podcasts pour apprendre le polonais (parce que j’apprends le polonais),
j’aime bien faire autre chose en même temps. Par exemple, quand je cuisine
j’écoute souvent un podcast, comme ça je peux faire deux choses à la fois.
[00:01:06] Quand j’étais en France, il y a quelques semaines, j’ai lu un livre
assez intéressant et j’ai décidé de faire un podcast sur ce livre pour vous en
parler. C’est un livre d’un auteur américain, et le sujet de ce livre c’est le
pouvoir des habitudes. Donc c’est un livre assez populaire, peut-être que
vous l’avez déjà lu, mais aujourd’hui on va parler de ce livre avec son
application pour apprendre une langue, et en particulier pour apprendre le
français.
[00:01:55] Pour apprendre une langue, certaines personnes pensent qu’il
existe une recette magique, une chose qui fonctionne pour tout le monde, et
que si on achète une méthode on peut apprendre une langue très
rapidement. Moi, malheureusement je ne crois pas à ça, et je pense que le
plus important pour apprendre une langue c’est la régularité. Par exemple,
vous avez déjà peut-être vu des vidéos de polyglottes, ou bien peut-être que
vous avez lu leur blog, ils sont très populaires sur internet, eh bien ces
polyglottes on pense qu’ils ont un talent extraordinaire pour apprendre les
langues. Alors d’un côté c’est vrai, ce sont des personnes très talentueuses,
peut-être que ce n’est pas possible pour tout le monde d’apprendre une
dizaine de langues, mais à mon avis le vrai secret de ces polyglottes, c’est
qu’ils utilisent ces langues quotidiennement, tous les jours. Ce sont des
personnes dont les langues sont souvent le métier. Par exemple ils sont
traducteurs, interprètes, professeurs, en tout cas ils passent leur journée à
penser au langage et à utiliser les différentes langues étrangères qu’ils
connaissent.
[00:03:39] Vous avez peut-être aussi entendu parler de la règle des 10 000
heures. Cette règle dit que pour devenir un expert, un spécialiste dans un
domaine particulier, eh bien il faut passer 10 000 heures à s’entraîner. Si
vous voulez devenir un pianiste célèbre, vous devez vous entraîner à jouer
du piano pendant 10 000 heures. Alors c’est un peu difficile de se
représenter à quoi ça correspond cette durée de 10 000 heures. Pour vous
donner une idée, si vous jouez du piano chaque jour pendant une heure, eh
bien il vous faudra 27 ans pour passer 10 000 heures. Quand on le dit
comme ça, c’est un peu décourageant, mais peut-être que vous n’avez pas
envie de devenir un expert. Peut-être que votre objectif pour le français, c’est
simplement d’être capable de comprendre les films français et de pouvoir
communiquer avec des francophones.
[00:05:03] En plus, ce chiffre de 10 000 heures, il a été beaucoup critiqué.
Certains experts ne sont pas d’accord avec cette conclusion, avec ce chiffre.
Il y a des personnes qui passent beaucoup plus de temps pour devenir très
bonnes dans leur discipline, et d’autres personnes pour lesquelles ça prend
moins de temps.
[00:05:31] Mais en tout cas, ce qui est important à mon avis, c’est que pour
pouvoir maîtriser quelque chose, il faut y passer beaucoup de temps, et si
vous voulez passer beaucoup de temps à faire quelque chose, la clé de la
réussite, le plus important, c’est : la régularité. La régularité, c’est la seule
façon de progresser.
[00:05:59] Si vous faites du sport ou si vous jouez d’un instrument de
musique, vous savez que la régularité c’est le plus important mais
malheureusement c’est aussi le plus difficile. Alors comment faire pour
qu’une pratique devienne régulière ?
[00:06:20] Eh bien il faut tout simplement que cette pratique devienne une
habitude. C’est facile à dire mais c’est assez difficile à faire ! Donc pour vous
aider, aujourd’hui je vais vous parler de ce livre que j’ai lu qui a été écrit par
Charles Duhigg. Je vais je vais vous parler de ses conclusions, et dans la
deuxième partie de ce podcast je vous donnerai des conseils pratiques pour
transformer le français en une habitude.
[00:07:02] Vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:07:16] Dans notre vie quotidienne, il y a beaucoup de choses que nous
faisons sans y penser. Par exemple le matin, peut-être que la première
chose que vous faites, c’est de boire un verre d’eau ou alors de vous faire
un café ou bien d’aller dans la salle de bain. En général, vous faites ça sans
y penser, parce que vous avez fait ces choses tellement de fois que vous
êtes programmés pour les faire. Vous ne vous demandez pas chaque matin
si vous devriez d’abord boire un café ou prendre une douche. Quand vous
vous réveillez, vous avez déjà, vous savez automatiquement ce que vous
allez faire. Vous faites ce que vous avez l’habitude de faire. C’est un peu
comme le pilote automatique d’un avion.
[00:08:20] Ces habitudes ne concernent pas seulement votre routine
matinale, mais tout votre vie. Quand vous allez au travail, quand vous
déjeunez, quand vous rentrez à la maison le soir, vous êtes guidés par vos
habitudes.
[00:08:42] Toutes ces habitudes, elles sont très pratiques parce qu’elles
rendent notre vie plus facile. Pourquoi ? Eh bien parce que notre cerveau
est paresseux. Notre cerveau n’a pas envie de faire trop d’efforts, il n’a pas
envie de penser ni de réfléchir, donc quand le pilote automatique peut
prendre le relais, eh bien notre cerveau est très content. À ce moment-là, le
cerveau peut se reposer et laisser le pilote automatique prendre le relais.
Dans son livre, Charles Duhigg a étudié un patient dont le cerveau était
endommagé après un accident. Ce patient n’avait plus de mémoire, en fait
il était incapable de se rappeler de quelque chose pour plus d’une minute.
Quand on lui disait quelque chose, eh bien après quelques minutes il avait
déjà tout oublié. Mais malgré ça, le patient était toujours capable d’apprendre
de nouvelles habitudes et de les répéter inconsciemment, sans y penser. En
fait, la partie de notre cerveau dans laquelle sont enregistrées les habitudes
n’avait pas été endommagée. Et cette partie, elle est inconsciente mais elle
guide nos actions. Il y a certaines habitudes qui sont centrales et qui peuvent
influencer toute notre vie. Ce sont des habitudes très importantes. Par
exemple, faire du sport. Quand on fait du sport, ensuite on a tendance à
manger sainement, à mieux dormir, à boire moins d’alcool, à arrêter de
fumer, etc. Cette habitude de faire du sport a des conséquences sur
l’ensemble de notre vie. Donc c’est ça qu’on peut appeler des “habitudes
centrales” : ce sont des habitudes qui peuvent changer radicalement la vie
d’une personne.
[00:11:19] Mais pourtant beaucoup de personne qui essayent de prendre
ces bonnes habitudes n’y arrivent pas. Vous connaissez sûrement les
bonnes résolutions, ce sont les bonnes décisions qu’on prend au début d’une
année (par exemple faire du sport au arrêter de fumer) et vous savez aussi
que c’est très difficile de les tenir. Souvent quand une nouvelle année
commence on a plein de bonnes idées, de bonnes décisions, qu’on veut
prendre; mais après quelques semaines nous n’arrivons pas à les tenir. On
change d’avis ou on abandonne. Moi, je vais à la salle de sport régulièrement
et au mois de janvier il y a toujours beaucoup de nouveaux inscrits mais,
après quelques semaines, tous ces nouveaux inscrits disparaissent.
[00:12:23] Donc comment faire pour prendre ces bonnes résolutions ?
Souvent, on pense que c’est simplement une question de volonté. Si on veut
arrêter de fumer, il suffit de le vouloir. Il existe beaucoup de méthode pour
arrêter de fumer : des médicament, des thérapies, on peut essayer l’hypnose
également, mais si on n’a pas vraiment envie d’arrêter, toutes ces méthodes
vont être inefficaces. Mais la volonté n’explique pas tout. Il faut comprendre
comment les habitudes fonctionnent. C’est facile de dire à une personne que
si elle ne réussit pas c’est parce qu’elle n’a pas assez de volonté. Mais en
réalité c’est un peu plus complexe que ça.
[00:13:30] Alors, comment fonctionne une habitude ? Pour comprendre ça,
il faut diviser l’habitude en trois parties.
[00:13:41] La première partie, c’est le signal. Le signal, ça signifie : la chose
qui déclenche cette habitude, la chose qui commence cette habitude.
[00:13:56] Ensuite, la deuxième partie s’appelle la routine. Concrètement ce
sont les choses que vous faites quand vous voyez ce signal, la façon dont
vous réagissez.
[00:14:11] Et enfin, la troisième partie c’est la récompense, autrement dit ce
que cette habitude vous donne, ce que vous recevez après la routine.
[00:14:26] Je vais prendre un exemple pour illustrer ça, pour que ce soit plus
facile pour vous de comprendre. Chaque après-midi, vous êtes au travail et
vous faites une pause pour vous acheter un gâteau. À cause de cette
mauvaise habitude, vous avez pris quelques kilos en trop et vous voulez
perdre cette mauvaise habitude pour perdre vos kilos en trop. pour faire ça,
il faut identifier précisément les trois étapes de votre habitude.
[00:15:08] La première question c’est : quel est le signal de cette habitude ?
Est-ce que ce signal c’est l’heure ? Est-ce que quand vous faites une pause,
c’est toujours à la même ? Ou bien est-ce que ce signal, c’est la faim ? Estce que vous faites une pause parce que vous avez faim ? Ou bien, peut être
que c’est l’ennui. Vous vous ennuyez alors vous décidez de faire une pause.
Il faut donc tester pour savoir précisément quel est le signal qui déclenche
cette habitude.
[00:15:51] Ensuite il y a la routine. La routine c’est assez clair, c’est assez
facile à voir ici : la routine, c’est d’acheter un gâteau et de le manger.
[00:16:06] Et enfin, il y a la récompense. La récompense, c’est peut-être le
plaisir du goût, le plaisir de manger ce gâteau et le sucre qui va dans votre
sang. Ou peut-être que le plaisir c’est plutôt de faire une pause. Vous êtes
contents de pouvoir arrêter votre travail pour quelques minutes. Mais la
récompense, peut-être que c’est le sourire de la caissière. Peut-être que
vous aimez la personne qui travaille dans le magasin où vous achetez le
gâteau et vous avez envie de la voir.
[00:16:56] Le problème dans cette habitude, ce n’est pas la récompense. Le
problème, c’est la routine. Et Justement à votre avis, qu’est-ce qu’on peut
changer dans une habitude ? Est-ce qu’on peut changer le signal ? Pas
vraiment, en fait, parce que vous n’avez pas d’influence sur le signal. Par
contre, vous avez une influence sur la routine, sur votre réaction à ce signal.
Et justement, c’est ça qu’il faut changer dans une habitude. Il faut changer
la routine. Il faut reprogrammer son cerveau pour réagir différemment quand
on aperçoit ce signal. Si vous faites ça, la récompense pourra, elle aussi,
changer.
[00:17:59] OK, donc là vous pensez sûrement que encore une fois c’est
facile à dire mais c’est difficile à faire. Comment faire pour changer cette
routine, pour créer une nouvelle habitude ? Une fois que vous avez fait
différents tests pour savoir quel est le signal qui déclenche cette habitude,
vous pouvez adopter une nouvelle routine en réponse à ce signal.
[00:18:33] Par exemple, si le signal c’est l’ennui, que chaque après-midi au
travail vers 16h vous vous ennuyez, eh bien trouvez quelque chose à faire
pendant quelques minutes pour vous changer les idées. Ça peut-être d’aller
parler à un collègue, ou de faire une petite promenade pendant quelques
minutes et de revenir à votre bureau. Si vous faites ça pour vous distraire
quelques minutes, vous n’aurez plus besoin de manger de gâteau et vous
pourrez perdre vos kilos en trop.
[00:19:20] Si le signal est la faim, que chaque après-midi vers 16 heures
vous avez faim, eh bien prenez un fruit le matin que vous pourrez manger
dans l’après-midi.
[00:19:37] Ça c’est donc la méthode pour reprogrammer son cerveau, pour
changer une mauvaise habitude. Mais ce qui vous intéresse, à mon avis,
c’est comment prendre une bonne habitude, et en particulier comment
transformer votre pratique du français en une habitude quotidienne. C’est de
ça que je vais vous parler maintenant : comment adopter l’habitude de faire
un peu de français chaque jour ?
[00:20:20] Pour ça, on va reprendre la structure d’une habitude. Maintenant,
vous savez que la première partie d’une habitude, c’est le signal. Donc il faut
que vous trouviez votre propre signal. Ça peut être par exemple l’heure.
Vous pouvez décider que chaque jour, à 7h du matin par exemple, vous allez
faire 30 minutes de français. Et une bonne idée pour avoir ce signal, c’est de
mettre une alarme sur son téléphone, tout simplement. Ou le signal, ça peutêtre dès que vous êtes dans le bus ou dans le métro. Dès que vous êtes
dans le bus ou le métro, eh bien vous allez écouter un podcast (par exemple
le mien) ou lire un article en français. Ça peut être aussi quand vous
conduisez. Mais là, la seule solution c’est d’écouter quelque chose. Il ne faut
pas lire quand nous sommes au volant ! Le signal, ça peut aussi être quand
vous faites la cuisine ou quand vous allez à la salle de sport.
[00:21:50] Ensuite, il faut adopter une routine que l’on va appliquer à chaque
fois qu’on verra ce signal. Cette routine, elle doit être un peu comme un petit
programme. Si on se pose des questions sur ce qu’on va faire, eh bien on
va perdre du temps et ça ne va pas être productif. Si dans vous vous
préparez à faire du français à 7h vous ne savez pas par quoi commencer,
vous allez sûrement perdre du temps à chercher un article ou à chercher
une vidéo à regarder, et vous allez sûrement finir par procrastiner. Et si on
fait ça, il y a de grandes chances qu’on abandonne cette habitude. Un
exemple de routine, ça peut-être de commencer par relire son vocabulaire.
J’imagine que vous avez à un cahier dans lequel vous écrivez votre
vocabulaire, eh bien vous pouvez commencer votre routine par relire votre
vocabulaire pendant 5 ou 10 minutes. C’est un peu comme quand on fait du
sport : on commence par s’échauffer pour préparer nos muscles. Ensuite, la
deuxième partie de votre routine peut être de lire un article ou de regarder
une vidéo pendant 20 minutes. Pour faire ça, une bonne idée c’est de
préparer cet article où cette vidéo la veille. “La veille” ça veut dire “le jour
d’avant”. Comme ça, vous n’allez pas perdre de temps le lendemain à
chercher quelque chose. Vous saurez déjà la chose que vous devez faire.
Par exemple si vous avez choisi un article, vous savez que vous devez lire
cet article. Ou bien chaque dimanche vous pouvez préparer un programme
pour toute la semaine. Vous pouvez dire : “le lundi je vais écouter ce podcast,
le mardi je vais lire cet article, ensuite mercredi je vais faire quelques
exercices de grammaire” etc. etc. Si vous avez déjà votre programme qui
est préparé à l’avance, ça sera plus facile d’adopter et de suivre votre
routine.
[00:24:44] Ensuite, il y a évidemment la récompense. Alors ça la
récompense, ça dépend vraiment de vous. Ça peut être un petit chocolat,
par exemple. Mais il faut faire attention à ne pas devenir accro ! Ou alors, si
vous avez à un programme, vous pouvez mesurer votre progression, et cette
progression eh bien c’est votre récompense. Vous allez voir que de semaine
en semaine, vous connaissez plus de mots, vous pouvez comprendre des
choses plus difficiles, et ça ça va être votre récompense. Vous pouvez aussi
vous féliciter, vous pouvez dire : “Bravo ! Aujourd’hui, j’ai appris 10 nouveaux
mots”. Personnellement ma récompense après avoir fait du polonais, c’est
de regarder une vidéo sur YouTube. Une vidéo pour me détendre qui n’est
peut-être pas très intelligente mais qui est une petite récompense après avoir
fait un effort. Mais vous savez que si votre routine est déjà un plaisir en ellemême, si vous prenez du plaisir à faire votre routine, elle sera aussi votre
récompense. Donc vous n’aurez pas besoin de manger un chocolat pour
vous récompenser.
[00:26:22] Cette habitude, elle ne doit pas être une corvée. Une corvée, c’est
une chose qu’on est obligé de faire mais qui n’est pas très agréable. Par
exemple : faire le ménage dans votre maison, ou faire la vaisselle après
manger, ce sont des corvées, des corvées domestiques. Cette habitude de
faire du français, elle ne doit pas être une corvée. Elle doit être une chose
qui fait partie de votre vie et qui vous donne du plaisir. N’oubliez pas pourquoi
vous apprenez cette langue est présentez-le de façon positive. Par exemple
si vous apprenez le français pour passer un entretien d’embauche, dites
plutôt : “j’apprends le français pour progresser dans ma carrière, pour obtenir
un meilleur poste”. Vous voyez, ça c’est une façon plus positive de présenter
nos objectifs.
[00:27:32] Cette habitude de faire du français quotidiennement, elle peut
devenir une habitude centrale. Pourquoi ? Eh bien, parce que si vous avez
un contact quotidien avec la langue, ça va vous permettre d’améliorer
rapidement votre compréhension, et surtout de penser en français. Et ça, ça
va vous donner envie de faire de plus en plus de français. Jusqu’au jour où
vous ferez du français sans même vous en rendre compte. Vous ferez du
français de manière inconsciente. Par exemple, si vous prenez l’habitude de
lire les informations en français, peut-être qu’un jour vous ne vous
apercevrez plus que ce que vous lisez est en français. Parce que ça sera
devenu quelque chose de complètement naturel pour vous.
[00:28:37] Il est aussi important à mon avis de ne pas oublier de changer la
routine de temps en temps, parce que si on garde la même routine pendant
des mois et des mois, il est probable qu’on finisse par s’ennuyer. On peut
avoir l’impression de tourner en rond. “Tourner en rond”, c’est une
expression pour dire qu’on ne progresse pas, on reste sur place, on tourne
en rond. Une bonne façon de casser un peu cette routine, c’est par exemple
d’avoir des challenges. Comme ça c’est une source de motivation pour sortir
un peu de votre routine habituelle.
[00:29:39] Pour conclure, si vous appliquez ces règles, le français va finir par
faire partie de votre vie. Et, une fois que vous aurez atteint un niveau
suffisant pour vous, vous pourrez simplement le maintenir en faisant des
choses que vous aimez, par exemple en regardant des films, en écoutant la
radio, ou en lisant des articles régulièrement.
[00:30:17] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup de m’avoir
écouté. J’espère que ces quelques conseils vont vous aider à pratiquer le
français régulièrement. Peut-être que vous le faites déjà, et dans ce cas je
vous félicite : félicitations ! Et si ça n’est pas le cas, essayez d’appliquer
quelques conseils pour que le français deviennent une chose quotidienne.
J’insiste sur ça parce que je pense que c’est vraiment la clé de la réussite.
Si on veut réussir, il faut de la régularité, c’est-à-dire avoir une habitude.
[00:31:06] Dans le podcast de la semaine prochaine, on parlera de cinéma
et en particulier d’un jeune réalisateur qui commence à avoir beaucoup de
succès et qui est canadien. Peut-être que vous savez déjà de qui je parle,
mais sinon je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir
ce jeune réalisateur très talentueux.
[00:31:37] Merci pour votre attention et à bientôt !
17 - Xavier Dolan, réalisateur prodige ?
Bonjour à tous, c’est Hugo et vous écoutez le Cottongue Podcast épisode
17.
[00:00:13] Bienvenue à tous pour ce nouvel épisode. J’espère que vous
profitez bien des dernières semaines de l’été, si c’est l’été chez vous, et peutêtre aussi de vos dernières semaines de vacances. Peut-être que vous
écoutez ce podcast à la plage et si c’est le cas faites attention aux coups de
soleil. Un “coup de soleil”, c’est quand on passe trop de temps au soleil et
que notre peau commence à brûler et à devenir toute rouge. Donc si vous
êtes à la plage en train d’écouter mon podcast, n’oubliez pas de mettre de
la crème solaire !
[00:01:00] Bon, aujourd’hui on ne va pas parler de plage et de mer, mais
plutôt de cinéma et en particulier d’un jeune réalisateur très talentueux. Et
justement, j’avais envie de commencer ce podcast avec une citation. Une
citation, c’est quand on rapporte une chose que quelqu’un d’autre a dite. Par
exemple, si le président fait un discours, ensuite les journalistes peuvent
faire des citations de ce discours. Ou alors, s’il y a un livre que vous aimez
et en particulier un passage de ce livre, eh bien vous pouvez citer ce
passage et à ce moment-là vous faites une citation.
[00:02:00] Donc, moi, la citation que je voulais partager avec vous
aujourd’hui, elle vient d’une pièce de théâtre qui a été écrite au XVIIe siècle
par un dramaturge français qui s’appelle Pierre Corneille. Et cette citation
elle dit : “la valeur n’attend pas le nombre des années”. Est-ce que vous
comprenez ce que ça veut dire “la valeur n’attend pas le nombre des années”
? En fait, ça signifie que le talent ne dépend pas de l’âge. On peut être très
talentueux même quand on est très jeune. Et au contraire, même si on a
aucun talent, le temps ne changera rien à ça. Vous pouvez toujours vous
entraîner et pratiquer, mais si vous n’avez pas de talent pour quelque chose,
il y a peu de chance que ce talent vienne avec l’âge.
[00:03:13] Donc celui dont on va parler aujourd’hui, c’est justement un jeune
homme qui a beaucoup de talent, et en particulier beaucoup de talent pour
réaliser des films. Il est réalisateur, producteur et acteur, et il vient du
Canada, plus précisément de Montréal. Il est tellement talentueux qu’il a
réalisé son premier film quand il avait seulement 19 ans, et ça c’est quelque
chose d’assez exceptionnel. Ça n’est pas quelque chose que l’on peut voir
tous les jours, un réalisateur de 19 ans !
[00:04:03] Aujourd’hui, il est un peu plus âgé parce qu’il a 28 ans, donc ça
fera bientôt 10 ans que ce réalisateur a commencé à faire des films. En
l’espace de cette courte carrière, il a déjà gagné beaucoup de récompenses,
notamment au Festival de Cannes. D’ailleurs, il est très populaire en France
et aussi au Canada, dans son pays d’origine.
[00:04:35] Peut-être que vous avez deviné de qui je parle. Peut-être même
que vous avez déjà vu certains de ses films. Il s’agit de Xavier Dolan. Donc
aujourd’hui je vais vous parler de la carrière et de la personnalité de Xavier
Dolan et bien évidemment de ses films. Si vous n’en avez jamais vu, j’espère
que ça va vous donner envie d’en regarder quelques uns.
[00:05:05] Ok, vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:05:17] Xavier Dolan est né le 20 mars 1989 à Montréal au Québec. Donc
lui et moi nous sommes de la même année, parce que moi aussi je suis né
en 1989. Autrement dit, Xavier Dolan et moi nous avons le même âge. Mais
malheureusement je n’ai pas fait la même carrière que lui. Le père de Xavier
était d’origine égyptienne et il a émigré au Canada quand il était jeune.
Ensuite son père est devenu un comédien et chanteur assez populaire au
Québec. Vous savez peut-être que le Québec c’est une région du Canada.
Une région d’ailleurs dans laquelle la langue officielle est le français. Comme
son père faisait déjà partie du show-business, très jeune Xavier Dolan a
commencé à faire des publicités à la télévision. Les publicités, ce sont des
annonces qui sont faites par les entreprises pour vendre des produits ou des
services. Donc on peut voir des publicités à la télévision, au cinéma, on peut
en entendre à la radio et on en reçoit tous les jours dans nos boites mails
sur Internet. Donc quand il avait 4 ans, Xavier Dolan a fait ses débuts à la
télévision en tant qu’acteur dans des publicités pour des pharmacies.
Ensuite, après ses premières publicités, il a commencé a joué dans des films
Québécois quand il était encore enfant.
[00:07:18] Quand il avait 8 ans, le jeune Xavier Dolan a envoyé une lettre à
son acteur préféré, un acteur américain que vous connaissez sûrement et
qui s’appelle Leonardo Dicaprio. Donc c’est assez drôle parce que
récemment un magazine français a retrouvé cette lettre et il l’ont publié, donc
je vais vous la lire pour que vous vous fassiez une idée du caractère du jeune
Xavier Dolan.
[00:07:54] “Bonjour Leonardo,
Je m’appelle Xavier Dolan. Je vais à l’école, j’adore l’école. J’ai 8 ans. Le 20
mars j’aurai 9 ans. Je suis un de vos fans. J’ai vu Titanic 5 fois. Vous jouez
très bien. Vous êtes un grand acteur et je vous admire. Moi aussi je suis
acteur. J’ai tourné dans quelques pubs pour une chaîne de magasins
pharmaceutiques très connue et j’ai eu de bons rôles dans 4 films en
français. J’aimerais pouvoir jouer dans un de vos films un jour. Je sais qu’un
jour vous viendrez à Montréal. Montréal est un lieu de tournage très
populaire. L’année dernière, 100 films américains ont été tournés ici.
J’essaierai de vous rencontrer à cette occasion. Quand vous viendrez à
Montréal tourner un film, soyez sûr que je viendrai passer des auditions au
cas où vous avez besoin d’un jeune garçon dans le casting.”
[00:09:08] Alors déjà dans cette lettre, on voit que Xavier Dolan, même s’il
est encore jeune (parce qu’il a 8 ans quand il écrit cette lettre), on voit que
Xavier Dolan connaît très bien l’industrie du cinéma et qu’il est très
déterminé. “Être déterminé”, ça veut dire qu’on sait ce qu’on veut et on fait
tout pour y arriver. À cette époque, Xavier Dolan est plutôt intéressé par le
métier d’acteur. À cette époque il n’a pas encore envie de devenir
réalisateur. Pourtant, c’est quand il deviendra réalisateur qu’il sera célèbre.
Un peu plus tard, après le lycée, il fait des études d’art et de littérature option
cinéma, mais il abandonne rapidement. Il trouve que dans cette université il
n’y a pas assez de liberté, il y a trop de contraintes, et il ne peut pas exprimer
son talent. Donc, assez rapidement il abandonne ses études.
[00:10:25] À ce moment-là, son ambition est toujours de faire carrière en tant
qu’acteur. Mais malheureusement, il n’obtient pas de propositions de rôle.
Alors, il prend la décision de réaliser lui-même son film et de jouer le rôle
principale dedans. On comprend que Dolan est un autodidacte. Un
autodidacte, c’est une personne qui a appris seule, sans professeur. Donc
Xavier Dolan a appris le métier de réalisateur tout seul en regardant
beaucoup de films et en s’inspirant des choses qu’il voyait.
[00:11:18] En 2008, quand il a 19 ans, Xavier Dolan réalise son premier film
seul et il le produit grâce a des financements publics. Au Canada, il y a
différentes institutions pour aider les artistes, notamment les réalisateurs, à
produire leurs œuvres et Xavier Dolan a bénéficié de ces aides pour réaliser
son premier film.
[00:11:54] Le titre de son premier film c’est : J’ai tué ma mère. Alors là, vous
imaginez peut-être un film d’horreur ou alors un thriller psychologique parce
que ce titre est assez sombre. En fait, ce film n’est pas vraiment à film
d’horreur mais plutôt un film sur la relation mère-fils. C’est l’histoire d’un
jeune m’a nommé Hubert qui a 16 ans et dont la relation avec sa mère est
très difficile. Il la déteste. Il hait ses goûts, sa façon de s’habiller, sa manière
d’être; il déteste absolument tout chez sa mère. Malheureusement pour lui,
il vit seul avec elle car son père les a abandonnés, son père est parti. Alors
Hubert et sa mère passent leurs journées à se disputer, à crier, à s’insulter,
c’est assez violent. Pas forcément de la violence physique, mais plutôt une
forme de violence verbale. Le plus gros problème de Hubert, c’est qu’il doit
cacher son homosexualité car il pense que sa mère ne pourrait pas
l’accepter.
[00:13:29] Ce film a une forte dimension autobiographique. Ça veut dire que
Dolan s’est beaucoup inspiré de sa vie pour écrire le scénario de ce film.
D’ailleurs, il a écrit ce scénario quand il avait 16 ans, autrement dit le même
mage que le héros Hubert. Et, vous l’avez deviné, c’est Xavier Dolan luimême qui joue le rôle principal, qui joue le rôle d’Hubert.
[00:14:01] Ce premier film est présenté dans un festival parallèle au festival
de Cannes qui s’appelle “la Quinzaine des réalisateurs”. C’est un festival qui
est plutôt pour les films indépendants, les films avec des petits budget, et
quand il est présenté, il impressionne beaucoup les critiques. D’ailleurs, à ce
festival, il obtient trois récompenses. À ce moment-là, les médias
commencent à s’intéresser à ce petit génie, à celui qu’ils appellent déjà
“l’enfant prodige”. Certaines critiques se demandent comment un réalisateur
qui a seulement 20 ans peut montrer une telle maturité, une telle maîtrise.
Surtout que c’est seulement son premier film. Donc, à ce moment-là, avec
la sortie de J’ai tué ma mère, Xavier Dolan commence à attirer l’attention
des médias sur lui.
[00:15:15] Le film sortira en France et au Canada mais il ne fera pas
beaucoup d’entrées. Ça reste un film assez indépendant. Et, après ce film,
Xavier Dolan en sortira un nouveau presque chaque année. Un peu comme
le réalisateur Woody Allen, chaque année Xavier Dolan réalise un nouveau
film. Il a une réputation de bourreau de travail. Un bourreau de travail, c’est
une personne qui travaille énormément, qui a une forme d’addiction au
travail. Et quand on lit des interviews de Xavier Dolan, on se rend compte
qu’il passe sa vie à travailler, à faire différents projets, à réfléchir à ses
scénarios et que c’est une chose qui l’obsède. Il a beaucoup de films en tête
qu’il a envie de réaliser, donc presque chaque année il sort un nouveau film.
D’ailleurs, les personnes qui travaillent avec lui disent qu’il a des idées très
précises. Il sait exactement ce qu’il veut et il donne beaucoup d’indications
aux acteurs et aux actrices sur leur façon de jouer. Parfois, il leur demande
de dire une réplique de 10 ou 12 façons différentes. Donc pour certains
acteurs c’est intéressant de travailler avec Xavier Dolan, mais ça peut être
aussi un peu compliqué parce qu’il est très exigeant. Et en même temps,
c’est assez bizarre de voir un si jeune réalisateur avec une telle maturité.
[00:17:27] Le deuxième film de Xavier Dolan sort en 2010 et il s’appelle Les
amours imaginaires.
[00:17:36] C’est ta film qui parle d’une amitié entre un jeune homme et une
jeune fille qui se transforme en trio amoureux avec l’arrivée d’un troisième
jeune homme dans leur relation. Donc en fait il y a une forme de concurrence
entre les deux amis qui veulent tous les deux séduire ce nouveau jeune
homme. C’est un film qui a été tourné à Montréal et qui est assez intéressant
au niveau esthétique, et dont la bande son est également super. La bandeson, c’est les musiques qu’on utilise dans un film.
[00:18:29] Le troisième film de Xavier Dolan sort deux ans plus tard, en 2012,
et il s’appelle Laurence Anyways. C’est un film qui se passe dans les années
90 et qui parle d’un couple dont le mari a décidé de devenir une femme, il a
décidé de changer de sexe. Ce film montre les obstacles que le couple doit
dépasser, les problèmes qu’ils ont avec leurs entourages, avec le regard des
autres, et comment ils font pour affronter tous ces obstacles.
[00:19:15] Un an plus tard, en 2013, sort Tom à la ferme. Là, c’est un film
assez différent des trois premiers réalisés par Dolan, puisqu’il s’agit d’un
thriller un peu à la manière d’Hitchcock. Vous connaissez sûrement le
célèbre réalisateur américain [correction : britannique] Alfred Hitchcock. Tom
la ferme, c’est donc un thriller psychologique entre un jeune homme
homosexuel et le frère de son petit ami qui est décédé. Donc ce jeune
homme, Tom, il va rendre visite à la famille de son petit ami qui est mort et il
rencontre pour la première fois son frère qui a une mentalité complètement
différente de la sienne. Et dans le film progressivement Tom devient un
prisonnier de cette ferme, et il doit faire face à la pression psychologique du
frère de son petit ami. C’est un film avec beaucoup de tension qui est aussi
très intéressant et qui a été très apprécié par les critiques.
[00:20:48] Mais le film qui a vraiment rendu Xavier Dolan célèbre, c’est celui
qui est sorti en 2014 et qui s’appelle Mommy. C’est son film le plus connu,
et celui qui a eu le plus de succès. Pour la première fois, il a été présenté au
festival de Cannes et il a obtenu le Prix du jury. Encore une fois c’est un film
sur la relation mère-fils car c’est un sujet qui intéresse beaucoup Xavier
Dolan et qu’il explore de différentes façons dans ses différents films. Cette
fois le fils, c’est un enfant qui souffre de troubles psychiques. Il est souvent
violent dans ses paroles mais aussi dans ses actes. Et la mère de Steve
(parce que cet enfant s’appelle Steve) a beaucoup de difficultés à s’occuper
de lui. Elle est seule parce que son mari est mort et elle ne sait pas comment
gérer la violence de son fils qu’elle aime énormément mais face auquel elle
ne trouve pas vraiment de solution. Le film explore leur relation entre amour,
violence, tendresse et insultes. Il montre qu’il y a un équilibre très fragile
qu’ils arrivent à trouver avec l’aide de leurs nouvelle voisine, mais qui
malheureusement ne va pas durer.
[00:22:41] C’est un film qui a été très apprécié par le public et par la critique
parce qu’il y a vraiment beaucoup d’émotions qui passent à travers ce film.
C’est extrêmement intéressant de le regarder et je pense qu’une fois qu’on
a vu ce film on n’est plus exactement la même personne. Et à mon avis, c’est
ça qui montre que c’est un grand film. Il est très beau et très émouvant et,
comme je l’ai dit, c’est le premier vrai succès populaire de Dolan. Donc si
vous n’avez jamais vu de film de Xavier Dolan, je vous conseille de
commencer par celui-ci. Je vous conseille de regarder en premier
Mommy. Si vous le regardez, essayez de trouver des sous-titres français
parce que le québécois ce n’est pas toujours facile à comprendre. D’ailleurs,
quand des films québécois sortent dans les cinémas en France, il y a
souvent des sous-titres parce que même pour les Français c’est assez
difficile de comprendre un film en québécois.
[00:23:58] Le dernier film de Xavier Dolan est sorti en 2016 et il s’appelle
Juste la fin du monde. C’est le premier film qu’il a réalisé en France avec des
acteurs et actrices français très connus, dont par exemple Marion Cotillard,
Vincent Cassel et Léa Seydoux. Ce film, c’est une adaptation d’une pièce de
théâtre est c’est l’histoire d’un écrivain qui revient voir sa famille dans son
village natal après 12 années d’absence. Et s’il revient dans son village natal
pour voir sa famille, c’est parce qu’il veut leur annoncer qu’il va bientôt
mourir. Ces retrouvailles, “des retrouvailles” c’est quand on retrouve une
personne qu’on avait pas vue depuis longtemps, ces retrouvailles ravivent
des souvenirs mais elles créent aussi des tensions entre les membres de la
famille. Je vous propose donc d’écouter une scène de ce film qui se passe
à table pendant le déjeuner avec les différents membres de la famille.
[00:25:22] “- Quoi ? L’ancienne maison ?
– Oui
– Quoi ?
– Bah, il veut revoir l’ancienne maison. Moi ça me dérange pas, j’veux bien
te conduire si tu veux.
– Mais, pourquoi tu veux te retrouver là-bas ? T’es bête ou quoi ?
– Mais il est pas bête écoute, s’il a envie. T’es…t’es bête, toi, peut-être ?
– Et toi, t’es conne ?
– Et pourquoi Louis, sérieusement ? Pourquoi tu veux retourner là-bas ? T’as
oublié un truc dans ta chambre ?
– Non, je… Je sais pas…comme ça. J’suis curieux de savoir… voilà, de
revoir les lieux, de voir comment ils ont évolué, comment le temps les a
modifiés, malmenés.”
[00:26:08] Vous voyez, dans cette scène, on comprend qu’il y a un problème
de communication. D’un côté, il y a cet écrivain, Louis, qui revient voir sa
famille mais il est un peu comme un étranger. Sa famille ne le comprends
pas et lui il ne ne la comprend pas non plus. Il n’arrive pas à communiquer
ouvertement, il y a une forme d’incompréhension. Ce qui est très intéressant
dans ce film, c’est qu’on peut tous retrouver des choses familières, des
choses qui nous rappellent notre propre famille. Je pense que les problèmes
de communication au sein d’une famille, c’est une chose qui est assez
universelle, et dans ce film a on voit bien comment ces problème s’installent,
et à quel point il est difficile de les résoudre.
[00:27:23] Donc ça aussi, c’est un film que je vous conseille de regarder, et
en plus ça sera pour un bon exercice pour améliorer votre compréhension
du français.
[00:27:43] Cette année, Xavier Dolan doit sortir son premier film réalisé en
anglais. On peut se demander s’il va réussir à devenir un réalisateur célèbre
en dehors du cinéma francophone. Est-ce que Xavier Dolan va s’imposer
parmi les grands réalisateurs dans le cinéma anglophone ?
[00:28:11] En tout cas, qu’il réussisse ou non, à 28 ans Xavier Dolan a déjà
accompli plus de choses que beaucoup de réalisateurs plus âgés que lui. Il
a déjà une carrière phénoménale et beaucoup de récompenses grâce aux
très beau films qu’il a réalisés. J’espère qu’il va garder son énergie et qu’il
va pouvoir explorer d’autres sujets à travers ses prochains films.
[00:28:54] Voilà, c’est la fin de ce podcast. Merci beaucoup de m’avoir
écouté. J’espère que ça vous a intéressé et surtout que ça vous a donné
envie de regarder des films de Xavier Dolan. Peut-être que vous êtes déjà
fans de Xavier Dolan, et si c’est le cas j’aimerais bien savoir quel est votre
film préféré et pourquoi. Donc si vous avez vu des films de Xavier Dolan,
n’hésitez pas à m’écrire pour me dire quel est votre film préféré et celui que
vous pouvez recommander aux autres.
[00:29:40] Comme d’habitude je vous rappelle que si vous appréciez ce
podcast et si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur
iTunes (si vous écoutez ce podcast sur iTunes) ou bien sur les autres
applications que vous utilisez. Comme ça, moi ça me permet d’avoir de plus
en plus d’auditeurs et de pouvoir aider de plus en plus de personnes.
[00:30:11] La semaine prochaine évidemment il aura un nouveau podcast,
et cette fois on parlera de l’ubérisation de l’économie. Un sujet un petit peu
différent mais qui je pense pourra vous intéresser. J’espère que vous serez
au rendez-vous la semaine prochaine pour ce nouveau podcast.
[00:30:36] Merci et à bientôt !
18 Faut-il avoir peur d’Uber ?
Salut tout le monde et bienvenue pour ce 18ème épisode du Cottongue
Podcast.
[00:00:15] Alors quoi de neuf depuis la semaine dernière ? Tout va bien chez
vous ? J’espère que oui et que vous avez le temps de faire du français même
pendant les vacances.
[00:00:28] En tout cas si vous m’écoutez maintenant, ça veut dire que vous
avez un peu de temps de libre. Et je suis très content que vous profitiez de
ce temps libre pour écouter mon podcast. Ça me fait très plaisir de vous
aider à améliorer votre compréhension du français. D’ailleurs, n’oubliez pas
que les transcriptions de tous mes podcasts sont sur mon site internet
innerfrench.com. Pour y accéder, il faut juste s’enregistrer et c’est totalement
gratuit.
[00:01:05] Je pense que c’est bien d’écouter une première fois le podcast
sans la transcription, pour voir ce qu’on est capable de comprendre, et
ensuite une deuxième fois avec la transcription s’il y a des choses que vous
ne comprenez pas. En plus, vous pouvez aussi utiliser la transcription pour
travailler votre prononciation, pour vous entraîner à bien prononcer les mots.
[00:01:36] Je vous rappelle aussi qu’il y a une page Facebook InnerFrench
sur laquelle je partage plein de choses intéressantes sur la culture française,
les films, la musique, etc. Donc si vous cherchez de l’inspiration, allez faire
un tour sur ma page Facebook et je suis sûr que vous trouverez des choses
qui vous plairont !
[00:02:03] Mais pour le moment, je vous propose de passer à notre sujet du
jour.
[00:02:09] J’imagine que vous connaissez tous l’entreprise Uber. Mais si,
vous savez, c’est cette entreprise américaine qui a bouleversé le marché
des taxis. « Bouleverser » ça signifie « changer totalement quelque chose,
le modifier radicalement ». Alors oui, c’est une entreprise américaine mais
on prononce le nom à la française « Uber » et pas « Uber ». Je sais que
c’est très drôle pour nos amis anglophones.
[00:02:47] Personnellement j’ai commencé à utiliser Uber il y a quelques
années. Au début, je trouvais ça génial ! Avant je ne prenais pas souvent le
taxi mais avec Uber c’était tellement facile que j’ai commencé à l’utiliser de
plus en plus.
[00:03:07] De temps en temps, j’aime bien discuter avec les chauffeurs (c’est
la personne qui conduit la voiture) car ils ont souvent de bonnes histoires.
Mais ça m’intéressait aussi de savoir s’ils étaient contents de travailler pour
Uber et pas pour une entreprise de taxi traditionnelle. Et là, j’ai appris des
choses assez surprenantes sur les conditions de travail. À ce moment-là, les
médias se sont mis à beaucoup parler d’Uber, de son modèle économique,
et du fait que l’entreprise ne respectait pas toujours la loi. J’ai lu pas mal de
choses sur leur business model, leurs pratiques, et j’ai décidé de ne plus
utiliser
cette
application.
[00:04:04] Vous voulez savoir pourquoi ? Alors ne bougez pas, je vous le
dirai dans la suite de ce podcast.
[00:04:20] Pour commencer, on va revenir un peu aux origines d’Uber, à la
création de l’entreprise. Il s’agit d’une entreprise qui a été créée en 2009.
Les fondateurs ont eu l’idée de créer un service de chauffeurs privés parce
qu’il avait remarqué que dans beaucoup de villes, comme Paris et San
Francisco, il y avait un manque de taxis. On devait parfois attendre
longtemps avant de trouver un taxi libre, et parfois quand il y avait de grands
évènements (des concerts, des conférences), c’était même impossible.
[00:05:09] Mais l’idée vraiment intelligente dans cette histoire, c’est que les
fondateurs n’ont pas décidé de créer une entreprise traditionnelle, avec leurs
propres chauffeurs. Non, au lieu de faire ça, ils ont créé une application.
[00:05:28] J’imagine que vous avez sûrement déjà utilisé cette application.
Elle fonctionne comme une plateforme où se rencontrent une demande (un
client qui cherche un taxi) et une offre (un chauffeur de taxi proche et
disponible). Cette plateforme est très efficace, parce qu’il y a beaucoup de
chauffeurs disponibles. Autrement dit, les clients ne doivent pas attendre
longtemps et les prix sont plutôt bas.
[00:06:03] Cette idée a pu se réaliser parce que toutes les conditions étaient
réunies. En particulier, les conditions technologiques. Pour qu’une entreprise
comme Uber fonctionne, il fallait que tout le monde ait un smartphone. Sans
smartphone, impossible d’utiliser l’application donc impossible de profiter du
service d’Uber.
[00:06:32] Avec les smartphones, internet et le GPS, toutes les ressources
sont accessibles en temps réel et en permanence. La plateforme sait
combien il y a de clients potentiels et de chauffeurs disponibles. Elle peut
donc adapter le prix en temps réel, soit pour attirer de nouveaux clients soit
pour motiver des chauffeurs à travailler.
[00:07:03] Ensuite, Uber gagne de l’argent grâce à des commissions.
Autrement dit, ils prennent un pourcentage sur chaque course de taxi, sur
chaque transaction. Il me semble que cette commission est d’environ 25%.
Ça signifie que quand vous prenez Uber, 25% du prix va à l’entreprise, et le
reste au chauffeur. Mais j’ai lu qu’en réalité la commission totale d’Uber est
encore plus élevée que ça.
[00:07:42] L’argent qu’Uber gagnent, ils le dépensent surtout dans le
marketing avec la publicité, mais aussi dans le développement d’autres
services comme la livraison de nourriture par exemple. Comme l’entreprise
n’emploie pas ses chauffeurs, évidemment ça lui coûte moins cher !
[00:08:05] On peut dire que l’arrivée d’Uber sur le marché a eu des effets
positifs. Avant Uber, il n’y avait pas vraiment d’application pour les taxis. Il
fallait appeler un numéro de téléphone pour commander un taxi. Maintenant,
toutes les entreprises de taxis ont une application qui ressemble à celle
d’Uber. Et c’est beaucoup plus pratique ! On sait plus ou moins combien la
course va nous coûter, combien nous allons payer, au moment où on
commande le taxi. On peut suivre sur une carte l’itinéraire de taxi, donc les
chauffeurs ne peuvent plus arnaquer les clients ! Arnaquer, c’est un verbe
qui signifie « abuser la confiance d’une personne pour lui prendre de l’argent
». Par exemple, parfois vous recevez des emails qui vous disent que vous
avez gagné de l’argent et que vous devez donner vos informations bancaires
pour le recevoir. Ça, c’est une arnaque ! Avant, certains chauffeurs de taxi
(une minorité bien sûr) prenaient des itinéraires plus longs pour que le client
paye plus. Maintenant c’est impossible car ce sont les applications qui
choisissent le meilleur itinéraire et le chauffeur doit le respecter. C’est aussi
plus facile de payer car notre carte bancaire est enregistrée dans
l’application, donc le paiement est automatique. On n’a pas besoin d’avoir
du liquide (c’est-à-dire du cash) sur nous.
[00:10:03] Certaines personnes trouvent aussi que les chauffeurs Uber sont
plus sympas et polis que les chauffeurs de taxis normaux, surtout à Paris !
À Paris, les chauffeurs de taxi avaient mauvaise réputation, les gens disaient
qu’ils étaient malpolis. Mais face à la concurrence d’Uber, certains
chauffeurs ont commencé à changer d’attitude pour être plus gentils et
professionnels.
[00:10:35] Autrement dit, l’arrivée d’Uber a poussé les autres entreprises à
innover et à améliorer leur service.
[00:10:46] Un autre effet positif , c’est celui qui concerne la disponibilité des
taxis. Maintenant, il est très rare de ne pas trouver de taxis ou d’attendre
longtemps pour en obtenir un. Quand j’étais à Paris, il y a quelques
semaines, j’ai vraiment vu la différence. Avant, le soir on devait parfois
attendre 10 ou 15 minutes pour trouver un taxi. Maintenant, on n’attend
jamais plus de 3-5 minutes, même quand c’est tard la nuit.
[00:11:25] Mais Uber ne profite pas seulement aux consommateurs, elle
profite aussi à l’économie parce qu’elle a augmenté la taille du marché.
Comme les prix ont baissé, il y a de nouvelles personnes qui ont commencé
à prendre le taxi (alors qu’avant elles ne le prenaient jamais, un peu comme
moi par exemple). Donc ça, c’est plutôt bon pour le secteur car il y a plus de
clients.
[00:11:57] D’un autre côté, peut-être que ces nouveaux clients sont des
personnes qui prenaient les transports en commun. Donc ça, c’est plutôt
mauvais pour l’environnement. Si les personnes prennent des taxis au lieu
de prendre les transports en commun, ça crée plus de pollution.
[00:12:18] Enfin, certains économistes disent aussi qu’Uber a fait baisser le
chômage, autrement dit il y a moins de personnes qui cherchent du travail.
En France, dans les banlieues (les banlieues, ce sont les quartiers difficiles
où il y a beaucoup de pauvreté), les jeunes ne peuvent pas trouver de travail.
Il y a un grand chômage dans ces quartiers. Avec Uber, ces jeunes peuvent
devenir chauffeurs et gagner de l’argent. Il faut juste qu’ils aient le permis de
conduire, un smartphone et une voiture. Ils n’ont pas besoin de diplôme ni
d’expérience. Donc pour eux, c’est plus facile.
[00:13:12] Maintenant, vous avez compris qu’Uber a bouleversé le marché
des taxis parce qu’ils ont inventé un nouveau business model pour permettre
à tout le monde de devenir chauffeur. Grâce à ce modèle et à leur
application, ils ont beaucoup fait baisser les prix. Et quand les prix baissent,
le consommateur est content.
[00:13:38] Mais derrière cette baisse des prix, il y a aussi des tas de
conséquences négatives. « Des tas de » ça signifie « beaucoup de ». Par
exemple : j’ai des tas de problèmes en ce moment, ou il y a des tas de bons
films au cinéma.
[00:13:58] Ces conséquences négatives, elles ne concernent pas seulement
les entreprises de taxi traditionnelles, elles nous concernent tous. Peut-être
que vous, vous ne travaillez pas pour une entreprise de taxi et que vous ne
prenez même pas le taxi. Mais le développement d’Uber peut vous toucher
aussi. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur business model est en
train de se répandre à l’ensemble de l’économie, il se propage dans tous les
secteurs. Dans le secteur de l’hôtellerie avec Airbnb, la livraison de
nourriture, les banques et même les avocats. Donc peut-être que votre
entreprise aussi aura bientôt de nouveaux concurrents. Ou peut-être que
votre directeur vous demandera d’accepter les mêmes conditions de travail
que les chauffeurs d’Uber pour rester compétitifs.
[00:15:07] Alors maintenant, nous allons parler de ce phénomène qu’on
appelle « l’ubérisation » de l’économie, et nous allons voir comment
concrètement ce nouveau modèle peut changer le monde du travail.
[00:15:28] Quand on travaille pour Uber on est libre de choisir combien
d’heures on veut travailler et quand. C’est plutôt flexible, ça offre une certaine
indépendance aux chauffeurs. Dans ses publicités, Uber dit que ses
chauffeurs peuvent bien gagner leur vie (« gagner sa vie », ça veut dire
gagner de l’argent grâce à son travail). Mais en réalité, c’est une autre
histoire. Je vous propose d’écouter une interview d’un chauffeur Uber de
Nice pour voir ce qu’il pense des conditions de travail.
[00:16:36] La première chose qu’il explique, c’est qu’il doit beaucoup
travailler pour être rentable. Être rentable, ça veut dire « faire des bénéfices
». C’est difficile pour lui d’être rentable, parce qu’il doit louer sa voiture (louer,
c’est quand paye pour utiliser une chose, par exemple une voiture ou un
appartement, sans l’acheter).
[00:17:03] Donc chaque mois, il doit payer 1100€ de location pour avoir une
voiture. Et il a plein d’autres dépenses en plus comme l’essence, le
nettoyage de la voiture, etc. Alors il faut travailler beaucoup si on veut gagner
assez d’argent. Et si on veut gagner plus, il faut travailler quand il y a moins
de chauffeurs, par exemple tard la nuit, et pas quand c’est plus pratique pour
nous.
[00:17:39] Pour pouvoir gagner de l’argent, il y a des chauffeurs qui
travaillent trois jours sans dormir. Vous imaginez la sécurité, ces situations
sont très dangereuses, pour le chauffeur mais aussi pour les passagers !
[00:17:57] En plus, ça devient de plus en plus difficile pour les chauffeurs,
car il y a de plus en plus de concurrence (plus de chauffeurs, plus
d’entreprises comme Uber), et ça, évidemment, ça fait encore baisser les
prix et donc les salaires des chauffeurs.
[00:18:30] Le deuxième chauffeur parle de la dépendance vis-à-vis de la
plateforme. C’est elle qui choisit les tarifs (autrement dit le prix des courses),
qui attribue les chauffeurs aux demandes des clients, etc. Donc Uber veut
faire croire que les chauffeurs sont indépendants, mais finalement ils ne le
sont pas du tout ! En fait, il n’y a pas vraiment de liberté ni de flexibilité.
[00:19:06] Alors, en théorie, c’est bien d’offrir du travail à des personnes qui
n’en trouvent pas. Mais ça donne aussi l’impression qu’Uber profite de cette
situation, des difficultés que connaissent ces personnes (comme les jeunes
de banlieue), pour fixer les conditions. Car ces personnes sont prêtes à
travailler pour un salaire inférieur au salaire minimum comme elles n’ont pas
d’autre possibilité.
[00:19:42] La grande force d’Uber, son avantage, c’est de proposer des prix
bas. Quand Uber arrivent sur un nouveau marché, ils cassent les prix.
[00:19:55] Mais savez-vous comment l’entreprise fait pour avoir des prix
aussi faibles ? Pourquoi les taxis chauffeurs sont-ils moins chers que les
taxis traditionnels ?
[00:20:07] La première raison, c’est que l’entreprise n’a pas besoin de
gagner d’argent pour survivre (pour le moment). C’est un peu bizarre une
entreprise qui n’a pas besoin de gagner d’argent, non ? Si Uber perd de
l’argent depuis 7 ans, ils devraient fermer ! Mais non, car il y a beaucoup
d’investisseurs qui les soutiennent. D’autres entreprises qui ont acheté une
partie du capital d’Uber et qui l’aide à se financer. Et leur priorité, pour le
moment, n’est pas de gagner de l’argent. Leur priorité est d’attirer de
nouveaux clients, de faire grossir le marché, et de tuer la concurrence. Plus
Uber aura de clients, plus ça sera difficile pour ses concurrents. Car ses
concurrents n’ont pas autant d’argent, ils ne peuvent pas se permettre de
perdre de l’argent pendant plusieurs années. Donc si Uber réussissent à se
débarrasser de leurs concurrents, ils seront seule sur le marché et elle
pourra fixer les prix qu’elle voudra. C’est pour ça que dans certains pays,
Uber propose des prix très bas au début, ils ont une stratégie très agressive.
Ensuite, quand ses concurrents disparaissent, l’entreprise augmente ses
prix.
[00:21:44] Ça, c’est le deuxième problème. Quand il n’y a qu’une seule
entreprise sur un marché, ça s’appelle un monopole. Et en situation de
monopole, c’est toujours le consommateur qui perd. Pour qu’il y ait des prix
bas, il faut qu’il y ait beaucoup de concurrence sur un marché. Donc
attention, si Uber se retrouve seule, ça va faire mal à notre porte-monnaie !
[00:22:14] La deuxième raison, c’est qu’Uber est une entreprise tellement
grande qu’elle peut faire de l’optimisation fiscale. L’optimisation fiscale, ça
consiste à payer le moins de taxes possible en déclarant les revenus dans
certains pays. Donc souvent, Uber payent très peu de taxes dans les pays
où ils sont présents grâce à leur stratégie d’optimisation fiscale. Et ça
évidemment, ça n’est pas bon pour l’économie du pays.
[00:22:49] La dernière raison, j’en ai déjà parlé, c’est le fait que les
chauffeurs ne sont pas employés par Uber, ce sont des travailleurs
indépendants. Rappelez-vous qu’Uber est juste une plateforme qui met en
contact une offre et une demande, pas une entreprise de taxis traditionnelle.
[00:23:14] Grâce à ça, Uber ne doit pas payer de charges sociales. Les
charges sociales, c’est l’argent qu’une entreprise doit donner à l’État pour
ses employés. Avec les charges sociales, l’État peut offrir protection sociale,
autrement dit protéger les gens des grands risques. Concrètement, ça
finance la santé, les retraites (pour les personnes âgées qui ne travaillent
plus), les aides pour ceux qui sont au chômage mais aussi pour les familles
avec beaucoup d’enfants.
[00:24:01] Alors là, nous voyons un problème. Si Uber ne paye pas de
charges sociales, l’État perd de l’argent qu’il pourrait utiliser pour nous
protéger et nous aider.
[00:24:16] Un autre problème est que certains chauffeurs ont demandé à
être reconnus comme des employés de l’entreprise, et pas comme des
travailleurs indépendants. Ils ont beaucoup d’arguments pour justifier ça.
Déjà, la majorité des chauffeurs Uber travaillent seulement pour cette
entreprise, ils n’ont pas le temps de travailler pour d’autres. Ensuite, ils
doivent respecter les règles fixées par Uber, par exemple les règles sur le
service, les règles de l’application, etc. Donc ils ne sont pas vraiment
indépendants, et ils pensent qu’Uber devrait leur offrir une protection sociale,
comme une entreprise normale avec ses employés.
[00:25:08] Bien sûr, Uber ne veut pas le faire car ça leur coûterait trop cher
et leur business model ne fonctionnerait plus. Pour que le business model
d’Uber fonctionne, il faut que les chauffeurs soient considérés comme des
travailleurs indépendants et pas comme des salariés, pas comme des
employés de l’entreprise.
[00:25:33] À mon avis, c’est ça le vrai danger d’Uber. Le danger, c’est que
ce business model se répande, que d’autres entreprises et d’autres secteurs
l’adoptent. Si ce modèle devient la norme, les travailleurs n’auront plus de
protection sociale, ils devront payer leur protection sociale eux-mêmes. Ça,
c’est quelque chose qui est plutôt accepté aux Etats-Unis (il me semble)
mais en Europe, non. Dans la majorité des pays européens, l’État joue un
rôle pour protéger les travailleurs. Il fixe les règles générales que les
entreprises doivent respecter, et ça s’appelle le droit du travail. Donc avec
un tel modèle, nous perdrions une grande partie de notre protection sociale.
[00:26:34] En plus, on entrerait dans une économie où tous les travailleurs
sont en concurrence directe. Et quand il y a une si grande concurrence, celui
qui obtient du travail, c’est souvent celui qui accepte le salaire le plus bas.
Parce que le client ne veut pas payer beaucoup. Parfois il fait aussi attention
à la qualité du produit ou du service, mais souvent le premier critère de
décision, c’est le prix. Pour pouvoir travailler, il faudra proposer le prix le plus
bas. Ça signifie que, avec l’ubérisation de l’économie, les salaires
diminueront et les conditions de travail seront de pire en pire.
[00:27:36] Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de ne plus utiliser Uber. Je
pense que c’est une entreprise qui ne respecte pas les personnes qui
travaillent pour elle, et qui ne respecte pas non plus la loi. Je préfère payer
un peu plus cher pour un taxi normal, dont l’entreprise paie des taxes dans
le pays, que pour Uber qui abuse du système.
[00:28:10] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci beaucoup d’avoir écouté
ce podcast jusqu’au bout. J’espère que ce sujet n’était pas trop technique et
que vous avez appris des choses intéressantes. Si vous l’avez trouvé trop
compliqué ou s’il y a des choses que vous n’avez pas comprises, envoyezmoi un email à hugo@innerfrench.com. Je serai très content de vous aider.
[00:28:41] Dans le prochain podcast, nous parlerons de la santé et du plaisir.
En particulier, on se demandera s’il est possible d’être en bonne santé sans
renoncer à tous les plaisirs.
[00:28:57] D’ici-là, profitez-bien du weekend, et à jeudi prochain. Salut !
19 La dictature de la santé
Bonjour à tous ! C’est le Cottongue Podcast, épisode 19 !
[00:00:10] Bienvenue pour ce nouvel épisode. Comment ça va aujourd’hui ?
Moi, ça va très bien ! L’été est bientôt fini et malheureusement je n’ai eu
beaucoup de vacances. Mais j’ai profité de ce temps pour travailler et bien
me préparer pour la rentrée. La rentrée, c’est cette période de l’année, au
début du mois de septembre, où tout le monde revient de vacances et où les
élèves retournent à l’école. Généralement, c’est une période où il y a
beaucoup d’activité, plein de choses à faire. Mais moi, comme j’ai bien
travaillé au mois d’août, j’ai pris de l’avance. « Prendre de l’avance », vous
comprenez cette expression ? Elle signifie se préparer pour être en avance
dans son travail. Par exemple, si vous avez un nouveau projet le 15
septembre, vous pouvez commencer à travailler dessus un peu plus tôt pour
prendre de l’avance. Donc moi, c’est ça que j’ai fait en août. J’étais un peu
jaloux de voir mes amis poster leurs photos sur des plages paradisiaques
pendant que je travaillais, mais maintenant je suis très content de ma
décision !
[00:01:37] Et vous, est-ce que vous avez pris de l’avance pendant les
vacances ? Ou au contraire, est-ce que vous avez pris du retard ? Dans les
deux cas, j’espère que votre rentrée va bien se passer : sans stress et avec
le sourire !
[00:01:55] D’ailleurs, la rentrée, c’est souvent un moment où l’on décide de
prendre de bonnes résolutions. « Prendre une bonne résolution », ça signifie
prendre la décision de commencer quelque chose d’important, comme faire
du sport, apprendre une nouvelle langue, ou alors d’arrêter quelque chose
de mauvais comme la cigarette ou les bonbons. J’en profite pour vous dire
de bien faire attention à l’expression « prendre une décision ». Beaucoup de
personnes (notamment nos amis anglophones) font l’erreur de dire « faire
une décision ». Mais en français, on utilise le verbe « prendre » et pas « faire
» quand on parle de décision.
[00:02:48] Alors beaucoup de ces bonnes résolutions concernent notre
santé, autrement dit notre bien-être physique et mental. Le « bien-être »,
c’est tout simplement le fait de se sentir bien. Quand on est en bonne santé,
on se sent bien, on n’est pas malade, on peut faire des efforts physiques.
Virgile, le poète romain, a écrit que « la plus grande richesse, c’est la santé
». En septembre, on a envie de garder l’énergie qu’on a récupérée pendant
les vacances. Alors, on commence le sport, on améliore notre façon de
manger, on essaye de mieux dormir. Partout dans les médias, à la télé, à la
radio ou dans les magazines, il y a des conseils pour prendre soin de nous,
pour s’occuper de notre corps. Mais souvent, ces conseils consistent à dire
qu’il faut arrêter de faire des choses qu’on aime, qui nous donnent du
plaisir. On doit par exemple arrêter de fumer, de boire de l’alcool, de manger
des choses trop grasses, trop sucrées ou trop salées, de passer trop de
temps devant la télévision… Bref, pour être en bonne santé, il faut sacrifier
ces petits plaisirs. Mais certaines personnes se disent : « à quoi bon sacrifier
tout ça ? Qu’est-ce qu’il va me rester après ? ».
[00:04:32] À mon avis, il s’agit d’une question très intéressante. Sommesnous obligés d’abandonner tous nos petits plaisirs si on veut se sentir bien
? Est-ce qu’il n’y a pas une façon de concilier santé et plaisir ?
[00:04:50] C’est à cette question que je vais essayer de répondre
aujourd’hui. Alors pour le moment lâchez votre paquet de bonbons, éteignez
votre cigarette, posez votre verre de vin, et écoutez la suite !
[00:05:13] En France, il existe de nombreuses institutions pour aider les
citoyens à être en bonne santé. Je ne parle pas des cabinets médicaux ni
des hôpitaux, mais des institutions qui font des études pour savoir ce qui est
bon pour la santé et ce qui ne l’est pas. Ces institutions publient très souvent
leurs recommandations. Elles recommandent par exemple de ne pas boire
plus de 10 verres d’alcool par semaine (ça, c’est très difficile pour les
Français) mais aussi de manger moins de sucre, moins de charcuterie (c’est
la viande qui vient du porc, comme le jambon ou le saucisson) et plus de
légumes.
[00:06:03] Il y a un proverbe qui dit « il vaut mieux prévenir que guérir ».
Autrement dit, il faut tout faire pour empêcher une maladie d’arriver, ça
s’appelle « la prévention ». Donc pour prévenir ces maladies, on a
l’impression qu’il faut absolument respecter toutes les consignes des
institutions. Si on ne le fait pas, on risque d’attraper des maladies ou d’avoir
un cancer. Toutes ces recommandations deviennent synonymes
d’interdiction, de restriction. Autrement dit, des choses qu’il ne faut pas faire.
Ne pas faire, c’est presque toujours une forme négative.
[00:06:51] Mais à force d’entendre toutes ces interdictions, on peut penser
que les messages deviennent contre-productifs. « Contre-productif », ça
veut dire que ça produit le résultat inverse, opposé, de ce qu’on voulait.
Pourquoi ces interdictions deviennent-elles contre productives ? Eh bien
parce que les gens en ont marre, ils en ont assez. Ils n’ont pas envie qu’on
leur dise toute la journée ce qu’ils ne peuvent pas faire. C’est comme avec
les enfants : quand on leur interdit de faire quelque chose, forcément ils ont
encore plus envie de le faire !
[00:07:34] En plus, les campagnes de publicité pour nous informer de ces
dangers sont toujours choquantes, comme les images sur les paquets de
cigarettes. Je ne sais pas si c’est comme ça là où vous habitez, mais dans
beaucoup de pays européens il y a des photos choquantes sur les paquets
de cigarettes, des photos de maladies, de tumeurs, de personnes mortes à
cause du tabac.
[00:08:05] Et il n’y a pas seulement les campagnes institutionnelles, il y a
aussi tous les conseils qui sont dans les médias. La santé est un business
très rentable pour les médias car les gens s’intéressent de plus en plus à ce
sujet. Ils veulent rester en bonne santé le plus longtemps possible, comme
une sorte de jeunesse éternelle. Donc chaque jour ou presque, il y a un
nouveau conseil santé. Il faut éviter de manger cet aliment ou celui-là, rester
à distance de toute onde radio-électrique, ne pas réutiliser une bouteille en
plastique pour boire, etc. En plus, les « experts » qui donnent ces conseils
ne sont pas toujours fiables, on ne peut pas toujours leur faire confiance. Il
y aussi des célébrités qui disent ce qu’elles font pour « rester en forme » et
les gens appliquent leurs conseils comme une recette magique.
[00:09:28] Maintenant, les nouvelles technologies aussi nous donnent des
conseils sur notre santé. Avec les smartphones, on peut par exemple
compter le nombre de pas que l’on fait chaque jour en marchant. On entend
parfois qu’il faut faire 10 000 pas par jour pour être assez actif. Mais les
recommandations peuvent changer d’une application à l’autre : 8000 pas, 12
000 pas, 20 000 pas ! Ou alors 20 minutes de marche par jour, des fois 30
minutes ! C’est difficile de s’y retrouver, on ne sait plus vraiment qui croire.
[00:10:12] Il existe aussi d’autres applications smartphone pour analyser de
façon « scientifique » comment nous mangeons et pour corriger notre
régime. On écrit dans l’application tout ce qu’on mange, et elle calcule s’il
nous manque certains aliments, si nous avons besoin de plus de vitamines
ou de protéines par exemple. Mais ça ne concerne pas seulement la
nourriture. Vous pouvez trouver des applications pour améliorer votre
sommeil (c’est-à-dire votre façon de dormir), comment faire du sport, etc. Il
y a même des entreprises qui sont en train de créer des applications pour
faire des diagnostics médicaux. L’application vous pose des questions pour
connaître vos symptômes, et ensuite elle vous dit quelle maladie ou quel
problème vous avez.
[00:11:15] Encore une fois, les recommandations peuvent être très
différentes selon l’application qu’on utilise. Il faut faire attention puisqu’on ne
sait pas toujours qui est derrière cette application, qui sont les « experts »
qui ont travaillé dessus.
[00:11:34] Mais on peut imaginer que, dans quelques années, nos
smartphones pourront contrôler tout ce qui concerne notre santé et nous
donner des conseils en permanence pour rester en forme.
[00:11:53] Cependant, à force d’entendre ou de lire toutes ces interdictions
et ces recommandations, on peut finir par se sentir oppressé. Tout ce que
nous faisons est contrôlé. Il existe un modèle pour être en bonne santé, et
tout le monde devrait le suivre. Sinon, on est considéré comme un individu
déviant, quelqu’un qui ne respecte pas les règles sociales. C’est un peu
comme si on vivait dans une dictature, la dictature du bien-être !
[00:12:31] Et là aussi, ça peut être contre-productif ! Quand on vit dans une
dictature, on pense en permanence à toutes les choses interdites. Souvent,
ces interdictions concernent des choses qu’on aime faire (comme manger
des gâteaux ou boire de l’alcool). Au final, toutes ces interdictions créent de
la frustration. Or, le stress et la frustration sont nocifs (« nocif », ça signifie «
mauvais pour la santé »). Donc cette dictature du bien-être obtient les effets
inverses de ce qu’elle souhaite.
[00:13:14] À votre avis, est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt imaginer une autre
façon de rester en bonne santé ? Une façon plus positive de voir les choses
? C’est ce qu’on va voir, dans la 2ème partie de ce podcast.
[00:13:42] On peut imaginer qu’avec le progrès technologique, avec toutes
ces nouvelles applications, nous allons tous vivre jusqu’à 120 ans. Comme
les connaissances scientifiques progressent, nous allons adapter nos
comportements pour être en meilleure santé. Si nous sommes rationnels,
nous n’allons pas faire de choses qui sont mauvaises pour la santé. Et si on
décide de faire quand même ces choses-là, comme fumer ou boire de
l’alcool, alors ça signifie que nous ne sommes pas assez forts
psychologiquement, ou que nous sommes victimes du milieu où nous vivons
(si tout le monde dans notre famille fume par exemple).
[00:14:32] En réalité, nous ne sommes pas – du moins pas entièrement –
des êtres rationnels. Nous faisons souvent des choses en sachant qu’elles
ne sont pas bonnes pour nous. On peut continuer de fumer même quand on
connaît le risque de cancer, parce que fumer nous donne du plaisir. On peut
boire de l’alcool parce que ça nous permet de passer un bon moment entre
amis, même si on se sentira mal le jour d’après. D’ailleurs, est-ce que vous
savez comment s’appelle l’état dans lequel on est le lendemain d’une soirée
alcoolisée ? Vous savez, quand on a mal à la tête et qu’on n’a pas du tout
d’énergie ? Ça s’appelle « la gueule de bois ». Si vous faites la fête avec des
amis francophones et que vous buvez trop d’alcool, le jour d’après vous
pouvez leur dire : « j’ai la gueule de bois ».
[00:15:35] Bref, pardon pour la digression. Ce que j’essaye de vous montrer,
c’est qu’on veut croire que l’Homme est rationnel, mais que chaque jour nous
avons la preuve du contraire.
[00:15:50] Le problème avec tous ces conseils et ces recommandations,
c’est qu’il s’agit d’une vision moralisatrice. Les experts nous disent comment
nous devons vivre notre vie en fonction des résultats de leurs études mais
aussi de leurs valeurs personnelles. Ils décident de ce qui est bon ou
mauvais pour la population et essayent d’influencer nos comportements
quotidiens.
[00:16:21] Heureusement, il existe d’autres manières d’éduquer les
personnes à la santé. Des manières qui ne sont pas moralisatrices et qui
respectent la liberté de choix des individus.
[00:16:37] Le but de cette approche, c’est de rendre les individus autonomes,
de les responsabiliser. Encore une fois, on peut comparer ça à la façon
d’éduquer les enfants. Si on dit tout le temps aux enfants ce qu’ils doivent
faire et ne pas faire sans leur expliquer pourquoi, ils ne peuvent pas
comprendre. Et ils ne peuvent pas non plus devenir adultes, car ils ne savent
pas comment prendre leurs propres décisions. Ils savent seulement obéir
(ou non) à des règles que les adultes ont fixées pour eux.
[00:17:21] Vous pouvez me répondre que ces conseils pour être en bonne
santé ne sont pas des règles. Peut-être pas encore, mais elles le deviennent
petit à petit. Je vais prendre l’exemple de la cigarette pour vous montrer.
Après la seconde guerre mondiale, la consommation de cigarettes a explosé
en France. Autrement dit, les Français ont commencé à beaucoup fumer. Au
début, ça concernait surtout les hommes mais progressivement les femmes
s’y sont mises aussi. Mais à partir des années 70, le gouvernement français
a adopté plusieurs lois pour limiter les publicités et interdire de fumer dans
certains lieux (comme les hôpitaux). Ensuite, on a interdit de fumer dans les
transports (les trains, les avions) et un peu plus tard, en 2008, dans les lieux
publics comme les cafés et les restaurants (sauf dans les espaces réservés
qu’on appelle des fumoirs). En parallèle, les taxes sur les paquets de
cigarettes ont beaucoup augmenté pour décourager les fumeurs. En ce
moment, le gouvernement envisage de passer le prix du paquet à 10€, soit
deux fois plus cher qu’il y a 10 ans.
[00:18:58] Personnellement, ça ne me dérange pas, ça ne me pose aucun
problème. Comme les fumeurs ont statistiquement plus de chance d’avoir
un cancer, je trouve ça normal qu’ils payent plus car ils profiteront des
services des hôpitaux qui sont financés par l’argent public. En plus, je ne
fume pas donc c’est plus agréable quand il n’y a pas d’odeur de cigarette
autour de moi.
[00:19:27] Mais d’un autre côté, vous voyez que ce qui était au départ un
conseil (« il ne faut pas fumer car c’est mauvais pour la santé ») devient de
facto une règle car c’est de plus en plus difficile de fumer. Et j’ai lu
récemment une étude qui montre que la consommation de cigarettes est très
inégalitaire, parce que maintenant ce sont surtout les personnes de milieux
défavorisés (pauvres) qui fument. Ça veut dire que la prévention ne marche
pas dans ces milieux, peut-être parce que les personnes ne sont pas bien
informées.
[00:20:12] Fumer peut même devenir une source de honte, comme l’obésité.
Avant, fumer c’était cool. Maintenant, certaines personnes considèrent que
si vous fumez, c’est parce que vous n’avez pas de volonté, parce que vous
êtes faible. La cigarette devient une sorte de marqueur social.
[00:20:36] On peut se demander si ces politiques sont vraiment efficaces.
Les ventes de cigarettes en France ont diminué de 20% en 10 ans, donc on
peut penser que ça marche. Mais peut-être qu’il y aurait d’autres façons
encore meilleures de lutter contre le tabagisme.
[00:20:58] Par exemple, l’année dernière, le ministère de la Santé en France
lancé une campagne assez innovante pour convaincre les gens d’arrêter de
fumer. Je vous propose d’écouter un extrait de cette campagne pour voir
quel était leur message.
[00:21:23] « Moi, c’est Stéphane. Ça fait 30 ans que je fume. En novembre,
c’est le mois sans tabac. Alors, j’ai décidé de tenter le coup. Si comme moi,
vous faites partie des 8 millions de personnes en France qui veulent arrêter
de fumer, rejoignez mois sans tabac. Un mois sans fumer, c’est 5 fois plus
de chance d’arrêter. Rejoignez le mouvement mois sans tabac sur
tabacinfoservice.fr.»
[00:21:42] Vous voyez, ce qui est intéressant avec cette campagne, c’est
l’idée de challenge, de défi collectif. Au lieu d’arrêter de fumer tout seul, tout
le monde arrête en même temps le 1er novembre. Si tout le monde arrête
en même temps, on peut se soutenir, s’entraider (ça veut dire s’aider
mutuellement). Grâce à cette campagne, on ne se sent plus seul dans son
combat, on a l’impression de faire partie d’une équipe, c’est quelque chose
de positif. Et la publicité nous informe que si on réussit à ne pas fumer
pendant 1 mois, on a 5 fois plus de chance d’arrêter définitivement, c’est
motivant, non ?
[00:22:34] Cette campagne ne fait pas culpabiliser les fumeurs, elle ne les
fait pas se sentir coupables. Elle les encourage plutôt à prendre un
engagement collectif, je trouve ça super comme idée ! Il y avait d’autres
spots qui montraient des enfants qui encourageaient leurs parents à arrêter
de fumer, qui les soutenaient dans leur combat. Ça aussi, c’est un message
positif et motivant !
[00:23:05] Je pense que pour inciter les gens à prendre de bonnes
habitudes, il faut privilégier l’idée de plaisir et pas la culpabilité. Trop souvent,
on a l’impression de devoir se priver de tout si on veut être en bonne santé.
« Se priver », ça veut dire « s’abstenir », ne pas faire quelque chose qu’on
a envie de faire. Se priver de bonbons par exemple, ne pas manger de
bonbons même si on en a très envie !
[00:23:39] Quand on voit les choses de cette manière, comme des privations
et des interdictions, ça n’est pas très motivant. En plus, elles peuvent devenir
des obsessions car on y pense toute la journée. On attend juste le moment
où on pourra faire cette chose dont on a tellement envie.
[00:24:02] À mon avis, il faudrait plutôt se concentrer sur les aspects positifs
de ces bonnes habitudes. Par exemple, se fixer des objectifs, mesurer ses
progrès, et se récompenser quand on les atteint, quand on réussit. Penser
à toutes les bonnes choses que cette nouvelle habitude va nous apporter, et
pas à ce qu’on sacrifie.
[00:24:30] Le débat sur la santé doit aussi devenir public. Il faut impliquer les
gens pour qu’ils participent, pour qu’ils partagent leurs connaissances sur le
sujet et qu’ils posent leurs questions. Les experts n’ont pas le monopole sur
cette question, notamment parce qu’ils se sont beaucoup trompés dans le
passé.
[00:24:56] Il n’existe pas non plus de recette magique qui marcherait pour
tout le monde. Nous sommes tous différents, nous vivons dans des
environnements différents. Alors il faut tenir compte de ces paramètres, avoir
une approche locale. Certains problèmes, certaines maladies, sont plus
présents dans une région que dans une autre, donc les recommandations
ne peuvent pas être les mêmes pour tout le monde.
[00:25:35] Et puis, peut-être que le plaisir permet d’être en bonne santé. Il y
a beaucoup d’exemples de personnes qui n’avaient pas un style de vie très
sain, mais qui ont pourtant vécu très longtemps. Vous savez peut-être que
la personne qui a vécu le plus longtemps était une Française qui s’appelait
Jeanne Calment. Jeanne Calment est morte en 1997 à l’âge de 122 ans.
122 ans ! Vous vous rendez compte ? Eh bien cette dame a fumé presque
toute sa vie, et elle mangeait aussi beaucoup de chocolat ! Bien sûr, je ne
suis pas en train de vous dire qu’il faut fumer et manger du chocolat pour
vivre longtemps. Au contraire, de nombreuses études ont montré que la
cigarette augmente le risque de cancer. Mais je veux simplement souligner
qu’on ne sait pas encore tout sur le corps humain.
[00:26:39] Il faut donc rester ouvert d’esprit et travailler ensemble pour qu’on
puisse vivre en meilleure santé et plus longtemps.
[00:26:53] Nous arrivons à la fin de ce podcast. Merci à vous de m’avoir
écouté jusqu’au bout. Ça me fait très plaisir de voir qu’il y a toujours plus
d’auditeurs, de personnes qui apprennent le français, et je suis très content
si mon podcast vous aide. Si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser un
commentaire sur iTunes ou sur l’application de podcast que vous utilisez. Ça
me fera encore plus plaisir !
[00:27:26] La semaine prochaine, ça sera le 20ème épisode, et je vous ai
préparé une petite surprise. Alors soyez au rendez-vous !
[00:27:36] À bientôt !
20: 8 conseils pour progresser en français +
nouveau nom
Salut à tous et bienvenue dans innerFrench !
[00:00:17] Eh oui, un nouveau nom et un nouveau jingle ! Le Cottongue
Podcast, c’est fini. J’ai décidé de changer tout ça car ça n’était pas très clair.
Certaines personnes n’arrivaient pas à me trouver sur Google. Maintenant,
j’espère que ça sera plus simple. En tout cas je suis très content de vous
présenter cette nouvelle version de mon podcast. Rassurez-vous, mon
objectif est toujours le même : vous aider à apprendre le français de façon
naturelle.
[00:00:55] Si vous avez écouté les épisodes précédents, vous connaissez
déjà le principe, l’idée de ce podcast. Chaque semaine, je vous parle d’un
nouveau sujet que je trouve intéressant, et j’essaye de vous l’expliquer
simplement. Des sujets sur la culture française, l’actualité, l’histoire, la
science, la psychologie, le développement personnel, etc. Comme ça, vous
pouvez vous habituer à écouter la langue parlée, orale. J’espère que ça vous
permet d’améliorer votre compréhension, de mieux comprendre le français.
Et si vous ne comprenez pas tout, la transcription de chaque épisode est
disponible sur mon site. D’ailleurs, la nouvelle adresse du site, c’est :
www.innerfrench.com Retenez bien cette adresse et allez visiter le nouveau
site quand vous aurez une minute de libre.
[00:02:09] Ça peut aussi vous permettre de travailler votre prononciation en
m’écoutant et en répétant ce que je dis. À mon avis, c’est un très bon
exercice car en faisant ça, vous vous habituez à parler français. Si vous le
faites assez souvent, ça deviendra de plus en plus facile et naturel. Vous
pouvez aussi vous enregistrer, enregistrer votre voix avec un micro ou avec
votre téléphone portable. Comme ça, vous pourrez voir votre évolution et les
progrès que vous faites !
[00:02:56] Au fait, si vous avez des suggestions concernant les sujets, des
thèmes dont vous voudriez que je parle, n’hésitez pas à m’écrire. Envoyezmoi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com pour me dire : « Hey Hugo,
est-ce que tu peux faire un podcast sur le cinéma français ou sur la cuisine
? ». Car si c’est un sujet qui vous intéresse, il y a de grandes chances qu’il
intéresse aussi d’autres auditeurs. Donc moi je serai très content d’en parler
!
[00:03:38] Justement, il y a une semaine j’ai reçu un email d’une auditrice.
Écoutez ce qu’elle m’a écrit.
[00:03:50] “Salut Hugo,
Je m’appelle Giulia, je suis italienne mais je travaille aux Etas Unis depuis
quatre ans. J’habite à Houston au Texas où il y a actuellement une tempête
et où beaucoup de personnes ont dû abandonner leurs maisons à cause de
ces conditions climatiques. Les experts disent que ce phénomène est une
vraie catastrophe.
Heureusement, là où j’habite la pluie n’a pas causé de gros dommages, je
dois seulement rester à la maison et ne pas prendre le risque de sortir.
C’est un malheureux événement et j’espère il se finira bientôt.
Je t’écris pour dire que j’ai eu beaucoup de temps à dédier à tes podcasts et
que j’ai aimé en particulier ceux sur l’éducation française et sur Uber. Ce
matin aussi, j’ai écouté une émission à la radio sur Uber et son nouveau
CEO. C’est un sujet très intéressant et en constante évolution.
J’ai étudié le français au collège et au lycée mais je l’ai abandonné après le
Baccalauréat. J’ai décidé de recommencer à le pratiquer pour deux raisons.
La première c’est que j’aime les langues étrangères et que j’aime les parler:
c’est un très bon exercice mental!
La seconde, c’est que je suis en train de chercher du travail à Genève en
Suisse et que je voudrais améliorer ma capacité à communiquer avec les
habitants de cette ville.
Je te demande de pardonner les erreurs lexicales et de grammaire, mon
clavier est américain et ça n’aide pas !
Merci pour ton aide, je l’apprécie beaucoup: tes podcasts sont non
seulement utiles mais ils sont aussi vraiment très intéressants.
A bientôt,
Giulia”
[00:06:11] Merci beaucoup Giulia pour ton email. Bien sûr j’ai suivi ce qui
s’est passé avec la tempête Harvey, et je suis très triste pour toutes les
personnes qui en ont été victimes. Je sais qu’il y a beaucoup de nos amis
américains qui écoutent ce podcast, donc j’en profite pour leur dire que je
pense fort à eux, en particulier à ceux qui se trouvent dans les états qui ont
été touchés par la tempête. Je sais qu’il faudra du temps pour réparer les
dommages, et que certains sont irréparables, mais je sais aussi que vous
aurez le courage de le faire.
[00:06:56] Giulia, de ton côté j’espère que tu trouveras un poste à Genève.
En tout cas ton français semble excellent donc je suis sûr que tu n’auras
aucun problème à parler avec les Suisses francophones ! Merci encore pour
tes compliments, ça me fait très plaisir de recevoir ce genre d’email et ça me
motive à continuer mes podcasts pour vous aider.
[00:07:25] Allez, sans plus attendre, on va passer au sujet principal de cet
épisode.
[00:07:38] Aujourd’hui, je vais vous donner quelques conseils pour
progresser en français, pour passer du niveau intermédiaire au niveau
avancé. Quand on apprend une langue, il y a différents plateaux, différents
moments où on peut se sentir un peu bloqués. Si vous comprenez ce
podcast, vous êtes déjà au moins au niveau intermédiaire. Vous êtes
capables de comprendre des textes simples ou de parler de sujets basiques
(la famille, le travail, ce que vous faites pendant votre temps libre). En
Europe, ce niveau correspond au niveau B1 voire B2.
[00:08:29] Mais peut-être que vous ne vous sentez pas encore à l’aise. « Se
sentir à l’aise », ça signifie ne pas avoir de difficulté à faire quelque chose,
le faire facilement. Par exemple si je dis « je suis à l’aise en anglais », ça
veut dire que je n’ai pas de problème pour parler anglais. Faites attention à
ne pas dire « confortable ». Une personne ne peut pas être « confortable ».
Un canapé, un lit ou un fauteuil peuvent être confortables, mais pas une
personne (sauf si vous aimez vous asseoir ou vous allonger sur elle) !
[00:09:16] Alors comment faire pour se sentir à l’aise en français ? C’est un
peu ça, la question. Quand on passe du niveau intermédiaire au niveau
avancé, on devient à l’aise avec la langue. On devient capable de parler la
langue couramment, sans se poser de questions. C’est l’objectif de
beaucoup de personnes : pouvoir parler naturellement avec des
francophones sans chercher ses mots et comprendre ce qu’ils nous disent.
Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire !
[00:10:00] C’est un processus qui peut prendre plus ou moins de temps
selon les personnes. Pour certains, c’est très rapide. Par exemple, il y a des
personnes qui ont l’habitude d’apprendre des langues étrangères et qui sont
plutôt extraverties. Pour elles, parler une nouvelle langue est une chose
assez naturelle qu’elles font rapidement. Pour d’autres, ça demande plus de
temps. Si vous êtes introvertis, peut-être que parler français vous fait un peu
peur. Vous réfléchissez beaucoup à ce que vous voulez dire, vous cherchez
vos mots, ça vous semble difficile. C’est normal, il ne faut pas se décourager.
Il faut passer du temps avec la langue, l’utiliser dans différents contextes. Si
vous êtes patients, petit à petit vous allez progresser. Et un jour, vous vous
rendrez compte, vous remarquerez, que vous serez devenu capable de
parler français. Tout le monde peut le faire ! D’ailleurs en France, on a un
dicton qui dit « impossible n’est pas français ». Autrement dit : rien n’est
impossible.
[00:11:31] Alors pour vous aider dans votre aventure avec le français, j’ai
préparé 8 conseils. Les 8 choses qui me semblent les plus importantes pour
réussir à apprendre cette langue. Peut-être que certaines vont vous sembler
évidentes, mais j’espère que d’autres vous seront utiles.
[00:11:57] Prenez un stylo et une feuille pour prendre quelques notes. Allez,
c’est parti !
1) Se fixer des objectifs
[00:12:12] À votre avis, quelle est la première chose à faire quand on
apprend une nouvelle langue ? En général, on ne sait pas toujours par où
commencer. Certains achètent un livre de grammaire, d’autres apprennent
des listes de vocabulaire. Mais si vous faites ça, vous allez perdre votre
temps. Car le plus important quand on commence, c’est de savoir où on va,
et ça, ça veut dire : avoir des objectifs. Ok vous avez sûrement déjà un but
comme « parler couramment français ». Malheureusement, ce genre
d’objectif est trop général.
[00:13:00] Il vous faut des objectifs plus spécifiques que vous pourrez
réaliser rapidement. Par exemple : être capable de réserver une table dans
un restaurant, pouvoir raconter l’histoire de notre série préférée. Ce sont des
objectifs concrets que vous pouvez mesurer, vous pouvez savoir si vous
avez réussi ou non. Vous devez aussi fixer une date limite (par exemple d’ici
deux semaines ou avant vos prochaines vacances en France). Une fois que
vous avez ces objectifs, vous pouvez choisir la stratégie pour les atteindre :
quels mots de vocabulaire vous allez apprendre, de quelles structures vous
avez besoin.
[00:13:59] Et surtout, grâce à ces objectifs, vous allez voir que vous
progressez, que vous êtes capables de faire de plus en plus de choses en
français. Ça va vous motiver et vous donner confiance en vous.
2) Avancer petit à petit
[00:14:24] Ensuite, je vous conseille de faire les choses progressivement.
Ne choisissez pas des objectifs trop compliqués comme expliquer la
situation politique dans votre pays si vous n’êtes pas capables de raconter
vos dernières vacances par exemple. Si vous choisissez des objectifs trop
difficiles, trop ambitieux, vous allez vous décourager si vous ne les atteignez
pas. Donc il est mieux d’augmenter la difficulté progressivement pour rester
motivé.
[00:15:06] Dans l’idéal, vous pouvez prévoir votre progression à l’avance.
Écrire une liste de choses que vous voulez être capable de faire, et les
classer de la plus facile à la plus difficile. Évidemment, vous allez
commencer avec les objectifs les plus faciles.
3) Être patient(e)
[00:15:38] Ça m’amène à mon 3ème conseil: soyez patients (ou patientes).
Maintenant toutes les applications et les gourous des langues vous
promettent que vous pouvez apprendre à parler couramment une langue en
trois mois. Alors oui, c’est possible, mais seulement si vous avez déjà
l’habitude d’apprendre des langues étrangères et surtout si vous pouvez
passer 8 heures par jour à le faire. Moi, je ne connais pas beaucoup de
personnes qui peuvent trouver 8 heures par jour pour apprendre une langue
pendant trois mois.
[00:16:24] Ça veut dire que pour la majorité d’entre nous, il faut être patient.
Il n’y a pas de formule magique ni de raccourci : pour apprendre une langue,
nous devons passer un maximum de temps avec elle. Et surtout, il faut se
laisser du temps, ne pas être impatient car ça crée de la frustration et on
risque d’abandonner.
4) Créer une habitude
[00:16:59] Comment faire pour être sûr de passer assez de temps avec une
langue ? Tout simplement en créant une nouvelle habitude. Si vous
programmez votre cerveau, apprendre peut devenir automatique et
inconscient.
[00:17:20] Pour ça, vous pouvez choisir une heure que vous consacrerez
chaque jour à l’apprentissage du français. Vous pouvez vous lever plus tôt
pour le faire ou bien éliminer une autre activité. Souvent le problème n’est
pas le temps, mais les priorités. Si apprendre le français est votre priorité,
vous trouverez du temps chaque jour.
[00:17:51] Une autre façon de créer une habitude, c’est d’associer le français
à d’autres activités que vous faites déjà. Par exemple : écoutez un podcast
ou une émission de radio quand vous allez au travail, au sport, ou quand
vous faites la cuisine. Remplacez le livre que vous lisez avant de dormir par
un roman ou un magazine français.
[00:18:21] Bref, si vous arrivez à créer cette habitude, je vous garantis que
vous ferez rapidement d’énormes progrès. D’ailleurs, je vous conseille
d’écouter (ou de réécouter) le podcast n°16 sur les habitudes, comme ça
vous comprendrez tout à leur fonctionnement.
5) S’immerger dans la langue
[00:18:52] Nous arrivons au 5ème conseil : l’immersion. En plus de cette
habitude, vous devez essayer de vous immerger dans la langue, d’être « en
immersion ». Comme quand vous plongez dans la mer ou à la piscine et que
vous êtes sous l’eau. Attention, ici je ne parle pas de plonger dans une
piscine française, mais de vous entourer de la langue.
[00:19:23] Concrètement, qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous pouvez
mettre votre téléphone et votre ordinateur en français, lire, regarder ou
écouter les informations dans les médias francophones (vous pouvez même
télécharger des applications pour recevoir des notifications sur votre
téléphone toute la journée), vous pouvez faire des playlists de chansons
françaises, etc. J’ai des élèves qui écoutent beaucoup de musique française
et ça les aide à mémoriser les expressions.
[00:20:05] Bref, même si vous n’avez pas la possibilité de passer du temps
dans un pays francophone, vous aurez l’impression d’entendre et de voir la
langue partout autour de vous !
6) Faire des choses que vous aimez
[00:20:26] Maintenant le 6ème conseil : faites 50 exercices de grammaire
chaque jour… Ok je plaisante, c’est une blague, pas d’inquiétude. Si vous
écoutez ce podcast depuis un certain temps, vous savez que pour moi la
grammaire n’est pas le plus important.
[00:20:50] J’imagine que vous n’avez pas envie de vous lever 30 minutes
plus tôt pour faire des exercices de grammaire et je vous comprends ! Moi
non plus, je ne le fais pas ! Mais pourquoi pas remplacer les exercices de
grammaire par un épisode de série française ou un article sur un sujet qui
vous passionne ?
[00:21:19] Autrement dit, faites des choses que vous aimez, qui vous
intéressent. Si vous aimez le cinéma, vous pouvez regarder des films en
français mais aussi lire des livres sur vos réalisateurs préférés, trouver un
podcast sur les dernières sorties, et même publier des critiques sur des
forums de cinéphiles ! Il n’y a pas de limites, vous devez juste trouver les
bonnes ressources.
[00:21:52] Comme ça, votre pratique va devenir naturelle. Vous n’aurez plus
l’impression de juste « faire du français », mais d’utiliser le français pour des
activités concrètes qui vous plaisent.
7) Sortir de sa zone de confort
[00:22:14] OK, l’avant-dernier conseil, le conseil n°7. Il concerne la zone de
confort.
[00:22:24] Si vous comprenez 80% de mon podcast ou plus, bravo ! Je sais
que c’est très agréable d’écouter un natif parler et de comprendre tout ce
qu’il raconte. Notre cerveau n’a pas besoin de trop travailler, on peut juste
se détendre et profiter.
[00:22:47] Mais j’imagine aussi que quand vous regardez un film français ou
que vous essayez d’écouter la radio, ça n’est pas aussi facile ! Vous vous
demandez pourquoi les Français parlent aussi vite, vous avez peut-être
parfois l’impression qu’ils parlent une autre langue. Bref, c’est très difficile !
[00:23:11] Oui, mais c’est comme ça qu’on progresse. Il faut se mettre en
difficulté, sortir de sa zone de confort. Il faut sentir que notre cerveau
travaille, qu’il fait des efforts. Pour faire ça, vous pouvez chercher un autre
podcast sur un sujet qui vous intéresse mais fait pour les Français et pas
pour les étrangers. Un podcast qui n’est pas trop long (5-10min) et que vous
allez écouter plusieurs fois. Si au début vous avez l’impression de ne rien
comprendre, ça n’est pas grave ! Forcez-vous à l’écouter 3,5 ou 10 fois, et
je vous promets que vous allez comprendre de plus en plus de choses.
[00:24:08] Donc faites des choses qui vous plaisent, mais aussi d’autres qui
sont plus difficiles pour progresser.
8) Prendre un coach
[00:24:24] Je sais que ça peut être difficile de toujours se challenger, de faire
du français régulièrement et de rester motivé. C’est pourquoi mon dernier
conseil est de trouver un professeur particulier (ou au moins un partenaire
linguistique natif) pour vous aider. Vous pouvez beaucoup progresser par
vos propres moyens, mais parfois vous pouvez vous sentir perdus et avoir
besoin d’aide.
[00:24:59] Avec mes élèves, nous choisissons ensemble des objectifs et
nous construisons un programme adapté. Comme ça, ils sont vraiment
motivés car nous travaillons pour atteindre le but qu’ils se sont fixé, qu’ils ont
choisi.
[00:25:18] Mais en tant que coach, j’essaye surtout de leur donner confiance
en eux, de leur montrer qu’ils sont capables de dire beaucoup de choses
même avec un vocabulaire limité. Souvent, c’est le plus grand problème : le
manque de confiance en soi. On a peur de faire des erreurs, de ne pas avoir
une bonne prononciation. Moi, je montre à mes élèves qu’ils peuvent
communiquer, transmettre leurs idées, d’une façon ou d’une autre. Ça n’est
pas grave si leur grammaire n’est pas parfaite au début, car s’ils aiment le
français et qu’ils passent assez de temps avec la langue, un jour ils pourront
le parler sans problème. Mon but, c’est que ce jour arrive rapidement, que
mes élèves deviennent vite autonomes et qu’ils n’aient plus besoin de moi.
[NB : je ne fais plus de coaching/cours particuliers car je n’ai plus assez
de temps]
[00:26:28] Voilà, c’était mon 8ème et dernier conseil. J’espère que vous les
avez trouvés utiles et qu’ils vous ont donné quelques idées pour progresser
en français.
[00:26:41] Si vous sentez que vous êtes bloqués, envoyez-moi un email et
je vous proposerai des solutions. Ça me fera très plaisir de vous aider !
[00:26:53] Une dernière chose avant de finir ce podcast. J’ai créé un petit
document, un petit guide, avec 10 super ressources que je recommande aux
apprenants intermédiaires. Des sites internet, des chaînes youtube, des
audiobooks, des podcasts (autres que le mien !) et tout ça, c’est gratuit. Vous
pouvez le télécharger gratuitement sur mon site innerfrench.com. Il suffit
juste de s’inscrire. Ensuite vous recevrez un email avec ce guide. Alors si ça
vous intéresse, allez faire un tour sur mon site pour le trouver.
[00:27:45] Ok, c’est tout pour aujourd’hui.
[00:27:48] Un grand merci de m’avoir écouté et d’être de plus en plus
nombreux à le faire. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour
un nouvel épisode.
[00:28:01] À bientôt !
21 Peut-on faire confiance à notre cerveau ?
Salut c’est l’épisode 21 et aujourd’hui on va voir si on peut faire confiance à
notre cerveau !
[00:00:17] Bienvenue dans ce nouvel épisode. Comme d’habitude on va
passer une trentaine de minutes ensemble et je vais essayer de vous
apprendre quelque chose d’intéressant. Et tout ça en français bien sûr !
Comme ça, vous pouvez passer du temps avec la belle langue de Molière
sans trop penser à sa grammaire. Molière, vous connaissez ? C’est un
célèbre dramaturge français du XVIIème siècle, ou dit plus simplement
quelqu’un qui a écrit des pièces de théâtre. D’ailleurs il était aussi comédien.
Alors en français, pour faire référence à notre langue on utilise parfois
l’expression « la langue de Molière ». On ne sait pas vraiment pourquoi c’est
Molière qui a été choisi. On aurait pu prendre un autre auteur célèbre comme
Victor Hugo ou Arthur Rimbaud. Mais non, c’est Molière qu’on a choisi. Donc
si vous voulez utiliser un synonyme pour ne pas toujours répéter « le français
», ou si vous voulez surprendre la personne à qui vous parlez, vous pouvez
dire « j’apprends la langue de Molière ». Je suis sûr que votre interlocuteur
sera très impressionné ! Ah et vous savez comment on appelle l’anglais ?
La langue de Shakespeare ! Tout simplement.
[00:01:58] Bon, je n’ai pas vraiment prévu de vous parler de théâtre
aujourd’hui, mais plutôt de cet organe bizarre que nous avons dans la tête :
le cerveau. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous faire un cours
de biologie. Ça dépasse un peu mes compétences. Par contre, on va
essayer de comprendre comment fonctionnent nos pensées, nos jugements.
Comment fait-on pour répondre à la question 2 + 2 = 4 ? Est-ce que c’est le
même mécanisme que pour répondre à une question philosophique comme
« faut-il chercher le bonheur pour le trouver ? ». Et surtout, on va voir si on
peut faire confiance à ces jugements. En général, on pense que la plupart
de nos décisions sont rationnelles. On analyse la situation, les conditions,
les résultats possibles, et on prend la meilleure décision possible, la plus
rationnelle. Mais êtes-vous vraiment sûrs d’être si rationnels que ça ?
[00:03:24] On va faire une petite expérience pour le vérifier.
[00:03:28] Imaginez que vous êtes dans le métro, vous allez au travail. À
côté de vous, il y a un homme très élégant qui porte un costume et une
cravate. À votre avis, est-ce que ce monsieur a un doctorat ou bien est-ce
qu’il n’a pas fait d’études ? Un doctorat, c’est quand on fait des études très
longues à l’université, on écrit une thèse, on fait des recherches, et ensuite
on doit présenter cette thèse pour obtenir ce diplôme, le doctorat.
[00:04:08] Alors observez bien ce monsieur. Qu’est-ce que vous pensez de
lui ? Vous le regardez, vous voyez comment il est habillé, et à cause de ses
vêtements, vous vous dites sûrement que c’est quelqu’un qui a du succès.
S’il a du succès, on imagine qu’il a fait des études, ça ne vous surprendrait
pas qu’il ait un doctorat. C’est plutôt logique tout ça, non ?
[00:04:39] Eh bien non, pas du tout ! Statistiquement, parmi les gens qui
prennent le métro il y a beaucoup plus de personnes qui n’ont pas fait
d’études que de personnes qui ont un doctorat. Le problème ici, c’est qu’on
fait confiance à notre jugement, on a l’impression de penser de manière
logique. Mais en réalité, pas du tout. On se base seulement sur des
stéréotypes, des informations partielles.
[00:05:12] Dans ce cas-là, ça n’est pas très grave, c’est juste une petite
expérience. Mais quand il s’agit de décisions plus importantes, là nos erreurs
de jugement, d’appréciation, peuvent nous coûter très cher.
[00:05:31] Il y a un auteur qui s’est beaucoup intéressé à ces questions, et
c’est grâce à lui que moi aussi je m’y suis intéressé. Cet auteur, c’est un
économiste et psychologue israélo-américain qui s’appelle Daniel
Kahneman. Il a été professeur dans les universités américaines les plus
prestigieuses comme Princeton et Berkeley, et il a gagné le Prix Nobel
d’économie en 2002. Le livre dans lequel il a expliqué ses théories au grand
public s’appelle Thinking Fast and Slow et il a été publié en 2001. Dans ce
livre, il présente les résultats de certaines de ses expériences, de ses
recherches, et il les explique simplement pour que tout le monde puisse les
comprendre. C’est un livre qui a eu beaucoup de succès, peut-être que vous
l’avez déjà lu en anglais. Aujourd’hui je vais donc vous présenter quelques
conclusions de ce livre passionnant et, si vous ne l’avez pas encore lu,
j’espère que ça vous donnera envie d’en savoir plus.
[00:06:58] Allez, c’est parti !
[00:07:11] Pour commencer, il y a un concept très important si on veut
comprendre les théories de Kahneman. Ce concept, c’est celui des deux
systèmes. Kahneman, et d’autres psychologues avant lui, estiment que dans
chacun d’entre nous, il y a deux systèmes chargés de penser.
[00:07:38] D’un côté, nous avons le premier système que Kahneman appelle
tout simplement le système 1. Il est très rapide et il pense de manière
automatique, intuitive, sans faire d’effort. Nous n’avons pas vraiment de
contrôle sur lui. Grâce au système 1, nous pouvons conduire une voiture,
répondre à la question « 2 +2 = ? », ou encore interpréter l’expression du
visage de la personne à qui on parle (pour savoir si elle est heureuse, triste
ou en colère).
[00:08:22] De l’autre côté, il y a le système 2 qui est beaucoup plus lent.
Nous devons faire des efforts pour qu’il fonctionne, il n’est pas du tout
automatique ! C’est lui qui est en charge de prendre les décisions plus
difficiles, comme par exemple quand nous voulons acheter une maison, ou
alors quand nous faisons un calcul compliqué comme 53 x 467, quand nous
avons oublié un mot et que nous le cherchons dans notre mémoire, ou même
quand nous devons remplir notre déclaration d’impôts.
[00:09:06] Pour mieux visualiser ces deux systèmes, on peut les imaginer
comme des personnes. Système 1, c’est quelqu’un de très spontané, qui fait
confiance à son instinct, plutôt extraverti. Il est sûr de lui. Quand il fait du
shopping, c’est un acheteur compulsif, autrement dit il achète tout ce qu’il
aime sans vérifier le prix ni la qualité.
[00:09:38] Au contraire, son ami Système 2 réfléchit beaucoup avant
d’acheter quelque chose. Il lit toutes les informations sur le produit, il
compare les prix sur internet, il demande l’avis de ses autres amis. Bref, il a
besoin de temps pour prendre une décision, pour peser le pour et le contre.
Ah oui, « peser le pour et le contre » c’est une super expression que vous
pouvez utiliser quand vous comparer les avantages et les inconvénients de
quelque chose. Avant de prendre une décision compliquée il faut peser le
pour et le contre.
[00:10:23] Ok, j’espère que vous visualisez bien ces deux systèmes, parce
qu’on va beaucoup parler d’eux.
[00:10:32] Le Système 1 a beaucoup plus d’influence qu’on ne le pense. Il
est responsable de nos impressions, de nos sentiments. Quand ces
sentiments et impressions sont validés par le système 2, ils deviennent
même des croyances, des valeurs, des attitudes. Par exemple si vous
n’aimez pas le goût de la viande et que vous lisez ensuite que la viande est
mauvaise pour la santé, l’environnement et les animaux, alors vous devenez
végétarien. Vous associez une impression physique générée par le système
1 à un raisonnement logique du système 2 et vous avez une nouvelle attitude
vis-à-vis de la viande.
[00:11:24] Mais en général, c’est bien le système 1 qui prend la grande
majorité des décisions, c’est lui le héros en quelque sorte. Il donne du sens
au monde qui nous entoure. Il essaye de tout rendre cohérent et
compréhensible pour que nous ne nous sentions pas perdus.
[00:11:48] Quand le Système 1 ne trouve pas de solution immédiatement, le
Système 2 vient l’aider. Il s’occupe des problèmes qui sont trop compliqués
pour le Système 1. Mais il est aussi chargé de contrôler qu’il ne fasse pas
d’erreurs, que ce que dit le Système 1 est possible. Par exemple si on vous
pose la question 2+2 = ? Et que vous répondez carotte, le système 2 va
intervenir pour corriger ça, car là il y a un gros bug, un gros problème !
[00:12:32] Mais en réalité, le système 2 n’intervient pas beaucoup parce que
nous sommes paresseux. Notre cerveau est comme nous, il n’aime pas faire
d’efforts. C’est pour ça que quand on va faire les courses, on écrit une liste.
Comme ça nous ne sommes pas obligés de nous rappeler de ce que nous
devons acheter, c’est plus facile pour notre cerveau.
[00:13:01] Donc le Système 2 laisse le Système 1 prendre les décisions
rapidement, sans se fatiguer. Si vous essayez de calculer 44 x 92, le
système 2 va intervenir mais il va utiliser de l’énergie pour trouver le résultat.
Si vous faites des calculs comme ça pendant 3 heures, vous allez être
fatigués comme après avoir fait du sport. Donc pour éviter ça, on laisse le
système 1 agir et le système 2 se reposer.
[00:13:53] Maintenant, nous allons voir comment ces deux systèmes
peuvent concrètement nous pousser à commettre des erreurs. « Commettre
», c’est un verbe qui signifie « faire ». On l’utilise seulement avec des choses
mauvaises, des choses regrettables comme une erreur ou un crime. Donc
on dit « commettre un crime » et pas « faire un crime », comme en anglais
d’ailleurs.
[00:14:23] Les erreurs dont je vais vous parler aujourd’hui, on les appelle en
psychologie des « biais cognitifs ». C’est un peu technique comme
expression, mais ça désigne simplement un mécanisme de la pensée qui
cause une déviation du jugement. Au lieu de traiter l’information de manière
logique et rationnelle, notre cerveau fait une analyse le plus rapidement
possible pour qu’elle soit cohérente avec notre vision du monde. Il interprète
notre environnement en le simplifiant. Un bon exemple de ces biais cognitifs,
ce sont les stéréotypes, les préjugés. Peut-être que vous vous rappelez du
podcast que j’ai fait au sujet des stéréotypes sur les Français. Si dans votre
pays vous voyez une personne dans la rue qui porte un béret, vous allez
peut-être penser qu’elle est française. Mais en réalité les Français ne portent
presque jamais de béret donc c’est peu probable. Et statistiquement, il est
beaucoup plus probable que cette personne a la même nationalité que vous.
Ici vous comprenez comment les biais peuvent affecter notre jugement.
C’est la même chose qu’avec la petite expérience du métro que je vous avais
proposée en introduction.
[00:16:05] À mon avis, il est très important de connaître ces biais cognitifs
car ils sont souvent utilisés contre nous. Par exemple, les entreprises
profitent de ces biais cognitifs pour augmenter leurs ventes, pour séduire ou
même tromper leurs clients. Les sociétés de jeux de hasard comme les
casinos ou les loteries profitent de notre méconnaissance des lois
statistiques. Les politiciens les utilisent pour rendre leurs discours plus
convaincants (même si leurs arguments ne le sont pas vraiment).
[00:16:51] Le premier biais intéressant dont parle Kahneman dans son livre
s’appelle le biais d’ancrage. Vous savez une ancre, c’est un objet très lourd
attaché à un bateau qu’on jette au fond de la mer pour que le bateau reste
sur place. C’est de cet objet que vient le mot ancrage.
[00:17:15] Alors comment fonctionne ce bais ? C’est très simple. Si je vous
demande d’estimer la hauteur de la Tour Eiffel, vous n’en avez peut-être
aucune idée. Vous pensez peut-être à une hauteur comme 500 mètres. Mais
si la personne qui est à côté de vous répond 200 mètres, quand ça sera votre
tour de répondre vous direz un chiffre proche de 200 mètres (et pas de 500
mètres comme vous pensiez au départ). C’est ça, le biais d’ancrage. Utiliser
des informations qu’on a entendues précédemment pour prendre une
décision, même si ces informations ne sont pas vérifiées ni pertinentes.
[00:18:09] Un autre exemple. Si je vous dis le chiffre 10, comme ça, sans
aucune raison, et qu’après je vous demande d’estimer mon âge, vous allez
donner une estimation plus basse que si je vous avait dit le chiffre 60 en
introduction. Même si ces chiffres n’ont aucun rapport avec mon âge, le
simple fait de les avoir entendus avant de répondre à la question va
influencer votre réponse.
[00:18:46] En plus ici, les deux systèmes sont biaisés. Le système 1 utilise
inconsciemment la mémoire à court terme, et les informations qui y sont
présentes influencent son jugement. Le système 2, lui, utilise aussi ces
informations consciemment. On pense « Ok, si cette personne a répondu
200 mètres, elle doit savoir que c’est la bonne hauteur. Je pense que je peux
lui faire confiance, la bonne réponse doit être proche de 200 mètres, alors je
vais répondre la même chose moi aussi ».
[00:19:34] Au lieu de corriger le biais, l’erreur du système 1, le système 2 la
renforce. Il ne joue pas son rôle de contrôleur mais il aggrave l’erreur.
[00:19:48] Le deuxième biais qu’analyse Kahneman concerne le risque. On
pense que le risque est quelque chose d’objectif. Le risque de mourir dans
un crash aérien, le risque d’avoir une crise cardiaque avant 50 ans. Mais en
réalité, le concept de risque n’existe pas dans le monde réel. Il fait partie de
notre culture et de notre esprit. Nous avons inventé ce concept pour
surmonter, pour dépasser, le caractère aléatoire de la vie, le hasard. Le
hasard, c’est une chose qui nous fait très peur. Plutôt que de l’accepter, notre
Système 1 préfère trouver des causes. Imaginons que vous jouez à pile ou
face, vous savez c’est quand vous prenez une pièce de monnaie et que vous
la lancer pour voir de quel côté elle va retomber : du côté pile (avec le chiffre)
ou du côté face (avec l’image). Alors vous êtes en train de jouer à pile ou
face et vous obtenez pile 10 fois d’affilée, 10 fois à la suite. 1er lancer : pile,
2ème lancer : pile… etc. jusqu’à 10. Là, vous allez être surpris. Peut-être
que vous allez penser que la pièce a un problème, un défaut de fabrication.
Mais en réalité, la probabilité d’obtenir 10 piles à la suite est la même que
les autre combinaisons. Simplement notre système 1 a du mal à accepter ce
hasard, alors il essaye de trouver des raisons pour expliquer ça. Le
problème, c’est que ces raisons sont souvent fausses et qu’il s’agit
simplement du hasard.
[00:22:06] Un autre exemple. Quand on prend l’avion, on peut se rassurer
en se disant que le risque de crash aérien est très faible. On se dit que,
statistiquement, il est plus probable d’avoir un accident de voiture que
d’avion. Ça nous rassure et on peut monter dans l’avion. Mais en réalité le
scénario d’un crash de votre avion est possible, il existe. Simplement on se
rassure en le minimisant, en se disant que ça ne peut pas nous arriver à
nous, que ça arrive seulement aux autres.
[00:22:49] Il y a des personnes qui sont vraiment terrifiées quand elles
prennent l’avion. Elles savent que la probabilité de se crasher est faible, mais
une fois qu’elles sont dans l’avion, elles repensent aux catastrophes
aériennes récentes. C’est facile car ce sont des événements qui sont très
médiatisés, beaucoup plus médiatisés que les accidents de voiture. À ce
moment-là, elles commencent à paniquer. Elles sont sûres que leur avion va
se crasher. La probabilité leur semble beaucoup plus élevée qu’elle ne l’est
en réalité. Ici c’est leur système 1 qui est aux commandes. Il utilise une
émotion –la peur- et des souvenirs récents –les crashs aériens- pour arriver
à la conclusion que prendre l’avion est très dangereux. Et cette conclusion
semble impossible à contredire, on est sûr d’avoir raison même si notre
voisin dans l’avion nous rappelle les statistiques et la faible probabilité de ce
scénario. Le pire, c’est que dans ces cas-là, dans ces situations, notre
système 2 ne nous aide pas. Il ne contrôle pas le jugement du système 1.
Pourquoi ? Parce que ça lui demanderait beaucoup de travail et d’efforts
pour le contredire. N’oubliez pas que le Système 2 est paresseux, il n’aime
pas trop qu’on lui demande de travailler. Il préfère nous laisser croire au
jugement du Système 1 qui est beaucoup plus facile à comprendre.
[00:24:40] C’est un peu le même processus avec ce qu’on appelle l’intuition.
À votre avis, quel système est en charge de notre intuition ? Le Système 1
bien sûr ! L’intuition est simplement un jugement du Système 1 basé sur des
émotions, des sensations. Quand on fait confiance à notre intuition, en fait
c’est notre Système 2 qui n’a pas envie de travailler, d’analyser la situation
et de prendre une décision rationnelle. Alors il laisse le Système 1 décider à
sa place et lui il peut faire la sieste tranquillement !
[00:25:33] Maintenant on va passer à la dernière partie de ce podcast.
J’espère que ça n’est pas trop compliqué et que vous arrivez à me suivre.
Je suis sûr que votre Système 2 est bien actif en ce moment !
[00:25:50] Cette dernière partie concerne la suffisance, autrement dit le fait
d’avoir trop confiance en soi. Par exemple si le coach d’une équipe de foot
déclare avant le match qu’il est sûr à 100% de gagner, on peut dire qu’il est
suffisant, il a trop confiance en lui. Bien entendu, cette suffisance nous
conduit souvent à commettre des erreurs de jugement.
[00:26:21] D’où vient cet excès de confiance ? Souvent, de notre vision du
passé. Par exemple si l’équipe de ce coach a battu son adversaire aux 30
matchs précédents, alors il est sûr qu’elle va le faire encore une fois. Mais
en général, nous avons une mauvaise connaissance du passé. Nous avons
l’impression de tout comprendre ; à l’école nous avons les cours d’histoire
pour analyser les événements du passé, décrypter leurs mécanismes. Mais
en réalité, notre connaissance est imparfaite et surtout nous avons tendance
à croire à une histoire non pas parce qu’elle est exacte, mais parce qu’elle
est séduisante. D’ailleurs c’est intéressant de noter qu’on utilise le mot «
histoire » pour ça, comme si le passé est une histoire à raconter avec des
héros, des gentils et des méchants, des péripéties. Alors que bien souvent,
le passé est une suite d’événements liés au hasard. Mais vous savez déjà
que le hasard n’est pas une explication satisfaisante pour nous, alors les
historiens essaient de trouver des causes plus intéressantes, plus
séduisantes.
[00:27:52] Si on reprend l’exemple de notre coach, peut-être que ce n’était
pas lui qui s’occupait de cette équipe lors des matchs précédents. Il ne sait
pas exactement comment ses joueurs s’entraînaient, dans quel état d’esprit
ils étaient. Et il ne sait pas non plus comment était l’équipe adverse. Peutêtre que beaucoup de joueurs ont changé, peut-être qu’ils ont une nouvelle
stratégie, un nouveau schéma tactique. Ce coach préfère se dire que son
équipe a toujours gagné, que le contexte est grosso-modo le même, et il
peut donc conclure que la victoire est assurée.
[00:28:38] Vous voyez l’erreur de jugement ici ? Si l’équipe perd, on dira
peut-être que c’était la faute du coach, qu’il a mal préparé ses joueurs, qu’il
n’avait pas la bonne stratégie. Mais la réalité est beaucoup plus complexe.
Le résultat final du match est la combinaison de milliards de facteurs et d’une
grand part de hasard. Encore une fois, les supporters de l’équipe vont
préférer chercher des explications simples et séduisantes au lieu d’analyser
en détails tous ces facteurs et d’accepter le rôle du hasard.
[00:29:27] Ok, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a intéressé,
que ça n’était pas trop difficile à comprendre. Maintenant, vous allez pouvoir
laisser votre cerveau se reposer un peu.
[00:29:43] Je vous rappelle que la transcription de ce podcast est disponible
sur mon site innerfrench.com, et que vous pouvez aussi me retrouver sur
Facebook. Je partage de plus en plus de choses sur la page, et je vous invite
à la liker pour voir ce qui se passe et peut-être pour découvrir d’autres
choses intéressantes qui vont vous aider à apprendre le français.
[00:30:20] Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire, à m’envoyer
un email, et je serai très content de vous répondre.
[00:30:29] Merci à tous et à la semaine prochaine pour un nouvel épisode
22 Une histoire surnaturelle : le Horla de Maupassant
Bienvenue dans l’épisode 22. Aujourd’hui je vous raconte une histoire
surnaturelle.
[00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce nouveau podcast. Comme
d’habitude j’espère que vous allez bien et que la rentrée n’est pas trop dure.
J’imagine que vous avez beaucoup de travail, ou si vous êtes étudiants
j’imagine que vous vous préparez à retourner en cours.
[00:00:30] C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai décidé de faire un podcast un
peu différent. Je ne vais pas vous parler d’un sujet particulier, mais je vais
plutôt vous lire une histoire. Comme ça, ça va vous changer un peu. Je n’ai
pas envie que vous vous ennuyiez avec moi ! Donc je pense que c’est bien
de casser la routine, d’essayer des choses différentes. D’ailleurs si vous
avez des suggestions de sujets, vous pouvez m’envoyer un mail. Ça me
donnera sûrement de nouvelles idées !
[00:01:04] L’histoire que je vais vous raconter, ça n’est pas moi qui l’ai écrite.
C’est Guy de Maupassant, un des auteurs français les plus célèbres. Il est
né en 1850 en Normandie. Sa mère était une amie de Gustave Flaubert, un
autre grand écrivain français de l’époque. Maupassant a commencé sa
carrière d’écrivain grâce à lui. Il a rapidement obtenu du succès avec ses
oeuvres, ce qui lui a permis de quitter son emploi dans l’administration. Mais
à l’âge de 41 ans, Maupassant s’est mis à avoir des hallucinations, des
visions. Il a même essayé de se suicider. Autrement dit, il est devenu fou.
Alors il a été enfermé dans un hôpital psychiatrique (à l’époque, on appelait
ces endroits des « maisons de santé »). Il est mort dans cette maison de
santé un an plus tard, en 1893.
[00:02:18] Maupassant a écrit 6 romans qui ont marqué la littérature
française. À cette époque, à la fin du XIXème siècle, le surnaturel est très à
la mode. Autrement dit les phénomènes paranormaux, les choses qu’on ne
peut pas expliquer scientifiquement. Souvent ce sont des choses qui nous
font peur. Par exemple les fantômes, les créatures comme les monstres, etc.
Les gens de cette époque adoraient ce genre d’histoire. Justement, dans
celle que je vais vous raconter aujourd’hui, il est question d’une créature
surnaturelle.
[00:03:05] Cette histoire est une adaptation de la nouvelle de Maupassant
qui s’appelle Le Horla. C’est une de ses nouvelles les plus connues. Une
nouvelle, c’est une histoire assez courte, plus courte que dans un roman. Il
y a moins de personnages et l’auteur se concentre sur l’histoire principale.
Comme cette nouvelle date de 1887, il y a beaucoup de mots qu’on n’utilise
plus vraiment maintenant. Ça serait peut-être un peu difficile pour vous de
comprendre le texte original, donc je l’ai réécrit de façon simplifiée avec des
mots plus modernes.
[00:03:52] Dans cette nouvelle, le narrateur (celui qui raconte l’histoire) parle
à travers un journal intime. Un journal intime vous savez, c’est un document
où on écrit chaque jour les choses qu’on pense et les événements qui nous
sont arrivés. Donc dans cette histoire, je vais utiliser « je » comme le
narrateur. Et au début de chaque partie, je dirai la date qui est dans le
journal. L’histoire commence le 8 mai.
[00:04:29] J’espère que ça va vous plaire. Mettez-vous à l’aise, installezvous confortablement, et écoutez l’histoire du Horla de Maupassant.
[00:04:50] 8 mai. – Quelle journée magnifique ! J’ai passé toute la matinée
allongé sur l’herbe, devant ma maison. J’aime cette région, et j’aime y vivre.
De ma maison, je vois la Seine qui coule, ce fleuve qui va de Rouen au
Havre, couverte de bateaux. D’ailleurs, cet après-midi, j’ai vu passer un
magnifique bateau blanc brésilien.
[00:05:18] 12 mai. – J’ai un peu de fièvre depuis quelques jours ; je me sens
mal, ou plutôt je me sens triste. D’où viennent ces influences mystérieuses
qui changent notre bonheur en découragement et notre confiance en
détresse ? On dirait que dans l’air, dans l’air invisible que je respire, il y a
des Puissances mystérieuses.
[00:05:45] Quand je me réveille, je suis heureux et j’ai envie de chanter.
Pourquoi ? Ensuite je me promène le long de la rivière, et en rentrant je
deviens triste, comme si un malheur m’attendait chez moi. Pourquoi ? Estce que c’est à cause d’une sensation désagréable ? Est-ce que c’est à cause
de la forme des nuages ou de la couleur du ciel ? Difficile à dire.
[00:06:18] Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le
regarder, tout ce que nous touchons, a sur nous des effets rapides,
surprenants et inexplicables.
[00:06:32] Comme il est profond, ce mystère de l’Invisible !
[00:06:37] Nous ne pouvons pas faire confiance à nos sens, à nos yeux qui
ne peuvent pas voir les choses trop grandes ou trop petites, ni à nos oreilles
qui transforment les bruits en musique ! Il nous faudrait d’autres organes
pour découvrir les miracles qui sont autour de nous !
[00:06:59] 16 mai. – Je suis malade ! Je me sentais si bien le mois dernier !
J’ai de la fièvre, une fièvre horrible, qui fait souffrir mon âme autant que mon
corps ! J’ai toujours la sensation d’un danger qui me menace, la peur d’un
malheur ou de la mort qui approchent.
[00:07:28] 18 mai. – Je viens d’aller chez le docteur, car je ne pouvais plus
dormir. Il m’a trouvé agité mais sans aucun symptôme alarmant. Il m’a
prescrit quelques médicaments.
[00:07:44] 25 mai. – Aucun changement ! Mon état est vraiment bizarre. Plus
le soir approche, plus je deviens inquiet, comme si la nuit cachait pour moi
une menace terrible. Je dîne vite, puis j’essaie de lire ; mais je ne comprends
pas les mots ; je ne vois pas bien les lettres. Je marche alors dans mon salon
de long en large, avec la peur du sommeil et la peur du lit.
[00:08:18] Vers dix heures, je monte dans ma chambre. Dès que j’entre, je
ferme la porte à clé. J’air peur… de quoi ? Avant je n’avais peur de rien.
J’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit ; j’écoute… j’écoute… quoi
?… Puis, je me couche, et j’attends le sommeil. Je l’attends mais j’ai peur
qu’il arrive, mon cœur bat et mes jambes tremblent, jusqu’au moment où
soudainement je m’endors. Quand je m’endors, c’est comme si je me noyais,
comme si je tombais dans l’eau sans pouvoir nager.
[00:09:03] Je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis je fais un rêve
– non – un cauchemar. Je sens bien que je suis couché et que je dors… je
le sens et je le sais… et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me
regarde, me touche, monte sur mon lit, me prend le cou entre ses mains et
serre… serre… de toute sa force pour m’étrangler. Moi j’essaye de le
repousser mais je suis comme paralysé.
[00:09:45] Je veux crier, – je ne peux pas ; – je veux bouger, – je ne peux
pas ; – malgré tous mes efforts, je ne peux rien faire.
[00:09:55] Et soudain, je me réveille, horrifié, couvert de sueur. J’allume la
lumière. Je suis seul.
[00:10:05] Après cette crise, qui recommence toutes les nuits, je dors enfin,
avec calme, jusqu’au matin.
[00:10:16] 2 juin. – Mon état s’est encore aggravé. Mais qu’est-ce que j’ai ?
Les médicaments ne marchent pas. Pour me fatiguer, j’ai décidé d’aller faire
un tour dans la forêt. Je pensais que ça me ferait du bien. Je marchais dans
la forêt quand soudain je me suis mis à avoir très peur. Alors j’ai commencé
à marcher plus vite, j’avais peur d’être tout seul dans la forêt. J’avais
l’impression d’être suivi, que quelqu’un marchait derrière moi, tout près de
moi. Je me suis retourné, mais j’étais seul. Il n’y avait personne d’autre que
moi.
[00:11:00] 3 juin. – La nuit a été horrible. Je vais partir pour quelques
semaines. Un petit voyage, sans doute, me fera du bien.
[00:11:11] 2 juillet. – Je rentre. Je suis guéri. Ce voyage était très agréable.
J’ai visité le mont Saint-Michel que je ne connaissais pas. La ville est sur une
colline et la vue y est magnifique, surtout pendant le coucher de soleil.
[00:11:34] 4 juillet. – J’ai mal dormi. Mes anciens cauchemars reviennent.
Cette nuit, j’ai senti quelqu’un assis sur moi, et qui avait sa bouche sur la
mienne, il buvait ma vie entre mes lèvres. Oui, il la prenait dans ma gorge,
comme un parasite. Puis il s’est levé et moi je me suis réveillé, tellement
faible que je ne pouvais plus bouger. Si ça continue encore quelques jours,
je repartirai sûrement.
[00:12:13] 5 juillet. – Est-ce que je suis devenu fou ? Ce qui s’est passé la
nuit dernière est tellement bizarre, que je me sens perdu quand j’y pense !
Comme je le fais maintenant chaque soir, j’avais fermé ma porte à clef.
J’avais soif alors j’ai bu un verre d’eau. J’ai remarqué par hasard que ma
bouteille d’eau était quasiment pleine. Ensuite je me suis endormi. Deux
heures plus tard, je me suis réveillé avec l’impression de ne plus pouvoir
respirer. J’ai voulu boire de l’eau alors j’ai allumé la lumière et j’ai pris ma
bouteille. Elle était vide ! Elle était complètement vide ! D’abord, je n’ai rien
compris. Mais soudain, j’ai ressenti une émotion si terrible, que je suis tombé
de mon lit. J’ai regardé autour de moi, j’étais terrifié devant cette bouteille
vide. Mes mains tremblaient. Je regardais cette bouteille pour essayer de
comprendre. Qui avait bu cette eau ? Qui ? Moi ? Moi, sans doute ? Ce ne
pouvait être que moi ? Alors, j’étais somnambule, je vivais, sans le savoir,
une double vie mystérieuse, comme si j’étais deux personnes à la fois.
[00:13:45] 6 juillet. – Je deviens fou. Quelqu’un a encore bu toute ma
bouteille d’eau cette nuit ; – ou plutôt, je l’ai bue ! Mais, est-ce que c’est moi
? Est-ce que c’est moi ? Qui d’autre ? Qui ? Oh ! mon Dieu ! Je deviens fou
! Qui pourra me sauver ?
[00:14:10] 10 juillet. – J’ai décidé de faire un test. Le 6 juillet, avant de me
coucher, j’ai mis sur la table à côté de mon lit du vin, du lait, de l’eau, du pain
et des fraises. Quelqu’un a bu – j’ai bu – toute l’eau, et un peu de lait. On n’a
touché ni au vin, ni au pain, ni aux fraises.
[00:14:39] Le 7 juillet, j’ai refait la même expérience, qui a donné le même
résultat. Le 8 juillet, j’ai enlevé l’eau et le lait. On n’a touché à rien. Enfin le
9 juillet, j’ai remis sur ma table seulement l’eau et le lait, en fermant bien les
bouteilles. Quand je me suis réveillé, on avait bu toute l’eau ! On avait bu
tout le lait ! Je vais partir tout à l’heure pour Paris.
[00:15:14] 12 juillet. – Paris. Je pense que j’avais perdu la tête ces derniers
temps ! J’ai dû être victime de mon imagination énervée, à moins que je ne
sois vraiment somnambule. En tout cas, une journée à Paris a suffit à me
faire oublier ma peur. Hier, après des courses et des visites, j’ai fini ma soirée
au Théâtre-Français. On y jouait une pièce d’Alexandre Dumas fils ; et cette
pièce a fini de me guérir.
[00:15:52] La solitude est dangereuse pour les intellectuels qui travaillent. Il
nous faut autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand
nous sommes seuls longtemps, nous inventons des fantômes. Je suis rentré
à l’hôtel très heureux, par les boulevards. J’ai repensé à mes peurs en
souriant. Notre tête est faible et elle se perd vite, dès qu’on ne comprend pas
quelque chose! Au lieu de conclure en se disant : « Je ne comprends pas
parce que je ne connais pas la cause », nous imaginons des mystères
terrifiants et des puissances surnaturelles.
[00:16:36] 14 juillet. – Fête nationale. Je me suis promené dans la rue. Les
feux d’artifice m’ont amusé comme un enfant. C’est bête d’être joyeux, à
date fixe, quand le gouvernement le décide. Les gens sont stupides. On leur
dit : « amusez-vous », ils s’amusent. On leur dit : « allez vous battre avec
votre voisin », ils vont se battre avec leur voisin. On leur dit : « votez pour le
candidat de gauche », ils votent pour le candidat de gauche. Ensuite on leur
dit : « votez pour le candidat de droite », ils votent pour le candidat de droite.
[00:17:18] 16 juillet. – J’ai vu hier des choses qui m’ont beaucoup troublé. Je
dînais chez ma cousine. Parmi les autres invités, il y avait le docteur Parent,
qui s’occupe des maladies nerveuses et de l’hypnose. Ma cousine ne croit
pas à l’hypnose, alors le docteur lui a proposé de l’endormir. Elle a accepté
et elle s’est assise dans un fauteuil. Le docteur l’a regardée fixement et au
bout de 10 minutes elle s’est endormie. Pendant qu’elle dormait, il lui a dit
de venir me voir le lendemain matin à mon hôtel pour me demander de lui
prêter de l’argent. Enfin, il l’a réveillée. J’étais assez surpris, mais je ne
pensais pas que ça marcherait.
[00:18:16] Mais le lendemain matin, ma cousine est venue me voir à l’hôtel
pour me demander de lui prêter de l’argent. J’étais tellement surpris que je
ne savais pas quoi lui répondre. Je me demandais si elle ne me mentait pas,
si ça n’était pas une façon de se moquer de moi avec le docteur. Mais elle
avait l’air vraiment sérieuse, le docteur l’avait vraiment hypnotisée. J’ai
essayé de lui expliquer qu’elle n’avait pas besoin d’argent, que c’était
seulement le médecin qui l’avait hypnotisée. Mais elle refusait de me croire.
[00:18:59] Je suis allé chercher le médecin, et il a à nouveau hypnotisé ma
cousine. Il lui a dit qu’elle n’avait plus besoin de m’emprunter de l’argent.
Quand il l’a réveillée, elle avait tout oublié.
[00:19:14] 19 juillet – Beaucoup de personnes à qui j’ai raconté cette
aventure se sont moquées de moi. Je ne sais plus quoi penser.
[00:19:24] 30 juillet. – Je suis rentré chez moi hier. Tout va bien.
[00:19:29] 6 août. – Cette fois, je ne suis pas fou. J’ai vu… j’ai vu… j’ai vu
!… Je ne peux plus douter… j’ai vu !
[00:19:42] Je me promenais à deux heures, dans mon jardin, près des
rosiers. Soudain, une rose s’est coupée et elle est montée dans les airs,
comme si elle était tenue par une main invisible. J’ai essayé de l’attraper,
mais elle a disparu ! Alors je me suis énervé. Ça n’est pas possible pour un
homme intelligent comme moi d’avoir des hallucinations comme ça ! Mais
était-ce c’était vraiment une hallucination ? Je me suis approché de l’endroit
où la rose était, et j’ai vu la tige coupée.
[00:20:28] Quel choc ! Maintenant j’en suis sûr ! Je suis sûr qu’il existe un
être invisible qui se nourrit de lait et d’eau et qui habite chez moi.
[00:20:43] 7 août. – J’ai dormi tranquillement. Il a bu l’eau de ma bouteille,
mais il ne m’a pas réveillé. Je me demande si je suis fou. J’ai des doutes.
J’ai vu des fous ; j’en ai connu qui restaient intelligents, lucides sur tout sauf
sur un point particulier. Avec tout le reste, ils n’avaient aucun problème. C’est
la même chose avec moi.
[00:21:10] 8 août. – J’ai passé hier une soirée horrible. Il ne se montre plus,
mais je le sens près de moi. Il me regardant en se cachant. Je sens sa
présence invisible et permanente. Mais j’ai réussi à dormir.
[00:21:31] 9 août. – Rien, mais j’ai peur.
[00:21:36] 10 août. – Rien ; que va-t-il se passer demain ?
[00:21:42] 11 août. – Toujours rien ; je ne peux plus rester chez moi avec
cette peur et ces pensées ; je vais partir.
[00:21:51] 12 août, 10 heures du soir. – Toute la journée, j’ai voulu m’en aller
; je n’ai pas pu. J’ai voulu accomplir cet acte de liberté si facile, si simple, –
sortir – monter dans ma voiture pour aller à Rouen – je n’ai pas pu. Pourquoi
?
[00:22:14] 13 août. – Quand on est atteint par certaines maladies, on perd
toute notre force, nos muscles ne fonctionnent plus. Moi, c’est la force
mentale que j’ai perdue. Je n’ai plus aucun courage. Je ne peux plus vouloir
; mais quelqu’un veut pour moi ; et j’obéis.
[00:22:38] 14 août. – Je suis perdu ! Quelqu’un possède mon âme et la dirige
! Quelqu’un ordonne tous mes actes, tous mes mouvements, toutes mes
pensées. Je ne suis plus rien en moi, seulement un spectateur esclave et
terrifié de toutes les choses que je fais. Je désire sortir. Je ne peux pas. Il ne
veut pas ; et je reste, tremblant, dans le fauteuil où il me tient assis. Puis,
tout d’un coup, il faut, il faut, il faut que j’aille au fond de mon jardin cueillir
des fraises et les manger. Et j’y vais. Je cueille des fraises et je les mange !
Oh ! quelle souffrance ! quelle torture ! quelle horreur !
[00:23:35] 15 août. – Voilà, je comprends ce que ressentait ma cousine
quand le docteur l’a hypnotisée. Une autre volonté la contrôlait, la dominait.
Mais qui est celui qui me contrôle, moi ? Quel est cet invisible ? Cette
créature d’une race surnaturelle ?
[00:23:59] Donc les Invisibles existent ! Alors, pourquoi ne sont-ils jamais
apparus avant comme ils le font si clairement avec moi ? Je n’ai jamais
entendu d’histoire comme la mienne avant. Si je pouvais quitter ma maison,
partir. Mais je ne peux pas.
[00:24:22] 16 août. – J’ai pu m’échapper aujourd’hui pendant deux heures,
comme un prisonnier qui trouve la porte de sa cellule ouverte par hasard.
J’ai senti que j’étais libre tout à coup et qu’il était loin. Je suis allé à Rouen
puis à la bibliothèque où j’ai emprunté un livre du docteur Hermann
Herestauss sur les habitants inconnus du monde antique et moderne.
[00:24:51] Ensuite, j’ai voulu prendre le train pour aller à Paris mais une force
intérieure m’a ordonné de rentrer à la maison. Il m’avait retrouvé et repris.
[00:25:06] 17 août. – Quelle nuit horrible ! Pourtant, j’ai lu jusqu’à une heure
du matin le livre d’Hermann Herestauss, docteur en philosophie, qui raconte
l’histoire de tous les êtres invisibles qui ont tourné autour des hommes. Mais
aucun d’entre eux ne ressemble à celui qui me hante. Je me suis endormi
puis je me suis réveillé 40 minutes plus tard. J’ai aperçu le livre sur le fauteuil
à côté de mon lit. Et là, j’ai clairement vu une page se tourner toute seule,
puis une autre. Il était là, assis sur mon fauteuil, en train de lire mon livre.
J’ai sauté sur lui mais le fauteuil est tombé et je n’ai pas pu l’attraper. Mais
ça signifie qu’un jour peut-être, je pourrai le tuer.
[00:26:10] 18 août. – J’ai réfléchi toute la journée. J’ai décidé de lui obéir
complètement, sans résister.
[00:26:20] 19 août. – Je sais… je sais… je sais tout ! Je viens de lire ça dans
la Revue du Monde scientifique : « Une nouvelle assez curieuse nous arrive
de Rio de Janeiro. Une folie, une épidémie de folie, a lieu en ce moment
dans cette région. Les habitants quittent leurs maisons. Ils disent qu’ils sont
possédés par des êtres invisibles, comme des vampires qui se nourrissent
de leur vie, pendant leur sommeil, et qui boivent de l’eau et du lait.
[00:27:00] Et je me rappelle du bateau brésilien que j’ai vu sur la rivière le 8
mai dernier. Il était sur ce bateau, il m’a vu et il m’a sauté dessus. Voilà, c’est
la fin de l’espèce humaine. Il est arrivé le… le… comment s’appelle-t-il…
le… il me semble qu’il me crie son nom… oui… il le crie… le… Horla… J’ai
entendu… le Horla… c’est lui… le Horla… il est venu !… Le Horla va faire
de l’homme ce que nous avons fait des animaux : sa chose, son esclave et
sa nourriture. Il représente une nouvelle espèce, plus forte que nous, une
puissance que nous ne comprenons pas. Mais je ne vais pas me laisser
faire, je dois me révolter. Je le tuerai !
[00:28:10] Je le tuerai. Je l’ai vu ! Hier soir, je me suis assis à mon bureau
pour écrire. Je savais qu’il viendrait, qu’il tournerait autour de moi. À un
moment, je l’ai senti derrière moi, j’ai senti qu’il lisait ce que j’écrivais. Alors
je me suis retourné pour l’attraper mais je n’ai pas réussi. Et là, je me suis
retrouvé face à mon miroir. Mais il n’y avait pas de reflet, je ne pouvais pas
me voir dans le miroir. Petit à petit, une autre image est apparue, la sienne,
je l’ai vu !
[00:28:55] 20 août. – Comment le tuer puisque je ne peux pas l’atteindre ?
Le poison ? Non, il me verrait le mettre dans l’eau. Non… non… je dois
trouver une autre solution.
[00:29:12] 10 septembre. – Rouen, hôtel Continental. C’est fait… c’est fait…
mais est-il mort ? Hier, j’ai attendu que le Horla vienne dans ma chambre.
Puis, quand j’ai senti qu’il était là, je suis sorti très vite et je l’ai enfermé à
l’intérieur. Ensuite, je suis allé dans mon salon et j’y ai mis le feu. Quand
l’incendie a commencé, je me suis caché dans mon jardin pour regarder ma
maison brûler. Ça a duré longtemps. Tout à coup, j’ai entendu un cri, un cri
de femme venant de l’intérieur de la maison. J’avais oublié mes domestiques
! Alors j’ai couru au village en criant : « Au secours ! au secours ! au feu ! au
feu ! ». Mais la maison avait déjà complètement brûlé. Était-il mort ? Peut-
être ? Mais peut-être que son corps n’est pas comme le nôtre. Peut-être que
ce qui peut tuer un homme n’a aucun effet sur le Horla.
[00:30:29] « Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas
mort… Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi !… »
[00:30:54] Ainsi se finit l’histoire du Horla de Maupassant. J’espère que ça
vous a plu et que, peut-être, ça vous a donné envie de lire d’autres nouvelles
de Maupassant. Vous pouvez les trouver gratuitement sur internet, c’est très
facile. Si vous voulez, vous pouvez m’envoyer un mail et je vous donnerai un
site sur lequel vous pouvez trouver les nouvelles de Maupassant. Pour moi,
c’était vraiment très amusant de préparer cet épisode pour vous. Si vous
aimez ce genre d’histoires, dites-le moi et j’en ferai plus souvent.
[00:31:38] Si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation du
podcast innerFrench sur iTunes. Ça serait très gentil de votre part !
[00:31:48] En tout cas, merci de m’avoir écouté et à la semaine prochaine
pour un nouvel épisode !
23 Le revenu universel : une utopie ?
Salut à tous, c’est l’épisode 23 et aujourd’hui on va parler du revenu
universel.
[00:00:14] Bienvenue, j’espère que vous allez bien. Si c’est la première fois
que vous écoutez ce podcast, je m’appelle Hugo et je suis là pour vous aider
à apprendre le français. Pas en faisant de la grammaire, mais en vous
parlant clairement et pas trop vite pour que vous puissiez comprendre un
maximum de choses. Je sais que quand on écoute des Français parler, on
a parfois l’impression qu’ils parlent une autre langue. Ça va très vite, ils
coupent certaines syllabes voire certains mots. Alors moi je fais des efforts
pour parler de façon un peu plus claire. Mais dans la vraie vie, je suis
quelqu’un qui parle plutôt lentement donc c’est assez facile pour moi. S’il y
a des mots ou des expressions que vous ne comprenez pas, je vous rappelle
que vous pouvez trouver la transcription de chaque podcast sur mon site
internet innerfrench.com.
[00:01:20] J’en profite aussi pour passer le bonjour à toutes les personnes
qui m’ont écrit cette semaine : Guilherme, Leticia, Spencer, Scott et Beatriz.
Merci pour vos messages et vos encouragements. Je suis très content de
savoir que mon podcast vous aide et ça me motive à continuer.
[00:01:45] Ok sans plus attendre, on va entrer dans le vif du sujet. « Entrer
dans le vif du sujet », ça veut dire aller directement au point le plus important.
Par exemple si vous êtes à une réunion au travail, le chef peut dire « entrons
dans le vif du sujet ». Et là vous comprenez qu’il ne veut pas perdre de
temps, qu’il veut commencer tout de suite le travail.
[00:02:16] Alors nous aussi, on va se mettre immédiatement au travail. Vous
avez sûrement entendu dans l’introduction quel est le sujet de ce podcast.
C’est le revenu universel. Peut-être que vous avez déjà entendu parler de
ce concept. En France, on en parle beaucoup dans les médias depuis deux
ans. Personnellement je pense que c’est un sujet passionnant parce qu’il
touche à beaucoup d’aspects différents. À l’aspect politique évidemment
mais aussi philosophique, économique, et social.
[00:02:58] À la dernière élection présidentielle en France, le candidat
socialiste Benoît Hamon avait mis le revenu universel dans son programme.
En gros, il proposait de donner chaque mois 600€ à tous les travailleurs,
sans conditions. L’idée était de réduire la pauvreté et les inégalités. C’était
une des mesures les plus importantes de son programme. Mais comme vous
le savez, Benoit Hamon n’a pas gagné l’élection. D’ailleurs, il ne s’est même
pas qualifié pour le second tour. Est-ce que ça signifie que les Français ont
rejeté le revenu universel ? Est-ce qu’il s’agit d’une idée utopiste ? Pas
nécessairement.
[00:03:52] Pour bien comprendre tout ça, on va d’abord s’intéresser au
concept du revenu universel et à ses origines. Ensuite, on abordera les
questions plus pratiques qui concernent sa mise en place. Et pour finir, on
se demandera si le revenu universel peut vraiment fonctionner.
[00:04:16] Bref, on a un programme assez chargé mais je suis sûr que ça va
vous plaire. Allez, on commence !
[00:04:31] Concrètement le revenu universel, qu’est-ce que c’est ? Eh bien
tout simplement une somme d’argent donnée chaque mois par l’État à tous
les citoyens, tous les habitants du pays. Quand vous travaillez, votre
entreprise vous verse un salaire chaque mois. Ici, c’est l’État qui vous paye
sans que vous ayez besoin de travailler. Ce revenu est inconditionnel,
autrement dit il ne dépend pas de critères spécifiques. Que vous travailliez
ou non, que vous soyez riche ou pauvre, vous le recevez chaque mois.
[00:05:15] C’est une idée qui ne date pas d’hier. Ah ça aussi, c’est une bonne
expression. Quand on dit que quelque chose « ne date pas d’hier », ça
signifie que ça n’est pas nouveau. Donc le revenu universel ne date pas
d’hier parce que le premier à en avoir parlé, c’est le philosophe anglais
Thomas More en 1516. À cette époque, l’Angleterre est en train de changer
radicalement à cause de l’agriculture. Avant, il y avait un système de
coopération pour cultiver les terres, pour faire pousser des céréales et des
légumes. Mais à cette époque, les terres deviennent des propriétés privées
et la pauvreté augmente. Thomas More voit ces changements, cette
pauvreté qui se développe, alors il décide d’écrire un livre. Un livre qui
deviendra célèbre et qui s’appelle L’Utopie. Dans ce livre, il décrit une
société idéale, l’opposé de l’Angleterre qu’il observe. Cette société
imaginaire est une île sur laquelle il n’y a pas de monnaie, pas d’argent. Tous
les habitants sont propriétaires des moyens de production, c’est une
propriété collective. Chaque personne prend ce dont elle a besoin pour vivre,
ni plus ni moins. Donc il est impossible d’accumuler les richesses. Et surtout,
il n’est pas nécessaire de travailler pour bénéficier de tout ça.
[00:07:11] C’est exactement l’idée du revenu universel. Assurer à chaque
personne suffisamment de ressources pour pouvoir vivre dignement (avec
dignité), même si cette personne ne travaille pas.
[00:07:30] Maintenant, j’imagine que c’est assez clair dans votre tête, que
vous comprenez bien cette idée. Mais vous vous demandez peut-être
pourquoi un concept qui date du XVIème siècle revient aujourd’hui. Pourquoi
certains experts recommandent-ils de mettre en place, d’adopter, le revenu
universel dans leur pays.
[00:07:57] Il y a plusieurs raisons à ça.
[00:08:00] La première, ce sont les inégalités, autrement dit les différences
de richesse entre les personnes. Quand dans une société il y a à la fois des
personnes très riches et d’autres très pauvres, alors cette société est
inégalitaire. Justement, il existe un indicateur très utile pour mesurer les
inégalités de revenus, il s’appelle « le coefficient de Gini » (parce que c’est
un statisticien italien, Corrado Gini, qui l’a inventé). Ce coefficient, c’est un
chiffre entre 0 et 1. Plus le chiffre est proche de 0, plus la société est
égalitaire. Par exemple des pays comme le Danemark, la Suède ou le Japon
ont un coefficient de Gini proche de 0,2). À l’inverse, plus il est proche de 1,
plus le pays est inégalitaire. En France, le coefficient de Gini est plutôt stable
depuis 35 ans il est autour de 0,3. Mais aux Etats-Unis, il a tendance à
augmenter car il est passé de 0,3 dans les années 70 à 0,4 maintenant.
Donc ça signifie que les inégalités aux Etats-Unis augmentent.
[00:09:44] C’est un peu paradoxal de voir que dans le pays le plus riche du
monde, les inégalités augmentent. On pourrait penser que si le gâteau est
plus gros, alors tout le monde peut en manger plus. Mais ça n’est pas le cas
! Les personnes qui avaient déjà les plus grosses parts de gâteau en ont
encore plus maintenant !
[00:10:10] Donc le revenu universel peut être une bonne solution pour
réduire ces inégalités. Tout simplement parce que si chacun a assez
d’argent pour vivre correctement, il n’y aura plus de pauvres.
[00:10:29] Il y a aussi une deuxième raison qui concerne les évolutions
technologiques. En effet certains économistes pensent que beaucoup de
nos professions vont bientôt disparaître à cause des innovations
technologiques et qu’elles ne seront pas remplacées. Si vous avez écouté
mon deuxième podcast, vous vous rappelez que je vous avais parlé des
robots. Et vous vous rappelez peut-être aussi de ces nouveaux robots qui
remplacent des professeurs. Bon, pour vous ça ressemble peut-être à de la
science fiction. Mais à votre travail, vous avez sûrement remarqué que de
plus en plus de taches sont automatisées. Progressivement, on invente des
programmes pour nous faciliter la vie. Par exemple l’entreprise américaine
IBM a développé un logiciel d’intelligence artificielle qui s’appelle Ross et qui
aide les avocats à faire leurs recherches quand ils préparent un procès.
Bientôt il y aura aussi des applications sur votre mobile pour vous dire si
vous êtes malade ou pas en fonction de vos symptômes. Bien sûr, on aura
toujours besoin d’avocats et de médecins humains. Mais peut-être qu’il y en
aura moins car ils ont auront des assistants virtuels.
[00:12:11] Si beaucoup d’emplois sont détruits à cause des nouvelles
technologies et qu’on n’en crée pas de nouveaux, alors il y aura énormément
de chômeurs. Les chômeurs vous savez, ce sont les gens qui ne trouvent
pas de travail.
[00:12:28] Est-ce que ça veut dire qu’on doit laisser toutes ces personnes
sans argent ? Ça serait un peu injuste, non ? On ne pourrait pas dire que
ces personnes sont paresseuses et qu’elles ne veulent pas travailler,
puisqu’il n’y aurait pas assez de travail pour elles !
[00:12:47] Donc certains économistes disent qu’il faut trouver un autre
moyen de distribuer les richesses, que les revenus ne doivent pas
uniquement dépendre du travail. À ce moment-là, le revenu universel semble
être une bonne idée.
[00:13:08] D’ailleurs, j’ai une petite question pour vous. Est-ce que le revenu
universel est une idée de droite ou de gauche ? Libérale ou socialiste ?
[00:13:22] J’imagine que vous pensez qu’elle est plutôt de gauche. Peut-être
que l’Utopie de Thomas More vous rappelle l’idéologie communiste. Et c’est
vrai que l’égalitarisme, autrement dit la volonté de réduire les inégalités, est
plutôt une idée de gauche.
[00:13:47] Mais ce qui est intéressant avec le revenu universel, c’est que
c’est aussi une idée libérale ! Pour les libéraux, l’égalité des chances est une
chose très importante. Il faut que chacun ait les mêmes chances de réussir
au départ, à la naissance. Notre réussite doit seulement dépendre de nos
talents et de nos efforts, pas de la richesse de nos parents ni de l’endroit où
on est né. Sinon, la concurrence est faussée, elle n’est pas juste. Donc
certains politiciens et économistes de droite estiment que le revenu universel
est une bonne solution pour donner à chaque personne la chance de se
développer et de s’enrichir grâce à ses talents personnels. Mais beaucoup
de libéraux pensent surtout que c’est une très mauvaise idée ! On va en
parler un peu plus tard.
[00:14:56] Mais pour le moment, on va se demander s’il est vraiment
possible d’adopter le revenu universel.
[00:15:11] Maintenant vous vous dites peut-être : « Ok c’est séduisant ce
concept de revenu universel mais est-ce qu’on peut le mettre en place ? ».
Évidemment, la réponse dépend de beaucoup de facteurs. Elle dépend du
pays où vous habitez, de votre gouvernement, des autres citoyens etc.
[00:15:37] Mais elle dépend aussi des conditions, car il y a plusieurs
scénarios possibles. Je vous propose d’écouter une explication très claire
sur ce sujet. Ça vient d’un site qui s’appelle « Dessine-moi l’éco » et qui
explique l’économie simplement. Si c’est un sujet qui vous intéresse, je vous
recommande d’aller le visiter. Les vidéos sont illustrées avec des dessins et
elles sont faciles à comprendre.
[00:16:15] Dans cette vidéo, on nous explique quels sont les points de
désaccord, autrement dit les choses sur lesquelles les gens qui souhaitent
adopter le revenu universel ne sont pas d’accord. Il y a quatre points de
désaccord. On va d’abord écouter les deux premiers et ensuite je reprendrai
la parole.
[00:16:39] Leur premier point de désaccord concerne le profil des
bénéficiaires. Certains proposent de le donner sans condition d’âge. Ainsi,
les citoyens le recevraient tout au long de leur vie. D’autres veulent le donner
seulement aux adultes ou encore donner un montant plus faible aux jeunes.
Leur deuxième point de désaccord concerne le montant. Certains souhaitent
qu’il ne soit pas trop élevé, c’est à dire autour de 500€ (comme le RSA
actuel) pour ne pas encourager l’inactivité. D’autres souhaitent que son
montant soit plus élevé, c’est à dire autour de 1000€, pour que les citoyens
aient le choix de travailler ou non.
[00:17:33] Vous avez entendu quels sont les deux premiers points de
désaccord ?
[00:17:38] D’abord, le profil des bénéficiaires, c’est-à-dire des personnes qui
vont recevoir ce revenu universel, qui vont en bénéficier. Si on considère
qu’il est vraiment universel, alors il ne devrait pas y avoir de conditions.
Chaque habitant du pays devrait recevoir le même revenu, sans condition
d’âge, de sexe ni de richesse. Mais ça pose pas mal de problèmes. Déjà, si
on doit donner ce revenu aux enfants, ça va coûter plus cher. Et on peut se
demander si ces enfants en ont vraiment besoin, ou s’il faut attendre qu’ils
soient majeurs, qu’ils aient 18 ans. Mais d’un autre côté, on peut aussi se
dire qu’une famille qui a plus d’enfants doit recevoir plus d’argent car elle a
plus de dépenses. Et puis il y a aussi les personnes âgées, nous savons
qu’elles ont besoin de plus d’argent car elles ont beaucoup de dépenses
liées à leur santé, et parce qu’elles ne peuvent plus travailler. Alors peut-être
qu’elles devraient recevoir un revenu supérieur ?
[00:18:59] Concernant la richesse, est-il juste qu’une personne qui est déjà
millionnaire reçoive la même aide de l’État qu’une personne pauvre ? Peutêtre pas ! Pourtant si on veut que cette aide soit vraiment universelle, alors
tout le monde doit obtenir la même somme peu importe ces critères.
[00:19:25] Ensuite, il y a la question du montant, de la somme d’argent. Vous
avez entendu que certains veulent un revenu assez faible, autour de 500€,
pour que les gens soient quand même obligés de travailler. C’est vrai qu’en
France avec 500€ par mois, c’est impossible de vivre dignement.
[00:19:50] En face, il y a des personnes qui veulent que le montant soit plus
élevé, comme un vrai salaire. Comme ça, les citoyens pourront décider s’ils
veulent travailler ou non. Si ils ne travaillent pas, ils pourront faire d’autres
activités comme du bénévolat, c’est à dire travailler gratuitement pour des
associations par exemple.
[00:20:17] Ensuite, il y a bien sûr le problème du financement. Comment
l’État pourrait-il distribuer ce revenu universel à tous les citoyens ?
[00:20:30] Là aussi, il y a deux écoles. Les libéraux pensent qu’il faudrait
supprimer les aides sociales existantes. Comme ça, avec l’argent
économisé, on pourrait financer le revenu universel. Ça pourrait même
permettre de faire des économies car ça simplifierait le système. En France
par exemple, il existe 48 aides sociales différentes : pour les personnes qui
sont au chômage, pour celles qui sont handicapées, pour les familles qui ont
beaucoup d’enfants, etc. Souvent, ces aides sociales sont distribuées par
différentes administrations qui coûtent très cher pour fonctionner. Donc si on
remplace toutes ces aides sociales par un revenu universel unique, il y aurait
moins de coûts administratifs.
[00:21:29] Mais les socialistes ont d’autres idées pour financer ce revenu. Ils
pensent qu’il faut augmenter les impôts, autrement dit l’argent que chaque
citoyen donne à l’État. Vous savez que quand vous gagnez de l’argent, vous
ne pouvez pas tout garder. Vous devez en donner une partie à l’État. Eh
bien ça, c’est ce qu’on appelle les impôts. Les impôts, c’est une façon de
redistribuer les richesses et donc de réduire les inégalités. Les personnes
qui gagnent plus d’argent payent plus d’impôts, comme ça l’État peut
redistribuer cet argent aux pauvres sous forme d’aide sociale. Les socialistes
disent : il faut augmenter les impôts, comme ça on pourra financer le revenu
universel.
La deuxième solution qu’ils proposent est de créer des taxes
supplémentaires. Par exemple une taxe sur les transactions financières,
quand vous achetez ou que vous vendez des actions sur les marchés
financiers. Les socialistes considèrent que ces transactions ne créent pas
de richesses, qu’elles sont seulement une forme de spéculation. En plus,
elles sont souvent réalisées par des personnes ou des entreprises qui ont
déjà beaucoup d’argent. En créant une nouvelle taxe, on pourra financer une
partie du revenu universel.
[00:23:10] Si on veut vraiment créer ce revenu universel, la dernière question
à se poser est celle du marché du travail. Quelles seraient les conséquences
de ce revenu sur le marché du travail ?
[00:23:26] Premièrement, on peut imaginer que certains arrêteraient de
travailler, ce qui réduirait le chômage. Mais alors, est-ce qu’il y aurait encore
des gens qui accepteraient les postes peu qualifiés et mal payés ? Peut-être
qu’il deviendrait difficile de trouver des personnes qui accepteraient les
professions pénibles comme caissière ou ouvrier à l’usine. Mais comme ces
postes sont déjà en train d’être automatisés, d’être remplacés par des
robots, ça ne poserait probablement pas de problème.
[00:24:08] Deuxièmement, les entreprises devraient sûrement augmenter
les salaires pour encourager les personnes à travailler. Sinon, on se dirait :
« ça ne vaut pas la peine de travailler, le revenu universel me suffit ».
[00:24:25] Cependant, on peut aussi penser que les gens ne travaillent pas
seulement pour gagner de l’argent. Le travail, ça nous apporte autre chose.
On rencontre des gens, on obtient une certaine position sociale. Parfois, on
se sent utile, on a l’impression que notre travail aide d’autres personnes. Et
puis si on ne travaillait pas, on aurait peut-être trop de temps libre, on
s’ennuierait. Donc après quelques mois de vacances, on peut imaginer que
beaucoup de personnes retourneraient au travail.
[00:25:07] Bref, c’est assez difficile de prévoir comment le marché du travail
évoluerait si on mettait en place le revenu universel.
[00:25:24] Ok si vous êtes toujours là vous avez de la chance, parce qu’on
va commencer la partie la plus intéressante. On va voir des exemples
concrets de pays qui ont mis en place le revenu universel pour voir si ça
marche !
[00:25:42] Mais on va d’abord commencer par les pays qui l’ont refusé !
L’année dernière, en 2016, la Suisse a organisé un référendum pour
proposer un revenu universel de 2500 Francs Suisse (ce qui représente
environ 2600$) par mois à chaque citoyen, ainsi qu’aux étrangers présents
sur le territoire depuis au moins cinq ans. Les Suisses ont refusé cette
proposition, ils ont voté à 78% contre.
[00:26:22] En France, le candidat socialiste à la dernière élection
présidentielle, Benoit Hamon, avait mis le revenu universel au centre de son
programme (comme je vous l’ai dit dans l’introduction). Il proposait même de
créer une taxe sur les robots dans les entreprises pour le financer ! Les
Français trouvaient que c’était une idée intéressante, mais
malheureusement il a obtenu un très mauvais score à l’élection.
[00:26:54] Par contre la Finlande a commencé à tester cette idée cette
année. Le pays a choisi 2000 personnes parmi les chômeurs, et il leur donne
chaque mois 560€, même si ces personnes recommencent à travailler. Pour
le moment il est encore trop tôt pour dire si les effets sont positifs ou non,
alors nous verrons ça dans quelques années.
[00:27:24] Mais l’expérience la plus intéressante a été menée en 1973 à
Dauphin, au Canada, une petite ville de 13 000 habitants. L’expérience
s’appelait Mincome et l’idée était qu’aucun des habitants de cette ville ne
devait vivre dans la pauvreté. Concrètement, 1000 familles recevaient
chaque mois un chèque par la poste. Pour une famille de quatre personnes,
la somme correspondait à 19 000 dollars actuels par an. Ce programme a
duré 4 ans, mais ensuite le gouvernement a changé et ils ont décidé d’arrêter
l’expérience sans même analyser les résultats. Finalement, c’est seulement
en 2004 qu’une professeure de l’université du Manitoba a retrouvé les
archives pour les étudier. Et elle a découvert que Mincome avait été une
grande réussite. Les habitants avaient amélioré leurs performances à l’école
: ils étudiaient plus et plus vite. Ils n’ont pas arrêté de travailler, le temps de
travail a diminué d’1% pour les hommes et de 3% pour les femmes. Et
surtout, les hospitalisations, c’est à dire les opérations à l’hôpital, ont baissé
de 8,5%. Ça signifie que les habitants faisaient plus attention à leur santé,
ce qui permettait aussi d’économiser de l’argent avec les hôpitaux.
[00:29:24] C’est la fin de ce podcast. Merci de m’avoir écouté jusqu’au bout,
ça n’était pas un sujet facile. Maintenant vous êtes des spécialistes du
revenu universel ! Personnellement je pense que c’est une idée
passionnante et j’espère qu’il y aura de plus en plus d’expérimentations pour
la tester. Mais je suis aussi curieux de savoir ce que vous, vous en pensez.
Alors envoyez-moi un email pour partager votre avis !
[00:29:59] On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et
en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours !
[00:30:10] À bientôt !
24 La cuisine française est-elle démodée ?
C’est l’épisode 24 et aujourd’hui on va parler de cuisine !
[00:00:10] Salut à tous ! Comment ça va ? J’espère que vous êtes en forme
et qu’il fait beau là où vous habitez. Moi, si vous ne le savez pas, j’habite à
Varsovie en Pologne depuis 3 ans. Bon, la météo c’est pas le point fort de
la ville. Il fait souvent mauvais et l’hiver est vraiment long. Mais en ce
moment on a de la chance car il ne fait pas encore trop froid et il y a même
du soleil de temps en temps !
[00:00:44] Si je vous parle de la météo, c’est parce que j’ai souvent des
élèves qui font des erreurs avec ça. Ils utilisent le verbe être, ils disent « c’est
chaud » ou « c’est beau ». Mais quand on parle du temps en français, il faut
toujours utiliser le verbe « faire ». Il fait chaud, il fait beau, il fait 30 degrés,
etc.
[00:01:12] Ah et j’en profite aussi pour partager une expression liée à la
météo. Cette expression c’est « parler de la pluie et du beau temps ». Quand
les Français disent « parler de la pluie et du beau temps », ça signifie parler
de banalités, de choses sans importance. Ça peut être la météo mais aussi
d’autres sujets, quand on parle simplement pour faire la conversation, pour
être poli. En anglais on dit des « petites conversations ». En général je pense
que les Français n’aiment pas trop parler de la pluie et du beau temps. Je
sais que dans d’autres cultures c’est assez important, comme au RoyaumeUni par exemple. Quand j’habitais à Londres, j’avais l’impression que tout le
monde voulait me parler de la météo. Moi je me sentais un peu bête parce
que je n’avais rien à dire sur le sujet. Mais pour les Anglais, c’est un bon
moyen de sociabiliser, de parler avec des gens qu’on ne connaît pas très
bien, au travail ou dans les transports publics par exemple. En France je
dirais que c’est plus rare. On ne parle pas vraiment aux inconnus, sauf si on
veut se plaindre de quelque chose, comme par exemple du métro qui est en
retard ou de la boulangerie qui est fermée. Dans ce genre de situations, c’est
naturel de parler aux personnes qui sont autour de nous même si on ne les
connaît pas.
[00:02:59] La semaine dernière, j’ai reçu un message sur la page Facebook
d’innerFrench. Si vous ne me suivez pas encore sur Facebook, vous ratez
des choses ! Je publie des recommandations de films, de séries et de
musique française qui peuvent vous aider à apprendre la langue. Et vous
pouvez aussi l’utiliser pour m’envoyer des messages, comme l’a fait Marcus.
Voilà ce qu’il m’a écrit :
[00:03:33] “Bonjour Hugo !
Ca va?
J’aime bien ton podcast et merci de le faire. Je voudrais écouter un entretien
avec quelqu’un de la culture française (peut-être sur la cuisine ou sur un
autre phénomène).
J’espère que mon francais n’est pas trop mauvais.
N’arrête pas de faire le podcast, ça m’aide beaucoup!
Au revoir !“
[00:04:00] Merci Marcus pour ton message. Je suis très content que mon
podcast t’aide à progresser en français. Et surtout merci pour ta suggestion,
ça m’a donné l’idée de cet épisode. C’est vrai que je ne parle pas souvent
de la culture française parce que j’essaye de faire des sujets plus généraux,
plus universels. Je sais que les Français adorent parler de leur culture, de
leurs artistes. Par exemple au cinéma il y a beaucoup de films sur ces
personnes célèbres : Edith Piaf, Serge Gainsbourg, Yves Saint-Laurent,
Coco Chanel, etc. Et ça n’intéresse pas toujours les étrangers. Mais comme
vous vous apprenez le français, j’imagine que vous vous intéressez aussi à
la culture.
[00:04:57] Donc aujourd’hui, on va parler de la cuisine française. Si c’est un
sujet qui vous plaît, vous pouvez remercier Marcus ! Et si vous avez d’autres
thèmes sur lesquels vous voudriez que je fasse un podcast, faites comme
Marcus et envoyez-moi un message !
[00:05:18] Ok j’espère que vous avez bien mangé parce que sinon ce
podcast va vous donner faim ! Vous êtes prêts ? Alors on passe à table !
[00:05:38] Quand on cherche la meilleure cuisine du monde, on tombe
toujours sur le magazine britannique Restaurant. Chaque année, il publie un
classement des 50 meilleurs restaurants de la planète. En France, on n’aime
pas trop ce classement car les établissements français en sont souvent
absents. Au contraire, il y a de plus en plus de restaurants américains,
anglais, espagnols, italiens ou encore scandinaves. Les chefs français
disent que ce classement n’est pas très transparent, qu’on ne sait pas sur
quels critères les restaurants sont choisis. Mais il reste quand même une
référence dans le monde. Dans l’édition de cette année, de 2017, ça change
un peu car on y trouve 6 restaurants français dont 1 qui est à la 4ème place.
[00:06:40] Malgré ça, on a l’impression que la cuisine française n’est plus
aussi appréciée qu’avant, qu’elle n’est plus à la mode. Certaines critiques
disent qu’elle n’a pas évolué, qu’elle est restée bloquée dans le temps. En
face, il y a des cuisines qui innovent, qui proposent toujours de nouveaux
goûts, de nouvelles saveurs, comme les cuisines espagnoles, japonaises ou
encore indiennes.
[00:07:10] À votre avis, pourquoi la cuisine française a-t-elle cette mauvaise
image ?
[00:07:16] Personnellement, je pense qu’il y a trois raisons à ça.
[00:07:21] La première, c’est que la cuisine française est complexe. Je ne
dis pas que les autres sont simples, pas du tout ! Quand on veut préparer un
bon plat, ça demande forcément un effort et du talent. Mais les plats français
ont la réputation d’être difficiles à préparer. Déjà, parce que les bonnes
recettes ne sont pas toujours traduites ! Une recette vous savez, c’est un
texte avec les indications et les ingrédients pour préparer un plat. Une
recette de gâteau au chocolat ou de crêpes Suzette par exemple. Bon,
j’exagère un peu, évidemment vous pouvez trouver plein de livres de cuisine
française traduits dans différentes langues. Il y a aussi des recettes inspirées
de plats français sur internet. Mais la majorité des livres de références, ceux
qu’utilisent les Français à la maison, ne sont pas traduits dans d’autres
langues. J’imagine que beaucoup d’étrangers ont un peu peur de préparer
des plats français, justement parce qu’ils ont la réputation d’être difficiles. Ce
qui explique peut-être pourquoi il n’existe pas beaucoup de livres de cuisine
française dans d’autres langues.
[00:08:49] Mais même si vous trouvez une bonne recette, il est probable que
vous n’aurez pas tous les ustensiles (autrement dit les accessoires) ni les
ingrédients pour la faire. Une grande partie de la cuisine française s’appelle
« la cuisine du terroir ». La cuisine du terroir, c’est tout simplement celle qui
utilise des produits spécifiques de la région. Par exemple au Nord-Est, dans
la région de l’Alsace, on a des plats qui sont plus proches de la cuisine
allemande. Au contraire, si vous allez dans le Sud-Ouest, à Bordeaux par
exemple, vous pourrez manger des plats complètement différents. C’est
cette cuisine régionale qui fait la richesse de la cuisine française, mais aussi
sa complexité.
[00:09:47] Maintenant, imaginons que vous avez trouvé une super recette et
que vous avez tous les ustensiles et ingrédients pour la faire. C’est bien mais
ça n’est pas suffisant ! Le dernier problème, ce sont les techniques qu’il faut
maîtriser pour réussir les recettes françaises. Ce sont des techniques qui
demandent beaucoup d’entraînement, de pratique. Par exemple, vous
connaissez peut-être le croque-monsieur. C’est une sorte de sandwich
chaud avec du jambon et du fromage fondu. Ça a l’air assez facile à faire.
Mais le secret d’un bon croque-monsieur, c’est la sauce béchamel, une
sauce à base de lait, de beure et de quelques épices. En général, on ne la
réussit pas du premier coup, croyez-moi ! Et c’est comme ça avec presque
tous les plats, à chaque fois il y a des techniques de base à connaître pour
pouvoir réaliser la recette. Donc si vous ne cuisinez pas français
régulièrement, c’est presque impossible de maîtriser ces techniques.
[00:11:04] La deuxième raison pour expliquer la mauvaise image de la
cuisine française, ce sont les plats en eux-mêmes. Pour vous, quels sont les
plats français les plus connus, les plus emblématiques ? Quand je pose cette
question à mes élèves, ils me répondent généralement les escargots, les
grenouilles ou le foie gras. Et la plupart du temps, ils n’ont jamais goûté un
seul de ces plats. C’est sûr qu’on ne peut pas commander d’escargots dans
tous les restaurants, même dans les restaurants français. Car les escargots
ne sont pas un ingrédient facile à trouver, surtout à l’étranger. En plus de ça,
ce sont des plats qui ne plaisent pas à tout le monde ! Je connais même
beaucoup de personnes qui les trouvent dégoûtants ! Ils n’ont aucune envie
de manger des escargots ni de la grenouille.
[00:12:08] Quand on compare ces plats à ceux de la cuisine italienne, le
problème devient encore plus évident. Si je vous demande de me citer des
plats italiens, ça ne pas être très difficile pour vous ! Vous allez
immédiatement penser aux pâtes, aux pizzas et peut-être aux raviolis et aux
lasagnes. Ce sont des plats assez consensuels que tout le monde adore !
La preuve, il y a des restaurants italiens partout ! Et en plus, ils ne sont pas
très compliqués à préparer. Pour rater des pâtes ou une pizza, il faut
vraiment le faire exprès ! Bien sûr, parfois on peut tomber sur une pizza qui
n’est pas très bonne, mais je n’ai jamais entendu personne dire qu’il avait
mangé une pizza dégoûtante !
[00:13:04] Je sais qu’il y a des Italiens qui écoutent ce podcast donc j’espère
que ce que je raconte ne les énerve pas trop ! Je ne dis pas que la cuisine
italienne se réduit aux pâtes et aux pizzas, mais seulement que ce sont des
plats emblématiques et appréciés partout dans le monde. Évidemment, il y
a aussi de grands chefs italiens qui cuisinent des choses beaucoup plus
complexes et sophistiquées.
[00:13:35] Pour finir, la troisième raison qui explique la mauvaise image de
la cuisine française en ce moment, c’est son côté snob, élitiste. Quand on
pense à un restaurant français, on imagine un endroit plutôt sophistiqué avec
un menu compliqué, des noms qu’on ne comprend pas, et un serveur qui
refuse de parler anglais. Ça n’est pas le genre de restaurant dans lequel on
peut aller pour se détendre avec des amis. On peut avoir l’impression de ne
pas être à notre place. Et à la fin, on doit payer une addition salée ! Vous
savez l’addition, c’est le document avec les prix des plats qu’on a
commandés et la somme totale qu’on doit payer. Quand on dit que l’addition
est salée, ça signifie que c’est cher, plus cher qu’on imaginait !
[00:14:32] D’ailleurs, savez-vous comment on appelle l’argent qu’on laisse
au serveur à la fin du repas ? Ça s’appelle le pourboire ! Tout simplement
parce qu’avec cet argent, le serveur ou la serveuse peut se payer un verre
après son service, pour-boire. En France on n’est pas obligé de laisser de
pourboire car le salaire des serveurs est inclus dans l’addition. Mais si vous
êtes contents du service, vous pouvez évidemment en laisser un, par
exemple 10% du total de l’addition.
[00:15:13] Bon heureusement, tous les restaurants français ne sont pas des
endroits snobs ! C’est plutôt un cliché que l’on voit dans les films.
[00:15:23] Cependant il y a une petite part de vérité car les Français ont
inventé ce qu’on appelle la gastronomie. Et c’est justement ça qui est
souvent un peu bizarre pour les étrangers. Mais ne vous inquiétez pas, je
vais tout de suite vous expliquer de quoi il s’agit !
[00:15:51] Dans la culture française, manger n’est pas une activité
quotidienne comme les autres, c’est un art ! Et cet art a un nom : la
gastronomie. La gastronomie c’est donc la connaissance de tout ce qui
concerne la cuisine, l’organisation des repas, la dégustation et l’appréciation
des plats. Pas seulement ce que l’on mange, mais la façon dont on le mange.
C’est un mot qu’on associe aux grands restaurants où le service est aussi
important que la carte.
[00:16:29] Aujourd’hui ça semble assez naturel, mais la majorité des
pratiques dans les restaurants viennent de la tradition française, car la
France a dominé la gastronomie mondiale du XVIIème siècle jusque dans
les années 70. Il y a un Français qui a été particulièrement influent dans
l’histoire de la gastronomie. Il s’appelait Auguste Escoffier mais on le
surnommait « le roi des cuisiniers » et « le cuisiniers des rois » parce qu’il
travaillait pour les personnes les plus importantes de l’époque. Au début du
XXème siècle, il est associé à César Ritz dont vous connaissez sûrement
les célèbres hôtels. Auguste Escoffier va créer la cuisine moderne dans ces
établissements : à l’hôtel Ritz de Paris bien sûr mais aussi à celui de Londres
et au Carlton.
[00:17:35] Il commence par changer le service. Avant, le service à la
française consistait à apporter tous les plats en même temps. Donc il y avait
beaucoup de choses sur la table, ça donnait l’impression de richesse, de
festin. Un festin, c’est un repas abondant et délicieux. Ensuite chaque invité
prenait dans les plats qui lui faisaient envie. D’un côté, ça impressionnait
beaucoup les invités de voir une table avec autant d’options. Mais de l’autre
côté, les plats refroidissaient donc les invités mangeaient souvent une partie
du repas froid. Auguste Escoffier décide alors d’adopter le service « à la
russe ». Autrement dit, on sert les plats individuellement et dans l’ordre.
Comme ça, on peut manger chaud dès que le plat sort de la cuisine, et
chaque invité peut commander quelque chose de différent. Avec l’influence
d’Escoffier, ce modèle s’est imposé dans la majorité des restaurants
occidentaux.
[00:18:53] Sa deuxième petite révolution, c’est dans la cuisine qu’elle se
passe.
[00:18:58] Comme les restaurants se développent et qu’il y a de plus en plus
de clients, il faut trouver une solution pour préparer les plats plus rapidement.
Alors Escoffier décide de changer complètement l’organisation de l’équipe.
Avant, chaque cuisinier préparait un seul plat. Mais Escoffier met en place
une division, une répartition des tâches différente qu’il nomme la brigade. Il
y a une personne qui prépare les légumes, une autre qui fait cuire la viande,
une qui s’occupe des sauces et des soupes, etc. Et dans cette brigade, la
hiérarchie est très stricte, comme à l’armée. Une personne est le chef de
cuisine, et ensuite il y a les sous-chefs, les commis et les aides cuisiniers.
Cette nouvelle organisation en brigade est donc beaucoup plus rationnelle
et efficace. Grâce à elle, les plats sont servis plus rapidement, on gagne du
temps.
[00:20:09] Aujourd’hui toutes les cuisines des grands restaurants sont
organisées de cette façon. D’ailleurs, dans les écoles de cuisine aussi on
enseigne ce modèle. C’est comme ça que les codes de la cuisine française
se transmettent dans le monde entier.
[00:20:34] Cependant cette tradition ne concerne pas seulement les
restaurants. Elle concerne aussi les repas à la maison. Saviez-vous que
depuis 2010 le repas gastronomique français fait partie du patrimoine
immatériel de l’UNESCO ? L’UNESCO vous savez c’est une institution des
Nations Unies qui s’occupe de l’éducation, des sciences et de la culture. Et
cette institution publie une liste de monuments, de collections d’objets, mais
aussi de traditions à protéger. Donc depuis 2010, le repas gastronomique
français est sur cette liste. Voilà comment il est défini sur le site de l’UNESCO
:
[00:21:25] « Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale
destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie, tels que
naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s’agit d’un
repas festif où les invités pratiquent l’art du “bien manger” et du “bien boire”.
Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le
plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature.
Parmi les éléments caractéristiques du repas gastronomique français on
trouve : le choix attentif des plats préparés ; l’achat de bons produits, de
préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage
entre les plats et les vins ; la décoration de la table ; et des rituels spécifiques
comme sentir le vin avant de le boire et goûter tout ce qui est servi à table.
Le repas gastronomique doit respecter un schéma précis. Il commence par
un apéritif, autrement dit quelques verres d’alcool comme du champagne
avant de passer à table. Ensuite, quand tout le monde est à table, on sert
d’abord l’entrée, puis le plat principal, puis le fromage (qui est considéré
comme un plat) et enfin le dessert. Le repas se termine avec un digestif,
c’est-à-dire un verre d’alcool fort. »
[00:23:17] Donc si vous êtes invités à un repas chez une famille française,
vous verrez normalement toutes ces étapes. D’ailleurs on a une expression
pour ça, pour dire qu’on a préparé un repas délicieux pour des invités, on dit
: mettre les petits plats dans les grands. Car quand on fait ce genre de repas,
chaque invité a plusieurs assiettes de différentes tailles. Une petite assiette
pour l’entrée, une autre plus grande pour le plat principal. Donc on dit «
mettre les petits plats dans les grands ». Ça demande beaucoup de travail
et après il y a beaucoup de vaisselle à faire ! Et on vous demandera ce que
vous pensez de chaque plat, de chaque vin, si vous trouvez ça bon ou pas.
On vous posera aussi sûrement des questions sur les habitudes
gastronomiques dans votre pays. Mais sinon pendant le repas, les Français
surtout de … bouffe ! La bouffe, c’est le nom familier qu’on utilise pour dire
« la nourriture ». Il existe aussi le verbe « bouffer » qui signifie manger. Mais
attention, n’utilisez pas ce mot avec tout le monde, seulement avec des amis
! Bref, quand les Français sont à table, ils félicitent ceux qui ont préparé les
plats, ils comparent avec les repas précédents, ils disent dans quels
magasins ils ont acheté tel ingrédient ou tel vin, ils partagent des recettes et
des conseils. Personnellement je trouve ça un peu ennuyeux parfois !
Heureusement on parle aussi d’autres sujets comme de la famille, de
politique, etc. Mais pour les Français, le plus important c’est d’apprécier les
produits à leur juste valeur, de célébrer leur cuisine à chaque occasion.
[00:25:36] Pour finir ce podcast, on va écouter un chef français, Guy Martin,
qui dirige un restaurant gastronomique à Paris. C’est un restaurant qui existe
depuis plus de 200 ans et qui a deux étoiles au guide Michelin. Vous avez
sûrement entendu parler du Guide Michelin et de ses étoiles. C’est un autre
sujet très intéressant mais on en parlera dans un futur podcast. Pour le
moment, le chef Guy Martin va nous expliquer pourquoi la cuisine française
est une des meilleures du monde.
[00:26:13] Présentatrice – La cuisine française, c’est l’un des fleurons de la
France, est-ce qu’on a toujours cette suprématie aujourd’hui dans le monde
?
[00:26:21] Guy Martin – Bien sûr. Globalement, on mange de mieux en
mieux en Europe et dans le monde, c’est vrai. Mais je vous promets que la
cuisine française est toujours au top, elle est toujours au summum, que nous
sommes demandés aux quatre coins du monde, et que nous sommes
vraiment une référence.
[00:26:33] Présentatrice – Et qu’est-ce qui fait qu’on reste dans l’excellence
?
[00:26:35] Guy Martin – Il y a plusieurs choses. D’abord cette cuisine, elle
nous vient de la tradition de nos parents : nos mères, nos grands-mères, nos
pères, qui nous ont transmis ces recettes. Un pays avec des produits juste
incroyables : la mer, la montagne, les lacs, différentes températures entre le
sud, le nord, l’est, l’ouest. Et puis des clients, des clients qui sont difficiles.
Pour la France, pour le Français, les trois repas sont encore très marqués
par rapport à nos amis anglo-saxons ou japonais. On prend vraiment du
temps pour chaque repas. Pour nous, pour les Français, c’est vraiment très
important cette cuisine. Donc c’est cet ensemble de choses, avec des
cuisiniers qui sont toujours à la recherche de saveurs nouvelles, toujours
ouverts aux autres. Parce que la cuisine, c’est l’ouverture aux autres.
[00:27:17] Vous voyez ici le chef Guy Martin cite 4 facteurs pour expliquer
l’excellence de la cuisine française : la tradition, la qualité et la diversité des
produits, l’exigence des Français vis-à-vis de la cuisine, et l’importance des
repas. Je suis complètement d’accord avec lui. Dans beaucoup de pays, on
ne prend pas le temps de manger. Mais en France, ce sont les repas qui
rythment, qui structurent la journée. On commence avec le petit-déjeuner le
matin avant d’aller au travail, en général c’est un repas assez léger. Ensuite
il y a le déjeuner à midi. Au travail, on fait toujours une pause pour le
déjeuner, une pause qui dure environ 1 heure entre 13 et 14h. Et le soir il y
a le dîner vers 20h, où toute la famille se réunit pour manger ensemble.
Chaque repas est important et on mange toujours à la même heure. Et si on
a faim, on essaye d’attendre le prochain repas au lieu de grignoter, de
prendre un snack.
[00:28:36] Alors on peut trouver tout ça un peu ridicule, cette importance
donnée à la nourriture et aux repas. Mais c’est ça qui fait en partie
l’excellence de la cuisine française.
[00:28:54] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Marcus si tu as écouté ce
podcast, j’espère qu’il t’a plu. Et j’espère aussi qu’il a intéressé les autres
auditeurs.
[00:29:07] Si vous voulez m’aider et me soutenir, vous pouvez me laisser un
avis sur iTunes ou sur l’application de podcast que vous utilisez pour
m’écouter. Ça me fera très plaisir !
[00:29:21] Et rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode.
[00:29:24] À bientôt !
25 Apprendre le français en 2 ans – interview d’Inez
Bonjour à tous, bienvenue pour ce nouvel épisode, épisode 25 du podcast.
Aujourd’hui, ça va être un peu particulier parce que j’ai décidé d’inviter une
de mes étudiantes qui s’appelle Inez, qui est polonaise. Donc vous allez
l’entendre parler dans quelques instants. J’ai décidé de l’inviter parce que je
trouve qu’elle parle vraiment très très bien français. Donc ça va être assez
intéressant pour vous qu’elle vous raconte un peu comment elle a appris la
langue, quelle méthode elle utilise, et pourquoi elle a choisi d’apprendre le
français. Donc j’espère que ça va vous plaire, comme ça vous allez entendre
une voix différente de la mienne. Ça va apporter un peu de diversité à ce
podcast, et sans plus attendre on va commencer cette petite interview.
[00:01:07] Alors bonjour Inez, est-ce que tu peux te présenter ?
Inez – Bonjour, je m’appelle Inez, j’ai 30 ans, je suis polonaise (de Varsovie).
J’apprends le français depuis 2 ans et demi. Et c’est ça.
Hugo – Ok, et qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
Inez – Je suis contrôleuse aérienne. Alors ça n’est pas connecté avec
[correction : lié au] le français, pas du tout, parce qu’au travail on parle en
anglais.
Hugo – Mais tu me dis que tu parles français des fois.
Inez – Je parle parfois parce qu’au travail je parle avec les pilotes pour éviter
les accidents entre eux, etc. etc. Parfois, quand il y a des pilotes français,
j’essaye de parler français, mais ce sont seulement des phrases simples
comme : “Bonjour, comment ça va ? Bienvenue en Pologne !” etc. etc.
[00:02:00] Hugo – Parce que, quelle langue vous utilisez en général ?
Inez – Ouais, en général on doit parler en anglais au travail. C’est une langue
particulière. C’est comme la phraséologie.
Hugo – Qu’est-ce que ça veut dire la phraséologie ?
Inez – Ça veut dire qu’on n’utilise pas les mots normaux comme “nine” on
dit “niner”. À la place de “four” on dit “four”, etc. etc. On ne dit pas “Répéter”,
on dit : “Dire encore une fois” alors “Say again”, etc. etc. Alors c’est un peu
différent.
Hugo – Et pourquoi vous avez cette phraséologie ?
Inez – Pour éviter les “misunderstandings”.
Hugo – Les incompréhensions.
Inez – Ouais, parce qu’il y avait beaucoup de problèmes avant et il y a des
gens qui travaillent pour la sécurité. Alors ça change toujours. Chaque
année, on a la nouvelle phraséologie à utiliser. Alors on change les phrases
pour qu’elles soient de plus en plus simples, je crois. Mais on doit aussi
apprendre cette langue particulière pour nous, je crois.
[00:03:39] Hugo – Donc c’est presque comme une autre langue en fait.
Inez – Pas comme ça mais parfois quand j’utilise ces phrases en anglais
quand je suis à l’étranger, je me sens un peu bizarre parce que normalement
on ne parle pas comme ça en anglais. On n’utilise pas les mots comme
“negative” à la place de “no”.
Hugo – On appelle ça parfois des “déformations professionnelles”.
Inez – Exactement !
Hugo – Donc voilà, quand vous utilisez des choses du travail dans la vie
quotidienne et où si les gens ne sont pas dans la même entreprise que vous,
c’est impossible à comprendre.
[00:04:19] Inez – Ouais, c’est exactement comme ça. Mes amis ne peuvent
pas écouter quand je parle du travail ou quand je suis avec mon ami du
travail on commence à parler de travail parce que personne ne comprends
ce qu’on dit. C’est vraiment compliqué.
Hugo – Ok, ok. Alors aujourd’hui on ne va pas trop parler de la phraséologie
mais on va plutôt parler du français qui est une langue assez compliquée
aussi…
Inez – Oh ouais, tu as raison, c’est vraiment compliqué !
Hugo – Donc je pense que pour certains d’entre vous ça va être un peu
déprimant d’entendre le niveau d’Inez après seulement 2 ans et demi, 3 ans
parce que c’est vrai que c’est assez impressionnant. Moi j’ai d’autres élèves
et c’est vrai qu’Inez, elle a progressé vraiment très rapidement. Pour être
honnête, elle n’a pas commencé avec moi, elle avait un autre professeur
pendant 2 ans. Tu vas pouvoir lui faire une dédicace si tu veux. Et voilà, on
va parler un peu de ton apprentissage du français. Mais d’abord est-ce que
tu peux me dire quelles langues tu parles ?
[00:05:27] Inez – Je parle polonais, anglais. Je parle un peu allemand aussi.
En fait, je pouvais parler allemand couramment avant mais maintenant j’ai
oublié presque tout parce que je ne l’utilise presque pas du tout. C’est
seulement les phrases comme “Bonjour”, “Au revoir”, etc en allemand aussi
avec les pilotes. Mais normalement je ne l’utilise pas dans la vie alors c’est
pour ça que j’oublie, juste j’oublie, alors c’est normal je crois.
Pendant 6 mois j’apprenais aussi le norvégien. Mais… Peut-être qu’il ne faut
pas raconter cette histoire.
[00:06:21] IHugo – Si, si, c’est intéressant ! Pourquoi tu as décidé
d’apprendre le norvégien ? Il y a des Norvégiens qui écoutent ce podcast
donc…
Inez – J’ai dû choisir quelque chose à l’université. Et j’ai décidé de choisir
quelque chose de pas populaire. Je voulais être capable de parler une
langue un peu exotique pour nous ici.
Hugo – Et ensuite je crois que tu as appris l’italien aussi ?
Inez – Ouais, après j’ai commencé avec l’italien. C’était il y a 4 ans peut-être,
plus ou moins 4 ans. J’aimais bien l’italien. C’est une langue facile,
contrairement au français, l’italien est vraiment facile. Ça peut avoir l’air
[correction : donner l’impression] qu’ils parlent vite, qu’ils se comportent vite
en fait. Mais la vérité est que c’est facile ! Ils parlent clairement et c’était
cool… Je peux pas dire que c’était cool…
[00:07:26] Hugo – Si, si, c’était cool.
Inez – C’était ok mais après quelques temps, c’était pas assez pour moi,
c’était pas un défi pour moi, tu sais ? J’ai décidé de choisir quelque chose
de plus compliqué et je crois que le français était vraiment un bon choix
parce que c’est plus compliqué que l’italien.
Hugo – Et donc pourquoi tu as choisi le français ?
Inez – Parce que j’aime bien… J’aime la France, j’aime les Français, j’aime
la langue française, j’aime tout ce qui est connecté avec [correction : lié au ]
le français, la France, etc. En fait, avant je détestais le français. Je ne
pouvais pas écouter les chansons, j’imitais les sons comme [r]. Je ne voulais
pas regarder les films en français, etc. etc. Mais ça a changé complètement
après avoir connu quelques gens [correction : personnes] français. J’ai
commencé à penser que peut-être ce n’est pas si mal. Est-ce que je peux
dire “si mal” ?
[00:08:46] Hugo – Hum, hum, c’est pas si mal.
Inez – Est-ce que tu peux l’entendre ? “C’est pas si mal”, et ça veut dire
quelque chose ! Quand j’entendais par exemple les chansons et les titres
comme “Papaoutai”. Je pensais : “Papaoutai”, qu’est-ce que ça veut dire
“papoutai” ? Je pensais : “Ça ne veut rien dire”.
Hugo – C’est une chanson de Stromae pour ceux qui ne connaissent pas.
Inez – Ah ouais, c’est ça exactement. J’aime bien Stromae. Je ne sais pas
parce qu’il a arrêté de donner des concerts.
Hugo – Oui, j’crois qu’il a fait une dépression.
Inez – Tu vois, tu vois ! On pense que sa vie est super et qu’il est riche et
heureux. Et en fait il…
Hugo – C’est les artistes…
[00:09:28] Inez – Oui, c’est souvent comme ça, je sais, je sais. Donc j’ai
commencé à changer d’avis sur le français et j’ai pensé : “Ok. Je vais
essayer d’apprendre cette langue. J’ai trouvé un prof par coïncidence sur
internet. Il s’est avéré que c’était un mec super cool, il m’a motivée et j’ai
décidé d’avoir 2 leçons par semaine. Et j’ai passé beaucoup de temps chez
moi aussi, j’essayais de lire, d’écouter des podcasts, de regarder des vidéos,
de progresser plus vite. Je continue seulement comme ça maintenant.
Malheureusement mon prof a déménagé en Chine mais heureusement j’ai
trouvé un autre prof super cool, toi !
Hugo – Merci
[00:10:39] Inez – Mais je pense, je pense que tu es vraiment un prof super
cool et que tu m’aides beaucoup. Même maintenant, que tu me donnes
beaucoup de nouvelles choses à faire etc. Parce que je crois que c’est
difficile de motiver quelqu’un qui a un certain niveau, à faire progresser
quelqu’un, même si c’est difficile parce qu’on fait beaucoup d’autres choses
dans nos vies et on n’a pas de temps pour apprendre la langue.
Hugo – Mais c’est vrai, il y a beaucoup de personnes qui, une fois qu’elles
atteignent un niveau je dirais B2 (donc c’est un niveau plutôt avancé), elles
sont capables de comprendre beaucoup de choses, de parler assez
facilement, mais ensuite pour aller au niveau avancé, au niveau C1-C2, en
fait ça demande beaucoup beaucoup de travail, et si on n’habite pas dans le
pays ça demande un effort chaque jour de passer plusieurs heures à faire
différentes activités pour être exposé à la langue.
[00:11:44] Inez – J’essaye de faire des choses comme ça, de regarder les
journaux à la télé, etc. C’est pas facile, parfois j’oublie de faire ça ou je suis
trop fatiguée etc. etc. Mais selon moi, ça dépend de ce que tu as dans ta
tête. Parce que moi, j’aime le français, j’aime les langues étrangères en
général. Et ça me donne vraiment beaucoup beaucoup de plaisir quand je
peux comprendre ce que les gens disent, quand je peux dire ce que je veux
dire en français ou en anglais… L’anglais est un peu comme le polonais
maintenant… Mais en allemand ou en italien, etc. Si quelque chose est
plaisant, tu veux le faire, c’est juste comme ça. Quelqu’un aime lire des livres
et moi je préfère lire La grammaire progressive du français.
Hugo – Pas de publicité !
[00:12:56] Inez – Ok, un livre avec “grammaire du français”.
Hugo – Ok, ok. Et si on revient un peu à tes débuts avec le français, comment
vous avez commencé avec ton ancien professeur, avec David ?
Inez – J’ai commencé comme une étudiante à l’école. Alors, on avait un livre
comme à l’école, avec des textes à lire et avec la grammaire, avec des
choses à écouter, etc. etc. Ça n’a pas pris longtemps parce que, c’était il y
a longtemps mais je crois qu’après deux mois j’ai arrêté avec ce livre et on
a commencé à seulement parler. David m’a donné beaucoup de textes à lire.
Au début, j’ai dû traduire presque chaque mot, et c’était compliqué à
comprendre ce que ça voulait dire, etc. etc. Mais après quelques moi je
pouvais voir vraiment de grands grands progrès, et ça m’a motivée même
plus.
Hugo – [Plus]
[00:14:24] Inez – Tu vois, j’oublie toujours… Et je pense qu’il faut parler, il
ne faut pas avoir peur de parler. Parce que ton prof est un peu comme un
docteur. Il sait que tu vas faire des erreurs parce que chaque personne fait
des erreurs et il ne faut pas avoir peur de ça. Comme ça tu n’es pas bloqué
et tu peux progresser vraiment parce que tu essayes, tu essayes et tu
apprends. C’est comme ça.
Hugo – Mais c’est vrai qu’il y a des profs qui sont un peu stressants parfois
et on a peur de faire des erreurs donc c’est important de trouver la bonne
personne qui va t’écouter.
[00:15:10] Inez – Selon moi, c’est comme moitié-moitié. Moitié grâce au prof
et moitié grâce à toi. Parce qu’il faut vraiment trouver la bonne personnes
avec qui tu es à l’aise. Cette personne ne te stresse pas. Comme toi par
exemple, tu essayes de choisir des choses particulièrement [correction :
spécialement] pour moi, qui m’intéressent, des choses qui sont connectées
avec [correction : liées à] mes hobbies où de ce dont on parle pendant les
leçons etc. etc. C’est vraiment important.
[00:16:06] C’est aussi parce que après quelques temps, les leçons
deviennent un peu comme les rendez-vous avec ton ami. Si tu parles
pendant 1 heure et demi deux fois par semaine, la personne avec qui tu
parles doit devenir un peu comme ton ami parce que il ou elle sait beaucoup
de ta vie, de ton travail, de ce qui se passe dans ta vie personnelle, privée.
Et ça marche “both sides”, les deux côtés ?
Hugo – Des deux côtés.
Inez – C’est ça. Ça marche des deux côtés. C’est cool, pour moi c’est cool.
C’est quelque chose que j’attends. Chaque semaine j’attends ce jour où j’ai
les leçons, on peut se voir, je peux parler français pendant 1 heure et demi
; je suis contente, je suis vraiment contente chaque fois quand je suis dehors
et je vois ou j’écoute, j’entends des gens français, j’essaye d’écouter ce qu’ils
disent, vérifier si je comprends ou non. C’est super parce que je n’ai pas
beaucoup d’occasions de parler français moi-même dans la vie alors c’est
juste ça. Maintenant j’attends le moment quand je vais en France, à Paris ou
quelque part ou je peux vraiment utiliser la langue que j’ai apprise avec toi.
Ça va être un bon moment pour moi je crois.
[00:17:52] Hugo – Je pense que c’est ça aussi le secret de ta réussite, c’est
que tu t’es vraiment approprié la langue. Donc le français c’est pas pour toi
quelque chose d’académique, d’abstrait avec de la grammaire et des
exercices, c’est vraiment quelque chose que t’essaye d’utiliser le plus
possible dans ta vie quotidienne.
Inez – Ouais, ouais j’ai regardé tous les films en français que j’avais sur
Netflix déjà. Maintenant je cherche, je sais pas, un truc. C’est “un truc” ou
“une truc” ?
Hugo – Un truc.
[00:18:32] Inez – Alors je cherche les nouveaux trucs à faire, à regarder, à
écouter, etc. Selon moi, il ne faut pas faire toutes les choses en français. Il
faut vraiment choisir, trouver les choses que tu aimes. Et comme ça, ça va
te donner [du] plaisir, toujours ! Parce que si regarde un film qui est chiant,
c’est pas intéressant pour moi. Après 15 minutes je suis ennuyée [correction
: je m’ennuie] et je ne veux pas le regarder. Mais si je trouve des choses
intéressantes, de la musique par exemple qui me plaît, c’est super facile
parce que c’est juste… c’est que la plaisir ?
Hugo – C’est que du plaisir.
Inez – C’est que du plaisir.
[00:19:23] Hugo – C’est vrai. Parce que par exemple on recommande assez
souvent de lire des livres aussi en français mais si c’est quelque chose que
tu n’aimes pas faire en général, si t’aimes pas lire de livres, tu vas pas aimer
en lire en français non plus.
Inez – Pourquoi tu dis ça ?! En fait, mon prof m’a donné quelques livres mais
je suis nulle en lire [correction : lecture] et je pouvais lire seulement 10 pages
ou peut-être 20 pages, c’était ça. Mais la dernière fois, tu m’as donné un livre
sur la méditation et en fait je dois dire que j’ai vu que je pouvais tout
comprendre sans vérifier les mots et c’est aussi…
[00:20:20] Hugo – Plaisant ?
Inez – C’est aussi plaisant de voir que je fais des progrès comme ça. Parce
que normalement, quand j’entends les gens [qui] parlent, c’est difficile.
Parfois je comprends tout, parfois je comprends la moitié. Parce qu’ils
parlent trop vite, ils utilisent l’argot et je suis complètement perdue parfois.
Je suis comme “oh non, après 2 ans et demi, je peux comprendre seulement
les verbes ou les mots singuliers sans le sens général”. Mais par exemple
quand je lis, ça se voit que le progrès est là, et ça c’est plaisant !
Hugo – C’est vrai. Et je crois que tu t’es fait aussi quelques amis français
avec lesquels tu écris régulièrement ?
[00:21:16] Inez – Ok alors au travail, chaque année, les contrôleurs aériens
du monde entier se voient pour une semaine pour faire du ski, du snowboard,
etc. Une petite compétition entre nous. Mais en fait, c’est une semaine pour
se voir, pour être ensemble, pour fêter [correction : faire la fête]. On va
quelque part. On était en Italie, en France, en Serbie, etc. La prochaine fois
va être en Suède. Je connais beaucoup de gens français de là-bas. Quand
je suis là-bas, j’essaye de ne parler que français en fait. J’essaye d’être avec
l’équipe française, il y a beaucoup d’équipes français mais j’essaye d’être
avec les gens français [correction : les Français], utiliser la langue parce que
ça me plaît en fait. L’anglais ne m’impressionne pas. Tout le monde parle
anglais et c’est pas typique pour une fille polonaise de parler français. Alors
moi j’essaye de parler le plus possible. Je connais des gens du Sud, du Nord,
de Paris, etc. Et si quelqu’un vient à Varsovie, même les pilotes, on se voit
parfois, on sort ensemble etc.
[00:23:05] Hugo – Et tu penses que ça t’aide dans ton apprentissage du
français, d’avoir ce contact ?
Inez – Ça m’aide d’avoir les gens français entre mes amis [correction : des
Français parmi mes amis] parce qu’ils mettent sur Facebook beaucoup
d’articles, de vidéos et de textes en français et j’essaye de les lire et de les
comprendre. Ce sont souvent des choses qu’ils écrivent ou que leurs amis
écrivent en français. Ça n’est pas la langue que je peux apprendre dans les
livres ou même des films, c’est la langue utilisée vraiment par les gens qui
habitent en France comme moi j’habite ici en Pologne. Ils parlent comme
chaque jour. Et c’est cool, j’essaye de le comprendre. Parfois même je te
demande pendant la leçon ce que quelque chose veut dire parce que je ne
peux pas comprendre.
[00:24:12] Hugo – Même moi je ne peux pas toujours comprendre !
Inez – Mais non, ça dépend de la région peut-être ou quelque chose comme
ça ?
Hugo – Après les groupes ont des blagues un peu personnelles, des
références qui sont difficiles à comprendre.
Inez – Mais ça m’aide, ça m’aide aussi.
Hugo – Et pour toi qu’est-ce qui est le plus difficile avec la langue française
?
[00:24:44] Inez – La chose la plus difficile selon moi est que, ça ne se
prononce pas comment [correction : comme] ça s’écrit et ça c’est compliqué.
Parce que parfois j’entends quelque chose et je n’ai aucune idée [de] ce que
ça veut dire ou même quels mots forment une phrase. Je dois voir quelque
chose écrit et comme ça, quand j’entends quelqu’un lire ça ou dire ça
seulement, je comprends ce que ça veut dire, ça doit être facile, ça doit être
quelque chose que je connais bien. Par exemple quelqu’un parle juste trop
vite pour moi, et je ne peux rien comprendre. Et après je vois cette chose
écrite et je me dis : “Ok, c’est ça, c’est facile en fait !”. C’est une [correction
: la] chose la plus compliquée et la plus difficile pour moi. Et je pense que
c’est vraiment difficile pour tout le monde [correction : tous ceux] qui
apprennent le français. [Le fait] que tu ne dis pas tout ce que tu vois, tu ne
prononces pas les choses que tu vois, tu prononces ça complètement
différemment parfois, pas comme en italien. Parce qu’en fait l’italien
ressemble un peu [au] français mais en italien il faut lire ou il faut dire
exactement ce qui est écrit. Et c’est facile ! Je pourrais dire un exemple mais
peut-être non.
[00:26:40] Hugo – Et en polonais c’est comme ça aussi, tout ce qu’on écrit
on le dit aussi.
Inez – Ouais, le polonais peut être difficile parce qu’on a les… comment on
dit ça ?
Hugo – Les combinaisons.
Inez – Les combinaisons de 2 lettres comme “[rz] [sz] [cz]” et ça c’est difficile
pour les étrangers. Mais en français, parfois tu vois un mot et tu penses : “je
n’ai aucune idée [de] comment le prononcer”. Au début, c’est difficile. Après
tu as une idée même parfois si tu ne connais pas un mot tu penses : “peutêtre qu’il faut lire ça comme ça” mais si quelqu’un parle trop vite dans un
film, dans la rue, parfois je ne peux rien comprendre. Je me sens comme si
[je venais] juste de commencer à apprendre le français et je me sens perdue
et je ne me sens pas bien.
[00:27:43] Hugo – Mais c’est quand même des situations qui t’arrivent de
moins en moins souvent en fait.
Inez – Ouais, c’est vrai.
Hugo – Donc avec l’entraînement, ton oreille s’habitue à ça et maintenant tu
peux associer ce que tu entends et ce que tu lis.
[00:27:55] Inez – C’est vrai. Parfois je regarde des films, même avec les
sous-titres, mais je ne les lis pas. J’écoute, j’entends ce que les gens disent
et je n’ai pas besoin de lire les sous-titres. C’est pour ça que j’apprends les
langues étrangères, que j’apprends le français et que je planifie d’apprendre
une autre langue, parce que maintenant je pense à commencer d’apprendre
l’espagnol mais c’est juste dans ma tête maintenant, on va voir ce qui va se
passer.
Hugo – Ok très bien, très bien.
[00:28:41] Hugo – Donc je pense qu’on va s’arrêter là pour cette interview.
Merci beaucoup Inez.
Inez – C’est moi qui te remercie.
Hugo – C’était vraiment très sympa de t’avoir, je pense que ça va motiver
beaucoup de personnes à continuer d’apprendre le français, à s’accrocher
même quand c’est difficile. Parce que voilà, je pense que tout le monde est
capable d’apprendre cette langue, ça demande seulement, comme l’a
souligné Inez, de trouver des choses qui nous font plaisir.
Inez – Il faut découvrir que c’est la plus belle langue du monde !
[00:29:14] Hugo – Exactement ! Je pense que si vous apprenez le français,
vous savez déjà que c’est la plus belle langue du monde. Et sa difficulté c’est
plutôt un challenge, un défi, parce que sinon tout le monde serait capable de
parler français et ça ne serait pas très intéressant je pense.
Inez – Je suis d’accord avec toi prof !
[00:29:34] Hugo – Très bien, très bien, merci. Donc voilà comme d’habitude
si vous avez des questions vous pouvez m’envoyer un email. Si vous avez
des questions pour Inez vous pouvez aussi m’écrire et je lui transmettrai vos
questions. J’espère que ça vous a plu. Si vous voulez plus d’épisodes
comme ça, d’interviews avec Inez ou avec d’autres personnes dites-le moi.
Et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode.
Merci, à bientôt !
[00:30:01] Inez – Au revoir !
26 8 choses que font les gens heureux
Bienvenue dans l’épisode 26, aujourd’hui on va parler de bonheur.
[00:00:14] Salut à tous et bienvenue ! Bienvenue pour ce nouvel épisode.
Comme d’habitude, j’espère que vous allez bien. On va passer une trentaine
de minutes ensemble et j’espère que cet épisode va vous permettre
d’écouter quelque chose d’intéressant en français. Vous savez que c’est
mon but, qu’avec ce podcast j’essaye de vous aider à améliorer votre
compréhension du français. Donc si vous apprenez le français et que vous
avez un niveau je dirais intermédiaire, vous êtes au bon endroit ! Je pense
que ce podcast va vous plaire ! Pour ceux qui ne me connaissent pas, je
m’appelle Hugo et je suis professeur de français à l’institut français de
Varsovie en Pologne. Et avec le mois d’octobre, j’ai repris les cours. Donc
j’ai pas mal de travail ! Mais d’un autre coté, je suis très content de retrouver
mes élèves et de recommencer à enseigner. D’ailleurs je sais qu’il y a
certains de mes élèves qui m’écoutent, donc que je profite de cet épisode
pour les saluer et leur dire que voilà je suis très content de travailler avec
chacun d’entre eux.
[00:01:43] Avec tous ces cours, ça signifie aussi que j’ai un peu moins de
temps pour faire les podcasts, malheureusement. Mais je vois que vous êtes
de de plus en plus nombreux à m’écouter. On a dépassé les 20 000
téléchargements sur tous les épisodes, donc pour moi c’est vraiment super
! Quand j’ai commencé ce podcast, j’imaginais pas qu’il y aurait tellement de
personnes qui l’écouteraient et qu’il pourrait être si utile. En plus, certains
d’entre vous ont laissé des commentaires et des évaluations, sur iTunes
mais aussi sur Facebook, pour dire que ce podcast les aide et qu’elles sont
très contentes de l’avoir trouvé. Moi ça me fait vraiment plaisir de lire ce
genre d’opinion, ce genre de commentaire. Si vous avez des suggestions,
des envies, des questions, n’hésitez pas à écrire -vraiment- envoyez-moi
des messages, parce que moi mon but c’est de faire de ce podcast le
meilleur podcast de français possible et pour ça évidemment j’ai besoin de
votre aide ! Grâce à vous, grâce à vos remarques et à vos suggestions je
peux continuer d’améliorer ce podcast et le rendre encore meilleur.
[00:03:25] Quand on parle du bonheur, il y a toujours une étude très
importante, une étude de référence, qui est citée. Cette étude, elle a été
menée par deux chercheurs en psychologie de l’université de Virginia aux
Etats-Unis en 2007. Cette étude a concerné 10 000 personnes qui venaient
de 48 pays différents. Et sa conclusion principale, c’est qu’être heureux, c’est
l’aspiration prioritaire, c’est le but principal des personnes, très loin devant
d’autres buts comme trouver le sens de la vie, devenir riche, ou encore
s’assurer le paradis. Donc voilà, dans cette étude, on voit que pour la
majorité des personnes, le but principal de leur vie, c’est d’être heureux.
[00:04:33] Il y a une personne, un Français, qui s’est beaucoup intéressé à
cette question. Je pense que c’est quelqu’un d’extrêmement intéressant.
Cette personne, c’est Matthieu Ricard. Mathieu Ricard est un moine
bouddhiste tibétain mais également un docteur en génétique cellulaire, un
auteur et un photographe. Depuis de nombreuses années, il vit dans un
monastère au Népal et il voyage rentre le Népal et le Tibet. D’ailleurs il est
très proche des moines tibétains et c’est l’interprète français officiel du dalaïlama. Il a publié plus d’une vingtaine de livres dont les thèmes principaux
sont le bonheur, la méditation, mais aussi l’altruisme. L’altruisme, c’est à dire
la capacité à penser aux autres, à penser à autrui, et pas seulement à soimême. Il est tellement altruiste lui-même que tout l’argent qu’il gagne avec
ses livres, eh bien il l’utilise pour des projets humanitaires au Tibet, Népal et
en Inde. Différents projets pour construire des écoles, financer des hôpitaux,
etc.
[00:06:06] Je vous propose pour le moment d’écouter une interview dans
laquelle on lui pose justement une question sur le bonheur. Donc on va
écouter sa réponse et ensuite je reprendrai la parole.
[00:06:24] Présentatrice – Alors Matthieu Ricard, pour commencer cette
émission, si on devait tenter de définir ce qu’est le bonheur, qu’est-ce que
l’on pourrait dire ?
[00:06:32] Matthieu Ricard – Bien en tout cas pour le bouddhisme, et je
pense aussi, si on réfléchit, pour tout être humain, le bonheur est une
manière d’être. Souvent on peut s’imaginer que le bonheur serait une
succession ininterrompue de sensations plaisantes. Ça ressemble plus à
une recette pour l’épuisement qu’à une manière d’atteindre un bonheur
authentique. Parce que le plaisir est très vulnérable aux conditions
extérieures, au temps, au changement. Par nature, il devient neutre et puis
souvent parfois l’opposé du plaisir. Tandis qu’une manière d’être, le plus on
en fait l’expérience, le plus elle s’approfondit, se stabilise, et par “manière
d’être” j’entends : “un ensemble de qualités humaines, au premier chef
l’amour altruiste, la compassion, la liberté intérieure, la force intérieure, qui
ensemble constituent une manière d’être qui perdure au travers des
différents états émotionnels et qui nous donnent les ressources nécessaires
pour faire face aux hauts et aux bas de l’existence”. Donc au lieu d’être
vulnérable aux circonstances extérieures, elle nous permet de faire
l’expérience de ces circonstances de manière différente.
[00:07:45] Alors vous avez entendu, dans cette réponse de Matthieu Ricard,
que pour lui le bonheur n’est pas vraiment le plaisir. Le bonheur ce n’est pas
une suite de sensations plaisantes. Le bonheur pour lui c’est plutôt une
manière d’être, la façon dont nous sommes. Pourquoi ? Eh bien parce que
le plaisir, par définition, c’est une chose fragile et éphémère. Lui, il utilise le
mot “vulnérable” et “vulnérable”, voilà c’est quand on se sent en fragile,
quand on n’est pas capable de se protéger soi-même. Et c’est vrai que
quand on y pense les plaisirs, que ce soit des plaisirs matériels ou
physiques, eh bien ils sont souvent éphémères, ils sont de courte durée,
alors que notre manière d’être, c’est l’ensemble de nos qualités, l’ensemble
des qualités humaines, en particulier, d’après Matthieu Ricard, l’amour
altruiste, la compassion et la liberté intérieure. Pour lui ce sont ces qualités
qui contribuent le plus à notre bonheur. Cette manière d’être, elle dépasse
nos états. On peut être de bonne humeur ou de mauvaise humeur par
moment, mais par-delà tout ça, il y a notre manière d’être, la façon, sur le
long terme, dont on va se sentir. Si nous sommes en accord avec nousmêmes ou pas ça. Bien sûr dans notre vie, nous rencontrons des obstacles,
des situations difficiles, toutes ces choses qui constituent les circonstances
de l’existence. Il dit, dans sa réponse, que nous rencontrons des hauts et
des bas. Ça aussi, c’est une expression qu’on utilise assez souvent en
français. Quand “il y a des hauts et des bas”, autrement dit des choses plutôt
positives, des moments heureux, et au contraire d’autres moments un peu
plus difficiles qui sont les “bas”. Pour ne pas être victime de ces moments
difficiles, de ces situations que nous vivons, eh bien il faut avoir une force
intérieure sur laquelle nous pouvons compter. Autrement dit, pour Matthieu
Ricard le bonheur est à rechercher en nous-mêmes et pas dans les choses
extérieures. Ça, c’est quelque chose de très important à mon avis, et on va
revenir beaucoup sur ce point dans la suite de ce podcast.
[00:11:09] Maintenant, je vous propose de parler de 8 choses que font les
gens heureux. Donc voilà j’ai préparé une petite liste avec des éléments que
j’ai trouvés dans différents articles et différentes études de psychologie, et
on va parler un petit peu de chacun de ces points.
[00:11:33] Le premier, le point numéro un, c’est que la joie est contagieuse.
Le bonheur est contagieux. L’adjectif “contagieux”, on l’utilise par exemple
pour une maladie. Une maladie contagieuse, c’est une maladie qui se
transmet d’une personne à une autre. Et on pense, et les études montrent,
que le bonheur aussi est contagieux. Ça signifie que si vous êtes entouré de
personnes heureuses, eh bien il y a de fortes chances que vous aussi vous
allez être heureux, vous allez vous sentir bien. Ça semble assez évident,
c’est peut-être une banalité. C’est un peu comme quand on dit : “il fait beau
et donc je me sens bien, je suis de bonne humeur”.
[00:12:35] Mais évidemment, ça ce n’est pas suffisant. Vous pouvez être
entouré de personnes qui sont très heureuses tout en vous sentant vousmême très très mal. Parfois aussi, les relations qui sont trop stables et
calmes peuvent devenir ennuyeuses. Il y a des personnes qui ont besoin
d’avoir des disputes, des confrontations, des choses qui vont changer la
routine et qui n’aiment pas les relations où tout se passe un peu trop bien.
[00:13:14] Et puis on peut aussi être heureux parce qu’on aide des
personnes tristes autour de nous. Il y a beaucoup d’exemples comme ça, de
personnes qui s’épanouissent, qui se développent, en aidant les autres.
[00:13:31] La deuxième caractéristique des personnes qui se déclarent
heureuses, c’est leur résilience. La résilience, c’est la capacité à rebondir, à
se remettre après des événements difficiles. Quand une situation plutôt
négative vous arrive, un événement négatif, mais que vous pouvez mettre
cet événement derrière vous et continuer à avancer. C’est un peu, vous
savez, comme quand on est enfant qu’on apprend à faire du vélo. Les
premières fois, il y a a pas mal de chances de tomber plusieurs fois. Il y a
certains enfants qui vont décider d’arrêter tout de suite d’apprendre à faire
du vélo, parce qu’ils n’ont pas envie de tomber. Et au contraire, il y en a
d’autres qui sont plus résiliants et qu’ils vont tout de suite remonter sur le
vélo pour apprendre à en faire le plus vite possible. Ces personnes, en
général, elles ne sont pas victimes de dépression, parce que quand elles
commencent à se sentir mal, elles réussissent à gérer toutes ces émotions
plutôt négatives et à continuer, à “aller de l’avant”, comme on dit en français.
Cette résilience, c’est une capacité qui nous vient de l’enfance. Donc c’est
plutôt difficile de cultiver cette qualité, c’est difficile de la développer. En
chacun d’entre nous, il y a deux types de forces : des forces positives et
d’autres qui sont négatives. Si on veut être résiliant, il faut encourager les
forces positives, il faut les nourrir. Mais il faut aussi être capable de se poser
des questions quand on tombe, quand quelque chose de négatif nous arrive.
Il faut pouvoir comprendre tout ça si on veut continuer, si on veut être
capable de rebondir. Parfois, la dépression est nécessaire pour
recommencer à vivre pleinement ensuite.
[00:16:07] La troisième chose que font les gens heureux, c’est tout
simplement agir. Bon, il faut faire attention aux recettes toute faites sur le
bonheur. Quand vous lisez un article qui vous dit de faire tel sport pour être
heureux, de manger tel type de nourriture, en général ce sont des articles
qui ne sont pas très approfondis, et il y a peu de chances que ça marche
pour vous. C’est un peu comme quand vous allez à la salle de sport. Si vous
allez à la salle de sport et que vous utilisez le programme d’un sportif très
célèbre, par exemple, vous pouvez penser que vous allez obtenir les mêmes
résultats que lui. C’est plutôt logique ! Mais en réalité, il y a peu de chances
que ça marche. Tout simplement parce que chaque personne est différente,
à la fois physiquement et mentalement, et également en ce qui concerne
notre stade de développement. Nous ne sommes pas tous au même
moment de nos vies, donc encore une fois il n’y a pas de recette magique
qui puisse marcher de la même manière pour chacun d’entre nous. Et puis,
quand on lit ces recettes, on court le risque que le bonheur devienne une
obsession. Quand on veut à tout prix être heureux, on devient obsédé par
cette question et à ce moment-là c’est plutôt négatif pour nous, pour notre
mental, pour notre cerveau et c’est très difficile d’être heureux. Donc c’est
quelque chose d’assez contre-productif. Encore une fois, il faut plutôt s’ouvrir
à soi-même, se poser des questions, pour savoir ce qui nous rend heureux
personnellement. Nous, et pas notre voisin ou nos amis, mais nous
personnellement en tant qu’être humain.
[00:18:25] La quatrième qualité des personnes heureuses, c’est leur
altruisme. Tous les gens heureux utilisent une partie de leur temps à faire du
bénévolat, c’est à dire des activités qui ne sont pas rémunérées, qui ne sont
pas payées, pour aider les autres; à écouter, à donner des conseils aux
personnes de leur entourage qui en ont besoin. Cet altruisme, c’est vraiment
une qualité que l’on retrouve systématiquement chez toutes les personnes
heureuses. Ici aussi il faut faire attention parce que, dans l’altruisme, dans
le don (le “don” c’est le nom qui vient du verbe “donner”, le don), il y a une
dimension un peu narcissique. Il y a des personnes qui adorent donner parce
que ça leur donne une image vraiment positive d’elles-même. En fait je dis
“des personnes” mais je pense que ça touche chacun d’entre nous. Quand
on donne, on donne aussi parce qu’on aime l’image que ça donne de nousmêmes. Mais si on veut être capable de donner, d’être altruiste de manière
je dirais plus désintéressée, plus authentique peut-être, eh bien il faut
d’abord s’aimer soi-même suffisamment, il faut être assez satisfait, assez
content de soi, pour pouvoir s’ouvrir aux autres de façon désintéressée.
[00:20:19] On arrive maintenant à la 5ème qualité des gens heureux. Cette
5ème qualité c’est leur optimisme. En français, on a cette expression, on dit
: “après la pluie vient le beau temps”. Donc ça, c’est une expression qui
illustre parfaitement l’optimisme. Mais en France, malgré cette expression,
on est plutôt les champions du monde du pessimisme. C’est assez
intéressant, parce qu’il y a eu différentes études faites sur ce sujet, et il
s’avère que les Français, presque chaque année, sont parmi les pays
développés, le pays dans lequel les gens sont le plus pessimiste.
[00:21:15] C’est vrai qu’en France, on a tendance à penser que les
optimistes sont un peu idiots. On se dit qu’ils sont trop insouciants et que, en
étant comme ça, il va forcément leur arriver un malheur. Et pour nous notre
pessimisme, pardon, c’est plutôt une forme de prudence. On se dit qu’il vaut
mieux imaginer le pire, être préparé pour le pire, si on veut pouvoir s’en sortir.
[00:21:52] Avec cet état d’esprit, c’est assez difficile d’être heureux. Quand
on est pessimiste, on est plutôt stressé. On a du mal à profiter de l’instant
présent, tout simplement parce qu’on est toujours préoccupé par le futur, on
a toujours peur que quelque chose de mal nous arrive. Cette attitude
pessimiste, c’est quelque chose qui est lié à notre éducation et notre culture.
Comme je vous ai dit dans ce classement, il y a des pays qui sont plus
pessimistes que d’autres. Mais c’est aussi lié à nos expériences
personnelles, à notre vécu. C’est pas facile d’être optimiste, par exemple,
quand on a vécu beaucoup d’événements difficiles. Ce qu’il faut faire, en tout
cas la chose que conseillent les psychologues, c’est de se concentrer sur
les dimensions positives de notre vie, par exemple sur les succès qu’on a
obtenus, sur les obstacles qu’on a réussi à surmonter, à dépasser.
[00:23:12] Le sixième point des choses que l’on retrouve chez les personnes
heureuses, c’est qu’elles sont capables de se déconnecter, de se
débrancher. Dans notre vie, nous sommes entourés en permanence de
stimulations extérieures : dans les médias, les publicités, mais aussi avec
les gens qui nous entourent, au travail, notre famille, nos amis, etc. Avec tout
ça, avec tout ce bruit qui est autour de nous, on a tendance à s’oublier, à
oublier qu’on existe. En fait on est tellement concentré sur les choses
extérieures, qu’on perd complètement conscience d’être là. On pense
seulement à ces différentes stimulations, et nous-mêmes, en tant qu’un
individu, c’est un peu comme si on existait plus. Un bon exemple de ça, c’est
avec le téléphone portable. Quand on a notre portable allumé toute la
journée sur nous, eh bien on peut être contacté en permanence, mais on
peut surtout être dérangé en permanence ! Vous savez que quand on a
besoin de se concentrer, par exemple au travail, une bonne méthode, c’est
de s’isoler. Malheureusement ce n’est pas toujours possible, mais on peut
au moins s’isoler en coupant son portable, en se déconnectant. Moi par
exemple, le soir après huit heures, j’éteins mon portable. Ça veut dire que je
me déconnecte complètement, on ne peut plus me contacter et moi je ne
fais plus attention à ce qui se passe à l’extérieur. Ça fait quelques années
que je fais ça et ça m’aide vraiment à me calmer le soir et à prendre un peu
de temps pour moi-même. Vous pouvez essayer de le faire vous-même et
vous allez voir que le monde ne va pas s’arrêter de tourner.
[00:25:31] On arrive à l’avant dernier point, le septième point, qui concerne
la spiritualité. Une grande partie des personnes heureuses savent que
l’argent et le confort matériel ne sont pas les buts ultimes de la vie. Il y a une
citation de l’acteur américain Jim Carey que j’aime bien et Jim Carey a dit :
“J’aimerais que tous les gens soient riches et célèbres pour qu’ils voient que
ça n’est pas la solution”. Évidemment, c’est plus facile à dire quand on est
dans sa situation à lui, que quand on a des problèmes d’argent et qu’on est
frustré à cause de ça. Il y aussi une étude de l’université de Princeton, qui
date de 2010, qui a montré que au-dessus d’un revenu de 75 000 $, d’un
revenu annuel, eh bien l’argent supplémentaire que l’on pourrait gagner, ne
nous rend pas plus heureux. 75 000 $ en 2010, aux Etats-Unis, c’était le
revenu optimal pour être heureux. Évidemment, là aussi ça n’est pas un
chiffre magique, ça dépend du pays, de la situation des personnes, mais ce
qui est intéressant c’est de voir que au-delà d’une certaine limite, l’argent ne
nous apporte pas de bonheur supplémentaire. On a cette citation en France,
en français, on dit : “l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue”. Ça
veut dire que l’argent peut nous donner des conditions matérielles qui sont
favorables au bonheur, mais elles ne vont pas apporter ce bonheur ellesmêmes.
[00:27:33] Au contraire, la spiritualité c’est une chose qui contribue
directement à notre bonheur. La spiritualité, ça peut-être par exemple la
religions ou la méditation. Ce qui est important, ce n’est pas forcément tous
les rituels, les prières ou les différents types de méditation, mais ce qui est
important, et c’est en cela qu’elles contribuent au bonheur, c’est qu’elles
nous permettent d’ouvrir notre esprit. On prend un moment pour nous. Ces
moments, de prière ou de méditation, ce sont des moments très importants
parce que nous sommes seuls avec nous-mêmes, dans notre tête, et ça
nous permet d’ouvrir notre esprit.
[00:28:24] On arrive au dernier point, au point numéro 8, qui est aussi mon
préféré, c’est le développement personnel, le fait d’apprendre de nouvelles
choses. Et ça s’est quelque chose qui est très important pour les personnes
heureuses, c’est d’avoir l’impression de se développer, de toujours
rechercher à faire, à apprendre de nouvelles choses. Un très bon exemple
de ça, et je pense que vous avez deviné de quoi je veux parler, eh bien c’est
d’apprendre une langue étrangère. Quand vous apprenez une nouvelle
langue, votre cerveau reste jeune et ça vous donne accès à une richesse
infinie, à une nouvelle culture, à une nouvelle façon de communiquer, à de
nouvelles personnes et ça, ça a vous permet de vous sentir plus heureux.
[00:29:34] Alors c’est tout pour aujourd’hui, on arrive à la fin de ce podcast.
En conclusion, le message que je voulais faire passer, c’est qu’il n’existe pas
de recette magique du bonheur. Mais les études montrent qu’il y a plusieurs
éléments qui vont un peu dans le même sens et qui permettent d’être
heureux. Ces éléments, c’est de s’écouter, de se poser des questions, de
prendre du temps pour soi, et de ne pas rechercher le bonheur dans les
choses extérieures. C’est vraiment une bonne nouvelle car ça veut dire que
nous sommes tous capables de le trouver. Mais pour faire ça, il faut vraiment
faire un effort conscient. Ce n’est pas à quelque chose qu’on va trouver tout
simplement en se réveillant le matin.
[00:30:32] Moi maintenant je suis curieux de savoir ce que vous, vous faites
pour être heureux. Donc vous pouvez m’écrire un e-mail, m’envoyer un
message. Si vous avez de bons conseils, je les partagerai avec les autres
auditeurs de ce podcast.
[00:30:52] En tout cas j’espère, comme d’habitude, que ça vous a intéressé,
que vous vous n’avez pas vu le temps passer. N’oubliez pas de faire des
choses qui vous rendent heureux, n’oubliez pas de prendre un peu de temps
pour vous et on se retrouve la semaine prochaine. Merci beaucoup et à
bientôt !
27 Le transhumanisme
Salut à tous, c’est l’épisode 27 et aujourd’hui on va parler de
transhumanisme.
[00:00:12] Bienvenue pour ce nouvel épisode. Je suis très content de vous
retrouver comme chaque semaine. On va passer un petit moment ensemble
et ça sera l’occasion pour vous de pratiquer votre français, plus
particulièrement d’améliorer votre compréhension orale du français. Je sais
que pour beaucoup de personnes, c’est assez compliqué de comprendre
quand les Français parlent. Ils parlent très vite et on a un peu l’impression
qu’il s’agit d’une autre langue parfois. Donc moi je vous propose un podcast
en français, bien entendu, mais dans lequel je fais des efforts pour parler un
peu plus clairement, un peu plus distinctement. D’après les commentaires
que j’ai pu lire, les commentaires que vous laissez sur iTunes, sur Facebook,
par exemple, j’ai l’impression que vous arrivez plutôt bien à comprendre ce
que je raconte, donc j’imagine que je ne parle pas trop vite pour vous. Il y a
même certaines personnes qui trouvent que je parle un peu trop lentement.
Mais voilà, il faut trouver le juste milieu -c’est-à-dire trouver l’équilibre- entre
parler trop vite et parler trop lentement.
[00:01:43] La deuxième chose importante, c’est de trouver des sujets qui
vous intéressent. Donc pour ça je vous rappelle que vous pouvez m’écrire,
m’envoyer des messages, pour partager avec moi vos suggestions. La
semaine dernière, j’ai reçu un message d’une personne qui me demandait
de parler des médias français. Je pense que c’est un sujet très intéressant
et que je vais vous en parler dans un prochain podcast. Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, on va parler de quelque chose d’un peu différent.
[00:02:22] Avant ça, j’ai envie de vous lire un message très gentil que j’ai
reçu la semaine dernière sur la fan page d’innerFrench sur Facebook. Voilà
j’espère que ça va vous donner envie à vous aussi de m’écrire, de partager
vos commentaires et vos suggestions parce que pour moi c’est toujours très
utile, et ça me fait vraiment plaisir de parler avec vous. Ce message, il m’a
été envoyé par Aleah qui est américaine.
[00:02:58] “Bonjour,
Je m’appelle Aleah. J’adore ton podcast et ça m’aide beaucoup pour
apprendre le français. En ce moment je fais une année sabbatique en France
près de Paris, et au début c’était difficile de comprendre la langue autour de
moi. Mais quand j’ai trouvé ton podcast, ma compréhension et ma capacité
à parler ont énormément augmenté, même le jour d’après ! Il y a trois
semaines que j’ai trouvé ton podcast et j’ai écouté tous les épisodes.
Merci beaucoup !“
[00:03:36] Eh bien merci à toi Aleah pour ce très gentil message. Pour ceux
qui ne connaissent pas l’expression “année sabbatique”, c’est une année
qu’on prend, pendant laquelle on décide de faire une pause. Par exemple,
on décide d’arrêter son travail pendant un ans pour faire le tour du monde
ou bien pour se consacrer à un projet personnel. C’est quelque chose qui
est de plus en plus populaire en France parce que certaines personnes ont
envie de passer du temps pour elles-mêmes, pour faire des choses qui les
intéressent, pour mener des projets. Donc elles décident de prendre une
année sabbatique. Quand on est étudiant, on appelle plutôt ça une “année
de césure”. Quand vous faites une pause pendant vos études, par exemple
pour faire un stage ou pour voyager, ça s’appelle une “année de césure”.
[00:04:44] C’est vrai que quand on est entouré de Français, quand on voit
les Français dans leur milieu naturel, au début ça peut être un peu
déstabilisant. Il faut du temps pour que notre oreille s’habitue aux choses
qu’on entend autour de nous. Il n’y a pas vraiment de solution miracle, il faut
beaucoup s’entraîner et beaucoup pratiquer. Le problème, si votre niveau de
français n’est pas assez élevé c’est que si vous comprenez rien à ce qu’on
dit autour de vous, aux personnes qui parlent autour de vous, eh bien vous
allez tout simplement vous déconnecter. Vous n’allez pas essayer de
comprendre, vous n’allez pas faire d’efforts et dans ce cas-là vous n’allez
pas pouvoir progresser. C’est pour ça que je pense que mon podcast est
une bonne solution intermédiaire, parce que grâce à ça vous pouvez
progressivement, petit à petit, vous habituer à écouter un Français parler en l’occurrence, moi- et ensuite, une fois que ça devient trop facile pour vous
d’écouter ce podcast, vous pouvez passer à des contenus, à des ressources,
qui s’adressent directement aux Français. Et ensuite, après quelques temps,
par exemple si vous écoutez la radio française ou si vous regardez des
séries françaises, votre oreille va s’habituer, vous allez vous habituer aux
structures et aux expressions françaises, et voilà ça va devenir quelque
chose de plus facile pour vous et de plus naturel.
[00:06:48] Le sujet que j’ai choisi pour aujourd’hui c’est le sujet du
transhumanisme. Bon, quand on entend ce mot ou quand on le lit, ça peut
paraître un peu compliqué, un peu savant, mais je pense que ce n’est pas
un concept si difficile que ça à comprendre, et comme d’habitude je vais
essayer de vous l’expliquer simplement.
[00:07:15] Peut-être que vous avez vu le film très célèbre de Stanley Kubrick
qui s’appelle 2001 : l’odyssée de l’espace. Au début de ce film, il y a un
passage très intéressant dans lequel on voit deux groupes de singes qui
s’affrontent. Le singe, vous savez, c’est un animal et en particulier c’est
l’animal le plus proche de l’Homme. On dit que l’Homme descend du singe.
Donc au début de ce film, il y a un combat entre deux groupes de singes. Et
le groupe qui gagne ce combat, c’est celui dans lequel les singes ont utilisé
des objets comme des armes. Ils ont pris les os d’un animal mort et ils s’en
sont servis comme des armes. Grâce à cet outil, eh bien ils ont pu dominer,
ils ont pu vaincre, le deuxième groupe. C’est très intéressant que le
réalisateur montre ça au début de son film parce que c’est une étape qui a
été très importante dans l’évolution de l’Homme, quand l’Homme a
commencé à utiliser des outils pour faire des choses dont il n’était pas
capable simplement avec son corps. On peut penser aux outils pour faire le
feu, par exemple, une chose qui a été essentielle dans le développement de
l’Homme et de la civilisation. Des outils pour couper les aliments par
exemple, pour préparer la nourriture, etc. etc. Mais depuis quelques années,
depuis un peu moins d’un siècle, ces outils commencent à faire partie de
nous. Maintenant, ils sont presque intégré à notre corps. Par exemple
certains chercheurs disent que les téléphones portables sont devenus une
extension naturelle de notre corps. C’est vrai quand on y pense, on a
toujours notre téléphone portable sur nous; soit dans la main soit dans notre
poche. Donc c’est quasiment comme s’il faisait parti de nous. Pour le
transhumanisme, la technologie c’est une chose qu’on doit utiliser pour
améliorer notre corps. Pour eux, le processus naturel de l’Homme, c’est
d’intégrer cette technologie, de fusionner le corps avec les nouvelles
technologies, pour l’améliorer. Et l’objectif ultime, c’est de devenir immortel,
que le corps ne vieillisse plus et que l’Homme puisse vivre éternellement.
Pour certaines personnes, c’est une vision qui peut être très attirante, ça
peut nous faire rêver. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup de chercheurs et
de scientifiques qui alertent sur les risques d’une telle évolution. Ils voient le
transhumanisme comme une menace, comme quelque chose de très risqué
pour l’Homme et ils appellent à davantage de contrôle.
[00:11:01] Donc dans ce podcast, je vais vous présenter plus en détail
l’idéologie et la naissance de ce mouvement, son histoire. Puis je vous
parlerai des développements actuels pour savoir où nous en sommes
exactement avec le transhumanisme. Et dans la dernière partie, je vous
parlerai plutôt des questions éthiques, des problèmes moraux qui sont liés
aux transhumanisme. Comme ça, après ce podcast, vous pourrez vous faire
votre propre opinion, votre propre avis, pour savoir si le transhumanisme est
une opportunité pour l’Homme ou plutôt une menace. Sans plus attendre on
va commencer. C’est parti !
[00:12:00] Pour commencer, comme je vous l’ai dit, on va parler un peu plus
en détail de l’idéologie derrière le transhumanisme, et de son histoire. Le
transhumanisme, c’est un mouvement culturel et intellectuel international qui
est né dans les années 80 aux États-Unis. Il recommande l’usage des
sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques
et mentales des êtres humains. Il considère que certains aspects de la
condition humaine comme le handicap, la souffrance, la maladie, le
vieillissement ou la mort sont inutiles et indésirables.
[00:12:53] Donc vous comprenez, ici il y a l’idée que l’Homme est mortel et
que cette mortalité est quelque chose que l’on peut maintenant dépasser
grâce aux technologies et aux innovations. Les transhumanistes pensent
que la mort, c’est une chose du passé et que maintenant l’Homme est
capable de devenir immortel en intégrant les technologies à son propre
corps. Ça peut vous sembler être de la science-fiction ce que je raconte,
mais il y a des entreprises et des chercheurs très sérieux avec beaucoup de
moyens qui travaillent sur ces questions. Le transhumanisme, ça n’est pas
simplement un fantasme de personnes fans de science-fiction, mais c’est
une chose qui est vraiment sérieuse et qui est en plein développement.
[00:13:59] Si on s’intéresse un peu aux origines philosophiques du
transhumanisme, sachez qu’elles remontent à la Renaissance. Ce progrès
de l’Homme, de l’humanité, c’est une notion qui était centrale au moment de
la Renaissance (donc aux XVe et XVIe siècles en Europe). Au moment de
la Renaissance, il y avait cette idée de sculpter notre propre statut, d’être la
meilleure version de nous-mêmes possible. Ça concernait la beauté
physique évidemment, il y avait les standards de l’antiquité grecque, donc
on s’inspirait beaucoup des statuts et de la représentation des corps à cette
époque, c’était très à la mode. Mais il y avait aussi la question de la
connaissance, autrement dit de notre intelligence. Il fallait être bien dans son
corps mais aussi bien dans sa tête. Il y avait un peu ce fantasme d’accumuler
un maximum de connaissances possibles. C’est vrai qu’à cette époque les
intellectuels étaient un peu moins spécialisés. On valorisait plutôt le fait
d’avoir une très très large connaissance générale, une très grande culture
générale (comme on dit en français). Donc ça c’était pour les origines
philosophiques du transhumanisme.
[00:15:43] Mais la vraie naissance du mouvement, je vous l’ai dit c’était dans
les années 80 et c’était à l’université de Californie. À ce moment-là, il y a
plusieurs chercheurs et des étudiants, des futurologues (donc des
scientifiques qui s’intéressent au progrès et au futur) qui se sont réunis et
qui ont décidé de former ce mouvement, ce mouvement du transhumanisme.
Il y avait différentes disciplines qui était réunies, des disciplines scientifiques
mais aussi d’autres qui concernaient plutôt les sciences humaines. Donc pas
simplement les mathématiques, la physique et l’informatique mais il y avait
aussi une dimension plus philosophique sur le progrès humain. Qu’est-ce
que ça signifie pour l’Homme de progresser, d’évoluer ? Et surtout, quels
sont les différents scénarios possibles de l’évolution humaine ?
[00:16:56] Le transhumanisme, c’est une classe de philosophie qui a pour
but de guider vers une condition poste humaine. Le transhumanisme partage
de nombreuses valeurs avec l’humanisme. L’humanisme, je l’ai déjà dit,
c’est ce mouvement qui est né plus tôt à la Renaissance. Les valeurs qu’ils
partagent ensemble, que ces deux philosophies partagent ensemble, ce
sont le respect de la raison et de la science, un attachement très fort au
progrès et une grande considération pour l’existence humaine dans cette
vie. On considère l’existence humaine comme une chose centrale, c’est ça
qui est le plus important pour les humanistes et pour les transhumanistes,
l’existence humaine.
[00:18:00] Je vous l’ai dit, c’est aussi un mouvement qui est lié à l’intelligence
artificielle. Et, à ce sujet, il y a une hypothèse très intéressante qui s’appelle
l’hypothèse de la singularité technologique. La singularité technologique,
c’est un moment dans le futur où l’intelligence artificielle va dépasser
l’intelligence humaine. Autrement dit, l’intelligence artificielle sera devenue
tellement puissante et tellement autonome, que le rythme de ses évolutions
va dépasser celui des évolutions humaines. Ça, ça a donné lieu a beaucoup
d’oeuvres de science-fiction. Il y a des personnes qui voient ça comme une
chose positive, comme une chance que nous allons avoir, et d’autres au
contraire qui pensent que c’est très dangereux, parce que d’une certaine
manière l’Homme va perdre le contrôle de sa création. C’est un peu comme
avec le mythe de Frankenstein, quand le scientifique perd le contrôle de sa
créature.
[00:19:29] Maintenant que vous connaissez un peu mieux les origines
philosophiques du transhumanisme et surtout ses valeurs, ses ambitions, on
va se demander où en est le transhumanisme actuellement. Est-ce que c’est
quelque chose de bizarre, est-ce que c’est un fantasme qui n’existe pas
encore, ou bien est-ce qu’il fait déjà partie de notre vie ?
[00:20:02] On peut considérer que les pacemakers, les prothèses, les
vaccins sont déjà des formes de transhumanisme. On utilise la technologie,
on l’intègre à notre corps, pour lutter contre la maladie, contre les problèmes
de santé et pour survivre, pour pouvoir vivre plus longtemps. Donc d’un côté,
toutes ces innovations médicales ce sont des formes de transhumanisme,
en tout cas d’après les transhumanistes, c’est un peu comme ça qu’ils les
perçoivent. Mais ils pensent que tout ça, c’est seulement le début et que
bientôt ça va devenir de plus en plus courant d’intégrer la technologie à notre
corps.
[00:20:58] Pour les personnes handicapées, évidemment c’est quelque
chose de très intéressant car grâce aux prothèses, par exemple, elles
peuvent dépasser leur handicap et vivre normalement. Il y a des innovations
maintenant qui peuvent être directement reliées au cerveau et des
personnes handicapées peuvent contrôler, par exemple une main artificielle,
directement avec leur cerveau.
[00:21:33] Il y a un autre exemple qui est passionnant à mon avis, c’est celui
d’un artiste qui s’appelle Neil Harbisson et qui est né avec un daltonisme
absolu. Le daltonisme, vous savez, c’est cette maladie qui fait que l’on est
incapable de voir les couleurs. Tout ce qu’on voit, c’est en noir et blanc, un
peu comme dans les vieux films. Donc cet artiste est né avec ce problème,
il n’a jamais vu de couleur de sa vie. Mais depuis quelques années, il a relié
une petite caméra installée sur sa tête, directement à son cerveau. Cette
caméra, elle détecte les couleurs et elle les associe à des notes de musique
dans sa tête. Autrement dit, quand Neil Harbisson voit un arbre, par exemple,
et la couleur verte, eh bien la caméra associe cette couleur à une note de
musique et lui grâce à ça, il est capable de voir les couleurs. Évidemment, il
a dû apprendre les noms pour savoir à quelle note de musique correspond
quelle couleur, mais grâce à cette technologie, grâce à cette innovation, il a
d’une certaine manière à dépassé son handicap.
[00:23:07] Je vous ai dit qu’il y a des entreprises très importantes qui
s’intéressent à ce sujet, et l’une d’entre elles c’est Google. Il faut savoir que
Google est très engagée sur le sujet du transhumanisme. Il y a quelques
années, ils ont créé une deuxième entreprise qui s’appelle Calico, plus
précisément en 2013. Calico, ça veut dire California Life Company, et le but
de cette entreprise c’est de tuer la mort, de lutter contre le vieillissement du
corps humain. Ils ont un site internet, vous pouvez aller le visiter vous allez
voir très clairement leurs ambitions. Mais malheureusement, il n’y a pas de
description précise de leurs activités et ils ne partagent pas non plus
vraiment les résultats de leurs recherches. Donc c’est assez obscur et on ne
sait pas exactement ce qu’ils font.
[00:24:21] On arrive à la troisième et dernière partie de ce podcast dans
laquelle on va parler des questions éthiques et des menaces que présente
le transhumanisme. Donc je vous ai dit que Google menait ses propres
recherches sur le sujet et on peut s’inquiéter car on ne sait pas exactement
ce qu’ils sont en train de faire. Plus généralement, dans la Silicon Valley en
Californie, il y a une certaine forme d’égocentrisme des chefs d’entreprise.
Généralement ce sont des personnes assez jeunes qui ont réussi à créer
des entreprises qui maintenant valent des milliards de dollars. Donc c’est un
peu normal pour ces personnes de penser qu’elles sont les maîtres du
monde. Mais c’est aussi dangereux. C’est dangereux parce que, quand on
a tellement d’ambition, on a l’impression d’être tout-puissant et de pouvoir
jouer à Dieu.
[00:25:32] Ce qui est surtout dangereux aussi, c’est la concentration du
pouvoir entre les mains de quelques individus.
[00:25:42] Vous savez sûrement que l’entreprise Apple gagne autant
d’argent que certains petits pays. Autrement dit, c’est une entreprise qui a
énormément de pouvoir et face à laquelle l’autorité des gouvernements est
de plus en plus faible. Comme ce sont ces entreprises, ces géants de
l’informatique, comme Apple ou Google qui innovent, qui font ces recherches
dans le transhumanisme, on peut penser qu’elles vont avoir le monopole de
la santé dans quelques années. Ça veut aussi dire que tout le monde n’aura
pas le même accès à ces technologies. Comme ce sont des entreprises
privées qui veulent créer des bénéfices, eh bien elles vont vendre ces
technologies à un certain prix et certaines personnes ne pourront sûrement
pas se les permettre. Dans le scénario le plus sombre, on peut imaginer qu’il
y aura un groupe de personnes très riches un petit groupe qui vivra très très
bien, qui peut-être sera immortel, et de l’autre côté un groupe avec le reste
de la population qui n’aura pas accès à ces technologies et qui vivra dans
des conditions beaucoup plus difficiles. Autrement dit, ces recherches liées
au transhumanisme vont sûrement augmenter les inégalités.
[00:27:24] À côté de ça, il y a aussi le risque pour l’environnement. Vous
savez que le rythme d’augmentation de la population mondiale ne cesse
d’accélérer, il y’a de plus en plus de gens sur la terre, et on va sûrement
avoir dans quelques années un problème de surpopulation. Donc si en plus
de ça, certaines personnes deviennent immortelles, évidemment ça va
aggraver encore ce problème.
[00:27:57] La dernière menace dont je voulais vous parler, c’est celle qui
concerne l’intelligence artificielle. En 2015, il y a un groupe de chercheurs
dont Stuart Russell, qui ont publié une lettre pour avertir, pour mettre en
garde contre les dangers de l’intelligence artificielle. Ce collectif de
chercheurs pense que l’intelligence artificielle est aussi dangereuse que la
bombe atomique. C’est en danger aussi important que l’arme nucléaire, que
la bombe atomique. Autrement dit, c’est une technologie qu’on ne maîtrise
pas complètement et dont on va sûrement perdre le contrôle à un moment.
[00:28:59] Ok, c’est la fin de ce podcast. Comme d’habitude j’espère que ça
vous a plu, que ça vous a intéressé, que vous avez appris des choses
intéressantes (en français mais pas seulement). Et si vous voulez chercher
plus d’informations sur le transhumanisme, je vais partager quelques liens
d’émission française que vous pouvez regarder sur Internet qui à mon avis
sont vraiment passionnantes. Comme ça, ça vous permettra d’en apprendre
plus sur le sujet et aussi de regarder des vidéos en français.
[00:29:41] C’est tout pour aujourd’hui, si vous aimez ce podcast je vous invite
à laisser une évaluation sur iTunes, ou sur l’application de podcast que vous
utilisez, comme ça moi ça m’aide à avoir plus de visibilité et à pouvoir aider
de plus en plus de gens à apprendre le français. Merci pour votre attention
et on se retrouve la semaine prochaine. À bientôt !
28 Pourquoi aimons-nous avoir peur ?
Salut à tous, c’est l’épisode 28. Aujourd’hui, on va parler d’un sentiment bien
particulier : la peur.
[00:00:19] Je suis très content de vous accueillir pour ce 28ème épisode. Si
c’est la première fois que vous m’écoutez, sachez que je m’appelle Hugo et
que je fais ce podcast pour vous aider à apprendre le français. C’est pour ça
que je parle un peu plus lentement et clairement que les Français que vous
entendez d’habitude. Moi aussi j’apprends des langues étrangères, en
particulier le polonais, et je sais qu’au début c’est vraiment difficile de trouver
des choses intéressantes à écouter. Dans les méthodes traditionnelles, on
trouve souvent des histoires ennuyeuses parce que les professeurs qui
écrivent ces livres pensent que le plus important, c’est la grammaire ! Au
contraire, moi je pense que le plus important, c’est le contenu. Si le contenu
vous intéresse, alors vous aurez envie de continuer d’apprendre, vous
resterez motivés !
[00:01:25] Et justement, la semaine dernière j’ai reçu un message d’une
auditrice, autrement dit d’une dame qui écoute le podcast. Laissez-moi vous
lire ce qu’elle a écrit :
[00:01:40] “Salut Hugo,
Merci beaucoup pour tes merveilleux podcasts ! Je les adore ! Je m’appelle
Lynne, je suis anglaise et j’habite en Angleterre. J’ai appris le français quand
j’étais à l’école…….il y a 35ans ! Toutefois, j’aime beaucoup la langue
française et, au cours des années, j’avais l’occasion de la parler de temps
en temps……pas assez, malheureusement, et il est très facile d’oublier les
mots et les phrases. Aussi, il est très difficile pour moi de comprendre le
français quand les personnes le parlent à une vitesse normale.
Et puis……. j’ai trouvé tes podcasts ! Tu parles lentement et clairement pour
me permettre de comprendre et s’il y a des mots ou phrases difficiles, tu les
expliques. En plus, les sujets dont tu parles sont très intéressants et
amusants !
Ça m’a donné envie de rejoindre un groupe français de conversation afin
d’utiliser la langue et pas seulement de l’écouter.”
[00:02:54] Merci Lynne pour ton message. Si j’ai décidé de vous le lire, c’est
parce que ça me fait très plaisir de recevoir ce genre d’email. Donc n’hésitez
pas à m’écrire vous aussi si vous voulez me faire plaisir ! En plus, je pense
que c’est un très bon exercice. Quand on essaye d’écrire, on se pose plein
de questions sur la façon de dire ceci ou cela, donc ça nous oblige à chercher
du vocabulaire et de nouvelles structures.
[00:03:31] Ce qui me plaît aussi dans l’email de Lynne, c’est qu’elle utilise
beaucoup de connecteurs logiques. Les connecteurs logiques, ce sont des
mots qu’on utilise pour structurer un texte, pour en montrer la logique et la
progression. Les Français pensent qu’ils sont très rationnels.
Personnellement, je ne sais pas si c’est vrai mais en tout cas c’est ce que
nous croyons. Vous avez peut-être entendu parler d’un des pères du
rationalisme moderne, René Descartes, et si oui vous savez sûrement qu’il
était français. Bref, tout ça pour dire qu’en français la structure d’un texte est
très importante, elle est essentielle. Donc pour la rendre plus visible, pour
montrer comment les arguments s’enchaînent, on utilise ces mots qu’on
appelle des connecteurs logiques. Par exemple, dans le mail de Lynne il y
avait : toutefois, et puis, aussi, en plus, etc. Grâce à ces mots, le texte est
beaucoup plus clair ; on comprend bien les idées de Lynne et sa logique.
[00:04:57] À l’oral, on n’utilise pas vraiment de connecteurs logiques, sauf si
on fait un discours ou une présentation. Donc si un jour vous passez un
examen de français, n’oubliez pas d’utiliser des connecteurs logiques. Ça
fera plaisir aux examinateurs et ça vous fera gagner des points ! Mais n’en
abusez pas non plus, utilisez-les raisonnablement !
[00:05:29] Mais finalement, le plus important dans cet email, c’est la
motivation de Lynne. Vous avez entendu, ça fait 35 ans qu’elle a appris le
français ! Je sais qu’il y a beaucoup de personnes dans son cas, dans sa
situation. Peut-être que vous aussi, vous avez appris le français il y a
longtemps et que vous l’avez un peu oublié. C’est dommage ! Quand on a
fait l’effort d’apprendre une langue, il faut essayer de l’utiliser pour la
maintenir, sinon on a perdu notre temps ! Et c’est vrai que l’utilisation passive
n’est pas suffisante. C’est très bien de lire des romans ou de regarder des
films en français, mais il faut aussi utiliser la langue pour communiquer ! Je
sais que ça n’est pas toujours facile à faire, surtout si on ne vit pas dans un
pays francophone. Mais c’est possible ! Comme Lynne, vous pouvez
rejoindre un cours de conversation. Dans toutes les grandes villes il existe
des écoles de français avec ce genre de cours. Le problème, c’est qu’il y a
parfois trop de personnes dans le groupe donc on n’a pas beaucoup de
temps pour s’exprimer. Et puis on risque aussi de répéter les erreurs des
autres si le professeur ne les corrige pas. Personnellement, je pense que les
cours individuels sont une méthode beaucoup plus efficace. Vous pouvez
facilement trouver un prof sur des sites comme italki par exemple. Ou vous
pouvez aussi m’envoyer un email, car moi aussi je donne des cours de
conversation et de coaching via Skype. Quoi qu’il en soit, je vous encourage
vraiment à trouver quelqu’un avec qui vous vous sentez à l’aide et avec qui
vous pourrez parler français régulièrement.
[00:07:42] Il y a deux jours, c’était Halloween. Je sais que la prononciation
française est un peu bizarre, mais j’espère que vous comprenez de quoi il
s’agit… Halloween, c’est cette fête qui a lieu le 31 octobre et où on se
déguise, où on porte des costumes de monstres ou de personnages
célèbres. Les enfants en profitent aussi pour aller demander des bonbons
aux voisins.
[00:08:13] Bon, en France, Halloween n’est pas une fête très populaire. Les
magasins ont essayé de l’importer dans les années 90 pour vendre plus de
produits, mais les Français n’y participent pas vraiment. Bien sûr il y a
quelques personnes qui organisent des fêtes costumées, mais largement
moins que dans les pays anglophones. Je le sais car quand je vivais à
Londres en Angleterre, j’ai vu à quel point c’est une fête importante.
[00:08:50] Ce que je trouve intéressant avec Halloween, c’est cette
célébration de personnages effrayants et sa dimension morbide. L’adjectif «
morbide » signifie quelque chose de malsain, autrement dit de mal, de
négatif. Pour Halloween, les gens veulent avoir peur. Ils veulent voir des
monstres, des mauvaises actions, du sang, etc. Comme dans les films
d’horreur. Halloween, c’est comme un film d’horreur grandeur nature avec
nos amis et nos voisins.
[00:09:32] Personnellement, je déteste les films d’horreur ! Mais j’avais envie
de comprendre pourquoi tellement de personnes sont fascinées par ça.
Pourquoi aimons-nous avoir peur et voir des choses morbides ? Pour trouver
la réponse, j’ai décidé de faire quelques recherches et de vous préparer un
podcast. J’espère que ça va vous plaire. Et rassurez-vous, ça ne devrait pas
vous faire peur… Sauf peut-être certaines histoires…
[00:10:08] Mais je ne vous en dis pas plus. Allez, c’est parti !
[00:10:18] Notre fascination pour les choses effrayantes, les choses qui font
peur, commence très tôt.
[00:10:26] Pendant l’enfance, nos parents nous lisent parfois des histoires
fantastiques avec des princesses, des chevaliers, des dragons, des
aventures. Ces histoires s’appellent en français des contes de fées. Je me
rappelle bien d’un de ces contes, un conte qui s’appelle Barbe Bleue. C’est
l’histoire d’un homme très riche qui a une barbe bleue et qui vit dans un
château. Il s’est marié avec plusieurs femmes, mais elles ont toutes
disparues. Il en cherche donc une nouvelle, mais à cause de la couleur de
sa barbe, il ne trouve personne. Oui, il faut savoir qu’à cette époque les gens
n’étaient peut-être pas aussi ouverts d’esprit que maintenant. Donc avoir une
barbe bleue, c’était un vrai handicap ! Bref, il finit par trouver une femme qui
accepte de se marier avec lui. Elle s’installe dans son château. Un jour,
Barbe Bleue part en voyage et il laisse les clés du château à sa femme. Ces
clés ouvrent toutes les portes du château, mais il y a une pièce qu’il lui interdit
de visiter. Évidemment, dès qu’il part sa femme décide d’aller dans la pièce
interdite. Là, elle découvre les cadavres des précédentes femmes de Barbe
Bleue. Un cadavre, c’est le corps d’une personne morte. Là vous imaginez
facilement sa réaction : elle panique un peu… Barbe Bleue rentre au château
et il découvre que sa femme est allée dans la pièce interdite donc il décide
de la tuer. Heureusement, les deux frères de cette femme arrivent pour la
sauver et ils tuent Barbe Bleue. La femme hérite de sa fortune, et tout est
bien qui finit bien (comme on dit en français).
[00:12:40] Ça vous dit quelque chose ? Est-ce que vous avez déjà entendu
cette histoire ? Elle n’a rien d’extraordinaire. Mais c’est un peu choquant
qu’on la raconte aux enfants, non ? Il y a ce personnage de Barbe Bleue qui
est un vrai serial killer ! À mon avis, ça n’est pas le genre d’histoire qu’on
devrait lire aux enfants… Mais on le fait peut-être seulement en France. En
France, on considère que les enfants sont de petits adultes et qu’on ne doit
rien leur cacher. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, et surtout je me
demande comment ça se passe dans les autres pays.
[00:13:26] Bref, vous voyez que dès l’enfance, on est exposé à la peur à
travers des histoires ou des dessins animés. Les enfants sont d’ailleurs très
curieux, ils se posent beaucoup de questions sur ce sujet. Ils veulent
comprendre ce qu’est la mort.
[00:13:46] Ces questions sont évidemment toujours présentes quand on
grandit. On continue de chercher des réponses à ce qu’on a vu ou entendu
pendant l’enfance. Quelques années plus tard, à l’adolescence, on regarde
nos premiers films d’horreur avec des amis, soit à la maison soit au cinéma.
Vous savez que les adolescents adorent les films d’horreur, c’est un genre
très populaire parmi eux. En regardant des personnes se faire tuer dans un
film, ils peuvent démystifier la mort, lui enlever son côté mystérieux et
inconnu. Quand vous voyez des dizaines de personnes mourir dans un film,
forcément ça semble un peu moins dramatique. On peut quasiment
s’habituer à l’idée de la mort.
[00:14:47] On peut aussi considérer ces films d’horreur comme un rite de
passage, autrement dit une épreuve pour devenir adulte. Avant, il existait
beaucoup de ces rites. On testait le courage des jeunes pour voir s’ils étaient
capables d’être enfin des adultes. Le service militaire par exemple, quand
les jeunes passent du temps dans l’armée, c’est aussi un rite de passage.
Maintenant, il y a de moins en moins d’épreuves comme ça. Mais avec les
films d’horreur, les adolescents combattent leur peur, ils quittent l’enfance et
passent à l’âge adulte.
[00:15:40] Si on veut comprendre pourquoi la peur nous fascine tellement, il
faut bien sûr observer notre cerveau. Vous savez le cerveau, c’est cet
organe qui est à l’intérieur de notre tête et qui contrôle tout : notre corps, nos
émotions, etc.
[00:16:00] Donc c’est aussi lui qui nous pousse à nous confronter à des
choses qui nous font peur. Certaines personnes ne peuvent pas s’empêcher
d’avoir peur. Ah, ça c’est une expression intéressante : ne pas s’empêcher
de. Quand vous dites « je ne peux pas m’empêcher de penser à mon ex »
par exemple, ça signifie que c’est plus fort que vous : vous êtes obsédé par
votre ex et que vous pensez à elle ou lui tout le temps ! C’est pareil avec les
films d’horreur : il y a des gens qui détestent ça mais qui ne peuvent pas
s’empêcher d’en regarder.
[00:16:47] Pour comprendre ce qui se passe dans notre cerveau quand nous
voyons une scène morbide, des psychologues américains ont créé une
expérience. Ils ont choisi des volontaires, et ils leur ont infligé une petite
douleur. Ils les ont légèrement brûlé pour leur faire un peu mal. Ça peut vous
sembler cruel, mais c’est pour la science ! Évidemment, les volontaires
étaient d’accord, les psychologues ne les ont pas forcé.
[00:17:23] Pendant qu’ils faisaient ça, ils ont utilisé un scanner pour voir ce
qui se passait dans leur cerveau. Et ils ont remarqué deux choses. La
première, c’est que les zones du cerveau liées à la sensation douloureuse
étaient activées. Là vous me direz que c’est plutôt normal. Mais la deuxième
chose, plus intéressante, c’est qu’une autre zone, une zone liée au plaisir,
était elle aussi activée ! Autrement dit, la douleur procurait une forme de
plaisir. En fait, les chercheurs considèrent que le plaisir et la douleur
fonctionnent ensemble et qu’il n’est pas possible de les séparer. Finalement,
quand nous voyons ou lisons quelque chose de morbide ou d’effrayant, nous
ressentons un sentiment ambigu… D’un côté nous partageons la douleur
que l’on voit, et de l’autre nous éprouvons aussi du plaisir.
[00:18:39] Ces explications des neurosciences nous aident à mieux
comprendre pourquoi nous sommes fascinés par la peur et le morbide. En
fait, quand nous regardons un film d’horreur, nous vivons par procuration.
Par procuration, ça signifie à travers quelqu’un d’autre. Les personnages du
film vivent des évènements horribles et traumatisants, mais nous, nous
sommes assis confortablement derrière l’écran, en sécurité. Leur malheur
n’est pas le nôtre.
[00:19:17] C’est un peu le même phénomène quand nous voyons un
accident de voiture sur la route. En général, on essaye de ne pas regarder.
Mais souvent, on ne peut pas s’empêcher de le faire. Cet accident nous
rappelle la chance que nous avons de ne pas être à la place des victimes.
Nous sommes à l’abri de cet accident-là, et c’est rassurant… En fin de
compte, la curiosité morbide permet de ressentir une émotion, la peur, sans
prendre de risque. Dans ce genre de situations, nous savons que notre vie
à nous n’est pas en jeu.
[00:20:04] Il y a un auteur américain qui a écrit un livre sur ce sujet. Il
s’appelle Eric Wilson. Dans son livre, Wilson souligne que « notre attirance
pour le morbide est d’une certaine manière un désir d’expérimenter la
souffrance de quelqu’un d’autre », le désir d’avoir de l’empathie, de ressentir.
Selon l’auteur, notre « compulsion » envers les évènements sinistres
pourrait nous aider à contrôler nos peurs et à comprendre ce qui est
essentiel à nos vies et ce qui ne l’est pas. Encore une fois, il s’agit du besoin
de comprendre l’un des mystères les plus profonds de l’existence : la mort.
[00:20:59] Ce qui est aussi intéressant, c’est que nous n’avons pas tous peur
des mêmes choses. Et de la même façon, nous ne sommes pas tous attirés
par les mêmes peurs. Notre attirance dépend de nos angoisses
personnelles. Certains sont attirés par les histoires paranormales parce
qu’ils ont peur de ce genre de phénomènes. D’autres préfèrent les films sur
les serial killers parce qu’ils sont fascinés par ces personnages et leur
psychologie. Il y a aussi des personnes qui aiment les sports extrêmes car
elles risquent leur vie et elles aiment l’adrénaline que ça leur donne.
[00:21:45] Vous savez qu’en France, il y a eu des attaques terroristes en
2015 et 2016 qui ont fait beaucoup de victimes. Des attentats terribles. Mais
le plus bizarre, c’est que les médias les ont décrits avec beaucoup de
précision. Ils expliquaient comment tout s’était passé, minute par minute,
dans le détail : les armes des terroristes, les cris des victimes… Comme s’il
s’agissait d’un film, d’un spectacle. On peut se demander s’il était vraiment
nécessaire de connaître tous ces détails. Pour le public, oui. Le sociologue
Luc Boltanski explique que voir la fragilité de l’existence nous donne le
sentiment d’être encore en vie. On imagine qu’on aurait pu être à la place
des victimes, au mauvais endroit au mauvais moment. Alors imaginer ce
scénario est une façon de confronter nos peurs.
[00:23:02] Il y a une autre dimension dont je voudrais parler pour finir : la
dimension sociale. Vous savez que nous vivons dans des sociétés de moins
en moins violentes. Globalement il y a moins de crimes, moins d’agressions,
dans beaucoup de pays la peine de mort (autrement dit la possibilité
d’exécuter un criminel) a été interdite.
[00:23:26] Mais ça n’empêche pas que nous ayons en nous des pulsions
violentes. Les progrès de la civilisation n’ont pas pu les faire complètement
disparaître.
[00:23:40] Alors, nous avons besoin de pouvoir les exprimer d’une façon ou
d’une autre. Dans l’antiquité grecque par exemple, il y avait les tragédies.
Les citoyens grecs allaient voir une tragédie comme Antigone ou Œdipe pour
obtenir leur dose de violence et de malheur. C’est ce que le philosophe
Aristote appelait la catharsis : une pièce de théâtre pour se libérer de nos
passions et de nos pulsions.
[00:24:16] Maintenant, nous avons plein d’autres manières de le faire. Il y a
les films d’horreur, dont j’ai déjà beaucoup parlé, mais aussi les faits divers.
Un fait divers, c’est un événement peu important mais qui est rapporté dans
le journal parce qu’il est très choquant. En général, ce sont des meurtres très
violents. Quand on y pense, on peut se demander à quoi ça sert de publier
ce genre d’histoire. Il y a sûrement des informations plus importantes. Mais
en réalité, le fait divers nous permet de partager nos peurs avec d’autres,
parce qu’on parle de ces histoires à nos amis ou nos collègues de travail.
Comme ça, nous ne restons pas seuls face à l’angoisse, nous la partageons
collectivement.
[00:25:13] C’est un peu la même chose avec les tueurs en série. En ce
moment je regarde une série sur Netflix qui s’appelle Mindhunter. Elle se
passe dans les années 70, au moment où le FBI commence à s’intéresser
aux serial killers et à essayer de les comprendre. Le public adore ce genre
de série parce que nous sommes fascinés par ces personnages. Pour les
adultes, les tueurs en série sont plus intéressants que les vampires ou les
autres
monstres.
Pourquoi
?
Eh
bien
parce
qu’ils sont une source de danger pour la communauté. Et cette peur renforce
la communauté justement. Elle lui donne une identité commune, nous nous
disons que nous ne sommes pas comme lui. Le tueur en série est « l’anormal
» et cela nous rassure sur notre propre « normalité ». Mais ses crimes sont
aussi parfois le reflet de ce qui ne va pas dans notre société, de nos vices
les plus secrets.
[00:26:37] Nous arrivons à la fin de cet épisode. Un grand merci de m’avoir
écouté. J’espère qu’il vous a plu et que vous n’allez pas faire de cauchemars
ce soir !
[00:26:51] Si vous n’avez pas tout compris, je vous rappelle que la
transcription est disponible sur mon site internet innerfrench.com Il suffit de
vous inscrire, et vous pourrez lire la transcription gratuitement.
[00:27:08] Pour finir, si vous aimez ce podcast et si vous trouvez qu’il est
utile, laissez une évaluation sur iTunes ou sur l’application que vous utilisez.
Ça me donnera plus de visibilité et ça pourra aider d’autres personnes à me
trouver. Si vous avez des critiques ou des suggestions, vous pouvez aussi
m’envoyer un email ! Ça m’aidera à l’améliorer.
[00:27:37] N’oubliez pas de faire un peu de français chaque jour et on se
retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode. Bye bye !
29 L’obsession du temps
Bienvenue dans ce 29ème épisode. Aujourd’hui, on va parler du temps.
[00:00:14] Salut à tous, j’espère que vous allez bien. Comme vous pouvez
peut-être l’entendre, moi je suis un peu malade. Vous vous demandez peutêtre comment je suis tombé malade. Eh bien le weekend dernier, je suis allé
à Poznań. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une ville qui est située
dans l’ouest de la Pologne. Il y a un peu plus de 500 000 habitants, et surtout
j’ai un ami français qui y habite depuis quelque mois. Donc j’ai décidé d’aller
le voir et de passer le weekend avec lui. Il faisait très beau alors on a décidé
de se déplacer en vélo. Malheureusement, j’avais oublié mon écharpe. Une
écharpe, c’est un accessoire qu’on porte autour du cou pour ne pas avoir
froid, surtout l’hiver. En faisant du vélo le soir sans écharpe avec une
température de 5 degrés, vous pouvez imaginer le résultat : je suis tombé
malade. Le nom pour ce genre de petite maladie qu’on attrape l’hiver, c’est
le rhume. Quand vous attrapez froid, que vous avez mal à la gorge et le nez
qui coule, alors vous avez un rhume (comme moi aujourd’hui !).
[00:01:42] Heureusement, je n’ai pas de fièvre, donc je peux travailler et
donner mes cours comme d’habitude. Mais je suis quand même content que
la semaine se termine, je vais pouvoir me reposer un peu ce weekend, me
soigner. D’ailleurs, si vous voulez être poli avec quelqu’un qui est malade,
vous pouvez lui dire « soigne-toi bien » (avec le verbe « se soigner ») ou «
bon rétablissement » (qui vient du verbe « se rétablir »). Mais ne lui dîtes
pas « bonne santé ». « Bonne santé », c’est une expression qu’on utilise au
début d’une nouvelle année, on souhaite une bonne santé à notre famille, à
nos amis, à nos collègues. On espère que tout ira bien pour eux. Mais quand
quelqu’un est malade, on lui souhaite d’abord d’aller mieux, de se soigner,
donc on lui dit « bon rétablissement ».
[00:02:46] Vous voyez, je profite de mon rhume pour partager avec vous un
peu de vocabulaire. Il y a toujours de bonnes occasions d’apprendre quelque
chose de nouveau en français !
[00:02:59] Mais sans plus attendre, on va commencer à parler de notre sujet
du jour.
[00:03:06] Pendant les cours de langue, on demande souvent aux élèves ce
qu’ils ont fait le weekend ou la semaine d’avant. Si vous avez déjà pris un
cours de français, on vous a sûrement posé cette question. Moi aussi, je la
pose régulièrement à mes élèves. Je sais que ça n’est pas vraiment une
question passionnante. Mais c’est un bon moyen de lancer la conversation.
Et puis, on doit souvent y répondre dans la vraie vie. En plus, on peut en
profiter pour utiliser les temps du passé. Vous savez qu’en français, il y a
trois temps principaux pour parler au passé : le passé composé, l’imparfait
et le plus-que-parfait. Souvent, les élèves ont du mal à savoir quel temps
utiliser dans quel contexte. Avec ce genre de question sur nos activités du
weekend, on peut s’entraîner, pratiquer.
[00:04:09] Mais parfois, certaines personnes ne savent pas quoi répondre.
Pas parce qu’elles ont des problèmes de conjugaison, mais parce qu’elles
n’ont rien fait de spécial pendant le weekend. Pourtant, elles ne veulent pas
le dire. Elles ont peur de répondre qu’elles n’ont rien fait parce que ça peut
donner l’impression qu’elles ne veulent pas discuter. Et surtout, elles
pensent qu’on va avoir une mauvaise image d’elles. Elles pensent qu’on va
se dire qu’elles ne font rien d’intéressant, qu’elles n’ont rien à raconter.
[00:04:44] Moi non plus, je n’aime pas trop cette question. Elle nous oblige
à parler de notre weekend comme si c’était un film, une aventure. Par
exemple : « le weekend dernier je suis allé à une exposition magnifique avec
des amis, ensuite on a mangé dans un restaurant délicieux et puis on a fait
la fête toute la nuit en buvant du champagne. » Malheureusement notre
weekend est souvent moins cool que ça, et on a honte de dire qu’on a
seulement regardé des séries sur Netflix et mangé des pizzas.
[00:05:26] La question que je me pose, c’est pourquoi y a-t-il une telle
pression ? Pourquoi faut-il utiliser chaque minute de notre temps comme si
c’était la dernière ?
[00:05:40] Pour essayer d’y répondre, nous allons d’abord analyser cette
tendance, voir d’où elle vient. Ensuite, nous verrons comment sortir de
l’urgence, et pour finir je vous donnerai quelques conseils pour mieux profiter
de votre temps.
[00:05:57] Ok vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:06:08] Il est 8h du matin, votre réveil sonne. Vous restez au lit. 5 minutes
plus tard, il sonne encore une fois. Maintenant, vous devez vous lever. Vous
avez 10 minutes pour prendre une douche, 10 autres pour le petit-déjeuner.
Mais vous avez déjà perdu 5 minutes en restant au lit, alors vous n’avez pas
le temps de manger. Vous vous dépêchez de vous habiller et de vous
préparer. Vous regardez votre montre : il est 8h et demie ! Vous sortez de
chez vous en courant car vous avez peur de rater le bus. Heureusement, il
est en retard, comme vous ! Mais sur la route, il y a des embouteillages.
Finalement, vous arrivez au travail avec 15 minutes de retard. Pas le temps
pour un café car la réunion a déjà commencé. Vous frappez à la porte et
vous vous excusez pour votre retard. Votre chef n’a pas l’air d’apprécier…
La journée va être longue…
[00:07:15] Voilà un exemple d’une matinée typique. Plutôt stressant, non ?
On voit que chaque minute compte, et que le moindre retard peut avoir des
conséquences pour le reste de la journée (ou même de votre carrière !).
[00:07:33] On a parfois l’impression d’être victime du temps, d’être harcelé
par le temps. Il faut toujours contrôler l’heure, vérifier qu’on n’est pas en
retard. Et si un événement imprévu arrive, on doit changer tous nos plans.
[00:07:51] Plus on vieillit, plus ce stress est présent. C’est normal, car on a
de plus en plus de responsabilités. Il y a le travail, bien sûr, mais aussi toutes
les choses à faire à la maison et les activités des enfants (si on en a). Quand
la pression devient trop grande, on a envie d’arrêter le temps, de faire une
pause, juste pour quelques heures. Mais c’est impossible car le reste du
monde continue de tourner, et nous, nous sommes en retard !
[00:08:28] Souvent, on a l’impression d’être plus occupé que les générations
précédentes, d’avoir plus de travail ou de choses à faire. Même si la vie était
moins confortable avant, on se dit qu’elle était plus simple. Pourtant, c’est
faux. Par exemple en France, le temps libre des Français a augmenté de 47
minutes par jour entre 1986 et 2010. Maintenant, les Français ont plus de 8h
par jour de temps libre. Sur la même période, le temps consacré au travail
ou aux études a diminué de 25 minutes. Alors pourquoi a-t-on toujours
l’impression de ne pas avoir assez de temps ?
[00:09:21] Quand on regarde le passé, on voit que la situation n’a pas
toujours été stressante. Les premières horloges ne sont apparues qu’au
XIVème siècle. Vous savez une horloge, c’est un objet qui donne l’heure. On
en trouve souvent sur les églises ou dans d’autres lieux publics, pour que
toute la ville ait la même heure. Avant ça, il était impossible de savoir
précisément quelle heure il était. Alors on se donnait rendez-vous tôt le
matin, au lever du jour, ou au coucher du soleil, c’est-à-dire à la fin de la
journée. La plupart des gens n’avaient pas besoin de mesures plus précises.
Il n’y avait pas de métro à prendre ni de séances de cinéma !
[00:10:16] Mais plus tard, avec la révolution industrielle, il a fallu commencer
à indiquer le temps plus précisément. Les premiers trains ont fait leur
apparition, ce qui a obligé les grandes villes à synchroniser leurs horloges.
[00:10:35] Mais c’est surtout dans le monde du travail que la mesure du
temps est devenue de plus en plus nécessaire. Jusqu’à la révolution
industrielle, l’activité économique principale était l’agriculture. Donc la
production dépendait des saisons et pas vraiment des heures ni des
minutes. Mais ensuite, les premières usines sont arrivées, ces lieux dans
lesquels on produit des objets en grande quantité. Pour être plus efficace,
on a divisé la production en plusieurs tâches très simples. Depuis, chaque
ouvrier a une tâche bien précise à réaliser. À force de répéter les mêmes
gestes toute la journée, il améliore sa technique et produit de plus en plus
vite. Malheureusement, ça n’est pas un travail très intéressant. Mais grâce
à cette division du travail, l’usine peut fabriquer davantage d’objets. Et
surtout, le directeur peut mesurer l’efficacité de chaque travailleur. Il peut
savoir quelle quantité le travailleur produit en un temps donné, en une
journée par exemple. C’est ce qu’on appelle la productivité. Cet indicateur
devient essentiel dans les usines. Quand un travailleur n’est pas assez
productif, on le renvoie et on en prend un autre qui est plus rapide.
[00:12:15] De nos jours, on mesure la productivité de presque toutes les
professions. Pas seulement dans les usines, mais dans toutes les
entreprises. On essaye de trouver des méthodes complexes grâce à
l’informatique. Si vous travaillez avec un ordinateur, c’est très facile d’évaluer
ce que vous faîtes dessus. Certains directeurs d’école voudraient même
mesurer la productivité des professeurs ! Personnellement, je ne pense pas
que ce soit une bonne idée. Si on veut évaluer un professeur, il faut mesurer
la qualité de ses cours plutôt que la quantité. Mais on préfère toujours
mesurer la quantité parce que c’est plus simple.
[00:13:05] Vous vous demandez peut-être pourquoi les entreprises sont
tellement obsédées par la productivité ? Eh bien tout simplement parce que
si elles payent un employé et qu’il ne produit pas assez, s’il n’est pas assez
productif, elles perdent de l’argent !
[00:13:24] Évidemment, le temps de tous les employés n’a pas la même
valeur : celui du directeur est beaucoup plus précieux que celui de son
assistant. Si on fait attendre le directeur parce qu’on est en retard, il y a de
grandes chances qu’on va avoir des problèmes. Mais si c’est lui qui arrive
avec 2 heures de retard, on ne pourra rien lui dire ! On justifie cette différence
en disant que le directeur est beaucoup plus productif, il fait gagner plus
d’argent à l’entreprise (et il lui coûte aussi plus cher).
[00:14:06] En 1930, un économiste britannique très célèbre, John Maynard
Keynes, avait écrit que dans 100 ans, autrement dit en 2030, nous
travaillerions seulement 15 heures par semaine. Il pensait que grâce au
progrès technique et à l’enrichissement des pays, nous n’aurions plus besoin
de travailler autant. Pour le moment, ça semble peu probable. Nous sommes
déjà en 2017 et dans les pays développés, les gens travaillent en moyenne
40 heures par semaine. En France, officiellement c’est un peu moins, car la
durée légale du travail est de 35 heures. Mais même en France, on a plutôt
tendance à aller dans le sens inverse ; beaucoup de politiciens et
d’entreprises veulent un retour aux 40 heures. Donc il est difficile de croire
la prédiction de Keynes. La productivité va continuer à nous obséder, on va
devoir travailler beaucoup et efficacement.
[00:15:26] On a vu dans la première partie que le temps est devenu une
obsession, en partie à cause du concept de productivité que les entreprises
ont inventé. Mais le pire, c’est que maintenant la productivité ne se limite
plus au travail. On l’utilise aussi dans notre vie privée. On parle par exemple
de « weekend productif » quand on a réussi à faire toutes les choses qu’on
avait prévues, comme faire les courses, faire du sport, voir une exposition
avec ses amis, etc. Comme si on devait mesurer chaque moment de notre
vie et ce qu’il nous a rapporté.
[00:16:12] Les gens se font aussi des to-do lists (oui, en français on utilise le
terme anglais). Au départ, c’est une pratique qu’on trouvait plutôt dans les
entreprises. Chaque employé avait une liste de tâches à réaliser. Mais
maintenant, on retrouve ces longues listes de choses à faire dans notre vie
privée : payer les factures, faire le ménage, emmener son costume au
pressing, s’inscrire à la salle de sport, etc. Il y a tellement de choses qu’on
est obligé d’écrire une liste pour ne rien oublier.
[00:16:54] Et quand on n’arrive pas à tout faire, on culpabilise. Culpabiliser,
c’est un verbe qui signifie « se sentir coupable », comme quand on a fait
quelque chose de mal. Par exemple, si un enfant vole des bonbons dans un
magasin, après il va peut-être le regretter, il va culpabiliser. Avec les to-do
lists, c’est la même chose. Si on ne réussit pas à remplir toutes nos tâches,
on a un sentiment d’échec. On se dit qu’on est paresseux, et on pense à
toutes les choses dont on n’a pas eu le temps de s’occuper.
[00:17:36] L’autre grand problème, c’est qu’on a souvent l’impression que
toutes ces tâches sont urgentes. On veut tout faire tout de suite. Par
exemple, quand on reçoit un email ou un SMS, on essaye d’y répondre le
plus vite possible, surtout au travail. On pense que les gens attendent une
réponse immédiate de nous. Et grâce aux nouvelles technologies, nous
avons les moyens de le faire.
[00:18:04] Avant, tout était plus lent. Pour envoyer une lettre, il fallait d’abord
bien réfléchir à ce qu’on voulait dire, l’écrire proprement sur une feuille de
papier, acheter une enveloppe et des timbres, puis poster la lettre. On savait
qu’on ne recevrait pas de réponse le jour-même. Généralement, il fallait
attendre au moins une semaine, voire plus.
[00:18:33] Grâce aux emails, on n’a plus besoin d’attendre. On peut envoyer
un email à l’autre bout du monde en quelques secondes et obtenir une
réponse tout de suite après. Au début, on pensait qu’on allait gagner
beaucoup de temps. Sauf que maintenant, au lieu de recevoir une ou deux
lettres par jour, on reçoit 50 emails. Dès que quelqu’un a une chose à dire,
il envoie un email, sans se demander si cette chose est importante ou non.
On envoie des emails simplement pour dire « oui », « non » ou « ok ». Le
problème, c’est qu’on ne prend plus le temps de réfléchir, de penser à ce
qu’on veut dire. Dès que quelque chose nous passe par la tête, on l’envoie.
Vous n’avez jamais regretté d’avoir envoyé un SMS trop vite, sans réfléchir
? En français, on dit que « la nuit porte conseil ». C’est une très belle
expression pour dire qu’il faut parfois attendre un peu avant de prendre une
décision. Mais avec les nouveaux moyens de communication, tout le monde
a oublié cette expression. On ne prend plus le temps de réfléchir car le
temps, c’est de l’argent !
[00:19:56] Alors comment faire pour sortir de cette logique ? Comment
arrêter de culpabiliser pour toutes ces choses qu’on n’a pas le temps de faire
?
[00:20:07] Le secret, c’est de distinguer les choses urgentes et les choses
importantes. Notre cerveau est programmé pour réagir aux urgences. C’est
pour ça que nous sommes tellement accros, que nous avons cette addiction,
aux emails, aux SMS et aux notifications sur notre smartphone. Quand on
reçoit une alerte, on réagit immédiatement, presque comme un réflexe. On
ne prend pas le temps de se demander si cette chose est importante ou non,
on y répond directement. Vous savez au travail, la plupart des emails sont
considérés comme urgents. Dans l’objet, tout le monde écrit « URGENT »
en majuscules. Il faut respecter les dates limites, les délais. Comme si la
survie du monde dépendait d’une facture ou d’une présentation Powerpoint.
[00:21:09] En réalité, toutes ces choses ne sont souvent pas très
importantes. Leur valeur ajoutée est relativement faible. Elles nous donnent
juste l’impression d’être occupé. Paradoxalement, on a tendance à ne jamais
faire celles qui au contraire sont vraiment importantes pour nous. Par
exemple, on veut commencer à faire du sport car on sent que ça sera
bénéfique pour notre santé, pour être en forme. Mais on ne le met pas dans
notre agenda parce qu’on pense qu’on n’a pas le temps pour ça. On attend
en se disant qu’on trouvera peut-être un moment pour le faire plus tard,
toujours plus tard. C’est dommage, non ? Mais notre cerveau fonctionne
comme ça.
[00:22:02] Alors comment faire pour changer cette habitude ?
[00:22:06] D’abord, il faut supprimer l’urgence. Par exemple, n’allez pas sur
votre boite mails dès que vous recevez un nouvel email. Choisissez un
moment pour répondre aux emails, et ignorez-les le reste du temps. C’est la
même chose avec Facebook par exemple. Désactivez les notifications.
Comme ça, vous ne serez pas tentés d’aller sur le site à chaque fois qu’il y
a quelque chose de nouveau. Accordez-vous un seul moment dans la
journée pour le faire.
[00:22:41] En général, il vaut mieux éviter de faire plusieurs choses en même
temps. Concentrez-vous sur une activité, et faite-la jusqu’au bout. Après,
vous pouvez passer à autre chose. Notre cerveau n’aime pas cette méthode,
car elle nous oblige à faire plus d’efforts, à vraiment nous concentrer. Il
préfère les distractions car elles demandent moins d’énergie. Mais vous
verrez que si vous vous focalisez sur une seule chose à la fois, vous serez
plus efficaces.
[00:23:18] Une fois que vous vous êtes débarrassés des urgences, vous
devez identifier les choses qui sont vraiment importantes pour vous. En
général, elles concernent plutôt le moyen ou le long terme. Si vous voulez
courir un marathon ou apprendre à jouer du piano, vous n’allez pas pouvoir
le faire en une semaine. Ça va vous demander du temps et de
l’entraînement.
[00:23:44] Ce sont des choses qui correspondent à vos valeurs et à vos
objectifs personnels. Pas ceux de vos amis ni de vos collègues, mais les
vôtres, vos aspirations. Ce rêve que vous avez depuis que vous êtes enfant,
ou cette bonne résolution que vous prenez chaque année par exemple.
[00:24:07] Ces choses peuvent sembler intimidantes voire impossibles.
Souvent, on se décourage avant même de les commencer. Mais ce sont
celles qui valent le plus la peine, celles auxquelles on devrait vraiment
consacrer notre vie. Alors choisissez-en une, bloquez du temps dans votre
agenda à y consacrer, et commencez-la aujourd’hui. Pas demain ni le mois
prochain, mais aujourd’hui.
[00:24:41] Si vous vous concentrez sur ce qui est important pour vous au
lieu de ce qui est urgent pour les autres, je vous garantis que vous vous
sentirez mieux.
[00:24:58] Après tout ça, il me reste encore un conseil très important à vous
donner : ne faites rien. Ça peut sembler un peu bizarre, mais il faut savoir
sortir complètement de cette logique de productivité. Prévoir des moments,
un après-midi de weekend par exemple, pendant lesquels on ne fait rien de
particulier.
[00:25:25] Ça permet de nous détendre, évidemment, mais aussi de
développer notre imagination et notre créativité. Les artistes et écrivains
insistent souvent sur l’importance de l’ennui dans leur travail. Ils en ont
besoin pour avoir de nouvelles idées, pour trouver l’inspiration. Il y a une
expression française qui dit « prendre du recul » et qui signifie prendre de la
distance pour mieux comprendre, mieux analyser quelque chose. Quand
nous vivons dans l’urgence, nous ne pouvons pas prendre de recul. C’est
pour ça qu’il est important de s’ennuyer.
[00:26:11] Mais il existe aussi une autre raison. C’est le Neuropsychologue
Francis Eustache qui va vous en parler.
[00:26:19] Professeur Francis Eustache : « On se tourne vers nos pensées,
on se tourne vers des informations récentes auxquelles on a été confronté,
et en fait notre cerveau va permettre de faire en quelque sorte une sorte de
synthèse entre ces informations nouvelles ou relativement nouvelles et des
informations plus anciennes. Donc c’est un des temps indispensables à la
création de notre autobiographie. Si on n’a pas ces moments, eh bien notre
autobiographie il va lui manquer des pages en quelque sorte. Et surtout, il
va lui manquer une cohérence d’ensemble. »
[00:26:49] Vous voyez, il explique que notre cerveau a besoin de ces
moments pour lier les nouvelles informations et les anciennes. Autrement
dit, pour prendre du recul par rapport à notre vie et mieux la comprendre.
Pour « écrire notre autobiographie ».
[00:27:18] Voilà, c’est déjà l’heure de finir ce podcast, merci de m’avoir
écouté jusqu’au bout. J’espère ne pas vous avoir fait perdre votre temps ! La
conclusion, c’est qu’il faut essayer de sortir de la logique de productivité et
de l’urgence pour se consacrer aux choses qui sont vraiment importantes
pour nous. Et surtout, ne pas oublier de s’ennuyer de temps en temps. La
liberté de ne rien faire devient un luxe, mais c’est une nécessité qu’il ne faut
pas négliger.
[00:27:58] Comme d’habitude, je vous rappelle que la transcription du
podcast est disponible sur le site innerfrench.com et que vous pouvez aussi
trouver plein de choses intéressantes sur la page Facebook.
[00:28:13] Si vous appréciez ce podcast et que vous voulez m’aider à le faire
connaître à d’autres personnes, vous pouvez laisser une évaluation sur
iTunes. Ça sera très gentil !
[00:28:26] On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau podcast,
et en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours !
[00:28:35] À bientôt, bye bye !
30 Apprendre le français grâce à la musique
Bienvenue pour l’épisode 30, un épisode musical !
[00:00:12] Salut à tous et bienvenue dans ce 30ème épisode d’innerFrench.
Eh oui, déjà 30 épisodes ! J’avais publié le 1er à la fin du mois d’avril donc
ça fait plus de 6 mois. Le temps passe vraiment vite !
[00:00:33] Désolé pour ma voix, vous pouvez entendre que je suis encore
un peu malade. Mais ça n’est pas grave car c’est toujours un plaisir pour moi
de préparer des choses pour vous. Je vous imagine dans la voiture ou dans
le métro, aux Etats-Unis ou en Chine, en train d’écouter ce podcast, et ça
me fait bizarre ! Ça me fait bizarre de penser que des personnes du monde
entier écoutent ma voix. Bon, on ne peut pas dire que je sois une rock star,
mais je vois dans mes statistiques qu’il y a des auditeurs dans 100 pays
différents. 100 pays ! Vous imaginez ? Il y en a même certains dont je ne
connaissais pas le nom avant… C’est vrai que je ne suis pas très bon en
géographie ; mais quand même, 100 pays, ça n’est pas rien !
[00:01:34] Je vois aussi que certains d’entre vous ont laissé des évaluations
sur iTunes et sur Facebook. Merci beaucoup à vous, merci pour vos
encouragements. C’est le genre de choses qui me prouvent que ce que je
fais est utile. Ça me pousse à continuer car vous savez que ma mission,
c’est d’aider un maximum de personnes à apprendre le français. Parce que
c’est une langue magnifique mais aussi parce qu’elle donne accès à un
monde fantastique : celui de la culture francophone. Le cinéma, la
philosophie, la littérature, la musique… Justement aujourd’hui, on va parler
de musique.
[00:02:23] Comme c’est le 30ème épisode, j’ai décidé de faire quelque chose
d’un peu spécial. Nous allons écouter et analyser ensemble un morceau de
musique. « Un morceau », c’est un mot qui veut dire « une partie de quelque
chose ». Ça peut avoir différentes significations en fonction du contexte. Par
exemple, les Français demandent souvent un « morceau de pain » quand ils
sont à table. Si vous êtes à un dîner avec des Français et que vous êtes à
côté de la baguette, quelqu’un vous demandera sûrement un morceau de
pain.
[00:03:06] Mais moi, c’est de musique que je veux vous parler. Donc vous
avez deviné qu’un « morceau de musique » signifie « une partie d’un album
», « une chanson ». Le mot « chanson » est assez démodé donc maintenant
on dit plutôt «un morceau » ou «un titre ».
[00:03:28] Mais avant de vous dire quel morceau j’ai choisi, je profite de ce
podcast pour faire une petite annonce. J’ai créé une playlist dédiée à la
musique française sur ma chaîne Youtube. Alors je vous invite à aller y jeter
un œil, vous ferez sûrement des découvertes intéressantes.
[00:03:53] En fait, quand je demande à mes élèves s’ils connaissent des
artistes français, ils me parlent toujours d’Edith Piaf, de Dalida ou de Serge
Gainsbourg. Je trouve ça un peu bizarre, surtout quand c’est un élève qui a
20 ans. C’est comme si les Français avaient arrêté de faire de la musique
dans les années 80. Pourtant maintenant, il y a plein de groupes très
talentueux. Vous connaissez sûrement les Daft Punk, et peut-être Phoenix
ou Air. Mais savez-vous qu’ils sont Français ? Bon, ça n’est pas très utile
pour vous car ils chantent en anglais. C’est vrai que dans les années 90 et
au début des années 2000, beaucoup de groupes français préféraient
chanter en anglais, c’était plus cool. Mais maintenant, le français redevient
populaire, même parmi les groupes de rock. C’est pour ça que j’ai décidé de
créer cette playlist sur Youtube, pour vous faire découvrir tous ces nouveaux
artistes très talentueux.
[00:05:09] Je pense qu’écouter de la musique est un très bon moyen
d’améliorer son français. Il y a 5 raisons pour ça.
[00:05:18] La 1ère, c’est l’exposition à la langue et la répétition. Souvent, les
personnes qui apprennent une langue ne veulent pas y consacrer beaucoup
de temps. C’est vrai que nous sommes tous très occupés. Ou alors, nous
faisons tout pour être occupés. Par exemple moi, quand je dois faire mes
exercices de grammaire de polonais, je trouve toujours d’autres choses plus
urgentes comme nettoyer mon bureau ou me préparer un sandwich. Mais
avec la musique, c’est différent. Quand on trouve un morceau qu’on aime,
on a envie de l’écouter toute la journée, en boucle. Écouter quelque chose
« en boucle », ça signifie plusieurs fois, de manière répétée.
[00:06:13] Justement, la répétition est essentielle quand on apprend une
langue. Et avec la musique, c’est plus facile. Par exemple, si vous n’arrivez
pas à vous rappeler du mot « rien », écoutez la chanson « Je ne regrette
rien » d’Edith Piaf et je vous garantis que vous ne l’oublierez plus jamais !
[00:06:49] La musique est aussi utile pour nous aider à identifier et séparer
les mots. Je sais que c’est un grand problème avec le français. On ne peut
pas séparer, différencier, les différents mots d’une phrase. On a même
parfois l’impression qu’une phrase est un seul et même mot. Mais il y a une
expérience scientifique de 2007 qui a montré que quand on écoute de la
musique, ça devient plus facile d’identifier les mots séparément grâce au
contexte.
[00:07:28] La 3ème raison est plus évidente, c’est le vocabulaire. Si vous
écoutez des artistes francophones, vous allez forcément entendre des mots
que vous ne connaissez pas. Évidemment, ça demande un peu de travail
car il faut chercher les paroles de la chanson. Mais avec Google, rien de plus
facile ! Écrivez juste le titre de la chanson + le mot « paroles » et vous les
trouverez immédiatement. Ensuite, il suffit d’écouter le morceau plusieurs
fois pour vous en souvenir !
[00:08:09] Ça nous amène à la 4ème raison : la prononciation. Eh oui,
comme avec les podcasts, vous pouvez utiliser les morceaux que vous
aimez pour répéter certains mots. Bien sûr, ça dépend aussi de l’artiste ou
du groupe. Parfois c’est difficile de comprendre ce qu’ils chantent, même
pour les Français. Mais ça vous habituera au moins à la façon dont les
Français coupent certains mots quand ils parlent, comme le « ne » de la
négation. Il y a par exemple un morceau qui s’appelle « Jmy attendais pas
», c’est un morceau de la chanteuse Cléa Vincent. Vous savez ce que ça
veut dire « Jmy attendais pas » ? Ça vient du verbe « s’attendre à » qui veut
dire « prévoir ». La forme correcte ici devrait être « je ne m’y attendais pas
». Mais à l’oral, on coupe le « ne » et on fait une élision du « je ». Donc ça
donne « Jmy attendais pas » au lieu de « je ne m’y attendais pas ». Facile,
non ?
[00:09:27] Enfin la dernière raison, la raison numéro 5, c’est le plaisir. Vous
savez que je recommande toujours de faire des choses qu’on aime pour
apprendre une langue. Si vous avez écouté le tout premier podcast, vous
savez aussi que c’est une idée que j’ai empruntée au célèbre professeur et
linguiste américain Stephen Krashen. Quand on fait des choses qui nous
plaisent, les émotions positives nous aident à apprendre plus facilement.
Nous sommes dans un meilleur état d’esprit. À mon avis la musique est l’outil
idéal pour ça.
[00:10:11] Bien sûr, écouter de la musique ne vous permettra pas de parler
français couramment. Ça serait trop facile sinon ! Mais c’est une bonne
chose à ajouter à votre apprentissage, un bon complément.
[00:10:26] J’espère vous avoir convaincu ! Et maintenant, on va passer au
morceau que j’ai choisi pour vous.
[00:10:34] C’est un morceau du groupe La femme qui s’appelle « Où va le
monde ». Le groupe La femme est assez jeune puisqu’ils ont commencé leur
carrière en 2010. Depuis, ils ont sorti deux albums, un premier en 2013 qui
s’appelle Psycho Tropical Berlin et un deuxième en 2016 qui s’appelle
Mystère. « Où va le monde » est justement un extrait de ce deuxième album.
Leur style est plutôt rock, les critiques disent que leur musique fait penser à
la cold wave du groupe britannique The Cure.
[00:11:19] J’ai choisi ce morceau parce que les paroles sont assez simples
et qu’il y a plein d’expressions intéressantes. Le titre de la chanson est
justement une expression qu’on utilise en français pour dire qu’on ne
comprend pas le monde où on vit. Par exemple, quand les personnes âgées
ne comprennent pas le comportement des jeunes, elles disent : « mais où
va le monde ? ». On imagine donc que c’est une chanson qui parle de doutes
et d’incompréhension.
[00:11:54] Je vous propose d’écouter le premier couplet, la première partie.
[00:12:12] Mais où va le monde ?
Pourquoi des fois je me demande si les filles et les garçons si cruels ?
Où sont mes vrais amis ?
Pourquoi je me méfie ?
Qu’a-t-on pu bien faire de tous ces sacrifices ?
Oui, personne n’est fidèle, mais pourtant la vie doit rester toujours belle
Et peu importe si l’Homme reste si cruel avec ceux qu’il aime
Il faut sans doute pardonner, mettre son égo de côté
Pourquoi tout le monde se ment et se trompe jusqu’à se traîner dans la
misère la plus totale ?
Donner ma confiance et mon cœur
Pourquoi ça me fait si peur ?
Est-ce bien normal ?
Non, c’n’est pas normal
[00:12:49] Vous entendez que dans le premier couplet, le chanteur parle de
ses doutes. Il se demande pourquoi nous, les êtres humains, sommes si
cruels. « Se demander », vous savez ça veut dire « se poser des questions
», à soi-même. D’ailleurs je vous rappelle qu’en français on ne peut pas «
demander une question », on peut demander quelque chose ou poser une
question, mais pas « demander une question ».
[00:13:23] Alors le chanteur se demande « qui sont ses vrais amis », il se «
méfie ». « Se méfier », c’est un verbe qui est le contraire de « faire confiance
». Quand on se méfie de quelqu’un, ça signifie qu’on ne lui fait pas confiance,
qu’on le trouve suspect ou dangereux.
[00:13:48] Ensuite, il y a une question dont la structure est intéressante,
quand le chanteur demande « Qu’a-t-on pu bien faire de tous ces sacrifices
? ». C’est le genre de structure qui est difficile à comprendre pour les
étrangers. Donc là, exceptionnellement, on va faire un peu de grammaire
pour que je vous l’explique. Dans « Qu’a-t-on », il y a 4 éléments : « que »,
qui est un pronom interrogatif, « a » qui est l’auxiliaire avoir, « on » qui est le
pronom associé à cet auxiliaire, et entre « a » et « on » il y a un « t » qu’on
appelle « t euphonique ». Ce « t » ne signifie rien, on l’utilise seulement pour
la phonétique. Attendez, je vais vous expliquer ça plus en détails.
[00:14:49] Vous savez que beaucoup de verbes courants comme « faire »,
« pouvoir », « vouloir », « dire », « partir » etc. se terminent par un « t » à la
3ème personne du singulier. Et quand on pose une question, on met le
pronom après le verbe. Ça donne par exemple « fait-il », « peut-elle », «
veut-il », « dit-elle », « part-il », etc. Les Français n’aiment pas quand il y a
un mot qui se termine par une voyelle et le suivant qui commence aussi par
une voyelle. C’est ce qu’on appelle un « hiatus ». Grâce au « t » euphonique,
il n’y a pas de hiatus car il se place entre les deux voyelles. Comme dans
notre exemple, le chanteur dit « qu’a-t-on » au lieu de « qu’a-on ». Mais
attention, n’ajoutez pas de « t » euphonique partout ! On le met seulement à
la 3ème personne du singulier pour les verbes qui se terminent par un « e »
ou un « a », donc surtout les verbes du 1er groupe et l’auxiliaire « avoir »,
comme dans la question « Y a-t-il » par exemple, « Y a-t-il un docteur dans
la salle ? ». Bref, quand vous voyez un « t » qui est tout seul entre deux mots
ne paniquez pas, c’est juste un « t » euphonique.
[00:16:25] Après ça, le chanteur déclare que « Personne n’est fidèle ». Là
aussi, c’est une structure qui pose parfois problème aux étrangers à cause
de la double négation. Vous savez qu’en français, la négation se fait avec
deux mots : « ne » et « pas ». Mais on peut exprimer différentes négations
en utilisant un autre mot à la place de « pas » comme « jamais », « rien », «
plus », « personne ». Mais attention, quand vous remplacez « pas » par un
autre mot, vous ne pouvez pas répéter « pas ». Sinon, c’est une double
négation. Par exemple ici, vous ne pouvez pas dire « Personne n’est pas
fidèle ». Il faut dire « Personne n’est fidèle ». C’est une erreur que j’entends
souvent avec mes étudiants donc faites-y attention !
[00:17:27] Il y a encore deux expressions utiles dans ce couplet. D’abord,
l’expression « peu importe », quand le chanteur dit « Et peu importe si
l’Homme reste si cruel avec ceux qu’il aime ». Vous la connaissez sûrement,
elle signifie que quelque chose n’a pas d’importance. Par exemple si
quelqu’un vous propose deux options et que vous n’avez pas de préférence,
vous pouvez répondre « peu importe ». C’est la version polie. La version
plus familière, c’est « je m’en fous » ou « j’m’en fous » quand on parle plus
vite. Mais attention, ça n’est pas très gentil de répondre ça à quelqu’un !
[00:18:10] La deuxième expression intéressante se trouve dans la phrase «
mettre son égo de côté ». « Mettre quelque chose de côté », ça signifie ne
pas s’en occuper, l’ignorer. Donc si vous mettez votre égo de côté, ça veut
dire que vous oubliez votre fierté, vous essayez de ne pas y penser. Par
exemple, si vous devez faire quelque chose de ridicule en public, il faut
mettre votre égo de côté. Mais il y a aussi un deuxième sens qui est «
économiser de l’argent ». Si une personne dit « je mets de côté pour mes
vacances », ça veut dire qu’elle économise de l’argent pour financer ses
vacances.
[00:19:01] Bref, dans ce premier couplet on comprend que le chanteur ne
fait plus confiance aux autres et qu’il a beaucoup de doutes. On peut
imaginer qu’il a vécu un événement personnel difficile, comme la fin d’une
relation amoureuse.
[00:19:20] Écoutons maintenant le refrain. Le refrain, c’est la partie qu’on
répète plusieurs fois dans une chanson.
[Refrain 1]
[00:19:27] Et moi
Je n’veux plus être là, bonne poire
Je n’veux plus gâcher ma vie avec des histoires
Qui finissent toujours en larmes ou en cauchemars
Je n’veux plus broyer du noir
[00:19:54] Là encore, il y a deux expressions idiomatiques intéressantes : «
être la bonne poire » et « broyer du noir ». La poire vous savez, c’est ce fruit
qu’on mange plutôt en hiver et qui est vert ou jaune. Mais « être une bonne
poire », ça signifie être une personne un peu naïve dont les autres profitent.
Par exemple si vous acceptez toujours de rendre service à un ami et qu’il ne
fait pas la même chose pour vous, on peut dire qu’il vous prend « pour une
bonne poire ».
[00:20:32] Ensuite l’expression « broyer du noir » veut simplement dire «
déprimer », « être très triste ».
[00:20:39] Donc le refrain confirme notre intuition : cette chanson parle d’une
histoire d’amour qui s’est mal terminée.
[00:20:49] Passons au deuxième couplet pour voir la suite.
[Couplet 2]
[00:20:58] Je n’ai plus d’estime pour moi
Je n’ai plus d’estime pour toi
Tant pis pour ça
Tant pis pour ça
Je continue mon chemin
Tu es déjà très, très loin
Très loin derrière moi
Très loin derrière moi
Oui, c’était une belle histoire
Pour finalement taire mon regard foudroyé, sans me retourner
Je pars comme je suis venu, encore plus déçu
Et le pire dans tout ça, c’est que je reste un inconnu pour toi
Par pitié, arrêtez de me planter des couteaux dans le dos
Ou mon corps va finir par devenir un filet de cicatrices
Qui ne retiendra en moi, que les mauvais côtés de toi
Désormais, je n’en peux plus
Je veux partir très, très loin
Je pleure et je renifle
C’est la larme de trop qui fait déborder mes yeux et m’a rendu malheureux
Mais où va le monde ?
Où va le monde ?
[00:21:54] Ici, le chanteur parle plus concrètement de ce qui s’est passé. Il
est question de trahison et de regret. Il utilise l’expression « planter des
couteaux dans le dos » qui veut justement dire « trahir », « tromper »
quelqu’un. On comprend que c’est un épisode vraiment douloureux pour lui.
Il parle des « cicatrices » qu’il en garde, comme après une opération.
Maintenant, il va seulement se souvenir des côtés négatifs de cette relation.
Il dit qu’il « n’en peut plus ». Quand on dit « je n’en peux plus », ça signifie
qu’on n’a plus la force de faire ou de tolérer quelque chose. Par exemple si
vous courez un marathon et qu’après 30 kilomètres vous êtes trop fatigués
pour continuer, vous pouvez dire : « je n’en peux plus ». Ou bien si votre
chef vous énerve et que vous détestez travailler avec lui, vous pouvez dire :
« je n’en peux plus de mon chef ». Ici, le chanteur n’en peut plus de la
situation dans laquelle il est, alors il veut partir très loin pour oublier.
[Couplet 3]
[00:23:19] Mais où va le monde ?
Pourquoi chaque fois que je veux bien faire les choses, virent toujours de
travers ?
Pourquoi les gens se mentent ?
Pourquoi les gens se trompent ?
Est-ce que toi aussi des fois tu te demandes pourquoi la vie est si
compliquée ?
Surtout quand deux personnes s’aiment et qu’ils semblent être bien
ensemble
Ça paraît si facile alors comment ça se fait qu’à chaque fois, ça finit en pleurs
Je n’en peux plus des histoires futiles
Je n’en peux plus de tous ces bourreaux et de toutes ces victimes
L’homme se contredit à longueur de journée
Il ne sait pas ce qu’il veut et c’est pour ça qu’on se fait du mal
Est-ce bien normal ?
Il y a des questions où je sais que je ne trouverai jamais la réponse
Il y a des choses auxquelles on ne peut rien faire
Il faut s’en doute s’en moquer et passer à travers
[Refrain 2]
Mais moi
Je ne serai plus la bonne poire
Je n’veux plus gâcher ma vie avec des histoires
Qui finissent toujours en drames ou en cauchemars
Je ne veux plus broyer du noir
[00:24:39] Dans cette dernière partie, le chanteur pose à nouveau des
questions plus générales sur les hommes et les femmes. Il se demande
pourquoi nous agissons comme ça, pourquoi nous ne disons pas la vérité et
pourquoi nous trahissons les autres. Il pense qu’il y a d’un côté les victimes,
et de l’autre les bourreaux, autrement dit les personnes qui font souffrir les
autres. Sa théorie, c’est que nous ne savons pas ce que nous voulons, nous
passons notre temps à nous contredire. D’après lui, c’est pour ça que les
gens se font du mal.
[00:25:21] Mais sa conclusion est un peu triste car il croit qu’on ne peut pas
changer cette situation, qu’on ne peut « rien y faire ». La seule solution, c’est
de « passer à travers », autrement dit de l’ignorer et de continuer. Sinon, on
risque de « gâcher sa vie », ça veut dire mal l’utiliser et la perdre. Comme
quelqu’un qui a un talent et qui n’essaye pas de le développer, on dit que
cette personne « gâche son talent ».
[00:26:02] On arrive à la fin de ce podcast. Merci de m’avoir écouté, merci
pour votre attention. Si vous trouvez que c’est une bonne idée d’analyser
des chansons ou s’il y a une chanson particulière que vous voulez me
conseiller, envoyez-moi un email. J’essayerai de faire d’autres épisodes
dans ce style.
[00:26:26] Je vous rappelle aussi que la transcription du podcast et les
paroles de cette chanson sont disponibles sur mon site innerfrench.com.
[00:26:37] Pour finir, je voulais vous dire que je ne publierai pas de nouvel
épisode la semaine prochaine. Je travaille sur un nouveau projet et
malheureusement je ne vais plus avoir le temps de publier chaque semaine.
Donc maintenant, il y aura un épisode toutes les deux semaines. J’espère
que vous ne m’en voudrez pas ! Si je vous manque, je vous invite à réécouter
les anciens épisodes.
[00:27:06] Donc on se retrouve dans deux semaines et d’ici-là, n’oubliez pas
de faire un peu de français tous les jours.
[00:27:15] À bientôt !
31 Le Petit Prince
Salut à tous ! Aujourd’hui je vous raconte l’histoire du Petit Prince.
[00:00:14] Bonjour et bienvenue pour ce nouvel épisode. Comment ça va ?
Je vous ai manqué ? Vous, vous m’avez manqué ! Deux semaines sans
podcast, c’est un peu long ! Mais vous savez que j’ai besoin de temps en ce
moment pour travailler sur mon nouveau projet. Je ne peux pas encore vous
dire de quoi il s’agit car c’est top secret. Si vous voulez savoir, il faut attendre
encore quelques semaines.
[00:00:44] Pour me faire pardonner, je vais vous raconter une histoire. Une
des histoires les plus célèbres de la littérature française, celle du Petit Prince.
[00:00:57] Mais d’abord, je vais vous dire quelques mots sur son auteur. Il
s’appelait Antoine de Saint-Exupéry. Il était pilote d’avion, journaliste et
écrivain. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’est exilé à New York pour
convaincre les Américains d’entrer en guerre. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a
publié le Petit Prince, en 1943. L’année suivante, en 1944, il a lui même
participé à des missions avec la résistance française. Malheureusement, il a
disparu avec son avion pendant l’une de ces missions. Mais on ne sait pas
exactement dans quelles circonstances il est mort. Grâce à son
engagement, son courage et ses succès littéraires, il est considéré comme
un grand héros en France.
[00:01:59] Le Petit Prince est un des plus grands succès de la littérature
mondiale. Je suis sûr que vous en avez déjà entendu parler. Il a été traduit
dans plus de 300 langues, donc vous l’avez peut-être lu dans votre langue
maternelle ! C’est d’ailleurs le 2ème livre le plus traduit dans le monde après
la Bible. C’est surprenant non ?
[00:02:28] Dans ce livre, il y a aussi de très belles illustrations qui ont été
dessinées par Antoine de Saint-Exupéry lui-même ! Ces illustrations sont
presque aussi célèbres que l’histoire. Vous les avez sûrement déjà vues
quelque part.
[00:02:47] Avec ces illustrations, Le Petit Prince a l’air d’être un conte pour
enfants, une histoire imaginaire. La langue utilisée est assez simple. Mais
en fait, ça n’est pas une histoire pour enfant, c’est un conte poétique et
philosophique pour adultes. Il y a une vraie dimension symbolique. Un peu
comme Candide de Voltaire par exemple. Et c’est ça qui est intéressant avec
ce livre, on peut le lire à différents âges de notre vie et le comprendre
différemment, de manière plus ou moins profonde.
[00:03:28] Dans ce livre, le narrateur, autrement dit celui qui raconte
l’histoire, est un aviateur, un pilote d’avion. Donc on imagine que c’est
l’auteur lui-même, Antoine de Saint-Exupéry. Et au début, il fait la
connaissance du Petit Prince. Ce petit garçon raconte les différentes
rencontres qu’il a faites pendant sa vie. On peut dire que chaque rencontre
est une leçon philosophique. Elle nous montre les défauts des « grandes
personnes », c’est-à-dire des adultes. Pour l’auteur, notre plus grand
problème, c’est que nous avons oublié qu’avant, nous étions des enfants. Et
avec le Petit Prince, il veut justement nous aider à retrouver l’enfant qui est
en nous. Il faut réapprendre à être curieux, à se poser des questions sur la
vie, et à l’apprécier davantage.
[00:04:34] Voilà, je pense que vous avez une petite idée du livre. Maintenant
je vais vous raconter son histoire. Je l’ai un peu simplifiée pour qu’elle soit
plus facile à comprendre et plus courte. Je vais parler comme si j’étais le
narrateur, ce pilote d’avion qui raconte l’histoire. Vous êtes prêts ? Alors
partons à la rencontre du Petit Prince !
***
[00:05:15] Quand j’étais petit, j’aimais dessiner. Mais les grandes personnes
ne comprenaient jamais mes dessins. Par exemple un jour, j’ai dessiné un
serpent en train de manger un éléphant. Quand j’ai montré ce dessin à des
adultes, ils m’ont dit qu’il ressemblait à un chapeau. Il fallait que je leur
explique que ce n’était pas un chapeau, que c’était un serpent qui avalait un
éléphant. J’ai fait un deuxième dessin pour leur montrer l’intérieur du
serpent, avec l’éléphant. Alors les grandes personnes m’ont conseillé
d’arrêter le dessin et de m’intéresser à des choses plus sérieuses comme
les mathématiques, l’histoire ou la géographie. J’ai donc abandonné ma
carrière de peintre à l’âge de 6 ans et j’ai appris à piloter des avions. J’ai
beaucoup vécu chez les grandes personnes, je les ai vues de très près. Ça
n’a pas trop amélioré mon opinion à propos d’elles.
[00:06:27] Quand j’en rencontrais une qui me semblait un peu lucide, je lui
montrais mon dessin de serpent pour la tester. Mais elle me répondait
toujours : « c’est un chapeau ». Alors, je ne lui parlais ni de serpents, ni de
forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à son niveau. Je lui parlais de
politique, de golf et de cravates.
[00:06:55] J’ai vécu ainsi seul, sans personne avec qui parler véritablement,
jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose
s’était cassé dans le moteur de mon avion. J’étais seul, très loin de toute
ville. Comme si j’étais perdu au milieu de l’océan. Mais le jour suivant, j’ai
été réveillé par une petite voix qui m’a dit :
[00:07:24] « – S’il vous plaît, dessine-moi un mouton !
– Hein ?!
– Dessine-moi un mouton… »
[00:07:32] En ouvrant les yeux, j’ai découvert un petit garçon. J’étais très
surpris car il n’avait pas l’air d’être perdu ni d’avoir faim. Il était là, au milieu
du désert, et il me regardait. Alors je lui ai dit :
« – Mais… qu’est-ce que tu fais là ?
[00:07:53] Et il a répété :
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton. »
[00:07:59] J’étais trop surpris pour refuser, alors je lui ai dessiné un mouton.
Mais le petit garçon n’était pas content de mes dessins. Il trouvait que le
premier avait l’air malade que l’autre était trop vieux… Finalement, j’ai
dessiné une boite et je lui ai dit que le mouton était à l’intérieur. Le petit
garçon a semblé très satisfait de ce dessin. Alors, il m’a demandé :
[00:08:31] « – Crois tu que ce mouton mange beaucoup d’herbe ?
– Pourquoi ?
– Parce que chez moi, c’est tout petit.
– Ça suffira sûrement, je t’ai donné un tout petit mouton.
– Pas si petit que ça ! »
[00:08:48] Et c’est comme ça que j’ai rencontré le petit prince.
[00:09:00] Les jours suivants, j’essayais d’en apprendre plus sur lui. Il me
posait beaucoup de questions, mais il ne répondait jamais aux miennes.
[00:09:11] Un jour, il m’a montré mon avion et il m’a demandé ce que c’était.
Je lui ai expliqué que c’était un avion, pour voler dans le ciel. Il m’a répondu
:
« – Ah, tu es tombé du ciel ! Toi aussi, tu viens d’une autre planète ? De
quelle planète viens-tu ? »
[00:09:32] J’étais très surpris alors je lui ai demandé de quelle planète il
venait. Mais il ne m’a pas répondu. Il m’a simplement répété que chez lui
c’était tout petit. J’ai compris que sa planète n’était pas plus grande qu’une
maison, et je pense que c’était l’astéroïde B-612.
[00:09:57] Le 3ème jour, le petit prince m’a raconté le drame des baobabs.
Il m’a expliqué qu’il fallait faire très attention à ces arbres. Car si on laisse
pousser les baobabs, ils deviennent énormes et prennent toute la place.
Comme il n’y avait pas beaucoup de place sur sa planète, le petit prince
devait arracher les baobabs avant qu’ils ne grandissent. C’était un travail
très ennuyeux, mais qu’il devait faire chaque jour pour préserver sa planète.
Il connaissait un homme paresseux dont la planète avait été complètement
recouverte par les baobabs parce qu’il n’avait pas fait son travail.
[00:10:45] Le lendemain, le 4ème jour, j’ai commencé à comprendre sa
mélancolie. Sur sa planète, le petit prince n’avait pas beaucoup de
distractions. Il m’a dit que quand il était triste, il aimait regarder les couchers
de soleil. Comme sa planète était toute petite, il pouvait changer de place
pour voir des couchers de soleil toute la journée. Un jour, il en avait vu 44.
Je me suis dit qu’il avait dû faire ça parce qu’il était très triste ce jour-là.
[00:11:22] Le 5ème jour, le petit prince m’a demandé si un mouton pouvait
manger toutes les fleurs, même celles qui ont des épines. J’étais en train de
réparer le moteur de mon avion et j’avais beaucoup de difficultés. Je n’avais
pas le temps pour ses questions. Alors je lui ai répondu que je devais
m’occuper de mon moteur, de choses sérieuses.
[00:11:49] « – De choses sérieuses ! m’a-t-il répondu. Tu parles comme les
grandes personnes. Tu confonds tout, tu mélanges tout ! »
[00:11:59] Alors il m’a expliqué que sur sa planète, il y avait une fleur unique,
magnifique, qu’il aimait plus que tout. Pour lui, c’était très important de savoir
si le mouton la mangerait. Et il a commencé à pleurer.
[00:12:18] J’ai arrêté de réparer mon moteur, car j’ai compris que c’est lui
qui avait raison : c’était ça, le plus important. Et je lui ai promis que le mouton
ne mangerait pas sa fleur.
[00:12:32] Ensuite, il m’a raconté l’histoire de sa fleur. Il ne savait pas d’où
venait la graine. Elle avait poussé et elle était complètement différente de
toutes les autres plantes. Elle était très belle, mais aussi très exigeante. Elle
lui demandait de faire beaucoup de choses pour elle, et parfois elle lui
mentait. Le petit prince était devenu triste à cause d’elle et de ses exigences.
[00:13:03] Alors un jour, il a décidé de partir, de quitter sa planète. Il a dit «
Adieu » à la fleur. Elle lui a dit qu’elle l’aimait, mais qu’il ne l’avait pas
comprise à cause de ses caprices.
[00:13:27] Le petit prince a commencé par visiter un autre astéroïde. Sur cet
astéroïde, il y avait seulement un roi, assis sur son trône. Il portait un long
manteau qui recouvrait toute la planète. Il était très content de voir le petit
prince arriver car comme ça, il avait enfin quelqu’un à qui donner des ordres.
Ce que le roi aimait le plus au monde, c’était d’utiliser son autorité. Il essayait
de toujours donner des ordres raisonnables. Comme ça, il était sûr que les
gens lui obéiraient. Il disait qu’un bon roi ne pouvait pas demander de choses
impossibles à son peuple, sinon le peuple commencerait une révolution. Le
petit prince voulait voir un coucher de soleil, mais le roi ne pouvait pas
l’ordonner. Comme il s’ennuyait sur cet astéroïde, le petit prince a fini par
repartir.
[00:14:33] Sur la planète suivante, se trouvait un homme vaniteux avec un
chapeau. Il voulait que le petit prince l’applaudisse, qu’il lui dise qu’il était le
plus beau, le plus riche et le plus intelligent de sa planète.
[00:14:50] « – Mais tu es le seul sur ta planète, dit le petit prince.
– Fais-moi ce plaisir, admire-moi quand même »
[00:15:00] Alors le petit prince a dit au vaniteux qu’il l’admirait, et il a quitté
sa planète en pensant que les grandes personnes étaient très bizarres.
[00:15:12] La 3ème planète était habitée par un alcoolique qui buvait. Il
buvait pour oublier qu’il avait honte.
[00:15:21] « – Mais de quoi as-tu honte ? a demandé le petit prince
– J’ai honte de boire, a répondu l’alcoolique. »
Cette visite a rendu le petit prince mélancolique alors il est à nouveau parti.
[00:15:37] Ensuite, il a rencontré un businessman sur la 4ème planète. Il
faisait des additions.
[00:15:44] « – Pourquoi fais-tu des additions ?
– Ne me dérange pas. J’ai beaucoup de travail. Je suis quelqu’un de sérieux,
moi. Je dois finir de compter.
– Mais qu’est-ce que tu comptes ?
– Je compte les étoiles.
– Pour quoi faire ?
– Pour les posséder ! Comme personne ne les possède, si je les compte et
que je déclare qu’elles sont à moi, alors elles seront à moi ! Il suffit d’écrire
leur nombre sur une feuille de papier, et de laisser cette feuille à la banque.
Ensuite, je serai le propriétaire de toutes les étoiles.
– Mais, pour quoi faire ? demanda à nouveau le petit prince.
– Eh bien, pour être riche ! Comme ça, si quelqu’un découvre de nouvelles
étoiles, je pourrai aussi les acheter.
– Mais, qu’est-ce que tu fais avec toutes ces étoiles ?
– Je les gère, je les compte et je les recompte. Je suis quelqu’un de sérieux,
moi.
– Moi, dit le petit prince, je possède une fleur dont je dois m’occuper, elle a
besoin de moi, je lui suis utile. Mais toi, tu n’es pas utile aux étoiles, elles
n’ont pas besoin de toi. »
[00:17:07] Le businessman n’a rien trouvé à répondre, alors le petit prince
s’en est allé.
« – Les grandes personnes sont vraiment très bizarres, » pensa-t-il à
nouveau. »
[00:17:19] La 5ème planète qu’il visita était la plus petite de toutes. Il y avait
seulement un homme qui devait allumer puis éteindre la lumière chaque
minute. Alors le petit prince lui a demandé pourquoi il faisait ça, et il a
répondu que c’était son travail. C’était très fatiguant, il n’avait pas le temps
de se reposer. Mais il n’avait pas le choix. Pour le petit prince, cet homme
était le seul qui n’était pas ridicule. Car contrairement aux autres, il ne
s’occupait pas seulement de lui même. Il se disait qu’ils pourraient devenir
amis. Mais sa planète était trop petite pour y vivre à deux, alors le petit prince
est reparti.
[00:18:09] Contrairement à la 5ème planète, la 6ème planète était énorme.
Son seul habitant était un vieux monsieur qui écrivait des livres. Il dit au petit
prince qu’il était géographe. Alors le petit prince s’est mis à lui poser des
questions.
[00:18:28] « – Combien il y a de montagnes sur votre planète ?
– Je ne sais pas.
– Combien y a-t-il d’océans et de rivières ?
– Je ne sais pas non plus.
– Mais vous êtes géographe !
– Oui, mais je n’ai pas d’explorateurs pour visiter ma planète. Sans
explorateur, c’est impossible de savoir. Moi j’écris des livres sérieux, alors je
n’ai pas le temps d’explorer.
– Et quelle planète me conseillez-vous de visiter ?
– La planète Terre. Elle a une bonne réputation. »
[00:19:16] Le petit prince a donc décidé d’aller visiter la Terre. Il est d’abord
arrivé en Afrique, dans le désert. Il n’y avait personne dans les alentours.
Après quelques jours d’exploration, il a fini par trouver une route qui l’a
conduit jusqu’à un jardin rempli de roses. En découvrant ce jardin, le petit
prince s’est senti très triste. Triste, car il pensait que la fleur sur sa planète
était unique. Apparemment, il s’était bien trompé puisque dans ce jardin se
trouvaient des milliers de roses identiques à la sienne. Cette découverte l’a
fait beaucoup pleuré, jusqu’à ce qu’il rencontre un renard, un très joli renard.
Ce dernier a demandé au petit prince de l’apprivoiser.
[00:20:09] « – Qu’est-ce que ça veut dire « apprivoiser » ? a-t-il demandé
– Ça veut dire créer des liens, a répondu le renard, devenir amis. Maintenant,
les hommes n’ont plus le temps de le faire. Ils achètent des choses déjà
fabriquées dans les magasins. Mais comme il n’y a pas de magasins pour
acheter des amis, alors ils n’en ont pas. Pour apprivoiser, il faut être très
patient. Maintenant, tu es juste un petit garçon comme les autres à mes
yeux. Mais ensuite, si tu m’apprivoises, tu deviendras quelqu’un de spécial,
d’unique. Comme toi avec ta rose. »
[00:20:56] Alors, chaque jour, le petit prince passait du temps avec le renard,
jusqu’à ce qu’il l’apprivoise. Mais le moment de partir est arrivé. Le renard a
demandé au petit prince d’aller revoir les roses dans le jardin, et il lui a promis
qu’après ça, il lui dirait un secret. Comme le petit prince voulait connaître le
secret du renard, il est allé dans le jardin. Il a regardé les roses, et il leur a
dit qu’elles ne représentaient rien pour lui, qu’elles n’étaient pas comme sa
rose. Sa rose était unique à cause du temps qu’ils avaient passé ensemble,
à cause du lien qu’ils avaient créé.
[00:21:40] Après ça, il est retourné voir le renard pour qu’il lui dise son secret.
[00:21:45] « – Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le
cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. C’est le temps que tu as perdu
pour ta rose qui rend ta rose importante. Les hommes ont oublié cette vérité.
Mais toi, tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de
ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose.
– Je suis responsable de ma rose… a répété le petit prince pour s’en
souvenir. »
[00:22:29] Nous en étions au 8ème jour de ma panne dans le désert, et
j’avais écouté toute l’histoire du petit prince. Maintenant, je n’avais plus
d’eau. Alors je lui ai dit :
[00:22:43] « – Ah, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai pas encore
réparé mon avion et je n’ai plus rien à boire. On va mourir de soif.
– Moi aussi, j’ai soif, m’a-t-il répondu »
[00:22:57] Alors, nous nous sommes mis à chercher de l’eau. Je savais qu’il
n’y avait pas beaucoup d’espoir. Mais le petit prince ne semblait pas avoir
peur. Pendant que la nuit tombait, il me parlait de la beauté du désert,
illuminé par les étoiles. Il me disait que ce qui faisait sa beauté, c’était l’eau
qu’il cachait quelque part.
[00:23:23] « – C’est vrai, je suis d’accord avec toi, ai-je répondu. Ce que
nous voyons n’est que la surface. Le plus important est invisible. »
[00:23:35] Comme il s’endormait, je l’ai pris dans mes bras pour le porter.
[00:23:39] Au lever du jour, nous avons enfin trouvé de l’eau. Nous avons
bu. Elle était délicieuse, pas seulement pour notre survie mais à cause de
toute l’aventure que nous avions vécue pour la trouver.
[00:23:56] « – Les hommes de chez toi, a dit le petit prince, cultivent cinq
mille roses dans un même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent,
alors que ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un
peu d’eau… Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur. »
[00:24:19] J’avais bien bu. Le désert était d’une couleur magnifique. Mais je
sentais que j’avais de la peine. Le petit prince m’a dit :
[00:24:30] « – Tu sais que ça sera bientôt l’anniversaire de mon arrivée sur
Terre.
– C’est pour ça que je t’ai rencontré ici il y a 8 jours. Tu comptes repartir ?
lui ai-je demandé. »
[00:24:44] Il ne m’a pas répondu, mais il a rougit. J’ai compris qu’il voulait
bientôt rentrer chez lui. Il m’a dit de retourner à mon avion pour le réparer et
de revenir le lendemain. Je n’étais pas rassuré. Je me souvenais du renard.
On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser…
[00:25:07] Quand je suis revenu, j’ai vu qu’il parlait à quelqu’un. Mais je ne
pouvais pas voir à qui, il semblait être seul. En m’approchant, j’ai découvert
qu’il y avait un serpent près de lui. J’ai voulu tirer sur le serpent pour protéger
le petit prince, mais le serpent s’est enfui.
[00:25:30] « – Pourquoi parlais-tu à ce serpent ?
– Je dois rentrer chez moi, a répondu le petit prince. Mais cette enveloppe,
mon corps, est trop lourde, je ne peux pas retourner sur ma planète avec.
Ce soir, ça fera un an que je suis arrivé ici, et mon étoile sera juste au-dessus
de nous. Je dois rentrer chez moi et m’occuper de ma rose.
– Mais je ne veux pas que tu partes, lui ai-je dit
– Ce qui est important ne se voit pas, m’a-t-il répondu. Après mon départ,
quand tu regarderas les étoiles, tu penseras à moi. Je ne te dis pas quelle
est mon étoile, comme ça, dès que tu verras une étoile, tu penseras que
c’est la mienne. »
[00:26:18] Le soir, pendant que je dormais, le petit prince est parti. Je me
suis réveillé et j’ai réussi à le rattraper. Il marchait vite, il avait l’air décidé. À
un moment, le serpent est apparu et a mordu le petit prince. Il n’a pas crié,
il est tombé doucement sur le sable. Mais au lever du jour, je ‘ai pas retrouvé
son corps.
[00:26:59] Et maintenant, ça fait 6 ans déjà… Je n’ai jamais encore raconté
cette histoire. Les amis qui m’ont revu ont été bien contents de me revoir
vivant. J’étais triste mais je leur disais : « c’est la fatigue ».
[00:27:17] Quand je regarde les étoiles, je pense au petit prince, à sa rose
et au mouton que je lui ai dessiné. Je me demande si le mouton a mangé sa
fleur.
[00:27:30] Vous aussi, quand vous regardez le ciel, demandez-vous : « le
mouton a-t-il oui ou non mangé la fleur ? » Et vous verrez comme tout
change…
[00:27:42] Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a
tellement d’importance !
*** Fin ***
[00:28:01] Ainsi se termine l’histoire du Petit Prince. J’espère que ça vous a
plu ! Si ça vous plaît et si vous voulez plus de littérature, plus d’histoires dans
ce podcast, écrivez-moi pour me le dire. Il y a plein d’autres histoires que je
pourrais adapter pour vous.
[00:28:21] Comme d’habitude, vous savez que vous pouvez trouver la
transcription sur mon site internet innerfrench.com. Je vous invite aussi à
vous abonner, à souscrire au podcast sur iTunes. Comme ça, vous aurez
tous les nouveaux épisodes automatiquement, c’est très pratique !
[00:28:45] Maintenant je vous laisse et on se retrouve dans deux semaines
pour
un
nouvel
épisode.
[00:28:52] À bientôt !
32 Le plus grand rockeur français est mort
Bienvenue dans l’épisode 32. Aujourd’hui je vous parle du plus grand
rockeur français.
[00:00:13] Salut, c’est Hugo ! Je suis très content de vous retrouver, ça fait
longtemps qu’on ne s’est pas parlé. Ça fait deux semaines. Heureusement,
certains d’entre vous m’ont envoyé des emails pendant ce temps-là. Manuel,
Axel, Harry, Kathryn, Michele… J’en profite pour vous saluer et pour vous
remercier. Comme je vous le répète souvent, je fais ce podcast, pour aider
un maximum de personnes à apprendre le français. Moi, j’ai une petite idée
de comment m’y prendre, comment le faire. Mais c’est encore mieux quand
vous m’écrivez pour me dire ce que vous aimez, ce qui vous plaît. C’est pour
ça que je suis toujours très content quand vous m’écrivez pour me le dire,
ça m’aide énormément. Par exemple, j’ai compris que vous avez beaucoup
apprécié l’épisode du Petit Prince. Pour moi c’était une surprise, parce que
je ne savais pas si cette histoire vous intéresserait. Je pensais que vous
voudriez m’entendre présenter des sujets concrets sur la psychologie ou
l’économie. Mais apparemment vous préférez les épisodes où je vous
raconte une histoire (celui sur le Horla de Maupassant est un des plus
populaires aussi). Maintenant que je sais ça, je vais faire plus d’épisodes
dans ce style.
[00:01:56] Avant de commencer, je vous rappelle que si ce podcast est un
peu difficile pour vous, il y a la transcription complète sur le site
innerfrench.com. Elle vous aidera à tout comprendre !
[00:02:13] Aujourd’hui, je vais encore vous raconter une histoire. Mais pas
une histoire imaginaire, celle de la plus grande rockstar française. Si vous
suivez l’actualité dans les médias français, vous avez sûrement entendu
parler de lui car il est mort la semaine dernière, le 6 décembre. Il s’appelait
Johnny Hallyday. Il est mort d’un cancer du poumon à l’âge de 74 ans, après
plus de 50 ans de carrière. 50 ans, vous vous rendez compte ?! C’est
énorme ! Pendant sa carrière, il a sorti plus de 1000 chansons et fait encore
plus de concerts. Quand on connaît la durée de vie des artistes actuels, qui
disparaissent après deux morceaux, on a du mal à imaginer ça. Johnny
Hallyday a eu une place tellement importante dans la culture française que
le Président de la République, Emmanuel Macron, a organisé une journée
d’hommage nationale en son honneur.
[00:03:29] Personnellement, je ne suis pas un grand fan de sa musique. Mais
je pense qu’il a eu une vie passionnante qui nous apprend beaucoup de
choses sur l’évolution récente de la France. C’est pour ça que j’ai décidé de
vous raconter son histoire. On écoutera aussi quelques-unes de ses
chansons, comme ça vous pourrez vous faire votre propre avis sur sa
musique.
[00:03:59] Vous êtes prêts ? Alors, on y va !
[00:04:12] Johnny Hallyday, ça ne sonne pas très français non ?
Évidemment, ça n’était pas son vrai nom. C’était son nom de scène, un nom
qu’il s’était choisi, son personnage. En réalité, l’homme dont nous allons
parler aujourd’hui s’appelait Jean-Philippe Smet. Il est né en 1943 à Paris,
pendant la Seconde Guerre Mondiale. À cette époque, en France, c’est le
début du baby boom, une période où le nombre des naissances explose ;
autrement dit les Français font plein de bébés ! Si vous vous rappelez de
vos cours d’Histoire, vous savez qu’en 1943, la France est occupée par
l’armée Nazie. Oui, les Français n’ont pas été très courageux et ils ont laissé
l’ennemi s’installer tranquillement chez eux. On peut imaginer qu’ils
s’ennuyaient pendant cette occupation, alors ils se sont mis à faire des
bébés. « Se mettre à », c’est une expression qu’on utilise très souvent pour
dire « commencer à faire quelque chose ». Par exemple : « je me suis mis à
la peinture » ou « je me suis mis au yoga ». Donc vers la fin de la Seconde
Guerre Mondiale, les Français retrouvent de l’espoir et se mettent à faire des
enfants. Jean-Philippe est l’un d’entre eux, un de ces bébés du baby boom.
[00:06:02] Malheureusement, sa vie commence plutôt mal puisque son père,
qui est belge, les abandonne, sa mère et lui, à la naissance. Sa mère est
très jeune et elle ne se sent pas capable de s’occuper de lui, alors elle le
confie à sa sœur, la tante de Jean-Philippe, qui a déjà deux filles. Le jeune
Jean-Philippe grandit entouré d’artistes, car dans cette partie de la famille, il
y a des danseuses et des musiciens. Pendant son enfance, il voyage avec
sa tante et ses cousines qui font des tournées européennes dans les
cabarets. Donc vous voyez que très tôt, il vit dans le monde du spectacle. À
cause de ces voyages, il ne peut pas aller à l’école. Mais il prend des cours
de violon, de guitare et de chant. Il apprend à chanter. Après ces tournées,
la famille de Jean-Philippe revient s’installer à Paris. C’est à ce moment-là
qu’il va découvrir sa vraie vocation, ce qu’il veut faire de sa vie.
[00:07:23] Il a 14 ans quand il se rend au cinéma pour voir un Western. Mais
il se trompe de salle et il arrive à la séance d’un autre film d’un style très
différent. Sur l’écran, il voit pour la première fois la star américaine Elvis
Presley. C’est le film Loving You. Au début, ça ne lui plaît pas vraiment. Mais
quand Elvis commence à chanter, toutes les filles de la salle crient et se
mettent à danser. Le jeune Jean-Philippe comprend alors le pouvoir du
rock’n’roll et il décide immédiatement de devenir la première rockstar
française.
[00:08:15] Il rentre chez lui et il s’entraîne à imiter Elvis devant son miroir, à
bouger et à chanter comme lui. Les gens de sa famille se moquent un peu
de lui mais ils décident de le soutenir. Ils se cotisent pour lui acheter une
guitare électrique. « Se cotiser », ça veut dire réunir de l’argent pour offrir un
cadeau à quelqu’un. Le jeune homme décide de changer de nom, de prendre
un nom qui sonne américain. Il choisit Johnny Hallyday.
[00:08:59] Le rock devient sa passion. Il achète tous les vinyles des grands
rockeurs américains et apprend à jouer leurs chansons. Il répète dans sa
chambre pendant des heures et des heures. Ses amis du quartier le
soutiennent, ils pensent que leur ami, Johnny, a le potentiel pour réaliser son
rêve.
[00:09:24] Johnny donne ses premiers petits concerts dans des cafés qui
acceptent de le laisser jouer. Malheureusement, personne n’écoute de rock
à cette époque en France. Aux Etats-Unis et en Angleterre, c’est un genre
qui est déjà très populaire, mais en France ça n’est pas la même histoire.
Les clients des cafés qui entendent le jeune Johnny ne comprennent pas ce
qu’il chante, ils n’aiment pas sa façon de bouger à la Elvis. En plus, Johnny
a le trac. « Avoir le trac », c’est une expression pour dire « avoir peur avant
de faire quelque chose en public » comme chanter par exemple. Donc le
jeune Johnny a le trac, il est stressé et ses performances ne sont pas très
bonnes.
[00:10:24] Johnny commence à douter. Il est encore jeune, il n’a pas
confiance en lui. Le rock est sa passion, mais il n’arrive pas à la partager
avec le public français. Heureusement, il rencontre d’autres jeunes qui
partagent son amour du rock et qui le poussent à continuer. Ils lui disent de
s’accrocher, de ne pas abandonner. Alors, Johnny continue de répéter,
d’imiter ses idoles américaines et d’améliorer sa technique.
[00:11:08] Le contexte commence à changer en France car nous sommes
au moment des Trente Glorieuses. Les Trente Glorieuses, c’est le nom qu’on
a donné aux 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale, pendant
laquelle les principaux pays développés ont connu une croissance
économique très forte et rapide. C’est un moment où l’économie s’est
beaucoup développée, avec du travail pour tous et l’accès à un certain
confort matériel.
[00:11:43] Dans ce contexte, les jeunes commencent à rêver d’un nouveau
monde. Ils s’affirment comme un groupe, différent des enfants et des
adultes. Ils ont leurs propres modes, leurs propres codes, leur propre
musique. Et justement, le rock devient un de leurs styles préférés. Les
premiers clubs rocks apparaissent à Paris et évidemment le jeune Johnny y
donne ses concerts. Là, le public apprécie enfin ses performances et il prend
confiance en lui.
[00:12:24] À 17 ans, il est invité dans sa première émission de radio et
quelques mois plus tard, on lui propose d’enregistrer ses premiers titres. On
est en 1960. Le premier vinyle de Johnny Hallyday sort avec 4 morceaux,
dont un qui s’appelle « Laisse les filles ».
[00:12:52] Ma mère me dit régulièrement
Tu ne fais rien tu perds ton temps
Tu ferais mieux de travailler
Au lieu de t’en aller traîner
Han han han, laisse les filles
Han han han, oui, laisse les filles
Tu as bien le temps
D’avoir des milliers d’embêtements crois-moi
Oui laisse donc un peu les filles
J’ai beau penser à ses conseils
A la fenêtre je m’émerveille
Et je regarde passer ces demoiselles
Pendant que ma mère crie de plus belle :
Han han han, laisse les filles
Han han han, oui, laisse les filles
Tu as bien le temps
D’avoir des milliers d’embêtements crois-moi
Oui laisse donc un peu les filles
[00:13:14] Vous voyez dans ce morceau, on comprend quelle est la
préoccupation principale du jeune Johnny : les filles ! C’est en partie pour
elles qu’il s’est plongé dans le rock’n’roll et grâce à ses premiers succès, il a
enfin des arguments pour les séduire !
[00:13:35] Après son premier vinyle, la carrière de Johnny Hallyday est
lancée. Il joue à l’Olympia, la salle de concerts la plus mythique de Paris, et
il devient officiellement l’idole de sa génération. C’est le début d’une longue
carrière qui va durer plus de 50 ans.
[00:14:04] On peut dire que Johnny Hallyday a vraiment eu une vie rock’n’roll
avec sexe, drogues et alcool. Il a profité de sa célébrité pour goûter à toutes
les tentations !
[00:14:20] Comme beaucoup de rockers, Johnny était un amoureux de
motos, surtout des Harley Davidson. Il en a collectionné plusieurs, et il a fait
des milliers de kilomètres avec elles. Parfois, il arrivait même sur scène en
moto ! Mais il aimait aussi les grosses voitures, les voitures rapides. Ah, je
vais en profiter pour vous poser une petite question : connaissez-vous la
différence entre « rapide» et « vite » ? Souvent, mes élèves ne la
connaissent pas, mais elle est très importante ! « Rapide » est un adjectif,
on l’utilise avec un nom. Par exemple : « une voiture rapide ». « Vite », ça
n’est pas un adjectif, c’est un adverbe ! On ne peut pas dire « la voiture vite
» car il n’y a pas de verbe. « Vite », il faut l’utiliser avec un verbe comme : «
la voiture va vite ». « Rapidement », c’est aussi un adverbe que vous pouvez
utiliser à la place de « vite ». Donc Johnny n’avait pas peur de rouler vite,
très vite.
[00:15:41] Dans sa vie privée aussi, il n’avait pas peur des excès. C’était un
gros fêtard. Un fêtard, c’est quelqu’un qui aime faire la fête. Et Johnny, faire
la fête, il adorait ça. Après ses concerts, il trouvait toujours un bar ou un club
qui restait ouvert jusqu’au matin. À ces fêtes, il y avait toujours beaucoup
d’alcool et de drogues. Johnny a avoué plusieurs fois qu’il consommait de la
cocaïne. Avec un tel style de vie, personne n’a été surpris quand Johnny a
commencé à avoir des problèmes de santé. Mais vivre jusqu’à 74 ans avec
un tel style de vie, personnellement je trouve que c’est une belle
performance !
[00:16:35] Comme vous pouvez l’imaginer, sa vie sentimentale a été très
agitée elle aussi. Il s’est marié pour la première fois quand il avait 22 ans
avec une jeune chanteuse très populaire : Sylvie Vartan. Ensemble, ils sont
devenus un des premiers couples « people ». Oui, je sais que c’est un peu
bizarre, mais en français on utilise le mot « people » pour parler des
personnes connues, des célébrités. Il y a par exemple les magazines «
people » qui publient des photos de paparazzi, des articles sur la vie privée
des chanteurs, des acteurs, etc. Donc quand Johnny Hallyday et Sylvie
Vartan se marient, c’est un peu le début de la presse people en France. Les
médias publient des photos du couple et ensuite de leur premier enfant,
David. Les Français sont très curieux, ils veulent tout savoir sur ce jeune
couple beau, riche et célèbre. Mais assez rapidement, les ennuis arrivent.
Les disputes se multiplient dans le couple. Sylvie comprend que vivre avec
un rockeur, ça n’est pas facile tous les jours. Johnny a des problèmes
d’argent car il dépense sans compter. Les médias publient des rumeurs qui
aggravent encore la situation. Johnny fait même une tentative de suicide.
Finalement en 1980, le couple divorce. Après ça, Johnny aura trois autres
femmes dont la dernière Laeticia, avec qui il est resté de 1996 jusqu’à sa
mort.
[00:18:39] Donc vous voyez, la vie sentimentale de Johnny a été assez
compliquée. C’était quelqu’un qui se posait beaucoup de questions. Malgré
les apparences, il n’avait pas toujours confiance en lui, il doutait beaucoup.
Il a fait plusieurs dépressions pendant sa carrière, mais il a toujours trouvé
la force de continuer, même après les moments difficiles.
[00:19:06] Il parle de ce désir de vivre dans une de ses chansons les plus
célèbres : « Quelque chose de Tennessee ». C’est une chanson qui fait
référence à un de ses auteurs préférés, Tennessee Williams, qui a écrit la
célèbre pièce de théâtre Un tramway nommé Désir. Ce dramaturge
américain avait lui aussi des problèmes d’addiction avec l’alcool et les
drogues, il était accro. « Être accro », vous comprenez, ça veut dire « avoir
une addiction à quelque chose ». Mais dans les œuvres de Tennesse
Williams, on trouvait toujours une grande force de vie. Johnny a voulu lui
rendre hommage dans sa chanson. Il explique dans ces paroles que nous
avons tous cette force en nous, cette envie de vivre.
[00:20:02] Quelque chose de Tennesse
On a tous quelque chose en nous de Tennessee
Cette volonté de prolonger la nuit
Ce désir fou de vivre une autre vie
Ce rêve en nous avec ses mots à lui
Quelque chose de Tennessee
Cette force qui nous pousse vers l’infini
Y a peu d’amour avec tellement d’envie
Si peu d’amour avec tellement de bruit
Quelque chose en nous de Tennessee
[00:20:48] Absolument tous les Français connaissent cette chanson ! Si vous
voulez l’écouter en entier, je vais mettre un lien dans la description du
podcast. Vous pouvez aussi lire les paroles, elles ne sont pas très
compliquées et ça sera un bon entraînement.
[00:21:06] Mais revenons à Johnny. Pendant sa carrière, il a sorti beaucoup
d’albums. Ah oui, quand quelque chose de nouveau arrive sur le marché, on
utilise le verbe « sortir ». Par exemple : « le nouvel iPhone sort cette semaine
» ou alors : « le nouveau film de Woody Allen vient de sortir au cinéma ».
Donc je vous disais que Johnny a sorti énormément d’albums pendant sa
carrière, il en a sorti 80 ! Des albums studios et d’autres enregistrés en live
pendant ses concerts.
[00:21:48] En tout, il en a vendu 110 millions. C’est pas mal, non ? D’ailleurs,
c’est l’artiste français qui a vendu le plus d’albums, et de loin !
[00:22:00] Forcément tous ses albums n’ont pas eu le même succès.
Certains étaient même très mauvais ! Mais la grande force de Johnny
Hallyday, c’est qu’il a réussi à s’adapter, à évoluer. Il était très ouvert aux
nouveaux styles musicaux et il n’avait pas peur d’expérimenter. Par exemple
en 1966, il a invité Jimi Hendrix à faire les premières parties de ses concerts
en France. C’est assez drôle d’imaginer ça. À cette époque, Jimi Hendrix
n’était pas encore connu. Mais Johnny Hallyday venait de découvrir le rock
psychédélique et il avait envie de faire connaître Jimi Hendrix aux Français.
Sur Youtube vous pouvez trouver une vidéo filmée dans les coulisses d’un
de ces concerts. Les coulisses, c’est l’endroit où les artistes se préparent
pour un spectacle. On utilise souvent l’expression « en coulisse » quand
quelque chose se prépare et est caché au public. Bref, on peut dire que
Johnny a gardé le goût du rock toute sa carrière, mais qu’il a essayé des
genres différents.
[00:23:23] D’ailleurs, Johnny a aussi essayé différents domaines artistiques
car il a fait du cinéma, comme son idole Elvis ! Il a joué dans 23 films avec
des grands réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Claude Lelouche. Avec
son charisme et son physique, c’était un très bon acteur ! Il a même fait un
peu de théâtre à la fin de sa carrière.
[00:23:52] Cependant, s’il est aussi célèbre en France, c’est surtout grâce à
ses concerts. On disait que Johnny était une bête de scène. Une bête de
scène, c’est un artiste qui est très charismatique et qui enflamme son public
avec ses spectacles. Et c’est vrai que les concerts de Johnny étaient toujours
des moments extraordinaires pour ses fans. Même si les billets étaient chers,
ses fans faisaient tout pour venir à chacun de ses concerts, car c’était
toujours des shows incroyables. Par exemple, Johnny adorait faire des
entrées spectaculaires, en moto ou en hélicoptère. On peut dire qu’il a été
un des premiers à accorder tellement d’importance à la scénographie. Pour
lui, ses spectacles devaient être plus que des concerts, ils devaient être des
expériences inoubliables. En tout, il en a donné plus de 3200 ! Il s’est même
produit aux Etats-Unis, à Las Vegas, en 1996 où il a fait venir 5000 fans en
avion. Et c’est un des rares artistes français à avoir rempli le Stade de France
ou donné un concert au pied de la Tour Eiffel. D’ailleurs, ça a été le plus
grand concert en plein air, en extérieur, donné dans la capitale. Imaginez un
peu l’ambiance avec des titres comme « Allumer le feu ».
[00:25:37] Allumer le feu, 1998
Tourner le temps à l’orage
Revenir à l’état sauvage
Forcer les portes, les barrages
Sortir le loup de sa cage
Sentir le vent qui se déchaîne
Battre le sang dans nos veines
Monter le son des guitares
Et le bruit des motos qui démarrent
Il suffira d’une étincelle
Oui, d’un rien, oui, d’un geste
Il suffira d’une étincelle
Et d’un mot d’amour, oui pour
Allumer le feu, allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu, allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Allumer le feu
[00:27:04] Malgré tous ces succès, la relation de Johnny Hallyday avec le
public français n’a pas toujours été facile. Tout le monde aimait son histoire,
celle d’un enfant abandonné par ses parents qui est devenu un des artistes
les plus célèbres du pays. Mais quand il s’est mis à dépenser son argent
dans des villas et des voitures de luxe, certains de ses fans lui ont tourné le
dos. « Tourner le dos à quelqu’un», c’est une expression qui veut dire «
ignorer une personne », « faire comme si elle n’existait pas ». Dans les
années 70, Johnny a commencé à avoir des problèmes avec le Fisc,
l’institution chargée de collecter les impôts, les taxes. Une partie des
Français a commencé à penser que Johnny ne respectait pas la loi, qu’il ne
respectait pas le système. La situation s’est encore aggravée quand il a
décidé de déménager en Suisse pour payer moins d’impôts. À ce moment-
là, il a été très critiqué, même par le Président Jacques Chirac qui était au
pouvoir.
[00:28:22] Mais le phénomène Johnny Hallyday est aussi intéressant car il
illustre la division entre deux catégories de Français. D’un côté, ses fans qui
viennent souvent de milieux populaires, qui vivent dans les petites villes ou
à la campagne. Ah faites attention, l’adjectif « populaire » a plusieurs
significations en français. Vous savez que « populaire » peut vouloir dire «
apprécié par beaucoup de personnes ». Comme par exemple un film
populaire, un film qui a été vu par beaucoup de spectateurs. Mais « populaire
» fait aussi référence au milieu social des personnes qui n’ont pas beaucoup
d’argent, des personnes pauvres. Donc ici, je veux dire que les fans de
Johnny Hallyday appartiennent souvent à ce groupe social. De l’autre côté,
il y a les membres de l’élite qui préfèrent écouter de la musique classique.
Ils trouvent que la musique de Johnny Hallyday n’a rien d’intéressant. Donc
pendant longtemps, Johnny Hallyday n’était pas apprécié des élites.
[00:29:38] Mais le 6 décembre, quand il est mort, la situation a changé. De
nombreux artistes lui ont rendu hommage, ils ont insisté sur l’influence qu’a
eue Johnny sur la musique française. Une cérémonie nationale a même été
organisée par le Président de la République. C’était samedi dernier, à Paris.
Des dizaines de milliers de personnes sont venues, et le Président,
Emmanuel Macron, a fait un discours.
[00:30:10] Johnny était à son public. Johnny était au pays. Parce que Johnny
était beaucoup plus qu’un chanteur, c’était la vie, la vie dans ce qu’elle a de
souverain, d’éblouissant, de généreux. Et c’était une part de nous-mêmes.
C’était une part de la France. Que ce jeune Belge, décidant de prendre un
nom de scène anglo-saxon, soit allé chercher très loin le blues de l’âme noire
américaine, le rock’n’roll de Nashville, pour le faire aimer aux quatre coins
du pays, était hautement improbable. Et pourtant, c’est un destin français.
Dix fois, dix fois il s’est réinventé, changeant les textes, les musiques,
s’entourant des meilleurs, mais toujours il a été ce destin, et toujours vous
étiez au rendez-vous. Il a été ce que Victor Hugo appelait « une force qui va
». Il a traversé à peu près tout sur son chemin. Il a connu les épreuves, les
échecs. Il a traversé le temps, les époques, les générations et tout ce qui
divise la société. Et c’est aussi pour cela, que nous sommes ensemble
aujourd’hui. C’est aussi pour cela, que je m’exprime devant vous. Parce que
nous sommes une nation, qui dit sa reconnaissance. Parce que nous
sommes un peuple uni, autour d’un de ses fils prodigues.
[00:31:58] Je pense que ce discours résume bien le rôle qu’a joué Johnny
Hallyday. Il fait partie du patrimoine culturel français, c’est un des fils
prodigues de la France. Et maintenant, les Français lui sont reconnaissants
pour sa musique.
[00:32:25] On arrive à la fin de ce podcast. J’espère qu’il vous a donné envie
d’écouter quelques chansons de notre Johnny national. Si vous voulez des
suggestions de musique française un peu plus modernes, vous pouvez aussi
aller sur la chaîne Youtube d’innerFrench. Vous trouverez une playlist avec
plein de bons artistes !
[00:32:48] Et pour finir, si vous voulez m’aider moi, si vous voulez
m’encourager, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur
Facebook. D’ailleurs merci à toutes les personnes qui l’ont déjà fait ! Je lis
tous vos commentaires et ils me motivent à continuer mes efforts.
[00:33:10] Maintenant je vous dis rendez-vous dans deux semaines pour un
nouvel épisode, et en attendant n’oubliez pas de faire un peu de français
chaque
jour.
[00:33:22] Bye bye !
33 Comment préparer 2018
Bienvenue dans l’épisode 33, aujourd’hui on va voir comment se préparer
pour 2018.
[00:00:13] Salut à tous et bienvenue dans le dernier épisode de l’année.
[00:00:19] J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël avec votre
famille et que vous avez reçu plein de cadeaux ! Moi j’ai passé un super Noël
parce que je suis rentré en France pour voir ma famille. Si vous écoutez le
podcast depuis le début, vous savez que j’habite à Varsovie en Pologne.
Mais pour les fêtes de fin d’année, pour Noël, je rentre toujours chez mes
parents en France. Ma famille vit à Châteauroux. C’est une ville située dans
la région Centre. Donc si vous regardez sur une carte, Châteauroux est en
plein centre de la France. Honnêtement ça n’est pas une ville très
dynamique, mais dans la région il y a beaucoup de Châteaux à visiter. Ça,
c’est déjà plus intéressant !
[00:01:15] Alors cette période de Noël, personnellement je l’adore. D’abord
parce qu’on reçoit des cadeaux et qu’on passe du temps avec sa famille,
mais aussi parce que c’est l’occasion de faire le bilan. « Faire le bilan », c’est
une expression qui veut dire : « analyser ce qui s’est passé pour mieux le
comprendre ». Donc pendant la semaine entre Noël et le nouvel an, en
général c’est assez calme et on a du temps pour réfléchir à ce qui s’est passé
cette année, pour réfléchir à ce qui nous est arrivé. Et je pense que c’est une
bonne idée de faire cet exercice parce que ça nous permet de bien nous
préparer pour l’année suivante.
[00:02:05] C’est aussi à ce moment-là que les gens décident de prendre des
bonnes résolutions. On a déjà parlé des bonnes résolutions dans l’épisode
19 il me semble, l’épisode sur la santé. Donc si vous l’avez écouté, vous
savez que « prendre une bonne résolution », ça veut dire : « prendre une
décision qu’on va essayer de respecter ensuite ». Par exemple, sur Twitter
j’ai trouvé la liste des bonnes résolutions les plus populaires chez les
Français. C’est une liste que j’ai trouvé sur Twitter parce qu’il y a beaucoup
de personnes qui aiment partager leurs bonnes résolutions sur les réseaux
sociaux. La première, la plus populaire, c’est de faire du sport. C’est vrai que
les Français ne sont pas très sportifs, donc beaucoup d’entre eux ont envie
de changer ça. Au mois de janvier, il y a toujours un pic d’inscriptions dans
les salles de sport parce que tout le monde a pris cette bonne résolution.
Ensuite, il y a la décision de s’occuper davantage de ses proches. Autrement
dit, faire plus attention à notre famille et à nos amis. La troisième bonne
résolution, elle concerne plutôt les lycéens et les étudiants parce que c’est
de réussir ses examens. Ensuite, il y a une autre bonne résolution très
populaire qui est de perdre du poids, de maigrir. C’est vrai que pendant les
fêtes, on a tendance à trop manger. Donc ensuite, on veut perdre nos kilos
en trop. Et la cinquième bonne résolution, c’est d’arrêter de fumer. Je sais
qu’il existe ce cliché du Français qui fume tout le temps, qui fume au
restaurant, dans les cafés etc. mais si vous avez écouté le podcast à propos
des clichés sur les Français, vous savez que c’est de moins en moins vrai.
[00:04:19] Alors ces bonnes résolutions, elles partent d’une bonne intention.
C’est très bien d’avoir envie de s’améliorer, de devenir une meilleure version
de nous-mêmes. Malheureusement, c’est difficile de tenir nos bonnes
résolutions. Au bout de quelques jours, de quelques mois, la routine revient,
le travail, on est très occupés et on abandonne. Le problème, à mon avis, ça
n’est pas un manque de motivation mais un manque d’organisation. Donc
justement, dans ce podcast, on va voir comment bien s’organiser pour
réussir à tenir ses bonnes résolutions toute l’année (et pas seulement
quelques jours !). C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup car j’essaye
toujours de m’améliorer. Donc je vais partager avec vous les conseils qui
m’ont aidé, qui ont été les plus utiles. Vous allez voir que ça n’est pas si
compliqué de tenir ses bonnes résolutions si on a un bon plan. Et je vais en
profiter pour vous dire quelles bonnes résolutions j’ai prises pour 2018,
comme ça ça me motivera à les tenir.
[00:05:43] Vous êtes prêts ? Alors c’est parti !
[00:05:54] Pour choisir ses bonnes résolutions, il faut d’abord faire le bilan
de l’année qui vient de se finir. Pour ça, on a besoin d’un peu de temps.
Donc moi, je vous conseille de prendre une ou deux heures et de vous isoler
pour être sûr que personne ne va vous déranger. Prenez aussi une feuille et
un stylo. Ensuite, vous allez repenser à l’année qui est passée. Je sais que
ça peut être un peu difficile de se rappeler de tout. C’est pour ça qu’on a
besoin d’un peu de temps pour mieux visualiser et pour se remémorer les
différents événements.
[00:06:43] D’abord, demandez-vous quelles étaient vos attentes, à quoi vous
vous attendiez quand vous avez commencé cette année. Ah oui, ça c’est
une expression très importante. En français, on ne dit pas « expecter » mais
on dit : « s’attendre à ». Le verbe « expecter » existe mais il est très vieux
et très rarement utilisé. L’expression qu’on utilise pour dire ça, c’est : «
s’attendre à ». Par exemple : « je ne m’attendais pas à te voir ». Et le nom,
c’est : « les attentes » et pas les « expectations ». Le mot « expectation »
n’est jamais utilisé dans ce contexte en français. Alors commencez par vous
demander quelles étaient vos attentes quand vous avez commencé cette
année. Quand on commence une nouvelle année, on a toujours des idées,
des plans, des choses qu’on aimerait réaliser. Donc demandez-vous quelles
étaient ces choses que vous aviez envie de faire en janvier l’année dernière.
Peut-être que vous aviez pris des bonnes résolutions. Essayez de vous en
rappeler. Et ensuite, demandez-vous si vous avez réussi à les tenir. Si vous
avez réussi, bravo ! Félicitations ! Ça veut dire que vous êtes déjà très bien
organisés. Du coup peut-être que ce podcast va pas être très utile pour
vous… Mais ça peut quand même être intéressant de vous demander
comment vous avez réussi à tenir ces résolutions. Est-ce que c’est parce
que vous étiez très motivés ? Parce que parce que vous étiez très bien
organisés ? Ou parce que vous aviez des personnes autour de vous pour
vous aider ? Pensez aussi aux projets que vous aviez et demandez-vous si
vous avez réussi à les concrétiser, à les terminer ou pas. Là aussi, c’est
intéressant parce qu’il y’a beaucoup de facteurs qui peuvent influencer la
réussite d’un projet. Ça peut être la préparation, le contexte qui était
favorable, la chance, ou bien tout simplement votre talent personnel.
[00:09:25] Demandez-vous aussi quelles sont les choses qui vous ont
manqué. Les choses auxquelles vous n’aviez peut-être pas pensé, mais qui
finalement sont importantes pour vous et que vous n’avez pas faites cette
année. Peut-être que vous avez besoin de passer du temps avec votre
famille, mais que cette année vous n’avez pas réussi à le faire. Ou peut-être
que vous adorez lire des livres, mais que vous étiez toujours trop fatigués
pour le faire le soir.
[00:09:59] Une fois que vous avez fait ce bilan, que vous avez une vision
plus globale de l’année passée, ça va être plus facile d’apprendre de vos
erreurs. Il ne faut pas avoir une vision négative de nos erreurs. En France,
on a tendance à être déprimé quand on fait des erreurs. À l’école, on nous
apprend qu’il y a une bonne façon de faire les choses et qu’on n’a pas le
droit de se tromper. C’est pareil avec les entreprises, avec les start-ups par
exemple. Si un entrepreneur crée une start-up et qu’elle ne marche pas, ça
va être très difficile pour lui après de trouver des investisseurs pour sa
prochaine entreprise. Je sais qu’aux Etats-Unis c’est très différent parce
qu’on considère qu’une personne qui a fait une erreur, eh bien elle ne va pas
la reproduire, elle ne va pas la faire une seconde fois. Et à mon avis, c’est
une très bonne mentalité. Parce que quand on pense de cette manière-là,
on n’a pas peur d’essayer de nouvelles choses, de prendre des risques.
C’est normal de ne pas réussir à tout faire parfaitement la première fois.
Même si on est très bien préparé, même si on a l’impression d’avoir bien fait
son travail, parfois la réalité est différente de nos plans. Si on attend toujours
d’être parfaitement préparé, eh bien on ne prend pas de risques et on ne
peut pas se confronter à la réalité. Donc si vous faites bien ce bilan de
l’année passée, vous allez pouvoir analyser vos erreurs et ne pas les refaire.
Ayez une vision positive de vos erreurs et considérez que grâce à elles, vous
allez pouvoir réussir plus tard.
[00:11:59] Il faut aussi se dire que notre passé ne définit pas nécessairement
notre futur. On a presque toujours l’occasion de recommencer, de repartir
de zéro. Si on a raté un projet, ça ne veut pas dire qu’on va rater le prochain.
Au contraire, on a plus de connaissances, plus d’expérience, donc on a plus
de chance de le réussir. Si vous avez passé une très mauvaise année mais
que vous analysez pourquoi votre année s’est si mal passée, vous allez
pouvoir améliorer la situation l’année suivante. Bien sûr, il y a aussi des
choses qui ne dépendent pas de nous, qui ne dépendent pas de notre
volonté. Il y a toujours des événements qu’on ne peut pas contrôler et qui
peuvent énormément nous affecter. Mais il y a aussi beaucoup de choses
qu’on peut améliorer.
[00:13:00] L’important à mon avis, c’est de ne pas avoir de regrets. Si on
passe notre temps à regretter les choses qu’on a ratées, on va forcément
être malheureux. Il faut analyser nos regrets, les comprendre, et après les
laisser derrière nous. Ils font partie du passé, ce sont des erreurs que nous
avons commises, mais ça ne veut pas dire qu’on doit passer le reste de notre
vie à être malheureux à cause d’elles.
[00:13:33] Alors je vais vous parler un peu de mon bilan personnel de 2017.
Pour moi, c’était une année très importante parce que j’ai commencé
quelque chose de complètement nouveau. J’ai créé mon premier site, mon
premier podcast, et j’ai commencé à donner des cours sur internet. Ça faisait
a un petit moment que j’avais cette idée, mais je ne trouvais jamais le temps
de le faire. Comme je travaillais déjà à l’institut français de Varsovie et que
j’avais beaucoup d’élèves, je me disais que je pouvais attendre encore un
peu avant de commencer mon site. En fait, je pense que je me cherchais
des excuses pour ne pas le faire. C’est assez normal parce que quand on
doit sortir de notre zone de confort, notre cerveau trouve toujours des
prétextes pour l’éviter. Le prétexte qui revient le plus souvent, c’est de se
dire qu’on n’a pas le temps de le faire. Ou alors on se dit aussi qu’on n’a pas
les compétences, qu’on n’a pas assez d’argent ou que quelque chose
d’horrible va nous arriver si on ne réussit pas. La vérité, c’est que dans la
plupart des cas, notre plus grand obstacle, c’est simplement la peur de sortir
de notre zone de confort. Moi aussi pendant plusieurs mois, j’ai eu peur de
sortir de ma zone de confort. Mais finalement je me suis demandé : « quelle
est la pire chose qui va m’arriver si je ne réussis pas ? » À votre avis, quelle
est la pire chose qui aurait pu m’arriver ? Le pire qui aurait pu m’arriver, ça
aurait été que personne ne visite mon site et n’écoute mon podcast.
Vraiment rien de grave ! Donc j’ai décidé de prendre du temps pour créer
ce site et d’enregistrer les premiers podcasts. Et je peux vous dire que c’est
la meilleure décision que j’ai prise cette année. Je suis très content de l’avoir
fait et je ne regrette absolument rien, à part de ne pas l’avoir pas fait plus tôt
!
[00:16:06] Alors maintenant que vous avez fait le bilan de cette année, c’est
le moment de prendre du recul. « Prendre du recul », c’est aussi une
expression très importante. Ça signifie : « se distancer pour avoir une vision
globale, pour mieux comprendre quelque chose ». Par exemple quand vous
avez un problème difficile à résoudre, vous pouvez faire une pause, prendre
du recul, et ensuite ça devient plus facile de trouver la solution.
[00:16:41] Ici l’idée, c’est de reprendre le contrôle de sa vie et de se
demander ce qui est vraiment important pour nous. Vous savez qu’on a
tendance à se concentrer sur les choses qui sont urgentes et pas sur celles
qui sont importantes. À ce moment-là, à la fin de l’année, quand vous avez
fait votre bilan, vous pouvez vous demander : « OK, qu’est-ce qui est
vraiment important pour moi ? Pas pour les autres, pas pour mes amis ni
mon chef, mais pour moi. Quels sont mes besoins, mes attentes ? Quelles
sont les choses qui me rendent heureux ou heureuse ? Est-ce que c’est
l’argent, la famille, la liberté, l’amour, la gloire, l’indépendance, l’amitié ?
Posez-vous ces questions. Parfois la réponse est moins évidente que ce
qu’on croit. Et cette réponse justement, ça va devenir votre priorité. Vous
allez construire votre plan en fonction d’elle. Car si c’est une chose qui est
importante pour vous, alors il faut tout faire pour l’atteindre.
[00:17:58] Une fois que vous avez répondu à ces questions, vous allez
pouvoir faire un plan. Bon là, vous vous dites peut-être que j’exagère, qu’on
a pas besoin de faire de plan pour sa vie. On a déjà beaucoup de projets à
faire pendant nos études ou au travail, donc dans notre vie privée, on a plutôt
envie de se détendre, de ne pas penser à tout ça. Mais je crois que c’est
important d’avoir une vision pour son avenir. Parce que si vous avez cette
vision, ça va devenir beaucoup plus facile pour vous de prendre des
décisions. Si vous vous retrouvez à un moment de votre vie où vous devez
prendre une décision importante, alors vous allez pouvoir utiliser cette vision
pour vous aider. Si vous avez des doutes, que vous ne savez pas quoi faire,
au lieu de demander à vos amis, vous allez simplement regarder votre plan
et la décision va être évidente. C’est très bien d’avoir les conseils de ses
amis, mais ils ne sont pas à notre place, ils ne sont pas dans la même
situation que nous. La seule personne qui peut prendre ces décisions
importantes, c’est vous-même. Et si vous avez pris le temps de faire votre
plan et de vous demander ce qui compte vraiment pour vous, alors vous
allez voir que ces décisions ne sont pas si compliquées que ça.
[00:19:39] Maintenant on va voir concrètement comment faire ce plan.
Comme pour le bilan de l’année passée, il faut prendre du temps pour le
faire et être sûr que personne ne va vous déranger. Si vous faites ce plan en
cinq minutes, c’est sûr qu’il ne va pas fonctionner. On ne peut pas préparer
un plan pour toute une année en seulement cinq minutes, on a besoin de
plus de temps que ça. Donc bloquez une période, prenez une heure ou deux
pour vous isoler et pour travailler sur ce plan. Ça peut même être une chose
que vous faites en plusieurs fois. Vous pouvez faire une première version,
puis attendre le lendemain pour voir si c’est toujours une bonne idée.
[00:20:29] Là aussi, prenez une feuille blanche et un stylo. Ne le faites pas
à l’ordinateur. Si vous le faites à l’ordinateur, il y a trop de distractions et vous
n’allez pas être bien concentré. C’est important de l’écrire noir sur blanc
parce que quand le plan est simplement dans notre tête, c’est facile de
l’oublier ou de le changer quand ça nous arrange. On peut tricher, se mentir
à soi-même. Vous vous rappelez peut-être du podcast dans lequel je vous
ai parlé de notre cerveau et des biais qui influencent notre jugement. Donc
une manière pour le rendre un peu plus objectif, c’est d’écrire et pas
seulement de garder des idées un peu vagues dans notre tête. Quand vous
allez l’écrire, vous allez être obligés de préciser vos idées, d’avoir une vision
plus concrète. Donc prenez une feuille, un stylo, enfermez-vous dans une
pièce et préparez-vous à faire votre plan.
[00:21:41] Ce plan, ça va être une forme de contrat avec vous-même. Dans
ce contrat vous allez écrire plusieurs règles que vous allez vous engager à
respecter. Je vous donne quelques exemples de règles : ne pas manger
entre les repas, ne pas se coucher après minuit, ne pas regarder plus d’un
épisode de série par jour. Ça peut aussi être des règles qui concernent vos
relations. Par exemple ne pas fréquenter de personnes qui sont toujours
négatives, qui sont pessimistes, qui critiquent vos idées et vos projets. Bref,
des personnes qui ne vous apportent rien de positif. Parfois on a l’impression
d’être obligé de voir certaines personnes, même si on n’a pas envie de le
faire. Donc dans ces cas là, il faut apprendre à refuser, à dire non ! Même
si vous allez peut être vexer cette personne, au final vous allez vous sentir
mieux. Et si vous avez écrit cette règle, ça va être plus facile de la respecter.
[00:22:56] Par exemple moi avant, j’avais tendance à accepter trop d’élèves.
J’avais trop de cours et après un certain temps je me suis rendu compte que
j’étais très fatigué. Donc c’était plus difficile de me concentrer et de me
motiver, et la qualité de mes cours a commencé à baisser. Donc j’ai décidé
de limiter le nombre d’heures de cours par semaine et de refuser les élèves
au-delà de cette limite. Même si j’ai du temps dans mon agenda, quand j’ai
atteint ma limite d’élèves, je décline les nouvelles demandes. Avoir fixé cette
règle, ça a rendu le processus beaucoup plus facile. Maintenant je ne me
pose plus la question, je dis simplement non et c’est très facile pour moi.
Donc écrivez un ensemble de règles et signez-la feuille comme si c’était un
contrat avec vous-même.
[00:23:58] Ensuite vous allez choisir vos objectifs, vos buts. Souvent, les
grands gourous américains de la productivité utilisent l’acronyme SMART.
Ils disent qu’un bon objectif doit être SMART. S pour spécifique. Votre but
doit être concret et le plus précis possible. Si votre but est « de faire du sport
», ça n’est pas assez précis. Vous devez au moins choisir un sport précis
comme la natation. Ensuite M pour mesurable. Il faut être capable d’évaluer
à la fin de l’année si on a réussi ou non. Avec notre exemple du sport, on
peut avoir pour objectif d’aller nager à la piscine deux fois par semaine. Le
A, c’est pour « atteignable ». Autrement dit, votre objectif doit être ambitieux
mais pas irréaliste. Par exemple si vous n’avez jamais fait de natation, vous
ne pouvez pas avoir comme but de participer aux prochains Jeux
Olympiques. Le R, c’est pour relevant, en français on dit « pertinent ». Il faut
que votre objectif soit en accord avec votre vision générale et vos valeurs.
Si vous avez décidé d’avoir un style de vie plus sain, alors faire de la natation
est pertinent. Et la dernière lettre, le T, est pour « temporel ». Quand vous
choisissez votre but, vous devez aussi fixer une limite de temps. Avec notre
exemple de natation, vous pouvez dire que vous allez faire de la natation
deux fois par semaine pendant un an. Comme ça, à la fin de l’année, vous
verrez si vous avez atteint votre objectif ou non.
[00:26:10] Je vous conseille aussi de ne pas en choisir trop. Cinq buts
maximum. Si vous en prenez plus, vous allez avoir beaucoup de pression et
vous risquez de vous décourager. C’est mieux de se concentrer seulement
sur quelques objectifs qui sont vraiment importants pour vous.
[00:26:30] Bien sûr, ce ne sont pas des règles absolues. Juste des conseils
qui peuvent vous aider à préciser votre pensée. Parfois, on a des objectifs
personnels qui ne rentrent pas dans ces cases, ça n’est pas grave. Le plus
important, c’est de bien y réfléchir, mais aussi de vous demander pourquoi
vous avez choisi ce but. Essayez de noter 5 raisons pour lesquelles ce but
est important pour vous. Encore une fois, des raisons qui sont les vôtres,
pas celles des autres.
[00:27:10] Si vous le faîtes, ça va vous aider à rester motivés. Quand vous
aurez des doutes ou une baisse de motivation, ce qui est complètement
normal, vous pourrez relire les raisons qui vous ont poussé à faire ça. Et je
vous assure que ça vous remotivera tout de suite !
[00:27:29] La dernière étape, c’est d’évaluer régulièrement votre
progression. Par exemple à chaque trimestre, tous les 3 mois. Prévoyez
dans votre agenda un moment pour faire un petit bilan, pour voir où vous en
êtes. Ça vous permettra de voir vos progrès et de décider comment
continuer pour atteindre votre but à la fin de l’année.
[00:27:57] Pour finir, je vais partager avec vous mes objectifs pour 2018. Je
pense que c’est une bonne idée d’en parler autour de vous, car c’est une
source de motivation supplémentaire. Vous savez que vos proches vont
vous demander si vous arrivez à tenir vos bonnes résolutions ou non.
[00:28:18] Alors mon 1er objectif, c’est un projet sur lequel j’ai déjà
commencé à travailler. C’est un programme spécial pour aider les personnes
avec un niveau intermédiaire à améliorer leur compréhension du français.
Ça sera un peu comme ce podcast, mais avec une leçon par jour, des
explications détaillées, de la grammaire et des exercices. Je vais essayer de
le publier avant cet été.
[00:28:49] Mon 2ème objectif, c’est de poster plus de vidéos sur ma chaîne
Youtube. Je viens d’acheter un appareil photo pour Noël et je vais
commencer à faire des vidéos sur différents sujets. Donc si vous voulez voir
ces vidéos quand elles seront en ligne, abonnez-vous à la chaîne
d’innerFrench.
[00:29:11] Mon 3ème objectif est aussi lié aux langues, mais cette fois au
polonais. Vous savez que j’apprends le polonais et pour le moment j’ai un
niveau intermédiaire. Je suis capable de comprendre beaucoup de choses
et de communiquer, mais j’aimerais le faire avec plus de facilité. Autrement
dit, j’aimerais avoir un niveau avancé, l’équivalent de B2, d’ici la fin de
l’année.
[00:29:42] Et mon dernier objectif est un peu plus spirituel. En fait j’ai
commencé la méditation il y a quelques mois avec une application qui
s’appelle Mindspace, et je trouve ça génial. Ça m’aide beaucoup à me
concentrer et à mieux gérer mes émotions. Mais malheureusement je ne le
fais pas très régulièrement. Donc en 2018, je veux méditer au moins 10
minutes par jour tous les jours !
[00:30:23] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a donné
envie de faire un plan pour l’année prochaine et de progresser en français.
Je suis curieux de savoir quelles sont vos bonnes résolutions. Envoyez-moi
un mail pour me le dire !
[00:30:43] Je vous souhaite de bien profiter du temps avec votre famille et
vos amis, de passer un très bon réveillon du 31 décembre ce weekend, et
on se retrouve en 2018. À bientôt !
34 Faut-il acheter des bitcoins ?
Bienvenue dans l’épisode 34. Aujourd’hui on va parler du bitcoin.
[00:00:14] Salut à tous et bienvenue pour notre premier épisode de l’année,
le premier épisode de 2018. Si c’est la première fois que vous écoutez ce
podcast et que vous voulez apprendre le français naturellement, alors vous
êtes au bon endroit ! J’ai commencé ce podcast pour proposer à mes élèves
intermédiaires des sujets plus intéressants que ceux des livres de
grammaire française. Personnellement, je crois que la meilleure façon
d’apprendre une langue, c’est de faire des choses qui nous plaisent, qui nous
intéressent. Donc j’espère que ce podcast vous donnera envie de passer du
temps avec la langue française en apprenant de nouvelles choses.
[00:01:06] En tout cas moi je suis très motivé pour cette nouvelle année !
Après Noël en France, j’ai pris quelques jours de vacances en plus et je suis
allé à Barcelone pour retrouver des amis. On a fêté le réveillon, le 31
décembre, là-bas et c’était vraiment super ! On a profité du soleil et on s’est
bien amusé. C’était la deuxième fois que j’allais à Barcelone, c’est une ville
que j’adore. D’ailleurs elle est très populaire parmi les Français, il y a
beaucoup de Français qui partent en vacances en Espagne et en particulier
à Barcelone. Si vous n’y êtes pas encore allés, je vous conseille de la visiter
un jour! Elle est magnifique et il fait beau presque toute l’année. Si vous vous
intéressez à l’architecture, il y a plein de bâtiments dessinés par l’architecte
Gaudi qui sont spectaculaires ! Ça vaut le coup de les visiter. Ah au fait vous
connaissez cette expression « ça vaut le coup » ? Parfois on dit aussi « ça
vaut la peine », ça veut dire qu’une chose est difficile à obtenir, mais qu’elle
est tellement intéressante que les efforts nécessaires pour l’obtenir sont
justifiés. Un exemple : vous voulez absolument acheter le nouvel iPhone
alors vous décidez de faire la queue devant le magasin pendant 10 heures
le jour de sa sortie. Pour vous, le nouvel iPhone est tellement génial que ça
vaut le coup de faire la queue pendant 10 heures pour l’acheter.
Personnellement, je trouve que ça ne vaut pas le coup ! Par contre, aller à
Barcelone pour visiter les bâtiments dessinés par Gaudi, ça vaut le coup !
[00:03:17] Si vous regardez les informations, vous avez peut-être vu qu’il se
passe beaucoup de choses en Catalogne en ce moment. La Catalogne, c’est
la région espagnole où se trouve Barcelone évidemment. Donc vous avez
sûrement entendu qu’une partie des Catalans veulent que leur région
devienne indépendante, qu’elle ne fasse plus partie de l’Espagne. Il y a
beaucoup de manifestations et de problèmes sur la scène politique, mais
pour le moment ça ne change rien à la vie quotidienne. Les restaurants et
les musées sont ouverts, la mer et la plage sont bien là ! Mais on ne sait pas
ce que l’avenir nous réserve.
[00:04:07] Bon en tout cas, j’espère que vous, vous êtes prêts pour la
nouvelle année et que vous avez pris des bonnes résolutions ! Peut-être que
vous avez écouté le dernier épisode du podcast, l’épisode 33, dans lequel je
vous donnais des conseils pour bien préparer votre année. Si vous l’avez
fait je suis sûr que vous allez faire d’énormes progrès en français ! D’ailleurs,
j’en profite pour vous donner un autre conseil : abonnez-vous au podcast sur
iTunes ! Comme ça, à chaque fois que je publierai un nouvel épisode, vous
le recevrez automatiquement sur votre ordinateur ou votre
smartphone. C’est plus pratique que de devoir le télécharger vous-mêmes.
[00:05:01] Alors pour commencer l’année, on va parler d’un sujet qui m’a été
suggéré par un auditeur du podcast qui s’appelle Marcelo. Marcelo m’a écrit
pour me demander de parler du bitcoin. Donc merci beaucoup Marcelo pour
cette suggestion, c’est une très bonne idée ! C’est toujours très intéressant
pour moi de savoir quels sujets vous plaisent, comme ça je peux préparer
des choses qui sont vraiment adaptées à vos attentes.
[00:05:34] Le bitcoin, vous en avez sûrement déjà entendu parler. C’est un
sujet qui semble assez technique, mais rassurez-vous, vous savez que moi
j’aime expliquer des choses compliquées de façon simple !
[00:05:51] Vous avez peut-être remarqué qu’on parle beaucoup de ce sujet
dans les médias depuis quelques mois parce qu’en décembre, le cours du
bitcoin, c’est à dire le prix auquel il est vendu, a dépassé les 20 000 $.
Autrement dit pour acheter 1 bitcoin, il fallait payer 20 000 $ ! C’est une
évolution qui a surpris beaucoup de personnes et certaines ont cru qu’elles
allaient pouvoir devenir riches grâce au bitcoin. Vous avez peut-être aussi
remarqué les publicités sur internet qui vous disent : « Devenez riche
rapidement en achetant des bitcoins sur notre plateforme ! ». Mais le
problème, c’est que souvent les gens ne savent pas ce qu’il y a derrière le
bitcoin. Ils ne comprennent pas vraiment de quoi il s’agit. Donc aujourd’hui,
on va essayer de comprendre tout ça ensemble, et on va se demander si le
bitcoin va remplacer les autres monnaies dans le futur.
[00:07:04] Ok alors sans plus attendre, on commence !
[00:07:14] Pour commencer, on va se demander ce qu’est le bitcoin et
comment ça fonctionne. Le bitcoin, c’est une monnaie virtuelle, c’est-à-dire
qu’elle existe sur Internet. Elle a été créée en 2009 mais on ne connaît pas
son inventeur, son créateur. Alors comme je l’ai dit c’est une monnaie
virtuelle, une monnaie électronique, donc il n’y a pas de billets ni de pièces
pour payer en bitcoin. Il n’y a pas non plus de carte de crédit en bitoin. Donc
vous ne pouvez pas payer en bitcoins dans les magasins. Dans les
magasins, vous pouvez payer en espèces, autrement dit avec des pièces et
des billets (on dit aussi en liquide) ou par carte, mais pas en bitcoins. Donc
ce qui est intéressant avec le bitcoin, ça n’est pas vraiment le fait que c’est
une monnaie électronique. Ce qui est intéressant, c’est le fait que c’est une
monnaie qui ne dépend pas d’une institution centrale. Par exemple vous
savez que les euros sont garantis par la banque centrale européenne et que
les dollars sont garantis par la FED (la banque centrale des Etats-Unis). Ce
sont ces institutions qui garantissent la valeur de leur monnaie. Vous savez
que si vous avez des euros, vous pouvez les utiliser car ils ont une valeur
qui est liée à l’économie européenne et qui est garantie par la Banque
Centrale Européenne.
[00:09:04] Mais la valeur des bitcoins, elle, elle n’est garantie par rien ni
personne. C’est pour ça qu’elle change aussi rapidement. En fait, le prix des
bitcoins dépend uniquement de l’offre et de la demande, des personnes qui
vendent des bitcoins et de celles qui veulent en acheter. Pour mieux
comprendre ça, vous pouvez imaginer les billets du jeu Monopoly. Je suis
sûr que vous connaissez le Monopoly. C’est ce jeu de société où il faut
acheter des maisons et des hôtels pour s’enrichir et battre les autres joueurs.
Donc dans le Monopoly, il y a de l’argent, mais c’est un argent fictif. Si vous
prenez des billets de Monopoly et que vous allez faire vos courses, vous
n’allez pas pouvoir payer à la caisse avec ces billets. Si vous essayez de le
faire, vous allez avoir des problèmes avec les agents de sécurité du magasin
!
[00:10:13] Mais dans le jeu Monopoly, les billets ont de la valeur, ils ont la
valeur que leur reconnaissent les joueurs. Eh bien avec les bitcoins, c’est
pareil. Les bitcoins ont la valeur qui est reconnue par les personnes qui les
utilisent. Et comme l’argent du Monopoly, le nombre de bitcoins est limité.
Le créateur des bitcoins a décidé au moment de la création qu’il n’y en aurait
pas plus de 21 millions. Pour le moment, il y en a presque 17 millions qui
sont disponibles parce qu’ils n’ont pas encore tous été créés, mais on sait
déjà que la limite sera 21 millions. Il n’y aura jamais plus de 21 millions de
bitcoins. Au début, quand le bitcoin a été créé, sa valeur était de 0,001 dollar.
Mais 8 ans plus tard, en décembre 2017, le bitcoin a atteint la valeur de 20
000 $. Cette évolution spectaculaire montre qu’il y a beaucoup de personnes
qui pensent que les bitcoins sont un bon investissement. Bon depuis
décembre, la valeur a un peu diminué parce qu’en ce moment un bitcoin vaut
entre 15 000 $ et 16 000 $. Il faut aussi savoir qu’il y a environ 3 millions
d’utilisateurs du bitcoin, 3 millions de personnes qui s’échangent cette
monnaie.
[00:11:58] Alors concrètement, si vous voulez acheter des bitcoins, comment
ça se passe ? Il y a plusieurs manières de le faire. La première, c’est de
télécharger un logiciel sur votre ordinateur ou votre smartphone qui va vous
permettre d’en acheter. Mais vous pouvez aussi passer par une plate-forme
sur un site internet. En faisant ça, vous allez obtenir un portefeuille (« wallet
» en anglais) et dans ce portefeuille vous allez pouvoir acheter et garder vos
bitcoins. Votre portefeuille a un code unique. Ce code est très important
parce que si vous le perdez, vous perdez vos bitcoins pour toujours.
[00:12:44] Mais surtout quand vous avez ce portefeuille, vous rejoignez le
réseau des bitcoins. Autrement dit, vous aussi vous faites partie de la chaîne,
vous devenez un maillon de la chaîne des bitcoins. En fait, chaque utilisateur
de cette monnaie joue le rôle de client et de serveur, c’est ce qu’on appelle
un système de pair à pair (« peer-to-peer » en anglais). Peut-être que vous
connaissez ce système avec les téléchargements parce qu’il existe des
plates-formes de pair à pair pour télécharger des films. Grâce à ces
plateformes, les données sont partagées sur les ordinateurs de plusieurs
personnes, et ces ordinateurs constituent un réseau. Donc c’est pareil avec
le bitcoin. Comme tous les utilisateurs constituent une chaîne, ils constituent
le réseau qui permet d’échanger des bitcoins. Derrière ça, il y a une
technologie qui s’appelle la blockchain. La blockchain, c’est un peu comme
un historique où sont enregistrées toutes les transactions de bitcoins.
Comme ça, les utilisateurs savent toujours qui possède des bitcoins et quelle
quantité est disponible.
[00:14:16] Il y a aussi des utilisateurs spéciaux qui s’appellent des mineurs
et qui sont chargés de contrôler toutes les transactions et de les valider.
Donc pour qu’une transaction en bitcoins soit acceptée, elle doit être validée
par les mineurs du réseau. C’est ça qui garantit sa sécurité. Et ces
personnes, ces mineurs, ont aussi la possibilité de produire de nouveaux
bitcoins, c’est ce qu’on appelle le mining. Évidemment c’est quelque chose
de très compliqué parce que pour le faire il faut des ordinateurs extrêmement
puissants. Donc vous avec votre simple ordinateur, bien sûr vous ne pouvez
pas produire de nouveaux bitcoins. Il faut avoir plusieurs ordinateurs avec
une énorme puissance de calcul, et ça consomme aussi beaucoup
d’énergie. Donc pour la majorité des personnes, ça n’est pas rentable de
produire des bitcoins parce que ça coûte très cher.
[00:15:30] OK je pense que vous avez compris en quoi consiste le bitcoin et
comment ça fonctionne. Donc maintenant on va se demander pourquoi il y
a tellement de gens qui s’intéressent à cette monnaie, quels sont ses
avantages mais aussi ses inconvénients.
[00:15:54] Le bitcoin, c’est une monnaie révolutionnaire et pour les
personnes qui l’utilisent elle a beaucoup d’avantages. Le premier, c’est sa
sécurité et sa fiabilité. La fiabilité, quand on dit que quelque chose est fiable,
ça veut dire qu’on peut lui faire confiance, on peut compter sur lui. Par
exemple une personne fiable, c’est une personne à qui vous pouvez faire
confiance, vous savez qu’elle ne va pas vous trahir ni vous décevoir. Je
vous l’ai dit dans la première partie, la fiabilité du bitcoin est liée à sa
structure. Ce sont les utilisateurs de la monnaie eux-mêmes qui garantissent
sa sécurité. C’est pour ça que c’est impossible de fabriquer des faux bitcoins,
parce que si vous vouliez le faire, il faudrait modifier l’historique des
transactions sur les ordinateurs de tous les utilisateurs en même temps. Et
comme je vous l’ai dit, il y en a 3 millions. Donc vous imaginez bien que c’est
impossible de le faire.
[00:17:13] Le deuxième avantage du bitcoin, c’est que c’est une monnaie
indépendante. Vous savez que les autres monnaies dépendent de certaines
institutions, notamment des banques centrales. Ce sont les banques
centrales des pays qui garantissent la valeur de la monnaie. Mais dans
certains pays, les Etats ne sont pas capables de garantir cette valeur. Par
exemple s’il y a beaucoup d’inflation, si l’économie est très instable, la
monnaie perd énormément de valeur. Alors les citoyens préfèrent acheter
d’autres devises, c’est-à-dire des monnaies étrangères, dont la valeur est
plus stable, comme des dollars ou des euros. Comme le bitcoin ne dépend
pas d’un Etat ni d’aucune autre institution, il n’a pas ce genre de risque. Mais
comme vous le savez, son prix change très rapidement donc ça n’est pas
une bonne solution si vous recherchez une valeur stable.
[00:18:23] Un autre avantage du bitcoin, c’est qu’il protège l’anonymat de
ses utilisateurs. Quand vous créez un portefeuille et que vous faites des
transactions de bitcoins, vous n’avez pas besoin de donner votre identité.
C’est pour ça qu’au début, le bitcoin était très populaire pour les trafics et les
réseaux criminels, pour acheter et vendre des choses illégales comme des
drogues, des armes, etc. Mais le problème, c’est que quand vous voulez
échanger vos bitcoins contre de l’argent, là vous avez besoin de donner vos
informations personnelles. Donc en fait, c’est impossible de vous cacher
complètement, de protéger à 100% votre anonymat. C’est pour ça que
maintenant, les trafiquants de drogue et les criminels n’utilisent plus de
bitcoins pour leurs transactions.
[00:19:27] Mais si le bitcoin est devenu tellement populaire depuis quelques
années, c’est surtout parce que sa valeur n’arrête pas d’augmenter. Donc il
y a beaucoup de personnes qui pensent qu’en achetant des bitcoins, elles
vont pouvoir gagner de l’argent rapidement et facilement. Ce mécanisme,
c’est tout simplement de la spéculation. Quand on investit dans quelque
chose non pas pour sa valeur, mais parce qu’on pense que son prix va
beaucoup augmenter et qu’on va pouvoir le revendre plus cher. Donc il y a
des personnes qui ont acheté des bitcoins, mais aussi des entreprises qui
sont spécialisées sur ce marché. C’est pour ça que leur prix est si élevé.
Mais maintenant je vais vous expliquer pourquoi acheter des bitcoins n’est
pas un bon investissement à mon avis.
[00:20:26] Le principal problème avec les bitcoins, c’est leur instabilité. En
fait il n’y a pas de règles claires, il n’y a pas de cadre juridique pour garantir
leur valeur. Comme c’est une invention qui est très récente, il n’y a rien qui
protège ses utilisateurs. Donc souvent les personnes qui en achètent le font
uniquement pour spéculer. D’ailleurs la grande majorité des économistes
pensent que le bitcoin n’est pas une monnaie, que c’est simplement un outil
de spéculation. Il y a même des Etats, notamment la Chine, qui ont décidé
de l’interdire : depuis septembre 2017, il est impossible d’échanger des
bitcoins en Chine et ça c’est plutôt un mauvais signe pour ses utilisateurs.
[00:21:25] En fait, il y a de plus en plus d’obstacles à l’utilisation du bitcoin.
Comme maintenant il y a beaucoup de transactions, le système devient plus
difficile à gérer. Il faut de plus en plus de mineurs pour valider toutes ces
transactions et les enregistrer. Ça devient très problématique et ça
consomme aussi beaucoup d’énergie. Il y a une organisation qui a estimé
que la quantité d’énergie nécessaire pour assurer ces transactions est de 11
millions de tonnes de charbon par an, c’est énorme ! Donc vous comprenez
que l’utilisation des bitcoins est très mauvaise pour l’environnement.
[00:22:22] Mais le plus intéressant avec le bitcoin, c’est la technologie qu’il y
a derrière. Comme je vous l’ai dit, cette technologie s’appelle la blockchain.
Le magazine The Economist a déjà écrit il y a deux ans que la blockchain
pourrait changer le monde. Et certains investisseurs de la Silicon Valley
pensent que c’est l’innovation technologie la plus importante depuis internet.
Donc à mon avis c’est important de comprendre en quoi elle consiste.
[00:23:04] Pour comprendre la Blockchain, imaginez que vous êtes à une
réunion au travail. Il y a une personne qui prend des notes, qui retranscrit
tout ce que les participants disent. Après la réunion, cette personne envoie
la transcription à tout le monde. Et là, les participants se rendent compte que
cette personne a un peu changé leurs propos. Mais comme personne d’autre
n’a pris de notes pendant la réunion, alors les participants sont obligés
d’utiliser cette version. Ça, c’est le système actuel : on doit faire confiance à
un intermédiaire. Le système fonctionne parce que nous acceptons cet
intermédiaire et nous lui faisons confiance. Mais vous voyez que dans
certains cas, il se trompe, il fait des erreurs.
[00:24:06] Maintenant, imaginez que pendant la réunion, chaque participant
a un appareil qui enregistre et retranscrit automatiquement tout ce qui est
dit. À la fin de la réunion, tous les participants ont la même version sur leur
appareil, et ils doivent la valider pour qu’elle soit acceptée. Quand la version
est validée, elle devient un bloc dans les archives des réunions, et il est
impossible de le changer plus tard. Les blocs s’ajoutent après chaque
réunion, et ils forment une chaîne d’archives sécurisées à laquelle tout le
monde a accès. Voilà, si vous avez compris cet exemple, vous avez compris
la technologie de la blockchain.
[00:25:00] Évidemment, il y a énormément d’applications possibles avec
cette technologie. Par exemple, on peut imaginer qu’elle va faire disparaître
les entreprises comme Uber ou Airbnb. Pourquoi ? Eh bien parce que ce
sont des entreprises qui jouent seulement le rôle d’intermédiaire. Elles sont
des plateformes qui mettent en contact une offre et une demande. Avec la
blockchain, on peut imaginer un algorithme transparent qui remplacera ces
intermédiaires.
[00:25:39] Mais ça n’est pas tout ! La blockchain est aussi très utile pour
assurer la propriété, car tous les utilisateurs ont accès à l’information, aux
archives, et d’ailleurs ils ont tous exactement la même information. C’est
comme un contrat qui est signé avec tous les utilisateurs en même temps.
Imaginez que vous achetez une maison. Qui vous garantit qu’elle est bien à
vous, que c’est bien votre propriété ? D’un côté, l’ancien propriétaire qui vous
vend sa maison et de l’autre l’Etat qui vous protège avec le droit. Mais
maintenant, imaginez que l’Etat disparaît, par exemple s’il y a un
changement de régime. En même temps, une autre personne réclame votre
maison en disant que c’était elle qui en était le vrai propriétaire. À ce
moment-là, il n’y a plus rien qui vous protège, ni votre contrat ni l’Etat. Mais
si vous aviez acheté votre nouvelle maison avec le système de la blockchain,
tous les autres citoyens du pays auraient validé votre achat. Votre propriété
serait enregistrée dans les archives et reconnue par tous les citoyens, pas
seulement par l’Etat et l’ancien propriétaire. Ça a l’air beaucoup plus sûr,
non ? Et on peut imaginer la même application avec toutes les propriétés :
les maisons mais aussi les œuvres d’art par exemple.
[00:27:30] Maintenant, tout ça, ça implique de faire confiance à un algorithme
plutôt qu’à un intermédiaire. Ça n’est pas un système parfait non plus, il y a
des risques de piratage, d’attaques informatiques par exemple. Mais au
moins, il n’y a pas de risque de corruption : c’est impossible de corrompre
un algorithme !
[00:28:12] Voilà, nous arrivons à la fin de ce podcast. J’espère que ça n’était
pas trop technique, que ça n’était pas trop difficile à comprendre. En tout cas
je vous conseille de ne surtout pas investir dans le bitcoin ! C’est un
investissement très risqué, c’est de la pure spéculation, et il y a des gens qui
ont perdu beaucoup d’argent à cause de ça. Mais intéressez-vous plutôt à
la technologie derrière le bitcoin, à la blockchain, parce que ça c’est quelque
chose qui va peut-être révolutionner notre quotidien. Si vous voulez en savoir
plus, je vais ajouter des liens dans la description de l’épisode, des liens pour
des vidéos de conférence en français sur la blockchain.
[00:29:05] En tout cas merci de m’avoir écouté, merci d’être de plus en plus
nombreux à me laisser des évaluations sur iTunes et Facebook. Ça me fait
très plaisir de voir que je vous aide à progresser en français ! C’est vraiment
incroyable pour moi de pouvoir aider tellement de personnes !
[00:29:30] Dans deux semaines, ça sera un épisode un peu plus léger, un
peu plus facile, parce que je vous raconterai une histoire.
[00:29:38] En attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les
jours et de faire des choses qui vous plaisent pour rester motivés.
[00:29:50] À bientôt !
35 L’Étranger, d’Albert Camus [1/2]
alut, à tous. Pour ce 35ème épisode, je vous raconte l’histoire de L’Étranger.
[00:00:12] Bonjour à tous ou bonsoir (selon l’heure à laquelle vous
m’écoutez) ! Je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Si vous
écoutez ce podcast, ça veut dire que vous apprenez le français et laissezmoi vous dire que c’est une excellente idée ! Moi, je suis là pour vous aider
et pour rendre votre apprentissage plus agréable, plus plaisant.
L’apprentissage vous savez, c’est l’action d’apprendre. Alors pour faire ça,
je prépare des sujets qui me semblent intéressants et je vous en parle de
façon simple. Mon but, c’est que vous oubliiez que vous êtes en train de faire
du français et que vous appreniez de nouvelles choses. D’ailleurs, il y a deux
semaines vous avez peut-être reçu un email de ma part. J’ai écrit aux
personnes qui sont membres du site innerFrench, celles qui se sont inscrites
pour avoir accès aux transcriptions des podcasts. Je vous ai écrit pour vous
poser trois questions sur votre apprentissage du français et vos difficultés.
[00:01:27] Et je veux profiter de cet épisode pour remercier tous les auditeurs
et les auditrices qui m’ont répondu. J’ai reçu énormément de réponses qui
ont été très utiles. Maintenant, j’ai plein d’idées pour vous aider encore plus.
Ça va me demander pas mal de travail, mais j’espère pouvoir concrétiser la
première idée d’ici la fin du mois. Je vous en dirai plus à ce moment-là. Ah
d’ailleurs ça c’est une expression très utile : « en dire plus à quelqu’un ».
Vous savez qu’en français, il y a beaucoup d’expressions avec « en ». Bon,
je ne vais pas entrer dans les détails, mais normalement le pronom « en »
remplace un complément qui est introduit par « de » , par la préposition « de
». Sauf qu’il y a certaines expressions où « en » ne remplace rien de concret,
il suggère simplement quelque chose. Par exemple l’expression « en dire
plus », suggère qu’on a d’autres choses à ajouter. Vous pouvez l’utilisez
comme ça : « Je t’en dirai plus demain » ou « pour le moment, je ne t’en dis
pas plus ». Et moi, je vous en dirai plus sur mon idée la prochaine fois !
[00:02:53] Mais aujourd’hui, je vais plutôt vous raconter une histoire, celle du
célèbre roman d’Albert Camus – L’Étranger. Je suis presque sûr que vous
en avez déjà entendu parler. C’est le 2ème roman francophone le plus lu
dans le monde après le Petit Prince ! Et c’est un roman que je recommande
à mes élèves car il est assez facile à comprendre. En plus, comme il a été
écrit au XXème siècle, il est plus simple que les romans de Maupassant ou
de Zola. Le problème avec ces auteurs, c’est qu’ils ont un style et un
vocabulaire très différents du français actuel, du français contemporain.
Donc ils peuvent être vraiment difficiles à lire pour des non-francophones.
C’est pour ça que je recommande plutôt de lire des œuvres du XXème
siècle, et si possible d’après la seconde guerre mondiale. Leur style est
beaucoup plus proche du français d’aujourd’hui.
[00:04:01] Alors L’Étranger, c’est le tout premier roman de Camus. Il nous
raconte l’histoire d’un homme qui vit à Alger, la capitale de l’Algérie, au
moment où ce pays était encore une colonie française. On ne sait pas
exactement en quelle année l’histoire se passe mais on peut imaginer que
c’est vers la fin des années 30. Le héros s’appelle Meursault. C’est lui le
narrateur, on découvre sa vie à travers ses yeux. Et vous allez voir que
Meursault est un peu différent de vous et moi. À vrai dire, on a l’impression
qu’il ne ressent pas grand chose, que les événements qu’il vit ne l’affectent
pas. Il décrit tout ça avec une certaine distance, avec indifférence. C’est
aussi pour ça que le roman est facile à comprendre. Moi, j’ai repris une
grande partie du texte original, mais j’ai aussi coupé certains passages et
réécrit certaines phrases pour que ce soit plus facile à suivre. Il y a deux
parties dans ce roman. Aujourd’hui, je vais seulement vous lire la première
et nous ferons la deuxième dans le prochain épisode.
[00:05:20] Allez, je vous ai assez fait attendre. Maintenant, il est temps de
rencontrer l’Étranger.
[00:05:37] Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain.
Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
[00:05:56] L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres
d’Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi.
J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les
refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai
même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas répondu.
[00:06:24] J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela, je n’avais pas
à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il
le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment,
c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au
contraire, ce sera une affaire classée et tout semblera plus officiel.
[00:06:55] Je devais prendre l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud.
J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous
beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : « On n’a qu’une mère. »
[00:07:11] J’ai couru pour ne pas manquer le départ du bus. J’ai dormi
pendant presque tout le trajet. Quand je suis arrivé à l’asile, le concierge m’a
dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. C’était un petit vieux. Il a consulté
un dossier et m’a dit : « Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous
étiez son seul soutien. » J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai
commencé à lui expliquer. Mais il m’a interrompu : « Vous n’avez pas à vous
justifier. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses
besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte
fait, elle était plus heureuse ici. » J’ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. »
[00:08:04] Il a ajouté : « Vous savez, elle avait des amis, des gens de son
âge.
Vous, vous êtes jeune et elle devait s’ennuyer avec vous. »
[00:08:14] C’était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son
temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était
à l’asile, elle pleurait souvent. Mais c’était à cause de l’habitude. Au bout de
quelques mois, elle aurait pleuré si on l’avait retirée de l’asile.
[00:08:35] Toujours à cause de l’habitude. C’est un peu pour cela que dans
la dernière année je n’y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me
prenait mon dimanche – sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre
des tickets et faire deux heures de route.
[00:08:54] Puis le directeur m’a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre
mère. » Je me suis levé sans rien dire et il m’a accompagné jusqu’au
bâtiment où se trouvait maman. Une fois à la porte, le directeur m’a quitté.
[00:09:11] Je suis entré mais je n’ai pas voulu voir le corps de maman. Le
concierge est arrivé lui aussi et nous avons commencé à bavarder.
[00:09:21] La nuit est tombée rapidement et les amis de maman, les autres
patients de l’asile, sont venus nous rejoindre.
[00:09:28] Nous ne nous sommes pas parlé. Une des femmes a pleuré
pendant un long moment. Je fumais et buvais du café. Puis j’ai fini par
m’endormir. Quand je me suis réveillé le matin, le concierge a fait sortir les
vieux qui dormaient encore là et il m’a conduit chez lui pour boire un café au
lait qui était très bon.
[00:09:54] Quand je suis sorti, le soleil brillait. C’était une belle journée qui
se préparait. Ça faisait longtemps que j’étais allé à la campagne et je sentais
quel plaisir j’aurais pris à me promener s’il n’y avait pas eu maman. Le
directeur m’a à nouveau appelé dans son bureau. Il m’a fait signé plusieurs
papiers puis il m’a annoncé que tout était prêt pour l’enterrement. « Voulezvous voir votre mère une dernière fois ? » m’a-t-il demandé. J’ai répondu
que non.
[00:10:29] Ensuite il m’a dit qu’il assisterait à l’enterrement et je l’ai remercié.
[00:10:35] Il faisait de plus en plus chaud. Tout l’enterrement s’est passé
avec tant de précipitation, de certitude et de naturel, que je me souviens
seulement de quelques images. Je me souviens surtout de ma joie quand
l’autobus est revenu à Alger et que j’ai pensé que j’allais me coucher et
dormir pendant douze heures.
[00:11:00] En me réveillant, j’ai compris pourquoi mon patron avait l’air
mécontent quand je lui ai demandé mes deux jours de congé : c’est
aujourd’hui samedi. Mon patron, tout naturellement, a pensé que j’aurais
ainsi quatre jours de vacances avec mon dimanche et cela ne pouvait pas
lui faire plaisir. Mais d’une part, ce n’est pas ma faute si on a enterré maman
hier au lieu d’aujourd’hui et d’autre part, j’aurais eu mon samedi et mon
dimanche de toute façon. Mais je comprends quand même mon patron.
[00:11:35] J’ai décidé d’aller à la plage pour me baigner. Là, j’ai retrouvé
dans l’eau Marie Cardona, une ancienne secrétaire de mon bureau qui
m’attirait à l’époque.
[00:11:46] Je crois que je lui plaisais aussi. Nous avons nagé ensemble, puis
je lui ai demandé si elle voulait venir au cinéma, le soir. Elle a accepté. Le
film était drôle par moments et puis vraiment trop bête. Vers la fin de la
séance, je l’ai embrassée et elle est venue chez moi après le film.
[00:12:09] Quand je me suis réveillé, Marie était partie. Elle m’avait expliqué
qu’elle devait aller chez sa tante. J’ai pensé que c’était dimanche et cela m’a
ennuyé : je n’aime pas le dimanche. Alors, j’ai fait la grasse matinée en
fumant des cigarettes dans mon lit jusqu’à midi. Le reste de la journée est
passé, je n’ai rien fait de spécial à part regarder les passants depuis mon
balcon. J’ai pensé que c’était juste un dimanche de plus, que maman était
maintenant enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que, finalement,
rien n’avait changé.
[00:12:59] Aujourd’hui j’ai beaucoup travaillé au bureau. Le patron a été
aimable.
[00:13:04] Il m’a demandé si je n’étais pas trop fatigué et il a voulu savoir
aussi l’âge de maman. J’ai dit « une soixantaine d’années », pour ne pas me
tromper.
[00:13:16] À midi, je suis allé manger chez Céleste avec mon collègue
Emmanuel.
[00:13:21] Il m’a demandé si « ça allait quand même ». Je lui ai dit que oui
et que j’avais faim. J’ai mangé très vite et j’ai pris du café. Puis je suis rentré
chez moi, j’ai fait une sieste parce que j’avais trop bu de vin et, en me
réveillant, j’ai eu envie de fumer. Ensuite je suis retourné au bureau et j’ai
travaillé tout l’après-midi.
[00:13:45] En rentrant chez moi, j’ai croisé le vieux Salamano, mon voisin. Il
était avec son chien. Ils se ressemblaient tous les deux mais ils se
détestaient. Salamano passait son temps à battre son chien. Mon deuxième
voisin, Raymond Sintès, est entré dans l’immeuble. Il était assez petit, avec
de larges épaules et un nez de boxeur, toujours bien habillé. On ne
l’appréciait pas trop dans le quartier. Il paraissait qu’il gagnait de l’argent
grâce à des prostituées. Mais moi je passais du temps avec lui car je trouvais
qu’il racontait des choses intéressantes.
[00:14:30] Raymond m’a invité à manger chez lui et j’ai accepté. J’ai vu qu’il
avait une blessure à la main, et il m’a raconté qu’il s’était battu avec un
homme qui l’avait provoqué dans la rue. « Justement, j’ai un conseil au sujet
de cette affaire à vous demander » m’a-t-il dit. « Si vous acceptez de
m’écouter et de m’aider, on deviendra copains ». J’ai répondu que ça m’était
égal. Il a eu l’air satisfait et il a commencé à me raconter son histoire : « J’ai
connu une dame… c’était pour ainsi dire ma maîtresse. » L’homme avec qui
il s’était battu était le frère de cette femme. Il m’a dit qu’il s’était occupé d’elle,
qu’il payait pour le loyer de sa chambre et qu’il lui donnait de l’argent chaque
jour. « Mais elle disait que ça n’était pas suffisant, qu’elle avait besoin de
plus d’argent, a-t-il ajouté, alors je lui ai conseillé de trouver du travail, mais
elle m’a répondu qu’elle ne voulait pas. J’ai commencé à avoir des doutes et
j’ai trouvé des objets chez elle sans savoir comment elle les avait achetés.
C’est là que j’ai compris qu’elle me trompait. Alors, je l’ai quittée. Mais
d’abord, je l’ai battue. »
[00:15:53] Pour lui, ça n’était pas assez. Il voulait la punir encore plus, c’est
pour ça qu’il avait besoin de mes conseils. Son idée était d’écrire une lettre
à cette femme pour la convaincre de revenir avec lui, puis de l’humilier une
dernière fois. Il voulait que ce soit moi qui écrive la lettre. J’ai accepté et je
l’ai écrite tout de suite. Il a semblé très content du résultat et m’a dit que
maintenant, nous étions vraiment amis.
[00:16:38] J’ai bien travaillé toute la semaine. Hier, c’était samedi. J’ai
retrouvé Marie et nous sommes allés à une plage à quelques kilomètres
d’Alger. Nous avons passés l’après-midi à jouer dans l’eau et à nous
embrasser, puis nous sommes rentrés chez moi. Ce matin, Marie est restée
et elle m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien
dire, mais qu’il me semblait que non. Elle a eu l’air triste. Mais ensuite elle a
préparé le déjeuner comme si de rien n’était. C’est à ce moment que les
bruits d’une dispute ont éclaté chez Raymond.
[00:17:21] On a d’abord entendu une voix aiguë de femme et puis Raymond
qui disait : « Tu m’as manqué, tu m’as manqué. Je vais t’apprendre à me
manquer. » La femme a hurlé si fort que tous les voisins sont sortis sur le
palier. Marie et moi nous sommes sortis aussi. La femme criait toujours et
Raymond frappait toujours. Marie m’a dit que c’était terrible et je n’ai rien
répondu. Elle m’a demandé d’aller chercher un policier, mais je lui ai dit que
je n’aimais pas les policiers. Un autre voisin est allé en chercher un. Il a
frappé à la porte et Raymond a ouvert après un long moment. Le policier a
dit à la femme de partir et il a noté le nom de Raymond.
[00:18:10] Marie et moi avons fini de préparer le déjeuner. Mais elle n’avait
pas faim, j’ai presque tout mangé. Elle est partie à une heure et j’ai dormi un
peu.
[00:18:22] Vers trois heures Raymond est entré chez moi. Il m’a raconté qu’il
avait accompli sa vengeance, mais qu’après la femme l’avait giflé. C’est pour
ça qu’il l’avait battue. Je lui ai dit qu’il me semblait que maintenant elle était
punie et qu’il devait être content. C’était aussi son avis. Il m’a demandé si je
voulais sortir avec lui. Il m’a dit qu’il fallait que je lui serve de témoin devant
les policiers. Moi cela m’était égal, mais je ne savais pas ce que je devais
dire. Selon Raymond, il suffisait de déclarer que la fille lui avait manqué. J’ai
accepté de lui servir de témoin.
[00:19:05] Nous sommes sortis et nous avons passé un bon moment. Je
trouvais que Raymond était très gentil.
[00:19:13] En rentrant, nous avons vu le vieux Salamano qui avait l’air agité.
Quand nous nous sommes rapprochés, j’ai vu qu’il n’avait pas son chien. Il
regardait de tous les cotés, cherchait partout dans la rue. Quand Raymond
lui a demandé ce qu’il avait, il a répondu que son chien s’était enfui pendant
leur promenade. Raymond et moi, on lui a dit que son chien allait sûrement
revenir. Mais le vieux avait l’air de plus en plus agité, il avait peur que des
employés de la fourrière trouvent son chien et le prennent. « Mais s’ils me
demandent de l’argent pour le récupérer, le chien peut bien crever ! ».
[00:19:56] Raymond et moi, nous sommes rentrés chez nous. Un moment
après, le vieux Salamano a frappé à ma porte. Quand j’ai ouvert, il m’a dit :
« Ils ne vont pas me le prendre, dites, monsieur Meursault. Ils vont me le
rendre. Qu’est-ce que je vais devenir sinon ? » Je lui ai dit que la fourrière
gardait les chiens trois jours à la disposition de leurs propriétaires et
qu’ensuite elle en faisait ce que bon lui semblait. Il m’a regardé en silence.
[00:20:27] Puis il m’a dit : « Bonsoir. » Il a fermé sa porte et après j’ai entendu
qu’il pleurait chez lui. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à maman. Mais il
fallait que je me lève tôt le lendemain. Je n’avais pas faim et je me suis
couché sans dîner.
[00:20:46] Raymond m’a téléphoné au bureau pour m’inviter à passer la
journée de dimanche chez un de ses amis près d’Alger. Je lui ai répondu
que je voulais bien mais que j’étais censé voir Marie ce jour-là, alors il m’a
dit de venir avec elle. J’ai accepté. Il voulait aussi m’avertir d’autre chose. Il
avait été suivi toute la journée par un groupe d’Arabes parmi lesquels se
trouvait le frère de son ancienne maîtresse. « Si tu le vois près de la maison
ce soir en rentrant, avertis-moi. »
[00:21:20] Peu après, le patron m’a fait venir dans son bureau. Il avait
l’intention d’installer un bureau à Paris et il voulait savoir si j’accepterais d’y
aller. Cela me permettrait de vivre à Paris et aussi de voyager une partie de
l’année.
[00:21:37] « Vous êtes jeune, et il me semble que c’est une vie qui doit vous
plaire. » a-t-il dit. J’ai dit que oui mais que dans le fond cela m’était égal. Il
m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai
répondu qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient
et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. Il a eu l’air mécontent, m’a
dit que je répondais toujours à côté, que je n’avais pas d’ambition et que cela
était très mauvais pour les affaires.
[00:22:15] Alors je suis retourné travailler. Je ne voyais pas de raison pour
changer ma vie. En y réfléchissant bien, je n’étais pas malheureux. Quand
j’étais étudiant, j’avais beaucoup d’ambitions de ce genre. Mais quand j’ai dû
abandonner mes études, j’ai très vite compris que tout cela était sans
importance réelle.
[00:22:38] Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais
me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le
faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais.
[00:22:54] J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne
signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser
alors ? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et
que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D’ailleurs, c’était elle qui
le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le
mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non. » Elle m’a regardé en
silence, puis elle m’a demandé si j’aurais accepté la même proposition
venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit
: « Naturellement. » Elle s’est demandé alors si elle m’aimait et moi, je ne
pouvais rien savoir sur ce point.
[00:23:46] Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais
bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un
jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je n’avais rien à
ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se
marier avec moi.
[00:24:06] Ensuite nous nous sommes promenés dans la ville jusqu’au soir.
Marie est partie car elle avait des choses à faire.
[00:24:14] J’ai dîné au restaurant puis en rentrant chez moi j’ai trouvé le
vieux Salamano. Je l’ai fait entrer et il m’a appris que son chien était perdu,
car il n’était pas à la fourrière. Les employés lui avaient dit que, peut-être, il
avait été écrasé. J’ai dit au vieux Salamano qu’il pourrait avoir un autre chien,
mais il m’a dit qu’il était habitué à celui-là. Je lui ai posé quelques questions
sur son chien, il m’a dit qu’il l’avait eu après la mort de sa femme, et il a
commencé à me raconter sa vie. Il m’a dit que maman aimait beaucoup son
chien. En parlant d’elle, il l’appelait « votre pauvre mère. ». Il a ajouté qu’il
savait que dans le quartier on m’avait mal jugé parce que j’avais mis ma
mère à l’asile, mais il me connaissait et il savait que j’aimais beaucoup
maman. J’ai répondu, que je l’ignorais, mais que mettre maman à l’asile
m’avait paru une chose naturelle puisque je n’avais pas assez d’argent pour
la faire garder. « D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle n’avait
rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule. – Oui, m’a-t-il dit, et à l’asile,
du moins, on se fait des camarades. » Puis il est rentré chez lui.
[00:25:51] Le dimanche, Marie est venue me réveiller et je me suis préparé
pour aller chez l’ami de Raymond. La veille nous étions allés au
commissariat et j’avais témoigné que la fille avait « manqué » à Raymond. Il
s’en est sorti avec un avertissement.
[00:26:08] Les policiers n’ont pas contrôlé mon affirmation.
[00:26:12] Avant de partir pour la plage, Raymond, m’a montré un groupe
d’Arabes en face qui nous regardaient en silence. Il m’a dit qu’un des
hommes du groupe était celui dont il m’avait parlé. Mais il a ajouté que, c’était
maintenant une histoire finie. Marie ne comprenait pas très bien et nous a
demandé ce qu’il y avait. Je lui ai dit que c’étaient des Arabes qui en
voulaient à Raymond. Elle a voulu qu’on parte tout de suite.
[00:26:42] Nous sommes allés vers l’arrêt d’autobus qui était un peu plus loin
et Raymond m’a annoncé que les Arabes ne nous suivaient pas. Je me suis
retourné. Ils étaient toujours à la même place et ils regardaient avec
indifférence l’endroit que nous venions de quitter. Nous avons pris l’autobus.
[00:27:01] Nous sommes descendus dans la banlieue d’Alger. La plage
n’était pas loin de l’arrêt d’autobus. L’ami de Raymond habitait juste au bout
de la plage. Il s’appelait Masson. C’était un grand type avec une petite
femme ronde et gentille, à l’accent parisien. Il nous a dit tout de suite de nous
mettre à l’aise et qu’on mangerait des poissons qu’il avait pêchés le matinmême.
[00:27:28] Je suis allé me baigner avec Marie et Masson. Je me sentais bien
avec Marie, nous étions en parfaite harmonie dans la mer. Ensuite, nous
sommes retournés nous allonger sur la plage, puis nous sommes allés
manger tous ensemble. Nous avons bu beaucoup de vin et au moment du
café, j’avais la tête un peu lourde. Après le repas, Raymond, Masson et moi
sommes allés nous promener pendant que les femmes restaient faire la
vaisselle et la sieste.
[00:28:01] À un moment, Raymond a dit à Masson quelque chose que j’ai
mal entendu. Mais j’ai aperçu en même temps, tout au bout de la plage, deux
Arabes qui venaient dans notre direction. J’ai regardé Raymond et il m’a dit
: « C’est lui. » Nous avons continué à marcher. Les Arabes avançaient
lentement et ils étaient déjà beaucoup plus rapprochés. Raymond a dit : «
S’il y a de la bagarre, toi, Masson, tu prendras le deuxième. Moi, je me
charge de mon type. Toi, Meursault, s’il en arrive un autre, il est pour toi. »
J’ai dit : « Oui » et Masson a mis ses mains dans les poches. Quand nous
avons été à quelques pas les uns des autres, les Arabes se sont arrêtés.
Raymond est allé tout droit vers son type. J’ai mal entendu ce qu’il lui a dit,
mais l’autre a fait semblant de lui donner un coup de tête. Raymond a frappé
alors une première fois et il a tout de suite appelé Masson. Masson est allé
à celui qu’on lui avait désigné et il l’a frappé. Pendant ce temps Raymond
aussi frappait l’autre. Raymond s’est retourné vers moi et a dit : « Tu vas voir
ce qu’il va prendre. » Je lui ai crié : « Attention, il a un couteau ! » Mais déjà
Raymond avait le bras ouvert et la bouche tailladée. Nous nous sommes
arrêtés. Les deux Arabes reculaient en nous menaçant avec le couteau et
puis ils se sont enfuis.
[00:29:37] Nous sommes rentrés et Raymond est parti avec Masson voir un
docteur qui n’était pas loin. Je suis resté pour expliquer aux femmes ce qui
était arrivé.
[00:29:48] Mme Masson pleurait et Marie était très pâle. Moi, cela m’ennuyait
de leur expliquer. J’ai fini par me taire et j’ai fumé en regardant la mer.
[00:30:01] Vers une heure et demie, Raymond est revenu avec Masson. Le
docteur lui avait dit que ce n’était rien, mais Raymond avait l’air très sombre.
Il est parti vers la plage et je l’ai suivi. Nous avons marché longtemps sur la
plage. Le soleil était maintenant écrasant. Nous sommes arrivés enfin à une
petite source d’eau qui coulait dans le sable, derrière un gros rocher. Là,
nous avons trouvé nos deux Arabes. Ils étaient couchés, ils avaient l’air tout
à fait calmes et presque contents. Notre venue n’a rien changé. Celui qui
avait frappé Raymond le regardait sans rien dire.
[00:30:45] Raymond a pris son revolver, mais l’autre n’a pas bougé.
Raymond m’a demandé : « Je le tue ? » Je lui ai répondu : « Il ne t’a pas
encore parlé. Tu ne devrais pas tirer comme ça. » Puis Raymond a dit : «
Alors, je vais l’insulter et quand il répondra, je le tuerai. » « Non, ai-je dit à
Raymond. Prends-le d’homme à homme et donne-moi ton revolver. Si l’autre
intervient, ou s’il tire son couteau, je le tuerai. » Raymond m’a donné son
revolver. J’ai pensé à ce moment qu’on pouvait tirer ou ne pas tirer. Mais
brusquement, les Arabes sont partis. Raymond et moi sommes alors rentrés
chez Masson. Raymond semblait allait mieux et il a parlé de l’autobus du
retour. Moi ça m’était égal, d’être ici ou là. Mais j’ai décidé de retourner vers
la plage.
[00:31:55] Il faisait très chaud, j’ai marché longtemps. J’ai fini par arriver au
rocher où nous avions vu les Arabes. C’est là que j’ai vu que le type de
Raymond était revenu.
[00:32:08] Il était seul, allongé sur le sable. J’ai été un peu surpris. Pour moi,
c’était une histoire finie et j’étais venu là sans y penser.
[00:32:20] Dès qu’il m’a vu, il s’est levé un peu et a mis la main dans sa
poche.
[00:32:25] Moi, naturellement, j’ai serré le revolver de Raymond dans ma
veste. J’ai pensé que je pouvais juste repartir et que ce serait fini. Mais le
soleil brûlant et la longue plage derrière moi me décourageaient. J’ai attendu.
C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme ce
jour-là, j’avais mal à la tête. Pour éviter le soleil qui me brûlait, j’ai fait un pas
en avant. Et cette fois, l’Arabe a sorti son couteau. La lumière s’est reflétée
sur la lame et m’a aveuglé, d’autant plus que j’avais les yeux couverts de
sueur.
[00:33:08] C’est alors que tout a basculé. J’ai tiré sur l’Arabe. J’ai compris
que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où
j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur son corps qui ne
bougeait plus. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la
porte du malheur.
[00:33:47] Pas mal non ? Je suis sûr que vous voulez connaître la suite ! Si
vous ne voulez pas attendre, vous pouvez trouver sur Youtube une lecture
complète faite par Albert Camus lui-même. Bon elle dure presque 3 heures
donc il faut être motivé, mais je pense que c’est un très bon exercice. Je vais
mettre le lien dans la description du podcast. Et bien sûr je vous encourage
aussi à lire le livre vous-même si vous avez le temps.
[00:34:21] En tout cas merci beaucoup de m’avoir écouté ! Je vous rappelle
que si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une évaluation du podcast
sur iTunes ou sur Facebook. N’oubliez pas non plus de vous abonner pour
recevoir automatiquement tous les nouveaux épisodes. Et si vous avez des
questions, envoyez-moi un email à l’adresse hugo@innerfrench.com.
[00:34:49] On se retrouve dans deux semaines pour la suite de cette histoire.
Et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les jours !
36 L’Étranger, d’Albert Camus [2/2]
Bienvenue dans l’épisode 36. Aujourd’hui, je vous raconte la 2ème partie de
L’Etranger, d’Albert Camus.
[00:00:17] Salut à tous ! J’espère que vous allez bien. Je suis ravi de vous
retrouver pour la suite de notre histoire. Je suis sûr que vous êtes impatients
de savoir ce qui va se passer. Peut-être que vous avez lu le roman ou écouté
la lecture de Camus sur Youtube que j’avais postée dans la description du
dernier épisode. Dans ce cas, il n’y a pas de suspense pour vous. Mais ça
peut quand même être intéressant. Surtout que je raconte cette histoire
d’une façon simplifiée, donc si jamais le texte original était trop difficile pour
vous, aujourd’hui ça devrait aller.
[00:01:01] Je vous conseille aussi d’utiliser la transcription sur mon site
(innerfrench.com) pour vous aider. D’ailleurs j’en profite pour vous dire que
j’ai changé le format des transcriptions. Maintenant c’est plus facile de
naviguer sur la page et d’écouter en même temps. Donc si vous avez le
temps, allez voir sur le site et dites-moi ce que vous en pensez !
[00:01:26] Mais pour le moment, je vais vous rappeler rapidement ce qui
s’est passé. Notre héros s’appelle Meursault et c’est lui qui nous raconte son
histoire. Au début du roman, sa mère meurt mais ça ne semble pas
beaucoup l’affecter. Le jour après l’enterrement de sa mère, le lendemain, il
rencontre une jeune femme, Marie, et commence une relation avec elle. Tout
va bien jusqu’à ce que le voisin de Meursault, Raymond, l’entraîne dans une
histoire de règlement de compte avec un groupe d’Arabes (car les
évènements se passent en Algérie, quand ce pays était une colonie
française). Raymond a frappé la sœur d’un Arabe et celui-ci veut se venger.
À cause de cette histoire, Meursault tue cet homme avec un revolver un
après-midi sur une plage. Mais on ne comprend pas vraiment pourquoi il le
fait. Lui-même ne comprend pas vraiment son acte. C’est au moment de ce
meurtre que nous nous sommes arrêtés la dernière fois.
[00:02:37] Aujourd’hui, nous allons vivre le procès de Meursault qui doit être
jugé pour son crime.
[00:02:51] Huit jours après mon arrestation, j’ai été interrogé par le juge
d’instruction. Il m’a regardé avec curiosité. Il a voulu savoir si j’avais choisi
un avocat.
[00:03:04] J’ai reconnu que non et que je n’en avais pas besoin car je
trouvais mon affaire très simple. Il a souri en disant : « C’est un avis.
Pourtant, la loi est là. Si vous ne choisissez pas d’avocat, nous en choisirons
un pour vous. » J’ai trouvé ça très pratique. Tout cela me semblait être un
jeu.
[00:03:26] Le lendemain, un avocat est venu me voir à la prison. Il m’a dit
que mon affaire était délicate, mais qu’il ne doutait pas du succès, si je lui
faisais confiance. Je l’ai remercié et il m’a dit : « Entrons dans le vif du sujet.
»
[00:03:43] Il m’a expliqué qu’on avait pris des renseignements sur ma vie
privée. On avait su que ma mère était morte récemment à l’asile et que «
j’avais fait preuve d’insensibilité » le jour de l’enterrement de maman. « Vous
comprenez, m’a dit mon avocat, ça me gêne un peu de vous demander cela.
Mais c’est très important.
[00:04:06] Et ce sera un gros argument pour l’accusation, si je ne trouve rien
à répondre. » Il voulait que je l’aide. Il m’a demandé si j’avais été triste ce
jour-là. Cette question m’a beaucoup étonné. J’ai répondu cependant que
j’avais un peu perdu l’habitude de m’interroger et qu’il m’était difficile de
répondre. Sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire.
Tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils
aimaient. Ici, l’avocat m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de
ne pas dire cela pendant le procès.
[00:04:50] Il a réfléchi. Il m’a demandé s’il pouvait dire que ce jour-là j’avais
dominé mes sentiments naturels. Je lui ai dit : « Non, parce que c’est faux.
» Il m’a regardé d’une façon bizarre, comme si je lui inspirais un peu de
dégoût.
[00:05:08] Il est parti avec un air fâché. J’aurais voulu le retenir, lui expliquer
que j’étais comme tout le monde, absolument comme tout le monde. Mais
tout cela, au fond, n’avait pas grande utilité et j’y ai renoncé par paresse.
[00:05:26] Peu de temps après, j’ai à nouveau été interrogé par le juge
d’instruction. Mon avocat n’avait pas pu venir, mais j’ai dit que je pouvais
répondre seul.
[00:05:37] Alors le juge a déclaré : « Ce qui m’intéresse, c’est vous. » Je n’ai
pas bien compris ce qu’il entendait par là et je n’ai rien répondu. « Il y a des
choses, a-t-il ajouté, qui m’échappent dans votre geste. Je suis sûr que vous
allez m’aider à les comprendre. » J’ai dit que tout était très simple. Il m’a
demandé de lui raconter à nouveau la journée où j’ai commis mon crime.
[00:06:07] Je lui ai tout répété : Raymond, la plage, la dispute, encore la
plage, le soleil et les cinq coups de revolver. Après un silence, il s’est levé et
m’a dit qu’il voulait m’aider, que je l’intéressais et qu’avec l’aide de Dieu, il
ferait quelque chose pour moi.
[00:06:28] Mais avant, il voulait me poser encore quelques questions. Sans
transition, il m’a demandé si j’aimais maman. J’ai dit : « Oui, comme tout le
monde ».
[00:06:41] Toujours sans logique apparente, le juge m’a alors demandé si
j’avais tiré les cinq coups de revolver à la suite. J’ai réfléchi et précisé que
j’avais tiré une seule fois d’abord et, après quelques secondes, les quatre
autres coups. « Pourquoi avez-vous attendu entre le premier et le second
coup ? » a-t-il alors demandé. Je n’ai rien répondu.
[00:07:09] « Pourquoi, pourquoi avez-vous tiré sur un corps à terre ? » Là
encore, je n’ai pas su répondre. « Pourquoi ? Il faut que vous me le disiez.
Pourquoi ? » Je me taisais toujours.
[00:07:24] Alors le juge a pris un crucifix dans son bureau et il l’a brandi face
à moi. Il m’a dit très vite et d’une façon passionnée que lui croyait en Dieu,
que sa conviction était qu’aucun homme n’était assez coupable pour que
Dieu ne lui pardonne pas, mais qu’il fallait pour cela que l’homme
reconnaisse sa faute. Il me faisait un peu peur. Il m’a demandé si je croyais
en Dieu. J’ai répondu que non. Le juge a eu l’air très déçu et fatigué. Il m’a
demandé si je regrettais mon acte, et j’ai dit que j’éprouvais plutôt un certain
ennui. J’ai eu l’impression qu’il ne me comprenait pas.
[00:08:12] Par la suite, j’ai souvent revu le juge d’instruction. Mais j’étais
accompagné de mon avocat à chaque fois. On ne s’occupait pas vraiment
de moi, on me demandait juste de préciser certains points de mes
déclarations précédentes.
[00:08:28] Personne n’était méchant avec moi, tout semblait naturel et bien
réglé. J’avais l’impression ridicule de « faire partie de la famille ».
[00:08:39] En prison, j’ai d’abord été avec d’autres détenus, puis on m’a mis
seul dans une cellule. Un jour, on m’a annoncé que j’avais une visite. J’ai
pensé que c’était Marie et oui, c’était bien elle. Nous nous sommes retrouvés
au parloir. Il y avait beaucoup de détenus et leur famille. Tout le monde
parlait très fort. Marie m’a demandé si j’étais bien et si j’avais tout ce que je
voulais, j’ai répondu que oui.
[00:09:11] Elle m’a dit qu’il fallait espérer, que je serais libéré et qu’on se
marierait. J’ai répondu : « Tu crois ? ». Mais c’était difficile de l’entendre à
cause des autres conversations autour de nous. Au bout d’un moment, des
gardiens sont venus me chercher pour me ramener dans ma cellule. J’ai
regardé Marie une dernière fois ; elle souriait mais elle avait l’air tendue.
[00:09:38] Pour moi, le plus difficile en prison, c’est que j’avais des pensées
d’homme libre.
[00:09:44] Par exemple, j’avais envie d’aller à la plage ou de fumer des
cigarettes. Je pensais aussi beaucoup aux femmes. Pas à Marie ni à une
femme en particulier, mais à toutes les femmes avec lesquelles j’avais
couché.
[00:10:01] Petit à petit, je me suis habitué à la vie en prison. J’attendais la
promenade quotidienne ou la visite de mon avocat. J’ai pensé que
finalement, on pouvait s’habituer à tout.
[00:10:14] En fait, je n’étais pas trop malheureux. Toute la question, encore
une fois, était de tuer le temps. Je passais mon temps à me souvenir de mon
ancienne vie et à dormir. Je dormais de seize à dix-huit heures par jour.
C’était la même journée qui se répétait encore et encore. Ainsi, le temps a
passé.
[00:10:48] Après onze mois d’instruction, mon procès est arrivé. Ça
m’intéressait de voir un procès, je n’avais jamais eu l’occasion d’en voir dans
ma vie.
[00:10:59] La salle était remplie. J’ai vu les jurés assis en face de moi qui
m’observaient. Il y avait aussi beaucoup de journalistes. Tout le monde se
parlait comme dans un club où l’on est heureux de se retrouver. J’avais
l’impression d’être de trop, comme un intrus.
[00:11:18] Mon avocat est arrivé. Il est allé vers les journalistes, a serré des
mains. Ils ont plaisanté, ri et avaient l’air tout à fait à l’aise.
[00:11:29] Les trois juges sont entrés et le procès a commencé. Comme je
ne connaissais pas les règles d’un procès, je n’ai pas très bien compris tout
ce qui s’est passé ensuite.
[00:11:40] Le président m’a questionné avec calme. Il a raconté ce qui s’était
passé le jour de l’incident en me demandant de confirmer les faits. C’était
assez long car il racontait ça avec beaucoup de détails.
[00:11:57] Ensuite, il m’a posé des questions sur maman. Il m’a demandé
pourquoi je l’avais mise à l’asile. J’ai répondu que c’était parce que je
manquais d’argent pour la faire garder et soigner. Il m’a demandé si cela
avait été difficile et j’ai répondu que ni maman ni moi n’attendions plus rien
l’un de l’autre, et que nous nous étions habitués à nos nouvelles vies. Le
président a dit alors qu’il ne voulait pas insister sur ce point et il a demandé
au procureur s’il ne voyait pas d’autre question à me poser. Celui-ci a dit qu’il
voulait savoir si j’étais retourné sur la plage avec l’intention de tuer l’Arabe.
J’ai répondu que non et que c’était simplement le hasard. Le procès s’est
interrompu pour le déjeuner.
[00:12:54] L’après-midi, tout a recommencé avec l’audition des témoins.
C’est d’abord le directeur de l’asile de maman qui a été interrogé. Il a dit qu’il
avait été surpris de mon calme le jour de l’enterrement, que je n’avais pas
voulu voir maman et que je n’avais pas pleuré une seule fois. J’ai senti tous
les regards se poser sur moi. Pour la première fois depuis des années, j’ai
eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté
par tous ces gens-là. Pour la première fois, j’ai compris que j’étais coupable.
[00:13:34] Ensuite, on a fait venir les témoins cités par la défense. La
défense, c’était moi. D’abord Céleste, le patron du restaurant. On lui a
demandé si j’étais son client et il a dit : « Oui, mais c’était aussi un ami ». On
lui a demandé encore ce qu’il pensait de mon crime. Il a dit : « Pour moi,
c’est un malheur. Un malheur, tout le monde sait ce que c’est. Ça vous laisse
sans défense. Eh bien ! pour moi c’est un malheur. » Il allait continuer, mais
le président lui a dit que c’était bien et qu’on le remerciait. Céleste s’est alors
retourné vers moi. Il avait l’air de me demander ce qu’il pouvait encore faire.
Moi, je n’ai rien dit, je n’ai fait aucun geste, mais c’est la première fois de ma
vie que j’ai eu envie d’embrasser un homme.
[00:14:33] C’était ensuite au tour de Marie. Elle semblait très nerveuse. Tout
de suite, on lui a demandé depuis quand elle me connaissait. Elle a indiqué
l’époque où elle travaillait chez nous. Après le procureur lui a demandé
quand avait commencé notre liaison. Elle a indiqué la date. Le procureur a
remarqué c’était le lendemain de la mort de maman. Puis il a demandé à
Marie de résumer cette journée où je l’avais connue. Marie ne voulait pas
parler, mais devant l’insistance du procureur, elle a parlé de notre après-midi
à la plage, de la comédie que nous avions vue au cinéma et de la nuit chez
moi.
[00:15:19] Quand elle a fini, le silence était complet dans la salle. Le
procureur s’est alors levé, et, le doigt tendu vers moi, il a articulé lentement
: « Messieurs les jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme allait
à la plage, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film
comique. Je n’ai rien de plus à vous dire. » Il s’est assis, toujours dans le
silence. Mais, tout d’un coup, Marie a commencé à pleurer, elle a dit que ce
n’était pas cela, qu’il y avait autre chose, qu’on la forçait à dire le contraire
de ce qu’elle pensait, qu’elle me connaissait bien et que je n’avais rien fait
de mal. Mais on l’a faite sortir de la salle et l’audience a continué.
[00:16:20] Puis est venu le tour de Raymond, qui était le dernier témoin. Le
procureur lui a demandé pourquoi la lettre qui était à l’origine du drame avait
été écrite par moi, pourquoi j’avais témoigné en sa faveur au commissariat,
et pourquoi j’étais sur la plage le jour du crime. Raymond a répondu que tout
cela était le résultat du hasard. Mais le juge a dit que cela faisait beaucoup
de hasards.
[00:16:52] Le procureur s’est alors retourné vers le jury et a déclaré : « Le
même homme qui au lendemain de la mort de sa mère commençait une
relation sentimentale, a tué un homme pour aider son ami proxénète.»
[00:17:08] Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : « Enfin, est-il
accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ? » Le public a ri.
[00:17:21] Alors le procureur lui a répondu avec force : « Oui, j’accuse cet
homme d’avoir enterré une mère avec un cœur de criminel. » Cette
déclaration a semblé faire un effet considérable sur le public. J’ai compris
que les choses n’allaient pas bien pour moi. L’audience a été levée.
[00:17:45] Même sur un banc d’accusé, il est toujours intéressant d’entendre
parler de soi. Pendant les plaidoiries du procureur et de mon avocat, je peux
dire qu’on a beaucoup parlé de moi et peut-être plus de moi que de mon
crime. J’étais parfois tenté d’intervenir et mon avocat me disait alors : «
Taisez-vous, cela vaut mieux pour votre affaire. » On avait l’air de traiter
cette affaire sans moi. De temps en temps, j’avais envie d’interrompre tout
le monde et de dire : « Mais tout de même, qui est l’accusé ? C’est important
d’être l’accusé. Et j’ai quelque chose à dire ! » Mais après tout, je n’avais
rien à dire.
[00:18:31] Le procureur a voulu démontrer que mon acte était un crime
prémédité. Il a raconté tous les évènements avec une certaine logique. C’est
vrai que sa version était assez claire et plausible. Ensuite, il a demandé aux
jurés : « Cet homme a-t-il seulement exprimé des regrets ? Jamais,
Messieurs. Pas une seule fois au cours de l’instruction cet homme n’a
semblé ému de son crime. »
[00:19:01] Il avait raison, je ne regrettais pas beaucoup mon acte. Mais je ne
comprenais pas pourquoi il s’acharnait tellement sur moi. Il a ensuite déclaré
que je n’avais pas d’âme ni de morale, et que je n’avais rien à faire avec une
société dont j’ignorais les règles les plus essentielles. Il a fini sa plaidoirie en
disant : « Je vous demande la tête de cet homme monstrueux. »
[00:19:31] Quand le procureur s’est rassis, il y a eu un moment de silence
assez long. Le président m’a demandé si je n’avais rien à ajouter. Je me suis
levé et comme j’avais envie de parler, j’ai dit, un peu au hasard d’ailleurs,
que je n’avais pas eu l’intention de tuer l’Arabe, que l’incident était arrivé à
cause du soleil.
[00:19:53] Je me suis rendu compte de mon ridicule en entendant les rires
dans la salle.
[00:20:00] L’audience a été interrompue jusqu’à l’après-midi, puis mon
avocat a commencé sa plaidoirie. Elle semblait interminable. Il a dit que
j’étais un honnête homme, un travailleur régulier, fidèle à son entreprise.
Pour lui, j’étais un fils modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps
qu’il l’avait pu. Ensuite, la séance s’est interrompue pour que les jurés
prennent leur décision et on m’a fait sortir de la salle. Mon avocat m’a dit qu’il
était confiant. Après 45 minutes, on m’a à nouveau fait entrer dans la salle
pour m’annoncer ma sentence. Le président a dit : « vous aurez la tête
coupée sur une place publique au nom du peuple français. » Puis il m’a
demandé si j’avais quelque chose à ajouter. J’ai réfléchi. J’ai dit : « Non. »
C’est alors qu’on m’a emmené.
[00:21:13] Dans ma cellule, je me demandais comment se passerait mon
exécution. Je me demandais aussi si des condamnés avaient déjà réussi à
s’échapper. Au moins une fois ! Dans un sens, je crois que cela m’aurait
suffi. Mon cœur aurait imaginé le reste.
[00:21:32] Tout cela me semblait ridicule. La sentence aurait pu être
complètement différente. Mais j’étais obligé de reconnaître que dès la
seconde où elle avait été prononcée, ses effets devenaient certains.
J’imaginais le moment où ils viendraient me chercher. J’essayais de ne pas
y penser, mais c’était plus fort que moi.
[00:21:55] Un prêtre est venu me rendre visite. Je lui ai dit que je ne croyais
pas en Dieu.
[00:22:01] Il a voulu savoir si j’en étais bien sûr et j’ai dit que cela me
paraissait une question sans importance. Je lui ai dit que ça ne m’intéressait
pas.
[00:22:13] Il m’a demandé si je parlais comme ça à cause du désespoir. Je
lui ai expliqué que je n’étais pas désespéré. J’avais seulement peur, c’était
bien naturel. « Dieu peut vous aider, a-t-il remarqué. Tous ceux que j’ai
connus dans votre cas se sont tournés vers lui. » J’ai reconnu que c’était
leur droit. Mais moi, je ne voulais pas qu’on m’aide et je n’avais pas le temps
de m’intéresser à ces questions.
[00:22:43] Il a eu l’air de s’énerver, il m’a dit que s’il me parlait comme ça, ce
n’était pas parce que j’étais condamné à mort ; à son avis, nous étions tous
condamnés à mort. Mais je l’ai interrompu en lui disant que ce n’était pas la
même chose et que, d’ailleurs, ce ne pouvait être, en aucun cas, une
consolation. « Certes, a-t-il approuvé. Mais vous mourrez plus tard si vous
ne mourez pas aujourd’hui. La même question se posera alors. Comment
vivrez-vous cette terrible épreuve ? » J’ai répondu que je la vivrais
exactement comme je la vivais en ce moment.
[00:23:25] Alors le prêtre s’est levé et m’a regardé droit dans les yeux. Il m’a
demandé : « N’avez-vous donc aucun espoir et vivez-vous avec la pensée
que vous allez mourir? – Oui », ai-je répondu.
[00:23:41] J’ai senti qu’il commençait à m’ennuyer. Selon lui, la justice des
hommes n’était rien et la justice de Dieu tout. J’ai répondu que c’était la
première qui m’avait condamné. Il m’a répondu qu’elle n’avait pas, pour
autant, lavé mon péché. Je lui ai dit que je ne savais pas ce qu’était un
péché. On m’avait seulement appris que j’étais un coupable. J’étais
coupable, je payais, on ne pouvait rien me demander de plus. Il m’a répondu
que si, on pourrait me demander plus.
[00:24:13] Le prêtre m’a regardé avec une sorte de tristesse puis il a
demandé si je lui permettais de m’embrasser : « Non », ai-je répondu. Je
voulais lui demander de partir, mais il s’est écrié : « Non, je ne peux pas vous
croire. Je suis sûr qu’il vous est arrivé de souhaiter une autre vie. » Je lui ai
répondu que naturellement, mais cela n’avait pas plus d’importance que de
souhaiter d’être riche, de nager très vite ou d’être plus beau. C’était du même
ordre. Mais lui m’a arrêté et il voulait savoir comment je voyais cette autre
vie. Alors, je lui ai crié : « Une vie où je pourrais me souvenir de celle-ci », et
aussitôt je lui ai dit que j’en avais assez. Il voulait encore me parler de Dieu,
mais je me suis avancé vers lui et j’ai tenté de lui expliquer une dernière fois
qu’il me restait peu de temps. Je ne voulais pas le perdre avec Dieu. Il a
essayé de changer de sujet en me demandant pourquoi je l’appelais «
monsieur » et non pas « mon père ». Cela m’a énervé je lui ai répondu qu’il
n’était pas mon père : il était avec les autres.
[00:25:34] « Non, mon fils, a-t-il dit en mettant la main sur mon épaule. Je
suis avec vous. Mais vous ne pouvez pas le savoir parce que vous avez un
cœur aveugle. Je prierai pour vous. »
[00:25:47] Alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a explosé
en moi. Je me suis mis à crier, je l’ai insulté et je lui ai dit de ne pas prier. Je
l’ai attrapé par le col. Il avait l’air si certain, n’est-ce pas ? Pourtant, aucune
de ses certitudes ne valait un cheveu de femme. Il n’était même pas sûr
d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort. Moi, j’avais l’air d’avoir les mains
vides. Mais j’étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et
de cette mort qui allait venir. Oui, je n’avais que cela. Mais du moins, je tenais
cette vérité autant qu’elle me tenait. J’avais eu raison, j’avais encore raison,
j’avais toujours raison. J’avais vécu de telle façon et j’aurais pu vivre de telle
autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela. Je n’avais pas fait telle chose
alors que j’avais fait cette autre. Et après ? C’était comme si j’avais attendu
pendant tout le temps cette minute. Rien, rien n’avait d’importance et je
savais bien pourquoi. Lui aussi savait pourquoi. La mort des autres, l’amour
d’une mère, son Dieu, les vies qu’on choisit, tout cela n’avait aucune
importance. Comprenait-il, comprenait-il donc ?
[00:27:17] Tout le monde était privilégié. Il n’y avait que des privilégiés. Les
autres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait.
Des gardiens sont arrivés pour nous séparer et m’ont menacé. Le prêtre les
a calmés et m’a regardé un moment en silence. Il avait les yeux pleins de
larmes. Il s’est retourné et il est parti.
[00:27:45] J’ai retrouvé le calme. J’étais épuisé et je me suis endormi. Puis
j’ai été réveillé par des sirènes. Elles annonçaient des départs pour un
monde qui maintenant m’était à jamais indifférent. Pour la première fois
depuis bien longtemps, j’ai pensé à maman. Elle avait essayé de
recommencer sa vie à l’asile. Personne, personne n’avait le droit de pleurer
sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette
grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir, devant cette nuit chargée
de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre
indifférence du monde. J’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais
encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il
me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon
exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
[00:28:56] Ainsi se termine L’Étranger d’Albert Camus. C’est un livre
essentiel si vous voulez comprendre sa philosophie. Pour Camus, la vie des
individus, l’existence humaine en général, n’ont pas de sens ni d’ordre
rationnel. Mais c’est une chose difficile à accepter pour nous et c’est pour ça
que nous essayons toujours de donner une signification à nos actions, à
trouver un sens rationnel. Vous avez vu que le héros Meursault n’est pas
logique dans ses actes, comme sa décision de se marier ou celle de tuer
l’Arabe. Cependant, la société, la justice, cherchent des explications
rationnelles aux actions irrationnelles de Meursault. L’idée que les choses
se passent parfois sans raison fait peur à la société, elle y voit une menace.
[00:29:53] Personnellement, je ne sais pas si Camus a raison, si notre
existence est totalement absurde. Mais c’est vrai qu’il est plus rassurant de
lui donner un sens.
[00:30:04] Je vous laisse sur cette grande question philosophique. Si vous
avez une réponse, écrivez-moi pour me la dire ! Je suis très curieux de savoir
ce que vous en pensez.
[00:30:16] En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’on se retrouve dans deux
semaines pour un nouveau podcast. Merci de m’avoir écouté et à bientôt !
37 10 expressions françaises
Salut à tous ! Aujourd’hui j’ai une surprise pour vous…
[00:00:12] Salut à tous et bienvenue dans ce 37ème épisode ! Déjà deux
semaines depuis la dernière fois. Le temps passe vraiment vite, c’est fou. Je
ne sais pas comment ça se passe de votre côté, mais moi je n’ai pas le
temps de m’ennuyer. Vendredi dernier, je suis allé au concert d’un artiste
anglais que j’adore et qui s’appelle King Krule. Il a seulement 23 ans mais il
a un talent et une voix incroyables. En fait, je l’avais déjà vu à Paris il y a 4
ans et le concert était génial. Vendredi dernier, c’était la première fois qu’il
venait à Varsovie, parce que oui, si vous ne le savez pas, j’habite à Varsovie,
et il a encore fait un super show avec son groupe. Évidemment, il chante en
anglais donc ça n’est pas très utile pour apprendre le français, mais si vous
aimez le style dark wave / new wave, je vous conseille de l’écouter ; King
Krule – K-I-N-G K-R-U-L-E. Allez, je vous mets juste un petit extrait pour que
vous vous fassiez une idée.
[King Krule – Lonely Blue]
[00:02:03] Ok, fermons la parenthèse musicale. J’imagine que vous êtes
curieux de savoir quelle est la surprise que je vous ai préparée. En français
on dit parfois « la curiosité est un vilain défaut ». Ce sont surtout les parents
qui disent ça à leurs enfants quand ils posent trop de questions. Mais
heureusement on l’entend de moins en moins. Je dis « heureusement »
parce que c’est vraiment une expression stupide à mon avis. Je pense qu’on
est tous d’accord pour dire que la curiosité est une grande qualité, surtout
chez les enfants ! Donc vous avez raison d’être curieux !
[00:02:46] Vous vous rappelez peut-être que j’avais envoyé un email début
janvier pour vous demander si vous aviez des suggestions pour améliorer le
podcast. Et beaucoup de personnes ont répondu qu’elles voulaient plus
d’expressions, surtout des expressions pour comprendre le français oral.
Dans les podcasts, j’essaye de ne pas trop en utiliser car sinon c’est difficile
de suivre ce que je vous raconte. Et puis il y en a beaucoup qu’on emploie
seulement dans certaines situations, quand on parle avec quelqu’un par
exemple. Donc ça ne serait pas naturel de les utiliser ici.
[00:03:29] Alors à la place, j’ai décidé de vous faire un guide avec toutes ces
expressions. Pour tout vous dire, ça m’a pris plus de temps que je pensais
parce que j’ai passé plus de trois semaines à l’écrire. Dedans, il y a 198
expressions, mais j’ai mis seulement celles qui sont vraiment utiles pour
comprendre le français oral. Vous ne verrez pas d’expressions idiomatiques
du XVIIème siècle que personne n’utilise ! C’est souvent le problème avec
certains guides, ils se concentrent sur ce genre de phrases mais pas sur
celles qui sont vraiment essentielles. Et vous verrez que j’ai aussi mis des
exemples pour chaque expression, comme ça vous saurez comment les
utiliser. Elles sont classées par thème comme la vie quotidienne, le travail,
les relations amoureuses, les réactions positives, les réactions négatives,
etc. etc. Il y a aussi les traductions en anglais et des MP3 pour que vous
puissiez entendre la bonne prononciation et vous entraîner à répéter. Si vous
apprenez tout ça, je vous garantis que vous comprendrez beaucoup mieux
quand vous entendrez des Français parler. Et le mieux dans tout ça, c’est
que ce guide est totalement gratuit !
[00:05:00] Donc là vous vous demandez sûrement : mais Hugo, on peut le
trouver où ce guide des expressions ? Très bonne question, mes amis ! Si
vous êtes membre du site innerFrench, vous l’avez normalement déjà reçu
par email en avant-première. « En avant première », ça veut dire : « avant la
présentation officielle ». Comme quand on regarde un film au cinéma avant
sa sortie officielle, « en avant-première ».
[00:05:30] Si vous n’êtes pas membre du site, vous pouvez l’obtenir en allant
sur innerFrench.com/expressions (avec un « s ») et en vous inscrivant à ma
liste d’emailing. Ne vous inquiétez pas, je déteste les spams donc je ne vous
enverrai pas des tonnes d’emails. Mais de temps en temps, vous pourrez
recevoir des informations intéressantes ou des surprises comme ce guide
des expressions.
[00:06:02] J’espère vraiment qu’il va vous plaire et que vous allez le trouver
utile. Il m’a demandé pas mal de travail, mais ça me fait plaisir de vous aider
à progresser en français. Surtout que je reçois de plus en plus d’emails de
votre part, des auditeurs du podcast, et ça me motive énormément. Vous ne
pouvez pas savoir le plaisir que ça me donne de lire vos histoires et tous les
efforts que vous faites pour apprendre le français. C’est très impressionnant
et c’est une vraie source d’inspiration pour moi. Par exemple, il y a quelques
semaines, j’ai reçu cet email de la part de Sophie :
[00:06:47] « Cher Hugo,
Je m’appelle Sophie et je suis une jeune femme de 26 ans originaire du nord
de l’Angleterre. Je suis une fidèle auditrice de ton excellent podcast depuis
quelques temps maintenant et tu m’as tellement aidé que je voulais vraiment
te remercier pour ce cadeau. Mon aventure avec le français est un peu
bizarre, unique et ressemble plutôt à un conte de fées. Donc peut-être que
je devrais commencer par : Il était une fois ? Non, ça serait trop long je
crois…
Mais bref, je suis allée en France (il y a presque 18 mois) pour travailler pour
une famille plutôt aisée à Paris. Quand j’ai débarqué à l’aéroport Charles de
Gaulle, la mère de cette famille m’a dit qu’ils étaient dans leur maison de
vacances en Normandie et qu’elle avait réservé un taxi pour y m’emmener.
À cause des embouteillages parisiens ce jour-là, le chauffeur de taxi et moi
étions coincés pendant des heures et des heures. Ennuyeux, non ? Eh bien
non ! Bien que j’étais très prudente (une jeune femme seule dans un pays
étranger) et malgré une différence d’âge et de culture, il y a eu un vrai coup
de foudre entre nous deux. Cependant, je n’écoutais pas mon coeur à ce
moment-là, après tout, j’avais parlé à cet homme seulement quelques
heures !
Il m’a déposé devant un vrai palais où la mère m’attendait, je lui ai dit merci
et au revoir. Mais mon séjour avec cette famille était loin d’être un rêve
malgré leur richesse et le beau cadre. D’un côté ils étaient très gentils (avec
le confort et les bons repas) mais de l’autre la mère se montrait parfois
cruelle et injuste. Donc au lieu de voir mon français s’améliorer, j’ai perdu
toute confiance en moi. Je me déconnectais et la situation était si
insupportable qu’un jour j’ai quitté la famille.
Sur le plan émotionnel, je me sentais traumatisée par cette expérience et,
malgré mon amour pour le français, à ce moment là je n’arrivais même plus
à regarder un livre français. Mais chaque conte de fées doit avoir un prince,
non ? Au moment où j’étais au plus mal, j’ai reçu un texto de Christophe, le
chauffeur de taxi qui m’avait emmenée en Normandie. Il m’a dit qu’il n’arrêtait
pas de penser à moi et il m’a invitée à dîner au restaurant à Paris. Malgré
mes sentiments pour lui, mon côté rationnel était encore un peu méfiant…
Mais réflexion faite, j’ai accepté à condition de se retrouver dans un endroit
animé. Nous avons passé une soirée très romantique à Montmartre et tout
le monde connaît la suite !
Si je te raconte ça aujourd’hui, c’est parce que grâce à Christophe, je suis
retombée amoureuse de la langue française et j’ai retrouvé mon assurance.
Il va émigrer pour vivre en Angleterre avec moi avec l’intention peut-être de
se marier un jour. Mais pour le moment, nous nous relayons pour nous nous
rendre visite et je fais tout ce que je peux pour améliorer mon français. Hugo,
tu es une énorme partie de ce processus. J’écoute ton podcast au même
endroit tous les jours…une ancienne carrière où je promène mon chien, et
même si mon français parlé est toujours affreux à mon avis, ma capacité à
comprendre s’est énormément améliorée. Donc pour conclure ce mail trop
long, tu aides les gens plus que tu ne peux l’imaginer… Tu me donnes de
plus en plus d’assurance et tu me permets de mieux communiquer avec
l’amour de ma vie, alors voilà, est-ce qu’il existe quelque chose de plus
magique que ça?
Kind regards,
Sophie »
[00:11:05] Alors là, merci beaucoup Sophie pour cet email ! C’est vraiment
une histoire magnifique, on pourrait en faire un film ! Et je suis flatté d’en
faire un peu partie. Je suis désolé que la mère de cette famille n’ait pas été
sympa avec toi. Malheureusement on croise parfois ce genre de personnes,
mais il ne faut pas les laisser nous toucher. Surtout que ton français est
excellent, très naturel, et que tu as un vocabulaire très riche ! J’imagine que
c’est un peu grâce à Christophe mais surtout grâce à ton amour de la langue
et à tes efforts. Je suis sûr que tu vas continuer de prendre confiance en toi
et que bientôt, plus personne ne pourra te déstabiliser ! En tout cas, j’espère
que Christophe pourra bientôt te rejoindre en Angleterre et je vous souhaite
plein de bonheur à tous les deux !
[00:12:04] Donc vous voyez, avec ce genre d’emails, c’est impossible de ne
pas être motivé ! Quand je me lève chaque matin, c’est un plaisir de me
mettre au travail parce que je sais que ce je fais est vraiment utile. Je sais
que j’aide des gens, que ce soit mes élèves ou vous, mes auditeurs, à
apprendre une nouvelle langue qui leur donnera plein de nouvelles
possibilités ! On ne sait pas toujours quelles sont ces possibilités. Ça peut
être pour notre carrière, pour se faire de nouveaux amis ou même pour
trouver l’amour comme Sophie ! Le seul moyen de le savoir, c’est
d’apprendre et de prendre du plaisir ! Si un jour vous vous sentez moins
motivés, pensez à toutes ces possibilités, ces aventures qui vous attendent,
et je suis sûr que vous reprendrez vos efforts !
[00:13:00] Bon je vois qu’on est déjà à la moitié du podcast et on n’a toujours
pas commencé à parler du sujet principal ! Je vous ai promis une sélection
de 10 expressions tirées de mon guide. C’était assez difficile d’en choisir
seulement 10 parce que, comme je vous l’ai dit, il y en a quasiment 200.
Mais finalement j’ai fait mon choix donc sans plus attendre, on va s’y mettre
!
[00:13:34] Justement, « se mettre à », c’est la 1ère expression dont je vais
vous parler. Vous avez sûrement déjà entendu le verbe « mettre ». Il fait
partie de ces verbes qu’on entend souvent mais qui sont difficiles à
mémoriser car ils ont beaucoup de significations différentes. Par exemple,
on peut « mettre quelque chose sur la table » et ça veut dire « poser ».
Souvent quand il y a une réunion au travail, tout le monde met son portable,
son smartphone, sur la table. Quand je travaillais en entreprise, je trouvais
ça un peu bizarre et je me demandais pourquoi les gens faisaient ça. Surtout
qu’ils oubliaient toujours de le mettre en silencieux, donc ils recevaient des
messages, des appels ou des notifications toutes les deux minutes. Du coup
la réunion était tout le temps interrompue et ça n’était vraiment pas productif.
Mais j’ai fini par comprendre que c’était un moyen de montrer sa place dans
la hiérarchie de l’entreprise. Plus on interrompait la réunion à cause de son
portable, plus on était quelqu’un d’important et de très occupé. Bref, on
s’éloigne un peu de notre sujet, j’étais en train de vous parler du verbe «
mettre » et de ses différents sens. Alors on peut mettre quelque chose sur
la table, mais on peut aussi « mettre la table », et là ça veut dire « préparer
la table » pour le repas. En France, ce sont souvent les enfants qui doivent
faire ça. Les parents sont occupés à faire la cuisine donc ils demandent à
leurs enfants de « mettre la table ».
[00:15:19] Bon, mais tout ça, ça ne nous dit pas ce que signifie l’expression
« se mettre à ». C’est très simple : « se mettre à », ça veut dire « commencer
à faire quelque chose ». On peut l’utiliser avec un nom, par exemple : « je
vais me mettre à la peinture ». Si quelqu’un vous dit ça, ça signifie qu’il veut
commencer un nouveau hobby, qu’il veut commencer à peindre. Mais on
peut aussi l’employer avec un verbe comme : « il s’est mis à crier », pour
dire : « il a commencé à crier ». Si vous écoutez des Français parler, vous
allez entendre qu’ils utilisent souvent « se mettre à » à la place de «
commencer à ». Pourquoi à votre avis ? Eh bien parce que c’est plus court
donc ça va plus vite ! Par exemple, dans « il a commencé à crier », il y a 8
syllabes (il-a-co-mmen-cer-à-cri-er) et dans « il s’est mis à crier » il y’en a
seulement 6 (il-s’est-mis-à-cri-er) donc c’est plus rapide. Mais attention,
quand vous utilisez cette expression, il faut toujours un complément. Vous
ne pouvez pas juste dire « il s’est mis ». Il faut un complément : « Il s’est mis
à faire quelque chose ».
[00:16:52] Deuxième question un peu plus technique, savez-vous par quoi
on remplace le complément d’un verbe qui utilise la préposition « à », comme
« s’intéresser à » ou « penser à » ? On le remplace par « y », par la lettre «
y ». Par exemple : « tu t’intéresses à la peinture ? Oui, je m’y intéresse. »
Dans la réponse, « y » remplace « la peinture ». Ou encore : « Tu penses
souvent à ton travail ? Oui, j’y pense souvent ». Par contre, quand ce
complément est une personne, on utilise les pronoms toniques. Par exemple
: « Tu penses souvent à ton père ? Oui, je pense souvent à lui » et pas « j’y
pense souvent ». Donc avec l’expression « se mettre à », on utilise aussi «
y ». On peut demander à quelqu’un : « On s’y met ? » et ça signifie : « On
commence ? ». Ou alors « Je m’y suis pas encore mis » pour dire « je n’ai
pas encore commencé ». Là, je sais exactement ce que vous pensez. Vous
vous demandez pourquoi les Français ajoutent tous ces petits mots
incompréhensibles. Vous avez peut-être l’impression que vous ne serez
jamais capable de comprendre tout ça. C’est vrai qu’au début c’est difficile
et décourageant. Mais ne vous inquiétez pas car si vous apprenez ces
structures, vous commencerez à les détecter dans les conversations et à les
comprendre. Ensuite, vous serez capables de les utiliser sans penser à tous
les éléments qui en font partie, en utilisant simplement la structure comme
le font les Français.
[00:18:45] Justement, un deuxième petit mot qui pose souvent problème,
c’est le mot « en ». Vous vous rappelez qu’on utilise « y » pour les
compléments avec la préposition « à ». Eh bien « en » remplace en général
les compléments avec la préposition « de ». Pas seulement, c’est vrai, là je
simplifie un peu. En tout cas, il y a aussi beaucoup d’expressions avec « en
» où il ne remplace pas vraiment de compléments, où il fait juste partie de la
structure. Par exemple, les Français demandent souvent « t’en es où ? » ou
« c’en est où ? ». Imaginez une scène avec deux amies qui parlent à la
terrasse d’un café parisien, et une demande à l’autre : « t’en es où avec Paul
? ». En fait, elle veut savoir ce qui s’est passé récemment entre son amie et
Paul. Peut-être que la dernière fois, son amie s’était disputée avec Paul,
donc elle lui demande si ça va mieux. Bref, elle veut connaître la situation
actuelle. En anglais on demande : « comment sont les choses entre vous ?
», et en français on pose la question : « vous en êtes où ? » ou alors « c’en
est où entre vous ? ».
[00:20:08] À votre avis, combien de mots il y a dans cette expression, dans
l’expression « t’en es où ? ». Il y en a 4 : « tu » (le sujet), « en » (le
complément), « es » (l’auxiliaire être) et « où » (l’adverbe de lieu). Je sais,
on pense qu’il s’agit d’un seul mot parce que les Français font parfois l’élision
de « tu » et ils disent juste « t’ ». Au lieu de dire « tu en es où », ils disent «
t’en es où ». Ça rend la compréhension plus difficile pour les étrangers. C’est
à cause de ces petits détails que quand vous regardez un film français, vous
pouvez avoir l’impression de ne rien comprendre. La seule méthode
vraiment efficace à mon avis, c’est de passer le plus de temps possible avec
la langue, d’écouter des émissions de radio, des podcasts, de regarder des
vidéos sur Youtube et des films, pour que votre oreille s’habitue à ces
combinaisons de sons. Après un certain temps, vous verrez que vous serez
capables de les reconnaître, d’identifier toutes ces petites phrases. Et puis
surtout, vous pouvez utiliser mon guide gratuit car il y a 3 pages dédiées aux
expressions avec « en » et « y ». C’est clair tout ça ? Alors on continue.
[00:21:38] On va parler d’un verbe que vous connaissez tous, le verbe «
visiter ». Le problème, c’est qu’en français on ne peut pas l’utiliser pour parler
d’une personne. Vous pouvez visiter Bordeaux ou le Musée du Louvre, mais
vous ne pouvez pas « visiter » votre amie Julie. Vous ne pouvez pas dire «
j’ai visité mon amie Julie le weekend dernier ». Vous pouvez dire « j’ai rendu
visite à mon amie Julie le weekend dernier » avec le verbe rendre. Mais c’est
assez formel donc en général les Français disent plutôt « je suis allé voir
mon amie Julie le weekend dernier », on utilise « aller voir quelqu’un » ou
tout simplement « voir quelqu’un ». C’est une erreur que j’entends souvent
mais qui est facile à corriger donc essayez d’y penser !
[00:22:34] Ensuite, une autre expression qui peut être très utile quand vous
fixez un rendez-vous avec quelqu’un. Imaginez que vous êtes en vacances
à Paris pour une semaine et vous voulez aller dîner au restaurant avec votre
ami Marc. Vous savez que Marc est très occupé, et vous vous avez
beaucoup de temps libre comme vous êtes en vacances. Donc vous
souhaitez demander à Marc quel est le meilleur jour pour lui, le jour qui sera
le plus pratique. Vous pouvez lui poser cette question : « Quel jour t’arrange
? » ou « Quelle heure t’arrange ? » pour fixer l’heure. Tout simplement : «
Quel jour t’arrange ? ». Et Marc va par exemple vous répondre qu’il est libre
le jeudi soir pour aller au restaurant avec vous. Pratique, non ?
[00:23:23] Maintenant, imaginons que l’agenda de Marc change très souvent
et qu’il n’est pas sûr d’être disponible, d’être libre. Il vous dit qu’il sera peutêtre disponible le jeudi mais qu’il n’en est pas encore sûr. À ce moment-là,
vous pouvez lui répondre : « Ok, tiens-moi au courant ». Cette expression,
« tenir quelqu’un au courant », veut dire : « informer quelqu’un de l’évolution
de la situation ». Si Marc vous répond « je te tiendrai au courant », ça signifie
qu’il vous dira plus tard s’il est disponible ou pas. Donc je répète : « tiensmoi au courant » pour que quelqu’un vous informe et « je te tiendrai au
courant » si vous voulez informer quelqu’un plus tard.
[00:24:14] Finalement, quelques jours plus tard, c’est bon, Marc confirme
votre dîner. Vous êtes très content parce que vous ne l’avez pas vu depuis
longtemps. Alors vous lui envoyez un SMS pour lui dire : « Super, je suis
excité de te revoir ! ». Le problème, c’est que si vous écrivez ça, Marc va se
poser des questions sur vos intentions, parce qu’en français « être excité »
a une connotation sexuelle, ça veut dire qu’on est excité sexuellement. Donc
les Français disent rarement ça et c’est mieux si vous évitez de le dire vous
aussi. À la place, si vous voulez montrer à Marc que vous êtes impatient de
le revoir, vous pouvez écrire : « j’ai hâte de te revoir ». Quand on a hâte de
faire quelque chose, ça signifie qu’on est impatient que ça arrive. Ou si vous
voulez montrer que vous êtes content à l’idée d’aller au restaurant ensemble,
vous pouvez tout simplement répondre : « Super ! » ou « Génial ! ».
[00:25:19] Ok, ça nous fait déjà 6 expressions. Maintenant, nous sommes
jeudi soir et vous retrouvez votre ami Marc au restaurant. Malheureusement
vous n’avez pas réservé de table et quand vous arrivez, un serveur vous dit
: « Il y a pas mal de monde ce soir donc je ne sais pas si nous aurons une
table de libre ». Avec le contexte, en voyant tous les clients dans le
restaurant, vous comprenez que « pas mal de monde » signifie : « un nombre
assez élevé de personnes », « beaucoup de personnes ». C’est un peu
contre-intuitif comme il y a le mot « pas », mais vous savez peut-être que
l’expression « pas mal » a un sens positif. Quand on dit qu’un film est « pas
mal » par exemple, ça signifie qu’il est assez bien. Par contre, si le serveur
vous dit qu’il n’y a « pas grand monde », ça veut dire qu’il n’y a pas beaucoup
de clients. « Pas grand monde » = « peu de gens ». Il y a plusieurs
expressions avec « le monde » qu’on utilise très souvent à l’oral en français
donc là aussi, c’est bien de les connaître.
[00:26:32] Mais imaginons un autre scénario. On est jeudi soir, vous avez
rendez-vous avec Marc. Ça fait 10 minutes que vous l’attendez devant le
restaurant et il n’est toujours pas là. Vous savez que les Français ne sont
pas très ponctuels donc vous ne vous inquiétez pas. En général 10 minutes
de retard, c’est quelque chose qu’on peut tolérer. Vous attendez 30 minutes
de plus, vous essayez d’appeler Marc mais il ne répond pas. Apparemment,
il vous a posé un lapin… Donc « poser un lapin », vous comprenez, ça
signifie « ne pas venir à un rendez-vous ». C’est une expression idiomatique
assez drôle quand vous pensez à cet animal adorable qu’est le lapin, mais
assez triste quand ça vous arrive. Ça fait vraiment partie de la langue
quotidienne donc n’hésitez pas à l’utiliser, mais ne le faites jamais, ne posez
jamais de lapin à quelqu’un !
[00:27:37] Et pour finir, on va parler un peu d’argot. L’argot, ce sont les mots
qui sont propres à un groupe social particulier. Par exemple les mots qui sont
utilisés par les jeunes pour que les adultes ne les comprennent pas. Ces
mots sont souvent très amusants et certains deviennent tellement populaires
que tout le monde se met à les utiliser. Dans le guide, je vous ai mis une liste
de ceux qui sont les plus populaires et de leur signification. Par exemple le
mot « fringues » qui signifie « des vêtements ». On peut dire à quelqu’un :
« j’adore tes fringues » si on aime bien sa tenue, ou encore faire du shopping
pour acheter des fringues. Bon faites attention, on utilise seulement ces mots
dans un contexte informel.
[00:28:32] Comme les Français aiment bien se compliquer la vie, ils ont
inventé une deuxième forme d’argot qui s’appelle « le verlan ». Ça consiste
à inverser l’ordre des syllabes d’un mot. Par exemple au lieu de dire « merci
», en verlan on dit : « cimer ». La 1ère syllabe « mer » est à la fin et la
deuxième syllabe « ci » est au début. Et le mot « français », ça se dit
comment en verlan à votre avis ? Ça se dit « céfran ». D’ailleurs le mot «
verlan » signifie « l’envers ». Quand vous faites quelque chose « à l’envers
», vous le faites « dans la direction opposée ». Là aussi, il y a plusieurs mots
de verlan qui sont passés dans le langage courant donc ça vaut la peine de
les connaître.
[00:29:35] Voilà, c’était les 10 expressions que je voulais partager avec vous
aujourd’hui. J’espère que vous avez appris des choses intéressantes et que
mes explications étaient assez claires. Si vous avez besoin d’aide pour
comprendre, je vous rappelle que la transcription complète de cet épisode
est disponible sur mon site innerfrench.com. Et bien sûr vous pouvez aussi
m’envoyer toutes vos questions et vos suggestions par email à l’adresse
hugo@innerfrench.com.
[00:30:12] Si vous trouvez mes podcasts utiles et si vous voulez me soutenir,
vous pouvez me laisser une évaluation sur iTunes ou sur Facebook. Ça me
fera très plaisir et ça aidera peut-être d’autres personnes à me découvrir.
[00:30:29] En tout cas merci beaucoup pour votre soutien et merci de m’avoir
écouté. On se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode. À
bientôt !
38 L’immigration en France
Episode 38, aujourd’hui je vous parle de l’immigration en France.
[00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce 38ème épisode. Pour
commencer, comme d’habitude je voulais remercier toutes les personnes
qui m’ont écrit : Ismail, Amy, Deniz, Erico, Fernanda, Manuel, Ronald,
Shana, Thahn, Yacine et tous ceux que j’oublie. Merci à tous pour vos
messages et vos encouragements. Je vois que le guide d’expressions
françaises vous a plu et que je ne l’ai pas fait pour rien !
[00:00:46] Aujourd’hui on va parler d’un sujet très important pour
comprendre la société française.
[00:00:52] On dit souvent de la France que c’est une « terre d’immigration »
et un des pays les plus multiculturels du monde. Certains historiens
l’appellent même parfois « Les Etats-Unis d’Europe ». C’est vrai qu’au
XIXème siècle, au moment où les pays voisins envoyaient des millions de
personnes vers l’Amérique, la France accueillait déjà des travailleurs venus
de toute l’Europe. Le verbe « accueillir » vous le connaissez ? Il va être très
important dans cet épisode. « Accueillir », dans ce contexte, ça veut dire que
le pays accepte les personnes qui veulent s’y installer. Comme la France a
accueilli beaucoup d’immigrés de différentes origines, son visage a
beaucoup changé depuis le XIXème siècle.
[00:01:42] En 2010, l’INSEE a publié une étude sur le nombre d’immigrés en
France. Ah oui, si vous ne savez pas, l’INSEE c’est l’Institut national français
de statistiques. Une institution très importante qui publie beaucoup de
statistiques sur la société et l’économie française. Alors dans cette étude de
2010, l’INSEE estimait qu’il y avait environ 5,3 millions d’immigrés sur le sol
français. Pour l’INSEE, la définition d’un immigré c’est : « une personne née
étrangère à l’étranger et habitant en France »… Mais attention, ça ne veut
pas dire que cette personne est encore étrangère, car il y’a beaucoup
d’immigrés qui obtiennent la nationalité française, presque la moitié. Si on
compte ces immigrés et leurs enfants, on arrive à 12 millions de personnes,
soit 1/5ème de la population française, environ 20%.
[00:02:51] Mais actuellement, on se pose beaucoup de questions en France
sur l’immigration. Pas seulement en France d’ailleurs, on voit le même type
de débats dans d’autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. On
essaye d’adopter de nouvelles lois pour mieux réguler l’immigration. D’un
côté, il y a les personnes qui la considèrent comme une menace, qui croient
que les immigrés prennent le travail des citoyens, et de l’autre il y a ceux qui
pensent que le pays a le devoir moral d’accepter les étrangers qui ne
peuvent plus vivre dans leur pays d’origine (à cause de la guerre par
exemple). Évidemment, ce débat crée beaucoup de tensions dans la
société. Donc dans cet épisode, on va s’intéresser au cas de la France. On
va se demander si la France est toujours une terre d’immigration aujourd’hui.
[00:03:51] Pour répondre à cette question, je vais d’abord vous raconter
l’histoire de l’immigration en France. Ensuite, je vais vous parler de son
modèle d’intégration. Et pour finir, on verra quels sont les défis actuels, les
challenges, posés par l’immigration.
[00:04:09] Je vous promets que si vous écoutez cet épisode jusqu’à la fin,
vous serez des experts sur ce sujet. Allez, on y va !
[00:04:24] D’abord, une petite question : savez-vous quand a commencé
l’immigration en France ? Eh bien elle a démarré au moment de la Révolution
Industrielle, au XIXème siècle. La France s’est mise à moderniser son
économie et ça a attiré des travailleurs d’autres pays européens. On peut
dire que ces populations immigrées sont arrivées par vagues. Comme avec
la mer, il y a des vagues qui arrivent les unes après les autres. Quand on
parle d’immigration, on utilise cette métaphore pour dire qu’il y a beaucoup
de personnes qui arrivent en même temps, puis la vague se termine et une
autre commence. Donc il y a eu 3 grandes vagues d’immigration en France
depuis le XIXème siècle.
[00:05:18] Pour mieux comprendre ça, on va écouter un extrait d’une
émission qui s’appelle « C’est pas sorcier ». C’est une émission de
vulgarisation scientifique destinée aux enfants. En fait l’expression « C’est
pas sorcier » veut dire que quelque chose n’est pas compliqué, que c’est
simple et facile à faire ou à comprendre. Donc cette émission explique
différents phénomènes scientifiques, sociaux ou historiques aux enfants.
D’ailleurs je pense que ça peut être un bon exercice pour vous car les
présentateurs ne parlent pas trop vite et ils utilisent des mots assez simples.
En plus tous les épisodes sont disponibles sur Youtube donc vous pouvez
regarder s’il y a des sujets qui vous intéressent. Je vais mettre le lien dans
la description de l’épisode. Allez, on écoute ce premier extrait.
[00:06:14] « Alors on distingue 3 grandes vagues d’immigration. La 1ère, de
1850 à 1914, avant la 1ère guerre mondiale. Avec la révolution industrielle,
les usines françaises ont besoin de main d’œuvre. Elles vont donc accueillir
de jeunes ouvriers venant de Belgique et d’Italie principalement. Ils
travaillent dans les mines et dans les grandes forges. Ils seront rejoints, mais
en moindre mesure, par des ouvriers espagnols et polonais. À l’époque, pour
travailler en France il suffit simplement de déclarer sa présence à la mairie.
»
[00:06:48] Alors vous avez entendu que les premiers immigrés qui sont
venus en France étaient surtout des Italiens et des Belges mais aussi
quelques Espagnols et Polonais. Comme la révolution industrielle avait déjà
commencé en France mais pas encore dans leur pays, ils sont venus y
chercher du travail. Ça tombait bien parce que les usines françaises, ces
endroits où on fabrique des produits de façon industrielle, avaient besoin de
main d’œuvre. La « main d’œuvre », c’est une expression pour désigner
l’ensemble des salariés qui participent à la production. Ces salariés qui
travaillent dans les usines pour faire fonctionner les machines, on les appelle
« des ouvriers ». On parle « d’employés » pour les gens qui travaillent dans
des bureaux et « d’ouvriers » pour ceux qui travaillent à l’usine. En anglais
on dit plutôt les « cols blancs » et les « cols bleus ».
[00:07:51] Bref, la jeune industrie française a besoin de main d’œuvre et il
n’y a pas assez d’ouvriers français, donc elle recrute des immigrés. C’est
assez facile pour eux de s’installer parce qu’il n’y a pas besoin de visa, il
suffit de faire une déclaration à la mairie. La mairie, c’est l’administration qui
s’occupe de diriger la ville. Il y en a une dans chaque ville et village.
[00:08:18] Par contre, la cohabitation avec les Français n’est pas facile. Il y
a des incidents, des bagarres, parce que les ouvriers français ont peur de
cette concurrence étrangère et ils accusent les ouvriers immigrés de faire
baisser les salaires. Malgré ça, des travailleurs d’Italie, de Belgique,
d’Espagne et de Pologne continuent d’arriver en France jusqu’à la 1ère
guerre mondiale. Logiquement, c’est au moment de la guerre que cette 1ère
vague se finit.
[00:08:53] Ah une petite parenthèse, vous vous demandez peut-être
pourquoi le présentateur utilise le présent pour parler de tout ça. C’est
quelque chose qu’on fait assez souvent à l’oral quand on raconte une histoire
et qu’on veut la rendre plus vivante. Au lieu d’utiliser le passé, on parle au
présent comme si l’action se déroulait devant nous, en direct. Ok, je ferme
la parenthèse et on passe à la 2ème vague.
[00:09:25] « 2ème vague, de 1920 à 1931. La guerre de 14-18 a décimé une
partie de la population masculine en âge de travailler et pourtant, il faut
reconstruire. Et puis à cette époque, l’économie s’emballe. Alors l’industrie
va une fois de plus faire appel à la main d’œuvre étrangère. Les candidats
viennent encore de Belgique, d’Italie, de Pologne, et d’Espagne. Mais à cette
époque, arrivent également des personnes venues d’Afrique du Nord,
d’Afrique noire et d’Indochine, autrement dit de pays faisant partie des
colonies françaises. Et puis la France accueille aussi à cette époque des
réfugiés politiques venus de l’ex-Russie et puis des Juifs aussi qui fuient
l’Allemagne. La France a la réputation d’être une terre d’accueil. »
[00:10:15] Alors vous voyez après la 1ère guerre mondiale, la France a
perdu beaucoup d’hommes et elle a encore une fois besoin de travailleurs
étrangers. Pendant la guerre, elle a déjà recruté des soldats pour son armée
dans ses colonies africaines, comme l’Algérie et le Sénégal. D’ailleurs
beaucoup d’Algériens meurent au combat. Donc pour rendre hommage aux
70 000 musulmans morts pour la France, on lance la construction de la
Mosquée de Paris en 1920. D’ailleurs si vous allez à Paris, je vous conseille
vraiment de visiter cette Mosquée. Elle est dans le 5ème arrondissement et
c’est un endroit magnifique. En plus vous pouvez y boire un excellent thé à
la menthe et goûter des gâteaux traditionnels délicieux. Mais revenons à
notre sujet !
[00:11:09] Alors après la guerre, certains travailleurs et soldats étrangers ou
des colonies doivent rester pour participer à la reconstruction du pays. Il y a
également des réfugiés politiques qui arrivent. Pas seulement des Russes
et des Juifs comme l’a dit le présentateur, mais aussi un peu plus tard des
Italiens qui fuient le fascisme de Mussolini, et des Républicains espagnols
qui ont perdu la guerre d’Espagne. Puis la 2ème guerre mondiale commence
et là encore, la vague d’immigration s’arrête.
[00:11:42] « 1945 – 1974, c’est la vague d’immigration la plus importante
qu’ait connu la France. Durant cette période, l’Etat va encore faire venir des
ouvriers italiens mais moins nombreux que les ouvriers espagnols qui à
l’époque, fuient le régime de Franco. Les Portugais arrivent également en
masse, au final ce seront eux les plus nombreux. Cela dit, ça ne suffit pas à
combler le manque de main d’œuvre. Du coup, l’Etat va encore puiser dans
ses anciennes colonies : les pays du Maghreb, l’Algérie notamment qui à
l’époque d’ailleurs, a le statut de département français. Et puis des ouvriers
arrivent également des anciennes colonies d’Afrique noire. Ces ouvriers sont
détenteurs d’une carte de séjour renouvelable. Et c’est bien souvent après
avoir passé de nombreuses années en France qu’ils décident de faire venir
leur famille, c’est bien normal, pour s’installer avec elle sur le territoire
français.
[00:12:36] En 1973, malheureusement, c’est le 1er choc pétrolier qui
entraîne une grave crise économique. La demande de main d’œuvre chute
brutalement. L’Etat, à l’époque, décide alors de stopper l’immigration pour le
travail. En revanche, le regroupement familial demeure d’actualité,
autrement dit les personnes d’origine étrangère qui travaillent en France ont
encore la possibilité de faire venir leur famille pour s’installer avec elles. Par
ailleurs, les frontières françaises restent ouvertes aux réfugiés politiques. À
l’époque, ils seront nombreux en provenance d’Asie du sud est, du Vietnam
et du Cambodge notamment. »
[00:13:13] Ok alors vous avez compris qu’après la 2ème guerre mondiale, la
France a encore une fois besoin de travailleurs étrangers pour se
reconstruire et pour soutenir son économie qui se développe très
rapidement. D’ailleurs on a un nom pour désigner les trente années de
prospérité économique qui ont suivi la 2ème guerre mondiale, on les appelle
« les Trente glorieuses ». Bref, cette fois ce sont surtout les Espagnols et les
Portugais qui viennent s’installer en France et ils deviennent les deux
communautés les plus nombreuses. Comme vous pouvez l’imaginer, au
départ leurs conditions économiques ne sont pas très bonnes. Les hommes
travaillent dans le secteur du bâtiment ou l’agriculture, les femmes dans les
services domestiques. On voit apparaître à ce moment-là deux stéréotypes,
celui de la « bonne espagnole », cette femme qui fait le ménage, et le
concierge portugais qui s’occupe des immeubles parisiens. Mais à côté, il y
a aussi de prestigieux artistes comme Pablo Picasso et des intellectuels qui
s’intègrent à l’élite française.
[00:14:28] Vous avez aussi entendu que l’Etat français fait venir beaucoup
de travailleurs des pays du Maghreb, notamment d’Algérie (même après sa
guerre d’indépendance). Après les Italiens, les Espagnols et les Portugais,
les Maghrébins (c’est-à-dire les Algériens, Marocains et Tunisiens)
deviennent les nouvelles figures emblématiques de l’immigré. Un combat
politique commence pour qu’ils obtiennent plus de droits, comme le droit de
vote ou celui de recevoir la nationalité française. En 1976, une loi importante
est votée, celle du regroupement familial. Le présentateur en a parlé. Le
regroupement familial permet aux immigrés qui travaillent en France de faire
venir le reste de leur famille qui, en général, était resté dans leur pays
d’origine.
[00:15:25] Mais une fois arrivées en France, les conditions de vie de ces
familles sont difficiles. Elles doivent vivre dans les cités. Les cités, ce sont
des quartiers créés en périphérie des grandes villes pour les travailleurs
pauvres comme les ouvriers. Les familles vivent dans des petits
appartements sans confort. Il n’y a pas vraiment de commerces pour faire
ses courses ni d’activités pour les loisirs. Ces quartiers sont isolés du reste
de la ville et ils deviennent des sortes de ghettos.
[00:16:00] En plus des Maghrébins, à partir des années 70 on voit aussi
arriver des immigrés d’Afrique Subsaharienne, autrement dit les pays qui
sont au sud du Sahara et qui étaient sous domination française : le Sénégal,
le Mali, la République du Congo et le Cameroun. Mais leur immigration est
moins massive que celle des Maghrébins.
[00:16:27] Et puis après la guerre du Vietnam, qui était une ancienne colonie
française sous l’Indochine, beaucoup de Vietnamiens quittent leur pays pour
fuir le communisme et ils s’installent en France.
[00:16:40] Donc voilà, vous avez compris que l’Etat français a fait venir
beaucoup d’immigrés, soit pour participer aux guerres, pour reconstruire le
pays ou pour travailler dans les usines. Pas vraiment une partie de plaisir si
vous voulez mon avis ! Mais tout s’arrête au moment de la crise économique
avec le choc pétrolier de 1974. Là, les frontières se ferment et des tensions
apparaissent dans la société. On commence à se poser la question de
l’intégration de tous ces immigrés. C’est ce qu’on va voir dans la 2ème partie.
[00:17:23] Depuis les années 80, la question de l’intégration des immigrés
est très présente dans les débats politiques. Certains partis, comme le Front
National, le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, utilisent cette
question pour diviser les Français et convaincre des électeurs de voter pour
eux. Ils affirment que les immigrés sont responsables de tous les problèmes
: du chômage, de la dette nationale, des attaques terroristes, etc. En fait, ils
font des immigrés des « boucs émissaires ». Ah ça c’est une expression que
j’aime beaucoup utiliser car ça donne l’impression que je suis intelligent ! «
Un bouc émissaire », c’est une personne ou un groupe de personnes qu’on
accuse d’une faute alors qu’elle est innocente. Certains politiciens disent que
les immigrés sont responsables du chômage parce que, apparemment, ils «
voleraient » le travail des autres. Mais en réalité, il n’existe aucune étude qui
montre un lien entre immigration et chômage. Au contraire, l’immigration a
toujours un impact positif sur l’économie.
[00:18:41] Mais parfois, il y a des évènements qui montrent que le modèle
d’intégration des immigrés en France ne fonctionne pas. Par exemple en
2005, il y a eu dans les cités ce qu’on appelle des émeutes. Je vous ai déjà
parlé de ces cités plus tôt. Vous savez que ce sont surtout des personnes
issues de l’immigration qui y vivent et que les conditions de vie sont difficiles.
Il y a souvent des incidents entre la police et les jeunes de ces quartiers.
Donc en 2005, deux jeunes sont morts parce qu’ils voulaient échapper à un
contrôle de police dans la cité de Clichy-sous-Bois à côté de Paris. Les
autres jeunes de cette cité ont commencé à se battre avec la police et les
combats sont devenus de plus en plus violents. Bientôt, des jeunes d’autres
cités se sont mis à faire la même chose et à incendier des voitures et des
lieux qui représentaient l’Etat français comme des écoles et des
bibliothèques. Ces combats entre les jeunes de cité et les forces de police
ont duré 3 semaines. On n’avait pas vu de telles violences urbaines en
France depuis les manifestations de mai 1968.
[00:19:59] Plus récemment, on a aussi vu la situation dramatique dans les
cités avec les attentats, les attaques terroristes. Bon c’est un sujet assez
compliqué et les sociologues ne sont pas tous d’accord sur la façon
d’analyser ça. Mais la plupart des auteurs des attentats de Paris en 2015
venaient des cités. Certains jeunes qui se sentent rejetés par la société
française se tournent parfois vers l’Islam et se radicalisent. Évidemment, ce
sont des cas assez rares, mais les cités et les prisons sont des endroits
parfaits pour propager ce genre de messages radicaux.
[00:20:43] En tout cas, ces événements ont attiré l’attention du grand public
sur la situation dans les cités. Souvent, les jeunes n’ont pas d’opportunité de
s’en sortir, de réussir leur vie. Les écoles dans ces quartiers sont très
mauvaises, il y a beaucoup de délinquance et de chômage. Si on caricature
un peu, les seules options qu’ont ces jeunes pour réussir c’est de devenir
footballeur ou rappeur… Évidemment, ces conditions créent un sentiment
d’injustice et de frustration. Ces jeunes ont l’impression d’être rejetés par la
société et victimisés par la police. D’ailleurs il y a un très bon film sur ce sujet
qui date de 1995 et qui s’appelle « La Haine » avec l’acteur Vincent Cassel.
Ça vous donne une image assez fidèle de la vie des jeunes de cité. Je vous
propose d’en écouter un petit extrait :
[00:21:46] « C’est l’histoire d’un homme
qui tombe d’un immeuble de 50 étages.
Au fur et à mesure de sa chute,
pour se rassurer, il se répète :
“Jusqu’ici, tout va bien.”
“Jusqu’ici, tout va bien.”
“Jusqu’ici, tout va bien.”
Mais l’important, c’est pas la chute.
C’est l’atterrissage… »
[00:22:11] Vous voyez, l’attitude de cet homme qui se répète « jusqu’ici, tout
va bien » alors qu’il est en train de tomber d’un immeuble de 50 étages, c’est
un peu la même que celle de l’Etat français. Les politiciens savaient que la
situation était de pire en pire dans les cités. Mais au lieu d’essayer de faire
quelque chose pour changer ça, ils ont préféré ignorer le problème pendant
toutes ces années. Et maintenant, la situation est tellement dramatique que
personne ne sait comment la changer.
[00:22:47] Justement, pourquoi l’intégration des immigrés et de leurs enfants
n’a pas marché ? On dit qu’il existe deux modèles d’intégration :
l’assimilation et le multiculturalisme. Dans le modèle multiculturaliste, l’Etat
reconnaît les différences liées aux origines. On ne demande pas aux
immigrés d’adopter complètement la culture du pays d’accueil. On les laisse
vivre en communauté et garder leur culture et leurs traditions. C’est le
modèle des Etats-Unis et du Royaume-Uni par exemple. Mais en France, on
a choisi le modèle de l’assimilation. L’Etat exige que les immigrés deviennent
complètement français, notamment qu’ils prennent la nationalité française.
[00:23:37] Obtenir la nationalité française, c’est souvent une étape
nécessaire pour pouvoir s’intégrer plus facilement, pour avoir les mêmes
droits. Surtout pour les étrangers qui ne viennent pas d’un pays de l’Union
européenne. Ça peut être compliqué pour eux de rester sur le territoire
français, il faut un visa, une autorisation. Mais c’est faux de penser que
devenir un citoyen français suffit pour s’intégrer à la société.
[00:24:08] Ici, je vais vous parler de quelque chose qui est très paradoxal et
problématique à mon avis. Dans la tradition républicaine française, il n’existe
pas de différences entre les citoyens. Tous les Français sont égaux et ont
les mêmes droits. On ne peut faire aucune distinction entre les Français,
même quand ils ont des origines différentes. C’est pour ça par exemple que
la notion de « race » n’existe pas dans le droit français.
[00:24:38] Alors en théorie, c’est génial. Et ça peut sembler être une bonne
idée pour éviter les discriminations liées aux origines. Mais ça ne correspond
pas à la réalité multiculturelle de la France ! Si on décide d’ignorer ces
différences, c’est difficile de montrer qu’il existe des inégalités, que tous les
Français ne sont pas toujours traités de la même manière. On ne peut pas
montrer qu’une personne avec un nom d’origine maghrébine a plus de mal
à trouver du travail qu’une autre avec un nom qui sonne français, tout
simplement parce que, aux yeux de l’Etat, ces deux personnes sont
françaises et elles ont théoriquement les mêmes chances de réussir.
[00:25:24] Si on ferme les yeux sur ces inégalités, si on refuse de les voir,
les gens qui en sont victimes finissent par se sentir rejetés. Ils ont
l’impression que leur pays d’adoption ne veut pas d’eux. C’est un sentiment
terrible pour ceux qui ont le choix de venir vivre en France, mais c’est peutêtre encore plus dur pour leurs enfants parce qu’ils n’ont pas choisi de vivre
en France. Ils vont à l’école avec les autres, ils apprennent le français et
l’histoire de France, mais ensuite ils ne trouvent pas de travail parce qu’ils
s’appellent Mohamed ou Samira. Et ça, je ne l’invente pas. Il y a de
nombreuses études qui montrent que le chômage est beaucoup plus élevé
chez les Français dont les parents viennent d’Afrique que chez les autres.
[00:26:12] Et il y a une deuxième chose vraiment triste, c’est qu’en France
on ne valorise pas cette diversité. Si vous avez des origines Portugaises ou
Vietnamiennes, vous vous sentez peut-être un peu différent des autres
Français, mais la société ignore ces différences. Au lieu d’être une source
de fierté pour vous, vous avez l’impression que c’est juste un détail et qu’il
ne faut pas en parler. Personnellement, je pense qu’on devrait célébrer ces
différences, célébrer les traditions de chacun. Peut-être que je me trompe,
mais j’ai l’impression qu’aux Etats-Unis c’est quelque chose qui est perçu de
façon plus positive. Par exemple dans les grandes villes, il y a les quartiers
Chinatown ou Little Italy. En France, non. On préfère les immigrés qui
s’intègrent discrètement, qui ne sont pas trop visibles. C’est vraiment
dommage et j’espère que les mentalités vont évoluer.
[00:27:21] Actuellement, en plus des problèmes d’intégration, il y a aussi des
nouveaux défis liés à l’immigration. Ces défis ne concernent pas seulement
la France mais tous les pays de l’Union Européenne. Il y a de plus en plus
de personnes qui cherchent à quitter leur pays à cause de la guerre, des
problèmes environnementaux ou de la pauvreté.
[00:27:44] Donc logiquement, la France reçoit de plus de demandes d’asile,
autrement dit d’étrangers qui demandent à pouvoir venir car ils ne peuvent
plus vivre dans leur pays. Et malheureusement, le gouvernement actuel veut
adopter une loi qui va réduire les droits de ces réfugiés. Officiellement, cette
loi doit permettre de donner une réponse plus rapidement aux réfugiés qui
demandent le droit d’asile. Mais ça veut aussi dire que les autorités pourront
renvoyer plus rapidement les réfugiés qu’elles auront refusés. En fait,
l’objectif est de dissuader, de décourager les réfugiés de venir en France.
Donc au lieu d’être solidaire et d’accueillir les réfugiés, le gouvernement
préfère voter une loi pour leur rendre l’accès plus difficile. Personnellement
j’ai honte d’être Français quand je vois ce genre de décision politique. Je
pense que la France a un rôle à assumer, un devoir de solidarité, et qu’en
ce moment elle ne le fait pas.
[00:28:55] Pour finir ce podcast sur une note plus positive, on va prendre un
peu de recul. L’intégration des immigrés en France n’est pas totalement en
panne. Il y a des statistiques encourageantes. Par exemple, 40% des
immigrés sont en couple avec quelqu’un dont les parents sont français. C’est
ce qu’on appelle un « mariage mixte ». Mais quand on regarde leurs enfants,
on voit que cette part est de 65% ! Donc ça veut dire que d’une génération
à l’autre, il y a plus de mariages mixtes, de mélanges entre les personnes
de différentes origines. Alors bon, l’intégration est loin d’être parfaite, mais
on voit qu’elle progresse petit à petit. Elle donne son nouveau visage à la
France et elle lui offre de nouvelles richesses venues de différentes cultures.
[00:29:53] Voilà, c’est tout ce que j’avais à vous dire aujourd’hui.
Évidemment c’est un sujet très complexe et j’ai essayé de vous donner une
vision d’ensemble. Mais si vous voulez en apprendre plus, vous pouvez
m’envoyer un email et je vous conseillerai des articles et des vidéos.
[00:30:13] En tous cas, c’était un plaisir de préparer cet épisode pour vous
et j’espère que ça vous a intéressé. Comme d’habitude, je vous rappelle que
vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes si vous voulez soutenir ce
podcast et aider d’autres personnes à le découvrir.
[00:30:33] On se retrouve dans deux semaines et en attendant, n’oubliez
pas de faire un peu de français tous les jours.
[00:30:40] Salut, à bientôt !
39 Pourquoi l’amour fait mal ?
Salut à tous, c’est l’épisode 39 et aujourd’hui on va parler d’amour !
[00:00:14] Bonjour à tous. J’espère que vous allez bien et que vous êtes
prêts pour ce nouvel épisode. Ici à Varsovie, il fait très beau en ce moment
mais il fait un peu froid et on a même eu de la neige la semaine dernière. Il
a beaucoup neigé. Les Polonais me disent que c’est un peu bizarre d’avoir
de la neige au mois de mars mais moi je trouve que c’est plutôt sympa. Tant
qu’il y a du soleil, la neige ne me dérange pas !
[00:00:45] À part ça j’ai publié ma première « vraie » vidéo sur YouTube il y
a deux semaines. Si vous ne l’avez pas encore vue, je vous invite à y jeter
un coup d’œil ! Il suffit d’aller sur ma chaîne Youtube qui s’appelle tout
simplement… innerFrench ! Bref, dans cette vidéo, j’essaye de répondre à
une question que mes élèves me posent très souvent, surtout ceux qui
viennent de commencer leur apprentissage. Cette question c’est : combien
de temps il faut pour apprendre le français ? Bon vous vous en doutez, il n’y
a pas de réponse universelle. Donc j’ai essayé de donner des éléments pour
vous aider à répondre vous-mêmes. Mais surtout, à la fin de la vidéo, je vous
explique pourquoi je pense que ça ne vaut pas la peine de se poser cette
question.
[00:01:39] D’ailleurs, j’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont
laissé des commentaires sous la vidéo. Pour moi c’est génial car ça me
permet de mieux vous connaître et de comprendre comment je peux vous
aider.
[00:01:54] Pour les autres, allez faire un tour sur la chaine Youtube
d’innerFrench et surtout abonnez-vous. Comme ça, vous recevrez une
notification à chaque fois que je publierai une nouvelle vidéo. Je vais essayer
de le faire deux fois par mois, de publier deux nouvelles vidéos par mois, et
je vais traiter des sujets assez différents de ceux du podcast. Par exemple
dans la prochaine vidéo, je vais analyser un extrait d’un film français.
J’espère que ça va vous plaire et que ça sera un bon complément au
podcast. En plus, il y a les sous-titres en français et en anglais. Donc si vous
regardez mes vidéos, dites-moi ce que vous en pensez pour m’aider à
améliorer et n’hésitez pas à commenter les vidéos.
[00:02:46] Mais rassurez-vous, même si je fais ses vidéos, je vais continuer
notre podcast. Donc vous entendrez toujours ma voix régulièrement !
[00:02:56] Alors je vous ai dit en introduction qu’on allait parler
d’amour. C’est une idée que j’ai eue grâce à une de mes élèves qui s’appelle
Katrin et qui vit aux Etats-Unis. Katrin m’a fait découvrir une sociologue qui
s’appelle Eva Illouz et qui a publié un livre très intéressant en 2012 dont le
titre est : Pourquoi l’amour fait mal ? Alors je me suis dit que ça ferait un sujet
parfait pour notre podcast !
[00:03:30] Pour commencer, quelques mots sur Eva Illouz. Donc c’est une
intellectuelle et universitaire Israélienne qui s’est spécialisée dans l’étude
sociologique des sentiments. Elle est née au Maroc mais ses parents ont
déménagé en France quand elle avait 10 ans. Ensuite, elle a fait des études
très prestigieuses et une carrière universitaire brillante. Elle est diplômée de
l’université Paris X mai aussi de l’université de Pennsylvanie et elle a
enseigné à Princeton. Et depuis 2015, c’est la directrice de l’école des
Hautes études en Sciences sociales à Paris. Elle est considérée par certains
magazines comme une des intellectuels les plus influents au monde.
[00:04:25] Elle s’est beaucoup intéressée à l’influence de notre société et de
notre culture sur nos sentiments. Et en particulier, dans le livre qu’elle a
publié en 2012, Pourquoi l’amour fait mal ?, elle s’intéresse à la souffrance
amoureuse. Vous connaissez peut-être cette expression, « faire mal », qui
veut dire : « provoquer de la douleur ». Par exemple, si vous êtes en train de
cuisiner quelque chose et que vous vous brûlez, vous pouvez dire : « aïe, ça
fait mal ! » Ici, comme il s’agit d’amour, vous comprenez que cette
expression peut être utilisée pour une douleur physique ou une douleur
psychique.
[00:05:10] Donc c’est intéressant de se demander pourquoi étudier la
souffrance amoureuse d’un point de vue sociologique. D’habitude pour
expliquer la souffrance amoureuse, on utilise plutôt la psychologie ou la
psychanalyse. En fait, depuis Freud on essaie d’expliquer nos
comportements et nos émotions en fonction de notre histoire personnelle.
Par exemple si on a vécu un traumatisme pendant notre enfance, les
psychiatres pensent que ça va avoir une influence sur notre vie d’adultes.
Ce type d’explication est de plus en plus populaire. Dans les magazines, il y
a souvent des tests pour mieux se comprendre, pour mieux comprendre sa
personnalité. On nous répète que chaque personne est unique, que chaque
personne a sa propre histoire et ses propres problèmes.
[00:06:08] À côté de ça, il y a aussi la biologie et les neurosciences qui
veulent faire de l’amour une science. Certains des chercheurs qui travaillent
dans ces domaines considèrent l’amour comme une simple réaction
chimique. Ils analysent les sentiments d’un point de vue purement
biologique.
[00:06:28] Mais Eva Illouz, elle, pense que la société et l’histoire ont une très
grande influence sur nos sentiments. Même si nous pensons être uniques,
en fait nous obéissons tous à certaines règles qui sont présentes dans la
société et dont nous avons hérité à travers l’Histoire. Donc Eva Illouz pense
que la souffrance amoureuse a des causes sociales, des causes
structurelles. Elle n’est pas d’accord pour dire que c’est simplement une
question d’expériences personnelles et qu’on ne peut pas expliquer la
souffrance amoureuse seulement à travers la psychanalyse. Ce n’est pas
une question purement individuelle, c’est le résultat de l’évolution de notre
société.
[00:07:21] Dans cet épisode, on va essayer d’expliquer la thèse d’Eva Illouz
et de voir quelles sont les causes sociales de la souffrance amoureuse. Dans
la première partie, on va s’intéresser aux évolutions historiques. Qu’est-ce
qui a changé pendant les derniers siècles et comment cela influence nos
relations ? Ensuite dans la deuxième partie, on va voir que maintenant il
existe un nouveau marché de l’amour, que les relations peuvent être
analysées comme un marché. Et puis pour finir dans la troisième partie, on
va parler du déséquilibre dans les relations entre les hommes et les femmes.
On va voir que sur ce marché de l’amour, les hommes et les femmes n’ont
pas le même pouvoir.
[00:08:13] Allez, on y va !
[00:08:21] Alors pour commencer cette première partie sur les évolutions
historiques, on va écouter un extrait d’une interview d’Eva Illouz. Elle va nous
expliquer ce qui, selon elle, a changé depuis le XIXème siècle. Dans cette
interview, il y a un mot-clé, un mot très important, c’est « incertitude ».
L’incertitude, c’est une situation qui n’est pas certaine, qui n’est pas sure,
dans laquelle on peut avoir des doutes. Et pour illustrer sa théorie, elle utilise
l’exemple d’un roman très connu qui s’appelle Fifty Shades of Grey (en
français on dit 50 nuances de Grey). Je vous précise ça juste pour que vous
compreniez bien quand elle en parlera. Alors écoutons Eva Illouz pour
quelques minutes.
[00:09:17] – Pourquoi est-ce que l’amour fait mal aujourd’hui ?
– L’amour fait mal parce qu’il est devenu incertain. Je pense que c’est le lieu
par excellence de l’incertitude. Incertitude sur les règles à suivre, incertitude
sur la nature-même de la relation (on ne sait plus s’il s’agit d’une relation
purement sexuelle, d’une relation sentimentale, d’une relation qui doit avoir
un but institutionnel comme le mariage). Il y a une incertitude sur les
sentiments de l’autre. Il y a une incertitude sur nos propres sentiments. Il y
a une incertitude sur la façon de gérer cette tension entre l’autonomie et la
dépendance qui est toujours contenue dans une relation amoureuse.
[00:10:00] Et ce roman à mon avis a connu un très grand succès parce qu’il
met en scène cette incertitude. Donc le 1er volume de la trilogie en fait tourne
autour d’une question essentielle, c’est de savoir qu’est-ce que Christian
Grey, qui est ce milliardaire fantastiquement riche, beau, intelligent, et
sexuellement extrêmement performant, qu’est-ce qu’il veut de Anna,
d’Anastasia ? En fait, c’est autour de cette question que tout le 1er volume
tourne. Nous savons qu’elle est amoureuse de lui. Nous savons qu’il veut
une relation purement sexuelle. Mais nous ne savons pas ce qu’il ressent.
Et en fait cette question de : qu’est-ce qu’il ressent, qu’est-ce qu’il veut ?
[00:10:45] C’est une question à mon avis qui est particulièrement moderne
parce que les relation pré-modernes étaient beaucoup plus structurées.
C’est-à-dire qu’on se posait évidemment la question de savoir qu’est-ce que
l’autre ressentait mais il y avait beaucoup de codes. Ces relations étaient
très codifiées dans le monde anglo-saxon et en France elles étaient très
codifiées, ce qui faisait qu’il y avait une correspondance assez étroite entre
les actes, les mots et la signification institutionnelle de la relation. Cette
adéquation entre les codes sentimentaux, les codes romantiques, s’est
perdue dans la modernité. Et donc c’est cette incertitude qui est à mon avis
au centre de ce roman.
[00:11:29] Vous voyez Eva Illouz explique que le problème principal
maintenant dans les relations, c’est l’incertitude. Justement dans le roman
50 Shades of Grey, il y a une incertitude sur les intentions du personnage de
Christian Grey. Qu’est-ce que qu’il attend de l’héroïne ? Quelles sont ses
intentions ? On ne sait pas du tout ce qu’il ressent. Bon malheureusement je
n’ai pas lu ce livre donc je ne peux pas vous en dire plus… Par contre ce
que je peux vous vous expliquer, c’est la différence entre le verbe « sentir »
et le verbe « ressentir ». Je sais que souvent ça n’est pas très clair. Donc
pour vous donner une explication simple, le verbe « sentir », on l’utilise plutôt
pour les sensations physiques et également pour les odeurs. Par exemple
si vous avez mal au dos, vous pouvez dire que vous sentez une douleur au
niveau du dos. Et si vous entrez dans une pièce et qu’il y a une odeur
désagréable, vous pouvez dire ça sent mauvais, que cette pièce sent
mauvais. Tandis que pour les sentiments, on utilise plutôt le verbe « ressentir
» avec un nom. Par exemple ressentir de l’amour, ressentir de la peur,
ressentir de la jalousie. Mais on peut aussi utiliser le verbe « se sentir », par
exemple : « se sentir bien », « se sentir mal », « se sentir fatigué », « se
sentir en forme », etc.
[00:13:11] Donc ici, comme je vous parlais de Christian Grey, je faisais plutôt
référence à ses sentiments. Voilà je ferme la parenthèse sur cette
expression et on peut revenir à notre sujet.
[00:13:28] Avant, les relations étaient très codifiées, très claires et les
comportements, les actes, les paroles et les intentions étaient cohérents. Par
exemple quand un homme voulait demander une femme en mariage, il y
avait tout un processus à suivre et ses intentions étaient très claires pour
tout le monde. Ce processus était différent à différentes époques et dans
différents pays, mais en général si un homme voulait demander une femme
en mariage, il savait exactement comment il devait faire.
[00:14:06] Eva Illouz pense aussi que le capitalisme a beaucoup participé à
l’évolution de nos relations. Pourquoi ? Eh bien parce qu’avant on était obligé
de se marier pour des raisons économiques. Quand on se mariait, on pouvait
mettre en commun les patrimoines de la femme et du mari pour s’enrichir.
Au contraire, si une personne restait seule, c’était assez difficile pour elle de
survivre. Parce que si elle restait seule, ça voulait dire qu’elle ne pouvait pas
avoir d’enfants donc pour sa retraite, ça devenait compliqué. Mais
maintenant grâce au capitalisme, le mariage n’est plus nécessaire pour notre
survie économique. On peut très bien vivre seul, gagner beaucoup d’argent
et on n’a pas besoin de partenaire ni d’enfants pour assurer notre futur.
[15min02] Le capitalisme nous a aussi libéré de l’influence de la famille. On
peut faire nos propres choix sans demander l’avis ni la permission de nos
parents. Donc d’un côté, ça nous offre plus de liberté mais, de l’autre, on a
aussi perdu une forme de protection. Avant, la famille offrait une protection
parce que l’homme qui faisait sa demande en mariage devait obtenir la
permission de la famille. En général, dans le modèle traditionnel, le modèle
d’avant la 2nde guerre mondiale, les individus étaient plus encadrés et plus
protégés par leur famille. Mais le développement du capitalisme a
radicalement changé tout ça.
[] Mais Eva Illouz dit que maintenant, les relations amoureuses sont
caractérisées par l’incertitude. Les règles ne sont plus du tout claires. On ne
sait pas vraiment comment on doit se comporter. On ignore quelle est la
nature de la relation. Est-ce que c’est une relation sentimentale, une relation
sexuelle ou une relation institutionnelle comme le mariage ? On ne sait pas
non plus s’il faut être autonome ou indépendant. Est-ce qu’on veut un
partenaire qui soit libre, qui fasse sa vie de son côté, ou au contraire un
partenaire qui soit tout le temps avec nous et avec lequel on partage tout.
[00:15:02] Mais le capitalisme nous a aussi libéré de l’influence de la famille.
On peut faire nos propres choix sans demander l’avis ni la permission de
nos parents. Donc d’un côté, ça nous offre plus de liberté mais de l’autre, on
a aussi perdu une forme de protection. Avant, la famille offrait une protection
parce que l’homme qui faisait sa demande en mariage devait obtenir la
permission de la famille. En général, dans le modèle traditionnel, le modèle
d’avant la seconde guerre mondiale, les individus étaient plus encadrés et
plus protégés par leur famille. Mais le développement du capitalisme a
radicalement changé tout ça.
[00:15:57] Alors maintenant, on va se demander à quoi ressemble le marché
de l’amour, ce marché qui a été créé par le capitalisme.
[00:16:07] Il y a un sociologue allemand très célèbre qui s’appelle Max
Weber et qui a inventé une expression très intéressante : le
désenchantement du monde. Au début du XXème siècle, Weber a analysé
qu’avec le développement du capitalisme, les croyances religieuses et
magiques ont reculé. Elles ont été remplacées par les explications
scientifiques. Par exemple, au lieu de dire qu’une tempête a été provoquée
par Dieu, on analyse de façon scientifique comment les tempêtes
apparaissent. Tous les évènements, les choses qui nous entourent, notre
environnement, doivent être expliqués de façon rationnelle.
[00:16:56] Et les relations aussi ont perdu leur caractère sacré. Avant notre
place dans la société était déterminée par des facteurs extérieurs à nous.
Les sociétés étaient très hiérarchisées, avec différents groupes qui avaient
différentes places, droits et privilèges. C’était presque impossible pour un
individu de changer de groupe. Dès la naissance, il appartenait à un certain
groupe et il y passait toute sa vie. Maintenant évidemment, il y a toujours
une hiérarchie, mais elle peut changer. En théorie, dans les pays
développés, il n’y a rien qui vous empêche de devenir président même si
vous venez d’un milieu très pauvre. Bon en pratique, on sait très bien que
ça a peu de chance d’arriver. Mais légalement, il n’y a rien qui vous empêche
de devenir président, vous avez la possibilité d’essayer.
[00:17:54] Et c’est la même chose avec les relations. Avant, on était obligés
de se marier avec une personne de la même religion, du même milieu, de la
même race et du sexe opposé. Maintenant, on a beaucoup plus de liberté et
c’est évidemment une bonne chose. On peut considérer que chaque individu
est libre de choisir son ou sa partenaire, celui ou celle qui correspond le
mieux à ses attentes. Dans la pratique, on a quand même tendance à se
marier avec une personne du même milieu que nous. Mais encore une fois,
il n’y a pas de barrière légale si vous voulez le faire.
[00:18:37] Et finalement, ce désenchantement du monde a créé une sorte
de « marché de l’amour ». Les relations imitent le fonctionnement de
l’économie avec une offre, une demande, et des individus de différente
valeur. Mais ça on va en parler un peu plus tard.
[00:18:59] En parallèle, le deuxième effet du capitalisme, c’est bien sûr le
développement de la société de consommation. Cette société de
consommation, elle nous renvoie une image du couple qui est très
sexualisée. Par exemple dans les campagnes de publicité pour la mode ou
les cosmétiques, mais aussi dans les films et les romans actuels, il y a
toujours une dimension sexuelle très forte. Et en plus de cette sexualisation,
on voit aussi une uniformisation de la beauté. Maintenant il existe une beauté
standard qu’on voit partout dans les médias, et les gens essayent de s’en
rapprocher le plus possible. Il n’y a pas vraiment de place pour la diversité.
Il existe une sorte de culte de la beauté, un culte du corps. Et si on veut avoir
une valeur élevée sur le marché de l’amour, on doit se rapprocher de cet
idéal de beauté. Donc il y a une forme de pression pour toujours s’améliorer,
par exemple en faisant du sport ou de la chirurgie esthétique.
[00:20:12] Bref, vous avez compris que chaque individu a une valeur en
fonction de sa beauté, mais aussi d’autres critères comme sa richesse ou
son statut. Et l’objectif, c’est de trouver un partenaire qui ait une valeur égale
ou supérieure à la nôtre. Tous ces individus (autrement dit nous) constituent
un marché, le marché de l’amour. C’est très visible avec les applications de
rencontres comme Tinder par exemple. Ces applications donnent accès au
marché de l’amour. Vous devez créer un profil pour montrer votre valeur.
Ensuite, vous définissez vos critères pour chercher un partenaire. Et vous
avez accès à la description des autres personnes, un peu comme des
produits. Vous pouvez voir leurs photos, leur style de vie, et ensuite vous
décidez si oui ou non vous avez envie de les rencontrer. C’est un peu la
même chose que quand vous voulez acheter une nouvelle voiture. Vous
comparez les différents modèles et vous achetez celui qui correspond le
mieux à vos besoins. Vous voyez, à ce niveau-là il n’y a pas plus du tout de
magie, de magie de la rencontre amoureuse par exemple. Maintenant la
rencontre amoureuse, c’est quelque chose de très pragmatique. Avec ces
applications on a l’impression que le choix est infini. Vous pouvez voir les
profils de personnes du monde entier. Donc en théorie, vous avez accès au
marché mondial des personnes qui cherchent l’amour.
[00:21:55] Le problème avec ça, c’est qu’on a tendance à instrumentaliser
l’autre personne. Avant de la rencontrer, on a une liste de critères et on veut
que notre futur partenaire corresponde à tous ces critères. Finalement, il n’y
a pas vraiment de place pour cette personne, parce que dans notre tête on
a déjà une image idéale d’elle. Ensuite si la personne ne répond pas à
suffisamment de critères et qu’on n’est pas satisfait de la relation, on peut
simplement chercher un autre partenaire. Comme quand on n’est pas
satisfait d’un service avec une entreprise. Et ça évidemment, c’est quelque
chose qui est difficile à gérer dans les relations amoureuses. C’est difficile
d’essayer de construire une relation ; il y a plus d’instabilité parce qu’au
moindre problème, c’est plus facile d’arrêter la relation et de chercher un
autre partenaire que de surmonter les obstacles. Ah ça c’est une autre
expression intéressante. « Surmonter un obstacle », ça veut dire « dépasser
une difficulté ». C’est le verbe « surmonter », « surmonter un obstacle ou un
challenge ». Bref, en plus de ces obstacles, on doit aussi prouver en
permanence notre valeur. On doit prouver à notre partenaire que notre
valeur est suffisante pour ne pas le perdre, pour qu’il ou elle ait envie de
rester avec nous.
[00:23:33] Alors d’après Eva Illouz, ces nouvelles attitudes vis-à-vis des
relations amoureuses, ce nouveau « marché de l’amour », ont changé la
nature de la souffrance amoureuse. Avant, la souffrance amoureuse était
liée à la frustration. La frustration, parce que souvent, la société ne nous
permettait pas d’aimer la personne qu’on voulait. Il y avait beaucoup
d’obstacles à surmonter. Des obstacles liés à notre milieu, à notre famille ou
à la famille de notre partenaire. L’exemple le plus célèbre, c’est peut-être
l’histoire de Roméo et Juliette. Deux personnes qui s’aiment passionnément
mais qui ne peuvent pas vivre cet amour à cause de leur famille.
[00:24:22] Mais maintenant, cette souffrance amoureuse est très différente.
Quand on ne trouve pas de partenaire, on a tendance à se remettre en
question. On se dit qu’on n’est pas assez bien, que notre valeur n’est pas
assez élevée. On ne peut pas blâmer notre famille ni notre milieu d’origine,
parce qu’en théorie nous sommes libres de mener la vie que nous voulons.
Donc si on n’est pas capable de trouver un partenaire, ça veut dire qu’on
n’est pas assez bien. Et cette souffrance est d’autant plus forte qu’on a
l’impression que trouver l’amour, c’est une chose essentielle pour notre
estime de soi. L’estime de soi, c’est la vision, la perception qu’on a de nousmêmes, tout simplement. Partout dans la culture occidentale, autour de nous
on nous dit que pour être heureux, il faut être en couple. Si vous êtes seul,
ça veut dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec vous. Ça veut dire
que vous n’avez pas le droit d’être heureux.
[00:25:36] Maintenant on va attaquer la dernière partie, celle qui concerne la
place des hommes et des femmes sur ce marché de l’amour. Je vous ai dit
en introduction que le rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes
est déséquilibré. J’insiste sur ce mot, « déséquilibré », parce que je sais qu’il
est difficile à retenir. Il est formé sur le mot « équilibre », un mot très utile.
L’équilibre, c’est quand les choses sont stables. Par exemple, on parle de
l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, quand votre vie
professionnelle et votre vie personnelle sont plus ou moins égales, qu’elles
ont la même importance, qu’il n’y en a pas une qui prend plus de place que
l’autre. Retenez bien ce mot, il est très utile : l’équilibre. Et le déséquilibre,
c’est bien sûr le contraire. Donc quand je dis que le rapport de pouvoir entre
les hommes et les femmes est déséquilibré, ça signifie que les hommes et
les femmes n’ont pas le même pouvoir sur le marché de l’amour.
[00:26:47] À mon avis, ça n’est pas quelque chose qui vous surprend. Vous
avez sûrement suivi l’actualité avec l’affaire Harvey Weinstein, la question
du harcèlement des femmes et le mouvement #metoo. Toute cette affaire a
montré que les hommes ont un pouvoir sur les femmes dont ils profitent pour
par exemple avoir des relations sexuelles. Mais c’est une chose sur laquelle
on a fermé les yeux pendant longtemps.
[00:27:20] Pourtant à la fin des années 60 avec la révolution sexuelle, on a
pensé que les relations entre les hommes et les femmes allaient s’équilibrer.
Avec la contraception, on a voulu enfin donner aux femmes la possibilité de
mieux maîtriser leur sexualité et d’avoir plus de liberté. Mais en réalité, cette
révolution sexuelle n’a pas tenu ses promesses. En fait, on pourrait presque
dire qu’elle a donné encore plus de pouvoir aux hommes. Certes, les
femmes peuvent maîtriser leur sexualité, mais c’est aussi beaucoup plus
facile pour les hommes d’avoir des rapports sexuels sans conséquence. Et
d’après Eva Illouz, les femmes ont toujours envie d’avoir des enfants alors
que les hommes, pas forcément. En plus, c’est évident que les hommes
peuvent attendre plus longtemps que les femmes avant d’avoir des enfants,
donc il y a une pression qui est plus forte pour elles. Au contraire, les
hommes profitent beaucoup de la situation. Ils peuvent multiplier les
partenaires sexuelles et quand ils font ça, ils augmentent aussi leur valeur.
Vous savez que la société considère qu’un homme qui a beaucoup de
rapports sexuels avec des femmes différentes est un Don Juan, c’est un
homme qui a du succès, qui est populaire. Alors qu’au contraire, une femme
qui a beaucoup de partenaires sexuels perd souvent de sa valeur aux yeux
des hommes.
[00:28:57] Juste pour que les choses soient claires, moi je ne suis pas du
tout d’accord avec ça ! Mais je vous parle simplement de la façon dont c’est
perçu dans nos sociétés. C’est en train de changer, mais ça prend beaucoup
de temps. En attendant, les hommes utilisent ce pouvoir pour profiter au
mieux du marché de l’amour. Et ça, ça crée souvent de la souffrance
amoureuse chez les femmes.
[00:29:29] Je vous ai présenté la thèse d’Eva Illouz dans les grandes lignes.
Si ça vous intéresse et vous voulez en savoir plus, je vais mettre des liens
dans la description de l’épisode sur mon site. Vous pourrez regarder
l’interview dont je vous ai diffusé un extrait, et d’autres articles.
[00:29:49] Voilà, on va s’arrêter là. Comme d’habitude, n’oubliez pas que la
transcription complète du podcast est disponible sur mon site
innerfrench.com. Et si vous voulez m’aider, vous pouvez laisser une
évaluation sur iTunes ou Facebook. Merci beaucoup pour votre soutien. On
se retrouve dans deux semaines.
[00:30:12] À bientôt !
40 Le métier de journaliste – interview de Laure Cometti
alut à tous et bienvenue pour ce 40ème épisode ! Aujourd’hui, on va parler
de journalisme avec une invitée spéciale.
[00:00:15] Bonjour à tous et bienvenue pour ce 40ème épisode. Un épisode
un peu spécial parce que j’étais à Paris, il y a quelques jours, et j’en ai profité
pour voir une de mes amies qui s’appelle Laure Cometti et qui est journaliste
pour le journal 20 Minutes. Donc j’ai pensé que ça serait une super occasion
pour essayer de faire quelque chose d’un peu différent et j’ai enregistré une
interview avec Laure. Dans cette interview, elle nous parle de son métier de
journaliste, donc je pense que vous allez apprendre plein de choses
intéressantes. Bon je vous préviens que c’est un épisode plus difficile que
d’habitude parce qu’on parle de façon totalement normale, sans faire d’effort
particulier, surtout Laure, donc vous allez voir que c’est plus rapide que
quand je fais un épisode en solo et il y a beaucoup d’expressions que peutêtre vous ne connaîtrez pas.
[00:01:21] Donc comme d’habitude vous allez trouver la transcription de
l’épisode sur mon site, et sur la transcription je vous explique les différentes
expressions qui sont utilisées et je pense que ça va être l’occasion pour vous
d’apprendre plein de nouvelles choses. Donc voilà, sans plus attendre je vais
vous faire écouter cette interview et on se retrouve à la fin pour la conclusion.
[00:01:57] Hugo : Salut Laure, est-ce que tu peux te présenter.
Laure : Salut Hugo, je m’appelle Laure, j’ai 29 ans, je vis à Paris et je suis
journaliste.
H : Ok et tu es journaliste dans quel journal ?
L : Dans un journal qui s’appelle 20 Minutes qui est distribué gratuitement
dans le métro et qui est disponible en ligne et sur mobile.
H : Ok. Alors pour commencer j’aimerais parler un peu de ton parcours. A
quel moment tu as décidé de devenir journaliste et pourquoi ?
L : Bah je pense que j’ai…en tout cas j’avais envie de devenir journaliste,
j’avais peut être pas encore décidé mais j’avais envie d’être journaliste
quand j’étais enfant, quand j’étais adolescente. J’avais écrit un journal de
mon collège [junior high school] . J’avais même créé un journal pour
raconter la vie de ma famille pour un public un peu restreint. Et ensuite j’ai
fait des études qui me prédestinaient pas forcément à être journaliste. Mais
aux alentours de 22-23 ans je suis revenu à cette première passion et je me
suis dit que c’était vraiment le métier que je voulais faire parce que j’ai
toujours aimé écrire, j’ai toujours été très curieuse du monde qui m’entoure
et je me disais que ça me permettait à la fois d’écrire et d’être curieuse et de
partager ce que je pouvais apprendre avec un public. Donc voilà, je me suis
un peu réorientée sur le tard [late in life].
[00:03:14] H : Ouais parce que nous en fait on s’est rencontrés pendant nos
études en école de commerce. Donc a priori l’école de commerce ça a pas
grand chose à voir avec le journalisme. Et est-ce que tu n’as pas eu envie
ensuite de faire une école de journalisme justement ? Est-ce que c’est
possible de devenir journaliste sans faire école ?
L : Je pense qu’en théorie c’est un métier où tu n’as pas forcément besoin
de faire une école pour devenir journaliste parce que c’est un métier où
idéalement il faut pas être trop formaté il faut être un peu… C’est bien qu’il y
ait des journalistes qui ont des styles très différents et des méthodes
différentes même s’il y a toujours la même discipline la même rigueur et la
même éthique. Et je pense que voilà il y a quelques décennies les écoles de
journalisme n’existaient pas forcément ou en tout cas n’avaient pas un tel
poids dans la profession donc il y avait beaucoup de journalistes. Moi, je
connais des journalistes de la génération de mes parents par exemple qui
ont pas fait d’école de journalisme, qui ont fait des études qui n’avaient rien
à voir d’Histoire, de maths, de psycho et qui sont quand même devenus
journalistes parce qu’ils étaient capables de raconter un peu le monde qui
les entoure et de l’écrire de manière plaisante et de creuser des sujets,
d’enquêter et de vérifier des infos. Et en fait c’est… bien sûr qu’en école on
peut apprendre des techniques, on peut apprendre à filmer, à enregistrer, à
faire de la radio, à gérer les réseaux sociaux ou un site web, mais je pense
qu’après les rudiments du métier de journaliste c’est surtout du bon
sens [common sens] et du travail. Donc pas obligé de faire une école.
[00:04:48] Après c’est vrai que moi, je suis allée vers l’école de commerce
parce que je savais ce que je voulais faire et c’était la facilité. J’ai passé des
concours. C’est le système français donc je ne sais pas si ça parle à tout le
monde [if everyone can relate to that] mais en gros [basically] voilà j’étais
bonne élève, j’ai passé des concours. J’ai atterri dans une école de
commerce c’était intéressant mais c’était pas… je voulais pas faire du
marketing plus tard ou de la finance ou travailler dans les ressources
humaines. Et en sortant de l’école, je me suis demandé s’il fallait que je fasse
encore une école mais je commençais à être un peu lassée de pas travailler.
En fait j’avais envie de travailler, j’avais envie de faire des choses et du coup
j’ai plutôt opté pour la solution d’enchaîner des stages dans la presse où j’ai
pu apprendre un peu sur le tas et faire mes preuves et commencer à
construire mon CV et en étant pas obligée de repasser des concours.
[00:05:38] H : Et est-ce que quand tu commences t’as besoin de te
spécialiser sur un secteur particulier ou est-ce que c’est mieux d’avoir une
approche plutôt généraliste et de voir ensuite ce qui te correspond le mieux
?
L : Je sais pas trop… j’ai pas trop de réponse. En fait, journaliste, je sais pas
si c’est pareil dans tous les pays du monde, mais en France et dans pas mal
de pays occidentaux, en tout cas de ce que j’ai pu observer, c’est un métier
où il y a beaucoup de candidats, il y a beaucoup de gens qui veulent faire ce
métier-là, il y a beaucoup de diplômés d’écoles de journalisme et il y a pas
forcément beaucoup de postes.
[00:06:11] Et je sais pas si dans le futur il y en aura tellement plus parce que
là on va vers une information et il y a vraiment une cure d’austérité dans pas
mal de médias, il y a des robots qui commencent à faire des choses très cool
et voilà les humains sont un peu menacés.
H : Il y a des robots journalistes ?
L : Ouais y a des robots journalistes. Le Washington Post a des robots
journalistes et même… Alors évidemment, il y a le mythe du… bon un robot
qui écrit un article ce sera peut-être très informatif et très rigoureux, ça aura
peut être moins de charme que la plume d’un humain. Mais au-delà de ça, il
y a des robots qui vont désormais pouvoir monter des vidéos pour nous ou
poster sur les réseaux sociaux pour nous. Donc c’est pas forcément des
postes où on imagine qu’il y a un journaliste derrière mais c’est des postes
qui actuellement sont occupés par des personnes. Donc ça peut…ça peut
disparaître.
[00:07:03] Et pour revenir à ta question, je pense que c’est toujours utile
d’avoir une spécialité parce que sinon on sort pas trop de la masse et comme
je le disais, il y a beaucoup de journalistes qui cherchent un emploi et y a
pas forcément beaucoup d’emplois. Donc c’est bien d’être spécialisé. Déjà
je pense que c’est bien pour soi-même, pour avoir le plaisir de pouvoir suivre
des sujets sur un temps long. Les meilleures enquêtes ou les meilleurs
documentaires, c’est des sujets qui parfois prennent des mois, des années.
Et du coup si dès le départ tu dis : “bah moi ce qui me passionne, c’est…je
sais pas, la botanique ou la finance, ça veut dire que par goût personnel,
tous les jours tu vas suivre un peu ces sujets-là. Et sur le long terme, tu auras
des meilleures idées que quelqu’un qui débarquerait complètement sur un
sujet. Et en plus, ça peut te donner une valeur ajoutée pour un employeur et
pour trouver un emploi.
[00:07:58] Maintenant, il y a une autre grosse tendance dans le journalisme
qui est que beaucoup de médias, ou en tout cas peut-être les médias qui
recrutent le plus, veulent désormais des journalistes qui sont un peu
capables de tout faire. C’est à dire qu’avant, il y avait des journalistes presse
écrite, des journalistes radio, des journalistes vidéo, des journalistes
community managers, et en fait maintenant de plus en plus on demande aux
journalistes de pouvoir un peu tout faire. C’est-à-dire quand moi je pars faire
un reportage, on me dit : “ah bah, tu vas faire un article, c’est super, mais
alors ce serait bien que tu prennes aussi des photos pour l’illustrer, si tu peux
faire une vidéo c’est encore mieux, et puis si tu peux faire un Facebook live
ou un périscope, génial !”
Sauf que du coup c’est vrai que…Alors c’est un plus, ça veut dire que les
gens sont de plus en plus formés, de plus en plus polyvalents, mais après
c’est… Ça veut dire que… c’est rare d’avoir quelqu’un qui est excellent
caméraman et qui a une excellente plume donc c’est un peu plus
contraignant quoi.
[00:09:00] H : Et toi justement avec ton expérience, est-ce que tu t’es
spécialisée dans un domaine ou alors pas vraiment ?
L : Pas vraiment. Moi après, par mon parcours personnel, j’avais la chance
de parler plusieurs langues, de bien parler anglais, de bien parler espagnol,
et ça dans une rédaction, c’est un atout parce que ce n’est pas forcément
si répandu que ça. Des journalistes vraiment à l’aise dans plein de langues.
H : En France en tout cas.
L : Oui, en France en tout cas ! Donc c’est vrai que c’est un atout et ça a pu
me permettre de me positionner sur des sujets monde / international parce
que voilà je pouvais faire des interviews en espagnol ou en anglais par
exemple, ou lire la presse anglaise et espagnole.
H : Et est-ce que tu peux nous parler de ta première expérience en tant que
journaliste, à part le journal au collège, mais ta première vraie expérience de
journaliste ?
[00:09:51] L : Alors, le premier stage que j’ai fait vraiment dans une
rédaction, c’était au journal La Croix qui est un quotidien français de tradition
plutôt chrétienne même si ça se ressent pas forcément dans les pages du
journal (si ce n’est qu’ils ont une rubrique religion qui est assez fournie mais
qui d’ailleurs traite de toutes les religions, pas uniquement de la religion
chrétienne). Mais bon, en tout cas donc c’était la première fois que j’arrivais
dans une rédaction et que même si j’étais stagiaire, j’étais une journaliste
parmi les autres. Et c’était une bonne expérience. Les journalistes de La
Croix étaient vraiment des bons pédagogues, des bons formateurs. Ils
étaient assez patients, ils prenaient vraiment le temps d’expliquer un peu les
bases. Et puis c’était une rédaction où il y avait un rythme… Enfin moi j’ai
fait ce stage en 2012, donc à l’époque il y avait encore un rythme d’un journal
quotidien. Ça veut dire que mine de rien, il y a une production à assurer tous
les jours. Mais on prenait quand même le temps de travailler les sujets. Les
gens prenaient le temps de m’expliquer ce qu’il fallait améliorer dans mes
articles ou ce qui était bien. Donc c’était une bonne expérience.
[00:11:07] H : Et ensuite est-ce que ça a été facile de trouver ton premier job
de journaliste ?
L : Non pas vraiment. Mais après je n’avais pas fait d’école de journaliste
donc j’avais pas vraiment de réseau. J’avais juste le réseau que je m’étais
fait en faisant des stages.
H : Tu peux expliquer ce que c’est le “réseau” ?
L : Le réseau, c’est les personnes avec qui vous avez travaillé ou votre cercle
d’amis… Tous les contacts que vous pouvez activer si vous avez besoin de
trouver un boulot ou un appartement. Voilà quoi. C’est les différents cercles
autour de nous qui font que parfois on a des bons plans qui peuvent ou pas
surgir.
H : Donc c’est vrai, on dit “le réseau” ou “le carnet d’adresses” effectivement.
[00:11:55] L : Donc du coup moi en journalisme je n’avais pas beaucoup de
réseau, j’avais les gens que j’avais connus en stage mais chez Vanity Fair
comme chez La Croix il n’y avait pas de possibilité d’embauche. Et du coup,
je me suis retrouvée sans… j’ai fini mon stage, j’étais plus étudiante, j’avais
plus le droit de faire de stage, et je n’avais pas trouvé de travail fixe. Donc je
me suis mise à mon compte.
J’ai commencé à travailler en pigiste. Donc un pigiste, c’est un journaliste
freelance qui travaille tout seul et puis qui contacte différents médias pour
leur vendre des sujets et…
[00:12:36] H : Et il écrit des “piges”.
L : Et il écrit des piges ouais. Je sais pas d’où ça vient d’ailleurs
étymologiquement, il faudrait qu’on regarde. Et il écrit des piges. Donc un
pige ça peut être un article, un reportage, une chronique. Le terme “pige”
regroupe des formats assez variés. Et le journaliste est rémunéré à la pige
donc il est payé à l’article, à l’unité. Et puis ça dépend de la longueur de
l’article. Et puis en plus chaque média, pour compliquer la chose, chaque
média a ses propres tarifs. Donc c’est très variable. Un article peut être
payée 30 euros comme 200. Et c’est pas toujours corrélé à la difficulté qui a
pu avoir lieu quand on a fait l’article ou à la prise de risques. C’est très
variable.
[00:13:27] H : Est ce que tu peux nous parler d’une journée type chez 20
Minutes, à quoi ça ressemble ?
L : Beaucoup de pauses café. Non mais… Alors, la journée type à 20
Minutes, elle commence… donc on arrive à la rédaction vers 9h, 9h30 (pour
une journée classique) et dans la matinée on fait une réunion de rédaction.
Donc les services de la rédaction se réunissent entre eux. Donc alors les
services, il y a le service actualité auquel j’appartiens, il y a le service vidéo,
il y a le service sport. Donc en fait en premier dans la matinée, les chefs de
ces services se réunissent entre eux. Puis chacun réunit son service. Donc
moi je me réunie avec tous mes collègues du pôle actualité. Et chaque
journaliste dit son programme de la journée. Donc le journaliste économie
annonce ce qu’il va faire dans la journée : quels articles il va faire, quels
sujets il va suivre. Pareil pour le journaliste justice, le journaliste santé, etc.
Chacun à tour de rôle. Et puis il y a aussi notre chef de service qui parfois
nous impose un sujet parce que, voilà il y a des sujets parfois qui s’imposent
et on n’a pas le choix, il faut que quelqu’un les traite. Et après quand on sort
de cette réunion, normalement on sait ce qu’on fait de la journée, on sait
quels sont nos objectifs. On sait si on doit faire un article ou 2 ou 0 et juste
préparer des articles pour les jours à venir.
[00:14:57] Et du coup, on sort de cette réunion, et puis en fonction de
l’objectif qui a été fixé, soit on part en reportage quelque part (donc moi ça
peut être partir à l’Assemblée nationale si je veux rencontrer des députés
pour un article politique), soit on fixe des interviews téléphoniques, parce
que c’est quand même… c’est quelque chose qu’on fait très souvent, des
interviews téléphoniques parce que ça fait gagner du temps et que ça permet
dans la journée d’avoir plusieurs interlocuteurs pour nourrir un article, soit on
part rencontrer des sources. On peut déjeuner avec une source, prendre un
café avec une source selon une source source. C’est vrai le terme paraît peu
mystérieux mais une source.
H : Qu’est-ce que c’est “une source” ?
L : Une source, c’est… bon en vrai le terme paraît un peu mystérieux mais
une source, c’est quelqu’un qui est utile aux journalistes parce que c’est
quelqu’un qui a des informations sur un sujet qui intéresse le journaliste. Et
du coup, c’est une personne que le journaliste essaie de rencontrer
régulièrement ou d’avoir au téléphone régulièrement pour être au top de
l’actualité sur des dossiers. Par exemple pour un journaliste justice, une
source ça peut être un avocat ou quelqu’un qui porte plainte. Ou ça peut être
des syndicats de magistrats. Il y a des sources qui sont anonymes, il y en a
qui sont pas anonymes. Donc une source c’est en gros une personne qu’un
journaliste a régulièrement au téléphone ou a des conversations avec, et ça
lui permet de faire des articles avec des infos de première main.
[00:16:37] H : Je me demande toujours : quel est l’intérêt justement pour
cette personne, pour la source, de donner toutes ces informations ? Est-ce
que vous les invitez au restaurant, est-ce que..?
L : Alors je sais pas. Chaque média normalement a une charte bien précise
donc a priori on n’achète pas les sources à 20 Minutes. On a une charte, on
a une éthique et on ne paye pas les sources de manière générale à 20
Minutes on n’achète pas les photos ou les vidéos. Parfois certaines
personnes nous proposent de nous vendre des vidéos ou des photos et on
les achète pas si c’est pas des photos d’une agence professionnelle. Donc
nos sources… bah leur intérêt il peut être… En fait c’est très variable. Ça
dépend, je pense que ça dépend beaucoup de la personnalité. Il y a des
personnes qui ont envie de parler à un journaliste, qui ont envie que leur
histoire soit médiatisée. Parfois elles ont un intérêt à ce que leur histoire
soient médiatisée. Une source, ça peut être une personne qui annonce
qu’elle a été harcelée sexuellement par un homme politique ou qu’elle a été
victime d’une agression par une star ou même victime d’une agression par
quelqu’un qui n’est pas connu mais ça peut être une victime qui a envie de
parler.
[00:17:53] H : Qu’est ce que tu aimes le plus dans ton métier de journaliste
?
L : J’aime beaucoup le fait de pas avoir de routine. Bon il y a une routine
parce qu’il y a une journée type que je t’ai décrite. Mais les journées se
ressemblent jamais parce que l’actualité n’est jamais la même. Même si
parfois il y a des petits évènements qui peuvent ressembler à des
événements passés mais c’est jamais la même chose quoi. L’actualité
change sans cesse donc il y a pas de routine. Tous les jours, j’apprends
quelque chose même si c’est… même si c’est pas… j’apprends pas
forcément des formules mathématiques complexes ou j’apprends pas des
choses extrêmement complexes. Mais tous les jours je découvre des choses
et j’apprends des notions parce que l’actualité change et qu’on est en
permanence obligé de s’adapter et qu’on rencontre des nouvelles personnes
aussi tous les jours. Donc j’aime bien ça.
[00:18:48] Et après, j’aime toujours autant écrire même si bon, écrire des
articles d’information, c’est quand même pas pareil qu’écrire de la littérature
hein ! Mais c’est un plaisir d’écrire tous les jours et puis vraiment ne pas avoir
de routine et être toujours un peu obligé de s’adapter, c’est quelque chose
que j’aime.
H : Et parmi tes différentes expériences, les reportages que tu as pu faire,
les voyages, etc. laquelle t’a le plus appris ?
L : J’ai fait un reportage au Royaume-Uni pour le Brexit parce que 20 minutes
m’avait envoyée à Glasgow puis à Londres. Et je pense que c’était… j’ai du
mal à dire quel reportage était celui qui m’a le plus appris mais celui-ci il était
intéressant parce que déjà j’étais toute seule (parce que quand 20 minutes
envoie des journalistes à l’étranger, ils partent tout seul, c’est pas une grosse
équipe qui part en reportage). Dans un environnement que je connaissais
quand même bien et je parle anglais donc c’était pas non plus la grosse
panique, j’arrive à me débrouiller et à interroger des gens et à travailler dans
des conditions tout à fait correctes parce que t’arrives à trouver du Wi-Fi. Tu
peux écrire un tes articles dans un café. Donc il y a du stress mais
c’est gérable.
[00:20:09] Et après ce qui m’a beaucoup appris c’est que c’était un reportage
où je pense que quand mon rédac chef m’a envoyée au Royaume-Uni pour
couvrir le Brexit, je pense qu’on se disait tous que le Brexit ne pouvait pas
passer. On avait tous en tête quand même scénario de : “Oui-non, c’est
serré, on se fait un peu peur mais bon le leave…”
H : Tout est bien qui finit bien.
L : Ouais le leave ne va pas l’emporter. Et puis bon, on va faire des
reportages mais on sait que in fine l’histoire qu’on racontera ce sera : “Tout
est bien qui finit bien” comme tu dis. Et au final, ça s’est pas du tout passé
comme ça. Et j’ai été obligée de réagir très vite et de réagir en changeant
d’angle, en pensant à d’autres sujets, et c’était vraiment intéressant. Et je
pense que pour le coup, c’était bien que je… que 20 Minutes m’ait envoyée
au Royaume-Uni parce que depuis Paris, depuis la France, là où sont les
lecteurs de 20 Minutes, il y avait effectivement cette idée qu’il n’y aurait pas
de Brexit, que ça n’arriverait pas. Et pour le coup, moi j’étais vraiment
contente d’être au contact de Britanniques qui voulaient le Brexit, qui me
racontaient pourquoi. Et moi je pouvais le décrire dans des articles et je
pense que c’était important de raconter ça.
[00:21:30] H : Et qu’est ce que tu trouves le plus difficile dans ton métier ?
L : Je sais pas…
H : La pression quotidienne..?
L : Je pense que les difficultés découlent beaucoup du média… Je pense
que les difficultés varient en fonction du média dans lequel le journaliste
travaille et de ce qu’on attend de lui. Je pense que voilà, travailler pour une
télé ou une radio, il y a des difficultés qui sont assez différentes de celles
que je rencontre. Après bon, il y a une pression effectivement au quotidien
parce que l’actualité n’attend pas, parce qu’il faut toujours réagir, il faut
toujours s’adapter. Mais c’est pas… Bon ça peut être un peu pesant parce
que c’est vrai que tu déconnectes difficilement voire jamais. Donc même
quand je travaille pas, je regarde l’actu. J’ai mon téléphone greffé dans la
main donc ça peut être une forme de pression. Mais pour le moment je suis
jeune et je pense que ça me pèse pas encore trop. Mais nan, les difficultés,
je dirais que c’est d’essayer d’avoir du recul sur ce qu’on fait en fait, parce
qu’on a une grande responsabilité vis à vis de nos lecteurs, et encore plus à
l’époque des fake news et voilà de toutes sortes d’informations qui peuvent
circuler sur Internet sans aucune hiérarchie. Les médias sont assez
critiqués. Je peux entendre… Je peux tout à fait accepter une part de
critique et… mais c’est vrai que moi, oui au quotidien ce qui me met le plus
la pression c’est de me dire : “Est-ce que je fais bien mon travail ? Est-ce
que c’est suffisamment impartial ? Est-ce que c’est suffisamment bon pour
mes lecteurs ?
[00:23:19] H : De garder une certaine objectivité…
L : Oui. Alors après moi j’ai pas trop de… même si l’objectivité parfaite, ça
n’existe pas. Mais moi ma rubrique, la politique c’est pas… je ne suis
pas encartée, je ne milite pas donc je n’ai pas trop de difficultés à essayer
d’être objective en tout cas, ça ne me pèse pas. C’est une matière… je
couvre ça comme si je parlais pas de, je sais pas, de tricot ou de… Alors
que par exemple si je couvrais des thématiques climatiques, je pense que je
suis beaucoup plus militante sur l’environnement que en politique. Donc ce
n’est pas tellement la difficulté. La difficulté, c’est juste de se dire que… Je
sais pas comment dire ça simplement. Mais en gros, un journal c’est
plusieurs journalistes. Chacun fait son métier de manière assez autonome.
Chacun travaille plutôt dans son coin et c’est un travail assez solitaire. Mais
la somme de tous les journalistes doit essayer d’aboutir à un journal qui soit
le plus complet possible, le plus objectif, le plus rigoureux et voilà qui soit le
mieux possible pour le lecteur. Et parfois voilà, ce qui est le plus dur c’est de
prendre un peu de recul, de sortir de ma rubrique à moi qui est la politique,
et d’essayer de me dire : “bon bah, est-ce que collectivement on arrive à
faire ça ? Est-ce qu’on n’a pas oublié un sujet ? Est-ce qu’on n’est pas passé
à côté de quelque chose ? Est-ce qu’on “surcouvre”, est-ce qu’on couvre
trop un sujet et pas assez un autre ?” Donc c’est peut-être ça la principale
difficulté dans un contexte économique ou en plus, grosso modo, on
demande aux journalistes de produire plus, plus vite et avec moins de
moyens. Donc ça c’est aussi une difficulté un peu… de base on va dire.
[00:25:09] H : Pour finir peut-être ce podcast est ce que tu peux
recommander aux auditeurs des journaux ou des médias qui te semblent
donner une bonne vision on peut dire de de l’actualité française ?
L : Alors il y a les… bah je pense que quand on s’intéresse à l’actualité
française, il faut lire les…comment dire ? les incontournables. Il y a Le
Monde, dans les quotidiens il y a Le Monde, pondéré avec le Figaro et
Libération, c’est pas mal pour avoir un journal de gauche, un journal de
droite.
H : Donc lequel est..?
L : Alors le Figaro, donc plutôt à droite, et Libération, donc plutôt à gauche.
Libération en plus ils font des belles unes. Donc la première page du journal
est toujours très travaillée avec des belles photos et des titres où il y a
souvent des jeux de mots ou des doubles sens. Donc si vous apprenez le
français, ça peut être rigolo de vous testez sur ces titres-là. Après en radio,
il y a les radios publiques Radio France, France Inter, France Culture. Il y a
un site que j’aime bien et que je trouve assez intéressant parce que il donne
à voir des situations que les grands médias couvrent peut être un peu moins
et c’est le site Street Press (je vais y arriver) qui parle pas mal… pas
uniquement, mais qui parle des banlieues ou de culture urbaine, de petits
courants politiques aussi. Donc c’est à dire pas forcément que les gros partis
mais aussi des petits partis ou des petits syndicats. Donc c’est assez
intéressant, ça raconte une France que vous verrez peut-être pas au journal
télévisé ou en première page du monde mais si vous vous intéressez à ce
qui se passe dans les villes françaises et dans les banlieues, c’est pas mal.
[00:26:59] H : Moi, il y a un média que j’aime bien recommander aussi à mes
élèves qui s’appelle Brut. Qu’est-ce que tu en penses ?
L : Ah oui, c’est pas mal parce que c’est sous-titré. Mais maintenant tout le
monde les copie !
H : C’est vrai, c’est vrai.
L : Brut… C’est rigolo Brut parce que je sais plus quand ça a été créé… Il y
a deux ans, ils existaient pas et aujourd’hui ils sont devenus un peu
incontournables dans ce qui se fait en terme de journalisme vidéo. Ils ont
complètement explosé. C’est assez fort, ce qu’ils ont fait, je trouve, parce
qu’ils ont été les premiers à faire de la vidéo pour le mobile, c’est-à-dire
format carré et avec les sous-titres parce que quand on est sur le mobile, on
ne peut pas toujours mettre le son donc c’est bien d’avoir les sous-titres. Et
puis avec ce côté “brut” comme leur nom l’indique, c’est-à-dire le montage
efficace, un peu frais, un peu rigolo.
H : Des sujets un peu décalés aussi…
L : Des sujets un peu décalés. Et je trouve qu’ils ont complètement un peu
“disrupté” le journalisme vidéo, rebattu les cartes et c’est assez fort. Et je
suis curieuse de voir comment est-ce qu’ils vont évoluer. Là, ils ont déjà
beaucoup grossi, ils ont recruté. Ils font de plus en plus de vidéos sur des
sujets de plus en plus variés, ils font des interviews. Donc c’est vrai que c’est
vraiment bien. Maintenant tout le monde les imite un petit peu aujourd’hui
donc c’est vrai que c’est peut-être à eux d’innover encore et de proposer
encore des choses nouvelles, parce que c’est vrai qu’aujourd’hui quand
j’ouvre ma timeline Facebook, j’ai beaucoup beaucoup de vidéos, et toutes
ont un peu le style “Brut” et parfois voilà la valeur ajoutée de Brut, on la sent
moins. Même s’ils ont été les pionniers là-dessus.
[00:28:41] H : C’est vrai, et en matière de stratégie de promotion aussi ils ont
surtout utilisé Facebook aussi et les réseaux sociaux et ils ont été très bon
à ce niveau-là.
L : Uniquement. Ils ont pas de site web en fait. Ils ont un site web mais qui
diffuse uniquement les vidéos et rien de plus. Donc c’est assez fort.
Et le fondateur, enfin l’un des fondateurs de Brut, Rémi Buisine, il avait
commencé en faisant des Facebook live, enfin non des Periscopes de Nuits
Debout à Paris. Je ne sais pas si les auditeurs non francophones…
H : Qu’est-ce que c’était “Nuit Debout” ?
L : Nuit Debout, c’était un peu notre “indignados” à nous quoi, pour les
hispanophones ou notre… non je crois que c’est tout…
H : Occupy Wall Street.
L : Notre Occupy Wall Street français. Il y a eu une période, à la fin
du quinquennat de François Hollande, du Président Hollande, un moment
où il y avait une forte contestation contre une loi de réforme du marché du
travail et du code du travail français. Et à Paris, et dans d’autres villes de
France, mais surtout à Paris, il y a eu des personnes qui ont commencé à
occuper une place, la Place de la République à Paris, et qui faisaient des
débats, des assemblées générales, qui voulaient un peu réinventer la
politique, réinventer la vie sociale. Et en fait Rémy Buisine, il est allé sur cette
place où au début peu de médias mainstream allaient, parce qu’au début
tout le monde pensait que ça n’allait pas durer et que c’était un peu un truc
marginal, un truc de hippies, dans les premiers jours. Et lui il était là, il filmait
et en fait il a eu pas mal de succès. Et puis finalement, de fil en aiguille, ça
donne Brut ensuite. Brut n’a pas grand chose à voir avec Nuit Debout mais
il s’est fait connaître comme ça. Et maintenant c’est rigolo, je le croise parfois
quand je suis le Président Emmanuel Macron, il est là avec son téléphone
et… voilà je me suis un peu éloignée du sujet, tu pourras couper !
[00:30:37] H : Non mais très bien, très bien ! Merci beaucoup. Je pense qu’on
va s’arrêter là. C’était vraiment très très intéressant, à mon avis ça va
passionner les auditeurs du podcast. Un peu plus difficile que d’habitude…
L : Désolée !
H : Mais voilà ça change, un peu de diversité. Beaucoup d’expressions que
je vais essayer d’expliquer dans la transcription. Donc merci beaucoup Laure
pour ton temps. Peut-être qu’on fera une autre interview sur un autre sujet
un peu plus tard.
L : On peut. Merci Hugo, à bientôt !
[00:31:14] Voilà c’était mon interview avec Laure Cometti du journal 20
Minutes. J’espère que ça vous a plu. Si vous voulez plus d’épisodes comme
ça, n’hésitez pas à m’écrire et j’essaierai de faire d’autres interviews. J’ai
plein d’autres amis qui ont des choses très intéressantes à raconter. Et je
vous rappelle que vous pouvez lire la transcription sur mon site
innerfrench.com pour avoir des explications de toutes les expressions qui
étaient utilisées.
[00:31:48] Si vous avez des questions, n’hésitez pas à m’écrire, et si vous
voulez me soutenir vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes ou sur
Facebook, ça me fera très plaisir !
[00:32:03] On se retrouve dans 2 semaines pour un nouvel épisode. Et en
attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français, tous les jours !
[00:32:11] À bientôt !
41 Vivre à Paris
Episode 41, Paris !
[00:00:08] Salut à tous, bienvenue dans ce 41ème épisode, un épisode
consacré à la capitale française.
[00:00:17] Mais pour commencer je voudrais remercier toutes les personnes
qui ont laissé des évaluations sur iTunes, Youtube et Facebook, et celles qui
m’ont écrit. La liste est assez longue, mais merci à Lionel, Tina, Karen, Nicky,
Mobina, Johnathan, Chris, Iona, Michal, Antonia, Sara, Theresa, Phil,
Emma, Mark et tous les autres. Vous savez à quel point ça me fait plaisir de
lire ce que vous m’envoyez.
[00:00:56] D’ailleurs, j’ai envie de vous lire un email que j’ai reçu de la part
de Chris, un auditeur anglais qui écoute le podcast sur Youtube.
[00:01:06] “Hugo,
Je viens de trouver votre premier podcast “Acquiring a Language” sur
Youtube. Wow! Il est fantastique! Je suis débutant, je n’apprends que depuis
trois mois, mais je pratique beaucoup. Je suis complètement d’accord avec
toi quand tu dis qu’on doit parler, lire et écrire malgré les erreurs.
J’ai trouvé quelques personnes en ligne via le site internet – ‘Conversation
Exchange’. Je leur parle chaque semaine. Je veux apprendre le français et
ils veulent parler anglais, c’est un bon système (mais c’est plus facile de
parler avec certaines personnes que d’autres). Bien sûr, j’étudie aussi la
grammaire et le vocabulaire mais seulement pour m’aider avec les
conversations pour que je puisse mieux communiquer.
Je connais des gens qui essayent d’apprendre toute la grammaire avant
d’avoir une conversation. Ça ne marche pas bien! J’ai envie de vous dire
que votre vidéo est la meilleure que j’ai vue. J’ai regardé la vidéo en entier
et j’ai tout compris. D’habitude, après deux ou trois minutes d’une vidéo je
me perds! Vous parlez très clairement. Je regarderai toutes vos vidéos.
J’espère que je les comprendrai et je suis sûr qu’elles seront intéressantes.
J’ai écrit tout ça sans aide, donc j’espère que vous pouvez me comprendre.
Merci beaucoup pour vos vidéos. Je les adore parce que je peux les
comprendre!
Chris”
[00:02:49] Merci à toi Chris pour ton email ! C’est très impressionnant d’écrire
comme ça après seulement 3 mois d’apprentissage ! On peut voir que tu es
très motivé. Si vous cherchez des partenaires de conversation pour parler
français, vous pouvez utiliser le site Conversation exchange comme Chris.
Personnellement je vous recommande aussi la plateforme Italki. Vous
pouvez prendre des cours payants avec des professeurs mais aussi trouver
des partenaires de conversation. Par exemple vous parlez anglais ensemble
avec votre partenaire pendant 30 minutes, et ensuite vous parlez français.
C’est un très bon système si vous n’avez pas envie de dépenser d’argent.
[00:03:38] Voilà, maintenant on va passer à notre sujet du jour : Paris.
[00:03:49] Paris, c’est une ville qui fait rêver. C’est d’ailleurs une des villes
les plus visitées au monde. D’après un classement publié par Mastercard,
Paris est à la 3ème place, derrière Bangkok et Londres. En 2016, il y a 15,5
millions de touristes qui ont visité la capitale française. J’imagine que
certains d’entre vous en faisaient peut-être partie. Peut-être même que vous
y habitez actuellement ou que vous y avez passé du temps, pendant vos
études par exemple. Mais visiter et vivre dans une ville, c’est quelque chose
de complètement différent. Quand on visite une ville, notre temps est limité,
du coup on essaye de faire un maximum de choses. Peut-être qu’on a
préparé une liste des musées et monuments qu’on veut absolument voir. On
a sûrement un programme chargé, ça peut même être assez stressant
parfois ! Moi, quand je me suis mis à [when I started to] voyager à l’étranger,
j’avais une approche un peu différente. D’ailleurs j’ai commencé assez tard,
j’avais 19 ans la première fois que j’ai quitté la France. Je suis allé à Glasgow
en Ecosse, avec un ami. On voulait améliorer notre anglais en travaillant
dans un restaurant ou un pub. Donc au lieu de visiter tous les sites
touristiques, on a essayé de vivre comme les Ecossais.
[00:05:26] Bon honnêtement, on n’a pas réussi à trouver de travail et on a
passé 3 semaines à faire la fête avec des étudiants. Du coup, j’ai appris plein
de mots que je n’avais jamais entendus en cours d’anglais ! Vous imaginez
quel genre de mots… Bref, l’important ici, c’est que j’ai eu la chance de
pouvoir apprécier la ville comme un de ses habitants. On aurait pu décider
de profiter des 3 semaines pour visiter le reste de l’Ecosse, mais au lieu de
ça, on s’est créé une sorte de routine à Glasgow. Par exemple il y avait un
pub qui faisait des burgers délicieux et pas chers, donc on y allait presque
tous les jours ! On se promenait dans les parcs de la ville, on observait les
gens et leurs habitudes. On avait presque l’impression de vivre comme les
habitants, sauf qu’on ne travaillait pas et qu’on faisait la fête presque tous
les soirs ! C’était vraiment une super expérience ! D’ailleurs on a décidé d’y
retourner l’année suivante. Maintenant, je connais Glasgow comme ma
poche et j’y suis très attaché. Ah, voilà la 1ère expression de cet épisode :
« connaître un endroit comme sa poche » [to know a place inside out]. C’est
assez facile d’en comprendre le sens, non ? Ça veut dire que vous
connaissez très bien un lieu, aussi bien que la poche de votre pantalon !
Généralement on l’utilise pour une ville ou un pays. Donc moi, je connais
Glasgow comme ma poche.
[00:07:13] Bref, je pense que c’est une façon géniale de voyager. Quand on
court d’un musée à l’autre, on ne peut pas vraiment apprécier l’ambiance de
la ville. Pour ça, il faut prendre son temps, se promener au hasard des rues,
s’arrêter dans un café, observer les habitants et leur parler (s’ils sont
d’accord bien sûr !).
[00:07:36] C’est pour ça qu’aujourd’hui, plutôt que de vous parler de Paris
du point de vue d’un touriste, je vais vous en parler comme un de ses
habitants. Donc je ne vous parlerai ni de la Tour Eiffel ni du musée du Louvre
! Je vais essayer de vous décrire l’ambiance, l’atmosphère si particulière de
cette ville.
[00:07:58] Alors détendez-vous, faites-vous un bon café ou un thé, et
laissez-moi vous guider dans les rues de Paris !
[00:08:13] J’ai déménagé à Paris quand j’avais 20 ans, pour mes études.
Comme vous le savez peut-être, j’ai passé mon enfance dans une petite ville
du centre de la France qui s’appelle Châteauroux. Donc évidemment, vivre
à Paris, c’était une expérience radicalement différente. On peut dire qu’à ce
moment-là j’ai plongé dans le grand bain. Vous comprenez cette expression
: « plonger dans le grand bain » [to jump in at the deep end] ? Ça veut dire
qu’on essaye de faire quelque chose qui nous semble difficile, quelque
chose qui nous impressionne. C’est comme à la piscine. Au début, on reste
dans le petit bain, qui n’est pas profond, pour apprendre à nager. Et une fois
qu’on sait bien nager, on peut aller dans le grand bain qui est plus profond
et dangereux. Donc déménager à Paris, pour moi, c’était comme plonger
dans le grand bain.
[00:09:09] J’avais des aprioris, des préjugés, assez négatifs. C’est souvent
le cas quand on est provincial. La province, vous le savez peut-être, c’est le
mot qu’on utilise pour désigner le reste du territoire français. La France, c’est
Paris + la province. D’un côté, il y a les Parisiens, et de l’autre les
Provinciaux. Les Provinciaux adorent critiquer les Parisiens, et moi aussi
j’avais un peu cette attitude. Je trouvais que les Parisiens étaient prétentieux
et que c’était ridicule de payer si cher pour vivre dans un si petit appartement.
À vrai dire, je crois que j’avais un peu peur d’aller vivre à Paris. Mais dès la
première semaine, j’ai complètement changé d’avis [changed my mind] ! Je
me rappelle que c’était au mois d’août, juste avant la rentrée. Il faisait très
beau, il y avait du monde partout dans les rues et aux terrasses des cafés.
Je me suis tout de suite senti chez moi. Je passais des journées entières à
marcher partout dans la ville. J’avais envie de découvrir tous les quartiers.
Malheureusement, comme j’étais étudiant, je n’avais pas beaucoup d’argent.
Je n’avais pas les moyens d’aller au restaurant ni à l’opéra par exemple.
Mais j’étais vraiment décidé à conquérir la ville !
[00:10:41] J’avais trouvé un studio dans le XXème arrondissement. Vous
savez sûrement que Paris est divisée en arrondissements, et qu’il y’en a
précisément 20. Ils sont organisés d’une manière un peu bizarre, avec le 1er
arrondissement au centre de Paris et les autres autour qui s’éloignent
progressivement. Si vous regardez sur une carte, vous verrez que ça a la
forme d’une coquille d’escargot, en spirale. Et ces arrondissements
constituent ce qu’on appelle « Paris intra-muros », à l’intérieur des murs. En
réalité, il n’y a pas de murs autour de Paris mais il y a le périphérique, le «
périph’ » comme disent les Parisiens, c’est-à-dire une route pour permettre
aux voitures de faire le tour de Paris plus rapidement. Au lieu de traverser
Paris du nord au sud ou de l’est à l’ouest en passant par les petites rues, on
peut prendre le périphérique et ça va plus vite. Et à l’extérieur du
périphérique, on trouve les banlieues parisiennes.
[00:11:52] Donc moi, j’étais dans le XXème arrondissement, presque à
l’extérieur de Paris, pas loin du périph. Pour être honnête ça n’est pas le
quartier le plus beau, mais c’était près de mon école et les loyers étaient un
peu moins élevés. Comme je ne connaissais pas la ville avant de
déménager, je ne savais pas vraiment quels quartiers étaient cools ou non.
Mais maintenant j’ai beaucoup plus d’expérience, donc je vais vous dire dans
quel quartier vous devez vous installer si vous déménagez à Paris !
[00:12:27] La première chose à savoir, c’est que la ville est divisée en deux
par la rivière qui la traverse, la Seine. Au nord de la Seine, il y a ce qu’on
appelle « la rive droite ». Au sud, c’est la rive gauche. Historiquement, c’est
la rive gauche qui est la plus ancienne. Au début, Paris existait seulement
au sud de la Seine, et puis elle s’est développée au nord avec des activités
liées au commerce, des boutiques, etc. Donc pour caricaturer, les gens
vivaient sur la rive gauche et travaillaient sur la rive droite. Bon maintenant,
ce n’est plus vraiment le cas. Il y a des boutiques et des grands magasins
partout.
[00:13:13] Mais la rive gauche est quand même plus calme. On y trouve des
universités comme la Sorbonne dans le quartier latin, et les principales
institutions politiques comme l’Assemblée nationale, le Sénat et l’hôtel de
Matignon où travaille le 1er ministre. Par contre, le Président français,
Emmanuel Macron, vit sur la rive droite, au Palais de l’Elysée.
[00:13:43] La rive droite est beaucoup plus dynamique. Il y a plein d’endroits
pour sortir, des restos, des bars, des clubs. Les deux opéras, l’opéra Garnier
et l’opéra Bastille, sont rive droite. Et aussi les quartiers les plus branchés.
Le mot « branché », vous connaissez ? Ça veut dire « à la mode », «
tendance ».
[00:14:07] Les Parisiens aiment bien dire que la rive droite et la rive gauche
sont comme deux mondes différents. Donc si vous préférez le calme, la
tranquillité et les lieux historiques, je vous conseille la rive gauche ; mais si
vous avez envie d’être au cœur de l’action, de pouvoir sortir et faire la fête
tous les jours, choisissez plutôt la rive droite. Et moi, où j’habitais à votre avis
? J’habitais rive droite bien sûr ! D’ailleurs, j’allais très rarement de l’autre
côté de la Seine, je trouvais que c’était ennuyeux. Mais maintenant que je
suis un peu plus vieux, j’apprécie aussi la rive gauche. C’est une atmosphère
complètement différente et c’est très reposant de se promener là-bas.
[00:15:01] Ok alors maintenant que vous savez sur quelle rive vous voulez
vivre, il vous reste le choix le plus important : l’arrondissement. Chaque
arrondissement parisien a sa propre personnalité. Bon ça n’a rien
d’exceptionnel, c’est un peu la même chose dans toutes les capitales, il y a
différents quartiers et différents styles de vie. Mais je connais des Parisiens
qui ne sortent presque jamais de leur arrondissement, c’est comme un
village pour eux parce qu’ils y trouvent tout ce dont ils ont besoin. Donc
autant bien choisir son village !
[00:15:41] Je ne vais pas vous faire une description de chaque
arrondissement, sinon ça prendrait trop de temps. Je vais plutôt vous
expliquer ça dans les grandes lignes [broadly], sans entrer dans les détails.
[00:15:53] Au centre de Paris, on trouve la plupart des musées, des grands
magasins et des monuments. Donc il y a toujours énormément de touristes.
Un des quartiers les plus populaires en ce moment, c’est le Marais dans le
IVème arrondissement. Historiquement, c’est le quartier juif de Paris. Vous
pouvez y trouver toutes les meilleures boutiques et galeries d’art. Si vous
voulez faire du shopping ou acheter des souvenirs pour vos amis, je vous
recommande d’aller là-bas. Mais en général, ça n’est pas une très bonne
idée de vivre dans le centre. Les loyers sont très élevés et il y a toujours
beaucoup de monde. À mon avis, c’est mieux de vivre un peu plus loin et
d’aller dans le centre seulement quand vous avez envie de voir une
exposition ou de faire du shopping.
[00:16:48] Ensuite, au nord-ouest, il y a le IXème et XVIIème
arrondissements qui sont plus calmes et très jolis. Beaucoup de jeunes
familles vivent là-bas. L’avantage, c’est qu’il y a de très bons restaurants,
des appartements assez grands et une vraie vie de quartier.
[00:17:10] À l’ouest, on trouve les arrondissements bourgeois, le VIIIème et
le XVIème, qui font partie des plus chers de Paris. Presque tous les
immeubles ont le style typique parisien, le style haussmannien, et les loyers
sont vraiment élevés. Donc si vous aimez le luxe et que vous avez beaucoup
d’argent à dépenser, c’est là-bas qu’il faut s’installer !
[00:17:37] Dans le sud, sur la rive gauche, je vous l’ai dit, on trouve les
arrondissements plus calmes et familiaux. On peut citer par exemple le
quartier Saint-Germain avec son célèbre café de Flore, mais aussi le très
chic VIIème arrondissement avec ses ambassades, et le grand magasin Le
Bon Marché. Il y a plusieurs parcs et jardins très jolis pour se promener,
comme le Jardin du Luxembourg. Bref, sur la rive gauche la qualité de vie
est sûrement meilleure mais pour les jeunes, ça peut-être un peu ennuyeux
!
[00:18:17] Personnellement, je pense que les arrondissements les plus
sympas sont ceux du nord-est de Paris : le Xème, le XIème, le XIXème et le
XXème.
[00:18:29] Il y a une vingtaine d’années, le Xème et le XIème n’étaient pas
très populaires donc les appartements n’étaient pas trop chers. Du coup, il y
a eu des étudiants, des artistes et des jeunes couples qui ont commencé à
s’y installer. Logiquement, beaucoup de restaurants, de cafés, de bars et de
boutiques sont apparus et ces quartiers sont vite devenus très à la mode. Et
la 2ème conséquence, c’est que les loyers ont commencé à augmenter.
[00:18:55] Donc maintenant, on dit que le Xème et le XIème sont des
arrondissements de bobos. Un « bobo », vous savez ce que c’est ? En fait,
c’est une contraction de deux mots : bourgeois et bohème. Autrement dit,
c’est un mot pour décrire une personne qui a de l’argent mais qui a des
valeurs plutôt de gauche, plutôt progressistes, par exemple qui est attachée
à la protection de l’environnement etc. On peut aussi utiliser « bobo » comme
un adjectif. On dit par exemple : « un quartier bobo ».
[00:19:38] D’ailleurs depuis quelques années, le XIXème et le XXème
deviennent eux aussi des arrondissements bobos.
[00:19:47] Dans le XIXème, il y a mon parc préféré à Paris : le parc des
Buttes Chaumont. Si vous voulez voir un parc authentique que les Parisiens
adorent, c’est là-bas qu’il faut aller. Comme son nom l’indique [as the name
suggests], c’est un parc qui est sur des buttes, autrement dit des endroits
avec beaucoup de relief. Vous pouvez monter et descendre. Au centre, il y
a un endroit très haut avec une vue vraiment sympa. Et si vous vous
promenez longtemps, vous verrez qu’il y a plein de petits lieux un peu cachés
à découvrir. En hiver quand il y a beaucoup de neige, ce qui est assez rare
à Paris, des Parisiens vont parfois y faire du ski. Mais c’est surtout en été
qu’ils y vont. Ils amènent des choses à boire et à manger, et ils font des
pique-niques sur l’herbe. Ils y passent des journées entières ! Donc si vous
voulez trouver une place, il vaut mieux y aller assez tôt dans l’après-midi.
[00:20:51] Mais mon arrondissement préféré, c’est le Xème. Après mon 1er
appartement dans le XXème, c’est là-bas que j’ai déménagé et j’y ai vécu 3
ans. On y trouve le célèbre Canal Saint-Martin. C’est un endroit génial pour
se promener le dimanche ! Le long du canal, il y a plein de petits restaurants,
de boutiques de créateurs de mode et de cafés. Si vous y allez, je vous
recommande de vous arrêter au Comptoir général. C’est un café / bar avec
une décoration incroyable d’inspiration africaine. C’est très exotique et
dépaysant, on a du mal à croire que c’est à Paris !
[00:21:38] Si vous voulez en savoir plus sur les différents arrondissements
parisiens, je vous conseille une vidéo très bien faite de la chaîne Arte. C’est
une vidéo qui s’appelle : « Karambolage (c’est le nom de l’émission) : les
arrondissements de Paris ». Vous pouvez la trouver sur Youtube, et je
mettrai aussi le lien dans la description de l’épisode.
[00:22:03] Alors maintenant qu’on a vu les différents quartiers, on va parler
un peu des appartements. Comme dans la majorité des capitales, ça peut
être vraiment difficile de trouver un appart correct à Paris. Ah oui, souvent
en français on abrège le mot « appartement » et on dit seulement « un appart
». Donc le problème principal des apparts parisiens, c’est la taille : ils sont
vraiment petits. Bon, peut-être pas aussi petits qu’à Tokyo, mais petit quand
même. D’après une étude de l’INSEE (l’Institut national des statistiques), un
Parisien vit en moyenne dans 31 mètres carrés, alors qu’en province ce
chiffre est de 42 mètres carrés. Pour nos amis anglophones, ça équivaut à
330 pieds carrés contre 450. Il y a même beaucoup de studios pour les
étudiants qui font moins de 15m2 avec une cuisine et une salle de bain. Donc
parfois vous avez la douche qui est dans la cuisine, c’est n’importe quoi ! La
meilleure solution pour eux, c’est de vivre en colocation, c’est-à-dire de
partager un appartement à plusieurs, avec des amis par exemple.
[00:23:29] Mais même les jeunes couples ou les familles ne peuvent pas
toujours se permettre [to afford] des appartements plus grands. Avoir plus
de 3 pièces à Paris, c’est vraiment un luxe !
[00:24:42] Le deuxième problème, c’est que les immeubles sont souvent très
vieux et mal entretenus, c’est-à-dire que les propriétaires qui louent des
appartements ne s’en occupent pas bien. Le verbe « louer » [to rent], vous
connaissez ? Ça veut dire qu’on prête quelque chose à quelqu’un pendant
un certain temps contre de l’argent, par exemple un appart ou une voiture.
Ça marche dans les deux sens, donc aussi si vous êtes la personne qui
emprunte contre de l’argent.
[00:24:12] Alors de l’extérieur, c’est très joli de voir tous ces vieux immeubles
haussmanniens du XIXème siècle, mais vivre à l’intérieur, c’est une autre
histoire ! Les appartements sont sales, parfois il y a des souris ou des
cafards ! Les cafards, ce sont ces gros insectes noirs qui marchent sur les
murs… Et en plus, il y a aussi des problèmes comme des fuites d’eau ou
des choses comme ça.
[00:24:41] À mon avis, c’est aussi pour ça que les Parisiens passent
beaucoup de temps à l’extérieur, dans les cafés et les restaurants. Moi par
exemple, mon 1er appartement faisait 20m2. Donc je n’aimais y rester trop
longtemps, j’avais besoin de sortir, d’aller me promener, de retrouver mes
amis quelque part [to meet my friends somewhere]. Enfin bon, c’est
seulement ma théorie, je ne pense pas qu’il y ait d’étude sur ce sujet !
[00:25:10] Et ne vous inquiétez pas, si vous louez un appartement seulement
pour visiter Paris quelques jours, normalement vous n’aurez pas tous ces
problèmes. En général, les appartements pour les touristes sont mieux
entretenus parce que les propriétaires ont besoin d’avoir des évaluations
positives. D’ailleurs, il y a de plus en plus d’appartements disponibles sur les
sites comme Airbnb et ça devient un problème pour les Parisiens, parce que
ça veut dire qu’il y a moins d’appartements à louer pour vivre.
[00:25:44] Ok, je vais m’arrêter là en ce qui concerne le logement et on va
passer au sujet du travail.
[00:25:58] La France est un pays très centralisé, contrairement à des pays
comme l’Allemagne ou les Etats-Unis. Ça veut dire que presque toutes les
grandes entreprises sont à Paris, ou plutôt à côté de Paris. Et oui, c’est assez
rare qu’une grande entreprise ait son siège social dans Paris. Le siège
social [headquarters], on peut dire que c’est le bureau principal d’une
entreprise. Comme les loyers dans Paris sont très élevés, c’est presque
impossible pour une entreprise qui a besoin d’un grand siège social d’être à
Paris. À partir des années 70, on a entamé la construction d’un quartier des
affaires à l’ouest de Paris, le quartier de la Défense. Donc au début,
beaucoup de grandes entreprises se sont installées là-bas. Mais les loyers
sont devenus très chers aussi. C’est pour ça que maintenant, beaucoup de
grands groupes ont déménagé en banlieue de Paris, comme Orange,
Microsoft ou Air France par exemple. C’est un peu le contraire du modèle
américain. Aux Etats-Unis, on vit dans les banlieues et on va travailler dans
le centre, mais à Paris, c’est l’inverse.
[00:27:17] Personnellement, je trouvais ça un peu déprimant. Ça peut
prendre beaucoup de temps d’aller au travail, parfois plus d’une heure. Ça
veut dire qu’on perd 2 heures par jour dans les transports. Et aux heures de
pointe, c’est impossible de s’asseoir. Ah oui, ça c’est une autre expression
que mes élèves me demandent souvent : les heures de pointe [rush hours].
Ça désigne tout simplement les moments de la journée où les gens vont au
travail le matin et quand ils rentrent le soir. Moi maintenant, j’ai de la chance
car je travaille à la maison comme je donne des cours sur internet, donc je
ne suis pas obligé d’aller au bureau aux heures de pointe. Et je travaille aussi
à l’Institut français de Varsovie mais c’est très près de chez moi donc je peux
y aller à pied.
[00:28:11] Bon j’ai l’impression d’être un peu trop négatif avec Paris donc je
vais dire quelque chose de positif. À part quand on va au travail, les
transports en commun marchent vraiment bien. L’avantage, c’est que Paris
n’est pas une ville très grande. On peut facilement aller partout en une
trentaine de minutes grâce au métro. Il y a beaucoup de stations, et comparé
à des villes comme New York ou Londres, ça ne coûte pas très cher. Par
exemple, un abonnement illimité coûte 75€ par mois (soit environ 90 dollars)
et un billet simple coûte 1,90€. Donc le métro, c’est vraiment un grand
avantage de Paris.
[00:29:01] Mais à mon avis le meilleur côté de Paris, c’est la culture. Même
quand on n’a pas beaucoup d’argent, on peut en profiter. Par exemple,
depuis 2009, les personnes de moins de 26 ans peuvent visiter gratuitement
les principaux monuments comme l’Arc de triomphe ou le château de
Versailles, mais aussi les collections permanentes des 50 musées nationaux
: le Louvre, le Centre Pompidou, etc. C’est génial, non ? Moi j’en ai beaucoup
profité quand j’étais étudiant. J’ai visité tous les musées de Paris
gratuitement. Par contre, si vous voulez voir une exposition temporaire, là il
faut toujours payer. En moyenne, l’entrée coûte dans les 15€ [around].
[00:29:49] D’ailleurs, les Parisiens adorent discuter de la dernière expo qu’ils
ont vue. Donc parfois, ça peut-être difficile de voir une nouvelle exposition
au début car tout le monde veut la voir en 1er. Si vous ne voulez pas passer
des heures à faire la queue, je vous conseille d’acheter votre billet à l’avance
sur internet. Sinon, vous risquez de perdre beaucoup de temps.
[00:30:14] Un autre sujet de conversation qu’adorent les Français, c’est
évidemment le cinéma. Quand on arrive au travail lundi et qu’on n’a pas vu
le dernier film acclamé par les critiques, on peut se sentir un peu exclu des
conversations ! Heureusement, il y a des cinémas qui proposent des cartes
illimitées. En gros, vous payez un abonnement à 20€ par mois, et vous
pouvez aller dans ces cinémas aussi souvent que vous voulez. C’est
vraiment rentable car un ticket de cinéma à Paris coûte entre 8 et 12€.
[00:30:52] Donc profiter de la culture, c’est très facile à Paris. Par contre faire
du sport, c’est plus difficile. Il n’y a pas beaucoup de salles de sport ni
d’endroits pour pratiquer. Personnellement quand j’habitais là-bas, je ne
faisais pas du tout de sport et mes amis non plus. En général, j’ai
l’impression que les Parisiens ne sont pas très sportifs. Mais je pense
que c’est en train de changer [it’s changing]. On voit de plus en plus de gens
faire du jogging et, comme partout, le yoga est très à la mode. En plus, vous
avez peut-être entendu que Paris va accueillir les Jeux Olympiques en 2024,
donc beaucoup d’infrastructures vont être construites d’ici-là, et on peut
imaginer que ça va motiver les Parisiens !
[00:31:45] Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’espère que cet épisode vous
a plu et qu’il vous a permis de vous faire une meilleure idée de la vie à Paris.
Si c’est un sujet qui vous intéresse, vous pouvez trouver plein de vidéos de
Français qui en parlent sur Youtube.
[00:32:04] Comme d’habitude, si vous voulez m’aider vous pouvez laisser
une évaluation sur iTunes ou sur l’application de podcasts que vous utilisez.
[00:32:13] Prochain épisode dans deux semaines et en attendant, n’oubliez
pas de faire du français tous les jours ! Bye bye !
42 Le 1er anniversaire du podcast !
Episode 42 : c’est l’anniversaire du podcast !
[00:00:11] Bonjour à tous et bienvenue pour ce 42ème épisode. Un épisode
un peu spécial parce que l’anniversaire du podcast aujourd’hui, ça fait un an
que j’ai publié le premier épisode. Donc j’avais envie de faire quelque chose
d’un peu différent, d’un peu spécial, pour fêter cet anniversaire avec vous,
les auditeurs du podcast, et mon idée, c’est de vous montrer les
coulisses [behind the scenes]. Les coulisses, c’est un mot très intéressant.
Par exemple quand vous êtes au théâtre, vous voyez la scène, l’action au
théâtre, la pièce de théâtre se passe sur la scène. Mais derrière la scène, il
y a des endroits cachés, des endroits que le public ne voit pas, pour que les
acteurs et les comédiens puissent se déplacer librement sans être vus par
le public. Et cet endroit justement, c’est ça qu’on appelle “les coulisses”. En
général, on utilise ce mot pour parler de toutes ces choses que le public ne
voit pas. Par exemple, la cuisine d’un restaurant, c’est un peu les coulisses.
Quand vous allez au restaurant, en général vous ne voyez pas ce qui se
passe en cuisine. Vous ne voyez pas les coulisses. Avec ce podcast, avec
cet épisode, je vais vous montrer justement comment moi je fais pour créer
un épisode, quelles sont les différentes étapes, pour vous donner un peu
une idée de ce qui se passe en coulisses.
[00:02:00] Alors aujourd’hui, comme je vous l’ai dit, on fête le premier
anniversaire du podcast. Une petite précision ici sur le verbe “fêter”. Parfois
mes élèves me demandent : est-ce qu’il faut utiliser le verbe “fêter” ou le
verbe “célébrer” quand on parle d’un anniversaire ? En fait, quand vous
parlez de l’anniversaire d’un ami ou de quelqu’un de votre famille, on utilise
le verbe “fêter”. C’est le verbe qu’on utilise plutôt dans la langue courante, la
langue de tous les jours. Par exemple : “le week end dernier, j’ai fêté
l’anniversaire de mon grand père” ou “samedi prochain, je vais fêter
l’anniversaire de ma meilleure amie” Le verbe célébrer, lui, on l’utilise dans
la langue officielle, par exemple pour les évènements historiques.
“Aujourd’hui, nous allons célébrer l’anniversaire de la Révolution française”,
par exemple. Le 14 juillet, on célèbre l’anniversaire de la Révolution
française et de la prise de la Bastille. Donc voilà, je ferme la parenthèse [I
bring the disgression to an end] sur ce point de vocabulaire.
[00:03:17] Et avant d’entrer dans les coulisses du podcast, j’aimerais
remercier particulièrement les élèves du lycée de Medfield dans le
Massachussetts parce qu’ils ont écouté mon podcast en classe,
apparemment, et ils ont tous décidé de m’envoyer un email. Donc à mon
avis, c’est leur professeur, peut-être, qui leur a dit de m’envoyer un email.
Donc la semaine dernière, j’ai reçu une vingtaine d’emails des élèves du
cours de français du lycée de Medfield dans le Massachussetts. Donc j’étais
très surpris de recevoir autant d’emails à la fois, autant d’emails en même
temps, et aussi très heureux. Pour moi c’est vraiment génial d’imaginer qu’on
peut écouter mon podcast dans des cours de français des lycées aux EtatsUnis et je suis super content de pouvoir aider un public qui est de plus en
plus large, de toucher de plus en plus de personnes. Donc si vous écoutez
ce podcast, merci à vous. Merci aux élèves de terminale du lycée Medfield.
Merci pour tous vos emails ça m’a fait vraiment très plaisir.
[00:04:41] Et d’ailleurs dans ces emails, vous m’avez souvent posé des
questions qui concernent l’apprentissage des lycéens. Vous m’avez
demandé si j’avais des conseils à donner pour vous aider à apprendre le
français. C’est vrai que sur Internet quand on s’intéresse un peu aux
langues, souvent on voit des spécialistes qui critiquent la façon dont les
langues sont enseignées à l’école. Ils disent que ce n’est pas efficace, que
la majorité des élèves ne peut pas apprendre à parler une langue, et à la fin
de plusieurs années d’études, on n’est toujours pas capable d’utiliser cette
langue. Ils ont des visions assez négatives et je dois dire que [I must say
that] moi aussi je partage cette vision. Je pense que certains de ces
arguments sont valides.
[00:05:38] Mais je pense que la plupart des professeurs au lycée font
vraiment leur maximum, ils font beaucoup beaucoup d’efforts pour aider
leurs élèves à apprendre une langue, que ce soit [whether it’s] le français,
l’espagnol, l’anglais, l’allemand etc. Mais simplement les conditions ne sont
pas aussi bonnes que dans des écoles de langues spécialisées par exemple,
où le but, c’est vraiment d’apprendre une langue spécifique. Au lycée, les
élèves ont beaucoup de cours, pas seulement les langues étrangères. Et
malheureusement, le plus gros problème, c’est que souvent il y a beaucoup
d’élèves dans une seule classe. Donc c’est très difficile pour le professeur
de faire travailler tous ces élèves, surtout d’intéresser tous ces élèves. Mais
l’autre problème moi (je le sais très bien parce que j’ai aussi appris les
langues à l’école), l’autre problème, c’est que souvent les élèves sont passifs
et n’essayent pas de s’approprier la langue. Ils n’essayent pas de faire
d’effort particulier pour mieux comprendre, pour mieux parler une langue. Ils
attendent que le professeur fasse tout pour eux. Évidemment, ça n’est pas
la méthode la plus efficace pour pouvoir apprendre une langue.
[00:07:03] En fait si vous écoutez, les lycéens de Medfield, ou si vous êtes
lycéen ou même collégien dans un autre pays, je pense que les conseils que
je donne dans ce podcast pour apprendre le français s’appliquent aussi pour
vous. Je pense qu’il y a pas vraiment de différences de stratégie entre les
adultes et les élèves. La clé pour apprendre une langue, c’est de devenir
actif et autonome. Il faut s’intéresser à la langue et surtout il faut trouver des
choses qui nous plaisent, des choses qu’on aime faire. Il ne faut pas
seulement attendre que votre prof fasse le travail à votre place, parce que
votre prof, cette langue, il la connaît déjà, il a pas besoin de l’apprendre, c’est
vous qui devez l’apprendre. Donc vous ne pouvez pas seulement compter
sur votre professeur.
[00:08:o2] Mais les jeunes, si vous êtes collégiens ou lycéens, je pense que
vous avez quelques avantages pour apprendre les langues. Et surtout pour
trouver des choses intéressantes. Pourquoi ? Parce que sur, Internet il y a
énormément de contenus, que ce soit des vidéos, des livres, des podcasts
(comme le mien par exemple). Il y a énormément de contenus qui peuvent
vous aider à apprendre le français en faisant des choses qui vous
intéressent. Et votre avantage, ici, c’est que c’est plus facile pour vous de
trouver tous ces contenus parce que, en général, vous passez déjà
beaucoup de temps sur Internet donc vous savez très bien chercher des
choses qui vous intéressent. Et maintenant, il faut seulement diriger vos
efforts pour trouver des choses qui vous intéressent en français. Vous allez
voir que le français n’est pas simplement une langue que l’on apprend dans
les livres à l’école, mais c’est une langue vivante avec beaucoup de
personnes qui la parlent et qui font des choses intéressantes avec ça. Donc
ça, c’est vraiment mon conseil principal : devenez actifs et non pas passifs,
et concentrez-vous pour trouver des choses qui vous intéressent pour
passer un maximum de temps avec la langue. C’est le plus important :
passez un maximum de temps avec le français.
[00:09:39] Ok donc maintenant on va entrer dans le vif du sujet [get to the
heart of the matter], on va entrer dans les coulisses du podcast. D’abord je
vais vous dire, eh bien comment je prépare mes podcasts. Ensuite, ce que
j’ai appris pendant cette année, pendant cette première année où j’ai fait
mon podcast. Et pour finir, je vais vous révéler quels sont mes plans pour
cette nouvelle année, quelles sont les choses que j’ai décidé de préparer
pour vous.
[00:10:07] D’abord, comment j’ai eu l’idée de ce podcast ? Comme vous le
savez peut-être, j’apprends le polonais (depuis quelques années
maintenant) parce que j’habite à Varsovie, en Pologne et au début pour moi,
c’était assez difficile. J’avais acheté un livre de grammaire. J’essayais
d’apprendre toutes les règles de grammaire. En fait, je refaisais exactement
les mêmes erreurs que j’avais faites la première fois quand j’avais appris
une langue étrangère, quand j’avais appris l’anglais, simplement parce que
c’était un peu la seule méthode que je connaissais. Donc cette première
année où j’ai essayé d’apprendre le polonais n’était pas très efficace. J’ai
pas obtenu de très bons résultats.
[00:10:54] Mais un jour, j’ai commencé à chercher des podcasts parce que je
me suis dit que [I thought / I said to myself that] peut être, ça pourrait être
une méthode un peu différente pour m’aider justement à apprendre le
polonais. Et là, je suis tombé sur [I came upon] un podcast qui
s’appelle Real Polish qui est créé par un monsieur qui s’appelle Piotr qui
habite à Varsovie comme moi. Et ce podcast, ça a été une révélation. Au
début, je pensais que ça serait juste un complément pour la grammaire. Mais
très rapidement, c’est devenu la base de mon apprentissage du polonais.
J’ai complètement arrêté d’étudier la grammaire dans ces livres ennuyeux
et je me suis mis à [I started to] écouter tous les podcasts de Real Polish.
En fait, je suis devenu un peu accro. “Être accro“, [to be addicted / to get
hooked on] c’est quand vous avez une addiction à quelque chose, par
exemple une addiction aux drogues. On dit que vous êtes accro. Eh bien moi
j’étais accro au podcast Real Polish de Piotr.
[00:12:07] Pourquoi je suis devenu accro à ces podcasts ? Eh bien tout
simplement parce qu’ils étaient intéressants. C’était pas juste des podcasts
qui parlaient de règles de grammaire et de comment faire les différentes
déclinaisons en polonais, mais c’était un podcast qui parlait de thèmes
concrets avec des arguments et des choses qui étaient vraiment
passionnants. Grâce à ça, j’ai pu faire beaucoup de progrès. Tout
simplement parce que j’avais envie de passer de plus en plus de temps avec
la langue et d’écouter de plus en plus de podcasts. Après quelques mois, j’ai
essayé d’écouter des podcasts destinés aux Polonais (pas aux gens qui
apprennent le polonais mais vraiment des podcasts polonais) et je me suis
rendu compte que [I realized that] j’étais capable de comprendre. Donc là,
ça a été une deuxième révélation pour moi, quelque chose de vraiment
génial, parce que, enfin, j’avais accès à toute la culture polonaise. J’étais
capable de tout comprendre.
[00:13:18] Maintenant, ma méthode pour apprendre le polonais, c’est
d’écouter un podcast par jour (d’environ 30 minutes), tous les jours, et je
prends aussi deux heures de cours particuliers avec des profs sur Internet
chaque semaine. Grâce à ça, j’ai fait des progrès vraiment très rapides et
surtout des progrès durables. Maintenant, j’ai assez confiance en moi pour
parler polonais avec les gens, c’est vraiment génial.
[00:13:51] À ce moment-là, j’avais aussi commencé à donner des cours à
l’Institut français de Varsovie. Et j’avais beaucoup d’élèves intermédiaires
pour lesquels je cherchais un podcast similaire à Real Polsih (mais en
français) et malheureusement, je trouvais pas d’équivalent. Il y avait d’autres
podcasts, mais ces podcasts parlaient seulement de grammaire. Donc j’ai
décidé de faire mon propre podcast pour mes élèves. C’est un podcast qui
est inspiré de celui de Piotr, mais les sujets sont complètement différents
parce que ce sont des sujets, évidemment, que moi j’ai choisis, des sujets
qui m’intéressent. C’est la touche personnelle que j’ajoute à ce podcast. Et
comme je l’ai dit dans le tout premier épisode, le principe, la méthode de ce
podcast, c’est de suivre les théories du professeur Stephen Krashen qui
parle de l’acquisition naturelle de la langue. Donc j’essaye de vous proposer
des choses intéressantes et accessibles qui vont vous permettre de
progresser tout en prenant du plaisir.
[00:15:08] Alors comment je fais pour choisir mes sujets ? Ça, c’est vraiment
quelque chose de très important parce que si les sujets ne sont pas
intéressants, la méthode ne peut pas marcher. Pour trouver des bons sujets,
je me creuse la tête. Ça, c’est une expression que vous pouvez utiliser. “Se
creuser la tête” [to rack one’s brains], c’est quand on réfléchit beaucoup
beaucoup pour trouver une solution, quand on pense très fort pour trouver
une solution. Se creuser la tête. Moi, je me creuse la tête pour trouver des
sujets qui peuvent intéresser le plus grand nombre de mes auditeurs. C’est
aussi des sujets que je traite souvent avec mes élèves à l’Institut français.
Une de mes méthodes, c’est de tester mes sujets sur mes élèves de l’Institut
français. Et si ces sujets leur plaisent, ensuite je décide d’en faire un podcast.
Donc je sais qu’il y a certains de ces élèves qui m’écoutent; donc voilà,
désolé, mais vous êtes mes cobayes ! Je fais des expériences sur vous pour
tester les sujets pour mot podcast. Maintenant vous le savez ;).
[00:16:23] Une fois que j’ai trouvé un sujet qui me semble intéressant, eh
bien je dois faire des recherches. Moi, je suis quelqu’un qui s’intéresse à
beaucoup de sujets et je lis beaucoup, mais je ne suis pas un spécialiste, je
ne suis pas un expert dans tous ces domaines. Donc quand j’ai envie de
faire un sujet dans un épisode pour vous, évidemment je dois chercher des
informations pour ne pas vous raconter n’importe quoi ! Pour moi, c’est
vraiment super parce que non seulement je fais quelque chose d’utile pour
vous, mais ça me permet aussi d’apprendre plein de nouvelles choses. C’est
vraiment un exercice que j’adore faire.
[00:17:06] Une fois que j’ai fait suffisamment de recherches, que j’ai
suffisamment d’informations, je fais un plan pour présenter le podcast. Ça,
c’est quelque chose que j’ai appris pendant mes études. Et en France, en
général, c’est une chose que l’on valorise beaucoup à l’école et à l’université,
c’est de faire un plan. C’est très important quand on écrit un essai de faire
un plan pour avoir une structure très claire et des arguments bien organisés
parce que ça permet à la personne qui lit votre essai de bien comprendre
quelles sont vos idées et de voir à quelle conclusion vous voulez arriver. Ça
pour moi, c’est quelque chose de presque automatique maintenant et pour
chaque podcast je fais un plan. Comme ça, je pense que ça vous aide à
mieux comprendre et à mieux suivre ce que je raconte.
[00:18:03] Une fois que l’épisode est enregistré, je dois le monter, c’est à
dire ajouter les musiques, couper certains passages, faire les transitions etc.
Et pour cela j’utilise un logiciel qui s’appelle Garage Band qui est disponible
sur les ordinateurs Mac, sur les ordinateurs Apple. Et une fois que c’est fini,
une fois que l’épisode est prêt, je dois encore travailler sur la transcription
pour la poster sur mon site. D’ailleurs peut être que vous avez remarqué que
depuis un ou deux épisodes, j’essaye d’enrichir la transcription. J’essaye
d’ajouter plus d’informations. Par exemple, je souligne les expressions
importantes et je mets des traductions en anglais, justement pour vous aider
à mieux comprendre le podcast. Malheureusement pour le moment je n’ai
pas le temps de le faire sur les épisodes d’avant, mais pour tous les épisodes
futurs, c’est une chose que je vais essayer de faire systématiquement.
Comme ça vous avez encore plus d’informations et je pense que ça vous
aide encore plus. Le jeudi (parce que vous savez que je poste les épisodes
le jeudi), le jeudi je publie un nouvel épisode une semaine sur deux avec la
transcription sur mon site. Et comme ça vous pouvez l’écouter.
[00:19:31] Mais le travail n’est pas encore fini parce que, ensuite, il faut faire
la promotion du podcast, il faut promouvoir le podcast pour que de nouvelles
personnes puissent le découvrir. Ce que je faisais avant, c’était de faire une
vidéo sur ma page Facebook, un petit teaser vidéo. Mais c’est quelque chose
qui me prend beaucoup de temps et je pense que les résultats ne valaient
pas la peine[weren’t worth it], c’est à dire que les résultats ne justifiaient pas
de faire tout ce travail, de créer cette vidéo supplémentaire. Donc j’ai arrêté
de le faire et maintenant je n’ai pas vraiment le temps de faire de promotion.
Donc on peut dire que j’ai arrêté de faire la promotion du podcast, mais grâce
au bouche à oreille j’ai de nouveaux auditeurs. Le bouche à oreille [word of
mouth], c’est quand les personnes parlent d’un sujet et que… elles parlent
de ce sujet à leurs amis. Par exemple si vous avez vu un super film, vous
allez parler de ce film à vos amis et vos amis vont aller le voir. Donc ça c’est
“le bouche à oreille”. C’est pareil avec un restaurant. Vous avez mangé dans
un super bon restaurant, vous le conseiller à vos amis. Donc ce restaurant
se fait connaître grâce au bouche à oreille. Et moi, grâce au bouche à oreille,
mon podcast se fait connaître auprès de nouvelles personnes parce que je
vois que, chaque mois, il y a de plus en plus de téléchargements du podcast.
[00:21:16] Voilà, donc ça, c’est toutes les étapes pour publier un nouvel
épisode. Donc il faut savoir que ça me prend entre 6 et 8 heures pour faire
ce genre d’épisode Entre 6 et 8 heures de travail pour publier un nouvel
épisode. Mais pour moi c’est vraiment un plaisir donc j’essaie de ne pas
compter mes heures.
[00:21:44] Qu’est ce que j’ai appris pendant cette première année à faire ce
podcast ? D’abord, j’ai appris qu’il faut tester différentes choses. Souvent,
quand on n’est pas sûr de commencer un nouveau projet, par exemple
quand on a des doutes, ces doutes peuvent nous paralyser. On a peur de
mal faire donc on décide de ne rien faire. Mais en fait, une solution, c’est tout
simplement de tester différentes hypothèses, de tester différentes choses et
de voir ce qui fonctionne.
[00:22:21] Moi, par exemple, si vous vous rappelez des premiers épisodes,
dans les premiers épisodes, le podcast s’appelait le Cottongue podcast.
C’était un jeu de mots avec mon nom de famille parce que mon nom de
famille c’est Cotton et le mot “tongue” en anglais : Cottongue. Voilà, c’était
assez drôle pour mes élèves mais je pense que ce n’était pas très
compréhensible pour un public plus large, pour un public qui ne me
connaissait pas personnellement. Donc j’ai décidé d’adopter un autre nom,
le nom innerFrench comme vous le savez. Eh bien comme ça, vous voyez
que j’ai tout simplement testé une autre solution et j’ai décidé d’adopter cette
nouvelle solution, tout simplement. Et ça s’est plutôt bien passé.
[00:23:16] Durant cette première année j’ai aussi appris qu’il est mieux de
se concentrer sur une seule chose à la fois, de faire une seule chose à la
fois. Au début, j’avais envie d’être présent partout, d’avoir un blog, une page
Facebook, de faire des vidéos YouTube etc. Mais assez vite, je me suis
rendu compte, j’ai réalisé, que c’était pas possible pour une seule personne
comme moi de faire toutes ces choses. Surtout que j’ai mon travail de
professeur à côté qui est très important donc je n’avais pas un temps illimité
pour travailler sur toutes ces ressources, pour créer des vidéos, des
podcasts, des articles. Donc j’ai décidé de me concentrer seulement sur les
podcasts. Comme ça, ça me permet d’essayer de faire le meilleur podcast
possible au lieu [instead of], au contraire, de faire plein de choses différentes
et de les faire mal. Moi, je fais seulement ce podcast mais je le fais le mieux
possible.
[00:24:29] Un autre élément très important, c’est la constance. Si on veut
réussir à faire quelque chose qui va plaire aux gens, ça demande du temps.
Donc il faut être régulier, il faut être constant. Au début, je pensais que je
pourrais faire un podcast chaque semaine, mais après quelques mois là
aussi je me suis rendu compte que ce n’était pas possible. Ça me demandait
trop de travail. Donc au lieu d’arrêter complètement, j’ai décidé de faire un
podcast moins souvent et de faire de publier un nouvel épisode une fois
toutes les deux semaines. Grâce à ça, c’est un rythme qui pour moi
fonctionne bien et je peux être constant, je peux être régulier.
[00:25:23] Mais je pense que la chose la plus importante que j’ai apprise,
c’est qu’il faut essayer de faire son maximum pour les autres. Je ne fais pas
ce podcast pour moi, pour être connu, pour être célèbre, mais je le fais pour
essayer d’aider les personnes qui apprennent le français. Au début, c’était
pour aider mes élèves. Et maintenant c’est pour aider toute la communauté
des auditeurs d’innerFrench. Et quand on fait ça, quand on a cette attitude,
eh bien on est sûr de faire quelque chose de bien. Tout simplement parce
que nos intentions sont bonnes et qu’on est honnête. Je suis honnête avec
vous. J’essaie d’être le plus transparent possible, de vous expliquer ma
démarche, pourquoi je fais les choses comme ça. Et je vois que ça marche
très bien parce que, en retour, je reçois beaucoup de messages, beaucoup
d’emails, beaucoup de remerciements donc c’est comme on dit en français
“du donnant-donnant“[mutually beneficial]. Je vous donne quelque chose,
ce podcast, et en échange vous me donnez votre reconnaissance et votre
confiance. Et pour moi, c’est vraiment un sentiment génial parce que je me
sens utile. Je sais que je fais quelque chose d’utile pour les autres et à mon
avis, c’est vraiment le meilleur sentiment du monde.
[00:26:56] Et pour le futur du podcast, je vais essayer d’avoir des contenus
un peu plus diversifiés. Donc ce n’est pas seulement moi qui vais parler mais
je vais essayer d’avoir plus d’invités comme par exemple l’épisode avec
Laure, mon ami journaliste. Je sais qu’il y a beaucoup d’auditeurs qui ont
adoré cet épisode. D’autres qui l’ont trouvé assez difficile. C’est vrai qu’il est
plus difficile que quand c’est moi qui parle tout seul. Mais je pense que c’est
un très bon test pour voir où vous en êtes, pour voir quel est votre niveau
actuel concernant la compréhension orale du français. Dans le
futur, attendez-vous à [expect to] voir plus d’interviews dans ce style.
Evidemment je vais continuer à faire des podcasts en solo. Il y aura surtout
ces épisodes en solo et, de temps en temps, une petite interview pour
diversifier le contenu.
[00:28:04] Et maintenant la dernière partie de ce podcast : quels sont mes
plans pour le futur ? Depuis plusieurs semaines, je travaille sur un nouveau
projet, et ce projet, c’est un programme pour passer du niveau intermédiaire
au niveau avancé. Qu’est ce que ça veut dire concrètement ? Ça veut dire :
devenir autonome, devenir indépendant et avoir accès à la culture française.
Mon but avec ce programme, c’est que les gens qui vont le faire soient
capables de comprendre les émissions de radio, les films français etc. Et
qu’ils soient capables d’utiliser le français au quotidien.
[00:28:53] Comment ce programme va fonctionner ? Ça va être un
programme qui va durer trois mois. Chaque semaine, il y aura un nouveau
thème, par exemple : la société française, la psychologie, le sport, le
développement personnel etc. Et chaque jour, vous aurez un épisode de dix
minutes. Un peu comme ce podcast mais dans un format plus court. Mon
objectif, c’est vraiment de créer l’habitude de faire un peu de français tous
les jours. C’est quelque chose que je vous répète assez souvent, je pense
que c’est très important pour faire des progrès. Donc dans ce programme, il
y aura un épisode par jour mais en plus de la transcription habituelle, il y
aura des explications, de la grammaire et peut-être -c’est pas encore sûr
mais peut-être- des exercices pour pratiquer en plus de ces épisodes. Il y
aura de temps en temps -deux fois par semaine je pense- des vraies
ressources françaises, par exemple une émission de radio ou un extrait de
film, qu’on va analyser ensemble. On va analyser les structures et je vais
vous donner des stratégies pour comprendre ce français oral, ce français
parlé, avec de vrais exemples. Pas seulement avec les épisodes que
j’enregistre pour vous mais avec des vrais films, des vraies émissions de
radio etc.
[00:30:28] L’objectif, c’est d’avoir un programme bien structuré avec une
vraie progression et des contenus, des épisodes, qui soient informatifs. Je
sais qu’il y a déjà d’autres programmes comme ça, mais souvent c’est des
programmes qui se basent sur des conversations entre Français par
exemple. Donc c’est très bien, ça fonctionne plutôt bien si votre but est d’aller
en France, par exemple. Mais le problème, à mon avis, c’est que souvent
c’est pas très intéressant. C’est pas parce que vous apprenez le français,
qu’une conversation entre un mari qui va acheter une baguette et sa femme
qui est fatiguée va vous intéresser. Moi, je vais faire comme avec ce podcast,
je vais prendre différents sujets pour vous aider à mieux comprendre la
France, mieux comprendre sa culture, la société et aussi d’autres thèmes
plus généraux sur la psychologie, l’économie etc.. Comme je l’ai déjà dit, en
plus de tout ça il y aura, je pense, de nombreux bonus pour vous aider à
progresser. Et à la fin des trois mois, vous serez capable de comprendre le
français et surtout vous aurez envie de continuer à apprendre, de continuer
à faire des progrès. Parce que vous aurez construit cette habitude de faire
du français tous les jours.
[00:31:59] Pour être complètement transparent avec vous, c’est un
programme qui ne sera pas gratuit. Ça sera pas comme mon podcast. C’est
un programme qui va être payant. L’idée pour moi, c’est grâce à ce
programme de gagner un peu d’argent évidemment, et grâce à ça, de
pouvoir donner moins de cours. Parce que si je donne moins de cours, je
vais avoir plus de temps pour créer d’autres ressources, d’autres contenus,
et c’est la direction dans laquelle j’ai envie d’aller. Par exemple, j’ai envie de
faire plus de vidéos sur YouTube parce que grâce à ça, je peux aider de plus
en plus de personnes. Donc voilà, si c’est une idée qui vous intéresse, vous
pouvez déjà m’écrire un mail pour me dire ce que vous en pensez. Mais de
toute façon, dans quelques semaines, c’est moi qui vais vous envoyer un
email, justement pour vous parler de ce programme plus en détails. Et pour
vous proposer quelques épisodes si vous avez envie de l’essayer, pour voir
si c’est quelque chose qui peut vous plaire, pour voir si vous avez envie de
faire ce programme de trois mois, de 90 jours de Français ensemble.
[00:33:25] Voilà on va s’arrêter là pour cet épisode anniversaire, pour ce
premier anniversaire du podcast. Merci beaucoup, encore une fois. J’insiste
vraiment là-dessus [I really insist on this] mais sans vous, ça serait
impossible de faire ce podcast. Merci pour votre soutien [support]. Merci
pour tous les mails, tous les messages que vous m’envoyez, les évaluations
que vous avez laissées sur iTunes, les recommandations etc… Encore une
fois, c’est quelque chose d’exceptionnel, d’extraordinaire pour moi. Donc je
suis très content d’avoir cette communauté d’auditeurs dont vous faites
partie. Et j’espère que vous allez continuer de m’écouter cette nouvelle
année, et surtout que vous allez continuer de progresser en français, qu’on
va continuer de progresser ensemble.
[00:34:19] Comme d’habitude, si vous avez des questions, n’hésitez pas à
m’écrire. Vous pouvez trouver la transcription de l’épisode sur mon site
www.innerfrench.com et on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel
épisode.
[00:34:35] Merci à tous et à bientôt, salut !
43 La 2ème révolution française
Épisode 43 : la deuxième révolution française.
[00:00:11] Salut à tous ! Comme d’habitude, je suis très content de vous
retrouver et de pouvoir passer un peu de temps avec vous. Et je voudrais
commencer par vous remercier parce que après l’épisode anniversaire, Le
dernier épisode, j’ai reçu beaucoup d’emails, vraiment énormément
d’emails, pour me féliciter pour ce premier anniversaire. Donc merci à vous
! Merci à tous ceux qui m’ont écrit et merci plus généralement à tous les
auditeurs du podcast ! Vraiment je ne m’attendais pas à avoir un tel succès
avec ce podcast. Donc pour moi c’est que du plaisir. Je suis vraiment très
content d’enregistrer de nouveaux épisodes pour vous et j’espère continuer
à le faire le plus longtemps possible.
[00:01:08] Donc j’ai reçu beaucoup d’emails pour me féliciter mais aussi pour
me poser des questions sur le programme dont j’ai parlé dans ce dernier
épisode. Si vous l’avez écouté vous savez peut-être que je travaille sur un
nouveau programme pour vous aider à apprendre le français et c’est un
programme qui va être plus complet que le podcast parce qu’il va y avoir des
leçons très structurées avec une progression et avec une leçon quotidienne,
de la grammaire, des exercices. Bref, tout ce dont vous avez besoin pour
progresser et pour être plus à l’aise en français.
[00:01:53] Donc au début je pensais faire un programme de trois mois. Mais
je me suis rendu compte que ça serait peut être un peu long pour certains.
Donc je vais commencer avec une version plus courte, une version d’un
mois, pour tester un peu l’idée, voir comment ça fonctionne et voir comment
ça vous plaît. Et ensuite, si le programme marche bien, s’il vous permet de
faire des progrès, je sortirais la suite (donc le niveau 2, le niveau 3 etc. etc.).
[00:02:25] Donc je sais que vous avez encore beaucoup de questions
auxquelles je n’ai pas répondu. Un peu de patience. Je pense que je vais
vous envoyer un email sur ce sujet dans les prochaines semaines. Comme
ça, vous en saurez plus.
[00:02:41] Mais aujourd’hui on va parler d’un sujet complètement différent.
On va parler de la deuxième révolution française. C’est un titre un peu
provocateur, un peu choquant peut-être, parce que je suis sûr que vous
connaissez tous la première Révolution française, celle de 1789, mais peutêtre que vous n’avez pas entendu parler de la deuxième. Peut-être que vous
ne savez pas qu’en France, il y a eu une deuxième révolution. En fait, ce
n’était pas vraiment une révolution politique c’était une révolution plutôt
sociale. Cette révolution, elle a eu lieu en mai 1968. Ça fait donc 50 ans que
cet événement a eu lieu. Cette année, on fête le cinquantième anniversaire
de Mai 68 donc c’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui.
[00:03:40] Je vais vous expliquer pourquoi cet événement est un des
événements les plus importants de l’histoire de France au XXème siècle, et
pourquoi c’est important de le connaître si vous voulez comprendre la
société française actuelle. Pour ça je vais d’abord vous parler du contexte,
dans quel contexte cet événement a eu lieu. Après ça, je vais vous parler
concrètement des évènements, de ce qui s’est passé. Et pour finir, on verra
ensemble quelles ont été les conséquences de cette petite révolution.
Quelles ont été les conséquences de Mai 68 et quels changements on a pu
observer après cet événement. Vous êtes prêts ? Alors c’est parti !
[00:04:40] Pour commencer, je vais vous parler du contexte. D’abord le
contexte économique. On est en France, à la fin des années 60 et aussi à la
fin d’une période qu’on appelle les Trente Glorieuses. C’est une période de
trente ans après la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle la croissance
économique [economic growth] dans les pays développés a été
extrêmement forte. En France, pendant ces trente ans, il y avait 5% de
croissance par an. Donc en fait le niveau de vie des Français a doublé. On
peut dire que les Français sont entrés dans la société de consommation.
Bon, ça s’est passé un peu plus tard aux Etats-Unis parce qu’aux Etats-Unis,
la société de consommation était déjà apparue quarante ans plus tôt. Mais
dans les autres pays développés, en Europe, on était un peu en retard.
[00:05:38] À côté de cette prospérité économique, il y a un autre phénomène
qu’on observe, c’est l’urbanisation. Autrement dit, beaucoup de Français
quittent les campagnes pour aller s’installer en ville. Soit pour travailler dans
l’industrie, soit pour travailler dans les services (parce que le secteur des
services a commencé à beaucoup se développer).
[00:06:03] Mais tout le monde ne profite pas vraiment de cette prospérité
économique. Par exemple, il y a certaines usines qui commencent à
fermer. Une usine [a factory] vous savez, c’est un endroit dans lequel on
produit dans des quantités industrielles, par exemple une usine de voitures.
Déjà, à cette époque, il y a certaines usines qui ne gagnent plus assez
d’argent et qui ferment. Donc il y a beaucoup d’ouvriers qui se retrouvent au
chômage. Les ouvriers, [worker, laborer] vous avez compris, c’est les
personnes qui travaillent dans les usines, qui travaillent sur les chaînes de
production.
[00:06:45] Donc avec ces fermetures d’usines, beaucoup d’ouvriers se
retrouvent sans travail, ils sont au chômage [they are unemployed].
Autrement dit, il y a une grande partie des travailleurs qui se sentent exclus
de la prospérité. Ils ont l’impression de ne pas profiter de la bonne santé
économique de la France. Ces personnes qui se sentent exclues ce sont,
vous avez compris, les ouvriers mais aussi les femmes et les travailleurs
immigrés. Autrement dit, toutes ces personnes dont les salaires sont très
bas, dont les salaires sont très faibles.
[00:07:21] À côté du contexte économique, il y a le contexte social. D’un
côté, on a la génération d’avant-guerre, la génération des personnes qui sont
nées pendant la première moitié du XXème siècle. Cette génération, elle a
eu une vie vraiment difficile. Parfois, ce sont des personnes qui ont connu
les deux guerres mondiales. Et puis en général, elles ont eu des conditions
de vie assez dures avec un travail pénible. “Pénible” [hard, arduous], ça veut
dire quelque chose qui est difficile physiquement, quelque chose qui
demande beaucoup d’efforts. Donc ces personnes avaient un travail pénible,
elles travaillaient beaucoup, leurs horaires de travail étaient très longs.
[00:08:09] Et cette difficulté de la vie, on peut dire qu’elle se retrouve, elle
est visible, dans les rapports entre les gens, entre les personnes de cette
génération. Ce sont des personnes qui ont un état d’esprit assez rigoriste.
Pour eux, il n’y a pas de place pour l’excentricité il faut travailler et travailler
dur si on veut survivre. Il y a un dicton [a saying] qu’on utilisait à cette époque
qui disait : “on n’est pas sur Terre pour rigoler”. Autrement dit, on n’est pas
là pour s’amuser, pour prendre du plaisir. On est là pour travailler pour
gagner assez d’argent pour pouvoir manger.
[00:08:55] Donc d’un côté, il y a cette génération et de l’autre, il y a la
génération d’après-guerre, les “baby boomers”, comme on les appelle, qui,
eux, ont une vie assez différente de celle de leurs parents et de leurs grands
parents. Ils n’ont pas connu la guerre donc ils ont une vie qui est relativement
confortable. Et en plus, ils ont un confort matériel qui n’existait pas avant.
Par exemple, il y a le chauffage central [central heating] dans les
appartements. Ça veut dire qu’il ne fait jamais froid. Il y a toujours de la
chaleur grâce au chauffage. Les nouveaux appartements sont aussi équipés
de salle de bain pour pouvoir se laver régulièrement et il y a des moyens de
communication comme le téléphone et aussi la radio pour diffuser les médias
de masse. Un peu plus tard, il y a la télévision qui, elle aussi, va se propager
massivement dans les foyers[households] français, dans les maisons des
Français.
[00:10:00] Donc avec ce confort matériel et avec le fait que ces personnes
n’ont pas connu les guerres précédentes, en fait il y a une incompréhension
entre ces deux générations. Ces deux générations ne se comprennent pas.
La génération plus âgée ne comprend pas pourquoi ces jeunes veulent
seulement s’amuser et profiter. Et les jeunes, eux, ils ne comprennent pas
pourquoi leurs parents et leurs grands parents ont une attitude tellement
stricte, tellement sévère, et pourquoi ils ne leur laissent aucune liberté.
[00:10:44] Ensuite, il y a le contexte politique. À cette époque, c’est le
général de Gaulle qui est au pouvoir. En fait, il est au pouvoir depuis 1958.
Ça fait dix ans qu’il est au pouvoir. Le général de Gaulle, en France, c’est un
héros, c’est le héros de la Seconde Guerre mondiale. C’est lui qui a organisé
la résistance française et on aime dire que c’est De Gaulle qui a libéré la
France. Bon, en réalité, ce sont plutôt les Américains qui ont libéré la France
mais les Français préfèrent dire que c’est le Général de Gaulle qui l’a fait.
[00:11:20] En 1958, le général de Gaulle a créé la Vème République. La
Vème République, c’est le système qui est toujours en place actuellement,
c’est le système qu’on utilise toujours maintenant. Dans cette Vème
république, le président a beaucoup de pouvoir. C’est un régime politique
qui donne une grande importance au président de la République.
[00:11:46] Une importance d’autant plus grande que [all the more important
that] le président est élu au suffrage universel direct. Le suffrage universel
direct, ça signifie simplement que les citoyens votent directement pour élire
leur président et aussi pour élire leurs députés. Donc c’est un système un
peu différent du système américain, par exemple, où il y a les grands
électeurs. En France, c’est le suffrage universel direct. Les citoyens élisent
directement leur président et leurs députés. Ce suffrage universel direct, eh
bien il donne une grande légitimité au président. Il donne ici une grande
légitimité à de Gaulle parce qu’il a été élu directement par les Français.
[00:12:38] À côté de ça, de Gaulle a aussi un certain prestige et une grande
influence sur la scène diplomatique. Mais bon, c’est quelqu’un d’assez vieux.
Parce que, en 1968, de Gaulle a 78 ans et, en fait il y a un décalage
entre les attentes[expectations] sociales et les attentes culturelles de la
société française, surtout des jeunes, et d’un autre côté, l’attitude de De
Gaulle, ses exigences et sa rigueur. On pense que de Gaulle est un peu “old
school” et on dit à cette époque que la France s’ennuie. La France s’ennuie.
[00:13:28] Ce qui est aussi important dans ce contexte politique, c’est
évidemment la guerre froide. La guerre froide entre le bloc de l’Ouest dirigé
par les Américains et le bloc de l’Est avec l’Union soviétique, l’URSS. En
France, il faut savoir que, officiellement, on était alliés des Américains, on
faisait partie du bloc de l’Ouest. Mais le Parti communiste était le parti le plus
influent à gauche en France.
[00:13:55] Et puis, il y a aussi à ce moment-là l’influence du mouvement
hippie. Les jeunes Français observent les jeunes Américains et ils voient
cette naissance du mouvement hippie, au niveau culturel mais aussi au
niveau protestataire avec toutes les manifestations des années 60 aux EtatsUnis, par exemple celle à l’université de Berkeley.
[00:14:21] Donc ça, c’est le contexte :
– économique, avec la prospérité économique mais des grandes inégalités,
certaines personnes qui sont au chômage ;
– le contexte social avec cette incompréhension entre la génération d’avantguerre et la génération d’après-guerre ;
– et le contexte politique avec le pouvoir de De Gaulle qui est de plus en
plus contesté, l’autorité du Général de Gaulle qui est remise en question.
[00:15:06] Maintenant que vous avez compris le contexte, on va s’intéresser
aux évènements. Qu’est ce qui s’est passé concrètement en France pendant
ce mois de mai 1968 ? Il faut savoir que ce mouvement a commencé avec
les étudiants, en particulier dans une université parisienne, l’université de
Nanterre (qu’on appelle aussi Paris X) et qui est située au nord ouest de
Paris. Historiquement, c’est une université qui a été créée pour qu’il y ait
moins de monde à la Sorbonne parce qu’il n’y avait plus de place à la
Sorbonne. Donc on a décidé de créer une autre université un peu à
l’extérieur de Paris, donc cette universitaire de Nanterre, pour accueillir les
étudiants de littérature et de sciences humaines. C’est dans cette université
spécifiquement que le mouvement de Mai 68 a commencé.
[00:16:03] Il a commencé avec un groupe d’étudiants qui a décidé
d’organiser des manifestations pour protester contre la guerre au Vietnam,
contre l’impérialisme américain et l’autoritarisme de De Gaulle. À ce
moment-là, face à ces manifestations, le directeur de l’université de Nanterre
a décidé de la fermer. Et au moment où il a fermé l’université de Nanterre,
le mouvement s’est répandu [it spread] dans le reste de Paris, notamment à
la Sorbonne. Ce mouvement étudiant a commencé à se répandre dans toute
la capitale française.
[00:16:53] À côté de ces revendications politiques du mouvement étudiant
contre la guerre au Vietnam, l’impérialisme américain et l’autoritarisme de
De Gaulle, il y a des revendications un peu plus pragmatiques, notamment
l’accès au dortoir des filles sur les campus. Il faut savoir que depuis quelques
années, les filles ont accès à l’université, en France. Mais les garçons ne
peuvent pas aller les voir dans leur dortoir, dans les endroits où elles vivent
sur les campus des universités. Donc les étudiants revendiquent le droit de
pouvoir aller voir les filles dans leur chambre sur les campus des universités.
[00:17:35] Donc ça c’est un exemple qui peut sembler un peu trivial, une
revendication qui peut sembler un peu triviale, mais ça illustre le changement
de mentalité. On vit encore dans une société, à cette époque, où les écoles,
en tout cas la majorité des écoles, ne sont pas mixtes. Il y a les écoles pour
les garçons et les écoles pour les filles. Donc ça, c’est en décalage
complet [completely out of step] avec la mentalité, avec l’état d’esprit [state
of mind] des étudiants de cette époque. Ils ne comprennent pas pourquoi ils
doivent vivre dans une société où les écoles ne sont pas mixtes et où les
garçons ne peuvent pas aller voir les filles dans leur chambre sur les campus
des universités. Autrement dit, c’est une forme d’opposition aux valeurs de
la société traditionnelle. Et ces étudiants réclament une libéralisation des
mœurs. Les mœurs, [customs], c’est l’ensemble des valeurs, des attitudes
d’une société. Et les étudiants veulent que ça change. Ils veulent du
changement et plus de liberté.
[00:18:48] D’ailleurs, on va écouter une interview d’un des leaders de mai 68
qui s’appelle Daniel Cohn-Bendit, qui était un jeune étudiant à cette époque
et qui plus tard est devenu un député européen pour le parti des Verts, le
parti écologiste, pendant quasiment 20 ans. À cette époque, il était
seulement étudiant, il n’était pas encore député et on va écouter quelles
étaient ses revendications.
[00:19:25] Des étudiants refusent leur fonction qui leur est assignée par la
société, c’est-à-dire qu’ils refusent de devenir les futurs cadres de la société
qui exploiteront plus tard la classe ouvrière et la paysannerie. Ce refus est
d’abord se fait d’abord à l’université. Il est clair que le mouvement du 22 mars
ne veut rester à l’université mais qu’il veut s’étendre en dehors de
l’université, c’est-à-dire essayer de faire une jonction dans la lutte avec les
ouvriers ou les paysans en lutte.
[00:19:55] Donc vous avez entendu le jeune Daniel Cohn-Bendit dit que les
étudiants refusent de devenir cadres. Un cadre [an executive] en France,
c’est un manageur. C’est simplement un autre mot pour dire “un manageur”,
une personne qui s’occupe d’une équipe et en général une personne qui a
un bon salaire et des bonnes conditions de vie. Donc Cohn-Bendit refuse
que l’université forme des cadres, qu’elle forme les étudiants pour qu’ensuite
ils aillent exploiter les ouvriers dans les usines. C’est un monde qu’il rejette
parce qu’une partie des étudiants se sent solidaire des ouvriers.
[00:20:41] En fait, c’est assez drôle parce que 90% des étudiants, à cette
époque, ils venaient de la bourgeoisie. Donc ce sont des jeunes qui ont eu
de très bonnes conditions de vie et ils ne comprennent pas pourquoi les
ouvriers dans les usines, eux, ne bénéficient pas de plus de droits et de
meilleurs salaires, de meilleures conditions de vie. Donc il y a une forme de
solidarité de ces étudiants bourgeois avec les ouvriers des usines.
[00:21:19] Donc vous avez compris que Mai 68 commence avec le
mouvement étudiant. Mais après deux semaines, il est rejoint par le
mouvement ouvrier. À ce moment-là, ce n’est plus seulement un mouvement
étudiant mais c’est un mouvement social. Le 13 mai, en France, il y a une
grève générale. Une grève [a strike], vous savez, c’est quand les personnes
arrêtent de travailler. Quand elles arrêtent de travailler pour montrer qu’elles
ne sont pas contentes, qu’elles s’opposent aux conditions de travail, à la
direction etc.
[00:21:54] Donc le 13 mai une grève générale et des grandes manifestations
dans toute la France. Il faut imaginer, vraiment, que c’était une grève
énorme. Maintenant, je sais qu’on a l’habitude de voir les Français en grève.
Les médias étrangers aiment bien se moquer des Français parce qu’on a
l’impression que les Français font toujours la grève. Mais à cette époque,
c’était un peu plus rare. Et surtout c’était rare d’avoir une grève d’une
telle ampleur [in such a scale], d’une telle importance.
[00:22:28] Cette grève des ouvriers, elle est contre le capitalisme et la
société de consommation. Donc là, on retrouve bien l’influence du Parti
communiste à cette époque. Les ouvriers rejettent le modèle capitaliste. Ils
rejettent ce modèle capitaliste parce qu’ils se sentent exclus. Comme je vous
l’ai dit dans le contexte, les ouvriers ont l’impression de ne pas profiter de la
croissance économique et ils ont l’impression de se faire exploiter par ce
système capitaliste.
[00:23:07] Cette grève, elle devait durer seulement une journée mais, à la
surprise générale, elle continue. Elle ne s’arrête pas le 13 mai mais elle
continue et pendant plusieurs semaines, entre deux et trois semaines, le
pays est complètement paralysé. L’économie française s’arrête parce qu’il
n’y a plus d’ouvriers pour travailler dans les usines. Les étudiants bloquent
les universités donc le pays est vraiment complètement paralysé. Les
manifestations se multiplient et elles sont de plus en plus violentes. Il y
a des affrontements[confrontations] très violents entre les manifestants et la
police avec beaucoup de blessés [casualties], beaucoup de personnes
blessées et aussi quelquefois des morts.
[00:23:56] Les manifestants, surtout les ouvriers, demandent une hausse
des salaires [a wage increase]. Ils veulent que leurs salaires soient
augmentés et, à côté de ça, il y a les slogans des étudiants qui, eux, veulent
plutôt un changement global de la société. Il y a des slogans qui sont
devenus très célèbres. Par exemple : “il est interdit d’interdire”. Donc ça,
c’est une référence plus ou moins directe à l’autoritarisme de De Gaulle, et
ça montre que les étudiants, la jeunesse, réclament plus de liberté. Un autre
slogan très populaire, c’est : “soyez réalistes, demandez l’impossible”. Donc
là vous voyez, on utilise l’impératif : “soyez réalistes (le verbe être),
demandez l’impossible (exigez l’impossible)”. Ici, ça montre qu’il y avait une
vision un peu utopique peut-être, à cette époque, à l’époque de Mai 68, on
était dans un climat, dans une atmosphère de révolution utopique.
[00:25:06] Il y avait des discussions partout. C’est assez difficile à imaginer
mais dans tous les lieux, dans les universités, dans les cafés, dans la rue,
partout les gens lançaient des débats et un groupe de personnes se
réunissaient pour discuter de la société pour savoir ce qu’il fallait faire, quelle
idée il fallait appliquer. Bref, les gens avaient envie de prendre leur destin en
main. Ils avaient envie de ne plus laisser tout le pouvoir et toutes les
décisions à l’autorité politique mais de devenir acteur et vraiment de
s’engager.
[00:25:52] Une partie de ces manifestants, des personnes qui participent à
Mai 68, demandent aussi la démission [resignation] du Général de Gaulle.
Ils veulent que de Gaulle quitte son poste, que de Gaulle démissionne. Mais
il n’y a pas de tentative de putsch. Il n’y a pas de tentative de coup d’Etat.
Aucun parti politique n’essaye de prendre le pouvoir.
[00:26:14] Donc il n’y a pas de révolution politique mais par contre, le 27 mai,
il y a la signature des accords de Grenelle. Grenelle, c’est la rue parisienne
où se situe le ministère du Travail. Et c’est au ministère du Travail qu’il y a
une signature des accords entre le gouvernement, les syndicats [trade
unions] ouvriers, les syndicats patronaux (des patrons) pour négocier une
augmentation de 35 % du salaire minimum et de 10 % des autres salaires.
Grâce à ces accords, le salaire minimum augmente de 35%. Mais une partie
des ouvriers n’est pas du tout satisfaits par ces accords. Ils trouvent qu’ils
ne sont pas suffisants donc ils continuent de faire la grève et de bloquer les
usines.
[00:27:15] Face à ça, le 30 mai, le général de Gaulle fait une déclaration :
Françaises,Français j’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances
présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple [people], je le
remplirai [I will fulfill it]. Je ne changerai pas le premier ministre. Je dissous,
aujourd’hui, l’Assemblée nationale.
[00:27:40] Vous avez entendu dans ce discours que de Gaulle décide, le 30
mai, de dissoudre l’Assemblée nationale [to dissolve the Parliament].
Dissoudre l’Assemblée nationale, c’est un pouvoir qu’a le président en
France, le pouvoir d’organiser de nouvelles élections législatives pour élire
des députés. L’objectif, évidemment, pour de Gaulle, c’était d’obtenir une
majorité au parlement, à l’Assemblée nationale, pour pouvoir adopter des
lois et garder le pouvoir.
[00:28:16] Donc de nouvelles élections législatives sont organisées. Et là,
c’est la grande surprise parce que le parti de De Gaulle gagne très largement
ces élections. Il obtient une majorité absolue à l’Assemblée. Autrement dit, il
a la possibilité d’adopter des lois sans devoir passer des accords avec les
autres partis. Mais surtout, le plus important, c’est que ces élections
redonnent une grande légitimité à de Gaulle et elles montrent qu’une partie
des Français, une majorité des Français, en a assez de ces grèves et de ces
manifestations, et qu’ils veulent un retour à l’ordre, un retour au calme.
[00:29:13] Suite aux accords de Grenelle et à la victoire de De Gaulle, la
situation revient à la normale en France. Il y a une partie des ouvriers qui
n’est toujours pas satisfaits par les conditions des accords de Grenelle, par
les augmentations de salaire qu’ils ne trouvent pas suffisantes. Mais le
pouvoir envoie la police pour que ces ouvriers quittent les usines, pour qu’ils
arrêtent de bloquer les usines et progressivement le travail reprend.
L’économie recommence à fonctionner. Mais un an plus tard, en 1969, de
Gaulle organise un référendum qui concerne la création des régions et la
rénovation du Sénat, et il perd ce référendum. À ce moment-là, De Gaulle
perd une partie de sa légitimité et il décide de démissionner, il décide de
quitter le pouvoir. Donc même si de Gaulle a survécu à la crise de Mai 68,
un an plus tard, il a dû quitter le pouvoir.
[00:30:16] Une autre conséquence de Mai 68, c’est la naissance du
Mouvement des jeunes. Les jeunes représentent un tiers de la société
française. Et grâce à ces évènements, ils se sont fédérés, ils se sont
rassemblés, et ils ont conscience d’être un groupe. Pas seulement des
individus isolés qui dépendent de leurs parents, mais d’être un groupe avec
sa culture, ses valeurs, ses médias etc. etc.
[00:30:48] À côté de ça, il y a plus généralement un changement des valeurs,
un changement des mentalités. C’est la fin de la société traditionnelle. C’est
la fin de l’autorité, de l’austérité, de la rigueur et on passe à une société avec
plus de liberté où on valorise l’autonomie des individus, leur créativité. On
valorise le débat, les échanges etc.
[00:31:19] Évidemment, il y a aussi à ce moment-là la libération sexuelle
avec ce célèbre slogan Peace and love qui a été aussi adopté en France, et
certaines chansons iconiques comme celle-là :
69 année érotique, Jane Birkin & Serge Gainsbourg
[00:31:51] Et puis la dernière conséquence majeure, c’est l’essor des
mouvements féministes. À la fin des années 60 et au début des années 70,
c’est l’ère du féminisme en France. Les femmes s’engagent pour obtenir plus
de droits par exemple le droit de contraception pour pouvoir contrôler leurs
rapports sexuels mais aussi le droit à l’avortement [abortion] qui est voté en
1975 pour permettre aux femmes d’arrêter une grossesse [a pregnancy].
[00:32:31] En conclusion Mai 68, ce n’est pas forcément une révolution au
sens politique mais c’est un événement qui a eu une énorme influence, un
énorme impact, sur la France. C’est l’événement qui a donné naissance à la
société française contemporaine, la société française telle qu’on la connaît
maintenant. C’est pas un mouvement qui a eu lieu uniquement en France.
On a pu l’observer dans beaucoup d’autres pays, ce mouvement
contestataire, aussi bien à l’ouest qu’à l’est.
[00:33:09] Voilà, j’espère que cet épisode vous a plu et que vous avez appris
des choses intéressantes. Si vous voulez en savoir plus, je vous
recommande un site, c’est le site ina.fr (i-n-a point fr). C’est le site des
archives françaises. Donc sur ce site, vous pouvez voir beaucoup de vidéos
très intéressantes et notamment des vidéos sur Mai 68. Je vais mettre le lien
dans la description de l’épisode et comme d’habitude vous savez que vous
pouvez aussi trouver la transcription complète sur mon site internet
innerfrench.com. On se retrouve dans deux semaines pour un nouvel
épisode. Et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les
jours. À bientôt !
44 Les enfants apprennent-ils les langues plus facilement ?
Épisode 44 : est-il plus facile d’apprendre une langue quand on est enfant ?
[00:00:13] Salut à tous. Bienvenue pour ce 44ème épisode du podcast.
Comme d’habitude, je suis très content de vous retrouver, de passer un petit
moment avec vous. Là où j’habite, à Varsovie en Pologne, il fait très beau.
Et cette semaine, il va y avoir du soleil tous les jours. Ils annoncent [it is
forecast] même qu’il va faire 30 degrés, donc c’est des températures
estivales (ça veut dire des températures d’été). Et je vais en profiter pour
passer du temps à l’extérieur, faire du vélo, me promener, retrouver des amis
pour aller boire des cafés. Donc vraiment, je suis de très bonne humeur et
je pense que ça va être une super semaine ! Ah oui, je dis ça parce que,
aujourd’hui, on est lundi car j’enregistre le podcast toujours quelques jours
avant la publication. Donc voilà, pour moi c’est seulement le début de la
semaine au moment où j’enregistre cet épisode. Mais pour vous, si vous
l’écoutez au moment de sa publication, on sera déjà plus proches du
weekend parce que je vais publier ce podcast le jeudi, comme d’habitude.
[00:01:33] Alors aujourd’hui, on va parler des enfants et de la façon dont les
enfants apprennent les langues. C’est vrai que tous les enfants arrivent
à [get to, manage to] apprendre une langue. Tous les enfants réussissent à
apprendre leur langue maternelle et les enfants apprennent leur langue
maternelle sans avoir d’instruction formelle. En fait, quand ils commencent
à apprendre comment la langue fonctionne (les règles de grammaire, par
exemple, la conjugaison), ils sont déjà capables de parler. En France, par
exemple, on commence à apprendre la grammaire à l’école quand on a
environ 7 ans. Et évidemment, à 7 ans, les petits Français sont déjà capables
de bien parler français. Donc c’est un peu contre intuitif quand on y
pense [when you think about it] parce qu’on apprend une chose qu’on
connaît déjà. On est déjà capables de parler, d’utiliser cette langue pour
communiquer mais on en apprend les règles, on en apprend la grammaire.
Mais on peut très bien imaginer que sans ces cours de grammaire, les
enfants seraient aussi capables de continuer à utiliser la langue et de
continuer à développer leurs compétences en grandissant.
[00:02:59] Donc ça, c’est un argument qui est en faveur de la méthode
d’acquisition naturelle des langues. Vous savez, j’en ai beaucoup parlé dans
le premier épisode du podcast, j’ai beaucoup parlé du professeur qui a
théorisé cette méthode, le professeur Stephen Krashen. Vous savez que
j’adore cette théorie et que je pense qu’elle fonctionne vraiment. C’est une
méthode qui dit que pour être capable de comprendre une langue, il faut y
être exposé le plus possible, être exposé le plus possible à cette langue et
se concentrer sur des choses qui correspondent à notre niveau et surtout
qui nous intéressent, des choses qu’on a vraiment envie de comprendre. Et
quand on fait tout ça et qu’on est patients, naturellement on est capables
d’acquérir cette langue. Donc on peut dire que c’est un peu la méthode
qu’utilisent les enfants et ça, c’est quelque chose qui est très frustrant pour
les parents parce qu’ils ont l’impression que c’est beaucoup plus facile pour
leurs enfants d’apprendre une nouvelle langue que pour eux.
[00:04:12] C’est quelque chose qui est très visible par exemple avec les
enfants d’immigrés. Quand il y a une famille qui immigre dans un pays et
que la langue dans ce pays est différente de leur langue maternelle, en
général les enfants apprennent la nouvelle langue du pays d’accueil
beaucoup plus vite que leurs parents. Et leurs parents ont l’impression que
pour leurs enfants, c’est vraiment très facile d’apprendre cette langue alors
que pour eux-mêmes, ça demande énormément d’efforts et ça peut être un
peu déprimant. Alors naturellement, on peut se demander si c’est vraiment
plus facile pour les enfants d’apprendre une nouvelle langue que pour les
adultes.
[00:04:57] Donc dans cet épisode, on va voir 6 arguments qu’on entend
souvent en faveur de cette théorie (en faveur de la théorie qui dit que les
enfants apprennent les langues plus facilement que les adultes) et on va voir
si ces idées sont des mythes ou des réalités. Quand je dis “une réalité”, ça
veut dire qu’il y a des études pour soutenir, pour prouver que cette idée est
vraie. Et d’ailleurs, dans les notes de cet épisode je vais mettre toutes les
références des études que j’ai utilisées pour préparer cet épisode. Comme
ça, vous pourrez voir vous-mêmes si vous êtes d’accord avec les
conclusions de ces études. Et à la fin de l’épisode, on verra ce qu’on peut
utiliser dans ces théories pour rendre notre apprentissage du français plus
rapide et plus efficace. Ok vous êtes prêts ? Alors, c’est parti !
[00:06:05] La première idée pour commencer : les enfants apprennent les
langues plus vite que les adultes. Ça, c’est quelque chose qu’on entend très
souvent. Mais je vais commencer par une petite explication sur la différence
entre “vite” et “rapide” parce que j’entends souvent les élèves faire des
erreurs sur ça. “Rapide”, c’est un adjectif donc on l’utilise avec un nom. Par
exemple, on peut dire qu’un joueur de foot est rapide. On peut dire qu’une
voiture est rapide. “Vite”, ce n’est pas un adjectif, c’est un adverbe. Ça veut
dire qu’on l’utilise pour modifier un verbe. Par exemple, vous pouvez dire
que moi je ne parle pas vite, je parle lentement, donc je ne parle pas vite.
Mais il y a des Français qui parlent très vite, il y a des Français qui parlent
très rapidement. Vous voyez “vite”, c’est un adverbe et “rapidement”, c’est
l’adverbe qui est formé sur l’adjectif “rapide”. OK donc avec un nom on utilise
l’adjectif “rapide” et avec les verbes on utilise “vite” ou “rapidement” (vous
pouvez utiliser les deux, ils sont complètement synonymes). “Vite” et
“rapidement” avec un verbe. C’est clair ? Ok donc on va continuer.
[00:07:41] Alors je vous ai parlé dans l’introduction des familles qui immigrent
dans les nouveaux pays et dont les enfants apprennent la nouvelle langue
très rapidement. Leurs parents sont un peu jaloux parce qu’ils voient que les
enfants sont capables de communiquer avec leurs camarades à l’école ou
avec leurs amis quand ils vont jouer dans un parc. Et les parents, eux, ils
sont toujours incapables d’avoir des conversations très basiques avec les
gens dans les magasins ou avec les autres parents d’élèves. Donc ils
peuvent se sentir un peu déprimés. Mais quand on regarde de plus près, on
observe que les enfants et les parents n’ont pas du tout les mêmes
conditions.
[00:08:33] La première grande différence, c’est le temps passé. Les enfants
sont en général dans une école où on utilise la langue du pays
d’accueil [host country] donc ils ont une exposition très très grande à cette
langue. Alors que les parents, eux, ils ne sont peut être pas obligés d’utiliser
cette langue. On peut même imaginer qu’au travail, ils utilisent une autre
langue, par exemple l’anglais (qui est la langue internationale dans les
entreprises) et ce n’est peut être pas nécessaire pour eux de connaître cette
langue, la langue qui est utilisée dans le pays d’accueil. Donc on voit qu’il y
a une grande différence en matière de [in terms of] temps passé. Les enfants
ont beaucoup plus d’exposition, ils passent beaucoup plus de temps avec
cette nouvelle langue que les parents.
[00:09:29] La deuxième différence, c’est le filtre émotionnel. Quand on est
enfant, on est moins conscient de nous-mêmes et on a moins peur du
jugement des autres. Les enfants essayent de parler, ils essayent de
communiquer et s’ils font des erreurs, pour eux ce n’est pas très grave. Alors
que les parents, ils sont beaucoup plus sensibles au regard des autres, au
jugement des autres. Et ça, ça crée une espèce de filtre émotionnel négatif,
quelque chose qui nous bloque parce qu’on a peur de parler, parce qu’on a
peur du jugement des autres.
[00:10:12] La troisième chose, c’est la motivation. La motivation n’est pas
forcément la même pour les enfants et les adultes. Les enfants, à l’école, ils
ont besoin de cette langue pour pouvoir jouer, pour pouvoir communiquer
avec les autres enfants, avec leurs camarades. Donc ils ont une motivation
qui est vraiment très forte. Alors que pour les parents, comme je l’ai dit un
peu plus tôt, apprendre cette langue n’est peut-être pas une nécessité. Peutêtre qu’ils peuvent se débrouiller dans le pays d’accueil sans maîtriser cette
langue. C’était le cas avec moi par exemple quand j’ai déménagé en
Pologne. La première année, c’était suffisant d’utiliser l’anglais pour la vie
quotidienne, j’avais pas vraiment besoin de connaître le polonais. Et comme
je ne savais pas si j’allais rester plus longtemps en Pologne, j’étais pas
spécialement motivé pour apprendre le polonais.
[00:11:14] Mais ce qui est très intéressant, c’est que les manuels scolaires
(les livres pour apprendre les langues) montrent que les enfants ont besoin
de plus de temps pour apprendre les choses que les adultes. Si vous
comparez un livre pour apprendre le français destiné aux enfants et un livre
pour apprendre le français destiné aux adultes, la progression dans les livres
pour les adultes est beaucoup plus rapide. Ça, ça s’explique par le fait
que [by the fact that] les adultes ont déjà appris à apprendre. Ils ont
développé des stratégies quand ils étaient à l’école, ou plus tard pendant
leurs études, pour pouvoir apprendre plus efficacement (par exemple une
stratégie pour mémoriser du vocabulaire plus rapidement). Et puis ils ont
aussi une meilleure capacité de concentration. D’un autre côté, les enfants,
eh bien déjà, ils ne savent pas très bien lire et les études montrent que la
lecture, c’est une méthode très efficace pour apprendre une nouvelle langue.
Lire des livres, lire des articles, ça permet d’être exposé à la langue et
d’enrichir son vocabulaire. Mais les enfants, s’ils ne savent pas encore lire,
eh bien ils ne peuvent pas utiliser cette stratégie pour apprendre une
nouvelle langue.
[00:12:44] Et puis, la deuxième chose intéressante, c’est que les enfants et
les parents n’ont pas besoin du même niveau de langue. Évidemment, les
enfants ont besoin d’un niveau beaucoup plus basique. Ils ont besoin
simplement de pouvoir communiquer avec leurs camarades sur des sujets
assez limités. Quand vous écoutez les enfants, c’est vrai qu’ils ont un
nombre de thèmes très limité qui concernent principalement le jeu (le fait de
jouer avec leurs amis). Ils aiment bien aussi raconter des petites histoires et
parler avec leurs parents de choses assez basiques. Mais on ne va jamais
demander à un enfant de présenter les résultats financiers de son entreprise,
par exemple, alors que c’est une chose qu’on peut attendre des parents.
Donc les parents ont des idées plus complexes, un nombre de sujets
beaucoup plus large, ce qui fait qu’ils ont besoin d’avoir un niveau vraiment
très élevé, très avancé, s’ils veulent être capables de communiquer avec les
autres adultes.
[00:13:59] Donc vous l’aurez compris, cette première idée, c’est plutôt un
mythe. Les enfants n’apprennent pas plus rapidement une langue que les
adultes. Ils sont simplement dans de meilleures conditions parce qu’ils ont
une très forte exposition à la langue. Et puis ils ont besoin d’avoir un niveau
plus basique pour parler de sujets limités. C’est pour ça qu’on a l’impression
que c’est facile pour eux.
[00:14:33] Maintenant, la deuxième idée : apprendre une langue tôt permet
d’avoir un meilleur accent. Encore une fois, si on compare les enfants
d’immigrés et leurs parents, c’est vrai que, après quelques années, on peut
avoir l’impression que ces enfants parlent parfaitement la nouvelle langue et
n’ont pas du tout d’accent, alors que pour leurs parents, c’est plus difficile de
perdre leur accent. C’est plus difficile de se débarrasser de leur accent. Pour
comprendre ça, il faut savoir que chaque langue a un système phonologique.
Un système phonologique, c’est simplement un ensemble de sons, des
combinaisons de sons pour distinguer, pour donner du sens à un langage.
Par exemple, en français, il y a la différence entre le son /e/ et le son /ɛ/ que
l’on peut entendre dans “un élève”. Dans “un élève”, le son /e/ est au début
et le son /ɛ/ sur la deuxième syllabe. Ou la différence entre “on” et “en”, par
exemple l’adjectif “long” et l’adjectif “lent”. Pour les Français, c’est quelque
chose d’évident, c’est quelque chose qui est très facile à distinguer. Mais
pour les étrangers, c’est beaucoup plus difficile parce que ces sons ne font
peut être pas partie de leur système phonologique, du système
phonologique de leur langue maternelle.
[00:16:08] Et ce qui est vraiment passionnant, à mon avis, c’est que les
études ont montré que les bébés sont capables d’apprendre toutes les
langues. Au départ, un bébé peut comprendre les sons de tous les systèmes
phonologiques, de toutes les différentes langues. Mais petit à petit, le bébé
se concentre uniquement sur les sons de sa langue maternelle, sur les sons
qui font partie du système phonologique de sa langue maternelle, parce qu’il
comprend qu’il n’a pas besoin de connaître les autres sons, tout simplement
parce qu’ils ne sont pas utilisés autour de lui. Donc après quelques années,
le bébé ne réagit plus aux autres sons car ils sont devenus inutiles. C’est
pour ça que quand les enfants sont exposés à une langue étrangère quand
ils sont jeunes, c’est plus facile pour eux d’avoir une bonne prononciation.
Ils sont capables d’entendre les différences entre les différents sons, même
si c’est un système phonologique différent de leur langue maternelle. Et
comme ils sont capables d’entendre ces différents sons, ils sont aussi
capables de les reproduire. Ils sont capables de s’exprimer et d’avoir un
accent parfait parce que leur cerveau peut distinguer cette différence. Mais
pour les adultes, c’est beaucoup plus difficile parce que leur cerveau est déjà
conditionné. On peut dire qu’il est fermé aux sons qui n’appartiennent pas à
leur système phonologique. Ça signifie qu’il faut beaucoup d’exposition pour
être capable de distinguer ces nouveaux sons.
[00:17:59] Moi, j’ai beaucoup d’élèves, ou en tout cas plusieurs élèves, qui
ont un accent quasiment parfait. C’est très difficile d’entendre qu’ils sont
étrangers, on peut avoir l’impression qu’ils sont français. Mais ça leur
demande beaucoup d’efforts de parler avec cette prononciation française. Et
quand ils sont fatigués ou quand ils sont stressés, ils commencent à perdre
cet accent français et à retrouver un accent qui se rapproche de leur langue
maternelle. Là, on comprend que ce n’est pas une chose très naturelle et
que ça demande beaucoup d’efforts. Alors que pour les enfants, au
contraire, c’est une chose naturelle s’ils sont exposés assez tôt à cette
langue étrangère. Autrement dit, cette idée, elle est plutôt vraie. Quand on
apprend une langue plus tôt, on a une meilleure prononciation, on a un
meilleur accent.
[00:19:05] Ça nous conduit à la 3ème idée qui dit que les enfants doivent
apprendre une langue le plus tôt possible. C’est pour ça que dans certaines
écoles, il y a des cours de langue étrangère dès l’âge de 4, 5 ou 6 ans. On
pense que si on expose les enfants très tôt, ils vont avoir plus de facilité pour
apprendre cette langue. Ça, c’est vrai pour la prononciation comme on l’a vu
avant.
[00:19:34] Mais en réalité, les études montrent que, à cet âge, ça n’a pas
beaucoup de différence. Par exemple, si un petit Américain a deux heures
de français par semaine à l’école, ça ne va pas vraiment lui permettre
d’apprendre à parler français couramment. Et surtout, à cet âge-là, c’est très
facile de rattraper. Par exemple, si un enfant commence à apprendre le
français à 6 ans et qu’il fait seulement deux heures par semaine, ensuite un
deuxième enfant qui commence à apprendre le français à 8 ou 9 ans va
pouvoir rattraper [to catch up] très rapidement le premier enfant. Parce que,
pendant ces deux ou trois ans de français avec deux heures par semaine, le
premier enfant n’aura pas eu le temps de beaucoup progresser. Il n’aura pas
eu le temps de beaucoup avancer et ce sera très facile à rattraper pour le
deuxième enfant. Donc c’est vrai pour la prononciation et c’est vrai aussi car
ça donne l’opportunité aux enfants de les intéresser à cette langue et peut
être de les motiver à l’apprendre.
[00:20:52] La 4ème idée : apprendre deux langues en même temps peut
perturber le développement de l’enfant. Ça, c’est une chose qu’on entend
parfois de personnes qui disent : “il faut parler une seule langue à la maison
parce que sinon l’enfant va mélanger [to mix up] les langues, il va être
perturbé et il ne va pas pouvoir bien se développer”. Ça, c’est une idée
complètement fausse. Il y a beaucoup d’études qui montrent au contraire
que parler deux langues différentes à la maison, par exemple une langue
avec le papa et une langue avec la maman, ça a des effets positifs sur le
cerveau des enfants. Vous pouvez réécouter l’épisode 6 du podcast sur
les avantages cachés [hidden benefits] de l’apprentissage des langues
parce que je parle justement des avantages sur le cerveau des personnes
bilingues, des personnes qui parlent parfaitement deux langues.
[00:21:53] Mais c’est vrai que les enfants ne sont pas toujours aussi à l’aise
dans les deux langues. Ça, c’est une expression importante : être à l’aise [to
feel/be comfortable]. En fait, en français, on ne peut pas dire “être
confortable” pour une personne. On dit “être à l’aise” quand vous faites
quelque chose avec facilité, que vous n’avez pas de difficultés, vous pouvez
dire que vous êtes “à l’aise”. Par exemple : je suis à l’aise en anglais. Ça
veut dire que je parle anglais sans difficulté. Vous pouvez utiliser
“confortable” pour un canapé, un sofa, un fauteuil, un lit. Ça, ça peut être
confortable mais vous, vous ne pouvez pas être confortable.
[00:22:38] Donc c’est vrai qu’en fonction de l’exposition aux deux langues,
l’enfant ne sera pas toujours aussi à l’aise et n’aura pas toujours la même
facilité.
[00:22:48] Et une deuxième chose à souligner, c’est qu’il faut faire attention
au développement de la langue maternelle, par exemple avec les enfants
immigrés. Un enfant immigré a besoin de développer sa langue maternelle
à un niveau assez avancé pour être capable d’apprendre une deuxième
langue. Si un enfant va à l’école très jeune et qu’il n’a pas eu le temps de
développer d’abord sa langue maternelle, ça va être plus difficile pour lui
d’apprendre cette deuxième langue. Tout simplement parce que, quand on
développe sa langue maternelle à un niveau avancé, on obtient un certain
niveau de complexité. On est capable de comprendre des choses plus
compliquées et ça, c’est très utile pour apprendre une deuxième ou une
troisième langue. C’est pour ça qu’on déconseille [to advise against] aux
parents d’immigrés de parler la langue du pays d’accueil à la maison. C’est
important qu’à la maison, les enfants parlent leur langue maternelle et qu’ils
développent leurs compétences dans cette langue maternelle pour ensuite
être capables d’apprendre une deuxième langue, d’apprendre la langue du
pays d’accueil par exemple.
[00:24:51] La cinquième idée : il ne faut pas parler aux enfants seulement
dans la langue étrangère, sinon ça va les perturber. Ça aussi, c’est une idée
qui est fausse. C’est un mythe parce que les enfants ont une plus grande
tolérance à l’ambiguïté. Ils ont l’habitude d’être dans des situations où ils ne
comprennent pas tout. Les premières années de leur vie, ils les passent
justement à essayer de comprendre ce qui se passe autour d’eux et de
comprendre ce que les gens essaient de leur dire. Quand on est adulte, au
contraire, on est mal à l’aise dans ce genre de situations. Donc “mal à l’aise”,
vous comprenez, c’est le contraire de “être à l’aise”. “Être mal à l’aise” [to
feel/be uncomfortable], c’est quand vous ne vous sentez pas bien dans une
situation. Les adultes sont mal à l’aise, ils ne sont pas tolérants à l’ambiguïté.
Encore une fois, à cause du jugement des autres. Les adultes ne veulent
pas perdre la face [to lose face]. [1.6] Donc s’ils ne comprennent pas
quelque chose, ils peuvent commencer à paniquer et, à ce moment-là, il y a
un filtre négatif. Il y a un filtre négatif dans leur tête, ils paniquent et ils
“bloquent”, on peut dire, les informations. C’est encore plus difficile pour eux
de comprendre ce qu’on leur dit.
[00:25:42] Au contraire, les enfants développent des stratégies très très
intelligentes pour comprendre les choses qu’on leur dit. Ils utilisent le
contexte, donc les gestes, le ton de la voix, tous les éléments visuels. Bref,
toutes les choses qu’ils ont autour d’eux et qui peuvent leur permettre de
comprendre ce qu’on leur dit. C’est pour ça que parler seulement dans une
langue étrangère avec les enfants qui veulent l’apprendre, c’est une très
bonne méthode.
[00:26:15] Mais évidemment, il faut adapter la façon de parler. C’est
exactement ça que moi je fais avec vous. J’adapte ma façon de parler pour
que ça soit plus facile pour vous de comprendre ce que je dis, même si je
parle seulement en français. Par exemple : je parle plus lentement, je fais
des pauses, je choisis des mots qui ressemblent à l’anglais pour que vous
soyez capables de comprendre ce que je dis, pour comprendre le sens. Bien
sûr, vous ne comprenez pas 100% de ce que je raconte, mais vous
comprenez suffisamment pour que ce que je raconte ait du sens pour vous.
[00:26:58] La 6ème idée, pour finir, qui est très importante aussi, à mon avis
: il faut systématiquement et rapidement corriger les erreurs des enfants. Ça,
également, c’est une idée qui est fausse. Les études montrent que, en
réalité, les parents corrigent rarement leurs enfants. Et ils les corrigent
seulement quand les enfants font des grosses erreurs ou des erreurs qui
sont très visibles et qui sont récurrentes, que les enfants font souvent. Une
erreur que les enfants français font souvent, par exemple, c’est le pluriel
irrégulier pour les mots qui se terminent par “a-l”, les mots masculins qui se
terminent par “al”. Par exemple : un cheval. Le pluriel de “un cheval”, c’est
“des chevaux”. Ça, c’est une erreur qu’on entend très facilement en français
que les Français reconnaissent très facilement. Si quelqu’un dit : “des
chevals”, pour nous c’est vraiment une erreur évidente, une erreur flagrante.
Quand les parents entendent leurs enfants faire ce genre d’erreur, ils les
corrigent tout de suite. Mais à part ça, les parents corrigent très rarement les
enfants. Et malgré cela, les enfants apprennent progressivement les bonnes
formes, les formes correctes et ils apprennent assez rapidement.
[00:28:29] En fait, c’est parce que chaque langue a un ordre naturel
d’apprentissage. Il y a des erreurs que tout le monde fait au début et qui,
petit à petit, disparaissent. Quand on apprend une langue, il y a
différents stades [stages] avec des erreurs qui sont associées à chaque
stade mais, petit à petit, ces erreurs disparaissent.
[00:28:53] C’est pour ça qu’il faut se concentrer sur le sens. Autrement dit, du
moment que [as long as] quelqu’un dit quelque chose de compréhensible,
même s’il y a des petites erreurs, ça n’est pas grave. Car avec le temps, la
pratique et l’exposition, ces erreurs vont se corriger d’elles-mêmes [by
themselves]. C’est beaucoup plus important d’encourager les enfants à
parler pour qu’ils aient un filtre positif, pour qu’ils soient motivés à parler et
qu’ils aient confiance en eux. Moi, c’est quelque chose dont je suis
convaincu. C’est pour ça que, avec les élèves avec lesquels je travaille, le
plus important, la chose sur laquelle je me concentre, c’est leur donner
confiance en eux, leur donner envie de parler et leur montrer qu’ils sont
capables d’exprimer leurs idées. Je corrige simplement quand il y a des
erreurs assez flagrantes ou des erreurs qu’ils répètent souvent. Et puis, je
note toutes ces petites erreurs et je les partage avec eux à la fin du cours.
Comme ça, pendant le cours, les élèves peuvent se concentrer sur la
conversation. Ils peuvent développer leur confiance en eux et puis ensuite,
petit à petit, ils corrigent ces différentes erreurs.
[00:30:23] En conclusion, on va voir comment on peut imiter les enfants pour
rendre notre apprentissage du français plus efficace. D’abord, et ça je vous
le répète tout le temps, il faut être exposé au maximum à la langue. Ça veut
dire : écouter des choses, lire des choses, regarder des choses. Bref,
essayer de passer un maximum de temps avec la langue et également avoir
une attitude positive. C’est pour ça que si vous faites des choses qui vous
intéressent et si vous parlez avec des personnes qui sont patientes et qui
ont envie de vous aider, vous allez avoir de plus en plus confiance en vous
et ça va vous permettre de progresser.
[00:31:11] La deuxième chose, c’est qu’il faut privilégier des ressources, des
contenus, qui sont seulement dans la langue cible [the target language].
Donc des choses qui sont seulement en français. C’est pour ça que moi, je
ne fais pas de traduction complète des podcasts. D’abord, parce que je n’ai
pas le temps mais surtout parce que je pense que c’est contre-productif.
C’est contre-productif parce que si on a la traduction, très rapidement on va
être paresseux et on va lire la traduction au lieu de lire la version originale.
On ne va pas faire d’efforts pour essayer de comprendre, mais on va tout de
suite regarder la traduction. Ça, c’est une très mauvaise méthode.
[00:31:57] Et ça nous conduit au troisième point important : c’est la tolérance
à l’ambiguïté. Si vous ne comprenez pas tout ce que vous lisez ou ce que
vous écoutez, ça n’est pas grave. C’est complètement normal. Ça fait partie
du processus. Il faut apprendre à être à l’aise dans ce genre de situations, à
se concentrer sur les mots qu’on connaît, les structures qu’on comprend,
pour donner du sens à tout ça. Donc n’essayez pas de tout traduire.
N’essayez pas de comprendre à 100% mais essayez plutôt de donner du
sens à ce que vous entendez, à ce que vous lisez, et à ne pas paniquer dans
ce genre de situations.
[00:32:42] Et puis la dernière chose importante, c’est qu’il faut accepter les
erreurs. Encore une fois, j’insiste sur ça : c’est complètement normal de faire
des erreurs. Ça fait partie du processus. Ça fait partie de l’ordre naturel
d’acquisition d’une langue. Ne vous bloquez pas si vous faites des erreurs.
Acceptez-les et soyez patients parce que, petit à petit, ces erreurs vont
disparaître.
[00:33:15] Voilà, c’est la fin de cet épisode. Merci à tous. Merci pour votre
fidélité. Je vois qu’il y a de plus en plus d’auditeurs du podcast, parce que le
podcast est aussi disponible sur Spotify, depuis quelques semaines vous
pouvez l’écouter sur Spotify si vous voulez. Merci pour tous les messages,
encore une fois, que vous m’avez envoyés. Ça me fait très plaisir. Continuez
de le faire. J’essaye de répondre à tout le monde. Ça prend parfois quelques
jours. Ne vous inquiétez pas [don’t worry]. J’ai reçu encore beaucoup de
questions sur le programme. Sachez que ça avance. Ça me demande pas
mal de temps [quite some time], j’ai encore beaucoup de choses à faire
mais ça avance [we’re getting there]. Je pense que dans le prochain
épisode, je pourrai vous donner plus d’informations sur ce programme que
je suis en train de créer. Donc soyez patients. On se retrouve dans deux
semaines. En attendant, n’oubliez pas de faire un peu de français tous les
jours. À bientôt, salut !
45 Le football en France
Salut à tous. Bienvenue dans ce 45ème épisode. Pour commencer, je
voudrais remercier toutes les personnes qui ont laissé des évaluations sur
iTunes et aussi sur Facebook. Des personnes qui habitent aux États-Unis,
en Australie, en Corée, en Pologne, en Thaïlande, en Russie et aussi en
France (donc des personnes, j’imagine, qui sont étrangères, qui vivent en
France et qui essaient d’apprendre le français). Merci à tous et à toutes pour
vos évaluations, pour vos commentaires et aussi pour les messages que
vous m’envoyez. Vraiment, ça me fait très plaisir. Je suis super content d’être
en contact avec vous, de pouvoir vous parler, de voir ce que vous pensez
du podcast et de voir comment il vous aide. Vous savez que pour moi, c’est
très motivant de lire ce genre de [this kind of] messages.
[00:01:13] Ensuite, je voulais vous dire quelques mots sur le programme.
Vous savez que je travaille sur un programme pour aider les personnes qui
ont un niveau intermédiaire à passer au niveau supérieur. Bon, il y a encore
pas mal de travail à faire sur ce programme. Mais j’ai un groupe de testeurs.
Ces testeurs, ce sont mes élèves qui ont eu accès à la première leçon, qui
ont pu tester la première leçon et leurs retours [their feedback] sont plutôt
positifs, leur feedback est positif. Donc voilà, ça me motive à continuer à
travailler sur les autres leçons et j’espère que d’ici un mois, peut-être, je serai
capable de publier ce programme. Mais ne vous inquiétez pas, je vais
continuer au fur et à mesure [as we go along], progressivement, à vous dire
comment ce programme avance et où j’en suis.
[00:02:16] Alors vous avez entendu que le sujet du jour, c’est le football. Et
peut-être que vous savez qu’aujourd’hui, c’est le début de la Coupe du
Monde de football. Un jour très important pour tous les fans de foot et aussi
très important pour une partie des Français qui soutiennent l’équipe de
France. Donc pendant cette Coupe du monde, les équipes des différents
pays vont s’affronter pour devenir les champions du monde,
pour remporter [= gagner] la Coupe du Monde de foot. Et le match
d’ouverture, le premier match qui a lieu aujourd’hui, c’est un match entre la
Russie, qui est le pays organisateur, et l’Arabie saoudite. La France, elle, va
jouer son premier match samedi contre l’Australie.
[00:03:08] Bon, moi personnellement je ne suis pas un grand fan de foot. Je
regarde seulement les matchs importants. Mais c’est un sujet qui est
vraiment intéressant pour mieux comprendre la France parce que, en
France, le foot est le sport le plus populaire. C’est pour ça que j’ai décidé de
vous en parler aujourd’hui.
[00:03:33] On ne va pas vraiment parler du côté sportif du football mais plutôt
de sa dimension sociologique et économique. Aujourd’hui, on va essayer de
comprendre pourquoi le foot a une place tellement importante en France
mais aussi dans d’autres pays européens ou d’Amérique du Sud. Dans la
première partie de ce podcast, on va voir comment le foot est devenu le sport
le plus populaire en France avec un événement très marquant [memorable],
un événement très important, la Coupe du monde 98. Ensuite, dans la
deuxième partie, je vais vous parler du lien entre le foot et l’immigration,
parce que le foot permet de mieux comprendre l’immigration en France. Et
pour finir, on parlera de la dimension économique du foot. On va voir
comment le foot est devenu un business très rentable [profitable] (ça veut
dire un business qui fait gagner beaucoup d’argent). OK vous êtes prêts ?
Alors, c’est parti !
[00:04:51] Le football, c’est un sport qui a été inventé à la fin du XIXème
siècle par nos voisins anglais et qui a été importé en France d’un côté par
les immigrés anglais, mais aussi par une partie de l’élite française qui est
allée faire ses études en Angleterre et qui a appris à jouer au football en
Angleterre. Très rapidement le foot s’est développé dans le nord du pays.
C’est devenu un sport très populaire. Et à partir des années 30, il s’est
professionnalisé.
[00:05:29] Aujourd’hui, en France, il y a presque 2 millions de licenciés dans
les différents clubs de foot. Ça veut dire qu’il y a 2 millions de Français qui
jouent dans un club. Evidemment, on parle ici des clubs amateurs; aussi des
clubs professionnels, mais les clubs professionnels c’est marginal par
rapport aux 2 millions de licenciés qui jouent dans les clubs amateurs. Ah
oui, d’ailleurs, est-ce que vous savez combien il y a d’habitants en France ?
Il y en a 67 millions. Il y a 67 millions d’habitants en France et 2 millions de
licenciés, de personnes qui jouent au football dans un club. C’est un sport
très masculin parce que 93% de ces personnes qui jouent en club sont des
hommes. Donc en France, presque neuf footballeurs sur dix [9 out of 10]
sont des hommes.
[00:06:30] Et pour vous donner une information sur les autres sports
populaires, le 2ème sport le plus populaire en France, c’est le tennis avec
un million de personnes qui jouent dans des clubs. En numéro 3, il y a
l’équitation. L’équitation, c’est le sport qu’on pratique avec les chevaux. Et
l’équitation, c’est un sport très féminin parce qu’il est pratiqué à 83% par des
femmes. En numéro quatre, on a le basket. Le basketball, c’est le sport qui
progresse le plus vite en France, il est de plus en plus populaire. Mais il y a
toujours trois fois moins de licenciés que pour le foot. Donc en France, il y a
trois fois plus de footballeurs que de basketteurs. Le cinquième sport le plus
populaire, c’est le judo.
[00:07:26] Ah oui, j’en profite pour [while I’m at it] vous dire que tous les
sports avec le mot “ball”, en français on a tendance à les raccourcir, à les
rendre plus courts. Au lieu de dire le “football”, souvent on dit le “foot” et au
lieu de dire le “basketball” on dit le “basket”, tout simplement.
[00:07:48] Donc ça, ce sont les sports qui sont pratiqués en club. Mais
évidemment il y a aussi des sports très populaires pour lesquels on n’a pas
besoin de faire partie d’un club. Ces sports qui sont très appréciés par les
Français, ce sont en numéro 1, la marche (par exemple aller faire de la
randonnée). En numéro 2, la natation (quand on va nager à la piscine ou à
la mer). En numéro 3, le vélo. En 4ème position, le ski. Et en cinquième
position, la pétanque.
[00:08:24] Ça, la pétanque, c’est un sport très très français. Il est plutôt
populaire chez les personnes âgées mais c’est intéressant parce qu’il
redevient aussi à la mode chez les jeunes. Si vous ne connaissez pas la
pétanque, sachez que c’est un sport qui se pratique avec des boules. Bon,
je vais pas vous expliquer les règles en détails. Le mieux, si ça vous
intéresse, c’est de faire une petite recherche sur internet et vous allez
comprendre très vite comment on y joue [how you play it].
[00:08:57] Le foot, c’est donc le sport qu’on pratique le plus en club en
France. Mais le foot est surtout très populaire à la télé. Il y a deux
championnats professionnels qu’on appelle la Ligue 1 et la Ligue 2. Et
d’ailleurs, depuis quelques années, depuis 2013, la Ligue 1 est dominée par
un club star, c’est le club du Paris-Saint-Germain, le club de la capitale
française.
[00:09:28] Mais le foot est surtout très populaire à la télé quand il y a des
compétitions internationales comme la Coupe du Monde ou l’Euro avec les
meilleures équipes européennes. Parce que, à ce moment-là, les Français
peuvent supporter leur équipe nationale, l’équipe de France, qu’on appelle
aussi “les Bleus”. “Les Bleus”, c’est le nom qu’on donne aux joueurs de
l’équipe de France et quand il y a ces matchs, ces compétitions
internationales, c’est là que les chaînes de télévision réalisent leurs plus
grosses audiences. Par exemple, il y a certains matchs qui réunissent plus
de 20 millions de téléspectateurs, plus de 20 millions de Français qui
regardent un match de l’équipe de France. Ça fait quasiment un tiers du pays
qui est devant sa télé pour soutenir l’équipe de France.
[00:10:26] Pourtant, c’est un peu paradoxal mais il y a beaucoup de Français
qui disent qu’ils détestent le foot. Il y a eu un sondage [a survey] en 2016 et
43% des répondants ont déclaré qu’ils n’aimaient pas le foot. Il y a plusieurs
raisons à cela, mais les raisons qui reviennent le plus souvent, qui sont
citées le plus souvent, c’est que le foot est un sport trop médiatisé et qu’il y
a beaucoup de scandales avec certains joueurs, et aussi des scandales
financiers liés à la corruption, par exemple. Donc ça fait du foot un sport
clivant. Quand on dit que quelque chose est “clivant”, ça veut dire que ça
divise. Le foot est un sport clivant parce que ça divise les Français entre
ceux qui adorent le foot et ceux qui le détestent.
[00:11:22] Malgré ces clivages, comme je vous l’ai dit, tout le monde regarde
quand l’équipe nationale obtient de bons résultats. Quand les Bleus réalisent
une bonne performance à la Coupe du monde ou à l’euro, alors tous les
Français veulent soutenir l’équipe et ils regardent les matchs à la télé. En
plus, en général, ces compétitions ont lieu en été, donc les matchs sont
diffusés sur des écrans géants dans les villes, dans les bars, etc. Donc il y a
une ambiance festive et tout le monde se réunit autour de l’équipe de France
pour regarder les matchs.
[00:12:06] Il y a une de ces compétitions qui a vraiment marqué l’histoire de
la France, c’est la Coupe du monde de 1998. Cette année-là, c’est la France
qui organise la compétition. La France accueille les différentes équipes
nationales pour organiser la Coupe du Monde. Donc évidemment, c’est une
ambiance de fête dans tout le pays. Les Français vont voir les différents
matchs, ils accueillent les supporters des autres pays. Et voilà, c’est une
ambiance vraiment très spéciale.
[00:12:43] Donc ça, c’est la première raison, mais la deuxième raison, c’est
que la France est allée en finale. Et en finale, la France était face au Brésil,
la meilleure équipe du monde et la seule équipe qui avait gagné, à cette
époque, 4 Coupes du monde alors que la France, elle, n’avait jamais gagné
cette compétition. Et à la surprise générale [to everyone’s surprise], la
France a gagné la Coupe du monde face au Brésil. Une victoire 3 à 0 avec
un doublé de Zinédine Zidane, un des meilleurs joueurs de l’histoire de
France.
[00:13:25] C’est fini ! L’équipe de France est championne du monde ! Vous
le croyez ça ? L’équipe de France est championne du monde en battant le
Brésil 3-0. 2 buts de Zidane, 1 but de Petit. Je crois qu’après avoir vu ça, on
peut mourir tranquilles (enfin le plus tard possible mais, on peut !). Ah, c’est
super !
[00:14:14] Voilà, c’était une victoire vraiment inattendue et géniale pour tous
les Français. Tous les Français étaient très heureux d’avoir remporté cette
Coupe du monde à domicile, dans leur pays. Et ça a été une fête énorme,
une très grande fête. Tous les Français se rappellent très bien de cet
évènement et moi aussi. Même si j’étais seulement un enfant à l’époque, j’ai
beaucoup de souvenirs de cette Coupe du Monde 98. Et pour les Français,
c’est vraiment un moment très spécial.
[00:14:55] Maintenant, on va parler du lien entre le foot et l’immigration. Et
ce lien est très visible avec l’équipe de France. On dit parfois que l’équipe
de France, c’est un reflet de l’immigration en France. C’est vrai que le visage
des Bleus a changé avec les différentes vagues d’immigration. Il y a des
joueurs emblématiques, des joueurs très connus qui sont les symboles, on
peut dire, de cette immigration. Par exemple, dans les années 50 et 60, un
des joueurs les plus célèbres, c’était Raymond Kopaszewski, Raymond
Kopa, qui était un fils d’immigrés polonais. Un peu plus tard, il y a eu Michel
Platini dans les années 70 et 80 dont le grand père était italien. Et puis, dans
les années 90 et 2000, Zinédine Zidane, un des meilleurs joueurs, encore
une fois je le répète, un des meilleurs joueurs de l’histoire du football français
dont les parents étaient algériens. Avec ces trois joueurs, on voit un peu les
différentes vagues d’immigration : l’immigration polonaise, l’immigration
italienne, et puis plus tard, l’immigration maghrébine notamment algérienne.
[00:16:23] Et vous savez, si vous avez écouté l’épisode que j’ai fait sur
l’immigration en France, qu’une grande partie de ces jeunes grandissent
dans les banlieues, dans ces quartiers qui sont à l’extérieur des villes et où
les conditions économiques sont généralement assez difficiles. Donc pour
les jeunes issus de l’immigration, devenir footballeur, c’est un peu le rêve.
C’est le rêve qui peut leur permettre de sortir de la cité, d’avoir une carrière
internationale et de gagner beaucoup d’argent, de gagner des millions. Ces
footballeurs célèbres qui viennent des banlieues, pour les jeunes, ce sont un
peu des modèles. Ce sont des exemples qu’ils ont envie de suivre. Et c’est
vrai qu’à l’école, ils n’ont pas forcément les possibilités de se développer car
les conditions sont assez mauvaises. Donc ce qui leur reste, la solution qui
leur reste, c’est de devenir footballeur professionnel. Évidemment, il y a
beaucoup d’enfants qui en rêvent et très peu qui réussissent à faire carrière,
très peu qui réussissent à devenir footballeur professionnel.
[00:17:40] Ce qui est très intéressant aussi avec l’équipe de France, c’est
que pendant cette Coupe du monde 98, on a célébré l’équipe black-blancbeur. “Black-blanc-beur”, ça veut dire que dans cette équipe, il y avait des
joueurs noirs, des joueurs blancs et aussi des joueurs arabes. “Beur”, c’est
un adjectif un peu familier qu’on utilise pour décrire les personnes d’origine
arabe, notamment Zinédine Zidane avec ses parents algériens. Et du côté
des personnes noires, il y avait Lilian Thuram qui venait de la Guadeloupe
(donc d’un département français d’outre mer).
[00:18:27] À ce moment-là, au moment de la victoire de la Coupe du monde,
la France est fière de son modèle d’intégration et de sa diversité. Elle est
fière d’avoir une équipe avec des joueurs de couleur différente. Mais en fait,
ce sont surtout les politiciens et notamment le président de l’époque,
Jacques Chirac, qui ont utilisé cette victoire de la Coupe du monde pour
améliorer leur image, pour remonter leur cote de popularité [approval
rating]. En gros [basically], le message c’était de dire : “voilà, en France il y
a des problèmes, il y a des inégalités. Mais regardez notre belle équipe de
France avec un visage très coloré. Ça, c’est vraiment le succès de
l’intégration à la française !”.
[00:19:22] Donc en fait, c’était une instrumentalisation du sport, une
instrumentalisation du foot. Les politiciens ont utilisé cet événement à des
buts politiques. Et malheureusement, plus tard, quand l’équipe de France
avait moins de succès dans les compétitions internationales, à ce momentlà, on a commencé à critiquer la diversité dans l’équipe de France. Certains
Français disaient qu’il y avait trop de personnes de couleur dans cette équipe
et que ça ça ne reflétait pas le vrai visage de la France. En fait, il y a eu une
espèce de racialisation du débat sur l’équipe de France. Quand ça va bien,
on est contents, on dit que la France est riche de sa diversité. Mais quand
les choses vont mal, on questionne l’engagement des joueurs qui ont des
origines étrangères. On dit par exemple que ces joueurs ne chantent
pas l’hymne national [the national anthem] avant le match. Certains disent
que ces joueurs d’origine étrangère ne s’engagent pas suffisamment pour la
France et qu’ils ne respectent pas le pays.
[00:20:41] Récemment, il y a eu cette question avec le joueur Karim
Benzema qui est un des meilleurs attaquants du monde, qui joue dans le
club du Real Madrid, et qui n’est pas sélectionné depuis plusieurs années.
C’est un joueur qui a eu quelques problèmes avec la justice et certains
scandales, mais il y a des personnes qui pensent qu’il n’est pas sélectionné
à cause de ses origines algériennes. Voilà, c’est difficile de savoir
exactement quelles sont les raisons pour lesquelles le sélectionneur de
l’équipe de France n’a pas sélectionné Karim Benzema, mais ça montre que
maintenant, il existe beaucoup de tensions liées à la question des origines,
de l’immigration etc. et que le football a tendance à cristalliser toutes ces
tensions. À mon avis, c’est vraiment dommage parce que le football est
avant tout un sport et ces questions ne devraient pas entrer en compte. Ces
questions ne devraient pas être prises en compte [shouldn’t be taken into
account] au moment de sélectionner un joueur pour jouer dans l’équipe de
France.
[00:22:01] Maintenant, on va parler de la dimension économique du football.
Depuis les années 90, la situation a beaucoup changé. Avant, il y avait un
lien très fort entre le club et la ville dans laquelle il se trouvait. En général,
ce club était financé par une grande entreprise de la ville. Mais depuis une
trentaine d’années [about 30 years] , ça a changé parce que maintenant, il y
a des investisseurs étrangers, des investisseurs qui n’ont aucun lien avec la
ville, qui financent les équipes. Il y a par exemple des fonds
d’investissements financiers et, en France, on peut le voir avec l’exemple du
Paris Saint-Germain, du PSG, qui est financé par un pays qui s’appelle le
Qatar. Ou un autre exemple, le club de l’AS Monaco qui est possédé par
un milliardaire [billionaire] russe. Si les clubs de foot intéressent tellement
les investisseurs, c’est parce que le foot est un business très rentable, il
permet de gagner beaucoup d’argent.
[00:23:16] Comment est ce que les clubs font gagner de l’argent à leurs
investisseurs ?
[00:23:22] D’abord, il y a les droits télévisés. Donc pour diffuser les matchs
à la télévision, les chaînes doivent payer des droits et, en général, ces droits
coûtent très cher. Ça permet de rapporter de l’argent aux clubs, notamment
en Angleterre, par exemple, où les droits de télévision sont extrêmement
élevés.
[00:23:47] Ensuite, il y a la vente de billets. Les supporters qui veulent
assister à un match doivent acheter leur billet. Mais ça, c’est une part assez
marginale des revenus d’un club. Avant, c’était une des premières sources
de financement du club mais maintenant, c’est devenu plutôt marginal.
[00:24:08] Au contraire, il y a quelque chose qui rapporte beaucoup d’argent
aux clubs maintenant, ce sont les produits dérivés, les produits qui
représentent l’image du club. Par exemple : les maillots, les écharpes, les
mugs etc. etc. Tous ces objets à l’image du club que les supporters achètent.
[00:24:30] Donc avec tout ça, les revenus du foot ont explosé [shoot up]. Par
exemple en Europe, les revenus ont été multipliés par sept entre 1996 et
2016. Aujourd’hui, le foot en Europe rapporte 18,5 milliards d’euros. C’est
vraiment énorme. Et avec tout cet argent, maintenant, il y a de nombreuses
critiques qui apparaissent.
[00:25:00] D’abord, il y a de grandes inégalités entre les clubs. Il y a les clubs
stars qui gagnent de plus en plus d’argent, qui peuvent acheter les meilleurs
joueurs, et d’un autre côté il y a des clubs moyens ou des petits clubs pour
lesquels c’est de plus en plus difficile parce qu’ils ne font pas le poids [they
are out of their league], ils ne sont pas de taille [they aren’t up to it] face aux
gros clubs.
[00:25:27] Et puis vous avez peut-être entendu que les salaires des joueurs
de foot ont eux aussi explosé. Avoir des joueurs stars, c’est une très bonne
façon pour les clubs de vendre plus de produits dérivés, de vendre plus de
maillots par exemple et donc de gagner plus d’argent. Ce qui fait que [this is
why] maintenant, les joueurs sont considérés comme des investissements.
On va écouter sur ce sujet un extrait d’une vidéo YouTube d’une chaîne qui
s’appelle “Le fil d’actu”. C’est une chaîne qui est vraiment très bien faite et
que je vous recommande de regarder si vous avez le temps. Je vais laisser
le lien dans la description.
[00:26:06] Et donc cet extrait parle du transfert d’un joueur brésilien, le joueur
Neymar, qui est arrivé au Paris Saint-Germain, au PSG, l’année dernière
grâce à l’argent des propriétaires qataris les propriétaires du Qatar. Et le
transfert a coûté tellement cher que beaucoup de personnes se sont
demandé si vraiment, dépenser tellement d’argent pour acheter un joueur
était quelque chose de justifié. Donc on va écouter l’extrait et je reviens juste
après.
[00:26:42] C’est l’une des informations sportives les plus commentées du
moment : le transfert du footballeur brésilien Neymar Junior au Paris Saint-
Germain. Les supporteurs du PSG se félicitent déjà des futurs exploits que
l’un des meilleurs joueurs du monde réalisera au sein de [= dans] leur club
de cœur. La nouvelle fait également couler beaucoup d’encre pour les
sommes astronomiques, et jusqu’ici inédites, déboursées par le club parisien
et son propriétaire qatari pour assurer ce transfert. 220 millions d’euros pour
libérer le joueur de ses obligations envers le FC Barcelone, son ancien club,
à ajouter à un salaire de 30 millions d’euros net annuel soit l’équivalent de
plus de 2000 ans de SMIC.
[00:27:24] Dans cette vidéo, il y a une expression intéressante, c’est
l’expression “faire couler de l’encre” [to lead to extensive press coverage].
L’encre, c’est ce liquide qui est présent dans les stylos mais aussi dans les
imprimantes pour écrire, ou aussi ce qu’on utilise pour faire des tatouages.
L’expression “faire couler de l’encre”, ça veut dire que beaucoup d’articles
ont été écrits sur ce sujet, beaucoup d’articles dans la presse ont été écrits
dans ce sujet. Vous avez entendu que ce transfert du Brésilien Neymar au
PSG a coûté 222 millions d’euros. Le PSG a dû payer 222 millions d’euros
à l’ancien club de Neymar, le FC Barcelone, plus un salaire annuel net de
30 millions d’euros. Un salaire net, ça veut dire un salaire après impôts.
Autrement dit, Neymar chaque année reçoit 30 millions d’euros qu’il peut
dépenser comme il veut. C’est comme de l’argent de poche pour lui. Il ne
doit pas payer d’impôts sur ça. Et ces 30 millions d’euros, ça représente
2000 ans de SMIC. Le SMIC, ça signifie le “salaire minimum”, le salaire
minimum en France.
[00:28:48] Donc avec de tels chiffres, c’est sûr qu’on peut se poser des
questions. On peut se demander si le foot est toujours un sport ou si c’est
simplement un business avec des investisseurs et des retours sur
investissement.
[00:29:10] Voilà, on arrive à la fin de cet épisode. J’espère que ça vous a
plu. Peut-être que vous allez regarder la Coupe du monde. Peut-être que
vous êtes un supporter de votre équipe nationale. Si c’est le cas, je souhaite
bonne chance à votre équipe et à toutes les équipes qui vont participer à
cette Coupe du Monde en Russie. J’espère que l’équipe de France va faire
une bonne performance, peut-être aller jusqu’en finale, je ne sais pas, on va
voir…
[00:30:21] Comme d’habitude, vous pouvez retrouver la transcription de
l’épisode, la transcription complète sur mon site in nerfrench.com. Si vous
avez
des
questions,
vous
pouvez
m’écrire
à
l’adresse
: hugo@innerfrench.com. Merci d’avoir écouté cet épisode et encore une
fois merci pour votre soutien[support]. On se retrouve dans deux semaines
et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de Français tous les jours. À
bientôt, salut !
46 Où les Français partent-ils en vacances ?
Épisode 46 : les Français et les vacances.
[00:00:12] Salut à tous et bienvenue pour ce 46ème épisode du podcast.
Comme d’habitude, je suis très content de vous retrouver. On va passer une
trentaine de minutes ensemble. J’espère que grâce à ce podcast, vous allez
améliorer un petit peu votre compréhension du français. Si c’est la première
fois que vous écoutez mon podcast, sachez que c’est mon objectif ; je veux
aider les gens à comprendre le français en écoutant des choses
intéressantes. En tout cas, j’espère qu’elles sont intéressantes parce que ce
sont des sujets qui, moi, me passionnent. Et j’essaye aussi, à travers ce
podcast, de vous faire découvrir la culture et la société française.
[00:01:02] Mais pour commencer cet épisode, je vais vous lire un email que
j’ai reçu de la part d’une auditrice du podcast qui s’appelle Lindsey. Ça fait
longtemps que je l’ai pas fait donc, voilà, j’ai envie de vous lire son message.
[00:01:19] Bonjour Hugo,
J’écoute vos podcasts depuis plusieurs mois et je les aime beaucoup. Ils
m’aident vraiment à apprendre le français. J’ai déménagé en France il y a
un mois avec mon mari et nos trois chiens pour commencer une nouvelle vie
dans les Pyrénées. Nous allons construire une maison et planter un potager.
Nous écoutons vos podcasts chaque soir, lisons des livres et des journaux,
regardons des émissions et surtout nous parlons avec des Français chaque
jour. Nous aimons la France et toutes les choses françaises. Nous aimons
votre podcast et nous vous remercions de le faire pour les gens comme nous
qui veulent apprendre cette belle langue.
Merci mille fois et au prochain podcast !
[00:02:11] Merci à toi Lindsey pour ton email ! Ah oui, d’ailleurs, j’en profite
pour vous dire que quand vous m’écrivez, vous pouvez me tutoyer (vous
pouvez me dire “tu”). Ce n’est pas la peine d’être très formel et d’utiliser
“vous”. Vous pouvez simplement me dire “tu”.
[00:02:30] Donc cet email de Lindsey est très intéressant parce que, d’abord,
on voit qu’elle est très motivée pour apprendre la langue et qu’elle essaye
de le faire de façon naturelle. Elle écoute des podcasts, elle lit des livres et
des journaux, elle regarde la télévision avec son mari. Et vous savez que ça,
selon moi, c’est vraiment la méthode la plus efficace et la plus agréable. Bien
sûr, vous pouvez aussi faire des exercices de grammaire, c’est toujours utile,
mais à mon avis ça, la grammaire, ça doit être simplement un complément
à la méthode. Ça ne doit pas être le cœur de votre apprentissage. Le cœur
de votre apprentissage, le plus important, c’est de lire et d’écouter un
maximum de choses en français.
[00:03:22] Lindsey nous raconte qu’elle s’est installée avec son mari dans
les Pyrénées. Les Pyrénées, si vous ne savez pas, ce sont des montagnes
qui se trouvent dans le Sud-Ouest de la France. Et avec son mari, elle va
construire une maison et aussi planter un potager. Un potager, c’est tout
simplement un petit jardin avec des légumes. On plante un potager, on
cultive des légumes, et ensuite on peut les manger. On peut faire des
salades ou des soupes.
[00:03:54] Ah et je profite aussi de ce message pour vous demander un petit
service. J’adore quand vous m’envoyez des messages et des emails, mais
je pense que ça serait une idée encore meilleure si vous m’envoyier vos
messages en format audio. Vous pouvez vous enregistrer, enregistrer un
petit MP3 et m’envoyer ce MP3 par email comme ça, moi, je pourrai diffuser
votre message directement dans le podcast. C’est pas grave si vous faites
quelques erreurs ou si votre accent n’est pas parfait. Ce que je veux, c’est
montrer à tous les auditeurs que c’est possible de parler français. Et je pense
que si vous m’envoyez vos enregistrements en MP3, ça va encourager les
autres à parler, à s’exprimer. Donc voilà, si vous avez le temps et si vous
êtes motivés, vous pouvez m’envoyer votre message en format audio,
m’envoyer un enregistrement MP3 et je le diffuserai directement dans un
épisode du podcast.
[00:05:06] Ok donc maintenant, on va entrer dans le vif du sujet et vous
savez que le sujet d’aujourd’hui, c’est les vacances. Bon, ce n’est peut être
pas un sujet très original mais souvent dans vos messages vous me
demandez d’apprendre plus de choses sur la France et sur la culture
française. Donc voilà, si vous voulez comprendre les Français, c’est
important de comprendre ce qu’ils font pendant les vacances. Pour
commencer, on va faire un peu d’Histoire et je vais vous expliquer quand
sont apparues les premières vacances en France et comment elles ont
évolué. Et puis dans une deuxième partie, on va voir quelles sont les
destinations préférées des Français pour les vacances et ce qu’ils font
pendant ces vacances. Donc sans plus attendre, on commence !
[00:05:59] Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins,
à bicyclette. Nous étions quelques bons copains…
Yves Montand – La bicyclette
[00:06:12] Pour commencer, on va s’intéresser aux congés payés [paid
vacation]. Des congés payés, ce sont simplement des jours de vacances qui
sont payés par l’entreprise. Votre entreprise vous autorise à aller en
vacances et elle vous paye comme si vous étiez au travail [as if you were at
work], comme si vous travailliez normalement.
[00:06:34] En France, les premiers congés payés sont apparus en 1936. Au
printemps 1936, la France traverse [is going through] une grave crise
économique. D’ailleurs, ce n’est pas le seul pays à traverser une crise
économique. C’est une crise qui concerne l’ensemble des pays industrialisés
et qui a commencé, d’ailleurs, aux Etats-Unis au début des années 30. À
cause de cette crise économique, le climat social est vraiment tendu. Il y a
beaucoup de personnes qui vivent dans la misère, dans la pauvreté, et
d’autres qui ont des conditions de travail vraiment inacceptables.
[00:07:14] Dans ce climat social et économique, il y a des élections
législatives qui sont organisées en mai et ces élections sont remportées par
une coalition de partis de gauche (ça veut dire différents partis politiques de
gauche qui se sont rassemblés pour former ce qu’on appelle le “Front
populaire”, un ensemble de partis politiques de gauche). Donc le Front
populaire remporte [= gagne] les élections législatives en mai 1936.
Paradoxalement, à ce moment-là, il y a des grèves [strikes] massives qui
éclatent dans toute la France. On compte environ 2 millions de grévistes, 2
millions de personnes qui font la grève, principalement les ouvriers (c’est-àdire les personnes qui travaillent dans les usines). Et c’est la première fois
dans l’Histoire de la France que des ouvriers occupent les usines. Ils restent
dans les usines mais ils refusent de travailler. Et beaucoup vont aussi
marcher et défiler dans les rues pour montrer leur mécontentement.
L’objectif de ces mouvements, c’est de mettre la pression sur le nouveau
gouvernement socialiste, sur le Front populaire. Les ouvriers veulent profiter
de l’arrivée au pouvoir du Front populaire pour négocier de meilleures
conditions de travail.
[00:08:45] Face à l’ampleur [the extent], face à l’importance de ces grèves,
le gouvernement décide d’organiser une rencontre entre les syndicats
patronaux (c’est-à-dire
les
syndicats
des patrons, des
directeurs
d’entreprises) d’un côté et de l’autre côté, les syndicats ouvriers dont le
principal à l’époque qui s’appelle la CGT : la Confédération générale du
travail. D’ailleurs, c’est toujours le principal syndicat aujourd’hui, la CGT.
Donc les syndicats patronaux et les syndicats ouvriers se réunissent à l’hôtel
de Matignon. L’Hôtel de Matignon, il faut savoir que c’est l’endroit où le
Premier ministre, autrement dit le chef du gouvernement, travaille. Il se situe
dans le 7ème arrondissement de Paris. A la suite de cette rencontre, les
syndicats patronaux et les syndicats ouvriers signent les accords de
Matignon. Ces accords de Matignon vont beaucoup améliorer les conditions
de travail des ouvriers.
[00:10:07] Le salaire des jeunes ouvriers est porté de 80 centimes à 3 francs
de l’heure. Les journées de grève seront payées intégralement. Et nous
obtenons les contrats collectifs, les délégués ouvriers, les 40 heures, et 15
jours de congés payés pour tout le monde.
Source : “Front populaire : que s’est-il passé au printemps 1936 ?” France
Info
[00:10:22] Vous avez entendu dans cet extrait quelles conditions ont
obtenues les syndicats ouvriers. D’abord une augmentation des salaires,
donc ça c’était la priorité des ouvriers, mais aussi la semaine de travail de
40 heures. Autrement dit, la durée légale du travail est de 40 heures (ce qui
fait que les ouvriers peuvent travailler un peu moins qu’ils ne le faisaient
avant) et en “bonus”, on peut dire, ils obtiennent 15 jours de congés payés.
[00:10:56] Ah oui, il faut savoir qu’en français on dit “15 jours” pour dire “deux
semaines”. C’est pas très logique parce que dans deux semaines, il y a 14
jours, mais dans la langue courante on dit “15 jours”. Il y a plusieurs théories
pour expliquer ça. Il n’y en a aucune qui est vraiment vérifiée. Et à mon avis,
c’est pas très intéressant donc je vais pas entrer dans les détails. Mais
sachez que quand vous voulez dire “deux semaines” en français, dans la
langue courante, vous pouvez dire “15 jours”.
[00:11:29] Ces meilleures conditions de travail, elles représentent des
avancées sociales sans précédent. On n’avait jamais vu de telles
avancées auparavant[formerly]. Donc c’est vraiment une victoire pour les
syndicats et pour les ouvriers.
[00:11:44] Alors cet été 1936, c’est le premier été où les Français peuvent
profiter des deux semaines de congés payés qu’ils ont obtenues. A votre
avis, qu’est-ce qu’ils vont faire pendant ces vacances ? Comment ils vont
utiliser leurs congés payés ? Pour voir ça, je vais vous passer l’extrait d’une
émission qui a été diffusée sur France 2 (je crois). D’ailleurs, si vous voulez
regarder la vidéo complète avec les images, vous pourrez trouver le lien
dans la description de l’épisode, comme d’habitude.
[00:12:20] Été 36, les nouveaux vacanciers partent avec leur vélo (le moyen
de transport le plus répandu). Dans les gares, les bicyclettes s’entassent.
Une image impressionnante qui ne doit pas faire illusion. 10 millions
d’ouvriers bénéficient de deux semaines de congés payés. Combien sont-ils
à se rendre dans les gares, comme ici la gare de Lyon, pour partir en
vacances ? A peine 600 000.
Source : “Le jour où les Français ont découvert les congés payés”, France 2
[00:12:44] Vous avez entendu dans cet extrait que les Français partent avec
leur vélo. À l’époque, le vélo, c’est le moyen de transport le
plus répandu[widespread]. Ah oui “répandu”, ça veut dire “commun”,
“populaire”. Par exemple “une opinion répandue”, c’est une opinion partagée
par beaucoup de personnes. Mais bon, vous imaginez qu’avec un vélo, on
ne peut pas partir en vacances très loin. Donc certains Français prennent
aussi le train. Et c’est assez amusant parce que, ils prennent le train avec
leur vélo.
[00:13:22] Mais comme vous avez aussi entendu, tous les ouvriers ne
peuvent pas partir en vacances. À cette époque, il y a 10 millions d’ouvriers
mais à peine[hardly, barely] 600 000 vont dans les gares pour prendre le
train, pour partir en vacances, car la grande majorité des ouvriers n’a pas les
moyens, ne peut pas se permettre, d’acheter un billet de train ou de prendre
une chambre à l’hôtel. Ah oui, ça, c’est deux expressions très utiles : “avoir
les moyens de” [to have the money to] ou “se permettre quelque chose” [to
afford something]. Ça veut simplement dire “avoir assez d’argent pour
acheter quelque chose”. Par exemple “avoir les moyens de partir en
vacances”, ça veut dire “avoir assez d’argent pour partir en vacances”. Et
“se permettre de partir en vacances”, là aussi ça signifie “avoir assez
d’argent pour partir en vacances”. Deux expressions très importantes que
vous pouvez retenir.
[00:14:26] C’est vrai que beaucoup d’ouvriers ne peuvent pas se permettre
de partir en vacances parce que ça représente à cette époque 1 à 2 mois de
salaire. Pour pouvoir se payer des vacances, il faut économiser [to save] 1
à 2 mois de salaire. Si vous avez une famille, c’est quelque chose de
vraiment très difficile. Et puis les ouvriers qui partent en vacances, souvent,
ils restent assez près de chez eux. Ils partent à environ 50 kilomètres parce
qu’ils n’ont pas les moyens d’aller plus loin.
[00:15:04] 1936, deux semaines de congé. En 1956, le gouvernement
accorde 3 semaines aux salariés. Nous sommes ici, au bord de l’ancienne
route nationale 7. À la fin des années 50, 1 ménage sur 3 possède une
voiture. Des millions de véhicules vont prendre cet itinéraire pour se rendre
en vacances dans le sud. C’est le symbole des congés payés.
Source : “Le jour où les Français ont découvert les congés payés”, France 2
[00:15:28] Voilà, vous avez entendu que 20 ans plus tard, les Français
obtiennent leur 3ème semaine de congés payés, en 1956. Et à cette époque,
1 ménage sur 3, c’est-à-dire une famille sur trois, possède une voiture. Le
terme “ménage“[household], on l’utilise plutôt en économie et en statistiques
pour désigner une famille qui vit dans la même maison. Il y a plusieurs mots
pour dire ça, on peut dire “un ménage” mais aussi “un foyer”. Cela veut tout
simplement dire “les personnes qui vivent ensemble dans la même maison”.
À cette époque donc, comme 1/3 des Français possèdent une voiture, il y a
des millions de véhicules, des millions de voitures, qui prennent la nationale
7, c’est à dire une grande route pour se rendre dans le sud.
[00:16:25] À cette époque, on est en plein dans les Trente glorieuses. Si
vous avez écouté l’épisode sur la deuxième révolution française, sur Mai 68,
vous savez que les Trente glorieuses, c’est une période pendant laquelle
l’économie française s’est développée très rapidement. Et donc pendant ces
Trente
glorieuses,
les
Français
ont
assez
d’argent
pour profiter
pleinement [fully enjoy] de leurs vacances, de leurs congés payés.
[00:16:53] Ensuite, un peu plus tard, en 1969, ils obtiennent leur 4ème
semaine de congés payés et une 5ème en 1982. J’imagine que pour nos
amis américains, ça doit sembler être beaucoup d’avoir 5 semaines de
congés payés. En réalité, ça correspond à 25 jours. Mais si vous ajoutez, le
weekend, ça fait bien 5 semaines. Mais la France n’est pas le pays où il y a
le plus de congés payés. Ce pays où il y a le plus de congés payés, c’est la
Finlande. Il y a aussi l’Autriche et la Grèce où les travailleurs ont plus de
vacances qu’en France. Mais je dois dire que 5 semaines, c’est quand même
pas mal, et que les Français ont de la chance qu’ils en profitent bien !
[00:17:45] Bon ok maintenant, on va passer à la deuxième partie de ce
podcast et on va voir où les Français aiment partir en vacances, quelles sont
les destinations préférées des Français pour les vacances.
[00:18:04] D’abord, il faut savoir que le pays où les Français préfèrent passer
leurs vacances, c’est évidemment la France ! Bon ça, ce n’est pas une
surprise et c’est peut-être pas le plus intéressant. Ce qui est intéressant,
c’est de savoir où en France les Français partent en vacances. Et en fait, on
peut dire qu’il y a deux camps, il y a deux camps de vacanciers. D’un côté,
ceux qui aiment partir dans le sud vers la Méditerranée. Et de l’autre, il y a
ceux qui préfèrent l’Atlantique, ceux qui préfèrent l’océan Atlantique à l’ouest
et dans le Sud-Ouest de la France.
[00:18:49] D’abord, le camp des Méditerranéens, des personnes qui aiment
passer leurs vacances au bord de la mer Méditerranée. Au bord de la mer
Méditerranée, il y a la Côte d’Azur avec par exemple Saint-Tropez, Nice et
Cannes, mais aussi des grandes villes comme Marseille et Montpellier. Donc
là c’est deux types d’ambiance assez différentes.
[00:19:16] Sur la Côte d’Azur, c’est une ambiance plutôt bling bling [show
off]. “Bling bling”, c’est l’adjectif qu’on utilise depuis quelques années pour
dire qu’une personne aime montrer qu’elle a de l’argent. Par exemple, elle
aime conduire une Lamborghini et avoir des montres Rolex pour montrer à
tout le monde qu’elle a beaucoup d’argent. Donc quand une personne a ce
genre d’attitude, on dit qu’elle est “bling bling”. Et ça, c’est vraiment le cas
quand vous allez sur la Côte d’Azur. Vous pouvez rencontrer beaucoup de
personnes comme ça, qui ont de très belles voitures, parfois également des
yachts, et qui n’ont pas de problème pour montrer à tout le monde qu’elles
gagnent beaucoup beaucoup d’argent.
[00:20:08] D’un autre côté, Marseille et Montpellier, ce sont des villes un peu
plus populaires [working-class], on peut dire, un peu moins bling bling.
D’ailleurs, Marseille a même la réputation d’être assez dangereuse. C’est
vrai qu’il y a certains quartiers qui ne sont pas très sûrs, mais c’est une ville
très intéressante et qui est de plus en plus populaire [popular] pour
beaucoup de Français et même pour les Parisiens qui pourtant au football
sont les grands rivaux de Marseille. Il y a une rivalité entre le club du PSG et
le club de l’Olympique de Marseille (l’OM). Bref, ça c’est un détail parce que,
en général, les Français qui partent en vacances au bord de la mer
Méditerranée, ils vont plutôt vers la Côte d’Azur.
[00:20:58] Historiquement, c’est la région qui est la plus populaire en France
pour les vacances. Quand on pense à cette région, on pense aux cigales
(ces insectes que vous pouvez entendre maintenant) mais aussi à ces
arbres typiques qu’on trouve dans le sud, les pins, au vent très connu qui
s’appelle “le mistral” et qui souffle assez fort parfois, le vent du mistral. Mais
aussi à l’accent chantant des habitants de cette région. Les habitants du sud
de la France ont un accent assez marqué assez distinct. Et comme on trouve
cet accent plutôt joli, on dit que c’est un accent “chantant”, un accent qui
chante.
[00:21:46] Qu’est-ce que c’est qui vous gêne ? Non, dites-le. Vous voulez
pas le dire ? Je vais vous le dire, moi, ce qui vous gêne depuis que j’ai
commencé. C’est l’accent ! Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Que
je perde mon accent ?
Source : “L’accent marseillais”, Patrick Bosso
[00:22:04] Et puis surtout il y a la mer, et la mer Méditerranée, bien
évidemment est plus chaude que l’océan Atlantique. Donc c’est plus
agréable pour se baigner. Mais malheureusement, depuis une dizaine ou
une vingtaine d’années, la Côte d’Azur est victime de sa popularité.
Beaucoup d’immeubles en béton[concrete] ont été construits au bord de la
plage, des stations balnéaires, des boîtes de nuit et finalement plein
d’attractions pour les touristes. A côté de ça, les plages ne sont pas très
grandes sur la Côte d’Azur. Donc avec le monde qu’il y a, c’est parfois très
difficile de trouver une place. Il y a ce cliché que quand vous êtes sur une
plage
sur
la
Côte
d’Azur,
votre
voisin
est
quasiment
sur
votre serviette [towel]. C’est comme si tout le monde était assis ensemble. Il
n’y a pas vraiment de place et ça peut être un peu oppressant parfois. C’est
difficile de se reposer parce que vous entendez les enfants qui crient et tous
les gens qui sont autour de vous.
[00:23:12]
Résultat
:
maintenant
beaucoup
de
touristes
français
commencent à préférer la côte atlantique. Et sur la Côte d’Azur, dans le sud,
au bord de la Méditerranée, on trouve plutôt des touristes étrangers,
principalement des Russes, des Anglais et aussi quelques Américains.
[00:23:31] Donc vous avez compris que maintenant, ce qui est plutôt à la
mode, c’est la côte atlantique. Sur la côte atlantique, il y a évidemment la
Bretagne, qui est une des régions les plus populaires maintenant pour les
vacances des Français, mais aussi Bordeaux, une ville très belle que les
Français adorent et qui est depuis deux ans reliée [connected] à Paris par le
TGV, c’est-à-dire le train à grande vitesse. Vous pouvez aller de Paris à
Bordeaux en TGV en seulement deux heures. Entre la Bretagne et
Bordeaux, il y a aussi la Rochelle, Biarritz et des petites îles très jolies
comme par exemple l’île de Ré et l’île d’Aix.
[00:24:17] Ce sont des destinations qui ne sont pas encore aussi populaires
que celles de la Méditerranée. Et l’avantage, c’est que les plages sont
beaucoup plus grandes, plus sauvages et plus naturelles. Les élus locaux,
c’est-à-dire les politiciens, les responsables politiques qui travaillent dans
ces régions, ont décidé de ne pas faire la même erreur que sur la Côte d’Azur
et d’essayer de conserver le naturel de cette région.
[00:24:48] Mais l’inconvénient principal, c’est que contrairement à la
Méditerranée, il y a la marée [tide], c’est à dire que la mer monte et descend.
À marée haute, la mer est haute et on peut se baigner. Au contraire, à marée
basse, la mer s’est retirée et il faut marcher très longtemps pour retrouver la
mer et pour pouvoir se baigner. Donc il faut vraiment faire attention à l’heure
à laquelle on va à la plage car sur la côte atlantique, ce n’est pas toujours
possible de se baigner. Il y a aussi beaucoup de vagues, ce qui en fait la
destination préférée pour les surfeurs en France, notamment à Biarritz qui
est vraiment la ville où il faut aller si vous aimez faire du surf.
[00:25:41] On peut dire que le profil des touristes qui vont là bas est un peu
plus chic et en général, il y a moins de touristes étrangers. Ce sont surtout
des Français et beaucoup de Parisiens qui vont passer leurs vacances sur
la côte atlantique. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’en France, il y a
beaucoup de campings. Les Français adorent faire du camping et d’ailleurs,
les campings français représentent un tiers [one third] de la capacité
européenne. Si vous prenez tous les pays de l’Union européenne et leurs
campings, les campings français en représentent un tiers. Par contre, pour
les hôtels, la France est seulement quatrième en termes de capacité
d’accueil en Europe. C’est l’Allemagne qui a la plus grande capacité
d’accueil, le plus grand nombre d’hôtels en Europe.
[00:26:32] Il faut savoir que le tourisme est un secteur très important pour la
France. Il représente environ 8% du PIB (du Produit Intérieur Brut) [GDP] ou
tout simplement de l’économie de la France. Le secteur touristique
représente 8% de l’économie de la France. C’est vraiment énorme. Et la
bonne nouvelle, c’est que la France est le pays, dans le monde, qui attire le
plus de touristes étrangers. En 2017, par exemple, il y avait entre 88 et 89
millions de touristes étrangers qui sont venus en France. Et ça, malgré les
attentats qui avaient découragé beaucoup de touristes. Et aussi malgré les
grèves à répétition, les grèves de trains et les grèves d’avions. Malgré tout
ça, les touristes étrangers aiment toujours venir passer leurs vacances en
France.
[00:27:32] Et à votre avis, quelles sont les destinations préférées des
Français à l’étranger ? D’abord, il y a le sud de l’Europe : l’Espagne et le
Portugal. Ce sont les deux pays où les Français aiment le plus passer leurs
vacances en dehors de la France, surtout le Portugal qui est de plus en plus
à la mode depuis quelques années. Et il y a aussi la Grèce qui attire chaque
année beaucoup de touristes français. Si on s’intéresse aux destinations
plus lointaines, on trouve les Etats-Unis, l’Australie, Cuba, la Thaïlande et
aussi (ça, ça va peut-être vous surprendre) l’Iran. Depuis quelques années,
là
aussi,
l’Iran
est
très
à
la
mode.
Il
y
a
beaucoup
de
Français, surtout [especially] des jeunes, qui vont visiter l’Iran, qui partent en
vacances en Iran. Et apparemment, les Iraniens sont très hospitaliers, ils
sont très accueillants. Donc cette réputation encourage, motive, de plus en
plus de Français à visiter ce pays.
[00:28:43] Malheureusement, il ne faut pas oublier non plus que tous les
Français n’ont pas la chance de partir en vacances. Il y a environ un tiers
des Français, un peu plus de 20 millions, qui ne peuvent pas partir en
vacances. On n’est plus en 1936 mais les vacances coûtent toujours cher,
surtout si on a une famille nombreuse. Donc il y a des Français qui n’ont pas
les moyens de partir en vacances.
[00:29:20] Voilà, c’est la fin de ce podcast. J’espère que ça vous a donné
envie de passer vos vacances en France. Et si vous y allez, moi je vous
conseille vraiment de visiter la côte atlantique. Allez par exemple à
Bordeaux, à la Rochelle ou en Bretagne et je vous garantis que vous
passerez de supers vacances. Bon, la météo n’est pas toujours parfaite mais
ces dernières années, en général, c’était pas mal. Donc normalement, vous
ne prendrez pas trop de risques.
[00:29:53] Justement, moi aussi, je vais prendre quelques vacances. Donc
j’en profite pour vous dire qu’il n’y aura pas de podcasts au mois de juillet.
On se retrouvera au mois d’août. Je me serai bien reposé et j’espère que je
pourrai vous proposer plein de nouveaux sujets intéressants et que vous
aurez envie de continuer à apprendre le français avec moi. Donc voilà, je
vous souhaite d’excellentes vacances et on se retrouve au mois d’août.
Bonnes vacances, salut !
47 Qu’est-ce que ça veut dire, “être français” ?
Episode 47 : qu’est ce que ça veut dire “être français” ?
[00:00:13] Salut à tous et bienvenue ! Je suis très content de vous retrouver
après cette longue pause. Si vous avez écouté le dernier épisode, j’avais
annoncé que je ne publierais pas d’épisode au mois de juillet pour me
reposer un peu. Mais voilà, maintenant je suis de retour, c’est le mois d’août.
Je suis très content de pouvoir à nouveau vous parler et j’espère que vous
vous êtes contents d’entendre ma voix !
[00:00:44] Je me suis préparé à un bon café que je vais boire en enregistrant
cet épisode. Les conditions sont idéales ! En fait, bon, il fait un peu chaud à
Varsovie parce qu’il fait 30 degrés depuis plusieurs semaines maintenant.
Mais voilà, je vais essayer de rester concentré pendant tout l’épisode. Je
suis sûr que ça va bien se passer.
[00:01:11] J’ai profité de cette pause pour me reposer un peu. Je suis allé
passer quelques jours à Berlin chez un ami et je dois dire que j’adore la
capitale allemande. C’est une ville qui est vraiment géniale. Elle est
multiculturelle, il y a beaucoup d’espaces verts et il y a de bons restos, de
bons bars et de bons cafés. C’est une ville qui est aussi moins chère que
Paris donc on peut vraiment se faire plaisir.
[00:01:43] D’ailleurs, c’est une ville qui est de plus en plus populaire chez les
jeunes Français et en général chez les jeunes Européens parce que pour
faire la fête, il n’y a pas de meilleur endroit en Europe ! Moi aussi, quand
j’étais un peu plus jeune, j’ai pas mal [quite a lot] fait la fête à Berlin mais
maintenant, quand j’y vais, c’est plutôt pour passer du temps avec mes amis,
pour boire des cafés, tester des nouveaux restaurants, etc.
[00:02:13] Bref, j’ai passé seulement quelques jours à Berlin
malheureusement et le reste du temps j’ai travaillé. Donc oui, je vous ai dit
que j’allais me reposer mais j’avais beaucoup de travail à faire pour mon
programme. Vous savez que je prépare un programme pour vous. Et voilà,
il y avait beaucoup de choses à faire et j’ai profité de ce mois de juillet un
peu plus calme pour vraiment me concentrer sur ça et pour avancer. J’ai fait
pas mal de progrès parce que la première semaine du programme est
terminée. Il me reste encore beaucoup de travail, il reste encore trois
semaines de contenus à faire parce que c’est un programme qui va durer un
mois.
[00:03:01] J’avais dit au départ qu’il durerait trois mois mais finalement je
vais publier la première partie de seulement un mois et on verra ensuite pour
le reste. Pour le moment, ce sont certains de mes élèves qui testent la
première semaine pour voir si tout est clair, s’ils ont des remarques et des
choses que je peux améliorer. Et si tout va bien, au mois de septembre je
pourrai enfin publier ce programme.
[00:03:34] Dans le dernier épisode avant la pause. Je vous avais demandé
si vous pourriez m’envoyer des enregistrements [recordings] de vous en
train de parler français pour que je puisse diffuser dans le podcast et c’est
ce qu’a fait Nick. Nick m’a envoyé son témoignage. J’étais très content de le
recevoir et maintenant je vais vous le faire écouter.
[00:04:03] “Salut Hugo,.
Je m’appelle Nick et j’habite en Écosse, au nord du Royaume Uni. Ma fille
est étudiante de français à l’université de St Andrews. En septembre, elle va
commencer une année de travail à Paris. Je suis très content pour elle.
Moi, quand j’avais 16 ans j’avais l’intention d’étudier le français et l’espagnol
à l’université. Malheureusement j’ai changé d’avis parce que, à cette
époque-là, il y avait une crise économique mondiale et du coup j’avais peur
qu’il serait [soit] difficile de trouver un boulot.
Cependant, l’été dernier, une famille française nous a rendu visite et j’ai
passé plein de temps en jouant avec les petits enfants. En fait, je les ai
gardés pendant que leur mère a passé une soirée avec ma femme et des
autres copines. Cette belle expérience m’a convaincu qu’il était temps de
recommencer mes études françaises. Autrement dit, je suis retombé
amoureux de la langue française.
[00:05:21] Hugo, tes podcasts ont été trop utiles pour moi. J’en ai beaucoup
profité en apprenant des nouvelles phrases et de nouveau vocabulaire.
L’autre chose qui m’a beaucoup aidé a été de trouver un partenaire de
langue en ligne, un Français qui veut apprendre l’anglais. Et alors, depuis 8
mois, chaque semaine je fais un appel par Skype avec Bernard, un chic type
qui habite au Jura. Typiquement, l’appel dure une heure : la moitié en anglais
et l’autre en français. Quelquefois j’utilise le sujet de ton podcast afin que je
puisse pratiquer les nouveaux trucs que j’ai appris de toi.
Récemment, Bernard m’a invité à lui rendre visite. Et alors, il y a cinq
semaines, j’ai passé quelques jours chez sa famille et il était un séjour
formidable. Le Jura est vraiment une belle partie de la France.
Merci encore Hugo et vivement le prochain podcast !“
[00:06:37] Vous voyez que Nick a acquis un très bon niveau de français
parce qu’il est proactif. Je dis qu’il est proactif parce qu’il a cherché un
partenaire d’échange pour pouvoir pratiquer le français chaque semaine. Et
ça, c’est vraiment excellent ! Parfois, les gens se cherchent un peu des
excuses pour ne pas parler français parce que, parler français, ça les pousse
à sortir de leur zone de confort. Donc ils se disent qu’ils n’ont pas les moyens
de prendre un professeur, qu’il n’y a pas d’école de Français dans leur ville,
ou qu’ils ne connaissent personne qui parle français.
[00:07:16] Mais ça, ça n’a pas arrêté Nick. Il s’est dit : “voilà je vais trouver
un partenaire d’échange sur internet” et c’est ce qu’il a fait. Et c’est comme
ça qu’il a rencontré Bernard. Bref, si vous avez envie d’améliorer votre
français, je vous encourage vraiment à sortir de votre zone de confort et à
trouver un partenaire d’échange avec qui vous allez pouvoir parler
régulièrement.
[00:07:45] Et je vous encourage aussi à m’envoyer votre enregistrement si
vous voulez que je le passe dans le podcast. Ça me fera très plaisir et je suis
sûr que ça motivera beaucoup les autres auditeurs.
[00:08:01] Avant d’attaquer notre sujet du jour [to tackle our topic of the day],
il y a un autre point que je voudrais aborder [to approach], c’est à dire à un
autre point que je voudrais traiter. Et, ça concerne une évaluation que j’ai
reçue sur iTunes il y a quelques jours. D’ailleurs, j’en profite pour remercier
tous ceux qui ont laissé des évaluations sur iTunes, sur Facebook ou bien
des commentaires sur YouTube. Merci beaucoup ! Ça me fait très plaisir de
savoir que mon podcast vous aide. Parmi ces évaluations que j’ai reçues, il
y en a une à laquelle je voudrais réagir.
[00:08:42] Cette évaluation disait que j’ai des idées de gauche que je
présente comme des faits. J’en profite pour vous dire que quand on parle de
politique on dit que quelqu’un est “de gauche” [left wing] ou “de droite” [right
wing]. Si vous avez des idées plutôt socialistes, vous dites : “je suis de
gauche”. Et si, au contraire, vous avez des idées plutôt libérales vous pouvez
dire que vous êtes “de droite”.
[00:09:12] Si vous écoutez ce podcast depuis un certain temps, vous savez
sûrement que j’ai des idées qui sont plutôt de gauche. Je ne m’en cache
pas[I’m not shy about it], ce n’est pas quelque chose que j’essaie de cacher,
de dissimuler, car je fais ces podcasts en toute honnêteté et assez souvent
je donne mon avis personnel sur les sujets que je traite.
[00:09:38] C’est vrai que j’essaye de présenter ces sujets avec différents
arguments, des arguments “pour” et des arguments “contre”, avec une
certaine structure (parce que c’est comme ça que j’ai appris à le faire à
l’école) mais ça ne veut pas dire que je suis objectif. Je ne suis pas
journaliste, je ne me considère pas comme ça. Je me considère peut-être
plutôt comme un éditorialiste. Autrement dit, quelqu’un qui donne son avis
dans les colonnes d’un journal.
[00:10:12] Si vous ne partagez pas mes idées, j’espère que vous pouvez
quand même profiter du podcast, au moins pour le côté linguistique. Parce
que, voilà, je ne veux discriminer personne mais ça ne veut pas dire que je
vais changer mes idées ou je vais faire semblant d’être quelqu’un
d’autre pour autant [for all that].
[00:10:35] D’ailleurs, je m’excuse par avance parce qu’aujourd’hui, on a
encore un sujet assez politique. Mais je vous promets que pour les prochains
épisodes, je vais essayer de traiter des sujets un peu moins polémiques.
[00:10:50] Le 15 juillet il s’est passé quelque chose d’assez important pour
la France et les Français. Et vous pouvez trouver ça peut être un peu bizarre
parce que vous savez que la fête nationale en France c’est le 14 juillet. Mais
cette année, le 15 juillet était peut-être plus important que le 14 parce que la
France a gagné la Coupe du monde.
[00:11:19] “Oui, oui nous sommes champions du monde ! Mais oui ! La
France est championne du monde. Regardez la fête : c’est la fête sur le
Champ-de-Mars, la fête sur les Champs Élysées. Les Bleus gagnent la
Coupe du monde. Victoire 4-2 à l’issu de la finale la plus improbable de
l’histoire de ce sport.“
[00:11:34] J’ai déjà fait un épisode sur le foot donc vous savez que pour les
Français, c’est quelque chose de très important. C’est plus qu’un sport, c’est
un vrai phénomène de société [social phenomenon]. Donc tous les Français
étaient très contents de cette deuxième victoire en Coupe du monde.
Maintenant la France a deux étoiles sur son maillot. Car si vous êtes un fan
de foot, vous savez que les pays qui ont remporté une Coupe du monde
peuvent mettre une étoile sur leur maillot [jersey]. Comme la France a gagné
la Coupe du monde en 1998 et, vingt ans plus tard, en 2018, alors elle a le
droit de mettre deux étoiles sur le maillot de ses joueurs.
[00:12:20] Cette victoire, ça a été un très bel évènement pour les Français.
Ils ont beaucoup fait la fête, ils ont célébré cette victoire et tout le monde
s’est réjoui d’être une nouvelle fois champion du monde. Mais à l’étranger, il
y a eu quelques réactions qui n’étaient pas aussi enthousiastes que les
réactions françaises, en particulier aux Etats-Unis. Il y a un présentateur
d’une émission de télé qui s’appelle Trevor Noah qui a profité de cette
victoire pour dire que c’était l’Afrique qui était championne du monde et non
pas la France. Ça a déclenché une grande polémique, notamment avec
l’ambassadeur de France aux Etats-Unis qui a réagi en envoyant une lettre
à ce présentateur.
[00:13:15] En fait, c’est de ça dont on va parler aujourd’hui. Qu’est ce que
ça veut dire exactement : “être français” ? Est-ce qu’on peut être français
quand on a des origines étrangères ? Et on va reparler encore une fois du
modèle d’intégration des immigrés et on va voir pourquoi le modèle
américain est radicalement différent du modèle français.
[00:13:41] Pourquoi Trevor Nova a déclaré que c’est l’Afrique qui a gagné la
Coupe du monde ? Il a dit ça parce qu’une grande partie des joueurs de
l’équipe de France ont des origines africaines. Ça ne veut pas dire qu’ils sont
nés en Afrique, parce que 21 des joueurs de l’équipe de France sont nés en
France sur les 23 joueurs au total. Mais certains sont la deuxième ou la
troisième génération d’immigrés d’origine africaine. Si vous avez écouté
l’épisode sur l’immigration, vous savez que dans les années 60 et 70, la
France a accueilli beaucoup d’immigrés qui venaient d’Afrique et en
particulier d’Afrique du Nord.
[00:14:30] Si Trevor Noah a dit ça, c’est parce que lui vient d’Afrique du Sud
et donc il a voulu célébrer le fait que des joueurs d’origine africaine ont
remporté la Coupe du monde. Mais ce que ce présentateur a voulu dire, c’est
surtout que la France doit mieux traiter ses immigrés. Les immigrés et leurs
enfants apportent beaucoup de richesses à la France. Que ce soit au niveau
de l’économie, du sport ou de la culture. Et parfois, on a l’impression qu’ils
ne sont pas récompensés, que la France n’est pas assez reconnaissante.
[00:15:12] Et il n’est pas le seul à penser ça. Il y a un professeur de droit de
l’Université de Detroit qui s’appelle Khaled Beydoun qui a tweeté après la
victoire de l’équipe de France un tweet qui est devenu viral, qui est devenu
très populaire et que je vais vous lire maintenant. Originalement il était en
anglais mais je l’ai traduit en français pour vous.
[00:15:44] “Chère France,.
Félicitations pour avoir gagné la Coupe du monde.
80% de ton équipe est africaine, arrête avec le racisme et la xénophobie.
50% de ton équipe est musulmane, arrête avec l’islamophobie.
Les Africains et les Musulmans t’ont offert une deuxième Coupe du monde.
Maintenant fais-leur justice.”
[00:16:10] Donc Trevor Noah et Khaled Beydoun ont utilisé cet évènement,
la victoire de la France, pour dénoncer le racisme et la xénophobie qui
existent dans ce pays. Les Français ont été très choqués et surpris par ces
attaques parce que normalement, c’est le genre d’argument qui est utilisé
par les militants et les politiciens d’extrême droite. Les personnes d’extrême
droite disent par exemple qu’il y a trop de Noirs en équipe de France et que
des joueurs noirs ne sont pas vraiment français. Donc c’était bizarre
d’entendre cet argument dans la bouche d’un Sud-Africain noir, Trevor
Noah, et d’un Musulman, Khaled Beydoun.
[00:17:02] Je vous avais dit dans l’épisode sur le foot qu’en 1998, on avait
aussi instrumentalisé et politisé la victoire de la France. On avait dit que
c’était la victoire de son modèle d’intégration parce que l’équipe était blackblanc-beur. Il y avait des joueurs noirs, des joueurs blancs et des joueurs
arabes. Cette fois, les Français, et en particulier les journalistes, n’ont pas
voulu faire la même erreur. Donc ils n’ont pas instrumentalisé cette nouvelle
victoire de l’équipe de France. On n’a pas parlé de la question de race ou de
couleur de peau. Les Français étaient simplement très contents et
très fiers [proud] de leur équipe et de leurs joueurs.
[00:17:52] L’ambassadeur de France aux Etats-Unis a réagi à cette
remarque de Trevor Noah et il lui a envoyé une lettre. Dans cette lettre, il
expliquait quelque chose d’assez important. Il disait : “contrairement aux
Etats-Unis, la France ne prend pas en compte la race ni la religion de ses
citoyens.” Et c’est là, la grande différence entre la France et les Etats-Unis
au niveau de leur modèle d’intégration.
[00:18:25] Quand Noah dit que ces joueurs sont africains, c’est un peu
comme dire qu’une personne de couleur ne peut pas être française. Ça, ça
a beaucoup énervé certains sportifs de couleur qui ont réagi pour dire qu’ils
se sentaient français, notamment un joueur français qui joue au basket en
NBA qui s’appelle Nicolas Batum, qui a déclaré assez violemment qu’il était
français et fier de l’être, même si son père était camerounais. Et certains
sportifs français ont aussi demandé si quand l’équipe de basket américaine
gagne les Jeux olympiques, on doit dire que c’est l’équipe africaine qui a
gagné. C’est un peu le même débat.
[00:19:15] Mais ce qui est vraiment intéressant dans cette polémique, c’est
qu’elle permet de comprendre les deux visions françaises et américaines sur
la question de l’intégration. Ce sont deux visions qui sont radicalement
opposées au niveau philosophique et au niveau politique. Encore une fois,
j’ai déjà un peu parlé de ça dans l’épisode sur l’immigration en France
(l’épisode numéro 38).
[00:19:41] Donc pour résumer, on a d’un côté le modèle américain (le
modèle anglo-saxon on peut dire parce que c’est le même en GrandeBretagne) qui est le modèle du multiculturalisme. Dans la société, il existe
différentes communautés qui ont différentes origines et on ne les force pas
à s’intégrer. Elles peuvent conserver leur culture et vivre en communauté
dans la société.
[00:20:10] Au contraire, en France, on a un modèle qui est le modèle de
l’assimilation. Les immigrés sont obligés de s’assimiler. Ils sont obligés de
s’intégrer à la société française en adoptant l’identité française. C’est pour
cela que l’ambassadeur français a dit dans sa lettre à Trevor Noah qu’en
France, on ne prend pas en compte [we don’t take into account] ni la race ni
la religion ni les origines de ses citoyens. Ça, c’est quelque chose qui
appartient à la vie privée mais aux yeux de l’Etat français, il n’existe pas
différentes catégories de Français. Soit on est français (on a la citoyenneté
française), soit on ne l’est pas. Si nos parents sont des immigrés africains
ou si on est juif, musulman ou catholique, ça n’a aucune importance. Ce qui
compte [what matters], c’est seulement d’avoir la citoyenneté française.
[00:21:15] S’il y a ce modèle en France, c’est parce qu’on pense que c’est le
meilleur moyen de combattre la xénophobie. On dit que la religion, la couleur
de peau, les origines, n’ont aucune importance [don’t matter at all].
D’ailleurs, est-ce que vous savez comment on peut obtenir la nationalité
française ? Je vais vous expliquer ça maintenant.
[00:21:38] La première façon, c’est avec ce qu’on appelle le droit du sang.
Le sang, vous savez, c’est ce liquide rouge qui se trouve à l’intérieur de notre
corps. Le droit du sang, ça veut dire qu’au moins un des deux parents est
français. Si au moins un de vos deux parents est français, alors vous avez
automatiquement la nationalité française.
[00:22:05] Ensuite, il y a le droit du sol [ground]. Ça, c’est quand un enfant
est né en France avec au moins un de ses parents né en France lui aussi,
même si ce parent n’a pas la nationalité française. À la majorité, une fois que
l’enfant a 18 ans, s’il est né en France (même avec des parents étrangers)
et qu’il a vécu en France toute sa vie, alors quand il a 18 ans il acquiert la
nationalité française.
[00:22:40] Une autre solution, c’est de se marier avec un Français ou une
Française. Après quatre ans de mariage, on peut faire la demande pour
obtenir la nationalité française.
[00:22:53] Et puis dans certains cas, si on est réfugié politique ou autre, on
peut aussi demander la naturalisation, c’est à dire demander cette nationalité
française.
[00:23:07] Le problème majeur avec ce modèle, comme je l’ai déjà dit, c’est
que c’est difficile de concilier ses deux identités. Si vous voulez célébrer vos
racines, vos origines, vous pouvez avoir l’impression de ne pas avoir la place
pour le faire en France, parce que c’est vraiment quelque chose qui
appartient à la vie privée et ce n’est pas du tout valorisé aux yeux de l’Etat.
L’Etat veut simplement que la personne adopte complètement son identité
française. Le reste, ça n’a aucune importance.
[00:23:47] Donc pour certaines personnes ça peut vraiment être quelque
chose de désagréable d’avoir cette impression de devoir oublier
ses racines [roots] et de se transformer complètement en français ou en
française. On peut dire que c’est le revers de la médaille [the other side of
the coin]. Le revers de la médaille, c’est le côté négatif d’une chose qui était
au départ positive. Le revers de la médaille. Une médaille, vous savez, c’est
comme quand on gagne aux Jeux olympiques, les athlètes reçoivent une
médaille, et le revers, ça veut dire : “l’autre côté de la médaille”.
[00:24:29] Cette polémique, elle a fait écho à une décision politique assez
symbolique qui a été prise en France au mois de juillet. Cette décision, c’était
de faire disparaître le concept de race de la Constitution française. C’était un
concept qui avait été adopté en 1946 en réponse au nazisme. Dans l’article
1er de la Constitution française : “La France assure l’égalité devant la loi de
tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine, de race ou de religion”.
C’était une réponse au régime du troisième Reich et il y avait cette volonté
très claire de ne plus discriminer quelqu’un en fonction de sa race.
[00:25:21] Mais il y a des députés, en particulier des députés des DOM TOM
(c’est-à-dire des régions françaises d’outre mer) qui pensent que le concept
de race n’a pas sa place dans la Constitution parce que maintenant, on peut
avoir l’impression que ce concept est surtout utilisé par les racistes et les
xénophobes justement. En plus, la communauté scientifique s’accorde de
plus en plus pour dire que ce concept n’a pas vraiment de validité. Le
concept de race n’a pas de validité scientifique. D’ailleurs, pour les Français,
c’est assez choquant qu’aux Etats-Unis, sur ses documents d’identité, on a
notre race qui est mentionnée (comme “caucasien”, “asiatique”, etc.).
[00:26:13] Donc maintenant, en France, on considère qu’il n’existe qu’une
seule race : la race des humains. Et la couleur de peau et les autres
différences n’ont aucune importance. Ça, c’est une décision qui est assez
symbolique mais comment on peut lutter contre le racisme dans la réalité ?
Faire disparaître le concept de race de la Constitution, ça ne veut pas dire
que ça va faire disparaître le racisme. Le racisme et la xénophobie existent
bel et bien [there really are] en France. Pour moi, c’est assez facile de
soutenir ce concept, de dire qu’il n’existe qu’une seule race parce que je suis
un homme blanc. Donc, en général, je suis plutôt privilégié.
[00:26:59] C’est difficile de lutter contre le racisme et la xénophobie
notamment parce qu’on ne peut pas faire d’études. On ne peut pas avoir de
statistiques précises sur la discrimination. Comme il n’existe pas de concept
de race, on ne peut pas avoir d’indicateur précis pour dire que les personnes
de couleur sont discriminées en France quand elles cherchent du travail, par
exemple. On ne peut pas avoir de politique de discrimination positive, de
quotas, comme aux Etats-Unis. C’est une limite importante du système. En
théorie, cet universalisme des principes de la République française, c’est
quelque chose de très beau et de très noble, mais c’est mal adapté à la
réalité du terrain. ça n’est pas quelque chose de très pragmatique pour lutter
contre la discrimination.
[00:27:55] En conclusion, je voudrais dire que malheureusement, la
xénophobie et le racisme existent toujours en France. Par exemple, la
majorité des Français est hostile à l’accueil des réfugiés (des réfugiés
syriens ou des réfugiés qui viennent de pays africains).
[00:28:15] Mais il y a aussi des signes positifs, des signes plus
encourageants. Par exemple, il y a un rapport de la Commission nationale
consultative des droits de l’homme qui a été publié en 2017 qui montre que
malgré les attentats en France, le racisme, la xénophobie, l’islamophobie et
l’antisémitisme ont tendance à reculer. Il y a de moins en moins de Français
qui appartiennent à ces catégories.
[00:28:46] Et un autre signe encourageant dont j’avais déjà parlé dans
l’épisode sur l’immigration, c’est qu’il y a de plus en plus de mariages mixtes
en France (autrement dit de Français qui se marient avec des Français qui
ont des origines étrangères ou des couleurs de peau différentes). Tout ça,
ça fait que la France se métisse. Donc on ne peut plus dire que pour être
français, il faut être blanc. Il y a beaucoup de Français de couleur, il y en a
de plus en plus d’ailleurs et à mon avis, c’est très bien comme ça.
[00:29:23] Malgré ça, je ne veux pas nier qu’il existe toujours des
discriminations et la réalité quotidienne est assez difficile pour certaines
personnes qui appartiennent à ces communautés. Donc on a encore du pain
sur la planche. “Avoir du pain sur la planche”, c’est une expression qui veut
dire qu’on a encore beaucoup de travail à faire. Avoir du pain sur la
planche [to have a lot on your plate].
[00:29:54] C’est tout pour aujourd’hui, je vais m’arrêter là. Pour finir, je
voulais vous remercier encore une fois pour les évaluations que vous m’avez
laissées sur iTunes, Facebook, etc. Et si vous ne l’avez pas encore fait, je
vous encourage à le faire parce que ça m’aide beaucoup. Ça m’aide à faire
découvrir le podcast a encore plus de personnes pour pouvoir aider toujours
plus de gens à apprendre le français. On se retrouve dans deux semaines
pour un nouvel épisode et en attendant, n’oubliez pas de faire un peu de
Français tous les jours. À bientôt, salut !
Pour m’aider, vous pouvez laisser une évaluation sur iTunes.
Merci !
48 Pourquoi je suis devenu végan
00:00:12] Salut à tous et à toutes, c’est Hugo. Je vous souhaite la bienvenue
pour ce nouvel épisode. Si c’est la première fois que vous m’écoutez, sachez
que ce podcast est fait pour les personnes qui apprennent le français et qui
ont un niveau intermédiaire. Dans ce podcast, j’essaye de vous parler de
différents sujets que je trouve intéressants et je vous parle seulement en
français pour vous aider à améliorer votre compréhension orale du français.
[00:00:45] Et pour commencer cet épisode, je vais vous faire écouter
un enregistrement [recording] que j’ai reçu de la part d’une auditrice [from a
listener] du podcast qui s’appelle Masoomeh. Masoomeh, c’est une fidèle
auditrice parce qu’elle m’avait déjà envoyé un email en janvier. Donc voilà,
ça veut dire qu’elle écoute le podcast depuis un certain temps. Masoomeh a
une vie très intéressante parce qu’elle est née en Iran mais elle a la
nationalité américaine et actuellement elle vit en Australie.
[00:01:22] Cher Hugo,
Merci beaucoup d’être si généreux avec ton temps et tes efforts. Tes
podcasts sont un cadeau que j’apprécie beaucoup et j’apprends un peu le
français chaque fois que je les écoute. Je souhaiterais vraiment que tous les
Français parlent plus comme toi. Ton accent est très clair et je comprends
tout ce que tu dis. J’apprécie aussi les sujets que tu choisis et j’apprends
quelque chose de nouveau chaque fois que je t’écoute.
Puis-je suggérer un sujet d’intérêt ? J’admire l’un de tes compatriotes depuis
quelques années maintenant; connais-tu Matthieu Ricard ? Il a un célèbre
livre que j’adore : L’art du bonheur. Je pense que c’est un sujet fascinant qui
pourrait intéresser tout le monde.
Merci encore pour tout ce que tu fais et j’espère que tu as passé
d’excellentes vacances.
Masoomeh
[00:02:30] Merci beaucoup Masoomeh pour ton enregistrement ! Ça me fait
très plaisir d’entendre que tu apprécies le podcast que tu le trouves utile. Je
sais qu’il y a beaucoup d’auditeurs qui aimeraient que tous les Français
parlent comme moi parce que ça rendrait [it would make] leur apprentissage
du français plus facile. Mais malheureusement, comme vous le savez, ça
n’est pas le cas. D’ailleurs, si c’était le cas, moi je serais peut-être au
chômage [unemployed] ! C’est vrai que j’adapte un peu ma façon de parler
pour que ce soit plus facile à comprendre. Mais, progressivement, au fur et
à mesure des épisodes, vous avez peut-être remarqué que j’essaye de
parler un peu plus vite parce que je sais que vous faites des progrès en
écoutant ce podcast donc moi, je vais essayer d’adapter mon niveau et de
progresser avec vous.
[00:03:28] Bref, je sais que c’est difficile de comprendre les Français. Il y a
plusieurs raisons pour ça. Et c’est d’ailleurs une des leçons qu’il va y avoir
dans
mon
programme.
Vous
savez
peut-être
que
je
travaille actuellement [currently] sur un programme que je vais vendre sur
mon site (normalement au mois de septembre, si tout va bien) et dans la
première semaine de ce programme, il y a une leçon qui explique pourquoi
ça semble si difficile de comprendre les Français quand ils parlent, et
comment faire pour dépasser, pour surmonter [to overcome], cette difficulté.
[00:04:07] Comme vous l’imaginez, il n’y a pas de solution magique. Moi, en
général, je ne crois pas aux solutions magiques. Il faut, comme je le répète
souvent, passer beaucoup de temps avec la langue et essayer de tolérer
l’ambiguïté. Tolérer l’ambiguïté, ça veut dire accepter de ne pas tout
comprendre. Quand on apprend une langue, c’est normal de ne pas
comprendre 100% de ce qu’on entend et il ne faut pas paniquer. Il faut
essayer de se concentrer sur les mots qu’on comprend pour donner du sens
à la phrase. Et, en général, notre cerveau [our brains] est très bon pour ça.
Notre cerveau a cette capacité à interpréter les éléments pour leur donner
du sens. Donc ne paniquez pas. Faites confiance à votre cerveau.
Concentrez-vous sur le message de la personne qui parle et petit à petit, en
progressant, ça va devenir de plus en plus facile pour vous de comprendre
les Français.
[00:05:15] Masoomeh, dans son enregistrement, elle parle d’un de mes
compatriotes, c’est-à-dire d’un autre français qui s’appelle Matthieu Ricard.
Je vous ai déjà parlé de Matthieu Ricard dans l’épisode 26 du
podcast (c’était l’épisode sur les 8 choses que font les gens heureux). Et
Matthieu Ricard, c’est quelqu’un de vraiment très intéressant. C’est un
docteur en génétique cellulaire mais il s’intéresse surtout beaucoup à la
spiritualité. D’ailleurs, il s’est installé dans l’Himalaya quand il avait 26 ans et
il est devenu un moine bouddhiste quelques années plus tard. C’est
quelqu’un qui s’intéresse beaucoup aux questions sur l’altruisme, la
compassion, le bonheur, la méditation, l’environnement. Et sur internet, vous
pouvez trouver beaucoup d’articles, de vidéos, d’interviews avec lui, dans
lesquels vous allez pouvoir découvrir sa pensée. Si ce sont des sujets qui
vous intéressent, je vous encourage vraiment à le faire. Tapez “Matthieu
Ricard” dans Google et vous allez trouver plein de choses très intéressantes.
[00:06:34] À part ces sujets que j’ai mentionnés, il y a un autre thème qui est
très important pour Matthieu Ricard, c’est la défense des animaux et le
véganisme. Ça, c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup moi aussi
et dont [parler de ce sujet] j’ai décidé de vous parler aujourd’hui.
[00:06:54] J’ai longtemps hésité avant de faire cet épisode parce que, pour
moi, c’est quelque chose d’assez personnel car je suis devenu végan il y a
deux ans. C’est quelque chose qui est très important à mes yeux et j’avais
envie de [I wanted to] partager ça avec vous, de vous expliquer pourquoi et
comment je suis devenu végan. Mon but, ça n’est pas de vous convaincre
de faire la même chose (même si ça me ferait très plaisir de savoir que vous
avez décidé d’essayer le véganisme !). Mon but, ici, c’est simplement de
partager une histoire personnelle avec vous et j’espère qu’elle va vous
intéresser.
[00:07:40] Quand j’étais petit, j’ai reçu une éducation à la française, une
éducation 100% française ! Ça veut dire que pendant les repas, il y avait
presque toujours de la viande. En fait, je dirais même qu’il y avait toujours
de la viande. À un moment, j’ai arrêté de manger du poisson, quand j’avais
7 ans. Je ne me souviens pas bien pourquoi mais ça a été une réaction
vraiment très radicale et du jour au lendemain [overnight], j’ai décidé
d’arrêter complètement le poisson. Je détestais le goût, je trouvais que c’était
dégoûtant. Donc, au repas, que ce soit au déjeuner ou au dîner, j’avais
toujours de la viande et des légumes.
[00:08:30] Il faut savoir que la viande a une place très importante dans la
cuisine française. C’est souvent le plat principal [the main dish] d’un repas.
Et les Français ont tendance à associer la viande au plaisir et
au partage [sharing]. Par exemple, on organise souvent des barbecues l’été
comme aux Etats-Unis et dans d’autres pays occidentaux. Et le barbecue,
c’est l’exemple typique du partage : on cuit [we cook] la viande tous
ensemble sur le barbecue et on la partage entre les différents invités. Bref,
les Français pensent que la viande a une dimension conviviale et qu’un
repas festif, un bon repas avec des amis, ça doit être un repas avec de la
viande.
[00:09:23] D’ailleurs, moi mon plat préféré avant, c’était le steak tartare. Le
steak tartare, peut-être que vous connaissez, c’est un steak avec de la
viande crue[raw]. On dit que la viande est crue quand elle n’est
pas cuite [cooked], ça veut dire quand on la mange directement sans la cuire
ni au barbecue, ni au four [in the oven], ni à la poêle [in a frying pan]. Le
steak tartare, c’est vraiment un plat pour les carnivores.
[00:09:55] Et à cette époque, j’avais parfois quelques amis végétariens. Ma
réaction c’était souvent de me moquer d’eux [to make fun of them]. C’est
quelque chose qu’on fait assez souvent en France. On dit que les
végétariens sont des lapins, qu’ils mangent seulement de l’herbe des
carottes. Bref, on a tendance à ne pas vraiment les prendre au sérieux. Et
moi, c’était aussi l’attitude que j’avais à cette époque. Plus tard, j’ai compris
que me moquer de mes amis végétariens, c’était une façon pour moi de les
discréditer pour ne pas les prendre au sérieux, et surtout pour ne pas me
remettre en cause [to question / challenge myself], pour ne pas questionner
la façon dont je mangeais.
[00:10:43] C’est assez facile pour nous d’accepter que certaines personnes
n’aiment pas certains goûts (par exemple comme moi qui n’aimait pas le
poisson), mais c’est plus difficile d’accepter quand quelqu’un questionne la
valeur morale de nos choix. Parce que, quand on est face à un végétarien
ou un végan, le simple fait qu’il soit présent, sa simple présence, peut
constituer une forme d’attaque vis-à-vis de [regarding] nous et vis-à-vis de
nos décisions.
[00:11:20] Et manger, c’est un plaisir donc ce n’est pas quelque chose qu’on
a envie de remettre en question. On considère qu’il n’y a pas vraiment de
valeur morale là-dedans, c’est juste une habitude comme conduire une
voiture, aller à l’école, sortir avec ses amis, etc. Et moi, jusqu’à il y a deux
ans, c’était exactement l’attitude que j’avais. J’adorais la viande, j’adorais le
goût de la viande. J’étais très content d’en manger autant que je voulais [as
much as I wanted] et j’avais pas envie que quelqu’un critique ma
consommation de viande.
[00:11:59] Mais vous savez peut-être que la meilleure façon de détruire un
système, c’est de le faire exploser de l’intérieur. Et c’est exactement ce qui
m’est arrivé [what happened to me]. Il y a une végétarienne qui s’est infiltrée
dans ma vie. Cette végétarienne, c’était ma copine. Au départ, elle n’avait
pas l’air très dangereuse donc je ne me suis pas méfié, je n’ai pas fait
attention [I wasn’t careful]. À vrai dire, elle ne faisait pas vraiment de
commentaires sur mes choix. Elle me laissait manger de la viande quand je
voulais. Elle ne faisait pas de critiques directes. Autrement dit, elle avait une
très bonne stratégie. Pour moi, c’était assez facile de ne pas faire attention
aux choix de ma copine parce qu’elle avait grandi en étant végétarienne. Elle
avait été végétarienne toute sa vie parce que ses parents l’avaient
élevée [had raised her] comme ça. Donc pour moi, c’était simplement une
question d’éducation, une sorte de différence culturelle. Donc j’y faisais pas
vraiment attention.
[00:13:11] Mais progressivement, les ennuis ont commencé à arriver. On
s’est mis à parler un peu plus souvent de ce sujet, de la consommation de
viande. Et c’est vrai qu’au fur et à mesure des discussions, je me suis rendu
compte que [I realized that] ma copine avait des arguments plutôt
convaincants, elle avait des bons arguments.
[00:13:33] Par exemple, parfois, elle me demandait pourquoi j’adorais
tellement les chiens et les chats mais je mangeais des cochons (c’est-à-dire
du porc), parce que les études montrent que les cochons [pigs] sont plus
intelligents que les chiens. Donc c’est un peu bizarre de considérer certains
animaux comme des animaux domestiques, de les traiter comme des
membres de la famille, et d’un autre côté de considérer d’autres espèces
animales comme de la nourriture. C’est vrai que ça ne nous viendrait pas à
l’esprit [it wouldn’t come to our mind to] de manger des membres de notre
famille ! En plus, il faut savoir que je suis quelqu’un qui adore les animaux.
J’ai toujours eu des chiens et des chats à la maison. Donc pour moi, c’était
horrible d’imaginer que, dans certains pays, les gens mangeaient des chiens
et des chats. Mais c’est vrai que, quand on y pense, c’est tout aussi bizarre
de manger des cochons, des lapins, des poulets ou des bœufs que de
manger des chiens ou des chats. C’est simplement une différence culturelle.
Objectivement, ça n’est pas plus bizarre de manger un chien que de manger
un cochon. Donc pourquoi dans un cas c’était une chose que je trouvais
horrible et, dans l’autre, une chose qui me semblait tout à fait normale ?
[00:15:01] Avec ce genre de questions, ma copine a commencé à semer le
doute en moi. “Semer le doute“, c’est une très jolie expression. “Semer” [to
sow], c’est un verbe qu’on utilise par exemple quand vous prenez
des graines[seeds] pour faire pousser quelque chose. Vous semez les
graines dans un champ. Et si vous arrosez [to water] et si vous vous occupez
bien de ces graines, après un certain temps, ça donne des légumes ou des
fleurs par exemple. C’est la même chose avec “semer le doute”. Quelqu’un
commence à vous poser quelques questions et il y a le doute qui naît dans
votre tête. Et avec le temps, ce doute devient de plus en plus grand. C’est
ça, l’expression “semer le doute”.
[00:15:53] J’ai commencé à me poser pas mal de [quite
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