Bruit des ventilateurs Partie 2 par Alain GUÉDEL Ingénieur de l’École supérieure des sciences et technologies de l’ingénieur de Nancy Docteur ès sciences Expert en aéroacoustique au Centre technique des industries aérauliques et thermiques (CETIAT) 1. 1.1 1.2 1.3 Sources de bruit d’un ventilateur ....................................................... Bruit aérodynamique................................................................................... Bruit du moteur électrique.......................................................................... Bruit mécanique........................................................................................... BM 4 178 - 3 — 3 — 3 — 3 2. 2.1 Bruit aérodynamique............................................................................... Origine .......................................................................................................... 2.1.1 Hélicoïdes ............................................................................................ 2.1.2 Centrifuges .......................................................................................... 2.1.3 Hélico-centrifuges............................................................................... 2.1.4 Tangentiels .......................................................................................... Mécanismes générateurs de bruit.............................................................. 2.2.1 Sources de bruit aérodynamique d’une turbomachine .................. 2.2.2 Bruit de charge périodique (raies)..................................................... 2.2.3 Bruit associé à l’ingestion de turbulence (large bande) .................. 2.2.4 Bruit propre des pales (large bande et bande étroite)..................... 2.2.5 Bruit associé au jeu périphérique...................................................... Moyens de réduction du bruit .................................................................... 2.3.1 Hélicoïdes et hélico-centrifuges ........................................................ 2.3.2 Centrifuges .......................................................................................... 2.3.3 Tangentiels .......................................................................................... — — — — — — — — — — — — — — — — 3 4 4 4 5 5 5 5 6 7 8 10 10 10 13 14 Lois de similitude..................................................................................... Lois de similitude aéraulique...................................................................... Lois de similitude acoustique ..................................................................... 3.2.1 Formules de transposition ................................................................. 3.2.2 Décomposition du spectre en une fonction « source » et une fonction « réponse du circuit » .............................................. — — — — 14 15 15 15 — 16 4. Estimation du spectre de puissance acoustique ............................ — 17 5. 5.1 Méthodes normalisées de mesure du bruit ...................................... Bruit externe................................................................................................. 5.1.1 Chambre réverbérante ....................................................................... 5.1.2 Surface enveloppante ........................................................................ 5.1.3 Intensimétrie acoustique.................................................................... 5.1.4 Plénum Mylar...................................................................................... Bruit en conduit ........................................................................................... — — — — — — — 17 18 18 18 19 19 19 Effet d’installation acoustique............................................................. Définitions, causes et exemples ................................................................. Effet d’impédance........................................................................................ 6.2.1 Causes et caractéristiques principales.............................................. 6.2.2 Prévision.............................................................................................. Effet d’écoulement....................................................................................... — — — — — — 20 20 21 21 21 22 2.2 2.3 3. 3.1 3.2 5.2 6. 6.1 6.2 6.3 Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BM 4 178 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 1 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ e bruit d’un ventilateur provient en tout premier lieu des phénomènes aérodynamiques instationnaires associés à l’interaction des pales et des parties fixes avec l’écoulement. Selon les types de ventilateurs — qui ont été décrits dans la première partie [BM 4 177] —, différents mécanismes sont à l’origine du bruit aérodynamique, dont certains commencent à pouvoir être modélisés. Des méthodes de réduction de bruit adaptées existent. Compte tenu de la complexité du sujet, beaucoup de zones d’ombre subsistent néanmoins dans la compréhension et la prévision du bruit des ventilateurs, notamment du bruit large bande qui contribue souvent de façon prépondérante au niveau de bruit global. Des voies de recherche prometteuses se dessinent dans ce domaine du fait des progrès réalisés en matière de simulation numérique des écoulements instationnaires et de modélisation des sources aéroacoustiques. Pour réduire le bruit d’un appareil ou d’un circuit dans lequel est inséré un ventilateur, il ne suffit pas de diminuer le bruit du ventilateur seul, il faut veiller aussi à minimiser l’effet d’installation, qui se traduit le plus souvent par une hausse du niveau sonore. Des moyens existent qui permettent de prévoir et de réduire cet effet. L Notations et symboles Symbole Unité a B BW m2 c c0 CL D d e f fc F FPP He I k K1 K2 KW m m/s L Lp LW M N n p p0 pd ps pt P Pr Définition Hz m m m Hz Hz N Hz W/m2 m–1 dB dB dB m dB dB tr/s ou Hz Pa Pa Pa Pa Pa W W BM 4 178 − 2 constante de salle nombre de pales de la roue largeur de filtre tiers d’octave (ou octave) corde célérité du son coefficient de portance instationnaire diamètre espacement entre deux pales épaisseur de profil au bord de fuite fréquence fréquence de coupure d’un conduit force fluctuante fréquence de passage de pales nombre d’Helmholtz intensité acoustique nombre d’onde correction de bruit de fond correction de site niveau de puissance acoustique spécifique largeur de roue de centrifuge niveau de pression acoustique niveau de puissance acoustique nombre de Mach vitesse ou fréquence de rotation rang d’harmonique de bruit pression acoustique pression acoustique de référence pression dynamique pression statique pression totale puissance puissance à la roue Notations et symboles Symbole Unité Définition qv r rr R m3/s débit volumique distance entre source et observateur rayon de la roue coefficient de réflexion rapport de moyeu nombre d’encoches du rotor rang d’harmonique de charge surface fonction de transfert dynamique nombre de Strouhal vitesse acoustique vitesse d’entraînement vitesse de convection vitesse d’entraînement en bout de pale vitesse absolue nombre d’aubes de redresseur vitesse relative puissance acoustique puissance acoustique de référence impédance acoustique impédance réduite coefficient d’absorption coefficient de débit épaisseur de couche limite épaisseur de déplacement ouverture réduite épaisseur du sillage de la pale rendement longueur d’onde acoustique échelle intégrale de turbulence coefficient de pression masse volumique vitesse angulaire angle R moyeu Rr s S Se Sr u U Uc Ut V VS W Wa W0 z Z α δ δcl δ* Φ γ η λ Λ µ ρ Ω ψ m m m2 m/s m/s m/s m/s m/s m/s W W Pa · s · m–3 m m m m m kg/m3 rad/s rad Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS 1. Sources de bruit d’un ventilateur Le bruit d’un ventilateur est dû à trois types de sources : — bruit aérodynamique (§ 1.1) ; — bruit du moteur électrique d’entraînement (§ 1.2) ; — bruit mécanique (§ 1.3). fréquences particulièrement audibles (2 à 6 kHz), mais également de l’adaptation du variateur au moteur. En revanche, une modification de vitesse à l’aide d’un variateur de tension n’engendre pas de bruit, mais la plage de variation de vitesse obtenue avec un tel dispositif est sensiblement plus réduite que celle couverte avec un variateur de fréquence. 1.3 Bruit mécanique 1.1 Bruit aérodynamique Le bruit mécanique, qui peut être gênant notamment à basse vitesse de rotation, a plusieurs causes, les principales étant : Le bruit aérodynamique, dû à l’interaction de l’écoulement avec les pales et les parties fixes du ventilateur, est celui qui nous intéresse en priorité ici car il est prédominant par rapport aux deux autres dans la grande majorité des cas. Nous y revenons de façon détaillée au paragraphe 2. — les vibrations induites par un balourd (mauvais équilibrage de la roue, défaut d’alignement...), qui se produisent à la fréquence de rotation N et éventuellement ses harmoniques. Ces vibrations se transmettent par voie solidienne au support et à l’enveloppe du ventilateur, qui peuvent alors rayonner du bruit ; — le bruit de paliers. Ceux-ci peuvent être lisses ou à roulements. Les paliers lisses sont généralement assez silencieux à condition que leur lubrification soit correcte. Les paliers à roulement sont susceptibles d’émettre du bruit si les billes ou les aiguilles sont usées ; — le bruit de l’accouplement entre le moteur et la roue. Celui-ci n’est généralement pas une source de bruit importante. L’accouplement joue cependant un rôle majeur dans la transmission des vibrations entre le moteur et la roue. Pour réduire cette transmission solidienne, on utilise généralement un accouplement souple ; — le bruit de la courroie de transmission dans le cas d’un entraînement indirect. Là encore, le bruit est plutôt d’origine solidienne, avec un risque de rayonnement des structures métalliques entourant l’ensemble poulies-courroie lorsque des vibrations sont générées par un défaut sur l’un de ces éléments. Un carter de protection de courroie grillagé rayonne moins de bruit qu’un carter en tôle pleine. 1.2 Bruit du moteur électrique Les moteurs d’entraînement des ventilateurs sont principalement des moteurs à courant alternatif à induction, monophasés pour les petites puissances et triphasés au-delà de quelques centaines de watts. On trouve également des moteurs à courant continu, bien adaptés pour faire varier la vitesse de rotation du ventilateur. Cette solution reste cependant encore onéreuse par rapport à un moteur à courant alternatif équipé d’un variateur de vitesse. Le bruit du moteur a plusieurs origines (voir par exemple [BM 4 179]) : — bruit des paliers ; — bruit du ventilateur de refroidissement, lorsqu’il y en a un ; — bruit magnétique associé aux variations de forces engendrées par la variation du champ magnétique (ou champ d’entrefer) entre le rotor et le stator. Ces forces provoquent des vibrations dans la structure du moteur (paquet de tôles du stator, enveloppe du moteur) qui émet alors du bruit aérien et, le cas échéant, du bruit solidien. Dans ce dernier cas, les vibrations du moteur sont transmises à l’enveloppe du ventilateur via les bras supports et c’est l’enveloppe qui rayonne du bruit. Le bruit magnétique est généralement prédominant par rapport aux deux autres sources de bruit du moteur. Le spectre du bruit magnétique comporte des raies à des fréquences multiples de la fréquence de rotation N, en particulier à la fréquence R r N (où R r est le nombre d’encoches du rotor), ainsi que des harmoniques de la fréquence double du réseau 2nf 0 (où n = 1, 2, 3, ... et f 0 = 50 Hz en Europe). Des fréquences d’intermodulation peuvent également apparaître, telles que f = R rN ± 2nf 0 . La réduction du bruit des moteurs électriques est du ressort des fabricants de moteurs qui disposent d’un certain savoir-faire basé sur l’expérience, mais la prévision du bruit dès la conception reste encore problématique. Sur le plan pratique, on constate que le bruit de moteur peut devenir prépondérant lorsque l’on réduit la vitesse de rotation du ventilateur. En effet, l’évolution du niveau de bruit du moteur en fonction de la vitesse de rotation est très différente de celle du bruit aérodynamique, ce dernier décroissant beaucoup plus vite avec la vitesse que le bruit magnétique ou mécanique. Enfin, signalons que l’emploi d’un variateur de fréquence pour modifier la vitesse de rotation d’un moteur à induction triphasé peut engendrer un rayonnement acoustique très important du moteur (bruit aérien), se traduisant par un peigne de raies à des fréquences autour de la fréquence de découpage du signal d’alimentation du moteur. Le bruit émis dépend du variateur, en particulier si la fréquence de découpage est dans la plage des 2. Bruit aérodynamique Le bruit aérodynamique des ventilateurs est le bruit résultant de mécanismes d’interaction entre l’écoulement et les parties fixes et tournantes du ventilateur. À ce stade, il convient de préciser que le bruit aérodynamique intervient sur les trois voies de propagation aérienne, solidienne et en conduit. Le niveau de bruit solidien est cependant souvent du second ordre par rapport aux bruits aérien et en conduit. Par ailleurs, les mécanismes décrits ci-après ne font intervenir en aucun cas les vibrations des pales, celles-ci ne participant pour ainsi dire jamais à l’émission de bruit des ventilateurs et des machines tournantes aériennes en général. Le spectre de bruit d’un ventilateur est constitué de raies plus ou moins marquées à la fréquence de passage des pales FPP = BN et ses harmoniques (ces fréquences apparaissent si l’espacement entre pales est constant sur la circonférence) et d’un spectre à large bande. La figure 1 montre un exemple de spectre de pression acoustique en bandes fines mesuré à l’aspiration d’un ventilateur hélicoïde sans redresseur. Ce ventilateur de diamètre de roue 400 mm a neuf pales et la vitesse de rotation est de 2 893 tr/min. On note une raie d’amplitude importante à la fréquence FPP = 434 Hz et des raies d’amplitude moindre à 2 FPP et 3 FPP. Des raies apparaissent également à d’autres fréquences, sans que leur origine soit clairement identifiée. La contribution du spectre à large bande au niveau de bruit global d’un ventilateur étant souvent aussi importante que celle des raies, sinon plus, il importe d’étudier et de chercher à réduire à la fois les niveaux des raies et du spectre à large bande. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 3 Lp (dB) BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ Sur les hélicoïdes avec redresseur, on a une source de bruit supplémentaire qui, de manière analogue au bruit de raies, provient de l’interaction de la turbulence dans le sillage des pales avec les aubes du redresseur. 90 FPP 80 2FPP 70 3FPP 60 50 40 30 100 300 500 700 900 1 100 1 300 1 500 f (Hz) Ces différents mécanismes, que nous décrivons plus précisément au paragraphe 2.2, ont tous pour effet de générer des fluctuations de forces aléatoires sur les pales et, le cas échéant, sur les aubes du redresseur, ce qui entraîne une émission de bruit large bande. Des obstacles dans l’écoulement tels que bras support, moteur, grille de protection, peuvent également contribuer à renforcer le bruit émis, que ces obstacles soient à l’amont ou à l’aval de la roue. Figure 1 – Spectre bandes fines d’un hélicoïde à neuf pales tournant à 2 893 tr/min 2.1.2 Centrifuges 2.1.2.1 Centrifuges à réaction 2.1 Origine ■ Bruit de raies On donne ici un descriptif assez succinct des différentes sources de bruit aérodynamique des ventilateurs en fonction de leur type, sans entrer dans le détail des phénomènes physiques car ceux-ci peuvent être communs à plusieurs ventilateurs. Une analyse plus détaillée des mécanismes en jeu et des modèles de prévision associés fait l’objet du paragraphe 2.2. Enfin, le paragraphe 2.3 est consacré à la présentation de méthodes de réduction du bruit. 2.1.1 Hélicoïdes ■ Bruit de raies Sur tous les hélicoïdes, le bruit de raies a pour origine des fluctuations de forces périodiques sur les pales dues au fait que la vitesse moyenne dans le repère fixe (vitesse absolue) à l’entrée de la roue n’est, pour des raisons très variées, jamais parfaitement uniforme. L’inhomogénéité de la vitesse sur la circonférence joue un rôle plus important sur le bruit que l’inhomogénéité radiale (§ 2.2). Ces fluctuations d’efforts (ou de charge aérodynamique) se produisent à des fréquences multiples de la fréquence de rotation N, mais les sources localisées sur les pales émettent un bruit à la fréquence FPP et ses harmoniques. L’amplitude de la raie à la fréquence FPP est généralement supérieure à celle des autres raies, mais ce n’est pas toujours le cas pour des raisons que nous évoquerons au paragraphe 2.2.2. Comme sur les hélicoïdes, les deux principales causes du bruit de raies des ventilateurs centrifuges sont dues à la non-uniformité du champ de vitesse moyenne à l’entrée de la roue (cette nonuniformité est liée, par exemple, à la présence d’un inclineur ou à une hétérogénéité de la vitesse dans le circuit d’aspiration) et à l’interaction du sillage des pales avec le bec de volute. Le champ de vitesse inhomogène en amont de la roue génère des fluctuations de force périodiques sur les pales, responsables d’un bruit à la fréquence FPP et ses harmoniques. En sortie du rotor, le sillage tournant de chacune des pales est intercepté par le bec de volute qui, sur le plan acoustique, joue un rôle similaire à celui d’un bras unique en aval d’un ventilateur hélicoïde : comme sur ce dernier, le bec constitue une source acoustique qui émet un bruit de raies du fait des fluctuations de force induites sur celui-ci par l’écoulement tournant non uniforme en sortie de roue. Les raies générées par le bec sont souvent d’amplitude plus importante que celles émises par la roue, surtout si le jeu radial roue-bec est faible pour des raisons aérodynamiques. L’émergence des raies est beaucoup plus importante sur un centrifuge à pales radiales et, dans une moindre mesure, sur un centrifuge à réaction, que sur un centrifuge à action. Cela s’explique par le grand nombre et la corde réduite des pales de ce dernier, qui conduisent à un sillage en aval des pales moins marqué et donc à un écoulement plus uniforme sur le bec de volute que sur les autres ventilateurs. ■ Bruit large bande Sur les hélicoïdes avec redresseur, le bruit de raies a pour origine, outre le mécanisme évoqué précédemment, l’interaction du sillage tournant des pales en sortie de roue avec les aubes du redresseur. Le bruit, émis dans ce cas par les aubes du redresseur, a pour fondamental la fréquence FPP et non une fréquence multiple du nombre d’aubes du stator, comme il est écrit parfois à tort. L’espacement axial entre la roue et le redresseur joue un rôle fondamental sur l’amplitude des raies, tout comme le nombre de pales de la roue et du redresseur. Les mécanismes générateurs de bruit large bande des centrifuges sont analogues à ceux des hélicoïdes. Les sources de bruit principales ont pour origine : — l’interaction de l’écoulement turbulent incident avec les pales ; — l’interaction du sillage turbulent des pales avec le bec de volute ; — des décollements locaux ; — le bruit de bord de fuite. ■ Bruit large bande Le caractère fortement turbulent de l’écoulement en sortie de roue doit également contribuer, lorsqu’il passe dans la volute, à l’accroissement du niveau large bande. Alors que le bruit de raies est dû à l’inhomogénéité du champ de vitesse moyenne incident sur la roue ou le redresseur, le bruit large bande provient de phénomènes turbulents dans le ventilateur. Sur les hélicoïdes, on distingue quatre sources de bruit large bande : — l’interaction de l’écoulement turbulent incident avec les pales ; — le bruit de bord de fuite ; — des décollements sur pales ; — l’écoulement turbulent dans le jeu périphérique. BM 4 178 − 4 2.1.2.2 Centrifuges cage d’écureuil Les centrifuges cage d’écureuil ont un comportement acoustique différent de celui des centrifuges à réaction du fait de la structure particulière de l’écoulement dans ce ventilateur. La figure 2 montre la morphologie de l’écoulement dans un centrifuge cage d’écureuil à double ouïe d’entrée. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique L W A (dB A) réf. arbitraire ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS 20 15 Rendement max 10 5 0 0 0,2 Figure 2 – Structure tourbillonnaire de l’écoulement dans un centrifuge cage d’écureuil Par ailleurs, l’écoulement dans la zone du bec de volute est très perturbé (vitesse très instable et inhomogène, écoulement pouvant rentrer au lieu de sortir de la roue) alors qu’à l’opposé du bec de volute par rapport à l’axe, le flux d’air traverse les pales sans perturbation particulière. Sur les cages d’écureuil, ce n’est que lorsque l’on s’approche des très faibles débits, bien en dessous du rendement optimal, que le niveau global de bruit réaugmente. Cet accroissement s’explique par le caractère complètement désorganisé de l’écoulement dans ce cas, une partie du flux d’air du ventilateur ressortant par l’ouïe d’aspiration. 2.1.3 Hélico-centrifuges Les mécanismes à l’origine du bruit des ventilateurs hélicocentrifuges sont très similaires à ceux des hélicoïdes, de sorte que les points mentionnés au paragraphe 2.1.1 s’appliquent aussi à ces ventilateurs. 0,8 1,0 qv /qv max 20 15 Rendement max 10 5 0 0 0,2 0,8 1,0 qv /qv max b hélicoïde avec redresseur 0,4 0,6 Figure 3 – Évolution du niveau global de bruit en fonction du débit Cela explique que sur les cages d’écureuil, le bruit large bande soit vraisemblablement dû en tout premier lieu à la morphologie globale de l’écoulement turbulent dans l’ensemble de la roue et non, comme sur les centrifuges à réaction et les hélicoïdes, à des phénomènes turbulents au niveau des pales proprement dites. Pour appuyer cette remarque, on observe que sur les cages d’écureuil, le niveau global de bruit augmente continûment avec le débit sur la courbe caractéristique du ventilateur, sans passer par un minimum au point de rendement optimal (figure 3a), contrairement à l’évolution observée sur les autres ventilateurs. Sur ces derniers, le niveau est minimal au rendement optimal car c’est en ce point que les pales sont le mieux adaptées à l’écoulement et donc que les mécanismes turbulents responsables du bruit large bande, notamment les décollements sur pales, sont les plus faibles (figure 3b). 0,6 a cage d'écureuil L W A (dB A) réf. arbitraire On observe un décollement important à l’entrée de la roue, se traduisant par un flux d’air pratiquement axial sur environ le quart de la largeur de la roue. Ce décollement provoque une zone tourbillonnaire en sortie de pales, à l’origine de deux tourbillons contrarotatifs sortant de l’ouïe de refoulement de façon symétrique par rapport au flasque central du ventilateur. Un seul tourbillon est présent dans le cas d’un ventilateur simple ouïe. 0,4 Roue Crosse Volute Figure 4 – Morphologie de l’écoulement dans un tangentiel Le jeu radial entre la roue et le bec de crosse a une influence majeure sur le niveau de bruit du ventilateur, que ce soit sur les raies ou le large bande. D’autres paramètres ont également un rôle important (§ 2.3.3). Le niveau global de bruit d’un tangentiel varie en fonction du point de fonctionnement de manière similaire à l’évolution observée sur les centrifuges cage d’écureuil, à savoir qu’il croît continûment lorsque l’on se déplace vers la droite sur la caractéristique du ventilateur, l’amplitude des raies augmentant plus vite avec le débit que le niveau large bande. On peut donc conclure que, comme sur les cages d’écureuil, le niveau de bruit des tangentiels est avant tout dépendant de la morphologie globale de l’écoulement dans le ventilateur plutôt que des caractéristiques fines de l’écoulement sur les pales, ce qui explique l’évolution du niveau global le long de la courbe débit-pression. 2.1.4 Tangentiels Les performances aéraulique et acoustique d’un tangentiel sont très fortement influencées par la présence d’un tourbillon (figure 4), dont la position par rapport à la roue varie en fonction du point de fonctionnement : le tourbillon est près de la crosse et à cheval sur les pales à grand débit et se déplace vers l’intérieur de la roue à mesure que le débit diminue. La stabilité du tourbillon est assurée par la crosse. À faible débit, le fonctionnement du ventilateur est très instable car le tourbillon dans la roue a tendance à se déplacer sur la circonférence au cours du temps, en s’éloignant et se rapprochant de la crosse de façon alternée. 2.2 Mécanismes générateurs de bruit 2.2.1 Sources de bruit aérodynamique d’une turbomachine Les mécanismes de génération de bruit des machines tournantes ont été étudiés en premier lieu pour chercher à réduire le bruit des machines aéronautiques (hélices d’avions, compresseurs et Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 5 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ soufflantes de turboréacteurs, rotors d’hélicoptères). Les mécanismes fondamentaux identifiés lors de ces études s’appliquent également aux ventilateurs, mais compte tenu de la diversité des ventilateurs et des écoulements internes qui leur sont associés, compte tenu des vitesses en bout de pales en général très inférieures à celles rencontrées dans les turbomachines aéronautiques, la hiérarchie des sources de bruit n’est pas la même. Suite aux travaux de Lighthill [1] sur la modélisation du bruit d’origine aérodynamique, de nombreux chercheurs ont mené des études théoriques et expérimentales dans le but de mieux comprendre et de modéliser le bruit des machines tournantes. La figure 5 dresse la liste des principaux mécanismes générateurs de bruit aérodynamique des turbomachines. On précise le type de bruit émis, bruit de raies (R) ou large bande (LB). Conformément à l’analogie acoustique de Lighthill, on peut décomposer les sources de bruit aérodynamique en trois catégories, les sources monopolaire (omnidirectionnelle), dipolaire (deux lobes de directivité dans des directions opposées) et quadripolaire (quatre lobes de directivité avec 90o entre deux lobes adjacents). Le bruit monopolaire, dû aux fluctuations de débit associées au volume d’air déplacé par les pales en rotation du fait de leur épaisseur non nulle, est négligeable sur les ventilateurs. En effet, ce mécanisme ne devient significatif que si le nombre de Mach associé à la vitesse de rotation en bout de pales est supérieur à 0,5. Le bruit quadripolaire provient des contraintes de cisaillement dans l’écoulement turbulent autour des pales. On montre que ce terme ne devient important que si le nombre de Mach en bout de pale excède 0,8 et qu’il est donc totalement insignifiant sur les ventilateurs. Seul subsiste sur les ventilateurs le bruit dipolaire, associé aux fluctuations de forces (ou charges aérodynamiques) induites par l’écoulement sur les pales en rotation ou les parties fixes. Le mécanisme de bruit dipolaire le mieux connu est le bruit de charge stationnaire. Ce bruit dû aux efforts aérodynamiques moyens qui s’exercent sur les pales engendre des raies à la fréquence FPP et ses harmoniques. On montre que sur les ventilateurs, ce bruit est négligeable par rapport au bruit de charge instationnaire car, comme le bruit d’épaisseur, il ne devient important qu’aux fortes vitesses périphériques (M > 0,4). Le bruit de charge instationnaire a des origines très diverses que nous allons maintenant décrire en suivant la figure 5, en nous efforçant de faire ressortir les paramètres essentiels intervenant dans les modèles de prévision disponibles mais sans entrer dans le détail des développements théoriques. Variation de force F Redresseur Section de pale Roue V U W Vitesse dans le sillage Sens de rotation Sens de rotation Variation d'incidence b en sortie de roue a en entrée de roue Figure 6 – Triangle des vitesses 2.2.2 Bruit de charge périodique (raies) Cela constitue de loin le principal mécanisme de génération de bruit de raies des ventilateurs. Les mécanismes en jeu sont tout à fait analogues à ceux que l’on rencontre par exemple pour les pompes [BM 4 179]. Le phénomène se produit lorsque la vitesse moyenne de l’écoulement à l’entrée de la roue n’est pas uniforme, en particulier sur la circonférence. En se référant à la figure 6a, cette non-uniformité spatiale de la vitesse absolue à l’entrée V se traduit par une variation de l’angle d’incidence de la vitesse relative W au cours de la rotation, ce qui entraîne une variation périodique (à des multiples de la fréquence de rotation N ) de la résultante F des forces aérodynamiques sur la pale. On montre que cette force F engendre, pour un ventilateur à B pales équidistantes, des raies à la fréquence FPP = BN et ses harmoniques. Cette inhomogénéité de l’écoulement moyen à l’entrée de la roue peut avoir de multiples causes : sillages d’obstacles amont tels que bras supports ou aubages de distributeur, non-uniformité due à un coude ou une dissymétrie du circuit d’aspiration... Pour préciser les choses, la pression acoustique rayonnée en champ lointain par le ventilateur à la fréquence FPP = BN est reliée aux harmoniques de charge instationnaire Fs par l’expression simplifiée suivante, en omettant les termes de phase : p(BΩ)∝ ∞ ∑ Fs JB – s ( BM sin ψ ) (1) s=–∞ avec Bruit des machines tournantes (raies + large bande) Monopolaire R Dipolaire R + LB Ω (rad/s) = 2πN, Fs (N) l’harmonique de charge de rang s, obtenu par la décomposition en série de Fourier de la force périodique F(t ), de telle façon que ∞ Quadripolaire LB F (t ) = ∑ Fs e – i s Ω t , s=–∞ Charge stationnaire R Charge périodique R Ingestion de turbulence LB ( + R ) Charge instationnaire R + LB Bruit propre LB Jeu périphérique LB Figure 5 – Mécanismes de génération du bruit aérodynamique des machines tournantes BM 4 178 − 6 JB – s la fonction de Bessel d’ordre B – s, M le nombre de Mach de rotation en bout de pale (M = πND/c 0), ψ (rad) l’angle entre l’axe de la roue et la direction du point d’observation. L’évaluation des harmoniques de charge Fs constitue la principale difficulté de la prévision du bruit de raies. Celle-ci a fait l’objet de nombreux travaux visant à relier les efforts instationnaires sur la pale au champ de vitesse moyenne inhomogène à l’entrée de la roue [2] [3]. Moyennant certaines simplifications, on montre que l’harmonique de charge Fs peut être exprimé en fonction de vs , Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS l’harmonique de vitesse obtenu par transformée de Fourier spatiale sur la circonférence de la vitesse moyenne de l’écoulement incident : 2π 1 v s = ----v ( θ )e –is θ d θ (2) π 0 où : v(θ) = V(θ) – V avec V (θ ) la vitesse absolue à l’entrée de la roue en fonction de θ, V la vitesse absolue moyennée sur la circonférence. La force Fs s’écrit alors : F s ∝ v s S e (s ) (3) où Se(s ) est une fonction de transfert complexe entre la vitesse incidente et la charge sur pale [4]. Cette fonction Se(s ) opère un filtrage sur s en privilégiant les faibles valeurs de la fréquence spatiale sc /rr (où c est la corde et rr le rayon de la roue). Par ailleurs, la fonction de Bessel JB – s dans l’expression (1) ne retient que les valeurs de s proches du nombre de pales B, cette fonction n’étant non nulle que si son ordre B – s est nul ou voisin de 0. Cela signifie que lorsque le champ de vitesse moyenne incident a une périodicité azimutale égale à B (c’est le cas par exemple si la roue est précédée d’un stator ayant le même nombre d’aubes que le rotor), l’amplitude de la raie à la fréquence FPP est maximale. Il en va de même pour la raie de fréquence 2FPP, dont l’amplitude peut être plus importante que celle du fondamental si le champ de vitesse à l’entrée a une composante circonférentielle privilégiée s ≈ 2B, et ainsi de suite pour les harmoniques supérieurs. Des obstacles fixes en aval de la roue, comme des aubages de redresseur, des bras supports ou un bec de volute, sont également générateurs de bruit de raies par un processus voisin : le sillage tournant de chaque pale vient interagir avec l’obstacle aval fixe, qui rayonne alors un bruit à la fréquence FPP et ses harmoniques (figure 6b ). Ce bruit d’interaction roue-redresseur (appelée plus généralement interaction rotor-stator) a fait l’objet de nombreuses études. La pression acoustique émise par le stator à la fréquence FPP = BN s’écrit : p(BΩ)∝ ∞ ∑ FB JB – kV ( BM sin ψ ) k=–∞ s (4) où Vs est le nombre d’aubes du redresseur (ou de bras aval équidistants). Les autres notations sont identiques à celles de la formule (1). Contrairement à cette dernière, on observe cette fois que seule l’harmonique de charge FB (force de fréquence BN ) qui s’exerce sur chaque aube du stator (ou sur le bec de volute dans le cas d’un centrifuge) contribue au bruit rayonné à la fréquence FPP. L’amplitude de la raie est là encore maximale si le nombre de pales de la roue est égal au nombre d’aubes du redresseur. Un exemple (§ 2.3.1) illustre la façon de choisir le nombre d’aubes du redresseur pour minimiser le bruit de raies d’un hélicoïde dont le nombre de pales de la roue est fixé. La forme du sillage des pales a également une influence majeure sur le bruit : plus l’amplitude du défaut de vitesse dans le sillage est grande, plus la fluctuation de force sur l’obstacle aval est importante et plus la raie émise est élevée. Cela se produit à une distance très proche du bord de fuite des pales : le sillage est dans ce cas très prononcé et très fin. Inversement, lorsque la distance axiale par rapport au bord de fuite augmente, le sillage des pales s’atténue en amplitude et s’évase. Le champ de vitesse incident sur l’obstacle est alors plus homogène, ce qui se traduit par une amplitude de la raie FPP rayonnée par l’obstacle plus faible. Cela souligne l’importance de la distance rotor-stator sur le bruit de raies. Outre ce phénomène d’interaction entre le sillage des pales et un obstacle aval, un autre mécanisme générateur de bruit peut intervenir. Il s’agit de l’interaction « potentielle » due à la perturbation de l’écoulement moyen générée par l’obstacle, qui remonte vers l’amont jusqu’au rotor. C’est ce dernier qui rayonne alors un bruit de raies du fait des fluctuations de forces périodiques sur les pales résultant de cette perturbation, toujours à la fréquence FPP et ses harmoniques. L’interaction potentielle est plus efficace acoustiquement que l’interaction « visqueuse » (interaction entre le sillage des pales et les aubes du stator décrite ci-avant). En revanche, le niveau du bruit de raies associé à l’interaction potentielle décroît très rapidement lorsque la distance roue-obstacle augmente, alors que le bruit d’interaction visqueuse persiste sur une distance beaucoup plus importante [5]. On considère que lorsque la distance rotor- stator est supérieure à 0,3 c, où c est la corde des pales du rotor, le bruit de raies associé à l’interaction visqueuse devient prépondérant par rapport à celui dû à l’interaction potentielle. Cela indique l’ordre de grandeur des distances minimales à respecter entre la roue et un obstacle aval (ou amont) pour limiter le niveau de bruit de raies. Nous reviendrons sur ce point quand nous parlerons des moyens de réduction du bruit des ventilateurs au paragraphe 2.3.1. 2.2.3 Bruit associé à l’ingestion de turbulence (large bande) Ce mécanisme a des analogies avec ce qui est décrit au paragraphe précédent. Les fluctuations de vitesse de l’écoulement turbulent à l’entrée de la roue provoquent des fluctuations aléatoires d’angle d’incidence et donc des fluctuations aléatoires de charge sur pales. La roue rayonne alors un bruit à large bande du fait du caractère non périodique du phénomène incriminé. Le sillage turbulent de chacune des pales peut également contribuer à l’émission de bruit large bande s’il interagit avec des obstacles aval fixes (redresseur, bras support, bec de volute). Ce mécanisme a été modélisé par différents auteurs, en particulier par Amiet [6], et décrit par exemple dans [4] [7]. Le spectre du bruit rayonné par la roue du fait de l’écoulement turbulent incident est lié au spectre des fluctuations de forces sur pales, qui lui-même dépend des caractéristiques de l’écoulement turbulent à l’entrée de la roue. On montre que la forme du spectre dépend de la dimension des échelles spatiales de turbulence (ou dimensions caractéristiques des structures turbulentes) de l’écoulement incident. Si l’échelle intégrale de turbulence est petite devant l’espacement entre deux pales, le spectre de la fluctuation de force, et donc du bruit rayonné, est à large bande car chaque pale émet un bruit décorrélé de celui émis par les pales adjacentes. Le spectre de pression acoustique du ventilateur en champ lointain associé à ce phénomène est de la forme [4] : πfc 2 2πf S p ( f ) u 2 Λ R S e ---------- Φ u ---------- Uc Uc avec (5) u 2 ( m 2 /s 2 ) la valeur quadratique moyenne de la composante axiale de vitesse turbulente à l’entrée de la roue, ΛR (m) l’échelle intégrale de turbulence dans la direction radiale, Se la fonction de transfert aérodynamique entre la vitesse fluctuante incidente et la force aléatoire sur la pale. La fonction de transfert la plus simple est la fonction de Sears [2] dont le module s’écrit de façon approchée : πfc 2 1 S e ---------- = ---------------------- Uc πfc 1 + π ---------Uc Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 7 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ avec Uc (m/s) Φu la vitesse de convection des structures turbulentes (Uc est de l’ordre de 0,6 à 0,8 fois la vitesse de l’écoulement incident sur les pales), le spectre en nombre d’onde de la composante axiale de vitesse turbulente à l’entrée de la roue. Moyennant certaines approximations, ce spectre s’écrit : 2πf Λ /π Φ u ---------- = --------------------------------Uc 2πf Λ 2 --------------- +1 Uc où Λ est l’échelle intégrale de turbulence dans la direction axiale. L’expression (5) ne s’applique que si la turbulence à l’entrée du ventilateur est homogène sur toute la section de la roue. Si ce n’est pas le cas, la formule est un peu plus compliquée car il faut prendre en compte l’inhomogénéité radiale et circonférentielle de l’écoulement turbulent incident. La fonction de Sears Se apparaissant dans cette expression privilégie les basses fréquences, conformément à ce que l’on observe expérimentalement (§ 6). Lorsque l’échelle intégrale de turbulence dans la direction axiale est grande devant l’écart entre deux pales, on montre que l’énergie acoustique se concentre autour de la fréquence FPP et ses harmoniques [4]. Les sources acoustiques ne sont plus dans ce cas décorrélées d’une pale à l’autre et il faut prendre en compte les interférences entre ces sources. Cela s’observe en particulier si les structures turbulentes sont très allongées axialement par l’effet d’aspiration de la machine, ce qui intervient surtout sur les machines aéronautiques [7]. Dans ce cas, les tourbillons allongés sont hachés par les pales sur un ou plusieurs tours au cours de leur passage dans la roue. Ce phénomène génère un bruit de raies (ou à bandes très étroites) à la fréquence FPP et ses harmoniques, qui renforce le bruit de raies associé à l’inhomogénéité du champ de vitesse moyenne. 2.2.4 Bruit propre des pales (large bande et bande étroite) Le bruit propre désigne l’ensemble des mécanismes de bruit associés à la présence des pales dans un écoulement incident parfaitement homogène, indépendamment de la présence d’obstacles amont ou aval, de la virole dans le cas d’un hélicoïde ou de la volute dans celui d’un centrifuge. Les autres sources décrites dans ce paragraphe (bruit d’ingestion de turbulence, bruit lié au jeu périphérique) apportent une contribution supplémentaire au bruit propre des pales, ce dernier imposant un niveau de bruit plancher du ventilateur au point de fonctionnement considéré. Le bruit propre est directement lié aux caractéristiques turbulentes de l’écoulement dans les couches limites à l’intrados et à l’extrados des pales : les fluctuations de vitesse dans les couches limites engendrent des fluctuations de pression à la paroi des pales, qui elles-mêmes peuvent générer du bruit selon différents mécanismes que nous allons maintenant préciser. Le bruit propre ne concerne pas uniquement des pales en rotation, il se produit également sur profil fixe en écoulement, le terme « profil » désignant ici non seulement un objet profilé comme une aile d’avion, mais également une plaque plane ou cambrée d’épaisseur constante. Différentes études ont été menées sur profils fixes, avec des retombées intéressantes pour le bruit propre des machines tournantes. Les résultats de ces études sont évoqués ici. Le bruit propre d’un profil fixe ou tournant se décompose en deux phénomènes principaux : — le bruit de bord de fuite (§ 2.2.4.1) ; — le bruit dû à des décollements (§ 2.2.4.2). BM 4 178 − 8 2.2.4.1 Bruit de bord de fuite Le bruit de bord de fuite constitue la source de bruit large bande prédominante sur les ventilateurs hélicoïdes basse pression lorsque l’écoulement incident est peu turbulent [8] [9]. Il intervient également sur les centrifuges [10] et se produit à faible incidence, c’est-à-dire au voisinage du point de rendement optimum du ventilateur. Le bruit de bord de fuite se décompose en trois mécanismes distincts fonctions de la géométrie du profil et des caractéristiques de l’écoulement dans les couches limites intrados et extrados : — bruit d’interaction des fluctuations de pression pariétale avec le bord de fuite ; — bruit associé aux instabilités de la couche limite laminaire ; — bruit d’échappements tourbillonnaires. Ces mécanismes peuvent dans certains cas se superposer, notamment si les caractéristiques de l’écoulement dans la couche limite sont différentes sur l’intrados et l’extrados. ■ Interaction des fluctuations de pression pariétale de la couche limite turbulente avec le bord de fuite Ce mécanisme est le premier responsable du bruit large bande hautes fréquences des ventilateurs et il a donc un impact important sur le niveau global pondéré A. Les fluctuations de vitesse turbulente dans les couches limites intrados et extrados du profil engendrent des fluctuations de pression aérodynamique sur la paroi de chacune des faces. Ces fluctuations de pression pariétale ne génèrent pas de bruit car leur vitesse de propagation est subsonique. Ce n’est que lorsque, convectées par l’écoulement, elles atteignent le bord de fuite du profil qu’un bruit large bande est émis selon un mécanisme de conversion de l’énergie des tourbillons de la couche limite en énergie acoustique [11]. La source de bruit est localisée au bord de fuite, le phénomène ne se produisant que si la couche limite est turbulente. Le bord de fuite peut être effilé ou épais et, dans ce dernier cas, un bruit d’échappement tourbillonnaire peut se superposer au mécanisme de génération de bruit décrit ici [12]. Le bruit émis est un bruit large bande qui prédomine à des fréquences relativement élevées, le maximum du spectre se situant à une fréquence f telle que : f δ*/Ut ≈ 0,05 avec δ* Ut l’épaisseur de déplacement de la couche limite, la vitesse d’entraînement en bout de pale. ■ Bruit d’instabilité de la couche limite laminaire Ce phénomène intervient sur des ventilateurs de vitesse périphérique modérée lorsque l’écoulement à l’entrée de la roue est très peu turbulent. Le bruit est dû à des ondes d’instabilité (ou ondes de Tollmien-Schlichting) dans la couche limite des pales lorsque celle-ci est laminaire et instable, ce qui se produit pour un nombre de Reynolds (basé sur la corde et la vitesse relative) inférieur à environ 106 et à partir d’une certaine distance du bord d’attaque, c’est-à-dire au point critique où le gradient de pression longitudinal change de signe. Ces ondes, convectées par l’écoulement, interagissent avec le bord de fuite lorsque celui-ci est effilé, c’est-à-dire d’épaisseur plus faible que l’épaisseur de la couche limite. Un bouclage aéroacoustique se met alors en place car les ondes de pression acoustique émises au bord de fuite, en remontant vers l’amont jusqu’au point critique, modifient les instabilités initiales. Ce bouclage de phase engendre un bruit à bande étroite (ou une succession de pics) à fréquence élevée qui émerge très largement du spectre large bande [10] [13], l’émergence se situant à une fréquence f telle que : fe /Ut ≈ 1 avec e Ut l’épaisseur du bord de fuite, la vitesse en bout de pale. Nota : en fait, la fréquence centrale de la bosse n’est pas strictement proportionnelle à Ut mais à U 1,5 [10]. t Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique Ce phénomène disparaît lorsque la couche limite devient turbulente ou lorsque l’incidence du profil augmente. ■ Bruit d’échappements tourbillonnaires au bord de fuite LW (dB) ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS Le bruit d’échappements tourbillonnaires, qui se superpose au bruit d’interaction décrit plus haut, se produit à faible incidence lorsque le bord de fuite est épais devant les épaisseurs des couches limites à l’intrados et l’extrados. Ces tourbillons alternés de Karman, qui engendrent des efforts instationnaires relativement périodiques sur la pale, sont responsables d’un bruit à bande étroite centrée sur une fréquence f telle que : 80 Bruit de décollement Bruit de bord de fuite 70 60 50 315 160 fe /Ut ≈ 0,1 1 250 34 Pa 48 Pa 70 Pa 77 Pa 161 Pa Pour faire disparaître ces tourbillons et le bruit qui leur est associé, il suffit d’effiler le bord de fuite. Sur un ventilateur hélicoïde, la vitesse relative au bord de fuite évolue le long de l’envergure des pales. Le bruit d’échappements tourbillonnaires est alors un spectre à bande plus large que sur profil fixe, mais le mécanisme reste similaire [14]. 630 2 500 5 000 10 000 f (Hz) D = 0,5 m N = 1 000 tr/min Point de rendement optimum à 60 Pa Figure 8 – Évolution du spectre de puissance acoustique d’un ventilateur hélice en fonction du point de fonctionnement 2.2.4.2 Bruit dû à des décollements Lorsque l’incidence augmente, la pale est plus chargée et un décollement apparaît. Ce décollement peut être local, c’est-à-dire que la couche limite décolle puis recolle du fait du gradient de pression longitudinal qui s’exerce sur la pale (figure 7). Ce peut être également un décollement franc, sans réattachement de la couche limite sur le profil, ce qui se produit lorsque l’on augmente encore l’incidence ou si la pale est trop cambrée. Le spectre associé à ces décollements est un spectre large bande qui se situe à plus basses fréquences que le bruit de bord de fuite. La figure 8 montre l’évolution du spectre d’un ventilateur hélice en fonction du point de fonctionnement. En haute fréquence, les spectres sont proches les uns des autres quel que soit le point de fonctionnement : on peut attribuer cette partie du spectre au bruit de bord de fuite. Aux fréquences inférieures, on note des écarts importants entre les spectres, les niveaux les plus bas étant observés au voisinage du rendement optimum. Cette plage de fréquences concerne le bruit de décollement, qui prédomine à la fréquence f ≈ Ut /c mais s’étale sur une plage qui peut être comprise entre 0,1 et 8 fois cette fréquence caractéristique [4]. 2.2.4.3 Modèles prévisionnels du bruit propre Parmi les modèles de prévision du bruit large bande des ventilateurs, l’un des plus anciens et qui a fait l’objet de plusieurs adaptations est dû à Sharland [15]. Cet auteur montre que la puissance acoustique (puissance globale intégrée sur le spectre correspondant au mécanisme considéré) due à une fluctuation aléatoire de portance de la pale s’écrit : ∂C L 2 ρ W a = ------------------3cW 4 S c < ------------ > dr ∂t 48πc 0 env avec Nota : à gauche sur la caractéristique du ventilateur, dans la zone de décrochement, on observe une remontée de l’ensemble du spectre du fait d’une désadaptation complète de l’écoulement dans la roue. Cette plage de fonctionnement est à éviter. Le mécanisme précis de génération de bruit dû à des décollements n’est pas encore clairement expliqué et modélisé. Des travaux expérimentaux sur profil fixe [10] mettent en évidence que le niveau de bruit généré par un décollement est maximum lorsque la couche limite sur l’extrados décolle puis recolle au bord de fuite. Le niveau est supérieur dans ce cas à celui observé à incidence plus élevée en absence de recollement sur le profil. Ce résultat peut laisser supposer que le bruit de décollement a une origine similaire au bruit de bord de fuite. Dans les deux cas, la source serait localisée au bord de fuite et aurait pour origine l’interaction des fluctuations de pression pariétale turbulente avec le bord de fuite, les deux mécanismes différant par la taille des échelles de turbulence en jeu, plus grandes et donc conduisant à une émission de bruit plus basse fréquence lorsqu’un décollement apparaît. Wa (W) la puissance acoustique intégrée sur le spectre, W (m/s) la vitesse relative de l’écoulement sur la pale, Sc (m2) la surface de corrélation des fluctuations de pression, représentative des dimensions de la source acoustique sur la pale, CL le coefficient de portance instationnaire de la pale, r (m) la coordonnée suivant l’envergure, env l’envergure, <> la moyenne temporelle. L’expression (6), qui relie la puissance acoustique globale rayonnée par une pale à la valeur quadratique moyenne de la dérivée temporelle de la fluctuation de portance, est une formulation très simplifiée mais en même temps assez générale dans la mesure où elle pourrait s’appliquer à n’importe lequel des mécanismes précédemment décrits. Son domaine de validité semble néanmoins limité a priori aux basses fréquences, compte tenu de la présence du terme CL , la fluctuation temporelle de portance, qui concerne l’ensemble de la pale. Fukano [8] modifie la formule de Sharland pour prévoir le bruit de bord de fuite de différentes géométries d’hélicoïdes basse pression. Il aboutit à l’expression suivante : πρB - γ ( r ) W 6( r ) d r W a = ----------------------3 1 200 c 0 avec Figure 7 – Écoulement décollé sur un profil en incidence (6) (7) B le nombre de pales, γ l’épaisseur du sillage de la pale au bord de fuite. Les deux paramètres importants de l’expression (7) sont la vitesse relative W et l’épaisseur de sillage au bord de fuite γ qu’il faut déterminer le long de l’envergure de la pale par essai ou par Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 9 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ calcul, par exemple à l’aide d’un code CFD (computational fluid dynamics ). γ peut être également obtenu par l’expression approchée suivante si les couches limites sur les deux faces sont turbulentes : (8) γ = e + 0,09cRe c– 0,2 avec e (m) c (m) Rec l’épaisseur de la pale au bord de fuite, la corde au rayon r, le nombre de Reynolds basé sur la corde c et la vitesse relative W. Tout comme le modèle de Sharland, la formule (7) présente l’inconvénient de ne fournir qu’une prévision du niveau global de bruit dans la plage de fréquence du mécanisme incriminé, et non celle d’un spectre. Son avantage est qu’elle est très simple à utiliser et qu’elle fournit des tendances intéressantes, souvent confirmées par l’expérience, qui peuvent déboucher sur des règles de conception de ventilateurs à faible niveau sonore. Ainsi, en remplaçant dans (7) l’épaisseur de sillage γ par l’expression (8), on voit que la puissance acoustique globale du ventilateur dans la plage de fréquences du bruit de bord de fuite est proportionnelle à Bc 0,8. Pour réduire le niveau sonore du ventilateur à solidité constante, il est donc conseillé d’augmenter la corde et de réduire le nombre de pales plutôt que de faire l’inverse, ce qui est effectivement confirmé par l’expérience [16] [17]. locaux résultant de la différence de pression entre l’intrados et l’extrados. La structure tourbillonnaire générée à l’extrémité de chaque pale interagit avec la pale elle-même ou avec les pales adjacentes, d’où la création d’un bruit dipolaire large bande dû aux fluctuations de charge associées à ces interactions [23] [24]. Une réduction du jeu périphérique s’avère en général bénéfique, aussi bien pour les performances aérauliques qu’acoustiques, sur les hélicoïdes avec ou sans redresseur. Ce n’est en revanche pas le cas sur les ventilateurs hélices du fait du caractère 3D de l’écoulement dans la roue (§ 2.3.1). Contrairement aux mécanismes de bruit large bande évoqués précédemment, peu de travaux ont été menés pour chercher à modéliser le bruit lié à ce phénomène. 2.3 Moyens de réduction du bruit 2.3.1 Hélicoïdes et hélico-centrifuges Nota : compte tenu de leur comportement acoustique très proche, nous traitons les moyens de réduction du bruit de ces deux types de ventilateurs dans le même paragraphe. 2.3.1.1 Bruit de raies D’autres auteurs ont utilisé le modèle de Sharland, en l’adaptant de façon à introduire une dépendance fréquentielle dans la prévision du niveau de bruit des ventilateurs. Une synthèse de ces modèles est faite dans [18]. La réduction du bruit de raies, qui est une préoccupation surtout lorsque la vitesse périphérique de la roue est élevée, passe par des moyens qui découlent de l’analyse des mécanismes de génération de bruit décrits plus haut (§ 2.2). Outre ces formulations simplifiées, des modèles plus élaborés ont été établis afin de prévoir le rayonnement acoustique associé à des mécanismes précis. Ainsi, le bruit propre dû à l’interaction des fluctuations de pression pariétale avec le bord de fuite qui, en absence de décollements, se produit à haute fréquence, a été étudié par des auteurs tels que Ffowcs-Williams et Hall [11], Howe [19] et Amiet [6]. L’émission de raies étant due à un mécanisme d’interaction entre l’écoulement inhomogène incident et la roue, il convient d’homogénéiser au maximum l’écoulement à l’entrée du ventilateur en respectant une distance d’au moins 3 à 4D entre une singularité amont telle que coude, registre, changement de section brusque et le ventilateur. Les obstacles fixes tels que bras support ou stator amont, susceptibles de créer des sillages dans le plan d’entrée de la roue, doivent être écartés. Sans entrer dans la description détaillée de ces modèles, signalons les paramètres qui interviennent dans la mise en œuvre du calcul prévisionnel de Howe. Ce modèle analytique nécessite de connaître en données d’entrée, moyennant un certain nombre de simplifications, le spectre en fréquence et l’échelle de cohérence suivant l’envergure des fluctuations de pression turbulente pariétale à proximité du bord de fuite. Cette approche a été utilisée dans [12] et [20] pour prévoir le bruit propre d’un profil fixe en soufflerie, les données d’entrée du modèle étant mesurées. Des comparaisons calcul-mesure ont permis de montrer que la prévision était globalement correcte en absence de décollement. Plus récemment, des auteurs [21] [22] ont utilisé le modèle de Ffowcs-Williams et Hall, dont les données d’entrée sont les caractéristiques statistiques du champ de vitesse turbulente au voisinage du bord de fuite, pour prévoir également le bruit propre d’un profil fixe sans incidence. Dans les deux cas, les données d’entrée n’ont pas été mesurées mais calculées en effectuant une simulation numérique de la turbulence par un calcul LES (large eddy simulation ). Une telle démarche, qui consiste à coupler un code CFD, dans lequel on modélise la turbulence par un modèle de type (k, ε ) par exemple (avec k l’énergie cinétique turbulente et ε la dissipation), ou mieux, on calcule la turbulence par simulation directe, et un calcul analytique du bruit, est de plus en plus utilisée en matière de prévision du rayonnement des sources aéroacoustiques. À terme, il devrait être possible de tout traiter numériquement. De même les obstacles fixes en aval de la roue (stator redresseur, bras support), qui interceptent le sillage des pales, doivent être éloignés. Pour fixer un ordre de grandeur, la distance minimum entre la roue et des bras ou un stator doit être de l’ordre d’une corde de rotor (compter une corde en tête si la corde n’est pas constante sur l’envergure) pour minimiser le bruit d’interaction. Un éloignement du redresseur peut entraîner une dégradation des performances aérauliques du ventilateur, c’est pourquoi il faut trouver un compromis qui conduise au niveau de bruit le plus faible à performance aéraulique constante. Le choix du nombre d’aubes du redresseur ou de bras support équidistants est également un paramètre important, surtout s’il n’est pas possible d’augmenter la distance entre ces obstacles fixes et la roue. Pour minimiser le bruit de raies, le nombre de pales de la roue et le nombre d’aubes du redresseur doivent satisfaire au critère suivant [25] : k ′m c 0 nBN < ----------------πD avec n B D (m) le rang d’harmonique de la raie émise (n = 1 correspond à FPP, n = 2 à 2FPP...), le nombre de pales de la roue, le diamètre de la roue. k ′m est un terme sans dimension fonction de m = nB – kV S où VS est le nombre d’aubes du redresseur et k = 0, ± 1, ± 2... : 2.2.5 Bruit associé au jeu périphérique — k ′m = 0 pour m = 0 ; Ce bruit concerne les ventilateurs hélicoïdes et hélico-centrifuges. Sur ces ventilateurs, l’écoulement dans le jeu radial entre les pales et la virole est fortement perturbé à cause des phénomènes — k ′m = 1,841 pour m = 1 ; — k ′m = 3,054 pour m = 2 ; — k ′m > 4 pour m > 2. BM 4 178 − 10 (9) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS Si l’expression (9) est vérifiée, les ondes acoustiques émises sont évanescentes, c’est-à-dire qu’elles ne se propagent pas en champ lointain, leur amplitude décroissant très rapidement avec la distance. Exemple : considérons un ventilateur hélicoïde avec redresseur de diamètre de roue D = 500 mm avec B = 9 et de vitesse de rotation N = 2 900 tr/min. L’objectif est de choisir le nombre d’aubes du redresseur de façon à minimiser le bruit de raies à la fréquence FPP (soit n = 1) en rendant les ondes évanescentes. La relation (9) n’est pas vérifiée pour les valeurs de m égales à 0 et 1, mais l’est en revanche pour toute valeur de m supérieure à 1. L’amplitude de la raie à la fréquence FPP est donc susceptible d’être importante pour : — k = 1 si VS = 8, 9 ou 10 ; — k = 2 si VS = 4 et 5 ; — k = 3 si VS = 3. Pour poursuivre, l’expression (4) du paragraphe 2.2.2 fait apparaître la fonction de Bessel J B – kVS ( BM sin ψ ) qui pondère l’amplitude de la pression acoustique rayonnée à la fréquence FPP. Dans l’axe du ventilateur (ψ = 0o), l’argument de cette fonction est nul. La fonction de Bessel est dans ce cas égale à 1 pour m = 0, soit V s = 9 et 3, et égale à 0 pour m ≠ 0. À 90o par rapport à l’axe, l’argument de la fonction de Bessel est égal à BM (avec M = πND/c 0 ), soit BM = 2. La fonction Jm (2) est égale 0,22 pour m = 0 et 0,58 pour m = 1. Ces résultats indiquent que la pression acoustique rayonnée en champ lointain à la fréquence FPP est susceptible d’être importante pour m = 1 comme pour m = 0. Il faut donc exclure toutes les valeurs de V s énumérées ci-avant pour minimiser l’amplitude du fondamental du ventilateur. Une démarche similaire peut être utilisée pour minimiser les raies aux harmoniques 2FPP, 3FPP... en ayant en tête que ce sont généralement les valeurs de k les plus faibles qui sont les plus pénalisantes pour le bruit. L’emploi de pales non équidistantes sur la circonférence du rotor est un moyen de réduire l’amplitude des raies à la fréquence FPP et ses harmoniques. Cependant, l’énergie dans ces raies est redistribuée à d’autres fréquences multiples de la fréquence de rotation N, de sorte que le niveau de bruit global du ventilateur en décibels linéaires reste constant. Cela peut néanmoins être bénéfique pour réduire la gêne acoustique, dans la mesure où la raie de grande amplitude à la fréquence FPP est remplacée par plusieurs raies d’amplitude moindre. Une augmentation du nombre de pales tend, à égalité de performance aéraulique, à réduire l’amplitude des raies. En revanche, le niveau de bruit large bande tend à augmenter (§ 2.3.1.2). D’autres moyens tels que l’emploi de pales déversées ou de pales fortement chargées sont des moyens de réduire à la fois le bruit de raies et le bruit large bande (§ 2.3.1.2). 2.3.1.2 Bruit large bande Ces moyens de réduction du bruit large bande, dont certains sont également efficaces pour réduire le niveau de bruit de raies, découlent de l’analyse des sources de bruit large bande du paragraphe 2.2. ■ Espacement entre la roue et des obstacles amont ou aval Ce moyen a déjà été évoqué pour le bruit de raies (§ 2.3.1.1). Il reste applicable pour le bruit large bande, sachant que toute réduction de la turbulence de l’écoulement amont due à des sillages d’obstacles ou à des inhomogénéités de vitesse est en général bénéfique pour le bruit, d’une manière qui dépend de la géométrie de la roue. Pour ces raisons, le conduit en amont du ventilateur doit, surtout s’il est court, être précédé d’un pavillon d’aspiration. De la même façon, il faut ménager un écartement suffisant entre la roue et un redresseur ou des bras support aval pour minimiser a grand débit b petit débit Figure 9 – Structure de l’écoulement dans un ventilateur hélice pour deux points de fonctionnement très différents (d’après [26]) le rayonnement acoustique du stator, la distance d’une corde de rotor en tête déjà mentionnée pour le bruit de raies pouvant être retenue. ■ Décollements sur pales Des décollements sur l’extrados des pales se produisent à faible débit sur la caractéristique du ventilateur, du fait d’une incidence trop grande de l’écoulement au bord d’attaque des pales. Cette zone est donc à éviter. Sur les ventilateurs hélices, la composante radiale de vitesse en sortie de roue peut être importante dès qu’on s’éloigne de la zone des grands débits. Il s’en suit un décollement, voire une inversion du sens de l’écoulement près du moyeu (figure 9), accompagné d’une augmentation du niveau sonore [9]. Une modification de la géométrie de la roue et de la virole rendant l’écoulement plus axial dans la plage de fonctionnement utile de l’hélice est bénéfique sur le plan acoustique. Enfin, une cambrure trop importante des pales peut conduire à un décollement et donc à une augmentation significative du bruit. Un profil de pale suffisamment cambré est cependant très intéressant sur le plan acoustique, car une augmentation de la cambrure se traduit par une augmentation des performances débit-pression sans accroissement significatif du niveau de bruit tant que le décollement n’est pas atteint (voir ci-après). ■ Géométrie des pales La géométrie des pales joue un rôle majeur sur le niveau de bruit large bande, d’une façon qui ne pourra être mieux comprise que lorsque l’on aura progressé dans la connaissance et la modélisation des mécanismes générateurs de bruit large bande. Nous donnons ici des tendances qui s’appuient sur des résultats expérimentaux et sur les modèles existants évoqués au paragraphe 2.2. Une première manière de réduire le bruit d’un ventilateur est, à point de fonctionnement donné, de tourner le plus lentement possible. Cela est obtenu en améliorant la géométrie du ventilateur de façon à obtenir, à vitesse de rotation constante, la courbe débit-pression la plus élevée possible. Ce principe a été adopté par exemple dans [27] par le choix d’un profil de pale très porteur. L’augmentation de la cambrure des pales en tête a le même objectif et s’avère bénéfique tant qu’on reste en deçà de la limite de décollement, c’est-à-dire en dessous d’une valeur de cambrure comprise entre 20o et 40o suivant le profil [16]. D’une manière générale, pour des ventilateurs faible pression, il est préférable de charger la pale en tête plutôt que de répartir la charge de manière uniforme sur l’envergure selon une loi de tourbillon libre [28]. L’influence sur le bruit de paramètres géométriques tels que le nombre de pales, la largeur de corde, le dévers ou encore un Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 11 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ usinage des pales au bord de fuite a été étudiée par différents auteurs. Nous allons faire ici une brève synthèse des résultats obtenus. Pour minimiser le bruit large bande, on a en général intérêt à réduire le nombre de pales et à augmenter la corde en tête. Ce constat résulte de l’expérience et il est en accord avec le modèle de Fukano (§ 2.2.4). De plus, un ventilateur comportant peu de pales de corde importante génère moins de bruit haute fréquence (f > 1 kHz), très pénalisant pour le niveau global en dB(A), qu’un ventilateur à pales géométriquement semblables mais en plus grand nombre et avec une corde réduite [9] [16]. La réduction du nombre de pales et l’augmentation de la corde peuvent cependant amplifier le bruit de raies, d’où un compromis à trouver en fonction des contributions respectives des raies et du bruit large bande au spectre de puissance acoustique du ventilateur. Un dévers des pales dans le sens de la rotation (figure 10) est un moyen efficace de réduire à la fois le bruit de raies, par déphasage circonférentiel des sources de bruit réparties sur l’envergure des pales, et le bruit large bande par réduction de l’amplitude des fluctuations de pression sur pales [29]. Le dévers a une conséquence non négligeable sur l’écoulement et les performances aérauliques du ventilateur, dont il faut tenir compte lors de la conception du ventilateur. Des solutions telles qu’une découpe en dents de scie au bord de fuite des pales (figure 11) se sont avérées efficaces pour réduire le bruit propre d’interaction des fluctuations de pression pariétales avec le bord de fuite. L’effet des dentelures sur la réduction du bruit est expliqué théoriquement par Howe [30]. Ce moyen utilisé sur un profil fixe en écoulement est très intéressant [10]. En revanche, lorsque l’on utilise ce procédé sur des pales d’éolienne, bien qu’on obtienne une réduction du bruit propre, on ne retrouve pas les gains escomptés dans [30] pour des raisons liées à la morphologie de l’écoulement sur pales [31]. Un biseautage des pales au bord de fuite sur l’extrados (figure 12), dans le but de réduire le bruit d’échappement tourbillonnaire mais également le bruit dû au passage des fluctuations de pression turbulente au bord de fuite, est également une solution qui s’est avérée efficace sur profil fixe [10] comme sur pales de ventilateur [17]. a non déversée b déversée Figure 10 – Pale non déversée (a ) et déversée (b ) Figure 11 – Découpe en dents de scie au bord de fuite d’un profil BM 4 178 − 12 50° 25° Figure 12 – Usinage en biseau du bord de fuite d’un profil Pour réduire le bruit associé à l’instabilité de la couche limite laminaire, il faut provoquer une transition de cette couche limite, c’est-à-dire passer en régime turbulent par le biais d’une bande de rugosité ou d’un fil collé le long de l’envergure des pales. Cela permet de supprimer les ondes d’instabilité de la couche limite et donc le bruit haute fréquence qui leur est associé [10] [13]. Cette méthode de réduction n’étant pas très facile à mettre en œuvre sur le plan industriel, on peut également augmenter la turbulence de l’écoulement incident par le biais d’un grillage à l’entrée de la roue afin que la couche limite sur pale soit turbulente dès le bord d’attaque. Le niveau de turbulence amont doit cependant rester dans des limites raisonnables pour éviter une remontée de bruit large bande due à l’interaction de cette turbulence avec les pales. ■ Diminution du jeu périphérique Cette diminution est en général bénéfique sur les hélicoïdes avec ou sans redresseur, aussi bien sur les performances aérauliques qu’acoustiques, car un faible jeu périphérique réduit fortement les tourbillons de jeu en extrémité de pales, responsables d’une baisse des performances et d’une hausse du bruit de raies et du large bande. Un ventilateur industriel à haut rendement peut ainsi avoir un jeu de l’ordre de 0,1 à 0,2 % du diamètre, la limite inférieure étant imposée par des contraintes de fabrication et d’utilisation. Cependant, plus le jeu est faible, plus il importe que la roue et le conduit soient concentriques, car une excentration ou une ovalisation de l’enveloppe peut se traduire par une émission de bruit plus importante que celle obtenue avec un jeu plus grand [24]. De plus, l’influence du jeu sur le niveau sonore dépend de la largeur de corde en tête : plus la corde est large, moins la dimension du jeu a d’importance [32]. Sur un ventilateur hélice, l’expérience montre qu’une réduction du jeu périphérique n’entraîne généralement pas d’amélioration des performances aérauliques et acoustiques [33]. L’écoulement dans ce ventilateur est sensiblement différent de celui existant dans un hélicoïde en conduit, avec une composante radiale de vitesse importante en sortie de roue lorsque l’on s’éloigne du point de pression nulle sur la caractéristique aéraulique (figure 9). Cette structure de l’écoulement, de même que la largeur modérée de la virole qui ne recouvre généralement qu’une fraction de la largeur de l’hélice, peut expliquer la faible influence du jeu périphérique sur ce ventilateur. La largeur et la position axiale de la virole par rapport à la roue jouent en revanche un rôle important sur les performances aérauliques d’un tel ventilateur [33]. Une virole trop large conduit à une dégradation de la courbe débit-pression du ventilateur, cette virole ne devant pas excéder 0,3 à 0,4 fois la corde axiale en tête. La position axiale de la virole par rapport à la roue a une influence directe sur la forme de la courbe, une virole placée près du bord de fuite ayant pour effet d’augmenter le débit maximum du ventilateur au détriment du maximum de pression. Un résultat inverse est obtenu lorsque la virole est située près du bord d’attaque. La position de la virole semble en revanche n’avoir que peu d’effet direct sur le niveau sonore. Pour terminer sur ce point, il convient d’insister sur le fait que sur un ventilateur hélice, la géométrie de la virole doit être adaptée à la roue, ces deux éléments constituant un couple indissociable. L’optimisation de l’écoulement et des performances aérauliques d’un tel ventilateur est de plus en plus souvent réalisée à l’aide de codes CFD. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS 2.3.2 Centrifuges 2.3.2.1 Bruit de raies Le bruit de raies des ventilateurs centrifuges est dû essentiellement, on l’a vu (§ 2.1.2), à l’interaction du sillage des pales avec le bec de volute. Différents moyens ont été essayés avec succès pour réduire ce bruit d’interaction. Une synthèse de ces moyens est faite dans [34], dont on reprend ici les principales conclusions. ■ Augmentation du jeu roue-bec de volute L’amplitude de la raie à la fréquence FPP décroît de façon monotone lorsque l’on augmente le jeu. Une augmentation du jeu de 0,7 à 12 % du diamètre de roue se traduit, sur un centrifuge à réaction, par une réduction de l’ordre de 20 dB du niveau de la raie. Ce procédé est également efficace sur un cage d’écureuil car il permet de réduire non seulement le bruit de raies mais aussi le niveau large bande. Le jeu minimal habituellement préconisé pour des raisons acoustiques est 10 % du diamètre de la roue. Un jeu important ne dégrade pas de façon significative les performances aérauliques du ventilateur tant que l’on reste dans ces ordres de grandeur. Le seul inconvénient d’un jeu important réside dans l’encombrement car l’augmentation du jeu nécessite en général d’augmenter la taille de la volute. ■ Augmentation du rayon de courbure du bec de volute Cet effet a été examiné sur un centrifuge à réaction. Une augmentation du rayon de courbure de 0,5 à 10 % du diamètre de roue a entraîné, dans le cas cité, une réduction de 6 dB du bruit du ventilateur sans modification de la courbe aéraulique. ■ Inclinaison du bec de volute par rapport aux pales Sur un ventilateur centrifuge conventionnel, le bec est parallèle au bord de fuite des pales. Les fluctuations de pression générées sur le bec sont en phase et rayonnent donc un bruit maximum. Une inclinaison du bec par rapport aux pales provoque un déphasage des sources de bruit, ce qui se traduit par une baisse de bruit qui peut être significative à condition que l’inclinaison couvre au moins un espace interpale. L’efficacité de cette méthode dépend fortement du jeu roue-bec, dans le sens d’une plus grande efficacité quand le jeu est réduit. du temps [36] [37]. Ce dispositif de contrôle actif est différent de celui utilisé maintenant de façon industrielle dans des conduits de ventilation. Dans ce dernier cas, un microphone placé en amont du haut-parleur perçoit le bruit provenant du ventilateur et le dispositif a le temps de le contrer. Ce système est efficace pour réduire non seulement les raies du ventilateur mais également le bruit large bande en basses fréquences. Dans le cas d’un contrôle à la source, la réduction de bruit ne peut se faire que sur un signal périodique puisque source et point de contrôle sont au même endroit, ce qui ne laisse aucun délai pour contrer le bruit émis. ■ Lorsqu’il y a un inclineur à l’entrée de la roue, le nombre d’aubes de l’inclineur doit être choisi en respectant les principes énoncés au paragraphe 2.3.1. 2.3.2.2 Bruit large bande Outre les moyens décrits ci-avant, dont certains peuvent être efficaces pour réduire également le bruit large bande, on peut citer d’autres méthodes extraites de [34]. ■ Adaptation du point de fonctionnement du ventilateur On a vu (§ 2.1.2) que sur les centrifuges à réaction le niveau de bruit est minimum au point de rendement optimum. Il est donc recommandé de travailler au voisinage de ce point avec ce type de ventilateur. En revanche, sur les ventilateurs cage d’écureuil, le bruit augmente avec le débit. On a dans ce cas intérêt à travailler à gauche du rendement optimum sur la courbe débit-pression, sans toutefois choisir un débit trop bas car le bruit remonte et des instabilités peuvent apparaître. ■ Jeu entre le pavillon d’aspiration et la roue L’interface entre la sortie du pavillon d’aspiration et la roue joue un rôle important sur les performances aérauliques d’un centrifuge à réaction. Ce paramètre est également important pour le bruit : le pavillon doit pénétrer dans la roue avec un jeu radial minimal entre ces deux éléments. Ces ventilateurs sont constitués de deux roues accolées. En décalant circonférentiellement une roue par rapport à l’autre d’un angle égal à un demi-espace interpale, on déphase là encore les sources réparties sur le bec, d’où une réduction du bruit de raies. Sur les centrifuges à action, le diamètre du pavillon est sensiblement égal au diamètre intérieur de la roue. Ce pavillon ne pénètre donc pas dans la roue et la dimension du jeu axial entre le pavillon et la roue n’est pas un paramètre essentiel du fait du décollement important présent à l’entrée du ventilateur (voir figure 2). Ce jeu est généralement de l’ordre de 3 à 5 mm pour une roue de diamètre 120 à 160 mm. ■ Espacement irrégulier des pales ■ Optimisation de la forme de volute Ce moyen a déjà été évoqué pour les hélicoïdes (§ 2.3.1.1). La même conclusion peut être tirée, à savoir que cela est bénéfique pour réduire l’amplitude de la raie à la fréquence FPP, mais l’énergie initialement contenue dans cette raie est répartie sur d’autres fréquences multiples de la rotation, le niveau global de puissance acoustique restant inchangé. La forme du développé de volute peut être optimisée sur le plan acoustique à partir d’essais. Pour réduire le nombre de configurations à tester, une méthode basée sur le principe du plan d’expérience a été mise en œuvre sur un centrifuge à réaction. Elle est décrite de façon synthétique dans [34]. ■ Décalage des pales des ventilateurs à doubles ouïes d’aspiration ■ Résonateur acoustique dans le bec de volute La mise en place d’un résonateur quart d’onde, dont l’extrémité ouverte débouche en paroi du bec de volute par le biais d’une tôle perforée, permet de réduire à la source l’amplitude de la raie générée par le bec à la fréquence FPP. La longueur du résonateur peut être accordée à la fréquence considérée en déplaçant l’extrémité fermée. Pour réduire à la fois l’amplitude du fondamental et du premier harmonique du ventilateur, un dispositif constitué de deux cavités a été imaginé [35]. Les réductions observées peuvent atteindre 10 dB ou plus. Dans le même esprit, un système de contrôle actif à la source, constitué d’un haut-parleur implanté sur la source constituée par le bec de volute, est très efficace pour supprimer les premières raies du ventilateur, même si la fréquence de rotation évolue au cours Sur un cage d’écureuil, il convient d’adapter le développé de volute au point de fonctionnement visé, une volute resserrée convenant dans la zone des faibles débits alors qu’une volute plus évasée est plus favorable dans la plage des grands débits [38]. Un certain nombre de recommandations pratiques tirées de l’expérience sont données dans [38] pour optimiser les performances aéraulique et acoustique d’un cage d’écureuil. ■ Traitement acoustique de la volute L’application d’un traitement acoustique (matériau absorbant protégé par une tôle perforée) sur la paroi interne de la volute s’avère bénéfique pour réduire le bruit de raies et le bruit large bande d’un centrifuge à réaction [34] [39], mais cela n’agit que sur le bruit au refoulement. Le niveau à l’aspiration n’est pas atténué par ce traitement. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 13 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ ■ Réduction du bruit propre des pales Certains des moyens cités pour réduire le bruit propre des pales sur les ventilateurs hélicoïdes s’appliquent également aux centrifuges. Ainsi, la suppression du sifflement haute fréquence dû aux instabilités de couche limite laminaire a pu être obtenue sur un centrifuge à réaction industriel en plaçant un grillage à l’entrée du pavillon d’aspiration [10]. Les couches limites sur pales étant devenues turbulentes au bord d’attaque, cela a entraîné la suppression du phénomène. En revanche, la présence du grillage n’a entraîné aucune baisse sensible des performances du ventilateur, ni aucune remontée du bruit basse fréquence du fait de l’augmentation de la turbulence à l’entrée de la roue. ~135° Tôle pleine d'épaisseur 1,5 mm Figure 13 – Bec de crosse de tangentiel en forme de lame 2.3.3 Tangentiels Les principaux paramètres jouant un rôle sur les performances aéraulique et acoustique des ventilateurs tangentiels sont : — la géométrie de la roue ; — la forme et la position de la crosse et de la volute par rapport à la roue (voir figure 4). ■ Géométrie de la roue Une roue de tangentiel a, on l’a vu, une forme très similaire à celle d’un centrifuge cage d’écureuil. Les paramètres importants tels que le nombre de pales, le rapport D1/D2 (ou D1 et D2 sont les diamètres intérieur et extérieur), le rapport c /D 2 (c est la corde), la solidité, les angles de calage et de cambrure, sont très voisins sur les deux types de ventilateurs [38]. Seule la longueur de roue est beaucoup plus grande sur un tangentiel puisqu’elle peut atteindre 8 à 10 fois le diamètre D 2 , la limitation en longueur étant fixée par des raisons de tenue mécanique. Un espacement irrégulier des pales sur la circonférence a, comme sur les autres ventilateurs, un effet acoustique bénéfique sur l’amplitude de la raie à la fréquence FPP, mais l’énergie initialement concentrée à cette fréquence est redistribuée sur d’autres fréquences multiples de la rotation, le niveau global en décibels linéaires restant inchangé. Un vrillage de la roue pour éviter que les pales ne soient parallèles au bec de crosse est également intéressant acoustiquement, surtout si le jeu roue-bec est faible. Cela revient à déphaser selon l’azimut les sources de bruit réparties le long du bec. Un procédé ayant un effet analogue et déjà mentionné pour les centrifuges à doubles ouïes est de construire une roue constituée de plusieurs tronçons avec un décalage azimutal d’un demi pas entre deux tronçons adjacents. Tôle pleine Tôle perforée Figure 14 – Bec de crosse de tangentiel avec tôle perforée recourbée Concernant la forme du bec de crosse, l’étude citée dans [40] met en évidence qu’un bec constitué d’une simple plaque d’épaisseur 1,5 mm (figure 13) conduit à des performances aérauliques élevées mais engendre également un niveau de bruit très important du fait d’une raie très marquée à la fréquence FPP. La réduction de la vitesse de rotation pour atteindre le point de fonctionnement requis, rendue possible par les performances débit-pression élevées, ne compense pas l’augmentation du bruit observée. Une solution plus intéressante sur le plan acoustique consiste à utiliser un bec de crosse en tôle perforée (porosité comprise entre 25 et 50 %) tel que représenté figure 14. Le bec est traversé par un léger flux d’air, dirigé du refoulement vers l’aspiration, qui est susceptible de jouer un rôle positif sur l’alimentation et la stabilité du tourbillon. La forme de la volute a également une influence sur les performances aéraulique et acoustique. Le bec de volute doit être placé à l’opposé du bec de crosse par rapport à l’axe de la roue, avec un jeu radial roue-bec de volute de 10 % du diamètre de roue. Ce jeu ne doit pas être inférieur à celui du bec de crosse, sous peine de dégrader fortement la courbe aéraulique [40]. ■ Forme et position de la crosse et de la volute Les sources de bruit (raies et large bande) des tangentiels sont principalement localisées au bec de crosse et au bec de volute. Il est donc nécessaire d’augmenter au maximum le jeu radial entre la roue et ces deux éléments mais, contrairement aux cages d’écureuil, sur un tangentiel, le jeu roue-bec de crosse a une influence directe sur les performances aérauliques dans le sens d’une dégradation de la courbe débit-pression quand le jeu augmente. Un compromis doit donc être trouvé afin de minimiser le bruit tout en gardant des performances aérauliques acceptables. 3. Lois de similitude Ce compromis dépend du point de fonctionnement visé. Le niveau de puissance acoustique d’un tangentiel augmente continûment de gauche à droite sur la caractéristique du ventilateur. À faible débit, tout en étant au-dessus de la plage de régime instable, la raie FPP émerge à peine du spectre large bande, mais à mesure que le débit augmente, l’amplitude de la raie augmente plus vite que le niveau large bande et apporte à grand débit une contribution prédominante au niveau global du ventilateur. On peut donc adopter un jeu radial faible à petit débit, de l’ordre de 6 % du diamètre, et un jeu plus important à grand débit, par exemple 10 % du diamètre [40]. L’intérêt des lois de similitude aéraulique et acoustique est multiple. Ces lois permettent de prévoir les caractéristiques d’un ventilateur à vitesse de rotation et diamètre de roue donnés à partir de mesures faites à d’autres conditions de vitesse et de diamètre. On peut ainsi réduire très sensiblement le nombre d’essais pour déterminer les performances d’une gamme de ventilateurs donnée. Les fabricants les utilisent pour établir leur catalogue mais également pour prévoir les courbes débit-pression, voire le niveau sonore, de ventilateurs en vraie grandeur à partir d’essais sur maquette. BM 4 178 − 14 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS On peut également comparer les performances de ventilateurs de même type à diamètre et vitesse de rotation constants, ce qui permet de cerner l’influence de la géométrie sur les caractéristiques intrinsèques des ventilateurs. Les lois de similitude permettent enfin, accessoirement, de simplifier la présentation des caractéristiques d’un ventilateur en remplaçant un faisceau de courbes, par exemple des courbes débit-pression obtenues à différentes vitesses, par une courbe unique. 3.1 Lois de similitude aéraulique Les formules suivantes permettent de déduire, à partir de mesures faites sur un ventilateur de diamètre D 1 et tournant à une vitesse N1 , les performances aérauliques d’un ventilateur à une vitesse de rotation N2 et un diamètre D 2 . Cela suppose que le deuxième ventilateur soit homothétique du précédent et que le rapport D1/D2 reste modéré (de l’ordre de 2 à 3) pour éviter les effets d’échelle. La masse volumique de l’écoulement peut également différer entre les conditions 1 et 2. N 2 D 23 q v 2 = q v1 --------- -------3N1 D 1 (10) N 22 D 22 ρ 2 - ------∆p 2 = ∆p 1 ---------2- --------N 1 D 12 ρ 1 (11) N 23 D 25 ρ 2 - ------P 2 = P 1 ---------3- --------N 1 D 15 ρ 1 (12) η2 = η1 (13) où qv , ∆p, P et η désignent respectivement le débit volumique, la pression, la puissance aéraulique et le rendement du ventilateur. Ces formules de transposition ne s’appliquent que si les effets de compressibilité peuvent être négligés, c’est-à-dire pour des pressions de ventilateur n’excédant pas environ 2 500 Pa. Au-delà, il convient d’introduire dans ces expressions un facteur de compressibilité. À partir des lois de similitude, on peut définir des coefficients réduits (ou adimensionnels) de débit et de pression, qui permettent de tracer des courbes de performances en s’affranchissant du diamètre et de la vitesse de rotation. Parmi les différentes définitions des coefficients réduits, nous appliquons dans ce qui suit celles-ci : — coefficient de débit : qv δ = --------US ∆p — coefficient de pression (statique ou total) : µ = ------------2 ρU — ouverture réduite : 3.2 Lois de similitude acoustique 3.2.1 Formules de transposition La loi de similitude la plus connue date des années 1950. Elle résulte de mesures faites sur un grand nombre de ventilateurs et s’écrit : qv 2 ∆ p2 (14) L W2 = L W1 + 10 lg ----------- + 20 lg -------------qv 1 ∆ p1 Dans cette expression, le niveau de puissance acoustique LW désigne soit un niveau global en décibels linéaires, soit un niveau en décibels par bande d’octave ou tiers d’octave, ce qui revient au même à condition que la vitesse de rotation entre les conditions 1 et 2 ne diffère pas trop (voir ci-après). Pour appliquer l’équation (14), il faut respecter les lois de transposition aéraulique entre les conditions 1 et 2. Dans ce cas, on peut exprimer le débit qv et la pression ∆p en fonction de la vitesse de rotation N et du diamètre D et on retrouve une expression équivalente à (14), donnant l’évolution de LW en fonction de N et D pour des ventilateurs homothétiques : D2 N2 - + 70 lg -------L W 2 = L W 1 + 50 lg -------D1 N1 L’expression (15) est très générale mais elle ne représente qu’imparfaitement l’évolution du niveau de bruit en fonction de la vitesse, propre à chaque type de ventilateurs et à chaque mécanisme de bruit incriminé. On sait par exemple que l’analyse dimensionnelle de Lighthill prévoit pour un bruit de nature dipolaire, comme c’est le cas pour les sources de bruit aérodynamique des ventilateurs, une évolution du niveau de puissance acoustique en 60 lgN et 80 lgD et non en 50 lgN et 70 lgD. D’un autre côté, les théories développées pour prévoir le bruit propre associé au passage d’une couche limite turbulente sur un bord de fuite, qui constitue l’un des tout premiers mécanismes de génération de bruit large bande des ventilateurs (§ 2.2.4), prévoient bien une évolution de la puissance acoustique en 50 lgN. Il faut donc retenir que les expressions (14) et (15) ne sont que des approximations basées sur l’expérience et non des formules exactes. Si dans (15) le rapport des vitesses N2 /N1 est très différent de 1, il faut transposer non seulement les amplitudes mais également les fréquences pour prendre en compte la déformation du spectre associée à la vitesse de rotation (on imagine sans peine qu’un ventilateur tournant vite génère plus de hautes fréquences qu’un ventilateur tournant lentement). En se basant sur [41], la formule de transposition des spectres par bande d’octave ou de tiers d’octave est la suivante : BW 2 ( f 2 ) N2 D2 L W 2 ( f 2 ) = L W 1 ( f 1 ) + 40 lg -------- + 70 lg -------+ 10 lg -------------------------- (16) BW 1 ( f 1 ) N1 D1 N2 f 2 = f 1 --------N1 δ Φ = -------------2µ avec avec U (m/s) la vitesse périphérique U = πDN, S (m2) la surface débitante de la roue S = π D 2/4 pour les hélicoïdes, S = πDL pour les centrifuges (L : largeur de roue). L’ouverture réduite Φ rend compte du point de fonctionnement du ventilateur. Φ augmente de 0 à ∞ lorsque l’on se déplace de gauche à droite sur la caractéristique réduite µ(δ ). (15) BW (Hz) (17) la largeur du filtre d’octave (ou tiers d’octave) centré sur la fréquence f. Comme le montre l’exemple présenté figure 15, cette transposition est globalement assez bien vérifiée sur les ventilateurs hélicoïdes, sauf en basses fréquences avec la présence de pics d’amplitudes très différentes, vraisemblablement dus à des résonances. En présence de raies ou bosses étroites dues à des résonances (fréquence de cavité de volute de centrifuge par exemple) ou à des sources autres que le bruit aérodynamique (raies de Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 15 LW (dB) BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ On constate sur la figure 16 que le niveau global en dB(A) à ouverture Φ donnée dépend peu de la géométrie de la roue et de la volute sur ce type de ventilateur (en fait, seul le jeu roue-bec de volute a une influence notable lorsqu’il est faible). Ce n’est en revanche pas le cas des performances aérauliques réduites, pour lesquelles on observe des écarts importants en fonction de la géométrie [38]. 85 80 75 70 65 60 796 tr/min 920 tr/min 1 033 tr/min 1 600 1 250 800 1 000 630 500 400 315 250 200 160 125 80 100 63 50 40 55 f (Hz) 1 132 tr/min 1 200 tr/min LW A (dB A) Figure 15 – Transposition des spectres tiers d’octave d’un hélicoïde à une même vitesse N = 1 000 tr/min 60 Lors de la transposition d’un spectre à l’aide des formules (16) et (18), certaines valeurs du spectre LW 2 sont manquantes du fait du décalage en fréquence vers le bas ou vers le haut induit par la transposition. Pour rétablir les niveaux manquants, on peut conformément à [41] effectuer l’extrapolation suivante sur le spectre transposé : — en basses fréquences, on prolonge le spectre horizontalement à partir du dernier niveau connu (par exemple, si à 80 Hz LW 2 est égal à 90 dB, les niveaux tiers d’octave manquants à 50 et 63 Hz sont également de 90 dB) ; — en hautes fréquences, on prolonge le spectre par une droite à partir des deux derniers niveaux connus (par exemple, si les valeurs de LW 2 à 6,3 kHz et 8 kHz sont respectivement 58 et 56 dB, le niveau inconnu à 10 kHz est de 54 dB). 3.2.2 Décomposition du spectre en une fonction « source » et une fonction « réponse du circuit » 55 50 45 On a vu (§ 3.2.1) que les lois de similitude étaient mises en défaut lorsque le bruit du ventilateur comprenait, outre des sources de bruit aérodynamique pour lesquelles la transposition s’applique, des sources telles qu’un bruit de moteur ou des résonances. Pour permettre de dissocier sur le spectre les contributions respectives de ces différentes sources, des méthodes ont été développées qui consistent à écrire le spectre de puissance acoustique d’un ventilateur sous la forme [42] : 40 35 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 Φ D = 100 mm L = 100 mm N = 1 000 tr/min W a ( f, δ ) ---------------------------------------- = F 2 ( Sr, δ ) G 2 ( He ) D3 2 2 ----------------- ( ρ U ) ρc 0U Figure 16 – Niveaux de bruit spécifique de différents centrifuges cage d’écureuil en fonction de l’ouverture réduite moteur), les fréquences ne sont pas proportionnelles à la vitesse de rotation et la transposition est dans ce cas mise en défaut. Sur les ventilateurs centrifuges, notamment les cages d’écureuil, une autre formule que (16) est utilisée pour prendre en compte l’effet de la largeur de roue L sur le spectre transposé. La formule appropriée s’écrit, toujours en octave ou tiers d’octave : D2 N2 L W 2 ( f 2 ) = L W 1 ( f 1 ) + 40 lg --------- + 50 lg -------N1 D1 L2 BW 2 ( f 2 ) + 10 lg ------- + 10 lg ------------------------L1 BW 1 ( f 1 ) (18) N2 f 2 = f 1 --------N1 Pour souligner l’intérêt des formules de transposition, la figure 16 montre un exemple d’évolution du niveau global de puissance acoustique spécifique de différents ventilateurs cage d’écureuil en fonction de l’ouverture réduite Φ. Le niveau de bruit spécifique est obtenu en transposant les spectres mesurés sur ces ventilateurs à des conditions de référence identiques et en calculant le niveau global en dB(A) après transposition. Cela permet de cerner l’influence de la géométrie du ventilateur sur son niveau de bruit, indépendamment de sa vitesse de rotation et de ses dimensions. BM 4 178 − 16 avec Wa (W) (19) le spectre de puissance acoustique à un point de fonctionnement défini par le coefficient de débit δ, Sr = f /(BN ) le nombre de Strouhal, He = fD/c 0 le nombre d’Helmholtz. Dans (19), F est la fonction source, c’est-à-dire un spectre exprimé en fonction de la fréquence adimensionnelle Sr, proportionnelle à la vitesse de rotation, et dont l’amplitude dépend du point de fonctionnement défini par le débit réduit δ. F rend compte des sources de bruit aérodynamique, indépendamment des résonances du circuit et des sources autres que le ventilateur. G est la réponse du système dans lequel est inséré le ventilateur. Cette réponse est exprimée en fonction de la fréquence adimensionnelle He (indépendante de la fréquence de rotation) et ne dépend théoriquement pas du point de fonctionnement. Cette décomposition du spectre de bruit d’un ventilateur est intéressante à des fins prévisionnelles, mais également pour mieux comprendre les phénomènes en jeu en vue d’optimiser l’intégration du ventilateur dans son système. Sur le plan pratique, la mise en œuvre de cette méthode passe par la mesure du spectre de pression acoustique en bande fine du ventilateur à différentes vitesses de rotation et par un traitement des données décrit dans [42]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS (0) Tableau 1 – Niveaux de puissance acoustique spécifique KW (source ASHRAE) f (Hz) FPP Diamètre de la roue 63 125 250 500 1 000 2 000 4 000 8 000 Pales couchées vers l’arrière > 0,75 m < 0,75 m 85 90 85 90 84 88 79 84 75 79 68 73 64 69 62 64 3 3 Pales radiales (1 000 à 2 500 Pa) >1m <1m 101 112 92 104 88 98 84 88 82 87 77 84 74 79 71 75 7 7 tout diamètre 98 98 88 81 81 76 71 66 2 tout diamètre tout diamètre tout diamètre 94 94 98 88 88 97 88 91 96 93 88 96 92 86 94 90 81 92 83 75 88 79 73 85 6 6 6 >1m <1m 96 93 91 92 92 94 94 98 92 97 91 96 84 88 82 85 7 7 tout diamètre 93 96 103 101 100 97 91 87 5 Type de ventilateur Centrifuge Pales couchées vers l’avant Hélicoïde Avec redresseur Rmoyeu < 0,4 Rmoyeu = 0,4 à 0,6 Rmoyeu > 0,6 Sans redresseur Hélice 4. Estimation du spectre de puissance acoustique Il est parfois utile d’estimer le spectre de puissance acoustique d’un ventilateur sans procéder à des mesures. On peut utiliser pour cela les catalogues de constructeurs ou des bases de données existantes et appliquer les lois de similitude (§ 3). Nous présentons ici la méthode proposée par l’ASHRAE (American Society of heating, refrigerating and air conditioning engineers) pour estimer le spectre de puissance acoustique par bande d’octave d’un ventilateur hélicoïde ou centrifuge, dont on connaît le débit et la pression totale. On utilise pour cela la formule (14) réécrite sous la forme : ∆ pt qv - + 20 lg ------------------L W ( f ) = K W ( f ) + 10 lg --------------∆ p t ref q v ref avec En appliquant (20), on a : L W ( f ) = K W ( f ) – 3 Le tableau 1 donne pour ce type de ventilateur les valeurs de KW en fonction de f. La fréquence FPP est dans cet exemple 3 × 2 900/60 = 145 Hz, de sorte que l’on doit rajouter 6 dB au niveau calculé à 125 Hz. Le spectre de puissance acoustique par bande d’octave est alors celui donné dans le tableau 2. Le niveau global « aspiration + refoulement » de ce ventilateur s’obtient en sommant les niveaux par bande de fréquence. On trouve ainsi un niveau global estimé de 96 dB linéaire et, après application de la pondération A, de 88 dB(A). Si l’on ne souhaite connaître que le niveau à l’aspiration ou au refoulement, il suffit de retrancher 3 dB au niveau calculé car on considère en première approximation que les niveaux sont identiques des deux côtés. (20) LW (f ) (dB) le niveau de puissance acoustique par bande d’octave, rayonné par l’ensemble aspiration + refoulement du ventilateur, KW (f ) (dB) le niveau de puissance spécifique par bande d’octave, qv ref = 1 m3/s, ∆pt ref = 1 kPa. Le ventilateur est supposé fonctionner à son point de rendement optimal. Le tableau 1 donne les valeurs de KW (f ) par bande d’octave en fonction des différents types de ventilateurs hélicoïdes et centrifuges. Dans ce tableau apparaît également une colonne FPP : dans la bande d’octave correspondant à la fréquence FPP, on doit rajouter la valeur forfaitaire en dB indiquée dans cette colonne en fonction du ventilateur considéré, afin de prendre en compte l’émergence observée généralement à cette fréquence. Les valeurs de KW présentées dans le tableau 1 ont été obtenues à partir d’essais réalisés sur un grand nombre de ventilateurs assez performants. L’estimation présentée ici ne s’applique que pour des ventilateurs de pression totale supérieure à 125 Pa. Exemple : on souhaite estimer le spectre de puissance acoustique d’un hélicoïde avec redresseur présentant les caractéristiques suivantes : qv = 2,5 m3/s ; ∆ pt = 450 Pa ; B = 3 ; D = 0,5 m ; N = 2 900 tr/min ; R moyeu = 0,5. (0) Tableau 2 – Spectre de puissance acoustique par bande d’octave (exemple) f ................(Hz) 63 125 250 500 1 000 2 000 4 000 8 000 LW ........... (dB) 91 91 88 85 83 78 72 70 5. Méthodes normalisées de mesure du bruit Des méthodes normalisées de mesure de puissance acoustique des ventilateurs existent au niveaul, mais celles-ci sont progressivement remplacées par des normes internationales élaborées au sein de l’ISO. On distingue classiquement quatre types de raccordement des ventilateurs, dénommés A, B, C et D (figure 17). Pour chaque mode de raccordement, on compte deux, voire trois, niveaux de puissance acoustique différents : — le niveau à l’aspiration ; — le niveau au refoulement, qui est généralement différent de celui à l’aspiration ; — le niveau de bruit d’enveloppe (ou de carcasse), qui n’est véritablement significatif que pour un montage de type D. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 17 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ Type A Type B Type C Type D Figure 17 – Types de montage normalisés d’un ventilateur On distingue par ailleurs le bruit rayonné vers l’extérieur (bruits de bouche et d’enveloppe) de celui se propageant en conduit. Les normes ci-après ont pour objectif de définir des méthodes de mesure des niveaux de puissance acoustique par bande tiers d’octave (ou octave) des ventilateurs, quel que soit leur mode de raccordement et en tenant compte du fait que les performances débit-pression doivent pouvoir être déterminées en parallèle avec les performances acoustiques. Cela a nécessité d’adapter les installations d’essais acoustiques aux exigences requises par la norme ISO 5801, relative à la mesure des performances aérauliques des ventilateurs. Ces différentes méthodes sont de classe de précision 2 (classe expertise). Figure 18 – Méthode de la chambre réverbérante avec un montage de type A La détermination de la puissance acoustique du ventilateur s’effectue par la méthode dite « par comparaison », à l’aide d’une source sonore de référence dont on connaît par étalonnage la puissance acoustique. La méthode consiste à mesurer les spectres de pression acoustique moyennés spatialement en 5 ou 6 points dans la chambre lorsque le ventilateur puis la source de référence sont en fonctionnement. Le niveau de puissance acoustique par bande de fréquence au point de fonctionnement considéré est alors obtenu par la formule : LW v (f ) = Lp v (f ) + LW ref (f ) – Lp ref (f ) avec 5.1 Bruit externe La méthode de mesure du bruit externe des ventilateurs est décrite dans la norme ISO 13347. Trois méthodes sont proposées, qui donnent en principe des résultats identiques aux incertitudes de mesures près : — chambre réverbérante ; — surface enveloppante ; — intensimétrie acoustique. Une autre méthode est bien adaptée pour la mesure de puissance acoustique des petits ventilateurs, en particulier dans le cas d’un montage de type A. Il s’agit de la méthode du plénum mylar, décrite dans la norme ISO 10302. 5.1.1 Chambre réverbérante Cette méthode s’appuie sur la norme ISO 3743 et s’inspire d’une norme américaine (AMCA 300). Les essais sont effectués dans une chambre suffisamment réverbérante pour que le champ de pression acoustique soit relativement uniforme dans la salle dans la gamme de fréquences (50 Hz à 10 kHz). Une procédure de qualification du site est détaillée dans la norme. Cette chambre doit par ailleurs être équipée des servitudes permettant de faire varier et de contrôler le point de fonctionnement du ventilateur. Le ventilateur en essai est raccordé ou non à un conduit, conformément à un montage de type A, B, C ou D, et la puissance acoustique est mesurée à l’aspiration ou au refoulement du ventilateur. La figure 18 montre un exemple de montage dans le cas d’un raccordement de type A. La pression acoustique est mesurée dans la chambre amont. La chambre aval est raccordée à un ventilateur auxiliaire qui sert à imposer une contre-pression au ventilateur et ainsi à faire varier son point de fonctionnement. L’élévation de pression du ventilateur correspond à la différence de pression entre les deux chambres. Le débit doit être mesuré conformément à l’une des méthodes préconisées dans la norme ISO 5801. BM 4 178 − 18 (21) LW v (dB) le niveau de puissance acoustique du ventilateur, Lp v (dB) le niveau de pression acoustique du ventilateur moyenné dans la chambre, LW ref (dB ) le niveau de puissance acoustique de la source de référence (obtenu par étalonnage en laboratoire), Lp ref (dB) le niveau de pression acoustique de la source de référence moyenné dans la chambre. Lorsque le ventilateur est raccordé à un conduit dans lequel on ne fait pas de mesure acoustique, l’extrémité du conduit doit être munie d’une terminaison anéchoïque pour éviter que les ondes sonores réfléchies par cette extrémité ne modifient la puissance acoustique rayonnée par le ventilateur du côté opposé. On montre cependant qu’on peut se contenter d’une terminaison anéchoïque simplifiée, constituée de silencieux cylindriques du commerce et donc moins onéreuse qu’une vraie terminaison anéchoïque. Les caractéristiques de ces terminaisons simplifiées, dont la géométrie dépend du diamètre du conduit, sont décrites dans la norme ISO 13347. Parmi les trois méthodes de mesure préconisées par la norme 13347, la méthode de la chambre réverbérante est la plus rapide à utiliser. Elle requiert cependant une chambre d’essais spéciale avec des servitudes adaptées. 5.1.2 Surface enveloppante Cette méthode s’appuie sur les principes de la norme ISO 3744 et reprend les dispositions d’anciennes normes nationales, dont la norme française NF S 31-021. Le ventilateur est raccordé à une installation d’essai permettant de faire varier et de contrôler son point de fonctionnement. Comme précédemment (§ 5.1.1), le conduit de raccordement éventuel doit être équipé d’une terminaison anéchoïque simplifiée. La puissance acoustique est déterminée à partir de la mesure de pression acoustique en plusieurs points répartis sur une surface enveloppant le ventilateur. Cette surface de mesure diffère suivant la norme nationale d’origine utilisée. La figure 19 montre par exemple la surface Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS Z 33° 9 >1m D 1 2 Surface réfléchissante 0 0,3 m 0 8 4 5 6 0,6 m 9 0,3 m X 7 Surface réfléchissante Figure 19 – Méthode de la surface enveloppante : petit hémisphère hémisphérique qui était utilisée dans la norme NF S 31-021 et qui est reprise dans l’ISO 13347. Cette surface permet de mesurer la puissance acoustique à l’ouïe d’aspiration du ventilateur. La puissance acoustique par bande tiers d’octave ou octave s’obtient à partir de la pression acoustique moyenne sur la surface de mesure, en utilisant la formule : L W = L p + 10 lg S – K 1 – K 2 (22) L p ( dB ) le niveau de pression acoustique moyenné sur la surface de mesure, S (m2) l’aire de la surface de mesure, K1 (dB) la correction de bruit de fond, K2 (dB) la correction de site. 1,2 1,2 m Anneau piézométrique (mesure de pression) avec Ouverture réglable 0,9 m 80° 60° 7 0,5 m 8 Feuilles de Mylar sur les six faces tendues sur une armature de bois Z La correction K1 s’obtient en mesurant dans chaque bande de fréquence la différence des L p quand le ventilateur est en marche et quand il est à l’arrêt. Si à certaines fréquences l’écart entre ces deux niveaux est inférieur à 6 dB, le bruit de fond est trop important et il faut chercher à le diminuer. La correction de site K2 prend en compte le fait que l’environnement d’essai n’est pas un champ parfaitement libre sur plan réfléchissant. On peut en effet effectuer ce type de mesure, par exemple, dans un hall industriel de volume suffisant et sans obstacle ou mur à proximité immédiate du ventilateur. Cette correction d’environnement est faite à l’aide d’une source sonore de référence dont la position est spécifiée dans la norme ISO 13347 en fonction de la surface de mesure utilisée. La méthode de la surface enveloppante ne requiert pas de salle d’essai particulière, pourvu que le bruit de fond ambiant soit suffisamment bas, ni d’appareillage de mesure coûteux. La durée d’essai est en revanche sensiblement plus longue qu’avec la méthode de la chambre réverbérante. 5.1.3 Intensimétrie acoustique Cette méthode est basée sur les principes de la norme générale de mesure par intensimétrie ISO 9614. La puissance acoustique est déterminée à partir de la mesure d’intensité acoustique sur une surface proche autour du ventilateur à l’aide d’une sonde intensimétrique. Cette méthode est beaucoup moins tributaire du bruit de fond ambiant que les deux méthodes précédentes. Elle ne nécessite pas de salle spéciale, mais demande en revanche une sonde de mesure avec le logiciel adapté et requiert une formation plus importante de l’opérateur d’essai. Panneau de fixation Ventilateur m Dispositif antivibratile Figure 20 – Méthode du plénum Mylar 5.1.4 Plénum Mylar Le ventilateur est raccordé à un plénum cubique de 1 m de côté environ, dont les parois sont constituées de feuilles de Mylar tendues sur une armature en bois dur (figure 20). Ces parois sont transparentes aux ondes acoustiques, de sorte que des mesures autour du plénum en utilisant l’une des trois méthodes précédemment décrites permettent de remonter à la puissance acoustique globale rayonnée par les ouïes d’aspiration et de refoulement. Le plénum dispose d’une ouverture réglable, représentée sur la figure 20, qui permet de modifier le point de fonctionnement du ventilateur. Le contrôle du point de fonctionnement s’effectue par la mesure de la pression statique dans le plénum. Le ventilateur doit souffler et non aspirer dans le caisson pour éviter d’éventuelles distorsions de l’écoulement à l’entrée du ventilateur, susceptibles d’accroître sensiblement le niveau sonore. Cette méthode s’applique aux ventilateurs dont le débit et la pression statique sont inférieurs respectivement à 1 m3 / s et 750 Pa, et dont l’ouïe de refoulement n’excède pas 500 mm de diamètre. 5.2 Bruit en conduit Il s’agit de mesurer la puissance acoustique qui se propage dans les conduits pour des montages de type B, C ou D. Cette méthode est décrite dans la norme ISO 5136. La puissance s’obtient à partir de la mesure de pression acoustique en trois points dans une même section du conduit. La figure 21 montre un schéma d’installation pour un montage de type B. Le conduit doit être équipé d’un croisillon qui redresse l’écoulement, nécessaire pour la détermination de la pression du ventilateur et bénéfique également pour la mesure acoustique en conduit. Son extrémité doit être munie d’une terminaison anéchoïque de bonne qualité pour s’affranchir lors de la mesure des ondes stationnaires provenant des réflexions en bout de conduit. Le circuit doit également être équipé d’un dispositif de réglage et de mesure du débit. Pour réduire l’effet d’impact de l’écoulement d’air sur le microphone de mesure, ce dernier est équipé d’une protection constituée d’un long tube avec une fente latérale (figure 22). Ce dispositif permet de mesurer le bruit du ventilateur en s’affranchissant des fluctuations de pression turbulente de l’écoulement, Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 19 BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ Croisillon p Mesure acoustique Ventilateur Perte de charge du circuit Terminaison anéchoïque Courbe du ventilateur Mesure de pression du ventilateur Figure 21 – Méthode en conduit avec un montage de type B qv 1 qv 0 qv Figure 23 – Effet système aéraulique Fente Microphone avec grille de protection 1 mm 400 mm Fente 1 mm 12,7 mm Matériau poreux 15 mm Figure 22 – Écran antiturbulence pour la mesure en conduit Il importe donc de comprendre, prévoir et chercher à réduire ces écarts de performance afin de pouvoir choisir et dimensionner correctement le ventilateur en fonction du circuit. Si l’on ne tient pas compte des effets système, on risque de ne pas satisfaire le cahier des charges du fait d’un débit ou d’un rendement de ventilateur insuffisant, ou encore d’un niveau de bruit excessif, avec toutes les conséquences que cela peut avoir en terme de coût pour y remédier. d’amplitude nettement plus importante que les fluctuations acoustiques. Lorsque la vitesse en gaine est inférieure à 15 m /s, on peut substituer à l’écran à fente une ogive conique ou une boule antivent, ces trois dispositifs étant disponibles dans le commerce. Un effet d’installation aéraulique se traduit par une baisse de débit du ventilateur intégré par rapport à celui que l’on peut déduire de la courbe du ventilateur seul, mesurée sur circuit normalisé, et de la courbe de perte de charge du circuit (figure 23). Ainsi, le débit qv 1 effectivement mesuré sur circuit réel est inférieur au débit qv 0 correspondant au point d’intersection des courbes débit-pression du ventilateur et perte de charge du circuit. La puissance acoustique du ventilateur par bande de fréquence s’obtient par la relation : Cet effet système a deux origines distinctes qui peuvent jouer un rôle complémentaire : L W = L p + 10 lgS + C avec (23) L p ( dB ) le niveau de pression acoustique moyenné sur les trois points de mesure, S (m2) la section du conduit, C (dB) un terme correctif spécifié dans la norme, qui dépend du type de protection microphonique, de la vitesse de l’écoulement et de la fréquence. 6. Effet d’installation acoustique — la courbe du ventilateur seul est dégradée par rapport à celle mesurée sur circuit normalisé du fait d’une dégradation de l’écoulement à l’entrée de la roue (inhomogénéité de l’écoulement moyen) ou d’une géométrie mal adaptée du circuit de refoulement du ventilateur ; — la perte de charge du circuit a augmenté, notamment si l’élément résistant est au refoulement du ventilateur, du fait d’un écoulement non uniforme en amont du composant. Différentes études, essentiellement expérimentales, ont été menées pour quantifier les effets système aérauliques en fonction de la géométrie du circuit d’entrée ou de sortie et du type de ventilateur. On peut trouver des résultats et recommandations à ce sujet dans [43]. 6.1 Définitions, causes et exemples Un effet d’installation acoustique se caractérise par une hausse, voire plus rarement par une baisse, du niveau de puissance acoustique du ventilateur intégré par rapport à celui du ventilateur seul mesuré sur installation normalisée au même point de fonctionnement et au même emplacement (par exemple dans une même section de conduit). Les deux principales causes d’effet système acoustique sont : Les effets d’installation, ou effets système, des ventilateurs constituent une part importante des études menées sur les ventilateurs du fait de leur importance pratique. Lorsqu’un ventilateur est intégré dans un circuit, que ce soit un conduit de ventilation ou une machine, ses caractéristiques aérauliques et acoustiques (voire éventuellement vibratoires) peuvent être parfois très différentes, la plupart du temps dans un sens défavorable, de celles relevées sur circuit d’essais normalisé. Ainsi, un effet système acoustique peut dans certains cas entraîner une inversion de hiérarchie, à savoir qu’un ventilateur peut s’avérer moins bruyant que d’autres lorsqu’il est essayé seul et plus bruyant une fois intégré. — un effet d’impédance acoustique dû aux ondes réfléchies par le circuit et qui reviennent sur le ventilateur en modifiant la puissance acoustique émise. Sur installation normalisée, ces réflexions sont très atténuées par les terminaisons anéchoïques en bout de conduit ; — un effet aérodynamique lié à l’inhomogénéité du champ de vitesse moyenne et l’augmentation de la turbulence à l’entrée du ventilateur induites par un élément perturbateur amont (obstacle, coude, changement de section brusque...). Des obstacles aval très proches du ventilateur peuvent être également responsables d’un effet système acoustique si la perturbation provoquée remonte jusque dans la roue. Ce deuxième effet est appelé par la suite effet d’écoulement. BM 4 178 − 20 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique La régénération du bruit par l’écoulement n’a rien à voir avec un effet système puisque c’est le flux d’air à travers les composants ou sur les parois et non le ventilateur lui-même qui est à l’origine du bruit. Enfin, on a vu (§ 5) que l’on distingue quatre types de raccordement normalisés A, B, C et D. Les performances aéraulique et acoustique d’un ventilateur diffèrent sensiblement selon le type de raccordement utilisé et il n’existe pas de méthode permettant de prévoir les performances selon un mode de raccordement à partir de mesures faites selon un autre. C’est pourquoi il est très fortement conseillé d’adopter, lors d’essais normalisés sur un ventilateur, le montage qui se rapproche le plus de celui sur site. On ne peut donc pas considérer comme effet système la différence de niveaux résultant de deux modes de raccordement différents. Par exemple, le niveau à l’aspiration d’un ventilateur essayé sur un montage normalisé de type B peut être différent de celui mesuré à l’aspiration du même ventilateur monté sur site en paroi d’un plénum sans qu’on puisse incriminer un quelconque effet système. Il faut dans ce cas essayer le ventilateur sur installation normalisée selon un montage de type A, au même point de fonctionnement que l’essai sur site. Une situation relativement fréquente dans l’industrie et qui conduit à un effet système acoustique marqué est celle d’un conduit coudé à l’entrée d’un ventilateur. La figure 24 montre l’exemple de spectres de puissance acoustique mesurés à l’aspiration d’un ventilateur hélicoïde de diamètre 350 mm pour différentes configurations de conduit amont, cela au même point de fonctionnement. Le ventilateur est précédé soit d’un conduit droit de longueur 4D avec un pavillon d’aspiration (configuration de référence), soit d’un conduit avec un coude brusque à 90o situé à deux distances 0D et 3D de l’entrée du ventilateur. On note des écarts très significatifs entre les spectres, notamment en basses fréquences. Sur les aéroréfrigérants utilisés dans les industries du froid et du conditionnement d’air, le ventilateur (essentiellement de type hélicoïde) est disposé dans un plénum à proximité d’un échangeur. Ce dernier est généralement placé à l’aspiration du ventilateur, plus rarement au soufflage. La présence de l’échangeur, notamment lorsqu’il est à l’amont, modifie la puissance acoustique du ventilateur en basses fréquences jusqu’à 500 à 1 000 Hz selon la taille de la machine [38] [44]. Des phénomènes analogues se produisent dans les systèmes de refroidissement de moteurs thermiques comportant un ventilateur et un radiateur. 6.2 Effet d’impédance 6.2.1 Causes et caractéristiques principales La puissance acoustique d’un ventilateur dépend des impédances acoustiques (voir définition [BM 4 177], § 1.3.7) des circuits d’aspiration et de refoulement, c’est-à-dire de la façon dont les 80 70 sans coude coude à 0D coude à 3D 6 300 3 150 1 600 800 400 200 60 100 L’atténuation de la puissance acoustique du ventilateur dans un circuit, par exemple dans un conduit traité ou non acoustiquement, est un phénomène bien connu lié à l’absorption des ondes sonores dans la gaine et à la transmission acoustique à travers les parois. On ne peut pas parler d’effet système dans ce cas puisque le ventilateur peut être remplacé par n’importe quelle autre source de bruit (par exemple un haut-parleur), l’atténuation en bout de conduit par rapport à la puissance incidente émise restant globalement inchangée. 90 50 D’autres phénomènes interviennent, qui peuvent expliquer des différences entre les niveaux de puissance acoustique mesurés sur site et sur installation normalisée, mais ce ne sont pas des effets système pour des raisons que nous allons préciser. Il s’agit de l’atténuation du bruit dans le circuit, la régénération du bruit par l’écoulement, l’effet dû au mode de raccordement du ventilateur. LW (dB) ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS f (Hz) Figure 24 – Influence d’un coude à 90o à l’entrée d’un hélicoïde sur le spectre de puissance acoustique à l’aspiration ondes sonores émises par le ventilateur sont réfléchies en amont et en aval de celui-ci. L’expérience montre que l’effet d’impédance prédomine surtout en basses fréquences, en dessous de la fréquence de coupure fc = 200 / D où D (m) est le diamètre du conduit. Ainsi, les fréquences concernées par ce mécanisme sont d’autant plus basses que le diamètre du conduit est grand, de sorte que sur les gros ventilateurs, cet effet concerne une plage de fréquences plus étroites que sur les ventilateurs de plus petit diamètre. Le phénomène peut être décrit de la façon suivante : les ondes acoustiques rayonnées par le ventilateur sont réfléchies partiellement, voire parfois totalement, par des singularités du circuit d’une façon qui dépend de la fréquence. Les ondes réfléchies modifient la puissance acoustique émise, non seulement dans le conduit où se situe l’élément réflecteur mais également du côté opposé par rapport au ventilateur. Cet effet, qui concerne à la fois le bruit de raies et le bruit large bande, se caractérise à certaines fréquences par des amplifications ou des atténuations de la puissance acoustique du ventilateur par rapport à celle mesurée sur circuit normalisé. 6.2.2 Prévision Pour prévoir l’influence du circuit sur la puissance acoustique du ventilateur, on utilise une analogie électrique qui assimile le ventilateur à une source acoustique, similaire à une source de courant ou de tension en électricité, et les singularités du circuit à des composants ayant une certaine impédance acoustique. Dans cette analogie, la pression acoustique p est l’équivalent de la tension électrique U, le débit acoustique q = uS (où u est la vitesse acoustique et S la section du conduit) est analogue à l’intensité I et l’impédance acoustique z = p /q est le pendant de l’impédance électrique Z élec = U / I . z est une variable complexe fonction de la fréquence qui rend compte du mécanisme de réflexion/transmission des ondes acoustiques par un composant, voire un ensemble de composants disposés en série ou en parallèle dans le circuit. La puissance acoustique dépend non seulement des impédances acoustiques des circuits d’aspiration et de refoulement mais également des impédances d’entrée et de sortie du ventilateur luimême. Nous allons illustrer la méthode de prévision en simplifiant le problème, c’est-à-dire en considérant un seul des circuits amont ou aval. Dans cette approche, on cherche à prévoir l’effet d’une modification du circuit amont (ou aval) sur la puissance acoustique émise à l’amont (ou à l’aval) du ventilateur, tout en figeant le circuit opposé. Pour traiter le problème complet, c’est-à-dire prévoir l’effet d’impédance en modifiant simultanément les circuits amont et aval, on doit utiliser une approche à deux entrées telle que celle décrite dans [45]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 21 -q q Zv p pv dLW (dB) BRUIT DES VENTILATEURS _______________________________________________________________________________________________________________ 10 Prévision 0 Z Essai En utilisant l’analogie électrique, ce modèle est schématisé figure 25. On montre ainsi que la puissance acoustique au refoulement du ventilateur s’écrit [46] : La même relation permet de prévoir la puissance à l’aspiration, à refoulement constant, en remplaçant l’indice 2 par 1. Dans la suite, nous omettons l’indice correspondant au circuit en conservant l’indice v pour désigner le ventilateur. Les termes de droite de (24) sont accessibles expérimentalement : les impédances acoustiques du ventilateur et du circuit Z v et Z peuvent être mesurées par une technique à deux microphones, identique à celle que l’on utilise pour déterminer le coefficient de réflexion complexe R (voir norme ISO 5136). L’expérience montre que l’impédance du ventilateur Z v ne dépend pratiquement pas de la rotation de la roue, de sorte qu’on peut déterminer Z v sans faire tourner le ventilateur. De même, l’impédance Z du circuit est quasiment indépendante de la vitesse de l’écoulement lorsque le nombre de Mach est modéré ( M 0,1 ), ce qui est le cas dans la majorité des circuits de ventilation. On peut donc mesurer les impédances Z v et Z sans écoulement, ce qui simplifie sensiblement la procédure expérimentale utilisée. La pression interne (ou pression source) du ventilateur p v est donnée par la relation : Zv p v = p 1 + ------- Z (25) où p est la pression acoustique du ventilateur en fonctionnement mesurée dans une section de référence du circuit. À point de fonctionnement donné, les termes p v et Z v sont des caractéristiques intrinsèques du ventilateur, c’est-à-dire qu’ils ne dépendent pas de l’impédance Z du circuit sur lequel est raccordé le ventilateur. Le niveau de puissance acoustique en décibels par bande de fréquence s’écrit à partir de (24) : (26) L’effet d’impédance, qui représente l’écart par bande de fréquence entre les niveaux de puissance acoustique déterminés sur le circuit d’impédance Z et sur le circuit normalisé d’impédance BM 4 178 − 22 500 500 400 315 250 200 la partie réelle de Z 2 . 160 Re(Z 2) 125 l’impédance réduite du ventilateur raccordé au circuit d’aspiration (circuit figé), 100 Zv 80 l’impédance réduite du circuit de refoulement, 63 la pression acoustique interne du ventilateur, Z2 Re ( Z ) -------------------------2Zv + Z Prévision 50 p v (Pa) Essai -10 la puissance acoustique au refoulement du ventilateur, 2 f (Hz) (24) W a2 (W) L W = 10 lgp v + 10 lg 10 0 2 p v Re ( Z 2 ) W a2 = ----------------------------Z2+Zv 2 avec dLW (dB) a coude à 5,5D en aval du ventilateur 400 315 250 200 160 125 Figure 25 – Schéma d’un circuit à une entrée 100 80 63 50 -10 f (Hz) b coude à 0,5D en amont du ventilateur Figure 26 – Comparaison prévision-mesure de l’effet système sur un hélicoïde Z norm s’écrit alors, en tenant compte du fait que p v et Z v sont identiques sur les deux circuits : dL W = 10 lg Re ( Z ) --------------------------2Z + Zv – 10 lg Re ( Z norm ) -------------------------------------Z norm + Z v 2 (27) La figure 26a compare l’effet système par bande tiers d’octave prévu et mesuré au refoulement d’un ventilateur hélicoïde de diamètre 400 mm raccordé à un conduit coudé au refoulement. La configuration de référence est un conduit droit de longueur 5,5D au refoulement, que l’on compare à la configuration avec un coude à 90o au bout du conduit droit de 5,5D. Compte tenu de la distance entre le ventilateur et le coude et du fait que ce dernier est en aval du ventilateur, l’effet d’écoulement est totalement négligeable, de sorte que la comparaison calcul-mesure porte bien sur l’effet d’impédance. On constate globalement un bon accord entre la prévision et la mesure dans la plage de fréquences 50 à 500 Hz. Au-delà de 500 Hz, qui correspond à la fréquence de coupure fc du conduit, le modèle prévisionnel n’est plus applicable. En dessous de 50 Hz, on a du mal à déterminer expérimentalement les impédances acoustiques utilisées dans la prévision. Les très basses fréquences ne présentent d’ailleurs pas d’intérêt pratique dans le domaine des ventilateurs. En conclusion, l’effet d’impédance intervient que le réflecteur soit à l’amont ou à l’aval, qu’il soit proche ou un peu plus éloigné du ventilateur. Il est cependant recommandé d’éloigner au maximum le réflecteur pour minimiser l’amplitude des ondes réfléchies, et par là même l’importance du phénomène. La méthode décrite brièvement ici permet d’en prévoir l’influence. 6.3 Effet d’écoulement Cet effet résulte de mécanismes décrits au paragraphe 2.2. La non uniformité du champ de vitesse moyenne à l’entrée de la roue conduit à une augmentation des efforts instationnaires périodiques Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ______________________________________________________________________________________________________________ BRUIT DES VENTILATEURS sur les pales, et donc à un accroissement de l’amplitude des raies du ventilateur à la fréquence de passage des pales et ses harmoniques. L’augmentation de la turbulence de l’écoulement amont tend à rehausser le niveau de bruit large bande. La figure 26b présente à titre d’illustration un résultat obtenu à partir d’une configuration expérimentale identique à celle de la figure 26a excepté la position du coude qui est à l’aspiration du ventilateur et non au soufflage ; la distance séparant le coude du ventilateur n’est plus de 5,5D mais de 0,5D. La figure compare l’effet d’impédance prévu à l’aide de la méthode décrite au paragraphe 6.2.2 et l’effet effectivement mesuré. Contrairement à la figure 26a, on observe cette fois un effet mesuré sensiblement supérieur à l’effet prévu, la différence entre les deux courbes étant due à l’effet d’écoulement. L’expérience montre que les ventilateurs hélicoïdes sont en général plus sujets à cet effet que les centrifuges. De plus, comme déjà mentionné au paragraphe 2, l’effet d’écoulement est plus faible si l’élément perturbateur est éloigné du ventilateur et s’il est au refoulement plutôt qu’à l’aspiration (voir exemples dans [38]). Au sein même des ventilateurs hélicoïdes, certaines géométries sont plus propices que d’autres à l’apparition d’un effet système marqué. Ainsi, les hélicoïdes à pales étroites en tête sont en général plus sujets à cet effet que ceux à pales larges. Ce résultat peut s’expliquer, tout au moins qualitativement, par le raisonnement suivant : on a vu (§ 2.2.3) que la fonction de transfert aérodynamique entre la vitesse turbulente incidente et la force aléatoire sur pale a une amplitude d’autant plus faible que la fréquence adimensionnelle fc /Uc (où f est la fréquence de la perturbation à l’entrée de la roue, c la corde et Uc la vitesse de convection des structures turbulentes) est grande. À fréquence f donnée, le module de la fonction de transfert et donc l’amplitude de la charge instationnaire sont ainsi plus faibles avec des pales larges, ce qui se traduit par une influence moindre d’une dégradation de l’écoulement incident sur le niveau de bruit émis. Pour réduire l’importance de l’effet d’écoulement, on doit veiller à limiter les perturbations en amont du ventilateur, une action sur les pales pouvant être tentée, notamment comme suggéré précédemment en augmentant la corde en tête, mais le succès d’une telle opération n’est pas garanti faute d’une maîtrise suffisante de l’ensemble des mécanismes en jeu. Pour cette raison, il est nécessaire de poursuivre les études amont afin d’améliorer la prévision dans ce domaine, en vue de mieux cerner en particulier l’influence de la géométrie du ventilateur sur l’amplitude de l’effet système. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 4 178 − 23