Trouble d’identité et d’intégrité corporelle – Fiche d’information Ibrahim Sabra (3599) Introduction La dysphorie de l'identité corporelle (BID), autrefois désignée sous le nom de trouble identitaire de l'intégrité corporelle (TIIC), est un trouble mental assez rare, conduisant les personnes qui en souffrent à ne pas accepter leur corps tel qu’il est. Les sujets atteints se sentent terriblement mal à l’aise dans leur corps, comme si l’un de leurs membres sains n’était pas censé en faire partie. L’angoisse apportée par ce membre devenu étranger pour eux, leur pousse à demander l’amputation de cet intrus. Une fois l’amputation rejetée, ils peuvent même se blesser intentionnellement, rendant l’amputation inévitable. Il existe au moins deux formes de BID. Dans l'une, les personnes souhaitent qu'une partie de leur corps soit paralysée. Dans l'autre forme, les personnes souhaitent se faire amputer un membre. Le BIID ne se limite pas aux membres non plus - des témoignages anecdotiques font état de personnes souhaitant être aveugles ou sourdes. Le premier cas de TIIC a été rapporté au XVIIIe siècle, lorsqu'un chirurgien français a été menacé par un Anglais qui exigeait qu'une de ses jambes soit amputée. Le chirurgien, contre son gré, a effectué l'opération. Plus tard, il a reçu une somme importante de la part de l'Anglais, accompagnée d'une lettre de remerciements pour avoir enlevé "un membre qui mettait un obstacle à mon bonheur. Pathogenèse Les causes exactes du trouble corporel d'identité et d'intégrité (BIID) ne sont pas entièrement comprises. Cependant, les chercheurs pensent qu'une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux peut contribuer au développement de cette condition. Voici quelques facteurs possibles qui ont été suggérés : Développement neurologique et cérébral : touchant spécifiquement le lobe pariétal droit Représentation du corps dans le cerveau : peut être due a un problème neurologique pur (comme une lésion dans le lobe pariétal droit) Facteurs psychologiques : Des expériences vécues précoces ou des conflits non résolus liés à l'image corporelle ou à l'identité. Ces facteurs pourraient interagir avec des vulnérabilités neurologiques, influençant ainsi davantage la manifestation du trouble Influences sociales et culturelles : Tels que l'exposition à certaines représentations médiatiques ou les interactions avec des personnes en situation de handicap, peuvent influencer la perception que l'individu a de son propre corps. Signes et Symptômes Les symptômes du trouble corporel d'identité et d'intégrité (BID) varient d'une personne à l'autre, mais ils sont généralement caractérisés par une incongruence profonde entre la perception du corps et l'identité ressentie. Voici certains des symptômes fréquemment observés chez les personnes atteintes de BID : Désir intense d'amputation ou de modification Inconfort ou dysphorie corporelle : forte sensation de déconnexion ou d'incompatibilité avec cette partie spécifique de leur corps. Préoccupation obsessionnelle Tentatives de modification corporelle non médicales : Comme l'auto amputation ou des blessures intentionnelles Détresse et altération du fonctionnement : Les symptômes peuvent interférer avec les relations interpersonnelles, le travail, les activités quotidiennes et la qualité de vie globale de la personne atteinte. Le trouble de l'identité de l'intégrité corporelle, également connu traditionnellement sous le nom d'apotemnophilie, ne porte aucune forme de sexualité. Dans l'apotemnophilie, il y a une excitation ou un plaisir sexuel associé à l'idée ou à l'image d'un membre amputé, tandis que le trouble de l'identité de l'intégrité corporelle est motivé par d'autres facteurs. Les personnes atteintes de ce trouble sont principalement motivées par le désir de vivre avec une forme d'incapacité, sans que cela soit lié à des raisons économiques. Elles sont attirées par cette condition et ressentent une certaine satisfaction à vivre avec cette différence. Par ailleurs, une autre motivation de ces individus est d'obtenir une apparence physique spécifique qui leur procure du plaisir. Cette motivation peut être considérée comme l'extrême équivalent de la chirurgie esthétique pratiquée par certaines personnes pour modifier une partie de leur corps jugée peu attrayante. Traitement Puisque les symptômes de ce trouble sont principalement cognitifs, Le traitement comportemental cognitif peut être particulièrement efficace avec trouble d'identité d'intégrité physique telle que : La thérapie cognitivo- comportementale (TCC) : peut aider à développer des stratégies de gestion de l'anxiété, de l'obsession et de la détresse liées au trouble. Cependant, les idées de ces patients sont tellement enracinées qu'il est très compliqué que les symptômes ne disparaissent qu'avec une thérapie psychologique. Dans les cas où le patient ou les membres de sa famille choisissent de suivre un traitement psychologique : Les techniques de prévention de la réponse et l'arrêt de la pensée sont des approches utilisées dans le domaine de la psychologie et de la thérapie cognitive pour traiter certains troubles anxieux, tels que les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) et l'anxiété généralisée. Les techniques de prévention de la réponse : l'identification et à la suppression des comportements compulsifs qui sont associés à des pensées obsessionnelles. Dans les TOC, les personnes éprouvent des pensées intrusives et récurrentes qui les perturbent grandement. En réponse à ces pensées, elles développent des comportements compulsifs pour réduire leur anxiété. L’arrêt de la pensée : consiste à interrompre ou à interrompre les schémas de pensée anxieux ou obsessionnels. Les personnes souffrant d'anxiété généralisée ont souvent tendance à s'inquiéter de manière excessive et constante. Ces pensées anxieuses peuvent être envahissantes et difficiles à contrôler. La technique de l'arrêt de la pensée aide les individus à reconnaître ces schémas de pensée négatifs et à les interrompre intentionnellement. Médicaments : par amitryptiline (antidépresseur) et rispéridone (antipsychotique). Pronostic : Persistance des sentiments de détresse associés au tiic malgré les tentatives de traitement et de soutien, le pronostic peut être plus difficile. Blessures physiques, des complications et une détresse psychologique supplémentaire. La prise en charge et la gestion de ces comportements sont essentielles pour améliorer le pronostic. (Dans de tels cas, des approches alternatives et une équipe de traitement multidisciplinaire peuvent être nécessaires pour explorer différentes stratégies de gestion des symptômes et de soutien.) Cas clinique : Madame M Une militaire de 32 ans a été admis pour un examen neurologique avec un syndrome de douleur chronique à la jambe gauche. Elle souffrait également de dépression sévère, alors le neurologue l'a envoyée chez un psychiatre pour des tests et un traitement. Tout a commencé lorsqu'elle s'est blessée au genou lors d'une marche d'entraînement. Elle avait 25 ans à l'époque et souffrait d'une instabilité du genou qui nécessitait une intervention chirurgicale. Elle a subi une deuxième blessure au genou et a subi une autre opération. Puis, à 28 ans, elle a cru entendre des craquements d'os lors d'une séance de kinésithérapie. Elle en a parlé à son médecin de famille, mais il a dit qu'il ne la croyait pas. Néanmoins, elle a consulté un chirurgien et a finalement subi une intervention chirurgicale. Après l'opération, le patient est devenu dépressif. Elle souffre également du syndrome douloureux régional complexe (également appelé dystrophie sympathique réflexe), qui se caractérise par une douleur persistante dans sa jambe gauche opérée. Les symptômes douloureux, avec des symptômes tels que des douleurs diffuses, des douleurs lombaires, une perte de sensation dans les deux jambes (dysesthésie), une sensibilité accrue dans les pieds (hyperesthésie) et des picotements dans les bras, s'aggravent progressivement avec le temps. Arrivé au service psychiatrique, Madame M se déplace à l’aide d’un fauteuil roulant comme si ses jambes étaient paralysées. Elle prétend marcher avec une canne depuis des mois. Pendant l'interview, elle était triste et pleurait. Elle a des capacités psychomotrices réduites et souffre de fatigue, d'insomnie et de difficultés de concentration. Elle ne trouve aucun plaisir dans la vie. Elle sent que son corps est défaillant et ne lui appartient plus. Sa jambe gauche souffre, mais il est présumé mort. La patiente affirme que les douleurs étaient si intenses qu'elle an envisagé de se couper la jambe avec un couteau. Elle est convaincue que sa jambe est incurable et qu'il n'y a plus rien à faire pour elle. Cependant, la patiente a insisté sur le fait que se faire amputer la jambe lui permettrait de renouer avec son "identité sportive" et de retrouver un corps "valide" en faisant du sport. "Son désir était réfléchi et nullement impulsif : elle a fait des recherches sur Internet et participé à des forums de discussion sur le sujet", soulignent les auteurs. La patiente pense que la jambe doit être amputée car elle ne peut pas être traitée et n'a pas contacté le chirurgien. En conclusion, le désir d'amputation reste, même s'il ne s'exprime plus ouvertement. Recherches futures : L’amputation peut susciter des controverses sur le plan éthique en raison des implications physiques, psychologiques et sociales considérables qu'elle entraîne. La controverse éthique découle principalement de la perte potentielle d'un membre, ce qui représente une altération profonde du corps et de l'identité d'une personne. Voici quelques points clés qui contribuent à la controverse éthique entourant l'amputation. Donc des déclarations claires doivent être mises au service du corps médical. Le célèbre neurologue indien Vilayanur S. Ramachandran a proposé un lien entre le BIID et la somatoparaphrénie, une affection qui survient à la suite d'un accident vasculaire cérébral dans le lobe pariétal droit et amène le patient à nier un membre du côté gauche du corps, dans la plupart des cas un bras. Le développement d’une technique de stimulation de cette région par exemple profonde (SCP), magnétique (SCM) ou transcrânienne aura un vrai potentiel de guérir ces personnes comme elles sont explorées pour le traitement de divers maladies neuropsychiatriques comme la schizophrénie. Références : https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/32446Dysphorie-l-identitie-corporelle-desir-d-amputation-lie-anomaliesstructurecerveau#:~:text=La%20dysphorie%20de%20l%27identit%C3%A9% 20corporelle%20%28BID%29%2C%20autrefois%20d%C3%A9sign %C3%A9e,membres%20sains%20n%E2%80%99%C3%A9tait%20p as%20cens%C3%A9%20en%20faire%20partie. https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/tag/trouble-delidentite-et-de-lintegrite-corporelle/ Trouble de l’identité et de l’intégrité corporelle : interrogations pathogéniques et enjeux éthiques autour d’une pathologie émergente. (2008, September 17). Trouble De L’identité Et De L’intégrité Corporelle : Interrogations Pathogéniques Et Enjeux Éthiques Autour D’une Pathologie Émergente - ScienceDirect. https://doi.org/10.1016/j.amp.2007.05.020 https://www.wikiwand.com/fr/Trouble_identitaire_de_l%27int%C3% A9grit%C3%A9_corporelle https://emergency-live.com/fr/la-sant%C3%A9-et-las%C3%A9curit%C3%A9/int%C3%A9grit%C3%A9-corporelletrouble-de-l%27identit%C3%A9-biid-vouloir-%C3%AAtrehandicap%C3%A9/