INTRODUCTION : _____________________________________ Error! Bookmark not defined. I] La persécution de la communauté ouïghoure par la Chine s’amplifie depuis 2017 et est aujourd’hui désignée par le terme de « génocide » _________ Error! Bookmark not defined. 1) La répression des Ouïghours dans le pays s’intensifie selon l’Australian Strategic Policy Institute ________________________________________________ Error! Bookmark not defined. 2) Les Ouïghours forment une communauté minoritaire réprimée par la Chine _ Error! Bookmark not defined. 3) Le Xinjiang, une cible historique de la répression chinoise ______ Error! Bookmark not defined. a. Une province désertique au nord-ouest de la Chine réputée pour son coton _____ Error! Bookmark not defined. b. Une province qui a tenté par deux fois de devenir indépendante au XXème siècle _ Error! Bookmark not defined. c. Une province supposée autonome mais que l’empire chinois restreint et contrôle Error! Bookmark not defined. 4) Les disparitions de Ouïghours se multiplient suite au décret sur les religions du président Xi Jinping en 2017 ___________________________________________ Error! Bookmark not defined. 5) La persécution des Ouïghours se déroule à l’instar d’une répression sécuritaire massive _ Error! Bookmark not defined. a. La communauté ouïghoure est étroitement surveillée _______________ Error! Bookmark not defined. b. Les Ouïghours sont expropriés de leurs terres pour être détenus en prisons ou en camps de détention _____________________________________________________________ Error! Bookmark not defined. c. Les Ouïghours sont forcés de travailler dans le cadre du programme de « transfert de main d’œuvre » _____________________________________________________________ Error! Bookmark not defined. i. Dix-sept secteurs, du textile à l’agriculture, exploitent les Ouïghours _ Error! Bookmark not defined. ii. Des conditions de vie très mauvaises dans les usines et les fermes ___ Error! Bookmark not defined. iii. Les Ouïghours sont obligés d’endurer un endoctrinement forcé_____ Error! Bookmark not defined. iv. Les Ouïghours sont privés de leur libre-arbitre ___________________ Error! Bookmark not defined. v. L’encadrement est militaire __________________________________ Error! Bookmark not defined. d. La Chine viole la religion et la culture ouïghoure ____________________ Error! Bookmark not defined. i. Des Chinois Hans colonisent massivement le Xinjiang pour diluer la minorité ouïghoure ______ Error! Bookmark not defined. ii. La Chine développe le programme « devenir famille » _____________ Error! Bookmark not defined. iii. La pratique religieuse musulmane est criminalisée en Chine________ Error! Bookmark not defined. iv. Les symboles de la religion musulmanes sont détruits ____________ Error! Bookmark not defined. 1 v. Les personnalités publiques musulmanes sont prises pour cible _____ Error! Bookmark not defined. vi. Les enfants Ouïghours sont séparés de leur famille pour suivre un apprentissage exclusivement en mandarin ___________________________________________________ Error! Bookmark not defined. e. La Chine pratique la torture sur les Ouïghours ______________________ Error! Bookmark not defined. i. Les tortures mentales _______________________________________ Error! Bookmark not defined. ii. Les tortures physiques dans la stratégie « d’entrave des naissances » Error! Bookmark not defined. iii. Les tortures sexuelles _______________________________________ Error! Bookmark not defined. II] De multiples facteurs économiques et humains sont à l’origine de l’augmentation de la persécution des ouighours _____________________________ Error! Bookmark not defined. 1) L’envie pour pékin d'optimiser la population et d’améliorer la croissance économique _ Error! Bookmark not defined. 2) La persécution des Ouïghours comme une solution au terrorisme envisagée par la Chine Error! Bookmark not defined. a. Le président XI octroie des pouvoirs afin d’essayer d’éradiquer les ouighours. ____ Error! Bookmark not defined. b. Les Hans disent retrouver la paix au Xinjiang grâce à des mesures antiterroristes _ Error! Bookmark not defined. c. Des camps sont construits afin de lutter contre le terrorisme __________ Error! Bookmark not defined. 3) La révolution de 2009 à entrainer une dégradation des relations entre les chinois et les ouighours _______________________________________________ Error! Bookmark not defined. a. De nombreux combats de rues ont eu lieu _________________________ Error! Bookmark not defined. b. De nombreux attentats meurtriers ont eu lieu entre 2013 et 2015 _____ Error! Bookmark not defined. c. La déclaration de guerre du président Xi Jinping ____________________ Error! Bookmark not defined. 4) Aujourd’hui, nous avons une augmentation de la méfiance et du sentiment séparatiste des Ouïghours. ______________________________________________ Error! Bookmark not defined. a. Le besoin d’indépendance des ouighours __________________________ Error! Bookmark not defined. b. De nombreuses actions afin d’essayer d’échapper à l’emprise chinoise _ Error! Bookmark not defined. c. La paix entre les deux ethnies n’existe plus ________________________ Error! Bookmark not defined. 5) L’absence de réactions des grandes marques aggravent la situation _____ Error! Bookmark not defined. a. L’exemple de Volkswagen ______________________________________ Error! Bookmark not defined. b. L’exemple des marques de textiles _______________________________ Error! Bookmark not defined. III] Les conséquences de l’exploitation Ouïghoure sont nombreuses et touchent tout le monde _____________________________________________ Error! Bookmark not defined. 2 1) les conséquences des stérilisations et autres violations sont alarmantes _ Error! Bookmark not defined. a. Une chute des naissances importante ____________________________ Error! Bookmark not defined. b. La baisse de la population Ouïghours entraine la mort de leur culture __ Error! Bookmark not defined. 2) Surveillance abusive et liberticide : développement d’un énorme réseau de surveillance dans le Xinjiang _______________________________________________ Error! Bookmark not defined. a. Les caméras de surveillance sont partout __________________________ Error! Bookmark not defined. b. La police est toujours présente __________________________________ Error! Bookmark not defined. c. Une application mobile disponible pour surveiller le comportement des gens ____ Error! Bookmark not defined. 3) Notre participation implicite dans l’exploitation des Ouïghours __ Error! Bookmark not defined. a. De plus en plus de vêtements achetés viennent du travail forcé _______ Error! Bookmark not defined. b. Les entreprises Européennes favorisent la croissance du marché économique Xinjiang Error! Bookmark not defined. 4) L’image de la Chine est détériorée _________________________ Error! Bookmark not defined. IV. En réaction à la répression des Ouïghours, les États et les citoyens du monde entier sont pris à parti et adoptent des mesures fortes contre la Chine ___ Error! Bookmark not defined. 1) Les oppressés travaillent sur une prise de conscience des pays occidentaux et de leurs citoyens _________________________________________________ Error! Bookmark not defined. a. Des documents confidentiels et accusateurs fuitent dans la presse _____ Error! Bookmark not defined. i. Les "China Cables" __________________________________________ Error! Bookmark not defined. ii. Les "Xinjiang Police Files" ____________________________________ Error! Bookmark not defined. b. les Ouïghours sortent du silence _________________________________ Error! Bookmark not defined. i. Le World Uyghur Congress juge les décisions du Parlement européen _ Error! Bookmark not defined. ii. Les rescapés des camps témoignent ___________________________ Error! Bookmark not defined. c. Les associations défendent la cause ouïghoure _____________________ Error! Bookmark not defined. i. Trois associations portent plainte contre la Chine pour recel de crime contre l’humanité _____ Error! Bookmark not defined. ii. Les rapports de Amnesty et Human Rights Watch accusent la Chine de crimes contre l'humanité ___________________________________________________________ Error! Bookmark not defined. d. Des campagnes de sensibilisation se développent___________________ Error! Bookmark not defined. e. L’ONU a mené une enquête en 2018, exhorté par plusieurs chercheurs _ Error! Bookmark not defined. 2) Les États reconnaissent officiellement les atrocités fomentées par la Chine pour détériorer l’image du pays ___________________________________________ Error! Bookmark not defined. a. Le consensus unanime des chercheurs indépendants de la Chine ______ Error! Bookmark not defined. 3 b. Les États-Unis reconnaissent la répression des Ouïghours comme un génocide ___ Error! Bookmark not defined. c. À la suite, l’Union européenne vient accentuer la pression internationale contre la Chine _______ Error! Bookmark not defined. i. Les institutions de l’Union européenne prennent position dans le conflit moral _ Error! Bookmark not defined. ii. L’Angleterre reconnaît les crimes subis par les Ouïghours __________ Error! Bookmark not defined. iii. La France suit l’exemple de ces voisins européens ________________ Error! Bookmark not defined. 3) Les citoyens et les États cherchent à réduire les débouchés commerciaux du Xinjiang pour ne pas financer le travail forcé _________________________________ Error! Bookmark not defined. a. L’interdiction de l’importation de produits liés au travail forcé ________ Error! Bookmark not defined. b. L’Union européenne et les élus américains sanctionnent plusieurs personnalités chinoises _____ Error! Bookmark not defined. c. En 2021, certaines marques ont retiré le coton venu du Xinjiang de leur production __ Error! Bookmark not defined. d. Boycott de certaines entreprises qui profitent du travail forcé _________ Error! Bookmark not defined. i. Un mouvement citoyen fort __________________________________ Error! Bookmark not defined. ii. Le gouvernement américain met des entreprises sur liste noire _____ Error! Bookmark not defined. V] Les perspectives d’avenir sont aujourd’hui très limitées par l’impuissance des états internationaux et des nombreuses absences de réactions. ___ Error! Bookmark not defined. 1) Il n’y a pas de conséquences des réactions au niveau international ______ Error! Bookmark not defined. a. Les députés français reconnaissent et condamnent les violences perpétrées sur les ouighours mais n’agissent pas davantage. ________________________________________ Error! Bookmark not defined. b. Il y a très peu de chance que la Chine soit jugée devant la Cour pénale internationale Error! Bookmark not defined. 2) L’ONU, un organisme très important, mais qui ne réagit pas vraiment ___ Error! Bookmark not defined. a. L'enquête de 2018 effectuée par L’ONU est au point mort : le compte rendu n’ayant jamais été publié après quatre ans _______________________________________________ Error! Bookmark not defined. b. La déclaration de Michelle Bachelet est en opposition avec le rapport du OHCHR _ Error! Bookmark not defined. 3) La Chine ne reconnait pas aujourd’hui ses erreurs et nie toutes les allégations en bloc __ Error! Bookmark not defined. 4 a. La chine assume sa politique anti-ouighours et ne souhaite pas en changer ______ Error! Bookmark not defined. b. Elle refuse aujourd’hui de reconnaitre cette politique comme un crime contre l’humanité ______ Error! Bookmark not defined. CONCLUSION : _______________________________________ Error! Bookmark not defined. 5 INTRODUCTION : Les Ouïghours sont un peuple minoritaire d’ethnie musulmane en Chine. Ce peuple, exploité depuis longtemps par le gouvernement Chinois, attirent aujourd’hui l’attention des nations unies. Ils font l’objet d’enquêtes, de nouvelles lois dans le but de mettre fin à leur exploitation. Mais leur guerre est loin d’être gagnée… Leur histoire depuis 1990 est présentée dans l’article Ouïghours en Chine : qui sontils et pourquoi Pékin est-il accusé de génocide, publié le 30 mai 2022 dans BBC News, une histoire accompagnée d’un témoignage et de chiffres clés détaillés dans Xinjiang : Le « rêve chinois » devenu le cauchemar des Ouïghours, article publié le 21 avril 2022 par Heike Schmidt dans RFI. Les secteurs économiques dans lesquels ils se font exploités sont explicités dans l’article Sous l’étiquette, la stratégie génocidaire, article publié le 14 septembre 2022 dans Libération par Laurence Defranoux. Suite à de nombreuses accusations, l’OHCHR présente un rapport explicité dans Les preuves existent : Pékin a enfermé de façon arbitraire au moins un million de Ouïgours dans des camps et des prisons, article publié le 9 juin 2022 dans Le Monde par Anna Cavazzini, Raphaël Glucksman et Yannick Jadot. Face à ces données, la décision de la France et de l’Europe concernant l’importation des produits issus du travail forcé ouïghours est présentée dans Xinjiang : l’Union européenne fait un pas vers l’interdiction d’importer des produits issus du travail forcé des Ouïgours, article publié le 9 juin 2022 dans le Monde par Juliette Garnier. 6 I] La persécution de la communauté ouïghoure par la Chine s’amplifie depuis 2017 et est aujourd’hui désignée par le terme de « génocide » 1) La répression des Ouïghours dans le pays s’intensifie selon l’Australian Strategic Policy Institute 2) Les Ouïghours forment une communauté minoritaire réprimée par la Chine · Les Ouïghours sont un groupe ethnique de religion musulmane · Ils ont leurs propres langue et culture · Les Ouïghours sont 12 millions dans le Xinjiang 3) Le Xinjiang, une cible historique de la répression chinoise a. Une province désertique au nord-ouest de la Chine réputée pour son coton b. Une province qui a tenté par deux fois de devenir indépendante au XXème siècle c. Une province supposée autonome mais que l’empire chinois restreint et contrôle 4) Les disparitions de Ouïghours se multiplient suite au décret sur les religions du président Xi Jinping en 2017 5) La persécution des Ouïghours se déroule à l’instar d’une répression sécuritaire massive a. La communauté ouïghoure est étroitement surveillée b. Les Ouïghours sont expropriés de leurs terres pour être détenus en prisons ou en camps de détention c. Les Ouïghours sont forcés de travailler dans le cadre du programme de « transfert de main d’œuvre » i. Dix-sept secteurs, du textile à l’agriculture, exploitent les Ouïghours ii. Des conditions de vie très mauvaises dans les usines et les fermes 7 iii. Les Ouïghours sont obligés d’endurer un endoctrinement forcé iv. Les Ouïghours sont privés de leur libre-arbitre v. L’encadrement est militaire d. La Chine viole la religion et la culture ouïghoure i. Des Chinois Hans colonisent massivement le Xinjiang pour diluer la minorité ouïghoure ii. La Chine développe le programme « devenir famille » iii. La pratique religieuse musulmane est criminalisée en Chine iv. Les symboles de la religion musulmanes sont détruits v. Les personnalités publiques musulmanes sont prises pour cible vi. Les enfants Ouïghours sont séparés de leur famille pour suivre un apprentissage exclusivement en mandarin e. La Chine pratique la torture sur les Ouïghours i. Les tortures mentales · les familles sont séparées · les enfants sont placés dans des orphelinats ii. Les tortures physiques dans la stratégie « d’entrave des naissances » · stérilisations forcées · avortements forcés iii. Les tortures sexuelles · viols collectifs 8 II] De multiples facteurs économiques et humains sont à l’origine de l’augmentation de la persécution des ouighours 1) L’envie pour pékin d'optimiser la population et d’améliorer la croissance économique Pékin souhaite que sa population soit entièrement Han et essaye donc de stopper les naissances chez le peuple ouighour. Pékin a pour but aussi d’améliorer sa croissance économique quitte à persécuter encore plus les ouighours pour produire plus. 2) La persécution des Ouïghours comme une solution au terrorisme envisagée par la Chine a. Le président XI octroie des pouvoirs afin d’essayer d’éradiquer les ouighours. Le nouveau président communiste autorise un lieutenant : Chen Quanquo a tout mis en œuvre pour lutter contre le terrorisme dans la région du Xinjiang. b. Les Hans disent retrouver la paix au Xinjiang grâce à des mesures antiterroristes Le camp chinois met en avant des accusations de terrorisme des ouighours pour justifier leurs actes de répression des ouighours. Selon eux, ce serait des actions antiterroristes qui leur aurait permis de retrouver la paix et la prospérité au Xinjiang. c. Des camps sont construits afin de lutter contre le terrorisme Les camps sont un outil efficace pour , selon les Hans, rééduquer les détenus et les déradicaliser dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Nous savons qu’aujourd’hui plus d’1 million de ouighours ont été détenus. 3) La révolution de 2009 à entrainer une dégradation des relations entre les chinois et les ouighours a. De nombreux combats de rues ont eu lieu En 2009, une révolution des ouighours éclate car ils rêvent d’indépendance. De nombreux combats de rues très sanglants ont lieu entre les Ouighours et les Hans ce qui entrainera près de 200 victimes i. De nombreux attentats meurtriers ont eu lieu entre 2013 et 2015 9 Les ouighours commettent de nombreux attentats dont 2 très marquant. Le premier en 2013 quand une voiture fonce dans une place de Pékin et le second quand il y a une attaque au couteau. Ces deux attentats font au total 36 victimes ii. La déclaration de guerre du président Xi Jinping A son arrivée au pouvoir en 2012, le nouveau président : Xi jinping veut éradiquer les 3 maux qui s’abattent selon lui sur le Xinjiang en leur ‘déclarant la guerre’ : « le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme ». 4) Aujourd’hui, nous avons une augmentation de la méfiance et du sentiment séparatiste des Ouïghours. a. Le besoin d’indépendance des ouighours Les ouighours souhaitent posséder leur propre état et être indépendant. Il y a en effet une augmentation du sentiment anti-Hans et séparatiste depuis les années 1990 qui continue de se développer aujourd’hui. b. De nombreuses actions afin d’essayer d’échapper à l’emprise chinoise Pour échapper à l’emprise chinoise, les ouighours écoutent des ‘conférences illégales’, font des attentats à la bombe, des sabotages, des troubles civils et utilisent moins leurs téléphone (pour essayer d’échapper à la surveillance numérique des chinois) c. La paix entre les deux ethnies n’existe plus Le président XI Jinping a publié un décret pour n’autoriser que la religion d’orientation chinoise. Les ouighours et leur religion musulmane sont donc officiellement réprimés. 5) L’absence de réactions des grandes marques aggravent la situation a. L’exemple de Volkswagen Volkswagen, un constructeur d’automobiles allemand bien implanté au Xinjiang refuse de fermer son usine malgré de nombreux appels. Il participe donc directement à l’exploitation des ouighours. 10 b. L’exemple des marques de textiles De nombreuses marques de textiles refusent aujourd’hui de signer un appel à se retirer de la région controversée du Xinjiang. Ne pas réagir laisse faire « la stratégie génocidaire » des ouighours par les Hans. 11 III] Les conséquences de l’exploitation Ouïghoure sont nombreuses et touchent tout le monde 1) les conséquences des stérilisations et autres violations sont alarmantes a. Une chute des naissances importante Les femmes Ouïghours sont soumises à un contrôle important des naissances, par le biais de stérilisations ou d’avortements forcés, faisant ainsi baisser la natalité Ouïghoure de 84% entre 2015 et 2018 et de 24% en 2019. b. La baisse de la population Ouïghours entraine la mort de leur culture Le nombre de Ouïghours à été quasiment divisé par deux par rapport à 1953. A cela s’ajoute le placement des enfants dans des foyers chinois, les forçant à oublier leurs pratiques musulmanes et à adopter les pratiques et idéologies chinoises. Sans personne pour perpétuer les traditions Ouïghours, leur culture est aujourd’hui « menacée d’extinction ». 2) Surveillance abusive et liberticide : développement d’un énorme réseau de surveillance dans le Xinjiang a. Les caméras de surveillance sont partout Des caméras à reconnaissance faciale sont positionnées dans chaque pièce des foyers Ouïghours, environ quatre par pièce, même dans les toilettes. b. La police est toujours présente Des milliers de policiers sont déployés dans le Xinjiang avec pour mission d’aller dans les maisons Ouïghours afin de les forcer à manger du proc, de boire de l’alcool et de vérifier qu’il n’y ait aucune trace de la religion musulmane dans la maison. c. Une application mobile disponible pour surveiller le comportement des gens Les Ouïghours servent de cobaye à un logiciel de reconnaissance des émotions. 3) Notre participation implicite dans l’exploitation des Ouïghours a. De plus en plus de vêtements achetés viennent du travail forcé 12 Aujourd’hui, 85% du coton chinois est produit au Xinjiang, et la Chine étant le premier producteur mondial de coton, on peut considérer qu’un vêtement sur cinq acheté et porté est issu du travail forcé des Ouïghours. b. Les entreprises Européennes favorisent la croissance du marché économique Xinjiang Le travail forcé impliquant des prix bas, des grandes marques textiles telle que Adidas, Nike, Zara ou encore H&M profitent de ces prix ‘avantageux’ pour faire plus de profit. L’exploitation Ouïghours se retrouve au total dans 17 secteurs économiques, de l’agriculture à l’électronique en passant par les jouets. Ce large panel de secteurs à fait augmenter le commerce entre le Xinjiang et l’Union Européenne de 13,6% en 2021. 4) L’image de la Chine est détériorée La Chine nie en bloc les accusations de génocide, de violation des droits humains et de crimes contre l’humanité formulées par de nombreux pays. Elle qualifie ces accusations de complètement inventées. Elle est aujourd’hui vu comme un état totalitaire ayant une politique du « tirer pour tuer ». 13 IV. En réaction à la répression des Ouïghours, les États et les citoyens du monde entier sont pris à parti et adoptent des mesures fortes contre la Chine 1) Les oppressés travaillent sur une prise de conscience des pays occidentaux et de leurs citoyens a. Des documents confidentiels et accusateurs fuitent dans la presse i. Les "China Cables" Ces fuites prouvent les méthodes cruelles de la Chine, l’encadrement militaire et les tortures opérés dans les camps. ii. Les "Xinjiang Police Files" Ces 100 000 fichiers piratés appartenant à la police chinoise ont confirmé le plan d’extermination de la Chine à l’encontre de la minorité Ouïghoure et ont accéléré l’adoption de certaine résolution dans l’Union européenne. b. les Ouïghours sortent du silence i. Le World Uyghur Congress juge les décisions du Parlement européen Le WUC, une association d’exilés Ouïghours, communique sur les votes effectués par le Parlement. Leur présidente est satisfaite des décisions prises jusqu’à présent et les salue. ii. Les rescapés des camps témoignent Gulbahar Jalilova est d’origine ouïghoure et a subi la répression chinoise : enfermée pendant quinze mois avec d’autres femmes, elle raconte les humiliations, le lavage de cerveau et les violences qu’elle a vécus dans la presse. c. Les associations défendent la cause ouïghoure i. Trois associations portent plainte contre la Chine pour recel de crime contre l’humanité ii. Les rapports de Amnesty et Human Rights Watch accusent la Chine de crimes contre l'humanité 14 d. Des campagnes de sensibilisation se développent L’État français lance des rappels à l’ordre pour sensibiliser les entreprises afin qu’elles se retirent du Xinjiang e. L’ONU a mené une enquête en 2018, exhorté par plusieurs chercheurs Michelle Bachelet, la Haute commissaire de l’ONU, a obtenu un accès significatif et sans entrave au Xinjiang, pourtant lourdement protégé par la Chine, pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme. Le rapport qui en découle est en gestation depuis quatre ans et est très attendu par les chercheurs qui sont notamment à son initiative. 2) Les États reconnaissent officiellement les atrocités fomentées par la Chine pour détériorer l’image du pays a. Le consensus unanime des chercheurs indépendants de la Chine La communauté de chercheurs qui consacrent leur temps à l’étude du Xinjiang ont relevé le taux de disparitions inquiétantes de Ouïghours et continuent de travailler sur la recherche de preuves et la rédaction de rapports incriminant la Chine. Cependant, l’opinion est déjà unanime : le pays a mis en place un agenda génocidaire contre les Ouïghours. b. Les États-Unis reconnaissent la répression des Ouïghours comme un génocide Alors que le secrétaire d’État américain déclare que la Chine commet des crimes contre l’humanité, le chef de la diplomatie américaine, quant à lui, dénonce un acharnement sur la destruction des Ouïghours. c. À la suite, l’Union européenne vient accentuer la pression internationale contre la Chine i. Les institutions de l’Union européenne prennent position dans le conflit moral La présidente de la Commission européenne promet d’interdire le commerce de produits liés au travail forcé. Les parlementaires européens reconnaissent les crimes contre l’humanité et le sérieux risque de génocide. Les résolutions adoptées à la quasiunanimité renvoient un message fort à la Chine. ii. L’Angleterre reconnaît les crimes subis par les Ouïghours 15 Le parlement britannique et la ministre britannique des Affaires étrangères déclarent que la Chine viole les droits humains. iii. La France suit l’exemple de ces voisins européens L’Assemblée nationale condamne les violences perpétrées par la Chine. 3) Les citoyens et les États cherchent à réduire les débouchés commerciaux du Xinjiang pour ne pas financer le travail forcé a. L’interdiction de l’importation de produits liés au travail forcé En Europe, les eurodéputés ont adopté le 9 juin 20 ?? une résolution qui demande l’interdiction de l’importation de produits liés au travail forcé. De plus, les États-Unis ont réactivé un texte datant de 1930 contre le travail forcé et Biden a fait voter une loi qui interdit les importations venues du Xinjiang. b. L’Union européenne et les élus américains sanctionnent plusieurs personnalités chinoises Des dirigeants du Xinjiang sont visés par des sanctions votées par les États-Unis et l’Union européenne. c. En 2021, certaines marques ont retiré le coton venu du Xinjiang de leur production d. Boycott de certaines entreprises qui profitent du travail forcé i. Un mouvement citoyen fort En France au début de 2022, les citoyens ont réussi à faire voter aux députés un texte qui reconnaît et dénonce le génocide ouïghour. Les citoyens s’engagent désormais dans la lutte contre l’oppression de la minorité ouïghoure. ii. Le gouvernement américain met des entreprises sur liste noire 16 V] Les perspectives d’avenir sont aujourd’hui très limitées par l’impuissance des états internationaux et des nombreuses absences de réactions. 1) Il n’y a pas de conséquences des réactions au niveau international a. Les députés français reconnaissent et condamnent les violences perpétrées sur les ouighours mais n’agissent pas davantage. b. Il y a très peu de chance que la Chine soit jugée devant la Cour pénale internationale 2) L’ONU, un organisme très important, mais qui ne réagit pas vraiment a. L'enquête de 2018 effectuée par L’ONU est au point mort : le compte rendu n’ayant jamais été publié après quatre ans b. La déclaration de Michelle Bachelet est en opposition avec le rapport du OHCHR 3) La Chine ne reconnait pas aujourd’hui ses erreurs et nie toutes les allégations en bloc a. La chine assume sa politique anti-ouighours et ne souhaite pas en changer b. Elle refuse aujourd’hui de reconnaitre cette politique comme un crime contre l’humanité 17 CONCLUSION : A travers ces 5 articles, le lecteur peut assimiler les différents enjeux des persécutions des ouighours en Chine et comprendre comment nous en sommes arrivés à ce point de non-retour. Nous avons choisi ces 5 articles car ils sont tous très complémentaires et traitent à la fois des révolutions passées, de ce qui se passe actuellement au Xinjiang mais aussi de nombreuses réactions parfois controversées ou jugées trop faibles. 18 TABLE DES ANNEXES : 19 ANNEXE 1 : Sous l'étiquette, la stratégie génocidaire Panneaux solaires, textile, jouets Une multitude de secteurs alimentent la persécution des Ouïghours, au Xinjiang comme ailleurs en Chine. Les chiffres sont effarants. Selon un rapport officiel du gouvernement chinois, en novembre 2020, 2,6 millions de citoyens ouïghours du Xinjiang, sur environ 12 millions, ont été placés dans des fermes et des usines dans le cadre des programmes coercitifs de « transfert de main-d’œuvre » ou de « travailleurs excédentaires ». Suivant un système organisé au plus haut niveau, les industriels passent commande de travailleurs aux autorités locales. Dans un climat de terreur et de surveillance généralisée, des recruteurs sont envoyés dans chaque foyer avec des quotas à atteindre. Les habitants turciques de plus de 16 ans (les Han, l'ethnie majoritaire en Chine, ne sont pas concernés) sont menacés de détention s'ils refusent, quels que soient leur niveau d'études et leur situation familiale. Après quelques jours de formation à des tâches répétitives, ils sont envoyés par lots avec un « encadrement militaire ». Logés en dortoir, ils ne peuvent pas démissionner ni changer d'affectation de leur plein gré. Selon de nombreux témoignages, les horaires sont très lourds, les salaires bas et ponctionnés par les frais de logement et de nourriture. Appels. Ces dernières années, d'immenses complexes industriels se sont construits dans cette région de l'ouest de la Chine, parfois dans l'enceinte même des camps de rééducation. Le textile est un des secteurs les plus touchés, à travers la culture du coton -un demi-million de personnes seraient forcées de travailler chaque année à la récolte- et la fabrication des vêtements. « La Chine est le premier producteur de coton au monde, et 85% de ce coton est produit au Xinjiang. Ce qui fait que, potentiellement, un vêtement sur cinq portés sur la planète peut être entaché de travail forcé ouïghour, rappelle Nayla Ajaltouni, de l'organisation Ethique sur l'étiquette, engagée depuis longtemps sur la question. Le travail forcé existe ailleurs. Mais au Xinjiang, il a la particularité une stratégie génocidaire. » Toutes les marques qui produisent ou sous-traitent en Chine, ou utilisent du coton chinois peuvent être concernées. « D’Adidas à Zara, en passant par Amazon, Esprit, H & M, Ikea, Muji, Nike, Primark, Uniqlo, Urban Outfitters et Walmart, la quasi-totalité des grandes marques ont refusé de signer l'appel à se retirer du Xinjiang, rappelle la militante. Seule une poignée d'enseignes ont pris un engagement ferme, notamment Asos et Marks & Spencer. » Malgré des plaintes lancées en France 20 au pénal, les rappels à l'ordre lancés par le gouvernement français aux entreprises ou les campagnes de sensibilisation, la situation s'aggrave chaque année, la chape de plomb posée sur le Xinjiang rendant toute inspection sur place impossible. Le textile est loin d'être le seul concerné par le travail forcé ouïghour. La coalition pour mettre un terme au travail forcé dans la région ouïghoure identifie 17 secteurs économiques, de l'agriculture aux jouets en passant par l'industrie lourde. A titre d'exemple, 45 % du polysilicium mondial, matéd'alimenter riau clé des panneaux solaires, est fabriqué au Xinjiang par des entreprises ou des sous-traitants qui participent aux programmes de « transfert de main-d’œuvre » parrainés par l'Etat chinois. L'électronique et l'équipement automobile sont aussi très implantés au Xinjiang, comme le constructeur allemand Volkswagen, qui se refuse à fermer son usine malgré les nombreux appels qui lui ont été lancés. Profit. « Face à une puissance comme la Chine, à une telle étendue et une telle opacité des pratiques, le consommateur seul n'est pas armé. Il était temps que les pouvoirs publics se décident enfin à légiférer », estime Nayla Ajaltouni. Alors que le 14e plan quinquennal chinois (2021-2025) prévoit des investissements faramineux au Xinjiang, et que, en 2021, le commerce direct entre le Xinjiang et l'Union européenne a augmenté de 13,6 % pour atteindre 1,15 milliard d'euros, c'est à tout un système économique mondialisé basé sur le profit et l'exploitation des êtres humains que l'UE commence à s'attaquer. Il était temps. 21 ANNEXE 2 : Les preuves existent : Pékin a enfermé de façon arbitraire au moins un million de Ouïgours dans des camps et des prisons Un collectif international de chercheurs, dont les travaux ont permis de révéler l'ampleur des crimes commis contre la minorité ouïgoure, déplore que Michelle Bachelet, haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, s'est abstenue de condamner cette politique lors de sa visite en Chine Au printemps 2017, dans ce que la Chine appelle la « région autonome ouïgoure du Xinjiang », des centaines de milliers de Ouïgours et autres populations indigènes ont commencé à disparaître sans bruit, en prison et en camp d'internement. A la fin de 2017, il est devenu évident pour la communauté internationale des chercheurs travaillant sur la région qu'une ingénierie opaque était en cours ; ils ont par conséquent, en 2018, exhorté l'ONU à établir une enquête. Cela fait désormais quatre ans que le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (OHCHR) est attendu. Pendant ces quatre années, les chercheurs ont mené des études rigoureuses sur les politiques chinoises dans la région et ont permis de révéler des crimes contre l'humanité à une échelle qui dépasse largement le programme d'internement massif. Si nous sommes reconnaissants à l'OHCHR, sous l'administration de Michelle Bachelet, d'avoir consulté certains membres de notre communauté d'experts académiques avant sa visite en Chine, nous restons néanmoins très inquiets de sa déclaration officielle du 28 mai, qui ignore les conclusions présentées par les chercheurs (dont deux de nos signataires) à son équipe, et va même à l'encontre de ces conclusions. Il est pourtant rare que le monde académique arrive à un tel niveau de consensus. Bien que les raisons pour lesquelles Pékin commet des atrocités dans la région restent sujettes à débat, nous sommes unanimes dans notre compréhension des faits et des opérations menées sur place par le gouvernement chinois. Ce consensus exceptionnel est le résultat d'une quantité saisissante de preuves que l'Etat chinois lui-même nous a fournies à travers sa propre documentation, dont une partie a fait l'objet de fuites, mais dont la majorité est tout simplement disponible publiquement sur l'Internet chinois. Ces preuves, complétées par des témoignages de rescapés et des images satellites, nous offrent un tableau précis de ce qui peut raisonnablement être nommé un agenda génocidaire. 22 Les rapports montrent clairement que Pékin a enfermé de façon arbitraire et sous différentes formes extralégales au moins un million de personnes, non seulement dans des camps d'internement, mais aussi dans des centres de détention et des prisons. Si une partie des camps d'internement et d'endoctrinement ont été fermés récemment, il n'y a aucune preuve que ce système soit totalement dissous. Plus important encore, une part non négligeable des internés de ces camps désormais fermés a été transférée vers des prisons officielles, après des simulacres de procès, et d'autres ont été placés dans des programmes de travail forcé. Torture, viols et autres mauvais traitements sont endémiques dans les prisons, centres de détention et camps. Parallèlement, un nombre croissant d'enfants ouïghours ont été séparés de leur famille, envoyés dans des internats où ils sont contraints de parler et d'agir comme des Chinois de la majorité Han. En 2018, le gouvernement chinois a ainsi stipulé qu'il avait réussi à placer en internat près de la moitié des enfants de la région en âge d'aller à l'école secondaire. Les femmes ouïgoures sont, elles, contraintes à la stérilisation, à des contrôles sévères des naissances et à des avortements, afin de réaliser ce que Pékin nomme une « optimisation de la population », alors même que les Han sont encouragés à avoir plus d'enfants. Les colons han sont envoyés dans la région par milliers, tandis que l'Etat exproprie les Ouïgours de leurs terres et détruit des villes entières, déplaçant les habitants vers des usines de travail forcé en dehors des zones majoritairement ouïgoures. Les pratiques religieuses, la possession d'un Coran ou la nonconsommation de porc et d'alcool sont criminalisées. Les autorités ont rasé monuments historiques, sites de pèlerinage, mosquées et sépultures. Or, dans sa déclaration, la haut-commissaire Bachelet n'a pas seulement échoué à condamner ces politiques, mais elle a aussi refusé d'évoquer un seul de ces faits, mentionnant seulement les programmes d'internement, en reprenant à son compte l'euphémisme de Pékin de « centres d'éducation et de formation professionnelle. Michelle Bachelet a demandé à la Chine d’« entreprendre un réexamen des politiques contre le terrorisme et la déradicalisation pour garantir une conformité avec les standards internationaux des droits humains » . La hautcommissaire ne fait ainsi que répéter l'affirmation de Pékin selon laquelle les atrocités 23 menées en région ouïgoure s'inscrivent dans un effort « antiterroriste », affirmation que nos recherches et les documents chinois officiels même contredisent. Les médias étatiques de Pékin ont, sans surprise, repris à l'envi ces propos comme une forme de justification. Les données fournies au OHCHR ne sont pas le résultat des recherches de l'un ou l'autre, elles émergent d'un consensus unanime de l'ensemble de la communauté des chercheurs indépendants de l'Etat chinois qui ont consacré leur vie à l'étude de la région. Nous appelons l'OHCHR à intégrer pleinement ces connaissances dans le rapport très attendu sur les actions de la Chine dans la région ouïgoure, et nous invitons l'OHCHR à publier ce rapport sans plus attendre et sans qu'aucune interférence politique ne l'altère. 24 ANNEXE 3 : Xinjiang : l'Union européenne fait un pas vers l'interdiction d'importer des produits issus du travail forcé La publication des « Xinjiang Police Files » a créé une onde de choc au Parlement européen. Quinze jours après la parution de plus de 100 000 fichiers de la police chinoise piratés et confiés à l'anthropologue allemand Adrian Zenz, qui révèlent l'ampleur de la répression organisée par Pékin dans le Xinjiang contre les Ouïgours, les eurodéputés ont adopté, jeudi 9 juin, une résolution demandant l'interdiction de l'importation de produits fabriqués grâce au travail forcé. A l'initiative d'une motion portée par cinq groupes politiques, dont le S&D, qui rassemble des députés socialistes et démocrates, les parlementaires européens ont d'abord approuvé un texte sur la « situation des droits de l'homme dans le Xinjiang » qui reconnaît les crimes contre l'humanité commis par Pékin et le « sérieux risque de génocide ». Le World Uyghur Congress (WUC), association d'exilés ouïgours a, par communiqué, salué le vote de ce « dixième Parlement à reconnaître les crimes contre l'humanité et le risque de génocide commis à l'encontre du peuple ouïgour ». Comme les Etats-Unis, le Canada, les Pays-Bas, la France, entre autres, a adopté des textes analogues le 20 janvier 2020. Dans sa résolution, l'Assemblée nationale a reconnu « officiellement les violences perpétrées par les autorités [chinoises] à l'encontre des Ouïgours comme constitutives de crimes contre l'humanité et d'un génocide ». « Une grande victoire » A Strasbourg, jeudi 9 juin, le Parlement a ensuite adopté sa résolution demandant à la Commission européenne de lutter contre le travail forcé, de manière générale, en bannissant l'importation de produits qui en sont issus. Cette interdiction pourrait drastiquement réduire les débouchés commerciaux des camps de travail montés par Pékin au Xinjiang. Le texte demande que Bruxelles mette en place « un nouveau dispositif commercial afin d'interdire les produits issus du travail forcé dans l'Union européenne ». A l'issue du vote, Dolkun Isa, président du WUC, s'est félicité de cette mesure et de son calendrier. C'est une « grande victoire », confirme Raphaël Glucksmann, eurodéputé, fervent défenseur de la cause ouïgoure, d'autant que ces résolutions ont 25 été adoptées à une « quasi-unanimité » propre à « envoyer un message très exigeant à la Commission européenne ». Le mode de contrôle de l'importation de produits à l'entrée de l'Union européenne devrait être défini d'ici à septembre par la Commission européenne. Aux frontières, « en cas de suspicion » de fabrication sous la contrainte du travail forcé, des marchandises pourraient « être bloquées », explique M. Glucksmann. Il reviendrait aux importateurs de prouver que leur cargaison n'en relève pas. Le vote de ces deux résolutions survient neuf mois seulement après la promesse d'Ursula von der Leyen d'interdire la vente de produits issus du travail forcé. Cette mesure fait partie des chantiers prioritaires que la présidente de la Commission européenne a annoncés lors de son discours de l'Union. Et, selon un observateur, Mme von der Leyen entend précisément présenter le dispositif d'interdiction, « lors de son prochain discours, prévu en septembre ». Une enquête ouverte Si l'Europe s'engage sur cette voie, ce serait le second bloc commercial après les Etats-Unis à imposer une telle interdiction. En septembre 2020, le pays avait réactivé un texte de 1930 contre le travail forcé. Et, à la fin de 2021, l'administration Biden a fait voter une loi qui interdit spécifiquement les importations en provenance du Xinjiang. Le texte est censé garantir que les entreprises américaines n'y financent par le travail forcé. Il doit entrer en vigueur le 21 juin. Le vote de ces résolutions européennes survient alors que, en France, quatre groupes d'habillement, l'Espagnol Inditex, propriétaire de Zara, le Français SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot), le Japonais Uniqlo et l'Américain Skechers sont au cœur d'une enquête ouverte en juin 2021 par le Parquet national antiterroriste. Confiée à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine, elle fait suite à une plainte pour recel de crimes contre l'humanité déposée par trois associations, le Collectif Ethique sur l'étiquette, Sherpa et l'Institut ouïghour d'Europe. Un an après son ouverture, « l'enquête traîne excessivement en longueur », déplore leur avocat, Me William Bourdon, en évoquant le manque de moyens de cette administration qui explore toutes les crises de la planète et, depuis avril, est mobilisée par les procédures de crimes de guerre à l'encontre de ressortissants français en Ukraine. 26 ANNEXE 4 : Ouïghours en Chine : qui sont-ils et pourquoi Pékin est-il accusé de génocide ? Les Ouïghours constituent le plus grand groupe ethnique minoritaire de la province du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. La Chine est accusée d'avoir commis des crimes contre l'humanité, voire un génocide, à l'encontre de la population ouïghoure et d'autres groupes ethniques majoritairement musulmans de la région du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays. Les groupes de défense des droits de l'homme estiment que la Chine a détenu plus d'un million de Ouïghours contre leur gré au cours des dernières années dans un vaste réseau de ce que l'État appelle des "camps de rééducation", et en a condamné des centaines de milliers à des peines de prison. Une série de dossiers de police obtenus par la BBC en 2022 a révélé des détails sur l'utilisation de ces camps par la Chine et a décrit l'utilisation systématique d'agents armés, ainsi que l'existence d'une politique du "tirer pour tuer" pour ceux qui tentent de s'échapper. Les États-Unis font partie des pays qui ont déjà accusé la Chine de commettre un génocide au Xinjiang. Les principaux groupes de défense des droits de l'Homme, Amnesty et Human Rights Watch, ont publié des rapports accusant la Chine de crimes contre l'humanité. La Chine nie toutes les allégations de violations des droits de l'Homme au Xinjiang. Le gouvernement chinois - s'exprimant après la publication des détails des dossiers de la police du Xinjiang - a déclaré que la paix et la prospérité apportées au Xinjiang grâce à ses mesures antiterroristes étaient la meilleure réponse à "toutes sortes de mensonges". Les images satellites montrent la construction rapide de camps dans le Xinjiang, comme celui-ci près de Dabancheng. Qui sont les Ouïghours ? Environ 12 millions de Ouïghours, pour la plupart musulmans, vivent dans le Xinjiang, qui est officiellement connu sous le nom de Région Autonome Ouïghoure du Xinjiang (XUAR). 27 Les Ouïghours parlent leur propre langue, qui s'apparente au turc, et se considèrent comme culturellement et ethniquement proches des nations d'Asie centrale. Ils représentent moins de la moitié de la population du Xinjiang. Ces dernières décennies ont été marquées par une migration massive de Chinois Han (la majorité ethnique de la Chine) vers le Xinjiang ; un mouvement prétendument orchestré par l'État pour diluer la population minoritaire qui s'y trouve. Le prix à payer quand on critique la Chine La Chine a également été accusée de prendre pour cible des personnalités religieuses musulmanes, d'interdire les pratiques religieuses dans la région et de détruire des mosquées et des tombes. Les militants ouïghours disent craindre que la culture du groupe soit menacée d'extinction. Où se trouve le Xinjiang ? Le Xinjiang, situé au nord-ouest de la Chine, est la plus grande région du pays. Comme le Tibet, il est autonome, ce qui signifie - en théorie - qu'il dispose de certains pouvoirs d'autogouvernance. Mais en pratique, les deux régions sont soumises à d'importantes restrictions de la part du gouvernement central. Le Xinjiang est une région essentiellement désertique qui produit environ un cinquième du coton mondial. Des groupes de défense des droits de l'Homme se sont inquiétés du fait qu'une grande partie de ce coton exporté est récolté par le travail forcé, et en 2021, certaines marques occidentales ont retiré le coton du Xinjiang de leurs chaînes d'approvisionnement, ce qui a entraîné une réaction brutale des célébrités et des netcitoyens chinois contre ces marques. En décembre 2020, des recherches consultées par la BBC ont montré que jusqu'à un demi-million de personnes étaient forcées de cueillir du coton au Xinjiang. Il existe des preuves que de nouvelles usines ont été construites sur les terrains des camps de rééducation. 28 La région est également riche en pétrole et en gaz naturel et, en raison de sa proximité avec l'Asie centrale et l'Europe, elle est considérée par Pékin comme une importante liaison commerciale. Au début du XXe siècle, les Ouïghours ont brièvement déclaré l'indépendance de la région, mais celle-ci est passée sous le contrôle total du nouveau gouvernement communiste chinois en 1949. Un logiciel de détection des émotions testé sur des musulmans chinois Ouïghours Que reproche-t-on à la Chine ? Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et les PaysBas, ont accusé la Chine de commettre un génocide, défini par la convention internationale comme "l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux". Ces déclarations font suite à des informations selon lesquelles, outre l'internement des Ouïghours dans des camps, la Chine pratique la stérilisation de masse des femmes ouïghoures afin de supprimer la population, sépare les enfants de leurs familles et tente de briser les traditions culturelles du groupe. Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a déclaré que la Chine commettait "un génocide et des crimes contre l'humanité". Le parlement britannique a déclaré en avril 2021 que la Chine commettait un génocide au Xinjiang. En 2018, un comité des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré disposer d'informations crédibles selon lesquelles la Chine détenait jusqu'à un million de personnes dans des "centres de lutte contre l'extrémisme" au Xinjiang. Un coup d'œil dans la vie des livestreamers chinois L'Australian Strategic Policy Institute a trouvé en 2020 des preuves de l'existence de plus de 380 de ces "camps de rééducation" au Xinjiang, soit une augmentation de 40 % par rapport aux estimations précédentes. L'analyse des données contenues dans les derniers documents de la police, appelés "Xinjiang Police Files", a montré que près de 23 000 résidents - soit plus de 29 12 % de la population adulte d'un comté - se trouvaient dans un camp ou une prison au cours des années 2017 et 2018. S'ils étaient appliqués à l'ensemble du Xinjiang, ces chiffres signifieraient la détention de plus de 1,2 million d'adultes ouïghours et d'autres minorités turques. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré que ces dossiers contenaient "des détails choquants sur les violations des droits humains commises par la Chine". Auparavant, des documents ayant fait l'objet d'une fuite, connus sous le nom de "China Cables", indiquaient clairement que les camps étaient destinés à être gérés comme des prisons de haute sécurité, avec une discipline et des punitions strictes. Les personnes qui ont réussi à s'échapper des camps ont fait état de tortures physiques, mentales et sexuelles. Des femmes ont parlé de viols collectifs et d'abus sexuels. Comment s'est déroulée la répression ? Le sentiment anti-Han et séparatiste a augmenté dans le Xinjiang à partir des années 1990, dégénérant parfois en violences. En 2009, près de 200 personnes sont mortes dans des affrontements au Xinjiang, que les Chinois ont imputés aux Ouïghours qui voulaient leur propre État. Mais ces dernières années, une répression sécuritaire massive a écrasé toute dissidence. Le Xinjiang est désormais couvert par un réseau de surveillance omniprésent, comprenant la police, des points de contrôle et des caméras qui scannent tout, des plaques d'immatriculation aux visages individuels. Selon Human Rights Watch, la police utilise également une application mobile pour surveiller le comportement des gens, comme la quantité d'électricité qu'ils consomment et la fréquence à laquelle ils utilisent leur porte d'entrée. Depuis 2017, lorsque le président Xi Jinping a publié un décret affirmant que toutes les religions en Chine devaient être d'orientation chinoise, d'autres mesures de répression ont été prises. Les militants affirment que la Chine tente d'éradiquer la culture ouïghoure. 30 Les dossiers de la police du Xinjiang, qui datent tous d'avant 2019, apportent un éclairage supplémentaire sur les Ouïghours punis pour des crimes présumés qui ont eu lieu il y a des années. Beaucoup semblent avoir été ciblés pour leur utilisation du téléphone portable, pour avoir écouté des "conférences illégales" ou ne pas avoir assez utilisé leur téléphone, ce qui est considéré comme un signe que l'utilisateur essaie d'échapper à la surveillance numérique. Que dit la Chine ? La Chine nie toutes les allégations de violations des droits de l'homme au Xinjiang. En réponse aux dossiers de la police du Xinjiang, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a déclaré à la BBC que ces documents étaient "le dernier exemple de voix anti-chinoises qui tentent de salir la Chine". Il a déclaré que le Xinjiang jouissait de la stabilité et de la prospérité et que les habitants menaient une vie heureuse et épanouie. La Chine affirme que la répression au Xinjiang est nécessaire pour prévenir le terrorisme et éradiquer l'extrémisme islamiste et que les camps sont un outil efficace pour rééduquer les détenus dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme. Pourquoi la Chine considère également l'OTAN comme une menace et craint qu'elle n'atteigne ses frontières Elle insiste sur le fait que les militants ouïghours mènent une campagne violente en faveur d'un État indépendant en préparant des attentats à la bombe, des sabotages et des troubles civils, mais elle est accusée d'exagérer la menace afin de justifier la répression des Ouïghours. La Chine a rejeté les allégations selon lesquelles elle tenterait de réduire la population ouïghoure par des stérilisations massives, les qualifiant de "sans fondement", et affirme que les allégations de travail forcé sont "complètement inventées". 31 ANNEXE 5 : Xinjiang : Le « rêve chinois » devenu le cauchemar des Ouïghours Le « rêve chinois » de Xi Jinping passe par le Xinjiang. Grande comme trois fois la France et riche en ressources naturelles, la région autonome est un carrefour crucial sur les « Nouvelles routes de la soie » chères au président chinois. Pour réaliser son projet prometteur de croissance économique, Pékin n’hésite pas à persécuter de façon systématique et impitoyable la minorité ethnique des Ouïghours sur leurs terres ancestrales. « Xinjiang » est le nom chinois de cette région aux confins de l’Asie centrale, qui signifie « nouvelle frontière » en mandarin. Les quelque 11 millions de Ouïghours qui y vivent l’appellent, eux, le « Turkestan oriental », du nom de la petite république qu’ils avaient tentée de fonder par deux fois, en 1933 l’espace d’une année, puis en 1944. Cette seconde tentative d’établir une république indépendante ne durera que cinq ans. En 1949, les troupes communistes de Mao Zedong en prennent le contrôle par les armes. Six ans plus tard, en 1955, le Turkestan oriental devient la « région autonome ouïghoure du Xinjiang ». C’est la fin du rêve d’indépendance et le début d’un long calvaire pour les Ouïghours, rythmé par la colonisation et la répression. La minorité turcophone et musulmane, l’une des 56 minorités ethniques reconnues en Chine, subira une marginalisation à marche forcée. Pour siniser la région, Pékin envoie des colons appartenant à l’ethnie chinoise majoritaire des Hans, qui forment aujourd’hui plus de 42% de la population locale, soit sept fois plus que dans les années 1950. Dans le même temps, le nombre des Ouïghours décline. Ils ne représentent actuellement plus que 45% de la population, quasiment moitié moins qu’en 1953. Avec les autres ethnies, des Kazakhs, des Kirghizes, des Mongols, des Tadjiks et des Ouzbeks, 25 millions d’habitants vivent aujourd’hui dans la région autonome du Xinjiang. Des émeutes en 2009 déclenchent un tour de vis sécuritaire Face aux politiques du régime communiste qui visent à les assimiler, les Ouïghours et les autres minorités turciques tentent de résister contre la domination chinoise, en vain. Les choses s’enveniment davantage en 2009, lorsque des violences éclatent à Urumqi, la capitale de la région. Des milliers de Ouïghours et de Hans se livrent des combats de rue sanglants qui font près de 200 morts. Ces émeutes 32 interethniques marqueront le début d’un tour de vis violent, suivi par une vague d’attentats qui font voler en éclat « l’harmonie entre les ethnies », tant mise en avant pendant des décennies par la propagande de Pékin. Deux attentats, perpétrés selon un mode opératoire jihadiste, frappent les esprits : en octobre 2013, une voiture fonce dans une foule sur la place Tiananmen au cœur de Pékin, faisant cinq morts. Un an plus tard, une attaque à l’arme blanche à la gare de Kunming fait 31 victimes. Xi Jinping, arrivé au pouvoir en 2012, promet alors de « frapper fort les ennemis du régime » et déclare la guerre aux trois maux qui minent, selon lui, la région autonome, « le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme ». Ce tour de vis se durcira encore d’un cran en 2016, lorsque le tout puissant secrétaire général du parti communiste et président chinois nomme à la tête de la région autonome Chen Quanguo. Xi lui donne carte blanche pour « lutter sans merci contre le terrorisme ». Le numéro un chinois compte sur son fidèle lieutenant pour mettre fin à l’instabilité dans cette région stratégique, devenue une pièce maitresse des « Nouvelles routes de la soie » lancées en 2013. Jusque-là secrétaire du parti communiste au Tibet, Chen appliquera au Xinjiang ce qu’il a déjà testé sur le toit du monde : après les Tibétains, c’est au tour des Ouïghours de subir une politique féroce visant à anéantir leur identité, leur histoire et leur culture dans le but « d’éradiquer le virus de l’islamisme ». Les fonctionnaires dans le Xinjiang reçoivent l’ordre de « briser leurs lignées, briser leurs racines, briser leurs liens et briser leurs origines », selon une note secrète du Parti communiste révélée par le New York Times (en anglais). Des outils high-techs, comme la reconnaissance faciale ou encore des QR codes apposés sur les maisons dans lesquelles vivent des Ouïghours, sont alors mis au service d’une surveillance massive. Même chez eux, ils n’échappent pas aux yeux vigilants des autorités : dans le cadre de la campagne appelée « devenir famille », des dizaines de milliers de fonctionnaires de la majorité Han s’invitent dans les foyers ouïghours pour les inciter à manger du porc et boire de l’alcool. Des camps d’internement pour « déradicaliser » les Ouïghours C’est sous les ordres du nouvel homme fort du Xinjiang, Chen Quanguo, que la Chine construit des centaines de camps de rééducation à partir de 2017. Dans un premier temps, les autorités nient l’existence de ces camps sécurisés par des barbelés 33 et des tours de gardes. Mais en octobre 2018, elles finissent par admettre que des « centres de formation » accueillent des membres de la minorité des Ouïghours dans le cadre d’une politique de « déradicalisation ». L’anthropologue allemand Adrien Zenz, qui étudie des milliers de documents internes du parti communiste, estime que le réseau concentrationnaire bâti par la Chine compte entre 1 300 et 1 400 camps dans lesquels sont ou ont été internés plus d’un million de personnes, Ouïghours mais aussi Kazakhs, soumis à un endoctrinement forcé sans savoir pourquoi, ni pour combien de temps. Des récits glaçants comme celui de Gulbahar Jalilova, citoyenne kazakhe d’origine ouïghoure qui a passé 15 mois dans la cellule étroite d’un camp avec 40 autres femmes à Urumqi, témoignent des humiliations et du lavage de cerveau subis au quotidien : « Toute la journée, nous devions rester assises tournées face aux toilettes, pendant que les caméras installées aux quatre coins de la pièce nous surveillaient, même quand on allait aux toilettes, explique-t-elle dans une interview à RFI. Avant chaque repas, on nous obligeait de chanter cinq chants patriotiques, sinon on ne recevait rien à manger. » Une chute des naissances drastique après les stérilisations forcées En juin 2020, le chercheur Adrien Zenz, dans une étude pour le think tank américain Jamestown Foundation (en anglais), révèle que la politique répressive ne s’arrête pas aux internements extrajudiciaires. En parallèle, Pékin mène une stratégie étatique d’« entrave des naissances » à l’encontre des Ouïghours. Statistiques officielles à l’appui, l’anthropologue apporte la preuve que la natalité baisse de façon drastique depuis 2017. À la suite des campagnes de contraceptions, stérilisations et avortements forcés, le Xinjiang enregistre 24% de naissances en moins en 2019. Dans deux préfectures où les Ouïghours sont largement majoritaires, ce taux atteint même 84% entre 2015 et 2018, une chute sans précédent qui s’est encore accentuée depuis. Adrien Zenz y voit un « lent génocide » dans le but d’ « optimiser » la population locale. La même année, une autre étude démontre qu’un demi-million d’habitants du Xinjiang issus des minorités ethniques sont forcés de travailler dans les champs de coton, dont la Chine est le premier producteur mondial. Un an plus tard, l’ONG Amnesty International révèle qu’un vaste réseau d’orphelinats accueille plus de 800 000 enfants, séparés de leurs parents pour suivre des programmes d’éducation 34 exclusivement en mandarin. Cette volonté d’éradiquer la culture et l’identité de la minorité ouïghoure se manifeste également dans la destruction systématique de sites religieux. Le centre de recherche Australien Strategic Policy Institut (ASPI) estime que près de 16 000 mosquées, soit 65% du total, ont été détruites ou endommagées (en anglais) depuis 2017. Washington dénonce un « génocide » au Xinjiang L’accumulation des révélations et des témoignages sur la politique totalitaire mise en œuvre par la Chine finit par alerter l’opinion publique. Mike Pompeo, alors chef de la diplomatie américaine, dénonce « une tentative systématique de détruire les Ouïghours du Xinjiang ». En été 2020, les élus américains votent en faveur de sanctions qui ciblent des dirigeants communistes du Xinjiang. Des entreprises ayant profité du travail forcé sont mises sur une liste noire. En pleine guerre économique avec la Chine, Washington déclare que la deuxième puissance mondiale commet un « génocide ». Depuis, l’actuel chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken ainsi que le président Joe Biden ont maintenu ces accusations, rejetées fermement par Pékin. Malgré la colère de la Chine, plusieurs parlements occidentaux emboîtent le pas aux Américains. Le Canada, les Pays-Pays, la Lituanie, le Royaume-Uni, la République tchèque et la Belgique votent des résolutions dans ce sens. Le 20 janvier 2022, quelques jours avant l’ouverture des Jeux olympiques, les députés français sous la pression d’un mouvement citoyen fort - adoptent eux aussi à la quasi-unanimité un texte à l’Assemblée nationale qui « reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l'encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l'humanité et d'un génocide », et les « condamne ». Même s’il s’agit de textes non contraignants et que le dossier a peu de chances d’être jugé devant la Cour pénale internationale (CPI) dont la Chine n’est pas membre, les dégâts pour l’image déjà détériorée du pays de Xi Jinping sont énormes. D’autant que la pression internationale risque de s’accentuer dans les mois à venir. L’Union européenne, qui a déjà sanctionné plusieurs personnalités chinoises, prépare actuellement un texte interdisant l’importation de produits issus du travail forcé, ce qui pourrait concerner aussi des produits chinois issus de l’esclavage des Ouïghours. 35 Les choses bougent aussi du côté des Nations unies. Michelle Bachelet, la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, qui demande depuis des années à Pékin un « accès significatif et sans entrave » au Xinjiang, doit finalement s’y rendre dans les mois à venir. Human Rights Watch et Amnesty International, signataires d’une lettre ouverte avec près de 200 autres organisations de défense des droits de l’Homme, veulent aller plus loin : elles exigent que l’ONU publie son rapport sur les violations des droits de l’Homme au Xinjiang, promis de longue date, « sans délai ». 36