Uploaded by Yves Boden

Le psy-guide des parents épuisés (Suzanne Vallières)

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INTRODUCTION
Depuis quelques années, je reçois de plus en plus de parents épuisés dans
mon bureau. Des parents très investis qui veulent tout donner à leur enfant,
et qui se sentent souvent stressés et découragés devant le mandat qu’ils se
sont fixé: ÊTRE UN PARENT PARFAIT. Ces exigences élevées peuvent
parfois mener à une détresse, voire carrément à un épuisement parental
(aussi nommé «burnout parental»).
Ce constat m’a donné le goût de partager avec vous mes connaissances sur
ce sujet dont on parle de plus en plus dans les médias. Dans ce livre,
j’expliquerai ce phénomène, les symptômes et les effets qu’il peut avoir au
quotidien ainsi que les facteurs qui font augmenter le risque de vivre ce type
de burnout. Je présenterai également des trucs simples et concrets pour
prévenir l’épuisement parental et favoriser un sentiment de bien-être dans
l’accomplissement du rôle de parent.
Mon but est de vous offrir un guide qui vous permettra comme parent de
mieux comprendre ce qu’est l’épuisement, souvent associé à de nombreux
préjugés. Peut-être avez-vous déjà entendu un membre de votre entourage
vous dire de simplement vous ressaisir. Que tout le monde est dans le même
bateau et qu’être parent, ce n’est pas si dramatique que cela. Que votre
malaise va passer. Bien que ces remarques soient formulées avec une bonne
intention, il n’en demeure pas moins qu’elles invalident le sentiment du
parent épuisé, qui ressent pourtant que sa fatigue est loin d’être passagère
ou le fruit d’un caprice.
Ce livre se veut ainsi libre de jugement. Il n’y a aucune honte à avoir besoin
d’aide, à vouloir mieux comprendre ce que l’on ressent et à travailler sur
certains aspects de soi. Le fait que vous le lisiez est déjà un grand pas dans
la bonne direction et fait foi d’une prise de conscience, qui constitue la
première étape vers le changement et l’amélioration. Reconnaître la
situation n’est aucunement négatif: au contraire, cela vous permettra
d’envisager des moyens concrets pour retrouver votre équilibre. Il ne peut
qu’en ressortir des bienfaits, pour vous et pour votre famille. C’est aussi
l’occasion de mieux vous connaître comme personne pour devenir un
parent plus authentique, à l’image de qui vous êtes vraiment, un parent qui
gère mieux son stress et qui agit en harmonie avec ses valeurs.
Quand on parle de burnout parental, on parle littéralement d’un état
d’épuisement relatif au rôle de parent. Tout comme l’épuisement
professionnel est vécu lorsqu’une personne n’arrive pas à répondre aux
exigences du travail, l’épuisement parental s’installe lorsqu’on ne parvient
pas à atteindre les exigences que l’on s’était fixées en tant que parent. Face
au déséquilibre entre nos idéaux (ce que je devrais être/faire comme parent)
et la réalité (ce que je suis capable d’être/de faire au quotidien), on peut
ressentir du stress, du découragement et, parfois, de l’épuisement.
Il est bien normal pour tout parent de ressentir à l’occasion ces émotions
face à son lot de responsabilités, à la pression de l’équilibre travail-famille
et à l’impossibilité de toujours faire «ce qu’il y a de mieux» pour son enfant
et sa famille. On parle d’épuisement parental lorsque ces émotions
deviennent si intenses qu’elles causent une détresse importante et
chronique chez le parent. Il est toutefois important de préciser que le
burnout parental n’est pas en soi un diagnostic psychiatrique reconnu à
l’heure actuelle, c’est pourquoi la majorité des personnes atteintes qui
consultent reçoivent un autre diagnostic, par exemple celui de dépression ou
de trouble anxieux.
GENEVIÈVE souhaiterait quitter tôt le bureau pour passer du temps avec ses enfants, mais elle veut
aussi être performante au travail, donc elle se dit qu’elle devrait rester plus tard au boulot. Dans un
cas comme dans l’autre, elle se sent coupable. Une fois à la maison, elle cuisine un repas santé, fait
les leçons avec les enfants, s’implique dans la réalisation d’une maquette pour un projet de science,
prépare les muffins pour la classe (il faut bien faire sa part pour le petit-déjeuner communautaire à
l’école!), s’assure que les bains sont pris, lit une histoire aux enfants avant le dodo (c’est important
pour leur développement). Une fois que les enfants sont couchés, elle retourne à la cuisine préparer
les lunchs du lendemain (attention aux allergies des camarades de classe!) et fait la vaisselle. Puis le
temps est arrivé de se doucher et bientôt de se coucher parce qu’elle est complètement claquée et que,
demain, tout le monde devra être debout dès 6 heures… et repartir pour une nouvelle journée.
«Heureusement, se dit-elle, aucun des enfants n’avait d’activité parascolaire ce soir!»
À la base de l’épuisement parental, on trouve l’idéal du parent parfait, qui
résulte de nos propres exigences/objectifs, mais qui est aussi influencé par
les messages de différentes natures que la société nous envoie. Qui n’a pas
déjà senti que ses repas manquaient de légumes après une discussion avec
d’autres parents? Ou que les fournitures scolaires n’étaient pas achetées
suffisamment à l’avance? L’idée de pouvoir répondre à tous ces critères
pour être un parent parfait est purement illusoire. Mais il est difficile de
résister à cet idéal, et on peut alors s’épuiser en tentant de «performer» en
tant que parent. Nous verrons plus loin que l’une des clés pour éviter
l’épuisement est de reconsidérer cet idéal en modifiant nos propres
croyances/exigences et en accordant moins d’importance au regard des
autres ou à la pression sociale.
BURNOUT PARENTAL, BABY BLUES OU DÉPRESSION
POST-PARTUM?
Il importe de distinguer le burnout parental du baby blues et de la
dépression post-partum. Même si ces états sont similaires à certains égards,
l’épuisement parental se distingue par le fait qu’il peut survenir à n’importe
quel moment dans la vie de famille.
Le baby blues (aussi appelé «syndrome du troisième jour») est un
phénomène fréquent qui atteint de 50 à 80% des nouvelles mères et qui
apparaît typiquement de 3 à 10 jours après la naissance de l’enfant. L’état
de découragement et de stress que la mère peut alors ressentir est en grande
partie attribuable aux bouleversements hormonaux et à la fatigue liés à
l’accouchement. Cette détresse est habituellement temporaire et disparaît au
bout d’une ou deux semaines. Les clés pour surmonter le syndrome du
troisième jour consistent essentiellement à se reposer, à déléguer (on laisse
faire le ménage et la vaisselle!) et, surtout, à ne pas avoir honte de cet état et
à en parler. En revanche, si les symptômes persistent au-delà de 15 jours ou
s’aggravent, il est important de consulter un professionnel de la santé.
La dépression post-partum peut survenir à tout moment pendant l’année
suivant l’accouchement et affecterait de 10 à 20% des mères. Ce type de
dépression peut durer plusieurs mois et même jusqu’à un an. Les
symptômes les plus fréquents sont: troubles du sommeil, anxiété,
irritabilité, pleurs, difficulté à prendre soin du bébé, idées noires, etc. La
dépression post-partum est souvent causée par les énormes changements de
vie qui accompagnent la venue du bébé; la mère peut se sentir dépassée par
toutes les tâches à effectuer, avoir de la difficulté à s’adapter aux
responsabilités liées au bébé et craindre de ne pas être à la hauteur de son
nouveau rôle. Lorsque l’on vit ces symptômes, il est important de ne pas
s’isoler et d’en discuter avec son conjoint, les membres de sa famille et ses
amis, voire de consulter un professionnel de la santé au besoin.
Qu’il s’agisse du syndrome du troisième jour, de la dépression post-partum
ou de l’épuisement parental, il arrive trop souvent que la personne atteinte
vive de la honte face à son état, malheureusement. La crainte d’être jugés en
empêche plusieurs de partager leur vécu avec leur entourage. Pourtant,
lorsqu’on s’ouvre sur le sujet, on constate rapidement que l’on n’est pas
seul, que bien des parents vivent, à différents degrés, de la fatigue et du
stress face à leur rôle.
UN PORTRAIT DE LA SITUATION
On peut avoir l’impression que le phénomène d’épuisement parental est
nouveau puisqu’il fait la manchette, au Québec et ailleurs, depuis quelques
années seulement. Or les chercheurs s’y intéressent depuis une trentaine
d’années déjà, notamment dans la foulée d’études portant sur l’épuisement
des parents dont l’enfant est aux prises avec une maladie grave.
Depuis une dizaine d’années, ce problème est étudié de manière plus large,
dans la population générale. Aujourd’hui, on sait que tous les parents, tant
les mères que les pères, peuvent souffrir d’un burnout parental et que ce
dernier peut survenir peu importe l’âge de l’enfant ou le type de famille.
Les plus récentes enquêtes réalisées au Québec sur le sujet ont montré que près du quart
des parents perçoivent leur rôle comme une source de stress1. Quant à l’épuisement
parental, il toucherait de 5 à 7% des parents selon les experts2.
Il est difficile de savoir si le phénomène a pris de l’ampleur dans les
dernières années ou si nous sommes simplement plus attentifs à la détresse
des parents. Cela dit, le contexte social actuel favorise probablement le
sentiment de culpabilité et d’incompétence chez les parents. En effet, les
multiples recommandations et ressources qui leur sont adressées les rendent
plus conscients des «meilleures pratiques» au regard de l’éducation et de la
vie familiale (manger santé, bouger, avoir des loisirs, promouvoir la lecture,
la science, etc.); cela ajoute à la pression qu’ils subissent et les rend plus
sensibles à l’impact potentiellement négatif de leurs façons de faire sur le
devenir de l’enfant.
De plus, le rythme de vie accéléré des familles ainsi que la volonté de
chacun de performer, tant comme professionnel que comme parent, sont
certainement des facteurs pouvant augmenter l’incidence de l’épuisement.
Pourquoi semble-t-il plus difficile d’être parent
aujourd’hui que ce ne l’était auparavant?
Être parent à notre ère peut nous paraître plus complexe, à bien des égards, que ce ne l’était
pour nos grands-parents. Plusieurs facteurs font en sorte qu’on en vienne à ce constat:
La diversification des modèles familiaux (familles monoparentales, recomposées,
etc.);
Le fait que, dans plusieurs familles, les deux parents travaillent à l’extérieur de la
maison;
Les recherches en psychologie de l’enfant qui évoluent et qui remettent en cause nos
pratiques et les modes d’éducation que nous avons reçus;
L’aspect communautaire qui est moins présent, ce qui réduit notre accès à des
ressources extrafamiliales;
La pression provenant des médias, notamment les blogues sur la parentalité, les
réseaux sociaux, les magazines destinés aux parents, qui nous amènent souvent à
remettre en question notre rôle de parent et notre compétence dans ce domaine.
Bref, notre réalité de parents nous prédispose à l’épuisement de plusieurs
manières: surinformation, pression des réseaux sociaux qui incitent les uns
et les autres à se comparer, pression à s’épanouir sur tous les plans
(professionnel, personnel, sportif, amical, amoureux, familial). La difficulté
d’arriver à éduquer parfaitement nos enfants avec ce rythme de vie effréné
est immense.
Les messages transmis par notre société peuvent aussi accentuer la détresse
vécue par les parents épuisés et rendre difficile pour eux l’acceptation de
leur état. De fait, on peut se sentir coupable, voire honteux, de vivre des
émotions négatives face à son rôle parental alors qu’on véhicule partout que
d’être parent est une expérience heureuse et épanouissante. L’épuisement
parental semble tabou dans la culture populaire et suscite encore beaucoup
de jugements négatifs, ce qui peut mener le parent qui en souffre à
demeurer isolé.
Au Québec, 17% des parents disent n’obtenir que rarement du soutien de la part de leur
entourage lorsqu’ils sont en situation d’épuisement. De manière encore plus inquiétante,
7% des parents affirment qu’ils n’obtiennent jamais un tel soutien, ce qui représenterait
près de 50 000 parents vivant de la détresse au Québec3.
À l’inverse, depuis quelques années, un phénomène de société
complètement contradictoire semble s’installer. Que ce soit dans des
blogues, des livres ou sur les réseaux sociaux, certains pères et certaines
mères banalisent et même valorisent le fait d’être fatigués de leur rôle de
parents et de lâcher prise concernant leurs enfants. Quelques personnes vont
même jusqu’à exprimer publiquement le ras-le-bol qu’elles éprouvent à
l’égard de leurs enfants, le tout saupoudré bien sûr d’une dose d’humour ou
d’ironie. Ce discours à contre-courant peut apporter un certain réconfort,
celui de se sentir moins isolé dans sa situation et de pouvoir en rire, mais la
détresse vécue en situation de burnout parental demeure bien réelle et ne
doit pas être prise à la légère.
Plutôt que de banaliser l’épuisement parental, il est préférable d’aborder ce
sujet avec ouverture, auprès de personnes de confiance, sans se juger soimême ni juger autrui, tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’un problème
qui nous affecte comme parents – et qui a aussi des conséquences sur nos
enfants. Il est donc essentiel de le traiter pour le bien de notre famille.
LES SYMPTÔMES DU BURNOUT PARENTAL4
La fatigue
Le premier symptôme ressenti lors d’un épuisement parental est sans
contredit la fatigue. Cette fatigue peut être d’ordre physique (p. ex. besoin
de sommeil, endormissement pendant la journée), émotionnel (p. ex.
sentiment d’être à fleur de peau, difficulté à gérer les émotions,
démotivation) et cognitif (p. ex. difficulté à se concentrer, à prendre des
décisions).
Les gens qui se retrouvent dans cet état de fatigue décrivent souvent un
sentiment de vide intérieur: ils poursuivent les routines quotidiennes de
manière machinale et ne se sentent plus investis ni concernés comme
auparavant. À partir du moment où l’on ressent une grande démotivation et
une fatigue intense en lien avec son rôle de parent, on doit demeurer alerte
afin d’éviter de tomber en épuisement parental.
JONATHAN a toujours été reconnu comme un père qui joue beaucoup avec ses enfants. Depuis
quelques mois toutefois, il ressent une fatigue tellement intense qu’il décline souvent l’invitation de
son petit Thomas à venir jouer aux blocs Lego avec lui. «Papa est trop fatigué», lui répond-il en
s’efforçant de sourire. En fin de journée, Jonathan ressent fréquemment le besoin de s’étendre sur le
canapé et de fermer les yeux quelques minutes, mais ce n’est jamais suffisant pour recharger ses
batteries. C’est même pire, car plus il passe de temps ainsi étendu, moins il a le goût de se relever par
la suite.
La distanciation affective avec l’enfant
La fatigue extrême qui caractérise l’épuisement fait en sorte que notre rôle
de parent nous paraît trop lourd; nous sommes aussi plus irritables et
impatients à l’égard de nos proches. Cette fatigue peut amener un parent à
s’éloigner de son enfant, et parfois de son conjoint, puisqu’il sent qu’il n’a
pas l’énergie nécessaire pour s’investir dans la relation. Il s’agit du
deuxième symptôme fréquemment ressenti: la distanciation affective avec
l’enfant. Ainsi, le parent épuisé peut se montrer moins intéressé par ce que
vit l’enfant; il aura tendance à ne plus jouer avec lui, à être moins
démonstratif ou à s’investir moins dans sa vie scolaire, alors qu’il était
hyper présent dans toutes les sphères de vie de son petit auparavant.
L’amour du parent n’est pas en jeu ici; il n’a simplement plus l’énergie
nécessaire pour assumer pleinement son rôle parental.
KATIA est une mère aimante et attentionnée. Pendant plusieurs mois, elle a tout essayé pour faire
dormir sa petite Béatrice: bain aux huiles essentielles calmantes, massage, histoire, musique douce,
différentes doudous… Rien à faire, ça lui prend des heures à s’endormir… et Béatrice continue de
réclamer ses parents plusieurs fois chaque nuit. Épuisée, Katia se sent incompétente. Elle se demande
pourquoi elle n’arrive pas à faire ce que toutes les autres mères sont capables de faire: endormir leur
enfant! Depuis quelques mois, c’est son conjoint qui s’occupe dorénavant du coucher. Katia préfère
mettre ses énergies dans les tâches ménagères et les repas; là, au moins, elle se sent efficace.
La perte des sentiments d’efficacité et d’épanouissement dans
son rôle parental
Un autre des symptômes caractéristiques de l’épuisement: le parent ne se
sent plus efficace ni épanoui dans son rôle parental. Paradoxalement, la
perception de ne pas être à la hauteur dans ce rôle, qui a déclenché le
sentiment d’épuisement à l’origine, se trouve accentuée par les symptômes
du burnout lui-même. En effet, la fatigue, l’irritabilité et la distanciation
affective qui sont vécues par le parent épuisé nourrissent son sentiment de
ne pas répondre aux exigences du «bon parent», alors il a de plus en plus
l’impression de ne pas être adéquat ni heureux dans son rôle. Convaincu
d’être un mauvais parent, il perd confiance en ses capacités.
Habituellement, LOUIS adore jouer avec ses deux garçons au hockey dans la cour arrière. Or depuis
quelques semaines, il n’arrive plus à prendre plaisir à ces moments en famille. De façon générale, il a
la mèche courte et s’emporte pour des détails: la balle de hockey qui est envoyée de l’autre côté de la
rue, un garçon qui le fait trébucher par accident, et autres anicroches. Lorsqu’il perd patience avec les
garçons, il se sent coupable. Ainsi, il délaisse tranquillement les situations qui l’irritent et l’amènent à
s’emporter, dont les joutes de hockey, pour éviter de se sentir mal. Il commence à se demander à quoi
bon faire des efforts, puisqu’il n’est pas du tout à la hauteur du père qu’il souhaite être.
LES CONSÉQUENCES DU BURNOUT PARENTAL
Les conséquences de l’épuisement parental peuvent être nombreuses et
varient d’une personne à une autre. Notons d’abord que le stress associé à
cet état peut avoir des effets néfastes sur le système immunitaire, rendant le
parent particulièrement vulnérable à divers virus. De plus, dans certains cas,
la sensation de perdre le contrôle et d’échouer dans son rôle de parent peut
mener à des troubles de l’humeur, comme la dépression ou l’anxiété, ou au
développement d’une dépendance.
Certains parents augmentent leur consommation de substances énergisantes,
comme le café ou diverses drogues, afin de trouver l’énergie nécessaire
pour poursuivre la cadence qui leur permet de correspondre à leur idéal du
parent parfait: un parent qui n’oublie rien, qui est toujours là pour ses
enfants, qui prépare de bons repas équilibrés en tout temps, qui joue, qui
stimule, qui écoute, qui explique, qui s’implique dans les activités
parascolaires, et ainsi de suite. En contrepartie, l’alcool ou les drogues
ayant un effet calmant vont leur permettre de se détendre ou de se distraire
de la souffrance vécue. À partir du moment où un parent constate qu’il perd
le contrôle de sa consommation ou que ses symptômes de dépression et
d’anxiété deviennent plus importants, il est souhaitable de consulter pour
obtenir de l’aide.
Au sein de la famille, ce type de burnout risque d’avoir un impact négatif
sur le couple, de par ses «effets secondaires» sur le parent qui en souffre:
notamment irritabilité, baisse de libido, besoin de se distancier du milieu
familial. Dans ce contexte, l’irritabilité n’est pas causée par l’autre conjoint
ni par des conflits particuliers au sein du couple, mais bien en raison de la
grande fatigue ressentie. Il n’est pas rare que le parent épuisé décharge sa
frustration et sa colère sur l’autre parent, ce qui augmente bien entendu les
risques de conflits conjugaux. Il est important que le couple discute de la
situation en étant conscient que c’est l’épuisement qui est à la base du
problème, et qu’il trouve des moments pour se ressourcer et pour passer du
temps de qualité en amoureux. Surtout, il ne faut pas hésiter à demander de
l’aide auprès de l’entourage. Au chapitre 5, vous trouverez des moyens que
l’autre parent peut utiliser pour soutenir son conjoint épuisé et les réactions
à privilégier lorsque des difficultés surviennent.
Bien sûr, les conséquences du burnout parental se répercutent également sur
les enfants. L’immense fatigue et l’irritabilité du parent épuisé peuvent faire
en sorte que ses interventions et ses réactions sont moins adéquates lors de
situations stressantes.
À 17 h 30, quand SÉBASTIEN rentre à la maison avec sa journée de travail dans le corps, ses
batteries sont déjà à plat. Ce soir, après avoir préparé le repas à toute vitesse parce que le petit se
plaignait qu’il avait faim, ç’a été la crise à table. Son fils ne voulait pas avaler une seule bouchée! À
partir de là, Sébastien s’est montré à court de patience. À l’heure du bain, il a crié après son fils parce
qu’il refusait qu’on lui lave les cheveux. Sébastien a même dû sortir de la pièce, car il craignait de
«perdre les pédales». Le petit hurlait dans son bain. Rentrant du travail à ce moment-là, sa conjointe
est venue voir ce qui se passait. Sèchement, Sébastien lui a répondu de se mêler de ses affaires…
Blessée, elle s’est réfugiée dans la salle de bains pour aller consoler leur fils. Bien sûr, après coup,
Sébastien s’en est voulu, mais le mal était fait. On dirait que la seule façon pour lui de survivre aux
soirées en ce moment, c’est de crier pour se faire obéir. La routine du soir lui pèse tellement que tout
ce qui lui importe, c’est que les tâches se fassent pour enfin coucher son fils et avoir un peu de
tranquillité.
Même si on ne peut pas toujours éviter de commettre de tels impairs, il est
extrêmement important d’agir pour corriger la situation lorsqu’on s’aperçoit
que l’on n’est plus le parent compréhensif et serein que l’on était. Sur le
coup, il est essentiel de s’excuser auprès de son enfant (ou de son conjoint)
afin de préserver la relation. Ensuite, nous pouvons prendre certaines
ententes entre conjoints pour éviter les situations qui nous fatiguent ou nous
irritent particulièrement. Par exemple, on peut convenir que la routine du
bain ou du dodo est devenue trop lourde (puisqu’elle se passe à la fin de la
journée et que notre réserve d’énergie est vide) et qu’elle sera assumée par
l’autre conjoint pour un certain temps. Ainsi, on évitera de s’emporter parce
que l’enfant ne se déshabille pas assez vite ou qu’il insiste pour une
deuxième histoire lors du dodo! Nous reviendrons sur ces pistes de solution
au chapitre 5.
Considérant les conséquences que peut avoir l’épuisement parental, on
comprend qu’il est primordial de prévenir son apparition, d’en reconnaître
les symptômes et d’aider le parent qui le vit à s’en sortir.
Des études montrent qu’une personne qui souffre d’épuisement parental serait plus à
risque d’avoir des idées suicidaires que celle qui souffre d’épuisement professionnel5. On
explique cette conclusion par le fait qu’il est pratiquement impossible pour un parent de
quitter sa famille ou de prendre une «pause» de ses enfants, alors qu’un travailleur épuisé
peut plus facilement demander un arrêt de travail, modifier ses tâches ou changer
d’emploi. Le parent ne peut démissionner de son rôle, même si ce rôle est sa source de
souffrance et de stress. Néanmoins, il existe des stratégies pour diminuer l’épuisement et
réapprivoiser son rôle de parent afin qu’il ne soit plus souffrant, comme nous le verrons
aux chapitres 3 et 4.
En quelques mots…
L’épuisement parental (ou burnout parental) survient lorsqu’on
ne parvient pas à atteindre les exigences que l’on s’était fixées
en tant que parent, et que ce décalage cause un tel stress qu’il
finit par induire une détresse importante et chronique.
Contrairement au baby blues ou à la dépression post-partum,
l’épuisement parental peut survenir à n’importe quel moment de
la vie d’un parent, peu importe l’âge de l’enfant ou le type de
famille. Ce phénomène touche tant les hommes que les femmes.
Les trois principaux symptômes du burnout parental sont: la
fatigue, la distanciation affective avec son enfant, puis la perte
des sentiments d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle
de parent.
À partir du moment où l’on ressent une grande démotivation et
une fatigue intense par rapport à son rôle de parent, on doit
demeurer alerte afin d’éviter de tomber en épuisement parental.
1. A. Lavoie et C. Fontaine, Mieux connaître la parentalité au Québec: un portrait à partir de
l’Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans 2015, Québec, Institut
de la statistique du Québec, 2015.
2. M. Mikolajczak et I. Roskam, Le burn-out parental: l’éviter et s’en sortir, Paris, Odile Jacob,
2017, 192 p.
3. Institut de la statistique du Québec, Rapport de l’Enquête québécoise sur l’expérience des
parents d’enfants de 0 à 5 ans 2015 (EQEPE), Montréal, Gouvernement du Québec, 2016.
4. Ces symptômes correspondent aux trois facettes du burnout parental présentées par Moïra
Mikolajczak et Isabelle Roskam dans leur ouvrage Le burn-out parental: l’éviter et s’en sortir,
Paris, Odile Jacob, 2017.
5. Moïra Mikolajczak, et coll., «Consequences of parental burnout: Its specific effect on child
neglect and violence», Child Abuse & Neglect, 2018, vol. 80, p. 134-145.
L’épuisement parental n’arrive pas sans crier gare. D’abord, d’autres
symptômes se manifestent, notamment une fatigue grandissante et un stress
de plus en plus envahissant au quotidien. Dans cette situation, le parent
essaie tant bien que mal de s’adapter et de surmonter sa fatigue physique et
psychique, afin de poursuivre ses activités et d’assumer ses responsabilités.
Mais cette résistance ne peut être que temporaire et elle fait place par la
suite à l’épuisement physique et émotionnel.
AVANT LE BURNOUT, LE BURN-IN…
La littérature fait référence au concept de «burn-in6» pour définir l’étape
qui précède le burnout. Durant cette phase, le parent est particulièrement
investi dans son rôle. Il se fixe des objectifs très ambitieux et consacre
beaucoup de temps à leur réalisation, sans se donner le droit de se reposer.
Après cette montée spectaculaire, il n’est pas rare que s’ensuive une
descente vers l’épuisement.
Plus précisément, la période du burn-in se caractérise au départ par
l’idéalisation de soi et de sa famille. Cet idéal peut provenir de la famille
d’origine du parent, alors que celui-ci souhaite reproduire à tout prix le
modèle dans lequel il a grandi. Le contraire est également possible, c’est-àdire que le parent souhaite à tout prix faire les choses différemment de ce
qu’il a connu dans son enfance.
L’objectif d’être un parent parfait peut aussi provenir en partie de la
pression sociale, que nous laissons plus ou moins consciemment nous
influencer, et qui est véhiculée par une diversité de moyens. Pensons, entre
autres, aux publicités mettant en vedette des parents et des enfants souriants
et épanouis, ainsi qu’aux réseaux sociaux qui nous présentent toutes sortes
de scénarios «admirables», dont la recette super santé que la voisine a
préparée pour ses enfants et les photos de la récente sortie familiale d’une
connaissance qui semble s’être déroulée à merveille. La tendance à se
comparer est aussi très forte lors de discussions avec d’autres parents, par
exemple lorsque l’un d’eux raconte avec enthousiasme les différents loisirs
auxquels il s’adonne avec ses enfants.
Alors que le parent en burn-in met toutes ses énergies pour atteindre ses
multiples objectifs, il tombe, souvent inconsciemment, dans un cercle
vicieux. Plus il s’investit auprès de ses enfants, plus il se sent indispensable
au sein de sa famille et plus il s’engage auprès d’elle. C’est alors qu’il a
l’impression de ne pas pouvoir déléguer, que c’est lui qui doit assumer les
nombreuses responsabilités dont il s’est acquitté jusqu’à présent.
On peut faire ici le parallèle avec le concept de «charge mentale» dont il
est de plus en plus question dans la documentation. Ce terme se rapporte au
fait de devoir penser à tout ce qui touche à la famille: les rendez-vous, les
courses à faire, les activités à planifier. On parle de charge mentale lorsque
les préoccupations liées au quotidien sont omniprésentes dans nos pensées
(même au travail ou au yoga!), jusqu’à prendre toute la place. Elle
s’accompagne souvent de stress, d’anxiété et de troubles du sommeil. Ainsi,
ce phénomène précède fréquemment l’état d’épuisement parental. En ce
sens, les stratégies présentées dans ce livre pour éviter le burnout ou s’en
sortir s’appliquent tout aussi bien à la charge mentale.
En état de burn-in, le parent se définit principalement par son rôle de père
ou de mère et n’est plus à l’écoute de ses propres besoins. Ses loisirs, ses
activités sociales et sa vie de couple sont souvent sacrifiés au nom des
responsabilités parentales, qui sont passées de prioritaires à exclusives. Or,
ce sacrifice de la part du parent, même s’il est volontaire, entraîne chez lui
beaucoup de frustrations, car il constate inévitablement qu’en dépit de
l’ampleur de son investissement, il n’arrive pas encore à atteindre son idéal.
Le parent peut aussi se sentir frustré par le manque de reconnaissance de la
part de ses enfants ou de son conjoint face à tous les sacrifices qu’il fait
pour eux. C’est alors que le surinvestissement, qui s’accompagnait d’une
certaine énergie, fait tranquillement place à la fatigue, à la frustration et à la
colère. Le parent se rend compte que ses désirs et la réalité sont deux choses
distinctes.
L’étape du burn-in est critique, car la situation est encore réversible si le
parent réajuste ses attentes. Il est primordial qu’il apporte alors des
modifications à son environnement et à son mode de vie pour éviter
l’épuisement parental. Par exemple, c’est le moment de revoir le partage
des responsabilités avec son conjoint, d’accorder un plus grand rôle à la
famille élargie dans la prise en charge des enfants, d’embaucher quelqu’un
pour aider à l’entretien de la maison et de prendre du temps pour se reposer.
Nous y reviendrons dans les prochains chapitres.
Jouer avec son enfant: oui, mais…
Nous l’avons tous entendu à un moment ou un autre: il faut jouer avec ses enfants et les
stimuler, puisque cela est bénéfique pour leur développement. Cette «ligne directrice»
provoque souvent stress et culpabilité chez les parents, qui peinent à instaurer des périodes
de jeu dans leur horaire déjà chargé. On peut aussi complètement se perdre parmi toutes les
activités proposées: stimuler la réflexion de l’enfant, la prise du crayon, le découpage,
l’équilibre, le jeu créatif…
Le cœur de ce dilemme provient de notre conception de ce qu’est un «jeu stimulant». Dans
notre esprit de parents modernes et performants, voire perfectionnistes, nous imaginons des
jeux élaborés, qui demandent que nous soyons entièrement disponibles et directement
impliqués. En réalité, stimuler son enfant et lui accorder du temps ne passe pas
nécessairement par un atelier de bricolage ou un jeu de marionnettes qui requiert temps et
énergie. Plusieurs petits gestes ou activités que l’on peut insérer dans son quotidien (ou
pendant lesquels on peut se reposer!) sont tout à fait stimulants pour l’enfant et lui feront
autant plaisir qu’un jeu plus élaboré. Voici quelques suggestions:
Écouter un segment de film ensemble, blottis sur le canapé.
Demander à son enfant de construire quelque chose avec ses blocs Lego, puis de
venir le montrer, ou encore lui donner de petits défis (p. ex. construire une très haute
tour). Pendant que l’enfant est occupé, le parent peut vaquer à ses occupations tout
en se montrant intéressé.
Inviter l’enfant à rester près de soi lorsqu’on s’occupe des tâches ménagères (p. ex. il
peut nous regarder cuisiner, incorporer certains ingrédients, colorier dans son livre
pendant qu’on fait la vaisselle).
Commenter périodiquement son jeu libre tandis que l’on discute avec des amis ou
entre conjoints (p. ex. «Oh, tu m’as fait un très beau gâteau! Miam! Maintenant
j’aurais soif…»).
Ce ne sont que quelques exemples de manières très peu énergivores d’offrir de la
stimulation et, surtout, du temps de qualité à son enfant. Si, pendant que l’on souffre
d’épuisement, on n’a pas l’énergie suffisante pour intégrer tout de suite ces idées, il faut se
rappeler que l’on ne compromet pas pour autant le développement de l’enfant: il a d’autres
compagnons de jeu et d’autres sources de stimulation (école, fratrie, grands-parents, amis
du voisinage, etc.) qui contribuent à son bien-être. Évitons de nous attribuer toute la
responsabilité de la stimulation et assurons-nous simplement que notre enfant profite
d’autres occasions de jeu. Les biscuits faits avec grand-maman lui feront autant plaisir que
s’ils avaient été préparés avec maman ou papa!
Autre élément intéressant: il est bénéfique pour les enfants de vivre des périodes où ils ne
sont pas stimulés. En effet, dans ses temps complètement libres, l’enfant qui «s’ennuie»
peut apprendre non seulement à faire preuve de créativité, mais aussi à trouver et à
organiser des jeux par lui-même. Votre enfant semble complètement démuni dans ces
moments et vient souvent vous solliciter parce qu’il ne sait pas quoi faire? Dressez avec lui
une liste d’activités qu’il aime et qu’il peut faire seul (coloriage, mandalas, jeux de
construction, lecture, cahiers d’activités, etc.). Vous pourrez ensuite l’inviter à consulter
cette liste et lui indiquer où se trouve le matériel nécessaire pour qu’il entreprenne par luimême un petit projet.
LES FACTEURS DE RISQUE (ET DE PROTECTION)
Les recherches effectuées à ce jour ne permettent pas d’identifier une cause
spécifique à l’épuisement parental. Il s’agirait plutôt d’un cumul de facteurs
de risque (stresseurs), qui peuvent être propres à notre situation
sociodémographique, à notre personnalité, à notre manière d’aborder la
parentalité ainsi qu’à notre situation conjugale et sociale7.
C’est à partir du moment où le poids des stresseurs est plus grand que nos
ressources que le risque d’épuisement est plus important. Ainsi, un parent
pourrait avoir plusieurs stresseurs, mais éviter l’épuisement s’il a les
ressources nécessaires pour y faire face.
Au contraire, une personne possédant moins de ressources pourrait vivre de
l’épuisement en raison de quelques stresseurs.
Regardons donc plus en détail les facteurs de risque possibles, dans le but
de mieux comprendre ce phénomène et de développer des stratégies pour
prévenir l’épuisement parental.
Des facteurs sociodémographiques
Selon les recherches, le nombre d’enfants conjugué avec leur âge pourrait
être un facteur de risque. Sans grande surprise, il a été démontré que la
charge parentale augmente proportionnellement avec le nombre d’enfants et
diminue quand ces derniers grandissent. Donc, le parent qui a trois enfants
en bas âge est plus susceptible de vivre de l’épuisement qu’un parent qui a
un adolescent.
De plus, les familles monoparentales et recomposées seraient plus à risque
que les familles traditionnelles. Dans le premier cas, le parent se retrouve
seul avec toutes les responsabilités et ne peut partager la charge. Pour ce qui
est de la famille recomposée, c’est plutôt le stress lié à l’adaptation de tous
les membres de la nouvelle famille (les conflits qui peuvent survenir entre
le beau-parent et les enfants, et le partage des responsabilités parentales qui
doit se faire à la fois avec le nouveau conjoint et l’autre parent) qui accroît
le risque d’épuisement.
La mère pourrait être plus à risque dans le cas où c’est elle qui prend en
main la majeure partie des responsabilités rattachées aux enfants et à la vie
de famille. Le père peut être tout aussi prédisposé à l’épuisement si c’est lui
qui joue ce rôle.
Par ailleurs, un niveau de scolarisation plus élevé ferait augmenter les
probabilités de vivre de l’épuisement. Cela s’explique par le fait que,
souvent, le niveau d’exigence du parent face à l’éducation de son enfant est
alors plus élevé. En fait, plus les parents sont scolarisés, plus ils auraient
tendance à se mettre de la pression pour que leur enfant performe durant
son parcours scolaire. De plus, ils sont généralement plus informés et
développent des exigences plus élevées concernant leurs pratiques
parentales.
Finalement, notons que tout autre stresseur pouvant bouleverser la vie de
famille module le risque d’épuisement: difficultés financières,
déménagement, perte d’emploi, maladie du conjoint ou d’un proche, etc.
Surinformation et surdose de conseils parentaux:
comment faire le tri?
L’accès facile à l’information est pratique à bien des égards, mais il peut aussi accroître le
stress en ce qui concerne nos pratiques parentales. Par exemple, les multiples avancées
dans le domaine de la psychologie ont donné naissance à de nombreuses recommandations
de la part d’experts, qui visent à guider le parent vers des pratiques qui ont été démontrées
comme bénéfiques pour le développement de l’enfant. Comment s’y retrouver et éviter que
ces conseils sèment la confusion et aggravent notre situation? Il faut absolument faire le tri
comme parent et abandonner l’objectif irréaliste d’appliquer toutes les recommandations.
Voici quelques lignes directrices pour y parvenir:
Respecter ses propres valeurs. Comme dans tout domaine, celui de l’enfance et de la
famille comporte différentes approches et divers points de vue quant aux «bonnes
pratiques». Il est important de toujours nous respecter comme parents et de ne pas
appliquer des recommandations qui nous rendent mal à l’aise et qui vont à l’encontre
de nos valeurs. Même si un «spécialiste» propose ceci ou cela, vous demeurez
l’expert de votre enfant et de votre famille!
Cibler les sujets qui sont prioritaires pour soi. Il s’agit d’identifier les thématiques
qui sont les plus importantes pour nous, dans l’optique d’améliorer notre vie de
famille. Par exemple, nous chercherons de l’information sur les terreurs nocturnes
puisqu’un de nos enfants en souffre et que cela empêche la maisonnée de bien
dormir, mais nous laissons tomber les recommandations sur l’alimentation si tout se
passe bien pour nous sur ce plan!
Évaluer la crédibilité des sources d’information. On privilégie les articles qui
s’appuient sur des sources scientifiques ou qui sont rédigés par des experts reconnus.
Attention aux forums, aux blogues et aux publications provenant de réseaux sociaux,
qui peuvent parfois contenir de l’information erronée! Il en va de même pour les
conseils provenant de son entourage.
S’interroger sur l’application concrète de la recommandation. On se demande
comme parent: «Est-ce que je pourrais réalistement intégrer cela à ma routine? Est-ce
que je crois que mon enfant adhérerait à ce genre d’activité?» Rappelez-vous que les
recommandations sont des généralités suggérées sans tenir compte des cas
individuels et de la réalité de chacun. Par exemple, même si on lit que l’entraînement
à la propreté doit se faire à tel moment, on peut choisir de le remettre à plus tard
parce qu’on vient d’accoucher d’un deuxième enfant. Il est tout à fait normal que
certaines recommandations ne puissent pas s’appliquer au sein de votre famille.
Prendre en considération son niveau d’énergie. On sélectionne les recommandations
qui paraissent acceptables en termes d’investissement de temps et d’efforts. Par
exemple, si vous souhaitez aider votre enfant à s’endormir, vous pouvez choisir
d’installer une veilleuse, plutôt que de complètement remanier votre routine du soir
si cela vous semble trop lourd. Vous pourrez passer aux conseils plus exigeants
lorsque vous en aurez la capacité ou la possibilité.
Une fois que l’on a fait le tri parmi les conseils reçus, il est primordial de mettre en
application une seule recommandation à la fois. Bien des parents tentent d’instaurer
plusieurs changements dans une même période, ce qui leur prend énormément d’énergie et
donne peu de résultats. Mieux vaut se concentrer sur un conseil à la fois, en l’appliquant
correctement et en se respectant.
Les caractéristiques de l’enfant
Bien qu’il importe de se rappeler que l’épuisement parental est un problème
appartenant au parent et que l’enfant ne doit pas en être tenu responsable, il
demeure que le tempérament de ce dernier peut y jouer un certain rôle.
Un enfant qui est résilient, docile et de nature plus coopérative contribuera à
augmenter le sentiment de compétence chez l’adulte et à établir une relation
parent-enfant positive. Le parent dont l’enfant obéit, est respectueux et
adopte souvent les comportements souhaités se remet beaucoup moins en
question et vit moins de stress face à son rôle, ce qui réduit le risque de
vivre un burnout (sans éliminer complètement le risque, puisque d’autres
facteurs sont en jeu!).
À l’inverse, le parent tendra davantage à douter de ses compétences si son
enfant a un tempérament plus difficile, et ce, même dès la naissance!
Devant un enfant qui pleure souvent et qui est très difficile à consoler,
l’adulte se sent rapidement désemparé et stressé, ce qui, joint à la fatigue et
à la culpabilité de ne pas être en mesure de répondre aux besoins de son
enfant, constitue un terreau fertile au développement de l’épuisement.
Notons également que les troubles d’apprentissage, les difficultés de
comportement, les problèmes de santé mentale ou de santé physique de
l’enfant constituent des facteurs de risque. De telles situations créent des
inquiétudes supplémentaires, qui s’ajoutent à toutes celles déjà présentes, et
demandent souvent un degré d’investissement encore plus grand de la part
du parent. Trouver du temps pour se présenter à divers rendez-vous, pour
faire le suivi des démarches d’investigation et mettre en place des stratégies
d’intervention à la maison, dans l’agenda déjà très rempli de la famille, ce
n’est pas de tout repos! Les parents d’enfants aux prises avec des difficultés
vivent donc souvent plus de stress quant à leur rôle parental: «Est-ce que je
délaisse trop les autres enfants? Comment faire pour trouver du temps de
jeu si je dois travailler davantage la lecture? Ai-je bien fait d’opter pour
cette école?» Ces parents doivent faire preuve de plus de patience, user de
diverses stratégies et accorder plus d’attention à leur enfant, ce qui
évidemment demande de l’énergie supplémentaire.
Les parents ont souvent tendance à oublier que chaque enfant est unique,
qu’il naît avec sa personnalité et son tempérament propres. Avec cette
donnée en tête, il peut être plus facile pour eux de prendre du recul et
d’éviter de s’attribuer «l’échec» de certaines de leurs pratiques parentales.
Le défi d’éduquer un enfant n’est pas le même pour tous et dépend d’une
multitude de facteurs qui échappent à notre contrôle et à celui de notre
enfant. L’important est de bien comprendre quels sont les facteurs en jeu
dans sa propre situation et de se centrer sur les moyens qui peuvent
permettre de composer avec ces stresseurs (nous y reviendrons au chapitre
4), plutôt que de s’attribuer le blâme.
Les caractéristiques du parent
Tout comme la personnalité de notre enfant, nos propres caractéristiques
personnelles ont une influence sur notre prédisposition à l’épuisement.
D’abord, un parent qui possède une bonne intelligence émotionnelle sera
moins à risque de vivre un burnout parental.
Intelligence émotionnelle: capacité de percevoir et d’exprimer les émotions, de les
comprendre et de les intégrer à la pensée en les utilisant avec justesse dans le
raisonnement, ainsi que de réguler ces émotions chez soi et les autres8.
En effet, les parents qui ont une habileté à bien identifier, comprendre,
exprimer et gérer convenablement leurs émotions vivent souvent moins de
conflits avec leur conjoint et leurs enfants, et ont donc moins d’interactions
négatives avec eux. De plus, ils se sentent plus outillés et compétents pour
faire face aux débordements émotionnels de leurs enfants, ce qui diminue le
stress lié au rôle de parent.
Notre propre enfance joue aussi un rôle dans le développement de notre
personnalité et nos comportements en tant que parents. Il a été démontré
que les adultes ayant développé un attachement insécurisant dans leur
relation avec leurs propres parents seraient plus à risque de répéter ce
schéma avec leurs enfants, et éventuellement de vivre de l’épuisement. En
effet, ces adultes ont souvent plus de difficulté à composer avec les
situations stressantes et à trouver les bonnes stratégies lorsqu’ils doivent
intervenir auprès de leurs enfants, ce qui les rend plus vulnérables au
burnout parental. Cela dit, le fait de prendre conscience que l’on a
développé ce type d’attachement permet ensuite de faire des efforts pour
corriger le tir.
Les trois types d’attachement insécurisant9
Il existe trois types d’attachement insécurisant, et chacun d’eux est associé à des
comportements parentaux spécifiques, et fréquemment involontaires.
Attachement insécurisant évitant. Ce type d’attachement se développe lorsque le
parent se montre insensible à la détresse de l’enfant, souvent parce qu’il n’arrive pas
à la reconnaître. Le parent apparaît alors comme distant, voire rejetant, car il parvient
difficilement à gérer ces manifestations de détresse. En conséquence, l’enfant tend à
minimiser l’expression de sa détresse ou de ses besoins, puisqu’il apprend que ceuxci ne sont pas reçus ni validés. Il sera aussi porté à surinvestir l’exploration de son
environnement au détriment de la proximité relationnelle; par exemple, lors d’une
sortie au parc, l’enfant aura tendance à s’éloigner de ses parents plutôt que de vouloir
jouer avec eux. Plus tard dans la vie, une bonne partie de ces enfants vont performer
à l’école et se montreront autonomes à outrance, mais ils arriveront difficilement à
prendre conscience de leurs émotions pour mieux composer avec elles.
Attachement insécurisant ambivalent-résistant. L’attachement de cette nature
apparaît souvent chez les enfants dont le parent répond à leur détresse, mais de
manière inconstante ou dans un délai inapproprié. Par exemple, le parent va parfois
répondre aux pleurs du bébé, alors qu’à d’autres moments, il le laissera dans sa
détresse pour diverses raisons (besoin de dormir, besoin de terminer ce qu’il est en
train de faire, etc.). Cette inconstance empêche l’enfant de développer la certitude
que sa figure d’attachement sera présente pour répondre à ses besoins, et engendre
chez lui de la frustration à l’égard du parent. En conséquence, l’enfant aura tendance
à maximiser son expression émotionnelle, à se montrer immature ou à faire des crises
de colère ou de bouderie exagérées, dans l’espoir d’obtenir une réponse réconfortante
du parent. Paradoxalement, même lorsque cette réponse survient, l’enfant est
difficilement consolable et peut manifester de la colère parce que son parent n’a pas
satisfait son besoin à temps. Les enfants ambivalents-résistants vont privilégier la
proximité excessive à leur parent et s’éloigneront rarement pour aller jouer ou
découvrir ce qui les entoure. À l’école, ils vivront souvent plus de conflits
relationnels avec leurs pairs.
Attachement insécurisant désorganisé. Ce type d’attachement survient lorsque des
comportements du parent sont perçus comme effrayants par l’enfant. Par exemple,
l’agressivité, la violence, l’humiliation, ou simplement le fait de percevoir son parent
comme étant lui-même apeuré ou impuissant dans son rôle, sont tous des éléments
qui suscitent la peur chez un enfant. Alors, ce dernier devient très confus et vit un
conflit intérieur: «Je suis en détresse et j’aurais besoin de mon parent pour me
réconforter, mais mon parent est la source de ma détresse.» Ce type d’attachement
est celui qui provoque le plus de conséquences négatives à long terme, qui se
traduisent par des troubles de comportement, des difficultés de régulation
émotionnelle importantes et des risques accrus de présenter des problèmes
psychologiques.
9. Pour plus de détail, consulter mon livre Les psy-trucs pour les enfants de 0 à 3 ans,
nouvelle édition, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2017 [2009], p. 51-53.
Par ailleurs, on remarque que les parents susceptibles de vivre un burnout
parental ont souvent une nature anxieuse ou perfectionniste. En effet, ce
type de personnalité s’accompagne fréquemment d’exigences élevées
envers soi-même et présente une résilience moindre face aux stresseurs de
la vie quotidienne.
L’anxiété est une réaction émotive fort importante; elle nous aide à
reconnaître le danger et à y réagir, si cela est nécessaire. Toutefois, cette
réaction devient problématique lorsqu’elle est omniprésente et que les
pensées anxieuses amènent la personne à surévaluer le danger réel d’une
situation. L’anxiété peut alors affecter son fonctionnement et entraîner chez
elle de la détresse émotionnelle. Divers symptômes physiologiques peuvent
aussi se manifester: maux de tête fréquents, gorge nouée, palpitations
exagérées du cœur, sueurs, maux de ventre, etc. L’intensité de ces
symptômes et leur fréquence peuvent varier d’un individu à un autre ou en
fonction des événements vécus.
Par ailleurs, les personnes ayant tendance à être anxieuses ont souvent
besoin d’approbation de la part d’autrui pour effectuer une tâche ou prendre
une décision, mais, en même temps, elles veulent garder le contrôle de la
situation puisque cela leur donne l’impression de pouvoir apaiser leur
inquiétude.
À court de temps, KARINE tente de trouver des solutions pour alléger son horaire. Elle demande à
son conjoint de reconduire les enfants à l’école le matin, mais c’est elle qui s’assure avant de partir
qu’ils ont tout dans leur sac à dos et qu’ils sont habillés adéquatement selon la météo. Du côté de la
préparation des repas, elle demande à ses parents de l’aider, mais tient à composer elle-même les
menus, afin de veiller à ce que ses enfants aient tous les groupes alimentaires dans leur assiette.
En fait, l’anxiété est provoquée par de multiples inquiétudes, souvent non
fondées, qui surgissent de façon automatique à l’esprit. Ces pensées qui
viennent nous envahir commencent fréquemment par:
• Tout à coup que…
• Es-tu certain que…
• S’il fallait que…
• Tu imagines si…
À partir du moment où nous prenons conscience de nos pensées
anxiogènes, nous devons apprendre à les gérer pour éviter qu’elles
interfèrent dans notre quotidien et nuisent à notre capacité de bien
fonctionner. Pour évaluer l’impact réel de nos appréhensions et faire
diminuer notre anxiété, nous pouvons nous poser ces quelques questions:
• Qu’est-ce qui me fait peur?
• Quelle est la probabilité que cela se produise?
• Sur une échelle de 1 à 10, dans quelle mesure est-ce important
dans le moment présent?
• Quel est le pire qui puisse arriver?
• Est-ce que j’ai déjà vécu une situation similaire, ou des gens que
je connais l’ont-ils vécue? Et qu’est-il arrivé?
On constate alors que ces inquiétudes sont purement hypothétiques: elles ne
sont pas basées sur des faits. Ces quelques questions nous aident donc à
bien identifier les pensées négatives, saboteuses, anxieuses, et nous
amènent à prendre conscience de la faible probabilité que les scénarios
catastrophiques surviennent.
Pour ce qui est des parents perfectionnistes, ils sont rarement satisfaits
d’eux-mêmes ou de leur entourage puisque, comme le veut le dicton, «la
perfection n’est pas de ce monde»! Le fait que la perfection soit le but (être
le parent idéal) entraîne son lot de stress et de frustrations, car le constat en
est généralement un d’échec: on n’arrive pas à satisfaire toutes ses attentes
pour être le parent imaginé. Bien entendu, vouloir bien faire les choses et
nous améliorer dans notre rôle de parents est une excellente attitude… tant
que nos exigences ne deviennent pas irréalistes, sans quoi nous risquons de
ne plus ressentir de plaisir dans l’accomplissement de notre rôle.
Pour être en mesure de profiter des petits moments de bonheur avec ses
enfants, il faut apprendre à faire des compromis et se laisser la chance
d’être imparfait. Voici quelques exemples de résolutions simples qui
peuvent aider à apprivoiser doucement cette idée.
Il faut que j’apprenne à accepter:
• que je devrai parfois acheter un plat déjà préparé au
supermarché
• que je téléphonerai à mes parents ou à ma sœur pour leur
demander de m’aider à faire du ménage
• que le repas avec mes amis sera communautaire, pour m’éviter de
devoir tout cuisiner.
Bref, je dois accepter que je ne peux pas tout faire par moi-même et
parfaitement.
Dans le prochain chapitre, je vous donnerai des trucs pour apprendre à
lâcher prise afin d’atteindre votre nouvel objectif: la NON-PERFECTION.
Plutôt que de se questionner sur ce que l’on aurait pu faire de mieux ou de
se culpabiliser sur ce que l’on n’a pas eu le temps de faire, l’objectif est
d’arriver à ressentir la satisfaction d’avoir profité pleinement du moment
présent en famille.
Finalement, un autre facteur peut conduire à l’épuisement: la perception que
son rôle de parent est limitant. L’adulte qui perçoit ses responsabilités
parentales comme étant restrictives va par le fait même ressentir davantage
d’émotions négatives face à ses tâches. Par exemple, il pourra avoir
l’impression que son rôle de parent l’empêche d’avoir du temps pour ses
loisirs, ses amis, son couple ou lui-même! De telles pensées, lorsqu’elles
sont constantes et très prenantes pour le parent, créent chez lui une
résistance face aux activités liées à la famille, ce qui peut mener au burnout
parental. Les moyens les plus efficaces pour redécouvrir les aspects positifs
de son rôle de parent sont de se centrer sur le moment présent en appréciant
les petits moments tout simples vécus avec son enfant, de lâcher prise sur la
situation et de chercher des moyens pour se ré-énergiser. Ces solutions
seront détaillées au chapitre 3.
Les pratiques parentales
Les recherches le prouvent: certaines pratiques parentales ont un effet
bénéfique sur la relation parent-enfant, alors que d’autres font augmenter
les conflits et le stress au sein de la famille. Il est donc logique que ces
dernières puissent augmenter les risques de burnout parental. Voici quelques
méthodes d’éducation plutôt négatives à éviter, afin de réduire le stress et
les tensions dans la vie familiale.
Le dénigrement psychologique. Des règles imposées dans un climat
constamment négatif peuvent grandement brimer l’estime de soi de
l’enfant. Ainsi, une discipline devient abusive et s’apparente au
dénigrement psychologique lorsqu’elle inclut des menaces de coups ou
d’abandon, l’humiliation (p. ex. se moquer ou rire de l’enfant), la
critique excessive et le dénigrement verbal (p. ex. le traiter de stupide
ou de paresseux). Cette forme de discipline peut causer d’importants
dommages psychologiques à l’enfant.
Les menaces. Le fait d’informer son enfant de la conséquence qui
l’attend ne constitue pas une menace en soi, mais elle le devient si cette
conséquence est rarement appliquée ou qu’elle est exagérée. Les
menaces surgissent souvent sous le coup de la colère et lorsqu’on a
l’impression de perdre le contrôle de la situation. Elles deviennent alors
une façon de réagir devant le comportement de l’enfant. Ce moyen
d’intervention affecte grandement la crédibilité du parent; l’enfant
réagira peu à l’intervention puisqu’il sait que la menace est exagérée et
risque peu de se concrétiser.
L’indifférence ou la banalisation. Il est tout à fait contre-indiqué
d’ignorer ou de banaliser les comportements indésirables de son enfant.
Certains parents ont tendance à avoir cette réaction, entre autres en
public; se sentant mal à l’aise, ils tenteront de minimiser la situation et
éviteront d’intervenir. Bien qu’il soit effectivement conseillé de ne pas
intervenir devant un public, il importe d’amener son enfant à l’écart afin
de souligner le comportement inadéquat, de façon à demeurer le plus
constant possible dans ses interventions. Retenons ceci: éduquer un
enfant est un processus continuel et il est normal qu’il ait parfois des
comportements inadéquats.
Plus nous éliminons ce type d’interventions de notre quotidien, plus nous
diminuons les risques d’entraver notre relation de confiance parent-enfant.
Même si cela peut s’avérer un défi constant, l’éducation d’un enfant peut se
faire dans un cadre calme et doux, où les relations parent-enfant sont
positives et agréables. L’application d’interventions positives permet
souvent de prévenir une crise ou une confrontation, et donc d’éviter le
recours aux conséquences, ce qui contribuera à préserver l’harmonie
familiale. Et plus notre climat familial est harmonieux, plus nous
éprouverons du bien-être dans l’exercice de nos responsabilités de parents,
ce qui diminue les risques d’épuisement. Voici quelques méthodes
d’intervention positives10:
L’accompagnement. Les enfants n’aiment pas être interrompus dans
leur activité, parce qu’elle est routinière et connue pour eux, ce qui leur
apporte un fort sentiment de sécurité. Bien sûr, comme s’adapter à des
changements fait partie de la vie, nous devons, en tant que parents,
habituer doucement notre enfant à vivre des transitions.
L’accompagnement est une excellente méthode pour éviter la survenue
d’une crise ou le refus de l’enfant. Elle consiste à aider et à
accompagner notre enfant dans la réalisation d’une nouvelle tâche, afin
qu’il prenne confiance en lui.
La méthode du 1-2-3. Il s’agit d’une méthode fort efficace, et ce,
jusqu’à l’âge de 11 ans. Elle consiste à laisser l’enfant réfléchir pendant
trois secondes pour qu’il puisse décider soit d’obéir, soit de désobéir et
de recevoir une réprimande. La plupart du temps, l’emploi de cette
méthode permet d’éviter la survenue d’une crise. De plus, il s’agit d’une
intervention discrète et facile à appliquer, ce qui permet son emploi dans
les endroits publics et dans diverses situations.
L’humour. La méthode de l’humour est fort utile pour désamorcer une
situation et elle est particulièrement populaire auprès des tout-petits.
Taquineries, chatouillements, clins d’œil, sourires et petits jeux
permettent de calmer bien des situations tendues. Ils deviennent des
alliés importants pour motiver notre enfant à respecter la règle ou à
modifier son comportement, et ce, dans un climat harmonieux et
agréable pour tous. Cette technique permet parfois d’éviter de faire
appel aux réprimandes ou aux punitions, qui nous demandent
certainement beaucoup plus d’énergie en tant que parents.
La relation conjugale et le soutien des proches
Une autre variable importante à considérer lorsqu’on parle de risque (ou de
protection) face à l’épuisement parental est la relation conjugale. Une
relation de couple épanouie et heureuse favorise un sentiment de bien-être,
qui teinte notre vie tant personnelle que familiale. Une relation conjugale
saine nous protège aussi de l’épuisement, notamment lorsque notre conjoint
constitue une ressource vers laquelle nous pouvons nous tourner en période
de grand stress ou de fatigue. Se sentir capable de déléguer des tâches, de
parler des émotions que l’on ressent face à la parentalité, se sentir écouté et
compris dans ces moments sont des facteurs de protection importants.
Dans le même sens, une coparentalité harmonieuse allège considérablement
la charge associée au fait d’être parent et peut diminuer le risque
d’épuisement, et ce, que l’on soit séparé ou pas! Lorsque les parents
peuvent se soutenir dans les décisions qui concernent leurs enfants,
s’entraider et se mettre d’accord sur les principes d’éducation et les valeurs
qu’ils veulent transmettre à leurs enfants, ils économisent une quantité
d’énergie considérable.
Deux exemples de coparentalité
COPARENTALITÉ DIFFICILE
MARC et JULIA sont séparés depuis quelques mois. Marc s’est aperçu que son fils âgé de
7 ans était très fatigué lorsqu’il revenait chez lui après avoir passé la semaine chez sa
mère. Il téléphone à cette dernière pour lui demander ce qui se passe et il apprend que son
fils se couche à 20 h 30 chez elle. Marc lui dit qu’il trouve son attitude irresponsable. Julia
lui répond que cela ne le concerne pas, que c’est elle qui décide de l’heure à laquelle son
fils se couche chez elle. Après une longue discussion houleuse, la communication cesse
abruptement sans qu’aucune entente ait été prise.
L’énergie dépensée à critiquer l’autre parent est inefficace et drainante. Elle est aussi
nocive pour la relation entre les deux parents que pour la relation parents-enfant, puisque
ce dernier subit cette tension.
COPARENTALITÉ POSITIVE
MARC et JULIA sont séparés depuis quelques mois. Marc s’est aperçu que son fils âgé de
7 ans était très fatigué lorsqu’il revenait chez lui après avoir passé la semaine chez sa
mère. Il téléphone à cette dernière pour s’informer de sa routine du soir et constate que son
fils se couche à 20 h 30 chez elle, alors que chez lui, il va au lit à 19 h 30. Après avoir
discuté de leurs routines respectives, Marc et Julia conviennent qu’il est impossible pour
Julia de s’arrimer avec Marc pour l’heure du coucher, puisqu’elle arrive chez elle à 18 h
en raison de son horaire de travail. Par contre, elle accepte de réviser sa routine pour que
l’enfant se couche à 20 h plutôt qu’à 20 h 30.
Ces exemples montrent qu’un mode de communication empreint de calme, où personne
n’accuse l’autre, permet souvent d’arriver à la solution recherchée. Lorsqu’on aborde
l’échange sur un ton teinté de reproche, l’autre parent se sent plus facilement pris en défaut
et risque d’être sur la défensive, ce qui est peu productif. Il faut se rappeler que l’objectif
est de faire avancer la discussion pour résoudre un problème et ainsi améliorer le bien-être
de l’enfant. Aussi, toute dynamique parentale, que les parents soient séparés ou en couple,
nécessite invariablement de faire certains compromis au sujet des routines et de l’éducation
des enfants. On doit donc être prêt à faire des concessions, en se souvenant que l’autre
parent en fera ou en aura déjà fait de son côté.
Au-delà du soutien du conjoint, la présence aidante de la famille élargie ou
d’un réseau peut constituer un facteur de protection très important. Les
grands-parents, les tantes et les oncles, le voisinage, les amis, etc., peuvent
tous être des ressources précieuses vers lesquelles le parent peut se tourner
en cas de besoin. Que ce soit pour du gardiennage occasionnel, la
préparation de repas collectifs ou du covoiturage vers les entraînements
sportifs, notre réseau peut parfois nous alléger de certaines responsabilités,
en plus de nous soutenir lorsque nous vivons des moments plus difficiles.
Un déséquilibre des sphères de vie
Un des grands défis de la vie est d’établir un équilibre entre nos sphères de
vie. L’harmonie et la satisfaction sont deux sentiments qu’éprouve une
personne qui se sent bien et en équilibre. À l’inverse, s’il y a déséquilibre
entre les différents aspects de sa vie, elle sera habitée par une impression
d’inconfort, un sentiment de débordement et ressentira du stress. Posonsnous la question: sommes-nous dans une période de déséquilibre? Les
émotions les plus présentes pendant cette période (et ce, sur une base
quotidienne) sont la fatigue, l’irritabilité et l’anxiété. Nous avons alors
l’impression de toujours manquer de temps, d’être constamment dépassés
par les événements et de vivre continuellement de l’insatisfaction. Au
contraire, quand nous sommes dans une période d’équilibre, nous sommes
satisfaits de ce que nous accomplissons dans notre journée.
Bien sûr, la vie est remplie de circonstances hors de notre contrôle qui
peuvent nous amener à vivre un certain déséquilibre, malgré toute notre
bonne volonté. Voici quelques situations qui augmentent les risques de
déséquilibre:
un nouveau travail;
la naissance d’un enfant;
un conflit dans le couple;
un déménagement;
une maladie dans notre entourage;
les difficultés scolaires de notre enfant.
En fait, n’importe quelle situation qui nécessitera beaucoup
d’investissement de temps de notre part et/ou qui provoquera une anxiété
importante est susceptible de causer un déséquilibre. Dans le cas de
l’épuisement parental, le parent qui est anxieux et/ou perfectionniste aura
souvent l’impression que sa compétence parentale dépend de son
engagement auprès de sa famille et ne visera rien de moins que
l’excellence. Cette perception pourrait provoquer un déséquilibre: le parent
se néglige ou néglige d’autres domaines de sa vie au profit de la sphère
familiale.
Quand nous sentons que notre équilibre nous glisse des mains, nous devons
immédiatement revoir nos priorités, déléguer, parler de notre état d’esprit et,
au besoin, consulter un professionnel de la santé pour éviter de sombrer
dans l’épuisement. Malheureusement, les gens ont parfois tendance à
banaliser cet état, car ils ont l’impression que la situation se rétablira
comme par magie.
COMMENT SAVOIR SI ON EST À RISQUE OU PAS
Maintenant que nous avons détaillé les différents facteurs de risque lorsqu’il
est question du burnout parental, il peut être utile de réfléchir sur notre
propre situation et de déterminer si nos facteurs de risque l’emportent sur
nos facteurs de protection. Le processus de réflexion est unique pour
chacun, mais voici quelques questions qui peuvent vous servir de point de
départ:
Si vous avez répondu oui à une majorité de questions, vous présentez peu
de risques de vivre de l’épuisement parental. Dans le cas contraire, cette
lecture tombe à point, rassurez-vous: il existe des stratégies pour prévenir le
burnout et elles sont présentées aux chapitres 3 et 4.
En quelques mots…
L’épuisement parental n’est pas un problème qui arrive sans
crier gare. Pendant un certain temps, le parent a ressenti une
fatigue grandissante et un stress de plus en plus envahissant au
quotidien.
Le burn-in serait l’étape précédant le burnout, c’est-à-dire une
phase pendant laquelle le parent est particulièrement investi
dans son rôle parental et se donne des objectifs très élevés par
rapport à ce rôle.
Il n’y a pas de cause spécifique qui mène au burnout parental. Il
s’agirait plutôt d’un cumul de facteurs de risque (stresseurs),
qui peuvent être propres à notre situation sociodémographique,
à notre personnalité, à notre manière d’aborder la parentalité
ainsi qu’à notre situation conjugale et sociale.
À l’inverse, certains facteurs de protection – force de
l’entourage et du réseau, bonne gestion des émotions, relation
conjugale harmonieuse, méthodes parentales adéquates – nous
rendent plus résistants face au risque de burnout parental.
6. Ce concept a été élaboré par Cary Cooper, psychologue du travail.
7. Les psychologues Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam ont conçu un instrument de mesure qui
permet d’évaluer les composantes parentales et d’estimer son risque de vivre de l’épuisement.
Pour en savoir davantage, référez-vous à leur livre Le burn-out parental: l’éviter et s’en sortir,
Odile Jacob, 2017, p. 105-109.
8. Source: Office québécois de la langue française, Grand Dictionnaire terminologique. Voir aussi
J. D. Mayer et P. Salovey, «What is emotional intelligence?», In P. Salovey et D. J. Sluyter (sous
la direction de), Emotional development and emotional intelligence: Educational implications,
New York, Harper Collins, 1997, p. 3-34.
10. Pour plus de détail et de méthodes d’intervention, consultez mon livre Le psy-guide de la
discipline: pour les enfants de 0 à 10 ans, écrit avec la collaboration de Gabrielle VallièresLavoie, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2017.
La prise de conscience est possiblement l’étape la plus difficile – mais aussi
la plus salutaire – pour éviter l’épuisement parental ou pour s’en sortir. Au
moment où nous nous apercevons que notre besoin de contrôle nous fait
vivre de la fatigue, de l’irritabilité, de la tristesse, de l’anxiété ou une perte
de jouissance concernant notre vie de famille, il nous faut prendre une
pause pour regarder ce qui se passe en nous. C’est primordial!
Une fois que l’on reconnaît son état, on doit faire preuve d’indulgence
envers soi-même et se permettre de vivre une certaine souffrance par
rapport à son rôle de parent – ou du moins par rapport à l’idée qu’on s’était
faite de ce rôle. Il faut ainsi accepter, voire se répéter, qu’être parent n’est
pas un long fleuve tranquille et qu’il est normal de vivre parfois du
découragement et de l’exaspération. Oui, il est normal de se sentir parfois
dépassé par les événements!
Cette étape, qui consiste en quelque sorte à faire le deuil de ses idéaux et à
accepter ses propres limites, est difficile. Mais elle est nécessaire puisque
notre volonté de correspondre à l’idéal du parent parfait remet
continuellement en question notre capacité à concilier travail-famille, nos
compétences parentales, notre dévouement envers notre couple et notre
famille, et cela fait en sorte que des sentiments tels que la culpabilité, la
frustration, le découragement ou l’anxiété viennent nous habiter sur une
base quotidienne.
Lorsque nous constatons qu’il y a déséquilibre entre les différentes sphères
de notre vie et que nous nous dirigeons possiblement vers l’épuisement,
posons-nous ces questions:
• Qu’est-ce que je ressens au juste (colère, frustration, impuissance,
anxiété, tristesse)?
• Qu’est-ce qui s’est passé? Depuis quand est-ce que je sens que j’ai
basculé dans cet état?
• Qu’est-ce que je peux modifier dans mon attitude pour me sentir
mieux?
• Qu’est-ce que je peux modifier dans mes habitudes de vie pour
me sentir mieux?
• Quels sont les moyens qui me permettraient de reprendre le
contrôle de ma vie?
• Est-ce que j’ai besoin d’aide pour retrouver mon équilibre?
• Vers qui puis-je me tourner pour trouver le soutien dont j’ai
besoin?
Une fois que nous comprenons mieux notre réalité, débute alors un
cheminement pour apprendre à accepter nos petites failles comme parents et
laisser aller notre idéal. C’est la seule voie possible pour profiter pleinement
de notre vie de famille, en vivant le moment présent, plutôt que
d’appréhender constamment le futur. Les prochaines sections de ce chapitre
aborderont différents moyens que l’on peut mettre en place pour apprivoiser
graduellement le lâcher-prise et l’imperfection, de même qu’apaiser le
stress et la fatigue suscités par l’épuisement.
LÂCHER PRISE
Une fois que nous avons pris conscience de notre état d’épuisement, nous
réalisons habituellement que nous ne pouvons pas modifier complètement
les situations et la réalité de notre vie familiale. Notre conjoint et nos
enfants ne changeront pas en un claquement de doigts, tout comme nos
sources de stress ne disparaîtront pas du jour au lendemain.
Le pouvoir de changer nous revient en grande partie, c’est-à-dire que nous
pouvons modifier notre manière de considérer nos responsabilités et de
définir nos exigences. Le fait de distinguer ce que nous pouvons influencer
et contrôler, d’une part, et ce sur quoi nous n’avons pas d’emprise, d’autre
part, constitue une étape importante dans le processus du lâcher-prise. Cet
état d’esprit nous permet de réaliser à quel point le contrôle que nous
voulons exercer sur notre vie et les exigences que nous nous imposons pour
répondre à toutes nos attentes (et à celles des autres!) sont énergivores et
stressants.
CAROLINE fait tous les achats nécessaires pour effectuer un bricolage avec ses enfants. Lorsqu’elle
leur propose cette activité, ils semblent peu motivés, préférant poursuivre le jeu qu’ils avaient
commencé. La frustration et le découragement envahissent Caroline. Elle avait idéalisé ce moment
avec ses enfants. N’ayant pas le contrôle de la situation, elle est incapable d’accepter leur décision ni
de remettre le bricolage à plus tard, et de saisir ainsi cette occasion de jouer autrement avec eux.
Dans cet exemple, le manque de lâcher-prise du parent l’empêche de voir
l’aspect positif de la situation et lui fait vivre plusieurs émotions négatives.
Pourtant, l’objectif de passer du temps de qualité avec les enfants aurait pu
être atteint, seulement dans une situation qui a échappé au contrôle et aux
projections du parent.
Lâcher prise demande une certaine souplesse, une aptitude à percevoir le
positif, même dans une situation qui ne se déroule pas comme on l’avait
prévu. Si les objectifs qu’on s’est fixés comme parent sont hyper-rigides, on
ne peut se laisser agréablement surprendre par les événements du quotidien,
qui apportent parfois leur lot de complications mais aussi la possibilité de
penser et de faire les choses autrement.
Lâcher prise veut aussi dire faire confiance. Se faire confiance en acceptant
ses limites et ses faiblesses, et faire confiance aux autres en demandant de
l’aide et en acceptant de déléguer. C’est également développer l’assurance
que même si nous nous confions, si nous partageons nos sentiments, le
jugement des autres (s’il est présent) ne nous atteindra pas.
Apprendre à exprimer ses sentiments et ses besoins: deux
exemples
À SON CONJOINT
«Depuis quelques mois, je me sens très souvent fatigué et dépassé par tout ce qu’il y a à
faire à la maison et avec les enfants, au point où je n’ai même plus l’énergie de faire avec
eux les activités que j’aimais avant, comme lire une histoire ou donner le bain. J’ai
l’impression d’être beaucoup plus irritable et je me sens souvent très découragé face à
toutes les responsabilités familiales. Je crois vraiment que j’ai besoin de me reposer et de
recevoir plus d’aide (discuter des moyens possibles tels que demander aux grands-parents,
engager de l’aide extérieure, répartir autrement les tâches, etc.).»
À SES AMIS OU À SA FAMILLE ÉLARGIE
«Belle-maman (ou le nom de la personne choisie), crois-tu qu’il serait possible pour toi
d’aller chercher les enfants après l’école et de commencer les leçons et devoirs avec eux
jusqu’à ce que je revienne du travail? Je suis très fatigué et stressé ces derniers temps, j’ai
l’impression que je n’arrive pas à reprendre le dessus. J’aurais besoin d’un peu plus de
temps pour terminer mes dossiers au travail et revenir à la maison sans me précipiter. Je
crois que ça nous aiderait beaucoup.»
Pouvoir nommer cet état ou ces émotions qui nous habitent (fatigue, stress,
difficulté à prendre le dessus) est bénéfique pour les autres, car cela leur
permet de comprendre ce que nous vivons et de nous fournir du soutien.
Mais surtout, le fait de verbaliser comment on se sent permet de se libérer
d’une frustration et de prendre une certaine distance par rapport à ce que
l’on vit. Une fois ces émotions exprimées et légitimées, on cesse d’en avoir
honte et on peut concentrer davantage ses énergies à chercher des solutions.
FAIRE DES CHANGEMENTS CONCRETS DANS SON
ENVIRONNEMENT
Lorsqu’un parent se rend compte qu’il est à l’aube de l’épuisement parental,
il lui faut non seulement accepter son état et lâcher prise sur ce dernier, mais
aussi passer à l’action pour diminuer sa charge mentale et se ressourcer.
Même s’il accepte de ne pas tout contrôler et de faire confiance, il peut être
ardu d’identifier concrètement comment appliquer le lâcher-prise dans le
quotidien.
Réalistement, sur quoi peut-on lâcher prise? Qu’est-ce qui nous apparaît le
plus lourd, le plus prenant? Qu’est-ce qui nous cause le plus de stress? Que
pouvons-nous diminuer ou éliminer de notre vie de façon à retrouver un
sentiment d’harmonie, de sérénité et de calme?
Voici quelques exemples d’application du lâcher-prise dans les situations du
quotidien:
• J’accepte que le ménage, habituellement fait chaque semaine, soit
effectué toutes les deux semaines.
• J’accepte que chaque enfant ait maintenant droit à une seule
activité de loisir par semaine, au maximum.
• J’accepte que les enfants prennent leurs vêtements directement
dans le panier à linge, parce que je n’ai pas l’énergie de plier les
vêtements.
• J’accepte l’aide de ma belle-mère, qui m’offre de cuisiner un
repas par semaine.
• J’accepte que les jouets des enfants ne soient pas tous classés et
organisés comme sur la photo que j’ai vue dans un magazine.
À ce stade, il est utile de réfléchir à nos ressources externes (quelles
personnes peuvent nous aider dans la prise en charge de nos responsabilités
parentales?) et de consulter notre entourage pour déterminer les
modifications que nous souhaitons apporter.
Voici quelques exemples:
• Demander à mon conjoint d’aller chercher les enfants à la
garderie, ce qui me permettra d’arriver à la maison plus tôt afin
de commencer la préparation du repas.
• Prévenir mon patron que je serai dans l’impossibilité de
continuer à faire des heures supplémentaires pour les prochaines
semaines.
• Demander à l’aide ménagère si elle peut faire une heure de plus,
afin de lui déléguer la lessive.
• Demander à mes parents s’ils peuvent venir prendre soin des
enfants le vendredi soir, afin que l’on puisse aller au resto en
amoureux.
• Demander à mes connaissances des références de traiteur, pour
les soirs où je termine plus tard en raison des réunions.
• Identifier un moment précis chaque mois pour voir, discuter ou
faire une activité avec des amis.
Bien entendu, les modifications dans notre routine doivent demeurer
réalistes par rapport à notre contexte de vie. Nous devons tenir compte de
nos ressources, de nos capacités à effectuer ces changements ainsi que de
nos limites personnelles et financières. Le fait de réfléchir aux changements
que nous pouvons apporter permet de revoir nos priorités, de discuter avec
notre entourage de notre état d’esprit et de faire des ajustements au fur et à
mesure pour éviter ou surmonter l’épuisement parental. Ce recul aide aussi
à mieux gérer l’anxiété que peut provoquer l’impression de surcharge
mentale associée à l’accomplissement de notre rôle de parent.
PERFECTIONNISME… NON MERCI!
La société de performance dans laquelle nous vivons nous empêche parfois
de respecter nos limites. En cette ère où le dépassement de soi, la quête de
perfection et le fait de s’identifier comme «superwoman», par exemple,
sont valorisés à outrance, il est difficile de ne pas tomber dans le piège de se
comparer en tant que parent, ou même de comparer ses enfants à ceux des
autres. Pourtant, il est nécessaire de bien se connaître pour être en mesure
de s’arrêter avant que cette obsession de perfection devienne nocive pour
soi, son couple et sa famille.
Nous l’avons vu au chapitre précédent, les personnes susceptibles de se
retrouver en épuisement parental sont souvent perfectionnistes. À leurs
yeux, leur valeur personnelle passe principalement par leurs
accomplissements, leurs réalisations, leurs réussites. La personne
perfectionniste a aussi tendance à se comparer et peut avoir l’impression
que les autres performent mieux qu’elle.
Avec ses enfants, ISABELLE essaie de mettre en pratique les recommandations de Santé Canada au
pied de la lettre. Son conjoint trouve qu’elle manque de flexibilité. Selon lui, pendant les vacances,
on pourrait se permettre de revoir les règles par rapport au temps passé devant les écrans ou aux
portions de légumes. Mais pour Isabelle, c’est hors de question. Elle a beaucoup lu au sujet des
conséquences possibles des écrans et de la malbouffe sur le développement des enfants, et elle refuse
de courir ce risque… Donc, forcément, les périodes de vacances sont aussi parfois des périodes de…
conflits!
Dans le cas d’un burnout parental, ce sont surtout les objectifs liés à la
famille et à la parentalité qui sont nombreux et très élevés. Lorsqu’une
personne a la perception qu’elle ne répond pas aux attentes, plusieurs
émotions négatives (anxiété, honte, culpabilité…) surgissent en elle. Or la
famille est une des sphères de la vie où l’on doit accomplir quotidiennement
plusieurs tâches récurrentes. Lorsque ces responsabilités sont
accompagnées d’un désir de perfection, elles deviennent particulièrement
stressantes et énergivores.
Bien faire les choses ou avoir des attentes envers ses enfants n’est pas
malsain en soi. Mais cela le devient lorsque l’objectif visé est inatteignable
(p. ex. vouloir que son enfant se comporte parfaitement en tout temps) et
que l’on est incapable de s’adapter à la réalité en modifiant les exigences
que l’on s’est imposées.
Pour JORDAN, le ménage est très important et il réserve toujours un minimum de trois heures à
cette tâche, tous les mercredis après-midi. Cette semaine, son fils de trois mois a le rhume et il refuse
de faire sa sieste comme à l’habitude. Jordan ne réussit qu’à accomplir quelques tâches ménagères,
effectuées rapidement, car il se sent coupable d’entendre les pleurs de son bébé pendant ce court
moment. Il devient anxieux à l’idée que le ménage n’est pas terminé et qu’il devra faire les tâches
restantes plus tard cette semaine. De nouveau, un sentiment de culpabilité l’envahit puisqu’il a
l’impression d’avoir été inefficace.
Voilà un bel exemple de parent perfectionniste qui veut à la fois être
présent, consolant et à l’écoute de son bébé, tout en respectant de manière
inflexible ses objectifs au regard de l’entretien de la maison. Au final, le
parent se sent incompétent dans ses deux rôles et ne tire aucune satisfaction
de ses responsabilités. Le danger qui guette une telle personne est de ne
plus prendre plaisir dans l’accomplissement des tâches quotidiennes
puisqu’elle a de la difficulté à gérer l’imprévu et à apprécier le moment
présent.
Par ailleurs, en voulant que tout soit parfait, elle risque de s’enfoncer dans
un cercle vicieux: elle veut exécuter la tâche à la perfection, ce qui lui
demande beaucoup de temps, et elle cumule du retard, ce qui provoque chez
elle un stress supplémentaire face aux autres nombreux objectifs qu’elle
s’était fixés dans la journée.
Un autre piège lié au perfectionnisme est d’avoir des attentes très élevées
non seulement envers soi-même, mais aussi envers ses enfants, son
conjoint, son entourage. Par exemple, nous pouvons facilement croire que
nos enfants seront reconnaissants des très nombreux efforts que nous
faisons au quotidien pour prendre soin d’eux. Or une reconnaissance
réfléchie et mature ne peut être formulée que par un adulte, et non par un
enfant en développement. Il faut ainsi abandonner cette attente et éviter
d’accorder une valeur à nos actions en fonction de la réaction de nos
enfants. Par contre, on peut prêter attention aux petits gestes et aux petites
paroles: un je t’aime, un bricolage, un insecte rapporté du jardin ou un
pissenlit cueilli sont toutes des manifestations de gratitude à notre égard.
Parfois aussi, nous pouvons percevoir un manque de reconnaissance de la
part de notre conjoint face à nos accomplissements de parent. Il s’agit
même d’une cause fréquente de conflits conjugaux! Il est normal, dans une
certaine mesure, que l’autre accorde moins d’importance à toutes les petites
choses que nous faisons dans une journée, d’une part parce que nos
standards peuvent différer, d’autre part parce que l’autre n’est pas
nécessairement conscient de ce que nous avons accompli. Fort
probablement, il réalise aussi des tâches dont nous ne nous rendons pas
compte et pour lesquelles nous ne le remercions pas! Il est préférable de ne
pas être constamment dans l’attente d’une reconnaissance, et de discuter
avec l’autre si l’on vit de la frustration liée à un déséquilibre dans le partage
des tâches.
Pour vérifier si vous êtes une personne perfectionniste, vous pouvez vous
poser ces quelques questions:
• Est-ce que j’entretiens sur une base régulière des exigences
élevées envers moi-même ou ce que je devrais accomplir?
• Ai-je tendance à me comparer?
• Les objectifs que je me suis fixés sont-ils stimulants ou
paralysants?
• Est-ce que je retire plus souvent de l’insatisfaction que de la
satisfaction de mes réalisations?
• Suis-je en colère contre moi-même lorsque je commets une
erreur?
Il peut être difficile de prendre conscience que l’on est une personne
perfectionniste. Cependant, cette réalisation nous permettra ensuite de nous
réajuster et de réduire nos exigences pour les rendre plus réalistes. Bien sûr,
c’est plus facile à dire qu’à faire! Les quelques pistes qui suivent peuvent
nous aider à être moins perfectionnistes et à surmonter l’émotion qui peut
nous accaparer lorsque nous devons lâcher prise.
Apprendre à dire non aux autres. En plus de notre lot de
responsabilités familiales, il arrive fréquemment que des demandes
provenant de l’extérieur s’ajoutent à notre fardeau. Souvent, la peur de
décevoir ou de déplaire à autrui nous pousse à céder à ces demandes, ce
qui exacerbe notre fatigue. Dire non exige d’abord de tolérer que nous
ne répondrons pas complètement à ce qui est attendu de nous.
Concrètement, un bon moyen pour apprendre progressivement à dire
non est d’éviter de donner des réponses spontanément. Notre sœur nous
demande de garder ses enfants pour un week-end? On lui dit qu’on doit
vérifier auprès de notre conjoint et qu’on la rappellera. Ainsi, on gagne
du temps pour préparer la réponse, voire se convaincre que l’on doit
dire non!
Apprendre à SE dire non. La personne perfectionniste va aussi
souvent créer ou amplifier des tâches à accomplir. On peut se dire que
l’on pourrait bien essayer cette nouvelle recette ou fabriquer soi-même
les cartes de Noël cette année. Ces activités sont louables, mais elles
doivent toujours respecter notre niveau d’énergie. Si cela semble lourd,
on doit se dire non! Un truc: quand l’idée est précédée d’un «il faudrait
que…», c’est probablement que l’on se l’impose, plutôt que de la faire
de bon cœur. Pour ne pas se sentir jugé ni se culpabiliser d’avoir
complètement balayé de la main un objectif, on peut réfléchir à un
compromis possible. Je n’essaierai pas la nouvelle recette ce soir, mais
je cuisinerai un repas équilibré que je connais par cœur et j’enverrai des
cartes de Noël achetées à la papeterie du coin.
Évaluer son niveau d’anxiété. Il est souvent anxiogène pour un
perfectionniste de devoir changer ses habitudes et de «négliger»
certaines responsabilités. Voici une façon d’aborder ce problème: nous
pouvons dresser une liste de nos tâches habituelles et les noter selon le
niveau d’anxiété qu’elles nous procurent lorsqu’elles ne sont pas
réalisées. Par exemple, je ressens un niveau d’anxiété de 4/5 lorsque
mes repas ne sont pas préparés à l’avance, mais un niveau de 2/5 quand
les planchers ne sont pas lavés. Ensuite, nous pouvons laisser tomber en
premier les objectifs qui nous tiennent le moins à cœur et nous
occasionnent le moins d’anxiété.
Se limiter. Souvent, on veut trop bien faire les choses et l’on consacre
un temps excessif à la réalisation de certaines tâches. Lorsque nous
sommes en épuisement, il est important de préserver notre énergie pour
faire l’essentiel. Il est donc recommandé de fixer une limite de temps
pour les activités; cela nous permet de vaquer à notre tâche tout en
restreignant notre côté perfectionniste. Par exemple, je me donne 30
minutes pour laver la salle de bain en entier, puis j’arrête, même si le
miroir n’a pas été essuyé! Ou je consacre encore 30 minutes à ce dossier
pour le boulot; ensuite, ça ira à demain!
Se féliciter! Quand on réussit à appliquer l’une ou l’autre des
suggestions précédentes, on prend le temps de le souligner et on peut
même se récompenser! La personne perfectionniste a souvent tendance
à se critiquer plutôt qu’à se féliciter, donc il est important d’inverser
cette tendance et de prendre conscience de ses progrès, aussi petits
soient-ils!
Rappelez-vous que sans essais et erreurs, il n’y a pas d’apprentissage.
Comme être humain, nous serons en apprentissage toute notre vie et
apprendre à être parent en fait partie. Nos enfants ne veulent pas des parents
parfaits, mais bien des parents qui sont présents et qui ont du plaisir avec
eux!
DÉFINIR SES PRIORITÉS
Dans le contexte social actuel où la faculté d’attendre a presque disparu, il
est difficile d’accepter de ne pas toujours satisfaire immédiatement aux
demandes que l’on reçoit. Quand tout doit se faire rapidement et
efficacement, on peut oublier ses priorités du moment pour répondre à
«l’urgence» de faire quelque chose. Le sentiment de perte de contrôle est
souvent provoqué par l’idée que nous devons tout faire en même temps, ce
qui, évidemment, nous semble insurmontable.
Pendant la période des devoirs de sa fille, KARIM en profite pour jeter un coup d’œil à la mijoteuse
qui est en marche depuis tôt ce matin. Il regarde son téléphone et prend ses courriels du bureau, puis
répond à un texto de sa belle-sœur qui organise l’anniversaire de son petit dernier. Cela lui fait penser
que le cadeau n’est pas encore acheté. Puisque sa fille n’a pas tout à fait terminé sa feuille de
mathématique, il en profite pour commander en ligne le cadeau pour son neveu.
Voilà une situation que vivent bien des parents et qui leur donne
l’impression de devenir pratiquement des pieuvres! De telles situations
récurrentes finissent par apporter leur lot de stress et le sentiment qu’on ne
peut jamais s’arrêter. Même si nous sommes à l’ère de l’instantanéité, et
que tout semble aller plus vite, nous avons continuellement l’impression de
manquer de temps. Cette façon de vivre a un impact sur notre famille: nos
enfants doivent suivre notre rythme. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux se
retrouvent avec un agenda digne d’un président de compagnie! Alors que
les enfants ne devraient pas être préoccupés par le temps, ils s’inquiètent de
plus en plus, même en bas âge, de ne pas avoir le temps d’aller jouer dehors
ou de cuisiner avec leur parent, etc.
Lorsqu’une personne a continuellement l’impression de manquer de temps
pour atteindre ses objectifs, c’est probablement qu’ils sont irréalistes ou
trop nombreux. Pour remédier à ce problème, elle peut dresser un bilan de
ses priorités, de ses obligations et de ses tâches, pour envisager de déléguer
ou de laisser tomber certains objectifs. Dans le cas contraire, elle risque de
vivre du stress sur une base quotidienne en se sentant débordée et à bout de
souffle, un stress qui sera ensuite ressenti par les autres membres de la
famille.
Il est possible de réduire le stress et le découragement que l’on peut
ressentir face à ses responsabilités parentales en apprenant à gérer son
temps de manière efficace, c’est-à-dire à prioriser. Gérer son temps
efficacement ne signifie pas nécessairement que l’on accomplit tout en une
journée ou dans la même semaine, mais plutôt que l’on priorise ses
responsabilités en remettant à plus tard ce que l’on ne peut pas faire tout de
suite.
Par exemple:
En rentrant du travail, je catégorise mes tâches selon…
• ce que je dois faire absolument tout de suite (p. ex. préparer le
repas);
• ce que je peux faire plus tard (p. ex. faire la vaisselle, aider les
enfants dans leurs devoirs, donner le bain au plus jeune, préparer
les vêtements des enfants pour le lendemain, faire mon yoga);
• ce qui peut attendre à demain (p. ex. faire la lessive, écrire à ma
mère, planifier les sorties du week-end);
• ce qui peut attendre à une autre semaine (p. ex. faire le ménage
des penderies pour la nouvelle saison, trouver des idées de
cadeaux pour Noël).
En faisant cet exercice sur une base régulière, vous développerez
rapidement le réflexe de prioriser ce que vous devez faire et ainsi éviterez
de vivre un débordement émotionnel causé par une impression de surcharge
mentale.
Cet exercice comporte toutefois une importante dose de lâcher-prise, car il
implique que l’on accepte de remettre certaines tâches à plus tard, de
déléguer et de demander de l’aide. Accepter que d’autres nous donnent un
coup de main n’est nullement un signe de faiblesse ou d’un manque de
compétence parentale. Cela signifie plutôt que nous nous connaissons
suffisamment pour reconnaître et accepter nos limites et nos forces.
L’enseignante demande que chaque parent participe au repas de classe en apportant un plat. Sachant
que sa belle-mère cuisine très bien et qu’elle adore ça, STÉPHANIE décide de faire appel à elle. Son
fils sera tout aussi fier de dire à ses camarades que c’est Mamie qui a fait les biscuits!
Il est essentiel de bien définir ses priorités du moment pour diminuer sa
charge mentale. Bien sûr, on doit entreprendre cette démarche en acceptant
son état actuel et en étant bienveillant envers soi-même: il ne s’agit pas de
se remettre en question ou de se dire que l’on a «échoué» puisque l’on n’a
pas été en mesure de répondre à toutes les attentes que l’on avait. Ce sont
ces attentes qui étaient inatteignables dans le contexte de notre quotidien, et
non notre compétence parentale qui était insuffisante. Attention toutefois de
ne pas tomber dans le piège de prioriser tout ce qui a trait aux enfants et aux
responsabilités, en délaissant les activités ou les moments qui étaient
destinés à prendre soin de vous-même! Une telle priorisation risquerait
d’accentuer votre état de fatigue et votre stress.
Dans le prochain chapitre, je vous suggérerai des trucs pour concilier travail
et famille, sans jugement ni pression.
VIVRE LE MOMENT PRÉSENT
S’attarder au moment que l’on vit dans l’instant présent est une autre
solution efficace pour contrer l’épuisement et le stress. Vivre le moment
présent nous permet de nous couper de nos pensées anxiogènes, celles qui
remettent continuellement en question ce que nous devons faire ou être, et
que nous nous répétons sans arrêt, malgré nous.
Être attentif au moment présent, c’est se centrer sur ce qui se passe
concrètement et sur le positif qu’on peut en retirer. Cet état d’esprit nous
permet généralement d’accepter plus facilement les situations qui échappent
à notre contrôle et de trouver des stratégies pour faire preuve de flexibilité
face aux impondérables de la vie, sans rester paralysés par des émotions de
colère et de frustration.
ROXANNE pensait cuisiner toute la journée, mais sa petite Juliette est malade. Pourquoi ne pas en
profiter pour la bercer et se reposer avec elle? Cette semaine, le traiteur deviendra son ami!
CARL voulait profiter de sa journée de congé pour terminer de peindre la chambre. On sonne à la
porte: ses parents sont venus lui rendre visite à l’improviste. Il profite de l’occasion pour demander à
son père de l’aider à terminer la peinture, pendant que sa mère offre de jouer avec les enfants pour
leur laisser plus de tranquillité.
On a beau se forger les scénarios les plus précis et prévoir son horaire au
quart de tour, la vie est faite d’imprévus. Si on cesse de résister et qu’on se
montre ouvert à ce qui arrive au moment présent, on peut parfois être
agréablement surpris par la tournure des événements.
Prendre le temps de respirer, plusieurs fois par jour, ou fermer les yeux
quelques secondes sont d’autres bonnes façons de ramener son attention sur
ce qui se déroule au moment présent, ou pour chasser l’anxiété et le stress.
Des techniques de respiration simples peuvent apporter de grands bienfaits
au quotidien. Nous y reviendrons un peu plus loin dans ce chapitre.
PRENDRE SOIN DE SOI COMME PARENT
Nous avons jusqu’à maintenant évoqué les changements que nous pouvons
apporter quant à notre manière d’aborder nos responsabilités parentales au
quotidien. Ces moyens sont nécessaires pour réduire le stress et le
découragement, souvent ressentis en situation de burnout parental. Cela dit,
il est tout aussi important de prendre soin de soi en tant que personne pour
refaire le plein d’énergie et retrouver un état de bien-être. Voici quelques
suggestions à ce propos.
Sommeil, repos et détente
C’est bien connu, le sommeil est essentiel à notre survie. D’ailleurs, lorsque
notre corps est malade ou trop fatigué, il nous fait rapidement comprendre
que nous devons prendre du repos pour être en mesure de récupérer. Plus
nous sommes reposés, plus nous avons de la facilité à nous concentrer et à
composer avec nos émotions. Ainsi, nous serons plus aptes à gérer l’anxiété
et le découragement qui peuvent nous envahir.
Toutefois, lorsque nous prenons un temps d’arrêt pour dormir ou nous
détendre, nous sommes souvent habités par un important sentiment de
culpabilité: «Pendant que je me repose, les choses n’avancent pas. J’ai plein
de choses à faire, je n’ai pas le temps de me reposer.» Pourtant, en nous
reposant, nous pratiquons le lâcher-prise et nous reconnaissons nos limites.
Notre corps a besoin d’un temps de pause et d’un sommeil réparateur afin
de remplir sa réserve d’énergie, ce qui nous permettra ensuite de mieux
assumer nos responsabilités. Si nous poursuivons nos activités alors que
notre réserve d’énergie est à sec, nous ressentirons de plus en plus de
fatigue et nous risquons de remettre en question notre compétence
parentale, alors qu’initialement, il ne s’agit que de fatigue accumulée.
Une bonne façon de s’énergiser est de faire de petites siestes pendant la
journée. Nous pouvons augmenter rapidement notre niveau d’énergie par
une relaxation éclair de 15 à 20 minutes. En soirée, tout comme les enfants,
nous avons besoin d’une bonne hygiène de sommeil; l’important est de
créer une routine qui nous apaise et que nous pourrons répéter
quotidiennement pour préparer notre corps et notre esprit à la détente, avant
de glisser dans un sommeil profond.
Exemple de routine:
• Prendre un bain avec des huiles relaxantes (camomille, lavande,
verveine).
• Boire une tisane apaisante 1 heure avant le coucher.
• Écouter de la musique douce.
• Lire plutôt que de regarder la télé.
• Prendre quelques respirations profondes.
Le fait de développer une telle routine permet de se débrancher du monde
extérieur et de favoriser l’endormissement. Éteindre les cellulaires et les
écrans pour se recentrer sur soi et se laisser aller doucement vers un
sommeil réparateur…
Faire de l’activité physique
On sait que l’activité physique permet de régulariser le sommeil et procure
un sentiment de bien-être. Encore une fois, c’est souvent l’idée de ne pas
avoir le temps nécessaire qui nous freine. Pourtant, aussi peu que 15
minutes d’activité physique quotidiennement nous permettent de produire
plus de sérotonine (hormone apaisante), de nous libérer des tensions
accumulées au fil de la journée et de prendre un moment pour nous. La
meilleure façon d’y arriver est d’insérer des périodes fixes dans notre
horaire et de les inclure dans nos activités quotidiennes.
Par exemple:
• Le soir, après le repas, je prends l’habitude d’aller marcher 15
minutes pendant que mon conjoint s’occupe des bains ou quand
les enfants sont couchés.
• Plutôt que de prendre la voiture pour amener les enfants au cours
de danse, on y va ensemble en marchant.
Il n’est pas réaliste pour bien des parents d’envisager de prendre un cours
de cardio ou de se présenter deux à trois fois par semaine à la salle de sport.
Il est préférable de se fixer des objectifs plus modestes, que l’on peut
atteindre et maintenir plus facilement.
Respirer pour se détendre
On entend de plus en plus parler de l’importance de bien respirer ainsi que
des bienfaits des exercices de relaxation sur l’humeur, notamment la
réduction du stress. Une bonne respiration nous permet de prendre un temps
d’arrêt, de reprendre le contrôle de nous-mêmes et de mieux gérer nos
émotions grâce, entre autres, à une meilleure oxygénation de notre
organisme. De plus, c’est un moyen de s’apaiser facile, rapide, gratuit et
accessible en tout temps. Il s’agit de s’arrêter pour effectuer une respiration
abdominale, et ce, chaque fois que l’on ressent une tension ou le besoin de
se détendre. Voici quelques recommandations pour bien effectuer la
respiration abdominale:
Allongez-vous sur le dos ou asseyez-vous sur une chaise, le dos droit
(mais détendu), les épaules baissées et les pieds à plat sur le sol.
Placez une main sur le ventre.
Fermez les yeux, puis concentrez-vous sur votre respiration et le
mouvement de votre abdomen.
Videz tout l’air de vos poumons en expirant profondément.
Inspirez doucement et très lentement par le nez, en faisant gonfler votre
ventre (votre main devrait se soulever).
Expirez lentement par la bouche, jusqu’à ce que vous sentiez que vos
poumons sont complètement vidés.
Recommencez l’exercice jusqu’à ce que vous sentiez une détente.
On peut aussi employer cette technique lorsque l’on se sent en colère ou
irrité. On peut serrer et desserrer les poings pendant l’exercice, et expirer
plus fortement pour laisser aller la tension. Un tel exercice ralentit les
battements cardiaques et fait descendre la pression, ce qui nous permet de
revenir au calme plus facilement… et de prendre un recul face à la situation
qui nous a causé une surcharge émotionnelle.
Remettre le plaisir à l’avant-plan
S’accorder des moments de plaisir et de rire permet de décrocher des
préoccupations quotidiennes et
immunise
contre le
stress.
Malheureusement, quand on se sent à bout de souffle, on a parfois tendance
à annuler les sorties sous prétexte qu’on n’a pas de temps libre. Pourtant,
ces activités partagées en famille, avec notre conjoint ou entre amis, nous
détendent et contribuent à conserver notre équilibre et notre bien-être
personnel.
Personne n’est indispensable, alors souvenez-vous que vos enfants peuvent
vivre sans vous pendant quelques heures, voire quelques jours. Ces petites
escapades vous aideront par la suite à mieux apprécier le retour à la maison
et le bruit des enfants!
Prendre l’habitude de mettre certaines de ces activités à notre horaire sur
une base régulière nous oblige à décrocher de nos tâches et de nos
obligations familiales. Pour y arriver toutefois, il faut aussi accepter que
l’on n’aura possiblement pas accompli tout ce que l’on voulait faire durant
la fin de semaine et s’éloigner du perfectionnisme!
En quelques mots…
Il est primordial de reconnaître et d’accepter son état
d’épuisement.
Lâcher prise quant à certains aspects de sa vie familiale et se
recentrer sur le moment présent sont deux moyens qui
permettent de réduire le stress et la frustration.
Développer le réflexe de prioriser ses obligations permet
d’éviter de vivre un débordement émotionnel causé par une
impression de surcharge mentale.
Il est important de prendre soin de soi comme parent et de se
tourner aussi souvent que possible vers des ressources pour
alléger le quotidien.
Pour bien des parents, la routine du matin et le retour à la maison sont les
moments les plus problématiques de la journée et ceux qui causent
beaucoup de tension au sein de la famille.
Le matin, le stress se manifeste rapidement lorsqu’on pense qu’on sera en
retard au travail si Julien persiste à refuser de mettre ses chaussures. Au
retour, on devient vite submergé lorsqu’Alice refuse de collaborer à la
période des devoirs, que Justin ne veut pas prendre son bain et qu’on
constate qu’on a oublié de démarrer la mijoteuse le matin. Dans ces
moments, l’irritabilité et l’impatience sont souvent au rendez-vous et c’est
alors que nos interactions avec notre conjoint et nos enfants peuvent devenir
plus négatives. Pas toujours évident de faire diminuer notre stress dans de
telles situations!
L’ORGANISATION: LA CLÉ POUR ALLÉGER LE
QUOTIDIEN
Le concept à retenir pour rendre ces périodes de la journée plus agréables et
sereines est sans aucun doute l’organisation, car elle diminue grandement
les tensions qui peuvent survenir lorsqu’on doit effectuer beaucoup de
tâches en peu de temps. Mais attention: s’organiser ne veut pas dire se
mettre de la pression supplémentaire pour que la routine de la famille soit
parfaite et respectée en tous points. Il s’agit plutôt d’une réflexion que nous
pouvons effectuer comme parents afin de bien identifier ce qui nous semble
le plus lourd, puis de trouver des moyens concrets pour faire diminuer notre
charge de travail (et donc notre stress!) aux moments de la journée qui sont
problématiques pour nous. Même si parfois notre quotidien nous paraît
inchangeable, il est possible d’élaborer des méthodes et des outils simples
afin d’améliorer certaines de nos routines, pour notre mieux-être et le bien
de toute la famille.
Voici des pistes de réflexion pour vous aider à faciliter votre organisation
familiale11.
Pistes de réflexion et de solution
1. CIBLER CE QUI POSE LE PLUS PROBLÈME.
Il faut commencer par réfléchir aux étapes de la routine qui sont les
plus problématiques. Est-ce le moment de l’habillement parce que
l’enfant prend du temps à choisir ses vêtements? La période des
devoirs parce qu’elle a lieu souvent trop tard?
2. PENSER À DES SOLUTIONS POUR CONTOURNER LE
PROBLÈME.
Une fois que nous avons identifié un ou plusieurs éléments qui
nuisent au bon déroulement de la routine, on réfléchit à des
solutions. De manière générale, une bonne solution est souvent de
faire un maximum d’étapes à l’avance afin de libérer du temps. Pour
la routine du matin, on fait la veille tout ce qui est possible: donner
le bain, sortir les vêtements qui seront portés, planifier le repas et les
collations qui seront mangés à l’école, mettre la table pour le petitdéjeuner, préparer le matériel pour l’école. Pour la routine du soir,
on tente de s’organiser le week-end: on fait les courses, on cuisine
certains repas, on prend de l’avance pour les travaux scolaires plus
importants avec notre enfant. Ainsi, on aura beaucoup moins de
choses à réaliser chaque jour; le climat familial sera plus
harmonieux, puisque le stress sera diminué.
Une autre solution qui peut souvent réduire les conflits est d’assurer
un nombre d’heures de sommeil suffisant pour tous. Si les enfants
sont couchés plus tôt et sont moins fatigués au réveil, ils seront
beaucoup moins irritables (et c’est le même principe pour nous!).
On peut aussi ajuster l’heure du réveil le matin afin de se laisser
davantage de temps pour réaliser la routine dans le calme, en
s’assurant toutefois que l’enfant se couche assez tôt la veille pour
dormir suffisamment.
3. AFFICHER CLAIREMENT LES ROUTINES À LA VUE
DE TOUS.
À l’aide d’un tableau qu’on peut afficher dans la cuisine, on
énumère les étapes qui sont à réaliser par chacun pour toute la durée
d’une routine. Si les enfants sont plus jeunes, on utilise des
pictogrammes (images) pour illustrer ce qui est à faire. Ce rappel
permet à l’enfant d’être plus autonome quant à sa propre routine,
tout en évitant au parent de devoir constamment nommer la
prochaine étape à faire. De plus, l’affichage facilite la mémorisation
de la routine par les enfants, qui la feront de manière plus
automatique et fluide. Enfin, cette méthode permet d’éviter
beaucoup d’écarts de conduite. On peut par exemple afficher comme
dernière étape un temps d’écran, qui agira comme élément
motivateur pour que l’enfant effectue sa routine rapidement.
Bien des parents emploient cette stratégie d’affichage le matin, mais
elle est souvent moins utilisée pour la routine du soir. Pourtant, elle
est aussi efficace et nécessaire pour un retour à la maison calme et
structuré. Voici un exemple d’une routine du soir que l’on peut
afficher: Je range mon manteau, je mange une collation, je fais mes
devoirs, je range mon sac d’école, je fais ma tâche ménagère, je
mange, je prends mon bain.
4. CONSERVER LES ROUTINES DE MANIÈRE
CONSTANTE.
La clé du succès pour que chaque routine soit respectée par les
enfants est qu’elle se déroule facilement et qu’elle demeure
constante. On fait en sorte que cette routine se répète de la même
façon chaque jour, que ce soit avec maman ou papa. Ainsi, l’enfant
l’intégrera et sera beaucoup plus enclin à l’appliquer dans le calme
et la bonne humeur, au bénéfice de toute la famille.
Les prochaines sections traiteront d’autres situations de notre quotidien qui
peuvent facilement ajouter à notre stress comme parents, et donc à notre
épuisement. Des trucs et des conseils pour favoriser une dynamique
familiale positive et réduire les tensions, tout en vous permettant de rester
efficace, vous seront proposés12. À vous de juger quelles solutions peuvent
s’appliquer à votre réalité et sont envisageables pour vous comme parent,
tout en restant dans l’esprit du non-perfectionnisme!
LA PÉRIODE DES DEVOIRS
Le temps des devoirs est souvent un moment de confrontation entre parents
et enfants. Et quand on est au bord de l’épuisement, ce type de situation
risque de dégénérer plus facilement. L’enfant est fatigué de sa journée à
l’école et peut être très réticent à l’idée de faire des travaux scolaires de
nouveau. Lorsque notre routine du soir implique une période de devoirs
toujours exécutée de la même façon, on court déjà la chance de vivre moins
de conflits. Bien souvent, une routine établie est moins énergivore puisque
cela évite au parent de répéter ou de négocier avec lui le moment de faire
ses travaux: il aura intégré cette étape de la journée à son quotidien.
MARIANNE arrive du travail et demande à Rosalie de sortir son matériel pour commencer ses
devoirs. Au même moment, elle entame le repas du soir tout en supervisant Alexis, âgé de 2 ans.
Quelques minutes plus tard, Marianne réalise que Rosalie n’est toujours pas au travail. Fatiguée,
stressée par la préparation du repas pour lequel il lui manque un ingrédient et découragée par le refus
de sa fille, qui se produit très souvent, elle hausse le ton et la menace de ne plus l’aider dans ses
devoirs à l’avenir… Au pire, elle échouera sa 2e année!
Cet exemple illustre bien la rapidité à laquelle on peut être dépassé par
certaines situations lorsque l’on est en état d’épuisement, ce qui entraîne
des interventions moins appropriées. Il est relativement normal que les
enfants montrent une réticence face aux devoirs et que l’on doive parfois
insister pour qu’ils s’y mettent. En plus d’établir une routine fixe et
constante, il est important de déléguer à une autre ressource soit la gestion
des devoirs, soit la préparation du repas ou la supervision du cadet. Si cette
solution est impossible, il est préférable de remettre les devoirs à un autre
moment ou d’opter pour un repas plus rapide pour nous libérer du temps et
de l’énergie.
Trucs et conseils
Pour contourner la résistance, tentons de ne pas entrer dans une dynamique
de confrontation en haussant le ton dans le but de pousser l’enfant à faire
ses devoirs. Même si nous sommes nous-mêmes fatigués et que la
résistance de notre enfant à faire ses devoirs contrecarre notre plan établi
pour vaquer à nos autres responsabilités, nous devons faire l’effort de rester
calmes. S’opposer à l’enfant par une dispute a souvent pour résultat de
l’ancrer dans sa position et de mener à un conflit; le parent n’y gagne ni
temps ni énergie!
Nous pouvons intervenir de plusieurs manières ou modifier notre façon de
réaliser les devoirs, afin de rendre cette tâche plus agréable pour l’enfant et
pour nous. L’idée ici est de demeurer fermes quant à nos exigences, tout en
faisant preuve de compréhension envers notre enfant qui manifeste de la
fatigue ou du découragement. Bien entendu, le fait de terminer ses devoirs
est non négociable. On ne doit donc pas céder devant la réticence de
l’enfant. Par contre, on peut lui dire qu’on comprend qu’il est fatigué, qu’on
va l’aider et que, s’il s’applique, ce sera terminé plus rapidement.
De petites attentions peuvent aussi faire une grande différence: on parle
quelques minutes d’autre chose avec l’enfant, on lui apporte un bon verre
de lait, on fait quelques roche-papier-ciseaux avant de débuter. Si on sent
qu’il déborde d’énergie ou qu’il est, au contraire, très fatigué à l’arrivée de
l’école, on peut retarder la période de devoirs pour lui permettre de
dépenser son énergie en jouant dehors ou de prendre un bain pour se
reposer. Lorsque c’est nous qui sommes particulièrement fatigués et
impatients, nous pouvons décider d’alléger au maximum le temps accordé
aux devoirs si cela ne pénalisera pas notre enfant à l’école, ou encore de
déléguer la supervision de certains exercices à d’autres membres de la
famille, voire utiliser les services d’aide aux devoirs de l’école ou engager
un tuteur.
Idéalement (et dans la mesure du possible), la période de devoirs devrait
être amusante et différente de ce que l’enfant a vécu pendant sa journée à
l’école. Lorsque c’est possible, on tente de mettre le format papier-crayon
de côté. L’utilisation d’autres techniques pour faire les apprentissages requis
rend cette période moins ardue, tant pour nous que pour l’enfant, tout en
suscitant sa motivation. On peut, par exemple, jouer aux cartes tout en
pratiquant la lecture des chiffres ou les additions, faire du dessin pour
développer les habiletés de motricité ou jouer à un jeu de société pour
travailler les habiletés sociales et la coopération (p. ex. attendre son tour,
accepter de perdre, etc.). Pour les plus vieux (préados et ados), la période
des devoirs peut aussi être facilitée grâce à l’accompagnement. Même si
l’enfant est alors plus autonome, on peut de temps à autre s’informer de ses
progrès, aller chercher de l’information avec lui ou l’aider à organiser son
cartable, bref lui offrir un léger soutien qui favorise la motivation.
L’HEURE DES REPAS
Voilà un moment qui peut être particulièrement difficile avec les enfants de
moins de 5 ans. D’abord, à leur arrivée à la maison, ils sont souvent affamés
et sont peu capables de patienter jusqu’au repas. Or on sait qu’un jeune
enfant qui a faim se montre irritable, ce qui a tendance à entraîner des
crises. Pour éviter cette situation, on organise les repas de sorte qu’ils soient
rapides à préparer lorsqu’on revient du travail. Il peut être judicieux de faire
les courses avant le début de la semaine et de cuisiner quelques repas à
l’avance.
Ce qui crée parfois de la tension lors des repas est l’opposition de l’enfant
devant certains aliments. Lorsque nous sommes épuisés, toute cette
opposition nous apparaît difficilement gérable et nous pouvons à tort croire
que notre enfant fait exprès pour nous irriter. Il est important de retenir que
ce refus n’est pas une confrontation consciente face au parent. Dans bien
des cas, l’opposition de l’enfant vient du fait qu’il n’aime pas le goût ou la
texture de l’aliment. Il faut bien comprendre que le sens du goût est en
constante évolution chez l’enfant et diffère significativement de celui de
l’adulte, puisque le système gustatif atteint sa maturité vers 8 ou 9 ans
seulement. Il est donc normal que l’enfant rejette soudainement un aliment
qu’il mangeait auparavant, en raison du développement de ses papilles
gustatives. Dans ce cas, on essaie d’identifier avec lui ce qu’il n’aime pas
de l’aliment (épicé, trop froid, texture trop liquide?). En plus de contribuer
au développement du vocabulaire de l’enfant, cette information nous
permettra d’adapter les futurs repas.
Par ailleurs, des études ont montré qu’il faut en moyenne de 10 à 15
expositions à un nouvel aliment avant qu’un enfant puisse en apprécier le
goût. Il est donc recommandé de proposer fréquemment un produit à son
enfant, mais de ne pas insister une fois qu’il le goûte et exprime qu’il ne
l’apprécie pas. En effet, si on l’oblige à manger des aliments qui le rebutent,
il sera encore moins enclin à essayer de nouveaux produits à l’avenir.
De plus, il arrive fréquemment qu’un enfant refuse de manger un aliment
habituel s’il est transformé autrement. Cela s’explique par le fait que
l’enfant, particulièrement en bas âge, est très méfiant face à la nouveauté.
Compte tenu de cette information, on fait attention de ne pas introduire trop
de nouveautés dans son assiette au cours d’une même période. Par exemple,
l’idée d’essayer plusieurs nouvelles recettes la même semaine risque d’être
peu attrayante pour lui.
Par ailleurs, à partir de l’âge de 2 ans, l’enfant entre dans une phase
particulièrement forte d’affirmation et cherche à avoir le contrôle sur son
environnement. L’alimentation est l’une des sphères où il peut exercer un
pouvoir, puisqu’il est pratiquement impossible de le forcer à manger. Une
deuxième phase d’affirmation prend place vers 3 ou 4 ans, puis s’amenuise
graduellement jusqu’à l’âge de 8 ans. Devant cette opposition, il est
essentiel de ne pas confronter son enfant en se montrant autoritaire, cette
façon d’intervenir causant souvent davantage de protestations et de crises.
L’enfant de ce groupe d’âge a besoin d’exercer une forme de contrôle afin
de surmonter sa phase d’affirmation, sans quoi celle-ci sera prolongée dans
le temps. Toutefois, accorder du contrôle ne signifie pas laisser son enfant
décider de tout en ce qui concerne son alimentation.
Intervention à éviter
LÉANNE, qui est âgée de 7 ans, refuse depuis quelque temps de manger son brocoli cuit à la vapeur,
alors qu’elle adorait cela auparavant. Exaspéré par ce changement de comportement et ce refus
catégorique, son père, déjà très fatigué, perd patience et lui dit en criant qu’elle ne pourra pas se lever
de table tant qu’elle n’aura pas mangé ses légumes. La petite réagit en pleurant et répète qu’elle
n’aime pas les brocolis.
Intervention adéquate
LÉANNE, qui est âgée de 7 ans, refuse depuis quelque temps de manger son brocoli cuit à la vapeur,
alors qu’elle adorait cela auparavant. Exaspéré par ce changement de comportement et ce refus
catégorique, son père, déjà très fatigué, perd patience et hausse le ton. Il s’excuse alors, ce qui fait
cesser la crise de Léanne, et il se souvient qu’elle aime les brocolis crus. Il lui dit calmement qu’elle
doit manger des légumes et lui suggère cette option, que sa petite accepte.
Trucs et conseils
L’un des meilleurs alliés pour faciliter la coopération de l’enfant aux repas
est la participation. Le fait d’impliquer l’enfant dans la préparation ou la
sélection des repas lui offre le sentiment de contrôle qu’il recherche et
l’incitera à manger, ce qui évitera bien des confrontations! On peut par
exemple lui faire tourner les pages du livre de recettes, lui faire verser des
ingrédients dans les préparations ou le laisser choisir un des repas de la
semaine.
L’environnement du repas peut également nous aider à favoriser un climat
d’harmonie. Cela peut être aussi simple que de tamiser les lumières de la
salle à manger ou faire jouer une musique douce pour que l’ambiance soit
propice au calme. Le fait de fixer des places prédéfinies pour chacun des
membres de la famille est aussi une bonne façon d’éviter des conflits qui
risqueraient de se reproduire à chaque repas.
Il est déconseillé de forcer un enfant à toujours finir son assiette. On doit
plutôt l’éduquer à respecter ses propres signaux de faim et de satiété, sans
quoi il éprouvera de la difficulté à reconnaître ces états une fois adulte. Il
est normal que les variations des poussées de croissance de l’enfant lui
apportent un appétit changeant.
Rappelez-vous également que le dessert fait partie du repas: il ne devrait
pas être transformé en une récompense ni en objet de marchandage avec
notre enfant.
LE COUCHER
Tout au long du développement de l’enfant, ses cycles de sommeil se
modifient. En moyenne, les nouveau-nés dorment 18 heures
quotidiennement et se réveillent toutes les 2 ou 3 heures, de nuit comme de
jour. Vers l’âge de 6 mois, certains enfants commencent à «faire leurs
nuits», c’est-à-dire à dormir sans interruption au moins 6 heures d’affilée.
Un enfant âgé de 2 ans devrait dormir environ 13 heures quotidiennement.
À 5 ans, c’est une moyenne de 11 heures par nuit qu’il doit dormir afin
d’être au maximum de sa forme.
Chez les enfants âgés de 3 à 6 ans, l’heure du dodo peut entraîner une forte
anxiété de séparation. Ils utiliseront plusieurs moyens pour éviter cette
heure fatidique, souvent au grand désarroi des parents. Même si ce
comportement est désagréable, on peut facilement le comprendre: quitter
ses parents et leur réconfort pour aller se coucher seul dans une pièce est
une situation qui paraît intolérable à un tout-petit. Il est donc conseillé de ne
pas punir notre enfant appartenant à ce groupe d’âge lorsqu’il tarde à aller
au lit, puisqu’il s’agit d’une réticence tout à fait normale. La meilleure
façon d’aborder le problème est d’établir une routine du dodo stable, où le
coucher se fait de manière apaisante et répétitive, en compagnie du parent.
Exemple d’un rituel du dodo
On conduit l’enfant à sa chambre.
On lui raconte une histoire ou on lui chante une berceuse.
On s’étend avec lui quelques minutes, on le borde et on quitte la pièce.
Ce rituel doit être constant et surtout ne pas s’allonger à la demande de
l’enfant. Si on cède parfois pour lire une deuxième histoire, l’enfant aura
tendance à négocier chaque étape de la routine afin de retarder le moment
où il sera seul. Par contre, on peut discuter avec lui de ce qui l’inquiète lors
du dodo. Est-ce que c’est parce que la porte est fermée? Parce que la pièce
est trop sombre? Parce qu’il a peur de faire des cauchemars? Une fois que
des facteurs sont identifiés, il est plus facile de rassurer l’enfant en trouvant
des solutions concrètes, par exemple laisser la porte ouverte, installer une
veilleuse ou fabriquer un «capteur de rêves».
Il est aussi important de ne pas ridiculiser ou banaliser la peur qu’éprouve
son enfant lors du coucher: cette crainte est tout à fait normale et ne
disparaîtra pas parce qu’on la minimise. Dans le cas où on doit modifier sa
routine du dodo, il est important de d’abord prévenir l’enfant de ce
changement et de prévoir une période de transition de 2 à 3 semaines en
moyenne. Il est également recommandé de ne pas faire plusieurs
modifications à la fois, mais plutôt d’y aller graduellement. Il est normal
que l’enfant réagisse au changement au début, mais il s’adaptera à la
situation si l’on demeure ferme sur les étapes de la routine.
À d’autres occasions, les enfants sont rétifs à aller se coucher car ils ne
souhaitent pas interrompre leur activité, surtout lorsqu’il s’agit d’un jeu
stimulant ou de regarder la télévision. Dans ces cas-là, pour pouvoir les
mettre au lit plus facilement, on instaure la règle selon laquelle seuls des
jeux calmes sont permis dans l’heure précédant le coucher (p. ex. casse-tête,
coloriage, jeu de société).
Il est ardu, pour tout parent, d’assumer ses responsabilités pendant la
journée lorsque la nuit a été entrecoupée par de nombreux réveils de
l’enfant. Ce phénomène est d’autant plus prenant pour la personne en
épuisement, qui peut plus difficilement profiter d’un sommeil récupérateur
et retrouver son énergie.
Trucs et conseils
Lorsque notre enfant se lève pendant la nuit et vient nous retrouver, la
meilleure intervention est de le ramener à sa chambre tout en le rassurant.
Près de la moitié des enfants se lèvent la nuit avant l’âge de 5 ans,
majoritairement en raison de cauchemars et parce qu’ils vivent de l’anxiété
de séparation, ce qui est dans la norme. Ces réveils nocturnes peuvent aussi
s’accentuer lors des périodes de changements tels un déménagement ou
l’arrivée d’un enfant dans la famille. Nous devons donc faire preuve de
compréhension et répondre au besoin de notre enfant, qui est d’être
réconforté, plutôt que de le punir ou de le menacer d’une conséquence.
L’objectif est d’apaiser l’enfant pour favoriser son sommeil, et non de créer
une crise ou d’accentuer son état de stress. La plupart du temps, si on le
rassure et qu’on le ramène calmement à son lit en restant avec lui quelques
minutes, il se rendormira. Toutefois, dans certaines situations particulières
(p. ex. s’il est malade) ou lorsque l’on a trop besoin de sommeil en tant que
parent, on peut laisser l’enfant dormir avec nous s’il se réveille trop
fréquemment, en faisant toutefois attention de ne pas en faire une habitude.
En effet, le co-dodo régulier est déconseillé, notamment parce que la qualité
de notre sommeil comme parents est alors souvent moindre, ce qui réduit
ensuite notre énergie pendant la journée. Le co-dodo, à long terme, risque
aussi d’avoir un impact négatif sur notre relation de couple et notre intimité,
le moment du coucher étant fréquemment l’un des seuls moments préservés
entre conjoints dans nos horaires surchargés. Finalement, d’un point de vue
du développement de l’enfant, il importe de l’accompagner pour l’amener à
dormir seul et ainsi surmonter sa crainte d’être séparé de ses parents.
Lorsque l’enfant dort avec nous, il évite son anxiété de séparation. Or il
importe qu’il apprenne à gérer la solitude et qu’il surmonte cette anxiété,
sans quoi celle-ci risque de se maintenir et d’entraîner d’autres problèmes
(p. ex. ne pas pouvoir aller dormir chez un ami ou réagir fortement au
moment de quitter son parent).
Lorsque nous retrouvons de l’énergie, il est important de prendre la
situation de front et de défaire l’habitude de co-dodo si elle existe. Il est
irréaliste de s’y attaquer pendant que nous sommes en épuisement ou que
nous vivons une période plus surchargée, puisque notre sommeil risque
d’être fragilisé pendant plusieurs nuits. Cela vaut aussi pour l’enfant: on
évite de mettre subitement fin au co-dodo pendant qu’il vit une période
d’adaptation (p. ex. l’arrivée d’un bébé dans la famille ou l’entrée à l’école)
ou de stress (p. ex. la fin d’étape à l’école ou une compétition sportive).
Un bon moment pour retourner l’enfant dans son propre lit: les vacances. Il
est aussi très facilitant d’avoir l’appui de son conjoint, afin de se partager
les réveils de l’enfant et, surtout, d’avoir des interventions cohérentes. La
transition vers un lit séparé demande principalement de la patience et
beaucoup de compréhension envers l’enfant, puisqu’on le déplace d’une
situation hautement réconfortante à une situation anxiogène. Lorsqu’il se
réveille et vient nous retrouver, il convient de réagir avec calme et toujours
de la même façon: on le reconduit à sa chambre en le rassurant («On est
juste à côté, tu as ta veilleuse et ton toutou», etc.). Ce processus peut
prendre plusieurs semaines, pendant lesquelles l’enfant se réveillera jusqu’à
ce que l’anxiété s’estompe. Si, pour diverses raisons, on le laisse parfois
dormir à nos côtés, la période de transition sera plus longue.
EN VOITURE
Les déplacements en voiture peuvent être pénibles quand les enfants,
confinés à leur siège, commencent à s’impatienter. Le fait de demeurer assis
pendant une longue période cause à l’enfant un besoin irrépressible de
bouger, qui devient extrêmement stressant et le rend agité et irritable. Les
conflits surgissent alors plus facilement.
L’immaturité de son cerveau induit cette envie de bouger qui ne peut
s’apaiser, alors que l’adulte, lui, est en mesure de freiner cette pulsion.
L’enfant va donc essayer d’évacuer son besoin d’action en cherchant à
s’amuser, et le seul divertissement possible est parfois de déranger ses
frères et sœurs!
Trucs et conseils
La clé pour limiter les débordements d’énergie et la survenue des conflits
pendant les transports est d’occuper l’enfant (p. ex. faire de petits jeux,
apporter des livres et des jouets, etc.). En lui permettant de réaliser des
activités qui vont stimuler ses lobes frontaux et répondre à son désir de
jouer, son comportement sera significativement amélioré. En effet, lorsque
l’enfant se concentre, son énergie est canalisée et son besoin de bouger
devient plus supportable.
On peut aussi profiter des pauses pour lui offrir du réconfort. Des gestes
d’affection, tels les câlins, ont comme résultat d’augmenter la production
d’une substance apaisante dans le cerveau, l’ocytocine, ce qui contribuera à
le calmer. D’autres stratégies faciles à appliquer peuvent parfois prévenir ou
faciliter la gestion des conflits en voiture:
Éviter d’asseoir les enfants à proximité, si possible.
Attribuer des places fixes ou un horaire de rotation (p. ex. l’aîné s’assoit
à l’avant une semaine, puis c’est le cadet la semaine suivante). Ainsi, la
course pour la place préférée et le conflit matinal qui peut s’ensuivre
sont évités.
Prévoir des collations (ou toujours en avoir à portée dans la voiture) que
les enfants peuvent prendre au retour de l’école. Il s’agit souvent d’une
période de la journée où ils sont plus irritables, notamment en raison de
la faim. En plus de les occuper, la collation les rend un peu plus patients
et facilitera l’attente jusqu’au repas.
Éviter les multiples courses en fin de journée. Encore une fois, les
enfants sont souvent fatigués de leur journée, ce qui les rend plus
irritables. Le fait de multiplier les arrêts lors du retour à la maison
risque d’augmenter les conflits.
Dans le cas où le conflit (ou notre frustration) est très intense, on peut
faire un court arrêt. Cela nous permettra de prendre une courte pause
pendant laquelle nous pourrons respirer, calmer notre débordement
émotionnel, puis intervenir en faisant face aux enfants, ce qui est
souvent beaucoup plus efficace.
Lorsque la tension monte, le simple fait de nommer l’émotion à l’enfant
a souvent un effet calmant: «Tu sembles fatigué, Laurent! Je
comprends, on arrive très bientôt à la maison.» Une telle intervention lui
fait savoir qu’on l’a écouté et qu’on valide son émotion, ce qui permet
de désamorcer la crise.
Déléguer certains trajets! Lorsque les situations en voiture sont
particulièrement stressantes pour nous et qu’elles grugent beaucoup de
notre énergie, il peut être utile de voir si d’autres moyens sont
envisageables. Parfois, les enfants peuvent prendre l’autobus, covoiturer
avec d’autres parents, revenir de l’école avec les grands-parents, etc.
LE NON-RESPECT DES RÈGLES DE VIE
Le non-respect des règles de la maison est un irritant quotidien pour bien
des parents, particulièrement lorsqu’ils vivent de l’épuisement. Qui ne s’est
pas déjà senti exaspéré de voir son enfant enfreindre une règle que l’on
avait pourtant répétée si souvent? Pour optimiser le respect des consignes
établies, celles-ci doivent être claires, constantes et, malheureusement,
répétées plusieurs fois. Ce travail peut être essoufflant, les enfants ayant
besoin de plusieurs répétitions faites sur une longue période pour intégrer
une règle de vie.
Il y a cependant une distinction à faire entre rappeler régulièrement une
règle (ce qui fait partie de l’apprentissage de l’enfant) et répéter plusieurs
fois la même demande. Dans le deuxième cas, il convient au contraire
d’intervenir rapidement après quelques répétitions, sans quoi l’enfant
prendra l’habitude de nous faire patienter (et rager) avant d’obéir. En effet,
nos enfants connaissent nos limites et savent très bien quels sont les adultes
qui sont «plus flexibles» et avec qui ils peuvent se permettre d’attendre
avant d’agir. Il est donc recommandé de nommer la consigne, de la répéter,
puis de prévenir tout de suite de la sanction qui surviendra si elle n’est pas
respectée. Cela est d’autant plus important lorsqu’on est fatigué, puisqu’on
risque de céder plus facilement. Il peut être judicieux de laisser l’autre
parent intervenir losqu’on vit de l’épuisement et d’éviter l’instauration de
nouvelles règles de vie pendant cette période de temps. Trop souvent, les
parents tolèrent longuement un comportement, répètent à maintes reprises
ou négocient interminablement la consigne donnée, pour finalement
exploser et appliquer des conséquences inappropriées dans un état colérique
qui n’est pas souhaitable. Mieux vaut éviter ces situations en agissant dès la
première occasion.
Exemples de conséquences irréalistes ou inappropriées
«Tu ne viendras plus jamais à l’épicerie avec maman.»
«Si tu continues ta crise, je te laisse ici et je retourne à la maison.»
«Tu auras une interdiction de jeux vidéo pendant 1 mois.»
«Je vais te retirer ta tablette, tu vas la ravoir quand je déciderai que tu la mérites.»
Ces interventions sont inadéquates puisque la conséquence
annoncée est inapplicable et implique souvent une forme de
distanciation par rapport à l’enfant. Il est préférable d’opter pour des
conséquences qui ne compromettent pas la relation parent-enfant et
que nous serons en mesure d’appliquer entièrement, sans quoi nous
perdrons notre crédibilité. Aussi, les conséquences doivent toujours
avoir un début et une fin précis, sinon il sera difficile pour l’enfant
de comprendre en quoi consiste sa punition et quel comportement
on attend de lui.
Trucs et conseils
Nous voulons tous que nos enfants soient bien éduqués, mais en même
temps, nous ne voulons pas tomber dans le piège du parent-policier pour qui
les seules interactions auprès des enfants se limitent à des interdits ou à des
réprimandes. Le défi de tout parent est donc de trouver le juste équilibre.
Pour y arriver, on commence par faire respecter les règles de base de la vie
de famille, celles qui sont non négociables. On identifie ensuite les
comportements des enfants qui dérangent le plus (et donc qui nous
épuisent!), ceux qui affectent le plus négativement la vie familiale ou qui
vont à l’encontre de nos valeurs. Cette réflexion nous permettra de limiter le
nombre de règles à faire respecter, nous évitant ainsi de devoir
constamment intervenir, ce qui nous grugerait de l’énergie inutilement.
On se concentre d’abord sur les règles de base (comme dans l’exemple)
pour faire cesser les comportements irritants, en acceptant de délaisser
d’autres comportements plus mineurs (p. ex. courir dans le corridor) qui ne
vont pas à l’encontre des valeurs familiales.
LE TEMPS CONSACRÉ AUX ÉCRANS
Les écrans envahissent notre univers quotidien: télévision, cinéma,
téléphones intelligents, ordinateurs, consoles de jeux, Internet, réseaux
sociaux sont omniprésents. Toute cette technologie à notre disposition fait
partie intégrante de la vie de nos enfants. On a souvent l’impression que les
jeunes passent la majeure partie de leur temps devant un écran, source de
frustration et de conflits récurrents dans de nombreuses familles. Bien que
cette technologie puisse être bénéfique à plusieurs égards, il faut demeurer
prudent quant aux impacts négatifs que peut avoir une exposition aux
écrans trop précoce, ou trop importante, sur le développement de l’enfant.
Selon les autorités canadiennes en matière de santé publique, le temps
d’écran recommandé ne devrait pas excéder plus de 2 heures par jour chez
les jeunes âgés de 5 à 17 ans. Ce temps d’écran regroupe celui passé à
l’ordinateur, à jouer à des jeux vidéo et à regarder la télévision ou des films.
Bien entendu, ces recommandations constituent des lignes directrices et
peuvent être adaptées selon l’âge et les différents contextes. Par exemple, il
peut être tout à fait normal que notre enfant joue davantage sur la console
les fins de semaine ou bien regarde plus d’émissions pendant une certaine
période en raison d’un attrait pour une série. L’essentiel est de conserver un
équilibre, où le temps d’écran ne nuit pas au fonctionnement de notre enfant
ni à son bon développement.
Il est déconseillé d’exposer les enfants de 2 ans et moins aux écrans, y
compris la télévision. Durant cette période, il est primordial que l’enfant
vive de réelles stimulations afin de se développer adéquatement: il doit
pouvoir toucher, sentir, voir et entendre en tant qu’acteur actif, en
interagissant le plus possible avec autrui. Même si on peut avoir la
conviction que la télévision ou certains jeux électroniques sont stimulants
grâce à leur valeur éducative, des études ont permis de montrer que ces
activités n’améliorent pas le fonctionnement cognitif de l’enfant de cet âge
et peuvent même l’entraver.
Le principe à retenir est le suivant: le temps passé devant un écran constitue
du temps où l’enfant n’est pas en interaction avec une autre personne et
n’explore pas son environnement de manière physique, deux activités qui
sont les fondements des apprentissages et du développement avant l’âge de
2 ans. Les écrans tactiles et interactifs (p. ex. la tablette) peuvent être
utilisés occasionnellement pour une courte durée (au maximum 15
minutes), à condition que l’enfant soit accompagné d’un adulte et qu’il soit
exposé à une variété d’autres activités suscitant l’exploration et
l’apprentissage.
Lorsque l’enfant a 3 ou 4 ans, on peut introduire graduellement l’écran,
pour un maximum de 1 heure par jour. Des études ont effectivement mis en
lumière que les enfants de 4 ans peuvent participer activement à des
émissions à vocation éducative, par exemple en répondant aux questions
posées ou en répétant ce que disent les personnages. Cette participation
active peut donc être bénéfique pour le développement du vocabulaire,
contrairement à ce qui a été démontré chez les plus petits.
Bien entendu, ces lignes directrices peuvent être difficiles à respecter,
surtout lorsqu’il y a d’autres enfants plus âgés à la maison ou que l’on est
en situation d’épuisement. Les écrans sont souvent bien pratiques pour
nous, parents; ils nous permettent de vaquer à nos occupations ou de
profiter d’un moment de repos pendant que les enfants sont distraits.
Toutefois, à notre ère technologique, nous nous tournons rapidement vers
eux pour occuper nos enfants, en oubliant que d’autres moyens peuvent être
fort utiles. Lorsque l’on a besoin de temps, par exemple pour préparer le
repas ou se reposer, on peut suggérer à l’enfant de:
faire un dessin ou du coloriage;
réaliser des mandalas;
faire un casse-tête;
fabriquer des constructions en blocs Lego;
participer avec nous à une tâche (p. ex. laver les légumes, nous
accompagner avec son aspirateur-jouet pendant que nous passons
l’aspirateur).
Souvent, l’enfant qui n’est pas devant l’écran va requérir notre attention s’il
n’est pas dans la même pièce que nous. Le fait de l’installer au comptoir de
la cuisine ou à la table du salon, où il peut sentir notre présence, suffira dans
bien des cas à le maintenir occupé, sans écran!
Trucs et conseils
Dans le quotidien, il est parfois ardu de gérer le temps que l’enfant passe
devant les écrans. La grande résistance de nos enfants lorsque nous
souhaitons les déconnecter amène souvent des négociations corsées qui
nous prennent beaucoup d’énergie.
En général, l’interdiction complète d’utiliser l’ordinateur, de regarder la
télévision ou de jouer aux jeux vidéo a pour résultat d’envenimer la relation
avec le jeune et de générer beaucoup de tension, puisque cela sera souvent
perçu par ce dernier comme une punition injuste. Gardons à l’esprit que ce
monde virtuel fait partie de sa vie et qu’il n’est pas souhaitable de l’en
priver complètement. De plus, les jeux vidéo sont un sujet d’échange social
important, tant à la maison que dans la cour d’école, au point où les jeunes
qui ne partagent pas cet intérêt peuvent se sentir exclus par leurs pairs. Il
vaut mieux par conséquent éviter la privation complète.
On doit toutefois établir des règles claires et constantes pour encadrer le
temps d’écran, afin qu’il demeure raisonnable et n’empiète pas sur les
autres activités de l’enfant (devoirs, sports, sorties avec les amis). On peut
par exemple établir que les écrans sont permis après les devoirs ou après le
repas du soir seulement, pas plus d’une heure d’affilée la semaine (selon
l’âge). On peut aussi lui interdire de manger devant l’écran ou de l’utiliser
dans l’heure avant le coucher.
Il est également recommandé d’installer la télévision, l’ordinateur ou la
console de jeu dans une pièce souvent fréquentée, et donc pas dans la
chambre de l’enfant. Lorsque ces technologies se trouvent dans sa chambre,
le temps d’utilisation risque d’augmenter de même que la possibilité
d’isolement de l’enfant, alors plus à risque de développer une dépendance.
En utilisant une pièce familiale comme le salon, il nous sera plus facile
d’être au courant du taux d’utilisation de l’enfant et d’exercer un contrôle
sur ce qu’il regarde ou sur ce à quoi il joue.
Remettre en question notre usage des écrans
Nous nous préoccupons du temps que nos enfants ou nos adolescents
passent devant les écrans, mais qu’en est-il de notre usage des technologies
comme parents? Lorsque nous sommes en interaction avec nos enfants,
nous devons demeurer prudents afin de ne pas utiliser nos cellulaires ou nos
tablettes. Par exemple, si nous conversons avec notre enfant et que nous
envoyons des textos en même temps, nous brimons notre échange avec lui.
Cela peut envoyer à notre enfant le message qu’il n’est pas notre priorité
pour le moment.
Une enquête, réalisée auprès de 6117 parents et leurs enfants âgés de 8 à 13 ans, montre
que 50% des parents se laissent distraire par leur téléphone cellulaire pendant leurs
interactions avec leur enfant. De plus, 36% d’entre eux affirment le consulter pendant les
repas et 28% l’utilisent pendant qu’ils jouent avec les enfants. Ce qui est encore plus
intéressant dans cette étude, c’est que les enfants ont aussi été interrogés et 45% d’entre
eux trouvent que leurs parents consultent trop leur téléphone. Encore plus percutant: 27%
des enfants rêvent même de confisquer le cellulaire de leurs parents13.
Lorsque les enfants essaient de leur faire prendre conscience qu’ils utilisent
leur cellulaire à un moment inapproprié, plusieurs parents ont tendance à se
mettre en mode défensif:
• «Toi aussi parfois tu es sur ta tablette quand je te demande
quelque chose!»
• «Tu exagères! Je le prends juste quelques minutes par soir.»
• «Je n’ai pas le choix de prendre mes messages, c’est pour le
travail.»
• «C’est mon amie, je lui réponds et je reviens tout de suite. Ne sois
pas capricieux!»
Les parents ne sont pas toujours conscients que leur cellulaire occupe une
grande partie de leur temps. Plusieurs vont invalider ce que l’enfant nomme
en banalisant leur utilisation des technologies. Le message que notre enfant
nous envoie par ce type de commentaires est qu’il nous trouve indisponible
et qu’il souhaite interagir avec nous. Il importe donc de lui dire qu’on
entend ce qu’il exprime et qu’on apportera les changements qu’il faut pour
se débrancher.
Par exemple, pour diminuer notre dépendance aux écrans, nous pouvons:
attendre que nos enfants soient partis pour la garderie ou l’école avant
de regarder nos courriels ou de consulter les réseaux sociaux;
mettre notre cellulaire de côté durant les moments en famille (p. ex.
sorties, repas) ou les activités extérieures;
attribuer une sonnerie différente aux contacts associés à la famille, et
ignorer les autres sollicitations provenant du travail lorsque nous
sommes à la maison;
ignorer les notifications que nous recevons lorsque nous interagissons
directement avec notre enfant et attendre d’avoir un moment à nous
avant de les consulter;
demander à nos enfants de nous ramener à l’ordre – toujours dans le
respect – quand nous reprenons nos vieilles habitudes.
En 2017, l’entrepreneure québécoise Dominique Bernèche a eu l’idée de lancer le
«Défi5@8 sans écrans», qui invite tous les membres de la famille à délaisser téléphones
et tablettes entre le retour de l’école et l’heure du coucher des enfants. Cette période est
consacrée à passer du temps de qualité ensemble, sans distraction ni interruption virtuelle.
Une fois le repas et les devoirs terminés, diverses activités simples et ludiques, à faire en
famille, sont proposées. Cette initiative, qui gagne en popularité, vise à nous faire prendre
conscience de l’omniprésence des écrans dans nos vies et nous incite à nous débrancher
pour améliorer la qualité de nos échanges avec nos proches et pour savourer davantage le
moment présent.
Difficile de vivre le moment présent quand on est en permanence collé à
son cellulaire! La crainte de manquer quelque chose est souvent présente,
même si cela n’est pas toujours conscient: un courriel, un SMS, une
nouvelle de dernière minute ou les dernières publications sur les réseaux
sociaux. Les parents croient à tort que leur enfant ne s’aperçoit pas vraiment
qu’ils utilisent leurs écrans puisqu’il est occupé à jouer. Or les enfants sont
très observateurs et, bien souvent, ils éviteront d’aller vers le parent pour ne
pas le déranger s’il se sert de son cellulaire ou de son ordinateur portable.
Posons-nous la question: «Est-ce que répondre à mes messages textes ou
surfer sur Internet est une priorité lorsque je suis à la maison?»
Retenons également que nous sommes les modèles de nos enfants: difficile
d’interdire leur cellulaire à la table si le nôtre s’y trouve. Au-delà d’une
simple règle de vie familiale, il est important d’inculquer aux enfants qu’il
convient de mettre de côté les technologies lorsqu’on interagit avec
quelqu’un afin de maintenir une saine communication et que les relations
humaines doivent toujours avoir la priorité sur les relations virtuelles.
LES TÂCHES MÉNAGÈRES
Comme parents, nous avons parfois l’impression de devoir sans cesse
superviser nos enfants et répondre à leurs besoins. Bien que ce «travail de
soutien» constant soit essentiel et tout à fait normal, nous souhaitons tous
aussi développer leur autonomie afin qu’ils deviennent des individus
responsables et, soyons honnêtes, que notre tâche soit allégée!
L’autonomie est la faculté d’agir par soi-même et de prendre des décisions,
sans avoir besoin d’aide ni être influencé par autrui. Elle s’exprime aussi
par la capacité de subvenir à ses propres besoins. L’autonomie
s’accompagne donc d’un sens des responsabilités qui amène l’enfant à
davantage respecter les règles établies dans la famille, à l’école et en
société.
Le meilleur environnement pour apprendre aux enfants à devenir
autonomes est le milieu familial, puisque les parents y sont omniprésents,
ce qui leur permet de faire un suivi et de favoriser l’autonomie au quotidien.
Le désir d’autonomie se manifeste très tôt dans la vie d’un enfant, par
exemple lorsqu’il commence à ramper pour aller chercher un jouet,
lorsqu’il s’affirme en voulant faire certaines choses lui-même, comme
manger ou mettre ses souliers seul, ou qu’il souhaite aller un peu plus loin
qu’avant avec son vélo. C’est normalement entre 5 et 12 ans que nos
enfants deviennent de plus en plus indépendants et parviennent
progressivement à prendre leurs responsabilités, une capacité qui, ne
l’oublions pas, est en constante progression et sera probablement à
développer encore pendant l’adolescence.
Nous avons, comme parents, un rôle important à jouer dans cette quête de
l’autonomie et du sens des responsabilités. Ce sont des éléments à la base
de toute éducation réussie, qui aideront notre enfant à affronter les réalités
de la vie quotidienne. Nous lui procurons la chance de développer son
autonomie chaque fois que nous évitons de le surprotéger ou de tout faire à
sa place et que nous lui permettons de faire des choix, d’expérimenter de
nouvelles choses et d’accomplir certaines tâches. En adoptant une telle
attitude, nous lui donnons l’occasion de développer son estime de soi et son
sentiment de compétence («je suis capable»). De notre côté, cela nous
amène à lâcher prise et à accepter que tout ne soit pas fait à la perfection.
Conduire l’enfant à l’autonomie et le laisser faire certaines tâches peut
parfois nous prendre plus du temps et demander plus d’énergie que si nous
les faisions nous-mêmes, mais rapidement le sens des responsabilités et les
nouvelles aptitudes développées par notre enfant pourront alléger notre
quotidien, notamment de certains travaux ménagers.
Trucs et conseils
Quand un enfant n’arrive pas à faire une tâche, nous avons parfois tendance
à la faire à sa place, sans mauvaise intention, tout simplement pour gagner
du temps, pour éviter les problèmes, bref, parce que c’est plus simple
comme ça! Malheureusement, en agissant ainsi, nous le privons d’une
occasion d’apprentissage et du plaisir d’avoir accompli quelque chose par
lui-même.
De nos jours, bien des enfants n’effectuent aucune tâche à la maison. Leurs
parents ont tendance à ne pas l’exiger, par manque de temps, de patience ou
par crainte que ce ne soit pas fait «à leur goût». Pourtant, donner à un jeune
l’occasion d’apprendre et de faire certaines tâches (sous supervision
parentale au début) lui permet d’accroître sa confiance en soi et de
développer son autonomie. Les enfants sont capables de bien des choses,
souvent beaucoup plus qu’on ne le pense.
De plus, le fait de permettre à l’enfant de prendre des décisions favorise son
autonomie. Il ne faut donc pas hésiter à le laisser faire des choix (qu’on
pourra accepter ou contester par la suite, si c’est nécessaire!). On fait
toutefois attention de ne pas le critiquer ou le punir s’il a pris une mauvaise
décision. Mieux vaut en discuter avec lui et l’aider à réaliser ce qui s’est
passé, afin qu’il devienne apte à faire un meilleur choix à la prochaine
occasion.
Il est fréquent que les enfants s’opposent à de nouvelles tâches ou à
l’augmentation soudaine de leurs responsabilités. Leur réticence provient
souvent d’un manque de confiance en eux et de la peur de l’échec. Ainsi, il
est important d’aider et de guider son enfant vers la réussite. Pour ce faire,
il faut le motiver, l’encourager, l’aider à faire preuve de persévérance, et le
féliciter pour ses efforts et ses bons coups. En ce sens, veillons à ne pas être
trop exigeants ni perfectionnistes, et évitons de gronder notre enfant ou de
lui faire des remarques négatives s’il n’arrive pas à accomplir quelque
chose par lui-même. N’oublions pas que tout enfant est un être en
construction et que les erreurs font partie de son apprentissage!
Encourageons-le dans ses efforts (même infructueux) et soulignons ses
améliorations ou ses réussites, si petites soient-elles. Il est important de
renforcer la persévérance pour inculquer cette valeur à l’enfant, en le
guidant et en l’assistant lorsqu’il est face à des obstacles, ainsi qu’en le
félicitant lorsqu’il accomplit des tâches jusqu’au bout. Si nous souffrons
d’épuisement parental, il y a de fortes chances que nous soyons
perfectionnistes et que nous ayons des exigences élevées envers nousmêmes et les autres. Alors prêtons attention à nos propos pour ne pas
décourager notre enfant et faisons preuve de lâcher-prise quant au résultat!
Bref, l’attitude générale à adopter est de laisser à l’enfant la chance de
réaliser des choses par lui-même et de lui faire confiance. Rendre un enfant
autonome, c’est l’accompagner sans prendre trop de place, sans prendre SA
place. C’est lui donner la main lorsqu’il en a besoin, mais sans l’empêcher
de marcher seul (ni pour autant le laisser tomber). Si vous sentez que vous
manquez de patience en raison de votre état de fatigue actuel, peut-être
pouvez-vous demander à votre conjoint d’assumer pour un temps ce rôle de
pédagogue auprès de votre enfant. Chaque parent a ses propres
compétences et talents; votre conjoint a certainement lui aussi beaucoup de
savoir-faire qu’il peut transmettre à votre enfant, dans un état serein et avec
toute la patience nécessaire. Les oncles, les tantes et les grands-parents
peuvent également être des éducateurs d’autonomie extraordinaires pour
votre enfant.
LES CONFLITS ENTRE FRÈRES ET SŒURS
Les conflits entre frères et sœurs demandent beaucoup de temps et
d’énergie au parent, qui doit intervenir régulièrement. Même si ces frictions
peuvent nous peser au quotidien, elles sont normales et même essentielles
au développement social de l’enfant. En effet, les disputes au sein de la
fratrie permettent aux enfants de mieux comprendre les relations
interpersonnelles et, notamment, d’être plus capables de reconnaître les
besoins, les opinions et les désirs d’autrui. En présence de désaccords, ils
sont appelés à chercher des solutions pour arriver à des compromis et ils
développent ainsi leurs habiletés à gérer des conflits. Ces disputes jouent
également un rôle quant à la définition de l’identité de l’enfant, qui apprend
à s’affirmer et à se différencier des autres membres de la famille.
Les conflits au sein de la fratrie peuvent être déclenchés par une multitude
de facteurs, variant bien sûr selon la personnalité des enfants et leur groupe
d’âge. Il peut être gagnant de s’arrêter comme parent pour réfléchir aux
situations qui déclenchent souvent des affrontements et pour identifier
l’enjeu qui semble poser problème. De cette façon, on peut plus facilement
cerner les moyens à mettre en place pour prévenir des disputes qui,
avouons-le, peuvent ajouter beaucoup de tension au sein de la famille.
La territorialité et le partage des possessions sont des sujets de conflits
fréquents entre frères et sœurs. La notion de territoire est importante pour
bien des enfants: ils aiment «posséder» certains espaces ou certains objets
dans leur environnement. Il est ainsi important de considérer ce besoin et de
demander à toute la famille de respecter la propriété de chacun. Cela dit,
chaque enfant doit aussi faire des compromis en lien avec les objets et les
espaces qui sont communs. La télévision, l’ordinateur familial, les jeux de
société sont des possessions qu’il devra apprendre à partager avec ses frères
et sœurs.
Trucs et conseils
Afin de combler le besoin qu’éprouve l’enfant d’avoir des choses bien à lui,
on recommande de créer une étagère sur laquelle seront placés des jouets
spéciaux qu’il n’aura pas à partager, sauf s’il accorde sa permission. Ce
principe permet aux enfants de développer le sens de la propriété, mais
aussi d’apprendre à demander la permission et de faire attention aux jouets
qui ne leur appartiennent pas.
La notion de partage est également applicable à l’amour des parents.
Chaque enfant rêve de capter pour lui seul l’attention de ses parents. Ainsi,
certains enfants vont déranger leur frère ou leur sœur pour que les parents
interviennent. D’autres vont provoquer des querelles afin de forcer les
parents à prendre parti. Ils utilisent (inconsciemment) ces moyens pour
attirer l’attention parentale, même lorsqu’il s’agit d’une attention négative.
Le besoin constant de se rassurer de l’amour des parents est aussi à l’origine
de la jalousie. L’impression d’être moins aimé que l’autre est très difficile à
accepter pour les tout-petits, et on peut se sentir désemparé ou coupable en
tant que parent lorsqu’on se rend compte qu’un de ses enfants a cette
impression. Sans nous en apercevoir, nous pouvons effectivement avoir des
comportements discriminatoires et ainsi provoquer un sentiment de jalousie.
Certains gestes, parfois anodins, sont très significatifs pour notre enfant: sa
place à la table, les vêtements neufs qui vont toujours au plus grand, les
sorties qui sont plus nombreuses avec l’aîné qu’avec le cadet, le rituel du
coucher qui est plus long avec le plus jeune, etc.
Pour limiter ce problème, on tente d’avoir des moments privilégiés avec
chacun des enfants, individuellement. Il ne s’agit pas ici d’ajouter des
activités à notre horaire surchargé ou qui demandent une énergie que l’on
n’a plus! On peut tout simplement accompagner l’enfant à son entraînement
de patin déjà à l’horaire, écouter une de ses émis sions préférées avec lui,
discuter de sa journée pendant le trajet du retour ou pendant l’heure du bain.
Dans le quotidien, il est important aussi d’accorder beaucoup d’attention
positive aux bons comportements, ne serait-ce que par de simples
commentaires et félicitations. De cette façon, l’enfant n’aura pas
l’impression que seuls les mauvais coups attirent l’attention du parent et
comprendra que les comportements adéquats sont plus «payants» pour
obtenir des marques d’affection.
LA CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE
Une autre source de stress pour bien des parents est la conciliation de la vie
professionnelle avec la vie familiale. Dans le contexte actuel où l’on se doit
de performer sur tous les plans, et où bien des parents sont aussi des
travailleurs à temps plein, il est de plus en plus difficile de se sentir
compétent et suffisamment disponible dans ces deux rôles.
Un sondage réalisé pour le magazine Naître et grandir montre que 72% des parents se
sentent coupables quand ils font passer leur emploi avant leur famille et que 45% disent
avoir de la difficulté à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales14.
Trucs et conseils
Lorsque l’on perçoit un important déséquilibre entre les différentes sphères
de sa vie, le même processus que l’on a vu au chapitre 3 peut s’appliquer à
la situation: accepter son état, éviter le perfectionnisme, définir ses priorités,
faire appel à des ressources extérieures et prendre du temps pour soi.
Souvent, la meilleure façon d’arriver à cet équilibre tant recherché est de
compartimenter. Ainsi, lorsque l’on est au travail, on évite le plus possible
de penser à la famille ou de gérer certaines de ses responsabilités familiales.
De même, on laisse le travail au bureau et on se centre sur la sphère
familiale lorsque l’on est en congé. Voici quelques stratégies pour y
parvenir:
Ne pas prendre ses courriels professionnels à la maison (et éviter d’avoir
accès à ceux-ci en temps réel via son téléphone intelligent!).
Garder une liste de rappels à portée de main. Au bureau, dès que l’on
pense à quelque chose qui est relié à la vie familiale ou domestique (p.
ex. ne pas oublier de prendre rendez-vous avec le pédiatre!), on l’inscrit
sur cette liste, puis on la range jusqu’à la prochaine pause ou à la fin de
la journée, sans s’en préoccuper pendant que l’on est au travail. Si on
pense trop souvent au travail à la maison, on peut appliquer la même
stratégie: on met sur papier les tâches qui surgissent à l’esprit, puis on
range la liste pour la ressortir au bureau.
Ajouter à l’agenda non seulement les tâches liées au travail et les
activités de la famille, mais aussi diverses autres responsabilités (p. ex.
dimanche après-midi: épicerie et préparation des repas). Ainsi, ces
tâches accapareront moins l’esprit durant le reste de la semaine.
Ces stratégies peuvent nous paraître difficiles à instaurer au départ, mais à
force de les mettre en pratique, elles deviendront intégrées à notre mode de
vie sans nous prendre davantage d’énergie, tout en nous permettant de
mieux respirer dans nos deux principales sphères de vie.
Au-delà de ces moyens, on peut aussi s’informer sur les mesures à la
disposition des employés dans son milieu de travail. Votre employeur est
peut-être plus flexible que vous ne le pensez… Osez discuter avec lui des
solutions ou des arrangements possibles pour vous permettre de mieux
jongler avec vos responsabilités parentales et professionnelles, que ce soit
un horaire de travail différent qui faciliterait la routine du matin ou encore
la possibilité de faire du télétravail pour réduire, voire supprimer, le temps
de déplacement.
Encore une fois, nous devons faire preuve de courage et nommer notre état
de stress ainsi que nos besoins à notre employeur, tout comme il est
important de le faire avec nos proches. Il n’y a pas de honte à avoir besoin
d’aide. Rappelez-vous que la personne qui a les attentes les plus élevées
envers vous, c’est probablement vous-même! Afficher sa vulnérabilité attire
très rarement du jugement ou du mépris; au contraire, cela amène bien
souvent des témoignages d’amitié et d’empathie.
En quelques mots…
L’organisation est la clé pour alléger la routine au quotidien.
S’arrêter pour comprendre l’origine des tensions avec les
enfants (fatigue lors des devoirs, opposition durant les repas,
conflits dans la fratrie, temps consacré aux écrans) permet
souvent de mettre en place des interventions plus adaptées qui,
au long cours, demandent moins d’énergie que de laisser ces
tensions perdurer au quotidien.
Faire participer l’enfant aux tâches domestiques favorise sa
collaboration et contribue au développement de son autonomie.
Au départ, cela exige un investissement de temps et une bonne
dose de patience de la part du parent, mais à long terme, cette
participation à la vie familiale pourra alléger ses
responsabilités.
11. Tiré de mon livre, Le psy-guide de la discipline: pour les enfants de 0 à 10 ans, écrit avec la
collaboration de Gabrielle Vallières-Lavoie, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2017, p. 87.
12. Pour en savoir davantage sur les méthodes de discipline à privilégier dans diverses situations au
quotidien, je vous invite à consulter mon ouvrage précédent, Le psy-guide de la discipline: pour
les enfants de 0 à 10 ans, publié en 2017 aux Éditions de l’Homme, dans lequel j’ai abordé
plusieurs de ces thématiques.
13. AVG Techonologies, Kids Competing with Mobile Phones for Parents’ Attention, 2015. Repéré à
https://now.avg.com/digital-diaries-kids-competing-with-mobile-phones-for-parents-attention.
14. Ces résultats statistiques proviennent d’une étude menée par Léger, au printemps 2014, pour le
compte de Naître et grandir. Repéré à https://naitreetgrandir.com/fr/dossier/conciliation-travailfamille/introduction-conciliation-famille-travail/
Alors que le parent qui vit de l’épuisement traverse une période difficile, le
conjoint qui l’accompagne se retrouve, lui aussi, dans une situation qui peut
le laisser désemparé. Comme le burnout parental entraîne une perte
d’intérêt tant pour les activités de toutes sortes que pour les tâches
quotidiennes, il n’est pas rare pour le conjoint d’avoir l’impression de ne
plus reconnaître son partenaire et de sentir qu’il subit lui-même la «perte»
du soutien de l’autre au quotidien. À cela s’ajoute l’incertitude: «Comment
dois-je réagir? Comment puis-je soutenir mon conjoint dans sa détresse,
tout en subvenant aux besoins de toute la famille?» Le couple peut ainsi
vivre une période déstabilisante.
Une bonne communication entre conjoints est l’une des clés pour composer
au fur et à mesure avec les inquiétudes et les conflits qui surgissent. Or le
stress vécu apporte avec lui de l’irritabilité et de l’impatience, ce qui aura
certainement un impact lors des discussions. Afin d’éviter de tomber dans
le piège des reproches, des critiques et des accusations, qui se solderont
souvent par une impasse, voici quelques techniques simples, mais très
efficaces, pour favoriser une saine communication dans le couple et la
recherche de solutions.
LES PRINCIPES D’UNE COMMUNICATION SAINE
Parler au JE
Le fait d’utiliser le «je» pour transmettre un message aide le partenaire à ne
pas se placer en mode défensif. Cela favorise aussi l’expression de la
pensée ou d’une émotion. Il convient d’éviter de mettre l’accent sur le
comportement de l’autre, pour ne pas transformer ce qu’on voulait partager
en reproches.
Par exemple:
«Tu ne fais jamais rien pour m’aider.»
devient (en mode «JE»)
«Je me sens souvent seule pour effectuer les tâches.»
L’utilisation du «tu» entraîne souvent une fermeture de la part de l’autre,
qui n’est ainsi plus à l’écoute. Alors, la personne qui se sent accusée ne
retient pas l’objet du message exprimé, mais plutôt l’attaque qu’elle a
perçue dans cette manière de s’exprimer. En contrepartie, l’emploi du «je»
accroît l’attention de l’autre à ce qu’on exprime puisqu’il suscite un
sentiment d’empathie. Au final, cette stratégie permet d’aborder des sujets
délicats sans que l’autre se sente agressé ou remis en cause, ce qui facilite la
recherche de solutions constructives.
Préciser son sujet
Lors de discussions au sein du couple, on peut facilement glisser vers des
généralités ou dévier du message que l’on voulait communiquer. C’est à ce
moment-là que les «jamais» et les «toujours» apparaissent, et que l’on se
met à se disputer au sujet des vêtements qui traînent, alors qu’on voulait
initialement parler des devoirs des enfants. Le fait de préciser le sujet que
l’on souhaite aborder permet d’éviter ces digressions ainsi que les reproches
qui, de toute façon, ne concernent pas le problème actuel. Donc, avant
d’entamer la discussion, on réfléchit au thème que l’on veut aborder et on
l’annonce en début de conversation, afin que chacun veille à rester dans le
sujet.
Si l’on désire aborder plusieurs points, mieux vaut les traiter un à la fois que
tous les évoquer en même temps, ce qui donnerait l’impression à l’autre de
crouler sous la critique. En cas de manque de temps, il faudra accepter
qu’on ne peut pas discuter de tous les points et qu’on devra reporter la suite
de la discussion à un autre moment.
Ne pas invalider le sentiment de l’autre
Parfois, le sentiment que l’autre nous exprime par rapport à une situation
nous semble exagéré. On peut alors avoir envie de le lui souligner.
Cependant, dire à l’autre qu’il exagère revient à nier ce qu’il ressent (voire
à le ridiculiser) et cela coupera son désir de se dévoiler – en plus de susciter
chez lui le sentiment d’être incompris. Il faut toujours se rappeler que
l’intensité des émotions que peut susciter une situation varie d’une personne
à une autre. Les propos qui invalident le sentiment de l’autre auront souvent
comme effet de couper court à la communication, plutôt que de mener à un
échange sain, propice à l’apaisement.
Complimenter
Les compliments devraient toujours être présents au quotidien au sein d’un
couple. Par cette bonne habitude, on solidifie le lien et on communique plus
souvent de manière positive, ce qui rend les discussions délicates plus
faciles. En ponctuant les journées de compliments plutôt que de critiques,
on augmente les chances que l’autre écoute ce qu’on a à lui dire. Cela
l’aidera aussi à ne pas se mettre sur la défensive quand on ressentira le
besoin d’éclaircir une situation ou d’aborder certains sujets.
La communication saine au sein d’un couple n’est pas si compliquée, mais
comme bien d’autre chose, la pratique est un élément clé pour qu’elle
devienne facile au quotidien.
COMMENT SOUTENIR SON CONJOINT ÉPUISÉ
L’épuisement parental est un état qui met du temps à se rétablir. Ainsi, le
conjoint doit faire preuve de beaucoup de compréhension et de patience afin
d’éviter de tomber dans le piège, celui de mettre de la pression sur le parent
épuisé pour qu’il reprenne ses activités le plus rapidement possible. Bien
que cet élan soit tout à fait normal et provienne de l’espoir que tout
redevienne comme avant, le parent en épuisement a besoin de temps et de
réconfort pour effectuer les prises de conscience nécessaires à son
cheminement. En le poussant trop rapidement à reprendre ses
responsabilités familiales, on risque d’aggraver la situation à long terme. Il
faut se souvenir que le parent qui se retrouve en épuisement parental est
souvent perfectionniste et/ou anxieux. S’il ressent de la pression, volontaire
ou pas, de la part de son entourage, il vivra encore plus de sentiments
d’échec et de culpabilité face à son incapacité à répondre aux demandes, ce
qui retardera la récupération et le retour à un état de bien-être.
Ainsi, le plus grand défi du conjoint sera de respecter le rythme du parent
épuisé, tout en demeurant prudent pour ne pas tout prendre sur ses épaules
et se fatiguer outre mesure à son tour. Dans ce contexte, chacun doit
accepter ses propres limites et utiliser au maximum les ressources
extrafamiliales disponibles.
Trucs et conseils
Écouter
Le meilleur soutien que l’on puisse accorder à la personne épuisée est sans
aucun doute l’écoute sans jugement. Si le conjoint adopte cette position, le
parent en burnout osera davantage exprimer ses émotions et ses pensées
anxieuses, en plus de se sentir accepté tel qu’il est. Cette écoute l’aidera à
retrouver plus rapidement un état de bien-être, puisqu’il n’aura pas à cacher
ni à défendre son état émotionnel. Une saine communication permet
également au conjoint de rassurer le parent épuisé, de lui faire part des
progrès qu’il observe et de lui nommer ses forces et ses ressources, en
reconnaissant ce que l’autre vit. L’écoute et le respect de son état
d’épuisement lui communiquent aussi que son conjoint est présent, et
qu’ensemble, ils traverseront cette épreuve.
Respecter son rythme
On doit chercher à encourager le parent épuisé et le féliciter lorsqu’il
progresse, sans toutefois le forcer. Même si, de notre point de vue, une
sortie au restaurant, une marche ou une visite chez des amis serait
bénéfique, nous devons accepter qu’il refuse. Car la fatigue qu’éprouve la
personne en burnout est souvent si grande que même les activités plaisantes
lui paraissent lourdes.
L’accompagner
Bien des personnes en épuisement auront tendance à éviter diverses tâches
ou activités puisqu’elles font surgir en elles un sentiment de lourdeur et un
découragement trop important. Elles se sentent fatiguées avant même de
commencer. Un moyen intéressant pour encourager notre conjoint est
l’accompagnement. Que ce soit aller avec lui à son rendez-vous, plier les
vêtements, faire l’épicerie, etc., le parent épuisé peut trouver beaucoup de
réconfort dans le fait de faire les choses à deux et éprouvera un sentiment
d’accomplissement face à la tâche réalisée, ce qui l’aidera à retrouver de
l’énergie. Cependant, on doit toujours veiller à ne pas mettre de pression et
le respecter s’il refuse de faire quelque chose ou s’il ne peut compléter une
activité. L’accompagnement aux rendez-vous médicaux est recommandé,
puisque le conjoint peut rapporter la situation de manière plus objective et
faire état des progrès, qui sont parfois plus difficiles à percevoir par la
personne en épuisement.
Encourager son conjoint à consulter
Parfois, le parent épuisé ne trouve pas l’énergie pour consulter. Une fois de
plus, on peut l’accompagner dans sa démarche pour soutenir le processus.
On peut, par exemple, lui offrir de lui soumettre une liste de professionnels,
de prendre son premier rendez-vous, de l’y conduire, etc. La consultation de
professionnels de la santé ne peut qu’aider le parent épuisé à retrouver son
équilibre.
Assumer une plus grande part des responsabilités familiales
L’autre conjoint devra souvent assumer une plus grande part des
responsabilités liées à la famille, afin de permettre au parent épuisé de se
reposer et de récupérer. Il peut être fort utile de prendre le temps de discuter
avec son conjoint des tâches qui lui paraissent les plus lourdes et difficiles à
exécuter depuis quelque temps, afin de s’occuper de celles-ci en premier
lieu. À la lumière de cette discussion, on peut soit s’en charger soi-même,
soit faire appel à des ressources extérieures. Il est primordial de libérer le
parent épuisé, mais il faut aussi respecter ses propres limites. On peut
également offrir à son conjoint d’aller se reposer à l’extérieur du milieu
familial, que ce soit pour quelques jours ou pour une semaine. Un tel congé
ne doit pas être interprété comme une fuite de la situation ou un abandon de
la famille, mais bien comme une occasion de se ressourcer.
Prendre congé de sa famille, une bonne ou une mauvaise
chose?
Le parent en burnout peut avoir envie de sortir de son milieu familial, qui est devenu pour
lui une source d’anxiété et de stress. Après tout, dans le cas d’un épuisement professionnel,
on suggère bien de prendre congé du travail. Or ici, la situation est différente, puisque ce
sont les relations avec le conjoint et les enfants qui sont en jeu. Sortir de son milieu familial
peut-il avoir des effets négatifs dans les relations parents-enfant ou, au contraire, les
améliorer? Risque-t-on de trouver les responsabilités familiales encore plus lourdes au
retour?
La littérature traitant de l’épuisement parental fait très souvent
mention de l’importance de prendre du temps pour soi et de se
reposer. La fatigue étant l’un des symptômes les plus marqués, il est
primordial de se donner du temps pour recharger ses batteries et
faire diminuer le stress. Ainsi, le fait de s’accorder des «vacances»
de son milieu familial peut être bénéfique, que ce soit par
l’entremise d’une soirée en amoureux, d’une fin de semaine au
chalet avec des amis ou d’une semaine au soleil. De plus, le fait de
prendre un peu de recul permet souvent d’apprécier davantage
certains aspects de la vie familiale: le rire des enfants, les
conversations durant les repas en famille, etc. Cela peut donc parfois
réduire la distanciation affective que l’on peut ressentir face à ses
enfants lorsque l’on est en état de fatigue extrême.
Il importe toutefois que ces pauses demeurent de courte durée, dans
l’optique d’éviter un bouleversement au sein de la famille et le
risque que les enfants souffrent d’une séparation trop importante
avec le parent.
Autre mise en garde: il faut conserver des attentes réalistes face aux
bienfaits d’une sortie. Gardons en tête qu’il s’agit d’un des moyens
pour se remettre graduellement de l’épuisement, et non d’une
solution instantanée! Comme lorsqu’on réintègre le travail après des
vacances, le quotidien sera toujours présent au retour et la fatigue
n’aura pas complètement disparu après quelques jours de congé. Il
n’en demeure pas moins que nous pouvons profiter de ces moments
de détente et qu’avec le temps, ils contribueront à nous remettre sur
pied.
Cuisiner
Le parent épuisé aura souvent besoin d’aide pour bien se nourrir, l’un des
moyens les plus importants pour avoir de l’énergie. Cuisiner est une activité
agréable pour plusieurs, mais elle demande de l’organisation, du temps et
de l’énergie. Ainsi, la cuisine est fréquemment une activité anxiogène et
décourageante pour la personne en épuisement. En la libérant de cette tâche,
on l’aide à ressentir moins d’anxiété et on s’assure que les repas restent
équilibrés. Lorsqu’il nous est difficile de cuisiner, on ose demander à son
entourage si quelqu’un peut venir donner un coup de pouce. Demander de
l’aide est l’une des premières étapes pour retrouver l’équilibre familial.
Encourager son conjoint à faire de l’exercice physique
On essaie, dans la mesure du possible, d’encourager la personne en burnout
à sortir un peu à l’extérieur chaque jour. Bouger permet de libérer des
endorphines, une hormone fort utile pour faire descendre la tension et
retrouver un état de bien-être. On peut lui suggérer, par exemple, de faire
une promenade à pied ou encore une petite balade en vélo avec les enfants,
d’aller glisser dehors avec eux ou de jardiner. Les activités ne doivent pas
être trop longues ni intenses; elles doivent permettre au parent de vivre de
bons moments, sans aucune pression!
Rire et s’amuser
Le rire est souvent une bonne façon de désamorcer des situations
complexes. Cela permet de se détendre et de profiter d’un bon moment en
couple ou en famille. Si sortir semble lourd, il ne faut pas hésiter à rester à
la maison: on loue des comédies ou on fait un jeu de société rigolo en
famille!
S’ouvrir sur sa situation
Il est important de parler ouvertement de la situation à l’entourage (avec
l’accord du conjoint en burnout) et de s’informer soi-même sur
l’épuisement parental, afin de bien comprendre les symptômes et la façon
d’agir pour soutenir le mieux possible l’être aimé et l’aider à se rétablir.
En résumé, accompagner une personne en épuisement parental demande de
la patience, de la compréhension, de la flexibilité et, surtout, une grande
empathie à son égard. L’épuisement est un «état d’être»; rien n’indique
physiquement que la personne n’est pas en pleine possession de ses
moyens. Le parent épuisé se sent donc souvent coupable face à sa situation.
Il se perçoit comme un moins bon conjoint et, surtout, comme un moins bon
parent.
COMMENT EXPLIQUER AUX ENFANTS QUE PAPA OU
MAMAN SOUFFRE D’ÉPUISEMENT
Le réflexe de bon nombre de parents est de protéger leurs enfants des
situations plus complexes, ce qui est parfaitement normal. Nous ne voulons
pas les inquiéter avec nos problèmes d’adultes ni leur parler de sujets qui
dépassent leur capacité de compréhension et leur occasionneraient un stress
inutile. Cela dit, les enfants sont souvent conscients de ce qui se passe chez
leurs parents, malgré tous les efforts de ces derniers pour l’éviter, et peuvent
vivre encore plus d’inquiétudes face à la situation lorsqu’on ne leur offre
aucune explication. Le silence absolu n’est donc pas une option souhaitable.
Il est préférable de leur expliquer, avec des mots simples et concrets, ce qui
se passe, en se montrant rassurant.
Pour parler de cette situation à son enfant, on insiste sur le fait que papa ou
maman ressent une grande fatigue ces derniers temps, et, surtout, que cela
n’a rien à voir avec lui. Les enfants ont tendance à se sentir facilement
coupables et à établir une relation directe (et erronée) entre l’état du parent
et leur comportement. Si on exprime de la tristesse ou du découragement, il
faut faire bien attention de rassurer l’enfant et de le déresponsabiliser de la
situation.
On évite donc les phrases qui font un lien entre le comportement de l’enfant
et l’état du parent, telles que:
«Si tu écoutes papa, cela va l’aider à se sentir mieux.»
«Ce qui aiderait maman à récupérer, c’est que tu ranges ta chambre.»
«Papa est fatigué et triste, donc ne te dispute pas avec ta petite sœur.»
Même si, à première vue, ces phrases semblent permettre à l’enfant de
contribuer à la remise en forme du parent épuisé, elles procurent un
important sentiment d’anxiété chez le jeune et mettent un poids sur ses
épaules. Ce dernier se considérera alors comme responsable des progrès,
mais aussi des émotions négatives, de son parent. De plus, un enfant
anxieux deviendra souvent irritable et moins en maîtrise de ses émotions, ce
qui ne sera aucunement bénéfique à l’harmonie familiale et au
rétablissement du parent.
Ainsi, on ne doit pas demander à l’enfant de changer quoi ce soit pour aider
le parent épuisé, ni dans son comportement ni dans son attitude. En
parallèle, on tente de préserver le plus possible son quotidien, en
poursuivant ses activités de loisirs, ses sorties avec ses amis, etc. L’objectif
est que l’enfant soit le moins possible affecté par la situation. Si on sent
qu’il se renferme et qu’il est moins enjoué qu’auparavant, on tente de
communiquer avec lui pour comprendre ce qui se passe et, au besoin, on va
chercher l’aide d’un professionnel pour que l’enfant puisse traverser le plus
sereinement possible la situation.
En quelques mots…
La meilleure façon de soutenir son conjoint en état
d’épuisement est de faire preuve de patience et de
compréhension, en l’accompagnant dans la reprise graduelle de
ses activités, sans toutefois mettre de pression.
En tant que conjoint, il est important de considérer ses propres
limites et d’aller chercher du soutien, au besoin, pour assumer
les responsabilités familiales supplémentaires.
On peut expliquer à son enfant que papa ou maman ressent une
grande fatigue, en faisant très attention de ne faire aucun lien
entre cet état d’épuisement et le comportement du jeune, afin
d’éviter de lui faire vivre un sentiment de culpabilité.
LE MOT DE LA FIN
Le rôle de parent est bien différent aujourd’hui de ce qu’il a pu être pour
nos grands-parents. Notre monde est plus complexe qu’avant et, par
conséquent, notre rôle de parent aussi: on se pose plus de questions, on a
une panoplie de choix, on doit planifier des mois à l’avance la garderie,
l’école ou le camp de jour que fréquentera notre enfant, on doit sans cesse
trouver de nouvelles façons de gagner en vitesse et en efficacité, au travail
comme à la maison.
Dans une société où la pression de performance est omniprésente, le
sentiment de ne pas être à la hauteur peut nous envahir facilement. Alors, si
ce livre vous a permis de déceler en vous certains signes précurseurs ou
révélateurs d’un épuisement parental, sachez que vous êtes loin d’être un
cas unique. À l’heure actuelle, beaucoup de parents sont à risque de faire un
burnout parental.
La clé pour ne pas vous laisser écraser par les idéaux de perfection
véhiculés par la société? Faites-vous confiance et, surtout, ne perdez pas de
vue vos valeurs, ce qui est important pour vous, car c’est ce qui définit
votre style parental. Même si la voisine cuisine des gâteaux maison, vous
pouvez faire un choix différent, par exemple prendre ce temps pour regarder
un film avec vos enfants ou pour jouer dehors avec eux. Une option n’est
pas meilleure qu’une autre; elles répondent tout simplement à des priorités
ou à des valeurs différentes.
Une autre avenue à considérer pour vivre plus sereinement le quotidien en
famille: éviter le plus possible les réseaux sociaux. Ils donnent trop souvent
l’impression que la majorité des parents ont une vie digne d’un conte de
fées qui respecte en tous points les recommandations de tous les experts!
Apercevoir en ligne la photo de la collation qu’a préparée une maman pour
toute la classe à la rentrée scolaire ne vous apportera rien, sauf des remises
en question et de la culpabilité. Retenez que ce qui est partagé sur ces
réseaux est toujours le plus beau moment ou une distorsion de la réalité et
que, derrière tout cela, l’autre parent expérimente lui aussi des crises le
matin, des épisodes de gastros et des nuits blanches. Plusieurs parents, pour
ne pas dire tous, vivent des périodes plus difficiles à un moment ou à un
autre. En parler avec son entourage ou un professionnel sera toujours le
meilleur remède pour éviter de se sentir seul.
Je répète presque quotidiennement aux parents qui me consultent qu’ils sont
les mieux placés pour savoir ce dont leurs enfants ont besoin. Ni moi en tant
que psychologue, ni l’enseignant, ni la direction d’école ne peut savoir avec
certitude ce qu’un parent doit ou ne doit pas faire. Le rôle de tout
intervenant est de vous guider selon son champ d’expertise, mais vous
demeurez la personne ayant la meilleure connaissance de votre enfant et de
votre réalité familiale. De ce fait, vous possédez les outils pour atteindre
votre équilibre et assumer le rôle de parent à votre façon.
L’apprivoisement de l’état d’épuisement parental et le cheminement qui
permet de le surmonter est unique à chacun et comporte des embûches.
Mais si vous devez constamment résister à l’idéologie de performance,
relisez souvent le chapitre 3 pour maîtriser le lâcher-prise et abandonner le
perfectionnisme! Sachez qu’il s’agit là d’un processus qui témoigne d’une
grande persévérance et qui permettra à toute la famille de vivre de manière
plus harmonieuse.
J’espère sincèrement que ce livre vous aura permis de faire des prises de
conscience (comme ce fut le cas pour moi!) afin de surmonter ou d’éviter
l’épuisement parental. Souvenez-vous que le rôle de parent est bien souvent
exigeant et éprouvant, mais aussi passionnant et tellement enrichissant.
RESSOURCES ET LIENS UTILES
Dr Mood – Burnout parental: application gratuite
Outil numérique visant à aider les parents à faire le point quotidiennement
sur leur état émotionnel et physique, et à évaluer s’ils risquent de basculer
vers le burnout.
https//www.dr-mood.com/
Ligne québécoise en prévention du suicide
Ligne téléphonique sans frais donnant accès à du soutien offert par des
intervenants qualifiés. Le site Internet de l’Association québécoise de
prévention du suicide comprend de l’information ainsi que les coordonnées
des multiples centres de prévention du suicide au Québec.
1-866-277-3553 (1-866-APPELLE),
disponible tous les jours 24 h
https://www.aqps.info/besoin-aide-urgente/
LigneParents
Ligne téléphonique offrant des services gratuits et confidentiels, par des
intervenants professionnels spécialistes de la relation parents-enfants.
1-800-361-5085, disponible 24 h, 365 jours par année
https://www.ligneparents.com/
Maison des familles
Organisme sans but lucratif qui offre aux familles divers services à faible
coût (jeux, ateliers, conférences et programmes). Pour trouver la maison des
familles de votre secteur: http://www.quebecfamille.org/reconcilionstravail-et-famille/repertoire-des-organismes-de-soutien-a-la-famille.aspx
Ordre des psychologues du Québec (OPQ)
Regroupe de l’information quant aux services de psychologie au Québec.
514-738-1881
https://www.ordrepsy.qc.ca
Service
de
référence
pour
accéder
https://www.ordrepsy.qc.ca/trouver-de-aide
à
des
services:
Première ressource – Aide aux parents
Service anonyme et gratuit de consultation professionnelle pour les
relations entre parents et enfants.
514-525-2573
1-866-329-4223
www.premiereressource.com
Revivre, Association québécoise de soutien aux personnes souffrant de
troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires
Organisme sans but lucratif qui vient en aide aux personnes vivant un
trouble anxieux, dépressif ou bipolaire et leurs proches, notamment par
l’entremise d’une ligne d’écoute et de l’accès à de l’information.
Ligne d’écoute: 514-738-4873 (1-866-REVIVRE), du lundi au vendredi
entre 9 h et 21 h
revivre@revivre.org
https://www.revivre.org
Section Conciliation travail-famille du site du ministère de la Famille et
des Aînés du Québec
Présente plusieurs programmes gouvernementaux pertinents pour les
familles ainsi que divers liens et ressources.
https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/famille/Pages/index.aspx
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Vaillant, M. Être mère: mission impossible?, Paris, Albin Michel, 2011.
REMERCIEMENTS
Un immense merci aux hommes de ma vie, Louis-Alexandre, Antoine,
Jordan et Jocelyn, pour leur appui, une fois de plus. Merci pour votre
soutien moral et votre entraide pendant toute la période d’écriture de ce
livre. Grâce à vous tous, ce projet fut beaucoup plus facile à mener à bon
port! Je vous aime.
Un merci spécial aux membres de la famille Tremblay-Vallières, pour votre
implication et votre magnifique participation lors des tempêtes d’idées
familiales, desquelles sont ressorties de très belles idées qui ont bonifié ce
livre.
Merci à mes parents, qui ont toujours été des ressources extraordinaires
pour moi dans mon rôle de mère, et qui le sont aujourd’hui auprès de mes
enfants. Votre présence dans notre quotidien nous communique
continuellement l’importance de la générosité et de l’entraide, des valeurs
que vous avez su transmettre à toute votre famille.
Je dédie ce livre à une jeune femme inspirante qui sera un jour maman à son
tour! Ma belle Gabrielle, j’espère que ce livre te sera utile afin de demeurer
le plus souvent possible dans le moment présent! Merci pour tes judicieux
conseils et ta précieuse participation tout au long de l’écriture. Travailler
avec toi et discuter du rôle du parent est toujours passionnant et un doux
moment. Je me trouve privilégiée d’être ta mère! Je t’aime, ma choupette.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Chapitre 1. Qu’est-ce que le burnout parental?
Burnout parental, baby blues ou dépression post-partum?
Un portrait de la situation
Les symptômes du burnout parental
La fatigue
La distanciation affective avec l’enfant
La perte des sentiments d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle
parental
Les conséquences du burnout parental
En quelques mots…
Chapitre 2. Comment en suis-je arrivé là?
Avant le burnout, le burn-in…
Les facteurs de risque (et de protection)
Des facteurs sociodémographiques
Les caractéristiques de l’enfant
Les caractéristiques du parent
Les pratiques parentales
La relation conjugale et le soutien des proches
Un déséquilibre des sphères de vie
Comment savoir si on est à risque ou pas
En quelques mots…
Chapitre 3. Un premier pas vers le mieux-être
Lâcher prise
Faire des changements concrets dans son environnement
Perfectionnisme… non merci!
Définir ses priorités
Vivre le moment présent
Prendre soin de soi comme parent
Sommeil, repos et détente
Faire de l’activité physique
Respirer pour se détendre
Remettre le plaisir à l’avant-plan
En quelques mots…
Chapitre 4 – Dans le feu de l’action… des trucs pour surmonter les
défis quotidiens
L’organisation: la clé pour alléger le quotidien
La période des devoirs
Trucs et conseils
L’heure des repas
Intervention à éviter
Intervention adéquate
Trucs et conseils
Le coucher
Trucs et conseils
En voiture
Trucs et conseils
Le non-respect des règles de vie
Trucs et conseils
Le temps consacré aux écrans
Trucs et conseils
Remettre en question notre usage des écrans
Les tâches ménagères
Trucs et conseils
Les conflits entre frères et sœurs
Trucs et conseils
La conciliation travail-famille
Trucs et conseils
En quelques mots…
Chapitre 5. Aider mon conjoint en burnout parental
Les principes d’une communication saine
Comment soutenir son conjoint épuisé
Trucs et conseils
Comment expliquer aux enfants que papa ou maman souffre d’épuisement
En quelques mots…
Le mot de la fin
Ressources et liens utiles
Bibliographie
Remerciements
Le psy-guide: des parents épuisés
ISBN EPUB: 978-2-7619-5219-4
Édition: Pascale Mongeon
Design graphique: Christine Hébert
Infographie: Chantal Landry
Révision: Sylvie Massariol
Correction: Joëlle Bouchard et Jocelyne Cormier
04-19
Imprimé au Canada
© 2019, Les Éditions de l’Homme,
division du Groupe Sogides inc.,
filiale de Québecor Média inc.
(Montréal, Québec)
Tous droits réservés
Dépôt légal: 2019
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
DISTRIBUTEURS EXCLUSIFS:
Pour le Canada et les États-Unis:
MESSAGERIES ADP inc.*
Téléphone: 450-640-1237
Internet: www.messageries-adp.com
* filiale du Groupe Sogides inc.,
filiale de Québecor Média inc.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
– www.sodec.gouv.qc.ca
L’Éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec
pour son programme d’édition.
Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre
du Canada pour nos activités d’édition.
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