DÉDICACE Je dédie ce travail A mes parents: je ne saurai oublier votre aide et coaching. Enfin terminé! i REMERCIEMENTS Je suis particulièrement reconnaissante : - au Pr. Claude-Ernest KIAMBA qui, par ses multiples conseils, son travail de relecture attentive et de correction, m’a permis d’améliorer en profondeur ce travail. - A l’ensemble du staff enseignant de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, - A mes frères, collègues, camarades et amis m’ont aidé à des degrés divers et dont les efforts ont été appréciables dans les domaines de la saisie, du montage, de la relecture, du conseil et de l’encouragement. Qu’ils trouvent ici tous mes sincères remerciements. ii LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES ALB Albendazole APOC Programme africain pour le contrôle de l'onchocercose AZT Azithromycine CBS Calibrated Blood Spot CBTI Traitement communautaire de la avec IVM CCU Unité centrale de coordination CDC United States Centers for Disease Control and Prevention CDD Distributeur communautaire de médicaments CDTI Traitement avec Ivermectine CENAME Centre national pour l'approvisionnement en médicaments essentiels CMR Cameroun DHIS2 District Health Information System-2 DQA Évaluation de la qualité des données DREB Direction régionale de l'enseignement de base DRES Direction régionale de l'enseignement secondaire DRSP Délégation régionale de santé publique DS District de santé DSA Évaluations spécifiques à la maladie EPIRF Formulaire de déclaration de données épidémiologiques FRPS Fonds régional pour la promotion de la santé FTS HCR Bandes de test Filarial Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés HKI Helen Keller International HQ Quartier général IEC Information, éducation et communication IEF International Eye Foundation IVM Ivermectine JRF Formulaire de rapport conjoint JRSM Demande conjointe de médicaments LCIF Lions Club International Foundation LF Filariose lymphatique iii LLIN Nettoyeur imprégné d'insecticide à longue durée de vie LOE Niveau d'effort MDA Mass Drug Administration SEM Mebendazole MF Microfilarémie MINCOM Ministère de la Communication MINEDUB Ministère de l'enseignement primaire MINESEC Ministère de l'enseignement secondaire MINSANTE Ministère de la Santé publique (également MOH) MMDP Projet de gestion de la morbidité et de prévention des incapacités MINSANTE Ministère de la Santé publique Ministère de la Santé publique NGDO Organisation de développement non gouvernemental MTN Maladie tropicale négligée OMS Organisation mondiale de la santé OV Onchocercose PC Chimiothérapie préventive PNLCé Programme national de prévention de la cécité NOCP Programme national pour le contrôle de l'onchocercose PNLSH Programme national de lutte contre la schistosomiase et l'helminthiases intestinales PZQ Praziquantel SAC Enfants de l'âge scolaire SAE événement secondaire grave SAFE Chirurgie - Antibiotiques - Nettoyage du visage - Améliorations environnementales SCH Schistosomiase SMART spécifique, mesurable, réalisable, réaliste et limité dans le temps STH Helminthes transmises par le sol S & E Suivi et évaluation TIC Test immunochromatographique TAF Facilité d'assistance technique TAS Enquête d’évaluation de Transmission TEO Tetracycline de l'oeil iv TF Inflammation-Folliculaire du Trachome TIPAC Outil pour la planification intégrée et l'établissement des coûts TIS Evaluations des impacts du Trachoma TSS Enquête de Surveillance du Trachoma TT Trichiases trachomateuses UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance UNDP Agence des États-Unis pour le développement international v RESUME Les maladies tropicales négligées (MTN) sont à la fois des facteurs moteurs et des manifestations de pauvreté et d'inégalités sociales. Des efforts de plaidoyer accrus depuis le milieu des années 2000 ont conduit à de nouveaux objectifs de lutte et d'élimination ambitieux fixés pour 2020 par l'Organisation mondiale de la santé. Bien que ces aspirations représentent un élan politique important, il existe des défis multiples dans le contrôle des maladies infectieuses dans des contextes locaux pauvres en ressources qui doivent être reconnus, compris et engagés. Au Cameroun, les MTNs pour lesquelles les données épidémiologiques sont disponibles sont: l’onchocercose, la schistosomiase, les Géohelmintiases, la filariose lymphatique, le trachome, la trypanosomiase humaine africaine, l’ulcère de Buruli, et la lèpre 1. La nécessité d'engager le public dans les activités de lutte contre les maladies tropicales négligées est devenue impérative dans le contexte de la réduction de la morbidité par la chimiothérapie préventive et la participation communautaire. Les MTN affectent environ 2,7 milliards de personnes et tuent plus d'un demimillion de personnes chaque année2. Ces 2,7 milliards sont les plus pauvres, les plus défavorisés et la plupart des personnes marginalisées d'Afrique où La pauvreté est élevée3. L'impact de l'égalité entre les sexes sur la vulnérabilité des femmes au handicap et à la vulnérabilité. Par conséquent, un sondage a été mené auprès du grand public afin d'évaluer leurs connaissances des activités de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun. Un questionnaire simple a été remis au grand public dans le district et l’aire de santé de Mbandjock, sélectionné en fonction de la prévalence révélée et ainsi qu’au ministère de la Santé Publique. Cette étude a pour objectifs de : Evaluer la connaissance des populations sur les MTNs ; Evaluer l’efficacité des stratégies et des outils d’Information/éducation sur la maladie ; Evaluer l’impact sur la réduction de la pauvreté dans les zones bénéficiaires. Mots clés Politique Publique - Maladies Tropical Négligée - Pauvreté 1 Ministère De La Sante, Plan Directeur De Lutte Contre Les Maladies Tropicales Négligées Au Cameroun 2012-2016, 2012, Ministère De La Sante, P23. 2 Hotez Pj Et Al., Rescuing The “Bottom Billion” Through Neglected Tropical Disease Control. 2009, The Lancet, P57. 3 Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., David H. Molyneux, Ph.D., D.Sc., Alan Fenwick, Ph.D., Jacob Kumaresan, M.B., B.S., Dr.P.H., Sonia Ehrlich Sachs, M.D., Jeffrey D. Sachs, Ph.D., And Lorenzo Savioli, M.D.., “Control Of Neglected Tropical Diseases”. 2007, New England Journal Of Medicine, September 6, 2007, Doi: 10.1056/Nejmra064142. vi ABSTRACT Neglected tropical diseases (NTDs) are both driving forces and manifestations of poverty and social inequality. Increased advocacy efforts since the mid-2000s have led to new ambitious goals and targets set for 2020 by the World Health Organization. Although these aspirations represent an important political impetus, there are multiple challenges in controlling infectious diseases in resource-poor local contexts that need to be recognized, understood and committed. In Cameroon, the MTNs for which epidemiological data are available are: onchocerciasis, schistosomiasis, geohelmintiases, lymphatic filariasis, trachoma, African human trypanosomiasis, Buruli ulcer, and leprosy4. The need to engage the public in the control of neglected tropical diseases has become imperative in the context of reducing morbidity through preventive chemotherapy and community participation. NTDs affect about 2.7 billion people and kill more than half a million people each year5. These 2.7 billion are the poorest, most disadvantaged and most marginalized people in Africa where poverty is high6. The Impact of Gender Equality on Women's Vulnerability to Disability and Vulnerability. As a result, a survey was conducted among the general public to assess their knowledge of the activities to control neglected tropical diseases in Cameroon. A simple questionnaire was distributed to the general public in the district and the health area of Mbandjock, selected according to the prevalence revealed and also to the Ministry of Public Health. The objectives of this study are: To evaluate the knowledge of populations on NTDs; Evaluate the effectiveness of disease information / education strategies and tools; Evaluate the impact on poverty reduction in beneficiary areas. Keywords Public Policy - Neglected tropical diseases - Poverty 4 Ministry of Health, plan directeur de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun 2012-2016, 2012, Ministry of Health, p23. 5 Hotez PJ et al., Rescuing the “bottom billion” through neglected tropical disease control. 2009, THE LANCET, p57. 6 Hotez et al., Control of neglected tropical diseases. 2007, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, p268. vii LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX Liste des figures graphiques et images Figure 1: Représentation cartographique des Maladies Tropicales Négligées au Cameroun (zone de Mbandjock dans la region du centre, en bordeaux représentant le niveau élevé de prévalence). ................................................................................................................................ 8 Figure 2:Voie de recherche de traitement pour les MTN......................................................... 17 Figure 3: STRUCTURE DE LA LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN ............. 32 Figure 4: Endémicité des maladies tropicales négligées au Cameroun ................................... 40 Figure 5: Couverture géographique du projet ENVISION au Cameroun ................................ 42 Figure 6: Progrès vers l'élimination des MTNs au Cameroun ................................................. 64 Figure 7: Campagne de sensibilisation sur la lutte contre les MTNs à MBANDJOCK .......... 67 Figure 8: identification et enregistrement des participants aux campagnes ............................. 68 Figure 9: : photo illustrant une séance de prélèvement ............................................................ 68 Figure 10: photo illustrant un test (test de filariose) positif au bout de 10 minutes ................. 69 Figure 11: Enquête CAP auprès des populations ..................................................................... 70 Figure 12: Graphe sur les connaissances des signes de chaque MTN. .................................... 74 Figure 13: Graphe sur les connaissances des modes de transmissions de chaque MTN. ........ 75 Figure 14: Graphe sur les connaissances des traitements de chaque MTN. ............................ 75 Figure 15: Propositions d'amélioration des stratégies de lutte contre les MTNs ..................... 76 Liste des tableaux Tableau 1 : Villes de la région du centre nécessitant une enquête d’évaluation de Transmission ENVISON en 2017 .............................................................................................. 6 Tableau 2: Caractéristiques démographiques des répondants .................................................. 27 Tableau 3: Perspective ............................................................................................................. 35 Tableau 4 : l’international eye foundation ............................................................................... 36 Tableau 5 : Sightsavers ............................................................................................................ 36 Tableau 6 : OMS ...................................................................................................................... 37 Tableau 7 : helen keller international ....................................................................................... 38 Tableau 8:Aperçu du statut escompté du programme des maladies tropicales négligées au Cameroun au 30 septembre 2015 ............................................................................................. 49 Tableau 9:Donnees repertoriant les connaissance générale du public sur les maladies tropicales négligées .................................................................................................................. 70 Tableau 10: Données représentant les connaissances des répondants au sujet des activités spécifiques de lutte contre les MTNs ....................................................................................... 71 Tableau 11: Connaissance des activités de lutte contre les MTN par sexe et par âge. ............ 72 Tableau 12: Différentes opinions du public sur les activités de contrôle des MTNs. .............. 73 viii SOMMAIRE DÉDICACE ................................................................................................................................. I REMERCIEMENTS ................................................................................................................. II LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES ................................................ III RESUME .................................................................................................................................. VI LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX .................................................................. VIII INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1 PREMIERE PARTIE : ............................................................................................................. 29 ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN .................................................................... 29 CHAPITRE 1 : ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN ..... 30 CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN ....................................................................................................................... 52 DEUXIEME PARTIE: ............................................................................................................. 61 LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE PUBLIQUE DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN........ 61 CHAPITRE 3 : PORTEE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES ............................................................................................... 62 CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE LUTTE CONTRE LES MTN ET PERSPECTIVES .......................................................................... 79 CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 87 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 90 TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 97 ix INTRODUCTION GENERALE Les objectifs du millénaire ont fait passer la santé d’une préoccupation principalement technique à une préoccupation de plus en plus proche d’un « impératif moral et politique »7. Depuis la publication du rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé en 2010 sur le thème «Travailler pour surmonter L'impact global des maladies tropicales négligées ", la lutte contre ces maladies a connu beaucoup de progrès, aboutissant à une conférence le 30 janvier 2012 à Londres avec la participation des pays en développement touchés par les Maladies Tropicales Négligées (MTN), des pays développés, des grandes firmes pharmaceutiques et autres acteurs sociaux comme Bill Gates. Lors de cette conférence, il a été annoncé de nouveaux dons de médicaments et une recherche financée, ainsi que l’approbation de la Déclaration de Londres sur les maladies tropicales négligées. Ces maladies sont causées par plusieurs facteurs, dont le plus prédominant est la pauvreté8. En Afrique subsaharienne comme dans d'autres pays où ces maladies sont présentes, les patients sont les plus pauvres, les plus stigmatisés et les plus marginalisés et ceux qui sont le moins en mesure de demander des services. Il s'agit souvent de femmes, enfants, minorités ethniques, personnes déplacées ainsi que les personnes vivant dans des zones d’accès limités aux services de santé Les effets économiques de la lutte contre la maladie sont connus depuis le début du vingtième siècle. Les incidences socio-économiques des MTN et l'impact dévastateur qu'elles ont sur la santé des ménages infectés entraînent le plus souvent une invalidité physique débilitante, y compris la neuropathie périphérique, la maladie cardiaque de Chagas, les lésions cutanées et les ulcères de la filariose lymphatique, l'ulcère de Buruli, les troubles de vision du trachome, l'onchocercose et les troubles cognitifs de la schistosomiase9. L'impact des MTN sur la productivité agricole, l'éducation et le développement dans les communautés touchées est vaste. Dr. Margaret Chan dans son introduction au premier rapport de l'OMS sur les MTN résume succinctement : 7 Organisation mondiale de la sante, Rapport sur la sante dans le monde : Donnons sa chance à chaque mère et à chaque enfant, 2005, OMS, Genève, p3. 8 Organisation mondiale de la sante, Premier rapport de l'OMS sur les maladies tropicales négligées, 2010, OMS, Genève, p5. 9 Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., Neeraj Mistry, M.D., M.P.H., Joanna Rubinstein, D.D.S., Ph.D., and Jeffrey D. Sachs, Ph.D., “Integrating neglected tropical diseases into HIV/AIDS, tuberculosis, and malaria control”, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, June 2, 2011, DOI: 10.1056/NEJMp1014637. 1 Les conséquences sont coûteuses pour les sociétés et pour les soins de santé. Ces coûts comprennent les soins intensifs pour la fièvre hémorragique et la rage clinique, la chirurgie et hospitalisation prolongée pour la maladie de Chagas et l'ulcère de Buruli, et la réadaptation pour la lèpre et la filariose lymphatique. Pour certaines maladies, comme la maladie du sommeil, les traitements sont lourds à administrer et toxiques. Pour les autres, surtout les maladies qui causent la cécité, le dommage est permanent. Le développement de la rage peut être évité grâce à une vaccination en temps opportun après l'exposition, mais l'accès à des produits biologiques vitaux est coûteux et n'est pas toujours abordable dans les zones rurales asiatiques et africaines. Pour la plupart de ces maladies, la stigmatisation et l'exclusion sociale aggrave la misère, en particulier pour les femmes10. I. Contexte de l’étude L’analyse des stratégies de lutte contre les MTN, telle qu’elle est en train d’être menée dans le contexte camerounais, nécessite qu’on étudie son environnement sous un double angle : social et économique. 1. Contexte social Dans les années 70, la santé et le développement ont suscité un intérêt accru, du fait de l’attention portée aux stratégies de développement fondées sur l’équité, puis en raison des inquiétudes provoquées par les effets du ralentissement de la croissance économique, dans les années 80, sur la santé des enfants, notamment en Afrique. Toute la période a été marquée par un renforcement de l’opinion selon laquelle les dépenses de santé constituaient, comme celles de l’éducation, des investissements dans le capital humain. Le rapport entre la santé et développement joue dans les deux sens. Le développement économique conduit à une amélioration de l’état sanitaire, lequel contribue à l’essor de l’économie. Cependant, les avocats d’une politique de santé soulignent souvent que l’on ne peut pas compter sur le seul développement pour réduire la morbidité et la mortalité et qu’il faut également des politiques spéciales de nutrition, de prestations sanitaires et d’assainissement du milieu. Ils citent parfois des exemples d'atteintes à la santé provoquées par le développement ou soutiennent que la mise en œuvre de programmes sanitaires appropriés peut répondre ellemême aux nécessités du moment, dans l’éventualité même d’une relative stagnation économique générale. Les adversaires de cette thèse soulignent le rapport qui existe entre l’état sanitaire et le niveau des revenus et observent que des mesures de santé spécifiques voient leurs 10 Organisation mondiale de la sante, Premier rapport de l'OMS sur les maladies tropicales négligées, 2010, OMS, Genève, p3. 2 effets bénéfiques fortement réduits quand les milieux socio-économiques et physiques environnants restent néfastes à la santé. Par ailleurs, le contexte sanitaire est marqué par une vitesse de circulation accrue des maladies d’un pays à un autre, d’une région à une autre et d’un continent à un autre du fait de l’ouverture des frontières et du développement des moyens de transports. Dans un tel contexte, les Etats ont été contraints d’internaliser la dynamique selon laquelle, la menace en matière de santé est globale et que la réponse également doit être globale. 2. Contexte économique Depuis les années 1980, la crise économique est manifeste avec ses conséquences : baisse du taux de croissance annuelle du PIB, régression forte et auto-entretenue du volume des exportations, augmentation de la dette publique extérieure, passage du classement des Etats à revenu moyen aux Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), augmentation du nombre des PPTE . Cette piètre performance économique a un impact négatif sur la santé des populations dans la mesure où l’Etat défaillant est incapable de mettre sur pied des politiques publiques de santé efficaces et performantes. Tout ceci conduit à la perpétuation de la pauvreté, à l'augmentation du taux de chômage et à l'inadéquation entre le diplôme et le marché du travail, ainsi que des taux élevés d'analphabétisme, des pénuries de logements, des ressources en eau et la dégradation de l'environnement. On constate donc que la pauvreté, l'urbanisation non réglementée et l'assainissement inadéquat sont des facteurs socio-économiques importants qui ont un grand effet sur la dynamique de transmission des maladies tropicales négligées. Sur la base des classifications de la Banque mondiale11, le Cameroun est un pays à revenu inferieur moyen. Il existe des lacunes importantes dans les niveaux de revenu et de vie entre différentes parties du pays et entre différents segments de la société. La morbidité causée par les maladies tropicales négligées, contribue à un cercle vicieux d'infection, de pauvreté, de productivité réduite et de développement socioéconomique inadéquat. Le chômage et le manque de possibilités d'emploi au Cameroun sont des facteurs importants qui conduisent à des mouvements de population, habituellement vers des villes industrielles ou des zones agricoles récupérées, ce qui est le cas de la ville de Mbandjock12 ou 11 Banque Mondiale, DOING BUSINESS 2017 ,2017, World Bank Publications, The World Bank Group, Washington, DC. P. 8 12 Tchounwou P.-B., 1992, « Le point sur la pollution de l’eau à Mbandjock ». ORSTOM/ OCEAC DOCUMENT D’ENTOMOLOGIE MEDICALE ET DE PARASITOLOGIE, N°0 3. , Yaoundé. 3 nous dénotons des migrations saisonnières pour travailler comme ouvrier pendant les périodes de plantation et de récolte. Cela conduit à l'exposition des populations migrantes à de nouveaux risques et à l'environnement et à l'introduction de parasites via des migrants infectés dans les nouveaux systèmes. La forte croissance de la population conduit à la création de plusieurs quartiers de bidonvilles non réglementés. Ces zones constituent un problème national, ne sont pas planifiées, illégalement construites et sous-desservies. Ils ont tendance à être les moins bien servis en termes d'infrastructure et de services publics et souffrent de la pauvreté, du chômage, des logements pauvres et de l'assainissement, du manque d'eau potable, de l'accessibilité médiocre et de la surpopulation. Cette urbanisation rapide et imprévue entraîne souvent une forte prévalence des parasites intestinaux, en particulier chez les enfants13. Outre les souffrances physiques et psychologiques causées aux patients, la maladie influe également sur l'individu, le ménage, la communauté et la société dans son ensemble un fardeau économique énorme. Pour beaucoup de malades, c’est une perte de productivité, l'absentéisme scolaire et les coûts élevés du séjour médical à long terme. Ce qui aggrave encore le cycle de pauvreté et de mauvaise santé pour les populations défavorisées. Le concept du fardeau de la maladie a été publié pour la première fois par Murray et Lopez 14 a été utilisé pour quantifier le fardeau de la mortalité et de l'invalidité prématurée pour les maladies majeures ou les groupes de maladies. Le fardeau de la MTN s'exprime par le biais du nombre d’années de vie en bonne santé perdues à cause d'un handicap ou de la mort prématurée. Les MTN représentent la quatrième plus grande cause de morbidité avec 46 à 57 millions d’années de vie en bonne santé perdues. Les MTN en Afrique subsaharienne représentent environ 21,2 millions de personnes. Hotez15 a déterminé que les MTN en Afrique subsaharienne atteignent la moitié de la charge de morbidité causée par le paludisme et deux fois la charge de morbidité causée par la tuberculose, ce qui laisse supposer que les MTN représentent un formidable défi pour la santé publique en Afrique. Le fardeau de la filariose lymphatique est susceptible d'être sous-estimé en raison de la stigmatisation. Lorsqu'un individu est atteint, il évite la vie publique et peut abandonner le 13 Ebit E. Kwenti, Franklin A. Nkume, Ajime T. Tanjeko, and Tayong D. B. Kwenti, “The Effect of Intestinal Parasitic Infection on the Clinical Outcome of Malaria in Coinfected Children in Cameroon”, PLOS NEGL TROP, Publie en ligne le 29 Avril 2016,. doi: 10.1371/journal.pntd.0004673 14 Christopher J. L. Murray and Alan D. Lopez, The Global Burden of Disease: a Comprehensive Assessment of Mortality and Disability from Diseases, Injuries, and Risk Factors in 1990 and Projected to 2020: Summary (Global burden of disease and injury series), 1996, Harvard School of Public Health, p35. 15 Hotez PJ et al., Rescuing the “bottom billion” through neglected tropical disease control. 2009, THE LANCET, p76. 4 travail. Une étude de Gyapong et al.16, dans le nord du Ghana, démontre que la durée moyenne d'incapacité totale est environ de 3 jours. Cela affecte négativement le revenu familial surtout pendant la saison des pluies, lorsque ces agriculteurs doivent être dans leurs champs pour cultiver leurs terres. Les populations marginalisées sont les plus touchées et déjà appauvries, et les impacts des MTN sont susceptibles d'être catastrophiques. On estime qu'avec des affections chroniques, un individu peut perdre jusqu'à 5 jours de travail. Les malades du ver de Guinée sont incapables de travailler pendant environ un mois, ce qui peut conduire à la malnutrition parmi les enfants de ces ménages. Pour cette raison, au Mali, la maladie est appelée «la maladie du grenier vide». Les enfants manquent l'école quand ils ont le ver de Guinée ou quand ils remplacent les membres malades de leurs ménages. Une étude au Ghana indique que les soignants et les patients adultes ont perdu un total de 535 jours productifs à la recherche de soins de l'ulcère de Buruli et les enfants scolarisés perdent 365 jours à la maladie et confirment que son traitement pose un fardeau économique significatif de 45% sur les ménages. En 2008, la maladie représentait 25% des revenus annuels des ménages en coûts d'hospitalisation au Cameroun, ce qui est un réel fardeau pour un ménage17. II. Délimitation du sujet La délimitation de notre sujet est faite sous un triple plan : spatial, temporel et matériel. Le but de cet exercice étant de mieux comprendre les logiques qui ont guidé les différents choix en la matière. 1. Délimitation spatiale Notre étude qui porte sur l’analyse des strategies de luttes contre les MTN se fera dans le district et aire de santé de Mbandjock, dans la communauté du Plateau et ainsi qu’au ministère de la Santé Publique. Ce choix se justifie par le fait que Mbandjock qui a une population de 21076 habitants selon le CDTI de 201118, est l’une des villes les plus poluées par les MTN au 16 17 Gyapong, John, Neglected Tropical Diseases - Sub-Saharan Africa, 2016, SPRINGER p168. Hannah Brown Amoakoh et Moses Aikins, Household cost of out-patient treatment of Buruli ulcer in Ghana: A case study of Obom in Ga South Municipality, 2013, BMC Health Services Research, p68. 18 Bureau Central des Recensements et des Etudes de la Population, Enquête Démographique et de Santé, et à Indicateurs Multiple, 2011, Institut National de la Statistique (INS), p3. 5 Cameroun19 et le projet ENVISION y a prévu une enquête d’évaluation de transmission en 2017. L’étude menée au MINSANTE nous permettra alors d’apprécier l’apport réel des programmes et projets mis en œuvre dans ce domaine et d’analyser ainsi l’impact de ces projets sur la lutte contre la pauvreté au Cameroun. Aussi, cela nous permettra de vérifier la persistance de certains goulots d’étranglement, les logiques des acteurs impliqués dans ce chantier, et l’effet des politiques publiques de santé sur les personnes atteintes des maladies négligées. Tableau 1 : Villes de la région du centre nécessitant une d’évaluation de Transmission ENVISON en 2017 # 19 Region Health district enquête Pre-TAS in TAS-1 in TIS in FY17 FY17 FY17 10 Centre Akonolinga 11 Centre Awae 12 Centre Ayos 13 Centre Bafia 14 Centre Biyemassi 15 Centre Cite-Verte 16 Centre Djoungolo 17 Centre Ebebda 18 Centre Efoulan 19 Centre Elig-Nfomo 20 Centre Eseka 21 Centre Esse X 22 Centre Evodoula X 23 Centre Mbalmayo 24 Centre Mbandjock 25 Centre Mbankomo 26 Centre Mfou 27 Centre Monatele X X X X Tchounwou P.-B., 1992, « Le point sur la pollution de l’eau à Mbandjock ». ORSTOM/ OCEAC DOCUMENT D’ENTOMOLOGIE MEDICALE ET DE PARASITOLOGIE, N°0 3. , Yaoundé. 6 # Region Health district Pre-TAS in TAS-1 in TIS in FY17 FY17 FY17 X 28 Centre Nanga-Eboko 29 Centre Ndiki 30 Centre Ngog-Mapoubi 31 Centre Ngoumou 32 Centre Nkolbisson 33 Centre Nkolndongo 34 Centre Ntui X 35 Centre Obala X 36 Centre Okola 37 Centre Sa’A 38 Centre Soa 39 Centre Yoko X X X X Source : Hellen Keler 7 Figure 1: Représentation cartographique des Maladies Tropicales Négligées au Cameroun (zone de Mbandjock dans la region du centre, en bordeaux représentant le niveau élevé de prévalence). MBANDJOCKM Source : Helen Keller International 8 2. Sur le plan temporel Notre étude s’intéresse à la période allant de 2011 à 2016. Le choix de l’année 2011 se justifie par le fait qu’elle marque le début de la mise en œuvre du projet ENVISION qui vise le contrôle et l’élimination de sept maladies tropicales négligées au Cameroun. L’année 2016 se justifie par le fait qu’elle intervient cinq (05) ans après sa mise en œuvre. Cette durée nous semble suffisante pour évaluer l’impact du projet ENVISION sur l’amélioration de la santé des populations des zones concernées par les MTN. Cela nous permet ainsi d’apprécier l’apport du projet sur l’amélioration de la qualité des services de santé et d’apprécier concomitamment les résultats de ladite évaluation. 3. Sur le plan matériel Il faut relever que : La recherche sur les politiques de santé est une discipline qui a pour objet de comprendre et d’améliorer la manière dont les sociétés s’organisent pour atteindre des objectifs sanitaires collectifs et celle dont les différents acteurs entre en interaction dans les processus stratégiques et opérationnels déployés à l’appui des résultats cibles. Pluridisciplinaire par nature, elle emprunte à l’économie, à la sociologie, à l’anthropologie, à la science politique, à la santé publique et l’épidémiologie, ce qui permet de dresser un tableau complet de la façon dont les systèmes de santé s’adaptent aux politiques de santé et de la manière dont celles-ci façonnent les systèmes de santé et les déterminants plus larges de la santé et sont, également, structurés par eux. 20 Dans le cadre de ce travail de recherche, nous mobilisons trois disciplines : le droit, la science politique et la sociologie. Le droit est l'ensemble des règles et des normes générales qui régissent les rapports entre les individus et définissent leurs droits et prérogatives ainsi que ce qui est obligatoire, autorisé ou interdit. Le droit est susceptible de voir son exécution appliquée de manière contraignante par l'intervention de la puissance publique, c'est-à-dire de l'État21. L’utilisation du droit dans notre étude part du fait que la mise en œuvre du projet ENVISION au Cameroun s’est faite dans un cadre réglementaire bien précis. Plusieurs dispositions légales et réglementaires ont été à l’origine dudit programme. L’analyse desdites dispositions à travers leur mise en œuvre va nous permettre de mieux appréhender les logiques qui ont guidé cette réforme. 20 Lucy Gilson, Health Policy and Systems Research, 2012, OMS, p16. 21 Nas E. Boutammina , Le Livre bleu - I - Du discours social: La population est du bétail, 2014, Books on Demand, p240. 9 La science politique22 est la connaissance descriptive, explicative et prospective des phénomènes concernant l'État et les sociétés de même ordre qui le précèdent, le remplacent, l'accompagnent ou le dépassent. Elle nous permet de comprendre les comportements des acteurs impliqués directement ou indirectement dans ledit programme et les modes de régulation des groupes dans un environnement institutionnalisé de pouvoir. Elles vont nous permettre de comprendre également les problèmes inhérents à toute organisation, à savoir la structuration, la résolution des conflits, l’attribution de pouvoir, les jeux de pouvoir. Plus généralement, elles vont servir à la compréhension des stratégies organisationnelles, tant du point de vue individuel que collectif. La sociologie des organisations23 est une branche de la sociologie qui étudie comment les membres d'une organisation (les acteurs) construisent et coordonnent des activités collectives organisées. Elle intervient dans cette recherche pour nous faire comprendre le positionnement de chaque acteur dans une meilleure gestion des MTN en vue d’une lutte efficace contre la pauvreté en milieu rural. 3. Intérêt de l’étude La recherche à nos jours, sur les maladies tropicales négligées est surtout biomédicale et exclut en grande partie les sciences sociales. Le but de ce mémoire est de fournir une base de référence pour discuter de la mesure dans laquelle les sciences sociales devraient être une plusvalue pour les projets de lutte contre les MTN. L’étude sur les MTN au Cameroun revêt un intérêt capital tant au plan scientifique, social que de la santé. 1. Sur le plan scientifique Bien qu’ayant fait l’objet de nombreux travaux à travers le monde, Il existe peu d’ouvrages sur les MTN en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Cette étude pourrait contribuer à alimenter la base de données de recherches dans le domaine des politiques de luttes contre les maladies tropicales négligées adaptées au contexte camerounais. Les MTN affectent les individus vivant dans des régions à l’économie de faible à moyen-faible revenu24. 22 Bekuone Some Der Joseph Mukassa, Le phénomène politique: théories de développement et vision africaine de l'homme, 1992, Faculté de Théologie, p120 23 Sandra Charreire Petit, Isabelle Huault, Les grands auteurs en management, 2009, EMS, p470 24 Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées: 10 Les populations des zones concernées vivent dans des conditions sanitaires médiocres, où l'eau potable et la nourriture ne sont pas disponibles et où les insectes vecteurs sont abondants. Ces femmes, enfants et personnes isolées géographiquement des soins de santé sont particulièrement vulnérables25. La perte économique qui en résulte tend à aggraver les conditions des personnes déjà appauvries. Par exemple, Hotez et ses collègues ont cité une perte annuelle de 5,3 milliards de dollars résultant de jours de travail perdus en raison du trachome. Même si plus d'un milliard de personnes sont parasitées par une ou plusieurs maladies tropicales négligées, elles sont cachées de l'attention internationale en raison de leur situation éloignée ou de leur manque de voix politique, ou même parce que l'attention du public tend à se concentrer sur les maladies à taux d'incidence plus élevés, de mortalité ou à symptômes sensationnels. Les MTN handicapent, défigurent et affaiblissent leurs victimes26. Un grand nombre de MTN ont existé pendant une bonne partie de l'histoire et porte un important stigmate social. Ce stigmate entraîne également l'éviction sociale des personnes infectées, ce qui les amène à éviter de consulter un médecin27. 2. Sur le plan social La santé est considérée en économie comme un facteur de croissance endogène. Cela signifie dans le cadre de cette étude que la lutte contre les MTN constitue un facteur de croissance économique et de développement. En effet, il ne peut avoir de développement sans des populations en bonne santé. Ainsi, en menant des études sur les MTN et en analysant l’action gouvernementale dans ce secteur, il est évident que nous participons à l’amélioration des conditions de vie des populations, à l’amélioration des services de santé, ce qui constitue un gage pour leur développement. Ce travail de recherche a donc un impact social conséquent. L’apport social de cette étude se justifie davantage par le fait qu’en Afrique comme partout dans le monde, l’amélioration des conditions de vie des populations dépend en grande partie Des succès cachés, des opportunités émergentes. 2006, Organisation mondiale de la Santé, p5. 25 Hotez PJ, Ottesen E, Fenwick A, et al., Les maladies tropicales négligées: l'ancienne Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les perspectives de leur contrôle et de leur élimination., 2006, New-York: Kluwer Academic / Plenum Publishers, p6. 26 Molyneux DH., Maladies «négligées», mais des succès non reconnus - défis et opportunités Pour le contrôle des maladies infectieuses. 2004, Lancette, p64. 27 Hotez PJ, Ottesen E, Fenwick A, et al., Les maladies tropicales négligées: l'ancienne Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les perspectives de leur contrôle et de leur élimination., 2006, New-York: Kluwer Academic / Plenum Publishers, p154. 11 des politiques publiques. Il est donc sans équivoque que l’analyse des politiques publiques en matière de santé est d’intérêt social évident. Pour cela, il faut donc que le MINSANTE remplisse ses « fonctions régaliennes », et soit au service des populations. La transmission des MTN se fait au travers des infections bactériennes, des infestations de vers ou des vecteurs transmis (Moustique, une mouche, etc.). Dans certains cas, il n'y a pas de cause claire. De nombreuses personnes dans les sociétés africaines rationalisent leur expérience de la mauvaise santé selon leurs expériences personnelles complexes et systèmes de croyances (socioculturels et/ou religieux). Une description de la mauvaise santé ou des manifestations physiques de la maladie, que ce soit par le patient ou par le peuple, est généralement représentatif de leur conceptualisation personnelle de la cause et des conséquences de leur maladie. Les perceptions erronées des MTN par les patients résultent de la dislocation socio-économique causée par la maladie et les symptômes connexes. Les croyances sur la cause et la transmission d'une maladie varient considérablement d'une culture à l'autre. Cependant, il existe des traits qui imprègnent de nombreuses cultures. Ils peuvent être dynamiques en ce que la nature d'une affection, la longue période de convalescence et la difficulté du processus de guérison peuvent encourager à croire à des hypothèses d'implication mystique même pour les personnes qui attribuaient leur mal à des causes naturelles. Selon Peeters Grietens et al28, les parcelles de terre cultivées sont protégées par des charmes pour empêcher le vol au Bénin. A cet effet, la maladie de Buruli est attribuée à un charme à la suite de l'intrusion sur le terrain d'une autre personne perturbant ainsi un ordre social. Au Ghana, Buruli est attribué à une malédiction "Si votre bouche est forte", en d'autres termes si une personne utilise des mots puissants pour maudire ou la sorcellerie parce que quelqu'un vous déteste. Pour certaines personnes, le ver de Guinée n'est pas considéré comme une présence étrangère. Il est normalement dans le sang des personnes et se manifeste de temps en temps. 28 Koen Peeters Grietens, “What Role Do Traditional Beliefs Play in Treatment Seeking and Delay for Buruli Ulcer Disease–Insights from a Mixed Methods Study in Cameroon”, 2012, PLOS ONE, p5. 12 4. Définition des concepts Cette partie est consacrée à la définition des concepts-clés de notre étude. Concernant les concepts-clés, il s’agit de : politique publique, pauvreté, santé et MTN. Politique publique La politique publique est le moyen par lequel un gouvernement maintient l'ordre ou répond aux besoins de ses citoyens par des actions définies par sa constitution 29. Selon Daniel Mouchard, la politique publique est l’ensemble des actions présentées comme programme cohérent par les pouvoirs publics pour résoudre les problèmes de la nation30. Dans le cadre de notre travail, nous considérons qu'une politique publique est un terme utilisé pour décrire un ensemble de lois, de mandats ou de règlements établis pour répondre aux besoins des citoyens. Lorsque l'épidémie de sida est apparue au début des années 1980, les gouvernements du monde entier ont dû concevoir de nouvelles politiques sur la façon dont la maladie serait traitée, les mesures qu'ils prendraient pour éduquer le public. Il est nécessaire de définir des politiques publiques afin de s'assurer qu'elles répondent aux objectifs de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la couverture universelle de la santé. Parallèlement, nous devons renforcer les capacités de recherche et de développement dans les pays où la maladie est endémique. Maladies Tropicales Négligées Les Maladies Tropicales Négligées représentent un groupe de maladies principalement infectieuses qui prospèrent dans les contextes de pauvreté, et tout particulièrement dans la chaleur et l’humidité des climats tropicaux31. Nous démontrons dans cette étude que l'Afrique en général et le Cameroun en particulier, supportent ce lourd fardeau ayant des répercussions socio-économiques graves32. Les 17 MTN sont : dengue, rage, trachome, ulcère de Buruli, tréponématoses endémiques, lèpre, maladie de Chagas, trypanosomiase humaine africaine, leishmaniose, cysticercose, dracunculose, échinococcose, trématodoses d’origine alimentaire, filariose lymphatique, onchocercose, schistosomiase et géohelminthiases. Ces maladies sont 29 Belouchi, Amina,Bernoussi, Nadia,El Maslouhi, Abderrahim,El Moumni, Nadir, Education à la citoyenneté et aux droits de l'homme: manuel pour les jeunes, UNESCO Publishing, 2016, p123. 30 Jean-Yves Dormagen, Daniel Mouchard, Introduction à la sociologie politique, De Boeck Superieur, Paris, 2007, p231-232 31 Juliette Morawiec, « Le contrôle des maladies tropicales négligées », THESE de DOCTORAT en PHARMACIE, sous la direction du Professeur ALIOUAT El Moukhtar, Université de Lille 2, Lilles, 2011, p134. 32 Léopold Kambale Karafuli, Évaluation du projet de l'ivermectime sous directive communautaire dans la Zone de santé de Biringi en RDC, Connaissances & savoirs, Saint Denis, 2016, p53 13 provoquées par des bactéries et des parasites causant des souffrances à plus d’un milliard de personnes dans le monde et contribue à la morbidité chez la mère et l’enfant rendant difficile le travail des champs. Pauvreté Le concept de pauvreté n'a pas de définition standard. La pauvreté est généralement considérée comme une condition de non-revenu comme la longévité, l'alphabétisation et la santé parce que les pauvres ont tendance à vivre plus courtes et moins saines que les riches. La pauvreté est définie par rapport aux normes de vie dans une société à un moment précis. Lorsque les individus manquent ou lorsque des groupes entiers de personnes dans une strate sociale ne possèdent pas de revenus adéquats ni bénéficient d'équipements sociaux qui rendent la vie satisfaisante, ils sont pauvres33. Le terme pauvreté a un sens singulier dans la représentation des maladies négligées, puisqu'il détermine et déclenche tout le processus de vulnérabilité sociale de l'individu, causé par l'absence de stratégies économiques des pays pour réduire les inégalités sociales. Les maladies négligées existent parce que la pauvreté existe ; Par conséquent, les actions gouvernementales visant à réduire les inégalités sociales doivent être renforcées. Pendant des années, les chercheurs ont discuté des conceptions alternatives de la pauvreté. De manière générale, trois alternatives de pauvreté sont définies34 : d’abord l'approche absolue qui est celle de décrire la pauvreté comme avoir moins que la définition du minimum absolu. Ensuite, l'approche relative où la pauvreté c’est avoir moins que les autres dans la société. Enfin, l'approche subjective dans laquelle la pauvreté est le sentiment de n'avoir pas assez pour vivre. Selon le Rapport 1998 sur le développement humain du Cameroun, le PNUD considère la pauvreté comme «un phénomène complexe qui se réfère généralement à l'insuffisance des ressources et à la privation de choix qui permettra aux gens de vivre des conditions de vie décentes35». L'absence de besoins matériels et de ressources humaines qui aide l'homme commun à participer pleinement à une vie quotidienne active est ce que nous appelons la pauvreté relative, d'une part, et le manque de ses besoins qui l'aident à le garder est ce que nous allons désigner comme pauvreté absolue d'autre part. Selon le rapport de la Banque mondiale, la pauvreté est souvent définie comme étant inférieure à un niveau de revenu déterminé (par 33 Ajaga N., Why Poor People Remain Poor: Key Elements for Poverty Alleviation and Sustainable Development, 2004, DeScholar Press, p. 26 34 Hagenaars, Aldi, and Klaas De Vos, The Definition and Measurement of Poverty, 1988, Journal of Human Resources, p. 212. 35 Green et al, Poverty Reduction Strategy Paper , 2003, PRSP,p. 37. 14 exemple USD 1 par jour) alors que la pauvreté a de multiples dimensions : manque d'atouts, d'impuissance et de vulnérabilité36. Dans notre étude, la pauvreté sera observée d'un point de vue relatif parce qu'elle englobe les conditions de vie en général, les normes de la société dans son ensemble et les ressources nécessaires pour participer pleinement à cette société. Les MTN sont des maladies pour lesquelles la pauvreté est un facteur qui augmente les chances d'obtenir la maladie et entrave le traitement et la guérison appropriés. Il s'agit des maladies découlant d'une association entre les indicateurs de pauvreté et les indicateurs de santé. Le succès éventuel des interventions favorisant la santé pour les maladies infectieuses dans les pays en développement dépend d'une compréhension préalable des complexités entourant les efforts des populations pour répondre aux maladies. La pauvreté rend ces efforts plus compliqués. La reconnaissance des liens entre la pauvreté et la santé a conduit au terme de maladies liées à la pauvreté. 5. Revue de la littérature Les maladies tropicales négligées (MTN) engendrent non seulement une perte de santé et une perte d'espérance de vie, mais peuvent aussi entraîner des conséquences économiques, notamment une réduction de la capacité de travail. La plupart des personnes touchées par les maladies tropicales négligées (NTD) sont pauvres et marginalisées 37, avec une faible visibilité et peu de voix politique38. Ils ne sont pas considérés comme un marché prioritaire pour les fabricants de produits pharmaceutiques. Beaucoup de publications dans la littérature décrivent les aspects épidémiologiques et physiques des MTN. En revanche, l'impact des MTN sur le travail rémunéré et non rémunéré et la productivité des hommes et des femmes ont été moins fréquemment étudiés. Les coûts du traitement, principalement à long terme, peuvent influer sur d'autres difficultés économiques dans des populations qui luttent déjà pour vivre avec moins du smic camerounais. Outre les avantages évidents de la diminution des coûts de la santé en raison d'un manque de soins ou de soins retardés, les investissements dans l'amélioration de la santé contribueraient également à accroître la croissance économique des régions touchées 39, car les 36 37 Dan Lopez, World Bank Development Report, 2001, Banque Mondiale. p.15. Hotez PJ., "Blue-Marble Health"—Neglected Tropical Disease Control and Elimination in a Shifting Health Policy Landscape, 2013 Plos Neglected Tropical Diseases p6. 38 Hotez P et al. The neglected tropical diseases: the ancient afflictions of stigma and poverty and the prospects for their control and elimination. 2006, Adv Exp Med Biol p23–33. 39 Savioli L., The burden and impact of NTDS: An overview. 2011,Trop Med Int Health, p18–19. 15 populations plus saines sont plus économiquement productives40. Nous décrivons ici une revue systématique de la littérature sur l’impact socio-économique sur les individus touchés par les maladies tropicales négligées. Ces maladies peuvent être prévenues grâce à la chimiothérapie préventive. De manière générale, les personnes les plus exposées aux MTN disposent de ressources limitées et vivent en milieu rural. Le traitement est souvent recherché simultanément ou séquentiellement ailleurs avant d'aller à un hôpital. La première fois qu'une personne éprouve un sentiment d'être malade, elle demande à un proche, et puis souvent attend de voir ce qui se passe ensuite. Dès que la condition est prolongée pour plus longtemps que prévu, le "pourquoi" s'installe. Pourquoi est-ce arrivé à moi ou ma famille ou cette personne ? Que peuton faire à ce sujet ? Cela conduit à une quête de thérapie telle que décrite par Kleinman41 où les gens ont recours a trois secteurs de santé interconnectés : populaires, folkloriques et professionnels. Le secteur populaire est généralement le premier point d'appel et est habituellement au niveau de la maison où des conseils sont demandés à des parents et des amis. L'expérience passée des parents dicte la pratique à ce stade : par exemple, l'auto-médication pratiquée avec les médicaments restants de la maison et les médicaments empruntés à des amis ou achetés dans les pharmacies locales. Les conditions telles que la fièvre, les frissons, les Malaises et le paludisme, qui sont considérés comme légers, sont traités facilement. Le secteur folklorique est le type plus traditionnel, le traitement est administré par des guérisseurs traditionnels, des spiritualistes, des guérisseurs, des herboristes et des accoucheuses. Ce secteur peut être visité comme première option, mais dans la plupart du temps contacté lorsque la première tentative de recherche de santé au sein du ménage ou de la communauté ne marche pas. Cependant, les secteurs populaires et celui folklorique peuvent être utilisés simultanément. Le secteur professionnel quant à lui est le secteur le plus formel qui compte des personnes telles que les médecins, les infirmières et les pharmaciens. Même si certains malades peuvent directement se rendre dans un établissement de santé, il peut s'agir du dernier point d'appel lorsque toutes les autres options ont échoué et la condition a progressé sévèrement. 40 Hotez PJ et al, Rescuing the bottom billion through control of neglected tropical diseases Review, 2009, Lancet, p18 41 Arthur Kleinman, Patients and Healers in the Context of Culture, 1980, Berkeley: University of California Press p81 16 Par exemple, au Bénin, les patients atteints d'ulcères de Buruli ont accés à des traitements à domicile (pommades, antibiotiques et analgésiques), médecine traditionnelle (herbes, divination, incantations) et traitements à l’hôpital42. Au Cameroun, les malades appliquent d’abord des pommades à leurs nodules à la maison, ensuite vont à la recherche d'un traitement par un guérisseur traditionnel puis finalement à l'hôpital comme dernier recours43. Figure 2:Voie de recherche de traitement pour les MTN. Chronique Institutions hospitalières Guérisseur traditionnel Maison - Communaute Leger Source : Auteure. Recours au traitement par les personnes atteintes de maladies tropicales négligées selon l’état d’avancement de la maladie. Les MTN sont des maladies de la pauvreté et elles-mêmes appauvrissent disproportionnellement, touchant les personnes vivant dans des communautés pauvres ou marginalisées. Les contraintes financières, la vulnérabilité, la capacité d'accès au traitement et l'impact social et économique des maladies tropicales négligées démontrent qu’il existe un réel besoin d'intersectionnalité et d'approches analysant l'interaction entre le genre, la pauvreté, l'ethnicité, le handicap, la sexualité, la religion et l'âge. En outre, adopter une approche intersectionnelle est utile afin de mieux adapter les politiques de santé car il existe un décalage clair et complexe entre les causes biologiques, la compréhension sociale et l'étiologie de la 42 Koen Peeters Grietens, What Role Do Traditional Beliefs Play in Treatment Seeking and Delay for Buruli Ulcer Disease?–Insights from a Mixed Methods Study in Cameroon, 2012, PLoS ONE, p7. 43 Renzaho A et al., Community based study on knowledge, attitude and practice on the mode of transmission, prevention and treatment of Buruli ulcer in Ga West District , 2007, Trop Med Int Health p445–458 17 maladie. Ce qui est important est que le dialogue soit adapté aux réalités des différentes communautés. L'action doit aller au-delà de la messagerie communautaire, afin de s'assurer que les systèmes de santé répondent aux besoins et aux réalités de la vie sociale des citoyens économiquement désavantagés. Par exemple, par des approches participatives, les besoins et les priorités des fournisseurs de services de première ligne et des bénévoles peuvent être documentés pour assurer que ces éléments soient intégrés dans les politiques. Les impacts sociaux et économiques des MTN vont au-delà du secteur de la santé. • Il est nécessaire de prendre des mesures intra et intersectorielles, c'est-à-dire entre le secteur de la santé et d'autres secteurs tels que l'éducation, l'agriculture et l'assainissement. • Des mesures de réduction de la pauvreté sont également nécessaires pour remédier aux effets économiques des MTN sur les femmes, les hommes, les filles et les garçons. Les MTN peuvent également affecter la productivité des travailleurs et nuire à la croissance physiologique et cognitive de l'enfant, affectant la capacité de gain future des générations futures44,45. Les MTNs provoquent la perte de l'utilisation des extrémités inférieures par l'infection à la dracunculose, ont des effets considérables sur la productivité des travailleurs, en particulier dans les communautés tributaires de la main-d'œuvre agricole pour l'agriculture de subsistance46. Le parasitisme par une ou plusieurs MTN peut entraîner une anémie par voie directe Ou indirects, qui est souvent aggravée par la co-infection avec le paludisme; Ce qui a un effet particulièrement préjudiciable sur la santé des enfants, des femmes enceintes et des personnes infectées par le VIH47. Les enfants infectés peuvent ne pas être en mesure de maximiser le potentiel éducatif disponible, en raison d'une déficience cognitive directe ou d'une diminution de la santé générale48. Après déparasitage, les vers intestinaux ont été documentés comme ayant détériorer de manière significative les capacités cognitives et physiques. Les 44 Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées: Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé, p6. 45 CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop Med Hyg. p499-504. 46 Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p20. 47 Hotez PJ et al., Les maladies tropicales négligées: Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les perspectives de leur contrôle et de leur élimination, 2006, Academic / Plenum Publishers, p59. 48 Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p15. 18 MTN vont souvent de paire avec certaines grandes maladies. Comme exemple, la leishmaniose semble accélérer la progression du VIH vers le sida. En général, le pronostic des patients atteints de la tuberculose, du VIH / sida et du paludisme est souvent affecté négativement par une ou plusieurs co-infections de maladies tropicales négligées49. La majeure partie de l'investissement en sante est disproportionné et concentre les efforts sur la prévention et de traitement axés sur la biomédecine. Alors que certaines maladies tropicales négligées bénéficient d'interventions biomédicales, d'autres ne bénéficieront que d'interventions à plus petite échelle. La décision d'accorder la priorité au financement de diverses initiatives sanitaires mondiales fondées sur des mesures traditionnelles de la charge de morbidité ou sur l'urgence morale entraînera inévitablement un financement accru pour les trois grands taux de mortalité nettement supérieurs aux maladies tropicales négligées. Une revue systématique des données sur les résultats associés aux incapacités pour toutes les formes de schistosomiase suggère que le fardeau de cette maladie pourrait être plusieurs fois supérieur à l'estimation de l'OMS50. La morbidité des maladies tropicales négligées réduit la productivité des travailleurs par la perte de jours et la réduction de la capacité physique (DALY) 51. Par exemple, il semble que même les petites maladies parasitaires peuvent avoir un effet subtil et insidieux52. Pour évaluer l'effet réel des maladies tropicales négligées, En tenant compte des sentiments subjectifs de la maladie, des pertes de potentiel humain et de la nature souvent superposée des maladies tropicales négligées entre elles et avec les grands trois axes de mortalité. Lorsqu'ils sont évalués en termes de rentabilité, les maladies tropicales négligées semblent être un excellent investissement, en raison de la grande variété de traitements bon marché et de mesures préventives et de leur capacité à améliorer la productivité et l'éducation des travailleurs. Un investissement dans le contrôle des maladies tropicales négligées pourrait avoir un rendement de 14 à 30% de bénéfice par an. Les investissements dans la santé des enfants et des travailleurs 49 Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées: Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé, P5. 50 King CH, Dickman K, Tisch DJ. , Réévaluation du coût de l'infection helminthique chronique: Une méta-analyse des résultats liés au handicap dans la schistosomiase endémique., 2005, Lancette. p250. 51 CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop Med Hyg. p499-504. 52 Engels D, Savioli L., Reconsidérant le fardeau sous-estimé causé par les maladies tropicales négligees, 2006, Tendances Parasitol, p303. 19 sont des investissements dans le capital humain53. Investir dans les maladies tropicales négligées implique également d'investir dans les trois grands, étant donné que la co-infection par les maladies tropicales négligées a tendance à influer sur le pronostic des patients atteints du sida, de la tuberculose et du paludisme54. Les interventions combinées pour de multiples maladies tropicales négligées en milieu scolaire ou communautaire et la lutte anti-vectorielle à grande échelle offrent beaucoup d'espoir pour le contrôle et la prévention des maladies tropicales négligées. Les mesures préventives à grande échelle incluent l'augmentation des conditions d'hygiène et la lutte anti-vectorielle, Dans les régions éloignées55, cela affectera également les trois grandes causes de mortalité. Les mesures préventives spécifiques aux maladies tropicales négligées comprennent les programmes de médicaments ciblés, les vermifuges dans les écoles, les pièges à mouches tsétsé, la surveillance des transfusions sanguines et le contrôle des animaux56. Par exemple, les déglaçages massifs dans les écoles pourraient rapporter de 6 à 33 dollars par DALY gagné57. Les produits pharmaceutiques chimiques ont le potentiel de prévenir une lourde charge de morbidité équivalente à celle du paludisme ou de la tuberculose seule, soit la moitié de la charge causée par le VIH / SIDA. Bien que des traitements peu coûteux soient disponibles pour certaines MTNs, les médicaments coûtent entre 0,02 et 1,50 $ US par jour, beaucoup de personnes touchées, appartenant au groupe de 2,7 milliards de personnes qui vivent avec moins de 2,00 $ US par jour, sont incapables de se permettre ou d'avoir accès aux traitements disponibles58. La recherche et le développement des MTN au cours des 50 dernières années ont été particulièrement clairsemés; Certains des médicaments produits avant cette période sont également très toxiques (comme le mélarsoprol, qui traite essentiellement la maladie du 53 CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop Med Hyg. P500-504. 54 Hotez PJ et al., L'intégration d'un ensemble de mesures Maladies tropicales négligées avec des programmes de lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme, 2006, PLoS Med. p3. 55 Engels D, Savioli L., Reconsidérant le fardeau sous-estimé causé par les maladies tropicales négligées, 2006, Tendances Parasitol, p266. 56 Jamison D et al., Priorités de lutte contre les maladies dans les pays en développement (2e éd.), 2006, New York: Oxford University Press, p200. 57 Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées: Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,p3. 58 Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées: Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,p3. 20 sommeil africaine en empoisonnant l'organisme avec de l'arsenic5). Dans une analyse de la recherche et du développement pharmaceutique sur une période de 25 ans, Trouiller et al.59 ont trouvé un biais significatif en faveur du financement de maladies dans les pays à revenu élevé, où l'infection parasitaire n'est généralement responsable que d'une petite partie de la charge de morbidité; Les produits pharmaceutiques liés aux MTN ne représentaient que 1% des 1 393 médicaments approuvés par le marché fabriqués entre 1975 et 1999. Le manque généralisé d'attention et d'investissement pharmaceutiques a contribué à propager et à dissimuler les souffrances et la morbidité causées par les MTN. Les entreprises pharmaceutiques justifient souvent ce manque de développement en raison du risque perçu et du coût de la recherche et du développement pour les MTN. Les pays touchés par les MTN n'ont souvent ni les ressources ni la capacité pour financer ou mener de telles recherches. L'attention internationale est lentement en train de se tourner vers les NTD cachées et de nombreuses mesures importantes ont été prises pour réduire leur fardeau. Le Brésil a vu une réduction de la mortalité due à la maladie de Chagas après de vastes programmes de pulvérisation de pesticides. Le Cambodge a protégé ses enfants d'âge scolaire contre les helminthes transmis par le sol; Ce groupe a connu auparavant 70% de prévalence de l'infection. Les partenariats public-privé offrent un espoir supplémentaire pour le traitement et la prévention des MTN individuelles à un coût minime60. Ces partenariats, par exemple entre une entreprise pharmaceutique et un organisme de bienfaisance, Permettent le développement dans des secteurs précédemment sous-financés. Les partenariats public-privé créent également des mécanismes de pression pour le parrainage par le gouvernement. Le financement gouvernemental créé par le recours privé a également permis aux «pays en développement innovants» pour financer la recherche sur les maladies tropicales négligées avec une assistance internationale limitée. Le contrôle et la prévention des maladies tropicales négligées exigent plus d'attention que ce que l'on en propose actuellement. La disponibilité et l'accès aux soins de santé, aux conditions de vie propres et à l'eau potable, à une nutrition adéquate, à l'éducation, à l'égalité des sexes et à la non-discrimination sont tous des éléments nécessaires à une approche de l'intervention fondée sur les droits humains. Les efforts doivent aligner, identifier et cibler les 59 Trouilller P et al., Développement de médicaments pour les maladies tropicales négligées, un marché déficient et un échec de la politique de santé publique, 2002 Lancette. p259. 60 Molyneux DH, Hotez PJ, Fenwick A., «Interventions à impact rapide»: comment une politique de contrôle intégré des maladies tropicales négligées en Afrique pourrait faire bénéficier les pauvres., 2005, PLoS Médicament. 2005, p36. 21 groupes vulnérables61. Par exemple, les systèmes de surveillance communautaire et le renforcement des infrastructures de soins de santé existantes seront des mesures importantes à prendre face aux maladies tropicales négligées. Trouiller et al.62 ont suggéré qu'une révision Les systèmes actuels de brevets pharmaceutiques seraient nécessaires pour inciter le secteur privé à financer la recherche et le développement pharmaceutique sur les maladies tropicales négligées. L'OMS accorde actuellement une grande importance aux approches multi-maladies pour le traitement et la prévention des maladies parasitaires63. Elles apportent également leur soutien à l'intégration de la prévention des maladies tropicales négligées dans les programmes de santé publique existants et aux campagnes éducatives en essayant d'éliminer la discrimination et la stigmatisation sociale fréquemment associées aux maladies tropicales négligées. Les partenariats public-privé et d'autres partenariats ont fait beaucoup de succès dans la prévention et le contrôle de certaines maladies tropicales négligées; De nouveaux succès en termes d'éradication et d'élimination dépendront de ces partenariats. On espère que ces partenariats susciteront une attention et un financement mondiaux pour de nouveaux mécanismes pharmaceutiques et stratégies de contrôle. En outre, les avantages de l'intégration de programmes de traitement pour les malades tropicales négligées dans les programmes existants pour le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose pourraient être immenses64. Les obstacles en matière de politiques de santé, stratégies et investissements, doivent être franchis, car c’est le prix de l'amélioration de la qualité de vie d'un sixième de la population mondiale. 6. Problématique Le projet ENVISION est conçu pour soutenir la vision de l’Organisation Mondiale de la Santé et de ses Etats membres en ayant pour but le contrôle et l’élimination de sept Maladies tropicales négligées qui sont la Filariose Lymphatique, l’Onchocercose, la Schistosomiase, le 61 Hotez PJ, Molyneux DH, Fenwick A et al. L'intégration d'un ensemble de mesures Maladies tropicales négligées avec des programmes de lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme. PLoS Med. 2006 Jan; 3 (5): e102. 62 Trouilller P et al., Développement de médicaments pour les maladies tropicales négligées, un marché déficient et un échec de la politique de santé publique, 2002 Lancette. p300. 63 Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p2. 64 Hotez PJ et al., L'intégration d'un ensemble de mesures Maladies tropicales négligées avec des programmes de lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme, 2006, PLoS Med, p3. 22 trachome et trois Géo-helminthes : l’ascaride, le trichocéphale et l'ankylostome. L’objectif du projet ENVISION est de renforcer les programmes maladies tropicales négligées au niveau global et national et aider les Ministères de la Santé à atteindre leurs objectifs de contrôle et d’élimination desdites maladies. Au niveau global, ENVISION en coordination et en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Santé, USAID, et d’autres parties prenantes apporte son soutien dans des domaines techniques aux objectifs globaux de contrôle et d’élimination des maladies tropicales négligées. Ce soutien porte sur : l’achat de médicaments et diagnostics lorsque des programmes de donation globaux existent ; le renforcement des compétences ; la gestion et la mise en œuvre du Dispositif d’Assistance Technique du projet ENVISION ; la cartographie de la maladie ; l’élaboration de directives politiques et techniques pour les maladies tropicales négligées; le monitorage et l’évaluation des maladies tropicales négligées. Au niveau des pays, le projet ENVISION apporte un soutien aux programmes des maladies tropicales négligées en offrant une assistance stratégique technique et financière formant un ensemble complet d’interventions pour les maladies tropicales négligées comprenant : la planification stratégique annuelle sur plusieurs années ; la sensibilisation ; la mobilisation sociale et éducation sanitaire ; le renforcement des capacités ; la cartographie de référence de la maladie ; la chimiothérapie préventive ou la distribution massive de médicaments ; la gestion et achat des approvisionnements en ressources et en médicaments ; la supervision du programme ; le monitorage et l’évaluation comprenant les évaluations spécifiques de maladie et surveillance. Au regard de ses stratégies, il y a lieu de se demander dans quelle mesure le projet ENVISION contribue-t-il à la promotion de la lutte contre les maladies tropicales négligées? En d’autres termes, il est question de démontrer en quoi consiste le projet ENVISION, quelles sont les modalités contribuant à la lutte conte les MTN et quelle est la portée du dit projet. 23 7. Hypothèses Il s’agit dans cette partie, de donner certaines réponses provisoires à notre question recherche. Nous présenterons ici une hypothèse générale et deux (02) hypothèses spécifiques. Hypothèse générale Le projet ENVISION contribue à la promotion de la lutte contre les MTN. Hypothèses spécifiques H1 : Le projet ENVISION consiste à l’élaboration des politiques publiques qui concourent à l’adhésion massive des populations aux campagnes de traitements de masse et de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun. H2 : Les campagnes de sensibilisation, la distribution systématique des médicaments et la lenteur dans l’approvisionnement en médicament constituent des blocages à l’adhésion massive des populations. H3 : La non adhésion des populations locales aux campagnes organisées par le projet ENVISION et l’absence de statistiques fiables par les relais locaux ont des incidences néfastes sur les objectifs du projet. 8. Objectifs L’objectif principal de cette recherche est d’étudier la complexité des politiques publiques dans le secteur des maladies tropicales négligées afin d’évaluer le niveau d’adhésion des populations aux campagnes de sensibilisations menées et des traitements de masse à base d’ivermectine et d’Albendazole distribués depuis au moins cinq ans. Comme objectifs spécifiques, nous tenterons tout au long de notre étude : - de présenter le projet ENVISION de lutte contre les maladies tropicales négligées; - d’expliquer les relations, les causalités, les processus des politiques publiques utilisées dans l’élaboration des activités du projet ENVISION; - de mettre en évidence la portée du projet ENVISION et les obstacles qui le limitent. 24 9. Cadre méthodologique Afin de mener à bien notre étude et obtenir des résultats fiables, un dispositif méthodologique conséquent a été mis en place, conformément à la pensée de Mathieu Guidère selon laquelle : « Chaque domaine de recherche possède des théories instituées et des méthodes éprouvées. Il incombe à l’étudiant chercheur de les connaitre et d’en apprécier le fondement et les postulats avant d’engager sa propre recherche […] il faut s’enquérir et s’imprégner des méthodes existantes »65. Il s’agit alors pour l’essentiel du modèle théorique d’analyse et des techniques de collecte des données. 10.Grille d’analyse Pour mener à bien cette étude qui porte sur les politiques publiques de santé au Cameroun, et en particulier celles relatives à la lutte contre les maladies tropicales négligée, nous nous sommes appuyés sur les méthodes d’analyse de la sociologie des organisations et en particulier l’analyse stratégique de Michel CROZIER à travers la théorie de l’acteur stratégique. Cette analyse nous a permis de comprendre que les acteurs agissent pour améliorer leur capacité d’action ou pour s’aménager des marges de manœuvre ; que les projets des acteurs sont rarement clairs et cohérents, mais le comportement n’est jamais absurde ; qu’il y a une grande différence entre les objectifs de l’organisation et ceux des individus. Les acteurs s’écartent souvent de manière significative du rôle qu’ils doivent jouer. Pour comprendre ce comportement, il faut faire intervenir la notion de zone d’incertitude. Ces zones correspondent aux failles dans les règles, aux failles techniques, aux pressions économiques qui empêchent le déroulement des objectifs de l’organisation. 11.Collecte des données Pour collecter toutes les données relatives à ce travail de recherche, nous avons fait appel à quatre instruments de recherche : la recherche documentaire, le guide d’entretien, le questionnaire et l’observation directe. 1. Recherche documentaire Technique basée sur la consultation des ouvrages méthodologiques et spécialisés, des thèses, mémoires, articles, journaux, archives et revues scientifiques, la recherche documentaire 65 Mathieu GUIDERE, Méthodologie de la recherche en Lettre, Langues, Sciences humaines et sociales, 2007, l’Harmattan, P. 113 25 constitue le socle sur lequel repose le cadre théorique de notre travail. Les premières données collectées concernant la littérature existante sur les politiques publiques de santé et la lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun ont été recensées dans plusieurs bibliothèques de la ville de Yaoundé. Il s’agit en particulier de la bibliothèque de l’Université Catholique d’ Afrique Centrale, celle de l’Institut Français du Cameroun, des archives du ministère de la santé publique et enfin sur internet. Cette recherche documentaire nous a permis de faire ressortir les ouvrages généraux et spécialisés, les textes législatifs et réglementaires, les rapports, les revues, les articles et les journaux dont leur exploitation a été d’une importance capitale pour une meilleure compréhension du thème. 2. Entretien semi-directif Pour mieux apprécier le rôle que jouent les politiques publiques de santé dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, nous avons administré un guide d’entretien à dix (10) cadres métiers du Ministère de la Santé publique impliqués dans le programme de lutte contre les maladies tropicales négligées. Nous avons également administré un questionnaire a la population. Cela nous a permis de connaitre de manière générale, le point de vue des différents acteurs sur les politiques gouvernementales en matière de lutte contre les maladies tropicales négligées. Le guide d'entretien a été élaboré à partir des problématiques qui ressortaient de notre revue de littérature. L’entretien avec les cadres métiers du Ministère de la santé, nous a permis de comprendre les méandres de la mise en œuvre du programme ENVISION au niveau du ministère ; ce d’autant plus qu’ils en sont les principaux acteurs, en termes de conception et d’opérationnalisation. 3. Enquête CAP (enquête sur les connaissances, aptitudes et pratiques) Un questionnaire a été administré à 451 personnes localisées dans la ville de Mbandjock. Cet outil de collecte des données nous a permis de comprendre ce que pense les populations des services publics et en particulier de ceux du secteur de la santé. En effet, il s’agissait d’avoir leur point de vue sur le projet ENVISION, son effectivité, sa contribution à la lutte contre les MTN. Dans cette logique, nous avons interrogé des populations visées par le projet ENVISION et celles sur qui les effets sont attendus. 4. Echantillonnage 26 Le tableau ci-dessous répertorie les populations sélectionnées en fonction de leur sexe et âge, soit au total de 451 questionnaires. Tableau 2: Caractéristiques démographiques des répondants Nombre de personnes pourcentage interviewées Sexe Masculin 244 52.9 Féminin 175 38.0 Pas d’information 42 9.1 Chercheurs d’emplois 347 75.3 Secteur privé 35 7.6 Fonctionnaires 18 3.9 38 8.2 Médias 5 1.1 Etudiants/élèves 13 2.8 15–20 4 0.9 21-25 141 30.6 26–30 216 46.9 31-35 44 9,5 >35 13 2.8 Pas d’information 43 9.3 Occupation Membres du Gouvernement/ Politiciens Groupe d’âge Source : Auteure. 27 5. Observation directe Cette méthode nous a permis de vérifier et d’apprécier par nous même les réalités du terrain. Utilisée en sociologie et en anthropologie, elle nous a permis d’observer des scènes et les interactions stratégiques des acteurs, relevant soit de la culture locale, soit de l’exigence des questions de santé, soit de la situation économique des populations. En plus des personnes qui ont été rencontrées dans le cadre de cette étude, nous tenons également compte de l’observation directe effectuée dans le cadre de nos décentes sur le terrain. 6. Collecte des données Il faut relever que la collecte de ces différentes données ne s’est pas faite sans aucune difficulté. Nous avons eu à faire face à plusieurs d’entre elles et de divers ordres. Nous avons nous du faire face à la limites de nos moyens financiers pour la collecte des données. La méfiance a été une autre difficulté rencontrée. Les cadres métiers refusaient dans la plupart du temps de s’exprimer craignant une réprimande de part de leur hiérarchie. Les populations à leur tour refusaient parfois de s’exprimer pensant que cela pourrait porter préjudice au traitement que leur réservera le programme. Dans un tel contexte, il fallait donc prendre le temps pour expliquer le bien-fondé de la recherche et de leur dire que nous ne sommes pour rien dans la situation qui prévaut. 12.Justification du plan Dans une approche descriptive et analytique nous tentons de résoudre le problème que soulève notre thème de recherche. Ce travail s’articule autour de deux grandes parties, subdivisées en deux chapitres chacun, le tout encadré par une introduction générale et une conclusion générale. La première partie intitulée : Analyse du dispositif global de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun traite des différentes politiques publiques mises en œuvre au Cameroun en vue de lutter contre les maladies tropicales négligées. Aussi, nous analysons le cas particulier du projet ENVISION qui constitue notre cas d’étude. Dans la deuxième partie intitulée : Le projet ENVISION : Une contribution à la politique publique de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun, nous analysons la contribution dudit projet dans l’amélioration de la santé des populations au Cameroun. Ceci nous a permis de faire ressortir les interactions stratégiques entre les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre dudit programme et de proposer des recommandations pour de nouvelles pistes de recherche. 28 PREMIERE PARTIE : ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN 29 CHAPITRE 1 : ANALYSE POLITIQUES SOCIO-HISTORIQUE PUBLIQUES DE DES LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN L’analyse des politiques publiques dans le cadre de la lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun s’inscrit dans un contexte et un environnement dont il faut tenir compte. Aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé reconnaît 17 principales infections parasitaires en tant que maladies tropicales négligées66. Malgré les progrès récents dans la compréhension de la nature et de la prévalence des MTN, ainsi que des succès dans les stratégies récentes de chimiothérapie préventive à grande échelle et d'autres interventions de santé, les MTN continuent de se classer parmi les plus grands problèmes de santé au monde. Pour la quasitotalité des MTN67, des mécanismes et des outils de contrôle supplémentaires sont nécessaires, y compris les distributions massives de médicaments, les vaccins, les diagnostics, les agents de contrôle et des stratégies adaptées aux réalités des populations. L'élimination ne sera pas possible sans ces outils. Nous résumons ici les stratégies nécessaires afin d'assurer le succès des efforts d'élimination des MTN au Cameroun. Section 1 : Les politiques de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun Pour faire une étude exhaustive et efficace des politiques publiques de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun, il est impératif de faire une analyse de l’organisation sanitaire camerounaise, au même titre que les différents efforts que le gouvernement fait en la matière. 66 OMS, « Maladies tropicales négligées: principaux repères », http://www.who.int/topics/tropical_diseases/factsheets/neglected/fr/ 67 Uniting to combat neglected tropical diseases ,Quatrième rapport d’avancement sur la Déclaration de Londres, Geneve, 2016, p3. 30 Paragraphe 1 : Organisation sanitaire du Cameroun Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale d’une superficie de 475 650 km2. La population du Cameroun en 2016 est estimée à 22 564 501 personnes. Les femmes représentent 54% de la population totale et 48,2% de la population habitent dans les zones urbaines. La plupart des habitants sont jeunes : 16,9% de la population a de 1 à 5 ans, et 26,7% a entre 5 et 14 ans. Le taux d’accroissement démographique annuel est de 2,6%. C’est un pays bilingue dont les deux langues officielles sont le Français et l’Anglais. Administrativement, le Cameroun est divisé en 10 régions, 58 départements, 360 arrondissements, 360 communes et 15 municipalités urbaines. La structure du système de santé est découpée comme suit : 10 Délégation Sanitaires Publiques Régionales dirigées chacune par un Délégué Régional et ayant des hôpitaux régionaux et des structures similaires ; 189 districts de santé dont 181 sont opérationnels. Chaque district de santé a un hôpital de district68. L’Unité de Coordination Centrale du Ministère de la Santé Publique coordonne les activités intégrées de contrôle des cinq maladies tropicales négligées prioritaires pouvant être traitées par chimiothérapie préventive : la filariose lymphatique, l’onchocercose, la Schistosomiase, les géo-helminthiases et le trachome au niveau national et régional. Les équipes des responsables des districts de santé organisent et mettent en œuvre les activités au niveau du district et des communautés. Des plateformes communautaires (pour la filariose lymphatique, les géo-helminthes, l’onchocercose et le trachome) et scolaires (pour schistosomiase et géo-helminthes) sont utilisées pour la distribution des médicaments par les agents de santé communautaires, les distributeurs communautaires et les enseignants. Si cela s’avère nécessaire les hôpitaux de référence de la région et du district se chargent de la gestion des effets indésirables graves survenant à la suite de la distribution des médicaments. 68 Institut National des Statistiques, Carte Sanitaire Nationale, 2013, Ministère de la Santé Publique du Cameroun. 31 Figure 3: STRUCTURE DE LA LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN Au Cameroun, le Ministère de la Sante a intégré un cellule de lutte contre les MTNs. L’organigramme ci-après présente la structure de lutte contre les MTNs au Cameroun. La coordination nationale des MTNs en charge de la lutte, est supervisée par la sous-Direction des autres maladies endémiques ( SDAME). Source : Ministère de la Santé Publique Paragraphe 2 : Partenaires du programme Maladies Tropicales Négligées Au Cameroun le projet ENVISION est mis en œuvre par Helen Keller International en collaboration avec des organisations de développement non-gouvernementales partenaires. Les activités de contrôle des maladies tropicales négligées dans les 10 régions du pays s’organisent autour de réseaux et de structures déjà en place avec la coalition des organisations de développement non-gouvernementales partenaires travaillant depuis longtemps au contrôle de l’onchocercose. Helen Keller International a signé des ententes auxiliaires avec des 32 organisations de développement non-gouvernementales partenaires spécifiques qui mettent en œuvre les activités de distribution massive de médicaments dans leurs régions traditionnelles d’intervention : Sightsavers soutient les activités dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-ouest et de l’Ouest ; l’International Eye Foundation apporte son soutien dans les régions du Sud et de l’Adamawa et PersPective travaille dans la région du Littoral. Helen Keller International apporte son soutien directement dans les quatre autres régions (Centre, Est, Nord et Extrême Nord) et apporte également un soutien technique et financier au Ministère de la Santé Publique au niveau central. En plus des fonds fournis par USAID pour le ciblage des maladies tropicales négligées via le projet ENVISION et le Projet de Gestion de la Morbidité et Prévention de l’Invalidité géré par Helen Keller International, le programme reçoit également un soutien du gouvernement du Cameroun ainsi que d’autres organismes et institutions. Le Gouvernement du Cameroun contribue au paiement des salaires du personnel du gouvernement ; soutient le transport et l’entreposage des médicaments. Il est responsable des opérations et de divers investissements (formations sanitaire, construction d’infrastructures et logistique). Il soutient la participation du personnel du programme Maladies tropicales négligées aux réunions et formations internationales et gère la coordination du programme et le traitement des cas de morbidité (hydrocèle). Sightsavers apporte son soutien à la lutte contre l’onchocercose depuis 1996. Les organisations de développement non gouvernementales contribuent, avec des fonds propres, au financement à la mise en œuvre des activités intégrées de contrôle /élimination de la filariose lymphatique, de l’onchocercose, de la schistosomiase et des géo-helminthes dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-ouest et de l’Ouest. Elle apporte également son soutien pour l’élimination du trachome dans les régions de l’Extrême Nord, et du Nord. Sigthsavers soutient la chirurgie du trichiasis trachomateux, sensibilise sur le nettoyage du visage et fait la promotion d’autres activités d’hygiène et d’assainissement. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et Helen Keller International apportent leur soutien au déparasitage biennal des enfants de moins de 5 ans via la Semaine d’Actions de Santé et de Nutrition Infantile et Maternelle, au cours de laquelle un ensemble de services, dont le Mébendazole, est distribué aux enfants de moins de 5 ans grâce au financement du gouvernement canadien. Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose apportait son soutien au traitement sous directive communautaire à base d’ivermectine pour le programme de contrôle 33 de l’onchocercose au Cameroun depuis 1999 et, depuis 2005, le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose élargit son soutien pour le CDTI à tous les districts de santé dans les zones endémiques. Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose a fermé en 2015 et a arrêté son soutien financier au Cameroun. Helen Keller International et l’International Eye Foundation apportent leur soutien au projet de CDTI avec un financement de la fondation du Lions club international (Lions club International Foundation). La Lions Club International Foundation soutient le programme pour le contrôle de l’onchocercose au Cameroun depuis 1996 par un soutien financier et la création d’une coalition d’organisations de développement non gouvernementales. Cette coalition pour le contrôle de l’onchocercose forme la base de l’organisation du soutien des maladies tropicales négligées du Cameroun au sein du projet ENVISION. En 2010, Lions Club International Foundation a commencé à réduire son soutien financier, particulièrement pour les districts de santé endémiques situés en forêt. En mars 2015, la Lions Club International Foundation a mis totalement fin à son soutien pour les régions du sud. Au cours de l’année 2016 le soutien de la Lions Club International Foundation, via Helen Keller international et l’International Eye Foundation, se limitera aux districts de santé endémiques de l’onchocercose des régions d’adamawa, de l’extrême nord et du nord. En raison du retrait du programme africain pour le contrôle de l’onchocercose et de la Lions Club International Foundation des activités du programme maladies tropicales négligées au Cameroun au cours de l’année 2015, un financement supplémentaire d’USAID est absolument nécessaire pour compenser le déficit pour l’année 2016. Historiquement, le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose et de la Lions Club International Foundation contribuaient pour 852 000 Dollars aux les coûts totaux du programme comparés à seulement 477 000 Dollars pour l’année fiscale 2016. Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose a contribué aux activités du CDTI dans les 10 régions jusqu’à la fin janvier 2015. Le soutien était donné directement au ministère de la santé publique pour mettre en œuvre les activités de sensibilisation, de production du matériel destiné à l’information, l’éducation, la communication, la formation, la supervision du personnel du ministère de la santé publique et le traitement d’effets indésirables graves dans les districts de santé endémiques à l’onchocercose. La Lions Club International Foundation soutenait 5 régions (Sud, Littoral, Adamawa, Nord et Extrême Nord) pour les activités jusqu’à la fin février 2015. En mars 2015 elle a commencé à limiter son soutien à 34 seulement 3 régions (Adamawa, Nord et Extrême Nord), ce qui a directement affecte les budgets de PersPective et d’Helen Keller International. La Lions Club International Foundation contribuait aux coûts de personnel et d’opérations, d’activités de sensibilisation, de supervision et de monitorage dans les zones endémiques de l’onchocercose. En 2015 ENVISION a compensé le retrait de Lions Club International Foundation en augmentant le montant de l’entente auxiliaire avec perspective à hauteur d’environ 100 000 Dollars de la même façon, dans le budget de l’année 2016, le soutien et la contribution de la Lions Club International Foundation aux activités (pour Helen Keller International et Perspective) a diminué d’environ 22%. Liste des partenaires Maladies tropicales négligées travaillant au Cameroun, soutien des donateurs et sommaire des activités. Tableau 3: Perspective Parten aire Soutien Lieu (Régions/ financier direct à donateurs soutenant Activités de Etats) l’USAID partenaire apporte assistance Autres au ces partenaires/activités une technique directe au ministère de la santé publique pour la oui aucun Oui aucun Oui aucun planification stratégique et le Perspec tive littor al renforcement des capacités apporte une assistance technique ministère de publique sensibilisation au la santé pour la et la mobilisation sociale apporte assistance technique une au 35 ministère de la santé publique pour l’organisation, la mise en œuvre et la supervision des campagnes de distribution massive de médicaments. Tableau 4 : l’international eye foundation apporte assistance une technique directe au ministère de la santé publique pour la lions Oui planification stratégique et le renforcement club international foundation des capacités apporte l’intern ational eye foundation ada mawa une assistance technique ministère de publique sensibilisation au la santé pour la et lions Oui club international foundation la mobilisation sociale apporte une assistance technique ministère de la publique au santé pour l’organisation, la mise en œuvre et la supervision des campagnes de distribution lions Oui club international foundation massive de médicaments de contrôle des maladies tropicales négligées Tableau 5 : Sightsavers 36 apporte assistance une technique directe au ministère de la santé publique pour la Oui sightsavers Oui sightsavers Oui sightsavers planification stratégique et le renforcement des capacités apporte nord -ouest, sud-ouest et ouest une assistance technique ministère de publique sensibilisation la santé pour la et la mobilisation sociale apporte Sightsa vers au une assistance technique ministère de la publique au santé pour l’organisation, la mise en œuvre et la supervision des campagnes de distribution massive de médicaments de contrôle des maladies tropicales négligées soutien les composantes a, n et ce de la oui (gestion extrê stratégie chance (chirurgie, de la morbidité et me nord antibiothérapie, nettoyage prévention de sightsavers du visage et changements l’invalidité) environnementaux). Tableau 6 : OMS 37 apporte OMS nive au central assistance une technique et financière au ministère de Non --- la santé publique pour une planification stratégique fournit les salaires du personnel nive ministè re de la santé publique au central/tou tes zones endémique s du gouvernement, l’entreposage et le transport des médicaments, la construction de Non formation sanitaires et la ministère de la santé publique logistique, le traitement de l’hydrocèle et un soutien aux distributeurs communautaires Tableau 7 : helen keller international apporte nive au central assistance une (yaoundé)/ directe au ministère de la helen toutes santé publique pour la zones planification stratégique et endémique le lions technique renforcement international oui (envision) s international (certaines apporte assistance directeme financière au ministère de technique nord nord, sensibilisation et mobilisation sociale la onchocercose districts lions et oui nt : régions la santé publique pour la (envision) du on north regions une soutenues foundation de santé in north and far des capacités keller club club international foundation districts pour de santé onchocercose dans les 38 extrême, centre régions du nord et et est et les 6 autres extrême nord apporte assistance régions par ministère une technique de la au lions santé club international un publique partenaire l’organisation, la mise en ngdos) œuvre et la supervision des (envision) pour foundation oui districts pour de onchocercose dans les campagnes de distribution régions du nord et massive de médicaments extrême nord de contrôle des maladies tropicales négligées apporte assistance technique une et financière au ministère de oui aucun la santé publique pour les (envision) évaluations d’impact par maladie extrê me-nord et nord oui (gestion traitement des cas de de la morbidité et trichiasis santé prévention de aucun l’invalidité) Source : Hellen Keller International Section 2 : Aperçu des maladies tropicales négligées au Cameroun Le Cameroun a commencé l’intégration des programmes Maladies tropicales négligées verticaux spécifiques à chaque maladie avec le soutien d’USAID via le Programme de Contrôle des maladies tropicales négligées, Helen Keller International étant le partenaire de mise en œuvre dans le pays. Ce soutien a permis de terminer la cartographie des maladies tropicales négligées en 2012 et d’intensifier les activités de distribution massive de médicaments pour atteindre une couverture géographique proche de 100%. Une Unité de Coordination Centrale a 39 été formée en 201269 pour le contrôle/élimination intégré des maladies tropicales négligées. Cette unité rassemble tous les responsables des programmes du Ministère de la Santé Publique et des partenaires. Paragraphe 1 : Représentation cartographique des MTNs au Cameroun Les cartes suivantes représentent le niveau d’endémicité des MTNs au Cameroun. Les cinq maladies tropicales représentées ci-dessous sont la filariose, l’onchocercose, la geo-helminthes, la schistosomiase et le trachome. Figure 4: Endémicité des maladies tropicales négligées au Cameroun Source : Helen Keller International 69 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International, p60 40 De l’exploitation des différentes cartes ci-dessus, il ressort que la filariose lymphatique est une maladie endémique au sein de la population camerounaise car toutes les régions sont concernées. Les résultats sont un peu mitigés pour ce qui est de l’onchocercose. En effet, tel que cela apparait au niveau de la carte, l’onchocercose n’est pas endémique sur toute l’étendue du territoire camerounais. Les régions de l’Est, du Nord et de l’Extrême Nord sont moyennement épargnées et sont même appelées zones non endémiques. La schistosomiase présente une prévalence sur tout le territoire national camerounais. Toutefois, l’on peut relever son caractère modéré dans l’extrême nord, le nord et une partie de l’Adamaoua. Le reste du pays présente une prévalence basse a l’exception d’une grande partie du sud, l’ouest et l’est qui est déclarée zone non endémique. La Géo-helminthe est présente sur toute l’étendue du territoire avec une basse prévalence dans le l’extrême-nord, le nord et l’Adamaoua. Il est également à noter une prévalence modérée dans certaines régions de l’Ouest, du Sud et l’Est. De même, une haute prévalence est observée dans certaines régions de l’Ouest, du Sud et l’Est. Par ailleurs, il faut relever que le trachome n’est présent avec un taux de prévalence faible dans les régions de l’extrême nord, du nord et l’Adamaoua. 41 Figure 5: Couverture géographique du projet ENVISION au Cameroun Source : Helen Keller International Pour ce qui est des politiques de distribution de masse des médicaments dans le cadre du projet ENVISION, il est à relever que toutes les régions ont bénéficié de cette distribution à l’exception de celles qui ne necessitent de traitement. Ce constat concerne la Filariose , l’onchocercose où seules les 42 régions non endémiques n’ont pas recues de distribution de masse de médicaments. Cette analyse est identique en ce qui concerne la Géo-helminthes, et la Trachome. Toutefois, il y a lieu de mentionner que pour ce qui est de la Schistosomiase, toutes les régions endémiques n’ont pas bénéficié des distributions de masse des médicaments. Cela est particulierement observable dans les régions du grand Sud. Paragraphe 2 : Objectifs et activités du programme ENVISION pour les différentes MTN au Cameroun Il est question de la description des différents objectifs et activités déployés au Cameroun pour la lutte contre les MTNs par le Projet ENVISION. Nous les présenterons selon chaque MTN pris en compte par le projet. Filariose Lymphatique Le but du programme pour la Filariose Lymphatique est d’éliminer la maladie à l’horizon 2020. La stratégie repose sur la distribution massive de médicaments combiné avec de l’Albendazole dans les zones endémiques et la gestion de la morbidité. Les activités pour l’élimination de la Filariose Lymphatique ont commencé en 2008 avec un traitement de masse de neuf districts de santé dans le Nord et l’Extrême Nord dans le cadre d’une phase de projet pilote avec le soutien de l’organisation mondiale de la sante et le programme de donation du mectizan. La cartographie a été achevée entre 2010 et 2012 à l’aide de cartes avec le soutien de USAID et le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose (le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose a contribué à la cartographie dans 60 districts de santé en 2010) et il s’est avéré que la filariose lymphatique est endémique dans 158 des 181 districts de santé; parmi les 158 districts de santé, la filariose lymphatique est co-endémique avec l’onchocercose dans 86 districts de santé70, l’onchocercose ne l’étant que dans 14 districts de santé et la loiasis dans 24 districts de santé. Les distributions massives de médicaments à l’ivermectine et Albendazole ont été étendues pour couvrir 134 des 158 districts de santé endémiques en 2011, dont 6 ont été partiellement ciblés en raison de la co-endémicité avec la loiasis et le risque de effets indésirables graves. Les 24 districts de santé restants n’ont pas été traités non plus à l’ivermectine et albendazole en raison de la co-endémicité avec la loa loa. 70 OMS, Filariose lymphatique: la maladie et son contrôle. Rapport du Comité OMS d'experts sur Filariose. OMS, 2015. 821: p. 1-71. 43 Pour atteindre le but de l’élimination de la filariose lymphatique vers 2020 toutes les zones endémiques doivent être traitées par la distribution massive de médicaments. Pour y parvenir, une nouvelle stratégie est progressivement mise en œuvre dans les districts de santé co-endémiques à la filariose lymphatique et loa loa où l’ivermectine n’a jamais été introduit. En 2015, 13 des districts de santé co-endémiques dans la région de l’Est ont entamé un traitement bisannuel à l’albendazole, selon les recommandations de l’organisation mondiale de la santé. Dans 10 districts, le district entier est traité et dans les 3 districts de santé restants, seules quelques aires sanitaires sont ciblées parce que les autre aires sanitaires sont coendémiques avec l’onchocercose et donc déjà traitées avec de l’ivermectine et l’albendazole. Le traitement est combiné avec l’utilisation de moustiquaires traitées à l’insecticide fournies par le Programme National de Contrôle du Paludisme. Pour les prochaines années, le plan original devait étendre cette stratégie aux 24 districts de santé et aux quelques Aires de Santé de 6 districts de santé Co-endémiques à la loa loa qui ne reçoivent pas à l’ivermectine et albendazole de sorte que 100% de la couverture géographique pour la filariose lymphatique soit atteinte au Cameroun. Cependant, compte tenu des résultats presque entièrement négatifs de l’enquête de référence dans la région de l’est et des recommandations du groupe d’examen des programmes régionaux, cette stratégie et l’extension proposée a été suspendue. Onchocercose L’objectif du Cameroun est d’éliminer l’onchocercose à l’horizon de 2025. L’onchocercose est présente dans les dix régions. Des enquêtes épidémiologiques de référence (1993) utilisant la méthodologie de la cartographie épidémiologique rapide de l’onchocercose (REMO) ont indiqué une prévalence nationale moyenne de 40%, 111 des 181 districts de santé étant considérés méso-endémiques ou hyper-endémiques. Les premières activités de contrôle ont débuté en 1987 par une distribution de masse d’ivermectine dans la région du nord, suivie d’une extension du traitement aux régions du sud et du centre entre 1990 et 1992 avec un traitement communautaire à l’ivermectine (CBTI). Le programme national pour le contrôle de l’onchocercose (pnlo) a été créé en 1993. Le PNLO a étendu ses activités de contrôle à 5 régions à l’aide de la stratégie CBTI et, à partir de 1999 est passé à la stratégie cdti. Le programme de l’onchocercose reçoit un soutien technique et financier d’usaid depuis 2010 dans le cadre du programme de contrôle des maladies tropicales négligéeset reçoit toujours le soutien par le projet ENVISION. L’approche intégrée 44 de distribution massive de médicaments pour les maladies tropicales négligées dans les communautés a été construite sur la stratégie CDTI élaborée pour le contrôle de l’onchocercose. La stratégie principale utilisée est un CDTI dans les communautés endémiques ciblées. L’ivermectine est donné seulement dans 11 districts de santé et associée à albendazole dans 100 districts de santé dans le cadre du traitement intégré de la filariose lymphatique et de l’onchocercose. Sur les 111 districts de santé endémiques qui reçoivent un traitement à l’ivermectine, 94 sont co-endémiques à la loase et donc présentent un risque d’effets indésirables graves à la suite de l’administration d’ivermectine. Plusieurs mesures décrites dans la section effets indésirables graves sont en cours de mise en œuvre. Toutefois, après de nombreuses années de traitement, le risque a diminué en raison d’une réduction de la prévalence et de la charge parasitaire et les effets indésirables graves surviennent surtout chez les patients naïfs de tout traitement ayant une forte charge parasitaire de loa loa71. L’extension du traitement aux zones de transmission hypo-endémiques est prévue dans le cadre des activités d’élimination de l’onchocercose. Cela peut avoir pour résultat une augmentation des cas potentiels d’effets indésirables graves dans les zones où l’ivermectine n’a jamais été administré. Pour l’instant tous les districts de santé méso-endémiques ou hyperendémiques reçoivent un traitement et la plupart des districts de santé hypo-endémiques reçoivent un traitement par les distributions massives de médicaments de la filariose lymphatique. Schistosomiase Le programme de la schistosomiase a débuté en 1993 avec l’élaboration d’un projet pilote pour contrôler la schistosomiase dans la région du nord. Une enquête nationale épidémiologique extensive menée entre 1983 et 1985 a débouché sur la création d’une carte de répartition de la schistosomiase et des géo-helminthes. Le programme national pour le contrôle de la schistosomiase et de l’helminthiase intestinale (PNLSHI) a été créé en 2003. Les premières campagnes de traitement de masse de ces deux maladies ont été lancées en 2007 avec le soutien de Children Without Worms. Les campagnes suivantes bénéficient du soutien de USAID depuis 1. 71 OMS, Rapport d'un groupe de travail scientifique sur les événements indésirables graves suite au traitement par Mectizan (R) de l'onchocercose dans les zones endémiques Loa loa. Filaria J, 2004. 2 Suppl. 1: p. S2. 45 2010 pour la cartographie et la distribution massive de médicaments. La cartographie épidémiologique réalisée entre 2010-2012 a révélé que 134 districts de santé sont endémiques72. Le programme national du Cameroun pour la schistosomiase a opté pour une fréquence de traitement pas toujours en phase avec les recommandations de l’organisation mondiale de la sante dans certains districts de santé. La stratégie nationale pour la schistosomiase au Cameroun soutient un traitement annuel des enfants en âge scolaire (EAS) dans 69 districts de santé où la prévalence de schistosomiase chez les EAS est au moins de 10% mais de moins de 50% selon la cartographie de 2010-2012 réalisée avec le kato-katz, et dans 5 districts de santé où la prévalence est au-dessous de 10% mais est plus forte selon les données historiques. D’autre part, dans 4 districts de santé où la prévalence chez les EAS est ≥50%, les adultes sont également traités. A partir de 2015, à la suite d’une évaluation du PNLSHI, deux autres districts de santé ont été ciblés pour une distribution massive de médicaments en raison de l’accroissement de la prévalence de schistosomiase chez les EAS. Présentement, sur les 135 districts de santé endémiques, 80 reçoivent une distribution massive de médicaments au praziquantel (pzq) via la stratégie scolaire seule ou, en fonction des niveaux de prévalence, via une stratégie combinée scolaire et à poste fixe ciblant les adultes. Seuls 60% des districts de santé endémiques reçoivent un traitement puisque la stratégie nationale ne cible que les districts de santé où la prévalence chez les EAS est ≥10% Géo-helminthes Dans certains cas, le traitement ciblé des géo-helminthes a été réalisé dans le cadre d’un projet intégré pour le contrôle de la schistosomiase et des géo-helminthes à la suite d’un accord entre USAID et le ministère de l’éducation supérieure et de la recherche en 1983. Le traitement reposait sur les données résultant d’une enquête épidémiologique menée entre 1985 et 1987. Les activités de contrôle se sont intensifiées avec la création du PNLSHI en 2003 et l’établissement du plan stratégique national de 2005-2010 pour le contrôle de la schistosomiase et des géo-helminthes. Le programme pour les géo-helminthes reçoit un soutien d’USAID depuis 2010 pour une distribution massive de médicaments mébendazole annuelle pour les enfants âgés de 5 à 14 ans. Les données venant de la cartographie de 2010-2012 utilisant les mêmes diapositives kato-katz pour la schistosomiase et les géo-helminthes ont montré que les trois géo-helminthes majeures sont présentes dans les 10 régions. 72 Koroma, J.B., et al., Cartographie de la schistosomiase et de l'Helminthiasis transmise par le sol et Détermination des stratégies de chimiothérapie préventive en Afrique, Sierra Leone. PLoS NTD, 2010 46 Les EAS sont les plus atteints, ont de lourdes charges parasitaires et, fréquemment des infections poly-parasitaires. La stratégie nationale consiste en un déparasitage dans les écoles pour tous les EAS, scolarisés ou non: le déparasitage annuel se fait dans les écoles avec le mébendazole pour les enfants âgés de 5 à 14 ans, avec un ajout de PZQ dans les zones endémiques à la schistosomiase. Cette stratégie s’applique depuis l’établissement du PNLSHI. Avec le début des distributions massives de médicaments contre la filariose lymphatique dans le pays, les EAS dans les districts de santé recevant la distribution massive de médicaments de filariose lymphatique reçoivent également une seconde série de déparasitage avec de l’albendazole. En 2015, un traitement bisannuel à albendazole (et non au mébendazole) a été appliqué dans 10 districts de santé et une partie de 3 districts de santé co-endémique à la loase et aux géo-helminthes. Cette stratégie a été suspendue. Par conséquent, les EAS de 129 districts de santé endémiques à la filariose lymphatique recevront deux séries de déparasitage au mébendazole et albendazole73. Pour le déparasitage scolaire, les EAS qui ne sont pas inscrits dans les écoles sont conduits à l’école par leurs parents le jour de la distribution massive de médicaments pour recevoir le traitement. Un travail spécial de mobilisation sociale est fait pour cibler ce groupe. Les enfants de 1 à 5 ans sont également traités deux fois par an par l’intermédiaire de la semaine d’action de santé et de nutrition infantile et maternelle au cours de laquelle un ensemble de services comprenant le mébendazole est proposé aux enfants de moins de 5 ans. Le traitement de ces jeunes enfants se fait grâce au soutien du ministère des affaires étrangères du commerce et du développement du canada via Helen Keller international et le fonds des nations unies pour l’enfance. Le PZQ sera combiné au mébendazole pour le traitement de masse de géo-helminthes dans tous les districts de santé endémique aux géo-helminthes et schistosomiase. Trachome L’objectif du programme pour le trachome coordonné par le programme national pour la prévention de la cécité est d’éliminer le trachome en tant que maladie pouvant causer la cécité à l’horizon 2020. Le programme repose sur la stratégie chance recommandée par l’organisation Mondiale De La Santé. Les composantes CH (chirurgie), N (nettoyage du visage) et CE (changements environnementaux) ont le soutien d’autres projets axés spécifiquement sur le trachome ou intégré à des projets plus larges d’eau, d’assainissement et de promotion de l’hygiène. 73 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 47 La chirurgie du trichiasis trachomateux a le soutien de sightsavers dans la région de l’extrême nord depuis 2014. Les activités d’élimination du trachome ont débuté en 2010 avec le soutien d’USAID pour les enquêtes de cartographies réalisées en 2010-201274. La cartographie a révélé que le trachome est endémique dans 47 districts de santé dans les régions de l’extrême nord, du nord et de l’adamawa, 16 d’entre eux ayant une prévalence de trachome inflammatoire folliculaire (tf) ≥10%. Une l’administration annuelle de zithromax et de tétracycline en pommade ophtalmique a commencé progressivement dans les districts de santé endémique dès que les résultats de la cartographie ont été connus. En 2014 des évaluations d’impact du trachome ont été menées dans sept districts de santé. Cinq districts de santé (Bourha, Hina, Koza, Mogode, Roua) ont réuni les critères d’arrêt de la distribution massive de médicaments (prévalence inférieure à 5%), et deux (meri et petrichiasis trachomateuxe) ont fait état d’une prévalence comprise entre 5 et 9,9%, devant donc recevoir une distribution massive de médicaments supplémentaire75. 74 Alliance mondiale de l’OMS pour l’élimination du trachome cécitant d’ici à 2020, rapport de situation sur l’élimination du trachome, 2010. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 2012, 87 :161–168. 75 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 48 Tableau 8:Aperçu du statut escompté du programme des maladies tropicales négligées au Cameroun au 30 septembre 2015 Colonnes c+d+e=b pour chaque Colonnes f+g+h=c pour chaque maladie* maladie* Détermination des lacunes de Résultats cartographie de la détermination des lacunes de la distribution massive de médicaments distribution massive de médicaments A B C Dd Ee F G Nb. De districts Nb. De recevant une distribution districts ayant massive de médicaments besoin d’une au 30/09/15 distribution Nnb. Nb. Maladie Nb. De Nnb. massive de De districts médicaments ou qui n’ont pas Total de districts De districts requérant districts classifies classifies non- une dans le pays endémiques** endémiques** cartographie initiale encore commencé Financement d’USAID Autres les distribution massive de médicaments, ou qui ont prématurément H Besoins de districts de santé I Nb. De districts où les critères d’arrêt de la distribution massive de médicaments au niveau du district ont été Nb. De districts requérant un district de santé au 30/09/15 réunis en date du30/09/15 arrêtée au 30/09/15 49 Préévaluations Filariose 158 lymphatique 23 0 144 0 14 a 0 des transmissions: 86f Tas: 31f 111 70 0 111 17c 0 0 0 Schistosomiase 134d 47 0 80 0 54d 0 0 Géo-helminthes 181 0 0 181 0 0 0 0 Trachome 20e 161 0 11 0 4 5 Tis: 6f Onchocercose 181 Source : Helen Keller International * si les colonnes c+d+e ne sont pas égales à b pour la cartographie de chaque maladie, ou si les colonnes f+g+h ne sont pas égales à c pour le traitement de chaque maladie, veuillez reconfirmer les chiffres et ajoutez des notes détaillées expliquant les différences. ** si les résultats de la cartographie ne sont pas disponibles au moment du plan de travail ajoutez une note expliquant comment de nombreux districts ont été cartographiés et quelles données d’endémicité ne sont pas disponibles. Ne les comptez pas comme des districts ayant besoin d’une cartographie initiale (colonne e). A –districts de santé ne recevant pas de traitement en année fiscale ! 5 parce qu’ils sont endémiques au loa loa. La distribution massive de médicaments à albendazole que reçoivent les districts de santé de la région de l’est sera arrêtée en l’année fiscale 2016. C–17 districts de santé dans les régions de l’extrême nord (3), du nord (6) et de l’adamawa (8) reçoivent un soutien de la Lions Club International Foundation pour la distribution massive de médicaments d’onchocercose. D –les districts de santé ne sont pas tous ciblés pour une distribution massive de médicaments conformément à la stratégie nationale actuelle. Mais la stratégie nationale est révisée en 2016 et davantage de districts de santé seront ciblés pour la distribution massive de médicaments de l’année fiscale 2017. 50 E –20 districts de santé sont endémiques et 16 réunissent les critères pour une distribution massive de médicaments (tf ≥10 %), mais le ministère de la santé publique a ciblé 4 districts de santé supplémentaires ayant une prévalence comprise entre 5 et 9, 9 % pour une distribution massive de médicaments en l’année fiscale 2016. F – évaluations maladie-spécifique (districts de santé) requises et prévues pour l’année fiscale 2016. 51 CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN Au Cameroun le projet ENVISION est mis en œuvre par Helen Keller International en collaboration avec des organisations de développement non-gouvernementales partenaires. Les activités de contrôle des MTN dans les 10 régions du pays s’organisent autour de réseaux et de structures déjà en place. Section 1 : Présentation du projet ENVISION Paragraphe 1 : Contexte et Approches du Projet ENVISION au Cameroun Hellen Keller International a signé des ententes auxiliaires avec des organisations spécifiques qui mettent en œuvre les activités dans leurs régions traditionnelles d’intervention : Sightsavers soutient les activités dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Ouest ; International Eye Foundation apporte son soutien dans les régions du Sud et d’Adamawa et PersPective travaille dans la région du Littoral. Hellen Keller International apporte son soutien directement dans les quatre autres régions (Centre, Est, Nord et Extrême Nord) et apporte également un soutien technique et financier au Ministère de la Santé Publique au niveau central. Grace à ENVISION, USAID contribue au paiement des salaires du personnel du gouvernement ; soutient l’enlèvement, le transport et l’entreposage des médicaments ; il est responsable des opérations et de divers investissements (formations sanitaire, contruction d’infrastructures et logistique) ; il soutient la participation du personnel MTN aux réunions et formations internationales et gère la coordination du programme et le traitement des cas de morbidité (hydrocèle). Sightsavers apporte son soutien à la lutte contre l’OV depuis 1996. L’ONGD contribue, avec des fonds propres, au financement à la mise en œuvre des activités intégrées de contrôle /élimination de la FL, de l’OV, de la SCH et des STH dans les régions du Nord-Ouest, du SudOuest et de l’Ouest. Elle apporte également son soutien pour l’élimination du trachome dans les régions de l’Extrême Nord, et du Nord. Sigthsavers soutient la chirurgie du trichiasis trachomateux (TT), sensibilise sur le nettoyage du visage et fait la promotion d’autres activités d’hygiène et d’assainissement. 52 Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et HKI apportent leur soutien au déparasitage bisannuel des enfants de moins de 5 ans via la Semaine d’Actions de Santé et de Nutrition Infantile et Maternelle (SASNIM), au cours de laquelle un ensemble de services, dont le Mébendazole (MBD), est distribué aux enfants de moins de 5 ans grâce au financement du gouvernement canadien. Le Programme Africain pour le Contrôle de l’Onchocercose (APOC) apporte son soutien au traitement sous directive communautaire à base d’Ivermectine (CTDI) pour le programme de Contrôle de l’Onchocercose au Cameroun depuis 1999 et, depuis 2005, APOC élargit son soutien pour le CDTI à tous les DS endémiques. APOC fermera en 2015 et a arrêté son soutien financier au Cameroun. HKI et IEF apportent leur soutien au projet de CDTI avec un financement de la Fondation du Lions Club International (LCIF). La LCIF soutient le programme du CDTI pour le Contrôle de l’Onchocercose au Cameroun depuis 1996 par un soutien financier et la création d’une coalition de ONGD. Cette coalition pour le contrôle de l’onchocercose forme la base de l’organisation du soutien des MTN du Cameroun au sein du projet de ENVISION. Même si les ressources nécessaires pour contrôler efficacement les maladies tropicales négligées sont relativement faibles à cause de ce qui a déjà été dépensé pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, les activités de lutte contre les MTN sont en cours76. Paragraphe 2 : Cadre opérationnel du projet ENVISION Le projet ENVISION vise à contrôler MTN au Cameroun. Helen Keller travaille aux côtés des donateurs, un effort conjoint avec le ministère de la Santé et de la Population et le ministère de l'Éducation, afin de fournir une administration massive de médicaments à deux drogues dans les régions du Cameroun. Au total, les enfants d'âge scolaire, les femmes enceintes et les enfants de moins de 2 ans ont reçu des traitements. Pour atteindre une grande population, Helen Keller a formé des leaders communautaires, des promoteurs et des relais communautaires pour éduquer la population sur MTN, persuader le plus grand nombre de ménages possible de participer à un traitement préventif et mener une MDA au moyen de 76 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 53 postes de distribution communautaire et d'écoles. Pour déterminer quelles régions étaient admissibles à la MDA, la cartographie de la prévalence de la maladie était nécessaire. Le mappage NTD a été achevé en 2015. L'objectif de cette activité était de compléter la cartographie des MTN dans les régions ciblées au cours de la phase initiale. Les campagnes de sensibilisation basée sur le changement de comportement sont un aspect essentiel pour atteindre les objectifs du programme en favorisant le changement de comportement de santé à long terme, l'implication active accrue des bénéficiaires et la prise en charge des services, ainsi que l'appropriation par le gouvernement et son soutien soutenu aux réalisations du programme. L'objectif est d'éliminer les MTN au Cameroun d'ici 2020. Pour évaluer les progrès réalisés, les enquêtes d'évaluation de la transmission du ministère de la santé (TAS) ont été menées. Les enquêtes logistiquement complexes sont menées dans des centaines d'écoles et de communautés sur une période de deux à trois semaines pour déterminer si la transmission de la maladie a été perturbée et il est peu probable qu'elle se reproduise dans une zone donnée. Section 2 : Le rôle de HKI dans la lutte contre les MTN et la pauvreté Paragraphe 1 : La coopération entre HKI et les différents acteurs stratégiques sur le terrain La Coalition des organisations non gouvernementales de développement (ONGD) pour les maladies tropicales négligées, en charge de la prévention, du contrôle et des campagnes de chimiothérapie préventive est composée d’Helen Keller International (HKI), SightSavers, International Eye Foundation (IEF) et Perspective. Depuis la signature du projet d'accord du 9 août 1995 qui l'associe au gouvernement camerounais, la Coalition a d'abord aidé le ministère de la Santé publique (ministère de la Santé) dans le contrôle de l'onchocercose par la mise en place des mécanismes de distribution annuelle de l'ivermectine et du système de soins de santé primaires (SSP). Les tâches de la coalition dans les régions ont ainsi été distribuées parmis les differents actionnaires : A l’Adamaoua par International Eye Foundation; Au Centre par Helen Keller International; A l’Ouest et Nord par la Fondation River Blindness et le Centre Carter; finalement, au centre et Est par SightSavers International. En 1997, cette aide a été étendue au littoral. En 1998, à l'instigation de cette Coalition et du programme africain pour l'onchocercose Contrôle (APOC), le ministère de la Santé a créé le 54 National Onchocerciacis Task Force (NOTF). En 2004, toutes les dix régions du Cameroun étaient couvertes. Ensuite, en 2009, les accords ont élargi les interventions De la Coalition à quatre autres pathologies a savoir: Filiarisis lymphatique (LF), Trachome, helminthiases Et la schistosomiase. Hellen Keller International et les ONGD partenaires maintiennent leur soutien à la mobilisation sociale dont les objectifs spécifiques sont la réduction du nombre de refus de 50% dans chaque région, l’amélioration des taux de couverture thérapeutique et géographique grâce à une meilleure participation de groupes spécifiques (réfugiés, groupes de femmes, habitants des camps érigés pour d’importants projets de construction), renforcement de l’adhésion au programme par les bénéficiaires et, par conséquent leur contribution financière et en nature. Les stratégies suivantes servent à atteindre ces objectifs et font appel à différents outils devant être fabriqués et distribués avec le soutien financier d’ENVISION. L’utilisation de matériels d’Information, d’Education et de Communication (IEC) est repartie comme suit: ENVISION finance la production et la distribution d’un nombre suffisant d’affiches (50 997), de brochures (17 284), de livrets (1234), d’aide-mémoire (8500), de T-shirts (35 784) et de prospectus (83 994). Ces matériels sont utilisés pour transmettre des messages sur la connaissance de la maladie, sur la gratuité du traitement, sur les avantages des médicaments, sur le calendrier des campagnes, sur la nécessaire motivation des DC par les communautés ; des messages sur les effets secondaires ; et des messages sur l’hygiène personnelle, particulièrement le nettoyage des mains et du visage et de bonnes habitudes d’assainissement environnemental. Les affiches sont placées sur les places publiques dans les communautés ciblées. Les messages sont traduits en différentes langues locales pour atteindre le plus de monde possible. Beaucoup de ces matériels portent des images informatives pour aider les DC et le personnel sanitaire à décrire les maladies et le traitement pour les membres illettrés des communautés. Aucun de ces outils n’est conçu pour être complémentaires aucun n’étant suffisant à lui seul. Le coût de ces matériels est inclus dans le budget de mobilisation et de subvention de Sightsavers, de Perspective et de IEE Les émissions radiophoniques sont supervisées par le DRSP qui élabore des publicités radiophoniques et des programmes interactifs sur les MTN en fonction de leurs besoins. Ces publicités et programmes sont diffusés dans la langue officielle et en langue locale pendant toute la période de la campagne. On rappelle leur rôle et responsabilités aux membres de la Communauté pour la DMM des MTN (sélection, motivation et suivi des DC ; tenue de réunions communautaires ; recherche de stratégies pour gérer les refus ou les autres causes d’une médiocre couverture dans leur propre communauté). Une information sur les SAE (causes, 55 comment les éviter, premiers signes avant-coureurs et stratégies s’ils surviennent) est fournie pour rassurer les communautés. Pour mobiliser davantage la population et réduire le nombre de refus, les membres des communautés tels que les chefs de village et les leaders d’opinion seront invités à prendre part aux programmes interactifs. Avant et pendant la campagne scolaire les radios diffusent des messages de sensibilisation demandant aux parents d’emmener leurs enfants à l’école la plus proche pour y recevoir le traitement. Le coût des émissions radiophoniques est inclus dans le budget FOG. Les émissions à la télévision sont financées par l’OMS qui a déjà acheté du temps d’antenne sur Canal 2 pour diffuser des informations sur des sujets sanitaires (non-spécifiés). Ce temps d’antenne sert à accroitre la visibilité et la compréhension du programme des MTN pour la population. L’un des sujets identifiés est la gestion des effets secondaires graves (causes, comment les éviter, signes avant-coureurs et stratégies en place pour la gestion des cas) afin de rassurer les communautés. ENVISION apporte son soutien technique pour préparer les différents sujets avec le CCU MTN. Des crieurs publics dans chaque Aire Sanitaire diffusent des messages concernant les dates et lieux de distribution, et communiquent sur le fait que le traitement est gratuit et sur l’innocuité des médicaments. Les autres canaux de mobilisation sociale : Quelques canaux de communication existent déjà et sont utilisés pour mobiliser des groupes sociaux spécifiques (femmes, réfugiés, populations nomades). Les coûts associés à ces activités sont faibles car ces activités consistent surtout à distribuer des documents informatifs déjà produits pour les autres moyens de diffusion. La liste des différents canaux se trouve ci-dessous, et tous les frais liés à ces activités sont inclus dans les budgets FOG régionaux77. Les réunions de groupe féminins sont mises à contribution pour diffuser des messages d’éducation, de sensibilisation et d’information sur les MTN et pour inciter les femmes à s’investir dans les activités des diverses campagnes (devenir DC, diffuser des messages, apporter un soutien aux DC et amener leurs enfants pour le déparasitage). Un rappel est fait aux membres de ces groupes sur le rôle et les responsabilités des communautés dans les DMM des MTN (recensement des populations, soutien aux DC, réunions communautaires pour évaluer la performance) et sont sollicités pour penser à des moyens d’améliorer l’adhésion. Il est demandé à chaque région d’identifier au moins un groupe de femmes et le personnel régional fournira 1. 77 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 56 les documents informatifs nécessaires (brochures, prospectus, question fréquemment posées) produits avec le soutien d’ENVISION. ENVISION fourni des messages de sensibilisation sur les MTN qui font partie des activités d’éducation et d’assainissement courantes. On demande à la population de nommer des distributeurs communautaires (DC) dans les camps de refugies. Le renforcement des capacités/formation aide à établir une base de données intégrée MTN et un système de gestion des données au sein l’unité de coordination Centrale (CCU MTN) : Affinage de la base de données nationale et apport de données historiques au moyen d’une formation disposant du soutien financier et technique de ENVISION sur l’élaboration et l’utilisation d’une base de données intégrée de MTN. La formation traitera également du renforcement des capacités du personnel de la coordination centrale, évaluera leurs besoins et la fourniture d’équipements, procédera à des révisions et de normalisation des données avec HKI et les programmes, fera circuler des rapports et prévoira des sauvegardes périodiques des données informatisées. Les coûts de la formation sont inclus dans le poste Renforcement des capacités. Les formation sur le M&E de la FL aident à améliorer la capacité du CCU et des partenaires des MTN à planifier les activités de M&E de la FL et pour renforcer les capacités de revue des protocoles et des rapports et pour superviser les enquêtes mises en œuvre en FY16 et les années suivantes, une formation sera organisée au cours du premier trimestre de FY16 avec l’assistance technique d’un consultant. Une formation sur la conduite d’un mini-TAS sera également organisée avant la mise en œuvre de l’enquête. Les coûts de la formation sont inclus dans le poste Renforcement des capacités. Les personnes à tous les niveaux du système de santé participant aux campagnes de DMM (communautaires et scolaires) reçoivent une formation/recyclage sur la mise en œuvre des activités de MTN pour garantir la qualité de leur travail. La formation se fera en cascade pour les campagnes communautaires et scolaires à l’aide de modules de formation élaborés pour chaque niveau. Suivant les recommandations du DQA, la formation met l’accent sur la gestion des données et l’étude des composants spécifiques du registre de traitement et des formulaires de rapport pour s’assurer que ces documents sont rédigés en temps voulu et sont de haute qualité. Pour garantir la qualité de la formation un pré et post test sera administré aux participants et la formation contiendra des sessions pratiques et de jeux de rôle. Des connaissances supplémentaires seront dispensées tout au long de la campagne au cours de sessions de formation au monitorage menées par les DS, les DRSP, le niveau central et les ONGD. Les coûts de la formation sont inclus dans les FOG régionales. 57 Etant donné que la DMM est planifiée annuellement, la formation régulière s’effectue tous les ans. La mise en œuvre des campagnes est entièrement assurée par le personnel du gouvernement (personnel sanitaire, enseignants) dont l’affectation change régulièrement. Les DC changent fréquemment aussi car ils travaillent en tant que bénévoles et démissionnent pour différentes raisons. Par conséquent le remplacement des DC doit se faire au début de chaque campagne. Le nouveau personnel et les nouveaux DC des zones de traitement ciblées doivent recevoir une formation. D’autre part, les sessions annuelles de formation donnent l’occasion de partager et faire circuler les innovations et les meilleures pratiques issues des campagnes précédentes. Paragraphe 2 : L'autopsie d'une ONG engagée dans la lutte contre les MTN et la pauvreté Fondée en 1915, Helen Keller International (HKI) est l'une des organisations internationales à but non lucratif les plus anciennes consacrées à la lutte contre la cécité et la malnutrition évitables. Hellen Keller International est persuadée qu’une lutte réussie contre les MTN permettra d’offrir aux populations les plus pauvres de nombreux avantages socioéconomiques et de santé. Les programmes HKI luttent contre la malnutrition, la cataracte, le trachome, l'onchocercose (cécité des rivières) et l'erreur de réfraction. L'objectif de tous les programmes d'HKI est de réduire les souffrances de ceux qui n'ont pas accès aux soins de santé ou de vision nécessaires et, en fin de compte, à aider les personnes à sortir de la pauvreté. Cette lutte est basée sur la réduction de la pauvreté par la mise en place de systèmes de santé et d'éducation sur la lutte contre les MTN. Ces maladies favorisent la pauvreté et la perpétuent également. Elles se retrouvent dans les régions rurales des pays pauvres et y sont le plus souvent co‐endémiques, en particulier, en Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique latine. Contrairement au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme, ces maladies sont chroniques, ne présentent pas toujours à priori un danger de mort et dans de nombreux cas, comme par exemple l’helminthiase intestinale et la schistosomiase, ne présentent pas ouvertement des symptômes au début de l’infection. Elles sont par conséquent souvent négligées par les responsables de l’élaboration de politiques et les donateurs et restent inconnues des habitants des régions78. 2. 78 78 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 58 L’objectif d’HKI consiste à faire de la lutte intégrée contre les MTN un point central de sa programmation dans pratiquement chaque pays, en particulier en Afrique subsaharienne. L’approche et l’atout principal d’HKI résident dans les partenariats établis avec des ministères, en particulier les ministères de la Santé et de l’Éducation, afin d’offrir une aide technique aux équipes nationales de lutte contre les maladies, et de renforcer la capacité au sein des pays avec comme objectif le passage à l’échelle et la création de systèmes viables79. À cet effet, HKI met l’accent sur des activités de plaidoyer de sorte que le gouvernement reconnaisse l’importance de la lutte contre les MTN et assume progressivement une plus grande responsabilité au niveau des programmes de lutte contre les MTN, notamment en attribuant des ressources ; sur le renforcement des capacité afin de garantir que les connaissances et les aptitudes nécessaires pour mettre en œuvre les programmes de lutte soient en place à tous les niveaux du système de santé ; sur la diffusion des informations de façon à ce que le ministère de la Santé et les partenaires soient au fait des dernières recherches en ce qui concerne la lutte contre la maladie et leur permettre d’appliquer ces résultats en fonction de leur propre situation; sur la mobilisation des ressources nécessaires afin que ces dernières soient mises à disposition d’un pays afin d’atteindre les objectifs du programme. Tout au long de ces activités, HKI met l’accent sur l’appropriation des programmes de lutte contre les MTN par le pays et les communautés elles‐mêmes. Cette approche permet d’établir une fondation solide en vue d’un effort durable de lutte contre les MTN au sein de chaque pays et est essentielle afin d’assurer la viabilité des programmes de lutte contre les MTN. Dans les quatre programmes nationaux intégrés de lutte contre les MTN déjà en place qui bénéficient de l’appui de HKI (Cameroun, Guinée, Mali et Sierra Leone), HKI continue à aider les pays en étroite collaboration avec ses partenaires afin de mener des activités de plaidoyer auprès des ministères de la Santé et autres intervenants gouvernementaux sur l’importance et le besoin d’un soutien continu au niveau national de la lutte contre les MTN, y compris un accroissement des budgets gouvernementaux. Le programme permet aussi de mener des activités de plaidoyer auprès des donateurs et des partenaires gouvernementaux pour un financement des composantes de la lutte contre les MTN allant au‐delà d’une chimiothérapie (par exemple, assainissement, hygiène, changement du comportement, chirurgie, prise en 79 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 59 charge de la morbidité). La position d’HKI dans les pays en tant que principale ONGD dans le domaine de la lutte contre les MTN, est maintenu en tirant des leçons de l’expérience acquise, en publiant les résultats des activités du programme et en prenant les devants dans la mobilisation de ressources supplémentaires. Il est essentiel de continuer à renforcer les capacités à l’intérieur du pays, par le biais d’une formation au niveau des diverses composantes de la lutte contre les MTN, en effectuant une cartographie nationale des MTN, lorsqu’il y a lieu, augmentant la couverture en vue d’atteindre toutes les personnes qui en ont besoin et garantir que les cibles sont atteintes que ce soit pour la couverture épidémiologique ou pour la couverture géographique, car la couverture du TDM est essentielle à l’impact que peut avoir une chimiothérapie préventive ; menant des activités de plaidoyer par des curricula de santé scolaire et par les médias afin de sensibiliser l’opinion publique au sujet des MTN et susciter leur adhésion aux activités des programmes ; planifiant et menant des activités de suivi et d’évaluation des programmes (couverture et impact) ; menant des activités de plaidoyer auprès du ministère de la Santé et aider à mettre en place des systèmes de surveillance afin d’assurer qu’il n’y a pas de recrudescence de la maladie ; recherchant des opportunités supplémentaires de financement afin de complémenter les programmes de lutte intégrée contre les MTN déjà en place, avec un intérêt tout particulier sur l’adaptation de modèles efficaces pour une distribution intégrée dans le contexte local, au moyen d’une recherche opérationnelle et prévoyant des stratégies de sortie afin de soutenir le programme national de lutte contre les MTN. Face à l’ampleur des maladies tropicales négligées au Cameroun, ENVISION lutte contre les MTN en aidant le ministère de la Santé à administrer un traitement annuel, évalue périodiquement la prévalence de la maladie pour mesurer l'impact et la conception, intègre le traitement de l'éléphantiasis et des vers intestinaux avec des programmes existants de traitement de la cécité de la rivière et combine la déparasitage chez les enfants de moins de cinq ans Avec d'autres programmes de survie de l'enfant, comme la supplémentation en vitamine A et les campagnes de lutte contre la poliomyélite. HKI promeut des programmes complets de lutte contre les MTN et d'élimination qui traitent de l'hygiène, de l'eau et de l'assainissement, du changement de comportement, de la gestion de la morbidité et de la prévention des incapacités80. 80 Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International. 60 DEUXIEME PARTIE: LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE PUBLIQUE DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN 61 CHAPITRE 3 : PORTEE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES Les maladies tropicales négligées (MTN) sont les infections les plus courantes en Afrique subsaharienne. Presque toute la population vivant sous la pauvreté de la Banque mondiale est affectée par une ou plusieurs DTN. De nouvelles preuves indiquent un haut degré de chevauchement géographique entre les MND à forte prévalence (helminthes transmis par le sol, schistosomiase, onchocercose, filariose lymphatique et trachome) et le paludisme et le VIH, présentant un degré élevé de co-infection. Une combinaison de facteurs immunologiques, épidémiologiques et cliniques peut contribuer à ces interactions et ajouter à un pronostic détérioré pour les personnes touchées par le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme81. Section 1 : Évaluation de l'impact Paragraphe 1 : Progrès du projet et appropriation locale Les maladies tropicales négligées (MTN) font partie de l'agenda global pour la santé avant l’épidémie de VIH / SIDA, l'augmentation des maladies non transmissibles dans le marché en développement les économies et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Certaines de ces maladies qui sont causées par les vers, les bactéries, les virus et les parasites, sont anciens, avec des preuves de leur existence remonte à l'époque des pharaons égyptiens. Leur traitement peut être aussi simple que la prise d’une pilule et l'élimination peut être obtenue par une combinaison répétée de l'administration massive de médicaments (MDA) et l'amélioration des normes locales de l'eau et de l'assainissement des lieux d’habitations ainsi que leurs alentours. Dans le cas du projet Envision, des interventions à l'échelle de la population, telles que la lutte anti vectorielle et l'administration massive de médicaments, ont diminué le taux de transmission. Une réduction spectaculaire des maladies transmissibles pourrait être atteinte au coût minimal d'environ de 0,40 $ US par personne et par an82. Communautaire et scolaire, le déparasitage par l'administration massive de médicaments est l’intervention d’ENVISION au Cameroun, et qui s’est avéré hautement rentable. 81 Alliance mondiale de l’OMS pour l’élimination du trachome cécitant d’ici à 2020 : rapport de situation sur l’élimination du trachome, 2010. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 2012, 87 :161–168 82 OMS, Chimiothérapie préventive dans l'helminthiase humaine: l'utilisation coordonnée des médicaments anthelminthiques dans les interventions de lutte. 2006, Organisation mondiale de la santé p3-5. 62 Un cadre intégrant le contrôle des vecteurs, fortement tributaire de l'utilisation judicieuse des pesticides, et prévention par la chimiothérapie à toutes les populations à risque d'infection est adopté dans le cadre de ce projet. Les activités de base telles que la prestation de services, la logistique et le suivi ainsi que la surveillance sont combinés pour être utilisés contre diverses maladies, avec des économies et des gains d'efficacité évidents. Le contrôle repose sur des interventions simples, réalisées par les non-spécialistes, par exemple les enseignants, les chefs de village et les bénévoles locaux. Pris individuellement et collectivement, les sept maladies tropicales négligées couvertes par ENVISION ont des conséquences pour les communautés affectées, surtout dans les zones agricoles. En 2005, seulement 10 000 personnes ont été infectées par une maladie du ver de Guinée83 , l'onchocercose a considérablement régressée comme problème de santé publique et maladie socioéconomique importante. 83 OMS, Chimiothérapie préventive dans l'helminthiase humaine: l'utilisation coordonnée des médicaments anthelminthiques dans les interventions de lutte. 2006, Organisation mondiale de la santé p3-5. 63 Figure 6: Progrès vers l'élimination des MTNs au Cameroun Source : Helen Keller International Malgré ces données encourageantes, le retard qu’accuse le Cameroun dans l’éradication des MTN et les capacités réduites pour obtenir un traitement est dû à la peur de la contagion, 64 de la sorcellerie, au fardeau financier pour la famille et la promiscuité, en raison de la mauvaise hypothèse selon laquelle la schistosomiase est sexuellement transmissible. Les mesures d'éducation à la santé axée sur les perceptions et les attitudes de la communauté et les patients, sont les principales activités menant à une réduction des MTN. Une descente sur le terrain a permis de constater que les pourvoyeurs de soins ne sont pas les plus éduqués sur le sujet. Ils ont tendance à diagnostiquer et traiter gratuitement les MTN que lors des campagnes. Nous notons donc une négligence de la part du système de santé. Paragraphe 2 : L'expérience sociale dans les centres de santé Activités de sensibilisation Des campagnes de sensibilisation et déparasitage ciblant des enfants d'âge scolaire se sont produites chaque année depuis 200784. C’est dans cette optique, qu’ENVISON a décidé d’utiliser la chimiothérapie préventive en tant que stratégie de contrôle. Incidence de la sensibilisation La sensibilisation est un élément clé dans l'impact de la lutte contre les MTN. Il nécessite de comprendre quels aspects des MTN contribuent à la négligence auxquels les populations font face continuellement. Tout d'abord, ils ont une morbidité élevée, plutôt qu'une mortalité élevée, les rendant «moins importants» que les maladies telles que le VIH / sida et la tuberculose. Cependant, la morbidité peut avoir des conséquences aussi désastreuses que la mortalité, et les NTD rendent les personnes infectées chroniquement handicapées. Deuxièmement, les MTN affectent principalement les personnes vivant dans des pays appauvris, ce qui rend difficile la communication des ramifications des maladies aux individus dotés du capital social et politique pour aider les pays endémiques. Troisièmement, les données démographiques sur les personnes infectées rendent cette entreprise peu rentable pour les entreprises pharmaceutiques de poursuivre des thérapies pour les MTN. Ces facteurs sont les raisons pour lesquelles il est de la plus haute importance pour nous en tant qu'étudiants de nous éduquer sur les MTN et de communiquer la valeur de la prévention de ces maladies. 84 Louis-Albert Tchuem Tchuenté et al., Cartographie de la schistosomiase et de l'helminthiase transmise par le sol dans les régions du Centre, Est et Ouest du Cameroun, 2012, PubMed, p6-9. 65 Rapport avec le personnel Les personnels de santé adoptent par ailleurs des stratégies d’évitement et de mise à distance jugées plus efficientes dans la gestion au quotidien du risque de contamination. Ils adoptent des comportements de mise à distance et d’évitement des malades alors que les normes professionnelles leur imposent un comportement spécifique. Les patients se retrouvent à participer aux frais médicaux qui devaient seulement être assurés par l’hôpital. Or, ces mêmes patients, au-delà de ces frais, ont déjà de la peine à assurer leurs propres prises en charge quotidienne. Malheureusement, la population moyenne en zone rurale ne peut pas se le permettre parce qu'elle est victime de la pauvreté générale qui se caractérise par de faibles revenus, l'insécurité alimentaire, l’inégal accès aux moyens de production, la mauvaise santé et l'analphabétisme. En 2007, avec l'aide de partenaires internationaux et nationaux, y compris le ministère de la Santé du Cameroun, Helen Keller International, l'Agence des États-Unis pour le développement international, Children Without Worms, le programme de dotation Mectizan et le Programme africain pour le contrôle de l'oncécosis et d'autres partenaires, le programme a été mis en œuvre dans tout le pays. 66 Figure 7: Campagne de sensibilisation sur la lutte contre les MTNs à MBANDJOCK Les séances de sensibilisations se tiennent des fois sur la cour des maisons appartenant aux bénévoles locaux. Les personnes directement concernées ont honte de ces maladies et cachent leurs visages. Source : Auteure. 67 Figure 8: identification et enregistrement des participants aux campagnes L’identification et enregistrement des participants se font manuellement. Certaines données se perdent lors de la transmission aux services du Ministère de la Sante Publique a Yaoundé ; et ceci fausse le processus de suivi-évaluation. Source : Auteure. Figure 9: : photo illustrant une séance de prélèvement Source : Auteure. 68 Figure 10: photo illustrant un test (test de filariose) positif au bout de 10 minutes Source : Auteure. Section 2 : Représentations des populations cibles Paragraphe 1 : L’inadéquation du plan d’action du projet ENVISION par rapport aux objectifs fixes. Notre descente sur le terrain nous a permis d’avoir une meilleure vision du programme. Il en ressort qu’il est nécessaire que des ressources et des fonds soient alloués aux programmes de sensibilisation du public, aux campagnes d’information via les médias électroniques, à l'utilisation de la téléphonie mobile pour envoyer des informations telles qu'elles sont faites pour lutter contre le paludisme. Si le public n'est pas mobilisé pour participer aux activités de lutte contre les maladies tropicales négligées, il serait difficile et sinon impossible pour l'intervention actuelle de n'utiliser que la distribution massive de médicament pour réussir à éradiquer les maladies tropicales négligées d’ici 2020. 69 Figure 11: Enquête CAP auprès des populations L’enquête CAP s’est tenue sur quatre lieux ( chapelle, deux centres de sante et cour du chef), pendant cinq jours grâce à trois bénévoles et l’auteure sur la photo. Source : Un des bénévoles. Tableau 9:Donnees repertoriant les connaissance générale du public sur les maladies tropicales négligées Nombre Pourcentage 291 170 63.1 36.9 337 124 73.1 26.9 Connaissez-vous la signification des MTNs ? Oui Non Avez-vous entendu parler des MTNs ? Oui Non Si oui, ou avez-vous entendu parler des MTNs? Articles scientifiques dans la presse TV/Radio/internet Conférences/ séminaires Tout ce qui précède 81 22.6 39.6 142 39 10.9 97 27 428 92.8 7.2 Les MTNs sont-ils une problématique d’une grande importance pour la sante publique? Oui Non 33 Si oui, pourquoi ? Je lis des articles dessus dans le journal 88 20 70 Je lis des articles scientifiques 119 27 Je connais des personnes qui ont souffert (ou souffrent d’un de ces maladies Je ne suis pas sur(e) Je viens d’une zone endémique 154 35 52 11.8 27 6.1 262 199 56.8 43.2 286 62.0 60 18 97 13.0 3.9 21.0 dessus Connaissez –vous ou avez-vous déjà vu une personne atteinte de MTNs? Oui Non Parmi les maladies citées plus bas, quelle est celle qui peut être considérée comme MTNs? Onchocercose/ cécité des rivières Malaria HIV/SIDA Toutes Source : Auteure Tableau 10: Données représentant les connaissances des répondants au sujet des activités spécifiques de lutte contre les MTNs MTNs Nombre de personnes Pourcentage interviewées STH (Programme 98 21.3 99 21.5 234 50.8 114 24.7 national de lutte contre la schistosomiase / STH) Schistosomiase (Programme national de lutte contre la schistosomiase / STH) Onchocercose (Programme national de lutte contre l'onchocercose) Lèpre (Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre) 71 Trachome (Programme 102 22.1 32 6.9 (Aucun 28 6.1 Rage (Aucun programme 68 14.8 101 21.9 116 25.2 78 16.9 39 8.5 300 65.1 national de santé oculaire) Ulcère de Buruli (Aucun programme de lutte) Leishmaniose programme de lutte) de lutte) Trypanosome humaine africaine (Campagne panafricaine d'éradication de la tsé-tsé et des trypanosomiases) Filariose lymphatique (Programme d'élimination de la filariose lymphatique) Dracunculose (programme d’éradication du vers de guinée) Maladies de Chagas (Aucun programme de lutte) Autres activités de lutte contre les MTN Source : Auteure Tableau 11: Connaissance des activités de lutte contre les MTN par sexe et par âge. Personnes ayant entendu parler d'activités de contrôle Sexe Masculin oui Non p-value Ratio 95% CI 155 (55) 61 (65) 0.052 1.519 0.996– 2.317 Féminin Total 127 (45) 43 (35) 282 104 72 Groupe d’âge 15–20 3 (1.1) 1 (0.7) 21-25 104 (37.0) 143 (50.9) 24 (8.5) 42 (27) 47 (53.3) 8 (14.6) >35 7 (2.5) 3 (4.4) Total 281 101 26–30 31-35 0.125 Source : Auteure Tableau 12: Différentes opinions du public sur les activités de contrôle des MTNs. Nombre de personnes Pourcentage interviewes Que pensez-vous que l'on peut faire pour réduire le fardeau de la MTNs ? Plus de recherches 81 17.6 Plaidoyer 60 13 Plus de fond 28 6.1 Tout ce qui précède 292 63.3 Oui 59 12.9 Non 397 87.1 425 92.2 Pensez-vous qu'il y ait une sensibilisation suffisante au sujet de la MTN parmi les institutions gouvernementales et les décideurs et Distributeurs de médicaments de masse? Souhaitez-vous participer aux activités liées à la lutte contre les MTNs dans votre zone ? Oui 73 36 7.8 Plaidoyer 222 51.4 Levée de fond 21 4.9 Réseautage 113 26.2 Législation 24 5.6 Autres 52 12.0 Non Si oui, Quelle activité ? Source : Auteure Figure 12: Graphe sur les connaissances des signes de chaque MTN. Source : Auteure 74 Figure 13: Graphe sur les connaissances des modes de transmissions de chaque MTN. Source : Auteure Figure 14: Graphe sur les connaissances des traitements de chaque MTN. Source : Auteure 75 Figure 15: Propositions d'amélioration des stratégies de lutte contre les MTNs Source : Auteure. Sur les 461 répondants dont 10 personnels du ministère de la santé, une proportion significative de 337 (73,1%) ont déjà entendu parler des maladies tropicales négligées, mais seulement 291 (63,1%) ont une bonne connaissance du sujet. Cependant, parmi les maladies tropicales négligées spécifiques, seul le programme de lutte contre l'onchocercose (50,8%) était de notoriété publique, alors que toutes les autres activités de contrôle des maladies tropicales négligées étaient beaucoup moins connues du grand public. 397 (87,1%) ont indiqué que le soutien du gouvernement aux activités de lutte contre les maladies tropicales négligées est médiocre et qu'ils étaient prêts à plaider en faveur du contrôle des maladies tropicales négligées. Cette enquête CAP démontre que, malgré les nombreuses activités menées par le gouvernement pour lutter contre les maladies tropicales négligées au Cameroun, le public est peu sensibilisé. Il est nécessaire de modifier les politiques pour accroître la participation du grand public aux activités de contrôle des maladies tropicales négligées pour la durabilité. Pour cela, il faudrait intégrer le volet social dans la planification des interventions et du processus de suivi-évaluation pour assurer la flexibilité et l’adaptation des projets aux réalités locales. Les perspectives en sciences sociales pourront aider à élargir les déterminants importants au control des maladies tropicales négligées, vu que l’inégalité sociale et économique continue d’être les importantes différences entre les zones endémiques et celles qui ne le sont pas. 76 Paragraphe 2 : L'attitude des patients et de leurs familles Au niveau individuel, nous comprenons que les personnes vulnérables à ces maladies doivent connaître, à travers leur univers consensuel, les principales caractéristiques des maladies afin d'apporter leurs actions de prévention dans la vie quotidienne, telles que le soin du corps, les habitudes alimentaires, les pratiques de lutte contre les vecteurs qui dépendent de l'appréhension culturelle et personnelle de ces connaissances. Le projet ENVISION promeut ces actions pendant les campagnes sans pour autant se rassurer de l’accès effectif à l’eau potable propre ni aux services et produits dérivés de sante tels que les moustiquaires imprégnées qui sont la responsabilité du programme de lutte contre le paludisme. Au niveau social, outre les plans stratégiques, la volonté de connaître la réalité de la population et de prendre des mesures efficaces dans la lutte contre les maladies négligées n’est pas démontrée. L'investissement dans le secteur de la santé pour développer des actions intersectorielles axées sur les causes des maladies est primordial. Les maladies tropicales négligées ont un impact énorme sur les individus, les familles et les communautés. L'apparence, la peur de la contagion, être un fardeau pour la famille et l'incapacité de remplir des rôles particuliers de genre ont été trouvés sont des motifs transversaux pour la stigmatisation des personnes atteintes de MTN, y compris la lèpre. La pauvreté, la misère et le mode de transmission, sont intimement liés au déterminisme social, individuel et environnemental, car ils sont considérés comme la cause principale des maladies négligées. L’intolérance sociale vis-à-vis des patients est également issue de l’idée que les personnes âgées deviennent « inutiles » à la société, « les gens ne les respectent pas parce qu’elles sont improductives ». De plus, les soins occasionnent des dépenses parfois lourdes à assurer. Les difformités physiques qui résultent des maladies tropicales, entraînent souvent une stigmatisation sociale, des problèmes de santé mentale, une perte de revenus et une augmentation des dépenses médicales pour les patients et leurs aidants. Le fardeau socioéconomique associé à l’isolement et à la pauvreté est énorme. L'élimination de ces maladies peut prévenir les souffrances inutiles et contribuer à la réduction de la pauvreté. 77 78 CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE LUTTE CONTRE LES MTN ET PERSPECTIVES Les contraintes qui empêchent les progrès réalisés face aux maladies tropicales négligées sont variées et diffèrent en nature. Les échecs politiques publiques adaptées sont des contributeurs clairs, mais il existe aussi le dilemme entre continuer à mener à bien la lutte contre les maladies avec les outils disponibles actuellement et investir dans la recherche en santé au profit des générations futures. Malgré les quelques résultats positifs que l’on peut attribuer au projet, il importe de relever les limites et les insuffisances de ce programme, et de faire quelques suggestions. Section 1: Contraintes de mise en œuvre du projet Paragraphe 1 : Soutien financier et formation du personnel. En dépit de plusieurs années de mise en œuvre réussie, d’importants problèmes subsistent et empêchent l’atteinte des objectifs de couvertures élevées en matière de traitement de masse et de mobilisation sociale des communautés. En dépit de plusieurs années de mise en œuvre réussie, d’importants problèmes subsistent et empêchent l’atteinte des objectifs de couvertures élevées en matière de traitement de masse et de mobilisation sociale des communautés. Les principales causes associées aux faibles taux de couverture sont : distribution massive de médicaments conduites au cours de mauvaises périodes de traitement ; lacunes dans le recueil, de l’analyse et de la transmission des données ; refus des individus de prendre les médicaments par crainte des effets secondaires. En plus de ces causes, certains donateurs traditionnels de longue date ont arrêté ou réduisent leur soutien financier aux programmes des maladies tropicales négligées au moment où ce soutien est toujours nécessaire. Les MTN ne bénéficient pas d’assez de fonds spécifiques pour atteindre les objectifs et les actions stratégiques qui peuvent être éliminées. Les médicaments distribues proviennent essentiellement de dons extérieurs. Dans cet aspect politique et social, il est souligné la nécessité de valoriser l'ampleur et l'effet produit par ces maladies. Les professionnels de la santé ont souligné le manque de ressources et d'incitations, reflétées dans le financement dans la lutte contre les maladies négligées. 79 Ces actions de la part des autorités politiques et techniques entraînent la perpétuation du cycle de la pauvreté car, comme ces maladies affectent principalement les pays sous-développés et les populations extrêmement pauvres, il n'y a pas de rendement financier et rentable pour les principales industries pharmaceutiques. Entre 1975 et 2004, seulement 1% des 1 535 nouveaux médicaments enregistrés étaient destinés à des maladies tropicales. Ces données suggèrent que l'investissement dans la recherche et le développement de médicaments pour les maladies négligées est insuffisant, comme en témoigne le fait que l'investissement dans le paludisme est au moins 80 fois plus faible par rapport au VIH / sida85. Les maladies négligées sont considérées comme des infections qui pourraient être évitées s'il y avait un plus grand intérêt pour la société à y remédier correctement. Ce qui est en fait perçu, c'est que peu de secteurs de la société se rendent compte de l'ampleur de ces maladies et ne fournissent pas de mesures efficaces pour lutter contre ces maladies. Dans les pays en développement, les maladies négligées ont un impact énorme sur les individus, les familles et les communautés en termes de charge de morbidité, de qualité de vie, de perte de productivité et d'aggravation de la pauvreté, en plus du coût élevé du traitement à long terme. Ils constituent donc un sérieux obstacle au développement socio-économique et à la qualité de vie à tous les niveaux. Malgré les changements dans le profil épidémiologique, qui montre que les cas de maladies infectieuses ont diminué considérablement par rapport au siècle dernier, l'incidence de ces maladies reste élevée, principalement en raison du manque d'autorités publiques et du pouvoir économique international. Plus de 23 millions de personnes courent le risque d'être infecte par une maladie tropicale négligée au Cameroun, avec la filariose lymphatique, l'onchocercose, la schistosomiase, les helminthes transmis par le sol et le trachome, le Cameroun compte plusieurs zones endémiques. Dirigé par le ministère de la Santé, le programme de lutte contre les MTN du Cameroun vise à contrôler ou à les éliminer d'ici 2020, grâce au traitement dans les communautés et les écoles. ENVISION contribue à atteindre cet objectif en soutenant le programme de lutte contre les MTN du Cameroun pour mettre en œuvre des campagnes de traitement au niveau de 181 districts. En collaboration avec le ministère de la Santé et les partenaires, ENVISION a soutenu l'extension des traitements à toutes les personnes à risque. Malgré les risques d’effets 85 Kumaresan JA, Mecaskey JW. The global elimination of blinding trachoma: progress and promise, 2003, Trop Med. Hyg., p69. 80 secondaires graves chez les personnes à risque dans les zones co-endémiques avec loaloa, Helen Keller International (HKI) porteur du programme ENVISION a contribué à la mise au point d'un système permettant de délivrer efficacement et efficacement des mesures préventives, des traitements par le médicament appelé ivermectine, pour la cécité des rivières. Ce système est actuellement utilisé pour traiter des millions de personnes en Afrique par an86. La principale difficulté de cette étude a été la participation des populations à l’enquête. Nous avons eu du mal à faire adhérer les populations aux enquêtes nonobstant les explications et la sensibilisation par les équipes de district et les équipes de recherche. Cette difficulté était accentuée par le fait qu’étant pas médecins, nous ne distribuons pas de comprimé. Lorsque l’on réalise des enquêtes dans les communautés sans le moindre médicament, cela pose des problèmes pour la participation des populations, et même des problèmes d’ordre éthique. Etre dans une communauté pour des enquêtes en même temps que l’on rencontre des enfants avec 38 voire 40° de température alors que dans la trousse on n’a aucun médicament est véritablement problématique. Les populations l’ont dit, ils ne veulent pas recevoir des équipes qui viennent uniquement pour poser des questions. Il a été confirmé des insuffisances dans le système de gestion des données : - Rapports et données souvent incomplètes ; - Manque de vérification systématique à tous les niveaux ; - Manque de retour d’information sur la qualité des données transmises à tous les niveaux ; - Archivage inadéquat des données et des rapports ; - Formation inadéquate de certains acteurs au niveau opérationnel ; - Manque d’une base de données intégrée pour toutes les maladies tropicales négligées à l’unité de coordination centrale des maladies tropicales négligées national. Paragraphe 2 : Retard dû à la gestion des médicaments et refus dus à la crainte des effets indésirables graves Depuis 2004 les médicaments (albendazole, ivermectine, et le zithromax) suivent le circuit national de la chaine d’approvisionnement pour les médicaments essentiels alors que le 86 OMS, guide pour la cartographie de la schistosomiase et l'évaluation des programmes de lutte, 2010, Organisation mondiale de la santé, Bureau régional pour l'Afrique, p10. 81 PZQ et le mébendazole pour les enfants en âge scolaire ne sont pas encore intégrés au système. Le processus d’approvisionnement en médicaments est très long et suit les étapes suivantes : les médicaments arrivent au point d’entrée du pays (port ou aéroport). Puis sont soumis aux formalités administratives et douanières avant l’enlèvement. Les médicaments (albendazole, ivermectine, et zithromax) sont transportés du point d’entrée vers les entrepôts de la centrale nationale d’approvisionnement des médicaments essentiels (CENAME) pour y être entreposés. Les médicaments de déparasitage (PZQ et mébendazole) transitent via les entrepôts du programme avant d’être transportés vers les délégations sanitaires publiques régionales. Le ministère de la santé publique prend à sa charge les frais de transport du niveau central vers le niveau régional. Albendazole, ivermectine, et zithromax sont livrés du CENAME aux centres d’approvisionnement pharmaceutiques régionaux (CAPR) agences du ministère de la santé publique responsables du système de gestion de l’approvisionnement en médicaments essentiels le PZQ et le mébendazole sont livrés depuis le programme vers les délégations sanitaires publiques régionales. Des CAPR, les responsables des districts de santé reçoivent les médicaments (albendazole, ivermectine, et zithromax en fonction de la répartition déterminée par les délégations sanitaires publiques régionales. Ils livrent alors les médicaments aux infirmiers des aires sanitaires qui les fournissent aux communautés en fonction des chiffres du recensement, pour les campagnes communautaires. Le PZQ et le mébendazole sont transférés vers les délégations régionales du MINEDUB et du MINESEC et suivent le circuit de ces structures décentralisées de ces deux ministères jusqu’aux écoles. Dans les zones où le parasite loaloa (ver de l’œil des tropiques) est présent, l’ivermectine ne peut être administré qu’en suivant des directives strictes, sinon les effets peuvent être graves et même entrainer la mort. Le pzq quant à lui, ne doit pas être pris à jeun et car il peut provoquer des nausées et des vomissements chez certains enfants, surtout s’ils n’ont pas mangé avant. L’azithromycine peut également provoquer quelques problèmes gastriques. En dehors des situations liées à la présence de loa loa, les effets secondaires sont mineurs. Les effets indésirables graves se produisent surtout chez les personnes prenant l’ivermectine pour la première fois et qui ont une forte charge parasitaire de loaloa. Pour réduire le risque d’effets indésirables graves, l’ivermectine n’est pas administré dans les districts de santé et aires sanitaires endémiques à la loase. Et ces medicaments ne sont pas disponibles en dehors des campagnes. Les médicaments (albendazole, ivermectine, et zithromax) restant à la fin des campagnes de traitement communautaire sont collectés dans les communautés et retournés aux 82 centres de santé. Les centres les dirigent vers les districts qui les livrent aux différents CAPR où ils sont reconditionnés par quantité, numéro de lot et dates de péremption puis stockés. De la même façon, les médicaments restant après les campagnes de traitement scolaires suivent le chemin d’approvisionnement inverse, des écoles jusqu’aux CAPR pour reconditionnement et stockage. Tous les médicaments périmés sont collectés aux CAPR et détruits conformément aux normes en vigueur. Par l’intermédiaire d’helen keller international et des organisations de développement non gouvernementales partenaires, ENVISION vérifie que les quantités prévues de médicaments arrivent dans chacune des régions et s’assure que les communautés ont reçu les médicaments pendant les supervisions. Ce système d’approvisionnement est lourd. Nous nous proposons d’analyser des stratégies pour traiter ces différents facteurs. Section 2 : Pour une politique de sante publique efficace en matière de lutte contre les MTN et la pauvreté au Cameroun. A la suite des déchéances, des difficultés, des échecs marqués à différentes étapes du projet, nous proposons des stratégies d’amélioration. Paragraphe 1 : Les perspectives. Nous nous sommes inspires des programmes ayant réussi dans d’autres pays, notamment en Asie87, pour proposer ces différentes perspectives: • Pour ce qui est de l’approvisionnement et la gestion des intrants et médicaments il est primordial d’assurer la disponibilité des fonds, des médicaments et toutes les autres fournitures un mois avant le moment réel de la distribution. En plus de la nécessité d'un plaidoyer accru, il faut la création des programmes d'intégration réussis pour traiter les infections multiples. Il est clair qu’il faudrait coupler les MTN avec le traitement contre le VIH, le paludisme et la tuberculose. Car ces trois grandes maladies constituent une composante importante du financement de la santé mondiale. Les MTN sont reléguées en second lieu dans le budget mondial de la santé car elles ne représentent pas une menace immédiate à la mortalité et sont ainsi éclipsées par le VIH, le paludisme et la tuberculose. 87 Savioli L, Gabrielli AF et al, Schistosomiasis control in Africa: 8 years after World Health Assembly Resolution, 2009, Parasitology p54. 83 • Afin de pallier au Refus dus à la crainte des effets indésirables graves, il faut rassurer les communautés, la communication doit se faire à l’aide de différents outils et moyens de communication. Ces outils donneront des informations sur les effets secondaires envisageables mais insiste davantage sur le fait que les cas graves sont rares et ne se produisent que sur les personnes qui prennent le traitement pour la première fois et qui ont une forte charge parasitaire de loaloa. Les personnes prenant l’ivermectine pour la première fois seront informées sur les services existant pour la prise en charge des cas s’ils se produisaient. • Ces infections ont un impact significatif sur la productivité des travailleurs, perpétuant les cycles de pauvreté qui sont endémiques aux communautés où les MTN prospèrent; • Parce que le coût du traitement des MTN peut être aussi faible que 0,50 $, le retour sur investissement est l'un des plus grands dans la santé mondiale. Par exemple, les estimations montrent que la dépense de 1 $ pour le traitement de la filariose lymphatique en Chine a généré 15 $ Taux de rendement économique 11888; • L'intégration peut avoir des avantages importants pour le traitement des MTN, en particulier lorsque les facteurs géographiques et culturels sont pris en compte lors de la conception du programme; • L'administration massive de médicaments est essentielle pour lutter contre ces maladies à court terme mais pour assurer des programmes de durabilité à long terme ils doivent être axés sur l'eau et l'assainissement, l'environnement et la lutte anti vectorielle; Une façon de dynamiser le plaidoyer pour les MTN est de considérer les MTN comme une maladie mondiale avec des perspectives qui englobent les problèmes de développement, de la santé, éducation et l'agriculture. Même quand un élève n'est pas infecté, il est obligé de rester à la maison et s'occuper de ses proches qui ont été infecté. Le ministère de la santé publique est tenu responsable de la lutte contre les MTN. Cependant, ce sont les ministères de l'agriculture et de l'éducation qui doivent assurer les progrès vers des solutions de nature essentiellement économique, tout en engageant des institutions politiques et sociales car les MTN sont le grand obstacle à l'augmentation de la production agricole et la scolarisation. Il est fort probable qu'en augmentant la productivité dans le secteur de l'agriculture, bon nombre des OMD pourraient également être mieux atteints, par exemple, réduire le taux de pauvreté, améliorer la 88 Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G., Economic evaluation of Mectizan Distribution, 2004, Trop Med Int Health. p20 84 fréquentation scolaire et l'abaissement des taux de mortalité maternelle. Sans cette intégration programmée, les MTN continueront de servir d'ici 2020. Paragraphe 2 : Le rôle du secteur des entreprises dans la lutte contre les MTN. Nous avons commenté les avantages de l'intégration MTNs avec d'autres programmes. Sur la base de la réussite d'ENVISION et de ses limites en tant que programme de contrôle, l'un des facteurs les plus importants est que la mise en œuvre doit être assurée par des partenariats public-privé efficaces. Ces efforts intégrés doivent impliqué autant les entreprises pharmaceutiques que les organismes de financement multilatéraux et bilatéraux, les ministères nationaux de la santé publique, l'éducation et l'agriculture, la société civile et les communautés concernées ; afin qu’elles-mêmes travaillent en collaboration dans un effort commun. La meilleure pratique pour la mise en œuvre des programmes de traitement des MTN est d'imiter les partenariats qui ont fait des preuves en tant que programmes avec des résultats remarquables jusqu'à présent. Il existe trois programmes soutenus par les entreprises qui ont fait une différence significative dans le contrôle et l'élimination de trois MTN: l'onchocercose, la filariose lymphatique et le trachome. - Le programme d'onchocercose lancé par Merck & Co., Inc. a été opérationnel le plus long, atteignant 68 millions de personnes en Afrique, en Amérique latine et au Yémen grâce à des programmes de traitement communautaires89. - GlaxoSmithKline et Merck & Co., Inc. se sont joints Pour éliminer la filariose lymphatique, qui a été éliminée ou contrôlée actuellement dans 16 pays90. - La Fondation Edna McConnell Clark s'est associée à l'OMS pour soutenir les études sur l'épidémiologie et le contrôle du trachome, ce qui a entraîné la SAFE (chirurgie, antibiotiques, propreté du visage et amélioration de l'environnement) Stratégie comme base pour éliminer cette maladie. Le 89 Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G., Economic evaluation of Mectizan Distribution, 2004, Trop Med Int Health. p16-25 90 Dean M., Lymphatic filariasis has been eliminated in 16 countries, monitoring indicates., 2008 BMJ, p10. 85 programme a réalisé des progrès considérables grâce au traitement de plus de 7 millions d'individus, entraînant une réduction cumulative de 50% du taux de maladies chez les enfants. - PFIZER a également soutenu l'effort de lutte contre le trachome par Fournissant plus de 200 millions de comprimés d'azithromycine91. Bien que l'on puisse affirmer que l'agenda des MTN existe à cause des dons provenant des Industrie pharmaceutique, ces sociétés ne devraient pas être les seules. Il existe diverses organisations qui ont été créées pour aider à éliminer les MTNs et il y a un soutien considérable des États-Unis. Pourtant, malgré ce soutien, le portefeuille des donateurs n'est pas diversifié. Actuellement, les programmes d'élimination des MTN reposent presque entièrement sur des dons de charité provenant des États-Unis Et des sociétés pharmaceutiques basées en Grande Bretagne, pour l'élimination complète de ces maladies, il est impératif que d'autres pays et d'autres sociétés participent également aux efforts. Cela commence lentement à se produire car les entreprises des pays émergents ont commencé à entrer dans le secteur de la recherche et du développement du médicament, en percevant le médicament contre les MTN Développement comme une opportunité d'affaires.92 91 Kumaresan JA, Mecaskey JW., The global elimination of blinding trachoma: progress and promise, 2003, Am J Trop Med Hyg., p24. 92 Frew SE, Liu VY, Singer PA, A business plan to help the 'global South' in its fight against neglected diseases, 2009, Health Aff (Millwood). p28. 86 CONCLUSION GENERALE Au terme de cette étude, nous nous rendons compte que les outils de guérison et les instruments utilises ont tendance à être inefficaces lorsqu'ils sont utilisés aveuglément dans l'ignorance du sens complexe et du contexte dans lequel vit le patient, ainsi que de son impact sur ses moyens de subsistance et son bien-être. Grâce à l'évaluation du programme MDA, nous pouvons identifier les possibilités d'amélioration de la délivrance de médicaments et des stratégies de communication pour sensibiliser aux maladies et au but de la MDA. Les populations vivant dans les zones endémiques doivent être ciblées avec des messages d'éducation sanitaire appropriés et des stratégies appropriées de délivrance de médicaments. Le contrôle des MTN influe non seulement sur la santé des populations ciblées mais aussi sur d'autres implications. Une étude montre que, après que les messages éducatifs ont été ciblés pour combler les lacunes en matière de connaissances, l’adhésion aux traitements de masse est passée de 71% en 2003 à 92,7% en 200493. Les efforts de lutte contre les MTN nécessitent une attention accrue et des financements des communautés, ainsi que les pays où ils sont endémiques, en particulier dans les marchés émergents. Les économies qui ont la capacité d'assumer une partie de la responsabilité du contrôle des programmes de lutte contre les MTN. Les programmes de lutte contre les MTN nécessitent des efforts soutenus pendant une longue période pour être efficace, ainsi que des améliorations dans l'infrastructure de l'eau et de l'assainissement. Trop souvent, les MTN ont été classés comme « autres maladies » et sont éclipsés par les efforts de lutte contre le VIH / sida, le paludisme et la tuberculose. Pourtant, compte tenu de l'impact disproportionné des MTN sur les plus pauvres, les efforts visant à créer des ressources durables et la croissance dans les pays en développement serot ralenti si les MTN ne sont pas abordés. La rentabilité des programmes de lutte contre les MTN est indéniable, en particulier dans les domaines où la coendémicité se produit. Dans presque tous les cas, de petits investissements sont capable de générer de gros rendements. Les sociétés qui deviennent plus en santé deviennent plus riches, et ceci est évident à partir des résultats de la programmation de lutte contre les MTN. La programmation de contrôle de lutte contre les MTN conduit à l’augmentation des taux de fréquentation scolaire, augmentation de la productivité des travailleurs, augmentation de la disponibilité des terres 93 King, Zielinski-Gutierrez et al., Améliorer la participation communautaire pour éliminer la filariose lymphatique, 2011, Actatropica, p70. 87 arables, les revenus accrus et les impacts évidents sur la santé. La programmation de lutte contre les MTN est vraiment « L’un des meilleurs investissements rentables dans la santé mondiale aujourd'hui» 94. Il est impératif de regarder ces maladies strictement dans un contexte de santé et inclure également le contexte économique. Malheureusement, les entretiens avec des experts clés dans le domaine de lutte contre les MTN révèlent que ces programmes ont été largement ignorés par les plus grandes communautés mondiales de santé et de politiques. Par conséquent, il faut un plus grand plaidoyer pour le contrôle des MTN, ainsi que l'éducation, pour empêcher ces maladies d'être toujours négligées. Avec un plaidoyer accru, les stratégies efficaces de lutte contre les MTN peuvent devenir des programmes modèles, d’où l'importance de s'attaquer à ces maladies et d’attirer l'attention sur l'agenda mondial de la santé. Grâce à des recherches et des entretiens avec des praticiens et des décideurs de la lutte contre les MTN, nous sommes arrivés à sept recommandations de base pour les progrès réalisés dans le contrôle et l'élimination des MTN: • L'administration de médicaments de masse (MDA) s'est révélée largement peu coûteuse et très rentable, et devrait être la stratégie de gestion des MTN à court terme, mais la mise en œuvre de programmes d'eau et d'assainissement serait la stratégie à long terme; • Programmes de contrôle intégrés qui impliquent des MTN et VIH SIDA et Paludisme devraient être encouragés dans la mesure du possible; • La communauté mondiale de la santé devrait accroître le plaidoyer et le financement des MTN pour sensibiliser davantage à la réussite des programmes des MTN et à leur rentabilité et impact sur la croissance économique du public et des décideurs ; • La lutte contre les MTN être considérée comme important pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD); • Les MTN doivent faire partie de l'agenda de développement plus vaste et passer d'un contexte exclusif de la santé à des forums socio-économiques plus larges ; • La communauté des MTN devrait être une voix unifiée pour le plaidoyer et la sensibilisation du public aux succès de la programmation des MTN ainsi qu’à leur rentabilité et impact sur la croissance économique; • Parce que les entreprises jouent un rôle énorme dans l'approvisionnement en médicaments des MTN, le modèle de partenariat public-privé devrait être Élargi pour réussir à contrôler et éliminer ces maladies. 94 Tropical Parasitology Imperial College, Interview du professeur Alan Fenwick, 2011, Tropical Parasitology Imperial College. 88 Si ces recommandations peuvent être obtenues, cela impliquera non seulement des progrès dans la réduction du fardeau des MTN, mais la réalité de l'élimination des MTN dans le monde entier. 89 BIBLIOGRAPHIE I- OUVRAGES 1. Ajaga N., Pourquoi les pauvres restent pauvres: éléments clés pour l'allègement de la pauvreté et le développement durable, 2004, DeScholar Press. 2. B. Chavane, Bilan et perspectives des privatisations en Afrique francophone : une étape de la démocratisation ? 1998, OIT. 3. Bekuone Some Der Joseph Mukassa, Le phénomène politique: théories de développement et vision africaine de l'homme, 1992, Faculté de Théologie, p120 4. Belouchi, Amina,Bernoussi, Nadia,El Maslouhi, Abderrahim,El Moumni, Nadir, Education à la citoyenneté et aux droits de l'homme: manuel pour les jeunes, UNESCO Publishing, 2016, p123. 5. Bureau Central des Recensements et des Etudes de la Population, Enquête Démographique et de Santé, et à Indicateurs Multiple, 2011, Institut National de la Statistique (INS). 6. CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc TropMed Hyg. 7. Christopher JL Murray et Alan D. 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Juliette Morawiec, « Le contrôle des maladies tropicales négligées », THESE de DOCTORAT en PHARMACIE, sous la direction du Professeur ALIOUAT El Moukhtar, Université de Lille 2, 2011, p134. Koen Peeters Grietens, “What Role Do Traditional Beliefs Play in 3. Treatment Seeking and Delay for Buruli Ulcer Disease?–Insights from a Mixed Methods Study in Cameroon”, 2012, PLOS ONE, p5. 4. Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., Neeraj Mistry, M.D., M.P.H., Joanna Rubinstein, D.D.S., Ph.D., and Jeffrey D. Sachs, Ph.D., “Integrating neglected tropical diseases into HIV/AIDS, tuberculosis, and malaria control”, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, June 2, 2011, DOI: 10.1056/NEJMp1014637. 5. Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., David H. Molyneux, Ph.D., D.Sc., Alan Fenwick, Ph.D., Jacob Kumaresan, M.B., B.S., Dr.P.H., Sonia Ehrlich Sachs, M.D., Jeffrey D. Sachs, Ph.D., and Lorenzo Savioli, M.D.., “Control of neglected tropical diseases”. 2007, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, September 6, 2007, DOI: 10.1056/NEJMra064142. Tchounwou P.-B., « Le point sur la pollution de l’eau à Mbandjock ». 6. ORSTOM/ OCEAC DOCUMENT D’ENTOMOLOGIE MEDICALE ET DE PARASITOLOGIE, N°0 3. 1992, Yaoundé. 7. III- RAPPORTS, PUBLICATIONS GOUVERNEMENTALES ET TEXTES DE LOI. 1. Alliance mondiale de l’OMS pour l’élimination du trachome cécitant d’ici à 2020, rapport de situation sur l’élimination du trachome, 2010. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 2012, 87 :161–168. 95 2. Banque Mondiale, DOING BUSINESS 2017 , 2017, World Bank Publications, The World Bank Group, Washington, DC. p8 3. Organisation mondiale de la sante, Rapport sur la sante dans le monde : Donnons sa chance à chaque mère et à chaque enfant, 2005, OMS, Genève, p3. 4. Organisation mondiale de la sante, Premier rapport de l'OMS sur les maladies tropicales négligées, 2010, OMS, Genève, p5. 5. 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III RESUME ................................................................................................................................. VI LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX ...............................................................VIII Liste des figures graphiques et images ........................................................................... viii Liste des tableaux ............................................................................................................ viii SOMMAIRE ........................................................................................................................... IX INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1 CONTEXTE DE L’ETUDE ................................................................................................... 2 I. 1. Contexte social ........................................................................................................... 2 2. II. Contexte économique ..................................................................................... 3 DELIMITATION DU SUJET ................................................................................................. 5 1. Délimitation spatiale ...................................................................................... 5 2. Sur le plan temporel ....................................................................................... 9 3. Sur le plan matériel ........................................................................................ 9 INTERET DE L’ETUDE ..................................................................................................... 10 3. 1. Sur le plan scientifique ................................................................................. 10 2. Sur le plan social .......................................................................................... 11 4. DEFINITION DES CONCEPTS ............................................................................................ 13 5. REVUE DE LA LITTERATURE........................................................................................... 15 6. PROBLEMATIQUE ........................................................................................................... 22 7. HYPOTHESES ................................................................................................................. 24 Hypothèse générale .............................................................................................. 24 Hypothèses spécifiques ........................................................................................ 24 8. OBJECTIFS ..................................................................................................................... 24 9. CADRE METHODOLOGIQUE ............................................................................................ 25 10. GRILLE D’ANALYSE ....................................................................................................... 25 11. COLLECTE DES DONNEES ............................................................................................... 25 1. Recherche documentaire .......................................................................................... 25 2. Entretien semi-directif .............................................................................................. 26 3. Enquête CAP (enquête sur les connaissances, aptitudes et pratiques) .................... 26 97 4. Echantillonnage ....................................................................................................... 26 5. Observation directe .................................................................................................. 28 6. Collecte des données ................................................................................................ 28 12. JUSTIFICATION DU PLAN ................................................................................................ 28 PREMIERE PARTIE : .......................................................................................................... 29 ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN................................................................ 29 CHAPITRE 1 : ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN ..... 30 Section 1 : Les politiques de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun .......................................................................................................................................... 30 Paragraphe 1 : Organisation sanitaire du Cameroun .................................................... 31 Paragraphe 2 : Partenaires du programme Maladies Tropicales Négligées ................. 32 Section 2 : Aperçu des maladies tropicales négligées au Cameroun .............................. 39 Paragraphe 1 : Représentation cartographique des MTNs au Cameroun ..................... 40 Paragraphe 2 : Objectifs et activités du programme ENVISION pour les différentes MTN au Cameroun ....................................................................................................... 43 Filariose Lymphatique ...................................................................................... 43 Onchocercose ................................................................................................... 44 Schistosomiase ................................................................................................. 45 Géo-helminthes ................................................................................................ 46 Trachome .......................................................................................................... 47 CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN ....................................................................................................................... 52 Section 1 : Présentation du projet ENVISION ............................................................. 52 Paragraphe 1 : Contexte et Approches du Projet ENVISION au Cameroun ............... 52 Paragraphe 2 : Cadre opérationnel du projet ENVISION ............................................ 53 Section 2 : Le rôle de HKI dans la lutte contre les MTN et la pauvreté ...................... 54 Paragraphe 1 : La coopération entre HKI et les différents acteurs stratégiques sur le terrain ........................................................................................................................... 54 Paragraphe 2 : L'autopsie d'une ONG engagée dans la lutte contre les MTN et la pauvreté ........................................................................................................................ 58 DEUXIEME PARTIE: .......................................................................................................... 61 98 LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE PUBLIQUE DE LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN 61 CHAPITRE 3 : PORTEE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES ............................................................................................... 62 Section 1 : Évaluation de l'impact ................................................................................ 62 Paragraphe 1 : Progrès du projet et appropriation locale ............................................. 62 Paragraphe 2 : L'expérience sociale dans les centres de santé ..................................... 65 Section 2 : Représentations des populations cibles ...................................................... 69 Paragraphe 1 : L’inadéquation du plan d’action du projet ENVISION par rapport aux objectifs fixes. .............................................................................................................. 69 Paragraphe 2 : L'attitude des patients et de leurs familles............................................ 77 CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE LUTTE CONTRE LES MTN ET PERSPECTIVES .......................................................................... 79 Section 1: Contraintes de mise en œuvre du projet ...................................................... 79 Paragraphe 1 : Soutien financier et formation du personnel. ....................................... 79 Paragraphe 2 : Retard dû à la gestion des médicaments et refus dus à la crainte des effets indésirables graves ....................................................................................................... 81 Section 2 : Pour une politique de sante publique efficace en matière de lutte contre les MTN et la pauvreté au Cameroun. ............................................................................... 83 Paragraphe 1 : Les perspectives. .................................................................................. 83 Paragraphe 2 : Le rôle du secteur des entreprises dans la lutte contre les MTN. ........ 85 CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 87 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 90 TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 97 99