Uploaded by Marie Gabrielle Dima

MEMOIRE MG final

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DÉDICACE
Je dédie ce travail
A mes parents: je ne saurai oublier votre aide et coaching. Enfin terminé!
i
REMERCIEMENTS
Je suis particulièrement reconnaissante :
-
au Pr. Claude-Ernest KIAMBA qui, par ses multiples conseils, son travail de
relecture attentive et de correction, m’a permis d’améliorer en profondeur ce travail.
-
A l’ensemble du staff enseignant de l’Université Catholique d’Afrique Centrale,
-
A mes frères, collègues, camarades et amis m’ont aidé à des degrés divers et dont les
efforts ont été appréciables dans les domaines de la saisie, du montage, de la relecture,
du conseil et de l’encouragement. Qu’ils trouvent ici tous mes sincères
remerciements.
ii
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
ALB
Albendazole
APOC Programme africain pour le contrôle de l'onchocercose
AZT
Azithromycine
CBS
Calibrated Blood Spot
CBTI Traitement communautaire de la avec IVM
CCU Unité centrale de coordination
CDC United States Centers for Disease Control and Prevention
CDD
Distributeur communautaire de médicaments
CDTI Traitement avec Ivermectine
CENAME Centre national pour l'approvisionnement en médicaments essentiels
CMR Cameroun
DHIS2 District Health Information System-2
DQA Évaluation de la qualité des données
DREB Direction régionale de l'enseignement de base
DRES Direction régionale de l'enseignement secondaire
DRSP Délégation régionale de santé publique
DS
District de santé
DSA Évaluations spécifiques à la maladie
EPIRF Formulaire de déclaration de données épidémiologiques
FRPS Fonds régional pour la promotion de la santé
FTS
HCR
Bandes de test Filarial
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
HKI
Helen Keller International
HQ
Quartier général
IEC
Information, éducation et communication
IEF
International Eye Foundation
IVM
Ivermectine
JRF
Formulaire de rapport conjoint
JRSM Demande conjointe de médicaments
LCIF Lions Club International Foundation
LF
Filariose lymphatique
iii
LLIN Nettoyeur imprégné d'insecticide à longue durée de vie
LOE
Niveau d'effort
MDA Mass Drug Administration
SEM Mebendazole
MF Microfilarémie
MINCOM Ministère de la Communication
MINEDUB Ministère de l'enseignement primaire
MINESEC Ministère de l'enseignement secondaire
MINSANTE Ministère de la Santé publique (également MOH)
MMDP Projet de gestion de la morbidité et de prévention des incapacités
MINSANTE Ministère de la Santé publique Ministère de la Santé publique
NGDO Organisation de développement non gouvernemental
MTN Maladie tropicale négligée
OMS Organisation mondiale de la santé
OV
Onchocercose
PC
Chimiothérapie préventive
PNLCé Programme national de prévention de la cécité
NOCP Programme national pour le contrôle de l'onchocercose
PNLSH Programme national de lutte contre la schistosomiase et l'helminthiases
intestinales
PZQ
Praziquantel
SAC
Enfants de l'âge scolaire
SAE
événement secondaire grave
SAFE
Chirurgie
-
Antibiotiques
-
Nettoyage
du
visage
-
Améliorations
environnementales
SCH Schistosomiase
SMART spécifique, mesurable, réalisable, réaliste et limité dans le temps
STH
Helminthes transmises par le sol
S & E Suivi et évaluation
TIC Test immunochromatographique
TAF Facilité d'assistance technique
TAS
Enquête d’évaluation de Transmission
TEO Tetracycline de l'oeil
iv
TF
Inflammation-Folliculaire du Trachome
TIPAC Outil pour la planification intégrée et l'établissement des coûts
TIS
Evaluations des impacts du Trachoma
TSS
Enquête de Surveillance du Trachoma
TT
Trichiases trachomateuses
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'enfance
UNDP
Agence des États-Unis pour le développement international
v
RESUME
Les maladies tropicales négligées (MTN) sont à la fois des facteurs moteurs et des
manifestations de pauvreté et d'inégalités sociales. Des efforts de plaidoyer accrus depuis le milieu
des années 2000 ont conduit à de nouveaux objectifs de lutte et d'élimination ambitieux fixés pour
2020 par l'Organisation mondiale de la santé. Bien que ces aspirations représentent un élan politique
important, il existe des défis multiples dans le contrôle des maladies infectieuses dans des contextes
locaux pauvres en ressources qui doivent être reconnus, compris et engagés.
Au Cameroun, les MTNs pour lesquelles les données épidémiologiques sont disponibles sont:
l’onchocercose, la schistosomiase, les Géohelmintiases, la filariose lymphatique, le trachome, la
trypanosomiase humaine africaine, l’ulcère de Buruli, et la lèpre 1. La nécessité d'engager le public
dans les activités de lutte contre les maladies tropicales négligées est devenue impérative dans le
contexte de la réduction de la morbidité par la chimiothérapie préventive et la participation
communautaire. Les MTN affectent environ 2,7 milliards de personnes et tuent plus d'un demimillion de personnes chaque année2. Ces 2,7 milliards sont les plus pauvres, les plus défavorisés et
la plupart des personnes marginalisées d'Afrique où La pauvreté est élevée3.
L'impact de l'égalité entre les sexes sur la vulnérabilité des femmes au handicap et à la
vulnérabilité. Par conséquent, un sondage a été mené auprès du grand public afin d'évaluer leurs
connaissances des activités de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun. Un
questionnaire simple a été remis au grand public dans le district et l’aire de santé de Mbandjock,
sélectionné en fonction de la prévalence révélée et ainsi qu’au ministère de la Santé Publique. Cette
étude a pour objectifs de : Evaluer la connaissance des populations sur les MTNs ; Evaluer
l’efficacité des stratégies et des outils d’Information/éducation sur la maladie ; Evaluer l’impact sur
la réduction de la pauvreté dans les zones bénéficiaires.
Mots clés
Politique Publique - Maladies Tropical Négligée - Pauvreté
1
Ministère De La Sante, Plan Directeur De Lutte Contre Les
Maladies Tropicales Négligées Au Cameroun 2012-2016, 2012, Ministère De La Sante, P23.
2
Hotez Pj Et Al., Rescuing The “Bottom Billion” Through Neglected Tropical Disease Control. 2009, The Lancet,
P57.
3
Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., David H. Molyneux, Ph.D., D.Sc., Alan Fenwick, Ph.D., Jacob Kumaresan, M.B.,
B.S., Dr.P.H., Sonia Ehrlich Sachs, M.D., Jeffrey D. Sachs, Ph.D., And Lorenzo Savioli, M.D.., “Control Of
Neglected Tropical Diseases”. 2007, New England Journal Of Medicine, September 6, 2007, Doi:
10.1056/Nejmra064142.
vi
ABSTRACT
Neglected tropical diseases (NTDs) are both driving forces and manifestations of poverty
and social inequality. Increased advocacy efforts since the mid-2000s have led to new ambitious
goals and targets set for 2020 by the World Health Organization. Although these aspirations
represent an important political impetus, there are multiple challenges in controlling infectious
diseases in resource-poor local contexts that need to be recognized, understood and committed.
In Cameroon, the MTNs for which epidemiological data are available are: onchocerciasis,
schistosomiasis,
geohelmintiases,
lymphatic
filariasis,
trachoma,
African
human
trypanosomiasis, Buruli ulcer, and leprosy4. The need to engage the public in the control of
neglected tropical diseases has become imperative in the context of reducing morbidity through
preventive chemotherapy and community participation. NTDs affect about 2.7 billion people
and kill more than half a million people each year5. These 2.7 billion are the poorest, most
disadvantaged and most marginalized people in Africa where poverty is high6.
The Impact of Gender Equality on Women's Vulnerability to Disability and Vulnerability.
As a result, a survey was conducted among the general public to assess their knowledge of the
activities to control neglected tropical diseases in Cameroon. A simple questionnaire was
distributed to the general public in the district and the health area of Mbandjock, selected
according to the prevalence revealed and also to the Ministry of Public Health. The objectives
of this study are: To evaluate the knowledge of populations on NTDs; Evaluate the effectiveness
of disease information / education strategies and tools; Evaluate the impact on poverty reduction
in beneficiary areas.
Keywords
Public Policy - Neglected tropical diseases - Poverty
4
Ministry of Health, plan directeur de lutte contre les
maladies tropicales négligées au Cameroun 2012-2016, 2012, Ministry of Health, p23.
5
Hotez PJ et al., Rescuing the “bottom billion” through neglected tropical disease control. 2009, THE LANCET,
p57.
6
Hotez et al., Control of neglected tropical diseases. 2007, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, p268.
vii
LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX
Liste des figures graphiques et images
Figure 1: Représentation cartographique des Maladies Tropicales Négligées au Cameroun
(zone de Mbandjock dans la region du centre, en bordeaux représentant le niveau élevé de
prévalence). ................................................................................................................................ 8
Figure 2:Voie de recherche de traitement pour les MTN......................................................... 17
Figure 3: STRUCTURE DE LA LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN ............. 32
Figure 4: Endémicité des maladies tropicales négligées au Cameroun ................................... 40
Figure 5: Couverture géographique du projet ENVISION au Cameroun ................................ 42
Figure 6: Progrès vers l'élimination des MTNs au Cameroun ................................................. 64
Figure 7: Campagne de sensibilisation sur la lutte contre les MTNs à MBANDJOCK .......... 67
Figure 8: identification et enregistrement des participants aux campagnes ............................. 68
Figure 9: : photo illustrant une séance de prélèvement ............................................................ 68
Figure 10: photo illustrant un test (test de filariose) positif au bout de 10 minutes ................. 69
Figure 11: Enquête CAP auprès des populations ..................................................................... 70
Figure 12: Graphe sur les connaissances des signes de chaque MTN. .................................... 74
Figure 13: Graphe sur les connaissances des modes de transmissions de chaque MTN. ........ 75
Figure 14: Graphe sur les connaissances des traitements de chaque MTN. ............................ 75
Figure 15: Propositions d'amélioration des stratégies de lutte contre les MTNs ..................... 76
Liste des tableaux
Tableau 1 : Villes de la région du centre nécessitant une enquête d’évaluation de
Transmission ENVISON en 2017 .............................................................................................. 6
Tableau 2: Caractéristiques démographiques des répondants .................................................. 27
Tableau 3: Perspective ............................................................................................................. 35
Tableau 4 : l’international eye foundation ............................................................................... 36
Tableau 5 : Sightsavers ............................................................................................................ 36
Tableau 6 : OMS ...................................................................................................................... 37
Tableau 7 : helen keller international ....................................................................................... 38
Tableau 8:Aperçu du statut escompté du programme des maladies tropicales négligées au
Cameroun au 30 septembre 2015 ............................................................................................. 49
Tableau 9:Donnees repertoriant les connaissance générale du public sur les maladies
tropicales négligées .................................................................................................................. 70
Tableau 10: Données représentant les connaissances des répondants au sujet des activités
spécifiques de lutte contre les MTNs ....................................................................................... 71
Tableau 11: Connaissance des activités de lutte contre les MTN par sexe et par âge. ............ 72
Tableau 12: Différentes opinions du public sur les activités de contrôle des MTNs. .............. 73
viii
SOMMAIRE
DÉDICACE ................................................................................................................................. I
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. II
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES ................................................ III
RESUME .................................................................................................................................. VI
LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX .................................................................. VIII
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : ............................................................................................................. 29
ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE CONTRE LES MALADIES
TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN .................................................................... 29
CHAPITRE 1 : ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE
LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN ..... 30
CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE CONTRE LES MTNS AU
CAMEROUN ....................................................................................................................... 52
DEUXIEME PARTIE: ............................................................................................................. 61
LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE PUBLIQUE DE
LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN........ 61
CHAPITRE
3
:
PORTEE
SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE
DES
MALADIES
TROPICALES NEGLIGEES ............................................................................................... 62
CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE LUTTE
CONTRE LES MTN ET PERSPECTIVES .......................................................................... 79
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 87
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 90
TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 97
ix
INTRODUCTION GENERALE
Les objectifs du millénaire ont fait passer la santé d’une préoccupation principalement
technique à une préoccupation de plus en plus proche d’un « impératif moral et politique »7.
Depuis la publication du rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé en 2010 sur le thème
«Travailler pour surmonter L'impact global des maladies tropicales négligées ", la lutte contre
ces maladies a connu beaucoup de progrès, aboutissant à une conférence le 30 janvier 2012 à
Londres avec la participation des pays en développement touchés par les Maladies Tropicales
Négligées (MTN), des pays développés, des grandes firmes pharmaceutiques et autres acteurs
sociaux comme Bill Gates. Lors de cette conférence, il a été annoncé de nouveaux dons de
médicaments et une recherche financée, ainsi que l’approbation de la Déclaration de Londres
sur les maladies tropicales négligées. Ces maladies sont causées par plusieurs facteurs, dont le
plus prédominant est la pauvreté8. En Afrique subsaharienne comme dans d'autres pays où ces
maladies sont présentes, les patients sont les plus pauvres, les plus stigmatisés et les plus
marginalisés et ceux qui sont le moins en mesure de demander des services. Il s'agit souvent de
femmes, enfants, minorités ethniques, personnes déplacées ainsi que les personnes vivant dans
des zones d’accès limités aux services de santé
Les effets économiques de la lutte contre la maladie sont connus depuis le début du
vingtième siècle. Les incidences socio-économiques des MTN et l'impact dévastateur qu'elles
ont sur la santé des ménages infectés entraînent le plus souvent une invalidité physique
débilitante, y compris la neuropathie périphérique, la maladie cardiaque de Chagas, les lésions
cutanées et les ulcères de la filariose lymphatique, l'ulcère de Buruli, les troubles de vision du
trachome, l'onchocercose et les troubles cognitifs de la schistosomiase9. L'impact des MTN sur
la productivité agricole, l'éducation et le développement dans les communautés touchées est
vaste. Dr. Margaret Chan dans son introduction au premier rapport de l'OMS sur les MTN
résume succinctement :
7
Organisation mondiale de la sante, Rapport sur la sante dans le monde : Donnons sa chance à chaque mère et à
chaque enfant, 2005, OMS, Genève, p3.
8
Organisation mondiale de la sante, Premier rapport de l'OMS sur les maladies tropicales négligées, 2010, OMS,
Genève, p5.
9
Peter J. Hotez, M.D., Ph.D., Neeraj Mistry, M.D., M.P.H., Joanna Rubinstein, D.D.S., Ph.D., and Jeffrey D.
Sachs, Ph.D., “Integrating neglected tropical diseases into HIV/AIDS, tuberculosis, and malaria control”, NEW
ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, June 2, 2011, DOI: 10.1056/NEJMp1014637.
1
Les conséquences sont coûteuses pour les sociétés et pour les soins de
santé. Ces coûts comprennent les soins intensifs pour la fièvre hémorragique
et la rage clinique, la chirurgie et hospitalisation prolongée pour la maladie
de Chagas et l'ulcère de Buruli, et la réadaptation pour la lèpre et la filariose
lymphatique. Pour certaines maladies, comme la maladie du sommeil, les
traitements sont lourds à administrer et toxiques. Pour les autres, surtout les
maladies qui causent la cécité, le dommage est permanent. Le développement
de la rage peut être évité grâce à une vaccination en temps opportun après
l'exposition, mais l'accès à des produits biologiques vitaux est coûteux et n'est
pas toujours abordable dans les zones rurales asiatiques et africaines. Pour
la plupart de ces maladies, la stigmatisation et l'exclusion sociale aggrave la
misère, en particulier pour les femmes10.
I.
Contexte de l’étude
L’analyse des stratégies de lutte contre les MTN, telle qu’elle est en train d’être menée
dans le contexte camerounais, nécessite qu’on étudie son environnement sous un double angle :
social et économique.
1. Contexte social
Dans les années 70, la santé et le développement ont suscité un intérêt accru, du fait de
l’attention portée aux stratégies de développement fondées sur l’équité, puis en raison des
inquiétudes provoquées par les effets du ralentissement de la croissance économique, dans les
années 80, sur la santé des enfants, notamment en Afrique. Toute la période a été marquée par
un renforcement de l’opinion selon laquelle les dépenses de santé constituaient, comme celles
de l’éducation, des investissements dans le capital humain.
Le rapport entre la santé et développement joue dans les deux sens. Le développement
économique conduit à une amélioration de l’état sanitaire, lequel contribue à l’essor de
l’économie. Cependant, les avocats d’une politique de santé soulignent souvent que l’on ne peut
pas compter sur le seul développement pour réduire la morbidité et la mortalité et qu’il faut
également des politiques spéciales de nutrition, de prestations sanitaires et d’assainissement du
milieu. Ils citent parfois des exemples d'atteintes à la santé provoquées par le développement
ou soutiennent que la mise en œuvre de programmes sanitaires appropriés peut répondre ellemême aux nécessités du moment, dans l’éventualité même d’une relative stagnation
économique générale. Les adversaires de cette thèse soulignent le rapport qui existe entre l’état
sanitaire et le niveau des revenus et observent que des mesures de santé spécifiques voient leurs
10
Organisation mondiale de la sante, Premier rapport de l'OMS sur les maladies tropicales négligées, 2010, OMS,
Genève, p3.
2
effets bénéfiques fortement réduits quand les milieux
socio-économiques et physiques
environnants restent néfastes à la santé. Par ailleurs, le contexte sanitaire est marqué par une
vitesse de circulation accrue des maladies d’un pays à un autre, d’une région à une autre et d’un
continent à un autre du fait de l’ouverture des frontières et du développement des moyens de
transports. Dans un tel contexte, les Etats ont été contraints d’internaliser la dynamique selon
laquelle, la menace en matière de santé est globale et que la réponse également doit être globale.
2. Contexte économique
Depuis les années 1980, la crise économique est manifeste avec ses conséquences : baisse
du taux de croissance annuelle du PIB, régression forte et auto-entretenue du volume des
exportations, augmentation de la dette publique extérieure, passage du classement des Etats à
revenu moyen aux Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), augmentation du nombre des PPTE .
Cette piètre performance économique a un impact négatif sur la santé des populations dans la
mesure où l’Etat défaillant est incapable de mettre sur pied des politiques publiques de santé
efficaces et performantes. Tout ceci conduit à la perpétuation de la pauvreté, à l'augmentation
du taux de chômage et à l'inadéquation entre le diplôme et le marché du travail, ainsi que des
taux élevés d'analphabétisme, des pénuries de logements, des ressources en eau et la
dégradation de l'environnement. On constate donc que la pauvreté, l'urbanisation non
réglementée et l'assainissement inadéquat sont des facteurs socio-économiques importants qui
ont un grand effet sur la dynamique de transmission des maladies tropicales négligées.
Sur la base des classifications de la Banque mondiale11, le Cameroun est un pays à revenu
inferieur moyen. Il existe des lacunes importantes dans les niveaux de revenu et de vie entre
différentes parties du pays et entre différents segments de la société. La morbidité causée par
les maladies tropicales négligées, contribue à un cercle vicieux d'infection, de pauvreté, de
productivité réduite et de développement socioéconomique inadéquat.
Le chômage et le manque de possibilités d'emploi au Cameroun sont des facteurs
importants qui conduisent à des mouvements de population, habituellement vers des villes
industrielles ou des zones agricoles récupérées, ce qui est le cas de la ville de Mbandjock12 ou
11
Banque Mondiale, DOING BUSINESS 2017 ,2017, World Bank Publications, The World Bank Group,
Washington, DC. P. 8
12
Tchounwou P.-B., 1992, « Le point sur la pollution de l’eau à Mbandjock ». ORSTOM/ OCEAC DOCUMENT
D’ENTOMOLOGIE MEDICALE ET DE PARASITOLOGIE, N°0 3. , Yaoundé.
3
nous dénotons des migrations saisonnières pour travailler comme ouvrier pendant les périodes
de plantation et de récolte. Cela conduit à l'exposition des populations migrantes à de nouveaux
risques et à l'environnement et à l'introduction de parasites via des migrants infectés dans les
nouveaux systèmes. La forte croissance de la population conduit à la création de plusieurs
quartiers de bidonvilles non réglementés. Ces zones constituent un problème national, ne sont
pas planifiées, illégalement construites et sous-desservies. Ils ont tendance à être les moins bien
servis en termes d'infrastructure et de services publics et souffrent de la pauvreté, du chômage,
des logements pauvres et de l'assainissement, du manque d'eau potable, de l'accessibilité
médiocre et de la surpopulation. Cette urbanisation rapide et imprévue entraîne souvent une
forte prévalence des parasites intestinaux, en particulier chez les enfants13. Outre les souffrances
physiques et psychologiques causées aux patients, la maladie influe également sur l'individu, le
ménage, la communauté et la société dans son ensemble un fardeau économique énorme. Pour
beaucoup de malades, c’est une perte de productivité, l'absentéisme scolaire et les coûts élevés
du séjour médical à long terme. Ce qui aggrave encore le cycle de pauvreté et de mauvaise santé
pour les populations défavorisées.
Le concept du fardeau de la maladie a été publié pour la première fois par Murray et
Lopez 14 a été utilisé pour quantifier le fardeau de la mortalité et de l'invalidité prématurée pour
les maladies majeures ou les groupes de maladies. Le fardeau de la MTN s'exprime par le biais
du nombre d’années de vie en bonne santé perdues à cause d'un handicap ou de la mort
prématurée. Les MTN représentent la quatrième plus grande cause de morbidité avec 46 à 57
millions d’années de vie en bonne santé perdues. Les MTN en Afrique subsaharienne
représentent environ 21,2 millions de personnes. Hotez15 a déterminé que les MTN en Afrique
subsaharienne atteignent la moitié de la charge de morbidité causée par le paludisme et deux
fois la charge de morbidité causée par la tuberculose, ce qui laisse supposer que les MTN
représentent un formidable défi pour la santé publique en Afrique.
Le fardeau de la filariose lymphatique est susceptible d'être sous-estimé en raison de la
stigmatisation. Lorsqu'un individu est atteint, il évite la vie publique et peut abandonner le
13
Ebit E. Kwenti, Franklin A. Nkume, Ajime T. Tanjeko, and Tayong D. B. Kwenti, “The Effect of Intestinal
Parasitic Infection on the Clinical Outcome of Malaria in Coinfected Children in Cameroon”, PLOS NEGL TROP,
Publie en ligne le 29 Avril 2016,. doi: 10.1371/journal.pntd.0004673
14
Christopher J. L. Murray and Alan D. Lopez, The Global Burden of Disease: a Comprehensive Assessment of
Mortality and Disability from Diseases, Injuries, and Risk Factors in 1990 and Projected to 2020: Summary
(Global burden of disease and injury series), 1996, Harvard School of Public Health, p35.
15
Hotez PJ et al., Rescuing the “bottom billion” through neglected tropical disease control. 2009, THE LANCET,
p76.
4
travail. Une étude de Gyapong et al.16, dans le nord du Ghana, démontre que la durée moyenne
d'incapacité totale est environ de 3 jours. Cela affecte négativement le revenu familial surtout
pendant la saison des pluies, lorsque ces agriculteurs doivent être dans leurs champs pour
cultiver leurs terres.
Les populations marginalisées sont les plus touchées et déjà appauvries, et les impacts
des MTN sont susceptibles d'être catastrophiques. On estime qu'avec des affections chroniques,
un individu peut perdre jusqu'à 5 jours de travail. Les malades du ver de Guinée sont incapables
de travailler pendant environ un mois, ce qui peut conduire à la malnutrition parmi les enfants
de ces ménages. Pour cette raison, au Mali, la maladie est appelée «la maladie du grenier vide».
Les enfants manquent l'école quand ils ont le ver de Guinée ou quand ils remplacent les
membres malades de leurs ménages. Une étude au Ghana indique que les soignants et les
patients adultes ont perdu un total de 535 jours productifs à la recherche de soins de l'ulcère de
Buruli et les enfants scolarisés perdent 365 jours à la maladie et confirment que son traitement
pose un fardeau économique significatif de 45% sur les ménages. En 2008, la maladie
représentait 25% des revenus annuels des ménages en coûts d'hospitalisation au Cameroun, ce
qui est un réel fardeau pour un ménage17.
II.
Délimitation du sujet
La délimitation de notre sujet est faite sous un triple plan : spatial, temporel et matériel.
Le but de cet exercice étant de mieux comprendre les logiques qui ont guidé les différents choix
en la matière.
1. Délimitation spatiale
Notre étude qui porte sur l’analyse des strategies de luttes contre les MTN se fera dans le
district et aire de santé de Mbandjock, dans la communauté du Plateau et ainsi qu’au ministère
de la Santé Publique. Ce choix se justifie par le fait que Mbandjock qui a une population de
21076 habitants selon le CDTI de 201118, est l’une des villes les plus poluées par les MTN au
16
17
Gyapong, John, Neglected Tropical Diseases - Sub-Saharan Africa, 2016, SPRINGER p168.
Hannah Brown Amoakoh et Moses Aikins, Household cost of out-patient treatment of Buruli ulcer in Ghana:
A case study of Obom in Ga South Municipality, 2013, BMC Health Services Research, p68.
18
Bureau Central des Recensements et des Etudes de la Population, Enquête Démographique et de Santé, et à
Indicateurs Multiple, 2011, Institut National de la Statistique (INS), p3.
5
Cameroun19 et le projet ENVISION y a prévu une enquête d’évaluation de transmission en
2017. L’étude menée au MINSANTE nous permettra alors d’apprécier l’apport réel des
programmes et projets mis en œuvre dans ce domaine et d’analyser ainsi l’impact de ces projets
sur la lutte contre la pauvreté au Cameroun. Aussi, cela nous permettra de vérifier la persistance
de certains goulots d’étranglement, les logiques des acteurs impliqués dans ce chantier, et l’effet
des politiques publiques de santé sur les personnes atteintes des maladies négligées.
Tableau 1 : Villes de la région du centre nécessitant une
d’évaluation de Transmission ENVISON en 2017
#
19
Region
Health district
enquête
Pre-TAS in
TAS-1 in
TIS in
FY17
FY17
FY17
10 Centre
Akonolinga
11 Centre
Awae
12 Centre
Ayos
13 Centre
Bafia
14 Centre
Biyemassi
15 Centre
Cite-Verte
16 Centre
Djoungolo
17 Centre
Ebebda
18 Centre
Efoulan
19 Centre
Elig-Nfomo
20 Centre
Eseka
21 Centre
Esse
X
22 Centre
Evodoula
X
23 Centre
Mbalmayo
24 Centre
Mbandjock
25 Centre
Mbankomo
26 Centre
Mfou
27 Centre
Monatele
X
X
X
X
Tchounwou P.-B., 1992, « Le point sur la pollution de l’eau à Mbandjock ». ORSTOM/ OCEAC DOCUMENT
D’ENTOMOLOGIE MEDICALE ET DE PARASITOLOGIE, N°0 3. , Yaoundé.
6
#
Region
Health district
Pre-TAS in
TAS-1 in
TIS in
FY17
FY17
FY17
X
28 Centre
Nanga-Eboko
29 Centre
Ndiki
30 Centre
Ngog-Mapoubi
31 Centre
Ngoumou
32 Centre
Nkolbisson
33 Centre
Nkolndongo
34 Centre
Ntui
X
35 Centre
Obala
X
36 Centre
Okola
37 Centre
Sa’A
38 Centre
Soa
39 Centre
Yoko
X
X
X
X
Source : Hellen Keler
7
Figure 1: Représentation cartographique des Maladies Tropicales Négligées au
Cameroun (zone de Mbandjock dans la region du centre, en bordeaux représentant le
niveau élevé de prévalence).
MBANDJOCKM
Source : Helen Keller International
8
2. Sur le plan temporel
Notre étude s’intéresse à la période allant de 2011 à 2016. Le choix de l’année 2011 se
justifie par le fait qu’elle marque le début de la mise en œuvre du projet ENVISION qui vise le
contrôle et l’élimination de sept maladies tropicales négligées au Cameroun. L’année 2016 se
justifie par le fait qu’elle intervient cinq (05) ans après sa mise en œuvre. Cette durée nous
semble suffisante pour évaluer l’impact du projet ENVISION sur l’amélioration de la santé des
populations des zones concernées par les MTN. Cela nous permet ainsi d’apprécier l’apport du
projet sur l’amélioration de la qualité des services de santé et d’apprécier concomitamment les
résultats de ladite évaluation.
3. Sur le plan matériel
Il faut relever que :
La recherche sur les politiques de santé est une discipline qui a pour
objet de comprendre et d’améliorer la manière dont les sociétés s’organisent
pour atteindre des objectifs sanitaires collectifs et celle dont les différents
acteurs entre en interaction dans les processus stratégiques et opérationnels
déployés à l’appui des résultats cibles. Pluridisciplinaire par nature, elle
emprunte à l’économie, à la sociologie, à l’anthropologie, à la science
politique, à la santé publique et l’épidémiologie, ce qui permet de dresser un
tableau complet de la façon dont les systèmes de santé s’adaptent aux
politiques de santé et de la manière dont celles-ci façonnent les systèmes de
santé et les déterminants plus larges de la santé et sont, également, structurés
par eux. 20
Dans le cadre de ce travail de recherche, nous mobilisons trois disciplines : le droit, la
science politique et la sociologie.
Le droit est l'ensemble des règles et des normes générales qui régissent les rapports entre
les individus et définissent leurs droits et prérogatives ainsi que ce qui est obligatoire, autorisé
ou interdit. Le droit est susceptible de voir son exécution appliquée de manière contraignante
par l'intervention de la puissance publique, c'est-à-dire de l'État21. L’utilisation du droit dans
notre étude part du fait que la mise en œuvre du projet ENVISION au Cameroun s’est faite dans
un cadre réglementaire bien précis. Plusieurs dispositions légales et réglementaires ont été à
l’origine dudit programme. L’analyse desdites dispositions à travers leur mise en œuvre va nous
permettre de mieux appréhender les logiques qui ont guidé cette réforme.
20
Lucy Gilson, Health Policy and Systems Research, 2012, OMS, p16.
21
Nas E. Boutammina , Le Livre bleu - I - Du discours social: La population est du bétail, 2014, Books on Demand,
p240.
9
La science politique22 est la connaissance descriptive, explicative et prospective des
phénomènes concernant l'État et les sociétés de même ordre qui le précèdent, le remplacent,
l'accompagnent ou le dépassent. Elle nous permet de comprendre les comportements des acteurs
impliqués directement ou indirectement dans ledit programme et les modes de régulation des
groupes dans un environnement institutionnalisé de pouvoir. Elles vont nous permettre de
comprendre également les problèmes inhérents à toute organisation, à savoir la structuration, la
résolution des conflits, l’attribution de pouvoir, les jeux de pouvoir. Plus généralement, elles
vont servir à la compréhension des stratégies organisationnelles, tant du point de vue individuel
que collectif.
La sociologie des organisations23 est une branche de la sociologie qui étudie comment les
membres d'une organisation (les acteurs) construisent et coordonnent des activités collectives
organisées. Elle intervient dans cette recherche pour nous faire comprendre le positionnement
de chaque acteur dans une meilleure gestion des MTN en vue d’une lutte efficace contre la
pauvreté en milieu rural.
3. Intérêt de l’étude
La recherche à nos jours, sur les maladies tropicales négligées est surtout biomédicale et
exclut en grande partie les sciences sociales. Le but de ce mémoire est de fournir une base de
référence pour discuter de la mesure dans laquelle les sciences sociales devraient être une plusvalue pour les projets de lutte contre les MTN. L’étude sur les MTN au Cameroun revêt un
intérêt capital tant au plan scientifique, social que de la santé.
1.
Sur le plan scientifique
Bien qu’ayant fait l’objet de nombreux travaux à travers le monde, Il existe peu
d’ouvrages sur les MTN en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Cette étude
pourrait contribuer à alimenter la base de données de recherches dans le domaine des politiques
de luttes contre les maladies tropicales négligées adaptées au contexte camerounais. Les MTN
affectent les individus vivant dans des régions à l’économie de faible à moyen-faible revenu24.
22
Bekuone Some Der Joseph Mukassa, Le phénomène politique: théories de développement et vision africaine de
l'homme, 1992, Faculté de Théologie, p120
23
Sandra Charreire Petit, Isabelle Huault, Les grands auteurs en management, 2009, EMS, p470
24
Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées:
10
Les populations des zones concernées vivent dans des conditions sanitaires médiocres, où l'eau
potable et la nourriture ne sont pas disponibles et où les insectes vecteurs sont abondants. Ces
femmes, enfants et personnes isolées géographiquement des soins de santé sont
particulièrement vulnérables25. La perte économique qui en résulte tend à aggraver les
conditions des personnes déjà appauvries. Par exemple, Hotez et ses collègues ont cité une perte
annuelle de 5,3 milliards de dollars résultant de jours de travail perdus en raison du trachome.
Même si plus d'un milliard de personnes sont parasitées par une ou plusieurs maladies tropicales
négligées, elles sont cachées de l'attention internationale en raison de leur situation éloignée ou
de leur manque de voix politique, ou même parce que l'attention du public tend à se concentrer
sur les maladies à taux d'incidence plus élevés, de mortalité ou à symptômes sensationnels. Les
MTN handicapent, défigurent et affaiblissent leurs victimes26. Un grand nombre de MTN ont
existé pendant une bonne partie de l'histoire et porte un important stigmate social. Ce stigmate
entraîne également l'éviction sociale des personnes infectées, ce qui les amène à éviter de
consulter un médecin27.
2. Sur le plan social
La santé est considérée en économie comme un facteur de croissance endogène. Cela
signifie dans le cadre de cette étude que la lutte contre les MTN constitue un facteur de
croissance économique et de développement. En effet, il ne peut avoir de développement sans
des populations en bonne santé. Ainsi, en menant des études sur les MTN et en analysant
l’action gouvernementale dans ce secteur, il est évident que nous participons à l’amélioration
des conditions de vie des populations, à l’amélioration des services de santé, ce qui constitue
un gage pour leur développement. Ce travail de recherche a donc un impact social conséquent.
L’apport social de cette étude se justifie davantage par le fait qu’en Afrique comme partout
dans le monde, l’amélioration des conditions de vie des populations dépend en grande partie
Des succès cachés, des opportunités émergentes. 2006, Organisation mondiale de la Santé, p5.
25
Hotez PJ, Ottesen E, Fenwick A, et al., Les maladies tropicales négligées: l'ancienne
Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les perspectives de leur contrôle et de leur élimination.,
2006, New-York: Kluwer Academic / Plenum Publishers, p6.
26
Molyneux DH., Maladies «négligées», mais des succès non reconnus - défis et opportunités
Pour le contrôle des maladies infectieuses. 2004, Lancette, p64.
27
Hotez PJ, Ottesen E, Fenwick A, et al., Les maladies tropicales négligées: l'ancienne
Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les perspectives de leur contrôle et de leur élimination.,
2006, New-York: Kluwer Academic / Plenum Publishers, p154.
11
des politiques publiques. Il est donc sans équivoque que l’analyse des politiques publiques en
matière de santé est d’intérêt social évident. Pour cela, il faut donc que le MINSANTE
remplisse ses « fonctions régaliennes », et soit au service des populations.
La transmission des MTN se fait au travers des infections bactériennes, des infestations
de vers ou des vecteurs transmis (Moustique, une mouche, etc.). Dans certains cas, il n'y a pas
de cause claire. De nombreuses personnes dans les sociétés africaines rationalisent leur
expérience de la mauvaise santé selon leurs expériences personnelles complexes et systèmes de
croyances (socioculturels et/ou religieux). Une description de la mauvaise santé ou des
manifestations physiques de la maladie, que ce soit par le patient ou par le peuple, est
généralement représentatif de leur conceptualisation personnelle de la cause et des
conséquences de leur maladie. Les perceptions erronées des MTN par les patients résultent de
la dislocation socio-économique causée par la maladie et les symptômes connexes. Les
croyances sur la cause et la transmission d'une maladie varient considérablement d'une culture
à l'autre. Cependant, il existe des traits qui imprègnent de nombreuses cultures. Ils peuvent être
dynamiques en ce que la nature d'une affection, la longue période de convalescence et la
difficulté du processus de guérison peuvent encourager à croire à des hypothèses d'implication
mystique même pour les personnes qui attribuaient leur mal à des causes naturelles. Selon
Peeters Grietens et al28, les parcelles de terre cultivées sont protégées par des charmes pour
empêcher le vol au Bénin. A cet effet, la maladie de Buruli est attribuée à un charme à la suite
de l'intrusion sur le terrain d'une autre personne perturbant ainsi un ordre social. Au Ghana,
Buruli est attribué à une malédiction "Si votre bouche est forte", en d'autres termes si une
personne utilise des mots puissants pour maudire ou la sorcellerie parce que quelqu'un vous
déteste. Pour certaines personnes, le ver de Guinée n'est pas considéré comme une présence
étrangère. Il est normalement dans le sang des personnes et se manifeste de temps en temps.
28
Koen Peeters Grietens, “What Role Do Traditional Beliefs Play in Treatment Seeking and Delay for Buruli
Ulcer Disease–Insights from a Mixed Methods Study in Cameroon”, 2012, PLOS ONE, p5.
12
4. Définition des concepts
Cette partie est consacrée à la définition des concepts-clés de notre étude. Concernant les
concepts-clés, il s’agit de : politique publique, pauvreté, santé et MTN.
 Politique publique
La politique publique est le moyen par lequel un gouvernement maintient l'ordre ou
répond aux besoins de ses citoyens par des actions définies par sa constitution 29. Selon Daniel
Mouchard, la politique publique est l’ensemble des actions présentées comme programme
cohérent par les pouvoirs publics pour résoudre les problèmes de la nation30. Dans le cadre de
notre travail, nous considérons qu'une politique publique est un terme utilisé pour décrire un
ensemble de lois, de mandats ou de règlements établis pour répondre aux besoins des citoyens.
Lorsque l'épidémie de sida est apparue au début des années 1980, les gouvernements du
monde entier ont dû concevoir de nouvelles politiques sur la façon dont la maladie serait traitée,
les mesures qu'ils prendraient pour éduquer le public. Il est nécessaire de définir des politiques
publiques afin de s'assurer qu'elles répondent aux objectifs de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) pour la couverture universelle de la santé. Parallèlement, nous devons renforcer
les capacités de recherche et de développement dans les pays où la maladie est endémique.
 Maladies Tropicales Négligées
Les Maladies Tropicales Négligées représentent un groupe de maladies principalement
infectieuses qui prospèrent dans les contextes de pauvreté, et tout particulièrement dans la
chaleur et l’humidité des climats tropicaux31. Nous démontrons dans cette étude que l'Afrique
en général et le Cameroun en particulier, supportent ce lourd fardeau ayant des répercussions
socio-économiques graves32. Les 17 MTN sont : dengue, rage, trachome, ulcère de Buruli,
tréponématoses endémiques, lèpre, maladie de Chagas, trypanosomiase humaine africaine,
leishmaniose, cysticercose, dracunculose, échinococcose, trématodoses d’origine alimentaire,
filariose lymphatique, onchocercose, schistosomiase et géohelminthiases. Ces maladies sont
29
Belouchi, Amina,Bernoussi, Nadia,El Maslouhi, Abderrahim,El Moumni, Nadir, Education à la citoyenneté et
aux droits de l'homme: manuel pour les jeunes, UNESCO Publishing, 2016, p123.
30
Jean-Yves Dormagen, Daniel Mouchard, Introduction à la sociologie politique, De Boeck Superieur, Paris,
2007, p231-232
31
Juliette Morawiec, « Le contrôle des maladies tropicales négligées », THESE de DOCTORAT en
PHARMACIE, sous la direction du Professeur ALIOUAT El Moukhtar, Université de Lille 2, Lilles, 2011, p134.
32
Léopold Kambale Karafuli, Évaluation du projet de l'ivermectime sous directive communautaire dans la Zone
de santé de Biringi en RDC, Connaissances & savoirs, Saint Denis, 2016, p53
13
provoquées par des bactéries et des parasites causant des souffrances à plus d’un milliard de
personnes dans le monde et contribue à la morbidité chez la mère et l’enfant rendant difficile le
travail des champs.
 Pauvreté
Le concept de pauvreté n'a pas de définition standard. La pauvreté est généralement
considérée comme une condition de non-revenu comme la longévité, l'alphabétisation et la
santé parce que les pauvres ont tendance à vivre plus courtes et moins saines que les riches. La
pauvreté est définie par rapport aux normes de vie dans une société à un moment précis. Lorsque
les individus manquent ou lorsque des groupes entiers de personnes dans une strate sociale ne
possèdent pas de revenus adéquats ni bénéficient d'équipements sociaux qui rendent la vie
satisfaisante, ils sont pauvres33. Le terme pauvreté a un sens singulier dans la représentation des
maladies négligées, puisqu'il détermine et déclenche tout le processus de vulnérabilité sociale
de l'individu, causé par l'absence de stratégies économiques des pays pour réduire les inégalités
sociales. Les maladies négligées existent parce que la pauvreté existe ; Par conséquent, les
actions gouvernementales visant à réduire les inégalités sociales doivent être renforcées.
Pendant des années, les chercheurs ont discuté des conceptions alternatives de la pauvreté. De
manière générale, trois alternatives de pauvreté sont définies34 : d’abord l'approche absolue qui
est celle de décrire la pauvreté comme avoir moins que la définition du minimum absolu.
Ensuite, l'approche relative où la pauvreté c’est avoir moins que les autres dans la société. Enfin,
l'approche subjective dans laquelle la pauvreté est le sentiment de n'avoir pas assez pour vivre.
Selon le Rapport 1998 sur le développement humain du Cameroun, le PNUD considère
la pauvreté comme «un phénomène complexe qui se réfère généralement à l'insuffisance des
ressources et à la privation de choix qui permettra aux gens de vivre des conditions de vie
décentes35». L'absence de besoins matériels et de ressources humaines qui aide l'homme
commun à participer pleinement à une vie quotidienne active est ce que nous appelons la
pauvreté relative, d'une part, et le manque de ses besoins qui l'aident à le garder est ce que nous
allons désigner comme pauvreté absolue d'autre part. Selon le rapport de la Banque mondiale,
la pauvreté est souvent définie comme étant inférieure à un niveau de revenu déterminé (par
33
Ajaga N., Why Poor People Remain Poor: Key Elements for Poverty Alleviation and Sustainable Development,
2004, DeScholar Press, p. 26
34
Hagenaars, Aldi, and Klaas De Vos, The Definition and Measurement of Poverty, 1988, Journal of Human
Resources, p. 212.
35
Green et al, Poverty Reduction Strategy Paper , 2003, PRSP,p. 37.
14
exemple USD 1 par jour) alors que la pauvreté a de multiples dimensions : manque d'atouts,
d'impuissance et de vulnérabilité36.
Dans notre étude, la pauvreté sera observée d'un point de vue relatif parce qu'elle
englobe les conditions de vie en général, les normes de la société dans son ensemble et les
ressources nécessaires pour participer pleinement à cette société. Les MTN sont des maladies
pour lesquelles la pauvreté est un facteur qui augmente les chances d'obtenir la maladie et
entrave le traitement et la guérison appropriés. Il s'agit des maladies découlant d'une association
entre les indicateurs de pauvreté et les indicateurs de santé. Le succès éventuel des interventions
favorisant la santé pour les maladies infectieuses dans les pays en développement dépend d'une
compréhension préalable des complexités entourant les efforts des populations pour répondre
aux maladies. La pauvreté rend ces efforts plus compliqués. La reconnaissance des liens entre
la pauvreté et la santé a conduit au terme de maladies liées à la pauvreté.
5. Revue de la littérature
Les maladies tropicales négligées (MTN) engendrent non seulement une perte de santé et
une perte d'espérance de vie, mais peuvent aussi entraîner des conséquences économiques,
notamment une réduction de la capacité de travail. La plupart des personnes touchées par les
maladies tropicales négligées (NTD) sont pauvres et marginalisées 37, avec une faible visibilité
et peu de voix politique38. Ils ne sont pas considérés comme un marché prioritaire pour les
fabricants de produits pharmaceutiques. Beaucoup de publications dans la littérature décrivent
les aspects épidémiologiques et physiques des MTN. En revanche, l'impact des MTN sur le
travail rémunéré et non rémunéré et la productivité des hommes et des femmes ont été moins
fréquemment étudiés. Les coûts du traitement, principalement à long terme, peuvent influer sur
d'autres difficultés économiques dans des populations qui luttent déjà pour vivre avec moins du
smic camerounais. Outre les avantages évidents de la diminution des coûts de la santé en raison
d'un manque de soins ou de soins retardés, les investissements dans l'amélioration de la santé
contribueraient également à accroître la croissance économique des régions touchées 39, car les
36
37
Dan Lopez, World Bank Development Report, 2001, Banque Mondiale. p.15.
Hotez PJ., "Blue-Marble Health"—Neglected Tropical Disease Control and Elimination in a Shifting Health
Policy Landscape, 2013 Plos Neglected Tropical Diseases p6.
38
Hotez P et al. The neglected tropical diseases: the ancient afflictions of stigma and poverty and the prospects
for their control and elimination. 2006, Adv Exp Med Biol p23–33.
39
Savioli L., The burden and impact of NTDS: An overview. 2011,Trop Med Int Health, p18–19.
15
populations plus saines sont plus économiquement productives40. Nous décrivons ici une revue
systématique de la littérature sur l’impact socio-économique sur les individus touchés par les
maladies tropicales négligées. Ces maladies peuvent être prévenues grâce à la chimiothérapie
préventive. De manière générale, les personnes les plus exposées aux MTN disposent de
ressources limitées et vivent en milieu rural. Le traitement est souvent recherché simultanément
ou séquentiellement ailleurs avant d'aller à un hôpital. La première fois qu'une personne
éprouve un sentiment d'être malade, elle demande à un proche, et puis souvent attend de voir
ce qui se passe ensuite. Dès que la condition est prolongée pour plus longtemps que prévu, le
"pourquoi" s'installe. Pourquoi est-ce arrivé à moi ou ma famille ou cette personne ? Que peuton faire à ce sujet ? Cela conduit à une quête de thérapie telle que décrite par Kleinman41 où les
gens ont recours a trois secteurs de santé interconnectés : populaires, folkloriques et
professionnels.
Le secteur populaire est généralement le premier point d'appel et est habituellement au
niveau de la maison où des conseils sont demandés à des parents et des amis. L'expérience
passée des parents dicte la pratique à ce stade : par exemple, l'auto-médication pratiquée avec
les médicaments restants de la maison et les médicaments empruntés à des amis ou achetés dans
les pharmacies locales. Les conditions telles que la fièvre, les frissons, les Malaises et le
paludisme, qui sont considérés comme légers, sont traités facilement.
Le secteur folklorique est le type plus traditionnel, le traitement est administré par des
guérisseurs traditionnels, des spiritualistes, des guérisseurs, des herboristes et des
accoucheuses. Ce secteur peut être visité comme première option, mais dans la plupart du temps
contacté lorsque la première tentative de recherche de santé au sein du ménage ou de la
communauté ne marche pas. Cependant, les secteurs populaires et celui folklorique peuvent
être utilisés simultanément.
Le secteur professionnel quant à lui est le secteur le plus formel qui compte des personnes
telles que les médecins, les infirmières et les pharmaciens. Même si certains malades peuvent
directement se rendre dans un établissement de santé, il peut s'agir du dernier point d'appel
lorsque toutes les autres options ont échoué et la condition a progressé sévèrement.
40
Hotez PJ et al, Rescuing the bottom billion through control of neglected tropical diseases Review, 2009, Lancet,
p18
41
Arthur Kleinman, Patients and Healers in the Context of Culture, 1980, Berkeley: University of California Press
p81
16
Par exemple, au Bénin, les patients atteints d'ulcères de Buruli ont accés à des traitements
à domicile (pommades, antibiotiques et analgésiques), médecine traditionnelle (herbes,
divination, incantations) et traitements à l’hôpital42. Au Cameroun, les malades appliquent
d’abord des pommades à leurs nodules à la maison, ensuite vont à la recherche d'un traitement
par un guérisseur traditionnel puis finalement à l'hôpital comme dernier recours43.
Figure 2:Voie de recherche de traitement pour les MTN.
Chronique
Institutions hospitalières
Guérisseur traditionnel
Maison - Communaute
Leger
Source : Auteure. Recours au traitement par les personnes atteintes de maladies tropicales
négligées selon l’état d’avancement de la maladie.
Les MTN sont des maladies de la pauvreté et elles-mêmes appauvrissent
disproportionnellement, touchant les personnes vivant dans des communautés pauvres ou
marginalisées. Les contraintes financières, la vulnérabilité, la capacité d'accès au traitement et
l'impact social et économique des maladies tropicales négligées démontrent qu’il existe un réel
besoin d'intersectionnalité et d'approches analysant l'interaction entre le genre, la pauvreté,
l'ethnicité, le handicap, la sexualité, la religion et l'âge. En outre, adopter une approche
intersectionnelle est utile afin de mieux adapter les politiques de santé car il existe un décalage
clair et complexe entre les causes biologiques, la compréhension sociale et l'étiologie de la
42
Koen Peeters Grietens, What Role Do Traditional Beliefs Play in Treatment Seeking and Delay for Buruli Ulcer
Disease?–Insights from a Mixed Methods Study in Cameroon, 2012, PLoS ONE, p7.
43
Renzaho A et al., Community based study on knowledge, attitude and practice on the mode of transmission,
prevention and treatment of Buruli ulcer in Ga West District , 2007, Trop Med Int Health p445–458
17
maladie. Ce qui est important est que le dialogue soit adapté aux réalités des différentes
communautés. L'action doit aller au-delà de la messagerie communautaire, afin de s'assurer que
les systèmes de santé répondent aux besoins et aux réalités de la vie sociale des citoyens
économiquement désavantagés. Par exemple, par des approches participatives, les besoins et
les priorités des fournisseurs de services de première ligne et des bénévoles peuvent être
documentés pour assurer que ces éléments soient intégrés dans les politiques. Les impacts
sociaux et économiques des MTN vont au-delà du secteur de la santé.
• Il est nécessaire de prendre des mesures intra et intersectorielles, c'est-à-dire entre le
secteur de la santé et d'autres secteurs tels que l'éducation, l'agriculture et l'assainissement.
• Des mesures de réduction de la pauvreté sont également nécessaires pour remédier aux
effets économiques des MTN sur les femmes, les hommes, les filles et les garçons.
Les MTN peuvent également affecter la productivité des travailleurs et nuire à la
croissance physiologique et cognitive de l'enfant, affectant la capacité de gain future des
générations futures44,45. Les MTNs provoquent la perte de l'utilisation des extrémités inférieures
par l'infection à la dracunculose, ont des effets considérables sur la productivité des travailleurs,
en particulier dans les communautés tributaires de la main-d'œuvre agricole pour l'agriculture
de subsistance46. Le parasitisme par une ou plusieurs MTN peut entraîner une anémie par voie
directe Ou indirects, qui est souvent aggravée par la co-infection avec le paludisme; Ce qui a
un effet particulièrement préjudiciable sur la santé des enfants, des femmes enceintes et des
personnes infectées par le VIH47. Les enfants infectés peuvent ne pas être en mesure de
maximiser le potentiel éducatif disponible, en raison d'une déficience cognitive directe ou d'une
diminution de la santé générale48. Après déparasitage, les vers intestinaux ont été documentés
comme ayant détériorer de manière significative les capacités cognitives et physiques. Les
44
Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées:
Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,
p6.
45
CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop
Med Hyg. p499-504.
46
Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses
Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p20.
47
Hotez PJ et al., Les maladies tropicales négligées: Les afflictions de la stigmatisation et de la pauvreté et les
perspectives de leur contrôle et de leur élimination, 2006, Academic / Plenum Publishers, p59.
48
Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses
Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p15.
18
MTN vont souvent de paire avec certaines grandes maladies. Comme exemple, la leishmaniose
semble accélérer la progression du VIH vers le sida. En général, le pronostic des patients atteints
de la tuberculose, du VIH / sida et du paludisme est souvent affecté négativement par une ou
plusieurs co-infections de maladies tropicales négligées49. La majeure partie de l'investissement
en sante est disproportionné et concentre les efforts sur la prévention et de traitement axés sur
la biomédecine. Alors que certaines maladies tropicales négligées bénéficient d'interventions
biomédicales, d'autres ne bénéficieront que d'interventions à plus petite échelle. La décision
d'accorder la priorité au financement de diverses initiatives sanitaires mondiales fondées sur
des mesures traditionnelles de la charge de morbidité ou sur l'urgence morale entraînera
inévitablement un financement accru pour les trois grands taux de mortalité nettement
supérieurs aux maladies tropicales négligées. Une revue systématique des données sur les
résultats associés aux incapacités pour toutes les formes de schistosomiase suggère que le
fardeau de cette maladie pourrait être plusieurs fois supérieur à l'estimation de l'OMS50.
La morbidité des maladies tropicales négligées réduit la productivité des travailleurs par
la perte de jours et la réduction de la capacité physique (DALY) 51. Par exemple, il semble que
même les petites maladies parasitaires peuvent avoir un effet subtil et insidieux52. Pour évaluer
l'effet réel des maladies tropicales négligées, En tenant compte des sentiments subjectifs de la
maladie, des pertes de potentiel humain et de la nature souvent superposée des maladies
tropicales négligées entre elles et avec les grands trois axes de mortalité. Lorsqu'ils sont évalués
en termes de rentabilité, les maladies tropicales négligées semblent être un excellent
investissement, en raison de la grande variété de traitements bon marché et de mesures
préventives et de leur capacité à améliorer la productivité et l'éducation des travailleurs. Un
investissement dans le contrôle des maladies tropicales négligées pourrait avoir un rendement
de 14 à 30% de bénéfice par an. Les investissements dans la santé des enfants et des travailleurs
49
Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées:
Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,
P5.
50
King CH, Dickman K, Tisch DJ. , Réévaluation du coût de l'infection helminthique chronique:
Une méta-analyse des résultats liés au handicap dans la schistosomiase endémique., 2005, Lancette. p250.
51
CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop
Med Hyg. p499-504.
52
Engels D, Savioli L., Reconsidérant le fardeau sous-estimé causé par les maladies tropicales négligees, 2006,
Tendances Parasitol, p303.
19
sont des investissements dans le capital humain53. Investir dans les maladies tropicales
négligées implique également d'investir dans les trois grands, étant donné que la co-infection
par les maladies tropicales négligées a tendance à influer sur le pronostic des patients atteints
du sida, de la tuberculose et du paludisme54.
Les interventions combinées pour de multiples maladies tropicales négligées en milieu
scolaire ou communautaire et la lutte anti-vectorielle à grande échelle offrent beaucoup d'espoir
pour le contrôle et la prévention des maladies tropicales négligées. Les mesures préventives à
grande échelle incluent l'augmentation des conditions d'hygiène et la lutte anti-vectorielle, Dans
les régions éloignées55, cela affectera également les trois grandes causes de mortalité. Les
mesures préventives spécifiques aux maladies tropicales négligées comprennent les
programmes de médicaments ciblés, les vermifuges dans les écoles, les pièges à mouches tsétsé, la surveillance des transfusions sanguines et le contrôle des animaux56. Par exemple, les
déglaçages massifs dans les écoles pourraient rapporter de 6 à 33 dollars par DALY gagné57.
Les produits pharmaceutiques chimiques ont le potentiel de prévenir une lourde charge de
morbidité équivalente à celle du paludisme ou de la tuberculose seule, soit la moitié de la charge
causée par le VIH / SIDA. Bien que des traitements peu coûteux soient disponibles pour
certaines MTNs, les médicaments coûtent entre 0,02 et 1,50 $ US par jour, beaucoup de
personnes touchées, appartenant au groupe de 2,7 milliards de personnes qui vivent avec moins
de 2,00 $ US par jour, sont incapables de se permettre ou d'avoir accès aux traitements
disponibles58. La recherche et le développement des MTN au cours des 50 dernières années ont
été particulièrement clairsemés; Certains des médicaments produits avant cette période sont
également très toxiques (comme le mélarsoprol, qui traite essentiellement la maladie du
53
CANNING D., Priorité et maladies tropicales négligées, 2006, Trans R Soc Trop
Med Hyg. P500-504.
54
Hotez PJ et al., L'intégration d'un ensemble de mesures
Maladies tropicales négligées avec des programmes de lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme,
2006, PLoS Med. p3.
55
Engels D, Savioli L., Reconsidérant le fardeau sous-estimé causé par les maladies tropicales négligées, 2006,
Tendances Parasitol, p266.
56
Jamison D et al., Priorités de lutte contre les maladies dans les pays en développement (2e éd.), 2006, New
York: Oxford University Press, p200.
57
Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées:
Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,p3.
58
Département de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Maladies tropicales négligées:
Des succès cachés, des opportunités émergentes, 2006, Organisation mondiale de la Santé,p3.
20
sommeil africaine en empoisonnant l'organisme avec de l'arsenic5). Dans une analyse de la
recherche et du développement pharmaceutique sur une période de 25 ans, Trouiller et al.59 ont
trouvé un biais significatif en faveur du financement de maladies dans les pays à revenu élevé,
où l'infection parasitaire n'est généralement responsable que d'une petite partie de la charge de
morbidité; Les produits pharmaceutiques liés aux MTN ne représentaient que 1% des 1 393
médicaments approuvés par le marché fabriqués entre 1975 et 1999. Le manque généralisé
d'attention et d'investissement pharmaceutiques a contribué à propager et à dissimuler les
souffrances et la morbidité causées par les MTN. Les entreprises pharmaceutiques justifient
souvent ce manque de développement en raison du risque perçu et du coût de la recherche et
du développement pour les MTN. Les pays touchés par les MTN n'ont souvent ni les ressources
ni la capacité pour financer ou mener de telles recherches. L'attention internationale est
lentement en train de se tourner vers les NTD cachées et de nombreuses mesures importantes
ont été prises pour réduire leur fardeau. Le Brésil a vu une réduction de la mortalité due à la
maladie de Chagas après de vastes programmes de pulvérisation de pesticides. Le Cambodge a
protégé ses enfants d'âge scolaire contre les helminthes transmis par le sol; Ce groupe a connu
auparavant 70% de prévalence de l'infection. Les partenariats public-privé offrent un espoir
supplémentaire pour le traitement et la prévention des MTN individuelles à un coût minime60.
Ces partenariats, par exemple entre une entreprise pharmaceutique et un organisme de
bienfaisance, Permettent le développement dans des secteurs précédemment sous-financés. Les
partenariats public-privé créent également des mécanismes de pression pour le parrainage par
le gouvernement. Le financement gouvernemental créé par le recours privé a également permis
aux «pays en développement innovants» pour financer la recherche sur les maladies tropicales
négligées avec une assistance internationale limitée.
Le contrôle et la prévention des maladies tropicales négligées exigent plus d'attention que
ce que l'on en propose actuellement. La disponibilité et l'accès aux soins de santé, aux
conditions de vie propres et à l'eau potable, à une nutrition adéquate, à l'éducation, à l'égalité
des sexes et à la non-discrimination sont tous des éléments nécessaires à une approche de
l'intervention fondée sur les droits humains. Les efforts doivent aligner, identifier et cibler les
59
Trouilller P et al., Développement de médicaments pour les maladies tropicales négligées, un marché déficient
et un échec de la politique de santé publique, 2002 Lancette. p259.
60
Molyneux DH, Hotez PJ, Fenwick A., «Interventions à impact rapide»: comment une politique de contrôle
intégré des maladies tropicales négligées en Afrique pourrait faire bénéficier les pauvres., 2005, PLoS
Médicament. 2005, p36.
21
groupes vulnérables61. Par exemple, les systèmes de surveillance communautaire et le
renforcement des infrastructures de soins de santé existantes seront des mesures importantes à
prendre face aux maladies tropicales négligées. Trouiller et al.62 ont suggéré qu'une révision
Les systèmes actuels de brevets pharmaceutiques seraient nécessaires pour inciter le secteur
privé à financer la recherche et le développement pharmaceutique sur les maladies tropicales
négligées. L'OMS accorde actuellement une grande importance aux approches multi-maladies
pour le traitement et la prévention des maladies parasitaires63. Elles apportent également leur
soutien à l'intégration de la prévention des maladies tropicales négligées dans les programmes
de santé publique existants et aux campagnes éducatives en essayant d'éliminer la
discrimination et la stigmatisation sociale fréquemment associées aux maladies tropicales
négligées. Les partenariats public-privé et d'autres partenariats ont fait beaucoup de succès dans
la prévention et le contrôle de certaines maladies tropicales négligées; De nouveaux succès en
termes d'éradication et d'élimination dépendront de ces partenariats. On espère que ces
partenariats susciteront une attention et un financement mondiaux pour de nouveaux
mécanismes pharmaceutiques et stratégies de contrôle. En outre, les avantages de l'intégration
de programmes de traitement pour les malades tropicales négligées dans les programmes
existants pour le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose pourraient être immenses64. Les
obstacles en matière de politiques de santé, stratégies et investissements, doivent être franchis,
car c’est le prix de l'amélioration de la qualité de vie d'un sixième de la population mondiale.
6. Problématique
Le projet ENVISION est conçu pour soutenir la vision de l’Organisation Mondiale de la
Santé et de ses Etats membres en ayant pour but le contrôle et l’élimination de sept Maladies
tropicales négligées qui sont la Filariose Lymphatique, l’Onchocercose, la Schistosomiase, le
61
Hotez PJ, Molyneux DH, Fenwick A et al. L'intégration d'un ensemble de mesures
Maladies tropicales négligées avec des programmes de lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme.
PLoS Med. 2006 Jan; 3 (5): e102.
62
Trouilller P et al., Développement de médicaments pour les maladies tropicales négligées, un marché déficient
et un échec de la politique de santé publique, 2002 Lancette. p300.
63
Kindhauser MK., Maladies transmissibles 2002: défense globale contre les maladies infectieuses
Menace de maladie, 2003, Organisation mondiale de la Santé, p2.
64
Hotez PJ et al., L'intégration d'un ensemble de mesures Maladies tropicales négligées avec des programmes de
lutte contre le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme, 2006, PLoS Med, p3.
22
trachome et trois Géo-helminthes : l’ascaride, le trichocéphale et l'ankylostome. L’objectif du
projet ENVISION est de renforcer les programmes maladies tropicales négligées au niveau
global et national et aider les Ministères de la Santé à atteindre leurs objectifs de contrôle et
d’élimination desdites maladies.
Au niveau global, ENVISION en coordination et en collaboration avec l’Organisation
Mondiale de la Santé, USAID, et d’autres parties prenantes apporte son soutien dans des
domaines techniques aux objectifs globaux de contrôle et d’élimination des maladies tropicales
négligées. Ce soutien porte sur : l’achat de médicaments et diagnostics lorsque des programmes
de donation globaux existent ; le renforcement des compétences ; la gestion et la mise en œuvre
du Dispositif d’Assistance Technique du projet ENVISION ; la cartographie de la maladie ;
l’élaboration de directives politiques et techniques pour les maladies tropicales négligées; le
monitorage et l’évaluation des maladies tropicales négligées.
Au niveau des pays, le projet ENVISION apporte un soutien aux programmes des
maladies tropicales négligées en offrant une assistance stratégique technique et financière
formant un ensemble complet d’interventions pour les maladies tropicales négligées
comprenant : la planification stratégique annuelle sur plusieurs années ; la sensibilisation ; la
mobilisation sociale et éducation sanitaire ; le renforcement des capacités ; la cartographie de
référence de la maladie ; la chimiothérapie préventive ou la distribution massive de
médicaments ; la gestion et achat des approvisionnements en ressources et en médicaments ; la
supervision du programme ; le monitorage et l’évaluation comprenant les évaluations
spécifiques de maladie et surveillance. Au regard de ses stratégies, il y a lieu de se demander
dans quelle mesure le projet ENVISION contribue-t-il à la promotion de la lutte contre
les maladies tropicales négligées? En d’autres termes, il est question de démontrer en quoi
consiste le projet ENVISION, quelles sont les modalités contribuant à la lutte conte les MTN
et quelle est la portée du dit projet.
23
7. Hypothèses
Il s’agit dans cette partie, de donner certaines réponses provisoires à notre question
recherche. Nous présenterons ici une hypothèse générale et deux (02) hypothèses spécifiques.
Hypothèse générale
Le projet ENVISION contribue à la promotion de la lutte contre les MTN.
Hypothèses spécifiques
H1 : Le projet ENVISION consiste à l’élaboration des politiques publiques qui
concourent à l’adhésion massive des populations aux campagnes de traitements de masse et de
lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun.
H2 : Les campagnes de sensibilisation, la distribution systématique des médicaments et
la lenteur dans l’approvisionnement en médicament constituent des blocages à l’adhésion
massive des populations.
H3 : La non adhésion des populations locales aux campagnes organisées par le projet
ENVISION et l’absence de statistiques fiables par les relais locaux ont des incidences néfastes
sur les objectifs du projet.
8. Objectifs
L’objectif principal de cette recherche est d’étudier la complexité des politiques publiques
dans le secteur des maladies tropicales négligées afin d’évaluer le niveau d’adhésion des
populations aux campagnes de sensibilisations menées et des traitements de masse à base
d’ivermectine et d’Albendazole distribués depuis au moins cinq ans.
Comme objectifs spécifiques, nous tenterons tout au long de notre étude :
-
de présenter le projet ENVISION de lutte contre les maladies tropicales
négligées;
-
d’expliquer les relations, les causalités, les processus des politiques publiques
utilisées dans l’élaboration des activités du projet ENVISION;
-
de mettre en évidence la portée du projet ENVISION et les obstacles qui le
limitent.
24
9. Cadre méthodologique
Afin de mener à bien notre étude et obtenir des résultats fiables, un dispositif
méthodologique conséquent a été mis en place, conformément à la pensée de Mathieu Guidère
selon laquelle : « Chaque domaine de recherche possède des théories instituées et des méthodes
éprouvées. Il incombe à l’étudiant chercheur de les connaitre et d’en apprécier le fondement et
les postulats avant d’engager sa propre recherche […] il faut s’enquérir et s’imprégner des
méthodes existantes »65. Il s’agit alors pour l’essentiel du modèle théorique d’analyse et des
techniques de collecte des données.
10.Grille d’analyse
Pour mener à bien cette étude qui porte sur les politiques publiques de santé au Cameroun,
et en particulier celles relatives à la lutte contre les maladies tropicales négligée, nous nous
sommes appuyés sur les méthodes d’analyse de la sociologie des organisations et en particulier
l’analyse stratégique de Michel CROZIER à travers la théorie de l’acteur stratégique. Cette
analyse nous a permis de comprendre que les acteurs agissent pour améliorer leur capacité
d’action ou pour s’aménager des marges de manœuvre ; que les projets des acteurs sont
rarement clairs et cohérents, mais le comportement n’est jamais absurde ; qu’il y a une grande
différence entre les objectifs de l’organisation et ceux des individus. Les acteurs s’écartent
souvent de manière significative du rôle qu’ils doivent jouer. Pour comprendre ce
comportement, il faut faire intervenir la notion de zone d’incertitude. Ces zones correspondent
aux failles dans les règles, aux failles techniques, aux pressions économiques qui empêchent le
déroulement des objectifs de l’organisation.
11.Collecte des données
Pour collecter toutes les données relatives à ce travail de recherche, nous avons fait appel
à quatre instruments de recherche : la recherche documentaire, le guide d’entretien, le
questionnaire et l’observation directe.
1. Recherche documentaire
Technique basée sur la consultation des ouvrages méthodologiques et spécialisés, des
thèses, mémoires, articles, journaux, archives et revues scientifiques, la recherche documentaire
65
Mathieu GUIDERE, Méthodologie de la recherche en Lettre, Langues, Sciences humaines et sociales, 2007,
l’Harmattan, P. 113
25
constitue le socle sur lequel repose le cadre théorique de notre travail. Les premières données
collectées concernant la littérature existante sur les politiques publiques de santé et la lutte
contre les maladies tropicales négligées au Cameroun ont été recensées dans plusieurs
bibliothèques de la ville de Yaoundé. Il s’agit en particulier de la bibliothèque de l’Université
Catholique d’ Afrique Centrale, celle de l’Institut Français du Cameroun, des archives du
ministère de la santé publique et enfin sur internet. Cette recherche documentaire nous a permis
de faire ressortir les ouvrages généraux et spécialisés, les textes législatifs et réglementaires, les
rapports, les revues, les articles et les journaux dont leur exploitation a été d’une importance
capitale pour une meilleure compréhension du thème.
2. Entretien semi-directif
Pour mieux apprécier le rôle que jouent les politiques publiques de santé dans la lutte
contre les maladies tropicales négligées, nous avons administré un guide d’entretien à dix (10)
cadres métiers du Ministère de la Santé publique impliqués dans le programme de lutte contre
les maladies tropicales négligées. Nous avons également administré un questionnaire a la
population. Cela nous a permis de connaitre de manière générale, le point de vue des différents
acteurs sur les politiques gouvernementales en matière de lutte contre les maladies tropicales
négligées. Le guide d'entretien a été élaboré à partir des problématiques qui ressortaient de notre
revue de littérature.
L’entretien avec les cadres métiers du Ministère de la santé, nous a permis de comprendre
les méandres de la mise en œuvre du programme ENVISION au niveau du ministère ; ce
d’autant plus qu’ils en sont les principaux acteurs, en termes de conception et
d’opérationnalisation.
3. Enquête CAP (enquête sur les connaissances, aptitudes et pratiques)
Un questionnaire a été administré à 451 personnes localisées dans la ville de Mbandjock.
Cet outil de collecte des données nous a permis de comprendre ce que pense les populations
des services publics et en particulier de ceux du secteur de la santé. En effet, il s’agissait d’avoir
leur point de vue sur le projet ENVISION, son effectivité, sa contribution à la lutte contre les
MTN. Dans cette logique, nous avons interrogé des populations visées par le projet ENVISION
et celles sur qui les effets sont attendus.
4. Echantillonnage
26
Le tableau ci-dessous répertorie les populations sélectionnées en fonction de leur sexe et
âge, soit au total de 451 questionnaires.
Tableau 2: Caractéristiques démographiques des répondants
Nombre de personnes
pourcentage
interviewées
Sexe
Masculin
244
52.9
Féminin
175
38.0
Pas d’information
42
9.1
Chercheurs d’emplois
347
75.3
Secteur privé
35
7.6
Fonctionnaires
18
3.9
38
8.2
Médias
5
1.1
Etudiants/élèves
13
2.8
15–20
4
0.9
21-25
141
30.6
26–30
216
46.9
31-35
44
9,5
>35
13
2.8
Pas d’information
43
9.3
Occupation
Membres
du
Gouvernement/ Politiciens
Groupe d’âge
Source : Auteure.
27
5. Observation directe
Cette méthode nous a permis de vérifier et d’apprécier par nous même les réalités du
terrain. Utilisée en sociologie et en anthropologie, elle nous a permis d’observer des scènes et
les interactions stratégiques des acteurs, relevant soit de la culture locale, soit de l’exigence des
questions de santé, soit de la situation économique des populations.
En plus des personnes qui ont été rencontrées dans le cadre de cette étude, nous tenons
également compte de l’observation directe effectuée dans le cadre de nos décentes sur le terrain.
6. Collecte des données
Il faut relever que la collecte de ces différentes données ne s’est pas faite sans aucune
difficulté. Nous avons eu à faire face à plusieurs d’entre elles et de divers ordres. Nous avons
nous du faire face à la limites de nos moyens financiers pour la collecte des données. La
méfiance a été une autre difficulté rencontrée. Les cadres métiers refusaient dans la plupart du
temps de s’exprimer craignant une réprimande de part de leur hiérarchie. Les populations à leur
tour refusaient parfois de s’exprimer pensant que cela pourrait porter préjudice au traitement
que leur réservera le programme. Dans un tel contexte, il fallait donc prendre le temps pour
expliquer le bien-fondé de la recherche et de leur dire que nous ne sommes pour rien dans la
situation qui prévaut.
12.Justification du plan
Dans une approche descriptive et analytique nous tentons de résoudre le problème que
soulève notre thème de recherche. Ce travail s’articule autour de deux grandes parties,
subdivisées en deux chapitres chacun, le tout encadré par une introduction générale et une
conclusion générale. La première partie intitulée : Analyse du dispositif global de lutte contre
les maladies tropicales négligées au Cameroun traite des différentes politiques publiques mises
en œuvre au Cameroun en vue de lutter contre les maladies tropicales négligées. Aussi, nous
analysons le cas particulier du projet ENVISION qui constitue notre cas d’étude.
Dans la deuxième partie intitulée : Le projet ENVISION : Une contribution à la politique
publique de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun, nous analysons la
contribution dudit projet dans l’amélioration de la santé des populations au Cameroun. Ceci
nous a permis de faire ressortir les interactions stratégiques entre les différents acteurs
impliqués dans la mise en œuvre dudit programme et de proposer des recommandations pour
de nouvelles pistes de recherche.
28
PREMIERE PARTIE :
ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE
CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES
AU CAMEROUN
29
CHAPITRE
1
:
ANALYSE
POLITIQUES
SOCIO-HISTORIQUE
PUBLIQUES
DE
DES
LUTTE
CONTRE LES MALADIES TROPICALES
NEGLIGEES AU CAMEROUN
L’analyse des politiques publiques dans le cadre de la lutte contre les maladies tropicales
négligées au Cameroun s’inscrit dans un contexte et un environnement dont il faut tenir compte.
Aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé reconnaît 17 principales infections parasitaires
en tant que maladies tropicales négligées66. Malgré les progrès récents dans la compréhension
de la nature et de la prévalence des MTN, ainsi que des succès dans les stratégies récentes de
chimiothérapie préventive à grande échelle et d'autres interventions de santé, les MTN
continuent de se classer parmi les plus grands problèmes de santé au monde. Pour la quasitotalité des MTN67, des mécanismes et des outils de contrôle supplémentaires sont nécessaires,
y compris les distributions massives de médicaments, les vaccins, les diagnostics, les agents de
contrôle et des stratégies adaptées aux réalités des populations. L'élimination ne sera pas
possible sans ces outils. Nous résumons ici les stratégies nécessaires afin d'assurer le succès des
efforts d'élimination des MTN au Cameroun.
Section 1 : Les politiques de lutte contre les maladies tropicales négligées
au Cameroun
Pour faire une étude exhaustive et efficace des politiques publiques de lutte contre les
maladies tropicales négligées au Cameroun, il est impératif de faire une analyse de
l’organisation sanitaire camerounaise, au même titre que les différents efforts que le
gouvernement fait en la matière.
66
OMS,
«
Maladies
tropicales
négligées:
principaux
repères
»,
http://www.who.int/topics/tropical_diseases/factsheets/neglected/fr/
67
Uniting to combat neglected tropical diseases ,Quatrième rapport d’avancement sur la Déclaration de Londres,
Geneve, 2016, p3.
30
Paragraphe 1 : Organisation sanitaire du Cameroun
Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale d’une superficie de 475 650 km2. La
population du Cameroun en 2016 est estimée à 22 564 501 personnes. Les femmes représentent
54% de la population totale et 48,2% de la population habitent dans les zones urbaines. La
plupart des habitants sont jeunes : 16,9% de la population a de 1 à 5 ans, et 26,7% a entre 5 et
14 ans. Le taux d’accroissement démographique annuel est de 2,6%. C’est un pays bilingue
dont les deux langues officielles sont le Français et l’Anglais. Administrativement, le Cameroun
est divisé en 10 régions, 58 départements, 360 arrondissements, 360 communes et 15
municipalités urbaines. La structure du système de santé est découpée comme suit : 10
Délégation Sanitaires Publiques Régionales dirigées chacune par un Délégué Régional et ayant
des hôpitaux régionaux et des structures similaires ; 189 districts de santé dont 181 sont
opérationnels. Chaque district de santé a un hôpital de district68.
L’Unité de Coordination Centrale du Ministère de la Santé Publique coordonne les
activités intégrées de contrôle des cinq maladies tropicales négligées prioritaires pouvant être
traitées par chimiothérapie préventive : la filariose lymphatique, l’onchocercose, la
Schistosomiase, les géo-helminthiases et le trachome au niveau national et régional. Les
équipes des responsables des districts de santé organisent et mettent en œuvre les activités au
niveau du district et des communautés. Des plateformes communautaires (pour la filariose
lymphatique, les géo-helminthes, l’onchocercose et le trachome) et scolaires (pour
schistosomiase et géo-helminthes) sont utilisées pour la distribution des médicaments par les
agents de santé communautaires, les distributeurs communautaires et les enseignants. Si cela
s’avère nécessaire les hôpitaux de référence de la région et du district se chargent de la gestion
des effets indésirables graves survenant à la suite de la distribution des médicaments.
68
Institut National des Statistiques, Carte Sanitaire Nationale, 2013, Ministère de la Santé Publique du Cameroun.
31
Figure 3: STRUCTURE DE LA LUTTE CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN
Au Cameroun, le Ministère de la Sante a intégré un cellule de lutte contre les MTNs.
L’organigramme ci-après présente la structure de lutte contre les MTNs au Cameroun. La
coordination nationale des MTNs en charge de la lutte, est supervisée par la sous-Direction des
autres maladies endémiques ( SDAME).
Source : Ministère de la Santé Publique
Paragraphe 2 : Partenaires du programme Maladies Tropicales
Négligées
Au Cameroun le projet ENVISION est mis en œuvre par Helen Keller International en
collaboration avec des organisations de développement non-gouvernementales partenaires. Les
activités de contrôle des maladies tropicales négligées dans les 10 régions du pays s’organisent
autour de réseaux et de structures déjà en place avec la coalition des organisations de
développement non-gouvernementales partenaires travaillant depuis longtemps au contrôle de
l’onchocercose. Helen Keller International a signé des ententes auxiliaires avec des
32
organisations de développement non-gouvernementales partenaires spécifiques qui mettent en
œuvre les activités de distribution massive de médicaments dans leurs régions traditionnelles
d’intervention : Sightsavers soutient les activités dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-ouest
et de l’Ouest ; l’International Eye Foundation apporte son soutien dans les régions du Sud et de
l’Adamawa et PersPective travaille dans la région du Littoral. Helen Keller International
apporte son soutien directement dans les quatre autres régions (Centre, Est, Nord et Extrême
Nord) et apporte également un soutien technique et financier au Ministère de la Santé Publique
au niveau central.
En plus des fonds fournis par USAID pour le ciblage des maladies tropicales négligées
via le projet ENVISION et le Projet de Gestion de la Morbidité et Prévention de l’Invalidité
géré par Helen Keller International, le programme reçoit également un soutien du
gouvernement du Cameroun ainsi que d’autres organismes et institutions.
Le Gouvernement du Cameroun contribue au paiement des salaires du personnel du
gouvernement ; soutient le transport et l’entreposage des médicaments. Il est responsable des
opérations et de divers investissements (formations sanitaire, construction d’infrastructures et
logistique). Il soutient la participation du personnel du programme Maladies tropicales
négligées aux réunions et formations internationales et gère la coordination du programme et le
traitement des cas de morbidité (hydrocèle).
Sightsavers apporte son soutien à la lutte contre l’onchocercose depuis 1996. Les
organisations de développement non gouvernementales contribuent, avec des fonds propres,
au financement à la mise en œuvre des activités intégrées de contrôle /élimination de la filariose
lymphatique, de l’onchocercose, de la schistosomiase et des géo-helminthes dans les régions
du Nord-Ouest, du Sud-ouest et de l’Ouest. Elle apporte également son soutien pour
l’élimination du trachome dans les régions de l’Extrême Nord, et du Nord. Sigthsavers soutient
la chirurgie du trichiasis trachomateux, sensibilise sur le nettoyage du visage et fait la promotion
d’autres activités d’hygiène et d’assainissement.
Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et Helen Keller International apportent leur
soutien au déparasitage biennal des enfants de moins de 5 ans via la Semaine d’Actions de Santé
et de Nutrition Infantile et Maternelle, au cours de laquelle un ensemble de services, dont le
Mébendazole, est distribué aux enfants de moins de 5 ans grâce au financement du
gouvernement canadien.
Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose apportait son soutien au
traitement sous directive communautaire à base d’ivermectine pour le programme de contrôle
33
de l’onchocercose au Cameroun depuis 1999 et, depuis 2005, le programme africain pour le
contrôle de l’onchocercose élargit son soutien pour le CDTI à tous les districts de santé dans
les zones endémiques. Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose a fermé en
2015 et a arrêté son soutien financier au Cameroun.
Helen Keller International et l’International Eye Foundation apportent leur soutien au
projet de CDTI avec un financement de la fondation du Lions club international (Lions club
International Foundation). La Lions Club International Foundation soutient le programme pour
le contrôle de l’onchocercose au Cameroun depuis 1996 par un soutien financier et la création
d’une coalition d’organisations de développement non gouvernementales. Cette coalition pour
le contrôle de l’onchocercose forme la base de l’organisation du soutien des maladies tropicales
négligées du Cameroun au sein du projet ENVISION. En 2010, Lions Club International
Foundation a commencé à réduire son soutien financier, particulièrement pour les districts de
santé endémiques situés en forêt. En mars 2015, la Lions Club International Foundation a mis
totalement fin à son soutien pour les régions du sud. Au cours de l’année 2016 le soutien de la
Lions Club International Foundation, via Helen Keller international et l’International Eye
Foundation, se limitera aux districts de santé endémiques de l’onchocercose des régions
d’adamawa, de l’extrême nord et du nord.
En raison du retrait du programme africain pour le contrôle de l’onchocercose et de la
Lions Club International Foundation des activités du programme maladies tropicales négligées
au Cameroun au cours de l’année 2015, un financement supplémentaire d’USAID est
absolument nécessaire pour compenser le déficit pour l’année 2016. Historiquement,
le
programme africain pour le contrôle de l’onchocercose et de la Lions Club International
Foundation contribuaient pour 852 000 Dollars aux les coûts totaux du programme comparés à
seulement 477 000 Dollars pour l’année fiscale 2016.
Le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose a contribué aux activités du
CDTI dans les 10 régions jusqu’à la fin janvier 2015. Le soutien était donné directement au
ministère de la santé publique pour mettre en œuvre les activités de sensibilisation, de
production du matériel destiné à l’information, l’éducation, la communication, la formation, la
supervision du personnel du ministère de la santé publique et le traitement d’effets indésirables
graves dans les districts de santé endémiques à l’onchocercose. La Lions Club International
Foundation soutenait 5 régions (Sud, Littoral, Adamawa, Nord et Extrême Nord) pour les
activités jusqu’à la fin février 2015. En mars 2015 elle a commencé à limiter son soutien à
34
seulement 3 régions (Adamawa, Nord et Extrême Nord), ce qui a directement affecte les
budgets de PersPective et d’Helen Keller International.
La Lions Club International Foundation contribuait aux coûts de personnel et
d’opérations, d’activités de sensibilisation, de supervision et de monitorage dans les zones
endémiques de l’onchocercose. En 2015 ENVISION a compensé le retrait de Lions Club
International Foundation en augmentant le montant de l’entente auxiliaire avec perspective à
hauteur d’environ 100 000 Dollars de la même façon, dans le budget de l’année 2016, le soutien
et la contribution de la Lions Club International Foundation aux activités (pour Helen Keller
International et Perspective) a diminué d’environ 22%.
Liste des partenaires Maladies tropicales négligées travaillant au Cameroun,
soutien des donateurs et sommaire des activités.
Tableau 3: Perspective
Parten
aire
Soutien
Lieu
(Régions/
financier direct à donateurs soutenant
Activités
de
Etats)
l’USAID
partenaire
apporte
assistance
Autres
au ces
partenaires/activités
une
technique
directe au ministère de la
santé publique pour la
oui
aucun
Oui
aucun
Oui
aucun
planification stratégique et
le
Perspec
tive
littor
al
renforcement
des
capacités
apporte
une
assistance
technique
ministère
de
publique
sensibilisation
au
la
santé
pour
la
et
la
mobilisation sociale
apporte
assistance
technique
une
au
35
ministère
de
la
santé
publique
pour
l’organisation, la mise en
œuvre et la supervision des
campagnes de distribution
massive de médicaments.
Tableau 4 : l’international eye foundation
apporte
assistance
une
technique
directe au ministère de la
santé publique pour la
lions
Oui
planification stratégique et
le
renforcement
club
international
foundation
des
capacités
apporte
l’intern
ational
eye
foundation
ada
mawa
une
assistance
technique
ministère
de
publique
sensibilisation
au
la
santé
pour
la
et
lions
Oui
club
international
foundation
la
mobilisation sociale
apporte
une
assistance
technique
ministère
de
la
publique
au
santé
pour
l’organisation, la mise en
œuvre et la supervision des
campagnes de distribution
lions
Oui
club
international
foundation
massive de médicaments
de contrôle des maladies
tropicales négligées
Tableau 5 : Sightsavers
36
apporte
assistance
une
technique
directe au ministère de la
santé publique pour la
Oui
sightsavers
Oui
sightsavers
Oui
sightsavers
planification stratégique et
le
renforcement
des
capacités
apporte
nord
-ouest,
sud-ouest
et ouest
une
assistance
technique
ministère
de
publique
sensibilisation
la
santé
pour
la
et
la
mobilisation sociale
apporte
Sightsa
vers
au
une
assistance
technique
ministère
de
la
publique
au
santé
pour
l’organisation, la mise en
œuvre et la supervision des
campagnes de distribution
massive de médicaments
de contrôle des maladies
tropicales négligées
soutien
les
composantes a, n et ce de la
oui (gestion
extrê stratégie chance (chirurgie, de la morbidité et
me nord
antibiothérapie, nettoyage prévention
de
sightsavers
du visage et changements l’invalidité)
environnementaux).
Tableau 6 : OMS
37
apporte
OMS
nive
au central
assistance
une
technique
et
financière au ministère de
Non
---
la santé publique pour une
planification stratégique
fournit les salaires du
personnel
nive
ministè
re de la santé
publique
au
central/tou
tes
zones
endémique
s
du
gouvernement,
l’entreposage
et
le
transport des médicaments,
la
construction
de
Non
formation sanitaires et la
ministère de la
santé publique
logistique, le traitement de
l’hydrocèle et un soutien
aux
distributeurs
communautaires
Tableau 7 : helen keller international
apporte
nive
au central assistance
une
(yaoundé)/ directe au ministère de la
helen
toutes
santé publique pour la
zones
planification stratégique et
endémique le
lions
technique
renforcement
international
oui
(envision)
s
international
(certaines
apporte
assistance
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financière au ministère de
technique
nord
nord, sensibilisation
et
mobilisation sociale
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lions
et
oui
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du
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une
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keller
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club
international
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districts
pour
de
santé
onchocercose dans les
38
extrême,
centre
régions du nord et
et
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autres
extrême nord
apporte
assistance
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santé
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international
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œuvre et la supervision des (envision)
pour
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oui
districts
pour
de
onchocercose dans les
campagnes de distribution
régions du nord et
massive de médicaments
extrême nord
de contrôle des maladies
tropicales négligées
apporte
assistance
technique
une
et
financière au ministère de
oui
aucun
la santé publique pour les (envision)
évaluations d’impact par
maladie
extrê
me-nord et
nord
oui (gestion
traitement des cas de de la morbidité et
trichiasis
santé
prévention
de
aucun
l’invalidité)
Source : Hellen Keller International
Section 2 : Aperçu des maladies tropicales négligées au Cameroun
Le Cameroun a commencé l’intégration des programmes Maladies tropicales négligées
verticaux spécifiques à chaque maladie avec le soutien d’USAID via le Programme de Contrôle
des maladies tropicales négligées, Helen Keller International étant le partenaire de mise en
œuvre dans le pays. Ce soutien a permis de terminer la cartographie des maladies tropicales
négligées en 2012 et d’intensifier les activités de distribution massive de médicaments pour
atteindre une couverture géographique proche de 100%. Une Unité de Coordination Centrale a
39
été formée en 201269 pour le contrôle/élimination intégré des maladies tropicales négligées.
Cette unité rassemble tous les responsables des programmes du Ministère de la Santé Publique
et des partenaires.
Paragraphe 1 : Représentation cartographique des MTNs au
Cameroun
Les cartes suivantes représentent le niveau d’endémicité des MTNs au Cameroun. Les cinq
maladies tropicales représentées ci-dessous sont la filariose, l’onchocercose, la geo-helminthes,
la schistosomiase et le trachome.
Figure 4: Endémicité des maladies tropicales négligées au Cameroun
Source : Helen Keller International
69
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies Tropicales au Cameroun,
2011, Hellen Keller International, p60
40
De l’exploitation des différentes cartes ci-dessus, il ressort que la filariose lymphatique
est une maladie endémique au sein de la population camerounaise car toutes les régions sont
concernées. Les résultats sont un peu mitigés pour ce qui est de l’onchocercose. En effet, tel
que cela apparait au niveau de la carte, l’onchocercose n’est pas endémique sur toute l’étendue
du territoire camerounais. Les régions de l’Est, du Nord et de l’Extrême Nord sont
moyennement épargnées et sont même appelées zones non endémiques.
La schistosomiase présente une prévalence sur tout le territoire national camerounais.
Toutefois, l’on peut relever son caractère modéré dans l’extrême nord, le nord et une partie de
l’Adamaoua. Le reste du pays présente une prévalence basse a l’exception d’une grande partie
du sud, l’ouest et l’est qui est déclarée zone non endémique.
La Géo-helminthe est présente sur toute l’étendue du territoire avec une basse prévalence
dans le l’extrême-nord, le nord et l’Adamaoua. Il est également à noter une prévalence modérée
dans certaines régions de l’Ouest, du Sud et l’Est. De même, une haute prévalence est observée
dans certaines régions de l’Ouest, du Sud et l’Est.
Par ailleurs, il faut relever que le trachome n’est présent avec un taux de prévalence faible
dans les régions de l’extrême nord, du nord et l’Adamaoua.
41
Figure 5: Couverture géographique du projet ENVISION au Cameroun
Source : Helen Keller International
Pour ce qui est des politiques de distribution de masse des médicaments dans le cadre du projet
ENVISION, il est à relever que toutes les régions ont bénéficié de cette distribution à l’exception de
celles qui ne necessitent de traitement. Ce constat concerne la Filariose , l’onchocercose où seules les
42
régions non endémiques n’ont pas recues de distribution de masse de médicaments. Cette analyse est
identique en ce qui concerne la Géo-helminthes, et la Trachome. Toutefois, il y a lieu de mentionner que
pour ce qui est de la Schistosomiase, toutes les régions endémiques n’ont pas bénéficié des distributions
de masse des médicaments. Cela est particulierement observable dans les régions du grand Sud.
Paragraphe 2 : Objectifs et activités du programme ENVISION pour
les différentes MTN au Cameroun
Il est question de la description des différents objectifs et activités déployés au Cameroun
pour la lutte contre les MTNs par le Projet ENVISION. Nous les présenterons selon chaque
MTN pris en compte par le projet.
 Filariose Lymphatique
Le but du programme pour la Filariose Lymphatique est d’éliminer la maladie à l’horizon
2020. La stratégie repose sur la distribution massive de médicaments combiné avec de
l’Albendazole dans les zones endémiques et la gestion de la morbidité. Les activités pour
l’élimination de la Filariose Lymphatique ont commencé en 2008 avec un traitement de masse
de neuf districts de santé dans le Nord et l’Extrême Nord dans le cadre d’une phase de projet
pilote avec le soutien de l’organisation mondiale de la sante et le programme de donation du
mectizan.
La cartographie a été achevée entre 2010 et 2012 à l’aide de cartes avec le soutien de
USAID et le programme africain pour le contrôle de l’onchocercose (le programme africain
pour le contrôle de l’onchocercose a contribué à la cartographie dans 60 districts de santé en
2010) et il s’est avéré que la filariose lymphatique est endémique dans 158 des 181 districts de
santé; parmi les 158 districts de santé, la filariose lymphatique est co-endémique avec
l’onchocercose dans 86 districts de santé70, l’onchocercose ne l’étant que dans 14 districts de
santé et la loiasis dans 24 districts de santé. Les distributions massives de médicaments à
l’ivermectine et Albendazole ont été étendues pour couvrir 134 des 158 districts de santé
endémiques en 2011, dont 6 ont été partiellement ciblés en raison de la co-endémicité avec la
loiasis et le risque de effets indésirables graves. Les 24 districts de santé restants n’ont pas été
traités non plus à l’ivermectine et albendazole en raison de la co-endémicité avec la loa loa.
70
OMS, Filariose lymphatique: la maladie et son contrôle. Rapport du Comité OMS d'experts sur
Filariose. OMS, 2015. 821: p. 1-71.
43
Pour atteindre le but de l’élimination de la filariose lymphatique vers 2020 toutes les
zones endémiques doivent être traitées par la distribution massive de médicaments. Pour y
parvenir, une nouvelle stratégie est progressivement mise en œuvre dans les districts de santé
co-endémiques à la filariose lymphatique et loa loa où l’ivermectine n’a jamais été introduit.
En 2015, 13 des districts de santé co-endémiques dans la région de l’Est ont entamé un
traitement bisannuel à l’albendazole, selon les recommandations de l’organisation mondiale de
la santé. Dans 10 districts, le district entier est traité et dans les 3 districts de santé restants,
seules quelques aires sanitaires sont ciblées parce que les autre aires sanitaires sont coendémiques avec l’onchocercose et donc déjà traitées avec de l’ivermectine et l’albendazole.
Le traitement est combiné avec l’utilisation de moustiquaires traitées à l’insecticide fournies
par le Programme National de Contrôle du Paludisme. Pour les prochaines années, le plan
original devait étendre cette stratégie aux 24 districts de santé et aux quelques Aires de Santé
de 6 districts de santé Co-endémiques à la loa loa qui ne reçoivent pas à l’ivermectine et
albendazole de sorte que 100% de la couverture géographique pour la filariose lymphatique soit
atteinte au Cameroun. Cependant, compte tenu des résultats presque entièrement négatifs de
l’enquête de référence dans la région de l’est et des recommandations du groupe d’examen des
programmes régionaux, cette stratégie et l’extension proposée a été suspendue.
 Onchocercose
L’objectif du Cameroun est d’éliminer l’onchocercose à l’horizon de 2025.
L’onchocercose est présente dans les dix régions. Des enquêtes épidémiologiques de référence
(1993) utilisant la méthodologie de la cartographie épidémiologique rapide de l’onchocercose
(REMO) ont indiqué une prévalence nationale moyenne de 40%, 111 des 181 districts de santé
étant considérés méso-endémiques ou hyper-endémiques. Les premières activités de contrôle
ont débuté en 1987 par une distribution de masse d’ivermectine dans la région du nord, suivie
d’une extension du traitement aux régions du sud et du centre entre 1990 et 1992 avec un
traitement communautaire à l’ivermectine (CBTI). Le programme national pour le contrôle de
l’onchocercose (pnlo) a été créé en 1993.
Le PNLO a étendu ses activités de contrôle à 5 régions à l’aide de la stratégie CBTI et, à
partir de 1999 est passé à la stratégie cdti. Le programme de l’onchocercose reçoit un soutien
technique et financier d’usaid depuis 2010 dans le cadre du programme de contrôle des maladies
tropicales négligéeset reçoit toujours le soutien par le projet ENVISION. L’approche intégrée
44
de distribution massive de médicaments pour les maladies tropicales négligées dans les
communautés a été construite sur la stratégie CDTI élaborée pour le contrôle de l’onchocercose.
La stratégie principale utilisée est un CDTI dans les communautés endémiques ciblées.
L’ivermectine est donné seulement dans 11 districts de santé et associée à albendazole dans 100
districts de santé dans le cadre du traitement intégré de la filariose lymphatique et de
l’onchocercose. Sur les 111 districts de santé endémiques qui reçoivent un traitement à
l’ivermectine, 94 sont co-endémiques à la loase et donc présentent un risque d’effets
indésirables graves à la suite de l’administration d’ivermectine.
Plusieurs mesures décrites dans la section effets indésirables graves sont en cours de mise
en œuvre. Toutefois, après de nombreuses années de traitement, le risque a diminué en raison
d’une réduction de la prévalence et de la charge parasitaire et les effets indésirables graves
surviennent surtout chez les patients naïfs de tout traitement ayant une forte charge parasitaire
de loa loa71. L’extension du traitement aux zones de transmission hypo-endémiques est prévue
dans le cadre des activités d’élimination de l’onchocercose. Cela peut avoir pour résultat une
augmentation des cas potentiels d’effets indésirables graves dans les zones où l’ivermectine n’a
jamais été administré. Pour l’instant tous les districts de santé méso-endémiques ou hyperendémiques reçoivent un traitement et la plupart des districts de santé hypo-endémiques
reçoivent un traitement par les distributions massives de médicaments de la filariose
lymphatique.
 Schistosomiase
Le programme de la schistosomiase a débuté en 1993 avec l’élaboration d’un projet pilote
pour contrôler la schistosomiase dans la région du nord. Une enquête nationale épidémiologique
extensive menée entre 1983 et 1985 a débouché sur la création d’une carte de répartition de la
schistosomiase et des géo-helminthes. Le programme national pour le contrôle de la
schistosomiase et de l’helminthiase intestinale (PNLSHI) a été créé en 2003. Les premières
campagnes de traitement de masse de ces deux maladies ont été lancées en 2007 avec le soutien
de Children Without Worms. Les campagnes suivantes bénéficient du soutien de USAID depuis
1.
71
OMS, Rapport d'un groupe de travail scientifique sur les événements indésirables
graves suite au traitement par Mectizan (R) de l'onchocercose dans les zones
endémiques Loa loa. Filaria J, 2004. 2 Suppl. 1: p. S2.
45
2010 pour la cartographie et la distribution massive de médicaments. La cartographie
épidémiologique réalisée entre 2010-2012 a révélé que 134 districts de santé sont endémiques72.
Le programme national du Cameroun pour la schistosomiase a opté pour une fréquence
de traitement pas toujours en phase avec les recommandations de l’organisation mondiale de la
sante dans certains districts de santé. La stratégie nationale pour la schistosomiase au Cameroun
soutient un traitement annuel des enfants en âge scolaire (EAS) dans 69 districts de santé où la
prévalence de schistosomiase chez les EAS est au moins de 10% mais de moins de 50% selon
la cartographie de 2010-2012 réalisée avec le kato-katz, et dans 5 districts de santé où la
prévalence est au-dessous de 10% mais est plus forte selon les données historiques.
D’autre part, dans 4 districts de santé où la prévalence chez les EAS est ≥50%, les adultes
sont également traités. A partir de 2015, à la suite d’une évaluation du PNLSHI, deux autres
districts de santé ont été ciblés pour une distribution massive de médicaments en raison de
l’accroissement de la prévalence de schistosomiase chez les EAS. Présentement, sur les 135
districts de santé endémiques, 80 reçoivent une distribution massive de médicaments au
praziquantel (pzq) via la stratégie scolaire seule ou, en fonction des niveaux de prévalence, via
une stratégie combinée scolaire et à poste fixe ciblant les adultes. Seuls 60% des districts de
santé endémiques reçoivent un traitement puisque la stratégie nationale ne cible que les districts
de santé où la prévalence chez les EAS est ≥10%
 Géo-helminthes
Dans certains cas, le traitement ciblé des géo-helminthes a été réalisé dans le cadre d’un
projet intégré pour le contrôle de la schistosomiase et des géo-helminthes à la suite d’un accord
entre USAID et le ministère de l’éducation supérieure et de la recherche en 1983. Le traitement
reposait sur les données résultant d’une enquête épidémiologique menée entre 1985 et 1987. Les
activités de contrôle se sont intensifiées avec la création du PNLSHI en 2003 et l’établissement du
plan stratégique national de 2005-2010 pour le contrôle de la schistosomiase et des géo-helminthes.
Le programme pour les géo-helminthes
reçoit un soutien d’USAID depuis 2010 pour une
distribution massive de médicaments mébendazole annuelle pour les enfants âgés de 5 à 14 ans. Les
données venant de la cartographie de 2010-2012 utilisant les mêmes diapositives kato-katz pour la
schistosomiase et les géo-helminthes ont montré que les trois géo-helminthes majeures sont
présentes dans les 10 régions.
72
Koroma, J.B., et al., Cartographie de la schistosomiase et de l'Helminthiasis transmise par le sol et
Détermination des stratégies de chimiothérapie préventive en Afrique, Sierra Leone. PLoS NTD, 2010
46
Les EAS sont les plus atteints, ont de lourdes charges parasitaires et, fréquemment des
infections poly-parasitaires. La stratégie nationale consiste en un déparasitage dans les écoles pour
tous les EAS, scolarisés ou non: le déparasitage annuel se fait dans les écoles avec le mébendazole
pour les enfants âgés de 5 à 14 ans, avec un ajout de PZQ dans les zones endémiques à la
schistosomiase. Cette stratégie s’applique depuis l’établissement du PNLSHI. Avec le début des
distributions massives de médicaments contre la filariose lymphatique dans le pays, les EAS dans
les districts de santé recevant la distribution massive de médicaments de filariose lymphatique
reçoivent également une seconde série de déparasitage avec de l’albendazole. En 2015, un
traitement bisannuel à albendazole (et non au mébendazole) a été appliqué dans 10 districts de
santé et une partie de 3 districts de santé co-endémique à la loase et aux géo-helminthes. Cette
stratégie a été suspendue. Par conséquent, les EAS de 129 districts de santé endémiques à la filariose
lymphatique recevront deux séries de déparasitage au mébendazole et albendazole73.
Pour le déparasitage scolaire, les EAS qui ne sont pas inscrits dans les écoles sont conduits à
l’école par leurs parents le jour de la distribution massive de médicaments pour recevoir le
traitement. Un travail spécial de mobilisation sociale est fait pour cibler ce groupe. Les enfants de
1 à 5 ans sont également traités deux fois par an par l’intermédiaire de la semaine d’action de santé
et de nutrition infantile et maternelle au cours de laquelle un ensemble de services comprenant le
mébendazole est proposé aux enfants de moins de 5 ans. Le traitement de ces jeunes enfants se fait
grâce au soutien du ministère des affaires étrangères du commerce et du développement du canada
via Helen Keller international et le fonds des nations unies pour l’enfance. Le PZQ sera combiné
au mébendazole pour le traitement de masse de géo-helminthes dans tous les districts de santé
endémique aux géo-helminthes et schistosomiase.
 Trachome
L’objectif du programme pour le trachome coordonné par le programme national pour la
prévention de la cécité est d’éliminer le trachome en tant que maladie pouvant causer la cécité à
l’horizon 2020. Le programme repose sur la stratégie chance recommandée par l’organisation
Mondiale De La Santé. Les composantes CH (chirurgie), N (nettoyage du visage) et CE
(changements environnementaux) ont le soutien d’autres projets axés spécifiquement sur le
trachome ou intégré à des projets plus larges d’eau, d’assainissement et de promotion de l’hygiène.
73
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
47
La chirurgie du trichiasis trachomateux a le soutien de sightsavers dans la région de l’extrême nord
depuis 2014.
Les activités d’élimination du trachome ont débuté en 2010 avec le soutien d’USAID pour
les enquêtes de cartographies réalisées en 2010-201274. La cartographie a révélé que le trachome
est endémique dans 47 districts de santé dans les régions de l’extrême nord, du nord et de
l’adamawa, 16 d’entre eux ayant une prévalence de trachome inflammatoire folliculaire (tf) ≥10%.
Une l’administration annuelle de zithromax et de tétracycline en pommade ophtalmique a
commencé progressivement dans les districts de santé endémique dès que les résultats de la
cartographie ont été connus. En 2014 des évaluations d’impact du trachome ont été menées dans
sept districts de santé. Cinq districts de santé (Bourha, Hina, Koza, Mogode, Roua) ont réuni les
critères d’arrêt de la distribution massive de médicaments (prévalence inférieure à 5%), et deux
(meri et petrichiasis trachomateuxe) ont fait état d’une prévalence comprise entre 5 et 9,9%,
devant donc recevoir une distribution massive de médicaments supplémentaire75.
74
Alliance mondiale de l’OMS pour l’élimination du trachome cécitant d’ici à 2020, rapport de situation sur
l’élimination du trachome, 2010. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 2012, 87 :161–168.
75
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
48
Tableau 8:Aperçu du statut escompté du programme des maladies tropicales négligées au Cameroun au 30 septembre 2015
Colonnes c+d+e=b pour chaque
Colonnes f+g+h=c pour chaque maladie*
maladie*
Détermination des lacunes de
Résultats
cartographie
de la
détermination des lacunes de la
distribution massive de médicaments
distribution
massive de
médicaments
A
B
C
Dd
Ee
F
G
Nb. De districts
Nb. De
recevant une distribution
districts ayant
massive de médicaments
besoin d’une
au 30/09/15
distribution
Nnb.
Nb.
Maladie
Nb. De
Nnb.
massive de
De districts
médicaments ou
qui n’ont pas
Total de
districts
De districts
requérant
districts
classifies
classifies non-
une
dans le pays
endémiques**
endémiques**
cartographie
initiale
encore commencé
Financement
d’USAID
Autres
les distribution
massive de
médicaments, ou
qui ont
prématurément
H
Besoins
de districts de
santé
I
Nb. De
districts où les
critères d’arrêt
de la
distribution
massive de
médicaments au
niveau du
district ont été
Nb. De
districts
requérant un
district de
santé au
30/09/15
réunis en date
du30/09/15
arrêtée au 30/09/15
49
Préévaluations
Filariose
158
lymphatique
23
0
144
0
14
a
0
des
transmissions:
86f
Tas: 31f
111
70
0
111
17c
0
0
0
Schistosomiase
134d
47
0
80
0
54d
0
0
Géo-helminthes
181
0
0
181
0
0
0
0
Trachome
20e
161
0
11
0
4
5
Tis: 6f
Onchocercose
181
Source : Helen Keller International
* si les colonnes c+d+e ne sont pas égales à b pour la cartographie de chaque maladie, ou si les colonnes f+g+h ne sont pas égales à c pour
le traitement de chaque maladie, veuillez reconfirmer les chiffres et ajoutez des notes détaillées expliquant les différences.
** si les résultats de la cartographie ne sont pas disponibles au moment du plan de travail ajoutez une note expliquant comment de nombreux
districts ont été cartographiés et quelles données d’endémicité ne sont pas disponibles. Ne les comptez pas comme des districts ayant besoin d’une
cartographie initiale (colonne e).
A –districts de santé ne recevant pas de traitement en année fiscale ! 5 parce qu’ils sont endémiques au loa loa. La distribution massive de
médicaments à albendazole que reçoivent les districts de santé de la région de l’est sera arrêtée en l’année fiscale 2016.
C–17 districts de santé dans les régions de l’extrême nord (3), du nord (6) et de l’adamawa (8) reçoivent un soutien de la Lions Club
International Foundation pour la distribution massive de médicaments d’onchocercose.
D –les districts de santé ne sont pas tous ciblés pour une distribution massive de médicaments conformément à la stratégie nationale actuelle.
Mais la stratégie nationale est révisée en 2016 et davantage de districts de santé seront ciblés pour la distribution massive de médicaments de
l’année fiscale 2017.
50
E –20 districts de santé sont endémiques et 16 réunissent les critères pour une distribution massive de médicaments (tf ≥10 %), mais le
ministère de la santé publique a ciblé 4 districts de santé supplémentaires ayant une prévalence comprise entre 5 et 9, 9 % pour une distribution
massive de médicaments en l’année fiscale 2016.
F – évaluations maladie-spécifique (districts de santé) requises et prévues pour l’année fiscale 2016.
51
CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE
CONTRE LES MTNS AU CAMEROUN
Au Cameroun le projet ENVISION est mis en œuvre par Helen Keller International en
collaboration avec des organisations de développement non-gouvernementales partenaires. Les
activités de contrôle des MTN dans les 10 régions du pays s’organisent autour de réseaux et de
structures déjà en place.
Section 1 : Présentation du projet ENVISION
Paragraphe 1 : Contexte et Approches du Projet ENVISION au
Cameroun
Hellen Keller International a signé des ententes auxiliaires avec des organisations
spécifiques qui mettent en œuvre les activités dans leurs régions traditionnelles d’intervention
: Sightsavers soutient les activités dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Ouest
; International Eye Foundation apporte son soutien dans les régions du Sud et d’Adamawa et
PersPective travaille dans la région du Littoral. Hellen Keller International apporte son soutien
directement dans les quatre autres régions (Centre, Est, Nord et Extrême Nord) et apporte
également un soutien technique et financier au Ministère de la Santé Publique au niveau central.
Grace à ENVISION, USAID contribue au paiement des salaires du personnel du
gouvernement ; soutient l’enlèvement, le transport et l’entreposage des médicaments ; il est
responsable des opérations et de divers investissements (formations sanitaire, contruction
d’infrastructures et logistique) ; il soutient la participation du personnel MTN aux réunions et
formations internationales et gère la coordination du programme et le traitement des cas de
morbidité (hydrocèle).
Sightsavers apporte son soutien à la lutte contre l’OV depuis 1996. L’ONGD contribue,
avec des fonds propres, au financement à la mise en œuvre des activités intégrées de contrôle
/élimination de la FL, de l’OV, de la SCH et des STH dans les régions du Nord-Ouest, du SudOuest et de l’Ouest. Elle apporte également son soutien pour l’élimination du trachome dans
les régions de l’Extrême Nord, et du Nord. Sigthsavers soutient la chirurgie du trichiasis
trachomateux (TT), sensibilise sur le nettoyage du visage et fait la promotion d’autres activités
d’hygiène et d’assainissement.
52
Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et HKI apportent leur soutien au
déparasitage bisannuel des enfants de moins de 5 ans via la Semaine d’Actions de Santé et de
Nutrition Infantile et Maternelle (SASNIM), au cours de laquelle un ensemble de services, dont
le Mébendazole (MBD), est distribué aux enfants de moins de 5 ans grâce au financement du
gouvernement canadien.
Le Programme Africain pour le Contrôle de l’Onchocercose (APOC) apporte son soutien
au traitement sous directive communautaire à base d’Ivermectine (CTDI) pour le programme
de Contrôle de l’Onchocercose au Cameroun depuis 1999 et, depuis 2005, APOC élargit son
soutien pour le CDTI à tous les DS endémiques. APOC fermera en 2015 et a arrêté son soutien
financier au Cameroun.
HKI et IEF apportent leur soutien au projet de CDTI avec un financement de la Fondation
du Lions Club International (LCIF). La LCIF soutient le programme du CDTI pour le Contrôle
de l’Onchocercose au Cameroun depuis 1996 par un soutien financier et la création d’une
coalition de ONGD. Cette coalition pour le contrôle de l’onchocercose forme la base de
l’organisation du soutien des MTN du Cameroun au sein du projet de ENVISION. Même si les
ressources nécessaires pour contrôler efficacement les maladies tropicales négligées sont
relativement faibles à cause de ce qui a déjà été dépensé pour lutter contre le sida, la tuberculose
et le paludisme, les activités de lutte contre les MTN sont en cours76.
Paragraphe 2 : Cadre opérationnel du projet ENVISION
Le projet ENVISION vise à contrôler MTN au Cameroun. Helen Keller travaille aux
côtés des donateurs, un effort conjoint avec le ministère de la Santé et de la Population et le
ministère de l'Éducation, afin de fournir une administration massive de médicaments à deux
drogues dans les régions du Cameroun. Au total, les enfants d'âge scolaire, les femmes
enceintes et les enfants de moins de 2 ans ont reçu des traitements. Pour atteindre une grande
population, Helen Keller a formé des leaders communautaires, des promoteurs et des relais
communautaires pour éduquer la population sur MTN, persuader le plus grand nombre de
ménages possible de participer à un traitement préventif et mener une MDA au moyen de
76
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
53
postes de distribution communautaire et d'écoles. Pour déterminer quelles régions étaient
admissibles à la MDA, la cartographie de la prévalence de la maladie était nécessaire. Le
mappage NTD a été achevé en 2015. L'objectif de cette activité était de compléter la
cartographie des MTN dans les régions ciblées au cours de la phase initiale. Les campagnes
de sensibilisation basée sur le changement de comportement sont un aspect essentiel pour
atteindre les objectifs du programme en favorisant le changement de comportement de santé à
long terme, l'implication active accrue des bénéficiaires et la prise en charge des services,
ainsi que l'appropriation par le gouvernement et son soutien soutenu aux réalisations du
programme.
L'objectif est d'éliminer les MTN au Cameroun d'ici 2020. Pour évaluer les progrès
réalisés, les enquêtes d'évaluation de la transmission du ministère de la santé (TAS) ont été
menées. Les enquêtes logistiquement complexes sont menées dans des centaines d'écoles et de
communautés sur une période de deux à trois semaines pour déterminer si la transmission de la
maladie a été perturbée et il est peu probable qu'elle se reproduise dans une zone donnée.
Section 2 : Le rôle de HKI dans la lutte contre les MTN et la pauvreté
Paragraphe 1 : La coopération entre HKI et les différents acteurs
stratégiques sur le terrain
La Coalition des organisations non gouvernementales de développement (ONGD) pour
les maladies tropicales négligées, en charge de la prévention, du contrôle et des campagnes de
chimiothérapie préventive est composée d’Helen Keller International (HKI), SightSavers,
International Eye Foundation (IEF) et Perspective.
Depuis la signature du projet d'accord du 9 août 1995 qui l'associe au gouvernement
camerounais, la Coalition a d'abord aidé le ministère de la Santé publique (ministère de la Santé)
dans le contrôle de l'onchocercose par la mise en place des mécanismes de distribution annuelle
de l'ivermectine et du système de soins de santé primaires (SSP). Les tâches de la coalition dans
les régions ont ainsi été distribuées parmis les differents actionnaires : A l’Adamaoua par
International Eye Foundation; Au Centre par Helen Keller International; A l’Ouest et Nord par
la Fondation River Blindness et le Centre Carter; finalement, au centre et Est par SightSavers
International.
En 1997, cette aide a été étendue au littoral. En 1998, à l'instigation de cette Coalition et
du programme africain pour l'onchocercose Contrôle (APOC), le ministère de la Santé a créé le
54
National Onchocerciacis Task Force (NOTF). En 2004, toutes les dix régions du Cameroun
étaient couvertes. Ensuite, en 2009, les accords ont élargi les interventions De la Coalition à
quatre autres pathologies a savoir: Filiarisis lymphatique (LF), Trachome, helminthiases Et la
schistosomiase.
Hellen Keller International et les ONGD partenaires maintiennent leur soutien à la
mobilisation sociale dont les objectifs spécifiques sont la réduction du nombre de refus de 50%
dans chaque région, l’amélioration des taux de couverture thérapeutique et géographique grâce
à une meilleure participation de groupes spécifiques (réfugiés, groupes de femmes, habitants
des camps érigés pour d’importants projets de construction), renforcement de l’adhésion au
programme par les bénéficiaires et, par conséquent leur contribution financière et en nature.
Les stratégies suivantes servent à atteindre ces objectifs et font appel à différents outils devant
être fabriqués et distribués avec le soutien financier d’ENVISION. L’utilisation de matériels
d’Information, d’Education et de Communication (IEC) est repartie comme suit: ENVISION
finance la production et la distribution d’un nombre suffisant d’affiches (50 997), de brochures
(17 284), de livrets (1234), d’aide-mémoire (8500), de T-shirts (35 784) et de prospectus (83
994). Ces matériels sont utilisés pour transmettre des messages sur la connaissance de la
maladie, sur la gratuité du traitement, sur les avantages des médicaments, sur le calendrier des
campagnes, sur la nécessaire motivation des DC par les communautés ; des messages sur les
effets secondaires ; et des messages sur l’hygiène personnelle, particulièrement le nettoyage des
mains et du visage et de bonnes habitudes d’assainissement environnemental. Les affiches sont
placées sur les places publiques dans les communautés ciblées. Les messages sont traduits en
différentes langues locales pour atteindre le plus de monde possible. Beaucoup de ces matériels
portent des images informatives pour aider les DC et le personnel sanitaire à décrire les maladies
et le traitement pour les membres illettrés des communautés. Aucun de ces outils n’est conçu
pour être complémentaires aucun n’étant suffisant à lui seul. Le coût de ces matériels est inclus
dans le budget de mobilisation et de subvention de Sightsavers, de Perspective et de IEE
Les émissions radiophoniques sont supervisées par le DRSP qui élabore des publicités
radiophoniques et des programmes interactifs sur les MTN en fonction de leurs besoins. Ces
publicités et programmes sont diffusés dans la langue officielle et en langue locale pendant
toute la période de la campagne. On rappelle leur rôle et responsabilités aux membres de la
Communauté pour la DMM des MTN (sélection, motivation et suivi des DC ; tenue de réunions
communautaires ; recherche de stratégies pour gérer les refus ou les autres causes d’une
médiocre couverture dans leur propre communauté). Une information sur les SAE (causes,
55
comment les éviter, premiers signes avant-coureurs et stratégies s’ils surviennent) est fournie
pour rassurer les communautés. Pour mobiliser davantage la population et réduire le nombre de
refus, les membres des communautés tels que les chefs de village et les leaders d’opinion seront
invités à prendre part aux programmes interactifs. Avant et pendant la campagne scolaire les
radios diffusent des messages de sensibilisation demandant aux parents d’emmener leurs
enfants à l’école la plus proche pour y recevoir le traitement. Le coût des émissions
radiophoniques est inclus dans le budget FOG. Les émissions à la télévision sont financées par
l’OMS qui a déjà acheté du temps d’antenne sur Canal 2 pour diffuser des informations sur des
sujets sanitaires (non-spécifiés). Ce temps d’antenne sert à accroitre la visibilité et la
compréhension du programme des MTN pour la population. L’un des sujets identifiés est la
gestion des effets secondaires graves (causes, comment les éviter, signes avant-coureurs et
stratégies en place pour la gestion des cas) afin de rassurer les communautés. ENVISION
apporte son soutien technique pour préparer les différents sujets avec le CCU MTN.
Des crieurs publics dans chaque Aire Sanitaire diffusent des messages concernant les
dates et lieux de distribution, et communiquent sur le fait que le traitement est gratuit et sur
l’innocuité des médicaments. Les autres canaux de mobilisation sociale : Quelques canaux de
communication existent déjà et sont utilisés pour mobiliser des groupes sociaux spécifiques
(femmes, réfugiés, populations nomades). Les coûts associés à ces activités sont faibles car ces
activités consistent surtout à distribuer des documents informatifs déjà produits pour les autres
moyens de diffusion. La liste des différents canaux se trouve ci-dessous, et tous les frais liés à
ces activités sont inclus dans les budgets FOG régionaux77.
Les réunions de groupe féminins sont mises à contribution pour diffuser des messages
d’éducation, de sensibilisation et d’information sur les MTN et pour inciter les femmes à
s’investir dans les activités des diverses campagnes (devenir DC, diffuser des messages,
apporter un soutien aux DC et amener leurs enfants pour le déparasitage). Un rappel est fait aux
membres de ces groupes sur le rôle et les responsabilités des communautés dans les DMM des
MTN (recensement des populations, soutien aux DC, réunions communautaires pour évaluer la
performance) et sont sollicités pour penser à des moyens d’améliorer l’adhésion. Il est demandé
à chaque région d’identifier au moins un groupe de femmes et le personnel régional fournira
1.
77
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
56
les documents informatifs nécessaires (brochures, prospectus, question fréquemment posées)
produits avec le soutien d’ENVISION.
ENVISION fourni des messages de sensibilisation sur les MTN qui font partie des
activités d’éducation et d’assainissement courantes. On demande à la population de nommer
des distributeurs communautaires (DC) dans les camps de refugies. Le renforcement des
capacités/formation aide à établir une base de données intégrée MTN et un système de gestion
des données au sein l’unité de coordination Centrale (CCU MTN) : Affinage de la base de
données nationale et apport de données historiques au moyen d’une formation disposant du
soutien financier et technique de ENVISION sur l’élaboration et l’utilisation d’une base de
données intégrée de MTN. La formation traitera également du renforcement des capacités du
personnel de la coordination centrale, évaluera leurs besoins et la fourniture d’équipements,
procédera à des révisions et de normalisation des données avec HKI et les programmes, fera
circuler des rapports et prévoira des sauvegardes périodiques des données informatisées. Les
coûts de la formation sont inclus dans le poste Renforcement des capacités.
Les formation sur le M&E de la FL aident à améliorer la capacité du CCU et des partenaires
des MTN à planifier les activités de M&E de la FL et pour renforcer les capacités de revue des
protocoles et des rapports et pour superviser les enquêtes mises en œuvre en FY16 et les années
suivantes, une formation sera organisée au cours du premier trimestre de FY16 avec l’assistance
technique d’un consultant. Une formation sur la conduite d’un mini-TAS sera également
organisée avant la mise en œuvre de l’enquête. Les coûts de la formation sont inclus dans le
poste Renforcement des capacités.
Les personnes à tous les niveaux du système de santé participant aux campagnes de DMM
(communautaires et scolaires) reçoivent une formation/recyclage sur la mise en œuvre des
activités de MTN pour garantir la qualité de leur travail. La formation se fera en cascade pour
les campagnes communautaires et scolaires à l’aide de modules de formation élaborés pour
chaque niveau. Suivant les recommandations du DQA, la formation met l’accent sur la gestion
des données et l’étude des composants spécifiques du registre de traitement et des formulaires
de rapport pour s’assurer que ces documents sont rédigés en temps voulu et sont de haute
qualité. Pour garantir la qualité de la formation un pré et post test sera administré aux
participants et la formation contiendra des sessions pratiques et de jeux de rôle. Des
connaissances supplémentaires seront dispensées tout au long de la campagne au cours de
sessions de formation au monitorage menées par les DS, les DRSP, le niveau central et les
ONGD. Les coûts de la formation sont inclus dans les FOG régionales.
57
Etant donné que la DMM est planifiée annuellement, la formation régulière s’effectue tous les
ans. La mise en œuvre des campagnes est entièrement assurée par le personnel du gouvernement
(personnel sanitaire, enseignants) dont l’affectation change régulièrement. Les DC changent
fréquemment aussi car ils travaillent en tant que bénévoles et démissionnent pour différentes
raisons. Par conséquent le remplacement des DC doit se faire au début de chaque campagne.
Le nouveau personnel et les nouveaux DC des zones de traitement ciblées doivent recevoir une
formation. D’autre part, les sessions annuelles de formation donnent l’occasion de partager et
faire circuler les innovations et les meilleures pratiques issues des campagnes précédentes.
Paragraphe 2 : L'autopsie d'une ONG engagée dans la lutte
contre les MTN et la pauvreté
Fondée en 1915, Helen Keller International (HKI) est l'une des organisations
internationales à but non lucratif les plus anciennes consacrées à la lutte contre la cécité et la
malnutrition évitables. Hellen Keller International est persuadée qu’une lutte réussie contre les
MTN permettra d’offrir aux populations les plus pauvres de nombreux avantages
socioéconomiques et de santé. Les programmes HKI luttent contre la malnutrition, la cataracte,
le trachome, l'onchocercose (cécité des rivières) et l'erreur de réfraction.
L'objectif de tous les programmes d'HKI est de réduire les souffrances de ceux qui n'ont
pas accès aux soins de santé ou de vision nécessaires et, en fin de compte, à aider les personnes
à sortir de la pauvreté. Cette lutte est basée sur la réduction de la pauvreté par la mise en place
de systèmes de santé et d'éducation sur la lutte contre les MTN. Ces maladies favorisent la
pauvreté et la perpétuent également. Elles se retrouvent dans les régions rurales des pays
pauvres et y sont le plus souvent co‐endémiques, en particulier, en Afrique subsaharienne, en
Asie et en Amérique latine. Contrairement au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme, ces
maladies sont chroniques, ne présentent pas toujours à priori un danger de mort et dans de
nombreux cas, comme par exemple l’helminthiase intestinale et la schistosomiase, ne
présentent pas ouvertement des symptômes au début de l’infection. Elles sont par conséquent
souvent négligées par les responsables de l’élaboration de politiques et les donateurs et restent
inconnues des habitants des régions78.
2.
78 78
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
58
L’objectif d’HKI consiste à faire de la lutte intégrée contre les MTN un point central de
sa programmation dans pratiquement chaque
pays, en particulier en Afrique
subsaharienne. L’approche et l’atout principal d’HKI résident dans les partenariats établis avec
des ministères, en particulier les ministères de la Santé et de l’Éducation, afin d’offrir une aide
technique aux équipes nationales de lutte contre les maladies, et de renforcer la capacité au sein
des pays avec comme objectif le passage à l’échelle et la création de systèmes viables79.
À cet effet, HKI met l’accent sur des activités de plaidoyer de sorte que le gouvernement
reconnaisse l’importance de la lutte contre les MTN et assume progressivement une plus grande
responsabilité au niveau des programmes de lutte contre les MTN, notamment en attribuant des
ressources ; sur le renforcement des capacité afin de garantir que les connaissances et les
aptitudes nécessaires pour mettre en œuvre les programmes de lutte soient en place à tous les
niveaux du système de santé ; sur la diffusion des informations de façon à ce que le ministère
de la Santé et les partenaires soient au fait des dernières recherches en ce qui concerne la lutte
contre la maladie et leur permettre d’appliquer ces résultats en fonction de leur propre situation;
sur la mobilisation des ressources nécessaires afin que ces dernières soient mises à disposition
d’un pays afin d’atteindre les objectifs du programme. Tout au long de ces activités, HKI met
l’accent sur l’appropriation des programmes de lutte contre les MTN par le pays et les
communautés elles‐mêmes. Cette approche permet d’établir une fondation solide en vue d’un
effort durable de lutte contre les MTN au sein de chaque pays et est essentielle afin d’assurer la
viabilité des programmes de lutte contre les MTN.
Dans les quatre programmes nationaux intégrés de lutte contre les MTN déjà en place
qui bénéficient de l’appui de HKI (Cameroun, Guinée, Mali et Sierra Leone), HKI continue à
aider les pays en étroite collaboration avec ses partenaires afin de mener des activités de
plaidoyer auprès des ministères de la Santé et autres intervenants gouvernementaux sur
l’importance et le besoin d’un soutien continu au niveau national de la lutte contre les MTN, y
compris un accroissement des budgets gouvernementaux.
Le programme permet aussi de
mener des activités de plaidoyer auprès des donateurs et des partenaires gouvernementaux pour
un financement des composantes de la lutte contre les MTN allant au‐delà d’une chimiothérapie
(par exemple, assainissement, hygiène, changement du comportement, chirurgie, prise en
79
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
59
charge de la morbidité). La position d’HKI dans les pays en tant que principale ONGD dans le
domaine de la lutte contre les MTN, est maintenu en tirant des leçons de l’expérience acquise,
en publiant les résultats des activités du programme et en prenant les devants dans la
mobilisation de ressources supplémentaires.
Il est essentiel de continuer à renforcer les capacités à l’intérieur du pays, par le biais
d’une formation au niveau des diverses composantes de la lutte contre les MTN, en effectuant
une cartographie nationale des MTN, lorsqu’il y a lieu, augmentant la couverture en vue
d’atteindre toutes les personnes qui en ont besoin et garantir que les cibles sont atteintes que ce
soit pour la couverture épidémiologique ou pour la couverture géographique, car la couverture
du TDM est essentielle à l’impact que peut avoir une chimiothérapie préventive ; menant des
activités de plaidoyer par des curricula de santé scolaire et par les médias afin de sensibiliser
l’opinion publique au sujet des MTN et susciter leur adhésion aux activités des programmes ;
planifiant et menant des activités de suivi et d’évaluation des programmes (couverture et
impact) ; menant des activités de plaidoyer auprès du ministère de la Santé et aider à mettre en
place des systèmes de surveillance afin d’assurer qu’il n’y a pas de recrudescence de la maladie ;
recherchant des opportunités supplémentaires de financement afin de complémenter les
programmes de lutte intégrée contre les MTN déjà en place, avec un intérêt tout particulier sur
l’adaptation de modèles efficaces pour une distribution intégrée dans le contexte local, au
moyen d’une recherche opérationnelle et prévoyant des stratégies de sortie afin de soutenir le
programme national de lutte contre les MTN.
Face à l’ampleur des maladies tropicales négligées au Cameroun, ENVISION lutte contre
les MTN en aidant le ministère de la Santé à administrer un traitement annuel, évalue
périodiquement la prévalence de la maladie pour mesurer l'impact et la conception, intègre le
traitement de l'éléphantiasis et des vers intestinaux avec des programmes existants de traitement
de la cécité de la rivière et combine la déparasitage chez les enfants de moins de cinq ans Avec
d'autres programmes de survie de l'enfant, comme la supplémentation en vitamine A et les
campagnes de lutte contre la poliomyélite. HKI promeut des programmes complets de lutte
contre les MTN et d'élimination qui traitent de l'hygiène, de l'eau et de l'assainissement, du
changement de comportement, de la gestion de la morbidité et de la prévention des
incapacités80.
80
Hellen Keller International, Plan Directeur de Lutte Intégrée contre les Maladies
Tropicales au Cameroun, 2011, Hellen Keller International.
60
DEUXIEME PARTIE:
LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA
POLITIQUE PUBLIQUE DE LUTTE CONTRE LES
MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU
CAMEROUN
61
CHAPITRE 3 : PORTEE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DES
MALADIES TROPICALES NEGLIGEES
Les maladies tropicales négligées (MTN) sont les infections les plus courantes en Afrique
subsaharienne. Presque toute la population vivant sous la pauvreté de la Banque mondiale est
affectée par une ou plusieurs DTN. De nouvelles preuves indiquent un haut degré de
chevauchement géographique entre les MND à forte prévalence (helminthes transmis par le sol,
schistosomiase, onchocercose, filariose lymphatique et trachome) et le paludisme et le VIH,
présentant un degré élevé de co-infection. Une combinaison de facteurs immunologiques,
épidémiologiques et cliniques peut contribuer à ces interactions et ajouter à un pronostic
détérioré pour les personnes touchées par le VIH / sida, la tuberculose et le paludisme81.
Section 1 : Évaluation de l'impact
Paragraphe 1 : Progrès du projet et appropriation locale
Les maladies tropicales négligées (MTN) font partie de l'agenda global pour la santé avant
l’épidémie de VIH / SIDA, l'augmentation des maladies non transmissibles dans le marché en
développement les économies et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Certaines de ces maladies qui sont causées par les vers, les bactéries, les virus et les parasites,
sont anciens, avec des preuves de leur existence remonte à l'époque des pharaons égyptiens.
Leur traitement peut être aussi simple que la prise d’une pilule et l'élimination peut être obtenue
par une combinaison répétée de l'administration massive de médicaments (MDA) et
l'amélioration des normes locales de l'eau et de l'assainissement des lieux d’habitations ainsi
que leurs alentours.
Dans le cas du projet Envision, des interventions à l'échelle de la population, telles que la
lutte anti vectorielle et l'administration massive de médicaments, ont diminué le taux de
transmission. Une réduction spectaculaire des maladies transmissibles pourrait être atteinte au
coût minimal d'environ de 0,40 $ US par personne et par an82. Communautaire et scolaire, le
déparasitage par l'administration massive de médicaments est l’intervention d’ENVISION au
Cameroun, et qui s’est avéré hautement rentable.
81
Alliance mondiale de l’OMS pour l’élimination du trachome cécitant d’ici à 2020 : rapport de situation sur
l’élimination du trachome, 2010. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 2012, 87 :161–168
82
OMS, Chimiothérapie préventive dans l'helminthiase humaine: l'utilisation coordonnée des médicaments
anthelminthiques dans les interventions de lutte. 2006, Organisation mondiale de la santé p3-5.
62
Un cadre intégrant le contrôle des vecteurs, fortement tributaire de l'utilisation judicieuse
des pesticides, et prévention par la chimiothérapie à toutes les populations à risque d'infection
est adopté dans le cadre de ce projet. Les activités de base telles que la prestation de services,
la logistique et le suivi ainsi que la surveillance sont combinés pour être utilisés contre diverses
maladies, avec des économies et des gains d'efficacité évidents. Le contrôle repose sur des
interventions simples, réalisées par les non-spécialistes, par exemple les enseignants, les chefs
de village et les bénévoles locaux. Pris individuellement et collectivement, les sept maladies
tropicales négligées couvertes par ENVISION ont des conséquences pour les communautés
affectées, surtout dans les zones agricoles. En 2005, seulement 10 000 personnes ont été
infectées par une maladie du ver de Guinée83 , l'onchocercose a considérablement régressée
comme problème de santé publique et maladie socioéconomique importante.
83
OMS, Chimiothérapie préventive dans l'helminthiase humaine: l'utilisation coordonnée des médicaments
anthelminthiques dans les interventions de lutte. 2006, Organisation mondiale de la santé p3-5.
63
Figure 6: Progrès vers l'élimination des MTNs au Cameroun
Source : Helen Keller International
Malgré ces données encourageantes, le retard qu’accuse le Cameroun dans l’éradication
des MTN et les capacités réduites pour obtenir un traitement est dû à la peur de la contagion,
64
de la sorcellerie, au fardeau financier pour la famille et la promiscuité, en raison de la mauvaise
hypothèse selon laquelle la schistosomiase est sexuellement transmissible. Les mesures
d'éducation à la santé axée sur les perceptions et les attitudes de la communauté et les patients,
sont les principales activités menant à une réduction des MTN. Une descente sur le terrain a
permis de constater que les pourvoyeurs de soins ne sont pas les plus éduqués sur le sujet. Ils
ont tendance à diagnostiquer et traiter gratuitement les MTN que lors des campagnes. Nous
notons donc une négligence de la part du système de santé.
Paragraphe 2 : L'expérience sociale dans les centres de santé

Activités de sensibilisation
Des campagnes de sensibilisation et déparasitage ciblant des enfants d'âge scolaire se
sont produites chaque année depuis 200784. C’est dans cette optique, qu’ENVISON a décidé
d’utiliser la chimiothérapie préventive en tant que stratégie de contrôle.

Incidence de la sensibilisation
La sensibilisation est un élément clé dans l'impact de la lutte contre les MTN. Il
nécessite de comprendre quels aspects des MTN contribuent à la négligence auxquels les
populations font face continuellement. Tout d'abord, ils ont une morbidité élevée, plutôt qu'une
mortalité élevée, les rendant «moins importants» que les maladies telles que le VIH / sida et la
tuberculose. Cependant, la morbidité peut avoir des conséquences aussi désastreuses que la
mortalité, et les NTD rendent les personnes infectées chroniquement handicapées.
Deuxièmement, les MTN affectent principalement les personnes vivant dans des pays
appauvris, ce qui rend difficile la communication des ramifications des maladies aux individus
dotés du capital social et politique pour aider les pays endémiques. Troisièmement, les données
démographiques sur les personnes infectées rendent cette entreprise peu rentable pour les
entreprises pharmaceutiques de poursuivre des thérapies pour les MTN. Ces facteurs sont les
raisons pour lesquelles il est de la plus haute importance pour nous en tant qu'étudiants de nous
éduquer sur les MTN et de communiquer la valeur de la prévention de ces maladies.
84
Louis-Albert Tchuem Tchuenté et al., Cartographie de la schistosomiase et de l'helminthiase transmise par le sol
dans les régions du Centre, Est et Ouest du Cameroun, 2012, PubMed, p6-9.
65

Rapport avec le personnel
Les personnels de santé adoptent par ailleurs des stratégies d’évitement et de mise à
distance jugées plus efficientes dans la gestion au quotidien du risque de contamination. Ils
adoptent des comportements de mise à distance et d’évitement des malades alors que les normes
professionnelles leur imposent un comportement spécifique. Les patients se retrouvent à
participer aux frais médicaux qui devaient seulement être assurés par l’hôpital. Or, ces mêmes
patients, au-delà de ces frais, ont déjà de la peine à assurer leurs propres prises en charge
quotidienne. Malheureusement, la population moyenne en zone rurale ne peut pas se le
permettre parce qu'elle est victime de la pauvreté générale qui se caractérise par de faibles
revenus, l'insécurité alimentaire, l’inégal accès aux moyens de production, la mauvaise santé et
l'analphabétisme. En 2007, avec l'aide de partenaires internationaux et nationaux, y compris le
ministère de la Santé du Cameroun, Helen Keller International, l'Agence des États-Unis pour le
développement international, Children Without Worms, le programme de dotation Mectizan et
le Programme africain pour le contrôle de l'oncécosis et d'autres partenaires, le programme a
été mis en œuvre dans tout le pays.
66
Figure 7: Campagne de sensibilisation sur la lutte contre les MTNs à MBANDJOCK
Les séances de sensibilisations se tiennent des fois sur la cour des maisons appartenant
aux bénévoles locaux. Les personnes directement concernées ont honte de ces maladies et
cachent leurs visages. Source : Auteure.
67
Figure 8: identification et enregistrement des participants aux campagnes
L’identification et enregistrement des participants se font manuellement. Certaines
données se perdent lors de la transmission aux services du Ministère de la Sante Publique
a Yaoundé ; et ceci fausse le processus de suivi-évaluation. Source : Auteure.
Figure 9: : photo illustrant une séance de prélèvement
Source : Auteure.
68
Figure 10: photo illustrant un test (test de filariose) positif au bout de 10 minutes
Source : Auteure.
Section 2 : Représentations des populations cibles
Paragraphe 1 : L’inadéquation du plan d’action du projet
ENVISION par rapport aux objectifs fixes.
Notre descente sur le terrain nous a permis d’avoir une meilleure vision du programme.
Il en ressort qu’il est nécessaire que des ressources et des fonds soient alloués aux programmes
de sensibilisation du public, aux campagnes d’information via les médias électroniques, à
l'utilisation de la téléphonie mobile pour envoyer des informations telles qu'elles sont faites
pour lutter contre le paludisme. Si le public n'est pas mobilisé pour participer aux activités de
lutte contre les maladies tropicales négligées, il serait difficile et sinon impossible pour
l'intervention actuelle de n'utiliser que la distribution massive de médicament pour réussir à
éradiquer les maladies tropicales négligées d’ici 2020.
69
Figure 11: Enquête CAP auprès des populations
L’enquête CAP s’est tenue sur quatre lieux ( chapelle, deux centres de sante et cour
du chef), pendant cinq jours grâce à trois bénévoles et l’auteure sur la photo. Source : Un
des bénévoles.
Tableau 9:Donnees repertoriant les connaissance générale du public sur les maladies
tropicales négligées
Nombre
Pourcentage
291
170
63.1
36.9
337
124
73.1
26.9
Connaissez-vous la signification des MTNs ?
Oui
Non
Avez-vous entendu parler des MTNs ?
Oui
Non
Si oui, ou avez-vous entendu parler des
MTNs?
Articles
scientifiques
dans la presse
TV/Radio/internet
Conférences/ séminaires
Tout ce qui précède
81
22.6
39.6
142
39
10.9
97
27
428
92.8
7.2
Les MTNs sont-ils une problématique d’une
grande importance pour la sante publique?
Oui
Non
33
Si oui, pourquoi ?
Je lis des articles dessus dans
le journal
88
20
70
Je lis des articles scientifiques
119
27
Je connais des personnes qui
ont souffert (ou souffrent d’un de ces
maladies
Je ne suis pas sur(e)
Je
viens
d’une
zone
endémique
154
35
52
11.8
27
6.1
262
199
56.8
43.2
286
62.0
60
18
97
13.0
3.9
21.0
dessus
Connaissez –vous ou
avez-vous déjà vu une
personne atteinte de MTNs?
Oui
Non
Parmi les maladies
citées plus bas, quelle est
celle qui peut être considérée
comme MTNs?
Onchocercose/
cécité
des rivières
Malaria
HIV/SIDA
Toutes
Source : Auteure
Tableau 10: Données représentant les connaissances des répondants au sujet des activités
spécifiques de lutte contre les MTNs
MTNs
Nombre de personnes
Pourcentage
interviewées
STH
(Programme
98
21.3
99
21.5
234
50.8
114
24.7
national de lutte contre la
schistosomiase / STH)
Schistosomiase
(Programme national de lutte
contre la schistosomiase /
STH)
Onchocercose (Programme
national
de
lutte
contre
l'onchocercose)
Lèpre
(Programme
national de lutte contre la
tuberculose et la lèpre)
71
Trachome
(Programme
102
22.1
32
6.9
(Aucun
28
6.1
Rage (Aucun programme
68
14.8
101
21.9
116
25.2
78
16.9
39
8.5
300
65.1
national de santé oculaire)
Ulcère de Buruli (Aucun
programme de lutte)
Leishmaniose
programme de lutte)
de lutte)
Trypanosome humaine
africaine
(Campagne
panafricaine d'éradication de
la
tsé-tsé
et
des
trypanosomiases)
Filariose lymphatique
(Programme d'élimination de
la filariose lymphatique)
Dracunculose
(programme d’éradication du
vers de guinée)
Maladies de Chagas
(Aucun programme de lutte)
Autres activités de lutte
contre les MTN
Source : Auteure
Tableau 11: Connaissance des activités de lutte contre les MTN par sexe et par âge.
Personnes
ayant entendu
parler
d'activités de
contrôle
Sexe
Masculin
oui
Non
p-value
Ratio
95% CI
155 (55)
61 (65)
0.052
1.519
0.996–
2.317
Féminin
Total
127 (45)
43 (35)
282
104
72
Groupe d’âge
15–20
3 (1.1)
1 (0.7)
21-25
104
(37.0)
143
(50.9)
24 (8.5)
42 (27)
47
(53.3)
8 (14.6)
>35
7 (2.5)
3 (4.4)
Total
281
101
26–30
31-35
0.125
Source : Auteure
Tableau 12: Différentes opinions du public sur les activités de contrôle des MTNs.
Nombre de personnes
Pourcentage
interviewes
Que pensez-vous que
l'on peut faire pour réduire
le fardeau de la MTNs ?
Plus de recherches
81
17.6
Plaidoyer
60
13
Plus de fond
28
6.1
Tout ce qui précède
292
63.3
Oui
59
12.9
Non
397
87.1
425
92.2
Pensez-vous qu'il y ait une
sensibilisation suffisante au
sujet de la MTN parmi les
institutions gouvernementales
et
les
décideurs
et
Distributeurs de médicaments
de masse?
Souhaitez-vous participer
aux activités liées à la lutte
contre les MTNs dans votre
zone ?
Oui
73
36
7.8
Plaidoyer
222
51.4
Levée de fond
21
4.9
Réseautage
113
26.2
Législation
24
5.6
Autres
52
12.0
Non
Si oui, Quelle activité ?
Source : Auteure
Figure 12: Graphe sur les connaissances des signes de chaque MTN.
Source : Auteure
74
Figure 13: Graphe sur les connaissances des modes de transmissions de chaque MTN.
Source : Auteure
Figure 14: Graphe sur les connaissances des traitements de chaque MTN.
Source : Auteure
75
Figure 15: Propositions d'amélioration des stratégies de lutte contre les MTNs
Source : Auteure.
Sur les 461 répondants dont 10 personnels du ministère de la santé, une proportion
significative de 337 (73,1%) ont déjà entendu parler des maladies tropicales négligées, mais
seulement 291 (63,1%) ont une bonne connaissance du sujet. Cependant, parmi les maladies
tropicales négligées spécifiques, seul le programme de lutte contre l'onchocercose (50,8%) était
de notoriété publique, alors que toutes les autres activités de contrôle des maladies tropicales
négligées étaient beaucoup moins connues du grand public. 397 (87,1%) ont indiqué que le
soutien du gouvernement aux activités de lutte contre les maladies tropicales négligées est
médiocre et qu'ils étaient prêts à plaider en faveur du contrôle des maladies tropicales négligées.
Cette enquête CAP démontre que, malgré les nombreuses activités menées par le
gouvernement pour lutter contre les maladies tropicales négligées au Cameroun, le public est
peu sensibilisé. Il est nécessaire de modifier les politiques pour accroître la participation du
grand public aux activités de contrôle des maladies tropicales négligées pour la durabilité. Pour
cela, il faudrait intégrer le volet social dans la planification des interventions et du processus de
suivi-évaluation pour assurer la flexibilité et l’adaptation des projets aux réalités locales. Les
perspectives en sciences sociales pourront aider à élargir les déterminants importants au control
des maladies tropicales négligées, vu que l’inégalité sociale et économique continue d’être les
importantes différences entre les zones endémiques et celles qui ne le sont pas.
76
Paragraphe 2 : L'attitude des patients et de leurs familles
Au niveau individuel, nous comprenons que les personnes vulnérables à ces maladies
doivent connaître, à travers leur univers consensuel, les principales caractéristiques des
maladies afin d'apporter leurs actions de prévention dans la vie quotidienne, telles que le soin
du corps, les habitudes alimentaires, les pratiques de lutte contre les vecteurs qui dépendent de
l'appréhension culturelle et personnelle de ces connaissances. Le projet ENVISION promeut
ces actions pendant les campagnes sans pour autant se rassurer de l’accès effectif à l’eau potable
propre ni aux services et produits dérivés de sante tels que les moustiquaires imprégnées qui
sont la responsabilité du programme de lutte contre le paludisme.
Au niveau social, outre les plans stratégiques, la volonté de connaître la réalité de la
population et de prendre des mesures efficaces dans la lutte contre les maladies négligées n’est
pas démontrée. L'investissement dans le secteur de la santé pour développer des actions
intersectorielles axées sur les causes des maladies est primordial.
Les maladies tropicales négligées ont un impact énorme sur les individus, les familles et
les communautés. L'apparence, la peur de la contagion, être un fardeau pour la famille et
l'incapacité de remplir des rôles particuliers de genre ont été trouvés sont des motifs
transversaux pour la stigmatisation des personnes atteintes de MTN, y compris la lèpre. La
pauvreté, la misère et le mode de transmission, sont intimement liés au déterminisme social,
individuel et environnemental, car ils sont considérés comme la cause principale des maladies
négligées.
L’intolérance sociale vis-à-vis des patients est également issue de l’idée que les personnes
âgées deviennent « inutiles » à la société, « les gens ne les respectent pas parce qu’elles sont
improductives ». De plus, les soins occasionnent des dépenses parfois lourdes à assurer. Les
difformités physiques qui résultent des maladies tropicales, entraînent souvent une
stigmatisation sociale, des problèmes de santé mentale, une perte de revenus et une
augmentation des dépenses médicales pour les patients et leurs aidants. Le fardeau
socioéconomique associé à l’isolement et à la pauvreté est énorme. L'élimination de ces
maladies peut prévenir les souffrances inutiles et contribuer à la réduction de la pauvreté.
77
78
CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES
PROJETS DE LUTTE CONTRE LES MTN ET
PERSPECTIVES
Les contraintes qui empêchent les progrès réalisés face aux maladies tropicales négligées
sont variées et diffèrent en nature. Les échecs politiques publiques adaptées sont des
contributeurs clairs, mais il existe aussi le dilemme entre continuer à mener à bien la lutte contre
les maladies avec les outils disponibles actuellement et investir dans la recherche en santé au
profit des générations futures. Malgré les quelques résultats positifs que l’on peut attribuer au
projet, il importe de relever les limites et les insuffisances de ce programme, et de faire quelques
suggestions.
Section 1: Contraintes de mise en œuvre du projet
Paragraphe 1 : Soutien financier et formation du personnel.
En dépit de plusieurs années de mise en œuvre réussie, d’importants problèmes subsistent
et empêchent l’atteinte des objectifs de couvertures élevées en matière de traitement de masse
et de mobilisation sociale des communautés. En dépit de plusieurs années de mise en œuvre
réussie, d’importants problèmes subsistent et empêchent l’atteinte des objectifs de couvertures
élevées en matière de traitement de masse et de mobilisation sociale des communautés. Les
principales causes associées aux faibles taux de couverture sont : distribution massive de
médicaments conduites au cours de mauvaises périodes de traitement ; lacunes dans le recueil,
de l’analyse et de la transmission des données ; refus des individus de prendre les médicaments
par crainte des effets secondaires.
En plus de ces causes, certains donateurs traditionnels de longue date ont arrêté ou
réduisent leur soutien financier aux programmes des maladies tropicales négligées au moment
où ce soutien est toujours nécessaire. Les MTN ne bénéficient pas d’assez de fonds spécifiques
pour atteindre les objectifs et les actions stratégiques qui peuvent être éliminées. Les
médicaments distribues proviennent essentiellement de dons extérieurs.
Dans cet aspect
politique et social, il est souligné la nécessité de valoriser l'ampleur et l'effet produit par ces
maladies. Les professionnels de la santé ont souligné le manque de ressources et d'incitations,
reflétées dans le financement dans la lutte contre les maladies négligées.
79
Ces actions de la part des autorités politiques et techniques entraînent la perpétuation du
cycle de la pauvreté car, comme ces maladies affectent principalement les pays sous-développés
et les populations extrêmement pauvres, il n'y a pas de rendement financier et rentable pour les
principales industries pharmaceutiques. Entre 1975 et 2004, seulement 1% des 1 535 nouveaux
médicaments enregistrés étaient destinés à des maladies tropicales. Ces données suggèrent que
l'investissement dans la recherche et le développement de médicaments pour les maladies
négligées est insuffisant, comme en témoigne le fait que l'investissement dans le paludisme est
au moins 80 fois plus faible par rapport au VIH / sida85.
Les maladies négligées sont considérées comme des infections qui pourraient être évitées
s'il y avait un plus grand intérêt pour la société à y remédier correctement. Ce qui est en fait
perçu, c'est que peu de secteurs de la société se rendent compte de l'ampleur de ces maladies et
ne fournissent pas de mesures efficaces pour lutter contre ces maladies. Dans les pays en
développement, les maladies négligées ont un impact énorme sur les individus, les familles et
les communautés en termes de charge de morbidité, de qualité de vie, de perte de productivité
et d'aggravation de la pauvreté, en plus du coût élevé du traitement à long terme. Ils constituent
donc un sérieux obstacle au développement socio-économique et à la qualité de vie à tous les
niveaux.
Malgré les changements dans le profil épidémiologique, qui montre que les cas de
maladies infectieuses ont diminué considérablement par rapport au siècle dernier, l'incidence
de ces maladies reste élevée, principalement en raison du manque d'autorités publiques et du
pouvoir économique international. Plus de 23 millions de personnes courent le risque d'être
infecte par une maladie tropicale négligée au Cameroun, avec la filariose lymphatique,
l'onchocercose, la schistosomiase, les helminthes transmis par le sol et le trachome, le
Cameroun compte plusieurs zones endémiques. Dirigé par le ministère de la Santé, le
programme de lutte contre les MTN du Cameroun vise à contrôler ou à les éliminer d'ici 2020,
grâce au traitement dans les communautés et les écoles. ENVISION contribue à atteindre cet
objectif en soutenant le programme de lutte contre les MTN du Cameroun pour mettre en œuvre
des campagnes de traitement au niveau de 181 districts.
En collaboration avec le ministère de la Santé et les partenaires, ENVISION a soutenu
l'extension des traitements à toutes les personnes à risque. Malgré les risques d’effets
85
Kumaresan JA, Mecaskey JW. The global elimination of blinding trachoma: progress and promise, 2003,
Trop Med. Hyg., p69.
80
secondaires graves chez les personnes à risque dans les zones co-endémiques avec loaloa, Helen
Keller International (HKI) porteur du programme ENVISION a contribué à la mise au point
d'un système permettant de délivrer efficacement et efficacement des mesures préventives, des
traitements par le médicament appelé ivermectine, pour la cécité des rivières. Ce système est
actuellement utilisé pour traiter des millions de personnes en Afrique par an86.
La principale difficulté de cette étude a été la participation des populations à l’enquête.
Nous avons eu du mal à faire adhérer les populations aux enquêtes nonobstant les explications
et la sensibilisation par les équipes de district et les équipes de recherche. Cette difficulté était
accentuée par le fait qu’étant pas médecins, nous ne distribuons pas de comprimé. Lorsque l’on
réalise des enquêtes dans les communautés sans le moindre médicament, cela pose des
problèmes pour la participation des populations, et même des problèmes d’ordre éthique. Etre
dans une communauté pour des enquêtes en même temps que l’on rencontre des enfants avec
38 voire 40° de température alors que dans la trousse on n’a aucun médicament est
véritablement problématique. Les populations l’ont dit, ils ne veulent pas recevoir des équipes
qui viennent uniquement pour poser des questions.
Il a été confirmé des insuffisances dans le système de gestion des données :
-
Rapports et données souvent incomplètes ;
-
Manque de vérification systématique à tous les niveaux ;
-
Manque de retour d’information sur la qualité des données transmises à
tous les niveaux ;
-
Archivage inadéquat des données et des rapports ;
-
Formation inadéquate de certains acteurs au niveau opérationnel ;
-
Manque d’une base de données intégrée pour toutes les maladies tropicales
négligées à l’unité de coordination centrale des maladies tropicales
négligées national.
Paragraphe 2 : Retard dû à la gestion des médicaments et refus dus
à la crainte des effets indésirables graves
Depuis 2004 les médicaments (albendazole, ivermectine, et le zithromax) suivent le
circuit national de la chaine d’approvisionnement pour les médicaments essentiels alors que le
86
OMS, guide pour la cartographie de la schistosomiase et l'évaluation des programmes de lutte, 2010,
Organisation mondiale de la santé, Bureau régional pour l'Afrique, p10.
81
PZQ et le mébendazole pour les enfants en âge scolaire ne sont pas encore intégrés au système.
Le processus d’approvisionnement en médicaments est très long et suit les étapes suivantes :
les médicaments arrivent au point d’entrée du pays (port ou aéroport). Puis sont soumis aux
formalités administratives et douanières avant l’enlèvement. Les médicaments (albendazole,
ivermectine, et zithromax) sont transportés du point d’entrée vers les entrepôts de la centrale
nationale d’approvisionnement des médicaments essentiels (CENAME) pour y être entreposés.
Les médicaments de déparasitage (PZQ et
mébendazole) transitent via les entrepôts du
programme avant d’être transportés vers les délégations sanitaires publiques régionales.
Le ministère de la santé publique prend à sa charge les frais de transport du niveau central
vers le niveau régional. Albendazole, ivermectine, et zithromax sont livrés du CENAME aux
centres d’approvisionnement pharmaceutiques régionaux (CAPR) agences du ministère de la
santé publique responsables du système de gestion de l’approvisionnement en médicaments
essentiels le PZQ et le
mébendazole sont livrés depuis le programme vers les délégations
sanitaires publiques régionales. Des CAPR, les responsables des districts de santé reçoivent les
médicaments (albendazole, ivermectine, et zithromax en fonction de la répartition déterminée
par les délégations sanitaires publiques régionales. Ils livrent alors les médicaments aux
infirmiers des aires sanitaires qui les fournissent aux communautés en fonction des chiffres du
recensement, pour les campagnes communautaires. Le PZQ et le mébendazole sont transférés
vers les délégations régionales du MINEDUB et du MINESEC et suivent le circuit de ces
structures décentralisées de ces deux ministères jusqu’aux écoles.
Dans les zones où le parasite loaloa (ver de l’œil des tropiques) est présent, l’ivermectine
ne peut être administré qu’en suivant des directives strictes, sinon les effets peuvent être graves
et même entrainer la mort. Le pzq quant à lui, ne doit pas être pris à jeun et car il peut provoquer
des nausées et des vomissements chez certains enfants, surtout s’ils n’ont pas mangé avant.
L’azithromycine peut également provoquer quelques problèmes gastriques. En dehors des
situations liées à la présence de loa loa, les effets secondaires sont mineurs. Les effets
indésirables graves se produisent surtout chez les personnes prenant l’ivermectine pour la
première fois et qui ont une forte charge parasitaire de loaloa. Pour réduire le risque d’effets
indésirables graves, l’ivermectine n’est pas administré dans les districts de santé et aires
sanitaires endémiques à la loase. Et ces medicaments ne sont pas disponibles en dehors des
campagnes. Les médicaments (albendazole, ivermectine, et zithromax) restant à la fin des
campagnes de traitement communautaire sont collectés dans les communautés et retournés aux
82
centres de santé. Les centres les dirigent vers les districts qui les livrent aux différents CAPR
où ils sont reconditionnés par quantité, numéro de lot et dates de péremption puis stockés.
De la même façon, les médicaments restant après les campagnes de traitement scolaires
suivent le chemin d’approvisionnement inverse, des écoles jusqu’aux CAPR pour
reconditionnement et stockage. Tous les médicaments périmés sont collectés aux CAPR et
détruits conformément aux normes en vigueur. Par l’intermédiaire d’helen keller international
et des organisations de développement non gouvernementales partenaires, ENVISION vérifie
que les quantités prévues de médicaments arrivent dans chacune des régions et s’assure que les
communautés ont
reçu les médicaments
pendant
les supervisions.
Ce système
d’approvisionnement est lourd. Nous nous proposons d’analyser des stratégies pour traiter ces
différents facteurs.
Section 2 : Pour une politique de sante publique efficace en matière de
lutte contre les MTN et la pauvreté au Cameroun.
A la suite des déchéances, des difficultés, des échecs marqués à différentes étapes du
projet, nous proposons des stratégies d’amélioration.
Paragraphe 1 : Les perspectives.
Nous nous sommes inspires des programmes ayant réussi dans d’autres pays, notamment
en Asie87, pour proposer ces différentes perspectives:
• Pour ce qui est de l’approvisionnement et la gestion des intrants et médicaments il est
primordial d’assurer la disponibilité des fonds, des médicaments et toutes les autres
fournitures un mois avant le moment réel de la distribution. En plus de la nécessité
d'un plaidoyer accru, il faut la création des programmes d'intégration réussis pour
traiter les infections multiples. Il est clair qu’il faudrait coupler les MTN avec le
traitement contre le VIH, le paludisme et la tuberculose. Car ces trois grandes maladies
constituent une composante importante du financement de la santé mondiale. Les
MTN sont reléguées en second lieu dans le budget mondial de la santé car elles ne
représentent pas une menace immédiate à la mortalité et sont ainsi éclipsées par le
VIH, le paludisme et la tuberculose.
87
Savioli L, Gabrielli AF et al, Schistosomiasis control in Africa: 8 years after World Health Assembly Resolution,
2009, Parasitology p54.
83
• Afin de pallier au Refus dus à la crainte des effets indésirables graves, il faut rassurer
les communautés, la communication doit se faire à l’aide de différents outils et moyens
de communication. Ces outils donneront des informations sur les effets secondaires
envisageables mais insiste davantage sur le fait que les cas graves sont rares et ne se
produisent que sur les personnes qui prennent le traitement pour la première fois et qui
ont une forte charge parasitaire de loaloa. Les personnes prenant l’ivermectine pour la
première fois seront informées sur les services existant pour la prise en charge des cas
s’ils se produisaient.
• Ces infections ont un impact significatif sur la productivité des travailleurs, perpétuant
les cycles de pauvreté qui sont endémiques aux communautés où les MTN prospèrent;
• Parce que le coût du traitement des MTN peut être aussi faible que 0,50 $, le retour sur
investissement est l'un des plus grands dans la santé mondiale. Par exemple, les
estimations montrent que la dépense de 1 $ pour le traitement de la filariose
lymphatique en Chine a généré 15 $ Taux de rendement économique 11888;
• L'intégration peut avoir des avantages importants pour le traitement des MTN, en
particulier lorsque les facteurs géographiques et culturels sont pris en compte lors de
la conception du programme;
• L'administration massive de médicaments est essentielle pour lutter contre ces
maladies à court terme mais pour assurer des programmes de durabilité à long terme
ils doivent être axés sur l'eau et l'assainissement, l'environnement et la lutte anti
vectorielle;
Une façon de dynamiser le plaidoyer pour les MTN est de considérer les MTN comme
une maladie mondiale avec des perspectives qui englobent les problèmes de développement, de
la santé, éducation et l'agriculture. Même quand un élève n'est pas infecté, il est obligé de rester
à la maison et s'occuper de ses proches qui ont été infecté. Le ministère de la santé publique est
tenu responsable de la lutte contre les MTN. Cependant, ce sont les ministères de l'agriculture
et de l'éducation qui doivent assurer les progrès vers des solutions de nature essentiellement
économique, tout en engageant des institutions politiques et sociales car les MTN sont le grand
obstacle à l'augmentation de la production agricole et la scolarisation. Il est fort probable qu'en
augmentant la productivité dans le secteur de l'agriculture, bon nombre des OMD pourraient
également être mieux atteints, par exemple, réduire le taux de pauvreté, améliorer la
88
Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G., Economic evaluation of Mectizan
Distribution, 2004, Trop Med Int Health. p20
84
fréquentation scolaire et l'abaissement des taux de mortalité maternelle. Sans cette intégration
programmée, les MTN continueront de servir d'ici 2020.
Paragraphe 2 : Le rôle du secteur des entreprises dans la lutte
contre les MTN.
Nous avons commenté les avantages de l'intégration MTNs avec d'autres programmes.
Sur la base de la réussite d'ENVISION et de ses limites en tant que programme de contrôle, l'un
des facteurs les plus importants est que la mise en œuvre doit être assurée par des partenariats
public-privé efficaces. Ces efforts intégrés doivent impliqué autant les entreprises
pharmaceutiques que les organismes de financement multilatéraux et bilatéraux, les ministères
nationaux de la santé publique, l'éducation et l'agriculture, la société civile et les communautés
concernées ; afin qu’elles-mêmes travaillent en collaboration dans un effort commun. La
meilleure pratique pour la mise en œuvre des programmes de traitement des MTN est d'imiter
les partenariats qui ont fait des preuves en tant que programmes avec des résultats remarquables
jusqu'à présent.
Il existe trois programmes soutenus par les entreprises qui ont fait une différence
significative dans le contrôle et l'élimination de trois MTN: l'onchocercose, la filariose
lymphatique et le trachome.
-
Le programme d'onchocercose lancé par Merck & Co., Inc. a été
opérationnel le plus long, atteignant 68 millions de personnes en Afrique,
en Amérique latine et au Yémen grâce à des programmes de traitement
communautaires89.
-
GlaxoSmithKline et Merck & Co., Inc. se sont joints Pour éliminer la
filariose lymphatique, qui a été éliminée ou contrôlée actuellement dans
16 pays90.
-
La Fondation Edna McConnell Clark s'est associée à l'OMS pour soutenir
les études sur l'épidémiologie et le contrôle du trachome, ce qui a entraîné
la SAFE (chirurgie, antibiotiques, propreté du visage et amélioration de
l'environnement) Stratégie comme base pour éliminer cette maladie. Le
89
Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G., Economic evaluation of Mectizan
Distribution, 2004, Trop Med Int Health. p16-25
90
Dean M., Lymphatic filariasis has been eliminated in 16 countries, monitoring indicates., 2008
BMJ, p10.
85
programme a réalisé des progrès considérables grâce au traitement de plus
de 7 millions d'individus, entraînant une réduction cumulative de 50% du
taux de maladies chez les enfants.
-
PFIZER a également soutenu l'effort de lutte contre le trachome par
Fournissant plus de 200 millions de comprimés d'azithromycine91.
Bien que l'on puisse affirmer que l'agenda des MTN existe à cause des dons provenant des
Industrie pharmaceutique, ces sociétés ne devraient pas être les seules. Il existe diverses
organisations qui ont été créées pour aider à éliminer les MTNs et il y a un soutien considérable
des États-Unis. Pourtant, malgré ce soutien, le portefeuille des donateurs n'est pas diversifié.
Actuellement, les programmes d'élimination des MTN reposent presque entièrement sur des
dons de charité provenant des États-Unis Et des sociétés pharmaceutiques basées en Grande
Bretagne, pour l'élimination complète de ces maladies, il est impératif que d'autres pays et
d'autres sociétés participent également aux efforts. Cela commence lentement à se produire car
les entreprises des pays émergents ont commencé à entrer dans le secteur de la recherche et du
développement du médicament, en percevant le médicament contre les MTN Développement
comme une opportunité d'affaires.92
91
Kumaresan JA, Mecaskey JW., The global elimination of blinding trachoma: progress and promise, 2003, Am
J Trop Med Hyg., p24.
92
Frew SE, Liu VY, Singer PA, A business plan to help the 'global South' in its fight
against neglected diseases, 2009, Health Aff (Millwood). p28.
86
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, nous nous rendons compte que les outils de guérison et les
instruments utilises ont tendance à être inefficaces lorsqu'ils sont utilisés aveuglément dans
l'ignorance du sens complexe et du contexte dans lequel vit le patient, ainsi que de son impact
sur ses moyens de subsistance et son bien-être. Grâce à l'évaluation du programme MDA, nous
pouvons identifier les possibilités d'amélioration de la délivrance de médicaments et des
stratégies de communication pour sensibiliser aux maladies et au but de la MDA. Les
populations vivant dans les zones endémiques doivent être ciblées avec des messages
d'éducation sanitaire appropriés et des stratégies appropriées de délivrance de médicaments. Le
contrôle des MTN influe non seulement sur la santé des populations ciblées mais aussi sur
d'autres implications. Une étude montre que, après que les messages éducatifs ont été ciblés
pour combler les lacunes en matière de connaissances, l’adhésion aux traitements de masse est
passée de 71% en 2003 à 92,7% en 200493.
Les efforts de lutte contre les MTN nécessitent une attention accrue et des financements
des communautés, ainsi que les pays où ils sont endémiques, en particulier dans les marchés
émergents. Les économies qui ont la capacité d'assumer une partie de la responsabilité du
contrôle des programmes de lutte contre les MTN. Les programmes de lutte contre les MTN
nécessitent des efforts soutenus pendant une longue période pour être efficace, ainsi que des
améliorations dans l'infrastructure de l'eau et de l'assainissement. Trop souvent, les MTN ont
été classés comme « autres maladies » et sont éclipsés par les efforts de lutte contre le VIH /
sida, le paludisme et la tuberculose. Pourtant, compte tenu de l'impact disproportionné des MTN
sur les plus pauvres, les efforts visant à créer des ressources durables et la croissance dans les
pays en développement serot ralenti si les MTN ne sont pas abordés. La rentabilité des
programmes de lutte contre les MTN est indéniable, en particulier dans les domaines où la coendémicité se produit. Dans presque tous les cas, de petits investissements sont capable de
générer de gros rendements.
Les sociétés qui deviennent plus en santé deviennent plus riches, et ceci est évident à
partir des résultats de la programmation de lutte contre les MTN. La programmation de contrôle
de lutte contre les MTN conduit à l’augmentation des taux de fréquentation scolaire,
augmentation de la productivité des travailleurs, augmentation de la disponibilité des terres
93
King, Zielinski-Gutierrez et al., Améliorer la participation communautaire pour éliminer la filariose
lymphatique, 2011, Actatropica, p70.
87
arables, les revenus accrus et les impacts évidents sur la santé. La programmation de lutte contre
les MTN est vraiment « L’un des meilleurs investissements rentables dans la santé mondiale
aujourd'hui» 94. Il est impératif de regarder ces maladies strictement dans un contexte de santé
et inclure également le contexte économique. Malheureusement, les entretiens avec des experts
clés dans le domaine de lutte contre les MTN révèlent que ces programmes ont été largement
ignorés par les plus grandes communautés mondiales de santé et de politiques.
Par conséquent, il faut un plus grand plaidoyer pour le contrôle des MTN, ainsi que
l'éducation, pour empêcher ces maladies d'être toujours négligées. Avec un plaidoyer accru, les
stratégies efficaces de lutte contre les MTN peuvent devenir des programmes modèles, d’où
l'importance de s'attaquer à ces maladies et d’attirer l'attention sur l'agenda mondial de la santé.
Grâce à des recherches et des entretiens avec des praticiens et des décideurs de la lutte
contre les MTN, nous sommes arrivés à sept recommandations de base pour les progrès réalisés
dans le contrôle et l'élimination des MTN:
• L'administration de médicaments de masse (MDA) s'est révélée largement peu coûteuse
et très rentable, et devrait être la stratégie de gestion des MTN à court terme, mais la
mise en œuvre de programmes d'eau et d'assainissement serait la stratégie à long terme;
• Programmes de contrôle intégrés qui impliquent des MTN et VIH SIDA et Paludisme
devraient être encouragés dans la mesure du possible;
• La communauté mondiale de la santé devrait accroître le plaidoyer et le financement des
MTN pour sensibiliser davantage à la réussite des programmes des MTN et à leur
rentabilité et impact sur la croissance économique du public et des décideurs ;
• La lutte contre les MTN être considérée comme important pour atteindre les objectifs
du Millénaire pour le développement (OMD);
• Les MTN doivent faire partie de l'agenda de développement plus vaste et passer d'un
contexte exclusif de la santé à des forums socio-économiques plus larges ;
• La communauté des MTN devrait être une voix unifiée pour le plaidoyer et la
sensibilisation du public aux succès de la programmation des MTN ainsi qu’à leur
rentabilité et impact sur la croissance économique;
• Parce que les entreprises jouent un rôle énorme dans l'approvisionnement en
médicaments des MTN, le modèle de partenariat public-privé devrait être Élargi pour
réussir à contrôler et éliminer ces maladies.
94
Tropical Parasitology Imperial College, Interview du professeur Alan Fenwick, 2011, Tropical Parasitology
Imperial College.
88
Si ces recommandations peuvent être obtenues, cela impliquera non seulement des
progrès dans la réduction du fardeau des MTN, mais la réalité de l'élimination des MTN dans
le monde entier.
89
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7.
III-
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Maladies
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8. Uniting to combat neglected tropical diseases ,Quatrième rapport
d’avancement sur la Déclaration de Londres, Genève, 2016, p3.
96
TABLE DES MATIERES
DÉDICACE................................................................................................................................I
REMERCIEMENTS ............................................................................................................... II
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES .......................................... III
RESUME ................................................................................................................................. VI
LISTES DES GRAPHIQUES ET TABLEAUX ...............................................................VIII
Liste des figures graphiques et images ........................................................................... viii
Liste des tableaux ............................................................................................................ viii
SOMMAIRE ........................................................................................................................... IX
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 1
CONTEXTE DE L’ETUDE ................................................................................................... 2
I.
1.
Contexte social ........................................................................................................... 2
2.
II.
Contexte économique ..................................................................................... 3
DELIMITATION DU SUJET ................................................................................................. 5
1.
Délimitation spatiale ...................................................................................... 5
2.
Sur le plan temporel ....................................................................................... 9
3.
Sur le plan matériel ........................................................................................ 9
INTERET DE L’ETUDE ..................................................................................................... 10
3.
1.
Sur le plan scientifique ................................................................................. 10
2.
Sur le plan social .......................................................................................... 11
4.
DEFINITION DES CONCEPTS ............................................................................................ 13
5.
REVUE DE LA LITTERATURE........................................................................................... 15
6.
PROBLEMATIQUE ........................................................................................................... 22
7.
HYPOTHESES ................................................................................................................. 24
Hypothèse générale .............................................................................................. 24
Hypothèses spécifiques ........................................................................................ 24
8.
OBJECTIFS ..................................................................................................................... 24
9.
CADRE METHODOLOGIQUE ............................................................................................ 25
10. GRILLE D’ANALYSE ....................................................................................................... 25
11. COLLECTE DES DONNEES ............................................................................................... 25
1.
Recherche documentaire .......................................................................................... 25
2.
Entretien semi-directif .............................................................................................. 26
3.
Enquête CAP (enquête sur les connaissances, aptitudes et pratiques) .................... 26
97
4.
Echantillonnage ....................................................................................................... 26
5.
Observation directe .................................................................................................. 28
6.
Collecte des données ................................................................................................ 28
12. JUSTIFICATION DU PLAN ................................................................................................ 28
PREMIERE PARTIE : .......................................................................................................... 29
ANALYSE DU DISPOSITIF GLOBAL DE LUTTE CONTRE LES MALADIES
TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN................................................................ 29
CHAPITRE 1 : ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DES POLITIQUES PUBLIQUES DE
LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN ..... 30
Section 1 : Les politiques de lutte contre les maladies tropicales négligées au Cameroun
.......................................................................................................................................... 30
Paragraphe 1 : Organisation sanitaire du Cameroun .................................................... 31
Paragraphe 2 : Partenaires du programme Maladies Tropicales Négligées ................. 32
Section 2 : Aperçu des maladies tropicales négligées au Cameroun .............................. 39
Paragraphe 1 : Représentation cartographique des MTNs au Cameroun ..................... 40
Paragraphe 2 : Objectifs et activités du programme ENVISION pour les différentes
MTN au Cameroun ....................................................................................................... 43
Filariose Lymphatique ...................................................................................... 43
Onchocercose ................................................................................................... 44
Schistosomiase ................................................................................................. 45
Géo-helminthes ................................................................................................ 46
Trachome .......................................................................................................... 47
CHAPITRE 2 : COOPERATION INTERNATIONALE LUTTE CONTRE LES MTNS AU
CAMEROUN ....................................................................................................................... 52
Section 1 : Présentation du projet ENVISION ............................................................. 52
Paragraphe 1 : Contexte et Approches du Projet ENVISION au Cameroun ............... 52
Paragraphe 2 : Cadre opérationnel du projet ENVISION ............................................ 53
Section 2 : Le rôle de HKI dans la lutte contre les MTN et la pauvreté ...................... 54
Paragraphe 1 : La coopération entre HKI et les différents acteurs stratégiques sur le
terrain ........................................................................................................................... 54
Paragraphe 2 : L'autopsie d'une ONG engagée dans la lutte contre les MTN et la
pauvreté ........................................................................................................................ 58
DEUXIEME PARTIE: .......................................................................................................... 61
98
LE PROJET ENVISION : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE PUBLIQUE DE
LUTTE CONTRE LES MALADIES TROPICALES NEGLIGEES AU CAMEROUN 61
CHAPITRE
3
:
PORTEE
SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE
DES
MALADIES
TROPICALES NEGLIGEES ............................................................................................... 62
Section 1 : Évaluation de l'impact ................................................................................ 62
Paragraphe 1 : Progrès du projet et appropriation locale ............................................. 62
Paragraphe 2 : L'expérience sociale dans les centres de santé ..................................... 65
Section 2 : Représentations des populations cibles ...................................................... 69
Paragraphe 1 : L’inadéquation du plan d’action du projet ENVISION par rapport aux
objectifs fixes. .............................................................................................................. 69
Paragraphe 2 : L'attitude des patients et de leurs familles............................................ 77
CHAPITRE 4 : CONTRAINTES A LA MISE EN ŒUVRE DES PROJETS DE LUTTE
CONTRE LES MTN ET PERSPECTIVES .......................................................................... 79
Section 1: Contraintes de mise en œuvre du projet ...................................................... 79
Paragraphe 1 : Soutien financier et formation du personnel. ....................................... 79
Paragraphe 2 : Retard dû à la gestion des médicaments et refus dus à la crainte des effets
indésirables graves ....................................................................................................... 81
Section 2 : Pour une politique de sante publique efficace en matière de lutte contre les
MTN et la pauvreté au Cameroun. ............................................................................... 83
Paragraphe 1 : Les perspectives. .................................................................................. 83
Paragraphe 2 : Le rôle du secteur des entreprises dans la lutte contre les MTN. ........ 85
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 87
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 90
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 97
99
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