Le français et les arabismes La Mer Méditerranée 2 La Méditerranée Creuset de langues •Berbère •Arabe •Langues romanes (vénitien, sicilien, sarde, italien, français, occitan, catalan...) •Lingua franca (esclaves chrétiens, marins, pirates) Laissons la parole à Tahar Ben Jelloun… 3 Résultats •Riche héritage linguistique sur les deux rives •Echanges ludiques et féconds •Mélanges, emprunts et contaminations 4 L'importance de l'arabe C'est grâce à la diffusion de l'Islam que la langue arabe s'est répandue après le VIe siècle. Cette langue, l'arabe littéraire ou coranique, fut codifiée; elle acquit alors le statut de langue savante. Puis le rayonnement de la langue et de la culture arabes progressa lors des conquêtes territoriales pendant tout le Moyen Âge. Les villes saintes de La Mecque et de Médine devinrent des centres religieux et intellectuels très importants. 5 Traductions C'est par les ouvrages traduits en arabe que les intellectuels chrétiens d'Occident découvrirent les sciences et les techniques des Anciens. Par exemple, les œuvres du mathématicien Euclide, de l'astronome Ptolémée, des médecins Hippocrate et Galien. De cette façon, les Arabes transmirent également les cultures indienne, perse et grecque, notamment en algèbre, en médecine, en philosophie, en alchimie, en botanique, en astronomie et en agronomie. Il faut comprendre qu'avec les œuvres se sont aussi transmis les mots. 6 Emprunts de l'arabe De fait, la langue arabe a donné quelques centaines de mots au français, notamment au cours des XIIe et XIIIe siècles, mais encore au XIVe siècle. Ainsi, les savants arabes fournirent au français des termes d'origine arabo-persane tels que échec (jeu). C'est ainsi que le français emprunta à l'arabe des mots liés aux sciences, aux techniques et au commerce : abricot, alambic, chiffre. 7 D'autres emprunts Les emprunts à l'arabe ont surtout été faits entre les XIIe et XIXe siècles, mais les XVIe et XVIIe siècles ont été particulièrement productifs. Après 1830, c'est-à-dire après la conquête de l'Algérie par la France, d'autres mots arabes (une cinquantaine environ) ont pénétré dans la langue française: zouave, razzia, casbah, kif-kif, toubib, bled. 8 Les chiffres arabes C'est la langue arabe qui a permis au français, comme à bien d'autre langues, de découvrir la numérotation en «chiffres arabes». Les Arabes avaient eux-mêmes emprunté à l'Inde ce système de numérotation. En France, un moine mathématicien et astronome du nom de Gerbert d'Aurillac (938-1003) avait découvert les chiffres arabes lors de ses études en Catalogne (Barcelone). Il s'initia à la science arabe, étudiant les mathématiques et l'astronomie. Il se rendit vite compte des avantages de la numérotation décimale, même s'il ignorait encore le zéro. Devenu pape en 999 sous le nom de Sylvestre II (le premier pape français), il employa toute son autorité pour promouvoir la numérotation arabe, ce qui lui valut le surnom de «pape des chiffres». 9 L'abaque de Fibonacci Dans leur forme actuelle avec le zéro, les chiffres arabes furent diffusés en Europe par le mathématicien italien Leonardo Fibonacci (v. 1175 - v. 1250). En 1202, celui-ci publia son « Liber abaci » (« Le livre des calculs »), un traité sur les calculs et la comptabilité basé sur le système décimal à une époque où toute l'Europe recourait encore aux chiffres romains. Surtout les chevaliers qui rentraient des croisades parlaient partout des bienfaits de la numérotation arabe. 10 Des formes d'opposition Bien que les chiffres arabes soient plus performants que la notation romaine, ils ne se sont pas imposés très rapidement (algèbre-algorithme-chiffre). Le système fut même mal reçu, en raison notamment du zéro, qui désignait alors le néant ou le vide, une notion familière aux hindous, mais étrangère aux Occidentaux. En 1280, Florence interdit même l’usage des chiffres arabes par les banquiers. En réalité, le conservatisme des Européens percevait les chiffres romains comme l'un des «piliers de la civilisation» occidentale. 11 En France Il faudra attendre le XIVe siècle pour que les chiffres arabes soient acceptés grâce à l'influence de mathématiciens comme Nicolas Chuquet (né entre 1445 et 1455, décédé entre 1487 et 1488), François Viète (15401603) et Simon Stevin (1548-1620). Ce fut après la Révolution française que l'on généralisa en France l'emploi du système métrique décimal. 12 La science arabe Les Arabes ont été des médecins et des alchimistes, les deux sciences d'ailleurs se confondent (l'al-kohl ou produit de la distillation, carat, mot des alchimistes). Chimistes et pharmaciens, les Arabes nous ont donné le camphre et le talc. Ils utilisent l'ambre et la nacre. Parmi ces préparations se trouvent de nombreux cosmétiques, comme le musc et l'henné. Pour ce qui est des végétaux et des épices : le sucre et le safran. Les Arabes ont été les grands commerçants de la Méditerranée > mots des poids > quintal 13 L'Islam moderne A partir du XIVe siècle, l'influence culturelle des Arabes cesse de se faire sentir avec une telle force et continue par le biais de l'espagnol. Après le XVIIIe siècle, on assiste à une reprise (djinn, marabout). Il s'agit d'une part d'un folklore arabe d'origine littéraire (babouche, masser, hamman < Turquie), d'autre part, plus tardif, d'un argot militaire lié à la conquête de l'Algérie (casbah, nouba, toubib). 14 LE MOYEN-ORIENT On a vu les Arabes comme intermédiaires entre l'Occident et le Proche-Orient. Les mots arabes cités en tant qu'exemples ont fait apparaître nombre de termes venus de la Perse, de Byzance, de la Turquie. 15 Les mots persans • • • • Technique et objets: babouche, casaque, divan Terminologie des échecs Teinture (écarlate, cramoisi) Fleurs (jasmin) 16 Les mots grecs Importance des traductions (Grèce alexandrine) XIIIe alambic et élixir XIVe alchimie XVIe talisman et estragon Byzance > termes maritimes> galère, chiourme 17 Les mots turcs La Turquie vante depuis toujours une position stratégique, mais sa culture n'a laissé que peu de traces : Noms des personnages > pacha, odalisque Quelques objets > caftan Un certain nombre de mots turcs sont passés par l'Italie : sorbet, bergamote. 18 Conclusions Les arabismes sont entrés en français par trois voies : - médecins, pharmaciens, alchimistes, mathématiciens, astronomes venus puiser à la science arabe - le commerce intermédiare entre l'Occident et l'Orient - la porte des Maures qui implanteront en Espagne une civilisation originale (VIIIe-XVe). Arabe > Beur > Rebeu 19