Uploaded by kevin kiangebeni

Electrification rurale et Developpement

advertisement
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET ADMINISTRATIVES
PROGRAMME DE MAITRISE EN GESTION DE PROJETS
Pour l’amélioration des conditions de vie des
populations
du
monde
rural
haïtien
par
l’électrification : Cas de la commune de Roche-àBateau.
Travail de fin d’études réalisé en vue de l’obtention du grade
de « Master en Gestion de Projets ».
Préparé par LÉONIDAS PIERRE DAVOUST sous la Direction du
Professeur CLAUDE ELISMA
Novembre 2017
Remerciements
En tout premier lieu, mes remerciements s’adressent à Dieu, mes parents et ma famille pour
leur présence au quotidien et l’assistance morale qui m’ont permis d’achever mon cursus
académique avec succès. Je tiens évidemment à remercier toutes les personnes qui ont contribué,
de près ou de loin, à la réalisation de ce travail de fin d’études. En particulier, le professeur
Claude ELISMA en tant que Directeur de mémoire pour l’encadrement durant la réalisation de
ce travail de recherche et la patience qu’il m’a témoignée.
J’en profite pour exprimer ma profonde gratitude au Dr Evenson CALIXTE, Vice-Recteur aux
Affaires Académiques pour ses conseils au tout début de mes travaux.
Je remercie également Monsieur Rithot THILUS, Directeur Général de la CEAC pour sa
disponibilité et l’ambiance chaleureuse des journées de travail à Roche-à-Bateau.
Un remerciement spécial à la cellule Énergie du MTPTC et en particulier à son coordonnateur
l’Ing. Marc André CHRYSOSTOME pour m’avoir permis de puiser dans le champ de
connaissances inestimables de ses consultants ainsi que pour l’excellente ambiance de travail qui
y règne.
Merci également aux différents professeurs, collègues et amis de la section Maitrise en Gestion
de Projet de la FSEA de l’UNIQ. Finalement un merci tout particulier à Mme Gisèle BOIGRIS
pour son soutien moral et pédagogique tout au long de mon cursus académique
i
Résumé
La satisfaction des besoins élémentaires pour les populations pauvres du milieu rural haïtien se révèle d’une
importance capitale dans l’atteinte des objectifs de développement durable. De nombreuses barrières
découragent le développement local et entraînent une dégradation importante des ressources naturelles.
L’absence d’électricité constitue ainsi un obstacle majeur à l’atteinte des ODD. Dans le contexte de
gouvernance énergétique actuel, l’on peut affirmer que l’espace rural restera, dans sa grande majorité,
amputé de l’accès à l’électricité, hypothéquant ainsi les chances de voir évoluer les indicateurs directement
liés à la disponibilité de cette ressource.
Ce travail de recherche a permis de définir des axes stratégiques pour un projet d’électrification rurale et
d’établir la corrélation existant avec les indicateurs de développement grâce à l’élaboration d’outils de
mesure de performance. L’efficacité du projet d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau a ainsi pu
être déterminée.
Dans l’objectif d’une amélioration des conditions de vie des populations rurales d’Haïti, il s’agit également
d’une approche théorique qui recommande aux gestionnaires responsables, décideurs publics et bailleurs de
fonds de réorienter le cadre conceptuel des projets d’électrification rurale en devenir.
Mots-clés : Électrification rurale, Projet, Objectif de développement durable, Indicateur de
performance, Efficacité
Abstract
Meeting the basic needs of the rural poor in Haiti is critical to achieving sustainable development goals.
Many barriers discourage local development and lead to significant degradation of natural resources. The
absence of electricity thus appears to be a major obstacle to achieving the SDG. In the context of current
energy governance, it can be said that the vast majority of rural areas will be cut off from access to
electricity, thus hampering the chances of evolving indicators directly linked to the availability of
electricity.
This research enabled us to define strategic axes for a rural electrification project and to establish the
existing correlation with the development indicators through the design of impact measurement tools. The
efficiency of the electrification project of the commune of Roche-à-Bateau was thus determined.
With the aim of improving the living conditions of the rural populations of Haiti, it is also a theoretical
approach that recommends to responsible managers, public decision-makers and donors to reorient the
conceptual framework of future rural electrification projects.
Keywords: Rural Electrification, Project, Sustainable Development Goal, Performance Indicator,
Effectiveness
ii
Tables des matières
pages
Remerciements …………………………………………………………………………….…….I
Résumé…………..……………………………………………………………………………….II
Liste des tableaux……………………………………………………………………………..…V
Liste des graphiques…………………………………………………………………………....VI
Abréviations et acronymes…………………………………………………………………....VII
Chapitre 1 : Introduction …………….…………… …………………………….......................1
1.1. Introduction générale………………………………………………………………….........1
1.2. Contexte et objet de recherche……………………………………………………......2
1.3. Question de recherche et méthodologie……………………………………………....3
1.4. Contribution de la recherche………………………………………………….……....4
1.5. Organisation de la recherche………………………………………………….…........5
Chapitre 2 : Revue de la littérature..............................................................................................6
2.1. Rôle de l'électrification dans l'accomplissement
des objectifs de développement……………………………………..….......................7
2.2. Des OMD aux ODD : complémentarité et portée
des efforts supplémentaires.………………………………………………..……….....9
2.3. Point sur les ODD en Haïti. ………………………………………………….….......12
2.4. État du secteur de l’énergie en Haïti………………………………………………....13
2.5. Analyse critique……………………………………………………………………...17
Chapitre 3 : Cadre conceptuel et méthodologique.……….…………………………………..19
3.1. Approche méthodologique…………………………………………….…………….19
3.2. Présentation du projet d’électrification de la région de Roche-à-Bateau………...….20
3.3. Satisfaction des besoins énergétiques avant le projet CEAC……………..................24
3.4. Choix méthodologiques……………………………………………….……………..25
iii
Chapitre 4 : Analyse des données, résultats et discussions ……………………………….....27
4.1. Présentation et traitement des données………………………………………….…...27
1) SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces)
du secteur de l’électricité en Haïti….………………………………................27
2) Analyse SWOT et approches stratégiques du secteur
de l’électrification rurale …………………………………………………...…28
3) Les ODD dans la région de Roche-à-Bateau …………………………..……..31
4.2. Analyse et discussion de résultats de l’enquête…………………………………..….39
a) Constats sur l’évolution des indicateurs……………………………................39
b) Analyse de la performance des axes stratégiques du projet
d’électrification rurale de Roche-à-Bateau………………………………….....42
Chapitre 5 : Conclusions et recommandations…..…………………………………................53
5.1. Rappel de l’objet de recherche…………………………………………………...….53
5.2. Retour sur les hypothèses-Contributions-clés…………………………………….....53
5.3. Limites des résultats de la recherche………………………………………………...55
5.4. Perspectives de la recherche………………………………………………................56
5.5. Conclusion générale…………………………………………………………………56
Références bibliographiques…………………………………………………………...…... ….58
Annexes :……………………………………………………………………………..............…..I
Annexe 1 : Résumé du secteur de l’énergie en Haïti (Tableaux et figures)……………...............II
Annexe 2 : Guide d’entretien et questionnaire…………….. …………………………….…...VIII
Annexe 3 : Analyse économique du coût actualisé de l’électricité………………………….....XII
iv
Liste des tableaux
pages
Tableau # 1
: Liste des 17 objectifs de développement durable………………………………………....10
Tableau # 2
: Analyse comparée du cadre de conception des OMD et des ODD………………………..11
Tableau # 3
: Résumé du secteur de l’énergie en Haïti………………………………….…………....….15
Tableau # 4
: Structure détaillée des capacités de production PAP et les provinces……….. ref : Annexe 1
Tableau # 5
: Indicateurs énergétiques d’Haïti comparé aux pays de la Caraïbe…………....ref : Annexe 1
Tableau # 6
: Ventilation du niveau d’accès à l’électricité par département d’Haïti…….. ….ref : Annexe 1
Tableau # 7
: Liste de certains décideurs du secteur énergétique en Haïti……………….…...ref : Annexe 1
Tableau # 8
: Tableau comparatif des différentes formes d’énergies renouvelables………...ref : Annexe 1
Tableau # 9
: Fiche technique du projet CEAC……….……………………………….............................23
Tableau # 10
: Diagramme SWOT du secteur de l’électricité...……………………………….....….…….27
Tableau # 11
: Analyse SWOT et approches stratégiques de l’électrification rurale….…..........…………28
Tableau # 12
: Grille de décomposition des axes stratégiques……………………………….……............30
Tableau # 13
: Résultat de l’enquête sur les indicateurs de développement à Roche-à-Bateau……….......35
Tableau # 14
: Appréciation de l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement …...36
Tableau # 15
: Évaluation du projet par la mesure de l’efficacité………………………..................................38
Tableau # 16
: Analyse économique du coût actualisé de l’électricité………………….............................46
v
Liste des figures
pages
Figure 1
: Consommation d’énergie par personne et niveau de développement…………………..13
Figure 2
: Répartition consommation électrique par secteur……………………….....ref : Annexe 1
Figure 3
: Tarification résidentielle région Caraïbes (us cents/kWh). CARILEC…….ref : Annexe 1
Figure 4
: Répartition consommation électricité en Haïti……………………………..ref : Annexe 1
vi
ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
AFD
AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT
ANARSE
AGENCE NATIONALE DE RÉGULATION DU SECTEUR DE L’ENERGIE
BL/BL
BANM LIMYE BANM LAVI
BME
BUREAU DES MINES ET DE L’ÉNERGIE
BMSE
BUREAU DU MINISTRE À LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE
CEA
COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE POUR L’AFRIQUE
CEAC
COOPÉRATIVE ÉLECTRIQUE DE L’ARRONDISSEMENT DES COTEAUX
CNC
CONSEIL NATIONAL DES COOPÉRATIVES
CORABEL
COALITION ROCHEBATOLAISE POUR L’EXPANSION LOCALE
CSI
CÔTE SUD INITIATIVE
DGI
DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS
EDH
ÉLECTRICITÉ D’HAÏTI
ESMAP
ENERGY SECTOR MANAGEMENT ASSISTANCE PROGRAMME
FMI
FOND MONÉTAIRE INTERNATIONAL
IHSI
INSTITUTE HAÏTIEN DE STATISTIQUE ET D’INFORMATIQUE
LCOE
LEVELISED COST OF ELECTRICITY
MDE
MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT
MTPTC
MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS TRANSPORTS ET COMMUNICATION
MVP
MILLENNIUM VILLAGE PROJECT
NRECA
NATIONAL RURAL ELECTRIC COOPERATIVE ASSOCIATION
ODD
OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
OMD
OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
ONG
ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE
ONU
ORGANISATION DES NATIONS UNIES
PNUD
PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT
PNUE
PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT
PV
PHOTOVOLTAÏQUE
RAB
ROCHE À BATEAU
SELF
SOLAR ELECTRIC LIGHT FUND
SWOT
STRENGTH, WEAKNESS, OPPORTUNITY, TREAT
UNOPS
UNITED NATIONS OFFICE FOR PROJECT SERVICES
USAID
UNITED STATES AGENCY FOR INTERNATIONAL DEVELOPMENT
Gdes
GOURDES
h
HEURE
km
KILOMÈTRES
kW
KILOWATT
kWc
KILOWATT-CRETE
kWh
KILOWATT-HEURE
lb
LIVRES
u
UNITÉS
USD
DOLLARS AMÉRICAINS
UNITÉS DE MESURE
vii
Chapitre 1 : Introduction
1.1. Introduction générale
L’énergie est un facteur déterminant pour le développement et la survie des populations rurales
(énergie pour la cuisson, pompage de l’eau, alimentation, etc.) 1. Mais dans un contexte où l’accès à
l’électricité est aléatoire, où les sources d’eau potable demeurent très éloignées et où la pauvreté reste
la règle, la satisfaction des besoins fondamentaux est très souvent synonyme d’obstacles et de
pénibilité 2. En Haïti, de nombreuses barrières découragent le développement local et entraînent une
dégradation importante des ressources naturelles. Le cas du secteur de l’électricité est un fait criant de
cette crise dont les répercussions à travers le pays expliquent en partie l’état de sous-développement
chronique dans lequel sont enlisées la plupart des communes.
Dans le milieu rural, les principales ressources énergétiques utilisées sont le pétrole et le charbon
de bois3 avec des conséquences négatives sur l’environnement. Dans les pays en voie de
développement, notamment en Afrique sub-saharienne, la plupart des ménages ne dispose même pas
du minimum que représente l’éclairage avec les répercussions socio-économiques tel un niveau
d’éducation médiocre, un enclavement culturel (pas de radio, télévision, internet, etc.…), un accès
limité à certains médicaments fautes de moyens de conservation 4. La capacité d’accumulation de
capital y est presque nulle et les années de production se répètent à l’identique : trois à quatre mois de
productivité pendant la saison des pluies et six à sept mois de quasi-inactivité pendant la saison sèche
où il ne pleut plus et l’eau indisponible 5. La migration vers les zones urbaines représente une des
conséquences de cet état de fait. Par conséquent, la plupart des investissements réalisés actuellement
1
Geres, Guide pedagogique energie durable en afrique rurale, Marseille, France, 2009, p. 3.
2
Ibid.
3
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 28.
4
Pathé B. Dieng, Énergie solaire et développement productif des technologies modernes dans le monde rural africain,
Page Web, http://africasolaire.blogspot.com/2011/02/energie-solaire-et-developpement.html, 2011, consulté le 27 août
2016.
5
Ibid.
1
dans le domaine de la fourniture d’électricité ne peuvent, par nature, générer que de faibles revenus
monétaires 6. Haïti fait face depuis plusieurs années à une crise énergétique majeure, liée en grande
partie à une absence de politique énergétique nationale exprimant une vision et des objectifs cohérents
ainsi que des directives claires 7. Le monde rural haïtien est en général caractérisé par l’isolement et la
dispersion des habitats. Les rares réseaux électriques existants restent l’apanage des seules zones
urbaines, semi-urbaines ou industrielles. Ces caractéristiques constituent ainsi des freins à l’évolution
des objectifs de développement durable, donc à l’amélioration des conditions de vie des populations
rurales.
1.2. Contexte et objet de la recherche
L’EDH détient théoriquement le monopole de la fourniture des services de production, transport
et distribution d’électricité à travers l’ensemble du territoire et se trouve embourbé dans un gouffre
technico-financier qui lui empêche de jouer son rôle principal qui est de fournir de l’électricité à tous,
permettant ainsi à l’état d’assurer le bien-être de la population, particulièrement dans les milieux
ruraux, en lui garantissant les services de base.
Seuls 37,9 % de la population totale de l’île d’Haïti avait accès à l’électricité en 2014 8, soit
4 006 955 sur 10 572 466 d’habitants9 et l’on estimait les pertes dues aux vols et dans le réseau à
60,11 %10 : aujourd’hui, l’EDH se retrouve dans une situation de dépendance aux subventions de l’État
pour fonctionner. La seule compagnie d’électricité du pays se doit, en plus de combler son déficit
financier, d’investir dans l’amélioration du réseau existant et de son système de facturation. L’apport
du parc industriel de Caracol (déjà opérationnel), l’éventualité d’une interconnexion avec la
République Dominicaine, le projet Artibonite 4C représentent, entre autres, une potentielle
6
Ibid.
7
MTPTC, Avant-projet de politique énergétique de la République d’Haïti, ébauche 9, Port-au-Prince, Haïti, 2012, p. 3.
8 Banque Mondiale, Indicateur, Page
Web, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et Mines, Haïti, 2017,
consulté le 5 octobre 2017.
9
Id., Changement climatique.
10
Id., https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.ELC.LOSS.ZS?locations=HT.
2
augmentation de la capacité énergétique du réseau11,12, mais avec comme effets induits une hausse tout
aussi significative de la demande des zones urbaines où sont concentrées la plupart des industries et
autres consommateurs importants avec éventuellement une possibilité de raccordement des zones
rurales avoisinantes.
Dans le contexte de gouvernance énergétique actuel, l’on peut affirmer que l’espace rural restera, dans
sa grande majorité, amputé de l’accès à cette ressource énergétique, justifiant ainsi nos travaux de
recherche qui consistent à questionner la capacité de l’électrification à satisfaire aux objectifs de
développement. Nous présentons donc une étude de cas qui porte sur le service d’électrification rurale
mis en œuvre par la Coopérative Electrique de l’Arrondissement des Côteaux (CEAC), dans la
commune de Roche-à-Bateau. Il s’agit d’évaluer l’intérêt de ce projet innovant, qui propose un système
de production de type hybride photovoltaïque/diesel et de distribution aux ménages à l’aide de
compteurs prépayés, dans sa capacité à influer sur les indicateurs de développement. L’exploitation
des technologies liées aux énergies renouvelables, la réforme du secteur de l’électricité, un cadre
règlementaire et des mécanismes de financements adaptés, sont autant d’éléments menant à une
solution vers l’accès à l’électricité pour la satisfaction des besoins de base de la population rurale
haïtienne.
1.3. Question de recherche et méthodologie
Dans le contexte général, l’amélioration des conditions de vie par le biais de l’électrification
rurale constituant l’objet de notre étude, l’allocation de cette ressource aux populations du monde rural
induit inévitablement le questionnement suivant :

Comment concevoir et implémenter l’électrification afin d’aider à l’amélioration des
conditions de vie des populations dans le milieu rural haïtien ?
Somme toute, l’énoncé de cette problématique rentre dans un schéma plus large que nous sommes
appelés à circonscrire dans le cadre de notre étude afin d’obtenir des résultats scientifiquement corrects
11
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 90.
12
Ibid, p.156.
3
et ouverts au questionnement formulé plus haut. Pour cela, nos travaux de recherche se proposent
d’analyser la viabilité de la Coopérative Electrique de l’Arrondissement des Côteaux (CEAC), dans sa
capacité à satisfaire aux objectifs de développement liés à la disponibilité de l’électricité dans la
commune de Roche-à-Bateau. Financé conjointement par le PNUE et l’USAID, ce projet a été mis en
œuvre par NRECA International et la Solar Electric Light Fund (SELF) 13. Les opérations
d’exploitation du projet ont débuté en juin 2015 et permis aux résidents d’avoir accès à l’énergie
électrique.
L’exploration des divers aspects de la question est orientée par l’hypothèse de départ suivante :

Les objectifs de développement durable ne sauraient être atteints dans les milieux ruraux
sans l’apport de l’électricité.
1.4. Contribution de la recherche
Les travaux de ce document se situent dans une perspective académique et proposent une étude de
cas d’où partent les réflexions permettant d’aboutir à la mise en place d’une politique énergétique
prenant en compte le milieu rural défavorisé qui subit les séquelles d’un contexte de sousdéveloppement généralisé. À l’heure des ODD, aucune instance étatique n’est dédiée à ce sous-secteur.
Ce qui constitue un fait contrastant avec le désir d’éradication de la pauvreté en Haïti.
Ce travail de recherche se révèle être non seulement la conclusion du cursus universitaire de
second cycle en gestion de projet, mais aussi une opportunité de fournir des recommandations aux
décideurs publics et bailleurs de fonds du projet CSI, afin d’aligner leurs objectifs sur les exigences
d’amélioration des conditions de vie de la population de Roche-à-Bateau.
En dernier lieu, il faut signaler que les outils développés dans le cadre de ce mémoire constituent
des mécanismes qui sauraient s’adapter à la mesure d’efficacité de tout type de projet.
Haïti Libre,
Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti, Page Web,
http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-d-haiti.html,
2013,
consulté le 10 Décembre 2015.
13
4
1.5. Organisation de la recherche
Il s’agit également de questionner les divers aspects relatifs à la mise en place de l’électrification
rurale afin d’en dégager les critères de performance nécessaires.
Pour ce faire, les travaux qui suivent sont découpés en quatre (4) parties :
1. Au travers de la revue de littérature sur le sujet, l’étude de l’accès à l’énergie en général et celle plus
spécifique du secteur de l’énergie en Haïti sont mises en relation avec la problématique du
développement afin d’évaluer les enjeux, les risques, contraintes et bénéfices potentiels de l’énergie
électrique pour le développement.
2. Le cadre méthodologique y est établi. Les enseignements qui en découlent sont utilisés pour établir
la pertinence de l’étude au regard de la problématique énoncée. La collecte des données s’est faite à
l’aide d’un questionnaire et d’un guide d’entretien :
a) Le questionnaire nous a permis de recueillir des données permettant de cerner les paramètres
reflétant l’état des indicateurs de développement durant les périodes « avant » et « après »
l’électrification.
b) Le guide d’entretien a servi, au travers des entretiens de type semi-directif, à l’évaluation de
la performance de la CEAC.
Le traitement et la synthèse des données empiriques recueillies sont présentés.
3. L’analyse et la discussion des résultats obtenus, l’évaluation de la performance du projet sera
entreprise à la lumière des indicateurs de développement afin d’en déduire sa viabilité et ;
4. Les recommandations émises qui serviront à pallier aux déficiences éventuelles.
5
Chapitre 2 : Revue de la littérature
Selon le PNUD 14, avec 2,6 % de couverture forestière, 78 % de la population vivant dans la
pauvreté (< 2 USD par jour) et 54 % dans une extrême pauvreté (< 1 USD par jour), avec le taux de
mortalité le plus élevé chez les enfants de moins de cinq ans dans la région (7,8 %), un taux de chômage
compris entre 70 et 80 %, Haïti se situe au premier plan des pays ayant pour objectif majeur,
conformément à celui de la communauté internationale, la réduction de la pauvreté par la mise en place
d’un plan de développement durable.
Jacques Bernier définit le développement comme étant « le processus par lequel une société se
donne les moyens de mobiliser ses forces productives dans la transformation de son milieu en vu e
d’améliorer les conditions de vie et de bien-être de ses membres15». Selon Guy Rocher, « le
développement est la totalité des actions entreprises pour orienter une société vers les réalisations
d’un ensemble ordonné de conditions de vie collectives et individuelles jugées désirables par rapport
à certaines valeurs 16».
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont des institutions du système
des Nations Unies qui poursuivent un même but qui est de relever le niveau de vie des populations
des pays membres. À ce sujet, la Banque Mondiale déclare : « La lutte contre la pauvreté est au cœur
de nos activités. Les mesures que nous concevons, en lien étroit avec les États, aident les plus pauvres
à améliorer leurs conditions de vie, via l’accès à des services sociaux, des infrastructures et des
emplois17 ». Le développement humain représente, selon les termes du PNUD, l’élargissement des
possibilités et des choix offerts aux individus. Plus précisément, les trois possibilités essentielles sont
celles de vivre longtemps et en bonne santé, d’acquérir des connaissances et un savoir, et de pouvoir
accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes18.
À propos d’Haïti, Page Web, http : ww.ht.undp.org/content/haiti/fr/home/country info.html, 2016, consulté le 20
octobre 2016.
14
15
Problématique de développement de la région de Bolama (Guinée-Bissau), Revue internationale des sciences du
développement, Université Catholique de Louvain, Vol. XVI, no 1, 1984, p. 75-95.
16
Introduction à la sociologie générale, éd. H.M.H, Paris, 1968, p. 190.
17
15 ans de réforme pour améliorer le climat des affaires, Page Web, http://www.banquemondiale.org/, 2017, consulté
le 4 novembre 2017.
18
Emmanuelle Benicourt, La pauvreté selon le PNUD et la Banque mondiale, Études rurales. 159-160 | 2001, p. 35-54.
6
Ainsi, pour parvenir à des conditions de vie acceptables pour tous et de donner à chacun accès
à l’essentiel (Nourriture, logement, emploi, services de santé, éducation, et sécurité), un pays doit
tenir compte des aspects sociaux, économiques, politiques, culturels et environnementaux dans
l’élaboration d’un plan de développement qui soit durable et bénéfique pour tous19. Par conséquent,
lors du Sommet du Millénaire tenu en septembre 2000 au Siège des Nations Unies à New York, les
dirigeants de 189 États-Membres se sont engagés dans un nouveau partenariat mondial visant à
réduire l’extrême pauvreté et construire un monde plus sûr, plus prospère et plus équitable en
établissant huit objectifs connus sous le nom des objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD) qui définissent un plan d’action global pour le développent à atteindre d’ici à 201520.
2.1. Rôle de l’électrification dans l’accomplissement des objectifs de
développement
Lors du Sommet Mondial de Johannesburg sur le Développement Durable en 2002, le rôle de
l’énergie, plus particulièrement de l’électricité, s’est avéré prépondérant à la mise en œuvre des
OMD21. Bien que n’ayant pas été explicitement prise en compte dans les initiatives de lutte contre la
pauvreté, les principaux acteurs reconnaissent non seulement que l’énergie constitue une composante
essentielle de toute activité permettant d’assurer un minimum de développement économique et social,
mais qu’elle est aussi indispensable à la satisfaction des besoins quotidiens (eau, nourriture, santé,
etc.)22 :
OMD1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim : l’électricité est essentielle pour la création
d’emplois et d’activités industrielles. L’accès à l’énergie électrique favorise la réduction de la faim et
l’accès à l’eau potable par le biais du développement agricole, des systèmes de conservation de la
nourriture et le pompage.
19
Nations-Unis, Comprendre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Page Web,
http://www.un.org/fr/millenniumgoals/background.shtml, 2016, consulté le 20 octobre 2016.
20
Ibid.
21
Nations-Unis, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable, Johannesburg, Document en PDF,
https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Johannesburg_2002.pdf, 2002, Consulté le 20 octobre 2016.
22
Vijay Modi, et al., Energy Services for the Millenium Development Goals, Banque mondiale, 2005, 116 p.
7
OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous : l’accès à l’éclairage et aux outils de
communication pour une meilleure éducation permet d’attirer les enseignants vers les zones rurales où
les maisons et les écoles devraient avoir l’électricité. De bonnes conditions d’éclairage sont nécessaires
pour étudier la nuit. Notons aussi les effets indirects de l’électrification, liés par exemple à un niveau
d’éducation accru : plusieurs études montrent ainsi un lien étroit entre le niveau d’alphabétisation des
femmes et la mortalité infantile, la mortalité maternelle et la prévalence du SIDA 23. Une femme
éduquée étant plus à même de prendre soin de son enfant24.
OMD3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes : améliorer la
problématique du genre en soulageant les femmes notamment dans les corvées pour l’obtention de
l’eau, du bois de cuisson, etc. Le manque d’accès à l’électricité contribue à l’inégalité entre les sexes,
car elle libère les femmes des tâches domestiques. L’électricité permet de développer des activités
artisanales domestiques génératrices de revenus pouvant être effectuées par les femmes25, telles que la
vannerie, le petit maraîchage, la petite restauration, la couture. Avec l’éclairage, les femmes peuvent
préparer le repas principal juste avant qu’il soit mangé plutôt que de le préparer pendant la journée et
puis de le réchauffer en soirée.
OMD4 : Réduire la mortalité infantile : l’accessibilité aux équipements de réfrigération pour la
conservation des vaccins, médicaments et aux autres équipements modernes dans les hôpitaux permet
la réduction non seulement du taux de mortalité infantile et maternelle, mais aussi des autres cas de
maladies tels les problèmes respiratoires dus à la pollution de l’air dans les maisons suite à l’utilisation
du pétrole pour l’éclairage et des réchauds traditionnels26,27.
23
R. Anil Cabraal, Douglas F. Barnes & Sachin. G. Agarwal, Productive uses of energy for rural development, Annual
Review of Environment and Resources 30, 2005, p. 117-144.
24
Gunnar Köhlin, et al., Energy, Gender and Development, What are the Linkages? Where is the Evidence? Paper No
125, 2011, p. 8.
25
Cabraal, op.cit.
26
Makoto Kanagawa and Toshihiko Nakata, Analysis of the energy access improvement and its socio economic impacts
in rural areas of developing countries, Ecological Economics 62(2): 319-329, 2007, p. 320.
27
Köhlin, op.cit., p. 37.
8
OMD5 : Améliorer la santé maternelle : la pollution dans la maison, le manque d’électricité pour les
centres de santé ou de l’éclairage pour les naissances de nuit et la charge physique au jour le jour
contribuent à la mauvaise santé maternelle 28.
OMD6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies : l’électricité pour la
communication par la radio et la télévision peuvent contribuer à la diffusion des informations utiles
sur la santé publique29.
OMD7 : Assurer un environnement durable : l’enquête sur les ménages a montré que 82 % du total
des ménages utilisent des lampes à kérosène comme principale source d’éclairage 30. La production, la
distribution et la consommation d’énergie conventionnelle ont des effets négatifs sur l’environnement
local, régional et mondial. Les commerces des localités non électrifiées sont pour la plupart éclairés à
l’aide de lampe à pétrole ou de bougies. L’électrification permettra aux commerçants de continuer
leurs activités au-delà du coucher du soleil. La dépense en éclairage et les risques sur la santé en seront
diminués pour cette activité, ce qui permettrait d’augmenter le niveau de revenus réalisés et donc
d’agrandir le commerce31.
OMD8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement : le sommet mondial de
Johannesburg sur le développement durable a appelé à des partenariats entre les entités publiques, les
agences de développement, la société civile et le secteur privé. Cela implique la promotion de services
énergétiques écologiquement durables et fiables à un prix raisonnable32.
2.2. Des OMD aux ODD : complémentarité et portée des efforts
supplémentaires
Le 2 août 2015, les 193 pays membres des Nations Unies ont dévoilé leur plan de lutte contre
l’extrême pauvreté d’ici 2030, qui doit remplacer les Objectifs du millénaire pour le développement
28
Ibid.
29
Ibid, p. 29.
30
IHSI, Enquête sur les conditions de vie en Haït, Port-au-Prince, Haïti, 2001.
31
Kanagawa, op.cit., p. 319-329.
32
Vijay Modi, et al., Energy Services for the Millenium Development Goals, Banque mondiale, 2005, p. 65-72.
9
(OMD)33. Le programme a été définitivement adopté par les dirigeants de la planète à l’occasion
du Sommet du développement durable, qui s’est tenu au mois de septembre 2015 au siège de l’ONU
à New York34. Il compte 17 nouveaux « Objectifs de développement durable » (ODD) qui intègrent les
huit Objectifs du millénaire pour le développement (Cfr. Tableau 1 & 2). Les problématiques liées à
l’éducation, la santé ou encore la malnutrition sont bien évidemment prises en compte dans ce
programme35.
Tableau 1 : Liste des 17 objectifs de développement durable36
ODD 1
ODD 2
ODD 3
ODD 4
ODD 5
ODD 6
ODD 7
ODD 8
ODD 9
ODD10
ODD 11
ODD 12
ODD 13
ODD 14
ODD 15
ODD 16
ODD 17
Mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes et partout ;
Mettre fin à la faim, atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
une agriculture durable
Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous a tous âges.
Assurer une éducation inclusive et de qualité pour tous et promouvoir l’apprentissage tout
au long de la vie
Réaliser l’égalité des genres et donner des capacités et du pouvoir aux femmes et aux
filles
Assurer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous
Assurer un accès à une énergie qui soit abordable, fiable, durable et moderne pour tous
Promouvoir une croissance durable et inclusive, l’emploi et le travail décent pour tous
Établir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable et
encourager l’innovation
Réduire l’inégalité intra- et inter- pays
Rendre les villes inclusives, sures, résilientes et durables
Assurer des modèles de consommation et de production durables
Agir urgemment pour combattre le changement climatique et ses impacts
Protéger et gérer durablement les océans, mers et ressources marines
Gérer durablement les forêts, combattre la désertification, arrêter et inverser le processus
de dégradation des terres et stopper la perte de biodiversité
Promouvoir des sociétés justes, paisibles et inclusives
Revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable
Les ODD sont un engagement ambitieux pour achever ce qui a commencé avec les OMD afin
d’enrayer la pauvreté sous toutes ses formes d’ici 2030 37. Contrairement aux OMD, l’accès à
l’énergie constitue un objectif-clé de développement durable (ODD7). Il est nommément cité et sa
mise en œuvre encouragée. Les ODD se différencient des OMD par l’intégration pleine et entière
33 Enomy Germain,
Le point sur les Objectifs de développement durable (ODD), Haïti a des défis à relever, Le National,
http://www.lenational.org/point-objectifs-de-developpement-durable-odd-haiti-a-defis-a-relever/, 2016, consulté le
12 août 2017.
34 CEA,
Des objectifs du millénaire pour le Développement aux objectifs de Développement durable : parcours et efforts
supplémentaires des pays de l’Afrique de l’Ouest pour un rendez-vous réussi en 2030, Nations-Unis, 2016, p.6-8.
35
Ibid.
36
Ibid., p. 32.
37
Germain, loc.cit.
10
des trois volets (social, économique et environnemental) du développement durable38. Ces objectifs
sont universellement applicables à tous les pays 39.
Tableau 2 : Analyse comparée du cadre de conception des OMD et des ODD40
OMD
OMD 1
OMD 2
OMD 3
OMD 4
OMD 5
OMD 6
ODD
Équivalent
ODD 1
ODD 2
ODD 8
ODD 4
ODD 5
ODD 3
ODD 3
ODD 3
ODD 6
ODD 11
OMD 7
ODD 12
ODD 13
ODD 14
ODD 15
ODD 7
ODD 9
OMD 8
ODD 10
ODD 16
ODD 17
Points communs/remarques
Lutte contre l’extrême pauvreté et la faim
La croissance et l’emploi décent comme principal facteur de réduction
de la pauvreté
L’éducation pour tous
Égalité entre sexes et autonomisation de la femme
Amélioration de la situation sanitaire des populations
Amélioration de la situation sanitaire des populations
Amélioration de la situation sanitaire des populations
Bien-être des citadins en termes d’habitat et de cadre de vie
Amélioration des conditions et cadres de vie des populations en milieu
urbain
Gestion durable de l’environnement
Gestion durable et protection de l’environnement
Gestion durable des ressources environnementales et de la
biodiversité
Protection et gestion durable de
l’environnement
Une gestion durable de l’environnement (énergie renouvelable, propre
et moderne)
Fortement lié à OMD 1/Industrialisation comme facteur clé de création
d’emploi décent et de croissance soutenue et inclusive pour la réduction
de la pauvreté
Lie à OMD 3/La réduction des inégalités entre sexes
Partenariat mondial pour le développement
L’adoption de l’agenda 2030 guidé par 17 Objectifs et 169 cibles de mesure des progrès
associés vient garantir la continuité des OMD (8 objectifs et 60 indicateurs de suivi des progrès) 41.
Alors que les OMD s’attaquaient essentiellement aux déficits sociaux des pays en développement
(notamment vulnérables et pauvres), l’agenda 2030 tire leçons de la mise en œuvre des OMD en
s’attaquant aux déficits de l’ensemble des trois piliers fondamentaux de développement (social,
économique et environnemental) impliquant tous les pays de la planète42. Les ODD ont été définis
dans le but de corriger et rattraper les inachevés enregistrés dans le cadre des OMD en accordant non
38
CEA, op.cit., p.34-35
39
Ibid.
40
Ibid., p.48-51.
41
Ibid., p.34.
42
Ibid.
11
seulement quinze autres années supplémentaires aux pays, mais aussi en spécifiant les objectifs, les
indicateurs et les cibles tout en restant plus inclusif, universel et axés sur les domaines d’enjeux de
bien-être non explicitement spécifiés dans la définition des OMD. Ils se caractérisent également par
la reconnaissance des liens intrinsèques entre les différentes thématiques43.
2.3. Point sur les ODD en Haïti
Le journal « Le National » rapporte que le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), en collaboration avec la société civile et des institutions publiques, a produit, en 2013, un
rapport sur les avancées des OMD : des progrès ont été particulièrement constatés au niveau de
l’accès à l’éducation primaire et de la lutte contre le VIH/SIDA 44.
Les ODD sont des objectifs qui devraient figurer dans la liste des priorités d’Haïti. Autrement dit,
les ODD sont des défis que le pays doit relever pour sortir du spectre de la pauvreté 45. L’articulation
des politiques publiques visant leur réalisation implique la participation de tous, société civile, le
secteur privé, le gouvernement. Le projet de loi de finances 2017-2018 déposé au Parlement
récemment prévoit 144,2 milliards de gourdes pour les dépenses et autres investissements de la
nation pour le prochain exercice 46. Même lorsqu’aucun projet d’envergure n’a été annoncé, les
allocations en faveur des ODD se présentent comme ci47 :




6,14 milliards de gourdes pour la Santé publique ;
22,9 milliards de gourdes en faveur de l’Éducation ;
10 milliards de gourdes pour le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du
Développement rural ;
757 millions de gourdes pour garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer
une gestion durable des ressources en eau ».
Ce qui ne représente que 27 % du budget national.
43
Ibid.
44
Germain, loc.cit.
45
Ibid.
46
Le Nouvelliste, Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD, Page Web,http://lenouvelliste.com/article/
173428/ Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD ! 2017, consulté le 05 octobre 2017.
47
Ibid.
12
Il convient de remarquer que les OMD n’ont pas été assez vulgarisés en Haïti. Les groupes
de pression en particulier la société civile n’ont donc pas joué suffisamment leur rôle en
ce qui concerne ces objectifs. On se demande même s’ils ont été pris en compte dans les
décisions publiques… Dans un pays à ressources budgétaires très limitées comme Haïti,
on ne saurait s’attendre à des résultats très satisfaisants. Un document sur les crédits
budgétaires alloués aux différents OMD publié par le Group Croissance S.A révèle que
les crédits par OMD ont été très faibles sur la période impartie à leur réalisation, soit
2000-2015. Ceci peut s’expliquer par les choix publics qui ont été faits. Les OMD, c’est
du passé… bien que les problèmes persistent. Le défi aujourd’hui demeure les ODD. Nous
pensons qu’il faut un important travail de vulgarisation et de pression par rapport à ces
objectifs. Travail qui doit entre autres choses aider à attirer l’attention sur ces
engagements qu’a pris le pays. C’est l’objectif même de ce texte qui est le premier d’une
longue liste.
Source : Germain, 2016.
2.4. État du secteur de l’énergie en Haïti
La figure 1 ci-après illustre le lien étroit entre consommations d’énergie par personne et niveau de
développement humain :
Figure 1 : consommation d’énergie et niveau de développement humain48
48
Wordpress, Parlons énergie, Page Web, https://parlonsenergie.wordpress.com/2013/ 05/12/ lien-entre-lenergie-et-leniveau-de-vie/, 2013, consulté le 27 août 2016.
13
Le système énergétique haïtien présente les traits caractéristiques généralement observés dans
tous les pays en voie de développement49 :

Dépendance par rapport à l’extérieur,

Déséquilibre de la situation locale, tant du côté de l’approvisionnement que des usages,

Agression sur le milieu naturel.
Le charbon de bois pour la cuisson, le pétrole lampant (kérosène) et la pile sèche pour l’éclairage
constituent les ressources énergétiques des plus pauvres50. L’exploitation irrationnelle du bois autant
comme ressource pour les besoins énergétiques que pour les usages domestiques et industriels a réduit
presque à néant la couverture végétale du pays, augmentant dramatiquement sa vulnérabilité aux
catastrophes naturelles. L’autre source d’énergie la plus importante vient des énergies fossiles (le
pétrole), utilisées pour la production d’électricité et le transport, suivi par l’énergie hydroélectrique51
et le solaire à un moindre degré. En l’absence de ressources internes, tous les carburants pétroliers sont
importés, totalisant en 2011 quelque 691 000 tonnes d’équivalent pétrole (tep)52.
Au vu de l’abondante littérature traitant de la question de l’énergie, le tableau # 3 qui suit nous
propose la sélection des faits saillants nous permettant d’avoir un résumé non exhaustif, mais assez
consistant pour nous permettre de cerner la problématique de l’accès à l’énergie en Haïti tant du point
de vue technologique, légal et organisationnel.
49
BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web, http://bme.gouv.ht/energie/enetenv.html, 2016, consulté le 27
août 2016.
50
MTPTC, Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), Port-au-Prince, Haïti,
2006, p. 18.
51
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 28
52
Ibid.
14
Tableau # 3 : Résumé du secteur de l’énergie en Haïti53
Résumé
Le Parc de production de l’EDH présente une capacité installée
de 311 MW, dont 118 MW provenant des IPP. 85 % de capacité
thermique à base de sources fossiles pour 15 % d’hydro.
Le Potentiel hydroélectrique national est d’environ 187 MW
(dont seulement 62 MW sont utilisés). Des mini centrales
totalisant 7,8 MW sont réparties sur sept (7) sites, tous situés en
province. Il s’agit de petites centrales dont la puissance installée
varie entre 0,30 et 2,25 MW. « Artibonite 4C » est un projet
d’aménagement de la centrale hydroélectrique, avec 30 MW et
une capacité énergétique 150 GWh.
Illustrations
MTPTC, 2006a. 54
Cfr. Tableau # 4
EDH, 2016. 55
BME, 2016a. 56
Le potentiel de bagasse disponible en Haïti a été estimé à
140 000 tonnes et pourrait générer plus de 131 250 000 kWh
d’électricité.
La culture de la canne à sucre est passée de 85 000 ha en 1975
à seulement 44 000 ha en 2005. De 1996 à 2005, la production
nationale de la canne à sucre a baissé de 1 750 000 à 1 225 000
TM/année (8 000 tonnes de cannes équivalent à 2 400 tonnes de
bagasse).
Les indicateurs énergétiques (Kgep/habitant, Kgep/1000 $,
kWh/habitant) comparés à nos voisins de la région indiquent
que les populations pauvres d’Haïti se retrouvent de très loin les
plus démunies de la région caraïbe.
Source
Esmap, 2007b.57
Gilles, 2005. 58
Cfr. Tableau # 5
La ville de Port-au-Prince génère environ 3 500 tonnes de
déchets ménagers par jour et les huit autres grandes
agglomérations urbaines (Cap-Haïtien, Gonaïves, les Cayes, Stmarc, Verrettes, Jérémie, Port de paix, Limbé), 600 tonnes de
déchets ménagers par jour. Avec environ 75 % de matières
organiques, elles pourraient générer plus de 67 342 500 m3/an
de méthane.
Banque Mondiale, 2017b.59
ONESIAS, 2009. 60
53
Préparé par l’auteur Léonidas P. DAVOUST.
54
MTPTC, Haïti : Plan de Développement du Secteur de l’Énergie 2007–2017, Port-au-Prince, Haïti, 2006, 54 p.
55
EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016.
56
BME, Diagnostic du secteur de l’énergie, Page Web, http://bme. gouv.ht/energie/diagnost.html, 2016, consulté le 27
août 2016.
57
Esmap, Stratégie pour l’Allègement de la Pression sur les Ressources Ligneuses Nationales par la Demande en
Combustibles, ESMAP Technical Paper 112/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale, 2007, 100 p.
58
Damais Gilles, Les filières rurales haïtiennes ; rapport de synthèse ; identification des créneaux potentiels dans les
filières rurales haïtiennes, MARDNR/BID, Port-au-Prince, Haïti, 2005, 76 p.
59
Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et Mines, 2017,
consulté le 5 octobre 2017.
60
Gup-pens Onesias, Valorisation de la biomasse-énergie en Haïti : analyse de la situation et perspectives
d’amélioration, (Mémoire de master), UCL, Belgique, 2009, 60 p.
15
Selon Reginald Noël de l’entreprise Biodiesel en Haïti, avec de
bonnes variétés de Gwo Medsiyen, il ne faudrait pas plus de
10 % du territoire pour produire tout le diesel que nous
consommons aujourd’hui. Mais des avis contradictoires font
état de vulnérabilité aux maladies, des problèmes liés à la
prolifération de champignons et d’insectes nuisibles ainsi qu’un
besoin d’irrigation.
La subvention accordée par l’état a permis de réduire le tarif de
l’électricité : 0,16 u $/kWh en 2011 pour le secteur résidentiel
malgré l’achat de l’énergie produite par les IPP à un coût
nettement supérieur au tarif proposé (entre 20 et 40 cents/kWh),
ce qui le rend nettement plus intéressant que la plupart de nos
voisins de la Caraïbe
Les niveaux d’accès par département montrent que le
Département de l’Ouest (incluant la zone métropolitaine)
accapare 58 % de la production d’électricité. Le reste n’est
disponible que pour un très mince segment de la population
dans le reste du pays.
En 2014, environ 37,9 % de la population ont accès à
l’électricité. Environ 17,2 % des populations rurales ont accès
à l’électricité et 53,3 % pour les zones urbaines. Avec une
population totale estimée à 10 811 819 habitants en 2015, cette
situation se résume telle que présentée à la figure # 4.
L’absence d’un régulateur établi est illustrée par une multitude
d’actions isolées, de recommandations diverses et divergentes
au niveau de l’application et du suivi stratégique par les
instances gouvernementales. Ce qui apparait être préjudiciable
à la mise en place de l’électrification rurale
Un nouveau décret régissant le secteur de l’énergie et électricité
a porté création de l’ANARSE : Cette publication, qui ouvre la
voie aux investissements privés et casse le monopole de l’EDH,
suscite bien des controverses dans le secteur quant aux
modalités de sa mise en œuvre.
Noël et Pressoir, s. d.61
Texier et al., 2005. 62
Cfr. Figure # 2
Cfr. Figure # 3
Worldwatch Institute, 2014. 63
Cfr : Tableau # 6
PARSONS, 2012.64
Banque Mondiale, 2017b.65
Cfr. : Figure # 4
IHSI, 2016. 66
Cfr. : Tableau # 7
Le Moniteur, 1977.67
61
Reginald Noël et Gaël Pressoir, Les Biocarburants, une solution pour Haïti, Document en PDF, http://www.chibasbioenergy.org/Biocarburants.pdf, (s.d.), consulté le 27 août 2016.
62
Pierre-Henry Texier, Mélanie Guittet et Massimiliano Capezzali, Le Jatropha, une plante écologique et un
biocarburant durable, Document en PDF, https://www.researchgate.net/publication/312941618, 2005, consulté le 27
août 2016.
63
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C., 2014, 247 p.
64
PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy, USTEA, États-Unis, 2012.
65 Banque Mondiale, Indicateur, Page
Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre
2017.
66
IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm, Indicateurs
démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016.
Le Moniteur, […], décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et commercial,
dénommé Électricité d’Haïti [….], 16 juin 1977, 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1977.
67
16
L’utilisation des énergies renouvelables ne couvre pour
l’instant que 20 % de la consommation mondiale d’électricité,
l’hydroélectricité représente 92,5 %, la biomasse 5,5 %, la
géothermie 1,5 %, l’éolien 0,5 et le solaire 0,05 %.
En Haïti, leur disponibilité est liée à certains avantages et
contraintes.
Esmap, 2007a. 68
Cfr : Tableau # 8
Selon les estimations disponibles, la radiation solaire moyenne
est d’environ 5 kWh/m2/jour. Le riche potentiel solaire haïtien
pourrait être d’un grand secours dans le milieu rural où l’habitat
est dispersé. Avec une moyenne d’ensoleillement de 2 000
heures par an soit au moins 5,5 heures de soleil par jour, Haïti
possède un potentiel qui est largement suffisant pour assurer le
fonctionnement optimal de n’importe quelle technologie
d’usage du solaire.
Les ressources éoliennes sont aussi très importantes et
exploitables, même si elles ne sont pas uniformément réparties
sur le territoire : un potentiel éolien important existe dans trois
régions d’Haïti : Ouest, Nord-Ouest et le Nord. Le potentiel
éolien d’Haïti offre aussi de sérieuses possibilités. L’étude en
cours de l’Atlas éolien haïtien révèle un potentiel exploitable
jusqu’à 50 MW dans la zone du lac Azueï.
BME, 2016b.69
MTPTC, 2006a. 70
MTPTC, 2006b.71
MTPTC, 2006a. 72
MTPTC, 2006b.73
2.5. Analyse critique
En Haïti, les zones rurales sont celles qui présentent le taux de pénétration le plus faible en matière
d’accès à l’électricité et donc le potentiel de croissance le plus important. Les défis inhérents aux
projets d’électrification rurale sont nombreux : faible densité de population, distances importantes,
faible consommation d’électricité, coûts d’investissement élevés, etc. Ajoutons à cela que les revenus
des populations cibles sont généralement bas et qu’ils ne peuvent en général assumer à eux seuls le
coût de l’extension du réseau électrique ou de l’installation d’un système décentralisé. Dans le cas des
pays en développement dont Haïti, il n’est pas toujours avéré que les gouvernements possèdent les
68 Esmap,
Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau. Formal Report 324/07 FR.
Washington DC, Banque Mondiale, 2007, 140 p.
69
BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016, consulté le 27
août 2016.
70
MTPTC, Plan de développement, op.cit.
71
Id., Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), 83 p.
72
Id., Plan de développement.
73
Id., Stratégie de développement.
17
capacités financières et managériales requises pour mener cette tâche à bien. L’extension du réseau
n’a en outre de sens que pour des densités de population minimales, permettant de diminuer le coût
d’une connexion par des effets d’échelle, les lignes haute et moyenne tension étant très coûteuses.
Plusieurs avis ont été établis sur cette question :
La Banque Mondiale parle de critères d’admissibilité des communautés pour l’accès à l’électricité,
notamment le retour sur investissement74. Tanguy Bernard considère la rentabilité comme l’élémentclé de la mise en place de l’électrification rurale 75. Pour René Massé, la volonté politique et le
financement sont les éléments-clés 76,77.
La production d’électricité dans le milieu rural haïtien est généralement du type décentralisé. Elle
est principalement assurée par les générateurs diesel alimentant un mini-réseau implanté dans la ville.
Nous constatons cependant une percée des systèmes photovoltaïques, notamment sur la côte sud
d’Haïti et le Nord-Ouest. La question effectivement n’est plus de savoir si les logements ruraux
seront électrifiés ou non, mais plutôt de savoir quand ils le seront, au vu de l’évolution technologique
et l’avènement des énergies renouvelables 78.
En conclusion, l’on constate un fort niveau d’inefficience au niveau de la productivité énergétique
et l’absence de politique volontariste œuvrant dans le sens de la satisfaction rationnelle des besoins
de la population. Il n’y a aucune instance opérationnelle dédiée à l’électrification rurale en Haïti.
74
IEG, The welfare impact of rural electrification, World Bank, 2008, p.19-28.
75
Études d’impact des programmes d’électrification rurale en Afrique subsaharienne, AFD no 3, Paris France, 2010,
25 p.
76
Financer le développement de l’électrification rurale, Coll. Études et Travaux, série en ligne n°2, Éditions du Gret,
www.gret.org, 2004, p 14-30.
77
Club-ER, Le Partenariat Public-Privé dans les programmes d’électrification rurale en Afrique, Union Européenne,
2010, p. 45.
78
Adriaan N. Zomers, Rural Electrification: Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press, Enschede, PaysBas, 2001, p. 73.
18
Chapitre 3 : Cadre conceptuel et méthodologique
Les organisations à travers les industries et dans le monde entier s’appuient de plus en plus sur
les gestionnaires de projet pour la conception, la planification, l’exécution, l’évaluation et le suivi des
projets en se basant sur les compétences et le savoir-faire managérial et technique requis, et cela dans
un large éventail d’activités. Plus que jamais davantage d’entreprises, d’organismes sans but lucratif
et d’organismes gouvernementaux utilisent des méthodes fondées sur la gestion de projets pour
atteindre leurs buts et objectifs.
L’évaluation de l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau nous permettra de dégager des
éléments de réponses à la question de départ. Pour cela, en qualité de gestionnaire de projets, il importe
de définir la méthodologie appropriée à cette démarche telle que cela apparait dans la description ciaprès.
3.1. Approche méthodologique
L’approche méthodologique de nos travaux se base sur le traitement qualitatif des données issues
de notre collecte de données documentaires et de celles empiriques réalisées à partir du questionnaire
et des entretiens qualitatifs.
Ceci nous appelle à proposer l’étude de cas comme méthodologie de recherche. Comme le souligne
Gagnon79, son utilisation permet :
a) de fournir une analyse en profondeur des phénomènes dans leur contexte ;
b) de développer des paramètres historiques ;
c) d’assurer une forte validité interne, les phénomènes relevés étant des représentations authentiques
de la réalité étudiée.
La rigueur de la démarche de recherche est ainsi de fournir une assurance de la véracité des résultats
produits pour ainsi tester l’hypothèse80. Une méthode de recherche, « c’est la procédure logique d’une
79
L’étude de cas comme méthode de recherche, Les presses de l’Université du Québec, 2005, p.2-3.
80
Ibid. p. 13.
19
science, c’est-à-dire, l’ensemble des pratiques particulières qu’elle met en œuvre pour que le
cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable 81 ». Ainsi,
la démarche qualitative correspond à « une enquête empirique sur un phénomène contemporain (par
exemple, un « cas »), situé dans son contexte du monde réel, en particulier lorsque les frontières entre
le phénomène et le contexte ne sont pas clairement évidentes 82».
En nous référant au contexte des travaux issus de ce document, l’on peut prétendre que le projet
d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau sied parfaitement à l’utilisation de cette méthode
afin de produire les réponses à la question de départ. La conduite du processus de recherche nous mène
vers une vision holistique du concept d’électrification rurale. L’analyse qualitative des données
empiriques servira à proposer les axes stratégiques inhérents à la déduction d’une politique énergétique
adaptée au milieu rural. La confrontation des résultats obtenus avec ceux de l’enquête sur l’évolution
des conditions de vie est posée dans un support quantitatif comme réponse au questionnement de départ
pour permettre de passer de l’apriori au posteriori.
3.2. Présentation du projet d’électrification de la région de Roche-àBateau
Roche-à-Bateau constitue l’une des communes du département du Sud touchées par l’Initiative
de la Côte Sud (CSI) qui est un projet multithématique de développement durable financé par
l’UNOPS, et opérationnel depuis juillet 2011. Une initiative qui porte aussi bien sur l’infrastructure,
la santé, l’assainissement, l’éducation et le tourisme. L’objectif du CSI consiste à créer une synergie
entre plusieurs secteurs d’activités pour favoriser un développement durable dans la région. Son rayon
d’action couvre 10 communes du Sud : île-à-vache, St-Jean du Sud, Arniquet, Port-Salut, Roche-àBateau, Côteaux, Port-à-Piment, les Anglais, Chardonnières et Tiburon .
81
Omar Aktouf, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, Les presses de
l’Université du Québec, Québec, 1987, p. 20.
82
« Robert K. Yin, 3rd ed., Applications of Case Study Research, Thousand Oaks (CA), Sage Publications, 2012 », cité
par « Hervé Dumez, Qu’est-ce que la recherché qualitative ?, Le Libellio d’AEGIS, Vol. 7, n° 4 – Hiver, 2011, p. 4758 »
20
La commune de Roche-à-Bateau fait partie de l’Arrondissement des Côteaux, constitué de deux (2)
autres communes : Côteaux et Port-à-Piment. Elle compte 18 394 habitants83. Roche-à-Bateau est
composée des sections communales de Beaulieu (comprenant le quartier de Rosiers et le quartier de
Carpentier), Renaudin et Beauclos 84. La pêche, l’agriculture, la culture de la canne à sucre et
l’élevage représentent les activités économiques de la commune de Roche-à-Bateau, bien qu’à date,
aucune banque commerciale ni maison de transfert d’argent ne s’est implantée dans cette commune
bien que les opportunités d’affaires sont nombreuses selon les riverains 85. Les deux principaux hôtels
de Roche-à-Bateau sont « La Source hôtel » et « Paradis sur le rocher » qui proposent à eux deux une
trentaine de chambres86.
Fondée en l’an 1800, Roche-à-Bateau a été érigée en commune le 10 octobre 1953 sous la
présidence de Paul Eugène Magloire 87. La mairie abrite la DGI (Direction Générale des Impôts) et
le tribunal qui compte deux juges de paix et un officier d’état civil 88. Aucune université n’est
enregistrée dans la commune, mais grâce à la CORABEL (Coalition Rochebatolaise pour
l’Expansion Locale), une organisation regroupant les communautés roches-à-batelaises d’Amérique
du Nord (Boston, Miami, Montréal entre autres), une école professionnelle a été récemment ouverte
dans la localité et offre aux jeunes une formation sur les techniques d’agriculture, notamment dans
la protection des bassins versants89. La commune dispose d’un lycée, de deux écoles nationales, deux
écoles primaires congréganistes et de deux autres écoles privées. Un petit dispensaire dessert la
population. Une poissonnerie établie au centre-ville permet aux pêcheurs de Roche-à-Bateau de
83 IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web, http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm. Indicateurs
démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016.
84
Ibid.
85
Robenson Geffrard, Roche-à-Bateau, l’autre partie d’Haïti qu’il faut visiter. Le Nouvelliste,
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/161612/Roche-a-Bateau-lautre-partie-dHaiti-quil-faut-visiter,
2008,
consulté le 5 octobre 2017.
86
Ibid.
87
Ibid.
88
Ibid.
89
Ibid.
21
commercer avec les villes et départements voisins du Sud. La culture traditionnelle de Roche-àBateau propose des danses et musiques aux survivances encore polonaises datant de la période postcoloniale 90.
Étalée sur une superficie de 65,11 kilomètre-carrés 91,92, la commune Roche-à-Bateau est
régulièrement victimes d’inondations et d’averses lors des pluies. Cette situation due à la coupe
effrénée des arbres n’est pas sans conséquence majeure sur l’environnement et l’agriculture de la
zone. Le centre-ville est doté des rues adoquinées et bien alignées. Table-au-Diable, un îlot de moins
de 5 mètres carrés, est le principal site touristique de la commune93. La mise en place de la CEAC
(Coopérative Électrique de l’Arrondissement des Côteaux) vient ainsi compléter le patrimoine rural
de la commune de Roche-à-Bateau.
N.b. : Le cadrage temporel de notre travail de recherche est divisé en deux (2) périodes :
1- Avant l’électrification : période couvrant l’étude de la Earth Institute (2011-2012).
2- Après l’électrification : période couvrant le début des opérations (juin 2015) jusqu’à août 2016
(qui correspond à la fin de l’enquête réalisée dans le cadre de ce mémoire). À cette dernière
date, la CEAC ne dessert que le quartier de Rosiers.
90
Dominique Batraville, Vers la côte Sud d’Haïti : En route pour Roche-à-Bateau. Haïti Press network,
http://www.hpnhaiti.com/site/index.php/tourisme/3839-vers-la-cote-sud-dhaiti-en-route-pour-roche-a-bateau, 2011,
consulté le 19 janvier 2017.
91
Ibid.
92
Geffrard, loc.cit.
93
Ibid.
22
Tableau # 9 : Fiche technique du projet du projet CEAC94
Projet CEAC (Coopérative Électrique de l’Arrondissement des Côteaux)
Projet
Localisation
Financement
Coût95
Régions concernées
Maitre d’ouvrage
Début d’opération96
Réseau de transport et
distribution97
Centre de production98
Projection population desservie
par le projet99
Estimation population desservie
en 2016 par le projet100
Coopérative électrique de l’arrondissement des Côteaux
Département du sud
PNUE ; USAID
1, 8 millions USD
Communes de Côteaux, Port à Piment, Roche-à-Bateau
NRECA ; SELF
Juin 2015
 25,4 km de ligne BT et 20,8 km de ligne MT.
 Système triphasé 13,2/23 KV, alimenté à partir d’un transformateur de 300
KVA.
 L’éclairage de rue est assuré par des 2 types de lampadaires : l’un de type
conventionnel alimenté directement par le réseau BT et l’autre de type « backup battery » avec photodétecteur et « controller » intégré au boitier de la
batterie.
 Les compteurs sont de type « prépayé ». Deux catégories de boitiers sont
utilisées dans la zone en fonction du regroupement de l’habitat : un boitier
individuel et un boitier regroupant 8 compteurs. Les maisons sont alimentées à
120 V, mais certains usagers, utilisent le 240 V. Une usine à glace située dans
la ville des Côteaux est alimentée en triphasé.
 Aux Côteaux :
o Deux (2) génératrices diesel de capacité l’une 250 KW et l’autre
120 KW ;
o Un parc photovoltaïque totalisant 105 KWc.
 Damassin
: Un parc photovoltaïque totalisant 14 KWc.
 Port à Piment : Un parc photovoltaïque totalisant 21 KWc.
 15 000 habitants pour environ 3000 connexions
 Aux Côteaux
: 700 connexions
 Port à Piment
: 300 connexions
 Roche-à-Bateau : 250 connexions
94
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
95
Haïti Libre, Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti. Page Web.
http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-d-haiti.html, 2013,
Consulté le 10 Décembre 2015.
96
Ces informations ont été fournies par l’équipe technique de la CEAC lors d’une visite sur les sites de productions.
97
Id.
98
Id.
99
Haïti Libre, loc. cit.
100
Ces informations ont été fournies par l’équipe technique de la CEAC lors d’une visite sur les sites de productions.
23
3.3. Satisfaction des besoins énergétiques avant le projet CEAC
Selon la Earth Institute 101, vu la carence d’accès à l’électricité, tant aux zones urbaines que rurales,
les dernières forêts du département du Sud suppléent à l’énergie locale et aux besoins économiques
par la collecte de bois et la production de charbon. Le commerce du charbon de bois augmente la
dégradation et l’érosion du sol. Il contribue à la réduction à long terme de la productivité de
l’agriculture à travers les bassins versants.
Le manque de sources d’énergie alternative contribue à la dépendance en bois au niveau des
ménages, ce qui engendre la détérioration de l’écosystème haïtien. Le bois de chauffage (91 %) et le
charbon de bois (52 %) constituent les principales sources d’énergie pour les besoins de cuisson.
Dans l’enquête auprès des ménages de 2011-2012, le kérosène est rapporté par l’écrasante majorité
des habitants comme étant une source principale d’énergie utilisée pour l’éclairage (89 %). Environ
70 % des ménages n’ont pas cité de source secondaire. Le pourcentage attribué aux bougies comme
une source primaire d’éclairage était insignifiant. Pourtant, elles représentent la plus importante
source secondaire d’éclairage, utilisée par 12 % des personnes interrogées. L’utilisation des batteries
(piles sèches ou rechargeables) est extrêmement faible en tant que source primaire ou secondaire,
avec un pourcentage de 1 %.
À Roche‐à‐Bateau, le rapport de l’accès à l’électricité par le réseau est de 10 %. 3 % de la population
se servent d’autres sources d’électricité (batteries, générateur à carburant ou système solaire) comme
étant leur source d’énergie principale.
La moyenne des heures d’éclairage par semaine est de 23 heures pour les ménages en tenant compte
de toutes les sources disponibles : 18 heures pour le kérosène (81 %), 1,9 heure de la seconde source
(réseau ou mini ‐réseau) et finalement 1,2 heure pour les bougies (5 %).
Les biens énergétiques recensés parmi les ménages de la région des communes sont constitués des
petits appareils électriques ou à piles (par exemple la radio, à peu près de 30 %) et dans une moindre
101
Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012, p. 170-177.
24
mesure, ceux à forte consommation d’électricité (réfrigérateur). La production à partir de générateurs
et systèmes solaires domestiques concerne 2 % et 4 %, respectivement des ménages. Un point
important concernant les appareils électroménagers dans les dix communes est la prévalence des
réchauds améliorés dont près de 20 % des ménages ont déclaré en posséder.
3.4. Choix méthodologiques
Différentes méthodologies permettent d’aborder l’étude des stratégies : des enquêtes quantitatives, des
recueils de récits de vie, l’ethnométhodologie, l’analyse conversationnelle, la phénoménologie,
l’approche clinique, l’ethnographie ou encore tel qu’il s’agit ici l’étude de cas 102.
Selon Mickael Porter, « la stratégie est une combinaison d’objectifs que s’efforce d’atteindre une
entreprise et les moyens par lesquels elle cherche à les atteindre 103». Pour Mintzberg, « les stratégies
délibérées, c.-à-d. construites et planifiées, sont souvent complétées par des stratégies émergentes non
planifiées, mais dictées par l’environnement104 ».
L’entreprise d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau consiste à la mise en opération du
projet CEAC. Elle permet de desservir environ 250 foyers. La CEAC a débuté ses opérations depuis
juin 2015.
Trois étapes pour débuter notre processus d’évaluation :
1) un tableau descriptif du SWOT (Strength, Weakness, Opportunity, Threat) ou FFOM (Forces,
Faiblesses, Opportunités, Menaces) permet d’obtenir une vue d’ensemble de la situation actuelle du
secteur par rapport à son environnement (macro et micro). Ce modèle de démarche stratégique
développé par Learned, Christensen, Andrews et Guth de Harvard105, nous permettra de mettre en
évidence les forces et les faiblesses du projet ainsi que les opportunités et les menaces de son
environnement.
102
Claudya Parize, Fabriquer ensemble la stratégie : D'une démarche de Prospective Stratégique a une plateforme
d'Open Strategizing " chez BASF Agro de 1995 à 2012, Thèse de doctorat, Gestion et management, Université Paris
Dauphine - Paris IX, 2013, p. 101.
103
Choix stratégiques et concurrence. Techniques d’analyse des secteurs et de la concurrence dans l’industrie,
Économica, 1982.
104
Grandeur et décadence de la planification stratégique, Dunod, 1994, p. 108-114.
105
Edmund P. Learned, et al, Business Policy, text and cases, Richard D. Irwin, 1965.
25
2) une analyse permettant d’utiliser les enseignements tirés afin d’en déduire les éléments de prise de
décision et de la planification du secteur de l’électrification rurale. Les lignes stratégiques établies font
l’objet d’un découpage pour établir, en fonction de la revue de littérature, des critères appliqués au cas
d’étude. Aussi, il est important d’établir l’hypothèse opérationnelle suivante :
-
Il existe des critères d’ordres techniques, sociaux, économiques, institutionnels liés aux
projets d’électrification rurale qui mènent à un taux de réussite certain.
3) Afin d’établir la pertinence du projet, une enquête sur l’évolution des indicateurs de développement
nous permet de comparer la croissance des indicateurs de développement de la région de Roche-àBateau, avant et après son électrification par la CEAC, et d’en déduire l’efficacité du projet sur
l’évolution de ces indicateurs.
26
Chapitre 4 : Analyse des données, résultats et discussions
4.1. Présentation et traitement des données
1) L’analyse de la revue de littérature nous permet d’établir le diagramme SWOT du secteur de
l’électricité en Haïti.
Tableau # 10 : Diagramme SWOT du secteur de l’électricité106
FORCES
Disponibilité de ressources énergétiques
renouvelables
Environnement :
- Potentiel solaire important
- Potentiel éolien dans certaines régions du pays
FAIBLESSES
Structure et Infrastructure limitée en quantité et qualité
Technologique :
-
Faible Taux d’électrification ;
Taux de connexions frauduleuses élevé
Réseau saturé et Infrastructures vétustes
Faible temps de desserte et fréquentes coupures dans le service d’électricité.
Insuffisance de personnel technique
Environnement
- Topographie de l’habitat rural par rapport aux manques d’infrastructures
routières
Vulnérabilité économique et financière
Économique :
- Faible Taux de facturation et de recouvrement
- De nombreux clients en attente (connexion ou régularisation)
- Dépendance financière vis-à-vis de l’état, des bailleurs internationaux, de
donateurs.
- Forte dépendance vis-à-vis des importations et volatilité du cours du pétrole
- L’exploitation du réseau national est fortement dépendante des subventions de
l’État
- Contrats d’achats d’électricité inadaptés (PPA)
Cadre règlementaire inadapté
Légal :
- Monopole accordé à la compagnie nationale EDH
- Cadre règlementaire juridique et fiscal inapproprié
- Absence d’un régulateur du secteur
- Inexistence d’incitatif au développement des énergies renouvelables.
Politique :
- Faible Implication du ministère de tutelle
- Absence d’une politique visant le développement de programmes
d’électrification rurale dans le pays
- Ingérence de la politique dans les décisions stratégiques
OPPORTUNITÉS
Augmentation du taux d’électrification nationale
Technique
- Capitalisation de l’expérience d’autres pays pour la mise
en place d’un programme d’électrification national ;
- Interconnexion régionale
Économique
- Restauration des marges d’exploitation grâce à la
diminution des coûts avec le recours aux énergies
renouvelables ;
- Capitaux disponibles pour les investissements dans les
énergies renouvelables à exploiter
- Proximité des marchés américains pour l’acquisition
d’équipements
Légal
- Attraction d’opérateurs privés par la mise en place d’un
MENACES
Cadre d’investissement répulsif
Social
- Dégradation du pouvoir d’achat et vulnérabilité économique de la population
- L’insuffisance des infrastructures (par exemple le transport)
- La forte migration de la population sur Port-au-Prince.
Économique
-
Réticence du secteur industriel haïtien à se brancher sur le réseau de l’EDH
Interruptions du financement des donateurs et des subventions de l’État
Fluctuation du taux de change
Inflation élevée
Dégradation accélérée de l’environnement
Environnement :
- Limitations de l’exploitation du potentiel Hydro
cadre législatif incitatif
106
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
27
2) L’analyse SWOT du tableau # 11 nous propose quatre approches qui permettent d’établir les axes
stratégiques d’un projet d’électrification rurale 107 :

Cadran 1 (faiblesse et menaces) FaM ou WT : stratégies de survivance. Le repositionnement
ou la diversification, qui consiste à diminuer les faiblesses pour réduire la vulnérabilité du projet

face aux menaces extérieures ;
Cadran 2 (forces et menaces) FoM ou ST: stratégies défensives qui ont pour objectif d’utiliser
au mieux les forces et les atouts du projet pour se protéger des différentes menaces de

l’environnement ;
Cadran 3 (faiblesses et opportunités) FaO ou WO : stratégies d’adaptation qui s’alignent sur
l’amélioration et le développement en interne des points faibles du projet pour saisir les

opportunités de l’environnement ;
Cadran 4 (forces et opportunités) FoO ou SO : stratégies offensives qui consistent à utiliser
les forces en interne pour profiter des opportunités de l’environnement.
Tableau # 11 : Analyse SWOT et approches stratégiques de l’électrification rurale108
FAIBLESSES
ÉNERGIE PROPRE ET COÛT
ABORDABLE (électrification
rurale)
Cadre
d’investissement
répulsif
MENACES
OPPORTUNITÉS
Dégradation
accélérée de
l’environnement
Structure et
Infrastructure
limitée en
quantité et
qualité
Vulnérabilité
économique et
financière
Développer
l’assistance
technique et le
renforcement
des capacités
Proposer des
mécanismes de
financements
adaptés
FORCES
Cadre
règlementaire
inadapté
Ouvrir le
secteur à la
concurrence
Disponibilité de
ressources
énergétiques
renouvelables
Établir des
politiques
d’incitations au
développement
des énergies
propres
Établir un
Programme de
développement
rural intégré
Augmentation du
taux
d’électrification
nationale
Établir une
coopération étroite
avec tous les
partenaires pour
atteindre les
objectifs de
développement
durable
107
Edmund P. Learned, et al, Business Policy, text and cases, Richard D. Irwin, 1965.
108
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
Favoriser les
Productions
électriques de
type
décentralisé
28
Sept (7) axes stratégiques sont identifiés comme prioritaires pour l’implémentation des projets
d’électrification rurale. Il s’agit :
1) Développer l’assistance technique et le renforcement des capacités ;
2) Proposer des mécanismes de financements adaptés
;
3) Ouvrir le secteur à la concurrence ;
4) Établir un programme de développement rural intégré ;
5) Établir des politiques d’incitations au développement des énergies propres ;
6) Établir une coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de
développement durable ;
7) Favoriser les productions électriques de type décentralisé.
L’étude d’impact du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau nous porte à considérer les
analyses suivantes :


La décomposition des axes stratégiques a pour objectif de leur adjoindre des critères à
caractère inclusif et clairement définis.
La revue de littérature du secteur énergie présentée en section 1.2, l’apport des différentes
perspectives et des contributions du projet à l’amélioration des conditions de vie de la
population de Roche-à-Bateau permettent de mettre en évidence une série de critères

recommandables pour les axes stratégiques de projets d’électrification rurale.
Une désagrégation de chaque axe stratégique en 3 critères constitutifs nous parait suffisante
pour affiner le niveau de détail tout en prenant en compte les exigences relatives à leur mise


en place et faciliter le traitement quantitatif.
Les critères proposés au tableau # 12 sont ceux qui semblaient les plus pertinents, mais il est
évident qu’ils ne sont pas les seuls possibles.
Une pondération des critères en fonction de leur degré de nécessité ou de pertinence a été
effectuée au tableau # 14.
29
Tableau # 12 : Grille de décomposition des axes stratégiques109
Axes
stratégiques
1
2
3
4
Assistance
technique aux
projets et le
renforcement des
capacités ;
Mécanismes de
financements
Concurrence
dans le secteur
Programme de
développement
rural intégré
Critères retenus
Brève description
a. Formation
- La présence de techniciens compétents sur place est fondamentale pour
assurer la maintenance (trop souvent lacunaire) des systèmes de production
d’électricité et le transfert de technologie. La formation joue en ce sens un
rôle central.
b. Inclusion dans les
processus
décisionnels
-
c. Décentralisation
territoriale
- Faire valoir les compétences administratives des collectivités territoriales
dans le processus d’aménagement de leurs localités.
a. Participation du
secteur privé
-
b. Demande pour le
produit
- S’assurer d’une demande locale pour le produit passe notamment par des
enquêtes sur le terrain et par une identification aussi précise que possible des
besoins. La plupart des études s’accordent à dire qu’il faut éviter "d’offrir"
le système, ce qui peut provoquer une mauvaise gestion de ce dernier et un
manque d’implication des bénéficiaires.
c. Capital de départ
-
Un capital de départ important peut constituer un frein à la diffusion de la
technologie, particulièrement dans les régions où l’accès au crédit est
malaisé.
a. Montage
institutionnel
-
Dans le cas d’électrification décentralisée, il est nécessaire d’éviter autant
que faire se peut l’ingérence du politique dans le projet, la mise en place de
véritable « plan d’affaire » avec valeur ajoutée pour les localités s’impose.
b. Gestion de projets
-
La démarche visant à organiser de bout en bout le bon déroulement d’un
projet. C’est tout l’opérationnel et le tactique qui fait qu’un projet aboutit
dans un triangle représentant l’équilibre qualité-coût-délai (QCD). Le
management de projet assume le pilotage stratégique du projet.
c. Environnement
transparent et
sain ;
-
L’établissement d’un cadre règlementaire adéquat va attirer les
investissements qui peuvent améliorer l’offre : de plus grandes possibilités
d’affaires, plus d’emplois, de nouvelles sources d’énergie (renouvelables),
un meilleur coût de l’électricité, en sont les bénéfices
a. Identification des
interlocuteurs
appropriés
-
Identification d’une unité d’organisation sociale habilitée à mener le projet à
bien. L’utilisation de structures existantes (entreprises locales, coopératives,
associations) est également recommandée.
b. Approche
multisectorielle
- Cette approche contribue à améliorer la compétitivité économique des
territoires et incite les acteurs socio-économiques à agir en concertation, à
produire des biens et des services en valorisant les ressources locales, cellesci incluent les impacts sur la protection de la biodiversité, les déchets, la
toxicité des matières utilisée, etc.
c. Activités
génératrices de
revenus
-
L’adhésion des bénéficiaires passe par leur implication dans la définition du
projet et dans sa réalisation. La création d’une association locale semble
recommandée.
L’apport de capitaux externes permet de combler le déficit de financement
public des investissements des projets de développement. Les subventions
doivent profiter majoritairement aux plus pauvres et/ou aux systèmes les plus
pertinents sur le plan environnemental.
Les projets d’électrification doivent être générateurs d’activité et d’emplois,
si possibles dans les zones rurales. La possibilité de générer une activité
connexe par le transfert de technologie doit aussi être favorisée.
30
5
6
7
Incitations aux
énergies propres
a. Financements
externes
- Mettre à contribution le potentiel du pays en énergies renouvelables afin
d’accéder aux financements disponibles sur le changement climatique.
b. Fiabilité
-
La technologie doit présenter une faible probabilité de panne, y compris
dans des conditions de fonctionnement difficiles et être accessible à ses
utilisateurs, qui doivent pouvoir se "l’approprier", notamment en étant
habilités à y apporter des modifications.
c. Appropriabilité
-
Accélérer et mettre en œuvre de façon positive, les politiques sectorielles
efficientes et efficaces de réforme sur les accès à l’énergie durable,
l’efficacité énergétique et l’approvisionnement en énergie.
Coopération
étroite avec tous
les partenaires
pour atteindre les
objectifs de
développement
durable
a. Implication locale
-
Les parties prenantes locales (population, autorité, partenaires
doivent être incluses dans la mise en place du projet.
b. Coopération
internationale
-
Bénéficier de la contribution des autres pays au développement économique
par l’établissement d’objectifs communs et d’actions conjointes pour une
meilleure efficacité
c. Développement
durable
- Assurer une gestion des ressources, sans préjudice pour l’environnement et le
social et pouvant bénéficier aux générations futures.
Production
électrique de
type décentralisé
a. Situation
géographique
-
La situation géographique de la région considérée inclut le relief ou les
accidents géographiques, qui influencent la facilité et le coût de l’extension
du réseau.
b. Coût
-
Le choix de la technologie de type décentralisé dépend du coût de chacune
des solutions en prenant en compte les coûts d’investissement, de
combustible ou de maintenance sur toute la durée de vie du système.
c. Densité de
consommation
-
La densité de consommation est le produit de deux facteurs : la densité
d’habitation et la consommation moyenne par ménage. Une faible densité de
consommation est un argument majeur en faveur de la décentralisation.
etcc)
3) Les ODD dans la région de Roche-à-Bateau
En se basant sur les recommandations du Groupe de Travail Mondial des Gouvernements Locaux et
régionaux (Global Task Force) pour le compte de la CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis
d’Afrique) 110, la définition d’indicateurs susceptibles de décrire l’évolution des ODD porte à prendre
en compte les principes suivants :
A. « Localiser » l’Agenda post-2015
En Haïti, la réalisation des ODD nécessite l’engagement et les efforts du gouvernement et des
collectivités territoriales. « Localiser » l’agenda post-2015 se réfère généralement à la mise en œuvre
des objectifs de développement au niveau local par les acteurs concernés en particulier les élus
locaux.
109
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
110
Global Task Force, Agenda post 2015, Comment définir les cibles et les indicateurs ? Document en PDF,
https://www.uclg.org/sites/default/files/indicateurs_pour_localisation _agenda _ post2015.pdf, 2014, consulté le 12
août 2017.
31
« Localiser » l’agenda post-2015 peut également se référer au suivi des progrès de sa mise en œuvre
au niveau du gouvernement et des collectivités territoriales (indépendamment du fait que ces derniers
aient ou n’aient pas la compétence dans certains secteurs), contribuer à améliorer la prise de décision
et la distribution des ressources à différents niveaux et permettre aux communautés locales et aux
organisations de la société civile d’exiger de leur gouvernement une plus grande transparence.
B. La faisabilité des objectifs
Atteindre un système partagé d’objectifs inclusif et intégré au niveau mondial. Les objectifs proposés
couvrent la plupart des défis liés au développement et un large éventail de thèmes, besoins et
préoccupations exposés par les principales parties prenantes. Ceci implique la possibilité d’avoir un
système d’indicateurs simple à gérer, mesurable, transparent et facile à communiquer.
C. La définition des cibles
D’autre part, si le gouvernement et les collectivités territoriales ont des responsabilités dans la
mise en œuvre de certains objectifs, deux questions doivent être posées :
i) comment définir les résultats à atteindre pour chaque cible ?
ii) comment sélectionner les cibles ?
Il existe un certain consensus sur la nécessité de définir des cibles « intelligentes » (smarts) - c’està-dire spécifiques, mesurables, pertinentes et réalisables dans un délai donné. Dans l’idéal, les cibles
devraient être limitées en nombre et quantifiables.
Les indicateurs doivent prendre appui sur des sources reconnues, être désagrégés, universels (c’està-dire applicable à tous les pays).
Il existe actuellement très peu, pour ne pas dire aucune donnée permettant d’apprécier
objectivement les ODD dans la commune de Roche-à-Bateau. Pour réaliser des études sur le niveau
de vie de la population dans la commune de Roche-à-Bateau, l’enquête effectuée se base sur
l’évolution de certains indicateurs visés par le programme CSI et susceptibles d’être impactés par la
présence de l’électricité. Vu le caractère complémentaire des ODD par rapport aux OMD, notre étude
32
prend en considération le rapport produit par la Earth Institute 111 pour développer un ensemble
d’indicateurs « localisés », susceptibles d’être impactés par la présence de l’électricité et intégrant les
dimensions sociale, économique et environnementale. Par conséquent, en tenant compte 1) de la revue
de littérature, et 2) de la problématique développée dans ces travaux, les indicateurs de développement
suivants nous paraissent les plus pertinents pour illustrer l’évolution des ODD dans la commune de
Roche-à-Bateau :
A. Productivité agricole (ODD 2) ;
B. Activités productrices (ODD 9) ;
C. Education (ODD 4)
D. Santé (ODD 3)
E. Accès à l’eau propre (ODD 6) ;
F. Sécurité (ODD 16) ;
G. Accès à l’information (ODD 9) ;
H. Égalité des genres (ODD 5) ;
I. Exode rural (ODD 11)
- L’enquête répond à l’objectif de collecter les données permettant d’établir un parallèle entre la
situation des conditions de vie « avant » et « après » l’électrification de la commune de Roche-àBateau
- L’exécution de l’enquête s’est faite à l’aide du questionnaire et du guide d’entretien élaborés à cet
effet (Cfr. Annexe # 2). Le tableau # 13 présente les résultats de l’enquête.
- Pour chaque axe stratégique, une appréciation est attribuée à chacun des critères y relatifs (Cfr.
Tableau # 12) à la lumière de leur concordance avec les indicateurs du tableau # 13.
- Le tableau # 14 illustre le système de pondération de nature quantitative qui attribue un poids ayant
la valeur de 0 à 1 pour chaque critère, ce qui permettra de mesurer et de hiérarchiser sur cette base
leur impact sur l’évolution des indicateurs de développement.
- Il est important de remarquer que cette appréciation comporte une certaine part de subjectivité qui
vient principalement du poids accordé à chaque critère pour l’évaluation d’un principe par
l’interviewé.
111
Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012.
33
- L’étude d’impact combine donc la mesure des effets du projet d’électrification rurale sur les
bénéficiaires à une compréhension des mécanismes comportementaux et/ou environnementaux liant
le projet aux changements constatés et nous permet également d’évaluer l’efficacité du projet.
- Le tableau # 15 synthétise les résultats et permet d’établir la mesure de l’efficacité du projet : chaque
cellule présente l’efficacité spécifique des axes stratégiques par rapport aux indicateurs de
développement. Elle est donnée par la formule suivante :
∑ (total score sous-indicateur÷ 3)
Efficacité spécifique
=
________________________________________________
nombre de sous-indicateurs
L’on peut ainsi hiérarchiser les différents paramètres en fonction de l’Efficacité des indicateurs de
développement et de l’Efficacité des axes stratégiques (chaque ligne présente les efficacités
spécifiques par indicateur associé tandis que chaque colonne, celles de l’axe stratégique associé).
En se basant sur l’hypothèse qu’en cas d’efficacité maximale, l’impact du projet sur les indicateurs
serait uniformément assuré par tous les axes stratégiques, l’on obtient le résultat de ces 2 paramètres
par le calcul de la moyenne arithmétique des efficacités spécifiques.
∑ Efficacité spécifique indicateur
Efficacité des indicateurs de développement =
___________________________________________
o
e d’axes stratégiques
∑ Efficacité spécifique axe stratégique
Efficacité des axes stratégiques =
____________________________________________________
o
e d’i di ateu s de développe e t
On en déduit la formule de l’efficacité du projet :
∑ Efficacité des indicateurs de développement
Efficacité du projet =
_____________________________________________________________
o
e d’i di ateu s de développement
∑ Efficacité des axes stratégiques
=
_______________________________________________
o
e d’axes st atégi ues
34
Tableau # 13 : Résultat de l’enquête sur les indicateurs de développement à Roche-à-Bateau112
indicateurs
ODD
a. Productivité
agricole
Avant Après
électrification
Sous indicateurs de performance
unité
Quantité km canaux
km
1
3
Quantité hectare irrigué
ha
4
7
Guide d’e tretie , uestio
Guide d’e tretie , uestio
Conditionnement des produits
agricoles
u
1
4
Guide d’e tretie , o servatio
sur le terrain
Qté unités recensées
(0,5 m3 en moy.)
Niveau de production spécifique
lbs
200
350
Guide d’entretien, questionnaire
Produit de pêche
6
14
Guide d’e tretie , uestio
aire
Remarques
20 K
75 K
Guide d’e tretie , uestio
aire
22
35
Earth Institute*, questionnaire
aire
aire
b. Activités
productrices
(ODD9)
Entreprises (business)
c. Education
(ODD 4)
Tau d’ach ve e t pri aire
Gdes
/an
%
Nbre enfants scolarisés (primaire)
u
3680
4210
Earth Institute*, questionnaire
Tau d’ach ve e t secondaire
Nbre enfants scolarisés
(secondaire)
Formation professionnelle
%
5
7
Earth Institute*, questionnaire
1171
0
22
25
1600
1
31
40
Earth Institute*, questionnaire
Guide d’e tretie
Tau d’alphabétisation des adultes
Présence d’e seig a ts ualifiés
u
u
%
%
Fréquentations cliniques
Personnel de santé présent
u
u
90
2
236
5
Guide d’e tretie , uestio
aire
Guide d’e tretie , uestio
aire
Santé maternelle
u
1
1
Guide d’e tretie
Sensibilisation au VIH/SIDA
h
0
1
Guide d’e tretie , uestio
aire
Émissions radio/mois
56
Guide d’e tretie , uestio
aire
Moyenne cas/année
d. Santé
(ODD 3)
chiffre d’affaires
o e
Mortalité infantile
e. Acc s à l’eau
propre
(ODD 6)
f. Sécurité
(ODD 16)
Poi ts de ve te d’eau pota le
(commercial)
Poi ts d’eau (public)
h. Égalité des
genres
(ODD 5)
i. Exode rural
(ODD 11)
%
65
Guide d’e tretie , uestio aire
Earth Institute*, questionnaire
PME
Basé sur moyenne de
5 PME
MENFP
association CORABEL
Tra che d’âge : + 25
Moyenne visite/mois
Programme de santé
maternelle
u
5
18
u
5
5
Questionnaire, observation sur le
terrain
Guide d’e tretie
Éclairage public
u
8
30
Questionnaire, observation
sur le terrain.
Nombre de policiers
u
2
5
Bénéficiaires Éclairage électrique
u
100
780
Questionnaire, observation
sur le terrain
Guide d’e tretie , uestio aire
Taux électrification
%
10
25
Guide d’e tretie , uestio
aire
CEAC
34
Guide d’e tretie , uestio
aire
Guide d’e tretie , uestio
aire
Poste de police
Te ps d’a te e/jour
Cas d’i sécurité rece sés/a
g. Accès à
l’i for atio
(ODD 9)
u
Moyens de vérification
u
24
Radio
h
3
12
Service d’i ter et (cyber café)
Service de téléphone (vente)
ratio fille garçons dans le primaire
ratio fille garçons dans le
secondaire
Taux alphabétisation chez les
femmes
ratio femme/homme dans la
population alphabétisée
u
u
u
u
%
0
0
0,79
0,74
30
0
1
0,82
0,78
30
u
0,12
Assainissement
%
Population ayant accès aux
installations sanitaires modernes
Emploi chez les jeunes (de plus de
18 ans)
CEAC
observation sur le terrain
observation sur le terrain
Earth Institute*, questionnaire
Poste de police
Nbre de ménages
informel
Earth Institute*, questionnaire
Guide d’e tretie , uestio aire
Association paysanne
0,16
Guide d’e tretie , uestio
aire
Association paysanne
25
60
Guide d’e tretie , uestio
aire
%
5
12
Guide d’e tretie , uestio
aire
%
8
20
Guide d’e tretie , uestio
aire
* : Données issues du rapport de la Earth Institute (2012) présentant la situation « avant électrification ».
112
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
35
a. Productivité agricole
(ODD 2)
Quantité km canaux
Quantité hectare irrigué
Conditionnement produit
agricole
Production spécifique (pêche)
Entreprises
b. Activités productrices
(ODD 9)
Chiffre d’affaires
c. Education (ODD 4)
d. Santé (ODD 3)
e. Accès à l’eau propre
(ODD 6)
f. Sécurité (ODD 16)
Tau d’ach ve e t pri aire
Qté enfants scolarisés
(primaire)
Tau
d’ach ve e t seco daire
Qté d’e fa ts scolarisés
(secondaire)
Formation professionnelle
Tau d’alpha étisatio adultes
Prése ce d’e seig a ts
qualifiés
Fréquentations cliniques
Personnel de santé présent
Santé maternelle
Mortalité infantile
Poi ts de ve te d’eau pota le
(privé)
Poi ts d’eau (public)
Éclairage public
Nombre de policiers
Éclairage domestique
1a
1
1
1b
0
0
1c
0
0
2a
0
0
2b
0
0
2 c 3a 3 b 3 c
0 0,25 0,25 0
0 0,25 0,25 0
4a
0
0
4b 4c
0,5 0,75
0,5 0,75
5a
0
0
5b
0
0
0
7. Production
électrique de
type
décentralisé
6. Objectifs de
développement
durable
5. Incitations aux
énergies
propres
4. Programme de
développemen
t rural intégré
3. Concurrence
dans le secteur
2. Mécanismes
de
financement
adapté
1. Assistance
technique et le
renforcement
des capacités
Tableau # 14 : Appréciation de l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement113
5 c 6a 6 b 6 c
0 0,25 0,75 0,75
0 0,25 0,75 0,75
1
0,25
0
1
0
0,25
1
0
1
0,5
0 0,25 1
0,25 0
0,5
0
0
0
1
0 0,25 0
0 0,25 1
0,25 1
0,5 0,75 0,5 0,75
1
1
0
0
0
1
1
0,5
0,25 0,25 0,5 0,75 0,75 0,25
0,25 0,25
0
0
1
0,25
1
1
0,5
0,5
0,5
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0,25
0,25
0,25
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0,75 0,75 0,5 0,25 0,5 0,25 0,5 0,5 0,25
0,75 1
0,5
0
0,5 0,25 1 0,75 1
0,75 1
0,5 0,25 0,5 0,25 0,5 0,5 0,25
1
1
1
1 0,25
0,75 0,25
1
1
0
0,5
0
0
0,25
0
0
0
0
0,75 0,75 0,5
0
0,5 0,25
1
0,75
1
0
0
0,25
0,25
0,25
0
0
0,5
0,25
0,25
0
0,25
0
0
0,25
0,5
0
0,5
0,25
0,25
0,25
0
0
0
0
0
0
0
1
0,5
1
1
1
0,5
0,5
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0,5
0,5
0,5
0
0,25
0,25
0,5
0,5
0,5
0,75
1
1
0,5
1
0,25
0,25
0
0,25
0
0,25
0,25
0
0
0
0
0
0
0
0,25 0,25 0,25 0,5 0,5
1
0,5
0
0
0,5 0,5 0,25 0,5 0,25
0,5 0,25 1
0,5 0,5
1
1
0
0
0
1
1
0,5
1
0,5
0 0,75 0,75 1
1 0,25
0
0 0,75 1
1
1 0,75
0,25 0,25 0,25 0,5 0,75 0,5 0,75
1
0
0
0
0
0
0
0,25 0,25
0
0
1
0
0,25 0,5 0,25
0
0,25
1
0
0,5 0,25 0,25 0,25 0,5
1
1
0,25
0
1
0,25
1
1
1
1
1
0
1
0
1
0
1
0,5
1
0
1
0
1
0
0
0
0 0,25 0,25 0
0
0
0 0,25 0,25
0,25 1
0,5
1
1
0,5 0,75 1
1
1 0,75 1
0,25 0
0 0,25 0,75 0,75 0
0,5 0,25 0,5 0,25 0
0,75 0,75 0,5
1
1 0,75 0,75 1
0,5
1 0,25 1
0
1
1
1
0
1
1
0,5
0
0,5
0
0,5
0
1
0
1
0,5 0,25 0,5
7c
0
0
0,5 0,25 0,5 0,25 0,75 0,75
0
1
7b
0
0
0,25 0,25 0,5 0,5 0,5
0,5 0,75 0,5 0,75
0,5
7a
0
0
0
1
0,5 0,25 0,25 0,5 0,25 0,75
1
0,75
1
36
g. Accès à l’i for atio
(ODD 9)
h. Égalité des genres
(ODD 5)
i. Exode rural (ODD 11)
Taux électrification
Cas d’i sécurité rece sés/a
Radio
Sensibilisation au VIH/SIDA
Service d’i ter et (cyber café)
Vente de téléphone
Ratio fille garçons au primaire
Ratio fille garçons au secondaire
Taux alphabétisation chez les
femmes
Ratio femme/homme dans la
population alphabétisée
Assainissement
Installations sanitaires
modernes
Emploi chez les jeunes
( ≤ X ≤ 4 a s)
Niveau d’appréciation d’impact :
113
1
1
0,5
1
0,25 0,75
0
0
0,25 0
0,25 0
0 0,25
0 0,25
1
1
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
1
1 0,25
1
0,5 0,25
0,5
0
0
0,5 0,25 0
0,5
0
0
0,5
0
0
0,25 0
0
0,25 0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0,5
1
1
1 0,75 1
1
1
1
1
1
0
1
0,5 0,5
0
1 0,75 0,5
0
0 0,75
0
1 0,75 1
0 0,75 0,5 0,5
0
0,5 0,5
0 0,25 0,25 0
0 0,75 0,5
0
1
1
1
0
0 0,25 0,75 0
0,5 0,25 0
0 0,25 1
0
0
0,5
1
0
0,5 0,25 0
0 0,25 1
0
0,5 0,25 0,5
0 0,25 0,25 0,75 0,5 0,5 0,5
0
0,5 0,25 0,5
0 0,25 0,25 0,75 0,5 0,5 0,5
0,5
0
0,25
0,75
0,75
0,75
0
0
0,5
0,25
0,25
1
0,25
0,25
0,25
0,25
0
0,25
0
0,25
0
0
0,25
0
0
0
0
0,75 0,25 0,75
0
0,25 0,25
1
0,5
0
0,25
0
0
0,25
0
0
0
0
0,75 0,25 0,75
0
0,25 0,25
1
1
1
0,25
0
0,25
0
0,25
1
0
0
0
0
0
0
0,75
0,5
0
0,5
0,5
1
0,25
0
0,25
0,5
0
0
0
0
0,75 0,25 0,5
0
1
0,5
0,5
0,5 0,5
0
0
0
0
0,25 0,25 0,5
0
0,5
0,5
0,25 0,25 0,25 0
0,25 0,25
0
très fort =1 ; fort = 0,75 ; moyen = 0,5 ; faible = 0,25 ;
1
0
0
0,5 0,25
0,5 0,25 0,25 0,25 0,5
1
0,25
1
0,5 0,75 0,5
nul = 0.
Contribution de l’auteur Léonidas Pierre Davoust.
37
Tableau # 15 : Évaluation du projet par la mesure de l’efficacité114
6. Objectifs de développement
durable
7. Production électrique de type
décentralisé
1. Assistance technique et le
renforcement des capacités
2. Mécanismes de financements
adaptés
0,80
0,62
0,63
0,85
0,73
0,68
0,40
b. Activités productrices (ODD 9)
0,75
0,46
0,67
0,21
0,42
0,29
0,75
0,51
c. Education (ODD 4)
0.58
0.60
0.73
0.19
0.17
0.23
0.00
0.36
j. Exode rural (ODD 11)
0,53
0,58
0,44
0,28
0,17
0,22
0,17
0,34
a. Productivité agricole (ODD 12)
0,60
0,65
0,15
0,35
0,13
0,13
0,19
0,31
d. Santé (ODD 3)
0,44
0,73
0,48
0,17
0,25
0,08
0,00
0,31
g. Acc s à l’i for atio ODD
0,48
0,29
0,65
0,13
0,19
0,33
0,00
0,29
h. Égalité des genres (ODD 5)
0,50
0,71
0,21
0,08
0,08
0,17
0,00
0,25
e. Accès à l’eau propre ODD 6
0,29
0,25
0,38
0,25
0,17
0,13
0,17
0,23
Efficacité des axes stratégiques 0,55
0,54
0,48
0,28
0,26
0,25
0,19
3. Concurrence dans le secteur
4. Programme de développement
rural intégré
f. Sécurité (ODD 16)
Électrification
rurale Roche-àBateau
Indicateurs de développement
5. Incitations aux énergies propres
Axes stratégiques
Efficacité des
indicateurs de
développement
0,67
0,36
On en déduit que l’efficacité du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau tel qu’implémenté est
de 36 %.
Somme toute, au vu de la problématique énoncée et des pratiques établies dans le secteur tels que
présentées dans la revue de littérature, la section suivante nous propose une analyse spécifique des
résultats de l’enquête et de l’évaluation du projet afin d’en tirer les éléments d’appréciation permettant
d’améliorer 1) l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement et 2) l’efficacité du
projet.
114
Contribution de l’auteur Léonidas P. Davoust.
38
N. B. La hiérarchisation proposée par le tableau # 15 établit l’ordre de l’analyse et des discussions qui
suivent.
4.2. Analyse et Discussion des résultats de l’enquête
En a) le constat sur l’évolution des indicateurs (Cfr. Tableau # 13) décrit la progression du niveau
de vie de la population de Roche-à-Bateau tandis qu’en b) l’analyse de la performance des axes
stratégiques (Cfr. Tableau # 15) se propose d’établir la corrélation existant entre ces derniers et les
indicateurs de développement proposés.
a) Constat sur l’évolution des indicateurs
1. Sécurité (ODD 16)
À Roche-à-Bateau, principalement dans le quartier de Rosiers, l’opérationnalisation de la CEAC a
permis d’installer une trentaine de lampadaires connectés au réseau pour l’éclairage public. Le taux
d’électrification est passé de 10 à 25 %. Avant, 8 lampadaires solaires issus du programme « Banm
Limye Banm Lavi115 » éclairaient certains points spécifiques de la commune. Dans les ménages,
l’éclairage était assuré par des lampes au pétrole lampant pour la plupart. Seule une centaine de maisons
possédait un système individuel de type solaire ou diesel. Avec la CEAC, environ 780 ménages
bénéficient de l’éclairage domestique et public. Le poste de police enregistre une moyenne de 5 agents
régulièrement en service contre 2 avant l’électrification. 34 cas d’insécurité ont été enregistrés en 2016
contre 24 au cours de l’année 2015.
2. Activités productrices (ODD 9)
L’enquête a permis de recenser 14 petites et moyennes entreprises (Hôtel, bar, restaurants et
boutiques, etc.) qui opèrent du côté de Roche-à-Bateau. Leur chiffre d’affaires moyen est estimé à
75 000 Gdes. Avant l’électrification, seules 6 PME (bar, restaurants, boutiques) pour un chiffre
d’affaires moyen de 20 000 Gdes avaient été identifiées dans la zone.
115
Banm Limye Banm Lavi (BL/BL) est un programme national visant à dynamiser le secteur Énergie en Haïti, dont la
composante « Limye Pep » vise l’éclairage public. Il fut initié en 2014 par le MTPTC (Ministère des Travaux Publics,
Transport et Communications) puis par le BMSE (Bureau du Ministre à la Sécurité Énergétique). Cette composante
ciblait les dix départements du pays.
39
3. Education (ODD 4)
Du côté de Roche-à-Bateau, les sous-indicateurs tels les taux d’achèvement du primaire et du
secondaire (respectivement 22 % et 5 % avant, 35 % et 7 % après l’électrification), le nombre d’enfants
scolarisés (respectivement 3680 et 1171 avant, 4210 et 1600 après l’électrification), le nombre d’adultes
alphabétisées (22 % avant et 31 % après l’électrification) et la présence d’enseignants qualifiés (22 %
avant et 31 % après l’électrification) sont nettement en hausse. À noter que la formation professionnelle
est présente par le biais des activités de la CORABEL dans des domaines telles la protection des bassins
versants et l’éducation.
4. Exode rural (ODD 11)
Un accès accru à l’énergie, et plus particulièrement aux énergies renouvelables, peut avoir un impact
socio-économique positif sur la région dans laquelle il est développé116. L’assainissement au niveau de
la ville de Roche-à-Bateau présente un pourcentage de 60 % de ménages dotés de latrines dont 26 %
sont équipés d’installations modernes. Ce qui dénote une mutation importante dans l’habitat rural quand
en 2011 seulement 25 % des ménages possédaient des latrines et 5 % étaient équipés d’installations
modernes. 28 % de jeunes peuvent prétendre à un emploi rémunéré dans le contexte d’électrification
de la commune de Roche-à-Bateau contre 8 % auparavant.
5. Productivité agricole (ODD 2)
Suite à l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau, l’on constate une différence notable au
niveau des indicateurs de mesure de la productivité agricole. Celle-ci se justifiant par la mise en place
de canaux (3 km contre 1 km avant) pour l’irrigation des terres cultivables (7 ha contre 4 ha avant)
proposée dans le cadre des activités de la CSI (Côte Sud Initiative).
La présence de l’électricité a permis la mise en place de trois nouveaux systèmes de conservation de
produits de pêches en plus de la poissonnerie existante. Ceci a induit une hausse du niveau de
116
Pablo del Río & Mercedes Burguillo, Assessing the impact of renewable energy deployment on local sustainability:
Towards a theoretical framework, Renewable and Sustainable Energy Reviews 12(5), 2008, p. 1325-1344.
40
production spécifique (350 lbs contre 200 lbs), les riverains étant à même de pécher plus vu la garantie
de conserver et de ne pas être contraints à liquider le fruit de leur labeur journalier. Au niveau du
marché, les produits de pêches et féculents (banane, patate, manioc, etc.) constituent, avant et après
l’électrification, l’offre proposée par les étalages des vendeurs. Il n’a pas été observé d’augmentation
notable de production à ce niveau.
6. Santé (ODD 3)
La présence de l’électricité à Roche-à-Bateau coïncide avec l’augmentation de la fréquentation
clinique et une présence plus grande du personnel de santé (236 patients et 3 agents de santé répertoriés
pour l’année 2015 contre 90 patients et 1 agent de santé en 2011). Le programme de santé maternelle
qui existait avant l’électrification est maintenu au niveau du seul dispensaire de la commune et le taux
de croissance de mortalité infantile a décru. Un effort de sensibilisation au VIH/sida est constaté avec
un temps d’antenne moyen estimé à 1 h/mois à travers la radio desservant la commune.
7. Accès à l’information (ODD 9)
L’accès à l’information est matérialisé par la présence d’une radio proposant en moyenne 12 h
d’antenne par jour. Avant l’électrification, 3 h d’antenne en moyenne était consacrée à la
radiodiffusion. Comme mentionné plus haut, la sensibilisation au VIH/sida y est quelquefois proposée
dans des émissions ponctuelles. Il n’y a pas de cyber café ni de magasins de vente de téléphones, mais
les opportunités d’en acquérir (inclus smartphones pour l’utilisation de l’internet) à travers des
particuliers sont présentes à Roche-à-Bateau. Notons que l’utilisation des systèmes solaires individuels
aura un impact significatif sur cet indicateur et ferait office de technologie concurrente au réseau en ce
qui a trait à l’utilisation de la radio, de l’internet et des téléphones chez les ménages non desservis par
la CEAC.
8. Égalité des genres (ODD 5)
Les ratios fille/garçon dans le primaire (0,79) et le secondaire (0,74) ainsi que celui femme/homme
dans la population alphabétisée (0,12) enregistrent une légère croissance avec la présence de
41
l’électricité à Roche-à-Bateau (0,82 ; 0,78 et 0,16 respectivement). Par contre, il n’a pas été constaté de
différence notable au niveau du taux d’alphabétisation chez les femmes (30 %). Il apparait donc que
cet indicateur est révélateur de la vulnérabilité des femmes dans un contexte où il n’y est abordé que
dans l’évocation des objectifs de développement durable par le biais des ONG et leur intégration par
les institutions internationales œuvrant dans les projets connexes dans la région.
9. Accès à l’eau propre (ODD 6)
À Roche-à-Bateau, la vente d’eau traitée en sachets a augmenté depuis la mise en fonction de la
CEAC (18 en 2016 contre 5 en 2011), l’électricité favorisant la présence de réfrigérateurs pour
l’utilisation commerciale et domestique. L’on peut constater également quelques négoces d’eau
purifiée par osmose inverse. 5 fontaines publiques ont été identifiées en différents endroits de la
commune. Un projet de mise en place d’un système d’adduction d’eau est en cours d’étude. La mise en
place d’un système d’adduction d’eau potable dans des Partenariats Public/Privé (PPP) permettrait non
seulement de garantir une meilleure adéquation offre/demande permettant d’assurer la rentabilité des
investissements mais surtout de partager la culture de la performance opérationnelle avec le secteur
public.
b) Analyse de la performance des axes stratégiques du projet d’électrification
rurale de Roche-à-Bateau
1. Un programme de développement rural intégré
L’Initiative de la Côte Sud (CSI) est un projet multithématique de développement durable financé
par l’UNOPS, et opérationnel depuis juillet 2011, une initiative qui porte aussi bien sur l’infrastructure,
la santé, l’assainissement, l’éducation et le tourisme 117. Les travaux de la Earth Institute118 ont permis
de définir, à partir des résultats d’enquêtes menées, une série d’objectifs incluant :
117
UNOPS, Construire pour un développement durable. Rapport annuel. Haïti, 2012, p. 30-31.
118
Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012.
42
1. L’identification des services à la population tels : réhabilitation d’écoles, formation de
travailleurs de santé, mise en place de système d’irrigation innovant, électrification solaire des
centres de santé, renforcement des moyens pour la pêche en haute mer, visibilité touristique
pour le Sud, installation de stations hydrométéorologiques, etc. ;
2. Un diagnostic détaillé de la région couvrant plusieurs secteurs de manière interdisciplinaire et
appuyé par des cartes thématiques facilitant la vue d’ensemble et la prise de décision par les
Ministères ;
3. L’identification des besoins, l’établissement de priorités et propositions budgétaires des
interventions à mettre en place dans les prochaines années pour chaque secteur en collaboration
avec le(s) ministère(s) correspondants.
Ces activités profitent grandement à la mise en place de l’éclairage public et privé, ce qui permet
d’augmenter le taux d’électrification. L’irruption de petits commerces et entreprises favorise
l’accroissement du chiffre d’affaires moyen : l’apparition de bars et restaurants dansants aux heures
nocturnes de desserte a été observée. Moins de cas de défections ou d’abandon de poste sont enregistrés
au niveau des policiers affectés à la commune de Roche-à-Bateau. À l’exception de l’« accès à l’eau
propre » qui apparait comme l’indicateur le moins impacté, tous les autres indicateurs de
développement sont touchés de manière appréciable par cette composante de l’électrification rurale
(avec une efficacité moyenne de 55 %). Il en ressort que les indicateurs « Sécurité » et « Activités
productrices » bénéficient en premier lieu de cette action concertée.
2. Coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de développement
durable
Le comité de surveillance de la CEAC est composé du représentant des autorités suivantes :



MTPTEC ;
Délégué du CNC dans le département du Sud ;
EDH.
43
La CEAC est membre de la NRECA, l’association nationale des coopératives d’électrification rurale
des USA. Les coopératives équilibrent le besoin de rentabilité avec les besoins de développement
économique et social plus larges de leurs membres et de la communauté dans son ensemble, car les
membres sont à la fois des décideurs et des bénéficiaires 119.
Pour la mise en œuvre du projet, la CEAC bénéficie du support du gouvernement norvégien, de
l’USAID et du support logistique de l’UNOPS à travers le projet CSI (Côte Sud Initiative), Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), du Bureau des Nations-Unies pour les Services
d’Appui aux Projets (UNOPS) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD),
de l’Ambassade de la Norvège en Haïti et de Columbia University (États-Unis) en coopération avec les
ministères de la Culture, de l’Agriculture et de la Planification.
La mise en place des réunions communautaires aide la population à comprendre le fonctionnement de
cette coopérative. Cette approche étant nouvelle tant du point de vue organisationnel que technologique,
mais tend à choisir des options de développement durable, aide à aborder de nombreuses
préoccupations sociales et économiques comme l’identité communautaire et à renforcer le tissu social
limitant ainsi le dépeuplement rural120.
Ci-dessous sont listés les plus importants projets de l’initiative de la CSI121:


Le Millenium Village Project (MVP), un projet réalisé à Port-à-Piment, visant à
promouvoir le développement rural via l’éradication de la pauvreté ;
La fourniture de cantines scolaires faites avec des produits locaux à l’intention de 51 écoles
répertoriées et 9 000 écoliers. Des cuisiniers formés seront en charge de ces cantines ;
119
Hagen Henry et Constanze Schimmel, Des coopératives pour un développement rural axé sur les personnes. BIT.
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/documents/publication/ wcms_166002.pdf, 2011, consulté le
19 janvier 2017
120
Ibid.
121
Jean. K. Edmond, Sud : des initiatives en faveur du développement durable, Minustah, Page Web,
https://minustah.unmissions.org/sud-des-initiatives-en-faveur-du-developpement-durable, 2012, consulté le 20
octobre 2016.
44

La réduction du taux de mortalité infantile par la mise en place d’un programme de
vaccination, de formation de matrones et de soins gratuits pour la population ;

La mise en place d’une cartographie des habitats marins en vue d’une gestion durable des
ressources, tout en facilitant des moyens de subsistance alternative, projet baptisé
« tourisme bleu » en support au Ministère du Tourisme dans sa volonté de transformer la
région en une véritable destination touristique ;
Lors des installations par la SELF, des membres de la population ont participé à la mise en place
de la centrale de production et au réaménagement du réseau. Un ingénieur haïtien s’occupe des
opérations d’exploitation de la centrale, trois techniciens de ligne pour les opérations de branchements,
de maintenance, de réparation, des agents de sécurité, de manutention, sont tous des recrues locales.
On s’aperçoit du fort impact de cette composante sur les indicateurs tels « Santé » et « Égalité de
genres » suivis de « Productivité agricole », « Sécurité », « Éducation » et « Exode rural » tandis que
« Accès à l’eau propre » et « Accès à l’information » le sont faiblement.
3. Production électrique de type décentralisé
Un chemin serpenté jouxtant les pans de montagnes qui montent en escalier jusqu’aux plus
hauts sommets du massif de la Hotte couronnant la partie méridionale de l’île d’Haïti longe le bord
de mer et relie le regroupement d’agglomérations constituant l’arrondissement des Côteaux. Le
réseau électrique desservant cette région est très instable (fluctuations de tension, service
intermittent), et les dirigeants de l’EDH se plaignent souvent des extensions irrégulières effectuées à
l’initiative des dirigeants politiques pour honorer une promesse électorale ou autres, sans tenir compte
des exigences de régulation ou de la saturation de la ligne. À Roche-à-Bateau, la faible densité de
population et le bas niveau de consommation sont autant de facteurs qui plaident pour une génération
décentralisée de l’électricité. L’enquête de terrain a révélé que la population s’intéresse aux panneaux
photovoltaïques mis en place. Les riverains ont même manifesté leur désir de voir les panneaux
45
solaires produire plus d’énergie et ont réclamé la mise en place de batteries de stockage vu que les
dépenses en carburant leur paraissaient élevées. En outre, les technologies décentralisées sont
particulièrement adaptées aux sources renouvelables, telles que le soleil, la biomasse, ou encore
l’énergie hydraulique. Elles sont considérées par des organismes comme la Banque Mondiale 122 ou
le GEF(Global Environment Facility) 123 comme une option prioritaire à développer.
Le tableau # 16 présente le résultat d’une analyse économique du coût actualisé de l’électricité
afin de comparer d’autres alternatives à celui en place : le système photovoltaïque avec stockage et
le diesel.
Tableau # 16 : Analyse économique du coût actualisé de l’électricité124
Coût (Millier de $ US)
Type mini-grid
LCOE ($ US/kWh)
Investissement
Opération et entretien
A
Hybride PV-diesel
818,68
4425,48
0,28
B
PV avec stockage
9733,94
745,61
0,56
607,90
4629,83
0,28
C
Diesel
Le système hybride PV-diesel est concurrencé par le diesel avec un coût actualisé de l’électricité
équivalent de 0,28 $ US. Il s’avère donc que les promoteurs du projet aient fait le bon choix
technologique vu qu’actuellement le coût du carburant est subventionné en partie par l’état.
L’« Éducation » est l’indicateur le plus touché par la décentralisation de la production électrique,
suivi de l’« Accès à l’information » et la « Sécurité ». Par contre la « Productivité agricole » ne semble
pas bénéficier de cette composante de l’électrification rurale, de même que l’« Égalité des genres »
qui s’en trouve faiblement impacté.
122
Rural energy and development: improving energy supplies for two billion people. Washington, D.C., World Bank,
1996, p. 58-66.
123
Investing in Renewable Energy – The GEF Experience, Washington, DC, 2009, p. 7.
124
Contribution de l’auteur Léonidas P. Davoust.
46
4. Assistance technique et le renforcement des capacités
Au niveau de l’État, les articles 5 et 6 du décret du 1er février 2006125 fixant la décentralisation
consacrent l’autonomie des collectivités territoriales dans la prise de décisions relatives aux services
publics. L’article 23 stipulant qu’elles peuvent se regrouper suivant les intérêts locaux ou l’intérêt
général pour réaliser des activités de développement. L’adhésion des bénéficiaires passe par leur
implication dans la définition du projet et dans sa réalisation. L’idée de la création d’une coopérative
semble adaptée et recommandée comme plateforme de processus décisionnel parmi les modes de
regroupements en vigueur dans le milieu rural. Le principe de représentativité par une assemblée
générale de neuf (9) membres à l’issue d’un vote témoigne de l’engagement de la population dans les
choix. La CEAC, qui compte trois (3) années d’existence, est encore sous la tutelle administrative de
la NRECA qui dirige et subventionne les opérations d’exploitation jusqu’en 2020, date prévue pour
atteindre la masse critique d’usagers permettant à la coopérative électrique de s’autofinancer. À ce
sujet, les réunions en assemblée sont toujours houleuses suite à des divergences de point de vue entre
les promoteurs du projet et les bénéficiaires. Le niveau d’implication est donc limité, car le concept est
nouveau et nécessite une période d’apprentissage et d’assimilation des méthodes et techniques de
gestion de coopérative d’électricité grâce au support de la NRECA qui compte à son actif une
expérience de plus de 75 ans dans le domaine. NRECA est présente dans 64 % du territoire Américain
et elle a permis l’implantation de coopérative d’électricité en Amérique latine, Asie et Afrique.
La gestion d’une coopérative d’électricité fait appel à des compétences particulières. Les
connaissances acquises (gestion, comptabilité, électricité, mécanique, soudure, etc.) lors de ces
formations profiteraient aux jeunes de la localité et pourraient ensuite être réutilisées dans d’autres
domaines (entrepreneuriat, offre de service dans les domaines cités), élargissant ainsi l’impact potentiel
des notions acquises. La mise sur pied d’écoles techniques et autres aiderait à perpétuer la participation
125
Le Moniteur, Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […]. 30 Mai 2006, 161e
année, No 49, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2006.
47
locale au développement de la coopérative. Comme l’affirme Zomers126, le processus d’information,
de sensibilisation et d’éducation est une condition nécessaire à l’adoption par la population de toute
nouvelle technologie.
Les indicateurs « Sécurité » et, dans une moindre mesure la « Productivité agricole » sont touchés
par l’assistance technique et le renforcement de capacités. Le constat global est le faible impact sur les
autres indicateurs.
5. Mécanismes de financement adaptés
Le tarif en vigueur est de 21 Gdes/kWh pour les usagers à 120 V et 25 Gdes/kWh pour ceux à
240 V incluant l’éclairage public. Des frais de raccordement de 77 Gdes et 113 Gdes (respectivement
120 et 240 V) leur sont imputés. Rappelons que le coût d’investissement est un don et que les coûts
d’exploitation sont supportés par la NRECA jusqu’à l’atteinte du seuil de rentabilité fixé à 2020. Ce
tarif est plus élevé que celui de l’EDH pour les abonnés du secteur résidentiel dont les coûts de
production sont en grande partie couverts par la subvention de l’État. Le réseau compte plus de 700
abonnés connectés et environ 300 demandes en attente. Un total de 1 600 connexions est prévu d’ici
la fin de l’année.
Lors de la dernière assemblée, les membres présents ont soulevé l’impossibilité pour certains
riverains de payer les frais de raccordement et ont exigé son annulation et la baisse du tarif à 15
Gdes/kWh. Le représentant de la NRECA en Haïti leur a expliqué qu’une étude avait été réalisée et
qu’il serait préjudiciable à l’équilibre financier du système d’envisager cette réduction. Ceci malgré
la campagne d’information et de sensibilisation sur l’efficience des systèmes à compteur prépayé leur
permettant de réduire la consommation d’électricité. La présence d’une politique d’accès au crédit,
ou encore la possibilité d’un paiement échelonné des frais de raccordement, la subvention croisée
avec tarif sectaire permettraient de financer le raccordement des riverains les plus défavorisés.
Rappelons que le protocole d’accord (non encore signé) entre la NRECA et MTPTC bannit la
possibilité d’une subvention de l’État.
126
Rural Electrification: Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press, Enschede, Pays-Bas, 2001, p. 73.
48
L’implication des coopératives opérant dans les localités touchées par le projet permettrait
d’exploiter la solution « progression pas-à-pas » pour financer l’accès à ceux ayant un historique de
crédit dans la zone. À ce sujet, une petite enquête dans la zone a permis de répertorier les institutions
suivantes œuvrant dans le secteur du crédit : CECAP de Port à Piment affilié à FECAPH (fédération
nationale des caisses populaires), CECC et CPCS (caisse populaire de la côte sud) de Chardonnières.
Un peu plus loin à Camp-Perrin, CAPOSUD (Caisse Populaire de la Côte Sud), FONKOZE
(Fondation Kolé Zépol), CAPOSAC (Caisse Populaire Sainte-Anne de Camp-Perrin) affilié à la
ANACAPH (Association nationale des caisses populaires haïtienne) pour le Sud.
Dans la localité des Côteaux (Roche-à-Bateau, Port-à-Piment, Aux Côteaux), il existe une
demande pour l’accès à l’électricité : un projet antérieur d’éclairage domestique avait obtenu l’adhésion
des riverains de Damassin 127, ce qui signifie que le besoin existait, la population étant impatiente et
désespérée de voir aboutir les promesses d’électrification par l’extension de la ligne MT venant de PortSalut ou encore le début du projet de la CEAC.
Parmi les indicateurs de développement, seule la « Sécurité » par le biais de l’éclairage semble
bénéficier de manière conséquente de l’apport des mécanismes de financement mis en place. Les
« Activités productives » suivent alors que la « Productivité agricole » et « Égalité de genres » sont les
indicateurs les plus faiblement impactés.
6. Politiques d’incitation au développement des énergies propres
Les riverains de la localité de Roche-à-Bateau achetaient du kérosène pour l’éclairage de leurs
maisons et du charbon de bois pour la cuisson des aliments, grevant de manière indécente leurs faibles
revenus sans compter les conséquences sur l’environnement. Les écoles et le dispensaire consacraient
leurs rares ressources à l’acquisition de gazoline ou diesel pour être utilisé avec des génératrices.
Le photovoltaïque, bien qu’il s’agisse d’une technologie vieille de 50 ans, posait encore de nombreux
problèmes de fiabilité dans les années 90. Les nombreuses recherches et études ont certainement
127
Ce projet consistait à éclairer les maisons et rues de Damassin à l’aide de petits systèmes solaires moyennant un
paiement de 5 à 10 Gdes par jour.
49
renforcé la maturité de cette technologique. Celle-ci est en effet disponible commercialement et est
largement diffusée à travers le monde de nos jours. Les micro-réseaux hybrides ont déjà démontré leur
fiabilité et leur durabilité 128. La fiabilité est une condition sine qua non à la diffusion d’une technologie.
Ce qui réduit la probabilité de panne du système. Pour le système PV, tous les composants
(principalement, les cellules PV, le système de contrôle) sont statiques et leurs rôles facilement
appréhendables. La ressource solaire est présente sur toute l’étendue du territoire, ce qui rend éligible
la majeure partie des communes d’Haïti à son utilisation. Des séminaires de formations sur les
techniques solaires pullulent un peu partout à travers le pays ce qui illustre le niveau de vulgarisation
et la facilité d’appropriation de cette technique. Paradoxalement aucune initiative du genre n’est
enregistrée au niveau de la commune de Roche-à-Bateau. Dans le cas du générateur diesel, la
technologie des moteurs à combustion interne étant très répandue, il est peu probable qu’elle pose
problème. Ce qui en fait une technologie accessible pour les non-spécialistes et garantit son
appropriabilité.
Contrairement à la « Sécurité », nous constatons que la « Santé », la « Productivité agricole » et
l’« Accès à l’eau propre » sont faiblement touchés par cette composante de l’électrification rurale.
7. Ouverture du secteur à la concurrence
Le secteur électrique en Haïti est caractérisé par le monopole étatique qu’exerce l’état haïtien à
travers la compagnie nationale EDH tel que prévu les décrets du 16 juin 1977129 et du 11 septembre
1989130. Les nouveaux décrets régissant le secteur de l’énergie électrique et créant l’ANARSE131 ne
sont pas encore effectifs sur le plan institutionnel, bien qu’ayant force de loi. L’article 4 du décret
régissant le secteur de l’électricité assortit l’exploitation du service d’électricité à l’obtention d’une
128
Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau, 2007, p. 22.
129
Le Moniteur, […], décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et commercial,
dénommé Électricité d’Haïti [….], 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1977.
130
Id., Décret aménageant la structure organisationnelle de l’Électricité d’Haïti […], 144e année. No 70, 1989.
131
Id., Décret régissant le secteur de l’électricité […]. 3 février 2016. 179 e année. No 23, 2016.
50
licence. Une proposition d’accord entre la CEAC et le gouvernement haïtien a été soumise en ce sens,
mais n’a pas encore été officiellement validée. La CEAC bénéficie toutefois de l’autorisation des
mairies de Roche-à-Bateau et Port-à-Piment, mais pas encore celle des Côteaux.
Les articles 25 et 112 du décret du 1er février 2006132 sur la décentralisation consacrent la place
des communes dans la production et la commercialisation de l’énergie électrique. L’article 25 dudit
décret cite nommément : « Les Collectivités territoriales peuvent créer des entreprises et passer des
contrats de gestion avec des entreprises privées ou coopératives pour l’exploitation de biens publics
ou la gestion de services publics, dans les conditions prévues par la loi ».
Au niveau du CNC (Conseil National des Coopératives) dont la CEAC est membre, il faut
renforcer également le cadre jusque-là priorisant la règlementation régissant les coopératives d’épargne
et de crédit pour une meilleure reconnaissance (en dehors de la NRECA au niveau international)
permettant à la CEAC de bénéficier et jouir des prérogatives liées à son statut tels les mécanismes
d’entraide coopérative pour s’attaquer aux défis du développement comme le chômage, l’absence de
protection sociale, le manque d’autonomie et la pauvreté. L’état à travers la CNC se doit d’offrir un
appui particulier aux coopératives qui pourvoient à des besoins sociaux et publics précis (l’électricité
dans ce cas-ci) et dont les activités profitent aux groupes ou régions défavorisées.
La redéfinition du cadre législatif et règlementaire du secteur de l’énergie, le dégroupage de
l’opérateur historique tels que proposés par le décret créant l’ANARSE prendront un certain temps pour
obtenir l’adhésion des acteurs et arriver à un ensemble complet et adapté de règlements efficaces. Face
à l’insuffisance des textes règlementaires d’application, le flou institutionnel et l’absence de structure
organisationnelle de l’ANARSE, la forte implication de l’État demeure tant que les forces du marché
ne jouent pas pleinement leur rôle. La libéralisation de ce marché de fourniture de service public permet
néanmoins à la CEAC de maintenir le cap même si les contraintes conjoncturelles se modifient.
132
Id., Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […]. 30 Mai 2006, 161 e année, No 49,
2006.
51
Le montage institutionnel de la CEAC (coopérative d’électricité) lui permet de disposer d’outils
de pilotage et de contrôle de gestion plus efficaces. Contrairement aux modèles de centrales assistées
mis en place par l’État, la culture du résultat est de plus en plus présente.
Ce qui profite aux « Activités productrices » et dans un second temps à la « Sécurité ». L’« Exode
rural », la « Productivité agricole » et « Accès à l’eau propre » sont faiblement impactés. Notons que
« Éducation », « Santé », « Accès à l’information » et « Égalité des genres » ne bénéficient nullement
de l’apport de cet axe stratégique.
52
Chapitre 5 : Conclusions et recommandations
5.1. Rappel de l’objet de recherche
Un pouvoir d’achat très faible lié à la sous-productivité et à l’insuffisance des revenus de la
production agricole, l’isolement et la dispersion des habitats illustrent le paysage rural haïtien. Le
pétrole et le charbon de bois prédominent comme sources d’énergie avec leurs conséquences négatives
sur l’environnement. La situation socio-économique est caractérisée par un niveau d’éducation
médiocre, l’enclavement culturel, l’accès limité à certains médicaments faute de moyens de
conservation et la migration vers les zones urbaines.
La satisfaction des besoins de base de la population rurale haïtienne, qui est dans sa grande
majorité amputée de l’accès aux ressources énergétiques durables et abordables, passe par l’exploitation
des technologies liées aux énergies renouvelables, la réforme du secteur de l’électricité, un cadre
règlementaire et des mécanismes de financements adaptés pour lui faciliter l’accès à l’électricité.
5.2. Retour sur les hypothèses et contributions-clés
L’étude de l’évolution des objectifs de développement durable grâce à l’apport de l’électricité
dans la commune de Roche-à-Bateau nous a permis d’effectuer les remarques suivantes concernant
les indicateurs les plus faiblement impactés :
- Dans le cas de l’« Accès à l’eau propre » et de la « Productivité agricole », la présence de pompes
électriques (solaire ou à carburant dans les zones non électrifiées) aurait eu un impact plus poussé sur
le pompage de l’eau et l’irrigation des terres agricoles. La participation du secteur privé (Partenariat
Public Privé) dans la mise en place d’un système d’adduction d’eau potable, ainsi que l’implication et
le renforcement des coopératives présentes dans les domaines agricoles inciteraient à la hausse des
efficacités spécifiques associées à ces deux indicateurs.
- L’« Égalité des genres » : Une prise en compte de la problématique du genre par les instances
dirigeantes tant locales que nationales, mais aussi par la société civile dans son ensemble s’avère
53
indispensable à l’évolution de cet indicateur vu que la présence de l’électricité favorise l’autonomie de
la femme et propose une meilleure politique éducative pour les filles 133.
- Pour faciliter l’« accès à l’information » via l’utilisation des radios, téléphones, ou même l’internet, il
s’avère impératif de mettre en place de mécanismes de financements innovants et adaptés à la diversité
socio-économique de la région afin de permettre aux riverains d’accéder au crédit. En ce sens, une
politique de subvention qui profiterait aux plus pauvres pour l’acquisition de petits systèmes solaires
individuels viendrait appuyer cette initiative. Pour garantir la pérennité des investissements, la
formation de techniciens pour la maintenance des systèmes s’impose comme une nécessité.
Il est intéressant de constater que la majorité des axes stratégiques issus de l’analyse SWOT
trouvent leur justification dans la mise en place de l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau,
confirmant l’hypothèse opérationnelle établie. Ce qui a permis de souligner certaines faiblesses dans la
mise en œuvre du projet et de produire les recommandations suivantes :
- « Concurrence dans le secteur » : L’effectivité des décrets de février 2016 constituerait un pas
important pour que le secteur s’ouvre aux disponibilités financières, techniques et organisationnelles
tant nationales qu’internationales. L’harmonisation des textes de loi implique également du MPCE via
la CNC un ajustement du cadre régissant les coopératives de services, car ceux en place ne traitent pour
la plupart que des coopératives d’épargne et de crédit.
- « Incitations aux énergies propres » : Aucune incitation fiscale ni mesure particulières ne sont prévues
au niveau du cadre règlementaire en vigueur pour favoriser le développement des énergies
renouvelables et parallèlement celui du solaire 134. La volonté politique constitue un des éléments-clés
du développement de l’électrification rurale 135, il incombe donc aux instances dirigeantes haïtiennes
133
Gunnar Köhlin, et al., Energy, Gender and Development, What are the Linkages? Where is the Evidence? Paper No
125, 2011, p. 47-48.
134 Une proposition de loi visant à annuler les taxes douanières sur tout équipement favorisant le développement des
énergies renouvelables se retrouve dans la loi des finances 2017-2018 pour approbation par le parlement.
135
René Massé, Financer le développement de l’électrification rurale, éditions du GRET, 2004, p 14.
54
de s’aligner sur les prescrits des accords sur le changement climatique en créant le cadre incitatif au
développement et au financement des énergies renouvelables.
- « Mécanismes de financements adaptés » : Les conditions de participation du financement extérieur
en l’absence de capitaux publics sont un des points les plus délicats de ce genre d’initiative .
L’attractivité d’une localité aux investissements dépendra en premier du degré de confiance, de sécurité
et de la force des institutions partenaires.
- « Assistance technique et le renforcement des capacités » : Les modalités de mise en place pour la
gestion participative et l’inclusion des diverses parties prenantes sont des garanties de transparence
dans le processus impliquant la fourniture d’un bien de service public. Notons cependant le manque de
compétences au niveau du personnel concerné de la mairie qui représente l’instance étatique
directement concernée par le bien-être de la localité. Les collectivités se doivent de réagir en
conséquence pour faire valoir leur capacité à développer les localités, prérogative que leur confère la
loi.
5.3. Limites des résultats de la recherche
Les travaux de recherche effectués dans le cadre de ce mémoire se sont heurtés à certaines limitations
qui pourraient constituer des biais au résultat de l’enquête. Outre les problèmes tels l’éloignement du
terrain, les nécessaires allers-retours, le choix et la sélection de l’échantillonnage, l’étude réalisée nous
a confronté aux aléas du recours aux approches qualitatives du fait notamment de la difficile
conciliation des comparaisons entre la situation « avant » et « après ». L’adaptation des guides
d’entretien aux sensibilités locales, la diversité des modes d’accès aux interviewés, les inégales
possibilités d’accès aux données, l’hétérogénéité relative des situations analysées et des documents
disponibles ont rendu l’expérience bien souvent éreintante. Au niveau quantitatif, nous sommes
conscients que certains aspects n’ont pas été abordés ici telle la pondération de chaque axe stratégique
à l’apport de la performance globale du projet.
55
5.4. Perspectives de la recherche
Ce travail de recherche s’avère à la fin être d’un intérêt marquant tant du point académique que
pratique, car il s’agit d’un diagnostic qui permettra aux gestionnaires responsables, décideurs publics
et bailleurs de fonds du projet CSI de corriger les insuffisances et de réorienter le cadre conceptuel
même lorsque celui-ci se révèle être en phase avec les objectifs portant sur l’amélioration des
conditions de vie de la population de Roche-à-Bateau. Il serait intéressant pour les gestionnaires de
projet de tester les outils développés dans le cadre de la mesure d’efficacité d’autres projets. La prise
en compte de ces recommandations, dans la mesure du possible, permettra aux communautés rurales,
décideurs publics, bailleurs de fonds et gestionnaires de projets liés au développement non seulement
de la commune de Roche-à-Bateau, mais aussi des autres régions du monde rural haïtien, d’aborder
l’électrification rurale dans une perspective d’amélioration des conditions de vie des populations
pauvres.
5.5. Conclusion générale
S’il semble avéré que l’accès à l’électricité ait permis d’améliorer l’évolution des indicateurs
de développement dans la commune de Roche-à-Bateau, il n’en demeure pas moins qu’une
amélioration du niveau de vie est plus évidente lorsque l’électrification rurale est abordée d’un point
de vue systémique. Pour répondre à l’hypothèse de départ, nous pouvons conclure que l’accès à
l’électricité est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour engendrer la plus-value essentielle
à l’évolution des objectifs de développement durable dans le milieu rural haïtien. Bien que prématuré
pour juger des impacts réels, le cas de la commune de Roche-à-Bateau le confirme : aucune action
isolée d’électrification rurale ne produira l’effet escompté c.-à-d. permettre à la population de jouir
des bienfaits de l’électricité tout en améliorant leurs conditions de vie.
La prise en compte du caractère inclusif des axes stratégiques se révèle être un impératif dans
l’implémentation des projets d’électrification rurale : la « Coopération étroite avec tous les
partenaires pour atteindre les Objectifs de Développement Durable » pour la mise en œuvre des
« Programmes de développement rural intégré » aiderait à développer l’« Assistance technique
56
et le renforcement des capacités ». L’élaboration de processus d’appels d’offres appuyés par des
« Politiques d’incitations au développement des énergies propres » et des « Mécanismes de
financement innovants » servirait à dynamiser la « Concurrence dans le secteur » de la
« Production électrique de type décentralisé » et ainsi proposer des alternatives technologiques
adaptées à la diversité socio-économique de la région.
57
Références bibliographiques
Aktouf, O., Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, Les presses
de l’Université du Québec, Québec, 1987, 231 p.
Benicourt, E., La pauvreté selon le PNUD et la Banque mondiale, Études rurales. 159-160 | 2001, 2001.
Bernard, T., Études d’impact des programmes d’électrification rurale en Afrique subsaharienne, AFD
no 3. Paris France, 2010, 25 p.
Bernier, J., Problématique de développement de la région de Bolama (Guinée-Bissau), Revue
internationale des sciences du développement, Université Catholique de Louvain, Vol. XVI, no 1,
1984.
Cabraal, R. A., D. F. Barnes, & Agarwal S. G., Productive uses of energy for rural development. Annual
Review of Environment and Resources 30: 117-144, 2005.
CEA, Des objectifs du millénaire pour le Développement aux objectifs de Développement durable :
parcours et efforts supplémentaires des pays de l’Afrique de l’Ouest pour un rendez-vous réussi en
2030, Nations-Unis, 2016.
Club-ER, Le Partenariat Public-Privé dans les programmes d’électrification rurale en Afrique, Union
Européenne, 2010.
del Río, P. & Burguillo, M., Assessing the impact of renewable energy deployment on local
sustainability: Towards a theoretical framework. Renewable and Sustainable Energy Reviews 12(5):
1325-1344, 2008.
Dumez, H., Qu’est-ce que la recherché qualitative ?, Le Libellio d’AEGIS, Vol. 7, n° 4 – Hiver, 2011,
p. 47-58.
Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti,
2012.
Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau, Formal
Report 324/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale, 2007a.
Esmap, Stratégie pour l’Allègement de la Pression sur les Ressources Ligneuses Nationales par la
Demande en Combustibles, ESMAP Technical Paper 112/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale,
2007 b.
58
Gagnon, Y. C., L’étude de cas comme méthode de recherche, Les presses de l’Université du Québec,
2005, 128 p.
GEF, Investing in Renewable Energy – The GEF Experience, Washington, DC, 2009.
Geres, Guide pédagogique Energie durable en Afrique rurale, Marseille, France, 2009.
Gilles, D., Les filières rurales haïtiennes ; rapport de synthèse ; identification des créneaux potentiels
dans les filières rurales haïtiennes ; MARDNR/BID, Port-au-Prince, Haïti, 2005.
IEG, The welfare impact of rural electrification: a reassessment of the costs and benefits, World Bank,
2008.
IHSI, Enquête sur les conditions de vie en Haïti, Port-au-Prince, Haïti, 2001.
Kanagawa, M. and T. Nakata, Assessment of access to electricity and the socioeconomic impacts in
rural areas of developing countries, Energy Policy 36(6): 2016-2029, 2008.
Kanagawa, M. and T. Nakata, Analysis of the energy access improvement and its socio economic
impacts in rural areas of developing countries, Ecological Economics 62(2): 319-329, 2007.
Köhlin, G., Sills, E. O., Pattanayak, S. K., & Wilfong, C., Energy, Gender and Development, What are
the Linkages? Where is the Evidence? Paper No 125, 2011.
Le Moniteur, Décret aménageant la structure organisationnelle de l’Électricité d’Haïti […], 11 sept.
1989, 144e année, No 70, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1989.
Le Moniteur, Décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et
commercial, dénommé Électricité d’Haïti [….], 16 juin1977, 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti,
Presses Nationales, 1977.
Le Moniteur, Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […], 30 Mai
2006, 161e année, No 49, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2006.
Le Moniteur, Décret régissant le secteur de l’électricité […], 3 février 2016, 179e année, No 23, Portau-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2016.
Learned E. P., Christensen C. R., Andrews K. R. et Guth W. D., Business Policy, text and cases, Richard
D. Irwin., 1965.
Mintzberg H., Grandeur et décadence de la planification stratégique, Dunod, 1994.
Modi, V., S. McDade, D. Lallement, J. Saghir, Energy Services for the Millenium Development Goals,
Banque mondiale et PNUD, Washington D.C., 2005, 116 p.
59
MTPTC, Avant-projet de politique énergétique de la République d’Haïti, ébauche 9, Port-au-Prince,
Haïti, 2012.
MTPTC, Haïti : Plan de Développement du Secteur de l’Énergie 2007–2017, Port-au-Prince, Haïti,
2006a.
MTPTC, Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), Port-auPrince, Haïti, 2006 b.
Onesias, G., Valorisation de la biomasse-énergie en Haïti : analyse de la situation et perspectives
d’amélioration, Mémoire de master, UCL, Belgique, 2009.
Parize, C., Fabriquer ensemble la stratégie : D'une démarche de Prospective Stratégique à une
plateforme d'Open Strategizing " chez BASF Agro de 1995 à 2012, Thèse de doctorat, Gestion et
management, Université Paris Dauphine - Paris IX, 2012, Français, 2013.
PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy. USTEA, États-Unis,
2012.
Porter M., Choix stratégiques et concurrence. Techniques d’analyse des secteurs et de la concurrence
dans l’industrie, Économica, 1982.
Rocher, G., Introduction à la sociologie générale, éd. H.M.H, Paris, 1968.
UNOPS, Construire pour un développement durable. Rapport annuel, Haïti, 2012.
World Bank, Rural energy and development : improving energy supplies for two billion people,
Washington, D.C., World Bank, 1996.
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington,
D.C., 2014.
Yin Robert K., 3rd ed., Applications of Case Study Research, Thousand Oaks (CA), Sage Publications,
2012.
Zomers, A. N., Rural Électrification : Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press,
Enschede, Pays-Bas, 2001.
Sources internet :
Banque Mondiale, 15 ans de réforme pour améliorer le climat des affaires, Page Web,
http://www.banquemondiale.org/, 2017a, consulté le 4 novembre 2017
60
Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et
Mines, 2017b, consulté le 5 octobre 2017.
Batraville D., Vers la côte Sud d’Haïti : En route pour Roche-à-Bateau. Haïti Press network.
http://www.hpnhaiti.com/site/index.php/tourisme/3839-vers-la-cote-sud-dhaiti-en-route-pourroche-a-bateau, 2011, consulté le 19 janvier 2017.
BME, Énergie et environnement en Haïti. Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016 b,
consulté le 27 août 2016.
BME, Diagnostic du secteur de l’énergie. Page Web. http://bme. gouv.ht/energie/diagnost.html, 2016a,
consulté le 27 août 2016.
EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016.
Edmond, J.K., Sud : des initiatives en faveur du développement durable, Minustah.
https://minustah.unmissions.org/sud-des-initiatives-en-faveur-du-developpement-durable,
2012,
consulté le 20 octobre 2016.
Geffrard R., Roche-à-Bateau, l’autre partie d’Haïti qu’il faut visiter. Le Nouvelliste,
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/161612/Roche-a-Bateau-lautre-partie-dHaiti-quil-fautvisiter, 2008, consulté le 5 octobre 2017.
Germain, E., Le point sur les Objectifs de développement durable (ODD), Haïti a des défis à relever,
Le National. http://www.lenational.org/point-objectifs-de-developpement-durable-odd-haiti-a-defisa-relever/, 2016, consulté le 12 août 2017.
Global Task Force, Agenda post 2015, Comment définir les cibles et les indicateurs ?, Document en
PDF, https://www.uclg.org/sites/default/files/indicateurs_pour_localisation _agenda_ post2015.pdf,
2014, consulté le 12 août 2017.
Haïti Libre, Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti, Page Web,
http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-dhaiti.html, 2013, consulté le 10 Décembre 2015.
Henry H. ; Schimmel C., Des coopératives pour un développement rural axé sur les personnes. BIT.,
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/documents/publication/
wcms_166002.pdf,
2011, consulté le 19 janvier 2017.
IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm.,
Indicateurs démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016.
61
Le Nouvelliste, Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD, Page Web,
http://lenouvelliste.com/article/173428/ Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD !,
2017, consulté le 05 octobre 2017.
Massé, R., Financer le développement de l’électrification rurale, Coll. Études et Travaux, série en
ligne n°2, Éditions du Gret, www.gret.org, 2004, 108 p.
Nations-Unis, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable, Johannesburg, Document
en PDF, https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Johannesburg_2002.pdf, 2002, consulté le 20
octobre 2016.
Nations-Unis, Comprendre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Page Web,
http://www.un.org/fr/millenniumgoals/background.shtml, 2016, consulté le 20 octobre 2016.
Noël, R., Pressoir, G., Les Biocarburants, une solution pour Haïti, Document en PDF,
http://www.chibas-bioenergy.org/Biocarburants.pdf, s.d., consulté le 27 août 2016.
PNUD, À propos d’Haïti, Page Web, http : ww.ht.undp.org/content/haiti/fr/home/country info.html,
2016, consulté le 20 octobre 2016.
Pathé B. Dieng, Énergie solaire et développement productif des technologies modernes dans le monde
rural
africain,
Page
Web,
http://africasolaire.blogspot.com/2011/02/energie-solaire-et-
developpement.html, 2011, consulté le 27 août 2016.
Texier, P., Guittet M., Capezzali, M., Le Jatropha, une plante écologique et un biocarburant durable,
Document en PDF, https://www.researchgate.net/publication/312941618, 2005, consulté le 27 août
2016.
Wordpress, Parlons énergie, Page Web, https://parlonsenergie.wordpress.com/2013/ 05/12/ lien-entrelenergie-et-le-niveau-de-vie/, 2013, consulté le 27 août 2016.
62
Annexes
I
Annexe 1
Résumé du secteur de l’énergie en Haïti
Tableau # 4 : structure détaillée des capacités de production PAP et les provincesi
Unité de
production
Localisation
Propriété
Sources
Capacité
installée
(MW)
Capacité
d’exploitation
(MW)
Varreux
CArrefour
Peligre
Sogener
PAP
PAP
PAP
PAP (varreux)
Distillat
Distillat
Hydro
Distillat
68
48
54
40
34
24
26
20
E-Power
Centrale Jose Marti
Centrale Simon
Bolivar
PAP
Cap Haitien
Gonaïves
EDH
EDH
EDH
Sogener
(IPP)
IPP
IPP
IPP
Fioul Lourd
Fioul Lourd
Fioul Lourd
30
15
15
30
15
15
Centrale Alexandre
Pétion
Carrefour
IPP
Fioul Lourd
30
30
Centrales
LE GRAND
NORD
i
Statut
Cap-Haïtien PBM
Puissance installée
(kW)
13600
Caracol (Hydro)
800
EDH
Plaisance
60
Centrale assistée
Pilate
100
Centrale assistée
Pignon
300
Centrale assistée
Dondon
150
Centrale assistée
Fort-Liberté
500
EDH
Chevry
5750
EDH
Trou du Nord
420
EDH
Ste-Suzanne
80
Centrale assistée
Capotille
100
Centrale assistée
Mont Organisé
175
Centrale assistée
Gonaïves
13600
(Pétion Bolivar Marti)
(Pétion Bolivar Marti)
EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016.
II
LE GRAND
SUD
Drouet (Hydro)
2000
EDH
Délugé (Hydro)
1100
EDH
St-Marc
2500
EDH
Gros-Morne
250
Centrale assistée
Ennery
100
Centrale assistée
Marmelade
300
Centrale assistée
Port-de-Paix
3700
EDH
Anse-à-Foleur
150
Centrale assistée
Bassin Bleu
350
Centrale assistée
Chansolme
350
Centrale assistée
Bombardopolis
200
Centrale assistée
Jean Rabel
500
Centrale assistée
Centrales
Puissance installée
(kW)
Statut
Cayes
10000
IPP (HAYTRAC)
Saut-Mathurine
1600
(Hydro) EDH
St-Louis du Sud
100
Centrale assistée
Coteaux
125
Centrale assistée
Roche-à-Bateau
100
Centrale assistée
Port-à-Piment
200
Centrale assistée
Tiburon
150
Centrale assistée
Aquin
600
EDH
Jérémie
3650
EDH
Anse d’Hainault
150
Centrale assistée
Dame Marie
225
Centrale assistée
Anse-à-Veau
100
Centrale assistée
Petite-Rivière de
Nippes
150
Centrale assistée
Petit Trou de
Nippes
150
Centrale assistée
Baradères
100
Centrale assistée
L’Asile
240
Centrale assistée
Arnaud
150
Centrale assistée
III
CENTRE OUEST
Petit-Goâve
10000
Centrale assistée
Jacmel
4650
EDH
Bainet
150
EDH
Gaillard
500
(Hydro) EDH
Thiotte
132
Centrale assistée
Belle-Anse
100
Centrale assistée
Anse-à-Pitre
150
Centrale assistée
Centrales
Puissance installée
(kW)
Statut
Péligre (Hydro)
47000
EDH
Onde-Verte
(Hydro)
650
EDH
Anse-à-Galets
425
EDH
Arcahaie
2000
EDH
Pointe-àRaquettes
60
Centrale assistée
Tableau # 5 : Indicateurs énergétiques d’Haïti comparé aux pays de la Caraïbesii
a) Kgep/habitant (2014)
b) Kgep/1000$ (2014)
c) KWh/habitant (2014) (*)
Haïti
Cuba
Jamaïque
393
237.7
39
1 023
51
1 434
981
121.9
1 056
République
Dominicaine
734
58.1
1 578
ii
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust à partir des données issues de : « Banque Mondiale, Indicateur, Page Web.
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre 2017. »
IV
Figure # 2 : Répartition consommation électrique par secteur-2011iii
Industrial
20%
commercial
15%
Residentiel
60%
Services
5%
Figure # 3 : tarification résidentielle région Caraïbes-2009 (us cents/KWh)iv
Bermudes
Iles Caimans
Turks & Caicos
St. Martin
Grenade
Barbade
Antigua
Jamaique
Curacao
Aruba
Guadeloupe
St Lucie
Bahamas
Haiti
Tri idad &…
Suriname
0
iii
iv
10
20
30
40
50
60
70
Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C., 2014, p.45.
Ibid, p.31.
V
Tableau 6 : Ventilation du niveau d’accès à l’électricité par département d’Haïtiv
Ouest
Nord
Artibonite
Centre
GrandeAnse
Nordest
Sud
Sudest
Nordouest
58%
16%
15%
13%
11%
9.3%
9.1%
8.7%
2.3%
Figure # 4 : Répartition consommation électricité en Haïtivi
acces urbain
33%
sans acces rural
33%
acces rural
5%
sans acces
urbain
29%
Tableau 7 : Liste de certains décideurs du secteur énergétique en Haïtivii
v
Sous-secteur
Institutions
Biomasse, Bio énergie
Produits pétroliers
Electricité
Energie renouvelable
Stratégie politique, Accords,
Règlementation, Supervision
MARNDR
MCI, MEF-BME
MTPTC, MICT-EDH, les municipalités
BME
MTPTC
PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy, USTEA, États-Unis, 2012.
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust a partir des données issues de : « Banque Mondiale, Indicateur, Page Web.
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre 2017. » & « IHSI, Statistiques
démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm, Indicateurs démographiques, 2016,
consulté le 27 août 2016. »
vi
vii
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust.
VI
Tableau # 8 : Tableau comparatif des différentes formes d’énergies renouvelablesviii
Types
Biomasses et
bioénergie
Énergie éolienne
Énergie solaire
(thermique et
photovoltaïques)
Énergie hydraulique
(hydroélectricité)
Géothermie
Inconvénients
Avantages
 Disponibilité de la matière première ;
 Coûts d’investissement très élevé ;
 Coûts additionnels d’épuration des gaz
d’échappement ;
 Besoins d’espace pour les différentes
opérations allant de la collecte à la
conversion en fuel ;
 Gestion des déchets résiduels.
 Faible coût de revient de l’électricité
produite ;
 Réduction de déchets organiques ;
 Utilisation rationnelle des terres ;
 Réduction des gaz à effet de serre.
 Coûts d’investissement très élevé ;
 Impacts environnementaux tels pollution
sonore et danger pour les espèces volantes ;
 Nature imprévisible du vent ;
 Sites d’exploitation adéquate du vent ;
 Dommage potentiel des turbines dû aux
vents forts comme lors des cyclones ;
 Nécessité de back-up en absence de vents.




 Coût d’investissement élevé ;
 Besoins importants d’espaces pour
exploitations à moyenne et larges échelles ;
 Coût supplémentaire d’exploitation au
stockage de l’énergie en cas de pénurie
d’ensoleillement.




Disponibilité de sites adaptés ;
Disponibilité de sources d’eau adaptée ;
Coût de revient très élevé ;
Impacts environnementaux importants.
 Disponibilité et accessibilité de réservoir
géothermal en Haïti.
Propose l’un des meilleurs coûts de revient ;
Pas de gaz à effet de serre ;
Renouvelable, efficace et durable ;
Disponible en modèle réduit.
 Pollution environnementale nulle ;
 Pas de gaz à effet de serre ;
 Source d’énergie (le soleil) inépuisable et
régulière ;
 Autonome, efficace et économe ;
 Adaptabilité et diversité de modèles pour
différents usages ;
 Prévision à la hausse du rapport qualité/prix
sur le moyen terme.
 Génération d’électricité à faible débit ;
 Coût de revient abordable comparé aux
autres solutions ;
 Possibilité de raccordement au réseau local
(si extension atteint la zone).
Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust à partir des données issues de : « Esmap, Actes du Forum international sur
les énergies renouvelables raccordées au réseau. Formal Report 324/07 FR. Washington DC, Banque Mondiale, 2007,
140 p. » & « BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016,
consulté le 27 août 2016. »
viii
VII
Annexe 2
GUIDE D’ENTRETIEN
Date
:...........................................................
Identification
:...........................................................
Nom
:...........................................................
Région
:...........................................................
Département
:...........................................................
Nom du responsable
:............................................................
Adresse
:............................................................
Objectifs
Éta lir l’appréciatio des
bénéficiaires sur le projet
d’électrificatio rurale
Évaluer l’i pact du projet sur
les indicateurs de
développement
Questions spécifiques
 Quels so t les ava tages de l’électrificatio pour les
riverains ?
 Quelles sont les contraintes rencontrées dans la
consommation et l’approvisionnement en énergie ?
 Comment améliorer les conditions de vie des riverains ?
 Parmi les indicateurs de développement, quels sont les plus
touchés par le projet et à quels niveaux ?
Objectif : Appréciation des axes stratégiques les plus pertinents
Axes stratégiques
Questions spécifiques
Programme de
développement rural intégré
Objectifs de développement
durable
Productions de type
décentralisé
Assistance technique et le
renforcement des capacités
Mécanismes de financements
adaptés
Incitations aux énergies
propres
Concurrence dans le secteur
 Les projets co e es à l’électrificatio aide t-ils à améliorer
les conditions de vie des riverains ?
 Comment jugez-vous l’apport des parte aires au
développement de la commune ?
 Êtes-vous satisfait du service offert par la CEAC ?
 La communauté de Roche-à-Bateau a-t-elle été impliquée
dans la mise en place du projet ?
 Le tarif proposé est-il équitable ?
 Que pensez-vous des panneaux solaires ?
 La mise en place de la CEAC est-elle la meilleure option pour
l’i plé e tatio du projet ?
VIII
QUESTIONNAIRE :
Date
:...........................................................
Identification
:...........................................................
Nom
:...........................................................
Région
:...........................................................
Département
:...........................................................
Nom du responsable
:............................................................
Adresse
:............................................................
Au regard des sous-indicateurs associés, quelle est la situation des indicateurs de développement
suivants :
A
B
Productivité agricole (ODD 12)
- Quantité km canaux
km
1)
X 3
2)
X 5
3)
X 7
- Quantité hectare irrigué
ha
1)
X 5
2)
X 7
3)
X 10
u
1)
X 5
2)
X 7
3)
X 10
lb
1)
X 300
2)
X 500
3)
X 700
- Conditionnement ou
conservation produits agricoles
- Niveau de production
spécifique (relevant local
production)
Activités productrices (ODD
9)
- Entreprises
- Chiffre d’affaires
o e ???
u
1)
X 3
2)
3 X 5
3)
X 7
Gdes/
an
1)
K X 30K
2)
K X 70K
3)
K X 100K
%
1)
X 50
2)
X 75
3)
75 X 100
u
1)
X 300
2)
X 500
3)
X 800
%
1)
X 50
2)
X 75
3)
75 X 100
u
1)
X 300
2)
X 500
3)
X 800
u
1)
2)
1
3)
%
1)
2)
X 75
3)
C
Education (ODD 4)
- Taux de réussite primaire (hors
certificat)
- Nombre enfants scolarisés
(primaire)
- Taux de réussite secondaire
(hors bac)
- No re d’e fa ts scolarisés
(secondaire)
- No re d’écoles
professionnelles
- Prése ce d’e seig a ts
qualifiés
aucun
X 50
75 X 100
IX
D
E
F
G
H
Santé (ODD 3)
2)
20
X 500
3)
X 5
3)
500 X 700
u
1)
- Personnel de santé présent
u
1)
X 3
2)
- Santé maternelle
u
1)
oui
2)
non
- Sensibilisation au VIH/SIDA (h
d’antenne)
h
1)
aucun
2)
1
3)
- Mortalité infantile
%
1)
X 25
2)
X 50
3)
- Poi ts de ve te d’eau pota le
(commercial)
u
1)
X 5
2)
X 10
3)
X 20
- Poi ts d’eau pu lic
u
1)
X 5
2)
5 X 10
3)
X 20
- Éclairage public
u
1)
X 10
2)
10 X 25
3)
X 50
- Nombre de policiers
u
1)
3)
X 6
- Éclairage branchements
domestique
u
1)
X 200
2)
- Taux électrification
%
1)
X 5
2)
X 25
3)
25 X 50
- Cas d’i sécurité rece sés/a
u
1)
2)
30 X 50
3)
50 X 70
- Radio communautaire
h
1)
2)
X 15
3)
X 24
- Service d’i ter et c er café
u
1)
aucun
2)
X 3
3)
X 6
- Service de téléphone (vente)
u
1)
aucun
2)
X 3
3)
X 6
%
1)
X 50
2)
X 75
3)
X 100
%
1)
X 50
2)
X 75
3)
X 100
%
1)
X 25
2)
X 40
3)
X 75
%
1)
X 20
2)
X 40
3)
X 60
%
1)
X 50
2)
X 75
3)
75 X 100
%
1)
2)
X 30
3)
X 60
%
1)
2)
X 40
3)
X 75
X 7
5
X 100
Accès à l’eau propre ODD
Sécurité (ODD 16)
Accès à l’i for atio
aucun
10 X 30
2)
X 3
200 X 500
3)
5
X 1000
ODD 9
X 5
Égalité des genres (ODD 5)
- ratio fille garçons dans le
primaire
- ratio fille garçons dans le
secondaire
- Taux alphabétisation chez les
femmes
- ratio femme/homme dans la
population alphabétisée
-
I
50 X 200
- Fréquentations cliniques
Exode rural (ODD 11)
- Assainissement
- Population ayant accès a
installations sanitaires
modernes
- Emploi chez les jeunes (de plus
de 18 ans)
aucun
X 20
X
Organisation de l’enquête :
Elle consiste à consulter des groupes-cibles pour recueillir des informations pertinentes sur l’évolution
des conditions de vie des populations.
Échantillonnage et collecte d’informations au niveau de la communauté rurale :
L’échantillonnage a été défini sur la base de considérations qualitatives vu que la population-mère
propose une certaine homogénéité tant du point de vue socio-économique que culturelle. De ce fait, nous
avons choisi les personnes à contacter sur des critères de représentativité en termes de profils, de
responsabilité et d’activités. Ainsi pour chaque catégorie d’interviewé, autant pour les personnesressources (responsable de projet, agent municipal, responsable communautaire) que pour la population,
le choix des personnes approchées a été fait pour assurer la diversité en termes de connaissances,
d’expériences et de savoir-faire. En tout, 60 personnes constituent l’échantillon du groupe-cible pour
cette enquête.
Au sein de la communauté rurale, nous nous sommes intéressés à tout ce qui est susceptible d’être
impacté par l’électrification. La collecte des données s’est faite à l’aide d’outils comme le guide
d’entretien et le questionnaire qui ont été administrés par l’entremise de 2 enquêteurs :
1) Le questionnaire nous a permis de recueillir des données permettant de cerner les paramètres
reflétant l’état des indicateurs de développement durant les périodes « avant » et « après
l’électrification. Le modèle proposé regroupe plusieurs thématiques liées aux indicateurs (9 au total)
destinés à des sous-groupes identifiés comme des informateurs clés.
2) Le guide d’entretien a servi, à travers des entretiens de type semi-directif, à l’évaluation de la
performance du projet d’électrification. Une appréciation objective est ainsi établie à travers la
quantification de l’impact spécifique à chaque critère.
Sur le terrain, la réalisation des enquêtes a été facilitée grâce au support de deux (2) techniciens qui
connaissent bien le milieu.
Les questionnaires ont été administrés aux soixante (60) personnes réparties comme suit :
6 responsables de projet, 3 agents municipaux, 15 commerçants, 5 éducateurs, 2 agents de santé, 7
responsables communautaires, 2 pécheurs et 20 ménages.
Le guide d’entretien a été essentiellement adressé au niveau de la communauté rurale de Roche-à-Bateau
auprès de douze (12) des personnes, dont 2 responsables de projet, 1 agent municipal, 2 commerçants, 2
éducateurs, 1 agent de santé, 2 responsables communautaires et 2 ménages.
Nous avons mené également des observations de terrain avec des responsables. Ainsi, les
informations collectées ont été synthétisées, appréciées suivant les différents domaines. Les données sont
analysées sous l’angle des enseignements que nous pouvons en tirer.
XI
Annexe 3
Analyse économique du coût actualisé de l’électricité
A) méthodologie d’analyse
L’analyse financière et économique propose plusieurs critères permettant de comparer les projets
d’électrification. L’on peut citer la VAN (Valeur actuelle nette), TRI (Taux de rendement interne), le
DRI (Délai de Récupération de l’Investissement), etc.… Dans le cas des projets d’électrification
décentralisés, les technologies disponibles sont variables, notamment en termes de coût de
maintenance, de coût de combustible ou encore de coût d’investissement. Afin de les comparer, le coût
d’une unité d’électricité doit prendre en compte ces différentes valeurs sur toute la durée de vie du
système. On définit pour cela le LCOE (Least Cost of Electricity ou Coût Actualisé de l’Électricité) :
LCOE = CAPEX + VAN du total OPEX
VAN du total PE
CAPEX
OPEX
PE
VAN
: Dépenses en immobilisations (coûts d’investissement)
: Coûts d’exploitation et d’entretien
: Production d’électricité (en kWh)
: Valeur actualisée nette
L’absence de données concernant le coût de production de l’électricité produite nous impose de
procéder à des calculs afin d’évaluer et de comparer le LCOE du système hybride PV-diesel à celui
d’autres technologies concurrentes possédant un même niveau de “centralisation”. Il s’agit du :


Mini-grid Photovoltaique avec stockage, et
Mini-grid diesel
Hypothèse de travail :
1) système hybride diesel/solaire
 La durée de vie du système est de 20 ans ;
 La durée de vie des génératrices est de 10 ans ;
 La durée de vie de l’inverter et des panneaux est de 20 ans ;

L’irradiation solaire propose 5,5 heures d’ensoleillement journalières
2) Mini-grid Solaire Photovoltaïque
 La durée de vie du système est de 20 ans ;
 La durée de vie des batteries et régulateurs est de 10 ans ;
 La durée de vie de l’inverter et des panneaux est de 20 ans ;
 L’irradiation solaire propose 5,5 heures d’ensoleillement journalières.
XII



L’offre d’énergie satisfait à la demande tel que prévu par le dimensionnement du mini-grid
solaire-diesel ;
L’alimentation du système est réalisée via des batteries lithium (profondeur de décharge :
90 %).
l’autonomie du système est de 3 jours ou 72 h
3) Mini-grid diesel



La durée de vie du système est de 20 ans ;
La durée de vie des génératrices est de 10 ans ;
La génératrice de 120 KVA est remplacée dans ce scénario par une de 175 KVA pour
satisfaire à la demande tel que prévu par le dimensionnement du mini-grid solaire-diesel ;
Résultat
Type mini-grid
A
B
Hybride PVdiesel
PV avec
stockage
C
Diesel
Coût (Millier de $ US)
Opération et
Investissement
entretien
LCOE ($ US/kWh)
818,68
4425,48
0,28
9733,94
745,61
0,56
607,90
4629,83
0,28
Constats :
L’analyse résultant du flux de trésorerie nous montre que le coût d’investissement du cas B est de loin
plus élevé que celui du cas A (≈12 fois plus grand) et C (≈ 16 fois plus grand), tandis qu’à l’inverse
les coûts d’opération et d’entretien pour le cas A est insignifiant comparativement (6 fois plus petit)
aux cas A et C. Ce qui constitue la caractéristique des systèmes basés sur les énergies renouvelables
qui propose des coûts d’investissement élevés, mais des coûts d’opération et d’entretien plus faibles.
Le système hybride PV-diesel est concurrencé par le diesel avec un coût actualisé de l’électricité
équivalent de 0,28 $ US.
Le système PV avec batteries présente un LCOE plus élevé à cause de l’autonomie désirée, ce qui
augmente les coûts du système de stockage. Par contre, une politique fiscale incitative vis-à-vis des
énergies renouvelables ou le retrait de la subvention gouvernementale sur le coût du carburant, la prise
en compte des externalités tel les coûts liés à la “décarbonisation”, aux dommages à la santé ou à
l’environnement par les émissions, au réchauffement climatique, influenceraient bien entendu le
LCOE en faveur de l’utilisation du solaire PV avec stockage.
XIII
B) Calcul du LCOE
1)
parametres
systeme hybride diesel/solaire
Inputs
qte
facteur de charge DIESEL
generateur 1, 250 kva
gen 1 : consommation (l/h)
generateur 2, 120 kva
gen 2 : consommation (l/h)
panneau solaire 250 W
inverter SMA 7kw
total cablage & structure (0,05%)
main d'oeuvre (25%)
total investissement
75%
1
27
1
21
560
20
140.00
140.00
90.00
90.00
-
0.25
3.30
140.00
66.00
21.80
114.45
12%
2.0%
12%
1000
64
171
3.78
0.80
62,571
48,667
indice des prix Gdes
indice des prix us
indice relatif
investissement additionnel
annee
couts d'investissement (millier U$)
NPV Capex(millier U$)
prix carburant(millier u$)
1.00
1.00
1.00
1
2015
total opex (millier U$) :
NPV opex (millier U$)
production electrique(mille Kwh/an)
NPV(millier) Kwh
LCOE
p.t.(millier
U$)
572.25
taux d'actualisation
taux d'inflation/an (U$)
taux d'inflation/an (gdes)
milliers
taux de change (Gdes)
prix gallon diesel(Gdes)
1 gallon ( = litres)
cosФ
cons annuel G1 (gal)
cons annuel G2 ( gal)
Operation et maintenance (millier U$)
p.u.(millier
U$)
1.12
1.02
1.10
2016
1.24
1.04
1.19
2017
1.36
1.06
1.28
2018
1.48
1.08
1.37
2019
1.60
1.10
1.45
2020
1.72
1.12
1.54
2021
1.84
1.14
1.61
2022
1.96
1.16
1.69
2023
2.08
1.18
1.76
2024
572.25
2.20
1.20
1.83
1
2025
2.32
1.22
1.90
2026
#
3.16
1.36
2.32
2033
3.28
1.38
2.38
2034
3.40
1.40
2.43
2035
276.00
818.68
297.21
326.35
354.37
381.33
407.29
432.31
456.44
479.71
502.19
523.90
544.89
565.19
690.59
706.42
721.81
48.06
52.77
57.30
61.66
65.86
69.91
73.81
77.57
81.20
84.72
88.11
91.39
111.67
114.23
116.72
345.27
379.12
411.67
442.99
473.15
502.22
530.24
557.28
583.39
608.62
633.00
656.59
802.25
820.65
838.52
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
4,425.48
2,225.77
18,851
0.28
U$/kwh
2)
parametres
Inputs
puissance panneau (kWc) :
panneaux 250 Wc, 12 v
Régulateur mppt 240v, 40A
batterie lithium 400ah
Onduleur 7 kw (240V)
total cablage & structure (0,05%)
main d'oeuvre (25%)
total investissement
taux d'actualisation
taux d'inflation/an (U$)
milliers
indice des prix Gdes
indice des prix us
indice relatif
investissement additionnel
annee
couts d'investissement (millier U$)
NPV Capex(millier U$)
prix carburant(millier u$)
Operation et maintenance (millier U$)
total opex (millier U$) :
NPV opex (millier U$)
production electrique(mille Kwh/an)
NPV(millier) Kwh
LCOE
mini grid photovoltaique
qte
1,386
5,544
198
4,236
198
p.u.(millier
U$)
0.25
0.32
0.55
3.30
p.t.(millier
U$)
1,386.00
62.96
2,329.80
653.40
221.61
1,163.44
5,817.22
12%
2.0%
1,000
1.00
1.00
1.00
1
2015
5,817.22
9,733.94
-
1.12
1.02
1.10
2016
1.24
1.04
1.19
2017
1.36
1.06
1.28
2018
1.48
1.08
1.37
2019
1.60
1.10
1.45
2020
1.72
1.12
1.54
2021
1.84
1.14
1.61
2022
1.96
1.16
1.69
2023
2.08
1.18
1.76
2024
2.20
1.20
1.83
1
2025
4,386.73
2.32
1.22
1.90
2026 #
3.16
1.36
2.32
2033
3.28
1.38
2.38
2034
3.40
1.40
2.43
2035
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
58.17
63.88
69.36
74.64
79.72
84.61
89.34
93.89
98.29
102.54
106.65
110.62
135.16
138.26
141.28
58.17
745.61
2,225.77
18,851
63.88
69.36
74.64
79.72
84.61
89.34
93.89
98.29
102.54
106.65
110.62
135.16
138.26
141.28
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
0.56
U$/kwh
3)
parametres
Inputs
facteur de charge DIESEL
generateur 1, 250 kva
gen 1 : consommation (l/h)@100%
generateur 2, 175 kva
gen 2 : consommation (l/h)@100%
total cablage & structure (0,05%)
main d'oeuvre (25%)
total investissement
taux d'actualisation
taux d'inflation/an (U$)
taux d'inflation/an (gdes)
milliers
taux de change (Gdes)
prix gallon diesel(Gdes)
1 gallon ( = litres)
cosФ
cons annuel G1 (gal.)
cons annuel G2 (gal.)
indice des prix Gdes
indice des prix us
indice relatif
investissement additionnel
annee
couts d'investissement (millier U$)
NPV Capex(millier U$)
prix carburant(millier u$)
Operation et maintenance (millier U$)
total opex (millier U$) :
NPV opex (millier U$)
production electrique(mille Kwh/an)
NPV(millier) Kwh
LCOE
systeme diesel
qte
0.75
1
27
1
23.1
p.u.(millier
U$)
p.t.(millier
U$)
140.00
140.00
115.00
12.75
66.94
334.69
115.00
12%
2.0%
12%
1000
64
171
3.78
0.80
62,571.4
53,533.3
1.00
1.00
1.00
1
2015
334.69
607.90
310.22
340.63
369.87
398.01
425.11
451.23
476.41
500.70
524.16
546.82
568.73
589.92
720.80
737.33
753.39
51.00
56.00
60.81
65.43
69.89
74.18
78.32
82.32
86.17
89.90
93.50
96.98
118.50
121.22
123.86
361.22
4,629.83
2,225.77
18,851
396.63
430.68
463.45
495.00
525.41
554.73
583.02
610.33
636.72
662.23
686.91
839.30
858.55
877.24
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
2,225.77
0.28
1.12
1.02
1.10
2016
U$/kwh
1.24
1.04
1.19
2017
1.36
1.06
1.28
2018
1.48
1.08
1.37
2019
1.60
1.10
1.45
2020
1.72
1.12
1.54
2021
1.84
1.14
1.61
2022
1.96
1.16
1.69
2023
2.08
1.18
1.76
2024
2.20
1.20
1.83
1
2025
306.00
2.32
1.22
1.90
2026 #
3.16
1.36
2.32
2033
3.28
1.38
2.38
2034
3.40
1.40
2.43
2035
Related documents
Download