FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET ADMINISTRATIVES PROGRAMME DE MAITRISE EN GESTION DE PROJETS Pour l’amélioration des conditions de vie des populations du monde rural haïtien par l’électrification : Cas de la commune de Roche-àBateau. Travail de fin d’études réalisé en vue de l’obtention du grade de « Master en Gestion de Projets ». Préparé par LÉONIDAS PIERRE DAVOUST sous la Direction du Professeur CLAUDE ELISMA Novembre 2017 Remerciements En tout premier lieu, mes remerciements s’adressent à Dieu, mes parents et ma famille pour leur présence au quotidien et l’assistance morale qui m’ont permis d’achever mon cursus académique avec succès. Je tiens évidemment à remercier toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de ce travail de fin d’études. En particulier, le professeur Claude ELISMA en tant que Directeur de mémoire pour l’encadrement durant la réalisation de ce travail de recherche et la patience qu’il m’a témoignée. J’en profite pour exprimer ma profonde gratitude au Dr Evenson CALIXTE, Vice-Recteur aux Affaires Académiques pour ses conseils au tout début de mes travaux. Je remercie également Monsieur Rithot THILUS, Directeur Général de la CEAC pour sa disponibilité et l’ambiance chaleureuse des journées de travail à Roche-à-Bateau. Un remerciement spécial à la cellule Énergie du MTPTC et en particulier à son coordonnateur l’Ing. Marc André CHRYSOSTOME pour m’avoir permis de puiser dans le champ de connaissances inestimables de ses consultants ainsi que pour l’excellente ambiance de travail qui y règne. Merci également aux différents professeurs, collègues et amis de la section Maitrise en Gestion de Projet de la FSEA de l’UNIQ. Finalement un merci tout particulier à Mme Gisèle BOIGRIS pour son soutien moral et pédagogique tout au long de mon cursus académique i Résumé La satisfaction des besoins élémentaires pour les populations pauvres du milieu rural haïtien se révèle d’une importance capitale dans l’atteinte des objectifs de développement durable. De nombreuses barrières découragent le développement local et entraînent une dégradation importante des ressources naturelles. L’absence d’électricité constitue ainsi un obstacle majeur à l’atteinte des ODD. Dans le contexte de gouvernance énergétique actuel, l’on peut affirmer que l’espace rural restera, dans sa grande majorité, amputé de l’accès à l’électricité, hypothéquant ainsi les chances de voir évoluer les indicateurs directement liés à la disponibilité de cette ressource. Ce travail de recherche a permis de définir des axes stratégiques pour un projet d’électrification rurale et d’établir la corrélation existant avec les indicateurs de développement grâce à l’élaboration d’outils de mesure de performance. L’efficacité du projet d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau a ainsi pu être déterminée. Dans l’objectif d’une amélioration des conditions de vie des populations rurales d’Haïti, il s’agit également d’une approche théorique qui recommande aux gestionnaires responsables, décideurs publics et bailleurs de fonds de réorienter le cadre conceptuel des projets d’électrification rurale en devenir. Mots-clés : Électrification rurale, Projet, Objectif de développement durable, Indicateur de performance, Efficacité Abstract Meeting the basic needs of the rural poor in Haiti is critical to achieving sustainable development goals. Many barriers discourage local development and lead to significant degradation of natural resources. The absence of electricity thus appears to be a major obstacle to achieving the SDG. In the context of current energy governance, it can be said that the vast majority of rural areas will be cut off from access to electricity, thus hampering the chances of evolving indicators directly linked to the availability of electricity. This research enabled us to define strategic axes for a rural electrification project and to establish the existing correlation with the development indicators through the design of impact measurement tools. The efficiency of the electrification project of the commune of Roche-à-Bateau was thus determined. With the aim of improving the living conditions of the rural populations of Haiti, it is also a theoretical approach that recommends to responsible managers, public decision-makers and donors to reorient the conceptual framework of future rural electrification projects. Keywords: Rural Electrification, Project, Sustainable Development Goal, Performance Indicator, Effectiveness ii Tables des matières pages Remerciements …………………………………………………………………………….…….I Résumé…………..……………………………………………………………………………….II Liste des tableaux……………………………………………………………………………..…V Liste des graphiques…………………………………………………………………………....VI Abréviations et acronymes…………………………………………………………………....VII Chapitre 1 : Introduction …………….…………… …………………………….......................1 1.1. Introduction générale………………………………………………………………….........1 1.2. Contexte et objet de recherche……………………………………………………......2 1.3. Question de recherche et méthodologie……………………………………………....3 1.4. Contribution de la recherche………………………………………………….……....4 1.5. Organisation de la recherche………………………………………………….…........5 Chapitre 2 : Revue de la littérature..............................................................................................6 2.1. Rôle de l'électrification dans l'accomplissement des objectifs de développement……………………………………..….......................7 2.2. Des OMD aux ODD : complémentarité et portée des efforts supplémentaires.………………………………………………..……….....9 2.3. Point sur les ODD en Haïti. ………………………………………………….….......12 2.4. État du secteur de l’énergie en Haïti………………………………………………....13 2.5. Analyse critique……………………………………………………………………...17 Chapitre 3 : Cadre conceptuel et méthodologique.……….…………………………………..19 3.1. Approche méthodologique…………………………………………….…………….19 3.2. Présentation du projet d’électrification de la région de Roche-à-Bateau………...….20 3.3. Satisfaction des besoins énergétiques avant le projet CEAC……………..................24 3.4. Choix méthodologiques……………………………………………….……………..25 iii Chapitre 4 : Analyse des données, résultats et discussions ……………………………….....27 4.1. Présentation et traitement des données………………………………………….…...27 1) SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces) du secteur de l’électricité en Haïti….………………………………................27 2) Analyse SWOT et approches stratégiques du secteur de l’électrification rurale …………………………………………………...…28 3) Les ODD dans la région de Roche-à-Bateau …………………………..……..31 4.2. Analyse et discussion de résultats de l’enquête…………………………………..….39 a) Constats sur l’évolution des indicateurs……………………………................39 b) Analyse de la performance des axes stratégiques du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau………………………………….....42 Chapitre 5 : Conclusions et recommandations…..…………………………………................53 5.1. Rappel de l’objet de recherche…………………………………………………...….53 5.2. Retour sur les hypothèses-Contributions-clés…………………………………….....53 5.3. Limites des résultats de la recherche………………………………………………...55 5.4. Perspectives de la recherche………………………………………………................56 5.5. Conclusion générale…………………………………………………………………56 Références bibliographiques…………………………………………………………...…... ….58 Annexes :……………………………………………………………………………..............…..I Annexe 1 : Résumé du secteur de l’énergie en Haïti (Tableaux et figures)……………...............II Annexe 2 : Guide d’entretien et questionnaire…………….. …………………………….…...VIII Annexe 3 : Analyse économique du coût actualisé de l’électricité………………………….....XII iv Liste des tableaux pages Tableau # 1 : Liste des 17 objectifs de développement durable………………………………………....10 Tableau # 2 : Analyse comparée du cadre de conception des OMD et des ODD………………………..11 Tableau # 3 : Résumé du secteur de l’énergie en Haïti………………………………….…………....….15 Tableau # 4 : Structure détaillée des capacités de production PAP et les provinces……….. ref : Annexe 1 Tableau # 5 : Indicateurs énergétiques d’Haïti comparé aux pays de la Caraïbe…………....ref : Annexe 1 Tableau # 6 : Ventilation du niveau d’accès à l’électricité par département d’Haïti…….. ….ref : Annexe 1 Tableau # 7 : Liste de certains décideurs du secteur énergétique en Haïti……………….…...ref : Annexe 1 Tableau # 8 : Tableau comparatif des différentes formes d’énergies renouvelables………...ref : Annexe 1 Tableau # 9 : Fiche technique du projet CEAC……….……………………………….............................23 Tableau # 10 : Diagramme SWOT du secteur de l’électricité...……………………………….....….…….27 Tableau # 11 : Analyse SWOT et approches stratégiques de l’électrification rurale….…..........…………28 Tableau # 12 : Grille de décomposition des axes stratégiques……………………………….……............30 Tableau # 13 : Résultat de l’enquête sur les indicateurs de développement à Roche-à-Bateau……….......35 Tableau # 14 : Appréciation de l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement …...36 Tableau # 15 : Évaluation du projet par la mesure de l’efficacité………………………..................................38 Tableau # 16 : Analyse économique du coût actualisé de l’électricité………………….............................46 v Liste des figures pages Figure 1 : Consommation d’énergie par personne et niveau de développement…………………..13 Figure 2 : Répartition consommation électrique par secteur……………………….....ref : Annexe 1 Figure 3 : Tarification résidentielle région Caraïbes (us cents/kWh). CARILEC…….ref : Annexe 1 Figure 4 : Répartition consommation électricité en Haïti……………………………..ref : Annexe 1 vi ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES AFD AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT ANARSE AGENCE NATIONALE DE RÉGULATION DU SECTEUR DE L’ENERGIE BL/BL BANM LIMYE BANM LAVI BME BUREAU DES MINES ET DE L’ÉNERGIE BMSE BUREAU DU MINISTRE À LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE CEA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE POUR L’AFRIQUE CEAC COOPÉRATIVE ÉLECTRIQUE DE L’ARRONDISSEMENT DES COTEAUX CNC CONSEIL NATIONAL DES COOPÉRATIVES CORABEL COALITION ROCHEBATOLAISE POUR L’EXPANSION LOCALE CSI CÔTE SUD INITIATIVE DGI DIRECTION GÉNÉRALE DES IMPÔTS EDH ÉLECTRICITÉ D’HAÏTI ESMAP ENERGY SECTOR MANAGEMENT ASSISTANCE PROGRAMME FMI FOND MONÉTAIRE INTERNATIONAL IHSI INSTITUTE HAÏTIEN DE STATISTIQUE ET D’INFORMATIQUE LCOE LEVELISED COST OF ELECTRICITY MDE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT MTPTC MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS TRANSPORTS ET COMMUNICATION MVP MILLENNIUM VILLAGE PROJECT NRECA NATIONAL RURAL ELECTRIC COOPERATIVE ASSOCIATION ODD OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE OMD OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT ONG ORGANISATION NON GOUVERNEMENTALE ONU ORGANISATION DES NATIONS UNIES PNUD PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT PNUE PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT PV PHOTOVOLTAÏQUE RAB ROCHE À BATEAU SELF SOLAR ELECTRIC LIGHT FUND SWOT STRENGTH, WEAKNESS, OPPORTUNITY, TREAT UNOPS UNITED NATIONS OFFICE FOR PROJECT SERVICES USAID UNITED STATES AGENCY FOR INTERNATIONAL DEVELOPMENT Gdes GOURDES h HEURE km KILOMÈTRES kW KILOWATT kWc KILOWATT-CRETE kWh KILOWATT-HEURE lb LIVRES u UNITÉS USD DOLLARS AMÉRICAINS UNITÉS DE MESURE vii Chapitre 1 : Introduction 1.1. Introduction générale L’énergie est un facteur déterminant pour le développement et la survie des populations rurales (énergie pour la cuisson, pompage de l’eau, alimentation, etc.) 1. Mais dans un contexte où l’accès à l’électricité est aléatoire, où les sources d’eau potable demeurent très éloignées et où la pauvreté reste la règle, la satisfaction des besoins fondamentaux est très souvent synonyme d’obstacles et de pénibilité 2. En Haïti, de nombreuses barrières découragent le développement local et entraînent une dégradation importante des ressources naturelles. Le cas du secteur de l’électricité est un fait criant de cette crise dont les répercussions à travers le pays expliquent en partie l’état de sous-développement chronique dans lequel sont enlisées la plupart des communes. Dans le milieu rural, les principales ressources énergétiques utilisées sont le pétrole et le charbon de bois3 avec des conséquences négatives sur l’environnement. Dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique sub-saharienne, la plupart des ménages ne dispose même pas du minimum que représente l’éclairage avec les répercussions socio-économiques tel un niveau d’éducation médiocre, un enclavement culturel (pas de radio, télévision, internet, etc.…), un accès limité à certains médicaments fautes de moyens de conservation 4. La capacité d’accumulation de capital y est presque nulle et les années de production se répètent à l’identique : trois à quatre mois de productivité pendant la saison des pluies et six à sept mois de quasi-inactivité pendant la saison sèche où il ne pleut plus et l’eau indisponible 5. La migration vers les zones urbaines représente une des conséquences de cet état de fait. Par conséquent, la plupart des investissements réalisés actuellement 1 Geres, Guide pedagogique energie durable en afrique rurale, Marseille, France, 2009, p. 3. 2 Ibid. 3 Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 28. 4 Pathé B. Dieng, Énergie solaire et développement productif des technologies modernes dans le monde rural africain, Page Web, http://africasolaire.blogspot.com/2011/02/energie-solaire-et-developpement.html, 2011, consulté le 27 août 2016. 5 Ibid. 1 dans le domaine de la fourniture d’électricité ne peuvent, par nature, générer que de faibles revenus monétaires 6. Haïti fait face depuis plusieurs années à une crise énergétique majeure, liée en grande partie à une absence de politique énergétique nationale exprimant une vision et des objectifs cohérents ainsi que des directives claires 7. Le monde rural haïtien est en général caractérisé par l’isolement et la dispersion des habitats. Les rares réseaux électriques existants restent l’apanage des seules zones urbaines, semi-urbaines ou industrielles. Ces caractéristiques constituent ainsi des freins à l’évolution des objectifs de développement durable, donc à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales. 1.2. Contexte et objet de la recherche L’EDH détient théoriquement le monopole de la fourniture des services de production, transport et distribution d’électricité à travers l’ensemble du territoire et se trouve embourbé dans un gouffre technico-financier qui lui empêche de jouer son rôle principal qui est de fournir de l’électricité à tous, permettant ainsi à l’état d’assurer le bien-être de la population, particulièrement dans les milieux ruraux, en lui garantissant les services de base. Seuls 37,9 % de la population totale de l’île d’Haïti avait accès à l’électricité en 2014 8, soit 4 006 955 sur 10 572 466 d’habitants9 et l’on estimait les pertes dues aux vols et dans le réseau à 60,11 %10 : aujourd’hui, l’EDH se retrouve dans une situation de dépendance aux subventions de l’État pour fonctionner. La seule compagnie d’électricité du pays se doit, en plus de combler son déficit financier, d’investir dans l’amélioration du réseau existant et de son système de facturation. L’apport du parc industriel de Caracol (déjà opérationnel), l’éventualité d’une interconnexion avec la République Dominicaine, le projet Artibonite 4C représentent, entre autres, une potentielle 6 Ibid. 7 MTPTC, Avant-projet de politique énergétique de la République d’Haïti, ébauche 9, Port-au-Prince, Haïti, 2012, p. 3. 8 Banque Mondiale, Indicateur, Page Web, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et Mines, Haïti, 2017, consulté le 5 octobre 2017. 9 Id., Changement climatique. 10 Id., https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.ELC.LOSS.ZS?locations=HT. 2 augmentation de la capacité énergétique du réseau11,12, mais avec comme effets induits une hausse tout aussi significative de la demande des zones urbaines où sont concentrées la plupart des industries et autres consommateurs importants avec éventuellement une possibilité de raccordement des zones rurales avoisinantes. Dans le contexte de gouvernance énergétique actuel, l’on peut affirmer que l’espace rural restera, dans sa grande majorité, amputé de l’accès à cette ressource énergétique, justifiant ainsi nos travaux de recherche qui consistent à questionner la capacité de l’électrification à satisfaire aux objectifs de développement. Nous présentons donc une étude de cas qui porte sur le service d’électrification rurale mis en œuvre par la Coopérative Electrique de l’Arrondissement des Côteaux (CEAC), dans la commune de Roche-à-Bateau. Il s’agit d’évaluer l’intérêt de ce projet innovant, qui propose un système de production de type hybride photovoltaïque/diesel et de distribution aux ménages à l’aide de compteurs prépayés, dans sa capacité à influer sur les indicateurs de développement. L’exploitation des technologies liées aux énergies renouvelables, la réforme du secteur de l’électricité, un cadre règlementaire et des mécanismes de financements adaptés, sont autant d’éléments menant à une solution vers l’accès à l’électricité pour la satisfaction des besoins de base de la population rurale haïtienne. 1.3. Question de recherche et méthodologie Dans le contexte général, l’amélioration des conditions de vie par le biais de l’électrification rurale constituant l’objet de notre étude, l’allocation de cette ressource aux populations du monde rural induit inévitablement le questionnement suivant : Comment concevoir et implémenter l’électrification afin d’aider à l’amélioration des conditions de vie des populations dans le milieu rural haïtien ? Somme toute, l’énoncé de cette problématique rentre dans un schéma plus large que nous sommes appelés à circonscrire dans le cadre de notre étude afin d’obtenir des résultats scientifiquement corrects 11 Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 90. 12 Ibid, p.156. 3 et ouverts au questionnement formulé plus haut. Pour cela, nos travaux de recherche se proposent d’analyser la viabilité de la Coopérative Electrique de l’Arrondissement des Côteaux (CEAC), dans sa capacité à satisfaire aux objectifs de développement liés à la disponibilité de l’électricité dans la commune de Roche-à-Bateau. Financé conjointement par le PNUE et l’USAID, ce projet a été mis en œuvre par NRECA International et la Solar Electric Light Fund (SELF) 13. Les opérations d’exploitation du projet ont débuté en juin 2015 et permis aux résidents d’avoir accès à l’énergie électrique. L’exploration des divers aspects de la question est orientée par l’hypothèse de départ suivante : Les objectifs de développement durable ne sauraient être atteints dans les milieux ruraux sans l’apport de l’électricité. 1.4. Contribution de la recherche Les travaux de ce document se situent dans une perspective académique et proposent une étude de cas d’où partent les réflexions permettant d’aboutir à la mise en place d’une politique énergétique prenant en compte le milieu rural défavorisé qui subit les séquelles d’un contexte de sousdéveloppement généralisé. À l’heure des ODD, aucune instance étatique n’est dédiée à ce sous-secteur. Ce qui constitue un fait contrastant avec le désir d’éradication de la pauvreté en Haïti. Ce travail de recherche se révèle être non seulement la conclusion du cursus universitaire de second cycle en gestion de projet, mais aussi une opportunité de fournir des recommandations aux décideurs publics et bailleurs de fonds du projet CSI, afin d’aligner leurs objectifs sur les exigences d’amélioration des conditions de vie de la population de Roche-à-Bateau. En dernier lieu, il faut signaler que les outils développés dans le cadre de ce mémoire constituent des mécanismes qui sauraient s’adapter à la mesure d’efficacité de tout type de projet. Haïti Libre, Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti, Page Web, http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-d-haiti.html, 2013, consulté le 10 Décembre 2015. 13 4 1.5. Organisation de la recherche Il s’agit également de questionner les divers aspects relatifs à la mise en place de l’électrification rurale afin d’en dégager les critères de performance nécessaires. Pour ce faire, les travaux qui suivent sont découpés en quatre (4) parties : 1. Au travers de la revue de littérature sur le sujet, l’étude de l’accès à l’énergie en général et celle plus spécifique du secteur de l’énergie en Haïti sont mises en relation avec la problématique du développement afin d’évaluer les enjeux, les risques, contraintes et bénéfices potentiels de l’énergie électrique pour le développement. 2. Le cadre méthodologique y est établi. Les enseignements qui en découlent sont utilisés pour établir la pertinence de l’étude au regard de la problématique énoncée. La collecte des données s’est faite à l’aide d’un questionnaire et d’un guide d’entretien : a) Le questionnaire nous a permis de recueillir des données permettant de cerner les paramètres reflétant l’état des indicateurs de développement durant les périodes « avant » et « après » l’électrification. b) Le guide d’entretien a servi, au travers des entretiens de type semi-directif, à l’évaluation de la performance de la CEAC. Le traitement et la synthèse des données empiriques recueillies sont présentés. 3. L’analyse et la discussion des résultats obtenus, l’évaluation de la performance du projet sera entreprise à la lumière des indicateurs de développement afin d’en déduire sa viabilité et ; 4. Les recommandations émises qui serviront à pallier aux déficiences éventuelles. 5 Chapitre 2 : Revue de la littérature Selon le PNUD 14, avec 2,6 % de couverture forestière, 78 % de la population vivant dans la pauvreté (< 2 USD par jour) et 54 % dans une extrême pauvreté (< 1 USD par jour), avec le taux de mortalité le plus élevé chez les enfants de moins de cinq ans dans la région (7,8 %), un taux de chômage compris entre 70 et 80 %, Haïti se situe au premier plan des pays ayant pour objectif majeur, conformément à celui de la communauté internationale, la réduction de la pauvreté par la mise en place d’un plan de développement durable. Jacques Bernier définit le développement comme étant « le processus par lequel une société se donne les moyens de mobiliser ses forces productives dans la transformation de son milieu en vu e d’améliorer les conditions de vie et de bien-être de ses membres15». Selon Guy Rocher, « le développement est la totalité des actions entreprises pour orienter une société vers les réalisations d’un ensemble ordonné de conditions de vie collectives et individuelles jugées désirables par rapport à certaines valeurs 16». Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale sont des institutions du système des Nations Unies qui poursuivent un même but qui est de relever le niveau de vie des populations des pays membres. À ce sujet, la Banque Mondiale déclare : « La lutte contre la pauvreté est au cœur de nos activités. Les mesures que nous concevons, en lien étroit avec les États, aident les plus pauvres à améliorer leurs conditions de vie, via l’accès à des services sociaux, des infrastructures et des emplois17 ». Le développement humain représente, selon les termes du PNUD, l’élargissement des possibilités et des choix offerts aux individus. Plus précisément, les trois possibilités essentielles sont celles de vivre longtemps et en bonne santé, d’acquérir des connaissances et un savoir, et de pouvoir accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes18. À propos d’Haïti, Page Web, http : ww.ht.undp.org/content/haiti/fr/home/country info.html, 2016, consulté le 20 octobre 2016. 14 15 Problématique de développement de la région de Bolama (Guinée-Bissau), Revue internationale des sciences du développement, Université Catholique de Louvain, Vol. XVI, no 1, 1984, p. 75-95. 16 Introduction à la sociologie générale, éd. H.M.H, Paris, 1968, p. 190. 17 15 ans de réforme pour améliorer le climat des affaires, Page Web, http://www.banquemondiale.org/, 2017, consulté le 4 novembre 2017. 18 Emmanuelle Benicourt, La pauvreté selon le PNUD et la Banque mondiale, Études rurales. 159-160 | 2001, p. 35-54. 6 Ainsi, pour parvenir à des conditions de vie acceptables pour tous et de donner à chacun accès à l’essentiel (Nourriture, logement, emploi, services de santé, éducation, et sécurité), un pays doit tenir compte des aspects sociaux, économiques, politiques, culturels et environnementaux dans l’élaboration d’un plan de développement qui soit durable et bénéfique pour tous19. Par conséquent, lors du Sommet du Millénaire tenu en septembre 2000 au Siège des Nations Unies à New York, les dirigeants de 189 États-Membres se sont engagés dans un nouveau partenariat mondial visant à réduire l’extrême pauvreté et construire un monde plus sûr, plus prospère et plus équitable en établissant huit objectifs connus sous le nom des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui définissent un plan d’action global pour le développent à atteindre d’ici à 201520. 2.1. Rôle de l’électrification dans l’accomplissement des objectifs de développement Lors du Sommet Mondial de Johannesburg sur le Développement Durable en 2002, le rôle de l’énergie, plus particulièrement de l’électricité, s’est avéré prépondérant à la mise en œuvre des OMD21. Bien que n’ayant pas été explicitement prise en compte dans les initiatives de lutte contre la pauvreté, les principaux acteurs reconnaissent non seulement que l’énergie constitue une composante essentielle de toute activité permettant d’assurer un minimum de développement économique et social, mais qu’elle est aussi indispensable à la satisfaction des besoins quotidiens (eau, nourriture, santé, etc.)22 : OMD1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim : l’électricité est essentielle pour la création d’emplois et d’activités industrielles. L’accès à l’énergie électrique favorise la réduction de la faim et l’accès à l’eau potable par le biais du développement agricole, des systèmes de conservation de la nourriture et le pompage. 19 Nations-Unis, Comprendre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Page Web, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/background.shtml, 2016, consulté le 20 octobre 2016. 20 Ibid. 21 Nations-Unis, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable, Johannesburg, Document en PDF, https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Johannesburg_2002.pdf, 2002, Consulté le 20 octobre 2016. 22 Vijay Modi, et al., Energy Services for the Millenium Development Goals, Banque mondiale, 2005, 116 p. 7 OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous : l’accès à l’éclairage et aux outils de communication pour une meilleure éducation permet d’attirer les enseignants vers les zones rurales où les maisons et les écoles devraient avoir l’électricité. De bonnes conditions d’éclairage sont nécessaires pour étudier la nuit. Notons aussi les effets indirects de l’électrification, liés par exemple à un niveau d’éducation accru : plusieurs études montrent ainsi un lien étroit entre le niveau d’alphabétisation des femmes et la mortalité infantile, la mortalité maternelle et la prévalence du SIDA 23. Une femme éduquée étant plus à même de prendre soin de son enfant24. OMD3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes : améliorer la problématique du genre en soulageant les femmes notamment dans les corvées pour l’obtention de l’eau, du bois de cuisson, etc. Le manque d’accès à l’électricité contribue à l’inégalité entre les sexes, car elle libère les femmes des tâches domestiques. L’électricité permet de développer des activités artisanales domestiques génératrices de revenus pouvant être effectuées par les femmes25, telles que la vannerie, le petit maraîchage, la petite restauration, la couture. Avec l’éclairage, les femmes peuvent préparer le repas principal juste avant qu’il soit mangé plutôt que de le préparer pendant la journée et puis de le réchauffer en soirée. OMD4 : Réduire la mortalité infantile : l’accessibilité aux équipements de réfrigération pour la conservation des vaccins, médicaments et aux autres équipements modernes dans les hôpitaux permet la réduction non seulement du taux de mortalité infantile et maternelle, mais aussi des autres cas de maladies tels les problèmes respiratoires dus à la pollution de l’air dans les maisons suite à l’utilisation du pétrole pour l’éclairage et des réchauds traditionnels26,27. 23 R. Anil Cabraal, Douglas F. Barnes & Sachin. G. Agarwal, Productive uses of energy for rural development, Annual Review of Environment and Resources 30, 2005, p. 117-144. 24 Gunnar Köhlin, et al., Energy, Gender and Development, What are the Linkages? Where is the Evidence? Paper No 125, 2011, p. 8. 25 Cabraal, op.cit. 26 Makoto Kanagawa and Toshihiko Nakata, Analysis of the energy access improvement and its socio economic impacts in rural areas of developing countries, Ecological Economics 62(2): 319-329, 2007, p. 320. 27 Köhlin, op.cit., p. 37. 8 OMD5 : Améliorer la santé maternelle : la pollution dans la maison, le manque d’électricité pour les centres de santé ou de l’éclairage pour les naissances de nuit et la charge physique au jour le jour contribuent à la mauvaise santé maternelle 28. OMD6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies : l’électricité pour la communication par la radio et la télévision peuvent contribuer à la diffusion des informations utiles sur la santé publique29. OMD7 : Assurer un environnement durable : l’enquête sur les ménages a montré que 82 % du total des ménages utilisent des lampes à kérosène comme principale source d’éclairage 30. La production, la distribution et la consommation d’énergie conventionnelle ont des effets négatifs sur l’environnement local, régional et mondial. Les commerces des localités non électrifiées sont pour la plupart éclairés à l’aide de lampe à pétrole ou de bougies. L’électrification permettra aux commerçants de continuer leurs activités au-delà du coucher du soleil. La dépense en éclairage et les risques sur la santé en seront diminués pour cette activité, ce qui permettrait d’augmenter le niveau de revenus réalisés et donc d’agrandir le commerce31. OMD8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement : le sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable a appelé à des partenariats entre les entités publiques, les agences de développement, la société civile et le secteur privé. Cela implique la promotion de services énergétiques écologiquement durables et fiables à un prix raisonnable32. 2.2. Des OMD aux ODD : complémentarité et portée des efforts supplémentaires Le 2 août 2015, les 193 pays membres des Nations Unies ont dévoilé leur plan de lutte contre l’extrême pauvreté d’ici 2030, qui doit remplacer les Objectifs du millénaire pour le développement 28 Ibid. 29 Ibid, p. 29. 30 IHSI, Enquête sur les conditions de vie en Haït, Port-au-Prince, Haïti, 2001. 31 Kanagawa, op.cit., p. 319-329. 32 Vijay Modi, et al., Energy Services for the Millenium Development Goals, Banque mondiale, 2005, p. 65-72. 9 (OMD)33. Le programme a été définitivement adopté par les dirigeants de la planète à l’occasion du Sommet du développement durable, qui s’est tenu au mois de septembre 2015 au siège de l’ONU à New York34. Il compte 17 nouveaux « Objectifs de développement durable » (ODD) qui intègrent les huit Objectifs du millénaire pour le développement (Cfr. Tableau 1 & 2). Les problématiques liées à l’éducation, la santé ou encore la malnutrition sont bien évidemment prises en compte dans ce programme35. Tableau 1 : Liste des 17 objectifs de développement durable36 ODD 1 ODD 2 ODD 3 ODD 4 ODD 5 ODD 6 ODD 7 ODD 8 ODD 9 ODD10 ODD 11 ODD 12 ODD 13 ODD 14 ODD 15 ODD 16 ODD 17 Mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes et partout ; Mettre fin à la faim, atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous a tous âges. Assurer une éducation inclusive et de qualité pour tous et promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie Réaliser l’égalité des genres et donner des capacités et du pouvoir aux femmes et aux filles Assurer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous Assurer un accès à une énergie qui soit abordable, fiable, durable et moderne pour tous Promouvoir une croissance durable et inclusive, l’emploi et le travail décent pour tous Établir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable et encourager l’innovation Réduire l’inégalité intra- et inter- pays Rendre les villes inclusives, sures, résilientes et durables Assurer des modèles de consommation et de production durables Agir urgemment pour combattre le changement climatique et ses impacts Protéger et gérer durablement les océans, mers et ressources marines Gérer durablement les forêts, combattre la désertification, arrêter et inverser le processus de dégradation des terres et stopper la perte de biodiversité Promouvoir des sociétés justes, paisibles et inclusives Revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable Les ODD sont un engagement ambitieux pour achever ce qui a commencé avec les OMD afin d’enrayer la pauvreté sous toutes ses formes d’ici 2030 37. Contrairement aux OMD, l’accès à l’énergie constitue un objectif-clé de développement durable (ODD7). Il est nommément cité et sa mise en œuvre encouragée. Les ODD se différencient des OMD par l’intégration pleine et entière 33 Enomy Germain, Le point sur les Objectifs de développement durable (ODD), Haïti a des défis à relever, Le National, http://www.lenational.org/point-objectifs-de-developpement-durable-odd-haiti-a-defis-a-relever/, 2016, consulté le 12 août 2017. 34 CEA, Des objectifs du millénaire pour le Développement aux objectifs de Développement durable : parcours et efforts supplémentaires des pays de l’Afrique de l’Ouest pour un rendez-vous réussi en 2030, Nations-Unis, 2016, p.6-8. 35 Ibid. 36 Ibid., p. 32. 37 Germain, loc.cit. 10 des trois volets (social, économique et environnemental) du développement durable38. Ces objectifs sont universellement applicables à tous les pays 39. Tableau 2 : Analyse comparée du cadre de conception des OMD et des ODD40 OMD OMD 1 OMD 2 OMD 3 OMD 4 OMD 5 OMD 6 ODD Équivalent ODD 1 ODD 2 ODD 8 ODD 4 ODD 5 ODD 3 ODD 3 ODD 3 ODD 6 ODD 11 OMD 7 ODD 12 ODD 13 ODD 14 ODD 15 ODD 7 ODD 9 OMD 8 ODD 10 ODD 16 ODD 17 Points communs/remarques Lutte contre l’extrême pauvreté et la faim La croissance et l’emploi décent comme principal facteur de réduction de la pauvreté L’éducation pour tous Égalité entre sexes et autonomisation de la femme Amélioration de la situation sanitaire des populations Amélioration de la situation sanitaire des populations Amélioration de la situation sanitaire des populations Bien-être des citadins en termes d’habitat et de cadre de vie Amélioration des conditions et cadres de vie des populations en milieu urbain Gestion durable de l’environnement Gestion durable et protection de l’environnement Gestion durable des ressources environnementales et de la biodiversité Protection et gestion durable de l’environnement Une gestion durable de l’environnement (énergie renouvelable, propre et moderne) Fortement lié à OMD 1/Industrialisation comme facteur clé de création d’emploi décent et de croissance soutenue et inclusive pour la réduction de la pauvreté Lie à OMD 3/La réduction des inégalités entre sexes Partenariat mondial pour le développement L’adoption de l’agenda 2030 guidé par 17 Objectifs et 169 cibles de mesure des progrès associés vient garantir la continuité des OMD (8 objectifs et 60 indicateurs de suivi des progrès) 41. Alors que les OMD s’attaquaient essentiellement aux déficits sociaux des pays en développement (notamment vulnérables et pauvres), l’agenda 2030 tire leçons de la mise en œuvre des OMD en s’attaquant aux déficits de l’ensemble des trois piliers fondamentaux de développement (social, économique et environnemental) impliquant tous les pays de la planète42. Les ODD ont été définis dans le but de corriger et rattraper les inachevés enregistrés dans le cadre des OMD en accordant non 38 CEA, op.cit., p.34-35 39 Ibid. 40 Ibid., p.48-51. 41 Ibid., p.34. 42 Ibid. 11 seulement quinze autres années supplémentaires aux pays, mais aussi en spécifiant les objectifs, les indicateurs et les cibles tout en restant plus inclusif, universel et axés sur les domaines d’enjeux de bien-être non explicitement spécifiés dans la définition des OMD. Ils se caractérisent également par la reconnaissance des liens intrinsèques entre les différentes thématiques43. 2.3. Point sur les ODD en Haïti Le journal « Le National » rapporte que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en collaboration avec la société civile et des institutions publiques, a produit, en 2013, un rapport sur les avancées des OMD : des progrès ont été particulièrement constatés au niveau de l’accès à l’éducation primaire et de la lutte contre le VIH/SIDA 44. Les ODD sont des objectifs qui devraient figurer dans la liste des priorités d’Haïti. Autrement dit, les ODD sont des défis que le pays doit relever pour sortir du spectre de la pauvreté 45. L’articulation des politiques publiques visant leur réalisation implique la participation de tous, société civile, le secteur privé, le gouvernement. Le projet de loi de finances 2017-2018 déposé au Parlement récemment prévoit 144,2 milliards de gourdes pour les dépenses et autres investissements de la nation pour le prochain exercice 46. Même lorsqu’aucun projet d’envergure n’a été annoncé, les allocations en faveur des ODD se présentent comme ci47 : 6,14 milliards de gourdes pour la Santé publique ; 22,9 milliards de gourdes en faveur de l’Éducation ; 10 milliards de gourdes pour le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural ; 757 millions de gourdes pour garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Ce qui ne représente que 27 % du budget national. 43 Ibid. 44 Germain, loc.cit. 45 Ibid. 46 Le Nouvelliste, Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD, Page Web,http://lenouvelliste.com/article/ 173428/ Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD ! 2017, consulté le 05 octobre 2017. 47 Ibid. 12 Il convient de remarquer que les OMD n’ont pas été assez vulgarisés en Haïti. Les groupes de pression en particulier la société civile n’ont donc pas joué suffisamment leur rôle en ce qui concerne ces objectifs. On se demande même s’ils ont été pris en compte dans les décisions publiques… Dans un pays à ressources budgétaires très limitées comme Haïti, on ne saurait s’attendre à des résultats très satisfaisants. Un document sur les crédits budgétaires alloués aux différents OMD publié par le Group Croissance S.A révèle que les crédits par OMD ont été très faibles sur la période impartie à leur réalisation, soit 2000-2015. Ceci peut s’expliquer par les choix publics qui ont été faits. Les OMD, c’est du passé… bien que les problèmes persistent. Le défi aujourd’hui demeure les ODD. Nous pensons qu’il faut un important travail de vulgarisation et de pression par rapport à ces objectifs. Travail qui doit entre autres choses aider à attirer l’attention sur ces engagements qu’a pris le pays. C’est l’objectif même de ce texte qui est le premier d’une longue liste. Source : Germain, 2016. 2.4. État du secteur de l’énergie en Haïti La figure 1 ci-après illustre le lien étroit entre consommations d’énergie par personne et niveau de développement humain : Figure 1 : consommation d’énergie et niveau de développement humain48 48 Wordpress, Parlons énergie, Page Web, https://parlonsenergie.wordpress.com/2013/ 05/12/ lien-entre-lenergie-et-leniveau-de-vie/, 2013, consulté le 27 août 2016. 13 Le système énergétique haïtien présente les traits caractéristiques généralement observés dans tous les pays en voie de développement49 : Dépendance par rapport à l’extérieur, Déséquilibre de la situation locale, tant du côté de l’approvisionnement que des usages, Agression sur le milieu naturel. Le charbon de bois pour la cuisson, le pétrole lampant (kérosène) et la pile sèche pour l’éclairage constituent les ressources énergétiques des plus pauvres50. L’exploitation irrationnelle du bois autant comme ressource pour les besoins énergétiques que pour les usages domestiques et industriels a réduit presque à néant la couverture végétale du pays, augmentant dramatiquement sa vulnérabilité aux catastrophes naturelles. L’autre source d’énergie la plus importante vient des énergies fossiles (le pétrole), utilisées pour la production d’électricité et le transport, suivi par l’énergie hydroélectrique51 et le solaire à un moindre degré. En l’absence de ressources internes, tous les carburants pétroliers sont importés, totalisant en 2011 quelque 691 000 tonnes d’équivalent pétrole (tep)52. Au vu de l’abondante littérature traitant de la question de l’énergie, le tableau # 3 qui suit nous propose la sélection des faits saillants nous permettant d’avoir un résumé non exhaustif, mais assez consistant pour nous permettre de cerner la problématique de l’accès à l’énergie en Haïti tant du point de vue technologique, légal et organisationnel. 49 BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web, http://bme.gouv.ht/energie/enetenv.html, 2016, consulté le 27 août 2016. 50 MTPTC, Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), Port-au-Prince, Haïti, 2006, p. 18. 51 Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C, 2014, p. 28 52 Ibid. 14 Tableau # 3 : Résumé du secteur de l’énergie en Haïti53 Résumé Le Parc de production de l’EDH présente une capacité installée de 311 MW, dont 118 MW provenant des IPP. 85 % de capacité thermique à base de sources fossiles pour 15 % d’hydro. Le Potentiel hydroélectrique national est d’environ 187 MW (dont seulement 62 MW sont utilisés). Des mini centrales totalisant 7,8 MW sont réparties sur sept (7) sites, tous situés en province. Il s’agit de petites centrales dont la puissance installée varie entre 0,30 et 2,25 MW. « Artibonite 4C » est un projet d’aménagement de la centrale hydroélectrique, avec 30 MW et une capacité énergétique 150 GWh. Illustrations MTPTC, 2006a. 54 Cfr. Tableau # 4 EDH, 2016. 55 BME, 2016a. 56 Le potentiel de bagasse disponible en Haïti a été estimé à 140 000 tonnes et pourrait générer plus de 131 250 000 kWh d’électricité. La culture de la canne à sucre est passée de 85 000 ha en 1975 à seulement 44 000 ha en 2005. De 1996 à 2005, la production nationale de la canne à sucre a baissé de 1 750 000 à 1 225 000 TM/année (8 000 tonnes de cannes équivalent à 2 400 tonnes de bagasse). Les indicateurs énergétiques (Kgep/habitant, Kgep/1000 $, kWh/habitant) comparés à nos voisins de la région indiquent que les populations pauvres d’Haïti se retrouvent de très loin les plus démunies de la région caraïbe. Source Esmap, 2007b.57 Gilles, 2005. 58 Cfr. Tableau # 5 La ville de Port-au-Prince génère environ 3 500 tonnes de déchets ménagers par jour et les huit autres grandes agglomérations urbaines (Cap-Haïtien, Gonaïves, les Cayes, Stmarc, Verrettes, Jérémie, Port de paix, Limbé), 600 tonnes de déchets ménagers par jour. Avec environ 75 % de matières organiques, elles pourraient générer plus de 67 342 500 m3/an de méthane. Banque Mondiale, 2017b.59 ONESIAS, 2009. 60 53 Préparé par l’auteur Léonidas P. DAVOUST. 54 MTPTC, Haïti : Plan de Développement du Secteur de l’Énergie 2007–2017, Port-au-Prince, Haïti, 2006, 54 p. 55 EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016. 56 BME, Diagnostic du secteur de l’énergie, Page Web, http://bme. gouv.ht/energie/diagnost.html, 2016, consulté le 27 août 2016. 57 Esmap, Stratégie pour l’Allègement de la Pression sur les Ressources Ligneuses Nationales par la Demande en Combustibles, ESMAP Technical Paper 112/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale, 2007, 100 p. 58 Damais Gilles, Les filières rurales haïtiennes ; rapport de synthèse ; identification des créneaux potentiels dans les filières rurales haïtiennes, MARDNR/BID, Port-au-Prince, Haïti, 2005, 76 p. 59 Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et Mines, 2017, consulté le 5 octobre 2017. 60 Gup-pens Onesias, Valorisation de la biomasse-énergie en Haïti : analyse de la situation et perspectives d’amélioration, (Mémoire de master), UCL, Belgique, 2009, 60 p. 15 Selon Reginald Noël de l’entreprise Biodiesel en Haïti, avec de bonnes variétés de Gwo Medsiyen, il ne faudrait pas plus de 10 % du territoire pour produire tout le diesel que nous consommons aujourd’hui. Mais des avis contradictoires font état de vulnérabilité aux maladies, des problèmes liés à la prolifération de champignons et d’insectes nuisibles ainsi qu’un besoin d’irrigation. La subvention accordée par l’état a permis de réduire le tarif de l’électricité : 0,16 u $/kWh en 2011 pour le secteur résidentiel malgré l’achat de l’énergie produite par les IPP à un coût nettement supérieur au tarif proposé (entre 20 et 40 cents/kWh), ce qui le rend nettement plus intéressant que la plupart de nos voisins de la Caraïbe Les niveaux d’accès par département montrent que le Département de l’Ouest (incluant la zone métropolitaine) accapare 58 % de la production d’électricité. Le reste n’est disponible que pour un très mince segment de la population dans le reste du pays. En 2014, environ 37,9 % de la population ont accès à l’électricité. Environ 17,2 % des populations rurales ont accès à l’électricité et 53,3 % pour les zones urbaines. Avec une population totale estimée à 10 811 819 habitants en 2015, cette situation se résume telle que présentée à la figure # 4. L’absence d’un régulateur établi est illustrée par une multitude d’actions isolées, de recommandations diverses et divergentes au niveau de l’application et du suivi stratégique par les instances gouvernementales. Ce qui apparait être préjudiciable à la mise en place de l’électrification rurale Un nouveau décret régissant le secteur de l’énergie et électricité a porté création de l’ANARSE : Cette publication, qui ouvre la voie aux investissements privés et casse le monopole de l’EDH, suscite bien des controverses dans le secteur quant aux modalités de sa mise en œuvre. Noël et Pressoir, s. d.61 Texier et al., 2005. 62 Cfr. Figure # 2 Cfr. Figure # 3 Worldwatch Institute, 2014. 63 Cfr : Tableau # 6 PARSONS, 2012.64 Banque Mondiale, 2017b.65 Cfr. : Figure # 4 IHSI, 2016. 66 Cfr. : Tableau # 7 Le Moniteur, 1977.67 61 Reginald Noël et Gaël Pressoir, Les Biocarburants, une solution pour Haïti, Document en PDF, http://www.chibasbioenergy.org/Biocarburants.pdf, (s.d.), consulté le 27 août 2016. 62 Pierre-Henry Texier, Mélanie Guittet et Massimiliano Capezzali, Le Jatropha, une plante écologique et un biocarburant durable, Document en PDF, https://www.researchgate.net/publication/312941618, 2005, consulté le 27 août 2016. 63 Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C., 2014, 247 p. 64 PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy, USTEA, États-Unis, 2012. 65 Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre 2017. 66 IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm, Indicateurs démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016. Le Moniteur, […], décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et commercial, dénommé Électricité d’Haïti [….], 16 juin 1977, 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1977. 67 16 L’utilisation des énergies renouvelables ne couvre pour l’instant que 20 % de la consommation mondiale d’électricité, l’hydroélectricité représente 92,5 %, la biomasse 5,5 %, la géothermie 1,5 %, l’éolien 0,5 et le solaire 0,05 %. En Haïti, leur disponibilité est liée à certains avantages et contraintes. Esmap, 2007a. 68 Cfr : Tableau # 8 Selon les estimations disponibles, la radiation solaire moyenne est d’environ 5 kWh/m2/jour. Le riche potentiel solaire haïtien pourrait être d’un grand secours dans le milieu rural où l’habitat est dispersé. Avec une moyenne d’ensoleillement de 2 000 heures par an soit au moins 5,5 heures de soleil par jour, Haïti possède un potentiel qui est largement suffisant pour assurer le fonctionnement optimal de n’importe quelle technologie d’usage du solaire. Les ressources éoliennes sont aussi très importantes et exploitables, même si elles ne sont pas uniformément réparties sur le territoire : un potentiel éolien important existe dans trois régions d’Haïti : Ouest, Nord-Ouest et le Nord. Le potentiel éolien d’Haïti offre aussi de sérieuses possibilités. L’étude en cours de l’Atlas éolien haïtien révèle un potentiel exploitable jusqu’à 50 MW dans la zone du lac Azueï. BME, 2016b.69 MTPTC, 2006a. 70 MTPTC, 2006b.71 MTPTC, 2006a. 72 MTPTC, 2006b.73 2.5. Analyse critique En Haïti, les zones rurales sont celles qui présentent le taux de pénétration le plus faible en matière d’accès à l’électricité et donc le potentiel de croissance le plus important. Les défis inhérents aux projets d’électrification rurale sont nombreux : faible densité de population, distances importantes, faible consommation d’électricité, coûts d’investissement élevés, etc. Ajoutons à cela que les revenus des populations cibles sont généralement bas et qu’ils ne peuvent en général assumer à eux seuls le coût de l’extension du réseau électrique ou de l’installation d’un système décentralisé. Dans le cas des pays en développement dont Haïti, il n’est pas toujours avéré que les gouvernements possèdent les 68 Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau. Formal Report 324/07 FR. Washington DC, Banque Mondiale, 2007, 140 p. 69 BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016, consulté le 27 août 2016. 70 MTPTC, Plan de développement, op.cit. 71 Id., Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), 83 p. 72 Id., Plan de développement. 73 Id., Stratégie de développement. 17 capacités financières et managériales requises pour mener cette tâche à bien. L’extension du réseau n’a en outre de sens que pour des densités de population minimales, permettant de diminuer le coût d’une connexion par des effets d’échelle, les lignes haute et moyenne tension étant très coûteuses. Plusieurs avis ont été établis sur cette question : La Banque Mondiale parle de critères d’admissibilité des communautés pour l’accès à l’électricité, notamment le retour sur investissement74. Tanguy Bernard considère la rentabilité comme l’élémentclé de la mise en place de l’électrification rurale 75. Pour René Massé, la volonté politique et le financement sont les éléments-clés 76,77. La production d’électricité dans le milieu rural haïtien est généralement du type décentralisé. Elle est principalement assurée par les générateurs diesel alimentant un mini-réseau implanté dans la ville. Nous constatons cependant une percée des systèmes photovoltaïques, notamment sur la côte sud d’Haïti et le Nord-Ouest. La question effectivement n’est plus de savoir si les logements ruraux seront électrifiés ou non, mais plutôt de savoir quand ils le seront, au vu de l’évolution technologique et l’avènement des énergies renouvelables 78. En conclusion, l’on constate un fort niveau d’inefficience au niveau de la productivité énergétique et l’absence de politique volontariste œuvrant dans le sens de la satisfaction rationnelle des besoins de la population. Il n’y a aucune instance opérationnelle dédiée à l’électrification rurale en Haïti. 74 IEG, The welfare impact of rural electrification, World Bank, 2008, p.19-28. 75 Études d’impact des programmes d’électrification rurale en Afrique subsaharienne, AFD no 3, Paris France, 2010, 25 p. 76 Financer le développement de l’électrification rurale, Coll. Études et Travaux, série en ligne n°2, Éditions du Gret, www.gret.org, 2004, p 14-30. 77 Club-ER, Le Partenariat Public-Privé dans les programmes d’électrification rurale en Afrique, Union Européenne, 2010, p. 45. 78 Adriaan N. Zomers, Rural Electrification: Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press, Enschede, PaysBas, 2001, p. 73. 18 Chapitre 3 : Cadre conceptuel et méthodologique Les organisations à travers les industries et dans le monde entier s’appuient de plus en plus sur les gestionnaires de projet pour la conception, la planification, l’exécution, l’évaluation et le suivi des projets en se basant sur les compétences et le savoir-faire managérial et technique requis, et cela dans un large éventail d’activités. Plus que jamais davantage d’entreprises, d’organismes sans but lucratif et d’organismes gouvernementaux utilisent des méthodes fondées sur la gestion de projets pour atteindre leurs buts et objectifs. L’évaluation de l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau nous permettra de dégager des éléments de réponses à la question de départ. Pour cela, en qualité de gestionnaire de projets, il importe de définir la méthodologie appropriée à cette démarche telle que cela apparait dans la description ciaprès. 3.1. Approche méthodologique L’approche méthodologique de nos travaux se base sur le traitement qualitatif des données issues de notre collecte de données documentaires et de celles empiriques réalisées à partir du questionnaire et des entretiens qualitatifs. Ceci nous appelle à proposer l’étude de cas comme méthodologie de recherche. Comme le souligne Gagnon79, son utilisation permet : a) de fournir une analyse en profondeur des phénomènes dans leur contexte ; b) de développer des paramètres historiques ; c) d’assurer une forte validité interne, les phénomènes relevés étant des représentations authentiques de la réalité étudiée. La rigueur de la démarche de recherche est ainsi de fournir une assurance de la véracité des résultats produits pour ainsi tester l’hypothèse80. Une méthode de recherche, « c’est la procédure logique d’une 79 L’étude de cas comme méthode de recherche, Les presses de l’Université du Québec, 2005, p.2-3. 80 Ibid. p. 13. 19 science, c’est-à-dire, l’ensemble des pratiques particulières qu’elle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable 81 ». Ainsi, la démarche qualitative correspond à « une enquête empirique sur un phénomène contemporain (par exemple, un « cas »), situé dans son contexte du monde réel, en particulier lorsque les frontières entre le phénomène et le contexte ne sont pas clairement évidentes 82». En nous référant au contexte des travaux issus de ce document, l’on peut prétendre que le projet d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau sied parfaitement à l’utilisation de cette méthode afin de produire les réponses à la question de départ. La conduite du processus de recherche nous mène vers une vision holistique du concept d’électrification rurale. L’analyse qualitative des données empiriques servira à proposer les axes stratégiques inhérents à la déduction d’une politique énergétique adaptée au milieu rural. La confrontation des résultats obtenus avec ceux de l’enquête sur l’évolution des conditions de vie est posée dans un support quantitatif comme réponse au questionnement de départ pour permettre de passer de l’apriori au posteriori. 3.2. Présentation du projet d’électrification de la région de Roche-àBateau Roche-à-Bateau constitue l’une des communes du département du Sud touchées par l’Initiative de la Côte Sud (CSI) qui est un projet multithématique de développement durable financé par l’UNOPS, et opérationnel depuis juillet 2011. Une initiative qui porte aussi bien sur l’infrastructure, la santé, l’assainissement, l’éducation et le tourisme. L’objectif du CSI consiste à créer une synergie entre plusieurs secteurs d’activités pour favoriser un développement durable dans la région. Son rayon d’action couvre 10 communes du Sud : île-à-vache, St-Jean du Sud, Arniquet, Port-Salut, Roche-àBateau, Côteaux, Port-à-Piment, les Anglais, Chardonnières et Tiburon . 81 Omar Aktouf, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, Les presses de l’Université du Québec, Québec, 1987, p. 20. 82 « Robert K. Yin, 3rd ed., Applications of Case Study Research, Thousand Oaks (CA), Sage Publications, 2012 », cité par « Hervé Dumez, Qu’est-ce que la recherché qualitative ?, Le Libellio d’AEGIS, Vol. 7, n° 4 – Hiver, 2011, p. 4758 » 20 La commune de Roche-à-Bateau fait partie de l’Arrondissement des Côteaux, constitué de deux (2) autres communes : Côteaux et Port-à-Piment. Elle compte 18 394 habitants83. Roche-à-Bateau est composée des sections communales de Beaulieu (comprenant le quartier de Rosiers et le quartier de Carpentier), Renaudin et Beauclos 84. La pêche, l’agriculture, la culture de la canne à sucre et l’élevage représentent les activités économiques de la commune de Roche-à-Bateau, bien qu’à date, aucune banque commerciale ni maison de transfert d’argent ne s’est implantée dans cette commune bien que les opportunités d’affaires sont nombreuses selon les riverains 85. Les deux principaux hôtels de Roche-à-Bateau sont « La Source hôtel » et « Paradis sur le rocher » qui proposent à eux deux une trentaine de chambres86. Fondée en l’an 1800, Roche-à-Bateau a été érigée en commune le 10 octobre 1953 sous la présidence de Paul Eugène Magloire 87. La mairie abrite la DGI (Direction Générale des Impôts) et le tribunal qui compte deux juges de paix et un officier d’état civil 88. Aucune université n’est enregistrée dans la commune, mais grâce à la CORABEL (Coalition Rochebatolaise pour l’Expansion Locale), une organisation regroupant les communautés roches-à-batelaises d’Amérique du Nord (Boston, Miami, Montréal entre autres), une école professionnelle a été récemment ouverte dans la localité et offre aux jeunes une formation sur les techniques d’agriculture, notamment dans la protection des bassins versants89. La commune dispose d’un lycée, de deux écoles nationales, deux écoles primaires congréganistes et de deux autres écoles privées. Un petit dispensaire dessert la population. Une poissonnerie établie au centre-ville permet aux pêcheurs de Roche-à-Bateau de 83 IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web, http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm. Indicateurs démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016. 84 Ibid. 85 Robenson Geffrard, Roche-à-Bateau, l’autre partie d’Haïti qu’il faut visiter. Le Nouvelliste, http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/161612/Roche-a-Bateau-lautre-partie-dHaiti-quil-faut-visiter, 2008, consulté le 5 octobre 2017. 86 Ibid. 87 Ibid. 88 Ibid. 89 Ibid. 21 commercer avec les villes et départements voisins du Sud. La culture traditionnelle de Roche-àBateau propose des danses et musiques aux survivances encore polonaises datant de la période postcoloniale 90. Étalée sur une superficie de 65,11 kilomètre-carrés 91,92, la commune Roche-à-Bateau est régulièrement victimes d’inondations et d’averses lors des pluies. Cette situation due à la coupe effrénée des arbres n’est pas sans conséquence majeure sur l’environnement et l’agriculture de la zone. Le centre-ville est doté des rues adoquinées et bien alignées. Table-au-Diable, un îlot de moins de 5 mètres carrés, est le principal site touristique de la commune93. La mise en place de la CEAC (Coopérative Électrique de l’Arrondissement des Côteaux) vient ainsi compléter le patrimoine rural de la commune de Roche-à-Bateau. N.b. : Le cadrage temporel de notre travail de recherche est divisé en deux (2) périodes : 1- Avant l’électrification : période couvrant l’étude de la Earth Institute (2011-2012). 2- Après l’électrification : période couvrant le début des opérations (juin 2015) jusqu’à août 2016 (qui correspond à la fin de l’enquête réalisée dans le cadre de ce mémoire). À cette dernière date, la CEAC ne dessert que le quartier de Rosiers. 90 Dominique Batraville, Vers la côte Sud d’Haïti : En route pour Roche-à-Bateau. Haïti Press network, http://www.hpnhaiti.com/site/index.php/tourisme/3839-vers-la-cote-sud-dhaiti-en-route-pour-roche-a-bateau, 2011, consulté le 19 janvier 2017. 91 Ibid. 92 Geffrard, loc.cit. 93 Ibid. 22 Tableau # 9 : Fiche technique du projet du projet CEAC94 Projet CEAC (Coopérative Électrique de l’Arrondissement des Côteaux) Projet Localisation Financement Coût95 Régions concernées Maitre d’ouvrage Début d’opération96 Réseau de transport et distribution97 Centre de production98 Projection population desservie par le projet99 Estimation population desservie en 2016 par le projet100 Coopérative électrique de l’arrondissement des Côteaux Département du sud PNUE ; USAID 1, 8 millions USD Communes de Côteaux, Port à Piment, Roche-à-Bateau NRECA ; SELF Juin 2015 25,4 km de ligne BT et 20,8 km de ligne MT. Système triphasé 13,2/23 KV, alimenté à partir d’un transformateur de 300 KVA. L’éclairage de rue est assuré par des 2 types de lampadaires : l’un de type conventionnel alimenté directement par le réseau BT et l’autre de type « backup battery » avec photodétecteur et « controller » intégré au boitier de la batterie. Les compteurs sont de type « prépayé ». Deux catégories de boitiers sont utilisées dans la zone en fonction du regroupement de l’habitat : un boitier individuel et un boitier regroupant 8 compteurs. Les maisons sont alimentées à 120 V, mais certains usagers, utilisent le 240 V. Une usine à glace située dans la ville des Côteaux est alimentée en triphasé. Aux Côteaux : o Deux (2) génératrices diesel de capacité l’une 250 KW et l’autre 120 KW ; o Un parc photovoltaïque totalisant 105 KWc. Damassin : Un parc photovoltaïque totalisant 14 KWc. Port à Piment : Un parc photovoltaïque totalisant 21 KWc. 15 000 habitants pour environ 3000 connexions Aux Côteaux : 700 connexions Port à Piment : 300 connexions Roche-à-Bateau : 250 connexions 94 Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. 95 Haïti Libre, Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti. Page Web. http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-d-haiti.html, 2013, Consulté le 10 Décembre 2015. 96 Ces informations ont été fournies par l’équipe technique de la CEAC lors d’une visite sur les sites de productions. 97 Id. 98 Id. 99 Haïti Libre, loc. cit. 100 Ces informations ont été fournies par l’équipe technique de la CEAC lors d’une visite sur les sites de productions. 23 3.3. Satisfaction des besoins énergétiques avant le projet CEAC Selon la Earth Institute 101, vu la carence d’accès à l’électricité, tant aux zones urbaines que rurales, les dernières forêts du département du Sud suppléent à l’énergie locale et aux besoins économiques par la collecte de bois et la production de charbon. Le commerce du charbon de bois augmente la dégradation et l’érosion du sol. Il contribue à la réduction à long terme de la productivité de l’agriculture à travers les bassins versants. Le manque de sources d’énergie alternative contribue à la dépendance en bois au niveau des ménages, ce qui engendre la détérioration de l’écosystème haïtien. Le bois de chauffage (91 %) et le charbon de bois (52 %) constituent les principales sources d’énergie pour les besoins de cuisson. Dans l’enquête auprès des ménages de 2011-2012, le kérosène est rapporté par l’écrasante majorité des habitants comme étant une source principale d’énergie utilisée pour l’éclairage (89 %). Environ 70 % des ménages n’ont pas cité de source secondaire. Le pourcentage attribué aux bougies comme une source primaire d’éclairage était insignifiant. Pourtant, elles représentent la plus importante source secondaire d’éclairage, utilisée par 12 % des personnes interrogées. L’utilisation des batteries (piles sèches ou rechargeables) est extrêmement faible en tant que source primaire ou secondaire, avec un pourcentage de 1 %. À Roche‐à‐Bateau, le rapport de l’accès à l’électricité par le réseau est de 10 %. 3 % de la population se servent d’autres sources d’électricité (batteries, générateur à carburant ou système solaire) comme étant leur source d’énergie principale. La moyenne des heures d’éclairage par semaine est de 23 heures pour les ménages en tenant compte de toutes les sources disponibles : 18 heures pour le kérosène (81 %), 1,9 heure de la seconde source (réseau ou mini ‐réseau) et finalement 1,2 heure pour les bougies (5 %). Les biens énergétiques recensés parmi les ménages de la région des communes sont constitués des petits appareils électriques ou à piles (par exemple la radio, à peu près de 30 %) et dans une moindre 101 Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012, p. 170-177. 24 mesure, ceux à forte consommation d’électricité (réfrigérateur). La production à partir de générateurs et systèmes solaires domestiques concerne 2 % et 4 %, respectivement des ménages. Un point important concernant les appareils électroménagers dans les dix communes est la prévalence des réchauds améliorés dont près de 20 % des ménages ont déclaré en posséder. 3.4. Choix méthodologiques Différentes méthodologies permettent d’aborder l’étude des stratégies : des enquêtes quantitatives, des recueils de récits de vie, l’ethnométhodologie, l’analyse conversationnelle, la phénoménologie, l’approche clinique, l’ethnographie ou encore tel qu’il s’agit ici l’étude de cas 102. Selon Mickael Porter, « la stratégie est une combinaison d’objectifs que s’efforce d’atteindre une entreprise et les moyens par lesquels elle cherche à les atteindre 103». Pour Mintzberg, « les stratégies délibérées, c.-à-d. construites et planifiées, sont souvent complétées par des stratégies émergentes non planifiées, mais dictées par l’environnement104 ». L’entreprise d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau consiste à la mise en opération du projet CEAC. Elle permet de desservir environ 250 foyers. La CEAC a débuté ses opérations depuis juin 2015. Trois étapes pour débuter notre processus d’évaluation : 1) un tableau descriptif du SWOT (Strength, Weakness, Opportunity, Threat) ou FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) permet d’obtenir une vue d’ensemble de la situation actuelle du secteur par rapport à son environnement (macro et micro). Ce modèle de démarche stratégique développé par Learned, Christensen, Andrews et Guth de Harvard105, nous permettra de mettre en évidence les forces et les faiblesses du projet ainsi que les opportunités et les menaces de son environnement. 102 Claudya Parize, Fabriquer ensemble la stratégie : D'une démarche de Prospective Stratégique a une plateforme d'Open Strategizing " chez BASF Agro de 1995 à 2012, Thèse de doctorat, Gestion et management, Université Paris Dauphine - Paris IX, 2013, p. 101. 103 Choix stratégiques et concurrence. Techniques d’analyse des secteurs et de la concurrence dans l’industrie, Économica, 1982. 104 Grandeur et décadence de la planification stratégique, Dunod, 1994, p. 108-114. 105 Edmund P. Learned, et al, Business Policy, text and cases, Richard D. Irwin, 1965. 25 2) une analyse permettant d’utiliser les enseignements tirés afin d’en déduire les éléments de prise de décision et de la planification du secteur de l’électrification rurale. Les lignes stratégiques établies font l’objet d’un découpage pour établir, en fonction de la revue de littérature, des critères appliqués au cas d’étude. Aussi, il est important d’établir l’hypothèse opérationnelle suivante : - Il existe des critères d’ordres techniques, sociaux, économiques, institutionnels liés aux projets d’électrification rurale qui mènent à un taux de réussite certain. 3) Afin d’établir la pertinence du projet, une enquête sur l’évolution des indicateurs de développement nous permet de comparer la croissance des indicateurs de développement de la région de Roche-àBateau, avant et après son électrification par la CEAC, et d’en déduire l’efficacité du projet sur l’évolution de ces indicateurs. 26 Chapitre 4 : Analyse des données, résultats et discussions 4.1. Présentation et traitement des données 1) L’analyse de la revue de littérature nous permet d’établir le diagramme SWOT du secteur de l’électricité en Haïti. Tableau # 10 : Diagramme SWOT du secteur de l’électricité106 FORCES Disponibilité de ressources énergétiques renouvelables Environnement : - Potentiel solaire important - Potentiel éolien dans certaines régions du pays FAIBLESSES Structure et Infrastructure limitée en quantité et qualité Technologique : - Faible Taux d’électrification ; Taux de connexions frauduleuses élevé Réseau saturé et Infrastructures vétustes Faible temps de desserte et fréquentes coupures dans le service d’électricité. Insuffisance de personnel technique Environnement - Topographie de l’habitat rural par rapport aux manques d’infrastructures routières Vulnérabilité économique et financière Économique : - Faible Taux de facturation et de recouvrement - De nombreux clients en attente (connexion ou régularisation) - Dépendance financière vis-à-vis de l’état, des bailleurs internationaux, de donateurs. - Forte dépendance vis-à-vis des importations et volatilité du cours du pétrole - L’exploitation du réseau national est fortement dépendante des subventions de l’État - Contrats d’achats d’électricité inadaptés (PPA) Cadre règlementaire inadapté Légal : - Monopole accordé à la compagnie nationale EDH - Cadre règlementaire juridique et fiscal inapproprié - Absence d’un régulateur du secteur - Inexistence d’incitatif au développement des énergies renouvelables. Politique : - Faible Implication du ministère de tutelle - Absence d’une politique visant le développement de programmes d’électrification rurale dans le pays - Ingérence de la politique dans les décisions stratégiques OPPORTUNITÉS Augmentation du taux d’électrification nationale Technique - Capitalisation de l’expérience d’autres pays pour la mise en place d’un programme d’électrification national ; - Interconnexion régionale Économique - Restauration des marges d’exploitation grâce à la diminution des coûts avec le recours aux énergies renouvelables ; - Capitaux disponibles pour les investissements dans les énergies renouvelables à exploiter - Proximité des marchés américains pour l’acquisition d’équipements Légal - Attraction d’opérateurs privés par la mise en place d’un MENACES Cadre d’investissement répulsif Social - Dégradation du pouvoir d’achat et vulnérabilité économique de la population - L’insuffisance des infrastructures (par exemple le transport) - La forte migration de la population sur Port-au-Prince. Économique - Réticence du secteur industriel haïtien à se brancher sur le réseau de l’EDH Interruptions du financement des donateurs et des subventions de l’État Fluctuation du taux de change Inflation élevée Dégradation accélérée de l’environnement Environnement : - Limitations de l’exploitation du potentiel Hydro cadre législatif incitatif 106 Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. 27 2) L’analyse SWOT du tableau # 11 nous propose quatre approches qui permettent d’établir les axes stratégiques d’un projet d’électrification rurale 107 : Cadran 1 (faiblesse et menaces) FaM ou WT : stratégies de survivance. Le repositionnement ou la diversification, qui consiste à diminuer les faiblesses pour réduire la vulnérabilité du projet face aux menaces extérieures ; Cadran 2 (forces et menaces) FoM ou ST: stratégies défensives qui ont pour objectif d’utiliser au mieux les forces et les atouts du projet pour se protéger des différentes menaces de l’environnement ; Cadran 3 (faiblesses et opportunités) FaO ou WO : stratégies d’adaptation qui s’alignent sur l’amélioration et le développement en interne des points faibles du projet pour saisir les opportunités de l’environnement ; Cadran 4 (forces et opportunités) FoO ou SO : stratégies offensives qui consistent à utiliser les forces en interne pour profiter des opportunités de l’environnement. Tableau # 11 : Analyse SWOT et approches stratégiques de l’électrification rurale108 FAIBLESSES ÉNERGIE PROPRE ET COÛT ABORDABLE (électrification rurale) Cadre d’investissement répulsif MENACES OPPORTUNITÉS Dégradation accélérée de l’environnement Structure et Infrastructure limitée en quantité et qualité Vulnérabilité économique et financière Développer l’assistance technique et le renforcement des capacités Proposer des mécanismes de financements adaptés FORCES Cadre règlementaire inadapté Ouvrir le secteur à la concurrence Disponibilité de ressources énergétiques renouvelables Établir des politiques d’incitations au développement des énergies propres Établir un Programme de développement rural intégré Augmentation du taux d’électrification nationale Établir une coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de développement durable 107 Edmund P. Learned, et al, Business Policy, text and cases, Richard D. Irwin, 1965. 108 Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. Favoriser les Productions électriques de type décentralisé 28 Sept (7) axes stratégiques sont identifiés comme prioritaires pour l’implémentation des projets d’électrification rurale. Il s’agit : 1) Développer l’assistance technique et le renforcement des capacités ; 2) Proposer des mécanismes de financements adaptés ; 3) Ouvrir le secteur à la concurrence ; 4) Établir un programme de développement rural intégré ; 5) Établir des politiques d’incitations au développement des énergies propres ; 6) Établir une coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de développement durable ; 7) Favoriser les productions électriques de type décentralisé. L’étude d’impact du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau nous porte à considérer les analyses suivantes : La décomposition des axes stratégiques a pour objectif de leur adjoindre des critères à caractère inclusif et clairement définis. La revue de littérature du secteur énergie présentée en section 1.2, l’apport des différentes perspectives et des contributions du projet à l’amélioration des conditions de vie de la population de Roche-à-Bateau permettent de mettre en évidence une série de critères recommandables pour les axes stratégiques de projets d’électrification rurale. Une désagrégation de chaque axe stratégique en 3 critères constitutifs nous parait suffisante pour affiner le niveau de détail tout en prenant en compte les exigences relatives à leur mise en place et faciliter le traitement quantitatif. Les critères proposés au tableau # 12 sont ceux qui semblaient les plus pertinents, mais il est évident qu’ils ne sont pas les seuls possibles. Une pondération des critères en fonction de leur degré de nécessité ou de pertinence a été effectuée au tableau # 14. 29 Tableau # 12 : Grille de décomposition des axes stratégiques109 Axes stratégiques 1 2 3 4 Assistance technique aux projets et le renforcement des capacités ; Mécanismes de financements Concurrence dans le secteur Programme de développement rural intégré Critères retenus Brève description a. Formation - La présence de techniciens compétents sur place est fondamentale pour assurer la maintenance (trop souvent lacunaire) des systèmes de production d’électricité et le transfert de technologie. La formation joue en ce sens un rôle central. b. Inclusion dans les processus décisionnels - c. Décentralisation territoriale - Faire valoir les compétences administratives des collectivités territoriales dans le processus d’aménagement de leurs localités. a. Participation du secteur privé - b. Demande pour le produit - S’assurer d’une demande locale pour le produit passe notamment par des enquêtes sur le terrain et par une identification aussi précise que possible des besoins. La plupart des études s’accordent à dire qu’il faut éviter "d’offrir" le système, ce qui peut provoquer une mauvaise gestion de ce dernier et un manque d’implication des bénéficiaires. c. Capital de départ - Un capital de départ important peut constituer un frein à la diffusion de la technologie, particulièrement dans les régions où l’accès au crédit est malaisé. a. Montage institutionnel - Dans le cas d’électrification décentralisée, il est nécessaire d’éviter autant que faire se peut l’ingérence du politique dans le projet, la mise en place de véritable « plan d’affaire » avec valeur ajoutée pour les localités s’impose. b. Gestion de projets - La démarche visant à organiser de bout en bout le bon déroulement d’un projet. C’est tout l’opérationnel et le tactique qui fait qu’un projet aboutit dans un triangle représentant l’équilibre qualité-coût-délai (QCD). Le management de projet assume le pilotage stratégique du projet. c. Environnement transparent et sain ; - L’établissement d’un cadre règlementaire adéquat va attirer les investissements qui peuvent améliorer l’offre : de plus grandes possibilités d’affaires, plus d’emplois, de nouvelles sources d’énergie (renouvelables), un meilleur coût de l’électricité, en sont les bénéfices a. Identification des interlocuteurs appropriés - Identification d’une unité d’organisation sociale habilitée à mener le projet à bien. L’utilisation de structures existantes (entreprises locales, coopératives, associations) est également recommandée. b. Approche multisectorielle - Cette approche contribue à améliorer la compétitivité économique des territoires et incite les acteurs socio-économiques à agir en concertation, à produire des biens et des services en valorisant les ressources locales, cellesci incluent les impacts sur la protection de la biodiversité, les déchets, la toxicité des matières utilisée, etc. c. Activités génératrices de revenus - L’adhésion des bénéficiaires passe par leur implication dans la définition du projet et dans sa réalisation. La création d’une association locale semble recommandée. L’apport de capitaux externes permet de combler le déficit de financement public des investissements des projets de développement. Les subventions doivent profiter majoritairement aux plus pauvres et/ou aux systèmes les plus pertinents sur le plan environnemental. Les projets d’électrification doivent être générateurs d’activité et d’emplois, si possibles dans les zones rurales. La possibilité de générer une activité connexe par le transfert de technologie doit aussi être favorisée. 30 5 6 7 Incitations aux énergies propres a. Financements externes - Mettre à contribution le potentiel du pays en énergies renouvelables afin d’accéder aux financements disponibles sur le changement climatique. b. Fiabilité - La technologie doit présenter une faible probabilité de panne, y compris dans des conditions de fonctionnement difficiles et être accessible à ses utilisateurs, qui doivent pouvoir se "l’approprier", notamment en étant habilités à y apporter des modifications. c. Appropriabilité - Accélérer et mettre en œuvre de façon positive, les politiques sectorielles efficientes et efficaces de réforme sur les accès à l’énergie durable, l’efficacité énergétique et l’approvisionnement en énergie. Coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de développement durable a. Implication locale - Les parties prenantes locales (population, autorité, partenaires doivent être incluses dans la mise en place du projet. b. Coopération internationale - Bénéficier de la contribution des autres pays au développement économique par l’établissement d’objectifs communs et d’actions conjointes pour une meilleure efficacité c. Développement durable - Assurer une gestion des ressources, sans préjudice pour l’environnement et le social et pouvant bénéficier aux générations futures. Production électrique de type décentralisé a. Situation géographique - La situation géographique de la région considérée inclut le relief ou les accidents géographiques, qui influencent la facilité et le coût de l’extension du réseau. b. Coût - Le choix de la technologie de type décentralisé dépend du coût de chacune des solutions en prenant en compte les coûts d’investissement, de combustible ou de maintenance sur toute la durée de vie du système. c. Densité de consommation - La densité de consommation est le produit de deux facteurs : la densité d’habitation et la consommation moyenne par ménage. Une faible densité de consommation est un argument majeur en faveur de la décentralisation. etcc) 3) Les ODD dans la région de Roche-à-Bateau En se basant sur les recommandations du Groupe de Travail Mondial des Gouvernements Locaux et régionaux (Global Task Force) pour le compte de la CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique) 110, la définition d’indicateurs susceptibles de décrire l’évolution des ODD porte à prendre en compte les principes suivants : A. « Localiser » l’Agenda post-2015 En Haïti, la réalisation des ODD nécessite l’engagement et les efforts du gouvernement et des collectivités territoriales. « Localiser » l’agenda post-2015 se réfère généralement à la mise en œuvre des objectifs de développement au niveau local par les acteurs concernés en particulier les élus locaux. 109 Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. 110 Global Task Force, Agenda post 2015, Comment définir les cibles et les indicateurs ? Document en PDF, https://www.uclg.org/sites/default/files/indicateurs_pour_localisation _agenda _ post2015.pdf, 2014, consulté le 12 août 2017. 31 « Localiser » l’agenda post-2015 peut également se référer au suivi des progrès de sa mise en œuvre au niveau du gouvernement et des collectivités territoriales (indépendamment du fait que ces derniers aient ou n’aient pas la compétence dans certains secteurs), contribuer à améliorer la prise de décision et la distribution des ressources à différents niveaux et permettre aux communautés locales et aux organisations de la société civile d’exiger de leur gouvernement une plus grande transparence. B. La faisabilité des objectifs Atteindre un système partagé d’objectifs inclusif et intégré au niveau mondial. Les objectifs proposés couvrent la plupart des défis liés au développement et un large éventail de thèmes, besoins et préoccupations exposés par les principales parties prenantes. Ceci implique la possibilité d’avoir un système d’indicateurs simple à gérer, mesurable, transparent et facile à communiquer. C. La définition des cibles D’autre part, si le gouvernement et les collectivités territoriales ont des responsabilités dans la mise en œuvre de certains objectifs, deux questions doivent être posées : i) comment définir les résultats à atteindre pour chaque cible ? ii) comment sélectionner les cibles ? Il existe un certain consensus sur la nécessité de définir des cibles « intelligentes » (smarts) - c’està-dire spécifiques, mesurables, pertinentes et réalisables dans un délai donné. Dans l’idéal, les cibles devraient être limitées en nombre et quantifiables. Les indicateurs doivent prendre appui sur des sources reconnues, être désagrégés, universels (c’està-dire applicable à tous les pays). Il existe actuellement très peu, pour ne pas dire aucune donnée permettant d’apprécier objectivement les ODD dans la commune de Roche-à-Bateau. Pour réaliser des études sur le niveau de vie de la population dans la commune de Roche-à-Bateau, l’enquête effectuée se base sur l’évolution de certains indicateurs visés par le programme CSI et susceptibles d’être impactés par la présence de l’électricité. Vu le caractère complémentaire des ODD par rapport aux OMD, notre étude 32 prend en considération le rapport produit par la Earth Institute 111 pour développer un ensemble d’indicateurs « localisés », susceptibles d’être impactés par la présence de l’électricité et intégrant les dimensions sociale, économique et environnementale. Par conséquent, en tenant compte 1) de la revue de littérature, et 2) de la problématique développée dans ces travaux, les indicateurs de développement suivants nous paraissent les plus pertinents pour illustrer l’évolution des ODD dans la commune de Roche-à-Bateau : A. Productivité agricole (ODD 2) ; B. Activités productrices (ODD 9) ; C. Education (ODD 4) D. Santé (ODD 3) E. Accès à l’eau propre (ODD 6) ; F. Sécurité (ODD 16) ; G. Accès à l’information (ODD 9) ; H. Égalité des genres (ODD 5) ; I. Exode rural (ODD 11) - L’enquête répond à l’objectif de collecter les données permettant d’établir un parallèle entre la situation des conditions de vie « avant » et « après » l’électrification de la commune de Roche-àBateau - L’exécution de l’enquête s’est faite à l’aide du questionnaire et du guide d’entretien élaborés à cet effet (Cfr. Annexe # 2). Le tableau # 13 présente les résultats de l’enquête. - Pour chaque axe stratégique, une appréciation est attribuée à chacun des critères y relatifs (Cfr. Tableau # 12) à la lumière de leur concordance avec les indicateurs du tableau # 13. - Le tableau # 14 illustre le système de pondération de nature quantitative qui attribue un poids ayant la valeur de 0 à 1 pour chaque critère, ce qui permettra de mesurer et de hiérarchiser sur cette base leur impact sur l’évolution des indicateurs de développement. - Il est important de remarquer que cette appréciation comporte une certaine part de subjectivité qui vient principalement du poids accordé à chaque critère pour l’évaluation d’un principe par l’interviewé. 111 Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012. 33 - L’étude d’impact combine donc la mesure des effets du projet d’électrification rurale sur les bénéficiaires à une compréhension des mécanismes comportementaux et/ou environnementaux liant le projet aux changements constatés et nous permet également d’évaluer l’efficacité du projet. - Le tableau # 15 synthétise les résultats et permet d’établir la mesure de l’efficacité du projet : chaque cellule présente l’efficacité spécifique des axes stratégiques par rapport aux indicateurs de développement. Elle est donnée par la formule suivante : ∑ (total score sous-indicateur÷ 3) Efficacité spécifique = ________________________________________________ nombre de sous-indicateurs L’on peut ainsi hiérarchiser les différents paramètres en fonction de l’Efficacité des indicateurs de développement et de l’Efficacité des axes stratégiques (chaque ligne présente les efficacités spécifiques par indicateur associé tandis que chaque colonne, celles de l’axe stratégique associé). En se basant sur l’hypothèse qu’en cas d’efficacité maximale, l’impact du projet sur les indicateurs serait uniformément assuré par tous les axes stratégiques, l’on obtient le résultat de ces 2 paramètres par le calcul de la moyenne arithmétique des efficacités spécifiques. ∑ Efficacité spécifique indicateur Efficacité des indicateurs de développement = ___________________________________________ o e d’axes stratégiques ∑ Efficacité spécifique axe stratégique Efficacité des axes stratégiques = ____________________________________________________ o e d’i di ateu s de développe e t On en déduit la formule de l’efficacité du projet : ∑ Efficacité des indicateurs de développement Efficacité du projet = _____________________________________________________________ o e d’i di ateu s de développement ∑ Efficacité des axes stratégiques = _______________________________________________ o e d’axes st atégi ues 34 Tableau # 13 : Résultat de l’enquête sur les indicateurs de développement à Roche-à-Bateau112 indicateurs ODD a. Productivité agricole Avant Après électrification Sous indicateurs de performance unité Quantité km canaux km 1 3 Quantité hectare irrigué ha 4 7 Guide d’e tretie , uestio Guide d’e tretie , uestio Conditionnement des produits agricoles u 1 4 Guide d’e tretie , o servatio sur le terrain Qté unités recensées (0,5 m3 en moy.) Niveau de production spécifique lbs 200 350 Guide d’entretien, questionnaire Produit de pêche 6 14 Guide d’e tretie , uestio aire Remarques 20 K 75 K Guide d’e tretie , uestio aire 22 35 Earth Institute*, questionnaire aire aire b. Activités productrices (ODD9) Entreprises (business) c. Education (ODD 4) Tau d’ach ve e t pri aire Gdes /an % Nbre enfants scolarisés (primaire) u 3680 4210 Earth Institute*, questionnaire Tau d’ach ve e t secondaire Nbre enfants scolarisés (secondaire) Formation professionnelle % 5 7 Earth Institute*, questionnaire 1171 0 22 25 1600 1 31 40 Earth Institute*, questionnaire Guide d’e tretie Tau d’alphabétisation des adultes Présence d’e seig a ts ualifiés u u % % Fréquentations cliniques Personnel de santé présent u u 90 2 236 5 Guide d’e tretie , uestio aire Guide d’e tretie , uestio aire Santé maternelle u 1 1 Guide d’e tretie Sensibilisation au VIH/SIDA h 0 1 Guide d’e tretie , uestio aire Émissions radio/mois 56 Guide d’e tretie , uestio aire Moyenne cas/année d. Santé (ODD 3) chiffre d’affaires o e Mortalité infantile e. Acc s à l’eau propre (ODD 6) f. Sécurité (ODD 16) Poi ts de ve te d’eau pota le (commercial) Poi ts d’eau (public) h. Égalité des genres (ODD 5) i. Exode rural (ODD 11) % 65 Guide d’e tretie , uestio aire Earth Institute*, questionnaire PME Basé sur moyenne de 5 PME MENFP association CORABEL Tra che d’âge : + 25 Moyenne visite/mois Programme de santé maternelle u 5 18 u 5 5 Questionnaire, observation sur le terrain Guide d’e tretie Éclairage public u 8 30 Questionnaire, observation sur le terrain. Nombre de policiers u 2 5 Bénéficiaires Éclairage électrique u 100 780 Questionnaire, observation sur le terrain Guide d’e tretie , uestio aire Taux électrification % 10 25 Guide d’e tretie , uestio aire CEAC 34 Guide d’e tretie , uestio aire Guide d’e tretie , uestio aire Poste de police Te ps d’a te e/jour Cas d’i sécurité rece sés/a g. Accès à l’i for atio (ODD 9) u Moyens de vérification u 24 Radio h 3 12 Service d’i ter et (cyber café) Service de téléphone (vente) ratio fille garçons dans le primaire ratio fille garçons dans le secondaire Taux alphabétisation chez les femmes ratio femme/homme dans la population alphabétisée u u u u % 0 0 0,79 0,74 30 0 1 0,82 0,78 30 u 0,12 Assainissement % Population ayant accès aux installations sanitaires modernes Emploi chez les jeunes (de plus de 18 ans) CEAC observation sur le terrain observation sur le terrain Earth Institute*, questionnaire Poste de police Nbre de ménages informel Earth Institute*, questionnaire Guide d’e tretie , uestio aire Association paysanne 0,16 Guide d’e tretie , uestio aire Association paysanne 25 60 Guide d’e tretie , uestio aire % 5 12 Guide d’e tretie , uestio aire % 8 20 Guide d’e tretie , uestio aire * : Données issues du rapport de la Earth Institute (2012) présentant la situation « avant électrification ». 112 Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. 35 a. Productivité agricole (ODD 2) Quantité km canaux Quantité hectare irrigué Conditionnement produit agricole Production spécifique (pêche) Entreprises b. Activités productrices (ODD 9) Chiffre d’affaires c. Education (ODD 4) d. Santé (ODD 3) e. Accès à l’eau propre (ODD 6) f. Sécurité (ODD 16) Tau d’ach ve e t pri aire Qté enfants scolarisés (primaire) Tau d’ach ve e t seco daire Qté d’e fa ts scolarisés (secondaire) Formation professionnelle Tau d’alpha étisatio adultes Prése ce d’e seig a ts qualifiés Fréquentations cliniques Personnel de santé présent Santé maternelle Mortalité infantile Poi ts de ve te d’eau pota le (privé) Poi ts d’eau (public) Éclairage public Nombre de policiers Éclairage domestique 1a 1 1 1b 0 0 1c 0 0 2a 0 0 2b 0 0 2 c 3a 3 b 3 c 0 0,25 0,25 0 0 0,25 0,25 0 4a 0 0 4b 4c 0,5 0,75 0,5 0,75 5a 0 0 5b 0 0 0 7. Production électrique de type décentralisé 6. Objectifs de développement durable 5. Incitations aux énergies propres 4. Programme de développemen t rural intégré 3. Concurrence dans le secteur 2. Mécanismes de financement adapté 1. Assistance technique et le renforcement des capacités Tableau # 14 : Appréciation de l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement113 5 c 6a 6 b 6 c 0 0,25 0,75 0,75 0 0,25 0,75 0,75 1 0,25 0 1 0 0,25 1 0 1 0,5 0 0,25 1 0,25 0 0,5 0 0 0 1 0 0,25 0 0 0,25 1 0,25 1 0,5 0,75 0,5 0,75 1 1 0 0 0 1 1 0,5 0,25 0,25 0,5 0,75 0,75 0,25 0,25 0,25 0 0 1 0,25 1 1 0,5 0,5 0,5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,25 0,25 0,25 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,75 0,75 0,5 0,25 0,5 0,25 0,5 0,5 0,25 0,75 1 0,5 0 0,5 0,25 1 0,75 1 0,75 1 0,5 0,25 0,5 0,25 0,5 0,5 0,25 1 1 1 1 0,25 0,75 0,25 1 1 0 0,5 0 0 0,25 0 0 0 0 0,75 0,75 0,5 0 0,5 0,25 1 0,75 1 0 0 0,25 0,25 0,25 0 0 0,5 0,25 0,25 0 0,25 0 0 0,25 0,5 0 0,5 0,25 0,25 0,25 0 0 0 0 0 0 0 1 0,5 1 1 1 0,5 0,5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,5 0,5 0,5 0 0,25 0,25 0,5 0,5 0,5 0,75 1 1 0,5 1 0,25 0,25 0 0,25 0 0,25 0,25 0 0 0 0 0 0 0 0,25 0,25 0,25 0,5 0,5 1 0,5 0 0 0,5 0,5 0,25 0,5 0,25 0,5 0,25 1 0,5 0,5 1 1 0 0 0 1 1 0,5 1 0,5 0 0,75 0,75 1 1 0,25 0 0 0,75 1 1 1 0,75 0,25 0,25 0,25 0,5 0,75 0,5 0,75 1 0 0 0 0 0 0 0,25 0,25 0 0 1 0 0,25 0,5 0,25 0 0,25 1 0 0,5 0,25 0,25 0,25 0,5 1 1 0,25 0 1 0,25 1 1 1 1 1 0 1 0 1 0 1 0,5 1 0 1 0 1 0 0 0 0 0,25 0,25 0 0 0 0 0,25 0,25 0,25 1 0,5 1 1 0,5 0,75 1 1 1 0,75 1 0,25 0 0 0,25 0,75 0,75 0 0,5 0,25 0,5 0,25 0 0,75 0,75 0,5 1 1 0,75 0,75 1 0,5 1 0,25 1 0 1 1 1 0 1 1 0,5 0 0,5 0 0,5 0 1 0 1 0,5 0,25 0,5 7c 0 0 0,5 0,25 0,5 0,25 0,75 0,75 0 1 7b 0 0 0,25 0,25 0,5 0,5 0,5 0,5 0,75 0,5 0,75 0,5 7a 0 0 0 1 0,5 0,25 0,25 0,5 0,25 0,75 1 0,75 1 36 g. Accès à l’i for atio (ODD 9) h. Égalité des genres (ODD 5) i. Exode rural (ODD 11) Taux électrification Cas d’i sécurité rece sés/a Radio Sensibilisation au VIH/SIDA Service d’i ter et (cyber café) Vente de téléphone Ratio fille garçons au primaire Ratio fille garçons au secondaire Taux alphabétisation chez les femmes Ratio femme/homme dans la population alphabétisée Assainissement Installations sanitaires modernes Emploi chez les jeunes ( ≤ X ≤ 4 a s) Niveau d’appréciation d’impact : 113 1 1 0,5 1 0,25 0,75 0 0 0,25 0 0,25 0 0 0,25 0 0,25 1 1 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0,25 1 0,5 0,25 0,5 0 0 0,5 0,25 0 0,5 0 0 0,5 0 0 0,25 0 0 0,25 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0,5 1 1 1 0,75 1 1 1 1 1 1 0 1 0,5 0,5 0 1 0,75 0,5 0 0 0,75 0 1 0,75 1 0 0,75 0,5 0,5 0 0,5 0,5 0 0,25 0,25 0 0 0,75 0,5 0 1 1 1 0 0 0,25 0,75 0 0,5 0,25 0 0 0,25 1 0 0 0,5 1 0 0,5 0,25 0 0 0,25 1 0 0,5 0,25 0,5 0 0,25 0,25 0,75 0,5 0,5 0,5 0 0,5 0,25 0,5 0 0,25 0,25 0,75 0,5 0,5 0,5 0,5 0 0,25 0,75 0,75 0,75 0 0 0,5 0,25 0,25 1 0,25 0,25 0,25 0,25 0 0,25 0 0,25 0 0 0,25 0 0 0 0 0,75 0,25 0,75 0 0,25 0,25 1 0,5 0 0,25 0 0 0,25 0 0 0 0 0,75 0,25 0,75 0 0,25 0,25 1 1 1 0,25 0 0,25 0 0,25 1 0 0 0 0 0 0 0,75 0,5 0 0,5 0,5 1 0,25 0 0,25 0,5 0 0 0 0 0,75 0,25 0,5 0 1 0,5 0,5 0,5 0,5 0 0 0 0 0,25 0,25 0,5 0 0,5 0,5 0,25 0,25 0,25 0 0,25 0,25 0 très fort =1 ; fort = 0,75 ; moyen = 0,5 ; faible = 0,25 ; 1 0 0 0,5 0,25 0,5 0,25 0,25 0,25 0,5 1 0,25 1 0,5 0,75 0,5 nul = 0. Contribution de l’auteur Léonidas Pierre Davoust. 37 Tableau # 15 : Évaluation du projet par la mesure de l’efficacité114 6. Objectifs de développement durable 7. Production électrique de type décentralisé 1. Assistance technique et le renforcement des capacités 2. Mécanismes de financements adaptés 0,80 0,62 0,63 0,85 0,73 0,68 0,40 b. Activités productrices (ODD 9) 0,75 0,46 0,67 0,21 0,42 0,29 0,75 0,51 c. Education (ODD 4) 0.58 0.60 0.73 0.19 0.17 0.23 0.00 0.36 j. Exode rural (ODD 11) 0,53 0,58 0,44 0,28 0,17 0,22 0,17 0,34 a. Productivité agricole (ODD 12) 0,60 0,65 0,15 0,35 0,13 0,13 0,19 0,31 d. Santé (ODD 3) 0,44 0,73 0,48 0,17 0,25 0,08 0,00 0,31 g. Acc s à l’i for atio ODD 0,48 0,29 0,65 0,13 0,19 0,33 0,00 0,29 h. Égalité des genres (ODD 5) 0,50 0,71 0,21 0,08 0,08 0,17 0,00 0,25 e. Accès à l’eau propre ODD 6 0,29 0,25 0,38 0,25 0,17 0,13 0,17 0,23 Efficacité des axes stratégiques 0,55 0,54 0,48 0,28 0,26 0,25 0,19 3. Concurrence dans le secteur 4. Programme de développement rural intégré f. Sécurité (ODD 16) Électrification rurale Roche-àBateau Indicateurs de développement 5. Incitations aux énergies propres Axes stratégiques Efficacité des indicateurs de développement 0,67 0,36 On en déduit que l’efficacité du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau tel qu’implémenté est de 36 %. Somme toute, au vu de la problématique énoncée et des pratiques établies dans le secteur tels que présentées dans la revue de littérature, la section suivante nous propose une analyse spécifique des résultats de l’enquête et de l’évaluation du projet afin d’en tirer les éléments d’appréciation permettant d’améliorer 1) l’impact des axes stratégiques sur les indicateurs de développement et 2) l’efficacité du projet. 114 Contribution de l’auteur Léonidas P. Davoust. 38 N. B. La hiérarchisation proposée par le tableau # 15 établit l’ordre de l’analyse et des discussions qui suivent. 4.2. Analyse et Discussion des résultats de l’enquête En a) le constat sur l’évolution des indicateurs (Cfr. Tableau # 13) décrit la progression du niveau de vie de la population de Roche-à-Bateau tandis qu’en b) l’analyse de la performance des axes stratégiques (Cfr. Tableau # 15) se propose d’établir la corrélation existant entre ces derniers et les indicateurs de développement proposés. a) Constat sur l’évolution des indicateurs 1. Sécurité (ODD 16) À Roche-à-Bateau, principalement dans le quartier de Rosiers, l’opérationnalisation de la CEAC a permis d’installer une trentaine de lampadaires connectés au réseau pour l’éclairage public. Le taux d’électrification est passé de 10 à 25 %. Avant, 8 lampadaires solaires issus du programme « Banm Limye Banm Lavi115 » éclairaient certains points spécifiques de la commune. Dans les ménages, l’éclairage était assuré par des lampes au pétrole lampant pour la plupart. Seule une centaine de maisons possédait un système individuel de type solaire ou diesel. Avec la CEAC, environ 780 ménages bénéficient de l’éclairage domestique et public. Le poste de police enregistre une moyenne de 5 agents régulièrement en service contre 2 avant l’électrification. 34 cas d’insécurité ont été enregistrés en 2016 contre 24 au cours de l’année 2015. 2. Activités productrices (ODD 9) L’enquête a permis de recenser 14 petites et moyennes entreprises (Hôtel, bar, restaurants et boutiques, etc.) qui opèrent du côté de Roche-à-Bateau. Leur chiffre d’affaires moyen est estimé à 75 000 Gdes. Avant l’électrification, seules 6 PME (bar, restaurants, boutiques) pour un chiffre d’affaires moyen de 20 000 Gdes avaient été identifiées dans la zone. 115 Banm Limye Banm Lavi (BL/BL) est un programme national visant à dynamiser le secteur Énergie en Haïti, dont la composante « Limye Pep » vise l’éclairage public. Il fut initié en 2014 par le MTPTC (Ministère des Travaux Publics, Transport et Communications) puis par le BMSE (Bureau du Ministre à la Sécurité Énergétique). Cette composante ciblait les dix départements du pays. 39 3. Education (ODD 4) Du côté de Roche-à-Bateau, les sous-indicateurs tels les taux d’achèvement du primaire et du secondaire (respectivement 22 % et 5 % avant, 35 % et 7 % après l’électrification), le nombre d’enfants scolarisés (respectivement 3680 et 1171 avant, 4210 et 1600 après l’électrification), le nombre d’adultes alphabétisées (22 % avant et 31 % après l’électrification) et la présence d’enseignants qualifiés (22 % avant et 31 % après l’électrification) sont nettement en hausse. À noter que la formation professionnelle est présente par le biais des activités de la CORABEL dans des domaines telles la protection des bassins versants et l’éducation. 4. Exode rural (ODD 11) Un accès accru à l’énergie, et plus particulièrement aux énergies renouvelables, peut avoir un impact socio-économique positif sur la région dans laquelle il est développé116. L’assainissement au niveau de la ville de Roche-à-Bateau présente un pourcentage de 60 % de ménages dotés de latrines dont 26 % sont équipés d’installations modernes. Ce qui dénote une mutation importante dans l’habitat rural quand en 2011 seulement 25 % des ménages possédaient des latrines et 5 % étaient équipés d’installations modernes. 28 % de jeunes peuvent prétendre à un emploi rémunéré dans le contexte d’électrification de la commune de Roche-à-Bateau contre 8 % auparavant. 5. Productivité agricole (ODD 2) Suite à l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau, l’on constate une différence notable au niveau des indicateurs de mesure de la productivité agricole. Celle-ci se justifiant par la mise en place de canaux (3 km contre 1 km avant) pour l’irrigation des terres cultivables (7 ha contre 4 ha avant) proposée dans le cadre des activités de la CSI (Côte Sud Initiative). La présence de l’électricité a permis la mise en place de trois nouveaux systèmes de conservation de produits de pêches en plus de la poissonnerie existante. Ceci a induit une hausse du niveau de 116 Pablo del Río & Mercedes Burguillo, Assessing the impact of renewable energy deployment on local sustainability: Towards a theoretical framework, Renewable and Sustainable Energy Reviews 12(5), 2008, p. 1325-1344. 40 production spécifique (350 lbs contre 200 lbs), les riverains étant à même de pécher plus vu la garantie de conserver et de ne pas être contraints à liquider le fruit de leur labeur journalier. Au niveau du marché, les produits de pêches et féculents (banane, patate, manioc, etc.) constituent, avant et après l’électrification, l’offre proposée par les étalages des vendeurs. Il n’a pas été observé d’augmentation notable de production à ce niveau. 6. Santé (ODD 3) La présence de l’électricité à Roche-à-Bateau coïncide avec l’augmentation de la fréquentation clinique et une présence plus grande du personnel de santé (236 patients et 3 agents de santé répertoriés pour l’année 2015 contre 90 patients et 1 agent de santé en 2011). Le programme de santé maternelle qui existait avant l’électrification est maintenu au niveau du seul dispensaire de la commune et le taux de croissance de mortalité infantile a décru. Un effort de sensibilisation au VIH/sida est constaté avec un temps d’antenne moyen estimé à 1 h/mois à travers la radio desservant la commune. 7. Accès à l’information (ODD 9) L’accès à l’information est matérialisé par la présence d’une radio proposant en moyenne 12 h d’antenne par jour. Avant l’électrification, 3 h d’antenne en moyenne était consacrée à la radiodiffusion. Comme mentionné plus haut, la sensibilisation au VIH/sida y est quelquefois proposée dans des émissions ponctuelles. Il n’y a pas de cyber café ni de magasins de vente de téléphones, mais les opportunités d’en acquérir (inclus smartphones pour l’utilisation de l’internet) à travers des particuliers sont présentes à Roche-à-Bateau. Notons que l’utilisation des systèmes solaires individuels aura un impact significatif sur cet indicateur et ferait office de technologie concurrente au réseau en ce qui a trait à l’utilisation de la radio, de l’internet et des téléphones chez les ménages non desservis par la CEAC. 8. Égalité des genres (ODD 5) Les ratios fille/garçon dans le primaire (0,79) et le secondaire (0,74) ainsi que celui femme/homme dans la population alphabétisée (0,12) enregistrent une légère croissance avec la présence de 41 l’électricité à Roche-à-Bateau (0,82 ; 0,78 et 0,16 respectivement). Par contre, il n’a pas été constaté de différence notable au niveau du taux d’alphabétisation chez les femmes (30 %). Il apparait donc que cet indicateur est révélateur de la vulnérabilité des femmes dans un contexte où il n’y est abordé que dans l’évocation des objectifs de développement durable par le biais des ONG et leur intégration par les institutions internationales œuvrant dans les projets connexes dans la région. 9. Accès à l’eau propre (ODD 6) À Roche-à-Bateau, la vente d’eau traitée en sachets a augmenté depuis la mise en fonction de la CEAC (18 en 2016 contre 5 en 2011), l’électricité favorisant la présence de réfrigérateurs pour l’utilisation commerciale et domestique. L’on peut constater également quelques négoces d’eau purifiée par osmose inverse. 5 fontaines publiques ont été identifiées en différents endroits de la commune. Un projet de mise en place d’un système d’adduction d’eau est en cours d’étude. La mise en place d’un système d’adduction d’eau potable dans des Partenariats Public/Privé (PPP) permettrait non seulement de garantir une meilleure adéquation offre/demande permettant d’assurer la rentabilité des investissements mais surtout de partager la culture de la performance opérationnelle avec le secteur public. b) Analyse de la performance des axes stratégiques du projet d’électrification rurale de Roche-à-Bateau 1. Un programme de développement rural intégré L’Initiative de la Côte Sud (CSI) est un projet multithématique de développement durable financé par l’UNOPS, et opérationnel depuis juillet 2011, une initiative qui porte aussi bien sur l’infrastructure, la santé, l’assainissement, l’éducation et le tourisme 117. Les travaux de la Earth Institute118 ont permis de définir, à partir des résultats d’enquêtes menées, une série d’objectifs incluant : 117 UNOPS, Construire pour un développement durable. Rapport annuel. Haïti, 2012, p. 30-31. 118 Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012. 42 1. L’identification des services à la population tels : réhabilitation d’écoles, formation de travailleurs de santé, mise en place de système d’irrigation innovant, électrification solaire des centres de santé, renforcement des moyens pour la pêche en haute mer, visibilité touristique pour le Sud, installation de stations hydrométéorologiques, etc. ; 2. Un diagnostic détaillé de la région couvrant plusieurs secteurs de manière interdisciplinaire et appuyé par des cartes thématiques facilitant la vue d’ensemble et la prise de décision par les Ministères ; 3. L’identification des besoins, l’établissement de priorités et propositions budgétaires des interventions à mettre en place dans les prochaines années pour chaque secteur en collaboration avec le(s) ministère(s) correspondants. Ces activités profitent grandement à la mise en place de l’éclairage public et privé, ce qui permet d’augmenter le taux d’électrification. L’irruption de petits commerces et entreprises favorise l’accroissement du chiffre d’affaires moyen : l’apparition de bars et restaurants dansants aux heures nocturnes de desserte a été observée. Moins de cas de défections ou d’abandon de poste sont enregistrés au niveau des policiers affectés à la commune de Roche-à-Bateau. À l’exception de l’« accès à l’eau propre » qui apparait comme l’indicateur le moins impacté, tous les autres indicateurs de développement sont touchés de manière appréciable par cette composante de l’électrification rurale (avec une efficacité moyenne de 55 %). Il en ressort que les indicateurs « Sécurité » et « Activités productrices » bénéficient en premier lieu de cette action concertée. 2. Coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les objectifs de développement durable Le comité de surveillance de la CEAC est composé du représentant des autorités suivantes : MTPTEC ; Délégué du CNC dans le département du Sud ; EDH. 43 La CEAC est membre de la NRECA, l’association nationale des coopératives d’électrification rurale des USA. Les coopératives équilibrent le besoin de rentabilité avec les besoins de développement économique et social plus larges de leurs membres et de la communauté dans son ensemble, car les membres sont à la fois des décideurs et des bénéficiaires 119. Pour la mise en œuvre du projet, la CEAC bénéficie du support du gouvernement norvégien, de l’USAID et du support logistique de l’UNOPS à travers le projet CSI (Côte Sud Initiative), Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), du Bureau des Nations-Unies pour les Services d’Appui aux Projets (UNOPS) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de l’Ambassade de la Norvège en Haïti et de Columbia University (États-Unis) en coopération avec les ministères de la Culture, de l’Agriculture et de la Planification. La mise en place des réunions communautaires aide la population à comprendre le fonctionnement de cette coopérative. Cette approche étant nouvelle tant du point de vue organisationnel que technologique, mais tend à choisir des options de développement durable, aide à aborder de nombreuses préoccupations sociales et économiques comme l’identité communautaire et à renforcer le tissu social limitant ainsi le dépeuplement rural120. Ci-dessous sont listés les plus importants projets de l’initiative de la CSI121: Le Millenium Village Project (MVP), un projet réalisé à Port-à-Piment, visant à promouvoir le développement rural via l’éradication de la pauvreté ; La fourniture de cantines scolaires faites avec des produits locaux à l’intention de 51 écoles répertoriées et 9 000 écoliers. Des cuisiniers formés seront en charge de ces cantines ; 119 Hagen Henry et Constanze Schimmel, Des coopératives pour un développement rural axé sur les personnes. BIT. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/documents/publication/ wcms_166002.pdf, 2011, consulté le 19 janvier 2017 120 Ibid. 121 Jean. K. Edmond, Sud : des initiatives en faveur du développement durable, Minustah, Page Web, https://minustah.unmissions.org/sud-des-initiatives-en-faveur-du-developpement-durable, 2012, consulté le 20 octobre 2016. 44 La réduction du taux de mortalité infantile par la mise en place d’un programme de vaccination, de formation de matrones et de soins gratuits pour la population ; La mise en place d’une cartographie des habitats marins en vue d’une gestion durable des ressources, tout en facilitant des moyens de subsistance alternative, projet baptisé « tourisme bleu » en support au Ministère du Tourisme dans sa volonté de transformer la région en une véritable destination touristique ; Lors des installations par la SELF, des membres de la population ont participé à la mise en place de la centrale de production et au réaménagement du réseau. Un ingénieur haïtien s’occupe des opérations d’exploitation de la centrale, trois techniciens de ligne pour les opérations de branchements, de maintenance, de réparation, des agents de sécurité, de manutention, sont tous des recrues locales. On s’aperçoit du fort impact de cette composante sur les indicateurs tels « Santé » et « Égalité de genres » suivis de « Productivité agricole », « Sécurité », « Éducation » et « Exode rural » tandis que « Accès à l’eau propre » et « Accès à l’information » le sont faiblement. 3. Production électrique de type décentralisé Un chemin serpenté jouxtant les pans de montagnes qui montent en escalier jusqu’aux plus hauts sommets du massif de la Hotte couronnant la partie méridionale de l’île d’Haïti longe le bord de mer et relie le regroupement d’agglomérations constituant l’arrondissement des Côteaux. Le réseau électrique desservant cette région est très instable (fluctuations de tension, service intermittent), et les dirigeants de l’EDH se plaignent souvent des extensions irrégulières effectuées à l’initiative des dirigeants politiques pour honorer une promesse électorale ou autres, sans tenir compte des exigences de régulation ou de la saturation de la ligne. À Roche-à-Bateau, la faible densité de population et le bas niveau de consommation sont autant de facteurs qui plaident pour une génération décentralisée de l’électricité. L’enquête de terrain a révélé que la population s’intéresse aux panneaux photovoltaïques mis en place. Les riverains ont même manifesté leur désir de voir les panneaux 45 solaires produire plus d’énergie et ont réclamé la mise en place de batteries de stockage vu que les dépenses en carburant leur paraissaient élevées. En outre, les technologies décentralisées sont particulièrement adaptées aux sources renouvelables, telles que le soleil, la biomasse, ou encore l’énergie hydraulique. Elles sont considérées par des organismes comme la Banque Mondiale 122 ou le GEF(Global Environment Facility) 123 comme une option prioritaire à développer. Le tableau # 16 présente le résultat d’une analyse économique du coût actualisé de l’électricité afin de comparer d’autres alternatives à celui en place : le système photovoltaïque avec stockage et le diesel. Tableau # 16 : Analyse économique du coût actualisé de l’électricité124 Coût (Millier de $ US) Type mini-grid LCOE ($ US/kWh) Investissement Opération et entretien A Hybride PV-diesel 818,68 4425,48 0,28 B PV avec stockage 9733,94 745,61 0,56 607,90 4629,83 0,28 C Diesel Le système hybride PV-diesel est concurrencé par le diesel avec un coût actualisé de l’électricité équivalent de 0,28 $ US. Il s’avère donc que les promoteurs du projet aient fait le bon choix technologique vu qu’actuellement le coût du carburant est subventionné en partie par l’état. L’« Éducation » est l’indicateur le plus touché par la décentralisation de la production électrique, suivi de l’« Accès à l’information » et la « Sécurité ». Par contre la « Productivité agricole » ne semble pas bénéficier de cette composante de l’électrification rurale, de même que l’« Égalité des genres » qui s’en trouve faiblement impacté. 122 Rural energy and development: improving energy supplies for two billion people. Washington, D.C., World Bank, 1996, p. 58-66. 123 Investing in Renewable Energy – The GEF Experience, Washington, DC, 2009, p. 7. 124 Contribution de l’auteur Léonidas P. Davoust. 46 4. Assistance technique et le renforcement des capacités Au niveau de l’État, les articles 5 et 6 du décret du 1er février 2006125 fixant la décentralisation consacrent l’autonomie des collectivités territoriales dans la prise de décisions relatives aux services publics. L’article 23 stipulant qu’elles peuvent se regrouper suivant les intérêts locaux ou l’intérêt général pour réaliser des activités de développement. L’adhésion des bénéficiaires passe par leur implication dans la définition du projet et dans sa réalisation. L’idée de la création d’une coopérative semble adaptée et recommandée comme plateforme de processus décisionnel parmi les modes de regroupements en vigueur dans le milieu rural. Le principe de représentativité par une assemblée générale de neuf (9) membres à l’issue d’un vote témoigne de l’engagement de la population dans les choix. La CEAC, qui compte trois (3) années d’existence, est encore sous la tutelle administrative de la NRECA qui dirige et subventionne les opérations d’exploitation jusqu’en 2020, date prévue pour atteindre la masse critique d’usagers permettant à la coopérative électrique de s’autofinancer. À ce sujet, les réunions en assemblée sont toujours houleuses suite à des divergences de point de vue entre les promoteurs du projet et les bénéficiaires. Le niveau d’implication est donc limité, car le concept est nouveau et nécessite une période d’apprentissage et d’assimilation des méthodes et techniques de gestion de coopérative d’électricité grâce au support de la NRECA qui compte à son actif une expérience de plus de 75 ans dans le domaine. NRECA est présente dans 64 % du territoire Américain et elle a permis l’implantation de coopérative d’électricité en Amérique latine, Asie et Afrique. La gestion d’une coopérative d’électricité fait appel à des compétences particulières. Les connaissances acquises (gestion, comptabilité, électricité, mécanique, soudure, etc.) lors de ces formations profiteraient aux jeunes de la localité et pourraient ensuite être réutilisées dans d’autres domaines (entrepreneuriat, offre de service dans les domaines cités), élargissant ainsi l’impact potentiel des notions acquises. La mise sur pied d’écoles techniques et autres aiderait à perpétuer la participation 125 Le Moniteur, Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […]. 30 Mai 2006, 161e année, No 49, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2006. 47 locale au développement de la coopérative. Comme l’affirme Zomers126, le processus d’information, de sensibilisation et d’éducation est une condition nécessaire à l’adoption par la population de toute nouvelle technologie. Les indicateurs « Sécurité » et, dans une moindre mesure la « Productivité agricole » sont touchés par l’assistance technique et le renforcement de capacités. Le constat global est le faible impact sur les autres indicateurs. 5. Mécanismes de financement adaptés Le tarif en vigueur est de 21 Gdes/kWh pour les usagers à 120 V et 25 Gdes/kWh pour ceux à 240 V incluant l’éclairage public. Des frais de raccordement de 77 Gdes et 113 Gdes (respectivement 120 et 240 V) leur sont imputés. Rappelons que le coût d’investissement est un don et que les coûts d’exploitation sont supportés par la NRECA jusqu’à l’atteinte du seuil de rentabilité fixé à 2020. Ce tarif est plus élevé que celui de l’EDH pour les abonnés du secteur résidentiel dont les coûts de production sont en grande partie couverts par la subvention de l’État. Le réseau compte plus de 700 abonnés connectés et environ 300 demandes en attente. Un total de 1 600 connexions est prévu d’ici la fin de l’année. Lors de la dernière assemblée, les membres présents ont soulevé l’impossibilité pour certains riverains de payer les frais de raccordement et ont exigé son annulation et la baisse du tarif à 15 Gdes/kWh. Le représentant de la NRECA en Haïti leur a expliqué qu’une étude avait été réalisée et qu’il serait préjudiciable à l’équilibre financier du système d’envisager cette réduction. Ceci malgré la campagne d’information et de sensibilisation sur l’efficience des systèmes à compteur prépayé leur permettant de réduire la consommation d’électricité. La présence d’une politique d’accès au crédit, ou encore la possibilité d’un paiement échelonné des frais de raccordement, la subvention croisée avec tarif sectaire permettraient de financer le raccordement des riverains les plus défavorisés. Rappelons que le protocole d’accord (non encore signé) entre la NRECA et MTPTC bannit la possibilité d’une subvention de l’État. 126 Rural Electrification: Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press, Enschede, Pays-Bas, 2001, p. 73. 48 L’implication des coopératives opérant dans les localités touchées par le projet permettrait d’exploiter la solution « progression pas-à-pas » pour financer l’accès à ceux ayant un historique de crédit dans la zone. À ce sujet, une petite enquête dans la zone a permis de répertorier les institutions suivantes œuvrant dans le secteur du crédit : CECAP de Port à Piment affilié à FECAPH (fédération nationale des caisses populaires), CECC et CPCS (caisse populaire de la côte sud) de Chardonnières. Un peu plus loin à Camp-Perrin, CAPOSUD (Caisse Populaire de la Côte Sud), FONKOZE (Fondation Kolé Zépol), CAPOSAC (Caisse Populaire Sainte-Anne de Camp-Perrin) affilié à la ANACAPH (Association nationale des caisses populaires haïtienne) pour le Sud. Dans la localité des Côteaux (Roche-à-Bateau, Port-à-Piment, Aux Côteaux), il existe une demande pour l’accès à l’électricité : un projet antérieur d’éclairage domestique avait obtenu l’adhésion des riverains de Damassin 127, ce qui signifie que le besoin existait, la population étant impatiente et désespérée de voir aboutir les promesses d’électrification par l’extension de la ligne MT venant de PortSalut ou encore le début du projet de la CEAC. Parmi les indicateurs de développement, seule la « Sécurité » par le biais de l’éclairage semble bénéficier de manière conséquente de l’apport des mécanismes de financement mis en place. Les « Activités productives » suivent alors que la « Productivité agricole » et « Égalité de genres » sont les indicateurs les plus faiblement impactés. 6. Politiques d’incitation au développement des énergies propres Les riverains de la localité de Roche-à-Bateau achetaient du kérosène pour l’éclairage de leurs maisons et du charbon de bois pour la cuisson des aliments, grevant de manière indécente leurs faibles revenus sans compter les conséquences sur l’environnement. Les écoles et le dispensaire consacraient leurs rares ressources à l’acquisition de gazoline ou diesel pour être utilisé avec des génératrices. Le photovoltaïque, bien qu’il s’agisse d’une technologie vieille de 50 ans, posait encore de nombreux problèmes de fiabilité dans les années 90. Les nombreuses recherches et études ont certainement 127 Ce projet consistait à éclairer les maisons et rues de Damassin à l’aide de petits systèmes solaires moyennant un paiement de 5 à 10 Gdes par jour. 49 renforcé la maturité de cette technologique. Celle-ci est en effet disponible commercialement et est largement diffusée à travers le monde de nos jours. Les micro-réseaux hybrides ont déjà démontré leur fiabilité et leur durabilité 128. La fiabilité est une condition sine qua non à la diffusion d’une technologie. Ce qui réduit la probabilité de panne du système. Pour le système PV, tous les composants (principalement, les cellules PV, le système de contrôle) sont statiques et leurs rôles facilement appréhendables. La ressource solaire est présente sur toute l’étendue du territoire, ce qui rend éligible la majeure partie des communes d’Haïti à son utilisation. Des séminaires de formations sur les techniques solaires pullulent un peu partout à travers le pays ce qui illustre le niveau de vulgarisation et la facilité d’appropriation de cette technique. Paradoxalement aucune initiative du genre n’est enregistrée au niveau de la commune de Roche-à-Bateau. Dans le cas du générateur diesel, la technologie des moteurs à combustion interne étant très répandue, il est peu probable qu’elle pose problème. Ce qui en fait une technologie accessible pour les non-spécialistes et garantit son appropriabilité. Contrairement à la « Sécurité », nous constatons que la « Santé », la « Productivité agricole » et l’« Accès à l’eau propre » sont faiblement touchés par cette composante de l’électrification rurale. 7. Ouverture du secteur à la concurrence Le secteur électrique en Haïti est caractérisé par le monopole étatique qu’exerce l’état haïtien à travers la compagnie nationale EDH tel que prévu les décrets du 16 juin 1977129 et du 11 septembre 1989130. Les nouveaux décrets régissant le secteur de l’énergie électrique et créant l’ANARSE131 ne sont pas encore effectifs sur le plan institutionnel, bien qu’ayant force de loi. L’article 4 du décret régissant le secteur de l’électricité assortit l’exploitation du service d’électricité à l’obtention d’une 128 Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau, 2007, p. 22. 129 Le Moniteur, […], décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et commercial, dénommé Électricité d’Haïti [….], 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1977. 130 Id., Décret aménageant la structure organisationnelle de l’Électricité d’Haïti […], 144e année. No 70, 1989. 131 Id., Décret régissant le secteur de l’électricité […]. 3 février 2016. 179 e année. No 23, 2016. 50 licence. Une proposition d’accord entre la CEAC et le gouvernement haïtien a été soumise en ce sens, mais n’a pas encore été officiellement validée. La CEAC bénéficie toutefois de l’autorisation des mairies de Roche-à-Bateau et Port-à-Piment, mais pas encore celle des Côteaux. Les articles 25 et 112 du décret du 1er février 2006132 sur la décentralisation consacrent la place des communes dans la production et la commercialisation de l’énergie électrique. L’article 25 dudit décret cite nommément : « Les Collectivités territoriales peuvent créer des entreprises et passer des contrats de gestion avec des entreprises privées ou coopératives pour l’exploitation de biens publics ou la gestion de services publics, dans les conditions prévues par la loi ». Au niveau du CNC (Conseil National des Coopératives) dont la CEAC est membre, il faut renforcer également le cadre jusque-là priorisant la règlementation régissant les coopératives d’épargne et de crédit pour une meilleure reconnaissance (en dehors de la NRECA au niveau international) permettant à la CEAC de bénéficier et jouir des prérogatives liées à son statut tels les mécanismes d’entraide coopérative pour s’attaquer aux défis du développement comme le chômage, l’absence de protection sociale, le manque d’autonomie et la pauvreté. L’état à travers la CNC se doit d’offrir un appui particulier aux coopératives qui pourvoient à des besoins sociaux et publics précis (l’électricité dans ce cas-ci) et dont les activités profitent aux groupes ou régions défavorisées. La redéfinition du cadre législatif et règlementaire du secteur de l’énergie, le dégroupage de l’opérateur historique tels que proposés par le décret créant l’ANARSE prendront un certain temps pour obtenir l’adhésion des acteurs et arriver à un ensemble complet et adapté de règlements efficaces. Face à l’insuffisance des textes règlementaires d’application, le flou institutionnel et l’absence de structure organisationnelle de l’ANARSE, la forte implication de l’État demeure tant que les forces du marché ne jouent pas pleinement leur rôle. La libéralisation de ce marché de fourniture de service public permet néanmoins à la CEAC de maintenir le cap même si les contraintes conjoncturelles se modifient. 132 Id., Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […]. 30 Mai 2006, 161 e année, No 49, 2006. 51 Le montage institutionnel de la CEAC (coopérative d’électricité) lui permet de disposer d’outils de pilotage et de contrôle de gestion plus efficaces. Contrairement aux modèles de centrales assistées mis en place par l’État, la culture du résultat est de plus en plus présente. Ce qui profite aux « Activités productrices » et dans un second temps à la « Sécurité ». L’« Exode rural », la « Productivité agricole » et « Accès à l’eau propre » sont faiblement impactés. Notons que « Éducation », « Santé », « Accès à l’information » et « Égalité des genres » ne bénéficient nullement de l’apport de cet axe stratégique. 52 Chapitre 5 : Conclusions et recommandations 5.1. Rappel de l’objet de recherche Un pouvoir d’achat très faible lié à la sous-productivité et à l’insuffisance des revenus de la production agricole, l’isolement et la dispersion des habitats illustrent le paysage rural haïtien. Le pétrole et le charbon de bois prédominent comme sources d’énergie avec leurs conséquences négatives sur l’environnement. La situation socio-économique est caractérisée par un niveau d’éducation médiocre, l’enclavement culturel, l’accès limité à certains médicaments faute de moyens de conservation et la migration vers les zones urbaines. La satisfaction des besoins de base de la population rurale haïtienne, qui est dans sa grande majorité amputée de l’accès aux ressources énergétiques durables et abordables, passe par l’exploitation des technologies liées aux énergies renouvelables, la réforme du secteur de l’électricité, un cadre règlementaire et des mécanismes de financements adaptés pour lui faciliter l’accès à l’électricité. 5.2. Retour sur les hypothèses et contributions-clés L’étude de l’évolution des objectifs de développement durable grâce à l’apport de l’électricité dans la commune de Roche-à-Bateau nous a permis d’effectuer les remarques suivantes concernant les indicateurs les plus faiblement impactés : - Dans le cas de l’« Accès à l’eau propre » et de la « Productivité agricole », la présence de pompes électriques (solaire ou à carburant dans les zones non électrifiées) aurait eu un impact plus poussé sur le pompage de l’eau et l’irrigation des terres agricoles. La participation du secteur privé (Partenariat Public Privé) dans la mise en place d’un système d’adduction d’eau potable, ainsi que l’implication et le renforcement des coopératives présentes dans les domaines agricoles inciteraient à la hausse des efficacités spécifiques associées à ces deux indicateurs. - L’« Égalité des genres » : Une prise en compte de la problématique du genre par les instances dirigeantes tant locales que nationales, mais aussi par la société civile dans son ensemble s’avère 53 indispensable à l’évolution de cet indicateur vu que la présence de l’électricité favorise l’autonomie de la femme et propose une meilleure politique éducative pour les filles 133. - Pour faciliter l’« accès à l’information » via l’utilisation des radios, téléphones, ou même l’internet, il s’avère impératif de mettre en place de mécanismes de financements innovants et adaptés à la diversité socio-économique de la région afin de permettre aux riverains d’accéder au crédit. En ce sens, une politique de subvention qui profiterait aux plus pauvres pour l’acquisition de petits systèmes solaires individuels viendrait appuyer cette initiative. Pour garantir la pérennité des investissements, la formation de techniciens pour la maintenance des systèmes s’impose comme une nécessité. Il est intéressant de constater que la majorité des axes stratégiques issus de l’analyse SWOT trouvent leur justification dans la mise en place de l’électrification de la commune de Roche-à-Bateau, confirmant l’hypothèse opérationnelle établie. Ce qui a permis de souligner certaines faiblesses dans la mise en œuvre du projet et de produire les recommandations suivantes : - « Concurrence dans le secteur » : L’effectivité des décrets de février 2016 constituerait un pas important pour que le secteur s’ouvre aux disponibilités financières, techniques et organisationnelles tant nationales qu’internationales. L’harmonisation des textes de loi implique également du MPCE via la CNC un ajustement du cadre régissant les coopératives de services, car ceux en place ne traitent pour la plupart que des coopératives d’épargne et de crédit. - « Incitations aux énergies propres » : Aucune incitation fiscale ni mesure particulières ne sont prévues au niveau du cadre règlementaire en vigueur pour favoriser le développement des énergies renouvelables et parallèlement celui du solaire 134. La volonté politique constitue un des éléments-clés du développement de l’électrification rurale 135, il incombe donc aux instances dirigeantes haïtiennes 133 Gunnar Köhlin, et al., Energy, Gender and Development, What are the Linkages? Where is the Evidence? Paper No 125, 2011, p. 47-48. 134 Une proposition de loi visant à annuler les taxes douanières sur tout équipement favorisant le développement des énergies renouvelables se retrouve dans la loi des finances 2017-2018 pour approbation par le parlement. 135 René Massé, Financer le développement de l’électrification rurale, éditions du GRET, 2004, p 14. 54 de s’aligner sur les prescrits des accords sur le changement climatique en créant le cadre incitatif au développement et au financement des énergies renouvelables. - « Mécanismes de financements adaptés » : Les conditions de participation du financement extérieur en l’absence de capitaux publics sont un des points les plus délicats de ce genre d’initiative . L’attractivité d’une localité aux investissements dépendra en premier du degré de confiance, de sécurité et de la force des institutions partenaires. - « Assistance technique et le renforcement des capacités » : Les modalités de mise en place pour la gestion participative et l’inclusion des diverses parties prenantes sont des garanties de transparence dans le processus impliquant la fourniture d’un bien de service public. Notons cependant le manque de compétences au niveau du personnel concerné de la mairie qui représente l’instance étatique directement concernée par le bien-être de la localité. Les collectivités se doivent de réagir en conséquence pour faire valoir leur capacité à développer les localités, prérogative que leur confère la loi. 5.3. Limites des résultats de la recherche Les travaux de recherche effectués dans le cadre de ce mémoire se sont heurtés à certaines limitations qui pourraient constituer des biais au résultat de l’enquête. Outre les problèmes tels l’éloignement du terrain, les nécessaires allers-retours, le choix et la sélection de l’échantillonnage, l’étude réalisée nous a confronté aux aléas du recours aux approches qualitatives du fait notamment de la difficile conciliation des comparaisons entre la situation « avant » et « après ». L’adaptation des guides d’entretien aux sensibilités locales, la diversité des modes d’accès aux interviewés, les inégales possibilités d’accès aux données, l’hétérogénéité relative des situations analysées et des documents disponibles ont rendu l’expérience bien souvent éreintante. Au niveau quantitatif, nous sommes conscients que certains aspects n’ont pas été abordés ici telle la pondération de chaque axe stratégique à l’apport de la performance globale du projet. 55 5.4. Perspectives de la recherche Ce travail de recherche s’avère à la fin être d’un intérêt marquant tant du point académique que pratique, car il s’agit d’un diagnostic qui permettra aux gestionnaires responsables, décideurs publics et bailleurs de fonds du projet CSI de corriger les insuffisances et de réorienter le cadre conceptuel même lorsque celui-ci se révèle être en phase avec les objectifs portant sur l’amélioration des conditions de vie de la population de Roche-à-Bateau. Il serait intéressant pour les gestionnaires de projet de tester les outils développés dans le cadre de la mesure d’efficacité d’autres projets. La prise en compte de ces recommandations, dans la mesure du possible, permettra aux communautés rurales, décideurs publics, bailleurs de fonds et gestionnaires de projets liés au développement non seulement de la commune de Roche-à-Bateau, mais aussi des autres régions du monde rural haïtien, d’aborder l’électrification rurale dans une perspective d’amélioration des conditions de vie des populations pauvres. 5.5. Conclusion générale S’il semble avéré que l’accès à l’électricité ait permis d’améliorer l’évolution des indicateurs de développement dans la commune de Roche-à-Bateau, il n’en demeure pas moins qu’une amélioration du niveau de vie est plus évidente lorsque l’électrification rurale est abordée d’un point de vue systémique. Pour répondre à l’hypothèse de départ, nous pouvons conclure que l’accès à l’électricité est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour engendrer la plus-value essentielle à l’évolution des objectifs de développement durable dans le milieu rural haïtien. Bien que prématuré pour juger des impacts réels, le cas de la commune de Roche-à-Bateau le confirme : aucune action isolée d’électrification rurale ne produira l’effet escompté c.-à-d. permettre à la population de jouir des bienfaits de l’électricité tout en améliorant leurs conditions de vie. La prise en compte du caractère inclusif des axes stratégiques se révèle être un impératif dans l’implémentation des projets d’électrification rurale : la « Coopération étroite avec tous les partenaires pour atteindre les Objectifs de Développement Durable » pour la mise en œuvre des « Programmes de développement rural intégré » aiderait à développer l’« Assistance technique 56 et le renforcement des capacités ». L’élaboration de processus d’appels d’offres appuyés par des « Politiques d’incitations au développement des énergies propres » et des « Mécanismes de financement innovants » servirait à dynamiser la « Concurrence dans le secteur » de la « Production électrique de type décentralisé » et ainsi proposer des alternatives technologiques adaptées à la diversité socio-économique de la région. 57 Références bibliographiques Aktouf, O., Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, Les presses de l’Université du Québec, Québec, 1987, 231 p. Benicourt, E., La pauvreté selon le PNUD et la Banque mondiale, Études rurales. 159-160 | 2001, 2001. Bernard, T., Études d’impact des programmes d’électrification rurale en Afrique subsaharienne, AFD no 3. Paris France, 2010, 25 p. Bernier, J., Problématique de développement de la région de Bolama (Guinée-Bissau), Revue internationale des sciences du développement, Université Catholique de Louvain, Vol. XVI, no 1, 1984. Cabraal, R. A., D. F. Barnes, & Agarwal S. G., Productive uses of energy for rural development. Annual Review of Environment and Resources 30: 117-144, 2005. CEA, Des objectifs du millénaire pour le Développement aux objectifs de Développement durable : parcours et efforts supplémentaires des pays de l’Afrique de l’Ouest pour un rendez-vous réussi en 2030, Nations-Unis, 2016. Club-ER, Le Partenariat Public-Privé dans les programmes d’électrification rurale en Afrique, Union Européenne, 2010. del Río, P. & Burguillo, M., Assessing the impact of renewable energy deployment on local sustainability: Towards a theoretical framework. Renewable and Sustainable Energy Reviews 12(5): 1325-1344, 2008. Dumez, H., Qu’est-ce que la recherché qualitative ?, Le Libellio d’AEGIS, Vol. 7, n° 4 – Hiver, 2011, p. 47-58. Earth Institute, Étude de Base Integrée, Dix communes de la côte sud-ouest, Département du Sud, Haïti, 2012. Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau, Formal Report 324/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale, 2007a. Esmap, Stratégie pour l’Allègement de la Pression sur les Ressources Ligneuses Nationales par la Demande en Combustibles, ESMAP Technical Paper 112/07 FR, Washington DC, Banque Mondiale, 2007 b. 58 Gagnon, Y. C., L’étude de cas comme méthode de recherche, Les presses de l’Université du Québec, 2005, 128 p. GEF, Investing in Renewable Energy – The GEF Experience, Washington, DC, 2009. Geres, Guide pédagogique Energie durable en Afrique rurale, Marseille, France, 2009. Gilles, D., Les filières rurales haïtiennes ; rapport de synthèse ; identification des créneaux potentiels dans les filières rurales haïtiennes ; MARDNR/BID, Port-au-Prince, Haïti, 2005. IEG, The welfare impact of rural electrification: a reassessment of the costs and benefits, World Bank, 2008. IHSI, Enquête sur les conditions de vie en Haïti, Port-au-Prince, Haïti, 2001. Kanagawa, M. and T. Nakata, Assessment of access to electricity and the socioeconomic impacts in rural areas of developing countries, Energy Policy 36(6): 2016-2029, 2008. Kanagawa, M. and T. Nakata, Analysis of the energy access improvement and its socio economic impacts in rural areas of developing countries, Ecological Economics 62(2): 319-329, 2007. Köhlin, G., Sills, E. O., Pattanayak, S. K., & Wilfong, C., Energy, Gender and Development, What are the Linkages? Where is the Evidence? Paper No 125, 2011. Le Moniteur, Décret aménageant la structure organisationnelle de l’Électricité d’Haïti […], 11 sept. 1989, 144e année, No 70, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1989. Le Moniteur, Décret créant un Organisme Autonome, public et national, à caractère industriel et commercial, dénommé Électricité d’Haïti [….], 16 juin1977, 132e année, No 39, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 1977. Le Moniteur, Décret fixant l’organisation et le fonctionnement des sections communales […], 30 Mai 2006, 161e année, No 49, Port-au-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2006. Le Moniteur, Décret régissant le secteur de l’électricité […], 3 février 2016, 179e année, No 23, Portau-Prince, Haïti, Presses Nationales, 2016. Learned E. P., Christensen C. R., Andrews K. R. et Guth W. D., Business Policy, text and cases, Richard D. Irwin., 1965. Mintzberg H., Grandeur et décadence de la planification stratégique, Dunod, 1994. Modi, V., S. McDade, D. Lallement, J. Saghir, Energy Services for the Millenium Development Goals, Banque mondiale et PNUD, Washington D.C., 2005, 116 p. 59 MTPTC, Avant-projet de politique énergétique de la République d’Haïti, ébauche 9, Port-au-Prince, Haïti, 2012. MTPTC, Haïti : Plan de Développement du Secteur de l’Énergie 2007–2017, Port-au-Prince, Haïti, 2006a. MTPTC, Stratégie de développement du sous-secteur de l’Électricité en Haïti (2006 à 2011), Port-auPrince, Haïti, 2006 b. Onesias, G., Valorisation de la biomasse-énergie en Haïti : analyse de la situation et perspectives d’amélioration, Mémoire de master, UCL, Belgique, 2009. Parize, C., Fabriquer ensemble la stratégie : D'une démarche de Prospective Stratégique à une plateforme d'Open Strategizing " chez BASF Agro de 1995 à 2012, Thèse de doctorat, Gestion et management, Université Paris Dauphine - Paris IX, 2012, Français, 2013. PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy. USTEA, États-Unis, 2012. Porter M., Choix stratégiques et concurrence. Techniques d’analyse des secteurs et de la concurrence dans l’industrie, Économica, 1982. Rocher, G., Introduction à la sociologie générale, éd. H.M.H, Paris, 1968. UNOPS, Construire pour un développement durable. Rapport annuel, Haïti, 2012. World Bank, Rural energy and development : improving energy supplies for two billion people, Washington, D.C., World Bank, 1996. Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C., 2014. Yin Robert K., 3rd ed., Applications of Case Study Research, Thousand Oaks (CA), Sage Publications, 2012. Zomers, A. N., Rural Électrification : Utilities' Chafe or Challenge, Twente University Press, Enschede, Pays-Bas, 2001. Sources internet : Banque Mondiale, 15 ans de réforme pour améliorer le climat des affaires, Page Web, http://www.banquemondiale.org/, 2017a, consulté le 4 novembre 2017 60 Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, Énergie et Mines, 2017b, consulté le 5 octobre 2017. Batraville D., Vers la côte Sud d’Haïti : En route pour Roche-à-Bateau. Haïti Press network. http://www.hpnhaiti.com/site/index.php/tourisme/3839-vers-la-cote-sud-dhaiti-en-route-pourroche-a-bateau, 2011, consulté le 19 janvier 2017. BME, Énergie et environnement en Haïti. Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016 b, consulté le 27 août 2016. BME, Diagnostic du secteur de l’énergie. Page Web. http://bme. gouv.ht/energie/diagnost.html, 2016a, consulté le 27 août 2016. EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016. Edmond, J.K., Sud : des initiatives en faveur du développement durable, Minustah. https://minustah.unmissions.org/sud-des-initiatives-en-faveur-du-developpement-durable, 2012, consulté le 20 octobre 2016. Geffrard R., Roche-à-Bateau, l’autre partie d’Haïti qu’il faut visiter. Le Nouvelliste, http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/161612/Roche-a-Bateau-lautre-partie-dHaiti-quil-fautvisiter, 2008, consulté le 5 octobre 2017. Germain, E., Le point sur les Objectifs de développement durable (ODD), Haïti a des défis à relever, Le National. http://www.lenational.org/point-objectifs-de-developpement-durable-odd-haiti-a-defisa-relever/, 2016, consulté le 12 août 2017. Global Task Force, Agenda post 2015, Comment définir les cibles et les indicateurs ?, Document en PDF, https://www.uclg.org/sites/default/files/indicateurs_pour_localisation _agenda_ post2015.pdf, 2014, consulté le 12 août 2017. Haïti Libre, Haïti - Social : Projet de coopérative électrique dans le Sud d’Haïti, Page Web, http://www.haitilibre.com/article-9122-haiti-social-projet-de-cooperative-electrique-dans-le-sud-dhaiti.html, 2013, consulté le 10 Décembre 2015. Henry H. ; Schimmel C., Des coopératives pour un développement rural axé sur les personnes. BIT., http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/documents/publication/ wcms_166002.pdf, 2011, consulté le 19 janvier 2017. IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm., Indicateurs démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016. 61 Le Nouvelliste, Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD, Page Web, http://lenouvelliste.com/article/173428/ Avec 144,2 milliards de gourdes, Haïti est loin des ODD !, 2017, consulté le 05 octobre 2017. Massé, R., Financer le développement de l’électrification rurale, Coll. Études et Travaux, série en ligne n°2, Éditions du Gret, www.gret.org, 2004, 108 p. Nations-Unis, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable, Johannesburg, Document en PDF, https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Johannesburg_2002.pdf, 2002, consulté le 20 octobre 2016. Nations-Unis, Comprendre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), Page Web, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/background.shtml, 2016, consulté le 20 octobre 2016. Noël, R., Pressoir, G., Les Biocarburants, une solution pour Haïti, Document en PDF, http://www.chibas-bioenergy.org/Biocarburants.pdf, s.d., consulté le 27 août 2016. PNUD, À propos d’Haïti, Page Web, http : ww.ht.undp.org/content/haiti/fr/home/country info.html, 2016, consulté le 20 octobre 2016. Pathé B. Dieng, Énergie solaire et développement productif des technologies modernes dans le monde rural africain, Page Web, http://africasolaire.blogspot.com/2011/02/energie-solaire-et- developpement.html, 2011, consulté le 27 août 2016. Texier, P., Guittet M., Capezzali, M., Le Jatropha, une plante écologique et un biocarburant durable, Document en PDF, https://www.researchgate.net/publication/312941618, 2005, consulté le 27 août 2016. Wordpress, Parlons énergie, Page Web, https://parlonsenergie.wordpress.com/2013/ 05/12/ lien-entrelenergie-et-le-niveau-de-vie/, 2013, consulté le 27 août 2016. 62 Annexes I Annexe 1 Résumé du secteur de l’énergie en Haïti Tableau # 4 : structure détaillée des capacités de production PAP et les provincesi Unité de production Localisation Propriété Sources Capacité installée (MW) Capacité d’exploitation (MW) Varreux CArrefour Peligre Sogener PAP PAP PAP PAP (varreux) Distillat Distillat Hydro Distillat 68 48 54 40 34 24 26 20 E-Power Centrale Jose Marti Centrale Simon Bolivar PAP Cap Haitien Gonaïves EDH EDH EDH Sogener (IPP) IPP IPP IPP Fioul Lourd Fioul Lourd Fioul Lourd 30 15 15 30 15 15 Centrale Alexandre Pétion Carrefour IPP Fioul Lourd 30 30 Centrales LE GRAND NORD i Statut Cap-Haïtien PBM Puissance installée (kW) 13600 Caracol (Hydro) 800 EDH Plaisance 60 Centrale assistée Pilate 100 Centrale assistée Pignon 300 Centrale assistée Dondon 150 Centrale assistée Fort-Liberté 500 EDH Chevry 5750 EDH Trou du Nord 420 EDH Ste-Suzanne 80 Centrale assistée Capotille 100 Centrale assistée Mont Organisé 175 Centrale assistée Gonaïves 13600 (Pétion Bolivar Marti) (Pétion Bolivar Marti) EDH, Nos énergies. Page Web. http://www.edh.ht, 2016, consulté le 20 octobre 2016. II LE GRAND SUD Drouet (Hydro) 2000 EDH Délugé (Hydro) 1100 EDH St-Marc 2500 EDH Gros-Morne 250 Centrale assistée Ennery 100 Centrale assistée Marmelade 300 Centrale assistée Port-de-Paix 3700 EDH Anse-à-Foleur 150 Centrale assistée Bassin Bleu 350 Centrale assistée Chansolme 350 Centrale assistée Bombardopolis 200 Centrale assistée Jean Rabel 500 Centrale assistée Centrales Puissance installée (kW) Statut Cayes 10000 IPP (HAYTRAC) Saut-Mathurine 1600 (Hydro) EDH St-Louis du Sud 100 Centrale assistée Coteaux 125 Centrale assistée Roche-à-Bateau 100 Centrale assistée Port-à-Piment 200 Centrale assistée Tiburon 150 Centrale assistée Aquin 600 EDH Jérémie 3650 EDH Anse d’Hainault 150 Centrale assistée Dame Marie 225 Centrale assistée Anse-à-Veau 100 Centrale assistée Petite-Rivière de Nippes 150 Centrale assistée Petit Trou de Nippes 150 Centrale assistée Baradères 100 Centrale assistée L’Asile 240 Centrale assistée Arnaud 150 Centrale assistée III CENTRE OUEST Petit-Goâve 10000 Centrale assistée Jacmel 4650 EDH Bainet 150 EDH Gaillard 500 (Hydro) EDH Thiotte 132 Centrale assistée Belle-Anse 100 Centrale assistée Anse-à-Pitre 150 Centrale assistée Centrales Puissance installée (kW) Statut Péligre (Hydro) 47000 EDH Onde-Verte (Hydro) 650 EDH Anse-à-Galets 425 EDH Arcahaie 2000 EDH Pointe-àRaquettes 60 Centrale assistée Tableau # 5 : Indicateurs énergétiques d’Haïti comparé aux pays de la Caraïbesii a) Kgep/habitant (2014) b) Kgep/1000$ (2014) c) KWh/habitant (2014) (*) Haïti Cuba Jamaïque 393 237.7 39 1 023 51 1 434 981 121.9 1 056 République Dominicaine 734 58.1 1 578 ii Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust à partir des données issues de : « Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre 2017. » IV Figure # 2 : Répartition consommation électrique par secteur-2011iii Industrial 20% commercial 15% Residentiel 60% Services 5% Figure # 3 : tarification résidentielle région Caraïbes-2009 (us cents/KWh)iv Bermudes Iles Caimans Turks & Caicos St. Martin Grenade Barbade Antigua Jamaique Curacao Aruba Guadeloupe St Lucie Bahamas Haiti Tri idad &… Suriname 0 iii iv 10 20 30 40 50 60 70 Worldwatch Institute, Feuille de route pour un système énergétique durable en Haïti, Washington, D.C., 2014, p.45. Ibid, p.31. V Tableau 6 : Ventilation du niveau d’accès à l’électricité par département d’Haïtiv Ouest Nord Artibonite Centre GrandeAnse Nordest Sud Sudest Nordouest 58% 16% 15% 13% 11% 9.3% 9.1% 8.7% 2.3% Figure # 4 : Répartition consommation électricité en Haïtivi acces urbain 33% sans acces rural 33% acces rural 5% sans acces urbain 29% Tableau 7 : Liste de certains décideurs du secteur énergétique en Haïtivii v Sous-secteur Institutions Biomasse, Bio énergie Produits pétroliers Electricité Energie renouvelable Stratégie politique, Accords, Règlementation, Supervision MARNDR MCI, MEF-BME MTPTC, MICT-EDH, les municipalités BME MTPTC PARSONS, Haïti Technical Assistance. Power Planning and Expansion Strategy, USTEA, États-Unis, 2012. Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust a partir des données issues de : « Banque Mondiale, Indicateur, Page Web. https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/, 2017, consulté le 5 octobre 2017. » & « IHSI, Statistiques démographiques et sociales, Page Web. http:// www. ihsi. Ht/produit demo_soc.htm, Indicateurs démographiques, 2016, consulté le 27 août 2016. » vi vii Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust. VI Tableau # 8 : Tableau comparatif des différentes formes d’énergies renouvelablesviii Types Biomasses et bioénergie Énergie éolienne Énergie solaire (thermique et photovoltaïques) Énergie hydraulique (hydroélectricité) Géothermie Inconvénients Avantages Disponibilité de la matière première ; Coûts d’investissement très élevé ; Coûts additionnels d’épuration des gaz d’échappement ; Besoins d’espace pour les différentes opérations allant de la collecte à la conversion en fuel ; Gestion des déchets résiduels. Faible coût de revient de l’électricité produite ; Réduction de déchets organiques ; Utilisation rationnelle des terres ; Réduction des gaz à effet de serre. Coûts d’investissement très élevé ; Impacts environnementaux tels pollution sonore et danger pour les espèces volantes ; Nature imprévisible du vent ; Sites d’exploitation adéquate du vent ; Dommage potentiel des turbines dû aux vents forts comme lors des cyclones ; Nécessité de back-up en absence de vents. Coût d’investissement élevé ; Besoins importants d’espaces pour exploitations à moyenne et larges échelles ; Coût supplémentaire d’exploitation au stockage de l’énergie en cas de pénurie d’ensoleillement. Disponibilité de sites adaptés ; Disponibilité de sources d’eau adaptée ; Coût de revient très élevé ; Impacts environnementaux importants. Disponibilité et accessibilité de réservoir géothermal en Haïti. Propose l’un des meilleurs coûts de revient ; Pas de gaz à effet de serre ; Renouvelable, efficace et durable ; Disponible en modèle réduit. Pollution environnementale nulle ; Pas de gaz à effet de serre ; Source d’énergie (le soleil) inépuisable et régulière ; Autonome, efficace et économe ; Adaptabilité et diversité de modèles pour différents usages ; Prévision à la hausse du rapport qualité/prix sur le moyen terme. Génération d’électricité à faible débit ; Coût de revient abordable comparé aux autres solutions ; Possibilité de raccordement au réseau local (si extension atteint la zone). Préparé par l’auteur Léonidas P. Davoust à partir des données issues de : « Esmap, Actes du Forum international sur les énergies renouvelables raccordées au réseau. Formal Report 324/07 FR. Washington DC, Banque Mondiale, 2007, 140 p. » & « BME, Énergie et environnement en Haïti, Page Web. http://bme.gouv.ht/energie/enetenv .html, 2016, consulté le 27 août 2016. » viii VII Annexe 2 GUIDE D’ENTRETIEN Date :........................................................... Identification :........................................................... Nom :........................................................... Région :........................................................... Département :........................................................... Nom du responsable :............................................................ Adresse :............................................................ Objectifs Éta lir l’appréciatio des bénéficiaires sur le projet d’électrificatio rurale Évaluer l’i pact du projet sur les indicateurs de développement Questions spécifiques Quels so t les ava tages de l’électrificatio pour les riverains ? Quelles sont les contraintes rencontrées dans la consommation et l’approvisionnement en énergie ? Comment améliorer les conditions de vie des riverains ? Parmi les indicateurs de développement, quels sont les plus touchés par le projet et à quels niveaux ? Objectif : Appréciation des axes stratégiques les plus pertinents Axes stratégiques Questions spécifiques Programme de développement rural intégré Objectifs de développement durable Productions de type décentralisé Assistance technique et le renforcement des capacités Mécanismes de financements adaptés Incitations aux énergies propres Concurrence dans le secteur Les projets co e es à l’électrificatio aide t-ils à améliorer les conditions de vie des riverains ? Comment jugez-vous l’apport des parte aires au développement de la commune ? Êtes-vous satisfait du service offert par la CEAC ? La communauté de Roche-à-Bateau a-t-elle été impliquée dans la mise en place du projet ? Le tarif proposé est-il équitable ? Que pensez-vous des panneaux solaires ? La mise en place de la CEAC est-elle la meilleure option pour l’i plé e tatio du projet ? VIII QUESTIONNAIRE : Date :........................................................... Identification :........................................................... Nom :........................................................... Région :........................................................... Département :........................................................... Nom du responsable :............................................................ Adresse :............................................................ Au regard des sous-indicateurs associés, quelle est la situation des indicateurs de développement suivants : A B Productivité agricole (ODD 12) - Quantité km canaux km 1) X 3 2) X 5 3) X 7 - Quantité hectare irrigué ha 1) X 5 2) X 7 3) X 10 u 1) X 5 2) X 7 3) X 10 lb 1) X 300 2) X 500 3) X 700 - Conditionnement ou conservation produits agricoles - Niveau de production spécifique (relevant local production) Activités productrices (ODD 9) - Entreprises - Chiffre d’affaires o e ??? u 1) X 3 2) 3 X 5 3) X 7 Gdes/ an 1) K X 30K 2) K X 70K 3) K X 100K % 1) X 50 2) X 75 3) 75 X 100 u 1) X 300 2) X 500 3) X 800 % 1) X 50 2) X 75 3) 75 X 100 u 1) X 300 2) X 500 3) X 800 u 1) 2) 1 3) % 1) 2) X 75 3) C Education (ODD 4) - Taux de réussite primaire (hors certificat) - Nombre enfants scolarisés (primaire) - Taux de réussite secondaire (hors bac) - No re d’e fa ts scolarisés (secondaire) - No re d’écoles professionnelles - Prése ce d’e seig a ts qualifiés aucun X 50 75 X 100 IX D E F G H Santé (ODD 3) 2) 20 X 500 3) X 5 3) 500 X 700 u 1) - Personnel de santé présent u 1) X 3 2) - Santé maternelle u 1) oui 2) non - Sensibilisation au VIH/SIDA (h d’antenne) h 1) aucun 2) 1 3) - Mortalité infantile % 1) X 25 2) X 50 3) - Poi ts de ve te d’eau pota le (commercial) u 1) X 5 2) X 10 3) X 20 - Poi ts d’eau pu lic u 1) X 5 2) 5 X 10 3) X 20 - Éclairage public u 1) X 10 2) 10 X 25 3) X 50 - Nombre de policiers u 1) 3) X 6 - Éclairage branchements domestique u 1) X 200 2) - Taux électrification % 1) X 5 2) X 25 3) 25 X 50 - Cas d’i sécurité rece sés/a u 1) 2) 30 X 50 3) 50 X 70 - Radio communautaire h 1) 2) X 15 3) X 24 - Service d’i ter et c er café u 1) aucun 2) X 3 3) X 6 - Service de téléphone (vente) u 1) aucun 2) X 3 3) X 6 % 1) X 50 2) X 75 3) X 100 % 1) X 50 2) X 75 3) X 100 % 1) X 25 2) X 40 3) X 75 % 1) X 20 2) X 40 3) X 60 % 1) X 50 2) X 75 3) 75 X 100 % 1) 2) X 30 3) X 60 % 1) 2) X 40 3) X 75 X 7 5 X 100 Accès à l’eau propre ODD Sécurité (ODD 16) Accès à l’i for atio aucun 10 X 30 2) X 3 200 X 500 3) 5 X 1000 ODD 9 X 5 Égalité des genres (ODD 5) - ratio fille garçons dans le primaire - ratio fille garçons dans le secondaire - Taux alphabétisation chez les femmes - ratio femme/homme dans la population alphabétisée - I 50 X 200 - Fréquentations cliniques Exode rural (ODD 11) - Assainissement - Population ayant accès a installations sanitaires modernes - Emploi chez les jeunes (de plus de 18 ans) aucun X 20 X Organisation de l’enquête : Elle consiste à consulter des groupes-cibles pour recueillir des informations pertinentes sur l’évolution des conditions de vie des populations. Échantillonnage et collecte d’informations au niveau de la communauté rurale : L’échantillonnage a été défini sur la base de considérations qualitatives vu que la population-mère propose une certaine homogénéité tant du point de vue socio-économique que culturelle. De ce fait, nous avons choisi les personnes à contacter sur des critères de représentativité en termes de profils, de responsabilité et d’activités. Ainsi pour chaque catégorie d’interviewé, autant pour les personnesressources (responsable de projet, agent municipal, responsable communautaire) que pour la population, le choix des personnes approchées a été fait pour assurer la diversité en termes de connaissances, d’expériences et de savoir-faire. En tout, 60 personnes constituent l’échantillon du groupe-cible pour cette enquête. Au sein de la communauté rurale, nous nous sommes intéressés à tout ce qui est susceptible d’être impacté par l’électrification. La collecte des données s’est faite à l’aide d’outils comme le guide d’entretien et le questionnaire qui ont été administrés par l’entremise de 2 enquêteurs : 1) Le questionnaire nous a permis de recueillir des données permettant de cerner les paramètres reflétant l’état des indicateurs de développement durant les périodes « avant » et « après l’électrification. Le modèle proposé regroupe plusieurs thématiques liées aux indicateurs (9 au total) destinés à des sous-groupes identifiés comme des informateurs clés. 2) Le guide d’entretien a servi, à travers des entretiens de type semi-directif, à l’évaluation de la performance du projet d’électrification. Une appréciation objective est ainsi établie à travers la quantification de l’impact spécifique à chaque critère. Sur le terrain, la réalisation des enquêtes a été facilitée grâce au support de deux (2) techniciens qui connaissent bien le milieu. Les questionnaires ont été administrés aux soixante (60) personnes réparties comme suit : 6 responsables de projet, 3 agents municipaux, 15 commerçants, 5 éducateurs, 2 agents de santé, 7 responsables communautaires, 2 pécheurs et 20 ménages. Le guide d’entretien a été essentiellement adressé au niveau de la communauté rurale de Roche-à-Bateau auprès de douze (12) des personnes, dont 2 responsables de projet, 1 agent municipal, 2 commerçants, 2 éducateurs, 1 agent de santé, 2 responsables communautaires et 2 ménages. Nous avons mené également des observations de terrain avec des responsables. Ainsi, les informations collectées ont été synthétisées, appréciées suivant les différents domaines. Les données sont analysées sous l’angle des enseignements que nous pouvons en tirer. XI Annexe 3 Analyse économique du coût actualisé de l’électricité A) méthodologie d’analyse L’analyse financière et économique propose plusieurs critères permettant de comparer les projets d’électrification. L’on peut citer la VAN (Valeur actuelle nette), TRI (Taux de rendement interne), le DRI (Délai de Récupération de l’Investissement), etc.… Dans le cas des projets d’électrification décentralisés, les technologies disponibles sont variables, notamment en termes de coût de maintenance, de coût de combustible ou encore de coût d’investissement. Afin de les comparer, le coût d’une unité d’électricité doit prendre en compte ces différentes valeurs sur toute la durée de vie du système. On définit pour cela le LCOE (Least Cost of Electricity ou Coût Actualisé de l’Électricité) : LCOE = CAPEX + VAN du total OPEX VAN du total PE CAPEX OPEX PE VAN : Dépenses en immobilisations (coûts d’investissement) : Coûts d’exploitation et d’entretien : Production d’électricité (en kWh) : Valeur actualisée nette L’absence de données concernant le coût de production de l’électricité produite nous impose de procéder à des calculs afin d’évaluer et de comparer le LCOE du système hybride PV-diesel à celui d’autres technologies concurrentes possédant un même niveau de “centralisation”. Il s’agit du : Mini-grid Photovoltaique avec stockage, et Mini-grid diesel Hypothèse de travail : 1) système hybride diesel/solaire La durée de vie du système est de 20 ans ; La durée de vie des génératrices est de 10 ans ; La durée de vie de l’inverter et des panneaux est de 20 ans ; L’irradiation solaire propose 5,5 heures d’ensoleillement journalières 2) Mini-grid Solaire Photovoltaïque La durée de vie du système est de 20 ans ; La durée de vie des batteries et régulateurs est de 10 ans ; La durée de vie de l’inverter et des panneaux est de 20 ans ; L’irradiation solaire propose 5,5 heures d’ensoleillement journalières. XII L’offre d’énergie satisfait à la demande tel que prévu par le dimensionnement du mini-grid solaire-diesel ; L’alimentation du système est réalisée via des batteries lithium (profondeur de décharge : 90 %). l’autonomie du système est de 3 jours ou 72 h 3) Mini-grid diesel La durée de vie du système est de 20 ans ; La durée de vie des génératrices est de 10 ans ; La génératrice de 120 KVA est remplacée dans ce scénario par une de 175 KVA pour satisfaire à la demande tel que prévu par le dimensionnement du mini-grid solaire-diesel ; Résultat Type mini-grid A B Hybride PVdiesel PV avec stockage C Diesel Coût (Millier de $ US) Opération et Investissement entretien LCOE ($ US/kWh) 818,68 4425,48 0,28 9733,94 745,61 0,56 607,90 4629,83 0,28 Constats : L’analyse résultant du flux de trésorerie nous montre que le coût d’investissement du cas B est de loin plus élevé que celui du cas A (≈12 fois plus grand) et C (≈ 16 fois plus grand), tandis qu’à l’inverse les coûts d’opération et d’entretien pour le cas A est insignifiant comparativement (6 fois plus petit) aux cas A et C. Ce qui constitue la caractéristique des systèmes basés sur les énergies renouvelables qui propose des coûts d’investissement élevés, mais des coûts d’opération et d’entretien plus faibles. Le système hybride PV-diesel est concurrencé par le diesel avec un coût actualisé de l’électricité équivalent de 0,28 $ US. Le système PV avec batteries présente un LCOE plus élevé à cause de l’autonomie désirée, ce qui augmente les coûts du système de stockage. Par contre, une politique fiscale incitative vis-à-vis des énergies renouvelables ou le retrait de la subvention gouvernementale sur le coût du carburant, la prise en compte des externalités tel les coûts liés à la “décarbonisation”, aux dommages à la santé ou à l’environnement par les émissions, au réchauffement climatique, influenceraient bien entendu le LCOE en faveur de l’utilisation du solaire PV avec stockage. XIII B) Calcul du LCOE 1) parametres systeme hybride diesel/solaire Inputs qte facteur de charge DIESEL generateur 1, 250 kva gen 1 : consommation (l/h) generateur 2, 120 kva gen 2 : consommation (l/h) panneau solaire 250 W inverter SMA 7kw total cablage & structure (0,05%) main d'oeuvre (25%) total investissement 75% 1 27 1 21 560 20 140.00 140.00 90.00 90.00 - 0.25 3.30 140.00 66.00 21.80 114.45 12% 2.0% 12% 1000 64 171 3.78 0.80 62,571 48,667 indice des prix Gdes indice des prix us indice relatif investissement additionnel annee couts d'investissement (millier U$) NPV Capex(millier U$) prix carburant(millier u$) 1.00 1.00 1.00 1 2015 total opex (millier U$) : NPV opex (millier U$) production electrique(mille Kwh/an) NPV(millier) Kwh LCOE p.t.(millier U$) 572.25 taux d'actualisation taux d'inflation/an (U$) taux d'inflation/an (gdes) milliers taux de change (Gdes) prix gallon diesel(Gdes) 1 gallon ( = litres) cosФ cons annuel G1 (gal) cons annuel G2 ( gal) Operation et maintenance (millier U$) p.u.(millier U$) 1.12 1.02 1.10 2016 1.24 1.04 1.19 2017 1.36 1.06 1.28 2018 1.48 1.08 1.37 2019 1.60 1.10 1.45 2020 1.72 1.12 1.54 2021 1.84 1.14 1.61 2022 1.96 1.16 1.69 2023 2.08 1.18 1.76 2024 572.25 2.20 1.20 1.83 1 2025 2.32 1.22 1.90 2026 # 3.16 1.36 2.32 2033 3.28 1.38 2.38 2034 3.40 1.40 2.43 2035 276.00 818.68 297.21 326.35 354.37 381.33 407.29 432.31 456.44 479.71 502.19 523.90 544.89 565.19 690.59 706.42 721.81 48.06 52.77 57.30 61.66 65.86 69.91 73.81 77.57 81.20 84.72 88.11 91.39 111.67 114.23 116.72 345.27 379.12 411.67 442.99 473.15 502.22 530.24 557.28 583.39 608.62 633.00 656.59 802.25 820.65 838.52 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 4,425.48 2,225.77 18,851 0.28 U$/kwh 2) parametres Inputs puissance panneau (kWc) : panneaux 250 Wc, 12 v Régulateur mppt 240v, 40A batterie lithium 400ah Onduleur 7 kw (240V) total cablage & structure (0,05%) main d'oeuvre (25%) total investissement taux d'actualisation taux d'inflation/an (U$) milliers indice des prix Gdes indice des prix us indice relatif investissement additionnel annee couts d'investissement (millier U$) NPV Capex(millier U$) prix carburant(millier u$) Operation et maintenance (millier U$) total opex (millier U$) : NPV opex (millier U$) production electrique(mille Kwh/an) NPV(millier) Kwh LCOE mini grid photovoltaique qte 1,386 5,544 198 4,236 198 p.u.(millier U$) 0.25 0.32 0.55 3.30 p.t.(millier U$) 1,386.00 62.96 2,329.80 653.40 221.61 1,163.44 5,817.22 12% 2.0% 1,000 1.00 1.00 1.00 1 2015 5,817.22 9,733.94 - 1.12 1.02 1.10 2016 1.24 1.04 1.19 2017 1.36 1.06 1.28 2018 1.48 1.08 1.37 2019 1.60 1.10 1.45 2020 1.72 1.12 1.54 2021 1.84 1.14 1.61 2022 1.96 1.16 1.69 2023 2.08 1.18 1.76 2024 2.20 1.20 1.83 1 2025 4,386.73 2.32 1.22 1.90 2026 # 3.16 1.36 2.32 2033 3.28 1.38 2.38 2034 3.40 1.40 2.43 2035 - - - - - - - - - - - - - - 58.17 63.88 69.36 74.64 79.72 84.61 89.34 93.89 98.29 102.54 106.65 110.62 135.16 138.26 141.28 58.17 745.61 2,225.77 18,851 63.88 69.36 74.64 79.72 84.61 89.34 93.89 98.29 102.54 106.65 110.62 135.16 138.26 141.28 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 0.56 U$/kwh 3) parametres Inputs facteur de charge DIESEL generateur 1, 250 kva gen 1 : consommation (l/h)@100% generateur 2, 175 kva gen 2 : consommation (l/h)@100% total cablage & structure (0,05%) main d'oeuvre (25%) total investissement taux d'actualisation taux d'inflation/an (U$) taux d'inflation/an (gdes) milliers taux de change (Gdes) prix gallon diesel(Gdes) 1 gallon ( = litres) cosФ cons annuel G1 (gal.) cons annuel G2 (gal.) indice des prix Gdes indice des prix us indice relatif investissement additionnel annee couts d'investissement (millier U$) NPV Capex(millier U$) prix carburant(millier u$) Operation et maintenance (millier U$) total opex (millier U$) : NPV opex (millier U$) production electrique(mille Kwh/an) NPV(millier) Kwh LCOE systeme diesel qte 0.75 1 27 1 23.1 p.u.(millier U$) p.t.(millier U$) 140.00 140.00 115.00 12.75 66.94 334.69 115.00 12% 2.0% 12% 1000 64 171 3.78 0.80 62,571.4 53,533.3 1.00 1.00 1.00 1 2015 334.69 607.90 310.22 340.63 369.87 398.01 425.11 451.23 476.41 500.70 524.16 546.82 568.73 589.92 720.80 737.33 753.39 51.00 56.00 60.81 65.43 69.89 74.18 78.32 82.32 86.17 89.90 93.50 96.98 118.50 121.22 123.86 361.22 4,629.83 2,225.77 18,851 396.63 430.68 463.45 495.00 525.41 554.73 583.02 610.33 636.72 662.23 686.91 839.30 858.55 877.24 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 2,225.77 0.28 1.12 1.02 1.10 2016 U$/kwh 1.24 1.04 1.19 2017 1.36 1.06 1.28 2018 1.48 1.08 1.37 2019 1.60 1.10 1.45 2020 1.72 1.12 1.54 2021 1.84 1.14 1.61 2022 1.96 1.16 1.69 2023 2.08 1.18 1.76 2024 2.20 1.20 1.83 1 2025 306.00 2.32 1.22 1.90 2026 # 3.16 1.36 2.32 2033 3.28 1.38 2.38 2034 3.40 1.40 2.43 2035