NOTES DE COURS INTERPRÉTATIO N JURIDIQUE Intra : 50% (on a droit à tout, sauf exam) travail final : 40% 2 Cours 1 — Introduction À faire : journal de bord, lectures, exercice 1 I. Présentation du synopsis et informations générales sur le cours II. Ce que signifie « interpréter » III. L’objet de l’interprétation : la règle IV. Pourquoi interpréter V. Comment interpréter I. Présentation du synopsis et informations générales sur le cours Voir le synopsis sur Moodle. II. Ce que signifie « interpréter » 2.1 Sens large Démarche intellectuelle qui met en évidence 3 choses : 1. Dégager le sens d’un texte; Interpréter les mots 2. Signification linguistique des mots qui se trouve dans le texte de loi 3. Signification normative des mots qui se trouve dans le texte de loi) (signification que retiendrait le/la juge après son interprétation) Processus par lequel on établit la signification juridique d’un texte (le sens et la portée d’une règle énoncé dans un texte) C’est un processus de communication : on a un émetteur (le législateur) qui émet un message (la norme juridique) et le récepteur (sujet de droit, citoyen) 2.2 Sens strict On interprète quand on a un doute sur le sens des expressions, quand le sens n’est pas clair (quand il y a une ambiguïté) 2.3 Un processus ou un résultat le résultat (…) III. L’objet de l’interprétation : la règle (ce qui est interpréter) 3 3.1 Distinguer la « règle » du « texte » On interprète des textes juridiques qui émane soit du législatif ou juridique (de l’autorité publique) Les méthodes d’interprétation qu’on va voir, c’est seulement pour les règles juridiques EXEMPLE : Arrêt Kosoian (obligation de tenir la main courante; il ne s’agit pas d’une obligation légale; donc cour suprême, affirme que les policiers ont agi de mauvaise foi) 3.2 Distinguer le « sens » et la « portée » d’une règle Le sens : réfère à ce que la règle énonce comme exigences La portée : domaine d’application de la règle; qui énonce le texte dans un contexte précis IV. Pourquoi interpréter : entre la recherche de l’« intention du législateur » et l’application raisonnable du texte 4.1 Théorie officielle de l’interprétation 4.1.1 Postulats L’activité législative est une activité de communication (L’émetteur aka le législateur, La règle de droit qui est émise par le législateur, et les sujets de droits aka les justiciables ou les citoyens, qui reçoivent la règle de droit) L’interprétation a pour objectif la découverte de l’intention du législateur (ou de la personne raisonnable qui a rédigé le texte) (Création des tribunaux, concept technique qui existe afin de répondre à des concepts méthodologiques) Le sens historique On va toujours chercher le sens qui prévalaient à l’époque de l’adoption de la règle de droit ; à la lumière de l’historique législatif de notre norme juridique Le sens prédéterminé L’interprétation c’est un acte de communication ; donc le sens existe avant même que l’on interprète le texte. De fait, le législateur connait le sens des textes qu’il nous transmet. C’est le rôle de l’interprète de découvrir le sens du texte Interprétation = activité déductive, de compréhension du message 4 Un seul sens L’interprétation des textes de loi ne peut seulement donner lieu à un seul sens véritable EXC : droit administratif reconnait qu’une loi peut être interprété de plusieurs façons raisonnable et qui va tenir en droit ; mais la particularité de droit administratif, c’est que c’est le pouvoir exécutif qui se trouve à interprété ses propres lois (seule exigence c’est que les interprétations soient raisonnables) L’interprétation est dissociée de l’application de la règle Le résultat de l’application de la règle, ne doit pas influer sur son application EXEMPLE : affaire Bissonnette (Tuerie à la mosquée de Québec) l’infliction de peine aussi sévère était contraire à l’article 12 de la Charte des droits et libertés (donc était une peine cruelle et inusitée) DONC inconstitutionnelle Prouve que l’interprétation de la loi est guidée par ce que l’on veut obtenir, mais est censée ETRE DISSOCIÉ DU RÉSULTAT C’est le législateur qui modifie la loi s’il apporte un résultat absurde 4.1.2 Si le sens n’est pas clair, il est découvert par des principes d’interprétation La théorie officielle, est une théorie normative ; on interprète selon la méthode d’interprétation officielle Fondements 1. Le fondement est la souveraineté du parlement et la séparation des pouvoirs C’est au Parlement qu’appartient la rédaction des lois, et non pas au pouvoir judiciaire 2. La certitude et la sécurité juridique (ce que permet la théorie officielle d’interprétation) On a besoin de la certitude que le droit est préétabli 5 4.1.3 Problèmes liés au phénomène de l’indétermination du droit (problèmes que permet de résoudre la théorie officielle de l’interprétation) Phénomène de l’indétermination du droit Exemple : notion de la personne raisonnable; les tribunaux éclairent cette notion selon les différents contextes Imprécision Dans les contextes ou les mots sont imprécis, on recourt au principe d’interprétation des lois Imprécision : Caractère de ce qui est vague, difficile à identifier Ambiguïté Lorsqu’un mot a 2 sens (susceptible de recevoir deux sens qui sont complètement différents) Conflit 2 lois qui s’utilisent face à une certaine situation et qui crée un conflit Silence ou insuffisance de la loi et le problème des lacunes Dans les cas où le législateur a simplement par envisagé certaines situations Exemple : loi d’interprétation (article 41.2) juge ne peut pas ne pas juger, malgré l’insuffisance de la loi Caractère inadéquat de la loi Impossibilité de trouver une solution idéale, ou même envisageable, en interprétant la loi Plus rare, souvent en cas de vieille loi, qui s’interprète mal Exemple : loi sur les monnaies (certaines monnaies ne peuvent pas être utilisé pour payer un certain montant) Exemple : pancarte interdit aux chiens (problème quant à la portée, conflit avec autre loi ex. charte, etc.) 4.2 Théorie du rôle supplétif de l’interprète 4.3 Théorie de la création soumise à des contraintes Jeanne Simard et Marc-André Morency, « Interprétation des lois et création des normes : perspectives ouvertes dans l’étude multidisciplinaire du phénomène juridique » dans Interpretation non cessat, Yvons Blais, 2011, p. 233-260. 6 L’interprète n’a pas un rôle de créateur de la loi, mais, dans l’absolu (en pratique) il y a une partie de création du droit dans l’interprétation. Objectif de légitimer la fonction des juges, pour reporter la responsabilité sur le législateur Arrêt watkins CSC : le droit volue, de manière incrémentale Carter, Sullivan etc. on peut écraser le stare decisis horizontal et vertical L’idée du texte de Morency : pointer les points faibles de la théorie officielle d’interprétation Le but : dans un contexte ambigu, et que les arguments de deux côtés sont forts, on veut savoir quelle interprétation favoriser Si sur une question d’interprétation législative la CSC est 5v4, on voit que rien n’est blanc ou noir, souvent gris Rôle supplétif de l’interprète Lorsqu’il est ambigu, on n’interprète pas un texte clair Cette théorie ne fonctionne pas et on l’écarte pour ces motifs; Problème 1: pour savoir si c’est clair ou ambigu, on doit commencer par l’interpréter un peu au moins Problème 2 : Il n’y a presque jamais de texte parfaitement clair (s’il y en a, pas de litige) Construction avec contraintes Selon le professeur Côté, l’interprétation est un processus de construction des sens exprimés par le texte. La construction des sens est établie par l’interprète, mais celui-ci n’est pas complètement libre Contraintes : - Intention du législateur - Grammaticales, etc… toutes les autres méthodes d’interprétation - Jugement de la communauté juridique L chaque interprétation sera portée à l’attention d’autres juristes qui la critiqueront On accepte ainsi avec ces contraintes, dans le cas qu’un texte mènerait vers plusieurs sens raisonnables, on reconnait que dans ces cas, les contraintes qui pèsent sur l’interprètent peuvent l’orienter dans un sens ou dans l’autre, et le juge choisira le sens qui selon lui poursuit mieux les objectifs poursuivis 7 ANALOGIE MUSICALE : on reconnait que l’interprète a un rôle de créateur de la manière qu’un pianiste classique qui se donne en concert pour Chopin qui aura un rôle de créateur lorsqu’il jouera On veut des pianistes qui interprètent la partition comme des juges qui le feront, sans appliquer le droit de manière arbitraire On parle ici de création, le juge en nuançant va créer du droit La théorie de création reflète donc la théorie classique contrairement à la théorie officielle qui présentera un seul sens véritable Théorie officielle qui dit quoi faire comment appliquer etc. Et la théorie au niveau des fondements qui viennent expliquer et rationaliser l’interprétation législative V. Comment interpréter 5.1 Distinctions droit civil, droit statutaire et droit constitutionnel Droit civil : Droit commun, contenu dans le code civil du Québec (a son propre corpus de principe d’interprétation, qui vient nuancer les principes de Common Law) Droit statutaire : Toutes les lois spécifiques qui sont adoptés par le pouvoir législatif. EX. loi sur l’impôt sur le revenu, etc. (interprété en fonction de la méthode d’interprétation découlant de la Common Law) Droit constitutionnel : a son propre corpus de principe d’interprétation qui vient nuancer les principes de Common Law Distinction avec la Common Law : Judge made Law (jurisprudence), toutes les autres provinces sauf Québec. Donc dans ces provinces, le droit statutaire est une exception au droit commun Nos principes d’interprétations, sont issus de la Common Law (ont été conçu, à travers la Common Law) 5.2 Méthodes d’interprétation (on passe 1 cours par méthode d’interprétation) 8 5.3 Sources des méthodes Les lois d’interprétation Loi d’interprétation, L.R.Q. c. I -16 La jurisprudence Loi d’interprétation, L.R.C. 1985 c. I -21 Principes de Common Law : 38 L.I.Q. / 3(3) L.I.F. La doctrine Exercies du cours 1 Problème 1 : art. 222-23 C Cr, Viol Lacune : la disposition ne touche pas assez de situations Inadéquat : la loi est désuète, elle ne prend pas en considération toutes les aggressions sexuelles possibles ( Problème 2 : Lacune : L appareil = plusieurs Problème 3 : conflit 9 Problème 4 COURS 2 Les effets de la loi dans le temps, naissance mort, rétroactivité Cours 2 — Effet et portée de la norme législative dans le temps Plan de la séance Retour sur le texte de Simard et Morency 4.1 Cours 1 I. Période d’observation de la loi : début et fin de la force exécutoire II. Période d’application de la loi : rétroactivité vs. droits acquis I. Période d’observation de la loi : début et fin de la force exécutoire 1.1 Période d’observation vs. période d’application Période d’observation n’est pas toujours en phase avec l’applicabilité de la loi 1.2 Début de la période d’observation ● 4 modes d’entrée en vigueur : 1.2.1 Sanction (mais pas toujours) 10 On le prévoit dans la loi que ça EEV 1.2.2 Date déterminée Écrit que sera entré en vigeur (peut être rétroactif) 1.2.3 Par proclamation Lorsque le législateur délègueà l’exécutif le pouvoir de fixer la date d’EEV 1.2.4 Silence de la loi (IMPRIMER CES DEUX LOIS) Art. 5(2) L.I.F. Le jour de sa sanction Art. 5 L.I.Q. 30 jours après la sanction Exemple : Quel est le mode d’entrée en vigueur de cette loi ? Loi modifiant la Loi sur les infirmières et les infirmiers et d’autres dispositions afin de favoriser l’accès aux services de santé, L.Q. 2020 c. 6. Projet de loi no 43 Présenté le 9 octobre 2019 Adopté le 17 mars 2020 Sanctionné le 17 mars 2020 Art. 97. Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur à la date ou aux dates fixées par le gouvernement. Donc ça va entrer en vigueur par proclamation Période d’observation = la loi existe Période d’applicabilité : la loi a des effets juridiques, elle est applicable Différentes manières de déphaser l’applicabilité d’une loi par rapport à sa période d’observation 1.3 Fin de la période d’observation 1.3.1 Abrogation : Le texte « meurt » Effets de l’abrogation 11 Effets de l’abrogation sur : Institutions Règlements Droits acquis Infractions Règles antérieures 1.3.2 Principes applicables en matière d’abrogation Conséquence abrogation : les institutions sont éteintes Source : principes de common law applicables selon les arts. 38 L.I.Q./3(3) L.I.F. Conséquence abrogation : les règlements sont abrogés Source : principes de common law applicables selon les arts. 38 L.I.Q./3(3) L.I.F. Conséquence abrogation : maintien possible des droits acquis Source : arts. 12 L.I.Q./43 c) L.I.F. Arrêt de principe (common law) Spooner Oils Conséquence abrogation : les infractions commises sous l’ancienne loi peuvent donner lieu à des poursuites Source : arts. 12 L.I.Q./43 d) L.I.F. Conséquence abrogation : la loi abrogée par une loi abrogée ne peut « revivre » Source : arts. 9 L.I.Q./43 a) L.I.F. Remplacement : valeur de refonte ou réforme Oui abrogé, mais en même temps, on adopte un nouveau texte législatif qui porte sur le même sujet Implicite ou explicite PRÉSOMPTION DE CONTINUITÉ ART. 44 (F) Le remplacement n’est pas réputé être de droit nouveau, mais plutôt comme une nouvelle explication de règles anciennes, sauf indication contraire ● Valeur de refonte : 13 L.I.Q./44 (f) L.I.F. Loi sur la révision et la codification des textes législatifs, L.R.C. c. S -20. Loi sur le recueil des lois et des règlements du Québec, RLRQ, c. R -2.2.0.0.2. Effets du remplacement sur : Institutions et titulaires de postes Principes applicables en matière de remplacement Conséquence remplacement : ils demeurent en place Source : arts. 13 L.I.Q./44 a) L.I.F. 12 Règlements Les procédures engagées ● Conséquence remplacement : ils demeurent en vigueur si compatibles Source : arts. 13 L.I.Q./44 g) L.I.F. Conséquence remplacement : les procédures sont continuées selon le nouveau texte Source : arts. 13 L.I.Q./44 c) L.I.F. Valeur de réforme Benoit c Sutton Citoyens veulent faire declarer reglement municipal « nul » : pas été adopté correctement : modification vs remplacement En droit municipal : en zonage, le plan urbanisme se refait aux 5 ans On peut faire des remplacements On peut faire des modifications, mais avec l’accord des citoyens affectés Donc Sutton voulait adopter plusieurs règlements pour faciliter la construction résidentielle dans la ville de Sutton C’était écrit « remplacement » Mais en vrai c’était des modifications [52] on voit les % de différence, donc ici il y a eu beaucoup de changements, la cour dit que ce n’est pas refonte, mais réforme [45 et 46] : on observe la différence non pas de manière quantitative, mais plutôt qualitative L’extrait à [45] : juge première instance a interprété ces critères comme étant cumulatif alors qu’ils ne le sont pas [49] on explique en l’espèce pourquoi l’interprétation de première instance était erronée Qualitative : changement important : Ancien règlement : conservation du territoire Nouveau : expansion résidentielle Dans cette décision : on a utilisé certaines méthodes d’interprétation : [40] Sens courant Méthode théléologique [54] 13 Au final, ici, c’est évident, qualitatif ET quantitatif : il n’y a pas de refonte, mais bien une réforme [54 55 57 62] 1.3.3 Désuétude ? Est-ce que le remplacement maintient les institutions etc? Le texte doit le permettre ● ● Quoi faire avec les lois désuètes ? Le rôle des juges : 41.2 L.I.Q. ; 10 C.p.c. Exemple : KP Pacific Holdings Ltd. c. Compagnie d’assurance Guardian du Canada, [2003] 1 R.C.S. 433. Loi 1925 sur des assurances qui doit être appliquée en 2003… c’est rendu désuet 3 La Loi a été adoptée en 1925 (S.B.C. 1925, ch. 20). Malgré les nombreuses modifications d’ordre administratif qu’elle a subies, elle est demeurée inchangée pour l’essentiel. […] 4 Or, les pratiques dans le domaine des assurances ont changé. […] La Loi désuète, fondée sur des catégories, contient des règles fondées sur les anciennes catégories d’assurance. Il est difficile, voire impossible, de classer les nouvelles polices multirisques dans les anciennes catégories. Par conséquent, on ne sait jamais quelles règles s’appliquent. 5 Il serait très salutaire que le législateur revoie ces dispositions et qu’il précise son intention en ce qui concerne les polices tous risques et les polices multirisques. Entre‐ temps, c’est aux tribunaux qu’incombe la tâche de régler les litiges qui découlent de la discordance entre la législation et la pratique en matière d’assurance. 1.3.4 Expiration ou cessation d’effet (loi inopérante) Art. 2(2) L.I.F. Dans le cas d’abrogation, l’effet de l’expiration d’une loi, est le même que l’abrogation En droit québécois ? Même effet que l’abrogation ? Qu’est-ce qu’on fait? On applique la loi fédérale en cas de silence provincial 14 II. Période d’application de la loi : rétroactivité vs. droits acquis On se concentre dans le cours sur la conception « objective » 2.1 Définition de la rétroactivité DÉFINITION ET PRÉSOMPTION DE NON RÉTROACTIVITÉ Loi qui s’applique à des faits déjà accomplis Conception objective « Une disposition modificatrice peut prévoir qu’elle est censée être entrée en vigueur à une date antérieure à son adoption, ou qu’elle porte uniquement sur les transactions conclues (transactions occurring) avant son adoption. » Gustavson Drilling (1964) Ltd. c. Ministre du Revenu national, [1977] 1 R.C.S. 271. Majorité, juge Dickson Loi fiscale et compagnies pétrolières En 1949, les sociétés pétrolières peuvent déduire leurs dépenses de forage / exploration Gustavson : a beaucoup de dépenses de forage / exploitation La cie est en déficit Gistavson s’est fait acheter La société mère a manqué à certaines technicalités fiscales Gustavson avait « acquis » le droit de déduire ses dépenses Présomption de non rétroactivité des lois 2.2 Définition de la rétrospectivité LOI RÉTROACTIVE VS RÉTROSPECTIVE « Une loi rétroactive est celle qui intervient à un moment précédent son adoption. Une loi rétrospective est celle qui intervient pour le futur seulement. Elle est prospective, mais elle impose de nouveaux résultats pour un événement passé. Une loi rétroactive intervient vers l’arrière. Une loi rétrospective intervient vers l’avant, mais elle regarde derrière en ce sens qu’elle accorde de nouvelles conséquences pour le futur à un événement survenu avant que la loi soit adoptée. Une loi rétroactive change ce que la loi a été ; une loi rétrospective change ce que la loi aurait été concernant un événement antérieur. » Traduction de Elmer Driedger, « Statutes: Retroactive Retrospective Reflections » (1978) 56 Can. Bar Rev. 264, aux p. 268-69 15 2.3 Distinguer la rétroactivité de la rétrospectivité et les droits acquis Ex : salons de cigar : Loi fiscale qui dit tous les cigars depuis 1995 sont taxés rétro Venne c. Québec (Commission de protection du territoire agricole), [1989] 1 R.C.S. 881. Loi protection territoie agricole : prohibie le développement de territoires agricoles EN 1977 : contrat de vente du terrain : après tous les versements, transfert de propriété Mais la loi est entrée en vigeur pendant les versements Mais le contrat initialement a commencé avant l’adoption de la loi En conclusion : on a une obligation à terme : le transfert de propriété (fait juridique pertinent au moment d’entrée en vigueur de la loi) n’avait pas encore eu lieu Donc puisque le fait juridique a eu lieu après : rétrospective Section 1 de la décision p.29 p.38 : quand c’est rétroactif : c’est évident p.39 Dikranian c. Québec, [2005] 2 R.C.S. 530, paras. 1-31. 16 2.4 Présomption de non-rétroactivité 2.4.1 Principe d’interprétation (jurisprudence) Présomption de non-rétroactivité : « Selon la règle générale, les lois ne doivent pas être interprétées comme ayant une portée rétroactive à moins que le texte de la loi ne le décrète expressément ou n’exige implicitement une telle interprétation. » Arrêt de principe : Gustavson Drilling (1964) Ltd. c. Ministre du Revenu national, [1977] 1 R.C.S. 271. Majorité, juge Dickson Pourquoi? Cette présomption existe car les lois rétroactives ont un fort impacts sur la sécurité du système juridique + justiciables qui doivent savoir comment se comporter Rappel : rétroactivité = s’applique uniquement à des faits entièrement accomplis 2.4.2 Dans les lois Présomption de non-rétroactivité pas explicitement formulée dans les lois d’interprétation ● Mais : Art. 50 L.I.Q./Art. 43 L.I.F. Nulle disposition légale n’est déclaratoire ou n’a d’effet rétroactif pour la raison seule qu’elle est énoncée au présent du verbe. ● En matière pénale : art. 11 g) et 11 i) Charte canadienne ; art. 37 et 37.2 Charte québécoise Constitutionnalisée pour les infractions pénales 11. Tout inculpé a le droit : g) de ne pas être déclaré coupable en raison d’une action ou d’une omission qui, au moment où elle est survenue, ne constituait pas une infraction d’après le droit interne du Canada ou le droit international et n’avait pas de caractère criminel d’après les principes généraux de droit reconnus par l’ensemble des nations ; i) de bénéficier de la peine la moins sévère, lorsque la peine qui sanctionne l’infraction dont il est déclaré coupable est modifiée entre le moment de la perpétration de l’infraction et celui de la sentence. Charte canadienne des droits et libertés 17 Charte Québécoise 37. Non-rétroactivité des lois. Nul accusé ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une violation de la loi. 37.2. Peine moins sévère. Un accusé a droit à la peine la moins sévère lorsque la peine prévue pour l’infraction a été modifiée entre la perpétration de l’infraction et le prononcé de la sentence. Charte des droits et libertés de la personne, L.R.Q., c. C -12. 2.5 Comment déterminer si la loi est rétroactive ? D’abord, le fait juridique est-il instantané ou perdure-t-il dans le temps? Une méthode en 3 étapes : 2.5.1 Identification des faits juridiques pertinents D’abord, le fait juridique est-il instantané ou perdure-t-il dans le temps? Attention, plusieurs types de faits juridiques : ● Faits momentanés Le fait survient au complet à un instant précis ● Faits durables Ex, Mariage, être propriétaire, être mineur, ● Faits successifs Frappe tout les jours ● Conséquences 2.5.2 Localisation temporelle des faits juridiques pertinents Donc le fait doit être momentané, il doit avoir eu lieu au complet avant l’EEV de la loi Ex : en respo. Le coup de poing a eu lieu avant 18 2.5.3 Qualification de l’application de la loi : effet rétroactif ? La rétroactivité peut être - Positive (ajout d’un droit ou d’une règle) - Négative (retrait d’un droit ou d’une règle). Par exemple Dineley La loi est rétroactive si : 1) Loi le prévoit de manière explicite Exemple : Décision Venne (date d’entrée en vigueur antérieure à son adoption). 2) Implicite : La loi s’applique de façon à prescrire un régime juridique à des faits entièrement accomplis avant son entrée en vigueur. On garde en tête que le principe de base est la PRÉSOMPTION DE NONRÉTROACTIVITÉ Dans ces 2 cas = renversement de la présomption de non-rétroactivité des lois EXERCICES DU COURS 2 1- Quels sont les 3 niveaux de développement personnel a. Pré conventionnel b. Conventionnel c. Post-conventionnel 2- En quoi c’est problématique a. On préfère garder ça implciite et appliquer la théorie officielle, importanrt de rester conscient qu’il y a d’autre chose qui entre en jeu b. Ex juges pus agés qui ont des idées préconçues 3- Contrat pour tableau publicitaire a. Simplement l’application immédiate de la loi b. Ce serait une loi rétrospective et non rétroactive 19 c. Elle ne vient pas rendre l’affichage illégal dans le passé, elle rend l’affichage dans le futur 4- Loi ministère combatant, pas le droit d’intenter des actions aux ancients combatants a. Rétroactivité négative puisqu’on retire des droits 5- Canabis et Cindy a. Loi d’interprétation fédérale, pas pcq on abroge l’infraction que cela fait tomber les poursuites Cours 3 – Effet et portée de la norme législative dans le temps (suite) Plan de la séance I. Effet immédiat de la loi et la protection des droits acquis II. Effet immédiat des règles de nature procédurale III. Droit transitoire en droit civil Effet immédiat de la loi et la protection des droits acquis Effet immédiat = rétrospectivité 1.4 Origine de la notion d’« effet immédiat » Système de Paul Roubier « [sur les situations juridiques en cours] Mais il y a des faits juridiques qui ne s’accomplissent pas en un seul moment, qui se développent au contraire sur une certaine période de temps. Supposons qu’un de ces faits soit en cours au jour de la loi nouvelle, celle-ci ne pourra sans rétroactivité s’appliquer aux effets juridiques déjà produits, les modifier ou les anéantir » Paul ROUBIER, Le droit transitoire, à la p. 10. « [sur l’effet immédiat de la loi nouvelle] chacune des deux lois en présence, la loi ancienne et la loi nouvelle, s’applique strictement dans son domaine : la loi nouvelle respecte tous les effets juridiques produits dans le passé, mais elle gouverne seule et sans partage l’avenir à compter du jour de sa promulgation. » Paul ROUBIER, Le droit transitoire, à la p. 11. Question : effet immédiat selon Roubier = rétrospectivité en common law ? 20 1.5 Définition de droits acquis « Les droits acquis, on le sait bien, sont ces droits qui font partie de notre patrimoine et qui ne peuvent nous être enlevés, sans causer une grave injustice et sans nous dépouiller de ce qu’on avait raison d’en attendre. » Syndic des écoles protestantes de la Cité d’Outremont c. Cité d’Outremont, [1951] B.R. 676 au para. 692 (confirmé par [1952] 2 R.C.S. 506. Dikranian c. Québec, [2005] 3 R.C.S. 530. Venu identifier les deux critères pour identifier lorsqu’on est face à des droits acquis Une situation individualisée et concrète Une situation juridique constituée Analyse implicite pour examiner s’il y a lieu de reconnaitre ou non les droits acquis Si le droit change à l’avantage des citoyens, on ne se pose pas nécessairement la question Mais si on enlève des droits, là on doit examiner la proportionnalité / balance On fera la balance dans l’interprétation de la loi Est-ce que M. Dikranian peut bénéficier de la période d’exemption? C sup : Loi à Effet immédiat Qualification des faits, ils disent qu’on est en présence d’une situation juridique en cours La CSC a dit qu’on était dans un fait momentané Différenciation de la formation et effets du contrat On dit que ça c’est crystallisé avant l’EEV POUR LES FINS DU COURS, UN CONTRAT C’EST UN FAIT JURIDIQUE ACCOMPLIT [23] [43] [49] 21 DONC LE CONTRAT EST UN EFFET MOMENTANÉ QUI A LIEU AVANT L’EEV DU CONTRAT Peut-on parler d’une loi rétroactive ici? Non, ici ce n’était pas écrit que la loi avait des effets rétroactifs Mais Québec et les banques plaidaient que la loi avait un effet rétroactif Mais principe de présomption de non rétroactivité, si ce n’est pas mentionné, il n’y a pas de rétroactivité Juge rothman [19-20] Rien ne laisse interpréter la rétroactivité de cette loi [30] Contraste entre rétroactivité et droits acquis DISTINCTION ENTRE DROIT ACQUIS ET RÉTROACTIVITÉ [30] : Même sans rétroactivité, peut respecter les droits acquis Sans rétroactivité, atteindre les droits aquis On cite Drakinian Donc on doit interpréter les lois pour respecter les droits acquis, sauf si expréssement indiqué 1- Est-ce qu’il y a des droits acquis? a. [37] 1(1) individualisé? Ça veut dire quoi individualisé contrairement à général et abstrait Le simple fait d’avoir la possibilité d’invoquer le droit, c’est insuffisant Mais dès qu’on exerce le droit, ça devient individualisé et concret Vs avoir eu le droit mais ne jamais lavoir exercé En l’espèce, il avait un contrat avec la banque, c’était clairement concret et individualisé b. (2) la situation était-elle constituée au moment de l’entrée en vigueur? À partir de quel moment la situation est-elle constituée? Parrallèle avec le droit administratif Dépôt de la demande? Décision est rendue? Souvent, le dépôt n’est pas suffisant pour déterminer la concrétisation Nuance, dépôt de la demande garanti toujours le droit à une décision peu importe quel droit est applicable 22 2- Interprétation : est-ce qu’on doit les respecter ou non? a. (présomption qu’on les respecte ces droits acquis) Application en l’espèce de ces droits acquis Répond aux deux critères 1- C’est individualisé Pas pcq il y a 70 000 que la situation n’est pas individualisée pour chacun 2- Devrait-on interpréter la loi de façon à respecter les droits acquis a. La loi ne prévoit aucun disposition transitoire [44] b. Aucune intention dans la loi de porter atteinte au contrat de prêt pour des situations contractuelles c. MAIS i. Article 13 loi 1998 « situations juridiques en cours » Comment la CSC interprète-elle ça? Reçu un certificat de prêt mais pas encore signé Puisque ambigu, on utilise certaines méthodes d’interprétation : Grammaticale Théologique Cohérence du texte (systématique et logique) [48] Donc la loi ne s’applique pas aux contrats déjà conclus et les situations juridiques cristallisées DISSIDENCE DE LA JUGE DESCHAMPS On ne devrait pas scinder en 2 les Présomption de respect des droits acquis 1.6 1.6.2 Principe d’interprétation (jurisprudence) Présomption d’intention du législateur… Dikranian c. Québec, [2005] 3 R.C.S. 530. …qui justifie une règle d’interprétation 23 Arrêt de principe : Spooner Oils Ltd. c. Turner Valley Gas Conservation Board, [1933] R.C.S. 629. Dikranian c. Québec, [2005] 3 R.C.S. 530. 1.6.3 Dans les lois art. 12 L.I.Q. art. 43 c) L.I.F. Comment déterminer si la loi porte atteinte aux droits acquis? 1.7 1.7.2 Identification des faits juridiques pertinents 1.7.3 Localisation temporelle des faits juridiques pertinents 1.7.4 Qualification de l’application de la loi Renversement de la présomption de maintien des droits acquis si la loi le prévoit de manière explicite : Exemple : 111 Aucun recours (1) les titres régis par la présente loi remplacent tous les droits relatifs aux hydrocarbures sur les terres domaniales qui ont été acquis ou dévolus avant l’entrée en vigueur du présent article, qu’ils soient actuels ou éventuels. (2) Nul ne peut réclamer ou recevoir quelque dédommagement de Sa Majesté du chef du Canada ou de ses préposés ou mandataires en rapport avec des droits, acquis ou dévolus, actuels ou éventuels, que la présente loi remplace ou modifie, ou en compensation des obligations qu’elle lui impose. Loi fédérale sur les hydrocarbures, L.R.C. 1985 c. 36 (2e suppl). Renversement de la présomption de maintien des droits acquis si à la suite d’un exercice d’interprétation, il s’avère implicite dans la loi que le législateur voulait porter atteinte aux droits acquis. Principaux principes d’interprétation à considérer : Grammaticale : les situations visées par le texte de loi Téléologique : les objectifs de la loi Systématique et logique : argument a contrario Autres arguments (implicites): injustice et analyse des coûts individuels/coûts sociaux 24 1.8 Exceptions à l’application de la présomption des droits acquis Pénal Procédural II Effet immédiat (rétrospectif) des règles de nature procédurale 2.1 Principe général Art. 13 L.I.Q. Art. 44 c), d) L.I.F. 2.2 Qu’est-ce qu’une règle de nature procédurale ? R. c. Dineley, 2012 SCC 58. [10] on a le principe de maintient des droits acquis / substantiels Les tribunaux recconnaissent le caractères exceptionnel 2.2.1 Le droit d’action ou moyen de défense 2.2.2 La compétence des juridictions Quand naît le droit d’appel? R. c. Puska, [1998] 1 R.C.S. 1207. « 37 L’on doit donc retenir que le droit d’appel, dans cette perspective (appel de plein droit/appel sur permission), naît avec le prononcé du jugement contre lequel on souhaite se pourvoir. … 48] D'une part, dans l'état actuel du droit, le seul fait d'énoncer, au deuxième alinéa, que la loi est d'" application immédiate", concept dont les pourtours, en droit québécois (et canadien) ne semblent pas encore parfaitement définis, cela, donc, ne peut faire échec au maintien des effets déjà produits de situations encore en cours par ailleurs et pas davantage au maintien de certains droits substantiels, dont le droit d'appel. Ce droit naît, de façon pleine et entière, avec le jugement de première instance, et, en ce sens, il s'agit d'un effet indissociablement attaché à un fait (le jugement) qui s'est ici produit avant l'entrée en vigueur de la loi nouvelle. Comme l'écrit la ministre dans le commentaire reproduit plus haut : la loi nouvelle s'applique aux situations juridiques en cours, certes, mais pour "tout fait ou tout effet qui se produit après cette entrée en vigueur". Or, le fait ou l'effet, ici la naissance du droit d'appel, s'est produit avant cette entrée en vigueur et le droit d'appel survit donc dans l'état dans lequel il était à ce moment, puisqu'il pouvait, dès lors, être pleinement exercé, toutes ses conditions d'existence et d'exercice étant réunies." » Tcheng c. Coopérative d'habitation Chung Hua, 2016 QCCA 461 2.2.3 Les délais 25 EXEMPLE Délai de 30 jours pour produire une défense (art. 145 CPC) 1er cas : +15 jours, le délai total est 45 jours En principe ce délai est d’application immédiate, et si avant l’EEV de cette loi, qqun avait une défense à produire il y a 35 jours, quand même hors délai donc dans ce cas, le nouveau délai ne fait pas revivre le droit de cette personne de produire sa défense APPLICATION IMMÉDIATE = NE FAIT PAS REVIVRE DE DROITS ÉCHUS Objectif : assurer une prévisibilité du droit 2e cas, on éteint le droit Ex : défense à produire en 30 jours et la nouvelle loi indique le nouveau délai est de 15 jours, La personne qui avait une défense à produire depuis 25 jours Dans ce cas, ex le justiciable qui a une défense à produire depuis 25 jours, cette personne bénéficie du délai de 30 originalement obtenu en vertu de l’ancienne loi La personne qui avait une défense à produire depuis 5 jours Son délai est écourté, doit produire dans les 15 jours Exemple : Québec (Commission de la construction) c. Gastier inc., 1998 CanLII 13132 (QC CA). 2.2.4 Les modes de preuve R. c. Dineley, 2012 SCC 58. III- Droit transitoire en droit civil 3.1 Application limitée des principes de droit civil (Roubier) 1. Les dispositions du présent titre ont pour objet de régler les conflits de lois résultant de l’entrée en vigueur du Code civil du Québec et des modifications corrélatives apportées par la présente loi. Loi sur l’application de la réforme du Code civil du Québec, L.Q. 1992, c. 57. IMPRIMER 10 PREMIERS ARTICLES SUR MOODLE Question : est-ce qu’on veut donner des droits acquis à tout avant le CCQ? Art. 1 de la Loi : les dispositions du présent titre sont pour regler les problemes de L’EEV du ccq 26 Applicable aux autres lois statutaires au Québec? Dikranian c. Québec, [2005] 3 R.C.S. 530. 3.2 Principes applicables (Roubier) Donner des droits acquis en vertu de la common law revient à des critères subjectifs (Drikanian) Sur le plan politique, voulait-on protéger les droits acquis au détriment de la mise en œuvre rapide de la nouvelle loi? (modèle de roubier) 3.2.1 Il faut favoriser l’application immédiate de la loi nouvelle Principe de non rétroactivité Art 2. La loi nouvelle n’a pas d’effet rétroactif : elle ne dispose que pour l’avenir. Ainsi, elle ne modifie pas les conditions de création d’une situation juridique antérieurement créée ni les conditions d’extinction d’une situation juridique antérieurement éteinte. Elle n’altère pas non plus les effets déjà produits par une situation juridique. Loi sur l’application de la réforme du Code civil du Québec, L.Q. 1992, c. 57. 3.2.2 Il faut favoriser l’application générale de la loi nouvelle et raisonner à partir de la catégorie des « situations juridiques en cours » 3. La loi nouvelle est applicable aux situations juridiques en cours lors de son entrée en vigueur. Ainsi, les situations en cours de création ou d’extinction sont, quant aux conditions de création ou d’extinction qui n’ont pas encore été remplies, régies par la loi nouvelle; celle-ci régit également les effets à venir des situations juridiques en cours. Loi sur l’application de la réforme du Code civil du Québec, L.Q. 1992, c. 57. • Régime particulier pour les actes juridiques : articles 4,5 et 7 Art. 4 Situations contractuelles en cours Loi ancienne survit pour des règles supplétives pour déterminer la portée et effets du contrat Loi nouvelle pour l’exercice et extinction de ces contrats Art. 5 Stipulation contraires au nouvel Ordre Public sont invalides 27 Art. 7 Actes en vigueurs entachés de nullité par des motifs prévus dans l’ancienne loi ne peuvent plus être invoqués • Régime particulier pour les règles de procédure : articles 6 et 9 Art. 6 « Lorsque la loi nouvelle allonge un délai, le nouveau délai s’applique aux situations en cours, compte tenu du temps déjà écoulé. Si elle abrège un délai, le nouveau délai s’applique, mais il court à partir de l’entrée en vigueur de la loi nouvelle. Le délai prévu par la loi ancienne est cependant maintenu lorsque l’application du délai nouveau aurait pour effet de proroger l’ancien. Si un délai, qui n’existait pas dans la loi ancienne, est introduit par la loi nouvelle et prend comme point de départ un événement qui, en l’espèce, s’est produit avant son entrée en vigueur, ce délai, s’il n’est pas déjà écoulé, court à compter de cette entrée en vigueur. » Lorsque la loi nouvelle allonge un délai, celui-ci s’ajoute à celui déjà écoulé Si la loi écourte le délai, l’ancien reste Ex : prescription acquisitive (avant 30 ans, mtn 10 ans) Ex : droit de passage en 1990, rendu en 2013, il n’est pas prescrit (juste 23 ans alors que le délai applicable est encore 30 ans) Ex droit de passage débute en 1995, lui rendu en 2013 est prescrit car le délai de 10 ans est EEV en 1994 Art. 6 (3) Délai allonge Ex : Art. 630 CCQ Si un délai… 3.3 Portée des principes applicables lors de la réforme du C.c.Q. Art. 1 de la loi JUSTE CCQ 28 Les dispositions du présent titre ont pour objet de régler les conflits de lois résultant de l’entrée en vigueur du Code civil du Québec et des modifications corrélatives apportées par la présente loi. » Cours 4 — Questions particulières de droit transitoire Plan de la séance I — Portée dans le temps de la jurisprudence en droit civil et en common law II — Exercices cas pratique I- Portée dans le temps de la jurisprudence en droit civil et en common law 1.1 Effet déclaratoire (rétroactif) Canada (P.G.) c. Hislop, [2007] 1 R.C.S. 429, paras. 83-86. Régime pension du Canada Fonctionnaires ont un fonds de pension Quand ils meurent, leur conjoint a des prestations Possible que le conjoint oublie de faire la demande, dans quel cas max remonter de 12 mois Donc si t’es en retard de 5 ans, t’auras le droit à un an Avant Juillet 2000, c’était juste les conjoints de sexe opposés Courant jurisprudentiel 1985 : Charte et art. 15 1999 arrêt M. c. H. CSC invalide l’exclusion de conjoints de même sexe dans un régime analogue au Régime des Pensions Avec ça, le gouvernement sait que cette discrimination est inconstitutionnelle, donc ils ont adopté une loi modificatrice 2000 adoption loi modificatrice : LMRAO Objectif : permettre aux conjoints de même sexe d’avoir accès à des prestations, mais en créant un nouveau régime qui commence en 2000 Le gouv a donc limité l’accessibilité au 1er janvier 1998 29 Donc une personne hétéro qui est en retard que son conjoint est mort en 1995, en 2000 tu peux avoir 12 mois Mais une personne homo même scénario n’a pas accès aux 12 mois Prestations Admissibilité Et les prestations sont versées à partir du 1er janvier BREF, ON A CRÉÉ UN NOUVEAU RÉGIME POUR LES CONJOINTS DE MÊME SEXE, MAIS JUSTE À PARTIR DE JUIN 2000 Donc inconstitutionnel : traitement distinct Mais pour le début des prestations, ça c’est OK si c’est versé à partir de juin 2000 avec 1 an de rétroactivité [81] Art. 52 : invalidité = réputé n’être jamais existé Théorie de blackstone [85] En principe, les décisions apl [86] [93] deux cas de figure qui peuvent se présenter et lorsqu’on créer une nouvelle de droit, [99 et ss] Premier scénario : Modification substantielle du droit 1.2 Exceptions à l’effet rétroactif Canada (P.G.) c. Hislop, [2007] 1 R.C.S. 429, paras. 90-101. 30 Application « plus souple » lors de l’interprétation de règles constitutionnelles « 93 Nous reconnaissons que le nouveau cadre d’analyse établi en l’espèce s’écarte des règles qui s’appliquaient antérieurement aux demandes fondées sur l’al. 11b). Une modification judiciaire du droit applicable est présumée avoir une application rétroactive et s'appliquer à une conduite antérieure (Canada (Procureur général) c. Hislop, 2007 CSC 10, [2007] 1 R.C.S. 429, par. 84). Des règles légèrement plus souples s’appliquent lorsque les tribunaux modifient l’interprétation donnée à des dispositions constitutionnelles (par. 88). L'établissement d’une période de transition, la suspension de la période d'invalidité et les mesures de redressement valables uniquement pour l'avenir font partie du cadre réparateur discrétionnaire établi par notre droit constitutionnel (par. 88-92; R. c. Brydges, [1990] 1 R.C.S. 190, p. 217-218; R. c. Feeney, [1997] 2 R.C.S. 117). » R. c. Jordan, 2016 CSC 27. II- Recours prescrits Chose jugée, décision finale ou transaction Exercices cas pratique Voir résumé des étapes pour la résolution de cas pratiques et exercices Moodle. Afin de promouvoir les naissances, le gouvernement de François Legault adopte une loi qui entre en vigueur le 1er janvier 2021 en vue d’imposer une nouvelle cotisation fiscale à l’ensemble des couples mariés du Québec qui n’ont pas (encore) d’enfant. Étant donné qu’elle s’applique à la fois aux couples mariés avant et après son entrée en vigueur, est-ce que la loi est rétroactive contrairement à la présomption de non rétroactivité des lois ? Non 31 Yves a un lourd passé criminel. Il a déjà été condamné, en 2004 et 2005 pour possession illégale d’une arme à feu. Il vient tout juste, en janvier dernier, de se faire prendre en flagrant délit de vol dans un dépanneur. La Loi sur la lutte contre les crimes violents, L.C. 2008, c. 6 est entrée en vigueur par décret le 2 juillet 2008. Celle-ci modifie le Code criminel pour instaurer le principe du « retrait sur trois prises » (traduction de « three strikes and you’re out »). Cette loi prévoit que les personnes condamnées pour une troisième fois doivent être traitées comme des délinquants dangereux, ce qui a pour effet de réduire à néant la possibilité de bénéficier d’une libération conditionnelle. Yves va subir son procès dans une semaine. Est-ce qu’Yves dispose d’un argument pour écarter l’application de la loi ? Si oui, lequel et si non, pourquoi? Non La disposition trouve application uniquement à partir de la commission de la troisième infraction. En l'espèce, la troisième prise est arrivée après l'EEV de la loi. La présomption de nonrétroactivité n'est donc pas pertinente dans ce cas (11 g)) car tout s'est passé après cette EEV. 32 Le gouvernement provincial caquiste souhaite à tout prix atteindre l’équilibre budgétaire. Il se rend compte en novembre 2021 qu’il n’atteindra pas ses objectifs. Ainsi, il décide d’adopter la Loi qui modifie la Loi sur l’impôt sur le revenu, L.Q. 2020, c. 23 qui contient les dispositions suivantes : Taux d’imposition 1. Le taux d’imposition est de 25% pour les revenus imposables entre 41 935 $ et 83 865$ gagnés au cours de l’année d’imposition 2021. Dispositions finales 25. Les dispositions de la présente loi entreront en vigueur le 1er décembre 2019. La Loi sur l’impôt sur le revenu contient les dispositions suivantes : Interprétation 1. Dans la présente partie et dans les règlements, à moins que le contexte n’indique un sens différent, l’expression : « année d’imposition » désigne : b) dans le cas d’un particulier, autre qu’une fiducie testamentaire, une année civile; 2. Un impôt sur le revenu doit être payé, ainsi qu’il est prévu par la présente loi, pour chaque année d’imposition, sur le revenu imposable de toute personne résidant au Canada à un moment donné au cours de l’année. 3. Pour déterminer le revenu d’un contribuable pour une année d’imposition : le calcul du total des sommes qui constituent chacune le revenu du contribuable pour l’année tiré d’un emploi M. Charest n’est pas du tout content de la nouvelle loi. Il vient vous consulter aujourd'hui, car il pense qu’elle est rétroactive, et ce, contrairement à un principe qu’il a vu dans son cours d’interprétation lorsqu’il était étudiant à Sherbrooke. Il pense également que les particuliers ont un droit acquis à ce que la loi ne change pas comme ça en cours d’année d’imposition. Question : Donnez un avis juridique à M. Charest à savoir si la loi est rétroactive et si elle porte atteinte aux droits acquis. 33 Est-ce qu’il y a rétroactivité? Rétroactivité Oui, c'est prévu dans la loi expressément qu'elle entre en vigueur en 2019 Droit acquis Test Dikranian s'applique, la situation de Jean Charest n'est pas individualisée. De plus, il n'y a pas d'expectative que la loi change pas pour les lois fiscales. Q4 Une loi provinciale modifie la procédure de plainte et retire à un délinquant la possibilité de présenter une plainte concernant ses droits en détention s’il est considéré comme étant un plaignant quérulent. Cette loi ne s’applique pas aux plaintes déposées avant l’entrée en vigueur de la loi. Vrai ou Faux? Expliquez votre réponse. Vrai, la loi retire le droit aux plaignants quérulents de déposer des plaintes pour l'avenir. On peut considérer que les plaignants quérulents ont acquis le droit d'obtenir une réponse aux plaintes déposées avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi. En effet, celles-ci 34 étaient individualisées et concrètes, constituées alors que chaque plainte déposées était propre au plaignant, et dûment déposée en vertu de l'ancien droit en vigueur. Vrai, C'est un droit substantiel et non procédural. Ainsi, on fait exception de l'application immédiate des modifications des règles de procédure et on respecte la présomption de respect de droits acquis. 35