Chap. I : Produit scalaire - Espaces préhilbertien et euclidien S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 1 / 25 1. Produit scalaire Forme bilinéaire Forme bilinéaire Définition Soit E un R-espace vectoriel. On appelle forme bilinéaire sur E toute application φ : E × E −→ R (u, v) 7−→ φ(u, v) vérifiant les propriétés suivantes : 1 Pour tout a, u, v ∈ E, l’application E −→ R, y 7−→ φ(a, y) est linéaire, i.e., ∀(u, v) ∈ E × E, ∀λ ∈ R, φ(a, u + λv) = φ(a, u) + λφ(a, v) 2 linéarité à droite Pour tout b ∈ E, l’application E −→ R, x 7−→ φ(x, b) est linéaire, i.e., ∀(u, v) ∈ E × E, ∀λ ∈ R, φ(u + λv, b) = φ(u, b) + λφ(v, b) S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III linéarité à gauche 2 / 25 1. Produit scalaire Forme bilinéaire Autrement dit, pour tous a ∈ E et b ∈ E, les applications y 7−→ φ(a, y) et x 7−→ φ(x, b) sont des formes linéaires, d’où le terme « forme ». Exemple 1 Pour E = R, l’application (x, y) 7−→ xy 2 Pour E = R2 , l’application x y , ′ 7−→ xy + x′ y ′ ′ x y est une forme bilinéaire sur E. 3 Pour E = Rn , l’application φ : E × E −→ R n X (x, y) 7−→ xi yi i=1 est une forme bilinéaire sur E. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 3 / 25 1. Produit scalaire 4 Forme bilinéaire Soit E = Mn (R), on pose : ∀A, B ∈ Mn (R), φ(A, B) = tr(AB). Alors φ est une forme bilinéaire sur E. 5 Soit E = C([0, 1]) le R-espace vectoriel des applications continues de [0, 1] dans R. L’application φ : E × E −→ R Z 1 (u, v) 7−→ u(t)v(t)dt 0 est une forme bilinéaire sur E. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 4 / 25 1. Produit scalaire Forme bilinéaire Définition Soit E un R-espace vectoriel. Soit φ une forme bilinéaire sur E. On dit que : φ est symétrique si ∀(u, v) ∈ E 2 , φ(u, v) = φ(v, u) φ est positive si ∀u ∈ E, φ(u, u) ⩾ 0 φ est définie si ∀u ∈ E, φ(u, u) = 0 ⇒ u = 0. Exemple x y L’application , ′ 7−→ xy + x′ y ′ est une forme bilinéaire symétrique définie x′ y positive sur R2 . S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 5 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Produit scalire Définition (Produit scalaire réel) On appelle produit scalaire réel sur E, toute forme bilinéaire symétrique et définie positive, i.e. toute application φ : E × E → R telle que 1 ∀x ∈ E, φx : y 7→ φ(x, y) est linéaire 2 ∀(x, y) ∈ E 2 , φ(x, y) = φ(y, x) 3 ∀x ∈ E, φ(x, x) ⩾ 0 positive 4 ∀x ∈ E, φ(x, x) = 0 =⇒ x = 0 définie. linéarité à droite symétrie Notations Le produit scalaire scalaire φ(x, y) de deux vecteurs x et y est noté ⟨x , y⟩, ou encore x · y, ⟨x | y⟩, (x | y) . . . S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 6 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Remarque 1 La linéarité à droite et la symétrie impliquent la linéarité à gauche. 2 Si l’un des vecteurs est nul, le produit scalaire est nul. 3 Le caractère « défini positif » du produit scalaire peut s’établir en montrant que ∀x ∈ E, ⟨x , x⟩ ⩾ 0 et ⟨x , x⟩ = 0 =⇒ x = 0 4 Si F est un R-sous-espace vectoriel de E, tout produit scalaire réel sur E induit un produit scalaire réel sur F . Définition (Espace préhilbertien réel, espace euclidien) E muni du produit scalaire ⟨· , ·⟩ est appelé un espace préhilbertien réel. Si E est un espace préhilbertien réel de dimension finie, on dit que E est un espace euclidien. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 7 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Exemples fondamontaux Produits scalaires canoniques sur Rn et Mn,p (R) 1 Produit scalaire canonique sur Rn : il est défini par ∀x = (x1 , . . . , xn ), ∀y = (y1 , . . . , yn ), ⟨x , y⟩ = n X x k yk k=1 2 Produit scalaire canonique sur Mn,1 (R) : il est défini par 2 ∀(X, Y ) ∈ Mn,1 (R) , ⟨X , Y ⟩ = tXY = n X xk yk k=1 3 Produit scalaire canonique sur Mn,p (R) : il est défini par X 2 ∀(A, B) ∈ Mn,p (R) , ⟨A , B⟩ = tr(tAB) = ai,j bi,j i,j S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 8 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Nous retrouvons ici les produits scalaires usuels auxquels nous sommes habitués dans le plans R2 et l’espace R3 en coordonnées de vecteurs. Par exemple dans R2 , pour ⃗u = (x, y) et ⃗v = (x′ , y ′ ), ⃗u · ⃗v = xx′ + yy ′ . Remarque De nombreux produits scalaires peuvent exister sur un même espace vectoriel. Par 2 1 exemple l’application (X, Y ) 7−→ t X Y = 2x1 y1 + x1 y2 + x2 y1 + 3x2 y2 est un 1 3 produit scalaire sur R2 distinct du produit scalaire canonique. 1 2 3 Symétrie et bilinéarité évidentes. 2 : Positive : pour tout X = (x1 , x2 ) ∈ R 2x1 + x2 tX 2 1 X = x = 2x21 + 2x1 x1 + 3y 2 = x21 + 2x22 + (x1 + x2 )2 ⩾ 0 1 x2 x1 + 3x2 1 3 2 1 Définie : si t X X = 0, alors comme x21 , x22 et (x1 + x2 )2 sont positifs : 1 2 x1 = x2 = x1 + x2 = 0, donc : X = (0, 0). S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 9 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Exemple Soit x0 , . . . , xn ∈ R distincts. L’application (P, Q) 7−→ scalaire sur Rn [X]. En effet. 1 3 k=0 P (xk ) Q (xk ) est un produit Symétrie et bilinéarité : Symétrie évidente, donc la linéarité par rapport à la première variable suffit. Pour tous P, Q, R ∈ Rn [X] et λ, ∈ R : n n n X X X (λP + Q) (xk ) R (xk ) = λ P (xk ) R (xk ) + Q (xk ) R (xk ) . k=0 2 Pn k=0 k=0 Pn 2 Positivité : Pour tout P ∈ Rn [X] : k=0 P (xk ) ⩾ 0. P Définie : Si nk=0 P (xk )2 = 0, alors comme on somme des réels positifs : P (xk ) = 0 pour tout k ∈ J0, nK, i.e. x0 , . . . , xn sont des racines de P . Le polynôme P de degré inférieur ou égal à n possède ainsi n + 1 racines distinctes, donc est nul. L’espace Rn [X] muni de ce produit scalaire est un espace euclidien. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 10 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Produits scalaires sur R[X] Produits scalaires sur l’espace des polynômes à coefficients réels ; si I est un intervalle et w une fonction continue sur I et à valeurs réelles (strictement) positives, telle que, pour tout n ∈ N, t 7→ tn w(t) soit intégrable sur I, l’application Z 2 (P, Q) ∈ R[X] 7→ ⟨P , Q⟩ = P (t)Q(t)w(t) dt I est un produit scalaire.Les cas classiques sont R1 1 I = [−1, 1], w(t) = 1 et ⟨P , Q⟩ = −1 P (t)Q(t) dt (Legendre) R 1 dt 1 2 et ⟨P , Q⟩ = −1 P (t)Q(t) √1−t (Chebychev) I = ]−1, 1[, w(t) = √1−t 2 2 R +∞ 3 I = [0, +∞[, w(t) = e−t et ⟨P , Q⟩ = 0 P (t)Q(t)e−t dt (Laguerre) R 2 2 +∞ 4 I = ]−∞, +∞[, w(t) = e−t et ⟨P , Q⟩ = −∞ P (t)Q(t)e−t dt (Hermite) S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 11 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Produit scalaire sur l’espace des fonctions continues 1 Produit scalaire sur l’espace des fonctions continues sur le segment [a, b] et à valeurs réelles : Z b 2 ∀(f, g) ∈ C([a, b], R) , ⟨f , g⟩ = f (t)g(t) dt a 2 Produit scalaire sur l’espace des fonctions continues, 2π-périodiques sur R et à valeurs réelles : Z π 2 1 ∀(f, g) ∈ C2π (R) , ⟨f , g⟩ = f (t)g(t) dt 2π −π 3 Produit scalaire sur l’espace des fonctions continues et de carré intégrable sur l’intervalle I, et à valeurs réelles : Z 2 2 ∀(f, g) ∈ L (I, R) , ⟨f , g⟩ = f (t)g(t) dt I S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 12 / 25 1. Produit scalaire Produit scalaire Exemple Soient a, b ∈ R avec : a < b. scalaire sur C([a, b], R). Démonstration L’application (f, g) −→ Rb a f (t)g(t)dt est un produit Symétrie et bilinéarité évidentes. Rb Définie postive : pour tout f ∈ C([a, b], R) : a f (t)2 dt ⩾ 0 Rb et si : a f (t)2 dt = 0, t 7→ f (t)2 étant continue et positive ⇒ f (t)2 = 0 ∀t ∈ [a, b], donc : f = 0. Attention ! Muni du produit scalaire défini ci-dessus, C([a, b], R) n’est pas un espace euclidein car ce n’est pas un R-espace vectoriel de dimension finie. C’est seulement un espace préhilbertien réel. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 13 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Norme et distance associée à un produit scalaire réel E désigne un espace préhilbertien réel dont le produit scalaire est noté ⟨ , ⟩. Définition (Norme et distance associée) On appelle norme associée au produit scalaire ⟨ , ⟩ l’application ∥ · ∥ : E → R+ définie par : p ∀x ∈ E, ∥x∥ = ⟨x , x⟩ La distance associée au produit scalaire est définie par : p ∀(x, y) ∈ E 2 , d(x, y) = ∥y − x∥ = ⟨(y − x) , (y − x)⟩ Dans la suite on va démontrer que ∥ · ∥ vérifie effectivement les propriétés d’une norme, c’est-à-dire : séparation, homogénéité et inégalité triangulaire. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 14 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Proposition p x 7→ ∥x∥ = ⟨x , x⟩ est une application de E sur [0, +∞[ qui vérifie 1 ∀x ∈ E, ∥x∥ = 0 ⇐⇒ x = 0 2 ∀(λ, x) ∈ R × E, ∥λx∥ = |λ| ∥x∥ axiome de séparation ; axiome d’homogénéité. Démonstration. 0 = ∥x∥2 = ⟨x , x⟩ ⇐⇒ x = 0 ; p p p ∥λx∥ = ⟨λx , λx⟩ = λ2 ⟨x , x⟩ = |λ| ⟨x , x⟩ = |λ|∥x∥ L’inégalité triangulaire sera démontrée dans la suite. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 15 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Proposition (Règles de calcul ) Soit E un espace préhilbertien réel. Alors pour x, y ∈ E : i) Identités remarquables : ∥x + y∥2 = ∥x∥2 + 2⟨x , y⟩ + ∥y∥2 ∥x − y∥2 = ∥x∥2 − 2⟨x , y⟩ + ∥y∥2 ∥x∥2 − ∥y∥2 = ⟨x + y , x − y⟩. ii) Identités de polarisation : 1 1 ⟨x, y⟩ = (∥x + y∥2 − ∥x∥2 − ∥y∥2 ) = (∥x + y∥2 − ∥x − y∥2 ). 2 4 iii) Identité du parallélogramme : ∥x + y∥2 + ∥x − y∥2 = 2(∥x∥2 + ∥y∥2 ). S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 16 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Démonstration. Utilisons la linéarité à droite et à gauche, et la symétrie du produit scalaire ∥x + y∥2 = ⟨x + y , x + y⟩ = ⟨x , x⟩ + ⟨x , y⟩ + ⟨y , x⟩ + ⟨y , y⟩ = ∥x∥2 + 2⟨x , y⟩ + ∥y∥2 En changeant y en −y, on obtient ∥x − y∥2 = ∥x∥2 − 2⟨x , y⟩ + ∥y∥2 Il suffit d’additionner les deux formules pour obtenir le résultat annoncé. Exercice Soit x et y deux vecteurs d’un espace préhilbertien réel E. Montrer que x − y est orthogonal à x + y si, et seulement si ∥x∥ = ∥y∥. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 17 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée La troisième égalité s’interprète dans la plan par Corollaire (Egalité du parallélogramme) La somme des carrés des longueurs des côtés d’un parallélogramme est égale au double de la somme des carrés des longueurs des diagonales. x−y x y x+ y y x Remarque L’égalité du parallélogramme caractérise les normes qui sont associées à un produit scalaire (réel). S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 18 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Inégalité de Cauchy-Schwarz Théorème (Inégalité de Cauchy-Schwarz) Soit E un espace préhilbertein réel. Pour tout x et y de E, on a |⟨x , y⟩| ⩽ ∥x∥ ∥y∥ L’égalité a lieu si, et seulement si la famille (x, y) est liée. Autrement x et y sont colinéaires. Preuve: Si ∥x∥ = 0, x est le vecteur nul, l’inégalité, qui devient une égalité dans ce cas, est vérifiée, et la famille (x = 0, y) est une famille liée. Si ∥x∥ = ̸ 0, on pose, pour λ ∈ R, P (λ) = ∥λx + y∥2 = λ2 ∥x∥2 + 2λ⟨x , y⟩ + ∥y∥2 . S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 19 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée P (λ) est un trinôme du second degré, que l’on écrit sous sa forme canonique ⟨x , y⟩ 2 ∥x∥2 ∥y∥2 − ⟨x , y⟩2 + 0 ⩽ P (λ) = ∥x∥2 λ + ∥x∥2 ∥x∥2 ,y⟩ En donnant la valeur particulière λ0 = − ⟨x , on obtient l’inégalité annoncée. ∥x∥2 Dans le cas de l’égalité de Cauchy-Schwarz, on a ⟨x , y⟩ 2 P (λ) = ∥x∥2 λ + ∥x∥2 ⟨x ,y⟩ Donnant à λ la valeur particulière λ0 = − ∥x∥2 , on obtient 0 = P (λ0 ) = ∥λ0 x + y∥2 , soit λ0 x + y = 0 et la famille (x, y) est une famille liée. Réciproquement, si la famille (x, y) est une famille liée, par exemple y = µx, alors |⟨x , y⟩| = |⟨x , µx⟩| = |µ|⟨x , x⟩ = |µ| ∥x∥2 = ∥x∥ ∥µx∥ = ∥x∥ ∥y∥ ⊛ S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 20 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Exemple Quelques exemples d’application de l’inégalité de Cauchy-Schwarz : 1 cas de Rn : n n n X 1 1 X X 2 2 |⟨x , y⟩| = | xk yk | ⩽ ∥x∥ ∥y∥ = yk2 x2k k=1 2 k=1 k=1 cas de Mn,1 (R) : n n n 1 X 1 X 1 1 X 2 2 |⟨X , Y ⟩| = |tXY | = | xk yk | ⩽ tXX 2 tY Y 2 = x2k yk2 k=1 3 k=1 k=1 cas de Mn,p (R) : |⟨A , B⟩| = |tr(tAB)| X 1 1 X 2 12 X 2 12 t t 2 tr( BB) 2 = ai,j bi,j =| ai,j bi,j | ⩽ tr( AA) i,j S. Boulite (www.ensa.ac.ma) i,j Algèbre III i,j 21 / 25 1. Produit scalaire 4 Norme et distance associée cas de C([a, b], R) : b Z |⟨f , g⟩| = f (t)g(t) dt ⩽ a 5 cas de L2 (I, R) Z 2 12 f (t) dt a b g(t) 2 dt 1 2 a : Z |⟨f , g⟩| = f (t)g(t) dt ⩽ Z I 6 b Z I f (t) 2 dt 1 Z 2 g(t) 2 1 2 dt I cas de R[X] : 1 Z 1 2 2 2 2 |⟨P , Q⟩| = P (t)Q(t)w(t) dt ⩽ P (t) w(t) dt Q(t) w(t) dt I RI 1 IR 2 −t2 21 R +∞ 2 2 2 2 +∞ +∞ −t −t Par exemple : −∞ P (t)Q(t)e dt ⩽ −∞ P (t) e dt dt −∞ Q(t) e Z S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Z Algèbre III 22 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Écart angulaire entre deux vecteurs L’inégalité de Cauchy-Schwarz montre que, pour deux vecteurs non nuls x et y de E, ⟨x , y⟩ ⩽1 ∥x∥ ∥y∥ ⟨x ,y⟩ Un réel que l’on écrit cos θ, pour un θ unique du segment [0, π], i.e. θ = arccos ∥x∥ ∥y∥ ; ce qui donne la définition suivante. −1 ⩽ Définition (Écart angulaire entre deux vecteurs) Si x et y sont deux vecteurs non nuls d’un espace préhilbertien réel, il existe un unique θ ∈ [0, π] tel que ⟨x , y⟩ = ∥x∥ ∥y∥ cos θ θ est appelé l’angle (non orienté) entre x et y ; cet angle est défini à π près. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 23 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Proposition (Inégalité de Minkowski) On a l’inégalité, dite de Minkowski, ∀(x, y) ∈ E 2 , ∥x + y∥ ⩽ ∥x∥ + ∥y∥ Démonstration. Développons ∥x + y∥2 et utilisons l’inégalité de Schwarz : 2 ∥x + y∥2 = ∥x∥2 + 2⟨x , y⟩ + ∥y∥2 ⩽ ∥x∥2 + 2∥x∥ ∥y∥ + ∥y∥2 = ∥x∥ + ∥y∥ Finalement, on a Théorème x 7→ ∥x∥ = p ⟨x , x⟩ est une norme sur E. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 24 / 25 1. Produit scalaire Norme et distance associée Remarque Cette norme est appelée norme hilbertienne si E est de dimension quelconque, norme euclidienne si E est de dimension finie. E muni de cette norme est un espace vectoriel normé. Si de plus (E, ∥ · ∥) est complet, i.e. toute suite de Cauchy de E est convergente, on dit que (E, ∥ · ∥) est un espace de Hilbert, qu’on note aussi par (E, ⟨· , ·⟩). De manière plus générale, on sait que tout espace normé (sur R ou C) de dimension finie est complet, donc tout espace euclidien est un espace de Hilbert. David Hilbert (1862-1943) Mathématicien allemand, considéré comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps et le dernier à maîtriser, à défaut de connaître, presque toutes les mathématiques connues à son époque. Il a aussi influencé toute la physique du 20ème siècle, à travers la mécanique quantique notamment, par ses travaux sur les équations aux dérivées partielles et la relativité générale. S. Boulite (www.ensa.ac.ma) Algèbre III 25 / 25