D.I.Weber, E.I.Nosova Manuscrit trouvé à Saint-Pétersbourg: Chronicon terrae Prussiae de Pierre de Duisbourg traduit par Jean Potocki. Le manuscrit Aux Archives de l’Institut d’histoire de Saint-Pétersbourg est conservé un manuscrit imperceptible en apparence1. Sa demi-reliure est typique pour la fin du XVIIIe ou début du XIXe siècle: le dos et les coins sont confectionnés en cuir clair et les plats sont couverts en papier teinté de rose. Le manuscrit est écrit sur papier filigrané de deux sortes Pro Patria et C&I Honig. La dimension de feuille est égale à 20 sur 31 cm. Aujourd’hui le manuscrit consiste de 35 feuilles, mais c’est le recto seulement qui est rempli de texte. La foliation figure dans le coin supérieur droit, en chiffres arabes et en encre noire. La feuille nº 36 sert de feuille de garde numérotée par la même main que les autres 35 feuilles. Au début de manuscrit on a déchiré le seconde feuille de garde et les deux feuilles du premier cahier. À la fin, avant la feuille nº 36 une feuille manque, mais cela ne trouble pas la foliation2. Le texte est écrit de la même main y compris les corrections peu nombreux. Outre le texte principal, il y a des notes marginales fait par une autre main. Sur la premiere feuille de garde on peut voir ex-libris de la Comité archéographique; sur le premier feuille on trouve le cachet BIBLIOTHECA ACADEMIAE VILNENSIS. Sur le plat, il y a une étiquette qui porte l’inscription suivante: LXXIV. | <Tables comparatives des langues et dialectes> Pierre de Duysbourg| Pars Chronici Prussiae Petri de | Düsburg (inde ab initio utque ad capitulum XII. | Partis IIItiae inclusive), in linguam Franco-| gallicam versa et conscripta, ut videtur, a| Cel. Joanne Potocki, additis aliquot notis| historicis3. Or, à juger par le titre, le manuscript décrit est rien d'autre qu’une partie de Chronicon terrae Prussiae de Pierre de Duisbourg, source la plus connue sur l’histoire de l’Ordre teutonique, traduit par Jean Potocki (1761-1815). Aujourd’hui Jean Potocki est connu d’abord Archives de l’Institut d’histoire de Saint-Petersbourg, Section des Manuscrit occidentaux, collection 32, carton 658, nº 4. 2 Annexe I. 3 Nous utilisons les paranthèses brisées pour signaler les mots rayés. Les contractions sont mises en italyque. La fin de ligne est marque par le signe «|». 1 1 grâce à son roman mystique Manuscrit trouvé à Saragosse, mais ses contemporaines admiraient aussi son talant d’historien, d’archéologue et d’ethnologue. L’auteur Jean Potocki appartenait à la famille noble (Szlachta), dont les membres étaient parmi les premiers dans la république des Deux Nations: le grand-père de Jean Potocki tenait l’office de voïvode (chef militaire) de Smolensk. Le père de Jean Potocki, Joseph était maître-d'hôtel de la Couronne. C’était en principe la mère Anne- Thérèse, née Ossolińska, qui s’occupait de l’éducation des enfants4. Durant 12 ans environ, de 1766 à 1778, Jean Potocki divisait son temps entre Genève et Lausanne où il faisait ses études, Paris ou habitait sa mère, et Vienne ou son père avait été invité à rendre ses services à l’impératrice d’Autriche. Grâce à son père qui l’a recommandé à Marie-Thérèse, le service militaire à l’armée autrichienne est devenu la première expérience professionelle de Potocki5. Pourtant il ne durait qu’une année environ. Après avoir quitté l’armée autrichienne, Potocki s’est rendu à l'île de Malte, où il est devenu chevalier de l’ordre de Malte. Puis, suivait une série des voyages. En 1781-1782, il visitait l’Italie en compagnie de son cousin Stanislas Potocki. Une année après, il faisait ses recherches en Hongrie et en Serbie. Enfin, en 1784, Potocki a fait un voyage en Égypte et en Turquie6 qu’il a mis au fond de son œuvre littéraire7. Les voyages devenaient une partie inséparable de la vie de Potocki et un des facteurs influencés sa personnalité et son style artistique particulier8. L’écho des voyages serait particulièrement fort dans Manuscrit trouvé à Saragosse et dans ses ouvrages historiques et géographiques. Les Partages de la Pologne, dont la grande majorité des familles nobles de Pologne a souffert beaucoup, exerçait d’influence moins tragique sur Potocki que sur les autres puisque Catherine II lui a remis toutes les possessions. En 1805-1806, Potocki est passé au service russe. Il a été mis a la tête de la mission scientifique de l’ambassade du comte J.A. Golovkine au Chine et a été elu membre honoraire de l’Académie de sciences. Puis il a quitté Saint-Pétersbourg pour s’installer dans son domaine d’Uładówka en Ukraine où il s’est suicidé en 1815. François ROSSET, Dominique TRIAIRE, De Varsovie à Saragosse: Jean Potocki et son œuvre, Leuven, Peeters Publishers, 2000, p. 38-40. 5 François ROSSET, Dominique TRIAIRE, De Varsovie à Saragosse..., p. 70, 75. 6 François ROSSET, Dominique TRIAIRE, De Varsovie à Saragosse..., p. 5. 7 Jean POTOCKI, Voyage en Turquie et en Égypte, fait en l'année 1784, Paris, Royez, 1788. 8 Sarga MOUSSA, « Le nomadisme chez Potocki: des rècits de voyage au ”Manuscrit trouvé à Saragosse” », Revue de littérature comparée, t. 287, n 3, 1998, p. 333-334. 4 2 La provenance de manuscrit Considérant les voyages infinis de Potocki, ses vastes contactes et le fait qu’il ne se préoccupait pas lui-même de destin de ses ouvrages, il n’est pas étonnant que ces archives soient fortement dispersées partout en Europe. Même ces ouvrages imprimés devenaient un rareté bibliographique, puis qu’ils étaient publiés de tirage à 2-5 exemplaires. En ce qui concerne les manuscrits, les contemporains de Potocki ne pouvaient pas les trouver 10 ou 15 ans déjà après la mort de Potocki. Princesse Еlisaveta Vorontzova, née Branicka, ami d’Alexandre Pouchkine, a pris des renseignements sur Manuscrit trouvé à Saragosse à la demande de Pouchkine qui s’intéressait vivement aux œuvres littéraires et scientifiques de Potocki9. L’inventaire des ouvrages de Jean Potocki, écrits et imprimés, composé par M. Dominique Triaire10 donne l’impression de l’ampleur de la dispersion géographique des manuscrits de Potocki qui se trouvent à Varsovie (Archiwum Główne Akt Dawnych w Warszawie), à Cracovie (Biblioteka Czartoryskich przy Muzeum Narodowym w Krakowie), à Wroclaw (Ossolineum ou Zakład Narodowy im. Ossolińskich) à Moscou (Archives de la politique extérieure de l'empire de Russie), à Saint-Pétersbourg (Bibliothèque Nationale de Russie), à Philadelphie (American Philosophical Society Library). Vue le destin difficile des archives de Potocki, il serait intéressant de retracer les voies par lesquelles la traduction de Chronicon terrae Prussiae s’est trouvée aux Archives de l’Institut d’histoire à Saint-Pétersbourg. Comme beaucoup d’autres documents qui sont abrités aujourd’hui aux Archives de l’Institut d’histoire, l’autographe de Potocki faisait auparavant partie de la collection de la Comité archéographique dont témoigne ex-libris11. La Comité archéographique a été fondée en 1834, après une série successive des expéditions de l’Académie des Sciences, comme une institution permanente dont le but principal consistait en publication des documents sur l’histoire russe. En outre, on trouve le cachet de la Bibliothèque de l’Académie de Vilnius (“Bibliotheka Academiae Vilnensis“)12. On sait qu’en 1832, l’Université (Académie) de Vilnius a été fermée, et sa bibliothèque a été transferée ensuite à SaintPétersbourg13. Ainsi, on peut supposer que l’autographe de Potocki a rejoint la collection de la Comité archéographique après avoir été conservé à Saint-Pétersbourg pour une certaine période. Viktor TCHERNOBAEV, «K istorii nabroska “Alfons saditsya na konya”» [«A propos d’une ebauche „Alfons mounte la cheval”»], Vremennik Pushkinskoy komissii [Bulletin of Pushkin Commission], vol. 4-5, 1939, p. 405416. 10 Dominique TRIAIRE, Œuvre de Jean Potocki : Inventaire, Paris, Champion, 1985. 11 Annexe II. 12 Ibid. 13 http://www.mb.vu.lt/en/cultural-heritage/rare-books (17.09.2015). 9 3 Mais comment le manuscrit est entré dans les fonds de la Bibliothèque de l’Académie de Vilnius? Peut-être, il y a été remis par Karol Klaudiusz Wiszniewski, fils l’administrateur des biens d’Uladivka (Uładówka), domaine de Potocki ou il s’est suicidé. Dans les années 1820, Wiszniewski étudiait la médicine à l’Université de Vilnius et puis il a soutenu sa thèse de doctorat à l’Académie de Médecine et de Chirurgie créée à la base de l’Université de Vilnius supprimée auparavant. En 1825 ou en 1826, Wiszniewski a trouvé à Uladivka quelques autographes de Potocki dont une partie il a offert à son alma mater. Encore trois manuscrits sont entré dans la collection de Władisław Pobog-Gorski (1822-1902), bibliophile s’intéresse à l’histoire de Podolie. Sans doute, Wiszniewski et Pobog-Gorski ont fait connaissance à Harkiv où Wiszniewski dirigeait l’École pratique de la Vétérinarie qu’il avait établie, et Pobog-Gorski faisait ses études de droit à l’Université de Harkiv14. Osons supposer que le manuscrit de l’Institut d’histoire est le même codex dont a écrit M. Baliński15. Il cite le titre entier qui coïncide avec le celui de manuscrit de l’Institut d’histoire. Une seule chose qui nous empêche à les identifier, c’est le nombre des pages. Baliński note que manuscrit compte 18 feuilles, tandis que l’exemplaire de l’Institut d’histoire consiste des 36 feuilles (feuille de garde comprise). Mais si on souvient que le texte est écrit au verso seulement, on peut supposer qu’ici glisse une petite faute. Outre la traduction elle-même, le manuscrit abrite les notes de traducteur consacrées en principe à la toponymie. Ces notes servent une attestation que c’est le manuscrit auquel Baliński a fait référence. En décrivant le codex de la Bibliothèque de l’Académie de Vilnius, il a remarqué les notes qui précisent les anciens et les nouveaux noms de villes et les châteaux16. Outre Chronicon terrae Prussiae, Baliński mentionne une autre traduction de Potocki, Chronica Slavorum de Helmold von Bosau17. Ce manuscrit a aussi été trouvé aux Archives de l’Institut d’histoire dans la collection Rossica18. Il a demi-reliure rassemblant à celle de Chronicon terrae Prussiae et compte 43 feuilles dont les versos ont été restes vieges aussi. Przemysław B. WITKOWSKI, «Jean Potocki à la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle d’après son journal de travail personnel et d’autres documents inédits des archives de Kiev», dans Jean Potocki ou le dédale des Lumières, Le Spectateur europeen, numero hors serie, éd. par Fr. Rosset et D.Triaire, Montpellier, Presses universitaires de la Mediterranee, 2010, p. 164-167. 15 Michał BALINSKI, Pisma historyczne Michała Balińskiego, Warszawa, Nakladem G. Sennewalda, 1843, vol. 3, p. 207. 16 Michał BALINSKI, Pisma historyczne..., p. 207. 17 Michał BALINSKI, Pisma historyczne..., p. 208. Pour la dernière édition v. HELMOLD VON BOSAU, Helmold: Chronica Slavorum, Neu übertragen und erläutert von Heinz STOOB, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2008. 18 Archives de l’Institut d’histoire de Saint-Pétersbourg, Section des Manuscrit occidentaux, collection 39, carton 636, nº 4. 14 4 La traduction Revenons à la traduction de Pierre de Duisbourg. L’écriture du manuscrit est facile à lire, mais loin d’être calligraphique. Notre attribution audacieuse de cette écriture à Potocki lui-même a été prouvée grâce à la comparaison avec les letters autographes de Potocki19. Au cours de son travail, Potocki se servait d’une seule édition de Chronicon qui existait à la fin du XVIIIe siècle, celle de Christoph Hartknoch20. On le sait à cause de la note marginale au verso du folio 35 du manuscrit21. L’édition critique préparée par M. Töppen, plus détaillée et bien fondée, est apparue plusieurs années après la mort de Potocki22. Pourtant la publication faite par Hartknoch avait aussi ces avantages puisqu’elle a été fondée entre autre sur les manuscrits qui avaient été perdus vers la deuxième moitié du XIXe siècle quand Töppen travaillait. Dans la préface de son édition Töppen note que la publication de Hartknoch a été établi d’après le manuscrit de Königsberg23. En outre, Hartknoch faisait usage d’un fragment de manuscrit qu’il avait trouvé chez le membre de Conseil de la ville de Königsberg Daniel Wachschlager. Le fragment en question a fait partie du legs de l’historien Salomon Neugebauer 24 . L’édition de Hartknoch est complétée par grand nombre des notes composées à l’aide d’autres chroniques et recherches. Malgré cela, la publication de Hartknoch n’est pas impeccable. Comme le note Töppen, les noms sont parfois tant altérés, qu’il est difficile de les identifier; parfois Hartknoch faisait les tentatives de corriger la langue d’original25. Malheureusement, Töppen ne précise pas de quoi il s’agit. Pour quel but Potocki a traduit Chronicon de Pierre de Duisbourg ? Parmi les ouvrages conservés de Potocki on peut trouver les fragments de Chronicon dans Chroniques, mémoires et recherches pour servir à l’histoire de tous les peuples slaves26 et dans le quatrième volume des Dominique TRIAIRE, Œuvre de Jean Potocki : Inventaire, Paris, Champion, 1985, p. Les auteurs tiennent à remercier M. Dominique Triaire qui s’est donné la peine de verifier cette hypothèse. 20 Petrus de Dusburg, Chronicon Prussiae, publ. par Christoph Hartknoch, Francofurti et Lipsiæ, Sumtibus Martini Hallervordii, Jenæ, Typis Iohannis Nisi, 1679. 21 «Chronicon Prussica ed. Christophoro Hartknochii [...] 1679. 4°. Жеан [?] Потоцкий перевелъ отъ 1 до 96 стр. [Jean Potocki a traduit de la 1 a la 96 page]». L’insciption n’appartient pas a la main de Potocki. On sait qu’en 1796, Potocki a demande Ernst Theodor Langer, bibliothécaire de Wolfenbüttel, de lui envoyer l’edition de Hartknoch. Lorenz FRISCHKNECHT «Un hiver pour les livres. Dix lettres de Jean Potocki à Ernst Theodor Langer, bibliothécaire de Wolfenbüttel», Études de lettres, vol. 4, 2012, p. 195-222. 22 Petrus de Dusburg, Chronicon Terrae Prussiae, éd. par M. von Töppen, dans Scriptores Rerum Prussicarum, Leipzig, Verlag von S. Hirzel, 1861. Bd. 1. 23 Petrus de Dusburg, Chronicon Terrae Prussiae, éd. par M. von Töppen..., p. 16. 24 Petrus de Dusburg, Chronicon Terrae Prussiae, éd. par M. von Töppen..., p. 16. 25 Petrus de Dusburg, Chronicon Terrae Prussiae, éd. par M. von Töppen..., p. 17. 26 Jean POTOCKI, Chroniques, mémoires et recherches pour servir à l’histoire de tous les peuples slaves. Varsovie, 1793. 19 5 Fragments historiques et géographiques sur la Scythie, la Sarmatie et les Slaves27. Par exemple, le neuvième paragraphe de huitième chapitre des Fragments historiques et géographiques Potocki décrit la mythologie des Prussiens28. Le seconde chapitre se présente la traduction d’une partie de Chronicon de Pierre de Duisbourg qui touche la même question29. Il s’agit de la traduction de cinquième et sixième chapitre de la troisième partie de Chronicon qui dans l’ouvrage de Potocki a l'air de texte homogène, parce que les numéros et les titres des chapitres sont absents chez Hartknoch. Il est à noter que dans le manuscrit pétersbourgeois ces deux chapitres ne sont pas traduits. Potocki a mis en face de titres de ces chapitres une accolade et au verso du feuille précédent il a écrit «Ces deux chapitres se trouvent déjà dans le livre, 142»30. Cela considéré, on peut supposer que Potocki travaillait sur le manuscrit pétersbourgeois après la publication des Fragments historiques et géographiques, c’est-à-dire après 1796, mais on ignore pour quel but Potocki préparait la traduction d’autres fragments de Chronicon. La méthode scientifique La traduction de Duisbourg nous introduit dans le laboratoire scientifique de Potocki. Sur les feuilles de ce manuscrit on peut observer les traces de son travail de chercheur. Potocki a créé ses ouvrages consacrés au Moyen Âge à l’époque quand l’image négative sur cette période dominait dans la pensée européenne. Le Moyen Âge ont été représente comme les temps de barbarisme et violence. Les changements seront provoqués par la parution des ouvrages de Walter Scott dans les années 1820 seulement. Pour Potocki à l’encontre, la période médiévale représente un lien qui unit l’Antiquité et le Temps Moderne. Il soulignait la continuité qui s’exprimait dans la stabilité des toponymes. Ainsi, l’attention à la topographie était propre à la méthode de Potocki31 qui peut être en toute assurance appelée pré-ethnologique32. L’analyse des noms, selon Potocki, permet de retracer les limites d’installation des groupes ethniques. Les chroniques donnaient la possibilité de suivre la succession et le transfert de noms et des mots entre les peuples. Pour établir la parenté des peuples, Potocki utilisait les différents dictionnaires et les listes des mots qu’il composait pendant ses voyages. Il dessinait les arbres linguistiques des Jean POTOCKI, Fragments historiques et géographiques sur la Scythie, la Sarmatie et les Slaves. Brunszwik, 1796. t. 4. 28 Jean POTOCKI, Fragments historiques et géographiques..., p. 140-141. 29 Jean POTOCKI, Fragments historiques et géographiques..., p. 141-150. 30 Annexe III. 31 Włodzimierz ANTONIEWICZ. «Niektóre zagadnienia historiografii dawnich Słowian XIX-XX stulecia», dans Światowit:Rrocznik poświęcony archeologii przeddziejowej i badaniom pierwotnej kultury polskiej i słowiańskiej, n 27, 1966, p. 30; Maria BLOMBERGOWA, «Kontakty polskich starożytników i archeologów z rosyjskimi instytucjami naukowymi w Odessie (do 1914 r.)», Kwartalnik Historii Nauki i Techniki, n 4, 1995, p. 34. 32 TRIAIRE Dominique, «Le Moyen Âge de Jean Potocki», p. 30. 27 6 langues commençant par les langues maternelles et finissant par les langues de ses contemporaines33. Ainsi, il est curieux à remarquer que le cahier qui abrite la traduction de Chronicon de Pierre de Duisbourg servait auparavant pour le tableau comparatif de langues et des dialectes. Le titre qui figure sur le plat de reliure a été rayé et remplacé. Tous les traits mentionnés peuvent être récupérés à travers des « notes de traducteur » de Potocki qui sont consacrés en principe au changement de la topographie des Pays baltes. Quelles sources utilisait-il pour composer les notes? D’abord, un certain nombre des commentaires ont été tirés sans doute de la publication de Chronicon de Hartknoch. Ensuite, Potocki pouvait se servir de supplément pour la carte de Prussie de Caspar Hennenberger, historien et cartographe du XVIe siècle qui travaillait à Königsberg34. Pour la première fois la carte a été publiée en 1576 sur quatre in-folio sous le titre «Prussiae das ist, des Landes zu Preussen, welches das herrlichste Theil ist Sarmantiae Europeae, Eigentliche vnd Warhafftige Beschreibung»35. Puis, Hennenberger a publié le supplément pour sa carte36. Hartknoch utilisait le supplément de Hennenberger, mais il a mis le numéro de référence de Hennenberger seulement, tandis que les autres sources il citait en entier. Potocki ne s’est pas limité aux numéros de référence comme Hartknoch, mais il a donné le résume des commentaires de Hennenberger. Outre ces deux sources, Potocki a fait référence aux anciens auteurs, en particulier à Jordanès37. Pourtant un certain nombre des notes ne sont pas tirées ni de Hartknoch ni de Hennenberger. Par exemple, il reste inconnu d’où Potocki a emprunté l’information sur Hugues Botyrus (chef militaire qui a attaqué les Prussiens, mais il n’en reste pas des preuves documentaires) et sur Marienverder, une des places fortes de l’Ordre teutonique38. Tout cela nous laisse à supposer que Potocki avait d’autres sources à sa disposition dont les noms nous échappent. Il faut souligner que Potocki a commenté le texte d’une manière très sélective. Tout d’abord, la majorité de ses commentaires touchent la toponymie comme nous l’avons déjà mentionné. Ensuite, les commentaires sont repartis au sein de texte inégalement et ils ne commencent que dès le septième chapitre de la deuxième partie de Chronicon. L’absence des Dominique TRIAIRE, Œuvre de Jean Potocki..., p. 33. Werner HORN, Hennenberger, Caspar, dans Neue Deutsche Biographie, Berlin, Duncker & Humblot, 1969, vol. 8, p. 542. 35 «Prussiae das ist, des Landes zu Preussen, welches das herrlichste Theil ist Sarmantiae Europeae, Eigentliche vnd Warhafftige Beschreibung. Durch Casparum Hennebergerum, Erlichensem ». Cf. Karl LOHMEYER, «Hennenberger, Caspar», dans Allgemeine Deutsche Biographie, Leipzig, Duncker & Humblot, 1880, vol. 11, p. 770. 36 Caspar HENNENBERGER, Erclerung der Preüssischen groessern Landtaffel oder Mappen. Königsberg, Osterberger, 1595. 37 Archives de l’Institut d’histoire de Saint-Petersbourg, Section des Manuscrit occidentaux, collection 32, carton 658, nº 4, f. 24. 38 Annexe IV. 33 34 7 notes dans la première parie est bien évidente parce que Potocki n’avait pas pour but d’écrire l’histoire de l’Ordre teutonique. La première partie nous raconte l’histoire de l’Ordre avant son avènement en Prussie, tandis que la deuxième est consacrée à l’arrivée des chevaliers en Prussie, région qui intéresse Potocki plus précisément. Dès ce moment, il s’est mis à laisser les remarques. La majorité des notes sont concentrées sur les dernières pages du manuscrit et elles sont liées à la troisième partie. Enfin, Potocki était loin d’admettre toutes les notes de Hartknoch qui sont beaucoup plus nombreuses. Potocki en a choisi une dizaine environ. On peut supposer qu’il a expliqué les toponymes peu claires ou vagues. Ainsi, la sélection des places à commenter permet de reconstruire les connaissances des Pays baltes à l’époque antérieure à la publication des sources avec les riches commentaires, comme Scriptores Rerum Prussicarum39, Scriptores Rerum Livonicarum40 ou Monumenta Livoniae Antiquae41. Par exemple, Potocki a remarqué que la ville de «Roggow» était inconnue. Cette conclusion découle sans doute de l’absence de ce toponyme dans les ouvrages de Hartknoch et de Hennenberger42. Les chercheurs contemporains l’assosient avec le village actuel de Rogów en Pologne, au nord de Toruń43. Plusieurs autres toponymes sont identifiés correctement comme le témoignent les études postérieurs. Potocki localise justement insula de Quidino faite par la rivière Nogathe, affluent de Vistule44. L’hypothèse de Potocki qui a lié Redino avec Radzyń Chełmiński, une ville de la Voïvodie de Couïavie-Poméranie, est aussi approuvée par l’historiographie postérieure45. En guise de conclusion Les deux manuscrits présentés ici n’épuisent pas évidemment le legs scientifique de Potocki conservé à Saint-Pétersbourg. En tant que membre étranger de l’Académie des Sciences, Scriptores rerum Prussicarum, éd. par Theodor HIRSCH, Max TÖPPEN, Ernst STREHLKE, Walther HUBATSCH, Leipzig, S. Hirzel Verlag, Frankfurt am Main, 6 vols. 40 Scriptores rerum Livonicarum. Sammlung der wichtigsten Chroniken und Geschichtsdenkmale von Liv-‚ Ehstund Kurland, Riga, Leipzig, E. Frantzen, 1848-1853, 2 vols. 41 Monumenta Livoniae Antiquae. Sammlung von Chroniken, Berichten, Urkunden und andern schriftlichen Denkmalen und Aufsätzen, welche zur Erläuterung der Geschichte Liv-, Ehst-und Kurland's dienen. Riga, Dorpat, Leipzig, E. Frantzen, 1835 – 1847, 5 vols. 42 Annexe IV. 43 NICOLAUS VON JEROSCHIN, The Chronicle of Prussia by Nicolaus von Jeroschin. A history of the Teutonic knights in Prussia 1190-1331, trad. Mary FISCHER, Edinburgh, Ashgate Publishing, 2010, p. 73; Grzegorz BIAŁUŃSKI, «Ród Pipina», Pruthenia : pismo poświęcone Prusom i ludom bałtyjskim, vol. V, 2010, p. 95. 44 Chronicon Terrae Prussiae von Peter von Dusburg… p. 57; William PIERSON, «Altpreussische Namenskodex», Zeitschrift fur preussische Geschichte und Landeskunde, vol. X, 1873, p. 703; Waldemar HEYN, «Castrum parvum Quidin. Die älteste Burg des Deutschen Irdens in Pomesanien. Ein Beitrag zum Burgenbau der Frühzeit des Deutschen Ritterordens und zur Urgeschichte der Stadt Marienwerder», Zeitschrift des westpreußischen Geschichtsvereins, 1930, vol. 70, p. 8. 45 Ernst BAHR, «Zur Entstehung der kleinen Westpreussischen Landstädte», Acta Prussica. Abhandlungen zur Geschichte Ost- und Westpreußens, Wurzburg, Holzner-Verlag, 1968, p. 78; William PIERSON, «Altpreussische Namenskodex», p. 703. 39 8 il devait laisser les nombreuses traces dans ses archives, ce qui fait naître l'espoir des nouveaux découverts. Le dépouillement systématique de fonds de Filiale de Saint-Pétersbourg des Archives de l'Académie des Sciences de Russie nous donnera peut-être un jour plus d’informations sur la méthode de Jean Potocki. Auteurs: Weber, Dmitriy Ivanovich — Université d’État de Saint-Pétersbourg, Faculté de Philosopie, Saint-Petérsbourg, Russie, candidat en histoire (PhD). d.veber@spbu.ru. Nosova, Ekaterina Igorevna — Institut d’histoire de Saint-Pétersbourg, Académie de Sciences de Russie, Saint-Pétersbourg, Russie, candidat en histoire (PhD). katerinanossova@gmail.com. Mots-cles: Jean Potocki (1761-1815), Chronicon Terrae Prussiae, Pierre de Dusburg, Christophor Hartknoch (1644-1687), Caspar Hennenberger (1529-1600), toponymie. References ANTONIEWICZ Włodzimierz, «Niektóre zagadnienia historiografii dawnich Słowian XIXXX stulecia», dans Światowit: rocznik poświęcony archeologii przeddziejowej i badaniom pierwotnej kultury polskiej i słowiańskiej, n° 27, 1966, p. 24-93. BAHR Ernst. «Zur Entstehung der kleinen Westpreussischen Landstädte», dans Acta Prussica. Abhandlungen zur Geschichte Ost- und Westpreußens, Wurzburg, Holzner-Verlag, 1968, p. 77-94. BALIŃSKI Michał. Pisma historyczne Michała Balińskiego, 3 vols, Warszawa, Nakladem G. Sennewalda, 1843. BIAŁUŃSKI Grzegorz, «Ród Pipina», Pruthenia : pismo poświęcone Prusom i ludom bałtyjskim, vol. V, 2010, p. 91–112. NICOLAUS VON JEROSCHIN, The Chronicle of Prussia by Nicolaus von Jeroschin. A history of the Teutonic knights in Prussia 1190-1331, trad. Mary FISCHER, Edinburgh, Ashgate Publishing, 2010, 317 p. FRISCHKNECHT Lorenz, «Un hiver pour les livres. Dix lettres de Jean Potocki à Ernst Theodor Langer, bibliothécaire de Wolfenbüttel», Études de lettres, n° 4, 2012, p. 195-222. 9 HELMOLD VON BOSAU, Helmold: Chronica Slavorum. Neu übertragen und erläutert von Heinz STOOB, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2008, 399 p. HENNENBERGER Caspar, Erklerung der Preussischen grössen Landtaffel...Königsberg, Osterberger, 1595, 492 p. HEYN Waldemar, «Castrum parvum Quidin. Die älteste Burg des Deutschen Irdens in Pomesanien. Ein Beitrag zum Burgenbau der Frühzeit des Deutschen Ritterordens und zur Urgeschichte der Stadt Marienwerder», Zeitschrift des westpreußischen Geschichtsvereins, vol. 70, 1930, p. 5-67. HORN Werner, «Hennenberger, Caspar», dans Neue Deutsche Biographie, Berlin, Duncker & Humblot, 1969, vol. 8, p. 542. LABUDA Gerard, «O zrodlach «Kroniki Pruskiej» Piotra z Dusburga», dans Komunikaty Mazursko-Warminskie, n° 2-3, 1971, p. 217-243. LOHMEYER Karl, «Hennenberger, Caspar», dans Allgemeine Deutsche Biographie, Leipzig, Duncker & Humblot, 1880, vol. 11, p. 769–771. Monumenta Livoniae Antiquae. Sammlung von Chroniken, Berichten, Urkunden und andern schriftlichen Denkmalen und Aufsätzen, welche zur Erläuterung der Geschichte Liv-, Ehst-und Kurland's dienen. Riga, Dorpat, Leipzig, E. 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