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PROCÉDÉS CHIMIE - BIO - AGRO
Ti452 - Opérations unitaires. Génie de la réaction chimique
Opérations unitaires :
évaporation et séchage
Réf. Internet : 42316 | 2nde édition
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III
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)
composé de :
Industrialisation des procédés et usine du futur
Réf. Internet : 42602
Thermodynamique et cinétique chimique
Réf. Internet : 42323
Transfert de matière en génie des procédés
Réf. Internet : 42326
Opérations unitaires : agitation et mélange
Réf. Internet : 42486
Catalyse et procédés catalytiques
Réf. Internet : 42325
Électrochimie
Réf. Internet : 42322
Réacteurs chimiques
Réf. Internet : 42330
Chimie en flux continu
Réf. Internet : 42682
Opérations unitaires : séparation Gaz-Liquide
Réf. Internet : 42324
Opérations unitaires : extractions fluide/fluide et fluide/
solide
Réf. Internet : 42332
Opérations unitaires : techniques séparatives sur membranes Réf. Internet : 42331
Opérations unitaires : séparation de phases, décantation
et filtration
Réf. Internet : 42484
Opérations unitaires : évaporation et séchage
Réf. Internet : 42316
Opérations unitaires : tri et traitement des liquides et des
solides
Réf. Internet : 42446
Opérations unitaires : traitement des gaz
Réf. Internet : 42485
Modélisation en génie des procédés
Réf. Internet : 42328
Innovations en génie des procédés
Réf. Internet : 42487

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Opérations unitaires. Génie de la réaction
chimique
(Réf. Internet ti452)
dont les exper ts scientifiques sont :
Jean-Claude CHARPENTIER
Professeur et directeur de recherches CNRS au Laboratoire Réactions et Génie
des Procédés à l'ENSIC-Nancy, Ancien directeur de l'ENSIC-Nancy, de l' ESCPE
Lyon et du département Sciences pour l'ingénieur du CNRS, Past-président de
la Fédération européenne de génie chimique (EFCE)
Jean-Pierre DAL PONT
Président de la SFGP (Société française de génie des procédés), Secrétaire
général de l'EFCE (Fédération européenne du génie chimique), Président de la
SECF (Société des experts chimistes de France)
Jean-François JOLY
Ingénieur de l'École supérieure de chimie industrielle de Lyon, Ingénieurdocteur de l'Université de Lyon, Directeur expert à l'IFP Énergies Nouvelles
Julien LEGROS
Directeur du Groupement de recherche sur la Synthèse en flux continu (GdR
CNRS 2053 Synth_Flux)
Olivier POTIER
Responsable du Groupe Thématique de la Société Française de Génie des
Procédés (SFGP), Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (CNRS UMR
7274, Université de Lorraine, Nancy), École Nationale Supérieure en Génie des
Systèmes et de l'Innovation (ENSGSI - Université de Lorraine)
Marie-Odile SIMONNOT
Professeur en Génie des procédés à l'Université de Lorraine (Nancy)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Patricia ARLABOSSE
Pour l’article : J2455
Martine DECLOUX
Pour les articles : F3003 – F3004
François GOMEZ
Pour les articles : J2256 – J2257
Mikel LETURIA
Pour les articles : J4100 – J4101
Bernard RÉMOND
Pour les articles : F3003 – F3004
Khashayar SALEH
Pour les articles : J2256 – J2257 – J4100 – J4101
Khalil SHAKOURZADEH
Pour l’article : J4120
Jean VASSEUR
Pour les articles : J2451 – J2452 – J2453 – J2454

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VI
Opérations unitaires : évaporation et séchage
(Réf. Internet 42316)
SOMMAIRE
1– Évaporation - séchage
Réf. Internet
Évaporation. Principes généraux
F3003
11
Évaporation. Agencement des évaporateurs et applications
F3004
17
Séchage : principes et calcul d'appareils. Séchage convectif par air chaud (partie 1)
J2451
23
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Séchage convectif par air chaud
(partie 2)
J2452
29
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Autres modes de séchage que l'air
chaud (partie 1)
J2453
35
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Autres modes de séchage que l'air
chaud (partie 2)
J2454
41
Séchage industriel. Aspects pratiques
J2455
45
Mise en forme des poudres. Séchage par atomisation. Principes
J2256
51
Mise en oeuvre des poudres. Séchage par atomisation.Procédé
J2257
57
2– Fluidisation
Réf. Internet
Fluidisation gaz-solide. Bases et théorie
J4100
63
Fluidisation gaz-solide. Particules ines et nanoparticules
J4101
69
Lits luidisés circulants
J4120
75

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VII

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Opérations unitaires : évaporation et séchage
(Réf. Internet 42316)
Q
1– Évaporation - séchage
Réf. Internet
Évaporation. Principes généraux
F3003
11
Évaporation. Agencement des évaporateurs et applications
F3004
17
Séchage : principes et calcul d'appareils. Séchage convectif par air chaud (partie 1)
J2451
23
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Séchage convectif par air chaud
(partie 2)
J2452
29
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Autres modes de séchage que l'air
chaud (partie 1)
J2453
35
Séchage industriel : principes et calcul d'appareils. Autres modes de séchage que l'air
chaud (partie 2)
J2454
41
Séchage industriel. Aspects pratiques
J2455
45
Mise en forme des poudres. Séchage par atomisation. Principes
J2256
51
Mise en oeuvre des poudres. Séchage par atomisation.Procédé
J2257
57
page
2– Fluidisation

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Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
fSPPS
Évaporation
Principes généraux
par
Q
Martine DECLOUX
Professeur de génie des procédés à AgroParisTech
Bernard RÉMOND
et
Responsable R & D Évaporation
GEA Process Engineering France
1.
1.1
1.2
Données de base pour l’eau, la vapeur d’eau et les solutions ....
Caractéristiques de l’eau et de la vapeur d’eau.........................................
Influence des matières sèches dissoutes
sur l’ébullition des solutions .......................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
Évaporateur simple effet et auxiliaires ..............................................
Circuits d’un évaporateur simple effet et auxiliaires ................................
Écriture des bilans........................................................................................
Estimation du coefficient de transfert de chaleur global ..........................
3.
Données sur l’eau et sur la vapeur saturante...................................
Pour en savoir plus ...........................................................................................
F 3 003 - 3
—
3
—
6
—
—
—
—
9
9
11
14
—
15
Doc. F 3 003
a transformation des produits alimentaires nécessite fréquemment une
étape intermédiaire de concentration par évaporation. Les solutions sont le
plus souvent des solutions aqueuses.
La plupart des unités fonctionnent en continu, même si elles sont arrêtées à
des fréquences plus ou moins longues pour un nettoyage chimique de
quelques heures. La durée de fonctionnement entre deux nettoyages est très
différente selon les produits (douze heures pour du lactosérum à trois mois
pour du jus sucré de betterave).
Cet article sur l’évaporation en industrie alimentaire a pour objectif de présenter les principes de la concentration par évaporation, d’illustrer les
différents modes de mise en œuvre, de traiter des applications en industrie alimentaire et, enfin, de mentionner les questions à se poser en vue de
l’installation d’une nouvelle unité.
La première partie [F 3 003] reprend les principes généraux, en particulier la
détermination des données utiles à l’écriture des bilans. La seconde partie
[F 3 004] décrit la mise en œuvre des évaporateurs, leur agencement afin
d’économiser l’énergie et, pour conclure, les questions à se poser lorsque
l’implantation d’un nouvel évaporateur est envisagée.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQP@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPQW
L
Le lecteur pourra utilement se reporter aux diagrammes de l’air humide :
– basses températures [Ann. J 2 451] ;
– moyennes températures [Ann. J 2 452] ;
– hautes températures [Ann. J 2 453].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
QQ
F 3 003 – 1
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
fSPPS
ÉVAPORATION _____________________________________________________________________________________________________________________
Notations et symboles
Q
Symbole
Unité
A
m2
Désignation
Surface d’échange
AS
Air sec
aw
Activité de l’eau de la solution
kJ/kg eau évaporée
CEM
COP =
Consommation énergétique massique
Qɺ
Wɺ
Coefficient de performance : COP =
Cp
kJ · kg–1 · K–1 ou kJ ·kg–1 · oC–1
Capacité thermique massique à pression constante
CV
kJ · kg–1 · K–1 ou kJ ·kg–1 · oC–1
Capacité thermique massique à volume constant
EE
oC
Élévation ébullioscopique
Ee, Es
Eau entrée et eau sortie
ep , edépôt
m
oF
10 mgCaCO3 · L–1
hG
Épaisseur de la paroi, épaisseur du dépôt
Degré français de dureté de l’eau (due principalement aux sels
de calcium et magnésium).
Équivaut à 10 mgCaCO3/L ou 4 mgCa/L ou 2,43 mgMg/L
kJ · kg–1
H
W·
m–2
·
HL , HV , Hed
ɺ
m
K–1
ou W ·
Enthalpie massique
m–2
·
°C–1
Coefficient de transfert global
kJ ·
kg–1
Enthalpies du liquide, de la vapeur, de l’eau de désurchauffe...
kg ·
h–1
ɺ Li , m
ɺ Vi...)
Débit massique (m
g · mol–1
MM
Masse molaire (MMeau = 18 g/mol)
Nombre d’effets dans un évaporateur multiple effet
n
p
Pa ou bar
Pression de vapeur
pc
Pa ou bar
Pression critique = 220,55 bar (eau)
sat
p eau
Pa ou bar
Pression de vapeur saturante de l’eau pure à une température donnée
Qɺ
kJ · h–1 ou W ou kW
r
kJ ·
kg–1
·
K–1
ou kJ ·
kg–1
Énergie thermique échangée par unité de temps, puissance
·
°C–1
Constante d’un gaz idéal (reau = 0,4615 kJ · kg–1 · K–1)
R
J · mol–1 · K–1
scol tuyère
m2
T
kelvin
Température absolue
Tc
kelvin
Température critique (647,13 K ou 374 oC pour l’eau)
TH
oF
vcol tuyère
m · s–1
Vitesse de la vapeur motrice au niveau du col de la tuyère du thermocompresseur
x
kgvapeur/kgmélange
Titre en vapeur des mélanges vapeur saturante – eau liquide à température d’ébullition (diagramme de Mollier)
Titre hydrotimétrique, indice de la dureté de l’eau
Fraction massique en solutés ou « matières sèches » du liquide L
Fraction molaire en solutés ou « matières sèches » du liquide L
XL
Y
mɺ vapeur aspirée
mɺ vapeurmotrice
F 3 003 – 2
Constante molaire des gaz (8,314 J · mol–1 · K–1)
Section du col de tuyère du thermocompresseur
xL
z=
énergie thermique échangée
énergie mécaniique fournie
kg eau · (kg air
sec)–1
Teneur en eau de l’air
Coefficient de reprise d’un thermocompresseur
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
fSPPS
_____________________________________________________________________________________________________________________ ÉVAPORATION
Notations et symboles (suite)
Symbole
γ =
Unité
Désignation
Coefficient isentropique : rapport des capacités thermiques
massiques à pression constante (Cp) et à volume constant (CV) d’un
gaz parfait
Cp
CV
γeau
δ=
Q
Coefficient d’activité de l’eau
pvapeurrefoulée
Rapport (ou taux) de compression
pvapeur aspirée
ηisentropique
Rendement isentropique (au sens par rapport à l’isentrope)
ηmécanique
Rendement mécanique
ηélectrique
Rendement électrique
θ
oC
Température
θ Leb
oC
Température d’ébullition du liquide L
θ Vsat
oC
Température de vapeur saturante d’une vapeur V
∆θutile
oC
Écart de température utile au transfert de chaleur
∆θnuisible
oC
Écart de température nuisible (qui ne participe pas au transfert de
chaleur)
Coefficient polytropique : rapport des capacités thermiques
massiques à pression constante (Cp) et à volume constant (CV) d’un
gaz idéal (dépend de la température)
κ
W · m–1 · K–1
λp , λdépôt
Conductibilité thermique de la paroi, du dépôt
Pression de vapeur d’eau (bar)
1. Données de base
pour l’eau, la vapeur d’eau
et les solutions
Les solutions concernées par la concentration en industrie alimentaire sont le plus souvent des solutions aqueuses. Aussi, avant
de décrire les circuits d’un évaporateur, avons-nous fait le choix de
regrouper, dans une première partie, les données sur l’eau, la
vapeur d’eau et les solutions avec solutés.
1.1 Caractéristiques de l’eau
et de la vapeur d’eau
220,55 bar
État
liquide
Zone de travail
des évaporateurs
en industrie alimentaire
État
gazeux
374 °C
0
40
20
1.1.1 Pression de vapeur d’eau
80
60
120 160 200 240 280 320 360
100 140 180 220 260 300 340 380
Température de l’eau (°C)
Figure 1 – Relation entre la température de l’eau et la pression
de vapeur d’eau
Il est impossible de parler de concentration par évaporation sans
revenir sur la notion de pression de vapeur d’eau exercée par l’eau
et le phénomène d’ébullition.
1.1.2 Température d’ébullition de l’eau
(absence de solutés)
Quelle que soit la température, l’eau liquide exerce une certaine
pression de vapeur d’eau. Celle-ci peut être calculée à partir de
l’équation (1) dont les coefficients sont issus de la base thermodynamique Component Plus de ProSim SA :
7 258, 2


p = exp  73, 649 −
− 7, 3037 ln(T ) + 4,1653 ⋅ 10−6 ⋅T 2 


T
Point
critique
C
240
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
L’eau pure est dite « à sa température d’ébullition d’équilibre »
quand la pression de vapeur exercée par celle-ci est égale à la
pression ambiante. On parle également de pression de vapeur
saturante. De nombreuses relations et tables (§ 3) permettent de
déterminer la température d’ébullition de l’eau en fonction de la
pression. Génotelle [15] propose l’équation (2) :
(1)
avec T en kelvins et p en pascals absolus.
Cette relation est valable entre 273,15 et 647 K (de 0 à 374 oC).
La pression de vapeur augmente jusqu’au point critique, point
au-delà duquel l’eau n’existe plus que sous une seule phase
(figure 1).
θ =
1 168, 4 + 228, 42 ln (p )
11727
,
− ln (p )
(2)
avec θ en oC et p en bar abs.
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QS
F 3 003 – 3
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
fSPPS
Chute de la température de condensation (˚C)
Masse d’air (%)
150
140
130
120
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
État
gazeux
État
liquide
0,4
0
0,2
0,8
0,6
1,2
1,0
1,6
1,4
2,0
2,4
2,8
3,2
3,6
4,0
1,8
2,2
2,6
3,0 3,4
3,8
Pression de vapeur d’eau (bar abs)
Figure 2 – Lien pour l’eau entre température et pression
dans le domaine des basses pressions
0,0
– 0,5
– 1,0
0
1
3
5
7
– 1,5
– 2,0
10
– 2,5
– 3,0
– 3,5
15
– 4,0
– 4,5
– 5,0
20
– 5,5
– 6,0
0
0,4
0,8
1,2
1,6
2,0
2,4
2,8
3,2 3,6 4,0 4,4
Pression (bar abs)
Figure 3 – Diminution de la température de condensation
en fonction du pourcentage d’air et de la pression totale
Cette relation est valable avec moins de 0,5 % d’erreur entre
0,02 bar et 128 bar.
(kJ · kg–1 · ˚C –1)
Dans les évaporateurs de l’industrie alimentaire, compte tenu de
la thermosensibilité des solutions traitées, le domaine de pression
utilisé est généralement situé entre 0,1 et moins de 4 bar. Dans
celui-ci, la température d’ébullition de l’eau varie fortement avec la
pression (figure 2).
eau
1.1.3 Influence de la présence des gaz
incondensables sur la température
de condensation de la vapeur d’eau
Cp
Q
Température d'ébullition de l'eau (˚C )
ÉVAPORATION _____________________________________________________________________________________________________________________
4,30
4,28
4,26
4,24
4,22
4,20
4,18
4,16
4,14
4,186
0
En présence d’air ou d’autres gaz incondensables dans la
vapeur, la pression partielle de vapeur d’eau n’est qu’une fraction
de la pression totale. À une pression totale donnée, elle est donc
inférieure à celle qu’elle aurait en absence de gaz incondensable.
Cela entraîne une baisse de la température de condensation. Pour
illustrer ce phénomène, nous avons, à partir de pourcentages en
masse d’air présents dans la vapeur d’eau, calculé les fractions
molaires de l’air et de la vapeur d’eau en considérant comme
masses molaires 28,8 g/mol pour l’air et 18 g/mol pour l’eau. Nous
en avons déduit la pression partielle de vapeur d’eau puis la température d’ébullition correspondante à l’aide de l’équation (2), et
ainsi la chute de température induite par la présence de l’air, en
soustrayant à cette température celle qu’aurait eu l’eau s’il n’y
avait eu que de la vapeur d’eau pour la pression totale considérée.
Nous avons reporté ces calculs sur la figure 3 en considérant un
pourcentage en masse d’air jusque 20 % et la zone de pression de
0 à 4 bar abs.
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150
Température (˚C )
Figure 4 – Variation de la capacité thermique massique
de l’eau dans une large plage de température
L’enthalpie de l’eau liquide est donc déterminée à partir de la
capacité thermique massique et de la température selon
l’équation (3) :
(HL eau)θ =
θ oC
∫0
oC
(C pL eau )θ dθ
(3)
avec C pL eau en kJ · kg–1 · oC–1 ; θ en oC ; HL eau en kJ/kg.
La capacité thermique massique de l’eau, qui représente par
définition la quantité de chaleur nécessaire pour élever un kilogramme d’eau de 1 oC, peut être calculée à partir de l’équation (4)
(Component Plus [11]) :
On constate que la présence d’une importante quantité d’air
réduit significativement la température de condensation de la
vapeur. Sachant que certains appareils fonctionnent avec des
écarts de température très faibles entre la vapeur de chauffage et
le liquide à l’ébullition côté calandre, une chute de 0,3 oC sur, par
exemple, 3 oC représente déjà une réduction de l’écart de température utile au transfert de 10 %, ce qui est loin d’être négligeable. Il
faut signaler que, dans le cadre de l’optimisation énergétique d’un
site, il arrive que la vapeur de chauffage utilisée dans un évaporateur soit issue du séchage d’un produit, d’où une forte teneur en
gaz incondensable. Ce phénomène doit donc être considéré.
avec
1.1.4 Enthalpie de l’eau liquide
On constate que la variation de la capacité thermique massique
est inférieure à 3,3 %, entre 0 et 145 oC (figure 4). Il est donc courant de considérer une capacité thermique massique constante de
4,186 kJ · kg–1 · oC–1 pour l’eau liquide.
(C pL eau )T = (a + b T + c T 2 + dT 3 + eT 4 ) f
a = 276 370 ; b = – 2 090,1 ; c = 8,125 ; d = – 0,014 116 ;
e = 9,37 × 10–6 ; f = 0,05551 ;
T en kelvins ; C pL eau en kJ · kg–1 · oC–1.
Cette relation est valable entre 0 et 260 oC.
L’enthalpie est la quantité d’énergie contenue dans un corps.
Elle est le plus souvent exprimée en kJ/kg. Par convention, l’origine de l’échelle des enthalpies est l’eau liquide à 0 oC.
F 3 003 – 4
(4)
L’enthalpie de l’eau liquide bouillante augmente donc avec la
pression comme l’augmentation de la température d’ébullition.
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
fSPPS
_____________________________________________________________________________________________________________________ ÉVAPORATION
HL eau bouillante = 4,186 (0, 9984 × θ + 0, 2425 × p)
Enthalpie (kJ/kg)
Génotelle [15] propose une équation pour le calcul de l’enthalpie
de l’eau à sa température d’ébullition en fonction de la température et de la pression (équation (5)) :
(5)
avec θ en oC et p en bar abs.
Soit, en tenant compte de l’équation (2) :
3 600
3 200
C
Point
critique
HV saturée(kJ/kg)
2 800
2 400
2 000
Q
1 600
HL bouillant (kJ/kg)
1 200
42 ln (p)
1 168, 4 + 228,4


+ 0, 2425 × p  (6)
HL eau bouillante = 4,186  0, 9984 ×


11, 727 − ln (p)
800
400
avec p en bar abs.
0
0
1.1.5 Chaleur latente de vaporisation de l’eau
et enthalpie de vapeur saturante
Enthalpie (kJ/kg)

T
T 
b + c
+d   
Tc
 Tc  
2
(7)
oC))
;
en kelvins (valable de 273 à 647 K (0 à 374
température du point critique de l’eau (647,13 K) ;
a
= 52 053 000 ; b = 0,3199 ; c = – 0,212 ; d = 0,25795.
ou de l’équation (8) [15] :
avec T
Tc
∆H vap eau = 4,186 (600, 54 − 0, 6093 × θ − 0, 9576 × p)
60
80 100 120 140 160 180 200 220 240
Pression (bar abs)
HV saturée
2 800
2 400
2 000
1 600
1 200
800
400
0
HV saturée
HL bouillant
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
1,6
1,8
2,0 2,4 2,8 3,2 3,6
4,0
2,2 2,6 3,0 3,4 3,8
Pression (bar abs)
Figure 6 – Variation des enthalpies dans le domaine de pression
utilisée pour concentrer les produits alimentaires
(8)
avec θ en oC et p en bar abs.
La connaissance des enthalpies de l’eau bouillante
(HL eau bouillante) et de la chaleur latente de vaporisation (∆Hvap eau)
à la température de vapeur saturante permet de déterminer
l’enthalpie de la vapeur saturante (HV saturée) (équation (9)) :
« Sous vide »
Volume spécifique de la vapeur
d’eau saturée (m3/kg)
H V saturée = HL eau bouillante + ∆H vap eau
40
Figure 5 – Variation des enthalpies de l’eau bouillante
et de la vapeur d’eau saturée avec la pression
La chaleur latente de vaporisation (∆Hvap eau) représente la
quantité d’énergie qu’il faut fournir pour passer une quantité donnée de solvant de l’état liquide à sa température de vapeur saturante à l’état vapeur saturée. La chaleur latente de vaporisation de
l’eau peut être déterminée à partir de nombreuses tables disponibles (§ 3) ou, par exemple, à partir de l’équation (7) (Component
Plus [11]) :
 T 
∆H vap eau = a  1−  
 Tc 
20
(9)
La figure 5, sur laquelle nous avons reporté les enthalpies de
l’eau bouillante et de la vapeur saturée en fonction de la pression,
illustre bien l’annulation de la chaleur latente de vaporisation
au-delà du point critique.
Par contre, dans le domaine de pression 0,1 à 4 bar, plage de
pression maximale pour concentrer les produits alimentaires, la
chaleur latente de vaporisation de l’eau (∆Hvap eau) varie peu
(figure 6). Elle diminue légèrement avec l’augmentation de pression. Par contre, sa température de condensation augmente.
« Sous pression »
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
1,6
1,8
2,0 2,4 2,8 3,2 3,6 4,0
2,2 2,6 3,0 3,4 3,8
Pression (bar abs)
Figure 7 – Variation du volume spécifique de la vapeur
d’eau saturante avec la pression
1.1.6 Volumes spécifiques de l’eau et de la vapeur
à la saturation
1.1.7 Coefficients isentropique et polytropique
de la vapeur d’eau
D’après les tables de données reportées au paragraphe 3,
tableaux 4 et 5, le volume spécifique de l’eau liquide varie assez
peu avec la pression et donc la température (1,00 L/kg à 4 oC et
1,044 L/kg à 100 oC ; 1,08 L/kg à 140 oC). Par contre, celui de la
vapeur saturée augmente énormément quand la pression diminue
au-dessous de la pression atmosphérique (figure 7 et § 3). Cette
augmentation du volume spécifique de la vapeur avec la baisse de
pression doit être prise en compte dans le calcul du diamètre des
canalisations, au risque de créer de très grandes vitesses de
vapeur, et donc des pertes de charge importantes lors du transfert
de la vapeur.
Lors de la mise en œuvre des économies d’énergie, la vapeur
d’eau est détendue ou comprimée. Il est important de rappeler
quelques notions de thermodynamique développées plus en détail
par Gicquel [16] et Lallemand [18].
Hors zone de condensation, la vapeur d’eau peut être considérée
comme un gaz idéal. Par contre, elle ne peut être considérée
comme un gaz parfait.
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QU
F 3 003 – 5
Q
QV
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fSPPT
Évaporation
Agencement des évaporateurs
et applications
par
Q
Martine DECLOUX
Professeur de génie des procédés à AgroParisTech
et
Bernard RÉMOND
Responsable R&D Évaporation
GEA Process Engineering France
1.
1.1
1.2
Classification des évaporateurs ...........................................................
Évaporateurs avec ébullition du liquide dans la zone d’échange ............
Évaporateurs sans ébullition du liquide dans la zone d’échange ............
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
Agencement des évaporateurs et économie d’énergie .................
Évaporateurs multiple effet .........................................................................
Évaporateurs avec thermocompression ou éjectocompression..............
Évaporateur avec compression mécanique de vapeur (CMV) .................
Combinaison thermocompression et compression mécanique
de vapeur ......................................................................................................
3.
—
—
—
—
5
6
9
13
—
14
—
15
—
—
—
—
—
15
15
15
15
15
3.2
3.3
3.4
3.5
Prise en compte du fonctionnement séquentiel
d’un évaporateur ......................................................................................
Nécessité de considérer le cycle de production dans la conception
de l’évaporateur ...........................................................................................
Conséquence de l’encrassement ................................................................
Natures différentes d’encrassement selon les produits ...........................
Maintien de l’état sanitaire du produit .......................................................
Intégration des contraintes de prétraitement et post-traitement.............
4.
4.1
4.2
4.3
Applications dans l’industrie alimentaire .........................................
Industrie des sucres et de l’alcool .............................................................
Industrie laitière ...........................................................................................
Industrie des jus de fruit avec récupération des arômes..........................
—
—
—
—
16
16
17
18
5.
Conclusion..................................................................................................
—
18
3.1
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQP@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPQW
F 3 004 - 2
—
2
—
3
Tableau des notations et symboles............................................................................ F 3 003
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. F 3 003
a première partie de cet exposé sur l’évaporation [F 3 003] a repris les principes généraux, en particulier la détermination des données utiles à
l’écriture des bilans. Cette seconde partie [F 3 004] décrit l’agencement des
évaporateurs afin d’économiser l’énergie, la nécessité de prendre en compte le
fonctionnement séquentiel des évaporateurs, quelques exemples d’application
et, pour conclure, les questions à se poser lorsque l’implantation d’un nouvel
évaporateur est envisagée.
L
Le lecteur se reportera, si nécessaire, au tableau des notations et symboles page 2 de
l’article [F 3 003].
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
QW
F 3 004 – 1
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fSPPT
ÉVAPORATION _____________________________________________________________________________________________________________________
1. Classification
des évaporateurs
Q
Circulation naturelle du liquide
sous l’effet de l’entraînement par
la formation des bulles de vapeur
On peut distinguer 2 catégories d’évaporateurs :
– avec ébullition du liquide dans la zone de transfert de chaleur ;
– avec transfert de chaleur dans l’échangeur sans ébullition du
liquide, puis séparation de la vapeur émise dans une zone de
moindre pression.
Vinasse
Vapeur de
chauffage
Bouilleur
tubulaire
Purgeur
1.1 Évaporateurs avec ébullition
du liquide dans la zone d’échange
Condensats
La plupart des évaporateurs de cette catégorie sont des évaporateurs tubulaires, mais on trouve également des évaporateurs à
plaques et à surface raclée. On distingue les évaporateurs « à
grimpage » dans lesquels le liquide monte naturellement dans les
tubes sous l’effet de l’émission de vapeur, et les évaporateurs « à
descendage » où le liquide est alimenté à la partie supérieure de
l’évaporateur.
Figure 2 – Schéma d’un évaporateur à grimpage type thermosiphon
Ces évaporateurs ont l’avantage de ne pas nécessiter de pompe
de circulation de liquide et ils s’équilibrent facilement lorsqu’ils
sont mis en œuvre en multiple effet (cf. plus loin).
La hauteur des tubes est limitée à environ 4 m pour que la hauteur hydrostatique n’induise pas une augmentation trop élevée de
la température d’ébullition du liquide au bas des tubes. La hauteur
équivalente de liquide dans les tubes est d’environ 1/3 de la hauteur. Les surfaces d’échange peuvent aller jusqu’à 4 500 m2 par
évaporateur. Cela conduit à des diamètres importants. De plus,
compte tenu du volume de liquide retenu dans la base de l’évaporateur et les tubes, le temps de séjour du produit est relativement
long. Chen et Hernandez [9] mentionnent des durées de 10 min à
20 min par appareil. Ce type d’évaporateur n’est donc pas recommandé pour les produits thermosensibles.
1.1.1 Évaporateurs tubulaires à grimpage
Ce fut longtemps le type le plus classique d’évaporateurs dans
l’industrie alimentaire. Il est également connu sous le nom d’évaporateur « Robert » (figure 1).
Le liquide, sous l’effet de l’échange de chaleur, bout dans les
tubes avec ébullition nucléée (cf. [F 3 003] § 2.3.4) et la formation
des bulles de vapeur crée un entraînement du liquide vers le haut
et donc une circulation naturelle de celui-ci.
La vapeur formée étant la seule force motrice pour l’ascension
du film liquide, il convient de signaler que :
– il est important qu’une ébullition du liquide avec nucléation
soit générée dès l’entrée, en bas du tube. Pour cette raison, il faut
maintenir un écart de température moyen (θ
sat
eb
Vi−1 − θ Li )
Dans le cas des évaporateurs tubulaires à grimpage, il est
d’usage dans l’équation de transfert (cf. [F 3 003] § 2.2.1) de
sat − θ eb )
réduire l’écart de température global utile au transfert (θ Vi
−1
Li
de 2 oC pour prendre en compte l’élévation de la température
d’ébullition au bas des tubes, du fait de la hauteur hydrostatique,
d’où (équation (1)) :
entre la
sat et la
température de condensation de la vapeur de chauffage θ Vi
−1
sat + EE ) de
température d’ébullition du liquide en sortie (θ Lieb = θ VEi
Li
sat − θ eb + 2)
Qɺ i = (hG)i Ai (θ Vi
−1
Li
5 oC minimum. Un préchauffage de l’alimentation est donc indispensable pour le bon fonctionnement de ce type d’évaporateur. La
nécessité d’assurer un ∆θ important à chaque corps limite le nombre d’effets qu’il est possible d’intercaler pour un ∆θ utile total
(cf. § 2.1.1) ;
– le grimpage ne fonctionne pas bien avec les liquides visqueux.
Si ces évaporateurs ont de bons coefficients de transfert avec les
fluides peu visqueux et une ébullition nucléée, il n’en est pas de
même quand la viscosité augmente et que les flux de chaleur diminuent. Ils sont également assez sujets à l’encrassement quand la
circulation du liquide est trop lente.
1.1.2 Évaporateurs à descendage
Balayage des gaz
incondensables
par évacuation
petit débit vapeur
Eau de
désurchauffe
Vapeur de
chauffage
Ces inconvénients mènent logiquement à l’évaporateur à descendage dit également à « film ruisselant » ou à « flot tombant »,
où la direction du flux liquide est de haut en bas (figure 3a ). La
séparation du liquide concentré et de la vapeur émise se fait directement au bas de l’appareil ou dans une enceinte séparée prévue à
cet effet.
Remplissage
équivalent
à ⬇ 1/3 de
la hauteur
Extraction
des
condensats
mais pas
la vapeur
Entrée du liquide
Les bouilleurs « à thermosiphon » (figure 2) installés, par
exemple, au bas des colonnes à distiller fonctionnent selon le
même principe. La séparation de la vapeur et du liquide se fait
dans la zone de soubassement de la colonne à distiller.
Vapeur émise
du liquide
Séparateur
gouttelettes
Dans ce type d’évaporateur, la vapeur formée circule au centre
du tube vers le bas. Elle n’a plus le rôle de transport du liquide
mais favorise l’écoulement, notamment des produits visqueux. En
comparaison avec un évaporateur à grimpage, on obtient un film
plus mince, le coefficient de transfert est plus important et le
temps de séjour est plus court. Les tubes peuvent être très longs
(jusqu’à 22 m). L’appareil industriel peut contenir plus de
4 000 tubes de 30 à 50 mm de diamètre, soit une surface dévelop-
Sortie du liquide
concentré
Figure 1 – Schéma d’un évaporateur à grimpage
F 3 004 – 2
(1)
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_____________________________________________________________________________________________________________________ ÉVAPORATION
nature du produit, de sa viscosité et de son caractère encrassant. À
titre très approximatif, on peut retenir, pour un liquide peu
visqueux et peu encrassant, un mouillage de 0,3 L · h–1 · mm–1 de
périmètre.
Arrivée du liquide
Liquide descendant
réparti à la périphérie
intérieure des tubes
Tête de répartition
du liquide
Lorsque le débit de liquide ne permet pas d’assurer le mouillage
minimal, on peut soit faire recirculer une partie du produit
(figure 4a ), soit scinder la surface en plusieurs sections (jusqu’à 8)
et faire circuler le produit successivement dans chaque partition
(figure 4b : exemple avec 3 passes). Dans ce dernier cas, on parle
de « multipasse ». On notera au passage que, pour les produits
thermosensibles, on a intérêt à utiliser le deuxième système permettant de mieux maîtriser le temps de séjour.
Vapeur de chauffage
Calandre
Vapeur émise
Les évaporateurs à descendage sont très répandus dans l’industrie laitière, l’industrie des jus de fruits et se développent en sucrerie où on trouve maintenant des unités complètes en descendage.
Séparateur
Condensats
1.1.3 Évaporateurs à plaques
Vers séparateur
Ces évaporateurs se sont développés depuis les années 1990.
Dans ce type (figure 5), l’échangeur de chaleur à plaques, si
répandu dans l’industrie alimentaire pour réchauffer ou refroidir
les liquides alimentaires, remplace le faisceau tubulaire.
Calandre
La distance entre les plaques est augmentée par rapport aux
échangeurs sans ébullition pour fournir l’espace nécessaire à la
circulation de la vapeur formée. Selon la configuration, l’appareil
peut fonctionner en mode film tombant ou film grimpant.
Liquide
concentré
a vue générale
Ces évaporateurs conviennent bien aux applications de petite à
moyenne capacité et pour les produits « faciles », sans matières en
suspension, peu encrassants et peu sensibles à la prolifération
bactérienne.
1.1.4 Évaporateurs à surface raclée et centrifuge
On peut également citer deux autres types d’évaporateurs :
l’évaporateur à « surface raclée » et l’évaporateur « centrifuge ».
L’évaporateur dit « à surface raclée » est constitué d’un cylindre
généralement vertical muni d’un agitateur/racleur qui projette et
renouvelle le liquide sur la surface chauffante. Un échange thermique très rapide et donc un temps de séjour très court sont les
avantages principaux. Les systèmes de raclage sont adaptés au
produit à traiter. C’est un appareil coûteux à l’achat ainsi qu’à
l’entretien. Il n’est donc utilisé que dans des cas spéciaux (très
haute viscosité, très haute sensibilité à la chaleur).
Dans l’évaporateur « centrifuge », la surface chauffante est un
cône qui tourne à haute vitesse, produisant un film liquide très
mince, circulant vers la périphérie et permettant un temps de
séjour très court. L’effet centrifuge, contribuant à la bonne séparation liquide vapeur déjà au niveau de l’échangeur, il n’est pas
nécessaire d’installer un séparateur à la sortie. Relativement
coûteux mais produisant un concentré de très bonne qualité, l’évaporateur centrifuge est souvent utilisé pour concentrer les jus de
fruits et l’extrait de café, à capacité évaporatoire faible.
b zone d'alimentation du liquide
Figure 3 – Schéma d’un évaporateur à descendage (photos GEA-Wiegand)
pée pouvant aller jusqu’à 10 000 m2 par appareil. En simple passe,
le temps de séjour dans un évaporateur à descendage est très
court (0,5 min à 2 min).
1.2 Évaporateurs sans ébullition
du liquide dans la zone d’échange
L’inconvénient principal du flot tombant tient à la difficulté de la
répartition du liquide dans les tubes. Des moyens spéciaux sont
nécessaires pour qu’elle soit uniforme. Les méthodes les plus
courantes sont l’alimentation en spray et l’emploi d’une plaque de
distribution perforée (figure 3b ).
Quand les solutions à traiter sont très visqueuses ou trop
encrassantes comme, par exemple, les jus de tomates et les
vinasses, on peut avoir intérêt à chauffer la solution sous forme
liquide sans ébullition et à lui imposer une vitesse de circulation
suffisante pour assurer un écoulement turbulent afin d’obtenir un
bon coefficient de transfert.
Il convient également, dans ce type d’évaporateur, d’être très
attentif au fait que la surface d’échange soit bien recouverte par le
film ruisselant. En effet, il ne faut pas que le film de liquide se
rompe sous peine d’encrassement. On introduit la notion de
« mouillage » qui est le débit de liquide par unité de périmètre
mouillé. Compte tenu de l’évaporation, on s’intéresse surtout au
mouillage au bas des tubes. Le mouillage minimal dépend de la
Les échangeurs de chaleur peuvent être à plaques ou tubulaires.
Ces derniers peuvent être verticaux ou horizontaux, selon les cas,
l’essentiel étant de maintenir le liquide suffisamment sous
pression pour que l’ébullition n’ait pas lieu dans l’échangeur
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F 3 004 – 3
Q
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ÉVAPORATION _____________________________________________________________________________________________________________________
3e passe
1re passe
Q
2e passe
Arrivée du liquide
Liquide descendant
réparti à la périphérie
intérieure des tubes
Tête de répartition
du liquide
Vapeur de chauffage
Vapeur de
chauffage
3e passe
Vapeur émise
2e passe
1re passe
Calandre
Séparateur
Condensats
Purgeur
Vers séparateur
Calandre
Condensats
Pompe de
recirculation
Liquide
Liquide à
concentrer concentré
Sortie du
liquide
concentré
Entrée
du liquide
a recirculation
b multipasse (exemple d'un 3 passes)
Figure 4 – Évaporateur à descendage avec recirculation (photos GEA-Wiegand)
loin, dans le séparateur, la pression diminue et le liquide se met en
équilibre par ébullition, phénomène dit de « flash ».
Dans ce type d’évaporateur, il n’est plus possible de considérer
que l’écart de température entre la vapeur de chauffage et le
liquide est constant (figure 7). Il faut prendre en compte l’écart
moyen logarithmique (équation (2)) :
Qɺ1 = (hG)1 A 1(∆ θml)1
Figure 5 – Schéma d’un évaporateur à plaques
avec :
lui-même mais en arrivant dans la zone de détente. Le temps de
séjour dans ces évaporateurs est important du fait des volumes
mis en jeu.
(∆θ ml)1 =
On parle d’évaporateurs à circulation forcée avec circulation
externe ou interne.
(2)
Il faut également s’assurer que la vitesse du liquide dans les
tubes est suffisante pour obtenir un écoulement turbulent. Si la
vitesse du liquide est trop faible, il convient de configurer la zone
d’échange en plusieurs passes. Au niveau énergétique, il faut donc
compter la puissance de pompage en plus.
1.2.1 Évaporateurs à circulation forcée externe
Une pompe (ou un simple circulateur) à l’extérieur assure une
circulation suffisante du liquide au sein de l’échangeur (figure 6).
Le liquide est maintenu à une pression suffisante dans l’échangeur
pour qu’il puisse être réchauffé sans que l’ébullition ait lieu. Plus
F 3 004 – 4
sat − θ
sat
(θ V0
θ L1s − θ L1e
L1e ) − (θ V0 − θ L1s)
=
 θ sat − θ L1e 
 θ sat − θ L1e 
V0
ln  sat
ln  V0


sat − θ
 θ V0 − θ L1s 
 θ V0
L1s 
Au niveau du choix des températures de la vapeur de chauffage
et du liquide réchauffé, il faut veiller à ne pas prendre un écart trop
fort. En effet, la température du liquide en contact avec la paroi est
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RP
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fSPPT
_____________________________________________________________________________________________________________________ ÉVAPORATION
Séparateur
gouttelettes Vapeur émise VE1
Condenseur ou
autre échangeur
Balayage des gaz
inconduisables
par évacuation
petit débit-vapeur
Sortie liquide réchauffé
Vapeur de
chauffage V0
Q
Hauteur hydrostatique
pour maintien liquide
sous pression
Échangeur tubulaire
Sortie liquide
concentré L1
Pompe ou circulateur
Sortie
condensats C1
Entrée du liquide L0
Figure 6 – Schéma type d’un évaporateur à circulation forcée tubulaire
Entrée échangeur
sat
θV0
Sortie échangeur
Vapeur émise
sat
θV0
Dévésiculeur
Séparation
solution-vapeur
émise
θL1s
θL1e
sat
θVE1
sat
θVE1
Solution à
concentrer
« Balayage » gaz
incondensables
Figure 7 – Profils de température dans un évaporateur
à circulation forcée
plus proche de celle de la vapeur de chauffage que de la température moyenne du liquide dans les tubes, ce qui peut initier des formations de dépôts à la surface.
Vapeur de
chauffage
1.2.2 Évaporateurs à circulation forcée interne
La circulation peut également être créée à l’intérieur même de
l’appareil grâce à un circulateur placé au bas des tubes (figure 8).
Ce type d’évaporateur est toutefois réservé aux produits peu
visqueux.
2. Agencement
des évaporateurs
et économie d’énergie
Afin d’économiser l’énergie consommée pour assurer la
concentration des solutions, les évaporateurs sont généralement
agencés en multiple effet avec, éventuellement, thermocompression, compression mécanique de vapeur et prélèvement de vapeur
pour assurer d’autres besoins dans l’usine.
Purgeur
« Balayage » gaz
incondensables
Condensats
Solution
concentrée
Circulateur
Figure 8 – Évaporateur à circulation interne
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RQ
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Q
RR
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Séchage : principes et calcul d’appareils
Séchage convectif par air chaud (partie 1)
par
Q
Jean VASSEUR
Ingénieur GREF – Docteur Ingénieur
Professeur à AgroParisTech-Massy (ex ENSIA) – UMR 1145
1.
Considérations générales sur le séchage...................................
2.
Définitions, objectifs du séchage et techniques
concurrentes ....................................................................................
Définitions et objectifs .......................................................................
Choix de la technique de déshydratation. Faut-il forcément sécher
thermiquement ? ................................................................................
Définition et mesure de la teneur en eau du produit........................
Notion d’activité de l’eau aw .............................................................
Humidité relative d’équilibre air/produit, et isothermes de sorption
d’un produit ........................................................................................
Deux modes de séchage ....................................................................
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
Séchage convectif par air chaud, par entraı̂nement................
Principes du séchage par air chaud ...................................................
Propriétés de l’air humide..................................................................
Bilans matière et enthalpie, sur le produit et sur l’air ......................
Transferts et phénomènes limitants ..................................................
Cinétiques de séchage expérimentales, en conditions externes
constantes autour du produit ............................................................
Pour en savoir plus..................................................................................
J 2 451 – 3
—
—
4
4
—
—
—
5
5
7
—
—
8
11
—
—
—
—
—
12
12
12
15
16
—
19
Doc. J 2 451
C
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPY
et article est le premier d’un ensemble consacré aux principes et calculs
des séchoirs industriels, ensemble constitué de :
[J 2 451] et [J 2 452] « Séchage convectif par air chaud » (parties 1 et 2).
[J 2 453] « Autres modes de séchage que l’air chaud ».
Il est complété par trois diagrammes de l’air humide [Ann. J 2 451],
[Ann. J 2 452], [Ann. J 2 453].
Pour les aspects pratiques et le choix des sécheurs, le lecteur se reportera au
dossier [J 2 455] rédigé par Patricia ARLABOSSE (ENSTIMAC).
Ce premier article s’attache à décrire les lois physiques associées aux différents principes de séchage, pouvant conduire à des « histoires hydrothermiques » suivies par le produit assez différentes, avec des conséquences sur la
transformation du produit au cours du procédé, et donc sur sa qualité finale.
On fournira les bases de calcul des séchoirs, concernant les bilans de chaleur
et de matière, et les transferts qui fixent la durée de traitement et la dimension
des installations. L’apparition de porosité, la texture du produit final et/ou sa
déformation au cours du procédé sont aussi des paramètres du séchage à
considérer.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
RS
J 2 451 – 1
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SÉCHAGE : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Notations et symboles
Symboles
Q
Unité
Notations et symboles (suite)
Symboles
Définition
aw
...................... activité de l’eau (0 à 1)
cp
J · kg
Dapp
Unité
Définition
Q_
kW
capacité thermique massique à pression
constante
rp
...................... ratio de pressions (cf. diagrammes
de Mollier de l’air humide)
m2 · s-1
diffusivité matière apparente (du solvant,
de l’eau, dans le produit) (loi de Fick)
R
J · mol–1 · K–1 constante des gaz parfaits
(8,314 J · mol-1 · K-1)
Dt
m2 · s-1
diffusivité thermique (de la chaleur)
S
m2
surface d’échange du produit à sécher
h
W · m–2 · C–1 coefficient de transfert de chaleur convectif
T
K
température absolue
kp
kg eau · m-2 · coefficient de transfert de matière convectif
s-1 · Pa-1
relatif à un écart de pression Dp (Pa) à l’interface
va
m/s
vitesse relative de l’air de séchage par
rapport au produit
W
m · s-1
kg eau/kg
produit
humide
teneur en eau du produit « base humide »
k
W_
kW
enthalpie de vaporisation, chaleur latente
de vaporisation ou de condensation
de l’eau pure
puissance mécanique (cas d’un compresseur mécanique de vapeur)
x
m
abscisse concernant le produit
(distance à partir du centre)
X
kg eau/kg
matière
sèche
teneur en eau du produit « base sèche »,
valeur locale, ou supposée uniforme
(précisé)
kg eau/kg
matière
sèche
teneur en eau du produit « base
sèche » = valeur moyenne dans le volume
du produit, ou dans la couche épaisse,
quand X n’est pas uniforme ð X Þ
DHv
-1
·K
J/kg d’eau
-1
coefficient de transfert de matière convectif,
relatif à un écart de concentration volumique Dr (kg · m-3) à l’interface
puissance thermique (débit d’enthalpie)
DHvap
J/kg d’eau
enthalpie de désorption d’eau liée
(selon aw)
DHs
J/kg
enthalpie de sublimation
H
J/kg
enthalpie massique de produit ou d’air
L
m
dimension caractéristique du produit
m
kg
masse de produit, à l’instant t
Y
kg d’eau/kg
d’air sec
teneur en eau de l’air
_ Pi
m
kg/s
débit de produit base humide
(P1 entrant, P2 sortant)
z
m
abscisse concernant le séchoir (distance à
partir de l’entrée du séchoir)
q
C
température
qsat
C
température saturante de la vapeur d’eau, à
la pression précisée (ppa,…)
j
sans
dimension
qéb
C
température d’ébullition
qh
C
température de bulbe humide
qr
C
température de rosée
qsch
C
température de la source chaude
r
kg · m-3
_ Ai
m
kg/s
débit d’air sec (A1 entrant, A2 sortant)
_ e
m
kg/s
débit évaporatoire (eau)
pv
Pa
pression de vapeur d’eau en équilibre avec
le produit humide
ppa
Pa
pression partielle de vapeur d’eau dans l’air
ptot
Pa
pression totale du gaz (somme des pressions partielles)
p0
Pa
pression de vapeur en équilibre avec l’eau
pure
p0q
Pa
pression de vapeur d’eau saturante, à la
température q
Q
J
quantité de chaleur
J 2 451 – 2
X
humidité relative de l’air (0 à 1)
masse volumique, ou concentration
volumique (lois de diffusion)
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
RT
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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SÉCHAGE : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS
a
relatif à l’air en général
A
attaché à l’air de séchage
vaporisation du solvant, mais adaptée au cas des produits initialement liquides (et non pas des solides humides), et qui doivent rester rester « pompables » dans le procédé, donc sans aller jusqu’au
solide sec final, ce qui distingue la concentration du séchage. Il y a
cependant de nombreux points communs entre la concentration et
le séchage par ébullition décrit dans l’article [J 2 453].
AS
relatif à l’air sec
& Historique
A0, A1, A2, A3
relatif à un air défini (0, 1, 2, 3)
P
relatif au produit
P0, P1, P2, P3
relatif à un produit P défini (0, 1, 2, 3)
s
attaché à la surface du produit (aws), ou à la
surface chauffante (cas du séchage
conductif qsch)
w
relatif à l’eau
Le séchage est une technique très anciennement utilisée pour la
conservation des produits agricoles et alimentaires (céréales, graines, fourrages, viandes et poissons séchés, jambons, figues, noix,
tabac, etc.), ou pour l’élaboration des matériaux (briques de terre
sèche, céramiques, poterie avant cuisson, bois,…), ou pour les textiles (lavage, teinture,…) et les peaux. Pour ces applications traditionnelles, on fait encore beaucoup appel au séchage par l’air
ambiant dit « naturel », le séchage dit « artificiel » avec apport
d’énergie, n’étant qu’une technique complémentaire apportant
une plus grande régularité face aux aléas climatiques, ou bien
apportant de nouveaux services (lait sec ou café dits « instantanés »,
pâtes alimentaires sèches à longue conservation, etc.).
0
au temps t = 0
& Domaines d’utilisation
1, 2
relatif respectivement à l’entrée, à la sortie
du séchoir
Indices
Le séchage industriel est de nos jours très couramment utilisé
dans les industries chimiques et/ou des matériaux. Citons les applications suivantes :
– séchage du papier, sa fabrication passant par une étape de
pulpe humide, séchage des éponges cellulosiques dites « végétales », des latex… ;
– séchage des matériaux de construction : bois, briques, tuiles et
céramiques avant cuisson, carreaux et plaques de plâtre après
moulage, isolants thermiques, pigments, colles… issus de procédé
humides ;
– séchage de produits chimiques obtenus à l’état solide, suite à
des réactions en milieu liquide, par précipitation, cristallisation,
concentration, etc : engrais granulés, lessives granulées, NaCl,
soude, sels minéraux, silice colloı̈dale…, sachant que leur distribution sous forme liquide reste souvent une option ;
– séchage de matières actives pharmaceutiques généralement en
poudres, issues de processus humides ;
– séchage de textiles, après lavage, après teinture… ;
– séchage de boues d’épuration, et/ou de sous-produits
industriels… ;
– mise en forme de poudres, granulation humide (engrais,
lessives…) ;
– etc.
Autres notations
*
grandeur caractéristique de l’interface
air/produit : A* (j*, q*, …) et P* (aws, qps)
0, I, II, III
relatif aux trois périodes de séchage
décrites
1. Considérations générales
sur le séchage
& Principe
Le séchage est une opération consistant à retirer une partie du
solvant d’un corps, par vaporisation de ce solvant, le produit final
dit « sec » étant obtenu sous une forme solide de taille variable,
éventuellement de « solide divisé » ou de poudre. Le produit
passe ainsi d’un état initial dit « humide », selon le cas solide ou
liquide, jusqu’à un état final dit « solide sec », même s’il contient
encore une teneur en eau (ou solvant) résiduelle.
Le séchage « artificiel » avec apport d’énergie est actuellement
très utilisé dans l’agriculture et/ou l’industrie alimentaire, pour la
fabrication de nombreux ingrédients (amidon, malto-dextrines,
sucre, lait en poudre, soupes sèches, boissons dites instantanées,
pulpes de sucreries, alimentation pour animaux d’élevage et de
compagnie…), ou comme une transformation connexe accompagnant d’autres opérations (cuisson, congélation, torréfaction, stockage à température ordinaire, broyage,…). Le séchage des produits
alimentaires fait l’objet de deux articles spécialisés [F 3 000]
et [F 3 002].
Le solvant considéré est le plus souvent l’eau, et nous ne présenterons ici que le séchage de l’eau, les mêmes principes pouvant
s’appliquer à d’autres solvants, organiques par exemple, mais en
prenant les propriétés associées à ce solvant (chaleur latente de
vaporisation, isothermes de sorption, etc.). Le mélange de plusieurs solvants est un cas plus complexe, non traité ici.
& Limites de l’étude
Nous ne présenterons pas ici le cas du séchage associé à la combustion de produits organiques initialement humides (végétaux,
déchets, ordures ménagères…), bien que les hautes températures
atteintes en combustion supposent une étape de séchage avant ou
pendant la combustion, ni la calcination ou pyrolyse, qui vont bien
au-delà du séchage, jusqu’à rompre des liaisons covalentes dans la
matrice sèche. Le séchage ne concerne en principe que des liaisons
dites « faibles » du solvant (eau) sur la matière sèche, sans décomposition du produit, c’est-à-dire sans rompre de liaisons covalentes
de type –H et –OH susceptibles de libérer de la vapeur d’eau, bien
que la limite soit parfois assez floue (cas de début de décomposition thermique du produit au cours du séchage, des réactions de
Maillard…).
Le séchage est une opération de « séparation thermique », dans
le sens qu’il faut fournir l’énergie de vaporisation du solvant, pour
qu’il quitte le produit sous forme de vapeur. En séchage, on devra
donc s’intéresser à la fois aux transferts de matière et de chaleur
couplés.
Diverses techniques existent pour séparer l’eau d’un produit, qui
ne supposent pas forcément sa vaporisation – pressage, égouttage,
essorage centrifuge, etc. – et qu’on appellera d’une façon générale
« déshydratation ». Le séchage est donc une technique particulière
de déshydratation, le terme de séchage étant réservé au cas de la
séparation par vaporisation du solvant. La concentration thermique
d’un liquide dans un évaporateur est aussi une séparation par
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RU
J 2 451 – 3
Q
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SÉCHAGE : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
2. Définitions, objectifs
du séchage et techniques
concurrentes
1 kg
Q
2.1 Définitions et objectifs
P1 (débit mP1) état initial
(base humide)
La matière sèche, réputée non volatile contrairement au solvant (eau), même si en réalité d’autres molécules volatiles que
l’eau à sécher peuvent aussi s’échapper sous forme de vapeur
(perte d’arômes, dégagement d’odeurs, de composés organiques
volatiles ou COV…), ce qu’on négligera ici en termes de masse et
d’énergie. Quand la séparation est basée sur une volatilité différentielle des composants, on pensera plutôt à l’opération de distillation. La matière sèche est généralement la fraction du produit qui
a de la valeur, ce qui n’exclut pas qu’on veuille parfois également
récupérer le solvant dans certains cas (cas d’un solvant organique
par exemple, d’odeurs…).
Teneur en eau finale
(base humide)
Beaucoup d’objectifs peuvent s’exprimer par référence à la « liaison de l’eau ». La « liaison de l’eau » (du solvant) sur la matière
sèche diminue le potentiel des transferts en fin du séchage, causant
un ralentissement des échanges et un allongement du temps de
séchage. Mais si la liaison de l’eau semble néfaste à l’opération de
séchage, elle a simultanément un rôle utile pour la conservation
des matières fermentescibles, en rendant l’eau moins disponible
pour les micro-organismes, qui ne se développent plus dans un
produit sec. Cette liaison de l’eau se mesure par « l’activité » de
l’eau aw, grandeur définie plus loin, utile pour décrire à la fois les
périodes de séchage et l’objectif de conservation du produit.
La teneur en eau est ici définie comme W = (kg d’eau/kg de produit avec son eau), dite « base humide », soit 0 < W < 1, éventuellement exprimée en % (voir § 2.3). D’une façon générale, le produit
final P2 n’est pas complètement sec, et contient encore une fraction
du solvant W2 < W1. Cette teneur en eau résiduelle est un compromis nécessaire, dans la mesure où l’extraction des derniers pourcent d’eau coûterait très cher en temps de séjour dans le séchoir,
et qu’ils sont sans inconvénient majeur pour l’usage ultérieur :
conservation du produit sec, stabilité microbiologique et/ou cristalline, absence de collage et/ou de prise en masse, écoulement du
produit pulvérulent, etc.
D’autres objectifs font également partie du problème du séchage,
à savoir la qualité du produit final et l’économie d’énergie. Le produit va suivre au cours du séchage, une histoire hydrothermique
(X(t) et q(t)) susceptible de le transformer par :
– des réactions physico-chimiques modifiant ses propriétés :
dénaturation de protéines, insolubilisation partielle, coloration
(réactions de Maillard) et/ou réactions de décomposition, formation
de cristaux voulue ou pas, inactivation de molécules thermosensibles, d’enzymes… ;
– une diminution du volume, quand le produit rétrécit en
séchant. L’existence de profils internes de teneur en eau entraı̂ne
l’apparition de contraintes internes et de déformations, pouvant
aller jusqu’à une fissuration préjudiciable (céramiques, tuiles, briques, riz…). Une autre conséquence du séchage est la création
d’une porosité finale, variable avec les conditions de séchage,
cette porosité pouvant être souhaitée, pour donner des propriétés
particulières au produit (facilité de réhydratation, aspect), ou non
souhaitée (trop faible masse volumique). Par exemple, selon les
conditions de séchage, un morceau de pomme peut plus ou
moins rétrécir, au point de devenir dur et difficile à manger, ce qui
n’est pas souhaité ;
– des pertes d’arômes et/ou d’autres substances volatiles (COV),
susceptibles de diminuer la valeur du produit, et/ou de gêner l’environnement (mauvaises odeurs), ce qu’il faut gérer ;
– l’apparition de fines particules entraı̂nées par l’air sortant du
séchoir, et/ou agglomération des particules entre elles, plus ou
moins voulue au sein du séchoir, qui sont un autre aspect de la
qualité du produit final ;
– la fixation d’un mélange préalable obtenu en milieu humide,
chaque particule sèche ayant la composition souhaitée (en vitamines, médicament),…
& Principe de conservation de la matière sèche
Au cours du séchage représenté sur la figure 1, on suppose que
seule l’eau quitte le produit, et que le débit de la matière sèche se
conserve entre entrée et sortie en régime permanent (sans accumulation), ce qui s’écrit pour un séchoir continu (indice 1 à l’entrée,
indice 2 à la sortie) selon l’équation (1) exprimée en débit de pro_ P2 ). On en tire le débit évaporatoire du séchoir
_ P1 , m
duit humide (m
_ e (kg/s) selon l’équation (2) :
m
(1)
(2)
En régime permanent, les débits massiques sont constants, indépendants du temps. En séchage discontinu ou « batch », les débits
_ (kg/s) sont remplacés par les masses présentes m(t) (kg), qui
m
évoluent dans le temps partant de mP1 initiale, à mP2 finale, au fur
et à mesure que la teneur en eau diminue.
& Objectifs du séchage
Comme déjà évoqué, les objectifs du séchage sont très divers
selon les cas : stabiliser le produit (bois, céréales, graines, textiles),
éviter sa fermentation putride (boues d’épuration), l’alléger et faciliter son transport et sa disponibilité (lait en poudre), lui donner sa
résistance mécanique et ses propriétés d’usage (papier, textiles,
carreaux de plâtre), éviter une prise en masse ultérieure des
J 2 451 – 4
P2 (débit mP2)
État final
poudres au stockage (poudres, granulés), préparer l’étape suivante
(cuisson des céramiques, des briques…), faciliter la mise en œuvre
du produit (produits pulvérulents secs, faciles à stocker et à doser,
prêts à l’emploi), etc.
La perte d’eau s’accompagne d’une diminution de masse du produit, entre l’entrée (indice 1 : produit P1 dit « humide ») et la sortie
(indice 2 : produit P2 dit « sec ») selon la figure 1 exprimée pour
1 kg de produit P1 entrant.
W1 -W2
1-W2
Mat. sèche
Figure 1 – Modélisation du séchage à deux composants, eau
et matière sèche. Teneur en eau W (kg d’eau/kg de produit, base
humide)
Le solvant (en général l’eau) qui se vaporise, et qui quitte le
produit sous forme de vapeur, même si on cherchera parfois à la
condenser plus loin dans le procédé, soit pour des raisons d’environnement, soit pour récupérer de l’énergie par exemple.
_ e=m
_ P1 - m
_ P2 = m
_ P1
m
W2 final
Mat. sèche
Mat. sèche
Dans le cadre de cet exposé, le produit est supposé fait de deux
constituants :
_ P1 ð1 - W 1 Þ = m
_ P2 ð1 - W 2 Þ
m
W1 initial
(kg d’eau par
kg de produit)
Vapeur
émise me
L’opération de séchage ne consiste donc pas seulement à retirer
de l’eau, mais c’est aussi souvent une opération de formulation et/
ou de texturation, qui fixe en partie la qualité et les propriétés
d’usage du produit. Les objectifs du séchage peuvent donc être
multiples ; par exemple pour le café soluble « instantané », le
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On pourra aussi éviter le séchage du produit, en le conservant à
l’état humide ou semi-humide, par d’autres moyens (acidification,
ensilage, stérilisation, saumurage…). Citons par exemple :
– les jus d’orange qui sont concentrés avant transport en containers, donc sans aller jusqu’au séchage, puis redilués sur les lieux
de consommation ;
– le fromage qui est une forme de conservation traditionnelle des
protéines du lait, sur une durée plus ou moins longue, qui évite le
séchage thermique du lait via une coagulation, égouttage, fermentation et ventilation ;
– également les yaourts (fermentation lactique), la choucroute, le
petit salé, le jambon, les harengs saurs…
séchage doit permettre à la fois de stabiliser un produit initialement
humide fermentescible, de réduire sa masse et son volume pour le
transport, le stockage et la manutention, pour un coût admissible,
mais il doit aussi permettre de conserver les arômes, et de donner
au produit une structure et une aptitude à s’écouler (distributeurs
automatiques) et à se dissoudre rapidement.
Il faudra donc conduire le séchage convenablement, en association avec d’autres modes de déshydratation, pour créer ou conserver les fonctionnalités, et/ou propriétés d’usage du produit : stabilité, porosité et réactivité, absence de fissures dans les solides,
aptitude à l’écoulement des poudres… La technique de séchage
doit aussi être adaptée à la rhéologie propre du produit au sein du
séchoir, les techniques disponibles et les critères de choix étant
développés en [J 2 455] Séchage. Aspects pratiques.
D’une façon générale, les techniques concurrentes du séchage
« thermique » sont nettement plus économes en énergie (sur le critère joules consommés par kilogramme d’eau retirée), mais elles
sont aussi limitées dans la teneur en eau minimale accessible, et
ne permettent pas forcément d’atteindre à elles seules l’objectif de
stabilité finale. Elles seront alors utilisées en amont du séchage
thermique, comme une étape préalable pour retirer une partie
d’eau « peu liée », ou à forte activité (cf. § 2.4), d’une façon plus
économique que le séchage thermique qui suit et qui aura donc
moins d’eau à évaporer.
L’économie d’énergie est un autre objectif du séchage, qui détermine le coût de fonctionnement du séchoir. Elle est analysée
en [J 2 452] et [J 2 453].
2.2 Choix de la technique
de déshydratation. Faut-il forcément
sécher thermiquement ?
Concernant les produits initialement liquides, leur concentration préalable par évaporation thermique (cf. articles [F 3 003]
et [F 3 004] Évaporation) avant séchage est la règle, car elle permet de retirer une partie du solvant de façon nettement plus économique en énergie que le séchage qui suit. Bien que la concentration soit également une séparation thermique avec
vaporisation du solvant, l’emploi de la technique « multiples
effets » et/ou d’autres techniques économes en énergie, permet
de ne consommer que 1/3 à 1/10 de la chaleur latente DHv (en
J/kg d’eau éliminée), soit 4 à 15 fois moins que le séchage par
air chaud, qui consomme généralement nettement plus que la
chaleur latente. Il faut donc par principe, commencer par concentrer un produit liquide avant de le sécher. Ce principe ne peut
s’appliquer qu’aux liquides « pompables » (cas du lait, du café,
des eaux résiduaires, des vinasses, etc.), et non pas aux produits
humides solides initialement structurés (tels que produits végétaux, céramiques, papier…).
Le séchage, qui retire une partie du solvant d’un produit par
vaporisation du solvant, est une séparation thermique qui
consomme de l’énergie : il faut fournir au moins la chaleur latente
d’évaporation notée ici DHv (J/kg d’eau évaporée) pour permettre le
changement d’état de l’eau liquide ou adsorbée vers la vapeur. En
réalité, on consommera souvent beaucoup plus, soit 1,3 à 5 fois
DHv (J/kg d’eau évaporée) (cf. [J 2 452]).
C’est pourquoi, avant d’opter pour une technique de séchage, il
faut envisager d’autres modes de déshydratation non thermiques,
souvent « mécaniques », qui ne supposent pas de fournir la chaleur
latente de vaporisation du solvant. Citons les suivants :
L’égouttage du produit, la filtration, le pressage, l’essorage
centrifuge, de produits ayant une matrice solide… Le papier par
exemple est fabriqué à partir d’une pulpe diluée dans l’eau, mais
seule une fraction de cette eau est séchée (thermiquement), une
importante partie étant éliminée par égouttage, ou pressage préalable. Les boues de station d’épuration sont aussi couramment floculées et pressées avant séchage.
Les remarques précédentes visent à placer le séchage (thermique) qu’on va décrire maintenant dans un contexte technicoéconomique global, où interviennent l’investissement et les
coûts d’exploitation : toutes les techniques concurrentes du
séchage sont à envisager, soit en remplacement du séchage,
soit en préparation amont du séchage, afin de diminuer la quantité d’eau à sécher thermiquement.
La filtration sur membrane, l’ultrafiltration, de liquides… La
concentration par ultrafiltration d’un liquide sur membrane permet
de retenir les « grosses » molécules, qui ont de la valeur, et de laisser sortir une partie de l’eau, avec éventuellement certaines « petites » molécules ou ions (sels), sans nécessiter de vaporiser l’eau ;
l’osmose inverse est réputée ne laisser sortir que l’eau (concentration), la technique la plus adaptée se discutant cas par cas. Le produit final reste sous forme liquide et à activité de l’eau élevée, ce
qui n’est pas en général suffisant pour sa stabilisation, mais constitue une préparation au séchage final, permettant d’économiser
l’énergie.
Nota : pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter aux articles Évaporation
[J 2 320] et Techniques séparatives à membranes. [J 2 790], [J 2 791], [J 2 792],
[J 2 793], [J 2 794], [J 2 795] [J 2 796] et [J 2 797], dans le présent traité Génie des procédés. Ces opérations sont également largement décrites dans [2]. AV.
2.3 Définition et mesure de la teneur
en eau du produit
La décantation en bassin ou dans une décanteuse centrifuge (à
assiettes, à bol et vis racleuse), décantation via des agents floculants, etc. Ces techniques concentrent la matière sèche en suspension initialement diluée, pour avoir moins d’eau à sécher ensuite.
& Définition de la teneur en eau
La teneur en eau d’un produit, qui évolue entre l’entrée et la sortie au cours du séchage, peut être définie de deux façons, selon la
figure 2 :
– par rapport à la masse totale de produit avec son eau :
W (kg eau/kg produit avec son eau) : 0 < W < 1. Elle est dite
« base humide » ;
– par rapport à la masse de matière sèche présente X (kg eau/kg
matière sèche) : 0 < X. Elle est dite « base sèche ».
La précipitation de la matière sèche dissoute par voie de réactions physico-chimiques, et/ou par cristallisation, et séparation des
particules par voie mécanique (filtration, décantation, essorage,
etc.) avant leur séchage final.
La déshydratation osmotique de solides, par exemple en plongeant le produit solide dans une solution concentrée (en sel, en
sucre, etc.), ce qui entraı̂ne la migration de l’eau du produit vers la
solution. La solution externe s’en trouve diluée, mais sera ensuite
(re)concentrée, avec un procédé plus économe en énergie (évaporation multiple effets, …) que le séchage.
Pour les calculs de bilans sur les séchoirs, il est préférable
d’utiliser la teneur en eau (X) en « base sèche », puisque le
débit de matière sèche reste par principe invariant entre l’entrée
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RW
J 2 451 – 5
Q
Q
RX
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Séchage industriel : principes
et calcul d’appareils
Séchage convectif par air chaud (partie 2) Q
par
Jean VASSEUR
Ingénieur GREF
Docteur Ingénieur
Professeur à AgroParisTech-Massy (ex ENSIA) – UMR 1145
1.
1.1
1.2
Séchoirs par air chaud à cocourant ....................................................
Représentation sur le diagramme de Mollier et efficacité énergétique ..
Histoire hydrothermique du produit en séchage cocourant,
et conséquences sur la qualité du produit .................................................
J 2 452 - 2
—
2
—
5
Séchoirs par air chaud à contre-courant ...........................................
Représentation sur le diagramme de Mollier et efficacité énergétique ..
Histoire hydrothermique du produit en séchage contre-courant,
et conséquences sur qualité du produit .....................................................
—
—
7
7
—
8
3.
3.1
3.2
Séchoirs à courants croisés et mixtes ...............................................
Représentation sur le diagramme de Mollier et efficacité énergétique ..
Histoire hydrothermique et qualité du produit..........................................
—
—
—
9
9
10
4.
Bilans sur le séchoir convectif par air chaud
et économie d’énergie ............................................................................
Bilans globaux sur le séchoir complet .......................................................
Évaluation des flux d’enthalpie...................................................................
Évaluation des flux de matière ...................................................................
Établissement des principaux bilans pour un séchoir continu ................
Bilans pour un séchoir discontinu, ou « batch » .......................................
Remarques sur les bilans ............................................................................
—
—
—
—
—
—
—
12
12
13
14
14
15
15
Principes d’économie d’énergie pour les séchoirs convectifs
par air chaud ..............................................................................................
—
16
6.
Régulation et contrôle du séchage par air chaud ...........................
—
22
7.
Conclusion..................................................................................................
—
24
2.
2.1
2.2
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
5.
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. J 2 451
’ensemble « Séchage industriel : principes et calcul d’appareils » est
constitué de quatre articles, avec des notations communes :
– [J 2 451] Séchage convectif par air chaud (partie 1) : on y trouve les définitions et principes ;
– [J 2 452] Séchage convectif par air chaud (partie 2) dans lequel sont traitées les applications industrielles et où l’on étudie les principes d’économie
d’énergie ;
– [J 2 453] et [J 2 454] Autres modes de séchage que l’air chaud.
Le présent article [J 2 452] a pour but de décrire des situations de séchage
industriel courantes, où les propriétés de l’air externe au produit varient beaucoup entre l’entrée du produit P1 dans le séchoir et sa sortie P2 , situation qui
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQP
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J2 452 – 1
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jRTUR
SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ________________________________________________________________________________
Q
est donc nettement différente du séchage en couche mince et conditions d’air
externe constantes présentées en [J 2 451]. Par ailleurs, les variantes de mise
en œuvre industrielle ont des conséquences sur la vitesse de séchage, le
temps de séchage et sur la qualité du produit fini. Ainsi, les cinétiques « en
couche mince » et en conditions constantes d’air externe exposées dans
l’article [J 2 451] sont-elles seulement une étape utile pour comprendre et
modéliser le séchoir industriel, qui fonctionne, lui, en conditions variables d’air
externe au produit, en « passant » localement d’une cinétique à l’autre. Les
applications industrielles exposées dans le présent article [J 2 452] sont donc
utiles à l’ingénieur, en complément des principes décrits en [J 2 451].
Nous allons ainsi montrer qu’en séchage industriel par air chaud la
consommation d’énergie du séchoir réel est généralement très supérieure à
l’énergie reçue et utilisée par le produit pour évaporer l’eau, d’où une
consommation d’énergie couramment de 1,4 à 4 fois la chaleur latente ΔHv
(J/kg d’eau évaporée), voire plus. Si la disposition cocourant apparaît favorable
aux produits thermosensibles, elle est par contre défavorable pour l’énergie.
On donnera donc les outils pour répondre à la problématique de l’ingénieur,
qui est de rechercher un optimum entre trois critères – économie d’énergie,
qualité du produit et débit du séchoir (ou investissement) – à travers l’étude de
trois cas classés en fonction du sens de circulation relatif de l’air et du produit :
– séchage à cocourant (§ 1) : dans cette catégorie, on trouve les séchoirs à
tambour tournant (où le produit est dans le tambour), le séchage de liquides
par dispersion, dit parfois « par atomisation »... ;
– séchage à contre-courant (§ 2) : dans cette catégorie, on trouve des
séchoirs à tambour tournant à contre-courant, certains séchoirs à bandes, etc. ;
– séchage à courants croisés et mixtes (§ 3) : certains séchoirs à bande, à lit
fluidisé long, etc.
Dans les paragraphes 4 et 5 : bilans et principes d’économie d’énergie, des
solutions sont proposées pour évaluer et pour diminuer la consommation
d’énergie du séchage par air chaud. Notons que les articles [J 2 453] et
[J 2 454] « Autres méthodes de séchage que l’air chaud », offrent des opportunités d’aller beaucoup plus loin dans cette recherche d’économie d’énergie, en
utilisant des techniques de séchage autres que par air chaud avec des qualités
de produit différentes, liées à l’ébullition.
Le paragraphe 6 présente les principes de régulation des séchoirs par air
chaud.
Les relations entre la texture finale du produit, l’évolution de sa rhéologie
pendant le séchage, et le principe même du séchoir (pour produit solide ou
liquide ou pâteux, en couche épaisse ou couche mince, chauffé par contact
raclé ou pas, par lit fluidisé, par pulvérisation d’un liquide donnant une poudre
sèche, etc.), qui sont des arguments décisifs du choix d’un séchoir, sont développés en [J 2 455].
En séchage cocourant, l’air et le produit entrent et sortent du
même côté du séchoir, et la température et l’humidité de l’air
autour du produit varient entre P1 à l’entrée et P2 à la sortie, si l’on
suit le produit, ce qui est très différent de la situation des cinétiques établies en conditions externes constantes autour du produit
(cf. article [J 2 451]).
1. Séchoirs par air chaud
à cocourant
Les variables utiles sont définies sur la figure 1 : les teneurs en
eau sont ici des valeurs moyennes dans l’épaisseur du produit ou
de la couche (sauf précisé dans le texte, comme XPs teneur en surface du produit), sous la forme XP (kg d’eau/kg de MS) en base
sèche pour le produit P, et Y (kg d’eau/kg d’air sec) pour l’air. Par
convention, pour l’ensemble de cet article, ce qui rentre dans le
séchoir (air ou produit) porte l’indice 1, et ce qui en sort l’indice 2.
L’indice 3 éventuel décrit la sortie du refroidisseur du produit
après séchage, s’il existe. On appellera A0 l’air ambiant, avant
d’être réchauffé pour devenir l’air A1 entrant dans le séchoir, sous
l’effet de la puissance QW (kW) fournie au séchoir.
1.1 Représentation sur le diagramme
de Mollier et efficacité énergétique
■ Diagramme de Mollier
Les points caractéristiques de l’air sont portés sur le diagramme
de Mollier de l’air humide (figure 2) : air aspiré A0 , puis air chaud
A1 entrant, et A2 sortant. A2 est le point réel et A′2 le point théo-
1
J 2 452 – 2
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ment l’activité de l’eau et la température en surface du produit. Les
points P* sont utiles pour définir le potentiel des transferts, et l’histoire hydrothermique suivie par le produit (cf. figure 5). On distingue trois périodes aussi nommées [0, I, II], bien qu’elles aient une
définition un peu différente des périodes [0, I, II] décrites dans
l’article [J 2 451] en conditions externes constantes :
Frontière des bilans du séchoir
Air sortant A2 :
" AS2, YA2, HA2
m
A1 = air chaud entrant :
" AS1, YA1, HA1
m
• P
ériode 0 : période de mise en régime : aucune information
sur le diagramme de Mollier pour cette période.
Produit sec P2 :
" P2, XP2, aws2
m
Séchoir
Produit humide P1 :
• P
ériode I : période pendant laquelle la surface du produit
reste à aws = 1, et donc à la température de thermomètre humide
de l’air environnant θAh . Selon l’hypothèse que l’air suit au cours
du séchage une trajectoire isenthalpique, ce qui est une approximation souvent suffisante (si le refroidissement de l’air sert principalement à évaporer de l’eau libre, l’enthalpie initiale du produit
est négligeable devant l’énergie d’évaporation, les pertes thermiques et les apports par rayonnement sont négligeables...), alors la
valeur de θA1h ne change pas pendant que l’air se refroidit, et le
point caractéristique PI*, défini par θPs = θA1h sur la courbe ϕ = 1
reste donc inchangé pendant toute la période I.
" P1 , XP1, aw1
m
Q" 1 (kW)
Refroidisseur
Air aspiré A0 :
XP3 final
" AS0, YA0, HA0
m
Les définitions et les unités des variables se trouvent dans le tableau
« Notations et symboles » dans l’article [J 2 451].
Cette période I à température de surface du produit constante
une fois établie, dure tant qu’il y a de l’eau libre en surface du produit et, pour un produit initialement riche en eau et d’assez petite
taille, on peut admettre que tout le produit reste à la température
θA1h pendant cette période. Cependant, durant ce palier à
θPs = Cte, l’air se refroidit nettement en fournissant l’énergie pour
évaporer l’eau, en avançant le long du séchoir, de sorte que le flux
de séchage diminue déjà pendant cette période I, en suivant le
produit. Dans un séchoir industriel, on ne peut donc pas assimiler
cette période I à la période I dite « d’allure constante » des cinétiques acquises en conditions externes constantes (on saute d’une
courbe cinétique à l’autre, avec θA qui diminue). Par ailleurs, si le
séchage réel n’est pas isenthalpique, la valeur locale de θAh peut
varier plus ou moins le long du séchoir.
Figure 1 – Schéma de définition des variables du procédé
pour un séchoir cocourant
H
θA1
A1
ϕA2
*
ϕA2
A2′
θA2
A2
*
θP2
ϕ=1
• Période II : période de ralentissement du séchage. Face à l’air
sortant, le point P*2 caractéristique de l’interface air/produit sortant
n’est pas aussi bien défini que P*1 , mais en cocourant, face à un
produit assez « sec », l’air A2 doit forcément avoir une humidité
relative plus faible que l’activité de l’eau en surface du produit
(ϕA2 < awsP2). On a en général un faible écart final entre le produit
et l’air A2 à la sortie, ce que l’on peut appeler « quasi-équilibre »
entre P2 et A2 . Le point P*2 est donc positionné sur le diagramme
* un peu en dessous de θ
*
par θP2
A2 , et ϕ A2 un peu plus élevée que
ϕA2 .
P*2
PI*
θA1h
H = Cte
A0
θA0
θ = 0 oC
La droite en pointillé mixte entre PI* (période I) et P2* (fin de
période II) ne décrit pas une trajectoire de séchage précise pour le
produit, sachant que le temps n’est pas non plus représenté (le
temps de séjour en PI* est plus ou moins long). Mais cette représentation est un moyen commode pour visualiser le grand écart
initial entre A1 et PI* au début du séchage (en suivant le produit),
correspondant à un fort flux initial, écart qui se réduit avec la
convergence air/produit vers A2 /P*2 à la sortie, de telle sorte que les
flux de chaleur et de matière deviennent très faibles (quasi-équilibre). Les points PI* et P*2 , bien que non classiques, sont donc utiles pour représenter le potentiel d’échange air/produit sur le
diagramme de Mollier de l’air humide.
Y
PI* représente (θPs et aws) de l’interface air/produit en
période I (aws = 1).
P*2 représente (θPs et aws) de l’interface air/produit en fin
de séchage (position approximative de P*2 proche de A2).
Figure 2 – Représentation de principe du séchage cocourant
sur le diagramme de Mollier : évolution de l’air A0A1A2
Le débit évaporatoire du séchoir résulte de l’intégration du flux
dans le temps, entre le début de la période I où le flux est élevé du
fait du grand écart initial de température (θA1 − θP*), et la fin de la
1
période II où le flux final est très faible (faible écart (θA2 – θP2).
Mais ce n’est pas principalement le flux qui distingue la conception
cocourant de celle à contre-courant décrite dans le paragraphe 2,
dans la mesure où l’on peut toujours obtenir un même débit évaporatoire ou un même flux moyen du séchoir en co- ou en
contre-courant, en modifiant la température d’air A1 entrant pour
un débit d’air identique. La différence principale entre cocourant et
contre-courant porte sur un compromis différent entre l’efficacité
énergétique (CEM : consommation énergétique massique) et la
qualité du produit final, explicitée dans le paragraphe 1.2.
rique que l’on aurait si le séchage avait été isenthalpique, pour la
même teneur en eau de l’air sortant (YA′2 = YA2 ) .
D’une façon non classique mais informative, on a aussi représenté, sur le même diagramme de Mollier de l’air humide, les
points P* représentant l’air A* en équilibre avec le produit, à
l’interface air/produit ; ces points nous renseignent sur les propriétés du produit en surface, conformément à la règle de continuité
des potentiels à l’interface, ou « d’équilibre thermodynamique
local » : un point P* représente donc la température de surface du
produit selon θPs = θA* , et l’activité de l’eau en surface du produit
selon aws = ϕ *A . Il est clair que la teneur en eau du produit à ce
moment n’est absolument pas décrite par le point P*, mais seule-
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■ Calcul de la CEM en cocourant
Q
L’air A2 sortant du même côté que le produit sec doit forcément
avoir une humidité relative ϕA2 suffisamment faible pour être
compatible avec l’activité de l’eau faible awsP2 en surface d’un produit réputé « sec », en fin de séchage. Pour être loin de la saturation,
l’air A2 doit donc être encore « assez chaud ». Dit autrement, sur le
diagramme de Mollier (figure 2), l’air partant de A1 descend assez
peu sur son isenthalpe (ou quasi-isenthalpe), le point final A2 restant
loin de la saturation décrite par ϕ = 1. Pour cette raison, l’énergie
fournie pour chauffer l’air dans le trajet A0A1 est très incomplètement utilisée en cocourant, et il faut s’attendre, à une
consommation énergétique massique, ou CEM, élevée, c'est-à-dire
bien plus élevée que la chaleur latente de vaporisation ΔHv (J · kg–1
d’eau évaporée).
Entrée P1
Entrée A1
Recyclage éventuel
des « fines »
Q" 1(kW)
La CEM peut se déduire des points A0 , A1 , A2 mis en place sur
le diagramme de Mollier, sur la base de l’équation (1) pour 1 kg
d’air sec circulant dans le séchoir, selon :
CEM =
kJ consommés pour chauffer l’air H A1 − H A0
=
kg d ’eau évaporée
YA2 − YA1
Cyclone ou
filtre séparateur
Air A0
(1)
En séchage cocourant, on constate des CEM allant couramment
de 3 500 à 9 000 kJ/kg d’eau évaporée selon la valeur θA1 choisie,
soit souvent 2 à 4 fois ΔHv selon θA1 , alors que le contre-courant
décrit plus loin pourra être plus efficace sur ce critère (CEM se rapprochant de ΔHv ≈ 2 500 kJ/kg d’eau évaporée). Pour les séchoirs
cocourants, augmenter la température d’air d’entrée (séchoir dits
« haute température », par exemple θA1 = 700 oC en déshydratation des pulpes de sucreries), et/ou pratiquer un recyclage partiel
d’énergie de l’air sortant (cf. § 5) permet de diminuer la CEM,
comme démontré plus loin. Le Ratio de Consommation Énergétique RCE = (CEM/ΔHv) donne une évaluation généralement assez
proche du ratio de la puissance fournie au séchoir sur la puissance
fournie au produit pour évaporer l’eau, soit QW 1/QW .
Sortie P2
Figure 3 – Schéma de principe d’un séchoir par pulvérisation
cocourant, pour liquide ou suspension (ici, séchoir sans lit fluidisé
inférieur), le produit sec sortant sous forme de poudre
séchoir par transport pneumatique, en vue qu’elles s’agglomèrent aux gouttelettes encore humides, avec un effet négatif sur la CEM, fonction du débit d’air frais entrant avec les
fines.
b. Séchage initial moins poussé dans une première étape de
séchage, suivi d’une fin de séchage et/ou d’agglomération
dans un lit fluidisé vibré « externe » (non représenté), suivi
d’un refroidissement du produit. L’air sortant de la première
étape étant celui qui évapore l’essentiel de l’eau, peut alors
être (un peu) plus proche de la saturation, ce qui améliore son
efficacité énergétique (diminue la CEM). Mais cet avantage est
en partie perdu par la CEM plus élevée de la seconde étape du
séchage à relativement plus basse température, mais pour
une faible quantité d’eau restant à évaporer.
Remarq
ue : en général le chauffage de l’air ne modifie pas
beaucoup sa teneur en eau YA0 (pas du tout s’il y a un échangeur). Si l’on admet YA1 = YA0 , la CEM de l’équation (1) représente par définition, la « pente » du segment A0A2 sur le
diagramme de Mollier-Ramzine, en unités du diagramme
(J · kg–1 d’eau émise), où la vapeur émise par le produit
s’ajoute à l’air. Pour cette raison, cette pente est aussi appelée
« direction de mélange » entre l’air et la vapeur émise, et a une
valeur particulière à chaque type et chaque réglage du séchoir.
c. Agglomération du produit dans un lit fluidisé « interne »
(non représenté) situé en partie basse de la « tour » de
séchage, pour obtenir des granulés poreux, plus faciles à
dissoudre. Cette disposition permet un séchage moins
poussé dans la première étape de séchage, d’où une CEM
plus faible pour le début de séchage (ϕA2 plus élevée), ce qui
est un avantage. Mais, cette amélioration est en partie compensée par le séchage final dans le lit fluidisé inférieur, du
fait qu’il utilise un air à plus basse température.
CEM = pente du segment A 0 A 2 (kJ ⋅ kg−1 d’eau évaporée)
Le principe du cocourant, qui limite le refroidissement de l’air A2
sortant loin de la saturation isenthalpique face à un produit sec,
correspond forcément à une pente plus élevée que si l’air A2 sortait saturé. Mais la saturation de l’air A2 n’est accessible qu’en
contre-courant (cf. § 2) et impossible à obtenir en cocourant, dès
lors que l’on veut une activité de l’eau aws faible dans le produit
final. D’où une CEM forcément plus élevée en cocourant qu’en
contre-courant (à θA1 identique).
d. Organisation d’une circulation d’air « mixte » dans l’enceinte
de la tour de séchage, l’air entrant en tournant en haut en
cocourant du produit (air descendant), puis continuant
ensuite en contre-courant du produit plus près des parois
(air ascendant), pour sortir en haut du séchoir. La partie de
trajectoire finale d’air à contre-courant autorise d’avoir un air
sortant A2 plus froid et plus proche de la saturation qu’en
cocourant, ce qui diminue la CEM du séchoir. Cette amélioration est souvent liée à la précédente (c + d).
■ Exemple du séchage de liquides par dispersion (ou par
pulvérisation)
Le séchoir décrit sur la figure 3 est cocourant : l’entrée de l’air
chaud et du produit se fait en haut, où la pulvérisation crée des gouttelettes de produit qui sèchent par entraînement au cours de leur
chute dans l’air de l’enceinte, en même temps que l’air avance vers
la sortie. Le produit sec sort en bas sous forme de poudre sèche, et
l’air usé sort aussi en bas, puis passe par un cyclone ou un filtre réalisant la séparation et la récupération des poudres « fines ».
■ Effet de l’augmentation de la température de l’air de séchage
Remarquons qu’en cocourant, sous réserve qu’il y ait bien de
l’eau libre en surface du produit à l’entrée du séchoir, on peut augmenter beaucoup la température de l’air entrant θA1 , dans la
mesure où le produit reste relativement « froid » en période I,
c'est-à-dire à la température de thermomètre humide θh de l’air A1
tant que aws = 1 (soit θA1h < 100 oC à pression atmosphérique,
Ce principe de base a connu diverses améliorations :
a. Recyclage des fines sortant du cyclone ou du filtre, en les
renvoyant dans la zone d’entrée du produit en haut du
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Air A2
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SR
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H
B1
θB1
ϕA2 = ϕB2
θB2
B′2
B2
θP*2B
A1
A2′
A2
Conclusion : le séchage (B) dit « haute température » est
plus efficace en énergie que le séchage (A) dit « basse
température », en partant du même air aspiré A0 , et pour des
teneurs en eau du produit final voisines. Pour économiser
l’énergie, on préférera donc un séchage « haute température »,
avec un plus faible débit d’air si on veut garder le même débit
évaporatoire. Mais il y a une limite à ne pas dépasser pour la
température d’air entrant, liée à d’éventuelles pertes de qualité
du produit fini (coloration, fissuration, une fraction de particules brûlées ou oxydées...) ou aux risques d’incendie dans le
séchoir. Ces développements donnent la base d’un compromis
entre une température d’entrée d’air élevée pour économiser
l’énergie et/ou augmenter le débit du séchoir, et la qualité du
produit fini en cocourant.
θA2
ϕ=1
P *2 (B)
θB1h
θP*2A
PI*(B)
P2* (A)
PI*(A)
θA1h
H = Cte
A0
Rappelons que, même si une température d’air entrant A1 élevée
diminue la CEM, la puissance QW 1 (kW) à fournir au séchoir par air
chaud reste, en cocourant, nettement supérieure à la puissance
QW (kW) reçue par le produit pour son chauffage et la vaporisation/désorption de l’eau, d’où une CEM nettement supérieure à la
chaleur latente de changement d’état ΔHv utilisée dans le bilan
local du produit (voir article [J 2 451]).
θ = 0 oC
H = Cte
Y
PI* représente (θPs et aws) de l’interface air/produit en
période I (aws = 1) dans les deux cas (A) et (B).
P*2 représente (θPs et aws) de l’interface air/produit en fin
de séchage (approximatif), dans les deux cas.
1.2 Histoire hydrothermique du produit en
séchage cocourant, et conséquences
sur la qualité du produit
Figure 4 – Effet d’une élévation de la température d’entrée d’air
(cas (A) o A1 et cas (B) o B1 > o A1 ), en séchage cocourant
■ Profils de température
cf. [J 2 451, § 2.2]). Une température élevée de l’air A1 entrant dans
le séchoir n’est donc pas incompatible avec un produit réputé
« thermosensible ». Un peu plus loin en suivant le produit, l’activité de l’eau en surface du produit est devenue faible, ce qui permet à la température du produit de monter au-dessus de θAh , mais
cet échauffement reste limité car l’air s’est déjà beaucoup refroidi
en séchant l’eau libre au début du séchage.
• Palier à température humide : pour un séchage proche de
l’isenthalpe (pour l’air), et si aws = 1 à l’entrée du produit P1 , la surface du produit se met rapidement à la température de thermomètre humide θA1h de l’air entrant, et y reste tant que aws = 1.
Cette période, appelée I (§ 1.1) à température (de surface)
constante θPs = θA1h , est réputée peu agressive pour le produit, car
il reste à une température « assez basse». Sa durée dépend de la
teneur en eau initiale et de la diffusion matière interne alimentant
la surface en eau supposée libre, depuis l’intérieur.
Cette augmentation de la température de l’air entrant θA1 est
très intéressante pour l’ingénieur, non seulement pour augmenter
le débit évaporatoire d’un séchoir de dimensions données, mais
aussi pour diminuer sa CEM (consommation énergétique
massique, en kJ consommés/kg d’eau évaporée), par comparaison
à un séchage dit « basse température », comme nous le démontrons ci-dessous.
Ce palier à température « assez basse » pour le produit est défini
par opposition à la période d’échauffement qui suit. Mais comme
l’air se refroidit pendant ce palier en fournissant l’énergie pour évaporer l’eau « libre », sa température diminue si l’on suit le produit, et
les flux de chaleur et de matière entre l’air et le produit diminuent
dès la période I. La période aws = 1 et θPs = θh du séchage cocourant
doit être décrite comme une succession de périodes I selon la définition de l’article [J 2 451], chacune relative à un air externe dont la
température θa n’arrête pas de décroître et son humidité relative ϕa
d’augmenter, et on ne peut donc pas l’appeler « d’allure constante ».
La figure 4 illustre l’effet d’une élévation de la température de
l’air entrant pour diminuer la CEM, en comparant les CEM pour
deux températures d’entrée, θA1 et θB1 > θA1 , avec la condition réaliste d’une même humidité relative pour l’air sortant ϕA2 = ϕB2 ,
condition qui exprime des activités de l’eau voisines en surface du
produit sec P2 , et donc des teneurs en eau finales assez voisines
(on précise que comparer deux réglages du séchoir sans cette
condition de XP2 final identique n’aurait aucune valeur démonstrative). Les écarts à l’isenthalpe tels que A2 A2′ ou B2 B2′ , sont aussi
des hypothèses plausibles (on a la même pente de déviation par
rapport à l’isenthalpe, respectivement entre A1A2 et A1 A2′ , et B1B2
et B1 B2′ ), mais on aurait aussi pû raisonner sur un séchage isenthalpique.
Par ailleurs, le flux de séchage peut aussi diminuer dès la
période I, pour d’autres raisons que le refroidissement de l’air,
comme la diminution de la surface d’échange S (en m2, relative à
une masse de matière sèche donnée), par rétrécissement ou par
déformation du produit, etc.,même si le produit reste bien à θA1h.
Le ralentissement de la vitesse de séchage commence donc avant
la diminution de aws en dessous de 1. Il reste que la diminution de
l’activité de l’eau dans le produit final est un objectif « principal »
du séchage, qui s’accompagne forcément de l’élévation de la température du produit en fin de séchage. Le palier à température de
surface constante peut éventuellement ne pas apparaître, pour des
produits qui ne contiennent pas d’eau libre en surface au départ
(courbe M de la figure 5) : cristaux humides, bois, argiles..., ou qui
forment rapidement une croûte sèche en surface.
Les deux CEM déduites du diagramme de Mollier (en J
consommés/kg d’eau évaporée) sont représentées par la pente des
segments A0A2 ou A0B2 respectivement : la forme convexe de la
courbe ϕA2 = ϕB2 montre que la pente du segment A0B2 est inférieure à la pente du segment A0A2 , et donc CEMB < CEMA :
HB1 − H A 0  
H A1 − H A 0 

CEMB = Y − Y  < CEMA = Y − Y 
A2
A0 
B2
A0  

• Échauffement final du produit : quand aws en surface devient
inférieur à 1, la température du produit s’élève depuis la surface, et
les flux de chaleur et de matière diminuent progressivement,
tendant en cocourant vers un quasi-équilibre avec l’air sortant A2
(2)
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ST
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Séchage industriel : principes
et calcul d’appareils
Autres modes de séchage que l’air chaud
(partie 1)
par
Jean VASSEUR
Ingénieur GREF
Docteur Ingénieur
Professeur à AgroParisTech-MASSY (ex-ENSIA)
UMR 1145 – Génie des Procédés Alimentaires
1.
1.1
1.2
1.3
Séchage par « conduction » ou par « contact » .............................
Séchage par conduction avec ébullition ....................................................
Séchage par conduction et par entraînement (sans ébullition) ...............
Passage de l’entraînement à l’ébullition et réciproquement.
Effet de l’introduction d’air dans le séchoir ...............................................
2.
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
Séchage convectif par vapeur d’eau surchauffée (VES) ...............
Principes du séchage en atmosphère en VES ...........................................
Transferts couplés de chaleur et matière entre produit et VES ...............
Consommation d’énergie en séchage VES................................................
Avantages et inconvénients du séchage VES par rapport à l’air chaud..
Domaines d’application du séchage par VES ............................................
Pour en savoir plus ...........................................................................................
J 2 453 - 3
—
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21
25
25
Doc. J 2 451
es articles précédents [J 2 451] et [J 2 452] ont présenté le « séchage par air
chaud », ses applications industrielles et les techniques d’économie
d’énergie, pour le cas courant où c’est l’air chaud qui apporte au produit
l’énergie de vaporisation de l’eau, via des transferts convectifs air/produit. Les
deux articles suivants [J 2 453] et [J 2 454] décrivent les « autres modes de
séchage que par air chaud », où l’air circulant autour du produit est généralement plus froid que le produit, et où ce n’est pas lui qui apporte la chaleur utile
à la vaporisation de l’eau, mais d’autres modes de chauffage, avec des avantages et des inconvénients spécifiques qui seront décrits. En particulier, on va
démontrer la possibilité de diviser dans certains cas la consommation
d’énergie par 2 à 15 par rapport au séchage par air chaud, en changeant de
mode de séchage, ce qui est du plus haut intérêt industriel. Les
articles [J 2 453] et [J 2 454] sont classés selon le mode d’apport de chaleur.
Dans [J 2 453] (présent article) :
– séchage par conduction : le produit est mis au contact d’une paroi
chauffée à la température de source chaude ␪ sch (oC) en surface, et la chaleur
est apportée au produit par conduction à travers cette paroi, puis par
conduction dans le produit. Selon les conditions, notamment de température
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQQ
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SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ________________________________________________________________________________
Q
de plaque en regard de la pression p tot régnant côté produit, le séchage sera
en mode « par ébullition » ou « par entraînement » (les définitions sont développées au § 1.1, puis reprises et résumées en [J 2 454] § 1). On présentera les
possibilités d’économie d’énergie associées : la consommation est, selon le
cas, de 2 à 10 fois moindre que dans le séchage par air chaud ;
– séchage par vapeur d’eau surchauffée (VES) : on remplace l’air chaud circulant autour du produit par de la vapeur d’eau quasi-pure surchauffée,
c'est-à-dire dont la température est nettement plus élevée que sa température
de saturation ␪ sat à la même pression ptot de fonctionnement. Ce gaz « sec »
peut donc chauffer le produit par convection sans se condenser, et apporter
ainsi au produit l’énergie de vaporisation du séchage. En atmosphère de VES
quasi-pure (en l’absence d’air), le mode de séchage est alors forcément par
« ébullition » (§ 1.1). On verra que cette technique permet potentiellement une
réduction considérable de la consommation d’énergie pour le séchage, qui
peut tendre vers 0 quand la vapeur émise par le produit peut être utilisée et
valorisée par ailleurs.
Dans [J 2 454] (prochain article) :
– séchage par rayonnement : l’énergie est apportée au produit par rayonnement, ce qui décrit les cas de chauffage par infrarouge, micro-ondes, hautes
fréquences, ainsi que le séchage solaire à ensoleillement direct ;
– séchage par friture : le produit est immergé dans un bain d’huile chaude
(friture par immersion), où le séchage a lieu par ébullition, situation voisine du
séchage VES avec cependant des différences de mise en œuvre ;
– séchage par « lyophilisation » : la lyophilisation concerne un produit préalablement congelé, tel que l’eau passe directement de l’état solide (glace) vers
la phase vapeur sans passer par l’étape de fusion, ce changement d’état étant
appelé « sublimation ». Ce séchage peut se faire en atmosphère de vapeur
d’eau pure sous vide, ou en présence d’un certain taux de gaz incondensables
dans l’atmosphère autour du produit, la pression de vapeur étant alors une
pression partielle ppa ;
– séchage par zéolithes : le séchage se fait par transfert de vapeur entre le
produit et les zéolithes régénérées, avides d’eau, et fonctionne sur le mode de
« l’ébullition » quand on est dans une atmosphère de vapeur d’eau pure sous
vide, comme pour la lyophilisation sans air.
Dans le paragraphe 1.1 du présent article, l’accent est mis sur la distinction
fondamentale entre les deux modes de séchage « par ébullition » et « par
entraînement », sur l’exemple du séchage chauffé par conduction. En effet,
l’ébullition est un mode de séchage courant quand ce n’est plus l’air chaud qui
apporte l’énergie au produit. Cette problématique – séchage « par ébullition »
ou « par entraînement » – sera reprise tout au long des deux articles ([J 2 453]
et [J 2 454]), et il nous semble utile de lire le paragraphe 1.1 avant d’aborder
chaque type de séchage traité : les lois de transfert, les histoires hydro-thermiques suivies par le produit au cours du séchage, la façon de piloter les flux et
la consommation énergétique du séchage sont nettement différents dans les
deux cas.
On continuera dans tous les cas de s’appuyer sur le concept d’activité de
l’eau aw et de courbe de sorption (cf. [J 2 451] § 1), qui caractérise la liaison de
l’eau sur la matière sèche du produit notamment au cours du séchage. L’activité de l’eau étant une caractéristique d’état attachée à l’interaction
eau/produit, est par là indépendante du mode de séchage (par ébullition ou par
entraînement). Mais en ébullition, on utilisera plutôt les « isobares » de sorption à pv = Cte (pression supposée connue ou fixée) et à ␪ P variable, au lieu des
isothermes de sorption à ␪ P fixée et pv variable, telles qu’utilisées précédemment pour le séchage par entraînement dans l’air chaud.
J 2 453 − 2
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est strictement interdite. − © Editions T.I.
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________________________________________________________________________________ SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS
Notations et symboles
Profil de température
dans une atmosphère d’air
externe au-dessus du produit
x(m)
Symboles
Unités
Définitions
Flux de chaleur
sortant avec
le flux de vapeur
émise
Se reporter au tableau de symboles donné en tête de [J 2 451]
complété par les symboles suivants
CEM
(J/kg
d’eau)
sans
dimension
PAC
Flux de chaleur
sans transfert
de matière
(pertes)
Sous-couche de
produit plus humide
Front d’évaporation
compression mécanique
de la vapeur
CMV
COP
consommation énergétique
massique (J consommés/kg d’eau
évaporée)
Sous-couche de
produit plus sèche
Plaque chauffante
Profil interne θP(x)
coefficient de performance
de la pompe à chaleur (Qɺ /Wɺ )
1
1
·
Q1 (kW)
pompe à chaleur
RCE
sans
dimension
ratio de consommation énergétique
(CEM/∆Hv de référence)
Nu
sans
dimension
nombre de Nusselt
Re
sans
dimension
nombre de Reynolds
Pr
sans
dimension
nombre de Prandtl
Qɺ 1
kW
puissance consommée
par le séchoir (supérieure
ou inférieure à Qɺ )
Qɺ
kW
puissance thermique reçue
par le produit
Wɺ 1
kW
puissance mécanique (électrique)
consommée
θsat (p)
°C
température
θsch température de surface chaude
Température (oC)
L'ébullition suppose que θsch soit suffisante, et la vitesse d'air
modérée, alors qu'elle serait certaine dans une atmosphère de
vapeur pure au-dessus du produit (cf. figure 7). En ébullition, si
la surpression interne d'écoulement de la vapeur émise est
négligeable, la sous-couche la plus chaude est aussi la plus
sèche. Le cas du séchage par conduction et « par entraînement »
(sans ébullition) vers l'air est décrit sur la figure 12.
Figure 1 – Principe de séchage chauffé « par conduction » à travers
une paroi d’échange, supposé ici « par ébullition » dans une atmosphère externe d’air, et dans une couche de produit immobile (non
brassée) et poreuse
caloporteur, etc.) selon la figure 1. L’apport de chaleur Qɺ 1 (kW) au
produit se fait par conduction à travers cette paroi chaude vers le
produit, puis par conduction à l’intérieur du produit, pour alimenter la vaporisation de l’eau (fournir la chaleur latente de changement d’état ∆H vap), ce qui fixe le profil de température. On appelle
θsch la température de la paroi chaude en surface, au contact du
produit. Contrairement au « séchage par air chaud » (voir [J 2 451]
[J 2 452]), la chaleur n’est donc plus ici apportée au produit par
des transferts convectifs avec l’air chaud externe circulant en surface du produit, cet air externe étant supposé non chauffé et a
priori plus froid que le produit.
L’ensemble « Séchage industriel » est constitué de plusieurs
articles :
[J 2 451] : Principes du séchage – Le séchage convectif par
air chaud ;
[J 2 452] : Séchage convectif par air chaud : applications
industrielles, et économies d’énergie ;
[J 2 453] : Autres modes de séchage que l’air chaud :
séchage par conduction, par vapeur d’eau surchauffée (VES) ;
[J 2 454] : Autres modes de séchage que l’air chaud :
séchage par rayonnement, par friture, par lyophilisation et
zéolithes (à paraître en 2011) ;
– [J 2 455] : Technologie et choix des séchoirs (P. Arlabosse).
Lorsque la couche de produit est sous forme pâteuse ou granulaire, cette couche peut être raclée contre la paroi chauffante et/ou
(re)mélangée par l’action d’un agitateur/racleur, ce qui pourrait
être assimilé à un transfert par convection entre la paroi et le produit. Cependant, on gardera ici le concept de chauffage « par
conduction » du fait que l’énergie est apportée par conduction à
travers une paroi d’échange de surface définie et limitée. On
pourra éventuellement caractériser le transfert au contact
paroi/produit par un coefficient de transfert de chaleur h (ou une
résistance 1/h), tout en gardant ici le concept de « chauffage
conductif », car non lié à la convection d’un fluide externe chauffant la surface du produit.
La chaleur Qɺ 1 (kW) apportée sert à la fois à chauffer le produit
(sa température θP va évoluer) et à alimenter la vaporisation de
l’eau sortant du produit et les pertes thermiques. Le flux de chaleur vers l’atmosphère externe a deux composantes, l’une liée au
flux de vapeur émise qui contient son enthalpie, l’autre liée aux
échanges de chaleur « directs » avec le gaz externe sans transfert
de matière (par convection), notamment en fin de séchage. Selon
la valeur de θsch et l’efficacité de la convection externe dans le gaz
au-dessus du produit, le mode de séchage peut être soit « par
ébullition », soit « par entraînement », ce qu’on va décrire successivement, avec des conséquences sur les flux et l’histoire hydrothermique suivie par le produit au cours de séchage, et sur sa
qualité finale.
1. Séchage
par « conduction »
ou par « contact »
Le produit à sécher est déposé sur une paroi conductrice de la
chaleur, qui est chauffée sur l’autre face, par exemple par
condensation de vapeur ou par toute autre source de chaleur (brûleur gaz, chauffage électrique, eau tiède de condenseur, fluide
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SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ________________________________________________________________________________
Dans la situation d’ébullition, on appelle θeb la température
d’ébullition du produit (θP = θeb), qui dépend à la fois de la pression (totale) locale ptot et de l’activité de l’eau dans le produit. On
va la comparer à θsat , température de vapeur saturante ou d’ébullition de l’eau pure à la même pression ptot (θsat lue dans une
table). En ébullition, la vapeur d’eau est émise à la pression totale
(ptot) locale et à la température d’ébullition θeb locale du produit.
La vapeur sera ainsi émise soit saturante, soit surchauffée, selon la
valeur de aw locale relative à la température θeb du produit (ne pas
se référer à l’isotherme aw à 20 oC !) :
– si aw = 1, la vapeur est émise saturante θP = θeb = θsat ;
– si aw < 1, la température d’ébullition θeb est supérieure à celle
de l’eau pure θsat à la même pression, du fait de la liaison de l’eau
sur la matière sèche, qui impose une élévation ébullioscopique
EE (oC) = θeb – θsat . La vapeur est émise à la température du
produit θeb > θsat , donc surchauffée de EE (oC) en fin de séchage.
1.1 Séchage par conduction
avec ébullition
1.1.1 Principes des transferts en ébullition,
courbe d’ébullition
Q
■
Définition de l’ébullition
On décrit ici la situation où l’apport de chaleur par conduction
vers le produit est tel que sa température θP s’élève, jusqu’à ce que
la pression de vapeur d’eau en équilibre avec le produit humide pv
devienne égale à la pression totale ambiante ptot régnant dans le
gaz autour du produit. Alors l’ébullition a lieu, de telle sorte que le
flux de vapeur émise équilibre l’apport thermique, ce qui fixe la
température du produit du moment. L’ébullition est donc ici caractérisée par le fait que la vapeur sortant du produit est émise à ptot
en refoulant le gaz externe ; peu importe qu’il s’agisse d’air
humide (son humidité relative ou sa ppa sont indifférentes, si
l’ébullition a lieu) ou de vapeur d’eau au-dessus du produit. On
peut en général négliger la surpression de mise en vitesse de la
vapeur à l’émission en surface du produit. Le mode de séchage
« par ébullition » est donc clairement défini par la condition (1)
suivante :
[p v ]θP = p tot [∀ ppa ]
avec [p v ]θP
ptot
La figure 2 présente deux courbes d’ébullition expérimentales
θeb = f (X), qui expriment le déplacement de l’équilibre
liquide/vapeur à ptot = cte fixée, quand la teneur en eau X varie
dans le produit au cours du séchage, et pour deux pressions ptot
(éventuellement sous vide). La figure 3 présente l’isobare de sorption aw = f (X) à pression pv fixée. En fait, il s’agit de deux représentations équivalentes du même phénomène physique, qui est la
liaison croissante de l’eau quand X diminue. On ne différencie pas
ici l’adsorption à teneur en eau croissante, et la désorption au
cours du séchage, phénomènes supposés réversibles. On proposera plus loin en figure 4 une autre représentation sous la forme
EE = f (X, ptot).
(1)
pression de vapeur d’eau en équilibre local avec le
produit, à la température θP du produit,
La figure 2 montre que l’élévation ébullioscopique EE (oC) résultant de la liaison de l’eau, augmente quand X diminue en fin de
séchage, pour une isobare à pression de vapeur pv = cte, mais qui
a aussi le sens d’une pression totale ptot en situation d’ébullition.
Par ailleurs θsat varie nettement avec la pression pour un même X,
donc selon que le séchoir fonctionne sous pression ou sous vide
(deux pressions représentées p2 > p1), mais EE varie beaucoup
moins avec la pression. Le palier A1B1 à θeb = θsat sur la figure 2
décrit le cas aw = 1, sa longueur dans l’espace des X dépendant de
la quantité d’eau dite « libre » initialement présente dans le produit. Mais rappelons que cette activité doit être évaluée à la température d’ébullition du produit (et non pas à 20 oC). Comme
l’élévation de température rend l’eau généralement « plus libre »,
les isothermes éventuellement connues à 20 oC ne sont pas pertinentes ici, et il faudra se référer en ébullition aux isobares représentatives du procédé, éventuellement à des températures
supérieures à 100 oC (telles que sur la figure 2 ou 3 ou 4).
pression totale du gaz au-dessus du produit (somme
des pressions partielles, incluant ppa = pression
partielle de vapeur d’eau en présence d’air, et avec
ppa indifférent à ptot fixé).
Cette situation d’ébullition est donc très différente du cas du
séchage par « entraînement » dans l’air chaud, précédemment
défini par la condition (2) (rappel de [J 2 451]) :
p tot > [p v ]θP > ppa
(2)
On remarque que la condition (1) pv = ptot , caractéristique de
l’ébullition, n’impose pas que l’atmosphère autour du produit soit
constituée de vapeur pure. Si l’ébullition a réellement lieu, la pression ptot autour du produit dans le séchoir peut très bien inclure
une pression partielle d’air (on sait que l’eau peut bouillir dans une
casserole ouverte à l’air libre). C’est aussi l’hypothèse de la
figure 1. Par contre, si l’atmosphère autour du produit est
constituée de vapeur pure (cas d’une casserole avec son couvercle
juste posé, après que l’ébullition ait balayé l’air initial de la casserole), comme il n’y a pas de potentiel de diffusion de la vapeur en
surface vers la vapeur externe, on est certain que le séchage (s’il a
lieu) se fait par ébullition. En effet, la chaleur reçue par conduction
par le produit n’étant pas évacuée par la diffusion de matière
externe, inexistante dans une atmosphère de vapeur, le produit
s’échauffe jusqu’à entrer en ébullition (si θsch est suffisant), de
sorte que le flux matière émis équilibre le flux de chaleur arrivant.
θeb (oC)
θP2 = f (X) pour p2
θP1 = f (X) pour p1
θsat (p2)
On remarque aussi que l’ébullition définie selon (1) ne suppose
aucun (niveau de) flux, ce flux pouvant éventuellement être très
faible, voire nul : on parlera ainsi « d’équilibre d’ébullition », ou
« d’isobare de sorption ». Cette définition ne nécessite pas non
plus l’apparition de bulles de vapeur dans le produit (l’ébullition
peut être nucléée, ou pas), ni le bouillonnement induit par la
nucléation (formation de bulles de vapeur) qui n’existe pas toujours (cas des films minces, adhérents sur la paroi chaude et
immobiles). L’expérience montre qu’une certaine confusion entre
« l’ébullition » selon la condition (1) et le « bouillonnement » associé à un fort flux d’ébullition éventuel, est souvent source de
malentendus. On pourra donc parler d’ébullition à flux faible, voire
nul en fin de séchage.
J 2 453 – 4
Courbes d’ébullition θeb = f(X)
■
EE2
B2
EE1
B1
A2
Isobare p2
θsat (p1)
A1
Isobare p1
Xi
0
Xsortie
Séchage
Xentrée
X (kg d'eau/
kg de MS)
Le palier AB correspond à θP = θsat pour aw = 1. Les très faibles
teneurs en eau (parties en pointillés) sont éventuellement moins bien
connues que pour les isothermes, en particulier du fait des risques
de décomposition thermique du produit.
Figure 2 – Courbes d’ébullition caractéristiques d’un produit
à pression ptot fixée pour deux pressions (p2 > p1)
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X (kg d’eau/kg de MS)
________________________________________________________________________________ SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS
Ces exemples sont soumis à l’hypothèse d’ébullition de
l’équation (1), mais sans préciser le flux d’ébullition, qui peut être
élevé ou nul (on parle alors d’équilibre d’ébullition), en vue de décrire
l’effet d’un changement de aw, de température θP et/ou de pression
pv = ptot :
• P o u r aw = 1 et ébullition à patm , pv = ptot = 1 bar :
Isobare p1
A3
Séchage
(4) → p0 =
Isotherme θ1
B3
Isobare p2
p v 1 bar
=
= 1 bar
aw
1
d’où
θeb = θsat(1bar) = 100 oC
et
EE = 0 oC. L’élévation ébullioscopique est nulle, ce qui est caractéristique de l’eau dite « libre ».
• Pour aw = 1 et ébullition sous vide, par exemple
pv = ptot = 0,5 bar :
K
Isobare p3
0,5 bar
= 0,5 bar d’où θeb = θsat(0,5bar) = 81 oC (selon
1
table de vapeur saturante à 0,5 bar absolu), et EE = 0 oC. Le vide
abaisse la température d’ébullition.
• Pour aw = 0,3 et ébullition à patm : pv = ptot = 1 bar d’où
θsat(1bar) = 100 oC :
(4) → p0 =
Xsortie
0
awθ1 awθ2
awθ3
awK
aw
1
p 
1 bar
(4) → p0 =  v  =
= 3, 33 bar d’où θeb = θsat(3,33bar) = 137 oC
 aw θP 0, 3
Les températures d'ébullition varient le long de chaque
isobare, la valeur de θeb dépendant à la fois de la pression
p de fonctionnement et de la liaison de l'eau (EE = f (X)).
Mais tout point tel que K est commun à une isotherme (θ1
montrée en pointillé) et à une isobare telle que p1.
tiré de la table de vapeur saturante à 3,33 bar absolus (cf. [F 3 003]).
Dans ce cas, le produit bout à 137 oC à ptot = 1 bar, et son élévation
ébullioscopique est EE = (θeb – θsat) = 37 oC. Réciproquement, si le
produit bout à 137 oC à ptot = 1 bar, c’est que l’activité de l’eau dans
le produit à ce moment aw = 0,3, et on pourrait en déduire sa teneur
en eau du moment à partir de sa courbe d’ébullition (figure 2), si on
admet un faible écart à l’équilibre (cf. ci-dessous).
Figure 3 – Principe de trois « isobares de sorption » aw = f (X)
d’un même produit pour trois pressions de vapeur fixées
(pv = ptot = p1, ou p2 ou p3, avec p3 > p2 > p1)
Sur la figure 3, les isobares sont sous la forme aw = f (X) pour
différentes pressions de vapeur pv = cte (en ébullition pv = ptot), et
contiennent en fait la même information que les courbes de
figure 2. Pour des formes classiques de « courbes en S », on aura
ici des valeurs différentes entre isobares et isothermes qui se
coupent. Un point d’intersection tel que K défini par (pv, θP = θ1,
aw) appartient aussi bien à une isotherme à θ1 = cte et pv variable
(montrée en pointillé), qu’à une isobare à pv = cte et θP variable.
On peut donc théoriquement passer point par point, d’un réseau
d’isothermes aw = f (X, θP) pour diverses valeurs de θP (à θP = cte et
pv variable le long de la courbe), à un réseau d’isobares aw = f (X,
pv) pour diverses valeurs de pv (à pv = cte et θP variable le long de
la courbe), dans le domaine commun aux deux réseaux.
Une caractéristique du séchage par ébullition est que les flux
peuvent être très élevés pour un écart faible entre la température
locale et l’équilibre thermodynamique d’ébullition décrit par la
figure 2. On sait ainsi que l’eau libre bout toujours à 100 oC à la
pression pv = 1 bar, quand la température de paroi chaude θsch
s’élève de 102 à 120 oC par exemple, alors que les flux transmis
sont très différents. On peut résumer cette observation par la simplification suivante :
On va illustrer cette correspondance par les exemples suivants,
reliant aw dans le produit à sa température d’ébullition θeb , à X et ptot
connus, sur la base des équations (3) et (4), et en utilisant les valeurs
de l’équilibre liquide/vapeur de l’eau pure p0 = f (θ) connues par
ailleurs (tables de vapeur saturante) :
Le produit suit en séchage par ébullition à tout moment, en
tout point, et de façon très proche, son isobare de désorption
ou sa courbe d’ébullition, pour les valeurs locales de ptot et de
X, indépendamment du flux de séchage.
θeb = θsat (ptot )+ EE( X ,θP )
(3)
p 
p 
aw =  v  = f (X , θP ...) =  tot  avec 0 < aw ⭐ 1
 p0 θP
 p0 θP
(4)
Cette simplification est habituelle dans les situations de
concentration par ébullition à toutes les pressions, et a été vérifiée
expérimentalement en séchage à pression atmosphérique. Une
explication possible en est qu’en séchage par ébullition, la présence de la matrice solide offre suffisamment de sites de nucléation (pores, interface liquide/vapeur) pour limiter l’écart à
l’équilibre thermodynamique liquide/vapeur (cas général, car on
décrira des exceptions, comme l’existence momentanée de
gouttes d’eau liquides hors d’équilibre, au sein d’un bain d’huile
chaude – cf. [J 2 454] Séchage par friture).
pression de vapeur en équilibre avec le produit (à X et θP
fixés), et égale en ébullition à ptot , pression totale
régnant autour du produit,
pression de vapeur saturante de l’eau pure (indice 0) à la
même température θP = θeb du produit, et tirée d’une
table de vapeur saturante ou d’un formulaire (on aurait
pu aussi l’appeler psat),
température saturante de vapeur d’eau pure, à la
pression ptot (θsat 艋 θeb ).
Ainsi va-t-on négliger l’écart à l’équilibre thermodynamique lié
au flux, mais par contre décrire sans le négliger le déplacement de
l’équilibre thermodynamique pour l’eau dite liée en fin de séchage,
exprimé par l’élévation ébullioscopique EE = (θeb – θsat) = f (X). On
peut aussi ne pas négliger l’effet d’une variation de pression
interne éventuelle faisant changer d’isobare. Ainsi, la température
du produit θP séchant par ébullition dépend-elle à un instant donné
seulement de X et de ptot (valeurs locales) ce qui est différent du
cas du séchage par entraînement dans l’air chaud, où θP dépend
aussi des propriétés de l’air externe.
avec pv
[p0 ]θP
θsat
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Séchage industriel : principes
et calcul d’appareils
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Autres modes de séchage que l’air chaud
(partie 2)
par
Jean VASSEUR
Ingénieur GREF
Docteur Ingénieur
Professeur à AgroParisTech-MASSY (ex ENSIA)
UMR 1145 – Génie des procédés alimentaires
1.
Rappel des bases physiques du séchage
par ébullition et par entraînement ......................................................
2.
Séchage par rayonnement .....................................................................
—
6
3.
Séchage par friture par immersion .....................................................
—
9
4.
Séchage par lyophilisation ....................................................................
—
11
5.
Séchage par zéolithe, ou « zéo-dratation » ......................................
—
17
J 2 454 - 3
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2 451v2
ans les articles [J 2 451] et [J 2 452] nous avons présenté le « Séchage par
air chaud », ses applications industrielles et les techniques d’économie
d’énergie pour ce mode de séchage, où c’est l’air chaud qui apporte au produit
l’énergie de vaporisation de l’eau, via des transferts convectifs entre l’air et le
produit. Les articles [J 2 453] et [J 2 454] sont consacrés aux « Autres modes
de séchage que par air chaud », où ce n’est plus l’air chaud circulant autour du
produit qui apporte (principalement) la chaleur utile à la vaporisation de l’eau,
mais d’autres modes de chauffage, avec des avantages et des inconvénients
spécifiques décrits dans le texte. En particulier, on a montré en [J 2 453] la possibilité de diviser la consommation d’énergie par 2 à 15 dans certains cas par
rapport au séchage par air chaud, en utilisant le séchage par ébullition, soit par
conduction, soit par vapeur d’eau surchauffée (VES). Les techniques qui
suivent seront, selon le cas « par ébullition » ou « par entraînement », et sont
classées selon le mode d’apport de chaleur.
Le présent article [J 2 454] présente quatre types de séchage « autres que par
air chaud », à côté du séchage par conduction et par VES décrits dans
l’article [J 2 453] :
• Séchage par rayonnement : l’apport d’énergie par rayonnement vers le produit correspond au chauffage par infrarouge, par micro-ondes, par hautes
fréquences, ainsi que le séchage solaire à ensoleillement direct. Généralement, il y a simultanément des transferts par convection avec l’air externe,
supposé non chauffé et plus froid que le produit. Selon les flux par rayonnement et les échanges convectifs avec l’atmosphère externe, la température
du produit est plus ou moins élevée, ce qui va déterminer le mode de
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQQ
D
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SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ________________________________________________________________________________
séchage : mode « par ébullition » ou « par entraînement » (cf. § 1.1), avec
des conséquences sur la vitesse de séchage et l’histoire hydrothermique
suivie par le produit, différente du cas du séchage par air chaud. On a aussi
la possibilité de chauffer l’air externe en plus du chauffage par rayonnement, et l’on a alors une situation de séchage « mixte » assez courante dans
l’industrie (étuves, fours de séchage et/ou de cuisson).
Q
• Séchage par friture : lorsque l’on immerge un produit humide dans un
bain d’huile chaude (friture par immersion), le mode d’apport de chaleur
est de type convectif venant de l’huile, et le séchage se fait forcément par
ébullition, comme pour le séchage dans la vapeur d’eau surchauffée (VES,
cf. [J 2 453]), mais les mises en œuvre sont un peu différentes, avec une
imprégnation résiduelle en huile.
• Séchage par « lyophilisation » : la lyophilisation concerne un produit qui
est préalablement congelé, de telle sorte que l’eau puisse passer directement de l’état solide (glace) vers la phase vapeur sans l’étape de fusion, ce
changement d’état étant appelé « sublimation ». La période de sublimation
est suivie d’une période de séchage par désorption d’une fraction d’eau
liée, à une température de plus en plus élevée. En atmosphère de vapeur
d’eau pure et sous vide, ce procédé obéit à des principes comparables à
l’ébullition, mais ce séchage peut aussi se faire en présence d’un certain
taux de gaz incondensables dans l’atmosphère autour du produit, tel que
la pression de vapeur dans le gaz externe soit seulement une pression partielle ppa . Selon le cas, on peut ainsi sécher sur le mode « par ébullition »
ou « par entraînement » en surface du produit, en fonction du taux de gaz
incondensables, du flux thermique et de l’épaisseur du produit.
• Séchage par zéolithes : le séchage par zéolithes ne suppose pas de
congélation préalable du produit, et fonctionne sur le mode de
« l’ébullition » quand on est dans une atmosphère de vapeur d’eau pure et
sous vide, d’une façon analogue à la lyophilisation sans gaz incondensables. Le cas du séchage par zéolithes en présence d’air est évoqué.
Nous continuerons de nous appuyer sur la distinction entre les deux modes
de séchage « par ébullition » et « par entraînement », sachant que l’ébullition
est un mode de séchage courant quand ce n’est plus l’air chaud qui apporte
principalement l’énergie au produit, avec des avantages et des inconvénients
discutés chaque fois. La très grande économie d’énergie possible, quand le
séchage se fait par ébullition, en atmosphère de vapeur d’eau quasi pure,
montre l’intérêt que présentent ces techniques, même si elles sont encore peu
utilisées dans l’industrie. Les lois de transfert et l’histoire hydrothermomécanique du produit au cours du séchage qui détermine la qualité du produit final
et la façon de piloter, sont aussi nettement différentes en séchage par ébullition et par air chaud, et le paragraphe 1 est un rappel de ces principes.
Dans tous les cas, nous continuerons d’utiliser la caractérisation expérimentale de la liaison de l’eau dans le produit, par l’activité de l’eau aw et les
courbes de sorption (cf. [J 2 451], § 1) et d’ébullition (cf. [J 2 453], § 1), cette
liaison évoluant au cours du séchage. Cette propriété de liaison de l’eau dans
le produit est en effet indépendante du mode de séchage (par ébullition ou par
entraînement), la seule nuance étant qu’en ébullition, on utilisera plutôt les isobares de sorption à pv = ptot = cte (à pression fixée et θP variable) dites
« courbes d’ébullition », plutôt que les isothermes de sorption (à θP fixée et pv
variable) utilisées pour le séchage par entraînement dans l’air chaud.
J 2 454 − 2
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________________________________________________________________________________ SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS
1. Rappel des bases
physiques du séchage
par ébullition
et par entraînement
transferts de chaleur liés aux transferts de matière, et des transferts
de chaleur du produit chaud vers l’air externe plus froid non liés aux
transferts de matière, correspondant à des pertes thermiques. Ces
transferts convectifs sont pilotés par la résistance de couche limite à
l’interface, représentés par les coefficients kp (kg · s–1 · m–2 · Pa–1)
pour la matière, et h (W · m–2 · oC–1) pour la chaleur, et évaluables
par les méthodes de génie chimique classiques (Nu, Sh, Re, Pr...).
Mais si, par contre, l’atmosphère externe au produit est faite de
vapeur d’eau pure (ppa = ptot), il n’y a plus de potentiel de diffusion matière externe, et seule l’ébullition est possible si la température de source est suffisante, selon la description suivante
(point b).
Se reporter aux tableaux de symboles des articles [J 2 451]
et [J 2 453].
b) Si ␪ P s’élève jusqu’à atteindre la température d’ébullition
␪ eb =f (X ) du produit, fonction de la pression et de la teneur en eau
locale, avec θeb = (θsat(ptot ) + EE ) et EE = f (X), alors la vapeur est émise
à ptot = pression totale régnant localement. La vapeur sort du produit par écoulement externe, et non pas par diffusion, et ppa externe
devient indifférent si l’ébullition a lieu. Le mode de séchage « par
ébullition » est alors défini par la condition suivante :
L’ensemble « Séchage industriel » est constitué de plusieurs articles :
[J 2 451] : Principes du séchage – Le séchage convectif par
air chaud ;
[J 2 452] : Séchage convectif par air chaud : applications
industrielles, et économies d’énergie ;
[J 2 453] : Autres modes de séchage que l’air chaud :
séchage par conduction, par vapeur d’eau surchauffée (VES) ;
[J 2 454] : Autres modes de séchage que l’air chaud :
séchage par rayonnement, par friture, par lyophilisation et
zéolithes (à paraître en 2011) ;
[J 2 455] : Technologie et choix des séchoirs (P. Arlabosse).
[p v ]θP = p tot [∀ ppa ]
avec [p v ]θP
Ce paragraphe rappelle et résume la différence entre le séchage
« par entraînement » et « par ébullition » développée en ([J 2 453],
§ 1.1) pour le séchage par conduction, et qui est nécessaire à la
compréhension de cet article. Le séchage suppose toujours de
fournir l’énergie de vaporisation du solvant (eau). L’apport d’énergie au produit par des échanges convectifs avec l’air chaud, sans
ébullition (sauf exceptions) a été décrit dans les articles [J 2 451]
et [J 2 452]. On va maintenant supposer que l’air est non chauffé et
plus froid que le produit, et donc que le produit reçoit de la chaleur
« autrement que par convection dans un air chaud », c'est-à-dire ici
par rayonnement, ou par immersion dans l’huile chaude, ou par
conduction (en complément du séchage par contact ou par VES –
[J 2 453]). Sous l’effet de ce flux, sa température θP commence par
s’élever, pouvant conduire aux deux cas suivants :
Une certaine « montée en pression » interne au produit est possible, liée à l’écoulement de la vapeur émise par l’ébullition
interne, ce qui fait changer localement et temporairement d’isobare, sans contredire l’affirmation précédente. Alors, le flux de
séchage en ébullition dépend du couplage entre le flux de chaleur
local et le flux de matière (vapeur émise) comme en séchage par
air, mais avec des histoires hydrothermiques du produit différentes du séchage par air chaud. Si on peut négliger la montée en
pression, pour un produit poreux où ptot reste uniforme, l’apport
local de chaleur pilote seul le flux de séchage.
a) Si ␪ P est inférieure à la température d’ébullition ␪ eb =f (X )
du produit : les transferts de matière du produit vers l’extérieur,
s’ils existent, se font par diffusion de la vapeur en équilibre avec la
surface du produit vers l’air environnant, caractérisé par sa
pression partielle ppa en vapeur d’eau. Cette situation est définie
comme un séchage « par entraînement », influencé par la circulation du gaz (vg en m/s). Le potentiel d’échange s’exprime par
exemple par l’écart de pression de vapeur (pv – ppa) comme pour
le séchage par air chaud (rappel de [J 2 451]), mais le produit est
ici plus chaud que l’air externe (θPs > θa) :
avec [p v ]θPs
ppa
pression de vapeur d’eau en équilibre local avec le
produit, à la température θP du produit, et ppa
indifférent.
Cette définition de l’ébullition selon (2) ne présuppose aucun
(niveau de) flux, ce flux pouvant éventuellement être très faible,
voire nul : on parlera alors d’équilibre d’ébullition, ou de « courbe
d’ébullition » θeb = f (X) à ptot fixée, aussi appelée « isobare de
sorption » (figure 1). L’expérience montre que le produit reste en
général proche de cette courbe d’équilibre au cours d’un séchage
par ébullition, même aux forts flux, ce que l’on peut résumer par :
« le produit suit localement en tout point sa courbe d’ébullition »
selon la figure 1.
1.1 Définitions du séchage
par entraînement et par ébullition
p tot > [p v ]θPs > ppa
(2)
θeb (oC)
θP2 = f (X) pour p2
θP1 = f (X) pour p1
θsat (p2)
θsat (p1)
(1)
EE2
B2
EE1
B1
Isobare p2
Xsortie
A1
Isobare p1
Xi
0
pression de vapeur d’eau en équilibre local avec le
produit, à la température θPs en surface du produit
(plus chaud que l’air),
A2
Séchage
Xentrée X (kg d’eau/
kg de MS)
Le palier AB correspond à θP = θsat pour aw = 1. Les très faibles
teneurs en eau (parties en pointillés) sont éventuellement moins bien
connues que pour les isothermes, en particulier du fait des risques
de décomposition thermique du produit.
pression partielle de vapeur d’eau dans l’air autour
du produit.
Mais à la différence du séchage par air chaud, le flux de chaleur ne
vient plus, dans cet article, de l’air externe, et le couplage
chaleur/matière se pilote autrement. Il y aura simultanément des
Figure 1 – Courbes d’ébullition caractéristiques d’un produit
à pression ptot fixée pour deux pressions (p2 > p1)
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SÉCHAGE INDUSTRIEL : PRINCIPES ET CALCUL D’APPAREILS ________________________________________________________________________________
d’ébullition caractéristique (figure 1). Donc, l’ébullition s’arrête si
on augmente suffisamment le débit ou la vitesse d’air (froid), ou si
on diminue la température de la source chaude θsch et le flux
d’énergie apporté, et/ou lorsque l’activité de l’eau est devenue très
basse dans le produit, ce qui augmente θeb en fin de séchage.
L’activité de l’eau est un concept explicatif utile dans les deux
situations :
Q
a) Pour le séchage par entraînement : les valeurs de θPs et X s en
surface du produit fixent la valeur de aws et la pression de vapeur
pv à l’interface produit/air, d’où le débit évaporatoire convectif
externe et la température de surface du produit, toutes ces grandeurs étant également influencées par les propriétés de l’air
externe autour du produit :
p 
aws =  v  = f (X s , θPs ...)
 p0 θPs
On peut résumer en disant que l’ébullition a lieu sous deux
conditions simultanées : il faut à la fois que la température de la
source chaude soit suffisamment élevée [θsch > θeb = f (X) locale]
et que le séchage par entraînement externe dans l’air (par diffusion matière externe) et les pertes thermiques (sans séchage) ne
suffisent pas à évacuer la chaleur apportée au produit. Alors, la
température du produit s’élève jusqu’à atteindre θeb = f (X, ptot),
valeur locale : la vapeur est alors émise à pv = ptot (valeur locale),
et s’écoule hors du produit indépendamment de ppa , de sorte que
le flux de matière équilibre le flux de chaleur reçu. On suppose
qu’en ébullition le produit suit localement, en tout point à peu de
chose près, sa courbe d’ébullition θeb = f (X, ptot).
(3)
0 < aw ⭐ 1
b) Pour le séchage par ébullition : la valeur de X locale dans le
produit fixe aw locale, d’où sa température d’ébullition θP = θeb
locale, avec la condition pv = ptot locale, selon :
p 
p 
aw =  v  = f (X , θP ...) =  tot 
 p0 θP
 p0 θP
(4)
1.3 Aspects énergétiques comparés
du séchage par ébullition
et par entraînement
0 < aw ⭐ 1
avec [pv ]θP
pression de vapeur en équilibre avec le produit à
[X, θP] valeur locale,
[p0 ]θP
pression de vapeur saturante qu’aurait l’eau pure
(indice 0) à la même température que le produit θP,
tirée d’une table de vapeur saturante ou d’un
formulaire (on aurait pu l’appeler p sat(θP ) ),
ptot
pression totale locale, incluant la pression des gaz
autres que la vapeur d’eau (cas d’un air externe),
avec p tot ⭐ p0 à la même température θP, du fait que
a w ⭐ 1.
Si on peut négliger l’énergie utilisée par le chauffage du produit,
ainsi que la chaleur nette de liaison de l’eau (en plus de ∆Hv de
l’eau libre) et les pertes thermiques, devant l’énergie nécessaire
pour évaporer l’eau, la CEM du séchage par ébullition reste proche
de ∆Hv (chaleur latente de vaporisation de l’eau pure). Mais, en
tenant compte des postes négligés ci-dessus, la CEM réelle en
ébullition est couramment :
En ébullition, de même que pour le séchage convectif par air
chaud, la conséquence de la liaison de l’eau évaluée par aw est
surtout dans le ralentissement des transferts de chaleur en fin de
séchage : l’augmentation de θeb à ptot fixée diminue l’écart de température utile aux transferts de chaleur venant de la source chaude
et allonge la durée de séchage. Seul le chauffage par rayonnement
décrit plus loin échappera en partie à cette contrainte, dans la
mesure où la température de source est souvent très élevée, ce qui
permettra d’atteindre éventuellement des valeurs de la température de surface θPs élevées, avec d’autres conséquences à discuter.
La mauvaise utilisation de l’énergie, du fait de la liaison de l’eau en
séchage cocourant dans l’air chaud (cf. [J 2 452]), sera en grande
partie contrée en ébullition dès lors que l’on peut utiliser la vapeur
émise.
En ébullition sans récupération d’énergie :
CEM = 1,1 à 1, 2 fois ∆H v
C’est déjà nettement mieux que pour la plupart des séchoirs par
entraînement par l’air chaud, où la CEM atteint souvent 1,5 à 4 fois
∆Hv voire plus. Mais le séchage par ébullition permet de faire
beaucoup mieux en termes d’économie d’énergie, dans la mesure
où l’essentiel de l’énergie de séchage se retrouve dans la vapeur
quasi pure émise par le produit et sortant du séchoir, énergie que
l’on peut récupérer presque complètement par condensation de
cette vapeur en l’absence d’air. Alors, si on utilise la vapeur émise
par le séchoir, soit sur le séchoir lui-même après compression
mécanique (CMV), soit dans une autre étape du procédé en remplacement d’une vapeur issue de chaudière, le coût énergétique
imputable au séchage peut diminuer considérablement, pour
devenir une très faible fraction de ∆Hv, ce qui est impossible à
atteindre avec le séchage par air chaud :
1.2 Conditions du passage
de l’entraînement à l’ébullition
et réciproquement
Le produit va « entrer en ébullition » si l’ensemble des transferts
de chaleur et de matière par convection vers l’air externe, supposé
plus froid que le produit (combinaison de h chaleur et kp matière
via hequ , cf. [J 2 453], § 1.3), ainsi que par rayonnement, ne
suffisent pas à évacuer l’énergie reçue par le produit (par rayonnement, convection, conduction). Alors, la température du produit
augmente, entraînant l’augmentation de pv (pression de vapeur en
équilibre avec le produit) jusqu’à devenir égal à ptot, ce qui décrit
sa mise en ébullition telle que définie ci-dessus [équation (2)].
En ébullition avec récupération d’énergie sur la vapeur
émise :
CEM = 0,1 à 0, 4 fois ∆H v
et RCE = 0,1 à 0, 4
Cette très faible consommation d’énergie de séchage a déjà été
décrite pour le séchage par conduction et par VES, dans [J 2 453].
Quand l’utilisation de l’énergie de la vapeur émise vers un poste
voisin du séchoir est possible, elle a quelques inconvénients, dont
la rigidité du couplage entre opérations voisines, à évaluer face à
la très grande économie possible.
Réciproquement, le produit passera de l’ébullition à l’entraînement si la convection dans l’air externe plus froid (séchage dû à
kp et/ou transferts sans séchage dus à h) devient plus efficace que
l’ébullition pour refroidir le produit, qui passe alors sous sa courbe
J 2 454 – 4
et RCE = 1,1 à 1, 2
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Séchage industriel
Aspects prat ues
par
Q
Patricia ARLABOSSE
Ingénieur IUSTI, spécialité Systèmes énergétiques et transferts thermiques
Docteur en Mécanique énergétique
Maître-Assistante à l’École des Mines d’Albi Carmaux ENSTIMAC
Chercheur au Centre RAPSODEE (UMR CNRS 2392)
p。イオエゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPPX@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQU
1.
1.1
1.2
1.3
Choix d’un procédé de séchage ...........................................................
Méthodologie ...............................................................................................
Innovations ...................................................................................................
Spécification des contraintes et impact sur le choix
d’une technologie ........................................................................................
J 2 455 - 2
—
2
—
2
—
3
2.
2.1
2.2
2.3
Grandes familles technologiques de sécheurs ................................
Sécheurs compatibles avec les produits humides à l’état liquide ...........
Sécheurs compatibles avec les produits humides à l’état solide ............
Sécheurs développés pour les produits humides à l’état pâteux ............
—
—
—
—
4
5
7
15
3.
3.1
3.2
3.3
Utilités .........................................................................................................
Électricité ......................................................................................................
Combustibles fossiles ..................................................................................
Autres utilités ...............................................................................................
—
—
—
—
16
17
17
17
4.
4.1
4.2
4.3
Équipements périphériques ...................................................................
Conditionnement de l’air de séchage.........................................................
Traitement des gaz d’exhaure.....................................................................
Systèmes de récupération d’énergie..........................................................
—
—
—
—
18
18
18
18
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
Sécurité .......................................................................................................
Oxydation .....................................................................................................
Explosion ......................................................................................................
Pollution de l’environnement......................................................................
Gestion des risques .....................................................................................
—
—
—
—
—
19
20
20
21
21
6
.
6.1
6.2
6.3
Présélection des technologies de séchage .......................................
Sur la base de l’efficacité énergétique .......................................................
Sur la base de contraintes liées au procédé de fabrication......................
Sur la base de contraintes liées au produit ...............................................
—
—
—
—
21
21
22
23
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. J 2 455
ès lors que l’on cherche à rompre avec le conventionnalisme et l’habitude, qui bien souvent conduisent à associer à un produit donné une
technique de séchage déterminée, ou lorsque le produit est nouveau, le choix
d’un type de sécheur devient rapidement un casse tête pour l’ingénieur procédé. On dénombre sur le marché plus de 400 technologies différentes, dont
une centaine sont utilisées communément dans l’industrie. Ces technologies
peuvent au mieux être regroupées dans une dizaine de grandes familles. Le
présent dossier est consacré à la présentation de ces grandes familles technologiques de sécheurs. Comme la technologie doit être compatible avec la
forme du produit à traiter, une classification basée sur la structure du produit à
traiter a été retenue. Outre le sécheur lui-même, une installation de séchage
comporte un ensemble d’équipements annexes nécessaires au prétraitement
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J 2455 – 1
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SÉCHAGE INDUSTRIEL _______________________________________________________________________________________________________________
Q
du produit pour le rendre compatible avec la technologie choisie, au bon fonctionnement du sécheur et au post-traitement du produit sec et des rejets
gazeux. Certains de ces dispositifs annexes visent à garantir la sûreté de fonctionnement de l’installation et de son environnement mais il faut en connaître
les risques et les moyens de prévention et de protection. Des grilles d’analyse
permettent de repérer les gammes d’équipements susceptibles de répondre
aux besoins industriels, pour faciliter la pré-sélection de solutions techniques
adaptées.
Ce dossier est la suite de l’ensemble consacré aux aspects théoriques du
séchage industriel, constitué de :
– [J 2 451] et [J 2 452] « Séchage convectif par air chaud (parties 1 et 2) » ;
– [J 2 453] « Autres modes de séchage que l’air chaud ».
vité. Il en ressort que le volume annuel moyen de brevets déposés
aux États-Unis est de 250 (contre 80 en Europe). Ce volume est
beaucoup plus élevé que ceux associés à d’autres opérations unitaires courantes comme la cristallisation (25) ou la distillation (59).
L’analyse du contenu des résumés des brevets montre que :
– 15 % des brevets déposés concernent le sécheur et son
fonctionnement ;
– 60 % l’application à des produits spécifiques ;
– 25 % des équipements périphériques ou de contrôle.
Une consultation des résumés des brevets publiés entre 2004 et
2006 par l’office européen des brevets révèle que cette répartition
est représentative des préoccupations actuelles des équipementiers européens. L’application aux produits solides en feuilles,en
plaques ou en bandes fait l’objet du plus grand nombre de brevets
publiés, loin devant les sécheurs par pulvérisation et les sécheurs
avec pompe à chaleur. Dans le domaine du séchage industriel, peu
de concepts et de procédés vraiment novateurs ont été proposés
durant cette décennie. Le statut quo est fréquemment préféré au
risque inhérent à l’adoption d’une nouvelle technique.
1. Choix d’un procédé
de séchage
Le séchage est une opération de séparation thermique
consistant à retirer tout ou une partie d’un liquide imprégnant
un corps dit « humide » par vaporisation de ce solvant. Le produit final est un solide, qualifié de « sec » même s’il contient
une humidité résiduelle.
1.1 Méthodologie
Pour une application donnée, le procédé de séchage doit
permettre de vaporiser la quantité souhaitée de liquide dans un
temps acceptable, de transformer voire de transporter le matériau
humide pour produire un produit sec de qualité acceptable dans
un équipement de taille et de coût appropriés, en toute sécurité et
avec un minimum d’impacts sur l’environnement. Le choix d’un
procédé de séchage résulte d’un processus itératif, qui repose sur :
– la définition des besoins et des contraintes ;
– une présélection de technologies possibles ;
– éventuellement la définition et la conduite d’essais pour
écarter certaines pistes ;
– la construction d’un schéma bloc du procédé, outil le plus pratique pour analyser et concevoir une voie d’accès en phase
d’industrialisation. Ce schéma permet de visualiser l’enchaînement
des opérations essentielles et la circulation des flux de matière ;
– une évaluation économique basée non seulement sur les coûts
d’investissement et de fonctionnement, dont le coût des utilités
thermiques et électriques, mais également de facteurs moins facilement quantifiables comme l’agrément, la sécurité et la simplicité
de conduite ;
– la réalisation d’essais à l’échelle pilote, la plupart des équipementiers disposant de plates-formes pilotes ;
– le choix de la technologie la plus appropriée, plusieurs solutions
pouvant s’avérer techniquement et économiquement viables ;
– l’établissement du schéma de procédé, qui est utilisé comme
support pour l’implantation et le dimensionnement des appareils,
l’estimation des investissements ou encore pour former le personnel d’exploitation.
Les conséquences d’un choix technique erroné peuvent se
limiter à un allongement de la durée de mise en service de l’installation ou à des difficultés opérationnelles récurrentes. Mais dans
les cas les plus graves, le procédé ne permet pas de produire un
produit conforme aux spécifications escomptées ou dans les quantités requises. Le coût d’investissement étant élevé et la durée de
vie d’un sécheur longue (entre 20 et 40 ans), un choix inadapté a
de lourdes conséquences sur l’activité industrielle. Dans le cas
d'un produit existant, l’expérience du passé guide inévitablement
le choix et, bien souvent, le processus de sélection précédemment
décrit n’est pas suivi. Les innovations incrémentales, régulièrement proposées par les constructeurs, visent pourtant à pallier
les insuffisances ou les difficultés de fonctionnement des procédés
conventionnels, comme :
– une sensibilité de la teneur en eau finale à des fluctuations du
débit d’alimentation ou de l’humidité initiale du matériau ;
– des difficultés de transport dans le sécheur ;
– des difficultés d’accès pour le nettoyage et l'entretien ;
– un entretien excessif au niveau des pièces mécaniques en
mouvement...
L’examen de ces nouvelles technologies ne doit donc pas être
négligé même si les performances des nouveaux appareils ne sont
pas systématiquement meilleures.
Le séchage thermique est l’une des opérations courantes les
plus énergivores. Actuellement, la consommation énergétique des
procédés de séchage dans l’industrie française représente
47,9 TWh/an : quelques treize mille sécheurs consomment 9 % de
la quantité totale d’énergie utilisée par l’industrie française [2]. Par
ailleurs, de nombreux sécheurs fonctionnent avec des efficacités
énergétiques très limitées de l’ordre de 30 et 50 %, avec des
valeurs extrêmes allant de 10 à 90 % [3]. Ainsi, exceptions faites
des procédés utilisant le rayonnement solaire ou la biomasse
1.2 Innovations
1.2.1 Analyse
Une veille technologique, réalisée à partir de l’étude des
résumés de brevets publiés entre 1990 et 1999 par l’office américain des brevets, a été effectuée en 2000 [1]. Cette étude semiquantitative fournit une indication utile de la portée des évolutions
technologiques et de l’intérêt des industriels pour ce secteur d’acti-
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Ventilateur
quantité d’eau évaporée dans le sécheur est purgée en sortie du
sécheur (figure 1), la masse restante étant réchauffée et recyclée
dans le sécheur. La vapeur purgée, légèrement surchauffée, peut
être valorisée directement ou son potentiel énergétique récupéré
par l’intermédiaire d’un échangeur de chaleur. La pression, et donc
la température de la vapeur en excès, sont définies en fonction des
besoins du site de production.
Récupération d’énergie
via un échangeur de chaleur
Usage direct
Surchauffeur
La circulation en circuit fermé implique que les émissions organiques provenant du produit séché se retrouvent principalement
dans la phase condensée, ce qui facilite leur collecte et leur traitement et permet, le cas échéant, la récupération du solvant. En
outre, le travail en atmosphère inerte élimine les risques d’incendie et d’explosion et constitue, en dehors des phases de démarrage et d’arrêt de l’installation, un avantage certain vis-à-vis de la
réglementation ATEX (Atmosphères explosibles). Outre, le dépoussiérage de la vapeur, les points les plus sensibles d’une installation
de séchage en vapeur d’eau surchauffée concernent l’étanchéité
du sécheur – particulièrement au niveau des dispositifs d’alimentation et d’évacuation du produit à sécher – pour prévenir toute infiltration d’air et l’isolation du sécheur et de la boucle de séchage
pour prévenir tout problème de condensation.
Purge
Condensat
Sécheur VES
Figure 1 – Schéma de principe d’une installation de séchage
en vapeur d’eau surchauffée avec valorisation externe de la vapeur
en excès
comme source d’énergie, le séchage thermique est grand consommateur de ressources naturelles non renouvelables et producteur
de gaz à effet de serre. Les innovations incrémentales proposées
par les équipementiers et l’optimisation énergétique des procédés
contribueront à rendre cette opération durable mais ne constituent
qu’un premier pas vers une stratégie de développement durable.
À ce jour, aucune vraie révolution technologique ne se dessine.
1.3 Spécification des contraintes
et impact sur le choix
d’une technologie
Bien que central, le choix d’un procédé de séchage ne se limite
pas à celui du seul sécheur. Une installation de séchage comprend
un certain nombre de dispositifs annexes mais essentiels qui visent :
– à prétraiter le produit humide (mise en forme, déshydratation
mécanique) ;
– à le post-traiter (refroidissement, granulation) ;
– à conditionner l’air de séchage (filtration, ventilation, déshumidification, chauffage) ;
– à traiter les émissions gazeuses (dépoussiérage et lavage) ;
– enfin à revaloriser l’énergie disponible.
1.2.2 Séchage en vapeur d’eau surchauffée
Malgré plus d’une centaine de références dans l’industrie agroalimentaire, chimique ou papetière..., le séchage en vapeur d’eau
surchauffée VES continue d’être présenté comme une solution
émergente [4] et une innovation de rupture. Il consiste à mettre le
produit à sécher au contact direct d’une vapeur d’eau surchauffée,
qui sert simultanément à apporter l’énergie nécessaire au séchage
et à extraire la vapeur produite lors du séchage. Ce concept est
connu depuis plus d’une centaine d’années et les premières applications effectuées en Allemagne remontent à une soixantaine
d’années [5]. Le potentiel net d’économie d’énergie associé à cette
technique de séchage peut atteindre 75 % [6], voire 85 % [5] pour
les estimations les plus optimistes dans l’industrie des pâtes et
papiers. Ces chiffres justifient à eux seuls que l’on présente le
séchage en vapeur d’eau surchauffée comme une innovation de
rupture. Néanmoins, de telles économies d’énergie sont conditionnées par la valorisation énergétique et/ou matière de la vapeur
d’eau surchauffée, éventuellement après un dépoussiérage.
Bassal [7] a montré que, selon l’environnement dans lequel le
sécheur était intégré, sa consommation énergétique pouvait considérablement varier : de 670 kWh par tonne d’eau évaporée sans
récupération énergétique à 210 kWh par tonne d’eau évaporée
avec récupération de l’énergie pour un usage externe au sécheur
(y compris énergie électrique), en passant par une consommation
de 170 à 340 kWh par tonne d’eau évaporée avec récupération de
l’énergie sur le sécheur. La vapeur d’eau surchauffée peut être utilisée comme fluide de séchage dans n’importe quelle technologie
de séchage direct mais les technologies les plus fréquemment
utilisées [6] sont les sécheurs pneumatiques (cf. § 2.2.6), les
sécheurs à lit fluidisé (cf. § 2.2.5) et les sécheurs par pulvérisation
(cf. § 2.1.1). Le plus souvent, ces installations opèrent à une
pression supérieure à la pression atmosphérique, ce qui permet
d’optimiser la récupération d’énergie sur la vapeur en excès. De
multiples configurations avec des performances énergétiques
diverses peuvent être envisagées pour la récupération d’énergie.
Pour un usage direct au niveau du sécheur, un dispositif de
recompression mécanique de la vapeur (cf. § 4.3.4) ou une pompe
à chaleur (cf. § 4.3.3) peuvent être mis en œuvre sans modification
profonde du procédé. L’énergie libérée par la condensation de la
vapeur sortant du sécheur sert à chauffer la vapeur entrant dans le
procédé. Pour un usage externe, une masse de vapeur égale à la
L’ensemble de ces équipements périphériques sont importants
pour le bon fonctionnement du procédé et l’atteinte des objectifs
de production.
De nombreux types de sécheurs peuvent être adaptés au
séchage d’un même produit. Le choix d’une technologie ne repose
pas exclusivement sur les cinétiques de séchage et sur les
propriétés à l’équilibre thermodynamique du matériau mais doit
inclure des contraintes spécifiques à une situation donnée. Ces
contraintes sont liées :
– au produit à traiter (stockage, alimentation, structure, aptitude
à l’écoulement, collage...) ;
– à la sécurité de l’installation (nature du solvant, toxicité,
inflammabilité...) ;
– au procédé de production (débit, teneur en eau initiale, teneur
en eau finale souhaitée, utilités disponibles...) ;
– aux propriétés d’usage que l’on cherche à conférer au produit
sec, notamment en terme de granulométrie et de masse volumique apparente.
En effet, outre la réduction de la teneur en eau du produit, le
séchage peut permettre de texturer, structurer, stabiliser,
hygiéniser, torréfier... le produit.
Comme il existe un nombre incalculable de situations différentes,
il est difficile de dégager des principes généraux « pour le choix
d’une technologie ». D’ailleurs, les rares tentatives pour élaborer
des guides universels – arbres de décision manuels [8] [9] [10] ou
systèmes experts [11] [12] – ont avortées faute de pouvoir prendre
en compte la totalité des contraintes, des réponses technologiques
et des interactions physiques et chimiques possibles. Une liste non
exhaustive de contraintes susceptibles d’être prises en compte pour
le choix d’une technologie est proposée dans le tableau 1. Certaines
peuvent paraître redondantes aux personnes averties.
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J 2 455 – 3
Q
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SÉCHAGE INDUSTRIEL _______________________________________________________________________________________________________________
2. Grandes familles
technologiques de sécheurs
Tableau 1 – Critè
res susceptibles d’être pris
en compte dans le choix d’une technologie
T
ype de contraintes
Q
Critè
res de choix
Nombre de critères précédemment évoqués (mode de fonctionnement, mode d’apport de l’énergie, temps de séjour...), auxquels
s’ajoute le principe de fonctionnement du sécheur, pourraient être
utilisés pour établir une classification des sécheurs. La classification basée sur le principe du séchage permettrait de discriminer
les technologies en fonction des mécanismes de migration de
l’eau, des flux de séchage et des trajectoires hydro-thermiques. On
parlerait ainsi de sécheurs par entraînement ou de sécheurs par
ébullition.
Contraintes liées au procédé global de production
Mode de fonctionnement
du sécheur
continu, discontinu
Utilités disponibles avec
leurs caractéristiques
électricité, vapeur d’eau
surchauffée, gaz
de combustion, eau chaude...
Temps de séjour
court (< 10 mn), moyen (1040 mn), long (> 1 h)
Dispersion du temps de
séjour
contrôlée, incontrôlée
Règles sanitaires
traçabilité, hygiène
Contraintes de site
implantation, encombrement,
sécurité
Contraintes diverses
récupération du solvant évaporé,
refroidissement, stockage, capacité
nominale, projet d’extension...
Néanmoins, les opérations de pré et post-traitement contribuent
significativement au coût global de l’installation et peuvent ajouter
des contraintes organisationnelles. Il est donc souhaitable d’éviter
les transformations inutiles du produit et de choisir un procédé
permettant de sécher le produit dans sa conformation définitive.
En outre, la manutention et le transport du solide dans le sécheur
peuvent être problématiques. Une présentation des technologies
basée sur la structure du produit humide (liquide/solide/pâteux) et
son mode de transport a été retenue dans ce dossier. En effet, lors
d’une présélection des technologies, ce critère permet d’exclure
d’emblée certaines familles technologiques de sécheurs. L’opération de séchage est mise en œuvre sur des produits de structures
variées :
– solides divisés (granuleux, fibreux, pulvérulents) ;
– solides compacts ou en plaques ;
– produits pâteux ;
Contraintes liées au produit et à la sécurité de l’installation
Nature du solvant
eau, autres solvants
organiques
Propriétés du solvant
toxicité, écotoxicité,
inflammabilité, corrosivité
Propriétés du solide
thermosensibilité, écotoxicité,
friabilité, abrasivité, solubilité,
Propriétés du produit
humide
humidité initiale, isotherme
de désorption, chaleur isostérique
de sorption
Structure du produit
humide
liquide, pâteux, solides divisés,
structure continue plane
Propriétés du produit final
humidité résiduelle, granulométrie, masse volumique, forme...
État du matériau
dans le sécheur
statique, en mouvement, agité,
vibré, dispersé, fluidisé, transporté
Température de séchage
inférieure au point triple,
inférieure au point
d’ébullition, supérieure
au point d’ébullition
Pression dans l’enceinte
de séchage
atmosphérique, sous vide, sous
pression
Mode d’apport de chaleur
conduction, convection,
rayonnement (UV-visible, IR, MO,
RF) ou combinaison de ces modes
Écoulement relatif fluide
caloporteur/produit
cocourant, contre-courant,
courants croisés, mixte
J 2 455 – 4
– enfin produits liquides.
Par abus de langage, entrent dans la catégorie « liquide »
tous les produits dont les caractéristiques d’écoulement permettent l’étendage ou la pulvérisation. Citons, par exemple,
les solutions vraies, les solutions colloïdales, les suspensions
diluées, les émulsions ou encore les pâtes molles.
Les principales technologies de sécheurs, et leurs variantes, sont
décrites ci-après. Rares sont les technologies spécifiquement développées pour le séchage des pâtes et des suspensions épaisses.
Néanmoins, avec un prétraitement préalable de mise en forme par
extrusion, émiettement, granulation et plus rarement dilution, la
plupart des technologies développées pour les produits liquides
ou solides sont susceptibles de traiter les produits pâteux non
collants. Le mode d’alimentation et les spécificités techniques pour
le séchage des pâtes seront précisés pour les technologies traitant
conventionnellement des produits liquides ou solides.
Restrictions
Par souci de concision, et compte tenu du grand nombre de
technologies disponibles, les procédés de séchage batch, dont
le plus simple reste l’étuve de séchage, ne sont pas décrits par
la suite. Les sécheurs discontinus sont généralement utilisés
lorsque le débit-masse de produit est inférieur à 50 kg/h ou
lorsque la qualité du produit et la traçabilité sont des critères
essentiels, comme par exemple dans l’industrie pharmaceutique. La plupart des équipementiers mentionnés en
[Doc. J 2 455] proposent des sécheurs batch et peuvent être
consultés. Sont également exclus de cette présentation les
procédés de lyophilisation (cf. [F 3 240] Lyophilisation ) et de
séchage par voie supercritique [13].
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_______________________________________________________________________________________________________________ SÉCHAGE INDUSTRIEL
2.1 Sécheurs compatibles avec
les produits humides à l’état liquide
Produit humide
Air de
séchage
2.1.1 Sécheur à pulvérisation [14] [15] [16]
Air de
séchage
2.1.1.1 Principe
Ces sécheurs, également appelés atomiseurs, sont composés
d’une tour cylindro-conique, généralement verticale, dans laquelle
s’effectue le séchage. Cette chambre est reliée au circuit d’alimentation du produit liquide par l’intermédiaire d’un organe de pulvérisation et à un circuit d’air chaud. À pression atmosphérique, les
températures sont généralement comprises entre 160 et 900 oC.
Buées
Dans les configurations les plus courantes, les deux flux de
matière circulent à cocourant et sont injectés par le plafond de la
chambre (figure 2a ). Dans les installations à écoulement mixte,
utilisées pour les produits non thermosensibles, l’air est injecté par
le plafond de la chambre d’atomisation et le produit introduit dans
la partie conique de la tour (figure 2b ).
Produit
humide
Buées
Produit sec
Produit sec
a cocourant pour les produits
thermosensibles ou stables
b mixte pour les produits
stables thermiquement
Figure 2 – Exemple de configurations géométriques (doc. Niro)
Le produit liquide est pulvérisé sous forme de fines gouttelettes,
dont le diamètre est compris entre 10 et 300 µm, puis dispersé
dans le courant gazeux et entraîné vers le bas de la chambre. Pour
le séchage de matériaux thermosensibles ou collants, la chambre
est équipée de racleurs pneumatiques, de marteaux et/ou d’une
double enveloppe refroidie pour éviter les dépôts sur les parois et
l’échauffement du produit. La grande surface d’échange gaz/
liquide générée par la pulvérisation conduit à des temps de
séchage très courts, généralement de l’ordre de 10 à 60 s. La
poudre sèche doit ensuite être séparée du gaz. Dans une configuration de type « sortie monoflux », toute la production est
entraînée par le fluide caloporteur à l’extérieur de la chambre et
séparée dans un cyclone ou un filtre. Lorsque la granulométrie et
la masse volumique de la poudre le permettent, le solide est
recueilli en bas de la tour et seules les fines sont entraînées par le
fluide caloporteur et séparées dans un cyclone ou un filtre.
de maintenance (bouchage de la buse, abrasion de l’orifice calibré
lors de la pulvérisation de liquides fortement chargés en solide,
corrosion de la buse) sont fréquemment rencontrés. Il convient de
bien spécifier les propriétés corrosives du solvant ou abrasives du
solide lors des demandes de devis. Le contrôle d’un atomiseur à
buses pression repose sur le maintien d’une pression constante
dans les buses et sur la régulation de la température de sortie des
gaz par la température d’entrée de l’air.
■ Dans une installation à turbine centrifuge, une pompe volumétrique alimente le distributeur central stationnaire, qui assure la
répartition homogène du liquide dans la chambre d’accélération
de la turbine en rotation. Dans les turbines centrifuges à canaux, le
liquide soumis à l’accélération centrifuge est dirigé vers le bord
externe de la turbine par des canaux de géométries variées, la
forme standard étant circulaire. Dans les turbines centrifuges à bol,
le liquide est distribué sous forme d’un film continu à la surface du
bol. Dans les deux cas, le liquide est éjecté à la périphérie de la
turbine sous forme de fines gouttelettes, la taille des particules
étant 10 % plus élevée avec une turbine à bol. La granulométrie
des gouttelettes dépend principalement de la vitesse de rotation
de la turbine :
2.1.1.2 Techniques de pulvérisation
L’organe de pulvérisation est l’élément critique de l’installation.
Son choix conditionne à la fois le temps de séchage, les caractéristiques finales de la poudre (granulométrie et densité essentiellement) mais également la géométrie de la chambre et la
séparation gaz/solide.
Il existe trois techniques de pulvérisation mais seules les pulvérisations à buses pression et à turbines centrifuges sont couramment utilisées à l’échelle industrielle.
d ≈ ω −0, 8
qui est liée au diamètre de la turbine utilisée. Dans les installations
industrielles, cette vitesse varie de 10 000 à 15 000 tr · min–1 pour
un diamètre de turbine de quelques centaines de millimètres. Du
fait de l’éjection horizontale du brouillard, le rapport hauteur/diamètre de la chambre dans une configuration cocourant est généralement compris entre 0,6 et 1. Les turbines centrifuges sont peu
sensibles aux problèmes de colmatage des canaux et génèrent des
distributions homogènes (mais moins resserrées qu’avec les systèmes à buses) pour des débits d’alimentation importants. Sur les
plus grosses installations actuellement en service, les capacités de
traitement peuvent atteindre 75 t · h–1. La consommation énergétique est plus élevée qu’avec les systèmes à buses. Dans un atomiseur à pulvérisation par turbine, le débit et la température de
l’air en entrée de la tour sont maintenus constants et la température de sortie de l’air est régulée par le débit de liquide.
■ Dans une buse pression (encore appelée buse monofluide) cen-
trifuge, le liquide est mis en rotation dans une chambre de turbulence puis est éjecté sous pression au travers d’un orifice calibré.
Du fait de la rotation du liquide, le brouillard généré forme un cône
creux. La taille des gouttelettes dépend de la pression appliquée :
d ≈ P –1/ 3
elle-même fonction de la taille de l’orifice et du débit d’alimentation. Cette pression varie de 20 à 40 bar dans les buses moyenne
pression et peut atteindre 200 bar dans les buses haute pression.
Le débit d’alimentation est généralement inférieur à 2 m3 · h–1.
Ainsi, une installation industrielle comporte le plus souvent une
alimentation multibuses. Compte tenu de la forme conique du
brouillard généré et de la répartition des buses sur le plafond, l’air
est injecté avec une composante essentiellement verticale, ce qui
implique une certaine hauteur de la tour d’atomisation. Le rapport
entre la hauteur du cylindre et le diamètre de la chambre dans une
configuration cocourant varie généralement de 1 (pour les produits
faciles à sécher) à 4. Ce dispositif de pulvérisation est simple,
compact et économique. Les masses volumiques des poudres
obtenues sont généralement plus élevées que celles générées par
pulvérisation centrifuge. La répartition granulométrique finale du
produit est également plus resserrée. Néanmoins, des problèmes
■ Concernant les produits pâteux, seuls les produits pulvérisables
peuvent être traités dans ce type de sécheur. En pratique, la viscosité dynamique du produit doit être inférieure à 0,25 kg · m–1 · s–1.
Si le produit est collant, le séchage est généralement bi-étagé : le
produit pulvérisé est séché à cocourant à une température plus
basse que dans un procédé conventionnel ; la poudre partiellement sèche est ensuite collectée sur une bande transporteuse et
séchée par convection.
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SÉCHAGE INDUSTRIEL _______________________________________________________________________________________________________________
Buées
Produit humide
Buées
Produit humide
Q
Atomiseur
Air
Air
Air
Lit fluidisé
Lit fluidisé
Produit sec
Air
Produit sec
Air
a multiple effet
b deux temps
Figure 3 – Sécheurs multiple effet et deux temps (doc. Niro)
Les techniques de « séchage deux temps » et de « séchage multiple effet » (figure 3) ont permis d’améliorer considérablement le
rendement thermique de l’opération et d’améliorer la qualité finale
du produit [17].
■ Le séchage deux temps consiste à limiter le séchage par atomisation au profit d’un séchage dans un procédé extérieur à temps
de séjour plus long et donc plus proche de l’équilibre thermodynamique. À la sortie de l’atomiseur, le produit doit avoir une
teneur en eau maximale compatible avec une évacuation continue.
Le second procédé est en l’occurrence un lit fluidisé. Il permet
d’obtenir la teneur en eau finale requise et de stabiliser le produit.
■ Dans une installation « multiple effet », le lit fluidisé parfaitement
mélangé est intégré à l’enceinte de séchage pour élaborer un produit aggloméré hors poussières avec une bonne redispersibilité. De
forme biconique avec une partie cylindrique réduite, l’enceinte a un
volume sensiblement plus petit que celui d’une unité classique.
2.1.2 Sécheur cylindre
Le lecteur se reportera utilement à la bibliographie [18] [19].
2.1.2.1 Principe
Dans sa version la plus simple et la plus courante, l’installation
(figure 4) est composée d’un cylindre creux en fonte, de diamètre
compris entre 0,4 et 1,5 m et de longueur variant de 1 à 5 m. Le
produit humide, liquide ou pâteux, est encollé en couche mince et
uniforme sur la paroi externe du cylindre horizontal, en rotation
autour de son axe et chauffé intérieurement avec de la vapeur saturée. La vapeur, introduite à l’intérieur du cylindre à une pression de
2 à 7 bar, se condense au contact de la paroi froide en libérant la
chaleur latente de condensation. Cette énergie est ensuite transférée au produit par conduction à travers la paroi du cylindre. Les condensats ruissellent le long de la paroi intérieure et s’accumulent en
partie basse, où ils sont repris par un siphon et évacués vers l’extérieur par un purgeur. Au cours de la rotation du cylindre, le produit
est séché et transporté jusqu’à une lame raclante fixe, qui le décolle
de la paroi. Le produit sec obtenu se présente sous la forme d’une
poudre ou d’un film. Dans une version plus ancienne mais encore
utilisée, l’installation comportait deux cylindres laminant, tournant
en sens inverse. Cette configuration est parfois appelée Hatmaker
du nom de son inventeur.
Figure 4 – Cylindre sécheur avec dispositif d’enduction
(doc. GMF Gouda)
2.1.1.3 Couplage avec des lits fluidisés
Les sécheurs par pulvérisation fonctionnent exclusivement en
continu. Dans la mesure où l’alimentation est pompable et pulvérisable, ils permettent de traiter de forts tonnages en contrôlant, si
nécessaire, l’ambiance gazeuse. Ces installations sont peu
flexibles : le sécheur est dimensionné sur une capacité évaporatoire (c’est-à-dire une quantité d’eau à évaporer par unité de
temps) pour produire une poudre de granulométrie donnée. Le
contrôle du temps de séjour du produit dans la chambre d’atomisation est difficile.
J 2 455 – 6
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Mise en forme des poudres
Séchage par atomisation. Principes
par
Q
François GOMEZ
Maître de conférences
Département génie des procédés de l’Université de technologies de Compiègne
et
Khashayar SALEH
Professeur des universités
Département génie des procédés de l’Université de technologies de Compiègne
1.
Généralités .................................................................................................
2.
2.1
2.2
2.3
Pulvérisation ..............................................................................................
Formation de gouttes ..................................................................................
Caractérisation d’un spray ..........................................................................
Systèmes de pulvérisation ..........................................................................
—
—
—
—
4
4
8
8
3.
3.1
3.2
3.3
3.4
Notions de base associées au séchage des solides........................
Propriétés thermodynamiques de l’air humide ........................................
Eau dans les milieux solides .......................................................................
Isothermes de sorption................................................................................
Différentes phases de séchage des solides ...............................................
—
—
—
—
—
15
15
17
19
20
4.
4.1
4.2
Calcul et dimensionnement d’une unité de séchage
par pulvérisation.......................................................................................
Bilans de matière et de chaleur ..................................................................
Dimensionnement du sécheur ....................................................................
—
—
—
22
22
24
5.
Conclusion..................................................................................................
—
27
Pour en savoir plus ...........................................................................................
J 2 256 - 3
Doc. J 2 256
’obtention de produits solides à partir d’un procédé de séchage par pulvérisation (ou atomisation) est connue depuis le XIXe siècle. Initialement
utilisé pour sécher de l’œuf et concentrer des jus, le procédé s’est développé
de manière significative dans les années 1920 dans les industries du lait et des
lessives. De par sa grande flexibilité, il est maintenant appliqué à de nombreux
produits tant en agro-industrie que dans le domaine pharmaceutique ou cosmétique, ou encore pour la préparation de pigments ou de charges minérales.
Le séchage par pulvérisation consiste en l’obtention d’un solide divisé, par la
mise en contact d’un gaz chaud et d’un fluide dispersé sous forme de fines
gouttelettes. En jouant sur les paramètres opératoires, il est possible de
contrôler différentes propriétés du produit fini telles que la taille, la forme des
particules solides ou encore sa solubilité via la présence de porosité.
Nous présentons, dans ce premier dossier [J 2 256], les principes fondamentaux sur lesquels est basé le séchage par pulvérisation. Ceux-ci concernent la
formation et la caractérisation du spray puis l’aspect thermodynamique avec
les bilans de masse et de chaleur et, enfin, l’aspect cinétique avec le séchage
des gouttelettes et les notions associées au dimensionnement des dispositifs
de séchage par atomisation.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQR
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J 2 256 – 1
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MISE EN FORME DES POUDRES ________________________________________________________________________________________________________
Dans un deuxième dossier [J 2 257], nous abordons l’aspect technologique
du procédé de séchage par pulvérisation, passant en revue les étapes de
pulvérisation, de dispersion du gaz, de récupération du solide, ainsi que
les éléments liés à la sécurité du procédé. Nous y donnons également des
exemples concrets d’utilisation de ce procédé à partir d’applications réelles.
Q
Nous renvoyons également le lecteur aux dossiers [J 2 251] et [J 2 252] dans lesquels sont présentées les notions de base associées à la rhéologie des poudres.
Notations et symboles
Symbole
Unité
aL
m–1 (ou m2 · m–3)
Notations et symboles
Définition
Symbole
Unité
surface spécifique volumique
du liquide
p*V
Pa
pression de vapeur saturante
(tension de vapeur)
Définition
puissance thermique échangée
aw
–
activité de l’eau
Qɺ p
W
c1 , c2...
Ca
–
constante
R
J · K–1 · mol–1
–
nombre capillaire
rc
m
Cd
–
coefficient de traînée
Re
–
nombre de Reynolds
cp
J · kg–1 · K–1
capacité thermique massique
rt
m
rayon de la turbine
constante du gaz parfait
rayon capillaire
D
m2 · s–1
diffusivité
S
m2
d32
m
diamètre de Sauter
(surface-volume)
Sc
–
nombre de Schmidt
d50%
m
diamètre médian
Sh
–
nombre de Sherwood
d
m
diamètre
t
s
Epulv
J · m–3
énergie volumique
de pulvérisation
T
K ou oC
température
Th
K ou oC
température humide
facteur correctif
u
m · s–1
vitesse
nombre du courant
U
m · s–1
vitesse superficielle de l’air
de séchage
F
–
FN
–
GA
kg · m–2 · s–1
g
m · s–2
h
W · m–2 · K
H
m
h
kg–1
enthalpie massique
Ho
m
hauteur de l’orifice
J
kg ·
m–2
k
kg · m–2 · s–1
J·
flux massique de l’air
accélération due à la pesanteur
coefficient de transmission
thermique de surface
hauteur
·
s–1
kB
J · K–1
Kn
–
ɺA
m
kg · s–1
m
kg
M
kg · mol–1
no
Nɺ
–
vitesse de séchage
coefficient d’échange
de matière
débit-masse de l’air
masse
uL
m · s–1
vitesse du liquide
m · s–1
vitesse relative par rapport
à l’air
V
Vɺ
m3 · mol–1
m3 · s–1
–
nombre de Weber
x
m
variable taille
X
–
teneur en liquide du solide
Y
kg d’eau · (kg
d’air sec)–1
humidité absolue de l’air
Y*
kg d’eau · (kg
d’air sec)–1
humidité absolue
à la saturation de l’air
∆HV
J · kg–1
∆P
Pa
δ
µm
rad · s–1
vitesse rotationnelle
ε
– (ou %)
Nu
–
nombre de Nusselt
Oh
–
nombre d’Ohnesorge
P
Pa
Pr
–
pV
Pa
J 2 256 − 2
enthalpie massique
d’évaporation
perte de charge
étalement granulométrique
humidité relative
η
–
rendement thermique
κ–1
m
longueur capillaire
longueur d’onde
pression totale
λ
m
nombre de Prandtl
λV
W · m–1 · K–1
pression partielle de vapeur
volume molaire
débit-volume
We
nombre d’orifice
masse molaire
temps
uR
constante de Boltzmann
nombre de Knudsen
surface d’échange
conductivité thermique
de la vapeur
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________________________________________________________________________________________________________ MISE EN FORME DES POUDRES
1. Généralités
Notations et symboles
Symbole
Unité
Définition
µL
Pa · s
viscosité du liquide
m2
ν
·
s–1
Le séchage par pulvérisation, également appelé séchage par
atomisation, est une technique de mise en forme de solides
divisés à partir d’un mélange liquide.
viscosité cinématique
Ω
m
diamètre moléculaire
θ
rad
angle de contact
(ou de mouillage)
m–3
ρA
kg ·
ρL
kg · m–3
ρS
kg · m–3
masse volumique du solide
σ
m
écart-type de la distribution
de taille
σLV
J · m–2
ou N · m–1
tension de surface
τ
–
taux de saturation
Ce dernier est essentiellement composé de la matière solide à
sécher, dissoute ou dispersée dans un solvant à éliminer [1]. Le
mélange peut être un liquide simple, par exemple, une solution
idéale ou un fluide complexe se présentant sous forme d’une dispersion plus ou moins épaisse, d’une émulsion ou encore d’un gel.
Comme toute technique de séchage, le principe de l’opération
consiste à évaporer le liquide présent dans le mélange par un apport
thermique. Dans le cas du séchage par pulvérisation, cet objectif est
atteint en dispersant le liquide sous forme d’un brouillard de très
fines gouttelettes (∼ 5 à 1 000 m) dans un courant de gaz chaud
qui apporte les calories nécessaires à l’évaporation du liquide
(figure 1). Il s’agit donc d’un procédé de séchage par entraînement.
Les gouttelettes se transforment quasi instantanément en une poudre fine grâce à la grande surface de contact engendrée par la pulvérisation, mais aussi aux bons coefficients d’échange de chaleur et de
matière. La suite de l’opération consiste à soustraire la poudre du
courant gazeux à l’aide des systèmes de séparation dédiés (cyclones ou filtres). La taille initiale des gouttelettes régit en grande partie
la taille et la forme des particules solides obtenues en sortie du procédé. Selon la teneur initiale en matière sèche, les propriétés physiques du solide et les conditions opératoires, la taille des particules
finales peut varier entre quelques micromètres et quelques centaines de micromètres.
masse volumique de l’air
masse volumique du liquide
Liste des indices
a
A
c
crit
e
air sec
capillaire
critique
équilibre
fun
A
air
g
goutte
h
air humide
L
liquide
m
mélange
max
maximum
min
minimum
o
optimal
p
particule
per
périphérique
pulv
pulvérisation
ref
S
sv (ou 32)
Mélange à pulvériser
(solution, suspension, pâte)
orifice
opt
R
Comparé aux autres techniques de séchage des poudres (sur
rouleaux ou cylindres, en tambour ou en mélangeur), le séchage
par pulvérisation présente de nombreux avantages [1] [2] [3] :
– la forme des particules est très souvent régulière et sphérique et
leur granulométrie resserrée. Cela confère au produit obtenu de
bonnes propriétés d’écoulement facilitant sa manutention et son
dosage. De plus, un produit atomisé est nettement moins poussiéreux qu’une poudre de même granulométrie obtenue par des techniques alternatives ;
Atomiseur
Air chaud
Préchauffeur
relative
Air
humide
référence
solide
turbine
V
vapeur
w
eau
Cyclone
Produits
séchés
saturation
e
entrée
s
sortie
Filtre
Air
Liste des exposants
*
Chambre
de séchage
Surpresseur
surface-volume
t
Surpresseur
Produits séchés
Figure 1 – Principe du procédé de séchage par pulvérisation
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Q
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Q
aussi, la granulométrie du produit final. Il convient donc de
connaître la relation entre les conditions de pulvérisation, ainsi que
les propriétés physico-chimiques du liquide d’une part, et la granulométrie des gouttes, d’autre part. Toutefois, dans l’état actuel des
connaissances, une approche théorique de cette problématique
n’est possible que pour quelques cas simples tels que les gouttes
issues de l’instabilité capillaire (§ 2.1.1) ou de l’instabilité de
Rayleigh (§ 2.1.2). Le principal mérite de ces cas d’école est
d’introduire les notions de base et les propriétés importantes
quant à la rupture du liquide.
– les particules ne sont exposées à la chaleur que pendant un
laps de temps très court. De surcroît, aussi longtemps que la
phase solide reste entourée de liquide, la température au sein des
particules demeure inférieure à celle du gaz et reste égale à la
température de bulbe humide. Ces caractéristiques font du
séchage par pulvérisation le procédé de choix pour les produits
thermosensibles ;
– le procédé, très flexible, permet une très bonne maîtrise de la
qualité du produit et assure la constance des propriétés d’usage
recherchées telles que la coulabilité, la dispersibilité, la solubilité,
l’aspect, etc. ;
– contrairement à la plupart des méthodes de séchage (fours,
lyophilisateurs, évaporateurs à rotation...) qui nécessitent une
étape ultérieure pour réduire le solide en poudre, le séchage par
atomisation permet d’obtenir en une seule étape une poudre ayant
des propriétés maîtrisées ;
– la plupart des unités modernes de séchage par atomisation
sont polyvalentes. Elles permettent non seulement de sécher
des formulations variées mais aussi d’assurer des fonctions
supplémentaires comme, par exemple, l’agglomération ou la
densification [3].
Pour des systèmes de pulvérisation industriels, la tendance
est d’utiliser une des nombreuses corrélations empiriques (ou
semi-empiriques) proposées dans la littérature et présentées
dans les paragraphes suivants, après avoir procédé à une
étape de validation expérimentale.
2.1 Formation de gouttes
En contrepartie, le séchage par atomisation nécessite l’évaporation de grandes quantités de solvants. L’opération est donc énergivore, ce qui constitue un frein à son développement pour les
produits de faible valeur ajoutée. Notons cependant que cet
inconvénient est plutôt lié à la contrainte de fluidité du liquide qu’à
l’efficacité énergétique du procédé. En effet, en raison du coût
énergétique élevé de la vaporisation, toute opération de séchage
cherche à amener la teneur en liquide du mélange d’alimentation à
son niveau minimal en utilisant, en amont, des procédés de séparation mécaniques tels que la filtration, la sédimentation, la centrifugation, etc. Dans le cas du séchage par atomisation, cette teneur
minimale est imposée par la nécessité d’obtenir un mélange pulvérisable plutôt que par l’efficacité séparative des procédés mécaniques utilisés en amont.
Le goutte-à-goutte constitue sans doute la forme la plus rudimentaire de la pulvérisation d’un liquide. Nous présentons ici deux
cas simples pouvant aider à la compréhension des phénomènes
élémentaires à l’origine du processus.
2.1.1 Rupture quasi-statique
Considérons un liquide sortant d’un orifice de petit diamètre do.
Pour de faibles volumes de liquide, la force de gravité peut être
négligée devant les forces de tension de surface et la goutte prend
une forme hémisphérique puis sphérique (figure 2a ). Si on augmente de manière progressive le volume du liquide, l’influence de
la pesanteur devient de plus en plus importante. La goutte se
déforme alors sous son propre poids. Cette transition se produit
plus précisément lorsque le diamètre de la goutte atteint la longueur capillaire, κ–1, soit 2 mm environ (encadré 1). Quand le
poids de la goutte excède la force capillaire qui la retient, la goutte
se détache. En considérant que la goutte reste sphérique, le diamètre dg , de la goutte détachée peut être estimé à partir d’un bilan
de forces au moment de la rupture :
Par la suite, nous décrivons, à tour de rôle, les deux principales
étapes successives du procédé, en l’occurrence, la pulvérisation et
le séchage. Puis, nous présenterons les méthodologies de calcul et
de dimensionnement des sécheurs-atomiseurs industriels.
2. Pulvérisation
1
 6σ d  3
d g =  LV o 
 ρL g 
Se reporter aux dossiers [AF 3 620] [AF 3 621] et [AF 3 622].
avec σLV tension de surface du liquide,
La pulvérisation, appelée également atomisation, est le processus de transformation d’une phase continue liquide en un
aérosol de fines gouttelettes.
ρL
masse volumique,
g
accélération due à la pesanteur.
Toutefois, en pratique, ce détachement passe par une succession d’étapes : une fois la goutte déformée, elle se distend en raison des phénomènes d’instabilité capillaire puis un col apparaît et
s’étire jusqu’à ce que la rupture ait lieu (figure 2b). Par
conséquent, la forme de la goutte au moment de sa rupture n’est
pas parfaitement sphérique. De surcroît, seule une fraction de
liquide se détache en goutte. D’autres relations prenant en compte
la géométrie de la goutte lors de son détachement ont été proposées dans la littérature [AF 3 620] [AF 3 621] [AF 3 622] [4]. Leur
forme générale est semblable à l’équation (1) mais elles font apparaître un facteur correctif pour tenir compte de la géométrie de la
goutte et du volume du filament résiduel lors de la rupture. En
règle générale, une majoration de l’ordre de 20 % des valeurs données par l’équation (1) est conseillée [4].
La dispersion du continuum liquide en une multitude de gouttelettes passe par l’apparition de déformations locales à l’interface
suivies de leur amplification, puis de la rupture de la phase liquide
en ligaments, filaments ou gouttelettes. Cette déformation est provoquée par le déséquilibre à l’échelle locale des forces exercées
sur le liquide :
– d’une part, les forces de cohésion dues à la tension superficielle qui tendent à réduire la surface développée du liquide ;
– d’autre part, les forces de rupture d’origine gravitationnelle ou
aérodynamique.
Pour ce qui concerne le séchage par atomisation, la taille
moyenne et la distribution de taille des gouttes sont des facteurs
clés qui conditionnent, non seulement, la vitesse du séchage mais,
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d o
d o
Q
λ
L
d g
η
d j≈d o
a forme idéale
b forme réelle
Figure 2 – Détachement d’une goutte isolée
Application numérique
Pour un orifice de 0,5 mm, le diamètre d’une goutte d’eau au
moment de son détachement est :
1
 6 × 72 × 10−3 × 0, 5 × 10−3  3
dg = 
 = 0, 0028 m soit 2, 8 mm
1 000 × 9, 8


d g
L longueur de rupture du jet
Figure 3 – Rupture d’un jet (instabilité de Rayleigh)
Encadré 1 – Longueur capillaire
La longueur capillaire correspond à l’échelle de longueur à
partir de laquelle la gravité devient comparable aux forces de
capillarité (tension de surface). Elle est définie par le rapport
entre les forces capillaires et la gravité :
κ −1 =
σ LV
ρL g
Aussi, d’un point de vue thermodynamique, cette condition pose
la limite inférieure de la taille moyenne des gouttes produites spontanément en l’absence de toute source d’énergie additionnelle.
Comme nous le verrons ci-après, la dynamique du processus ne permet pas de descendre jusqu’à cette taille mais à une
taille légèrement supérieure (≈ 2 d o).
(2)
Pour la plupart des liquides, la longueur capillaire est de
l’ordre de 2 mm.
Toutefois, cette vision, statique et quelque peu réductrice, ne
permet pas une description suffisamment fine des phénomènes.
Dans la pratique, on remarque que la transformation du jet en
gouttes est un processus dynamique passant par une succession
d’étapes.
2.1.2 Rupture d’un jet liquide libre
La rupture d’un jet liquide libre est un phénomène très riche en
informations qui permet de mettre en évidence certains mécanismes intervenant lors de la pulvérisation.
Considérons un jet cylindrique liquide issu d’un orifice de diamètre d o (figure 3). L’expérience montre que lors de son écoulement, au bout d’une certaine distance parcourue, le jet se
fragmente en gouttes. Sur le plan thermodynamique, ce phénomène peut être expliqué par le fait que la transformation est énergétiquement favorable [4] [5]. En effet, lors du passage du jet aux
gouttes, la surface totale du liquide s’abaisse dès lors que le diamètre des gouttes satisfait la condition :
d
g
3
> d
2
o
– Tout d’abord, en raison de l’instabilité thermodynamique que
nous venons d’évoquer, des ondulations se produisent à la surface
du jet tendant à diminuer son aire pour minimiser l’énergie interfaciale du système. Ces perturbations, imperceptibles à l’œil nu au
départ, grandissent progressivement laissant apparaître des distorsions macroscopiques à la surface du jet.
– Une fois formées, les déformations s’amplifient si bien qu’au
bout d’une certaine distance leur amplitude devient comparable au
rayon du jet et elles arrivent à pincer le jet pour former des
gouttes. Il est à noter que les gouttes ainsi formées sont remarquablement calibrées. Leur taille est, environ, deux fois le diamètre
initial du jet. Un comportement qui n’est pas explicable par les
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D’autres cas de figures, comme par exemple, l’instabilité d’un
cylindre liquide visqueux ou celle d’une nappe liquide parfait ou
visqueux dans un gaz ont été traités dans la littérature. Leur description sort du cadre de ce document, mais le lecteur intéressé
peut se référer aux documents [2] [AF 3 621] [9] [10].
seules considérations thermodynamiques qui voudraient que la
taille des gouttes soit la plus grande possible (une seule boule !).
Par conséquent, la description du système nécessite de prendre
en compte la dynamique des phénomènes, notamment pour ce
qui est de l’amplification des ondulations.
Q
Le premier scientifique ayant abordé cette problématique, dès
1873 fut Josèphe Plateau [6]. Plus tard, Lord Rayleigh [7] établit
une description analytique détaillée du phénomène basée sur les
équations de Navier-Stokes.
Encadré 2 – Nombres sans dimension
L’analyse de Rayleigh, dont nous présentons ici les principaux
traits et conclusions, est basée sur les hypothèses simplificatrices
suivantes :
– le liquide est parfait (non visqueux) et incompressible ;
– la vitesse du jet est faible de sorte que seules les perturbations
capillaires sont importantes et que l’on peut négliger celles
hydrodynamiques ;
– l’écoulement est laminaire ;
– les phénomènes convectifs sont négligeables ;
– l’amplitude des perturbations est petite devant le rayon du jet
liquide ;
– la perturbation est assimilable à une sinusoïde de longueur
d’onde ␭ .
Les nombres sans dimension ci-après sont particulièrement
importants dans le domaine de la pulvérisation (x représente
la longueur caractéristique choisie par convention) :
– le nombre de Reynolds qui compare inertie et dissipation
visqueuse :
ρ ux
Re = L
µL
En combinant les équations de conservation de la masse et de la
quantité de mouvement et en utilisant les hypothèses citées ci-dessus, Rayleigh a établi un modèle pour déterminer l’évolution
spatio-temporelle de la géométrie du jet perturbé.
– le nombre capillaire qui compare les effets visqueux et
capillaires :
u µL
Ca =
σ LV
– le nombre de Weber qui compare énergie cinétique et
capillarité :
We =
L’examen des résultats de cette analyse permet de tirer un certain nombre de conclusions remarquables quant à la rupture du
jet. En particulier, la théorie de Rayleigh montre que seules les perturbations axisymétriques et ayant une longueur d’onde supérieure à λmin (= 2π) peuvent s’amplifier et conduire à une rupture
du jet. De surcroît, Rayleigh postule que, parmi l’infinité de longueurs d’onde instables, seule celle qui s’amplifie le plus vite peut
être à l’origine de la rupture. En appliquant ce postulat, cette longueur d’onde optimale a été établie par Rayleigh :
λopt = 4,51d o
– le nombre de Ohnesorge qui compare les effets visqueux
et capillaires :
Oh =
La rupture d’un jet en gouttes peut être considérée comme une
fragmentation primaire. Les gouttes ainsi formées peuvent à leur
tour subir des déformations conduisant à des phénomènes d’instabilité en leur sein allant jusqu’à leur rupture (fragmentation
secondaire). Cette fragmentation est essentiellement causée par des
perturbations hydrodynamiques induites par des interactions entre
phases à l’interface gaz-liquide. Bien entendu, pour une goutte sphérique tombant dans le vide, il n’y a aucune raison pour qu’un tel phénomène apparaisse. En revanche, en présence d’une phase gazeuse
comme l’air, en raison des forces de frottement exercées sur la
goutte, celle-ci se déforme. Selon la vitesse relative des deux phases
et la viscosité du liquide, différents cas peuvent être envisagés.
(5)
En d’autres termes, le diamètre des gouttes est presque le
double de celui du jet non perturbé.
Bien que basée sur des hypothèses discutables, cette théorie
constitue la base de la plupart des modèles élaborés pour la rupture des jets. À titre d’exemple, Weber [8] a élargi le champ
d’application de cette théorie aux liquides visqueux. Son analyse a
montré que, dans ce cas, le diamètre des gouttes peut être obtenu
par la relation :
Pour une goutte tombant dans un courant d’air laminaire, la rupture dépend de l’importance relative des forces aérodynamiques,
capillaires et visqueuses. Dans le cas où la viscosité du liquide est
faible, la rupture est principalement gouvernée par le rapport entre
les forces aérodynamiques qui tendent à désintégrer la goutte et
les forces de tension de surface qui s’opposent à toute augmentation de surface. Plus exactement, la rupture a lieu lorsque les
forces de traînée deviennent supérieures ou égales à celles de
tension de surface :
(6)
avec F facteur correctif tenant compte de la viscosité :
1
F = (1 + 3Oh) 6
(7)
Oh est le nombre sans dimension d’Ohnesorge :
Oh =
µL
ρL σ LV do
Cd
(encadré 2).
πd g2
4
0, 5 ρA uR2 艌 πd g σ LV
(8)
Autrement dit :
ρA uR2 d g
D’après l’équation (7), le facteur F est supérieur à l’unité. La viscosité a donc pour effet d’augmenter la taille des gouttes.
J 2 256 – 6
µL
ρLσ LV x
2.1.3 Rupture des gouttes
En supposant que l’amplification de la perturbation conduit au
détachement d’un filament cylindrique de longueur λopt et de diamètre do se transformant ensuite en une goutte sphérique, il est
possible d’estimer le diamètre de cette dernière :
d g = 1, 89do F
We 0 ,5
=
Re
Pour la définition des symboles, se reporter au tableau en
début d’article.
(4)
d g = 1, 89do
ρL u 2 x
σ LV
σ LV
艌
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8
Cd
(9)
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Mise en œuvre des poudres
Séchage par atomisation. Procédé
par
Q
François GOMEZ
Maître de conférences
Département génie des procédés
Université de technologies de Compiègne
et
Khashayar SALEH
Professeur des Universités
Département génie des procédés
Université de technologies de Compiègne
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
Technologies du procédé ....................................................................
Choix du système de pulvérisation .........................................................
Mise en contact air/spray .........................................................................
Séchage .....................................................................................................
1.3.1 Contact gaz/spray.............................................................................
1.3.2 Configurations du procédé..............................................................
Séparation gaz/solide ...............................................................................
Équipements auxiliaires ...........................................................................
1.5.1 Réchauffeur ......................................................................................
1.5.2 Ventilateur ........................................................................................
1.5.3 Transport pneumatique ...................................................................
1.5.4 Pompe ...............................................................................................
1.5.5 Contrôle et régulation du procédé..................................................
Sécurité du procédé ..................................................................................
J 2 257
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
-2
2
2
3
3
6
7
7
9
9
10
10
10
10
2.
2.1
Applications industrielles ...................................................................
Exemples de procédésde séchage ..........................................................
2.1.1 Concentré de tomate .......................................................................
2.1.2 Lait en poudre ..................................................................................
—
—
—
—
10
11
11
11
3.
Conclusion...............................................................................................
—
13
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. J 2 257
e procédé de séchage par pulvérisation est appliqué à de nombreux
produits tant en agro-industrie que dans le domaine pharmaceutique ou
cosmétique ou encore pour la préparation de pigments ou de charges
minérales. Cette opération consiste en l’obtention d’un solide divisé, par la
mise en contact d’un gaz chaud et d’un fluide dispersé sous forme de fines
gouttelettes. En jouant sur les paramètres opératoires, il est possible de
contrôler différentes propriétés du produit fini telles que la taille, la forme des
particules solides ou encore sa solubilité via la présence de porosité.
Dans le dossier [J 2 256] nous avons présenté les principes fondamentaux du
procédé de séchage par pulvérisation (formation et la caractérisation du spray,
aspects thermodynamique, bilans de masse et de chaleur et l’aspect cinétique
avec le séchage des gouttelettes et les notions associées au dimensionnement
des dispositifs de séchage par atomisation).
Dans le présent dossier [J 2 257], nous abordons l’aspect technologique du
procédé de séchage par pulvérisation, passant en revue les étapes de pulvérisation, de dispersion du gaz, de récupération du solide ainsi que les éléments
liés à la sécurité du procédé. Des exemples concrets d’utilisation de ce procédé
à partir d’applications réelles sont également décrits.
p。イオエゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPQR
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MISE EN ŒUVRE DES POUDRES _______________________________________________________________________________________________________
1. Technologies du procédé
1.1 Choix du système de pulvérisation
Afin de choisir entre atomiseur rotatif ou buse de pulvérisation
pour une application particulière de séchage, les critères à prendre
en considération sont les suivants :
– gamme de débits du fluide à pulvériser ;
– rendements de pulvérisation (puissance nécessaire à la formation du spray) ;
– distributions de tailles de gouttes à débits identiques ;
– homogénéité du spray ;
– flexibilité opérationnelle ;
– design de l’enceinte de séchage ;
– propriétés du fluide, en particulier, sa viscosité et son
abrasivité ;
– procédés connus pour le produit à sécher.
Le procédé de séchage par pulvérisation fait appel à différentes
technologies spécifiques qui correspondent aux étapes successives rencontrées [1]. Celles-ci concernent :
Q
– la pulvérisation du fluide initial ;
– la mise en contact des gouttelettes formées avec le gaz de
séchage ;
– le séchage à proprement parler ;
– la récupération du solide formé.
Des éléments auxiliaires sont également présents pour répondre
à des besoins particuliers (pompes, ventilateurs, réchauffeurs, etc.)
mais ils ne sont pas spécifiques au procédé de séchage par pulvérisation.
Parmi ces paramètres, le principal critère de choix des systèmes
de pulvérisation, utilisés pour le séchage par atomisation, reste le
débit du fluide à pulvériser.
Chaque étape du procédé intervient sur les propriétés finales
du solide sec. Le mode de pulvérisation, les propriétés du
fluide initial, la mise en contact entre le gaz de séchage et les
gouttelettes, la configuration de l’enceinte de séchage vont
influencer la distribution de tailles des particules, leur densité,
leur morphologie, leur humidité résiduelle, leur friabilité, la
présence d’arômes...
Les variables importantes sont :
– l’énergie apportée durant la pulvérisation. En augmentant
l’énergie apportée durant la pulvérisation, on crée des gouttelettes de plus petite taille. Cela engendre généralement la
formation de solides plus denses, de fines particules. La coulabilité du solide peut également diminuer ;
– les propriétés du fluide pulvérisé. L’augmentation de la viscosité du fluide pulvérisé (par augmentation de sa teneur en
solide ou par une augmentation de sa température) contribue à
augmenter la taille des gouttelettes. On obtient alors généralement des particules solides plus grosses et plus denses.
– le débit de fluide pulvérisé. L’augmentation du débit de
fluide provoque l’augmentation de la taille des gouttelettes et
des particules solides obtenues ;
– le mode de pulvérisation. Le choix du mode de pulvérisation utilisé dépend de la nature du produit à sécher (viscosité, propriétés abrasives...). Les atomiseurs rotatifs et les
buses pneumatiques permettent d’obtenir des propriétés de
sprays similaires. Néanmoins, les buses pneumatiques sont
généralement choisies pour produire des particules de taille
importante uniquement. Les atomiseurs rotatifs sont retenus
pour les procédés à grande capacité de séchage (débit de
fluide > 5 t/h) ;
– le débit d’air. D’une certaine manière, le débit de gaz
contrôle le temps de séjour du produit à l’intérieur de l’enceinte
de séchage. La diminution du débit de gaz entraîne l’augmentation du temps de séjour et donc la possibilité d’une évaporation plus importante de solvant si les conditions de
température le permettent. La diminution de la vitesse du gaz
dans l’enceinte favorise également la récupération des solides ;
– la température d’entrée. L’augmentation de la température
d’entrée entraîne l’augmentation de la capacité évaporative de
l’enceinte. Cela augmente également le rendement énergétique
du procédé. Les solides obtenus sont généralement moins
denses, plus poreux ou fragmentés ;
– la température de sortie. L’augmentation de la température
de sortie des gaz de séchage provoque la diminution de son
humidité relative et diminue le rendement énergétique. Des
procédés fonctionnent avec une température de sortie basse
afin de générer des solides à grande humidité résiduelle. Cela
induit la formation d’agglomérats (technique très utilisée pour
l’obtention de « poudres instantanées » destinées à être resolubilisées). Un équipement auxiliaire de type lit fluidisé, par
exemple, doit être utilisé pour finaliser le séchage de la poudre.
J 2 257 – 2
Les pulvérisateurs rotatifs sont préférés pour des capacités évaporatoires supérieures à 3 t/h. Ils permettent d’assurer des débits
très importants, pouvant aller jusqu’à 6 m3 · h–1. L’utilisation de
ces systèmes impose, toutefois, différentes contraintes, liées à la
géométrie de l’enceinte de séchage et au disperseur d’air. En effet,
en sortie d’atomiseur, les gouttelettes possèdent une énergie
cinétique qui les fait s’éloigner du centre. Pour éviter que ces
gouttelettes ne soient directement projetées contre les parois, il
convient d’utiliser une enceinte suffisamment large. Le disperseur
d’air doit également être choisi et dimensionné pour répondre à
cette contrainte. De plus, ces dispositifs sont sujets à l’abrasion
lors du séchage de composés solides de dureté importante
(oxydes métalliques, carbures).
Pour des débits inférieurs à 1 m3 · h–1, on préfère les buses
pression en raison de leur facilité de mise en œuvre et de leurs faibles coûts d’investissement, de fonctionnement et de maintenance.
Enfin, les buses pneumatiques sont très adaptées pour de
faibles débits de liquide pour lesquels une pulvérisation fine et
homogène ne peut pas être obtenue par les buses pression.
En tout état de cause, le choix d’un système de pulvérisation doit être validé par des essais expérimentaux visant à
démontrer l’adéquation de la technique choisie.
1.2 Mise en contact air/spray
La mise en contact, entre le gaz de séchage et le liquide
dispersé, est primordiale. Elle est réalisée par un disperseur d’air
dont le rôle est d’amener le gaz de séchage chaud à l’intérieur de
l’enceinte en provoquant un mélange intime de ce dernier avec les
gouttelettes liquides du brouillard pulvérisé.
Deux grandes familles de disperseurs existent qui sont adaptées, soit à l’utilisation d’atomiseurs rotatifs, soit à l’utilisation de
buses de pulvérisation dans l’autre. L’arrivée du gaz chaud autour
du spray doit, non seulement, optimiser le séchage mais, également, contrôler la trajectoire des gouttelettes en évitant un dépôt
sur les parois. De plus, afin d’éviter une surchauffe du dispositif de
pulvérisation, de l’air froid est généralement injecté de façon à
refroidir l’atomiseur rotatif ou les buses comme il est indiqué sur
les figures 1 et 2 [1].
On peut ainsi opter pour une arrivée tangentielle du gaz de
séchage autour des atomiseurs rotatifs (figure 3). Lors de l’utilisation de buses de pulvérisation, différentes technologies peuvent
être envisagées :
– plaques perforées (figure 4) [1] ou bouches d’arrivée de gaz
chaud autour de chaque buse (figure 5) dans le cas de sécheurs à
cocourant ;
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Air Liquide
Liquide
Air
Pour ce qui est du dépôt du produit sur les parois de l’enceinte
de séchage, le phénomène doit être minimisé en adaptant, bien
entendu, le diamètre de l’enceinte mais en ajustant, aussi l’arrivée
du gaz par le disperseur. Pour les dispositifs à plaque perforée, il
est possible d’optimiser le nombre d’orifices ainsi que leur
position par rapport au spray (la position des buses de pulvérisation peut également être adaptée). Pour les disperseurs cycloniques, c’est le mouvement hélicoïdal de l’air qui est modulé par la
géométrie du dispositif.
Liquide
Air
Air
Liquide
Liquide
1.3 Séchage
Air
1.3.1 Contact gaz/spray
Nous avons vu comment former un brouillard de gouttelettes et
comment disperser le gaz chaud. Le séchage intervient lors de la
mise en contact de ce gaz chaud et du fluide liquide. Cette étape
est primordiale et influence directement les propriétés finales du
produit sec. De nombreuses configurations sont envisageables.
Air
Figure 1 – Positions relatives de l’atomiseur rotatif et du disperseur
d’air [1]
Lorsque le gaz chaud et le spray sont introduits dans la même
direction à l’intérieur de l’enceinte, le séchage est réalisé à
cocourant. Cette configuration est la plus utilisée, notamment pour
les produits sensibles à la chaleur. L’évaporation du solvant est
rapide, le gaz de séchage refroidit également en conséquence et les
durées de séchage sont courtes. De ce fait, le solide n’est pas soumis à une potentielle dégradation thermique, sa température restant relativement basse durant l’évaporation. Cette configuration est
représentée sur la figure 7 [1] incluant un exemple de profil de température. Les solides ainsi obtenus sont poreux, de faible densité et
ont de bonnes propriétés de solubilisation.
– disperseur tangentiel (figure 6) [1] ou à ailettes dans le cas
d’un régime à contre-courant.
Il est possible, en fonction des conditions opératoires et des
propriétés du fluide, de définir les propriétés cinématiques des
gouttelettes à l’intérieur de l’enceinte de séchage. Ainsi, on peut
estimer la vitesse initiale des gouttelettes, leur décélération, leur
vitesse terminale et leur trajectoire durant le séchage.
Air
Alimentation
Air
Alimentation
Alimentation
Air
Air
Alimentation
Air
Alimentation
Air
Poudre
Poudre
Air + poudre
Air + poudre
a
c
b
d
Air
Air
Air
Alimentation
Alimentation
Air
Air
Air
Air
Air
Air
Alimentation
Air
Poudre
Poudre
Poudre
Poudre
e
g
f
Alimentation
h
Figure 2 – Positions relatives des buses de pulvérisation et du disperseur d’air [1]
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
UY
J 2 257 – 3
Q
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jRRUW
MISE EN ŒUVRE DES POUDRES _______________________________________________________________________________________________________
de l’air chaud permet de réduire la vitesse de chute des plus
grosses gouttes et ainsi d’obtenir un temps de séjour suffisant
pour une évaporation complète du solvant. Les solides formés
sont compacts, denses et faiblement poreux.
Alimentation
Q
Une configuration à courants mixtes permet d’augmenter le
temps de séjour des gouttelettes dans l’enceinte mais, dans ce cas,
la température du solide en sortie de procédé est relativement
importante (figure 9) [1]. Le liquide est alors amené par le bas de
l’enceinte. Il est possible d’obtenir des particules solides de taille
importante dans une enceinte de dimensions réduites.
Air de séchage
Aussitôt que le gaz chaud est mis en contact avec le spray, l’évaporation commence à la surface des gouttelettes. Leur température de surface correspond alors à la température de bulbe humide
du gaz de séchage alors saturé en solvant. Tant que la diffusion du
solvant maintient la surface saturée, l’évaporation a lieu à vitesse
constante. Lorsque la diffusion n’est plus suffisante pour maintenir
la surface des gouttelettes saturée en solvant, la température des
gouttelettes augmente et l’évaporation a lieu à vitesse décroissante. L’échauffement du produit durant cette étape est directement relié à la morphologie du produit sec obtenu. En fonction
de la nature intrinsèque du produit et de la cinétique de séchage
(liée au choix de mise en contact spray/gaz), les solides obtenus
ont des formes sphériques, ovoïdes, creuses, cénosphères, etc.
(figures 10 et 11 [2]). De même, ces particules primaires peuvent
se lier entre elles en fonction de l’humidité résiduelle et de la
température pour former de plus gros agglomérats ou agrégats.
Air
de refroidissement
Air
Air
Poudre
Poudre
Figure 3 – Disperseur d’air à entrée tangentielle pour atomiseurs
rotatifs (doc. Niro)
Le spray et le gaz chaud peuvent également être mis en contact
à contre-courant. Dans ce cas, les points d’arrivée des deux fluides
sont situés de part et d’autre de l’enceinte de séchage (le liquide
par le haut et le gaz par le bas). Le rendement énergétique est ainsi
optimisé, mais le gaz le plus chaud est en contact avec le solide le
plus sec (figure 8) [1]. Cela implique que le produit à sécher ne soit
pas sensible à la chaleur. Cette configuration est utilisée avec une
pulvérisation par buse pneumatique car le mouvement ascendant
Le choix de la méthode de mise en contact est lié à la taille
voulue des particules solides, aux propriétés d’usage du solide
(porosité, densité) et à la température maximale à laquelle le
solide peut être soumis.
Alimentation
Air
Air
a
Air
plaque perforée
Air
b
plaque stratifiée
Alimentation
Air chaud
Plaque perforée
c plaques perforées superposées
Figure 4 – Plaques perforées utilisées en disperseur d’air en configuration à cocourant [1]
J 2 257 – 4
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie
est strictement interdite. – © Editions T.I.
VP
Opérations unitaires : évaporation et séchage
(Réf. Internet 42316)
R
1– Évaporation - séchage
2– Fluidisation
Réf. Internet
Fluidisation gaz-solide. Bases et théorie
J4100
63
Fluidisation gaz-solide. Particules ines et nanoparticules
J4101
69
Lits luidisés circulants
J4120
75

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VQ
R
VR
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jTQPP
Fluidisation gaz-solide
Bases et théorie
par
R
Mikel LETURIA
Docteur de l’Université de Technologie de Compiègne
Ingénieur R et D chez AREVA – Centre de recherche de CEZUS
et
Khashayar SALEH
Professeur des Universités
Université de Technologie de Compiègne – Département génie des procédés industriels –
Labo. TIMR EA4297
1.
1.1
1.2
1.3
1.4
Principe ....................................................................................................
Phénomène de fluidisation ......................................................................
Avantages et inconvénients .....................................................................
Applications industrielles .........................................................................
Paramètres importants dans le comportement en fluidisation ............
2.
2.1
2.2
Propriétés physiques des solides divisés .......................................
Granulométrie et morphologie ................................................................
Porosités et masses volumiques .............................................................
—
—
—
5
5
6
3.
3.1
3.2
3.3
Notions de base de la fluidisation gaz-solide ...............................
Régime de fluidisation ..............................................................................
Classification des poudres selon Geldart................................................
Minimum de fluidisation ..........................................................................
—
—
—
—
7
7
8
9
4.
4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
Hydrodynamique des lits fluidisés en régime bouillonnant......
Phénomène de bullage et théorie des deux phases ..............................
Propriétés des bulles ................................................................................
Formation des bulles – Distributeur ........................................................
Taille des bulles.........................................................................................
Vitesse des bulles......................................................................................
Expansion des lits fluidisés et fraction volumique occupée
par les bulles .............................................................................................
Mouvements d’ensemble des bulles et des particules solides .............
Mouvements locaux du gaz et du solide autour d’une bulle ................
—
—
—
—
—
—
12
12
12
12
13
13
—
—
—
14
14
15
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
5.5
5.6
Entraînement et élutriation des particules ....................................
Phénomène d’élutriation ..........................................................................
Vitesse terminale de chute libre d’une particule ....................................
Zones présentes dans un lit fluidisé ........................................................
Mécanisme d’élutriation ...........................................................................
Modélisation de l’entraînement ...............................................................
Influence des propriétés des particules et des paramètres
opératoires sur l’élutriation ......................................................................
—
—
—
—
—
—
17
17
17
18
18
20
—
23
6.
Conclusion...............................................................................................
—
23
4.7
4.8
p。イオエゥッョ@Z@、←」・ュ「イ・@RPQT
Pour en savoir plus ........................................................................................
J 4 100v2 - 3
—
3
—
4
—
4
—
4
Doc. J 4 100v2
a fluidisation est un procédé de mise en contact d’une phase granulaire et
d’une phase fluide qui permet de maintenir les particules en suspension.
Le terme « fluidisation » vient du fait que la suspension gaz-solide est amenée
L
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J 4 100v2 – 1
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jTQPP
FLUIDISATION GAZ-SOLIDE ___________________________________________________________________________________________________________
R
à un état semblable à celui d’un liquide. La gazéification du charbon représente
la première application à échelle industrielle de la fluidisation gaz-solide et
remonte aux années 1920. Cette technique a connu un développement rapide
et important à partir des années 1940, avec le lancement des réacteurs de craquage catalytique du pétrole (procédé FCC). Le procédé FCC est basé sur
l’utilisation d’un lit fluidisé de catalyseur qui circule entre un réacteur et un
régénérateur. Aujourd’hui encore, il constitue une opération essentielle dans le
raffinage du pétrole.
L’avantage majeur de la fluidisation réside dans la qualité de la mise en
contact intime entre la phase fluide et les particules solides. L’intensité des
transferts de matière et de chaleur (aussi bien entre phases, qu’entre le lit et
les surfaces immergées) se traduit par des températures et des concentrations
uniformes au sein du lit fluidisé. Ces propriétés avantageuses expliquent que
le phénomène de fluidisation soit actuellement exploité dans des applications
industrielles nombreuses et variées (chimie, pétrochimie, métallurgie, céramiques, agroalimentaire, pharmaceutiques, etc.).
Le comportement d’un lit fluidisé dépend fortement des propriétés de la phase
fluide et des particules solides qui doivent donc être parfaitement connues. Par
ailleurs, la fluidisation gaz-solide est souvent caractérisée par la présence de
bulles et on parle alors de régime bouillonnant. Celles-ci sont responsables de
l’agitation des particules et jouent un rôle important dans les mécanismes de
transfert de matière et de chaleur. La compréhension du comportement des
bulles et la connaissance de leurs caractéristiques sont donc essentielles pour le
dimensionnement des lits fluidisés. Enfin, de nombreuses difficultés opératoires
sont associées à la mise en œuvre des lits fluidisés : entraînement des particules
fines (phénomène d’élutriation), attrition des particules, érosion des surfaces
immergées, nécessité de nombreux dispositifs auxiliaires (distributeurs, filtres,
cyclones, jambes de retour, etc.). Tous ces facteurs font que la conception,
l’extrapolation et le dimensionnement d’unités font encore largement appel à
l’expérience et ne sont pas sans risques.
Notations et symboles
Symbole
Unité
A
m2
Ar
–
Notations et symboles (suite)
Définition
Symbole
Unité
section droite de la colonne
de fluidisation
dv
m
diamètre volumique équivalent
nombre d’Archimède
Dt
m
diamètre de la colonne
de fluidisation
Ei
kg · m–2 · s–1
densité de flux de particules
de taille d p quittant le lit
ET
kg · m–2 · s–1
densité de flux totale de particules
quittant le lit
fM
–
distribution granulométrique
en masse
fN
–
distribution granulométrique
en nombre
fS
–
distribution granulométrique
en surface
qualité de fluidisation
coefficient de traînée
CD
diamètre surface-volume moyen
(diamètre de Sauter)
Définition
i
d3,2
m
db
m
diamètre équivalent des bulles
df
m
diamètre frontal des bulles
dp
m
diamètre d’une seule particule
m
diamètre moyen de la classe
granulométrique i
dp
m
diamètre moyen d’un ensemble
de particules
FQ
–
ds
m
diamètre surfacique équivalent
g
m · s–2
accélération de la pesanteur
dsv
m
diamètre surface-volume équivalent
h
m
hauteur dans le lit fluidisé
(par rapport au distributeur)
dt
m
diamètre de tamisage
H
m
hauteur totale du lit de particules
d pi
J 4 100v2 − 2
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VT
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___________________________________________________________________________________________________________ FLUIDISATION GAZ-SOLIDE
Notations et symboles (suite)
Notations et symboles (suite)
Symbole
Unité
Définition
Symbole
Hd
m
hauteur de la phase dense
Hmf
m
hauteur du lit de particules
dans les conditions minimales
de fluidisation
i
–
numéro de classe
granulométrique
Ki*
kg · m–2 · s–1
constante d’élutriation
des particules de taille d p
i
Unité
Définition
Y
–
rapport entre le débit de gaz traversant le lit fluidisé sous forme
de bulles et ce même débit calculé selon la théorie des deux
phases
∆Pb
Pa
perte de charge générée par le lit
de particules
ε
–
porosité du lit
εb
–
fraction volumique occupée
par les bulles
εmf
–
porosité du lit fixe dans les conditions minimales de fluidisation
mi
kg
masse élutriée cumulée
des particules de taille d p
M
kg
masse du lit de poudre
Mi
kg
masse des particules de taille d p
i
dans le lit
µ
Pa · s
Mi0
kg
masse initiale des particules
de taille d p dans le lit
ρb
kg · m–3
masse volumique en vrac
d’une poudre
ρg
kg · m–3
masse volumique du gaz
ρp
kg · m–3
masse volumique apparente
de particule
ρs
kg · m–3
masse volumique vraie
χ
–
porosité interne de particule
ψs
–
sphéricité
i
i
p (dp)
P (dp)
m
–1
–
fonction de densité de probabilité
en masse
fonction de répartition en masse
(probabilités cumulées)
viscosité dynamique du gaz
Qb
m3 · s–1
débit de gaz traversant le lit
fluidisé sous forme de bulles
Ri*
kg · s–1
constante d’attrition
des particules de taille d pi
Rep
–
nombre de Reynolds particulaire
1. Principe
–
nombre de Reynolds particulaire
dans les conditions minimales de
fluidisation
1.1 Phénomène de fluidisation
Ret
–
nombre de Reynolds particulaire
calculé dans les conditions terminales de chute libre
t
s
temps
TDH
m
hauteur limite de désengagement
U
m · s–1
vitesse superficielle du gaz
Ub
m · s–1
vitesse d’ascension d’un train
de bulles
Ubr
m · s–1
vitesse d’ascension d’une bulle
isolée
Ubf
m · s–1
vitesse initiale de fluidisation
Ucf
m · s–1
vitesse de fluidisation complète
Umb
m · s–1
vitesse minimale de bullage
Umf
m · s–1
vitesse minimale de fluidisation
Ut
m · s–1
vitesse terminale de chute libre
des particules
Vb
m3
volume de bulle
Vc
m3
volume du nuage entourant
la bulle
xi
–
fraction massique des particules
de taille d p dans le lit
xi0
–
fraction massique initiale des particules de taille d pi dans le lit
Rep,mf
Considérons un lit de particules solides reposant sur une grille
horizontale située au fond d’une colonne. Faisons à présent
circuler un gaz à travers ce lit à une vitesse superficielle U dans le
sens ascendant. À la traversée de la couche fixe de grains solides,
le courant de gaz subit une chute de pression due aux forces de
frottement visqueux entre le gaz et les particules. Tant que le lit
reste fixe, la perte de charge augmente avec la vitesse superficielle
du gaz. Lorsque la chute de pression devient égale au poids
apparent de la couche par unité d’aire (section droite de la
colonne), la couche se « fluidise ». Ce seuil de fluidisation est
atteint pour une vitesse superficielle de gaz appelée « vitesse
minimale de fluidisation » et généralement notée Umf .
La fluidisation est donc un procédé de mise en contact d’une
phase granulaire et d’une phase fluide (le plus souvent un gaz)
qui permet de maintenir les particules en suspension. Le terme
fluidisation vient du fait que la suspension gaz-solide est amenée à un état semblable à celui d’un liquide.
La figure 1 [1] présente les quelques ressemblances observables
entre un lit fluidisé et un liquide :
– un objet léger (dont la densité est inférieure à la densité
apparente du lit fluidisé) flotte à la surface ;
– si on incline légèrement le lit fluidisé, la surface de la suspension reste horizontale et ne suit pas le mouvement du récipient ;
– si on perce le récipient, la suspension gaz-solide s’écoule et
forme un jet ;
– si on connecte deux lits fluidisés, leurs niveaux s’égalisent ;
– la chute de pression entre deux hauteurs d’une couche
fluidisée est sensiblement égale à la perte de charge hydrostatique
entre ces deux points.
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VU
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R
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FLUIDISATION GAZ-SOLIDE ___________________________________________________________________________________________________________
Objet léger
flottant à la
surface
Égalisation des
niveaux
Surface
horizontale
∆Pb
R
U
U
U
Écoulement de
la suspension
gaz-solide
U
U
U
Perte de charge
hydrostatique
Figure 1 – Ressemblances observables entre un lit fluidisé et un liquide [1]
générale, les phénomènes d’attrition, d’érosion et d’agglomération
peuvent entraîner des difficultés opératoires et compliquent la
conduite des réacteurs à lit fluidisé ;
– difficultés de modélisation, conception et dimensionnement à
échelle industrielle.
1.2 Avantages et inconvénients
Les lits fluidisés présentent des propriétés avantageuses par rapport aux lits fixes (ou aux autres réacteurs de type gaz-solide) :
– mélange intensif de la phase solide : ainsi, la suspension est
pratiquement homogène en température. Cette homogénéité
donne aux lits fluidisés un avantage indéniable par rapport aux lits
fixes qui sont souvent soumis à un fort gradient de température ;
– coefficients de transfert de matière et de chaleur élevés entre
la phase gaz et les particules solides : ainsi, un bon contact
gaz-solide est assuré ;
– coefficients de transfert de chaleur élevés entre le lit et les surfaces (parois du réacteur ou tubes d’échangeur) ;
– facilité de manutention de la phase solide due au
comportement proche de celui d’un liquide : les particules peuvent
être alimentées et extraites de façon continue (réacteur ouvert) ;
– pertes de charge inférieures à celles obtenues avec un lit fixe
pour une même vitesse superficielle de gaz.
1.3 Applications industrielles
La fluidisation gaz-solide (ou « hétérogène ») rencontre un large
domaine d’application dans le monde industriel. Les principales
applications peuvent être rassemblées en deux groupes :
– fluidisation avec opération physique : le lit fluidisé peut être
utilisé pour le mélange, le séchage, l’enrobage de particules solides ou encore comme échangeur de chaleur ;
– fluidisation avec réaction chimique : le lit fluidisé est alors le
siège de réactions chimiques se divisant en deux catégories :
• les réactions catalytiques : dans ce cas, les particules solides
servent de catalyseur et ne subissent pas de transformation
chimique. Historiquement, l’application majeure de la fluidisation dans cette catégorie correspond au craquage catalytique du pétrole,
Néanmoins, ces avantages ne sont pas sans contrepartie et les
limites des lits fluidisés doivent être connues avant d’envisager
l’usage de ce procédé à échelle industrielle. Les principaux
inconvénients sont les suivants :
– phénomène de bullage : nous verrons par la suite que des bulles peuvent se former au sein de la suspension gaz-solide (on
parle alors de fluidisation « hétérogène »). Le mouvement ascendant de ces bulles contribue largement à l’agitation des particules
mais véhicule rapidement le gaz à la surface du lit fluidisé et diminue le temps de contact gaz-solide. Ainsi, le phénomène de bullage mène à un court-circuit d’une partie de la phase gaz, ce qui
réduit la conversion globale ;
– non-uniformité du temps de séjour des particules : en raison
du mélange intensif de la phase solide, cette dernière est souvent
proche d’un écoulement « parfaitement agité » et le temps de
séjour des particules n’est donc pas uniforme. Dans le cas d’un
solide consommable, ce phénomène peut limiter la conversion de
la phase solide. Dans le cas d’une réaction catalytique, l’agitation
des particules favorise le rétromélange de la phase gaz, ce qui
limite également sa conversion ;
– élutriation : l’entraînement des particules réduit leur temps de
séjour dans le lit, ce qui peut causer la perte de matières premières, entraîner des difficultés opératoires et impliquer la mise en
place de dispositifs de séparation (filtres, cyclones, etc.) ;
– attrition : le frottement permanent des particules entre elles
mène à la formation de fines favorisant l’élutriation. De façon
J 4 100v2 – 4
• les réactions à solide consommable : dans ce cas, les particules solides subissent une transformation chimique. Elles
constituent un réactif qui participe directement à la réaction.
Les applications historiques sont la combustion et la gazéification de charbon ou de biomasse.
1.4 Paramètres importants
dans le comportement en fluidisation
Toutes les poudres n’ont pas la même aptitude à être fluidisées
et en conséquence, elles peuvent se comporter différemment
vis-à-vis de la fluidisation. Le comportement d’un lit fluidisé
dépend fortement des interactions fluide-solide, qui sont
conditionnées par les propriétés des particules (diamètre, densité,
forme, dispersion granulométrique, taux de fines, etc.) et par les
conditions opératoires (vitesse de fluidisation, pression, température, etc.). Les paragraphes qui suivent proposent un rappel sur les
propriétés physiques essentielles des particules solides et sur les
différents régimes de fluidisation observés en fonction des
conditions opératoires.
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VV
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___________________________________________________________________________________________________________ FLUIDISATION GAZ-SOLIDE
– diamètre surface-volume équivalent dsv : diamètre d’une
sphère ayant le même rapport surface/volume (S/V) que la
particule :
2. Propriétés physiques
des solides divisés
2
6
S π d sv
=
=
3
d sv
V π d sv
6
Cette partie présente les propriétés physiques fondamentales
des solides divisés qui sont nécessaires à l’étude des lits fluidisés.
⇒ d sv =
6 V dv3
=
S
d s2
(3)
Pour compléter l’information apportée par le diamètre équivalent, on peut faire appel à différents facteurs de forme. La sphéricité ψs , définie par Wadell [2], est particulièrement appropriée
lorsque l’on étudie le comportement d’un lit fluidisé :
Pour plus d’informations concernant la caractérisation des
propriétés physiques des poudres, se reporter à l’article
[J 2 251].
2
ψs =
2.1 Granulométrie et morphologie
On peut ainsi remarquer que :
– ψs = 1 pour une sphère ;
– 0 < ψs < 1 pour les autres particules.
2.1.1 Taille et forme des particules
La taille des particules est sans aucun doute le paramètre le plus
recherché d’une poudre. Ces particules peuvent être de forme
simple et régulière, telle qu’une sphère (figure 2a ), ou plus
complexe (figure 2b ). Si l’on cherche à caractériser une particule
sphérique, il paraît évident d’utiliser son diamètre. En revanche,
dès que l’on s’éloigne d’une sphère, le nombre de paramètres
nécessaires à la description géométrique d’une particule augmente. Par exemple, il faut deux paramètres pour un cylindre (son
diamètre de section et sa hauteur). De façon générale, plus la
forme se complexifie et plus il faut de paramètres. Ainsi, pour un
grain de forme irrégulière, nous avons recours à la définition de
différents diamètres équivalents et facteurs de forme.
En utilisant les équations (3) et (4), il est possible d’établir une
expression pour calculer le diamètre dsv à partir de la sphéricité ψs
et du diamètre dv :
d sv = ψs dv
Le diamètre équivalent correspond au diamètre qu’aurait une
sphère hypothétique ayant soit une même caractéristique (surface,
volume, etc.), soit un même comportement (sédimentation, etc.)
que la particule considérée. Les quatre diamètres équivalents
suivants sont généralement utilisés lorsque l’on souhaite étudier le
comportement hydrodynamique en fluidisation :
– diamètre de tamisage dt : ouverture carrée minimale du tamis
à travers laquelle la particule peut passer ;
– diamètre volumique équivalent dv : diamètre d’une sphère
ayant le même volume V que la particule :
2.1.3 Répartition granulométrique
et diamètres moyens
Dans la majorité des systèmes divisés, on rencontre des grains
de taille et de forme différentes. L’analyse granulométrique
consiste à déterminer la taille d’un ensemble significatif et représentatif de particules, puis à présenter les résultats sous forme
d’une distribution granulométrique. Pour ce faire, les particules
sont d’abord réparties en n classes granulométriques de diamètres
représentatifs d pi (où dp représente, de manière générique, le diamètre équivalent choisi). On affecte ensuite à chaque classe i la
fraction de particules lui correspondant (les particules dont la taille
est comprise entre la borne inférieure et la borne supérieure de la
classe). La fraction de chaque classe peut être exprimée en nombre (fNi ) , en surface (fSi ) ou en masse (fMi ) et il est donc possible
d’obtenir différentes répartitions granulométriques :
– distribution en nombre : fN ;
– distribution en surface : fS ;
– distribution en masse (ou volume) : fM .
1
(1)
– diamètre surfacique équivalent ds : diamètre d’une sphère
ayant la même surface externe S que la particule :
1
 S 2
ds = 
π
(5)
La perte de charge subie par un fluide traversant un lit de
grains solides est due aux forces de frottement qui mettent en
jeu la surface des particules. La surface spécifique des particules (surface externe par unité de volume de grains solides) est
donc une donnée essentielle. Ainsi, selon Geldart [3], le paramètre le plus pertinent lorsque l’on aborde la fluidisation est le
diamètre surface-volume équivalent dsv .
2.1.2 Diamètres équivalents et facteurs de forme
 6V  3
dv = 

 π 
surface de la sphère de même volume que le grain  dv 
(4)
=
surface du grain
 d s 
(2)
La distribution de taille étant établie, il est alors possible de
calculer le diamètre moyen de la population de particules. Il est à
noter que le mode de pondération (nombre, surface, masse) peut
varier et qu’il est ainsi possible de calculer différents diamètres
moyens pour une même distribution de taille. Leur forme générale
peut être représentée par la relation suivante :
1
a particule sphérique
d p ,q
b particule irrégulière
∑ f dp
i Ni pi
=
 ∑ f dq
 i Ni pi
 p −q



(6)
avec p et q entiers et p > q.
Figure 2 – Types de particules
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R
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FLUIDISATION GAZ-SOLIDE ___________________________________________________________________________________________________________
tandis que P est la « fonction de répartition » (probabilités cumulées). La relation entre ces deux fonctions est donnée par :
Tableau 1 – Expressions équivalentes du diamètre
moyen dp,q
Diamètre
caractéristique
Nombre fN
Masse fM
d1,0
∑fN d p
∑i fM d p−2
∑i fM d p−3
i
i
i
1/ 3
R
d3,2
∑i fN
∑i fN
i
d p3
i
d p2
∑i fN
∑i fN
d p4
i
d4,3
i
i
i
 fM
 ∑ 3i
 i d p
i


 ∑fNi d p3 
i

 i
d3,0
i



 fM
 ∑ i
 i d pi
i
i
i
 ∆P 
pi = 

 ∆d p  i
i
i
i
i
i
(7)
Certaines techniques d’analyse granulométrique telles que le
tamisage ou la granulométrie laser fournissent la distribution en
masse d’une population de particules. Il est néanmoins possible
d’exprimer le diamètre moyen dp,q [équation (6)] en fonction de la
distribution en masse fM ainsi obtenue :
1
d p ,q
 ∑ f d p −3  p −q
i Mi pi 
=
 ∑ fM d q −3 
 i i pi 
(8)
À titre d’exemple, le tableau 1 présente les expressions équivalentes du diamètre moyen dp,q pour différentes valeurs de p et q couramment utilisées.
i
i
et Pi = ∑ j =1(p ∆d p ) j = ∑ j =1fM j
ρ p = (1− χ ) ρ s
(9)
(10)
(11)
– masse volumique en vrac d’une poudre kb : elle est définie
comme le rapport entre la masse du lit de poudre et le volume
total de la couche incluant le volume du solide ainsi que les porosités interne et externe. Cette masse volumique est fonction du
degré de tassement du lit de particules. Il faut donc distinguer la
masse volumique non tassée (ou aérée) et la masse volumique
tassée. Ces masses volumiques peuvent être déterminées par un
test de tassement (ce test est détaillé dans l’article [J 4 102]).
Dans la suite de ce document, nous utilisons principalement
le d3,2 comme diamètre moyen d p pour caractériser une
population de particules.
2.1.4 Fonction de densité et fonction
de répartition
Les densités ρb , ρp et ρs sont liées par la relation suivante :
Notons P (dp) la fraction massique de particules de taille inférieure à dp . On peut définir [p (dp) d (dp)] comme étant la fraction
massique de particules de taille comprise entre dp et dp + d (dp). La
fonction p représente donc la « fonction de densité de probabilité »
J 4 100v2 – 6
p (d p ) d (d p )
Par conséquent, il est possible de distinguer plusieurs masses
volumiques :
– masse volumique vraie ks d’une particule : il s’agit de la
masse volumique du matériau qui constitue les particules solides
(les porosités interne et externe sont exclues). La masse volumique vraie peut être déterminée par des méthodes pycnométriques
qui consistent à mesurer le volume et la masse du solide. Le
volume est déterminé en utilisant un fluide capable de pénétrer à
l’intérieur de la couche de particules pour remplir toute la porosité
(interne et externe). Pour les solides divisés, on utilise souvent la
méthode de pycnométrie à hélium puisque ce dernier présente un
faible diamètre atomique, ce qui lui permet de pénétrer dans les
très petites cavités (notons que les cavités non ouvertes ne peuvent pas être quantifiées) ;
– masse volumique apparente kp d’une particule : elle correspond au rapport entre la masse de la particule et le volume de son
enveloppe aérodynamique comprenant le volume du solide et la
porosité interne (la porosité externe est exclue). Si les particules
ne sont pas poreuses, il y a égalité entre les masses volumiques
vraie et apparente. La méthode la plus précise pour mesurer la
masse volumique apparente des particules est la pycnométrie au
mercure. En effet, à basse pression, le mercure peut remplir le vide
interparticulaire mais ne pénètre pas dans la porosité interne. Les
densités ρp et ρs sont liées par la relation suivante :
Par exemple, le d3,2 est représentatif de la surface spécifique des
particules (rapport surface/volume). Il est généralement appelé diamètre surface-volume ou diamètre de Sauter et peut être calculé par la
relation suivante :
i
dp
∫0
La masse volumique d’un solide divisé est un critère important
qui détermine l’intensité des forces gravitationnelles s’appliquant
sur chaque particule. Cette caractéristique intervient directement
dans les propriétés d’écoulement d’une poudre ou sur la facilité de
mise en suspension des particules lors de la fluidisation. Au sein
d’un milieu granulaire, il existe une porosité qui peut se manifester
à différentes échelles :
– porosité interne χ (porosité intraparticulaire) : les particules
solides peuvent comporter des cavités, ouvertes ou non vers
l’extérieur, appelées pores ;
– porosité externe ε (vide interparticulaire) : le volume d’un
amas de particules comprend le volume des particules et le vide
interparticulaire (espace interstitiel entre les particules).
−1



i
∑i fN d p3
∑i fN d p2
et P (d p ) =
2.2 Porosités et masses volumiques
Selon la valeur des nombres p et q, le diamètre moyen dp,q n’a
pas la même signification car il ne met pas l’accent sur les mêmes
caractéristiques de la particule.
d sv = d 3 ,2 =
dP
d (d p )
Pour une distribution discrète, on a les relations suivantes :
−1/ 3
∑fM d p
i
d p3
i
p (d p ) =
ρb = (1− ε ) ρp = (1− ε ) (1− χ) ρs
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(12)
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Fluidisation gaz-solide
Particules fines et nanoparticules
par
Mikel LETURIA
Maître de conférences
Université de Technologie de Compiègne – Département génie des procédés industriels –
Labo. TIMR EA4297, France
et
Khashayar SALEH
Professeur des universités
Université de Technologie de Compiègne – Département génie des procédés industriels –
Labo. TIMR EA4297, France
1.
Forces interparticulaires .....................................................................
2.
Types de comportement en fluidisation .........................................
—
4
3.
Phénomène d’agglomération et sous-classes du groupe C ......
—
4
4.
Structure et taille des agglomérats .................................................
—
7
5.
Récapitulatif et critères de discrimination entre
les comportements APF et ABF ........................................................
—
11
6.
Techniques d’amélioration de la fluidisation des poudres
cohésives .................................................................................................
—
11
7.
Applications et perspectives industrielles.....................................
—
16
8.
Conclusion...............................................................................................
—
18
9.
Glossaire ..................................................................................................
—
19
Pour en savoir plus ........................................................................................
J 4 101 - 3
Doc. J 4 101
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQV
L
a fluidisation est un procédé de mise en contact d’une phase granulaire et
d’une phase fluide qui permet de maintenir les particules en suspension.
Le terme « fluidisation » vient du fait que la suspension gaz-solide est amenée
à un état semblable à celui d’un liquide. L’avantage majeur de la fluidisation
réside dans la qualité de la mise en contact intime entre la phase fluide et les
particules solides. L’intensité des transferts de matière et de chaleur (aussi
bien entre phases, qu’entre le lit et les surfaces immergées) se traduit par des
températures et des concentrations uniformes au sein du lit fluidisé.
Cependant, toutes les poudres n’ont pas la même aptitude à être fluidisées et
en conséquence, elles peuvent se comporter différemment vis-à-vis de la fluidisation. En fonction du diamètre moyen et de la masse volumique des
particules, la classification de Geldart donne le type de fluidisation qui sera
obtenu avec de l’air dans les conditions ambiantes. Il se dégage ainsi quatre
groupes de particules caractérisés par un régime de fluidisation différent. Ces
quatre groupes sont décrits dans les articles [J 4 100] et [J 1 065]. Le présent
article s’intéresse plus particulièrement à la fluidisation des poudres appartenant au groupe C de Geldart (particules fines et cohésives) et aux
nanoparticules.
La fluidisation des poudres fines (groupe C) et des nanoparticules rencontre
actuellement un nombre croissant d’applications dans diverses industries
(semi-conducteurs, catalyseurs, pharmaceutiques, cosmétiques, produits alimentaires, plastiques, métallurgie des poudres, etc.). De façon générale, ces
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J 4 101 – 1
R
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FLUIDISATION GAZ-SOLIDE ___________________________________________________________________________________________________________
R
poudres sont caractérisées par leur faible diamètre et leur grande surface spécifique mais aussi par des forces de cohésion interparticulaires élevées.
L’influence de ces forces d’interaction sur la fluidisation est encore mal cernée
et l’état actuel des connaissances est tel qu’il reste difficile de prédire le
comportement global d’une poudre à partir des caractéristiques individuelles
des particules qui la constituent. Il est à noter que le terme « nanoparticules »
est généralement utilisé pour désigner des particules primaires de taille inférieure à 100 nm (plus précisément, des matériaux granulaires ayant au moins
une dimension inférieure à 100 nm). Le groupe C correspond à des particules
de taille inférieure à un diamètre compris entre 20 et 80 µm en fonction de leur
densité (frontière entre les groupes A et C de la classification de Geldart).
Selon la classification de Geldart, les poudres du groupe C ne sont pas fluidisables en raison de forces interparticulaires très élevées. Or, l’analyse de la
littérature montre que la fluidisation des poudres fines et nanoparticules est
parfois possible sous forme d’agglomérats (ou « clusters »). En effet, l’agglomération des particules primaires en structures de taille plus importante permet
de déplacer favorablement le rapport entre les forces interparticulaires et hydrodynamiques. Ces phénomènes d’agglomération font ainsi apparaître de
nouveaux régimes parfois qualifiés de « fluidisation par agglomération ».
Néanmoins, la fluidisation de ce type de poudres peut poser plusieurs
problèmes : entraînement et élutriation de particules, détérioration des transferts de matière et de chaleur, défluidisation, etc. Pour améliorer la qualité de
fluidisation de celles-ci (homogénéité de la couche fluidisée, fluidisation à
faibles vitesses de gaz, diminution de la taille des agglomérats, etc.), différentes
technologies peuvent être mises en œuvre : agitation mécanique, vibration,
fluidisation sous champ centrifuge, utilisation de microjets, ajout d’agents
d’écoulement, etc.
Notations et symboles
Symbole
A
Unité
m2
Définition
section droite de la colonne
de fluidisation
U
Umb
da
m
diamètre apparent des agglomérats
dp
m
diamètre de particule
Dt
m
Umf
Ut
diamètre de la colonne de fluidisation
qualité de fluidisation
FQ
g
Symbole
nombre de Bond
Bog
Fvdw
Notations et symboles (suite)
N
m·
s–2
forces d’attraction de Van der Waals
∆Pb
Unité
Définition
m·
s–1
vitesse superficielle du gaz
m·
s–1
vitesse minimale de bullage
–1
m·s
vitesse minimale de fluidisation
m · s–1
vitesse terminale de chute libre
des particules
m · s–1
vitesse terminale de chute libre des
agglomérats
Pa
perte de charge générée par le lit de
particules
accélération de la pesanteur
H
m
hauteur totale du lit fluidisé
ε
porosité du lit fixe
H0
m
hauteur totale de lit fixe
εa
porosité autour des agglomérats
dans les conditions de lit fluidisé
HA
J
constante de Hamaker
Hmf
m
hauteur totale du lit dans les conditions
minimales de fluidisation
M
kg
masse du lit de poudre
n
Rep,mf
J 4 101 – 2
porosité autour des agglomérats dans
les conditions de lit fixe
µ
ρa
indice de l’équation de Richardson et Zaki
(proche de 5 dans le cas d’une fluidisation
liquide-solide en régime laminaire)
ρb
nombre de Reynolds particulaire
dans les conditions minimales de
fluidisation
Pa · s
kg ·
masse volumique d’agglomérat
kg ·
m–3
masse volumique en vrac de la poudre
–3
ρg
kg · m
masse volumique du gaz
ρp
kg · m–3
masse volumique apparente
de particule
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WP
viscosité dynamique du gaz
m–3
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___________________________________________________________________________________________________________ FLUIDISATION GAZ-SOLIDE
1. Forces interparticulaires
1.1 Mise en évidence des forces
interparticulaires
Par définition, l’état de fluidisation est atteint lorsque la
force de traînée exercée par le gaz compense la force de pesanteur. Ainsi, il est facile d’imaginer qu’un lit fluidisé aura un
comportement différent si des forces de cohésion s’ajoutent
entre les particules.
R
Historiquement, de nombreuses recherches ont été menées pour
caractériser la fluidisation des particules de classe A. Selon Geldart
et al. [1], les poudres de ce groupe se caractérisent par des forces
interparticulaires inférieures aux forces hydrodynamiques présentes dans le lit fluidisé. En revanche, la fluidisation des particules de classe C a jusqu’à présent fait l’objet d’un nombre moins
important de publications. Les poudres de ce groupe sont caractérisées par des forces de cohésion supérieures aux forces
hydrodynamiques [1]. Ces forces interparticulaires empêchent le
gaz d’individualiser les particules et entraînent bien souvent des
phénomènes indésirables de pistonnage et de renardage
(figure 1) [3]. Ainsi, le comportement d’une poudre en lit fluidisé
est étroitement lié au rapport entre les forces interparticulaires et
les forces hydrodynamiques [2]. Plus un système particulaire est
cohésif et plus ce rapport est élevé.
a renardage
Figure 1 – Phénomènes de renardage et de pistonnage
pour des particules du groupe C de Geldart [3]
parfaitement sphériques. D’autres auteurs [8] [12] proposent une
approche plus réaliste en prenant en compte les rugosités de surface pour calculer les forces de Van der Waals Fvdw. Dans ce cas, la
figure 2 [8] montre que les forces interparticulaires Fvdw
compensent le poids des particules pour un diamètre proche de
100 µm (rayon de rugosité = 0,1 µm).
1.2 Nature des forces interparticulaires
Les forces d’interaction entre les particules solides peuvent être
de différentes natures et on retrouve principalement les trois
contributions suivantes [4] [5] [6] [7] [8] [9] :
1.2.2 Forces capillaires
À forte humidité (humidité relative > 65 %), la vapeur d’eau se
condense à la surface des particules générant ainsi des forces
capillaires. Elles provoquent la formation de ponts liquides entre
les particules voisines. La tension superficielle donne alors naissance à des forces attractives fortes [13]. Ces forces peuvent être
nettement plus grandes que le poids des particules et les forces de
Van der Waals (figure 2) [8].
– forces de Van der Waals ;
– forces capillaires ;
– forces électrostatiques.
1.2.1 Forces de Van der Waals
Les forces de Van der Waals proviennent de l’interaction entre
les moments dipolaires des atomes et des molécules constituant la
matière. Ces forces agissent uniquement pour des particules très
proches les unes des autres (distance de l’ordre de quelques
nanomètres) [10]. Elles peuvent être attractives ou répulsives et
sont les seules parmi les trois types de force cités précédemment à
être toujours présentes.
1.2.3 Forces électrostatiques
Les forces électrostatiques apparaissent lorsque des particules
se chargent soit par frottement, soit en présence d’air ionisé. Des
particules qui portent des charges de même signe se repoussent
ou sont attirées par les parois. Il a été montré qu’à faible distance,
les forces de Van der Waals sont grandes devant les interactions
électrostatiques. En effet, l’importance des forces électrostatiques
s’explique davantage par leur action à longue portée que par leur
intensité (figure 2) [8].
Selon la théorie de Hamaker [11], les forces d’attraction Fvdw (N)
entre deux particules sphériques peuvent s’exprimer :
(1)
avec HA
b pistonnage
(J) constante de Hamaker,
1.2.4 Récapitulatif
a
(m) distance séparant la surface des deux particules,
R1 , R2
(m) rayons des particules sphériques.
Quelle que soit la nature des forces prédominantes, leur intensité dépend largement de la distance, de la surface et du nombre
de points de contact entre les particules. Cette intensité augmente
donc avec l’état de consolidation ou la diminution de la porosité
interstitielle du système granulaire. Dans la suite de cet article,
nous traiterons plus spécifiquement le cas où les forces de Van der
Waals sont les forces prédominantes. Dans ce cas, le nombre de
Bond Bog est particulièrement pertinent pour caractériser le
niveau de cohésivité d’un solide divisé. Il est défini comme le
La figure 2 permet de comparer les forces de Van der Waals
Fvdw et les forces gravitationnelles (poids) en fonction du diamètre
des particules. Cependant, on constate que les forces d’attraction
Fvdw restent prépondérantes pour des tailles allant jusqu’à 1 mm.
Or, l’expérience montre que les forces interparticulaires
deviennent négligeables à un diamètre très largement inférieur.
Dans la théorie de Hamaker, les deux sphères considérées sont
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FLUIDISATION GAZ-SOLIDE ___________________________________________________________________________________________________________
2. Types de comportement
en fluidisation
10–4
Considérons 3 lots de particules appartenant respectivement aux
groupes A, B et C de la classification de Geldart (figure 3) [19].
lec
t
Å
rce
gra
vi
sé
0
4,
=
Fo
a
(Contact rugosité-plan)
Forces capillaires (Max)
10–7
En revanche, pour les particules de classe A (figure 3b ), il
existe des forces d’interaction, faibles à modérées, expliquant que
la vitesse minimale de fluidisation Umf soit inférieure à la vitesse
de bullage Umb . La perte de charge est toujours égale au poids du
lit mais on observe une forte expansion de la couche fluidisée
entre Umf et Umb . Une fois cette vitesse de bullage atteinte, on
observe une légère chute de l’expansion puis une nouvelle augmentation pour des vitesses supérieures. Selon Rietema [15] [16],
ce sont les forces interparticulaires qui, en s’opposant à la formation des bulles par création d’une structure lâche et stable, sont
responsables de la très forte expansion du lit.
For
ces
=
1,
65
Å
10–6
La figure 3a donne la variation de la perte de charge d’un lit de
poudre de classe B, c’est-à-dire d’un système non cohésif. La
courbe présente deux tronçons : une partie croissante jusqu’à la
vitesse minimale de fluidisation Umf , puis un palier où la perte de
charge est constante et égale au poids du lit par unité de section
droite. En suivant la hauteur du lit en fonction de la vitesse du gaz,
on constate que l’expansion reste nulle jusqu’à Umf , puis qu’elle
croît légèrement avec l’apparition des bulles. Les particules étant
de classe B, elles ne présentent pas de forces interparticulaires.
Cela explique que les bulles apparaissent dès que la vitesse minimale de fluidisation est atteinte (Umf = Umb ).
ros
t at
iqu
es
tatio
nne
lles
)
ls
re )
aa )
hè ax
e
W
p
r èr
-s (M
de sph
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è
n
r
ph lai
Va ère
t s pil
de sph
ac ca
s
t
e t
on es
rc tac
(c orc
Fo on
F
c
(
a
R
Force interparticulaire (N)
10–5
a = 1,65 Å
(Contact rugosité-plan)
Force de Van der Waals
10–8
Quand les forces interparticulaires deviennent très fortes
(classe C), le lit ne peut pas être fluidisé et le gaz suit des chemins
ou canaux préférentiels : on parle de renardage (figure 3c). La
perte de charge est nettement inférieure au poids du lit, l’expansion est faible voire nulle, le comportement du lit est irrégulier et
les données ne sont pas reproductibles.
a = 4,0 Å
1
10
100
1 000
Diamètre de particule (µm)
Hypothèses de calcul :
– milieu ambiant : air
– densité de particule : ρp = 3 000 kg/m3
Forces gravitationnelles :
poids de particule
Forces de Van der Waals : constante de Hamaker HA = 6,5 × 10–20 J
force entre deux sphères égales à distance a =1,65 Å et a = 4 Å
force pour un contact rugosité-plan à distance a = 1,65 Å et a = 4 Å
(rayon de rugosité de 0,1 µm)
Les forces de cohésion ont donc une influence très importante
sur le comportement en fluidisation d’une poudre [2]. En effet, de
nombreuses études ont confirmé la relation entre les forces interparticulaires et l’aptitude à la fluidisation. Plusieurs auteurs ont
adopté la même approche en transformant artificiellement des particules, pour lesquelles les forces de cohésion sont négligeables,
en particules cohésives. À titre d’exemple, il est possible d’augmenter les forces interparticulaires en enrobant les particules
d’une couche de liquide non volatil (forces capillaires) [17]. Ces
forces de cohésion peuvent également être augmentées en
magnétisant des particules en présence d’un champ
magnétique [18]. Ces études montrent que l’augmentation des
forces d’interaction conduit à une transition du groupe B au
groupe A et dans les cas extrêmes au groupe C.
Forces capillaires : tension superficielle γ = 72,8 × 10–3 N/m
force maximale entre deux sphères
force maximale pour un contact rugosité-plan (rayon
de rugosité de 0,1 µm)
Forces électrostatiques :
– permittivité relative : εr = 1
– permittivité du vide : ε = 8,9 × 10–12 F/m
– densité de charge = 10 µC/m2
force maximale entre deux sphères
3. Phénomène
d’agglomération et
sous-classes du groupe C
Figure 2 – Ordre de grandeur des forces interparticulaires
en fonction de la taille des particules [8]
Selon la classification de Geldart, les poudres du groupe C ne
sont pas fluidisables en raison de forces interparticulaires très élevées. Or, l’analyse de la littérature montre que la fluidisation des
poudres fines sous forme d’agglomérats (clusters) est parfois possible. En effet, l’agglomération des particules primaires en structures de taille plus importante permet de déplacer favorablement
le rapport entre les forces interparticulaires et hydrodynamiques.
Les agglomérats peuvent alors atteindre une taille de plusieurs
dizaines, voire plusieurs centaines de micromètres, et se comporter comme des particules du groupe A ou B. Ainsi, la vitesse
d’aération nécessaire à la formation et à la fluidisation de ces
rapport entre les forces de Van de Waals et les forces
gravitationnelles [13] [14] :
(2)
avec g
accélération de la pesanteur,
ρp
masse volumique apparente de particules,
dp
diamètre de particule.
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WR
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___________________________________________________________________________________________________________ FLUIDISATION GAZ-SOLIDE
∆Pb
∆Pb
∆Pb
U
U
FQ
1
U
FQ
1
U
U
H
H
Bullage
Hmf
R
FQ
H
U
Comportement irrégulier
Données non reproductibles
Bullage
Hmf
Expansion
U
Umf = Umb
Umf
a classe B
Umb
b classe A
Forces interparticulaires
Forces hydrodynamiques
FQ
U
U
qualité de fluidisation
= (∆Pb A)/(Mg)
vitesse superficielle du gaz
Umf vitesse minimale de fluidisation
Umb vitesse minimale de bullage
H
hauteur du lit
U
c classe C
→
Hmf hauteur du lit à la vitesse minimale de fluidisation
∆Pb perte de charge générée par le lit
A
M
g
section droite de la colonne
masse du lit
accélération de la pesanteur
Figure 3 – Courbes caractéristiques de perte de charge et d’expansion pour des partiucles de classe B, A et C [19]
sont alors trop faibles pour permettre la formation d’agglomérats
fluidisables mais trop élevées pour permettre la fluidisation des
particules individuelles. Ce comportement est généralement
observé pour des particules de plusieurs micromètres à quelques
dizaines de micromètres ;
– dans l’autre cas, les chemins préférentiels ou les pistons sont
formés à partir des agglomérats. Les forces de cohésion entre les
agglomérats sont trop importantes et empêchent leur mise en fluidisation. Ce comportement est généralement observé pour des
particules primaires inférieures à 1 micromètre. L’expérience
montre que ces chemins préférentiels et pistons peuvent être
détruits par une force extérieure (agitation, vibration...), ce qui
autorise alors la fluidisation de ces poudres (§ 6).
agglomérats est très largement supérieure à la vitesse minimale
de fluidisation des particules individuelles obtenue par les corrélations classiques [J 4 100].
Dans la littérature [20], ce phénomène est parfois qualifié de
« fluidisation par agglomération » (agglomerating fluidization). Par
conséquent, les poudres du groupe C peuvent être réparties en
trois sous-classes qui sont détaillées dans les paragraphes qui
suivent [14] :
– fluidisation impossible ;
– fluidisation particulaire d’agglomérats (APF) ;
– fluidisation bouillonnante d’agglomérats (ABF).
3.1 Fluidisation impossible
3.2 Fluidisation par agglomération
La première sous-classe correspond aux poudres qui ne peuvent
jamais être fluidisées. Pour ces poudres, des phénomènes indésirables de pistonnage et de renardage sont généralement observés
(figure 1). Il est possible de distinguer deux cas [21] [22] :
– dans le premier cas, les chemins préférentiels sont directement
formés à partir des particules primaires. Les forces de cohésion
En 1985, Chaouki et al. [29] ont mis en évidence une auto-agglomération des particules (aussi appelée self-agglomeration ou clustering) lors de la fluidisation d’un lit d’aérogels. Ce travail montre
que le système particulaire étudié peut être fluidisé de façon
homogène et uniforme pour de grandes vitesses de gaz et qu’il
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WT
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jTQRP
Lits fluidisés circulants
par
Khalil SHAKOURZADEH
Docteur d’État ès sciences physiques
Enseignant-chercheur au Département de génie des procédés industriels de l’université
de technologie de Compiègne
1.
Définition des régimes...................................................................
2.
Avantages des LFC sur les lits fluidisés bouillonnants ...........
—
3
3.
Travaux de recherche .....................................................................
—
3
4.
4.1
4.2
Applications industrielles des lits fluidisés circulants ...........
Centrales thermiques .........................................................................
Procédé FCC........................................................................................
—
—
—
4
4
4
5.
5.1
5.2
5.3
5.4
5.5
5.6
Différentes composantes d’un LFC .............................................
Grille de fluidisation...........................................................................
Élévateur .............................................................................................
Cyclone chargé ...................................................................................
Jambe de retour .................................................................................
Vannes non mécaniques et diagramme de pressions ......................
Lits bouillonnants externes................................................................
—
—
—
—
—
—
—
5
5
6
6
7
7
9
6.
6.1
6.2
Taux de recirculation et bilan de population ............................
Taux de recirculation ..........................................................................
Bilans de population et répartitions granulométriques ....................
—
—
—
9
9
9
7.
7.1
7.2
7.3
Modèles d’écoulements .................................................................
Modèle de Wirth .................................................................................
Modèle de Horio et al. .......................................................................
Modèle de Berruti et al. ....................................................................
—
—
—
—
10
11
12
13
8.
Transfert de chaleur .......................................................................
—
14
9.
9.1
9.2
Aspect réactionnel .........................................................................
Aspect réactionnel du procédé FCC...................................................
Aspect réactionnel du procédé de combustion de charbon .............
—
—
—
16
16
16
10. Conclusion........................................................................................
—
16
Notations et symboles ...........................................................................
—
17
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPPY@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPQU
Pour en savoir plus..................................................................................
J 4 120 – 2
Doc. J 4 120
es procédés utilisant la technique de la fluidisation rapide des particules ont
connu un véritable succès grâce à deux applications majeures : les réactions
catalytiques [procédé FCC (Fluid Catalytic Cracking)] en particulier et la combustion du charbon. Dans les deux cas, la faible perte de charge des lits fluidisés
(comparée à celle des lits fixes) et la possibilité de remplacement permanent de
la phase solide ont été les deux facteurs décisifs du choix de ce type de dispositif. Ces applications ont été aussi développées dans le régime de fluidisation
« bouillonnante » dont un descriptif relativement détaillé est donné dans l’article [J 3 390].
Dans cet exposé, nous allons nous intéresser plus précisément à l’aspect de la
fluidisation à forte vitesse où, contrairement à la fluidisation bouillonnante, la
phase gazeuse devient continue et des paquets de particules forment la phase
dispersée. Comme nous allons le voir dans le premier paragraphe, ce phénomène se produit quand on dépasse la vitesse terminale de chute libre des particules (Ut). Dans ces conditions, les particules entraı̂nées quittent le lit fluidisé
L
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est strictement interdite. – © Editions T.I.
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LITS FLUIDISÉS CIRCULANTS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
avec le courant gazeux. Pour maintenir la concentration du solide dans le lit
fluidisé, les particules sont récupérées dans des dispositifs annexes et réintroduites à la base du lit. Ainsi, un nouveau régime de fluidisation s’établit.
On appelle ce régime le lit transporté et le système composé du lit et du dispositif de recirculation est appelé couramment le lit fluidisé circulant ou LFC.
vitesse opératoire adimensionnée. La figure 2 montre le diagramme
modifié de Reh et les deux zones (plutôt en haut et à gauche du diagramme) associées aux régimes de transport. La distinction des régimes « lits transportés » et « lits circulants » vient plutôt des applications industrielles utilisant le régime du transport. En effet, les
procédés avec un fort rapport débit solide/ débit gaz (en général,
avec un système de recirculation direct tel qu’un cyclone chargé)
sont évoqués sous le label « lits circulants ». Par opposition, ceux
avec un fort débit gazeux et un plutôt faible débit de solide (souvent
utilisant un système de recirculation indirect tel qu’une trémie équipée d’une vanne non mécanique) sont souvent appelé les « lits
transportés ». Nous reviendrons sur ces détails plus loin.
1. Définition des régimes
Bien que le passage du régime de bullage au régime des lits transportés dépende essentiellement de la vitesse de fluidisation
(figure 1), ce passage n’est que progressif. En effet, en pratique, il
n’existe pas une vitesse de fluidisation précise (telle que la vitesse
terminale de chute libre des particules) à partir de laquelle le régime
changerait brutalement. Au fur et à mesure que la vitesse de fluidisation augmente, la taille et le nombre des bulles croissent progressivement et l’agitation de la suspension devient de plus en plus importante. À des vitesses relativement importantes (avant que l’on
atteigne Ut), la forme des bulles devient irrégulière et le système se
trouve dans un régime intermédiaire appelé fluidisation turbulente.
Exemple : les centrales thermiques utilisent la technologie des
« lits circulants » (régimes modérés avec une vitesse de fluidisation
de quelques mètres par seconde) alors que le procédé FCC exploitant des vitesses de fluidisation allant jusqu’à 15 m/s pour un solide
fin et léger (le catalyseur FCC) fonctionne en régime des « lits
transportés ».
Le véritable régime des lits transportés se trouve nettement audelà de la vitesse terminale de chute libre des particules pour la
majeure partie des procédés utilisant ce régime. Par ailleurs, il faut
noter que toutes les particules ne sont pas d’une même taille. Cela
veut dire qu’il n’existe pas une seule vitesse terminale de chute
libre pour un système donné. Ainsi, si la distribution granulométrique des particules est très large, il arrive que la vitesse de fluidisation reste insuffisante pour l’envol de certaines grosses particules. Dans ce cas, il est souvent nécessaire de procéder à un
soutirage régulier du fond du lit pour évacuer les particules
rebelles.
Particules groupes A et B Particules groupe D
ρf2
g µ (ρs -- ρf)
1
3
Vitesse terminale
des particules (Ut)
10
U* = U
Vitesse réduite U *
Particules groupe C
Une meilleure présentation des régimes de fluidisation a été initialement proposée par Reh et, par la suite, modifiée par Grace et al.
[1]. Dans cette approche, les régimes de fluidisation sont classés
selon deux paramètres adimensionnés dp* et U*. Le premier représente la taille moyenne adimensionnée des particules et le second la
1
Fraction volumique du solide dans le lit
R
Lits
transportés
Lits
circulants
Lits
mobiles
Lits fluidisés
bouillonnants
1 -- ε
Fluidisation
des grosses
particules
10-1
Lits fixes
1 -- ε mf
10-2
Minimum de fluidisation
1
Vitesse de fluidisation
10
102
Diamètre réduit des particules dp*
Au fur et à mesure que la vitesse de fluidisation augmente, le lit devient
de moins en moins dense.
dp* = dp
Figure 1 – Passage du régime bouillonnant au régime des lits
transportés
J 4 120 – 2
Figure 2 – Diagramme modifié de Reh [1]
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g (ρs -- ρf )
µ
2
1
3
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– LITS FLUIDISÉS CIRCULANTS
Par ailleurs, il convient de noter que ce type d’application ne
convient pas à l’emploi des particules fragiles ou très érosives. En
effet, la vitesse relativement importante à laquelle circulent les particules solides peut engendrer le frittage, voire la cassure, des particules pour le premier cas et de sérieux problèmes d’érosion des
pièces pour le second.
Dans la suite de cet exposé, afin d’éviter une distinction parfois
arbitraire, nous utiliserons le terme « lit fluidisé circulant » (LFC)
pour tous les régimes permettant le transport et la recirculation de
la phase solide. Des précisions seront données à chaque fois qu’il
convient de distinguer ces deux catégories.
2. Avantages des LFC
sur les lits fluidisés
bouillonnants
3. Travaux de recherche
Comme nous l’avons dit dans le paragraphe précédent, la technique de fluidisation en régime transporté et circulant est encore
en plein développement. Il suffit de voir la liste de publications, de
congrès et de « workshops » de ces dernières années (cf. [Doc
J 4 120]) pour se rendre compte de l’intérêt que suscite cette technique aussi bien auprès des industriels que du côté de la recherche
universitaire. Pourtant, certains procédés tels que le craquage catalytique du pétrole (FCC) et la combustion du charbon (centrales
thermiques en LFC) sont devenus des classiques. Toutefois, étant
donné les enjeux importants de ces procédés dont nous discuterons plus loin, les LFC continuent à intéresser. De plus, certains
d’autres procédés employant la technique de fluidisation dense
(bouillonnante) inspirent à juste raison à une évolution vers les
LFC. Cela rend encore plus attractives la recherche de la compréhension des phénomènes régissant la structure de l’écoulement
des LFC et l’étude des problèmes liés aux dispositifs annexes tels
que les cyclones chargés, les jambes de retour et les dispositifs de
réintroduction du solide (vannes non mécaniques, siphons, etc.).
Le fonctionnement en régime circulant est une suite logique de
la tendance industrielle des dernières décennies. Cette tendance
se résume dans l’idée de mettre en contact un maximum de gaz
avec le solide. Ainsi, en introduisant de plus en plus de gaz dans
les lits fluidisés bouillonnants de la première génération, il a fallu
trouver le moyen de récupérer les particules envolées et de les
remettre dans le lit fluidisé. Or, il se trouve que les techniques classiques de récupération des particules (les cyclones standards en
majeure partie) sont vite dépassées par l’ampleur du phénomène
d’entraı̂nement à forte vitesse de gaz. Il en est de même pour les
dispositifs de retour de solide, de simples jambes de retour plongeant dans la suspension (cf. article [J 3 390]) [2] dont le fonctionnement est fortement perturbé à fortes vitesses de gaz. Ces limitations ont obligé les industriels à revoir la conception des systèmes
classiques et les ont conduits vers les configurations actuelles des
systèmes à recirculation.
Étant donné le nombre important de publications dans ce
domaine, nous allons juste nous intéresser aux travaux les plus
récents et les plus significatifs de ces dernières années. Cet exposé
bibliographique a pour objectif une analyse des thèmes qui ont
suscité le plus d’intérêt auprès des chercheurs. Certains de ces travaux vont faire l’objet d’une discussion détaillée dans les paragraphes suivants, en fonction des sujets abordés.
Ainsi, le premier avantage des LFC sur les bouillonnants conventionnels est la possibilité d’emploi d’un débit de gaz beaucoup plus
important. Le second avantage est la disparition des bulles et des
limitations liées au phénomène de transfert bulle/ suspension. En
effet, comme nous allons le voir dans les paragraphes suivants, la
structure de l’écoulement gaz/ solide (du point de vue mécanistique) est telle que le contact des particules avec la phase gazeuse
est presque parfait. Mis à part quelques problèmes mineurs de
rétromélangeage dans certaines conditions opératoires, on peut
pratiquement parler d’un écoulement piston dans la partie ascendante du lit (on appelle cette partie « l’élévateur » ou on la désigne
par son équivalent en anglais « riser »). Il est à noter que la phase
solide dans un lit fluidisé bouillonnant (LFB) est en général parfaitement mélangée. Les procédés en LFB nécessitant un temps de
séjour plus ou moins précis des particules (i.e. le séchage) sont
contraints à employer des lits de faible hauteur et de grande longueur pour obtenir un mouvement relativement régulier des particules. On peut aussi noter une perte de charge relativement faible
et une conception de la grille de fluidisation plus simple. En effet,
les tuyères employées au niveau de la grille possèdent en général
un seul trou vertical car aucun problème de « perçage » du lit n’est
à craindre [2].
On peut diviser les travaux de recherche en ce domaine en trois
catégories majeures :
– études du phénomène de l’écoulement dans les LFC en général
et dans l’élévateur (le lit ascendant) en particulier ;
– études de comportement, d’efficacité et de faisabilité des dispositifs annexes (plus particulièrement les cyclones chargés et les
vannes non mécaniques permettant d’équilibrer la pression du système LFC ;
– étude de l’aspect thermique et calcul du coefficient d’échange
de chaleur entre la suspension gaz/ solide et les tubes échangeurs
disposés sur la paroi de certains types d’installations (en particulier
les LFC des centrales thermiques).
Il y a bien sûr un certain nombre d’autres sujets qui n’entrent pas
forcément dans l’une de ces catégories, mais qui sont pratiquement toujours en rapport avec l’une d’elles. Par exemple, l’étude
de la distribution des temps de séjour des particules dans les LFC
est un thème récurrent (et intéressant) qu’il convient de classer
dans la première catégorie. Par ailleurs, il existe un certain nombre
d’autres sujets de recherche en rapport avec les procédés
employant la technique des LFC que nous n’aborderons pas ici
pour ne pas alourdir la discussion.
En contrepartie, la hauteur des LFC est en général nettement plus
grande que celle des lits bouillonnants denses. Cela est dû au
besoin d’un certain temps de contact entre les deux phases (tout
au plus quelques secondes lors d’une montée). Ainsi la hauteur
des risers pétroliers du procédé FCC varie entre 30 et 50 m pour
un diamètre intérieur de moins d’un mètre. Les LFC des centrales
thermiques, qui possèdent une largeur nettement plus grande
(une, voire plusieurs dizaines de mètres), atteignent aussi une hauteur de plus 30 m. Bien sûr, si l’on juge ces dimensions impressionnantes par rapport aux débits traités, on constate que ces installations sont encore très avantageuses. De plus, avec l’arrivée de
nouveaux matériaux, il devient possible d’opérer à des pressions
de plus en plus importantes où le volume gazeux diminue alors
que sa densité augmente, et donc de mettre en contact encore
plus de gaz avec le solide dans des dimensions plus petites que
celles des LFC atmosphériques.
L’étude du phénomène de l’écoulement dans les LFC est le thème
le plus étudié de ce domaine. Il convient de noter que certaines
équipes de recherche se sont plus particulièrement intéressées
aux régimes de grandes vitesses de fluidisation (visant les régimes
proches de celui du procédé FCC). C’est, par exemple, le cas des
travaux de Berruti et al. [3] [4], Chaouki et al. [5] , Van Swaaij et
al. [6] et Grace et al. [7] qui ont cherché à établir des modèles
hydrodynamiques globaux permettant de prédire la structure de
l’écoulement des phases solide et gazeuse dans les LFC.
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LITS FLUIDISÉS CIRCULANTS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
– l’absorption de CO2 ;
– le grillage des minerais ;
– la calcination à hautes températures.
Préchauffeur primaire
Gaz usé
La figure 3 montre le procédé de calcination d’alumine récemment commercialisé avec succès par la société Outotech (ex
Lurgi). On peut dire d’une manière générale que le concept de
base des LFC est le même pour toutes ces applications (à quelques
détails près). C’est pourquoi nous allons nous intéresser plus particulièrement aux deux procédés phares des applications LFC, à
savoir le craquage catalytique du pétrole (application catalytique)
et la combustion du charbon (réaction gaz/ solide).
TC
Préchauffeur
secondaire
TC
Hydrate
R
4.1 Centrales thermiques
La combustion de charbon en LFC a connu un succès croissant
durant ces dernières années. La raison d’un tel succès est essentiellement basée sur une excellente efficacité en combustion et le respect de l’environnement. En comparaison avec la technique
conventionnelle de charbon pulvérisé, les installations à LFC sont
nettement plus avantageuses économiquement et plus souples
d’utilisation. Actuellement, les centrales thermiques à LFC peuvent
produire jusqu’à 300 MW. Certaines centrales récemment construites projettent même d’aller à plus de 350 MW par unité. Les autres
avantages des LFC de combustion sont :
Alumine
Eau
Calcinateur
à lit circulant
Fuel
Air
Figure 3 – Schéma simplifié du procédé de calcination d’alumine
d’Outokumpu (d’après document Lurgi)
D’autres équipes se sont intéressées aux régimes modérés des
LFC (2 à 8 m/s), beaucoup plus proches des conditions de fonctionnement des centrales thermiques. Horio et al. [8] [9] ont effectué
une série des travaux aboutissant à un modèle hydrodynamique
semi-empirique. Werther et al. ont aussi proposé un modèle hydrodynamique en deux dimensions [10]. On peut encore citer les travaux de Leckner [11], ceux de Hjertager et Arastoopour [12] ou
encore ceux de Rhodes [13] qui ont contribué à la compréhension
des phénomènes régissant l’écoulement gaz/ solide des LFC. On
notera plus particulièrement les travaux de Wirth [14] qui a proposé
un modèle original, complètement basé sur des équations de
bilans mécanistiques, n’employant aucune corrélation. Quelques
autres équipes ont étudié l’influence de certaines configurations
particulières des LFC des centrales thermiques telles que l’influence
de l’injection de l’air secondaire (air injecté à une certaine hauteur
du lit) sur la structure de l’écoulement gaz/ solide. Parmi ces travaux, on peut nommer ceux de Shakourzadeh et al. [15] et Parks
et al. [16] . Il y a encore beaucoup d’autres travaux, tellement nombreux qu’il serait fastidieux de vouloir en faire une liste exhaustive.
Cela montre au moins l’intérêt que les chercheurs (motivés par une
demande industrielle de plus en plus forte) ont trouvé dans ce
vaste domaine.
– la possibilité d’utilisation de divers carburants (charbon, fuel,
terres contaminées) ;
– la possibilité d’opérer à grande vitesse d’air ;
– le contrôle efficace de la température par injection d’air
secondaire ;
– la réduction des NOx ;
– l’élimination des composants toxiques tels que le SO2 par captage sur calcaire.
La figure 4 montre le schéma simplifié du procédé Alstom. Deux
centrales thermiques de ce type ont été construites en France : la
première à Carling d’une puissance de 125 MW, la seconde près
d’Aix-en-Provence (nommé Provence-4) d’une capacité de 250 MW.
Bien que la configuration et les dimensions des LFC peuvent changer d’un constructeur à l’autre, le principe de base est pratiquement toujours le même. Le LFC est composé de quatre principaux
éléments : le lit, le cyclone, le siphon et les échangeurs de chaleur.
Le lit fluidisé comporte deux (voire trois) entrées d’air, une à la
base et une autre à une certaine hauteur. Cela permet de contrôler
la vitesse de combustion dans le foyer inférieur (qui est plus dense)
et d’obtenir une température plus homogène le long du lit. Des
tubes échangeurs (avec des ailettes soudées les unes aux autres)
sont placés sur pratiquement toute la hauteur du foyer supérieur
où la majeure partie de la chaleur est extraite. Le procédé Alstom
possède deux autres récupérateurs de chaleur en lits fluidisés denses. L’un se trouve au niveau du soutirage des cendres et des particules lourdes, l’autre fonctionne sur un bipasse du courant principal du siphon. En jouant sur le débit de ce bipasse, on peut réguler
la température de la boucle. Une dernière récupération de chaleur
se trouve juste après la sortie des cyclones et avant le filtrage et le
rejet des fumées.
Concernant les dispositifs annexes, il convient au moins de citer
les travaux de Muschelknautz et al. [17] [18] qui ont permis d’adapter les modèles développés pour les cyclones peu chargés au cas
des cyclones très chargés utilisés couramment avec les LFC. Nous
reviendrons sur ce point et certains des travaux cités ci-dessus
dans les paragraphes suivants.
4. Applications industrielles
des lits fluidisés circulants
4.2 Procédé FCC
Le craquage catalytique du pétrole (Fluid Catalytic Cracking, avec
l’abréviation FCC) est l’un des procédés qui a trouvé son essor dans
la récente crise pétrolière. Ce procédé permet la transformation des
coupes lourdes du pétrole en coupes légères (essence). La réaction
de craquage thermique se fait au contact du catalyseur chaud vers
550 C suivant le mécanisme (parallèle) ci-dessous :
Les deux applications majeures des LFC sont la combustion du
charbon et le craquage catalytique du pétrole. Cependant, même
si ces deux procédés dominent par leur importance le domaine
des applications LFC, il ne faut pas négliger un certain nombre
d’autres applications très en vogue. Parmi les autres procédés
exploitant actuellement la technique des lits circulants, on peut
nommer :
– la gazéification du bois et du charbon ;
– l’incinération des déchets industriels ;
J 4 120 – 4
Aðpétrole lourdÞ Æ BðessenceÞ Æ CðgazÞ
(1)
Aðpétrole lourdÞ Æ Dðcoke thermiqueÞ
(2)
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