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CORAFUEMOA

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UEMOA
CORAF et
Rendent les filières coton,
maïs, bétail-viande, aviculture
et aquaculture
plus compétitives
Mars 2020
PREFACE
D
ans le cadre de la mise en œuvre de la Politique
Agricole de l’Union (PAU), nous nous sommes
engagés à réduire la pauvreté en milieu rural à
travers la promotion d’une agriculture performante et
durable. Pour ce faire, nous avons pensé que la recherche
agricole devrait être au-devant de la scène car pourvoyeuse de connaissances, de technologies et d’innovations à même d’améliorer considérablement les conditions
de vie de nos populations.
Concernant la filière coton, la valorisation de la tige du cotonnier constitue une avancée majeure, avec la fabrication
de contre-plaqué à base de tiges de cotonnier. Désormais,
les producteurs de coton pourront vendre, en plus de leur
coton graine, les tiges de cotonnier et avoir des revenus
additionnels pouvant les aider à sortir de la pauvreté.
Cette technologie a surtout le mérite de permettre de lutter efficacement contre la déforestation avec l’utilisation
d’une biomasse annuelle pour fabriquer des meubles.
Nous avons sollicité l’accompagnement du Conseil Ouest
et Centre Africain pour la Recherche et le Développement
Agricoles (CORAF) dont l’expérience dans ce domaine est
d’une très grande notoriété. A titre d’exemple, on peut citer le Programme de Productivité en Afrique de l’Ouest
(PPAAO) dont la mise en œuvre a connu un franc succès.
Enfin, les connaissances acquises sur les ressources génétiques animales et aquacoles à travers ce programme
collaboratif vont permettre à tous les acteurs de gérer et
de conserver, comme il se doit, leurs ressources zoo génétiques.
Nous avons donc décidé ensemble, de renforcer l’accord
de coopération qui lie le CORAF et la Commission de
l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) depuis 2006, par la signature d’une convention d’un
montant de un milliard cinq cent millions (1 500 000 000)
de francs CFA pour la mise en œuvre d’un programme collaboratif qui cadre avec les objectifs de la Politique Agricole de l’Union et ceux du plan opérationnel 2014-2018 du
CORAF.
Cet appui financier accordé aux Systèmes Nationaux de
Recherches Agricoles (SNRA) des Etats membres de l’UEMOA constitue un soutien au processus d’intégration
régionale. L’objectif poursuivi à travers cet appui est de
contribuer d’une part, à la modernisation de l’agriculture,
à l’amélioration de la productivité et de la compétitivité
de cinq (05) filières agricoles stratégiques pour la sécurité alimentaire à savoir le maïs, le coton, le bétail-viande,
l’aviculture et l’aquaculture et, d’autre part, à améliorer le
niveau de vie des producteurs de l’Union.
Il me plait ainsi de préfacer cette publication qui met en
relief les importantes réalisations qui ont contribué à
l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de
ces filières agricoles prioritaires dans les Etats membres
de l’UEMOA et, conséquemment, à leur meilleure intégration dans la chaine des valeurs régionale et mondiale.
Certains acquis méritent d’être soulignés, en raison de
leur impact sur la vie des producteurs. Ainsi, le modèle
de financement promu au niveau de la filière maïs et qui
a suscité un grand engouement auprès des institutions de
financement, a permis de renforcer la confiance entre ces
deux acteurs majeurs.
Pour nous, ces résultats répondent de manière significative
aux attentes qui étaient les nôtres lorsque nous signions
cette convention avec le CORAF, en 2014, en collaboration
avec l’ensemble des Systèmes Nationaux de Recherches
Agricoles (SNRA) des Etats membres de notre Union.
Qu’il me soit donc permis de remercier l’ensemble des
parties prenantes à cette Convention pour ces résultats
suffisamment éloquents et qui justifient une fois de plus, la
nécessité d’une synergie d’actions avec les partenaires au
développement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté
et la création d’emplois dans notre sous-région.
Monsieur Abdallah BOUREIMA
Président de la Commission de l’UEMOA
Pourquoi une
convention entre le
CORAF et
l’UEMOA
A
la suite de l’accord de coopération signé en 2006
entre le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) et
la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), des priorités de recherche agricole ont
été identifiées et définies dans la zone UEMOA.
8546
5484
bénéficiaires
directs
étudiants
en licences, master et
Ph.D soutenus
15
Ce programme régional d’appui à la recherche agricole, est
financé par la Commission de l’UEMOA eu égard au rôle
stratégique du secteur agricole dans l’économie des Etats
membres à travers l’alimentation des populations, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté en milieu rural,
la promotion d’une agriculture durable et l’atteinte des objectifs de la PAU.
%
36
%
plateformes
d’innovation
mises en place et fonctionnelles dans les 08 pays de
l’UEMOA avec
%
23
personnes ont
été renforcées
sur des thématiques spécifiques aux trois projets
25
23
5 583 personnes impliquées
Sur cette base, les deux institutions ont procédé à la signature d’une convention d’un montant de 1 500 000 000 de
francs CFA pour la mise en œuvre d’un programme collaboratif qui cadre avec les objectifs de la Politique Agricole de
l’Union (PAU) et avec ceux du deuxième Plan Opérationnel
(2014-2018) du CORAF.
27
%
La finalité de la Convention est d’assurer une production
soutenue et un approvisionnement constant et abondant du
marché de l’Union en produits agricoles de qualité. L’appui
financier aux Systèmes Nationaux de Recherches Agricoles
(SNRA) des Etats membres constitue alors un important
soutien au processus d’intégration régionale.
A travers cet appui, il est esperé de contribuer à la modernisation de l’agriculture, à l’amélioration de la productivité
et de la compétitivité de cinq filières agricoles stratégiques
de l’Union, à savoir le maïs, le coton, le bétail-viande, l’aviculture et l’aquaculture, en vue d’assurer la sécurité alimentaire et d’améliorer le niveau de vie des producteurs.
Sur cette base, le Programme a été structuré en trois grandes
Composantes à savoir :
1.
Amélioration des performances et de la compétitivité de la
filière coton;
2.
Amélioration des performances et de la compétitivité des
filières bétail-viande, aviculture et aquaculture et;
3.
Amélioration des performances et de la compétitivité de la
filière maîs.
VATICOPP
VALORISATION DES TIGES DE COTONNIER
POUR LA FABRICATION DES PANNEAUX À PARTICULES
CORAF & UEMOA
OBJECTIF
SPÉCIFIQUE
Les tiges de cotonniers sont
valorisées dans la fabrication de
panneaux de particules au Bénin,
au Mali et au Togo.
RÉALISATIONS
CLÉS
2788
bénéficiaires directs du projet
17
%
Une technologie de fabrication de panneaux de particules à base de tiges de cotonnier est
développée avec 09 combinaisons utilisant soit 100% de tiges de cotonnier, soit 100% de
sciure de bois et soit 50% tiges de cotonnier et 50% de sciure de bois pour les dimensions de
9mm, 12mm et 18mm.
03
03
unités de
fabrications
de PP à base de TC fonctionnelles dans les
trois pays
Plateformes
d’innovation
multi acteurs fonctionnelles
Une fiche
technicoéconomique de
la fabrication de
PP à base de TC
développée
07
02
articles
de meubles
(tables, chaises, tabourets, guéridons,
portes, étagères, armoires) fabriqués à partir
des PP à base de TC dans les 03 pays
articles
scientifiques
publiés dans les revues scientifiques
2332
producteurs de coton,
équipementiers
artisans, et chercheurs dont 19% de femmes formés sur
des thématiques spécifiques à l’utilisation de la technologie de
fabrication de PP à base de TC
Faire de la valorisation
des tiges de cotonnier un
business rentable
Success
STORIES
D
ans presque tous les pays producteurs de coton d’Afrique de
l’Ouest, les tiges du cotonnier
sont plutôt considérées comme des résidus bons à rien. Le plus souvent, elles
sont brûlées après la récolte. Seule une
petite partie est utilisée pour la fertilisation organique, l’alimentation du bétail
et comme bois de chauffage pour les ménages ruraux.
Mais cette réalité pourrait bientôt changer en Afrique de l’Ouest. Une technologie utile destinée à créer de la valeur
ajoutée et à transformer près de 1,6 million de tonnes de tiges de cotonnier produites après la récolte au Bénin, au Mali
et au Togo, a été testée concluante par
des experts de l’Union.
Trois unités de fabrication de PP à base
de TC acquises en Inde dans le cadre
du projet VATICOPP (Valorisation
des tiges de cotonnier pour la fabrication des panneaux à particules), initié
par l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA) et géré par le
CORAF, ont été installées au Bénin, au
mali t au Togo.
Prévues pour fonctionner initialement
en tant que projet pilote, ces unités seront utilisées pour transformer une partie des tiges de cotonnier en panneaux
de particules, offrant ainsi, une source
de revenus supplémentaire pour les petits producteurs de la région.
Les panneaux de particules sont un substitut fiable du contreplaqué et peuvent être
utilisés comme carreaux de sol ou de faux
plafonds, articles de meubles, panneaux
muraux. Non seulement ils s’intègrent
bien dans les bâtiments scolaires, les hô-
tels, les maisons commerciales et
résidentielles, mais les experts affirment que leur transformation est
également bénéfique pour l’environnement en ce sens qu’ils réduisent la pollution résultant de
l’incinération des tiges et limitent
la pression exercée sur la forêt
pour la fabrication de meubles.
Des experts du Bénin, du Mali et du
Togo, formés lors de l’installation
de l’unité de Parakou, devraient
dupliquer l’installation des unités
de production similaires dans leurs
pays respectifs.
L’objectif à long terme est d’améliorer les moyens de subsistance
des populations rurales, en augmentant leurs revenus, en créant
des emplois et en stimulant une
croissance économique durable de
la filière coton.
« Nous espérons installer, tester et
communiquer les avantages de ces
unités de transformation à la population du Mali, car elles ont un
potentiel immense pour réduire
les disparités de revenus », a déclaré le Dr Amadou Ali YATTARA, un
expert du coton du Mali.
La diffusion massive de cette technologie sera essentielle pour renforcer l’impact de cette innovation
dans les communautés cotonnières
d’Afrique de l’Ouest.
Conformément à l‘approche de
diffusion technologique du CORAF, les connaissances pertinentes
sur ces unités de transformation
doivent être partagées au sein des
plateformes d’innovation.
« Je pense que c’est une bonne
initiative qui contribuera non seulement à réduire la pauvreté et à
augmenter les revenus des populations concernées, mais qui pourra
également s’étendre à tout le Bénin
», a expliqué M. Emile ADIMOU,
Président des plateformes d’innovation du Bénin.
« Il y a sans aucun doute des
avantages pour les femmes et les
jeunes, mais je crains que certaines
machines ne se retrouvent dans
des entrepôts ou abandonnées à
la rouille » a ajouté M. ADIMOU
avant de plaider pour un bon usage
de ces équipements.
En effet, pour les communautés
ayant des revenus relativement
faibles, l’acquisition et l’utilisation
de ces machines peuvent poser des
difficultés substantielles. Comme
avec d’autres technologies introduites dans la région, sans la participation d’entreprises privées,
ayant de meilleures capacités d’investissement, l’adoption massive
de ces unités peut s’avérer difficile.
« Nous espérons voir les entre-
prises cotonnières investir dans
cette activité. Pourquoi ne pas installer les unités de transformation
autour des sociétés cotonnières
pour augmenter les revenus des
producteurs dans les communautés productrices de coton », a demandé pour sa part le Dr YATTARA du Mali.
Valeur des tiges de cotonnier
Dans la filière coton, les possibilités de générer des revenus et les
options de réduction de la pauvreté sont énormes pour près de
10 millions de producteurs des
communautés rurales impliquées
dans cette culture au Mali, en Côte
d’Ivoire, au Bénin et au Togo.
Avec une technologie adéquate,
plutôt que de laisser pourrir les
tiges de cotonnier, elles peuvent
également être transformées en
panneaux de particules rentables
sur le plan économique.
« C’est une opportunité pour nous
de prouver qu’il y a une valeur
ajoutée pour les tiges de cotonnier.
Que nous puissions tirer beaucoup
de ces résidus pour augmenter les
revenus et créer des matériaux
pour le secteur du bâtiment « , explique le chercheur togolais, Gnofame NAMBOU.
Tiges de cotonnier, l’autre manne
financière issue de l’or blanc
Success
STORIES
E
mile ADIMOU, était tout fier
d’exposer ses nouveaux articles
issus de son atelier. Implanté à
Parakou au nord du Bénin, il est l’un des
premiers artisans menuisiers locaux à
utiliser de nouveaux matériaux pour la
fabrication de meubles.
‘’Actuellement, nous avons déjà réalisé
des tabourets, des guéridons, des tables
de nuits, des portes’’ explique M. ADIMOU qui précise avoir ’’en projet de réaliser des armoires, des bureaux’’.
ADIMOU, est par ailleurs le Président de
la Plateforme d’Innovation du projet de
Valorisation des Tiges du cotonnier en
Panneaux de Particules (VATICOPP),
un projet régional géré par l’Institut National des Recherches Agricoles du Bé-
nin (INRAB) et financé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA) à travers le CORAF.
La transformation des tiges du cotonnier en panneaux de particules est une
technologie déjà utilisée ailleurs notamment aux Etats Unis et en Inde. Depuis
2018, cette technologie est en cours d’expérimentation au Bénin, au Togo et au
Mali avec des résultats concluants, grâce
au projet VATICOPP.
Les centres d’expérimentation de l’unité
pilote dans les trois pays ont pu produire
différents types de panneaux de 9 mm,
de 12 mm et 18 mm de dimension qui ont
permis de réaliser des meubles.
‘’À partir des tiges de cotonnier, on
peut tout faire : des portes, des
chaises, des meubles. Tout ce
que nous utilisons dans nos maisons peut être réalisé à partir des
panneaux de particules issus des
tiges du cotonnier. Donc on peut
donner une autre valeur aux tiges
de cotonnier’’ se réjouit Dr Bassarou AYEVA, Coordonnateur du
projet VATICOPP au Togo et par
ailleurs Chef du programme Coton de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique.
‘’On peut encore gagner davantage en vendant des tiges de cotonnier. Il y a donc un revenu
supplémentaire qui est tiré de
l’activité de production du coton.
Les cotonculteurs pourront à la
fois maintenant vendre le coton
graine et également la tige’’ souligne M. AYEVA qui précise qu’en
cas de faible rendement, les tiges
du cotonnier sont généralement
plus grosses et par conséquent
ont une valeur marchande plus
intéressante pour le producteur.
Les tiges de cotonnier qui constituent une biomasse importante
et disponible après la récolte du
coton graine, sont faiblement
valorisées et la majeure partie
est brûlée lors des travaux champêtres ou encore utilisée comme
énergie dans la préparation des
repas. « Au Mali par exemple,
l’étude de référence du projet a
montré que 49% des tiges produites sont brulées” affirme Dr
Amadou Ali YATTARA, Coordonnateur national du Projet.
Leur valorisation permet donc de
générer des revenus supplémentaires pour les producteurs et de
lutter contre la pauvreté. ‘’C’était
un grand souci pour les producteurs de ne pas savoir quoi faire
des tiges du cotonnier’’ rappelle
M. Tamou Gani Badou, Président
de la Fédération Nationale des
producteurs du coton du Bénin.
Pour les acteurs du projet VATICOPP, le développement de la
chaîne de valeur de panneaux
de particules à base de tiges de
cotonnier est une solution pour
améliorer les performances
économiques, techniques et environnementales des systèmes
de culture à base de cotonnier
en Afrique de l’Ouest. Il faut
rappeler que cette technologie
pourrait également contribuer à
la réduction de la déforestation
avec l’utilisation d’une biomasse
annuelle (les tiges du cotonnier
en particulier) pour se substituer
aux bois des forêts dans la fabrication de certains meubles.
Nombreux sont ceux qui appellent de leurs vœux à un passage à une phase de production
industrielle associant un management efficient, un fonctionnement à la chaîne des différents
segments de production pour
tirer les dividendes de cette innovation.
Divers acteurs prêts à accompagner la mise à l’échelle
Le Secrétaire Permanent de l’Association
Interprofessionnelle
du Coton (AIC) du Bénin, Dr
Alexis HOUGNI, se dit prêt à accompagner cette mise à l’échelle.
‘’L’AIC a un double rôle à jouer
à savoir, travailler en direction
des cotonculteurs pour leur
montrer l’opportunité qu’ils ont
désormais de transformer leurs
tiges du cotonnier et également
à montrer aux égreneurs et aux
industriels du secteur qu’en dehors de la transformation des
fibres, du textile, de la trituration
des graines, qu’ils peuvent également travailler dans le secteur de
la transformation des tiges pour
la fabrication des panneaux de
particules’’.
La diffusion massive de cette technologie est donc essentielle pour
renforcer l’impact de cette innovation dans les communautés cotonnières d’Afrique de l’Ouest.
Des actions sont déjà engagées à
cet effet, en témoigne Dr Emmanuel SEKLOKA, Coordonnateur
régional du projet VATICOPP
et Directeur du Centre de Recherche Agricole Coton-Fibre de
l’INRAB : ‘’La prochaine étape
est d’œuvrer pour que les porteurs potentiels de cette technologie puissent être touchés. Des
journées portes ouvertes ont été
organisées pour faire connaitre
cette technologie à tous les acteurs. Nous lançons un appel
maintenant à tous les bailleurs
de fonds qui peuvent nous permettre de passer à l’échelle cette
technologie dont la faisabilité
technique et la rentabilité économique ont été démontrées’’.
CORAF & UEMOA
Défis
1.
Faire participer le secteur privé et notamment les sociétés
cotonnières pour l’adoption de cette technologie de valorisation
des Tiges de Cotonniers (TC)
2.
La fabrication locale par les équipementiers africains de cette
machine de fabrication des PP à base de TC
Leçons apprises
1.
Les TC ouest africaines sont plus aptes à donner des PP
répondants aux normes internationales avec leur faible teneur en
eau facilitant ainsi une meilleure adhésion des particules de bois.
2.
Le transfert de technologie, surtout des machines agricoles, est
toujours confronté aux problèmes d’exonération de taxes malgré
l’existence des textes au sein de l’Union
Perspectives
1.
Mettre à l’échelle cette technologie dans d’autres pays de
l’UEMOA à forte production de coton (Burkina Faso, Côte
d’Ivoire et Sénégal) avec le secteur privé
2.
Accompagner les équipementiers agricoles de la sous-région telle
que la Société industrielle sahélienne de matériel mécanique
agricole et de représentation (SISMAR)
Les PP produits sont techniquement acceptables par les artisans du bois
et économiquement rentable à condition de passer à une échelle industrielle ou semi industrielle. Ainsi, la suite d’un tel projet serait, logiquement, d’accompagner le secteur privé pour mettre à l’échelle cette
technologie afin de créer plus d’emplois et procurer des revenus additionnels aux producteurs de coton avec la vente de leurs TC. Il s’agira
aussi d’assister les équipementiers vers un transfert de technologie afin
que ce prototype soit conçu dans l’espace UEMOA et à grande échelle
pour les PME/PMI. Enfin, cette technologie va permettre de booster la
productivité du coton avec l’utilisation de la matière très grossière déjà
concassée destinée au processus de compostage et non utilisée pour la
fabrication des PP. En effet, la technologie a révélé que seulement 50%
de la biomasse concassée rentre dans le processus de fabrication des PP.
CORAF & UEMOA
CORAF & UEMOA
Des lendemains meilleurs
pour la filière cotonnière
en Afrique de l’Ouest
A
ucun pays d’Afrique de l’Ouest
isolément ne peut se comparer
à la Chine, aux États-Unis et à
l’Inde en matière de production
et d’exportation de coton.
Mais collectivement, l’Afrique
de l’Ouest est maintenant le
troisième exportateur mondial de coton,
représentant un pourcentage considérable
du commerce international de cette matière.
En Afrique subsaharienne, la production est
globalement concentrée dans la zone tropicale
et principalement pluviale.
Selon l’Organisation de Coopération et de
Développement Économiques (OCDE), le
bassin ouest-africain, qui s’étend de la
Sénégambie au sud-est du Tchad et même
au cœur de la République centrafricaine,
représente la plus grande zone de production
cotonnière d’Afrique. Huit des 12 principaux
pays africains producteurs de coton se
trouvent en Afrique de l’Ouest.
PROGEVAL
LE PROJET DE VALORISATION DES RESSOURCES
GÉNÉTIQUES ANIMALES ET AQUACOLES LOCALES
CORAF & UEMOA
RÉALISATIONS
CLÉS
OBJECTIF
SPÉCIFIQUE
L’utilisation des ressources génétiques animales et aquacoles
locales est améliorée durablement dans l’espace UEMOA.
Le bilan de six programmes
d’amélioration génétique d’Afrique de
l’Ouest a été fait. Il s’agit de :
•
Programme de sélection des taurins
N’Dama au Centre de Recherches
Zootechniques (CRZ) de Kolda au Sénégal
•
Programme de sélection des N’Dama
de l’« International Trypanotolerance
Centre » (ITC) en Gambie ;
•
Programme de sélection des Azawak
de Toukounous au Niger ;
•
Projet de Soutien à la Diffusion du
Zébu Azawak (PSDZA) au Burkina
Faso ;
•
Programme de sélection du mouton
Djallonké au Centre de Recherches
Zootechniques (CRZ) de Toumondi en
Côte d’ivoire
•
Programme National de sélection
Ovins/Caprins (PNOC) de Kolokopé
au Togo.
Un document de synthèse régional sur le bilan des programmes
d’amélioration génétique dans l’espace UEMOA est disponible
Un document de synthèse régional sur l’état des lieux de la caractérisation des RGAn
dans l’espace UEMOA est disponible
16
Caractérisation sur le
plan phénotypique
15
races
05 ovines 06 bovines
03 volailles 01 poisson
options
développées
de valorisation des ressources
génétiques animales et aquacoles
ont été élaborées
03
marqueurs
validés
pour l’identification de femelles
XY nécessaires à la production
des mâles YY
2 dilueurs commerciaux, 2 dilueurs naturels et 1 cryoprotecteur
identifiés
498
personnes
formées
sur les thématiques spécifiques à la valorisation
des ressources génétiques animales et
aquacoles locales
22
étudiants
(Master
et PhD)
soutenus
32
%
9 publications dans des journaux scientifiques indexés et à facteur
d’impact, 6 communications scientifiques à des conférences nationales et internationales et 6 fiches techniques.
La recherche de qualité ouvre
un avenir meilleur pour les
pisciculteurs d’Afrique de l’Ouest
Success
STORIES
L
e projet de valorisation des ressources génétiques animales et
aquacoles locales dans l’espace
UEMOA (PROGEVAL), un projet de recherche et développement de cinq ans
financé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et mis en
œuvre par le CORAF et ses partenaires a
contribué à la hausse des revenus et des
moyens de subsistance des pisciculteurs
de la région.
Klodan SANOGO, cacaoculteur de son
Etat a eu une année particulièrement difficile. M. SANOGO a consacré beaucoup
de temps, d’énergie et d’argent à sa ferme
de cacao au cours de la saison agricole
2018, dans l’espoir d’accroître son rendement et ses revenus. Hélas, les effets du
Swollen Shoot (Maladie virale du Cacao)
sur son exploitation agricole ont entraîné
une baisse significative de la production
et une perte financière sèche inattendue.
Mais grâce aux nouvelles pratiques de pisciculture introduites dans la région par
PROGEVAL, cet agriculteur de 52 ans a
pu compenser les pertes financières qu’il
a subies.
« La pisciculture a sauvé ma vie et celle
de ma famille », a déclaré M. SANOGO
laissant afficher un grand sourire dans
sa ferme située à Bahompa, une ville du
Centre-ouest de la Côte d’Ivoire.
Depuis 2016, les chercheurs ont redoublé
d’efforts pour comprendre les caractéristiques génétiques des ovins, des bovins,
des pintades, des Silures et du tilapia dans
cinq pays d’Afrique de l’Ouest, avec pour
objectif principal, d’accroître davantage
la productivité de ces espèces. Plus précisément, les chercheurs ont été à l’avantgarde du développement d’intrants de
qualité (aliments et alevins), mais ils ont
également renforcé les connaissances des
agriculteurs en matière de meilleures pratiques dans l’aquaculture.
CORAF & UEMOA
Les pisciculteurs de Bahompa, et
d’autres acteurs de la chaîne de valeur
se sont regroupés depuis 2016 dans le
cadre d’un accord leur permettant
d’apprendre de nouvelles pratiques,
d’échanger sur les défis auxquels ils
sont confrontés et de rechercher collectivement des solutions. Cette approche de résolution des problèmes,
autour d’une plateforme d’innovation, a été essentielle à la valorisation
des résultats de la recherche en Côte
d’Ivoire.
« Depuis que j’ai reçu de nouveaux
aliments de poisson et des alevins,
ma production a considérablement
augmenté », se réjouit M. SANOGO,
âgé de 52 ans.
Lorsque nous avons rencontré Sanogo à sa ferme piscicole en fin octobre
2018, son enthousiasme était visible.
Les revenus supplémentaires générés
par la pisciculture lui avaient procuré
une stabilité financière au point où
il cherchait désormais à se procurer
une nouvelle voiture, digne de son
nouveau standard de vie.
« Je vais commander une voiture
4×4 cette année », a-t-il déclaré avec
beaucoup d’assurance. Pour lui, la décision d’acheter une nouvelle voiture
se justifie non seulement par une volonté d’améliorer son niveau de vie,
mais aussi par un souci de faciliter
ses opérations telles que le transport
des intrants vers sa ferme et la récolte
vers les marchés.
Les recherches menées dans le cadre
du projet PROGEVAL, financé par
l’UEMOA à hauteur de 520 millions
de FCFA (environ 1 million USD),
devraient fournir des solutions durables qui non seulement améliorent
les rendements, contribuent à la nutrition et à la sécurité alimentaire
des populations, mais génèrent également des moyens de subsistance à
la population, en les sortant du cercle
vicieux de la pauvreté.
Les résultats ont déjà un impact durable et contribuent à soulager Sanogo et son ménage : « J’ai perdu du
poids lorsque les prix du cacao ont
commencé à baisser. Comme vous
pouvez le voir maintenant, je reprends mes forces », dit-il en riant.
« J’ai envoyé mon enfant étudier au
Canada »
Le Centre-ouest de la Côte d’Ivoire
est considéré comme la deuxième
région aquacole du pays après Daloa,
Abidjan et Abengourou, considérées
comme des zones de pisciculture par
excellence.
Diallo Issa est l’un des ces pisciculteurs
qui en ont le plus bénéficié de l’introduction de nouvelles pratiques d’élevage du poisson. Pendant des décennies, Issa tirait l’essentiel de ses revenus
de la production de cacao pour gagner
sa vie. Mais avec des rendements sans
cesse en recul et des revenus en baisse,
Diallo a commencé à miser davantage
ses efforts sur la pisciculture.
150 000 FCFA (300 USD) chacun. Le
reste de l’argent a été utilisé pour envoyer un de mes fils au Canada », dit-il.
CORAF & UEMOA
« Je veux agrandir mes étangs de poissons »
Zanga DIARRASOUBA, âgée de 53 ans, est Senoufo, une ethnie principalement originaire du nord de la Côte d’Ivoire. Il a
migré vers le sud du pays en 1988 pour travailler dans les plantations de cacao. Récemment, il avait encore une plantation
d’environ cinq hectares de cacao.
« En 2018, je n’ai rien gagné de substantiel avec ma plantation
», dit-il.
Mais avec ses nouvelles connaissances acquises en pisciculture
et de nouveaux intrants obtenus, DIARRASOUBA a produit
environ 1,5 tonne de poissons en 2018. Il cherche désormais à
intensifier sa production en raison de la rentabilité du secteur.
« Je veux agrandir mes étangs à poissons », a déclaré Diarrassouba.
Manque d’aliments de poissons et d’alevins, expansion entravée
Depuis trois ans, les responsables du CORAF, du CIRDES
(Centre International de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide) et les autres acteurs impliqués dans
ce projet s’efforcent de faire de la pisciculture, une activité économique rentable.
Les aliments de qualité pour poissons, la disponibilité des alevins, de la terre et d’un fonds de roulement sont entre autres
les intrants essentiels, au succès de la pisciculture, affirment
les experts.
Mais comme nous l’avons remarqué tout au long de notre reportage en Côte d’Ivoire, beaucoup de producteurs sont freinés dans le développement de leurs fermes aquacoles par le
manque de disponibilité des aliments de poissons de qualité
et des alevins.
« Je veux agrandir mes étangs de pisciculture. Mon plus grand
défi consiste maintenant à obtenir des aliments pour poissons
», déclare Zanga DIARRASOUBA.
« Sans eau et sans intrants tels que les aliments pour poissons,
il devient difficile d’agrandir ma ferme », soutient pour sa part
Issa, qui reste cependant optimiste pour la suite.
La plupart des 220 pisciculteurs de la région aimeraient avoir
des aliments de qualité pour développer leurs activités aquacoles.
« Cela pourrait potentiellement faire partie de la deuxième
partie du projet. Une partie de ce que nous prévoyons à l’avenir consiste à explorer les moyens de faire en sorte que certains agriculteurs ici prennent en charge le volet production
d’aliments pour animaux », a déclaré le Dr Cyrille KOUASSI,
coordinateur national du projet PROGEVAL en Côte d’Ivoire.
CORAF & UEMOA
Du poste d’Assistant de
bureau, à la pisciculture
Success
STORIES
P
eu de jeunes Africains abandonnent leur travail lucratif de
bureau climatisé en ville pour
l’agriculture.
Les perceptions négatives de l’agriculture, le manque d’information, de compétences, les difficultés d’accès au crédit et
à la terre sont quelques-unes des raisons
pour lesquelles très peu de citadins ne
veulent pas retour- ner dans les zones rurales sous-peuplées de la plupart des pays
d’Afrique subsaharienne pour s’adonner à
l’agriculture, estiment les experts.
Ces dernières années, la tendance a
montré que les jeunes, en particulier
en Afrique de l’Ouest, abandonnent
cette agriculture pour se rendre dans les
grandes villes ou prennent la direction
de l’Europe ou d’autres horizons à la recherche de meilleures situations.
Mais en Côte d’Ivoire, Boli Bi GOUA
Alain, 48 ans, défie cette tendance.
De son poste relativement confortable
d’assistant de bureau auprès du coordinateur du Programme des Nations Unies
pour l’Environnement (PNUE) dans la
capitale économique ivoirienne, Abidjan,
Boli Bi gère aujourd’hui une ferme piscicole de huit hectares à Bahompa, dans le
département de Gagnoa, dans le Centreouest de la Côte d’Ivoire.
Bahompa est situé à environ 300 kilomètres de la capitale économique, Abidjan.
« J’étais fatigué d’aider les autres à devenir riche », dit Boli Bi Goua Alain.
« J’ai quitté mon travail en 2009 pour me
concentrer sur la pisciculture. »
Les pays, les organisations de développement et les institutions de recherche ont
CORAF & UEMOA
longtemps soutenu que l’agrobusiness
et l’entreprenariat sont l’un des principaux moyens de libérer le potentiel de
l’industrie agricole en Afrique. D’après
les experts, à l’échelle du secteur privé,
il existe une forte possibilité de création d’emplois, d’amélioration des
moyens d’existence et de réalisation
de la nutrition et de la sécurité alimentaire.
Si la concrétisation de ces nobles objectifs demeure un défi majeur, un
Ivoirien courageux, audacieux et
ambitieux est incontestablement
convaincu que son avenir dépend de
l’agro-industrie. Boli Bi est fier d’être
considéré comme un « spécialiste de
l’aquabusiness ».
« Peu de gens se lancent dans la pisciculture avec un plan d’affaires ou avec
l’intention d’en faire une entreprise
rentable », explique-t-il. « L’état d’esprit qui sous-tend la pisciculture est
erroné, ce qui explique en partie pourquoi le secteur n’a pas connu la croissance qu’il mérite », ajoute-t-il.
« La pisciculture est une science composée de tant d’éléments. Il s’agit notamment de la production d’aliments
pour animaux et d’alevins. Cela comprend également la construction d’infrastructures capables de filtrer et
d’aérer l’eau, d’entretenir, d’installer
des filets, des barrages et des étangs »,
dit-il.
Pour lui, la plupart des pisciculteurs
pensent qu’ils peuvent gérer cela individuellement.
« Ce que j’ai appris au Vietnam, c’est
qu’il y a des gens tout au long de la
chaîne de valeur qui s’occupent par
exemple des aliments pour poissons
ou produisent des alevins. »
Emploie environ 25 travailleurs
Incapables de trouver des emplois
viables dans les zones rurales de Côte
d’Ivoire comme dans la plupart des
pays d’Afrique de l’Ouest, les jeunes
émigrent vers les villes urbaines où
leur avenir est souvent incertain.
tout en renforçant l’apprentissage parmi les acteurs d’une chaîne de valeur
spécifique.
Fort de ses connaissances en économie
et en gestion de projet acquises à l’Université d’Abidjan, cet entrepreneur a
mis sur pied une coopérative dans laquelle il a pris des dispositions pour
partager entre les membres le produit
de leur production annuelle.
Dans la région du centre-ouest de la
Côte d’Ivoire, l’une de ces plateformes
d’innovation a été créée pour servir les
intérêts d’environ 220 pisciculteurs.
« Je travaille avec 25 personnes. Je ne
leur paie pas de salaire. Le système que
nous avons mis en place est fondé sur
des mesures incitatives. Ce qu’il fait,
c’est qu’il encourage tous ceux qui ont
une part dans la coopérative à travailler aussi fort que possible. Parce que
plus la production est élevée, plus les
chances d’obtenir un meilleur salaire
sont élevées. »
L’expansion des entreprises grâce à
de nouvelles connaissances et compétences
Dans le cadre de son mandat d’intégration régionale, l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (UEMOA) a
financé un projet de recherche et développement pour une durée de trois ans
dans cinq États membres.
Connu sous le nom de projet de valorisation des ressources génétiques
animales et aquacoles locales dans
l’espace UEMOA (PROGEVAL), ce
projet d’intervention de 520 millions
de FCFA (environ 1 million USD) vise
principalement à comprendre les caractéristiques génétiques des bovins,
ovins, tilapias, Silures et pintades ainsi
qu’à stimuler leur productivité.
Le projet mis en œuvre par le Centre
International de recherche et de développement sur l’élevage en zone
subhumide (CIRDES), basé au Burkina Faso, et ses partenaires sous la
coordination du CORAF, s’engage également avec les agriculteurs autour des
plateformes d’innovation pour échanger et partager de nouvelles pratiques
Avec les progrès réalisés dans la pisciculture à Bahompa avant le début du
projet en 2016, Boli Bi Alain a été désigné président par d’autres pisciculteurs de la région.
En plus des leçons apprises sur l’alimentation appropriée des poissons,
sur l’intérêt d’avoir ses alevins de
qualité, Boli Bi et ses pairs ont également appris comment commercialiser leurs produits, planifier la récolte
et construire des étangs et autres infrastructures indispensables.
« Grâce aux connaissances et aux compétences acquises dans le cadre de ce
projet, nous produisons aujourd’hui
environ 24 tonnes de poisson par an »,
explique Boli Bi.
Avec un kilogramme de tilapia se vendant à environ 1500 FCFA (6 USD),
cela représente environ 32 millions de
FCFA (64.000 USD) par an.
Dans un pays où la majorité des gens
survivent avec moins de 2 USD par
jour, il s’agit d’un revenu substantiel
pour peu d’efforts, selon les experts.
« En lui, il y a deux histoires de réussite. Premièrement, en tant que l’un
des principaux bénéficiaires du projet.
Deuxièmement, c’est une réussite du
point de vue du soutien et de l’autonomisation qu’il a apportés aux autres
pisciculteurs de la région », déclare le
Dr Khady DIOUF DIOP, Point Focal
PROGEVAL au CORAF.
Boli Bi est reconnu dans la grande
région de Gagnoa pour son soutien à
d’autres agriculteurs avec les connaissances et le soutien technique appropriés qu’il leur apporte.
CORAF & UEMOA
« La pisciculture est source d’emplois. Nous avons beaucoup
d’eau et un terrain convenable. Il y a une forte demande du
poisson. Notre pays a besoin de 400.000 tonnes de poissons
par an, alors que nous ne produisons que 70.000 tonnes. Ce
qui veut dire qu’il y a un énorme déficit à combler. Si nous
impliquons nos femmes et nos jeunes, nous pouvons faire de
ce secteur une activité génératrice de revenus durables pour
eux », affirme-t-il.
Faire participer les femmes Bahompa
Sentant qu’il y aura plus de profits dans la transformation
et la commercialisation du poisson, Boli Bi et son groupe
étudient maintenant la possibilité d’amener les épouses des
membres de la plateforme à contribuer à la transformation
du poisson et à s’occuper de la commercialisation à travers
le pays.
La plupart des pisciculteurs de la plateforme d’innovation
de Bahompa dépendent de vendeurs venus de toute la Côte
d’Ivoire. Beaucoup ont subi des pertes, soit parce que les
acheteurs empruntent souvent et ne paient pas en totalité
ou à temps. Dans certains cas, le marché n’est pas en faveur
des pisciculteurs des Bahompa, disent-ils.
« Á partir de l’année prochaine, nous engagerons nos
femmes dans la vente du poisson produit par nos membres
», déclare Boli Bi.
Nécessité d’une volonté politique
Boli Bi GOUA Alain est peut-être l’un des rares pisciculteurs très instruits et ex-urbains à tirer profit de la demande
croissante des consommateurs pour le poisson local en Côte
d’Ivoire. Bien qu’il affirme que la pisciculture offre d’immenses possibilités par rapport à d’autres secteurs, il affirme
également que, sans soutien politique fort, il sera difficile
d’atteindre la masse critique de propriétaires d’entreprises
agroalimentaires nécessaire pour transformer durablement
l’industrie agricole.
« La culture massive du cacao en Côte d’Ivoire est le résultat
d’une volonté politique », dit-il en référence aux mesures
mises en place par le premier président de Côte d’Ivoire
pour encourager la culture du cacao.
La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao au
monde avec environ 40 pour cent du marché mondial.
« La croissance de la pisciculture, comme tout autre secteur
agricole, peut être gravement compromise si les politiques
et réglementations nécessaires ne sont pas mises en place. »
CORAF & UEMOA
CORAF & UEMOA
Défis
En dépit de tous ces résultats probants obtenus, un certain nombre
de contraintes ont été rencontrées durant la mise en œuvre de ce
projet. A cause de la grande mobilité des acteurs notamment les
éleveurs qui sont pour la plupart des transhumants à la recherche
de pâturage, la collecte des données sur les troupeaux a duré plus
de temps que prévu et ceci a retardé l’élaboration des options de
valorisation et les différentes formations envisagées pour ces acteurs. Aussi, les six (06) programmes d’amélioration génétique
étudiés n’ont pas atteint leurs objectifs à cause d’un manque de
ressources humaines et financières.
Perspectives
Au regard des résultats obtenus avec ce projet, il est souhaitable
d’avoir une seconde phase au cours de laquelle, l’accent sera mis
sur la valorisation des RGAn en privilégiant les activités de sensibilisation, de formation et de mise à l’échelle des options de valorisation pour plus d’impact sur la population de l’espace UEMOA. De
manière spécifique il s’agira de :
•
Diffuser les options de valorisation développées sur les différentes races étudiées au niveau des huit (08) pays de l’UEMOA
(organisation de rencontres des producteurs et visites de terrain) ;
•
Améliorer la productivité des différentes races caractérisées
(Bétail, poissons pintade) en mettant l’accent sur l’alimentation, la santé et la génétique ;
•
Faciliter la production et l’accès à l’aliment piscicole et aux alevins ;
•
Renforcer les capacités des acteurs des plateformes d’innovation (PI) déjà mises en place (poisson, pintade et bétail-viande)
sur les options de valorisation des RGAn et les technologies de
transformation des produits animales.
CORAF & UEMOA
CORAF & UEMOA
AMAFINE
AMÉLIORATION DE L’ACCÈS AU FINANCEMENT POUR LES
ACTEURS DU MAILLON COMMERCIALISATION DE LA FILIÈRE
MAÏS AU BÉNIN, AU BURKINA FASO ET EN CÔTE D’IVOIRE
CORAF & UEMOA
RÉALISATIONS
CLÉS
OBJECTIF
SPÉCIFIQUE
L’accès au financement pour les
acteurs du maillon commercialisation de la filière maïs est amélioré
au Bénin, au Burkina Faso et en
Côte d’Ivoire
06
Plateformes
fonctionnelles
dans le cadre du projet
938
contrats
ont été signés dans la formalisation des relations
de partenariats.
2433
1248
2263
1837 1886
Membres de la plateforme
d’innovation impliqués
dans les activités du proje
acteurs des PI ont
bénéficié de financement
bénéficiaires directs du
projet
acteurs ayant reçu une formation de courte durée
28
%
45
%
26
%
demandes adressées par les acteurs
des PI aux sources internes et externes de financement
174.757.000
de financement obtenus
FCFA
De meilleures perspectives
pour la chaîne de valeur
maïs au Bénin
Success
STORIES
U
ne ” nouvelle ” approche consistant
à rassembler les principaux acteurs
d’un secteur agricole pour apprendre, partager et agir sur les connaissances critiques est en train de changer la
chaîne de valeur du maïs au Bénin.
Dans le Couffo, région située à environ
144 kilomètres de la capitale économique
du Bénin, Cotonou, les agriculteurs, les
chercheurs, les services de vulgarisation,
les institutions de microfinance et les autorités locales collaborent d’une manière
qu’ils n’ont jamais connue auparavant
avec des impacts de grande portée sur les
moyens de subsistance.
Bien que la culture du maïs remonte à
plusieurs décennies dans cette région du
Bénin, les agriculteurs travaillaient auparavant dans l’isolement et avaient peu ou
pas de contacts avec les institutions financières.
Mais les choses ont beaucoup changé depuis 2018 avec l’arrivée d’un projet visant
à améliorer l’accès au financement des acteurs du maillon commercialisation dans
le secteur du maïs. Trois pays d’Afrique de
l’Ouest mettent en œuvre ce projet mieux
connu sous le nom d’AMAFINE. Il s’agit
notamment du Bénin, du Burkina Faso et
de la Côte d’Ivoire. Financé par l’Union
Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), le projet est coordonné
par le CORAF.
Plus de crédit, moins de défauts de
paiement
Les acteurs du maillon commercialisation
de la chaîne de valeur maïs blanc du Couffo interagissant davantage dans le cadre
de ce que les experts appellent les plateformes d’innovation (PI), de nombreux
autres pro-ducteurs, transformateurs et
commerçants peuvent désormais accéder
CORAF & UEMOA
au crédit, indispensable à l’expansion de leurs activités. La
confiance s’est établie grâce à un travail en commun sur la
plateforme. Cette confiance est née du respect des clauses
des contrats surtout celles concernant les délais de remboursement des prêts octroyés, ce qui faisait souvent défaut
auparavant. Ce qui a fait que les institutions de microfinance
se sont montrées beaucoup plus enclins à financer les activités des plateformes. Grâce à la collaboration, les acteurs
voient la convergence de leurs intérêts communs.
Une plateforme d’innovation est une approche de diffusion des technologies utilisée par le CORAF en Afrique de
l’Ouest et du Centre pour engager les acteurs des chaînes
de valeur.
Dans la région de Couffo, au Bénin, trois acteurs ont joué
un rôle central dans cette approche ” révolutionnaire ” de
l’accès aux crédits essentiels. Il s’agit notamment de la Plateforme d’innovation pour le maïs blanc de Couffo, de Pebco-Bethesda, une organisation non gouvernementale axée
sur l’accès à la microfinance, et de la Caisse locale de crédits
agricoles mutuel (CLCAM).
Grâce à cette collaboration, le nombre de demandes de crédit et d’accords de prêt a augmenté. Les membres de la plateforme ont signé 25 demandes de prêts avec Pebco-Bethesda
et 10 autres avec le CLCAM.
Au total, plus de 200 membres de la plateforme d’innovation d’Aplahoué ont eu accès à des crédits financiers totalisant plus de 40 millions de FCFA, selon les données de Pebco-Bethesda.
40
millions de
“Nos amis et partenaires paient leurs prêts à temps. Nous
n’avons aucune expérience des paiements en souffrance.
C’est principalement grâce à la mise en place de la plateforme d’innovation “, explique Monsieur Etienne Sikira Tohoué, le Chef d’Agence de Pebco-Bethesda à Azové.
Pebco-Bethesda est membre de la chaîne de valeur du maïs
blanc d’Aplahoué. La structure est membre titulaire et, par
conséquent, peut participer aux activités de la plateforme
où elle offre un encadrement sur l’élaboration d’un plan
d’affaires et les questions connexes.
“L’accès au crédit est devenu beaucoup plus facile avec la
création de plateformes d’innovation. Nos revenus se sont
améliorés, nous permettant de payer les frais de scolarité
de nos enfants et de régler nos factures de soins de santé “,
admet Pauline Atui, une transformatrice de maïs à Toviklin,
au Bénin.
“Ce que vous voyez aujourd’hui, ce sont des institutions de
microfinance qui vont vers les membres des plateformes
d’innovation pour ouvrir des comptes bancaires. Ce n’était
pas possible avant l’arrivée du projet “, explique Robert
Sodegla, producteur de maïs et président de la plateforme
d’innovation de Djakotomey.
“Nous entretenons de bonnes relations avec les institutions
de microfinance, ce qui nous permet d’avoir accès au crédit pour le développement de nos activités. Nous travaillons
en étroite collaboration et nous nous complétons mutuellement. Ils sont intéressés par nos demandes et nous sommes
intéressés par leurs offres. Cela nous donne plus de crédibilité, même en tant que producteurs. C’est une bonne chose.”
AMAFINE a ouvert de nouvelles fenêtres d’opportunités
pour tous les acteurs (directs et indirects) de la filière maïs
au Bénin et a amélioré les relations de partenariats qui existaient entre eux.
“C’est probablement la principale réalisation de ce projet,
et nous sommes ravis de ce résultat “, déclare Dr Cheikh
Ahmadou Bamba NGOM, point focal du projet AMAFINE
au CORAF.
CORAF & UEMOA
Leçons apprises
Les actions de sensibilisation et/ou d’animation instaurées par le projet et opérationnalisées par les équipes du
projet ont également permis de résoudre les difficultés
rencontrées par les membres de la PI. Elles ont été également des canaux utilisés par les IMF pour former les
groupements des producteurs, de transformateurs, des
commerçants et autres acteurs sur l’offre de crédits, les
conditions d’obtention de crédits et la gestion du crédit.
La mise en place d’un système solide de suivi évaluation a
favorisé un meilleur suivi des activités sur le terrain, avec
l’appui technique du Secrétariat Exécutif du CORAF. Le
choix des partenaires travaillant sur les produits agricoles
dans les pays avec pour cultures prioritaires plusieurs
cultures dont le maïs a aussi contribué au succès du projet. Cependant, l’approche de renforcement des capacités
adoptée essentiellement en cascades a donné ses preuves
et ses limites. A cause des moyens limités, cette approche
a permis de toucher plus d’acteurs sur les différentes thématiques du projet. Cependant la principale limite a été
les risques liés à la déformation de l’information telle que
transmise par les équipes du projet.
Défis
Malgré les progrès notables qui ont été enregistrés, des
défis subsistent. La durée courte du projet et la faiblesse
du budget ont empêché la conduite de bon nombre d’activités ainsi que l’enrôlement de beaucoup d’autres acteurs
qui ont manifesté leur intérêt à participer au projet après
avoir vu les réalisations obtenues. Le modèle théorique
qui devait être testé accordait une place importante aux
compagnies d’assurance pour juguler les risques encourus. Or dans la mise en œuvre, cette catégorie d’acteurs
n’a été présente dans aucune des zones d’intervention.
CORAF & UEMOA
Perspectives
Globalement, le modèle de financement du maillon commercialisation piloté par les producteurs, testé à travers
la mise en œuvre du projet AMAFINE a réussi à mettre en
relation différentes catégories d’acteurs qui sont principalement les producteurs, les transformateurs, les commerçants
et les institutions financières. Ce qui a amélioré dans une
certaine mesure l’accès au financement de beaucoup de plus
d’un millier d’individus. Dans un futur proche, il est prévu
de mettre à l’échelle les acquis du projet en ciblant un plus
grand nombre de bénéficiaires et en intégrant le Mali au niveau des pays d’intervention. Spécifiquement, les activités à
développer, entre autres, sont les suivantes :
•
Intégrer des structures d’assurances et former les acteurs sur l’atténuation des risques liés à la production
agricole et aux chutes de prix des produits ;
•
Echanger avec les institutions financières pour la mise
en place d’une ligne de crédit spéciale dédiée aux plateformes membres du projet ;
•
Former les acteurs à l’alphabétisation fonctionnelle et à
la tenue d’une comptabilité simplifiée ;
•
Réfléchir sur la mise en place d’un fonds de garantie ;
•
Formaliser les groupements et les plateformes d’innovation ;
•
Former les acteurs aux techniques de recherche de marchés ;
•
Faciliter l’accès au crédit des demandeurs de gros montants tels que les transformateurs, les commerçants et
les transporteurs.
CORAF et ses membres remercient très sincèrement l’UEMOA pour son appui financier
et son accompagnement sans faille pour l’atteinte de ces éloquents résultats.
Contacts de l’équipes techniques :
Dr. Abdulai JALLOH
Directeur de la Recherche et de l’Innovation
Tel: (221) 33 869 96 18
Rédaction et édition :
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Département de communications et du
marketing, CORAF
Equipe éditoriale :
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Dr. Cheikh Ahmadou Bamba NGOM
Mamadou Moustapha Lô SAMB
Fidélia BOHISSOU
Conseiller éditorial :
Dr. Abdou TENKOUANO
Dr. Seyni HAMADOU
Dr. Khady Diouf DIOP
Assistante de Programme, Elevage Pêche et
Aquaculture
Email: k.diouf@coraf.org
Dr. Cheikh Ahmadou Bamba NGOM
Assistant de Programme, Programme
Politiques, Institution, Marchés et Commerce
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Mamadou Moustapha Lô SAMB
Assistant de Programme/Point focal
Convention CORAF-UEMOA
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Design et mise en page:
Jimmy Glorial MANDABRANDJA
Crédits photo :
Toutes les photos ont été prises par
le personnel du département des
communications du CORAF
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Pour plus d’informations, visitez:
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© CORAF 2020
Le CORAF encourage l’utilisation équitable, sans autorisation, des articles publiés dans cette brochure à des fins de recherche
agricole, de développement et d’éducation ou pour des produits ou services non commerciaux. Une citation correcte est requise.
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