Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Avertissement: Ce recueil de documents (voir table des matières) a été réalisé à partir d'une expérience sur le réseau de transport d' Electricité de France; mais les principes exposés ont une portée générale, et les particularités du réseau français ne sont mentionnées qu'à titre d'exemple. Il n'a pas la prétention de fournir directement des solutions concrètes à tous les problèmes de protection de réseau, mais seulement des méthodes d'approche de ces problèmes. Il n'engage pas la responsabilité d'EDF. Les solutions concrètes seront obtenues à partir de documents tels que: - Normes du Comité Electrotechnique International (CEI) - British standarts (BS) - Deutsche Institute für Normung (DIN) - American national standards Information (ANSI) - Normes NF de l'Association Française des normes (AFNOR) - Normes internes EDF (H et HN), publiées par la Direction des Etudes et Recherches - Notices des constructeurs des différents équipements - Directives internes à chaque compagnie. Ces directives comprennent, pour EDF: . Notes de doctrines décrivant les plans de protection [49] . Règles générales d'exploitation [7], [9] . Directives de construction des lignes aériennes[106], postes [107], canalisations souterraines[108] . Schémas normalisés de filerie [104] . Guides de réglage des protections et des automates [57] ,[61] . Programmes de calcul de court circuit [50], [99], [109] . Répertoire des caractéristiques d'ouvrages [110] Ce recueil pourra servir à analyser les normes et notices, et à élaborer les directives internes. Il pourra être aussi utilisé par les non-spécialistes qui voudraient avoir une idée qualitative des problèmes traités. Parmi les équipements pris comme exemple, se trouvent aussi bien des matériels anciens, voire même obsolescents, que des matériels nouveaux ou expérimentaux, de manière à montrer l'évolution des principes et des technologies. 1/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 AVANT PROPOS IMPORTANCE DES PROTECTIONS ET AUTOMATISMES DU RESEAU DE TRANSPORT DANS LA FOURNITURE D'ENERGIE Dans une centrale de production, les protections ont pour but d'éviter la détérioration des alternateurs ou transformateurs en cas de fonctionnement dans de mauvaises conditions, dues à des défaillances internes, tels que défauts d'isolement ou panne de régulation. Sur des matériels bien conçus, bien fabriqués, bien installés, bien entretenus et bien exploités elles n'ont à fonctionner qu'exceptionnellement, et leur défaillance peut passer inaperçue. De plus, si une protection est défaillante lors d'un incident, les dommages causés à l'alternateur ou au transformateur peuvent avoir des conséquences financières importantes, mais qui restent internes à la compagnie de production d'électricité: perte de production, qui doit être compensée par des moyens de production moins économiques, et réparation de l'appareil endommagé. Sur un réseau de transport, le problème se pose de manière totalement différente: D'abord, une ligne aérienne, qui passe sur le domaine public, est périodiquement sujette à des courts-circuits, dus aux coups de foudre, aux arbres mal élagués, grues et engins de grande hauteur travaillant au voisinage, vent, pollution... Une bonne conception de la ligne peut les minimiser, mais pas les éliminer. Sur le réseau de transport d'EDF, nous observons en moyenne 7 défauts par an et par 100 km. Ensuite, une ligne qui chauffe s'allonge, et son point bas, en milieu de portée, s'abaisse. Elle devient dangereuse pour les tiers. Les conséquences peuvent alors se chiffrer, non plus en millions de francs, mais en nombre de vies humaines. Et c'est pourquoi les systèmes de protection comportent des dispositifs de secours qui, en cas de mauvais fonctionnement des équipements devant intervenir pour un défaut donné, assurent la mise hors tension de l'ouvrage défectueux, quelles qu'en soient les conséquences pour l'alimentation électrique de la région. Un fonctionnement défectueux d'une protection peut donc avoir pour conséquence la coupure d'un ou plusieurs clients, voire même d'une ville entière, prioritaires compris. Or, lorsqu'un client industriel de 10 MW est coupé pendant 6 minutes, par exemple, cela ne correspond pas seulement à 1 MWh d'énergie non vendue pendant cette coupure, mais aussi à l'énergie non vendue pendant les quelques heures que le client mettra à repartir. Mais cela correspond surtout à un client mécontent, qui aura perdu plusieurs heures de sa production, et qui aura peut-être subi des détériorations de matériel. S'il s'agit d'une ville entière, EDF devra rendre des comptes, en tant que service public, aux autorités locales, voire même nationales. Enfin, les protections contre les situations anormales de réseau jouent un rôle primordial dans la prévention des effondrements de réseau, et c'est sur elles, autant que sur les régulations de groupes de production et les téléréglages de ces groupes, qu'a porté tout l'effort des responsables de la conduite des réseaux lorsque la leçon a été tirée de la panne du 19 Décembre 1978. Ces différentes considérations montrent que l'activité "protections et automatismes" du réseau de transport est, à EDF comme dans toute société de distribution d'électricité, une activité stratégique, qui conditionne la légitimité de cette société vis-à-vis de la communauté, nation, région, ville, qu'elle dessert. (allocution que j'ai prononcée le 30 Octobre 1993, à l'intention de MM Ghislain Weisrock et Marcel Bénard, qui avaient alors la responsabilité du Contrôle Electrique pour la région Est de la France. J'avais alors tenter, vainement, de leur en faire comprendre l'utilité) 2/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 TABLE DES MATIERES VOLUME 1 page Avertissement Avant propos Table des matières Bibliographie Adresses Index PREMIERE PARTIE: GENERALITES 1 3 5 13 17 19 21 1 - Réseaux de transport d'énergie 2 - Généralité sur les protections et automates 3 - Equipements de mesure, comptage, et surveillance 23 29 30 DEUXIEME PARTIE: REDUCTEURS DE MESURE 31 1 - Réducteur de courant 2 - Réducteur de tension bobiné 3 - Réducteur de tension capacitif 4 - Problèmes de sécurité liés aux réducteurs de mesure 5 - Mise en service 6 - Réducteurs optiques 33 47 49 51 53 55 TROISIEME PARTIE: PROTECTION CONTRE LES COURTS-CIRCUITS 57 1 - Protection contre les courts-circuits des réseaux en antenne 59 1-11-21-31-41-51-61-71-81-91 - 10 59 62 63 64 65 67 68 70 73 74 Notion de sélectivité Protection à maximum d'intensité Protection Buchholz Protection masse - cuve Protection d'antenne passive Protection masse - câble Protection des batteries de condensateur Protection contre les surtensions et la ferrorésonance Protection à dépassement de flux Fonctionnement de l'ensemble 2 - Protection contre les courts-circuits des réseaux bouclés 2-1211 2111 21111 21112 21113 - Protection de distance Principe Cas du défaut triphasé Détermination de la direction Comparaison de réactance Comparaison de résistance 77 77 77 77 77 78 79 3/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 21114 - Discrimination entre défaut et pompage 21115 - Récapitulation 21116 - Mise en route par maximum de courant contrôlé par la tension 2112 - Cas du défaut déséquilibré 84 85 86 87 212 2121 2122 2123 2124 2125 2126 2127 2128 2129 - Protections électromécaniques Mise en route Sélection de phase Mesure de distance Relais directionnel Relais antipompage Circuit mémoire - enclenchement sur défaut Compensation de l'induction mutuelle homopolaire Relais Mho Avantages et inconvénients des relais électromécaniques 92 92 93 94 96 96 97 97 98 99 213 2131 2132 2133 2134 2135 - Protections de distance statiques Comparateur de phase, fonctionnement monophasé Comparateur de phase, fonctionnement triphasé Caractéristique mho, fonctionnement monophasé Caractéristique mho, fonctionnement triphasé Avantages et inconvénients des protections électroniques 100 100 106 110 112 113 214 - Protections de distance numériques 114 215 2151 21511 21512 21513 21514 21515 21516 21517 21518 - Téléprotections Principe des différents schémas Interdéclenchement simple Interdéclenchement contrôlé par la mise en route Déclenchement conditionnel avec dépassement Accélération de stade Extension de zone Schéma à blocage Télédéclenchement inconditionnel Mode écho et mode source faible 116 116 116 116 117 117 119 119 120 121 2152 21521 21522 21523 21524 - Application de ces systèmes aux lignes à trois extrémités Ligne 225 kV, piquage passif court Ligne 225 kV, piquage actif court Ligne 225 kV, piquage dissymétrique long, actif ou passif Ligne 63 kV ou 90 kV 122 122 123 123 124 2153 2154 2155 2156 - Application aux lignes doubles 400 kV Compatibilité entre protections Fiabilité des téléactions Supports de transmission 125 126 129 131 22 - Protection à comparaison de phases 134 23 231 232 233 234 - Protection différentielle Protection différentielle de ligne Protection différentielle de canalisation souterraine Protection différentielle de liaison courte Protection différentielle de barres 137 138 140 141 142 4/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2341 2342 2343 2344 2345 2346 2347 2348 2349 - Principe général Protection à haute impédance et seuil fixe Protection à moyenne impédance et à pourcentage Protection à basse impédance sur réducteurs performants Protection à basse impédance sur réducteurs saturables non spécialisés Protection à moyenne impédance et faible consommation Protection différentielle à combinaison linéaire de courant Précautions particulières Protections différentielles de barre numérique 142 145 147 149 150 151 151 152 153 24 - Protection homopolaire 153 QUATRIEME PARTIE: PROTECTION CONTRE LES SITUATIONS ANORMALES DE RESEAU, ET AUTOMATES 12345678- Protection de surcharge Protection contre les ruptures de synchronisme Protection de délestage Automate contre les défaillances de disjoncteur Réenclencheur Automate à manque de tension Automate de régulation de tension Automate de poste CINQUIEME PARTIE: FONCTIONNEMENT DE L'ENSEMBLE 1- 234- 159 165 167 169 171 177 183 189 191 Plans de protection contre les courts-circuits 11 Contraintes 111 - Coordination des isolements 112 - Stabilité du réseau 113 - Tenue des matériels 114 - Temps d'îlotage des centrales 115 - Présence de câble de garde sur les lignes aériennes 116 - Qualité d'alimentation de la clientèle 193 193 193 194 194 195 195 196 12 13 14 - 197 197 198 Principe d'élaboration Plan électromécanique Plan statique Plan de sauvegarde Plan de défense Plan de reconstitution du réseau 203 205 209 211 SIXIEME PARTIE: REGLAGES 123- 157 Calculs de réseau - principe Détermination des réglages, préliminaires Protection des lignes à deux extrémités 31 Réglage des protections de distance 311 - Contraintes dues au réseau 312 - Contraintes dues à l'appareillage 313 - Contraintes dues à la protection 5/ 320 213 217 219 219 219 222 223 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 314 32 33 34 35 36 37 38 - Contraintes dues aux autres protections Réglage des protections à comparaison de phase Réglage des protections différentielles de ligne Réglage des protections à puissance homopolaire Réglage des protections d'antenne passive Réglage des protections masse câble Réglage des protections différentielles de câble Réglage de l'automate contre la défaillance du disjoncteur 225 227 227 228 228 229 230 231 4 - Protection des lignes à trois extrémités 41 Protections de distance des sorties de centrale 42 Ligne 225 kV, piquage passif symétrique court 43 Ligne 225 kV, piquage dissymétrique long, passif 44 Schémas susceptibles de provoquer des défauts apparemment évolutifs 233 233 233 234 234 5 - Protection des barres 51 Réglage d'une protection différentielle de barres à haute impédance 52 Réglage d'une protection différentielle de barres à basse impédance 235 235 237 6 - Protection des couplages 61 Postes 400 kV et 225 kV 62 Postes 90 kV et 63 kV 239 239 239 7 - Protection des transformateurs 71 Protection de la tranche primaire 72 Protection de la tranche secondaire 73 Protection de la tranche tertiaire 240 240 241 242 8 - Automates 243 SEPTIEME PARTIE: EQUIPEMENTS DE MESURE, COMPTAGE ET SURVEILLANCE. 1- Capteurs. 2 - Compteurs 21 - Installations de comptage des clients les plus importants 245 247 251 251 22 23 24 25 - Alimentation des autres clients Liaisons internationales et groupes de production à participation étrangère Alimentation des sociétés de distribution n'appartenant pas à EDF Alimentation des centres de distribution EDF 3 - Consignateur d'états 4 - Téléperturbographe 5 - Localisateur de défaut 6 - Qualimètre 254 254 254 254 255 257 259 261 HUITIEME PARTIE: INSTALLATION ET EXPLOITATION 1 - Normalisation EDF, documentation contractuelle 2- Câblage, précautions contre les surtensions 3- Alimentation auxiliaire 6/ 320 263 265 266 268 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4- Organisation de la conduite et de la surveillance 5- Mise en service des tranches neuves 6- Maintenance préventive 7- Analyse d'incident. 8- Dépannage. 9- Retour d'expérience. NEUVIEME PARTIE: QUALITE DE FOURNITURE D'ENERGIE 272 274 277 278 282 283 285 1 - Harmoniques 11 Définition 12 Origine des harmoniques 13 Inconvénients dus aux distorsions harmoniques 14 Comment limiter les tensions harmoniques? 2 - Papillotement 21 Variation dans la bande de 0,5 à 25 Hz 22 A-coups à plusieurs secondes d'intervalle 23 Application: raccordement d'un four à arc sur un réseau 287 287 287 290 292 295 295 298 300 3 - Déséquilibre 305 4 - Creux de tension et coupures brèves 41 - Forme de la tension d'alimentation d'un client 42 - Comportement des installations d'un client 307 307 311 5 - Contractualisation de la fourniture d'énergie 319 VOLUME 2 Annexe 1 - Composantes symétriques 7/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Annexe 2 - Détermination de l'impédance apparente et des reports de charge au cours des cycles de réenclenchement monophasés et triphasés. Annexe 2-1 : Détermination du courant maximal de transit en cas de report de charge triphasé. Annexe 2 - 2: Annexe 3 - Fonctionnement du réseau pendant un cycle monophasé Caractéristiques électriques des lignes Annexe 4 - Critères de choix des réducteurs de courant Annexe 4 - 1 - Câblage entre TC et protections Annexe 5 - Enclenchement d'un transformateur de puissance Annexe 6 - Caractéristiques de quelques protections de distance statiques Annexe 7 - Protection des générateurs thermiques Annexe 8 - Présentation du programme Parapluie Annexe 9 - Notice d'utilisation du programme Parapluie Annexe 10 - Réglage des lignes à 3 extrémités BIBLIOGRAPHIE [1] Vocabulaire électrotechnique, et en particulier CEI 50-321 Transformateurs de mesure - voir aussi NFC 01-321 CEI 50-421 Transformateurs de puissance et bobinés - voir aussi NFC 01-421. CEI 50 441 Appareillage - voir aussi NFC 01-441 CEI 50 448 Protection des réseaux d'énergie - voir aussi NFC 01-448 CEI 50 601 Production, transport, et distribution de l'énergie électrique - voir aussi NFC 01-601 . [2] Symboles, et en particulier CEI 617-7 Appareillage et dispositif de commande pour protection - voir aussi NFC 03-207. [3] Directives de construction des lignes, postes et canalisations souterraines - DEPT - EDF. [4] CEI 185 Transformateurs de courant monophasés - voir aussi NFC 42-502 [5] CEI 186 Transformateurs de tension monophasés - voir aussi NFC 42-501 [6] Cahier des spécifications et conditions techniques des réducteurs de mesure - DEPT - EDF. [7] Règles générales d'exploitation - DEPT - EDF [8] UTE C 18 - 510 - AFNOR [9] Carnet de prescription au personnel - SPS - EDF [10] Combinés de capteurs optiques courant - tension - notice GEC-Alsthom. [11] Non conventional current and voltage transformers, CIGRE CE/SE 34. [12] Dispositif de protection par détection d'émission de gaz à deux contacts Buchholz - NFC 52-108. [13] BS 142 - Electrical protective relay [14] Relais de détection de gaz pour transformateur à bain d'huile - notice ABB. [15] Les techniques de diagnostic et la maintenance - symposium CIGRE, BERLIN, Mai 93. [16] Protection d'antenne passive - notice ICE. [17] Protection masse - câble PMCS 1 - notice ICE [18] NFC 54 - 100 - Condensateurs de puissance [19] Protection interne de transformateur PTP 3 000 - GEC-Alsthom [20] Etude des différentes causes d'erreur de mesure susceptibles d'apparaître dans les protections 8/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 statiques type PDS 1 100 -Michel Lami - DEPT - EDF [21] Généralité sur la protection des réseaux électriques - Marcel Pétard - Centre de formation des Mureaux - EDF. [22] La protection du réseau français - Marcel Pétard - Revue Générale d'électricité (RGE) n° 21, Septembre 1961. Il existe une traduction en allemand. [23] Protections et automatismes de réseau - René Sardin - CRTT Est - EDF. [24] Protection de distance RXAP - notice Enertec. [25] Protections de distance PD3A 6000 et PDS - notice Enertec. [26] Protection de distance LZ 95 et RAZOA - notice ABB. [27] Protections de distance PXLC et PXLP - notice GEC-Alsthom. [28] Protection de distance numérique PXLN - notice Enertec. [29] Protection de distance numérique 7SA 511 - notice Siemens. [30] Protections de distance numériques REZ1, REL 100 et REL 316 - notice ABB. [31] GEC measurement protective application guide. [32] Téléactions haute et basse fréquence à grande sécurité - Système TGS - notices Techniphone. [33] GEC P10 - notice GEC Alsthom. [34] 7 SD 31 - notice Siemens. [35] DIFL - notice GEC Alsthom. [36] LFCB - notice GEC Alsthom. [37] DL 323 - notice GEC Alsthom. [38] PDLC 10 - notice ICE. [39] RADSS - notice ABB / INX5 - notice ABB. [40] DIFB - notice GEC Alsthom [41] PMLS 345 - notice ICE. [42] PMCT 10 - notice ICE. [43] DRS 50 - notice ICE. [44] BEF 301 - notice ICE. [45] TADD- notice ICE. [46] PADD 3000 - notice GEC Alsthom; TADD 1 - notice ICE. [47] ATRS - notice ICE [48] TART - notice ICE [49] Les plans de protection du réseau de transport, Bernard Duchêne, DEPT, EDF [50] Stabilité des grands sites de production à l'horizon 87 sur défaut 225 kV, P. Vergerio, M. De Pasquale, M. Lami, DEPT, EDF [51] Evolution des protections du réseau de transport, journée d'étude SEE (voir RGE) du 3/10/85. [52] Circuits très haute tension et basse tension de liaison d'évacuation d'énergie des centrales thermiques classiques et nucléaires, DEPT EDF, février 90, (dite brochure rouge) [53] conduite en régime dégradé, note explicative associée à la règle 90-04, Service des mouvements d'énergie, (SME), EDF. [54] Maquette du plan de défense coordonné, Direction des Etudes et recherches EDF, Ph. Denis, J.C. Bastide, M. Huchet, 20/3/92 [55] Cours de fonctionnement dynamique des réseaux, Direction des Etudes et Recherches EDF, Service Etudes de réseau, Département Fonctionnement et Conduite des Réseaux. [56] Protection contre les défauts extérieurs des centrales hydrauliques, notes de doctrines XEL 02 10 et XEL 02 11, Direction Production Transport (DEPT), Jacques Lecouturier, 06/92. [57] Guide de réglage des protections - DEPT EDF, 1993.(régulièrement remis à jour) et notamment: Etude du comportement des protections de distance sur les lignes à trois extrémités D 633.91/BD/LB/n° 3002 de Bernard Duchêne. [58] PSPT, notice GEC Alsthom. [59] RAKZB notice ABB. 9/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 [60] PTP, notice GEC Alsthom. [61] Guide de réglage des automates, CRTT Est, EDF. [62] Transducteurs de mesure électrique, notice GEC Alsthom. [63] Dossier d'identification et de maintenance, CDM3 et transducteurs de mesure, Chauvin-Arnoux. [64] TEGETEC, notice Schlumberger Industrie. [65] FAN 1, notice Landis et Gyr. [66] PAS 692, notice Techniphone. [67] PAS-PCS 21, notice CETT. [68] ECP 80, notice CETT. [69] TPE 2000, notice GEC Alsthom. [70] SOREL EPC, notice Arthus. [71] DLD, notice GEC Alsthom [72] Qualimètre Siemens. [73] APR 8, notice ANPICO [74] Norme HN 46 R 01, appelée communément "Dicot", norme EDF diffusée par la DER [75] Traitement des signalisations nécessaires à la conduite et à la surveillance des installations, dite Brochure violette, DEPT, EDF. [76] Guides de mise en service, DEPT, EDF. [77] Guides de maintenance, DEPT, EDF. [78] Norme HN 33 S 34, DER. [79] Directive H 115, DER. [80] Perturbations électriques et électromagnétiques des circuits basse tension des postes et centrales, Janvier 1980, diffusé par la division Instrumentation d'exploitation de la DER. [81] Guide de l'ingénierie électrique, par Gérard Solignac, éditions Lavoisier. [82] Contrat pour la fourniture d'énergie au tarif vert, dit contrat Emeraude, EDF, Service National. [83] Les moyens d'action et les téléinformations nécessaires pour la conduite du système production transport - consommation, dite "brochure Saumon", DEPT, EDF. [84] Perturbations électriques, comportement des installations industrielles, Claude Mongars, CRTT Est, EDF. [85] Guide des erreurs à ne pas commettre, Michel Lami, CRTT Est, EDF (projet) [86] Exposé sur les réducteurs de mesure présenté lors des assises "plan de protection 225 kV" organisées par la DEPT, D63/603 - Benjamin Gaillet - 29/5/1980. [87] Les techniques de l'Ingénieur, D 135, mesures à très haute tension, Pascal Gayet et Jacques Jouaire, 1979. [88] Les techniques de l'Ingénieur, D 4805, protection des réseaux de transport et de répartition, Claude Corroyer et Pierre Duveau, 1995. [89] Les techniques de l'Ingénieur, D 69, réseaux électriques linéaires à constantes réparties, Robert Bonnefille. [90] Les techniques de l'ingénieur, D 4421, contraintes de conception des lignes aériennes, Yves Porcheron. [91] Protective relays, their theory and practice, Van Warrigton, Chapman and Hall, 1962 [92] Protective relay application guide, GEC, 1975 [93] Utilisation des protections contre les surtensions et la ferrorésonance dans les tranches des postes 400 kV en piquage existant sur une ligne double terne, EDF, DEPT, D 564/91-100 C du 9/8/94 Pierre Duveau [94] Exploitation d'un poste en antenne, calcul des surtensions en cas d'ouverture d'un poste à la source, EDF, DER, HM/15-1152 JcK/CB du 12/3/87 [95] Système de protection contre la ferrorésonance, notice ICE. [96] 7 TUD 15, notice Siemens [97] Capacitive voltage transformers: transient overreach concerns and solutions for distance relaying Daqing Hou and Jeff Roberts, Schweitzer Engineering laboratories 10/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 [98] EPAC 3900, notice GEC Alsthom. [99] Manuel d'utilisation d'EGERIE pour Windows; USI Ile de France. [100] Protection PSEL 3003, notice GEC Alsthom [101] Protection 7 SN 21, notice Siemens [102] Mémoire Contrôle Electrique de l'USI Est, n° 22 [103] Comportement des protections complémentaires dans les réseaux de répartition HT, Michael Sommer, Université Paris XI, Orsay [104] Schémathèque, Centre National d'ingénierie Réseau (CNIR), DEPT [105] Réglage des protections différentielles de câble, Benoît Lys, EDF, Production Transport, SIRA [106] Directive de construction des lignes aériennes, Centre National d'ingénierie Réseau, DEPT [107] Directive de construction postes, Centre National d'ingénierie Réseau, DEPT [108] Directive de construction des canalisations souterraines, CNIR, DEPT [109] Programme Courcirc, DER, EDF [110] Base Platine, DER, EDF [111] Guide de mise en service de la tranche, Centre National d'ingénierie Réseau (CNIR), DEPT [112] Note D 6120 / 09 / n° 69 - SCE / HC / MCD "fonctionnement du réseau pendant un cycle de réenclenchement monophasé, dec 72, CNIR (département essais) - DEPT [113] note 4002 / 54.FDQ 94 / JLL / n° 3045 " réglage des systèmes de protection des réseaux à 400 kV" , janvier 1996 - DEPT [114] note 6100 - 06 - 80 - 1572 LB - BGR / CM " programme CELINE" du 11 janvier 1988 - DER [115] règles générales d"'exploitation - DEPT [116] notice Siemens 7 UM 511 generator protection relay (version V3) [117] notice Siemens 7 UM 512 generator protection relay (version V3) [118] notice Siemens 7 UM 516 generator protection relay (version V3) [119] notice Siemens protection numérique de surintensité et de surcharge SIPROTEC 7SJ600 [120] notice Siemens 7 UT 512 / 513 differential protection relay (version V3) for transformers, generators, motors ans short lines [121] distance protective relay S 321 - 5, notice Schweitzer [122] the influence of substation busbar and circuit breaker arrangement upon the substation control equipment design and reliability - CIGRE WG 23-05, Bengt Andersson, ABB relays AB, S 72171 Västerås (Sverige). [123] Spécifications fonctionnelles et technologiques des protections et automates du réseau de transport, DEPT, EDF. [124] Code de travaux, Centre National d'ingénierie Réseau (CNIR), DEPT [125] Marchés tarifs, Centre National d'ingénierie Réseau (CNIR), DEPT [126] Dossiers de tranche normalisée, Centre National d'ingénierie Réseau (CNIR), DEPT [127] Evolution des protections RXAP, D 5840-E / RXAP-JT / LH du 25-4-94, Jean Thomas, USI Est [128] Mesures électriques, Maurice Gaillet, 1959 (centre de perfectionnement électrique de Nanterre) ADRESSES Normes CEI - 1, Rue de Varembé, Genève, Suisse. Normes BS - 2, Park street, London W1A2BS. 11/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Normes DIN - Deutsche Elektrotechnische Kommission im DIN und VDE, Burggrafenstrasse 4,Postfach 1107, D1000 Berlin 30 Norme ANSI - American National Standards Institute, 1819L Street, NW, 6th FI. Washington DC 20036 Normes NF: AFNOR - Gestion des ventes, tour Europe, Cedex 7, 92 049 Paris la Défense. Toutes les normes, françaises ou étrangères, peuvent être commandées à cette adresse. CIGRE, 3 Rue de Metz, 75 010 Paris. RGE, 48, Rue de la Procession, 75 015 Paris. DEPT - EDF - Cedex 48, 92 068 Paris la Défense. EDF, Service National et Service des Mouvements d'énergie (SME), Rue Louis Murat, 75 384 Paris Cedex 08. EDF, CRTT Est (ou USI Est), 8, Rue de Versigny, 54 521 Villers lès Nancy. EDF, Service Ingénierie Rhône Alpes (SIRA), 15, rue des Cuirassiers, BP 3074, 69399 Lyon Cedex 03 EDF, USI Ile de France, 32, avenue Pierre Grenier, BP 401, 92 103 Boulogne Billancourt Cedex Direction des Etudes et Recherches (DER) - EDF - 1, Avenue du Général De Gaulle, 92 141 Clamart Service Prévention Sécurité (SPS) - EDF - CEDEX 08, 75 382 Paris. Les techniques de l'Ingénieur, 8, Place de l'Odéon, 75006 Paris Constructeurs: ALSTOM, alias GEC Alsthom, alias Enertec, alias Compagnie des Compteurs Lotissement du fond de la Banquière, 34 970 Lattes. GEC Measurement: voir même adresse, et aussi Saint Leonard's work, Stafford ST 174 LX, England ICE 41 Rue Crozatier, 75 012 Paris Techniphone - 31 Rue de l'Union, 78 600 Maisons Laffitte. ABB - S 72 171 Västerås, Sverige. ; CH 5401 Baden, Suisse; 6, Rue des Peupliers, 92 004 Nanterre Siemens - Humboldstrasse 59, EVSV PO BOX 4806, 8500 Nürnberg, Deutschland. Anpico - 82 Rue du Quesnoy, 59 236 Frelinghien - représenté par Ecodime, zone des entrepôts Juliette, 94 310 Orly. Chauvin- Arnoux, 190 Rue Championnet, 75 018 Paris. Schlumberger Industrie, BP 620 02, 50 Avenue Jean Jaurès, 92 542 Montrouge Cedex. Landis et Gyr Energy, 30, Avenue Pré Auriol, 03 100 Montluçon.(adresse en France) Techniphone, Boite Postale 22, 13 610 Le Puy Sainte Réparade. CETT ( Compagnie Européenne de télétransmision), 3, Parc des Grillons, Artus, 6, Rue du Docteur Schweitzer, 91 420 Morangis. Schweitzer Engineering laboratories, 2350 NE Hopkins Court, Pullmann, WA 99163-5603, Washington, USA. 12/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 INDEX Accélération de stade Alternateur Amplificateur Automates Autocontrôle Autotransformateurs 3éme partie, § 21514; 21531 1ére partie, § 22 / Annexe 1, § 1; 23 2ème partie, § 6 / 3ème partie, § 213 / 8ème partie, § 5 / 9ème partie, § 231 1ère partie, § 23 / 3ème partie, § 2347 / 4ème partie, § 4;§ 5; §6; §8 / 5ème partie, § 141, § 142 / 6ème partie, § 8 3éme partie, § 214 1ère partie, § 1 / 3ème partie, § 2332 / 5ème partie, § 14 Câble de garde 3ème partie, §21321; 21562 Câble pilote 3ème partie, § 2321 Canalisations souterraines 1ère partie, § 1 / 3ème partie, § 232 / 4ème partie, § 13 Capteur de télémesure 7ème partie, § 1 Caractéristiques géométriques des lignes Annexe 3 Coefficient de terre 3ème partie, § 2112 / Annexe 2 Comparateur 3ème partie, § 213; § 222 Compoundage 4ème partie, § 72 Compteur 1ère partie, § 32 / 2ème partie, § 1 / 7ème partie, § 2 / 9ème partie, § 139 Commutateur 7ème partie, § 1 Configurateur 7ème partie, § 32 Consignateur 7ème partie, § 3; § 4 / 8ème partie, § 32; § 7 Courant porteur ligne 3ème partie, § 21561 Défaut biphasé-terre 3ème partie, § 18; § 2112 Dépassement de flux 3ème partie, § 19 Dérivateur 3ème partie, § 2135 Diagramme d'admittance 3ème partie, § 2128 Double défaut monophasé 3ème partie, § 2153; § 2131 Eclateur 3ème partie, § 14 / 3ème partie, § 2347 Faisceaux hertziens Ferrorésonance Fibre optique Filerie Fluage Force électromotrice 3ème partie, § 21564; § 2132 / 5ème partie, § 312 2ème partie, § 2, 3ème partie, §18 3ème partie, § 21563 1ère partie, § 3 / 3ème partie, § 2343 / 6ème partie, § 511 / 8ème partie, § 2 4ème partie, § 113 2ème partie, § 1 / 3ème partie, § 212; 24 / 4ème partie, § 21 Groupe de production 4ème partie, § 5212 Homopolaire 3ème partie, § 15; § 18; § 2112; § 2121; § 2127; § 21321; § 21521; § 21524; § 24 / 4ème partie, § 52122 / 5ème partie, § 142 / 6ème partie, § 13 / 8ème partie, § 7 / 9ème partie, § 131; § 134; 3 / annexe 1, § 23 / annexe 2 Impédance 2ème partie, § 3 / 3ème partie, § 11; § 2111; § 2112; § 2123; § 2133; § 21516 / 5ème partie, § 111 / 6ème partie, § 13 / 9ème partie, § 121; § 22; § 231; § 234 / annexe 2 Inductance 2ème partie, § 1; § 2;§ 3 / 3ème partie, § 2121; § 2123; § 2127 / annexe 1, § 11 Inductance mutuelle homopolaire 3ème partie, § 2127 Intégrateur 3ème partie, § 2135 / 7ème partie, § 12; § 15 13/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Liaison spécialisée Lignes aérienne 3ème partie, § 21565 1ère partie, § 1; § 2 / 3ème partie, § 16; § 21321; § 221; § 2321 / 4ème partie, § 11; § 511 /5ème partie, § 141 Ligne à constantes réparties annexe 1 / annexe 3 Matrice Monostable 6ème partie, § 1 / annexe 1 / annexe 3 3ème partie, § 2131 Perturbographe 1ère partie, § 3 / 3ème partie, § 214 / 8ème partie, § 32; § 7 Pilote 3ème partie, § 213; § 232 / annexe 6 Pompage 3ème partie, § 21114 / 4ème partie, § 21 Pont à thyristors 9ème partie, § 424 Protection ampéremétrique 3ème partie, § 12, 8ème partie, § 75 Qualimètre 1ère partie, § 33 / 7ème partie, § 6 / 9ème partie, § 54 Radiobalise Réactance Régulateur Relais antipompage Relais bistables Relais directionnel Relais mho Rupture fusible 3ème partie, § 222 3ème partie, § 21111; § 2112; § 21311 / 5ème partie, § 111 / 6ème partie, § 31; § 42; § 71; §73 / 9ème partie, § 23 2ème partie / 3ème partie, § 2135; § 222; § 2332; § 23423 / 6ème partie, § 73 / 7ème partie, § 14 / annexe 4 4ème partie, § 31 / 8ème partie, § 32 3ème partie, § 21113; § 2125; § 21326 / annexe 6 3ème partie, § 2341 3ème partie, § 2124; 21313 3ème partie, § 2128; § 2133; § 2134 3ème partie, § 21123 Sectionneurs Sélectivité Synchrocoupleur 1ère partie, § 1 / 3ème partie, § 234 / 8ème partie, § 2 3ème partie, § 11 4ème partie, § 524 Réducteur Téléaction 3ème partie,§ 215 / 4ème partie, § 523; 8 / 5ème partie, § 141 / 6ème partie, § 2 / 8ème partie, § 32 / 9ème partie, § 53 Téléconduite 4ème partie, § 8 / 7ème partie, § 1 / 8ème partie, 32; § 4 Télédéclenchement 3ème partie, § 15; § 21517; § 21522; § 2155 Téléprotection 3ème partie, § 215 Télétransmission 3ème partie, § 215 Temporisation 3ème partie, § 12; § 2123; 2133; § 21541; § 21543 / 4ème partie, § 82 / 5ème partie, ,§ 4 / 6ème partie, § 38; § 61; § 823 Tension crête 4ème partie, § 22 Topologie 3ème partie, § 2341 Transducteur magnétique 3ème partie, § 2121 Transformateurs de puissance 1ère partie, § 1; § 23 / 2ème partie, § 1; § 2 / 3ème partie, § 11; § 12; § 14; § 18; 2129 / 6ème partie, § 3112 ; § 511 / 9ème partie, § 112; § 12; § 13; § 14; § 234 / annexe 5 Tranche 1ère partie, § 1 / 8ème partie, § 5; § 6 Verrouillage 3ème partie, § 21516; § 21541 14/ 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 PREMIERE PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) GENERALITES 1 - RESEAUX DE TRANSPORT D'ENERGIE 2 - GENERALITES SUR LES PROTECTIONS 3- EQUIPEMENTS DE MESURE, COMPTAGE, ET SURVEILLANCE 21 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - RESEAUX DE TRANSPORT D'ENERGIE Ils sont constitués d'ouvrages triphasés, à savoir: des lignes aériennes, des canalisations souterraines, des transformateurs de puissance, et des jeux de barre, agencés suivant le schéma cidessous:(les tensions et puissances indiquées sont celles utilisées couramment sur le réseau français) Production Alternateur de centrale hydarulique ou thermique de puissance ≤ 250 MW Alternateur de centrale nucléaire essentiellement, de puissance comprise entre 600 et 1400 MW Un ≤ 12 kV Un = 20 à 24 kV Un ≤ 225 kV Un = 400 kV Jeu de barres 400 kV Ligne 400 kV Transport Autotransformateur 400 / 225 kV de 300 à 600 MVA Jeu de barres 225 kV Ligne 225 kV Jeu de barres 225 kV Ligne 225 kV Transformateur 225 kV / 90 kV* de 70 à 170 MVA Répartition Jeu de barres 90 kV Ligne 90 kV* Ligne 90 kV* Jeu de barres 90 kV Distribution Transformateur 90 kV* / 20 kV 20 ou 36 MVA Ligne 20 kV * ou 63 kV, suivant les régions 22 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Il existe aussi des transformateurs de puissance permettant la transformation directe du 400 KV en 90 KV ou 63 KV, ou du 225 KV en 20 KV, ainsi que quelques autotransformateurs 90 / 63 KV. En ce qui concerne les intensités on définit deux niveaux de référence: - les intensités nominales, qui sont des intensités permanentes, et auxquelles on se réfère pour déterminer les échauffements des ouvrages. - les intensités de court-circuit, qui ne durent généralement que quelques centaines de millisecondes, et auxquelles on se réfère pour la tenue des ouvrages aux efforts électrodynamiques. Les valeurs normalisées sont: en 400 KV In = 2000 A ou 3150 A Icc = 40 000 A ou 63 000 A en 225 KV In = 1250 A ou 2000 A Icc = 31 500 A en 90 KV In = 1000 A ou 2000 A Icc = 20 000 A ou 31 500 A entre phases 8 000 A ou 10 000 A entre phase et terre en 63 KV In = 1000 A ou 2000 A Icc = 20 000 A ou 31 500 A entre phases 8 000 A ou 10 000 A entre phase et terre Chaque ouvrage peut être - connecté au reste du réseau, et déconnecté, en charge ou en court-circuit, par un disjoncteur. - séparé du reste du réseau, hors charge par des organes à coupure visible: les sectionneurs - protégé par des équipements de protection et des automates qui détectent les courts-circuits et les situations anormales du réseau à partir des courants circulant dans les ouvrages, et les tensions sous lesquels ils se trouvent. Ces équipements actionnent ensuite les disjoncteurs. Les protections et les automates n'utilisent pas les tensions et les courants du réseau, mais des grandeurs beaucoup plus faibles qui leur sont proportionnelles. La transformation se fait par des réducteurs de mesure. Les différents appareils haute tension d'un poste sont regroupés en cellules, chacune d'elles comprenant un disjoncteur. L'ensemble des équipements basse tension d'une cellule est appelé tranche. Les schémas les plus courants des cellules haute tension sont les suivants: 23 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 DEPART LIGNE Barres d'un poste d'interconnexion Barre 1 Barre 2 Sectionneurs d'aiguillage X Disjoncteur Réducteur de courant Relais de protection Et d'automatisme Sectionneur de mise à la terre Sectionneur tête de ligne Réducteur de tension capacitif Circuit bouchon Ligne aérienne Circuits haute tension Circuits mesure Circuit commande 24 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 DEPART TRANSFORMATEUR Barre 1 Jeux de barres du poste primaire Barre 2 autres départs Sectionneurs d'aiguillage Protection différentielle de barres du poste X Disjoncteur primaire (djp) Réducteur de courant primaire TRANSFORMATEUR DE PUISSANCE Protection masse - cuve Réducteur de courant secondaire Réducteur de tension bobiné Vers djp vers djs Protections et automates au poste secondaire Protection différentielle de la liaison Réducteur de courant au poste secondaire X Vers djp Disjoncteur secondaire (djs) Sectionneur d'aiguillage Jeux de barres du poste secondaire Barre 1 Barre 2 25 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 COUPLAGE ENTRE JEUX DE BARRES Sectionneurs de couplage Barre 2 X Disjoncteur de couplage Réducteur de tension capacitif (sur une seule phase) Réducteur de courant Barre 1 Protections et automates Réducteur de tension capacitif (sur les trois phases) Nota: les protections peuvent être utilisées soit comme protection de couplage, soit comme protection de ligne. Dans ce dernier cas, une barre est affectée à une seule ligne, dont le disjoncteur est ponté ou condamné fermé, et les protections hors service. On dit alors que le couplage est utilisé en transfert. 26 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 TRONÇONNEMENT Les postes importants peuvent comporter quatre jeux de barres Barre A1 T1 Barre B1 X X X C1 C2 Barre A2 Barre B2 X T2 C1 et C2 sont des couplages traités comme ci-dessus T1 et T2 sont des tronçonnements. Ils ne peuvent pas être utilisés en transfert. Nota 1: notion de nœud électrique C'est un ensemble de jeux de barres pouvant être isolé du réseau par des disjoncteurs, mais ne pouvant pas être lui-même coupé en deux par un disjoncteur. Par exemple le poste de la figure 5 comporte quatre nœuds électriques. Pendant une manœuvre de changement de barres, les barres A1 et A2, par exemple, peuvent se trouver reliées entre elles lorsque les deux sectionneurs d'aiguillage d'un départ sont simultanément fermés. Dans certains postes, les jeu de barres sont disposés comme sur la figure 5, mais en T1 et T2 il n'y a que des sectionneurs. Le poste ne comporte que deux nœuds électriques. Nous verrons que cette notion est importante pour la mise en œuvre des protections différentielles de barres. Nota 2: il existe d'autres schémas de postes à l'étranger: postes en anneau, postes à un disjoncteur et demi, postes à barre de transfert. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, mais il importe de ne pas mélanger les types de poste dans un même réseau. 27 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - GENERALITES SUR LES PROTECTIONS ET LES AUTOMATES Ce document traite de l'ensemble des protection et automates installés sur le réseau de transport. Un aperçu est aussi donné de protections des groupes de production en annexe 7 On distingue: 2 - 1 - LES PROTECTIONS CONTRE LES COURTS CIRCUITS Lorsque un court-circuit apparaît sur un ouvrage, les protections provoquent le déclenchement des disjoncteurs encadrant cet ouvrage. Si cette fonction est correctement exécutée, les disjoncteurs des autres ouvrages ne doivent pas être déclenchés. Dans le cas contraire, les disjoncteurs d'autres ouvrages doivent être déclenchés, pour assurer l'élimination du défaut, mais en nombre aussi réduit que possible. 2 - 2 - LES PROTECTIONS CONTRE LES SITUATIONS ANORMALES DE RESEAU Elles comprennent: - les protections de surcharge, qui mettent hors tension les ouvrages parcourus par des intensités trop élevées, susceptibles de les détériorer ou de les rendre dangereux. - les protections contre les ruptures de synchronisme, destinées à éviter le déclenchement des alternateurs des centrales lorsque l'un d'eux, ou plusieurs d'entre eux, tournent à une vitesse différente de l'ensemble des autres alternateurs débitant sur le même réseau - les protections de délestage, destinées à rétablir l'équilibre production - consommation, et ainsi à éviter une chute de fréquence susceptible de conduire à un effondrement général des moyens de production. 2 - 3 - LES AUTOMATES La plupart des défauts créés par la foudre sur les ouvrages aériens disparaissent spontanément au bout de quelques dixièmes de secondes après mise hors tension de l'ouvrage. Après certains contrôles il est alors possible de remettre l'ouvrage sous tension. Des automates sont chargés de ces contrôles. D'autres automates permettent, lorsque plusieurs ouvrages se trouvent hors tension, de remettre rapidement en service ceux qui sont sains. D'autres permettent d'éviter les déclenchements par surcharge par des manœuvres préventives sur d'autres départs. D'autres, enfin, sont utilisés pour maintenir une tension correcte sur le réseau, par action sur les régleurs des transformateurs 28 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3- GENERALITE SUR LES EQUIPEMENTS DE MESURE, COMPTAGE ET SURVEILLANCE 3 - 1 - MESURE Les grandeurs, tension et courant, présents sur le réseau, ne sont pas directement utilisables, et on passe, là aussi, par des réducteurs de mesure. Au secondaire de ces réducteurs se trouvent connectés des capteurs qui élaborent les grandeurs nécessaires à la conduite du réseau, à savoir la puissance active et la puissance réactive sur les ouvrages, et la tension efficace sur les barres, et les transmettent aux équipements de téléconduite sous forme de courants continus proportionnels à ces grandeurs. 3 - 2 - COMPTAGE Utilisant les mêmes circuits secondaires, on trouve des compteurs d'énergie, mais seulement sur les départs suivants: . les centrales de production . les clients industriels . les compagnies de distribution non nationalisées .les points de livraison aux centres EGS (centres de distribution EDF -GDF) Ils sont à haute précision et doublés uniquement lorsqu'ils intéressent des sociétés extérieures à EDF: centrales à participation étrangère, clients industriels, distributeurs non nationalisés. 3 - 3 - SURVEILLANCE LOCALE On trouve, dans chaque poste: . un tableau synoptique, ou une console de conduite, permettant la conduite locale du poste en cas de panne de téléconduite .un consignateur d'état, où sont imprimées les manœuvres et signalisations issues des appareils haute tension et équipements basse tension de chaque départ .des oscilloperturbographes, où sont restituées des grandeurs électriques lors d'un défaut .éventuellement des localisateurs de défaut, calculant la distance d'un défaut sur une ligne .des qualimètres, sur les départs client, et permettant de mesurer les perturbations qu'il a subies. 3 - 4 - SURVEILLANCE AU PUPITRE DE COMMANDE GROUPE ( PCG ) Les PCG sont situés dans des postes où se trouve du personnel en permanence aux heures ouvrables. Le personnel attaché à un PCG exploite, outre le poste qui l'héberge, un ensemble de postes appelés postes satellites. Par exploitation, on entend essentiellement l'entretien du matériel, et en situation exceptionnelle la conduite du réseau. 3 - 5 - SURVEILLANCE AU CENTRE REGIONAL DE CONDUITE ( CRC ) C'est de ce point que se fait la conduite du réseau en situation normale. Seules les informations nécessaires à cette conduite y sont envoyées. Les informations concernant la surveillance du matériel restent au PCG 29 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 DEUXIEME PARTIE REDUCTEURS DE MESURE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) 1 - REDUCTEURS DE COURANT 2 - REDUCTEURS DE TENSION BOBINES 3 - REDUCTEURS CAPACITIFS DE TENSION 4 - PROBLEMES DE SECURITE 5 - MISES EN SERVICE 6 - REDUCTEURS OPTIQUES 30 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - REDUCTEUR DE COURANT Cet appareil est destiné à alimenter les protections et les équipements de mesure et de comptage. Les performances requises sont très différentes, suivant qu'il s'agit d'alimenter une protection contre les courts-circuits ou un autre équipement: la première doit recevoir une image correcte d'un courant dont la valeur peut être très élevée, et qui peut comporter une composante transitoire, alors que les autres doivent recevoir une image précise d'un courant permanent inférieur ou égal au courant nominal. C'est pourquoi le réducteur de courant comprend au minimum deux enroulements, sur deux noyaux distincts. Dans ce qui suit, nous étudierons uniquement l'enroulement "protection". Le réducteur de courant est un système à contre réaction totale, et son étude complète est assez complexe, surtout si on veut tenir compte de phénomènes non linéaires, tels que la saturation et l'hystérésis. Nous donnerons ici une suite d'études simplifiées, de manière à faire apparaître l'origine des contraintes présentes dans leurs spécifications, des erreurs inhérentes à leur fonctionnement, et de leurs limites d'utilisation. 1-1- Présentation Un transformateur de courant est un transformateur élévateur dont l'enroulement secondaire se trouve pratiquement en court-circuit. i1 i2 enroulement primaire enroulement secondaire Charge secondaire (protections ou comptage) Coté primaire, le nombre de spires est faible. Dans le cas des réducteurs de type tore, il n'y a même pas, à proprement parler, de spire, puisque le conducteur primaire traverse en ligne droite le circuit magnétique de forme torique, autour duquel est bobiné le circuit secondaire. Dans les autres réducteurs, il peut y avoir une ou deux spires. Dans un transformateur parfait, le courant secondaire instantané est lié au courant primaire par n1 i'2 = - * i1 (1) n2 tandis que la tension aux bornes de l'enroulement secondaire est liée à la chute de tension aux bornes de l'enroulement primaire par le rapport inverse. n1 et n2 sont respectivement les nombres de spires primaires et secondaires. nota: Dans les réducteurs de type tore, on démontre que la traversée du conducteur primaire en ligne droite est équivalente à une spire. Dans la pratique, les valeurs nominales de courant primaire vont de 100 A à 3000 A, et le courant nominal secondaire vaut 1 A ou 5 A. 32 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 2 - Première approche Nous supposons que le courant secondaire est l'image exacte du courant primaire, quelle que soit l'impédance de charge du circuit secondaire. En particulier, lorsque le circuit secondaire est ouvert, la tension secondaire devient infinie. Une telle approche est bien entendu aberrante, mais elle montre qualitativement qu'en cas d'ouverture intempestive du circuit secondaire, la tension prend une valeur très élevée (voir § 4 de ce chapitre). 1 - 3 - Deuxième approche Nous supposons que le courant secondaire est l'image exacte du courant primaire lorsque l'impédance du circuit secondaire est faible par rapport à l'inductance magnétisante du réducteur. Nous étudions alors le comportement du réducteur lors d'un court circuit sur le réseau primaire. 1 - 3 - 1 - Forme du courant primaire Lorsque un court circuit apparaît sur une ligne, le courant circulant dans cette ligne a approximativement la forme que l'on peut trouver lorsqu'on enclenche une bobine de réactance. R1 L1 u1 La tension instantanée fournie par la source est donnée par: u1 = U1 * sin (ωt + ϕ), avec: U1 = tension crête ω = pulsation, soit 2p fois la fréquence ϕ = paramètre déterminant la valeur de u1 quand t= 0 A l'instant t = 0 on ferme l'interrupteur. Le système est alors décrit par l'équation: u1 = R1 * i1 + L1 * di1 / dt R1 et L1 étant la résistance et l'inductance du circuit, et i1 étant le courant instantané. Après résolution, la solution s'écrit: i1 = I1 * [ -sin (ϕ - α) * e -t/τ + sin ( ωt + ϕ - α)] composante composante 33 / 320 (2) Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 apériodique sinusoïdale avec U1 I1 = R1² + L1² * ω² τ1 = L1 / R1 : constante de temps du réseau haute tension alimentant le court circuit tg α = t1 * ω la condition initiale étant: i1 = 0 pour t = 0, l'asymétrie est maximale pour ϕ - α = - π / 2 Par exemple, si la constante de temps du réseau vaut 60 ms, α = 87°, et l'asymétrie maximale est obtenue pour ϕ = - 3°, c'est à dire lorsque la tension au moment de l'apparition du défaut est pratiquement nulle. D'où les courbes suivantes, obtenues pour I1 = 1 et U1 = 1, le temps étant indiqué en ms. 1 , 0 , -0 , - -1 , 0 ,0 0 20 , 0 0 ,0 0 0 ,0 0 ,0 0 0 ,0 0 ,0 0 50 , 0 0 ,0 0 0 ,0 0 ,0 0 0 ,0 01 , 0 0 0 ,0 0 ,0 0 0 ,0 0 ,0 0 50 , 0 0 ,0 0 0 , 0 ,0 1 0 ,0 00 , 0 1 0 ,0 0 ,0 1 0 ,0 0 ,0 1 50 , 0 0 ,0 1 0 ,0 0 ,0 1 0 ,0 0 ,0 1 10 , 0 0 ,0 1 0 ,0 0 ,0 1 0 ,0 05 , 0 1 0 , 0 5 0 1 1 5 0 2 2 5 0 3 3 5 0 4 4 5 0 5 5 5 0 6 6 5 0 7 7 5 0 8 8 5 0 9 9 5 0 1 0 5 1 1 1 5 1 2 215 1 3 3 5 1 4 4 5 1 5 5 5 1 6 6 5 1 7 7 5 1 8 8 5 1 9 9 5 0 2 0 ,1 5 0 ,3 0 ,4 7 0 ,6 0 ,7 8 0 ,9 1 ,0 9 1 ,2 1 ,4 1 1 ,5 1 ,7 2 1 ,8 2 ,0 4 2 ,1 2 ,3 5 2 ,5 2 ,6 7 2 ,8 2 ,9 8 3 , 3 ,2 9 3 ,4 3 ,6 1 3 ,7 34, 9 2 4 ,0 4 ,2 4 4 ,3 4 ,5 5 4 ,7 4 ,8 6 5 ,0 5 ,1 8 5 ,3 5 ,4 9 5 ,6 5 ,8 1 5 ,9 6 ,1 2 6 , 7 1 1 2 5 4 9 5 3 7 7 8 2 9 6 1 0 2 4 1 8 5 2 6 6 8 1 9 5 1 9 2 3 4 7 5 1 6 6 2 0 4 2 8 3 2 5 6 7 0 8 4 0 9 1 3 3 7 5 4 6 5 8 9 9 4 1 8 3 2 4 6 6 0 7 4 9 9 1 8 7 1 3 3 9 4 5 6 1 7 7 9 3 1 9 2 5 4 1 1 6 7 2 9 78 0 4 2 0 3 6 5 2 7 8 8 4 0 0 3 9 5 8 1 7 7 6 3 5 9 4 5 3 1 2 7 1 3 0 5 9 4 8 0 7 6 6 2 5 8 4 4 3 0 2 6 1 2 0 1 5 9 5 8 5 7 5 6 5 5 5 4 5 3 5 2 5 1 5 9 5 9 5 8 5 7 5 6 5 5 5 4 5 3 5 2 5 1 5 8 0 0 0 0 0 0 ,1 ,3 ,4 ,5 ,7 ,8 0 , 0 ,9 0 ,9 5 0 5 8 0 0 8 5 8 6 9 3 7 7 9 9 1 7 0 ,9 0 ,9 0 ,8 0 ,8 0 ,7 0 ,5 0 ,4 0 ,3 0 ,1 2 ,6 -0 ,1 -0 ,3 -0 ,4 -0 ,5 1- 0 0, 7 -0 ,8 -0 , -0 ,9 -0 ,9 8 5 9 0 0 8 5 0 5 5 5 0 5 8 0 0 8 5 8 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -0 -5 8 5 9 0 0 8 5 0 5 0 ,9 ,9 ,8 ,8 ,7 ,5 ,4 ,3 ,1 ,3 4 0 9 7 1 0 1 0 6 4 6 0 4 6 6 0 6 8 3 7 1 8 3 5 6 1 1 7 6 1 0 1 0 9 0 7 1 7 7 3 9 9 0 6 4 3 6 6 4 9 0 3 9 7 7 7 11 9 0 9 1 1 0 7 6 8 8 5 7 0 7 1 8 0 8 8 6 9 2 1 9 3 6 E 3 1 1 4 8 7 8 2 03 4 1 4 0 0 5 5 8 7 7 1 1 9 7 7 3 9 6 7 8 8 5 7 0 8 1 9 1 0 8 9 9 4 2 1 3 9 E - 5 0 3 0 1 9 5 2 9 0 7 2 7 6 4 9 4 3 7 9 8 5 6 0 1 8 7 5 0 6 0 0 0 1 7 9 0 4 2 3 1 9 8 0 1 0 5 8 3 4 5 2 1 3 1 9 5 1 7 1 1 9 9 7 1 7 5 6 1 2 8 8 41 7 9 7 4 1 8 3 1 5 6 2 7 9 8 6 6 1 9 2 2 2 5 2 8 3 1 3 4 3 7 4 0 Statistiquement parlant, les défauts apparaissent plutôt lorsque la tension est proche du maximum. Cependant la situation décrite ici peut se reproduire, surtout lors d'un enclenchement sur défaut. 34 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 3 - 2 - Flux dans le circuit magnétique du réducteur Soient R2 et L2 la résistance et l'inductance du circuit secondaire du réducteur. La tension aux bornes du circuit secondaire vaut: di'2 u2 = R2 * i'2 + L2 * L2 dt R2 Le flux dans le circuit magnétique du réducteur est donné par: φ= u2 * dt = L2 * i'2 + R2 * i'2 * dt soit, en remplaçant i par sa valeur exprimée dans l'équation n° 3: I'2 φ= ω * { R2 * [ τ1 * ω (1 - e - t / τ1 ) - sin ω * t] + L2 * ω * (e - t / τ1 - cos ω*t)} (4) Nous voyons que l'expression du flux comporte un terme périodique, et un terme apériodique. Dans ce dernier, la partie due à l'inductance tend vers zéro lorsque le temps augmente, tandis que la partie due à la résistance tend vers I'2 * R2 * τ1 . Dans les cas usuels, c'est cette dernière partie qui crée l'essentiel du flux. Nous supposerons par la suite que la charge est purement résistive, car c'est le cas le plus contraignant. L'équation (4) s'écrit alors: φ = φo * [τ1 * ω * (1 - e - t / τ1 ) - sin ω * t] I'2 φo = * R2 ω 35 / 320 en posant: Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 et le flux a l'allure suivante: Variation de φ/φο avec le temps à l'apparition d'un défaut, avec asymétrie maximale et τ1 = 120 ms 2 5 2 0 1 5 1 0 5 0 1 1 7 3 3 4 9 6 5 8 1 9 7 1 1 3 1 2 9 1 4 5 1 6 1 1 7 7 1 9 3 2 0 9 2 2 5 2 4 1 2 5 7 2 7 3 2 8 9 3 0 5 3 2 1 3 3 7 3 5 3 3 6 9 3 8 5 4 0 1 -5 t (ms) 1 - 3 - 3 - Saturation L'induction présente dans le noyau du réducteur est proportionnelle au flux. Lorsqu'elle dépasse une valeur Bmax, de l'ordre de 2 Tesla, elle ne peut pratiquement plus augmenter. Le circuit magnétique est saturé. Le courant secondaire est pratiquement nul. Les équipements utilisant ce courant comme grandeur d'entrée ne peuvent plus fonctionner correctement. Le calcul précédent montre, de manière sommaire, que si nous ne voulons pas dépasser Bmax lorsque le courant atteint sa valeur nominale de court circuit, qu'il comporte une composante apériodique, et que l'asymétrie est maximale, l'induction ne doit pas dépasser Bmax / (t1*w) lorsque le courant de court circuit atteint sa valeur nominale, mais qu'il n'y a pas d'asymétrie. Au § suivant, nous ne supposons plus que le courant secondaire est l'image exacte du courant primaire, mais nous représentons le réducteur par un modèle simple, et nous écrivons les équations décrivant le fonctionnement de ce modèle dans le réseau. 36 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 4 - Troisième approche Nous cherchons un modèle simple pour représenter le réducteur lorsqu'il n'est pas saturé et qu'il n'a pas d' hystérésis. De plus nous négligeons les flux de fuite. Soit l l'inductance propre d'une spire. Un courant i circulant dans cette spire crée un flux φe = λ * i Le courant i1 circulant dans le circuit primaire crée alors un flux f1= n1* l * i1 , n1 étant le nombre de spires primaires Le courant i2 circulant dans le circuit secondaire crée un flux φ2 = n2* l * i2 , n2 étant le nombre de spires secondaires Aux bornes de la bobine secondaire apparaît une force électromotrice e = - n2* d (φ1 + φ2) / dt φ1 = - φ2 Si la charge est nulle, la force électromotrice est nulle: D'où: - i1 / i2 = n2 / n1 = n, qui est le rapport de transformation Mais la charge n'est jamais nulle. Nous la supposerons purement résistive (voir § précédent). Soit R2 cette charge, comprenant la résistance de la bobine secondaire, de la filerie et des équipements récepteurs. L'équation de la boucle secondaire est: e = - n2 * dφ / dt = R2 * i2 , avec φ = φ1 + φ2 D'où l'équation différentielle liant le courant primaire au courant secondaire: (n1 * n2 * di1 / dt + n2² * di2 / dt) * λ = -R2 * i2 (1) i1 étant donné par l'équation n° 3 du § 131. Nous pouvons aussi l'écrire: n2² * λ * ( di'2 / dt - di2 / dt) = R2 * i2 i'2 étant le courant secondaire du transformateur parfait, ou encore: avec : iµ + t2 * diµ / dt = i'2 (2) Lµ = inductance magnétisante = n2² * λ t2 = constante de temps secondaire = Lµ / R2 iµ = courant magnétisant = courant d'erreur = i'2 - i2 Nous pouvons alors représenter le réducteur par le modèle suivant: i'1 Lµ iµ 37 / 320 i'2 R2 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 4 - 1 - Asymétrie maximale sur le courant primaire Dans l'équation n° 2 nous remplaçons i'2 par sa valeur trouvée dans l'équation n° 3 du § 131, qui correspond à l'asymétrie maximale: iµ + τ2 * diµ / dt = I'2 * ( e -t / τ1 - cos ω * t) (3) La résolution de cette équation donne le courant d'erreur, que nous appelons iµ1 : τ1 - t/τ1 iµ1 = I'2* [ *e τ1 1 - τ1 - τ2 1 + ω² * τ2² * (cos ω*t + ω*τ2 *sin ω*t) - ( 1 τ1 - τ2 -t/τ2 )*e ] 1+ω² *τ2² (4) Le flux dans le circuit magnétique est proportionnel au courant d'erreur: φ = Lµ * iµ φ / φο = iµ * t2 * ω / i'2 soit Cas particulier (pour mémoire): τ1 = τ2 -t / τ1 t iµ = I'2 * [ *e 1 - τ1 1 + ω²*τ1² * (cos ω*t + ω*τ1 *sin ω*t - e -t / τ1 )] (5) D'où les courbes ci-dessous Courbe donnant φ / φo pour τ1 = 120 ms, τ2 = 1 s, I'2= 20* 2 A, soit φ / φo = 11,2 * Iµ 35 30 25 20 15 10 5 0 1 13 25 37 49 61 73 85 97 109 121 133 145 157 169 181 193 205 217 229 241 253 265 277 289 301 313 325 337 349 361 373 385 397 temps en ms 38 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Courbe donnant φ / φo pour τ1 = 120 ms, τ2 = 5 s, I'2= 20 * 2 A, soit φ / φo = 56 * Iµ 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1 38 75 112 149 186 223 260 297 334 371 408 445 482 519 556 593 630 667 704 741 778 815 852 889 926 963 1000 temps en ms 1 - 4 - 2 - Courant primaire symétrique C'est le cas où ϕ = 87°(voir § 131). La tension à l'instant t=0 est alors proche du maximum. Dans ce cas, l'équation différentielle n° 3 du § 141 s'écrit: iµ + t2 * diµ / dt = I'2 * sin ω * t (6) La résolution de cette équation donne le courant d'erreur, que nous appelons iµ2: I'2 iµ2 = 1 + ω²*t2² * (sin ω*t - ω*t2 * cos ω*t + ω*τ2 * e 39 / 320 - t / τ2 ) (7) Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Courbe donnant φ / φο, pour t2 = 5 secondes, I'A = 20 * 2 A, soit φ / φo = 56 * Iµ 2 ,5 2 1 ,5 1 0 ,5 0 1 13 25 37 49 61 73 85 97 109 121 133 145 157 169 181 193 205 217 229 241 253 265 277 289 301 313 325 337 349 361 373 385 397 -0 ,5 temps en ms 1 - 4 - 3 - Enclenchement avec ϕ − α = π / 4 L'équation différentielle devient: iµ + t2 * diµ / dt = I'2 * (- sin (π / 4) + cos (ω * t + π / 4) La solution s'écrit, en reprenant les équations (4) et (7): iµ3 = (iµ1 + iµ2) / 2 (7bis) 1 - 4 - 4 - Notions sur le calcul du noyau du réducteur Les réducteurs sont généralement spécifiés 5 P 20, ce qui signifie que l'erreur sur l'image du courant qu'ils délivrent doit être inférieure à 5% lorsque le courant primaire est égal à 20 * In. Cette erreur maximale peut être garantie en régime permanent, pour les réducteurs de qualité standard, et en régime transitoire pour une constante de temps donnée pour les réducteurs de haute qualité. D'autre part, il est spécifié pour chaque type de réducteur sa puissance de précision, c'est à dire la puissance délivrée au circuit secondaire sous In, au-delà de laquelle la précision n'est plus garantie. Nous étudions comme exemple un réducteur de rapport 2000 / 1, et de puissance de précision 15 VA. Ceci signifie que la résistance de son circuit secondaire R2, qui est la somme des résistances d'entrée des différents équipements utilisateurs et de la filerie, est au maximum de 15 Ω. Nous supposons que le noyau du réducteur est de forme torique. 1 - 4 - 4 - 1 - Approximations Lorsque cette précision est tenue, la constante de temps τ2 est toujours très supérieure à τ1 , qui est elle même très supérieure à 1 / ω. D'où les approximations suivantes: 40 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 a) régime asymétrique (voir formule (4) du § 141) l'erreur passe par un maximum égal à: τ1 iµ = I'2 à l'instant 1 + τ2 ω ∗ τ2 (8) t = τ1 * Ln (τ2 / τ1) (9) puis tend vers zéro b) régime symétrique l'erreur passe par un maximum égal à: iµ / I'2 = 2 / (ω * τ2) (10) puis tend vers 1 / (ω * τ2) 1 - 4 - 4 - 2 - Rayon du tore Il existe deux types de réducteurs: - les réducteurs sans entrefer. Ils sont sensibles aux phénomènes non linéaires inhérents aux circuits magnétiques, tels que la non - linéarité de la courbe d'aimantation et l'hystérésis. En revanche leur inductance magnétisante est très élevée, et l'erreur due au courant magnétisant est très faible. Ils sont généralement utilisés lorsqu'on ne cherche pas à passer correctement la composante asymétrique, - les réducteurs avec entrefer Tant qu'ils ne sont pas saturés, leur réponse est linéaire, c'est à dire que le courant secondaire est lié au courant primaire par l'équation différentielle linéaire (2) du § 14. En revanche leur constante de temps est plus faible que celle des précédents, ce qui introduit une erreur systématique connue, mais importante. Ils sont utilisés lorsqu'on cherche à passer correctement la composante asymétrique. Pour chacun d'eux nous allons chercher le rayon minimal du tore permettant d'éviter la saturation, en régime symétrique et en régime asymétrique. Pour cela nous allons nous fixer la valeur de constante de temps secondaire τ2 permettant de ne pas dépasser une erreur de 5%: - régime asymétrique: la formule 8 nous donne approximativement: - régime symétrique: la formule 10 nous donne: Nous retiendrons la valeur de 2,4 s dans les deux cas. 41 / 320 τ2 > τ2 > 0,120 / 0,05 = 2,4 s 2 / (ω * 0,05) = 0,12 s Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 a) réducteurs sans entrefer Nous cherchons quel est le courant magnétisant maximal possible r ρ L'induction élémentaire moyenne créée par une spire est: µo * µr * iµ Be = (11) 2*π∗ρ avec µr ρ = = perméabilité magnétique du noyau rayon moyen du tore L'induction totale vaut: B = n2 * Be Elle atteint la valeur de saturation Bs = 2 Tesla pour: Bs * 2 * π ∗ ρ iµ = (12) µo * µr * n2 Or le courant maximal i'2 vaut 20 * 2 A, d'où - si le réducteur ne doit pas se saturer en régime asymétrique iµ < i'2 * τ1 / τ2 = 1,4 A Si nous prenons µr = 10000, nous trouvons, avec la formule (12), un rayon minimal de 2,8 m. - s'il ne doit pas se saturer seulement en régime symétrique i µ = 2 * i'2 / (ω ∗ τ2) = 0,07 A et, d'après la formule 12: ρ= 0,14 m La précision devient alors 0,07 / (20 * 2) = 0,25 % 42 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 On peut même diminuer le rayon ρ en utilisant des réducteurs de courant nominal secondaire 5 A, ce qui conduit à un rapport n2 cinq fois plus petit, mais à une charge secondaire plus importante. b) réducteur avec entrefer Les noyaux de ces réducteurs ont des entrefers de quelques dixièmes de millimètre chacun, répartis sur le tore. Nous supposons que la réluctance de leur circuit magnétique est entièrement due à ces entrefers, et nous cherchons quelle doit être leur valeur minimale pour que l'induction ne dépasse pas 2 Tesla lorsque le courant primaire est maximal et l'erreur maximale. L'induction élémentaire créée par une spire est: Be = µo * iµ / e e étant la longueur totale des entrefers. L'induction totale vaut B = n2 * Be = n2 * µo * iµ / e Elle doit être inférieure à 2 Tesla, d'où: e > n2 * µo * iµ / 2 - si le réducteur ne doit pas se saturer en régime asymétrique, e = 1,8 mm - sinon e= 0,09 mm Le rayon minimal du tore est ensuite fixé par le rayon minimal r de sa section. L'inductance magnétisante vaut, dans tous les cas: Lµ = τ2 * R2 = 2,4 * 15 = 36 Henry 1 - 4 - 4 - 3 - Calcul du rayon r de la section du tore a) réducteur sans entrefer Le flux élémentaire créé par une spire vaut (formule 11 du § 1431): φe = Be * π r² = µo * µr * iµ * π * r² 2*π*ρ Le flux total auto - induit par les spires secondaires vaut: φ = n2² * φe = Lµ * iµ D'où, en remplaçant φe par sa valeur: 2 * π ∗ ρ * Lµ r= 2 * ρ * Lµ 1 = n2² * µr * µo * π * n2 43 / 320 µr * µo Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 ce qui, dans l'application numérique, donne: - si le réducteur doit passer les régimes asymétriques: - sinon: r = 64 mm r = 15 mm b) réducteur avec entrefer Le flux élémentaire créé par une spire vaut: φe = Be * π * r² = π * r² * µo * i / e Le flux total auto - induit par les spires secondaires vaut: φ = n2² * φe = Lµ * iµ d'où: Lµ = n2² * π * r² * µo / e 1 et: r= Lµ * e * n2 (11) π * µo - si le réducteur doit passer les régimes asymétriques: r = 64 mm sinon: r = 15 mm Nous voyons ainsi que si nous voulons que les réducteurs ne se saturent pas sur régime apériodique, ses dimensions s'accroissent fortement. Nous voyons d'autre part que, dans l'exemple pris ici, la présence d'un entrefer a permis de diminuer la longueur du circuit magnétique, mais pas sa section. 1 - 4 - 5 - Tension de coude C'est la valeur efficace de la tension sinusoïdale qui, appliquée au secondaire du réducteur, lorsque le primaire est ouvert, provoque la saturation du circuit magnétique. De manière plus précise, c'est la valeur à partir de laquelle il suffit de l'augmenter de moins de 10 % pour que le courant circulant dans le circuit secondaire augmente de 50%. Dans le cas étudié, elle vaut au minimum: a) réducteur sans entrefer: V coude = Lµ * ω * Iµ = 36 * 314 * 0,0018 *20 = 405 V b) réducteur avec entrefer V coude = Lµ * ω * Iµ = 36 * 314 * 0,05 *20 = 11,3 k V Nous voyons que la présence d'un entrefer accroît la tension de coude. Lorsque le courant circule au primaire du réducteur et que le secondaire est ouvert, la tension maximale pouvant apparaître à ses bornes est approximativement la même que la tension de coude. Ceci montre que les réducteurs à entrefer doivent être impérativement protégés par des parafoudres, généralement réglés à 2 kV (voir § 4-1). 44 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-5- Types usuels de réducteurs de courant Il existe sur le réseau EDF 3 types de réducteur: -réducteur dit "classe PS", (dénomination EDF), dont l'induction est à la limite de sa valeur de saturation en régime symétrique, pour le courant de court-circuit maximal spécifié. Ce type d'appareil est conforme à la norme CEI 185. Son courant nominal secondaire est 5 A. Il ne comporte pas d'entrefer. Lorsqu'il est saturé, une alternance sur deux est correcte. Il ne peut être utilisé qu'avec des protections capables de ne pas émettre d'ordre intempestif dans ces conditions. Nous verrons plus loin qu'il s'agit alors des anciens modèles de protection, ou de modèles comportant un système d'insensibilisation à la saturation. -réducteur dit "ME 21", dont l'induction ne dépasse pas la moitié de l'induction de saturation en régime symétrique, pour le courant de court circuit maximal spécifié. Son courant nominal secondaire est 5 A. Il comporte un petit entrefer. Sa tension de coude est de 600 V Lors d'un réenclenchement sur défaut, si son circuit magnétique a gardé une induction rémanente, son induction ne dépasse pas, en régime périodique, l'induction de saturation, et l'intensité secondaire reste correcte pour une alternance sur deux. Cet appareil est, en principe, lui aussi réservé aux protections insensibles à la saturation. En fait, des essais ont montré que les autres protections peuvent elles aussi être utilisées dans certaines conditions de réseau, à déterminer pour chacune d'elles. Nous verrons, dans la sixième partie et l'annexe 4, comment déterminer si ce type de réducteur convient ou pas pour une protection donnée, dans un environnement donné. -réducteur dit "MA 102" (400 et 225 KV) et "MA 103" (90 et 63 KV), qui est spécifié pour donner une réponse correcte même en cas de régime transitoire asymétrique, y compris avec réenclenchement. Son courant nominal secondaire est 1 A. Il est conforme à la norme CEI 44-6, type TPY. Sa tension de coude est de 6 kV. Le comportement de ce réducteur aux régimes apériodiques a été spécifiée comme suit: Ils ne doivent pas se saturer lorsqu'ils sont soumis au courant de court circuit maximal, avec la composante apériodique maximale, pendant un temps t', puis à un courant nul pendant un temps tfr, puis de nouveau parcourus par le courant de court circuit maximal pendant un temps t'' * 400 KV: la constante de temps est 120 ms, avec t' = 155 ms, tfr = 1505 ms, t" = 200 ms * 225 KV: la constante de temps est 120 ms, avec t' = 155 ms, tfr = 1005 ms, t" = 60 ms * 90 KV et 63 KV, au secondaire des transformateurs: la constante de temps est de 180 ms, avec t' = 175 ms, tfr = 1505 ms, t" = 395 ms * 90 KV et 63 kV pour les départs ligne: la constante de temps est de 40 ms, avec t' = 175 ms, tfr = 1505 ms, t" = 395 ms Ces appareils sont appelés familièrement "Réducteurs de courant grosse tête" Bibliographie [4],[6], [86] 45 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - REDUCTEUR DE TENSION BOBINE C'est un véritable transformateur, dont le primaire reçoit la tension du réseau, et le secondaire restitue une tension image égale à 100 V entre phases lorsque la tension primaire est égale à la tension nominale. C'est le même enroulement qui fournit la tension aux protections et aux autres équipements. Les difficultés rencontrées pour la réalisation de cet appareil sont: - fourniture d'une tension secondaire avec la précision requise lorsque la tension primaire est faible. En effet, dans ce cas, les phénomènes d'hystérésis sont particulièrement sensibles. Pour les appareils de précision on est conduit à utiliser des circuits magnétiques avec entrefer. - charges "piégées" lors de cycles de déclenchement et réenclenchement. En effet, après ouverture des disjoncteurs d'une phase saine, la phase reste chargée. Un régime oscillatoire amorti apparaît, créé par la capacité de la ligne et l'inductance de l'appareil. Elle peut être à très basse fréquence, ce qui provoque la saturation de son circuit magnétique. Au réenclenchement il fournit alors une tension très faible, ce qui peut entraîner un fonctionnement incorrect des protections. Là aussi, pour se prémunir de ce phénomène, il faut fonctionner avec une induction nominale faible, en utilisant un entrefer. Mais ceci conduit à une puissance de précision faible. - Ferrorésonance: on appelle ferrorésonance l'ensemble des phénomènes de relaxation à très basse fréquence, c'est à dire à 50 HZ ou à une fréquence sous harmonique, généralement 3 ou 5, apparaissant lorsqu'une bobine saturable, ici le transformateur, est liée à un élément sous tension par un condensateur. La tension primaire peut alors atteindre une valeur dangereuse pour le matériel. Ce cas se rencontre, entre autres, pour les réducteurs de tension bobinés placés sur les barres des postes (voir 3ème partie, § 18). Condensateur C1 Réducteur bobiné X Condensateur C2 bobine additionnelle charge C1 est le condensateur interne au disjoncteur de puissance C2 représente la capacité du jeu de barres par rapport au sol Pour éviter ce phénomène, on place en parallèle avec la charge une bobine additionnelle se saturant lorsque la tension dépasse largement la tension nominale - par exemple 110 V- mais d'inductance suffisamment élevée pour ne pas dégrader, en régime établi, le courant circulant dans la charge. De plus, cette bobine possède une résistance suffisante pour amortir les phénomènes oscillatoires qu'elle pourrait engendrer. Bibliographie [5], [6], [20] 3 - REDUCTEUR DE TENSION CAPACITIF 46 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 C'est un appareil hybride, comportant un diviseur capacitif, formé par les condensateurs C1 et C2, et un transformateur T. On ajoute une bobine L pour accorder les deux systèmes. C'est le même enroulement qui fournit la tension aux protections et aux autres équipements. Le schéma de principe est le suivant: 400 kV ou 225 kV C1 L A B S1 T charge secondaire C2 S2 transformateur de couplage pour transmission à courant porteur ligne L'inductance doit être choisie de telle manière que, du point B, la tension V1 soit celle qu'on obtiendrait en A avec une impédance de charge infinie. V1 = V* C1 / ( C1 + C2 ) Nous supposerons que la charge ramenée en B est purement résistive. Elle a pour valeur : R = R charge * n² n étant le rapport de transformation. Ceci nous conduit, après calcul, à la condition: L*ω * ( C 1 + C 2 ) = 1 Cette condition n'est vraie que si la fréquence est bien la fréquence nominale du réseau. Pour les fréquences différentes, ou pour les régimes transitoires, l'image de la tension fournie est entachée d'erreur. C'est pourquoi ces appareils ne peuvent pas être employés pour des protections qui ne filtrent pas les régimes transitoires. Cependant, plus l'impédance de charge est élevée (charge faible), plus la précision reste bonne à des fréquences différentes de la fréquence nominale. Ferrorésonance: 47 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 ce phénomène n'a pas, jusqu'à ce jour, été observé sur les réducteurs de tension capacitifs utilisés sur le réseau EDF. Il semble toutefois que ce problème soit apparu sur d'autres réseaux, ce qui a conduit à développer des circuits de suppression de la ferrorésonance: charge circuit actif On interpose un circuit résonant à 50 Hz entre le réducteur et une résistance additionnelle. Lorsque la fréquence est différente de 50 Hz, la résistance du circuit secondaire augmente rapidement, ce qui "casse" le phénomène. charge Rf Lf R Circuit passif Un éclateur s'amorce en cas de surtension due à la ferrorésonance. La résistance R se trouve alors introduite dans le circuit. Si la ferrorésonance se maintient, la réactance Lf se sature et courtcircuite Rf, ce qui modifie l'impédance du circuit. Bibliographie [5], [6], [97] 48 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - PROBLEMES DE SECURITE LIES AUX REDUCTEURS DE MESURE 4 - 1 - Réducteurs de courant. En fonctionnement normal, le flux créé par le courant primaire est presque intégralement compensé par le flux créé par le courant secondaire. Mais si le secondaire est ouvert, la tension au secondaire est proportionnelle à la dérivée du flux primaire et peut atteindre des valeurs très importantes; plusieurs milliers de volts pour les réducteurs classe PS ou ME 21 qui se saturent rapidement, et plusieurs dizaines de milliers de volts pour les réducteurs type MA 102 ou MA 103, qui ne se saturent pas. C'est pourquoi: Toute intervention sur un circuit courant se fait en court-circuitant au préalable le circuit secondaire par un organe de sécurité appelé court circuiteur d'intensité. De plus, les différentes connexions sont réalisées avec des connecteurs spéciaux, type SECURA ou ENTRELEC. Enfin, pour les réducteurs type MA 102 et MA 103, un dispositif limiteur de tension est installé. Lorsqu'un réducteur possède plusieurs noyaux, le circuit secondaire associé à chacun de ces noyaux est protégé par un seul court - circuiteur d'intensité. 4 - 2 - Réducteurs de tension Quand des personnes, travaillant sur les équipements basse tension d'un départ, injectent au secondaire d'un de ces appareils une tension alternative de quelques dizaines de volts, une tension de plusieurs dizaines de milliers de volts apparaît au primaire. Si d'autres personnes travaillent sur des conducteurs raccordés à ce primaire, elles peuvent être électrocutées. Il est impératif, avant de travailler sur le primaire d'un réducteur de tension, de séparer son circuit secondaire des équipements basse tension qu'il alimente par un organe de sécurité. Un réducteur de tension possède un seul circuit secondaire, qui est ensuite scindé en plusieurs parties, trois généralement, pour alimenter les différents équipements utilisateurs. Schématiquement, la répartition est la suivante: - automates et capteurs - protection principale - protection de secours Chaque circuit est protégé individuellement, soit par des fusibles, soit par un disjoncteur. Le choix de la protection peut imposer le type de protection (voir "rupture fusible", §21123) Bibliographie [7], [8], [9] 5 - MISE EN SERVICE 49 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - 1 - Problèmes de repérage Pour les réducteurs de courant, la norme NFC 42-502 indique que la borne P1 est isolée du capot métallique entourant la tête, et P2 au potentiel de cette tête. Les bornes P1 et S1 sont à des potentiels de même sens. Sur les schémas normalisés EDF, la borne P2 est côté ligne. La recommandation CEI en référence ne donne pas d'indication sur ce sujet et de nombreux pays utilisent la convention inverse. Pour les réducteurs de tension, la norme NFC 42-501 spécifie que la borne P1 est au potentiel de la ligne, et que la borne P2 est reliée à la terre. Les bornes P1 et S1 sont à des potentiels de même sens. Mais la recommandation CEI donne des indications différentes. Il importe donc, pour chaque pays, de se renseigner sur les conventions qu'il utilise. 5 - 2 - Essais de mise en service A EDF, nous faisons très peu d'essais de mise en service, les certificats d'essai de réception des constructeurs faisant foi. Nous vérifions - que la borne P2 est bien du côté des barres, - que le limiteur de tension des réducteurs de courant à entrefer fonctionne correctement. Pour cela, nous déconnectons ce limiteur de l'équipement, et l'alimentons avec une tension croissante. Il doit devenir passant pour une tension supérieure à 550 V. Nous faisons ensuite décroître le courant jusqu'à ce qu'il redevienne non passant, et notons la valeur du courant juste avant qu'il ne se coupe. Bibliographie [4], [5], [6], [76] 50 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - REDUCTEURS OPTIQUES Ces appareils sont encore expérimentaux. Ils utilisent l'effet des champs électriques et magnétiques sur le plan de polarisation de la lumière: - les réducteurs de tension utilisent l'effet POKKELS. On fait circuler un rayon laser polarisé à l'intérieur d'une fibre optique réalisée avec un verre de qualité particulière, flint lourd, et enroulée dans un champ électrique crée par la tension. Le plan de polarisation de la lumière tourne d'un angle proportionnel à ce champ. Un analyseur et un amplificateur placés à l'extrémité de la fibre permettent d'obtenir un signal électrique image de la tension primaire. - les réducteurs de courant utilisent l'effet FARADAY. On fait de même circuler un rayon laser polarisé à l'intérieur d'une fibre optique enroulée dans un champ magnétique crée par le courant primaire. Le plan de polarisation de la lumière tourne d'un angle proportionnel au champ magnétique. Le traitement est ensuite identique au précédent. Ces appareils, outre les améliorations escomptées sur la précision, l'encombrement et le prix, ont l'avantage de s'affranchir totalement des problèmes de saturation. De plus les contraintes de sécurité inhérentes aux réducteurs classiques sont supprimées. Cependant ils ne sont compatibles qu'avec des protections à faible niveau d'entrée. De plus, il n'existe pas, actuellement, de protocole de dialogue normalisé entre les réducteurs et les équipements utilisateurs: protections, automates. Ceci impose de confier au même constructeur l'ensemble réducteurs - protections, ce que les utilisateurs n'acceptent pas. Un consensus semble toutefois se dessiner, qui pourrait conduire à un protocole de dialogue normalisé. Bibliographie [10], [11] 51 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 TROISIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) PROTECTION CONTRE LES COURTS-CIRCUITS 1 - Protection contre les courts-circuits des réseaux en antenne - notion de sélectivité - protection à maximum d'intensité - protection Buchholz - protection masse - cuve - protection d'antenne passive - protection masse - câble - protection des batteries de condensateurs - protection contre la ferrorésonance - protection contre les flux trop élevés - fonctionnement de l'ensemble 2 - Protection contre les courts-circuits des réseaux bouclés - protection de distance . principe . protection électromécanique . protection statique . protection numérique . téléprotection - protection à comparaison de phase - protection différentielle . de ligne . de canalisation souterraine . de liaison courte . de barres - protection homopolaire 57 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - PROTECTION CONTRE LES COURTS-CIRCUITS DES RESEAUX EN ANTENNE 1 - 1 - NOTION DE SELECTIVITE Considérons un cas simple : celui d'un réseau alimentant une charge passive à travers un transformateur. De plus nous supposerons que les défauts affectent simultanément les trois phases et ne sont pas résistants. Le réseau peut alors être représenté par ses grandeurs directes (voir la théorie des composantes symétriques, en annexe 1 ) P2 Poste A Poste B Poste C X P3 Zs = 2,5 Ω Zl = 10 Ω Zdt = 37 Ω (16%) X P4 z X X X P5 Icc = 20 kA U = 90 kV X P = 36 MVA P6 X Zs est l'impédance directe de source , c'est à dire l'impédance directe du réseau qui alimente le poste A IccA est le courant de court-circuit au poste A, lié à Zs par : IccA = 90 kV / 3 * Zs ZL est l'impédance directe de la ligne. Elle est de l'ordre de 0,4 Ω par km , mais doit être mesurée, ou à défaut calculée, pour chaque ouvrage [annexe 3]. Zcc est l'impédance de court-circuit du transformateur . Elle est souvent donnée en pourcentage de l'impédance nominale Zn. Zn = U² / P = (90 kV)² / 36 = Zcc = 16 % de Zn = 225 Ω 37 Ω Le courant maximal circulant dans la ligne AB est de 230 A .C'est celui qui permet de fournir les 36 MVA au transformateur. Au poste A, une protection à maximum d'intensité P1 a été placée sur chacune des phases , au départ de la ligne AB. De même, au poste C, une protection à maximum d'intensité a été placée sur chacun des départs 20 kV: P2,P3,P4,P5,P6. Dans chacun d'eux circule une intensité maximale de 207 A . Lorsque un défaut apparaît sur un élément de ce réseau , le rôle de chaque relais de protection est d'abord de commander, s'il y a lieu, l'ouverture du disjoncteur situé sur le même départ, de telle sorte que l'ouvrage où se trouve le défaut, et lui seul, soit mis hors tension. On dit alors que le défaut est éliminé .Si un relais de protection, ou un disjoncteur , ne fonctionne pas , d'autres protections doivent faire ouvrir d'autres disjoncteurs, de telle manière que le défaut soit quand même éliminé. D'où deux types de déclenchement : 58 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 a - déclenchement instantané , c'est à dire dans le cas où tout fonctionne correctement. Le seuil de courant de la protection P1 doit être réglé de telle manière que tous les défauts situés sur la ligne AB soient éliminés, mais qu'aucun de ceux situés sur les lignes 20 kV ne provoque son fonctionnement. Un court-circuit en B provoque la circulation en A d'un courant de: Icc1 = 90 000 / 3 * (2,5 + 10) = 4 150 A Un court-circuit au départ d'une des lignes 20 kV crée un courant donné par : Icc2 = 90 000 / 3 * (2,5 + 10 + 37) = 1 050 A Pour que le relais situé en P1 émette un ordre de déclenchement correct , il faut que le seuil de courant soit situé entre 1050 A et 4150 A . Nous prendrons par exemple 2600 A . Le seuil de courant de la protection P2 est réglé à 300 A , c'est à dire légèrement au dessus du courant maximal de la ligne . Il en est de même pour les protections des autres départs 20 KV . b - déclenchement temporisé, c'est à dire en secours. Supposons qu'un défaut apparaisse sur une ligne 20 kV, L2 par exemple , et que le disjoncteur correspondant ne s'ouvre pas . Dans ce cas , c'est la protection P1 qui devra commander l'ouverture de son disjoncteur , mettant ainsi hors tension la ligne 90 KV et les lignes 20 kV. Mais pour cela il faudra avoir la certitude que le disjoncteur de L2 devait s'ouvrir , et qu'il ne l'a pas fait . D'où deux réglages : - Réglage de seuil : Is > 300 * (20 / 90) = 66 A, afin qu'il ne soit pas plus sensible que P2 , Is > 230 A, afin qu'il soit insensible au courant de transit normal . Nous prendrons 300 A - Réglage de temporisation . Il faut attendre que : . P2 ait eu le temps d'émettre son ordre de déclenchement , (temps maximal ) . son disjoncteur ait eu le temps de couper le courant de court-circuit , (temps maximal ) . P1 ait eu le temps de s'apercevoir que le courant était coupé , et d'arrêter la temporisation , . un temps de sécurité C'est la somme de ces quatre temps , diminuée du temps minimal au bout duquel P1 met en route sa temporisation , qui donne la valeur de réglage de la temporisation . Pour des protections et des disjoncteurs modernes ils sont de l'ordre de : . déclenchement de P2 . ouverture du disjoncteur . retombée de P1 . temps de sécurité . mise en route de P1 = 40 ms = 50 ms = 45 ms = 35 ms = 20 ms Nous prendrons donc 40 + 50 + 45 + 35 - 20 = 150 ms. Cette notion de sélectivité, obtenue en combinant d'une part des réglages de grandeurs électriques, et d'autre part des réglages de temporisations, se retrouve dans tous les systèmes de protection. 59 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Nota: Dans le réseau décrit ci-dessus, pourtant simple, le système de protection est nettement insuffisant: il manque une protection pour le transformateur et pour le jeu de barres 20 kV, et le défaut entre une phase et la terre n'est pas traité. D'autre part, les fourchettes de réglage sont très larges. En fait, dans bien des cas elles peuvent être beaucoup plus étroites. On pourra par exemple le constater en installant trois transformateurs au lieu d'un seul , chaque ligne 20 KV transportant une charge triple. Enfin , dans ce réseau , tout défaut sur la ligne 90 KV, ou sur le transformateur, ou sur les barres 20 kV, provoque la coupure de tous les clients alimentés par les lignes 20 kV. Un tel inconvénient, s'il peut être admis pour les tensions de cet ordre, doit être évité pour les tensions plus élevées, et pour cela le réseau doit être interconnecté. Il devient alors, comme nous le verrons plus loin, beaucoup plus difficile à protéger . Bibliographie [21], [22], [23], [88], [91], [92] 60 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1- 2 - PROTECTION A MAXIMUM D'INTENSITE Cette dénomination regroupe les fonctions suivantes: - Relais instantané: lorsqu'un seuil de courant est dépassé , le relais émet aussi rapidement que possible un ordre de déclenchement . - Relais temporisé: lorsqu'un seuil de courant est dépassé , une temporisation est mise en route . Si à l'échéance de cette temporisation le seuil est toujours dépassé , le relais émet un ordre de déclenchement . - Relais à temps inverse: le déclenchement est émis au bout d'un temps inversement proportionnel à la valeur du courant . - Relais directionnel: c'est une fonction supplémentaire , que l'on ajoute à l'une ou l'autre des précédentes: l'ordre de déclenchement n'est émis que si la puissance transite dans un sens donné. Pour élaborer cette fonction le relais doit être alimenté aussi en tension, car le sens de transit est donné par le déphasage entre la tension et le courant. Les relais de protection utilisés sur les réseaux sont généralement des combinaisons de ces fonctions. Par exemple un relais est mis en route par le dépassement d'un seuil de courant, puis attend un temps fixe , puis , à échéance de ce temps attend un temps inversement proportionnel au courant, puis émet un ordre de déclenchement si la puissance circule dans un sens donné. Il revient au repos lorsque le courant retombe au-dessous du seuil initial . Ces relais peuvent être installés sur chacune des phases d'un ouvrage . On les appelle alors relais de surintensité . Ils peuvent aussi utiliser la somme des trois courants de phase de l'ouvrage. On les appelle alors relais de courant homopolaire. Ils utilisent soit un transformateur annexe réalisant la somme des trois courants issus des réducteurs principaux , soit un réducteur placé sur la connexion de neutre primaire ou secondaire du transformateur de puissance . Ils peuvent aussi être installés sur les connexions de gaine des câbles ou sur la connexion de mise à la terre des cuves de transformateurs de puissance . Bibliographie [13] 61 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 3 - PROTECTION BUCHHOLZ C'est un dispositif destiné à protéger les transformateurs de puissance à huile contre les défauts internes. Son principe n'est pas basé sur une mesure électrique, mais sur un critère mécanique: lors d'un amorçage interne, ou d'un échauffement anormal, il se produit un dégagement de gaz. Si ce dégagement est faible, un flotteur s'abaisse progressivement et fait fonctionner un relais d'alarme. Si le dégagement est plus violent, il provoque un mouvement d'huile qui fait basculer une palette et provoque le déclenchement du disjoncteur. Le gaz qui s'est accumulé dans la cloche du relais peut être récupéré et analysé, ce qui permet d'obtenir des indications sur la nature et l'emplacement du défaut. Il existe trois niveaux d'analyse : - analyse visuelle . Si le gaz est : . incolore , c'est de l'air . On purge le relais et on remet le transformateur sous tension . blanc , c'est qu'il y a échauffement de l'isolant . jaune , c'est qu'il s'est produit un arc contournant une cale en bois . noir , c'est qu'il y a désagrégation de l'huile - tube Draeger On fait passer le gaz recueilli dans un tube contenant un réactif. Suivant la couleur prise par le réactif on peut réaliser une analyse plus précise que précédemment. - analyse de l'huile Par analyse chromatographique et essai diélectrique on peut déterminer de manière plus précise l'élément en panne. Mais cette analyse ne peut être réalisée que par un laboratoire spécialisé. Bibliographie [14], [15] 62 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 4 - PROTECTION MASSE-CUVE POUR TRANSFORMATEUR DE PUISSANCE C'est une protection de transformateur, destinée à détecter les défauts d'isolement entre la partie active du transformateur et la cuve. Pour cela, on détecte le courant qui s'écoule entre la cuve et la terre, par un relais de protection à maximum d'intensité instantané. Ceci impose l'isolation de la cuve par rapport à la terre, de manière à ce que d'une part la totalité du courant passe par la connexion, et d'autre part il ne se forme pas de boucles. En effet, le courant circulant dans les conducteurs haute tension crée alors par induction un courant susceptible de faire fonctionner le relais. Sur un courtcircuit en ligne on met alors le transformateur hors tension, par "sympathie ". Les précautions à prendre sont: - bien faire passer les conducteurs basse tension, dont le blindage se trouve relié à la terre du poste à une extrémité, et à la cuve à l'autre extrémité, à l'intérieur du tore; - veiller à ce que les éléments reliés à la terre du poste, mais en contact avec la cuve, soient correctement isolés, sinon des surtensions transitoires sont susceptibles de percer l'isolant, puis, une fois le cheminement établi, une boucle se trouve formée. Primaire Secondaire DJ primaire DJ secondaire éclateur éclateur protection à maximum d'intensité Cales isolantes 63 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 5 - PROTECTION D'ANTENNE PASSIVE Sur certaines lignes on veut, lorsqu'un défaut affecte une seul phase, ne déclencher que cette phase. C'est le cas, sur le réseau français, des lignes 225 kV et 400 kV. DJ1 DJ2 X X X X X X poste 1 poste 2 Si un défaut apparaît sur la phase A , une protection à maximum d'intensité placée sur la phase A au poste 1 détecte le défaut et fait ouvrir le pôle correspondant du disjoncteur. Après quoi, au poste 2, un courant subsiste sur la phase A , provenant des autres phases à travers les bobines du transformateur. Ce courant, inférieur au courant de charge, n'est pas suffisant pour faire fonctionner une protection de surintensité, mais suffit à empêcher l'arc de s'éteindre. Un essai de réenclenchement au poste 1 retrouve alors le défaut, ce qui conduit à un déclenchement triphasé définitif. Pour faire ouvrir le disjoncteur de la phase A au poste 2 , on place un sélecteur voltmétrique S2 constitué de trois relais de seuil de tension au poste 2 . la phase dont la tension est inférieur au seuil est celle où se trouve le défaut . Le fonctionnement est alors le suivant : a - Le disjoncteur D1 déclenche sur une seul phase. C'est le cas lorsqu'il s'agit d'un défaut monophasé et que la ligne considérée est une ligne 225 kV ou 400 kV. Il existe alors deux types d'installation: - Si une bonne qualité d'alimentation est recherchée pour la clientèle, la protection P1 émet un ordre de télédéclenchement lent (100ms, voir § 2-1-5) à destination de S2. Cette dernière émet alors un ordre de déclenchement monophasé sur la phase où le relais de seuil constate une tension inférieure à 80 % de la tension nominale. C'est la protection d'antenne passive instantanée. - Si une qualité d'alimentation moins bonne peut être acceptée, l'équipement de télédéclenchement n'est pas installé, et le sélecteur voltmétrique émet seul son ordre de déclenchement, en attendant un intervalle sélectif de plus que les deuxièmes stades (voir § 21111) des postes encadrants. Ceci signifie d'une part un temps de cycle monophasé plus long, et d'autre part un risque de déclenchement intempestif sur défaut éloigné mal éliminé. C'est la protection d'antenne passive temporisée. b- Le disjoncteur D1 déclenche en triphasé, soit parce qu'il s'agit du réseau 63 kV, soit parce que le défaut est polyphasé. La protection S2 n'est en principe plus utile. 64 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Il peut cependant arriver que l'antenne soit légèrement active, en particulier si , parmi la clientèle il existe des producteurs autonomes de faible puissance. Cette production peut alors être insuffisante pour faire fonctionner une protection de distance, mais suffisante pour empêcher l'extinction de l'arc. C'est pourquoi la protection S2 émet un ordre de déclenchement triphasé, soit à réception du télédéclenchement, soit à échéance d'une temporisation, si elle détecte une baisse de tension sur au moins deux phases. c- Le défaut est trop résistant pour faire fonctionner les protections de distance du poste 1. - Si le télédéclenchement a été installé, la protection d'antenne passive comporte un relais à courant résiduel alimenté par le courant du neutre primaire du transformateur. Elle émet alors un ordre de déclenchement triphasé au bout de 500 ms après réception de l'ordre de télédéclenchement , - Si le télédéclenchement n'a pas été installé, le sélecteur S2 ne sait pas si le disjoncteur situé à l'extrémité active a déclenché. Une protection de puissance homopolaire (voir § 24), indépendante de la PAP, et sélective avec les autres protections à puissance homopolaire du réseau, est nécessaire. d - Déclenchement en secours des défauts entre phases L'élimination des défauts polyphasés est assurée par une protection de secours polyphasée, fortement temporisée. Nota: nous avons vu que le télédéclenchement est lent. Ceci est dû au fait que l'on a retenu un système à haute sécurité, afin d'éviter les déclenchements intempestifs sur défaut apparaissant sur un autre ouvrage. Mais alors cet ordre risque d'être retombé, coté émission, avant d'être reçu. C'est pourquoi l'équipement de téléaction chargé de transmettre l'ordre de télédéclenchement garde en mémoire cet ordre pendant un temps de 120 à 650 ms. Bibliographie [16] 65 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 6 - PROTECTION MASSE-CABLE X X Défaut entre âme et gaine X réducteur de courant protection de surintensité parafoudre de gaine Elle est destinée à protéger la partie souterraine des liaisons comportant une partie en ligne aérienne et une partie en câble souterrain, lorsque la gaine de ce câble est mise à la terre uniquement côté poste. Dans la bibliographie en référence sont précisées les règles de mise à la terre des gaines de câbles. Le principe est le suivant : un court - circuit entre âme et gaine provoque la circulation d'un courant dans la connexion de mise à la terre de cette gaine. Ce courant est détecté par une protection de surintensité instantanée, qui provoque le déclenchement du disjoncteur DJ1 situé à proximité du câble. Comme les défauts sur les câbles sont toujours permanents, le déclenchement est toujours triphasé, et la protection inhibe le réenclencheur correspondant. Le disjoncteur DJ2 situé à l'autre extrémité de la liaison est déclenché par les autres protections de la liaison, comme s'il s'agissait d'un défaut situé sur la ligne aérienne. Cependant, pour des raisons de sécurité des personnes, si le câble se trouve dans une zone urbaine ou industrielle, le disjoncteur DJ2 est télédéclenché en triphasé par la protection masse - câble, et son réenclencheur est inhibé. X X DJ1 DJ2 Nota: Comme pour les protections masse- cuve , il est impératif qu'il n'y ait pas d'autres mises à la terre que celle qui passe à travers le réducteur de courant . Bibliographie [17], [3] 1 - 7 - PROTECTION DES BATTERIES DE CONDENSATEURS 66 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les batteries de condensateurs sont protégées contre deux types d'anomalies 1 - 7 - 1 - Anomalies extérieures Ce sont : - une tension trop élevée, qui a deux effets. Le premier est d'approcher la tension de service de la tension de claquage, et donc d'augmenter le risque de claquage à l'occasion de surtensions de manœuvre par exemple, et le second d'augmenter l'énergie dissipée dans la batterie, proportionnellement au carré de la tension, et par conséquent son échauffement, - une tension non sinusoïdale. En effet le courant alimentant la batterie est proportionnel à la dérivée de la tension. Le taux d'harmoniques de courant est alors amplifié par rapport au taux d'harmoniques de tension, d'un facteur égal au rang de l'harmonique. Ces facteurs se traduisent tous les deux par une augmentation du courant d'alimentation, de la batterie, à laquelle la norme NFC 54-100 a fixé une limite: La batterie ne doit en aucun cas supporter de manière durable une intensité supérieure à 1,3 * In Nous choisissons un relais réglé à 1,2 * In , et temporisé à 20 secondes pour laisser aux régleurs en charge le temps d'amener la tension à une valeur correcte. 1 - 7 - 2 - Anomalies intérieures Les batteries de condensateurs sont formés de condensateurs élémentaire de 5,5 kVAR , et de tension assignée 1540 V, chacun d'entre eux étant muni d'un fusible incorporé. Ces données sont fournies à titre d’exemple, mais les valeurs usuelles restent proches de ces chiffres. Ces condensateurs élémentaires sont regroupés en bidons de 200 kVAR, sous forme de trois séries de 12 condensateurs en parallèle. De cette manière, si un condensateur se met en court-circuit, il provoque la décharge des 11 autres, et la fusion de son fusible. Il est alors hors service. Les bidons sont alors connectés entre eux pour obtenir une branche capable de tenir la tension d'alimentation. Par exemple, pour obtenir une batterie de 9,6 kVAR sous 63 kV, on installe 8 bidons en série. Les branches sont ensuite disposées en double étoile suivant le schéma ci-dessous: a b c a protection à maximum d'intensité 67 / 320 b c vers disjoncteur de la tranche condensateur Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le claquage d'un condensateur élémentaire provoque un déséquilibre entre chacune des deux étoiles, et le passage d'un courant dans la protection à maximum d'intensité. Dans l'exemple ci-dessus, les réglages sont les suivants: - courant de déséquilibre normal inférieur à 40 ma. - seuil d'alarme 80 ma - seuil de déclenchement 270 ma . Ce dernier seuil est déterminé de telle manière que sur aucun condensateur élémentaire la tension ne dépasse de 10 % celle qu'il recevrait si la batterie était saine. Ceci correspond au claquage de trois condensateurs élémentaires situés sur une même parallèle. Si les condensateurs sont répartis différemment, leur nombre peut être plus important, mais la contrainte sur les autres condensateurs reste du même ordre. Cette protection émet un ordre de déclenchement instantané. En secours de ces deux types d'anomalies, on utilise une protection à maximum d'intensité, réglée à 3* In, et temporisée à 100 ms. Bibliographie [18] 68 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 8 - PROTECTION CONTRE LES SURTENSIONS ET LA FERRORESONANCE On appelle ferrorésonance l'ensemble des phénomènes de relaxation à très basse fréquence, c'est à dire à 50 HZ ou à une fréquence sous harmonique, généralement 3 ou 5, apparaissant lorsqu'une bobine saturable, généralement un transformateur, est liée à un élément sous tension par un condensateur. Nous avions déjà rencontré ce phénomène sur les réducteurs de tension bobinés (voir deuxième partie, § 2). Il a aussi été observé sur les postes raccordés en piquage sur le réseau 400 kV. z Lorsque la bobine n'est pas saturée, le circuit est inductif. Lorsqu'il est saturé, le circuit est capacitif. Lorsque la saturation apparaît, il existe un point instable où le circuit est résonant. Des oscillations de relaxation apparaissent alors, accompagnées de surtensions et de surintensités dangereuses pour les ouvrages concernés. Leur modélisation, qui porte sur des phénomènes non linéaires, nécessite des logiciels très élaborés, tels que PDMS. En fait, les phénomènes observés sur les piquages 400 kV sont de deux types: - les surtensions, - la ferrorésonance. 1 - 8 - 1 - Surtensions Le transformateur du poste en piquage est alimenté en antenne par le réseau sur une ou deux phases. Une surtension à 50 Hz peut se produire. Il s'agit ici d'un phénomène linéaire. L'apparition du phénomène de surtension est instantané dès l'instant où les conditions nécessaires sont réunies. Ligne X X X X X X X X X Poste en piquage Transformateur 400 kV / 90 kV La valeur du coefficient de surtension S est d'autant plus grand que l'impédance homopolaire Zo du transformateur et que la capacité phase - terre Cp de la ligne seront élevées. En effet, l'étude a montré que le coefficient de surtension S valait: ¨ Xc¨ V S= = Vn 1 avec ¨Xc¨ - 3 * ¨Xoç Xc = et j * Cp * ω 69 / 320 Xo = j * Lo * ω Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 8 - 2 - Ferrorésonance Son risque d'apparition existe lorsqu'un transformateur à vide ou très faiblement chargé est alimenté en piquage par un des circuits d'une ligne 400 kV double terne, et lorsque ce circuit est ouvert sur les trois phases aux deux extrémités, le deuxième circuit étant sous tension. X X X X X X X X X X X X Le phénomène de ferrorésonance est trop dépendant des conditions initiales pour pouvoir être prévu par le calcul. Il faut donc considérer qu'il y a risque potentiel de ferrorésonance sur tout transformateur alimenté en piquage par une ligne double terne. L'étude a cependant montré que, pour un réseau donné, plus les surtensions sont élevées et plus les risques de ferrorésonance sont importants. La ferrorésonance apparaît lentement. Quelques secondes sont nécessaires pour qu'elle atteigne son amplitude maximale. Ce délai peut être mis à profit pour détecter le phénomène et ordonner le déclenchement du disjoncteur du transformateur. 1 - 8 - 3 - Mesures prises pour éviter les détériorations de matériel dues à ces phénomènes: - Eviter les schémas de réseau où le coefficient de surtension est supérieur à 1,5. Nous retiendrons qu'il faut éviter, en première approximation, de placer des transformateurs de 150 MVA en piquage sur des lignes dépassant 100 km. - asservir le déclenchement du disjoncteur primaire à celui du disjoncteur secondaire, de telle manière que le disjoncteur primaire ouvre toujours en premier, - doubler les bobines de déclenchement des disjoncteurs primaires, - doubler les téléactions entre les postes source et le poste en piquage (voir § 15) - installer, si le coefficient de surtension est supérieur à 1,1, des protections contre les surtensions et la ferrorésonance aux postes source et au poste en piquage. 70 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 8 - 4 - Protection contre les surtensions a - Protection placée aux trois extrémités de la ligne 400 kV Elle mesure les trois tensions entre phase et les trois tensions entre phase et terre. Elle comporte deux seuils: - un seuil haut, instantané, réglé à 1,2 * Un entre phases et 1,45 * Vn entre phase et terre, - un seuil bas, temporisé à 4 s, réglé à 1,1 * Un entre phases et 1,1 * Vn entre phase et neutre. Elle commande le désarmement du réenclencheur. b - Protection placée au secondaire du transformateur Les seuils sont les suivants: - seuil haut, instantané, réglé à 1,2 * Un entre phases 1,45 * Vn entre phase et terre en 225 kV 1,65 * Vn entre phase et terre en 90 kV et 63 kV, - seuil bas, temporisé à 4 s, réglé à 1,15 * Un entre phases et 1,15 * Vn entre phase et neutre. 1 - 8 - 5 - Protection contre la ferrorésonance Elle est réalisée d'une part grâce à la protection contre les surtensions décrite ci-dessus, et d'autre part grâce à un relais alimenté par les trois tensions simples du secondaire du transformateur. Ce relais élimine la composante à 50 Hz. Son seuil est fixé à 0,224 * Vn dans la bande de 75 Hz à 500 Hz. Sa sensibilité est plus élevée pour les fréquences inférieures à 50 Hz. Elle est d'autant plus élevée que la fréquence est plus faible. Bibliographie [93], [94], [95] 71 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 9 - PROTECTION A DEPASSEMENT DE FLUX Les transformateurs de puissance sont calculés de telle sorte que lorsque la tension est maximale à leurs bornes, et que la fréquence est de 50 Hz, l'induction de leur noyau est proche de l'induction de saturation. U En première approximation, le flux dans le noyau, proportionnel à l'induction, est lié à la tension primaire par: U = - dφ / dt = j * 2 * π * f * φo Nous voyons donc que si la fréquence diminue, le flux augmente. Or, comme à 50 Hz le circuit magnétique du transformateur était proche de la saturation, le flux à l'intérieur du noyau ne peut pas augmenter. C'est alors le flux de fuite qui augmente très fortement, et qui induit des courants de Foucault dans la cuve du transformateur. Si la baisse de fréquence, jointe à une tension élevée, est suffisante, le transformateur peut se trouver gravement endommagé. Les relais protégeant les transformateurs contre ce phénomène sont sensibles au rapport V / f. Ils possèdent deux seuils: seuil bas: seuil haut: secondes. si V/f > 1,1 *Vn / 50, le relais émet un ordre de déclenchement au bout de 1 minute, si V/f > 1,25*Vn / 50, le relais émet un ordre de déclenchement au bout de 5 De tels relais ne sont pas utilisés sur le réseau EDF. Ils sont utilisés sur les réseaux de petite taille, et non connectés à des réseaux plus puissants. Dans de tels réseaux, le maintien de la fréquence à 50 Hz est plus difficile que dans les réseaux interconnectés, et il est important de se prémunir contre ses variations. Bibliographie: [96] 72 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 10 - FONCTIONNEMENT DE L'ENSEMBLE Poste 400 kV ou 225 kV DJ 1 X Ia > I1 instantané Ia > I2 temporisé Ia + Ib + Ic > Io1 instantané Ia + Ib + Ic > Io2 temporisé P1 P2 Ligne L1 protection d'antenne passive DJ2 X mise à la terre directe relais Buchholz vers DJ3 mise à la terre par l'intermédiaire d'une réactance de 36 Ω (le courant de court circuit monophasé du réseau est limité à 8 ou 10 kA) vers DJ2 relais masse - cuve Ia > I'2 temporisé Ia + Ib + Ic > I'o2 temporisé DJ3 P3 X Poste 90 kV ou 63 kV DJ4 X DJ5 X DJ6 X Ia > I'1 instantané Ia + Ib + Ic > I'o1 instantané P4 73 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Les défauts polyphasés sur la ligne L1, toujours francs ou faiblement résistants, font circuler dans la protection P1 un courant supérieur au courant I1 (voir § 1-1 ) dans deux ou trois phases. Cette protection, qui observe le courant de chaque phase, provoque un déclenchement triphasé instantané du disjoncteur DJ1, avec réenclenchement éventuel (voir 4° partie, §4, réenclencheur). - Les défauts monophasés francs ou faiblement résistants sur L1 font circuler dans la protection P1 un courant supérieur à I1 dans la phase en défaut. Cette protection provoque l'ouverture de DJ1 sur la phase correspondante. A l'autre extrémité, la baisse de tension sur cette phase provoque l'ouverture du pôle correspondant de DJ2 , par la protection d'antenne passive temporisée. - Les défauts monophasés résistants sont éliminés par la protection à maximum d'intensité homopolaire P2, qui commande un déclenchement triphasé, avec réenclenchement éventuel. Cette protection joue aussi le rôle de protection de secours local pour la protection P1 vis à vis des défauts monophasés ou biphasés - terre. - Les défauts sur les bobinages du transformateur sont éliminés par le relais Buchholz qui provoque un déclenchement triphasé définitif, et en secours éloigné par la protection P1. - Les défauts entre bobinage et cuve sont éliminés par la protection masse - cuve, qui provoque un déclenchement triphasé définitif, et en secours éloigné par le seuil temporisé de P1 et P2. Nota: Si les bornes sont protégées par éclateurs , une surtension due par exemple à la foudre, et durant quelques nanosecondes provoque un arc qui subsiste jusqu'à la mise hors tension de la ligne par la protection masse - cuve. Si les bornes sont protégées par parafoudre, ces derniers se désamorcent à la disparition de la surtension, et la protection ne fait pas déclencher les disjoncteurs. - Les défauts sur la ligne L 4 sont éliminés par P4, qui émet un ordre de déclenchement instantané. Le secours éloigné est assuré par P3 , qui assure aussi l'élimination des défauts entre le transformateur et les disjoncteurs DJ4 , DJ5 , DJ6. Si on veut éviter le déclenchement de DJ1 en même temps que DJ3, il faut temporiser les seuils bas de P1 et P2 de deux intervalles sélectifs. Au chapitre "réglages " nous verrons qu'il n'est pas toujours possible de trouver des seuils permettant le fonctionnement correct de l'ensemble. Il faut alors faire appel à d'autres protections , plus compliquées , et utilisant à la fois les tensions et les courants . Elles sont décrites au chapitre suivant (§ 2 de la troisième partie). nota: Le fonctionnement décrit ici a essentiellement un intérêt didactique ; dans la réalité les réseaux ne sont jamais totalement en antenne, ce qui conduit à remplacer les protections à maximum d'intensité par des protections de distance ou des protections différentielles (voir § suivant). Bibliographie [19], [21], [22], [23] 74 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - PROTECTION CONTRE LES COURT-CIRCUITS DES RESEAUX BOUCLES 2-1 PROTECTION DE DISTANCE 2 - 1 - 1 - Principe Le cas considéré au § 1-1 est celui d'un réseau alimenté par une seule centrale de production . Or ce n'est généralement pas le cas: dés qu'il existe plusieurs centrales de production sur un territoire donné, elles sont interconnectées par des lignes de transport à haute tension , leur permettant de se secourir mutuellement et d'atteindre un meilleur optimum économique. Dés lors , le système étudié au chapitre précédent ne convient plus . Soit en effet l'élément de réseau suivant : Un défaut apparaissant en F provoque la circulation d'un courant pratiquement identique dans les protections associées aux disjoncteurs dja1 , dja2 , djb1 , djb2 d'une part , djc1 , djc2 , djd1 , djd2 d'autre part. Si nous ne disposons que de protections à maximum de courant, les 8 disjoncteurs s'ouvrent donc , alors que seuls djb2 et djc1 doivent s'ouvrir. Nous devons donc faire appel à des principes de mesure plus compliqués, utilisant les tensions . dja1 dja2 Va z djb1 djb2 Vb X X djc1 djc2 djd1 djd2 Vc Vd X X X X z X X F source 1 is1 ia charge passive ib ic charge passive charge passive id is2 source 2 charge passive 2-1-1-1- Cas du défaut triphasé Dans ce cas, chacun des éléments du réseau est équilibré, et nous pouvons, en appliquant la théorie des composantes symétriques, ne considérer que les grandeurs directes. Le réseau considéré est alors un réseau monophasé. Nous utilisons: - des déterminations de direction: la phase du rapport Vb / Ia est opposée à celle du rapport Vb /Ib , les courants étant toujours comptés positivement du poste vers la ligne . - des comparaisons d'impédances: le module du rapport Va / Ia est supérieur à celui du rapport Vb / Ib Dés lors le système est le suivant : 2-1-1-1-1- Détermination de la direction du défaut Elle est faite en mesurant le déphasage φ entre la tension et le courant, et en le comparant à deux valeurs, par exemple -70° et 110 °. Ainsi, le déphasage entre Vb et Ib est tel que -70° < f < 110 °, et le défaut est détecté vers l'aval, c'est à dire vers la ligne protégée. Le déphasage entre Vb et Ia est tel que 110° < f < -70 °, et le défaut est détecté vers l'amont, c'est à dire vers une autre ligne. 75 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-1-2- Comparaison de réactance Nous mesurons la partie réactive de l'impédance Va / Ia, (ou Vb / Ib, …) qui est, en première approximation, égale à la réactance du tronçon de ligne situé entre le point de mesure et le défaut. Nous comparons cette valeur à deux valeurs de réglage égales, dans les cas les plus simples, à 80 % et 120% de la réactance de la totalité de la ligne (voir le § 6 "réglages"). Si la valeur mesurée est inférieure à la valeur de réglage la plus faible, et si le relais directionnel indique que le défaut est coté ligne, nous pouvons être certains que le défaut est sur la ligne. Un ordre de déclenchement est alors émis instantanément. Si elle est comprise entre les deux valeurs, toujours dans la même direction, nous pouvons être certains que tous les défauts susceptibles d'apparaître sur la ligne sont vus, mais d'autres, plus éloignés, peuvent l'être aussi. L'équipement de protection émet alors un ordre de déclenchement temporisé. Cette fourchette de ± 20% correspond à la somme de toutes les erreurs qui peuvent être commises dans cette mesure: erreur sur les caractéristiques de la ligne, erreur due aux réducteurs de mesure, erreur due à la protection, et marge de sécurité. Les défauts vus au delà des 120% , et jusqu'à 150% , donnent lieu à des déclenchements plus temporisés , et ceux qui sont vus dans la zone amont donnent des déclenchements encore plus temporisés. D'où la représentation suivante, dans le plan d'impédance Z = Va / Ia X Limite de troisième zone limite de deuxième zone extrémité de l'image de la ligne limite de première zone R relais directionnel limite de quatrième zone 76 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-1-3- Comparaison de résistance En fonctionnement normal, l'impédance Vb / Ib2 a une partie résistive élevée, mais une partie réactive faible, souvent inférieure à la réactance de première zone. La zone de déclenchement de la protection doit donc être aussi limitée en résistance. - ligne en antenne Va Ia Résistance de défaut résistance de charge Si la ligne est à vide et si un défaut apparaît, l'impédance vue du départ de la ligne est la somme de celle de la ligne et de celle du défaut. Si la ligne alimente une charge résistive, l'impédance vue du départ de la ligne est la somme de celle de la ligne et de celle de la charge. X image de la ligne point de fonctionnement normal sur charge résistive placée à l'extrémité de la ligne court circuit résistant au milieu de la ligne R 77 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - ligne interconnectée transit normal A B Ia F Ib Zsa Zsb Rf Le courant circulant dans le défaut se décompose en deux parties, l'une venant du poste A, et l'autre du poste B. Avec le sens du transit indiqué sur la figure, la source située coté B est en retard sur la source située coté A. L'impédance apparente du défaut vue de A, c'est à dire le rapport entre la tension en F et le courant Ia, comporte alors une partie résistive de valeur supérieure à la résistance du défaut, et une partie inductive négative. Le rapport entre l'impédance apparente et la résistance réelle du défaut s'appelle le coefficient d'injection. X extrémité de l'image de la ligne zad point de fonctionnement hors défaut rd point de fonctionnement avec court - circuit rd * ( 1 + Ib / Ia) R Diagramme d'impédance au point A Le facteur 1 + Ib / Ia est le coefficient d'injection au point A Le transit de A vers B donne une distance apparente plus faible que la distance réelle au point A , et plus élevée au point B . Comme nous ne connaissons pas , au point A , le déphasage entre Va et Vb, cette erreur doit être prise en compte dans les réglages. Nous verrons cependant que dans les systèmes triphasés il existe des méthodes de mesure permettant de s'affranchir en partie de cette contrainte (voir annexe 6). 78 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - discrimination entre transit hors défaut et régime de court - circuit Cette étude montre que les protections de distance ne peuvent détecter un court - circuit que si sa résistance est suffisamment faible pour qu'il puisse être distingué d'un fonctionnement hors défaut. Il est donc important de bien connaître ces fonctionnements hors défaut, afin de régler la protection de telle manière qu'elle soit aussi sensible que possible aux défauts résistants, tout en restant insensible aux forts transits. Les points représentatifs des fonctionnements normaux sont extérieurs aux cercles suivants: - lieu des points obtenus lorsque la tension en A est égale à sa valeur minimale Vmin, et lorsque le courant est égal à sa valeur maximale Imax. C'est un cercle de centre A, (cercle 1) et de rayon Vmin / Imax, - lieu des points obtenus lorsque la tension en B est égale à Vmin, et lorsque le courant est égal à Imax. C'est un cercle de centre B, (cercle 2) et de rayon Vmin / Imax, - lieu des points obtenus lorsque la tension en A est égale à sa valeur maximale Vmax, et que la tension en B est égale à Vmin, et qu'elles tournent l'une par rapport à l'autre. C'est un cercle de centre Ω3, situé sur l'image de la ligne, et de rayon r, tels que: Vmax² Vmin * Vmax AΩ3 = AB * (1) et r = ¨AB¨ * (2) Vmax² - Vmin² Vmax² - Vmin² - lieu des points obtenus lorsque la tension en B est égale à Vmax et que la tension en A est égale à Vmin, et qu'elles tournent l'une par rapport à l'autre. C'est un cercle de centre Ω4, et de même rayon: Vmin² AΩ4 = AB * (3) Vmin² - Vmax² Les valeurs retenues pour Vmax et Vmin sont: Réseau 400 kV: Vmin = 360 kV / 3 Vmax = 420 kV / Réseau 225 kV:Vmin = 200 kV / 3 Vmax = 245 kV / 3 Réseau 90 kV :Vmin = 77,8 kV / 3 Vmax = 100 kV / 3 Réseau 63 kV :Vmin = 54,4 kV / 3 Vmax = 72,5 kV / 3 3 L'intensité Imax dépend des conditions d'exploitation tels que les possibilités d'échauffement de la ligne et l'éventualité de reports de charge fugitifs pendant les cycles de réenclenchement (voir 4éme partie, § 1 et 5). 79 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Démonstration des formules (1) et (2): Soit une ligne AB parcourue par un courant I. Dans le plan d'impédance, nous appelons M le point courant représentant l'impédance VA / I. z A B I AM = VA / I, d'où BM = VB / I La condition VB = Vmin et VA = Vmax peut s'écrire: ¨AM¨ Vmax = ¨BM¨ Vmin - posons AB = RL + j * XL, et posons AM = R + j* X. R et X sont les inconnues. Le lieu de M est défini par: ¨(RL + j * XL) - (R + j * X)¨ Vmin = ¨R + j * X¨ Vmax M B A diagramme d'impédance que nous pouvons écrire aussi: [RL - R) ² + (XL - X)²] * Vmax² = (R² + X²) * Vmin² soit (R² + X²) * (Vmax² - Vmin²) - 2 * (R * RL + X * XL) * Vmax² + (RL² + XL²) * Vmax² = 0 Vmax² (R - RL * Vmax² ) ² + (X - XL * Vmax² - Vmin² (RL² + XL²) * Vmin² * Vmax² )²= Vmax² - Vmin² C'est l'équation d'un cercle dont le centre a pour affixe: Vmax² AΩ3 = (RL + j * XL) * Vmax² - Vmin² et dont le rayon est : Vmax * Vmin r = ¨RL + j * XL¨ * Vmax² - Vmin² 80 / 320 (Vmax² - Vmin²)² Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Exemple de tracé des cercles C1, C2, C3, C4 Prenons une ligne 400 kV, parcourue par un courant Imax = 2 kA, et d'impédance 3 + j * 30 Ω. C1, centré sur l'origine, a pour rayon: 360 / 2 * 3 = 104 Ω C2 a le même rayon. L'affixe de son centre est 3 + j * 30 Ω C3 et C4 ont pour rayon: 97 Ω L'affixe du centre de C3 est 10,4 + j * 104 Ω Celle du centre de C4 est 8,3 + j * 83 Ω β Cercle C3 Ω3 cercle C2 extrémité de la ligne (centre du cercle C2) B α γ A Cercle C1 Ω4 Cercle C4 δ 81 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Détermination graphique des centres et des rayons des cercles C3 et C4 Cercle C4 cercle C3 Vmax Vmin δ Ω4 A γ α B Ω3 β D - Vmin - Vmax les cercles C3 et C4 sont centrés sur la droite D. ils passent respectivement par les points α et β, γ et δ. Il suffit ensuite de reporter la droite D sur l'image de la ligne, en superposant les points A et B. 2-1-1-1-4- Discrimination défaut - pompage Lors d'une perte de synchronisme, appelée plus communément pompage, entre un groupe d'alternateurs et les autres alternateurs débitant sur le réseau, il faut ouvrir certaines liaisons prédéterminées, et ne pas ouvrir les autres (voir le plan de défense, au § 3 de la cinquième partie). Or, dans ce cas, le point représentatif de l'impédance vue du point A peut être confondu avec celui d'un défaut. Il peut, par exemple, suivre le trajet du cercle de la figure ci-dessous. Pour discriminer les défauts des pertes de synchronisme, on joue sur le fait qu'un défaut provoque une variation brutale de l'impédance vue de A, alors que la perte de synchronisme provoque une variation progressive de cette impédance. D2 D1 Si, entre l'instant où le point représentatif de l'impédance passe à gauche de la droite D1 et celui où il passe à gauche de la droite D2, il s'écoule un temps supérieur à t1, 15 ms par exemple, la protection est bloquée pendant t2, 2s par exemple. C'est la fonction antipompage. 82 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-1-5- Récapitulation Ces différentes considérations sont rassemblées dans le diagramme ci-après. La zone dans laquelle la protection est susceptible d'émettre un ordre de déclenchement, temporisé ou non, est appelée caractéristique de mise en route. Sa forme varie d'un modèle de protection à l'autre, en fonction des demandes des exploitants, des contraintes de réseau, et de leur technologie interne. Dans l'annexe 6 sont rassemblées les caractéristiques de mise en route et d'antipompage des protections de distance utilisées sur le réseau EDF. antipompage mise en route deuxième zone première zone directionnel 83 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-1-6- Mise en route par maximum de courant contrôlé par la tension. Certaines protections se contentent d'un système de mise en route par surintensité. D'autres, plus élaborées, utilisent le système de mise en route par maximum de courant contrôlé par la tension. Au lieu d'utiliser une caractéristique de mise en route tracée dans le plan d'impédance pour discriminer les défauts des régimes de transit hors défaut, elles utilisent une caractéristique tracée dans le plan défini par ¨I¨ et ¨V¨. Ceci permet de distinguer, pour une même impédance, les situations de défaut, lorsque la tension est faible, et les situations de transit, lorsque la tension est élevée. De plus, la caractéristique change lorsque le déphasage entre V et I dépasse un seuil donné, 30° par exemple. En effet, nous admettons alors que même si, avec une tension élevée, le courant est inférieur au courant de transit maximal, il ne s'agit plus d'un cas de transit normal, mais d'un défaut éloigné. Le seuil de courant utilisé est alors plus faible. Par exemple, la caractéristique de la protection 7 SA 513 de Siemens est la suivante: caractéristique pour ¨ϕ ¨> 30° caractéristique pour ¨ϕ ¨ < 30° 0,53 * Vn 0,48 * Vn 0,35 * Vn 0,2 * In 0,8 * In 1,2 * In Exemple pour un courant maximal de transit de l'ordre de In L'inconvénient de ce système est la difficulté de le faire fonctionner avec un dispositif antipompage. C'est pour cette raison qu'il n'est pas utilisé à EDF. 84 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-2-Cas du défaut déséquilibré 2-1-1-2-1- Equations des boucles La théorie des composantes symétriques nous donne, pour une ligne et ses extrémités, le schéma équivalent suivant (voir annexe 1): source A barres du poste A barres du poste B source B phase a z zds zd*y zd*(1(y) zdt z zd*(1(y) zdt z zd*(1(y) zdt z phase b z z zds zd*y zds phase c zd*y Ic rf If Ir y*(zo-zd)/3 (1-y)*(zo-zd)/3 Il existe quatre types de défaut: - le défaut monophasé. C'est le défaut représenté ici, entre la phase c et la terre. C'est le plus fréquent. Il est généralement dû à la foudre. L'équation de la boucle en défaut est Vc = zd * y * Ic + rf * If + ( (zo - zd) / 3) * y * Ir avec: (1) zd = y= impédance directe de la ligne AB, distance entre le point A et le défaut, en pourcentage de la longueur de la Ic = courant dans la phase c, issu de A, rf = If = résistance du défaut, courant dans le défaut, zo = Ir = impédance homopolaire de la ligne, courant de retour dans la terre. Il vaut trois fois le courant homopolaire. ligne, 85 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 On pose généralement: ko = (zo-zd) / 3 * zd. C'est un nombre complexe, les impédances zo et zd n'ayant pas nécessairement le même argument. Il est cependant considéré comme réel dans la plupart des protections de distance protégeant les lignes aériennes. En revanche il est bien considéré comme complexe, et réglable sur ses deux composantes, sur les protections de distance protégeant les câbles souterrains. Ce coefficient, appelé coefficient de terre, vaut entre 0,5 (ligne avec deux câbles de garde), et 1 (ligne sans câble de garde en terrain résistant). L'équation (1) peut alors s'écrire: Vc = zd * y * (Ic + ko * Ir) + rf * If (2) Pour le calcul de la distance du défaut, nous considérons alors l'impédance Vc / (Ic + ko * Ir), qui donne directement la réactance du tronçon de ligne situé entre la protection et le défaut. Si le défaut n'est pas alimenté cote B ,les courants Ic, If, et Ir sont égaux et l'équation devient: Vc = zd * y * Ic * (1 + ko) + rf * Ic Dans ce cas, la résistance de défaut vue par la protection utilisant l'impédance définie ci-dessus est: rf / (1+ko). Si l'alimentation du défaut est bilatérale, ce qui est le cas général , le courant circulant dans le défaut est la somme du courant Ic et d'un courant issu de l'autre extremité, ce qui conduit à une résistance apparente de défaut supérieure à rf , et introduit une erreur de mesure de réactance , comme nous l'avions vu dans l'étude du défaut équilibré. R apparent Vc = (zd apparent + ) * (Ic + ko *Ir) 1 + ko Pour s'affranchir de l'erreur sur la résistance , certaines protections utilisent, pour la mesure de distance deux courants: le courant image, égal à Ic + ko * Ir, qui sert à calculer la chute de tension dans la ligne, et le courant pilote Ip, supposé en phase avec le courant de défaut (voir annexe 6). Vc = zd * ( Ic + ko * Ir) + r apparent * Ip - le défaut biphasé isolé. Il est beaucoup moins fréquent que le précédent. Il se produit généralement lorsque les conducteurs se balancent sous l'effet du vent . Nous supposerons qu'il apparaît entre les phases a et b . L'équation de la boucle en défaut est : Vab = Va - Vb = Ia * zd * y + Rf * If + Ib * zd * y Si le défaut n'est pas alimenté coté B , Ia = -Ib = If et l'équation devient : Vab = (Ia - Ib) * (zd * y + Rd / 2) 86 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 S'il est alimenté coté B , il faut remplacer la résistance par une résistance apparente , comme pour le défaut monophasé, mais ce type de défaut est généralement peu résistant . Nota :les différents éléments de mesure des protections utilisent des grandeurs d'entrée variant d'une protection à l'autre , et d'une fonction à l'autre. Cependant, les mesures de distance sont toujours réalisées en utilisant les mêmes impédances, à savoir: Boucle a - terre: Boucle b - terre: Boucle b - terre: Va / (Ia + ko*Ir) Vb / (Ib + ko*Ir) Vc / (Ic + ko*Ir) boucle a - b: boucle b - c: boucle c - a: (Va - Vb) / (Ia - Ib) (Vb - Vc) / (Ib - Ic) (Vc - Va) / (Ic - Ia) Mais lorsqu'un élément de mesure utilise des grandeurs d'entrée différentes , sa caractéristique dans le plan d'impédance défini ci-dessus varie entre le régime normal et le régime de défaut - le défaut triphasé . C'est le défaut équilibré vu précédemment. Il est assez rare , et généralement dû à un oubli des perches de terre à la fin de travaux sur un ouvrage . Il peut résulter aussi d'un acte de malveillance . Les équations des boucles en défaut sont : Va = zd * y * Ia Vb = zd * y * Ib Vc = zd * y * Ic Que l'on peut tout aussi bien écrire : Uab = Va - Vb = zd * y * (Ia - Ib) Ubc = Vb - Vc = zd * y * (Ib - Ic) Uca = Vc - Va = zd * y * (Ic - Ia) Ou Va = zd * y * (Ia + ko * Ir) Vb = zd * y *( Ib + ko * Ir) Vc = zd * y * (Ic + ko * Ir) avec Ir = 0 " " Ce défaut est détecté indifféremment par l'une ou l'autre des six boucles . - défaut biphasé - terre . C'est généralement un défaut monophasé qui a évolué sur la phase voisine . C'est le plus complexe à étudier, car il fait intervenir la résistance du défaut entre phases, faible, et la résistance phase - terre, qui peut être élevée. Il peut être détecté par une boucle phase et deux boucles terre. 87 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-1-2-2- Fonctions réalisées dans la protection - Mesure de distance Elle est réalisée en utilisant les impédances définies ci-dessus. Suivant la rapidité demandée, une protection peut comporter 6 boucles fonctionnant en parallèle, ou 3 boucles phase - phase commutées en boucles phase - terre à l'apparition d'un courant homopolaire, ou une seule boucle dont les grandeurs d'entrée sont commutées par le sélecteur de phases. Dans tous les cas, une boucle de mesure de distance ne peut émettre un ordre de déclenchement que si elle est validée par la mise en route et le sélecteur de phase. - Mise en route et sélection de phase La mise en route permet de discriminer les défauts résistants des fonctionnements stables hors défaut les plus contraignants, c'est à dire les reports de charge temporaires lors d'un défaut sur une ligne voisine. Le sélecteur de phase détermine la, ou les phases en défaut. Dans la plupart des protections ces deux fonctions sont réalisées par le même élément. Or la sélection de phase ne fonctionne pas bien avec les impédances définies pour les mesures de distance car le courant de défaut intervient dans les boucles saines. C'est pourquoi on utilise généralement des caractéristiques tracées dans les plans d'impédance Va / Ia; Vb / Ib; Vc / Ic; (Va - Vb) / Ia; (Vb - Vc) / Ib; (Vc - Va) / Ic. Mais dans certaines protections, la sélection de phase est réalisée par un élément distinct de la mise en route. Dans ce cas la mise en route est réalisée à partir des mêmes impédances que la mesure de distance (voir annexe 6, REL 100). Les protections peuvent comporter soit 3 éléments de mise en route impédancemétrique, commutés par un relais de courant homopolaire et servant à la sélection de phase, soit 6 éléments de mise en route impédancemétriques fonctionnant en parallèle et un relais de courant homopolaire, la sélection de phase étant élaborée à partir des informations de ces éléments, soit 6 boucles de mise en route, 6 boucles de sélection de phase, et un relais de courant homopolaire, - Antipompage Il est réalisé grâce à une caractéristique entourant la mise en route en fonctionnement hors défaut. Lors d'un défaut il peut ne pas entourer la mise en route, s'il est tracé dans un plan d'impédance différent. - Relais directionnel Il est réalisé par comparaison de phase entre un courant supposé en phase avec le courant de défaut et une tension aussi peu affectée que possible par le défaut, par exemple la tension directe. Cette tension est généralement maintenue par un système de mémoire afin de permettre une orientation correcte, même en cas de défaut triphasé près du poste où se trouve la protection. 88 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Nota: en cas de défaut phase - phase - terre, le comportement des protections à six boucles de mesure de distance est différent de celui des protections à un ou trois boucles: Dans le premier cas le défaut biphasé - terre est détecté par une boucle de mise en route biphasée, et la mesure de distance est correct. Dans le second il est détecté par deux boucles de mise en route phase -t erre, et la mesure de distance peut être entachée d'erreurs importantes si le défaut est résistant: les défauts sont vus plus près qu'ils ne sont réellement; de plus, lorsque le défaut biphasé - terre est apparu à la suite d'un défaut monophasé, ou d'un défaut biphasé isolé, qui a évolué, les protections à commutation peuvent se révéler défaillantes, car au moment de l'évolution du défaut leurs temporisations reviennent à zéro. 2-1-1-2-3 Défaut sur l'alimentation en tension - fonction "rupture fusible" Si un réducteur de tension est défaillant, ou si son circuit secondaire est coupé, la boucle correspondante de la protection reçoit une tension nulle, et un courant non nul. Elle voit donc une impédance nulle, et émet un ordre de déclenchement. Deux systèmes sont utilisés pour éviter cet inconvénient: - chaque phase est protégée par un fusible. La mise hors tension d'une phase provoque l'apparition d'une tension homopolaire, alors que les courants restent équilibrés. Cette situation provoque le verrouillage de la protection. Notons que pour vérifier que les courants sont équilibrés, on vérifie non seulement l'absence de courant homopolaire, mais aussi l'absence de courant inverse, pour pallier les cas où le réseau situé en aval de la protection fonctionne à neutre isolé, - les trois phases sont protégées par un disjoncteur triphasé. Le disjoncteur doit alors posséder un contact auxiliaire qui s'ouvre avant les contacts principaux. L'ouverture de ce contact provoque le verrouillage de la protection. Bibliographie [20], [21], [22], [23] 89 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 1 - 2 - Protections de distance électromécaniques Ces protections ne sont plus fabriquées, mais sont encore en service sur de nombreux départs. Leur principe est exposé ici essentiellement pour servir de point de comparaison avec les protections électroniques, ces dernières présentant de nombreux avantages, mais aussi quelques inconvénients . Nous prendrons l'exemple de la RXAP de la Compagnie des compteurs(voir Alstom). 2 -1-2-1- Mise en route C'est une mise en route commutée, c'est à dire possédant 3 éléments dont les grandeurs d'entrée sont modifiées par la présence de courant résiduel. Chaque élément est réalisé par un transducteur magnétique: un circuit magnétique possède deux enroulements. Le premier est parcouru par un courant continu u proportionnel au module de la tension, obtenu par redressement et filtrage. Ce courant sature le circuit magnétique. Le second est parcouru par le courant sinusoïdal i. Si pendant l'alternance où les ampère - tours créés par i sont de signe opposés à ceux créés par u la valeur crête de i est supérieur à u, le circuit magnétique se dé sature et se sature en sens inverse. La variation brutale d'induction crée alors, dans un troisième enroulement, une force électromotrice qui provoque la fermeture d'un relais. Le basculement est obtenu pour : ¨ V ¨ - K* ¨ I ¨ * √ 2 < 0 en supposant la perméabilité magnétique du transducteur infinie. La caractéristique obtenue dans le plan des impédances est un cercle centré sur l'origine. En l'absence de défaut le relais de la phase a est alimenté par la tension composée Uab et le courant Ia, celui de la phase b par la tension Ubc et le courant Ib, et celui de la phase c par la tension Uca et le courant Ic. Dans ce qui suit, nous les appellerons respectivement A ,B ,C. En cas de défaut entre phases les relais restent alimentés de la même manière . En cas de défaut monophasé, la présence de courant homopolaire provoque le basculement des tensions par l'intermédiaire d'un relais à pourcentage . Elles deviennent respectivement les tensions simples Va ,Vb ,Vc. nota: Dans certains cas, le réseau aval peut fonctionner à neutre isolé. Dans ce cas le basculement est réalisé par la présence de tension résiduelle et de courant inverse. Cette solution est en particulier utilisée dans des protections de distance de même technologie que les RXAP, mais simplifiées, utilisées au secondaire des transformateurs et appelées PDZ. Dans les plans d'impédance définis au nota du § 2-1-1-2-1 , les rayons des cercles de mise en route ont pour valeur: - pour une boucle monophasée : ¨ z ¨ = ¨ Va / (Ia + ko * Ir) ¨, - soit , pour le cas particulier où Ia = Ir: ¨ z ¨ = ¨Va / [Ia * (1 + ko)] ¨ = K * √ 2 / (1+ko) - pour une boucle biphasée: ¨ z ¨ = ¨ (Va - Vb) / (Ia - Ib) ¨ - soit , pour le cas particulier où Ia = -Ib c'est à dire en cas de défaut biphasé: ¨z ¨= K*√ 2 / 2 et, pour le cas particulier où Ia - Ib = √3 * Ia , c'est à dire en cas de marche normale: ¨z ¨= K * √ 2 / 3 Nous constatons bien, dans ce cas , que la caractéristique est différente entre le défaut biphasé et la marche normale. 90 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le relais à pourcentage provoquant le basculement des tensions est le suivant : Ressort antagoniste Fléau Noyau plongeur noyau plongeur Ia Ir - Ib Lorsque le courant Ir est supérieur à 0,3 * (Ia - Ib), avec un minimum de 0,3 fois le courant nominal, le relais bascule. 2-1-2-2-Logique de sélection de phase Elle est assurée par les relais de mise en route A, B, C et le relais de courant homopolaire D. Elle est évidente si un seul relais de mise en route est sollicité. Si deux , ou trois relais sont simultanément sollicités, le relais A est prioritaire sur le relais B, lui même prioritaire sur le relais C. D'où le résultat suivant: Si A seul: Si B seul: Si C seul: boucle ab boucle bc boucle ca Si A et D: Si B et D: Si C et D: boucle a - terre boucle b - terre boucle c - terre Si A et B: Si B et C: Si C et A: Si A et B et C: boucle ab boucle bc boucle ca boucle ab Si A et B et D: boucle a - terre Il s'agit alors probablement d'un défaut a -b - terre, qui est alors éliminé dans un premier temps comme un défaut a - terre. Si B et C et D: Si C et A et D: Si A et B et C et D: boucle b - terre boucle a - terre boucle a - terre 91 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-2-3- Mesure de distance Elle est réalisée par un relais à induction dont le principe est le suivant: Un disque ou un cylindre, en aluminium peut tourner dans l'entrefer de deux circuits magnétiques . Chacun des circuits est magnétisé par un courant. Nous appellerons ces courants I1 et I2, déphasés l'un par rapport à l'autre d'un angle ϕ. Le courant I1 crée dans le circuit magnétique une induction B1 qui lui est proportionnelle. Cette induction crée dans le disque des forces électromotrices induites, proportionnelles à la dérivée de I1 qui font circuler des courants de Foucault pratiquement en phase avec elles. Les courants de Foucault passant dans l'entrefer du deuxième circuit magnétique créent, avec l'induction B2, un couple qui fait tourner le disque. Il en est de même des courants de Foucault crées par I2 dans l'induction B1 . Le couple agissant sur le disque d'aluminium est de la forme: c = K * ( i2 * di1 / dt - i1 * di2 / dt) soit , en posant i1 = ¨I1¨ * sin (ω * t), et i2 = ¨I2¨ * sin (ω * t + ϕ): c = K * ω * ¨I1¨ * ¨I2¨ * sin ϕ ι1 Le couple est constant tout le long de la période i2 92 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Nota: Dans ce qui suit, nous noterons toujours - i et v les valeurs instantanées des courants et des tensions, - I et V les vecteurs complexes représentant les courants et tensions sinusoïdaux, _ _ - V et I leurs modules - ¨V¨ et ¨I¨ leurs valeurs redressées et filtrées. Pour réaliser une mesure de distance, le relais à induction est alimenté par un courant I, et par une tension V1 = V - z *I . Cette tension crée dans sa bobine un courant en phase avec elle : lorsque V1 et I sont en phase, le couple est nul. Couples négatifs (défaut hors zone) B V1 Couples positifs (défauts dans la zone) z*I M V A I Les couples V1 , I utilisés dans les différentes boucles sont , en appelant ZL l'impédance de la ligne . Première zone, boucle biphasée a-b: (réglée à 80 %) V1 = I= (Va - Vb) - 0,8 * ZL * (Ia - Ib) Ia - Ib Deuxième zone, boucle biphasée a-b: (réglée à 120 % = 1,5 * 0,8) V1 = I= (Va - Vb) / 1,5 - 0,8 * ZL * (Ia - Ib) Ia - Ib Première zone, boucle monophasée a - terre: (réglée à 80 %) V1 = I= Va - 0,8 * ZL * (Ia + ko * Ir) Ia + ko * Ir Deuxième zone , boucle monophasée a - terre : V1 = (réglée à 120 % = 1,5 * 0,8) I= Va / 1,5 - 0,8 * ZL * (Ia + ko * Ir) Ia + ko * Ir Les autres boucles se déduisent de ces boucles par permutation circulaire sur a ,b ,c. Les commutations sur l'alimentation des boucles sont réalisées à partir des indications du sélecteur de phases, du relais de courant de terre, et, pour les passages de première en deuxième zone, des relais de temporisation. 2-1-2-4- Relais directionnel 93 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 C'est un relais à induction alimenté par une tension composée Uab = Va - Vb, et un courant I = Ic. Le circuit tension est conçu de telle sorte que Uab fasse circuler dans sa bobine un courant I' déphasé de 70° en arrière. Nous voyons donc que si le courant Ic est déphasé de 20° en avance sur Vc, les deux courants sont en opposition de phase et le couple est nul. C'est ce que, dans le plan d'impédance, nous avons appelé la droite d'inversion. Vb Zone des couples positifs (défaut aval) Droite d'inversion D Ic 20° 70° Vc Va Zone des couples négatifs (défaut amont) Le plan d'impédance correspondant est celui de la boucle c. C 'est un plan homothétique au plan des tensions dessiné ci-dessus, obtenu en posant Ic + ko * Ir = 1 pour les boucles phase - terre, et Ic - Ia = 1 pour les boucles phase - phase. Dans les deux cas, la droite d'inversion D est portée par le vecteur Vc déphasé de 20° en arrière de Ic. La protection comporte un seul relais, connecté comme ci-dessus en position repos, et commuté sur les autres phases par les relais de mise en route s'il y a lieu. Il est alimenté par: Ubc et Ia Uca et Ib si le défaut est entre la phase a et la terre , ou s'il est entre les phases a et b , si le défaut est entre la phase b et la terre , ou s'il est entre les phases b et c . Mais ce relais n'est pas commuté par le relais de terre . 2 -1-2-5- Relais antipompage C'est un relais de conception identique aux relais de mise en route , mais réglé à une impédance plus élevée , généralement 1, 5 fois . Son principe de fonctionnement est celui décrit au § 2-1-1-3 . Il y a un seul relais dans la protection , alimenté par la tension Ub-Uc et le courant Ib . 94 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-2-6- Circuit mémoire - enclenchement sur défaut. Si , sur une ligne en exploitation , un défaut triphasé franc apparaît au début de la ligne , la tension s'annule sur les trois phases et le relais directionnel ne peut plus fonctionner . Un circuit oscillant alimente alors le relais directionnel , pendant environ 5 périodes , sur le circuit tension Ua-Ub . Si on ferme le disjoncteur alors que la ligne est mise à terre , le circuit mémoire est inopérant . Dans ce cas , le relais directionnel est court - circuité , et la protection émet un ordre de déclenchement temporisé d'une centaine de millisecondes , afin d'éviter les fonctionnements intempestifs à la mise sous tension de transformateurs, due à la présence de courants harmoniques 2 lors d'un enclenchement sur tension nulle. (voir annexe 5) 2-1-2-7-Compensation de l'induction mutuelle homopolaire Lorsque deux lignes se trouvent sur la même file de pylônes (ligne à deux ternes ) ou lorsqu'elles se trouvent proches l'un de l'autre , le courant homopolaire circulant dans l'une crée une tension homopolaire dans l'autre. L'équation d'une boucle phase - terre s'écrit alors: Zo - Zd Va = Zd * y * Ia + Zom * y *Ir + * y' * I'r + Rf * If 3 3 I'r étant le courant résiduel de l'autre ligne, y la distance du défaut, en pourcentage de la longueur de la ligne, y' la longueur du tronçon commun aux deux lignes, en pourcentage de la longueur de la ligne et Zom * y' l'impédance mutuelle homopolaire entre les deux lignes. L'impédance Zom comporte un terme réel dû à l'élévation de potentiel du sol créé par le courant de terre des deux lignes, et un terme imaginaire représentant l'inductance mutuelle homopolaire entre les deux lignes. Son argument est plus faible que celui de zd, et même que celui de zo. Par analogie avec le coefficient ko, nous définissons un coefficient kom: Zom kom = 3 * Zd Les valeurs usuelles du module de kom vont de 0,4 (ligne double avec deux câbles de garde) à 0,8 (ligne double sans câble de garde) Avec les réglages précédents, le défaut est vu plus loin qu'il n'est réellement. Par exemple, un défaut situé près du poste B peut être vu au-delà de la limite de deuxième zone. D'où la possibilité, dans certaines protections, et plus particulièrement les RXAP, d'introduire une compensation à partir du courant résiduel de la ligne adjacente. En fait cette possibilité est peu utilisée, car le plus souvent les lignes ne se trouvent pas disposées en parallèle d'une extrémité à l'autre, et n'aboutissent pas dans les mêmes postes. 95 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 -1 - 2 - 8 - Relais mho Ce type de relais n'est pas utilisé sur la RXAP. Il est cependant mentionné ici, car son emploi est courant dans de nombreuses protections électromécaniques pour créer simultanément les fonctions de mise en route et de direction. - Etude monophasée: C'est un relais d'induction alimenté par: . un courant proportionnel à la tension V1 = V - z * I . un courant proportionnel à une tension Vp obtenue en déphasant la tension V d'un angle ϕ. Le couple s'inverse sur le cercle lieu des points où V1 et Vp sont en phase, c'est à dire où V1 et V font un angle ϕ. C'est un cercle passant par l'origine. Le nom du relais mho vient du fait que dans un diagramme d'admittance sa caractéristique est une droite. Z*I V1 ϕ V ϕ Vp Si par exemple la tension V est la tension phase - terre Va, le courant I est le courant Ia + ko * Ir, nous obtenons une caractéristique circulaire dans le plan d'impédance de la boucle phase - terre, qui remplit les fonctions suivantes, en choisissant de considérer comme points caractérisant un défaut les points situés à l'intérieur du cercle: - fonction directionnelle. Seuls les défauts aval sont vus; - limitation en résistance - limitation en distance - Etude triphasée: voir § 2134 96 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 -1-2-9- Avantages et inconvénients des relais électromécaniques - Avantages. . Les relais consomment peu d'énergie auxiliaire lorsqu'ils sont au repos. . Les couples des relais à induction sont constants à l'intérieur d'une période, tant que les transformateurs de courant ne sont pas saturés. Or si un transformateur de courant se sature, l'intensité est correcte pendant une alternance sur deux, et pendant l'autre alternance elle est faible. Le couple est alors généralement faible pendant cette même alternance. Le fonctionnement du relais est retardé, mais correct, . Les appareils électromécaniques sont peu sensibles aux phénomènes transitoires rapides . - Inconvénients. . Les temps de fonctionnement des relais de mesure dépendent des couples mécaniques, variables en fonction des grandeurs d'entrée. Les intervalles sélectifs doivent tenir compte de ces dispersions et sont donc assez longs: 300 à 500 ms. . La consommation des relais sur les circuits issus des réducteurs de mesure est élevée. Ceci conduit à en limiter le nombre, afin d'éviter de dégrader la précision de ces réducteurs. Pour cela on multiplie les commutations, qui occasionnent des pertes de temps et parfois des aléas de fonctionnement. . Ces protections sont sensibles à l'harmonique 2 (voir annexe 5). Nous trouverons les avantages et les inconvénients inverses pour les protections électroniques, puis nous montrerons comment les protections numériques tentent de concilier les avantages des unes et des autres. Bibliographie [21] 97 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 1 - 3 - Protections de distance statiques Les principes de mesure s'inspirent de ceux utilisés en électronique , mais leur mise en œuvre est totalement différente . Nous en étudierons quelques uns . 2-1-3-1- Comparateur de phase 2-1-3-1-1- Comparateur à trois entrées - mesure de distance i v z X X X X Rf Nous cherchons à savoir si le défaut se trouve en deçà ou au delà de la distance à surveiller. Posons: r = résistance de la ligne, l = inductance de la ligne, y = distance du défaut en pourcentage de la longueur de la ligne, Rf = résistance du défaut, y' = distance à surveiller, soit 80% par exemple. Au point A, en ne tenant pas compte du transit, la tension et l'intensité instantanées sont liées par: v = (r * y + Rd) * i + l * y * (di / dt) (1) Dans la protection, le courant i traverse une impédance image de résistance r * y' et d'inductance l * y', fournissant ainsi une tension v'= r * y' * i + l * y' * (di / dt). Nous créons ainsi , grâce au montage de la figure ci-dessous, la tension v-v': v - v' = (r * y + Rd) * i + l * (y - y') * (di/dt) Au moment où i = 0 , l'équation devient : v - v' = l *(y - y') (di / dt) Si la tension v - v' a le même signe que di / dt , y est supérieur à y'. Le point de fonctionnement n'est pas dans la zone surveillée. S'il est de signe contraire, le point de fonctionnement est dans la zone surveillée. 98 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 i v' = y' * v image image de la ligne R v image = R * i + L * di / dt potentiomètre L v - v' v v Les différentes tensions se trouvent placées comme suit: V image V' Rf * I V I Cette comparaison est effectuée en utilisant: - des amplificateurs opérationnels en boucle ouverte, c'est à dire toujours saturés, soit dans un sens, soit dans l'autre, et fournissant donc des états logiques, - un circuits monostable, émettant une impulsion à chaque passage à zéro de sa tension d'entrée, - des circuits logiques. tensions proportionnelles à circuits logiques simplifiés v - v' A di / dt A i A & monostable les circuits A sont des amplificateurs opérationnels en boucle ouverte 99 / 320 sortie Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les différents signaux ont alors les formes suivantes : Courant i 1 , 5 1 0 , 5 0 - - 0 1 , 5 - 1 , 5 Signal i1 1 0 signal i2 1 0 di / dt signal (di / dt)1 1 0 v - v' signal (v - v') 1 1 0 signal de sortie 100 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le circuit étudié ici permet de détecter les cas où v - v' est négatif et di / dt est positif au moment du passage par zéro de i. Il fournit donc un signal par période. Pour détecter les cas où v - v' est positif et di / dt est négatif au moment du passage par zéro de i, il faut ajouter un circuit analogue, dans lequel nous ajoutons un inverseur sur le signal (di / dt) 1, et nous l'enlevons sur le signal (v - v') 1 . Nous créons deux limites de zone à la fois en utilisant une tension image v" , de signe opposé à v'. X*I V' Rf * I V I R*I V" Quand i = 0 , nous obtenons deux équations : v - v' = L * ( y - y' ) * (di / dt) v + v''= L * ( y - y'') * (di / dt) Si y est compris entre y' et - y" , v - v' et v - v" sont de signe contraire. ( sur la figure ci-dessus, les valeurs instantanées des tensions lorsque i = 0 sont les projections des vecteurs tension sur l'axe des ordonnées) Les grandeurs utilisées portent les noms suivants : * * * i est le pilote, et Rd * i est la tension pilote v est la tension de boucle est la tension image instantanée aval v' = r * y' * i + L * y' * (di / dt) est la tension image instantanée amont v'' = r * y'' * i + L * y'' * (di / dt) L * y' est l'inductance image aval v - v' est la tension compensée instantanée aval L * y'' est l'inductance image amont v + v'' est la tension compensée instantanée amont x' = r * y' + j * L * ω * y' est la réactance image aval x'' = r * y'' + j * l * ω *y'' est la réactance image amont V' = x' * I est la tension complexe image aval V'' = x'' * I est la tension complexe image amont Les grandeurs marquées d'un astérisque sont celles qui sont présentes à l'entrée du comparateur 101 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-1-2- Comparateur à trois entrées - mesure des résistances Avec un comparateur de même type que précédemment, nous pouvons créer une bande oblique en utilisant le pilote et les images suivants : Tension pilote : Tension image aval : Tension image amont : r * i + l * (di / dt) +R*i - R*i X*I pilote D" V" V D' V' R*I Les valeurs instantanées de v - v' et v + v" quand le pilote passe par zéro sont obtenues en projetant les vecteurs v - v' et v + v" sur une droite perpendiculaire au pilote. Elles sont de signe contraire lorsque la valeur complexe V est à l'intérieur de la bande formée par les droites D' et D" , et de même signe lorsqu'elle est à l'extérieur. Nota: pour que les passages par zéro soient obtenus avec une précision suffisant , il faut que le courant soit suffisamment élevé. D'où la présence de relais de seuil de courant, réglés à 0,2 * In ou 0,25 * In. 2-1-3-1-3- Comparateur à deux entrées - mesure de direction La différence par rapport au précédent comparateur est l'élaboration d'un signal différent suivant que le pilote passe de l'état 1 à l'état 0 ou de l'état 0 à l'état 1. La même grandeur joue alors le rôle de pilote et de tension image. V I 1 2 z z1 z2 A Si le défaut est en 1 , c'est à dire s'il est vu en amont par une protection située au point A, la tension V vaut: z2*I V = - z1 * I S'il est en 2 , elle vaut : V = z2 * I z1*(-I) 102 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le schéma logique est le suivant: R*i (R*i)1 (R*i) monostable 1 & S1 (R*i) OU S2 mise en forme monostable 2 v v1 & le monostable 1 envoie des impulsions sur le front montant; le monostable 2 envoie des impulsions sur le front descendant; le circuit de mise en forme envoie un signal de durée supérieure à une demi - période lorsqu'il reçoit une impulsion. Les signaux obtenus sont les suivants: R*i R*i R*i v v1 _ v1 S1 S2 103 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-1-4- Caractéristiques de l'ensemble Nous retrouvons la même caractéristique qu'au § 2-1-1-1-5. Chaque comparateur de phases crée une bande. Les bandes ainsi créées sont: - bande située entre la première et la quatrième zone, - bande située entre la deuxième et la quatrième zone, - bande située entre la troisième et la quatrième zone, - bande oblique, entre les deux droites obliques, - les deux bandes d'antipompage, horizontale et oblique, - et la droite d'inversion de direction. 2-1-3-2- Application du comparateur de phases aux différentes boucles Les grandeurs d'entrée utilisées pour les comparateurs différent d'une protection à l'autre, car ils résultent de compromis entre d'une part l'insensibilité aux forts transits créés par les cycles de réenclenchement monophasés ou triphasés, ainsi qu'aux déséquilibres créés par les cycles de réenclenchement monophasé, et d'autre part une sélection de phase correcte, et une sensibilité suffisante aux défauts résistants. Par exemple, pour la PD3A 6000 de GEC ALSTHOM, les grandeurs utilisées dans les comparateurs sont: 2-1-3-2-1- Boucle phase a - terre - bande horizontale première - quatrième zone . pilote . tension de boucle . tension image aval . tension image amont R * Io Va - terre x1 * (Ia + ko * Ir) x4 * (Ia + ko * Ir) Io est le courant homopolaire, qui est supposé en phase avec le courant dans le défaut, ce qui permet de s'affranchir des erreurs de distances dues au transit (voir annexe 1 : les composantes symétriques). - bande horizontale deuxième - quatrième zone, . pilote . tension de boucle . tension image aval . tension image amont R * Ia Va - terre x2 * (Ia + ko * Ir) x4 * (Ia + ko * Ir) - bande horizontale troisième - quatrième zone, . pilote . tension de boucle . tension image aval . tension image amont R * Ia Va - terre x3 * (Ia + ko * Ir) x4 * (Ia + ko * Ir) 104 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - bande oblique, . pilote . tension de boucle . tension image aval . tension image amont Z * Ia Va - terre R * Ia R * Ia L'utilisation du pilote R * Ia permet d'éviter des mises en route sur report de charge monophasé, qui pourraient être constatées avec un pilote R * I o. La valeur maximale de la résistance de défaut détectable est : Rd = R - comparateur directionnel (comparateur à deux entrées), . Pilote . tension de boucle . tension image R *Io Vo zc * Io Dans le cas du défaut monophasé, nous considérons le défaut comme source de tension homopolaire, ce qui peut se démontrer en utilisant la méthode mentionnée à la fin de l'annexe 1 . A 2 B zo * y 1 zo * (1 - y) zos z'os Io Vo Rd ~ Si le défaut est placé en 1 , la tension homopolaire au point de mesure vaut : Vo = - zos * Io S 'il est placé en 2 , la tension homopolaire vaut : Vo = (zo + z'os) * Io Comme zos * Io peut être faible, on retranche à la tension une valeur zc * Io, zc étant inférieure à zl. La tension compensée est alors, pour un défaut en 1: V compensée = Vo - zc * Io = - (zos + zc) * Io, en retard sur Io , et, pour un défaut en 2: V compensée = Vo - zc * Io = (zo + z'os - zc) * Io, en avance sur Io 2-1-3-2-2- Boucles phase b - terre et phase c - terre. Elles se déduisent de la phase a , en remplaçant a par b , puis par c 2-1-3-2-3- Boucle phase a - phase b 105 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - bande horizontale . Pilote . tension de la boucle . tension image aval . tension image amont première - quatrième zone deuxième - quatrième troisième - quatrième zone zone R * (Ib - Ia) Vb - Va x1 * (Ib - Ia) x4 * (Ib - Ia) R * (Ib - Ia) Vb- Va x2 * (Ib - Ia) x4 * (Ib - Ia) R * (Ib - Ia) Vb - Va x3 * (Ib - Ia) x4 * (Ib - Ia) - bande oblique, . Pilote . tension de boucle . tension image aval . tension image amont Z * (Ib - Ia) Vb - Va R * Ia R * Ia La valeur maximale de résistance détectable est: Rd = R - comparateur directionnel, . Pilote . tension de boucle . pas de tension image: Z * (Ib - Ia) Vdc = Vc + a² * Va + a * Vb. C'est la tension direct relative à la phase c. la tension compensée est égale à la tension de boucle . En effet, la tension Vc est en quadrature arrière par rapport au pilote en cas de défaut franc aval. Vdc est approximativement en phase avec Vc, et garde une valeur élevée pour tout type de défaut dissymétrique. Pour les défauts triphasés, la tension Vdc utilisée est celle qui existait avant le défaut. Elle est fournie par un circuit mémoire, utilisant un oscillateur piloté par une tension continue (Voltage Controlled Oscillator). Vc (saine et en défaut), Vdc saine Vdb (en défaut) Va (saine) zd * y * (Ib - Ia) Va (en défaut) Vb (en défaut) Vb (saine) 106 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-2-4- Boucles b - c et c - a Elles se déduisent de la boucle a - b par permutation circulaire sur a, b, c. 2-1-3-2-5- Sélection de phase Elle est faite à partir des zones de mise en route, c'est à dire des zones obtenues en croisant la bande horizontale formée par la première et la quatrième zone avec la bande oblique pour chaque boucle. 2-1-3-2-6- Bandes d'antipompage Elles n'existent que sur la boucle biphasée a - b. La bande horizontale est située entre x2 et x3 vers l'aval, et entre x4 et x4 + dx vers l'amont. La bande oblique est située entre R et R + 2 * dr de part et d'autre de l'axe des réactances. 107 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-3- Comparateur mho Nous avons vu au § 2128 que le relais mho utilisé dans les relais électromécaniques permettait d'obtenir avec un seul élément des fonctions nécessitant plusieurs éléments dans les autres techniques . Reprenons la figure du § 2128. Lorsque l'extrémité du vecteur V est située sur le cercle, la tension V - z * I est en retard de l'angle ϕ, c'est à dire d'un temps t (ms) = ϕ° / 18, à 50 Hz, par rapport au vecteur V. Si elle est en retard d'un angle supérieur à ϕ, l'extrémité de V est à l'intérieur du cercle. D'où le circuit logique suivant, pour une alternance: V V1 & sortie V-z*I V'1 V'2 monostable front descendant V'3 temporisation t Les signaux obtenus sont, dans le cas où V est à l'intérieur du cercle: (dans l'exemple choisi, ϕ = 90° et t = 5 ms) v v V1 V1 v-z*i v-z*i V'1 V'1 V'2 V'2 V'3 V'3 sortie Sortie 108 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le circuit sur deux alternances est le suivant: v & v-z*i Front descendant temporisation OU & Front montant temporisation Avec deux impédances images z1 et z2 nous pouvons obtenir, en comparant la phase de V - z1 * I avec celle de V + z2 * I, une caractéristique décalée par rapport à l'origine. Cette caractéristique est un cercle si l'angle ϕ est égal à 90 °, et une lentille s'il est supérieur à 90 ° z1*I v z2*I 109 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-4- Application du comparateur mho aux différentes boucles Nous pouvons utiliser sur chacune des six boucles, les tensions et intensités propres à ces boucles, et les impédances image correspondantes. Une autre possibilité est l'utilisation d'un comparateur de phase à trois entrées, dans lequel la tension de boucle est remplacée par une tension dite de polarisation qui lui est perpendiculaire. Par exemple, - pour la boucle a-n, on utilise la tension Vb-Vc. La caractéristique circulaire est alors obtenue pour la condition suivante: Van - z * (Ia + ko * Ir) et z * (Ia + ko * Ir) sont de signe opposé lorsque Vb-Vc passe par zéro. - pour la boucle bc, on utilise la tension Va-Vo, la tension homopolaire Vo étant là pour permettre d'avoir une tension suffisamment élevée pour que ses passages par zéro soient précis, en cas de défaut monophasé proche du poste. La condition est alors la suivante: (Vb-Vc) - z * (Ib-Ic) et z * (Ib-Ic) sont de signe opposé lorsque Va-Vo passe par zéro. z * (Ia + ko * Ir) Van (Vb - Vc) tension de polarisation 110 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-3-5- Avantages et inconvénients des protections électroniques. - Avantages . les temps de fonctionnement et de retombée varient peu, en principe dans une plage ne dépassant pas une période. Les intervalles sélectifs peuvent donc être beaucoup plus faibles qu'en électromécanique: 150 ms. . la consommation des relais sur les réducteurs de mesure est plus faible qu'en électromécanique, et localisée presque exclusivement sur les transformateurs d'entrée. En aval, on a pu augmenter le nombre de comparateurs, ce qui a permis d'élaborer en parallèle les différentes comparaisons, et d'améliorer la vitesse de fonctionnement globale. Cette dernière se situe généralement autour de 30 à 40 ms. . il est possible de désensibiliser ces protections aux harmoniques pairs (voir annexe 5) - Inconvénients . Les relais consomment pratiquement la même énergie, qu'ils soient sollicités ou non. Ceci a conduit à augmenter la capacité des batteries d'accumulateurs (voir huitième partie, §3). . les appareils sont sensibles aux phénomènes transitoires rapides. Ils exigent l'utilisation de câbles blindés mis à la terre aux deux extrémités (voir huitième partie, §2) . Les signaux de détection de défaut ne sont élaborés qu'à deux instants privilégiés de la période. Si à ces instants la grandeur utilisée est entachée d'erreur, la protection peut émettre des ordres erronés. C'est en particulier le cas pour les intensités lorsque les réducteurs de courant sont saturés. Cet inconvénient conduit à remplacer dans de nombreux cas les transformateurs de courant chaque fois qu'on veut installer des protections électroniques. Certains accommodements peuvent cependant être trouvés (voir annexe 4). De plus, des systèmes de détection de saturation, permettant aux protections qui en sont dotées de fonctionner correctement en gardant les anciens réducteurs, ont été développés. Le principe est le suivant: quand un court-circuit apparaît avec une composante apériodique importante, les premiers passages par zéro sont corrects. La protection profite de ces instants pour synchroniser un oscillateur. Ce dernier émet ensuite un signal qui se substitue ensuite au courant secondaire pendant les alternances saturées. D'où le fonctionnement suivant (exemple de la protection LZ 95 de ABB): - un dérivateur amplifie les harmoniques. L'amplitude élevée de ces harmoniques constitue un critère de saturation. - un intégrateur fournit, à partir du courant secondaire, une image du flux dans le réducteur de courant. - Si le flux est supérieur à un seuil donné, et si le taux d'harmonique est élevé, on sait que le réducteur est saturé. Un générateur de signaux sinusoïdaux est asservi en amplitude et en phase au courant secondaire lorsqu'il est sain, c'est à dire pendant les premières périodes qui suivent l'apparition du défaut, puis pendant une demi - période sur deux. Lorsque le réducteur est saturé, le générateur de signaux fournit alors un courant extrapolé de la demi - période précédente. Bibliographie [20], [21], [22], [23] 2 - 1 - 4- Protections de distance numériques 111 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Elles ne sont pas, dans leur principe, fondamentalement différentes des précédentes, mais l'utilisation de systèmes numériques a permis certaines améliorations. On peut noter: - la possibilité d'acquérir des signaux optiques, issus des réducteurs de mesure à effet Pokkels ou à effet Faraday, et les coder directement en signaux numériques. Ceci doit permettre une bonne immunité aux parasites, - l'échantillonnage des grandeurs d'entrée, c'est à dire des trois tensions, des trois courants, et du courant résiduel à titre de contrôle, par exemple 40 fois par période. Ceci permet de ne plus faire les mesures uniquement à des instants privilégiés, au passage par zéro de grandeurs électriques, mais de manière quasi - continue, comme les protections électromécaniques. Des vérifications appropriées permettent d'éliminer les mesures faites lorsque les transformateurs de courant sont saturés, - la prise en mémoire des grandeurs qui existaient sur le réseau juste avant le défaut. Leur comparaison avec celles présentes pendant le défaut permet de réaliser, rapidement et simplement, les fonctions suivantes, par exemple: . mise en route, par la variation des tensions, . sélection de phase, par la variation des intensités, . direction, par la variation de la puissance. Les mesures de distance sont réalisées en prenant deux échantillons successifs, réalisés aux instants t1 et t2, et en résolvant un système de deux équations à deux inconnues: u1 = R * i1 + L * (di1 / dt) u2 = R * i2 + L * (di2 / dt) (1) les grandeurs R et L ainsi obtenues sont ensuite comparées à des seuils, ce qui permet le tracé de caractéristiques dans le plan R - X. Nous retrouvons les mêmes fonctions qu'avec les comparateurs à 2 ou 3 entrées des protections électroniques, par exemple: * la mesure de distance et la mesure de résistance . Nous choisissons le même courant image et le même courant pilote qu'au § 21311, et nous résolvons le système L d u1 = R * i1 pilote + * i1 image + L * τ dt L u2 = R * i2 pilote + ( i1 image) d * i2 image + L * t ( i2 image) dt τ étant la constante de temps de la ligne. 112 / 320 (2) Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 * la direction (voir § 21313) Nous reprenons le système d'équation (1), et nous déterminons la position aval du défaut grâce à la table de vérité suivante α2 α1 Défaut aval Défaut amont L>0 et R>0 L>0 et R<0 et ¨L / R¨ > tgα2 L<0 et R>0 et ¨L / R¨ < tgα1 L<0 et R<0 L>0 et R<0 et ¨L / R¨ < tgα2 L<0 et R>0 et ¨L / R¨ > tgα1 * la sélection de phase Elle peut être réalisée de manière indépendante de la mise en route (voir § 21122) * la détection de saturation, par exemple en comparant i et di/dt. * la possibilité d'afficher des réglages différents lorsque la topologie du réseau change, par exemple dans les cas suivants: . lignes à deux circuits, suivant que le circuit adjacent au circuit considéré est en service ou consigné et à la terre; . lignes à trois extrémités, suivant que le réseau est bouclé ou débouclé; . ligne d'impédance corrigée par une réactance série ou un condensateur série, suivant que cette réactance, ou ce condensateur, est en service ou court-circuité. Les protections numériques, qui peuvent garder en mémoire plusieurs "fiches de réglage", et utiliser l'une ou l'autre en fonction d'un ordre extérieur, répondent à cette attente, dans la mesure où le système contrôle - commande est capable de leur fournir les données nécessaires. * d'autres fonctions annexes, ajoutées dans certaines d'entre elles: . localisation de défauts, . perturbographie. * enfin, ces protections comportent toutes un auto - contrôle. Ces protections ont toutefois un inconvénient par rapport aux protections électroniques: le temps de fonctionnement s'accroît lorsque le point de fonctionnement se trouve proche d'une limite de zone. En effet, le filtrage des grandeurs d'entrée conduit alors à une convergence lente des algorithmes de mesure de distance. Nous retrouvons un comportement analogue à celui des relais électromécaniques. Bibliographie [28], [29], [30], [98] 113 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 1 - 5 - Téléprotections Ce sont les systèmes dans lesquels des protections, de distance généralement, situées aux extrémités d'une même ligne, s'échangent des informations par des systèmes de télétransmission afin d'augmenter leurs performances. Les principaux problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de ces systèmes viennent du fait que les télétransmissions ne fonctionnent pas dans des conditions normales: - généralement les équipements terminaux de télécommunication échangent entre eux des messages et des accusés de réception suivant un protocole, X 25 par exemple, permettant de vérifier en permanence la validité des informations transmises, - ici, la rapidité requise ne permet pas cette vérification. Un message intempestif ou défaillant n'est pas corrigé. Pour obtenir des fonctionnements corrects, il a donc fallu: - trouver des schémas dans lesquels de faux messages n'aient pas de conséquences graves, - trouver des systèmes de télétransmission fiables Dans cette application particulière on les appelle des téléactions. 2-1-5-1- Principe des différents schémas Ils sont décrits par la norme CEI 50 - 448 2-1-5-1-1- Interdéclenchement simple P1 P2 signal de P2 vers P1 zone 1 de P2 X X Zone 2 de P1 signal de P1 vers P2 Si la protection P1 voit un défaut en première zone, elle émet par téléaction un ordre de déclenchement au disjoncteur de P2, et vice versa. L'inconvénient majeur est que tout ordre intempestif, dû au système de transmission par téléaction, provoque un déclenchement intempestif. Ce système n'est plus utilisé. 2-1-5-1-2- Interdéclenchement contrôlé par la mise en route Même signal émis, mais à la réception le déclenchement n'est ordonné que si la protection s'est mise en route. Ce système n'est pas utilisé à EDF. En revanche il est courant à l'étranger. 114 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-1-3- Déclenchement conditionnel avec dépassement Il n'y a pas de première zone. Si une protection voit un défaut en deuxième zone, c'est à dire au-delà de l'autre poste, elle envoie un signal à l'autre protection. Cette dernière n'émet un ordre de déclenchement que si elle voit elle-même le défaut dans sa deuxième zone. Ce système n'est pas utilisé à EDF, mais il est courant à l'étranger (permissive intertrip overreach). P1 P2 Signal de P2 vers P1 Deuxième zone de P2 X X Deuxième zone de P1 Signal de P1 vers P2 En cas de perte du signal de téléaction, la protection émet son ordre de déclenchement immédiatement. Si la perte de signal apparaît plus de 300 ms environ après la mise en route de la protection, cette dernière fonctionne normalement, c'est à dire qu'elle émet son ordre de déclenchement au bout d'un temps de deuxième stade. 2-1-5-1-4- Accélération de stade Lorsque une protection voit un défaut sur la ligne, elle émet un signal par téléaction qui permet à la protection située à l'autre extrémité d'envoyer immédiatement un ordre de déclenchement si elle voit le défaut en deuxième zone. Il existe plusieurs variantes: . la protection émettrice envoie généralement son signal si le défaut est détecté en première zone uniquement. Ce schéma est conforme à la norme CEI 50 448. Cependant il peut être intéressant, sur les lignes longues dont les impédances de source sont fortement dissymétriques, que la protection envoie aussi son signal lorsque le défaut est détecté en deuxième zone. En effet, considérons le cas suivant: Transit avant défaut: S2 en avance sur S1 S1 z S2 P1 X F Ia1 Ia2 Rf Ir1 Ir2 défaut phase a - terre au delà de la limite de première zone de P2 115 / 320 P2 X z Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le fonctionnement en P1, représenté dans le plan d'impédance Va1 / (Ia1 + ko * Ir1), est le suivant: Image de la ligne impédance mesurée en P1 limite de première zone V2 V1 V Ia1 + ko * Ir 1= 1 L'impédance mesurée en P1 vaut:Va1 / (Ia1 + ko*Ir1) = zd (P1-F) + Rf * (Ia1 + Ia2 ) / (Ia1 + ko * Ir) Zd (P1 - F) est l'impédance directe du tronçon P1 - F. Elle est représentée par le vecteur V. Ia1 Rf * 1 est approximativement égal à Rf * Ia1 + ko * Ir1 . Elle est représentée par le vecteur 1 + ko V1, pratiquement en phase avec le vecteur unitaire Ia1 + ko * Ir1. Ia2 Rf * est représentée par le vecteur V2, en avance sur le courant Ia1 + ko * Ir1 Ia1 + ko * Ir1 Le fonctionnement en P2, représenté dans le plan d'impédance Va2 / (Ia2 + ko * Ir2), est le suivant: V = Zd ( P2 - F) Image de la ligne V1 V2 Ia1 V1 = Rf * Ia2 + ko * Ir2 V Impédance mesurée en P2 Ia2 V2 = Rf * Ia2 + ko * Ir2 Ia2 + ko * Ir2 = 1 Dans l'exemple cité, les deux protections voient le défaut en deuxième zone. L'avantage de l'accélération sur la première zone seule sera vu ultérieurement, lorsque nous étudierons le cas des lignes à trois extrémités (cf § 2-1-5-2-1). Sur le réseau EDF, on trouve l'accélération par la deuxième zone sur le réseau 400 KV, et l'accélération par la première zone sur les autres réseaux. Les protections électromécaniques seules effectuent une commutation de mesure de zone à réception du signal d'accélération. 116 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 . la protection réceptrice peut, dans une variante, attendre d'avoir reçu le signal d'accélération pour commencer la mesure de deuxième zone. Dans une autre variante, elle peut effectuer en parallèle la mesure de première zone et la mesure de deuxième zone, de manière à être prête à émettre son ordre de déclenchement dès réception du signal. La seconde méthode, qui nécessite davantage de comparateurs que la première, et qui est donc mieux adaptée aux protections électroniques ou numériques, donne des déclenchements plus rapides. 2-1-5-1-5- Extension de zone C'est un système qui permet d'éviter l'emploi de téléactions. Le principe est le suivant: P2 P1 Première zone X X Deuxième zone La protection P2 déclenche immédiatement son disjoncteur D2 sur défaut en deuxième zone, donc simultanément avec D1. Les deux disjoncteurs sont déclenchés simultanément, mais, après le réenclenchement, P2 n'émet plus son ordre de déclenchement instantané qu'en première zone. - Avantage: pas de téléaction. - Inconvénient: . déclenchements intempestifs systématiques; . second déclenchement en deuxième stade sur défaut permanent en deuxième zone sur la ligne; . risque de perte de tension barre. Ceci peut interdire certains réenclenchements triphasés lents, c'est à dire avec contrôle de tension (voir 4ème partie, § 52122). Ce système ne peut être utilisé que sur les lignes sujettes à très peu de défauts: zone peu foudroyée, lignes sur - isolées. Il est utilisé en Allemagne et en Belgique essentiellement, et généralement sur les défauts monophasés éliminés par déclenchement monophasé uniquement. 2-1-5-1-6- Schéma à blocage. - Problème rencontré: Pour les lignes courtes, la mesure de distance peut manquer de précision. Un réglage à 80% de la première zone ne garantit pas le non - déclenchement sur défaut extérieur. Les causes d'erreur sont: . un rapport élevé entre l'impédance de source et l'impédance de la première zone de la ligne. En effet, dans ce cas, la tension vue par la protection est très faible, et les erreurs relatives sur cette tension deviennent très importantes. Par exemple, si ce rapport vaut 19, la tension prend la valeur Un / 20. Une erreur de 3% sur cette valeur correspond donc à 0,15% sur la tension nominale. La valeur maximale admissible de ce rapport pour les ensembles réducteur de tension - protection est spécifié pour chaque type de protection. Il est de l'ordre de 25 à 30. Au-delà de cette valeur le fonctionnement sélectif de la protection n'est plus garanti. Ce rapport est appelé, dans la littérature internationale, SIR (source impedance ratio), . la saturation des réducteurs de courants. Ils se saturent d'autant plus vite que le produit de la valeur efficace par la constante de temps est plus élevé. Or les transformateurs ont généralement des constantes de temps élevées, par exemple 200 ms, et les lignes des constantes plus faibles, par 117 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 exemple 8 ms pour les lignes 63 KV. Ainsi, plus la ligne est courte, et plus la constante de temps est élevée en limite de zone. (voir deuxième partie "réducteurs de courant", et annexe 4) Ces contraintes conduisent généralement à admettre que la longueur minimale des lignes protégeables sans téléaction ou avec accélération de stade est: . 15 km pour les lignes 400 kV, . 12 km pour les lignes 225 kV, . 10 km pour les lignes 63 kV. Pour les longueurs plus courtes on utilise le schéma à blocage. - Principe du blocage P3 P1 P2 signal de blocage première zone X Zone amont X zone amont X X première zone Signal de blocage La première zone de P2 dépasse l'extrémité de la ligne, mais pas la zone amont de P1. P1 envoie un signal vers P2 si elle voit un défaut en zone amont. P2 se trouve alors verrouillée par ce signal, et ne peut pas émettre d'ordre de déclenchement. Si P2 ne reçoit pas de signal, elle émet un ordre de déclenchement, car le défaut est sur la ligne. Si elle est verrouillée mais ne retombe pas, elle émet un ordre de déclenchement en deuxième stade. Pour que le système fonctionne correctement, l'ordre de déclenchement de P2 en premier stade doit être temporisé, pour attendre un éventuel verrouillage de P1. Ce temps est de l'ordre de 50 ms. 2-1-5-1-7- Télédéclenchement inconditionnel Il peut arriver que l'on soit amené à commander l'ouverture d'un disjoncteur par une protection située à distance , sans possibilité de contrôle local. Ce système est alors appelé: télédéclenchement inconditionnel Pour être fiable, il doit comporter une procédure de dialogue. Il est de ce fait beaucoup plus lent qu'une téléaction. Il peut être utilisé en secours, pour pallier la défaillance d'un disjoncteur par exemple. Il ne doit jamais être utilisé pour faire l'économie d'un disjoncteur. 118 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-1-8- Mode "écho" et mode "source faible" Si une ligne est ouverte à une extrémité, la protection P2 située à cette extrémité ne peut pas envoyer de signal de téléaction. Si nous voulons obtenir un déclenchement rapide de l'autre extrémité sur défaut vu en deuxième zone, P1 envoie un signal d'accélération de stade sur deuxième zone, qui lui est renvoyée par P2, si son disjoncteur est ouvert. C'est le mode "écho". P1 P2 X X Si les deux disjoncteurs sont fermés, et si la source coté P2 peut, dans certains cas d'exploitation, fournir une faible puissance, un défaut sur la ligne crée coté P2 un courant faible. Au contraire, un défaut situé au-delà de P2 crée coté P2 un courant élevé. Le coté P2 émet alors vers P1 un signal de téléaction si le courant est situé au-dessous du seuil minimal susceptible de faire fonctionner sa propre protection. C'est le mode "source faible". Actuellement, ce mode n'est pas utilisé à EDF. Bibliographie [31] ] 2-1-5-2- Application de ces systèmes aux lignes à trois extrémités 119 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Préliminaire: on dit qu'un piquage est passif si la puissance apportée par le secondaire du transformateur est nulle. On dit qu'un piquage est actif si la puissance apportée par le secondaire du transformateur est suffisante pour faire fonctionner une protection de distance. On dit qu'un piquage est faiblement actif si la puissance apportée par le secondaire du transformateur n'est pas nulle, mais qu'elle est insuffisante pour faire fonctionner une protection de distance. 2-1-5-2-1- Ligne à 225 KV, piquage passif symétrique court. Ce cas fait suite à celui de la protection des antennes passives, que nous avons vu au § 1-5. - Elimination rapide: Accélération de stade z P1, H1 X télédéclenchements P2, H2 X X S3 z télédéclenchements X Les premières zones, vues de P1 et de P2, couvrent plus de la moitié de la ligne. Un ordre de télédéclenchement est émis de la protection de distance P1, ou de la protection homopolaire H1 (voir troisième partie, §24), vers le sélecteur de phases S3, et un autre de P2 ou H2 vers S3. Ces ordres sont émis en parallèle avec leurs ordres de déclenchement locaux. Le sélecteur S3 fait alors ouvrir le disjoncteur primaire du transformateur sur la phase où il constate une baisse de tension. S'il constate une baisse de tension sur 2 ou 3 phases, il commande l'ouverture des trois phases du disjoncteur primaire et du disjoncteur secondaire. Les protections de distance P1 et P2 échangent des accélérations de stade. Tous les défauts sur la ligne sont éliminés en premier stade ou en deuxième stade accéléré, mais un défaut sur le transformateur provoque le déclenchement des deux extrémités de la ligne. Si la deuxième zone dépasse les bornes secondaires du transformateur, il est impératif que la téléaction soit émise par la première zone de la protection. Notons enfin que les défauts transformateur non éliminés par son disjoncteur primaire, suite à la défaillance de ce disjoncteur, sont éliminés par ouverture des disjoncteurs situés aux extrémités de la ligne, au moyen de télédéclenchements inconditionnels lents. 120 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Elimination lente. Les premières zones n'atteignent pas le milieu de la ligne. Les défauts situés près du transformateur ne sont donc éliminés qu'en deuxième stade, mais un défaut sur le transformateur ne provoque pas la perte de la ligne. Il est impératif que la téléaction soit émise seulement par la première zone de la protection. C'est l'exploitant qui devra faire le choix entre ces deux possibilités en fonction de ses contraintes. 2-1-5-2-2- Ligne à 225 KV, piquage actif symétrique court. L'ouverture de D1 et D2 ne provoque plus la mise hors tension de la ligne, qui reste alimentée par une source située au secondaire du transformateur. Dans la plupart des cas on admet que, sur un défaut polyphasé, généralement franc, le sélecteur de phase fonctionne toujours. Dans le cas contraire, qui correspondrait à une source puissante au secondaire du transformateur, il faudrait installer une protection de distance. Sur un défaut monophasé résistant, le sélecteur peut constater une baisse de tension trop faible pour pouvoir être prise en compte. Dans ce cas, si, après les 500 ms qui suivent la réception d'un des télédéclenchements, il y a présence de courant résiduel, le sélecteur commande le déclenchement triphasé des deux disjoncteurs du transformateur. 2-1-5-2-3- Ligne à 225 KV, piquage dissymétrique long , actif ou passif. - élimination rapide La longueur du piquage ZP3 est notablement inférieure à celle de ZP1 z P1,H1 X Z P2, H2 X z P3, H3 ou S3 X X Le disjoncteur primaire du transformateur est commandé par une protection de distance P3 et une protection homopolaire H3 si le piquage est actif, par un sélecteur de phases S3 si le piquage est passif ou faiblement actif. 121 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 La première zone de P2 ne dépasse pas P1. Elle dépasse P3 (ou S3). Les téléactions et télédéclenchements sont les mêmes qu'en 2-1-5-2-1. P2 envoie à P1 une accélération de stade, mais P1 peut ne se mettre en route qu'après ouverture du disjoncteur de P2. L'accélération de stade doit alors être prolongée à la réception, d'un temps qui dépend des performances des protections. Un défaut sur le transformateur fait ouvrir instantanément le disjoncteur de P2, mais pas celui de P1. - Elimination lente La longueur de ZP3 est voisine ou supérieure à celle de ZP1 La première zone de P2 n'atteint pas P3 (ou S3). Les défauts proches de P3 sont éliminés en deuxième stade par P2, puis P1 se met en route et fait déclencher son disjoncteur en deuxième stade. - verrouillage Si le piquage est actif, et si le réglage correct de la première zone de P2 n'est pas possible, (voir bibliographie) nous pouvons installer des protections à verrouillage aux trois extrémités de la ligne. Un défaut proche de P3 est alors éliminé en premier stade temporisé de 50 ms par P2 et P3, puis P1 se met en route et fait déclencher son disjoncteur en premier stade temporisé. Si le piquage est passif ou faiblement actif, nous installons un verrouillage seulement entre P1 et P2. 2-1-5-2-4- Lignes 63 KV ou 90 kV Comme nous ne pratiquons pas le réenclenchement monophasé sur ces lignes, il n'y a pas de sélecteur de phase en P3. Si D3 est purement passif, nous n'installons aucune protection de ligne. Si en aval de D3 il y a des groupes de production, nous installons des protections à puissance homopolaire et, suivant les cas, des protections à maximum d'intensité ou des protections de distance. Nous pouvons alors nous trouver dans le même cas qu'à la fin du paragraphe précédent, et être amenés à installer des protections à verrouillage Nota: ces quelques exemples ne sont pas exhaustifs. Ils ont seulement pour but de montrer que chaque liaison, surtout lorsqu'elle a trois extrémités, ou plus, doit faire l'objet d'une étude particulière, tenant compte des longueurs exactes de chaque tronçon et des puissances de court-circuit présentes sur chaque extrémité. Bibliographie [57] 122 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-3- Lignes doubles 400 KV 2-1-5-3-1- Protection par accélération de stade première zone a b c P11 X X X X X X a b c P21 X X X couplage A ligne 1 X X X X X X P12 X X X P22 couplage B ligne 2 première zone poste A poste B La première zone est réglée à 70%, et la deuxième zone à 140%, du fait de l'induction mutuelle entre les deux lignes (voir sixième partie). Problème: un défaut monophasé apparaît sur les deux lignes, au même endroit, mais sur deux phases différentes, dans la deuxième zone des protections P11 et P12, conformément au schéma cidessus. La protection P11 voit un défaut à moins de 100% sur la phase c, et à plus de 100%, mais toujours en deuxième zone sur la phase a. Elle reçoit de P21 un signal d'accélération de stade et ordonne immédiatement un déclenchement triphasé de son disjoncteur. Il en est de même pour P12. La perte d'une ligne double 400 KV peut modifier la répartition des charges sur le réseau 400 KV de manière telle que l'écart de tension entre extrémités rende impossible le rebouclage (voir quatrième partie, § 5). D'où un risque de désorganisation du réseau, très peu probable, mais suffisamment grave pour être pris en compte. Solutions possibles: On pourrait envoyer des accélérations de stade phase par phase. Ainsi, la protection P21 enverrait une accélération de stade à P11 sur la phase c, et P22 à P12 sur la phase a. Une telle solution n'a pas été retenue. On lui a préféré l'installation d'une protection différentielle de ligne, de performances supérieures. 2-1-5-3-2- Protection différentielle de ligne (voir § 2-3-1). Ces protections répondent au problème posé. Cependant, comme elles n'assurent pas le secours éloigné (voir cinquième partie, §1), on doit leur adjoindre en secours des protections de distance. Pour les défauts décrits ci-dessus, elles doivent attendre un intervalle sélectif, faute de quoi elles émettraient un ordre de déclenchement triphasé en même temps que l'ordre monophasé des protections différentielles. Le moyen le plus simple serait de ne pas mettre d'accélération de stade. Mais on attendrait alors deux intervalles sélectifs (voir sixième partie), et un temps d'élimination aussi long a été jugé dangereux pour le réseau, dans le cas de défaut polyphasé. D'où le système suivant: 123 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 défaut ordre de déclenchement de P21 f o disjoncteur de P21 émission TAC par P21 200 ms 30 ms 70 ms réception TAC par P11 détection deuxième zone de P11 ordre de déclenchement de P11 ouverture du disjoncteur de P11 0 50 ms 100 ms 150 ms 200 ms 250 ms Nous installons un système à accélération de stade, mais le déclenchement accéléré ne se fait qu'au bout d'un intervalle sélectif. Or la protection émettrice de la téléaction retombe avant que la protection réceptrice n'ait donné son ordre de déclenchement. C'est pourquoi l'émission de la téléaction est maintenu pendant 200 ms. A la réception, après un temps de transmission de 30 ms, la téléaction est retardée de 70 ms dans un relayage annexe pour attendre un intervalle sélectif. Nota: une analyse similaire peut être faite pour les lignes courtes, protégées par des protections différentielles et des téléprotections à verrouillage. Elle montre que la temporisation de verrouillage du déclenchement en premier stade doit être réglée à un intervalle sélectif. 2-1-5-4- Compatibilité entre protections. La mise en œuvre des téléactions dépend de la logique interne des protections. Ceci peut conduire à des incompatibilités, dans certains systèmes, si des protections différentes sont utilisées aux deux extrémités d'une même ligne. Nous allons prendre l'exemple des protections électroniques type PD3A et des protections électromécaniques RXAP. 2-1-5-4-1- Fonctionnement en verrouillage des PD3A 6000. Lorsque la protection est mise en route, une porte, dite porte Q, est ouverte à échéance de la temporisation de premier stade si la protection n'est pas retombée, puis reste ouverte pendant 20 ms. D'où l'exemple de fonctionnement suivant, pour un défaut extérieur: 124 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - schéma du réseau P3 P1 P2 X X X - diagramme des temps court - circuit mise en route de P1 émission du verrouillage par P1 30 ms * réception du verrouillage par P2 temporisation de 150 ms à la retombée 50 ms ** porte Q de P2 ouverte 20 ms 50 ms 100 ms 150 ms 200 ms 250 ms * temps de transmission ** temporisation de premier stade Nous prenons le cas d'un défaut extérieur très rapidement éliminé par P3 . Si P2 reçoit le verrouillage seulement pendant que P1 est mise en route, et si la mise en route de P2 tarde à retomber, sa porte Q risque d'être encore ouverte après retombée du verrouillage. D'où risque de déclenchement intempestif de P2. Pour éviter ce risque, le verrouillage est temporisé à la retombée, coté réception. Cette temporisation a été fixée à la construction à 150 ms, pour d'autres applications. En fait, 30 ms auraient largement suffi. 2-1-5-4-2- Fonctionnement en verrouillage des RXAP 6755 Nous avons vu que l'une des différences de conception entre la PD3A et la RXAP est le fonctionnement en parallèle de certains éléments de mesure de la première, qui fonctionnent en série dans la seconde. Ainsi, le relais directionnel de la RXAP ne fonctionne qu'après l'élément de mise en route. La RXAP, lorsqu'elle fonctionne dans un schéma à verrouillage, émet d'abord un verrouillage sur mise en route, puis le supprime à l'apparition de l'information aval. Si l'ordre de verrouillage est prolongé à la réception, le fonctionnement de la protection réceptrice se trouve retardé. C'est pourquoi l'aléa contre lequel nous nous sommes prémunis dans la PD3A, et qui pourtant existe toujours, ne peut pas être pris en compte ici.. 125 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Prenons l'exemple d'un défaut sur la ligne protégée P3 P1 X P2 X X défaut mise en route de la protection P1 élément directionnel aval de P1 émission du verrouillage par P1 50 ms * porte Q de la protection P2 disjoncteur de P2 fermé 0 ms 50 ms 100 ms ouvert 150 ms 200 ms 250 ms * temporisation de premier stade 2-1-5-4-3-Fonctionnement mixte Nous voyons sur la figure précédente qu'un verrouillage est émis temporairement par une RXAP sur un défaut situé sur la ligne protégée. S'il est prolongé à la réception par une PD3A, il faut que la temporisation de premier stade de cette dernière soit suffisamment longue pour attendre la retombée du verrouillage, c'est à dire plus de 150 ms. Ce temps est inadmissible, mais deviendrait acceptable si la temporisation de prolongation de verrouillage était de 30 ms. Mais la décision qui a été prise a été d'interdire la protection des lignes courtes par des protections de type différent. Cet exemple a été traité pour bien montrer les précautions à prendre pour faire fonctionner des protections différentes dans un schéma de téléaction. 126 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-5- Fiabilité des téléactions - Principe des anciennes téléactions. Les téléactions de type ancien envoient, lorsqu'elles sont en veille, des trains d'ondes alternativement à la fréquence F1 et à la fréquence F2, chacun d'eux ayant une durée identique. Lorsqu'elles émettent un ordre, ces trains d'ondes sont remplacés par des trains d'ondes ayant une durée deux fois plus faible. La détection de l'ordre se fait par mesure de la durée des trains d'ondes, qui doivent se trouver dans une fenêtre de temps spécifiée. veille signal F1 F1 F2 F2 F1 F1 F2 F1 F2 - Principe des téléactions à codage. Elles ont été développées du fait que la fiabilité des précédentes était jugée insuffisante. Leur principe est le suivant: l'équipement transmet, au moyen de trains d'ondes analogues aux précédents, des mots de 8 bits. Ces mots sont: "veille", "ordre", "test", "alarme". A la réception, pour qu'un mot "ordre" soit reconnu, il faut que: . le récepteur ait préalablement reconnu 6 mots "veille", . il n'y ait pas de défaut de réception dû à la ligne, c'est à dire que le rapport signal sur bruit soit supérieur à 6 db, . le signal ne soit pas trop fort, et ne risque pas de saturer le récepteur. Il faut alors que le rapport signal sur bruit n'excède pas 12 db, . le mot qui suit les 6 mots "veille" soit reconnu comme un mot "ordre" à 0 bit près, ou qu'il soit reconnu à 1 bit près, mais que le suivant soit reconnu à 0 bit près, . il n'y ait ni alarme émetteur, ni alarme récepteur, . la liaison ne soit pas en cours de test. Nous pouvons considérer que le codage des informations et la surveillance permanente de la ligne et des équipements d'extrémité permettent d'éviter la transmission d'ordres intempestifs. Les tests automatiques permettent d'éviter les défaillances. 127 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 La qualité demandée est: . pour l'accélération de stade, un ordre intempestif tous les 10 ans, et une défaillance pour 100 commandes. . pour le verrouillage, un ordre intempestif tous les 50 ans, et une défaillance pour 1000 commandes. En fait la qualité annoncée par le constructeur est la même dans les deux cas à savoir celle demandée pour les schémas à verrouillage. - temps de transmission. Le temps maximal de transmission demandé est généralement de 15 ms pour les accélérations de stade installées sur le réseau 400 kV, pour certaines accélérations de stade installées sur le réseau 90 kV ou 63 kV et destinées à répondre à des besoins en qualité de fourniture d'énergie particulières, ainsi que pour la plupart des systèmes à verrouillage. Dans les autres cas, un temps de 30 ms suffit. Le temps de transmission de 15 ms ne permet aucun dialogue entre les extrémités. La largeur de bande doit alors être suffisante pour obtenir une bonne discrimination des signaux. Le temps de transmission de 30 ms autorise une répétition. Les télédéclenchements inconditionnels, tels que la défaillance des disjoncteur de transformateurs sur ligne en antenne ou en piquage, ont une durée de transmission de 100 ms et comportent une procédure de dialogue. 128 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-6- Supports de transmission 2-1-5-6-1- Courant porteur ligne Ce système utilise la ligne à très haute tension pour transmettre le signal. Circuit bouchon Réducteur de tension capacitif bobine à prises câble coaxial bobine de drainage autotrans formateur Les fréquences utilisées en France sont: . 40 - 100 kHz, découpées en bandes de 2 kHz, et utilisées pour les protections, . 100 - 348 kHz, découpées en bandes de 8 kHz, et utilisées pour le téléphone et la télécommande. Nous utilisons généralement la boucle phase - terre pour le téléphone, et la boucle phase phase pour les protections, cette dernière étant moins perturbée par les défauts apparaissant sur leur trajet. . Avantage: très faible affaiblissement, surtout en mode phase - phase. . Inconvénient: les circuits bouchons ne sont pas efficaces à 100%, et il n'est pas possible d'utiliser la même fréquence sur deux lignes proches l'une de l'autre. Il faut toujours que deux lignes en série au moins séparent deux systèmes à courant porteur ligne utilisant la même fréquence. Ceci en limite l'emploi et les interdit pour les systèmes trop gourmands en bande passante, par exemple les protections différentielles de ligne. 129 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-6-2- Câble de garde à câble coaxial incorporé. câble coaxial local 50 nf bobine de drainage Câble de garde à coaxial incorporé translateur filtre . avantage: . inconvénients: pas de contrainte sur les fréquences affaiblissement conduisant à installer des répéteurs tous les 30 km nécessité de prévoir son installation à la construction de la ligne. largeur de bande trop réduite pour les protections différentielles de ligne. 2-1-5-6-3- Câble de garde avec fibre optique incorporée. Cette technique est analogue à la précédente, mais elle est plus récente. . avantages: plus grande largeur de bande, insensibilité aux perturbations extérieures, d'où 100 km entre répéteurs possibilité de ligaturer une fibre sur un câble de garde, voire sur une phase. . inconvénient: technique très particulière. 2-1-5-6-4- Faisceaux hertziens. Un réseau dédié à EDF, dans la bande des 7 Gigahertz, a été installé. 2-1-5-6-5-Liaisons spécialisées. France - télécom met à disposition d'EDF des liaisons pour lesquelles elle garantit un niveau de qualité élevé. Cette solution est onéreuse, et garde, probablement à tort, une mauvaise réputation. Elle a aussi pour inconvénient un temps de transmission non garanti, ce qui n'est pas gênant pour les téléactions, mais le devient pour les protections différentielles et à comparaison de phase. Notons la mise à disposition récente de lignes à 64 kilobits / s, qui pourraient s'avérer intéressantes pour certaines protections différentielles de ligne. 130 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-5-6-6-Utilisation de ces supports pour les téléactions. Il existe deux modes d'utilisation différents, correspondant à des supports différents: - téléactions basse fréquence. L'équipement connecté à la protection transmet son ordre à un équipement centralisé du poste, en fréquence vocale ( bande de 300 à 3400 hz ). L'équipement centralisé adapte ensuite le signal au support de télécommunication disponible, à savoir fréquence vocale pour les liaisons spécialisées, haute fréquence pour les liaisons à courant porteur (à éviter), micro-ondes pour les faisceaux hertziens, signaux lumineux pour les fibres optiques, - téléaction haute fréquence. L'équipement connecté à la protection utilise directement une voie de transmission à courant porteur de la ligne qu'elle protège, ou d'une ligne parallèle. Bibliographie [32] 131 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 2 - PROTECTION A COMPARAISON DE PHASE 2 - 2 - 1 - Principe Cette protection, utilisée sur les lignes aériennes, compare les courants à chaque extrémité de la ligne. Cependant, afin de ne pas utiliser une largeur de bande de fréquence trop importante, elle ne compare que les phases des courants, et non leurs amplitudes: si les courants, comptés positivement du poste vers la ligne, sont en opposition de phase, il n'y a pas de défaut sur la ligne. S'ils sont en phase, il y a un défaut sur la ligne. De plus, afin de réduire encore cette largeur de bande, la comparaison ne porte que sur un seul courant, obtenu en faisant une somme des trois courants de phase, affectés chacun d'un coefficient réel ou complexe. En effet, une somme simple rendrait la protection insensible aux défauts triphasés francs. Mais cette somme déséquilibrée conduit à une sensibilité différente d'une boucle à l'autre. Une telle protection ne peut fonctionner correctement que si le système de télécommunication qui lui est associé est parfaitement disponible. On peut admettre que la probabilité pour qu'une mauvaise transmission apparaisse pendant un défaut est très faible. Mais il faut se prémunir contre les déclenchements intempestifs dus à une mauvaise transmission en l'absence de défaut. Ceci oblige à adjoindre une mise en route, qui ne rend opérante la comparaison de phase que s'il y a présomption de défaut. C'est pourquoi, alors que le principe de la comparaison de phase devrait permettre une sensibilité très supérieure à celle des protections de distance, l'augmentation de performance est en fait relativement faible. 2 - 2 - 2 - Exemple de deux types de protection. Nous étudierons deux protections de ce type: . GEC P10 de GEC-Alsthom . 7SD31 de Siemens Elles se différentient par les points suivants: - Mise en route GEC . relais de surintensité directe, inverse et homopolaire, . détection de variation anormale de l'intensité directe et de l'intensité inverse, ce qui théoriquement pourrait permettre d'éviter l'installation de réducteurs de tension. - Mise en route 7SD31 . relais de surintensité . relais de baisse de tension Dans les protections de distance l'utilisation de tels critères poserait des problèmes de sélectivité pour l'élimination en secours des défauts. Ici, tel n'est pas le cas. En effet, les protections à comparaison de phase n'assurent pas le secours éloigné (voir cinquième partie, § 12), ce qui signifie que les relais de mise en route seuls ne provoquent jamais de déclenchement. 132 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Somme utilisée dans la protection GEC L'intensité transmise est obtenue en faisant la somme: It = I directe + α * I inverse, α étant un coefficient ajustable, mais généralement pris égal à 5. Nous pouvons aussi écrire: It = [Ia * (1+ α) + Ib * a * (1+a * α) + Ic * a * (a+α)] / 3 - Somme utilisée dans la protection 7SD31 L'intensité transmise est obtenue en faisant la somme: I directe + 3 * I inverse + 5 * I homopolaire. Nous pouvons aussi l'écrire: [9 * Ia + (a+3 * a² +5) * Ib + (a² +3 * a + 5) * Ic] / 3. - Détection du défaut Pour les deux protections, un défaut est détecté sur la ligne si la différence de phase entre les courants comparés est supérieure à 30°. - Emission du signal de la protection GEC. Elle n'a lieu que lorsque l'un des relais de mise en route fonctionne. Ces relais ont deux seuils: . un seuil bas qui commande l'émission, . un seuil haut qui commande le fonctionnement du comparateur de phase. Les relais de surintensité commandent l'émission aussi longtemps que le seuil est dépassé. Les relais de variation commandent l'émission pendant 600 ms, et la comparaison de phase pendant 500 ms. - Emission du signal de la protection 7SD31. Le signal est émis en permanence. Ceci peut être un inconvénient en cas d'utilisation d'une liaison par courants porteurs ligne. En effet, ces émissions ont été suspectées de perturber les radiobalises de la navigation aérienne, et il est préférable de ne les utiliser qu'en cas de présomption de défaut, c'est à dire rarement et pendant un temps très court. - Temps d'élaboration de l'ordre de déclenchement. Il est de 20 à 30 ms pour les deux protections. Siemens offre de plus la possibilité d'augmenter la sûreté de fonctionnement en attendant une période de plus pour confirmer l'ordre de déclenchement. - Elaboration d'ordres de déclenchement monophasés. Dans la 7SD31, les relais de mise en route peuvent être utilisés comme sélecteurs de phase. En revanche la GEC ne peut pas assurer la sélection de phase avec ses relais de mise en route. Il faut lui ajouter un sélecteur de phases, qui fonctionne selon le principe des protections de distance, et nécessite donc des réducteurs de tension. - Largeur de bande. Les deux protections nécessitent deux canaux de 4 khz. 133 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 2 - 3 - Limites de performance - Elles ne doivent pas être utilisées sur des lignes à trois extrémités, car dans ce cas les trois intensités peuvent être déphasées entre elles, même si leur somme algébrique est nulle. - Elles sont, par principe insensibles aux oscillations de puissance. Ceci permet d'utiliser des caractéristiques de mise en route plus proches de la zone de fonctionnement normal, et donc d'augmenter la sensibilité aux défauts résistants. - Elles ne sont pas capables de discriminer les doubles défauts monophasés sur lignes parallèles. En effet, le sélecteur de phase fonctionne suivant le même principe que les protections de distance. Il risque donc d'indiquer un défaut biphasé sur chaque ligne et de provoquer un double déclenchement triphasé(voir § 2-1-5-3). Mais une protection effectuant une comparaison de phase sur chacune des phases résoudrait le problème. - Elles sont plus rapides que les protections de distance utilisant le système d'accélération de stade ou de blocage, car ces dernières doivent attendre, pour émettre leur signal, d'avoir élaboré l'ordre de déclenchement. Le gain de temps est surtout sensible par rapport au schéma à blocage. - Des études statistiques ont montré que les protections à combinaison de courant ont une meilleure sensibilité aux défauts monophasés résistants que les protections phase par phase, lorsque le courant homopolaire est fortement représenté. 2 - 2 - 4 - Evolution. Des protections numériques, effectuant des comparaisons phase par phase avec des largeurs de bande de transmission analogues aux précédentes, sont disponibles. On peut par exemple citer la protection 7 SD 510. Bibliographie [33], [34] 2 - 3 - PROTECTIONS DIFFERENTIELLES. 134 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 1 - Protection différentielle de ligne. 2-3-1-1- Principe. Si la somme algébrique des courants entrant sur une ligne est nulle, la ligne est saine. Sinon il y a un défaut sur cette ligne. Pour réaliser cette somme, les courants doivent être transmis, en amplitude et en phase, vers une des extrémité de la ligne. Ce principe est analogue à celui de la protection à comparaison de phases, mais il demande une transmission d'informations beaucoup plus importante. En revanche la comparaison, qui se fait sur l'ensemble des points de la période, et non lors des passages par zéro, est plus fiable. Ceci permet, en particulier, de protéger les lignes à trois extrémités. Mais elle reste tributaire de la transmission d'information, et doit toujours être asservie soit à un étage de mise en route, soit à un système de surveillance de la liaison. Elle conserve aussi les mêmes avantages, à savoir la rapidité et l'insensibilité aux oscillations de puissance. 2-3-1-2- Exemple: DIFL de Alstom. - La mise en route se fait par l'un ou l'autre des seuils suivants: . maximum de courant homopolaire, . maximum de courant inverse, . maximum de tension homopolaire, . maximum de tension inverse, . minimum de tension directe, . minimum d'impédance directe. - La comparaison différentielle est faite sur chacun des trois courants Ia, Ib, Ic, à chaque extrémité. Ceci lui permet de réaliser, sans équipement supplémentaire, des déclenchements monophasés, et d'assurer correctement la protection des lignes doubles contre les doubles défauts monophasés (voir § 2-1-5-3). Pour chacun d'eux on utilise deux relais de seuil, mis en série: . seuil absolu, . seuil à pourcentage. D'où la caractéristique: Ia + I'a Ia = courant au point de mesure Ia' = courant à l'autre extrémité Ia 135 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - La vitesse de fonctionnement est de 20 à 30 ms. - La largeur de bande nécessaire est de 4 canaux de 4 kHz dans chaque sens, entre chaque extrémité, soit 8 canaux pour les lignes à deux extrémités, et 12 canaux pour les lignes à trois extrémités. X X X Cette nécessité de disposer de moyens de télécommunication importants a conduit à n'installer une telle protection que lorsqu'on dispose de liaisons par fibres optiques incorporées dans le câble de garde, ou de faisceaux hertziens. Elle est réservée pour l'instant aux liaisons les plus importantes du réseau 400 kV. - Elle nécessite des transformateurs de courant identiques aux deux extrémités. 2-3-1-3- Autre exemple:: LFCB Cette protection utilise une transmission numérique d'information échantillonnée suivant le code HDLC, avec contrôle permanent du temps de transmission. Ceci est destiné à lui permettre de s'accommoder de liaisons numériques du domaine public, où ce temps de transmission peut varier inopinément. Une protection utilisant ce mode de liaison est actuellement en cours d'essais sur le réseau EDF. D'autres protections utilisant des liaisons par fibre optique incorporées dans le câble de garde ont été essayées précédemment. Cette protection ne comporte pas d'étage de mise en route. La quantité d'information à transmettre est de 64 kbit / s dans chaque sens. Bibliographie [35], [36] 136 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 2 - Protection de canalisation souterraine. 2-3-2-1- Principe. Il est le même que pour la précédente, mais les performances demandées sont moindres: . pas de double défaut monophasé, . pas de déclenchement monophasé, . pas de défaut résistant. Nous pouvons donc nous contenter d'une protection à combinaison de courants. Le problème de la liaison de transmission peut être résolu beaucoup plus facilement que pour les lignes aériennes. En effet, les canalisations souterraines sont toujours posées avec un câble à quartes téléphoniques destiné aux télécommunications, appelé câble pilote. Une quarte peut être affectée aux protections. C'est pourquoi, alors qu'en toute rigueur une protection à comparaison de phases aurait suffi, on utilise une protection différentielle, ce qui permet d'augmenter la fiabilité. 2-3-2-2- Exemple: DL 323 La somme des courants utilisée est: It = Ia + 1,2 * Ib + 1,5 * Ic Phase a Phase b Phase c Contrôle des courants de phase contrôle du courant de neutre démodulateur module de déclenchement modulateur transformateur comparateur Bibliographie [38] Transformateur sommateur 137 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 3 - Protection différentielle de liaison courte. 2-3-3-1- Principe Il s'agit d'une protection simplifiée par rapport aux précédentes, qui peut être utilisée lorsque la distance entre les deux extrémités de l'ouvrage protégé est suffisamment faible pour qu'il soit possible de transmettre directement les intensités d'une extrémité à l'autre. Elle est essentiellement utilisée pour protéger la liaison aérienne entre la sortie secondaire d'un transformateur de puissance et le jeu de barres du poste sur lequel il est raccordé. 2-3-3-2- Exemple: PDLC 10 X transformateur de puissance bobine de point neutre (éventuellement) sommateur relais différentiel La mesure de la différence entre les courants est élaborée sur chaque phase, en utilisant un relais à seuil fixe, en série avec un relais à pourcentage: ¨I1¨ - ¨I2¨ > k * (¨I1¨ + ¨I2¨ ) / 2 ¨I1¨ - ¨I2¨ > ¨Is¨ Les limites de longueur de l'ouvrage protégé sont, avec des réducteurs de courant correspondant à la spécification MA 103, enroulement différentiel: L < 500 m pour un ouvrage 63 kV, L < 1000m pour un ouvrage 225 kV Ces limites, obtenues expérimentalement, proviennent du réglage du facteur k du relais à pourcentage: 25 % en 63 kV, 40 % en 225 kV. Cette différence provient elle même de la plus grande sensibilité demandée à la protection en 63 kV. En effet, pour cette tension, les courants de court-circuit monophasés se trouvent alors limités par des réactances de neutre à: 8 kA au secondaire des transformateurs 225 / 63 kV, 10 kA au secondaire des transformateurs 400 / 63 kV. Sur le réseau 225 kV, en revanche, c'est à dire au secondaire des autotransformateurs 400 / 225 kV, ils peuvent atteindre 31,5 kA. 138 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 4 - Protection différentielle de barres 2-3-4-1- Principe général Nous effectuons dans un relais à seuil de courant la somme algébrique des courants instantanés alimentant un nœud électrique (voir première partie, §1, nota1). Si cette somme est nulle, il n'y a pas de défaut sur le nœud électrique. Les problèmes rencontrés sont: - nécessité de connaître la position des sectionneurs d'aiguillage, pour savoir quels sont les départs qui alimentent un nœud donné. Nota: dans ce qui suit, les courants sont comptés positivement vers le nœud électrique. . Exploitation normale La protection différentielle est décomposée en autant de relais que de nœuds électriques. Le relais de la barre 1 reçoit les courants issus des réducteurs des départs qui lui sont connectés, et du réducteur du couplage situé sur la barre 2. Il commande les disjoncteurs correspondants (Dx et Dc sur le schéma). Le relais de la barre 2 reçoit les courants issus des réducteurs des départs qui lui sont connectés, et du réducteur du couplage situé sur la barre 1. Il commande les disjoncteurs correspondants (Dy et Dc sur le schéma). Barre 2 Ix Ic1 Iy Ic2 Ic1 Dc X Barre 1 S2x S1x Dx X Ic2 S2y S1y S1x S1y S2x S2y Dy X Ix Iy Relais barre 1 relais barre 2 . Exploitation avec disjoncteur de couplage ouvert Les relais ne prennent plus en compte les courants issus des réducteurs encadrant les couplages, pour éviter qu'un défaut situé entre le disjoncteur de couplage et un de ses réducteurs ne provoque le déclenchement du jeu de barres sain, et ne laisse en service le jeu de barres en défaut. Cette disposition permet l'élimination des défauts situés dans cette zone lorsque le disjoncteur de couplage est fermé: le jeu de barres sain déclenche en premier, puis, lorsque le disjoncteur de 139 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 couplage est ouvert, le jeu de barres en défaut déclenche. Afin de pallier la défaillance du disjoncteur de couplage, lorsqu'un ordre de déclenchement destiné à ce disjoncteur est émis, une 'information "disjoncteur de couplage ouvert" est élaborée au bout de un intervalle sélectif, et envoyée aux relais 1 et 2. . Manœuvre de changement de barres. Pendant cette manœuvre, le disjoncteur de couplage est fermé, mais il est court - circuité successivement par chacun des départs mis en double aiguillage. Lorsqu'un départ est en double aiguillage, tous les courants sont aiguillés sur un même relais, et les ordres de déclenchement sont envoyés à tous les disjoncteurs. Barre 2 Ix Ic1 Iy Ic2 Ic1 Dc X Barre 1 S2x S1x Dx X Ic2 S2y S1y S1x S1y S2x S2y Dy X Ix Iy Relais barre 1 et barre 2 - Commutation des circuits courant lors des manœuvres de sectionneurs. Il est interdit d'ouvrir en charge un circuit courant ( voir deuxième partie, § 4). La commutation est donc réalisée sans coupure, grâce à des relais bistables, c'est à dire ne changeant pas de position en cas de perte d'alimentation auxiliaire. Ils sont eux même commandés par un système de relais se verrouillant entre eux de telle manière qu'un relais bistable ne puisse s'ouvrir que si un autre a été préalablement fermé. - Saturation des réducteurs de courant. Lors d'un défaut extérieur au nœud électrique, le réducteur de courant du départ qui alimente le défaut peut être saturé. Dès lors la somme des courants n'est plus nulle, et la protection provoque intempestivement le déclenchement de tous les départs du nœud électrique. Différentes solutions, exposées dans les chapitres qui suivent, ont été proposées à ce problème. 140 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-3-4-2- Protection à haute impédance et à seuil fixe Réducteur n° 1 Relais de commutation Icc - Id Icc Id relais de seuil Rd à haute impédance 2-3-4-2-1- Principe de fonctionnement Les réducteurs de courant alimentent en parallèle un relais Rd. Si la somme des courants dépasse un seuil I, le relais émet un ordre de déclenchement. 2-3-4-2-2- Détermination des caractéristiques du relais de déclenchement. Si, lors d'un défaut extérieur, le réducteur de courant correspondant (réducteur n°1) est saturé, il n'injecte plus de courant dans son circuit secondaire, mais se comporte comme une résistance qui vient se mettre en parallèle avec celle du relais Rd. La condition de stabilité de la protection, c'est à dire de non - déclenchement sur défaut extérieur, s'obtient de la manière suivante: - soit Icc la somme des courants issus de tous les réducteurs de courant à l'exception du n°1, - soit rd la résistance du relais Rd, - soit rc la résistance du circuit formé par le réducteur n°1 et la filerie tirée entre lui et la protection. Le courant Icc issu des autres réducteurs se partage en Id vers le relais Rd, et Icc - Id vers le réducteur n°1, avec: Id * rd = (Icc - Id) * rc que nous pouvons aussi écrire: Id = Icc * rc / (rd + rc) La protection est stable, c'est à dire ne fonctionne pas sur court circuit extérieur, si le courant Id reste inférieur au seuil I lorsque le courant de court circuit est maximal , d'où: 141 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 rc I > Icc max * rd + rc Iccmax est le courant de court circuit triphasé si le rapport Zo / Zd est supérieur à 1 (voir 5ème partie, § 111, et fin de §), et le courant de court circuit monophasé dans le cas contraire. D'autre part, lors d'un court circuit sur le nœud électrique, la protection doit déclencher lorsque le courant de court circuit est minimal: I < Iccmin1 Iccmin1 est le courant de court circuit monophasé si le rapport Zo / Zd est supérieur à 1, et le courant de court circuit triphasé dans le cas contraire. De ces inégalités nous tirons: Icc max - Icc min1 rd > rc * (condition n° 1) Iccmin1 De plus, si le court-circuit est sur le nœud électrique, il faut que la somme des courants donne dans le relais Rd un courant supérieur à I. Or, si un réducteur est saturé, la protection ne peut pas discerner un défaut sur le nœud électrique d'un défaut sur le départ où se trouve ce réducteur. Pour cela il faut qu'aucun réducteur ne soit saturé. Nous pouvons admettre que le courant de court circuit maximal circulant dans chaque départ est égal au courant de court circuit minimal du poste. Mais ici il faut prendre Iccmin2, qui est choisie comme la plus élevée entre le courant monophasé et le courant triphasé, c'est à dire le courant triphasé si Zo / Zd est supérieur à 1. Cette affirmation doit être vérifiée au cas par cas. Prenons le cas le plus contraignant. C'est le cas où un départ est parcouru par le courant de court circuit Iccmin2, et où le courant de court circuit total est Icc max. Soit rf la résistance de la filerie entre ce départ et le relais. La tension aux bornes de son réducteur est: V = rf * Iccmin2 + rd * Iccmax Cette tension doit être inférieure à la tension de coude Vs du réducteur. D'où: Vf - rf * Iccmin2 rd < (condition n° 2) Iccmax Il faut bien entendu ajouter à ces conditions des marges de sécurité. Dans la pratique, ces conditions ne peuvent être remplies que si Icc max, Icc min1 et Icc min2 sont peu différentes l'une de l'autre. En particulier, le rapport Zo / Zd doit rester proche de 1. Rappel: Le courant de court circuit monophasé est lié au courant de court-circuit triphasé par: 1 Icc mono = Icc tri * Zo *(2+) 3 Zd 142 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-3-4-2-3- Mise en œuvre. La résistance du relais est élevée vis à vis de la charge de précision des réducteurs, et ces derniers sont facilement saturés. Or, si la conception de cette protection la rend insensible à la saturation, d'autres protections installées en série sur les mêmes circuits courant pourraient en être affectés. C'est pourquoi la protection différentielle doit être alimentée par des réducteurs comportant un enroulement et un noyau magnétique qui lui soient strictement réservés. Ceci peut conduire à un surcôut important lorsqu'il s'agit d'ajouter une protection différentielle de barre dans un poste déjà installé avec des réducteurs ne comportant pas ces dispositions. Pour un poste neuf, le surcôut est en revanche acceptable. 143 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-3-4-3- Protection à moyenne impédance et à pourcentage L'inconvénient majeur du système précédent était l'indépendance entre le courant de court-circuit réel et le seuil de déclenchement du relais. Une amélioration a été apportée en utilisant un relais à pourcentage, dans lequel le courant de seuil est une fraction du courant de court-circuit. Le principe est le suivant: Ia4 Ia3 Ia2 Ia1 Ia1 w Id rd Id2 x ra2 z Id1 ra1 y Prenons l'exemple du relais RADSS d' ABB Ci - dessus sont représentés les trajets du courant pour une alternance et pour la phase a. Sur l'autre alternance les courants circulent dans les autres diodes, dans le même sens. Le courant différentiel Id circule en sens inverse. La tension entre les points z et w est proportionnelle à ce courant. Les courants en trait plein correspondent au défaut externe au jeu de barres, les courants en pointillé au défaut interne. Les résistances ra1 et ra2 sont égales à une même valeur, notée rs / 2. La tension entre les points x et y est alors proportionnelle à la somme des valeurs absolues des courants issus de chaque départ. La détection se fait en comparant la tension Vwz redressée et la tension Vxy, toujours positive. 144 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 transformateur TMD Id x alarme w Rd3 Sr D2 mise en route par maximum de Ia D1 Dr relais de détection y Relais à pourcentage et élaboration de l'alarme - Défaut interne franc Dans ce cas, les réducteurs ne sont généralement pas saturés. Tous les courants sont alors approximativement en phase. Sur l'alternance considérée, le courant Id1 est nul, et Id2 est la somme Ia1 + Ia2 + Ia3 + Ia4, d'où: Id2 = Id Pour tenir compte des erreurs de mesure, la condition de déclenchement est : Id > S * Id2 S<1 que nous pouvons aussi écrire: Vwz / rd > S * Vxy / ra2 or le déclenchement a lieu si: Vwz > Vxy d'où: ra2 = rs / 2 = S * rd (1) (sur l'autre alternance c'est la résistance ra1 qui est sollicitée) - Défaut extérieur au nœud électrique Supposons qu'il apparaisse sur le départ 1, à l'extérieur du nœud électrique. 145 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si le réducteur de ce départ n'est pas saturé, son courant secondaire Ia1 est égal à Id1. Il est en opposition de phase avec la somme Id2 de ceux des autres réducteurs, et le courant circulant dans le relais rd est nul. Si le réducteur est saturé, il ne fournit plus le courant Ia1. Le courant Id2 se partage alors en deux parties, entre les points w et z, l'une à travers la résistance rd, l'autre à travers la résistance ra1 et le circuit secondaire du réducteur n° 1, qui se comporte alors comme une résistance pratiquement pure. La condition de non - déclenchement est: Vwz < Vxy soit: rd * Id < (rs / 2) * (Id2 + Id1) ce qui donne, d'après (1) Id < S (Id2 + Id1) Les courants Id1 et Id se partagent suivant l'équation: (2) (rf1 + rs / 2) * Id1 = rd * Id (3) rf1 étant la somme de la résistance secondaire du réducteur du départ n° 1 et de la filerie le reliant à la protection. comme Id2 = Id1 + Id l'équation (2) devient: Id < S * (2 * Id1 + Id) soit Id < 2 * S * Id1 / (1-S) d'où, d'après (3) et (4): (rf1 + rs / 2) < 2 * (4) S * rd 1-S S et, d'après (1): rf1 + S * rd < 2 * * rd 1-S 1-S soit: rd > rf1 * (5) S * (1 + S) Nous choisissons habituellement rd tel que: 1-S rd = rf1 * (6) S Le pourcentage S est réglé à 0,8 à EDF. Une valeur plus faible permettrait d'éliminer les défauts résistants, dus par exemple à une mauvaise terre de poste, mais n'autoriserait que des résistances de filerie plus faibles. La résistance rf1 est mesurée à la mise en service, sur chaque réducteur de courant. Les valeurs de rd sont toujours suffisamment élevées pour qu'il soit nécessaire d'utiliser des réducteurs spécifiques, comme pour les protections à seuil constant cf § 2-3-4-2-4. Bibliographie [39] 146 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 4 - 4 - Protection basse impédance sur réducteurs performants Lorsque tous les réducteurs d'un poste sont spécifiés pour laisser passer les composantes apériodiques sans se saturer, il n'est plus nécessaire de respecter la condition notée (5) du § précédent. Au contraire, l'impédance du circuit différentiel doit être faible, de manière à ne pas fausser de manière inacceptable les mesures des protections utilisant les mêmes circuits courant, et à ne pas provoquer l'amorçage des dispositifs limiteurs de tension. On peut alors utiliser, sans précautions particulières, des protections différentielles de barres de principe identique aux précédentes, mais où la résistance rd a une valeur faible. Ces protections peuvent alors être utilisées dans des postes dépourvus de réducteurs de mesure comportant un enroulement spécialisé. La seule application qui existe en France est le réseau 400 kV, où des réducteurs performants avaient été installés à une époque où il n'avait pas encore été envisagé d'utiliser des protections différentielles de barres. 2-3-4-5- Protection basse impédance sur réducteurs saturables non spécialisés. Généralement, les protections différentielles de barres utilisent, entre les réducteurs et les relais, des transformateurs auxiliaires placés au plus près des réducteurs principaux. Ils permettent de rattraper les éventuels rapports différents de ces réducteurs, d'un départ à l'autre, et de transporter sur des distances relativement longues des courants d'amplitude nominale plus faible, par exemple 0,1 A au lieu de 1A ou 5A. Mais ces transformateurs peuvent, par leurs caractéristiques, participer au fonctionnement de la protection. Exemple: INX 5 de la firme ABB. Leur circuit interne est à haute impédance, ce qui signifie que dans les transformateurs auxiliaires les courants sont transformés en tensions déphasées de 90° par rapport à leur courant primaire. De cette manière ces courants primaires, qui sont les courants secondaires des réducteurs principaux, n'interagissent pas entre eux. protection Faible impédance magnétisante haute impédance: v = - di / dt La détection de saturation d'un réducteur principal se fait en comparant le courant et sa dérivée, ou plutôt la tension v et sa primitive. Pendant le temps où un réducteur est saturé, la détection d'un défaut n'est pas prise en compte. Seule est utilisée celle qui a été élaborée pendant les quelques millisecondes qui précèdent la saturation. L'ordre de déclenchement n'est émis que si la détection a eu lieu sur deux alternances consécutives. 147 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 4 - 6 - Protection à moyenne impédance et faible consommation Cette protection peut être utilisée sur des réducteurs saturables sans enroulement spécialisé. Son principe est l'utilisation de transformateurs auxiliaires se saturant avant les réducteurs principaux. A ce moment là, les transformateurs auxiliaires se comportent pratiquement comme des court - circuits vis à vis des réducteurs principaux, et ne provoquent pas leur saturation. La protection différentielle de barres a alors vis à vis des transformateurs auxiliaires un comportement identique à celui qui a été vu au §2343. Le point le plus critique est le couplage, où le réducteur principal alimente deux transformateurs auxiliaires, un par nœud électrique. Il faut alors que la tension de coude du réducteur principal, c'est à dire la tension secondaire qui correspond à l'induction le saturant, soit supérieure à la somme de celles de chaque transformateur auxiliaire. A cela il faut ajouter la chute de tension dans les transformateurs auxiliaires eux-mêmes, et la chute de tension dans les autres équipements utilisateurs. Pratiquement, il faut que la tension de coude du réducteur principal soit quatre fois celle de chaque transformateur auxiliaire. Ceci impose une tension de coude faible pour ces derniers, et donc des résistances d'enroulement secondaire, et de liaison avec la protection, faibles elles aussi. 2-3-4-7- Protection différentielle à combinaison linéaire de courant C'est une protection qui ne comporte qu'un seul relais pour les trois phases. Cette disposition permet de simplifier non seulement la partie détection, mais aussi la partie aiguillages, car un seul courant par départ doit être commuté lors des changements de barres. Prenons par exemple la DIFLCL. C'est une protection du type moyenne impédance et faible consommation. La combinaison linéaire utilisée est: I = 2,5 * Ia + 1,5 * Ib + 2 * Ic Si nous voulons qu'elle soit insensible à la non prise en compte du courant de la phase a sur un départ parcouru par le courant de transit maximal Itmax, le seuil de détection doit être supérieur à: 2,5 * Itmax. Si nous voulons que la protection soit sensible à un court circuit monophasé sur la phase b, le seuil de détection doit être inférieur à 1,5 * Iccmono D'où la condition: 1,5 * Iccmono > 2,5 * Itmax Alors que pour une protection à phases séparées la condition s'écrit: Icc mono > Itmax Nous voyons ainsi que la protection est un peu moins sensible que la protection à phases séparées. Ceci peut limiter son emploi dans les postes où le rapport Zo / Zd est élevé. 148 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 4 - 8 - Précautions particulières Les réducteurs de courant utilisés sur les départs transformateur pour la protection différentielle de barres sont des tores placés sur leurs traversées. D'où les particularités suivantes: - si, coté primaire, ces transformateurs sont protégés par des éclateurs placés entre l'extrémité de chaque traversée et la cuve, la connexion entre l'éclateur et la cuve doit passer à l'intérieur du tore, faute de quoi un amorçage , qui ne doit être détecté que par la protection masse - cuve, serait aussi détecté par la protection différentielle de barres, et provoquerait le déclenchement de tous les disjoncteurs du nœud électrique correspondant, - toujours coté primaire, un défaut sur la connexion entre le tore et le disjoncteur est vu comme un défaut barre. Mais l'ouverture des disjoncteurs reliés à la barre n'élimine pas le défaut, qui reste alimenté par le transformateur. L'ouverture du disjoncteur secondaire du transformateur doit donc être commandée , un intervalle sélectif plus tard, par l'automate de défaillance du disjoncteur par exemple. X disjoncteur Eclateur éclateur Bibliographie [40] 149 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - 4 - 9 - Protection différentielle numérique Dans chaque tranche le courant est mis sous forme numérique grâce à un convertisseur analogique numérique. Une fibre optique permet la transmission à l'unité centrale de ce courant numérisé, et de la position des sectionneurs d'aiguillage. Ceci permet: - une basse impédance sur le circuit secondaire des réducteurs de courant. Les enroulements des transformateurs de courant des protections de distance peuvent être utilisés; - des distances plus élevées entre tranches et unité centrale, jusqu'à 1200 m; - pas d'interaction entre réducteurs; - pas de problème de charge de filerie, - pas de problème de commutation de courant; - utilisation systématique d'un détecteur par phase, le détecteur à combinaison de courant ne présentant plus aucun intérêt; - Pas de susceptibilité de la filerie aux parasites; - dans l'avenir, adaptation facile aux réducteurs optiques. En revanche, cette protection est un peu plus lente que les protections électroniques. 150 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 4 - PROTECTION HOMOPOLAIRE 2 - 4 - 1 - But de cette protection Lorsqu'un défaut à la terre est trop résistant, le point représentatif de l'impédance vue par les protections de distance peut être confondu avec un point de fonctionnement normal. Les protections homopolaires, en revanche, peuvent détecter ce type de défaut. 2 - 4 - 2 - Principe de la mesure de puissance Le raisonnement est le suivant: régime n° 1 - réseau sain. A z Zds = 15 B zdL1 = 5 zdL2 = 5 zds2 = 15 z z z z z I1 Rf Ir1 Vf (zoL1 - zdL1) / 3 = 3,33 I2 Ir2 (zoL2 - zdL2) / 3 = 3,33 Je ne modifie pas ce réseau en ajoutant au point F une force électromotrice Vf égale à la tension en F, en série avec une résistance Rf; régime 2: J'applique au point de défaut F une force électromotrice Ef égale à - Vf et je court-circuite les autres forces électromotrices, sans modifier le réseau; un courant, figuré par les traits en fil fin, circule de part et d'autre de F. D'où: -Vf = R* (Ir1 + Ir2) + (zdL1 + zds1) * I1 + (zoL1 -zdL1) / 3) * Ir1 -Vf = R* (Ir1 + Ir2) + (zdL2 + zds2) * I2 + (zoL2 - zdL2) / 3) * Ir2 Le courant est nul dans les phases saines si le rapport (zos + zoL) / (zds + zdL) est le même de part et d'autre du point de défaut. Si tel n'est pas le cas, je peux soit obtenir les composantes naturelles en résolvant directement le réseau de la figure ci-dessus, soit obtenir les composantes symétriques en utilisant la représentation de l'annexe 1, § 34. régime 3: Je superpose les régimes 1 et 2 et j'obtiens le régime de défaut. Dans le réseau sain il n'y a ni tension résiduelle, ni courant résiduel. Je peux donc obtenir ces grandeurs directement à partir du régime 2. 151 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 PrA = VrA * IrA * cos ϕ Au point A, la puissance résiduelle est: ϕ étant l'écart de phase entre VrA et IrA, c'est à dire l'argument de zds1. Le signe de PrA donne la direction du défaut: si PrA est négative, le défaut est sur la ligne, et la protection élabore un ordre de déclenchement. Mais la valeur de PrA est généralement très faible, et son signe mal défini, car zos est souvent constituée de réactances homopolaires de transformateurs, et j est voisin de 90°. C'est pourquoi, afin d'augmenter la sensibilité de la protection et de garantir sa fonction directionnelle, on utilise la valeur: SrA = VrA * IrA * cos (ϕ − ϕο) ϕo étant généralement réglé à 70°. 2 - 4 - 3 - Principe de la sélectivité La protection élabore un temps de déclenchement somme d'un temps fixe Tf, au moins égal au temps de cycle de réenclenchement, et d'un temps dépendant inversement proportionnel à la puissance Sra. Nous utilisons par exemple une formule telle que: T = Tf + 10 * i / srA T = Tf + 2 * i / srA avec: pour une intensité nominale de 5 A, pour une intensité nominale de 1 A Tf = temps fixe réglable, valeur préférentielle 2 s i = paramètre réglable srA= valeur basse tension de la puissance résiduelle au point P1, exprimée en VA. Sur d'autres protections, les paramètres affichés sont une puissance s et un temps de référence Td. Ceci signifie que si la puissance sra vaut s, la protection déclenche au bout du temps Tf + Td. Nous passons d'une protection à l'autre en posant: i = s * Td / 10 pour le calibre 5 A Plus une protection est éloignée d'un défaut, plus la puissance résiduelle qui la traverse est faible, et donc plus elle met de temps à déclencher. Un tel système fonctionne correctement sur les réseaux 400 kV et 225 kV, où les postes comportent généralement de nombreux départs, et où les transformateurs sont mis à la terre. En revanche, sur le réseau 63 kV, il est souvent mal adapté. En effet, si nous considérons une file de postes 63 kV à deux départs, où les transformateurs 63 kV / 20 kV ont généralement leur neutre primaire isolé, et les transformateurs 225 kV / 63 kV ont une impédance homopolaire élevée, le courant résiduel est le même de part et d'autre de chaque poste, et l'écart de tension d'un poste à l'autre est faible. L'écart de puissance résiduelle, qui est alors proportionnel à l'écart des tensions, peut être trop faible pour assurer une sélectivité correcte. 225 / 63 kV 63 / 225 kV 152 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Exemple de fonctionnement: Soit une ligne 63 kV d'impédance directe 10 ohm, ce qui correspond à environ 25 km. Nous supposons que son impédance homopolaire est le triple, soit 30 ohm. Les impédances de boucle monophasée (zos + 2*zds) / 3 de part et d'autre de cette ligne sont toutes les deux de 15 ohm, ce qui correspond à des courants de court-circuit monophasé de l'ordre de 3 600 A sur chaque poste d'extrémité. L'argument des impédances est supposé égal à 70°. Le rapport des réducteurs de tension est de 600. Celui des réducteurs de courant est de 100 (In = 5A) . La puissance résiduelle basse tension est donc égale à la puissance résiduelle haute tension divisée par 60 000. La f.e.m. résiduelle Ed est égale à la tension nominale simple, soit 36 373 V. Ceci suppose que la tension préexistant au point de défaut soit égale à la tension nominale. Un défaut de 50 ohm apparaît au milieu de la ligne. La f.e.m. résiduelle Ed alimente alors une impédance de: 50 + ((15 + 5 + 3,33) / 2) * cos 70° + j * ((15 + 5 + 3,33) /2) * sin 70 ° dont la valeur absolue est: 55 ohm. Le courant circulant dans le défaut est de: 36 373 / 55 = 660 A Ce courant se partage également de chaque coté du défaut. En A il vaut donc 330 A, et la tension résiduelle vaut: 330 * 15 = 4 950 V Elle est en avance de 70° sur le courant résiduel. D'où la valeur de la puissance résiduelle haute tension: SrA = 330 * 4950 * cos(70-70) = 1633 500 VA et de la puissance résiduelle basse tension: srA = 1 633 500 / 60 000 = 27,225 VA Si le réglage choisi correspond à un temps dépendant de 1s pour une puissance résiduelle haute tension de 5,4 MVA, c'est à dire une puissance résiduelle basse tension de 90 VA, le paramètre i doit ëtre réglé à 9. Ceci donne, pour un temps fixe de 2 secondes: 9 2 + 10 * = 5,3 secondes 27,225 nota: la protection comporte aussi, pour éviter les fonctionnements intempestifs sur défaut permanent, un relais de seuil de courant résiduel et un relais de seuil de puissance résiduelle. 153 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 4 - 4 - Relais directionnel homopolaire compensé Il s'agit d'une amélioration de la protection vue précédemment. Reprenons la figure ci - dessus. Si l'impédance amont, zds1 par exemple, est faible, un défaut proche de l'extrémité P2 de la ligne donne une puissance résiduelle faible au point P1. Pour éviter cet inconvénient, nous utilisons comme tension homopolaire la tension qui aurait pu être mesurée au milieu de la ligne: Vo compensée = Vo - (ZoL / 2) * Io ZoL étant l'impédance homopolaire de la ligne. Si le défaut est en amont, la tension homopolaire compensée est plus faible que la tension homopolaire mesurée au point P1, mais plus élevée que celle mesurée au point P2. La sélectivité est conservée avec les protections situées en P2, avec toutefois une marge plus faible. 2 - 4 - 5 - Protection directionnelle homopolaire avec interdéclenchement Prenons comme exemple la protection 7 SN 21 créée par Siemens , à la demande de l' Electricity Supply Board d' Irlande. Le principe est le suivant: Info « défaut aval » X X Info « défaut aval » Chacune des protections est munie de deux seuils de courant résiduel, un seuil haut, réglable de 0,1 * In à 0,85 * In, et un seuil bas, réglable de 0,7 à 0,85 fois le seuil haut, ainsi que d'un relais directionnel. Si un défaut apparaît sur la ligne, le relais directionnel de chacune des protections émet, contrôlé par le seuil bas, un signal de téléaction à destination de l'autre protection. Cette dernière émet alors un ordre de déclenchement contrôlé par le seuil haut et le relais directionnel. La sensibilité généralement retenue est: Ir = 0,2 *In Le temps de fonctionnement est de 200 ms. Cependant cette protection ne peut pas détecter la phase en défaut, et ne peut donc émettre que des ordres triphasés. Si nous voulons pratiquer le réenclenchement monophasé, il faut laisser aux protections de distance le temps de fonctionner, et donc retarder cette protection d'un intervalle sélectif. 2 - 4 - 6 - Protection directionnelle à puissance inverse Afin de pallier l'inconvénient vu au § 243, nous pouvons imaginer une protection utilisant la puissance inverse SiA, au lieu de la puissance homopolaire SrA: SiA = ViA * IiA * cos (ϕ − ϕο) En effet, d'une part un courant inverse est dérivé au droit de chaque poste 63 kV / 20 kV, et d'autre part l'impédance inverse des postes source est faible, ce qui provoque une chute de tension significative le long des lignes. La puissance décroît alors plus fortement au droit de chaque poste, et la sélectivité est plus facile à réaliser. Bibliographie [100], [101], [103] 154 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 QUATRIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) PROTECTIONS CONTRE LES SITUATIONS ANORMALES DE RESEAU ET AUTOMATES 1 - Protection de surcharge 2 - Protection contre les ruptures de synchronisme 3 - Protection de délestage 4 - Automate contre les défaillances de disjoncteur 5 - Réenclencheur 6 - Automate à manque de tension 7 - Automate de régulation de tension 8 - Automate de poste 157 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - PROTECTION DE SURCHARGE Remarque préliminaire: cette protection est destinée à fonctionner pour pallier à des situations de transit anormal, mais équilibré. Les mesures se font toujours sur une seule phase. 1 - 1 - PROTECTION DES LIGNES AERIENNES 1-1-1- Exposé du problème Les lignes à haute tension doivent satisfaire à des conditions relatives à leur insertion dans l'environnement. Ces conditions sont, en France, regroupées dans un document officiel appelé arrêté technique. En particulier, les conducteurs ne doivent jamais descendre au-dessous d'une hauteur minimale, au-dessous de laquelle EDF serait tenu pour responsable des accidents qui pourraient survenir. Par exemple, cette hauteur est de 8,5 m au-dessus d'un terrain agricole, pour une ligne 400 kV. Or un conducteur parcouru par un courant s'échauffe, et donc s'allonge, et son point le plus bas s'abaisse. Pour une température extérieure donnée, et un vent donné, nous pouvons donc calculer une intensité maximale au-delà de laquelle, en régime permanent, l'arrêté technique n'est plus respecté. Les formules et abaques permettant ces calculs peuvent être consultés dans les directives ligne, § L13 et L14. Les personnes chargées de la conduite du réseau ont donc, parmi leurs préoccupations, celle de ne pas dépasser cette limite. Pour les aider, et pour assurer, quoiqu'il arrive, la sécurité des tiers, des équipements, appelés protections de surcharge de ligne, sont installés. 1-1-2- Principe des protections de surcharge ligne Pour une saison donnée, et pour une région donnée, les données statistiques fournies par l'office météorologique permettent de fixer une température maximale θ1 de l'air ambiant. Pour une ligne donnée, nous connaissons la température maximale θ3 des conducteurs, au-delà de laquelle l'arrêté technique n'est plus respecté. Nous fixons une température intermédiaire θ2 des conducteurs. Cette température est celle que la ligne ne doit pas dépasser en régime permanent, l'écart entre θ2 et θ3 permettant au centre de conduite d'avoir le temps de réagir en cas de surcharge. A un couple de valeurs θ1 et θ2 correspond une intensité maximale admissible en permanence notée IMAP. Le fonctionnement est alors le suivant, pour une ligne 400 kV: - si le courant sur la ligne dépasse la valeur IMAP, le centre de conduite est prévenu, mais seulement au bout de 30 secondes. En effet, si un défaut fugitif provoque le déclenchement d'une ligne, le système de réenclenchement automatique la remet en service au bout de quelques secondes (voir § 5). Pendant le temps où cette ligne est coupée, la charge se reporte sur les lignes voisines, où l'intensité peut dépasser la valeur IMAP pendant quelques secondes, puis tout rentre dans l'ordre. Or ce temps est trop faible pour provoquer un échauffement significatif des conducteurs. Il est alors inutile de déranger le centre de conduite. - deux autres valeurs sont utilisées, IS1 et IS2. La première est telle que si la température de la ligne en régime permanent était précédemment θ2, elle atteigne θ3 au bout de 20 minutes, et la seconde, plus élevée, est telle que dans les mêmes conditions la ligne atteigne θ3 au bout de 10 minutes. Le centre de conduite est donc prévenu par deux alarmes: - la première apparaît si le courant est compris entre IMAP et IS1, et dès lors l'agent chargé de la conduite du réseau sait qu'il dispose de 20 minutes pour faire cesser la surcharge. Il tente de le faire en agissant sur le schéma du réseau et les valeurs des consignes de réglage des groupes de production. - la seconde apparaît si le courant est compris entre IS1 et IS2. Le centre de conduite ne dispose plus alors que de 10 minutes pour faire cesser la surcharge. Pour cela il coupe l'alimentation d'une partie des consommateurs en utilisant les protections de délestage (voir § 3). 159 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si au bout du temps dont il dispose, la surcharge n'a pas cessé, la protection envoie un ordre de déclenchement au disjoncteur de la ligne. Si l'intensité est supérieure à IS2, la protection envoie son ordre de déclenchement au bout de une minute. Le centre de conduite n'a pas le temps d'agir dans ce cas. Mais tout doit être mis en œuvre pour que cette situation ne se produise jamais. Sinon le déclenchement de la ligne surchargée provoque l'apparition de surcharges sur les lignes voisines, ce qui, de proche en proche, peut conduire à l'effondrement général du réseau. Pour les lignes de tension inférieure, le principe est le même, mais la mise en œuvre est plus simple. 1-1-3-Exemple Considérons une ligne 400 kV, avec trois conducteurs en faisceau en almélec de 511 mm, de construction récente. Le tableau de réglage est le suivant: été θ1 35 ° Printemps automne 25 ° Hiver doux 15 ° Hiver froid 5° θ2 60 ° 60 ° 60 ° 60 ° θ3 75 ° 75 ° 75 ° 75 ° Imap 2685 A 3405 A 3405 A 3790 A Is1 3490 A 4090 A 4090 A 4360 A Is2 4570 A 5110 A 5305 A 5305 A La protection comporte 12 seuils, qui sont tous télécommandables depuis le centre de conduite. Remarques: - la température θ3 = 75° est l'hypothèse généralement admise pour la construction des lignes. Mais au cours de son existence, une ligne peut se détendre par fluages. Le profil en long de la ligne doit donc être vérifié périodiquement. Si la ligne s'est détendue, il faut, dans un premier temps, baisser les seuils de température, donc d'intensité, et dans un second temps, retendre la ligne. - Une ligne neuve se refroidit moins bien qu'une ligne ancienne. En effet, ses conducteurs se comportent comme des corps brillants et rayonnent faiblement, alors qu'une ligne ancienne se rapproche davantage d'un corps noir. - la détermination des seuils IMAP, IS1, IS2 doit se faire sur l'élément le plus faible de la liaison. Ce peut être la ligne, ou un tronçon de cette ligne si elle n'est pas homogène, ou un appareil haute tension, disjoncteur, sectionneur, réducteur de courant, circuit bouchon. 160 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 75° 60° t=0 t = 10 mn t = 20 mn Avant l'instant t = 0, la ligne transite un courant égal à IMAP - ε, il fait 35 ° et la température de la ligne est 60 °. Si un courant Is1 - ε apparaît, la température monte à 75 ° en 20 minutes, puis la ligne est mise hors tension et se refroidit (courbe jaune). Si un courant Is2 -ε apparaît, la température monte à 75 ° en 10 minutes, puis la ligne est mise hors tension et se refroidit (courbe violette). Bibliographie [41] 161 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 2 - PROTECTION DE SURCHARGE DES TRANSFORMATEURS 1-2-1 Exposé du problème Dans la norme CEI 76-1, on distingue : - les transformateurs de type sec, à ventilation naturelle à ventilation forcée - les transformateurs immergés dans l'huile, à circulation naturelle et ventilation naturelle à circulation naturelle et ventilation forcée à circulation forcée et ventilation naturelle à circulation forcée et ventilation forcée Les transformateurs de grande puissance utilisés à EDF sont du dernier type. Ce sont ceux qui permettent le meilleur refroidissement, mais qui exigent la surveillance la plus complète. 1-2-2- Principe de la protection Les plus élaborées utilisent deux grandeurs d'entrée: - l'intensité - la température de l'huile Ses réglages dépendent, comme ceux des protections de ligne, de la température maximale observable pendant la période de l'année considérée. On définit les seuils suivants: - L'intensité nominale In C'est la valeur au-dessous de laquelle le transformateur ne subit aucune détérioration particulière. Dans ces conditions la ventilation naturelle est suffisante, à condition que les pompes de circulation d'huile fonctionnent normalement. Elle a une valeur fixe, déterminée en prenant en compte la température extérieure maximale. - L'intensité Is. Si l'intensité In est dépassée, mais si l'intensité Is n'est pas atteinte, le vieillissement du transformateur s'en trouve accéléré, mais il n'y a pas de conséquences immédiates. Le centre de conduite est prévenu, mais la protection n'émet pas d'ordre de déclenchement. En revanche, si le seuil Is est dépassé, le transformateur risque de se dégrader rapidement. La protection, après avoir envoyé une alarme au centre de conduite, émet un ordre de déclenchement aux deux disjoncteurs encadrant le transformateur, au bout de 20 minutes. Ce seuil dépend de la saison considérée et du type de transformateur. On retient généralement: Is = 1,15 * In en été Is = 1,25 * In en hiver doux Is = 1,35 * In en hiver froid - l'intensité Im = 1,5 * In Si ce seuil est dépassé, la protection, après avoir envoyé une alarme au centre de conduite, émet un ordre de déclenchement aux deux disjoncteurs encadrant le transformateur au bout de 5 minutes. - la température θ1: Si la température de l'huile du transformateur est supérieure à cette valeur quand le seuil de courant Is est franchi, le même traitement que précédemment est réalisé dès que l'intensité dépasse 1,1 * Is. Cette température dépend du transformateur. Elle est de l'ordre de 60°. - la température θs: C'est la température de sécurité, au-delà de laquelle le transformateur doit être mis hors service. Elle dépend du type de transformateur. Elle est généralement de l'ordre de 90°. 162 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le fonctionnement est le suivant: - le seuil In est dépassé. Les ventilateurs des aéroréfrigérants sont mis en service. Un compteur horaire est démarré, destiné à totaliser le nombre d'heures de fonctionnement du transformateur à une intensité supérieure à In. Le centre de conduite est alerté, mais seulement au bout de 20 secondes afin d'éviter les alarmes intempestives pendant les cycles de réenclenchement. - le seuil Is est dépassé. Le centre de conduite est alerté au bout de 20 secondes. Il a 20 minutes pour tenter de faire cesser la surcharge. Au bout de ce temps la protection commande le déclenchement des disjoncteurs encadrant le transformateur. - le seuil Im, ou 1,1 * Is, est dépassé. Le centre de conduite est alerté au bout de 20 secondes. Il a 5 minutes pour faire cesser la surcharge, faute de quoi le transformateur est mis hors réseau. - la température θs est dépassée. La protection envoie une alarme au centre de conduite, mais ne commande pas de déclenchement automatique. En effet, cette situation n'est pas nécessairement due à une surcharge mais peut provenir de l'arrêt des pompes de circulation d'huile, elle même consécutive à une panne d'auxiliaires . (voir huitième partie, §3). Dans ce cas, le retour à la normale peut parfois être obtenu sans mise hors réseau du transformateur. De telles protections sont utilisées pour les transformateurs raccordés au réseau 400 kV. Les protections de surcharge des transformateurs raccordés au réseau 225kV ne comportent pas de mesure de température. - the threshold Im, or I'm, is overcome. The control centre is warned after 20 seconds. It has 5 minutes to try and stop the overload. At the end of this time, the protective relay orders tripping the circuit breakers framing the transformer Bibliographie [42] 1 - 3 - PROTECTION DE SURCHARGE DES CANALISATIONS SOUTERRAINES Les constantes de temps décrivant l'échauffement des câbles souterrains sont beaucoup plus longues que celles décrivant l'échauffement des conducteurs aériens. Il n'a donc pas été jugé utile d'installer des protections de surcharge sur ces ouvrages. 163 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - PROTECTION CONTRE LES RUPTURES DE SYNCHRONISME 2 - 1 - EXPOSE DU PROBLEME Lorsque le réseau fonctionne correctement, tous les alternateurs tournent à la même vitesse électrique (vitesse mécanique multipliée par le nombre de paires de pôles), mais leurs forces électromotrices sont décalées entre elles d'un angle qui dépend de leurs consignes de réglage et de la structure du réseau sur lequel ils débitent. Le système est stable. S'il y a incohérence entre ces consignes et le réseau, le système peut devenir instable et une ou plusieurs machines peut tourner à une vitesse différente de l'ensemble des autres. C'est la perte de stabilité statique. Lorsqu'un court-circuit apparaît, les alternateurs proches de ce court-circuit débitent alors sur une impédance faible, mais constituée essentiellement d'éléments inductifs, lignes, transformateurs... La puissance active se trouve alors paradoxalement diminuée, et les alternateurs, qui, avant action de leurs systèmes de régulation, reçoivent toujours la même puissance mécanique, accélèrent et peuvent tourner à une vitesse supérieure à celle des alternateurs plus éloignés du défaut. C'est la perte de stabilité dynamique. Dans les deux cas il faut: - éviter le déclenchement anarchique des disjoncteurs par les protections contre les courts - circuits. C'est le rôle des dispositifs antipompage des protections de distance. - créer, en ouvrant des disjoncteurs prédéterminés, des zones où production et consommation s'équilibrent, de manière à isoler la zone "malade" des zones saines. Après quoi, si dans la zone malade les alternateurs ne réussissent pas à retrouver le synchronisme, les centrales sont si possible îlotées, puis le réseau est progressivement remis en service à partir des zones saines. Pour créer ces zones, les pertes de synchronisme sont détectées par des battements de tension, que nous pouvons schématiquement représenter comme suit: tension 0 amplitude de la source A distance électrique de la source A amplitude maximale et amplitude minimale au point C amplitude maximale et amplitude minimale au point B 166 / 320 amplitude de la source B Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 tension au point C premier battement deuxième battement troisième battement Ces battements sont utilisés pour effectuer le découpage en trois étapes successives, de manière à cerner progressivement la zone malade ( voir cinquième partie, §3). 2 - 2 - DESCRIPTION DE LA PROTECTION Elle utilise la tension sur une seule phase. Une baisse de la valeur crête de cette tension, égale ou supérieure à Vn / 50, entre deux alternances consécutives donne une impulsion indiquant une baisse. Une hausse de cette même valeur crête, égale ou supérieure à Vn / 50, entre deux alternances consécutives, donne une impulsion indiquant une hausse. Un battement est identifié comme une suite de plus de 10 impulsions de baisse, suivie d'au moins 4 impulsions de hausse. Il est confirmé seulement si la valeur minimale de la tension crête est inférieure à 0,65 fois la valeur maximale (réseau 400 kV et 225 kV), ou 0,80 fois la valeur maximale (réseau 90 kV et 63 kV), ceci afin d'éviter le fonctionnement de la protection sur de simples oscillations de puissance. L'ordre de déclenchement est émis quand la tension monte, et lorsqu'elle est supérieure à la moyenne entre tension maximale et minimale, ceci afin que le courant à couper ne soit pas trop élevé. Bibliographie [43] 167 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - PROTECTIONS DE DELESTAGE 3 - 1 - EXPOSE DU PROBLEME Lorsque la production est insuffisante par rapport à la consommation, les alternateurs ralentissent, et la fréquence baisse. Normalement cette baisse de fréquence est mise à profit par les régulateurs des groupes pour rétablir l'équilibre. Mais si la puissance disponible est insuffisante, les groupes atteignent leur puissance maximale et la fréquence continue à baisser. Si elle descend au-dessous de 49 hz, valeur fixée en France par arrêté ministériel, EDF est autorisée à procéder à des coupures de clients, appelées délestages, pour rétablir l'équilibre. Si la fréquence continue à descendre, d'autres clients sont coupés. Les derniers coupés sont les clients prioritaires. Ensuite les centrales sont séparées du réseau, mais elles continuent à fonctionner en alimentant uniquement leurs auxiliaires. On dit alors qu'elles sont îlotées. Elles peuvent ainsi être de nouveau connectées rapidement au réseau, dès que le centre de conduite a retrouvé la maîtrise de la situation. Nous avons vu au §1 que le centre de conduite peut aussi être amené à ordonner des délestages pour faire cesser des surcharges. 3 - 2 - PRINCIPE DES PROTECTIONS DE DELESTAGE Elles sont installées dans les postes de transformation 225 / 20 kV; 90 / 20 kV; 63 / 20 kV. - circuits de mesure: . chacun de ces circuits est alimenté par la tension de la barre, ou d'une des barres, située coté primaire; . la grandeur sinusoïdale correspondante est transformée en créneaux de même période; . un dérivateur crée une impulsion à chaque passage par zéro de la grandeur précédente; . l'intervalle de temps séparant chaque impulsion est comparé à une base de temps réglée pour la fréquence voulue; . une mémoire temporaire transforme l'information fugitive obtenue à la suite de la comparaison précédente en ordre logique. Le temps de fonctionnement de l'ensemble est de 200 ms. - seuils utilisés Les circuits de mesure sont au nombre de 4, correspondant aux seuils suivants: . 49 hz . 48,5 hz . 48 hz . 47,5 hz - ouverture de départs correspondant à 20% de la charge ouverture de départs correspondant à 20% de charge supplémentaire ouverture de départs correspondant à 20 % de charge supplémentaire ouverture de départs correspondant à 20% de charge supplémentaire Au-dessous de cette valeur, seuls les clients prioritaires, essentiellement les hôpitaux, restent alimentés. Les quatre seuils de délestage sont périodiquement permutés, de manière à ce que les premiers clients coupés ne soient pas toujours les mêmes. Ces équipements possèdent, de plus, un relais d'acquisition d'ordres extérieurs pour les délestages volontaires. Les groupes de production possèdent un relais de fréquence à un seul circuit de mesure, réglé à 47 hz, et qui l'îlote sur ses auxiliaires. Bibliographie [44] 168 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - AUTOMATE CONTRE LES DEFAILLANCES DE DISJONCTEUR Sa fonction est de détecter la non - ouverture d'un disjoncteur en constatant que l'ordre émis n'est pas retombé au bout d'un intervalle sélectif après le début de son émission. Il émet alors un ordre de déclenchement à tous les disjoncteurs du même jeu de barres. 4 - 1 - PROBLEMES POSES - Un fonctionnement intempestif a des conséquences graves: il fait perdre tout un nœud électrique. - Les ordres de déclenchement doivent être aiguillés, suivant les mêmes circuits que ceux de la protection différentielle de barres. - La non - retombée de la protection risque de provoquer le fonctionnement de l'automate. En particulier, une protection différentielle de ligne ne retombe que lorsque les deux disjoncteurs sont ouverts. 4 - 2 - SOLUTIONS - L'émission d'un ordre de déclenchement est validé par des relais de courant, qui vérifient qu'un courant existe toujours dans les phases du départ. - Lorsqu'une protection différentielle de barres existe, l'automate contre les défaillances de disjoncteur lui est associé: il utilise les aiguillages de la protection différentielle de barres, qui utilise elle même les circuits de déclenchement de l'automate. automate de défaillance de aiguillage de protection différentielle de barres disjoncteur automate de défaillance de disjoncteur relais de mesure de la protection différentielle de barres X X S'il n'y a pas de protection de barres, il faut adjoindre des circuits d'aiguillage aux automates. - Le relais Buchholz ne retombe pas, et de plus il peut fonctionner pour un courant faible. Le contrôle d'ouverture du disjoncteur se fait, dans ce cas, par le contact auxiliaire de position de ce disjoncteur. Bibliographie [45], [46] 170 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - REENCLENCHEURS 5 - 1 - EXPOSE DU PROBLEME 5-1-1- Défauts fugitifs Les courts-circuits apparaissant sur les lignes aériennes sont, dans environ 95% des cas, des défauts fugitifs. Prenons un exemple: un coup de foudre tombant sur un conducteur crée, entre la structure métallique du pylône reliée à la terre d'une part, et le conducteur d'autre part, une différence de potentiel suffisante pour qu'un arc s'amorce entre eux. L'arc se produit généralement entre le conducteur et l'anneau de garde de l'isolateur le supportant. L'air devient alors ionisé, et l'arc subsiste jusqu'à disparition de la tension. Après cette mise hors tension, l'air se dé-ionise. Le temps de dé-ionisation est donné par la formule empirique suivante, dite formule de Van Warrington: n= 10,5 + Un / 34,5 n est le nombre de périodes et U la tension nominale entre phases, en kV. Nous trouvons par exemple 0,44 secondes en 400 kV à 50 hz. Une fois ce laps de temps écoulé, la ligne peut être remise sous tension. Cependant, ce temps doit être majoré pour tenir compte des phénomènes suivants: - les deux extrémités de la ligne ne déclenchent pas en même temps. Ceci dépend de la présence ou non de téléactions, et de l'éventuelle mise en route séquentielle d'une des protections, - si une seule phase est déclenchée aux deux extrémités, les autres phases créent, par couplage capacitif, une tension sur cette phase, et le temps d'élimination de l'arc se trouve allongé. Ce phénomène est surtout sensible sur les lignes longues à deux circuits, où l'arc peut, dans certains cas, ne pas s'éteindre. Les autres causes de défaut fugitif sont: (liste non exhaustive) - balancement des conducteurs sous l'effet du vent, - objets divers charriés par le vent, - brouillard givrant, - pluie en zone polluée, - branche d'arbre proche d'une ligne, et brûlée par l'arc, 5-1-2- Défauts permanents Ils peuvent être dus aux causes suivantes: (liste non exhaustive) - rupture d'un câble, ou de sa pince d'ancrage, et chute sur le sol, - chute d'un arbre, ou d'une grue, sur la ligne, - acte de malveillance conduisant, par exemple, à la ruine d'un pylône, - détoronage d'un brin de conducteur, qui s'approche d'une autre masse métallique. De tels incidents, heureusement assez rares, peuvent constituer un danger pour les tiers, et il faut s'efforcer de minimiser les risques. Une protection ne peut pas savoir si un défaut est permanent ou fugitif. Il est nécessaire de renvoyer la tension sur la ligne pour le savoir. Or il a été constaté que, lorsque un conducteur tombe sur une route, pendant les premières minutes qui suivent, les personnes présentes n'osent pas, à juste titre, le toucher. Puis, au bout d'une dizaine de minutes, les plus impatients supposent que le câble est hors tension, et prennent l'initiative de le déplacer s'il constitue une gêne pour la circulation. Il est dès lors dangereux de tenter de remettre la ligne sous tension. 172 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 D'où l'idée de réaliser des réenclencheurs qui réussissent, dans un laps de temps généralement inférieur à une minute, à remettre sous tension les lignes affectées d'un défaut fugitif, quelle que soit la situation. Dès lors, si le réenclencheur échoue, l'exploitant peut être quasiment certain qu'il s'agit d'un défaut permanent et ordonne une visite de ligne. Nota: les défauts sur les transformateurs et les câbles souterrains sont toujours permanents. On s'efforce de ne jamais renvoyer la tension sur ces ouvrages. Les défauts barre, bien que pouvant être fugitifs, sont, sur les réseaux 400 kV et 225 kV, traités comme des défauts permanents. 5 - 2 - FONCTIONS DES REENCLENCHEURS 5-2-1- Précautions lors de la remise sous tension d'une ligne 5-2-1-1- Défauts monophasés. Si les protections font déclencher les deux extrémités d'une phase, les deux autres phases de la ligne maintiennent entre les réseaux situés à ses extrémités une liaison suffisante pour que les tensions aux postes d'extrémité soient peu affectées. Le réenclenchement peut alors se faire sans précaution particulière. Cependant, si le réenclenchement n'a pas lieu, le déclenchement du disjoncteur est commandé sur les deux autres phases par un relais temporisé qui constate la discordance de pôles. Si le réenclenchement échoue, il est très probable que le défaut soit permanent. Le disjoncteur reçoit alors un ordre de déclenchement triphasé . Le réenclencheur est de nouveau mis en route par la protection, mais ne commande pas, sauf cas particulier (voir § 5223) un second réenclenchement. Le réenclenchement monophasé est utilisé à EDF sur les lignes 400 kV et 225 kV uniquement. Sur ces lignes, en effet, la proportion de défauts monophasés est respectivement de 90% et 84 %. Sur les lignes de tension plus faible, où cette proportion est moins favorable, et où les conséquences d'une coupure triphasée sont moins graves, cette pratique n'a pas été étendue. 5-2-1-2- Défauts bi - ou triphasés. Ils provoquent l'ouverture des disjoncteurs de la ligne sur les trois pôles. A partir de ce moment là, les tensions sur les postes d'extrémité peuvent tourner rapidement l'une par rapport à l'autre, car le réseau vient d'être perturbé par un court-circuit. Si le réenclenchement est ordonné sans contrôle, il peut venir se placer au moment où les tensions sont en opposition de phase, ce qui aurait les mêmes conséquences qu'un court-circuit. D'où deux méthodes possibles: 5-2-1-2-1- Réenclenchement rapide Il est effectué, aux deux extrémités, sans contrôle de tension, au bout d'un temps aussi court que possible, de l'ordre de 0,8 secondes généralement. Nous admettons alors que pendant ce temps les tensions n'ont pas eu le temps de varier notablement. Un tel système suppose que le réseau s'y prête. C'est le cas lorsque la puissance unitaire des groupes de production est faible par rapport à la puissance totale du réseau, et que ce réseau est bien maillé. Des études de stabilité sont nécessaires pour le valider. D'autre part les déclenchements aux deux extrémités doivent être bien synchronisés. Ceci suppose l'emploi systématique de systèmes permettant cette synchronisation: protections à comparaison de phase, protections différentielles, ou protections de distance fonctionnant dans des schémas de téléprotection tels que le déclenchement conditionnel avec dépassement, le schéma à blocage, ou l'extension de zone (voir § 2151 de la troisième partie). Ce système ne peut fonctionner ni s'il y a risque de mise en route séquentielle, ni si le déclenchement provient des protections homopolaires. Il est utilisé dans de nombreux pays, mais en France les difficultés qui ont longtemps existé pour mettre en place des téléactions nous ont conduit à opter pour le système suivant. 173 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5-2-1-2-2- Réenclenchement lent. Nous choisissons, sur une ligne, une extrémité prioritaire, par où s'effectuera la remise sous tension. C'est le «renvoi barre sur ligne» A l'autre extrémité, nous attendons que la tension soit revenue sur la ligne, et nous la comparons alors, en amplitude et en phase, pendant un temps de l'ordre de 5 secondes appelé temps de glissement, à la tension mesurée sur une barre du poste. Si l'écart est suffisamment faible, le réenclenchement est ordonné. Sinon, le centre de conduite, qui est alerté, agit sur le réseau pour réduire l'écart. C'est le «rebouclage» Le choix des extrémités de renvoi et de rebouclage tient compte de la proximité des groupes de production: on s'efforce de ne pas renvoyer la tension par l'extrémité proche d'un groupe, afin de ne pas lui faire subir un couple de torsion qui risquerait de l'endommager. Si cette situation ne peut pas être éludée, par exemple lorsque des groupes se trouvent situés à proximité des deux extrémités, les renvois sont décalés dans le temps entre les lignes, pour éviter des a - coups trop rapprochés sur les arbres des groupes. C'est cette méthode qui est utilisée sur le réseau EDF. Notons cependant que sur les antennes passives, essentiellement en 90 kV et 63 kV, nous utilisons le renvoi de tension rapide (0,3 secondes) entre la retombée de la protection et l'émission de l'ordre de réenclenchement, qui est suivi d'un réenclenchement lent, à échéance du temps de récupération du disjoncteur. Pour les lignes en antenne alimentant un client autoproducteur, c'est à dire un client possédant un générateur de puissance généralement faible vis à vis de la puissance du réseau, l'extrémité située coté client peut être déclenchée par une protection homopolaire. Les barres du client peuvent ensuite se trouver hors tension après déclenchement du générateur local. Il faut alors pouvoir renvoyer la tension sur les barres. C'est le «renvoi ligne sur barres» (peu utilisé). 5-2-2- Causes d'échec du réenclenchement - remèdes. 5-2-2-1- Apparition de deux défauts à moins de une minute d'intervalle. Lorsqu'un disjoncteur reçoit un ordre d'enclenchement, il faut être certain qu'il pourra exécuter un ordre de déclenchement immédiatement après l'enclenchement si le défaut est permanent. Or, lorsqu'il a été déclenché sur un court-circuit, puis enclenché, il n'est plus capable d'être de nouveau déclenché, puis enclenché, puis déclenché (cycle Ouverture - Fermeture - Ouverture). Il faut attendre que des pompes de regonflage, situées dans son armoire de commande, aient reconstitué la réserve d'énergie nécessaire à son fonctionnement( ressort ou azote sous pression). Le temps nécessaire est appelé temps de récupération. Dans les disjoncteurs actuels, il est de l'ordre de la minute, mais peut varier d'un type à l'autre. D'où les dispositions suivantes: - défaut apparaissant moins de 3 secondes après un réenclenchement sur défaut mono- ou polyphasé. Le réenclencheur considère qu'il s'agit d'un défaut permanent, et n'émet pas d'ordre de réenclenchement, sauf s'il s'agit d'une ligne longue à deux circuits (voir ci-dessous). Ce temps est appelé temps de blocage, - défaut monophasé apparaissant moins de une minute après réenclenchement sur un premier défaut monophasé, sur la même phase. Le disjoncteur est déclenché sur les trois phases, puis enclenché au bout de une minute en renvoi ou rebouclage, conformément à la consigne locale, - défaut triphasé apparaissant moins d'une minute après réenclenchement sur un défaut monophasé ou triphasé. Même séquence, 174 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - défaut monophasé apparaissant après un défaut monophasé, mais sur une autre phase. Le cycle de réenclenchement est effectué normalement. Nota: Si, au bout du temps de récupération, la pression de la commande du disjoncteur n'est pas rétablie, le réenclencheur attend que cette pression redevienne correcte pour émettre son ordre. 5-2-2-2- Non fonctionnement d'un réenclencheur à une extrémité. . Une ligne qui reste hors tension après un défaut constitue une contrainte grave pour la conduite du réseau. En effet, il faut, dans ce cas, effectuer une visite de ligne pour s'assurer qu'il n'existe aucune avarie susceptible de mettre en danger la vie des riverains. Une simple mise sous tension automatique par une extrémité présente donc un grand intérêt, même si la ligne n'est pas remise en service. D'où la fonction «inversion des consignes»: si, à l'extrémité choisie pour le renvoi barre sur ligne, le réenclenchement n'a pas lieu, cette fonction autorise, à chacune des extrémités et après un temps donné, le renvoi barre sur ligne et le rebouclage. Ceci permet a minima la remise sous tension de la ligne par l'extrémité initialement choisie pour le rebouclage. Cette fonction n'est utilisée que si la topologie du réseau le permet. 5-2-2-3- Ligne longue à deux circuits Sur de telles lignes, nous avons vu que lors de la mise hors tension d'une phase, la tension capacitive obtenue par couplage avec les autres conducteurs pouvait maintenir l'arc. Le réenclenchement monophasé échoue donc. La ligne est alors déclenchée sur les trois phases, aux deux extrémités, mais la fonction «double réenclenchement » permet un nouvel essai, après échéance du temps de récupération. 5-2-3- Echanges d'informations entre protections, réenclencheur, et disjoncteur - Mise en route du réenclencheur: suivant les types de réenclencheurs, elle est commandée par l'apparition ou la retombée de l'ordre de déclenchement issu de la protection. - Déclenchement triphasé sur défaut monophasé: la protection envoie un ordre de déclenchement monophasé au disjoncteur, et met en route le réenclencheur. Ce dernier, qui possède les informations interdisant le réenclenchement monophasé, envoie au disjoncteur un ordre de déclenchement sur les deux autres phases, puis, s'il en a l'autorisation, met en route un cycle de réenclenchement triphasé. - Enclenchement sur défaut: lors du réenclenchement d'une ligne en renvoi barre sur ligne, ou de sa remise sous tension par un exploitant, tout défaut détecté doit être éliminé sans délai. De plus, la fonction directionnelle de la protection est inopérante en cas d'enclenchement sur défaut triphasé franc (cas de tresses de mises à la terre oubliées) et de plus le déclenchement est toujours triphasé. Le réenclencheur envoie alors à la protection une information d'enclenchement. Cette dernière émet un ordre de déclenchement sur mise en route, parfois temporisé d'une cinquantaine de millisecondes, pour éviter les déclenchements intempestifs sur les harmoniques 2 du courant, dus à la saturation dissymétrique des transformateurs à l'enclenchement (voir annexe 5). Nota: l'enclenchement manuel d'une ligne se fait toujours en passant par l'automate de réenclenchement, qui vérifie que les tensions correspondent bien à l'une ou l'autre des conditions suivantes: renvoi barre sur ligne renvoi ligne sur barres 175 / 320 rebouclage Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - liaisons aérosouterraines. Lorsqu'une liaison comporte une arrivée en câble souterrain dans un poste, ce câble est protégé par une protection masse - câble ou une protection différentielle de câble (voir troisième partie, § 16 et 232), fonctionnant en parallèle avec les protections de la ligne. Si un défaut apparaît sur le câble, un essai de renvoi est inutile et peut être nocif pour deux raisons: . échauffement supplémentaire de la gaine du câble. Mais généralement cet échauffement ne conduit pas à une détérioration supplémentaire, . danger pour les personnes. En effet, si le défaut est provoqué par un engin arrachant malencontreusement le câble, le conducteur de l'engin peut avoir l'idée de descendre dans la fouille. Un renvoi au bout de plusieurs secondes peut alors provoquer un accident. En revanche, un renvoi rapide, dans la seconde qui suit, est beaucoup moins dangereux. C'est pourquoi la disposition suivante est adoptée: . Dans tous les cas la protection de câble inhibe le réenclencheur local. . S'il y a danger pour les personnes, on fait en sorte que le renvoi ne puisse pas se produire par l'autre extrémité, soit en mettant en renvoi l'extrémité où se trouve le câble, et en interdisant l'inversion des consignes et le cycle monophasé, soit en inhibant le réenclencheur de l'autre extrémité par une liaison de téléaction. Cette disposition est prise essentiellement lorsque le câble traverse des zones industrielles ou des zones habitées. 5-2-4- Utilisation des réenclencheurs par les exploitants Les consignes des réenclencheurs doivent pouvoir être modifiées rapidement par les exploitants. Notons les cas suivants, à titre d'exemple: - Formation de files à la sortie des centrales. Sur la liaison reliant un groupe de production au poste le plus proche du réseau de transport, les seuls réenclenchements réalisés sont les réenclenchements monophasés, et les renvois depuis les barres du poste. Coté groupe, où le renvoi est interdit, le rebouclage est réalisé par le synchrocoupleur du groupe, qui, sur ordre de la personne chargée de conduire la centrale, agit sur la régulation du turboalternateur pour l'amener au synchronisme. Si, pour des raisons de répartition de charge, le centre de conduite crée une file de production, les autres lignes de la file doivent être traitées de la même manière. z X X X poste B poste C centrale poste A les couplages des postes A et B sont ouverts, et l'énergie de la centrale arrive intégralement sur le poste C - travaux sous tension Lorsque des personnes travaillent sous tension sur un ouvrage du réseau, il est impératif qu'en cas d'incident ou d'accident, heureusement extrêmement rare, un renvoi de tension ne vienne alourdir le bilan en causant des dommages à ceux qui viendraient leur porter secours. Les réenclencheurs sont alors mis hors service. Sur ces deux exemples, nous voyons qu'il est nécessaire que le centre de conduite ait la possibilité de télécommander les consignes des réenclencheurs. 5 - 3 - MISE EN ŒUVRE - voir § 6 - 2 176 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - AUTOMATE A MANQUE DE TENSION - ATRS 6 - 1 - POSITION DU PROBLEME Il peut arriver qu'à la suite de déclenchements dus aux protections contre les courts -circuits, ou aux protections contre les situations anormales de réseau, des disjoncteurs se trouvent mis hors tension. Cette situation, qui correspond souvent à une coupure de clientèle, est prise en compte par des automates qui, généralement, dans un premier temps, font ouvrir le disjoncteur, et, dans un deuxième temps, utilisent le retour de tension sur l'une des bornes, ou sur les deux, pour le refermer conformément à des consignes prédéterminées. Les situations suivantes peuvent se produire: 6-1-1- Poste en bascule En fonctionnement normal, il est dans la situation suivante: poste A poste B Ac X Bc X Ca X Cb X 63 kV ou 90 kV poste C X X consommation 20 kV Un défaut permanent apparaît sur la ligne AC. Le disjoncteur Ac s'ouvre, et le disjoncteur Ca est hors tension. Nous voulons réalimenter automatiquement le poste C par la ligne BC. Après échec du renvoi par le disjoncteur Ac, l'automate à manque de tension de Ca ordonne son ouverture. Deux systèmes sont alors utilisés, au choix. - Premier système: la veille de l'automate de Cb a été armée par la situation «disjoncteur ouvert et tension sur les deux bornes». Lorsqu'il constate la disparition de la tension sur les barres de C, il ordonne le renvoi ligne sur barres, après une temporisation destinée à couvrir un renvoi ligne sur barre depuis Ac et l'ouverture de Ca. C'est la fonction «renvoi de tension en secours par renvoi ligne sur barre». - Deuxième système: l'automate de Ca émet, après ouverture de son disjoncteur, une information à destination de l'automate de Cb, qui, après avoir vérifié qu'il se trouve bien dans les conditions de renvoi ligne sur barres, commande la fermeture de son disjoncteur. C'est la fonction « bascule » 177 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6-1-2- Poste à deux alimentations bouclées. poste A poste B Ac X Bc X Ca X Cb X 63 kV ou 90 kV poste C X X consommation 20 kV Les disjoncteurs Ac et Bc s'ouvrent sous l'action de leurs protections. Nous ne savons pas s'il s'agit d'un défaut barre, ou d'un défaut sur la ligne AC avec panne de la protection de Ca, ou d'un défaut sur la ligne BC avec panne de la protection de Cb. Le problème est de réalimenter le poste C le plus rapidement possible si le défaut est sur une des lignes, et par conséquent de savoir le plus vite possible où se trouve le défaut (s'il se trouve sur les barres du poste C, il faut de toute manière intervenir dans le poste). Trois méthodes peuvent être envisagées: - Déclenchement curatif par manque de tension renvoi barres sur ligne en A, et rebouclage en B (ou l'inverse). Si le défaut est fugitif, le poste est réalimenté très rapidement. S'il est permanent, Ac et Bc retrouvent le défaut et le poste C n'est pas réalimenté. Les automates à manque de tension du poste C font alors ouvrir les disjoncteurs Ca et Cb. Le disjoncteur Ac effectue un deuxième renvoi, et le disjoncteur Bc effectue un renvoi barre sur ligne par inversion des consignes. La reprise de service est ensuite réalisée manuellement sur instruction du personnel chargé de la conduite du réseau. - Déclenchement préventif par manque de tension: ouverture de Ca et Cb par manque de tension, puis renvoi barre sur ligne de Ac et Bc. Ensuite, Ca et Cb renvoient l'un après l'autre la tension de leur ligne vers les barres de C. Le poste C est ainsi réalimenté automatiquement lors d'un défaut sur une des lignes. Ce système a un inconvénient: en cas de défaut barres, les disjoncteurs Ca et Cb ont tous les deux effectué un cycle d'ouverture fermeture - ouverture, et leurs pompes de regonflage ne sont plus alimentées par les auxiliaires du poste C. Il faut alors regonfler les disjoncteurs à la main, avec une manivelle, ce qui peut prendre une demi-heure, et allonge d'autant la reprise de service. nota: dans le premier système, il serait aussi possible d'effectuer des renvois automatiques ligne sur barres au poste C, mais nous retrouverions alors le même inconvénient que ci-dessus. 178 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Méthode dite préventive - curative: Cb est déclenché par manque de tension Ac effectue un renvoi barre sur ligne, qui remet le poste C sous tension si le défaut est fugitif, ou s'il est permanent sur la ligne BC. Si ce renvoi échoue, Ca est déclenché par manque de tension, puis Bc renvoie la tension des barres de B sur la ligne BC, puis Cb renvoie la tension sur les barres de C. De cette manière, en cas de défaut sur les barres de C, le disjoncteur Ca, qui n'a effectué qu'une manœuvre d'ouverture, peut encore être refermé manuellement. 6-1-3- Remise sous tension d'un poste situé dans une file, en marche débouclée. 225 kV 63 kV poste A Ab X X poste B Ba Bc X X 225 kV poste C Cb Cd X X poste D poste E Dc Ed De X X X X Vers la consommation 20 kV Les postes B et C sont alimentés par A, le poste D est alimenté par le poste E, et le disjoncteur Cd est ouvert. Un défaut apparaît sur la ligne AB. Le disjoncteur Ab est déclenché par sa protection, puis son automate tente un cycle de réenclenchement. - Si le défaut est fugitif, les postes B et C sont réalimentés. - S'il est permanent, les disjoncteurs Ba, Bc, et Cb sont déclenchés par leurs automates à manque de tension, puis l'automate de Cd émet un ordre de réenclenchement, conformément à l'un des deux systèmes décrits au § 6-1-1. L'automate de Cb effectue alors un renvoi de tension barres sur ligne, puis celui de Bc un renvoi ligne sur barre. Un renvoi barre sur ligne de Ba provoque alors, si le défaut est permanent, le déclenchement de ce disjoncteur par protection. 179 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6-1-4- Reconstitution du réseau. Une portion du réseau peut se trouver mis hors tension pour diverses raisons: déclenchement en secours de protections contre les courts - circuits, déclenchements successifs par surcharge, perte de synchronisme, îlotage de groupes sur baisse de fréquence... Lorsque cette portion de réseau est faiblement étendue, l'incident est dit localisé et la reprise automatique de service fonctionne normalement, telle que décrite ci-dessus. Mais s'il s'agit d'une zone plus étendue, l'incident est dit généralisé, et le centre de conduite préfère commander par des manœuvres volontaires la réalimentation de la clientèle afin de l'adapter aux possibilités de fourniture d'énergie en chaque point du réseau. Pour ce faire, le centre de conduite peut émettre un ordre de désarmement des automates qui ont été mis en veille lorsqu'ils ont émis leur ordre de déclenchement par manque de tension. S'il ne dispose pas de cette possibilité, il peut admettre arbitrairement que si un automate reste en veille plus de 10 minutes, c'est qu'il s'agit d'un incident généralisé. L'automate est alors réglé pour se désarmer au bout de ce temps. Lors d'un incident localisé, il peut aussi être nécessaire de prévoir un temps d'attente différent d'un départ à l'autre, après retour de la tension, avant d'effectuer un renvoi barres sur ligne, de manière à éviter une augmentation trop brutale de la consommation. L'ensemble des dispositions prises pour assurer une reprise de service aussi rapide que possible après un incident localisé ou généralisé s'appelle plan de reconstitution du réseau (voir cinquième partie, § 4). 6-1-5- Files d'alimentation d'auxiliaires de centrales. Lors d'un incident généralisé, des centrales nucléaires peuvent se trouver arrêtées, par suite d'un îlotage non réussi. Il faut pouvoir alors réalimenter leurs auxiliaires, (108 MVA pour un groupe de 1300 MW), pour les remettre en service. Mais la centrale disponible la plus proche peut se trouver assez éloignée, et des phénomènes tels qu'effet Ferranti, ou auto - amorçage des alternateurs sur charge capacitive, peuvent se produire. Il convient alors: - de prévoir et d'essayer plusieurs files d'alimentation entre chaque centrale nucléaire et les centrales susceptibles de lui porter secours, essentiellement les centrales hydrauliques. - de pouvoir constituer, lors d'un incident généralisé, l'une ou l'autre des files validées, alors qu'elles risquent de se trouver hors tension. Pour ce faire, il est nécessaire de pouvoir commander la fermeture de disjoncteurs hors tension, lorsqu'ils ont été préalablement ouverts par leurs automates à manque de tension. 6-1-6- Travaux sous tension. Pour minimiser les risques, le déclenchement par manque de tension est accéléré, et toute forme de remise sous tension automatique est interdite. 180 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - 2 - MISE EN OEUVRE Les différentes fonctions décrites sont apparues progressivement, tant pour les réenclencheurs que pour les automates à manque de tension. Des appareils électromécaniques ont été développés pour réaliser les premières de ces fonctions. Ensuite ceux qui étaient déjà installés ont été modifiés pour accueillir de nouvelles fonctions, tandis que les appareils des générations suivantes intégraient ces modifications dans leur conception. Puis, des associations entre ces appareils ont permis de répondre à de nouvelles demandes. Toutes ces évolutions ont conduit à des matériels, et des principes d'exploitation, assez disparates d'une région à l'autre. En 1988 est apparu un appareil, dans lequel toutes les fonctions demandées, tant pour le réenclencheur que pour l'automate à manque de tension, étaient présentes: c'est l'Automate de Tranche de Reprise de Service (ATRS). Cet appareil est progressivement installé sur le réseau, en remplacement des anciens équipements. 6-2-1- Informations acquises par l'ATRS - tension ligne, sur chaque phase, - tension barre, sur une phase, - position du disjoncteur, - discordance de pôles, élaborée dans le relayage de tranche, - ordre de déclenchement par protection, sur chaque phase, - manque de pression dans la commande du disjoncteur, - ordre d'enclenchement volontaire, - blocage par protection de câble, - mise en veille de l'automate à manque de tension, - désarmement de la veille de l'automate à manque de tension, - régime spécial d'essai en / hors service. 6-2-2- Fonctions élémentaires réalisées par l'ATRS - présence de tension coté barre: si cette tension est supérieure à un seuil réglable de 30 à 55 V, - absence de tension coté barre: si cette tension est inférieure à un seuil réglable de 5 à 30 V, - présence tension coté ligne: si les tensions ligne sont toutes les trois supérieures à un seuil réglable de 30 à 55 V, - absence tension coté ligne: si les tensions sont toutes les trois inférieures à un seuil réglable de 5 à 30 V, - écart entre tension ligne et tension barre inférieur à un seuil réglable de 10 à 60 V, - écart de phase entre tension ligne et tension barre inférieur à un seuil réglable de 20 à 75°, 6-2-3- Consignes télécommandables - réenclenchement triphasé en / hors service, - réenclenchement rapide en / hors service, - rebouclage / renvoi après mise en route par protection, - réenclenchement monophasé en / hors service, - déclenchement par manque de tension en / hors service, - renvoi de tension en secours en / hors service . - régime spécial d'essai en/hors service (pour travaux sous tension) 6-2-4- Consignes non télécommandables - inversion des consignes, - cycle triphasé après un cycle monophasé, - renvoi ligne sur barres après déclenchement par protection, - renvoi barre sur ligne après déclenchement par manque de tension, - renvoi ligne sur barre après déclenchement par manque de tension, - rebouclage après déclenchement par manque de tension, - fermeture volontaire hors tension après déclenchement par manque de tension. 181 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6-2-5- Principales temporisations - temps de blocage, réglable de 1 à 15 s, - temps de récupération, réglable de 20 à 300 s, - temps de glissement, réglable de 1 à 15 s, - temps de cycle monophasé, réglable de 0,5 à 7,5 s, - temps de cycle triphasé, réglable de 1 à 255 s, - temps d'inversion des consignes, réglable de 1 à 255 s, - temps de renvoi ligne sur barres après déclenchement par protection, réglable de 1 à 15 s, - temps de renvoi barres sur ligne après déclenchement par protection, réglable de 1 à 15 s, - temps de cycle triphasé rapide, réglable de 50 à 750 ms, - temps de déclenchement par manque de tension, réglable de 1 à 255 s, - temps de renvoi barre sur ligne, après déclenchement par manque de tension, réglable de 1 à 15 s, - temps de renvoi ligne sur barres, réglable de 1 à 15 s, - temps d'attente avant d'effectuer un rebouclage, réglable de 1 à 15 s, - temps de désarmement automatique de la veille de l'automate à manque de tension, réglable de 2 à 150 mn, - temps de fonctionnement du renvoi de tension en secours en renvoi ligne sur barres, réglable de 1 à 255 s, - temps de fonctionnement du renvoi de tension en secours en renvoi barres sur ligne, réglable de 1 à 255 s - temps de déclenchement par manque de tension en régime spécial d'essai, réglable de 0,25 à 3,75 s. D'autres temporisations existent, destinées à éviter des aléas de fonctionnement. Cet appareil est modulaire, afin de pouvoir être adapté aux différents types de réseau. Par exemple nous ne commanderons pas le module "cycle monophasé" pour une ligne 63 kV, ni le module "réenclenchement rapide" pour une ligne 225 kV. 6-2-6- Fonctions réalisées, récapitulation. 6-2-6-1- Fermeture manuelle, - renvoi barre vers ligne, - renvoi ligne vers barre, - rebouclage, ces fonctions sont toujours en service, - fermeture hors tension, cette fonction est en service sur consigne. 6-2-6-2- Fonction réenclencheur, - réenclenchement monophasé, - renvoi barre sur ligne après déclenchement par protection, - rebouclage après déclenchement par protection, - renvoi ligne sur barre après déclenchement par protection (exceptionnellement). 6-2-6-3- Fonction automate à manque de tension, - déclenchement à manque de tension, - renvoi barre sur ligne après déclenchement à manque de tension, - renvoi ligne sur barre après déclenchement par manque de tension, - rebouclage après déclenchement par manque de tension, - renvoi barre sur ligne de tension en secours, - renvoi ligne sur barre de tension en secours, 6-2-6-4- Fonction commune, - régime spécial d'essai Bibliographie [47], [91] 182 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - AUTOMATE DE REGULATION DE TENSION Cet automate est chargé d'émettre des ordres «augmente le nombre de spires au secondaire» et «diminue» au régleur en charge du transformateur, afin qu'ils fournissent au réseau une tension correcte. 7 - 1 - CAS D'UN TRANSFORMATEUR SEUL 7-1-1- Problème posé Il faut que, lorsque la tension primaire du transformateur fluctue, la tension aux bornes de chaque utilisateur varie le moins possible. Soit une série de consommateurs alimentés en parallèle depuis un transformateur. La charge de chacun d'eux est représentée par une impédance Zi, et se trouve raccordée au transformateur par une impédance ZLi. Sa puissance nominale est Pni. Nous définissons un consommateur équivalent, dont la charge est représentée par une impédance Z et la ligne d'alimentation par une impédance ZL telles que la chute de tension entre le transformateur et lui soit égale à la moyenne pondérée des chutes de tension entre le transformateur et chaque consommateur: ZL * I * Pn= Σ ZLi * Ii * Pni V Va ZL I Z et nous cherchons à maintenir une tension constante aux bornes de ce consommateur. 7-1-2- Solution possible Une tension Va image, obtenue en enlevant de la tension V une tension créée en faisant circuler le courant I dans une impédance image égale à ZL, est comparée, en module, à une tension de consigne Vc. Un paramètre δ permet d'ajuster la sensibilité. Si la condition ¨Va image¨ > Vc * (1 + δ) est vérifiée, l'automate envoie un ordre «diminue», qui fait passer la première prise au bout de 30 secondes, et les suivantes au bout de 10 secondes. L'ordre cesse lorsque ¨Va image¨ devient inférieur à Vc. Si la condition: ¨Va image¨ < Vc * (1 - δ) est vérifiée, l'automate envoie un ordre «augmente», et la suite est identique. 183 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 La fourchette de tension située entre Vc * (1 + δ) et Vc * (1 - δ) est la zone d'insensibilité. δ est généralement de l'ordre de 1,5 %. Plus cette valeur est faible, plus le régleur fonctionne souvent et plus il s'use, mais mieux la tension est régulée. L'écart de tension provoqué par un passage de prise est de l'ordre de 1,2 %. Remarque: Si Va et I sont en phase, l'écart entre le module de Va et le module de V est essentiellement dû à la partie résistive RL de ZL. V ZL* I I Va 184 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - 2 - CAS DE DEUX TRANSFORMATEURS EN PARALLELE. 7-2-1- Problème posé Reprenons le schéma équivalent précédent V1 X1 transfo n° 1 V ZL = RL + j*XL Va V2 X2 transfo n° 2 I Z V1 et V2 sont les tensions à vide mesurées aux bornes secondaires des transformateurs, X1 et X2 leurs impédances directes de court - circuit. - cas où la marche est équilibrée. C'est le cas lorsque les deux transformateurs sont sur la même prise, et connectés au même jeu de barres. V1 = V2 I = I1* (X1 + X2) / X2 = I2 * ( X1 + X2) / X1 La tension Va image de chacun d'eux (voir § précédent) est égale à Va si: Va = = = V- (RL + j * XL) * I V - I1 * (Rl + j * Xl) * (X1 + X2) /X2 V - I2 * (Rl + j * Xl) * (X1 + X2) /X1 ( premier transformateur) (1) (deuxième transformateur) (2) Le diagramme des tensions est: V1 = V2 V Va + RL * I Va I1 I2 I 185 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - apparition d'un déséquilibre Par exemple, les deux transformateurs, connectés à la même barre, ne sont pas sur la même prise. Nous supposons que la tension V'1 au secondaire du transfo n° 1 est supérieure à la tension V'2 au secondaire du transfo n° 2, que ces deux tensions sont en phase, et que Va et I n'ont pas changé. Il y a circulation d'un courant ΔI entre les deux transformateurs tel que: V'1 - V'2 = j * (X1 + X2) * ΔI Les courants circulant dans les transformateurs n°1 et n°2 valent respectivement: I'1 = I1 + ΔI I'2 = I2 - ΔI et V'1 V1 = V2 V'2 V Va2 image Va1 image Va I'2 ΔI I ΔI La tension Va image est élaborée par l'automate de régulation de chaque transformateur. Pour le transformateur n° 1, la formule n° 1 devient: Va image = V - (RL + j * XL) * ((X1 + X2) / X2) * ( ΔI + I1) = Va - ΔI * (RL + j * XL) * ( X1 + X2) / X2 Sur le diagramme, nous voyons que le module de Va image est plus faible que le module de Va. Donc, si avant le déséquilibre le module de Va était égal à la valeur de consigne Vc, le régulateur du transformateur n°1 envoie un ordre "augmente" sur le régleur de ce transformateur . Or c'est lui qui a la tension la plus élevée. Symétriquement, le régulateur du transformateur n° 2 envoie un ordre "diminue" sur le régleur de son transformateur. Le système est instable. 7 - 2 - 2 - Solution adoptée 186 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Nous avons vu, au § 712, que seul le module de Va image était utilisé. Nous avons vu, au § 721, que l'utilisation d'une réactance image XL conduisait à une instabilité. D'où les solutions suivantes: - en cas de marche équilibrée, nous régulons la tension V en remarquant que c'est essentiellement le terme résistif qui crée une variation du module de Va image. Nous choisissons donc: Va image = V - R image * I R image est égal à RL s'il n'y a qu'un seul transformateur. S'il y en a deux, R image = RL * (X1 + X2) / X2 sur le transformateur n° 1 = RL * (X1 + X2) / X1 sur le transformateur n° 2. C'est le compoundage actif. Il n'est généralement pas utilisé si le réseau situé en aval des transformateurs est bouclé. On appelle taux de compoundage actif le rapport entre la résistance image et le module de l'impédance Zn obtenue en faisant le rapport entre la tension nominale du réducteur de tension et le courant nominal du réducteur de courant - pour se prémunir contre les déséquilibres, nous utilisons une réactance image parcourue par le courant en sens inverse de celui vu au § 721. La valeur de cette réactance est choisie de telle manière qu'un écart ΔV entre les tensions V1 et V2 conduise à un écart Δv plus faible entre les tensions Va1 image et Va2 image, afin d'assurer la stabilité du système. Nous choisissons par exemple: Δv = ΔV / 3, d'où Va1 image = V + j * (X1 / 3) * I1 Va2 image = V + j * (X2 / 3) * I2 X1 image = X1 / 3 X2 image = X2 / 3 C'est le compoundage réactif soustractif On appelle taux de compoundage réactif le rapport entre la réactance image et le module de l'impédance Zn obtenue en faisant le rapport de la tension nominale du réducteur de tension et du courant nominal du réducteur de courant. La zone d'insensibilité, définie au § 711, se trouve augmentée dans le rapport X1 / X1 image exemple: Zn = impédance nominale du transformateur (ce n'est pas systématique) X1 = 0,15 * Zn, ce qui correspond à une tension de court-circuit de 15%, X image = 0,05 * Zn, ce qui donne un taux de compoundage de 5 %, Le régleur fonctionne si ou si Va1 image > Vc + 1,5 %, Va2 image < Vc - 1,5% donc, si V'1 > Vc + 4,5%, ou V'2 < Vc - 4,5% Il peut y avoir jusqu'à 8 prises d'écart entre les deux transformateurs lorsque le régulateur se met en route. Nota: lorsque le courant I n'est plus en phase avec la tension Va, l'influence de cette régulation sur le maintien de la tension V n'est plus négligeable. Si la charge devient inductive, la tension image augmente, ce qui conduit le régulateur à faire baisser la tension. Pour éviter cet inconvénient, la tension de consigne peut être changée par télécommande. Va1 image 187 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 j * X1 image * I1 I1 V = Va V et I1 en phase, pas de déséquilibre, pas de compensation entre V et Va Va1 image j * X1 image * I1 V = Va I1 V en avance sur I1, charge inductive, pas de déséquilibre, pas de compensation entre V et Va Les deux types de compoundage peuvent être utilisés simultanément. La tension image vaut alors: Va1 image = V - R image * I1 + j * X1 image * I1 188 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 8 - AUTOMATE DE POSTE 8 - 1 - PROBLEME POSE Il peut arriver que, sur une portion du réseau, certains événements conduisent à modifier le schéma d'exploitation , d'une manière simple et prévisible, mais dans des délais trop brefs pour que l'initiative puisse en être laissée au centre de conduite. Si ces modifications peuvent être obtenues sans échanges d'informations entre tranches, c'est généralement l'ATRS qui s'en charge. Mais lorsque des échanges d'informations sont nécessaires entre tranches, nous utilisons un automate particulier, facilement adaptable à toutes les demandes qui peuvent apparaître. Exemple de fonction demandée: départ B 63 kV 20 kV départ C départ D poste A Au poste A, si le départ B est soumis à un courant supérieur à une valeur Ibe en été, et à une valeur Ibh en hiver, ou si le départ C est soumis à un courant supérieur à Ic quelle que soit la saison, alors il faut déclencher le départ D après 30 secondes, et si l'une ou l'autre de ces conditions reste remplie, un départ 20 kV au bout de 5 minutes. 8 - 2 - REALISATION Nous utilisons soit un automate câblé, soit un automate programmable. L'automate câblé comporte une carte alimentation, des cartes d'entrée - sortie, une horloge, une carte d'entrée des consignes, et des cartes de fonctions élémentaires, telles que circuits NOR, circuits NAND, temporisations, sur lesquelles nous pouvons, par câblage, réaliser les fonctions demandées. L'automate programmable reçoit les mêmes instructions par programmation. Dans les deux cas, l'automate est considéré comme une tranche particulière, avec sa propre alimentation continue, ses organes de consignation, et ses relais de découplage lui permettant d'une part de recueillir des informations dans les équipements des tranches des départs, et d'autre part d'émettre des ordres vers ces tranches. Il peut aussi recevoir des ordres de l'équipement de téléconduite, et utiliser des téléactions. 189 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 CINQUIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) FONCTIONNEMENT DE L'ENSEMBLE 1 - PLANS DE PROTECTION CONTRE LES COURT-CIRCUITS 1 - 1- Contraintes 1 - 2 - Principes d'élaboration 1 - 3 - Plan électromécanique 1 - 4 - Plan statique 2 - PLAN DE SAUVEGARDE 3 - PLAN DE DEFENSE 4 - PLAN DE RECONSTITUTION DU RESEAU 191 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - PLANS DE PROTECTION CONTRE LES COURT-CIRCUITS 1 - 1 - CONTRAINTES 1-1-1- Coordination des isolements Dans de nombreux pays étrangers, un dispositif largement répandu est la bobine d'extinction, dite aussi bobine de Petersen. Le principe est le suivant: les transformateurs sont mis à la terre par des réactances de forte valeur. Un défaut phase - terre se comporte comme une source de tension placée au point de défaut, et débitant sur un réseau monophasé d'impédance 2 * Zd + Z0 (voir troisième partie, § 2112) Rd + 3 Rd est la résistance du défaut. Les autres impédances se composent des capacités de lignes en parallèle avec les inductances formées par les transformateurs et leurs réactances de mise à la terre. Si les valeurs de ces réactances sont choisies de telle sorte que l'ensemble forme un circuit bouchon, le courant de défaut, après un régime transitoire très bref, s'annule et l'arc s'éteint. Les protections contre les défauts monophasés ne sont plus nécessaires qu'en secours. Un tel système est en fait un fonctionnement à neutre isolé, les valeurs des réactances étant très élevées. Il fonctionne très bien si le niveau d'isolement de l'ensemble des matériels est suffisant. Dans les normes CEI n°71-2 et 71-3 , plusieurs niveaux d'isolement sont prévus, mais il est bien précisé que seul le niveau d'isolement le plus élevé permet l'emploi de ce type de bobine. Ce n'est pas le cas sur le réseau EDF, et ces bobines ne peuvent pas être utilisées. Pour le réseau EDF, la coordination des isolements correspond aux contraintes suivantes, zo et zd étant respectivement les impédances de court-circuit homopolaire et directe du réseau: sur les réseaux 400 kV et 225 kV, zo 1< < 3, soit zd Icc triphasé 1< zo + 2 * zd = < 1,66 Icc monophasé 3 * zd En fait, nous pouvons admettre que le courant monophasé puisse être légèrement supérieur au courant triphasé, à condition qu'il ne dépasse pas le courant nominal de court circuit des appareils haute tension, sur les réseaux 90 kV , Icc monophasé Icc triphasé < 10 kA < 31,5 kA ou Icc monophasé Icc triphasé < 8 kA < 20 kA < 8 kA < 31,5 kA ou Icc monophasé Icc triphasé < 6 kA < 20 kA sur les réseaux 63 kV , Icc monophasé Icc triphasé 193 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 L'ensemble de ces contraintes a pu être satisfait en installant des réactances de neutre de: - 25 Ω sur la borne neutre primaire des transformateurs de groupe connectés au réseau 400 kV; - 40 Ω sur la borne neutre des autotransformateurs 400 / 225 kV; - 40 Ω sur la borne neutre primaire des transformateurs 400 / 90 kV; 400 / 63 kV; 225 / 90 kV ; 225 / 63 kV; - 40 Ω sur la borne neutre secondaire des mêmes transformateurs si leur enroulement secondaire est monté en étoile; - 120 Ω par phase sur les bobines de point neutre secondaire de ces mêmes transformateurs si leur enroulement secondaire est monté en triangle. 1-1-2- Stabilité du réseau Nous avons vu dans la quatrième partie, §2, que le réseau peut subir soit une perte de stabilité statique, soit une perte de stabilité dynamique. La première ne peut être évitée qu'en construisant un réseau comportant un nombre suffisant de liaisons, 400 kV essentiellement. Elle influe cependant sur le choix de certaines options du système de protection, par exemple les dispositions prises pour éviter le double déclenchement triphasé sur double défaut monophasé, car la perte d'une ligne double 400 kV peut faire perdre la stabilité statique. La seconde, en revanche, est directement liée au temps d'élimination des défauts. C'est pourquoi, pour définir un plan de protection, il faut effectuer des simulations, en observant plus particulièrement: - le réseau 400 kV, - les postes 225 kV électriquement proches des groupes nucléaires, c'est à dire essentiellement la partie 225 kV des postes 400 / 225 kV importants, - les postes 225 kV des régions où se trouvent de nombreuses centrales hydrauliques. Ces études portent sur différents scenarii, certains étant très probables, d'autres beaucoup moins. Ils prennent en compte des hypothèses de croissance de la consommation, des hypothèses climatiques, des hypothèses de disponibilité des centrales. Ils étudient toujours la situation "n-1", c'est à dire celle où l'on se trouve en cas de perte inopinée de l'un quelconque des ouvrages de production ou de transport, ou d'un organe de coupure, ou d'un équipement de protection, ou d'un équipement de téléaction. Elles conduisent à définir un temps maximal d'élimination des défauts triphasés hors défaillance. Sur le réseau 400 kV d' EDF, le temps demandé est de 110 ms pour l'élimination totale des défauts en ligne, et 140 ms sur les barres. Pour les postes 225 kV électriquement proches du réseau 400 kV, ou en zone hydraulique, il a été fixé à 250 ms pour l'élimination des défauts en ligne, bien qu'en fait dans la plupart des postes le réseau puisse supporter sans risque des temps d'élimination beaucoup plus longs. D'autre part, ces études ont montré que le réenclenchement rapide devait être proscrit sur le réseau 400 kV et le réseau 225 kV proche des groupes de production. Il n'est en fait utilisé nulle part sur le réseau de transport EDF. 1-1-3- Tenue des matériels En ce qui concerne les efforts électrodynamiques, les matériels haute tension, ainsi que les dispositions de postes, sont spécifiés pour un courant de court-circuit donné, mais la durée maximale d'application de ce courant n'est pas précisée. De fait, les structures sont plus sensibles à des chocs très rapprochés, dus aux réenclenchements rapides sur des antennes de consommation, qu'aux courts-circuits de longue durée. 194 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 En revanche, un temps maximal d'élimination est précisé pour: - les postes sous enveloppe métallique Dans ces postes, le temps t de percement de l'enveloppe par un arc interne est donné la formule empirique suivante: 1,77 e t = 87,4 * 0,67 I avec: e = épaisseur de l'enveloppe en mm, I = intensité circulant dans l'arc, en kA, t en ms. Compte tenu de la technologie des postes installés sur le réseau EDF, les défauts doivent être éliminés en moins de 100 ms pour des courants de court-circuit de 40 kA à 63 kA, et en moins de 200 ms pour les courants de court-circuit inférieurs à 40 kA, pour éviter le percement de l'enveloppe. Pour éviter la propagation à un autre compartiment, ils doivent être éliminés en moins de 300 ms dans tous les cas; - les câbles souterrains. La gaine est calculée pour pouvoir supporter le courant nominal de court-circuit pendant: 0,5 s en 400 kV et 225 kV, 1,7 s en 90 kV et 63 kV. 1-1-4- Temps d'îlotage des centrales Lorsqu'un défaut triphasé apparaît à proximité d'une centrale de production, ses auxiliaires reçoivent une tension trop faible. Les différents organes de la centrale, et plus particulièrement les pompes de circulation du circuit primaire des centrales nucléaires à eau pressurisée, ralentissent, et il faut rapidement séparer la centrale du réseau, de telle sorte qu'elle puisse fournir une tension correcte à ses auxiliaires. C'est ce que nous avons appelé l'îlotage (voir § 3 de la quatrième partie). S'il échoue, ce qui peut notamment se produire en fin de cycle de combustible, il faut que la centrale puisse retrouver une autre alimentation pour s'arrêter correctement. Le temps au bout duquel, après une chute de tension directe de plus de 30%, la centrale doit s'îloter, s'appelle le temps d'îlotage. Avant échéance de ce temps, toutes les possibilités d'élimination des défauts, normales ou en secours, doivent avoir été épuisées, car la manœuvre d'îlotage provoque de fortes contraintes sur la centrale, dues à la chute brutale de la puissance fournie. Pour les centrales thermiques à charbon, ce temps est de 3 secondes. Pour les premières centrales nucléaires à eau pressurisée, il n'était plus que de 0,8 seconde. Actuellement, il est, par exemple pour la centrale de Cattenom, de 2,5 secondes. 1-1-5- Présence de câbles de garde sur les lignes aériennes. Si les lignes sont systématiquement équipées de câbles de garde, les défauts résistants sont rares, et les protections homopolaires peuvent être simplifiées, sauf sur les réseaux sujets à des contraintes particulières (feux de brousse des pays tropicaux par exemple). Le réseau EDF n'est équipé de câbles de garde que sur les lignes récentes. Les protections homopolaires sont indispensables. Leur temps de fonctionnement doit être compatible, sur le réseau 400 kV, avec le temps d'îlotage sur défaut monophasé des groupes nucléaires, soit 3 s. 195 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-1-6- Qualité d'alimentation de la clientèle. Les différents paramètres intervenant dans la qualité d'alimentation de la clientèle sont décrits dans la neuvième partie. Ils conditionnent les performances du système de protection dans les parties du réseau 225 kV électriquement éloignées des groupes de production, et sur les réseaux 90 kV et 63 kV. Or la clientèle est de plus en plus exigeante, du fait essentiellement du développement de l'électronique de puissance. EDF passe des contrats standard avec ses clients, s'engageant à fournir une tension dont la durée des coupures ne dépasse qu'exceptionnellement 1s. Les clients doivent alors concevoir leurs installations de telle manière qu'ils ne soient pas perturbés par les creux de durée inférieure. Mais ceci n'est souvent pas possible. C'est pourquoi les efforts actuels d'EDF en matière de protection visent à éliminer la majeure partie des défauts en moins de 200 ms. D'autre part, EDF étudie la possibilité de garantir une puissance de court-circuit minimale de 400 MVA pour les clients raccordés aux réseaux 90 kV ou 63 kV. En contrepartie, les clients seraient tenus de ne pas émettre sur le réseau un taux d'harmoniques supérieur à un seuil donné. 196 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 2 - PRINCIPES D'ELABORATION Les protections contre les courts-circuits décrites dans la troisième partie sont de deux types: - les protections spécifiques à un ouvrage. Elles protègent cet ouvrage de manière très rapide et très précise, mais sont incapables, en cas de court-circuit sur un autre ouvrage et de défaillance de ses protections, de le secourir par un déclenchement temporisé. Elles sont appelées «protections à sélectivité absolue». Ce sont: . les protections différentielles et à comparaison de phase, . la protection Buchholz, . les protections masse- cuve et masse- câble, - les protections capables d'émettre en secours des ordres de déclenchement destinés à éliminer un défaut situé sur un autre ouvrage (secours éloigné). Elles sont appelées «protections à sélectivité relative». Ce sont: . la protection de distance, . la protection homopolaire, . la protection d'antenne passive, . les protections à maximum de courant. L'ultime secours est assuré par le protections de réserve des groupes (voir annexe 7) 1 - 3 - PLAN ELECTROMECANIQUE C'est celui qui était en vigueur sur l'ensemble du réseau français jusqu' en 1977, date de la mise en service de la première centrale nucléaire à eau pressurisée. Depuis cette date, il est progressivement remplacé par le plan statique, mais reste encore en service en de nombreux points du réseau. Aucune date officielle n'a été donnée pour sa disparition, mais nous pouvons l'estimer à 2010. Il est caractérisé par les dispositions suivantes: - les protections de distance, généralement RXAP, et les protections à puissance homopolaire, sont systématiquement utilisées; - les protections ne sont pas doublées; - les téléactions sont utilisées, en accélération et en blocage, mais de manière non systématique; - il n'y a pas de protection de barres. Les défauts barre sont éliminés par les disjoncteurs des départs ligne situés à l'extrémité opposée à celle du poste considéré, et par les disjoncteurs de couplage; - il n'y a pas d'automate destiné à pallier la défaillance d'un disjoncteur. Ce sont les protections des départs encadrant le départ défaillant qui sont chargés d'éliminer le défaut; - la protection des transformateurs est assurée par un relais Buchholz et un relais masse- cuve. Au secondaire se trouvent des protections de distance type PDZ. Ce sont des RXAP simplifiées, mais possédant un relais de commutation sur les boucles phase- terre actionné aussi bien par le courant homopolaire que par la combinaison courant inverse- tension homopolaire. Ceci lui permet de détecter les défauts monophasés situés en amont des transformateurs, même s'ils sont couplés étoile- triangle; - sur les antennes passives 225 kV on ne fait pas de réenclenchement monophasé. Si une antenne est légèrement active, une protection à retour de puissance, placée au secondaire du transformateur qu'elle alimente, assure l'élimination du défaut. Ce plan de protection permet d'éliminer la plupart des défauts en 0,9 secondes en fonctionnement normal, et 1,6 secondes en cas de défaillance d'une protection ou d'un disjoncteur. Toutefois ces temps peuvent être allongés, pour les lignes à trois extrémités notamment. Ses performances ont été jugées insuffisantes sur le réseau 400 kV et le réseau 225 kV proche lors de la mise en service de la première centrale nucléaire à eau pressurisée , en 1977 (voir § 114 ).. 197 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 4 - PLAN STATIQUE 1-4-1- Réseau 400 kV Il est conçu pour répondre aux contraintes suivantes: - élimination complète des défauts francs en moins de 250 ms, même en cas de défaillance d'une protection, ou d'une téléaction, ou d'un disjoncteur, - ouverture des couplages ou tronçonnements sur défaut polyphasé, en cas de défaillance d'une autre protection, en moins de 200 ms, - sur défaut monophasé, pratique du cycle de réenclenchement monophasé, y compris en cas de double défaut monophasé sur une ligne à deux circuits, et sur les antennes passives. Pour cela, les dispositions suivantes sont prises: - ligne d'interconnexion double. Sur chaque départ se trouvent: . une protection différentielle, dite principale . une protection de distance, dite de secours, avec téléaction: accélération de stade si la ligne fait plus de 15 km, et blocage dans le cas contraire, . une protection homopolaire, . un automate contre la défaillance du disjoncteur, . un automate de tranche de reprise de service. - ligne d'interconnexion simple. Sur chaque départ se trouvent: . deux protections de distance, de principe différent, chacune d'elles possédant sa propre téléaction, et arbitrairement désignées l'une comme principale, l'autre comme secours, . une protection homopolaire, . un automate contre la défaillance du disjoncteur, . un automate de tranche de reprise de service. - ligne en antenne passive double. En cours d'étude - ligne en antenne passive simple. L'extrémité active est équipée comme un départ de ligne d'interconnexion A l'extrémité passive se trouvent: . un sélecteur voltmétrique télécommandé, . une protection homopolaire, . un automate de tranche de reprise de service 198 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - liaisons centrale poste. Elles font l'objet d'un document spécial. Notons quelques points particuliers: . l'armoire de commande du disjoncteur situé à la sortie de la centrale possède deux bobines de déclenchement par phase, . dans le cas où la liaison de sortie du groupe de production comporte un disjoncteur à chaque extrémité, la protection de distance du disjoncteur à la centrale émet un ordre de déclenchement triphasé instantané définitif sur défaut amont. La protection différentielle de la ligne admet, comme courant d'entrée, coté centrale, la somme du courant venant de la centrale et du courant venant du transformateur auxiliaire de secours. - jeux de barres, . une protection différentielle de barres, . une protection de débouclage: il s'agit d'une protection de distance, utilisant comme courant d'entrée la somme du courant du couplage et de celui du tronçonnement situés aux extrémités du nœud électrique qu'elle protège. X X X X protection de débouclage Elle est réglée pour éliminer les défauts polyphasés en première zone en 200 ms, ce qui donne une marge de sécurité faible par rapport aux protections des départs, et laisse un risque de déclenchement intempestif. Pour les défauts monophasés, l'élimination se fait en 250 ms, ce qui correspond à un intervalle sélectif correct. - Autotransformateur, coté primaire . relais Buchholz, . relais masse- cuve . relais à maximum d'intensité sur le neutre du transformateur, . relais à maximum d'intensité sur le neutre du transformateur de service auxiliaire, . automate contre la défaillance du disjoncteur . protection de surcharge . automate de changement de prise hors tension, . SURTECO, défaut réfrigération, arrêt des pompes - Autotransformateur, coté secondaire . protection différentielle de liaison courte, ou masse- câble, suivant que la liaison est aérienne ou souterraine, . protection de secours primaire transformateur. C'est une protection de distance simplifiée, assurant le déclenchement en secours sur défaut situé au-delà des bornes primaires du transformateur, . automate contre la défaillance du disjoncteur, . automate de tranche de reprise de service. 199 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-4-2- Réseau 225 kV électriquement proche des centrales de production Le plan est conçu pour répondre aux contraintes suivantes: - Elimination complète des défauts francs en 300 ms, même en cas de perte d'une protection, d'une téléaction, ou d'un disjoncteur - Pratique généralisée du cycle monophasé, y compris sur les antennes passives. D'où les dispositions suivantes: - ligne d'interconnexion: . deux protections de distance, arbitrairement désignées l'une comme principale, et l'autre comme secours, utilisant une seule téléaction (accélération de stade pour les lignes de plus de 12 km, blocage dans le cas contraire), l'une d'elles pouvant être remplacée par une protection à comparaison de phase. Ces protections ont des performances un peu moins bonnes que celles utilisées sur le réseau 400 kV, notamment en temps de fonctionnement et en temps de retombée. . un automate contre la défaillance du disjoncteur, . une protection homopolaire, . un automate de tranche de reprise de service. - ligne en antenne passive ou faiblement active, coté client: . une protection d'antenne passive télédéclenchée ou temporisée suivant la sensibilité du client aux cycles monophasés trop longs et aux déclenchements intempestifs, . une protection homopolaire, . un automate de tranche de reprise de service. - barres: . une protection différentielle de barres - Transformateur: . mêmes protections que pour les autotransformateurs, auxquelles il faut ajouter éventuellement, au secondaire, une protection de distance tournée vers les barres 90 kV, ou 63 kV (voir ce niveau de tension). L'automate de changement de prise hors tension doit être remplacé par le régulateur commandant le régleur en charge. Le relais de neutre à maximum d'intensité est placé sur le neutre secondaire. Un relais à maximum d'intensité, placé en signalisation, peut aussi être installé sur le neutre primaire. (voir 6ème partie, § 7) 1-4-3- Réseau 225 kV non proche Les performances des protections ne dépendent plus des problèmes de stabilité, mais des exigences des clients. Ces exigences nous conduisent progressivement à installer un système de protection pratiquement identique à celui du réseau proche. Toutefois, la protection différentielle de barres peut être une protection à combinaison de courants, ne comportant qu'un seul relais de mesure (voir conditions de choix de cette protection dans la troisième partie, § 2347). De ce fait sa sensibilité est moins bonne, et surtout varie d'un type de défaut à l'autre. 200 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-4-4- Réseau 90 kV et 63 kV Les performances demandées ne dépendent plus que des exigences des clients. En particulier, nous avons vu que pour obtenir une puissance suffisante sur certains postes, nous étions amenés à boucler ces réseaux. Ceci nous a conduit à installer des protections différentielles de barre, simplifiées si possible, sur les barres 63 kV des postes 225 kV / 63 kV à deux jeux de barres, toutes les fois qu'il existait des boucles entre les deux barres. T1 T2 X P1 X P2 X X X X X X X D3 X X X X D4 X X D5 En effet, si le réseau 63 kV n'est pas bouclé, le système retenu est le suivant: les protections de distance P1 et P2 placées sur les départs transformateur, et orientées vers le jeu de barres, émettent, au bout d'un intervalle sélectif, un ordre de déclenchement au disjoncteur de couplage. Un intervalle sélectif plus tard, la protection P1 est retombée, et la protection P2 émet un ordre de déclenchement à son disjoncteur. Le poste reste alimenté par le transformateur T1. En revanche, si le réseau est bouclé, comme c'est le cas sur la figure ci - dessus, la protection P1, après ouverture du couplage, continue à voir le défaut dans sa zone de mise en route, et son ordre de déclenchement ne retombe pas tant que la mise en route est sollicitée. Il lui faudrait donc attendre que les disjoncteurs D3, D4 et D5 soient ouverts pour émettre l'ordre de déclenchement à son disjoncteur. Comme les ordres de déclenchement des disjoncteurs D3, D4 et D5 peuvent être séquentiels, la temporisation de l'ordre de la protection P1 doit être réglée, si nous voulons éviter de mettre hors tension tout le poste, à une valeur supérieure à 1 seconde. La solution consiste à installer une protection différentielle de barres. Les dispositions suivantes sont donc utilisées 201 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-4-4-1- postes 225 / 63 kV, avec boucles en parallèle avec le couplage 63 kV. - Barres: . protection différentielle de barres simplifiée, . en secours, le même système qu'au § suivant. - Lignes: . protection de distance sur les départs ligne, secourue localement par une protection de distance simplifiée pour les défauts polyphasés, et par une protection homopolaire pour les défauts monophasés; . automate contre la défaillance du disjoncteur, . automate de tranche de reprise de service 1-4-4-2- Postes 225 / 63 kV, sans boucles en parallèle avec le couplage 63 kV. - Barres: . sur chaque arrivée de transformateur, une protection de distance orientée vers les barres. En cas de défaut barre, chaque protection commande, après un intervalle sélectif, le déclenchement du couplage, puis, au bout de deux intervalles sélectifs, celle qui n'est pas retombée commande le déclenchement de son disjoncteur. - Lignes: . mêmes dispositions qu'au § précédent. 1-4-4-3- Postes 63 kV / 20 kV à trois départs ligne 63 kV ou plus - pour protéger les barres, pas de dispositions particulières, - pour protéger les lignes, mêmes dispositions qu'au § 1441. 1-4-4-4- Postes 63 kV / 20 kV à deux départs ligne 63 kV - pas d'automate contre la défaillance du disjoncteur. Bibliographie [22], [49], [50], [51], [52] 202 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - PLAN DE SAUVEGARDE C'est l'ensemble des mesures préventives prises lorsque l'on constate que le réseau présente un risque d'effondrement, dû à un déséquilibre entre production et consommation, ou à une mauvaise répartition du transit. Parmi toutes les actions qu'il comporte, nous ne retiendrons que celles qui mettent en jeu des équipements contrôle électrique du transport. Ce sont: - le blocage des régleurs en charge des transformateurs 400 (ou 225) kV / 90 (ou 63) kV, - la baisse de 5% de la tension de consigne des régleurs en charge des transformateurs 90 kV (ou 63 kV) / 20 kV. Ces actions sont lancées lorsque la tension du réseau est trop basse, et surtout lorsque une ou plusieurs lignes sont en surcharge. Leur effet peut être schématisé de la manière suivante: I z V n L R1 L1 L'équation de la boucle s'écrit: V = j*L*ω*I + n² * (R1 + j*ω*L1) Lorsque le réseau fonctionne normalement, la charge est essentiellement résistive (R1). En revanche, lorsque le réseau se trouve désorganisé, par suite de la perte d'un ouvrage de production ou de transport, cette charge peut comporter une composante inductive importante (L1). D'où les diagrammes d'impédance et de tension: Régime normal régime perturbé j*L*ω Impédance j*L*ω R1*n² j*L1*ω∗n² R1*n² V V V1 tension V1 203 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Nous voyons qu'en régime normal, la tension V1 aux bornes du transformateur est pratiquement égale à la tension V à la sortie de l'alternateur, mais qu'en régime perturbé elle est beaucoup plus faible. Dans ce cas, - les régleurs en charge des transformateurs 400 (ou225) kV / 90 (ou 63) kV passent sur la prise haute, c'est à dire celle qui donne le rapport de transformation n le plus faible, - puis les régleurs en charge des transformateurs 90 (ou 63) kV / 20 kV passent eux aussi sur des prises de plus en plus élevées. La partie résistive de la charge, ramenée au primaire du transformateur, diminue, et l'intensité augmente, de telle manière que la tension à la sortie de l'alternateur et la puissance active consommée restent les mêmes. Les lignes peuvent alors se trouver en surcharge, ce qui peut conduire à des déclenchements qui aggravent la situation et peuvent provoquer l'effondrement du réseau. A titre préventif, si une telle situation menace, le centre de conduite envoie aux régleurs en charge des transformateurs 400 (ou 225) kV / 90 (ou 63) kV un ordre de blocage sur une prise basse. L'impédance de la charge remonte, mais les régleurs des transformateurs 90 (ou 63) kV / 20 kV se mettent en route. Cette réaction annule partiellement l'effet du blocage précédent. C'est pourquoi elle doit être contrebalancée par la diminution de 5% de la tension de consigne de ces régleurs. Bibliographie [53] 204 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - PLAN DE DEFENSE Il intervient lorsque la dégradation de la situation est effective. Pour l'enrayer, il faut alors avoir recours à des coupures automatiques de liaisons, puis de clientèle. Deux types de situation sont envisagées: 3-1- PERTE DE SYNCHRONISME (voir quatrième partie, §2) 3-1-1- Plan classique Son principe est sommairement décrit au § en référence, où nous avons vu que le réseau est progressivement découpé, de manière à isoler la zone malade, en utilisant les battements de tension. Les liaisons d'interconnexion avec l'étranger sont réglées au troisième battement, car on essaie de garder le plus longtemps possible le secours assuré par les réseaux de l'Europe de l'Ouest, à l'exception de l'Italie et de la Suisse, qui sont réglées au deuxième battement, et de l'Espagne, qui est réglée au premier battement. Les liaisons interrégionales sont réglées au deuxième battement, sauf les liaisons entre la région parisienne et les autres régions, qui sont réglées au troisième battement. Ceci est dû à la situation particulière de la région parisienne, où l'équilibre production - consommation est impossible. Les temps de déclenchement, c'est à dire la somme du temps de détection des battements et du temps d'ouverture du disjoncteur, sont d'autant plus longs que la fréquence de battement est plus faible. Nous pourrons retenir les ordres de grandeur suivants: pour une fréquence de battement de 4 hz - premier battement: 240 ms, - deuxième battement: 490 ms, - troisième battement: 740 ms, pour une fréquence de battement de 0,5 hz - premier battement: 1,55 s, - deuxième battement: 3,55 s, - troisième battement: 5,55 s. Ces dispositions sont figurées sur la carte ci-jointe. 205 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Zones créées par les automates de débouclage sur rupture de synchronisme Légende frontière traversée par les lignes équipées de DRS déclenchant sur le premier battement frontière traversée par les lignes équipées de DRS déclenchant sur le deuxième battement frontière traversée par les lignes équipées de DRS déclenchant sur le troisième battement 206 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-1-2- Plan de défense coordonné. Dans le plan de défense actuel, l'isolement de la zone malade n'intervient que lorsque la perte de synchronisme a pu entraîner des perturbations sur une portion importante du réseau. Un plan de défense agissant avant que les perturbations ne soient effectives est en cours d'installation. Il est basé sur le principe suivant: - la phase de la tension est mesurée en permanence en 6 points de mesure dans chaque zone et transmise en un point centralisé; - la comparaison entre les phases des différentes tensions permet de détecter dès son apparition la perte de synchronisme d'une zone par rapport aux autres, et de définir les découpages et délestages nécessaires dans cette zone pour retrouver l'équilibre production - consommation; - les ordres correspondants sont émis: ordres de découpage chargés d'isoler la zone déséquilibrée, à destination des disjoncteurs de tension comprise entre 63 kV et 400 kV, et simultanément ordres de délestage à destination des disjoncteurs 20 kV; - le centre de conduite reboucle ensuite la zone séparée, après s'être assuré que le reste du réseau est correct, puis il rétablit l'alimentation des clients délestés. Pour être efficace, ce plan suppose qu'il s'écoule, entre la perte de synchronisme et l'ouverture effective de tous les disjoncteurs concernés, un temps maximal de 1,3 s. Ce temps comprend: - la transmission des tensions des points de mesure au point central, - la détection de perte de synchronisme par un ordinateur situé en ce point, - la prise de décision de cet ordinateur, - la transmission des ordres aux disjoncteurs, - le temps d'ouverture des disjoncteurs. De plus, les ordres d'ouverture des disjoncteurs chargés du découpage, et de ceux chargés du délestage, doivent être synchrones à moins de 0,1 seconde près. Dans la pratique, la mise en place de ce système a conduit aux dispositions suivantes: - la mesure de phase des tensions en chaque point se fait par référence à une horloge commune distribuée par satellite géostationnaire, - les ordres élaborés par le calculateur central sont transmis aux postes concernés par deux voies de transmission: un réseau utilisant le même satellite, et un réseau de faisceaux hertziens. Les avantages attendus de ce système sont: - limitation de la perte de synchronisme à une seule zone: elle est séparée du reste du réseau avant d'avoir eu le temps de le perturber, - maintien de l'alimentation des clients prioritaires dans la zone perturbée, - retour rapide à la normale. Il ne peut cependant être utilisé que si sa fiabilité est suffisante: -5 - probabilité de non fonctionnement 10 par sollicitation -7 - probabilité de fonctionnement intempestif 10 207 / 320 par heure Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-2- Manque de production Il peut s'agir soit d'un manque de production de l' ensemble du réseau de l'Europe de l'Ouest, soit d'un manque localisé, dans une zone préalablement isolée du reste du réseau à la suite d'une perte de synchronisme. Le fonctionnement du plan de délestage est décrit dans la quatrième partie, §3. 3 - 3 - Plan de protection contre les reports de charge Il sert à prévenir les déclenchements par protection de surcharge. Sur les réseaux 400 kV et 225 kV, les protections de surcharge utilisées sont décrites dans la quatrième partie, §1. Les seules actions de prévention contre leur déclenchement à la suite d'un report de charge sont volontaires: changement de schéma, blocage régleur, délestage. Pour les réseaux 90 kV et 63 kV, le problème se pose différemment suivant que le réseau est exploité en antenne ou bouclé: - s'il est exploité en antenne, la ligne doit être dimensionnée pour supporter le courant admissible par les transformateurs. Il n'est donc pas nécessaire d'installer de protection de surcharge, sauf à titre temporaire, pour pallier une situation anormale, et aucune mesure de prévention n'est à prendre. - s'il est exploité bouclé, une ligne peut se trouver surchargée si elle se trouve dans une boucle reliant deux postes 225 kV, et si, par exemple, un défaut sur la ligne 225 kV reliant les deux postes provoque un report de charge sur la boucle 63 kV. La ligne doit alors être munie d'une protection de débouclage ampèremétrique, dont le rôle est d'ouvrir la boucle. Cette protection peut avoir des seuils de fonctionnement asservis aux saisons. Elle peut aussi avoir un relais directionnel, et son ordre de déclenchement peut être envoyé sur un départ différent de celui où elle effectue sa mesure, ceci afin de répartir au mieux la charge après le débouclage. Exemple: X X pda1 X A1 X A2 X X X B1 B2 T1 X C1 C2 T2 Si la puissance circule du transformateur T1 vers le transformateur T2, la protection de débouclage ampèremétrique pda1 placée en B1 voit passer un courant supérieur à celle qui est placée en B2. Mais la puissance disponible coté T1 est supérieure à celle disponible coté T2, et il est préférable d'alimenter la charge du poste B par T1. Pda1 envoie un ordre de déclenchement au disjoncteur B2, et réciproquement. Bibliographie [53], [54] 208 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - PLAN DE RECONSTITUTION DU RESEAU C'est l'ensemble des dispositions prises pour réalimenter le réseau après une panne localisée ou généralisée. - Panne localisée Nous utilisons les différentes fonctions de l'ATRS, commandées par le déclenchement par manque de tension. - Panne généralisée Les fonctions précédentes sont mises hors service, soit par un ordre du centre de conduite, émis zone par zone, soit par une temporisation interne à l'ATRS, réglée par exemple à 10 minutes. Cette deuxième solution, adoptée à titre provisoire lorsque le centre de conduite ne dispose pas de moyens de télécommande suffisants, admet donc que si la tension n'est pas revenue au bout de 10 minutes, c'est qu'il s'agit d'une panne généralisée. Le centre de conduite réalise alors par des manœuvres volontaires la reprise de service, en respectant les priorités suivantes: - réalimentation des auxiliaires des centrales nucléaires non îlotées, - réalimentation des auxiliaires des centrales thermiques non îlotées, - réalimentation des clients prioritaires, - reprise progressive des autres clients. La réalimentation des auxiliaires de centrales nucléaires se fait en respectant des procédures préalablement validées (voir quatrième partie, § 6-1-5). Pour faciliter la réalimentation des clients, il est préférable de constituer des poches de consommation, c'est à dire des ensembles de postes 63 kV / 20 kV, alimentés à partir d'un même départ d'un poste 225 kV / 63 kV. Mais ceci impose de limiter le nombre de disjoncteurs s'ouvrant par manque de tension, et peut constituer un frein à la réalisation de systèmes de reprise automatique de service sur incident localisé, tels que décrits dans la quatrième partie, §6. Un compromis doit être recherché. Bibliographie [53] 209 / 320 SIXIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) REGLAGES 1 - CALCULS DE RESEAU 1-1- Réseau sain et équilibré 1-2- Réseau équilibré affecté d'un défaut triphasé 1-3- Défaut monophasé franc ou résistant sur un réseau triphasé 2 - DETERMINATION DES REGLAGES - PRELIMINAIRES 3 - PROTECTION DES LIGNES A DEUX EXTREMITES 4 - PROTECTION DES LIGNES A TROIS EXTREMITES 5 - PROTECTION DES BARRES 6 - PROTECTION DES COUPLAGES 7 - PROTECTION DES TRANSFORMATEURS 8 - AUTOMATE DE REPRISE DE SERVICE Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - CALCULS DE RESEAU - PRINCIPE Il est décrit par le code de calcul 909 de la CEI. 1-1- RESEAU SAIN ET EQUILIBRE Il peut être représenté par son schéma direct (voir composantes symétriques en annexe 1): Le réseau comporte n postes. Le poste i du réseau est alimenté par un générateur, considéré comme une source de courant Ji. Il alimente une charge d'admittance yii, et il est connecté à un poste j par une liaison d'admittance yij. Les postes qui ne sont pas alimentés par un générateur reçoivent un courant Ji = 0, les charges qui n'existent pas ont une admittance yii = 0, et les liaisons qui n'existent pas ont une admittance yij = 0 Ji z yij yii yjj La loi de Kirchhof au point i donne: Ji = Vi*( yii + yij) - Vj*yij (1) Au point i arrivent n-1 liaisons, réelles ou d'admittance nulle. Nous posons: j=n Yii = Σ yij j=1 et nous obtenons: Ji = Vi*Yii - Vj*yij - Vk*yik - ... Cette équation peut être écrite sous la forme matricielle suivante: J1 ... Ji ... Jn = Y11 ... ... ... yi1 ... Yii ... ... ... yn1 ... y1i ... y1n ... ... ... yin * ... ... ... yni ... Ynn V1 ... Vi soit, en abrégé: J = Y*V ... Vn Par inversion de cette matrice d'admittance, nous trouvons la matrice d'impédance Z: V=Z*J 213 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si nous nous donnons, en module et en phase, les courants injectés sur le réseau par les groupes de production, et si nous connaissons les impédances de tous les ouvrages du réseau, nous pouvons obtenir les tensions sur chaque nœud électrique du réseau, ainsi que les courants circulant dans chaque ouvrage , par des équations du type suivant: yij * (Vi - Vj) = Iij Ceci nous permet ensuite de connaître les puissances actives et réactives qui transitent en chaque point du réseau. Des algorithmes permettent alors d'ajuster les paramètres J de telle manière que les tensions, ainsi que les puissances, restent à l'intérieur d'une fourchette donnée. Ce type de calcul est utilisé pour déterminer - la répartition des charges sur le réseau. Ces calculs sont nécessaires aussi bien pour les études prospectives que pour la conduite du réseau; - l'instabilité Erreur! Signet non défini.. Ces calculs demandent des moyens dont l'importance croît rapidement avec le nombre de nœuds du réseau. 1-2- RESEAU EQUILIBRE AFFECTE D'UN DEFAUT TRIPHASE. z z V'1 If z z V'n V'f Nous étudions un court-circuit franc apparaissant sur le nœud F. Avant ce court-circuit, la tension en ce point était Vf. Nous appliquons alors sur ce réseau, dans lequel toutes les sources de courant sont court-circuitées, un courant If inconnu, mais tel qu'il crée une tension V'f = -Vf sur le nœud F. D'où l'équation: 0 ... If = Y * ... 0 V'1 ... V'f ... V'n ce qui donne, après inversion V'1 = Z1f * If ... V'f = Zff * If ... V'n = Znf * If (1) L'équation (1) nous donne alors la valeur de If, et à partir de là toutes les tensions. Les tensions en régime de défaut sont alors données en additionnant les tensions trouvées aux tensions calculées sur le réseau sain: V''1 = V1 + V'1 …. V'' f = Vf + V'f = 0 …. V''n = Vn + V'n Les courants et les puissances peuvent alors être calculés. Ce type de calcul est utilisé pour déterminer: - les valeurs des courants vus par les protections lors de courts-circuits triphasés, - les profondeurs des creux de tension occasionnés par un défaut triphasé, chez les clients situés dans une zone proche du défaut, 214 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - l'instabilité dynamique du réseau. 1-3- DEFAUT MONOPHASE FRANC OU RESISTANT SUR UN RESEAU TRIPHASE Considérons le réseau triphasé ci-dessous. En régime permanent, les tensions et courants de chaque phase peuvent être calculés à partir du réseau direct. z z z z z z z z F z z z z Vfa Rd F1 z If Nous ne changeons pas le réseau en ajoutant au point F une source de courant nulle en série avec une résistance Rd. Supposons maintenant qu'un défaut apparaisse en F. La tension préexistant en ce point, Va, a été déterminée par le calcul précédent. Nous considérons ensuite un régime dans lequel nous injectons au point de défaut un courant If, inconnu mais tel qu'il crée au point F1 une tension -Va, les autres sources de courant étant annulées. Le réseau ci-dessus peut se décomposer en un réseau direct, un réseau inverse, et un réseau homopolaire. L'injection du courant If dans le réseau triphasé se décompose alors en une injection d'un courant Idf = If / 3 dans le réseau direct, Iif = If / 3 dans le réseau inverse, et Iof = If / 3 dans le réseau homopolaire. D'où l'équation suivante, pour le réseau direct: 0 --Idf --0 --= --- Yd11 --yf1 --ydn1 ----------- yd1f --Ydff --ydnf ----------- yd1n Vd1 --- ydfn * Vdf --Ydnn Vdn et deux équations analogues pour les réseaux inverse et homopolaire. L'inversion des matrices d'admittance considérées donne des matrices d'impédance permettant de calculer les tensions en fonction de If, et en particulier les tensions Vdf, Vif, et Vof au point F. La tension au point F, dans le régime considéré, est: 215 / 320 Vfa = Vdf + Vif + Vof Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 D'où l'équation Vfa = -Va + Rd* If Qui permet de calculer If, puis toutes les tensions. La superposition des deux régimes donne le régime de défaut. Les tensions en régime de défaut sont alors obtenues en faisant la somme des tensions trouvées et des tensions en régime permanent, qui ne sont pas nulles seulement sur le réseau direct. Les courants peuvent ensuite être obtenus par des équations du type ydij * (Vdi - Vdj) yiij * (Vii - Vij) yoij * (Voi - Voj) = Idij = Iiij = Ioij Ce type de calcul permet d'obtenir les valeurs des courants phase par phase lors de court-circuits monophasés. Des méthodes analogues permettent les calculs de courant de court-circuit biphasés isolés ou biphasés - terre annexe 6, generalités, §5. Ce sont ces programmes qui sont le plus utilisés par les personnes chargées des réglages des protections. ----------------------------Pour ces différents types de calcul, il existe à EDF des programmes adaptés aux grands réseaux, tournant sur des calculateurs puissants (COURCIRC), ainsi que des programmes plus simples, utilisables sur des microprocesseurs, et adaptés aux réseaux moins étendus (EGERIE). Bibliographie [55], [99], [109] 216 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2- DETERMINATION DES REGLAGES - PRELIMINAIRES Qui se charge des réglages? Dans un premier temps, c'est un théoricien, qui calcule les différents paramètres et établit une note de réglage. Ensuite, c'est un homme de terrain, qui les affiche sur les appareils, et vérifie leur validité, par des étalonnages si nécessaire. Pour que ces opérations se déroulent correctement, il importe que: - le théoricien qui calcule les paramètres soit aussi celui qui a choisi les protections, les réducteurs de mesure, et, s'il y a lieu, les systèmes de téléaction. Le calcul des paramètres doit faire partie des études préliminaires au choix des protections (voir huitième partie, § 7); - le théoricien joigne à sa note de réglage un document expliquant les options qu'il a prises, et auquel pourront éventuellement se reporter les personnes chargées des analyses d'incidents; - les notes de réglage fournies par le théoricien à l'homme de terrain doivent indiquer sans ambiguïté les valeurs à afficher sur les équipements; - l'homme de terrain dispose d'un document lui indiquant les essais de vérification, et, s'il y a lieu, d'étalonnage des équipements (voir huitième partie, §5); - l'homme de terrain fasse partie de l'équipe qui sera ensuite chargée d'exploiter les appareils mis en service. Dans les chantiers auxquels participe EDF International, il est souvent difficile de respecter ces règles. A défaut, le maître d'ouvrage devra assurer une bonne coordination des différentes tâches. 217 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3- PROTECTION DES LIGNES A DEUX EXTREMITES 3-1- REGLAGE DES PROTECTIONS DE DISTANCE (voir troisième partie, §2-1) Il faut distinguer quatre étapes: 3-1-1- Contraintes dues au réseau. Elles permettent de déterminer la réactance de première et de deuxième zone, ainsi que la zone de fonctionnement normal dans le plan d'impédance, mais tout cela en valeurs "haute tension". - rappel: le plan d'impédance est le plan Z = Va / (Ia + ko*Ir) pour la boucle phase a-terre, et Z = (Va - Vb) / (Ia - Ib) pour la boucle a - b, les autres s'en déduisant par permutation circulaire. 3-1-1-1- Données concernant la ligne à protéger Ce sont: - son impédance directe, et son coefficient de terre - son courant de charge permanent et temporaire - les exigences des exploitants d'exploitation. ( voir annexe 3) (voir quatrième partie et annexe 2) (voir annexe 2) Les données concernant le premier et le second point sont fournies par des mesures sur chaque ligne. A défaut nous prendrons les valeurs usuelles données dans les directives ligne [3]. exemples Ligne 400 kV, deux conducteurs en faisceau de 570 mm par phase, deux câbles de garde de 228 mm² zdL = 0,32 ohm/km; θ = 85°; ko = 0,5; IMAP hiver 2 = 2540 A Ligne 225 kV, un conducteur de 570 mm par phase, deux câbles de garde de 147 mm² zdL = 0,41 ohm/km; θ = 81°; ko = 0,44; IMAP hiver 2 = 1270 A Ligne 63 kV, un conducteur de 228 mm² par phase, deux cables de garde de 94 mm zdL = 0,4 ohm/km; θ = 70°; ko= 0,52; IMAP hiver 2 = 710 A Ligne 63 kV, un conducteur de 228 mm² par phase, pas de cable de garde, terrain très résistant zdL = 0,4 ohm/km, θ = 70°; ko= 0,85; IMAP hiver 2 = 710 A Les exigences des exploitants sont par exemple l'insensibilité de la protection aux cycles de report de charge monophasé. Des exigences standard sont données dans l' annexe 2, § 21 3-1-1-2- Données extérieures Le réseau situé autour de la ligne à protéger peut avoir une influence sur les réglages. Nous pouvons noter: - présence d'une ligne en parallèle avec la ligne à protéger, - présence d'une ligne courte au-delà de la ligne à protéger, - présence d'un couplage sur le poste à l'autre extrémité, - présence d'un transformateur 63kV / 20 kV à l'extrémité de la ligne à protéger. Les données concernant la ligne à protéger, ainsi que les données extérieures, nous permettent de déterminer les paramètres suivants: 219 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - réactance de première zone Elle est définie dans le guide de réglage Pour les lignes longues, simples, c'est 80 % de la réactance de la ligne. Pour les lignes courtes, c'est à dire pour les lignes de réactance directe inférieure à 4,5 Ohm, soit environ 15 km en 400 kV, il faut utiliser un système à blocage (voir troisième partie, § 2-1-5-1-6). La première zone est alors réglée au minimum à 120 % de la réactance de la ligne (240% avec les protections numériques pour s'assurer que le temps de déclenchement reste suffisamment faible, voir troisième partie, § 214) . Elle ne peut pas être inférieure à 3,9 Ohm. Le déclenchement en premier stade doit alors être temporisé de 50 ms environ, correspondant à la somme des dispersions des temps de fonctionnement des protections, du temps de fonctionnement de la téléaction, et d'un temps de sécurité. D'autre part, lorsque deux lignes sont installées en parallèle sur une même file de pylônes, (ligne double), et si l'une des deux est consignée et mise à la terre aux deux extrémités, un défaut sur l'autre ligne sera vu sous une réactance plus faible que celle attendue. En effet, dans ce cas, les équations de boucle s'écrivent, pour un défaut sur le poste situé à l'autre extrémité, (voir troisième partie, §2127): Va1 = Xd * (Ia1 + ko * Ir1 + kom * Ir2) 3 * Va2 = Xo2 * Ir2 + Xom * Ir1 = 0 (terne en service) (terne consigné) (1) En remarquant que Xo2 = Xd * (3 * ko + 1), et que Xom = 3 * Xd * kom, nous trouvons: Va1 X mesuré = 3 * kom² = Xd * [ 1 - Ia1 + ko * Ir1 Ir1 * 3 * ko + 1 ] < Xd Ia + ko * Ir1 Pour éviter les déclenchements intempestifs sur défaut au-delà de l'extrémité de la ligne, la première zone est réglée à 70% de la réactance de la ligne. - réactance de deuxième zone. . Dans la plupart des cas, elle est réglée à 120 % de la réactance de la ligne. . Sur les lignes courtes pour lesquelles nous utilisons des systèmes à blocage, elle est réglée a minima à la même valeur que la réactance de première zone. . Sur les lignes longues suivies de lignes courtes, pour lesquelles le réglage à 120% de la protection Pa de la ligne longue dépasse la première zone de la protection Pb de la ligne courte, ( voir figure ci - dessous), ce réglage est maintenu, mais la temporisation correspondante est allongée d'un intervalle sélectif. Si, compte tenu de la marge d'erreur, ce réglage risque de dépasser le réglage de deuxième zone de la ligne courte, c'est ce dernier qui est allongé, de manière à dépasser celui de la ligne longue. 2ème zone corrigée 2ème zone poste A 1ère zone Pa Pb première zone poste B deuxième zone 220 / 320 poste C Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Dans l'exemple ci-dessus, la ligne AB est longue de 100 km, la ligne BC est longue de 20 km, et nous supposons qu'elles ont même réactance linéique, soit 0,4 ohm / km. La deuxième zone de AB est réglée à 48 ohm. Nous supposons que la précision des mesures de deuxième zone est de 10%. La deuxième zone de AB peut donc porter jusqu'à 52,8 ohm. La deuxième zone de BC devra alors porter a minima jusqu'à 12,8 ohm. Elle devra être réglée à: 12,8 ohm + 10% = 14,1 ohm, au lieu de 9,6 ohm. Sur les lignes doubles fonctionnant en parallèle, un défaut sur le poste situé à l'autre extrémité donne, sur chaque ligne, les mêmes courants Ia1=Ia2, et Ir1 = Ir2. D'où: kom * Ir1 X mesuré = Xd * [1 + ] < Xd Ia1 + ko * Ir1 L'induction mutuelle entre les lignes se traduit par une augmentation de l'impédance vue par l'autre extrémité. La réactance de deuxième zone est alors réglée à 170% si les lignes possèdent au moins un câble de garde, et 190% dans le cas contraire. - Nombre d'intervalles sélectifs ( voir troisième partie, § 11 ) . La temporisation de deuxième stade doit être réglée à un intervalle sélectif après le premier stade du couplage du poste situé à l'autre extrémité de la ligne, s'il existe. Ce dernier est réglé à un intervalle sélectif après les premiers stades des protections de ligne situées au-delà de ce poste. De même la temporisation de troisième stade doit être réglée un intervalle sélectif après le deuxième stade du même couplage, et le quatrième stade un intervalle au-delà. - Domaine de fonctionnement hors défaut (voir annexe 2). Un point situé dans ce domaine ne doit provoquer aucun fonctionnement de la protection, qu'il s'agisse de déclenchement ou de verrouillage par le système antipompage. Cette zone est déterminée par les trois contraintes suivantes: 1°- impédance minimale de fonctionnement. Elle est déterminée à partir des contraintes d'exploitation définies au § 3111, et de la tension minimale Vmin observable sur le réseau considéré. (voir annexe 2) 2°- écart maximal de tension entre les deux extrémités de la ligne. En effet, le personnel chargé de la conduite du réseau veille à ce que, dans chaque poste, la tension reste située entre deux valeurs Vmax et Vmin. 3° - puissance réactive. Elle ne dépasse pas la moitié de la puissance active, ce qui signifie que l'argument de l'impédance de transit ne dépasse pas 30 ° (constatation empirique qui ne fait pas l'objet d'une surveillance systématique par l'exploitant. Chacune de ces contraintes est appliquée aux deux extrémités de la ligne. - Défauts ne devant pas solliciter la protection Par exemple, un défaut situé au secondaire d'un transformateur 63 kV / 20 kV ne doit pas provoquer la mise en route des protections du réseau 63 kV l'alimentant. 221 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-1-2- Contraintes dues à l'appareillage 3-1-2-1- Réducteurs de mesure Le calibre du réducteur de tension est déterminé par la tension primaire nominale. Sa tension secondaire nominale est toujours 100 V / √ 3 Le calibre du réducteur de courant est déterminé par: - le courant permanent maximal sur la ligne, qui ne doit pas dépasser 1,2 fois le courant nominal Ipn du réducteur, - le courant de court-circuit maximal qu'il aura à supporter, et qui ne doit pas dépasser 20 fois son courant nominal, - le courant nominal secondaire Isn, qui peut être 1A ou 5A. Le rapport de transformation détermine alors, à partir des valeurs de seuil des relais de courant des protections, de l'ordre de 0,2 * Isn à 0,5 * Isn suivant les modèles, le courant minimal primaire capable de mettre en route ces protections. En effet, pour que la protection démarre, il faut qu'au moins un de ces relais fonctionne. Certains défauts peuvent ainsi être éliminés tardivement par certains départs, qui ne se mettent en route qu'après ouverture d'un disjoncteur. Il faut alors vérifier que de telles séquences ne provoquent pas d'incompatibilités avec le fonctionnement des réenclencheurs. La connaissance du calibre des réducteurs de mesure permet alors de déterminer le rapport kz entre les impédances vues côté réseau, dites impédances haute tension, et les valeurs affichées sur la protection, dites impédances basse tension. Exemple: Le rapport de transformation du réducteur de tension est 60 000 V / 100 V Le rapport de transformation du transformateur de courant est 1000 A / 1 A L'impédance basse tension sera obtenue en multipliant l'impédance haute tension par kz = (100 / 60 000) / ( 1 / 1000) = 1,66 Nota: Dire que la classe de précision d'un réducteur de courant est 5 P 20 signifie que sa précision, hors régime transitoire, est de 5% à 20 In, lorsqu'il débite sur sa charge nominale. Il faut ensuite s'assurer que l'ensemble protection - réducteur n'est pas susceptible de fonctionner de manière erronée à cause des phénomènes de saturation (Voir annexe 4). 3-1-2-2- Disjoncteurs Le temps maximal de fonctionnement des disjoncteurs intervient dans le calcul des intervalles sélectifs ( voir troisième partie, § 11). Il doit donc être connu pour chacun d'eux. 222 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-1-3- Contraintes dues à la protection 3-1-3-1- Mise en route - La zone de fonctionnement hors défaut doit se trouver entièrement à l'extérieur de la caractéristique de mise en route de la protection, à laquelle il faut ajouter, s'il y a lieu, la zone d'antipompage, et, dans tous les cas, une marge de sécurité estimée généralement à 15%. La caractéristique de mise en route, ainsi que les paramètres servant à la régler, sont différents d'un type de protection à l'autre. De plus, le plan d'impédance utilisé par la mise en route de la protection peut varier. Exemple: Le plan considéré pour les mesures de distance de défaut monophasé est toujours le plan de référence défini au § 3-1-1. Si la caractéristique de mise en route est élaborée par la boucle d'impédance Z' = Va / Ia le réglage de Z' à une valeur z conduit, dans le plan des mesures de distance, à un point représentatif d'affixe: Z = z / (1+ko) D'autre part, l'élaboration des caractéristiques est réalisée soit par des potentiomètres réglables de manière continue, soit par des roues codeuses, straps, plots ou commutateurs donnant des valeurs discrètes. Une méthode de réglage doit être élaborée pour chaque type de protection. Ces propriétés sont détaillées pour chaque type de protection dans l'annexe 6. 3-1-3-2- Mesures de distance Lorsque le défaut est franc, la mesure de distance est entachée d'erreurs provenant de l'imprécision sur la connaissance de l'impédance de la ligne, de la réponse des réducteurs de mesure, et du fonctionnement interne de la protection. Lorsque le défaut est résistant, une autre erreur vient s'ajouter, qui provient du fait que le courant dans le défaut n'est pas en phase avec le courant dans la portion de ligne située entre le défaut et le point de mesure. Les protections ne réagissent pas toutes de la même manière à ce phénomène: - certaines réalisent simplement une mesure de réactance. La réactance mesurée varie avec le transit, comme dans l'exemple monophasé vu dans la troisième partie, § 21112. Si nous voulons être certains que les défauts vus en première zone soient bien sur la ligne, nous devons limiter le rapport Rd / X1, où Rd est la résistance maximale détectable de défaut, et X1 l'impédance limite de première zone; - d'autres protections font appel à des systèmes plus élaborés. Reprenons le comparateur de phase décrit dans la troisième partie, § 21311. L'astuce consiste à utiliser, . pour créer les tensions image, le courant de boucle Ia + ko * Ir, . pour déterminer les instants où a lieu la comparaison, un courant supposé en phase avec le courant de défaut, et appelé courant pilote ou courant de polarisation. C'est, par exemple, pour la mesure de première zone, le courant Ir. 223 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les équations s'écrivent alors, en reprenant les mêmes notations: d (ia + ko * ir) v - v' = r * (y - y') * (ia + ko * ir) + L * (y - y') * + Rd * ir dt d (ia + ko * ir) v - v" = r * (y + y") * (ia + ko * ir) + L * (y + y") * + Rd * ir dt Lorsque ir = 0, v - v' change bien de signe par rapport à v - v" lorsque y = y'. La mesure de distance est insensible au transit si le courant ir est en phase avec le courant de défaut. Si les impédances homopolaires ont un argument différent de part et d'autre du défaut, certaines protections possèdent un système de rattrapage permettant de remettre ir en phase avec le courant dans le défaut. Si les impédances homopolaires sont élevées, le courant de polarisation peut être pris égal à ia + ir. Le courant de polarisation pour la mesure de deuxième zone, qui doit être précise lorsque le disjoncteur de l'autre extrémité est ouvert, peut être pris égal au courant ia. . En conclusion, la valeur maximale du rapport Rd / X1 est une valeur qui dépend du type de fonctionnement de la protection. Elle est fournie par le constructeur, qui malheureusement ne précise pas toujours les conditions de transit auxquelles il se réfère. 3-1-3-3- Réglage de la zone amont (protections à caractéristique quadrilatère) - Il ne doit pas limiter la résistance maximale de défaut détectable en un point situé coté ligne, mais proche du poste. Z D zM Z4 Z'4 Un défaut en M n'est pas vu si la quatrième zone est réglée à Z4. Il faut la régler à Z'4 224 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-1-4- Contraintes dues aux autres protections 3-1-4-1- Autres protections du réseau de transport. - contrainte sur la caractéristique Lorsque dans un même réseau deux protections ont des largeurs de bande réglées de manière différente, ou a fortiori si les formes des caractéristiques sont différentes, un défaut résistant sur une ligne peut ne pas être vu par la protection la plus proche, et être vu par une protection plus éloignée. Ce phénomène est surtout sensible sur les files de postes à deux départs. . file de postes à deux départs ligne poste A poste B pa poste C pb Défaut résistant Charge passive •M B A Caractéristique de largeur minimale de Pa Caractéristique de largeur maximale de Pb Le point M représentatif du défaut résistant peut être vu par Pa et pas par Pb, alors que c'est Pb qui devrait déclencher et non Pa. 225 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Dans ce cas nous nous efforçons d'avoir des protections de même caractéristique sur une même file de postes. Alors, pour être certain qu'un défaut ne risque pas d'être vu en deuxième zone par la protection éloignée PA sans être vu en première zone par la protection proche PB, il faut que la largeur de bande de deuxième zone de PA soit inférieure à la largeur de bande de première zone de PB. Une telle pratique est généralement incompatible avec la limitation de largeur de bande vue au §3132, et n'est généralement pas prévue dans les protections. Il existe donc toujours un risque que certains défauts résistants provoquent des déclenchements intempestifs. nota: ce problème existe surtout sur le réseau EDF, du fait de l'absence de câbles de garde sur un grand nombre de lignes d'une part, de l'utilisation de protections homopolaires lentes d'autre part. En effet, si sur un réseau il y a peu de défauts résistants, ou si ces défauts sont éliminés avant échéance des deuxièmes stades des protections de distance, le risque de déclenchement en deuxième stade par une protection éloignée devient très faible. C'est la raison pour laquelle, sur de nombreux réseaux étrangers, les zones des protections de distance ont des largeurs croissant avec la portée, ce qui leur permet d'avoir une précision identique sur les mesures de distance des différentes zones. En revanche, sur le réseau EDF, les zones ont toutes les mêmes largeurs, et la précision de la mesure de distance de première zone sur défaut résistant peut constituer, surtout sur les lignes de faible longueur, une limite au réglage des largeurs de bande. . Postes à plus de deux départs ligne Supposons qu'au point B une autre ligne arrive (ligne en pointillé). Le courant circulant en aval de B se trouve alors scindé en deux parties, dans un rapport qui dépend des impédances amont et des forces électromotrices des sources les alimentant. Les impédances vues de B et B' sont alors plus élevées, et généralement un point situé à l'extérieur de la caractéristique de première zone de PB se trouve à l'extérieur de la caractéristique de deuxième zone de PA. Une vérification au moyen d'un programme de calcul de court circuit est cependant souhaitable. - contrainte sur les temporisations (voir troisième partie, § 11) Le calcul des intervalles sélectifs inclut la dispersion sur les temps de fonctionnement, ainsi que les temps de retombée des différentes protections devant être sélectives entre elles. 3-1-4-2- Protections des groupes de production Ces protections sont destinées à protéger les groupes de production. Elles sont décrites dans l' annexe 7. Une partie d'entre elles peut être amenée à éliminer en secours les défauts apparaissant sur le réseau de transport, et susceptible d'endommager les groupes. Les fonctions suivantes sont concernées: - maximum de courant phase ou neutre, - minimum de tension phase, - maximum de tension neutre, - minimum et maximum de fréquence, C'est pourquoi, afin de ne pas perturber les séquences de fonctionnement des protections du réseau de transport, leurs temporisations sont réglées à des valeurs telles que toutes les possibilités de fonctionnement des protections du réseau de transport ont été épuisées lorsqu'elles arrivent à échéance. Elles sont donc réglées au-delà du quatrième stade des protections de distance, et du temps maximal de fonctionnement des protections homopolaires. -------------------------------------------------------------------------La synthèse de ces différentes contraintes donne les réglages des première, deuxième et troisième zone, vers l'aval, de la quatrième zone, vers l'amont, et la résistance maximale détectable, ainsi que de l'ensemble des valeurs des temporisations. Bibliographie [52], [56], [57] 226 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-2- REGLAGE DES PROTECTIONS A COMPARAISON DE PHASE (voir troisième partie, §2-2) Prenons l'exemple de la GEC P10. - Elément de mise en route. C'est en fait un élément de mise en route de protection de distance, sans antipompage. Il obéit aux règles vues au § précédent. - Liaison de transmission. Cette protection utilise nécessairement une liaison à courant porteur ligne. La bande de fréquence est choisie dans le plan de fréquence établie par le Service Télécommunications. - Elément de comparaison de phase. Aucun réglage n'est prévu sur cet élément. 3-3- REGLAGE DES PROTECTIONS DIFFERENTIELLES DE LIGNE.( voir troisième partie, §231) - Réducteurs de courant. Si leur rapport est différent d'une extrémité à l'autre, le courant secondaire est multiplié par un coefficient de rattrapage supérieur à 1 du coté où il est le plus faible. - Courant capacitif. Si la ligne est longue, le courant direct primaire à une extrémité est différent du courant à l'autre extrémité, d'une valeur Idc = Vdn * c * ω * L c étant la capacité linéique phase - terre, de l'ordre de 9 nf / km, et L la longueur de la ligne. Exemple: soit une ligne 400 kV de 200 km, dont le courant nominal est 1000 A. Le courant capacitif Idc vaut alors 130 A, et le rapport Idc / Idn vaut 0,13. Or le constructeur préconise une compensation seulement si ce rapport dépasse 0,15. Cette compensation n'est donc nécessaire que pour les lignes longues et faiblement chargées. - Mise en route par relais à maximum de courant résiduel. Ce relais comporte un seuil fixe, non réglable, et un seuil à pourcentage, réglable. Il doit être insensible aux courants de déséquilibre permanents circulant sur la ligne protégée. Or ces courants dépendent de la manière dont le réseau a été construit: longueur des lignes, transpositions, armements, disposition des phases sur les lignes à deux circuits ou plus, mises à la terre des transformateurs. Le réglage optimal du relais nécessite des mesures de courant homopolaire en fonctionnement normal sur la ligne. Nous admettrons que le courant résiduel permanent ne dépasse pas 0,2 * In - Mise en route par relais à maximum de courant inverse Mêmes remarques qu'au paragraphe précédent. - Mise en route par relais d'impédance. Il obéit aux mêmes règles que les protections de distance. 227 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Relais différentiel C'est un relais à seuil fixe. Ce seuil est choisi supérieur au courant maximal circulant dans chaque phase en exploitation normale, c'est à dire au courant maximal admissible en permanence. De cette manière, une mise en court-circuit fortuite d'un transformateur de courant ne provoque pas de déclenchement intempestif. - Compensation du délai de transmission. Elle nécessite la mesure du temps de décalage entre les intensités locales et les intensités transmises, sur le site. 3-4 REGLAGE DES PROTECTIONS A PUISSANCE HOMOPOLAIRE. Le calcul des paramètres de réglage de ces protections est exposé dans la troisième partie, § 2-4. Ce calcul suppose choisis: - le temps de base - la puissance de référence S, c'est à dire celle qui donne un temps dépendant de 1 seconde. Ces valeurs sont choisies à partir des considérations suivantes: - pour les réseaux 400 kV et 225 kV la protection doit être insensible aux cycles de réenclenchement monophasés, ce qui conduit à un temps fixe supérieur à 1,5 seconde, - pour tous les réseaux, cette protection ne doit pas être considérée comme un secours des protections de distance sur défaut monophasé, car la sélectivité de ces protections les unes par rapport aux autres est mauvaise pour les défauts francs ou faiblement résistants. Elle doit donc opérer seulement après le troisième stade des protections de distance. Actuellement, comme le réseau 63 kV comporte encore beaucoup de protections électroméca-niques, la temporisation de troisième stade est réglée à 1,5 seconde, d'où la même contrainte que précédemment, - dans une même boucle, la valeur de S, en valeur primaire, doit être identique pour tous les départs. Elle est d'autant plus élevée que les courants primaires sont plus importants. Sur le réseau 63 kV les valeurs suivantes ont été choisies: . S = 5 MVA sur les boucles où l'intensité nominale minimale des transformateurs de courant est 500 A, . S = 10 MVA sur les boucles où l'intensité nominale minimale des transformateurs de courant est 1000 A. - ces protections possèdent un seuil de courant résiduel minimal, réglable de 0,1 * In à In. Il est généralement réglé à 0,2 * In, pour les mêmes raisons que les protections différentielles de ligne. - elles possèdent en outre un seuil de puissance résiduelle non réglable, au delà duquel elles ne fonctionnent plus. Ce seuil correspond à un temps dépendant est égal à 3,3 fois le paramètre i. 3-5- REGLAGE DES PROTECTIONS D'ANTENNE PASSIVE. ( voir troisième partie, §15) Les réglages à déterminer sont: - le seuil de courant de neutre du transformateur. Il est pris égal à 0,2 * In, par homogénéité avec les protections homopolaires, - la temporisation de la version temporisée. Elle doit être sélective avec le deuxième stade des protections du poste situé à l'autre extrémité, - le retard à la retombée du télédéclenchement. Il est supérieur à la différence entre le temps maximal de transmission de l'ordre, et le temps minimal pendant lequel la protection émet l'ordre. 228 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - 6 - PROTECTION MASSE-CABLE ( voir troisième partie, § 16 ) Les données nécessaires sont: - le courant de court-circuit monophasé minimal, - le courant de gaine capacitif linéique Jc, crée par la tension nominale Vn à l'entrée de la gaine d'une phase, par kilomètre. Les paramètres à calculer sont: - le seuil de courant du relais. Il doit être situé entre le courant de court-circuit monophasé minimal et le courant capacitif de gaine en cas de défaut extérieur. Dans ce dernier cas, la tension résiduelle vaut: Zo Vr = Vn * 3 * Zo + 2 * Zd avec: Zo = impédance homopolaire du réseau vue du point de défaut, Zd = impédance directe vue du point de défaut, et le courant capacitif vaut: Ic = Jc * L * Vr / Vn. En pratique, le réglage du relais à 350 A donne satisfaction dans pratiquement tous les cas. 229 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-7- PROTECTION DIFFERENTIELLE DE CABLE (voir troisième partie, § 232). seul le défaut phase - terre est pris en considération. La protection établit qu'il y a un défaut sur la liaison si: ¨Σ Ie - Σ Is¨ >0,56* ¨Σ Ie¨ + (P3 / 100) * 0,435 * In avec: ΣIe = somme des trois courants à l'extrémité du câble où se trouve la protection, ΣIs = somme des trois courants à l'autre extrémité P3 étant l'affichage d'un potentiomètre situé sur la protection. Le réglage du paramètre P3 est donné par les trois formules suivantes: 1°) P3 = 100 * Vn * Cω * A * K / In pour Zo / Zd < 0,12 Ce réglage prend en compte le courant capacitif en régime équilibré D' * Vn * Cω * A * K 2°) P3 = 100 * pour 0,12 < Zo / Zd < 1,32 0,435 * In Ce réglage prend en compte le courant capacitif en cas du défaut biphasé - terre extérieur D * Vn * Cω * A * K 3°) P3 = 100 * pour 1,32 < Zo / Zd 0,435 * In Ce réglage prend en compte le courant capacitif en cas du défaut monophasé extérieur Dans ces formules, les différents facteurs sont définis comme suit Zd = impédance directe vue du point de défaut Zo = impédance homopolaire vue du point de défaut A = 1,2 en 90 kV et 63 kV = 1,12 en 225 kV = 1,05 en 400 kV Vn = tension nominale, C = capacité d'une phase du câble par rapport à la terre, K = 1,2 D = 16,4 * (Zo / Zd)² + 0,27 * (1 + 0,5 * Zo / Zd)² 2 + Zo / Zd 4,5 * Zo / Zd D' = 2 * Zo / Zd + 1 D' correspond au cas du défaut biphasé - terre extérieur D correspond au cas du défaut phase - terre extérieur Bibliographie [105] 230 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3-8- AUTOMATE CONTRE LA DEFAILLANCE DU DISJONCTEUR Les valeurs à connaître pour effectuer les réglages sont: - le temps d'ouverture du disjoncteur de la tranche, - le temps de retombée de la protection la plus lente à retomber, située dans la tranche. Deux paramètres sont à régler: - le seuil des relais de courant. Il est inférieur au seuil minimal susceptible de faire fonctionner les protections. Nous prenons 0,2 * In. - la temporisation. C'est la somme . du temps maximal de fonctionnement du disjoncteur de la tranche, . du temps de retombée le plus long rencontré parmi les protections de la tranche, y compris celui d'éventuels relais intermédiaires. Cas particulier: - Protection différentielle de ligne. En cas de défaillance d'un disjoncteur à une extrémité, les protections des deux extrémités ne retombent pas. L'automate doit alors faire confiance uniquement à ses relais à maximum de courant. Bibliographie [57] 231 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - PROTECTION DES LIGNES A TROIS EXTREMITES Préliminaire: protégeabilité Il peut exister des cas où un défaut n'est vu en première zone par aucune des extrémités. Il est alors inutile d'utiliser une accélération de stade. Un système de verrouillage est mieux adapté. Pour déterminer ces cas, il faut se reporter à la note [57]. Son application nécessite l'utilisation des programmes de calcul de courant de court-circuit, dont le principe a été sommairement décrit au § 1. 4 - 1 - PROTECTIONS DE DISTANCE DES SORTIES DE CENTRALE. Les sorties de certains groupes de production nucléaire se présentent de la manière suivante: 1300 MW z 1600 MVA Pa Pb poste A X X transformateurs de soutirage 3 fois 36 MVA poste B X transformateurs de secours d'un autre groupe 2 fois 36 MVA Lorsque la protection Pa voit un défaut monophasé en extrémité de ligne, une partie du courant de défaut se reboucle par les transformateurs de secours, et ne passe donc pas par le transformateur de courant de Pa. Le défaut est alors vu au-delà du poste B. Ceci oblige à allonger la deuxième zone à 145 % si la ligne est à un circuit, et à 200 % si elle est à deux circuits. 233 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 -2 -LIGNE 225 KV, PIQUAGE PASSIF SYMETRIQUE COURT. ( voir troisième partie, § 2-1-5-2-1, et annexe 10) z D1 X P1 D2 X P2 z X D3 Si le réglage est fait pour obtenir un déclenchement rapide, la première zone de la protection P1doit être inférieure à 80% de la réactance de la ligne complète, (voir figure ci-dessus), et à 80% de la réactance de l'ensemble formé par le tronçon D1-D3 et le transformateur, et réciproquement pour la protection P2. Si le réglage est fait pour obtenir un déclenchement lent et sélectif, la première zone de P1 est réglée à 80% de la réactance de D1-D3. Dans les deux cas la deuxième zone est réglée à 120 % de la réactance de D1-D2. 234 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - 3 - LIGNE 225 KV, PIQUAGE DISSYMETRIQUE LONG, PASSIF OU FAIBLEMENT ACTIF. (voir troisième partie, § 2-1-5-2-3, et annexe 10) Dans ce cas, un calcul de courant de court-circuit permet de savoir si P1 se met en route sur défaut situé près de P3, (voir figure du § cité), et si un défaut en P1 fait fonctionner une protection de distance en P3. Les résultats de ces calculs permettent de déterminer le système de protection à adopter, et ensuite les réglages. 4 - 4 - SCHEMAS SUSCEPTIBLES DE PROVOQUER DES DEFAUTS APPAREMMENT EVOLUTIFS Il s'agit de schémas dans lesquels la séquence d'élimination d'un défaut provoque une modification apparente de la position de ce défaut dans le plan d'impédance des protections de distance, pouvant se traduire par un changement de zone. Considérons deux exemples: Exemple 1 z A X B X XC z La protection placée en A voit le défaut en deuxième zone à cause de l'injection venant de B, puis en première zone après ouverture de B. Exemple 2 X B X C X X A La protection placée en B voit le défaut en amont, puis, après ouverture de A, en aval. Elle peut alors voir le défaut en troisième zone, du fait de l'injection venant de C. Après ouverture de C, elle le voit en première ou en deuxième zone. Certaines protections commutées ont un mauvais comportement sur les défauts évolutifs, réels ou apparents. En effet, leur temporisation se remet à zéro à chaque changement de zone, de direction, ou de sélection de phase, ce qui conduit à des temps d'élimination inacceptables. Il est important de ne pas les utiliser sur ces schémas. Elles ne doivent pas non plus être utilisées dans des zones favorables à l'apparition de défauts réellement évolutifs, telles qu'installations vétustes ou sous - isolées. Bibliographie [57], [102] 235 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - REGLAGE DES PROTECTIONS DE BARRES 5 - 1 - PROTECTION DIFFERENTIELLE DE BARRES A HAUTE IMPEDANCE Elle est caractérisée par le fait que les réducteurs de courant principaux se saturent avant les transformateurs de courant auxiliaires. 5-1-1- Données préliminaires - Courant de court-circuit maximal et courant de court circuit minimal. Ces valeurs sont données par le programme de calcul de courant de court circuit, pour les différentes configurations possibles du réseau. - Résistance des éléments de circuit situés entre la protection, qui occupe généralement une position centrale dans le poste, et chacun des réducteurs de courant principaux. Ces valeurs sont données par des mesures avant mise en service. Ce sont: rtcp rf rp n rs rd réducteur principal - rtcp - rf -n - rp - rs - rd transformateur auxiliaire = = = = = = résistance d'enroulement du réducteur principal résistance de la filerie entre le réducteur principal et le transformateur auxiliaire rapport du transformateur auxiliaire résistance d'enroulement primaire du transformateur auxiliaire résistance d'enroulement secondaire du transformateur auxiliaire résistance du relais de détection de la protection Exemples de valeurs: n rp rs 1 / 0,1 à 1 / 0,5 0,4 à 4 Ω 4Ω 5 / 0,2 à 5 / 1 0,04 Ω à 0,2 Ω 4Ω - Tension de coude de saturation des réducteurs de courant. Elle est généralement donnée par le constructeur. Dans le cas contraire, elle peut être obtenue par la formule suivante: Vc S≥ ( - rtcp) * In² (1) Incc avec: S = puissance maximale de précision du réducteur Vc = tension de coude Incc = courant nominal secondaire de court-circuit, soit 20 * In pour un réducteur de classe 5p20. Exemple: S = 15 VA; In = 5A; Incc = 100 A; Rs = 0,18 Ω; 236 / 320 ce qui donne Vc ≤ 42 V Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5-1-2- Réglages - Valeur de la résistance du relais de détection Rd: Il faut vérifier qu'en marche normale, c'est à dire lorsque le courant circulant dans chaque départ est inférieur ou égal à In, aucun réducteur n'est saturé. Sinon un courant de déséquilibre apparaît, susceptible de donner une alarme, comme si un circuit courant avait été laissé court-circuité. La condition est la suivante: rs + rd Vc >= 1,2 * In * (rtcp + rf + rp + ) (2) n² sur la boucle la plus résistante. La valeur de rd peut être sélectionnée parmi un choix de valeurs disponibles, par exemple, pour la DIFB: 113 Ω, 167 Ω, 200 Ω, 250 Ω . Nous prenons la plus élevée qui soit compatible avec la formule (2) - Couple seuil fixe - pente Id = somme algébrique des courants D1 Δ Id2 Id1 D2 Icc mini Icc maxi Is = somme des modules des courants Id1 est le seuil fixe du relais de détection. D1 est le lieu des points correspondant à un défaut barre, sans erreur de mesure et sans saturation. Dans ce cas, Id = Is. D2 est le lieu des points correspondant à un défaut extérieur, sans erreur de mesure et sans saturation. Dans ce cas Id = 0. Δ est la droite de détection, de pente p. La protection déclenche si le point de coordonnées Id, Is se trouve au-dessus de Δ. Id2 est le courant minimal permettant la détection d'un défaut sur le nœud électrique. Il doit être inférieur au courant de court-circuit minimal Icc mini. 237 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Le paramètre p doit satisfaire à la condition suivante: 1 1< rd <1+ p (3) n² * (rtcp + rf + rp) + rs + rd Exemple: Icc min In rd n² * (rtcp + rf + rp) +rs d'où 1 > p > 0,33 = 5 kA = 2 kA = 200 Ω = 100 Ω Pour avoir une bonne sensibilité il faut prendre p aussi faible que possible, mais en gardant toutefois une marge de sécurité. Nous prendrons p = 0,5. Si le seuil de courant Id1 choisi vaut In ( 1A sur la protection dans l'exemple choisi), le courant Id2 vaut 2 * In, soit 4000 A coté haute tension. 5-2 PROTECTION DIFFERENTIELLE DE BARRES A BASSE IMPEDANCE. Chaque type de protection est un cas particulier. Généralement, les transformateurs auxiliaires se saturent avant les réducteurs principaux, et dans la formule (3), le terme rtcp + rf + rp peut être supprimé, ce qui permet d'utiliser un relais de détection de résistance beaucoup plus faible, et d'obtenir quand même une pente de l'ordre de 0,5. Bibliographie [57] 238 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - PROTECTION DES COUPLAGES 6 - 1 - POSTES 400 KV ET 225 KV Les couplages sont protégés par des protections de distance montées tête bêche. Chacune d'elles possède une première zone aval, et une deuxième zone aval. Elles sont réglées de telle manière qu'elles ne fonctionnent jamais avant les protections de distance de ligne situées dans le poste, ce qui implique que: - la première zone soit plus courte, de 20%, que la première zone la plus courte des protections de distance du poste, - la temporisation de premier stade corresponde à un intervalle sélectif après la protection de distance la plus lente, - la largeur de la caractéristique soit inférieure de 20 % à la largeur la plus faible trouvée sur ces protections, - la deuxième zone soit inférieure de 20 % à la deuxième zone la plus courte de ces protections, - la temporisation de deuxième stade soit supérieure de un intervalle sélectif au deuxième stade de la protection de distance la plus lente. Nota: sur les postes 400 kV en anneau, des protections particulières sont utilisées, alimentées par la somme des courants issus du couplage et du tronçonnement du jeu de barres qu'elles protègent (voir cinquième partie, § 1-4-1). Mais le principe du réglage est le même. 6 - 2 - POSTES 90 KV ET 63 KV. Ce sont des protections situées sur les départs transformateur, tournées vers les barres, qui font ouvrir le couplage. Le principe du réglage est le même que précédemment. Il faut toutefois ajouter une temporisation extérieure, réglée à un intervalle sélectif, pour faire déclencher les disjoncteurs des départs où elles se trouvent (voir cinquième partie, § 144). Bibliographie [57] 239 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - PROTECTION DES TRANSFORMATEURS 7 - 1 - PROTECTION SITUEE DANS LA TRANCHE PRIMAIRE. Elle regroupe les protections contre les défauts internes au transformateur, au régleur en charge, au transformateur d'alimentation des auxiliaires, et, s'il y a lieu, à la bobine de point neutre et à la réactance de compensation. Elle ordonne le déclenchement des disjoncteurs dj1 et dj2 (voir fig située après le § 73). 7-1-1- Protection Buchholz. Pas de réglage particulier. 7-1-2- Protection masse - cuve. Le seuil du relais ampèremétrique doit correspondre, coté haute tension, à une valeur comprise entre 50 A et le courant de court-circuit monophasé minimal au primaire ou au secondaire du transformateur. Généralement nous prenons des réducteurs de courant de rapport 1000 / 5 pour des tensions primaires de 400 kV et 225 kV, des réducteurs de rapport 250 / 5 pour des tensions primaires de 90 kV et 63 kV, et un réglage de seuil à 1 A. 7-1-3- Protection du neutre des transformateurs de service auxiliaire. (voir huitième partie, §3) Elle dépend du type de transformateur de service auxiliaire. Nous utilisons des réducteurs de courant de rapport 100 / 5. Le seuil de réglage correspond à une valeur «haute tension» de l'ordre de 1 à 5 A si le transformateur n'est pas cloisonné, et de 30 à 50 A s'il est cloisonné. 7-1-4- Protection de courant de neutre secondaire. C'est une protection à maximum d'intensité résiduelle, à seuil fixe, alimentée par le courant circulant dans la réactance de neutre secondaire. Elle possède généralement deux seuils, chacun d'eux étant associé à une temporisation. Elle assure le secours des protections à puissance homopolaire à temps inverse qui se trouvent sur les lignes placées coté secondaire. La sélectivité entre ces deux types de protection, de principe différent, est toujours difficile. Le seuil le plus bas est généralement réglé à 0,1 * In 7-1-5- Protection de courant de neutre primaire. Cette protection, qui possède un seul seuil réglé à 0,1 * In, délivre seulement une signalisation destinée à prévenir l'exploitant d'un déséquilibre durable sur le réseau, rupture de bretelle par exemple. 7 - 1 - 6 - Automate contre la défaillance du disjoncteur de la tranche primaire. (voir § 3-8) Il est actionné par les ordres de déclenchements destinés à ce disjoncteur (dj1), et issus de la tranche primaire comme de la tranche secondaire. Il ordonne le déclenchement des disjoncteurs du nœud électrique sur lequel le primaire du transformateur est raccordé. Comme le relais Buchholz ne retombe pas, l'élimination du défaut est détectée par l'ouverture des contacts auxiliaires du disjoncteur. C'est leur temps de fonctionnement qui doit être pris en compte dans le calcul de l'intervalle sélectif. 240 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - 2 - PROTECTIONS SITUEES DANS LA TRANCHE SECONDAIRE. Elles ont pour but l'élimination des défauts sur la liaison secondaire du transformateur, ainsi que l'élimination en secours des défauts sur le transformateur, sa liaison primaire, et les jeux de barre primaires et secondaires. 7-2-1- Protection différentielle de liaison courte. (voir troisième partie, § 233) Elle ordonne le déclenchement des disjoncteurs de la tranche primaire (dj1) et secondaire (dj2). Le seuil fixe, réglable de 0,25 * In à 2 * In, est choisi inférieur au courant de court-circuit minimal de la liaison. Le coefficient k est choisi égal à 25% en 63 kV, et 40% en 225 kV. 7-2-2- Protection de distance Cette protection est dirigée vers les barres du poste situé coté secondaire. Elle commande le déclenchement du disjoncteur secondaire dj2. - sensibilité des seuils de courant. Suivant la position du défaut, le courant de court-circuit peut varier dans de grandes proportions, et il faut s'assurer que, avec des réducteurs de courant compatibles avec le courant de court circuit maximal, le courant de court-circuit minimal sur défaut franc reste supérieur au seuil de la protection (0,2 * In à 0,5 * In). - réglage de la première et de la deuxième zone (cas d'un départ 225 kV) La protection assure le secours de la protection différentielle de barres. Elle commande le déclenchement de son propre départ. Elle doit être sélective, en distance et en temps, avec la première et la deuxième zone du couplage - réglage de la première et de la deuxième zone (cas d'un départ 63 kV ou 90 kV) La protection assure le secours de la protection différentielle de barres, si elle existe. Sinon elle assure l'élimination des défauts barres. Dans les deux cas elle commande le déclenchement du couplage. Un intervalle sélectif plus tard, elle commande, à travers un relayage auxiliaire, celui du départ transformateur sur lequel elle est placée. Elle doit toujours être sélective, en distance et en temps, avec la première et la deuxième zone des départs ligne du poste (voir cinquième partie, §1-4-4). 7-2-3- Protection de secours primaire transformateur. C'est une protection de distance, tournée vers le transformateur, et sensible à tous les défauts francs ou faiblement résistants apparaissant sur le transformateur et ses deux liaisons. Sa particularité est d'être sensible au courant inverse, car sur les transformateurs étoile- triangle les défauts phase- terre au primaire ne provoquent pas la circulation d'un courant homopolaire au secondaire, mais d'un courant inverse. Ceci reste pratiquement vrai pour les transformateurs YN/YN, mis à la terre par réactance des deux cotés. Elle ne fonctionne qu'en secours, et doit donc être sélective avec la protection différentielle de liaison courte, les protections du transformateur, la protection différentielle de barres du poste primaire, les premiers stades des départs ligne, et le premier stade de la protection de débouclage du poste primaire. Elle commande l'ouverture des disjoncteurs dj1 et dj2. 7 - 2 - 4 - Automate de défaillance du disjoncteur de la tranche secondaire. Il est actionné par les ordres de déclenchement destinés au disjoncteur dj2, et issus de la tranche secondaire comme de la tranche primaire. Il ordonne le déclenchement des disjoncteurs du nœud électrique sur lequel le secondaire du transformateur est raccordé. Il est lui aussi désarmé par la retombée des contacts auxiliaires de son disjoncteur. 241 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - 3 - PROTECTION SITUEE DANS LA TRANCHE TERTIAIRE. La cellule tertiaire, avec son disjoncteur dj3, son réducteur de courant et sa tranche basse tension avec une protection à maximum de courant n'existe que si une réactance de compensation est installée (voir huitième partie, §2). Le seuil de la protection est réglé à 1,5 fois le courant nominal de la réactance. TRANCHES TRANSFORMATEUR barres 225 kV Automate de défaillance du disjoncteur primaire X dj1 Vers la protection différentielle de barres 225 kV Réactance de neutre primaire dj3 X réactance de neutre secondaire vers dj1 Protection de tranche primaire réactance de compensation transformateur de protection service auxiliaire (TSA) différentielle de liaison courte - protection masse cuve transfo principal - buchholz transfo principal - buchholz réactance de compensation - buchholz TSA - protection ampèremétrique de neutre secondaire du transformateur principal - protection ampèremétrique de neutre primaire du transformateur de services auxiliaires vers dj2 protection de distance protection de secours primaire transfo automate de défaillance de disjoncteur secondaire X dj2 jeu de barres 63 kV Bibliographie [57] 242 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 8 - AUTOMATE DE TRANCHE DE REPRISE DE SERVICE Sur le réseau EDF, la fonction réenclencheur et la fonction automate à manque de tension sont regroupées dans un même équipement appelé ATRS ( voir 4ème partie, § 5 , § 6, § 62 et 5ème partie, § 4). 8 - 1 - CONTRAINTES 8-1-1- Contraintes dues au réseau. - Ligne à protéger. . Ecart maximal de temps entre la commande de l'ouverture des disjoncteurs à chaque extrémité. . Impédance de la ligne. - Réseau avoisinant. . Présence de groupes de production à faible distance électrique. . Dans les postes d'extrémité, présence de charpentes dont la tenue au courant de court-circuit est proche du courant de court-circuit maximal susceptible d'apparaître sur le poste. . Ecart de fréquence maximal entre deux réseaux séparés, pour lequel le rebouclage reste autorisé. . Valeur maximale et minimale de la tension. . Choix du plan de reconstitution du réseau. 8-1-2- Contraintes dues au disjoncteur. . Temps d'ouverture. . Ecart de temps minimal entre le déclenchement et le réenclenchement d'un disjoncteur. . Temps de récupération. . Capacité des chambres de coupure des disjoncteurs et des réducteurs capacitifs de tension. 8 - 2 - Réglages 8-2-1- Présence de tension sur la ligne, et présence de tension sur les barres. Ces informations sont élaborées par l'automate lorsque les tensions se situent dans une fourchette comprise entre la tension minimale et la tension maximale observées sur le réseau en marche normale, par exemple entre 0,8 * Vn et 1,3 * Vn. 8-2-2- Absence de tension sur la ligne, et absence de tension sur les barres. Ces informations sont généralement élaborées lorsque la tension est inférieure à 0,2 * Vn. Cependant, lorsque les chambres de coupure des disjoncteurs ont une forte capacité, elles peuvent former, dans certaines configurations, un diviseur capacitif avec le transformateur de tension capacitif du jeu de barres sur lequel elles sont connectées, laissant subsister une tension plus élevée. Dans ce cas nous prendrons 0,4 * Vn par exemple. 8-2-3- Temporisation de renvoi des barres vers les lignes. Elle doit être supérieure au temps d'extinction de l'arc, donné par la formule de la quatrième partie, §511. A ce temps il faut ajouter la dispersion des temps de fonctionnement des protections et des disjoncteurs. Cette temporisation doit cependant être plus élevée lorsque des groupes de production se trouvent à une faible distance électrique du départ considéré. En effet un court-circuit provoque une variation brutale du couple qui s'exerce sur leurs arbres de transmission. Ces arbres entrent alors en vibration. Si le défaut est permanent, le réenclenchement provoque un deuxième choc, qui peut amplifier cette vibration et fatiguer l'arbre. En 90 kV ou 63 kV, cette temporisation peut aussi être allongée à cause du système de reprise de service choisi (voir quatrième partie, §6). 243 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les temps retenus vont de 1,5 s, lorsqu'il n'y a pas de contrainte particulière, à 5s, lorsque des contraintes sont à craindre sur des groupes nucléaires proches, et 8 secondes sur les réseaux 90 kV et 63 kV, lorsque le système de reprise de service l'exige. 8-2-4- Temporisation de réenclenchement monophasé. La contrainte sur les groupes n'est pas prise en compte. En revanche, pendant le temps où la phase en défaut est ouverte, un courant de déséquilibre apparaît, susceptible de faire fonctionner les protections à puissance homopolaire. Le temps d'isolement doit alors être inférieur au temps de base de ces protections. Il doit aussi être inférieur au temps de déclenchement triphasé par discordance de pôle, qui est élaboré dans un coffret de relayage annexe, et que nous réglons généralement à 2 secondes. Nous prenons généralement 1,5 seconde. 8-2-5- Ecart de phase et temps de glissement. L'écart de phase entre les extrémités dépend de la longueur de la liaison. A EDF nous avons pris la règle suivante θ 60 ° 50 ° 40° 30° 20° 10 Ω 25 Ω 35 Ω 45 Ω L'écart de fréquence maximal admis est de 1/36 hz. Le temps de glissement tG est alors lié à l'angle θ par: tG = θ° / 10 8-2-6- Renvoi rapide sur ligne en antenne. Sa temporisation est fixée à 0,3 seconde, ce qui donne un temps total, entre l'apparition du défaut et la remise sous tension de la ligne et du client qu'elle alimente, de l'ordre de 0,5 à 0,6 seconde. Ce type de renvoi n'est utilisé que si: - le client ainsi réalimenté y trouve son intérêt, - le poste peut supporter un réenclenchement rapide sur défaut permanent. En effet, dans nos dispositions normalisées, une charpente définie pour un courant de court circuit de 20 kA, par exemple, supporte en fait 26 kA sans réenclenchement rapide, et à peine 20 kA avec réenclenchement rapide sur défaut permanent, - le disjoncteur peut supporter la même contrainte. C'est le cas de tous les disjoncteurs à SF6, mais pas de la plupart des disjoncteurs à huile. 8-2-7- Temps de récupération. Le temps donné au réenclencheur est le temps de récupération maximal du disjoncteur, compte tenu de sa vétusté, et majoré de 5 secondes, par sécurité. 8-2-8- Autres temporisations. Elles sont fonction des systèmes de reprise de service retenus. Bibliographie [61] 244 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 SEPTIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) EQUIPEMENTS DE MESURE, COMPTAGE ET SURVEILLANCE 1 - CAPTEUR 2 - COMPTEUR 3 - CONSIGNATEUR D'ETAT 4 - TELEPERTURBOGRAPHE 5 - LOCALISATEUR DE DEFAUT 6 - QUALIMETRE 245 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - LES CAPTEURS DE TELEMESURE 1 - 1 - LEUR ROLE Les responsables de la conduite du réseau doivent connaître en permanence les grandeurs circulant dans chaque ouvrage, à savoir: - la puissance active P, - la puissance réactive Q , ainsi que, sur les barres des postes: - la tension, - la fréquence. Pour obtenir ces grandeurs, une chaîne d'élaboration et de transmission de ces données est nécessaire: capteurs équipement de téléconduite calculateur d'acquisition visualisation traitement cellule haute tension bâtiment de relayage bâtiment de commande centre de conduite Les capteurs, situés au bâtiment de relayage, acquièrent les tensions et intensités instantanées au secondaire des réducteurs (sur les circuits mesure pour les intensités). Chacun d'eux délivre un courant continu proportionnel à la grandeur (tension efficace, puissance moyenne, fréquence) qu'il a élaborée à partir des grandeurs qu'il a acquises. Ce courant est ensuite transformé en signaux numériques dans l'équipement de téléconduite, puis transmis par un circuit de télécommunication au calculateur d'acquisition situé au centre de conduite. Les grandeurs ainsi transmises sont alors visualisées et utilisées dans les programmes de calcul d'aide à la conduite. 1-2- PRINCIPE DES CAPTEURS DE PUISSANCE Ils utilisent la méthode "time delay modulation". Le principe est le suivant: Une tension proportionnelle à l'intensité instantanée -i, à laquelle est ajoutée une tension proportionnelle à une intensité fixe de référence im, est appliquée sur un intégrateur. A sa sortie nous recueillons une tension de la forme k * ³ (im - i) * dt. Au bout d'un temps T1 cette tension atteint un seuil donné S. Un commutateur électronique (chopper) provoque alors le remplacement de -i par +i à l'entrée de l'intégrateur. La tension de sortie revient alors à zéro au bout d'un temps T2. Le commutateur revient alors à sa position initiale. Nous avons: T1 T1 + T2 S = k * ³ (im - i) * dt = k * ³ ( im + i) * dt 0 T1 D'où: T1 + T2 im * (T1 - T2) = ³ i * dt 0 247 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si l'intervalle de temps T1 + T2 est petit par rapport à la période 20 ms du courant i, nous admettons que i n'a pas varié pendant ce temps, et nous trouvons: T1 - T2 i = im * T1 + T2 Le temps T1 + T2 dépend de la valeur de i. Il est minimale pour i = 0. Il est de l'ordre de 0,2 à 0,5 ms. Le courant i doit toujours être nettement inférieur à im. résistance -i chop per +i amplificateur im s +v puissance instantanée P -v ³ puissance moyenne Pendant cette même période, la tension instantanée v est appliquée à l'entrée d'un commutateur électronique synchrone au précédent. Sur la sortie nous trouvons une tension égale à +v pendant le temps T1, et -v pendant le temps T2. Si nous admettons que v n'a pas varié pendant ce temps, la valeur moyenne de la tension au point P pendant le temps T1 + T2 vaut: T1 - T2 v * i = v* T1 + T2 1m valeur proportionnelle à la puissance instantanée. La tension délivrée par le commutateur est alors envoyée sur un intégrateur, qui délivre un courant continu proportionnel à la puissance moyenne, dans une plage de 0 à 10mA s'ils fournissent une grandeur toujours positive, de -5mA à + 5mA dans le cas contraire. s T1 T2 t 248 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 -3 - DIFFERENTS TYPES DE CAPTEURS UTILISANT LE MEME PRINCIPE 1-3-1- Capteurs de puissance active pour réseau triphasé déséquilibré Trois éléments sont nécessaires, chacun d'eux mesurant la puissance active de chaque phase. Un sommateur commun délivre alors le courant proportionnel à la somme des trois puissances. P = Va * Ia * cos ϕa + Vb * Ib * cosϕb + Vc * Ic * cosϕc 1-3-2 Capteurs de puissance active pour réseau triphasé équilibré Il mesure la puissance active sur une seule phase. P = 3 * Va * Ia * cosϕa 1-3-3- Capteurs de puissance réactive pour réseau triphasé déséquilibré. Trois éléments sont nécessaires, mais sur chacun d'eux, à l'intensité d'une phase est associée la tension composée mesurée entre les deux autres phases. Q = (Ubc * Ia * cosϕa + Uca * Ib * cosϕb + Uab * I c* cosϕc) / √ 3 1-3-4- Capteurs de puissance réactive pour réseau équilibré. Trois méthodes sont possibles: - utilisation d'un élément du capteur précédent Q = √ 3 * Ubc * Ia - utilisation d'un capteur de puissance active avec un condensateur sur une des deux grandeurs. Ceci permet de la déphaser de 90° Q = √ 3 * Va * Ia * sinϕa - utilisation d'un élément sollicité par la différence de courant Ia - Ic Q = √ 3 * (Ia - Ic) * Vb 1-3-5- Capteurs de tension La tension est appliquée sur les deux entrées. Le courant de sortie est proportionnel au carré de la tension efficace. 1 - 4 - CHOIX DES CAPTEURS. Pour un capteur donné, les grandeurs maximales d'entrée sont fixes. Un capteur ne doit donc pas être réglé mais choisi. La modification de la capacité de transport d'une ligne, ou du rapport de transformation d'un réducteur de mesure, peut donc conduire à son remplacement. D'où l'intérêt d'installer ces capteurs sur des embases embrochables. 249 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 5 - CAPTEURS DE FREQUENCE La tension du réseau est mise sous forme de créneaux dont la largeur est comparée à des créneaux de 10 ms démarrés par les passages par zéro de la tension. L'écart est envoyé sur un intégrateur, qui fournit un courant continu, positif ou négatif, proportionnel à l'écart de fréquence par rapport à 50 Hz. - fréquence inférieure à 50 hz tension du réseau A B créneaux de 10 ms _ A*B écarts (f <50 hz) _ A*B écarts (f >50 hz) - fréquence supérieure à 50 hz tension du réseau A B créneaux de 10 ms _ A*B écarts (f < 50 hz) _ A*B écarts (f > 50 hz) Bibliographie [62], [63], [128] 250 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - LES COMPTEURS D'ENERGIE Les installations de comptage du réseau de transport d'énergie concernent: - les clients industriels alimentés directement en 400 kV, 225 kV, 90 kV, et 63 kV, - les centrales de production - les points de livraison aux sociétés de distribution d'électricité ne faisant pas partie d'EDF, et alimentées en 225 kV, 90 kV, ou 63 kV, - les points de livraison aux centres de distribution d'EDF, qui sont les postes 225 kV / 20 kV, ou 90 kV / 20 kV, ou 63 kV / 20 kV, les alimentant. 2 - 1 - INSTALLATIONS DE COMPTAGE DES CLIENTS INDUSTRIELS LES PLUS IMPORTANTS. Elles sont conçues de manière à obtenir le meilleur compromis possible entre les contraintes d'EDF et les désirs du client. 2-1-1- Contraintes d'EDF: - facturer au client l'énergie qu'il consomme à un prix tenant compte du coût marginal du kwh, - facturer les pertes en ligne dues à la consommation d'énergie réactive du client,. - assurer une facturation précise, fiable, et rapide, - se donner la possibilité de diminuer rapidement la consommation en cas de situation difficile, - obtenir des données statistiques utiles à la planification de ses investissements. 2-1-2- Désirs du client: - connaître à l'avance le coût auquel lui sera facturé le kwh, de manière à optimiser son plan de charge, - connaître sa consommation d'énergie active et réactive, afin de pouvoir agir pour éviter les surcoûts, - être prévenu à l'avance des coupures volontaires d'EDF (le problème des coupures fortuites sur incident est traité dans la neuvième partie). 2-1-3- Exemple de contrat. C'est un contrat type "effacement jour de pointe". Il existe, dans cet exemple cinq périodes tarifaires, classées dans l'ordre des tarifs décroissants: - tarif n°1, dit tarif "jour de pointe". Il y a au maximum 22 jours de pointe, choisis parmi les jours ouvrables des mois de Novembre, Décembre, Janvier, et Février. Pendant ces jours, le tarif n°1 peut être appliqué pendant quatre heures au maximum, à des horaires spécifiés dans le contrat. Ces jours sont choisis par EDF, la veille pour le lendemain. Les tarifs pratiqués sont dissuasifs et permettent d'éviter la mise en place de moyens de production coûteux pour EDF, en incitant le client à arrêter sa consommation ou à s'alimenter par des moyens autonomes. 251 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - tarif n°2, dit tarif "heures pleines d'hiver" Ce tarif est applicable de 6h à 22h, tous les jours ouvrables de la période allant du premier Octobre au 31 Mars - tarif n°3, dit tarif "heures pleines d'été" Ce tarif est applicable aux mêmes heures, les autres mois de l'année. - tarif n°4, dit tarif "heures creuses d'hiver" - tarif n°5, dit tarif "heures creuses d'été" La puissance souscrite est fonction de la période tarifaire. Elle est plus élevée pendant les périodes creuses que pendant les périodes pleines. Des dépassements sont autorisés à titre exceptionnel. Ils donnent lieu à facturation. Si l'énergie réactive dépasse 60% de l'énergie active pendant les pointes et les heures pleines, le dépassement est facturé. Pour gérer des contrats de ce type, le système de comptage dit "palier 90" a été mis en place. 2-1-4- Architecture générale du palier 90. Console du service commercial national calculateur national console statistique niveau national (Clamart) réseau de télécommunication console du centre de conduite calculateur de gestion des comptages horloge synchronisée niveau régional (Nancy par exemple) consoles commerciales statistiques et techniques réseau de télécommunication contrôleur local armoire de comptage niveau client armoire de comptage 252 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-4-1- Fonctions du calculateur de gestion des comptages - Il acquiert, par la console du service commercial national, et à travers le calculateur national, les règles tarifaires à appliquer, - il acquiert, à partir de la console du service commercial régional, les règles de facturation prévues dans chacun des contrats EDF - client, - il acquiert, à partir de la console du centre de conduite, les ordres tarifaires aléatoires autorisés par les contrats EDF - client, tels que le choix des jours de pointe, - il acquiert, à partir d'une horloge synchronisée sur un émetteur national, l'heure exacte, qu'il distribue à tous les contrôleurs locaux, - il acquiert, à partir des contrôleurs locaux, les données nécessaires à la facturation: énergie consommée pour chaque tranche de tarif, puissance active, puissance réactive, puissance moyenne sur chaque période de 10 minutes. - il calcule les factures et les envoie au service facturation, - il envoie au contrôleur local les données prévues par le contrat, et permettant au client, d'une part de s'adapter aux ordres tarifaires aléatoires émis par le centre de conduite, et d'autre part de vérifier ses factures: relevé de puissance active, réactive, dépassements, consommation d'énergie active et réactive, et s'il y a lieu fourniture d'énergie à EDF. 2-1-4-2- Fonctions du contrôleur local. - Il acquiert les données issues des compteurs, calcule les sommes dues en fonction du contrat, et les envoie au calculateur de gestion des comptages, - il élabore les documents prévus par contrat, permettant au client d'optimiser sa consommation d'électricité. Ce sont essentiellement les courbes de charge, - il transmet au client les informations issues du calculateur de gestion des comptages et prévues par contrat, - il commande, si le client le désire, des basculements automatiques liés aux conditions tarifaires dans ses installations. 2-1-4-3-Compteurs Un point de livraison peut comporter un ou plusieurs départs. Sur chacun d'eux se trouvent: - un compteur actif, de classe 0,5 S ou 0,2 S, la lettre S signifiant qu'ils répondent à la norme relative aux compteurs statiques, - un compteur réactif, classe 3, - un compteur monophasé sur chaque phase, classe 1. 2-1-5- Fonctionnement des compteurs Les compteurs statiques possèdent un élément de mesure identique à ceux des capteurs de puissance (voir § 1). Le signal de sortie, proportionnel à la puissance, est ensuite intégré jusqu'à ce qu'il atteigne un niveau correspondant à une quantité d'énergie donnée. Le compteur émet alors une impulsion, et l'intégrateur est remis à zéro. Les compteurs électromécaniques utilisent le principe du disque de Ferraris, décrit au chapitre consacré aux protections électromécaniques (voir troisième partie, § 2123). Le contrôleur local acquiert ces impulsions et calcule, à partir de ses tables tarifaires, le coût de l'énergie à facturer au client. La facturation est essentiellement réalisée à partir du compteur triphasé actif, qui est un compteur statique. Le compteur d'énergie réactive, électromécanique, est utilisé pour facturer les dépassements d'énergie réactive pendant les heures pleines ou les heures de pointe. Les compteurs monophasés, électromécaniques, ne sont pas connectés au contrôleur local. Ils ne sont utilisés que localement, pour vérifier le bon fonctionnement du système. En effet chacun des cinq compteurs possède un ou plusieurs affichages numériques qui peuvent être comparés entre eux. 253 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 2 - ALIMENTATION DES AUTRES CLIENTS. Un contrôleur local possédant toutes les performances décrites ci-dessus n'est pas toujours nécessaire, surtout pour des clients dont la puissance installée est relativement peu importante. C'est pourquoi une version simplifiée a été développée. 2 - 3 - LIAISONS INTERNATIONALES et centrales de production à participation étrangère. Depuis les différents sites de production, et les différents départs de liaisons internationales, des capteurs envoient leurs mesures au centre de conduite régional. A cet endroit les mesures sont intégrées pour obtenir les quantités d'énergie nécessaires aux opérations de facturation internationale, et envoyés à Laufenbourg (Suisse), où se fait la facturation des échanges d'énergie. Ces chaînes d'acquisition sont doublées par des équipements de comptage installés sur les différents sites, et qui envoient directement leurs résultats à Laufenbourg. 2 - 4 - SOCIETES DE DISTRIBUTION D'ELECTRICITE N'APPARTENANT PAS A EDF. Les points de livraison sont traités comme ceux des clients importants. 2 - 5 - CENTRES DE DISTRIBUTION FAISANT PARTIE D' EDF Chaque départ 20 kV comporte un compteur actif triphasé classe 0,2, deux compteurs réactifs triphasés classe 3, un dans chaque sens, et un enregistreur de puissance télérelevable, qui est en fait un contrôleur local simplifié. Ses fonctions sont: - acquisition des impulsions émises par le compteur de chaque départ, - établissement des opérations inter - organisme (factures internes), - établissement des tableaux de puissance moyenne sur 10 minutes: puissance active, puissance réactive absorbée, puissance réactive refoulée. Ces tableaux sont mis à la disposition du centre de distribution. Ce type de comptage est aussi installé sur les départs alimentant la Société Nationale des Chemins de fer Français. Bibliographie [64], [65] 254 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - LE CONSIGNATEUR D'ETAT 3 - 1 - SON ROLE. Acquérir les différentes signalisations, telles que position d'appareils, ordres venant des protections, ou indications de défaillances, susceptibles d'apparaître dans les tranches basse tension, et les restituer sous une forme lisible, avec, pour chacune d'elles, l'heure exacte de son apparition et de sa disparition, à 10 ms près. Ceci permet à l'exploitant, si une anomalie apparaît, de prendre une décision permettant de continuer, ou de rétablir, le fonctionnement de la partie du réseau qui pourrait en être affectée. Ceci permet aussi, ultérieurement, en cas d'incident important, d'analyser avec précision ce qui s'est passé. La restitution a lieu, au fur et à mesure de l'arrivée des signalisations, sur une imprimante située à proximité de l'équipement. Elle peut aussi être réalisée à distance, sur appel par modem utilisant le réseau téléphonique public, à partir d'une console réalisée à partir d'un microprocesseur. Dans un poste, certaines signalisations doivent être suivies d'une action immédiate. Pour ce faire elles mettent en route une alarme sonore. Les consignateurs d'état élaborent cette alarme, mais EDF n'utilise pas cette possibilité, car cette fonction est réalisée dans un autre équipement appelé tranche générale. 3 - 2 - EXEMPLE D'EQUIPEMENT. Nous considérons le PAS 692 de Techniphone. - Il est alimenté en courant continu 48 V, afin de pouvoir fonctionner sur batterie d'accumulateurs en cas de panne d'alimentation. - Il peut être connecté à une horloge extérieure, synchronisée sur un émetteur national. - Il peut acquérir les signalisations de 16 tranches, à raison de 32 signalisations simples par tranche. C'est un calculateur de petite capacité. - Chaque signalisation est restituée sous forme d'une ligne de 64 caractères, comportant: . 8 caractères pour l'heure, . 16 caractères pour le nom de la tranche et du poste, . 32 caractères pour le libellé. Par exemple " décl. premier stade protection PX ", . 6 caractères pour l'état de l'ordre émis ou la position de l'appareil surveillé. Par exemple, pour un disjoncteur, " ouvert" ou "fermé", et pour un ordre de déclenchement émis par une protection, "début " ou " fin". La configuration, c'est à dire le texte correspondant à chaque signalisation, peut être réalisée soit directement sur l'appareil, soit sur un configurateur. La deuxième possibilité permet, lors d'un changement de structure du poste, de préparer la nouvelle carte mémoire et de l'installer rapidement sur le consignateur d'état, sans interrompre l'exploitation du poste. Elle permet aussi de conserver une copie de la configuration en cas de panne sur l'équipement. L'équipement peut conserver en mémoire jusqu'à 2000 enregistrements. 255 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - 3 - PROBLEMES D'EXPLOITATION Le principal problème est la discrimination des signalisations d'exploitation et des signalisations apparaissant lors d'essais. En effet, une série d'essais sur une tranche provoque l'apparition d'un nombre de signalisations aussi important que l'exploitation normale du poste pendant plusieurs mois, et si l'on n'y prend pas garde, les signalisations importantes se trouvent noyées au milieu de signalisations sans intérêt. Il est donc important de pouvoir discriminer la tranche qui est essayée, de manière à pouvoir aiguiller ses signalisations sur une imprimante différente de l'imprimante d'exploitation. 3 - 4 - PLACE DE L'EQUIPEMENT DANS LA CONDUITE DU RESEAU: voir huitième partie, § 4 Bibliographie [66], [67], [68] 256 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - LE PERTURBOGRAPHE 4 - 1 - SON ROLE. Le consignateur d'état décrit précédemment est généralement insuffisant pour analyser correctement les incidents. En effet, cet équipement ne donne de renseignements que sous forme de signaux tout - ou - rien, et il est souvent nécessaire de connaître l'évolution de la forme des tensions et courants pendant un défaut. 4 - 2 - SES FONCTIONS. - enregistrer en permanence la forme des ondes de tension et de courant, avec une dynamique suffisante pour distinguer les courants de défaut des courants de fonctionnement normal, s'ils sont effectivement différents, - enregistrer de même quelques signalisations d'événements pouvant influer sur les ondes de tension et de courant, - garder en mémoire ces enregistrements pendant quelques centaines de millisecondes, - les restituer sur imprimante, lorsqu'il est sollicité par une signalisation significative d'incident, comme par exemple la mise en route d'une protection. Les enregistrements effectués juste avant l'incident font bien entendu partie de la restitution, car c'est là l'intérêt essentiel de l'appareil. La restitution dure quelques secondes, et peut être réinitialisée par une nouvelle sollicitation, par exemple une signalisation d'ordre d'enclenchement. - conserver en mémoire les grandeurs restituées localement, de manière à pouvoir aussi obtenir leur restitution à distance, comme le consignateur d'état. - être, comme lui, connecté à une horloge synchronisée, généralement la même, de manière à rendre possible une corrélation aisée des documents de l'un et de l'autre. 4 - 3 - EXEMPLE D'EQUIPEMENT Nous considérons le TPE 2000 de GEC-Alsthom. C'est un système qui comprend: - une unité d'acquisition pour deux départs, capables d'enregistrer 8 grandeurs analogiques, tensions ou courants, et 16 informations par tout ou rien. Cette acquisition se fait par échantillonnage (32 échantillons par période) et la numérisation se fait sur 12 bits. La mise en mémoire, réglable de 200 à 500 ms, est, à EDF, prise égale à 200 ms. La durée de restitution, réglable de 0,1s à 25 s, est réglée, à EDF, à 3s. Cette unité peut restituer ses acquisitions en les transmettant immédiatement à une unité de restitution proche par une liaison RS 232, ou une boucle de courant; - une unité de restitution par poste. Elle est installée au bâtiment de commande et reçoit les enregistrements des unités d'acquisition du poste. Elle possède sa propre horloge, qui peut être synchronisée par une horloge externe. Elle restitue sur imprimante ses informations, et peut être interrogée à distance par une console extérieure, via le réseau téléphonique public, au moyen d'un modem; - une console extérieure, éventuellement. Elle est réalisée à partir d'un ordinateur type PC. Elle peut interroger les unités de restitution. Dans les petits postes, où une seule unité d'acquisition suffit, l'unité de restitution peut ne pas être installée. Dans ce cas , l'unité d'acquisition transcrit ses renseignements sur une disquette, qui peut être lue sur une unité de restitution située sur un autre site. Elle peut aussi transmettre, via le réseau téléphonique public, ses informations à la console extérieure. La datation des enregistrements peut être retrouvée en observant les tensions enregistrées. Bibliographie [69], [70] 257 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - LOCALISATEUR DE DEFAUT 5 - 1 - SON ROLE. Mesurer, à partir des tensions et courants d'un départ, la réactance du tronçon de ligne situé entre ce départ et l'emplacement d'un court-circuit. Cette réactance étant proportionnelle à la distance, l'emplacement du défaut peut alors être déterminé. Cet appareil permet à l'exploitant de localiser rapidement, dans les terrains d'accès difficile, les avaries telles que rupture de câble, rupture de manchon en ligne, ou ruine de pylône. Il peut aussi s'avérer utile, en cas de défaut intermittent, pour mettre en évidence des points faibles tels qu'arbres mal élagués, isolateurs pollués, ... 5 - 2 - SON PRINCIPE. Il doit acquérir et mémoriser les données lui permettant de mesurer la réactance, pendant le temps séparant l'apparition du défaut de son élimination, soit moins de 100 ms dans la plupart des cas. Il doit donc s'accommoder d'un éventuel régime transitoire lent, du type de ceux obtenus à l'enclenchement d'une réactance. Pour cela, il utilise les mêmes grandeurs que les protections de distance statiques (voir la troisième partie, § 213), lors de la détermination de la première zone. Cependant, au lieu de simplement comparer les signes des tensions compensées lorsque les pilotes passent par zéro, il met en mémoire, à cet instant, la tension de défaut et la tension image, puis, ultérieurement, en fait le rapport. Soit x ce rapport. Si la tension image est obtenue avec la résistance et la réactance de toute la ligne, le rapport x est la distance du défaut, en pourcentage de la longueur de la ligne. En effet, pour une boucle phase terre, par exemple, la tension simple vaut: d v = [ R * (ia + ko * ir) + L * ( ia + ko * ir ) ] * x + Rd * ir dt et nous créons d v image = R * ( ia + ko * ir) + L * (1) ( ia + ko * ir) dt R, L, et Rd étant respectivement la résistance de la ligne, son inductance, et la résistance du défaut. Pour ir = 0, les tensions instantanées deviennent: v' = ( R * ia + L * dia / dt) * x v' image = R * ia + L * dia / dt d'où: v' = x * v' image De plus, l'appareil comporte un sélecteur de phase, de principe analogue à celui de la PDS, et un boîtier de compensation homopolaire, de même principe que celui décrit au § 2127 de la 3ème partie. Les localisateurs de défaut d'un même poste envoient leurs informations à une unité de restitution située dans le poste, par liaison RS 232 ou par boucle de courant. L'unité de restitution est interrogeable à distance. Bibliographie [71] 259 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - QUALIMETRE Cet appareil est destiné à analyser les grandeurs citées dans le contrat "Emeraude", pour caractériser la qualité de fourniture d'énergie (voir 9ème partie, §5), à savoir: - les creux de tension et coupures brèves, - le taux de déséquilibre, - les harmoniques, - le papillotement. Il est installé sur les points de livraison d'énergie du réseau de transport aux clients industriels ou aux réseaux de distribution. Il acquiert: - les trois tensions et la tension résiduelle, - les trois courants et le courant résiduel. Il élabore les grandeurs à analyser selon deux modes: - le mode "cyclique": L'appareil calcule, pendant un temps donné, 100 s par exemple, la grandeur considérée, et la stocke en mémoire. Ce mode est utilisé pour observer le comportement des grandeurs électriques du départ en fonctionnement non perturbé, - le mode "seuil": Lorsque une grandeur franchit un seuil, l'appareil note l'instant de franchissement et la valeur moyenne de la grandeur jusqu'au franchissement suivant. L'instant de franchissement du seuil dans l'autre sens est lui aussi noté, et le mode est désarmé lorsque la grandeur retrouve une valeur normale. Ce mode est utilisé en fonctionnement perturbé. Ces grandeurs sont: - les 4 tensions efficaces, Leur observation en mode "seuil" donne les creux de tension et les coupures brèves. Sept seuils sont utilisés, afin de caractériser la profondeur du creux, - les 4 courants efficaces, - la fréquence, - la puissance active sur chaque phase, - la puissance réactive sur chaque phase, - le facteur de puissance sur chaque phase, - le taux d'harmonique, pour chaque rang choisi, entre l'harmonique 2 et l'harmonique 50, sur les tensions et courants de chaque phase, - le taux de distorsion global sur la tension et le courant de chaque phase, - le taux de déséquilibre, - la présence de signaux 175 hz et 188 hz supérieurs à un seuil donné (0,5 * Un). 261 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Ces valeurs peuvent ensuite être affichées en face avant. Elles peuvent aussi être stockées en mémoire pour être relevées localement ou à distance. Nota: Un problème qui se pose fréquemment entre EDF et son client est celui de savoir, en cas de taux d'harmoniques anormal, où se trouve la source d'harmoniques: chez le client ou sur le réseau? Pour le déterminer, il est nécessaire de placer plusieurs qualimètres. Celui qui indique la plus forte valeur est celui qui est placé sur le départ source d'harmoniques. réseau 3 poste 1 2 Client n° 1 client n° 2 Si le taux d'harmoniques donné par le qualimètre placé en 1 est supérieur à celui placé en 2 et à celui placé en 3, la principale source d'harmoniques est le client n° 1. Bibliographie [72], [73] 262 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 HUITIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) INSTALLATION ET EXPLOITATION 1 - NORMALISATION EDF, DOCUMENTATION CONTRACTUELLE 2 - CABLAGE, PRECAUTIONS CONTRE LES SURTENSIONS 3 - ALIMENTATION AUXILIAIRE 4 - ORGANISATION DE LA CONDUITE ET DE LA SURVEILLANCE 5 - MISE EN SERVICE 6 - MAINTENANCE PREVENTIVE 7 - ANALYSE DE DEFAUT 8 - MAINTENANCE CURATIVE 9 - RETOUR D'EXPERIENCE 263 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - NORMALISATION EDF, DOCUMENTATION CONTRACTUELLE EDF s'est efforcée, à partir des plans de protection décrits dans la cinquième partie, de réaliser des tranches normalisées. Cette normalisation s'est trouvée concrétisée par un ensemble de documents destinés à faciliter la tâche des personnes chargées de définir, d'installer, de régler et d'exploiter les tranches de commande, protection et surveillance du réseau de transport. Ce sont: - la description des plans de protection, - les spécifications des équipements *, - les directives d'installation, incluses dans les directives poste, - - le document «traitement des signalisations nécessaires à la conduite et à la surveillance des installations», appelé plus communément «brochure violette», et qui décrit le traitement des signalisations au poste, au pupitre de commande groupé, et au centre régional de conduite (transmission, libellé, mise en route de l'alarme sonore), - la schémathèque, qui comporte, pour chaque tranche normalisée, l'ensemble des schémas nécessaires à son installation, - le code de travaux, qui définit les procédures commerciales avec les entreprises effectuant des travaux de tout type sur le réseau de transport d'EDF, - les marchés tarifs, qui sont des conventions passées avec les fournisseurs de matériel agréés par EDF, - les guides de réglage des protections, et des automates ( voir sixième partie) - les Erreur! Signet non défini. *, ( voir § 5 ) - les guides de maintenance *, ( voir § 6 ) - les notices des constructeurs *. Nota: les documents marqués d'une astérisque se réfèrent à la norme EDF HN 46 R 01, appelée Erreur! Signet non défini.. Ce document comprend 6 parties: - dispositions générales, où se trouvent les références aux normes nationales et internationales, la structure des documents à réaliser, et l'organisation de la qualité, - qualification et agrément, - conception des essais fonctionnels, - conditions d'installation et d'utilisation, où se trouvent des données technologiques sur les contraintes que le matériel doit pouvoir subir, - éléments constitutifs des matériels, - méthodes de contrôle et d'essai, où certaines données technologiques, directement utilisables pour les essais, sont précisées. Bibliographie [3], [49], [57], [61], [74], [75], [76] [77], [104], [107], [123], [124], [125] 265 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - CABLAGE, PROTECTION CONTRE LES SURTENSIONS PARASITES Le phénomène le plus contraignant pour les appareils électroniques et les circuits basse tension situés dans les postes est l'ouverture des sectionneurs haute tension. Considérons un sectionneur d'aiguillage maintenant une barre sous tension. réseau barre Le jeu de barres peut être assimilé à un condensateur, et le réseau à une source de tension débitant à travers une inductance. a b L z C Lorsque le sectionneur est fermé, il est traversé par un courant capacitif faible, dépendant de la capacité de la barre qu'il maintient sous tension. Lorsqu'il commence à s'ouvrir, un arc apparaît entre ses mâchoires. Cet arc se coupe lorsque le courant passe par zéro, et donc que la tension vb a une valeur maximale Vbm. A cet instant la capacité est chargée au maximum. Après ouverture, la tension vb reste égale à Vbm, alors que la tension va décroît. Lorsque l'écart entre va et vb est suffisant, l'arc se réamorce. La capacité C forme alors avec la réactance L un circuit oscillant, ce qui crée une tension et un courant oscillatoires amortis, à une fréquence de 100 KHz à 1 MHz. De tels réamorçages se produisent ensuite à chaque alternance, pour un écart de tension de plus en plus élevé, jusqu'à ce que les mâchoires soient suffisamment écartées. Ces trains d'ondes créent alors, par induction et couplage capacitif, des surtensions dans les fileries des protections et des automates du poste. Pour s'en prémunir, il faut: - utiliser des câbles avec gaine métallique. Ceux qui donnent les meilleurs résultats sont des câbles sous gaine de cuivre, cette gaine étant placée autour de l'isolant non pas en hélice, mais comme une feuille de papier à cigarette. Nous l'utilisons pour tous les postes, bien que son usage ne soit vraiment indispensable qu'en 400 kV, - faire cheminer les câbles sur des trajets suivis au plus près par des câbles de terre, et, de manière plus générale avoir un circuit de terre correct, - mettre les gaines des câbles à la terre aux deux extrémités, avec des connections aussi courtes que possible 266 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Bibliographie [78], [79], [80] 267 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - ALIMENTATION AUXILIAIRE 3 - 1 - ALIMENTATION EN COURANT ALTERNATIF Schéma général d'un niveau de tension Jeu de barres primaire, 225 kV par exemple alimentation des aéroréfrigérants X X X X 10 kV* 90 kV par exemple transformateur de service auxiliaire (250 kVA) automate de permutation barre non secourue 220 / 380 V groupe diesel de 63 kVA z armoire du groupe diesel alimentation non secourue des parties communes alimentation non secourue des tranches (une par bâtiment de relayage) barre secourue redresseurs du bâtiment de commande, alimentant les équipements communs alimentation secourue des parties communes alimentation secourue de chaque tranche (une par tranche) * 20 kV pour les tertiaires des autotransformateurs ou des transformateurs de groupes nucléaires 268 / 320 redresseurs des tranches (un par bâtiment de relayage) Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Tous les postes ont deux sources auxiliaires en courant alternatif. La première est considérée comme source principale, et l'autre comme source de secours. La mise en service de la source de secours, en cas de défaillance de la source principale, est réalisée par l'automate de permutation. L'enroulement tertiaire de chaque transformateur de puissance a son neutre fixé par le transformateur de service auxiliaire. Comme les défauts entre phases sur le circuit connecté au tertiaire du transformateur de puissance ne peuvent pas être détectés par les protections situées au primaire ou au secondaire, les phases sont séparées par des écrans métalliques, dans le transformateur de services auxiliaires ainsi que sur le trajet le séparant du transformateur de puissance. Lorsque les transformateurs de puissance ont un couplage de type YD, le transformateur de service auxiliaire est connecté à la bobine de point neutre, qui comporte alors un enroulement secondaire. L'alimentation commune non secourue comprend le chauffage du bâtiment de commande, une partie de l'éclairage des abords, la prise de 250 kVA pour le traitement des huiles de transformateurs, et les ateliers. L'alimentation non secourue des bâtiments de relayage comprend le chauffage et l'éclairage de ces bâtiments. L'alimentation secourue du bâtiment de commande comprend une partie de l'éclairage des abords et l'éclairage du bâtiment. L'alimentation secourue des tranches comprend l'alimentation des armoires des disjoncteurs et des sectionneurs, et, pour les tranches primaires des transformateurs, l'alimentation des régleurs en charge. Dans les postes 63 kV / 20 kV, les transformateurs de service auxiliaire sont connectés au secondaire des transformateurs de puissance. Il n'y a pas de groupe Diesel. L'alimentation des armoires des sectionneurs et des régleurs en charge est alors réalisée en courant continu. Dans les postes où il n'y a pas de transformateur de puissance, les deux sources d'alimentation auxiliaire sont obtenues d'une part grâce au réseau de distribution local, et d'autre part grâce à un groupe diesel de 130 kVA supplémentaire. 269 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - 2 - ALIMENTATION A COURANT CONTINU Bâtiment de commande Alimentation des équipements locaux (1) alimentation des équipements de télécommunication (2) Barre alternative secourue X redresseur en service (40 A par exemple) redresseur en attente batterie de 500 Ah par exemple idem X X 48 V continu X X X alimentation divisée en plusieurs groupes, chacun d'eux étant protégé par son disjoncteur. Alimentation des équi- pements de tranche (3) Bâtiment de relayage (1 pour deux tranches) redresseur de 25 A par exemple batterie de 200 Ah par exemple X 48 V continu X X X alimentation divisée en plusieurs groupes La batterie alimentant les équipements de télécommunication a sa borne + directement à la terre. Les autres batteries sont mises à la terre en leur point milieu à travers une résistance et un relais de courant qui signale les courts - circuits entre les deux polarités de l'alimentation continue et la terre. 270 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Sont alimentés en courant continu les équipements qui doivent impérativement fonctionner lors d'une perturbation (les chiffres renvoient à la figure ci-dessus): - les protections (3), - les équipements de téléaction (2 et 3), - les automates (3), - les perturbographes (3), - les consignateurs d'état (1), - les équipements de téléconduite (2), - les circuits de commande des disjoncteurs (3), - les circuits de signalisation (1), De plus, ont aussi été raccordés les équipements dont le fonctionnement est indispensable en cas de panne de longue durée: - les capteurs (3), - les équipements de régulation des transformateurs ( 3), - le téléphone de sécurité (2). Les équipements de comptage sont alimentés par le réseau alternatif, secouru s'il existe, car chacun possède une batterie interne ayant une autonomie de 8 jours. Nota: les postes 90 kV / 20 kV ou 63 kV / 20 kV ne comportent pas de bâtiment de relayage. C'est la batterie centrale qui alimente les protections et les automates. Elle est alors doublée. Bibliographie [3], [107] 271 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - ORGANISATION DE LA CONDUITE ET DE LA SURVEILLANCE centre national de conduite il commande 7 régions centre régional de conduite (30 personnes) chacun d'eux commande une vingtaine de pupitres de commande groupée pupitre de commande groupée (7 à 20 personnes) chacun d'eux commande de 10 à 30 postes non gardiennés et le poste où il se trouve poste non gardienné il contient de 2 à 30 tranches tranche à chaque disjoncteur correspond une tranche. Il faut ajouter la tranche générale et la tranche contrôle barres qui sont des éléments communs Bibliographie [75], [83] 272 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 La conduite est réalisée de la manière suivante. - Chaque tranche envoie au bâtiment de commande du poste l'ensemble des signalisations permettant de conduire le réseau, d'analyser les défauts, et d'identifier les avaries de tous ordres. - Au bâtiment de commande de chaque poste sont enregistrées toutes ces signalisations, à l'exception des mesures des capteurs. Elles sont disponibles sur les consignateurs d'état et les unités de restitution des perturbographes qui peuvent être interrogés à distance en temps différé. Elles sont triées et regroupées pour être envoyées en temps réel au pupitre de commande groupé, par un équipement de téléconduite. Celles d'entre elles qui sont nécessaires à la conduite peuvent être envoyées sur les dispositifs de commande et d'affichage d'un tableau synoptique local, tourné - poussé lumineux, verrine, si le poste est conduit localement, c'est à dire en cas d'indisponibilité de la téléconduite. Les organes de coupure peuvent alors être manœuvrés depuis le tableau synoptique. En situation normale, personne ne reste en permanence dans les postes, sauf dans celui où se trouve le pupitre de commande groupé. - Au pupitre de commande groupé se trouve en permanence une équipe de 7 à 12 personne, dont la tâche principale est le petit entretien des matériels des postes qui lui sont raccordés. De plus, lorsque la téléconduite depuis le centre régional de conduite est indisponible, cette équipe assure la conduite du groupement, sur ordre de ce centre, transmis par téléphone. Pour cela, les signalisations nécessaires à la conduite sont reçues en temps réel et sont affichées sur un tableau synoptique ou une console de conduite. L'ensemble des postes raccordés à un même pupitre de commande groupée forme un groupement de postes. Les signalisations qui concernent les avaries de matériel sont regroupées dans le poste, puis la signalisation commune ainsi élaborée est émise vers le pupitre de commande groupé. Elle a pour but de provoquer une visite du poste concerné par un agent du groupement, ou une autre personne mandatée par lui. Ce dernier trouve sur place le détail des signalisations lui permettant de réaliser son dépannage. Il pourra aussi, avant de se déplacer, interroger par modem les appareils de surveillance du poste. Les personnes qui se trouvent au pupitre de commande groupé ne travaillent que pendant les heures ouvrables, mais le reste du temps elles sont, par roulement, en situation d'astreinte, c'est à dire qu'elles sont tenues de rester chez elles pour pouvoir être jointes en cas d'incident. A ce moment là une alarme les avertit à leur domicile. - Au centre régional de conduite sont reçues toutes les informations permettant la conduite du réseau, y compris les télémesures issues des capteurs. C'est là que sont prises toutes les décisions concernant les réseaux de répartition. Ce centre dispose des commandes des appareils. En revanche il ne dispose pas de moyens de surveillance, à l'exception de la restitution de quelques localisateurs de défaut installés sur des lignes particulièrement importantes. Le personnel qui assure la conduite en temps réel depuis le centre régional de conduite, à savoir une trentaine de personnes, est présent par roulement en permanence, jours ouvrables et fériés, à toute heure du jour et de la nuit. - Au centre de conduite national sont reçues les informations permettant la conduite du réseau 400 kV. C'est là que sont prises les décisions le concernant, mais les manoeuvres sont exécutées par les centres de conduite régionaux. Là aussi, le personnel assure une permanence totale. De nouveaux matériels ont été installés depuis 1998: - PEXI (pupitre d'exploitation informatisé) pour les pupitres de commande groupé. Les tableaux synoptiques sont remplacés par des consoles de conduite. De plus, ce système peut faire face plus facilement au flux d'informations vers le centre régional de conduite. - NCP (nouveau calculateur de poste). Cet équipement remplace l'ensemble consignateur d'état téléconduite. Il est alors doublé. Mais les principes décrits plus haut ne sont pas remis en cause. 273 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - ESSAIS AVANT MISE EN SERVICE DES TRANCHES NEUVES Avant leur mise en service, les tranches subissent des essais destinés à vérifier leur aptitude à remplir les fonctions qui leur sont demandées. Ces essais sont réalisés par les personnes qui seront ensuite chargées d'exploiter le réseau. Pour réaliser les essais des tranches normalisées, ces personnes disposent des documents suivants: - le dossier de tranche normalisé, établi au niveau national par EDF, - le guide de mise en service de la tranche, établi au niveau national par EDF, - les notices des équipements, et plus particulièrement, pour chacun, la notice de mise en service, établie par le constructeur, conformément au DICOT, - la note de réglage de la tranche, établie par le responsable des réglages. Si la tranche n'est pas normalisée, des documents complémentaires doivent être créés. Elles disposent du matériel d'essai suivant: - réseau d'essai. Son rôle est d'envoyer sur les protections et réenclencheurs des tensions et intensités simulant une séquence d'apparition de défaut, puis d'élimination de ce défaut. Ce réseau peut être électromécanique, formé de déphaseurs et de transformateurs à rapport variable, ou électronique, à partir d'un réseau à bas niveau et d'amplificateurs opérationnels de tension et de courant. Dans ce dernier cas, il peut être piloté par un micro ordinateur, qui est aussi utilisé pour lire les résultats. - disjoncteur et sectionneurs fictifs. Son rôle est de boucler le système précédent en simulant le comportement du disjoncteur et des sectionneurs d'aiguillage. Exemple: . avant le temps t=0, le réseau d'essai envoie 3 tensions équilibrées et 3 courants équilibrés simulant un fonctionnement normal, . au temps t = 0, le réseau d'essai, sur ordre extérieur, modifie la tension et le courant de la phase a pour simuler un défaut, . au temps t = 40 ms, la protection émet son ordre de déclenchement vers le disjoncteur fictif, et vers le réenclencheur, . au temps t = 90 ms, le disjoncteur fictif envoie au réseau d'essai un ordre qui coupe le courant sur la phase a et rétablit la tension coté barres, . au temps t = 1540 ms, le réenclencheur émet vers le disjoncteur fictif un ordre de réenclenchement, qui échoue parce que ce dernier a été programmé en récupération. Le réenclencheur émet alors un ordre de déclenchement triphasé, et, 60 secondes plus tard, tente un renvoi barre ur ligne. Pour cela il utilise une tension barre créée par le réseau fictif et aiguillée par les sectionneurs fictifs. - matériel de test pour essais particuliers. Par exemple des transformateurs d'injection pour tester les limiteurs de tension des réducteurs de courant performants. 274 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les essais avant mise en service ne doivent commencer que lorsque les travaux d'installation sont terminés. Ils se déroulent en trois étapes: - étape n°1, . contrôle des réducteurs de mesure. Voir deuxième partie, § 5, . contrôle de continuité de leurs circuits secondaires, . contrôle de l'alimentation continue, . contrôle de l'interface. - étape n°2, . étalonnage des équipements. Les valeurs de réglage sont affichées sur les équipements, préalablement déconnectés les uns des autres, puis vérifiés avec le réseau fictif. - étape n°3, . essais fonctionnels de l'ensemble. Les équipements sont entièrement connectés entre eux. Des sollicitations sont envoyées par le réseau d'essai vers la tranche, qui commande le disjoncteur fictif, lequel envoie des ordres et des informations vers la tranche et le réseau d'essai. Ces séquences peuvent être soit commandées par l'opérateur, soit réalisées à partir d'un programme préétabli. - étape n° 4, . essais finaux avec commande réelle du disjoncteur. Il importe principalement de vérifier le raccordement correct des phases de la ligne ou du transformateur à la cellule, ainsi que le repérage des phases des tensions et courants issus du secondaire des réducteurs de mesure, de telle sorte que les éléments directionnels des capteurs et des protections soient correctement orientés. La méthode utilisée est la suivante: Nous faisons transiter l'énergie à travers le nouveau raccordement, et nous mesurons, avec un wattmètre, les puissances actives suivantes: __ __ __ Va * Ia Va * Ib Va * Ic __ __ __ Vb * Ia Vb * Ib Vb * Ic __ __ __ Vc * Ia Vc * Ib Vc * Ic Nous notons les résultats dans une matrice disposée comme ci-dessus. Si la structure de cette matrice est la suivante, Va Vb Vc Ia α>0 β<0 γ<0 Ib γ<0 α>0 β<0 Ic β<0 γ<0 α>0 ou (transit positif) Va Vb Vc Ia α<0 β>0 γ>0 Ib γ>0 α<0 β>0 Ic β>0 γ>0 α<0 (transit négatif) avec α + β + χ = 0, les raccordements et les repérage sont corrects. 275 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si la structure de la matrice est la suivante: Va Vb Vc Ia β<0 γ<0 α>0 Ib α>0 β<0 γ<0 Ic γ<0 α>0 β<0 ou Va Vb Vc Ia β>0 γ>0 α<0 Ib α<0 β>0 γ>0 Ic γ>0 α<0 β>0 Va Vb Vc Ia γ>0 α<0 β>0 Ib β>0 γ>0 α<0 Ic α<0 β>0 γ>0 ou Va Vb Vc Ia γ<0 α>0 β<0 Ib β<0 γ<0 α>0 Ic α>0 β<0 γ<0 ou le sens de rotation et correct mais les phase des tensions ne correspondent pas aux phases des courants Si α + β + χ ≠ 0, le branchement du wattmètre est incorrect. Si, par exemple Va Vb Vc Ia α>0 β<0 γ<0 Ib β<0 γ<0 α>0 Ic γ<0 α>0 β<0 le sens de rotation et incorrect pour I ou pour V (ici Ib et Ic sont inversés) A la fin de ces essais, les personnes qui les ont réalisés fournissent un compte rendu à partir de fiches contenues dans les guides de mise en service, informent par courrier les différents services intéressés des valeurs de réglage affichées. Ils inscrivent ces valeurs dans une base de donnée centralisée au niveau régional, dans laquelle se trouve répertorié l'ensemble des matériels à haute ou basse tension, leurs sous-ensembles, et leurs réglages. Cette base est appelée OCCITANE (outil conventionnel concourant à l'informatisation des tâches nécessaires à l'entretien). Bibliographie [111] 276 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 6 - MAINTENANCE PREVENTIVE Nous pratiquons trois types de maintenance préventive sur les tranches basse tension: - manœuvre annuelle du des organes de coupure, dans le cadre de l' E3P (entretien périodique préventif programmé). Cette manœuvre est réalisée en provoquant l'émission, par une protection, d'un ordre triphasé et d'un ordre monophasé sur chaque phase. Il constitue une vérification de la chaîne de commande du disjoncteur, mais constitue un test très incomplet sur les protections; - reprise des opérations définies dans l'étape n°2 des essais avant mise en service. Cette opération demande deux à trois jours à deux personnes; - reprise complète des essais avant mise en service. Cette opération demande une à deux semaines à deux personnes. Des études économiques ont montré que l'espacement optimal entre deux opérations de maintenance du deuxième type varie de 2 à 6 ans, suivant l'importance de la tranche: Celles qui participent à la protection des liaisons d'interconnexion importantes, ainsi qu'à celle des ouvrages dont la perte peut provoquer la coupure de l'alimentation d'une agglomération importante, ou d'un client important, doivent être vérifiés plus souvent que les autres tranches. Ces opérations, pour pouvoir être effectuées commodément et sans risque, doivent être réalisées avec la tranche hors réseau. C'est pourquoi il faut profiter au maximum des coupures nécessaires à l'entretien du matériel haute tension: disjoncteur, régleur en charge, etc..., ainsi que, pour les liaisons de sortie de centrale nucléaire, des périodes de rechargement des réacteurs, quitte à s'écarter notablement des périodicités optimales calculées. Dans l'avenir, si les protections numériques sont aussi fiables que les protections actuelles, et si de plus elles sont dotées de systèmes d'auto - contrôle performants, les périodicités pourront être allongées. Les opérations de maintenance du troisième type sont généralement réalisées à l'occasion de mises à niveau importantes des tranches. 277 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - ANALYSES D'INCIDENT Cette fonction est fondamentale pour l'exploitation du réseau, car c'est elle qui permet de valider, ou non, les choix qui ont été faits quant au système de protection utilisé, et d'améliorer ce système. Elle est réalisée à partir des enregistrements des consignateurs d'état et des perturbographes. Elle nécessite, pour le responsable de ces analyses, une bonne connaissance du réseau et des équipements. Elle a de plus un aspect formateur important pour cette même personne. Généralement, une première analyse est réalisée par les personnes responsables des pupitres de commande groupée, puis, s'il s'agit d'incidents complexes, l'analyse complète est confiée à un spécialiste. Exemple de rapport d'incident: BOUCLE 63 KV DE TROYES Rapport d'incident du 27 Août 1991 à 6 h 55 7 - 1 - Chronologie de l'incident (voir le schéma d'exploitation page suivante) to=6 h 55 mn 11s 60 c (vu sur le perturbographe) apparition courant neutre sur le secondaire du transformateur 637 de Creney t = to + 5 s 02 c (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par courant neutre secondaire du transformateur 637 de Creney coté 225 kV et 63 kV t = to + 5 s 05 c (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par courant neutre secondaire du transformateur 634 de Creney coté 225 kV et 63 kV t = to + 5 s 21 c (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par courant neutre secondaire du transformateur 633 de Creney coté 63 kV uniquement ( système destiné à préserver l'alimentation d'un transformateur de services auxiliaires). Le poste 63 kV de Creney est alimenté depuis Froncles via Ailleville. t = to + 6 s 39 c (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par protection homopolaire du départ Polisot à Creney t = to + 6 s 89 c (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par protection homopolaire du départ Creney à Polisot t = to + 18 s (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par protection de débouclage ampèremétrique du départ Arcis - Fére à Creney t = to + 25 s (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par protection de débouclage ampèremétrique du départ Creney - La Morge à Ailleville t = to + 33 s (vu sur le consignateur d'état) déclenchement par manque de tension du départ Haut-Clos à Creney t = to + 33 s (vu sur le consignateur d'état) 278 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 déclenchement par manque de tension du départ Troyes Industrie 1 à Creney t = to + 12 mn (vu sur le consignateur d'état) Ouverture manuelle de Troyes Est 2; Troyes Industrie 2; Romilly; Arcis; t = to + 13 mn (vu sur le consignateur d'état) Ouverture manuelle du transformateur Y 312; couplage 63 kV à Creney. Mise hors service des automa tes à manque de tension. t = to + 17 mn (vu sur le consignateur d'état) mise sous tension de la barre 1 de Creney par La Morge. Cette barre est saine. t = to + 20 mn (vu sur le consignateur d'état) remise sous tension de la barre 1 de Creney par le transformateur 633. t = to + 21 mn (vu sur le consignateur d'état) refermeture de Troyes Industrie 1; Hauts Clos; Troyes Est 2 par renvoi. t = to + 21 mn (vu sur le consignateur d'état) refermeture de Troyes Industrie 2 par rebouclage. t = to + 22 mn (vu sur le consignateur d'état) remise sous tension du transformateur 634 par le 225 kV, puis rebouclage sur la barre 1. t = to + 23 mn (vu sur le consignateur d'état) mise sous tension de la barre 2 de Creney par La Morge. Cette barre est saine. t = to + 24 mn (vu sur le consignateur d'état) remise sous tension du transformateur 637 par le 225 kV, puis remise sous tension progressive de l'ensemble du réseau. 7 - 2 - Schéma d'exploitation Le pupitre de commande groupé est au poste de Creney. Le réseau 63 kV issu de Creney est bouclé sur d'autres postes 225 kV à travers les postes d'Ailleville, Arcis et Romilly. 7 - 3 - Répercussions - coupure de Troyes Industrie - Maladière et Aix en Othe - Haut Clos - Troyes Est - Creney 33 kV - Romilly - Arcis : 16 MW pendant 21 mn : 12 MW pendant 21 mn : 14 MW pendant 21 mn : 16 MW pendant 22 mn : 29 MW pendant 33 mn : 13 MW pendant 30 secondes (basculement automatique) : 15 MW pendant 40 secondes (id) 279 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 7 - 4 - Analyse de l'incident 7 - 4 - 1 - Recherches sur l'élimination du défaut - vérification de la protection à puissance homopolaire du départ Polisot à Creney- bonne. - vérification des circuits courant l'alimentant- bons. - vérification des valeurs de réglage des protections homopolaires et des protections ampèremétriques situées sur le neutre secondaire des transformateurs de Creney. La sélectivité n'est pas toujours assurée: le déclenchement des disjoncteurs des transformateurs par protection ampèremétrique de neutre peut se produire avant celui du départ Polisot par protection à puissance homopolaire pour certains défauts très résistants sur la ligne Creney-Polisot. 7 - 4 - 2 - Recherche de l'origine du défaut sur la ligne Creney-Polisot L'équipe d'entretien des lignes procède à une visite de la ligne. Parmi les différentes observations faites, la plus intéressante semble la présence d'une poussière blanche sur trois pylônes et leurs isolateurs, liée aux travaux d'une autoroute en construction. 7 - 5 - Solution trouvée Les protections ampèremétriques de neutre ont été dotées de deux seuils, réglés différemment en courant et en temps, ce qui a permis de garantir la sélectivité. 280 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Creney 225 kV X Creney 63 kV Arcis sur Romilly Sézanne aube 20 kV ou 33 kV X Troyes industrie Haut clos Polisot Ailleville vers un autre groupement z La Morge (centrale hydraulique) La Maladière Aix en Othe 281 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 8 - DEPANNAGE Le dépannage d'un équipement sur le site est provoqué soit par les conclusions d'une analyse d'incident, soit par la détection d'une anomalie au cours d'une opération de maintenance préventive. Il nécessite des essais de même type que l'étape n°2 des mises en service, et par conséquent les mêmes documents et les mêmes matériels d'essai. Il se traduit généralement par un échange de circuit imprimé ou de sous-ensemble. Les pièces de rechange peuvent être - des stocks constitués par EDF, au niveau régional, - des stocks chez les constructeurs, mis à la disposition d'EDF par contrat. Le dépannage des circuits imprimés ou des sous-ensembles se fait, suivant les cas, dans des laboratoires régionaux d'EDF, ou chez les constructeurs. 282 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 9 - RETOUR D'EXPERIENCE Son but est de nous renseigner sur les causes des erreurs présentes dans le système de protection, et susceptibles de provoquer des fonctionnements erronés. 9 - 1 - TYPES D'ERREUR Ces erreurs sont de cinq types: 9 - 1 - 1 - Erreurs de câblage constatées lors des mises en service Elles peuvent provenir - des erreurs de schéma. Dans ce cas, une action est lancée auprès des personnes responsables de ces schémas, et qui font partie d'EDF; - de la non- observation de ces schémas par le constructeur ou l'installateur du matériel. C'est alors lui qui est fautif. 9 - 1 - 2 - Mauvaise conception du système de protection Elle est généralement constatée lors d'une analyse d'incident. Son observation peut conduire soit à une amélioration de détail, soit à une modification du plan de protection, cette dernière pouvant s'accompagner de la recherche d'un équipement plus performant. Exemple: le problème des boucles 63 kV vu dans la cinquième partie, § 144 a conduit à préconiser l'installation de protections différentielles de barre sur certains postes 63 kV. 9 - 1 - 3 - Erreur de principe dans le fonctionnement des équipements Elles sont détectées par les analyses d'incident. Elles conduisent généralement à l'établissement d'un correctif par le constructeur, qui est ensuite appliqué aux nouveaux équipements, et, s'il y a lieu , aux équipements en service. 9 - 1 - 4 - Pannes sur les équipements Elles ont été évoquées au § 8. 9 - 1 - 5 - Erreurs de manipulation Ce sont celles qui se produisent essentiellement au cours d'opérations de dépannage, ou de modifications partielles de tranches préalablement en service. 283 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 9 - 2 - ORGANISATION DU RETOUR D'EXPERIENCE 9 - 2 - 1 - Mises en service Elles donnent lieu à un rapport qui est envoyé aux concepteurs des schémas. Ces derniers, après avoir réalisé la modification correspondante, décident s'il y a lieu de modifier les tranches du même type déjà en service. 9 - 2 - 2 - Mauvaise conception du système de protection Les rapports d'incident s mettant en cause le plan de protection sont analysés au niveau national, de manière à conserver une bonne cohérence entre les régions. 9 - 2 - 3 - Erreur de principe dans le fonctionnement des équipements Le suivi du fonctionnement des équipements est réalisé au niveau national, en partageant cette tâche entre les différentes régions. Les décisions de modification restent cependant prises par un organisme central. 9 -2 - 4 - Pannes sur les équipements. Elles sont collectées sous forme de fiches d'anomalies et de fiches de réparation , qui sont saisies sur microprocesseur. Cette base de données, jointe à la base OCCITANE (voir § 5), permet des traitements statistiques qui peuvent conduire à identifier les équipements de qualité insuffisante, et les éléments faibles à l'intérieur de ces équipements. Ces traitements permettent aussi, pour les équipements anciens, de détecter l'apparition des indices de vétusté et de programmer le remplacement de ces équipements. 9 - 2 - 5 - Erreurs de manipulation Chacune d'elles est analysée de manière aussi complète que possible, répertoriée et commentée auprès de tous ceux dont l'activité pourrait les conduire à commettre la même erreur. Cette action n'est possible que si un bon climat de confiance existe entre chacun des manipulant et sa hiérarchie, faute de quoi l'auteur de l'erreur de manipulation, se sentant en position d'accusé, sera tenté de cacher la vérité. Bibliographie [85] 284 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 NEUVIEME PARTIE (en cliquant ci-dessus, tu retournes à la table des matières générale) QUALITE DE FOURNITURE D'ENERGIE 1 - Harmoniques 2 - Papillotement 3 - Déséquilibre 4 - Creux de tension et coupures brèves 5 - Contractualisation de la fourniture d'énergie 285 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 La qualité de fourniture d'énergie à la clientèle concerne essentiellement la forme de l'onde de tension qui lui est fournie. Cette tension, qui doit être sinusoïdale, peut être perturbée par plusieurs phénomènes. Pour chacun d'eux, sont impliqués d'une part le système de production - transport d'EDF, et d'autre part les clients eux - mêmes, qui sont source de pollution vis à vis de certains de ces phénomènes. Nous distinguerons, lorsque ce sera le cas, le niveau de qualité qu'EDF garantit à ses clients, et la pollution maximale qu'EDF leur autorise. 1 - HARMONIQUES 1 - 1 - DEFINITIONS Une tension périodique v de fréquence f, et donc de pulsation ω= 2 * π * f se décompose en une série de tensions sinusoïdales de fréquences f, 2f, 3f, .... La première est la tension fondamentale. Les autres sont les tensions harmoniques. Nous posons: v = V1*sin ω*t + V2* sin (2*ω*t + j2) + ... + Vn* sin (n*ω*t + ϕn) + ... Les valeurs V1, V2, ... Vn, ... sont les amplitudes maximales des tensions de rang 1 (fondamental), 2, ... n, ... Le taux de distorsion de chaque harmonique est donné par τn = Vn / V1 Le taux de distorsion global est donné par: t= n Σ (τn) 2 et la tension de distorsion est donnée par: V = V1 * τ Les mêmes définitions peuvent être données sur les courants. 1 - 2 - ORIGINE DES HARMONIQUES 1-2-1- Transformateurs et machines tournantes Les moteurs asynchrones ou les alternateurs engendrent des tensions périodiques. Ces machines se comportent comme des sources de tensions harmoniques, de rangs impairs, phase par phase, et d'impédances internes relativement faibles, de l'ordre de grandeur de l'inductance de court-circuit inverse. Les tensions harmoniques proviennent du champ inducteur non parfaitement sinusoïdal, et de ses irrégularités dues aux encoches des circuits magnétiques. Pour les machines asynchrônes, les fréquences sont liées aux encoches, et décalées légèrement par rapport aux multiples du 50 Hz, à cause du glissement. La conception des machines permet de réduire les tensions harmoniques à des valeurs très faibles. Les transformateurs peuvent également être assimilés à des sources de tensions harmoniques impaires, phase par phase, d'impédances internes très élevées, de l'ordre de grandeur de l'impédance magnétisante lorsqu'il s'agit des tensions harmoniques des systèmes directs et inverses. La valeur des forces électromotrices des sources de tensions harmoniques est élevée, et approximativement proportionnelle à leurs impédances internes. Aux bornes des transformateurs, les tensions harmoniques sont, en règle générale, de valeur très faible, étant donné qu'en pratique, les impédances vues des bornes des sources de tensions harmoniques ont un ordre de grandeur beaucoup plus faible que la valeur de leurs impédances internes. 287 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-2-2- Charges non linéaires. L'expérience prouve, ce qui est également conforme à la théorie, que les tensions harmoniques des réseaux dues aux machines tournantes et aux transformateurs restent en deça du pour cent, ou d'une fraction de pour cent de la tension nominale. Un phénomène plus gênant est la prolifération d'appareils situés chez les clients, et comportant soit un arc électrique, tels que fours à arc, soudeuses, éclairage fluorescent..., soit des redresseurs, comme il est possible d'en rencontrer plus particulièrement dans la sidérurgie ou l'électrochimie. Les ponts redresseurs de puissance sont actuellement les plus nocifs de par l'importance croissante de leur puissance et de leur nombre. Vus du réseau, ils apparaissent comme autant de sources de courants harmoniques de systèmes directs ou inverses en règle générale (voir § 121). Le problème global de la limitation des distorsions harmoniques doit donc être centré sur celui des redresseurs de puissance. Exemple: le redresseur monophasé à simple effet. commande z charge Dans le pont de diodes, une seule a été remplacée par un thyristor . i commande de la gâchette du thyristor 288 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 L'harmonique de rang n est donné par la formule suivante: 2*π/ω Hn = (ω / π) * ³ (sin ω * t) * (sin n * ω * t) * dt α/ω Après calcul nous trouvons H1 (fondamental) H2 Hn = Is *[ 1 - (α / (2*π)) +(sin 2*α) / (4*π)] = Is * [1 / (6*π)] * [ sin 3*α - 3 * sin α] = Is * [1 / (2*π)] * [ (sin (n+1) * α) / (n+1) - (sin (n-1)*α) / (n-1)] Le même calcul montre qu'avec un double effet, c'est à dire avec une commande sur les deux alternances, les harmoniques de rang pair sont nuls. Les redresseurs les plus répandus sont les redresseurs triphasés à simple effet, et les redresseurs en pont de Grätz mixtes semi - contrôlés, pour les petites puissances. Ils créent des harmoniques de courant de rang impair, dont le taux de distorsion est inversement proportionnel au rang. Redresseur triphasé à simple effet. charge Pont de Grätz mixte semi - contrôlé charge Pour les grandes puissances, sont utilisés a minima des ponts de Grätz symétriques triphasés. Des astuces de montage permettent d'obtenir des ponts symétriques hexaphasés et dodécaphasés. Ceci permet d'éliminer les harmoniques 3, 9, 15, 21, 27, 33, ... pour le pont symétrque triphasé, auxquels il convient d'ajouter 5, 7, 17, 19, 29, 31, ... pour le pont symétrique hexaphasé, 11, 13, 35, 37, 59, 61, ... pour le pont ymétrique dodécaphasé. 289 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1 - 3 - INCONVENIENTS DUS AUX DISTORSIONS HARMONIQUES Les perturbations harmoniques se traduisent par la déformation des tensions et courants appliqués aussi bien aux matériels de réseau qu'à l'appareillage de la clientèle. On peut principalement représenter la gêne par la seule distorsion de tension, chose admise en règle générale. Chaque tension harmonique de rang donné participe individuellement à la gêne. - Aspects de la gêne Chaque tension harmonique de rang n engendre des surtensions par superposition de sa valeur crête à celle de la tension fondamentale, des décalages du passage par zéro de l'onde de tension qui peuvent perturber le fonctionnement de certains appareillages électroniques synchronisés par la tension d'alimentation, des échauffements par effet joule, ... Il est admis que plusieurs tensions harmoniques agissent en fonction de leur somme quadratique, cette dernière étant significative des échauffements parasites. Elle est également physiquement et statistiquement significative des autres phénomènes de gêne dus aux distorsions de tension; Par exemple, la tension de distorsion définie au § 1-1 est la surtension crête la plus probable. - Seuils de nocivité des tensions harmoniques Le seuil de nocivité apparaît dans deux types d'information: . l'expérience montre que des perturbations dans le fonctionnement du réseau et des plaintes de la clientèle surviennent dès qu'une tension harmonique de rang donné dépasse un taux de 7 à 10 % au point de raccordement du client au réseau public. . des éléments de règlement de normes, ou d'essais spécifiques à des appareils variés situent toujours les seuils de non - nocivité à un taux variant entre 3 et 7% par rang. Les fréquences paires sont souvent les plus nocives. Dans l'état actuel, la cote d'alerte se situerait autour de 5% par rang et légèrement plus en distorsion globale. Voici quelques aspects de la nocivité des distorsions harmoniques, pour les principaux types de matériels, tant producteurs que consommateurs: 1-3-1- Alternateurs Si nous considérons un système de trois tensions équilibrées, la tension à la fréquence fondamentale, ainsi que les harmoniques 4, 7, 10, ... créent un champ direct, tournant à la vitesse du rotor (voir annexe 1), et dans le même sens, les harmoniques de rang 2, 5, 8, ... créent un champ inverse qui tourne en sens inverse du rotor, et les harmoniques de rang 3, 6, 9, ... créent un champ homopolaire immobile. Ces deux derniers champs provoquent l' échauffement du rotor, et plus particulièrement de la cage d'amortisseur, par courant de Foucault. De plus, l'ensemble des courants harmoniques crée un échauffement du circuit magnétique du stator. Pour les grosses machines, le taux de distorsion global sur les courants ne doit pas dépasser 5%, ce qui équivaut pratiquement à un seuil de distorsion de 1/n % sur chaque harmonique de tension de rang n. Pour les machines de petite taille, le taux de distorsion global peut atteindre 10%. 290 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-3-2- Transformateurs Les courants harmoniques créent des pertes supplémentaires dans le circuit magnétique par courant de Foucault, qui sont approximativement proportionnelles au carré du taux de distorsion. Ils créent aussi des échauffements supplémentaires dans les enroulements, qui ne correspondent pas à un transfert d'énergie. Par exemple, les harmoniques de rang 3 sur les courants primaires créent, sur les bobines secondaires, trois tensions égales qui, dans le cas d'un couplage étoile - triangle, provoquent la circulation d'un courant parasite dont le seul effet est d'échauffer le transformateur. 1-3-3- Moteurs à induction, synchrônes ou asynchrônes Les harmoniques de la tension alimentant ces moteurs créent, là aussi, des pertes supplémentaires, tant dans le fer que dans le cuivre. Ces pertes sont proportionnelles à : 2 Σ ( τn / n)² n Ils peuvent aussi intervenir en provoquant des oscillations parasites, qui peuvent s'avérer gênantes lorsqu'elles entrent en résonance avec des fréquences propres d'oscillations mécaniques de ces moteurs. 1-3-4- Câbles Nous trouvons: - des pertes ohmiques supplémentaires, surtout dans les câbles de retour de neutre, ou les gaines, où circulent les courants harmoniques 3. En effet, les courants harmonique 3 provenant de chaque phase s'ajoutent, en formant un système homopolaire. - des pertes diélectriques liées à la distorsion de tension. Elles peuvent entraîner des détériorations Le taux de distorsion global ne doit pas dépasser 10%. Il doit rester inférieur à 7% sur chaque harmonique. 1-3-5- Condensateurs de puissance. La tension appliquée à leurs bornes crée des pertes supplémentaires dans les diélectriques, conduisant à un vieillissement accéléré. Ils sont surtout sensibles aux harmoniques de rang élevé, pour lesquels le condensateur constitue une impédance inversement proportionnelle au rang de l'harmonique. Le taux d'harmonique admissible est donné par: τn = 83% / n 1-3-6- Ordinateurs et électronique industrielle La distorsion sur leur alimentation en tension peut créer des troubles fonctionnels. Le seuil de distorsion admissible est: τ = 5% 1-3-7- Ponts redresseurs Ils sont à la fois générateurs de courants harmoniques et perturbés par eux. Ils sont sensibles à la somme des taux de distorsion de chaque rang. Le seuil à ne pas dépasser est donné par: Σ τn = 5% 291 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-3-8- Petit matériel - Téléviseurs Risque de déformation de l'image lié à la distorsion de tension. - Lampes à décharge pour éclairage Risque de vacillement sous l'effet de tension harmonique de rang 2. Le seuil de perturbation admissible est: τ2=3 % - Appareils médicaux pour rayons X. Perturbations par la valeur crête de la surtension. Le seuil de perturbation admissible est: τ = 10 % 1-3-9- Equipements de protection et de régulation des réseaux moyenne tension - Circuits de protection de la clientèle Risques de déclenchement intempestif attribués aux distorsions de tension. Ces risques sont dus à des particularités des circuits alimentés, qui peuvent par exemple conduire à des résonances internes. Le seuil est donné par: τ = 6 à 12 % - Balances voltmétriques des régulateurs de tension. Tension mesurée faussée par les distorsions de tension. La tension est alors mal régulée. Le seuil est donné par: τ (rangs impaires) = 1,5 à 2 / n % - Relais spéciaux Risques de déclenchement intempestif, sous l'effet de distorsions de courant, de tension, ou de puissance, des relais à faible seuil. Les seuils correspondant aux différents matériels sont: relais statiques télécommande à 175 Hz τ3 = 5%; τ3 = 7%; τ4 = 4 %; τ5 = 5 %, τ5 = 12 % - Compteurs d'énergie à induction Sensibilité plus faible du comptage aux fréquences harmoniques qu'à 50 Hz, d'où une dégradation de la classe de précision. 1 - 4 - COMMENT LIMITER LES TENSIONS HARMONIQUES ? 1-4-1- Comment sont elles créées? Chaque client contribue en partie à la distorsion générale, notamment lorsque ses installations comprennent des redresseurs. La distorsion de la tension du réseau se fait en deux temps: - individuellement, un redresseur se comporte approximativement comme une source de courants harmoniques. Ces courants, injectés dans le réseau à son point de raccordement, vont y engendrer localement des tensions harmoniques également fonction de l'impédance harmonique du réseau en ce point. - globalement, les tensions harmoniques créées en tous les points du réseau par les redresseurs se propagent souvent fort loin de leur point d'origine, et se juxtaposent. Ceci crée, en chaque point de raccordement, une tension harmonique résultante qui peut être notablement plus élevée que la précédente. 292 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 1-4-2- Raccordement des clients perturbants 1-4-2-1- Prévention des distorsions harmoniques à leur source, dans l'installation perturbante. Plusieurs précautions simples peuvent être utilisées, séparément ou conjointement, à savoir: - limiter le nombre de fréquences harmoniques . en réservant l'usage des ponts triphasés à simple effet et celui des ponts de Grätz mixtes semi-contrôlés aux installations de faible puissance, ceci pour faire disparaître les rangs pairs; . en alimentant les ponts redresseurs séparés ou associés par des transformateurs décalés de 30° en 30°, voire de 15 ° en 15 °, par association de transformateurs Δλ avec des transformateurs λλ et des transformateurs λZ; - favoriser le déphasage et le foisonnement entre les courants harmoniques issus de plusieurs ponts, en utilisant des couplages différents pour alimenter deux ponts de redresseur voisins, et en échelonnant les commandes des thyristors, - absorber, le plus près possible de leur source, les courants harmoniques excédentaires en utilisant des shunts résonants accordés sur chaque fréquence gênante. Ces filtres permettent simultanément l'absorbtion des courants harmoniques excédentaires et la création d'énergie réactive, ce qui accroît leur intérêt économique. Au niveau contractuel, les ponts de redresseurs triphasés ne peuvent être raccordés sans dispositif de compensation d'harmoniques que si la puissance est inférieure ou égale à 1% de la puissance de court-circuit minimale, en cas d'exploitation normale du réseau, au point commun de couplage. Réciproquement, EDF s'engage à ce que cette puissance de court-circuit soit supérieure à 1500 MVA en 225 kV, 400 MVA en 90 kV et 63 kV, 50 MVA en 20 kV, et 4 MVA en 220 / 380 V. Si tel n'est pas le cas, EDF peut prendre en charge les frais de désensibilisation du client occasionnés par la puissance de court-circuit trop faible. 1-4-2-2- Prévention globale des distorsions harmoniques Tout réseau public d'énergie électrique possède deux possibilités d'action. - Intervention sur les impédances harmoniques des réseaux. . Lorsque la puissance de court-circuit des réseaux augmente, l'impédance harmonique diminue, sauf en cas de résonance, ce qui diminue les tensions harmoniques, généralement produites par des sources de courant harmonique. . les résonances entre inductances et capacitances constitutives d'un réseau peuvent être éventuellement atténuées en modifiant la répartition des batteries de condensateurs ou le schéma d'exploitation du réseau, . les bobinages Δ dans les transformateurs de réseau constituent des filtres pour les tensions harmoniques de rang multiple de 3. 293 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - Utilisation rationnelle de la faculté d'absorbtion du réseau. Elle permet l'installation d'un certain nombre d'industries génératrices de courants harmoniques, avant que ne soit atteint le niveau de tension harmonique nocif en un point au moins du réseau. le taux limite d'harmoniques tolérables sur les réseaux en situation normale est donné approximativement par le tableau suivant: rang 3 impair > 3 pair τ(%) 20 kV 6 27 / n 3/n ≥ 63 kV 2 10 / n 2/n Bibliographie [81] 294 / 320 220 / 380 V 7 35 / n 3/n Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - PAPILLOTTEMENT ( FLICKER ) La mise en ou hors service des appareils d'utilisation de l'énergie électrique, ou le fonctionnement de certains d'entre eux entraîne des variations rapides de la tension. Ces variations se font particulièrement sentir sur le flux lumineux des lampes à incandescence en créant un papillotement de la lumière, fort désagréable pour les usagers. Les moyens à mettre en œuvre pour se protéger du papillotement résultent de l'estimation des perturbations de tension qu'entraînera le raccordement d'un appareil d'utilisation en un point donné du réseau. Les variations rapides de tension peuvent se manifester sous deux formes principales: - variations périodiques ou erratiques permanentes conduisant à une composition spectrale de fréquence située dans une bande de 0,5 à 25 Hz, - à-coups de tension, se produisant de façon systématique ou erratique à des intervalles de temps supérieurs à quelques secondes. 2 - 1 - VARIATION DANS LA BANDE DE 0,5 A 25 Hz 2-1-1- Principe de base Le papillotement de l'éclairage engendré par ce type de perturbation est directement ressenti par l'ensemble des usagers. S'il provient de lampes à incandescence, qui sont les appareils les plus sensibles, il peut être perceptible pour des variations de tension inférieures à 1 %. Les autres appareils, d'éclairage ou autre, ne sont généralement perturbés que par des variations de tension supérieures à quelques pour cent. Le papillotement des lampes à incandescence constitue donc le principal inconvénient dû aux fluctuations rapides de tension. Son étude expérimentale a débuté par l'examen des effets d'une fluctuation sinusoïdale de la tension du réseau sur une lampe à incandescence d'utilisation courante. On en a déduit les résultats suivants: - la sensation de gêne ressentie par un observateur moyen est fonction du carré de l'amplitude de la fluctuation de tension et de sa durée; - à amplitude constante, le maximum de gêne est ressenti lorsque la fréquence de la fluctuation est très voisin de 10 Hz; - il existe un seuil de perceptibilité au-dessous duquel le papillotement n'est pas visible. L'amplitude de la fluctuation de tension à 10 Hz correspondant à ce seuil est égale à 0,3 %. C'est la valeur minimale; - à sensation de gêne identique, il est possible de substituer à une fluctuation de tension de fréquence f et d'amplitude a(f), exprimée en %, une fluctuation de tension équivalente à 10 Hz, d'amplitude a(10) = g(f) * a(f) . Le terme g(f) est uniquement fonction de la fréquence. La courbe représentative de cette fonction est indiquée sur la figure 130. - la superposition de plusieurs fluctuations sinusoïdales de la tension d'amplitude afi et de fréquence fi conduit à la même sensation de gêne qu'une fluctuation sinusoïdale à 10 Hz, d'amplitude Σ a(fi)² * g(fi)² i a(10) = (1) - il y a équivalence de sensation de gêne à égalité de l'intégrale T H= ³ a (10)² * dt (2) T étant la durée de la perturbation. 0 295 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Ces résultats expérimentaux permettent de conclure que l'ensemble lampe - observateur peut être représenté par un modèle analogique, constitué d'un filtre linéaire, dont la courbe de réponse g(f) est donnée par la figure 130. La grandeur d'entrée de ce filtre est la fluctuation de tension et la grandeur de sortie, élevée au carré puis intégrée dans le temps, fournit une expression qui est fonction de la gêne perçue. Des expérimentations complémentaires ont montré que cette représentation restait également valable dans les cas où la fluctuation de tension n'est plus sinusoïdale, mais périodique ou erratique permanente. Tout papillotement non intermittent est donc assimilable, du point de vue gêne, à un papillotement équivalent provoqué par une fluctuation de tension sinusoïdale à 10 Hz, qui produirait la même sensation de gêne que celle résultant des perturbations réelles de tension. L'expression (2) , ou dose de papillotement, évaluée en pour cent carré.minute, (10 -4. minute), est représentative du papillotement observé. En définitive, le papillotement est donc fonction des paramètres suivants: - l'amplitude des fluctuations de tension, - la fréquence de répétition des à-coups, - la durée de la perturbation. 296 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-1-2- Méthodes de mesure Nous pouvons alors déduire de l'ensemble des considérations précédentes les principes de mesure, permettant d'apprécier la gêne due au papillotement. Il faut distinguer deux cas: - celui du papillotement provoqué par des fluctuations de tension non intermittentes, - celui du papillotement provoqué par une succession d'à-coups de tension à fréquence de répétition faible. Dans le premier cas, la mesure peut s'effectuer à l'aide d'un appareil appelé flickermètre, constitué des éléments suivants (voir figure ci-dessous): - un circuit d'entrée comprenant un transformateur et un redresseur, - un filtre dont la courbe de réponse est identique à la fonction g(f), - un amplificateur linéaire, - un dispositif quadratique, - un système intégrateur, - un dispositif d'enregistrement sur bande magnétique. La tension perturbée est appliquée au transformateur d'entrée et l'appareil élabore, pendant chaque minute, une grandeur proportionnelle à l'intégrale de la formule (2). En ajoutant successivement les valeurs ainsi trouvées, il est alors possible de tracer, minute par minute, la courbe des doses de papillotement cumulé pendant la durée totale de la perturbation. 2-1-3- limites admissibles. Ces limites ont été estimées à partir de la tolérance des usagers de l'éclairage à incandescence aux effets des perturbations de tension. Pour ce faire, la courbe de dose cumulée de papillotement, mesurée en un point du réseau, a été comparée à celle relative à une fluctuation de tension sinusoïdale à 10 Hz, d'amplitude constante 0,3 %, et qui correspond au seuil de perceptibilité du papillotement. Cette dernière courbe est une droite. Or, il a été constaté expérimentalement que la gêne était tolérable dans les conditions suivantes: - dans le cas où la durée du papillotement est quelconque, où son amplitude est constante, et où la pente de la courbe de dose de papillotement est constamment égale ou inférieure à celle de la droite de seuil de perceptibilité. Dans ce cas, la courbe limite est constituée par la droite de seuil de perceptibilité; - dans le cas où l'amplitude du papillotement n'est pas constante et où la pente moyenne de la courbe de dose de papillotement est parfois légèrement supérieure à celle de la droite de seuil de perceptibilité; mais ceci à une double condition: . d'une part les intervalles de temps pendant lesquels la dose de papillotement est légèrement supérieure à celle correspondant à la droite de seuil de perceptibilité doivent avoir une durée inférieure ou au plus égale à 15 minutes; . d'autre part ils doivent être séparés par des périodes au moins égales à 10 minutes, pendant lesquels le papillotement ne doit absolument pas être perceptible. La fluctuation de tension équivalente doit alors être inférieure à 0,2 % pour 10 Hz. Il pourra alors être admis, pendant les intervalles de temps de 15 minutes, que certaines fluctuations de tension produisent, pendant de courts instants, un papillotement nettement perceptible. 297 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Courbe limite de dose de papillotement tolérable Dose de papillotement H 298 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 2 - A-COUPS A PLUSIEURS SECONDES D'INTERVALLE Lorsque les variations de tension se présentent sous forme d'à-coups se produisant à des intervalles de temps supérieurs à environ 0,5 seconde, l'assimilation de l'ensemble lampe - observateur au filtre précédemment mentionné n'est plus aussi satisfaisante que dans le cas de fluctuations de tension non intermittentes. Ceci est vraisemblablement dû au fait que l'observateur est doté de mémoire dont la constante de temps est plus importante que celle du filtre pour les régimes transitoires se succédant à très basse fréquence. Dans ce cas, la méthode de mesure la plus valable pour s'affranchir de la présence éventuelle d'harmoniques consiste à effectuer un enregistrement oscillographique des puissances active et réactive absorbées par l'appareil perturbateur. Connaissant l'impédance de court-circuit du réseau au point de raccordement de cette machine, il est possible de calculer l'amplitude des à-coups de tension produits; leur fréquence de répétition est obtenue par un enregistrement des puissances effectué à faible vitesse. Les limites tolérables sont indiquées par la courbe de la figure ci-dessous. Cette courbe, déterminée expérimentalement, donne l'amplitude maximale acceptable pour les à - coups de tension isolés, en fonction de leur fréquence de répétition. nota: une variation de tension en forme de créneau doit être considérée comme deux à-coups de tension isolés consécutifs. A-coups de tension isolés - courbe limite 299 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2 - 3 - APPLICATION: RACCORDEMENT DES FOURS A ARC SUR UN RESEAU 2-3-1- Diagnostic Un four à arc est en général alimenté par un réseau dont l'impédance de court-circuit peut être considérée comme une réactance. On en déduit que les à-coups de tension, crées dans ce réseau lors du fonctionnement du four , sont dus à des appels de puissance réactive. La dose de papillotement correspondante H est alors représentée par une expression de la forme: T H= ³ k * ( X ²* ΔQ² / Un4 ) * dt dans laquelle: 0 - X est la réactance de court-circuit du réseau d'alimentation, - DQ est la variation de puissance réactive, due au four, à l'instant t, - k est le coefficient permettant de ramener à chaque instant l'amplitude de la variation réelle de la ten- sion à celle d'une modulation sinusoïdale à 10 Hz, produisant un papillotement équivalent au papillotement réel, - T est le temps d'intégration. Dans le cas de deux fours à arc identiques raccordés sur deux réseaux différents, les doses de papillotement correspondantes H1 et H2 sont proportionnelles aux carrés des impédances de court-circuit de ces réseaux aux points de raccordement, soit: H1 / H2 = ( X1 / X2)² (3) Nous supposons de plus qu'en première approximation les à-coups de puissance réactive provoqués par des fours à arc de puissance voisine sont proportionnels à leurs puissances de court-circuit. Nous en déduisons que si pour un four nous connaissons: - sa puissance de court-circuit Sccf1, - la puissance de court-circuit du réseau Scc1, au point de raccordement de ce four, - la courbe de dose de papillotement cumulé moyenne H1(t) déduite de mesures effectuées en ce point, nous pouvons déterminer par avance la courbe de dose moyenne cumulée H2(t) que donnera un autre four de puissance de court-circuit Sccf2, à raccorder en un point du réseau où la puissance de court-circuit est égale à Scc2, par la relation: Scc1 Sccf2 H2(t) = ( )² * ( )² * H1(t) (4) Scc2 Sccf1 Pour obtenir la courbe H1(t), nous effectuons, au point de raccordement d'un four à arc, déjà en service, de puissance nominale voisine de celle du four devant être installé, et pour lequel les conditions de conduite sont similaires, des mesures pendant 20 à 25 périodes de fusion. Ceci permet de tracer la courbe moyenne de dose cumulée de dose de papillotement H1 (t), pour chaque période de fusion. Nous en déduisons la courbe H2(t), par la formule (4). Si elle se trouve au-dessous de la courbe limite tracée sur la figure 132, l'installation du four peut être envisagée sans précautions spéciales. Dans le cas contraire, il faut utiliser un système de compensation. Nota: En général il n'y a pas de problème de raccordement si l'impédance de court-circuit du four Zccf est supérieure à 36 fois l'impédance de court-circuit Zcc au point de raccordement au réseau. 300 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 2-3-2- Compensation d'un four. L'une ou l'autre des solutions suivantes, classées par ordre de simplicité décroissante, peuvent être utilisées: - l'installation d'une réactance placée en série avec le four, - le raccordement à un réseau de tension supérieure, ou ce qui revient au même, la spécialisation d'un transformateur pour l'alimentation du four, - l'installation d'une batterie de condensateurs série, immédiatement en amont du point de raccordement commun au four et à d'autres clients. Tous ces procédés reviennent en fait soit à augmenter la puissance de court-circuit Scc2 du réseau, soit à diminuer la puissance de court-circuit Sccf2 du four, d'une quantité telle que la courbe H2(t) se retrouve au-dessous de la courbe limite (Voir § 234 "détermination des caractéristiques d'une réactance série pour atténuer le papillotement provoqué par un four à arc"). Des compensateurs statiques peuvent aussi utilisés pour réduire le papillotement provoqué par les fours à arcs. Ils sont conçus pour que l'ensemble qu'ils forment avec le ou les fours qu'ils compensent appelle une puissance réactive pratiquement constante, qu'il est alors possible de compenser par une batterie de condensateurs. Il existe deux types: - une bobine de réactance est mise en série avec deux thyristors montés tête bêche (figure 134). Par variation de l'angle d'amorçage des thyristors, nous pouvons faire varier la puissance réactive amorçée par la réactance, de telle manière que la puissance réactive de l'ensemble soit constante. Cependant le courant circulant dans la bobine n'est pas sinusoïdal, ce qui crée des harmoniques de tension importants à ses bornes. Il est alors nécessaire de prévoir des dispositifs d'atténuation des harmoniques; - une batterie de condensateurs, fractionnée en gradins. Chacun de ces éléments peut être mis en ou hors tension par des thyristors montés tête bêche. Les thyristors jouent le rôle d'interrupteurs, et la compensation s'effectue par valeurs discrètes, égales à la puissance réactive d'un gradin. Pour éviter les régimes transitoires, les condensateurs sont pré - chargés en permanence à une tension continue égale à la tension crête du réseau, et sont enclenchés lorsque les tensions sont égales de part et d'autre des thyristors. Ils fonctionnent sous 1000 V, et sont raccordés au réseau à travers un transformateur, les fours à arc fonctionnant généralement sous une tension de l'ordre de 20 kV. 2-3-3-Compensation d'un ensemble de plusieurs fours. Lorsqu'il existe plusieurs fours à arcs dans la même installation, et que l'un d'eux est beaucoup plus puissant que les autres, lui seul est pris en considération. Dans le cas contraire, certaines précautions doivent être prises. Il faut considérer deux cas: - les fours sont synchronisés entre eux de telle manière que le début de période de fusion de chacun d'eux corresponde avec les périodes d'affinage des autres, période pendant laquelle le métal est entièrement fondu et où les arcs ne sont plus nécessaires. Le papillotement de chaque four est alors étudié de manière indépendante des autres. - Plusieurs fours fonctionnent simultanément en fusion. A la suite d'essais effectués dans une installation comprenant quatre fours, la courbe de dose de papillotement global a pu être estimée à partir de celle relative à chacun d'eux fonctionnant individuellement, à l'aide de la relation empirique suivante: i=n H = ( 1,2 - 0,1 * n ) * Σ H(i) i=1 avec 301 / 320 2<n<4 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Si l'on considère par exemple une installation composée de deux fours identiques, la dose globale de papillotement est égale au double de celle relative à l'un d'entre eux. On peut remarquer que ceci revient à dire que l'amplitude des fluctuations de tension équivalente à 10 Hz produites par l'ensemble de ces deux fours est √ 2 fois plus forte que celles produites par le fonctionnement d'un seul four, ou égale à celles produites par un four de puissance √ 2 fois plus élevée. Compensateur statique à réactance Compensateur statique à condensateurs réseau Réseau réactance compensation four compensation four 2 - 3 - 4 - Détermination des caractéristiques d'une bobine de réactance série pour atténuer le papillotement provoqué par un four à arc. Les données du problème sont: - la tension nominale Un du réseau, au point de raccordement commun avec les autres usagers; - la puissance de court-circuit Sccf de l'ensemble formé par le transformateur de four et le four; - la courbe H(1) de dose moyenne cumulée de papillotement, obtenue par exemple par la méthode vue au § 231. Pour que le papillotement produit par le four soit tolérable, il faut que l'effet de la réactance soit tel que l'on obtienne une courbe de dose de papillotement cumulée H(2), coupant la droite correspondant au seuil de perceptibilité au bout de 15 mn (voir § 232). Soit k le rapport H(2) / H(1) à cet instant. L'impédance de court - circuit de l'installation du four, assimilée à une réactance, est égale à: Xccf = Un² / Sccf Si Xs est la réactance par phase de la bobine, la réactance de l'ensemble formé par le four et la bobine est donc Xccf + Xs . D'où, d'après la formule (3) du § 2-3-1: H(1) Xccf² =k= H(2) (Xccf + Xs)² qui s'écrit aussi: Xs = Xccf * ( 1 - √ k ) / √ k ce qui nous permet de déterminer la réactance de la bobine. Il convient ensuite de s'assurer que la valeur ainsi obtenue ne correspond pas à une impossibilité, soit dans le domaine technologique de construction de la bobine, soit dans celui de l'exploitation du four. 302 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Détermination du rapport k = H(2) / H(1) dose de papillotement Bibliographie [81] 303 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 3 - DESEQUILIBRE. Les charges déséquilibrées raccordées au réseau à haute et très haute tension sont essentiellement le fait de la Société Nationale des Chemins de fer Français, sur la partie de son réseau alimenté en 25 kV monophasé. Quelques déséquilibres peuvent être apportés par des fours à arc qui, bien que raccordés sur trois phases, ont un fonctionnement aléatoire sur chacune des phases. Ces charges produisent des déséquilibres sur les tensions qui perturbent les autres clients, voire même le producteur. En effet, comme indiqué dans l'annexe 1, ce déséquilibre crée, dans les machines tournantes, des champs inverses et homopolaires qui provoquent des échauffements. Le taux de déséquilibre permanent crée par un client, c'est à dire le rapport entre la tension inverse et la tension directe au point où il est raccordé, est donné par la formule: τi = Sn / Pcc avec: τi = taux de tension inverse, Sn = puissance apparente consommée par la charge monophasée raccordée entre deux phases, Pcc = puissance de court-circuit au point de raccordement. Si des déséquilibres apparaissent de manière aléatoire, nous définissons un taux de déséquilibre permanent équivalent par la formule: 1 τi² = t+T * ³ T Vi ( t )² * dt Vd Les règles de bon voisinage ont été établies entre client perturbateur et client perturbé: - chaque client perturbateur peut induire un taux de tension inverse de 1%, pour une puissance de courtcircuit de référence de 1500 MVA s'il est raccordé au réseau 225 kV, 400 MVA s'il est raccordé au réseau 63 kV ou 90 kV, 50 MVA s'il est raccordé au réseau 20 kV, et 2 MVA s'il est raccordé au réseau 220 / 380 V; - chaque client perturbé doit pouvoir supporter un taux de tension inverse de 2%. Si plusieurs clients perturbateurs situés dans une même zone provoquent un dépassement de ce taux, alors que chacun reste dans les limites admises, EDF prend en charge le renforcement correspondant du réseau. nota: Si trois clients voisins induisent chacun un taux de perturbation de 1 %, et qu'ils sont situés entre des phases différentes, le taux de déséquilibre global qu'ils provoquent ne dépasse jamais 1%. Bibliographie [81] 305 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - PERTURBATIONS CAUSEES PAR LES COURT-CIRCUITS. 4-1- FORME DE LA TENSION D'ALIMENTATION D'UN CLIENT. Dans un premier temps nous allons étudier quelques cas d'élimination de défauts au voisinage de clients raccordés au réseau 63 kV. Ensuite, à partir de ces exemples, nous classerons ces défauts en fonction de leur fréquence et de leur gravité. 4-1-1- Exemple d'alimentation en antenne - cas n° 1: le client est alimenté en antenne par une ligne 63 kV. Un défaut phase - terre apparaît sur cette ligne. Il est fugitif mais la ligne n'est pas équipée de dispositif de réenclenchement rapide. Un 0,577 * Un 0 t1 t2 Au temps 0, le court-circuit apparaît. La tension représentée ici est la tension entre phases la plus perturbée. C'est en effet à cette tension que sont le plus sensibles les installations des clients. Après le court-circuit elle prend la valeur de la tension simple. Au bout du temps t1, de l'ordre de 100 ms avec des protections statiques et un disjoncteur performant, le disjoncteur de la ligne s'ouvre, la tension disparaît complètement. Au bout du temps t2, de l'ordre de 10 à 15 secondes, le disjoncteur se referme et la tension est rétablie. - cas n° 2: Même situation, mais le défaut est permanent. La tension simple est retrouvée pendant un temps de l'ordre de 200 ms, au moment de la tentative de réenclenchement. Un 0,577 * Un 0 t1 t2 t3 - cas n°3 Le défaut est fugitif, mais le départ est équipé d'un réenclencheur rapide, qui réussit son réenclenchement. Le diagramme est le même que pour le cas n°1, mais le temps t2 vaut alors t1 + 300 ms. 307 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - cas n°4 Le réenclenchement rapide échoue, mais le réenclenchement lent qui lui succède réussit. Un 0,577 * Un 0 t1 t2 t3 t4 ici, t1 = 100 ms, t2 = t1 + 300 ms, t3 = t2 + 200 ms, t4 = 60 s ( temps de récupération) - cas n° 5 Le défaut est permanent. Le premier diagramme donne la tension vue du client. Le second donne la tension vue par les autres clients alimentés par le même poste. Un 0,577 * Un 0 t1 t2 t3 t4 t5 = t4 + 200 ms 0 t1 t2 t3 t4 t5 Un 0,577 * Un 4-1-2- Exemple d'alimentation bouclée Le client est alimenté par un poste situé dans une boucle, et le court-circuit a lieu sur une des lignes de la boucle. cas n° 1 cas n° 2 cas n° 3 X poste A poste B poste C 20% 80% client 308 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 - cas n° 1 Un court-circuit phase - terre permanent a lieu dans la première zone des protections du poste B, et dans la deuxième zone du poste C. Il n'y a pas d'accélération de stade Un 0,95 * Un par exemple 0,7 * Un 0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 Au bout du temps t1 = 100 ms, le disjoncteur du départ C du poste B s'ouvre. Une légère chute de tension subsiste au poste B, du fait du maillage du réseau entre le poste C et le poste B. Au bout du temps t2, de l'ordre de 400 ms, le disjoncteur du poste C s'ouvre, et la tension est rétablie. Au bout du temps t3 = 4 secondes par exemple, le disjoncteur du poste B tente un renvoi de tension, et redéclenche en t4, 200 ms plus tard. Au bout du temps t5 = 15 secondes par exemple, le disjoncteur du poste C, après inversion des consignes, tente un renvoi, et redéclenche en t6, 200 ms plus tard. - cas n° 2 Le défaut a lieu au milieu de la ligne Un 0,7 * Un 0 t1 t3 t4 t5 t6 - cas n° 3 le défaut a lieu dans la deuxième zone des protections du poste B Un 0,7 * Un 0 t2 t3 t4 t5 t6 - cas n° 4 Le défaut a lieu sur les barres du poste C Le diagramme est le même jusqu'à t4. Ensuite, la tentative de réenclenchement depuis le poste C n'a pas lieu. 309 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - 1 - 3 - Classification des défauts Les défauts monophasés sont les plus fréquents. Dans les réseaux bouclés ils n'occasionnent généralement pas de creux de tension de plus de 30 %. La plupart d'entre eux sont éliminés en moins de 200 ms, mais le temps maximal d'élimination peut dépasser 1 seconde pour certains schémas de réseau comportant des lignes à trois extrémités ou plus. Le temps de 200 ms pourrait devenir le temps maximal d'élimination sur fonctionnement normal des protections si le réseau était systématiquement équipé de protections différentielles sur les barres et d'accélérations de stade sur les lignes, et si des améliorations étaient apportées sur les dispositions à haute tension, telles que la suppression des lignes à trois extrémités dont la protection s'avère difficile. Les autres défauts, moins fréquents, provoquent des creux de tension beaucoup plus sévères, avec des temps d'élimination du même ordre. Les coupures correspondent à des courts - circuits sur des alimentations en antenne et leur durée provient essentiellement des automates: réenclencheurs, automates à manque de tension, bascules, ... . Elles sont divisées en coupures brèves, de 1 seconde à 1 minutes, et coupures longues, de durée supérieure à 3 minutes. Les premières correspondent aux reprises de service par automates, les autres aux reprises de service après intervention manuelle. 310 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4 - 2 - COMPORTEMENT DES INSTALLATIONS DES CLIENTS. 4-2-1- Généralités. Les surtensions transitoires rapides, d'origine atmosphérique, sont très fortement amorties en traversant le poste de livraison. Les coupures longues entraînent un arrêt de tous les équipements. La seule solution pour éviter ces arrêts est d'avoir recours à une source de secours qui puisse se substituer entièrement au réseau public. Les coupures longues du réseau public sont alors ressenties par les équipements secourus comme des coupures brèves, et elles seront traitées comme telles dans la suite de l'étude. Vis à vis des creux de tension, coupures brèves et autres perturbations, il convient de distinguer deux types d'équipement: - les systèmes de contrôle - commande, de régulation, qui font souvent appel à l'informatique, et sont très sensibles à toutes les perturbations de la tension, - les machines de forte puissance, sensibles aux creux de tension relativement longs, aux coupures, et aux autres perturbations si elles ont un caractère permanent. Il faut cependant noter que ces deux types d'équipement sont liés de façon étroite, et que l'arrêt d'un moteur de forte puissance peut être dû au déclenchement d'un équipement auxiliaire tel que: - contacteur de puissance, - contacteur ou relais auxiliaire, - système de graissage ou de ventilation, - protection de la partie sensible, - dispositif d'excitation Les creux de tension d'amplitude inférieure ou égale à 30 % de Un, sur une des trois tensions composées, ne constituent généralement pas une gêne pour l'exploitation industrielle, dans la mesure où elles ne provoquent ni retombée de contacteurs ou de relais, ni ralentissement important des moteurs. Elles peuvent par contre poser problème pour les systèmes de gestion ou de contrôle - commande informatisés et pour les convertisseurs si ceux-ci ne sont pas protégés. C'est surtout le cas si ces derniers peuvent fonctionner en onduleur. Les creux de tension plus importants peuvent provoquer, si aucun moyen de désensibilisation n'équipe les installations du client, l'arrêt des systèmes de contrôle - commande et des systèmes informatisés, ainsi que la retombée des contacteurs et le déclenchement des convertisseurs statiques. Ces perturbations provoquent également le ralentissement des moteurs, plus ou moins prononcé suivant leur durée. Les coupures brèves ont les mêmes conséquences, mais en plus grave. Il faut ajouter le risque de faux couplage des machines synchrônes ou asynchrônes au retour de la tension. 311 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4-2-2- Comportement des moteurs asynchrônes à cage. - creux de tension D'une façon générale, les creux de tension inférieurs à 30 % de Un affectent peu le fonctionnement des moteurs asynchrônes. Les couples moteurs subsistant au cours de ces perturbations restent en effet, en règle générale, supérieurs ou égaux aux couples résistants des machines entraînées. Ce type de perturbation n'entraîne donc qu'un faible ralentissement des moteurs. A l'inverse, pour tous les creux d'amplitude supérieure à 30 % de Un les couples moteurs deviennent en général inférieurs aux couples résistants des machines entraînées. Les ensembles moteurs - machines sont alors soumis à des ralentissements qui sont fonction de l'amplitude et de la durée des creux ainsi que des moments d'inertie des ensembles tournants. Lors du rétablissement de la tension normale, l'ensemble des moteurs tend à réaccélérer et à reprendre sa vitesse normale. Cette réaccélération engendre, au niveau de chaque moteur, des courants d'autant plus proches des courants de démarrage que le ralentissement a été plus important. Lorsque les charges asynchrônes représentent une proportion importante des puissances installées, ces courants de réaccélération peuvent atteindre les valeurs suivantes au niveau de la distribution, pour des perturbations de tension de forte amplitude (creux de 80 % sur les trois tensions, correspondant à un court-circuit triphasé assez proche du poste). Par exemple: . 3,5 * In, et un cos ϕ de 0,53, pour les perturbations d'une durée de l'ordre de 0,5 s. . 5 * In, et un cos ϕ de 0,35, pour les perturbations d'une duréede l'ordre de 1 seconde. . 6 * In, et un cos ϕ de 0,3, soit un courant égal au courant de démarrage sur chacune des phases, pour les perturbations d'une durée de l'ordre de 1,5 seconde. Ces valeurs peuvent être considérées comme des moyennes représentatives de la plupart des cas industriels Ces courants de réaccélération entraînent des chutes de tension importantes dans les différents éléments constitutifs du réseau. Dans le meilleur des cas, lorsque le réseau est convenablement dimensionné, elles ont uniquement pour effet de prolonger la durée des réaccélérations. Mais si le réseau n'est pas conçu pour permettre ces réaccélérations, ces courants et chutes de tension peuvent par contre provoquer le rampage , perpétuel ou non, des moteurs, avec les conséquences thermiques correspondantes, et le déclenchement des protections électriques. - coupures d'alimentation. Lors des coupures brèves du réseau d'alimentation, les moteurs gardent une tension aux bornes due au flux rémanent des rotors. Cette tension décroît exponentiellement avec la constante de temps du rotor et la fréquence décroît comme le ralentissement. 312 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Défluxage des moteurs asynchrônes de puissance supérieure à 80 kW U Un en trait gras: en trait fin: déclenchement du moteur 20 % de Un réenclenchement possible du moteur tension moteur (défluxage rotorique) référence réseau Si la tension résiduelle des moteurs sur l'ensemble du réseau n'alimente pas un défaut polyphasé situé en amont, la durée d'extinction des flux est de l'ordre de 1 à 2 secondes. Lors du rétablissement de la tension d'alimentation, les flux moteur peuvent créer une tension importante, proche de la tension nominale, et qui pourra se trouver, du fait du ralentissement des moteurs, en opposition de phase par rapport au réseau d'alimentation. Selon le type des machines et leur moment d'inertie, cette opposition de phase est susceptible d'apparaître au terme de 100 à 200 ms. Outre les phénomènes de réaccélération décrits pour les creux de tension, cette resynchronisation brutale a pour effet de provoquer des courants transitoires très élevés pouvant atteindre 12 à 15 fois l'intensité nominale des moteurs, pendant 10 à 20 ms. Ceci peut avoir les conséquences suivantes: . échauffement et efforts électrodynamiques sur les moteurs et autres éléments de réseau, . efforts mécaniques importants, à-coups de couples essentiellement, sur les machines entraînées, les accouplements et les réducteurs de vitesse éventuels, . déclenchements de protections, et fusion de fusibles, . détérioration éventuelle ou vieillissement accéléré d'actionneurs. Dans le cas de coupures brèves sur une alimentation d'usine équipée d'un réenclencheur rapide, le réenclenchement concerne toutes les charges de l'usine, qui s'équilibrent ainsi entre elles. Les conséquences d'un faux couplage sont alors admissibles pour les moteurs à cage dont la puissance est inférieure à 100 kW. Elles provoquent cependant un vieillissement un peu plus rapide des moteurs. 313 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Par contre, en cas de coupure brève due à des permutations de sources normal/secours ou de tableaux, le réenclenchement concerne un petit nombre de moteurs et il convient d'être très prudent. Il est alors préférable de couper volontairement l'alimentation des moteurs pendant au moins une seconde, c'est à dire de ne pas effectuer de permutations entraînant un temps de coupure compris entre 0,1 s et 1 s, par exemple. Nous pouvons schématiser les différentes zones de fonctionnement sur perturbation de la façon suivante: ΔU % risque de faux couplage 100 réaccélération possible réaccélération impossible 30 nouveau point d'équilibre indépendant de t 0,1 to 1 t (s) La durée limite au-delà de laquelle la réaccélération n'est plus possible varie en fonction de l'amplitude du creux, mais pour plus de simplicité nos la considérerons comme indépendante du creux et égale à une valeur to caractéristique de l'installation. Cette valeur peut atteindre plusieurs secondes si le démarrage simultané de tous les moteurs est possible. 314 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 4-2-3- Comportement des moteurs asynchrônes à bagues. Il est similaire à celui des moteurs à cage pour les creux de tension de faible amplitude. Par contre, ces moteurs sont beaucoup plus sensibles aux surintensités, et ils ne peuvent pas toujours être soumis à un démarrage direct. La limite au-delà de laquelle le maintien du moteur sur le réseau est dangereux dépend de l'intensité admissible par le moteur et du couple admissible par la machine entraînée. Le dépassement de cette limite entraîne un vieillissement plus rapide du moteur, puis un risque de détérioration du moteur ou de la machine. Nous pouvons schématiser les différentes zones de fonctionnement de la façon suivante: ΔU % risque de faux couplage 100 surintensité, surcouple, et risque de détérioration réaccélération possible 30 nouveau point d'équilibre indépendant de t 0,1 1 t (s) 4-2-4- Equipements à vitesse variable pour moteur à courant continu. Les perturbations d'alimentation sur les équipements à vitesse variable se traduisent dans la majorité des installations existantes par l'arrêt des équipements. Ces arrêts sont en règle générale dus, non pas à l'alimentation en puissance de ces équipements, mais au contrôle et à la régulation des équipements quand ceux-ci n'ont pas été conçus à l'origine pour être désensibilisés aux perturbations de courte durée, c'est à dire inférieures à la seconde. Le comportement des machines est toutefois variable et il faut distinguer différents types d'équipements. - Ponts à thyristors en mode redresseur. Lors d'un creux de tension de faible amplitude, la régulation du pont à thyristors entraîne une augmentation du courant qui vise à maintenir le couple sur la machine. Cette augmentation de courant due à un creux de tension de faible amplitude peut entraîner un dépassement des valeurs admissibles par les équipements et un déclenchement des protections de ceux-ci. La limite à ne pas dépasser dépend des coefficients de surdimensionnement, qui varient pour chaque machine. Elle est souvent supérieure à 30 % de Un. En cas de creux de tension, l'angle d'allumage des thyristors diminue afin de maintenir constante la tension continue. Si le creux est suffisant pour que l'allumage atteigne la butée, la tension continue devient insuffisante pour maintenir la vitesse. Le moteur ralentit, et les consignes de régulation de vitesse et de courant se saturent. Lorsque la tension réseau revient, il se produit une surintensité qui peut provoquer un déclenchement ou des fusions de fusibles de protection des thyristors. 315 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les zones de fonctionnement peuvent être schématisées très simplement: ΔU % 100 déclenchement ou fusion fusible ΔU1 fonctionnement correct du pont t (s) - Pont à thyristors en mode onduleur Dans certains cas, par exemple pour les dernières sections de sécherie des machines à papier, il peut être fait usage de ponts réversibles qui peuvent fonctionner en récupération d'énergie. Le convertisseur permet alors par son fonctionnement en onduleur de freiner la machine. En cas de creux de tension tel que la tension du réseau soit inférieur à la force électromotrice délivrée par le pont de redresseur, ce dernier fonctionne alors en génératrice, et il peut y avoir, suivant l'amplitude et la durée du creux, défaut de commutation des thyristors, puis court-circuit dans le pont. Ce phénomène entraîne la fusion des fusibles de protection des thyristors et parfois même la destruction des thyristors eux-mêmes. - Ponts à diodes. Les moteurs à courant continu alimentés par pont de diodes, avec régulation de vitesse sur l'excitation, sont très sensibles aux creux et coupures de la tension. En cas de creux de tension, au retour de celle-ci, l'intensité augmente sur la boucle à courant continu. La surintensité dépend de la chute de tension, de la chute de vitesse du moteur, et de l'impédance de la boucle à courant continu. La limite à ne pas dépasser dépend de la surintensité admissible par le moteur. Au-delà de cette limite, nous risquons un déclenchement ou une détérioration du moteur. 4-2-5- Equipements à vitesse variable pour moteur asynchrône. Seuls les convertisseurs de fréquence de type indirect, les plus utilisés dans l'industrie, sont abordés dans ce paragraphe. Nous distinguerons les convertisseurs de fréquence avec, côté réseau, un pont à thyristors, entièrement commandés, et les convertisseurs avec, côté réseau, un pont à diodes, non commandés. - convertisseurs avec pont à thyristors: Il s'agit principalement de montages à courant réactance onduleur à fréquence variable 316 / 320 moteur Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 Les problèmes exposés précédemment dans le cas des machines à courant continu (§ 4-2-4-, premier et deuxième alinéa) se retrouvent de façon semblable avec ce type d'équipement. - Convertisseurs avec ponts à diodes: Il s'agit principalement des convertisseurs de fréquence à modulation de largeur d'impulsion. Dans ce cas, le pont d'entrée à diodes n'est pas commandable. Il y a donc risque, au retour de la tension réseau, de provoquer des surintensités importantes préjudiciables au matériel, en sortie du pont, selon l'amplitude de la durée de la perturbation. En pratique, les convertisseurs à modulation de largeur d'impulsion déclenchent systématiquement sur creux de tension ou coupure brève. Ce déclenchement est plus ou moins sélectif selon que le critère de déclenchement est la tension du réseau ou la tension aux bornes de l'étage de filtrage, cette dernière solution étant la plus sélective. Le niveau d'insensibilité ne dépasse généralement pas quelques dizaines de millisecondes. 4-2-6- Autres équipements - Equipements de type informatique ou électronique. D'une façon générale, qu'ils soient utilisés pour la gestion d'administration et de production ou qu'ils soient utilisés pour la surveillance et le contrôle - commande des installations, tous les équipements numériques sont sensibles aux perturbations dont l'amplitude est supérieure à 10 % de Un, c'est à dire aux creux de tension occasionnés par tous les types de courts - circuits apparaissant dans une zone étendue du réseau alimentant le client. La seule parade est l'installation, en tampon, d'un ensemble redresseur - batterie - onduleur. - Actionneurs de moteurs ou de réseau Il s'agit en règle générale de contacteurs de moteurs, mais il peut également s'agir de disjoncteurs équipés de bobines de déclenchement à manque de tension. Les contacteurs alimentés en tension alternative directement issue du réseau et non pourvus de bobines à accrochage magnétique sont sensibles aux perturbations dont l'amplitude dépasse 30 à 40 % de Un, bien qu'ils puissent aussi parfois être insensibles aux creux de 50 à 60 %. . Si les contacteurs sont en commande 3 fils, par bouton poussoir marche - arrêt, ils tombent au cours des perturbations et peuvent provoquer des pertes d'exploitation importantes liées notamment au temps de redémarrage. . Si les contacteurs sont en commande 2 fils, les contacteurs tombent au cours des perturbations et remontent instantanément, à la réapparition de la tension, avec tous les inconvénients des coupures d'alimentation décrits plus haut. - Dispositifs de régulation 317 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 D'une façon générale et en dehors des équipements numériques dont nous avons déjà parlé, les équipements traditionnels de régulation de procédé, relayage; actionneurs, capteurs, ..., sont sensibles aux perturbations d'amplitude supérieure à 30 % de Un. - Eclairage Hormis un vieillissement prématuré, les lampes à incandescence et les tubes fluorescents ne sont pas affectés par les perturbations de courte durée. Seules les lampes à décharge sont sensibles aux perturbations d'alimentation. Une baisse de tension de l'ordre de 50 % provoque leur extinction. Leur réallumage ne s'effectue que quelques minutes après la réapparition de la tension. - Chaudière électrique En cas de creux de tension, la puissance absorbée par la chaudière diminue. La régulation de la chaudière agit alors de façon à maintenir la puissance à la valeur de consigne. Cette action a des conséquences variables suivant l'état initial de la chaudière et ses caractéristiques de construction. Elle peut entraîner le déclenchement d'une des protections suivantes: . surintensité primaire, . surintensité secondaire, . niveau d'eau très haut, pour les chaudières à électrodes ou à jets avec panier, ou position de masque très haute, pour les chaudières à jets avec masque, . Protection à minimum de tension. La protection à minimum de tension est destinée à arrêter la chaudière en cas de perte de la tension réseau. Elle est normalement temporisée de façon à laisser passer les perturbations de moins de une seconde. - Groupes "Ward- Léonard". Les groupes "Ward- Léonard" sont des ensembles moteur synchrône - dynamo - moteur à courant continu, qui étaient utilisés, avant l'apparition des redresseurs de puissance, toutes les fois qu'un moteur à courant continu était nécessaire dans un processus de fabrication. Par exemple ils étaient, et sont encore parfois, utilisés dans les trains de laminoir. Ils sont pratiquement insensibles aux creux de tension ou aux coupures brèves. Ils ont en effet une inertie importante qui leur permet de garder une vitesse suffisante pendant la perturbation, et d'être repris au vol au retour de la tension. Cependant les risques de faux couplage restent les mêmes que pour un moteur asynchrône classique. Bibliographie [81], [84] 318 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - CONTRACTUALISATION DE LA FOURNITURE D'ENERGIE 5 - 1 - VALORISATION DE L'ENERGIE DISTRIBUEE Comme nous l'avons vu dans l'avant-propos, la coupure d'un client pendant un temps donné correspond à un coût très supérieur au seul coût de l'énergie qui n'a pas pu être facturée au client pendant la coupure. Les coûts suivants sont généralement pris en compte dans les études d'investissement: - 16 F (2,4 euros) / kwh pour les coupures longues entraînant une énergie non distribuée inférieure à 30 Mwh, - 150 F (22,5 euros) / kwh pour les coupures longues entraînant une énergie non distribuée supérieure à 100 Mwh , une interpolation linéaire assure la continuité entre ces deux valeurs, - la puissance coupée est valorisée à 2 F (0,3 euros) / kW dans le cas général, et 4 F (0,6 euros) / kW si elle concerne uniquement des industriels. A titre comparatif, le coût du kwh, option "jour de pointe", heures d'hiver, très longue utilisation, est de 0,30 F (0,045 euros). 5 - 2 - GARANTIE NORMALE Elle a été définie dans le "contrat Emeraude". Dans ce contrat il est mentionné que: - la tension du réseau 63 kV doit rester à l'intérieur d'une plage Un ± 5%. Réciproquement, le démarrage des moteurs d'un client ne doit pas provoquer de chute de tension supérieure à 3%, - les creux de tension et les coupures très brèves ont une durée inférieure à une seconde, - les coupures brèves sont les coupures d'alimentation comprises entre 1 seconde et 60 secondes. Chaque client raccordé au réseau 63 kV, ou plus, ne doit pas en subir plus de 7 par an. Chaque client raccordé au réseau 20 kV ne doit pas en subir plus de 15 par an, en milieu urbain, - les coupures longues sont les coupures d'alimentation supérieures à une minute. Chaque client raccordé au réseau 63 kV, ou plus, ne doit pas en subir plus de 2 par an. Chaque client raccordé au réseau 20 kV ne doit pas en subir plus de 5 par an, en milieu urbain, - les taux d'harmonique autorisés sont ceux définis au § 13, - les taux de papillotement autorisés sont ceux définis au § 213, - les taux de déséquilibre autorisés sont ceux définis au §3. 319 / 320 Protection et surveillance des réseaux de transport d'énergie électrique - Volume 1 5 - 3 - GARANTIE SUPPLEMENTAIRE Il a été prévu que des clients particulièrement sensibles à certains de ces phénomènes puissent demander des conditions particulières, par exemple un nombre très faible de creux de tension de durée supérieure à 0,5 seconde. Ces conditions sont négociées au cas par cas entre le client et EDF, en fonction des investissements tels que protections et téléactions dans les cas les plus simples, mais aussi parfois appareillage haute tension, voire même lignes supplémentaires, qu'EDF devra installer pour satisfaire ces garanties. C'est le contrat optionnel "réseau plus". Notons cependant que ce contrat rencontre peu de succès auprès des clients, qui préféreraient qu' EDF s'engage à éliminer les défauts les plus courants en moins de 200 ms (voir cinquième partie § 116). 5 - 4 - MESURE CONTRACTUELLE DE LA QUALITE Elle est réalisée par un qualimètre placé dans le poste d'alimentation du client (voir septième partie, § 6). Bibliographie [82] 320 / 320