Revue des Études Grecques 24. Bowie (Angus M.), The poetic Dialect of Sappho and Alcaeus Gauthier Liberman Citer ce document / Cite this document : Liberman Gauthier. 24. Bowie (Angus M.), The poetic Dialect of Sappho and Alcaeus. In: Revue des Études Grecques, tome 100, fascicule 475-476, Janvier-juin 1987. pp. 166-167; https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1987_num_100_475_1497_t1_0166_0000_2 Fichier pdf généré le 18/04/2018 166 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES ressemblances et divergences formelles entre Hésiode et les Oracles : y sont étudiés des aspects dialectaux, métriques, lexicologiques ainsi que la présence du caractère formulaire dans les deux poésies. La seconde partie (60 pages) s'occupe des ressemblances ou divergences au niveau du style et du contenu : la « philosophie » d'Hésiode et des Oracles, le genre du proverbe, le style oraculaire, les modes d'expression (ironie, humour, sarcasme), les figures de style, de pensée et de grammaire. Cela donne lieu à des listes utiles, bien faites et organisées selon des distinctions pertinentes et précises. Une brève conclusion (à la base des poésies gnomique et mantique se trouvent des « refrains » populaires), une bibliographie, un excellent index et une très bonne table des matières (40 pages au total) terminent le livre. L'ouvrage souffre au point de vue général de deux défauts : très souvent l'auteur juxtapose mais ne compare pas ; la comparaison avec en principe la seule poésie hésiodique impose des restrictions gênantes à l'auteur et nuisibles à l'intérêt de son travail. Souvent d'ailleurs il déborde du corpus hésiodique pour aller vers la poésie élégiaque ou philosophique. Sans apporter rien de neuf l'auteur oganise avec précision sa matière. On peut lui reprocher d'être beaucoup trop sommaire sur le sens de la versification des oracles, sur leur diversité, sur celle des lieux et des modes de la prophétie : là-dessus une comparaison avec les premiers paragraphes de l'article de M. Wolfgang Fauth dans le Kleine Pauly (1975) s.v. Orakel montre l'insuffisance de sa bibliographie. Il reste que l'ouvrage, par la matière qu'il présente, peut être utile. Gauthier Liberman. 24. Bowie (Angus M.), The poetic Dialect of Sappho and Alcaeus, Salem : The Ayer Company, 1984 (réimpression de l'édition de 1981, New York Arno Press). 203 p. (Monographs in Classical Studies). Le livre de M. Bowie est une thèse soutenue à Cambridge en 1979 et remaniée pour la publication. L'auteur s'est proposé d'illustrer la thèse selon laquelle loin d'être un composé du dialecte que parlaient couramment leurs contemporains et de formes épiques tirées d'un emprunt direct à Homère ou Hésiode, la langue d'Alcée et de Sappho présente de nombreuses strates linguistiques différentes. Wilhelm Schulze pensait déjà que la langue des deux poètes lesbiens était artificielle ; M. Bowie s'est inspiré du petit livre de Hooker, The Language and Text of the Lesbian poets (Innsbruck 1977) pour l'idée d'une tradition poétique éolienne d'origine pré-homérique dont seraient tributaires Homère, Hésiode au même titre qu'Alcée et Sappho. Aux éléments relevant en propre du dialecte lesbien viendraient s'ajouter des archaïsmes éoliens dus à cette tradition poétique originale, d'autres archaïsmes partagés par la langue épique mais peut-être propres à la langue des poèmes éoliens (dans le cadre de la tradition précitée), des transformations morphologiques dues à l'initiative des deux poètes lesbiens face aux exigences de leur métrique, des formes marquant une influence ionienne sans provenir d'un emprunt direct à la langue épique, enfin des éléments directement empruntés à cette langue. L'auteur traite d'abord dans les seize pages de l'Introduction des données mythologiques et historiques qui peuvent éclairer la nature du dialecte lesbien et attester une vieille tradition poétique éolienne. Des trois chapitres formant le corps de l'ouvrage, l'auteur consacre le premier et le plus bref (trente pages) à une étude intéressante et suggestive des rapports entre mètres grecs et COMPTES HENDUS BIBLIOGKAPHIQUES 167 indoeuropéens, mètres éoliens et mètres épiques, au terme de laquelle il conclut qu'à une certaine époque il n'y avait pas « opposition » entre métrique éolienne (c'est-à-dire de la lyrique lesbienne) et métrique épique, que la communauté d'origine de leur système métrique, rendant probable une langue commune au tout début, peut expliquer certaines similitudes entre la langue des deux poètes lesbiens et celle d'Homère et d'Hésiode. Cependant certains points restent flous (et pour cause, diront d'aucuns) : ainsi les rapports éventuels entre lyrique et épique au sein de la fameuse tradition éolienne. Le second chapitre (le plus long, cent pages environ) est consacré à l'analyse par points successivement abordés de la phonologie et de la morphologie de la langue des deux poètes. La première partie du chapitre est censée réunir les traits linguistiques pouvant attester une tradition éolienne (les « éolismes épiques » par exemple) : elle est décevante (ainsi la barytonèse, quoique bien défendue contre Hooker, est traitée en vingt-cinq lignes sans étude des passages d'Homère visés). Le troisième et dernier chapitre (quarante pages), qui précède une importante bibliographie, un index grec et un index thématique, est consacré à la mise en évidence d'une koïnè poétique (versant lexicologique de la notion de tradition poétique que l'auteur veut substituer à l'inadéquate division épique/lyrique) par le biais d'une étude du lexique des deux poètes et de sa comparaison avec le lexique poétique d'autres auteurs (incluant les tragiques et des prosateurs). L'étude, mieux orientée pour les deux Lesbiens que celle de Lobel (ΑΛΚΑΙΟΥ ΜΕΛΗ, pp. xix-xlvii, Oxford 1927), repose par ailleurs sur des principes contestables et de toute façon est trop brève et superficielle. Au total le travail de M. Bowie vaut par ses deux premiers chapitres, touffus et suggestifs, par la souplesse de la méthode observée face à la diversité des faits. Cet ouvrage est très important pour ceux qui étudient Alcée et Sappho. Gauthier Liberman. 25. Eraclito. Bibliografia 1970-1984 e complementi 1621-1969, par Francesco De Martino, Livio Rossetti, Pier Paolo Rosati, Edizioni Scientifiche Italiane, Università degli Studi di Perugia, 1986, in-8°, 177 pp. Ce précieux ouvrage (dont les auteurs déclarent qu'il ne saurait être exhaustif) a un double point de départ : la Heraklii-Bibliographie de E. N. Roussos (1971) et le « Symposium Heracliteum 1981 » (Chieti). Les quinze années qu'il couvre ont vu produire encore plus de travaux que les plus de trois mille produits entre 1499 et 1970. Dans son essai introductif (« Altri quindici anni di studi su Eraclito », pp. 9-27), L. Rossetti fait le point de la question et facilite ainsi grandement l'entreprise de travaux futurs. L'ouvrage se compose de deux parties : dans la première les travaux sur Heraclite sont répertoriés dans l'ordre alphabétique des noms de leurs auteurs ; la seconde est un « Soggetario », i.e. une répartition des mêmes travaux en groupes et sous-groupes constituant des rubriques (pour la plupart thématiques) qui sont intentionnellement hétérogènes et « intercommuniquantes » ; la première de ces rubriques (pp. 161-165) est le supplément de la bibliographie de Roussos ; dans ce supplément l'ordre des travaux est chronologique. En partie grâce à la collaboration de S. Mouraviev, VEraclito comprend les publications faites dans des langues non accessibles au public international. Ajoutons enfin que l'équipe italienne s'est assuré la collaboration de Roussos. Hélène Ioannidi.