Education à la citoyenneté et questions sensibles Une question sensible - le changement climatique et la grève climatique L’école est une deuxième maison pour les élèves. Elle représente un modèle de vie, de valeurs, de réflexions et du vivre ensemble qui a et aura une influence sur leur parcours de formation et leur rôle de citoyen-ne-s. (Hayoz Etter, 2020, p. 15) Education à la citoyenneté et questions sensibles Introduction L’éducation à la citoyenneté ne doit plus être considérée comme une discipline à part. Les aspects de la citoyenneté doivent être abordés dans toutes les autres disciplines scolaires et on parle maintenant d'une transversalité, le PER fournissant même une liste d'objectifs à suivre pour se concentrer davantage sur ce que les élèves deviendront et comment ils agiront et moins sur ce que les élèves sauront. De nombreux sujets sensibles sont traités par l'éducation à la citoyenneté et dernièrement, dans les médias, la discussion a été centrée sur Covid, le racisme et l'égalité des sexes. Néanmoins, les questions climatiques sont plus au centre des préoccupations lorsqu'il y a une nouvelle manifestation. La décision d’aborder la question du changement climatique et de la grève pour le climat a été prise après avoir lu quelques commentaires plutôt désagréables de parents sur un article sur la rémunération des stagiaires pendant les études de l’IUFE. Lesdits commentaires attaquaient les enseignants pour avoir obligé les élèves à participer aux grèves et j'ai trouvé cela scandaleux, non pas à cause de ce que mes pairs ont fait, mais parce que j'avais des doutes que cela aurait pu être le cas. J'ai appris plus tard que c'était effectivement le cas, alors ces parents auraient peut-être eu raison de se sentir aigris. Afin d’aborder cette question, on se propose de partir d'un aperçu de ce qu'est l'éducation à la citoyenneté et de son objectif. Dans une seconde partie, l’attention est portée sur une vue d'ensemble sur le changement climatique et ce qui en fait un sujet sensible. On regardera ensuite la grève climatique, décrivant brièvement son contexte. Finalement, dans une quatrième et dernière partie, on portera l’attention et on présentera une approche pédagogique possible et la manière dans laquelle la question pourrait être abordée en classe. Pour une meilleure compréhension, certaines annexes seront également jointes. 1. L’éducation à la citoyenneté L’éducation à la citoyenneté est bien présente dans le projet éducatif d’établissements scolaires des pays démocratiques. Parfois confondu avec la civilité ou le civisme, la « citoyenneté dans le champ scolaire désigne l’idée de civisme, qui mène directement à celle d’instruction civique » (Heimberg, 2011, p. 522). Le sens ou, mieux dit, le but de l'éducation à la citoyenneté peut être, tel que défini par Heimberg (2011) la construction d’un sens critique, d’une perspective de réflexion sur la société, de mise à distance critique, et non pas seulement d’adhésion. C’est celle qui a le moins de chances de se développer spontanément dans le champ scolaire sans une réflexion et une impulsion spécifiques. (2011, p. 522) 1 Education à la citoyenneté et questions sensibles On comprend ainsi qu'un facteur important de l'éducation à la citoyenneté est lié à la société, mais on ne parle pas d'un individu et de ses connaissances, mais d'un individu en rapport avec d'autres individus et avec des problèmes qui sont présents autour de nous. Comme cela a été mentionné lors de l'atelier sur le ECD de l'école, trois dimensions doivent être envisagées pour que les élèves aient la possibilité de discuter des problèmes de société et de développer leur esprit critique : une dimension transversale, une dimension disciplinaire et une dimension spécifique (Ruffy, Pedrini & Heimberg, 2005, p. 10). Auparavant, on avait considéré que la seule discipline chargée de promouvoir et développer les notions de citoyenneté était l'histoire. Au contraire, il incombe à tous les enseignants de faire en sorte que les élèves deviennent des décideurs indépendants, des participants à la vie politique, culturelle, sociale, juridique et des citoyens responsables dans une société démocratique. Certes, l'éducation à la citoyenneté, tout au long de l'histoire, a un grand rôle dans l'éducation des jeunes, mais l'effort doit venir de toutes les disciplines car c'est une question qui s’adresse à tout le monde et les élèves comprendront ainsi l'importance du processus, ils comprendront que tous les problèmes qui les entourent nécessitent une réflexion critique. Il ne suffit pas que les jeunes s'intéressent à la politique et apprennent à vivre ensemble, mais on devrait leur offrir l'opportunité « d’entrer dans des pratiques et de mobiliser leurs savoirs afin d’analyser de manière critique les problèmes qu’ils identifient dans la société » (Ruffy et al., 2005, p. 11). Un citoyen responsable doit à la fois se conformer aux exigences de la société, à savoir respecter le code de la route, recycler, payer ses impôts, etc., et s'impliquer dans la vie communautaire et sociale. En tant qu'enseignants de diverses disciplines, nous devons assumer la responsabilité sociale, volontiers applicable non seulement à l’histoire, mais aussi à l’enseignement et à la recherche en sciences de l’éducation, [qui] implique d’abord de ne pas s’enfermer dans une tour d’ivoire et d’envisager d’inscrire ses pratiques dans un contexte de société porteur de contradictions et d’enjeux politiques, sociaux et culturels. (Heimberg, Maulini, Mole, 2020, p. 8). Les élèves doivent être conscients des différents points de vue et positions concernant les problèmes de société qui les entourent. C'est notre rôle de nous assurer qu'ils voient toutes les possibilités avant de prendre une décision éclairée ou avant d'accepter une situation comme étant vraie. Heimberg et al. proposent deux objectifs à considérer simultanément dans l'enseignement : proposer aux élèves des regards croisés issus de points de vue divers et contradictoires autour d’un même problème ou d’une même situation ; ne pas laisser cette complexité mener à l’évitement de toute prise de position finale, tous les points de vue examinés finissant alors par se valoir dans une certaine confusion. (Heimberg et al., 2020, p. 11) 2 Education à la citoyenneté et questions sensibles Exposer les élèves à différents points de vue les mettra dans une position où ils devraient avoir une opinion. Cependant, il y a le risque de douter et d'être confus sur la position à prendre, mais il est essentiel de persuader les élèves de ne pas abandonner la question avant de prendre une décision. 2. Le changement climatique – une question sensible Le changement climatique a généré de nombreux débats, ne faisant pas nécessairement référence à son existence, même si cette question a également été soulevée. La discussion la plus courante s'est concentrée sur le fait d'être causé par l'activité humaine et sur l'efficacité des mesures prises. De nombreux enseignants abordent le sujet en classe, mais la plupart du temps, il est généralisé et les élèves n'ont pas toujours la possibilité de remettre en question le problème ou d'exprimer une opinion approfondie. Ils expriment principalement une opinion préfabriquée qui est considérée comme politiquement correcte : oui, le changement climatique existe ; oui, c'est mauvais pour la planète ; oui, nous y contribuons tous ; nous devrions tous recycler et arrêter d'abattre des arbres. De nos jours, on se réfère principalement au changement climatique et pas tant au réchauffement climatique, car il y a d'autres aspects à prendre en compte à côté du réchauffement climatique : élévation du niveau de la mer, fonte des glaces aux pôles, changement important dans des conditions météorologiques extrêmes, etc. Le changement climatique est un fait scientifique et il ne devrait pas être un aspect à croire ou non, car ce n'est pas une religion. Malgré cela, il existe encore des groupes de climato-sceptiques qui n'acceptent pas ce fait comme une réalité. Les connaissances scientifiques doivent être mises en valeur, mais les élèves doivent comprendre qu'il y a des gens qui n'y croient pas ou, plus précisément, ne considèrent pas que cela est dû à l'apport humain. Si l'on se réfère à la vérité dans l'éducation, c'est à la fois une question de légitimité et d'objectivité « de savoir ce qui est légitime pour établir un fait scientifique qui ne soit pas seulement une opinion » (Heimberg, et al., p. 24). Néanmoins, en même temps, il faut admettre que la recherche peut aussi être limitée, notamment dans sa dimension prédictive (Heimberg et al., p. 24). Dans le contexte actuel de crise sanitaire, on peut effectivement observer comment les mesures strictes servent la richesse de la nature, lors du confinement au printemps les émissions de CO2 ayant subi une baisse importante. C'est extraordinaire de constater la capacité de résilience de notre planète, de voir à quelle vitesse la nature reprend ses droits. Les politiciens ne vont plus pouvoir prétendre que les mesures en faveur de l'environnement n'ont que peu d'effets. Ça va très vite. (9 avril 2020) 3 Education à la citoyenneté et questions sensibles a déclaré Gregory Giuliani pour le eJournal de l’Unige. C'est une preuve visible que nous avons les moyens de sauver la planète. En ce qui concerne les pertes économiques, le journal susmentionné propose comme solution possible d’ « aller dans le sens d'une transition écologique et créer de nouveaux emplois plus verts et plus durables. » (9 avril 2020) Répondant aux questions s'il y a quelque chose que nous pouvons tous faire maintenant, car sinon il n'y aura pas d'effets à long terme, l'article conclut que c'est un moment crucial pour une prise de conscience collective et que nous devrions tous continuer avec les gestes que nous avons adoptés pendant le confinement, à savoir utiliser moins la voiture, voyager moins en avion et consommer plus de produits locaux. Les citoyens sont de plus en plus impliqués dans la recherche de solutions au changement climatique et, par exemple en France, 150 citoyens ordinaires font partie de La Convention Citoyenne pour le Climat et ils sont directement impliqués dans l'élaboration de la loi. Son objectif est de proposer des mesures pour parvenir à une réduction d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. On doit simplement supposer que ces personnes ont un esprit civique et sont prêtes à agir de manière responsable. Dans le cas contraire, les citoyens dépourvus de valeurs et de compétences de pensée critique ne seraient pas en mesure de discuter et, de plus, de se prononcer sur une question aussi sensible. C'est pour cette raison que, dès le plus jeune âge, les enfants doivent être formés comme des citoyens responsables, capables de prendre des décisions pour le bien-être de la société. Legardez et Simonneaux (2011, p. 16-17) décrivent la question (triplement) socialement vive comme prenant une « forme scolaire » et ayant trois caractéristiques : elle est vive dans la société, elle est vive dans les savoirs de référence, elle est vive dans les savoirs scolaires. Être vive dans la société signifie que c'est un défi pour la société, c'est un enjeu pour la société, cela déclenche le débat et il est présent dans les médias. Être vive dans les savoirs de référence, c'est générer des débats entre spécialistes de différents domaines ou entre experts du domaine professionnel sur la question. Être vive dans les savoirs scolaires signifie qu'il renvoie à la fois à des questions sociales et à des connaissances de référence ou disciplinaires, interpelle les élèves qui en discutent en classe et les enseignants ne trouvent pas toujours facile d'en discuter avec leurs élèves ou d'exprimer leur avis. Les questions socialement vives sont des questions connues de tous les citoyens, car elles sont débattues, les gens sont influencés dans les décisions qu'ils prennent et ils contribuent à la compréhension du monde. La question du changement climatique s'inscrit dans tous ces formes. 4 Education à la citoyenneté et questions sensibles 3. La grève climatique - pourquoi participer ? Même si le changement climatique peut être une question sur laquelle les élèves pourraient presque tous se mettre d’accord, la grève pour le climat a suscité de nombreuses controverses. Le problème est maintenant en quelque sorte en attente en raison de l'accent mis sur Covid 19, mais le changement climatique est toujours là et il est toujours considéré comme une priorité. La dernière démonstration générale a eu lieu le 4 septembre et, en Suisse, les jeunes ont manifesté dans 18 villes, avec la plus forte participation à Zurich, environ 600 manifestants à Genève et 800 à Lausanne. Le nombre de participants à travers le pays, environ 10000, a été inférieur à celui des manifestations précédentes, mais la raison pourrait être la crise sanitaire ou le fait que les écoles n'ont pas soutenu cette fois aussi activement qu'avant. Toutefois, les mouvements climatiques tels que Collective Climate Justice, Extinction Rebellion, La Greve du Climat et le Collectif Break Free ont agi ensemble pour la première fois. (RTS Info, 4 septembre 2020) Compte tenu de la réaction de certains parents à la grève, on pourrait en déduire que le message n’a probablement pas été bien transmis et que les élèves ont peut-être mal compris ou, pourquoi ne pas admettre, que certains enseignants ont effectivement incité leurs élèves à participer à la grève. En commentaire d'un article concernant les stagiaires IUFE non rémunérés, les parents ont ressenti le besoin de mentionner l'inutilité des enseignants rémunérés à Genève : Pourquoi payer autant des enseignants à Genève ? Enseignants qui poussent leurs élèves à la rébellion sociale et les encouragent à sécher les cours d'école pour manifester pour le climat. Désolé mais ce n'est pas le rôle d'un prof d’inciter les élèves à la rébellion, pour quelque motif que ce soit. (un lecteur du 20 Minutes, 2020) bien que le commentaire soit plus ou moins hors contexte, la colère des parents peut être justifiée. Le choix doit être libre pour les élèves. Cependant, la lettre envoyée par le DIP (incluse en annexe) stipule que : aucune absence pour motif de "Grève du climat" ne sera acceptée sans qu’elle ne soit dûment excusée par les parents ou par l’élève s’il est majeur, selon la pratique habituelle de chaque établissement. […] La matière enseignée ce jour-là fait partie intégrante du programme. Elle peut faire l’objet d’une évaluation par la suite. Il appartient donc aux seuls élèves absents de rattraper les cours manqués. […] Lorsqu'une évaluation, même non notée, est annoncée, la présence est obligatoire. (2020) Les élèves sont confrontés à un dilemme. D'une part, jusqu'à 18 ans, l'école est obligatoire et la grève signifie qu'ils accumuleraient des absences ou, pour les élèves plus consciencieux, manquer l'école et les cours n'est pas souhaitable. D'un autre côté, ils ont peut- 5 Education à la citoyenneté et questions sensibles être appris que c'est leur rôle et leur responsabilité de se battre pour leur avenir et ils trouvent important de participer aux grèves. Je ne dispose d'aucune donnée pour valider mon hypothèse, mais j'ai remarqué que les élèves les plus impliqués dans les questions de société sont aussi ceux qui s'intéressent le plus aux études. Les autres profitent simplement des grèves, ou de toute autre activité en dehors de l'école d'ailleurs, pour pouvoir manquer les cours. Certains des élèves qui ont profité de cette grève pour manquer les cours n'ont même pas participé à la manifestation. Des positions contradictoires ont eu lieu en Suisse, également sur le plan politique. Avant la grève de septembre dernier, à Lausanne, Florence Gross du PLR a déclaré : D’abord, on encourage les étudiants à aller manifester en leur permettant de rater les cours deux semaines à peine après la rentrée. Ensuite, la grève du climat véhicule des idées dogmatiques. Je pense qu’à ce stade tout le monde s’accorde sur le besoin d’une meilleure protection de l’environnement. Mais si l’on montre aux élèves que c’est en faisant grève que l’on obtient les choses, que fait-on de notre démocratie participative ? De notre parlement des jeunes ? La grève n’est pas un outil démocratique. Et le Conseil d’Etat à majorité de gauche n’accorderait sûrement pas les mêmes dérogations aux élèves pour participer à une manifestation en soutien de l’économie nationale. (Skjellaug, Le Temps, 2020) En même temps, Cesla Amarelle affirme que l'école est essentielle, même pour comprendre les enjeux climatiques. Finalement, seule une justification de leurs absences était exigée des élèves et, pour l’enseignement obligatoire, la signature des parents était également nécessaire. Cependant, les cours se déroulaient dans les conditions habituelles et le matériel enseigné ce jour-là pouvait faire l'objet de tests. Pour la grève de mars 2019, le collège de Frutigen a déclaré la participation à la grève obligatoire pour plusieurs classes, y compris dans un projet sur le système politique suisse et le droit à l'expression de soi. Tous les frais étaient couverts par l'école (Le matin, 21 mars 2019). Cette approche n'a pas été bien accueillie par l'UDC, car l'école obligatoire est censée être politiquement neutre. Au contraire, la représentante des Verts a estimé que l'école avait la responsabilité de s'attaquer aux problèmes sociopolitiques tels que la grève pour le climat et de permettre aux élèves d'y réfléchir de manière critique. Étant donné que la pensée critique signifie également permettre aux élèves de décider par eux-mêmes, cela n'a peut-être pas été la meilleure stratégie pour persuader la participation. Avec les cours d'université, peut-être même la 11e, j'aborderais cette question en classe et voir quelle est leur position, mais je ne divulguerai probablement pas les partis politiques derrière ces déclarations. Dans un contexte où différents cantons ou même différentes écoles adoptent une stratégie différente face à la grève, certains étant plus impliqués que d'autres, certains permettant plus que d'autres, la participation dans différentes régions du pays peut finalement être déterminée par ces stratégies et pas par le degré d'intérêt des élèves à défendre leurs 6 Education à la citoyenneté et questions sensibles valeurs ou non. Justifier les absences pour participer à la manifestation est un aspect qui a été abordé très différemment dans les cantons. Pour ne citer que quelques exemples, la grève de mars 2019 a été totalement interdite en Valais, à Genève, manquer une évaluation conduirait à la note 1, à Fribourg, les absences ont été discutées en conseil de direction, à Neuchâtel, les parents devraient assumer la responsabilité des absences de leurs enfants, tandis que dans le Jura bernois, les élèves sont autorisés à prendre 5 demi-journées de congé sans justification, ils ont donc pu profiter de ces jours pour participer aux manifestations (RTS Info, 12 mars 2019). Les jeunes devraient être libres de choisir, sans aucune influence de notre part, de participer ou non aux manifestations climatiques. Il serait bien entendu souhaitable que la grève soit organisée en dehors des heures de classe. Il n'y aurait alors aucun problème avec les écoles obligeant les élèves à participer ou pour ceux qui sont dans un dilemme de choix, participer et manquer des cours ou ne pas participer et ne pas être actifs dans la vie sociale. Les élèves doivent assumer leurs responsabilités et agir selon les principes et les attitudes qu'ils développent par eux-mêmes. Et, dès leur plus jeune âge, cela devrait leur être enseigné à l'école. Mais, par tous les moyens, on attend et souhaite que les principes et les attitudes qu'ils développent soient dans ce qui est considéré comme une bonne direction et nous devrions les guider dans cette direction. Cependant, quand on voit dans les médias des titres qui mentionnent d'abord 3000, puis 12000 puis 35000 participants aux grèves pour le climat, ce qui était le cas en Belgique (Laffineur, 2019), nous ne pouvons pas vraiment être certains que tous ces participants ont été animés par leur esprit civique et non par une envie de ne pas assister aux cours. Pourtant, même si certains ont participé au mouvement sans un réel intérêt pour celui-ci, cela peut quand même être considéré comme précieux si l'on convient que parfois l'action amène la motivation. En marchant avec les autres, ils ont peut-être pu ressentir le sentiment et s'approprier la manifestation. Il ne faut cependant pas non-plus oublier la part significative des étudiants qui ne participent pas. Cette non-participation est un signe d’impuissance, mais elle peut aussi être synonyme d’un manque d’intérêt, de désaccord avec le mouvement ou d’une stratégie du « passager clandestin » (récolter les fruits de l’engagement des autres sans en assumer les coûts). (Winkel, 2019, p. 10) ou un signe d'avoir perdu confiance dans le système. Il y a des jeunes qui prétendent que participer à ces manifestations est en vain parce que le gouvernement ne les écoutera pas. Pour les élèves et autres citoyens qui ont perdu la confiance que la situation s’améliorera et que le gouvernement élaborera un plan d’action, montrer ce qui a été fait jusqu’à présent peut être une impulsion pour regagner leur confiance. Avoir déjà les titres partout dans les médias peut avoir un grand impact. 7 Education à la citoyenneté et questions sensibles Carsten Quesel parle de la participation des enfants et des adolescents aux questions de citoyenneté et de l’importance de la participation parce qu’elle recouvre l’implication dans les décisions engageant une collectivité. Elle présente trois aspects : la consultation, la cogestion et la coresponsabilité. En participant, on n’est plus seulement un membre d’une collectivité, on en devient un acteur, qui doit se prononcer sur les questions de pouvoir. (p. 55) Participez ou pas? Pour quelles raisons ? Avant de prendre une telle décision, il faut présenter les différents côtés de l'argumentation et laisser les élèves décider par eux-mêmes, sans que d'autres incitations telles que leurs absences soient excusées ou, au contraire, des dissuasifs comme les absences ne peuvent être excusés. 4. Parler du changement climatique en classe L’école et la grève du climat sont inextricablement liées. C’est pour cela qu’il incombe à l’école de transmettre les savoirs aux élèves pour qu’ils/elles puissent acquérir les compétences qui leur permettent de concentrer leur énergie, de comprendre les interdépendances et les contradictions, proposer des actions et en évaluer les conséquences. (Dulio, 2020, p. 3) L'éditorialiste parle du projet EDD (L’éducation en vue d’un développement durable) et de son importante contribution par « construire des savoirs applicables au lieu de « savoirs passifs », promouvoir une pensée orientée vers des solutions et combler le fossé entre savoirs et actions » (Dulio, 2020, p. 3) Les questions socialement sensibles suscitent des discussions, des débats et des controverses et pour être abordées en classe, un apprentissage actif est préféré. De cette manière, les élèves peuvent développer leur éducation en tant qu'individus curieux, citoyens responsables, leur esprit critique et leur capacité à remettre en question et à analyser les ressources. (Cretegny, 2015, p. 3) Ils devraient également améliorer leurs capacités d'autonomie, ce qui les aiderait à prendre des décisions et défendre leurs croyances et leur position. En tant qu'enseignants, nous sommes censés trouver un moyen de “faire valoir sans prescrire”, s'assurer que les élèves disposent des ressources nécessaires pour construire leur citoyenneté « sans jamais renoncer aux objectifs de la prévention des crimes contre l’humanité » (Heimberg et al., p. 25) et c'est en effet un dilemme qui attend encore une approche appropriée. L'avantage de l'enseignement de l'anglais est que presque tous les sujets peuvent être abordés avec les élèves tout en respectant les objectifs du PER. Si l'on considère l'objectif du PER L3 34 – « Produire des textes oraux variés propres à des situations de la vie courante… » - avec l'extension pour « prendre part à une conversation », les élèves doivent pouvoir participer « à une conversation sur des thèmes variés (achat, itinéraire, invitation, intention, 8 Education à la citoyenneté et questions sensibles goût, capacités, habitudes, conseil, opinion, science, actualité, technologie, …) », ici, opinion, science et actualité étant des mots clés. Cependant, la limite ne doit pas être l'anglais car les capacités transversales doivent être envisagées dans toutes les disciplines. Et de nombreux descripteurs sont énumérés qui se réfèrent spécifiquement à ce que nous essayons d'aider nos élèves à développer - la pensée critique et le raisonnement réflexif. En voici seulement quelques-uns, qui peuvent être considérés comme primordiaux pour ce problème actuel qu’on élabore : “mettre les faits en perspective en s’appuyant sur des repères ;” “explorer différentes options et points de vue ;” “adopter une position ;” etc. (CIIP 2010) Il existe différentes stratégies qui peuvent être mises en œuvre en classe afin que les élèves aient la possibilité de développer leur esprit critique et les discussions, débats, lectures sur différents points de vue, en étant quelques-uns. Une autre approche pourrait être de présenter les biais cognitifs aux élèves et de les guider pour qu'ils apprennent les risques d'être influencés dans nos décisions et nos croyances. Selon Legardez & Simmoneau, le but de l'enseignement des questions socialement vives n'est pas d'apprendre, mais de comprendre. Dans l’introduction de Développement durable et autres questions d'actualité, ils discutent des possibles positions de neutralité des enseignants identifiées par Kelly (1986, cité par Legardez & Simmoneau, 2011). Adopter une neutralité exclusive signifie que les questions controversées ne doivent pas être abordées en classe et « les découvertes scientifiques sont des vérités exemptes de valeurs ». Néanmoins, il incombe aux enseignants d’enseigner les valeurs et, dans une société démocratique, l’école doit préparer les élèves à débattre de questions controversées parce que cela se rapporte à la « vrais vie ». La partialité exclusive signifie tenter d'imposer une opinion particulière aux élèves, donc un seul côté de l'argument est présenté ou l'autre côté de l'argument est subtilement sous-évalué afin que les élèves aient une certitude. L'impartialité neutre fait référence à l'implication des élèves dans les débats sur des questions controversées, mais les enseignants ne doivent pas exprimer leurs opinions pour conserver leur autorité et ne pas influencer les élèves dans leurs décisions. En réalité, il semble que la plupart des enseignants révèlent réellement leurs points de vue, la neutralité est donc illusoire. Dans l'impartialité engagée, les enseignants expriment leurs opinions et favorisent l'analyse des points de vue contradictoires. Selon Kelly, c'est la situation privilégiée car, dans un environnement sans sanction, les élèves peuvent développer des compétences d'implication civique, de courage et de pensée critique (Legardez & Simmoneau, 2011, p. 25-26). Les élèves peuvent déjà avoir une opinion basée sur ce qu'ils ont lu ou vu dans les nouvelles ou entendu dans leur famille. Les médias jouent un rôle primordial dans le traitement des questions sensibles en classe, non seulement pour les élèves, mais aussi pour les enseignants, dont les points de vue peuvent avoir été influencés par eux et où ils trouvent le 9 Education à la citoyenneté et questions sensibles contenu et les arguments de leur approche. Cependant, les médias ne sont pas le seul facteur pouvant interférer avec le processus éducatif : En particulier, les enseignants et les éducateurs sont influencés par leurs représentations sociales, leurs systèmes de valeurs, leurs identités socioprofessionnelles et culturelles, leurs perceptions des normes internes […] et externes […], les postures qu’ils pensent devoir tenir (neutres/engagées), leur confiance dans leur capacité à contrôler des situations d’enseignement potentiellement conflictuelles. (Legardez & Simmoneau, 2011, p. 26) Pour permettre aux élèves de s'éloigner de leurs représentations précédentes sur la question, une séquence spéciale pourrait être proposée sur les biais cognitifs. Il est recommandé de s'entourer d'autres personnes ayant des opinions diverses, de cette manière un équilibre s'établissant et le risque de s'en tenir à nos croyances préconçues étant réduit (5 choses sur les biais cognitifs, 2015). Cependant, se remettre en question demande un grand effort cognitif et les élèves doivent prendre conscience de tout cela. Certaines recommandations d'activités développées en classe pour présenter des sujets liés à la citoyenneté pourraient être le brainstorming sur d'éventuelles controverses, des idées à discuter et des idées à débattre, la recherche d'informations pour soutenir différents côtés d'un argument, l'organisation de débats avec des arguments raisonnables et bien affirmés. Je pencherais vers une impartialité neutre ou engagée, très probablement selon le sujet. Il y a certains sujets, comme la politique et la religion, que je considère plus sensibles ou, mieux dit, plus personnels. Cependant, en discutant d'autres sujets tels que le changement climatique, le développement durable, la migration ou le racisme, je révélerais probablement ma position, surtout si les élèves le demandent. Cependant, dans ma brève expérience d’enseignement en Suisse, j’ai remarqué que les élèves ne manifestent pas beaucoup d’intérêt pour l’opinion de l’enseignant, en particulier les collégiens ou les classes R3 du cycle. Les élèves ECG ou R2 semblent un peu plus curieux et plus susceptibles de montrer plus d'intérêt pour ma position. La raison en est peut-être que les premiers accepteraient plus facilement l’autorité de l’enseignant et pourraient considérer qu’ils envahiraient la vie privée de l’enseignant s’ils posaient ce qu’ils pensent être des questions personnelles. En revanche, ce qui peut être considéré comme une faiblesse, s’ouvrir devant les élèves, peut montrer le côté humain de l’enseignant et renforcerait probablement la confiance et de cette façon, les élèves auraient plus de courage pour exprimer leurs points de vue. Selon Bizier (2016), aborder les questions socialement vives en classe change la perception du triangle pédagogique proposé par Houssaye. L’enseignant ne valide plus les connaissances des élèves et les stratégies régulières d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation sont abandonnées, l’école et les connaissances théoriques ayant une 10 Education à la citoyenneté et questions sensibles représentation différente, les élèves utilisant leurs propres connaissances et leur expérience personnelle (p. 20). Inspiré par l'article rédigé par Urgelli, Simonneaux et Le Marec (2011), je commencerais ma séquence pédagogique par deux films représentatifs de la problématique du changement climatique : Before the flood (2016) et Climate Hustle (2016). Ils dépeignent le sujet du climat sous deux angles différents et les élèves auraient l'occasion de se familiariser avec les arguments contradictoires sur le sujet. Ils seraient demandés d'extraire les points de raisonnement et de justification de chacun des deux films et ce serait l'ouverture d'un débat, mais pas avant d'avoir mené une brève recherche pour trouver plus d'arguments. Parce que Climate Hustle a été accueilli avec des critiques concernant l'exactitude des informations, après le débat, les élèves recevraient des informations sur cet aspect et on leur demanderait de faire des commentaires et d'analyser ces avis, mais aussi de trouver des arguments en faveur. Afin de ne pas nourrir directement les élèves avec des preuves sur une position de la discussion, je leur demanderais de débattre et de discuter à la fois pour et contre des positions, afin qu'ils parviennent à des conclusions basées sur leur jugement. Cependant, les élèves devraient se renseigner sur le processus de réchauffement climatique et sur les changements climatiques passés et les conséquences futures possibles. Pour les données scientifiques, les graphiques et les images fournis par le NCCS pourraient être analysés en classe, afin que tout le monde comprenne ce que signifie le changement climatique et comment il nous affecte directement. Participer à un débat est également un moyen de montrer aux élèves l'importance des connaissances scientifiques pour étayer leurs arguments. Ainsi, cela peut susciter l’intérêt des élèves à étudier plus intensément, car il y a une utilisation immédiate de ces connaissances. Pour que le débat soit efficace et que les élèves argumentent toujours leurs positions et opinions et pas seulement les énoncent, j’appliquerais l’objectif de Graham, proposé par le Chat Sceptique. Un schéma possible de la façon dont un contre-argument devrait être proposé pour qu’on se trouve au centre de la cible est le suivant : La thèse principale de monsieur / madame semble être X. Comme il / elle le dit d’ailleurs lui-même : citer deux, trois trucs que monsieur / madame a dit. Mais la thèse de monsieur est selon moi fausse pour les raisons suivantes : lister ces raisons. (Chat Sceptique, YouTube vidéo, 11 juin 2019) Respecter le point de vue des autres et accepter qu’il y ait toujours des côtés différents dans un argument est une caractéristique de la démocratie et de la citoyenneté. Et finalement, notre objectif est de guider les élèves vers des citoyens responsables dans un État démocratique. 11 Education à la citoyenneté et questions sensibles Figure 1 – La cible de Graham ; https://en.tipeee.com/chatsceptique/news/60905 La deuxième partie de la séquence commencerait par trouver des solutions aux problèmes de changement climatique et sensibiliser les gens et les moyens possibles de sensibiliser. Que les élèves évoquent ou non l'idée de grève, j'afficherais quelques images de la grève pour le climat. Puisque la discussion sur la question actuelle conduit toujours à ce que chacun de nous pourrait faire pour empêcher ou ralentir le processus, je présenterais certaines organisations aux élèves. Je leur demanderais probablement d'abord s'ils en connaissent et quel est leur but. Ensuite, je peux faire une liste et cela peut être transformé en activité, de préférence dans le laboratoire informatique. Chaque groupe d'élèves devrait trouver des informations sur une organisation particulière, en se concentrant sur sa mission. Certaines organisations possibles pourraient être Climate School, The GLOBE Program, Swiss Youth for Climate, Green Community Project etc. mais, afin d'adapter le sujet à un cours d'anglais, certaines organisations de pays anglophones pourraient également être incluses. Une autre approche des problèmes de changement climatique en classe pourrait être la littérature cli-fi. Pour les cours débutants et pré-intermédiaires, en supposant que l'enseignement se fasse en anglais, des livres adaptés au niveau peuvent être choisis. Dans les mondes fictifs créés dans ces livres, des décisions importantes sont nécessaires pour que la population puisse survivre ou s'adapter à un environnement différent. Après avoir lu un tel livre avec les élèves, une comparaison avec notre monde peut être faite et développer les enjeux du changement climatique à partir de là. La mise en scène de fragments du livre serait une autre idée pour que les élèves se mettent à la place des personnages, par empathie et une meilleure compréhension de leur monde. The Stone Gods (2007) de Jeanette Winterson, 12 Education à la citoyenneté et questions sensibles Solar (2010) de Ian McEwan et la trilogie Science in the Capital de Kim Stanley Robinson sont quelques exemples de romans qui abordent le thème du changement climatique et ses conséquences. Dorothee Lanz (2020) mentionne le psychologue environnemental norvégien Per Espen Stoknes, qui décrit l'une des raisons pour lesquelles les gens peuvent ne pas être conscients de la gravité des conséquences du changement climatique, à savoir parce que, psychologiquement, il est difficile de s'identifier à quelque chose qui ne nous affecte pas immédiatement. Par conséquent, pour réduire la distance, nous devons établir une proximité, même métaphorique, comme le changement climatique qui affecte notre propre maison. Sur la base des compétences EDD, le processus d'apprentissage peut être lancé par l'acquisition de connaissances scientifiques, suivi par la promotion de la pensée autonome en examinant diverses perspectives, en identifiant les conflits d'intérêts et en développant une réflexion indépendante, puis en appliquant les nouvelles connaissances à des contextes complexes en élaborant, comparant et évaluer les possibilités d'agir (Lanz, 2020, p. 8). L'approche détaillée, plutôt élaborée, est jointe en annexe. Au-delà des cours en classe, un projet EDD pourrait être mis en œuvre à l’école et une collaboration avec Education 21 porterait la lutte de l’école contre le changement climatique à un niveau supérieur. Certains enseignants peuvent ne pas être disposés à aborder les sujets sensibles de la citoyenneté en classe et une raison possible à cela pourrait simplement être qu'ils ne sont peut-être pas familiers avec ces sujets eux-mêmes. Ils peuvent se sentir désorientés lorsqu'il s'agit de discuter d'autre chose que de leur discipline. Par conséquent, il est extrêmement important que les enseignants soient formés dans ce sens. Comme solution temporaire, ils pourraient travailler avec des enseignants d'histoire, de géographie ou d'éducation à la citoyenneté et au moins planifier, sinon mettre en œuvre les leçons ensemble. Bizier a identifié plusieurs risques dans l'approche des questions socialement vives en classe. Du point de vue de l’enseignant, certains risques sont les suivants : la déviation normative, danger de moralisation, dérive relativiste (toutes les opinions sont bonnes), aborder la question superficiellement en la reliant uniquement à ses pratiques sociales, difficultés à gérer les débats (2016, p. 26). En même temps, les élèves peuvent ne pas s'impliquer suffisamment car il n'y a pas de pertinence immédiate à prendre position sur la question (Bizier, 2016, p. 28). En ce qui les concerne, d'une part, certains peuvent ne pas bien répondre aux sujets liés au climat car les conséquences immédiates du changement climatique, en particulier dans cette partie du monde, ne sont pas très évidentes. À part les étés très chauds ou le manque de neige en hiver, il n'y a pas beaucoup à remarquer. Par conséquent, leur intérêt immédiat peut ne pas être stimulé, ce qui peut rendre difficile leur motivation. D'autre part, comme le révèle la recherche exploratoire (projet CCESO I), il y a les élèves les plus 13 Education à la citoyenneté et questions sensibles conscients, qui comprennent la gravité du changement climatique. Cependant, ils ne peuvent discuter du problème qu'en termes généraux, les solutions ne sont donc pas non plus très claires. De nombreux élèves imaginent un avenir très pessimiste, même en images apocalyptiques. […] les élèves ne mentionnent que très rarement des acteurs identifiés de manière précise : ils ont en effet massivement recours à des expressions génériques (les industries, la voiture, les pollueurs, tout le monde, nous, on) ; de même, les actions (mesures) à entreprendre pour lutter contre les facteurs anthropiques de l’effet de serre restent formulées en des termes généraux, sans être attribuées ni référées à des acteurs bien identifiés. Par ailleurs, une proportion non négligeable des élèves […] exprime des visions très pessimistes pour l’avenir, parfois même des scénarios apocalyptiques. (Hertig, 2018, p. 14) Le projet susmentionné s'est déroulé entre 2017 et 2019 et avait pour objectif de développer des séquences méthodologiques destinées aux différents cycles de la scolarité obligatoire en Suisse. Dans un entretien avec deux élèves d'un lycée de Berne, l'un des élèves, Saskia, mentionne que l'enseignement devrait être plus politique. L'apprentissage de l'effet de serre et du changement climatique n'est pas suffisant, il serait également important d'apprendre comment nous pouvons agir, quelles sont les conséquences de ces phénomènes, c'est-à-dire l'aspect social de la question (Kammemrmann, 2019, p. 2). Un exemple concret de la manière de procéder est l’idée de Saskia d’un cours transdisciplinaire sur la politique ou la société, de sorte que tous les sujets sensibles pourraient être étudiés en relation les uns avec les autres et non isolés car ils sont pour la plupart étudiés actuellement. Milo, l'autre élève interrogé, a déclaré que dans leur école, ils avaient organisé une table ronde avec des politiciens des jeunes partis bernois (Kammermann, 2019, p. 2). Cela semble un excellent projet qui pourrait motiver les élèves et apprendre que dès leur plus jeune âge, ils peuvent être actifs dans la vie politique et avoir quelque chose à dire. Saskia a ajouté que l'école ne devrait pas essayer de contrôler le comportement des élèves en dehors de l'école, mais devrait les sensibiliser et les motiver. Sensibiliser les jeunes au fait que les mesures prises pour protéger le climat ne sont pas seulement des interdictions et que la diminution des opportunités est l’une des premières étapes. Maintenant, beaucoup craignent que leur vie ne soit plus difficile, mais les avantages seront gratifiants. 14 Education à la citoyenneté et questions sensibles Conclusion Comme on peut observer, « aborder en classe les questions liées aux changements climatiques n’est pas un mince défi » (Hertig, 2019, p. 13). Même si la science est là pour prouver les faits, il y a toujours des controverses et les élèves sont confrontés à une confusion de ne pas savoir quoi accepter comme vrai et quand et comment agir. l’éducation et les contenus scolaires devraient sans doute laisser ouverts les possibles, faire valoir les connaissances scientifiques, mais éviter en même temps les pièges de l’injonction prescriptive, qui impose aux élèves ce qu’ils et elles devraient penser, en leur permettant au contraire de s’approprier autant que possible des capacités de discernement et d’action. (Heimberg et al, p. 14) Cela signifie que la science reste notre base d’enseignement, mais que les élèves devraient avoir la possibilité de penser par eux-mêmes et d’agir quand ils le jugent nécessaire. Le rôle de l'école et notre responsabilité en tant qu'enseignants est d'orienter les élèves vers des compétences qui les aideront à comprendre comment choisir, développeront leur esprit critique et leur capacité à réagir et à prendre position. En utilisant les compétences transversales, on peut aborder des sujets considérés comme sensibles, mais on doit trouver une approche pertinente qui puisse servir notre objectif principal : former des citoyens responsables qui sont des acteurs dans la société. 15 Education à la citoyenneté et questions sensibles Bibliographie : 5 Choses sur les biais cognitifs. (2015). Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=373Z9Rm7R_I&feature=emb_title&ab_channel= Pab-millionnaireen5ans%3F Bizier, N. (2016). Les questions socialement vives pour former des citoyens informés et capable d’agir. Actes de colloques de l'AQPC et supports de présentation. Repéré à https://eduq.info/xmlui/handle/11515/37540 Casciaro, E. (adaptation web).(2019, 12 mars) Quelles conséquences pour les élèves participant à la grève du climat? RTS Info. Repéré à https://www.rts.ch/info/suisse/10283341-quelles-consequences-pour-les-elevesparticipant-a-la-greve-du-climat.html Chat Sceptique. (2019, 11 juin). YouTube video. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=ohU1tEwxOSE&feature=emb_title&ab_channel= ChatSceptique Climat: la grève des élèves était obligatoire. (2019, 21 mars) Le matin. Repéré à https://www.lematin.ch/story/climat-la-greve-des-eleves-etait-obligatoire360517385507 Cretegny, P. (2015). Apprentissage actif, enseignement des questions socialement vives et des passés traumatiques en classe d’histoire – Mise en oeuvre pratique et impacts. Memoire de master. Reverolle / Vaud : Université de Fribourg. Repéré à https://www3.unifr.ch/cerf/fr/assets/public/memoires/2015_07_Cretegny_Pascal.pdf Dulio, C. (2020). Les jeunes agissent, l‘école doit réagir – Editorial. Education 21, 3. Repéré à https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/ventuno_f/12020/ventuno_1.2020_FR.pdf Hayoz Etter, C. (2020). Un nouvel outil pour les écoles. Vivre l’EDD dans toute l’école, oui et comment ? Education 21, 1 – 2. Repéré à https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/ventuno_f/12020/ventuno_1.2020_FR.pdf Heimberg, C. (2011). L'éducation à la citoyenneté à Genève et en Suisse romande : comment faire valoir sans prescrire ? Vierteljahrsschrift für wissenchaftiche Pädagogik, 3(87), 520-532. Repéré à https://archive-ouverte.unige.ch/unige:100086 Heimberg, C., Maulini, O., Mole, F. (2020). Introduction : un recul pour mieux sauter ? Raisons éducatives, 1 (24), 5-27. Université de Genève. Repéré à https://www.cairn.info/revue-raisons-educatives-2020-1-page-5.htm Heimberg, C., Pedrini, L., Ruffy, V. (2005) Education à la citoyenneté en Suisse et en Europe Traces du Colloque de Lucerne 2003. Vivre la démocratie. Apprendre la démocratie. Recueil de textes dans le cadre de l’Année européenne de la citoyenneté par l’éducation avec des contributions de Rickenbacher, I., Heimberg, C., Pedrini, L., Ruffy, V., Oser, F., Audigier, F., Meyer-Bisch, P., Rosenberg, S., Quesel, C., Amarelle, G., Fallegger, C., Ostini, M. Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche SER, 9-12. Repéré à https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/1056.pdf Hertig, P. (2018). Enseigner les questions liées aux changements climatiques : résultats d'une recherche exploratoire et développement de ressources didactiques. GeoAgenda, 16 Education à la citoyenneté et questions sensibles (3). Académie de sciences naturelles. Université de Neuchâtel,13-15. Repéré à https://scnat.ch/en/uuid/i/d97a2582-348a-57ed-9f7a-8509ff83b706GeoAgenda_No._3%2F2018 Hertig, P. (2019, 26-28 juin). Enseigner les questions liées aux changements climatiques : défis et enjeux d’une nécessaire (dé)construction et reconstruction de savoirs pour agir sur le monde. Penser les frontières des savoirs dans et sur le monde social. Quels apprentissages des élèves face aux enjeux contemporains ? Colloque international des didactiques de l’histoire, de la géographie et de la citoyenneté. Genève, 13 – 15. Repéré à https://www.unige.ch/didactiquesHGC2019/ Kammermann, M. (2020). Entretien Milo Schefer et Saskia Rebsamen, Grève du climat. Education 21, 1 – 2. Repéré à https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/ventuno_f/12020/ventuno_1.2020_FR.pdf Laffineur, S. (2019, 15 juillet). L'école face aux grèves Climat des jeunes, une réponse en demi-teinte. OXFAM. Repéré à https://www.oxfammagasinsdumonde.be/blog/2019/07/15/lecole-face-aux-grevesclimat-des-jeunes-une-reponse-en-demi-teinte/#.X9dfk7Mo-rZ Lanz, D. (2020). Réflexion sur le changement climatique. Des connaissances à l’action. Education 21, 1 – 2. Repéré à https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/ventuno_f/12020/ventuno_1.2020_FR.pdf Le moment est crucial pour une prise de conscience collective – Entretien avec Gregory Giuliani. (2020, 9 avril). Le Journal de l’Unige. Repéré à https://www.unige.ch/lejournal/ejournal/ejournal03/climat-coronavirus/ Lugon, L. (2019, 17 janvier, modifié 18 janvier) A Genève, l’école obligatoire peut faire grève pour le climat avec la bénédiction du DIP. Le temps. Repéré à https://www.letemps.ch/suisse/geneve-lecole-obligatoire-faire-greve-climatbenediction-dip Pineiro, M. (2020, 22 octobre). Les futurs profs dénoncent la précarité durant leur formation. 20 Minutes. Genève. Repéré à https://www.20min.ch/fr/story/les-futurs-profsdenoncent-la-precarite-durant-leur-formation-865427873741 Quesel, C. (2005). La participation chez les enfants et les adolescents : Ce qui se passe actuellement en Suisse. Vivre la démocratie. Apprendre la démocratie. Recueil de textes dans le cadre de l’Année européenne de la citoyenneté par l’éducation avec des contributions de Rickenbacher, I., Heimberg, C., Pedrini, L., Ruffy, V., Oser, F., Audigier, F., Meyer-Bisch, P., Rosenberg, S., Quesel, C., Amarelle, G., Fallegger, C., Ostini, M. Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche SER, 55-58. Repéré à https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/1056.pdf Ruffy, V., Pedrini, L., Heimberg, C. (2005). Education à la citoyenneté en Suisse et en Europe - Traces du Colloque de Lucerne 2003. Vivre la démocratie, apprendre la démocratie. Recueil de textes dans le cadre de l’Année européenne de la citoyenneté par l’éducation. Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche SER, 9 -12. Repéré à https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/1056.pdf Skjellaug, A. (2020, 1 septembre) A Lausanne, la grève du climat est source de tensions politiques. Le Temps. Repéré à https://www.letemps.ch/suisse/lausanne-greveclimat-source-tensions-politiques 17 Education à la citoyenneté et questions sensibles Une première Grève du climat depuis le coronavirus tout en douceur. (2020, 4 septembre, modifie 5 septembre). RTS Info. Repéré à https://www.rts.ch/info/suisse/11578219une-premiere-greve-du-climat-depuis-le-coronavirus-tout-en-douceur.html Urgelli, B., Simonneaux L., Le Marec, J. (2011). Complexité et médiatisation d’une question socialement vive - Le cas du réchauffement climatique. Développement durable et autres questions d'actualité, 67-87. Repéré à https://www.cairn.info/developpementdurable-et-autres-questions-dactual---page-67.htm Winkel, A. (2019). Grève scolaire pour le climat : l’engagement jeune à l’épreuve de la démocratie. Bruxelles : CPCP, Analyse (370). Repéré à http://www.cpcp.be/publications/greve-scolaire-climat https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/ 18 Education à la citoyenneté et questions sensibles Annexes: 1. Courrier Aux élèves et aux parents du cycle d’orientation et de l'enseignement secondaire II. (2020). DIP Genève. Repéré à https://edu.ge.ch/site/cayla/greveclimat_04092020/ 2. Compétences EDD et défis sociétaux actuels. Education https://www.education21.ch/sites/default/files/uploads/ventuno_f/12020/ventuno_1.2020_FR.pdf 21. Repéré à 19