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Аристократия Тулузы и Керси

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Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Histoires de Familles
(XIe- XIIe siècles)
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
C’est volontairement que l’expression « monographie familiale » n’a pas été
retenue ici, non pas qu’on lui réfute toute validité – bien au contraire – mais les lignes
qui suivent montreront que les choix qui ont été opérés ne sont pas ceux de la
monographie. Cette dernière est devenue un genre historique à part entière qui
présente bien des intérêts, à condition toutefois de disposer d’un éclairage
suffisamment dense et varié. Je ne vais pas revenir sur ce qui a été énoncé au début du
volume de synthèse. Des thèses, où l’on voit osciller le nombre de familles étudiées de
une à trois ou quatre, témoignent du profit que l’Histoire peut tirer d’une telle
approche, qu’elle soit globale ou thématique1. Récemment, un colloque a cherché à
faire un point épistémologique2 et les travaux fondés sur ce niveau d’analyse se
1
On peut distinguer des études qui se veulent globales telle celle menée par Martin
Aurell sur les Porcelet : Martin AURELL, Une famille de la noblesse provençale au Moyen
Age : les Porcelet, Avignon, Aubanel, 1986. La tendance se porte plutôt à présent vers des
analyses thématiques. L’étude des alliances matrimoniales des comtes catalans : Martin
AURELL, Les noces du comte : mariage et pouvoir en Catalogne, 785-1213, Paris,
Publications de la Sorbonne, 1995 ; celles des relations de pouvoir et d’autorité : Jérôme
BELMON, Les vicomtes de Rouergue-Millau (Xe-XIe siècles), Thèse de l’Ecole des Chartes,
dactyl., 1991. Laurent MACÉ, Les comtes de Toulouse et leur entourage (XIIe-XIIIe siècles).
Rivalités, alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, Privat, 2000 ; enfin, le rapport noblesse –
Eglise : Florian MAZEL, La noblesse et l’Eglise en Provence, fin Xe – début XIVe siècle.
L’exemple des familles d’Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Paris, Editions du
C.T.H.S., 2002.
2
Martin AURELL (éd.), Le médiéviste et la monographie familiale : sources, méthodes
et problématiques, Turnhout, Brepols, 2004. Voir en particulier dans ce volume, Martin
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
multiplient même s’il convient de noter que les familles concernées sont toutes
rattachées à la haute aristocratie. Et puis vient de paraître le second volet du
monumental travail de Claudie Amado : les portraits de familles qu’il renferme
éclairent les strates jusque-là souvent négligées de la moyenne et petite aristocratie,
« angle mort de l’histoire du groupe »3.
On l’aura compris, cette annexe ne vise nullement l’exhaustivité. Doublement.
Les pages qui suivent ne relèvent ni d’études monographiques pointues ni de
minutieux portraits de familles. Toutes les informations fournies par la documentation
n’ont pas été convoquées pour réaliser ces synthèses. D’autre part, le catalogue se
limite volontairement à une vingtaine de lignées qui ne constitue pas le dixième des
familles aristocratiques rencontrées dans les actes. Ont été retenus celles de premier
rang à l’échelle locale, à l’exclusion des familles vicomtales4, et d’autres d’importance
nettement moindre, tels les Bovilar ou les Guitard. Parfois, l’histoire de ces familles se
réduit à trois ou quatre générations sans que l’on soit toujours capable de dire si
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l’origine de la disparition relève d’une extinction biologique du côté des mâles ou tout
simplement d’un hiatus documentaire ! J’ai également introduit dans cette annexe,
comme du reste dans la thèse, des familles a priori périphériques. C’est le cas des
Lalande (Agenais). C’est aussi celui Penne (Albigeois) ou encore des Auriac
(Lauragais). Leurs possessions sont en grande partie implantée dans ma zone d’étude
et leurs liens avec les aristocrates quercinois et toulousains sont particulièrement
nombreux. La carte suivante permet de visualiser soit le castrum dont ils portent le
nom, soit le lieu de leur résidence initiale ou supposée telle5.
AURELL, « Introduction. Modernité de la monographie familiale », p. 7-19. Pierre-Yves
LAFFONT, « Réflexions méthodologiques sur un corpus de monographies familiales :
l’aristocratie châtelaine en Languedoc septentrional (Xe-XIVe siècle), p. 227-233. Florian
MAZEL, « Monographie familiale aristocratique et analyse historique. Réflexions à partir de
l’étude de trois lignages provençaux (Xe-XIVe siècle) », p. 145-160. Michel NASSIET, « La
monographie familiale à la fin du Moyen Age : quelques problématiques d’histoire de la
parenté », p. 67-78.
3
Claudie DUHAMEL-AMADO, Genèse des lignages méridionaux. Tome 2 : Portraits
de familles, CNRS Université de Toulouse II-Le Mirail, Toulouse, 2007, p. I.
4
Seuls les schémas de filiations sont présentés en fin d’annexe. Je renvoie au chapitre
premier du volume de synthèse pour les informations les concernant ainsi qu’à Didier
PANFILI, « Bas-Quercy et Haut-Toulousain : le kaléidoscope à vicomtes – IXe-XIIe siècles »,
dans Hélène DÉBAX (dir.), Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval, Toulouse, Presses
Universitaires du Mirail, 2008, p. 73-86 et annexes sur CD-Rom, p. 60-72.
5
Ainsi, rien n’indique que les Percepoitrine vivent à Boisse, lieu arbitrairement choisi
en fonction des biens cédés.
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Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
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Carte n° 13
Ces histoires de familles débutent par des schémas de filiation. Pour ne pas
alourdir les annexes, le choix a été fait de ne pas présenter les démonstrations parfois
longues et fastidieuses permettant de faire le lien entre certains personnages. Certaines
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de ces familles – Gandalou, Esmes, Lalande, Siquier – ont fait l’objet de travaux pour
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la période 1050-1100 fondés par ailleurs sur les uniques archives de Moissac6.
6
Axel MÜSSIGBROD, Die Abtei Moissac, op cit., p. 163, 177, 181, 184. Régis de LA
HAYE, « Réseaux de familles au XIe siècle autour de Pommevic », Bulletin de la Société
archéologique de Tarn-et-Garonne, p. 7-28.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
La descendance d’Adalaiz et Bernard
Gandalou, Tolvieu et Cos
Ermengaud -∞- Adelaïde
Raino
cte Rouergue
vicomte 932-937 (Vabres)
Bertana -∞- Raymond 1er
Hugues
cte Rouergue
Raymond
cte
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961
996/1031
Hugues
996/1031
Raino
(996/1031)
954-962
Adalaiz -∞- Bernard -∞- Ailes
cte
Arnaud
Géraud
961- 996/1031
Ermengarda
962
Raino
Resendis
prêtre 996/1031
996/1031
962
Hemeldis
996/1031
Géraud
Aucelena
Raino
Emenona
Ymporiana
Otto
996/1031
996/1031
996/1031
996/1031
996/1031
996/1031
996/1031
Gauzfred
Bernard
996/1031
996/1031
=?
Bernard Raino
vers 1036
Na -∞- Bernard
moniale
1083
(1104)
Otto -∞- Eva
Raino
1052-1083
(1105)
GANDALOU
Raymond -∞- Na
Raino
1083
1083-1096
TOLVIEU
Pons
Raino
-∞- Na
vers 1087
vers 1087
COS
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
A l’origine des trois lignées châtelaines se trouve très certainement un couple
formé d’Adalaiz et Bernard. En 961, ces derniers bénéficient d’un legs du comte
Raymond « de Rouergue » et paraissent à plusieurs reprises dans le codicille. Ils
obtiennent tout d’abord en viager deux alleux non localisés mais qui doivent, chacun
d’eux, être divisés entre trois abbayes, ce qui constitue certainement une preuve de
l’importance de ceux-ci ; il s’agit de Vertucio, qui reviendra aux abbayes de
Montauriol, Gaillac et Conques et d’Aulasio que se partageront Vabres, Aniane et
Nant. Viennent ensuite des biens établis en Bas-Quercy et en Haut-Toulousain. Ce
sont les castra de Gandalou avec son alleu Sainte-Marie et celui de Cos avec son alleu
d’Ardus et son église et son alleu d’Antéjac et ses églises. A vrai dire, le codicille
précise que ces derniers ne reviendront au couple que s’ils ont des enfants. Ils doivent
autrement être dévolus aux fils du comte, Raymond et Hugues, pour le premier et à
son épouse Bertana et leur Raymond pour le second. Les deux premiers fils du comtes
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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se voient également attribuer le castrum de Tolvieu avec son alleu d’Albefeuille et son
église, ainsi que l’alleu de Gasseras et son église et enfin l’alleu de Verlhac, son église
et ses dépendances7.
On sait que Bernard et Adalaiz ont eu au moins deux enfants – Arnaud et
Ermengarda – et peut-être d’autres mais comme ils sont intégrés dans une liste
d’enfants que Bernard a eus de deux lits – il fut d’abord marié à Ailes – il est
impossible de départager les progénitures. Quoiqu’il en soit, il est particulièrement
intéressant de cartographier les donations que réalise Bernard pour l’âme de ses deux
épouses défuntes et celles de son fils Arnaud que nous font connaître trois actes du
cartulaire de Saint-Théodard. Ces biens cédés à Montauriol ne se superposent pas avec
les legs que leur fit le comte Raymond « de Rouergue » mais avec ce qui était destiné
à ses uniques fils Raymond et Hugues8. Dès lors, on peut supposer que Bernard et
Adalaiz ont obtenu – en fief très certainement – le castrum de Tolvieu.
Bernard, Raymond, Raino et Pons sont par la suite les anthroponymes
marqueurs des trois lignées, avec évidemment l’apparition rapide des préférences à
l’intérieur de chacune d’elle permettant de les distinguer.
7
HGL, V, col. 240-250 (961).
Donation de Bernard : CST, fol. 78 v° [996-1031] ; donations d’Arnaud : CST, fol.
38 [998-1031] et CST, fol. 40 [998-1031].
8
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pièce justificative
Bernard donne à l’abbaye Saint-Théodard de Montauriol son alleu de Gasseras et
d’autres biens pour l’âme de ses épouses Ailes et Alaice. CST, fol. 78 v° [996-1031],
août
Deux autres filles, Ermengarde et Aucelena, n’apparaissent pas
dans cet acte.
De Gasserano.
Loco sacro et sancto ubi dompnus et sanctus Audardus corpore humatus
quiescit, qui est situs in pago Caturcense seu Tasconense, in centena Cavagnacense,
ibi donat Bernardus alodem suum qui est in pago Tholosano, in ministerio de
Gasserano, in terminio de Variliago, in aro de Pergueto. Et habet fines in se : de duos
latus, terra S.A.; de tertia parte, terra et vinea Guillelmo; de quarto vero latus,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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pervenit usque in medio fluvium Tarno. In quantum inter istas fines concluditur, totum
et ab integrum ego Bernardus dono DD et S.A., pro anima mea et uxores meas Ailes
et Alaice, et filio meo Arnaldo, et genitore meo vel genitrice mea, vel omnibus
consanguineis meis, seu omnium fidelium Christianorum defunctorum, in communia
fratrum, ad illos monachos qui ibidem serviunt cothidie. Et in alio loco dono DD et
S.A., in ipso pago et in ipso ministerio et in ipso termino, illa terra et illa vinea que est
in aro de Campo-Mancione. Et habet fines in se : de uno latus, terra et vinea S.A.; de
alio latus, vinea Sti Saturnini; de tertia parte, vinea Olsabi ; de quarta vero parte,
pervenit usque in rivo que dicitur Potentio. In quantum inter istas fines concluditur,
totum et ab integrum, quistum vel acquirendum, sicut superius scriptum.
Facta carta ista in mense Augusti, sub die feria tertia, regnante Rodberto
rege,sig. Bernardo, qui carta ista scribere rogavit et manibus firmavit vel adfirmare
rogavit. Sig. Geraldo ; sig. Rainone ; sig. Emonone ; sig. Ymporiane. Isti sunt infantes
Bernardo. Sig. Guitardo ; sig. Teugario ; sig. Gauzfredo ; sig. Bernardo ; sig.
Desiderio.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Gandalou
Ermengaud -∞- Adelaïde
Raino
cte Rouergue
vicomte 932-937 (Vabres)
Bertana -∞- Raymond 1er
Hugues
cte Rouergue
cte
Raymond
Raino
(996/1031)
954-962
Adalaiz -∞- Bernard -∞- Ailes
cte
961
Arnaud
Hugues
996/1031
961- 996/1031
Ermengarda
996/1031
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Géraud
Emenona
Ymporiana
Otto
996/1031
996/1031
996/1031
996/1031
=?
Bernard Raino
vers 1036
-∞- Bernard
Raymond -∞- Na
Raino
Raino
1052-1083
(1105)
Odon
Géraud
1083/85
Arnaud
Raymond -∞- Raymonde
Bernard
1083/85
1180-1182
Raymond
de Rocafort
Bernard
1104
1104-1120
Martina -∞- Raymond
1153/60-1174
1174-1182
Bertrand
-∞- Na
vers 1087
vers 1087
TOLVIEU
COS
1114
1083/85
† 1114
Arnaud B. -∞- Na
de St-Cirice
Pons
Raino
1083
1083-1096
1083/85-1104/05 (1114)
croisé 1104
1182
996/1031
Raino
996/1031
1083/85
Hemeldis
996/1031
996/1031
Bernard
Bernard
Nivis -∞- Séguin
Resendis
Aucelena
996/1031
Guillaume
d’Agre
Raino
prêtre 996/1031
962
996/1031
Gauzfred
moniale
1083
(1104)
Gauzbert -∞- Na
962
Géraud
996/1031
Na
Otto -∞- Eva
Odon des filles
1114
Guillelma
Bernard
Na -∞-1 Rainaud
1114-1122
2
1114-1122
(1126 – 1140/51)
Hugues
1126
Raymond
1126
-∞- Na
1104
Bernard
1140/51
Ricard Eiz
1114-1122
Pierre
1140/51
1122-1153/60
(1174)
Na -∞- Raymond
Etienne
Bernard
de Gandalou
1182-1202
1182
en gras, le premier individu à se référer à Gandalou
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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Bernard Raino est le premier personnage de la lignée à porter un surnom de
lieu renvoyant à cette grosse forteresse d’origine publique : en 1063, lors de la remise
de la defensio de Moissac au comte Guillaume IV par l’abbé séculier Gauzbert, il
figure parmi les témoins de cet acte important9. D’emblée, il se situe dans l’entourage
du comte de qui, en fait, il tient très certainement son titre. Les textes qui suivent
n’attestent pas d’une indépendance des Gandalou vis-à-vis du pouvoir comtal. Peutêtre ont-ils eu des velléités de ce type au cours des décennies précédentes mais rien ne
permet de trancher, ni dans un sens, ni dans l’autre, même si un plaid toulousain des
environs de 1036 tend à montrer qu’ils sont demeurés sous un étroit contrôle des
Raymondins. Ce plaid tenu pour résoudre un conflit dû au miles Bernard Odalric (de
Corbarieu) fait état de la présence parmi les boni homines nobles d’un certain Bernard
Raino10 qui pourrait bien être le père de celui qui intervient à Moissac avec le
complément toponymique.
Quoiqu’il en soit, jamais après 1063 le comte ne s’éloigne de Gandalou. En
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1078, le comte Guillaume donne à Moissac divers biens situés à Gandalou dont un
jardin avec ses fontaines attenantes à l’église qu’il sort de son fisc comtal11. On ne
peut être plus clair : par ces mots, Guillaume IV entend réaffirmer haut et fort que le
lieu est sous son contrôle. En 1104, Raymond Bernard vend cinq casaux à Moissac ; le
comte Bertrand donne son accord et confirme la cession12. Enfin, entre 1110 et 1115,
Raymond Bernard cède les parts de marché qu’il tient du comte13. Indiscutablement,
ce dernier est resté maître des lieux tout au long de la période. Pire, lorsque les
Raymondins s’implantent de façon massive dans cet espace, soit à partir de 11401150, la lignée décline au point qu’elle déplace son centre de gravité vers les terres de
deux épouses choisies successivement dans la même famille de Saint-Cirice ; ce
bouclage consanguin apparaît comme du colmatage face à l’effritement d’un
patrimoine déjà bien mal en point en 1126, au moment où Raynald de Gandalou, un
oncle de Raymond Bernard, le mari de Martina, se proclame affaibli par la vieillesse
et la pauvreté14.
9
RH 68 (1063) : Bernardus Rainonis de Gwandalorum Castro firmavit
HGL, V, col. [vers 1036].
11
RH 107 (1078) : de meo comitali fisco.
12
RH 172 (1104) : voir pièce justificative.
13
RH 202 [vers 1110/1115] : Et in mercato de Gandalor dedit ei medietatem sue
medietatis, quam tebenat de comite Tolose.
14
RH 226 (1126) : Rainaldus de Guandalor, debilitatus paupertate atque senectute…
10
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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Les alliances des Gandalou sont très mal connues. Les épouses, hormis celles
de la seconde moitié du XIIe siècle n’ont pu être identifiées. Peut-être – mais il ne
s’agit que d’hypothèses très fragiles – que deux filles de Géraud de Gandalou ont
épousé l’une, un membre de la famille d’Agre, et l’autre Arnaud Bernard de
Rocafort15. Pour le reste, nous sommes contraints de limiter nos observations aux
listes de témoins des actes produits par les Gandalou. Outre la parenté avec Raymond
Raino (de Tolvieu) associé du reste à Siquier leur voisin16, ce sont les seigneurs
d’Esmes qui paraissent le plus souvent dans leur entourage entre 1052 et 116217 suivis
par les Agre18.
On dispose d’un acte doublement singulier. Ce texte relate une guerre
opposant cinq frères au vicomte Vivien de Lomagne à propos de la détention de terres
situées en Lomagne – à sept kilomètres au sud-ouest de Gandalou19 – appartenant à
l’abbaye Saint-Pierre de Moissac. La scène se déroule vers 1083-108520, en fait fort
probablement en 1083 qui semble correspondre à l’année du décès de Bernard Raino.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Voici donc Raymond Bernard, Arnaud, Guillaume, Géraud et Odon qui, à la suite
d’un litige avec Moissac, entrent en conflit avec le vicomte. Leur père, nous disent-ils,
tenait en fief du vicomte Raymond Arnaud et de l’abbé (séculier ?) de Moissac la
moitié des terres de Botirans et de Serre ; et parce qu’on leur en refuse cette moitié, ils
déclenchent le conflit. Sans vainqueur ni vaincu – extraordinaire aboutissement pour
sauver l’honneur de tous – la guerre s’achève plus sereinement par l’envoi d’advocati
devant l’autel de l’église d’Auriol21 où le vicomte tranche en faveur de Moissac face à
l’incapacité des frères Gandalou à prouver leurs dires. Néanmoins, l’absence de
preuve rapporte à ces derniers mille sous et trente deniers de Cahors. Le contexte très
grégorien de ce conflit et la volonté du vicomte de reprendre la main sur des fiefs
15
L’hypothèse ne se fonde que sur des rapprochements anthroponymiques et la
détention commune d’un bien au Sud de Gandalou.
16
CONQUES 58 (1083).
17
RH 51 (1052) ; RH 126 [1083/1085] ; CG, fol. 111 v° (1162).
18
RH 249 [1072-1085] ; RH 172 (1104).
19
On se situe à Saint-Aignan : Mireille MOUSNIER, « Saint-Nicolas-de-la-Grave et
Saint-Aignan au début du XIIe siècle », Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-etGaronne, 1991, p.123.
20
L’acte n’étant pas daté, j’ai songé un moment à la contemporanéité de cet
événement avec la guerre de 1097 marquant l’occupation du comté de Toulouse par Philippa
et le duc Guillaume : le vicomte Vivien semble en effet y jouer un rôle important comme on
l’a vu dans le chapiter deux. Néanmoins, il semble bien s’agir d’un conflit d’intérêt opposant
strictement le vicomte, les Gandalou et l’abbaye.
21
Eglise aujourd’hui disparue autrefois située à l’Est d’Auvillar, le castrum des
vicomtes de Lomagne.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
confiés par son père à un homme, Bernard Raino, qui vient de décéder, expliquent
certainement l’exaspération des fils de ce dernier, mais aussi la brutalité de leur
première réponse, suivie d’un règlement qui, au final, semble satisfaire tout le monde.
Au total, cette lignée de châtelains sous l’étroit contrôle comtal offre de bien
maigres renseignements. Il est par ailleurs surprenant qu’aucun hommage ou serment
n’ait été conservé, comme si la donation de 961 en dispensait les détenteurs du
castrum, ce qui est très improbable. De la même façon, alors qu’une puissante
fortification de terre est implantée à Gandalou, les résultats de la campagne de fouilles
dont elle a été l’objet au début des années 80 se sont avérés très décevants22. A partir
des années 1130, le village castral qui s’est développé là s’est trouvé littéralement
encerclé par des agglomérations de très grande ampleur : au bourg monastique de
Moissac à cinq kilomètres au nord, ont été ajoutés la très grande sauveté de SaintNicolas-de-la-Grave à moins de neuf kilomètres à l’ouest, puis le castelnau de
Castelsarrasin à quatre kilomètres au sud et enfin la ville neuve de Lavilledieu à sept
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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kilomètres à l’est. Perturbant le maillage castral existant pour affaiblir les châtelains,
la stratégie des comtes de Toulouse a été particulièrement efficace à Gandalou.
Pièces justificatives
1.- Notice relatant une guerre avec le vicomte de Lomagne à propos de la terre de
Botirans et de Serre appartenant à Moissac puis le règlement du conflit par la justice
vicomtale. RH 126 [1083/1085], août, mardi
Notum sit omnibus hominibus tam presentibus quam futuris quod ego
Raimundus Bernardus et fratres mei Arnaldus et Willelmus et Geraldus et Oddo
habuimus querimoniam contra monachos Sancti Petri de Moysiaco, et fecimus
guerram cum Viviano vicecomite de Lomania, de illa terra que est in boscho de
Botirans et de Seira, sicut est in carta Sancti Petri et infra terminos qui sunt scripti in
carta illa. Querebamus enim in supradicta terra medietate in fevo quod habuerat
pater noster et nos de manu Raimundi Arnaldi, vicecomitis, et abbatis Moysiacensis et
22
Gérard PRADALIÉ, « Petits sites défensifs et fortifiés en Midi-Pyrénées », dans
Sites défensifs et sites fortifiés au Moyen Age entre Loire et Pyrénées, Aquitania, suppl. 4,
1990, p. 133.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
monachis Sancti Petri. Nos supradicti fratres fecimus batalliam per unum advocatum
nostrum contra advocatum Sancti Petri et monachorum, in presentia Viviani,
vicecomitis, et aliorum multorum. Et utrique advocati juraverunt in altare Sancti
Martini de Orriols. Et vidimus quod non potuimus probare quod verum esset quod
dicebamus. Reliquimus et firmavimus Deo et Sancto Petro de Moysiaco suprascriptam
terram, et totum quod poteramus requirere relinquimus in manu Viviani vicecomitis,
et in manu domni Hunaldi abbatis, et aliorum omnium monachorum, videlicet
Deusdet secretarius, et Gauzfredus et Poncii et Stephani clerici. Et ego Raimundus
Bernardi firmavi per fidem meam, et misi super me fidejussorem Bernardum de Guert
Pueg. Similiter Arnaldus frater meus, Arnaldus Aiz Barba de Asmo Similiter
Willelmus frater meus misit pro se Bertrannum de la Guarda. Similiter et Oddo frater
meus misit pro se Calvet de Carcerellas. Similiter Geraldus misit pro se Lebbero de
Cuc Mont. Et nos omnes suprascripti fratres accepimus a supradictis monachis Sancti
Petri mille solidos et triginta de denariis Caturcensibus, pro hac firmatione.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Facta carta ista in mense augusti, feria IIIa, regnante Philippo rege
Francorum.
S. Raimundi Bernardi, qui hanc cartam scribere rogavit, et manu propria
firmavit. S. Arnaldi, fratri ejus. S. Willelmi, fratri ejus. S. Oddonis, fratri ejus. S.
Geraldi, fratri ejus. S. Viviani, vicecomitis. S. Bertranni de la Guarda. S. Guarsia
Arnaldi de Embrus.
2.- Engagements divers acquis de Raymond Bernard à Gandalou par le moine Arnaud,
moine de l’oeuvre. RH 172 (1104)
Hæc est carta descriptionis de pignoribus sive donationibus, quæ acquisivit
Arnaldus monachus de opere, in villa de Wuandalor.
In primis, vendidit unum equum Raimundo Bernardo in precio sexaginta
solidorum, et accepit ab eo quinque casales ad alodium intus inter vallos et foris
super ortum qui fuit comitis, unum campum de terra, in pignus pro decem solidos.
Dedit etiam similiter in alodium pascarium ad omnes porcos de opere sancti Petri ex
omni bosco, excepto illo qui in defensione erit, et de aliis porcis extraneis duodecim
denarios per singulos annos. Quod si opus completum fuerit de Moisiaco, ille
monachus, qui majorem porcariam habuerit, sive sacrista sive cellararius, similiter
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
habeat pascarium ad omnes suos proprios porcos per omnes boscos ipsius Raimundi
Bernardi, et similiter duodecim denarios absolvit quoque naturam illius hominis qui
dicitur Bernardus de illa Cruce, et omnium filiorum et filiarum ejus, dedit
absolutionem de omnibus quibus adquirere potuerit inter ipsos vallos, absque castro,
ut habeat in alodium. Et hoc totum dedit et laudavit Bernardus comes. (pour
Bertrandus comes)
Altera etiam vice, ipse Arnaldus dedit alterum equum precio triginta
solidorum supradicto Raimundo, et acquisivit ab eo ipsam terram suprascriptam,
quam prius in pignus miserat ; firmavit eam in alodium; in illis casalibus, qui sunt de
Vicaria extra portam, quæ tenet Rainaldus de Guandalor, dedit sex denarios de obliis
per singulos annos. Divisit similiter medietatem quinti de illis terris de Granollag de
ipsis quas boves Sancti Petri araverint, quandiu ipsa terra in pignus fuerit. Est enim
in pignus pro centum solidis bonæ monetæ pro matre ipsius Raimundi, quam
receperunt monacham Moisiaco. Et misit in pignus medietatem illius terræ de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Granollag, sicut dictum est, pro centum solidis, dimisit atque donavit ipse Raimundus
omnes decimos in illas artigas, quæ factæ fuerint in suos boscos, pro anima sua et
patris et matris suæ atque omnium parentum suorum. Fecit quoque conventionem, si
quando comes illas terras vel illos casales de pignus traxerit, ipse Arnaldus et
successores ejus qui opus sancti Petri tenuerint, habeant suos triginta solidos de
supradicto equo, et decem solidos de suprascripta terra in illo bosco de Granollag ab
ipsa strata publica, et inferius quantum ipse Raimundus habet. Has omnes
suprascriptas inpignorationes et donationes de primo equo, quos fecit ipse Raimundus
Bernardus et Willelmus Bernardus frater ejus, ita tenendum laudavit et firmavit.
Facta sunt hæc publice Moisiaco, in eleemosina sancti Petri, anno Dominicæ
Incarnationis millesimo centesimo quarto, coram multis testibus.
Ipse Raimundus Bernardus ita tenendum firmavit et laudavit, in præsentia et
in manibus ipsius Arnaldi supracripti de opere, et Heliæ sacristæ, atque Arnaldi
cellararii, et Raimundi Guillelmi vicarii. Signum Raimundi Bernardi de Valogol.
Signum Pontii et Stephani Bonet, et aliorum multorum.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Tolvieu
Le castrum de Tolvieu est une grosse fortification de terre implantée sur le
rebord d’une terrasse surplombant la rive gauche de la vallée du Tarn. A la différence
de Gandalou et de Cos, le codicille de Raymond « de Rouergue » ne prévoit pas que le
castrum soit cédé à Azalais et Bernard si ces derniers ont des enfants. Il est en effet
attribué aux seuls fils du comte, Raymond et Hugues. A ce castrum sont associés
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
l’église d’Albefeuille et son alleu mais aussi les alleux de Gasseras et de Verlhaguet 23.
Pourtant, on l’a vu, Bernard dispose de biens précisément dans ce secteur. Par ailleurs,
nous ne connaissons l’existence d’aucun marché à Tolvieu à la différence de
Gandalou et Cos. Comme dans ce dernier castrum néanmoins, le site dispose d’une
chapelle castrale dont les détenteurs commencent à se dessaisir au cours du second
quart du XIIe siècle. C’est le cas d’Arnaud de Tolvieu24 mais aussi de sa sœur Azalais
dont on sait, grâce à une notice de confirmation, qu’elle avait abandonné sa part25.
De la boucle du Tarn au nord à la confluence de celui-ci avec le Tescou au sud,
les Tolvieu semblent détenir des droits fonciers importants. Néanmoins, leurs
possessions enjambent les cours d’eau. Surtout, ils contrôlent les revenus de plusieurs
églises qui s’égrainent en chapelet le long du Tarn. Parmi elles, l’église d’Albefeuille
et la chapelle castrale de Tolvieu font l’objet de plusieurs cessions26 ; Meauzac, au
nord, est restituée par Azalais de Tolvieu et son mari à Moissac en 114427 ; Gasseras
au sud28 et Saint-Hilaire, sur l’autre rive du Tarn29, sont données à Montauriol, tout
23
HGL, V, col. 240-250 (961).
CST, fol. 109 v° [1113/1137].
25
CST, fol. 3 (1154).
26
CST, fol. 109 v° [1113-1137] ; CST, fol. 3 (1154).
27
RH 265 (1143).
28
CST, fol. 6 [vers 1169].
29
CST, fol. 130 v° [1105-1137] ; CST, fol. 4 [1144-1177].
24
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Raymond
cte Rouergue
Hugues
Raino
cte
954-962
Adalaiz -∞- Bernard -∞- Ailes
961
Arnaud
Ermengarde
996/1031
Hugues
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
996/1031
Gauzfred
Bernard
996/1031
996/1031
996/1031
Raino
961- 996/1031
Resendis
prêtre 996/1031
Géraud
Aucelena
996/1031
996/1031
=?
Hemeldis
996/1031
Raino
Emenone
996/1031
996/1031
996/1031
Ymporiane
996/1031
Bernard Raino
vers 1036
Na
-∞-
moniale
1083
(1104)
Bernard
Rainonis
Raymond -∞- Na
Rainonis
1083
Pons
Rainonis
1052-1063-1083
(1105)
1083-1096
vers 1087
GANDALOU
COS
Raymond Raino
de TOLVIEU
des enfants
(1113/37)
Arnaud
1105/37-1143† av. 1149
Géraud Gauzbert
de Tolvieu 1149/77
1113/37-1169
Pons
1149/77
Géraud
1113/37-1154
Guillaume -∞- Flandina
de Bretes
1140
1115/35-1156
1105/37-1113/37
Raymond Amiel
miles dominus
1113/37-1140
Guillaume -∞- Na
de Luganhac
1140
1140-1170/77
Raymond de Penne -∞-1 Ricartz 2-∞- Sichier
Raymond Raino
Amiel
abbé
1149-1177
Bernard
1140
1108/11-1135-† av. 1140
Azalais -∞- Hugues de Rocafort
1143-† av. 1154
Bernard Raymond -∞- Ermengardis Bona -∞- Agenus
de Tolvieu
1140-1144
1140
de Bretes
miles dominus
1140-1149/55 moine
Raymond Raino-∞- Na
Guillaume
1169
de St-André 1169
1115/35-1140
1126-† av. 1154
Hugues de Hugues
Rocafort Escafred
1143-1194
1154-1170
Na -∞- Bernard Hugues
de Castelnau
1154
1154
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
comme l’église de Selvor aujourd’hui disparue, que Bernard Raymond de Tolvieu
donne à l’occasion de sa conversion, alors que son frère est le nouvel abbé de
Montauriol30. Longtemps, les Tolvieu conservent donc les églises dans leur
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
patrimoine.
30
CST, fol. 7 [1149-1154].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Des alliances matrimoniales les situent dans les sphères locales les plus
enviables. Outre la parenté avec Gandalou et Cos, Ricartz (de Tolvieu) est unie à la fin
du XIe siècle à Raymond de Penne, frère du futur évêque d’Albi Aldegaire31, puis vers
1110 à Siquier, auréolé du prestige de la croisade32. Quant à sa sœur Azalais, elle
épouse Hugues de Rocafort dont le castrum commande le passage de la Garonne au
Tarn entre les forêts de Fromissart et d’Agre. Indéniablement, leurs alliances les
placent dans l’orbite des Trencavel. On sent néanmoins une rapide érosion de leur
prestige. Aux générations suivantes, à l’exception d’un Castelnau, les conjoints –
Bretes ou Saint-André – appartiennent à des rangs nettement moins influents de
l’aristocratie.
Enfin, on ne peut parler des Tolvieu sans revenir sur cette superbe notice
relatant la vente en 1140, au profit de Saint-Théodard, de terrains de natures diverses
situés à l’extrémité du promontoire sur lequel est implanté le bourg monastique de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Montauriol33, terrains sur lesquels le comte Alphonse fonde Montauban quatre ans
plus tard. Le texte précise qui tient tel bien et de quelle manière : in hereditatem ou in
fevo. Il met en relation différents réseaux et jouent sur les registres tant matrimoniaux
que féodaux. Ainsi, la venue de Pierre de Penne s’explique : il est le fils de Ricartz (de
Tolvieu). Arnaud Pelfort est également présent. Cet aristocrate, descendant d’une
Une vente, de multiples ayants droit, des registres matrimoniaux et féodaux
Raymd -∞- Ricartz
de Penne
Raymd Raino
(de Tolvieu)
de Tolvieu
Pierre Arnd -∞- Audiarda
Bernd -∞-2Ermengarde1 -∞-Bernd
Raimd
de Penne de Penne
Audiarda -∞- Arnaud
Na -∞- Géraud
Pelfort
de Pis
4 garçons
1 fille
Hugues -∞- Guillelma
de Pis
X
Raymd
Pons
Flandina -∞- Guill. Bona -∞- Ageno
Amiel
de Bretes
Merles Na -∞- Guill. 3 garçons
de Luganhac
de Bretes
4 garçons
1 fille
Bernd
d’Alzat
lignée de fidèles des Penne depuis plus d’un siècle, n’est pas ici comme vassal mais
bien comme dépositaire d’une partie de ces terres tenue in hereditatem en raison de
31
CT 83 [1108-1111].
RH 281 [1135-1140].
33
CST, fol. 111 (1140).
32
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
son mariage avec une nièce de Pierre, Audiarda, décédée au moment de la vente.
Quant à Hugues de Pis, neveu d’Arnaud Pelfort, lui est bien là comme vassal de la
domina Ermengarde, tout comme son père, Géraud de Pis, était déjà dans cette
situation de dépendance vis-à-vis du premier mari, Bernard Pons, de ladite domina.
On imagine la réaction du clan lors de la fondation de Montauban. On connaît
la suite : l’élection d’Amiel (de Tolvieu) à la tête de l’abbaye Saint-Théodard et une
paix signée à Béziers en mai 1149 – premier acte officiel du jeune Raymond V – dans
laquelle le princeps de Toulouse renonce à la moitié des revenus de Montauban au
profit de Montauriol.
Pièces Justificatives
1.- Accord intervenu entre l’abbaye de Montauriol et les templiers de Lavilledieu à
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
propos de l’église d’Albefeuille. Azalais de Tolvieu avait donné sa part de cette église
paroissiale et de la chapelle de Tolvieu
CST, fol. 3 et 115 v°34 (1154), 16 septembre
Notum sit omnibus hominibus quod milites Ville-Dei, militie Jesus-Christi,
scilicet Deusdet, Ugo, Galterius et Bernardus de Cauce, venerunt ad concordiam cum
domino Amelio, Abbate Sancti Audardi, de contrapellatione quam abbas et monachi
faciebant de sua parrochia, scilicet de Alba-folia, in qua ipsi milites super ipsorum
clamore edifficaverant Villam-Dei. Concilio autem proborum hominum invicem in
pace convenerunt, et milites terciam partem de ecclesia Alba-folie et capella de Tolvio
cum ecclesiastico et decimis ipsarum ecclesiarum, quas eis Azalais de Tolvio ad
obitum suum dederat, ipsi milites Sancto Audardo et abbati et monachis pro predicta
contrapellatione dederunt, seque firmiter monasterio Sancti Audardi et monachis
ejusdem loci in perpetuum deffensores et guirentes ipsi et eorum successores esse
spoponderunt.
Hec concordia fuit facta consilio et auctoritate Hugonis de Rochafort, filii
Azalais et Bernardi Hugonis Castelli-novi, qui filiam habebat uxorem.
34
Variante du folio 115v° : Facta carta XVI Kalendas Octobris. Témoins en + :
Ramundus Amelii, Nicholaus, Ramundus Engelbaldi.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Facta carta anno ab Incarnatione Domini M°C°LIIII°, regnante Lodoyco
rege. Videntes hujus concordie supradicte fuerunt Ramundus Sarraceni, Bernardus
Ramundi, Geraldus de Tolvio, Guillelmus Sansz, Ramundus Gastinels, Petrus scripsit.
2.- Géraud de Tolvieu et ses frères, Gauzbert et Pons, donnent toutes les dîmes qu’ils
percevaient dans le paroisse de Sait-Hilaire, juste vel injuste.
CST, fol. 4 v° et 123 v° [1149-1177]
Sciendum est quod Geraldus de Tolvio et fratres ejus, scilicet Gausbertus et
Poncius, dederunt et absolverunt Domino Deo et monasterio Sci A. et domino Amelio,
abbati ejusdem loci, suisque successoribus, omnibusque monachis presentibus atque
futuris, omnes decimas de parrochia Sci Ilarii, quicquid habebant vel requirere
poterant juste vel injuste, vel aliquis eorum nomine, sine ulla retinentia et sine ulla
contrarietate et spoponderunt se semper esse guirentes et defensores.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Hujus doni supradicti testes fuerunt hii : Bernardus Ramundi, Ramundus
Engelbaudi et Nicholaus.
Facta carta mense Novembris, regnante Lodoyco rege. Ramo scripsit.
3.- L’abbaye Saint-Théodard de Montauriol acquiert des Tolvieu et de leurs affins des
terrains de nature diverse et leurs revenus
CST, fol. 111 (1140, 14 mai et 1144, 8 mai)
Notum sit omnibus presentibus et futuris qualiter dominus Arbertus, Sancti
Audardi abbas, adquisivit terram que Cantalupa vocatur, consilio totius conventus, et
ex magna antiquitate alodus Sci A. erat, a militibus qui eam jure hereditario
possidebant, scilicet de Ramundo Amelio et de Bernardo Ramundo, fratre ejus, atque
de Petro de Penna, eorum consobrino. Includitur ergo hec terra et possessio,
adquisicio vel emptio, a termino qui vocatur Feretrum, ubi tunc temporis erat fixa,
sicut torrens rivuli Feretri in Tasconis flumen decurrit, excepto clauso ubi vinec
Ruferii et Stephani Penchener esse videbantur, que non sunt de hac adquisitione. Ex
alia parte, terminatur hec terra sicut strata publica ducit usque in rivum qui vocatur
Fossat, sicut ipse rivulus decurrit et in Tarnum decidit.
Acquisivit et predictus abbas ab ipsis militibus tres tenencias de terra, que
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
sunt juxta stratam de super, et unam de Petro de Penna, quam quidam, Bernardus
Sirvenz nomine, possidebat.
Aliam acquisivit de Ramundo Amelio, quam quidam homo, nomine Raino,
tenebat. Aliam de Bernardo Ramundo, que nominatur Campdolent. Et acquisivit ex
eis vineas, sicut terminus ipsius terre constat : de via que ducit ad Sanctum
Michaelem usque in rivum qui vocatur Fossat. Habebant autem ipsi milites Ramundus
Amelii et Bernardus Ramundi, duas sorores, videlicet Flandinam, uxorem Guillelmi
de Bretas, et Bonam, uxorem fratris ejus Ageno, que in ipsa terra cum eis
hereditabant, atque per ipsam convenienciam vendiderunt et absolverunt hoc quod in
eadem terra possidebant, cum filiis Guillelmo, Oliver, Aimerico, Agueno, Galhardo,
Ricardo, Ramundo, Sicardo, Sancto Audardo et domno Arberto, abbati, suisque
successoribus.
In eadem terra quidam miles, Arnaldus Pelforz, cum sua uxore Aldiart que fuit
nepta Petri de Penna, possidebat unum casale in hereditatem, quem vendidit et
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
absolvit auctoritate et consilio sue uxoris Sco A. et predicto abbati suisque
successoribus; accepitque ab eo X solidos.
Quedam etiam domina, nomine Ermengart, que fuit uxor Bernardi Poncii,
militis, et vir ejus Bernardus Ramundi de Tolvio habebant in ipsa terra fevum de
predictis militibus, scilicet clausum Sicardenc et condaminam que est juxta clausum
ipsum. Clausum et condaminam vendiderunt et laudaverunt cum suis infantibus
Bertrando Ramundo, Bernardo Guillelmo et Poncia, soror eorum, Sancto Audardo et
predicto abbati suisque successoribus, consilio et auctoritate ipsorum militum et
dominorum de quibus ipsam terram possidebant.
Alia etiam quedam domina, nomine Merles, que fuit nepta Bernardi Poncii, cui
omne illud fevum hereditabat, habebat in ipso duas dinairadas de vinea; ipsamque
hereditatem ex vinea dedit atque vendidit Domino Deo et Sancto Audardo, atque
domno Arberto, abbati, et monasterio cunctisque monachis in perpetuum. Hoc donum
fecit ipsa et filius ejus, Bernardus d’Alzat, consilio et auctoritate dominorum ipsius
terre, scilicet Ramundi Amelii et Bernardi Ramundi ; et accepit ab abbate precium
XXX solidos, et clamidem de VII solidis.
In ipso clauso Sicardenc quidam miles, Ugo de Pis, habebat fevum unum
aripendum de vinea de Bernardo Ponzio et de sua uxore Ermengart; ipsamque
vineam vendidit et absolvit Sancto Audardo et predicto abbati et monasterio, in
perpetuum in hereditatem,consilio predictorum dominorum de quibus ipsus fevum
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
possidebat. Pro hac vinea accepit precium ab abbate XL abbas dedit V solidos.
solidos, laudante hoc Arnaldo Pelfort ejus avunculo, cui predictus
Hanc terram infra hos terminos cum aqua Tarnis quantum in ipsa terra
decurrit, cum ripis suis, et donationem quam in ea habebant, vel quod in predicta
terra aut aqua nullus homo ex eis possidebat, integre et perpetuo jure vendiderunt et
absolverunt coram Deo, super regule librum, Sancto Audardo et ipsius ecclesie, atque
domno Arberto, abbati, suisque successoribus cunctisque illius ecclesie monachis
presentibus et futuris. Pro hac terra dedit abbas predictis militibus peccuniam et
commutationem terre, scilicet : Petro de Penna dedit LXV solidos ; Ramundo Amelii
CII solidos, in commutationem unam vineam in monte qui vocatur Vinharnal, que
cujusdam hominis, cignomento Bernardus Belotius, fuit ; Guillelmo de Luganhac,
genero ejus, V solidos ; Bernardo Ramundi, fratri ejus, dedit CXX solidos. Et pro
supradicta terra de Campodolent, dedit ei commutationem unam condaminam que est
subtus serram quam Petrus de Clusel ad obitum suum Sancto Audardo dedit ;
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
supradictis sororibus Ramundi Amelii et Bernardi Ramundi, Flandine et Bone, et
eorum filiis, dedit L solidos, in commutationem unam parteno de Campo-bastardenc ;
Ermengardi et filiis ejus, atque Bernardo Ramundi viro ejus dedit CXXX solidos, et
unam condaminam que est inter costam et viam que pergit ad Brazols, ad caput terre
Regum de Brazols, et duas sextariadas de terra que est ad caput de prato Abovene.
Condaminam et quamdam partem clausi Sicardenc traxit abbas de pignore ex
Ruferio de LXXV solidis.
Factum est negocium istud et concordia anno Dominice Incarnationis
M°C°XL°, II Idius Maii, feria III, luna IIII, Lodoico rege Francorum regnante et
venerabili Caturcense presule Guillelmo. Videntes fuerunt Johannes, prior ;
Stephanus Sancti Ypoliti, monachus ; Guillelmus Calvet, monachus ; Geraldus Sci
Michaelis, monachus ; Ramundus Amelii, Bernardus Ramundi, Geraldus Catarmat,
Arnal Pelfort, Bernardus de Sancto Genesio, Ramundus de Campmas, Ruferius,
Bernard Folcal, Geraldus Aimericii.
Postea vero supradicta Ermengardis, que quondam uxor fuit Bernardi Poncii,
militis, obtulit filium suum nomine Bernardum per monachum Deo et Sco Theaudardo
et domno Arberto abbati. Dedit etiam cum eo Sancto Audardo et predicto abbati
suisque successoribus in hereditatem clausum videlicet Sicardenc et condaminam que
est ad costam, et duas sextairadas de terra. Predictumque clausum atque
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
condaminam, hancque terram commutationis, et aliam terram que appellatur
Campdolenc, atque unum casale quod est ad Casetas dedit predicta Ermengarz cum
filius suis Nertranno, Guillelmo, Ramundo, laudante et consentiente viro ejus
Bernardo Ramundo.
Hoc donum fecerunt consilio et auctoritate Ramundi Amelii, de quo predictum
fevum possidebant.
Facta est carta ista VIII Idus Maii, feria II, anno Dominice Incarnationis
M°C°XLIIII°, Lodoico rege regnante, videntibus Johanne, prior ; Ugo de Montedomeng, monacho ; Geraldo Sancti Michaelis, monacho ; atque Ramundo Amelio et
Guillelmo de Luganhac, Arnaldo Pelfort, Bernardo Sancti Genesii, Ramundo
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Engelbal, Bernardo Folcal, Geraldo Aimerico.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Cos
Le castrum de Cos fait suite à un vicus antique très bien identifié35.
Les Cos semblent être issus d’un Pons Raino mentionné vers 1087 et d’une
fille de Bernard Gaucelm, nobilis vir présent lors de la donation par le comte
Guillaume IV d’églises associées au castrum de Cos en 106136. Ce Bernard Gaucelm
est par ailleurs le père d’un Gaucelm et surtout d’Arnaud, abbé de Saint-Théodard qui
meurt vers 1097. Avec toutes les précautions d’usage que l’on doit prendre face à ce
type d’affirmation, Aimeric de Cos semble être l’aîné de la fratrie issue de Pons
Raino. Un de ses fils se nomme Raino – renvoyant ainsi à la branche paternelle – et le
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
second, Bernard Gaucelm – reprenant totalement le nom du grand-père maternel alors
même que Gaucelm est un nomen proprium extrêmement rare dans tout l’espace
étudié37–. Il y a donc de fortes présomptions pour que les familles aient contracté une
alliance matrimoniale.
Le couple que forment Pons Raino et la fille de Bernard Gaucelm a au moins
cinq garçons et sans doute une fille, peut-être unie à un Castelnau. A l’exception de
Matfred de Cos qui est moine à Saint-Théodard en 1113, tous les autres ont contracté
des alliances matrimoniales sur lesquelles nous sommes dans l’ignorance la plus
complète. Ces lignées châtelaines sont incontestablement des lignées de mâles. Et ils
sont nombreux chez les Cos. On les saisit assez bien sur seulement deux générations,
trois au mieux. Leur insertion dans les réseaux aristocratiques montre que, lorsqu’ils
« quittent » les membres de la parenté, ils s’aventurent exceptionnellement hors des
sphères châtelaines. On les croise en effet à plusieurs reprises en compagnie des
Tolvieu, leurs cousins qu’ils fréquentent finalement assez peu hormis pour donner leur
accord à l’abandon de l’église de Saint-Hilaire38 ou encore pour témoigner lors de la
35
Florent HAUTEFEUILLE, Structures de l’habitat rural et territoires paroissiaux, op.
cit., p. 103-108.
36
RH 65 (1061). Voir pièces justificatives
37
RH 225 (1126). Voir pièces justificatives.
38
CST, fol. 130 v° [1105-1137].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Raymond
Hugues
Raino
cte
954-962
cte Rouergue
Adalaiz -∞- Bernard -∞- Ailes
961
Arnaud
Ermengarde
996/1031
Hugues
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
996/1031
Bernard
996/1031
996/1031
Aucelena
996/1031
996/1031
=?
1126-1151
Emenone
996/1031
996/1031
Ymporiane
996/1031
Bernard Gaucelm
nobilis vir 1061
Raimond Rainonis
Pons Rainonis -∞- Na
[de Tolvieu]
1052-1063-1083
Raimond
de Cos
Raino
996/1031
vers 1036
Bernard Rainonis
1105-1137
Hemeldis
996/1031
Bernard Raino
de Gwandalorum Castro
Calvet
Resendis
prêtre 996/1031
Géraud
996/1031
Gauzfred
Raino
961- 996/1031
vers 1087
vers 1087
1083-1096
Bernard
de Cos
Pons
de Cos
Matfres
de Cos
Guillaume
de Cos
Aimeric
de Cos
1105-1126
1105-1137
moine St-Th. 1113
1105- † av. 1126
1105-1126/37
Bernard
de Cos
Guillaume
1108-1137
1125-1126
Pons Raino
de Cos de Cos
1152
1137-1152
Arnaud
Guill.
de Cos
Adémar
Guill.
de Cos
Oddo
Adalbert
de Cos
1105-1137
1126-1130
1125-1136
Raimond
Bernard
Brunesen
Bertrand
1145-1177
1151-1177
moniale 1137
1137-1177
1160
Bonet Sedaz Pierre
1154-1185
1154-1177
Gaucelm
1061
Na -∞- [Gauzbert de Castelnau ?]
Bernard Raino Bernard
Grimald
Guill. de Cos Gaucelm
1126
de Cos 1126-60 -∞- Adalaiz 1126
1126
Arnaud
abbé St-Théodard
1061- † 1096
Bernard
Gauzbert
Gauzbert
de Cos
de Cos
1137 (1174)
1130-1137 (1174)
Bernard
1174
Maurin
Gauzbert
1174
Guillaume -∞- Na
de Cos
(de Rocafort)
1190-1194
1194
Arnaud Guillaume -∞- Glacilos
de Cos
(de Finhan)
1184
1184
Bertrand Guillaume
de Cos lo proome
1202
Etienne
de Cos
1202-1208
Rangarde
1137
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
cession de l’église de Gasseras39. C’est aussi dans l’entourage des Villemur40, des
Agre41 ou encore des Belfort42 que les actes nous les dévoilent.
Tous les actes des Cos nous présentent un mode de co-gestion de la seigneurie et
une attention toute particulière accordées aux églises. En 1125 et 1126, c’est
pratiquement toute la parenté qui se rend à Moissac pour abandonner l’église SaintSernin de Cos43, la seule que le comte Guillaume IV n’avait pas cédée en 1061. Un
quart de siècle plus tard, Raino de Cos et son frère Pons engagent pour deux cents sous
de Cahors cette même église avec tout le service et l’acapte44. Il est nécessaire ici de
rappeler que lors de la donation du castrum de Cos en 961, l’alleu d’Antéjac et ses
églises Saint-Vincent et Saint-Martin avaient également été données au couple BernardAdalaiz par le comte Raymond « de Rouergue ». Si on perd leur trace durant plus d’un
siècle, vers 1096, elles font partie de la liste – avec celle d’Ardus très proche du castrum
de Cos – des églises usurpées qu’Urbain II exige que l’on restitue à Moissac.
Toutefois, quoique de rang châtelain, les Cos sont avant tout des seigneurs
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
fonciers.
Il se peut que le pouvoir des Cos sur le castrum éponyme, déjà limité au XIe
siècle, ne soit plus qu’un vague souvenir au moment où Raymond V réaménage cet
espace. Comme pour les Gandalou et les Tolvieu, que représentent ce village fortifié sur
lequel ils étendent leur dominium et son petit marché – certes très ancien si on se
rappelle de l’existence du vicus de Cosa – comparés aux aménagements comtaux. Ils
ont néanmoins quelques années de répit : Villemade et Cayrac sont des échecs au regard
de Montauban ou Castelsarrasin.
39
CST, fol. 6 v° [1151-1177].
CST, fol. 110 [1105-1137].
41
CST, fol. 98 v° [1113-1137].
42
CST, fol. 697 [1105-1137].
43
RH 219bis (1125) ; RH 220 (1125) : cet acte fait intervenir trois groupes de donateurs
issus de la famille de Cos ; RH 225 (1126).
44
AD 82, Répertoire d’Andurandy, n° 5222 (1152).
40
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pièces justificatives
1.- Notice sur la donation par Guillaume IV, comte de Toulouse, des églises de SaintPierre et Sainte-Ruffine-et-Sainte-Justine, près du château de Cos, et d'une chapelle de
Saint-Martin. – Avec confirmation par Bernard Gaucelm.
RH 65 (1061)
Omnibus in quorum manibus hæc descriptio meę donationis devenerit, notum
sit, quod ego Willelmus, Tolosanus comes, cum consilio domni Fulconis, Caturcensis
ecclesię episcopi, et clericorum ejus, rogatus a quodam nobili viro Bernardo Gaucelmi
et a filiis ejus Arnaldo abbate ac Gaucelmo, cedo jure donationis Domino Deo et
sanctis apostolis ejus Petro et Paulo, ac monasteriis Cluniaco et Moisiaco, necnon
abbatibus et monachis omnibus ibidem nunc et in futuro Deo famulantibus, totam illam
ęcclesiam quę est constructa in honore beati Petri apostoli et sanctarum Rufinę et
Justinę virginum Christi. Et est sita in pago Caturcino, super ripam Avarionis alvei,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
juxta castrum Chos cognominatum.
Tali vero tenore facio hanc meam donationem, ut ab hodierno die et deinceps
omnes habitatores predictorum monasteriorum Cluniaci et Moysiaci prefatam
ęcclesiam, cum omnibus ad eam pertinentibus et cum capella sancti Martini sibi
subjecta, necne terris, aquis, vineis, molendinis et omnem decimationem parroechię ac
primicias et cimiterium, sicut actenus de me et meis antecessoribus, atque de predicto
Fulcone episcopo et suis precessoribus tenuerunt in fevum alii feuatores, ita teneant in
alodio ipsi abbates et monachi, sine ullo contradictore, et possideant in perpetuum.
Si quis vero hanc meam donationem in aliquo violare sive deteriorare
presumserit, nisi per semetipsum emendaverit et satisfecerit, in primis iram Dei et
omnium sanctorum ejus incurrat, simulque a Romano pontifice et omnibus catholicis
tam episcopis quam fidelibus christianis anatematezetur et excomunicetur.
Facta cessio donationis hujus anno Incarnationis Domini M°.LX°I°, inditione
undecima, regnante Philippo Francorum rege.
Ut ergo hæc mea donatio firma et stabilis omni tempore permaneat, ego ipse
firmo, et aliis subscriptis firmare rogo. Folco episcopus firmavit. Gauzbertus
archidiaconus firmavit. Ugo capitiscole firmavit. Bernardus Gauzcelmi firmavit.
Arnaldus abbas firmavit. Gauzcelmus firmavit. Alius Bernardus Gauzcelmi firmavit. Hi
omnes prescripti in manu et presentia Duranni episcopi et abbatis firmaverunt.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
2.- Donation par Aimeric de Cos et ses fils Raino, Bernard Gaucelm et Grimaud de la
moitié de l'église de Cos, et du quart des dîmes de Sainte-Ruffine.
RH 225 (1126), place du marché, devant le castellum – original
Donum fecit Aimericus de Chos et filii ejus Raino et Bernardus Gaucelmus et
Grimaldus Domino Deo et sanctis ejus Petro et Paulo et loco Moysiacensis monasterii, et
domno Rogerio abbati, scilicet medietatem ecclesię de Chos et medietatem decimi et
oblias et cimiteria et omnia ad eam pertinencia.
Simili modo dedit ipse Aimericus et supradicti filii ejus Raino et Bernardus et
Grimaldus quartam partem decimi Sanctę Rufinę, cum consilio et voluntate Pontii de
Chos, et aliorum virorum nobilium, sciliced Bernardi de Chos, Arnaldi Willelmi, Ademari
Willelmi, Oddonis, Bernardi Willelmi, et alii quamplurimi rogaverunt ita fieri.
Laudaverunt enim tam viri quam feminę ad sepeliendum, sive in morte sive in vita, sanctę
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
religionis habitum domnus abbas Rogerius concessit, et sepeliri repromisit.
Hoc factum vel dictum est industria vel providentia domni Aimerici monachi, in
platea mercati ante castellum, anno M°.C.XXVI, inditione IIIIa, II nonas Augusti, Domino
nostro Ihesu Christo annuente, Willelmo episcopo cathedram presidente, Luduvico
regnante.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Penne
Des comtes de Quercy à Hildegaire45, miles du castrum de Penne
Immon
comte
ap. 767 ?
Immon
abbé
Moissac ca 814
Raoul -∞- Aiga
comte de Quercy
† 842
Immon
Robert
Godefroy
Raoul
comte 841
† ap. 857
† 856-860
comte
† 867
archevêque
Bourges †866
Immena
abbesse
† 856/57
Landric
abbé ?
Moissac †856/57
Andrald
abbé
Moissac †868
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Aiga -∞- Adalgaire
Des
possessions
autour de
Bretenoux
† 880/82
Raoul
† 880/82
Landric
Eldegaire
? abbé St-Antonin & St-Théodard 869
? puis d’Aurillac 898-909
Doda
nobilis matrona
Castellum novum
Lien avec
l’abbaye
St-Théodard
Adalgaire
969 donateur St-Théodard
Na
Hildegaire
castrum vocabulo Penne
miles
1000-1030 ca
45
Christian LAURANSON-ROSAZ, L’Auvergne et ses marges, op. cit., p. 200 : Hildegarius alias
Adalgarius.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les Penne (XIe-XIIe siècles)
Hildegaire / Aldegaire
castrum vocabulo Penne
miles
1000-1030 ca
Rangarda
Amiel
(1060-1070)
1059/72
Isarn
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Géraud
Bernard
Arnaud
Amiel de Penne
1059/72
1059/72
Pelfort
1059/72
1059/72
(1108/11)
Aldegaire
1108/11
Guillaume
de Penne
Rangarda=?Linguart -∞- X = ? Amiel
1060-1070
Géraud
Guillaume
1059/72
Raymond -∞- Ricart
évêque d'Albi
de Penne
1108-1121
1108/11
Jean
Géraud
1059/72
1059/72
Na -∞- Raymond
(de Tolvieu)
Deusdet Guillaume Pierre -∞- Berengueira
1108/11
1108/11
1108/11-†1161 de Penne
le Chauve 1108/21-†1155
Bernard Pons Guill. Amiel Matfre Amiel Ricarda
1139-1177 1139-† 1183
1143-1150
1173
(1129/50)
Armand -∞- Audiarda
1140-† av. 1175
1175
-∞- Girberga
(1108/11)
Hugues Bernard Pierre
1108/11
1108/11
1108/11
Armand Raymd Béral Jourdain Pelfort Audiarda -∞- Arnaud
1143-1177
1175-1178
1175-1178
1175-1177
Pierre Guillaume -∞- Matelios
1176-1183
X
(1108/11)
1108/11-† av.1140
Bernard
oblat 1140
moine 1177-1191
Restavila -∞-
Raino de Tolvieu
1182-1183
Le castrum de Penne vu depuis le Sud ; au-delà du castrum, le Quercy
1140
Pelfort
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Implanté sur la rive gauche de l’Aveyron, le castrum de Penne se situe de ce fait
en Albigeois. La rive droite est en Quercy tandis que le Rouergue est à huit kilomètres
au nord. Construit sur un promontoire à la confluence de deux cours d’eau, cette rocca
conserve encore aujourd’hui la trace visible d’une co-seigneurie. Penne est cédé vers
l’an Mil par Doda, nobilis matrona de Castelnau-Brétenoux, à son petit-fils Aldegaire46.
Il est tout à fait probable que ce personnage, par son ascendance, soit issu des comtes de
Quercy. Il est par ailleurs possible, si on admet que Linguart est l’équivalent de
Rangarda47, que les vicomtes de Saint-Antonin aient uni une de leurs filles à un Penne
dans la seconde moitié du XIe siècle48.
Avec ce castrum, nous avons accès à des données multiples fournies par le
cartulaire des Trencavel. Elles sont exceptionnelles à l’échelle locale pour plusieurs
raisons. D’abord parce qu’on entrevoit le processus de la reprise en fief et celui de la
prestation du serment ; ensuite, parce que, par ce biais, on dispose d’un nombre
particulièrement élevé de mentions de mères (et d’épouses) qu’on ne peut que rarement
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
identifier plus précisément, hormis Ricartz de Tolvieu49 ; enfin, parce qu’enjeu dans le
conflit des années 1142-1143, le castrum est pris et repris et qu’Isarn, le vicomte de
Saint-Antonin allié du comte Alphonse, exige un transfert à son profit des serments qui
doivent être rendus une fois la défaite du clan comtal confirmée par une paix.
Plusieurs lignées au XIIe siècle prêtent serment au vicomte de Béziers pour ce
castrum cédé entre 1108 et 1111 par Aldegaire, évêque d’Albi, et son frère Raymond50.
Il est possible que le conjoint de Restavila et de Girberga soit également un frère des
deux précédents mais rien ne permet néanmoins de l’affirmer. A la génération suivante,
les enfants de Pierre de Penne et de Berengueira prêtent ce serment51 tout comme Pierre
Guillaume, fils de Guitberga ainsi que Raymond Amiel et Olivier, fils de Beatriz52.
46
LMSF, I-11.
L’altération du R en L est assez fréquente.
48
Hélène DÉBAX, « Les serments de Lautrec : redatation et reconsidérations », Annales
du Midi, 1997, p. 467-480. L’évêque Froterius qui prête serment pour le castrum de Lautrec à
Isarn, fils de Rangarda, serait évêque d’Albi, siège épiscopal obtenu par Aldegaire de Penne,
fils de Rangarda / Linguart au plus tard en juillet 1108.
49
Didier PANFILI, « Alliances et réseaux aristocratiques dans la Grande Guerre
méridionale … », op. cit., p. 505-506.
50
CT 83 : la date est fournie par la présence de d’Aldegaire, évêque d’Albi de 1108 à
1121 ainsi que par celle de Guillaume, prévôt de Cahors, dont on sait qu’il dresse son testament
et part à Jérusalem en 1111.
51
CT 42 [1129-1150] ; CT 43 [1129-1150] ; CT 41 (1150).
52
CT 44 [1129-1135] : la date de 1135 est donnée par la présence, parmi les témoins,
du vicomte Aton de Bruniquel mort à cette date ; CT 45 [1129-1150].
47
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Le parcours « exceptionnel » de Pierre de Penne, le neveu de l’évêque
Aldegaire, a déjà été retracé au cours du chapitre cinq. De châtelain à moine scribe
d’une abbaye bénédictine, sa vie fut sans doute à l’image de celle de bien des
aristocrates de la première moitié du XIIe siècle, jouant sur les fidélités : homme de
guerre et de pouvoir, chef de lignée et membre d’un réseau, son action est dictée par le
poids des alliances. Pierre quitte la clôture en 1142 pour aider son seigneur, le vicomte
Roger, dans la guerre que ce dernier mène contre Alphonse. En 1148, il rejoint le
monastère à l’heure où l’abbé Arbert voit ses dernières forces le quitter pour permettre –
avec d’autres membres de la parenté déjà dans les lieux – l’élection de son cousin Amiel
à la tête de l’abbaye.
Les Penne ne pratiquent pas le contrôle des naissances mais celui,
indéniablement, de la nuptialité. Des six fils de Raymond de Penne et de Ricartz (de
Tolvieu), deux seulement – Pierre et Armand – semblent avoir été autorisés à prendre
épouse. Leur frère Guillaume, surnommé le Chauve pour le distinguer d’un fils
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
homonyme de Pierre, est pourtant connu grâce à de nombreux actes de la commanderie
templière ; lorsqu’il meurt en 1161, il n’est ni marié, ni père de famille53. Des quatre
garçons de Pierre et de Berengueira, seul Amiel est marié. Bernard Pons est confié à
Saint-Théodard en 1140, alors que son père se croit mourant. On le retrouve comme
moine en 1177 dans un acte où paraît son autre frère Guillaume, lui aussi célibataire54.
Les filles sont peu présentes à la différence des mères. Les deux que l’on perçoit,
Audiarda en 1140 et Ricarda en 1173, ont hérité, du nom de sa mère pour la première,
et de sa grand-mère paternelle pour la seconde.
Le castrum est sans doute la pépinière aristocratique locale par excellence. Le
traité de paix de 1142 rappelle que le comte doit rendre les serments prêtés par les
seniores et milites de Penne au vicomte Isarn55. Or, tous ont la fâcheuse manie de
vouloir porter le surnom toponymique du castrum dans les actes du cartulaire de Vaour,
ce qui en soit n’est pas aberrant mais rend très difficile toute approche des lignées. A
53
Quant à Géraud, Bernard et Deusdet, seuls les serments prêtés aux Trencavel nous les
font connaître ; les plus anciens textes de Vaour datent de 1143, au moment où s’achève la
phase de la guerre opposant Roger à Alphonse Jourdain qui a été particulièrement violente pour
le castrum. Guillaume et Pierre de Penne font à cette date une donation pour leur âme et celles
des membres de leur lignages : Géraud, Bernard et Deusdet ont peut-être été tués lors des
combats.
54
CST, fol. 627 (1177) : et la meitat de las oblias d’outra Fossat, que tenio de Bernard
Pons, morgue, e de Guilhem de Penna so fraire.
55
CT 507 (1142) : et faciam tibi reddi sacramentale et fidancias que predictus Isarnus
habet accepta de senioribus et militibus de Penna
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
vrai dire, le propos n’est pas tout à fait exact. Jusque vers 1170, lorsque paraît l’un des
seigneurs de Penne, les scribes ne mentionnent que le nomen proprium des « simples »
milites. Ainsi, les Audiguier, Riquers ou Bernard-Guillaume ne portent jamais leur
surnom de Penne quand un des aristocrates connus par les serments apparaît dans un
acte de Vaour. C’est bien le signe que, dans ce type de castra, la dénomination fondée
sur le surnom toponymique fonctionne encore comme marqueur de pouvoir vers 1170.
Pièces justificatives
1.- Notice sur la donation par Guillaume Amiel de Penne, et d’une vingtaine d’autres
personnages, du fief de l'église de Saint-Pierre d'Elt, située en Quercy.
RH 81 [1059/1072]
Illa ecclesia quæ est fundata in honore sancti Petri apostoli, quæ vocatur Helt,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
alodium est sancti Petri Moisiacensis monasterii, et fuit fevus Guillelmo Amelio de
Penna, et Geraldo et Bernardo fratri suo, et Amelio, Johan et Geraldo filio suo, et
Matfre, Johan et Atoni, et Johanni filio suo, et Ugoni Gotiro, et Bernardo, et Petro filio
suo, et Amelio Gotiro, et Raimundo, et Poncio, et Ugoni fratri suo. Isti, et alteri
homines multi dederunt, et relinquerunt totum illum fevum de ista ecclesia supradicta
cum toto ecclesiastico, et cum decimis, et cum tota obedientia, quæ ad illam ecclesiam
pertinet. Similiter Adalbertus Ranies, et Bernardus filius ejus, dederunt unum mansum
et medietatem alterius mansi, et illam cumbam, quæ vocatur Cabelt, Domino Deo et
sancto Petro Cluniensi, necnon Moisiacensi, et Hugoni abbati, et Duranno episcopo, et
Grimaldo monaco, et aliis fratribus meæ congregationis, pro animarum suarum
remedio, vel omnium parentum suorum, et omnium christianorum.
Nihilominus Adalbertus dedit unum aripennum de vinea in alodium in Pogio
Auriol, et dedit pascua bestiis monachorum ac suorum famulorum, et paschir ad suos
porcos et ad porcos famulorum, et hoc fecerunt ut fiat comemoratio pro anima Ugonis
Gotiro, et aliorum donatorum.
Signum Amelii Aldeberii. Signum Poncii Matfredi. Signum Arnaldi Pilifortis.
Signum Amelii vassallis. Signum alii Pontii.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
2.- A l’occasion de sa prise d’habit, Pierre de Penne lègue plusieurs biens très proche de
Montauriol où il devient moine.
CST, fol. 698 v° (1148), 27 Avril
Notum sit omnibus tam presentes quam futuris quod quidam miles, nomine
Petrus, cognomento de Penna, venit in capitulum Sancti Teodardi, et dedit se Deo et
Sancto Teodardo per fratrem et per monachum. Et dominus Arbertus, abbas, et omnis
conventus recepit eum per monachum in vita et in morte. Dedit etiam de suo
matrimonio in helemosina predicto monasterio et monachis ut in perpetuum firmiter
possideant, medietatem condamine de Fossis, et medietatem condamine del Solmatelli
et de vineis ultra Tesconem, et tres casales post ecclesiam Sancti Jacobi, duosque
casales ad portam Campaniensem, quos Maurinus de la Olmeira possidebat. Hanc
supradictam terram habebant monachi Sancti Teodardi in vadimonium ducentos XV
solidos caturcensis monete. Hoc donum fecit ipse Petrus in manu domini Arberti,
abatis, presenti omni conventu.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Testes sunt hii : Johannes, prior ; Hugo de Monte-Duranto, monachus ; Ugo de
Cassanias, monachus ; Stephanus Sancti Ypoliti, monachus ; Geraldus de Sancto
Michaele, monachus ; Ugo del Masel, Ruferio, Bernardo Folcaldo, Poncii de Sancto
Michaele, aliorumque multorum, sub die feria III, in mensa Madio, V kalendas ipsius
mensis, luna V.
3.- Le scribe Pierre devient le premier scribe de l’abbé Amiel. Parmi les témoins,
plusieurs membres de la famille des Tolvieu ; il est possible que Pierre soit Pierre de
Penne qui a intégré le cloître l’année précédente.
CST, fol. 4 (1149)
Notum sit omnibus hominibus quod Arnaldus Bernardi et Ramundus Bernardi
vendiderunt omnia casalia que habebant vel possidebant juxta monasterium Sci A.
domino Amelio, abbate, et monachis ejusdem loci, et acceperunt ab eis pretium scilicet
triginta solidorum caturcensium, et spoponderunt semper illos esse guirentes.
Facta carta anno ab Incarnatione Domini M°C°XLIX°. Videntes hujus
emptionis supradicte fuerunt hii : Ramundus Guillelmi et Bernardus Ramundi et
Ramundus Amelii. Petrus scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
4.- Audiartz, la veuve d’Armand de Penne, et ses fils, vendent au Temple pour cent sous
melgoriens leurs droits sur la dîme du moulin de l’Auriol (situé en Quercy).
CV, n° XXVIII (1177)
Cognoguda causa sia a toz homes que n’Audiartz, la molle que fo n’Arcman de
Penna, e sei effant Arcmans e Pelfortz e Ram. Berals e Jordas donero e autorguero a
Deu e a sancta Maria e als fraires del Temple de Jherusalem, ad aquels que ara i so ni
adenant i serau, tot quant avio a ffar el moli d’Auriola ni e la paiserai, zo es assaber lo
deime o mels l’i avion il tenio. E per aquest do sobrescriut li fraire del Temple donerol
ne C sol. de melg. Aquest dos fo faig e ma d’en Fort Sans qu’era maiestre de la maio de
Vahor. Autorici n’Autguer, en Riquier, en A. Vassal, en Ram. Dutran, en Ponso Baudi,
en Matfre de Montels, en P. Sirvent, en P. del Vallat. Anno ab Incarnatione Domini M°
C° LXX° VII°, mense novembri, sub die feria IIa, Alexandro papa Rome, Lodovico rege
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Francorum.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les « Dimbertiens »
Etienne -∞- Richeldis
(954/85)
Dimbert -∞- Berta
(954/85)
933 (954/85)
Ermesendis -∞- Séguin
954/85
954/85
Guillaume
954/85
954/85
Dimbert -∞- Suzanna Azierela -∞- Rainfroi
954/85
954/85
954/85
933 & 954/85
Dimbert
Dimbert
954/85
moine
954/85
LALANDE
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Hugues
933 (954/85)
LALANDE
NAZAC
ESMES
SAINTE-THECLE
CARCES
Aucune lignée ne porte ce nom. Pourtant, un aristocrate nommé Dimbert et son
épouse Berta, repérables dans les actes moissagais en 933, sont à l’origine de cinq
familles aristocratiques, une seule – les Esmes – étant de niveau châtelain. Un peu à
l’image des Durfort très tôt tournés vers l’Agenais, l’ancrage initial des Dimbertiens les
oriente vers ce même pagus puis surtout vers la Lomagne. Cette attraction est telle
qu’ils disparaissent du Bas-Quercy, franchissent la Garonne et se mettent au service des
vicomtes. On les perd pratiquement après 1130, ne les croisant plus que très
ponctuellement sans qu’aucune filiation ne puisse être indiquée. Par ailleurs, nous ne
connaissons de façon assurée que deux des petits-fils de Dimbert et Berta. Néanmoins,
l’usage très spécifique de deux anthroponymes – Dimbert / Dignebert et Séguin – et la
superposition des patrimoines permet de pouvoir faire le lien avec les générations
suivantes. Pour des raisons techniques, la présentation des lignées a été scindée en deux,
ce qui est totalement artificiel compte tenu des liens extrêmement étroits entretenus tout
au long de la période par les membres de ces familles.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Esmes
Lalande, Carcers, Nazac & Sainte-Thècle
Dimbert -∞- Berta
933-954/85
Ermensendis -∞- Séguin
Hugues
933-954/85
Dimbert -∞- Suzanna
954/85
954/85-971/85
Azierela -∞- Rainfroi
954/85
954/85
954/85
954/85
X
Dimbert
Dimbert
moine
954/85
Guillaume
933-954/85
954/85
954/85
Raymond
Séguin
de Lalande
Hugues
de Nazac
1003/1031
Dimbert
d’Esmes
† 1031/48
Hugues
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1003/31-1031/48
Lalande
Carcès
Dimbert
de Ste-Thècle
moine
archiclave
1003/31
1031/48
Bernard
Hugues
de Nazac
1073
ses
frères
1073
Dimbert
d’Esmes
Guillaume
d’Esmes
senior
Hugues
d’Esmes
1052-1084
(1097)
1031/48-1052
Dimbert
d’Esmes
Bernard
d’Esmes
† 1031/48
1052
Guillaume -∞- Domnucia
d’Esmes
1097
senior
senior
1084-1097
1084-1104
Séguin
d’Esmes
senior
Dimbert
de Ste-Thècle
1090-1097
Guillaume
d’Esmes
1103-avant 1128
1097-1103
Séguin
d’Esmes
1162
=?
Guillaume
d’Esmes
Guillaume
de Ste-Thècle
avant 1128
moine 1129/35
Guillaume
d’Esmes
Arnaud
d’Esmes
1186
1183
=?
Séguin
d’Esmes
Guillaume
d’Esmes
1190
1202 (1238)
Guillaume
d’Esmes
1238
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Etienne -∞- Richeldis
954/85
Dimbert -∞- Berta
954/85
933-954/85
Ermensendis -∞- Séguin
954/85
Hugues
954/85
X
933-954/85
Dimbert -∞- Suzanna
954/85
954/85-971/85
Azierela -∞- Rainfroi
954/85
954/85
Dimbert
Guillaume
933-954/85
954/85
Dimbert
moine
954/85
NAZAC
ESMES
954/85
RAYMOND SEGUIN DE LALANDE
1003/31
Raymond Séguin
de Carcers
Séguin
Guillaume
1003/31
Beliarda
1003/31
1003/31
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1003/31-1031/48
Séguin
Raymond
de Carcers
Inart
de Lalande
Séguin
de Lalande
1052
1052-1062
Calvet
de Carcers
Géraud
moine
1083/85
Na -∞- [X de Pradelle]
Séguin -∞- Rengis
de Lalande
1103
1062
(1103)
Arsende -∞- Arnaud
Pons
Guillaume de Pradelle
de Pradelle
1097-1102
1097
1072/85
Hugues
de Pradelle
1097-1102
Guillaume
de Pradelle
Gasberga -∞- Arnaud
av. 1097
de Lalande
1097-1102
1088/89-1097
Beliarda
av. 1097
Austruy -∞- Pierre
1088/89 de Gasque
1088/89
1097 moine
Pierre
de Carcers
Séguin
de Lalande
Hispaniolus
de Lalande
1103-1128
1103
1103
Raymond
Séguin
de Lalande de Lalande
1097-1103
1097-1103
Séguin
Bernard
de Pradelle
1102
1102
Arnaud
de Pradelle
1152
Séguin -∞- Na d’Esmes
de Lalande
† 1186
1186
Gui
de Lalande
1186
Séguin
de Lalande
1186
Raimond
1102
Arnaud
moine
Guillaume
de Pradelle
1097
av. 1128
Guillaume
Hugues
av. 1128
Séguin
av.1097-1125
Hugues
av. 1097
Guillaume
av. 1097
Raymond
de Gasques
1088/89
Pierre
Séguin
Austores
1088/89
1088/89
1088/89
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Ces cinq rameaux usent des anthroponymes comme d’un véritable programme.
Si Dimbert semble avoir la faveur chez les Esmes et les Sainte-Thècle, c’est
assurément Hugues que l’on préfère chez les Nazac. Quant aux Lalande et à leurs
multiples branches, Séguin y est véritablement le nomen marqueur. Il faut néanmoins,
pour tempérer cette observation, rappeler que ces lignées « disparaissent » au moment
où de nouvelles perturbations anthroponymique affectent les modes de dénominations
vers 1130.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les Esmes sont surtout connus grâce aux actes de Moissac. Leur implantation,
à guère plus de dix kilomètres au nord de l’abbaye bénédictine explique en grande
partie ce fait, d’autant que le couple fondateur ainsi que les descendants probables
cèdent des biens situés pour l’essentiel entre ce castrum et le bourg monastique. Mais
le fonds de Saint-Maurin – pourtant réduit à néant – garde le souvenir de trois
interventions de leur part dont celle correspondant à la création de la sauveté de
Cornillas en 108456, ce qui place d’emblée cette famille parmi les membres de l’élite
aristocratique, aux côtés des vicomtes de Toulousain ou encore des Villemur. Leur
envergure leur permet aussi de paraître dans le cartulaire de Grandselve et de léguer
des biens à la commanderie hospitalière de Golfech.
Pourtant, leur puissance ne se laisse percevoir que par bribes : ils disposent de
nombreuses églises qu’ils cèdent en fief, telles l’église de Pommevic57 en Agenais ou
celle Saint-Michel des Arènes en Lomagne58. Toutes deux se situent à deux pas du
Quercy. Sur trois générations, les actes les qualifient de seniores, les plaçant une fois
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
de plus au-dessus de bien des lignées. Les Esmes appartiennent incontestablement à
l’entourage des vicomtes de Lomagne où on les voit paraître en 1083 ou encore en
110459. Ils fréquentent également à plusieurs reprises les Gandalou et ont peut-être
noué des alliances matrimoniales avec eux60. Surtout, les Esmes semblent
particulièrement attentifs au contrôle des abbés séculiers. A deux reprises, ils sont
témoins d’actes où intervient le comte Alphonse Jourdain : le premier lors d’une mise
en gage de Gauzbert de Fumel pour 1225 sous61 et ensuite lors du plaid qui dénie à
Bertrand de Montancès le droit de pouvoir disposer des clochers de l’abbaye de
Moissac62.
Par ailleurs, l’intérêt de l’étude de ces familles est de nous montrer le maintien
d’un lien très étroit tout au long de la période au cours de laquelle elles se laissent
suivre. Sur plus de deux siècles, lorsque l’un des membres du groupe cède un bien,
des représentants des autres rameaux sont présents. Ainsi, lorsque Raymond Séguin de
Lalande abandonne au début du XIe siècle l’église de Moncessou, c’est en présence de
56
BnF, Lat. 12829, p. 2 (1084).
RH 51 (1052).
58
RH 170 (1103).
59
RH 126 [1083]; RH 173 (1104).
60
RH 51 (1052) ; RH 126 [1083/1085] ; CG, fol. 111 v° (1162).
61
RH 221 (1125).
62
RH 232 (1129).
57
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Dimbert de Sainte-Thècle et d’Hugues de Nazac qu’il le fait63. Ce gros alleu fut
certainement immédiatement cédé ou usurpé par un fils du donateur : l’un d’entre eux,
en effet, prend le nom de Carcers, butte – une ancienne motte ? – qui domine la vallée
de la Séoune, à un peu plus d’un kilomètre au nord de l’église de Moncessou alors
même que les possessions familiales sont à plus de vingt kilomètres au sud-ouest de
cet endroit. C’est encore le cas en 1103, lorsque Guillaume d’Esmes et son fils Séguin
donnent leur accord à Séguin Raymond de Lalande et Séguin son frère pour la
donation de l’église Saint-Michel qui s’effectue par ailleurs en présence de leurs
cousins Séguin et Hispaniolus de Lalande et de Pierre de Carcers64.
Dominé par les Esmes, ce vaste cousinage – les consobrini sont nombreux
dans les actes qu’ils font rédiger – use de stratégies diverses pour ne pas trop disperser
le patrimoine. Tout d’abord, on pratique l’inféodation en famille : ainsi, en 1097, à
l’occasion de sa prise d’habit et de l’oblation de son fils Arnaud, Arnaud Guillaume
de Pradelle donne-t-il le quart de la dîme de Gamanel et la huitième partie de l'église
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
de Pommevic avec l’accord de ses seniores, Guillaume et Dimbert d’Esmes, en
présence là encore de plusieurs de ses cousins de Lalande65. Par ailleurs, chez les
Lalande, particulièrement prolifiques, plusieurs éléments permettent fortement de
supposer l’existence d’un bouclage consanguin au cours du XIe siècle : Arnaud de
Lalande (1088-1097) est très certainement un petit-fils de Beliarda (1003/31) et son
épouse Gasberga (avant 1097), une petite-fille de Séguin (1003/31), frère de Beliarda.
Les Esmes quant à eux semblent pratiquer un contrôle des naissances et gérer les
biens familiaux en fratrie ; les actes nous les présentent en effet plus souvent associés
à un frère que seuls, sauf après 1115.
Deux des rameaux disparaissent. La dernière mention repérée des Nazac se
situe en 1073 lorsque Bernard Hugues et ses frères vendent à l’abbé Hunaud leur part
de dîmes de la paroisse Saint-Michel, à l’Est de Moissac, pour quarante sous66. Quant
aux Sainte-Thècle, on note bien la présence d’un moine nommé Guillaume en 1129/35
mais il n’est plus envisageable d’avoir à cet endroit une lignée aristocratique : les
Montesquieu – sur l’origine desquels on ignore tout – édifient une motte très
imposante au nord de la paroisse de Sainte-Thècle avant 1125, première mention où
63
RH 42 [1003/1031].
RH 170 (1103).
65
RH 151 (1097).
66
RH 89 (1073).
64
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
ils paraissent dans une liste de témoins immédiatement après Guillaume d’Esmes67.
D’emblée, Bernard de Montesquieu intègre les hautes sphères. Il est notamment
présent dans les assemblées comtales. L’implantation ne semble pas avoir provoqué
de crispation de la part des Esmes ce qui laisse supposer une alliance matrimoniale
entre les deux familles.
Après 1100, au mieux 1130, on perçoit de plus en plus mal ces familles dont
on sait pourtant qu’elles subsistent. On rencontre encore des Guillaume d’Esmes en
123868. En moins de deux siècles, de 933 à 1097, ils ont cédé à Moissac neuf églises
qui devaient constituer, par les revenus qu’elles assurent, la base de leur puissance.
Dès lors, ils se tournent vers le vicomte de Lomagne, franchissent plus souvent la
Garonne et quittent la lumière qui avait éclairé de manière exceptionnelle les
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
« débuts » des Dimbertiens.
Pièces justificatives
1- Donation par Dignebert et Berta, sa femme, de l'alleu de Chauffour, de l'église de
Saint-Christophe et de l'alleu de Gardabaubert.
RH 9 (933)
Sicut mos antiquus obtinet institutus, et ex divinis litteris comprobatur, roboratur
omnibus spem in Domino habentibus, pro multis quæ in sæculo humanibus
commituntur sceleribus dignum visum est fidelibus elemosinarum largitionibus seu
possessionum donationibus pro purgare salubribus.
Idcirco ego Dignebertus et uxor mea Berta considerantes causam fragilitatis nostræ,
et pro fluum ad mortem cursum præsentis vitæ donamus Domino Deo et sancto Petro
Moisiaco alodium nostrum, qui est in pago Caturcino, qui vocatur Caltius Furnus, et
habet fines in se de una parte per ipsum rivum decurrentem, qui vadit usque in Biarode,
et ipsum broilum de Rocas, et per illam stradam publicam, totum ab integro.
Dedimus etiam in alio loco eidem sancto Petro ecclesiam sancti Christophori cum
omni honore ad ipsam ecclesiam pertinentem, mantiones sive terras, vineas et boscos.
In alio quoque loco dedimus alodium nostrum qui vocatur Guardabaubert, et illum
67
68
RH 221 (1125).
BnF, Lat. 12829, p. 145.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
boscum de illo podio de Guarda, et in alio loco qui vocatur de Pont, et de Caitavalle, in
talli conventione ut quamdiu ego Dignebertus vivo totum alodium præfatum teneam.
Post mortem autem meam Beatæ remaneat, et post discessum Siguini Galterio
secretario in secrestania Sancti Petri remaneat, et nullus ex omnibus his neque alius
homo habeat licentiam dare, aut vendere, aut ullus homo alienare, neque a potestate
Sancti Petri auferre.
Signum Digneberti et uxoris suæ Bertæ. Signum Grimardi. Signum alterius
Grimardi. Signum Rainfredi.
Facta carta ista in mense Septembrio, anno undecimo Radulfi regis.
2- Notice de l’abandon par Raimond Seguin de Lalande de l'alleu de Moncessou, en
présence de Dimbert de Sainte-Thècle et de Hugues de Nazac.
RH 42 [1003/1031], original
Mention dorsale ancienne:
Mons sancius
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Noticia guirpitoria de illo alode quę vocatur Monte Sancione cum ipsa ecclesia quę est
fundata in honore sancti Petri apostoli cum omnibus aiacentiis suis, tam terris quam
vineis, silvis, pratis, aquis, aquarum cursibus et incursibus, quistum vel inquirendum,
cum ipsas frankezas totum et ab integrum Raimundus Sequin de Lalanda guirpivit
contra Domino Deo et Sancto Petro de Musciaco suisque servientibus, in presentia
Stephano abbate et Donadeo dekano et Isarno archiclavo et Grimardo monaco et
Raimundo monaco, vel cuncti congregatione seu et alios omnibus, quorum hoc sunt
nomina : Digneberto de Sancta Tecla, et Ugo de Iniciago, et Raimundo de Colonicas, et
aliorum bonorum ominum qui ibi aderant, et dederunt ei monachi unum ecum per
quinquaginta sollidos et L solidos in argento, in tale ratione veniat ipse Raimundus et
firmet eam, et faciat firmare per filios suos Raimundo et Siguino et Wilelmo, et filias
suas Beliard <...>, in tale vero ratione ut teneant monachi in comunia.
Et si est ullus omo aut ulla potestas qui tollere voluerit de comunia, aut in fevo aut in
ulla ratione, veniant filii sui aut unus de propinquis parentibus et donet sancto Petro XX
solidos, et faciat quicquid facere voluerit sane.
Facta carta ista in mense Iunii regnante Rotberto rege Francorum.
Sig + Raimundo qui carta ista scribere rogavit et manibus firmavit. Sig + <..>guani.
Sig + Bernardo de Monciaco. Sig + Digneberti Mauri. Sig + Stephano Crela. Sig +
Wilelmo Andreo.
Bernardus scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
3- Donation par l'archiclave Hugues et son neveu Dimbert d'Esmes, de l'alleu appelé
Til, en présence d’Hugues de Nazac.
RH 46 [1031/1048]
De Tilio.
Cartam quam rogavit scribere Hugo monacus archiclavis sancti Petri de ipso alode qui
vocatur Tilium, quem ipse dedit et Deibertus nepos ejus de Oxima, sancto Petro pro
anima Dimberti fratris sui, et Hugonis nepotis sui, in presentia bonis hominibus qui ibi
aderant. Hoc fecerunt Hugo Iniciaco, Arnaldus de Duro Forte, et Ademarus de
Calciada.
S. Hugonis qui cartam istam scribere rogavit, et manibus firmavit. S. Dinberti.
4- Donation par Arnaud Guillaume de La Pradelle, à l'occasion de sa conversion et de
l'oblation de son fils, du quart de la dîme de Gamanel et de la huitième partie de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
l'église de Pommevic.
RH 151 (1097)
Nemo dubitet factum neque speret futurum, quod ego Arnadus Willelmus dictus de
Pradella, cum consilio fratrum meorum Willelmi, Ugonis et Pontii, et cum voluntate
uxoris meæ Arsendis, faciens me monachum ad finem, et offerens simul filium meum
Arnaldum Deo serviturum, dono et confirmo sancto Petro apostolo in monasterio
Moysiaco et habitatoribus ejus, quartam partem decimi de Guamanello, et octavam
partem de Pomerio Vico, tam in ecclesia quam in decimo, ut teneant et possideant ipsi
monachi in perpetuum alodum omni tempore.
Hanc donationem ita tenendum facio et corroboro, in præsentia domini Ansquitilii
abbatis, in manibus Willelmi prioris, et Heliæ sacristæ, simul etiam Willelmi et
Dinberti de Usma seniorum meorum, et aliorum multorum.
Facta discriptio anno Dominicæ Incarnationis millesimo nonagesimo septimo,
regnante Philippo Francorum rege.
Signum ipsius Arnaldi Willelmi, qui hanc donationem fecit, et ita scribere rogavit.
Signum Willelmi, Ugonis et Pontii, fratrum suorum. Signum Willelmi et Dinberti de
Usma. Signum Siguini Raimundi, et Siguini consobrini sui de illa Landa.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
5- Confirmation par Guillaume d'Esmes de la donation faite par Humbert d'Esmes,
son père, de quelques barrages de pêche.
RH 152 (1097)
Notum sit omnibus hominibus quod Humbertus de Oxima, cum consilio Willelmi filii
sui, misit in pignus per decem solidos Lemodicanos monetæ publicæ, sancto Petro et
monachis Moysiaco, Deusdat de opera, et aliis ibidem degentibus, illos paxarillos de
illas Martras, quod Bernardus Joanni et Geraldus vicecomes tenebant. Ipsum vero
paxarillum quo est super piscaria de illas Bartas reliquit Deo et sancto Petro et
monachis Atoni priori, Bertranni sacristæ, Poncii Amelii cellararii, in æternum.
Post mortem ipsius, Willelmus filius ejus recognoscens quod injuste tenebat, dedit
cum consilio uxori suæ Domnuciæ, et filii sui Siguini, fevum illud quod tenebat de
abbate et monachis, reliquit Deo et sanctis apostolis Petro et Paulo in manu domni
Ansquitilii abbatis, Willelmi prioris, Heliæ sacristæ, et Arnaldi de opera et
successoribus ejus in opera Deo servientibus. Accepit enim ab ipso Arnaldo triginta
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
solidos monatæ publicæ. Ipsum paxarillum, quem Geraldus vicecomes tenebat, totum
et ab integro, sine ullo retento, habet enim adjacentias et terminos sicut via publica
pergebat ad domum Arnaldi Nigri, et sicut via vetula de illas Tapias veniebat ad
acquam Bernardi Joanni, et transit super domum Hugo Macip.
Facta carta sub anno Dominicæ Incarnationis millesimo nonagesimo septimo.
Signum Raymundi Willelmi vicarii. Signum Raymundi Bernardi de Wandalor.
Signum Orseti de opera. Signum Geraldi de Tholosa.
6- Longue liste de mises en gage dont celle de Guillaume d’Esmes et de son fils
Guillaume
RH 241 [avant 1128]
Guillelmus de Usma et Guillelmus filius ejus miserunt in pignus Deo et Sancto Petro et
Arnaldo Bernardi et ceteris monachis medietatem honoris de Mauso, preter honorem
Guillelmi Gauzberti, per centum quadraginta solidos Caturcenos, et firmaverunt ipsi
per fidem suam, et dederunt fidejussores Petrum de Carcers, et Guillelmum de Pradela,
et Guillelmum Ugonis.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Rocafort
Ictier
Ebon
929 (954)
929
900-925
925-950
Nictard
Isarn -∞- Christina
954-963
950-975
954-962
Ebon
Ictier
954
975-1000
1000-1025
Escafred
954
932
Richard
954-963
Isarn
Géraud
Raymond
1003
996/1010
994/1009
moine-scribe Mc
954/85
Hugo Excafredo
1003/1031
994/1009
Yscafred
ca 987 - 994/1009
?
Na -∞- Yscafred
Ictier de Castanet
Isafred
961
ca 987
Na -∞- X
994/1009
994/1009
Genies Yscafred
994/1009
ca 1000/1030
Hescafred
1025-1050
(1061/65)
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1050-1075
1075-1100
Arnaud
Bernard
1061/65
1061/65
Na -∞- Arnaud Bernard
?(de Gandalou)
de Rocafort
1060/96
Hugues Bernard -∞- Beatriz
de Rocafort
(Sichier)
1072-1085 (1104)
1100-1125
Hugues Escafred
1081- 1101/26
(1081)
Pierre
Géraud
1081
Géraud
moine Mc 1115/1135
Hugues -∞- Azalais
de Rocafort (de Tolvieu)
1104-1126
1104-1126
1150-1175
1126-1144
† av 1154
Bernard -∞- Na
Hugues de Castelnau
1154
Hugues Escafres
Guillaume -∞- Na
de Cos
1194
Arnaud Escafre
1162
Escafred
Hospitalier
Fronton
1194
Bertrand -∞-1 Assalts
de Rocafort
Bertrand
de Rocafort
Aimeric -∞-Sasneus
de Rocafort 1190
1153-1189
1175-1200
1144
Hugues
de Rocafort
1194
1150-1175
1144
Hugues
de Rocafort
1170
Na -∞- Cenebrun
de Mondenard
1144
1144-1194
1175-1200
Aimeric
de Rocafort
Arnaud
de Rocafort
1144-1154
1154
1125-1150
1094/98
Bernard = ? Bernard
oblat Mc
Escafred
Géraud -∞- Na
de Rocafort
1104
1104-1113/17
1125-1150
Guillaume Hugues -∞- Bona Filia
de Rocafort
1094/98
Géraud
1174
1156-1183
Pierre Aimeric
1194
Lombarda -∞-1 Bertrand
1174
de St-André
1174-1195
Aimeric
prior Gdslv
abbé Gdslv
Bertrand
de Rocafort
moine Gdslv
(1190)
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Ce Raimond (du Bousquet) de l’an mil, celui dont l’épopée dans la partie
orientale du bassin méditerranéen l’amène à combattre du coté des Musulmans, est
très certainement un descendant d’un Ictier qui vivait vers 900-92569. Grâce au
testament d’Isarn, on sait que son père se nomme Ictier et son frère Nictard, et qu’il a
un fils nommé Ictier de son épouse Christina70. Par ailleurs, ce fils Isarn est le même
que celui qui se présente comme le père de Raymond. Surtout, dans le testament que
dressent Arveus et sa femme Ailes qui partent à Rome entre 996 et 1031, le couple
donne une garrigue à Raymond, fils d’Ictier. Cette garrigue se situe sous le casal légué
par Arveus à un certain Yscafred71. Raymond et le frère d’Hugues Escafred ont donc
des « amis » identiques et des biens ayant des confronts communs.
Aucun Ictier ne se rencontre dans les cartulaires de Lézat et de Saint-Sernin.
En revanche, les mentions sont « régulières » dans les fonds de Moissac et SaintThéodard. Dès 815, on trouve un Ictier dans l’entourage de l’évêque de Cahors Agarn
lors d’une donation de ce dernier à l’abbé Emeninus des églises de Bioule, Meauzac et
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Saint-Rustice. Or, les biens d’Ictier et de ses descendants se situent en Toulousain,
entre Meauzac et Saint-Rustice, cette dernière étant située au cœur d’un fisc royal 72.
D’autre part, même si la charte de Nizezius est considérée aujourd’hui comme très
suspecte73, il est bon de rappeler que ce grand propriétaire étend ses possessions de
part et d’autre de la Garonne et qu’il cède en particulier des parts de fisc comme a pu
le démontrer récemment Jean-Pierre Chambon74 et qu’un Ictier fut évêque de Lectoure
avant 50675. Or, Raymond (du Bousquet) est genere divitiisque clarissimo76: est-ce le
souvenir – encore persistant vers 1016-1020 – de cette ascendance gallo-romaine qui
provoque cette emphase sous la plume de Bernard d’Angers ? C’est très peu probable
mais l’auteur n’emploie ce terme qu’à deux reprises dans l’ensemble de ces récits 77. Il
69
RH 8 (929).
RH 12a [954].
71
CST, fol. 77 [996-1031].
72
RH 2 [815/816].
73
Jean-Luc BOUDARTCHOUK et alii, « La ‘charte de Nizezius’ : encore un faux de
l’abbaye clunisienne de Moissac ? », Annales du Midi, 2007, p. 269-308.
74
Jean-Pierre CHAMBON, « Observations et hypothèses sur la charte de Nizezius
(Moissac a. 680) : contributions à la protohistoire du gallo-roman méridional et à la
connaissance de la période mérovingienne dans la région toulousaine », dans Revue des
Langues Romanes, tome CV, 2001, p. 539-605.
75
Christian LAURANSON-ROSAZ, L’Auvergne et ses marges, op. cit., p. 187.
76
LMSF, II-2.
77
Christiane CAITUCOLI, « Nobles et chevaliers dans le Livre des miracles de sainte
Foy », Annales du Midi, 1995, p. 402.
70
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
demeure néanmoins possible que, par les femmes – les filles de Raymond – les
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Rocafort remontent à l’aristocratie gallo-romaine78.
78
Sans vouloir faire de lien spécifique entre les deux lignées, on ne peut s’empêcher
ici de faire un parallèle avec les vicomtes de Mercoeur dont les choix anthroponymiques se
penchent vers deux noms, Ictier (qui se transformera en Hector) et Nizezius (devenant Nizier).
Christian LAURANSON-ROSAZ, L’Auvergne et ses marges, op. cit., p. 133-135.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
L’épisode relaté par Bernard d’Angers dans le Livre des miracles de sainte Foy
de Conques79 évoque incontestablement une captation d’héritage. Raymond,
aristocrate toulousain à la tête du domaine du Bosquet, entreprend un pèlerinage à
Jérusalem à l’extrême fin du Xe siècle et diverses tribulations l’empêchent de regagner
sa terre avant 1009-1010 : un naufrage au large de la péninsule italienne, l’esclavage
puis le mercenariat obligatoire, des combats au Maroc et pour finir en Andalousie.
Considéré comme mort, sa femme se remarie, abandonne à son nouveau conjoint tout
l’honor de Raymond, y compris le castellum, déshéritant de la sorte les deux filles
issues du premier lit. C’était sans compter l’intervention d’Hugues Escafred 80,
« amicus » de Raymond, qui s’empare de la moitié de l’honor – mais pas du château –
dont il dote les filles à qui il fait épouser, sur la lancée, deux de ses propres fils.
Lorsqu’enfin Raymond revient, vers 1010, c’est de nouveau Hugues Escafred qui
permet au premier de récupérer tout son bien, y compris le château, après avoir activé
l’auxilium féodal81.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Les Escafred ont laissé des traces dans les sources depuis le début du Xe siècle.
En un mot, ils sont très implantés localement au moment où les actes commencent à
éclairer cet espace. Durant près de deux siècles, le nomen Escafred (et ses nombreux
dérivés orthographiques !) permet d’« identifier » aisément des membres de la lignée
qui l’utilisent seul ou en complément, le plus souvent associé à Hugues. Puis son
usage semble disparaître, relayé par l’apparition de la référence « toponymique »
mentionnée tardivement puisqu’il faut attendre l’extrême fin du XIe siècle pour voir
l’un de ses membres s’en doter. Cette nouvelle pratique devient immédiatement une
habitude et sur trois générations, à l’exception d’un Bernard, moine de Moissac, qui
réactive la référence à Escafred au début du XIIe siècle, seul le complément
79
LMSF, II-2.
Dans le second paragraphe du récit du miracle, Bernard d’Angers évoque
Excafridus Hugo, puis, à la fin de l’épisode, Hugo Excafridus.
81
LMSF, II-2 : […] Et sic quem pre ceteris egregium repperit, nanciscitur virum,
quod potuit sue libidini oportunum. Cui et castellum dedit, et reliquum honorem sic fecisset,
et etiam filias, quas Raimundo pepererat, a paterno beneficio, ceco cupidine perdita,
alienasset, nisi quidam cognomine Excafridus Hugo, antiquus prefati Raimundi amicus, pro
puellis sese maternis iniuriis obiectasset atque, ne ipse indotate ad ignominiam redigerentur,
auctoritate sui et industria, totius honoris medium preter castrum subsidiis auctum
recuperaret ac retineret. Nec de maritandis virginibus longa extitit ambiguitas, cumutramque
germanam suis liberis nubere consensit. [...] Ut ergo comperit filias suas claro matrimonio
nupsisse, generosum petiit genitorem. Casus narrat, uxoris noxam detegit. Porro Hugo
Excafridus, fidelium amicorumque auxilio, liberorum socerum antiquumque amicum, pulso
mox rivali, in honorem restituit. Preterea decretum est uti coniugem recipiat: sic enim posse
fieri iuxta maiorum instituta, nec prorsus ullum esse dedecus.
80
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
toponymique est usité par certains mâles de la famille. Et c’est au cours de la seconde
moitié du XIIe siècle qu’un basculement s’observe : les Escafred redeviennent plus
nombreux que les Rocafort. Cette évolution, qui n’est en rien due au hasard, semble
bien marquer les trois temps de la lignée : l’ancêtre illustre, Escafred, a la faveur des
« premiers » temps. Sans doute doit-on aller rechercher cet ancêtre vers le Carcassès
où un véritable nid de Giscafred se laisse repérer dès 812. D’abord mentionnés aux
abords de Lézat où ils possèdent des biens jouxtant ceux du vicomte de Toulousain au
début du Xe siècle, on les retrouve ensuite dans ce qui deviendra leur « espace »
favori : les terres insérées entre Garonne, Tarn et Tescou au nord d’une ligne Finhan –
Villebrunier – Verlhac. S’ouvre donc le temps d’un ancrage territorial plus restreint à
l’intérieur duquel va s’exercer leur autorité. Le nomen accordant le pouvoir, trois
hommes de la même génération – dont deux frères – s’emparent donc presque
simultanément de la référence toponymique. Débute ainsi le temps de Rocafort. Celui
des Escafred prend une autre tournure. Aucun Escafred ou ses composés n’est associé
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
à un complément toponymique : jamais on ne rencontre d’Escafred de Rocafort.
Enfin, quel que soit le personnage porteur de ce nomen, aucune descendance ne leur
est connue et comme au moins deux Escafred sont des ecclésiastiques, il est fort
probable que ce nomen se soit « spécialisé » au sein de la lignée pour désigner ceux
qui intégreront l’Eglise.
Une branche est assez bien éclairée par les actes de Grandselve mais aucun
d’entre eux ne permet le moindre rapprochement avec les premiers rameaux. C’est la
raison pour laquelle un second cartouche a été inséré sous le premier schéma de
filiation.
Voici une lignée dont le castrum éponyme n’a pas été retrouvé, d’où le
maintien du nom Rocafort (et non Roquefort). Deux actes permettent une association
entre le nomen et un castrum mais on ne peut tout au plus émettre qu’une hypothèse.
Un premier texte malheureusement tronqué du cartulaire de Saint-Théodard de
Montauriol82 laisse à penser que le site de Lacourt, une puissante motte avec basse-
82
CST, fol. 144 v° [1113-1137], février : ......... castelli de Curte dedit et absolvit
Bertrans de Rocafort consilio fratris sui, in redemptione animarum suarum, Deo et Sco Theo.
et domni Ugoni, abbati ejus monasterii, integrament cum omni ecclesiastico, et unam
condaminam que est ad introitum castelli per ipsam convenienciam Aimericus dedit et
laudavit hoc donum a be e a fe. [...]Videntes sunt hii : Bonettus, miles; Petrus Ramundus,
miles; Gausbert d’Agra, Guiral d’Agra, Bertrans de Villa-longa, Petrus de Faurgas, Petrus
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
cour, leur servait de repère. Cet acte est passé en présence de Gauzbert et de Géraud
d’Agre et peut être mis en parallèle avec un autre texte postérieur, daté du 14 février
1178, en faveur de l’abbaye cistercienne de Grandselve dans lequel Géraud d’Agre et
son épouse Guilhelma donnent leurs droits sur les bois Rocafortenc de Lacourt83.
Une lignée alliée tout au long de la période : les Agre.
Bernard Raino
de Gandalou
1052-1083 (1105)
Géraud
de Gandalou
1083/85
(Gauzbert) ? -∞- Na
Na -∞- Arnaud Bernard
de Rocafort
(1104)
Géraud
Bernard
Géraud
Gauzbert
d’Agre
Gauzbert
d’Agre
de Rocafort
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1104- av. 1114
Géraud
(de Bretes ?)
Raino
d’Agre
d’Agre
1113/37
1113/37
1115/35
Bernard
Guillaume
Willelma -∞- Géraud
1175-1178
Gauzbert
d’Agre
d’Agre
1165-1187
1104-1113/17
av. 1114
X -∞- Na
d’Agre
Guillaume
Gauzbert
d’Agre
Pierre
d’Agre
Raymond
d’Agre
1165-1177
1169-1171
1164
Od
At
Raymond
Arnaud
(1171)
de Campsas
d’Escuder (1171)
(1171)
1166
Gauzbert -∞- Na
d’Agre
1156-1185
1166
Jourdain -∞- Na
d’Agre
1164-1179
1166
Bertrand
d’Agre
1166-1192
Pierre
At
d’Agre
1166-1185
Les alliances des Rocafort les unissent aux familles les plus prestigieuses de la
région, au moins au moment où celles-ci se nouent. Je ne reviens pas sur le
redoublement d’alliance réalisé peu après 994 avec les filles de Raymond du
Bousquet. On trouve parmi les épouses une Gandalou vers 1080, une Sichier avant
1081 et Adalaiz de Tolvieu sans doute vers 1120. Les époux sont tous issus de lignées
de rang châtelain : Mondenard avant 1144, Castelnau avant 1154 et Cos avant 1194.
Leurs alliances matrimoniales sont donc des plus enviables tant par les ascendants des
conjoints que par les revenus qu’assurent la détention des patrimoines et le contrôle
del Podio et alii multi.
83
CG, fol. 65 (1178, 14 février).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
des charges, comme celle de vicarius de Moissac ou encore châtelain du comte. Par
ailleurs, les Rocafort sont très étroitement liés aux Agre – dont le nom renvoie à la
forêt – dont la particularité est également de ne pas se laisser repérer précisément sur
la carte. Les Agre peuvent être suivis de 1104 à 1192 grâce aux traces qu’ils ont
laissées dans trente cinq actes. Parmi ceux-ci, huit – soit un quart – sont passés
conjointement avec les Rocafort, de 1104 à 1178.
Dès 1098, ils prennent le parti de Philippa et lors des guerres qui opposent
Alphonse Jourdain au vicomte de Béziers dans les années 1142-1143, leurs alliances
les propulsent du côté des Trencavel.
On a vu que les Ictier / Isarn étaient des marcheurs de Dieu. Plusieurs
pèlerinages sont repérables au sein de cette famille : peut-être Saint-Jacques, puis
Rome et enfin Jérusalem en trois générations. Mais ils sont également généreux
donateurs envers l’Eglise : le testament d’Isarn en témoigne et il est fort possible que
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
le récit du Livre des miracles de sainte Foy soit la conséquence de la donation que
Raymond réalise en faveur de Conques : on ne peut que constater la présence dans le
cartulaire de Conques de la donation de l’église de Rodolaigues / Rogonag – qui est
mentionnée dans le testament d’Isarn – par un certain Raymond avant 101084. On
retrouve le lieu mentionné dans une liste de cens datée par l’éditeur de la fin du XIe
siècle85.
Dès le milieu du Xe siècle, les Escafred fournissent des moines dont l’un est
scribe, aux établissements monastiques. Mais c’est surtout après 1080 que les sources
nous permettent d’entrevoir de tels engagements envers Moissac, Grandselve et la
commanderie hospitalière de Fronton dont un Escafred est maître. A priori, tout
semble parfaitement se dérouler entre les Rocafort et l’Eglise. Néanmoins, ces
témoignages d’alliances renouvelées n’interdisent pas les tensions qui vont opposer
frontalement certains membres de la lignée à Moissac, à Saint-Sernin ainsi qu’à
l’évêque de Toulouse. Elles témoignent davantage de l’inadéquation des pratiques
aristocratiques avec les évolutions imposées par la réforme grégorienne. Géraud de
Rocafort laisse des traces dans plusieurs cartulaires locaux à propos, notamment, de
l’usurpation des revenus d’une partie de l’archidiaconé de Villelongue. Je ne reviens
84
CONQUES n° 65 [996-1010] avec son frère Géraud.
CONQUES n° 87 [fin XIe siècle] : Ecclesia de Rodolaiguas, si co l’alos es, totum et
ab integrum. E Montubig : I casal ; casal donat II gallos et I panem et I denarium et I
sestarium de civada. Totum hoc supra scriptum debetur per censum.
85
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
pas sur le litige et ses revirements quasi rocambolesques qui occupent successivement
l’évêque de Toulouse, les abbés de Saint-Sernin et de Moissac ainsi que la comtesse
Philippa de 1097 à 1116 dans doute86. Géraud reconnaît qu’il a agit ainsi en raison de
besoins financiers et rend donc les revenus de l’archidiaconé à Saint-Sernin87. A vrai
dire, les Rocafort ne sont pas particulièrement généreux envers l’Eglise à la différence
des Ictier. Les actes nous les présentant dans les enceintes de Moissac, Montauriol ou
Saint-Sernin évoquent plutôt des règlements de chicanes, et ce dès la fin du Xe siècle.
Pièces justificatives
1.- Géraud de Rocafort confirme la donation faite par son père Arnaud Bernard d’un
casal à Escatalens après le meurtre d’un homme de Saint-Pierre. RH 171 (1104)
Noverint omnes homines tam futuri quam presentes quod ego Arnaldus
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Bernardus de Roca Fort, cum consilio Amardi de la Junkaira, dono Domino Deo et
sancto Petro apostolo de Moysiaco, et Unaldo abbati, et monachis omnibusque eorum
successoribus illum casalem in villa de Scatalingis.
Post multum temporis, ego Geraldus dictus de Roca Fort, filius supradicti
Arnaldi, cum consilio uxoris mee et filiorum aliorumque amicorum meorum, dono
atque firmo ipsum casalem sancto Petro et abbati Asquitilio, Willelmo priori, et
Ricardo ipsius loci obedientiario, et cunctis monachis Moysiaco Deo servientibus
omnibusque eorum successoribus, ut habeant, teneant et possideant in proprium
alodum omni tempore. Hanc donationem ita facio pro salute et remedio anime meę et
parentum meorum, pro emendatione multorum malorum quę ibi feci et denominatum
pro uno homine Sancti Petri quem ego feci occidere, et quia ipsa terra est de alode
beati Petri quam avus meus de seculari abbate injuste aquisivit, ut Deus Omnipotens
86
Voir le développement sur les résolutions de conflits dans le chapitre six.
CSS 252 [...1113 - 1117...] : de redditu archidiaconatus de Villalonga, de illo etiam
quem Giraldus de Rocafort violenter sibi usurpabat, […]. Hoc placitum postmodum
penitentia ductus et se invitum et coactum fecisse asserens, coram abbate Cluniacensi
retractavit. Sed, quia se invitum vel coactum vel eorum impulsione fecisse probare non potuit,
pars ejus debilita remansit. Unde postea se erga eos male egisse confitens, solius causa
penurie illud placitum se retractavisse asseruit et placitum quod prius cum eis fecerat,
libertatem etiam eclesie confirmavit ut melius scivit et potuit.
87
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
per intercessionem ipsius apostoli sui Petri ab his et ab omnibus peccatis nos
absolvat, et in regno celorum, unde ipse clavicularius est, nos introducere dignetur.
Factum est donum istud anno Dominice Incarnationis M°C°IIII°, in presentia
multorum testium. Amardus suprascriptus de illa Junkeria ita tenendum firmavit.
Geraldus Gauzbertus d'Agra firmavit. Poncius Agarns similiter firmavit. S. Bertranni
Homenel. S. Ugonis Raimundi fratris sui. S. Gauzberti Arnal de Rogonac. S.
Gauzberti clerici.
2.- Donation par Hugues Bernard de Roquefort du quart de la dîme de Saint-MartinBelcassé, et de l’honor du Bousquet. RH 229 [1101/1126]
In villa de Belcasse, Hugo Bernardus de Rocafort ad obitum suum dedit et
dimisit Sancto Petro Moisiaco et habitatoribus ejus pro sepultura sua et pro remedio
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
animæ suæ, quartam partem decimi ecclesiæ Sancti Martini ipsius villæ, ita plane ut de
omni decimo prædictæ ecclesiæ quinque modii in pane, et imo primum exeant et de aliis
quæ superfuerint ipsa quarta pars Sancto Petro et habitatoribus ejus reddatur
imperpetuum.
In ipso vero honore de Illo Bosket dimisit et absolvit omnes malos usus et
torturas et violentias, quas ipse Hugo Bernardus sive ejus homines faciebant, ut
numquam amplius accipiant vel requirant, neque filii ejus post eum, in perpetuum.
Hoc factum est cum consilio Oddonis monachi ipsius obedientiæ, et Baronis de
Montberter, et Geraldi Gausberti, et aliorum multorum.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Odalric de Corbarieu
Jourdain et Amaneus de Corbarieu et Bonnes-Vignes
Odalric -∞- Fredberge
951-969
969
Adalaiz -∞- Odalric
972
Bernard
972
972
Gauzbert
972
Bernard
Odalric
972-996/1031
Bernard
Odalric
Arnaud
Odalric
vers 1036
vers 1036
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Engelgarde -∞- ? Odalric
ap. 1079
Pons
Odalric
Arnaud
1070
Guillaume
ap. 1079
ap. 1079
ap. 1079
Bernard
Odalric
vers 1075- ap. 1079
bonus homo
Hugues
Odalric
vers 1080
vicarius des Villemur
Bernard
Odalric
1097
miles
Bernard
Odalric
miles † 1149
Raimond
Bernard
Arnaud
Bernard
1113/37- † 1160
1149- † 1155
-∞- Na -∞- X de Bonnes-Vignes
Raimond
Odalric de
Corbarieu
Odalric
Comtet
1190
moniale
1160/77
1160/77-1190 (1202)
Pierre
oblat 1177
1177-1188
commandeur de Fronton
1196-1200
Odalric
de Corbarieu
Odalric
de Corbarieu
1249
1202
Guillaume = ? Guillaume
oblat
Odalric
v. 1177
moine
1188
Alazaiz -∞- Raines
1160
de Cos
1160
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
La première mention du castrum est très tardive : c’est au cours du troisième
quart du XIIe siècle que cette puissante fortification de terre apparaît lors de la
donation réalisée dans la maison de Raymond Odalric88. Pourtant, avec toutes les
réserves d’usage que cette hypothèse implique, le castrum doit être un peu plus
ancien. C’est effectivement à partir du début du XIIe siècle que se croisent des
aristocrates porteurs de ce complément toponymique89. Ainsi, à l’image de Flaugnac,
Corbarieu est sans doute un castrum de milites où résident notamment les BonnesVignes ou encore les Jourdain et Amaneus de Corbarieu. Néanmoins, très tôt
perceptible le long de la vallée du Tarn entre Montauriol / Montauban et Villemur,
cette lignée des Odalric apparaît comme la lignée leader à Corbarieu.
Présent dans une liste de boni homines lors d’une guirpitio en faveur de SaintThéodard vers 107590, c’est encore un Bernard Odalric qui, lors du plaid présidé à
Montauriol par la comtesse Philippa en 1097, est inscrit dans la liste des témoins
après le vicomte Ademar91. Ces Odalric appartiennent donc au groupe des aristocrates
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
familiers de l’abbaye bénédictine. Leur participation à la réforme de l’abbaye après
son intégration à la Chaise-Dieu en 1079 se traduit par la cession de leur église SaintPaul, qui leur vient visiblement de leur mère Engelgarda92. L’un des leurs est même
miles de l’abbé93. Il est également probable qu’au même moment, un cadet occupe les
fonctions de vicarius d’At Inart de Villemur94. Ce qui a priori les situe dans les
franges médianes, voire inférieures de l’aristocratie, cache néanmoins une assez
« belle » envergure. C’est dans leur capacité à donner à de nombreux établissements
religieux que cette hypothèse peut être proposée : leurs legs sont très fréquents à
Montauriol évidemment, mais on les croise aussi à Moissac ou encore à Saint-Sernin,
mais ils sont également très présents à Grandselve95 et dans les commanderies
hospitalières de Fronton96 dont l’un des leurs devient commandeur en 119697. Le
parcours de ce dernier est d’ailleurs assez intéressant, un peu à l’image de Pierre de
88
CST, fol. 143 (1177) : donum fecit Ramundus Oalrici in domum suam, apud
castrum Corbariu ; CST, fol. 141 (1151-1180) : in domo Ramundi Oaldrici, apud Corbariu.
89
Répertoire d’Andurandy, n° 6796 (1127) : Jourdain de Corbarieu.
90
CST, fol. 88 [vers 1075].
91
CST, fol. 45 [1097].
92
CST, fol. 102 [après 1079].
93
CST, fol. 125.
94
CSS 341 [vers 1080].
95
Ils sont présents dans neuf actes comme donateurs ou acteurs secondaires.
96
AD31, H Malte, Toulouse 182, Fronton, n° 4 (1179).
97
BRUNEL, n° 301 (1196) et n° 331 (1200).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Penne. Le miles Raymond Odalric donne la moitié des dîmes qu’il possède à Bressols
à l’occasion de l’oblation de son fils Pierre en 117798. Mais on retrouve ce dernier en
compagnie de son père jusqu’en 118899. Il effectue des donations et en 1196, il porte
le titre de commandeur de Fronton100. Sans doute a-t-il refusé l’oblation, ce qui
explique que Raymond Odalric donne un autre de ses fils, Guillaume, à l’abbaye de
Montauriol vers 1177101. Il avait déjà confié sa sœur Comtet à l’abbaye entre 1160 et
1177102.
De la même façon que les Esmes ne sont jamais loin des Lalande, des Pradelle
ou des Carcers, les différentes lignées de Corbarieu semblent gérer de nombreux biens
en commun mais on ignore si cette forme de co-seigneurie résulte d’une indivision
choisie ou d’une frairesca imposée par un aïeul. Les actes de Montauriol comme ceux
de Grandselve témoignent fortement de cette indivision. Les folios 278 verso à 283
verso sont occupés par dix-neuf actes concernant des acteurs issus de ce castrum
enregistrant l’abandon de droit de pacage entre le 5 mars et le 1er mai 1190. On les
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
voit tous défiler, les frères, les cousins, les oncles et neveux et les autres ayants droit
en raison des liens matrimoniaux tel Bertrand de Bressols.
Les Jourdain et Amaneus de Corbarieu
Jourdain
de Corbarieu
1153/77
Jourdain
Bertrand
Guillaume
de Corbarieu
de Corbarieu
de Corbarieu
1128
1113/37
1140/53
Raymond Jourdain
de Corbarieu
1164- † av. 1190
Bertrand -∞- Guiscarda
de Caylus
Amaneus -∞- Faifida
de Corbarieu
1190
1164-1190
1188
1149/77- † 1188
Galard
Jourdain
Amaneus
de Corbarieu
de Corbarieu
1190
1190
1190
Pons Amaneus
1190
Pierre Guillaume
de Corbarieu
1177/88-1190
Sanche Amaneus
1190
A l’exception de parts détenues sur l’église de Bressols toute proche du
castrum, on ne leur connaît que des rentes foncières et une pêcherie sur le Tarn103. Les
98
CST, fol. 143 (1177).
CST, fol. 382 (1188).
100
BRUNEL, n° 301 (1196).
101
CST, fol. 27 [1177/88].
102
CST, fol. 19 v° [1149/51].
103
BRUNEL, n° 168 (1176).
99
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Bonnes-Vignes, et en particulier Jourdain, se montrent assez généreux envers les
cisterciens de Grandselve. Il est vrai que ces aristocrates possèdent des terres en
nombre important dans les dîmaires de Montech et de Lassale, ce qui évidemment
intéresse au plus haut point les moines blancs. On ne sait d’où leur viennent ces biens
fonciers mais, indéniablement, les Odalric et les Amaneus y ont aussi un droit de
regard. Ainsi, en 1165, parce qu’il décide de se rendre à Jérusalem avec Bertrand de
Saint-Naphaury, castrum voisin de Corbarieu, Jourdain Bonnes-Vignes cède-t-il vingt
et une sétérées de terre réparties sur les deux dîmaires évoqués en compagnie de
plusieurs membres des lignées citées104. Rentré de Terre Sainte en 1172 au plus tard,
Jourdain, en compagnie de sa sœur et ses nièces, renoncent ensuite à toutes
prétentions sur les droits qu’il prélèvent à Lassale et Montech contre quatre-vingt-dix
sous105.
Les Bonnes-Vignes de Corbarieu
Boson
Bonnes-Vignes
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1113/37
Na -∞-X
X-∞- Na -∞- Raymond Bernard (Odalric)
moniale
vers 1170
Belasende
Jourdain
Arnaud
Elyas
1171-1172
Bonnes-Vignes
1165-1186
Bonnes-Vignes
1172-1190
Bonnes-Vignes
1172-1191
Matilios -∞- Bertrand
1181
de Bressols
1181-1190
Jérusalem
Petronilla
1171
Bessengaria
1172
X
X
1179
1179
Les aristocrates qui vivent au castrum de Corbarieu sont incontestablement des
membres de la moyenne aristocratie terrienne. C’est grâce à des terres gérées
collectivement, sous le regard quasi constant des Odalric, que cette co-seigneurie des
bords du Tarn les fait vivre. Généreux envers l’Eglise, confiant certains de leurs
enfants à Dieu, partant en Terre Sainte ou encore détenant des fonctions prestigieuses
au sein de l’ordre des Hospitaliers, ces familles n’en ont pas moins suivi à l’occasion
les parfaits cathares. On a montré que Corbarieu faisait partie des trois castra dans
104
105
CG, fol. 26 v° (1165).
CG, fol. 40 v° (1172).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
lesquels l’influence de l’hérésie semble plus forte qu’ailleurs avant 1214. On sait en
outre par un acte de Grandselve que les cisterciens offrent à Elyas Bonnes-Vignes et
son frère Arnaud la possibilité de prendre l’habit mais aussi d’être transportés et
enterrés à Grandselve s’ils décèdent excommuniés106.
Pièces justificatives
1.- Pons Odalric, ses frères et leur mère donnent l’église Saint-Paul à l’abbaye de La
Chaise-Dieu.
CST, fol. 102 [après 1079]
Ego Poncius Odalricus, et fratres mei Arnaldus et Guillelmus atque Bernardus, cum
matre nostra Engelgarda, donamus Deo et Ste Caritati et Sti Martiribus Agricole et
Vitali, et loco qui vocatur Casa Dei, et domino Roberto, abbati, et monachis ejus
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
presentibus et futuris, ecclesiam Sancti Pauli cum omnibus que ad eam pertinent et
terra et vineas de Catalenco, sicut habemus et possidemus, vel homo, et terram de
Bosco-Girone, sicut Ragengarda dedit Sancto Paulo, pro redemptione animarum
nostrarum et patrum et matrum nostrorum et omnium consanguineorum et
propinquorum nostrorum, vivorum atque defunctorum, sine ulla retinencia et sine ulla
contrarietate. Et si ullus homo aut ulla femina hanc donationem inquietare vel
contrariare voluerit, sit dampnatus et a seculo separatus cum Dathan et Abiron.
2.- Raymond Odalric, miles, donne la moitié des dîmes de Saint-Martin et SaintBenoît de Bressols à Saint-Théodard à l’occasion de l’oblation de son fils Pierre
CST, fol. 143 (1177), mai
Sciendum est quod quidam miles, nomine Ramundus Oalrici, obtulit filium suum
nomine Petrum, pro monacho Domino Deo et beate Marie et domno Amelio, abbati
Sancti Theodardi. Et dedit pro illo omnes decimas quas habebat vel possidebat vel
aliquis ejus nomine, in parrochia Sancti Martini et Sancti Benedicti, scilicet
medietatem de decimis hujus parrochie supradicte.
106
CG, fol. 42 v° et suivants (1172).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Hoc donum fecit Ramundus Oalrici in domum suam, sicut suprascriptum est, apud
castrum Corbariu, in manu domni Amelii, abbatis Sancti Audardi, pro filio suo Petro
et pro redemptione anime sue et parentum suorum.
Hujus doni sunt testes Ramundus Jordani et Bernardus de La Garda et Amaneus et
Guillelmus Faizid.
Facta carta M°C°LXX°VII° mense Madio, feria II, regnante Lodovico rege et
Ramundo Tholosano comite et Geraldo Caturcensi episcopo. Bernardus Sancti Petri
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Castelnau – (Montratier)
Ingelbert = Ingelbert
archidiacre
av. 945
961
Gauzbert
987-1004
?Ramgarde -∞- Gauzbert
s.d.
-∞- Aluina
vir illustrissimus
vers 1030
s.d.
Raymond
Isarn
Gauzbert
Gauzbert
1059
1059
abbé séculier
1037-1063
de Castelnau
Aldiarda -∞- Raymond
Bernard
X
Raymond
1031/59
1031/59
Ingelbert
Gauzbert
de Castelnau
1083
Pons
1031/59
1045-1064
de Castelnau
1072/85
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1066-1083/85
Raymond
Polverell
1083
1083
Gauzbert
Ingelbert
defensor de Cahors
1090- †1100ca
prévôt de Cahors
1083-1111
Bernard Gauzbert Raymond
Hugues
1113/47
de Castelnau
Guillaume -∞- Na Na -∞- Aymeric X
del Taluc de Castelnau
X
X
de Castelnau chanoine
1113/47
1111
s.p.
1098
Guillaume
Géraud
de Laroque
Albaruno
1111
1111-1131/39
1098
1113/47-1154
-∞- Na
de Tolvieu / Rocafort
en’Polverell
seigneurs de
Puylaroque
(1179)
Raymond
de Castelnau
1179 (1239)
X
de Durfort
-∞- Na
Na -∞- Pons
(1239)
1179
Raymond Bernard
de Durfort
1211-1239
Pons
Guillaume
de Gourdon
de Gourdon
1179-1209
1179
Ratier -∞- Cebilia
de Gourdon
de Castelnau
1209-1226
1209- † av. 1226
1226
Aimeric
de Castelnau
1226
Na -∞- Arnaud Na -∞- Pierre Géraud
de Laroque
seigneurs de
Lamoleyrette
de Gironde
de Montfort
1091-1111
1111
Géraud
1111
plusieurs fils
1111
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Depuis plusieurs années, Florent Hautefeuille consacre une partie de ses
recherches, tant en histoire qu’en archéologie, à cette puissante lignée. Je renvoie donc
à ses travaux107 et me limite à quelques compléments.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
La seigneurie de Castelnau (XIe-XIIIe s.)
Carte Florent Hautefeuille
Si l’on porte une attention particulière au nomen Gauzbert, celui d’Ingelbert
présente également un intérêt majeur. Un archidiacre de Cahors de ce nom fait son
testament avant 945. Il appartient au réseau des Raymondin puisqu’il lègue en
particulier deux églises et des manses au vicomte Frotard et à son épouse
107
Florent HAUTEFEUILLE, « La seigneurie de Castelnau-Montratier aux XIe et XIIe
siècles », Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 1992, p. 255-271. Id.- , Structures de
l’habitat rural et territoires paroissiaux, op. cit., en particulier ici les monographies sur les
paroisses dominées par ces seigneurs. Id.-, PCR Société et peuplement dans la châtellenie de
Castelnau-Montratier. Rapport intermédiaire 2002, Université de Pau et des Pays de l’Adour,
mars 2003. Id.-, La Truque de Maurélis. Donjon emmotté. Commune de CastelnauMontratier, S.R.A. Midi-Pyrénées, 2005, 2 vol. Id.-, « La domus des seigneurs de Castelnau à
Flaugnac (Lot) », op. cit.. Id.-, « Une vicomté sans vicomte : les Gauzbert de Castelnau », op.
cit.. Id.-, « La restructuration d'un terroir autour d'un village disparu (XIIIe-XVIIe s.) : La
Graulière (Lot) », op. cit..
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Adalbercana ; par ailleurs, il donne à Amalcar et son fils Ragenfred des terres et
vignes sises dans quatre domaines108. En 961, un Ingelbert – le même ? – reçoit du
comte Raymond « de Rouergue » l’alleu de L’Herm, au nord de Bioule109. Or, en
1060, ce même alleu – situé sur la carte – est abandonné par le jeune Bernard
Ragenfred en présence de Gauzbert de Castelnau110 qui a lui-même un fils qui se
nomme Ingelbert. C’est encore un Ragenfred qui, vers 999-1003, est aveuglé par un
miracle de sainte Foy pour avoir voulu s’emparer d’un domaine de l’abbaye rouergate
situé à quelques kilomètres à l’Est de Castelnau et au nord de L’Herm111. Trois
Ragenfred, quatre Ingelbert si l’on compte Guillaume Ingelbert – alors que ces deux
nomina sont extrêmement rares localement – constituent des indices forts de liens ou
d’appartenance à un même réseau d’autant que l’archidiacre et les acteurs de la fin du
siècle se situent dans la mouvance raymondine à un moment où d’importants clivages
s’observent au sein de l’aristocratie.
Il semble que les événements de 1063 par lesquels Gauzbert est contraint de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
restituer la defensio au comte Guillaume IV aboutissent visiblement à une « rupture »
entre les Castelnau et la famille comtale. Les membres de la lignée se tournent vers
Cahors et la vallée du Lot, de plus en plus étroitement contrôlée par l’évêque. On le voit
dès 1098 lorsque, menacées par les armées du duc Guillaume, les terres du chapitre
nécessitent la protection d’un puissant. L’évêque Géraud fait appel à Gauzbert de
Castelnau del Talluc112 ; les liens se renforcent encore en 1103 avec la nomination de
Guillaume comme prévôt de l’Eglise cathédrale113. Celui-ci est très certainement ce
Guillaume Ingelbert qui paraît en 1083 dans les actes de Moissac aux côtés de son oncle
Raymond Gauzbert lors de la restitution de l’église de Lapeyrouse114. A la différence du
defensor Gauzbert, l’intégration dans Saint-Etienne de Cahors par Guillaume a des
incidences sur son mode de vie, qui devient en partie religieux. Ce qui a pour effet la
perte de tout complément anthroponymique.
L’historiographie traditionnelle fait enfin remonter les Castelnau aux Gourdon.
Ce n’est pas faux à condition de ne pas vouloir considérer ce lien comme antérieur aux
108
Max AUSSEL, « Le testament d'Ingelbert, archidiacre de l'église de Cahors au Xe
siècle », Bulletin de la Société des Etudes du Lot, 1989, p. 293-309.
109
HGL, V, col. 240-250 (961).
110
RH 62 (1060).
111
LMSF, III-14.
112
CC, n° XIV (1098).
113
CC, n° XV (1103).
114
RH 123 (1083).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
années 1170. A cette date, Raymond de Castelnau mentionné en 1179 a deux filles qui
héritent vraisemblablement du castrum. L’une épouse un Durfort, l’autre Pons de
Gourdon. Le fils de ces derniers, Ratier, donne son nom au castelnau.
Pièce justificatives
Donation par Raymond Gauzbert de l'église de Lapeyrouse.
RH 123 (1083)
De ecclesia que dicitur PETROSA.
Omnis homo justicie atque rectitudinis perfectissimus exsecutor sicut scripture
testantur, debet sua libenter tribuere, aliena vero nequaquam sibi audacter vendicare.
Qui enim precipit nostra dare, ipse aliena nobis proibet retinere. hujus ergo justicie
sectator secundum possibilitatem meam, ego in Dei nomine dictus Raimundus
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Gauzberti, cum consilio multorum nobilium, bonorumque virorum, reddere dispono
Domino Deo et sanctissimis ejus apostolis Petro et Paulo in monasterio Moysiaco,
quandam ecclesiam sui juris quam pater meus nomine Gauzbertus in fevum
adquisivit, quamvis injuste de Willelmo episcopo atque ispsius Moysiacensis abbatie
dicto abbate. Scilicet pro salute et remedio anime ipsius patris mei, matris mee, atque
omnium parentum meorum tam vivorum quam defunctorum fidelium. Igitur hoc
salubri consilio accepto ego jam dictus Raimundus, una cum uxore mea Aldiardis et
filiis meis reddo, relinquo atque restituo Omnipotenti Deo et sanctissimis ejus
apostolis Petro et Paulo et supranominato loco Moysiaco et domno Hunaldo abbati,
cunctisque ejus successoribus et monachis omnibus tam futuris quam presentibus in
eodem monasterio Deo in perpetuum servientibus, supradictam ecclesiam sancte
MARIE de illa Petrosa dictam, cum omni suo ecclesiastico honore et tercia parte
decimi simulque cum aliis onoribus ibidem a nobis determinatis necnon ad hoc
consignatis, ut ita habeant, teneant et possideant ipsi monachi in perpetuum. Sane pro
hac mea elemosina accipio a supradicto abbate et ipsis monachis simili modo cum
testatoria descriptione munus mihi multum desiderabile, unum scilicet pauperem in
elemosina semper teneri, atque omni recurrenti anno anniversarium patris mei more
sollempni in ipso monasterio fieri. Post meum vero discessum ipsum anniversarium
pro me et eodem patre meo simul in unum persolvi. Sed in societate atque
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
familiaritate sua propter hanc meam cessionem susceperunt me et omnes mihi
propinquos tam viventes quam defunctos. Est autem ipsa ecclesia in pago Caturcino,
in confinio silve que vulgo dicitur de Francor, super flumen quod nominatur Ambolas,
et apud antiquos dicta est ad ipsam Capellam. Hanc vero ecclesiam cum his que
supra nominavimus ad ipsam pertinentibus et cum omnibus que ipsi monachi per Dei
adiutorium ibi adquirere potuerint in terris, vineis, silvis, aquis, pratis, cultis atque
incultis, egressibus sive ingressibus, ita reddo atque concedo, sicut jam supradictum
est, prelibato monasterio atque ejus habitatoribus in perpetuum.
Si quis autem maligno spiritu ductus hanc meam donationem violare temptaverit,
aut de potestate beati Petri quacumque occasione ipsam ecclesiam vel aliquid de
supradictis meis elemosinis auferre vel minuere voluerit, ipse quidem a Domino Deo
in perpetuum sentiat se esse dampnandum, nisi statim satisfaciens inde resipiscat,
insuper veniant filii mei atque alii propinqui mei et potentia sua restituant ab integro
sancto Petro ut participes sint mee hereditatis et legales propter hoc maneant
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
heredes.
Facta cessio danationis hujus anno Dominice Incarnationis M.LXXX°III°, domno
Gregorio VII pontificatum Romane ecclesie tenente anno X, regnante Filippo
Francorum rege, mense octobris, feria II, indicione VI, hera M.C.XX.I.
Nomina eorum qui hujus donationis testes existunt ista sunt: inprimis ego ipse
suprascriptus Raimundus laudo et confirmo, pleno sensu et incolumni memoria. hujus
attestationis descriptione, S. Aldiardis uxoris ipsius suprascripte. S. Raimundi filii sui,
et alii filii sui dicti Polverelli. S. Willelmi Ingelberti nepotis ejus. S. Gauzberti nepotis
ejus. S. Raimundi de Peroga. S. Geraldi Guillelmi de illa Petrosa.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Perges & Percepoitrine
deux lignées dans l’orbite des Castelnau (-Montratier)
Arnaud
de Perges
1059 - 1072/85
Raymond
Bernard
Guillaume
de Perges
1072/85
de Perges
1072/85-1091
1072/85
Guillaume
Guillaume
de Perges
de Marenz
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1135
Raymond
1135
1147
Guillaume
Gauzbert -∞- Na
Pierre
de Perges
de Perges
de Marenz
1147
1147-1177
1177
Bernard
Guillaume
1177-1199
1177
Bernard -∞- Blanca
Percepoitrine
1091-1094
1091-† av. 1094
Guillaume
Pierre
Percepoitrine
1091-1094
1091-1094
X
Bernard
Antoine
Percepoitrine
chanoine vers 1105
moine (oblat)
X
1091
Arnaud
chanoine (oblat)
vers 1105
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
C’est dans l’entourage des Castelnau (Montratier) que l’on croise presque
systématiquement les Perges et les Percepoitrine à partir du milieu du XIe siècle grâce
à une petite dizaine d’actes. Tous deux appartiennent à la frange médiane si ce n’est
inférieure de l’aristocratie et leurs revenus sont étroitement liés aux largesses de leurs
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
domini. En 1091, Perges et Percepoitrine cohabitent dans un même acte115.
115
RH 141 (1091).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Dans les relations qu’ils nouent avec leur seigneur, Perges et Percepoitrine
permettent d’aborder deux types de ces liens possibles. Avec les Perges, lignée
totalement masculine116 où les Guillaume dominent, ce qui ressort le plus nettement
de leurs rapports avec les Castelnau relève de la détention de biens et du prélèvement
de la rente.
Un premier exemple nous est fourni par une notice moissagaise de 1072/85117
qui relate une série de donations – restitutions de biens situés dans la paroisse de
Nevèges par Arnaud de Perges connu depuis 1059118. Cette série révèle bien cette
imbrication des « fidélités » et permet d’entrevoir l’extension d’un réseau
aristocratique et l’ébauche d’une organisation qui pourrait être qualifiée de « féodale »
même si le texte n’emploie jamais le mot fief et si le verbe tenere n’implique par
ailleurs pas systématiquement une relation féodo-vassalique. Il n’empêche, des
relations étroites unissent ces hommes entre lesquels circulent des biens fonciers.
Arnaud de Perges tient des terres, et en particulier des vignes, de Raymond Gauzbert,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
seigneur de Castelnau depuis 1066 au moins. La notice relate également la donation
qu’il fait d’un capmanse que tient Arnaud de Labarthe ; ce dernier tire son nom du
castrum situé dans la paroisse de Nevèges que les actes du XIIIe siècle nous présentent
comme chef-lieu d’une des baylies de la seigneurie de Castelnau. Enfin, l’acte évoque
ces honores entre les mains de Richard Mesturas ou de Bernard et Durand Forcius qui
ne sont pas de simples tenanciers : ils perçoivent aussi des redevances parmi
lesquelles des setiers d’avoine qui nous autorisent à suggérer qu’ils sont cavaliers.
Vassal de Raymond Gauzbert, Arnaud de Perges est à son tour dominus de deux
catégories différentes d’aristocrates : avec Richard Mesturas et les Forcius, on touche
sans doute aux franges les plus inférieures de l’aristocratie qui appartient à la
soldatesque d’Arnaud ; avec Arnaud de Labarthe – peut-être bayle du seigneur de
Castelnau ? – on se situe en revanche dans une tranche nettement supérieure.
Les Perges, détenteurs d’églises et de dîmes, suivent leurs « maîtres » jusque
sur les rives de l’Aveyron et du Tarn. En 1096, une bulle du pape enjoint les évêques
de faire restituer à Moissac des églises usurpées par des laïques. Dans la longue liste,
116
A leur décharge, voici comment débute une notice : Venit Arnaldus de Pertica, et
in præsentia multorum testium virorum ac mulierum, sive in audientia omnium vicinorum
suorum, publica guirpitione reddidit Deo et sancto Petro ac loco Moysiaco, etc. RH 130
[1072/85] ; voir pièce justificative. Les femmes sont là, nombreuses nous dit l’acte mais
aucune n’est citée
117
RH 130 [1072/85].
118
CST, fol. 62 (1059).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
la présence de Saint-Jean de Perges119 témoigne de la difficulté de la lignée éponyme,
et en particulier ici Raymond de Perges, à se départir des revenus et de l’autorité que
la détention de l’édifice implique, ce en quoi ils différent des Percepoitrine qui
« rendent » avant l’heure l’église de Boisse120. Néanmoins, ils continuent, avec
l’assentiment de Moissac, à percevoir des dîmes jusqu’au cœur du bourg abbatial sur
l’église Saint-Ansbert que Guillaume et son fils Raymond mettent en gage pour 250
sous en 1135 avant qu’à la génération suivante, en 1177, Gauzbert n’y renonce
définitivement. Il donne l’église et tout ce qu’il y perçoit pour que ses deux fils,
Bernard et Guillaume, deviennent moines à Moissac, s’autorisant à le faire lui-même
si ses fils refusaient121. Entre temps, en 1147, on les voit avec Raymond de Castelnau
participer à la moitié de l’église de Saint-Maurice sur les rives de l’Aveyron122.
La superposition sur une même carte des biens des Perges et des Castelnau ne
laisse absolument pas planer le doute : la détention de l’église de Saint-Ansbert ou
celle de Saint-Maurice, tout comme le fief de la condamine de Lizac des
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Percepoitrine123 pour lequel l’information est nette, signalent très certainement un
vestige des concessions réalisées au temps où un Castelnau était abbé chevalier de
Moissac124.
Avec les Percepoitrine, on entrevoit des relations d’un autre type entre un
aristocrate et son seigneur, relations qu’on pourrait qualifier de mimétisme dans la
pratique de l’échange avec les communautés religieuses.
Arrêtons-nous un instant sur leur sobriquet. Même si la durée d’observation de
la lignée est cruellement réduite, les Percepoitrine offrent un exemple de transmission
de sobriquet qui, de surnom, est en passe de devenir nom. Mais le devint-il ? Leur
disparition très précoce de la documentation nous interdit d’être sur ce point
affirmatif. En 1091, Bernard dit Percepoitrine cède la condamine évoquée plus haut125
et ses fils, qui sont témoins de l’abandon, ne portent pas le sobriquet paternel. Trois
ans plus tard, Bernard étant décédé, c’est son fils Guillaume qui donne l’église de
119
RH 144 (1096).
RH 141 (1091).
121
RH 299 (1177).
122
RH 269 (1147).
123
RH 141 (1091).
124
On a vu à propos des Siquier un phénomène quelque peu similaire lorsque
Gauzbert abandonne à l’abbaye bénédictine la vicaria sur Moissac.
125
RH 141 (1091) : voir pièce justificative.
120
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Boisse et reprend à son compte le surnom126. Enfin, vers 1105, alors qu’il devient
chanoine de l’église Saint-Etienne de Cahors, Bernard prend à son tour le surnom de
son père127.
Enfin, le plus remarquable avec cette lignée est sa capacité à suivre les
orientations des Castelnau. Avant 1095, on les voit se presser aux portes de l’abbaye
de Moissac ; ils prolongent là l’attitude de Gauzbert, Raymond Gauzbert, voire
Gauzbert del Taluc de Castelnau. Après 1098, alors que ce dernier se tourne vers
Cahors dont il vient d’être nommé defensor et où son cousin Guillaume exerce les
fonctions de prévôt de l’église cathédrale128, les Percepoitrine emboîtent le pas de
leurs domini et demandent à devenir chanoines dans cet établissement religieux.
Pièces justificatives
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1.- Notice sur différentes donations faites par Arnaud de Perges, dont le mas appelé
Pech Rufié, et plusieurs biens dans la paroisse de Nevèges. RH 130 [1072/85] – copie.
Venit Arnaldus de Pertica, et in præsentia multorum testium virorum ac
mulierum, sive in audientia omnium vicinorum suorum, publica guirpitione reddidit
Deo et sancto Petro ac loco Moysiaco, adstante domno Hunaldo abbate seu multorum
monachorum coetu, mansum illum qui dicitur Podius Ruferii. Huius guirpitionis testes
et auctores fuerunt Bernardus Forcii, et Durannus Forcii et filii ejus <... lacune ...>,
qui a prædicto Arnaldo per excambiationem istius mansi acceperunt quadraginta
solidos.
Item ipse prædictus Arnaldus dedit de suo alodio eidem sancto Petro illam
terram, quæ dicitur de Comunals, per quam dedit in alio suo honore in excambiatione
prædicto Duranno Forcii unum porcum et unum multonem. Et in alio loco dedit
sancto Petro unam bordariam, quæ dicitur de Migerio, quæ dat quartum de terra, et
tres denarios. Et sunt hæc omnia in parrochia de Mebedgas. In alio autem loco dedit
illam capmasuram, quæ tenet Arnaldus de Labarba, et dona sex denarios, illas
126
RH 143 (1094) : ego Willelmus dictus publice Traucapectus, et frater meus Petrus,
cum consilio matris nostre nomine Blanca, etc.
127
CC 6 [1105] : Ego Bernardus Trancapectus veniens ad canonicam conversionem
pro redimendis peccatis meis concedo etc.
128
CC 12 et CC 13 (1098).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
quoque vineas de Angusta quas tenebat de Raimundo Gausberti reddidit similiter
Arnaldus de Pertica a sancto Petro.
Signum Arnaldi, qui cartam istam fecerunt. Signum filiorum ejus Raimundi, et
Bernardi. Signum Raimundi Gausbert. Signum Ingelberti de Castelnovo. Signum
Bernardi Forcii, et Duranni <... lacune ...> Forcii, et filiorum ejus.
Et ad obitum suum ipse Arnaldus dedit sancto Petro de Moysiaco quantum
tenebat Ricardus dictus Mesturaz et eo. Et est iste honor in parrochia de Nabeticas.
Et reddit unum porcum, aut decem et octo denarios, ac quatuor panes, et duos
sextarios de vino, et duos de civada. Et hoc factum est cum consilio Raimundi
Gausberti, et Ingelberti Castrinovi, et Bernardi Oddonis. Omnes vero filii Arnaldi
ipsius firmaverunt. S. Raimundi de Pertica, et Bernardi de Pertica. S. Willelmi de
Pertica.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
2.- Donation par Bernard Percepoitrine et sa femme Blanca d’une condamine à Lizac
tenue en fief des abbés séculiers, et oblation de leur fils Antoine. RH 141 (1091) –
original.
Noverint tam præsentes quam futuri, quod Bernardus dictus Traucanspectus et
uxor ejus dicta Blanca, filium suum nomine Antonium ad monachum faciendum
Domino Deo dederunt in monasterio Moisiaco, quod est constructum in pago
Caturcino, pro ipso igitur filio suo, simulque pro animabus suis, seu parentorum
suorum. Illam condaminam quam tenebant in fevum in villa quæ dicitur de Liciaco,
cum consilio filiorum suorum Willelmi, Petri et Bernardi atque Bertrani dicti
sæcularis abbatis, et multorum tam sui generis quam aliorum nobilium virorum,
reddiderunt Sancto Petro et domino Hugoni abbati Cluniensi in cujus præsentia
factum est istud, necnon et abbati venerabili Ansquitino, et cunctis Moisiacensis
coenobii habitatoribus, tam futuris quam præsentibus, ut teneant sicut proprium
alodium, et possideant in perpetuum.
Sane in prædicta terra habebant prius monachi in pignus quinquaginta
solidos, et ipse Bernardus faciens placitum istud habuit inde centum solidos, postea
vero supradicta uxor illius quindecim solidos habuit. Hanc autem donationem tali
conventione stabilem esse firmaverunt, ut si quis eam violare temptaverit, in primis
iram Dei et omnium sanctorum ejus incurrat, ac deinde filii et nepotes ipsius Bernardi
Sancto Petro et habitatoribus ejus, cum omni pace tenere perenniter faciant. Data
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
anno Domincæ Incarnationis millesimo nonagesimo primo, indictione decima quarta,
regnante Philippo Francorum rege, pontificatum Romanæ Ecclesiæ domno Urbano
papa Secundo regente.
Nomina illorum qui hujus donationis testes existunt ista sunt. In primis ipse
Bernardus et uxor ejus supranominata Blanca. Filii quoque eorum quorum hæc
nomina: Signum Willelmi filii sui. Signum Petri filii sui. Signum Bernardi filii sui.
Signum Bertranni abbatis secularis. Signum Arnaldi de Girunda. Signum Hugonis
Sanctæ Artemiæ. Signum Rainaldi seniorelli. Signum Raimundi de Portica. Signum
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Bernardi Siguini. Signum Raimundi Guilelmi Sicherii. Signum Stephani de Buissa.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Siquier
(Siquier)
Guillaume -∞- Arsendis
Siquier
Raymond
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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1
Na -∞(del Poget ?)
Siquier 2
-∞-2 Ricartz
Guilaume
Géraud -∞- Bernarda
Siquier
Siquier
1101-1153 (1167)
1128
1128
(1167)
1128-1156
(1167)
Etienne
Raimond
del Poget
del Poget
vicarius (1)
1132-1135/51
† 1128
excommunié
1128-1153
(1167)
(1167) 1171
1135/51
† av. 1140
Siquier
Bernard
Amiel
1135/51
vicarius (2)
1135/51 - †1186/87
de Bressols
(1167) 1171
Arnaud
Bernard
Raimond
1171
1171
1171
Rainaud
1171
Na -∞- X
(de Tolvieu)
X -∞-1Palazina2 -∞-1Arnaud
Jean -∞- Géralda
(Siquier)
1081-1101/26
1073 -1101
croisé
vicarius
1073-1113
sans postérité
de Rocafort
1081
av. 1037-1081
(1101) vicarius
Guillaume Siquier
Beatrix -∞- Hugues Bernard
moniale
1073 (1101)
Géraud
1171
Mannus
de Malvezi
1171
Pierre
1135/51
Bernard
de Montpezat
1113-1135
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les Siquier129 sont connus par des mentions dans vingt-huit actes issus, pour
l’essentiel, du fonds de Moissac mais on croise également des membres de la lignée
dans le cartulaire de Grandselve ainsi que dans celui de Conques.
© Geoportail 2007
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Un lieu-dit « La Motte Séquier » est repérable à moins de deux kilomètres à
l’Est de Saint-Martin-Belcassé, au sud-est de Castelsarrasin, soit dans une zone qui
correspond très bien à l’implantation des Siquier. Néanmoins, rien dans les sources
n’indique que la lignée potentiellement éponyme en ait jamais été détenteur même si,
compte-tenu des alliances matrimoniales et de l’insertion dans le réseau des moyenne
et haute aristocratie, l’hypothèse ne pose pas de problème de fond.
L’un des intérêts de l’étude de cette famile vient du fait que l’on saisit les
étapes de la fossilisation d’un cognomen en nomen et surtout l’appropriation de ce
dernier par un gendre au moment où la « seigneurie » tombe en quenouille. Jean et
Geralda, fille de Géraud Siquier, sont unis depuis au moins 1128130. A la mort de son
beau-père en 1156, Jean devient Jean Siquier131 : le transfert de dénomination – qui
129
Axel MUSSIGBROD, Die Abtei Moissac, 1050-1150. Zu einem Zentrum
cluniacensischen Mönchtums in Südwestfrankreich, Munich, Wilhelm Fink Verlag, 1988, p.
184-189. La généalogie que proppose cet historien allemand est très partielle. Outre le fait
qu’il ignore Beatrix, il n’a pas non plus relevé le mariage de Siquier avec Ricartz (de
Tolvieu). Enfin, de l’union avec une Pouget, il omet Etienne et Siquier. Les générations
suivantes sont également ignorées.
130
CG, fol. 9 v° (1128) : il s’agit d’une donation en faveur de Grandselve par
Guillaume Siquier et son frère Géraud qui est complétée de la façon suivante : ego Bernarda
uxor Geraldi Sicherii et ego Geralda filia eius et ego Johannes maritus eius donnent etc.
131
CG, fol. 7 v° (1156) : Johanes Sycherii et ego Geralda uxor eius … donamus …
quedam prata et quandam terra que habemus juxta grangiam vostra de Lassela.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
renvoie peut-être aussi à la fortification de terre évoquée plus haut – est un acte
nécessaire pour ouvrir la voie de la perception des rentes. La continuité
anthroponymique instaurée par la topolignée supplée ainsi la disparition des mâles.
Pour ceux qui avaient à s’acquitter de droits divers envers cette famille, cette
continuité par le nom n’est pas une illusion. Elle affirme au contraire l’ancrage d’un
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
groupe autour d’un nom, celui d’un ancêtre illustre mué en nom de lieu.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Si donc les membres masculins semblent attachés à la transmission du
cognomen familial ainsi qu’au « prénom » marqueur Guillaume, on n’hésite pas non
plus à puiser dans le stock onomastique des épouses, voire dans celui d’un premier
mariage ! J’ai montré ailleurs132 que Ricartz (de Tolvieu) emprunte à la famille de son
premier mari, Raimond de Penne, les noms Amiel et Pierre qu’elle introduit dans sa
nouvelle lignée d’adoption, noms totalement absents jusque-là. Même si, à cette date,
le choix des noms semble avoir moins d’incidences qu’il n’en avait ne serait-ce que
cinquante ans plus tôt, on ne peut ignorer ce fait qui traduit, soit la force de persuasion
de l’épouse – qui sera d’autant plus grande que sa lignée est plus prestigieuse – soit le
désintérêt de Siquier qui, de son premier lit, a déjà un Guillaume Siquier et un
Siquier : la relève anthroponymique est assurée, du moins le pense-t-il. Ceci
n’empêche pas son épouse anonyme d’introduire elle aussi des éléments de son propre
clan, à savoir ici un complément anthroponymique de lieu : du Pouget.
Le patrimoine de cette famille se laisse difficilement cerner même si on peut le
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
situer en Haut-Toulousain, concentré au sud de Moissac, entre Castelsarrasin et
Montech – on les voit détenir des revenus sur un pré qui jouxte la grange cistercienne
de Lassale133 – avec des « excroissances » au nord du Tarn. Toutefois, l’essentiel de
ses revenus provient assurément de la détention de cette charge de viguier de l’abbaye
qu’ils assument durant près d’un siècle, de 1048/59 à 1142. L’acte de 1048/59 nous
présente la cession de la vicaria de Moissac à l’abbé Durand par l’abbé séculier
Gauzbert134 : transfert de compétences et surtout de revenus qui constituaient
visiblement une part de la rente associée à la defensio de l’abbaye. Après avoir énoncé
cet abandon, Gauzbert cède aussi le fief que tient de lui Guillaume Siquier qui est
composé des terres, vignes et revenus de l’église Saint-Germain ainsi que de maisons
et casals à Moissac ; on apprend au passage que celui-ci tenait déjà ce fief du temps
des prédécesseurs de Gauzbert, soit avant 1037. Puis il revient sur le mode de
détention de la vicaria par les futurs vicarii qui tiendront celle-ci des mains de l’abbé,
des moines et de saint Pierre. Il est clair dans ces conditions que Guillaume Siquier
était vicarius de Moissac pour le compte de l’abbé séculier et que le transfert opéré
par ce dernier fait de l’abbé Durand le nouveau dominus de Guillaume Siquier. Le fief
132
Didier PANFILI, « Alliances et réseaux aristocratiques dans la Grande Guerre
méridionale : la création de Montauban et l’élection d’Amiel (1149-1177), abbé de SaintThéodard », dans Annales du Midi, tome 115, n° 244, 2003, p. 501-514.
133
CG, fol. 7 v° (1156).
134
RH 59 [1048/1059].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
vicarial étant délimité dans la cession, on peut supposer que les revenus ont conservé
la même assise et la même teneur même si l’on voit à l’occasion Siquier arrondir ses
revenus par la vente de droits sur la paroisse de Saint-Michel de Moissac : l’abbé
Hunaud se déleste de deux chevaux, une once d’or et seize sous135.
Charge ô combien lucrative que les Siquier vont évidemment chercher à
conserver. Après Guillaume Siquier, trois autres hommes de la lignée sont qualifiés de
vicarius de Moissac, tous célibataires ! Indéniablement, après le « fondateur », cette
famille fait subtilement coexister l’épée et la « robe ». La charge échoie donc à des
cadets, véritables aristocrates de « services » qui n’ont, aux yeux de la parenté, pour
seule vocation que de faire fructifier le « trésor » vicarial. A la troisième génération, le
titre passe de frère à frère, d’Etienne del Pouget, jusqu’en 1135, à son demi-frère
Raymond Amiel. Celui-ci est le dernier titulaire de la charge. L’ultime mention de
vicarius de Saint-Pierre de Moissac dans cette famille date de 1142136. Raymond
Amiel n’est autre que le fils de Siquier et surtout de Ricartz (de Tolvieu). Voici deux
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
éléments – une date, un nom – qui renvoient, localement, à un épisode de la Grande
guerre méridionale. Au moment où le conflit reprend avec le vicomte de Béziers, on
conçoit l’impossibilité pour le comte d’accepter la présence d’un aristocrate de ce
réseau hostile, au cœur même d’un élément clé de sa politique de retour : le contrôle
de Moissac. Dès lors, l’ascendance prestigieuse de Raymond Amiel allait être fatale à
la lignée : il perd le titre de vicarius, et la famille l’essentiel de ses revenus.
On constate d’autre part que les lieux d’où les Siquier tirent leurs revenus sont
systématiquement associés à d’anciens fiscs : Meauzac est une villa mentionnée
comme telle au IXe siècle137 ; mais c’est aussi le cas des granges de Saint-André et de
Lassale, la première relevant de l’abbaye cistercienne de Belleperche, la seconde de
Grandselve ; même remarque pour Gandalou, ancien fisc sur lequel fut implanté un
castrum comtal au plus tard dans la première moitié du Xe siècle. Enfin, toutes leurs
« possessions » au nord du Tarn et de la Garonne sont incluses dans le territoire de
135
RH 89 (1073) : Simili modo Wilelmo cognomento Siccarii, pro hoc adipiscendo IIos
equos, et I unciam auri, ac solidos XVI.
136
RH 264 (1142).
137
RH 2 [815/16] : donation de plusieurs villae par l’évêque de Cahors Agarn
acquises sur des fiscs royaux.
nam
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
l’immunitas de Moissac138 qui doit très probablement correspondre à l’ancien
territoire vicarial.
Indéniablement, cette lignée côtoie les aristocrates les plus en vue du BasQuercy et du Haut-Toulousain. L’attrait de la charge y est très certainement pour
quelque chose car d’emblée, elle place son détenteur dans l’orbite des plus puissants :
au cours du troisième quart du XIe siècle, les Siquier se trouvent dans l’entourage de
deux abbés chevaliers, Gauzbert et Bertrand de Misclensmalum-Fumel. Cette
proximité du pouvoir leur ouvre les portes d’alliances matrimoniales enviables. Ainsi,
- un Rocafort, puis une Tolvieu et un Montpezat, - trois lignées de rang châtelain
unissent un des leurs aux Siquier. L’apogée de la lignée est bien là, entre 1075 et
1130. Les choses semblent se dégrader ensuite, du moins à ce qu’en laisse voir le
niveau des alliances.
Cette famille, qui finalement n’a laissé des traces que sur un gros siècle, offre
néanmoins une palette très étendue de relations possibles avec l’Eglise. Si les sources
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
ne nous permettent pas de considérer leurs membres comme de généreux donateurs –
ils n’apparaissent que rarement comme acteurs principaux et du reste, ils reçoivent et
vendent davantage qu’ils ne donnent – leur
fonction de viguier est cependant
reconduite sur trois générations au profit de quatre mâles différents de cette famille ;
cette longévité prouve que leur action n’a pas déplu aux abbés successifs de Moissac
sous les ordres desquels ils ont officié, à commencer par l’implacable abbé-évêque
Durand.
Par ailleurs, si Arsendis, l’épouse de Guillaume Siquier, devient moniale à la
fin de sa vie139, si Siquier, leur fils, se rend à Jérusalem lors de la première croisade140,
leur petit-fils, fils du précédent, Raymond del Pouget, décède en 1128 alors qu’il est
sous le coup d’une excommunication prononcée par l’évêque de Toulouse Amiel141.
138
Pour la délimitation de ce territoire, je renvoie à Florent HAUTEFEUILLE,
Structures de l’habitat rural et territoires paroissiaux en bas-Quercy et haut-Toulousain du
VIIe au XIVe siècle, op. cit., p. 142.
139
RH 163 (1101).
140
Ibidem.
141
CG, fol. 9 v° (1128).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pièce justificative
Cession par Gauzbert, abbé chevalier, à l'abbaye de Moissac, de la vicaria de Moissac,
et du fief de Guillaume Siquier, avec l'église Saint-Germain.
RH 59 [1048/1059] – original
Mention dorsale ancienne:
DE VICARIA ISTIVS UILLE
Omnibus quibuscumque scire volentibus pateat, volo, quod ego Gauzbertus,
abba nominatus, ne in futuro Dei judicio cum sacrilegis et cum ea quę Dei juris sunt
male invadentibus a Justo Judice Deo dampner, vicariam illam quam ego et
predescessores mei omnes actenus visi sumus ex secularis parte abbatis possidere et
per nos cęrtum fore dinoscitur, retroactis temporibus, satellites nostros in fevi jure
tenuisse, coram Deo et presencia altari et coram reliquiis sanctorum Dei appositis
hac, sub testimonio ligni Sanctę Crucis sacrosanctaquę vulgo Bursa sancti Petri
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
nominantur sustinentis, donans relinquo sancto Petro apostolo, in hoc eodem
Moysiaco cenobio, et domno DVRANNO abbati ejusdem monasterii, et omnibus
fratribus sibi hodię ibi subjectis, nęcnon et omnibus successoribus eorum in
prenominato cenobio Moysiaco sub monachili abitu in perpetuum victuris.
Cedo autem donans supradicto monasterio sancti Petri Moysiaco, omnem
fevum ab integro quęm de me atque de meis predecessoribus videtur possidere
WILLELMUS SIKERII, scilicet terras, vineas, cum ęaclesia sancti Germani, in eadem
quoque villa domos et casales. Similiter autem omnem fevum quem tenet de his qui ex
me tenent, ex sancti Petri honore, quicumquę sint illi.
Tali quippe tenore hanc donacionem sive guirpicionem facio, ut ab hodierno
die et deincebs nemo super terram vivencium contrapellare audeat, qualicumque orta
occasione, in totam villam Moysiacam, vicariam illam sancto Petro, omnibus
abbatibus et fratribus presentibus nequę futuris, sed semper in seculum seculi ad
libitum eorum vicarii illi, qui in eadem villa per manus abbatum et monacorum fuerint
fidel<es in loco> sancti Petri manentes, in quantum adtinuerit ad vicariam euntes
redeant et fideli successione parentum redeuntes incedant.
Si quis vero cujusc<umque....>nis aut ordinis vel potestatis adversus anc
publicam guirpicionem ambiciose adire tæmptaverit, cum eis peccati se non ambigat
parti<....>ari p<....> qui Dei hereditatem diripientes et vasa divinis cultibus sacrata
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
suis inmundissimis conviviis super ponentes, aæternas luunt penas, mortui <....>ntes
atque dolentes.
(plusieurs lignes blanches ; suivent les souscriptions en bas de page:)
Sig+ GAVZBERTI qui cartam fecit facerę. Sig+ GAVZBERTI fratri ejus. Sig+
Willelmi Sikerii.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
OMNES isti viderunt et firmaverunt.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Villemur
Inart
Isarn
972
972
Inart
Bernard
de Villemur
997/98
hebdomadier
997/1010
Odila -∞- (Inart)
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
(1027/77)
Agnes -∞- At Inard
? = At
de Villemur
(1074/1129)
Pons
1027/77
1027/77
1060-1081
Guillaume At
Bertrand
Raymond Guillaume -∞- Na
de Villemur
de Villemur
de Villemur
1073
1073-1126 (1130)
excommunié 1110/19
ca 1096-1126
1119
Hugues
Pons
de Belmont
de Villemur
de Villemur
1073-1109/12
1083/1108
ca 1096
At Inard
Guillaume At
Bertrand
Bernard
de Villemur
de Villemur
de Villemur
de Belmont de Belmont de Villemur
1126-1149
1126-1149
Bertrand
1119-1157
de Villemur
évêque de Toulouse
1171-1204
de Villemur
1171-1208 †av. 1218
1186
(1215)
1171
Arnaud
1119-1155
Bertrand Guillaume At -∞- Saura Jourdain
de Villemur
1176-1179
1126-1149
Pons
Isarn Alamanda-∞- Pons B.
Jourdain
ca 1117-1122
(1134/38)
Pierre
Regafred
de Villemur
1119
(1122)
1126-1141 (1149) 1134/38
1140-1158
Pierre
Raymond
Isarn
de Belmont
de Villemur
de Villemur
1165
1165
de Lapenche
1122
Sicard
de Villemur
1141-1185 (1197)
1185-1196
Pons
de Villemur
(1122) 1134/38
Pierre
de Villemur
1141-1202
-∞- Na
de Montpezat
(1177)
Castellana
1184
Jourdain
Arnaud
1208-1218
de Villemur
1201
sénéchal de Toulousain
(1219)
Isarn Pons Jourdain
1197
1197
1196
Bertranda
1196
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Cette famille se place au carrefour des grandes mouvances. Initialement
tournés vers les vicomtes de Béziers, les Villemur hésitent – par rameaux interposés –
dans le choix de leurs alliances entre les vicomtes de Béziers, leurs seigneurs, et les
comtes de Toulouse ou vicomtes de Saint-Antonin. S’il est par ailleurs une lignée qui
subit de plein fouet les effets de la Grande guerre méridionale, et en particulier des
épisodes de 1142-1143, c’est bien celui des Villemur. Il est vrai que sa situation, sur la
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
rive droite du Tarn, le place au cœur des affrontements d’autant que le castrum est
sous la coupe des Trencavel dès 1024-1077 puisque At Inart et Pons le tiennent du
vicomte de Béziers142. A la génération suivante, seul le serment d’un des fils d’At
Inart est conservé, celui que prête Bertrand au vicomte Bernard143. Toujours dans
l’entourage des Trencavel et auprès de Gislabert de Laurac, on les voit intervenir dans
un autre conflit. At Inard de Villemur, qui tient le castrum en fief des vicomtes, a
donné à Moissac vers 1060-1072 le site de Belmont pour y créer une sauveté, qui est
un échec. Pourtant, vers 1096, on retrouve Hugues de Belmont associé à Raymond
Guillaume de Villemur, fils d’At Inart, prêt à rendre le lieu au vicomte de Béziers ou à
lui verser la coquette somme de 1000 sous pour pallier une éventuelle défaillance du
comte de Foix dans un accord conclu entre ce dernier et Trencavel144. Ainsi, jusqu’à
l’extrême fin du XIe siècle, leur fidélité à l’égard du vicomte semble sans faille.
Ce sont les fils de Bertrand qui se déchirent. A l’image de la scission qui
frappe la fratrie des vicomtes de Saint-Antonin qui ont toujours co-géré leurs affaires
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
avant 1142, les Villemur se divisent. Les actes sont clairs : la paix de 1142 et plus
encore celle de 1143 enjoignent le comte Alphonse de faire détruire le castellum
novum de Villemur construit par Guillaume At145. Profitant du conflit, ce dernier tente
donc d’établir un « contre-castrum » mais n’y parvient pas. L’issue des combats est
défavorable au comte dont il a pris le parti. Mais il s’agit d’une action de circonstance
tout comme celle que mène Bertrand de Villemur en 1176 : beau-frère d’Arnaud de
Montpezat, il s’engage avec eux à ne pas aider le vicomte Pons de Toulouse et reçoit
en échange en fief les castra de Montpezat, Caylus et Monclar des mains de Raymond
V146. Que les Villemur aient tenté de se dégager de la tutelle des Trencavel pour
142
CT 38 [1027-1077].
CT 39 [1074-1129].
144
CT 379 [vers 1096] : à vrai dire, l’acte évoque Belpech et non Belmont mais on
sait qu’entre les deux, la frontière est extrêmement mince. Par ailleurs, c’est bien l’association
étroite des deux noms dans l’acte qu’on retrouve jusqu’en 1165 qui permet de faire ici le lien
avec Belmont et non Belpech. Voici la teneur de l’acte (analyse d’Hélène Débax) : « Bernard
Amiel, fils de Gila, promet à Bernard Aton [IV], fils d’Ermengarde, que, si jamais Roger,
comte de Foix ou son fils contrevenaient à l’accord conclu, il lui rendrait droit dans les 40
jours, avec le consentement de Guilabert de Laurac, Bernard Mir, Pierre Raimond de Rabat,
Ugo de Belpech et Raimond Guilhem de Villemur. Et si le comte ne voulait pas réparer son
tort, […] Ugo de Belpech s’engage à rendre le castel de Belpech. Raimond Guilhem de
Villemur prend le même engagement pour 1000 sous ».
145
CT 507 (1142) et CT 380 [1143] : Si castellum Villamuri quod Gillelmus Ato ibi
fecit non poterit ipse comes facere enderocare, ad melius quod poterit guerreget tamen hoc
ipse comes usque enderocatus sit sine enganno Rogerii.
146
AN, J. 314, n° 8 (1176-1177).
143
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
passer sous celle des Raymondins est tout à fait possible. Et le comte le leur rend
bien : Arnaud de Villemur se voit confier le castrum de Saverdun en 1200 et devient
sénéchal du Toulousain en 1219147.
Enfin, il est possible que l’une des branches de la famille soit alliée aux
vicomtes de Saint-Antonin dont ils semblent largement sous l’influence onomastique :
les choix anthroponymiques sont de véritables programmes à livre ouvert. Dès la fin
du XIe siècle, on va voir les garçons d’une lignée porter les noms d’Isarn, Sicard et
Pierre qui constituent – avec Frotard – les nomina propria de la famille vicomtale.
Nous manquons d’éléments pour aller au-delà de ce simple constat.
Leurs rapports avec l’Eglise témoignent de leur belle envergure. Ils ont laissé
des traces dans tous les fonds locaux. Généreux, leurs interventions sont toutefois très
contrastées. On leur doit au moins deux sauvetés, celle que fonde At Inart avec
Moissac à Belmont – Monbel en 1060-1072148, et celle d’Alamanda et Bernard de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Lapenche à Fronton en 1122149. Mais tous n’agissent pas ainsi. En 1126, Bertrand,
celui qui prête serment pour le castrum, et ses trois fils restituent contre cent dix sous
tous les tenanciers de Saint-Sernin dont ils s’étaient emparés à Grisolles150. En 1140,
les trois frères en réclament encore quarante sous morlans151. En 1149, les trois
mêmes vendent à Saint-Sernin un casal situé sur la place du bourg pour cent sous de
Cahors152. Néanmoins, leur père Bertrand a été excommunié par le légat pontifical à
deux reprises, en 1110 et 1119, pour s’être emparé avec d’autres – dont Bonet de
Saint-Théodard, Pons de Bruguières et Gislebert de Laurac qu’on retrouve – de trente
deux églises situées dans l’archidiaconé de Villelongue et dépendantes de SaintSernin de Toulouse 153. Enfin, tous les témoignages concordent pour faire de Villemur
une sorte de haut lieu du catharisme à la fin du XIIe siècle même si nous ne disposons
d’aucune information sur la lignée. La situation est d’autant plus paradoxale qu’un
« fils du lieu », Bertrand, un homonyme de l’excommunié, est élu évêque de Toulouse
en 1176 et conserve le siège épiscopal jusqu’en 1179154.
147
Laurent MACÉ, Les comtes de Toulouse et leur entourage, op. cit., p. 127.
RH [1060-1072].
149
AD31, H Malte, Toulouse 182, n° 1 (1122).
150
CSS 266 (1126).
151
CSS 267 (1140).
152
CSS 21 (1149).
153
CSS 282 [après 1110] et CSS 283 [après 1119].
154
Patrice CABAU, « Les évêques de Toulouse… », op. cit., p. 151.
148
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les Villemur constituent en quelque sorte un beau spécimen de lignée
aristocratique à observer. Au-delà de la détention du castrum qui est objet de tensions,
les intérêts de la lignée demeurent déterminants à leurs yeux, quitte à être en conflit
ouvert avec la terre entière : frères, vicomtes ou comtes, souverain pontife et jusqu’à
la commune de Toulouse avec qui Pierre et Bertrand doivent faire la paix en 1202155.
Pièces justificatives
1.- At Inart cède l’église de Villematier avec l’accord de ses fils et de ses frères, église
que tenait Seidonia, la domina de Saint-Rustice.
RH 86 (1073).
Notum sit omnibus hominibus, qualiter Atto Inardus cum consilio filiorum
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
suorum Willelmi et Bertranni, et cum consilio nepotum suorum Willelmi Poncii et
Raimundi Willelmi, dedit Domino Deo et sancto Petro apostolo in loco Cluniaco et
Moysiaco, Hunaldo abbati et omnibus abbatibus et monachis, tam futuris quam
præsentibus, ecclesiam in honore beati Petri fundatam, ubi dicitur Villa Materii, in
Tholosano episcopatu sitam, hanc itaque ecclesiam quam tenebat illa domina de
Sancto Rustico quæ dicta est Seidonia, et filii ejus per manum ipsius Attonis, et omnes
ecclesiasticas res ad ipsam jure pertinentes, excepto medietatem decimi, sive alias
terras quas ibi habebat ipsa domina et filii ejus Ugo Iadgerius, Bernardus de Mallag,
et Amalvinus, absque medietate illius condaminæ quæ dicitur de illa Nauda, totum et
ab integro, ita dederunt sancto Petro omnem vero decimum quod infra cruces
colligitur sancto Petro, omnes in commune dederunt.
In eadem etiam villa dederunt similiter ipse Atto Inardus et filii et nepotes ejus
supra nominati, Oddo quoque Pontenarius, et Benedictus frater ejus, illas terras ubi
dicitur Dartinnol, et de illa Vaur, et habent fines circa se ab ipsa ecclesia usque ad
crucem superiorem, et de illo rivo de Saiva usque in ipsam Naudam, totum ab integro
sancto Petro in Moisiaco monasterio et habitatoribus ejus in perpetuum alodum, et
habuerunt ipsi Benedictus et Oddo frater ejus, et uxores, et filii eorum quadraginta
155
Roger LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune de Toulouse et les sources de son
histoire (1120-1249), Toulouse-Paris, Privat-Didier, 1932, n° XXX (1202).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
solidos a Poncio Amelio monacho, qui ipsum honorem adquisivit, et ita donare et
firmare fecit, et quidam homo Vitalis nomine pro parte sua quam laboraverat infra
terminos ipsius honoris, habuit similiter decem solidos ab ipso Poncio Amelio,
similiter Gairaldus de Porto pro parte sua habuit septem solidos. Sed et ipse Atto
dedit medietatem de omni tasca de illa terra quam habebat ultra rivum de Savia. Hæc
omnia ita dederunt et firmaverunt omnes suprascripti et denominati beato Petro in
loco Moysiaco, et habitatoribus ejus ut habeant, teneant, et possideant in perpetuum
alodum quandiu coelum iminet terræ.
Facta donatio sive descriptio ista auctoritate et consilio dompni Isarni
Tholosani pontificis, anno Dominicæ Incarnationis millesimo octuagesimo tertio,
Alexandro Papa Romanam Ecclesiam regente, Philippo Francorum rege regnante.
Sig + num Attonis Inardi, qui hæc omnia taliter donavit, et alii omnibus
donare fecit, et habuit ipse viginti solidos ab ipso Poncio modo. Sig + num Willelmi
Attonis. Sig + num Bertranni fratris sui. Sig + num Poncii Guillelmi. Sig + num
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Reimundi Willelmi. Sig + num Seidoniæ suprascriptæ, et filiorum ejus. Signum
Ugonis Iadgerii. Signum Bernardi de Mallag. Sig + num Amalvini. Sig + num
Oddonis Pontenarii et Benedicti fratris ejus.
2.- Bertrand de Villemur et ses fils - At Inart, Guillaume At et Bertrand abandonnent aux chanoines de Saint-Sernin, entre les mains de l'abbé Raymond, tous
les tenanciers hommes et femmes qu'ils ont pris dans l'honor de Grisolles, ainsi que
le casal tenu par le clerc Guillaume, en échange de 110 sous tolsa.
CSS 266 (1126)
In nomine sancte et individue Trinitatis. Notum sit omnibus tam futuris quam
presentibus quod ego Bertrandus de Vilamur et omnes filii mei, scilicet Ato Inardi,
Guillelmus Atonis, Bertrandus, libere et absolute dimittimus et donamus Deo et
eclesie Beati Saturnini de Tolosa et omnibus canonicis ejus quicquid virorum ac
mulierum in honore de Eclesiolis imparabamus, et insuper unum casale quod tenebat
Guillelmus clericus. Et hoc facimus in manu Raimundi abbatis, qui pro hac
dimissione et donatione dedit nobis solidos tolosanos monete decene .C.X. Et ut hec
nostra conventio firma et inconvulsa perseveret, pre senti scripto firmari decrevimus.
Testes sunt : Raimundus Capellanus, Raimundus Guillelmi de Vilamur, Boso
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Dutrandi, Petrus de Vilamur, Guillelmus de Solario, Elias de Cavaldoss, Pontius
Berengarii de Novital, Guillelmus Pontii Astri. Factum est anno ab Incarnatione
Domini .M.C.XX.VI. , mense aprili, feria .VI., regnante Lodoico rege Francorum,
Ildefonso Tolosano comite, Amelio episcopo.
2.- Bertrand de Villemur et son frère Guillaume At, agissant en leur nom et au nom
de leur frère At Inart, vendent à l'abbé Hugues et à Saint-Sernin un casal qu'ils
possèdent dans le Bourg, sur la place Saint-Sernin, moyennant 100 sous de Cahors.
Parmi les témoins, Pons de Belmont
CSS 21 (1149), [7, 14,21 ou 28] novembre
De casali quod Bertrandus de Vilamur vendid[it] Ugoni a[b]bati, quod est in
burg[o]
Sciendum est quod Bertrandus de Vilamur et Wilellmus Ato frater ejus, pro se
et pro eorum fratre Atone Enardo, absolverunt et guerpirunt et vendiderunt Ugoni,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
abbati Sancti Saturnini, et habitatoribus ejusdem loci tam presentibus quam futuris
totum illum casale quod habebant ad solum Sancti Saturnini, intus burgum, juxta
carrariam publicam et juxta casalem Wilellmi Arnaldi et Poncii Arnaldi fratris sui; et
ex alia parte sunt casales Sancti Saturnini, Et hanc venditionem fecerunt sua
voluntate, sine ulla retentione quod ibi non fecerunt. Et Bertrandus et Wilellmus Ato
debent inde facere garentiam de omnibus amparatoribus ; et hoc firmaverunt pro eis
Ugo de Malag Rufus et Isarnus filius Petri de Vilamur. Et per hunc casalem dedit eis
Ugo abbas .C. solidos caturcenses. Facta carta mense novembrio, feria .II., regnante
Lodovico Francorum rege, Raimundo Tolosano comite et Raimundo episcopo, anno
ab Incarnatione Domini .M.C.XL.VIIII.. Hujus rei sunt testes : Folcherius
archidiaconus, Wilellmi Petri cellerarius et Poncius de Belmont et Bernardus de
Livrag. Raimundus scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Finhan
Arnaud
princeps de Verdun
1089
=?
Arnaud Gauzbert -∞- Ramae
1085/1115
1085/1115
Arnaud Gauzbert
de Finhan
1115/29
Na -∞-1 Arbert de Finhan 2-∞- Assalt
dominus
Poncia -∞- Guillaume
1171
de Aqua Tincta
1153
1153-1171
1153
Arnaud Gauzbert
Arbert
Arbert
Bertrand
de Finhan
dominus
moine
de Finhan
dominus
1168-1180
1160-1181
1153-1189
Maicens -∞- Pons Bernard
de Finhan
1176
Garsindis -∞- Géraud
1165
1165
1165-1189
1168-1185
Arnaud
Arnalda -∞- Arnaud
1176-1181
1185-1186
de La Nauze
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1185-1186
Bernard -∞- Arnalda
de Finhan
X
1151/77
1151/77-1167
2
Raimunda
-∞- Guillaume Raymond
Ameilenca de Bretes
Na -∞-1 Bertrand
Esqualdad de Finhan
1161-1167
2
-∞- Raimunda
de Finhan
1155-1189
1155-1183
Escaldat
Arnaud Bertrand
de Finhan
de Saissas
1161-1183
Pierre
Bernard
1183
1183
1183
Hugues
Fizzi
1189
1181
Arnaud Julien
de Finhan
1107
X
Audiarda -∞- Raymond Julien
Julien
Géraud
(Homenel)
Barrau de Finhan
de Finhan
Barrau de Finhan
†1164
1155-1160
1153-1162
1153-1184
Julien
Arnaud
Moltons de Finhan
Bernard
Barrau
de Finhan
Barrau de Finhan
1164-1180
Géraud Julien
1181
1189-1190
1179-1189
-∞- Geralda
1172
Géraud
Barrau
Comtet -∞- Bernard
1179-1184
de Lévignac
Glacilos-∞-Guillaume
1179-1184
Arnaud de Cos
1179-1189
Bertrand
1184
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Finhan est un petit castrum implanté sur un site que les actes dévoilent très
tôt ; sans doute s’agit-il d’un ancien fisc. Village fortifié sans pôle castral spécifique,
les aristocrates qui vivent là demeurent donc dans une domus dont on a vu qu’elle
pouvait prendre la forme d’une tour ou d’une solaria. A partir du moment où Finhan
commence à être éclairé, il apparaît comme une pépinière aristocratique. Les schémas
de filiations présentés à la page précédente et sur lesquels je vais revenir montrent la
multiplicité des personnages se référant à ce castrum.
Au-delà de ces lignées, on sait qu’Arnaud Guitard s’y est installé à la fin de sa
vie, portant à son tour le surnom toponymique dès 1174156. Par ailleurs, la domina
Sasneus y détient, outre une maison, des droits qu’elle échange à la fin de sa vie
contre ceux que perçoit Grandselve sur le castrum de Montech157. Comme à Flaugnac,
à Belfort, mais plus encore à Corbarieu, par son organisation, ce castrum apparaît
comme un castrum « ouvert » aux lignées sans motte. Le choix d’Arnaud Guitard – on
le verra dans les pages consacrées à cette famille – , renvoie certainement à un besoin
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
de protection.
Quoiqu’il en soit, que peuvent nous apprendre les actes – essentiellement issus
du cartulaire de Grandselve – sur les aristocrates qui résident à Finhan ? On dispose en
particulier de huit exemples de confronts faisant intervenir un ou plusieurs membres
de lignées portant le nom de Finhan comme surnom toponymique. Les schémas
suivants sont orientés : le donateur apparaît en caractères gras ; les personnages dont
la lignée a adopté le surnom toponymique de Finhan au moins une fois sont
soulignés ; sont également précisés le nom des témoins qui, à un moment de leur vie,
ont porté ce surnom toponymique ; enfin, certains éléments anthroponymiques
« manquants » dont on a connaissance par d’autres actes sont ajoutés entre
parenthèses. Le cas de Hugues de Saysses est à mettre à part.
156
157
CG, fol. 47 v° (1174). CG, fol. 100 (1190) : Arnaldus Guitardi de Affina.
CG, fol. 93 v° (1189). Peut-on voir là un argument supplémentaire
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
CG, fol. 44 v° (1173)
Albarels, nauzes et prés
CG, fol. 47 (1174)
Rogonag, casaux
Terre de
Guitardenca
Pré du pont
royal
Pons Bernard
de Finhan
Bernard de
Finhan
Nauze de
Cantrota
Guillaume
Raymond
Esqualdad
de Finhan
Maillol
de
Bernard
Tortus
Grandselve
Nauze de Cantrota
Bernard,
frère de
Raymond
Galabru
Le Bosquet
St-Pierre de
Moissac
Parmi les témoins, Arnaud Guitard et Raynald de Finhan
CG, fol. 44 (1173)
Peironel, ensemble de biens
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Nauze de
Peironel
Terre de
Combas
CG, fol. 66 (1179)
Granet (vers Vilars), terre
Sasneus,
veuve de
Cenebru de
Campsas
Terre de Pons
Bernard (de
Finhan) et des
hommes de
Finhan
Nauze de
Peironel
CG, fol. 67 v° (1179)
Champ de Saint-Martin
Parmi les témoins, Hugues de Saysses
Arbert de
Finhan
Arbert de
Finhan
Guillaume
Raymond
(Esqualdad)
de Finhan
Guillaume
Raymond
Esqualdad
(de Finhan)
Parmi les autres acteurs, Pons Bernard (de Finhan) et son fils
Arnaud et parmi les témoins, Raymond de Saint-Caprais,
frère de Julien de Finhan et de Géraud Barrau de Finhan
Pons Bernard
(de Finhan)
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
CG, fol. 91 (1186)
Pozat, terres et vignes
CG, fol. 91 (1186)
? Pozat, terre
Hugues de
Rogonag
Guillaume
Raymond
Esqualdad
(de Finhan)
Raymond
Sarracenus
Pons Bernard
de Finhan
Vignes de
Gaietas
Hugues de
Saysses
Raymond
Sarracenus
Arnaud
Guitard
Raymond
Tortus
Grandselve
Parmi les témoins, Arnaud Barrau de Finhan
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
CG, fol. 97 (1189)
Vilars, terre
Parmi les témoins, Bertrand de Finhan
frère de Guillaume Raymond
Guillaume
Raymond
Esqualdad
(de Finhan)
Hugues de
Saysses
Pons
Bernard de
Finhan
domini de
Finhan
Palus de
Rigrosal
Grandselve
La carte ci-dessous transcrit spatialement les informations fournies par ces
confronts. Lorsque les actes enregistrant les donations indiquent le nom des
propriétaires des terres adjacentes, on constate que d’autres Finhan sont présents. On
peut donc sans trop de risque penser que les différents rameaux appartiennent à une
même lignée séparée depuis peu ou alors qu’une frairesca a été instaurée à un
moment que nous ignorons. Quoiqu’il en soit, des liens – qui ne se résument pas à de
simples liens de voisinage – ont très certainement uni Arbert de Finhan, Poncia,
Bernard de Finhan et sans doute la mère (?) d’Hugues de Saissas.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Dès lors, c’est peut-être pour différencier les lignées que l’une d’elle accole à
son nom le titre dominus : Arbert de Finhan et ses fils s’en parent de 1153 à 1185158.
Mais cette titulature est suffisamment rare dans la région pour ne pas laisser
indifférent. J’ai montré au cours du chapitre deux que les contextes d’emploi du mot
dominus sous la plume des scribes cisterciens de Grandselve révèlent que son usage
exceptionnel concerne uniquement des membres ou des descendants des familles
vicomtales.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Les Finhan entre Garonne et Montech :
une frairesca démembrée ?
Cette information, la présence de Sasneus, mais aussi ce nid d’Arnaud /
Arnalda et d’Arnaud Gauzbert que constitue le castrum de Finhan suggèrent une
implantation peut-être ancienne des Verdun / Terride dans un lieu stratégique sur la
route reliant Toulouse à Moissac.
158
Arbert de Finhan père apparaît une fois avec le titre de dominus : CG, fol. 182 v°
(1153), CG, fol. 62 v° (1177), son fils Arnaud Gauzbert le portant en même temps que lui CG,
fol. 182 v° (1153). Enfin, Arbert de Finhan fils est également désigné de la sorte : CG, fol. 92
(1185).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pièce justificative
Donation d’Arnaud Gauzbert, fils d’Arbert de Finhan, à Arbert son frère, de tout
l’honor qui lui vient de son père et de tout ce qu’il possède dans l’honor de Berzaco.
CG, fol. 38 (1171) 16 février
Notum sit omnibus hominibus quod anno dominicae Incarnationis millesimo
centesimo septuagesimo primo, regnante Lodovico rege Francorum, ego Arnaldus
Gausberti filius Arberti de Affina per me et per omnes successores meos bona fide
absque omni dolo cum consilio et voluntate eiusdem patris mei et Poncii abbatis
Grandissilvae, et habitatoribus eiusdem loci, dono et concedo in perpetuum tibi
Arberto fratri meo, et infantibus tuis legitimis de uxore omnem honorem meum
ubicumque sit, qui mihi ex parte patris mei contingit, quem honorem iam Poncio
Guillelmi abbati Grandisilvae, et fratribus eiusdem loci praesentibus et futuris
donaveram. Sub tali vero conditione praedictum honorem tibi dono, ut tu per te et per
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
omnes successores tuos sine omni retentione concedas et dones et concedere et
donare facias matri tue Assalt, quicquid habeatis et habere debetis, vel aliqui habent,
vel tenent a vobis in territorio de Berzaco in terris cultis et non cultis, in nemoribus,
in pascuis, in aquis, et in cunctis eidem honori pertinentibus, et quicquid praedicti
fratres de Grandisilva poterint acquirere in territorio de Lassala a Granetis et eorum
coheredibus, et si contigerit te sine filiis legitimis mori totum honorem meum
ubicumque sit, quem modo tibi dono, dono et concedo fratribus Grandissilvae sine
omni retentione inperpetuum. Et ego Arbertus iamdictus per me et per omnes
successores meos bona fide absque omni dolo dono, et concedo in perpetuum sine
omni retinimento domino Deo et beatae Mariae Grandissilvae et tibi Poncio abbati et
fratribus Grandissilvae praesentibus
et futuris pro praescripta donatione, quam
praedictus Arnaldus Gausberti frater meus facit mihi quidquid habeo, et habere debeo
quocumque modo, et quidquid illud sit omni honore de Berzaco, in hominibus, et
faeminis, et in omnibus pertinentiis eius praeterca dono et concedo vobis praedictus
fratribus Grandissilvae pro praescripto dono fratris mei quidquid acquirere potentis a
Petro Granet, et a Bernardo fratre eius, et coheredibus eorum in territorio de Lassela.
Sit vero notum quod ego Arbertus dono et concedo pro salute animae meae domino
Deo et beatae Mariae Grandissilvae, et tibi Poncio abbati et fratribus eiusdem loci
praesentibus totum honorem meum ubicumque sit, si absque legitimis filiis defunctus
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
fuero. Huius rei sunt testes, Raimundus de Sancto Caprasio, Gauzbertus de Agra, W.
Arnaldi de Salabou et frater Arbertus, monachus. Facta carta .XIIII. kalendas
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
febroarii.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Campsas
Voici une lignée de maîtres de la terre qui a laissé des traces dans les fonds de
la plupart des établissements religieux. Présents dans les actes de Moissac, de SaintSernin, de Belleperche ou encore de la commanderie de Fronton, c’est surtout grâce
aux granges cisterciennes de Lassale et de Bagnols dépendantes de Grandselve que les
différents rameaux de cette famille se laissent entrevoir. La première mention est
moissagaise et place les Campsas dans le réseau des Saint-Rustice / Villemur : en
1107, Cenebrun et son frère Gautier appartiennent au groupe des « amis » d’Amalvin
qui restitue l’église de Saint-Rustice159 ; lequel Amalvin est le fils de Seidonia, la
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
domina de Saint-Rustice160. D’abord orientés vers la vallée du Tarn, on les voit opérer
un retournement complet à partir de la génération suivante. On ne connaît pas de
filiation entre Cenebrun et Gautier, et les générations suivantes. Toutefois, deux des
fils de Raymond Garsia – repérable de 1125 à 1143 – portent les noms de Cenebrun et
Gautier. A partir des années 1140, les mentions de la famille deviennent très
nombreuses.
Les Campsas se situent incontestablement dans la mouvance des vicomtes de
Verdun-Terride. Gautier de Terride est témoin de la donation de l’île de Bagnols que
réalisent Raymond Garsia et son épouse Ermensendis vers 1130 en faveur de
Grandselve161. Cenebrun, un des fils du couple, épouse Sasneus qui est très
certainement une parente de Gautier, sa nièce ou sa petite-fille162. Les alliances des
filles avec des aristocrates issus des castra de Drudas, Séguenville, Esblanquetz,
Verdun et même Dieupantale font d’elles les pions d’une politique matrimoniale de la
lignée sous une indéniable obédience vicomtale.
159
RH 179 (1107).
RH 86 (1073) : ecclesiam quam tenebat illa domina de Sancto Rustico quæ dicta
est Seidonia, et filii ejus per manum ipsius Attonis, et omnes ecclesiasticas res ad ipsam jure
pertinentes, excepto medietatem decimi, sive alias terras quas ibi habebat ipsa domina et filii
ejus Ugo Iadgerius, Bernardus de Mallag, et Amalvinus, etc.
161
CG, fol. 105 [1128-1139]. Voir pièces justificatives.
162
Tout dépend si l’on considère que Bermunda, mère de Sasneus, est sœur ou fille de
Gautier de Terride.
160
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
X
Bernard Raymond
1107
Gautier
1107
Cenebrun
1107
Raimond -∞- Ermensendis
1128/39
Garsia
Pons
de Campsas
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1125-† ap 1143
Sasneus -∞- Cenebrun
1161- † 1195
Arbert -∞- Sasneus
de
(1183)
Dieupentale
1143-1180
Caercinus -∞-1 Austorgia 2-∞- Farfatus
de Drudas
1165-1220
de Verdun
1180-†av. 1195
1195
1183-1195
1178
Gautier
Maienza
X -∞-1 Maria 2-∞- Arnaud
1161-1171
des Blanquetz
-∞- Pons de Gaughac
1161
Lombarda Raymond Olivier Bertrand
1178
Garsia 1180-1193
1170
1195
1192
Bernard Aimeric
Guilhem
1220
de Drudas
1195
1125/33
Arnaud -∞- Na
de Campsas
de Bretes
1143-1165 1156-1161
1164-1176
Pierre Sibilia Arnaud Raimond Pons Garsindis
de
1161
des
des
de
1171-1180
Siguivila
Blanquetz Blanquetz Campsas
1161
Arbert
Sasneus
Austorgia Cenebru
1189
1220
de de Pantale 1192
Dieupentale -∞- Vital de la Garde
1183
1143
Raymond Garsia -∞- Arnalda
1143- † 1161
Arnaud
de Campsas
1161-1180
161-1180
1163-1195
Pierre At
1179
1165
Géraud
1179
Giscarda 1180
-∞- Raimond
Guillaume
de Montech
Arnaud a aussi des filles mariées en 1166
à Jourdain et Gauzbert d’Agre
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Mais les liens avec les Saint-Rustice ne se démentent pas : il y a eu Amalvin
en 1107, il y a Arnaud en 1181163. On les voit par ailleurs nouer des relations avec les
aristocrates d’entre Tarn et Garonne du castrum de Gandalou au nord164 à celui de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Cabaldos au sud165 en passant par Finhan166.
163
CG, fol. 78 v° (1181) ; CG, fol. 160 (1181).
CG, fol. 100 (1180).
165
CG, fol. 125 v° (1165).
166
CG, fol. 115 v° (1163) ; CG, fol. 120 v° (1163).
164
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les trente neuf actes dans lesquels ils sont acteurs principaux – pour l’essentiel
dans des donations en faveur des moines blancs – permettent de cerner des catégories
de biens qu’ils cèdent volontiers. Comme les Bruguières, ils sont possessionnés le
long de la Garonne, autour des granges de Lassale et de Bagnols mais aussi sur la rive
orientale du fleuve, le long la Save en Gascogne Toulousaine, à vingt kilomètres au
sud-ouest de Campsas. Ils détiennent de nombreux droits sur les îles garonnaises
depuis celle de Montfort, au nord-est de Lassale167, jusqu’à celle de Bagnols168, ainsi
que les îles de la Save et de Brivagas169. Austorgia, Raymond Garsia de Campsas
ainsi que Pons de Campsas et ses frères concèdent par ailleurs aux cisterciens le droit
d’édifier à Bagnols des moulins et les pêcheries qui leurs sont associées170. Les prés et
les droits de pâture forment un autre type de cession171 mais il y a encore ces maisons
que donna Sasneus avant 1168172. Enfin, et c’est loin d’être négligeable, entre 1161 et
1195, ce ne sont pas moins de 1127 sous morlans ou tolzas173 que les cisterciens
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
donnent aux Campsas en quinze « versements »174. La domina Sasneus y a sa part,
mais elle n’est pas seule à profiter de cette manne financière que représente cette
puissante abbaye avec laquelle la lignée a entretenu d’excellentes relations.
Pièces justificatives
1.- Raymond Garsia et son épouse Ermensendis donnent à Grandselve ce qu’ils ont
dans l’île de Bagnols, en présence du vicomte Gautier de Terride.
CG, fol. 105 [1128-1139]
167
CG, fol. 73 (1180).
CG, fol. 105 [1128-1139] ; CG, fol. 106 v° (1161) ; CG, fol. 126 (1165).
169
CG, fol. 152 v° (1180) ; CG, fol. 171 (1188).
170
Six donations se suivent : CG, fol. 159 (1180) ; CG, fol. 159 (1181) ; deux
donations : CG, fol. 160 (1181) ; deux donations : CG, fol. 160 v° (1181).
171
CG, fol. 220 (1161) par exemple.
172
CG, fol. 33 v° (1168).
173
Soit près de 2250 sous tournois.
174
Douze de ces quinze actes sont passés entre 1165 et 1189. CG, fol. 27 (1166) : 20
sous ; CG, fol. 41 v° (1172) : 30 sous ; CG, fol. 44 (1173) : 150 sous ; CG, fol. 70 (1179) :
120 sous ; CG, fol. 73 (1180) : 10 sous ; CG, fol. 73 (1181) : 42 sous ; CG, fol. 78 v° (1181) :
100 sous ; etc.
168
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Sit manifestum omnibus quod in nomine Domini, ego, Raimundus Garsias et
ego Ermessendis uxor eius nos ambo per nos et per omnes nostros successores, bona
fide, pro amore Dei et salute animarum nostrarum, sine omni retentione, donamus et
concedimus in perpetuum domino Deo et beate Mariae Grandissilvae et vbis fratribus
eiusdem loci presentibus et futuris, quicquid habemus et habere debemus quocumque
modo in insula de Banols, ut jure perpetuo habeatis et possideatis libere et quiete.
Huius reis un testes : Gualterius de Terrida vicecomes, Willelmus Beg de Bellopodio,
Aribertus de Deupantala. Haec carta facta est domno Amelio Tolosane civitatis
episcopo adhuc vivente, et Ildefonso comite in eadem civitate dominante, ac Lodoyco
rege francorum regnante.
2.- Le vicomte Pons de Toulouse affranchit Bernarda, fille de Jean Géraud de
Pompignan, ses filles et la descendance de celles-ci au profit de Saint-Sernin. En
échange, l'abbé affranchit les fils de Bernarda et leur descendance que s'est réservés
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Pons de Toulouse. Parmi les témoins, Raymond Garsia de Campsas.
CSS 689 (1173)
DE LIBERATIONE UXORIS ARNALDI DE CLISOLIS
Sciendum est quod Poncius de Tolosa, vicecomes, dictus filius Willelmi de
Tolosa, de Monte Claro, solvit et guerpivit et afranqui[vit] sua propria et gratuita
voluntate Deo et sancto Saturnino et Ugoni, abbati eclesie Sancti Saturnini, et Petro
Munionis, priori, et omnibus canonicis ejusdem eclesie presentibus et futuris et
Arnaldo de Gleisolas, marito Bernarde, filie Johannis Geraldi de Pompina, eandem
predictam Bernadam et omnes filias quod ex ipsa Bernada processerunt vel
precedent et omnem generationem filiarum sive filiorum que ex istis filiabus prefatis
exierunt vel exient. Et predictus Poncius de Tolosa retinuit sibi filios masculos
predicte Bernade, quos modo habet vel in antea habebit, et omnem generationem
eorum. Et predictus abbas cum predictis canonicis solvit et guerpivit et afranquivit
sua spontanea voluntate omnes filios masculos Bernade predicte et omnem
generationem que ex illis processit vel processura est, Poncio de Tolosa, vicecomiti,
et ejus ordinio. Facta carta anno ab Incarnatione Domini .M°.C°.LXX°.III°., mense
augusti, feria .V., regnante Lodoico rege Francorum, Raimundo comitante, Ugone
episcopante. Hujus prefate absolutionis et conventionis sunt testes : Willelmus de
Verdu et Raimundus Garsias de Camsas, Willelmus de Deupantala et Arnaldus
Torros, et Willelmus Petri qui hanc cartam scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les quatre Ca…
Castelnau, Caraman, Cabaldos et Campsas
Au moment où les textes les éclairent le mieux, c’est-à-dire dans la seconde
moitié du XIIe siècle, ces quatre familles semblent indissociables en raison des liens
matrimoniaux qu’elles ont tissés. Ces quatre noms aristocratiques, ces quatre « ca »,
se répartissent sur trois sites. On a déjà présenté les Campsas, à la tête d’une
seigneurie foncière. Aucune fortification ne peut leur être associée. Cabaldos est le
nom d’un castrum mentionné au XIIe siècle et qui se présente aujourd’hui comme un
simple écart alors qu’une église se trouvait à l’intérieur du village fortifié en 1133175.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Une grosse motte est toujours visible. Reste le cas de Castelnau-d’Estrétefonds que les
actes dévoilent en 1159 même si une famille est bien présente dès le XIe siècle. La
seigneurie échoit à des filles ; l’une d’elles épouse un Cabaldos et l’autre un Caraman.
Voici donc le quatrième nom qui fait référence à un gros castrum du Lauragais. A
Castelnau, qui est le principal élément fédérateur de toutes ces lignées, d’autres
aristocrates s’installent qui vont bientôt « régner » en maîtres.
Deux éléments sont particulièrement frappants chez les Caraman /Castelnau
comme chez les Cabaldos. Le premier réside dans un contrôle de la nuptialité durant
au moins trois générations. D’une manière générale, seul un des garçons est autorisé à
s’unir, y compris chez les fils de Jourdain de Caraman issus de deux mariages :
Guillaume de Castelnau, sans doute l’aîné, épouse Sibilia mais ni Jourdain, ni Donat,
du second lit, sur lesquels nous disposons de nombreux actes, n’auront de femmes. Le
deuxième point concerne le nombre d’enfants connus de chaque couple. Le hasard
ferait-il si bien le choses qu’on ne connaisse jamais plus de deux garçons sur deux,
voire trois générations. Il est nettement plus difficile d’évoquer un contrôle des
naissances tant le nombre de facteurs nous échappant est important. Néanmoins, le
175
Marie.
CSS 259 (1133) : Hoc factum fuit in castro Cavaldos, in atrio eclesie Sancte
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pons Raymond
Pierre Raymond
1081
1081
Guillaume Raymond
de Castelnau
Arnaud Raymond
de Castelnau
1071
Pons Raymond
de Cabaldos
Elyas
de Cabaldos
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1117-1138
s.p.
Raymonda -∞- Bertrand
1142-1156
de Cabaldos
(1188)
1161-1184
† av. 1186
Arnaud Pons -∞- Matelios
de Cabaldos
1188
Pierre Raymond
de Cabaldos
1096
Guillaume Pierre
de Caraman
av. 1125
av. 1125
Willelma -∞-1 Jourdain de Caraman 2-∞- Bermunda
Arnaud Elyas -∞- Na
de Cabaldos
(1181)
1127-1156
Esclarmonda -∞- Pons Raymond
veuve 1186
de Cabaldos
1071-1078/81-1098
Guillaume
de Castelnau
1126
Jourdain
de Caraman
1137/38 (1181)
1137/38-1147 (1188)
1146-1156
1147-1184
Elyas
Bernard
Odo
Giscarda
1183-1188
1183
1183-1184
1183-1184
Arnaud Gauzbert
(de Verdun – Terride)
1155-1166 (1181)
Beatriz -∞- Odon Elyas Arnaud Elyas
1184
de Cabaldos de Cabaldos
1162-1181
s.p.
(1188)
1159-1183
s.p.
Bertrand
1184
Jourdain
Guillaume -∞- Sebilia
Donat
Sasneus -∞- Cenabrus Raymond Garsie -∞- Arnauda
de Caraman de Castelnau (de Bruguières) de Caraman1161- † 1195 de Campsas
de Campsas
1165-1181
s.p.
1161-1190
1174-1183
Na -∞- Raymond Guillaume
de Castelnau
1186
1180-1201
1186
Pons Guillaume
de Castelnau
1201
1165-1198
s.p.
Guillaume Arnaud
de Castelnau
1181-1183
† 1161
† 1180
Raymond Guillaume -∞- Lombarda
de Cabaldos
1178-1186
1186-1201
Raymond Garsie
de Campsas
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
schéma de filiation offre une image singulière de ces lignées. Elle traduit certainement
une volonté affirmée de contrôle de la dévolution du patrimoine. Pour éviter la
multiplication des ayants droit et son cortège de tensions, la co-seigneurie a dû
largement contribuer à faire naître des stratégies matrimoniales restrictives pour la
plupart des mâles. Par ailleurs, le choix des redoublements d’alliances qui s’observent
dans les années 1180 atteste aussi du vif souhait de ne pas pulvériser davantage les
parts. Il se trouve qu’une donation entre laïcs a été copiée dans le cartulaire de
Grandselve : en 1168, Raymond de Cabaldos – qu’on n’a pas pu placer sur le schéma
de filiation – donne tout son honor à Donat de Caraman, suo karissimo et dilectissimo
amico et parento176. L’affection qui unit les deux hommes permet surtout de
consolider la part de Donat qui n’est sans doute pas le plus à plaindre parmi les
pariers.
Des quatre lignées, les Campsas semblent les plus « ouverts ». Plusieurs
raisons expliquent ce constat sans doute. Cette vision est d’abord certainement l’un
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
des effets de ces castra peuplés de plusieurs lignées aristocratiques. Les Campsas
n’appartiennent pas à ce monde du village fortifié, pépinière de milites. Leur repère
les oblige à nouer des contacts ailleurs. A Castelnau en revanche, et dans une moindre
mesure à Cabaldos, il n’y a rien de tel. On peut trouver sur place de quoi satisfaire sa
sociabilité aristocratique. Les actes témoignent parfaitement de cet « entre soi » très
poussé des Cabaldos comme des Castelnau. D’autre part, à la différence des Campsas,
on a déjà noté la limitation des mariages chez ces deux familles, phénomène que
renforcent encore les redoublements d’alliance. Ceci n’empêche nullement par
ailleurs, qu’après 1130, on voit de plus en plus de filles paraître dans les entourages de
ces hommes. De ce point de vue, la situation de ces familles traduit bien l’évolution
générale du groupe aristocratique. A l’effacement des années 1060-1130 succède une
présence croissante des filles et femmes.
Le début des années 1180 semble correspondre à une conjoncture difficile pour
les Cabaldos. C’est d’abord Pons Raymond qui obtient cent dix sous des cisterciens en
1180177. L’année suivante, son frère Pierre Raymond reçoit cent vingt sous178. L’un
comme l’autre ont donné leur part de l’honor de Saint-Laurent, à proximité de
176
CG, fol. 98 v° (1189) : la date est celle de la copie réalisée par Raymond Jean,
publicus tabelio.
177
CG, fol. 71 v° (1180).
178
CG, fol. 75 v° (1181).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Lassale. C’est ensuite Arnaud Elyas qui se contente de cinquante sous179 alors que son
frère Odon se rend deux fois à Grandselve – la seconde avec ses cinq enfants – et
repart avec cent quarante sous180 pour des abandons de droits dans le territoire de
Bagnols, comme son frère. C’est en tout cas vers cette même époque que Pons
Raymond unit ses trois enfants, deux avec ceux de Guillaume de Castelnau et Sebilia,
et un avec Lombarda (de Campsas). Sasneus, cette domina veuve depuis 1161, est la
tante de chacun des trois enfants Castelnau / Campsas. Aurait-elle joué les marieuses ?
Retenons qu’elle a consenti en 1180 à l’abandon que fit Pons Raymond du quart de
l’honor de Saint-Laurent, un endroit où elle est largement possessionnée181.
Enfin, les Cabaldos apparaissent comme particulièrement attachés au « trafic »
des serves. En 1127, un litige oppose deux d’entre eux, Pons Raymond et son neveu
Bertrand, à l’abbaye Saint-Sernin à propos de prétentions qu’ils ont sur deux sœurs et
leur descendance182. Quinze ans plus tard, on retrouve Bertrand concédant en fief
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Suzanna, une serve avant de la donner à Saint-Sernin183.
Pour une raison qui nous échappe totalement, le castrum est confié par le
comte Raymond VI en 1209 à un de ses fidèles, Aymeric de Castelnau, tandis que la
fille de ce dernier, Castellana, se voit attribuer le douaire qui avait d’abord été
constitué en faveur d’India, demi-sœur du comte.
Pièces justificatives
1.- Donat de Caraman consent à la donation de sa sœur Sasneus de tout ce qu’elle
détient dans l’honor de Saint-Laurent
CG, fol. 45 (1173), 16 septembre
Notum sit
omnibus
hominibus
quod
anno
dominicae Incarnationis
M°.C°.LXX°.III°, regnante Lodoyco Rege francorum. Ego, Donatus de Caraman per
me et per omnes successores meos, bona fide absque omni retentione, dono et
179
CG, fol. 165 (1183).
CG, fol. 164 v° (1183) ; CG, fol. 168 v° (1184).
181
CG, fol. 71 v° (1180).
182
CSS 239 (1127). Voir pièces justificatives.
183
CSS 331 (1142) ; CSS 304 (1145).
180
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
concedo, laudo atque confirmo in perpetuum domino Deo et beate Mariae
Grandisilvae, et Pontio abbati et vobis fratribus ejusdem loci presentibus et futuris,
omne donum quod donavit vobis Sasneus soror mea in omni honore Sancti Laurentii,
totum et integrum absque ulla reservatione, et mando vobis in omni bona fide et
veritate quod de omni illo dono ero vobis bonus et legitimus gueritor atque defensor
de omnibus amparatoribus. Testes sunt Willelmus Grassus de Castro novo, Aribertus
de Affina et frater Elias monachi Grandissilvae. Facta carta .XVI. kalendas
septembris. Frater Rogerius monachus scripsit.
2.- Donat de Caraman et ses frères, Guillaume de Castelnau et Jourdain de Caraman,
approuvent la vente faite à Hugues, abbé de Saint-Sernin, par Lortman Esquieu de la
part de dîme qu'il avait dans le dîmaire de l'église de Blagnac. Au cas où Lortman ne
s'acquitterait pas du servitium dont il est redevable envers Donat et ses frères pour le
dîmaire et les autres fevos tenus dans l'alleu de Blagnac, l'abbé Hugues devrait
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
satisfaire au tiers de ce servitium, à l'exception de l'hommage auquel il n'est pas
astreint.
CSS 447 (1165), août
DE BLANIACO
Sciendum est quod Ugo abbas Sancti Saturnini fecit acorderium cum Donato de
Caraman et cum suis fratribus, scilicet cum Willelmo del Castelnou et cum Jordano
de Caraman. Et acorderium fuit tale : quod Donatus et sui predicti fratres
laudaverunt et autreiaverunt Ugoni abbati aeclesie Sancti Saturnini et suis
successoribus totam illam venditionem quam fecerat Lortmannus Esquivati Ugoni
abbati et successoribus de tota sua parte de decima quam habebat et habere debebat
in decimario de eclesia de Blaniaco ullo modo ; et de ista predicta venditione
Donatus et sui predicti fratres debent facere garentiam de omnibus amparatoribus
versus dominationes de sua parte, hoc est de medietate dominationum, Ugoni abbati
et suis successoribus ; et tamen si Lortmannus Esquivatus non faciebat servitium quod
facere debet Donato et suis predictis fratribus per predictum decimarium et per alios
fevos quos de illis tenet in alodio de Blaniaco, de tanto quanto Donatus et sui predicti
fratres possent conquirere per laudamentum super Lortmannum Esquivatum,
postquam laudamentum esset inde datum, deinde Ugo abbas faceret terciam partem
de servitio, excepto de homenatico quod Ugo abbas vel sui successores non debent
inde facere. Hoc totum, sicut supra est scriptum, Donatus et sui predicti fratres
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
laudaverunt et autreiaverunt Ugoni abbati et suis successoribus, et debent ei inde
facere garentiam de omnibus amparatoribus versus dominationes de tota sua parte,
hoc est de medietate dominationum. Facta carta mense augusto, feria .IIII., regnante
Lodoico Francorum rege, Raimundo Tolosano comite, Geraldo episcopo, anno ab
Incarnatione Domini .Mo.C.LX.Vo.. Hujus rei sunt testes : Raimundus Willelmi
canonicus, Poncius Willelmi ejus frater, Oalricus Caraborda, Stephanus ejus frater,
et Raimundus qui scripsit.
3.- Guillaume de Dieupentale et son épouse, Pons Raymond de Cabaldos et son
neveu Bertrand abandonnent à Saint-Sernin tous les droits qu'ils ont usurpés ou
auxquels ils prétendent sur la femme et la belle-sœur de Raymond du Born et leur
descendance, en échange de 15 sous de Toulouse, monnaie decena.
CSS 239 (1127), avril
DE UXORE RAIMUNDI DEL BORN QUAM ABSOLVIT WILLELMUS DE
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
DEUPANTALA
Notum sit omnibus hominibus hanc cartam legentibus vel audientibus quod
nos, ego scilicet Willelmus de Deupantala et mea uxor, Poncius Raimundi de
Cavaldos et Bertrandus nepos ejus, absolvimus sine omni retenti one Raimundo
abbati eclesie Sancti Saturnini et ejusdem loci clericis tam presentibus quam futuris
quicquid juste vel injuste habebamus vel amparabamus in uxore Raimundi dei Born
et in sorore ejus et in omnibus qui sunt de ipsis exituri. Propter quod accepimus ab
eodem abbate .XV. solidos tolosane monete decene. Et si aliquis ex nostra progenie
vellet vobis amparare, nos legales essemus guirentes. Hoc totum factum est in manu
ipsius abbatis. Hujus rei testes sunt : Stephanus Caraborda et Constantinus Rabia,
Robertus Escuder, Poncius Berengarii de Novital, Malus Gaudinus. Facta carta ista
anno ab Incarnatione Domini .Mo.C.XX.VIIo., in mense madio, die sabbati, regnante
Lodoico rege, Ildefonso comite Tolosano et Amelio episcopo.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Bretes
Cette famille ne se laisse percevoir qu’au cours du XIIe siècle, et à vrai dire,
pour l’essentiel, sur la seconde moitié de ce siècle. Un site de Bretes est repérable sur
la carte de Cassini le long de la lisière sud-ouest de la forêt de Fromissard, à quelque
distance au nord de celle d’Agre. Deux frères, Guillaume de Bretes et Agan, sont
témoins de la vente à l’obédiencier d’Escatalens d’un champ par des aristocrates
essentiellement possessionnés de l’autre côté de la forêt, les Odalric de Corbarieu ou
les Bonnes-Vignes du même castrum184. Cependant, tout l’intérêt du site de Bretes est
bien d’être implanté dans un couloir séparant les deux massifs, ce qui devait déjà être
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Extrait de la carte de Cassini – planche n° 37
184
RH 244 [1115-1135].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Raymond -∞- Ricartz
Raymond Ramo
de Penne
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Guillaume -∞- Flandina
Géraud
moine
Guillaume
Restols
vers 1156
1140-1176
Olivier
1140-1161
conversion 1170
Géraud
de Tolvieu
de Bretes
(de Tolvieu)
1115/35-1156
1140
Aimeric
de Bretes
Bertrand
Restols
1140-1179
1173-1189
Raymond Amiel
Amiel
de Tolvieu
Arnaud
Adalaiz -∞- Hugues
de Tolvieu
de Tolvieu
Bernard Ramo
abbé
de Tolvieu
Bona -∞- Aganus
(de Tolvieu)
1140
Poncia 1167-1176
-∞- R. Guitardi
1176
-∞- Sibilia
Bernard
Restols
1165-1185
Raimunda
Ameilenca
de Bretes
Aganus
1140
1179
1179
de Campsas
1115/35-1140
(1165)
Galhard
1140
1161-1167
de Finhan 1155-1189
Aimeric
Guillelma
1
-∞- Bertrand
Homenel
1162- † 1182
2
-∞- Géraud
d’Agre
1184
Pons Guitardi
1190
Guillaume
1165-1166
Na -∞- Arnaud
de Bretes
-1∞- X
-2∞- Guillaume Raymond Esqualdat
1170-1178
Guillaume
de Rocafort
Richard
1140
Raymond
Sicard
1140
1140
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
le cas au XIIe siècle. Ce regard sur la vallée du Tarn les pousse à aller chercher leur
épouse chez les Tolvieu, lignée qui, au moment où s’unissent les deux couples, est à son
apogée. En se mariant respectivement à Flandina et Bona, Guillaume et Agan font un
très beau mariage : leurs épouses sont nièces de Ricartz, épouse de Raymond de Penne,
frère de l’évêque d’Albi Aldegaire, ou encore d’Adalaiz qui s’est unie à Hugues de
Rocafort. Une sœur de Guillaume de Bretes et d’Agan épouse de son côté Arnaud de
Campsas185. En outre, c’est en compagnie de bon nombre d’héritiers de ces membres de
la haute aristocratie que les deux frères, leurs épouses et huit de leurs garçons
participent, en mai 1140, à la vente de terres et vignes que l’abbaye de Montauriol
cherchait à acquérir depuis longtemps et que le comte Alphonse usurpe pour y implanter
sa ville neuve de Montauban en 1144, deux ans après le début des engagements
militaires contre le Trencavel, par deux fois défavorables au comte. Et si leur beau-frère
Amiel devient abbé de Saint-Théodard, il semble que pour la lignée, l’heure est à la
discrétion. La branche issue d’Agan et de Bona disparaît totalement des actes après
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1140. Guillaume meurt vers 1156 et le dernier né de la famille, Géraud, est confié
comme oblat à l’oncle Amiel par ses frères Guillaume Restoil et Bernard186 ; l’acte est
passé dans le cloître de Saint-Théodard et les deux aînés abandonnent en particulier tout
l’honor et les terres détenus dans la paroisse de Gasseras, biens qui leur viennent très
certainement de leur mère Flandina. En 1170 au plus tard, Guillaume rejoint à son tour
la clôture187.
Après le très beau redoublement d’alliance, situé vers 1120-1125, et ouvrant un
horizon quasi inespéré à cette petite lignée implantée sur un espace de conquête,
Guillaume comme Agan – comme tous les aristocrates après un très beau mariage ou
l’obtention d’une très belle charge – ont multiplié le nombre d’enfants. A ce moment,
leurs terres sont présentes de part et d’autre de la forêt, entre Tarn et Garonne. Ainsi, les
deux frères ne pratiquent-ils pas le contrôle des naissances. En 1140, à l’exception peutêtre de Géraud, l’oblat, et de Bertrand Restols, tous leurs enfants sont nés ; en revanche,
cette famille est peu bavarde sur ses filles. Agan et Bona ainsi que Guillaume et
Flandina n’auraient-ils eu que des garçons ? Assurément non. Nous ne connaissons
185
DOAT 76, Grandselve, fol. 353 (1165) : l’acte nous apprend que Guillaume Restols
et Bernard Restols, fils de Guillaume de Bretes et Flandina ont pour oncle Arnaud de Campsas
186
CST, fol. 16 v° [vers 1156] : Guillelmus Rastoils et Bernardus, frater ejus, dederunt
fratrem suum per monachum, nomine Geraldum.
187
CST, fol. 130 (1170) : que det Guilhem Rastoil, lor fraire, quant lo dero per morgue
a Deu et a Santa Maria et a Sant Auzard.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
vraiment que la descendance des seconds et deux filles se laissent entrevoir, Poncia et
Raimunda Ameilenca de Bretes. Mais si les deux couples « originels » n’ont pas
contrôlé les naissances, la génération suivante se voit contrainte pour l’essentiel au
célibat. Les filles sont mariées mais seul Aimeric parmi les garçons semble avoir ce
privilège. Et ce n’est pas lié à un problème de sources. Guillaume Restols comme
Bernard sont très présents dans les actes.
Leurs alliances matrimoniales ne les éloignent jamais de la résidence éponyme.
Les terres des Guitard touchent leurs terres, celles des Homenel ou des Agre s’en
éloignent à peine, et enfin les Finhan détiennent des biens vers Montech et Lassale,
autant dire quasiment chez les Bretes. La forêt semble de nouveau constituer une
rupture pour la lignée qui se tourne uniquement en direction de la rive de la Garonne.
Finalement, leur horizon se réduit très rapidement après la première génération repérée.
Il est vrai également que les Bretes n’ont pas choisi le bon outsider. Etre alliés aux
Tolvieu a dû représenter un sérieux handicap après 1142. Il est vrai enfin que la grange
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
de Lasalle est au final plus attractive que l’abbaye bénédictine dirigée par le vieil oncle
qui décède en 1177.
Au-delà du sobriquet porté par trois des garçons de Guillaume et Flandina qui
nous permet d’imaginer une chevelure blonde et raide, la transmission des noms
présente une vraie singularité : Raimunda Ameilenca, sans doute l’aînée des filles, reçoit
la totalité des noms de son oncle maternel, son parrain sans doute. C’est sans doute
l’une des femmes de cet espace à porter le nom féminin le plus complexe : Raimunda
Ameilenca de Bretas. Il semble que, du côté de Bona et d’Agan, davantage de noms du
côté maternel aient été transmis : le jeune Richard doit certainement son nom à celui de
sa grande-tante Ricartz, la mère de Pierre de Penne ; de même peut-être que Raymond,
nom du père et d’un frère de Bona, a été le « modèle » pour l’un des fils.
Pièces justificatives
1.- Vente à l’abbaye de Montauriol de différentes terres implantées entre le bourg
monastique et la rive droite du Tarn. CST, fol. 111 (1140). Voir pièce justificative n°3
de l’annexe Tolvieu.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
2.- Guillaume Restols et son frère Bernard Restols donnent et confirment les donations
faites par Raymond Homenel et leur oncle Arnaud de Campsas dans le dîmaire de
Goiag. Ils y ajoutent le droit de pâturage des animaux de Grandselve sur toutes leurs
terres. DOAT 76, Grandselve, fol. 353 (1165).
Noverint tam praesentes quam futuri, quod anno Dominicae Incarnationis
millesimo centesimo sexagesimo quinto, regnante Lodoyco Rege francorum, ego
Guillelmus Restoils, et ego Bernardus Restoils nos ambo fratres per nos et per omnes
nostros successores bona fide, et absque omni dolo amore Dei et animarum nostrarum
salute sine omni retentione donamus, et concedimus imperpetuum Domino Deo et
beatae Mariae de Grandissilva, et Pontio abbati, et vobis fratribus eiusdem loci
praesentibus et futuris quidquid vobis donavit Raymundus Hom[en]el in tota decimaria
ecclesiae de Goiag quocumque modo sicuti vobis donavit avunculus noster Arnaldus de
Canzas, ita nos vobis donamus et concedimus ut libere et quiete habeatis et possideatis
iure perpetuo. Donamus etiam nos praedicti donatores vobis praescriptis fratribus
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
pascua ad usus animalium vestrorum in omni honore nostro ubicumque sit, ut absque
omni contradictione his liceat. Testes donationis Vuillelmi Restol sunt Bernardus de
Combas, Petrus de Belcasse, frater Arbertus et frater Raymundus del Vernet et frater
Bertrandus de Rocafort. Testes donationis Bernardi Restol sunt Bernardus de Combas,
Willelmus Restol supradictus, et iam dictus fratres scilicet frater Arbertus et frater
Raymundus, monachi, et frater Bertrandus de Rocafort.
Facta est haec carta tertio idus novembris.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Guitard
Guitard
954-970
Guitard
Biens à
Escatalens
Rogonag
Patagnac
998/1031
Pierre
Guitard
1063/1102
Arnaud
Guitard
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1101
Arnaud
Raimond -∞-Pontia
Guitard
de Finhan
Guitard
(de Bretes)
1155-1183
1167
1155-1178 (1190)
Arnaud
Guillaume
Pons
Guitard
Guitard
Guitard
1177-1190
1190
1190
Géraud
Guitard
1153-1190
convers 1172
Guillaume -∞-Bermunda
Guitard
1153 -1190
convers 1190
(de Lassale)
1154-1160
Petronilla -∞-1 Géraud
Benoît
(†1160)
1156-1183
Aldiardis -∞- Gauzbert
1163-1165
de Barta
de Montech
Gauzbert
Arnaud
1160
de Barta
1176
C’est tout le paradoxe de cette petite famille : on la suit à la trace du milieu du
Xe siècle au début du XIIe siècle – où les traces sont infimes, résidus d’indices ténus –
avant qu’elle ne bénéficie d’un éclairage assez exceptionnel au cours de la seconde
moitié du XIIe siècle grâce à la soixantaine d’actes du cartulaire de Grandselve qui en
ont conservé le souvenir. Une génération est ainsi relativement bien connue, à
commencer par quatre membres masculins de la fratrie que l’on suit pratiquement d’un
bout à l’autre de la période couverte par le cartulaire. Au moment où les informations
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
sont les plus riches, il semble appartenir à la strate la plus inférieure de l’aristocratie.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Tout au long du XIIe siècle, et l’on pourrait ajouter depuis le milieu du Xe si l’on
considère ce Guitard mentionné à plusieurs reprises entre 954 et 970 comme un de leurs
ancêtres, la lignée est systématiquement perceptible dans un espace réduit se situant
entre Escatalens et Finhan, distants d’à peine huit kilomètres. Encore un exemple de ces
familles à l’horizon très restreint. En témoignent également les alliances matrimoniales
nouées vers 1150 : Montech comme Lassale se situent à moins de deux kilomètres de
Guitardenca et l’on franchit hardiment les cinq kilomètres jusqu’à Brètes, en lisière du
bois de Fromissard !
L’extrême rareté de l’anthroponyme Guitard rend les investigations plus aisées
pour les hautes époques. Excluons d’emblée un abbé de Moissac au IXe siècle, un prêtre
de Villemur au XIIe qui se nomment Guitard : rien n’indique que ces hommes aient le
moindre lien avec la lignée étudiée ici. Toutes les autres mentions antérieures à
l’apparition des Guitard dans le cartulaire de Grandselve concernent en revanche des
individus renvoyant à un espace cerné par la forêt d’Agre à l’est, la Garonne à l’ouest,
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Escatalens au nord et Finhan au sud, soit moins de 2% de la zone étudiée ! Il y a donc
de fortes probabilités pour que tous ces Guitard appartiennent à un même groupe
familial. De 954 à 1101, une dizaine d’actes les présentent dans des confronts. Jamais
donc, on ne les perçoit comme donateurs. Le testament qu’Isarn rédige en 954 avant le
pèlerinage à Rome qu’il entreprend avec son fils Ictier nous montre néanmoins un
Guitard à la tête d’une belle propriété qui longe la frange méridionale des possessions
du pèlerin juste avant Roselaygues188. Et celle-ci va grossir en 961 grâce à la donation
de l’alleu de Nogarède/Pantagnac que fit Bebo189 à Guitard et Ictier, ce dernier étant
sans doute le fils d’Isarn et, rappelons-le, le père de Raymond du Bousquet qu’évoque
le Livre des miracles de sainte Foy. Plus tard, on retrouve des Guitard dans des listes de
témoins : en 1063/1102, dans la donation que fit Bernard del Bousquet dans le secteur
d’Escatalens190 ; en 1101, lors de l’accord entre l’abbé de Moissac et Gauzbert à propos
des églises d’Escatalens et de Roganag191. Mais c’est aussi un Guitard qui appose son
seing, vers l’an mil, à la donation que fait Bernard, l’ancêtre des Gandalou – Tolvieu –
Cos, pour l’âme de ses deux épouses défuntes Ailes et Adalaïz192. Enfin, vers la même
188
RH 12a et 12b (954).
RH 19 (961). Voir pièce justificative.
190
RH 168 (1063/1102).
191
RH 162 (1101).
192
CST, fol. 78 v° (996/1031).
189
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
date, on les retrouve dans l’entourage des Odalric de Corbarieu193. Ces actes et d’autres
montrent qu’au final, dans la seconde moitié du Xe siècle et au-delà de l’an mil, cette
lignée a côtoyé l’élite de l’aristocratie locale.
Lorsqu’on retrouve les Guitard, en pleine lumière, dans la seconde moitié du
XIIe siècle, ils font plutôt pâle figure. Ils apparaissent comme de « simples »
propriétaires terriens et semblent vivre sur la terre éponyme – Guitardenca – à l’est de
la grange cistercienne de Lassale, à moins de deux kilomètres au sud de Montech194.
S’ils ont peut-être possédé une maison dans ce castrum, il est certain en revanche que
l’un des leurs fit le choix de s’établir dans celui de Finhan dont il prend le nom au plus
tard en 1174195.
Au cours des années 1180, on les découvre vassaux de l’abbaye Saint-Pierre de
Moissac pour des biens situés à Escatalens ainsi qu’à Pantagnac. Ils le furent très
certainement de Grandselve196. Vassaux d’abbés, les Guitard semblent à l’écart des
fidélités aristocratiques laïques. Guitard et Homenel de Montech naviguent dans les
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
mêmes eaux et cependant, ils n’appartiennent pas au(x) même(s) réseau(x). Les deux
lignées sont bien documentées – soixante dix actes chacun – mais seuls sept actes les
réunissent dans les listes de témoins, systématiquement d’ailleurs avec ce Raymond
Homenel, époux de Geralda, ou son fils homonyme. Et le constat de cette « distance »
malgré le voisinage des familles se retrouve lorsque l’on change d’échelle. A
l’exception des Bretes qui les rapprochent, Guitard et Homenel occupent des sphères
radicalement différentes. Et au sein de la relative abondance documentaire, aucune
famille châtelaine ne semble avoir la faveur des Guitard.
Alors qu’ils sont très tôt en contact avec des hommes qui se rendent à Rome ou
à Jérusalem, pas la moindre trace de ce type d’engagement ne s’observe chez les
Guitard. Les deux seules conversions qui nous soient données de connaître achèvent de
les placer dans la strate inférieure de l’aristocratie même si les actes proposent des
exemples de convers issus de la haute aristocratie locale, tel Bertrand de Rocafort197.
193
CST, fol. 53 v° (998/1031).
Mireille MOUSNIER, L’abbaye cistercienne de Grandselve et sa place dans
l’économie et la sociétés méridionales (XIIe-XIVe siècles), Toulouse, CNRS-Université de
Toulouse Le Mirail, 2006, p.190 : un acte de 1173 (CG, fol. 44 v°) permet de localiser
précisément cette terre qui se trouve au nord des Albaredes, et non au sud.
195
CG, fol. 47 v° (1174).
196
CG, fol. 67 (1178).
197
Ce dernier apparaît comme convers entre 1164 et 1170 dans les actes de Grandselve.
CG, fol. 22 (1164) ; CG, fol. 37 v° (1170).
194
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Géraud Guitard, célibataire, devient frère convers à Grandselve avant 1172198. Il reste
visiblement à Lassale et travaille les terres de cette grange qui encerclent chaque année
toujours plus le patrimoine familial, si ce n’est le grignotent. Son frère Guillaume, qui
ne semble pas avoir eu d’enfant de son union avec Bermunda (de Lassale) ne rejoint
Géraud qu’à la fin de sa vie, en 1190199.
Pièce justificative
Donation par Bebo de l'alleu de Saint-Marie de Nogarède ou de Pantagnac.
RH 19 (961, mars, mercredi) – original
Mention dorsale contemporaine:
SANCTAE MARIAE DE NOGAREDDA
& DE PANTANGNAG
Multum declarat lex et auctoritas romana, sive Salicorum vel Gotorum, ut
unusquisque homo de res suas proprias cedere vel condonare voluerit, licenciam et
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
arbitrium abeat ad faciendum quicquid voluerit. Propter hoc igitur, ego in Dei nomine
BEBO facio cartam cessionis vel condonacionis ad alicos omines, scilicet nominibus
ICTARIO et GVITARDO, de illo alode quam abui in terminio de Sancta MARIA que vocatur
NOGAREDDA sive in PANTANGNAG, ipsum alode qui michi evenit per succesionem
parentorum meorum, per genitorem meum RAINALDVM, sive per genitricem meam
BELEDRVT et per sororem meam Trugards, et quantum in istos aros vel in istos terminos
abeo, totum et ab integro, questum vel ad inquirendum, totum et ab integro, terras et
vineas, casas, casulis, curte mea dominicata, aquis aquarum vel decursus Garronicis,
pomiferis, vel ubi ubi quantum ego visus sum abere, totum et ab integrum vobis dono vel
cedo atque transfundo, eodem jure meo dominico. Trado in vestra potestate, in ea vero
ratione ut dum ego vivo teneam, possideam, et si filium legitimum de matrimonio abuero
ad illum remaneat, et si filium legitimum non abuero neque in usu neque in fundo, et si
mortuus fuerim remaneat ICTARIO et GVITARDO, et si isti mortui fuerint, remaneat sancto
Petro de Musciago.
Est ipsa res in pago Tolosano, in ministerio de Rogonnago, cum stipulacione
subnixa. Facta carta donacione ista mense Marcio, feria IIII, die Mercoris, anno VII
198
199
CG, fol. 40 (1172) et de nombreuses autres mentions jusqu’en 1190.
CG, fol. 96 (1190).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
regnante Lotario rege. Signum Bebone qui cartam firmavit. Signum Dodrit. Signum
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Girolimo. Signum Mancione. Girolamus scripsi. Signum Jetberti. Signum Arodgarie.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Homenel
(de Montech)
Bertrand
Hugues
Homenel
Raymond
1104
Geralda -∞- Raymond
Aldiarda -∞- Raymond
Géraud
Bernard
de Bessens ?
ap. 1149
† av. 1164
Homenel
Raymond
Homenel
1162
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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1104
1153-1169
Raymond Imbert Géraud
Homenel
Homenel
Homenel
1162-1172
1162-1195 1163-1179
Barrau
1149
voir Barrau
de Finhan
1162
Na-∞-1 Bertrand2 -∞-1Guillelma
Homenel
2 fils
1162-†1182
Ermengard -∞- Bertrand
Homenel
1164
1149
de Bretes ?
1184
Géraud
Arnaud
Bertrand
Munda
1171
Bernard
Homenel
1184
1162-1190
1180-1184
templier
1156-1165
Raymond Guillaume
Homenel
Homenel
1162-1174
1162-1175
X
1162
Soixante-seize actes éclairent les Homenel, lignée très horizontale de la petite
aristocratie détentrice de quelques part de dîmes et vivant pour l’essentiel du revenu de
fiefs divers. A l’exception d’un seul acte, daté de 1104200, tous sont concentrés dans la
seconde moitié du XIIe siècle. Et si la majeure part du dossier provient du fonds de
Grandselve – soixante et onze actes – , les Homenel paraissent également à l’occasion
chez la concurrente cistercienne de Belleperche201 mais aussi chez les bénédictins de
200
201
RH 171.
DOAT 90, Belleperche, fol. 39 (1184).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Saint-Théodard202 ou encore de Moissac. Ce sont du reste les archives de cette dernière
abbaye qui fournissent la plus ancienne mention de la famille. En revanche, en raison
sans doute de la disparition des archives des commanderies de ce secteur et alors que
l’un des fils de la maison, Bertrand, se convertit chez les templiers203, aucun acte en
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provenance de cet ordre militaire ne vient éclairer ce portrait de famille.
202
203
CST, fol.5 [1151-1154] ; fol. 119 [1151-1154] ; fol.133 v° [1149].
CG, fol. 87 v°, 1182.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Néanmoins, leur présence dans les fonds des grands établissements n’en fait pas
pour autant des puissants ni des « dévôts ». Leur horizon particulièrement réduit en
témoigne de façon presque cruelle. Les Homenel s’insèrent dans des réseaux très
locaux – Rocafort, Agre, Finhan, Barrau (de Finhan) ou encore Bretes – qui ne semblent
pas s’étendre au delà de cinq kilomètres de Montech, le castrum où ses représentants ont
élu domicile comme d’autres aristocrates. En revanche, s’ils sont volontiers témoins de
nombreuses transactions, eux-mêmes apparaissent de manière régulière mais resserrée
dans le temps comme acteurs principaux d’un acte. A treize reprises, de 1149 à 1174204,
ils abandonnent des parts de leurs droits dans un espace allant depuis l’enceinte du bourg
monastique de Montauriol qui vient de se vider au profit de Montauban à l’est jusqu’au
secteur compris entre la Save et la rive gauche de la Garonne à l’ouest. A vrai dire, le
patrimoine « purement » familial ne s’écarte jamais de Montech ! Les biens outreGaronne, situés dans la boucle du fleuve qui bientôt accueillera Grenade, ou dans la zone
très proche, ne se laissent entrevoir que dans la seule branche issue du couple Raymond /
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Geralda. Les jeunes plants de vigne à Gojac, ou encore diverses rentes sur des mises en
gage et des fiefs dans l’honor de L’Herm mais aussi de Toalha205 ont certainement été
apportés dans la dot de cette dernière qui appartient vraisemblablement à un rameau des
Bessens206. Quant aux casaux qu’ils détiennent à Montauriol, le fait qu’ils soient assez
« facilement » abandonnés à l’abbé Amiel m’incite à penser – mais il ne s’agit que d’une
hypothèse – qu’ils proviennent, eux aussi, d’une dot qui est ensuite transmise à Aldiarda
lors de son mariage avec Raymond Barrau de Finhan207. Après cette date de 1174, si l’un
des membres de la lignée se présente de nouveau comme acteur principal, c’est
uniquement pour confirmer ce qui a déjà, par un père, un frère ou un époux, été cédé.
Au cours de ce quart de siècle de legs pieux ou de diverses transactions, la prise
d’habit ne semble pas correspondre à une forme de piété intégrée chez les Homenel. La
proximité de la grange de Lassale aurait pu attirer un ou plusieurs membres comme
204
CST, fol.133 v° [1149] ; CG, fol. 112 (1162) ; CG, fol. 112 v° (1162) ; CG, fol. 121
(1164) ; CG, fol. 18 v° (1164) ; etc.
205
CG, fol. 112 (1162) ; CG, fol. 113 (1162) ; CG, fol. 141 (1172).
206
Ce ne sont pas moins de neuf actes qui mettent en scène, conjointement, Pierre de
Bessens et Raymond Homenel, mari de Geralda, dans des transactions qui concernent toutes la
grange cistercienne de Vieilaigue, outre-Garonne, pour des biens que l’un ou l’autre contrôle.
CG, fol. 110 v° (1162) ; CG, fol. 111 v° (1162) ; CG, fol. 112 (1162) ; CG, fol. 113 (1162) ;
CG, fol. 118 (1164) ; etc. Aucun autre acte citant Raymond Homenel, lorsqu’il n’intervient pas
dans ce secteur, ne mentionne Pierre de Bessens. On peut donc supposer, avec toutes les
réserves nécessaires, que Geralda est une fille, ou une sœur, de Pierre de Bessens.
207
CST, fol.133 v° [1149].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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moines ou convers mais rien de tout cela ne se laisse observer. Un Imbert Homenel,
véritable familier de la grange, célibataire sans enfant, ne songe pas apparemment à se
convertir mais il est vrai qu’on ne peut le suivre que jusqu’en 1195, année des derniers
actes enregistrés dans le cartulaire. Quoiqu’il en soit, la seule référence explicite à une
prise d’habit est celle de Bertrand Homenel chez les templiers, sans doute peu avant
1180.
Peu après 1149, alors que les Homenel refont surface, trois membres de la fratrie
– Bertrand, Bernard Raymond et Aldiarda et son époux Raymond Barrau –
n’apparaissent pas sous un jour qui leur est favorable. Ils sont en effet sommés par le
nouvel abbé de Montauriol, Amiel, de verser les cent sous d’acapte qu’ils lui doivent
pour une terre plantée d’arbres située aux abords immédiats de l’enceinte monastique et
de la nouvelle cité comtale de Montauban. Dans l’incapacité de s’acquitter de cette
somme, un accord est alors conclu entre l’abbé et le seul couple. Les deux frères
d’Aldiarda semblent n’avoir en fait que peu de prise dans cette affaire, d’où l’hypothèse
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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de la dot évoquée plus haut. Le mari et la femme abandonnent tous les casaux qu’ils
possèdent entre la terre contestée et le monastère en échange d’un allégement du
prélèvement, opération évidemment nettement plus favorable à Saint-Théodard208.
D’emblée donc, les Homenel sont dans la gêne.
Au début des années 1170, on voit des parts de dîmes à prélever dans les
dîmaires de Montech et de Saint-Sulpice être échangées entre divers protagonistes dont
l’abbé de Grandselve et le dominus Bertrand de Saint-Nauphary. Ces actes témoignent
bien de cet émiettement de la rente seigneuriale et du jeu des inféodations en cascade
que permettaient en particulier les dîmes. Bertrand de Saint-Nauphary en détient
assurément plusieurs parts dans les deux dîmaires évoqués qu’il attribue à des membres
de la lignée. En ont ainsi bénéficié Raymond Homenel, le mari de Geralda, ainsi que
chacun de ses trois fils après le décès de leur père209, mais aussi Géraud Homenel, frère
de Raymond, qui, pour sa part, réinféode les rentes à Raymond Guillaume de Montech
avant que son fils, Guillaume Homenel, n’y renonce en faveur de l’abbaye
cistercienne210. Des moitiés de part circulent : on récupère ce que les cousins ont fini par
céder à l’abbé mais Bertrand de Saint-Nauphary garde toujours un œil sur les transferts.
La fratrie toute entière a dû appartenir à la clientèle de ce dominus : Bertrand Homenel,
208
CST, fol.133 v° [1149].
CG, fol. 37 (1169) ; CG, fol. 41 (1172) ; CG, fol. 41 v° (1172).
210
CG, fol. 39 (1171).
209
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
qui n’a pas encore été cité, mari d’Ermengard, cède le même jour de décembre que son
senior les revenus qu’il tire du terroir de Tygalter, situé à moins de deux kilomètres à
l’ouest de Montech, et particulièrement convoité par les différents établissements
religieux211.
Mais les Homenel, comme la plupart des autres aristocrates, ne limitent pas leur
fidélité à un seul seigneur. Leurs véritables « protecteurs » sont assurément à rechercher
dans trois familles dans l’entourage desquelles ils se rencontrent très régulièrement : les
Rocafort de Lacourt-Saint-Pierre, ou encore les d’Agre qui ne se laissent pas cerner, ou
enfin les Bretes. La puissance de ces derniers – certes toute relative – est enviable
pendant un quart de siècle du fait de leurs alliances multiples avec les Tolvieu, dont l’un
des membres, l’abbé Amiel de Saint-Théodard, a fait mettre au pas le jeune comte de
Toulouse Raymond V en mai 1149 grâce à un allié de taille, le vicomte Trencavel212.
S’insérer dans ce groupe, auquel appartient aussi la lignée Rocafort, c’est à ce moment
prendre position contre les Raymondins. Les Homenel n’hésitent cependant pas à sauter
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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le pas : l’un des leurs, Bertrand, épouse avant 1165 en secondes noces Guillelma (de
Bretes), petite-nièce de l’abbé Amiel213. En revanche, les Homenel ne côtoient que très
peu la domina Sasneus et les Campsas.
Voici encore une famille de « garçons » : si dix-sept mâles sont connus au cours
de la seconde moitié du XIIe siècle, seules Aldiarda et Munda seraient des filles de la
maison ! Mais ce n’est pas sur ce point que les Homenel font preuve d’originalité. En
revanche, ils offrent l’intérêt de présenter un exemple de stratégie de contrôle de la
nuptialité et certainement aussi de la natalité. Alors que les trois fils du couple Raymond
Homenel – Geralda sont connus par plusieurs dizaines d’actes et que l’un d’entre eux,
Imbert, a une longévité remarquable, nous ne connaissons qu’un fils à Raymond, celui
qui pourrait être l’aîné de la fratrie. Même constat pour les trois fils de Géraud Homenel
où seul Bertrand se marie, à deux reprises, alors que là encore, ses deux frères Raymond
et Guillaume n’ont pas d’enfants connus malgré une présence fréquente dans les
211
CG, fol. 20 (1164) : deux actes. Les confronts qu’indiquent Bertrand de SaintNauphary mentionnent Saint-Pierre de Moissac, Ste-Foy (de Conques) et Saint-Pierre et SaintGéraud (d’Aurillac).
212
Didier PANFILI, « Alliances et réseaux aristocratiques dans la Grande Guerre
méridionale : la création de Montauban et l’élection d’Amiel (1149-1177), abbé de SaintThéodard », dans op. cit..
213
Cette dernière, devenue veuve en 1182, s’unit à Géraud d’Agre. DOAT 90,
Belleperche, fol. 39 (1184)
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
cartulaires et une particularité des membres de cette famille, celle de témoigner avec ses
fils.
Un constat s’impose : l’étroite envergure de cette famille de la petite aristocratie
pousse ses membres à recourir à des stratégies d’évitement : limitation de la nuptialité,
arrêt des donations, récupération de fiefs, conversion pour l’un des rares descendants
mâles. On a vu que dès 1149, la fratrie a des soucis de rentrées de numéraires l’obligeant
à « brader » des casaux dans un espace sur le moment en perte de vitesse mais qui va
bien vite redevenir particulièrement dynamique et donc lucratif, à savoir le faubourg
oriental de Montauban.
Pièce justificative
CST, fol.133 v° [1149]
Sciendum est quod domnus Amelius, abbas Sci Theo., interdixit viridarium
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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Poncii Sci Theo. Bertranno Homenel et Bernardo Ramundi, fratri suo, et Ramundo
Barrau, qui habebat in uxorem Aldiardz, sororem ipsorum, eo quod non reddebatur C
solidi domino abbati quos illi debebant d’acapte. Ipsi vero hanc concordiam cum
supradicto abbate fecerunt, voluntate et mendato ipsius. Concordia vero talis est : quod
domnus abbas retinuit in supradicto viridario V solidos de reiracapte et suum alium
servicium. Et insuper Ramundus Barrau et uxor sua Aldiardis pro hac concordia
dederunt et absolverunt omnes casales supradicto abbati et suis successoribus, quos
habebant inter monasterium et viridarium Ramundi Bernardi, quos casales de ipso
abbate tenebant, quos casales Bernardus Ugo et Deza, soror sua, dederunt et
absolverunt Domino Deo et Sco Theo. et Amelio, abbati. Hec concordia facta est in
mercato Montis-albani, videntibus his : Petro Girberti, monacho, Petro de La Garriga,
Poncius Barrau. Ugo scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Bovilar
Amalvin
Raymond
test. Raymond 1er 961
969
Seidonia
Vital
domina de St-Rustice
1073
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1073
Hugues Jatbert
Bernard
Amalvin -∞- Na
de Malle
1073
1073-1107
1107
1073
Willelma -∞- Amalvin
1155-1165
de Bovilar
Vital
1139
1119/25-1139
Bocque
Boquet
de Vacquiers
de Vacquiers
1173-1178
Guillelma -∞- Amalvin
1155-1177
Guillaume Beg -∞- Ricsen
de Bovilar
1149-1170
1149- † 1170
1177-1178
Guillaume
Bâtard
1170-1177-† av. mai 1184
1184
Amalvin
donat
1184
Bernard
de Malle
1170
Genser -∞- Raymond Guillaume
1170-1184
1155-1165
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Rien ne prouve que cet Amalvin qui bénéficie – avec son frère Raymond – d’un
legs du comte Raymond « de Rouergue » en 961214 soit bien un ancêtre des Amalvin
suivants ; seule l’extrême rareté de l’anthroponyme ainsi que la proximité géographique
des biens que contrôlent la domina Seidonia et ses trois fils permettent de proposer cette
hypothèse, mais le fil est très ténu215. C’est encore grâce à un Bernard de Malle que l’on
peut également faire le lien entre la domina Seidonia et Genser, la fille qu’Amalvin de
Bovilar marie en 1170 à Raymond Guillaume. Quoiqu’il en soit, chez les Bovilar,
Amalvin est incontestablement l’anthroponyme marqueur.
Des familiers du comte du Xe siècle au jeune donat de l’extrême fin du XIIe
siècle en passant par cette domina qui tient en fief l’église de Villematier d’At Inard de
Villemur216, on saisit les effets des partages successoraux sur des aristocrates dont
l’essentiel du pouvoir réside dans l’unique possession de terres. Deux actes du cartulaire
de Saint-Sernin nous montrent la forte pulvérisation de leur patrimoine en une mosaïque
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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de parcelles de petite taille à Vilaigon217. A vrai dire, on ne sait si ces parcelles vendues
– sans doute juste après le décès de la mère d’Amalvin et de son frère Guillaume Beg en
1165 – constituent des anomalies ou au contraire la norme au sein de leurs biens. Après
cette date, on peut suivre les deux frères durant cinq ans encore, mais c’est toujours
séparément qu’ils agissent : Amalvin vers le sud en direction de Castillon et Guillaume
vers Saint-Sauveur au nord. Leur horizon s’amenuise à mesure que le patrimoine
s’étiole. Et si encore en 1159, Amalvin est dans l’entourage d’aristocrates à l’envergure
un peu plus relevée que la sienne, tels les Cabaldos218, tout son environnement social se
situe dans un rayon qui dépasse rarement les cinq kilomètres.
Dans cette famille, les femmes occupent le devant de la scène à plus d’une
reprise. La domina Seidonia initie la marche. Il est vrai que la viduité les propulse à
cette place : en 1073, Seidonia est très certainement veuve, tout comme Willelma
pendant au moins dix ans. Guillelma (de Vacquiers) reste à son tour seule à partir de
1170 et sa fille Genser perd son mari quatorze ans après leur union. Mais au-delà de
214
HGL, V, col. 240-250 : il s’agit de trois alleux – Le Pouget, Génébières, Balencios –
situés au Sud de la Tulmonenc, à moins de cinq kilomètres de l’église de Malle ou Mallag.
215
Le second fils de Seidonia se nomme Bernard de Malle, ce qui nous renvoie au legs
de 961.
216
RH 86 (1073).
217
CSS 406 (1165) et CSS 407 (1165).
218
CG, fol. 165 v° (1159).
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
cette viduité pour ainsi dire structurelle, les femmes participent activement à la gestion
des biens de la famille et sont associées de manière quasi systématique aux décisions.
Les ventes de 1165 évoquées plus haut font intervenir les épouses des deux frères ; elles
donnent leur accord. Surtout, dots et douaires atteignent un niveau qui révèle le sort
qu’on entend réserver à ces dominae. Ainsi, on apprend par Guillelma qui prend l’habit,
que son époux Amalvin, décédé, lui avait constitué un douaire de cinq cents sous de
rentes sur les terres de Bovilar219. Sept ans auparavant, lorsque le couple définit la dot
de leur fille Genser, il lui accorde le tiers de tous les biens220.
La captation d’héritage prend parfois des tournures sordides. Genser est mariée à
Raymond Guillaume en 1170. Leur fils Amalvin a forcément moins de quatorze ans
lorsque son père meurt en mai 1184. Son oncle, Guillaume Bâtard, en fait un donat à
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Saint-Sernin221 et n’a plus qu’à attendre le décès de sa sœur ou son entrée au couvent.
Pièces justificatives
1.- Donation par At Inart de l'église Saint-Pierre de Villematier que tient des mains de
lui la domina de Saint-Rustice nommée Seidonia et ses fils Hugues Jadbert, Bernard de
Malle et Amalvin.
RH 86 (1073)
Notum sit omnibus hominibus, qualiter Atto Inardus cum consilio filiorum
suorum Willelmi et Bertranni, et cum consilio nepotum suorum Willelmi Poncii et
Raimundi Willelmi, dedit Domino Deo et sancto Petro apostolo in loco Cluniaco et
Moysiaco, Hunaldo abbati et omnibus abbatibus et monachis, tam futuris quam
præsentibus, ecclesiam in honore beati Petri fundatam, ubi dicitur Villa Materii, in
Tholosano episcopatu sitam, hanc itaque ecclesiam quam tenebat illa domina de Sancto
Rustico quæ dicta est Seidonia, et filii ejus per manum ipsius Attonis, et omnes
ecclesiasticas res ad ipsam jure pertinentes, excepto medietatem decimi, sive alias
terras quas ibi habebat ipsa domina et filii ejus Ugo Iadgerius, Bernardus de Mallag, et
219
CSS 694 (1177).
DOUAIS, appendice II, n° 45 (1170). Voir pièces justificatives.
221
DOUAIS, appendice II, n° 26 (1184).
220
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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Amalvinus, absque medietate illius condaminæ quæ dicitur de illa Nauda, totum et ab
integro, ita dederunt sancto Petro omnem vero decimum quod infra cruces colligitur
sancto Petro, omnes in commune dederunt.
In eadem etiam villa dederunt similiter ipse Attomardus et filii et nepotes ejus
supra nominati, Oddo quoque Pontenarius, et Benedictus frater ejus, illas terras ubi
dicitur Dartinnol, et de illa Vaur, et habent fines circa se ab ipsa ecclesia usque ad
crucem superiorem, et de illo rivo de Saiva usque in ipsam Naudam, totum ab integro
sancto Petro in Moisiaco monasterio et habitatoribus ejus in perpetuum alodum, et
habuerunt ipsi Benedictus et Oddo frater ejus, et uxores, et filii eorum quadraginta
solidos a Poncio Amelio monacho, qui ipsum honorem adquisivit, et ita donare et
firmare fecit, et quidam homo Vitalis nomine pro parte sua quam laboraverat infra
terminos ipsius honoris, habuit similiter decem solidos ab ipso Poncio Amelio, similiter
Gairaldus de Porto pro parte sua habuit septem solidos. Sed et ipse Atto dedit
medietatem de omni tasca de illa terra quam habebat ultra rivum de Savia. Hæc omnia
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
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ita dederunt et firmaverunt omnes suprascripti et denominati beato Petro in loco
Moysiaco, et habitatoribus ejus ut habeant, teneant, et possideant in perpetuum alodum
quandiu coelum iminet terræ.
Facta donatio sive descriptio ista auctoritate et consilio dompni Isarni
Tholosani pontificis, anno Dominicæ Incarnationis millesimo octuagesimo tertio,
Alexandro Papa Romanam Ecclesiam regente, Philippo Francorum rege regnante.
Sig + num Attonis Inardi, qui hæc omnia taliter donavit, et alii omnibus donare
fecit, et habuit ipse viginti solidos ab ipso Poncio modo. Sig + num Willelmi Attonis. Sig
+ num Bertranni fratris sui. Sig + num Poncii Guillelmi. Sig + num Reimundi Willelmi.
Sig + num Seidoniæ suprascriptæ, et filiorum ejus. Signum Ugonis Iadgerii. Signum
Bernardi de Mallag. Sig + num Amalvini. Sig + num Oddonis Pontenarii et Benedicti
fratris ejus.
2.- Amalvin de Bovilar et son frère Guillaume Beg, en accord avec leurs épouses
Willelma et Ricsen, vendent à l’abbé et aux chanoines de Saint-Sernin diverses
parcelles de terre, de vigne et de bois à Vilaigon.
CSS 407 (1165)
DE TERRA QUAM AMALVINUS DE BOVILAR ET WILLELMUS BEGO
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
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VENDIDERUNT UGONI ABBATI
Sciendum est quod Amalvinus de Bovilar et Willelmus Beg ejus frater, et eorum
uxores Willelma et Ricsens, vendiderunt Ugoni abbati Sancti Satumini et ejus
successoribus, et canonicis Sancti Satumini presentibus et futuris : terram dei Segalar,
que tenet de via que vadit ad Poibonio usque ad rivum de Poi Auriol et de terra ipsius
Amalvini et Willelmi Beg usque ad terram que fuit Petri Domerg. Vendiderunt etiam eis
terram que fuit Raimundi de Fontanas, et tenet de via que vadit ad Poibonio usque ad
rivum de Poi Auriol et usque ad terram que fuit Petri Domerg. Vendiderunt etiam eis
terram de Poi Auriol, que tenet de rivo de Poi Auriol usque ad terram que fuit dels
Domergencs, et tenet de vinea de Baragno usque ad malolem qui fuit Arnaldi Beg et
usque ad terram que fuit de las Armitanas que est Willelmi Manenti. Vendiderunt etiam
eis terram de campo Redon que tenet del batud ipsius Amalvini usque ad batud Willelmi
Manenti et de via carrugeira usque ad terram Amaldi de Garanaga et Poncii ejus
fratris. Vendiderunt etiam eis terram de la Costa que tenet de rivo de Poi Auriol usque
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
ad batudum Willelmi Manenti et de terra ipsius Amalvini et Willelmi Beg usque ad
terram Willelmi Manenti et Ugonis Sicfredi. Vendiderunt etiam eis quintum cum
omnibus dominationibus de malole qui fuit Amaldi Beg, et tenet de rivo de Poi Auriol
usque ad terram ipsius Ugonis abbatis. Vendiderunt etiam eis medium aripentum vinee
que fuit d'En Azagad, et tenet de malole Willelmi Manenti, qui fuit de las Armitanas,
usque ad malolem Willelmi de la Font. Vendiderunt etiam eis terram que fuit Martini de
Canta cugula francament, que tenet dei batud Willelmi Manenti usque ad terram
Bemardi Baragno. Vendiderunt etiam eis .II°. aripenta de bosco cum terra ubi sunt
juxta vinealem qui fuit Poncii Mosca roja. Vendiderunt etiam eis terram del Morovez,
que tenet de terris Petri Vitalis usque ad terram Willelmi Manenti, que fuit de las
Armitanas, et de rivo de Poi Auriol usque ad terram Raimundi Sancti Ilarii et usque ad
terram Bemardi Baragno. Omnes predictas venditiones fecerunt Amalvinus et
Willelmus Beg ejus frater, consilio et autreiamento uxorum suarum predictarum, Ugoni
predicto abbati et suis successoribus, et canonicis Sancti Satumini presentibus et
futuris. Et Amalvinus et ejus frater Willelmus Beg debent inde facere garentiam de
omnibus amparatoribus predicto abbati et ejus successoribus, et canonicis Sancti
Satumini. Facta carta mense marcio, feria .VI., regnante Lodoico Francorum rege,
Raimundo Tolosano comite, Geraldo episcopo, anno ab Incarnatione Domini
.Mo.C.LX.IIIIo.. Hujus rei sunt testes : Poncius de Soreda, Raimundus Willelmus,
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
canonici ; Bemardus Petri de Cozas, Petrus Capellanus de Castel Genest, Willelmus
Escolanus, et Raimundus qui scripsit.
3.- Amalvin de Bovilar et son épouse Willelma cède un tiers de leur honor à leur fille
Genser à l’occasion de son mariage avec Raymond Guillaume. Parmi les témoins,
Bernard de Malle
DOUAIS, appendice II, n° 45 (1170), février
Sciendum est quod Amalvinus de Bo Vilar et Willelma, uxor eius, sua propria
voluntate dederunt filiam suam, nomine Genser, Raimundo Willelmi in uxorem ; et cum
predicta filia dederunt illi terciam partem omni pecunie illorum et honoris. Post mortem
Amalvini de Bo Vilar et Willelme, uxori eius, debet habere predictus Raimundus
Willelmi suam frairescam in totum honorem predicti Amalvini et predicte Willelme,
uxori eius, tam in cultum quam in heremum, tam in hominibus quam in feminis, tam in
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
impignoratum quam in deliberum ; in totum suprascriptum honorem sicut melius illum
tenent et possident predictus Amalvinus de Bo Vilar et uxor eius predicta, debet habere
predictus Raimundus Willelmi totam suam frairescam. Domum autem de Bo Vilar in
qua manent Amalvinus et predicta uxor eius debent habere et tenere in vita sua. Post
mortem Amalvini et uxori eius predicte debet reverti predicta domus in frairescam.
Hoc totum fuit factum in manu Ugonis, abbatis Sancti Saturnini, qui hoc laudavit et
auctorizavit predicto Raimundo Willelmi et predicte uxori eius, quantum ad se pertinet,
retentis ibi suos census et dominationibus.
Factum est hoc in mense februario, feria VII., regnante Lodovico Francorum
rege, Raimundo Tolosano comite, nullo episcopo in Tolosano episcopatu residente,
anno ab incarnatione Domini M°.C°.LXX°.
Omnem autem honorem, ubicumque sit, tam cultum quam incultum, quem
predicte Willelma habet et tenet ex parte patris vel parte matris sue, totum ab integro
retinet in vita sua. Post mortem vero predicte Willelme, revertatur predictus honor in
frairescam similiter, ut alius honor. Huius doni suprascripti sunt testes Bernardus de
Malag, et Willelmus Maior, Arnaldus Willelmi de Freneras, et Raimundus Willelmi,
canonicus, et Petrus de Mote qui scripsit.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Bruguières
Etienne
de Bruguières
v. 1010-1020
Na -∞-1 ? Guillaume ?2-∞- Na
de Bruguières
1078/1081
Charles -∞- Na
de Bruguières
Pierre Guill. Bernard Guill.
de Bruguières
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
1078/1081
1110/13-1121
excommunié
1110/13-1123 (1146)
Raymond Charles
1123
Guillaume
de Bruguières
Saurina -∞- Pierre
1128/39
1135/42-1168
Guillaume -∞- Sibilia
de CASTELNAU
Pons = ? Pons Bérenger -∞- Flandina
1110/13-1141
Géraud
de Bruguières
Pierre
1121
1121-1163
Pons Guillaume
1174-1183
1180
de BESSENS
1107/1117
(de VALSEGUR)
1107/1117
Bernard
Pons
de Bruguières
1121
1121-† ca 1163
1146-1174
Pons
de Bruguières
1
1163-1166
sp
Maria -∞- Guillaume Unaud
1164-† ca 1174
de MALSAMONT
1164-1185
Tolset
de Bruguières
Pons
de Bruguières
1178
1171-1185
Saurina
1174
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Dès qu’on les perçoit, les Bruguières se situent dans l’orbite comtale. Ils sont
présents lors de la cession par l’abbé séculier Mir de l’église Saint-André que confirme
plus tard le comte Pons222. Mais ce n’est que bien plus tard qu’on retrouve plusieurs
membres de la famille dans des actes comtaux de 1123223 et 1141224 et l’un des leurs,
Guillaume de Bruguières, est mentionné pendant plus d’une décennie – de 1141 à 1152
– , dans des listes qui précèdent celles des consuls de Toulouse225, faisant
indéniablement de lui un aristocrate au service du comte.
Chez les Bruguières, oncles et neveux vont souvent de paire. Il est assez
intéressant de constater qu’à deux reprises, des couples de ce type sont témoins d’un
acte comtal. En 1123, Bernard Guillaume de Bruguières et son neveu Raymond Charles
se suivent dans l’énumération des aristocrates qui assistent à l’acte de cession d’un four
par Alphonse Jourdain226. En 1141, Pierre Guillaume, le frère de Bernard Guillaume,
précède le fils de ce dernier, Guillaume de Bruguières, dans la liste des témoins de
l’acte par lequel Alphonse Jourdain cède aux habitants de Toulouse et de la périphérie
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
le droit de vendre leur vin sans payer d’usaticum227.
Leurs alliances connues les situent plutôt dans la frange légèrement supérieure
de la moyenne : Bessens ou Castelnau épousent des filles de cette famille. Un acte de
1121 montre déjà Pierre de Bessens dans l’entourage des Bruguières mais il est à cette
date marié à une fille de Bernard Bord228. On le retrouve en compagnie de sa nouvelle
épouse, Saurina, en 1128-1139 à Grandselve229. Par ailleurs, cette lignée présente un
intérêt certain pour l’étude des modes de transmission des noms. En épousant Maria (de
Bruguières), Guillaume Unaud de Malsamont fait incontestablement un mariage
hypergamique. La domina entend témoigner de la supériorité de son sang en montrant
son attachement au surnom toponymique : les deux enfants du couple portent des noms
issus de la lignée de Maria : leur fils reçoit en totalité le nom de son oncle, Pons de
222
RH 40 [vers 1010-1020]. La confirmation par le comte Pons, datée de 1045, est
copiée à la suite de cet acte.
223
CSS 549 [après 1123]. On sait que Gérard Pradalier vient de mettre en doute
l’authenticité de cet acte.
224
CSS 143 (1141).
225
Roger LIMOUZIN-LAMOTHE, La commune de Toulouse et les sources de son histoire
(1120-1249), Toulouse-Paris, Privat-Didier, 1932, p. 243-244 ; listes de 1141, 1147 et 1152.
226
CSS 549 [après 1123]. On sait que Gérard Pradalier vient de mettre en doute
l’authenticité de cet acte. « La fondation de l’Hôpital Saint-Raimond de Toulouse : une remise
en question », Annales du Midi, 2007, p. 227-236.
227
CSS 143 (1141).
228
CSS 77 (1121). Voir pièce justificative.
229
CG, fol. 105 v° [1128-1139].
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Bruguières, et leur fille, Saurina, porte un nom qui semble particulièrement apprécié
dans cette famille.
Les Bruguières possèdent des biens de part et d’autre de la Garonne. Les dîmes
qu’ils prélèvent à Vieilaigue230 et sur l’île de Bagnols231 leur permettent d’intervenir à
de nombreuses reprises dans ces deux granges cisterciennes et de recevoir plusieurs
centaines de sous des moines blancs, en plus évidemment de la participation aux
bénéfices spirituels et de la possibilité qui leur est offerte à plusieurs reprises de prendre
l’habit à Grandselve. Surtout, ils ont obtenu que des biens leur soient cédés en gage,
notamment sur le terroir de la Voulte, en Gascogne toulousaine, le long de la Save où ils
acquièrent d’autres droits plus au sud232. Cette politique très foncière est celle que l’on
peut déceler à partir de 1130.
Auparavant, leurs interventions les associent à la détention d’églises et de dîmes.
On a eu l’occasion de montrer l’intérêt économique majeur des églises dans les revenus
de ces aristocrates quercinois et toulousains. Visiblement, Pons de Bruguières est très
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
gourmand. Avec Bertrand de Villemur, Bonet de Saint-Théodard et Isarn de Saint-Paul,
il usurpe les revenus de trente deux églises dont la plupart se situent autour de
Bruguières. Une première excommunication en 1110 ne change rien à l’affaire et il faut
une nouvelle excommunication et l’interdit sur toutes les églises usurpées pour
visiblement faire plier notre homme233. On sait toute l’ambiguïté qu’il peut y avoir
derrière cette notion d’usurpation à l’heure de la réforme dite grégorienne. Quoiqu’il en
soit, en 1121, il détient encore, avec ses fils, trois de ces églises : Bessens, Grisolles, et
Aquita Vila auxquelles il faut ajouter les dîmes qu’il perçoit sur Saint-Sernin 234!
Pièces justificatives
1.- Pons de Bruguières et ses fils Pierre et Pons, Bernard Bord et son gendre Pierre de
Bessens abandonnent aux chanoines de Saint-Sernin de Toulouse, toutes les dîmes
qu'ils ont dans la paroisse de Saint-Sernin, de Grisolles, de Bessens, et enfin, vingt sous
230
Nombreux actes parmi lesquels : CG, fol., 105 v° [1128-1139] ; fol. 117 (1163) ; fol.
122 (1164) ; etc.
231
CG, fol. 128 (1166) ; fol. 146 v° (1174) ; fol. 156 v° (1184) ; etc.
232
CG, fol. 150 v° (1178).
233
CSS 282 [1110] ; CSS 283 [1119]. La carte indique l’ensemble des églises usurpées
qui ne le sont pas toutes au seul profit de Pons de Bruguières. L’acte d’excommunication ne fait
pas le détail.
234
CSS 77 (1121). Voir pièces justificatives.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
de gage à Aquita Vila.
CSS 77 (1121), 12 mai.- Toulouse, in burgo
DE DECIMIS QUAS PONCIUS DE BRUGARIIS SOLVIT IN PARROCHIA DE
ECCLESIOLIS
Notum sit omnibus hanc cartam audientibus quod Pontius de Brugariis et filii
sui Petrus de Brugariis et Pontius de Brugariis, et Bernardus Burdo et Petrus de
Bessencz gener ejus, guerpiverunt et donaverunt Sancto Saturnino de Tolosa et
canonicis suis tam presentibus quam futuris in manu Raimundi, abbatis Sancti
Satumini, totas decimas quas habebant in parrochia Sancti Satumini et illam partem
decimarum quam habebant in parrochia de Eclesiolis. Simili modo dederunt
medietatem eclesie et decimarum de Bessencz et feodum presbiteralem totum et .XX.
solidos quos habebant in pignere in Aquita Vila. Testes hujus rei sunt : Amaldus
Bertrandi de la Volta, Grimardus de Valle secura, Durandus de Alsona, Bertrandus de
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Finia, Montarsinus, Petrus Vitalis, Geraldus Decimarius et alii ; ipsemet Pontius de
Brugariis supra scriptus, qui hoc totum non solum dimisit sed etiam scribere jussit ; et
abbas Raimundus, in cujus manu totum reliquit ; et Arnaldus de Duroforti. Facta carta
in burgo Tolose, feria .V., .IIII. idus madii, luna .XXII., anno ab Incarnatione Domini
.M.C.XXI., regnante rege Lodovico. Stephanus de Sancta Tecla scripsit.
2.- Donation par Pons de Bruguières et sa sœur Saurina de biens pour l’âme de leur
mère.
CG, fol. 146 v° (1174), 1er juillet
Sciendum est quod anno dominicae Incarnationis M°.C°.LXX°.IIII°, regnante
Lodoyco Rege francorum. Ego, Pontius de Brugueriis, et ego Saurina soror eius, bona
fide absque dolo sine omni retinentia, donamus et concedimus domino Deo et beate
Mariae Grandisilvae, et vobis fratribus ejusdem loci presentibus et futuris, pro salute
animae matris nostre, quicquid habemus vel habere debemus quocumque modo in
omnibus terris et honoribus cultis et non cultis quos donavit vobis Willelmus Unaldi de
Malsamont, pater noster, de honore matris nostre, ut libere et quiete habeatis et
possideatis perpetuo jure. Testes sunt Garsias de Sogosvila presbiter, Ugo Gasco,
Arbertus de Affina et Willelmus Ademarus monachi Grandissilvae. Facta carta
kalendas julii.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Auriac de Lanta
Dulcia -∞- Pierre Gros
(de Lanta?)
(1175)
Guill.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Aicelina -∞- Arnaud
deVallesvilles 1150-1179
1150-1197
X ? -∞- Samaudrina
de Lanta
d’Auriac 1140
1126-1144/56
de Vallesvilles
1144-1150
Guillaume Robius
de Lanta
1175
Na -∞-1 Arnaud 2-∞- Flandina
Pierre
de Drémil
(1175)
† 1189
1150
Pierre
d’Auriac
1189-1214
Guill.
1140
Pierre Arnaud
Etienne
de St-Anatoly
1129 1152 (1175)
de Sauded
(1175)
Isarn Guill. Arnaud Pierre-∞- Ricsen
d’Auriac
d’Auriac de St-A. 1139
1150-†1190 1140-1176 1139-1156
1139
de St-A.
1139-1189
1175
Braida -∞- Pierre
Guillaume
Bérenger
1179
de St-Anatoly
1176-1201
1176-1210
1179-1197
de St-A.
1179-1198
Baldovin
(1175)
Abbia -∞- Beg
1175
Bernard Beg
de Vilela
1175
Beg
1175
de Vilela
1175
Guill. pour Guillaume
St-A. pour St-Anatoly
La lignée dont il est question ici est une branche des Auriac installée dans le
castrum de Lanta. Un acte de 1175 laisse entendre que la première épouse d’Arnaud
d’Auriac, mère d’Arnaud et Guillaume d’Auriac, pourrait bien être une Lanta, ce qui
expliquerait peut-être l’implantation de cet homme hors de son castrum d’origine. Dès
1126, Arnaud d’Auriac est dans l’entourage de Guillaume Unaud de Lanta et de son
frère Adémar235. Qu’on soit à Lanta et non à Auriac ne fait aucun doute : il suffit de
localiser les personnages intervenant et les lieux cités pour constater que le
« chartrier »236 n’est pas l’œuvre de celui qui détient le castrum éponyme mais celle
d’un cadet implanté à quinze kilomètres au nord-ouest de la forteresse ancestrale tenue
des Trencavel depuis le début du XIe siècle237.
235
CSS 155 (1129) ; CSS 155 bis (1139) ; CSS 156 (1126) ; CSS 161 (1126) ; CSS
164 [1139] ; CSS 165 [1144-1156].
236
Je le répète, l’édition proposée par Lisa Adamski dans le cadre d’un mémoire de
maîtrise est de grande qualité. Lisa ADAMSKI, Edition d’un chartrier seigneurial de la seconde
moitié du XIIe siècle : Auriac, Puylaurens et Dourgne dans le Trésor des chartes, Mémoire de
maîtrise dactylographié, Université de Toulouse Le Mirail, juin 2004.
237
CT 33 à 37.
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Le petit « chartrier » des Auriac de Lanta offre une sorte de bouffée d’air dans la
masse des actes consultés. Il permet tout d’abord de saisir – partiellement – les
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
préoccupations de ces laïcs à travers la conservation – et donc les choix opérés – de
certains actes. Il présente ensuite une grande cohérence qui témoigne de la force de la
seigneurie foncière dans ces lignées de la petite et moyenne aristocratie. On a déjà eu
l’occasion de montrer le souci que les maîtres de cette terre ont de la gestion de leur
patrimoine foncier sans cesse amélioré par achats, prises en gages, échanges, etc. C’est
particulièrement vrai avec Pierre qui commence à diriger la seigneurie alors que son
père n’est pas mort. Ce dernier teste en 1189 – et non 1199238. On y découvre le poids
du servage qui, sans être très important, n’en est pas pour autant négligeable. Surtout,
on y lit le rôle des mises en gage constantes qui font appel à un réseau de prêteurs mais
aussi de garants. Enfin, le fief est totalement absent dans les relations entre aristocrates.
Bien que les femmes n’y occupent pas une place de choix – et en cela, on voit
bien que l’Eglise n’est pas nécessairement celle qui fait taire les domina – le petit fonds
propose plusieurs exemples de dots et douaires, ce qui est tout à fait exceptionnel. Pour
autant, ce qu’on y découvre est assez misérable. Des dots de deux serfs et des douaires
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
de trois cents sous font bien pâle figure en cette seconde moitié du XIIe siècle239 à côté
de biens des exemples languedociens240. De la même façon, on voit se mettre en place le
principe de la primogéniture avec Pierre d’Auriac mais son cas est très particulier
puisqu’il n’a que deux sœurs connues.
Enfin, qu’il s’agisse des deux Arnaud d’Auriac successifs ou de Pierre d’Auriac,
ces aristocrates sont indéniablement intégrés dans un réseau qui ne semble guère
dépasser les collines de cet espace septentrional du Lauragais. Arnaud, l’aïeul, est happé
par les Lanta et témoigne à leurs côtés dans les donations que Guillaume Unaud réalise.
Mais il est assez symptomatique de constater qu’aucun acte conservé dans un
établissement religieux n’ait gardé le souvenir d’une donation quelconque. Doit-on pour
autant en faire des cathares ? Rien n’est moins sûr.
238
AN, J 321, n° 30 (1189). Edité par Lisa Adamki, n° 48. Il est vrai que l’acte porte la
date suivante MCLXXXXVIIII. Néanmoins, il y est question du re-mariage de Samaudrina qui
est décédée en 1189. Enfin, alors que les actes deviennent nombreux, on ne voit plus intervenir
directement Arnaud d’Auriac après 1190. Certes, il est cité mais dans des phrases du type : « la
terre que mon père tenait d’Arnaud d’Auriac, père de Pierre d’Auriac », ce qui ne permet en rien
de le croire en vie.
239
Voir les pièces justificatives.
240
Cynthia JOHNSON, La face cachée du modèle : dévolutions et disputes dans les
familles de la France méridionale (XIIe siècle), op. cit., voir notamment l’annexe du tome 3,
p.541-558.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Pièces justificatives :
Les deux textes éclairent la dot et le douaire d’une même aristocrate, Aicelina (de
Vallesvilles), épouse d’Arnaud d’Auriac, qui appartient plutôt à la petite aristocratie.
1.- Dot d’Aicelina constituée par son père Pierre de Vallesvilles à l’occasion du mariage
de celle-ci avec Arnaud d’Auriac.
AN, J. 321, n° 3 (1150) – Original
Édité par Lisa ADAMSKI, Edition d’un chartrier seigneurial de la seconde
moitié du XIIe siècle : Auriac, Puylaurens et Dourgne dans le Trésor des
chartes, Mémoire de maîtrise dactylographié, Université de Toulouse Le Mirail,
juin 2004, n° 3, p. 13.
Sciendum est quod Petrus de Baladvila dedit, qando firmavit filiam ejus Aicelina
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
nomine ad Arnaldo de Auriaco, dedit ei ipsum albergum quem debebat facere et ipsam
senuriam Arnaldus Delaier et uxor eius et filii eorum per Bolfadis, qi sunt de la parokia
de Baladvila, et debet desbargare del solidus Petrus iste predictus. Et per istum donum
quod facit Arnaldo de Auriaco, dedit alium albergum emenda filio ejus Guilelmo, ipsum
albergum dels Rogers de Baldavila. Videntes et audientes hujus rei sunt Willelmus
Stephani de Lantar et Willelmus Ato de Montibus. Facta carta in mense junio, sub feria
IIIIa vel XIIII regnante Lodoycho rege Francorum, et Ramundo comite Tolosano, et
Ramundo episcopo, anno Incarnationis Christi MCL. Petrus scripsit.
2.- Douaire d’Aicelina (de Vallesvilles), épouse d’Arnaud d’Auriac depuis 1150.
AN, J. 320, n° 2 [1164 n. st.] – Original
Édité par Lisa ADAMSKI, Edition d’un chartrier seigneurial de la seconde
moitié du XIIe siècle : Auriac, Puylaurens et Dourgne dans le Trésor des
chartes, Mémoire de maîtrise dactylographié, Université de Toulouse Le Mirail,
juin 2004, n° 9, p. 18.
In Domini nomine, ego, Arnaldus de Auriaco, dono tibi sponsa mea Aicelina
nomine, in sposalitio, filios qi fuerunt Ramundi Ugoni del Soler, cum cintas eorum
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
tenentias, et Gilelmum Calvum de Savinaco et fratres suos, cum cuntas eorum
tenencias, et totum hoc quod abeo a La Sera, et Ramundo Bolfadi de Baladvila et
cuntam ejus tenentiam ubique sit, et ipsos CCC solidos tolosanos qos dedi in illam
honorem qe est a Baladvila, et cuntos gadans qam faciam in antea a Baladvila. Totum
istum sposalicium supradictum ego Arnaldus de Auriaco mito tibi sponsa mea Aicelina
pro bona fide sine inganno. Hujus rei sunt testes Petrus de Vitraco, et Ademarius de
Bordaforte, et Bernardus de Bonaco, et Arnaldus del Bosqet, et Petrus de Vilela qui
hanc cartam scripsit coram eis, in mense marcio, sub feria IIIIa, regnante Lodoicho
Francorum rege et Ramundo comite Tolose, in Tolosa deest episcopus, anni Christi M°
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
C° LXIII.
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Vicomtes de Toulousain (1)
les Benoît / Aton : fin IXe-milieu Xe siècle
COMTES DE QUERCY
Adaltrudis -∞- Géraud
† ap. 879
Guillaume
Adelinde -∞- Acfred
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
duc d’Aquitaine
† 918
† av. 906
Guillaume
Acfred
Aznar Sanche
duc d’Aquit.
† 926
duc d’Aquit.
† 927
victe Fezensac
† 935/4
Guerre de
Succession
d’Auvergne
Loup Aznar
chef gascon
† ap. 932
Oliba
cte Carcassonne
† ap. 877
Acfred
Giscafred
Alzonne 898
Ne
cte Carcassonne
† c. 928
Asnaria - ∞- Benoît
932
victe Toulouse
918-932
Aton -∞- Avigerna
Géraud
vicarius Alzonne
† ap. 898
-∞- Benoît
Rainald
Aurillac
† 909
Rangarda
victe Toulouse
† c. 909
(Escafred)
932
Amelius
906-908
Simplicius
917
Aton Benoît -∞- Amelia
victe Toulouse
940/48
Amelius Simplicius
victe de Carcassonne
v. 945 - † av. 961
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Vicomtes de Toulousain (2)
les Adémar / Armand : milieu Xe-milieu XIIIe siècle
1
Arsinda
-∞- 1 Adémar
fin Xe
?
-∞-2
Ermendructis
victe
942-961/997
961/997
Raymond
victe
961/997-1002
Adémar
=?
av. 1047
Adémar
victe 1060-1080/83
Adémar
de Caussade 1031/48
Armand
Pons
1074
1074
Raymond
Adémar
1060-1074
Guillelma - ?∞ - Adémar
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
(Trencavel)
(1156)
Foy - ∞? -1 Aton
2
Aton
Armand
victe
1150-1167 sp
victesse
vers 1160
=
Peironela -∞- X
victesse
vers1160
de Durfort
1177-1184
1184
Orbria-∞- Pelfort
(de L’Isle)
de Rabastens
av. 1200-1245
1184-1193
Esclarmunda
parfaite
† av. 1244
Pons
chanoine
(Cahors)
1147
de Toulouse
1163-1177
de Lavaur
1184-1193
Guillaume
1172
Ne-∞-Armand
Adémar
de Montpezat
1177
prieur
(Grandselve)
1161-1171
de Monclar
1191
Braida -∞- (X de Rabastens)
parfaite
mère av. 1200
Gailharda Aymeric Sicard -∞-1 Fina
parfaite
archidiacre ?
(Cahors) 1104-1137
Adémar
1160/75
Esclarmonda -∞- Raymond
de Caussade
de Toulouse
de Monclar
1163- † 1173 ?
Braida
de Mondenard
1160/75-1184
vicomtes
Guillaume
de Laroca
1147- v 1160
Adémar
(de Mondenard)
victe de St-Cirq
1104
Adémar
de Toulouse
1107
Guillelma - ∞ - Ug
victesse
vers 1160
Aiglina -∞- Arnaud Bernard
Bertrand -∞- Honors
Guillaume
Peironela
victe
1150-1174 sp
de Penne
1143-1176 † av. 1180
1180-1182
† 1184
1104
1129
chanoine
(St-Sernin) 1098
Adémar
Esclarmonda-∞- Amiel Audiguier
Ne -∞- Guillaume
victe
1083 † 1129
X
(v. 1150)
archevêque
d’Aix
Armand - ∞ - Fine
1074 † jeune
- ∞ - Aimerus
victe
1107-1135
(1182)
Guillaume
victe
1083-1107
de Lautrec
† vers 1220
Bertranda
2
av. 1200-1245
Arbrissa
-∞-2 Isarn
de Tauriac
Esclarmonda
en gras, les porteurs du titre vicomtal
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Vicomtes de Caussade
Adémar -∞- Arsindis
fin Xe
victe
961-997
Raymond
victe
961-1003
Adémar = ? Adémar de Caussade
av 1047
Adémar
Armand
victe
1074
Pons
1031/48
Raymond Adémar
1074
1060-1074
1060-1080/83
Raymond
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
vicomtes
de Bruniquel
et famille de Toulouse
victe
1101
Pierre
Pons
victe
victe
1101-(1180-1188)
1101-1114
X = ? W. de Caussade
1150
Ispanus -∞- Miracla
de Portaria
X -∞-1 Bertranda 2 -∞-2 Frotard 1-∞- Ne
1180-1188
1198
victe St-Antonin
1198- † 1212
Pierre
Ratier
Adémar
Isarn
1180-1188
de Caussade
de Caussade
victe St-Antonin
1184-1198
1184
1198- † 1246
vicomtes de Monclar
après 1236
en gras, les porteurs du titre vicomtal
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Les comtes de Toulouse
Eudes
† 918
Adelaïde -∞- Ermengaud
Raymond II
cte de Rouergue
† v. 940
Berthe -∞- Raymond -∞- Na
Hugues
cte de Toulouse
† v. 924
Garsinde -∞- Raymond III Pons
« de Rouergue »
† 961
Raymond
† v. 950
Raymond
Hugues
Raymond IV
de Rouergue
† v. 1010
(† 978)
=?
Adalais d’Anjou -∞- Raymond V
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
† 978
Arsinde -∞-1 Guillaume III Taillefer 2-∞- Emma
998-1037
Raymond
Henri
Majore -∞-1 Pons 2-∞- Almodis
Bertrand
1037-1060
Guillaume IV -∞- Emma
Na -∞-1 Raymond IV 3-∞- Elvire
1060-1093
Guillaume IX -∞- Philippa
1060-1096
Faidide -∞- Alphonse
duc d’Aquitaine 1097-1100 et 1108-1117
Bertrand
Jourdain
1119-1148
1097-1100 et 1108-1119
1096-1108
Raymond V -∞- Constance
1148-1194
de France
Raymond VI
Baudouin
1194-1222
† 1214
Seuls les personnages cités dans la thèse apparaissent dans ce schéma de filiation
Didier PANFILI, Aristocraties méridionales (Toulousain, Quercy). XIe-XIIe siècles,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
Table des matières
[« Aristocraties méridionales », Didier Panfili]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]
Histoires de Familles
Introduction………………………………………………………………………..
La descendance d’Adalaiz et Bernard : les Gandalou, Tolvieu et Cos……………
Gandalou.………………………………………………………………………….
Tolvieu…………………………………………………………………………….
Cos…………………………………………………………………………………
Penne………………………………………………………………………………
Les « Dimbertiens » - Esmes, Lalande, Carcers, Nazac et Sainte-Thècle………...
Rocafort……………………………………………………………………………
Odalric……………………………………………………………………………..
Castelnau-Montratier………………………………………………………………
Perges & Percepoitrine…………………………………………………………….
Siquier……………………………………………………………………………..
Villemur……………………………………………………………………………
Finhan………………………………………………………………………………
Campsas…………………………………………………………………………….
Les quatre Ca. : Castelnau, Caraman, Cabaldos, Campsas………………………...
Bretes……………………………………………………………………………….
Guitard………………………………………………………………………………
Homenel…………………………………………………………………………….
Bovilar………………………………………………………………………………
Bruguières ………………………………………………………………………….
Auriac……………………………………………………………………………….
Vicomtes de Toulousain (1) Benoît / Aton……………………………………........
Vicomtes de Toulousain (2) Adémar / Raymond…………………………………..
Vicomtes de Caussade ……………………………………………………………...
Comtes de Toulouse………………………………………………………………..
Table des matières…………………………………………………………………..
1
5
9
15
24
29
36
46
55
61
66
73
81
88
95
100
106
111
117
123
129
134
139
140
141
142
143
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