Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Outillage de fonderie Fabrication et évolutions par Sylvain PERRET Ingénieur Arts et Métiers Ex-responsable CFAO Outillage PSA Mulhouse Ex-responsable Co-conception carters et culasses PSA La Garenne 1. 1.1 1.2 1.5 1.6 Fabrication ................................................................................................. Préparation – Méthodes .............................................................................. Programmation ............................................................................................ 1.2.1 Programmation 2D............................................................................. 1.2.2 Programmation 3D............................................................................. Usinage ......................................................................................................... 1.3.1 Spécificités d’usinage ........................................................................ 1.3.2 Usinage « UGV » ................................................................................ Matériaux...................................................................................................... 1.4.1 Métallurgie.......................................................................................... 1.4.2 Traitements thermiques .................................................................... Ajustage ........................................................................................................ Montage ........................................................................................................ 2. Des outillages et des hommes.............................................................. — 8 3. Avenir de l’outillage ................................................................................ — 9 4. Conclusion.................................................................................................. — 9 1.3 1.4 M 3 586 - 2 — 2 — 2 — 2 — 2 — 3 — 3 — 3 — 5 — 5 — 6 — 6 — 7 e dossier complète celui sur la conception des outillages de fonderie [M 3 585] en abordant la partie fabrication jusqu’à leur finalité, à travers le survol des méthodes de fabrication, des matériaux utilisés et des perspectives d’avenir de cette filière. Ici, nous soulignerons l’importance du rôle de l’« outilleur » dont les principales connaissances, en plus de celles propres aux outils qu’il conçoit et fabrique sont la Conception fabrication assistée par ordinateur (CFAO), l’usinage, la métallurgie et l’ajustage. Important : les diverses techniques de fonderie utilisées étant très précisément décrites dans d’autres dossiers des Techniques de l’Ingénieur, nous encourageons le lecteur à se reporter aux références suivantes : [M 3 500], [M 3 510], [M 3 512] et [M 3 540]. M 3 586 3 - 2008 C Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 M 3 586 – 1 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 OUTILLAGE DE FONDERIE _____________________________________________________________________________________________________________ 1. Fabrication 1.1 Préparation – Méthodes Une fois la définition numérique validée, les éléments (CAO et plan papier) sont mis à disposition du préparateur Méthodes. Son rôle consiste à analyser la géométrie de la pièce, ses difficultés d’usinage, ses particularités géométriques ou dimensionnelles et à établir la gamme de fabrication de chaque élément. Il peut totalement créer la gamme de fabrication selon ses connaissances propres, ou se servir d’un système informatisé qui va générer, à partir de gammes-type, le processus d’obtention le mieux adapté à chaque pièce. Cette gamme est créée informatiquement dans le système de Gestion de production assistée par ordinateur (GPAO) et éditée sous forme de feuillets dont chaque élément décrit exactement les phases d’usinage, dans l’ordre chonologique de réalisation, avec leurs spécificités techniques. Elle est suivie informatiquement et mise à jour, en temps réel, par le système de GPAO et son édition papier ne quittera plus la pièce à laquelle elle est associée dans l’atelier. Logements de bridage rapide Figure 1 – Exemple de géométrie pour processus d’usinage standard Parallèlement à ce travail, le préparateur réalise les achats de matériels standards de la nomenclature et les approvisionnements en matière pour les éléments usinés. Ces derniers sont généralement anticipés avec le technicien d’études capable de donner, par avance, les cotes d’encombrement de la pièce qu’il est en train de dessiner. La gamme de fabrication fait appel aux différentes machines que possède l’outilleur et aux divers procédés qu’il maîtrise. La performance d’un atelier d’outillage est due, en grande partie, à la meilleure adéquation entre son process de réalisation et ses moyens, décidée lors de l’élaboration de la gamme d’usinage. 1.2 Programmation La programmation numérique des usinages est une des premières opérations de la gamme d’usinage. Elle consiste à traduire les fichiers CAO, issus du bureau d’études, en programmes d’usinages qui vont être exécutés sur les machines à commande numérique. Pour ce faire, les numérisations 3D des éléments d’outillages sont mises à disposition du service « programmation » via le réseau informatique. Les programmeurs sont des experts de l’usinage qui connaissent les techniques de fraisage, perçage, tournage, électro-érosion, etc. (en fait, tout type d’usinage sur machine à commande numérique). Figure 2 – Type d’usinage réalisé en programmation 3D Au lieu de renseigner la totalité des opérations nécessaires à l’usinage de ces sous-ensembles standards, seuls quelques paramètres sont à indiquer, tout le reste étant déjà intégré dans le processus. Le gain de temps pour un élément totalement standard avoisine les 70 %, par rapport à une programmation basée sur les fonctions élémentaires du logiciel. Par exemple, pour la programmation de l’usinage de la fonction « bridage rapide » un processus d’usinage standard nécessite le renseignement de 5 à 6 paramètres sur les 60 demandés, lors d’une programmation traditionnelle (figure 1). 1.2.2 Programmation 3D 1.2.1 Programmation 2D Elle s’effectue sur un logiciel qui permet de générer les programmes des usinages de type perçage, contournage, taraudage. En fait, toutes les opérations dont la définition géométrique peut être développée dans un plan 2D. La valeur ajoutée du programmeur 2D tient dans le choix des outils coupants qu’il utilise, de la stratégie et du process d’usinage qu’il choisit et de l’ordre d’exécution des différents usinages. Aujourd’hui, la stratégie de programmation des outillages est basée sur des processus d’usinages standards. Ce sont des regroupements d’usinages élémentaires (pointage + avant-trou + alésage + lamage + taraudage, par exemple) qui correspondent à une fonctionnalité connue et qui se répètent à chaque outillage, à quelques paramètres près. Un exemple en est la fixation démouleur, bridage rapide (figure 1). M 3 586 – 2 Ce type de programmation d’usinage permet d’obtenir des surfaces gauches complexes, impossibles à définir à partir d’un plan. C’est le cas des gravures d’éléments moulants ou de plaques-modèles, des matrices de forge, ou des outils d’emboutissage (figure 2). La valeur ajoutée du programmeur 3D repose sur le choix de la stratégie d’usinage (par exemple fraisage en avalant ou en opposition, cycle de tréflage, reprise rayons, usinage par plans positionnés, combinaison de quelques-unes des multiples possibilités de cycles existantes), mais aussi sur le choix des outils coupants, les conditions de coupe, la prise en compte des bridages, l’adaptation de la stratégie aux capacités machine, etc. Une fois le programme généré, celui-ci est transmis directement à la machine concernée (par le réseau informatique) (figure 3). La filière numérique en vigueur se complète ainsi : – la définition de la pièce à produire est réceptionnée en CAO ; – elle sert à générer les fichiers 3D des éléments du moule (figure 3a ) ; Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 _____________________________________________________________________________________________________________ OUTILLAGE DE FONDERIE 1.3 Usinage Le professionnel sur sa machine engage l’usinage selon la liste générée par le système de GPAO. Il reçoit à son poste N la pièce provenant du poste N – 1, accompagnée de sa gamme d’usinage, du plan et d’éventuels documents techniques qui l’accompagnent (traçabilité, dossier de suivi technique et métallurgique, etc.). Le programme est prêt en machine et les outils coupants ont été préparés et réglés par le service outils, selon les données transférées par le programmeur. Le professionnel exécute alors l’opération confiée, en tenant compte des règles du métier (prise de départ, contrôle, adaptation des conditions de coupe aux modes vibratoires non maîtrisés, etc.). a fichier CAO 3D d’une empreinte de moule Une fois son opération effectuée, le professionnel contrôle sa pièce, valide et signe l’opération sur la gamme et envoie la pièce au poste suivant N + 1. Il s’engage ainsi, par écrit sur la gamme, à la conformité de l’opération qu’il vient d’effectuer. 1.3.1 Spécificités d’usinage L’obtention de formes complexes et fines n’est pas toujours possible en usinage par enlèvement traditionnel de matière (fraisage, tournage,...). Il est parfois nécessaire de recourir à un procédé d’enlèvement de matière par usinage électrique : l’électroérosion (figure 4). La pièce est alors ébauchée au plus juste (1 mm de surépaisseur) (figure 4a ). Parallèlement, une électrode (en graphite ou en cuivre, matériaux conducteurs) est usinée (figure 5). Elle est le négatif de la pièce à produire. Puis, la pièce ébauchée est alors plongée dans un bain d’électrolyte où elle est coiffée par l’électrode précédemment usinée (figure 4b ). b programmation d’usinage 3D du même élément (visualisation d’une partie de la trajectoire de la fraise) Cette électrode va « descendre » sur la pièce ébauchée et créer des millions d’arcs électriques qui vont, chacun, arracher d’infimes particules de matière, évacuées par la circulation d’électrolyte entre la pièce et l’électrode (le GAP) (figure 6). La précision obtenue, selon les performances et réglages de la machine, est de l’ordre de 0,02 mm, dans le meilleur des cas. 1.3.2 Usinage « UGV » Une alternative de plus en plus fréquente à l’électroérosion est l’UGV (Usinage Grande Vitesse). Il est basé sur un type de machines, à grande vitesse de rotation de broche (à partir de 14 000 t/mn et jusqu’à 46 000 t/mn figure 7), ainsi que sur des outils et des attachements spécifiques capables de résister à ces conditions d’utilisation et équilibrés en conséquence (figure 8). c le même élément usiné, on reconnaît les traces de fraisage simulées en programmation 3D Cette technique permet d’affiner considérablement la précision et la finesse de l’usinage par l’utilisation d’outils coupants plus fins, travaillant dans les meilleures conditions, donnant des états de surface et des précisions géométriques jusqu’alors réservés à des techniques de rectification ou de rodage, par exemple : Ra = 1,4 – précision courante 0,01 mm. Figure 3 – Un exemple visuel de filière numérique Les conditions de coupe en UGV permettent de prendre des profondeurs de passe très faibles, avec des avances et des vitesses de rotation très élevées. – ces éléments sont envoyés en programmation ; – les programmes d’usinages sont générés et envoyés en machine via le serveur (figure 3b ) ; – les points de contrôle sur machine à mesurer 3D sont aussi générés en programmation à partir de la géométrie 3D (figure 3c ). Ainsi, les efforts et les vibrations subis par les pièces, en cours d’usinage, sont très nettement diminués, ce qui permet d’obtenir des formes plus fines et plus fragiles qu’en usinage traditionnel, formes largement utilisées en outillage de fonderie sous pression ainsi qu’en outillage de forage (figure 9). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 M 3 586 – 3 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 OUTILLAGE DE FONDERIE _____________________________________________________________________________________________________________ a noyau de moule FSP ébauché, la gravure n’est pas finie b électrode associée à la pièce ci-dessus, on distingue les petits trous par lesquels circulera l’électrolyte – notez le niveau de finesse des usinages par rapport à l’ébauche dans l’acier Figure 4 – Deux étapes du procédé d’électroérosion Figure 5 – Noyau ébauché par fraisage et son électrode associée Figure 7 – Photo d’une broche UGV a outils frettés Figure 6 – La pièce et l’électrode sont plongées dans l’électrolyte. On voit le haut de l’électrode qui dépasse du bain M 3 586 – 4 b outils vissés Figure 8 – Fraises UGV et leur attachement respectif Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 _____________________________________________________________________________________________________________ OUTILLAGE DE FONDERIE Figure 9 – Une photo rend difficilement la qualité de l’état de surface d’une pièce. On peut néanmoins remarquer le « poli-miroir » sur cette matrice de forge pour bielles, obtenue directement en fraisage UGV Les gains en temps, par rapport à l’usinage classique, sont de 30 à 50 %, selon la géométrie des pièces mais, surtout, cela permet d’obtenir directement en usinage des formes qui n’étaient réalisables qu’en électroérosion auparavant (figure 10). Les limites géométriques sont encore les formes creuses fines et profondes, pour lesquelles il est difficile d’avoir des outils performants et suffisamment résistants (vibrations au moindre effort de coupe, puis casse). Les vitesses de coupe, couramment obtenues dans l’acier prétraité, sont de l’ordre de 300 m/mn, contre 80 m/mn en usinage traditionnel. Figure 10 – Formes fines et hautes obtenues par usinage UGV 1.4 Matériaux 1.4.1 Métallurgie Les aciers utilisés pour les outillages de fonderie doivent être parmi les plus nobles. Les outilleurs travaillent en partenariat avec les plus grands aciéristes afin d’optimiser les structures et les caractéristiques mécaniques pour résister aux fortes contraintes subies par les outillages dans le domaine de la fonderie sous pression et de la forge, en particulier (figure 11). Les aciers courants, pour les parties moulantes, sont des aciers de la famille de X38 Cr Mo V. Ceux-ci (avec leurs traitements thermiques adaptés, que nous verrons dans le paragraphe 1.4.2 sont les plus résistants aux sollicitations thermiques et mécaniques subies lors des injections de métal en fusion. D’autres contraintes, tels que l’arrachement (fonderie sous pression), l’abrasion (fonderie gravité et forge) sont à prendre en compte pour les outillages. Les pièces subissant des usures mécaniques (glissières, éjecteurs, pièces mobiles sans contact avec l’aluminium) sont réalisées avec des aciers de travail à chaud, prétraités ou non. Les aciers approvisionnés à l’état recuit (X38 Cr Mo V 5, par exemple), subissent un traitement dans la masse (austénitisation, trempe, revenus) à l’état d’ébauche, puis, en final, une nitruration gazeuse profonde (environ 0,30 mm). Figure 11 – Bloc d’acier livré par un aciériste et destiné à devenir un élément de moule Les aciers prétraités, tels que le 40 Cr Mo V 12 + S, sont livrés à une dureté de 1 200 à 1 400 MPa. Ils ne subiront, par conséquent, qu’une nitruration gazeuse profonde. Seules des reprises géométriques, appelées « ragarnissage », sont nécessaires, au bout de plusieurs centaines de milliers d’injections, pour rattraper des écarts géométriques, mais les caractéristiques mécaniques de l’acier ne bougent pas dans des conditions normales d’utilisation. Les aciers développés spécialement pour les pièces devant résister à la fatigue (carcasses, porte empreintes, etc.) permettent d’obtenir aujourd’hui une durée de vie quasi illimitée (matage des surfaces d’appui uniquement). Le type d’acier moulé pour la réalisation des carcasses est le G35 Cr Mo 12, pour les carcasses d’un poids inférieur à 5 t, et du G32 Ni Cr Mo 14 pour les carcasses d’un poids supérieur à 5 t. Ces carcasses sont livrées à l’état prétraité T3 (900 à 1 000 MPa) (figures 12 et 13). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 M 3 586 – 5 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 OUTILLAGE DE FONDERIE _____________________________________________________________________________________________________________ Figure 14 – Four sous vide horizontal et son armoire de commande Figure 12 – Carcasse brute Figure 15 – Four sous vide vertical. Au fond l’armoire de commande Les fours sous vide de type vertical permettent uniquement l’austénitisation et la trempe sous azote. La température maximale est de 1 250 oC et la pression de refroidissement courante est de 3,5 bar (figure 15). ■ Traitement sous atmosphère Figure 13 – Carcasse en cours d’usinage Ces fours, d’ancienne génération, tendent à être progressivement remplacés par des fours sous vide. L’atmosphère de ceux-ci est contrôlée par le biais d’analyseurs de gaz CO/CO2 (figure 16). 1.4.2 Traitements thermiques Ces installations ne permettent que la phase d’austénitisation, avec une température maximale de 1 020 oC. L’opération de trempe étant réalisée dans une cellule de refroidissement annexe. Quelques ateliers d’outillage possèdent des installations de traitement thermique. Ceux-ci sont de 2 types : dans la masse et thermochimiques. Exemple : traitements d’austénitisation sous vide et sous atmosphère contrôlée, trempes en cellules de refroidissement, en polymères et en surpression, des revenus sous vide et en convection pour les traitements dans la masse, cémentations ou nitrurations gazeuses pour les traitements de surface. ■ Traitement sous vide Les fours sous vide horizontaux récents permettent l’austénitisation jusqu’à 1 250 oC, la trempe sous azote, jusqu’à 13 bars (pression de refroidissement), ainsi que la réalisation de revenus (figure 14). De part ses qualités de refroidissement, ce type de four est réservé au traitement des éléments les plus nobles de grandes dimensions (empreintes, plaques-modèles, ...). Il permet d’effectuer l’austénitisation, la trempe et les revenus dans la continuité. M 3 586 – 6 La gestion des fours se fait via une supervision et un automate, gérant temps, température et analyse des gaz injectés (azote, méthanol, air, gaz industriel) (figure 17). ■ Revenus Ces fours permettent des températures de 620 oC ou 700 oC. Ils sont utilisés pour réaliser des préchauffes, les revenus après trempe ou rechargement. Ils sont pilotés via une supervision en temps et température et sont souvent réalisés sans atmosphère protectrice. (à l’air) (figure 18). 1.5 Ajustage Avant d’être assemblés, certains éléments nécessitent des opérations d’ajustage. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 _____________________________________________________________________________________________________________ OUTILLAGE DE FONDERIE Figure 17 – Pupitre de supervision Figure 16 – Four semi-enterré Par exemple, en sortie d’électroérosion, les perçages pour la circulation du fluide dans les électrodes génèrent des « picots » qu’il faut araser et polir. Les raccordements, entre les zones usinées en UGV et par électroérosion, doivent être affinés, les petits rayons et les arêtes vives n’étant pas toujours possibles à obtenir en usinage. C’est le rôle des ajusteurs de reprendre tous ces points particuliers, de façon à livrer un outillage parfaitement opérationnel dès sa première utilisation (figure 19). 1.6 Montage De façon à être le plus représentatif possible du fonctionnement futur sur les presses d’injection ou les machines à mouler en gravité, les outillages sont assemblés et testés sous une « presse à présenter » qui permet de simuler le fonctionnement d’un outillage. Figure 18 – Four de revenu Tous les éléments, nécessitant un jeu précis dans un moule, sont montés « au bleu ». C’est une technique d’ajustage qui permet de visualiser le bon affleurement des pièces entre elles. Lors d’un assemblage, on badigeonne un des éléments d’une teinture bleue très marquante, puis on met les éléments en place dans le moule (figure 20). On démonte cet assemblage, l’affleurement idéal est obtenu lorsque la pièce, en vis-à-vis de celle badigeonnée au bleu est juste « piquée » de façon homogène par des petits points bleus. Pas de zone sans bleu ou de zones bleuies de façon trop importantes. Cette technique est appliquée lorsque l’on recherche un jeu de fonctionnement nul, ce qui est physiquement impossible à obtenir par assemblage de pièces tolérancées. C’est le cas des plans de joint, contrôlés « au bleu », sous presse, de façon à garantir l’étanchéité du moule, ou de la boîte à noyau. Figure 19 – Éléments de moule ajustés Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 M 3 586 – 7 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 OUTILLAGE DE FONDERIE _____________________________________________________________________________________________________________ 2. Des outillages et des hommes Les métiers de l’outillage font appel à de nombreuses compétences, la majorité d’entre elles étant en rapport avec la métallurgie. Tous les opérateurs d’un atelier d’outillage sont des professionnels de haut niveau. En effet, les outillages sont des produits de petites séries (un même moule pouvant, par contre, fabriquer des centaines de milliers de pièces) et à très forte valeur ajoutée (certains outils d’emboutissage, ou de fonderie sous pression, atteignent 8 à 10 millions d’Euros). Les outils sont composés d’éléments de grande précision (souvent au 100e de mm) usinés dans des matériaux nobles. Figure 20 – Face d’un élément d’outillage badigeonné de « bleu » Les machines pour usiner de tels éléments (fraiseuses ou centres d’usinage à commande numérique, fours de traitement thermiques, presses à présenter) sont complexes et coûteuses. Exemple : coût de fonctionnement d’une machine d’usinage CN grande dimension en France, en 2005, de 70 à 100 E par heure, selon la taille, précision et complexité. ■ Opérateurs Uniquement des professionnels dans les métiers suivants : – tourneur, fraiseur, rectifieur, conventionnelles ; – ajusteur, soudeur, monteur ; – métrologue ; – préparateur outils coupants. CN et/ou machines Formations adaptées : CAP, BEP, Bac professionnel, dans chacun de ces métiers. ■ Techniciens Figure 21 – Pièce en « résine » issue de l’outillage série D’autres techniques permettent d’obtenir un jeu maîtrisé, on peut alors utiliser des « clinquants » (feuille de tôle, d’épaisseur connue, correspondant au jeu à obtenir). Si l’on peut retirer le clinquant de son assemblage par un léger effort, alors le jeu est bon. S’il est difficile de le sortir, le jeu est trop faible. S’il « part tout seul », le jeu est trop fort... Nous pouvons aussi insérer des morceaux de « pâte à modeler » entre les éléments, assembler, démonter, puis mesurer l’épaisseur de la pâte (valable pour des précisions faibles). Ces techniques font souvent appel au bon sens et nécessitent rigueur et précision dans leur application. – dessinateur CAO, programmeur FAO ; – préparateur bureau des méthodes ; – spécialiste GPAO, suivi de production, traitements thermiques, outils coupants ; – chef d’équipe. Formations : BTS Études et réalisation d’outillages, BTS productique, DUT génie mécanique, DUT conception de produits, ... ■ Cadres – responsable d’atelier, chef de production ; – responsable bureau d’études, bureau des méthodes ; – responsable qualité, logistique ; – commercial, gestionnaire... Après montage, les outillages sont assemblés, puis équipés pour obtenir une première pièce à base de mousse polyuréthane. Le moule est équipé comme s’il était monté sur presse à injecter mais, au lieu d’injecter du métal sous pression, on injecte de la mousse de polyuréthane qui permet d’obtenir une pièce représentative de la géométrie finale. Un avantage des métiers de l’outillage réside dans le fait que la diversité des techniques utilisées et la forte valeur ajoutée des pièces réalisées permet de s’immiscer rapidement dans tout type de production de pièces mécaniques, par la suite. Cette « résine » n’est pas représentative du remplissage et de la santé matière, mais permet d’analyser géométriquement la forme sortie du moule (par rapport au fichier CAO de la pièce initiale) afin de détecter d’éventuels défauts de réalisation du moule (toile trop fine, infiltration, défaut sur une zone joint, défauts d’usinage, excentration broche, etc.) (figure 21). Dans le métier, on dit qu’il faut 10 ans pour devenir outilleur. Il est certain, qu’àprès cette période, le personnel aura acquis des compétences techniques et qualitatives facilement valorisables dans tout secteur de production industrielle. M 3 586 – 8 Formations : Ingénieur généraliste ou mécanique. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 _____________________________________________________________________________________________________________ OUTILLAGE DE FONDERIE 3. Avenir de l’outillage Filière numérique Programme de contrôle 3D La partie numérique de la réalisation des outillages prend une place de plus en plus importante dans leur processus de réalisation (figure 22). Déjà, les filières de CFAO sont complètes : depuis la réalisation en 3D de la pièce finie, jusqu’à l’obtention du programme d’usinage sur la CN, tout est virtuel aujourd’hui. Les progrès dans le prototypage rapide vont permettre une nouvelle évolution pour les outillages, au moins en ce qui concerne les prototypes dans un premier temps. En effet, des fabricants ont mis au point des machines qui permettent de réaliser, en prototypage rapide, des éléments de moule directement depuis un fichier CAO. Il suffit de numériser l’élément de moule que l’on désire (noyau ou empreinte, ou alors pièce finie). La machine dépose alors une strate de sable de 280 µm d’épaisseur (épaisseur de 2 grains de sable) puis un durcisseur sur la partie de cette strate qui constituera le moule. Ainsi, couche après couche, le moule prendra forme, peu à peu, jusqu’à constituer un outillage complet. C’est une impression en 3D dans le sable. Il reste ensuite à aspirer le sable qui n’a pas été solidifié (dépoudrage) et on obtient un modèle prêt à être utilisé en fonderie traditionnelle. Pas de contrainte de dépouille, car le procédé ne nécessite aucun démoulage, pas de découpage en différents éléments, pas de remmoulage des noyaux entre eux, cela permet une grande liberté dans la conception des pièces et, surtout, une rapidité exemplaire : un moule de taille 1 500 × 750 × 750 mm peut être obtenu en moins de 48 h par ce procédé. Attention, toutefois, à ne pas emprisonner de sable dans une cavité non débouchante ! (et donc non coulable...) et à ne pas créer de zones fragiles, parfois difficilement décelables à l’écran. Le coût d’un tel procédé reste encore élevé, au vu d’une solution industrielle, mais la démocratisation de ce genre de machine et, surtout, les gains en productivité attendus (aujourd’hui, une machine est capable de traiter jusqu’à 15 L de sable à l’heure, alors qu’il en faudrait 10 fois plus pour concurrencer les procédés actuels de fonderie) permettent d’imaginer que, dans quelques temps, on se passera de l’outillage métallique de mise en forme du sable pour accéder directement à l’impression 3D de moules en sables complexes. Numéro pièce finie 3D Numéro pièce brute 3D Contrôle 3D Élément d’outillage Programme d’usinage CN Parcours d’usinage 3D Production pièce physique Figure 22 – Synoptique de conception d’un outillage par la filière numérique métallique) permettent aujourd’hui d’obtenir, en quelques minutes, des prototypes d’éléments moulants capables de résister à quelques injections haute pression. L’industrie européenne de l’outillage doit s’engager rapidement, et fortement, dans ces voies de développement, car elle se voit, aujourd’hui, lourdement menacée par des outilleurs installés dans des pays à bas coût qui accèdent aux technologies de pointe et proposent actuellement aux fondeurs des outillages de qualité à prix cassé. L’avance technologique (rupture technologique, qualité de réalisation, délai d’obtention et capacité à réaliser des outillages complexes), seule, permettra de contenir la concurrence de ces outilleurs émergents. 4. Conclusion Comme tout domaine de l’industrie actuelle, l’outillage évolue à grande vitesse et, seuls, les plus aptes à devancer ces changements pourront demain continuer à composer sur ce marché hyper compétitif. Les moules de fonderie sous pression en acier ont encore de beaux jours devant eux car il n’existe pas, aujourd’hui, de procédé de prototypage rapide qui soit compétitif avec la production de pièces coulées en alliage léger. Totalement liés à la présence des fonderies, les outilleurs sont tributaires de leur santé industrielle mais sont aussi un atout précieux pour elles, afin de maintenir leur avance technologique et leurs prix de revient. Mais des techniques d’obtention d’outillages à partir de carbone pulvérulent (compactage de mousse de carbone sur une empreinte Une bonne entente, entre fondeurs et outilleurs, un partenariat actif et un échange des savoir-faire sont, pour chacun, un gage de compétitivité, au-delà de la classique relation client-fournisseur. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. – © Editions T.I. Dossier délivré pour DOCUMENTATION 13/10/2008 Numéro outillage 3D M 3 586 – 9