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L'importance du développement de la compétence traductrice dans la formation de traducteurs

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 UNIVERSIDAD VERACRUZANA FACULTAD DE IDIOMAS LICENCIATURA EN L ENGUA FRANCESA TRABAJO TEÓRICO-­‐PRÁCTICO: « L’IMPORTANCE DU DÉVELOPPEMENT DE LA COMPÉTENCE TRADUCTRICE DANS LA FORMATION DES TRADUCTEURS » QUE PARA OBTENER EL TÍTULO DE: LICENCIADA EN LENGUA FRANCESA PRESENTA: VIOLETA LAURA NADURILLE HILLMANN ASESOR DE LENGUA Y CONTENIDO: BENOÎT LONGERSTAY XALAPA, VERACRUZ NOVIEMBRE 2013 L’IMPORTANCE DU DÉVELOPPEMENT DE LA COMPÉTENCE TRADUCTRICE DANS LA FORMATION DES TRADUCTEURS
VIOLETA LAURA NADURILLE HILLMANN
A mamá, por ser un modelo ejemplar de mujer, de nobleza, perseverancia, amor y trabajo duro, por enseñarme a ser quien soy hoy. A papá, cuyo orgullo ha sido siempre mi mayor motivación, y cuyos relatos me acompañan siempre. A la vida, que me ha dado tanto. 2
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Je tiens à remercier sincèrement, M. Longerstay, qui m’a fait confiance, qui m’a toujours rappelé mon amour pour le français et la traduction et de qui l’expérience et les conseils m’ont aidé à trouver mon chemin. M. Arcos, qui a été là pour me guider et qui m’a aidé a retrouver ma confiance en moi. Tous mes professeurs de la licence, qui m’ont aidé à construire mon futur et à connaître mes faiblesses et forces. 3
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TABLE DE MATIÈRES INTRODUCTION 6 1. PROBLÉMATIQUE 9 1.1. Présentation du problème 9 1.2. Objectifs de recherche 10 1.3. Questions de recherche 10 1.4. Justification 11 1.5. État des recherches 12 1.6. Méthodologie 14 2. CADRE THÉORIQUE 16 2.1. Définition de la compétence 16 2.2. La compétence traductrice 18 2.2.1. Composantes linguistiques 21 2.2.1.1.
Grammaticale et lexicale 21 2.2.1.2.
Sociolinguistique 22 2.2.1.3.
Discursive 22 2.2.1.4.
Stratégique 23 2.2.2. Composantes extralinguistiques 23 23 2.2.2.1.
Culturelle 2.2.2.2.
Professionnelle et instrumentale 25 2.2.2.3.
Psychophysiologique 27 2.2.2.4.
Interpersonnelle 28 2.2.2.5.
De transfert 28 2.2.2.6.
Stratégique 30 32 2.3. L’acquisition de la compétence traductrice 3. ANALYSE 34 3.1. Introduction à l’analyse 34 3.2. Analyse 34 34 36 4
3.2.1. Composante culturelle 3.2.2. Composante professionnelle et instrumentale L’IMPORTANCE DU DÉVELOPPEMENT DE LA COMPÉTENCE TRADUCTRICE DANS LA FORMATION DES TRADUCTEURS
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3.2.3. Composante psychophysiologique 43 3.2.4. Composante interpersonnelle 45 3.2.5. Compétence de transfert 46 3.2.6. Compétence stratégique 49 3.2.7. Compétence linguistique 51 4. CONCLUSIONS 53 BIBLIOGRAPHIE 58 SITOGRAPHIE 59 ANNEXES : Texte Original: La pratique de la Chine. Chapitre 1. Traduction: La práctica de China. Capítulo 1. 5
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INTRODUCTION Le besoin de communiquer entre les peuples, les civilisations, les cultures n’est pas nouveau, mais est devenu aujourd’hui un impératif. Les grandes distances se réduisent grâce aux avancées technologiques et à l’évolution humaine en général. Cette communication établie en vue de favoriser les relations sociales, politiques, commerciales n’est possible qu’à travers des ponts reliant les pays et les cultures du monde. C’est grâce à ce phénomène de « mondialisation » des cultures et des économies que la construction de ces « ponts » devient de plus en plus fréquente, ce qui veut dire dès lors qu’il faut de plus en plus de traducteurs pour aider à la construction de ceux-­‐ci. C’est grâce à mes nombreuses lectures, voyages et amis du monde entier que la traduction a, depuis longtemps, attiré mon attention et c’est aussi, en partie, cet intérêt qui m’a menée à poursuivre une licence en langues. Ainsi, pendant un cours de traduction, l’occasion m’a été donnée de faire une recherche sur un concept assez important pour la traduction professionnelle et pour la formation en traduction, celui de compétence traductrice (dorénavant CT) (Grupo PACTE, 2000). D’autre part, le texte choisi pour la traduction et l’analyse dans ce travail est un texte sur lequel j’ai travaillé dans mon service social au Centre d’études Chine-­‐Veracruz (Cechiver), et il a aussi une relation directe avec un tout autre intérêt personnel, l’intérêt pour la langue et culture chinoise. La raison de l’élaboration de ce travail ne se limite pas à cet intérêt personnel pour la traduction et pour le chinois. Ce choix a été fait, surtout, car il est de plus en plus clair que ce domaine doit être fort développé à la Faculté de Langue française de l’Université Veracruzana (UV). Le concept de CT est l’une des bases pour la formation d’un traducteur et il devrait donc avoir un grand poids dans le développement de nos cours de traduction. Ainsi, l’absence d’un travail systématique sur la CT, en tant que concept de base des cours de traduction, et sur le développement de ses composantes pendant nos traductions pratiques à la Faculté, a fait surgir le besoin d’en présenter d’une façon concrète l’importance et les éléments à prendre en compte pour le développement des cours de traduction dans l’avenir. Peut-­‐être y a-­‐t-­‐il une place, à côté des traductions et corrections de certains textes, pour une analyse plus 6
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approfondie des problèmes rencontrés et des stratégies utilisées pour les résoudre. À la Faculté nous travaillons principalement sur les aspects de la compétence linguistique. Il nous a semblé pertinent de développer un travail plus ample sur la CT, et de survoler les aspects traités dans les cours de traduction. Une recherche faite pour un exposé d’un cours de traduction a permis de trouver différents articles et livres qui abordaient le sujet de la CT, mais parfois d’une façon assez compliquée, ou avec des concepts qui s’opposaient entre les différents auteurs. Notre recherche en profondeur nous a mené vers le modèle présenté par le groupe PACTE (Processus d’acquisition de la compétence traductrice et évaluation)1, sur lequel nous avons essayé de nous baser pour développer ce travail. En outre, il a semblé pertinent d’y inclure des concepts et des idées proposées par d’autres auteurs, de façon à compléter les aspects apparemment « manquants » de ce modèle. C’est ainsi qu’a surgi la principale question de recherche : Qu’est-­‐ce que la « compétence traductrice » et quelles sont les sous-­‐compétences qui la constituent ? Cette question a servi de base au développement de la recherche et à l’analyse de la traduction du livre « La Pratique de la Chine – En compagnie de François Jullien », pour pouvoir mettre en évidence la présence et l’importance de chaque élément de la CT dans la pratique. Ainsi, la structure de ce travail se présente de la façon suivante : le chapitre 1 expose les problèmes qui ont mené à son élaboration, ainsi que les objectifs et questions de recherche. Viennent ensuite une justification du mémoire et une présentation d’autres travaux suivant la même ligne de recherche et conservés au centre de documentation de la Faculté. Il s’achève sur une esquisse de la méthodologie de travail. Dans le chapitre 2 il y a une introduction aux concepts traités, sous la forme de cadre théorique, pour éviter des confusions avec les différentes notions que l’on peut trouver actuellement, surtout avec l’émergence de la « formation par compétences ». Puis, sur la base des concepts exposés, le chapitre 3 analyse les phénomènes et les problèmes rencontrés alors de la traduction du livre « La pratique de la Chine » et expose l’importance de la CT dans ce processus et dans la solution des différentes sortes de difficultés rencontrées. Le chapitre 4 tente de conclure en 1 Le modèle de ce groupe peut être trouvé sur le site web de l’Université Autonome de Barcelone, sur: http://grupsderecerca.uab.cat/pacte/es 7
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essayant de déterminer quelles compétences sont ou pourraient être traitées aux cours de traduction à la Faculté de langues pour encourager les étudiants à développer la CT et à acquérir les habiletés et stratégies qui leur permettront de continuer à développer cette compétence au long de leur carrière. À la fin du travail, on trouvera une liste des sources consultées ainsi que les annexes avec le texte original et la version traduite du premier chapitre du livre utilisé, « La pratique de la chine -­‐ en compagnie de François Jullien » d’André Chieng. 8
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1. PROBLÉMATIQUE 1.1. Présentation du problème Le programme de la licence en Langue française, comme tous les programmes éducatifs des institutions d’éducation supérieure publiques, demande à ses étudiants de faire le service social2. Ainsi, à la recherche d’un endroit où entamer cette activité, il m’a paru opportun de rejoindre le Centre d’études Chine-­‐Veracruz de l’UV, organisme qui m’avait permis, dans le cadre des programmes d’échange de notre université et le gouvernement chinois, d’aller en Chine pendant deux ans, avec une bourse en vue d’approfondir la connaissance de la langue et de la culture chinoises. En réponse à cette demande de collaboration avec eux, la proposition a surgi de faire la traduction d’un livre parlant de la Chine, écrit en français et sans traduction publiée en espagnol. Ce travail aurait pour but de fournir au Centre d’études plus de matériel de référence en espagnol, qui s’avère primordial dans le cadre du développement des activités du Centre et des relations avec les entreprises et universités chinoises. La licence en Langue française de l’Université Veracruzana nous offre un parcours universitaire centré sur le domaine de l’enseignement du français3. Or, nous situant dans le cadre d’une formation intégrale, d’autres enseignements contribuent à fixer ou renforcer un cadre en espagnol langue maternelle, en littérature, en traduction, et en histoire et civilisation françaises. Cette formation paraît pertinente pour les futurs enseignants et fournit une alternative pour ceux qui n’aspirent pas à devenir professeurs de langue. Parmi ces différentes orientations de la licence, c’est la traduction qui s’est retrouvée en œuvre dans ce service social, qui a pu être mené à bien grâce à une expérience personnelle, l’intérêt et la motivation face à cette tâche, ainsi que la formation acquise dans deux des quatre cours offerts de ce domaine, le cours de traductologie qui donne les fondements des autres cours, et le cours de traduction des textes humanistes qui m’a donné quelques-­‐uns des outils nécessaires, s’agissant d’un livre appartenant précisément au domaine des textes en sciences humaines et sociales. 2Ceci est écrit ainsi dans le règlement du service social de l’Université Veracruzana: “El Servicio Social (…) es requisito para autorizar el examen profesional.” (Reglamento de Servicio Social, Legislación Universitaria, Universidad Veracruzana. Título IV. Capítulo I. Artículo 20. p.11.) Dans: http://www.uv.mx/legislacion/files/2012/12/Reglamento-­‐de-­‐Servicio-­‐Social.pdf 3Le programme de cette licence est sur : http://www.uv.mx/idiomas/principal/lengua-­‐francesa/ 9
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Cependant, la mise en place de cette activité de traduction a entrainé différents obstacles. Face à la difficulté de leur trouver une solution immédiate, même avec les connaissances apportées par les cours de traduction, il a alors fallu s’interroger sur la nature de ces problèmes et sur ce qu’il manquait pour les résoudre. Le concept de « compétence traductrice » a été, dans ce contexte, d’une aide précieuse. Or, ce concept n’est que peu abordé dans notre Faculté, et les composantes de cette compétence ne sont pas non plus assez exploitées. C’est d’ailleurs là un problème mondial, selon Sabaté Carrové : un peu partout, la didactique de la traduction est laissée dans l’oubli et les cours se basent surtout sur des aspects théoriques et linguistiques (González Ramírez, 2011). Les nôtres, basés donc surtout sur des théories de traductologie et de linguistique, nous offrent l’occasion de nous entrainer mais avec un nombre très limité de textes, à quoi s’ajoute la quantité extrêmement réduite de temps que nous passons à traduire, vu qu’il n’y a que trois cours d’un semestre chacun. Nous nous sentons donc assez peu préparés à traduire. 1.2. Objectifs de recherche • Objectif général : o Décrire les obstacles présentés par la traduction d’un chapitre du livre « La pratique de la Chine – en compagnie de François Jullien » d’André Chieng, à la lumière des composantes de la « compétence traductrice ». • Objectifs spécifiques : o Établir l’importance relative de chacune des sous-­‐compétences dans l’activité traductrice. o Rapporter les composantes examinées à des processus d’acquisition personnelle ou d’apprentissage scolaire. 1.3. Questions de recherche • Qu’est-­‐ce que la « compétence traductrice » et quelles sont les composantes qui la constituent ? • Quel rôle joue chaque composante de la CT au moment de traduire ? • De qui l’acquisition de la compétence traductrice est-­‐elle l’affaire? 10
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1.4. Justification Dans un contexte de sociétés mondialisées et d’un vigoureux développement des échanges commerciaux et des informations, la traduction joue un rôle décisif comme « pont » entre les cultures. En effet, nous ne sommes plus isolés du reste de la planète par des frontières géographiques ou idéologiques : nous interagissons. Nous avons besoin de traducteurs pour les relations commerciales et économiques, pour les échanges politiques et diplomatiques, pour la compréhension d’autrui, la connaissance des cultures du monde. Ainsi, autour du monde, des institutions commencent à offrir des programmes de formation de traducteurs à tous les niveaux : des programmes de licence ou de master et des doctorats. Pourtant, comme González Ramírez (2011) l’affirme en reprenant les idées de Sabaté Carrové, les outils, les méthodologies et l’entrainement qui constituent ces programmes n’ont jusqu’à présent pas réussi à préparer les apprenants pour leur carrière professionnelle. Ce manque de développement de la « didactique de la traduction » mène la plupart des universités à centrer leurs programmes d’études de traduction sur des études plutôt linguistiques ou de traductologie tout en laissant de côté le concept de « compétence traductrice ». Tous ces changements dans le monde, les distances qui se raccourcissent de jour en jour, font de la traduction un élément clé dans l’évolution des sociétés. Il est donc essentiel de fournir aux gens des outils, des ressources pour se former en tant que traducteurs. Ainsi, ce travail permettra de s’interroger sur certains concepts utiles dans l’univers des études de la traduction et sur des facettes importantes de la formation de bons traducteurs. Ce travail permet, dans le cadre de la licence en Langue française, d’élargir l’éventail des mémoires consacrés à la traduction disponibles au centre de documentation. Il prétend en effet proposer une analyse d’un point de vue qui n’a pas encore été traité à l’UV, du moins pas dans la licence en Langue française. Avec ce travail, les professeurs et les étudiants de cette licence, ainsi que toute personne intéressée par la traduction, disposent d’un outil pour connaître et approfondir un concept peu ou pas abordé dans cette licence, celui de la « compétence traductrice ». Ainsi, avec la connaissance de cette notion, l’étudiant sera capable d’avoir une idée plus 11
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claire des aspects à développer et des éléments à considérer au moment de se former en tant que traducteur. Les professeurs, de leur côté, auront à leur disposition un matériel qui pourra être utilisé dans la conception de leurs programmes d’études, surtout dans les cours de traduction de la licence en langue française. D’autre part, ce travail est basé sur la traduction d’un livre qui aborde le sujet de la Chine dans une perspective objective et globale, ce qui nous permet, en tant qu’université, d’ouvrir notre pensée envers cette culture puissante, et d’établir plus de liens sociaux avec ce pays. C’est précisément le travail d’organismes comme le Cechiver, et c’est à nous tous, surtout en tant qu’étudiants de langue, de continuer à développer ce type de relations, non seulement avec la Chine mais avec tous les pays du monde. Dans cette perspective, les points présentés par F. Jullien, philosophe sur les idées duquel l’ouvrage traduit se base, reflètent l’importance de l’altérité dans l’éducation à l’interculturel, concepts qui ont toute leur place à la base des formations en langues étrangères. Il nous suggère d’apprendre des choses sur notre propre culture en nous appropriant une culture étrangère qui nous permettra d’analyser la nôtre de l’extérieur. Ses idées sont au cœur même des problématiques actuelles de l’éducation à la citoyenneté et à l’altérité et cet ouvrage pourrait nous permettre nous, étudiants en langue française, à apprendre à développer des nouvelles façons d’approcher notre propre culture et celle d’autrui. 1.5. État des recherches Parmi les mémoires faits à l’Université Veracruzana par des étudiants en langues, spécifiquement de la licence en Langue française, il existe des travaux consacrés à la traduction, mais d’une quantité assez réduite en comparaison avec les travaux sur l’enseignement. De plus, la structure et l’approche de ces travaux sont, en général, très similaires. La plupart des mémoires qui traitent le sujet de la traduction sont élaborés sous la forme de trabajo práctico-­‐educativo et comportent une traduction du texte suivie d’une analyse des difficultés linguistiques rencontrées. Dans le cadre théorique de ces travaux, on introduit un panorama historique de l’activité traductrice. Ensuite, on présente une définition de la traduction, suivie des techniques et procédures utilisées en traduction, basées surtout sur les travaux de Vázquez Ayora et 12
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García Yebra sur le modèle de traduction oblique, ainsi que les écoles de traduction (à savoir, l’école américaine et l’école franco-­‐canadienne). Puis, on incorpore la traduction d’un texte, de nature très différente en fonction du choix du sujet dans chaque travail. Finalement, on expose tous les problèmes rencontrés pendant la traduction, d’ordre lexical, culturel, grammatical, syntaxique, contextuel, métalinguistique... Il s’agit donc d’un modèle assez unifié de travail, les concepts traités dans le cadre théorique et l’analyse ont une structure similaire, avec des problèmes de traduction ponctuels qui varient d’un travail à l’autre. Il y a aussi quelques mémoires qui cherchent à s’éloigner un peu de ce modèle dominant et présentent un travail sous la forme d’une tesina, souvent en faisant des analyses de certains modèles ou aspects de la traduction – par exemple, « La transposition dans la traduction » ou « Le rôle du contexte et de la situation dans la traduction ». Pourtant, même ces travaux différents proposent des structures assez similaires ainsi qu’un cadre théorique basé sur les mêmes principes. C’est seulement dans les travaux de licence en Langue anglaise que l’on trouve un mémoire qui présente une certaine similitude avec le travail développé ici. C’est le travail de Francisco González Ramírez (2011) « A holistic approach to translator training: A case study based on a UV workshop ». Il s’agit d’une thèse qui traite de l’approche holistique dans la formation des traducteurs dans un cours de l’Université Veracruzana. Le mémoire de M. González ne comporte pas de travail pratique ; il s’agit d’une recherche documentaire analysée et présentée sous forme de mémoire. Dans ce travail, le cadre théorique introduit le concept de TC (translator competence, c’est-­‐à-­‐
dire, compétence traductrice), ainsi que les sous-­‐compétences qui le constituent et le processus d’acquisition de ces dernières selon les recherches du groupe PACTE, source importante du présent travail également. Ensuite, le travail s’articule sous la forme d’une analyse des sous-­‐compétences exploitées ou non au cours Taller de traducción II de la licence en Langue anglaise, c’est-­‐à-­‐dire que l’on présente la façon dont chaque sous-­‐compétence a été exploitée en classe à partir d’enquêtes et de l’expérience personnelle de l’auteur. Finalement, sont annexés les activités et matériels utilisés pendant ce cours. 13
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Ainsi, le mémoire de González Ramírez reflète jusqu’à un certain point les idées que nous tentons de développer dans ce mémoire, avec une approche un peu différente quant à l’analyse de la compétence traductrice. Le présent travail se situe donc dans la même ligne, puisque son cadre théorique présente des concepts et les idées similaires, mais avec une recherche à jour et une approche un peu différente du sujet. 1.6. Méthodologie L’élaboration de ce travail qui est à la fois théorique et pratique se divise donc en deux parties. D’un côté la recherche théorique et l’analyse, et d’un autre côté la traduction d’un livre. Étant donné les contraintes de temps, vu que nous n’avions qu’un semestre et demi pour mener ce travail à bien, les deux aspects du mémoire se sont développés un peu en même temps. Du côté théorique, il a fallu tout d’abord faire une recherche de la bibliographie disponible ainsi que des travaux faits antérieurement par rapport aux compétences du traducteur (CT). Après la lecture, la compréhension, la sélection et l’organisation des matériaux consultés, il a fallu rédiger le cadre théorique lui-­‐même, avec une définition des concepts les plus importants ainsi qu’une énumération des compétences à traiter dans le travail. Pour la traduction, il a tout d’abord fallu se lancer, en collaboration avec le Centre d’études Chine-­‐Veracruz, à la recherche d’un livre qui soit intéressant et qui n’ait pas de traduction en espagnol. Ensuite, une lecture a été faite de textes relatifs au sujet du livre et aux auteurs que ce dernier mentionne, pour une meilleure compréhension du sujet et une familiarisation avec les termes et le langage spécifiques. Puis, naturellement, une première lecture générale du livre à traduire a permis une compréhension du sujet en général et une familiarisation avec le style et le langage utilisés par l’auteur. A suivi une lecture plus détaillée du premier chapitre, avec une recherche des mots, des expressions ou des passages difficiles à comprendre, pour ensuite commencer avec un premier brouillon de la traduction du chapitre, où figurent tous les éléments encore non élucidés ou comportant encore des doutes. Cette procédure se répète au long du travail, chapitre après chapitre, et est suivie d’une lecture du premier brouillon, en appliquant les corrections nécessaires et en modifiant 14
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les structures pour chercher à être le plus naturel possible dans la langue cible. Finalement, plusieurs relectures du livre ont été nécessaires pour modifier les structures qui semblaient artificielles et pour donner au texte le naturel de la langue d’arrivée. Dans ce travail de traduction, la compétence traductrice devient essentielle pour la résolution des problèmes et des difficultés rencontrées pendant tout le processus, depuis la première lecture jusqu’à la rédaction finale en langue d’arrivée. C’est précisément sur cette mise en œuvre de la CT dans le processus de traduction que se centre finalement l’analyse. Pour ce faire, un chapitre traduit a été choisi pour le travail de mémoire, les éléments présentés dans le cadre théorique ont été approfondis et exemplifiés à travers des passages de la traduction, en ajoutant à la fin une conclusion et la bibliographie consultée, ainsi que le texte original en annexe. Le travail achevé a enfin fait l’objet d’une révision de toute la structure et d’une lecture détaillée pour ne pas y laisser d’erreurs d’orthographe ou de syntaxe. 15
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2. CADRE THÉORIQUE 2.1. Définition de la compétence Le concept de « compétence » est devenu très populaire parmi les spécialistes de l’éducation, surtout ces dernières années, avec de nombreuses réformes éducatives et le développement de nouvelles méthodes d’enseignement. C’est ce que l’on appelle la « formation par compétences » (FPC)4. Ce terme est étroitement lié à la notion d’« apprendre à apprendre ». Il existe différentes définitions de compétence. Selon Perrenoud, dans une entrevue avec Gentile et Bencini (2000, p.19): une compétence est la faculté de mobiliser un ensemble de ressources cognitives (savoirs, capacités, informations, etc.) pour faire face avec pertinence et efficacité a une famille de situations[…]. Les êtres humains ne sont pas tous confrontés aux mêmes situations. Ils développent des compétences adaptées à leur monde. […]Certaines compétences sont construites en grande partie à l’école, d’autres pas du tout. D’autre part, la Commission européenne, citée dans un article de la SEP (Dirección General de Bachilleratos, 2013, par. 2), fait référence aux compétences comme une combinaison d’habiletés, de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes, ainsi qu’une disposition à apprendre et un savoir commun. La fascination actuelle pour les compétences n’est pas seulement due au fait que ce concept est en vogue dans le monde des affaires, mais elle répond aussi à une évolution globale de la société qui exige de nous des compétences diversifiées et qui évoluent en fonction des technologies, des modes de vie, du travail, etc. Ainsi, le développement de ces ressources devient primordial dans tous les aspects de la vie quotidienne. À l’école nous sommes censés développer des compétences pour améliorer les stratégies d’acquisition de nouvelles connaissances, auxquelles idéalement on fera appel pour acquérir des compétences « empiriquement » au long de nos vies. Pourtant, aujourd’hui, on est toujours en train de faire des recherches pour découvrir les meilleures façons de développer ces compétences à l’école, puisque dans l’histoire contemporaine de l’éducation, surtout dans les pays en voie de 4 Ce concept est présenté dans l’oeuvre: LASNIER, François (2000). Réussir la formation par compétences. Montréal, Guérin. 16
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développement comme le Mexique, les méthodes d’enseignement n’ont pas encore réussi à remplacer l’acquisition de savoirs par l’acquisition de compétences. Ce qui devrait se passer à l’école se passe dans d’autres situations, où l’on a besoin de compétences pour la solution de problèmes ou pour faire face à des situations de travail, de famille, ou d’autres évènements de la vie quotidienne. C’est-­‐à-­‐dire que pour résoudre chaque problème que nous retrouvons dans nos vies, nous faisons fait appel à une certaine compétence ; ainsi, la compétence dite « stratégique » est celle qui nous permet de trouver une alternative, ou d’« improviser », quand une situation ne résulte pas comme l’on voudrait. Une compétence est donc l’ensemble des ressources que nous développons et mobilisons pour trouver les réponses les plus adéquates à des situations auxquelles nous faisons face dans les divers domaines de nos vies. C’est « un savoir, un pouvoir et un vouloir ». (Hurtado Albir, 2008, p.22) Cette « intelligence actionnelle » et ce « savoir faire» que ces ressources nous confèrent sont essentiels à tous les niveaux du développement humain. Ainsi, pour exercer une activité de la façon la plus efficace et cohérente, il nous faut élargir nos connaissances et aptitudes pour développer efficacement des compétences propres à chaque domaine. Une personne « compétente » dans l’activité qu’elle réalise, est celle qui est experte ou qui a les qualités et connaissances adéquates pour accomplir un travail ou exercer une fonction mais qui est également capable de mobiliser les ressources appropriées pour résoudre chaque problème et situation. Il est aussi important d’établir la différence entre une compétence, une connaissance, une habileté et une attitude. La compétence fait référence aux trois dernières, mais elle ne peut pas être réduite à une seule d’entre elles. Elle est plutôt la synergie des trois au moment de l’action dans différentes « familles de situations »5, qui délimitent en même temps le domaine de validité de chaque compétence. Ceci nous amène à une dernière définition qui inclut les « ressources cognitives » mentionnées par Perrenoud et les aptitudes et attitudes de la définition 5 Terme utilisé par Perrenoud dans : (2011). Quand l’école prétend préparer à la vie… Développer des compétences ou enseigner d’autres savoirs?. Paris: ESF éditeur. 17
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donnée par la Commission européenne, le tout dans un paragraphe assez simple et clair : La compétence est en effet, une intégration de différentes sortes de capacités, d’habiletés et de connaissances; elle intègre un savoir (connaissances opérationnelles spécifiques à un domaine), un savoir-­‐faire (habiletés) et un savoir-­‐être (attitudes et habiletés sociales et cognitives). (Abi Aboud, 2010, p.24) Toutefois, la définition de Perrenoud, la toute première de ce chapitre, semble la plus globale. C’est parce qu’il parle d’une « faculté de mobiliser » les ressources, ces ressources présentées par Abi Aboud, et pas seulement de leur intégration. C’est donc à celle-­‐ci que nous ferons référence quand nous parlons de « compétence » proprement dite, dans ce travail-­‐ci. 2.2. La compétence traductrice Bell (1991, p.35), citant Newmark (1969) affirme que n’importe quel idiot peut apprendre une langue, mais que seul quelqu’un d’intelligent peut devenir traducteur. Pour parvenir à comprendre le concept de CT, il est important, justement, de préciser en quoi consiste cette « intelligence ». Pour arriver à ce concept et le définir, on a jusqu’à présent utilisé différents termes pour le nommer. Orozco (2000) mentionne dans sa thèse de master : -
Transfer competence [compétence de transfert] (Nord, 1991, p.161) -
Translational competence [compétence translationnelle] (Toury, 1995, p.250; Hansen, 1997, p.205; Chesterman, 1997, p.147) -
Translator competence [compétence du traducteur] (Kiraly, 1995, p.108) -
Translation performance [performance de traduction] (Wilss, 1989, p.129) -
Translation ability [habileté traductrice] (Lowe, 1987, p.57; Pym, 1993, p.26; Stansfield, Scott y Kenyon, 1992) -
Translation skill [détresse traductrice] (Lowe, 1987, p.57) 18
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Nous pouvons observer que certains de ces termes limitent la portée du concept à ce que l’on appellerait aujourd’hui habiletés, savoir-­‐faire, capacités, et qu’ils ne reflètent pas le sens global que le mot « compétence » possède. L’utilisation du concept de CT remonte aux années 1980 et est due, en partie, au fait que dans d’autres disciplines le terme « compétence » était déjà utilisé (comme pour la « compétence linguistique » de Chomsky ou la « compétence communicative » de Dell Hymes) pour nommer l’expertise dans un certain domaine ; il était donc préférable d’utiliser un terme déjà existant que d’inventer, inutilement, un nouveau terme. (Orozco, 2000, p.76) Bien que de nombreux auteurs fassent allusion au terme de la CT, il y en a peu à en donner une définition, ce qui est surprenant si l’on pense à l’importance et au poids de ce concept pour la traductologie et pour le processus d’apprentissage de la traduction en général. Mais c’est aussi compréhensible, si l’on considère que jusqu’à présent il existe encore des conflits entre les définitions des différents auteurs pour déterminer ce que désigne le mot « compétence ». Souvent, ce terme est utilisé pour parler de ce qui serait aujourd’hui une « habileté ». Aussi, pour bien marquer la différence, dans ce travail, lorsque nous évoquerons une compétence, il sera question du concept présenté plus haut dans le cadre théorique, c’est-­‐à-­‐dire non seulement les habiletés, les connaissances et les attitudes, mais surtout leur intégration et mobilisation, et nous classifierons comme « habiletés », « connaissances », ou même « composantes (d’une compétence) » les éléments qualifiés par d’autres auteurs comme compétence, mais qui ne correspondent pas à la définition qui nous intéresse. Parmi le nombre réduit d’auteurs qui se sont consacrés à définir ce concept, nous retrouvons Bell, Wills et Hurtado Albir, de même que le groupe PACTE de l’Université Autonome de Barcelone, dirigé précisément par Hurtado Albir, et qui a pour objectif principal de recherche l’étude empirique des compétences en traduction et dont la définition me semble la plus précise : « le système sous-­‐jacent de connaissances déclaratives et essentiellement opérationnelles, nécessaires pour traduire. » (Hurtado Albir, 2008, p.27). 19
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Il faut toujours prendre en compte que, ainsi que le mentionne Gerding (2012), l’habileté bilingue (qu’il appelle compétence, en quoi nous ne le suivrons pas) bien qu’une condition indispensable, n’est pas suffisante pour garantir la CT au niveau professionnel. Or, cette CT est formée de différents éléments, aussi bien au niveau déclaratif (savoir quoi) qu’au niveau opérationnel (savoir comment). Toutefois, puisque c’est une compétence qui se développe par la mise en pratique des différentes habiletés et stratégies au cours du processus de formation du traducteur, l’élément d’ordre opérationnel prédomine. Selon le groupe PACTE, la CT est formée de « sous-­‐compétences ». Une fois encore, pour ne pas confondre les concepts que nous venons de mentionner, il faut clarifier que ces « compétences » ne correspondent pas en l’occurrence à notre définition. Il n’y a, dans cette classification, que trois éléments qui correspondraient vraiment à des « sous-­‐compétences » : la compétence linguistique, la compétence de transfert et la compétence stratégique. Nous appellerons les autres ici tout simplement « composantes », puisqu’elles correspondent plutôt aux « habiletés », « attitudes » et « connaissances » que l’on mobilise dans la CT. Parmi celles-­‐ci il y a des relations et des hiérarchies. Toutes ces composantes se combinent dans tout acte de traduction. C’est ainsi que Hurtado Albir (2008, p.27) continue son explication sur la compétence traductrice : La CT possède (…) quatre particularités : (1) c’est une connaissance experte que ne possèdent pas tous les bilingues ; (2) c’est une connaissance essentiellement opérationnelle et non pas déclarative ; (3) elle est constituée de plusieurs sous-­‐
compétences interconnectées ; (4) la composante stratégique, comme pour toute connaissance opérationnelle, joue un rôle important. » Plusieurs auteurs présentent différentes sous-­‐compétences et composantes, ainsi que différentes façons de les classer. Nous nous référons ici à certains chercheurs qui ont travaillé la notion de compétence, en nous appuyant sur les composantes décrites par le groupe PACTE, qui a fait de leur étude son objectif de recherche. D’autres composantes mentionnées par d’autres auteurs viendront compléter l’idée 20
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générale du modèle, l’ensemble étant organisé de la façon la plus claire et précise, c’est-­‐
à-­‐dire divisé en deux catégories : composantes linguistiques et composantes extralinguistiques. Ces deux niveaux se subdivisent à leur tour en différentes sous-­‐
composantes. Ci-­‐dessous, une classification. 2.2.1. Composantes linguistiques (ou compétence linguistique)6 Les composantes linguistiques font allusion à la maîtrise et capacité d’utilisation des langues (dans ce cas-­‐ci au moins deux, la langue de départ et celle d’arrivée) dans des situations concrètes, avec un haut niveau de compréhension et d’expression, dans différents contextes et registres (Orozco, 2000, p.80). Dans ce cas-­‐ci, les composantes linguistiques présentées ci-­‐dessous conformeraient ce que la plupart des auteurs appellent la « compétence communicative» (c’est le cas dans le modèle proposé par le groupe PACTE) en se basant, surtout, sur le concept développé par Dell Hymes. Nous parlons également de compétence puisqu’il s’agit de faire appel à des connaissances de différents ordres, listées ci-­‐dessous, activées et mobilisées conjointement à des attitudes et des habiletés d’ordre communicatif, de la langue telle quelle. C’est tout un groupe d’aspects que l’on mobilise au moment de communiquer, d’émettre et de recevoir un message, il y a des aspects de production et d’intégration des idées, des aspects contextuels, discursifs, etc., que l’on met en œuvre au moment de la communication. Ce groupe de composantes correspondrait à ce que Neubert (2000, p.6) appellerait language competence et textual competence. À savoir : 2.2.1.1. Grammaticale et lexicale : Composante qui nous permet de comprendre et produire des énoncés grammaticaux dans une langue, ainsi que de comprendre le sens des mots et des phrases et de produire des expressions de façon claire et précise. Elle implique la maîtrise des règles de grammaire de cette langue 6 Les trois composantes intégrant cette compétence selon PACTE: grammaticale, sociolinguistique et discursive. 21
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à tous les niveaux (vocabulaire, formation des mots et des phrases, prononciation, syntaxe, sémantique, morphologie). Cette habileté est implicite en langue maternelle, elle permet aux natifs non seulement de coder des messages en respectant les règles de la grammaire, mais aussi de les comprendre et d’émettre des jugements sur leur grammaticalité. Bref, ce sont les mots et les règles qui tournent autour de leur formation et de leur utilisation. 2.2.1.2. Sociolinguistique : Composante qui permet de produire et de comprendre correctement des expressions linguistiques dans différents contextes discursifs et avec des facteurs variables (la situation des participants et la relation entre eux, les intentions communicatives, l’événement communicatif, les normes et conventions de l’interaction). Cette composante implique la connaissance et la maîtrise des différents registres de langue et des dialectes. Sont aussi prises en compte l’attitude et l’adaptation adéquate du discours selon les conditions variables déjà mentionnées. Il s’agit donc de l’adéquation du discours. 2.2.1.3. Discursive : Composante qui permet de se débrouiller de manière efficace et adéquate dans une langue, de façon à ce que l’on puisse produire un texte écrit ou oral dans des différents genres textuels. Ceci implique la maîtrise de la combinaison des formes linguistiques, des connaissances liées à la cohérence et cohésion textuelle ainsi que des caractéristiques propres aux styles langagiers de la langue en question. On pourrait dire que l’on parle de la cohérence et de la cohésion des textes produits. 22
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2.2.1.4. Stratégique7: Composante qui intervient dans l’utilisation efficace de la langue. C’est-­‐à-­‐dire, la capacité de se servir des stratégies communicatives, verbales et non verbales, pour renforcer l’efficacité dans la communication ainsi que pour compenser des erreurs ou des manques dans celle-­‐ci. Ainsi, ces quatre composantes forment ce que Hurtado Albir (2008, p.28) appelle la « compétence bilingue », c’est-­‐à-­‐dire la compétence linguistique dans les langues de départ et d’arrivée. 2.2.2. Composantes extralinguistiques8 C’est cette catégorie qui nous intéresse les plus dans l’analyse de la CT, parce qu’elle correspond à la partie qui est souvent moins développée en cours, où nous travaillions surtout sur la partie linguistique. Nous avons classé ici toutes les composantes de la CT qui, à notre avis, sortaient de l’ordre du linguistique, en les regroupant en sous-­‐catégories pour avoir une organisation plus claire et plus structurée des concepts. Ces composantes sont : 2.2.2.1. Culturelle9 : Connaissances, implicites et explicites, du monde en général ainsi que de domaines particuliers qui doivent être activées par le traducteur selon les besoins de chaque situation communicative. Les connaissances culturelles s’avèrent surtout importantes quand les textes à traduire ont un grand contenu culturel ou qu’il s’agit de messages assez particuliers, avec des couleurs locales et des expressions très courantes dans certains 7 Cette composante apparaît dans les éléments présentés sous la competencia comunicativa du « Diccionario de términos clave de ELE ». 8 Dans le modèle du groupe PACTE la “compétence extralinguistique” est l’une des six composantes de la CT. Le choix a été fait ici de regrouper toutes les autres composantes non-­‐linguistiques dans ce groupe, puisque, finalement, elles relèvent toutes de l’extra-­‐ linguistique. 9Cette composante correspondrait proprement dit à ce que l’on appelle dans le groupe PACTE la “compétence extralinguistique”, dont le nom a été changé pour des raisons pratiques, pour être plus spécifiques et éviter des confusions avec le groupe des “composantes extralinguistiques”. 23
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groupes ou sociétés qu’il faudra bien comprendre et dans les cas nécessaires soit simplifier soit adapter en langue d’arrivée. Cette catégorie est divisée, en même temps, en trois composantes: o Biculturelle : Connaissance des cultures véhiculées par les langues de départ et d’arrivée à tous les niveaux, en partant de la compréhension des formes et modes de vie jusqu’à la compréhension du fonctionnement des systèmes institutionnels, en passant par les valeurs, le mythes, les perceptions, les croyances, les comportements, les représentations, etc. Elle suppose aussi la conscience et la capacité de se débrouiller de façon satisfaisante dans des situations de communication « interculturelle ». Il est facile de se rendre compte que cet élément a été laissé de côté lorsque l’on retrouve une traduction mot-­‐à-­‐mot, où les expressions idiomatiques et les double-­‐sens ou jeux de mots ont été traduits tels quels, sans adapter à la culture d’arrivée. Ceci reflète une méconnaissance du traducteur, soit de la culture d’origine, s’il ne se rend pas compte que c’est une expression idiomatique ou s’il ne comprend pas le sens de celle-­‐ci, soit de la culture d’arrivée, s’il ne sait pas comment exprimer cette idée. En fonction du type de message à traduire et du public cible, cet élément pourrait jouer un rôle clé dans l’effet créé sur le récepteur du message. o Encyclopédique : Notions générales du fonctionnement et de l’organisation du monde, ce qui permet de retrouver les connaissances nécessaires pour la compréhension de différentes situations et événements de n’importe quel aspect de la culture générale. Les textes ne sont pas seulement décodés en utilisant un savoir linguistique, les mots, les concepts et les idées qui y apparaissent sont empreints d’un bagage historique et d’utilisation antérieures qu’il nous faut connaître pour la compréhension effective du discours. Donc, les 24
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conditions d’énonciation, les niveaux implicites recouvrent cette deuxième composante. o Thématique : Connaissances spécifiques et spécialisées dans des domaines déterminés ainsi que la capacité d’y faire appel dans les situations qui conviennent. Ces connaissances sont essentielles quand les traductions à faire appartiennent à un domaine assez spécialisé, et souvent on requiert une formation spécifique pour l’acquisition de ce type de savoirs, surtout pour la compréhension correcte des modes et normes employés dans la rédaction des textes ou la transmission d’un message sur ce sujet spécifique. Quand un traducteur décide de travailler avec des textes très spécialisés d’un domaine spécifique, il lui faut une formation supplémentaire dans ce domaine pour arriver à traduire correctement les messages. C’est-­‐à-­‐
dire que quelqu’un qui voudrait traduire des textes médicaux ou juridiques ne peut, normalement, pas se baser seulement sur ses connaissances de la langue ou de la culture, il lui faudra une formation en langage médical ou juridique pour parvenir à bien comprendre les textes et donc bien les traduire. 2.2.2.2. Professionnelle et instrumentale : Familiarité et compréhension de la traduction comme activité professionnelle. C’est-­‐à-­‐dire savoir quoi faire et comment agir dans le monde du travail de la traduction. Elle comprend trois composantes dans différents domaines : o Documentation et sources : Tout ce qui concerne la recherche de l’information nécessaire pour réaliser des traductions. C’est-­‐à-­‐dire savoir comment et où trouver des termes, la gestion des glossaires, ainsi que la compréhension de leur utilisation pour pouvoir en extraire les informations nécessaires dans chaque situation. 25
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o Nouvelles technologies : Maîtrise et connaissance de toutes les nouvelles technologies qui sont utilisées en traduction (traitement des textes, autoédition, courriel, programmes de traduction, bases de données, des mémoires de traduction, utilisation de l’internet, etc.), compréhension de leur utilisation et de leur fonctionnement, savoir comment y accéder et comment les obtenir, être capable de décider quels outils on pourrait utiliser pour quel type de travail, ainsi que les manipuler correctement. Pour les traducteurs, aujourd’hui, il est presque impossible de travailler sans ordinateur et sans outils de traduction. Les logiciels, comme SDL Trados
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deviennent même une condition obligatoire pour le recrutement. Certains clients demandent aussi l’utilisation d’autres outils ou formats de traitement de texte spécifiques, dont l’ignorance pourrait réduire le marché de travail significativement pour le traducteur, surtout parce que c’est une profession où la concurrence est de plus en plus grande. o Marché de travail : Connaissance de tous les aspects du travail professionnel de traducteur, c’est-­‐à-­‐dire, les prix, les types de projets réalisables, les clients, le travail soumis à des limites de temps, les contrats, les obligations fiscales, les devis, la facturation, etc. Il faut être capable de se débrouiller dans un monde professionnel particulier, dans ce cas, celui de la traduction. Cet aspect devient fondamental dès qu’on commence à travailler en traduction : les clients demanderont combien on prend au mot et combien de temps cela prendra de finir un certain travail. C’est sur les réponses données à ces deux questions qu’un client, après un premier contact, basera sa décision de donner ou non le travail en question. Il 10 Une description de cet outil peu être trouvée sur le site web des développeurs: http://www.translationzone.com/products/sdl-­‐trados-­‐studio/ 26
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faut donc se renseigner sur les tarifs au mot, pour ne pas être sous-­‐payé ni demander trop. o Comportement : Outre le fait de savoir profiter des outils disponibles et d’être capable de se débrouiller sur le marché de travail, il est aussi essentiel de faire preuve d’une parfaite correction en toutes circonstances, ainsi que de répondre adéquatement à diverses situations, particulièrement en ce qui concerne l’éthique professionnelle. C’est-­‐à-­‐
dire, il faut savoir comment se comporter en tant que traducteur. 2.2.2.3. Psychophysiologique : Il s’agit de l’ « auto-­‐concept », c’est-­‐à-­‐dire d’être capable de mettre en œuvre les mécanismes comportementaux, cognitifs et psychomoteurs nécessaires pour mener à bien une traduction. Ici, on trouve trois composantes: o Psychomotrice : Elle se base sur la capacité du cerveau de donner des ordres au corps, et du corps de les suivre correctement. C’est-­‐à-­‐dire, des activités physiques nécessaires pour l’exécution des tâches de la traduction, comme la lecture, l’écriture, l’utilisation d’un ordinateur, etc. o Psychologique : La manière dont on affronte la tâche de la traduction, c’est-­‐à-­‐dire la conscience d’être traducteur et la confiance en soi, ainsi que les traits de la personnalité (la curiosité intellectuelle, la persévérance, l’esprit critique, etc.) qui influent sur la réalisation de la traduction. Il est aussi important de prendre en compte la capacité de reconnaître ses faiblesses et forces. Cette composante aura des effets importants sur le travail, surtout sur sa qualité. Un traducteur frustré ou impatient n’aura pas la capacité de rendre un travail aussi bien fait que quelqu’un qui travaille calmement et contrôle correctement son attitude par rapport à l’activité. 27
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o Cognitive : Les processus cérébraux tels que la capacité de développer des processus créatifs, le raisonnement logique, l’analyse, la synthèse, la mémoire, l’attention et concentration et l’observation. Quand nous travaillons sur des textes assez longs, la concentration et la mémoire (surtout si nous n’utilisons pas de logiciels de traduction) deviennent cruciaux pour arriver à rendre un travail cohérent et cohésif. 2.2.2.4. Interpersonnelle11 : Cette composante fait appel au fait qu’il faut savoir gérer les habiletés d’ordre social et affectif, c’est-­‐à-­‐dire, l’interaction avec les autres dans le milieu de travail, le travail en équipe, la communication, savoir bien se débrouiller non seulement avec les collègues de travail et avec les clients potentiels, mais également avec les éditeurs, les documentalistes, les terminologues, les auteurs, les experts, etc. Cette communication et relation avec les personnes qui nous entourent en tant que traducteurs, nous permettent de demander de l’aide quand il le faut, d’éviter des malentendus ou des problèmes avec les clients ou les éditeurs, en rendant la tâche beaucoup plus agréable, et donc en produisant un meilleur résultat dans nos travaux. 2.2.2.5. De transfert : Lorsque l’on parle de transfert, on parle véritablement d’une des sous-­‐compétences qui conforment la CT, puisqu’elle parcourt tout le processus de transfert de l’original (dorénavant TO) jusqu’à l’élaboration du texte final. C’est la compétence centrale, dans le modèle PACTE, celle qui intègre toutes les autres compétences en jouant un rôle primordial dans la hiérarchie des sous-­‐compétences. Cette compétence concerne 11 Ce concept n’est pas intégré dans le classement du groupe PACTE, mais il est mentionné dans le « Proyecto de Investigación Docente – Traducción Económica » de l’Université de Grenade (http://traduccioneconomica.ugr.es/pages/antecedentes/competencias). Il nous a semblé pertinent de l’inclure étant donné que, dans le monde professionnel, pour mener à bien des tâches complexes, comme la traduction, il s’avère essentiel d’être capable d’interagir avec les autres. 28
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tout le parcours, depuis la compréhension du TO jusqu’à la reformulation du texte en langue d’arrivée, toujours en tenant compte du public auquel le texte s’adresse, de la fonction du texte, etc. Ainsi, c’est de cette compétence que dépend psychophysiologiques, la mobilisation instrumentales, des culturelles composantes et même la compétence linguistique dans le processus de traduction. On peut y rattacher quatre composantes: o De compréhension : La mise en œuvre de tous les mécanismes nécessaires de compréhension et d’analyse, ainsi que la mobilisation des savoirs culturels pour bien comprendre le sens exprimé dans le TO. Ces mécanismes et savoirs peuvent aussi bien venir de nos expériences personnelles et connaissance du monde, que des formations spécifiques dans des domaines donnés. Il s’agit d’intégrer toutes les connaissances et habiletés acquises au long de nos vies, peu importe où et comment, pour mieux comprendre le message donné. o De déverbalisation : La capacité requise pour arriver à séparer les deux langues. C’est-­‐à-­‐dire à comprendre le sens du texte en le séparant des mots qui l’expriment en langue de départ. Capter l’idée et abandonner la composition originale. De cette façon, on assure le transfert du sens du TO, sans les interférences de la langue dans laquelle ce sens est exprimé. L’importance de cette déverbalisation est capitale. Au moment de traduire nous avons tendance à vouloir conserver les structures de l’original pour être plus fidèles à l’auteur. Pourtant, cet attachement aux phrases construites dans le texte original nous mène souvent à rendre des traductions forcées et artificielles en langue d’arrivée. o De reformulation : La planification et mise en pratique de toutes les habiletés nécessaires pour reprendre l’idée du TO, déjà dépouillé des mots qui le façonnaient dans la langue de départ, et pour trouver les 29
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mots qui permettront de l’exprimer correctement dans le texte final (TF) en respectant toutes les règles et normes qui régissent la langue d’arrivée. Une fois absorbé le sens du texte original, il faut le reformuler dans la langue d’arrivée. C’est là un véritable défi, car il s’agit de reprendre les idées et de les exprimer de la façon la plus naturelle possible, mais toujours en faisant attention à conserver les idées originales de l’auteur et à ne pas y ajouter des interprétations personnelles. o D’élaboration du projet de traduction : Choix du ou des méthodes de traduction les plus appropriés aux circonstances, ainsi que la planification des étapes à suivre dans la traduction du texte. Cette compétence est essentielle pour maximiser l’efficacité du travail, ainsi que pour être capables de respecter le cahier des charges du travail, comme les dates limites. Ce processus pourrait sembler superflu, même une perte de temps, pour certains ; pourtant, il est très important. Avec le temps et la pratique, il devient oiseux de préparer un véritable chronogramme de travail par écrit, vu que le traducteur connait déjà son rythme et peut structurer ses projets dans sa tête. Cependant, lorsque l’on débute dans la traduction, il est très important de développer par écrit un programme, avec le temps consacré par jour à ce projet et la quantité de travail à faire par jour ou par semaine. Ceci afin d’éviter de dépasser les dates limites, de travailler sous pression à la dernière minute et pour mieux connaître nos capacités en tant que traducteurs si c’est notre premier contrat. 2.2.2.6. Stratégique : Ici encore, on peut parler d’une compétence, et pas simplement d’une composante de la CT, puisque la compétence stratégique est à la base de l’interaction entre toutes les composantes de la CT. Elle est, d’une certaine façon, le trait d’union entre elles. Elle consiste en tous les 30
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processus individuels, aussi bien internes qu’externes, aussi bien conscients qu’inconscients, qu’utilise le traducteur pour résoudre les problèmes qui surgissent au cours du processus de traduction. Elle permet d’identifier les problèmes, de prendre des décisions, de réparer des erreurs et de compenser les manques qui peuvent se présenter à tous les niveaux de la traduction et pour les composantes de la CT. À proprement parler, c’est de la compétence stratégique que dépend la mobilisation des différentes composantes de la CT ou de n’importe quelle autre compétence qui s’avèrerait nécessaire pour la résolution d’un problème, d’un « imprévu ». Cette compétence met en œuvre trois types d’habiletés : o De compensation : Quand on ne comprend pas entièrement un texte, ces stratégies permettent de distinguer les idées principales et les idées secondaires, d’établir des relations conceptuelles, de chercher de l’information, etc. C’est-­‐à-­‐dire que, par le recours à cette stratégie, on arrive à compenser les manques de compréhension. Il ne s’agit pas ici seulement d’un processus de recherche ou de remplir des trous, mais surtout d’identifier les passages où il nous faudra une recherche plus approfondie pour la compréhension, la nôtre comme traducteurs et celle du public lecteur. C’est un travail d’humilité, d’accepter les manques personnels et un travail généreux, d’aider le lecteur à mieux comprendre. o De reformulation : Quand il est nécessaire de repenser les idées d’une façon différente, cette habileté nous amène à faire des paraphrases, à retraduire, à reformuler les idées à voix haute, etc. Cette reformulation n’est pas du tout mécanique : on peut s’en rendre compte lorsqu’une personne nous redit en d’autres termes quelque chose que nous avions lu et que nous croyions pourtant avoir compris : tout à coup, de façon surprenante, voilà que nous comprenons mieux, de 31
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façon plus profonde, plus nuancée. De même, la paraphrase, l’explication que nous faisons nous-­‐mêmes n’est pas une simple manière de nous approprier un texte... Elle nous permet véritablement de commencer à le comprendre. o De documentation : Quand on requiert plus d’information sur un sujet, cette habileté peut nous aider à savoir comment et quelle information choisir, comment organiser les recherches, etc. Telles sont, en somme, les différentes composantes de la CT mentionnées surtout dans les écrits du groupe PACTE mais aussi dans des différentes œuvres et par différents auteurs. Le développement de toutes et de chacune de ses composantes et l’intégration et mobilisation de celles-­‐ci, c’est-­‐à-­‐dire la CT telle quelle, est à la base de la formation de tout traducteur. Il est important de ne pas oublier que la CT, comme toute « compétence », ne s’enseigne pas ; elle s’acquiert et se développe au cours du temps et à travers la mise en pratique. 2.3. L’acquisition de la compétence traductrice Tout comme la définition de la CT, le processus d’acquisition de celle-­‐ci n’a pas encore vraiment été étudié in extenso. Traditionnellement, cette activité était réputée s’acquérir surtout par l’expérience empirique et, avant les années quatre-­‐vingts, les théoriciens de la traduction ne faisaient pas trop attention à la formation en traduction et à la pédagogie de la traduction. Dans le modèle du groupe PACTE (2000), l’acquisition de la CT est un processus dynamique de reconstruction et de développement des composantes de la CT, il y a donc des étapes de transition et d’évolution dans celui-­‐ci où l’on passe d’une compétence novice (la pré-­‐compétence traductrice) à une compétence experte (la compétence traductrice). C’est un processus de transformation dynamique, cyclique et avec de constantes restructurations. D’autre part, comme tout processus d’apprentissage, et je reprends ici ce que je mentionnais dans la première partie de ce chapitre, pour y parvenir, il faut avoir une compétence d’apprentissage, donc à acquérir d’autres compétences, ce qui est un bon exemple de 32
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l’interdépendance entre les compétences et de leur aspect essentiel à tous les niveaux de la vie humaine. Ces recherches, pourtant, sont toujours en cours et le groupe PACTE ne présente pas ses résultats comme définitifs. Il est très important pour la consolidation de la pédagogie de la traduction de continuer à mener des études empiriques extensives pour mesurer le succès de ces stratégies dans le processus d’acquisition de la CT. 33
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3. ANALYSE 3.1. Introduction à l’analyse Cette partie a pour but de rendre compte l’analyse du processus de traduction ayant comme toile de fond la « compétence traductrice » (CT). Il s’agit en effet de mettre à profit l’expérience personnelle vécue au long de ce processus de traduction pour élucider les difficultés rencontrées, les aspects de la CT mis en œuvre, ou qui auraient dû être mis en œuvre pour résoudre les dites difficultés. Pour y parvenir, il sera systématiquement fait référence à la traduction d’un chapitre du livre « La pratique de la Chine : en compagnie de François Jullien » (Annexes 1 et 2). L’analyse présentée essaie donc de faire le récit de l’expérience traductrice. Ainsi, il sera question de mettre en valeur chaque composante de la CT, avec des exemples ponctuels et des expériences spécifiques. Il faudrait toutefois mentionner que, dans un esprit d’élargissement, en vue de rendre l’analyse plus complète et à défaut d’exemples concrets dans cette traduction pour mettre en évidence la CT, des exemples ne provenant pas nécessairement de cette traduction en particulier seront également présentés. 3.2. Analyse 3.2.1. Composante culturelle Dans ce travail, la composante biculturelle telle que décrite dans le cadre théorique n’a pas joué un rôle primordial, vu que la culture abordée, bien que la langue du texte soit le français, est plutôt la culture chinoise. Cette question n’a pas non plus causé un vrai problème vu qu’avec l’expérience de deux ans d’études en Chine, les concepts traités n’étaient pas tout à fait inconnus. Si cette connaissance de la culture chinoise n’avait pas été présente, des problèmes auraient pu surgir, par exemple, au moment de traduire des histoires liées à des conceptions et à des valeurs chinoises. C’est l’exemple de l’histoire de Qiu Ju (Annexe 1, p.24) ou l’histoire du boy qui laisse sa place au chef cuisinier (Annexe 1, p.28). L’absence de connaissance préalable de la culture et de la façon de penser et d’agir des Chinois aurait peut-­‐être rendu difficile la compréhension des histoires. Il est même possible qu’elles ne fassent pas sens 34
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pour un Occidental sans expérience en Chine, et que cette incompréhension mène à un contresens dans la traduction. Cette composante, même quand les textes ont un poids culturel de la culture de la LO, est plutôt à développer par le contact des étudiants ou des traducteurs avec des natifs, grâce à une immersion plus personnelle dans la pensée d’autrui. Ce qui peut être fait en classe, c’est de donner aux étudiants les informations de base pour se renseigner, par eux mêmes, sur les façons de voir le monde, en France dans le cas de la licence en Langue française, en donnant par exemple des références vers des sites de nouvelles où des émissions de télé qu’ils pourraient regarder. D’une certaine façon les cours comme « Sensibilisation à la culture française » et « Langue et culture françaises » nous donnent, en tant qu’apprenants de cette licence, des bases qui nous permettent de développer cette composante, en nous faisant prendre conscience des pièges, des représentations sociales, des stéréotypes, des clichés… de la culture française à travers des activités développées en cours et des textes lus. Dans le cas des composantes encyclopédique et thématique, il a fallu effectuer beaucoup de lectures complémentaires, surtout des textes de François Jullien comme « Le Détour et l’Accès », « Traité de l’efficacité », etc., pour bien comprendre les concepts et les idées abordés dans l’œuvre, particulièrement les termes d’ordre philosophique et économique difficiles. C’est le cas, par exemple, de l’anecdote des conflits entre la Chine et les États Unis, la fameuse « Guerre des soutiens-­‐gorges » (Annexe 1, p. 33) où l’auteur cite un article Américain et commence à parler des conséquences économiques de cet événement. Il écrit ainsi : (…) l’industrie américaine du soutien-­‐gorge perdait régulièrement des parts de marché sans que les Chinois en soient responsables. (…) Le porte-­‐parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao, déclara : « La Chine espère que la question commerciale pourra être réglée correctement par le dialogue et la consultation sur une base d’égalité. (…) 35
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Il a fallu une lecture de l’article cité complet, ainsi que d’autres textes économiques et des dictionnaires spécialisés pour arriver vraiment à saisir le sens des conséquences économiques de cet événement. C’est-­‐à-­‐dire, et seulement en guise d’exemple, de comprendre ce que veut dire de « perdre des parts de marché », etc. Il est difficile de développer cette composante en cours, vu la nature tellement diverse des textes à traduire, mais il serait peut-­‐être possible que les professeurs proposent des traductions un peu plus spécialisées, qui nous obligent à découvrir les stratégies nécessaires pour surmonter les obstacles que ceux-­‐ci nous poseraient en termes de connaissances spécifiques sur le sujet. Il ne s’agit pas ici de donner aux étudiants une formation sur chaque sujet spécifique, mais plutôt de leur donner les outils pour qu’ils développent par eux-­‐mêmes des stratégies pour acquérir les connaissances spécifiques sur des sujets différents au moment où ils en auront besoin. De plus, ce n’est pas seulement le rôle des cours de traduction, mais aussi les autres cours qui pourraient nous apporter ces connaissances sur des sujets spécialisés, comme les cours de culture, de FLE, de didactique, etc. 3.2.2. Composante professionnelle et instrumentale Lorsque la décision a été prise d’entamer la traduction au Centre d’études Chine-­‐Veracruz, le but était de terminer le livre pour la fin de l’année 2013. C’est-­‐à-­‐dire, de traduire l’avant-­‐propos, les sept chapitres et l’épilogue en 8 mois. Ceci, à côté des activités régulières des cours de l’université, ainsi que d’un autre travail de traduction récurrent. Or, deux mois plus tard, il a été clair que ce projet était trop ambitieux et qu’une meilleure organisation était nécessaire pour faire un travail d’une qualité acceptable. Ce premier problème reflète clairement une méconnaissance du fonctionnement de la traduction comme profession, du marché de travail, c’est-­‐à-­‐dire une absence d’idée concrète du temps que cela prendrait de lire, réviser, traduire, relire, corriger, éditer, … un texte. Voilà l’exemple concret de cette expérience : Le projet original aurait 36
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supposé de traduire 277 pages en 480 heures (le temps de durée du service social). Pourtant, ces 480 heures ont à peine été suffisantes pour terminer les deux premiers chapitres du livre, c’est-­‐à-­‐dire 86 pages. Pour éviter ce genre de problèmes, et si l’on se tient à l’idée qu’une compétence s’acquiert par un exercice régulier, il est important de faire des traductions, même non payées, pour s’entrainer, se connaître et connaître la capacité que l’on a de traduire. Par exemple, quand il faut faire un travail « payé » de traduction, il nous est demandé non seulement le prix par mot, mais aussi les mots par jour que nous sommes capables de traduire, c’est-­‐a-­‐dire, combien de temps nous mettons pour terminer un certain nombre de mots. Il est impératif de développer cet aspect, car bien souvent, une fois qu’on a accepté un travail avec une date limite (les fameuses deadlines du monde de la traduction), il devient vite évident qu’il sera impossible de le finir, ce qui pourrait entrainer beaucoup de problèmes, et en particulier une perte de confiance de la part du client en question. Voici l’exemple d’un autre travail auquel j’ai eu l’occasion de commencer à collaborer il y a quelques temps : Il s’agit d’un travail en ligne où l’on nous demande de traduire 40 articles par semaine, c’est-­‐à-­‐dire 5-­‐6 articles d’environ 800 mots par jour. Cela fait presque 5000 mots par jour, ce qui, en fonction des sujets de traduction, s’est avéré presque impossible à côté des activités universitaires qu’il fallait aussi réaliser. Alors, il a fallu trouver une solution et travailler en collaboration. L’important ici est que l’immensité de la tâche n’est apparue qu’au moment de commencer. Si aucune solution immédiate n’avait été trouvée, il aurait fallu renoncer. Cet aspect est très difficile à développer en cours puisqu’il s’agit du véritable monde du travail, mais il serait peut-­‐être intéressant que les professeurs partagent des expériences personnelles qui pourraient servir comme orientation pour les étudiants, puisqu’il s’agit pour la plupart d’entre eux d’une terra incognita. Il est aussi possible de proposer des conférences ou des séminaires sur cette thématique, pour présenter aux étudiants les éléments principaux du monde de travail de la traduction; toutefois, la plus grande partie 37
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du développement de cette compétence passera forcément par l’insertion dans la vie professionnelle et à travers les expériences propres de chacun. Le processus de traduction a également constamment mis en évidence le manque d’un autre aspect, qui a semblé plus d’une fois essentiel, la composante des nouvelles technologies. En premier lieu, tout le travail de traduction a été fait avec une version papier du TO. Cela manifeste déjà un manque de connaissances ou de familiarité avec les processus de traduction. Une plus mûre réflexion aurait évidemment poussé à acheter la version numérique du livre et non pas la version papier. C’est surtout parce qu’il y a des outils, quelques uns très connus, d’autres un peu plus spécifiques du monde de la traduction professionnelle, que l’on peut utiliser pour mieux saisir les sens et pour trouver des équivalents plus assertifs. C’est l’exemple des traducteurs en ligne, comme Google Translate12, qui, bien que l’on ne puisse pas les utiliser pour faire une traduction, sont utiles comme guide en cas de doutes, ou quand le contexte fourni permet au traducteur de faire de meilleures propositions que le dictionnaire. C’est le cas de l’exemple suivant, qui n’apparaît pas dans l’annexe mais qui fait partie du même livre, au chapitre 2, et où, même si la traduction n’est pas tout à fait correcte, il a été possible de trouver des meilleurs équivalents pour certaines expressions. Le texte original est : L'explication occidentale était que les pays asiatiques avaient créé une "bulle" en permettant à leurs entreprises d'investir à tort et à travers, dans des projets qui n'étaient pas économiquement viables et que les banques locales prêtaient de l'argent de façon inconsidérée à leurs clients, sans se préoccuper de la "valeur" de leurs projets, mais uniquement de la réputation de l'emprunteur. 13 12 http://translate.google.com 13 CHIENG, André. (2006) La pratique de la Chine: en compagnie de François Jullien. Grasset. Chapitre 2, p.86. 38
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La traduction donnée par Google Translate est : Western explicación era que los países asiáticos habían creado una "burbuja", al permitir a sus empresas a invertir de forma indiscriminada en proyectos que no eran económicamente viables y que los bancos locales prestaron dinero imprudentemente a sus clientes, sin tener que preocuparse por el "valor" de sus proyectos, pero sólo la reputación del prestatario. Il est bien clair que cette traduction est inutilisable telle quelle. Néanmoins, elle aura permis de révéler le sens de la phrase « à tort et à travers », qui n’apparaît pas dans les dictionnaires consultées pour ce travail : de forma indiscriminada. En outre, le mot « inconsiderée » apparaît dans le dictionnaire comme « inconsiderada » ou « irreflexiva », alors que GoogleTranslate propose : imprudentemente. Ainsi, même si la traduction n’est pas utilisable dans sa totalité, elle offre des éléments très utiles à incorporer dans le texte en langue d’arrivée. Pour mieux profiter de ce type d’outils, il aurait donc été pratique de ne pas être obligé de saisir le texte mot pour mot à partir de la version papier à chaque utilisation, mais de tout simplement copier et coller d’une version numérique. Si ce n’est pas un obstacle, c’est toutefois quelque chose qui ralentit beaucoup le travail. Alors, dans le cas de certains mots ou expressions pour lesquels le dictionnaire omet parfois des sens figurés dans certains contextes, Google Translate a, souvent, une meilleure traduction, disons « contextuelle », qui pourrait nous aider à saisir le sens et le ré-­‐exprimer correctement en langue d’arrivée. Pour parler un peu d’outils plus spécifiques des traducteurs professionnels, il existe des logiciels aussi connus comme « mémoires de traduction »14, qui proposent des suggestions pour la traduction en se basant sur les traductions précédentes du même traducteur. Ces outils ne nous ont jamais été présentés, et leur découverte s’est faite à partir d’explorations des 14 Ce concept est défini par les développeurs de logiciels SDL, sur: http://www.translationzone.com/fr/products/translation-­‐memory/ 39
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sites internet de traduction et de petits séminaires en ligne. Ce type de logiciel est assez cher, donc peu accessible pour quelqu’un qui débute dans la traduction. Pourtant, pouvoir travailler avec un tel logiciel rend le travail beaucoup plus cohérent et le processus beaucoup plus souple, surtout quand il s’agit de textes assez longs. Voici un exemple où l’utilisation d’un logiciel (SDL Trados, par exemple) aurait fait une grande différence : Dans le texte traduit, le mot « société » apparait des dizaines de fois. Ce mot, dans son sens d’« entreprise », peut avoir plusieurs traductions en espagnol, par exemple compañía, sociedad ou empresa. Or, les mots « entreprise » et « firme » apparaissent aussi dans le TO. Vu que le travail sur le texte s’est étendu sur plusieurs mois, il était parfois très difficile de se rappeler pour chaque occurrence des termes « société », « entreprise » et « firme » quel était le mot utilisé en espagnol dans chaque cas, ce qui peut affecter la cohérence du texte. La même chose arrive avec les temps verbaux : quand nous traduisons, nous changeons souvent les temps et il est impératif que les verbes suivants soient traduits en concordance avec les précédents. C’est assez difficile quand le texte est étendu et que le travail se fait parallèlement à d’autres activités, rendant très difficile de se rappeler à chaque fois en détail tout ce qui a été traduit auparavant. Cette composante en particulier est très difficile à travailler en cours puisqu’elle implique l’utilisation d’outils qui ne sont pas toujours à la disposition des professeurs ou des étudiants. Surtout, parce que les outils professionnels de traduction (SDL Trados, Wordfast, DéjàVu) sont, en général, assez chers. En plus, les traductions réalisées en cours ne sont normalement pas suffisamment nombreuses ni assez longues pour vraiment profiter de l’utilisation de ces logiciels. Ce qui pourrait quand même se faire, c’est d’informer les étudiants de l’existence de ces logiciels et des sites internet de traduction (par exemple, Proz.com) où les étudiants pourront en apprendre plus par eux-­‐mêmes sur tous ces outils et sur un tas d’autres choses liées au monde de la traduction professionnelle, comme les tarifs à charger, les types de 40
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traduction spécialisé avec le plus de demande, etc. D’un autre côté, pour les logiciels ou les sites plus accessibles et simples, il serait peut-­‐être pratique que le professeur consacre quelques séances sur leur usage en combinaison avec d’autres outils, comme des dictionnaires de différents types, pour montrer aux étudiants l’utilité et la façon de travailler avec ces applications. Par ailleurs, traduire implique de faire des recherches, comme il en sera question ci-­‐dessous, mais encore faut-­‐il savoir où. C’est la composante de la documentation et des sources. Il faut savoir où chercher et avoir la patience de le faire. Si on ne sait pas où, il faut avoir la disposition de passer beaucoup de temps à trouver ce qu’il nous faut. Ainsi, pour la traduction de ce livre, il a fallu mener un travail de recherche assez fatigant des textes utilisés et cités par l’auteur. André Chieng base son travail sur les écrits de François Jullien, dont la plupart ont une traduction en espagnol, à laquelle nous n’avions pas accès. Il a donc fallu chercher sur internet très longtemps jusqu’à trouver des versions numériques gratuites des livres (par ex. « Un sabio no tiene idea »15 et « El Rodeo y el Acceso »16) , en l’absence de ressources pour les acheter, afin d’y repérer chaque citation et la copier d’une version traduite et publiée du livre, plutôt que de faire une traduction approximative de ce que nous en avions compris. Cela est important puisque, évidemment, seule un petite partie de l’œuvre apparaît dans la citation, et il est donc plus difficile de vraiment saisir le sens de ce que l’auteur veut dire, en conséquence de quoi une traduction personnelle d’un seul paragraphe va difficilement être une bonne traduction. C’est le cas de toutes les citations qui apparaissent dans le chapitre présenté dans l’annexe. Et le travail de recherche ne se limite pas à trouver les livres, mais aussi à trouver la partie du livre, c’est-­‐à-­‐dire la page et le paragraphe, où se trouve l’information dont on a besoin, puisque la plupart du temps les versions traduites ne conservent pas la même pagination, à cause des formats différents et de la quantité de mots qui 15 http://www.scribd.com/doc/116915510/Jullien-­‐Francois-­‐Un-­‐Sabio-­‐No-­‐Tiene-­‐Ideas 16 http://www.scribd.com/doc/85404822/Francois-­‐Jullien-­‐El-­‐Rodeo-­‐y-­‐El-­‐Acceso
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varie aussi. Voici un exemple d’une citation recherchée pendant plusieurs heures : Ce rejet de la stérilité du face-­‐à-­‐face se vérifie dans le jeu de deux couples de notions qui sont chargés de structurer, au sein des écrits miliaires antiques, cette théorie du déjouement : ceux de direct et de biais, de droit et de détourné. 17 Dans la version en espagnol, trouvée sur le site Scribd, le paragraphe apparaît traduit ainsi : Este rechazo a la esterilidad del frente a frente se verifica en el juego de dos parejas de nociones que están encargadas de estructurar, en el seno de los escritos militares antiguos, esta teoría del desbaratamiento : aquellas de directo y de sesgo, de recto y de torcido. 18 Sans cette traduction, il aurait été bien difficile de traduire correctement les mots « biais », « déjouement » ou « détourné », mots également importants dans la suite de l’écrit de Chieng. Cette composante semble également très difficile, voire impossible, à travailler en cours vu qu’elle est en relation directe avec des situations spécifiques du traducteur et de son environnement de travail particulier. Pourtant, un outil nous est présenté par l’université : les bibliothèques électroniques. Malheureusement, aucun des cours suivis n’a mis en œuvre cet instrument et, après en avoir parlé plusieurs fois dans les cours de licence, il est apparu clairement que la plupart d’entre nous, étudiants en Langue française ne les avions jamais utilisés voire ne les connaissions même pas. C’est un outil pour lequel l’Université Veracruzana fait de grands investissements et qui pourrait 17 JULLIEN, François (1995). Le Détour et l’Accès. Grasset. Chapitre 1. 18 JULLIEN, François (2010). El Rodeo y el Acceso: Estrategias del sentido en China, en Grecia. Universidad Nacional de Colombia. Capítulo 1, p.40-­‐1. 42
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nous aider énormément ; il serait donc assez intéressant que les professeurs entrainent les étudiants à sa découverte et son utilisation. Ces recherches peuvent prendre beaucoup de temps, et il est facile de se frustrer ou se décourager quand la solution n’apparaît pas en fin de compte. Cette frustration peut empêcher de poursuivre le travail, car traduire requiert certaines attitudes dont la patience. La composante du comportement est donc un pilier essentiel des activités de traduction. Dans cette même composante il y a un aspect qui est essentiel quand on fait un travail professionnel. C’est la question de l’éthique de la traduction. On dit parfois qu’il est « immoral de déformer le sens du texte d’origine » (Robinson, 1997, p.30), pourtant il y a certaines situations où l’on demande explicitement au traducteur de déformer les sens pour les buts spécifiques du client. Cette « éthique » s’assimile alors plutôt à faire ce que le client veut ou ce dont le client a besoin. Tous ces éléments ont une relation directe avec la disposition du traducteur envers son travail, avec son environnement de travail et avec les caractéristiques du travail en particulier. Il semble assez compliqué de donner de exemples ponctuels, surtout parce qu’il est assez difficile d’identifier quelles sont les situations qui influent directement sur notre travail. 3.2.3. Composante psychophysiologique Pour faire face à cette tâche souvent délicate, il faut aussi des éléments psychologiques, des traits de personnalité très spécifiques pour bien réaliser une traduction. L’un des apprentissages de ce service social et du présent travail est qu’il faut vraiment être passionné par la recherche, c’est-­‐à-­‐dire avoir une certaine curiosité intellectuelle, pour bien traduire. Il a fallu avoir confiance dans les décisions prises et avoir un esprit critique pour ne pas laisser s’infiltrer des traductions médiocres tout simplement par lassitude après avoir passé beaucoup de temps sur la même phrase. C’est ce qui se passe quand il y a un mot déjà connu mais qui, suscitant quand même des doutes, mène à des recherches plus étendues sur leur signification. Un exemple : Ce qui s’est passé avec le mot 43
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« détour » qui apparaît dans le sous-­‐titre du premier chapitre. Même après avoir choisi le mot « rodeo » comme traduction et en avoir largement discuté avec le coordinateur du Centre d’études Chine-­‐Veracruz, le doute persiste sur la correction de ce choix. Les mots « ambigüedad» et « indirecta » pourraient sembler plus adéquats dans certains contextes du chapitre, alors que dans d’autres, c’est « rodeo » qui fonctionne le mieux. Un autre aspect important de l’esprit critique est de ne pas laisser la personnalité influencer la traduction. Souvent, les traducteurs font leur travail d’après leur caractère et ils traduisent parfois erronément à cause d’une interprétation personnelle ou en ajoutant des choses qui n’étaient pas dans l’original. Cela s’est produit dans certains passages qui présentaient des informations qui semblaient familières sur les coutumes des chinois. Certains extraits incitaient à décrire plus précisément les aspects présentés où à ajouter des éléments de clarification dus à l’expérience. Il faut donc avoir un esprit critique pour s’empêcher de le faire, car ce serait tomber dans une traduction « infidèle ». Avec une exception : on peut le faire si c’est ce que le client demande, parce que, comme mentionné auparavant, la traduction correspond a une commande d’un client, ou peut-­‐être à quelque chose de mieux si on arrive à l’en convaincre (González Ramírez, 2011, p.46). La composante psychologique est l’un de ces éléments qui semble impossible de travailler en cours puisqu’elle dépend surtout de la personnalité du traducteur, de ses ressources personnelles en tant qu’être humain et en tant que traducteur. Il n’est pas possible de modifier ou de transformer les traits de personnalité de chacun. Au plus pourrait-­‐on expliquer aux étudiants comment ces traits influent sur leur travail de traduction. Les composantes psychomotrice et cognitive ne laissent pas beaucoup de place à des commentaires. Ces composantes sont plutôt « évidentes » et il semble impossible d’en donner une explication plus profonde. Il faut, sans doute, être capable de lire et d’écrire pour pouvoir traduire un texte écrit. Il faut 44
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aussi impérativement être capable de raisonner et d’analyser les informations captées du TO pour les comprendre, les traiter et les transmettre dans le TF. On ne pourrait que reprendre des éléments isolés qu’il vaudrait la peine de présenter. Par exemple, le fait que la capacité d’attention de la composante cognitive ne fait pas seulement référence à la concentration sur des phénomènes externes, mais aussi sur des phénomènes internes, comme nos sentiments en tant que traducteurs. De même, la mémoire, qui est surtout essentielle dans le travail d’interprétation : tout traducteur devrait faire attention non seulement aux stratégies à développer pour améliorer sa capacité de mémoriser, mais aussi à sa perception visuelle, auditive et kinesthésique et comment celles-­‐ci peuvent influencer le processus de mémorisation. Pour cette composante, des activités en classe de développement de la mémoire, des exercices de concentration et de mémorisation pourraient être proposés pour aider les étudiants à mieux connaître leurs capacités et leurs faiblesses, ainsi qu’à développer des stratégies cognitives personnelles à partir de cette identification des limitations de chacun. 3.2.4. Composante interpersonnelle À part les attitudes personnelles du traducteur, il y a aussi une composante interpersonnelle qui intervient dans le processus de traduction. Il est très important de savoir interagir avec les autres, puisqu’il faut savoir répondre aux demandes des clients, savoir comment se référer aux clients ou aux employeurs, et surtout savoir demander de l’aide à un collègue pour résoudre des difficultés ou des doutes. La difficulté dans ce cas-­‐ci pourrait surgir de l’échec à établir une communication efficace avec la maison d’édition : Le plan original étant de terminer la traduction de tout le livre, il fallait contacter la maison d’édition pour discuter les autorisations de publication au Mexique. Or, les normes et procédures qui régissent ce processus constituaient une inconnue totale. Même si la décision finale aura été de ne pas achever immédiatement la traduction du livre, les tentatives de contacter l’auteur et la maison d’édition n’en auront pas 45
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moins été un échec total. Le contact par e-­‐mail (en envoyant un e-­‐mail à tout les contacts de la maison d’édition donnés sur leur site, dans l’ignorance duquel était le bon) n’a pas obtenu de réponse, et une lettre adressée à l’auteur et envoyée a l’adresse postale de la maison d’édition en France n’en a pas suscité non plus. Cette mésaventure reflète donc une complète méconnaissance des étapes à suivre dans un cas comme celui-­‐ci. Si la publication du livre avait été importante, cette situation aurait représenté un vrai obstacle. Il est également important de savoir travailler en équipe, c’est-­‐à-­‐dire d’accepter des critiques et de bien communiquer avec les membres de l’équipe de travail. Dans le cas présent cette capacité n’a pas été mise en œuvre, vu que le travail s’est fait en autonomie. Malgré cela, au moment de relire le texte avec le coordinateur du Centre d’études Chine-­‐Veracruz, les avis étaient partagés sur plusieurs points, et il a fallu arriver à un accord en acceptant le point de vue externe et en intégrant les opinions pour obtenir un meilleur résultat . La compétence interpersonnelle se travaille en cours de traduction à travers les échanges d’opinions et les corrections groupales des travaux faits. Il serait aussi possible de créer des activités d’interaction, ou des jeux de rôle où le professeur devient le client qui demande aux étudiants quelque chose de spécifique, de façon à les entrainer à répondre et à trouver des solutions entre les acteurs du groupe ou individuellement. 3.2.5. Compétence de transfert Si nous nous référons aux questions qu’a posées la traduction du livre, il semble que, comme le dit le modèle du groupe PACTE, la compétence de transfert est le pilier de la traduction. Il faut savoir reprendre le sens de ce que l’on a lu pour le dire dans des mots et des phrases qui appartiennent à la langue d’arrivée. Il faut que l’on ne voie pas, quand on lit, que c’est une traduction. Quand on est immergé dans les deux langues il est assez facile de perdre la notion de ce qui est « naturel » dans la langue d’arrivée, alors qu’il donne 46
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l’impression d’être si évident dans la langue de départ. C’est l’exemple du deuxième paragraphe de l’avant-­‐propos du livre : Dans les séminaires de dirigeants d’entreprises que j’organise sur la Chine, telles sont quelques-­‐unes des questions qui reviennent inlassablement. (Annexe 1 : La pratique de la Chine, p.9). Le premier essai de traduction, qui semblait le plus évident, était : En los seminarios de dirigentes empresariales que organizo sobre China, éstas son algunas de las preguntas que vuelven incesantemente. Pourtant, après plusieurs relectures, sans regarder le texte en français, et avec l’aide du coordinateur du Centre d’études Chine-­‐Veracruz, ce choix a paru un peu forcé, un peu trop littéral et qu’en espagnol on pouvait améliorer cette traduction en changeant les éléments de place. La traduction finale est donc devenue : Éstas son algunas de las preguntas que surgen una y otra vez en los seminarios sobre China que organizo para dirigentes empresariales. (Annexe 2 : La práctica de China, p.5). Ainsi, la « réorganisation » des éléments et le choix d’autres termes a permis d’obtenir une meilleure expression dans le TF. Ensuite, l’importance de décortiquer le sens des mots devient essentielle, on ne peut pas essayer de dire la même chose avec les mêmes mots, et à mon sens, il s’agit là de l’un des plus grands défis, puisque il est facile de se laisser aller à simplement traduire les mots et les phrases, même si en langue d’arrivée ils semblent forcés ou bizarres. Ainsi, quelques mots ont été supprimés et reformulés pour que l’idée soit compréhensible en espagnol: 47
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Les Chinois peuvent avoir effectivement un autre rapport à la vérité, au discours, à l’efficacité, que celui qui s’est façonné si continûment en Occident qu’il paraît souvent désormais aux Occidentaux comme allant de soi, au point que cette « évidence » n’est plus réfléchie. (Annexe 1 : La pratique de la Chine , p.10) Los chinos pueden, efectivamente, tener una relación distinta con la verdad, el discurso y la eficacia respecto a la construcción que se ha formado en Occidente tan continuamente que se da como algo normal y “evidente”, al punto de ya no ser objeto de reflexión. (Annexe 2 : La práctica de China, p.6) Ce sont, ici, les composantes de déverbalisation et de réexpression qu’il faut activer. Des exemples pareils apparaissent dans tout le texte, et nous pourrions en citer des centaines. Comme cela a déjà été dit au chapitre deux, la compétence de transfert est centrale et elle intègre toutes les autres compétences en jouant un rôle primordial dans la hiérarchie des sous-­‐
compétences. Une dernière composante de la compétence de transfert est celle de l’élaboration du projet traducteur. Il faut ici reprendre un peu ce qui a été mentionné dans la composante du marché de travail sur l’organisation du temps. Il ne s’agit donc pas seulement de savoir combien de temps cela prend pour terminer un certain nombre de mots, il s’agit aussi de savoir bien s’organiser, c’est-­‐à-­‐dire, d’avoir un projet, un plan de travail. Pour ce faire, il faut au moins élaborer un chronogramme avec les étapes à suivre et les étapes à finir dans un certain temps. Dans le cas du présent travail, cela a constitué l’un des problèmes centraux, en raison de l’ignorance, déjà mentionnée au début de cette analyse, de toutes les étapes à suivre pour réaliser une traduction. Ceci parce que dans nos cours nous travaillons normalement sur des extraits et des fragments de textes, sans passer par le processus complet de mener à bien la traduction d’un « tout », en passant par chacune des démarches nécessaires pour compléter un projet. Ainsi, l’absence d’une organisation stricte et claire du 48
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travail a laissé beaucoup trop de temps pour la lecture des matériaux additionnels, comme des extraits des livres de Jullien, par exemple, n’en laissant que trop peu pour la traduction. Les 480 heures du service social auraient du être distribuées d’une façon plus stricte pour rendre le travail plus efficace. De plus, l’irrégularité et le manque d’organisation du travail obligeaient à laisser de côté la traduction pendant et il devenait beaucoup plus difficile, au moment de reprendre, de retrouver le rythme et de s’immerger de nouveau dans le sujet. Quand on n’a pas d’organisation, il est également très facile de se distraire, ce qui rend le travail encore plus lent. Cette compétence, celle de transfert, constitue donc tout le processus, dès le début, avec l’organisation du projet traducteur et la compréhension du sens du TO, jusqu’à la fin, avec la reformulation du TO en langue d’arrivée, en passant, pour y parvenir, par toutes les autres composantes de la CT. Cette compétence, en représentant tout le processus traducteur, est aussi à la base de la CT et il serait important de chercher des stratégies pour la renforcer. Il serait possible de travailler avec une approche par projet, par exemple à travers un cours optatif intersemestriel où les étudiants travailleraient avec un texte spécifique pendant cette durée de temps limitée, en passant par tout le processus et toutes les étapes d’une façon intégrée. 3.2.6. Compétence stratégique Cette compétence, il faut le souligner, apparaît implicitement dans toutes les difficultés rencontrées, parce qu’elle consiste en tous les processus individuels, aussi bien internes qu’externes, aussi bien conscients qu’inconscients, qu’utilise le traducteur pour résoudre les problèmes qui surgissent pendant le processus de traduction (voir chapitre deux). Une composante de cette compétence est celle de compensation, qui permet de mobiliser les composantes, par exemple de documentation et des sources, pour rechercher l’information qui nous manque pour arriver à saisir plus 49
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précisément le sens du texte, c’est-­‐à-­‐dire qu’à travers la compensation on mobilise les composantes nécessaires pour arriver à bien comprendre les idées transmises par l’auteur. Par exemple, dans le premier chapitre du livre, l’auteur commence à parler de la vérité et des différentes façons de l’approcher en Occident et en Chine. Il écrit à un certain moment, après une citation de Jullien : L’Occident fait donc confiance au débat et à la discussion. Or, les penseurs chinois de l’Antiquité ne faisaient précisément pas confiance à la discussion. (…)(Annexe 1 : La pratique de la Chine, p.43). Pour comprendre ce que Chieng voulait dire avec « discussion » et de quoi il parlait, il ne suffisait pas de lire l’extrait cité, il a fallu lire quelques pages du livre « Le Détour et l’Accès » de Jullien, pour mieux saisir la notion et comprendre ce qu’il voulait dire avec ces mots. La composante de reformulation, active les stratégies nécessaires pour ré-­‐
exprimer en langue d’arrivée sans que ceci soit trop artificiel. C’est justement cette capacité à chercher des façons de redire telle ou telle chose en d’autres mots pour y ajouter du naturel et de la fluidité. Il est parfois nécessaire de faire des paraphrases d’abord en LO avant de les traduire en langue d’arrivée. D’autres fois, une lecture à voix haute nous amène à nous rendre compte, par la voie de l’écoute, que la traduction semble forcée et qu’il faut reformuler. C’est ce qui est arrivé avec l’exemple donné dans la compétence de transfert (voir p. 41) où au moment de relire à voix haute la traduction, il est devenu évident qu’il fallait chercher des alternatives. Très étroitement liée à la composant de compensation, celle de documentation nous mène à faire des recherches additionnelles pour la compréhension de certains éléments. Il s’agit ici de savoir quelles informations choisir pour compenser nos manques. C’est-­‐à-­‐dire de savoir lire seulement ce qui est nécessaire, de savoir le trouver et d’organiser l’analyse des éléments à 50
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travailler. Dans le cas de la lecture du texte de Jullien, il ne suffisait pas de savoir qu’une lecture complémentaire serait nécessaire, il a aussi été important de savoir quelles pages il fallait lire pour arriver au but, c’est-­‐à-­‐dire pour ne pas lire le livre complet, ce qui aurait pris trop de temps, mais de savoir décider si une ou deux pages seraient suffisantes ou s’il fallait lire le chapitre complet, etc. Ensuite, si après cette lecture le sens reste mystérieux, il faut à nouveau mobiliser cette composante pour trouver des solutions alternatives et d’autres sources d’information pour la bonne compréhension du sujet. Cette compétence, représentant la mobilisation appropriée de chacune des composantes mentionnées auparavant, est impossible à travailler (dans le sens enseigner/apprendre) telle quelle, mais elle se développe automatiquement en travaillant sur la mobilisation des autres compétences, puisque celle-­‐ci est précisément l’apport de celle-­‐là. C’est-­‐à-­‐dire qu’au moment de savoir choisir quelle composante il nous faut mobiliser, c’est la compétence stratégique qui joue. 3.2.7. Compétence linguistique Finalement, la compétence linguistique est celle dont cette analyse essaye de se tenir le plus éloignée, parce que la plupart des analyses déjà faites dans le centre de documentation de la Faculté son centrées sur cet aspect. De plus, les éléments à montrer et à mentionner sur les questions linguistiques de la CT sont innombrables. Il y a toutefois un élément clé dans la compétence linguistique, dont l’importance ne concerne pas nécessairement la compétence linguistique en soi, mais bien la CT. Il s’agit en effet de la composante stratégique de la compétence linguistique. Cet élément est apparu le premier en ouvrant le livre et commençant à traduire : Dans la version originale du livre, le titre et sous-­‐
titre sont : « La pratique de la Chine – En compagnie de François Jullien ». Dans le monde francophone, au moins dans le contexte français, pour ceux qui s’intéressent à la Chine, François Jullien est un sinologue et philosophe assez connu et respecté. Par conséquent, ce titre s’adapte bien au public, c’est une 51
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œuvre qui base ses idées sur les écrits de ce philosophe, qu’elle cite d’ailleurs abondamment. Les Français peuvent donc bien identifier le contenu du livre à travers ce sous-­‐titre. Pourtant, il semble qu’en espagnol, le traduire littéralement ne ferait pas vraiment sens. Pour un lecteur hispanophone, il n’est pas évident de savoir qui est François Jullien et donc de quoi traite ce livre. Aussi la décision a-­‐t-­‐elle été prise, en regardant aussi la version italienne du livre (« La praticca della Cina – Cultura e modi del negoziare »), et en nous basant sur le contenu de l’œuvre, puisque le sous-­‐titre est sensé donner au lecteur une idée de ce qu’il lira, de traduire ainsi : « La práctica de China – La cultura y los negocios, una visión objetiva ». Bien sûr, aucune équipe d’éditeurs ne s’est prononcée sur l’adéquation ou la correction de cette traduction dans ce cas, mais, cette option a paru pertinente dans le contexte immédiat du présent travail. C’est donc ici précisément cette composante « stratégique » qui joue. Il a fallu faire appel à des stratégies communicatives pour compenser des manques du public visé, dans ce cas un manque d’information. Le titre, tel quel, laissait un vide dans la transmission du message. Il fallait le compenser en cherchant des alternatives pour le renforcer. Cette compétence et toutes ses composantes sont, comme nous l’avions déjà mentionné auparavant, celles qui paraissent les plus évidentes et les plus faciles à travailler en cours de traduction. C’est normalement sur elle que les professeurs insistent, particulièrement sur la composante grammaticale et lexicale. Ainsi, cette analyse met en évidence que le processus de traduction emploie la CT comme un tout, les éléments sont indissociables entre eux et nous ne pouvons pas traduire un texte en tenant compte seulement d’une partie d’entre eux, puisque les composantes interagissent et s’interpénètrent. C’est précisément la capacité de mobiliser toutes ces composantes en même temps dans les endroits et les moments où il le faut ce qui est, pratiquement, la CT. 52
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4. CONCLUSIONS Avant de commencer l’analyse de la traduction, il semblait déjà clair qu’il y aurait beaucoup d’éléments impossibles à montrer à partir d’exemples spécifiques. Avant de commencer avec la traduction même, il était déjà certain qu’il y aurait quantité de difficultés et d’obstacles. Or, la traduction du premier chapitre a été achevée, même si sa qualité pourra évidemment être questionnée. D’autre part, il a également été possible de noter l’apparition de la plupart des composantes de la CT dans le processus de traduction, encore que non systématiquement dans des expériences ponctuelles. L’analyse a permis de relever d’une façon plus claire l’importance de chacun des éléments qui composent la CT, et le fait que celle-­‐ci est une « compétence », dans le sens où Perrenoud l’énonce, et que les éléments qu’elle inclut sont donc indissociables et interconnectés. Il est possible d’observer dans ce travail, à travers des exemples concrets de la mise en pratique des composantes de la CT, que l’activation de l’une des composantes ou la solution d’un problème ne dépend jamais d’une composante isolée, mais d’une interaction de toutes les composantes ou au moins, de certaines d’entre elles. La sous-­‐compétence de la CT présente dans tous les cas, a été la compétence de transfert. Cette compétence représente le processus de la traduction comme un tout, c’est-­‐à-­‐dire la capacité que l’on a de mener à bien une traduction du début jusqu’à la fin, en passant par la mobilisation de toutes les autres composantes, pas moins importantes mais plus concrètes. De plus, la compétence stratégique joue aussi un rôle primordial de hiérarchisation des composantes de la CT. En l’activant on choisit, pendant tout le processus de traduction, les stratégies et les composantes appropriés dans chaque situation. Ce sont donc les deux sous-­‐compétences qui sont au cœur de la CT, et qui « régulent » d’une certaine façon l’activation de toutes les autres composantes linguistiques et extralinguistiques. Toutefois, aucune des composantes ne pourrait être exclue dans le processus de traduction, puisque dans un certain point chacune joue un rôle à son tour. Le processus de la traduction a été un défi et il est devenu rapidement clair que la plupart des composantes de la CT n’étaient pas développées au point de pouvoir les 53
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activer aux moments nécessaires. Néanmoins, il est également clair que plusieurs éléments des cours de traduction et des autres cours à la Faculté, ainsi que des facteurs venant d’expériences personnelles dans la traduction, ont facilité le travail dans certains cas. Il apparait clairement que la compétence la plus travaillée et la plus renforcée dans les cours de traduction de la Faculté était la compétence linguistique. Les travaux réalisés aux cours sont presque toujours des traductions individuelles ou en petits groupes et puis des comparaisons groupales des traductions réalisées. Ce travail, pour des questions de temps probablement, est souvent réalisé phrase par phrase, sans un contexte plus ample des extraits à traduire. Pourtant, à diverses reprises, les étudiants sont amenés à faire de petites recherches en groupe sur les biographies des auteurs pour mieux comprendre leur façon de penser et de voir le monde, c’est-­‐à-­‐dire le contexte de l’œuvre. Mais les révisions se basent surtout sur les différents mots ou expressions que l’on pourrait utiliser ou pas, et sur les façons de traduire les temps verbaux et les expressions idiomatiques. Des observations, donc, de nature linguistique. Bien que ce soit une tache qui prendrait du temps et qui n’est évidemment pas facile, il serait intéressant, au vu de la croissance de la demande de traducteurs et de l’évolution des outils de traduction, d’actualiser les façons d’aborder les cours de traduction en licence en Langue française. C’est un travail à développer à long terme, qui demande une analyse profonde des possibilités, des ressources, des professeurs, du temps, etc. Pourtant, il est possible de considérer certains aspects pour la mise en place de nouvelles façons de travailler dans les cours. En premier lieu, il pourrait être intéressant d’introduire le concept de CT dans les cours de traduction, dès le début, dans le cours de Traductología, qui est la base des autres cours. Ce serait une façon pour que les étudiants connaissent tous les aspects et composantes qu’ils sont censés développer s’ils veulent devenir traducteurs. Souvent, la conscience des éléments à améliorer nous donnent plus d’outils pour les aborder et travailler dessus, même si l’on ne les développe pas tous en cours, on aura la connaissance de base pour les développer par nous mêmes. 54
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Pour la pratique, il serait peut-­‐être enthousiasmant de procéder par petits ateliers ou micro-­‐séminaires pour en apprendre plus sur les expériences et la façon dont se passent les choses dans la « vie réelle » d’un traducteur, ce qui pourrait constituer une base pour nous familiariser avec la composante professionnelle et instrumentale, surtout en ce qui concerne les aspects de marché du travail et de comportement du traducteur. D’autre part, même s’il est vrai que le travail des cours de traduction est déjà basé sur une approche pratique, ce qui nous aide beaucoup comme expérience en traduction, surtout pour développer la tolérance – les révisions groupales à voix haute permettent à tous les étudiants de partager leurs opinions –, peut-­‐être serait-­‐il possible d’y ajouter des exercices dynamiques pour nous aider à développer l’aspect cognitif, comme la mémoire et la concentration ? En parlant des aspects psychophysiologiques, il est possible que les exercices de correction groupale aient un fort impact sur l’étudiant qui n’a pas une solide confiance en lui-­‐même. Cela pourrait provoquer que l’étudiant n’ose plus faire des hypothèses ni essayer, de peur de se tromper. Il est évidemment difficile de trouver des solutions pour chaque profil psychologique. On pourrait éventuellement considérer, par exemple, de donner des explications plus profondes sur les causes de l’erreur ou le contexte particulier où celle-­‐ci a été commise. Cela donnerait probablement une base à l’étudiant pour comprendre ses difficultés et trouver des stratégies pour les éviter à l’avenir. La même question se pose avec les évaluations, dans lesquelles, assez souvent, les étudiants cherchent l’approbation et la validation du professeur en limitant leur traduction à ce qu’ils pensent que ce dernier attend d’eux. Cet aspect est difficile à résoudre : l’évaluation fait partie intégrante de toute formation et il importe de trouver les façons plus efficaces d’évaluer les étudiants dans un domaine aussi subjectif que la traduction. C’est un aspect à considérer et pour lequel il n’y a pas de solution immédiate. Pour la composante des nouvelles technologies, il est certes très difficile de donner des cours pratiques sur l’utilisation des outils de traduction existants, à cause des contraintes budgétaires et de temps, mais ce serait tout de même une bonne idée que le professeur les introduise dans les cours, que les étudiants sachent que ces outil 55
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existent, ce qui leur donnera la possibilité d’élargir leurs recherches sur un sujet s’ils le désirent. Il est important, à notre avis, de présenter le poids que ces outils présentent aujourd’hui, puisque la plupart des agences de traduction ou des clients internationaux demandent l’utilisation de l’un de ces logiciels ; ils sont donc devenus une condition nécessaire pour l’accès à l’emploi. Dans mon cas précis, je dois à une recherche personnelle très ancienne d’avoir découvert ces nouvelles technologies et de m’y être intéressée. Quant au reste des composantes de la CT, il devrait être possible de développer des activités en cours pour aider les étudiants à commencer à développer des stratégies pour l’amélioration de leur CT par eux mêmes, progressivement, à travers la pratique. Une amélioration pourrait concerner la diversification des activités en cours, à part la traduction systématique de textes, ainsi qu’un travail plus individuel avec chaque étudiant, pour l’aider à reconnaître ses points forts et ses faiblesses. La traduction et sa révision concentrée sur les difficultés rencontrées et surtout les raisons de leur apparition, et les stratégies utilisées pour les résoudre pourraient mener l’apprenant à développer plus profondément sa conscience de traducteur et les points sur lesquels il devra travailler. Les cours reçus et les exercices faits sont d’une grande utilité pour reconnaître les erreurs d’ordre linguistique et pour les corriger ; les cours de « Langue et culture françaises » et de « Sensibilisation à la culture française » contribuent également à fixer les bases d’ordre biculturel pour les traducteurs. Ensuite, le cours de Investigación aide à développer des ressources pour la recherche. Pourtant, il semble qu’il y ait encore des éléments qui pourraient être travaillés spécifiquement à un moment donné en cours de traduction pour nous donner les outils et appliquer les connaissances et les capacités à d’autres traductions, ainsi que pour reconnaître l’origine des difficultés et les attaquer avec les stratégies pertinentes dans chaque situation. L’élaboration de ce travail m’a permis de découvrir un monde fascinant et pas assez exploité à la Faculté. Il m’a aussi aidé à me rendre compte de mes faiblesses en tant que traductrice et des stratégies qui pourraient être utilisées ou qui le sont déjà pour la résolution des problèmes. La découverte de certaines erreurs dans la traduction réalisée m’a permis de m’apercevoir de certains problèmes de traduction 56
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dont je ne m’étais jamais aperçue auparavant. Ce travail m’a surtout encouragé à continuer des recherches sur la traduction, à beaucoup pratiquer et à essayer de découvrir, jour après jour, des stratégies personnelles pour le développement de la CT. 57
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