Philippe SOUCAILLE 2016 4GB GENETIQUE BACTERIENNE UF : Génie Génétique et Génétique Bactérienne Chapitre 2 : Les MUTATIONS soucaill@insa-toulouse.fr 1 INTRODUCTION Au cours de la division bactérienne, il apparait spontanément des mutants pour lesquelles il est incapable de synthétiser un ou des métabolites. Source principale des mutations : la réplication. Certaines mutations peuvent conduire à l’incapacité d’effectuer la synthèse d’un métabolite essentiel. La survie de ces mutants dépendra de la présence de ce métabolite dans le milieu. De tels mutants sont dits auxotrophes (ex His- = autotrophe à Histidine) par opposition à la souche parentale dite prototrophes (ex His+ = prototrophe à Histidine). Les mutations spontanées peuvent affecter toutes les fonctions cellulaires, comme par exemple la respiration, la fermentation des sucres, la synthèse de la paroi. Dans tous les cas, la survie de tels mutants dépendra des conditions d’environnement, autrement dit de la pression de sélection que subira la souche. Fréquence de mutation = 10-8 par génération et par cellule. Cette fréquence peut être fortement augmentée par l’exposition de la souche à un agent mutagène, physique ou chimique. On parlera alors de mutations induites par opposition aux mutations spontanées. I. LES MUTATIONS SPONTANEES A) Mutations liées à des erreurs de réplication 1) Transitions/Transversions Watson et Crick : proposent leur modèle de la double hélice grâce en particulier à leur connaissance de la chimie des bases qui peuvent exister sous différentes formes tautomèriques. Ils notèrent que l’insertion d’un mauvais tautomère dans l’ADN pouvait sans doute mener à un mauvais appariement des bases et à l’apparition d’une mutation au cours de la réplication. Donc les formes tautotmériques des bases pouvaient être à l’origine de certaines mutations. La forme amino de la cytosine (forme majoritaire) est capable de s’apparier avec la forme imino de l’adénosine (forme minoritaire). La forme amino de l’Adénosine (forme majoritaire) est capable de s’apparier avec la forme imino de la cytosine (forme minoritaire). 2 La forme céto de la Thymine (forme majoritaire) est capable de s’apparier avec la forme enol de la guanine (forme minoritaire). La forme céto de la Guanine (forme majoritaire) est capable de s’apparier avec la forme enol de la Thyimine (forme minoritaire). L’ADN polymérase corrige très efficacement ces erreurs grâce à sa fonction 3’ 5’ exonucléasique. Cependant, tous les évènements de tautomérisation n’ont pas le même effet sur la géométrie de la double hélice qui est le principal déterminant de la correction d’erreur par la polymérase. Si on supprime cette activité de la polymérase, on diminue son efficacité. L’incorporation d’un tautomère rare (faible) d’une purine (imino-adénine ou énol-guanine) à la place d’une purine (G ou A) provoquera un appariement illégitime, A-C ou GT, mais la déformation de la double hélice sera faible car les paires formées seront toujours de type purinepyrimidine. De même pour la substitution d’une pyrimidine par la forme tautomère rare d’une autre pyrimidine (imino-cytosine ou énol- thymine). Ce type d’erreur a donc des chances de passer le crible de la polymérase et au cours de la réplication suivante, l’appariement normal étant respecté par un retour de la base à sa forme tautomère la plus courante, une des quatre molécules filles d’ADN portera une mutation de type GC -> AT ou AT -> GC. Ces mutations sont appelées des transitions. La forme minoritaire de la thymine peut faire 3 liaisons et va donc se lier à une guanine. Par contre, on peut rencontrer un autre type de mutations dans lequel une purine est remplacée par une pyrimidine ou inversement : G ->C ou T ->G par exemple. On parle alors de transversion. Ce type de mutation va résulter en une déformation importante de l’hélice d’ADN et ne peut pas ne pas être détectée par la polymérase lors de la réplication. Il est donc peu vraisemblable que de telles mutations résultent d’erreurs de réplication. On n’a pas en fait d’explication claire du mécanisme d’apparition de telles mutations. (nb : à l’exception peut-être de mutations G*A où A a la configuration syn et G la configuration trans, le couple formant une paire moins aberrante que les autres transversions.) 3 2) Mutations de phase (glissement de cadre de lecture) Un autre type d’erreur qui peut se produire spontanément au cours de la réplication est un glissement sur l’un des deux brins, qui provoquera une délétion ou une insertion de quelques bases, généralement une ou deux. Il faut toujours qu’il y ait des répétions de bases pour qu’il y ait glissement du brin. Si le glissement se produit sur le brin matrice, il se produira une délétion. S’il se produit sur le brin néo-synthétisé, on obtiendra une insertion. L’analyse de telles mutations est facilitée par le fait que si elles se produisent dans la séquence d’un gène codant pour une protéine, elles provoquent généralement un changement du cadre de lecture des codons. Dans son travail fondamental sur les mutants du phage T4 en 1961, Benzer avait montré qu’il existait des positions beaucoup plus susceptibles d’être mutées spontanément que d’autres dans l’ADN du phage. Il les avait appelées les points chauds de mutagénèse. De même, Jeffrey Miller a entrepris une étude du même type sur le gène lacI et identifié un point chaud particulièrement important. L’analyse de la séquence du gène a permis de déterminer que la zone correspondant au point chaud de mutagénèse est constituée d’une séquence de quatre bases répétée trois fois. 4 3) Délétions Ce mécanisme est très courant chez E.coli. La délétion spontanée de segments d’ADN importants (de plusieurs dizaines ou centaines de paires de bases) est aussi un évènement fréquent. L’analyse de telles délétions dans le gène lacI a montré qu’elles se situent le plus fréquemment entre deux séquences répétées directes (homologues) dont une seule subsiste après la délétion. LacI Il va donc y avoir une recombinaison homologue entre les 2 régions (qui se fera grâce à la protéine RecA). Il s’agit donc d’un mécanisme qui est Rec-A dépendant. On obtiendra donc un nouveau gène et un autre gène circulaire (correspondant au fragment LacI éliminé, qui sera ensuite détruite dans la bactérie). 4) Insertions/ duplications De la même manière que pour le cas précédent, on peut supposer que des insertions de grande taille soient provoquées par un glissement de la polymérase entre deux séquences répétées sur le brin néoformé. Il en résulterait alors une duplication de la séquence comprise entre les deux séquences répétées. On obtient de nouveau l’’ADN WT mais aussi un fragment circulaire. WT Glissement Mutant RecA WT 5 B) Lésions spontanées Définition : Il s’agit de lésions qui apparaissent spontanément, sur l’ADN au repos, mais qui seront « stabilisées » lors du prochain cycle de réplication. On peut rencontrer 2 phénomènes : La dépurination et la désamination. 1) Mécanisme : Dépurination La rupture du lien glycosidique entre le désoxyribose et une base purique (A ou G) est un évènement spontané assez fréquent (10.000/cellule/génération chez les cellules animales). Il en résulte un site apurinique qui, s’il n’est pas réparé, va entrainer une mutation lors du cycle de réplication suivant. 2) Mécanisme : Désamination Un autre accident spontané fréquent est la désamination oxydative qui va toucher les cytosines, qui donne un uracile. Ce n’est aps une base que l’on retrouve normalement dans un ADN. Une enzyme spécialisée, l’Uracile-ADN glycosylase (chez E. coli : le gène qui code pour cette enzyme est umg) reconnait ces uraciles dans l’ADN et les excise (ne coupe pas la chaine glycosydique mais libère l’Uracyle), puis l’ADN est réparé. Cas particulier : Dans le cas contraire, un A sera inséré en face du U, et on aura donc transition d’une paire G-C vers une paire A-T. Ces désaminations ne sont pas détectées par l’Uracile-ADN glycosylase si elles touchent non pas la cytosine mais la 5-Méthyl cytosine. Cette base modifiée est obtenue par méthylation spécifique de certaines cytosines au sein des séquences d’ADN, aussi bien chez les procaryotes que chez les eucaryotes. Ces méthylations jouent un rôle important soit dans le phénomène de restriction (bactéries et régulation de la réplication) soit dans le contrôle de l’expression des gènes (eucaryotes). La désamination oxydative des 5-Me cytosines génère des thymines. Comme il ne s’agit pas d’une base anormale dans l’ADN, elle n’est pas enlevée par l’Uracyle-ADN glycosylase, et a donc une forte probabilité de se traduire par une mutation à la réplication suivante. Là encore, l’équipe de Jeffrey Miller a montré que la fréquence d’apparition spontanée des transitions G-C vers A-T dans le gène lacI est fortement corrélée à la présence des cytosines méthylées dans sa séquence. On a donc des « hotspots » de mutation spontanées au niveau des cytosines méthylées. On voit en passant, une justification de l’usage des T dans l’ADN et non des U, car la désamination oxydative des cytosines entrainerait dans le cas contraire une instabilité du code inacceptable. 6 II. LES MUTATIONS INDUITES Un grand nombre d’agents physiques ou chimiques peuvent modifier la structure chimique de l’ADN et provoquer l’apparition de mutations. On parle alors d’agents mutagènes. A) Spécificité mutationnelle Si l’on regarde la distribution des mutations provoquées par différents agents mutagènes, on observe que chacun d’eux présente une spécificité qui le caractérise. Cette spécificité se traduit par la préférence à la fois de certains types de mutations (Exemple : transition GC AT) et de certains sites au sein du génome. Ce phénomène a été mis en évidence par Jeffrey Miller et en a fait une analyse détaillée dans les années 80, grâce au système lacI: il a mesuré la fréquence d’apparition d’un codon stop UAG dans la séquence du gène sous l’effet de différents mutagènes. La séquence du gène étant connue, il a aussi pu identifier la nature de chacune de ces mutations. On voit que chacun des mutagènes étudiés présente un spectre de spécificité caractéristique. Ce spectre de spécificité a deux composants: d’une part une préférence pour un type donné de substitution, qui traduit l’existence de plusieurs mécanismes de mutagénèse, d’autre part, l’existence au sein d’une classe de « points chauds » de mutations, qui traduit l’influence de la séquence environnante sur la fréquence de mutation. B) Les analogues de bases Certains composés chimiques ont des structures suffisamment proches des bases normales pour qu’ils puissent être incorporés accidentellement à leur place dans l’ADN. Ce sont les analogues de bases. Incorporé dans l’ADN au cours de la réplication, ils s’apparieront avec une base normale. Au cours du cycle suivant, ils provoquent l’incorporation d’une base incorrecte. Dans une base normale, les analogues de base possèdent une forme tautotmériques normalement en petite quantité et en cas de mutation ils vont passer en grande quantité. 1) Cas du 5-Bromouracyle (5’BU) Le 5-Bromo Uracile est un analogue de la thymine qui porte un brome en 5 à la place du Méthyle. Il est donc capable d’être incorporé en face d’un A lors de la réplication de l’ADN. La forme céto a des propriétés d’appariement identiques à celle de la thymine, mais le 5-Bu existe fréquemment sous sa forme énol (du fait de la modification de la répartition électronique dûe au brome, forme beaucoup moins rare). Sous cette forme, le 5-Bu a les mêmes propriétés d’appariement qu’une cytosine. Son incorporation dans l’ADN provoquera donc fréquemment une transition A-T vers G-C. Inversement, s’il est incorporé sous forme énol, il peut, au cours du cycle suivant s’apparier sous sa forme céto avec une Adénine et provoquer une transition G-C vers A-T. 7 2) Cas du 2-AminoPurine (2-AP) Un autre mutagène analogue de base très utilisé est la 2-aminopurine. Analogue de l’Adénine, elle peut s’apparier « de manière normale » avec la thymine, mais aussi de façon illégitime avec la cytosine. La 2-AP provoquera donc aussi préférentiellement des transitions AT GC. 8 C) Appariements illégitimes spécifiques Certains agents mutagènes ne sont pas incorporés dans l’ADN mais altèrent une base en une forme qui provoque un mauvais appariement. 1) Agents alkylants C’est le cas des agents alkylants comme : l’Ethyl-méthane sulfonate (EMS) : transfère un groupement étyl la Nitrosoguanidine (NG) : transfère un groupement méthyl. Ces réactifs vont surtout alkyler l’oxygène en position 6 de la guanine, bloquant ainsi une des possibilités de liaisons hydrogène et provoquant son appariement avec la thymine. Ils vont donc provoquer essentiellement des transitions du type GC AT. 2) Hydroxylamine L’hydroxylamine va oxyder surtout l’amine en position 4 des cytosines, pour former la N-4 hydroxycytosine, qui s’appariera avec l’Adénine. On aura donc essentiellement des transitions GC AT. De même, les ions bisulfites ou l’acide nitreux, qui désaminent la cytosine en uracile provoqueront aussi des transitions GC AT. L’acide nitreux désamine aussi l’Adénine en Hypoxantine qui s’appariera à la cytosine. 9 3) Agents intercalants Certaines molécules planes peuvent s’intercaler entre les bases de l’ADN, provoquant une déformation de la double hélice. Il s’agit de la Proflavine, l’Acridine orange et les ICR. Ils provoquent alors la délétion ou l’insertion d’une paire de bases lors d’évènements de réparation ou de recombinaison que nous détaillerons plus loin. Ils peuvent aussi stabiliser une boucle d’ADN simple brin et favoriser les mécanismes de mutation par changement de phase tels que nous les avons vus plus haut. D) By-pass de la réplication : le système SOS Certains agents mutagènes très puissants altèrent les bases de telle façon qu’elles ne peuvent plus s’apparier. Lors de la réplication, la polymérase se trouve donc bloquée et la cellule est dans une situation critique. Cette situation induit l’expression d’un groupe de gènes particuliers, les gènes SOS, qui vont permettre de contourner le point de blocage de la réplication, mais au prix de mutations. L’action de ces agents mutagènes parmi lesquels on trouve la plupart des carcinogènes, dépend donc de la mise en route du système SOS. On ne sait pas comment le système SOS agit au niveau de la réplication. On suppose qu’il intervient en diminuant la fidélité de la réplication, de façon à permettre au complexe de réplication de passer par-dessus la lésion. 1) Les ultra-violets Les ultraviolets provoquent l’apparition de photoproduits sur l’ADN, les plus fréquents étant des dimères de pyrimidines, soit T-T, soit C-T. Ces dimères covalents ne peuvent plus s’apparier avec les autres bases. L’intervention du système SOS va provoquer le plus souvent une transition, mais on peut aussi avoir des délétions, des changements de phase ou des transversions. 10 2) L’aflatoxine B1 L’aflatoxine B1 est un puissant agent mutagène et plus particulièrement un carcinogène, multipliant la fréquence de mutation par plus de 106. En se substituant sur la position N7 de la guanine, elle va provoquer l’apparition de sites apuriniques. Le système SOS incorpore préférentiellement un A en face d’un site apurinique. On aura donc des transitions GC AT. 11 III. LES MECANISMES de la REPARATION Face à ces agressions naturelles ou induites par les mutagènes que subit l’ADN cellulaire, les cellules ont développé des systèmes enzymatiques qui permettent sa réparation. A) La réversion directe l’EPR Nous avons vu que les lésions dues aux UV sont de 2 types. Celle résultant en : la Formation de cyclobutane-pyrimidine peut être réparée directement grâce à une enzyme de photoréactivation (EPR) qui, sous l’effet de la lumière blanche (l’enzyme ne peut pas agir dans l’obscurité), coupe les liaisons entre les deux cycles et régénère les bases de départ. Ce système ne peut opérer dans l’obscurité. Les dimères formés en 6-4 ne peuvent être réparés par cette enzyme. Certains organismes possèdent une deuxième enzyme qui permet la réparation des dimères 6-4 (mais pas coli). L’alkyltransférase : Il existe aussi une enzyme qui élimine directement certains groupes alkyl sur le O6 de la guanine, ajoutés par l’EMS ou la NG. Dans le cas de l’enzyme de coli (Ada), on a montré que l’enzyme transfère directement le groupe méthyle de la O-6 Guanine (ou de la Me-O-4 thymine) sur une cystéine du site actif, ce qui a pour effet d’inactiver l’enzyme. Si le niveau de méthylation des guanines est trop important, le système de réparation peut donc être saturé. 12 B) Les voies de l’excision 1) Mécanisme général d’excision (Nucleotide Excision Repair : NER) Une autre façon de procéder à la réparation consiste à exciser la partie endommagée puis à la remplacer par la séquence correcte, déterminée à partir du brin intact. Le mécanisme général d’excision fait intervenir les produits de trois gènes : uvrA, uvrB et uvrC. Ce mécanisme reconnaît des déformations de l’ADN mais aussi des dimères de T-T. C’est le complexe de reconnaissance UvrA2-UvrB qui reconnait toutes les lésions qui déforment la double hélice d’ADN. UvrB (va reconnaitre les dimères de UvrA) se fixe alors à l’ADN (et UvrA2 s’en va) guidant ainsi UvrC (exonucléase) qui va couper l’ADN sur le brin abimé, 8 bases en amont alors que UvrB coupe 3-4 bases en aval de la lésion. Il en résulte une petite zone simple brin de 12 bases qui est comblée par la DNA polymérase I et la ligase et donc récrer un ADN double brin réparé. UvrD est une hélicase qui va séparer les 2 brins d’ADN. Ce système général d’excision est capable de reconnaitre et de réparer de nombreux types de lésion, y compris les lésions UV. Il est responsable de 99% des réparations des mutations déformant l’ADN. 13 Il existe également un autre système d’excision spécifique de la base qui n’est pas correcte : Le système BER = Base Excision Repair Certaines lésions ne causent pas de distorsion notable dans double hélice et sont détectées + réparées par systèmes spécifiques = enzymes spécialisées qui enlèvent la base endommagée. Les ADN glycosylase peuvent couper la liaison N-glycosidique entre la base et le sucre dans l’ADN. Il existe de nombreuses ADNglycosylases, capables de reconnaitre chacune un type de base modifiée (alkylée, oxydées, cycle ouvert, photo-dimères… et certains types de mésappariements) : Uracyl-ADN glycosylase reconnait les produits de désamination des cytosines Hypoxanthine-ADN glycosylase, reconnait les produits de désamination des adénines. MutY : capable d’éliminer les adénines en face des guanines (paire A-G) mais aussi les produits de l’oxydation de la guanine, la 8-oxoG, qui peut s’apparier avec un C ou un A. MutM : excise la 8-oxoGuanine des paires G-C pour permettre la resynthèse de la bonne paire GC avant la prochaine réplication. Mut T : enzyme qui va hydrolyser le dGTP en dGMP de manière à ce qu’il ne soit plus incorporé par l’ADN. Les endonucléases AP = apurinique, élimine tout élément de sucre qui n’a pas de base. Répare les sites apuriniques laissés après intervention de ADN-glycosylase qui coupent spécifiquement l’ADN au niveau des sites apuriniques ou abasiques, puis activité exonucléase pour éliminer le nucléotide abimé. Ensuite l’ADN est réparé par la DNA pol I + la ligase. Dans certains cas, une autre enzyme intervient (phosphodiestérase ou glycosylase lyase) en conjonction avec l’AP endonucléase. 14 Schéma récapitulatif des actions des Mut : 15 C) La réparation post-réplicative 1) La réparation des paires défectueuses (Mismatch repair) Objectif : réparer une erreur qui vient de la réplication mais qui n’a pas été repéré par l’ADN polymérase. Mais il faut différencier le brin matrice du brin synthétisé => immédiatement après fourche de réplication, les deux brins issus de la réplication se distinguent par la méthylation : brin matrice est méthylé (adénines au niveau des séquences GATC, cytosines sur les séquences CCAGG/CCTGG). Le brin néosynthétisé est méthylé un peu plus tard (8 minutes) : 16 2) La réparation par recombinaison Lors de l’intervention du système SOS, on a « by-pass » de la lésion, avec création très fréquente d’un mésappariement. Un autre mode de réparation consiste à utiliser un segment de l’ADN parental de l’autre brin en cours de réplication, qui sera échangé avec le brin néosynthétisé face à la lésion, par recombinaison. Le brin parental ayant ainsi subi une délétion simple brin sera ensuite réparée par la DNA pol I et la ligase. Le brin portant la lésion peut ainsi être réparé en respectant la complémentarité des bases. 17 D) Conclusion : la stratégie de réparation et les gènes mutateurs La protection de la fidélité du code de l’ADN se fait à différents niveaux : dans les cellules, il y a des enzymes de détoxification qui vont inactiver certains mutagènes, formant une première barrière. intervention d’un système général d’excision lorsque les lésions provoquent une distorsion notable de la double hélice. Pour les lésions plus discrètes, des systèmes spécialisés sont mis en jeu (ADN glycosylases). système de réparation post-réplicatif assure une intervention immédiatement après la réplication. Ces stratégies de réparation (basées sur la reconnaissance des lésions et de mésappariements) sont si efficaces qu’ils permettent d’avoir un taux de mutation qui passe de 10-7 à 10-9 (très faible). Lorsqu’un gène codant pour l’une de ces protéines est défectueux, on a alors affaire à une souche mutatrice, dans laquelle le taux de mutation est anormalement élevé (augmentation des mutations d’un facteur 1000). Les gènes impliqués dans ce processus de reconnaissance des mésappariements sont donc appelés les gènes mutateurs. Exemples : dam, codant pour la méthylation des adénines Ung (Uracyl-ADN-glycosylase) mutD (proofreading de la DNA pol III, sous-unité épsilon), mutS et mutL (reconnaissent les paires G-T), mutY (paires G-A), mutU (hélicase de séparation des brins, est aussi appelée UvrD ou Hélicase II) mutH (endonucléase). 18 IV. LE TEST d’AMES Idée : essayer de voir si les molécules sont potentiellement cancérigènes. Si une molécule est mutagène chez une bactérie, alors elle sera probablement cancérigène chez l’homme ou les animaux. Il s’agit d’une alternative simple et peu coûteuse aux tests sur animaux lors de l’introduction d’un nouveau produit sur le marché. Ames a mis au point des souches de Salmonella thyphimurium portant une série de mutations : dans le système de réparation par excision, et enfin dans la voie de synthèse de l’histidine = fabrication de souches auxotrophes à l’histidine par mutation de transition, transversion et mutation de phase. Ainsi, la capacité d’un agent chimique de provoquer la réversion de la mutation His dans l’une de ces souches sera indicative du type de mutation qu’il provoque : substitution de bases ou mutation de phase. De plus, comme de nombreux produits chimiques sont susceptibles d’être métabolisés dans l’organisme, particulièrement par le système de détoxification hépatique, et que ce peut être soit le produit lui-même qui est cancérigène, soit l’un de ses métabolites, Ames a imaginé de complémenter le milieu de culture des bactéries par un extrait centrifugé (S9) de foies de rats préalablement stimulés pour la détoxification par injection d’arochlore (un PCB). Les bactéries sont incubées avec le produit à tester, avec de l’extrait hépatique S9, puis elles sont étalées sur un milieu sans histidine. Le pouvoir mutagène du produit ou de ses dérivés peut alors être évalué en mesurant la fréquence de réversion de l’auxotrophie His, autrement dit le nombre de colonies qui poussent sur le milieu sans histidine. Ce test a permis de mettre en évidence le pouvoir mutagène de centaines de substances chimiques. 19